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N°61 - décembre 2008 - LE MAGAZINE DU DEVELOPPEMENT DURABLE - www.terra-economica.info Le Père Noël n’est plus une ordure Fière d’être une patate Le légume anti-crise alimentaire Champagne light La filière sabre le CO 2 Welcome Obama Lu et approuvé par la planète

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Le Père Noël n’est plus une ordure

Fière d’être une patate Le légume anti-crise alimentaire

Champagne light La filière sabre le CO2

Welcome Obama Lu et approuvé par la planète

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Des animations, ateliers, rencontres et débats,pour questionner les différentes formes de la richesse,et établir ce qui compte vraiment pour nous.

Retrouvez toutes les informations des Assises sur :

www.andd.rhonealpes.fr

En partenariat avec :

LYON, 19/20/21 JANVIER

ASSISES NATIONALES DUDEVELOPPEMENT DURABLERHÔNE-ALPES 2009

5èmes

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Couverture :  Gianpaolo Pagni. Ont  participé  à  ce  numéro  (en ordre alphabétique inversé) : Sylvie Serprix, Gianpaolo Pagni, Laure Noualhat, Virginie Leray, Karine Le Loët, Arnaud Gonzague,

Gaw, Anne Daubrée, Cire, Cécile Cazenave, Etienne Burkel, Lucile Brizais, Yann-Olivier Bricombert, Matthieu Auzanneau, Louise Allavoine, Adrien Albert, Sipa, Rea – Direction  artistique : Denis Esnault – Responsable  de  l’édition : Karen Bastien – Directeur  de  la  rédaction : David Solon – Responsable  des systèmes  d’information : Gregory Fabre – Directrice  commerciale :  Kadija Nemri – Conseiller abonnement : Baptiste Brelet – Assistantes commerciales : Véronique Frappreau et Elodie Nicou – Directeur  de  la  publication : Walter Bouvais. Terra  Economica  est  édité  par  la  maison  Terra  Economica,  SAS au capital de 137 233 euros – RCS Nantes 451 683 718 – Siège  social : 42, rue La Tour d’Auvergne, 44200 Nantes – Principaux associés : Walter Bouvais (président), Gregory Fabre, David Solon, Doxa SAS – Cofondateur :  Mathieu Ollivier – Dépôt  légal : à parution – Numéro ISSN : 1766-4667 – Commission paritaire : 1011 C 84334 – Numéro Cnil : 1012873 – Impression :  Goubault imprimeur, 8 rue de Thessalie, BP 4429, 44244 La Chapelle-sur-Erdre cedex. Lisez-nous, abonnez-vous sur notre site Internet : www.terra-economica.info/abo, par courriel : [email protected] ou en nous appelant au 02 40 47 42 66. Ce magazine est imprimé sur papier écologique (ARCTIC Matt paper en 90 g/m² pour l’intérieur et 150 g/m² pour la couverture) avec des encres végétales.

4 BREVES 5 LU D’AILLEURS

6-7 L’OBJET Le champagne 8-9 LE MARKETING EXPLIQUÉ A MA MERE Au grand bazar des banques10-13 ENQUETEObama entre à la Maison verte14-15 EN DIRECT DE WWW.PLANETE-TERRA.FR

16-18 REPORTAGEGibraltar : la station-service de la Méditerranée19 ZOOM Prix Pictet : un concoursde clichés pour la Terre20-21 BOITE NOIRE L’Unesco, génétiquement durable

22-30 DOSSIER Le Père Noël n’est plus une ordureLa preuve ? 25 cadeaux durableset un repas zéro carbone (ou presque)

32-33 ILS CHANGENT LE MONDE Le Piémont lave plus vert34-37 DECRYPTAGE Climat : planète cherche après-Kyoto 38-39 L’ECONOMIE EXPLIQUEE A MON PERE La patate, le légume du siècle ?40-41 ENRICHISSEZ-VOUS Gros coup de chaud sur scène

sommaire

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brèves

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La grand- messe syndicaleLe 3 décembre, les salariés français ont élu leurs représentants aux conseils des prud’hommes. Grande nouveauté cette année, le vote en ligne – pour les Parisiens uniquement. Ce procédé vise à lutter contre l’abstention importante observée en 2002 lors du

Pygmées et forestiersau micro Biso na Biso, c’est le nom de la radio pygmée créée au Congo par une ONG et une entreprise forestière. Leur idée : associer la population à la préservation de la forêt primaire du Nord Congo. Des émissions (traduites en 14 langues) réuniront chaque jour à l’antenne exploitants forestiers et membres des tribus : 10 000 à 15 000 personnes devraient pouvoir capter ce programme dans la région.

Pluie de trous en Ecosse Donald Trump a la banane. Le milliardaire a décroché, en novembre, le droit de construire en Ecosse un complexe comprenant 2 parcours de golf, un hôtel de 450 chambres et des villas, pour plus d’un milliard d’euros. Les politiques et les notables d’Aberdeen eux aussi claquent le sourire : 6 000 emplois sont garantis sur le site. Le bémol est apporté par les associations écologistes et les riverains, rouges de colère car les dunes et leur biodiversité y étaient officiellement protégées.

précédent scrutin : 67 % des salariés et 73 % des employeurs ne s’étaient pas déplacés jusqu’aux urnes, contre 54 % et 66 % quinze ans auparavant. Pour les 14 616 conseillers élus, le grand changement sera l’entrée des thématiques du développement durable dans les entreprises. La « faute » au Grenelle de l’environnement qui a également débattu de la place des ONG dans les comités d’entreprise. D.S.

35 %L’augmentation annuelle – jamais vue – du nombre de cyclistes prenant la route entre la banlieue et le cœur de New York, entre 2007 et 2008.(1) Selon le New York City Department of Transportation (DOT).

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Non, ce n’est pas le mot de passe pour démarrer la Ferrari du nouveau James Bond. Ce n’est pas non

plus le nom de code de la dernière gamme d’écrans plats d’une marque japonaise. YG Ajeeb – « bizarre » en arabe – est le nom de baptême d’un maïs transgénique conçu par la multinationale Monsanto. Cette créature sera récoltée, pour la première fois, au début de l’année 2009 dans les champs de la ferme égyptienne de Dina, à 80 kilomètres au nord de la capitale. Le Caire a en effet donné son feu vert aux OGM juste avant l’été. Ce maïs a été transformé génétiquement pour pouvoir résister aux « nuisibles » et offrir une belle rentabilité. Pas un mot en revanche sur les éventuels éléments de dangerosité du produit. David Solon

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« YG Ajeeb »

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lu d’ailleurs

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Sale carte postaleUne carte des Etats-Unis parsemée de points rouges et bleus. Non, ce n’est pas la

représentation des votes démocrates à la présidentielle. Il s’agit du paysage binaire du site MapEcos, soit, en fait, 20 000 sites industriels classés selon leur taux de pollution ou l’ampleur de leurs initiatives écologiques. Ces informations ont été recueillies par les chercheurs de trois universités américaines dans les tiroirs de l’Agence de protection de l’environnement ou grâce à des questionnaires remplis par les compagnies elles-mêmes – celles qui ont accepté de répondre sont marquées d’un rond vert sur la carte. Sans grande surprise, le paysage est largement strié… de rouge, notamment du côté de l’Utah, de l’Ohio, du Tennessee, du Kentucky, de la Virginie de l’Ouest ou encore du Texas. Parmi les industries les plus polluantes, on trouve les centrales électriques et les mines de métal. Prochaine étape pour les créateurs du site : établir l’impact de ces industries sur les populations environnantes en fonction de leur distance au site et du sens des vents. Karine Le Loët http://mapecos.org

Moins de bouffe, Plus de gros Question : la crise alimentaire actuelle permet-elle de réduire l’obésité ? Réponse : non. C’est en tout cas l’avis de Laurette Dubé, professeure au département de gestion à l’université McGill aux Etats-Unis. L’explication est simple. En temps de crise, les

consommateurs se tournent vers la nourriture à bas prix et riche en graisses. Selon le quotidien québécois La Presse, « le contexte économique influe sur l’alimentation » et pas forcément dans le sens que l’on imagine. Patrick Webb, enseignant à l’école des sciences de la nutrition à Boston, va même plus loin. Il estime que

« les hommes sont des illettrés de la nutrition et qu’en situation d’urgence, la seule chose importante est de pouvoir manger ». Peu importe quoi.Les dernières études montrent qu’environ 1,8 milliard de personnes sont touchées par l’obésité sur la planète. D.S.www.cyberpresse.ca

L’« appartement-poubelle » Un Américain produit en moyenne 900 kg de déchets par an. Vous avez du mal à vous représenter la

« montagne » que cela représente ? Ari Derfel, lui, l’a en quelque sorte

gravi. Ce Californien a décidé – il ne sait plus vraiment comment cela a débuté – de conserver ses poubelles chez lui pendant un an. Au départ, parqués dans la cuisine, les déchets ont progressivement envahi son salon. Non, pas de mauvaises odeurs dans son home sweet home car il composte tous les déchets biodégradables. « J’étais exaspéré par l’expression “ jeter ailleurs ”, car cet ailleurs, c’est la planète. Il faut qu’on se rende compte de ce qu’on lui jette à la figure chaque jour », explique le trentenaire. La première année de déchets a été confiée à un artiste afin qu’il en fasse une œuvre pédagogique et Ari Derfel vient de rempiler pour une seconde. Histoire de se prouver qu’il peut manger moins de chocolat et de bretzels. Karen Bastienhttp://saveyourtrash.typepad.com

« Les pays développés doivent assumer leur responsabilité et changer leur mode de vie, qui n’est pas durable. »Wen Jiabao, le Premier ministre chinois, lors d’une conférence internationale organisée à Pékin avec les nations unies.

source

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La bouteille de champagne

c’était alors la première filière à mener cette démar-che, alors que l’outil développé par Jean-Marc Janco-vici, expert en énergie et climat (1), existait depuis à peine un an.On a découvert alors que la production et la commercialisation du champagne génèraient 730 000 tonnes équivalent CO

2. C’est l’équivalent

des émissions annuelles de 75 000 Français. Comp-tez donc 2,5 kg équivalent CO

2 par bouteille, pas

dans les bulles mais bien dans l’atmosphère. La faute à quoi ? « D’abord aux emballages, qui concen-

Minuit, le 31 décembre. Combien de bou-teilles de champagne seront débouchées dans le monde ? Difficile à dire. Mais à supposer que la grande majorité des cais-

ses écoulées durant le dernier trimestre de l’année soit réservée au réveillon de Noël et à la Saint-Syl-vestre, les fêtes concentreraient près de la moitié des ventes annuelles. En 2007, ces dernières représen-taient 338,7 millions de bouteilles en France. Une année historique à 4,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dont la moitié à l’export. Le champagne est un marché lucratif. Sauf que 2008 s’annonce morose. Les ventes globales ont chuté de 2,6 % du-rant le premier semestre, et le second ne se présente pas mieux. En temps de crise, le monde n’a plus le goût au luxe. La Champagne craint même la gueule de bois.

avions et emballagesLes menaces sur la filière pourraient s’avérer plus persistantes encore. Aperçu. Un baril de pétrole à 150 dollars contre six fois moins en 2002 induirait un surcoût de production de 50 centimes d’euro par bouteille. Dans l’hypothèse où la température à la surface du globe grimperait de plus de 1,5° C, les conditions de production pourraient être modifiées. Et si la filière ne fait rien pour limiter son impact sur l’environnement, l’image de ce vin réputé d’excellen-ce pourrait se ternir. Ces dangers, les professionnels les ont vite pressentis. Dès 2000, le Comité interpro-fessionnel du vin de champagne (CIVC) a donc fait procéder à l’analyse environnementale de la filière. Et, en 2003, il a engagé un bilan carbone complet :

Luxe, effervescence et qualité. Pour préserver son image, le champagne a compris très tôt qu’il lui fallait alléger sa facture de CO2. PAR LOUISE ALLAVOINE

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43 % des ventes ont lieu au dernier trimestre de l’année.

Un Français boit 3 bouteillespar an, un Belge ou un Suisse, une, et un Anglais, une demie.

2,5 kg équivalent CO2 : le bilan carbone de la fabrication d’une bouteille de champagne.

Le site du Comité interprofessionnel du vin de Champagne :www.champagne.fr

La charte des vins biologiques de la Fédération nationale interprofes-sionnelle des vins de l’agriculture biologique :www.fnivab.org/chartevinbiofnivab.htm

L’article « La bulle est éternelle » sur Terra Economica:www.terra-economica.info/La-bulle-est-eternelle.html

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Pour aller plus loin

trent un tiers des émissions globales, détaille Arnaud Descôtes, responsable du service environnement au CIVC. La fabrication de la bouteille, bien qu’elle soit  en  verre  recyclé,  pèse  à  elle  seule  pour  15 %  du bilan. » Les émissions directement liées à la culture de la vigne et à la fabrication du vin effervescent représentent un quart des 730 000 tonnes équiva-lent CO

2. En cause : la consommation de fuel pour

le chauffage des bâtiments, les machines agricoles, les chaufferettes de lutte antigel, la climatisation, l’éclairage, la régulation thermique pendant les dif-férentes fermentations, les fuites de gaz réfrigérants utilisés dans les installations de froid ou encore les pratiques culturales, comme le brûlage de la végéta-tion et les émanations de N

2O (protoxyde d’azote)

liés à l’épandage d’engrais. Ouf !Vient ensuite le transport des marchandises et des hommes pour 13 % du total. Les bouteilles quittent en effet la Champagne par camions et traversent les océans par bateau essentiellement. Mais les acteurs de la filière s’envoient en l’air pour promouvoir le champagne à travers le monde. Et l’avion, alors qu’il concerne peu de personnes et d’expéditions, repré-sente 40 % du poste transports. Le reste des émis-sions concerne la construction des bâtiments, du matériel, les services – marketing et communication par exemple – et le traitement des déchets.

Verre allégé et déchets valorisés La coupe est pleine. Désormais, il faut passer à l’ac-tion, décrète le CIVC. Début 2006, la filière s’est donc lancée dans un ambitieux Plan climat. Ob-jectif : réduire les émissions globales de 25 % d’ici à 2020. Comment ? Une quarantaine d’actions ont été retenues et sont en phase de développement. Par exemple : alléger la bouteille en verre, réhabiliter les bâtiments, promouvoir la viticulture biologique et raisonnée (lire ci-contre), réduire le poids de la lutte antigel, engager un plan biomasse pour valoriser les déchets ligneux en énergie, expérimenter de nou-veaux procédés œnologiques, moins énergivores. —

(1) Le Bilan Carbone a été développé pour l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, qui le diffuse auprès des entreprises et collectivités.

Dans le nouvel épisode de la série animée de Terra Economica (en coproduction avec Télénantes et Six Monstres), découvrez ce qui se cache dans les entrailles du Speedy Gonzalez de la cuisson.

A visionner sur : www.planete-terra.fr (rubrique Environnement)

« Les apprentis z’écolos » et le micro-ondes

Le bio encore confidentiel La Champagne, 32 700 hectares de vignobles passés au peigne fin. C’est joli, mais c’est pas bio. Ou peu. Seulement 160 hectares. Pourquoi ce retard ? « Il y a plusieurs raisons, indique Thierry Blaise, de Viti-Concept, cabinet indépendant de consultants viticoles. D’abord, le champagne est moins affecté par la crise viticole que les autres vignobles. Et un produit qui n’a pas de difficultés à se vendre n’a pas besoin de chercher à se démarquer. Ensuite, c’est compliqué techniquement. Le climat pluvieux augmente le risque de maladies. Enfin, la filière cherche à préserver l’homogénéité de l’appellation. Si un producteur revendique une façon de produire différente, cela peut porter atteinte à l’image de toute la filière. » Cependant, la nouvelle génération de viticulteurs semble prête à prendre le virage. La viticulture bio champenoise a en effet enregistré une progression de 25 % entre 2006 et 2007.

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Au grand bazar des banques

C’est la crise. Les banques cherchent de nouveaux canots de sauvetage. Et n’ont pas peur de voguer vers des eaux plus lointaines : jardinage, location de voiture ou microcrédit. PAR VIRGINIE LERAY

Nos banquiers amorceraient-ils une reconversion professionnelle ? Leurs nouvelles panoplies de services extra ou périfinanciers pourraient le faire croi-

re. Entre un livret d’épargne et une assurance vie, les rayonnages bancaires proposent désormais des heures de repassage, de jardinage, de la formation informatique, de la garde d’enfants, de la location de véhicule, de l’aide aux démarches administrati-ves ou encore des facilités pour déménager. Objec-tif : faire fructifier un chiffre d’affaires qui avoisine les 100 milliards d’euros, d’après la Fédération ban-caire française. Comme si le service rapatriement, traditionnellement couplé à l’assistance perte ou vol des cartes bleues, avait ouvert un champ infini de prestations. On voit ainsi l’activité assurantielle exploser : un crédit immobilier peut désormais s’assortir d’une assurance habitation, avec, cerise sur le gâteau, l’installation d’un système d’alarme ou l’abonnement à un service de télésurveillance.

Des supermarchés de servicesMais pourquoi les banquiers jouent-ils aux trans-formistes ? « Sans doute pour répondre à un certain malaise dans la relation avec le client. L’univers finan-cier reste objet de suspicions. Et le développement des services en ligne a un peu plus dématérialisé les ban-

le marketing expliqué à ma mère

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ques. Pour rééquilibrer la relation, elles évoluent d’un rôle de gestionnaire de fonds vers celui d’un distribu-teur de services », analyse Stanislas Dupré, du cabi-net de conseil Utopies. En juillet 2005, les grandes banques ont vu, dans le plan Borloo sur les services à la personne, l’opportunité de resserrer un lien de proximité avec leurs clients. Ainsi, la Caisse d’épar-gne – avec trois mutuelles – a adapté sa plateforme d’appels Séréna. En deux ans, ses 150 téléopérateurs ont mis en relation 50 000 clients avec un réseau de 2 500 prestataires qui ont effectué 2 millions d’heu-res de ménage, d’assistance aux personnes âgées ou de gardes d’enfants. « Mais le passage de l’aide post-sinistre  d’un  assuré  à  une  réponse  commerciale  qui s’adapte aux desiderata du client a nécessité un pro-fond changement de culture », constate Tanguy Carré, directeur des offres assurances et des services pour le groupe Caisse d’épargne. A La Poste, on prévoit un retour sur investissement en cinq ans pour Genius, son propre « supermarché » de services. Ce  « nou-veau prolongement de  sa mission de  service public » lui permet de travailler avec des acteurs de l’écono-mie sociale : plus de la moitié de ses 5 000 prestatai-res sont des associations, dont certaines de réinser-tion professionnelle.

Le grand chantier de l’isolation La diversification des produits bancaires pourrait aussi ouvrir des passerelles vers l’écologie. Il suffit de jeter un œil du côté du chantier de rénovation de l’habitat ancien, un parc aussi gourmand en énergie que généreux en émissions de gaz à effet de serre. En écho au Grenelle, les banques ont dégainé des offres de prêts verts, à taux réduit, pour des travaux d’isolation ou l’installation de chauffages alterna-tifs. Sans oublier leurs pendants, la version propre du Codevi : le Livret d’épargne développement du-rable, dont la collecte finance des projets de protec-tion de l’environnement. Mais, pour l’heure, seule la Banque populaire marie ce plus écologique à la valeur ajoutée du service, suivant l’exemple lancé en Alsace il y a quinze ans déjà. « Nous travaillons en lien avec l’Agence de l’environnement et de maî-

trise de l’énergie et la région, avec qui nous avons si-gné,  en  2003,  le  premier  partenariat  sur  les  prêts  à taux zéro pour les chauffe-eau solaires. D’autre part, nos 750 conseillers en clientèle ont été formés aux thé-matiques environnementales pour orienter au mieux les clients », détaille Maurice Spettel, chargé du dé-veloppement durable pour la Banque populaire d’Alsace.Pourtant plus proches du cœur de métier des ban-ques, les services de microcrédit ou de prévention du surendettement restent à la traîne. Pour Pierre Blanc, du cabinet de conseil Athling Management, « la difficulté est d’élaborer un modèle économique-ment  viable  car  ces  problématiques  nécessitent  de consacrer davantage de temps au client, ce qui s’oppo-se à la logique de rentabilité purement financière. En outre,  les  structures  coopératives  et  mutualistes  – à l’exception  du  Crédit  coopératif  ou  du  Crédit  mu-tuel – ont perdu leur spécificité en devenant de plus en  plus  capitalistiques ». Pour l’instant, seules les banques publiques – la Banque postale en partena-riat avec le Crédit municipal de Paris – ont mis en place un dispositif d’accompagnement à la restruc-turation de crédits intégrant cette dimension de conseil bien spécifique. —

Finansol, association des organismes d’épargne solidaire :www.finansol.org

L’ONG Les Amis de la Terre et son guide « comment choisir ma banque ? » :www.amisdelaterre.org/Environnement-comment-choisir-ma,3426.html

Utopies, cabinet conseil, a travaillé avec la Caisse d’épargne :www.utopies.com/activites/etiquetage.php

Banque et développement durable,Marlène Morin (L’Harmattan, 2006)

Réinventer le marketing de la banque et de l’assurance, Michel Badoc et Elodie Trouillaud (Revue Banque Edition, 2007)

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Pour aller

plus loin

538 000 véhicules en location longue durée dans le monde : la flotte d’Arval, filiale de BNP Paribas.

12 milliards d’euros : le marché du service aux personnes en France.

1,7 milliard d’euros sur des placements solidaires en 2007.

Des cartes cadeaux Depuis un an, l’autorisation en France du cobranding, la création de cartes bancaires où figure le logo d’une marque ou d’une association, a coloré les portefeuilles. Multifonctions, elles permettent de payer – comptant ou à crédit –, offrent des avantages fidélité ou des services dérivés : ristournes à la pompe à essence, dans les hypermarchés, abonnements préférentiels pour télécharger de la musique... Certaines permettent aussi de faire des dons à des associations comme l’Unicef (La Poste) ou la Croix-Rouge (Société générale), dispensant l’ONG des frais de collecte.

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L’élection du démocrate a fait tourner la tête de la planète. Mais entre la hausse du thermomètre mondial et les dossiers nucléaire ou « charbon propre », l’homme a de quoi se brûler les ailes. ONG et scientifiques américains l’attendent au tournant. PAR KARINE LE LOËT et MATTHIEU AUZANNEAU

Obama sera-t-il un géant vert ?

enquête

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u lendemain de la victoire d’Obama à l’élection prési-dentielle, les organisations environnementales du pays soupirent d’aise. A l’inverse de son prédécesseur, déserteur

face au réchauffement climatique, Barack Obama semble décidé à se battre sur son territoire. Mieux, l’homme paraît disposé à un retour des Etats-Unis sur la scène des pourparlers internationaux vers un nouveau Kyoto (lire aussi pages 34 à 37). Mais son programme n’est pas parfait et contient quelques petites bombes climatiques. Qu’attendent les ONG du nouveau président démocrate ? Réponse de Kate Smolski, coordinatrice à Greenpeace de la campagne contre le réchauffement climatique.

Comment Greenpeace accueille-t-elle l’élection de Barack Obama ?Nous sommes très heureux. Après huit années passées à voir l’administration Bush se moquer de l’environnement et refuser de voter des lois indis-pensables pour assurer sa protection, nous sommes soulagés. Et vraiment optimistes. Déjà, l’équipe de transition d’Obama a laissé entendre qu’elle auto-riserait enfin la Californie à réduire l’émission de gaz à effet de serre de ses véhicules de 30 % d’ici à 2016 (1). Evidemment, ce n’est pas encore fait, mais nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour nous assurer qu’Obama soutiendra cette initiative dès son arrivée au pouvoir et qu’elle pourra être étendue à d’autres Etats.

Pensez-vous qu’il aura la force politique suffisante pour imposer ses réformes ?Pour certaines, il lui suffira d’imposer un décret présidentiel. Cela pourra être le cas, par exemple, concernant la dérogation accordée à la Californie. Pour d’autres mesures, comme l’instauration d’un système de quotas d’émissions de CO

2, il aura besoin

d’un vote du Congrès en sa faveur. Mais ce dernier saura reconnaître l’urgence des mesures. Et, en tant qu’ONG, nous nous chargerons de le convaincre de la nécessité de ces réformes.

Pensez-vous que ses ambitions sont réalistes, notamment la réduction des émissions de gaz à effet de serre de 80 % d’ici à 2050 ?Oui, je crois que c’est possible. Il faudra, pour cela, multiplier les sources d’énergie renouvelables, amé-liorer l’efficience énergétique ou encore réduire notre consommation générale d’énergie. De toute

Barack Obama, en campagne dans l’Illinois en février 2007.

façon, nous n’avons pas le choix si nous voulons limiter l’impact du changement climatique. Et ré-duire les émissions en amont coûtera moins cher que de tenter de résoudre les problèmes provoqués par le réchauffement en aval. Nous aimerions néan-moins qu’Obama fixe un objectif à mi-parcours afin de s’assurer que le programme est bien suivi. Selon le Groupe d’expert intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), il faut que tous les pays développés réduisent de 25 % à 40 % leur émissions d’ici à 2020. Nous manquons encore d’un objectif pour les Etats-Unis à cette échéance.

Que pensez-vous de la position d’Obama sur le charbon, et notamment son plaidoyer en faveur du « charbon propre » ? Le charbon est une énergie sale et polluante. Dire qu’il peut exister un charbon propre est une illusion et Obama ne devrait pas l’évoquer. Il faudrait plutôt que la nouvelle administration se concentre sur les énergies renouvelables. Nous savons que ces tech-nologies sont capables de faire du bon travail,

ClimatChangement radical par rapport à l’ère Bush. Barack Obama souhaite que les émissions américaines de gaz à effet de serre (un quart des émissions mondiales) soient réduites de 80 % d’ici à 2050, grâce à un marché d’échange de quotas. Afin de créer 5 millions d’emplois dans l’industrie automobile et l’énergie propre, le prochain président a promis un plan de 150 milliards de dollars sur dix ans.

Robert Stavins, directeur du programme d’économie environnementale à Harvard : « Le plan pour réduire les émissions va être très difficile à faire passer auprès de l’industrie américaine, en grande difficulté aujourd’hui. Il ne faut pas s’attendre à de premières mesures avant 2010, ou même plus tard : tout dépendra de la gravité de la crise. »

Développement durableEncourager l’agriculture bio (« organique »), les constructions économes en énergie, la protection de la biodiversité, lutter contre la pollution industrielle, etc. Pour la première fois, tous ces sujets figurent au cœur de l’agenda d’un président américain.

Fred Krupp, président de l’ONG Environmental Defense : « Dans un pays dont l’économie figure parmi les plus polluantes au monde, cette élection nous offre la plus grande opportunité que nous ayons jamais eue de changer de voie. »

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elles l’ont prouvé. Le « charbon propre » est une notion inquiétante qui tend à légitimer le recours à cette énergie alors qu’il faut y renoncer une fois pour toutes.

Et le nucléaire ? Obama n’a pas dit grand-chose sur ce sujet. Dans son programme, McCain avait évoqué la construc-tion de 45 nouveaux réacteurs d’ici à 2030. Obama, lui, n’a donné aucun chiffre. Il a simplement insisté sur la nécessité de rendre cette technologie plus sûre. Mais, là non plus, nous n’y croyons pas. Il n’y a pas de nucléaire sûr ou propre. L’industrie de l’atome se sert de la crise énergétique pour insister sur le besoin de nucléaire, mais le problème des déchets est loin d’être résolu.

Obama a aussi fini par céder sur la question des fora-ges offshore au large des côtes américaines ?C’est surtout McCain qui était pour. Au départ, Obama s’y est opposé, avant de revenir en arriè-re : il a finalement déclaré qu’il soutiendrait une augmentation du nombre de forages à condition que ces derniers ne mettent pas l’environnement en danger. Mais c’est tout simplement impossible. A Greenpeace, nous sommes opposés à une telle expansion. Nous ne voulons pas que nos plages et nos réserves soient mises en péril pour exploiter

PétroleBarack Obama considère la dépendance américaine vis-à-vis du pétrole comme « le plus grand défi » auquel les Etats-Unis « ont jamais eu à faire face ». Il affirme pouvoir réussir à faire économiser autant de pétrole que les Etats-Unis en important d’Arabie Saoudite et du Venezuela. Mais n’a pas dit non à une campagne de prospection sans précédent le long du littoral américain.

Charles Ebinger, directeur de l’initiative pour la sécurité énergétique de la Brookings Institution : « L’effondrement actuel des prix du pétrole, même s’il pourrait ne pas durer, ne facilite pas la tâche. Réduire la consommation de pétrole risque d’apparaître comme un objectif coûteux et secondaire aux yeux des électeurs, aujourd’hui menacés de perdre leur épargne, leur emploi ou leur logement. »

Les autres énergiesObama n’est pas hostile au nucléaire, mais il est aussi muet que possible sur ce sujet politiquement délicat. Il s’est contenté d’appeler à plus de transparence vis-à-vis des déchets radioactifs. C’est sur les renouvelables que des initiatives fortes sont promises. Traçant un parallèle avec le programme Apollo, l’ex-vice président démocrate Al Gore soutient que l’Amérique est capable de passer « à 100 % d’énergies renouvelables d’ici dix ans » ! Obama est moins ambitieux. Son progamme fait état d’un objectif de 10 % en 2012.

Ian McEwan, romancier, analyste politique et militant écologiste : « Aux Etats-Unis, les sources d’énergies renouvelables se situent plus loin des villes que nos bonnes vieilles centrales au charbon. Passer massivement aux renouvelables implique de reconcevoir notre réseau électrique. Le coût sera énorme, et les bénéfices ne seront pas évidents avant longtemps. La réussite politique d’un tel programme, même modeste, est donc loin d’être assurée. »

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Centrale de Three Mile Island (Pennsylvanie), qui a connu le 28 mars 1979, l’un des plus graves accidents de l’histoire électronucléaire.

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une petite quantité de pétrole et de gaz qui, de tou-tes façons, ne parviendra pas à faire baisser les prix à la consommation. Nous demandons à Obama de restaurer le moratoire sur les forages offshore adopté en 1981 : il interdit les forages pétroliers et gaziers entre 5 et 320 km des côtes. Il a expiré fin septembre, faute de décision du Congrès. Mais il est encore difficile de dire pour le moment si la Chambre suivra nos recommandations.

« C’est le pire bilan environnemental de toute l’histoire des Etats-Unis », résume Carl Pope, directeur du Sierra Club, la plus puissante des fondations américaines de défense de l’environnement, ainsi que l’une des plus modérées. Passage en revue des points noirs :Réchauffement climatique : refus systématique de tout engagement contraignant. De nombreux Etats, à commencer par la Californie, ont fini par adopter de leur propre initiative des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Protection de l’environnement : détricotage de la politique nationale. La fondation Natural ressources defense council a recensé « plus de 400 retours en arrière majeurs » : allègement des contraintes sur la pollution, interventions dans des rapports sur les pesticides ou le climat.Pétrole : aucune réduction de la dépendance américaine. Bush a préféré partir en guerre en Irak, parce que Saddam Hussein mettait « une part substantielle de la production de pétrole en danger » (extrait d’une lettre adressée en 1998 au président Bill Clinton par le « Project for a new american century », signée notamment par les néoconservateurs Daniel Perle, Donald Rumsfeld et Paul Wolfowitz.)

le bilan de George W.Bush

Quel sera, d’après vous, son principal défi ?La mise en place d’un marché de quotas d’émis-sions de CO

2 dans lequel les entreprises devront

acheter une enveloppe mise en vente par l’Etat. A l’inverse, en Europe, les quotas sont jusqu’ici dis-tribués gratuitement. Obama a promis que 100 % des crédits d’émissions seraient ainsi mis aux en-chères dès l’instauration du système. Nous y som-mes très favorables, car cela signifie que les entre-prises doivent payer pour avoir le droit d’émettre, ce qui les poussera à limiter leur pollution. L’ar-gent que l’Etat aura ainsi amassé pourra servir à financer des investissements dans les renouvela-bles. Mais l’implantation d’un système équitable et efficace sera difficile et sûrement long.

Aura-t-il le temps, en quatre ans, de changer la donne ?Oui, il aura la possibilité de bouleverser nombre de choses. Après tout, quatre ans ont suffi à la première administration Bush pour faire beaucoup de mal sur le tableau environnemental. Mais il faudra qu’Obama s’attelle à ces réformes dès son arrivée et ce sera notre responsabilité de nous assurer qu’il le fait. Naturel-lement, s’il avait huit ans devant lui, pour vraiment changer les choses, se serait encore mieux… —(1) Une dérogation à la loi fédérale que le président Bush n’avait pas voulue accorder.

CharbonLes Etats-Unis produisent la moitié de leur électricité à partir de centrales à charbon, grosses émettrices de CO

2 et de polluants. Barack Obama est

sénateur de l’Illinois, un Etat où l’industrie du charbon pèse lourd. Il n’a pas apporté de soutien aux associations locales qui contestent devant la justice les permis de construire des nouvelles centrales à charbon. Obama préfère assurer la promotion de la séquestration des gaz à effet de serre émis par les centrales. Mais cette technologie ne devrait pas être opérationnelle avant au moins une décennie.

Scott Segal, avocat pour l’industrie énergétique au cabinet international Bracewell & Giuliani : « Barack Obama a répété plusieurs fois que les discours sur la sortie du charbon étaient hors sujet. Le nouveau président des Etats-Unis est un modéré qui sait où se trouve son intérêt politique. »

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La cueillette des pneus 80 000 tonnes réparties sur 61 sites : c’est la quantité de pneus abandonnés en France dans la nature. C’est donc un chantier énorme qui attend l’association Recyvalor, créée par la filière du pneu, sous la houlette du ministère de l’Ecologie. Les incendies, la prolifération des maladies et la détérioration des sols sont les principaux dangers de ce genre de décharge. « Il y a des risques réels. Par exemple, pendant la crise du chikungunya, les pneus abandonnés ont été montrés du doigt. Car l’eau qui stagne à l’intérieur des pneus est une aubaine pour les moustiques », explique Bénédicte Barbry, présidente de Recyvalor. LuciLe brizais

Des moteurs accros aux noyaux d’olive Une équipe espagnole d’universitaires a réussi à produire du bioéthanol à partir de noyaux d’olive. Par un procédé simple et bon marché de transformation chimique et de fermentation, les noyaux deviennent un carburant potentiel. Un bon moyen de recycler les 4 millions de tonnes de noyaux d’olives produits chaque année en Espagne. On savait que le régime crétois à base d’huile d’olive était sain pour le corps, il pourrait aussi devenir bon pour l’environnement. L.b.

Des yeux au-dessus de la TerreAlors que la demande d’images satellites croît fortement, les services proposés aujourd’hui sont mal actualisés, incomplets – l’Afrique est très mal couverte – et très coûteux. Le Centre national d’études spatiales prend donc le ciel par les cornes avec le projet e-Corce (Constellation d’observation récurrente cellulaire). Objectif : faire tourner autour de la Terre 13 satellites qui pourraient surveiller déforestation, mouvements d’espèces animales, catastrophes naturelles... Avant de proposer, d’ici à 2016, des images à des prix compétitifs, reste à dénicher 400 millions d’euros. e.b.

Au sommet pollué de l’Himalaya

Sur Planète Terra, on refait le monde... version développement durable. Pour devenir Planète reporter, une simple inscription en ligne suffit. Et chaque mois, retrouvez les meilleures contributions dans ces pages. 

en direct sur www.planete-terra.fr

Des taux de particules polluantes inédits ont été observés à 5 079 mètres d’altitude, dans la chaîne de l’Himalaya. Contrairement à ce qu’on peut imaginer, la région où trône le Toit du monde est donc aussi polluée que nos villes européennes. Pour les chercheurs franco-italiens, à l’origine de cette étude, c’est la faute des gros nuages noirs atmosphériques venant des capitales de l’Asie du Sud. Ceux-ci laissent s’échapper des microparticules qui, charriées par le vent, participent au réchauffement du climat et détériorent les glaciers sur lesquels elles se déposent. Autre sujet d’inquiétude : de nouvelles particules se formeraient lors du contact entre l’air pollué et l’air propre des sommets. Ces dernières seraient en partie responsables du recul des glaciers. Cette double menace est prise très au sérieux car, au-delà des glaciers, d’autres milieux naturels pourraient se retrouver en danger comme les grands fleuves dont le Gange ou l’Indus.

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Superdupont met désormais ses superpouvoirs chauvins au service de la France verte. Rencontre imaginaire.

Planète Terra : D’où vient votre super volonté de protéger l’environnement ?Superdupont : L’état des sols de nos campagnes est préoccupant. Erosion, pesticides et engrais chimiques mettent en péril nos cultures et notre cheptel bovin. Les deux mamelles de la République, la baguette et le camembert de Normandie, seront les premiers à en souffrir. Sans parler de notre glorieuse filière vinicole. Si ça ne mérite

pas un engagement de Superdupont, je mange mon béret.

Et comment agissez-vous concrètement ?Je milite pour l’affichage du bilan carbone dans le secteur alimentaire. Je mange bio en me fournissant directement chez de petits producteurs certifiés. Un corps d’athlète comme le mien a besoin de nourriture saine. De plus, mes charentaises, mon caleçon de laine, mon béret et mon écharpe tricolore sont issus de filières textiles durables. L’Anti-France est partout pour introduire des produits synthétiques à forte teneur en dérivés pétroliers.

On vous accuse souvent d’être trop chauvin, que répondez-vous à cela ?Mais je ne défends plus uniquement l’Hexagone. Notre devise est « Liberté Egalité Fraternité », à laquelle j’ai librement ajouté « Propreté ». J’évite le Salon de l’auto et j’arraisonne les pétroliers qui souillent nos belles plages.recueilli par eTienne burKeL

Fiche d’identité Nom : Dupont. Prénom : Jean. Nom de scène : Superdupont. Age : éternel, tant que vivra la France. Nationalité : vous posez la question ? Pères : Marcel Gotlib et Jacques Lob.SU

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Super héros, super écolo

« Low Impact Man », l’homme sans empreinte

« Les dépenses énergétiques des illuminations pendant les fêtes annulent quasiment le gain obtenu grâce au changement d’heure. » sTePHen KercKHoVe, délégué général d’agir pour l’environnement, qui a lancé avec d’autres onG une campagne « illuminations de noël : Le grand gaspillage ».

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Steven Vromman vit depuis plus de six mois avec le nom et dans la peau d’un super héros. Pourtant, il n’a ni cape ni super pouvoirs, mais un objectif ambitieux : celui de vivre en dessous du niveau soutenable d’empreinte écologique. Actuellement, en Belgique, l’empreinte écologique d’un habitant est de 5,6 ha. En clair, il faut 5,6 ha de territoire – avec tout ce que cela comprend de ressources naturelles – pour le faire vivre pendant un an. Low Impact Man (littéralement « l’homme au faible impact ») s’efforce, lui, de réduire sa propre empreinte à 1,6 ha, niveau que chacun d’entre nous devrait viser afin de permettre à la planète de se régénérer aussi vite que nous l’exploitons.

Voici quelques bases de sa nouvelle vie : réduction de sa consommation d’électricité à 1 kWh/jour, celle de gaz à la moitié de la moyenne nationale et celle d’eau à 20 litres par jour, abandon de la voiture particulière, repas avec des produits saisonniers locaux, de préférence bios, arrêt de la viande, aucun achat en neuf et limitation de ses déchets ménagers à 1kg par mois. Cette initiative s’accompagne aussi d’efforts sociaux : se rapprocher de sa famille (à laquelle s’applique une partie de ses préceptes), de la nature et des choses simples. Steven Vromman fera bientôt l’objet d’un livre et d’un documentaire. A suivre donc sur grand écran. e.b.

www.lowimpactman.be

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n dimanche après-midi sur la plage d’El Rinconcillo, à Algésiras, nid de touristes anglo-saxons. En contrebas de l’imposant viaduc de bé-ton qui serpente au-dessus de la mer, de fines couches

de mazout collent aux rochers et colorent le sable blanc. « Ce sont des résidus du naufrage du New Fla-me », lâche, dépité, Manuel, un pêcheur d’anguilles. Le New  Flame, un cargo panaméen contenant 750 tonnes de pétrole et 42 000 tonnes de ferraille d’origine inconnue, a heurté un pétrolier danois en août 2007, à un mile nautique de Gibraltar. Après un an et demi de bataille diplomatique entre l’Espa-gne et le rocher de Gibraltar, le mât du New Flame émerge toujours à la surface de l’eau.Et l’histoire, ici, bégaye. Début octobre 2008, deux autres bateaux, libériens cette fois, se sont échoués au même endroit, le Fedra et le Tawe. « Bienvenue dans la baie d’Algésiras ! », lâche le pêcheur. Le pre-mier port espagnol et septième d’Europe pour le trafic de marchandises est une autoroute flottante où transite 10 % du trafic mondial : 66 millions de tonnes, dont 20 millions de pétrole, se char-gent et se déchargent ici à l’année. Qu’il pleuve ou

Le détroit de Gibraltar est une autoroute : 100 000 bateaux, 66 millions de tonnes de marchandises, dont 20 d’hydrocarbures, y transitent chaque année. Dans la baie d’Algésiras, l’eau est polluée quotidiennement par le trafic, les ravitaillements en mer et les pillages de brut. Les pêcheurs raccrochent les filets. PAR YANN-OLIVIER BRICOMBERT (EN ESPAGNE)

La station-servicede la Méditerranée

qu’il vente, quelque part dans la baie, on assiste à la même scène, digne d’une station-service. Un pé-trolier pouvant contenir jusqu’à 100 000 litres de gazole se poste à quelques centimètres d’un cargo, venu se ravitailler en pleine mer. Son objectif : éco-nomiser les taxes portuaires, qui peuvent s’élever à plusieurs milliers d’euros, et gagner du temps sur le trajet. « Le temps est  la clé du trésor », note un ob-servateur avisé. Au milieu du détroit de Gibraltar, le transfert de pétrole s’opère donc à tout-va. Jusqu’à 3 000 m3 à l’heure. Ce jour-là, à un mile nautique des côtes de Getares, l’Asia Graeca et le Spabunker Veintidos font affaire sous une légère brise, mais dans une mer d’huile.

10 % du trafic mondial Quand tout se passe bien, les opérations durent en-tre quelques minutes et une heure. Mais il n’est pas rare que, dans la précipitation ou par inexpérience, des litres de pétrole s’échappent des pompes. En 2007, on estime que 5 millions de tonnes d’hy-drocarbures ont été ainsi échangées dans la mer, lors de 50 000 à 75 000 transactions à haut risque. Le « bunkering », ou vol de pétrole brut, est chose courante dans le détroit de Gibraltar, un no man’s land pas tout à fait britannique, ni tout à fait espa-

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Gibraltar

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gnol, ni même marocain, qui échappe souvent à la vigilance des autorités maritimes. « Cette pratique, souvent effectuée sur de vieux bateaux monocoques, est  à  l’origine  de  nombreuses  petites  pollutions  qui sont moins spectaculaires que les grandes marées noi-res, mais aux effets tout aussi désastreux », s’inquiète Antonio Muños, porte-parole de l’association éco-logiste Verdemar. En 2007, l’université de Cadix (Espagne) a mené une étude sur la qualité des sédi-ments de la baie d’Algésiras. Ses conclusions sont alarmantes : les « petites » pollutions quotidiennes liées aux rejets accidentels ont davantage altéré les sédiments andalous que les 63 000 tonnes répan-dues sur les côtes de Galice lors de la catastrophe du Prestige en 2002.Même la très puissante Autorité portuaire de la baie d’Algésiras reconnaît que les activités portuaires, « si elles ne se développent pas de manière adéquate, pourraient avoir des  conséquences  environnementa-les sur la faune et la flore ». Mais les pollutions ac-cidentelles – en théorie punies par une amende de 600 000 euros – continuent d’être monnaie couran-

te. Le détroit de Gibraltar est victime de son succès. Ferries, cargos, pétroliers et même sous-marins nucléaires… Près de 100 000 navires s’engouffrent, chaque année, dans le détroit de Gibraltar, soit 10% du trafic mondial. « notre Dieu »A El Rinconcillo, l’odeur du fioul couvre celle de l’air iodé. A deux pas des jeux pour enfants, Manuel, le pêcheur d’anguilles, est d’humeur fataliste. « Tu te trouves ici sur la déchetterie maritime de l’Europe. Que peut-on faire de notre côté ? Les  industries  sont partout  et  constituent  une  importante  source  d’em-plois. S’y opposer, cela revient à mener le combat du pot de terre contre le pot de fer. » L’activité portuaire pèse en effet lourd. En mer ou sur terre, elle repré-sente un emploi sur deux dans la région et 7 % du PIB de l’Andalousie. Les anciens lui ont d’ailleurs donné un surnom, « Notre Dieu » ! Un magot que les Andalous doivent en partie à Franco, le dictateur espagnol. En 1969, pensant torpiller l’économie bri-tannique, il décide de fermer la frontière entre je

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Le vieux port perd ses pêcheurs : l’« île verte » n’en compte plus que 200, contre près de 1 500 il y a trente ans.

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l’Espagne et Gibraltar. Les 6 000 travailleurs es-pagnols ayant un poste sur le rocher de Gibraltar se retrouvent le bec dans l’eau. Pour acheter la paix so-ciale, Franco décide d’implanter un pôle industriel sur la baie d’Algésiras.Du coup, à San Roque, Los Barrios ou La Linea, les communes frontalières de la cité portuaire, les usines ont poussé comme des champignons : acier, papier, raffineries. Les subventions à coup de mil-lions d’euros ont permis de créer des infrastructu-res dernier cri et des emplois par milliers… « Tout se lit à travers le prisme lucratif du port », commen-te Jesús Cabaleiro, journaliste au Faro d’Algésiras. Conséquence : les pêcheurs du vieux port sont en danger. Pour eux, l’arrivée massive des grues, des supertankers et des conteneurs a signé l’arrêt de mort d’une profession importée par les Vénitiens il y a maintenant 300 ans. Poissons frais du MarocAccroché à ce qu’il reste du vieux port, Santiago est l’un des derniers marins à jeter le filet dans la baie. Il n’est pas sorti en mer depuis quinze jours et pei-ne à contenir sa colère. « Personne  ne  nous  entend. C’est  tout pour  le port  et  rien pour nous. » Dans les années 1980, « la belle époque » dit encore Santiago, l’« île verte » comptait près de 1 500 pêcheurs, contre à peine 200 aujourd’hui. « Ce  n’est  plus  un  secteur rentable, confirme Francisco Soler Ucles, le prési-dent de la confrérie de la pêche. Auparavant, un pê-cheur générait 4 à 5 emplois, mais avec les restrictions de l’Union européenne, le développement de l’activité maritime  industrielle  et  l’augmentation  du  coût  du gazole, la pêche a périclité. » Les marins ont délaissé leurs filets et se sont reconvertis dans la construction, l’hôtellerie ou l’agriculture. Même au bouillonnant marché de Torroja, le poumon de la ville, le poisson frais en provenance de la baie a pris ses cliques et ses claques. « La plupart des poissons viennent désor-mais du Maroc », confie Christina, une revendeuse, qui achète ses produits frais directement dans les frigos des pêcheurs de Tanger, mais aussi de Barce-lone ou d’Italie, et les revend entre 4 et 7 euros le kg.

« Avec  les  pollutions,  les  marées  noires,  les  poissons sont  contaminés par  le plomb et  le  fer. Du coup,  ils sont  invendables.  Pour  nous,  qui  sommes  en  fin  de chaîne,  c’est  très difficile. Et   l’importation demeure la seule solution qui nous permette de vivre encore de ce métier. »La pollution ne tue pas seulement les poissons de Gibraltar. Sur la nationale 350, qui mène au « Ro-cher », le long de la plage de Guadarranque, les murs des maisons qui jouxtent la raffinerie du géant pétrolier espagnol Cepsa en racontent plus que de longs discours. On peut y lire : « Cepsa complice de contamination !  Cepsa,  si  tu  ne  construisais  pas  de grandes usines  ici,  il n’y aurait pas autant de morts du cancer. » Depuis quelques années, les études sur les effets des pollutions sur la santé s’empilent sur les bureaux des politiques espagnols. La dernière, remise au ministre de la Santé et publiée en 2006, révèle que la province de Cadix détient un niveau de mortalité par le cancer supérieur à la moyenne espagnole et européenne. Les plus répandus sont ceux de l’œsophage.Pour José Gonzalez, un ancien pêcheur traditionnel du vieux port, natif de Guadarranque, l’industrie maritime et pétrochimique de la baie d’Algésiras est encore trop puissante pour que les langues se délient. « Même si les gens meurent du cancer, beau-coup  considèrent  qu’on  ne  doit  pas  en  parler. » Il s’interrompt, coupe le moteur devant un camion citerne de Cepsa, en feux de détresse sur le bord de mer. Huit ouvriers s’affairent, visage fermé, autour d’une grosse pompe enfouie dans le sable. Ils ne souhaitent pas être pris en photo. « C’est une pol-lution  accidentelle  de  l’usine, lâche José, désabusé. C’est “Notre Dieu” qui le veut... » —

reportage

La baie d’Algésiras, ce sont 66 millionsde tonnes de marchandises (36,6 millionsà Saint-Nazaire) et 20 millions de tonnes d’hydrocarbures.

Dans le monde, une très large majorité de pollutions sont « silencieuses ».84 % concernent des rejets inférieursà 7 tonnes, selon l’ONG de la mer ITOPF.

« Avec les pollutions, les marées noires, les poissons sont contaminés par le plomb et le fer. Du coup, ils sont invendables. » 

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« La photographie a un pouvoir immense, celui de communiquer auprès du plus grand nombre. Grâce à ces images, nous voyons en face les ravages du changement climatique. » Voilà pourquoi Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations unies, a accepté de présider le prix Pictet, première compétition photographique mondiale consacrée au développement durable. Deux cents photographes ont défendu leur travail devant un jury de personnalités – dont Francis Hodgson, de Sotheby’s, Abbas Kiarostami, cinéaste iranien, ou Régis Durand, ancien directeur du Jeu de Paume – et c’est le Canadien Benoit Aquin qui s’est distingué. Il a traversé le nord de la Chine, 400 000 km2 de terres agricoles et de prairies verdoyantes qui se sont transformés, au fil des ans, en désert de sable. Sa série s’intitule « Chinese Dust Bowl », du nom des tempêtes de poussière qui ont ravagé, durant les années 1930, les grandes plaines aux Etats-Unis et au Canada. En Chine, 300 millions de personnes ont ainsi vu leurs ressources en eau se tarir, l’agriculture et l’élevage disparaître, les activités économiques être perturbées. Des centaines de milliers d’entre elles ont dû migrer et reconstruire, plus loin, des villes de réfugiés écologiques. www.prixpictet.com / www.benoitaquin.com

Zoom sur le prix Pictet

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la boite noire

L’Unesco génétiquement durableOn a retrouvé l’ancêtre du développement durable. Depuis 63 ans, l’institution onusienne protège en effet cultures, sociétés et environnement à travers le monde.PAR KARINE LE LOËT

Dans le froid arctique du grand Nord ca-nadien, de vieux indiens Cris mènent les plus jeunes vers les profondeurs de la brousse. Là, sur les bords de la baie Ja-

mes, ils apprennent la vie en groupe et s’essaient à la chasse ou au canotage, comme leurs ancêtres autre-

fois. L’objectif est double. Il s’agit de mettre fin à la délinquance juvénile tout en préservant les richesses et le savoir de la culture Cri. Lancée par des acteurs locaux, l’initiative est chapotée par l’Unesco dans le cadre de son programme pour l’éducation au déve-loppement durable. Car, le développement durable, ce ne sont pas seulement des problèmes de protec-tion des forêts, d’alimentation bio ou de bridage des voitures. Mais aussi des questions d’éducation et de culture. Et c’est là, qu’entre en piste la « vieille » insti-tution des Nations unies. L’Organisation pour l’édu-cation, la science et la culture, qui a pour mission de « contribuer au maintien de  la paix  et de  la  sécurité dans le monde en resserrant, par l’éducation, la science, 

aux Philippines, dans une réserve de biosphère.

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L’Unesco :www.unesco.org/fr

Le site du patrimoine mondial :http://whc.unesco.org/fr

La décennie de l’éducation pour le développement durable : www.unesco.org/education/esd

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Pour aller

plus loin

Réduire de moitié le pourcentage de population qui n’a pas accès à l’eau potable.

Améliorer la vie d’au moins 100 millions d’habitants de taudis d’ici à 2020.

Assurer l’éducation primaire pour tous d’ici à 2015.

Fiche d’identitéCREATION : 1945. BUDGET : 631 millions de dollars pour deux ans (2008-2009), soit 495 millions d’euros. DIRECTEUR GENERAL : Koïchiro Matsuura. SALARIES : 1 671 permanents. MEMBRES : 193 Etats et 6 membres associés. ACTIVITES : éducation, culture, science, communication.

la culture et la communication, la collaboration entre les nations », s’est réveillé, il y a une vingtaine d’an-nées, au son des cloches du développement durable. Depuis, le message s’est gravé dans son cahier des charges. « Nous n’avons plus le choix. Soit l’humanité adapte  ses  comportements,  c’est-à-dire  cesser  de  pol-luer l’environnement, permettre le renouvellement des ressources naturelles et contribuer à l’amélioration du bien-être de tous, soit elle signe, à plus ou moins brève échéance, son propre arrêt de mort », écrivait, en 2005, Koïchiro Matsuura, son directeur général. Portée par l’urgence, l’institution a décidé d’attaquer le chantier en quatre volets.

L’environnement en laboratoires grandeur nature. Partout, l’Unesco mène des actions régionales, tra-vaille ici à la réduction des risques de catastrophes naturelles – en supervisant, par exemple, l’instau-ration d’un système d’alerte contre les tsunamis sur les rives de l’océan Indien –, soutient là des villages qui s’équipent en panneaux photovoltaïques. Publie encore, cet automne, la première carte mondiale des ressources en eau transfrontalières. Mieux, aux quatre coins du globe, elle appose son label bleu sur 459 « réserves de biosphère » réparties dans 97 pays. Des « laboratoires grandeur nature de développement durable » où elle assure le développement des acti-vités humaines en harmonie avec dame Nature.

La culture sous cloche. Pour assurer à l’homme une vie future enrichie des leçons du passé, l’organisation s’attache, depuis 1972, à la protection du Patrimoine mondial et, depuis 2003, à celui, plus volatil, du pa-trimoine culturel immatériel, aujourd’hui fort de 47 chefs-d’œuvre. Parmi eux, la Hikaye, récit populaire palestinien, le Kabuki, théâtre japonais traditionnel

ou encore les processions de Géants dans le nord de la France et en Flandre. Car, « la diversité culturelle est aussi nécessaire pour le genre humain que la biodiver-sité dans l’ordre du vivant », assurait l’Unesco dans sa déclaration universelle de 2001.

L’information de bas en haut. Reste à donner les moyens aux populations de se faire une place sur l’échiquier du développement durable. A grands coups de CD-ROMs et de bibliothèque en ligne, l’Unesco fonce sur la modernité et livre à tous des pans entiers du savoir mondial… Mieux, l’organi-sation confie çà et là des micros et des caméras aux populations locales afin de les transformer en relais d’information. Par exemple, au Népal, Radio Lum-bini, créée en 2000, est devenue l’une des premières radios communautaires du pays.

L’éducation en chaire et en os. Car à quoi bon in-former sans au préalable éduquer ? Aussi en 2005, l’institution est-elle devenue chef de file de la Décen-nie pour l’éducation au développement durable. Le chantier est gigantesque, mais la mission très varia-ble selon les régions. « Chaque pays définit ce qui est le plus important en fonction de ses préoccupations », souligne Aline Bory Adams, en charge de cette sec-tion à l’Unesco. Côté pratique, l’Unesco a mis sur son site un cours en 25 modules pour aider les en-seignants à se former au développement durable. Ailleurs, elle travaille à consolider des projets établis dans 7 650 écoles associées ou ses chaires « dévelop-pement durable » plantées au cœur des universités. Ainsi, sur les rivages de la mer Baltique, les enfants de 300 écoles d’Allemagne, du Danemark, de Pologne ou de Suède jouent, depuis 1989, les observateurs de l’environnement, analysant la qualité de l’eau, des côtes et de l’air de leur région. Plus loin, en Chine, 200 000 établissements déclinent le développement durable en petites expériences : confection d’objets en vieux journaux ou tissus, filtration des eaux pol-luées… « C’est une incroyable opportunité de revisiter l’éducation, souligne Aline Bory Adams. A l’Unesco, on travaille depuis plusieurs années à l’éducation pour tous. Mais dans quel but ? Pour réaliser quoi ? Avec la Décennie, on peut se demander : “ A quoi voulons-nous que ressemblent les citoyens de demain ? ” » —

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Le Père Noël n’est plus une ordure

dossier

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Le Père Noël n’est plus une ordure

I l y a un an tout juste, Terra Econo-mica envoyait l’une de ses journa-

listes en mission impossible. Pas à l’autre bout du monde. Mais au cœur de Run-gis, dans les rayons des supermarchés et au pied des sapins. Son objectif : calculer l’impact environnemental et social de Noël. Les chiffres – inédits – ont fait pâ-lir même le plus rougeaud des faux pères Noël de supermarché. Tenez-vous bien : 3 240 tonnes équivalent CO

2 balancées

dans l’atmosphère pour acheminer un troupeau de 6,8 millions de dindes, 2,2 millions de chapons, 4,8 millions de canards et 51 millions de poulets ! Et ce n’est pas tout : une consommation élec-trique de décembre qui affole les comp-teurs : 49,3 térawattheures, soit 20 % de plus qu’un mois classique. Et puis, 7 mil-lions de Français qui prennent la poudre d’escampette en voiture, en avion ou en train, lâchant des gaz à effet de serre dans la nature pour aller festoyer avec la tante Adèle. Une bonne gueule de bois pour la planète au matin du 25 décembre.

527 euros par ménageMais cette année n’est pas un Noël com-me les autres. La crise a pointé son nez, précarisant encore plus les 7,9 millions de Français vivant en dessous du seuil de pauvreté (13,2 % de la population qui gagne moins de 880 euros par mois). Les Français, c’est certain, vont y regarder à deux fois avant de faire des folies. Et le baromètre Deloitte de Noël confirme la tendance. Selon les statistiques du cabinet d’audit, chaque ménage – en moyenne –

Après avoir calculé l’an dernier le bilan carbone de Noël en France, « Terra Economica » s’est lancé un autre défi : retrouver le fils du Père Noël, celui dont la hotte regorge de cadeaux et d’idées vertes. Nous lui en avons piqué quelques-unes, rassemblées ici dans le premier « calendrier de l’Avent » durable.PAR CECILE CAZENAVE ( ILLUSTRATIONS GIANPAOLO PAGNI )

s’apprête à débourser 527 euros pour ces fêtes : 291 euros vont filer dans les cadeaux, 159 euros dans la nourriture et 77 euros en divertissements. La somme, certes, est considérable, mais elle affiche une baisse de 5,1 % par rapport à 2007. Plutôt une bonne nouvelle pour la pla-nète pourrait-on penser ? Que nenni ! Car quand le Français louche sur son portefeuille, il en oublie les verts princi-pes qu’il s’était fixés avant de courir faire ses emplettes. Toujours selon l’étude De-loitte, 57 % des consommateurs se décla-rent prêts à payer plus cher un cadeau s’ils ont la certitude qu’il a été fabriqué dans de bonnes conditions. C’est plus de la moitié de nos compatriotes, certes, mais c’est moins qu’en 2007 : 66 %. Aïe ! Une personne sur trois déclare d’ailleurs rechercher le prix le plus bas, quelles que soient la provenance et les conditions de production du jouet du petit dernier.Le chemin vers un Noël raisonnable, équitable et respectueux de l’envi-ronnement semble donc encore semé d’embûches. Pourtant, de petits lutins s’agitent. Certains fabriquent des jeux qui éveilleraient la conscience écolo-gique de nos mouflets. D’autres pro-duisent des fleurs qui respectent les ouvrières ou des tonnes de chocolat qui ne spolient pas les producteurs de ca-cao. Emballages, sapins, nourriture : les alternatives existent. Terra Economica vous en livre 25 à travers le premier calendrier de l’Avent durable. Et vous offre, en exclusivité, le premier menu de réveillon zéro carbone. — w

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24 décembre 2008 terra economica

1 Papier info-cadeauOpération : pas de gâchis. Un Libération compte, en moyenne, 10 doubles pages, s’étalant chacune

sur 2 204 cm2 de papier. Si j’offre de petits cadeaux, comme mes 10 livres de poche préférés, je peux donc emballer le tout pour seulement 1,30 euro. Ma grand-mère et la planète me remercient. La première parce qu’elle n’a jamais osé s’acheter un journal sulfureusement gauchiste. La seconde, parce que 60 % des 50 millions de rouleaux de papier cadeau produits chaque année sont écoulés aux fêtes de fin d’année.

5Le roi de la forêt se tape la routeMon beau sapin a 3 chances sur 5 d’avoir parcouru plus de 1 000 km avant d’atterrir dans le salon. En

effet, 61 % des 4,8 millions de sapins naturels vendus l’année dernière en France étaient des Nordmann, venus du Danemark. Leur atout : des épines qui résistent même quand le thermomètre affiche 25 °C ! Seuls 37 % des arbres à boules étaient des épicéas. Cultivés en majorité dans le Morvan, ces derniers détestent le chaud. Dommage car ce sont eux qui sentent si bon.

2Allons voir si la rose est équitable… Sarah Gautschoux, de Max Havelaar : « Aujourd’hui, 80 % des fleurs achetées en Europe

proviennent de pays du Sud où elles sont cultivées dans des conditions sociales et environnementales très peu satisfaisantes. En 2008, 8,5 millions de roses équitables ont été vendues en France (1,8 million en 2006). Mais au Royaume-Uni, 87 millions de tiges ont été offertes, et en Suisse, les deux principaux distributeurs n’acceptent plus les roses non labellisées. »

Combien de jeux ont

été vendus en France en 2007 ?

9Hypers pas supersVotre mission : dégotter un jouet labellisé, équitable ou éducatif au développement durable, entre les

piles de lessives et les paquets de boules de Noël. Demandons aux trois plus grands groupes de distribution quelle est la part de ce type de jouets dans leurs rayons. Auchan, Casino et Carrefour n’arrivent pas à répondre à cette question. Le chiffre d’affaires du jouet en France – 2,6 milliards d’euros – est réalisé à 40 % par la grande distribution.

10Disney pleins feuxCette année, Disneyland a choisi des Leds pour illuminer le monde

merveilleux de Mickey, mais a un peu forcé sur la dose : 400 000 pour le château de la Belle au Bois dormant, 5 000 sur le sapin de Town Square, 7 km de guirlandes lumineuses le long de Main Street. D’après nos sources, le dispositif pour le seul château ferait, au bas mot, 500 000 watts. A un quart d’heure d’utilisation par jour, entre le 8 novembre et le 6 janvier, on atteint les 7 875 000 Wh. C’est sûr qu’elle va se réveiller…

6 17 million

s (jeux vidéo com

pris), dont 80 % ont été fabriqués en Asie.

Le calendrier de l’Avent durable

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3Jeux de société responsableLe magicien a perdu ses pouvoirs. Ses amis, les animaux de la forêt, doivent l’aider. Le premier jeu

coopératif de Bioviva, La Forêt enchantée, inverse la philosophie traditionnelle des jeux de société qui consiste à hacher menu ses adversaires. Bioviva écoule 70 000 jeux par an sur le sol français et en exporte 25 000. La production d’un jeu responsable consomme 9 fois moins d’eau qu’un jeu standard et dégage 12 fois moins de CO

2.

www.bioviva.com.

7Et si on chinait utile ? Nathalie Mayoux, secrétaire générale des Ressourceries : « Les encombrants sont condamnés

à l’incinération ou l’enfouissement. Les 52 structures de notre réseau récupèrent les objets – vaisselle, mobilier, électroménager – les remettent en état pour les vendre à bas prix. En 2007, 21 000 tonnes d’objets ont été collectés et 80 % valorisés. Le réseau a créé 1 500 emplois dont 70 % en insertion. C’est à Noël qu’on voit que les mentalités sont longues à changer. Les gens préfèrent offrir du neuf. » www.recycleries-ressourceries.org.

4Le chiffre qui tue 37 000 tonnes de douceurs au chocolat vendues

pendant les fêtes. En 2007, le marché français du chocolat représentait un chiffre d’affaires annuel de 2,7 milliards d’euros, soit 368 300 tonnes de produits consommés.

8Fightclub San ku kaï, c’est la bataille ! Pour gagner la 2008e guerre du Système sidéral des jouets, le

groupe JouéClub a affrété son vaisseau de combat médiatique : le catalogue de Noël de 388 pages, 1920 produits, 12 millions d’exemplaires. Il a aussi dispersé 7 000 panneaux publicitaires et pour 20 millions d’euros de spots télé et radio. Mais à la fin du jeu, on peut gagner grave : 421millions d’euros de chiffre d’affaires (15,8 % de parts de marché). www.joueclub.com

11Assiettes en carton contre grosse vaisselle Cette année, si mamie vient pour le réveillon, vous

serez 26 à table. Quelle vaisselle sortir ? Une vaisselle 100 % biodégradable et compostable, à base de bambou, canne à sucre ou palmier, sera parfaite avec le sapin. A moins que vous n’optiez pour le service en terre cuite qui attend à la cave. Vous pourrez nettoyer tout ça avec tante Hortense sans plomber la planète. Selon Eau de Paris, une vaisselle à la main bien gérée, ce sont 20 à 40 litres d’eau. Un lave-vaisselle, de 20 à 60 litres.

17 million

s (jeux vidéo com

pris), dont 80 % ont été fabriqués en Asie.

Certificat d’exemption

de cadeau à télécharger surwww.consommateur.qc.ca/union/docu/Certif_Cado_imprim.pdf

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26 décembre 2008 terra economica

13E-bay équitable outre-AtlantiqueLe plus grand site de ventes aux enchères

mondial pose un pied sur la planète équitable. En septembre, e-bay s’est acoquiné avec l’entreprise World of Good (Un monde de bonté) pour proposer, à prix fixe, 20 000 produits issus du commerce équitable. Hélas, la bonne action est made in USA. E-Bay France n’a pas prévu pour l’instant de s’emparer du concept. http://worldofgood.ebay.com

17Crise de foieOn s’étripe entre pro et antigavage. Des chercheurs de l’Inra

assurent que le gavage n’induit pas de stress aigü chez les canards. Antoine Comiti, de l’association Stop Gavage, répond que les travaux de l’Inra – financés par le Cifog, instance représentative de la filière – sont irrecevables. La France reste le 1er producteur mondial de foie gras (20 400 tonnes en 2007) avec un chiffre d’affaires de 1,7 milliard d’euros. L’Inra au secours du foie gras, Antoine Comiti (éd. Sentience, 2006).

14Le chiffre qui tue3,2 milliards d’euros, c’est le bilan des cyberventes de Noël

2007. Soit 20 millions d’acheteurs qui ont cliqué comme des fous pour trouver le présent de tante Nadine ou d’oncle Jacques. Au total, 226 euros, en moyenne, se sont évanouis sur la Toile, soit plus de la moitié de leur budget cadeaux. Une bonne façon de mutualiser le poste transports du Père Noël.

18Piste noire Laurent Burget, de Mountain Riders, association qui publie son

3e écoguide des stations de sport d’hiver : « Les trois quarts des émissions d’une station proviennent des transports des vacanciers. Et 20 % sont liés au chauffage des hébergements touristiques. Les bâtiments, qui datent majoritairement des années 1970, sont des passoires. Seules 14 % des stations françaises possèdent au moins un bâtiment public HQE. » www.mountain-riders.org

21Labels du boisUn p’tit logo et Pinocchio est plus beau ! Les labels FSC et PEFC garantissent

que le bonhomme en bois que vous offrez au petit dernier n’a pas participé à la déforestation massive de la planète. Sur les 700 produits proposés par JeuJouethique, 70 % sont en bois. « Ils proviennent d’une quinzaine de fournisseurs et sont tous labellisés. Mais il est difficile d’obtenir des jouets 100% naturels, dont les finitions, peinture et laque seront elles aussi certifiées », explique Vincent Rouat, le gérant. www.jeujouethique.com.

Sur les 15 000

viticulteurs que compte l’AOC Champagne, seuls 30 produisent en bio.(lire aussi pages 6-7).

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15Il était une fois… Conseils de lecture du Festival du livre et de la presse d’écologie.

– Le Développement durable à petits pas, éd. Actes Sud junior (papier provenant de forêts gérées durablement)– Les Pieds sur terre : les aventures de Timeo dans un monde qui marche sur la tête, éd. Elka (papier 100% recyclé, désencré sans chlore)– Ecocitoyen au quotidien, éd. Sang de la Terre– Atmosphère atmosphère, éd. Le Pommier www.festival-livre-presse-ecologie.org

19Coquilles videsCette année encore, oncle Gaston pourra ouvrir tranquille ses

douzaines d’huîtres sur le balcon. Les techniques sont maîtrisées et la production – 130 000 tonnes par an – concourt à la surveillance du milieu naturel. En revanche, le gratin de Saint-Jacques connait ses dernières heures. Les stocks de la Manche et d’Ecosse sont en effet surexploités. Un grand malheur pour les Français qui sont les recordmen du monde en la matière : 2,5 kg de coquilles kg/an/hab.

16Tablettes au topNoir feuilles de thé Earl Grey, noir quinoa, noir éclats de cacao, lait café

cannelle… Ethicable jette un pont entre la coopérative Conacado, en République dominicaine, qui regroupe 10 000 familles, et la PME Klaus, confiseur depuis 1856. Résultat : 14 variétés de tablettes distribuées dans 3 500 points de vente de la grande distribution. Créée il y a cinq ans, Ethicable détient 36 % des parts de marché du commerce équitable en France. www.ethiquable.com / www.klaus.com

23 Nos cadeaux sont-ils programmés pour mourir ? Nicolas Buclet, directeur du Centre de

recherches et d’études interdisciplinaires sur le développement durable : « La main- d’œuvre coûte peu cher dans certains pays du monde. Au point que ça ne vaut pas la peine de produire des objets réparables. A partir de 1995, il n’a plus été possible d’ouvrir un magnétoscope pour le réparer. En outre, de nouvelles gammes sortent sans cesse, qui rendent obsolètes des objets qui marchent encore. »

24Du poisson sans fritureNon, ce n’est pas votre dernière sole meunière ou votre dernier saumon

fumé. Votre bonne conscience s’appelle « MSC » (Marine Stewardship Council). Ce label garantit que le poisson provient d’une pêcherie gérée durablement qui ne surexploite pas les stocks et n’abîme pas l’écosystème. Difficile de retrouver sa trace sur les étals des marchés. Mais il est présent chez Casino (18 produits), Carrefour (11) et Monoprix au rayon surgelé ou frais. www.msc.org

Combien les

Français ont-ils dépensé pour leurs vacances au ski en 2006 ?

6,91 milliards d’eu

ros, avec une dépense moyenne de 124,40 euros par jour.

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dossier

25Soleil d’hiver carboné Ah, partir au chaud quand il fait froid, revenir

avec un peu de sable dans ses valises et quelques tonnes de carbone à compenser… Un réveillon à Saint-Domingue = 3,15 tonnes. Selon le cabinet Protourisme, seuls 9 % des ménages français envisagent de partir à l’étranger cet hiver. D’ailleurs, seuls 30 % de nos compatriotes partiront tout court. Pour 80 % d’entre eux, ce sera la France, et 40 % de ceux-là fileront à la montagne. Pour ne pas plomber la fondue à Courchevel, optez pour le train plutôt que pour la voiture.

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Réveillon zéro carbone (ou presque)Le grand chef Alain Alexanian a relevé notre défi : concocter un savoureux repas de Noël privilégiant

des produits locaux et respectant la planète. Une première mondiale à déguster.

Le caviar90 % du caviar sauvage mondial provient de la mer Caspienne, mais l’espèce y est surexploitée. La France en est l’un des grands importateurs mondiaux, avec les Etats-Unis et la Suisse. La réintroduction de l’esturgeon sibérien, notamment en Aquitaine, a permis de produire un caviar local d’élevage : 10 tonnes en 2007.

Le riz La Camargue et les Bouches-du-Rhône produisent 100 000 tonnes de riz par an. Mais la France en importe 476 000 tonnes, pour moitié en provenance de l’Union européenne, et pour l’autre notamment de Thaïlande, d’Inde, du Pakistan ou des Etats-Unis.

L’huile d’oliveLes Français consom-ment 100 000 tonnes d’huile d’olive par an, soit 4 fois plus que dans les années 1980. Mais l’Hexagone n’en produit que 4 500 tonnes chaque année. L’essentiel de l’huile d’olive consommée a des accents ibères.

L’intégralité des recettes sur : www.terra-economica.info

Le citronL’année dernière, chaque ménage français a acheté en moyenne 1,5 kg de citrons. En 2007, le pays en a importé 93 000 tonnes en provenance d’Europe et 18 377 tonnes du reste du monde, surtout d’Argentine.

La truffe24 tonnes de truffes noires dans le Périgord l’an dernier : pas assez pour les gourmets. La France en avait importé 71 tonnes en 2006, dont 40 % de chinoises. Ces dernières, vendues 20 euros le kilo (600 euros sur le marché de gros pour la truffe du Périgord), sous une appellation parfois abusive, sont bien différentes du fameux Tuber melanosporum. Et elles pourraient se disséminer sur le territoire.

Le mielLes 1,3 million de ruches françaises produisent 25 000 tonnes de miel par an alors que nous en ingurgitons 40 000 tonnes. En 2007, nous importions donc d’Espagne, de Hongrie, d’Argentine et d’Allemagne.

Velouté de cresson alénois à la crème de riz, huîtres pochées et morilles fraîches

Pour 4 personnes : 1 bouquet de cresson bio – 400 ml d’eau pure et minérale – 20 g de riz de Camargue – 100 ml de crème de riz bio –

1 douzaine d’huîtres de votre choix – 1 échalote de 40 g – 20 g de morilles fraîches françaises – 1 cube de bouillon

de légumes bios – sel gris de Guérande – huile d’olive.

******Blinis à la farine de châtaignes et truite fario marinée et parsemée de caviar d’Aquitaine

50 g de farine de châtaignes – 100 g de caviar d’Aquitaine – 100 ml de lait d’amande – 15 g de levure boulangère – 1 blanc

d’œuf – 1 jaune d’œuf – 2 g de sel fin de Guérande – 1 dl d’huile d’amande – 160 g de filet de truite des lacs de Pyrénées – un demi-

oignon blanc – 1 bouquet d’aneth – 1 citron de Menton –

huile d’amande douce – 10 g de raifort râpé.

******Chapon de Bresse aux marrons, carottes noires,

potimarron, girolles françaises et cerfeuil tubereux

1 chapon – 400 g de girolles – 1 potimarron – 100 g de marrons cuits – 4 carottes noires – 4 cerfeuils tubéreux – 100 g de tilleul –

50 g de gros sel gris.

******Reblochon fourré à la truffe du Périgord

Un demi reblochon fermier affiné – une truffe de 20 g.

******Poires pochées à la chicorée au cœur coulant de noisettes

4 poires William de taille moyenne, mûres et fermes – 60 g de miel – 80 g de purée d’amande bio – 4 cuillères à café de chicorée soluble.

Quelques produits à la poêle

Un toqué de cuisine verteAlain Alexanian a obtenu sa première étoile à l’Alexandrin à Lyon, grâce à un menu uniquement composé de légumes. En 2004, au comptoir d’A point Café, il démocratise le bio avec une cuisine rapide, équitable. Depuis 2008, il dirige le restaurant du Duc des Lombards, célèbre club de jazz parisien.www.ducdeslombards.com / www.apointcafe.com / www.alainalexanianconsulting.com

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30 décembre 2008 terra economica

dossier

Au pied du sapin, il y aura…« Terra Economica » est en mesure de vous dévoiler les 3 cadeaux qui seront les plus offerts cette année.Et quelques alternatives pour ne pas plomber l’ambiance verte.

Des livres Cadeau le plus offert aux adultes, selon l’étude Deloitte 2008

En 2007, 60 376 nouvelles éditions ont atterri dans

les librairies. Problème, le livre n’est pas très écolo. Selon Greenpeace, un arbre abattu sur cinq dans le monde est consommé par l’industrie papetière.

En France, près de 20 % du papier non recyclé provient de régions de forêts anciennes qui concentrent 75 % de la biodiversité des terres émergées.

1/ Chercher des ouvrages en papier recyclé. La fabrication de papier à partir de papiers usagés nécessite 7 fois moins d’énergie et 20 fois moins d’eau qu’à partir du bois. Mais peu de maisons d’édition – hormis Elka – sautent le pas. 2/ Opter pour des livres « virtuels » : 10 000 ouvrages téléchargeables gratuitement sur Gallica 2. Vous pouvez aussi offrir une clé USB – enrobée de bois FSC – avec quelques-uns des 519 livres audio offerts sur :www.litteratureaudio.com.3/ Offrir un stage à la Maison du conte de Chevilly-la-Rue (Val-de-Marne) pour que l’oncle Albert puisse raconter des histoires de son invention, en live, à ses petits enfants : www.lamaisonduconte.com

Des jeux vidéo Cadeau le plus offert aux enfants de moins de 12 ans

Selon une étude de l’ISFE (Interactive

Software Federation of Europe) menée dans 15 pays, 40 % des Européens jouent entre 6 et 14 heures par semaine aux jeux vidéo. Dans son rapport Playing Dirty, Greenpeace épingle

sévèrement certaines consoles de jeux pour la présence de substances chimiques dangereuses, telles que le chlorure de polyvinyle (PVC), les phtalates ou le béryllium. Sans compter que ces consoles, obsolètes dès qu’un nouveau modèle est mis sur le marché, deviennent des « e-déchets » envoyés à la casse en Inde ou en Chine.

1/ Avant d’acheter une console, consulter la 9e édition du guide pour une high-tech responsable de Greenpeace : Nokia domine le classement. Microsoft et Nintendo pointent en dernières positions.2/ Choisir des jeux vidéo défendant quelques convictions personnelles. Par exemple, la gamme « Planète Nature », dernière née d’Ubisoft, sensibilise les enfants à la protection de la planète et des animaux en danger.3/ Inviter votre enfant à créer son propre jeu vidéo écologique. Sa mission : explorer le globe à l’aide du logiciel Google Earth dont une des options permet de faire un tour d’horizon des dégradations environnementales actuelles.

De l’argent Cadeau le plus offert aux adolescents (12-18 ans)

Difficile de faire plus

dématérialisé qu’une enveloppe garnie sous le sapin. Question toutefois : que va faire votre ado de ses biffetons ?

1/ Suggérez des idées « mode » : les T-shirts équitables de Monsieur Poulet ou de Laspid, les sacs branchés de Reversible ou Freitag ou les marques de l’Ethical Fashion Show.www.ethicalfashionshow.com www.monsieurpoulet.com / www.laspid.com / www.reversible.fr / www.freitag.ch2/ Si vous pensez qu’il veut les placer, glissez la version 2008-2009 du guide écocitoyen des Amis de la Terre, Environnement : comment choisir ma banque ?, où l’on comprend que l’utilisation qui est faite de notre argent n’est pas écologiquement neutre : www.amisdelaterre.org vl

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32 décembre 2008 terra economica

Le Piémontlave plus vertL’INITIATIVE. Au nord-ouest de la péninsule, les Italiens peuvent acheter leurs produits ménagers à la pompe. Bilan : moins de déchets et moins de dépenses. PAR ANNE DAUBRÉE

l y a encore quelques semaines, des montagnes d’immondices obstruaient les trottoirs de Naples et crevaient les écrans télévisés du monde entier. Une mauvais point pour l’Italie qui tente pourtant depuis

des années de limiter la production de déchets. Ainsi, dans le Piémont, au nord de la péninsule, une quarantaine de supermarchés et grandes surfaces vendent leurs produits ménagers en vrac. Le principe est simple : le client achète un flacon vide – 1 ou 3 litres – en plastique pour cinquante centimes environ. Puis, il peut le remplir autant de fois qu’il re

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le souhaite avec du produit-vaisselle, de la lessive ou de l’adoucissant. Les détergents sont diffusés par un distributeur en libre accès, placé au cœur même des magasins. L’opération est « tout bénéfice pour le portefeuille du consommateur », assure le Conseil régional du Piémont, qui a investi environ 300 000 euros dans ce projet. Avec ce système, le client équipé d’un flacon économiserait 2 euros pour l’achat de trois litres de produit.

Près de 300 000 litres écoulés Depuis septembre 2007, date à laquelle le projet a été lancé, 291 056 litres de produit ont été écoulés. Et 63 % des flacons achetés ont été réutilisés. Fier comme un coq, le Conseil régional du Piémont aligne les statistiques. Selon lui, l’initiative a permis d’économiser 465,6 Mwh d’électricité, 46,32 millions

de litres d’eau, 6,2 tonnes de papier, et évité la diffusion de 30,9 tonnes de CO

2 dans l’atmosphère. Un bémol, toutefois :

l’empreinte écologique des détergents distribués n’a pas été prise en compte. « Nous apprenons en marchant », se défend Nicola de Ruggero, conseiller régional chargé de l’Ecologie. Toutefois, une partie des produits distribués sont déjà estampillés « Ecogoccia », un label qui garantit le respect de l’environnement.Ce sont deux petites sociétés italiennes, Colortex et Solbat, qui se sont portées volontaires pour fournir les détergents en vrac. « Les multinationales que nous avons sollicitées n’ont pas voulu participer. En revanche, les grandes surfaces ont tout de suite vu l’intérêt de proposer à leurs clients des solutions respectueuses de l’environnement », commente Nicola de Ruggero. De fait, dans le Piémont, des enseignes comme Auchan, la Crai, Novacoop ou IperSoap, un distributeur spécialisé de produits ménagers, poursuivent le déploiement des machines distribuant des produits à la pompe dans leurs points de vente. « Ce dispositif correspond tout à fait à nos préoccupations écologiques », assure Giovanni Ferri, porte-parole de Novacoop. Question : cette pratique peut-elle se diffuser dans l’ensemble de la péninsule ? Chez Coop, premier distributeur du pays – plus de 1200 points de vente – qui regroupe de nombreuses coopératives, on reste

ils changent le monde

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Retrouvez tous les acteurs qui « changent le monde » sur

www.terra-economica.info (rubrique Ils changent le monde)

prudent. Dans la région de Rome ou en Toscane, par exemple, des machines ont été implantées, mais certaines expériences vivotent ou ont carrément été stoppées. « Le dispositif  fonctionne s’il est soutenu par les pouvoirs publics qui le font connaître auprès du public. Comme dans le Piémont, qui a fait l’effort d’expliquer les enjeux aux consommateurs. Se contenter de placer une machine dans un supermarché coûte cher et ne suffit pas », explique Silvia Mastagni, porte-parole de la Coop. Peu de chances, donc, que la distribution de produits ménagers en vrac ne fasse tache d’huile au niveau national, sans un coup de balai des pouvoirs publics. —

Il fait bronzette sur les parkings

Ingénieur et malin. Thierry Mueth, le fondateur de la société Coruscant a sans doute eu le nez creux. Cet

ancien directeur du développement durable des groupes Rexel puis Accor, passionné d’environnement, triturait dans son cerveau une équation insoluble. Comment résoudre le

Des jardins biospour tous

«Il faut cultiver son jardin. » Cette philosophie, Jean-Guy Henkel, fondateur des Jardins de Cocagne, l’a inscrite

comme le fil rouge de sa démarche, lancée il y a déjà dix-sept ans. L’idée est belle : ouvrir des jardins biologiques à des publics en grande difficulté sociale. Pas pour regarder pousser les fleurs ou les fraises, mais pour les cultiver. Aujourd’hui, en France, il existe près d’une centaine de Jardins de cocagne. Un succès repéré par Ashoka, association d’entrepreneurs sociaux, qui a décerné à Jean-Yves Henkel le titre d’entrepreneur social innovant 2008. Grâce au réseau, 25 000 personnes ont été réinsérées depuis 1991 et 15 000 familles viennent s’y approvisionner chaque année. Et les Jardins de Cocagne comptent bien essaimer en Europe. — D.S.www.reseaucocagne.asso.fr

l’association

Lui allait voir les communes et leur disait je vous finance et vous construis des abris de bus sur lesquels je place mes pubs. Et bien moi, je vais voir les parkings, les hôpitaux ou les aéroports et installe des panneaux photovoltaïques sur leurs toits. » Financement, pose, maintenance, l’opération ne coûte rien au client. En revanche, Coruscant se rémunère sur la revente d’électricité à EDF. Pactole espéré douze ans après l’installation… La petite société assure disposer de 59 000 m2 de panneaux en attente de signature. Pour financer son décollage, l’entreprise avait déniché 1 million d’euros auprès d’une dizaine d’actionnaires. Elle prévoit d’augmenter à nouveau son capital pour poursuivre son développement. — DAVID SOLONwww.coruscantgroup.com

l’HoMME. Thierry Mueth déniche des espaces malins pour installer ses panneaux photovoltaïques.

problème du foncier pour les énergies renouvelables ? En gros : comment installer en France du photovoltaïque ou de l’éolien alors que le mètre carré de terrain disponible grimpe au plafond et que les associations freinent des quatre fers ? « C’est simple, j’ai pris l’exemple de Decaux, raconte le quadra. 

« Le dispositif ne fonctionne que s’il est soutenu par les pouvoirs publics. Mettre une machine dans un supermarché ne suffit pas. »

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Climat. Planète cherche après-KyotoLes rounds climatiques s’enchaînent depuis 1997.En 2009 à Copenhague, le gong sonnera la fin des combats : un accord sur l’après-Kyoto devra être trouvé. Avant cela, échauffement à Poznan, du 1er au 12 décembre. Passage en revue des troupes et de leurs nouvelles tactiques.PAR LAURE NOUALHAT ( INFOGRAPHIE GAW )

Début décembre, sur le ring de Poznan (Polo-gne), se joue le 14e round des négociations climatiques internationales. Deux semai-nes durant, 182 délégations, soit près de

10 000 personnes, dégainent leurs arguments. « A Bali,  en  2007,  nous  sommes  tombés  d’accord  sur  un calendrier qui fixait un accord pour 2009 à Copenha-gue. A Poznan, il faut donc jeter les bases de ce texte », confie la secrétaire d’Etat à l’écologie, Nathalie Kos-ciusko-Morizet. Après la conférences de Bali en 2007, puis celles de Bangkok (Thaïlande), Bonn (Allema-gne) et Accra (Ghana), Poznan est plus qu’un tour de chauffe. « Il s’agit de la dernière fenêtre pour passer en mode de négociations maximum avant Copenhague »,

s’enthousiasme Matthieu Wemaere, de l’Institut du développement durable et des relations internationa-les (Iddri). Ces pourparlers visent à donner une suite au protocole de Kyoto car celui-ci impose des réduc-tions de gaz à effet de serre (GES) jusqu’aux douze coups de minuit du 31 décembre 2012. Mais après cette date, c’est la grande inconnue. « Kyoto ne donne d’obligations qu’à un très petit nombre de pays riches, analyse Brice Lalonde, ambassadeur de la France en charge des négociations sur le réchauffement clima-tique. Évidemment, ceux qui l’ont signé veulent que les autres pays les rejoignent et s’engagent à baisser leurs émissions. » Depuis 2007, les pays en développement comptent en effet pour 53 % des émissions mondia-les. Il faudra les amener sur le ring des négociations, tout comme il faudra tirer les Etats-Unis par le short pour qu’ils daignent s’engager à combattre le chan-gement climatique dans le cadre de Kyoto II.

Etats-Unis : le nouveau visage de l’outsider A Poznan, tous les regards vont se braquer sur la délégation américaine, et surtout sur les nouveaux visages de l’équipe du président Obama. « Pour Ba-rack Obama, l’attitude de l’administration Bush sur le changement climatique a sérieusement écorné la répu-tation du pays et il va vouloir montrer très vite que ça va changer », assure Alden Meyer, directeur de l’or-ganisation écologiste américaine Union of Concer-ned Scientists (UCS). Le nouveau chef de l’Etat,

décryptage

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Climat. Planète cherche après-Kyotoqui prendra ses fonctions le 20 janvier 2009, s’est engagé à réduire les émissions américaines de 80 % par rapport à 1990 d’ici à 2050 (lire aussi pages 10 à 13). Ne rêvons pas, les Etats-Unis ne ratifieront pas Kyoto en Pologne. Mais ils s’engageront probable-ment sur la seconde période, celle de l’après-2012. Ce qui flanquerait au passage un uppercut aux pays émergents qui s’appuient sur l’attentisme yankee pour ne rien faire.

Europe : la fatigue du challenger Malgré 27 entraîneurs derrière elle, la délégation européenne a eu tendance à mollir ces derniers temps sur le ring international. Elle reste toutefois la plus vigoureuse dans ses propositions. Coach en chef de l’Union européenne, Jean-Louis Borloo, le minis-tre français de l’Ecologie, s’engage dans les négocia-tions polonaises à « réduire de 30 % ses émissions pour l’après-2012 » à condition que les autres pays enfilent les gants, émergents compris. « La  France  désespère de trouver des choses visibles concernant le climat pen-dant  sa  présidence  de  l’Union.  Poznan  est  l’occasion d’en  sortir  grandie », assure Matthieu Wemaere, de l’Iddri. Pure incantation politique ou objectif réaliste, les 30 % affichés feront-ils le poids sur la balance face aux déchirements européens ? « L’Europe  se  mon-trait bien plus ambitieuse à 15 qu’à 27 », déplore un membre de la délégation française. Responsable de « seulement » 13 % des émissions mondiales, l’Eu-

rope des 27 cache des situations et des stratégies très différentes. Parmi les historiques, l’Espagne et l’Italie laissent leurs émissions atteindre des sommets. Pen-dant ce temps, c’est la bronca chez les onze derniers membres ayant intégré l’Union. Certains, comme la Lituanie, ferment des centrales nucléaires, alors que d’autres, comme la Pologne, ne font rien face à leur palanquée de mines de charbon. Pour ne pas sortir KO de sa présidence de l’UE, la France va devoir son-ner la fin de la récré et remettre bon ordre.

Pays industrialisés : l’entêtement des poids lourdsLes pays industrialisés engagés dans Kyoto (Union européenne, Japon, Australie, Canada notamment) estiment qu’ils ne doivent pas être les seuls à mouiller le maillot. L’accord post-2012 doit, selon eux, être « global »  (en anglais « comprehensive »). En clair : tout le monde doit faire un effort. Les Etats-Unis, bien entendu, mais aussi les pays émergents et les pays en développement. La crise financière a cepen-dant porté un coup sévère à l’enthousiasme général. Tant pis pour l’urgence du changement climatique. « Avec la crise financière, on a vu une nette remontée  

« La crise financière est une excellente excuse pour ne rien faire. »

Morgane Créach, membre du Réseau Action Climat (RAC)

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des  intérêts  nationaux », déplore Damien De-bailly, chargé de campagne climat au WWF. « Pour le  dire  simplement :  la  crise  financière  est  une  excel-lente excuse pour ne rien faire », s’emporte Morgane Créach, du Réseau Action Climat (RAC). L’Australie, le Japon et l’Afrique du Sud refusent ainsi de se fixer un objectif de réduction pour 2020, mais promettent d’agir dans le cadre de leurs plans climat respectifs. Sans contrôle. La Russie ne s’engage sur rien. Le Ca-nada et les Etats-Unis n’ont, eux, strictement rien fait pour respecter leurs engagements volontaires. Et les pays nouvellement industrialisés ne veulent pas s’en-gager sur la seconde période de Kyoto. C’est la soupe à la grimace générale.

Le Sud : l’adversaire aux mille visagesLe G77 regroupe 130 pays du Sud bien décidés à ne pas se laisser faire. « Ces derniers veulent empê-cher la discussion sur tout ce qui touche, de près ou de loin, aux engagements qu’ils pourraient être appelés à  prendre », commente un négociateur européen. Ils redoutent tous que cette discussion les engage dans un accord post-2012 et insistent donc auprès des pays développés pour qu’ils respectent leurs objectifs. « “ S’il  y  a  un  pas  à  faire,  c’est  à  vous  de le faire ” : c’est en substance ce qu’ils rétorquent aux pays développés », explique Anne Chetaille, membre du Gret (Groupe de recherche et d’échanges tech-nologiques). Petit hic : il est difficile de mener un combat commun quand on représente des nations qui jouent dans des catégories aussi différentes. Qu’y a-t-il en effet de comparable entre la Chine, le Burkina Faso, l’Arabie Saoudite et Singapour ? Les pays industrialisés les invitent donc à différencier leurs efforts en fonction de leurs capacités. Selon ce

Des négociations déjà hors sujet ?En matière de changements climatiques, le Graal est une température. Si tous les pays tombent d’accord pour limiter le réchauffement à 2° C, « alors ils tombent implicitement d’accord sur les mesures à mettre en œuvre pour ne pas dépasser cet objectif », explique Damien Debailly, du WWF. C’est cette « vision partagée des enjeux climatiques » qui doit être débattue à Poznan. Or, pour limiter le réchauffement à 2 °C voire 2,4 °C, le Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (Giec) préconise de réduire les émissions de 50 % à 85 % en 2050 par rapport à leur niveau de 2000. Mais il faudrait faire plus, beaucoup plus, et personne n’ose le dire. Cela s’appelle le facteur 20. C’est que les émissions ont progressé 4 fois plus vite depuis 2000 que durant la décennie précédente. « Le facteur 4 est totalement dépassé », confirme un diplomate français. Loin de cette lucidité de couloir, les délégations, tout comme les ONG, estiment inconcevable d’aborder l’objectif du facteur 20. « Il faut ménager le politique », concède Damien Debailly. Entre le nécessaire et le réaliste, demandons le réaliste.

principe, la Chine – premier émetteur mondial – devrait fournir davantage d’efforts climatiques que l’Inde dont les émissions par tête restent très faibles. Et Singapour, qui affiche l’un des revenus par habi-tant les plus élevés de la planète, ne boxerait plus dans la même catégorie que le Burkina Faso. Bien que logique, ce dispositif hérisse les géants comme la Chine, l’Inde ou le Brésil mais aussi les mi-lourds, comme l’Arabie Saoudite, la Corée du Sud ou le Qa-tar. Entre pas de côté et pas de géant, personne ne devrait sortir KO des négociations polonaises. Mais il faudra qu’aucun boxeur ne jette l’éponge. —

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1/ Repenser les mécanismes de développement propre« Les pays riches ont un problème : décarboner leurs sociétés. Les pays pauvres, une équation : se développer dans une société sans carbone », résume Matthieu Wemaere, de l’Iddri. Grâce au système des mécanismes de développement propres (MDP), un pays riche compense sa pollution en finançant un projet propre dans un pays du Sud. Mais ce système est biaisé. Les pays industrialisés ont intérêt alors à privilégier les pays à fort potentiel de réduction d’émissions comme le Brésil, l’Inde ou la Chine et laisser au vestiaire les pays les moins avancés. Ce qu’ils ont fait… Plutôt que de fixer des objectifs nationaux à chaque pays, certains proposent donc de fixer des objectifs par secteur économique, comme l’automobile ou l’électricité. Les pays africains plaident en faveur de ce dispositif qui leur permettrait d’attirer – enfin – des investissements propres nécessaires à leur développement. Au contraire, les pays émergents redoutent que cette « sectorisation » ne soit trop contraignante, les obligeant à mener des politiques industrielles précises.

2/ Trouver des fonds pour la lutte contre le réchauffement climatiquePour décrocher la timbale, c’est-à-dire maintenir le niveau des émissions de gaz à effet de serre actuelles, les gouvernements vont devoir regarder du côté des portefeuilles. Car il faudra dénicher 160 milliards d’euros par an d’ici à 2030. Ce magot correspond à une fourchette variant de 0,3 % à 0,5 % du PIB mondial.Chaque pays a sa petite recette secrète. La Suisse propose, par exemple, une taxe de 2 dollars (1,6 euro) par tonne de CO

2 émise – sauf pour les pays

qui émettent moins d’1,5 tonne par habitant. Bilan estimé de la mesure : 40 milliards d’euros. La Norvège, de son côté, souhaiterait voir les quotas d’émissions des pays industrialisés mis aux enchères : 32 milliards d’euros pourraient ainsi être récoltés, rien qu’en comptant sur l’Europe. D’autres préfèrent une taxe sur le transport aérien qui, à raison de 6,5 dollars (5 euros) par passager et par vol, génèrerait 8 à 12 milliards d’euros par an. La Russie et les Etats-Unis ne font preuve d’aucune imagination : ils n’ont rien proposé du tout. Quant aux pays

de l’Union européenne, « ils veulent être libres d’utiliser leur argent comme bon leur semble », explique Morgane Créach, du Réseau Action Climat.

3/ Mettre en place une prime à la « déforestation évitée »A Poznan, tout le monde va jouer la carte de la « déforestation évitée ». « C’est le dossier qui a le plus avancé, confirme Matthieu Wemaere, de l’Iddri. Tout le monde est d’accord sur le principe, à savoir dédommager les pays qui ne touchent pas à leurs forêts. Reste à en définir les modalités. » Faut-il créer un fonds spécial abondé par tous les pays ou ouvrir un nouveau marché de carbone ? Et comment mesurer les efforts fournis : à partir d’un taux de déforestation « de base » ou en fonction des besoins de développement du pays qui renonce à cette exploitation ? Les pays du bassin du Congo, l’Indonésie ou encore le Brésil attendent beaucoup de ce dispositif. Au Brésil, la déforestation est en effet à l’origine de 70 % des émissions de gaz à effet de serre. La France est très attachée à ce dossier, elle qui « compte bien sortir un accord avant la fin de sa présidence de l’Union », confirme un membre de la délégation française. —

Les dossiers chauds

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aïguéré Tembély, dite Fifi, a la frite. Cette agronome de la région de Mop-ti (Mali), en manque de terres culti-vables, a trouvé son or noir : la pom-me de terre. En 1999, l’association

Agro sans frontière avait déposé 10 caisses de 25 kg de plants de tubercules dans son association de fem-mes, Ya-g-tu. Aujourd’hui, dix ans après, Fifi et ses dames commandent un millier de caisses à l’entre-prise bretonne Germicopa. De quoi planter de la pa-tate dans 310 villages de la zone et faire vivre près de 45 000 personnes. L’opération est rentable : une seule caisse de plants achetée 18 000 francs CFA (environ 30 euros) génère une récolte qui rapportera jusqu’à cinq fois plus. « Au début, les hommes pensaient que cette histoire de pommes de terre allait “faire tourner” la tête de leur femme. Mais quand ils ont vu qu’ils pou-vaient manger de  la viande une  fois par  semaine au lieu d’une fois par mois, ils ont changé d’avis ! », sou-ligne avec malice Yaïguéré Tembély. Les revenus tirés de la pomme de terre ont permis de développer un planning familial régional et un programme de lutte contre l’excision. Mais avant tout, les dames de Fifi ont chassé la faim de Mopti.

1 patate sur 5 est chinoiseCar la patate est une pépite. « Elle offre une réponse aux  batailles  de  sécurité  alimentaire.  Par  rapport  à la  surface  cultivée  et à  l’effort  fourni,  elle peut pro-duire  2  à  4 fois  plus  de  nourriture  que  le  riz  ou  le blé », s’exclame Ruth Egger, présidente du Centre international de la pomme de terre, basé au Pérou. Sans compter qu’elle se plaît sur tous les terrains.

Poussant sous n’importe quelle latitude, la pomme de terre est annoncée comme la pépite alimentaire de demain. Depuis 2005, les pays en développement en produisent plus que les pays industrialisés.PAR CECILE CAZENAVE

La patate à tout bout de champs

La plus grande banque du monde au PérouL’Irlande a expérimenté le pire scenario, car elle ne disposait que de quelques variétés de pommes de terre. Quand le mildiou détruisit la récolte de 1845-1846, un million de personnes moururent de faim. A Lima, au Pérou, le Centre international de la pomme de terre, fondé en 1971, s’est donné pour mission de sauvegarder la biodiversité. La plus grande banque génétique du monde y rassemble 5 000 variétés de pommes de terre, dont plusieurs centaines d’espèces sauvages andines. « C’est un bien commun, à la disposition des scientifiques du monde entier », rappelle Ruth Egger, sa présidente.

Des hauts plateaux andins jusque dans les plaines subtropicales de l’Inde, la pomme de terre se fond dans le paysage. En revanche, lourde et périssable, elle ne supporte pas les longs trajets. Pas de cotation en Bourse non plus.Certains, comme la Chine, ne s’y sont pas trom-pés. Le géant asiatique en met chaque année sur les étals 70 millions de tonnes, soit un peu moins de 20 % du tonnage mondial. Pékin a même interdit l’utilisation du tubercule pour la fabrication de bio-carburant. Globalement, la production des pays en développement a augmenté de moitié en dix ans. En Afrique subsaharienne, la surface de récolte a presque doublé sur la période. Mais alors que la consommation moyenne en Europe de l’Ouest at-teint 75 kg par an et par habitant, les Indiens eux se contentent de 17 kg. En clair, il n’y a pas encore assez de pommes de terre pour tout le monde.

l’économie expliquée à mon père

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Retrouvez « l’économie expliquée à mon père »sur : www.terra-economica.info

Des légumes cabossésCar la patate souffre aussi de quelques inconvé-nients. Un tubercule se reproduit par multiplication végétative. En conservant une partie de la récolte, il est ainsi possible de la replanter pour la suivante. Et pas de miracle, le tubercule reproduit également ses défauts : sensibilité aux parasites, champignons, virus… En 1996, les paysans équatoriens ont ainsi vu débarquer la teigne, un papillon inconnu jus-qu’alors de leurs parents. Selon les scientifiques, il a fallu environ vingt-cinq ans à l’insecte pour des-cendre du Guatemala. En sacs à pommes de terre de terre bien entendu. « Ces ravageurs n’ont pas d’en-nemis  naturels  là  où  ils  arrivent », explique Jean-François Silvain, chercheur à l’Institut de recherche et développement. D’après Olivier Dangles, son collègue, qui travaille sur le terrain, ce prédateur a engendré plus de 250 000 dollars (195 000 euros) de pertes et menace la sécurité alimentaire de dizaines de milliers de petits paysans.Les changements climatiques n’arrangent rien. « Dans les Andes, berceau de la culture, de nombreu-ses communautés sont confrontées à des phénomènes météorologiques de plus en plus imprévisibles. Ils ne savent plus quand planter, quand récolter », affirme Olivier Dangles. Autre souci : les supermarchés des villes exigent des produits améliorés et bien cali-brés. Or c’est plutôt vers des variétés natives, pas

Le site de l’Année internationale de la pomme de terre :www.potato2008.org

Le Centre international de la pomme de terre au Pérou (anglais et espagnol) :www.cipotato.org

Le comité national interprofessionnel :www.cnipt.com

La Direction du développement et de la coopération suisse (rubrique « dossiers ») :www.sdc.admin.ch

Pour aller

plus loin

toujours très élégantes, que se cache la solution. Pour le scientifique, « conserver  la  biodiversité  de la culture est essentiel pour augmenter la capacité de résistance  des  paysans  aux  aléas ». En multipliant les variétés cultivées, certaines d’entre elles feront (peut-être) obstacle aux fléaux à venir et permet-tront du coup aux paysans de rester indépendants vis-à-vis du marché.« En Afrique, avec de bonnes semences, on peut pas-ser de 5 à 30 tonnes par hectare. Mais pour l’instant, ces semences restent la propriété des pays du Nord », insiste Bernard Jouan, président d’Agro sans fron-tière. En Europe, les scientifiques travaillent depuis des décennies à la production de plants de patates sains et résistants. L’année dernière, notre continent a ainsi exporté 998 000 tonnes de plants. Et il n’exis-te, en Afrique sahélienne, aucune organisation de production et de multiplication de semences. Fifi rêve de mener sa propre recherche agronomique en produisant et multipliant in vitro. Elle souhaite ainsi créer une patate adaptée au plateau dogon. Mais à 50 millions de francs CFA (75 000 euros), l’investissement est trop lourd. Et sans aide, difficile de créer la « Belle du Mali ». —

Dans les Andes, au Pérou.

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Gros coup de chaud sur scène

de Kyoto forever. Agrégé de géographie, le fondateur de la compagnie Vertical Détour n’en est pas à son premier essai climatique. En 2005, la pièce Mauvais temps proposait un multiplex en direct de cinq lieux d’observation des changements de la planète. De déréglements climatiques en déréglements chrono-logiques, la conférence finissait par vaciller.

Des larmes incontrôléesCar ce qui intéresse Frédéric Ferrer, ce sont ces mo-ments où l’homme, avec ses faiblesses et ses senti-ments, vient perturber la machine bien huilée et policée des réunions internationales. « A  Bali  en décembre 2007, il y eut un moment incroyable quand Yvo de Boer, haut responsable de l’ONU pour le climat, a  craqué à  la  tribune, devant  tous  les  journalistes.  Il s’est mis à pleurer. Il n’en pouvait plus après une nuit d’intenses négociations  et de menaces de veto améri-cain. » Autre source d’inspiration du quadragénaire : le sommet de Bonn, en juin 2008, qu’il a pu excep-tionnellement suivre avec la délégation française. « Ce  qui  m’a  le  plus  surpris,  c’est  le  désir  évident  de tous ces émissaires d’aller de l’avant. Ils bataillent pen-dant des heures sur un mot, un terme ultratechnique, une virgule. Et puis, tout d’un coup, on voit l’humain reprendre le dessus. Je me souviens notamment d’inter-minables discussions sur  le prix des chambres d’hôtel que certains pays en développement jugaient trop éle-vés pour leurs délégations. »Sur scène, les moments de joie succèdent à l’acca-blement, aux pressions, aux relâchements. L’am-biance internationale est totale grâce aux acteurs qui manient plusieurs langues avec dextérité. Mais Kyoto  forever n’a pas d’ambition documentaire. C’est un miroir grossissant posé sur des hommes et des femmes qui veulent sauver la planète. —KAREN BASTIEN

ZappingL’automobile way of lifeLe mode de vie des Américains ne va pas changer en un claquement de doigts, fût-il de Barack Obama (lire aussi pages 10 à 13). Pourtant, ces façons de vivre, de se loger et de consommer ne sont pas durables, selon le documentaire La Fin de la vie de banlieue (en anglais). Preuves et ironie à l’appui, ce film montre comment les belles banlieues améri-caines d’aujourd’hui pourraient devenir les taudis de demain, avec le déclin des combustibles fossiles et donc de la génération automobile.www.endofsuburbia.com/francais.htm

Le climat en héros d’une pièce de théâtre ? La compagnie Vertical Détour ressusciteles négociations internationales de Kyoto.

«Nous sommes tous très fatigués. Cela fait plusieurs nuits que nous ne dor-mons plus. J’ai la tête lourde et les

idées confuses. » « Mais le monde nous attend. Ce que nous déciderons aujourd’hui aura un impact majeur sur le siècle à venir. Soyons souples. » « Je propose une suspension de séance. » Bienvenue aux négociations internationales sur le climat de Kyoto. Attention, nous ne sommes pas au Japon en 1997 lorsque, pour la première fois, des pays industralisés se sont engagés à diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre. Nous sommes au théâtre.Huit personnages-nations, réunis autour d’une table, s’énervent, chantent, résistent, chuchotent, pleurent, se trahissent, jargonnent, bloquent, rient, dansent. « Le climat est la tragédie de l’avenir et les conférences  internationales  sont  des  moments  hu-mainement  très  intenses.  Kyoto  avait  donc  tous  les ingrédients  d’un  moment  éminemment  théâtral », explique Frédéric Ferrer, auteur et metteur en scène ce

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enrichissez-vous

Vertical Détour : http://verticaldetour.new.fr

Représentations du 3 au 6 décembre dans les Anciennes Cuisines, hôpital psychiatrique de Ville-Evrard de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis).

Pour aller

plus loin

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La goëlette « Tara » en terres capitalesLa Seine prise dans les glaces ? Non, pas d’inquiétude, il ne s’agit que de l’escale de Tara. Amarrée au pont Alexandre III à Paris, jusqu’au 11 janvier, la goélette polaire y raconte comment elle a dérivé pendant 507 jours à tra-vers l’océan Arctique. De cette

expérience unique est née l’exposition « Tara, voyage au cœur de la machine climatique » qui, au moyen d’images, de sons, de cartes et de simulations, présente les résultats scientifiques du programme européen Damocles, auquel ont collaboré 45 laboratoires. www.taraexpeditions.org

Une belle portée Le monde de la musique équitable continue de pulser. Grâce au site Fair Trade Music, les artistes émergents touchent 100 % des bénéfices sur la vente de leur CD. Autre originalité : grâce à un partenariat avec Amazon, vous pouvez y acheter n’importe quel album en faisant un beau geste. En effet, sur chaque CD vendu, une commission de 5 % est reversée aux jeunes chanteurs. De la redistribution en chansons.www.fairtrade-music.com

Il y a des cartes qui parlent plus que des dizaines d’articles. « Cartographier le présent », site multilingue de géopoli-tique, le prouve à travers une série d’infographies sur les enjeux énergétiques contemporains : consommation de pé-trole dans le monde (ci-dessus), potentiel des renouvelables, course aux ressources de l’Arctique, ferroutage en Europe, négawatts... www.cartografareilpresente.org

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Alexandre Delaigue et Stéphane Ménia – SEXE, DROGUE… ET ECONOMIE : PAS DE SUJET TABOU POUR LES ECONOMISTES !, Pearson (2008), 282 pp., 19 euros.

On repense à ces trucs bidons, vous savez, ces lunettes à

rayons X qui permettent de voir les gens tout nus sous leurs habits. C’est un peu ça l’économie : voir la vérité toute crue derrière le vernis des apparences. Car s’il est une chose que l’on comprend grâce à ce livre délicieux qu’est Sexe, drogue… et économie et à ses deux malicieux auteurs (1), c’est que l’économiste est un animal à sang froid et que c’est son inestimable qualité dans notre monde en surchauffe.Aucune morale, aucun principe, aucun scrupule n’arrête l’homme de calcul. Sa méticulosité froide le pousse à poser des questions jugées farfelues, voire carrément idiotes, par n’importe quel gentleman. Par exemple : et si le sida avait eu pour conséquence d’augmenter la pratique de la fellation chez les adolescents, car le préservatif coûte de l’argent ? N’importe

quoi, s’offusque-t-on. Sauf que c’est la vérité… Autre question abracadabrante : et si ce qui expliquait le mieux la baisse de la délinquance dans la société occidentale était l’avortement ? En effet, les enfants non désirés étant ceux qui, statistiquement tournent le plus mal, le fait qu’ils passent plus souvent à l’as devrait expliquer la chute des incivilités. Gloussements. Sauf que là encore, c’est exact. L’économie, science humaine si peu humaine, nous en apprend encore d’autres – et des salées : que les clientes attendent plus longtemps d’être servies que les clients dans les cafés (où va se nicher le sexisme…) ; que la polygamie, si elle était pratiquée en Occident, serait une terrible nouvelle pour les mâles (explications dans le premier chapitre du livre, le plus remarquable) ; que l’Organisation mondiale du commerce n’a pas accru d’un iota les échanges commerciaux ; qu’on a moins de risques de casser sa pipe dans le « couloir de la mort » des prisons américaines que dans bien des rues du pays ; qu’interdire la cigarette dans les cafés ne sauvera pas forcément des vies. Bref, que tout ce qui paraît avéré, moral ou tombant sous le sens, ne correspond pas forcément à la rugueuse réalité. « Que serions-nous sans le secours des choses qui n’existent pas ? » demande le poète. Réponse : des sacrées pointures en économie ! —ARNAUD GONZAGUE (1) Qui animent l’excellent site econoclaste.org

L’économie à sang froid

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(1) À compter de la souscription d’une offre à prix de marché, le client ne pourra bénéfi cier qu’au bout de six mois d’un contrat au tarif réglementé en électricité, s’il en fait la demande avant le 1er juillet 2010, et ne pourra plus souscrire par la suiteun contrat au tarif réglementé en gaz naturel, pour son lieu de consommation. (2) GDF SUEZ achète l’équivalent de la consommation du client en électricité hydraulique. (3) Via l’achat, par le client, d’unités de réduction d’émissions certifi ées (UREC) permettant de compenser l’émission de C02 résultant de la consommation de gaz naturel.

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