le plein emploi reviendra-t-il · 2011-12-18 · thought's print in a dynamic contemporary...

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1 LE PLEIN EMPLOI REVIENDRA-T-IL ? ou Pour une autre répartition des richesses avec un plein emploi total et durable Résumé Ce texte de synthèse avance que la résorption du chômage et des déficits budgétaires ne peut s'effectuer en totalité que par l'abolition progressive du capitalisme dont la dynamique interne génère et stabilise ces désordres. De surcroît, en proposant une alternative, il fait office d'une base fondatrice d’un système économique hypothétiquement viable qui saurait succéder à celui que nous connaissons et qui pourrait facilement prendre naissance en France. Ce nouveau système économique pourrait être testé chez nous sans grand risque, si une volonté politique pouvait y accorder un certain crédit, devenir un modèle structurant, innovant et bienfaiteur. Quelques concepts clés fondamentaux sont ci-après singulièrement précisés pour suivre la trace d'une pensée dans un contexte contemporain dynamique. Mots clés Capitalisme, chômage, économie, entrepreneuriat, Etat, Homme, innovation organisationnelle, plein emploi, société, Terre. Abstract Will full time work come back ? or For a different wealth's distribution with a complete and lasting full time work This summary mentions that unemployment's reduction and budget deficits can only happen in totality with capitalism's progressive abolition, which internal's dynamic creates and stabilizes disorders. Also, proposing this possible alternative, it shows the foundation's basis of the only economically system hypothetically livable, which could succeed to this political system, and which could easily be born in France. This new system could be tested at home without much risk, if a political force could give it credit, let it become a structural model, innovative and benefactor. A few key and fundamental concepts are given below in order to follow the thought's print in a dynamic contemporary context. Key words Capitalism, Unemployment, economy, Entrepreneurship, State, Humanity, Organizational innovation, full time work, society, Earth. Philippe TONOLO - [email protected] - 9 mars 2011

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LE PLEIN EMPLOI REVIENDRA-T-IL ? ou

Pour une autre répartition des richesses avec un plein emploi total et durable

Résumé

Ce texte de synthèse avance que la résorption du chômage et des déficits budgétaires ne peut

s'effectuer en totalité que par l'abolition progressive du capitalisme dont la dynamique interne

génère et stabilise ces désordres. De surcroît, en proposant une alternative, il fait office d'une

base fondatrice d’un système économique hypothétiquement viable qui saurait succéder à celui

que nous connaissons et qui pourrait facilement prendre naissance en France. Ce nouveau

système économique pourrait être testé chez nous sans grand risque, si une volonté politique

pouvait y accorder un certain crédit, devenir un modèle structurant, innovant et bienfaiteur.

Quelques concepts clés fondamentaux sont ci-après singulièrement précisés pour suivre la

trace d'une pensée dans un contexte contemporain dynamique.

Mots clés

Capitalisme, chômage, économie, entrepreneuriat, Etat, Homme, innovation organisationnelle,

plein emploi, société, Terre.

Abstract

Will full time work come back ? or

For a different wealth's distribution with a complete and lasting full time work

This summary mentions that unemployment's reduction and budget deficits can only happen in

totality with capitalism's progressive abolition, which internal's dynamic creates and stabilizes

disorders. Also, proposing this possible alternative, it shows the foundation's basis of the only

economically system hypothetically livable, which could succeed to this political system, and

which could easily be born in France. This new system could be tested at home without much

risk, if a political force could give it credit, let it become a structural model, innovative and

benefactor. A few key and fundamental concepts are given below in order to follow the

thought's print in a dynamic contemporary context.

Key words

Capitalism, Unemployment, economy, Entrepreneurship, State, Humanity, Organizational

innovation, full time work, society, Earth.

Philippe TONOLO - [email protected] - 9 mars 2011

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Voir autrement !

« Ce n'est pas en cherchant à améliorer

la bougie que l'on a inventé l'ampoule

électrique. »

Edouard BREZIN,

ancien Président de l'Académie des sciences.

Je suis l'un des nombreux signataires du Manifeste d'économistes atterrés. C'est cependant en

faisant valoir prioritairement l'acte fondateur de ma citoyenneté, la construction de ma propre

pensée politique, et en tant qu'entrepreneur dans l'âme que j'écris. Je me propose de venir

verser au débat de notre courant d'économistes atterrés une façon originale d'aborder nos

problématiques économiques puisque l'appel lancé par ce manifeste en est l'inducteur. Il est

vrai que : « Les économistes doivent assumer leurs responsabilités.» D'autant que : « A

l'instar de celles qui l'ont précédée, cette grande crise exige une refondation de la pensée

économique. » Certes, il faut « faire progresser l'idée selon laquelle la science économique doit

éclairer la pluralité des choix possibles (...)1. » C'est dans cet esprit que j'agis.

Il va de soi aujourd'hui que les difficultés collectives auxquelles nous nous trouvons confrontés,

pour assurer tant soi peu notre bien-être, sont – à une échelle planétaire - nombreuses,

variées dans leur contenu, complexes et systémiques. En France, nous pourrions convenir que

le chômage et les déficits budgétaires, en s'installant durablement, fassent partie de nos

préoccupations majeures. C'est à la résolution de cette problématique prise dans un ensemble

que ce texte veut apporter une réflexion dans une direction inédite et proposer une perspective

autre que subir les épreuves en pansant nos maux au fur et mesure de leur apparition.

Que l'on soit "atterrés" ou "indignés2" d'accord ! Il n'est cependant pas suffisant d'être animé

de bonnes intentions, encore faut-il avoir des idées pragmatiques. J'espère inviter amicalement

ici tous les atterrés autant que les indignés à se pencher sur ce qui suit. Une métaphore3 en

guise d'introduction permet d'illustrer ma prise de conscience qui consiste à regarder la

situation sous un angle singulier.

Ainsi, pour entrer d'emblée dans le vif du sujet, imaginons que le système économique que

nous avons appelé le capitalisme soit un bateau. Pour moi, comme pour quelques uns d'entre-

nous, ce bateau dans lequel nous sommes installés prend l'eau, tout du moins à l'avant, dans

les sociétés occidentales les plus développées.

Mais sommes-nous suffisamment conscients que c'est précisément l'ensemble de notre modèle

(du bateau) qui est la cause de nos problématiques sociales ? Ce modèle primitif, datant tout

de même de quelques siècles et qui pourtant commence tout juste à se mondialiser, apparaît

malgré tout bien érodé lorsqu'on le regarde à la lumière d'une conscience humanisée. Son

appellation se noie dans tout un ensemble de concepts, parfois obscurs même pour les plus

initiés d'entre-nous. Alors que nous vivons quasiment tous à ses dépens, qui sait vraiment ce

que le concept de capitalisme renferme ? Quel est l'aspect dominant qui le fonde et le

caractérise ? Comment le définir dans son expression la plus éclairante et la plus synthétique ?

La critique du capitalisme a déjà noirci suffisamment de papier pour que mon ambition soit ici

de la dépasser et de présenter un système qui lui serait en tous points supérieur.

Notre histoire en est route vers un troisième millénaire et ce vieux rafiot a déjà fait bien du

chemin, sans doute pourrions-nous grâce à un effort d'imagination créative nous offrir une

1 - Manifeste d'économistes atterrés, 2010, EDITIONS LES LIENS QUI LIBERENT, p 8 et 10.

2 - HESSEL Stéphane, 2010 - Indignez-vous ! INDIGENE EDITIONS.

3 - Les métaphores ne sont pas des figures de style ou une tentative de rendre un discours poétique, elles nous aident à mieux

comprendre la réalité. « Certaines recherches en neuroscience, en psychologie cognitive et en linguistique montrent que les

métaphores ne sont pas seulement des mots ou des images pouvant aider à décrire un concept qui existe déjà dans les esprits. Au

contraire, le lien métaphorique est le moyen par lequel le cerveau humain parvient à comprendre ce qui est abstrait. (...) Elles sont

comme un sens supplémentaire, au même titre que la vue ou l'ouïe, et une grande part de ce que nous considérons comme

appartenant à la réalité ne peut être perçue et expérimentée qu'à travers elles. (...) L'expansivité de nos métaphores définit l'expansivité de notre réalité. » - PRIMACK Joël, ABRAMS Nancy, 2008 - Destin cosmique. ROBERT LAFFONT, p. 259.

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arche afin de poursuivre notre voyage ? La condition première serait de visualiser le plan

architectural de ce qui pourrait la constituer : tant que l'on ne voit pas ce qu'il peut y avoir

pour succéder à l'existant, il nous est impossible de nous extraire de cette réalité. Le hasard

n'est certainement pas à lui seul le producteur de notre monde et sans une cause déterminée

rien de conscient ne se crée. En face d'un vide IMOTHEP ne pouvait que visualiser

mentalement un processus de construction ; les pyramides sont bien des constructions

originales sensées, œuvres d'un créateur, et non le fruit d'un entassement pierreux aléatoire.

Nos tacticiens politiques qui ont en charge de gouverner et de maintenir le bateau à flots se

contentent de se disputer au jour le jour le propos sur la meilleure façon d'écoper. Car il faut

écoper de plus en plus vite et de plus en plus fort. De fait, cette tactique exclut la stratégie du

temps long de la réflexion car écoper demande de la méthode et l'élaboration du choix de

celle-ci occupe une grande part de la mobilisation de tous les acteurs. Aucune idée d'une

certaine profondeur ne peut émerger d’une idéologie contraignant à l'urgence de l'action4.

Dans cette optique, le constat que le navire se perce de toute part n'inspire logiquement pas

mieux comme solution que de reboucher les brèches pour tenter de sauver quelques occupants

de la noyade alors qu'il restera toujours des sacrifiés en nombre.

Comment ce vieux rafiot qui pique du nez ne finirait-il pas par se retrouver mécaniquement au

fond de l'eau ? Fissuré et dans cette position instable, il semblerait que ce ne soit qu'une

question de temps. Si les conditions de navigation - sur lesquelles nous avons une influence

sans jamais en avoir la maîtrise - sont favorables, que les gouvernants en arrivent à utiliser

des tactiques pour écoper convenablement et qu’ils parviennent à réparer les brèches au fur et

à mesure de leur apparition, ce bateau peut encore nous faire faire un tout petit bout de

chemin. Si la tempête arrive, nous irons manifestement plus vite au fond de l'eau.

Dit autrement : nous continuons de rapiécer nos haillons au lieu de changer de vêtements.

La construction d'une arche de Noé pourrait constituer une solution : un édifice économique et

social rebâti à neuf avec des matériaux au design contemporain. Un basculement vers de

meilleures opportunités, au fur et à mesure de la conscientisation de chacun, une fois un

nouveau projet établi. Ce sont nos capacités créatrices qui seules peuvent nous permettre de

concevoir une nouvelle embarcation5. Reste à théoriser le cadre conceptuel de l'édifice et à

attendre patiemment que l'idée fasse son chemin. Comme le recensait le physicien Albert

ENSTEIN : « Les nouvelles théories ne s'imposent pas parce qu'elles réussissent à convaincre

les savants, mais parce que ceux qui défendent les anciennes théories finissent par mourir. »

Respectant le choix des résistants conservateurs de mourir engloutis avec leur vieux bateau, il

faut espérer que les tenants de l'ordre établi laissent une porte ouverte aux pionniers pour

construire une embarcation nouvelle. Nous pourrions alors créer une passerelle qui se déploie

du navire vers l'arche presque inconsciemment car la plupart d'entre-nous suivent un

mouvement sans se poser de question.

Eliminer la souffrance de certains face à une économie qui peine à adopter le bon braquet pour

évoluer dans l'aisance reste un point noir à supprimer ; chacun pourrait avoir le choix entre

l'ancien ou le nouveau modèle amenés à fonctionner en parallèle et en compétition. L'espace

de l'arche est immense, tout le monde pourrait y avoir sa place et il n'y aurait plus de laissés

pour compte. Notre intérêt serait de commencer à construire le nouvel édifice dès à présent

mais c'est peut-être là un pas encore aléatoire à franchir.

Un tel saut progressiste dans un délai raisonnable est-il utopique ? L'économiste David LANDES

[1998] lançait ces paroles si déterminantes : « Dans ce monde, les optimistes gagnent, non

pas qu'ils aient toujours raison, mais parce qu'ils sont positifs. Même lorsqu'ils ont tort, ils sont

positifs et telle est la voie de la réussite, de l'amélioration et du succès. Un optimisme lucide

paie ; le pessimisme peut seulement offrir la vaine consolation d'avoir raison. »

4 - FINCHELSTEIN Gilles, 2011 - La dictature de l'urgence. FAYARD.

5 - Le nouveau monde se construit toujours à partir des cépages (idées) de l'ancien monde amenés à fructifier (se futuriser).

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Préalable

« C'est fou ce qu'il faut de temps pour réussir à comprendre les choses qui, ensuite, paraissent

les plus simples. L'esprit humain est ainsi fait qu'il a du mal à remettre en question ce qu'on lui

a appris. Analyser, défaire, casser en quelque sorte cette belle construction ne peut se faire

qu'au prix d'un grand effort, et cela est douloureux. Il faut beaucoup de temps pour détruire et

plus de temps encore pour reconstruire. » C'est ainsi que feu le professeur Gilbert CHAUVET6,

mathématicien, physicien et médecin modélisateur du vivant, avait dû prendre conscience du

long chemin nécessaire rien que pour se trouver dans les dispositions mentales qui permettent

de pouvoir tout remettre à plat, de savoir penser à neuf, indispensables point de départ pour

être en mesure d'établir une avancée significative dans un domaine quelconque.

Cela dit, noyés dans notre quotidien, il est encore très difficile aujourd'hui pour beaucoup

d'entre-nous de s'apercevoir que le phénomène humain est un phénomène complexe et qu'il

nous revient de replacer l'économie à l'intérieur de ce contexte phénoménal. Si le mot

solidarité est devenu à la mode, où commence et où s'arrête notre solidarité ? Restaurer la

solidarité entre tous les phénomènes de l'Univers, nous amène à faire la promotion d'une

pensée complexe. Faisons le pari que la voie tracée par Edgar MORIN apportera un surcroît de

pertinence à l'analyse du contexte et qu'avec un supplément d'imagination nous pourrions y

dénicher un fil d'Ariane.

Pour assurer leur finalité, c’est à dire la production et la reproduction de leur existence, les

êtres vivants consomment directement un peu de nature qu’ils assimilent en mettant en œuvre

une alchimie interne : photosynthèse ou respiration-digestion. L’exception humaine tient au

fait que la consommation des hommes est devenue de moins en moins directe et ne se limite

plus, depuis très longtemps, à la seule satisfaction de ses besoins biologiques. Sa capacité à

transformer la nature, sans cesse plus performante, conduit l’homme à élaborer de plus en

plus ce qu’il consomme en vue de satisfaire à des besoins dont son imagination créatrice

développe sans limite le champ. Ses capacités organisationnelles l’ont d’ailleurs conduit à

parcelliser les tâches et à spécialiser les individus qui ne sont plus en mesure de produire eux-

mêmes la majeure partie de ce qu’ils consomment, ce qui conditionne leur survie à leur

appartenance à un groupe social de plus en plus élargi.

L’économie peut alors se définir comme l’ensemble des process de transformation de la nature

par l’homme, agissant dans le cadre de rapports sociaux institutionnalisés, en vue de la

satisfaction de besoins en constant développement.

Ainsi, la recette de l’économie met en jeu un certain nombre d’ingrédients déterminant,

ensemble, les conditions et moyens d’exercice de l’activité économique, à savoir :

- les besoins en attente d’être satisfaits,

- la nature à transformer (matières premières),

- les moyens intellectuels de transformation (savoirs philosophiques, scientifiques,

technologiques, organisationnels),

- les moyens physiques de transformation (espaces, matériels, outillages),

- les agents de transformation (Hommes),

- les institutions définissant les rapports entre les Hommes (propriété, argent, droit, etc.).

Lorsqu’ils relèvent d’institutions humaines, traditionnelles ou délibérément établies à un

moment donné, ces conditions et moyens d’exercice constituent des paramètres de système

qui définissent, parmi d’autres possibles, les règles d’un système économique particulier.

Lorsque, au contraire, ces conditions et moyens d’exercice, résultant ou non de l’action des

Hommes, s’imposent à eux, ils constituent des paramètres d’état qui mesurent des quantités

(pénurie, suffisance, pléthore) d’objets économiques sur lesquelles l’Homme a toujours une

influence sans en avoir jamais la maîtrise. Tous ces paramètres ne sont pas des données

premières et immuables, mais des méga-paramètres, structures englobantes conglomérant

verticalement différents niveaux imbriqués comprenant, chacun, beaucoup d’autres

6 - CHAUVET Gilbert, 2006 - Comprendre l'organisation du vivant et son évolution vers la conscience, VUIBERT, p. 60.

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paramètres en évolution constante. Ces paramètres secondaires peuvent d’ailleurs ne pas

appartenir exclusivement à une seule structure, mais avoir, transversalement, une multi-

appartenance. Ainsi, par exemple, l’état démographique n’est pas sans conséquences sur l’état

de la nature et sur l’état des besoins. Plus surprenant, certains paramètres peuvent avoir un

effet et son contraire. Il en va ainsi de l’état des savoirs qui n’est pas sans conséquences sur

l’état des besoins en concourant à la fois à leur satisfaction et à leur développement

(relativement au marché, c’est l’offre qui, à la fois, satisfait et suscite la demande). Les

interactions, bi-actions et rétroactions sont telles qu’elles induisent une complexité qui le plus

souvent dépasse notre rationalité limitée.

Il n'est pas possible ici, dans un si bref exposé, d'établir la juste démonstration qui

conviendrait. Cependant, au regard de ce qui précède, un petit tableau récapitulatif [Cf.

ANNEXES - TABLEAU 1, p. 19] pourrait suffire à initier la compréhension que, dorénavant, le

ressort de notre politique économique ne pourra retrouver une complète élasticité que par un

remodelage en profondeur de nos institutions.

Dit autrement, au regard par exemple de nos deux problématiques majeures que sont le

chômage et les déficits budgétaires, ce sont les caractéristiques institutionnelles de notre

régime économique qui fondent et développent ces dommages, si nous n'arrivons pas à en

venir à bout, c'est tout simplement parce que ce modèle exige une refonte cruciale qui appelle

à une visée originale créatrice.

Les élites sont socialement formées pour exercer des compétences réelles à l’intérieur du cadre

idéologique du système de dominance en place et en surmonter les crises. Elles sont par

contre culturellement empêchées d’assurer la transition vers un autre système lorsque les

contradictions du premier deviennent si fortes qu’elles induisent un besoin impératif de

changement. Le fait durablement avéré qu’une crise n’est pas surmontable par l’action des

élites est la preuve formelle qu’il ne s’agit pas d’une crise du système mais d’une crise de

système et que l’on se trouve confronté à une nécessité historique de changement. La solution

est toujours d'abord intellectuelle. Agir, nécessite un préalable : avoir une idée en tête, comme

l'on dit. Le problème tient plus d'une idée valable qui nous manque que de la résistance à ce

qu'une action efficace à mener pourrait offrir.

Croire que le chômage et les déficits se résorberont d'eux-mêmes en maintenant la politique

conservatrice d'un capitalisme, même accompagnée des actions les plus judicieuses, serait une

erreur que la longueur de temps tendra à prouver si une transformation adéquate n'emboite

pas le pas à ce régime. Après Trente années glorieuses, quarante années de tentatives à lutter

contre le chômage avec si peu de résultats probants devraient commencer à nous faire

réfléchir plus en profondeur. A cela s'ajoute un budget étatique désormais inflationniste

intenable à un tel niveau et dont la réduction ne fera qu'augmenter le chômage. Ce fait

catastrophique supplémentaire devrait accentuer l'incitation des plus sceptiques à bouger de

leur ligne. Percevoir la contradiction insurmontable du paradigme que nous avons construit

devient malgré tout une évidence pour beaucoup d'économistes. L’opposition réactionnaire des

élites au changement serait à la fois irrationnelle quant à sa justification et irresponsable quant

à ses conséquences. La sagesse dicte le choix du positionnement politique idéal : dans un

système qui fonctionne, il faut être conservateur ; partisan du progrès, dans un système qui se

décompose, il faut être progressiste ; partisan farouche d’un changement révolutionnaire.

Depuis que l'Homme développe ses capacités à transformer la nature, de grands régimes

économiques, pour ainsi dire, nous n'en avons connu que deux ! Le collectivisme, qui a duré

70 ans et qui s'est terminé en fiasco. Et le capitalisme, qui en se transformant est parvenu à se

maintenir durant cinq siècles, montrant néanmoins aujourd'hui de plus en plus ses limites

quant à pouvoir assurer notre mieux vivre tant individuel que collectif.

Le capitalisme, de toute évidence, doit avoir un fondement dominant qu'il convient d'identifier

et de travailler en vue de le transformer. Car ce régime a un défaut magistral. Il répartit de

façon inéquitable les richesses7 entre les Hommes. Et, parce que cette répartition depuis le

7 - Celles-ci sont, bien entendu, à prendre au sens large.

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départ est mal fondée, elle engendre nombre de nos soucis.

Préalablement, il me semble qu'il convient de préciser ce qu'est le système capitaliste, car le

capitalisme n'est, selon moi, qu'une particularité de ce premier.

Le système capitaliste est un régime économique fondé sur un échange de biens ou de

services, au moyen d'argent, qui s'effectue entre les Hommes dont les besoins en constante

évolution sont régulés par des marchés. Ce régime est aujourd’hui articulé autour d'un

appareil, l'Etat, ainsi que d'autres structures qui répondent à des besoins sociaux ou politiques.

Le capitalisme est l'appropriation par les uns8, à l'exclusion des autres, de la propriété des

moyens de production. En ce sens, le capitalisme est une particularité du système capitaliste.

Le point crucial semble bien être là, si l'on souhaite fonder une société, la question

fondamentale qu'il faut nous poser est : à qui et comment attribuer les moyens de

production ? Ce que Karl MARX avait de façon éminemment pertinente mis en avant.

A qui ? Pour délacer ce nœud gordien, il n'est dès lors pas difficile de concevoir qu’une

alternative au capitalisme reviendrait à inclure "les autres" que le système actuel exclut.

Autrement dit, à les intégrer à l'intérieur de cette propriété des moyens de production.

Dans l'espace mathématique des possibles, les grands régimes économiques ne sont pas

nombreux. La morphogénèse de ces régimes est contrainte à l'intérieur d'un espace

mathématique qui réduit les possibilités d'expression. Ils sont en fait au nombre de trois, et

peuvent donc se définir par rapport aux possibilités d'attribution des moyens de production :

- aucune propriété attribuée individuellement, autrement dit propriété collective des moyens

de production ; ce qui engendre en quelque sorte le collectivisme,

- une propriété attribuée individuellement à quelques-uns seulement, ce qui définit le

capitalisme ou les capitalismes (suivant le type de fragmentation de la distribution des moyens

et certaines circonstances historiques), mais gardant toujours comme principe fondamental

l'exclusion des autres ou l'inégalité vis à vis des autres à l'égard cette propriété,

- une propriété attribuée individuellement et égalitairement à tous les individus, ce qui pourrait

nous amener à l'expression "tous capitalistes". Dès lors qu'il n'y a plus d'exclusion, il n'y a plus

de capitalisme.

Un tableau met en parallèle les caractéristiques majeures des grands régimes économiques qui

permettent dans une économie développée un accroissement des richesses [Cf. ANNEXES -

TABLEAU 2, p. 19]. Si le capital régénérateur (l'argent, entendu comme l'un des facteurs) est

mal réparti, si les individus ont de petits revenus - quel que soit leur niveau culturel, la qualité

de leur formation et leur implication dans une fonction, les échanges ne peuvent pas prendre

une envolée et mécaniquement le travail trouve une limite quantitative.

Le tour de la question "à qui ?" pourrait être ainsi rapidement fait. C'est la question du

"comment ?" qui va demander un peu plus d'originalité et d'ingéniosité.

Le capitalisme repose donc à la base sur un principe d'inégalité par exclusion. Plus le système

issu de ce modèle va se développer, plus les inégalités prises au sens large, à grande et à

petite échelle vont croître. Lorsqu'il va se déployer (mondialisation), le rééquilibrage à grande

échelle (monté en puissance des pays émergents) fera apparaître la misère dans l'abondance

pour les pays les plus avancés (en France pour ne citer qu'un seul exemple, les responsables

des Restos du cœur s'inquiètent ouvertement de la proportion que prend leur utilité).

8 - Au moyen d'un capital et il faut ajouter que les dérives permises par le capitalisme ont fait de l'argent une marchandise.

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Une idée nouvelle, simple, transformatrice !

« On peut résister à l'invasion d'une armée mais

pas à celle d'une idée dont le temps est venu. »

Victor HUGO

Ces réflexions abouties m'amènent prioritairement à présenter l'élaboration d'un concept

modernisant notre esprit entrepreneurial, lequel s'assortit d'un processus d'amorçage, qu'il

conviendrait d'introduire dans notre système économique afin de le transformer de façon

approfondie. Cet implant me semble nécessaire afin que l'ensemble puisse générer un fluide

créateur qui à l'œuvre organiserait la déconstruction du chômage, fléau majeur de nos sociétés

contemporaines.

1) Notre modèle actuel de Société

A regarder les choses simplement

9, notre modèle de société se déploie sur la base de trois

pôles inter-articulés et dépendants les uns des autres. Un pôle étatique autour duquel gravitent

d'une part, divers organismes ne recherchant pas directement le profit financier (Recherches,

ONG, Fondations, Associations, Mutuelles, communautés religieuses, etc.) et, d'autre part, des

entreprises de production de biens ou de services, soumises par essence à une pression vers

l'obtention d'un profit. Ces dernières créent des richesses directement monnayables au sein

d'une économie de marché et qui servent indirectement en partie à financer les deux autres

pôles (Etat et divers organismes) ; celles-ci sont donc le moteur de notre société dans son

ensemble. Dès lors, lorsque le moteur se grippe, c'est tout l'édifice qui s'enraye.

Nul besoin de démontrer que le système a déraillé d'une voie positivement socialisante, les

médias s'en chargent quotidiennement. Au regard d'un confort collectif idéalement réparti,

notre structure économique et sociale en évoluant se désagrège plus qu'elle génère d'équité

pour l'ensemble et donc elle déçoit. Au nom d'un humanisme économique, une transformation

vertueuse devrait représenter l'ambition d'une visée et devenir un objectif à atteindre.

Nous sommes aujourd'hui confrontés d'un côté à la présence d'un ETAT-PROVIDENCE qui

semble avoir pris le défaut de vouloir se mêler de tout et de l'autre à des structures

entrepreneuriales qui n'ont pas été revues dans leur fondement10

quasiment depuis

l'émergence de leur création. Ainsi, mêmes récentes, nos EURL, SARL, SA, SCOP, SNC, SEM,

holdings, etc. représentent désormais pour moi, face au concept que je propose, l'ancien mode

entrepreneurial. En effet, toutes ces structures comportent plusieurs défauts d'importance qui

sont lourdement préjudiciables tant pour rendre leur développement individuel pérenne qu'en

vue d'un soutènement économique collectif fiable et par voie de conséquence, celles-ci peinant,

pour l'ensemble de notre édifice social.

2) Le modèle de société qui conduit à un plein emploi durable

Celui-ci peut se regarder aussi simplement que le précédent, mais il se structure différemment.

A la place d'un ETAT-PROVIDENCE, je propose un ETAT REGALIEN-CAUTION qui s'accorde,

dans un même temps, inextricablement avec la transformation progressive des entreprises

classiques en S.A.R.S. - Société A Responsabilité Sociale - au concept entrepreneurial moderne.

Ce nouveau modèle se charge de corriger simultanément les propensions omniprésentes de

l'Etat d'avec les faiblesses intrinsèques des entreprises classiques. En effet, dans la plupart des

cas, celles-ci manquent cruellement de fonds propres, leurs dirigeants n'ont pour ainsi dire

jamais à la fois le profil et la formation qui correspondent à ce qu'une fonction réfléchie du

9 - Il y a toujours une façon simple et une façon complexe de regarder chaque chose, tout dépend de l'angle ou des angles sous

le(s)quel(s) nous la regardons individuellement ou conjointement prise dans son ensemble. 10

- Avec d'un côté le(s) détenant(s) du Capital - propriétaire(s) de l'outil de production - qui tente(nt), suivant les problématiques

posées par les époques considérées, d'utiliser à leur meilleur profit une force de travail plus ou moins coopérative.

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métier exigerait. Mais surtout dans leur fondement : Capital et Travail classiquement

s'opposent11

, le Capital dernièrement n'ayant parfois même plus de visage.

Le concept de S.A.R.S. repose sur un trépied :

1. Des employés tous propriétaires (actionnaires) égalitaires de leur outil de travail, 2. un dirigeant-responsable idéalement issu d'une école spécifique, formé pour agir dans le

cadre d'une nouvelle philosophie de management et choisi à tout le moins par un collège

concerné, 3. des fonds propres en suffisance et logiquement constitués.

Ce concept entrepreneurial de S.A.R.S. s'articule avec celui d'un Etat Régalien-Caution qui

émerge d'une dialectique d'ensemble trouvant une unité logique.

Un tableau permet de présenter succinctement quelques-unes des possibilités

entrepreneuriales du point de vue de l'appartenance du capital au regard d'une force de travail

en charge de produire des entités marchandables [Cf. ANNEXES, - TABLEAU 3, p. 20].

1. Ce nouveau cadre institutionnel met fin à un ancestral conflit entre les propriétaires de

l'outil de production et les forces de travail. La nature de ce conflit induit une force

extrêmement démobilisatrice pour tendre vers un résultat (le profit financier) qui, de fait,

n'intéresse que les propriétaires. Ce schisme entre Capital et Travail met ainsi en porte à faux

la nécessaire symbiose pour l'obtention du résultat qui seul devrait nous objectiver : le

meilleur qui soit. Ce nouveau cadre ne dissout pas les éventuelles oppositions d'intérêts entre

les hommes qui sont d'ailleurs l'indispensable force motrice des évolutions, mais les déplacent

dans un contexte progressiste alors qu'elles sont empêtrées dans un contexte stérile nous

conduisant un siècle et demi après les prédictions de Karl MARX vers une déroute sociale qui

se précise de plus en plus. Un contexte global plus fécond mérite amplement réflexion dans

notre crise sans limite.

Si la fusion entre Capital et Travail peut s'avérer très féconde, celle-ci est loin d'être suffisante

pour adapter nos entreprises aux exigences d'un contexte contemporain complexe d'où il est

difficile pour beaucoup d'entre-nous d'évoluer de manière satisfaisante par rapport à des

attentes légitimes d'un XXIème siècle. Percevoir à la fois un salaire plus une part significative

du résultat aléatoire de son entreprise est la seule façon d'augmenter progressivement les

revenus des individus en vue d'accroître de façon généralisée la solvabilité de la demande

globale et ainsi augmenter la fluidité des échanges économiques.

Par ailleurs, comment ne pas concevoir que ces structures modernes devraient plutôt être

dirigées par des responsables spécifiquement formés pour ce métier ? Diriger peut paraître si

intuitif mais ô combien délicat dans sa particularité. Nous pouvons structurellement éviter de

laisser le pouvoir du capital ou la puissance d'un pouvoir à l'œuvre ! [Cf. ANNEXES, - TABLEAU

3, structure type 4, p. 20]

2. Bizarrement si tous les métiers se sont orientés vers la recherche d'une formation de plus

en plus dense et spécialisée, sanctionnée par un diplôme ouvrant droit à son exercice, le

métier de chef d'entreprise - pourtant stratégiquement crucial - ne fait pas l'objet d'une

formation de poids adaptée à ce que cette fonction exige aujourd'hui comme niveau de

compétences. Il est difficile de nier qu'aucun diplôme n'est en réalité exigé pour diriger une

entreprise, même si ce n'est pas toujours le cas dans la pratique. Devient-on aujourd'hui

chirurgien, pilote de chasse, avocat, chercheur ou mille autres métiers encore, exigeant la

détention de « savoir-faire » particuliers, sans une solide formation adéquate ? Nos entreprises

sont confrontées à tant difficultés qu'il ne serait aujourd'hui pas raisonnable de s'abstenir de

s'interroger sur la pertinence de concevoir une formation spécifique de cette fonction qui

prendrait, de plus, tout son sens dans un cadre institutionnel modernisé. Le mythe du dirigeant

self made man, est dépassé, celui-ci faisant de nos jours de plus en plus exception. Il n’est pas

juste de croire que l'on puisse aujourd'hui diriger l'organisation d'une structure

11

- Alors que par nature ils se confondent au sein de la S.A.R.S..

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entrepreneuriale avec grandeur uniquement à l'aide de quelques qualités personnelles

prononcées. Une solide formation anthropologique, scientifique et philosophique autant que

managériale et économique semble comme toute indiquée. Il est impossible de changer

brutalement toute une société. Mais une telle formation pourrait dispenser une culture

contemporaine pertinente12, et dans un contexte urgemment écologique, à tout du moins une

frange de la population influente qui serait à même par déclinaison de faire bouger les

mentalités de façon éducatrice. Par là nous pourrions engrammer au sein de la société

davantage d'individus moteurs orientés dans une direction bienfaisante, en attendant que la

lourde machine de l'Education Nationale parvienne à réaliser sa mutation vers un système bien

plus efficace pour rendre l'ensemble des humains aisément adaptables à l'accélération de

l'évolution de nos métiers autant qu'à leur remplacement. De plus, une Fédération regroupant

les dirigeants de S.A.R.S. pourrait constituer un terreau culturel vivifiant destiné à enrichir et à

maintenir une adaptabilité vers le haut niveau de performance que la fonction exige.

3. Pour être bref et proposer une image simple, une entreprise sans moyens financiers est un

peu comme une voiture sans énergie motrice, elle ne peut couvrir du terrain ; même la plus

belle des Ferrari ne risque pas d'aller bien loin avec un réservoir dans le rouge. Si nos voitures

ont besoin de carburant pour se motoriser, nos entreprises ont besoin de fonds propres pour

fonctionner et se développer. Partir avec quelques gouttes dans le réservoir et espérer

atteindre la prochaine pompe avant la panne sèche n'est pas le meilleur moyen pour aller loin.

Il faut des fonds pour entreprendre et il me semble logique que le capital social d'une

entreprise devrait être proportionnel à son nombre d'employés. On pourrait aujourd'hui

proposer, par exemple, un capital de 15000 euros par employé. Ainsi, une entreprise

unipersonnelle aurait un capital social de 15000 euros, une entreprise bi-personnelle aurait un

capital social de 30000 euros, une entreprise tri-personnelle aurait un capital social de 45000

euros, une entreprise de 10 associés aurait un capital social de 150000 euros, etc. Nous

savons pertinemment que le manque de fonds propres de nos entreprises est un bât qui blesse,

mais aussi qui tue13. Ainsi constituées, des entreprises de toutes tailles indépendantes du

système boursier pourraient naître, se développer et se transmettre plus aisément. En

déconnectant peu à peu toutes les structures entrepreneuriales du système boursier, nous

nous détacherons progressivement de cette économie virtuelle fondée sur des spéculations

menées par quelques financiers peu scrupuleux et dépourvus d'éthique sociale.

Comment financer les fonds propres nécessaires au bon développement de ces S.A.R.S. en

perspectives et, par voie de conséquence, engendrer le renouveau complet d'un système

économique parvenu à bout de souffle ? Tout le monde, loin s'en faut, n'a pas toujours les

moyens ou le crédit nécessaire pour être en mesure de financer les avances primitives de ce

qu'il est individuellement ou collectivement indispensable de semer pour récolter. C'est là qu'un

processus devient nécessaire pour permettre à tout un chacun de financer parfois seul

(certaines activités s'y prêtent bien), mais le plus souvent avec d'autres professionnels aux

compétences complémentaires (certains projets l'exigent) en toute équité : propriété partagée

du fruit de l'effort collectif (le profit) et rémunération salariale fonction de capacités et

d'implications personnelles propres à chacun d'entre-nous14.

La caution de l'Etat semble être le moyen le plus subtil pour fournir un effet levier, et sans

doute le moins coûteux qui soit, pour construire un nouveau régime économique que l'on

pourrait visualiser aisément grâce à l'expression succincte : TOUS CAPITALISTES (cf. tableau

synoptique annexé p. 19) et en passe de remplacer le capitalisme15. Chaque citoyen devrait

être en droit de pouvoir obtenir un prêt bancaire cautionné par l’Etat et uniquement réservé à

la constitution d'un capital social entrepreneurial. En effet, cette garantie pourrait servir de

12

- L'esprit général pourrait, en outre, se fonder sur la base d'un travail collectif effectué à la demande de l'UNESCO et synthétisé

dans MORIN Edgar, 2000 - Les sept savoirs nécessaires à l'éducation du futur. LE SEUIL. 13

- La Centrale des Bilans, tenue à jour par la Banque de France, fait ressortir ce constat depuis bien longtemps. 14

- Nous nous prétendons être tous égaux en droit (Droits de l'homme et du citoyen) et nous sommes en fait tous différents (la nature

nous produit ainsi dotés de capacités uniques propres à chacun d'entre-nous). Tant sur un plan global (le système économique tout

entier) qu'au niveau d'une cellule de base (entreprise/organisation), il conviendrait de tenir compte de la contrainte naturelle (tous

différents) et de notre choix politique (tous égaux). 15

- Le capitalisme, dans son fondement dominant, pourrait se caractériser par l'appropriation des moyens de production par les uns à

l'exclusion des autres. Ainsi lorsque tous les individus d'une société, assujettis à une production marchande, sont capitalistes (autrement dit propriétaires égalitaires de leur outil de travail d'où, l'idée du "tous capitalistes"), il n'y a plus de capitalisme.

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processus pour la mise en place des emprunts nécessaires à la constitution de fonds propres

des S.A.R.S. et amorcer ainsi la combinaison d'une relance à la fois portée sur les

investissements et sur la consommation tout en transformant la nature intrinsèque du travail.

Les S.A.R.S. investissent, leurs salariés consomment. Au sein d'un tel système (divers

organismes et S.A.R.S.), un Etat Régalien suffit. Bien entendu, nos besoins sont loin de n'être

que matériels, propulsé par un financement en boucle, le monde associatif16, indispensable à

une assise complémentaire de nos sociétés contemporaines mais insuffisant à lui seul,

permettra le juste maintien de l'ensemble dans un équilibre dynamique où chacun ne pourrait

que trouver un emploi.

Vraisemblablement, à terme, d'ici une génération17 (ou deux peut-être), lorsque ces conditions

auront permis de remettre le Travail complètement debout, l'assistanat devrait pouvoir prendre

fin. Chacun étant évidemment libre de travailler ou de ne pas travailler, mais Travail égal

revenu, pas de Travail pas de revenu. Il vaut mieux remplacer l'allocation d'assistance au

chômage par l'octroi de vrais moyens qui alimentent un bon système pour entreprendre dans

la vie, plutôt que de collectionner des millions d'inactifs qui souvent involontairement ne

parviennent pas à s'employer. Allouer un revenu d'existence, comme le propose certains, ne

reviendrait qu'à assujettir et à déshumaniser une classe de concitoyens mais surtout quid du

sens de leur existence au sein de la société ? Le travail libère ! Il élève l'Homme, renforce la

socialisation, enfin c'est la conclusion générale raisonnablement établie sur une longue période

par nos sociologues du travail.

Pour respecter l'esprit libéral et parfaire les thèses des économistes évolutionnistes, les

S.A.R.S. seront, tout naturellement, en concurrence avec les entreprises classiques. Comme

les espèces dans la nature, les entreprises les mieux adaptées aux conditions du moment

prendront le dessus pour perdurer, se renforcer et construire un nouvel ordre économique. Le

diptyque compétition-coopération pourrait donner naissance à un jeu subtil jusqu'à

transformer nos entreprises existantes sous cette forme autant qu'à en créer de nouvelles et

faire ainsi objection aux délocalisations.

Une certaine synchronicité dans les actions à mettre en œuvre coule de source quant à

l'espérance d'obtention d'un résultat probant. Dans un résumé tout est loin de pouvoir se

démontrer, mais pour une synthèse tout est dit la suite pouvant se déduire avec un peu

d'imagination. Nous pourrions ainsi très simplement, et du reste avec un système facile à

mettre en œuvre, venir à bout de deux problèmes socio-économiques majeurs qui finalement

concernent au moins toute l'Europe sinon le monde, c'est à dire d'une part mettre fin

définitivement au chômage et d'autre part en terminer avec les déficits budgétaires abyssaux.

En France, après cinq siècles de pensée illuminés initialement par DESCARTES et PASCAL, s'est

instauré au fil du temps un esprit français qui se caractérise par un engagement envers de

grandes causes, un goût prononcé pour les concepts, un attrait pour les idées, un esprit rebelle,

une volonté de dépassement intellectuel, une culture du débat qui, réunis, fondent le socle du

bien connu génie français. Ainsi, il apparaît logique que la France devienne le moteur d'un

ambitieux projet qui ouvrirait à la planète une voie universelle vers un monde où les humains

conscients de leurs responsabilités pourraient, en harmonie avec les processus de la Nature,

co-construire collectivement leur propre univers, reflet de leur singularité.

Comme nous le fait comprendre l'auto-organisation des systèmes et la théorie du chaos,

d'infimes modifications dans les conditions initiales des systèmes naturels, tout comme de

toutes petites modifications dans nos fondements institutionnels, peuvent engendrer en finalité

des changements phénoménaux sur un long terme. Il me semble que c'est ce que nous

sommes en droit d'imaginer au sein de nos systèmes sociaux si, à partir de la tension créatrice

d'un modèle visionnaire, concept et processus se mettent en marche.

16

- Nous pourrions même réfléchir à l'intérêt de capitaliser socialement certaines associations. 17

- Conventionnellement les sociologues s'accordent à prendre pour durée 33 ans pour une génération.

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11

Logique et vérité, capitalisme, plein emploi, entrepreneuriat, économie, vortex sociétal !

« Le XXIème

siècle révélera sans doute des aspects plus merveilleux encore

que ce que nous a offert le XXème siècle. Mais pour que cela se réalise,

nous aurons besoin de nous laisser porter par des idées

fondamentalement nouvelles, dans des directions différentes de celles des

recherches actuelles. Peut-être n'avons- nous vraiment besoin que d'un

subtil changement de point de vue - d'un petit quelque chose qui aurait

échappé aux yeux de tous... » Sir Roger PENROSE

Logique et vérité, point de vue philosophique

Trouver la bonne voie ne se fait qu'à tâtons. Aussi, chercher à s'écarter de l'erreur pour

s'élever vers une vérité est sans doute l'un des mobiles les plus délicats qui soit.

Mon discours a déjà pris une certaine forme et, sans doute pour avoir un certain aplomb, s'est-

il laissé animer par un principe générateur : travailler à bien penser pour un meilleur agir !

Cette force motrice nécessite une quête incessante pour une intelligence sans frontière

synthétisant autant nos connaissances les plus récentes que celles du lointain passé. Voir plus

large, c'est voir mieux et par conséquent observer une réalité de meilleure qualité ce qui

apportera, de fait, plus de pertinence à nos raisonnements futurs une fois que cette réalité

augmentée aura pu être synthétisée.

Sur le plan économique, et à un moment donné, dans l'idéal ou dans l'absolu, par hasard ou

par déterminisme, il existe a fortiori un système d'organisation entre les Hommes - pour

produire et répartir des richesses - qui est plus performant comparativement aux autres,

existant ou en puissance d'exister.

Construire une perspective future cohérente exige à la base de différencier conjecture et savoir,

de distinguer clairement hypothèse de ce qui est solidement établi.

Nous avions cru que la Terre était plate. Nous nous sommes trompés, elle est ronde !

Nous avions cru que les individus dont la peau était noire n'étaient pas des Hommes. Nous

nous sommes trompés.

Nous avions cru que notre intelligence se mesurait à la grosseur de notre crâne18. Nous nous

sommes trompés.

Pour en venir précisément à ce qui nous occupe, François MITTERAND aussi s'est trompé

lorsqu'il avançait de façon si défaitiste en 1993 : « En matière de lutte contre le chômage, tout

a été essayé et tout a échoué.». En matière de lutte contre le chômage tout n'a pas été essayé

comme je tente de le prouver en élaborant un projet réaliste qui s'inscrit à l'intérieur d'une

visée qui percute de plein fouet la croyance dominante.

A tout bien peser d'une synthèse économique et anthropologique ; le capitalisme est quelque

chose qui sonne de plus en plus faux : trop d'inégalités matérielles, pas d'égalité politique,

dictature du capital, exécutoire dominé par une autorité... Mis en face de notre épistémè, il est

devenu un système qui n'est plus logique, quelque chose qui n'est plus vrai. Ce qui n'est plus

vrai finit par ne plus avoir de valeur pour l'avenir. Si personne n'est encore parvenu à visualiser

concrètement son dépassement, chacun de nous ressent que nous vivons l'aboutissement

d'une ère économique et que cet évènement appelle à "un nouveau système logique".

Malheureusement les grands penseurs d'antan ont été remplacés par des chercheurs patentés

qui sont devenus de plus en plus spécialisés dans des domaines de plus en plus restreints.

Lorsque l'on regarde à la loupe, certes on peut scruter les moindres détails mais, on est coupé

d'une réalité qui pourrait apporter une nouvelle cohérence globale à un ensemble.

18

- La crâniométrie. Cf. JAY GOULD Stephen, 2009 - La Mal-Mesure de l'homme. Odile JACOB.

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12

Ce n'est qu'en expérimentant des hypothèses que des vérités peuvent se construire.

Cependant, il n'est pas possible d'expérimenter sans idée préconçue et comme le dit Henri

POINCARE : « Chacun porte en soi sa conception du monde dont-il ne peut se défaire si

aisément19. » Le concept entrepreneurial novateur que je propose, assorti de quelques actions

bien menées, devrait pouvoir trouver quelques mérites à être mis en chantier d'autant qu'il ne

nécessite pas d'importants moyens financiers mais découle d'une forme d'organisation

différente de nos moyens capitalistiques en relation avec une autre façon d'œuvrer avec autrui.

SPINOZA disait que l'on juge la vérité d'une idée à sa fécondité...

Capitalisme, stop ou encore ?

Pour situer mon discours dans l'air du temps, je me réfère à un évènement social, en

l'occurrence sur un récent forum : les ENTRETIENS DE ROYAUMONT - (cf.

www.entretiensroyaumont.org) - version du 5 et 6 décembre 2009 qui avaient pour thème

"Rêvons le capitalisme."

La possibilité d'une alternative à ce régime économique est-elle définitivement enterrée ?

L'introduction trancha vite le débat, le capitalisme s'est planétarisé et il n'existe pas

d'alternative crédible à ce modèle économique, nous dit-on d'emblée, alors "rêvons-le !"

Comme l'avait fait remarquer si justement Jacques ATTALI en intervenant, le capitalisme est

une réalité et on ne rêve pas de la réalité mais de ce qui n'est pas. Alors, si un rêve, un vrai,

doit nous illuminer, c'est bien de ce qui n'existe pas dont-il nous faut rêver, c'est à dire d'un

modèle pouvant lui succéder ! D'autant que Jacques ATTALI avait poursuivit en promulguant le

fait qu'il y avait eu un avant capitalisme et qu'il y aura un après capitalisme ! Esprit

entrepreneurial individualisé et altruisme pourraient être les prémisses incitatives d'un

changement.

Si le capitalisme a été le facteur d'une incontestable avancée pour la civilisation et la source

d'un développement sans équivalent, s'il a induit un dynamisme redoutable, créateur

d'innovation, de richesses et de prospérité, les murs de ce système montraient déjà il y a

quarante ans, en matière d'emploi, des fissures devenues depuis béantes. En grand visionnaire,

John Maynard KEYNES, disait déjà en parlant du capitalisme : « A la vérité ce système paraît

apte à rester pendant un temps considérable dans un état d’activité chroniquement inférieur à

la normale, sans qu’il y ait de tendance marquée à la reprise ou à l’effondrement complet. En

outre, il apparaît clairement que le plein emploi ou même une situation voisine du plein emploi

est rare autant qu’éphémère20. » Ici, quelques siècles de capitalisme pour trente années de

plein emploi lui donneraient raison.

Bien sûr, chacun peut comprendre que le reste du monde puisse rêver du capitalisme, mais la

forme qu'il a fini par prendre, celle qui nous touche, pourtant sans cesse plâtrée et replâtrée,

exige une refonte absolue. Certes le capitalisme reste le moins mauvais des systèmes, mais

seulement jusqu'à ce que nous en trouvions un meilleur. L'exception française, pour se

rappeler et s'affirmer, se doit de montrer l'exemple en proposant les contours du digne

successeur de ce modèle. Comment occulter toutes les forces de poussée qui, depuis la trêve

des Trente-glorieuses, ressurgissent avec virulence ?

Depuis l'année 2000, l'édifice forgé par le capitalisme fait de plus en plus trembler l'emploi, en

le précarisant et en l'appauvrissant. Fin 2008, l'édifice a fortement vacillé. Mais, solide, comme

l'avait prédit KEYNES, même à bout de souffle, il ne veut pas mourir et reprend encore, grâce

à quelques milliards que les Etats ont accordé aux banques, une bouffée d'oxygène. Peut-être

sa dernière ? Cédric DURAND semble ouvrir franchement l'ère du postcapitalisme21. Avec le

19

- POINCARE Henri, 2009 - La science et l'hypothèse. FLAMMARION, p. 159. 20

- KEYNES John Maynard, 1936, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, tr. fr. p. 266, in HISTOIRE DES PENSEES

ECONOMIQUES - LES FONDATEURS. SIREY (2e édition). p. 386. 21

- DURAND Cédric, 2010, Le capitalisme est-il indépassable ? EDITIONS TEXTUEL.

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"post" lancé officiellement, le "préparadigme22" est en genèse.

Evidemment tous nos maux ne proviennent pas du capitalisme, il convient de faire

scrupuleusement la part des choses entre le désarroi que génère effectivement ce système

avec ce qui n'est pas à mettre à son actif. Au sein de nos ressentiments tout est mélangé, une

analyse en profondeur s'impose pour agir là où il faut. En France, l'écrasement des revenus

tirés du travail et le retour de la pauvreté, qui lui incombe, bafouent et irritent insidieusement

nos valeurs éthiques montantes ainsi que notre solidarité bienveillante mais limitée. Le

capitalisme, c'est aussi le système qui fait de l'argent, à tort, une marchandise. Ainsi d'ailleurs,

que du travail, à tort, un marché étant entendu que la pertinence de l'analyse de Karl

POLANYI23

s'avère être un début de réflexion qui pourrait conduire à ces conclusions.

Comprendre le fondement des conditions initiales du capitalisme nous fait remonter à …

quelques millions d'années ! Au moment où la Nature a commencé à fabriquer la partie

reptilienne de notre cerveau, lui attribuant un fonctionnement dichotomique qui, au demeurant,

nous a conduit primitivement à nous laisser dominer par la pensée de DESCARTES au lieu de

pouvoir l'articuler avec celle de PASCAL24. Ce cartésianisme prépondérant qui nous impose de

distinguer une scission entre CAPITAL et TRAVAIL occulte ainsi qu'une alternative pourrait

exister à cette distinction : la fusion, que notre cortex cérébral, bien utilisé, permet de

visualiser. Ce qui sur un plan cognitif évolutif ne peut venir que plus tard. En effet, ce n'est que

depuis la promotion de la pensée complexe (années 70) que l'espoir de trouver des solutions à

certains types de problèmes peut voir le jour.

Changer les conditions initiales de notre système économique reviendrait donc à modifier la

codification de la répartition de la propriété des moyens de production. Il s'agit d'équilibrer dès

le départ de façon égalitaire cette propriété de moyens au lieu de placer un individu ou un

groupe en porte à faux à l'égard de celle-ci. Ce qui m'a amené, en synthétisant, à proposer un

nouveau concept entrepreneurial transformateur : la S.A.R.S. Issues au départ d'une

innovation organisationnelle, les S.A.R.S. en se multipliant conduisent inéluctablement vers

une innovation institutionnelle, tout comme l'innovation technologique suscite l'innovation

organisationnelle, telle est la boucle causale. Le mouvement de cette ligne de force fera que le

reste s'orientera tout seul grâce à une nouvelle logique qui émergera au fur et à mesure du

déploiement du futur système.

Ainsi, sans doute par excès d'optimisme, il y aurait fort à parier que ce concept particulier de

S.A.R.S. soit la dernière idée juste avant un grand bond vers un vortex sociétal.

Parmi toutes les définitions que chacun pourrait établir à propos du capitalisme, la plus

intéressante n'est-elle pas celle qui permet un ressort ? Celle qui offrirait un rebond sur un

horizon significatif ? Ainsi, lorsque j'écris que le capitalisme est l'appropriation des moyens de

production par les uns à l'exclusion des autres, c'est ça pour moi l'âme du capitalisme ! Aussi,

pour transformer cette âme et envisager ainsi la finitude complète du capitalisme, je ne vois

qu'une seule possibilité : un système d'échanges formé uniquement de S.A.R.S., un Etat-

Caution et divers organismes.

Ainsi, il me semble qu'en peu de mots et un effort pour assimiler les enjeux, on comprend très

vite comment tout pourrait basculer, quand bien même pour en arriver là, il aura fallu aller un

peu au delà d'un chemin déjà long de réflexions collectives. Car cet angle de vue est le seul qui

constitue une piste sérieuse pour abolir ce système et c'est dans cette voie qu'il nous faut

tenter une brèche si nous voulons un autre monde plus équitable quant à une répartition des

richesses.

22

- Tel que KUHN le reprécise dans sa post face de 1969. KUHN Thomas S., 2008 - La structure des révolutions scientifiques.

FLAMMARION. p. 243. 23

- POLANYI Karl, 2009 - La grande transformation. GALLIMARD. 24

- La conscience dualiste de DESCARTES met en avant la tendance à considérer le monde suivant une dichotomie : bien/mal,

vrai/faux, amour/haine, féminin/masculin, ..., capital/travail, laissant ainsi dans l'ombre la pensée plus orientale de PASCAL : relier et

conjoindre pour visualiser un Tout. Les deux modes de pensées ne font au départ que coexister l'un à côté de l'autre sans toutefois être intellectuellement intégrés en synthèse (pensée complexe).

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Le plein emploi reviendra-t-il ?

Nos démocraties occidentales de l'après-guerre avaient selon le rapport BEVERIDGE [1944]

l'objectif d'assurer « Le plein emploi dans une société libre ».

Dans notre démocratie les partis politiques existent pour représenter la diversité des opinions

publiques qui souhaitent s'exprimer. Ceux-ci sont tous d'accord au moins sur un point : celui

que chacun d'entre nous doit obtenir un travail. L'aspiration vers un plein emploi correspond

ainsi à une demande sociale amplement partagée et intégrée. Cependant l'objectif est passé

sous silence tant il apparaît impossible à atteindre.

La science peut-elle apporter une réponse à la problématique du plein emploi ?

Je prétends que oui mais, pour ne pas rendre la science arrogante, je tiens à préciser que,

comme le dit si justement l'économiste philosophe Ludwig VON MISES : « La science ne dit

jamais à l'homme comment il doit agir ; elle montre seulement comment un homme doit agir

s'il veut atteindre des objectifs déterminés.» Il ne s'agit donc pas d'imposer la dictature du

plein emploi, mais de montrer comment il est possible d'atteindre cet état, si un projet

politique venait à remettre sérieusement cet objectif en ligne de mire. Une théorie avançant

l'hypothèse que quelques actions bien menées pourraient nous reconduire économiquement

vers un plein emploi doit montrer qu’elle est celle d’une démarche scientifique. Car si

l'hypothèse est mise en œuvre et que l'expérience est ainsi tentée, menée, elle aura force de

validité ou de déchéance : le plein emploi sera ou ne sera pas atteint ! L'hypothèse en se

rendant ainsi réfutable adopte la valeur de spécificité scientifique comme l'avait entendu

POPPER 25 . Préalablement, il apparaît nécessaire de parfaire ce qu'il convient d'entendre

aujourd'hui par plein emploi26, puis il reste néanmoins à montrer que celui-ci est un cadre

honorable et confortable de développement qui convient à une humanité pacifique, solidaire et

diversifiée dans une unité. A qui réfléchit quelque peu, envisager la prospérité durable d'une

humanité au travail avec une fraction de celle-ci continuellement sans emploi poserait trop de

problèmes délicats ; il vaut mieux que tout le monde ait un emploi, c'est notre intérêt collectif.

Dans les années 70, le premier choc pétrolier avait déjà donné un coup de semonce et signait

par là même la fin des Trente glorieuses, nous faisant ainsi prendre conscience que certaines

ressources terrestres devenaient coûteuses à exploiter, épuisables, et peu écologiques quant à

leur utilisation.

A l'issue des années 80, le capitalisme avait rendu les débouchés classiques (c'est à dire la

vente de produits et de services) essoufflés. Le marché pour le "bon crédit" devenait ainsi

saturé. C'est alors que certains praticiens de la finance, les grands idéologues de l'économie

n'étant sans doute pas encore assez mûrs pour proposer une nouvelle envolée, se sont

aperçus qu'il y avait un marché énorme pour le "mauvais crédit" : les gens qui ne pourraient

pas rembourser leurs emprunts. Par inconscience collective sans doute, ce créneau d'une

financiarisation pernicieuse - complexifiée à souhait pour échapper à tout contrôle d'elle-même

sur elle-même - et mis en œuvre sans trop de considérations éthiques, en créant des milliers

d'emplois a donné une survie artificielle au système. Cette dérive qui n'est malheureusement

pas encore étouffée nous promet encore quelques souffrances, le ver étant encore dans le fruit.

L'année 2008 sonna ainsi le glas d'une erreur que le capitalisme permet27 : faire de l'argent sa

propre marchandise.

Ainsi, la débâcle financière éclatant, les chiffres du chômage repartent à n'en plus finir vers

une hausse désastreuse qui ébranle paradigme après paradigme. Rappelons que, le chômage

était déjà présent bien avant l'éclatement de la bulle financière et celle-ci n'a fait qu'accentuer

le problème, nous montrant une fois de plus que la dérive de nos constructions économiques

mal fondées nous coûte beaucoup plus cher encore en souffrance qu'en argent. Car à trop

25

- POPPER Karl, 2006 - Conjectures et réfutations : La croissance du savoir scientifique. PAYOT. 26

- Car, sans vouloir entrer ici dans les détails, précisons qu'il ne s'agit point de fabriquer des travailleurs pauvres, encore moins des

travailleurs en mal de vivre 27

- ce que ne permet pas le système "tous capitalistes".

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parler de la dérive financière, on oublie ce qui se voit gros comme le nez au milieu de la figure.

Quand bien même nous arriverions à convenablement assainir la finance mondiale, ce qui

serait certes déjà un gigantesque pas en avant alors que le mainstream semble en faire le

problème majeur, il semblerait à qui réfléchit un tant soit peu que chômage et déficits

budgétaires ne puissent se résoudre par la seule maîtrise de la finance. Arraisonner la finance

est une condition nécessaire mais pas suffisante.

Qui plus est, chacun sait bien que le développement des High Tech, des nanotechnologies via

la récente création des Pôles de Compétitivité n'absorbera qu'une mince frange de l'activité

humaine. Ces secteurs n'étant l'apanage que de quelques cerveaux qui ne représentent qu'une

faible fraction de la population. Les NTIC peuvent donner un coup de fouet à la diffusion de ces

techniques de pointe mais n'offriront que de maigres débouchés et toujours envers un public

spécialement qualifié. Nous avançons toujours dans la même voie, celle du développement

technologique, alors que nous savons que la spécialisation paralyse et l'hyperspécialisation tue.

Il en est de même pour la croissance verte qui certes offrira des débouchés nouveaux et sans

doute plus écologiques, mais ne solutionnera certainement pas en totalité le problème de

l'emploi. L'économie doit élargir au maximum son champ de recherche et de travail pour être

en mesure de pouvoir satisfaire toutes les compétences humaines. Seulement, le marasme de

l'emploi persiste et nombres d'individus perdurent dans l'abîme de la massification du chômage.

L'emploi est un problème mondial. Partout où les Hommes ont opté pour le Travail, c'est à dire

pour une activité socialement coordonnée rémunérée, le chômage existe. Avec les pays

émergents, le monde entier à l'air de vouloir se mettre au Travail. Au seul examen de trois

exemples modernes représentatifs de ce qui est en pointe, avec des options quelques peu

différentes, les Etats-Unis où une pauvreté gravissime pose problème, la France où une

fraction grandissante de sa population devient durablement assistée, la Suède où un quart de

sa jeunesse est sans emploi, nous pourrions faire le tour et étendre la revue malgré la

diversité des options retenues : aucun système ne peut servir de modèle, nulle part il y a plein

emploi. Tous les modèles ont été construits sur le même fondement : d'un côté le Travail, de

l'autre le Capital, et ceux-ci conduisent tous à l'échec en matière de plein emploi durable. Est-

ce assez pour penser qu'il nous faut un autre fondement à nos modèles pour espérer atteindre

cet objectif ? Cette règle fonctionne depuis plusieurs siècles et à grande échelle, elle est simple,

claire, admise par tout le monde mais mauvaise pour nous tous : elle nous prive d'un accès au

plein emploi (à y réfléchir sérieusement personne n'a intérêt à ce qu'il y ait du chômage).

Cependant, il est possible de concevoir une autre règle aussi simple, claire, valable à aussi

grande échelle et d'en récolter les multiples avantages en faisant fusionner Capital et Travail au

moyen de S.A.R.S..

Les questions sont faites pour générer des réponses. Ainsi, il advient le moment de pouvoir

répondre clairement à la question posée par l'intitulé de ma contribution. Voici le point de vue

que je souhaiterais consigner afin qu'il puisse être confronté aux faits du futur et servir aux

générations à venir : tant que nous conserverons le capitalisme comme cadre économique de

développement, le plein emploi ne reviendra pas ! Obtenir un plein emploi total et durable

requiert un autre régime économique.

Certes, les idées neuves font peur parce qu'elles déconcertent ! Sans doute n'est-il pas

nécessaire de parfaire davantage l'argumentation, le physicien Max PLANCK avait déjà

constaté la chose suivante : « Une vérité nouvelle en science n'arrive jamais à triompher en

convainquant ses adversaires et en les amenant à voir la lumière, mais plutôt parce que ses

adversaires meurent et qu'une nouvelle génération grandit, à qui cette vérité est familière. »

Entrepreneuriat, en avant toute !

Debout les entrepreneurs, l'imagination peut tout ! Est-ce les entrepreneurs qui changent le

monde28 » ? De Christophe COLOMB à Steeve JOB, l'audace ne se transmet pas mais elle se

cultive.

28

- Cf. 1er FESTIVAL DE L'ENTREPRENEURIAT, lancé par le CJD (Centre de Jeunes Dirigeants), la FONDATION ECOPHILOS et le

DREAMSHAKE, en juin 2010, thème pour "encourager les entrepreneurs qui changent le monde."

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L'entrepreneur est quelqu'un qui a su conserver le caractère ancestral et primitif d'Homo

Sapiens, il marche, c'est un conquérant ! Marcher, c'est tout simplement mettre un pied devant

l'autre et recommencer. Mais c'est aussi un déviant ! Il ne marche pas sur des traces, il

s'invente sans cesse des chemins nouveaux vers des territoires inconnus, il va plus loin,

toujours plus loin... La déviance se manifeste d'abord de l'intérieur et localement, dans un

milieu restreint à partir de quelques individus. « Si la déviance n'est pas écrasée alors elle peut

dans des conditions favorables, souvent formées par des crises, paralyser la régulation qui la

refrénait ou la réprimait, puis proliférer de façon épidémique, se développer, se propager et

devenir une tendance de plus en plus puissante produisant finalement la nouvelle normalité29.»

Ainsi, ces hommes et ces femmes sont les moteurs indispensables des évolutions et plus que

jamais l'avenir de la société dépend d'eux. Les pays de l'Est l'ont appris à leurs dépens : une

société sans entrepreneurs ne peut pas avancer. Le sol français fut et reste riche de grands

entrepreneurs (de LESSEPS, EIFFEL, DASSAULT, BOUYGUES, MULLIEZ, BETTANCOURT),

certains furent mêmes des penseurs de la société, Charles FOURIER avec ses phalanstères et

Jean-Baptiste GODIN avec son familistère en sont des exemples. Ces derniers ont tenté

quelque chose d'humaniste mais ça n'a pas marché. Il nous faut donc trouver autre chose pour

rendre notre petit bijou de planète, unique dans tout l'univers, plus confortable encore pour

chacun d'entre-nous. Les entrepreneurs, à l'image des scientifiques, forment une communauté

humble et discrète sachant faire preuve d'efficacité et toujours sans complainte, ils font

avancer notre monde. Nous devrions faire plus grand cas de l'avis vertueux de Xavier

FONTANET30, ex-dirigeant d'Essilor.

L'entrepreneur est quelqu'un qui introduit une idée dans l'économie, mais pourquoi pas aussi

un concept dans l'économie ? Les concepts sont des rouages qui motorisent nos performances

imaginatives et « Comprendre, sentir la portée d'une idée ou d'un concept, percevoir sa beauté,

découvrir la clé d'un raisonnement ou d'une découverte, cela vous déplace, vous transforme

subitement en quelqu'un d'autre31. » Une certaine imagination dynamique au service d'un

esprit analytique fera vite comprendre à quelques individus ambitieux et curieux les nombreux

atouts que le concept de S.A.R.S. pourrait représenter au sein de notre structure sociale.

De ce concept avec tout ce qui l'entoure, ne lui manque plus qu'une force mobilisable pour le

porter et l'introduire dans l'économie, ce qui est un travail d'entrepreneur. En effet, ces

"Robinson CRUSOE" des temps modernes, défricheurs pragmatiques hors-pairs qui savent

mieux que quiconque assurer leur survie grâce à leur pragmatisme et au maniement de l'ensemble de leurs connaissances issues de savoirs provenant de tous les domaines - habitus

que ne transmet pas la société par son éducation académique -, pourraient s'emparer de la

rénovation du monde.

Les individus, pour la plus part, s'engouffrent dans ce qui leur est proposé sans vraiment

réfléchir, c'est ainsi. Il en revient à ceux qui pensent de proposer des voies profitables et non

pas des impasses.

L'essor nettement visible des SCOP et l'envolée du récent statut de l'auto-entrepreneur

insufflent à la fois la poussée d'une volonté individuelle entrepreneuriale autant que celle d'une

solidarité collective et il serait bon de réunir ces deux ensembles disjoints en un tout cohérent,

ce que propose le concept de S.A.R.S.. Car à moins que nous ne retournions nous terrer au

fond des cavernes, il faudra, pour un bon moment encore, des entrepreneurs et des

entreprises.

Oser penser, oser dire, oser faire. Il faut oser ! L'expérience ne se transmet pas. Elle se

construit par sa propre histoire, même si l'histoire des autres peut y aider. Le savoir ne

s'impose pas. Il s'approprie ou il se réfute : si la connaissance passe toujours par

l'appropriation d'un savoir reconnu, le progrès passe parfois par la réfutation d'un savoir

encore défendu et pourtant dépassé.

29

- MORIN Edgar, 2000 - Les sept savoirs nécessaires à l'éducation du futur. LE SEUIL, p. 90. 30

- FONTANET Xavier, 2010 - Si on faisait confiance aux entrepreneurs. LES BELLES LETTRES. 31

- KLEIN Etienne, 2008 - Galilée et les Indiens. FLAMMARION, p. 48.

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Pour en arriver là, il aura fallu ainsi oser et pour clore, j'ose paraphraser ce qui conclue l'essai

de Jacques JULLIARD32 « Un entrepreneur démocratique ne saurait avoir pour seul programme

d'être compris encore moins d'être aimé. »

Economie, rien ne va plus !

Les économistes sont-ils des scientifiques à part sur la planète ?

A en croire René PASSET, lui-même économiste de renom, nous pourrions penser que oui. En

effet ce dernier fait publier dans Le Monde Diplomatique d'octobre 2010 un article où il écrit :

« A mesure que progresse la science, l'humanité déconstruit ses représentations d'hier pour en

élaborer d'autres, plus en harmonie avec l'état de ses connaissances. A chaque étape, un seul

domaine résiste au progrès des idées - et accumule de ce fait un retard considérable : celui de

l'économie, où les questions théoriques cèdent le pas aux enjeux de pouvoir. Notre époque ne

fait pas exception. »

Depuis deux siècles et demi que la science économique commence à s'établir de façon solide

dans notre structure sociale, il serait peut être temps que celle-ci réalise son premier grand

saut conceptuel. Autrement dit, pour reprendre la vision de KUHN qu'elle « change de

paradigme. »

En effet, toute la science économique a établi ses idées fondatrices sur la base d'une

répartition aléatoire des richesses entre les hommes qui, en émergeant naturellement, a

consolidé un régime économique devenu dominant que nous avons appelé le capitalisme. Le

concept de capitalisme n'est pas encore bien clair dans l'esprit de nos grands penseurs de

l'économie : tandis que les uns ne jurent que par le marché, les autres confondent capitalisme

et système capitaliste quand ce n'est pas force de travail avec salariat alors que d'autres

encore restent aveuglés par l'Economie Sociale et Solidaire. Ainsi, depuis l'origine de la pensée

économique et mis à part l'intermède du collectivisme vite replié, toute la réflexion se

développe à l'intérieur du cadre du capitalisme. Or celui-ci, dont on sait aujourd'hui combien il

nous pose problème, n'a jamais été remplacé par l'imaginaire des économistes.

Parce que notre répartition des richesses depuis le départ est mal fondée, elle engendre

nombre de nos soucis. Au fil des mouvements, le capitalisme a pris une force si incroyable

qu'elle le rend presque indestructible. Je dis presque, parce qu'il existe une façon de le détruire,

par l'intérieur, en fabriquant un implant : la S.A.R.S.. Et quand les S.A.R.S. qui par nature

répartissent plus équitablement la richesse à petite échelle, et qui sont plus compétitives parce

que dotées d'avantages concurrentiels imparables, se seront développées alors le dessein d'un

nouveau régime économique apparaîtra, et laissera émerger un nouveau paradigme, nouvelle

assise de base pour la future science économique. Un autre système qui répartira sur un long

terme tout autrement la richesse. Car au dessus de toutes les lois, il y a nos consciences et

nos intelligences grandissantes, inestimables cadeaux dont la Terre a divinement doté notre

espèce et qui nous invitent à organiser l'aléatoire. Dans la théorie, une telle remise en cause

du capitalisme suivie d'une proposition aussi complète pour le supplanter n'avait jamais été

réussie jusqu'à présent. Mais, dans notre monde tout est histoire de création.

La communauté des économistes, peu adepte de la pensée complexe, n'est peut-être pas

encore suffisamment consciente que c'est l'ensemble de ce modèle (le capitalisme) qui est la

cause d'une grande partie de notre désarroi. C'est bien, au fond, parce qu'il y a une crise

économique qu'il y a une crise sociale, indépendamment des autres problématiques qui sont

aussi à traiter simultanément. Parce que c'est le modèle, lui-même, qu'il nous faut retoucher si

l'on souhaite atteindre certains objectifs.

L'économie n'est pas la science de la réduction mais tout son contraire. Elle n'agit pas tel un

abrupte rasoir mais comme un phénomène génératif de structures qui s'auto-organisent en

32

- JULLIARD Jacques, 2007 - La reine du monde. FLAMMARION.

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s'associant de façon stabilisatrice tout en restant intégralement soumis au lent processus de la

sélection naturelle. Conceptuellement, cette production admet une bissectrice (il y a toujours

un juste milieu) qui devient une ligne de force, notre défi est de la repérer et de nous aligner

sur cette authenticité. L'économie est le cœur de la Nature, elle rend luminescente l'extrême

beauté de sa super-symétrie. Comprendre ça, c'est forcément voir le monde autrement, le

reste en découle. La science économique par conséquent n'a pas pour fonction de réduire nos

salaires et nos vies à la médiocrité, mais d'ouvrir à l'humanité toutes les voies pour et vers un

maximum de créativité parmi le champ illimité des possibles que la Nature nous permet.

Vortex sociétal, une spirale fédératrice vers l'émergence du meilleur !

Les limites relatives à la répartition structurante des richesses, imposées par le capitalisme,

montrent que notre espèce doit passer à un autre mode d'organisation sociale. Un monde sans

économie serait à l'heure actuelle une utopie, autant qu'un monde sans travail, de même qu'un

monde sans argent. Les choses changent toujours d'abord de l'intérieur et c'est à l'économie

de repenser ses concepts...

Un changement est déjà en route et se fera tout seul, lentement, très certainement dans la

douleur et sans certitude vers l'aboutissement d'une économie intelligente et plus équitable.

Nous pourrions toutefois souffrir moins longtemps et nous construire un cadre vital joyeux en

façonnant différemment notre cadre institutionnel de manière à l'adapter à nos besoins comme

nous le fîmes par le passé en façonnant nos outils. Nous pourrions ainsi accélérer le

mouvement, c'est à dire accomplir non pas notre nature puisqu'il nous est impossible de la

percevoir, mais notre propre. Notre propre étant, comme l'explique si bien Michel SERRES33,

cette « puissance de rabattre, à longueurs incomparables, le temps sur lui-même.» C'est sans

doute le chemin qu'il nous faut prendre pour nous hisser hors de la préhistoire de l'esprit

humain [MORIN, 1981]. N'en revient-il pas à la grandeur de la science économique d'ouvrir les

portes à l'humain vers son accomplissement ?

Les Hommes sont ce qu'ils sont parce qu'ils vivent dans un environnement physique et

institutionnel singuliers. Peut-être qu'en changeant leur environnement institutionnel en le

rendant structurellement plus solidaire et plus équitable, à petite puis peu à peu à grande

échelle, l'anthropologie et les sciences sociales pourraient constater le visage d'une humanité

qui rendrait chacun de nous un peu plus fier de l'œuvre accomplie.

En démocratie, il doit y avoir débat. Pour avoir montré, je crois, juste un peu d'ingéniosité au

regard des problématiques que j'ai considérées, j'ose me permettre de me retrancher derrière

les propos qu'Albert EINSTEIN aimait à lancer à ses contradicteurs : Qu'avez-vous à proposer ?

33

- PICQ Pascal, SERRES Michel, VINCENT Jean-Didier, 2003, Qu'est-ce que l'humain, LE POMMIER, p. 99-105.

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ANNEXES

Tab. 1 - TABLEAU DES INGREDIENTS DETERMINANTS L'ACTIVITE ECONOMIQUE

PARAMETRES D’ETAT PENURIE SUFFISANCE PLETHORE

Les besoins en attente d’être satisfaits +++++++++

La nature à transformer ++++++++

Les moyens intellectuels de transformation +++++++++

Les moyens physiques de transformation +++++++++

Les agents de transformation +++++++++

Tab. 2 - TABLEAU SYNOPTIQUE DES SYSTEMES DE DEVELOPPEMENT.

PARTICULARITES

CAPITALISME

COLLECTIVISME

TOUS CAPITALISTES

NAISSANCE

CRISE DE SYSTEME EFFONDREMENT

1550 1970

1920 1980 1990

Vision hypothétique

Outil de travail

A quelques individus

parmi un groupe

Etat

A tous les individus

parmi un groupe considéré

Force de travail

Exploitée au profit de

quelques individus

Exploitée au profit de la

collectivité

Pour soi et pour le groupe

Répartition des

richesses

Entre quelques individus

Faible

Répartition pondérée entre tous

les individus

Avantages

Importante motivation de quelques individus donc

développement des richesses

Pas d’exclus

Tous inclus

développement ponctué des richesses

Inconvénients

Inégalités de plus en plus

prononcées, résistance des exploités

Enorme bureaucratie, peu de

motivation à produire des richesses

Evolution

D’abord : fort développement fondé sur l’exploitation d’un grand nombre d’individus, puis maintien fondé sur l’exclusion de certains et l’exploitation de ceux qui

restent encore.

Faible développement, conduisant à la famine et à la

rupture du système

Prospérité incluant stabilité de l’emploi et pérennité du système

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Tab. 3 - DIFFERENTS GRANDS TYPES DE STRUCTURES EXISTANTES OU POSSIBLES

TYPE DE STRUCTURE

1

2

3

4

APPARTENANCE DU CAPITAL

OU PROPRIETAIRES DE L’OUTIL DE TRAVAIL

ACTIONNAIRES BOURSIERS

ETAT & PRIVES FONDS DE PENSION

HOLDING DIVERS

UNE GRANDE FAMILLE

UN PATRON

TOUS LES TRAVAILLEURS

DE L’ENTREPRISE

ET UNIQUEMENT LES

TRAVAILLEURS DE

L’ENTREPRISE A

EGALITE DE PARTS

FORCE DE TRAVAIL

EMPLOYES &

ASSOCIES

EMPLOYES

EMPLOYES

TOUS LES ASSOCIES ET RIEN

QUE LES ASSOCIES