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Le Magazine HEC Au Féminin n° 63
Les femmes dans le secteur culturel :
Carrière ou passion ?
Le Magazine est envoyé par courrier électronique à toutes les diplômées d’HEC Paris
(Grande Ecole, MBA, Executive MBA, Mastères et Docteurs), ainsi que les étudiantes du
campus, les présidents des Groupements professionnels, des Clubs et des Groupes de
régionaux et internationaux.
Nous vous invitons également à aller découvrir le blog Trajectoires HEC AU Féminin à
l’adresse ci-dessous. Vous y retrouverez toutes les informations utiles sur les
manifestations HEC Au Féminin, des interviews de femmes inspirantes, des compte-rendus
d’événements : Trajectoires HEC Au Feminin
Dans ce numéro, vous trouverez les interviews de :
Claire Hazart (H.90) et Nathalie Vaguer (H.96), Coprésidentes du Club Culture HEC
Hélène Fulgence (H.87), Directrice du Développement culturel du Musée du Quai Branly
Jean-Paul Viguier, Architecte DPLG, Harvard University, A. Sachs Fellow, Membre de
l’Académie d’Architecture, Honorary Fellow of the American Institute of Architects
Milène Guermont, Sculptrice ingénieure
Perrine Warmé-Janville (H.03), Chargée de mission pour les Amériques, Ministère de
la Culture et de la Communication
Corinne Dauger (H.84), Professeur affilié de Marketing à HEC, Consultant en planning
stratégique créatif, et Artiste-Peintre
Aurélie Vandevoorde (H.00) Sotheby’s France, Directeur du département “Art
Impressionniste et Moderne”, Commissaire-Priseur habilité
Peggy Desplats (H.95), Productrice de films, Fondatrice Cassiopée Films
Laure Pretelat (H.01) et Charlotte Allibert (H.10), Fondatrices et dirigeantes de
Librinova
Claire Granet (M.11) Chargée de Mécénat et des Relations entreprises à l’Orchestre de
Paris
Charlotte Vincent (H.96), Productrice de films, Fondateur d’Aurora Films
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Notre équipe de rédaction de ce numéro :
Responsable du Magazine:
Nathalie Halna du Fretay (H.86)
La rédactrice en chef :
Magali Bouges (M.12)
Les rédactrices de ce numéro
Magali Bouges (M.12), Mireille Chambellan (H.88), Nathalie Halna du Fretay (H.86), Claire
Hazart (H.90), Aigline James (H.03), Dominique Latrilhe (M.06), Karine Lisbonne (H.04),
Sophie Resplandy-Bernard (H.92), Béatrice de Rivet (H.01), Carole Roux-Daigue (E.16),
Nathalie Vaguer (H.96)
Sommaire
Introduction ....................................................................................................... 3
Les Expert(e)s .................................................................................................... 4
Les Témoignages ................................................................................................ 7
Evénements ...................................................................................................... 18
Le coin Cultur’elle ............................................................................................. 19
Les prochains événements HEC Au Féminin ...................................................... 20
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©Faïza Mebazaa
Introduction
On pourrait aisément commencer par souligner le fait que la culture est un secteur qui, en
matière d’emploi féminin, ne déroge pas aux règles générales, puisque si les femmes y
sont représentées pour moitié de la population active environ*, elles y subissent les mêmes
travers que dans les autres secteurs de l’économie : plafond de verre, inégalité de
rémunération à travail équivalent, sous-représentation dans les média …
Il apparaît important de dire, si l’on en croit nos échanges avec des « HECettes » en poste
dans ce secteur, qu’une des difficultés essentielles de ce choix d’orientation professionnelle
réside dans le faible niveau de rémunération, qui, ajouté à la disponibilité importante que
certains postes peuvent exiger compte tenu des activités (spectacle vivant, artiste, ….)
rend le choix de la culture très engageant.
Un secteur qui paie mal ? Avec des disparités hommes femmes pénalisantes pour ces
dernières ? Des évolutions de carrière qui peuvent être limitées par la faible représentation
des diplômes comme le nôtre encore insuffisamment reconnu dans la culture ?
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Si nous nous arrêtions là, ce serait dresser un portrait trop sombre et qui traduit mal la
passion et le plaisir qui animent les femmes qui y travaillent, qu’elles soient cheffes
d’orchestre, directrices de musée, artistes.
C’est cette passion que le Club Culture essaie de mettre en lumière dans son programme
d’événements au sein de HEC Alumni, pour donner plus de place au secteur culturel dans
l’imaginaire HEC, une place qu’il mérite largement et que les femmes sont les premières à
inscrire dans l’excellence, comme vous le confirmeront les interviews des témoins et
experts dans ce numéro du magazine d’HEC au Féminin !
* Source : Observatoire 2015 de l'égalité entre femmes et hommes dans la culture et la
communication / Ministère de la Culture et de la communication « en 2012, parmi
l’ensemble des salariés des entreprises culturelles, on compte 49,6 % de femmes »
Claire Hazart (H.90), Nathalie Vaguer (H.96), Coprésidentes du Club Culture HEC
Les Expert(e)s
Hélène Fulgence (H.87), Directrice du Développement culturel du Musée du Quai
Branly depuis 2006, précédemment Directrice du Centre dramatique national de
Bourgogne et Directrice adjointe des productions culturelles du Centre Pompidou de
1991 à 1994
Le secteur culturel est-il un « secteur comme les autres » en
termes de choix de carrière et d’évolution professionnelle ?
En France, la politique culturelle a été largement conduite par l’Etat,
depuis Malraux, dans les années 60. De ce fait, beaucoup de carrières
dans le secteur culturel se construisent dans le public, ce qui est une
décision stratégique au moment de l’orientation vers ce secteur,
même si des évolutions vers le privé sont toujours possibles,
notamment dans le domaine de l’art contemporain.
Les musées ont une fonction sociale, que ce soit d’anticipation pour le
Centre Beaubourg, ou de rapprochement des cultures pour le Musée du
Quai Branly. Ces dernières années, le secteur a connu une évolution vers
une démocratisation, en particulier avec le développement du numérique : développement
d’applications, présence sur les réseaux sociaux, dialogue avec les visiteurs, voire
association des visiteurs à la préparation d’un événement. Cela renforce la création de sens
du métier.
Selon toi, quelles sont les qualités et compétences, les facteurs de réussite qu’il
faut valoriser pour évoluer au sein de ce secteur ?
Un musée est une entreprise sociétale. Il répond à un double enjeu : mettre en valeur un
contenu (dimension scientifique) et répondre à l’intérêt du public (dimension sociétale).
Ainsi, un dirigeant doit avoir cette double vision.
© Musée du quai
Branly, photographe Cyril
Zannettacci.
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En termes de management, il doit également gérer un équilibre entre les objectifs
artistiques et les nécessités financières. L’intention artistique est première, mais les
contraintes budgétaires fixent les règles du jeu qui doivent être partagées dès le début des
discussions avec le commissaire d’une exposition. Cette dimension de gestionnaire a pris
de l’ampleur avec la diminution des subventions publiques. Toutefois, elle n’est en aucun
cas suffisante, et doit rester au service de l’art.
Quelle est la place particulière des femmes ?
Les femmes restent minoritaires à la direction des grands musées. Toutefois, en 2012,
Aurélie Filipetti a annoncé qu’elle nommerait une femme sur deux à la tête des musées.
Etre une femme ne constitue pas un handicap dans ce secteur. Elles y trouvent bien leur
légitimité. Etre une femme représente même plutôt un atout : elles peuvent exercer leur
sensibilité et leur aptitude au travail collaboratif.
Quels conseils donnerais-tu aux étudiants et jeunes diplômés HEC ?
Avant d’entrer dans le secteur culturel, il faut déterminer la direction que l’on souhaite
prendre : être un artiste ou un auteur, être un scientifique (cela nécessite dans ce cas de
renforcer la formation dans cette dimension pour travailler sur des projets de contenu),
être patron d’entreprise culturelle (HEC est une formation adaptée car elle permet de savoir
gérer la transversalité de ce métier).
Aujourd’hui, les patrons des grands musées sont en majorité conservateurs du patrimoine
ou énarques, même si on commence à sentir des évolutions vers d’autres formations.
Jean-Paul Viguier, Architecte DPLG, Harvard University, A. Sachs Fellow, Membre
de l’Académie d’Architecture, Honorary Fellow of the American Institute of
Architects. www.viguier.com.
Le secteur culturel est-il un « secteur comme les autres » en
termes de choix de carrière et d’évolution professionnelle ?
Le métier d’architecte requiert ainsi une grande flexibilité (les
opportunités se découvrent au fur et à mesure) et une grande
adaptabilité en termes de lieu de travail (internationalisation croissante)
et de statut (libéral, salarié, etc.) : il s’agit d’être ouvert et réactif. Même
si la prise de risque semble a priori élevée, elle n’est pas vécue comme
telle : elle est vécue comme une série de situations, d’opportunités grâce
à la passion inhérente à la dimension artistique et culturelle du métier.
Ce métier induit également de nouvelles relations sociales, on apprend à
ses clients une autre façon de regarder les choses en déplaçant le curseur
du champ de l’immobilier à celui de la culture.
Selon vous, quelles sont les qualités et compétences (« soft » et « hard » skills),
les facteurs de réussite qu’il faut valoriser pour évoluer au sein de ce secteur ?
Au-delà des compétences de flexibilité et d’adaptabilité déjà citées, c’est un secteur qui
nécessite une grande ouverture d’esprit, de la mobilité et de s’avoir s’entourer. La voie
culturelle est une voie choisie et non subie ce qui permet de mieux gérer les moments de
gloire et les moments de grande modestie. La passion qui anime les hommes et les femmes
Takuji Shimmura.
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de culture est le meilleur rempart contre le découragement. Il faut évidemment une
appétence naturelle pour les arts, la culture, la technologie, les sciences...
Quelle est la place particulière des femmes ?
La diversité des métiers de la culture, des pratiques, des cadres d’exercice (croissance des
sociétés d’architecture avec des salariés face à une tradition libérale) et des outils (unisexes
comme les logiciels) favorisent la féminisation du secteur. En ce qui concerne le métier
d’architecte, 27% de femmes sont inscrites à l’ordre des architectes.
Quels conseils donneriez-vous aux étudiants et jeunes diplômés HEC ?
HEC est une excellente formation de par sa dimension internationale. La meilleure façon
de rentrer dans ce secteur est d’expérimenter, de faire des stages. Il faut être
extrêmement réceptif aux autres et au monde, saisir les opportunités, tester, ce qui
suppose de voyager, d’échanger. C’est également un monde de réseau où l’information et
les propositions circulent vite. Rien n’empêche de reprendre des études, une formation par
la suite.
Milène Guermont, sculptrice ingénieure, est la conceptrice de l’œuvre PHARES
installée sur la Place de la Concorde. Elle expose LES CRISTAUX au
Musée de Minéralogie jusqu’au 19 mars dans le cadre de Némo,
Biennale Internationale des arts numériques et a imaginé une
œuvre éphémère : UN BATTEMENT pour les nuits du 12 au 21
février : un faisceau de lumière est dirigé par la Tour Eiffel vers
PHARES, ces deux monuments s’allument au même rythme : celui
du cœur des Parisiens.
Le secteur culturel est-il un « secteur comme les autres » en termes de choix de
carrière et d’évolution professionnelle ?
Pour un artiste, il n’y a pas de référentiel, pas de norme, pas de plan de carrière à la
différence de la majorité des métiers. D’après les « retours d’expériences » d’ « anciens »,
la vie d’un créateur est très souvent en « dents de scie ».
Au-delà de l’imagination d’une œuvre d’art, il y a beaucoup d’intervenants : commissaires,
scénographes, directeurs de musées, galeristes, médiateurs, journalistes, critiques,
collectionneurs …). L’artiste doit savoir évoluer entre ces différents interlocuteurs, tout en
préservant son intégrité.
Selon vous, quelles sont les qualités et compétences, les facteurs de réussite qu’il
faut valoriser pour évoluer au sein de ce secteur ?
Dans la pratique telle que je la conçois, les soft skills requises sont : l’innovation, l’unicité,
le goût pour le challenge, l’adaptabilité, la ténacité.
Milène Guermont
devant PHARES
© Olivier Thomas
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J’aime concevoir des choses nouvelles en équipe. Pour PHARES, j’ai coordonné plus de
300 personnes de corps de métiers variés (ingénieurs de calcul, projeteurs, maçons,
métalliers, doreurs, grutiers, paysagistes, infographistes, vidéastes…), géré les
approvisionnements, solutions techniques, autorisations à obtenir,… organisation de la
conférence de presse au Grand Palais. Tout s’est déroulé en un temps record et dans la
bonne humeur.
Quelle est la place particulière des femmes ?
Les femmes sont encore peu présentes : 80% des œuvres présentées dans les galeries
parisiennes sont imaginées par des hommes. Néanmoins, les femmes sont davantage
représentées dans les écoles d’art ou d’architecture.
Elles doivent certainement asseoir davantage leur crédibilité. C’est la raison principale qui
m’a amenée à breveter des procédés que j’ai développés, comme la Gravure colorée sur
béton.
Quels conseils donneriez-vous aux étudiants et jeunes diplômés HEC ?
Votre devise « Apprendre à oser » s’applique, à mon sens, au monde de la création que
cela soit pour une entreprise, un produit, un service… ou une œuvre d’art.
Mon cursus entre plusieurs écoles (formation aux matériaux et procédés à l’ENSIACET -
Mines puis Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs) se révèle essentiel pour
concrétiser mes idées et faire bouger les lignes ensemble.
www.phares-paris.com
www.mileneguermont.com
Les Témoignages
Perrine Warmé-Janville (H.03), Chargée de mission pour les Amériques,
Ministère de la Culture et de la Communication.
En quelques mots, quel est ton parcours ?
Après une formation littéraire, j’ai enseigné le français dans une université américaine et
travaillé chez Gallimard et pour Jazz à Vienne. Diplômée d’HEC en 2003, j’ai passé 2 ans
chez Accenture. Puis j’ai accompagné pendant 6 mois au Brésil un groupe franco-brésilien
pour l’enregistrement d’un disque et une tournée. J’ai ensuite été administratrice chez un
organisateur de concerts à Paris, avant de rejoindre la direction de l’Ecole nationale
supérieure d’arts de Paris-Cergy : j’y suis restée 7 ans, tout d’abord au poste de DAF, puis
en tant que directrice adjointe. Je travaille aujourd’hui au service des affaires
internationales du ministère de la Culture et de la Communication, en lien avec le ministère
des Affaires étrangères et l’Institut français.
Quelles ont été tes motivations pour travailler dans le secteur culturel ?
Je ne me voyais pas travailler dans un autre secteur !
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La réalité du métier et de l’évolution professionnelle dans ce secteur sont-elles
différentes que dans d’autres secteurs ?
L’une des caractéristiques du secteur culturel en France réside dans sa dimension à la fois
économique et politique et dans une forte dépendance à l’égard des institutions publiques
et de leur mode de fonctionnement. La question du financement est toujours prégnante et
conditionne la pérennité et l’équilibre des structures, souvent liés à des subventions de
l’État ou des collectivités territoriales. On y trouve donc une grande fragilité économique.
En dépit de ces obstacles, la vitalité culturelle reste cependant forte car c’est un secteur
qui reste attractif, dans lequel de merveilleux projets voient le jour. Les personnes qui
décident d’y travailler sont souvent portées par une passion. C’est aussi un domaine où
l’innovation et la créativité doivent exister au cœur des organisations pour qu’elles puissent
survivre !
Cela étant, au sein même du secteur culturel, les réalités peuvent être très disparates
entre secteur privé et secteur public, d’une structure à l’autre, d’un domaine artistique à
l’autre. Mais la véritable différence, selon moi, réside dans l’organisation des missions et
des métiers qui va offrir plus ou moins de souplesse à la mise en œuvre des projets. En
administration centrale, au ministère, les missions quotidiennes sont davantage centrées
sur les politiques culturelles, et cette mise en perspective, très stimulante
intellectuellement, peut parfois s’éloigner du terrain. A l’inverse, dans les établissements
publics culturels, il existe une relative autonomie qui permet de faire vivre des projets et
de mener des actions dans un cadre très dynamique, même s’il reste contraint. Enfin, à
mon sens, les structures associatives du privé présentent l’intérêt d’être très agiles : les
équipes sont mobilisées autour d’un projet, les compétences peuvent être plus pointues,
la réactivité plus forte, les évolutions plus rapides.
Par rapport à d’autres secteurs, les perspectives de carrière sont très différentes. On peut
rapidement se trouver à la tête d’un centre d’art, d’un festival, d’une école, d’une société
de production, mais la rémunération n’aura rien à voir avec ce qui se pratique dans d’autres
secteurs. Dans la fonction publique, les métiers sont fortement liés à des catégories
statutaires : les évolutions passent par les concours administratifs, et notamment l’ENA
qui garantit les postes de direction en administration centrale et les postes de gestion dans
les grands établissements publics. En outre, pour les fonctionnaires, ce sont le statut et
l’ancienneté qui permettent d’évoluer là où, dans le secteur privé, l’expertise et
l’expérience sont particulièrement valorisées, notamment pour se constituer un réseau et
bénéficier de recommandations.
Quels conseils donnerais-tu à nos camarades d’HEC qui souhaiteraient travailler
dans ce secteur ?
Soyez curieux, éveillés, cultivez le réseau et une expertise ! Le réseau vous permettra
d’avancer, l’expertise d’être reconnus et de progresser dans un domaine de compétences.
Si vous avez une pratique artistique, entretenez-la, elle nourrira votre parcours et vous
permettra de faire des rencontres fructueuses !
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Corinne Dauger (H.84), Professeur affilié de Marketing à HEC, Consultant en
planning stratégique créatif, ancien VP chez Hermès et Artiste-Peintre
(www.corinnedauger.com)
En quelques mots, quel est ton parcours ?
J’ai toujours eu pour hobbies le dessin et la peinture. Durant mes études
à HEC, je suivais les cours de l’Ecole du Louvre. Je suis ensuite rentrée
chez P&G où je suis restée 18 ans. J’ai particulièrement apprécié les
nombreux contacts avec les agences de communication ou de packaging
car nous parlions le même langage ce qui est un atout dans ce métier.
Ensuite je suis rentrée à la Direction d’Hermès International, où j’avais
un rôle managérial dans un univers ultra créatif. Le seul sujet chez
Hermès c’est la création. Il n’y a pas d’études de marché, c’est la création qui conditionne
la demande et non l’inverse. J’ai ainsi réussi à concilier stratégie et création. D’une façon
générale, j’ai toujours réussi à consacrer 3 heures par semaine à des cours de peinture et
de dessin dans des ateliers privés. Lorsque j’étais à Bruxelles chez P&G. j’ai ainsi pu suivre
les cours de la Brussels Royal Academy.
Après 20 ans de carrière dans l’univers du management, de la création et du marketing en
entreprise, j’ai changé de vie en inversant mon travail et ma passion. Je me suis alors
installée à Madrid où j’ai eu la chance de pouvoir consacrer 80% de mon temps à la création
artistique et 20% à une nouvelle activité : l’enseignement Executive HEC. Ma peinture a
rapidement rencontré une demande, assurant ainsi une nécessaire contribution financière.
Aujourd’hui j’associe stratégie et création en répartissant mon temps de manière équilibrée
entre le conseil en stratégie et création, l’enseignement HEC Executive et la création
artistique. Ma double compétence stratégique et créative est un talent, une singularité
fortement valorisés par les entreprises, qu’elles soient dans un secteur créatif ou non.
Quelles ont été tes motivations pour travailler au sein du secteur culturel ?
En premier lieu, l’envie. Et ensuite un besoin d’expression personnelle que je ne satisfaisais
pas assez en entreprise. Plus on grimpe dans la hiérarchie, moins cette expression est
forte. Chez Hermès, ma fonction était devenue trop managériale au détriment de mon
besoin de création. Bien sûr mon choix de quitter le monde de l’entreprise comprenait des
risques : financiers tout d’abord, mais aussi en terme d’égo. Il faut accepter de ne plus
avoir de statut social précis, une organisation à notre service. On recommence à zéro, il
faut tout faire soi-même (tenir un stand, créer un site internet, etc.). On se retrouve dans
une situation de demandeur après avoir été longtemps sollicité. C’est pour cela que j’ai fait
ce choix tardivement, afin de ne pas avoir de regrets. Le secteur culturel est aussi un
business très structuré, très segmenté, en transformation. Appréhender l’aspect
commercial suppose de faire des choix et d’accepter ou non certains compromis. Il faut
réconcilier son style avec la demande du moment.
La réalité du métier et de l’évolution professionnelle dans ce secteur sont-elles
différentes par rapport à d’autres secteurs ?
En tant qu’artiste, il existe différents parcours en fonction de l’objectif qu’on se fixe :
réussite financière, renommée, reconnaissance, pure expression personnelle,... Certains
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artistes deviennent très médiatisés et possèdent leur propre site de production déléguant
l’exécution pour se consacrer à la conception. Le secteur culturel est de plus en plus orienté
business. Pour preuve, citons le développement de la vente d’œuvres d’art par des acteurs
professionnels type Sotheby’s, la proximité de l’art avec le luxe, les produits dérivés des
musées, etc.
Quels conseils donnerais-tu aux étudiants et jeunes diplômés HEC ?
Si on a une sensibilité artistique, si on aime la création, les opportunités sont nombreuses
car le style envahit tous les secteurs et les besoins en contenus créatifs de communication
« omnicanal » sont exponentiels. On peut être créateur, producteur, gestionnaire. Il peut
être utile de faire des formations complémentaires pour bien appréhender le secteur
spécifique dans lequel on s’oriente. Dans tous les cas, il faut aimer travailler avec des
profils très variés, il faut accepter d’être surpris, parfois déconcerté. Je déconseille cette
voie à des profils « command and control » !
L’Elan huile sur toile : 130x81cm
Corinne Dauger
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Aurélie Vandevoorde (H.00) Sotheby’s France, Directeur du département “Art
Impressionniste et Moderne”, Commissaire-Priseur habilité
En quelques mots, quel sont ton parcours et tes
motivations pour travailler dans le secteur culturel ?
Je baigne dans le monde des enchères depuis mon enfance et
déjà au lycée je rêvais de travailler dans ce domaine. Dissuadée
par mon entourage j’ai d’abord fait Sciences Po puis HEC et
obtenu mon CAPA à Assas. J’ai démarré ma carrière en cabinet
d’avocat où ma spécialité était la fiscalité des LBO. Assez éloigné de mon envie de départ
! Le marché de l’art me tentait toujours j’ai alors repris des études d’histoire de l’art à La
Sorbonne et à l’Ecole du Louvre et j’ai obtenu mon diplôme de commissaire-priseur en
2009. J’ai fait mes premiers pas chez Christie’s puis Tajan et j’ai rejoint Sotheby’s en 2011.
Je dirige aujourd’hui le département d’art impressionniste et moderne et je suis l’un des
commissaires-priseurs de Sotheby’s à Paris.
Ma motivation première repose sur ma passion du lien entre le marché et l’art. Il est
fascinant d’avoir comme matériel de travail quotidien des chefs-d’œuvre, que pour
beaucoup on ne peut pas voir ailleurs, et de leur donner une valeur de marché. En quittant
la sphère financière, j’ai recommencé du début mais dans un domaine qui répondait à mes
aspirations. Dans mon poste actuel, mes différentes compétences sont utilisées autour de
problématiques complexes et c’est passionnant.
La réalité du métier et de l’évolution professionnelle dans ce secteur sont-elles si
différentes que dans d’autres secteurs ?
Les maisons de ventes sont, comparativement à d’autres acteurs culturels, plus proches
de secteurs que l’on peut rejoindre en sortant d’HEC. In fine, c’est un métier de commerce
avec la nécessaire mobilisation de nombreuses compétences telles que juridiques,
commerciales ou logistiques. La spécificité, c’est de savoir regarder une œuvre et cela, on
ne l’apprend pas à l’école mais avec l’expérience. HEC ne te donne pas de longueur
d’avance même si la formation donne de la rigueur et une manière de travailler qui peuvent
être des accélérateurs de carrière. Chacun doit faire ses preuves indépendamment des
diplômes. Le cursus scolaire n’est pas une garantie de succès à l’embauche.
En terme de carrière, les maisons anglo-saxonnes offrent des parcours qui peuvent sembler
plus familiers pour des HEC, mais pour autant, il n’existe aucun parcours-type, pas plus
qu’il n’y a de progression linéaire ou de grille salariale, c’est très variable. Il y a des
passerelles entre les départements et la personnalité joue beaucoup. L’œil aussi bien sûr.
Dans ce secteur, les gens sont passionnés et s’accrochent. Cette passion est nécessaire
pour compenser des débuts parfois ingrats et des salaires plus réduits que ceux auxquels
l’on est habitué en sortie d’école.
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Quels conseils donnerais-tu à nos camarades HEC qui souhaiteraient travailler
dans ce secteur?
Le conseil que je donnerais est de faire le plus de stages possible; il est quasiment
impossible d’être embauché sans stage. Les maisons de ventes aux enchères sont un milieu
très divers, il y a beaucoup d’acteurs et il est important d’avoir circulé dans ces différentes
structures pour bien cerner les spécificités de chacune.
Un mot pour la carrière au féminin
Longtemps les maisons de ventes ont été un milieu très patriarcal mais avec les nouvelles
générations, et sous l’impulsion des maisons anglo-saxonnes, les choses ont
considérablement changé. Chez Sotheby’s à Paris, plusieurs départements-clés sont dirigés
par des femmes et dans tous nos bureaux dans le monde, elles occupent des postes
importants au sein des instances de direction. Cela est sans doute encore un peu différent
dans d’autres structures mais les choses évoluent vite : aujourd’hui, près de la moitié des
nouvelles promotions de commissaires-priseurs diplômés sont des femmes et elles sont de
plus en plus nombreuses à créer leur propre maison de ventes.
Peggy Desplats (H.95), Productrice de film, Fondatrice Cassiopée Films
En quelques mots quel est ton parcours ?
Je suis sortie d’HEC Entrepreneurs en 1995 pour rejoindre la société
Ubisoft. Pendant 4 ans j’ai supervisé le développement de jeux vidéo
de courses de voiture. Puis dans les années 2000, j’ai participé à la
folie Internet en lançant Gameplay – une plateforme de vente de jeux
vidéo – en France. L’aventure s’est arrêtée fin 2001. J’ai ensuite créé
ma société pour lancer Geomadis une plateforme de géolocalisation
sur mobile. Pour finalement rejoindre une société de conseil Héméria,
rachetée depuis par Olivier Wyman et travailler dans le secteur de la télécommunication.
En 2008, j’ai eu ma crise d’adolescence tardive à 35 ans et j’ai souhaité essayer de vivre
mes rêves de cinéma : je me suis donc lancée dans la production cinématographique. Une
folie aux yeux de mon entourage : je n’y connaissais rien, ni personne.
Quelles ont été tes motivations pour travailler au sein du secteur culturel ?
J’ai toujours eu une passion pour le cinéma. Mes parents m’avaient dit que ce n’était pas
un « métier », alors j’avais écarté cette possibilité. Mais j’ai eu envie d’essayer. J’ai démarré
avec le court métrage, véritable laboratoire du long métrage. La production est avant tout
un travail de chef d’orchestre, surtout dans le court métrage. Cela passe d’une rencontre
avec un talent, au montage financier à la mise en production avec la constitution d’équipes,
du suivi de post-production, à la diffusion et l’accompagnement en festivals. C’est
extrêmement varié.
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La réalité du métier et de l’évolution professionnelle dans ce secteur sont-elles si
différentes que dans d’autres secteurs ?
Il me semble qu’en France, nous sommes assez gâtés car on peut devenir assez facilement
producteur de court métrage en obtenant des subventions et des aides. Il faut simplement
travailler son scénario et ses dossiers.
Néanmoins, c’est un marché extrêmement morcelé du côté des producteurs avec
finalement assez peu de guichets de financement en face concernant le long métrage. Les
financiers ont donc naturellement tendance à freiner l’arrivée de nouveaux entrants. C’est
donc très compliqué de passer au long métrage… Le travail ne suffit pas toujours…
Quels conseils donnerais-tu à nos camarades HEC qui souhaiteraient travailler
dans ce secteur?
C’est réellement un métier de passion. Et il faut avoir les reins relativement solides
financièrement. Disons que si votre ambition est de bien gagner votre vie, il vaut mieux
choisir autre chose !
En revanche, si vous êtes passionné, touche à tout, c’est un métier extrêmement exaltant !
Laure Pretelat (H.01) et Charlotte Allibert (H.10), Fondatrices et dirigeantes
de Librinova
Racontez-nous en quelques mots votre chemin
Laure: j’ai commencé ma carrière dans le conseil chez Bain & Company.
Nous étions conseil de Wendel au moment du rachat d’Editis que j’ai
rejoint peu de temps après. L’envie de travailler en maison d’édition me
taraudait depuis longtemps et, engagée dans une voie généraliste, j’ai
eu cette opportunité (merci Bain !). J’ai donc d’abord occupé des
fonctions supports (secrétariat général) chez First-Gründ (Groupe Editis)
puis des missions de plus en plus opérationnelles. J’ai rapidement pris
en charge tous les projets de développement ce qui m’a permis de faire
des choses très larges au sein de la maison d’édition. Puis un jour,
l’envie d’innover dans mon secteur de prédilection m’a poussée à créer Librinova. J’adore
les livres et j’ai toujours été curieuse de lire des manuscrits. C’est mon quotidien
aujourd’hui !
Charlotte : Dès le départ, c’était une obsession pour moi de travailler dans un secteur qui
me corresponde vraiment et dans lequel j’ai envie de m’impliquer à 100%. J’ai suivi la
majeure entrepreneur et j’ai pris contact à la fin de l’année avec un des tuteurs de missions
qui venait de l’édition. J’ai eu de la chance, il m’a mis le pied à l’étrier. C’était aussi un pari
un peu risqué car, en me lançant dans ce secteur, je me confrontais à la réalité de mon
rêve d’enfant… au risque d’être déçue. Cela n’a pas été le cas ! J’ai rejoint Editis en 2010
et j’ai tout de suite adoré travaillé dans ce secteur. Ma rencontre avec Laure a aussi été
décisive, puisque nous avons décidé d’aller plus loin ensemble. Bref, c’est une histoire de
@librinova
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rencontre et ce n’est pas étonnant car c’est un secteur de réseau. Je n’ai jamais passé un
entretien !
Comment en arrive-t-on là où vous êtes aujourd’hui ?
L&C: Il faut aimer lire et aimer les auteurs tout en faisant le deuil du fantasme de l’éditeur.
C’est un secteur de passion et de passionnés et on n’y arrive pas sans l’être. Il faut aussi
beaucoup de patience, de minutie, le chemin est très long. Et la formation d’HEC ne donne
pas, au départ, la légitimité et les compétences pour le faire. Issu de nos cursus, on
acquiert souvent ses galons dans l’édition en passant par les fonctions supports
(marketing, finances, juridique).
Envisage-t-on l’évolution professionnelle de la même manière que dans d’autres
secteurs ?
C: C’est un petit secteur où tout le monde se connaît et très vite, on peut se retrouver
bloqué. Beaucoup ont suivi des formations autour de l’édition mais ne trouvent pas de
poste. Comme c’est un secteur passion, les gens y restent et cela laisse peu de place pour
une évolution verticale. C’est donc souvent plus long d’arriver à des postes de management
que dans d’autres secteurs.
L: La révolution numérique a changé la donne en terme de dynamique et a ouvert de
nouvelles opportunités pour les diplômés d’école de commerce. On recherche de nouveaux
profils. Et il y a également pas mal de création d’entreprises pourvu qu’on connaisse le
secteur. En termes de formation le Master ESCP est particulièrement reconnu dans le
secteur mais la majeure MAC n’a pas encore atteint son potentiel.
L&C: C’est en tous cas un choix que nous ne regrettons pas. On peut faire sa route, mais
à un rythme différent d’autres secteurs. Une grande place est laissée à la construction
personnelle. Avec un peu de chance, la capacité à saisir les bonnes opportunités et à
entretenir les bons contacts, on y arrive.
Quels conseils pour nos camarades HEC qui rêvent de travailler dans ce secteur?
L&C: C’est d’abord un état d’esprit ! Celui de ne pas vouloir gagner beaucoup ! C’est
surtout sortir de certaines projections de carrière et aimer les petites structures à aborder
de manière souple. Il y a peu de jobs formatés y compris dans des fonctions standards,
donc plein de formules sont possibles. Il est souhaitable toutefois de ne pas y arriver trop
tard pour avoir le temps de construire son réseau.
Sur le parcours au féminin ?
L&C: Dans l’édition, c’est 70/30 de femmes mais dès qu’on touche à la direction le ratio
s’inverse. On constate cependant une nette évolution depuis quelques années avec des
femmes de qualité qui accèdent à des postes influents et sont prises au sérieux. Les
maisons de famille, un peu patriarcales, sont en train de muer en faveur d’une plus grande
représentativité de la société.
Un secret de passionné ?
L&C Ce qu’on ne sait pas à propos de l’édition c’est à quel point c’est de l’artisanat ! On
fait et refait, on réinvente tous les jours et chaque livre, chaque lancement est particulier.
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Claire Granet (M.11) Chargée de Mécénat et des Relations entreprises à
l’Orchestre de Paris.
Claire, diplômée HEC et ancienne élève de l’Ecole du Louvre
a fait le choix dès le début de sa carrière d’évoluer dans le
domaine des arts et de la culture. Elle a occupé des fonctions
aussi variées qu’assistante galeriste et attachée de
communication. Claire s’est ensuite orientée vers le mécénat
culturel au sein de la Cité du Patrimoine et de l’Architecte et
depuis 2011 à l’Orchestre de Paris.
Quelles ont été tes motivations pour travailler au sein du secteur culturel ?
La culture est une réelle vocation, et nous sommes beaucoup à travailler dans ce secteur
par passion.
J’ai commencé mes études à l’Ecole du Louvre, dans un environnement incroyable pendant
cinq ans : celui des salles de ce grand musée. Je souhaitais étudier l’histoire de l’humanité
à travers le regard des hommes et femmes de leur siècle. Rien de mieux que l’histoire de
l’art, où l’on fait sans cesse des parallèles avec l’histoire, la littérature, les sciences… pour
mieux comprendre l’époque.
Ne souhaitant pas faire carrière en tant que conservateur du patrimoine, j’ai commencé à
travailler en galerie d’art en parallèle de mes études, avant de rejoindre l’administration
des musées, au service des Publics du Biodôme de Montréal puis, au service de presse des
Arts Décoratifs. Grâce à des rencontres, je me suis aperçue que le mécénat pourrait me
plaire. J’ai alors enrichi mes connaissances en management de la culture grâce au mastère
spécialisé Médias, Art et Création à HEC, qui m’a permis d’étudier secteur par secteur les
stratégies des grands acteurs de la création.
En 2011, j’ai rejoint les équipes de mécénat de la Cité de l'Architecture et du Patrimoine
pour mon premier poste, avant d’intégrer celles de l’Orchestre de Paris et son Cercle.
Depuis décembre 2011, je suis donc chargée de mécénat et d’événementiel pour
l’orchestre en résidence à la Salle Pleyel puis à la Philharmonie de Paris. Je m’occupe de
l’organisation d’événements de relations publiques comme du suivi des partenariats et de
la stratégie d’approche des mécènes sur toutes nos actions. Vivre le chantier de la
Philharmonie, participer à son inauguration, créer toute l’offre a été une période très
enthousiasmante ! C’est rare d’avoir la chance de participer à la mise en place d’un
établissement culturel aussi important, et c’était une des raisons principales de ma venue
à l’Orchestre !
La réalité du métier et de l’évolution professionnelle dans ce secteur sont-elles si
différentes que dans d’autres secteurs ?
Au quotidien, je constate que les mentalités dans le secteur culturel sont très différentes
de celles en entreprise : on considère souvent qu’on a choisi ce secteur par vocation, que
nombreux sont les candidats à vouloir y rentrer, et qu’il y a très peu d’élus.
© Studio Cabrelli / ODP
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Quand une offre d’emploi paraît, vous recevez dans la journée des centaines de
candidatures, dont de personnes en reconversion à la recherche de sens pour leur carrière
professionnelle. Les employeurs manquent souvent de ressources, le fameux débat de la
baisse des subventions publiques et la montée en autonomie des établissements culturels
grâce aux fonds propres ; et considèrent que des salaires moyens, parfois très bas, sont
compensés par des avantages comme en places de concert par exemple. Tout le monde
connaît les mauvais élèves mais aussi les structures qui valorisent leurs salariés avec de
bons salaires, surtout à Paris !
Par exemple, je ne serai pas surprise qu’il y ait peu d’entretiens annuels, peu
d’augmentation annuelle etc. C’est un combat que doit mener notre génération car il n’y a
aucune raison de dévaloriser notre travail : nos connaissances et compétences ont une
valeur, même si nos employeurs nous répondront qu’ils recevront des centaines de
candidats motivés pour ce poste le jour où on le quitte !
Quels conseils donnerais-tu à nos camarades HEC qui souhaiteraient travailler
dans ce secteur?
Pour rentrer dans le secteur de la culture, il faut être tenace ! C’est un petit milieu, où tout
le monde se connaît : il faut rencontrer un maximum de personnes y travaillant, les
solliciter pour des conseils, et si on est tenace, on finit par y entrer !
Charlotte Vincent (H.96), Productrice de films, Fondateur d’Aurora Films
Comment es-tu devenue productrice ?
Un peu par hasard. Je n’y pensais pas à HEC, je ne viens pas d’un milieu
de cinéma, même si j’ai toujours été cinéphile. A la sortie de l’école, j’ai
obtenu une bourse pour apprendre le chinois un an à Taiwan. Au retour,
pour me donner le temps de réfléchir, j’ai rejoint deux amis qui venaient
de créer une société de production. Cela m’a plu, j’y suis restée deux
ans avant de créer la mienne : Aurora Films, il y a treize ans.
Quelles ont été tes motivations pour travailler au sein du secteur
culturel ?
La création. Porter un projet plusieurs année, surmonter les obstacles qui surviennent
nécessairement, et in fine voir un film exister, avec l’émotion artistique qu’on pressentait
initialement, est très satisfaisant et joyeux. Se dire aussi que ce film ne serait peut-être
pas le même s’il avait été produit par quelqu’un d’autre.
La réalité du métier dans ce secteur est-elle si différente que dans d’autres
secteurs ?
Oui, il y a une vraie dimension artistique. On voit beaucoup de films, on lit beaucoup sur
le cinéma, on baigne dedans, il faut aimer. La relation entre le producteur et l’auteur-
réalisateur est également une relation riche de va et vient créatif pendant la phase de
développement1. C’est aussi un domaine qui vous ouvre à d’autres mondes. Par exemple,
@Aurora Films
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un de nos derniers films traite des « ouvrières crevette » à Tanger. Et bien, j’ai plongé
dans le Maroc, sa culture, ce monde ouvrier. Chaque film est un point d’entrée dans un
nouvel univers. Cette variété est une constante du secteur. C’est encore un métier artisanal
en France, où l’apport du producteur est sensible. Le pendant est le risque financier : le
producteur garantit la bonne fin du projet, et si le budget dépasse le financement, il doit
financer le delta. Il n’y pas d’assurance. Tous ces éléments donnent aussi de l’excitation à
ce métier.
Cela dit, les exigences de toute aventure entrepreneuriale existent, il ne faut pas négliger
les aspects de bonne gestion. Même si les montages financier et juridique d’un film ne sont
pas comparables à de la haute finance, ils se complexifient et se normalisent sous
l’influence des financiers (CNC, fonds régionaux, européens, …). Ce qui explique le nombre
croissant de profils de gestionnaires dans la production. HEC est, en ce sens, une bonne
formation.
Quels conseils donnerais-tu à nos camarades HEC qui souhaiteraient travailler
dans ce secteur?
De ne pas avoir peur. Comme tous ces métiers qui font rêver et attirent beaucoup de
candidats, au départ, on vous décourage, on essaye de vous convaincre qu’il n’y a pas de
raisons que ce soit vous. En réalité, il n’y a pas de raison que ce ne soit pas vous.
Mais c’est un métier exigeant, qui demande des compétences variées. La meilleure école
est sans doute de commencer par quelques années dans une grande maison de production,
avant de se lancer. C’est un secteur encore intuitu personae en France, même s’il est en
voie de concentration, et il y a peu de maisons de production qui vous offre la possibilité
de grandir en interne jusqu’à devenir producteur. C’est un métier qui suppose aussi
l’acceptation du risque. Et de la résistance. On dit souvent non à un producteur, beaucoup
de projets ne voient pas le jour. Et en tant que chef d’orchestre, le producteur est, aux
yeux de tous, souvent responsable de tout ce qui ne va pas, même sur les aspects
artistiques et techniques qui ne lui incombent pas forcément ...
Au début, il faut être patient, on construit sa légitimité. L’idée est de trouver des jeunes
réalisateurs avec qui on partage une affinité artistique, de produire leurs courts-métrages,
qui sont souvent les premières étapes d’une carrière, et de les accompagner dans le temps
vers leurs longs métrages. Le producteur grandit avec sa génération de cinéastes.
1 Note : en schématisant, la production d’un film prend entre deux et cinq ans environ, et les principales étapes en sont : 1. Le développement. A partir de la rencontre entre un auteur-réalisateur, porteur d’une idée qui parfois ne représente que quelques pages, et un producteur, avec éventuellement un ou des coscénariste(s), un scénario s’écrit, et se réécrit (sous l’impulsion aussi des différentes réponses des financiers), et un projet de film prend forme. Il comporte en général également un lieu et un casting. 2. La recherche de financement 3. La pré-production ou étude de la faisabilité du projet : Une fois le budget bouclé, il faut « construire » un film entrant dans cette contrainte économique, tout en respectant l’ambition artistique de départ. Cette étape est très importante car les choix vont conditionner le résultat artistique. :. 4. Le tournage, qui est l’étape ébullition, réunissant le réalisateur, le directeur de production, les équipes de techniciens, de comédiens, … 5. La postproduction, où le réalisateur et le producteur se retrouvent plus intimement, pour créer l’objet film à partir de ce qui a été filmé, qui sera nécessairement autre chose que le scénario. Cette étape est une des plus intéressantes, même si elle débute souvent par une petite phase dépressive : le tournage est fini et « on n’a que ça ». 6. La transmission du film aux distributeurs en France et aux vendeurs internationaux. Elle consiste à élaborer une stratégie de distribution pour le film, à en définir le nombre de copies, les canaux (festivals, télévision, …) et les géographies, à choisir l’attaché de presse, etc …
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Evénements
Projet Inspir'Her
Après avoir effectué leurs premiers stages en entreprise et avoir noté d'importantes
disparités entre les hommes et les femmes, trois étudiantes
d'HEC, Alix Besnier (H.17), Cécile Dap (H.17), et Charlène
Thouard (H.17), ont décidé de créer Inspir'Her, une association
visant à encourager les jeunes femmes à oser davantage.
Persuadées de l'importance des rôles modèles, elles souhaitent
mettre en avant des femmes de profils variés à travers une
mosaïque de portraits inspirants. Pour cela, elles vont à la
rencontre de femmes dans toute l'Europe...et ce, à vélo, pour se
prouver qu'elles aussi sont capables de se fixer des objectifs
ambitieux et de les tenir !
Si vous souhaitez les soutenir, les suivre ou leur suggérer des femmes à rencontrer
n'hésitez pas à les contacter par mail ([email protected]), les suivre sur leurs réseaux
sociaux ou aller sur leur site (www.inspirher.fr/fr) pour vous inscrire à leur newsletter.
La 26ème édition du Rallye Aïcha des Gazelles du Maroc se déroulera du 18
mars au 2 avril 2016
HEC Paris Executive Education, partenaire du Rallye Aïcha des Gazelles 2016
organise une rencontre avec l'équipe le 1er Mars 2016 chez Toyota sur les Champs Elysées
Vous pourrez suivre l'équipe HEC sur les liens ci-après :
rallye aicha des gazelles
Pour suivre l'équipe HEC : Rallye-des-Gazelles-2016-Laurence-et-Fabienne-Team-Envie-
Folle-
Le Prix Trajectoires HEC Au Féminin
Appel à candidatures pour le Prix Trajectoires HEC Au Féminin 2016.
Le Prix Trajectoires HEC Au Féminin est devenu un temps fort pour la communauté HEC.
Cette année, ce Prix aura pour cadre exceptionnel l’événement Femmes et Entreprises
en octobre 2016, qui célèbre 4 anniversaires majeurs pour les femmes HEC. Dans un
contexte où les entreprises, leurs modèles de management et leurs métiers changent, le
thème central en est : Quels talents pour piloter les évolutions majeures des entreprises
demain et quel rôle pour les femmes dans un monde du travail en mutation ?
La dixième édition du Prix Trajectoires HEC Au Féminin sera à nouveau l’occasion de mettre
en lumière le parcours de femmes remarquables et inspirantes qui, à la lumière de leur
expérience, pourront livrer les clés de leur réussite et leur position vis-à-vis des évolutions
prochaines. Depuis la création du Prix nous avons récompensé des parcours très divers,
de la création d’entreprise aux comités de direction de grands groupes, du profil d’experte
à la manager aux multiples compétences; et, depuis 2010, un Prix Jeune Pousse a été
attribué à une de nos jeunes camarades.
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Tu souhaites nous proposer la candidature d’une amie, collègue… appartenant elle-aussi à
la communauté HEC : envoie-nous un message à [email protected]
Attention ! La date limite de dépôt des dossiers est le 30 avril 2016.
Pour nous contacter : [email protected]
Le coin Cultur’elle
Les Livres :
L’Art, avec pertes ou profits ? Karine Lisbonne (H.04) & Bernard Zürcher,
Flammarion (2009)
On voit fleurir en Europe des entreprises arty à l'image des entreprises
« éthiques ». Ainsi, la banque Neuflize OBC et le groupe Lhoist passent
régulièrement commande auprès de photographes contemporains ;
l'industriel néerlandais Akzo Nobel a créé une fondation qui accueille
des artistes en résidence ; le groupe italien Teseco, spécialisé dans le
traitement écologique des déchets, a mis en oeuvre un « laboratoire
pour l'art contemporain ». Cet intérêt, voire cette prédilection pour
l'art touche les grands groupes comme les petites et moyennes
entreprises. Pourtant, l'alliance ne va pas de soi.
Dans quel(s) but(s) l'entreprise s'intéresse-t-elle à l'art ? Et avec
quelle légitimité ? Quelle finalité l'art peut-il trouver dans le monde du travail ? S'y dévoie-
t-il ? Que l'entreprise soit utile à l'art et singulièrement à l'art d'aujourd'hui, les auteurs en
sont convaincus. Car ils ont enquêté à l'échelle européenne et relevé, pays par pays, des
stratégies et des méthodes entrepreneuriales convaincantes : soutien de projets,
production d'oeuvres, collections et fondations d'entreprise. Ils analysent cette capacité de
l'art à jouer divers rôles : faciliter l'expression des identités, véhiculer des valeurs
culturelles, enrichir le quotidien des salariés... Autant de raisons pour lesquelles l'oeuvre
d'art exerce sur l'entreprise une attraction sans précédent.
L’auteure : HEC 2004 puis London School of Economics en sciences politiques, Karine
Lisbonne est directrice Europe du Global Policy Institute et conseiller artistique du Forum
am Schillerplatz. Elle est également l’auteure de EU-China relations and the future of
European soft power: Strategy for a European cultural diplomacy (LSE Ideas, 2015). Elle
a reçu le prix du mécénat culturel (Ministère de la culture, 2005).
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Présence - Christine Turnauer, Hatje Cantz (2014, ed. K. Lisbonne)
La photographe Christine Turnauer a réalisé au cours de
ses voyages à travers le monde des portraits de personnes
extraordinaires : que ce soient des pygmées en République
centrafricaine, des nomades en Mongolie, des geishas au
Japon, des paysans en Europe, ou des hommes de foi
émanant de traditions culturelles juive, chrétienne,
musulmane, bouddhiste ou hindou. Ses voyages ont donné
naissance à des photographies inspirantes et émouvantes.
Chacune capture une rencontre véritablement unique.
Ce livre de photographie, portraits en noir et blanc, a été
présenté à Paris Photo et à la Foire de Bâle par les éditions
Hatje Cantz.
Les Articles :
"Les carrières dans la culture sont de plus en plus trans-sectorielles."
Interview de Thomas Paris, Directeur scientifique du Mastère spécialisé Médias, Arts et
Création à HEC Paris
les-carrieres-dans-la-culture-sont-de-plus-en-plus-trans-sectorielles-interview-de-
thomas-paris-directeur-scientifique-du-mastere-specialise-medias-arts-et-creation-a-hec-
paris
Les prochains événements HEC Au Féminin
N’oubliez pas de consulter l’agenda des événements (ateliers et conférences) sur
le site de www.hecalumni.fr sur le mur HEC Au Féminin
Elles bougent
Tous les moyens de l’esprit sont enfermés dans le langage, et qui n’a point
réfléchi sur le langage n’a point réfléchi du tout." Alain, Propos sur l’éducation.
Les titres de nos camarades sont désormais systématiquement féminisés.
Elles ont changé de poste dans les derniers mois, nous vous le disons avec :
http://www.nomination.fr/accueil.php
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L’équipe du Magazine HEC Au Féminin a besoin de renfort !
Vous avez envie de prendre la plume sur les sujets qui vous passionnent ? Vous voulez
partager avec une équipe de rédactrices de tous les âges ? Vous voulez interviewer des
experts reconnus ou de grandes professionnelles ? Rejoignez le Magazine !
Nous nous réunissons lors d’une conférence de rédaction le samedi matin environs tous les
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prendre contact auprès d’Hélène de Saint Front ( helene.de-saint-
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âges. Ensemble, ils développeront l’image de solidarité des HEC à l’intérieur et
l’extérieur de l’association à travers la Bourse du bénévolat, le Club des présidents
d’association, le groupe « Fundraising », la coopération avec les groupes
professionnels, etc. Nous tenons une permanence à l’Association, tous les jours de 10
h à 12 h. Nous y recevons les camarades en recherche d’activité bénévole. Prise de
rendez-vous par téléphone au 01 53 77 23 33.
Appel à témoignages : Nos prochains numéros, aidez-nous à les construire !
Nos prochains numéros,
N°64 : Les femmes dans le secteur du "Développement durable"
N°65 : Numéro Spécial événement HEC Au Féminin
N°66 : Les femmes dans le secteur des "Vins et Spiritueux"
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Faites de ce Magazine le vôtre ! Réagissez, critiquez, suggérez, contribuez par vos
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Et prochainement, dans le Magazine :
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