le prieuré de saint-zacharie en i403 d'après le livre de raison de son prieur

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rieur6 de 403 d’apds le Eivre de raison de son pri Paulette Leclercq Saint-zacharie is a small township northeast of Marseille, some kilometres from the main Aix-en- Provence-Nice road. 1n the middle ages it possess- ed a priory of Benedictine nuns of St /Zacharias which was a depena’ency of the abbey of St Victor at Marseille. This abbq appointed a monk with the title of prior to administer the nunnery at Saint- zacharie, while the nun: themselves elected a prioress. The Livre de rason drawn up by Jean de Assana, prior in I402, a?lows us to establish the convent’s budget. It reveals the efforts undertaken to restore a situation which had been severely shaken by the troubles of the fourteenth century, and in particular to develop the domain, which furnished the greater part q’ the convent’s revenues from the production of corn and wine. Only corn provided a cash surplus. The economy of the priory was thus *fragile because insu$;ciently diversijed. The house faced other problems too, The development of its spiritual life was no longer a prime aim : the abbey of St Victor on several occasions arbitfarily limited the number of its nuns. There were ninety-eight of them in 1322; twenty-four in I402; five in 1461. What is more, thv were reduced to an income which provided only a bare living so that the convent’s possessions appeared to be being exploited mai@p as a source of projt for the prior and for the jnancial benejt of the mother house of St Victor, the arch- bishop of Aix, and the papal court. Les Archives du Var possedent quelques do- cuments concernant le prieure de Benedic- tines de Saint-Zacharie dependant de S tint- Victor de Marseille, et notamment le Li;re de raison cle Jean de Assana, son prieur (AD Yar, 25 H 261, date du 15 fevrier 1403 (Style de la Nativite). Le texte commence ainsi: hoc est cartularwm particulare mei Johannis de Assana, prioris firl’ora tus . . . de Sancto zacaria de omnibus et singulis b!adis, leguminis, vinis, habitis et perceptis per me, nomine dicti prioratus.. .a festo nativitatis sancti Johannis Baptiste proxime preterito citra usque nunc, tam in villa de Sancto Maximino quam de Sancto zacaria.1 (Voir Figure 1.) Le prieur enregistre d’abord toutes les recettes - tens, dimes, profits des me- tayages, droits de mutation - provenant des biens du prieure et totalisees en bas de page,.! ensuite les operations effectuees sur ces ren- trees - depenses engagees, salaires, versements de pensions annuelle~ au monastere, B i’abbe de Saint-Victor, a l’archeveque d’Aix, les dettes a payer - et le document se clot sur le bref paragraphe des frais p&us mais in- chiffrables - incerte. Ces comptes couvrent au total neuf des treize folios de ce carnet sur lequel est redige Cgalement un texte en provencal, non date, 6manant des religieuses, oti sont enumerees les fournitures principales que leur doit tous les Journal of Medieval History 1 (1975), 383-399. 0 North-Holland Publishing Company. 383

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Page 1: Le prieuré de Saint-Zacharie en i403 d'après le Livre de raison de son prieur

rieur6 de

403 d’apds le Eivre de raison de son pri Paulette Leclercq

Saint-zacharie is a small township northeast of Marseille, some kilometres from the main Aix-en- Provence-Nice road. 1n the middle ages it possess- ed a priory of Benedictine nuns of St /Zacharias which was a depena’ency of the abbey of St Victor at Marseille. This abbq appointed a monk with the title of prior to administer the nunnery at Saint- zacharie, while the nun: themselves elected a prioress. The Livre de rason drawn up by Jean de Assana, prior in I402, a?lows us to establish the convent’s budget. It reveals the efforts undertaken to restore a situation which had been severely shaken by the troubles of the fourteenth century, and in particular to develop the domain, which furnished the greater part q’ the convent’s revenues from the production of corn and wine. Only corn provided a cash surplus. The economy of the priory was thus

*fragile because insu$;ciently diversijed. The house faced other problems too, The development of its spiritual life was no longer a prime aim : the abbey

of St Victor on several occasions arbitfarily limited the number of its nuns. There were ninety-eight of them in 1322; twenty-four in I402; five in 1461. What is more, thv were reduced to an income which

provided only a bare living so that the convent’s possessions appeared to be being exploited mai@p as a source of projt for the prior and for the jnancial benejt of the mother house of St Victor, the arch- bishop of Aix, and the papal court.

Les Archives du Var possedent quelques do- cuments concernant le prieure de Benedic- tines de Saint-Zacharie dependant de S tint- Victor de Marseille, et notamment le Li;re de raison cle Jean de Assana, son prieur (AD Yar, 25 H 261, date du 15 fevrier 1403 (Style de la Nativite). Le texte commence ainsi: hoc est cartularwm particulare mei Johannis de Assana, prioris firl’ora tus . . . de Sancto zacaria de omnibus et singulis b!adis, leguminis, vinis, habitis et perceptis per me, nomine dicti prioratus.. .a festo nativitatis sancti Johannis Baptiste proxime preterito citra usque nunc, tam in villa de Sancto Maximino quam de Sancto zacaria.1 (Voir Figure 1.)

Le prieur enregistre d’abord toutes les recettes - tens, dimes, profits des me- tayages, droits de mutation - provenant des biens du prieure et totalisees en bas de page,.! ensuite les operations effectuees sur ces ren- trees - depenses engagees, salaires, versements de pensions annuelle~ au monastere, B i’abbe de Saint-Victor, a l’archeveque d’Aix, les dettes a payer - et le document se clot sur le bref paragraphe des frais p&us mais in- chiffrables - incerte.

Ces comptes couvrent au total neuf des treize folios de ce carnet sur lequel est redige Cgalement un texte en provencal, non date, 6manant des religieuses, oti sont enumerees les fournitures principales que leur doit tous les

Journal of Medieval History 1 (1975), 383-399. 0 North-Holland Publishing Company. 383

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, _. .

Figure 1. Le commencement du texte du Liure de r&on

de Jean de Assana. AD Var.

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ans le prieur : segon si las cosas que monsegnor lor prior a costumat de donar.2 (Voir Figure 2 )

Les prieurts fdminins de Saint-Vicror <ant un double gouvernement: prieur et prieure - soliti gubernari per priorem et prioressam - mais leur nomination et leurs fonctions sent dif- f&entes. Lc prieur est un moine de Saint- Victor dCtachC & leur t&e pour un temps variable afin de les administrer au spirituel comme au temporel et jouir de leurs revenus. 11 n’est pas astreint B une residence perma- nente. La prieure a aussi un r61e de direction morale et materielle, mais est clue B vie par ses <onsoeurs. La coexistence de ces deux gouvernements hiCrarchis&, I’un fdminin, setientaire, choisi par la communaut&, l’autre masculin, impost du dehors, souvent instable, produit de la chasse aux b&&ices et du ca- prke des nominations, a entrain6 tout au long de leur histoire des conflits de comp&ence et, plus encore, des oppositions d’intCr&. La prieure et les nonnes se plaignent souvent d’&re spolites par le prieur ; le prieur se plaint des exigences des religieuses et des charges de son administration. Ces querelles se r2glent mon:entanc!ment par des conventions, telle celle qui est ins&&e dans ce cahier et qui fixe les l!vraisons du prieur au monast&e. Le priew et la prieure qui, selon la formule, devraient diriger le couvent l’un avec l’autre, se dressent maintes fois l’un contre l’autre.

Qu’en est-il ici? Qui est Jean de Assana? On connaPt le prieurC de Saint-Pierre

d’Assana au diocke d’Aix, peut-&re k-i1 originaire de cette rCgion. Moine de Sraint- Victor, il est nommC prieur de Saint-Zacharie en mars 1388 (Duplessy1967 : Annexe). En 139 1, il fait passer reconnaissance de leurs biens B de nombreux censitaires du monast&re (AD B. du Rhiine XXF, 199). En 1392, il a de graves ennuis: excommuniC B la demande de

1’abbC de Saint-Victor auquel il doit des arrkagzs de pension, il est Cgalement en conflit avec la prieure, Alasacie de Roque- wire, envers qui il a des dettes. Sans doute provisc irement inapte a exercer sa charge, il donne % rente les revenus de son rrieurt5 moyennant la pension annuelle de 25 Ccrins d’or.3 D&s 1396, nous le retrouvons B la l&e du mow> &re, occupC k faire recenser d’an- ciennes A ’ connaissances de tens consignCes en 1364 et 1365 dans des registres de notaires (AD B. du RhGne XXF, 199). En 1402, il est de nouveau menacC d’excolnmunication car il n’a pas payk les procurations que l’archevtque d’Aix a exig;es, au m&r-is des PrivilJges de Saint- Victor et au prt$udice du prieure’ de Saint-zacharie qui est exempt de l’ordkaire. 11 obtient satis- faction (AD B. du RhBne, Aix, 309 E/36, f. 33,27 mai 1402). En mars 1404 (AD B. du Rhbne, I H 406, 12 mars 1404 - style de la NativitC), il adresse une suppliq::e k l’arche- veque de NarSonne, camkier du Pape, car le subcol1ec:tet.r pontifical pretend I’obliger A verser des arrkages de dkimes et de procu- rations. I,e s&&ha1 de Provence menace de s’emparer des biens du monast&e et de desti- tuer le prieur pour l’obliger B payer les trois cents francs de la Chambredont il est dCbiteur. Celui-ci plaide la cause du monast&re trap pauvre, qui devra abandonner le service divin. I1 a gain de cause, et la somme est ramende & 60

francs. Est-ce parce qu’il y a connu beaucoup

d’ennuis, qu’il n2 s’entend pas avec la

lwieure, ou qu’il convoite un b&&ice plus lucratif ou plus paisible, toujours est-il que Jean de Assana ne se plait pas k Saint- Zacharie ; il brigue le prieurC fernink plw an&n et plus prestigieux de La Celle, prks dc

Brignojes, et - c’est sans doute une pike 5. verser & la defense de notre prieur - les nonnes souhaitent l’avoir & leur t&e.4 Elles font des

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+ .

Figure 2. Une partie du texte de l’accord entre le pri- cur et la prieure de Saint-Zacharie, en provengal, AD Var.

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d&marches: le 6 se@embre 1403, sept mois apres la redaction ;du livre de compte, Zes Dames de La Celle, riunies en chap&e, promettent d’approuver ce que la prieure et son consei/ feront relativement au projet de permutation entre Ports Grimaud, prieur de La Celle et Jean de Assana, prieur de Saint-zacharie. Eiles souhaitent ses debarrasser de pans Grimaud propter pravam administrationem quamfuit monialibus etpropter ab- sentiam dicti domini pontii qui non vult facere continuam moram in ditto monasterio.. . “, et font confiance a Jean de Assana confiae itaque ipsae erunt bene gubernatae et traztatae per @sum dominum Joannem Assana (AD B. du Rhone, Fl 41, Observation 51).

Ces manoeuvres sont Cloquentes: elles rev&lent le souci qu’ont les religieuses d’ob- tenir un bon bdministrateur, de se debarrasser du mauvais en “debauchant” au besoin celui du prieure voisin et rival. Leurs efforts abou- tissent : le 14 aout 1404., le Pape Benoit XIII autorise la permutation des bCn&ices.. .et

Saint-Zacharie herite du malheureux Pons Grimaud indesirable B La Celle.6 Jean de Assana en devient le prieui et y reste jusqu’b sa mort en 1422, soit dix-huit ans. Sans doute, avant de quitter son ancien poste, a-t-i1 remis B la prieure de Saint-Zacharie ce cahier de compte, devenu inutile, pour l’eclairer sur la situation du prieure ou comme preuve de sa bonne administration.

A noter encore qu’autour de lui gravitent des gens portant le m$me nom: deux religieu- ses de Saint-Zacharie, Marguerite, nonne en 1376 et Silette en 1389 (Duplessy 1967 :

Appendice, p. XXXVI), qui sont vraisem- blablement ses parentes. Son neveu Jacob qui est pr$tre vit pr&s de lui - le prieur prevoit ses frais de vestiaire. Quand il passe au monastere de La Celle, il lui confie la cure de La Gayole.7

Voila present& le redacteur du livre de compte, prieur de Saint-Zacharie pendant au

moins seize ans et - sa bonne reputation ayant franchi le mur de la cloture - prieur de La Celle pendant plus de dix-huit ans. 11 nous parait avoir de grandes qualites d’administra- teur, une stabilite assez rare, une grande combattivite, un esprit methodique que tra- duit le souci de dresser des bilans, de tenir a jour les registres de connaissance de tens, de surveiller le domaine, domestiques, ouvriers agricoles et tenanciers, une longue experience

enfin. Venons maintenant au document: le Livre

de raison &Claire a point la situation economi- que de ce prieure. s 11 a des faiblesses. 11 ne recense les recettes et les depenses que du 24 juin 1402 au 15 fevrier 1403 : les comptes ne couvrent pas l’anncfe complete, mais environ neuf mois. Meme si le prieur Cvalue certaines depenses B venir, ils sont incomplets. Au chapitre des recettes, par exemple, les droits percus sur les mutations de biens dont le prieur a la directe ne representent que les trois- quarts des profits que l’on peut en attendre, ils sont sous-estimes. Au chapitre des dtpenses, les salaires des domestiques sont payables en trois termes; a, plusieurs reprises, le prieur mentionne qu’il a seulement verse ou p&vu deux-tiers du salaire de cette annCe.9 I! y a surtout le court repertoire des frais non CvaluCs et imputables au budget de cette an&e: travaux agricoles, ferrage des ani- maux, depenses alimentaires pour sa n-kson- n&e. Faussent aussi une comptabilitt! rigou- reusement annuelle les reports de dettcs d’une annte sur l’autre - la pension versee en 1402 a l’archeveque d’Aix s’alourdit du reste de la pension de l’anntfe precedente, mais B com- bien s’eltve le reliquat ? - le remboursement de dettes qui peuvent &re anciennes, les versements accumules. Bref, il serait vain de tirer un trait rigoureux au bas des colonnes. Mais si le decompte avait et2 Ctabli, non au

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bout de neuf mois, mais l’an r&olu, il faudibait lui laisser une certaine souplesse; les dettes et les p&s courent d’une an&e & l’autre et les affaires marchent en se jouant des anniver- saires. Le prieur n’a pas fait ses comptes comme on dCpose un. bilan, mais pour savoir oh il va et pour traduire en chiffres l’effort man- ifeste qu’il semble avoir fait cette an& l& pour &tab& la situation du prieurC.

De ce point de vue, la fin fevrier est une tpoque favorable g la reflexion: dans le silence paisible de la fin de l’hiver, avant que ne &we le bib nouveau et qu’on puisse supputer les promesses des rCcoltes, il fait l’inventaire de ce qui es; entre et sigrti - ou doit sortir - de ses greniers: de ses chaiz et de sa bourse.

Mais I’interprCtation de ces comptes prC- sente une dificulte plus grave; la quasi totali- tt! des revenus est foumie par les rentrees de grain et de vin: les r&oh es de 1’CtC 1402 sont- elles mCdiocres, bonnes, exceptionnelles?lo Le blt$ nous dit le prieur, se vend 6 sous et 6 sous 4 le setier, le vin, sept sous la millerolle;~~ B quel prix se venden t-ils cl ans la region avant et aprts 1402? C’est r;ne questionessentielle.. .

et nous scmmes bibtn ma.1 servis pour y r& pondre. Lcs locali L’ -_,b oh le prieurC p&we ou vend du bK et du vin, Auriol, Saint-Maximin, Saint-Zacbarie, n’ont conservC, pour la fin du quatorzi&e si&cle et le debut du quinzi&zme, ni registres de notaires, ni registres de dClib&ations communales. Dans ce texte, nous avons cependant un renseignement : l’annde pt;ss&e, nous dit-il, done en 1401-2, avant la &colte dont 14ssana nous donnev le montant et ie tours, il ach&te du blC B 8 sous i le setie: Your plus d’informations, il faut aller cher rher des &ments d’appr&iation un peu plus loin. Brignoles, & dix-sept kilom&tres, est en relation facile et constante avec Saint- Maximin g&e & la grande art&e Nice-Aix, ses aptitudes agricoles sont tr& voisines. Ici,

les sources sont abondantes. Regardons les chiffres foumis.12

En annCe moyenne, le setier de bid vaut 6 sous % Brignoles - le prix qu’il vaut dans la region de Saint-Maximin cn 1402 : c’est le cas en 1393, 1395, 1397, 1399.13 Quand le bl& est plus rare, ii monte B 8 sous en automne 1401-printemps 1402 - & peu prts le meme p:*ix qu’& Saint-Maximin, ce qui parait autorise,* le mise en parall&le - B 9 sous en j anvier 1405 oh les syndics de Brignoles ont peur du ‘scandale’, et meme B 16 sous en avril 1384. Quand il est tr& abondant, en 1398, en 1400, il tombe B 4 sous le setier.14 Si, faute de mieux, on considhre comme valable le rapprochement entre Brignoles et Saint- Maximin - il faut admettre en ce cas que dans ces deux villes proches les r&oltes so& com- parables chaque annte, et les mesures peu differentes - l’annte 1402-3 serait, pour le prieurC de Saint-Zacharie, une anntSe bonne mais non exceptionnelle.

Pour le vin, l’impression est la m&me: B Brignoles, la millerolle est exceptionncllement bon march6 en 1395 oti elle vaut 3 sow 3, bon march& en 1400 et 1401 & 6 sous, t&s ch&e en 1397, 1406, 1407 oh elle monte jusqu’h 21 sous. A 7 sous la millerolle, & Saint-Maximin en 1402, le prix du vin correspond Cgalement, dans la sCrie des prix brignolais, B une an&e moyenne.

Assana a des qualitts de gestionnaire ; les conditions mCtCorologiques ont CttS bonnes cette annCe-l&, mais cela ne suffit pas pour que la situation Cconomique du prieurd soit satisfaisante, il lui faut la paix. De cc point de vue la aussi, les chases vont mieux. Depuis 1399, la Provence est dc!barras$e dc la terreur et des pillages provoqu& par les bancles de Raymond de Turenne; elle respire et panse ses plaies.

Quelles sont les ressources du prieurC?

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\ \ Map showing the BP__ geographical location of ---

\ SAINT-ZACHARIE \

\

SEA

Figure 3. Carte de la region de Saint-Zacharie.

Contrairement a celui de La Celle, il ne posdde aucun droit de juridiction. Seigneurie ecclesiastique, il percoit des dimes; seigneurie fonciere, il tire profit d’une reserve et de tenures. Le champ de prelevement s’etend sur plusieurs bourgs bien group6 sur une ellipse d’une vingtaine de kilomittres au grand axe et dix au petit, done d’une surveillan.ce aisle. (Voir Figure 3.) A Saint-Zacharie et B Saint- Maximin, le prieure posdde :m domaine - un labor -, des terres donnCe;s cr’~. meta;rage, des tenures sur lesquelles il percoit des tens et des trezains, et il l&e des dimes, A Trets, il ne possede que des terres ~:~onnCes B facherie (nom provenCal du metayage) . A Auriol, seu- lement des tenures.

La quasi-totalite des profits du prieure est en nature et tous rentrent entre juillet et octobre, ce qui donne sa valeur au document: ble et vin de la reserve seigneuriale, part de fruit versee par les metayers, dime pavable au moment de la recolte, tens en nature,16 remboursement de cereales souvent prevu dans les contrats pour le 15 aoQt ou la f&e de la Madelein.e.17 C’est egalement au temps des moiss0n.s que la pen.sion en ble est versee aux religieuses.

I1 est curiwx de constater que les tens en argent sont totalement absents des comptes. Payables la plupart du temps a Noel, ils auraient dQ y figurer. Sont-ils trop peu im- portants pour que le prieur en fasse mention?

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C’est peu probable, car il n’hesite pas a con- signer de petites sommes. Les tenanciers du prieurt ne paient-ils que des tens en nature? Non: nous en avons la preuve dans les re- gistres de reconnaissance que Jean de Assana lui-m&me a fait rediger en 1391 (AD B. du Rh&re XXF 199). La seule hypothese a re- tenir est qu’il en a abandon& la perception EL un tiers, un de ses domestiques par exemple, & titre de salaire. Mais nous n’en avons pas la preuve. De toute faqon, ces tens en argent sont legers dans l’ensemble,ls negligeons-les, com- me le priew. Les tens en nature sont autre- ment remun&ateurs ; ils rapportent 230 setiers d’annone, soit, sur le total des 1,772 setiers de bit? engrange, une proportion non neglige- able, 13%. Au ta if des livraisons que le prieur assure au monastere, cette quantite de blC represente la consommation annuelle en pain de dix-sept religieuses. Nous n’avons pas la liste exhaustive de tous les tenanciers du monastere en 1403, et il ne nous est don.c pas possible d’apprecier le poids du tens sur chaque bien, mais Pes reconnaissances de 139 1 concernent soixan .e-treize censitaires qui tiennent chacun $lsieurs tenures, celles de 1396, dix censitaires. Cet Cchantillonnage est suffisant pour nous faire apprecier l’extreme diversite des tens: i erres franches, terres qui doivent la tasque - part de la recolte -, terres qui doivent quelqws litres de ble - une car- ter&e ou 16 litres, urn panal ou 8 litres -, terre aux tens t&s lourds une terre de deux sete- r&es doit un setier de blC. De nombreuses vignes sont don&es & nouveau bail en emphy- theose perpetueile :au ) des fruits tous les ans (exemplc:, AD Var 3 E7/77, f. 140~). Enfin, dernier profit tire des tenures, les lods et ventes qui sont appek treizains car ils sont fixes au l/l 3 du prix de vente. C’est, pour le prieur, la seule rentr&e directe d’argent li- quide, et elle est modeste: 5 florins - la ration

annuelle de bltS d’une religieuse. La deme assure aussi des rentrees impor-

tantes: ncus ne la voyons p&levee ici que sur les grains et legumes sets; le prieur ne dit pas a quel taux elle est perque, ni s’il est tmiforme. Heureusement, d’autres sources nous Cclai- rent (Marseille, Bibliotheque Municipale, recueil Bonnet, f. 660~). En 1643, un conflict oppose la communaute des habitants de Saint-Maximin au couvent royal des F&es Wcheurs; ceux-ci arguent d’une transaction t le 1323 entre l’universitt de Saint-Maximin c*t les religieuses de Saint-Zacharie, “qui ;bossedaient alors le prieur( c! Saint-Maxi- rnin”, et d’une transaction de 1507 par les- quelles la dfme du blt avait CtC fixee au l/21. L’enquete du dix-septieme siecle debat aussi de la dilme des vins, mais ses conclusions sont moins fermes. Les temoins ne sont pas una- Gmes. Les Freres PrCcheurs pretendent qu’en I 323 elle avait Cte fixee Cgalement au l/2 1; pourtant, les temoignages sont contradic- toires : elle a toujours CtC levee au l/30 selorr les uns, au l/40, au l/50, “a la discrCtio:1 des habitants, comme pour les legumes sets”, affirment les autres. Qu’en etait-il en I403? Nous ne le savons pas. Le priew ne precise pas ce que rapporte la dime des grappes a Saint-Maximin . la quantite de vin recoltee lest don&e globalement, il est im- possible de savoir ce qu’ont produit respecti- vement la reserve, les metayages, ies dimes et les tens.

A Saint-Zacharie, le taux de la dfme est connu par une convention de 1550 (Marseille, Bibliotheque Municipale, recueil Bonnet, f’. 504~) entre le prieur et les habitants qui re- connaissent que “tous les grains, legumes et autres fruits paieront la dPme au dizain comme par le passe”. Les raisins sont-ils compt& dans les fruits? Le prieur ne nous parle pas non plus du produit de la dune des vins; cepen-

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dant, now avons une preuve indirecte que la dime est persue aussi sur le vin dans les terres du prieure, puisqu’en 1374 les nonnes se plaignent de la mauvaise qualite du vin qu’on leur donne “alors qu’il y en a du bon en r&serve provenant dey dimes” (Duplessy 1967 :40).

La part que la dime Je:s grains represente dans les rentrees en cCrCales ne nous est pas connue pour Saint-Maximin oh elle est fondue avec le profit des metayages, mais nous la connaissons pour Saint-Zacharie : elle rapporte quinze setiers de ble sur les deux cent trente que fournit le bourg; sa part est done faible : O,S% seulement. Si elle rapporte une proportion modeste du blC, elle fournit par contre une proportion importante des c&tales secondaires - orge, paumelle, cons& gal - 70 setiers a Saint-Maximin. Elle assure seule la provision de legumes sets qui entre au mouastere: a Saint-Maximin, 17 setiers de f&es et 10 de lentilles.

I1 n’est jamais question non plus de la dime desanimaux-chevreaux, agneaux, porcelets- mais pour he b&ail, le silence du prieur n’est pas ambigu: il est oblige d’acheter les mou- tons et le boeuf pour la table des nonnes, et la viande necessaire aux repas des vendanges. Le ferait-il si la dime lui en fournissait ?

L’essentiel des revenus du prieure provient done de la reserve: une partie, B Saint- AIaximin, Saint-Zacharie et Trets, est con- fide a des metayers - originaires parfois des villages proches comme Qllieres 19- l’autre en faire-valoir direct. Une des lacunes de ce texte est de nous laisser dans l’ignorance totale de l’organisation. des metayages. Quelle est la superficie des terres donnees a facheric, l’eten- due des exploitations, la duree des contrats, l’aide fournie par le prieur dans la mire en valeur, la part de recolte laissee aux metayers, leur niveau de fortune? Dans les registres de

notaires de brignoles, nous pouvons puiser des renseignements sans doute valables pour le prieure de Saint-Zacharie ; les contrats les plus frequents accordent au prereur les 213 des fruits, le tiers au bailleur.20

NOuS sommes mieux renseignes sur les terres consesvees en gestion directe par le prieur. 11 faut remarquer d’abord qu’il en a crte une de toutes pieces a Saint-Maximin - de labore per me facto. A-t-i1 repris a sa main une exploita- tion qui etait precedemment confiee a un metayer ou a un fermier - le fermage est total- ement absent ici - ou a-t-i1 reconstitue une reserve aux depens de tenures tombees en desherence? A-t-i1 fait jouer son droit de retention quand elles ont change de main? Nous l’ignorons. 11 possede Cgalement unlabor a Saint-Zacharie. Quelle est l’etendue de ces deux exploitations ? Le prieur y a fait semer, en 1402, 120 setiers de ble et 30 rases d’a- voine.21 I1 est fort probable que l’avoine n’est semee qu’en redouble sur une proportion des chaumes qui portaient le ble l’annee prCcC- dente et que la terre se repose un an sur deux. Les terres emblavtjes couvriraient done 240 seterees, soit une cinquantaine d’hectares22 partages entre Saint-Zacharie qui s’abrite dans la riche vallee de 1’Huveaune et Saint- Maximin dont la plaine compte park les meilleurs terroirs de Provence. Le labor de Saint-Zachariequi produit 2 1 Osetiers pourrait s’etendre sur quelque 17 hectares; celui de Saint-Maximin, qui en donne 480, et tree par le prieur, couvrirait 34 hectares. 11 a triple la surface du domaine en gestion directe.

Sur cette cinquantaine d’hectares, la recol- te ayant ete de 680 setiers, le rendement ob- tenu est proche de 6 pour 1, ce qui, pour une ami& qui n’est pas exceptionnellement fa- vorable, est un des plus hauts rendements de Provence. Le prieur a lieu d’etre content. CCS deux labor fournissent pres de 40% de tout

391

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Table 1. -I_--- -.

Rentrks Bit Avoine (Orge Cons&al F&es Lentilles Vin

en Paumelle _ _____- .- .- --_---...-~...---- _-----~_--- -

Setiers de grains et

~tgumes 1,772 140 134 35 17 10

-

Trkains Total en florius

--_- --- -- ..-- -

M&r&es de vin

-_- L___- -- -- _ _____-_--. _._ -- -- _-_

410

____ _-_--

Argent liquide

- _.-- ------__--- _____-- _____ -_- _I _- ----.-.--_-----_ - ____ ._-

5 fl.

_ ____-_ . . - _ ------. - . __ ----_.- -..--- ------__~.- -________ _.. -.. _.._

Alesures modemes 708,8 hl. 56 hl. 53,6 hl. 14 hl, 6,8 hl. 4hl. 262 hl.

Valeur cn florins

664 39 26 10 10 180 5 934

Ie ble qui entre au monastere, presque autant qu’en produisent les metayages, les dimes et Ies tens r&mis. A Saint-Maximin, 480 setiers sur 1 2130; a Saint-Zacharie, 210 sur 245 (les terres don&es a facherie en rapportant 20, les dimes 15). En ce d/; rw t du quinzieme siecle, le faire-v;. loir direct r* L porte hien.

Nous sommes beaucoup moins bien rensei- g&s, nous I’avons di t, sur la proveaance du vin. La quantite recolt$! e, 410 millerolles, permet- trai d’abreuver deux cent cinq religieuses pendant un an.24 El est sur que le prieur a conserve de la vignc ,% sa main ; en ttmoigne le salaire verse a Jean Regis, de Tourves, pour “kurveiller l’aire de Saint-Zacharie au temps des moissons et pour soigner la vigne du prieurt”. Au chapitre des depenses indeter- minCes, il mentionne aussi les fralis pro @dendo, fodemb et reclaudendo vinean prioratus. I1 a done une vigne et une seule. 11 est vrai- semblable que la plus grande partie de la dcoite est fournie par jles profits du metayage,

les tens en nature et les dfmes. La production s*Cl&ve, en convertissant a la

mesure moderne, a 262 hectolitres. En neuf mois, le prieur n’en vend &une seule fois, et une petite quantite, 25 milierc!les, mais il en achete 40, en deux fois, pour la table des religieuses. Celles-ci en consomment 33 hecto- litres par an. 11 lui en reste environ 239 pour lui et sa familia, 64 litres par jour. Comme le vin ne se conserve pas d’une recolte sur l’autre, c’est enorme. Peut-&re+en vendra-t-i1 dans les mois suivants? Mais s’il en a trop, pourquoi attend-i1 le printemps et I’&?

Le prieure a conserve aussi des prairies. Assana prevoit les frais pour les fauchbr, mais il n’a rien depense pour elles depuis neuf m&s. Gageons qu’elles ne sont pas tr8s vastes; elles doiver3.t servir ;I la p$ture des boeufs de labour. Toute autre forme d’elevage, s&lent aire ou transhumant, de moutons, chevws, vaches, est totalement absente. Le pricur ach&e la viande et les fromages pour

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les religieuses et pour le companage de sa q maison.

RCsumons-nous. Le monastere tire ses pro- fits des decimablcs, des tenanciers - tens et trezains - des metayers, et de I’exploitation directe de la reserve mise en valeur par des domestiques et des ouvriers agricoles.

I1 est temps maintenant de rtjcapituler les recettes. Presentons les sous forme de tableau en Table 1. (voir aussi Figure 4).

Les terree du prieure rapportent du ble de plusieurs qualites. Le prieur en vend en effet la plus grosse quantitt B 6 sous le setier, une partie i 6 sous 3; il en vend aussi a 9 sous B des hominibus de iklassilia qui faciunt panem boche, le “pain de bouche”, pain blanc des villes fait avec les farines les plus fines. En Cvalu- ant tout le bl& produit au prix le plus bas - faute de connaitre les proportions res- pectives de chaque variete - n.ous obtenons une estimation minimum. Par conwe, le prieur n’evalue pas le prix de l’avoine : il n’en achete. Pour avoir un ordre de grandeur, nous nous reportons aux prix compares des diverses c&ales a Brignoles. En 1398-9, quand le setier de ble vaut 4 sous, l’avoine en vaut 3, le con&gal - melange de blC et de seigle - 3 sous 4 deniers (Brignoles, Archives communales, Comptes tresoraires Ccl, f. 342). Quant B la valeur de l’orge, elle est indiquee par le texte lui-mCme: viginti octo sestaria anone pro quiquaginta .Tex sestaria ordei.. .

Les feves et les lentilles valent B peu prb le m$me prix que le ble; il doit les garder pour sa table puisque c’est 1’Cquivalent en ble qu’il livre aux religieuses B la place des legumes sets auquels il est tenu.

Passons maintenant aux depenses. Rappe- lons que les rent&es en argent &ant prati- quement nulles, et le vin consomme sur place, chest surtout dans ses greniers que le prieur doit puiser pour y faire face: entretien de sa

maison, gages des domestiques, exploitation du domaine, reglemer t des pensions (Figure

5). Essayons d’abord de chiffrer les frais du

proprietaire fancier. 11 a besoin d’un personnel permanent, il utilise six personnes a plein ten)s: uni: servante pour tenir sa maison, un fournier pour le service du cloPtre, quatre domestiques pour le travail sur la reserve et lescharrois dont un bouvier, deux conducteurs de b&e de somme, unfactor B Saint-Maximin qui doit lui servir de regisseur. Leur salake est, pour Huguette, la serva,rte, de 7 florins; pour Jean Beaudoin, le conducteur de b&te, de 30 setiers de ble, pour Andrg Borgavel, bou- vier, le mieux paye de tous, 39 setiers de ble par an. Ce salaire represente a peu pris le prix d’un boeuf. Mais il s’y ajoute des avan- tages t&s apprkiables qu’il nest pas possible d’evaluer. Le prieur achete pour ses merce- nariis du drap, des chaussures et doi: les nourrir dans : a maison.26 11 utilise aussi les services d’ouv :iers agricoles pay& a la &he au moment dies gros travaux, plus d’une douzaine au total: un homme pour la sur- veillance “des aires et de la vigne”, trois hom- mes “pour la s: trveillance des portails de Saint-

Maximin” sou 3 lesquels passent les charrettes des vendange ,, un homme pour sarcler et semer, plusiews hommes pour couper, lier et “garbeyer” les bits, deux hommes pour decimer le ble de Saint-Maximin, et le vanner sur l’aire, un homme pour le depiquer.. . . 11 n’est pas possible, dans ces depenses, de distinguer rigoureusement les frais entrain& par l’exploitation directe du labour de ceux que necessite, par cxemple, la perception des dimes ou des tens, mais il paraPt incontestable que le domaine exige les plus gros debours.

Les salaires verses au personnel permanent montent B 128 setiers de ble plus 43 setiers que valent les chaussures et 2 florins pour les

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Figure 4. Les rent&es du monasthe (exprimCes en valeur).

Figure 5. R&glemen: AS dbpenses du prieu:C.

Figure 6. Budget du priem&.

Figures 4-6. Pro&s et d+enses du prieurC en 1402-3.

I I

Vin

C&ales secondaires et le’gumes sets

Trkai ns

Acquittees en bli

Acqu itt6es en c&&ales secondaires

Acquitte’es en argent

Mise en valeur du prieurt!!

Entretien des reli- gieuses

Pensions dues aux cure’s

Pension b la ville de Saint-Maximin

Pension B Sairit- Victor

Pension b I’Archevsque d’ Aix

Profits du prieure’

71%

19.2%

9.1%

0.5%

77%

3.3%

19.5%

43%

20%

2.4%

2%

12%

4.6?6

16%

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veternents ; ceux des ouvriers saisonniers s’tlevent a 239 setiers auxquels il faut ajot&ter 3 florins 12 sous pour les repas des vendanges et des moissons. Au total, si l’on convertit en argent, 159 florim, soit 16% des rentrees. A ces depenses, s’ajoutent l’achat de b&es de trait - deux boeufs valent 23 florins + - de cordes et de bats, le ferrage des animaux, la location d’une maison et de vaisselle vinaire, la reparation des bkiments. 11 doit mettre aussi de c&C les semences qui a elles seules representent 49 florins, le l/20 du revenu. 11 doit prevoir les dettes a rembourser et son vestiairc, soit 81 florins. Le total s’etablit a 340 florins. A ce chapitre, il faudrait adjoindre les dtpenses non chiffrees. De combien faut-il majorer cette somme?

Puisquc les comptes sont Ctablis au bout de neuf mois, on pourrait etre tent& de les augmenter de 25%, mais ce serait certaine- ment excessif car les plus grosses depenses sont prevues et comptabilistes. 11 semble done qu’en montant a 400 florins, on ne soit pas trop optimiste. Si l’on retient ce dernier chiffre, les depenses d’exploitation absorbent environ 43 y. des profits (voir Figure 6).

Mais le prieur a d’autres obligations. La pension a I’archevCque d’Aix, gonflCe

d’un reliquat non paye de 1’annCe precedente s’eleve & 116 setiers de bit valant 43 florins 3, soit 4,s% des rentrees.

La pension a Saint-Victor, anormalement alourdie elle aussi d’un arriCrC de l’annee pas&e, est de 223 setiers de He, 84 d’orge, plus 13 florins 4 sous, soit 113 florirs: 12 y. des rentrees.

De par sa fonction, le prieur est egalement tenu de payer une pension a certains pr&tres. 11 assure le vestiaire et la nourriture du curt! de Saint-Pierre (sans doute l’eglise d’Aurio1) , son socio mensali - 15 florins sans compter la nourri- ture; BarthClCmi, - ancien chapelain-cure de

l’eglise du hourg - recoit 8 florins; total 23 florins.

Le prieur verse tgalement une contribution g la ville de Saint-Maximin: item habuerunt sindici villas sancti maximini quinquaginta sesteria annone qua voluerunt et eis non potui resistere, pro

oneribus dicte ville, scilicet de duobus annis, ad rationem cujuslibet XXV sestaria. Lib&alit6 du prieur, pression populaire?. . . Nous n.e savons ce qui motive ce versement. Mais ici encore, il est le double de ce qu’il aurait dQ &re en an&e normale. 11 represente 19 florins.

Enfin, l’entretien de la communaute mona- stique, B laquelle, a l’origine, toI- ces revenus ont tte affect&, et qui est la raison d’etre des fonctions du prieur. Ccs besoins ont et& soigneusement tariff% par la convention an- nexee a ce document; elk nous klaire fort a propos car le prieur nous donne tres peu de renseignements : “aux nonnes, entre toutes, 3 18 setiers d’annone pour la pension que je leur dois tous les ans” . Cette livraison est, plus precisement, fixee B 13 setiers par religieuse, le double a la prieure, et 5 setiers de plus pour la sacristine.27 D’apres ce chiffre, nous devrions trouver vingt-quatre religieuses au monastke en 1403; en effet, la liste de 1404 en compte vingt-cinq, effectif tres reduit par rapport. au quatorzieme siecle. Elles etaien t quatre- vingt-dix-huit en 1322, trente encore en 1 f176. Ce nombre ne cesse de flechir au quinzieme siecle : vingt-quatre en 1403, dix-huit en 1416, sept en 1457, elles ne sont plus que trois en 154 1 (Duplessy 1967 : Appendice).

Le prieur leur livre aussi 47 setiers de ble au lieu des legumes sets qu’il leur doit, la viande - les moutons aux grandes f&es et les quartiers de boeuf - des fromages, du miel, des

fruits . . . . Cn obtient une depense de 160 florins auxquels s’ajoutent les 7 florins annuels que le prieur est tenu de dormer au sacriste du monastere pour son vestiaire ; lui aussi doit vivre a la table du prieur .

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Mais clans ces livraisons aux religieuses manque le vin - lacune d’autant plus sur- prenante qu’a deux reprises le prieur nous dit avoir achete “20 m&r&es pour les Dames”. D’ailleurs, le rkglement prevoit lque chacune doit recevoir “deux millerolles par an, le double a la prieure et a la sacristine et deu e&-e vin pur bon et sa@cie;& soit, pour les vingt-

quatre nonnes, 52 miillerolles qui valent 28 florin.0 En comptant le vin, l’entretien des

religieuses coute environ 196 florins et absorbe 20 o/o des revenus du prieure.

Avant d’etablir la balance des comptes, quelques remarques s’imposent . N’ayan t point d’argent liquide, le prieur est oblige parfois d’emprunter : 11 florins a un Fr&-e

P&hew de , kint-Maximir, 17 a un Juif de la meme ville, 2 ecus a Is prieure.29 Cet argent est rembours+ en blC. C’est du blC aussi qu’il troque contre le Gn qu’il achete, mais il lui arrive de vendre ills vin et d’acheter du ble. Les affG.res du prieur sorrt done complexes. Leur rayon d’action est interessant B etudier. 11 fait travailler d,: la nain d’oeuvre de plusieurs localit& des 1 jaysans de Saint- Maximin, d”Oll’+ : es, Sz int-Zacharie, Ro- quevaire, Tourves, soit’ comme ouvriers agricoles soit cornme fachiers. 11 achete du vi 3 a Saint-Maximn, de la viande a Auriol, et a recours 8. de nombreux artisans, dzux cave- tiers, un cordier, un Sabre, un drapier desaint- Maximin, un platrier et un barbier d’Aurio1. 11 revend du ble ,dans tous ces bourgs et jwqu’a Marseille. Le prieure n’est pas un mode clos, il draine dimes et tens mais redistribue une partie de ces profits pcur regler des salaires ou des achats, voire pour aider la commune de Saint-Maxink; il en exporte enfin. une bonne part a Ail., dans les greniers de l’archevkhe, a Marselle, clans ceux de 1’AbbC de Saint-Victor, B la tour pontificale, nous allons le voir.

Faisons le bilan. Additionnons les depenses, en rappelant qu’elles paraissent cette ann_Ce exceptionnellement lourdes, car le prieur liquide d’anciennes dettes, nous arrivons a un total de 800 florins. Par rapport au 934 qui representaiem les rentrees, le bilan parait tr& largement positif; un benefice de 130 florins.

11 est tr& encourageant, pour la verification de nos calculs, de constater que ce bCnCfice, evalue a partir des recettes et des depenses du prieur, est trits voisin du montant qu’il a lui- meme encaisse en vendant, nous dit-ii, du biC pour 90 florins, du vin pour 11 florins, et en faisant rentrer les treizains : 106 florins au total. Ce sont done bien les excedents qu’il a monnayes, les autres denrees &ant destinees a assurer la soudure. La vente du surplus - de ble essentiellement - represente le solde positif entre les entrees et les sorties. Sur 1,772 setiers de ble recoltes le prieur en vend 232, en dCpen.se 1,442 pour regler ses frais, prevoit d’en verser encore 29 a PBques.11 lui en restera done 70 pour aller jusqu’g la moisson proch- aine. Pendant ces cinq mois a venir, il dispos- era de 14 set&s par mois - de quoi nourrir quatorze personnes tous les jours, meme si elles on t aussi bon appetit que les religieuses !

La situation du prieure s’est remarquable- ment rttablie, et l’on songe qu’en 1392, le prieur excommunie a donne a rente tous les revenus du prieure contre la pension annuelle de 25 florins. 11 y a plusieurs raisons a cette amelioration. Apres la tourmente de la fin clu quatorzieme siecle, la Provence est plus pai- sible et les revenus rentrent mieux. Mais il y a 1Q sans doute aussi le fruit des efforts du prieur, reconstitution et extension de la reserve, gestion plus attentive. 30 On comprend ainsi que les religieuses de La Celle souhaitent ?dvoir & leur t&e. Les revenus du couvent paraissent confortables. En 1376, la prieure n’hesitait pas h declarer: facultates i’sius

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monasterii ad sustentationem dicti numeri et aliarum @wimum monialium suppetere. Cepen- dant, cette m2me an&e, le Pape Gregoire XI s’apitoyait SW la necessitas et paupertas des religieuses trop nombreuses pour ses ressour- ces (Archives vaticanes, Registre 188, f. 255. Bulles de GrCgoire XI, t. VI .) De m&me - avec moins de religieuses qu’en 1376 - Jean de Assana se plaint, en mars 1404, que le monas- t&e est pauvre. Alors, qui accuser de cette pauvrete?. . . Le prieur qui ne songe qu’a s’enrichir aux depens des moniales?.. . 11 parait peu douteux qu’il vit largemen@ - les intrigws pour acceder a ces benefices le prouvent abondamment - et qu’il a tout in- ter& a maintenir un numerus clausus. Mai$ ceci n’est pas la seule ni la principale raison des difficult& du prieure. Certaines sant d’ordre interne, d’autres d’ordre externe.

Son Cconomie est fragile. Elle repose quasi exclusivement sur la production de ble ;

l’elevage est inexistant, le vin peu commer- cialise; les rent&es d’argent font defaut. Supposons que la recolte de c&&ales baisse. Les profits de la reserve, des metayages et des dimes diminuent. (Les tens en nature restent fixes, mais ils ne fournissent qu’une part modeste des revenus). En revanche, les pensions aux religieuses, a Saint-Victor, a I’archevCque restent les memes, les semences a prevoir aussi ; les frais d’exploitation son t peu compressibles. Unc tres grosse partie de la rtkolte &ant absorbee par ces livraisons, le prieur profite peu du rencherissement des grains, car il n’a plus d’excedent & vendre.32 Si la recolte diminue de moitie,33 le blC rentre ne suffit meme pas & y pourvoir. Le budget du prieur sera t&s fortement deficitaire.

On constate justement - et il semble difficile d’attribuer cela a une comcidence - que cha- que fois que le prieur est aux abois, en 1402 et en 1404, le ble est cher. 11 a dC1 rentrer en

beaucoup plus faible quantite dans les greniers du prieure.

Mais le facteur qui compromet le plus gravement l’equilibre du prieurfi est a cher- cher dans les ponctions exterieures. Le p&e- vement de l’archevkhe et de Saint-Victor, 156 florins, drament hors du couvent 80% de ce qui est necessaire a sa vie. Les exi- gences pontificales sont plus dangereuses encore, parce que plus lourdes et plus irregu- l&es. Les 300 francs &lames a Assana en

1404 representent, & 20 sous piece, 374 florins, soit deux fois les depenses annuelles du monastere. Certes, le prieur obtient que la somme soit ramenee a 60 francs, mais l’inci- dent est significati Le prieure tst constam- nent menace dans sa survie. Son economic, qui repose trop exclusivement sur le ble, est t&s vulnerable aux caprices meteorologiques ;

surtout, elle est ebranlee par les appttits des princes de l’Eglise, de la maison-mere qui ponc tionne ses prieures, de l’archevkhe d’Aix et de la tour pontificale qui ont d’&ror- mes besoins d’argen t.

Le prieure de Saint-Zacharie ne vit pas paresseusement de ses rentes, ce nest done pas de leur effondrement qu’il deperit. I1 lutte courageusement pour vivre de l’exploitation directe du sol.

En ce debut du quinzieme siecle, Jean de Assana, par sa connaissance des chases de la terre, ses contacts etroits avec la monde pay- san, campe une belle figure de gentilhomme

campagnard. Ce n’est qu’un de ses deux visages; l’autre est celui du Pasteur - il aide la prieure a porter la crosse -, du chef religieux qui ne g&e le temporel que pour mieux ascurer le rayonnement spirituel et moral du monastere. Toutefois, ce moine-gentilhomme, clans ses relations avec les religieuses, ap- parait davantage comme un konome que cormne un Pasteur. L’evolution de leurs rap-

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ports, souvent difficiles, a conduit a des regle- ments tatillons qui rivent ses yeux au calen- drier et font de lui un tpicier, roublard parfois, qui triche sur la mesure ou distribue du mauvais vin. A date fixe, il p&se le blC, le sel, les f&es, les lentilles, le fromage et les oignons,mesurel’huile,doit penserauxquatre cochons a livrer en decembre, aux onze mou- tons pour les grandes fetes, aux quartiers de boeuf trois fois l’an, compter les buches, les ocufs et les gateaux. Les nonnes semblent, elles, plus obsedees par la nourriture que par leur salut. Deja trop nourries, il est revelateur que la promotion aux offices s’accompagne d’un supplement de nourriture et de confort :

la prieureet lasacristine mangent plus, boivenr plus, se chauffent davantage. ”

.A l’interieur, le ressort spirituel est casse, a l’exterieur les inter&s du prieurt ne sont defendus a aucun niveau de sa dependance. 11 n’est plus un foyer de religion rayonnant et conquerant. Reduit a la portion congrue, mutile par le numerus clausus~4 - qui est loin d’&re atteint, preuve meme de sa retraction - il agonise et les rwenus qui awraient dQ soutenir son expa: sion sont dra.Pnes hors de

temps ir Saint-Zacharie. En 1408 son prieur s’appelle Rigault Plagevent (AD B. du RhGne VI G. 261). 7 AD Var, 3 E7/80, f. 45, 13 juillet 1406. La Gay- ole, sur le territoire de Brignoles, appartient au prieure de La Celle 8 Duplessy 1967 :35, qui ignorait l’existence de ce document, kcrivait : “Nulle part dans les archives, il n’est question de terre appar tenant B la communautt, ni de tenanciers . . . . Serviteurs appoint&, colons, metayers ou serfs. Les moniales possedent des terres, leur pro- curant des revenus, mais nous ne savons de quelle maniere.. .“. 9 Ou simplement : in diminutione ejus salarii. L’avant-derniere rubrique mentionne les marchandi- ses & verser aux Piques prochaines et en particulier plusieurs salaires en nature “pour le tiers de Pgques”. 10 Dans le registre de visites des maisons des Hos- pitaliers en Provence, &die par Georges Duby ( 1973 : 17 I), les prix des den&es et les valeurs enregistrees sont, au contraire, des valeurs “communes” et l’auteur sig- nale que “cc parti-pris n’est pas sans avantages: ii permet de reperer les niveaux que les contemporains consideren t comme normaux”. 11 Le sexier vaut entre 34,90 liwes et 40,66; ou

ses murs.

Notes

1 Le prieur de Saint-Zacharie est aussi prieur de Saint-.Maximin depuis l’union de ces prieures par le Pape Clement IV, en 1267; Faillon 1848b:687. 2 “Suivent les choscs que Monseigneur le Prieur a coutume de donner”. 3 Marseille, Bibliotheque municipale, recueil Bonnet, f. 666. 4 AD B. du Rhbne, Fl 41, memoire 39. 11 eat fait allusion a cette transaction dansl’accord sign& entre le prieur et les religieuses de La Cdle; ADVar, notairesde Brign~les, 3 E7/79, f. 89,5 octobre 1404. 5 La premiere mention de ce pri?ar se trouve dans AD Var, 3 E7/45, f. 57,25 novembre B 386. 6 Aix, Bibliozheque Mejanes, fends de La Celle, 343(R. A23), f. 18. Ports Grimaud ne reste pas long-

encore de 26,97 kilogramme B 3 1,50 (Stouff 1968). D’apres de :viaistre ( 1839), le setier vaut 40 litres. A Saint-Zacharie comme a Brignoles, la millerolle est Cquivalente B la m&r&e. Elle vaut entre 50 et 70 litres aelon les lots lit&, 64 litres B Brignoles. 12 Malheureusement, dans la serie presque conti- nue des prix de Brignoles, manquent justement ceux de I’CtC 1402. 13 Brignoles, Archives communales, Comptes tresoraires, Ccl, f. 171, printemps 1393; f, 242, 1395 (mois?) ; f. 278, 1397 (mois?) ; AD Var, 3E7/76, f. 75, 19 decembre 1399. 14 AD Var, 337178, mai 1402; 3 E7/79, janvier 1415 (n.s.) ; Brignoles, Archives communales, registre de deliberations communales BB2, f. 83, 15 fevrier 1405; AD Var 3 E7/72 ; 15 avril 1384, Brignoles, Archives communales, Ccl, f. 342, 1398 (mois?) ; AD Var, 3 E7/76,9 juin 1400. IS AD Var 3 E5/71,12 mars 1395; 3 E7/77, f. i2,30 avril 140 1 - c’est done la recolte de 1400; f. 70, 17 oc- bre 1401; Brignoles, Archives communales, Ccl, 283, aout 1397 : la millcrolle vaut 16 sous: AD Var 3 E7/80 f. 32,24 mai 1406: elle vaut 14 sous; f. 128,3 mars 1407 (n.s.) : 2 1 sous. 16 Exemple de bail B nouvel acalJte “au + des fruits portables le jour des vendanges”: AD Var 3 E7/77, f. 140. I7 Exemples: prCt de 2 setiers remboursables le 15 aout, AD Var 3 E7/77, f. 51; remboursables h la Madeleine : 3 E7/ 160, janvier 1463. 18 Exemples : 6 deniers, 2 deniers, ) de denier; une maison paie cependant 2 sous de tens.

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Page 17: Le prieuré de Saint-Zacharie en i403 d'après le Livre de raison de son prieur

19 Percepi.. .a quibusdam hominibus de Oleriis.. . de facheriis laboris de kncto Maximino.. . 20 Exemples : AD \ ar 3 E7/79, f. 88 : quatre terres sont donnees B facherie pour quatre ans, le fachier donnera la moitie du ble, il fera deux ans de blC et deux d’avoine; ibidem: une terre est don&e au tiers pour trois ans. 11 sembleque meilleure est la terre, plus tlevee est la part qui revient au bailleur, mais la plupart des contrats ne lui laissent que le tiers de fruits. 21 Seminavi aut seminare feci tam in labore Sancti Maximini quam Sancti Zacharie, inter ambos. ..sex viainti eminas annone et triginta rasa civate, quod Al- tissimus valeat augmentare, amen. La rase d’avoine vaut 3 setier. Le setier a ici la m&me valeur que l’emine. 22 Selon l’estimation retenue par George Duby (1973:ZOO) qui prend comme valeur d’estimation un hectare de 5 seterees. 23 A Saint-Zacharie, oh le prieur indique avec precision la provenance du blt engrange, now pouvons nous faire une idee de la repartition des terres : puisque la dime y est perCue au dizain, la production des tenu- res serait de 150 sctiers. Si les terres en mttayage sont donnees au 3 des profits pour le bailleur, elles en rap- portent 60; le labor en fournit 210. .4 supposer que la qualite de toutes ces terres soit Cgale, et Cgal le rende- ment, le domaine en exploitation directe occuperait 5076 du terroir emblave, la part dd domaine &d&e en metayage 14?;, les tenures 35%. 24 Si la millerolle vaut 64 litres, chaque religieuse en consommant deux par an a droit B 128 litres de vin, soit 3 de litre par jour. C’est peu. Les nonnes de La Celle sont beaucoup plus favorisees: un “justicial” de vin par jour, qui vaut l/48 de millerolle, soit 1,3 litre par jour. C’est beaucoup (Aix, Bibliotheque Mejanes, 352(RA22). 2s 11 en achete deux: Emi a quibusdam hominibus de Oleriis...duos boves pro labore dicti prioratus.. florenos auri XXIII, solidos VIII., mais combien en posstde-t-il? Le texte mentionne un fine; il doit aussi avoir un cheval pour ses deplacements. 26 11 prevoit la provision mense mee et meorum mercenariorum et servitorurn tam de pane quam de companagio et #lliis necessariis. 27 Un sestier de anona per cascun mes acascuna dona so es per mes de quatro semanos car lo sesties deu esser por XXVI II journs, que font XIII sesties per dona de cap en an et rasion dobla a la prioressa et V sesties par l’officio de la sacrestia. Ces fournitures paraissent t&s superieures B leurs besoins. Dans les testaments de l’epoque, la pension alimentaire prevue par le mari en faveur de l’epouse suwivante est souvent, chez les gens aisb, de 8 setiers de blC par an. Exemple: AD Var 3 E7/151, f. 3’? : Guillaume de Grasse, apothicaire de Brignoles, legue B sa femme 8 setiers de ble, 6 millerolles de vin et 5 florins par an “pour se vCtir, se chausser, se chauffer et pour son companage”.

28 “Le vin doit etre pur, bon et suffisant”. Le prieur achete presque tout le vin destine aux religieuses. Sans chute ne se contentent-elks pas du vin des terres du prieure puisqu’il leur procure du vin beaucoup plus cher, a 9 sous et 9 sous + la millerolle.

fp52. L’Ccu vaut 22 sous 3 en 1404; AD Var 3 E7/79,

30 11 veille egalement sur les tenures: le 11 aotit 1403, un tenancier veut “desemparer” une terre de deux Cmintes - sans doute a cause du poids du tens annuel de 2 emines +; le prieur refuse cette desempara- tio, quia dicta terra non est in statu in quo debet esse et si dictus Franciscus vult dictam terram reparare et ipsam ponere in bono statu, paratus est dictam terram tune recipiendam et non alias... ; de mCme il refuse d’accepter l’abandon d’une vigne parce que dicta vinea duobus annis remensit ad podendum. (AD 8. du RhBne, d&p& d’Aix, 396, E/ 118). 31 11 vit d’autant plus largement qu’il est souvent titulaire de plusieurs prieures: en 1392, quand Assana donne a rente le prieure de Saint-Zacharie, il conserve le prieure de Sartons( ?) - que je n’ai DU identifier. 32 11 ne vend que 232 setiers de blC sur les 1772 engranges, soit 13%. . . 33 Ce n’est une hypothese le rende-

sur le tomberait de pour 1 3 pour on connait annees catastrophiques Provence oti recolte rend peine la En revanche, parait peu que la puisse &re plus abondante eut-$tre le pourrait-il obtenir 8 pour mais guih-e faute de en particulier. 34 En 1362, Guillaume Grimoard, abbe de Saint- Victor, et futur Pape sous le nom d’Urbain V, avait fix& Q trente le nombre maximum des reli<ieuses. (AD B. du RhBne, H 3 13.) En 1461, il y a cinq moniales B Saint .Zacharie et il est interdit d’en recevoir de nouv- elles (Marseille, Bibliotheque Municipale, recueil Bonnet, f. 683).

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