le logiciel libre : quelle opportunité pour les...
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Master 2Domaine Sciences des interactions humaines et sociales
Mention Information, communication et sociétéSpécialité Contenus et Projets Internet
Parcours Gestion et Développement de Projets
Le logiciel libre :quelle opportunité pour les PME ?
Mémoire en vue de l’obtention du master 2Mention Information, communication et société
présenté et soutenupar
Régis Beller
http://www.nagadoudi.info/
Directeur de recherche : Brigitte Simonnot
Septembre 2006
Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? ›
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? ›
Table des matièresIntroduction..............................................................................................................................51. Évolution de l’informatique en entreprise.....................................................................8
1.1. Historique du logiciel.................................................................................................. 91.2. Un phénomène récent : les logiciels libres..............................................................12
1.2.1. Définition.......................................................................................................................... 131.2.2. Un modèle de développement inédit........................................................................... 141.2.3. Évolution dans l’utilisation du logiciel libre............................................................... 17
1.3. La situation actuelle................................................................................................... 181.3.1. Un secteur privé encore réticent....................................................................................181.3.2. Le secteur public ouvre la voie du libre....................................................................... 25
2. Obstacles à l’adoption de l’open source....................................................................... 272.1. Critiques à l’encontre du libre.................................................................................. 282.2. Des risques décisionnels importants....................................................................... 29
2.2.1. L’incertitude légale..........................................................................................................292.2.2. Un risque personnel pour le DSI................................................................................... 312.2.3. La peur des coûts non maîtrisés.................................................................................... 322.2.4. Des inquiétudes sur la pérennité...................................................................................33
2.3. Des logiciels peu ergonomiques...............................................................................342.4. Quelle compatibilité avec l’existant ?...................................................................... 352.5. Conclusion des obstacles à l’adoption de l’open source.......................................36
3. Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?....................................................... 393.1. Réduction des coûts................................................................................................... 403.2. Fiabilité.........................................................................................................................433.3. Sécurité.........................................................................................................................453.4. Indépendance et interopérabilité............................................................................. 473.5. Une reconnaissance croissante................................................................................. 51
3.5.1. Dans les administrations................................................................................................ 523.5.2. Au sein des entreprises................................................................................................... 533.5.3. Parmi les constructeurs informatiques.........................................................................543.5.4. Chez les éditeurs informatiques.................................................................................... 54
3.6. Conclusion des raisons de l’utilisation du libre.....................................................554. Expériences de migrations...............................................................................................58
4.1. Deux PME du secteur tertiaire................................................................................. 604.2. La gendarmerie nationale..........................................................................................624.3. La CCI de Meurthe-et-Moselle................................................................................. 634.4. La chaîne de supermarchés Auchan........................................................................654.5. Une PMI – secteur industriel.................................................................................... 66
5. Conclusion générale......................................................................................................... 70Pour approfondir...................................................................................................................74Bibliographie......................................................................................................................... 76
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? ›
Préambule
Ce document est publié sous licence Creative Commons – paternité – partage des conditions initiales à l’identique 2.5.
Vous êtes libres :● de reproduire, distribuer et communiquer cette création au public ;● de modifier cette création ;● d’utiliser cette création à des fins commerciales...
... selon les conditions suivantes :● paternité : vous devez citer le nom de l’auteur original ;● partage des conditions initiales à l’identique : si vous modifiez, transformez
ou adaptez cette création, vous n’avez le droit de distribuer la création qui en résulte que sous un contrat identique à celui-ci.
Vous n’êtes pas obligé de me prévenir en cas de réutilisation ou distribution, mais un petit message me fera toujours plaisir. ;-)
Plus de précisions à l’adresse http://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.5/legalcode.
Je remercie :● Jean-Philippe Guillaume, Olivier Lutz et Sacha Goepp, responsables
en agences web,pour avoir répondu au questionnaire sur l’utilisation des logiciels libres dans leur entreprise ;
● Brigitte Simonnot, Maître de conférences à l’Université de Metz,pour son aide et sa disponibilité ;
● La communauté francophone Wikipédia,pour la formidable mine d’information dans laquelle généreusement j’ai puisé.
Ce dossier a été réalisé à l’aide de logiciels libres :● rédaction et graphiques : OpenOffice.org ;● illustrations : The Gimp ;● impression : Linux.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › Introduction
Introduction
Dans l’économie de marché qui est la nôtre, la bonne santé des entreprises
régit celle du pays. Il est important qu’elles soient efficaces et rentables. Pour
réduire leurs coûts, elles se sont massivement équipées de l’outil informatique
depuis plusieurs décennies : elles ont ainsi pu notamment gagner du temps et
améliorer leur gestion. Les plus petites structures ont suivi le mouvement plus
récemment.
Un certain équilibre entre les constructeurs de matériel informatique, les
éditeurs de logiciels et les utilisateurs semble s’être trouvé. En effet, les quasi-
monopoles d’un nombre croissant d’éditeurs –chacun dans son ou ses domaines–
imposent une certaine homogénéité aux utilisateurs. Mais en y regardant de plus
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › Introduction
près, on constate qu’une nouvelle famille de logiciels gagne sensiblement des parts
d’utilisateurs : les logiciels dits « libres ».
Les logiciels libres
L’utilisation de tout logiciel est soumise à l’acceptation d’un contrat
d’utilisation, aussi appelé licence. Pour la plupart des logiciels, dits « propriétaires »,
seule l’utilisation est autorisée, ce qui satisfait généralement le client. Leurs
équivalents libres sont soumis à des contrats plus permissifs. Ils permettent à toute
personne qui possède une copie du logiciel non seulement de l’utiliser, mais aussi de
l’étudier, le modifier et le redistribuer.
Il existe de nombreux travaux traitant des logiciels libres. Ils abordent souvent
ce thème sous son aspect « idéaliste ». En effet, le « mouvement du libre » est né
d’une philosophie du partage de l’information qui ne place pas les contraintes
financières au cœur de la réflexion. Le présent mémoire considérera le logiciel libre
d’un point de vue plus pragmatique, en tenant compte des réalités économiques du
système.
Les PME
Il est important pour les utilisatrices que sont les entreprises de connaître
objectivement l’offre logicielle existante. Or, la position dominante et les moyens
marketing des grands acteurs en place biaise l’information dont elles bénéficient.
Les plus petites structures, dont les moyens investis en « recherche et
développement » sont généralement moindres, sont davantage lésées par ce manque
d’informations neutres. Pourtant, les petites et moyennes entreprises françaises, ou
PME, jouent un rôle capital dans l’économie du pays car elles représentent 99 % des
sociétés et deux tiers de l’emploi.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › Introduction
Ce mémoire va principalement aborder le thème des logiciels libres du point
de vue de ces PME. La nomenclature de l’Union européenne retient le seuil maximal
de 250 employés pour cette catégorie d’entreprises. La France y ajoute le seuil
minimal de 10 employés ; en deçà, il s’agit de très petites entreprises. L’approche du
mémoire sera restreint aux PME utilisatrices de logiciels ; les entreprises contributrices
(éditrices de logiciels) ne seront pas directement concernées... même si la
contribution implique généralement l’utilisation.
Le dossier commencera par une description de la situation : après avoir
retracé l’évolution passée de l’informatique en entreprise, il dépeindra la situation
actuelle, dominée par les logiciels propriétaires. Puis l’attention sera portée sur les
logiciels libres dans leur ensemble (incluant ceux fonctionnant avec des systèmes
d’exploitation propriétaires tels que Windows et MacOS : les obstacles à leur
utilisation, les bénéfices que les PME peuvent en attendre et quelques retours
d’expérience d’organismes qui ont franchi le pas. Un récapitulatif pratique donnera
quelques pistes aux décideurs néophytes désireux de migrer, partiellement ou non,
vers cette solution alternative.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise
1. Évolution de l’informatique en entreprise
Pour bien comprendre le phénomène des logiciels libres, il est important de
bien assimiler celui des logiciels. C’est pourquoi ce premier chapitre en retracera
l’évolution, depuis l’apparition de la notion de logiciel jusqu’à la situation actuelle.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise
1.1. Historique du logiciel
L’ère de l’informatique moderne
commence en 1938 en Allemagne, avec
l’apparition des premiers calculateurs
électromagnétiques, les Séries-Z. Pendant
plusieurs décennies, le matériel fonctionne
seul et lorsque les premiers programmes
apparaissent, ils sont indissociables des
machines pour lesquels ils sont conçus.
1969 – années 1970 : les premiers logiciels
En 1969, le fabricant d’ordinateurs américain IBM innove en séparant pour la
première fois le matériel et le logiciel (phénomène de unbundling, en anglais). Mais
tout le monde considère encore à cette époque les applications comme annexes : la
principale source de revenus, en informatique, est le matériel. Le logiciel n’est là que
pour affiner les réglages. Personne n’imagine encore qu’il puisse être vendu
séparément.
Les échanges de logiciels entre fabricants et groupes d’utilisateurs sont la
règle. Chacun y trouve son compte : les utilisateurs bénéficient gratuitement des
applications et, en cas de dysfonctionnements, ils corrigent les bogues1 et renvoient
les améliorations aux fabricants. Cette opération est rendue possible car n’importe
qui peut avoir accès au code source des programmes. Il faut dire qu’alors, les rares
informaticiens sont principalement des chercheurs et des étudiants passionnés.
Jusque dans les années 1970, il n’est pas commun d’appliquer le droit d’auteur
au secteur du logiciel.
1 Bogue ou bug : anomalie de fonctionnement d’un programme.
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Logiciel« Un logiciel, ou application, est un en-semble de programmes qui permet à un ordinateur ou à un système informatique d’assurer une tâche ou une fonction en particulier (exemple : logiciel de compta-bilité, logiciel de gestion des prêts). On oppose en général, dans un système infor-matique, la partie matérielle (l’ordinateur et ses périphériques) et la partie logicielle, immatérielle (les programmes “écrits” sur le disque dur). »Source :http://fr.wikipedia.org/wiki/Logiciel
Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise
Années 1970 – années 1980 : l’informatisation spécifique
Mais un nouvel acteur va bientôt
changer la donne. En 1975, deux jeunes
hommes d’une vingtaine d’années, Bill
Gates et Paul Allen, créent la toute
première société d’édition de logiciels :
Microsoft. Visionnaires, ils anticipent la
forte croissance à venir dans le secteur de
l’informatique. C’est pourquoi ils tentent,
avec succès, d’inverser la situation, comme
l’atteste la lettre ouverte aux hobbyistes2
rédigée par Bill Gates en 1976. Il y explique
pourquoi un programme est un bien
commercial comme un autre et pourquoi
le développeur qui en est à l’origine mérite
une rétribution. Il s’agit d’une véritable
révolution !
Comme il l’avait prévu, le marché informatique explose dans les années qui
suivent. La commercialisation du premier PC d’IBM en 1981 fait l’effet d’une bombe.
Il n’est désormais plus nécessaire de dédier une salle complète à l’installation d’une
seule machine. Les grandes entreprises et les administrations s’équipent
massivement en micro-ordinateurs et en logiciels.
La principale caractéristique de cette période réside dans le prix très élevé des
programmes. En effet, la plupart d’entre eux sont écrits sur mesure, pour les besoins
d’un client spécifique. Il existe encore très peu de logiciels standards comme on les
connaît aujourd’hui.
2 An Open Letter to Hobbyists : la lettre est disponible en annexes en versions originale et française.
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Code source« Le code source est un ensemble d'ins-tructions [...] humainement compréhen-sible, permettant d’obtenir un programme pour un ordinateur. »Analogie de la recette culinaire« Le code source peut être apparenté à une recette culinaire. Par exemple, si on mange un plat, il est fort probable que l’on puisse deviner les éléments princi-paux de sa composition et imaginer dans les grandes lignes comment le faire. Néanmoins, pour un plat très raffiné et subtil (comme l’est un programme) on ne pourra pas savoir comment le chef a procédé. Il faut la recette détaillée (pour un programme la recette peut compter plusieurs millions de lignes de code !) pour pouvoir reproduire le plat... ou bien on est obligé d’acheter les plats préparés.»Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Code_source
Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise
Années 1980 à aujourd’hui : normalisation de l’informatique
Le développement galopant de la micro-informatique entraîne de profondes
mutations. Les éditeurs de logiciels fleurissent et les licences d’utilisation
deviennent banales.
Légalement, un client n’achète pas le logiciel mais uniquement le droit de
l’utiliser pour son propre usage. La copie, par exemple, devient interdite, sauf à des
fins de sauvegarde personnelle. Techniquement, les programmes sont diffusés de
manière « compilée », c’est-à-dire en « langage machine », sans leurs codes sources.
Ainsi, seuls les ordinateurs peuven les comprendre et les exécuter. Aucun humain ne
peut y arriver.
Les entreprises s’équipent en logiciels de plus en plus standardisés.
L’exemple le plus connu est certainement le traitement de texte : la plupart des
entreprises, quelles que soient leurs tailles ou leurs domaines d’activités, rédigent
leurs textes avec le même logiciel. Du petit commerçant au coin de la rue à la grande
multinationale, pratiquement toutes les entreprises utilisent Microsoft Word3.
L’avantage de cette normalisation se fait sentir au niveau des coûts : une application
développée une fois et vendue à des millions d’exemplaires peut être vendue moins
chère qu’un programme spécifique à un seul client.
La diffusion croissante de l’informatique au sein des entreprises
s’accompagne de l’apparition des sociétés de services en ingénierie informatique,
communément appelées SSII. Elles fournissent différentes prestations, telles que le
conseil, la vente de licences, la formation, la maintenance...
Petit à petit, l’homogénéisation aboutit à la situation que l’on connaît
aujourd’hui. Quelques éditeurs ont pris le dessus sur les autres, jusqu’à un quasi-
monopole dans certains cas. Ainsi, la grande majorité des ordinateurs sont équipés
du système d’exploitation Microsoft Windows ; la suite bureautique incontournable
3 Microsoft Word est le logiciel de traitement de la suite bureautique Microsoft Office. http://www.microsoft.com/france/office/word/
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise
est Microsoft Office ; SAP équipe généralement les entreprises en progiciels4 de
gestion intégrée ; Adobe domine le secteur de l’infographie...
1.2. Un phénomène récent : les logiciels libres
Depuis la fin des années 1990, un nouveau phénomène vient bouleverser cet
équilibre apparent. Il s’agit des logiciels libres. Imprévisibles car ne respectant aucun
des schémas de développement connus jusqu’alors, aucun professionnel n’osait y
croire sérieusement. Mais la situation est en passe de changer depuis quelques
années.
Curieusement, ils trouvent leur source à l’apparition des premiers logiciels
propriétaires, c’est-à-dire tous les autres. Au début des années 1980, Richard M.
Stallman, développeur au laboratoire d’intelligence artificielle du Massachusetts
Institute of Technology, se dit très déçu de la tournure « marchande » que prennent les
logiciels.
C’est pourquoi il fonde en 1983 le « projet GNU5 », dont l’objectif est de
développer des logiciels librement partageables pour le système d’exploitation Unix,
très répandu à l’époque.
Parallèlement, il crée la Free Software Foundation (FSF). L’objectif de cette
association est de définir le concept de « logiciel libre » et de valider ou non les
nombreuses licences qui se revendiquent comme tel. En 1989, il rédige la première
version de la licence publique générale GNU6 (en anglais GPL), référence des
licences libres.
4 Un progiciel est un logiciel vendu sous forme d’un produit complet, « clés en main ».5 GNU est l’acronyme récursif de “GNU’s not Unix” (« GNU n’est pas Unix »).6 La GPL en anglais : http://www.gnu.org/licenses/gpl.html et sa traduction française (non officielle) :
http://www.linux-france.org/article/these/gpl.html
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise
1.2.1. Définition
Pour être considéré comme libre au sens de la FSF, un logiciel doit respecter
quatre libertés fondamentales.
1. Liberté d’exécution. Le programme peut être exécuté par tous et pour tous
les usages : privés, professionnels...
2. Liberté d’étude. Chacun peut étudier le fonctionnement du programme.
Cela suppose l’accès au code source.
3. Liberté de redistribution. Tout le monde peut redistribuer autant de
copies de l’application qu’il le souhaite, gratuitement ou contre
rémunération.
4. Liberté d’amélioration. Chacun a le droit de modifier le programme dans
le but de l’améliorer, puis de publier ces changements. Cette quatrième
liberté est peut-être la plus intéressante, car en plus de supposer l’accès au
code source, elle encourage la création d’une communauté de
développeurs autour du logiciel. De plus, elle autorise la séparation du
projet en deux branches concurrentes, en cas de désaccord entre les
développeurs. Ce phénomène, assez courant, s’appelle en anglais un fork.
Dans les faits, la « meilleure » branche finit souvent par prendre le dessus
sur l’autre.
Richard Stallman illustre le principe des quatre libertés par la métaphore de la
recette. Selon lui, le logiciel libre peut être assimilé à une recette obtenue légalement
par un moyen quelconque (revue culinaire, bouche à oreille...) Le marmiton peut, s’il
le souhaite, redistribuer la recette ou l’adapter « à sa sauce » et diffuser la version
modifiée. Selon le principe du logiciel propriétaire, le cuisinier n’a pas accès à la
recette, mais uniquement au gâteau déjà fait, en l’état. Il n’est de plus autorisé à le
manger que dans une seule cuisine et sans le partager.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise
Confusion entre libre et gratuit
À tort, un amalgame est souvent commis dans les esprits entre « libre » et
« gratuit », pour deux raisons. La première est que les logiciels libres sont
généralement gratuits. Mais ce n’est pas systématique : les éditeurs de distributions
Linux7 vendent généralement leurs produits. La seconde raison est que « libre » et
« gratuit » sont homonymes en anglais : ils se traduisent tous deux par « free ». Pour
cette raison, le terme français « libre » est quelquefois utilisé pour éviter la confusion
(« a “libre” software »).
Les licences
Il existe plus d’une soixantaine de licences qualifiées de libres8. La plus
répandue est celle écrite par Stallman, la licence public générale GNU (GPL). Parmi
les autres, on compte la Apache Software License (ASL), la BSD License (BSD), la
Common Public License (CPL), la Mozilla Public License (MPL)...
Toutes ont en commun de respecter les quatre libertés fondamentales. Elles se
différencient sur d’autres points. Les modifications d’un programme protégé par la
GPL, par exemple, doivent obligatoirement être publiées sous la même licence. S’il
est intégré à une autre application, le résultat devra lui aussi être publié en GPL. La
licence BSD, en revanche, est plus permissive : un logiciel libre peut être modifié en
logiciel propriétaire.
1.2.2. Un modèle de développement inédit
Une des raisons à l’origine du manque de crédibilité des logiciels libres à leurs
débuts est leur modèle de développement décentralisé, ne ressemblant à aucun autre.
7 GNU/Linux est un système d’exploitation libre. Son succès en fait le produit de référence du monde du libre. Par abus de langage, le terme « Linux » remplace l’appellation officielle « GNU/Linux ». Une « distribution Linux » correspond au système d’exploitation de base, accompagné d’un ensemble de logiciels. Les principales sont Mandriva, Debian, RedHat, Ubuntu...
8 Source : article Free software licenses sur Wikipédia anglophone (http://en.wikipedia.org/wiki/Free_software_licenses)
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise
Les communautés du libre
On évoque souvent la communauté du libre. Pour être précis, il en existe de
deux sortes.
1. Les communautés sous dépendance. Elle sont initiées par un acteur
unique, par exemple une société qui met son code sous licence libre, comme
c’est le cas pour Mozilla et OpenOffice.org. L’inconvénient majeur en est que
si la politique de l’entreprise change et qu’elle décide d’abandonner le
produit, la succession n’est pas forcément assurée. Il sera question plus loin
des communautés sous dépendance.
2. Les communautés dites « matures » : elle sont nourries par un noyau
de partenaires multiples et équilibrés.
Concernant ce second cas, les logiciels libres sont développés de manière
décentralisée : un individu passionné lance un projet et le fait savoir autour de lui par
le biais d’Internet. Si l’idée séduit, il peut être rejoint par un groupe de
programmeurs bénévoles qui se répartissent les tâches de manière à optimiser le
développement. En ce sens, la communauté du libre est fortement liée à Internet.
En effet, sans ce média, les développeurs amateurs répartis sur le globe ne pourraient
communiquer aussi facilement.
Ce modèle de développement présente un aspect connexionniste : un
ensemble d’idées est injecté dans un projet, ce qui aboutit à un certain résultat.
Constatant le produit obtenu, les programmeurs décident de le modifier pour
l’améliorer, éventuellement dans une autre direction. Ainsi, il est souvent impossible
de prévoir le résultat final dès le début du projet. Ce schéma peut paraître
« brouillon » ; c’est pourtant celui qu’a suivi le système d’exploitation libre de
référence : Linux. Dans son premier message annonçant la naissance du système
d’exploitation en 1991 (voir en annexes), Linus Torvalds affirme avoir créé un petit
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise
système, pour le plaisir, fonctionnant sur la plate-forme PC (Intel x86) uniquement,
qui ne sera certainement jamais portable. Quinze ans plus tard, il s’avère que cette
prédiction est totalement fausse car Linux est aujourd’hui un des systèmes
d’exploitation les plus portables qui soit : il fonctionne notamment sur les
architectures PowerPC, ARM, StrongARM, Alpha, SPARC, MIPS, m68k, IA-64, PA-
RISC, MIPS, S/390... (À titre de comparaison, Windows est uniquement disponible
pour x86 et MacOS pour PowerPC et, depuis peu, x86.)
L’idée de partage de l’effort de création est quelquefois associée à une
idéologie communiste. Pourtant, Linus Torvalds fait remarquer le caractère
darwinien de la production de logiciels libres : face à la concurrence, seuls les
meilleurs projets survivent ; les autres ne rencontrent le succès ni chez les
développeurs, ni chez les utilisateurs. En ce sens, le modèle de développement du
libre rejoint l’idéologie libérale.
L’économie du libre
Il est bien entendu que « libre » n’est pas synonyme de « gratuit ». Pourtant
dans les faits, les logiciels open source9 sont souvent téléchargeables sans frais. Mais
alors, comment les entreprises orientées sur ce secteur génèrent-elles leurs revenus ?
Avec le modèle de développement, un autre des aspects novateurs du libre est
le mélange qu’il produit entre la couche communautaire et celle de l’économie
classique.
Les programmeurs passionnés et bénévoles et le milieu de la recherche
universitaire sont à l’origine d’un projet de logiciel libre. Ils investissent du temps et
des efforts par plaisir, par défi ou pour répondre à un besoin réel. Puis ils proposent
le fruit de leur travail sur Internet. L’avantage de cette couche communautaire réside
9 Selon la définition de l’organisation Open Source Initiative, un logiciel open source est librement redistribuable, son code source est disponible et les travaux dérivés sont possibles. Par abus de langage, « libre » et « open source » désignent la même famille de logiciels.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise
dans le fait que, œuvrant en dehors du circuit traditionnel, les développeurs
prennent le temps de créer des produits fiables et non bâclés sous prétexte que les
contraintes économiques imposent de publier un logiciel, même s’il est clairement
bogué.
À cette couche de base viennent se greffer les acteurs classiques du marché,
chargés de la diffusion. Il s’agit d’une part de constructeurs vendant des ordinateurs
sur lesquels des logiciels libres sont pré-installés ou de simples magazines
accompagnés de compilations de logiciels sur CD-ROM. On distingue d’autre part
les éditeurs de logiciels libres et une nouvelle famille de SSII spécialisée dans le libre :
les SSLL, pour « sociétés de services en logiciels libres ».
Cette seconde catégorie est intéressante car elle a su mettre en place un
nouveau modèle économique. En effet, la source de revenus, initialement obtenue
par le commerce de licences, a été transférée vers la vente de services : conseil,
assistance, formation des entreprises.
1.2.3. Évolution dans l’utilisation du logiciel libre
L’intérêt des acteurs classiques pour le logiciel libre est le signe que ce marché
récent devient lucratif.
Recherche et universités
Comme aux États-Unis, les pionniers du libre en France ont été les universités.
Il est d’usage dans ce milieu que les résultats théoriques et expérimentaux des
recherches soient partagés avec la communauté, quel qu’en soit le domaine. Il était
donc tout naturel que ce principe s’applique également à l’informatique.
Le web a par exemple été conçu au CERN (Centre Européen pour la
Recherche Nucléaire), en Suisse10. De même, le courriel a été inventé au MIT
10 Le 6 août 1991, Tim Berners-Lee, chercheur au CERN, met en place « le projet World Wide Web (WWW) qui permet de faire des liens vers des informations, où qu’elles se trouvent ». La première
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise
(Massachusetts Institute of Technology). Mais la référence, dans le cadre des logiciels
libres, reste la Free Software Foundation fondée elle aussi au MIT, par Richard
Stallman.
Service public
Les logiciels libres sont récemment sortis des universités pour s’attaquer au
secteur public. En France et dans le monde, de plus en plus d’administrations
migrent leurs parcs informatiques vers le libre à une vitesse croissante. Les raisons
invoquées sont les coûts et la pérennité. Il sera question du service public au
paragraphe suivant (1.3. Situation actuelle), puis au chapitre 3.5. Une reconnaissance
croissante (page 51).
Secteur privé
Il en va de même pour les entreprises. Bien qu’à la traîne, elles prennent petit
à petit conscience de l’existence du libre. Les très grandes entreprises ont été les
premières à s’y intéresser. Les moyennes et petites structures, quant à elles, ignorent
encore généralement l’existence d’une telle offre...
1.3. La situation actuelle
Il s’impose de faire un point sur la situation actuelle de l’informatique : d’une
part dans les entreprises, parce qu’elles sont la cible de ce mémoire, et d’autre part
dans le secteur public, qui est plus en avance et qui pourrait bien refléter l’évolution
future de l’informatique dans le privé.
1.3.1. Un secteur privé encore réticent
Si l’ordinateur est bien maîtrisé par les grandes entreprises, il apparaît
page de l’Histoire fut créée à l’adresse http://info.cern.ch.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise
clairement que les structures plus modestes sont en revanche encore sous-
informatisées. À titre d’exemple, seules 55 % des PME françaises ont un site web, ce
qui place le pays derrière ses voisins européens l’Espagne (62 %), l’Italie (64 %) et
l’Allemagne (65 %). Le taux de connexion à Internet est meilleur puisque 93 %
d’entre elles sont connectées, mais là encore, ses voisins européens sont meilleurs
(respectivement 94 %, 95 % et 99 % de PME connectées)11.
11 Source : BNP Parisbas Lease Group, concernant les PME de 6 à 200 salariés chiffres 2004.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise
Mais ce retard informatique est en passe d’être rattrapé : Microsoft évalue le
marché des PME-PMI à 11,5 milliards de dollars dans les prochaines années !
Un marché dominé par quelques éditeurs
Le paysage informatique actuel est dominé par quelques éditeurs, dont
Microsoft est le plus puissant : son système d’exploitation Windows est installé sur
89,9 % des ordinateurs professionnels dans le monde (ce chiffre monte à 94,6 % chez
les particuliers).
Microsoft domine également le marché des suites bureautiques avec son
célèbre pack Microsoft Office. Mais il n’est pas seul à dominer son secteur : Adobe
Photoshop est le seul logiciel de traitement d’image « crédible » aux yeux des
graphistes professionnels, SAP est le progiciel de gestion intégré12 de référence et la
liste est longue...
La notion de certification, proposée par certains éditeurs de logiciels,
témoigne de leur caractère dominant, voire de l’oligopole qui en résulte : Microsoft
12 Un progiciel de gestion intégré est, selon le grand dictionnaire terminologique, un « logiciel qui permet de gérer l’ensemble des processus d’une entreprise [...] comme la gestion des ressources humaines, la gestion comptable et financière, l’aide à la décision, mais aussi la vente, la distribution, l’approvisionnement, le commerce électronique. »
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise
ou Oracle13, par exemple, proposent des formations payantes et délivrent des
certificats de maîtrise de leurs logiciels. Un informaticien certifié peut ainsi prétendre
à un salaire plus élevé.
Cependant, une riposte se prépare du côté des logiciels libres, pour les
systèmes BSD14. En effet, des passionnés ont créé le « Groupe de certification BSD »
en janvier 2005, chargé de communiquer autour de leurs systèmes et, à terme, de
délivrer des certifications.
Malgré la dominance de quelques éditeurs, il est intéressant d’apprendre que
les PME-PMI n’ont pas d’attachement à une marque plutôt qu’à une autre.
Contrairement aux grands groupes victimes de leur rigidité, les petites structures
n’hésitent pas à expérimenter diverses solutions15.
Place du logiciel libre
Si l’utilisation des logiciels libres n’est plus marginale comme auparavant, elle
reste toutefois très limitée. La principale raison en est qu’ils sont encore très mal
connus. Selon une enquête de l’AWT16, les deux premiers motifs invoqués par les
PME pour justifier le non-usage de logiciels libres sont qu’elles n’en perçoivent pas
l’utilité et qu’elles n’en connaissent pas l’existence. Les réticences qui arrivent ensuite
sont d’ordre psychologique : craintes, résistance au changement... tandis que les
raisons pragmatiques, telles que les coûts de formation ou de migration sont très peu
citées.
Certains responsables informatiques, ou DSI17, utilisent aussi des logiciels
libres sans le savoir. C’est le cas notamment avec les « boîtes Internet ». Il s’agit
13 Oracle est un système de gestion de base de données. http://www.oracle.com/fr/14 BSD, acronyme de “Berkeley Software Distribution”, est une famille de systèmes d’exploitation.15 Source : enquête du cabinet d’études Jupiter Research, 200316 Enquête de l’Agence wallonne des télécommunications, effectuée en mars 2005 auprès de 1554
entreprises entre 5 et 250 travailleurs.17 Un DSI (acronyme de « directeur des systèmes d’information ») est le responsable des composants
matériels et logiciels du système d’information d’une entreprise.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise
d’ordinateurs achetés « clés en mains » et servant d’interface entre le réseau de
l’entreprise et Internet : routeurs, pare-feu... Ils fonctionnent souvent avec le système
d’exploitation Linux et le serveur web Apache, par exemple, mais de façon
transparente.
Dans le cas où le contenu de ces boîtes Internet est connu, leur progression
permet une première acclimatation des solutions à base de Linux. Ce premier pas
vers les logiciels libres est sans grandes conséquences puisque le contenu des boîtes
est indépendant du reste du système. En cas de déception, il est facile de revenir en
arrière, ce qui est rassurant pour les DSI.
On constate également que, selon un schéma classique, les décideurs font
davantage confiance aux éditeurs reconnus (RedHat, Mandriva18...) et aux SSII car,
dans ce cas, l’offre proposée a déjà été testée par d’autres et parce que l’opportunité
d’une amélioration est plus facilement mesurable. Dans nombre de cas,
l’informatique n’est pas le cœur du métier des entreprises ; le DSI bénéficie donc
d’une plus grande liberté pour essayer ces systèmes alternatifs.
Mais l’appréhension reste toujours présente. Le spectre du manque de
contrôle et du bricolage intempestif plombe la confiance dans les logiciels libres. De
plus, certains DSI reprochent aux SSLL de se contenter de décrire l’offre existante,
sans vraiment répondre à leurs craintes : pour certains, elle n’est ni crédible, ni
industrialisable. Ces obstacles à l’adoption du libre seront détaillés au chapitre
suivant.
18 RedHat et Mandriva sont des éditeurs de distributions Linux. http://www.fr.redhat.com/ ; http://www.mandriva.com/fr/
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise
L’enquête de l’AWT (note 16, page 21) démontre que le recours aux logiciels
libres augmente avec la taille de l’entreprise.
Ce graphique montre que les entreprises de 50 à 99 employés sont les plus
enclines à migrer vers le libre. En-dessous, l’effort d’adaptation n’est pas rentable et
au-dessus, la rigidité des sociétés freine la réactivité.
La répartition par secteurs de l’enquête de l’AWT met en avant le fait que les
entreprises des TIC sont logiquement en tête dans l’utilisation des solutions open
source. Puis, à part dans les garages, les agences immobilières et les sociétés de
services aux entreprises, les logiciels libres sont très peu utilisés.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise
Une enquête, menée en janvier 200619, permet de mettre en évidence les types
d’applications pour lesquels les entreprises ont recours aux logiciels libres. On
constate qu’en général, le libre est davantage utilisé côté serveur que côté station de
travail, où les utilisateurs y ont plus recours pour des logiciels isolés que pour des
systèmes d’exploitation. Avec 58,3 % et 57,6 %, les serveurs web et les systèmes
d’exploitation serveur sont les deux types d’applications les plus utilisés. Ils sont
suivis par les navigateurs web et la bureautique. Dans les dernières places, on trouve
la sécurité sur les postes utilisateurs et les applications de gestion d’entreprises. Les
DSI font en effet plus facilement confiance aux géants tels que Symantec (Norton
Antivirus) pour la mise à jour régulière de la base de données des virus. Quant aux
applications de gestion d’entreprises, elles sont souvent très complexes et les
migrations sont jugées trop risquées.
19 Enquête menée par ITRmanager avec le concours du salon Solutions Linux, auprès de 400 répondants, en janvier 2006.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise
1.3.2. Le secteur public ouvre la voie du libre
Le système d’information de l’administration française a entamé une
profonde mutation, orchestrée par le ministère du Budget et de la réforme de l’État20.
Dans son rapport d’information du 9 juin 2004 relatif à la stratégie de sécurité
économique nationale, le député Carayon relève la vulnérabilité des systèmes
d’exploitation actuels et préconise l’utilisation de solutions libres. Fin juin 2004, le
ministre de la Fonction publique Renaud Dutreil annonce vouloir diviser par deux le
coût des logiciels utilisés par l’État, alors que la plupart des 900 000 licences expirent
fin 2007. Cette déclaration a eu pour conséquences de nombreuses migrations, qui
seront décrites plus loin, au chapitre 3.5. Une reconnaissance croissante (page 51).
D’après une étude menée par l’Université de Maastricht et commandée par
l’Union européenne, 49 % des collectivités régionales ou locales interrogées21 ont
installé des logiciels libres. L’Apronet avance le chiffre de 74 %22, concernant les
collectivités territoriales et administrations d’État. Il est à noter que 29 % des
administrations les utilisent sans même le savoir !
Les raisons expliquant ce choix ne sont pas politiques : il s’agit de diminuer
les coûts d’installation et de maintenance, tout en assurant la pérennité des données.
L’enjeu est de taille car le secteur public représente 13 % des dépenses informatiques
totales en France, soit 5,6 milliards d’euros en 200423.
Les logiciels libres sont souvent utilisés en complément aux logiciels
propriétaires déjà en place, ce qui indique une tendance à la migration en douceur.
20 http://www.modernisation.gouv.fr/21 Cette étude a été menée en 2005 dans le cadre du projet FLOSS - POLS (Free / Libre / Open Source
Software - Pols pour policy support), dirigé par l’Université de Maastricht et subventionné par l’Union européenne. Plus de 4 000 collectivités ont été interrogées dans 13 pays membres, dont la France.
22 L’Apronet est l’Association des professionnels Internet des collectivités publiques locales. http://www.apronet.asso.fr/. Chiffre juin 2005.
23 Source : IDC, groupe de conseil et d’étude sur les marchés des technologies de l’information. http://www.idc.com/france/
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise
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En bref...
Après des débuts « ouverts », les éditeurs se sont
emparés des logiciels et ont commercialisé des
licences d’utilisation restrictives. La croissance
exponentielle du marché a abouti à une standar-
disation de l’informatique. Depuis une dizaine
d’années, un nombre restreint d’éditeurs se par-
tage le marché mondial. Mais un nouveau mou-
vement fait parler de lui : celui des logiciels libres.
Ils peuvent bien entendu être exécutés, mais
également étudiés, redistribués et améliorés par
les utilisateurs. Une communauté de passionnés
s’est créée autour de ce principe, qui a su
développer un nouveau modèle économique.
Aujourd’hui, si le secteur privé hésite encore à
considérer cette alternative comme crédible, les
instances publiques lui font davantage confiance.
Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 2.Obstacles à l’adoption de l’open source
2. Obstacles à l’adoption de l’open source
Le premier chapitre a décrit l’évolution des logiciels en entreprises. Il est clair
que l’écart de popularité entre programmes classiques et libres est énorme. Quelques
unes des limitations de l’open source ont été survolées... Ce chapitre tentera
d’apporter des réponses plus détaillées sur les raisons qui limitent leur utilisation
dans le monde professionnel.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 2.Obstacles à l’adoption de l’open source
2.1. Critiques à l’encontre du libre
Le libre rassemble une communauté nombreuse de défenseurs qui ont en
commun de croire en une même idéologie. Il existe pourtant également un courant
de pensée opposé, qui voit un certain
nombre critiques à formuler à l’encontre
du logiciel libre.
Le premier, et probablement le plus
important, concerne la propriété
intellectuelle. Elle est une des bases de notre économie de marché. Il est évident
qu’un créateur –de logiciels ou autre– qui a consacré du temps, de l’énergie et des
capitaux pour fabriquer un produit innovant doit pouvoir le protéger contre les
opportunistes qui seraient tentés de l’imiter à moindre frais. En d’autres termes,
« tout travail mérite salaire ». Or, le principe de base du logiciel libre consiste à
partager à qui le veut le fruit de son travail en échange... de la reconnaissance de la
communauté. D’un point de vue économique, cette logique ne tient pas la route.
D’autre part, un pays qui souhaite une industrie du logiciel forte doit
favoriser les éditeurs traditionnels, qui génèrent des revenus et créent des emplois.
Le modèle économique « classique » du logiciel est à même de contribuer à faire
tourner l’économie ; le principe de passionnés, qui programment bénévolement sur
leur temps libre, ne participe pas à la circulation des capitaux et, si le mouvement
devait prendre de l’ampleur, il aboutirait à la mort de l’industrie logicielle telle que
nous la connaissons aujourd’hui.
Dans un article intitulé Il n’a de libre que le nom, le président de la fondation
Robert-Schuman24, Jean-Dominique Giuliani, se positionne clairement en détracteur
du logiciel libre. Une copie de son pamphlet est jointe en annexe.
24 http://www.robert-schuman.org/
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“First they ignore you, then they laugh at you, then they fight you, then you win.”« D’abord ils vous ignorent, puis ils se moquent de vous, ensuite ils vous combat-tent, et enfin vous gagnez. »Ghandi
Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 2.Obstacles à l’adoption de l’open source
2.2. Des risques décisionnels importants
Le logiciel libre appartient à un monde encore trop récent, qui suscite de
nombreuses craintes pour le DSI. La migration d’un parc informatique vers le libre
s’apparente encore à un saut vers l’inconnu car beaucoup de questions effraient :
quelles seront les conséquences imprévues de ce changement, en termes de coûts
cachés, de changements d’habitudes des utilisateurs, de pérennité ?
La migration d’un parc informatique (dans un sens ou un autre) est synonyme
de prise de risques, de dépenses d’énergie et d’argent. La faible visibilité à long
terme des avantages potentiels n’incite pas les décideurs à prendre ces décisions.
2.2.1. L’incertitude légale
Du fait de leur caractère très récent, les logiciels libres « cherchent » encore
leur place dans la société. Rien n’est encore stabilisé, à commencer par la législation
les concernant. Elle évolue encore fortement et les différences peuvent être
importantes entre les pays.
Les brevets logiciels
Aux États-Unis, les éditeurs sont autorisés à déposer des brevets pour
protéger leurs logiciels. Ainsi, la plupart des concepts sont protégés : du principe de
barre de progression à l’algorithme de stockage des fichiers sur le disque dur, ce sont
des dizaines de milliers de brevets qui ont été déposés.
Le brevet protégeant le format d’image GIF est un exemple du tort fait aux logiciels
libres. La société américaine CompuServe a mis au point le format d’image numérique
GIF en 1987, qui est rapidement devenu un « standard » de fait, car largement utilisé
partout dans le monde. En 1994, la société Unisys, à l’origine de deux brevets de
compression utilisés par le format GIF, a soudainement décidé de taxer tous les
éditeurs de logiciels utilisant son format. Ce choix a eu entre autres conséquences la
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 2.Obstacles à l’adoption de l’open source
disparition de la prise en charge du GIF par les logiciels libres (parmi lesquels le
logiciel de traitement d’images The Gimp). Ceux-ci, généralement distribués
gratuitement, n’avaient pas les moyens de payer cette taxe. Depuis 2004, le brevet
détenu par Unisys est arrivé à expiration et le format GIF est à nouveau intégré aux
logiciels libres.
Dans le même ordre d’idées, la société Open Source Risk Management,
spécialisée dans la gestion des risques juridiques, a identifié 283 brevets logiciels
susceptibles de menacer le cœur de Linux ! Ces brevets ont été publiés, mais sont
encore en attente de validation par l’office américain des brevets et marques (US
PTO25). Leur mise en application pourrait être désastreuse pour le système
d’exploitation libre... Bien qu’un tiers de ces brevets ont été déposés par des sociétés
favorables à Linux (IBM, Oracle, HP, RedHat...), les deux tiers restant sont détenus
par Microsoft (27 brevets) et d’autres petites entreprises, qui n’auraient sans doute
aucun scrupule à les faire appliquer si les tribunaux leur donnaient raison.
La situation est moins préoccupante en Europe, où les brevets logiciels sont
interdits depuis la convention de Munich en 1973. Les géants de l’informatique
tentent néanmoins régulièrement de les rendre légaux et n’hésitent pas pour cela à
créer une pression sur les gouvernements. Le dernier débat dans ce sens a eu lieu en
juillet 2005, mais le parlement européen n’a pas donné raison aux requérants.
L’office européen des brevets (OEB) a pourtant déjà reçu 30 000 dépôts de
brevets logiciels, en attente de légalisation ! Qui peut affirmer que les brevets
logiciels n’auront pas d’existence légale dans cinq, dix ou vingt ans ?
La loi DADVSI
La toute récente loi DADVSI (« droit d’auteur et droits voisins dans la société
de l’information »), publiée au Journal officiel le 3 août 2006, est un autre exemple de
25 United States Patent and Trademark Office, http://www.uspto.gov/
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 2.Obstacles à l’adoption de l’open source
danger planant sur les logiciels libres. Cette transposition française de la directive
européenne EUCD (« European Union copyright directive ») suscite de nombreuses
craintes au sein de la communauté du libre car, au nom de la protection des droits
d’auteurs, elle interdit certains logiciels libres ! En effet, elle autorise les formats de
fichiers musicaux ou vidéos à être protégés par des algorithmes de cryptage
autorisant ou non leur lecture, selon que l’utilisateur ait payé ou copié illégalement le
fichier. Ce système de protection est connu sous l’acronyme DRM (Digital Rights
Management, gestion numérique des droits). Mais la loi interdit la lecture de ces
fichiers par des logiciels open source, qu’un programmeur mal intentionné pourrait
modifier pour faire sauter la protection. Pour lire des DVD et des sons ou vidéos
protégés sous Linux, une solution serait de fermer une partie des codes sources. Mais
les associations de défense du libre la refusent en bloc. C’est pourquoi les auteurs de
la distribution Linux Debian ont refusé catégoriquement d’y inclure un logiciel
capable de lire des DVD protégés par DRM.
La polémique est encore d’actualité et la plupart des développeurs du libre
attendent les jurisprudences pour prendre des décisions.
Ces deux exemples démontrent l’instabilité légale du logiciel libre
aujourd’hui et peuvent être à l’origine de craintes de la part des décideurs.
2.2.2. Un risque personnel pour le DSI
Par ailleurs, un DSI qui décide de passer au libre prend un risque personnel.
En effet, la notion de logiciel gratuit n’est ni sérieuse, ni professionnelle dans les
mentalités. Si la mise en place de logiciels libres venait à échouer, le DSI serait accusé
de faute professionnelle. En revanche, les problèmes engendrés par les logiciels
classiques sont acceptés par tous. Dans les mentalités, le DSI « n’y peut pas grand
chose si tel logiciel (propriétaire) ne fonctionne pas selon les attentes ».
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 2.Obstacles à l’adoption de l’open source
Ainsi, la situation de l’informatique propriétaire est beaucoup plus
confortable pour le responsable informatique, qui a par conséquent tendance à opter
pour ce choix moins risqué. C’est une des raisons pour lesquelles les logiciels libres
sont rarement utilisés pour les applications critiques des entreprises.
2.2.3. La peur des coûts non maîtrisés
Toute migration informatique demande un effort d’adaptation, que ce soit
depuis une solution propriétaire vers une solution libre ou dans le sens contraire. La
difficulté consiste à pronostiquer le coût de la migration, sans se laisser surprendre
par des dépenses imprévues.
Le « coût total d’appropriation », appelé aussi TCO (total cost of ownership) se
compose de l’achat des licences, de la migration et de la formation aux utilisateurs.
L’entreprise peut éventuellement faire appel à des compétences externes, comme une
SSLL. L’enquête menée par ITRmanager (note 19, page 24), indique que lorsque les
entreprises font appel à des prestataires externes pour la mise en œuvre de logiciels
libres, elles demandent des formations dans un cas sur deux.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 2.Obstacles à l’adoption de l’open source
Dans le cas d’une migration vers des logiciels libres, la principale économie se
réalise au niveau des licences, car elles sont généralement beaucoup moins onéreuses
que leurs équivalentes propriétaires, voire souvent gratuites. Mais selon
l’argumentaire développé par Microsoft, le prix de la licence serait mineur par
rapport à l’ensemble du TCO.
L’utilisation de logiciels répandus, tels que Microsoft Office ou Internet
Explorer, n’est pas toujours satisfaisante. Mais les imperfections sont acceptées et les
dépenses connues, donc prévisibles, ce qui est rassurant pour le DSI. Avec des
solutions alternatives, les coûts sont plus flous.
Aux formations nécessaires, il faut ajouter la perte de productivité des
employés, le temps de l’adaptation. En effet, un stage n’empêchera ni l’utilisateur de
voir ses habitudes perturbées, ni d’être éventuellement mécontent, en attendant de
s’habituer aux nouveaux outils de travail.
L’expérience prouve qu’en changeant de logiciel, les utilisateurs commencent
par critiquer les aspects négatifs de la nouvelle solution, comme par exemple un
changement dans l’interface, une fonctionnalité manquante ou un bogue.
La durée de cette période transitoire est très difficile à estimer.
2.2.4. Des inquiétudes sur la pérennité
Le doute sur la pérennité est un facteur d’hésitation pour le responsable
informatique : l’avenir d’un logiciel libre qui n’est pas soutenu par un éditeur
classique est-il assuré à long terme ?
Le discours des défenseurs du libre se veut rassurant : ils assurent que la
pérennité est basée sur la « communauté ». Selon eux, si le responsable d’un projet
libre décide de l’abandonner, il y aura toujours quelqu’un d’autre pour prendre le
relais et continuer à le faire évoluer, étant donné que son code source est connu et
modifiable légalement.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 2.Obstacles à l’adoption de l’open source
Ce genre de discours est catastrophique et produit l’effet inverse auprès du
DSI, qui préfère ne pas baser sa stratégie informatique sur une supposition théorique,
mais continuer à accorder sa confiance dans des éditeurs propriétaires chez qui la
pérennité a déjà été prouvée.
2.3. Des logiciels peu ergonomiques
Il convient de distinguer ici deux catégories de logiciels libres : d’une part,
les projets conséquents, aboutis et reconnus, tels que OpenOffice.org ou Mozilla
Firefox et d’autre part, les projets modestes, les plus nombreux, menés par quelques
bénévoles.
Seule cette seconde catégorie est concernée par cette critique. Initiées par des
programmeurs passionnés qui sont excellents dans leur discipline mais qui n’ont que
des connaissances très restreintes en matière d’ergonomie, ces applications sont
souvent trop techniques et souffrent d’une difficulté de prise en main. De plus, les
modes d’emploi ne sont généralement pas disponibles. Or, l’absence de
documentation est une « erreur de jeunesse » bien connue chez les informaticiens... ce
qui renforce la suspicion de la part du DSI.
Par ailleurs, les petits projets libres sont souvent inadaptés pour un usage en
entreprise. Les programmeurs qui en sont à l’origine « se font plaisir » et ne prennent
pas forcément le recul nécessaire à l’analyse des besoins. Par conséquent, l’offre ne
répond pas à la demande. En d’autres termes, ces logiciels libres sont trop
« universitaires ». Selon le libre blanc Di&Mark26, 13 % des entreprises reprochent
aux logiciels libres leur manque de maturité.
26 Livre blanc « Organisations et logiciels libres » de Di&Mark, http://www.diemark.net/texte_livreblanc.htm
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 2.Obstacles à l’adoption de l’open source
2.4. Quelle compatibilité avec l’existant ?
La compatibilité est un élément clé pour passer d’une solution à une autre.
Dans l’hypothèse d’une migration depuis une solution libre vers une solution
propriétaire, aucun problème de compatibilité ne devrait survenir, étant donné que
les logiciels open source utilisent généralement des formats de fichiers documentés. En
revanche, une migration inverse est généralement entravée par l’aspect « fermé » du
logiciel propriétaire en place. Lorsque tout un système est dirigé par Microsoft ou
SAP par exemple, il est difficile d’en sortir.
On constate aujourd’hui que les logiciels libres qui rencontrent le plus grand
succès sont ceux qui sont parvenus à être compatibles avec leurs homologues
propriétaires. OpenOffice.org, par exemple, lit et écrit quasiment parfaitement dans
le format fermé « doc » de Microsoft Word.
Il en va de même pour le navigateur Mozilla Firefox. Une série de standards
ont été définis pour le web. Mais Internet Explorer y a ajouté ses propres règles. Étant
dominant sur le marché, les créateurs de sites Internet s’y sont pliés, quelquefois sans
le savoir. Lorsque Firefox est arrivé, il s’est appliqué à respecter scrupuleusement les
standards définis pour le web. Mais pour assurer la compatibilité avec son rival, il a
su s’adapter dans certains cas et interpréter le code source des pages à la manière de
Microsoft.
OpenOffice.org et Mozilla Firefox sont deux excellents exemples de
compatibilité, tant au niveau des formats de fichiers qu’au niveau de l’interface
graphique, proche des homologues propriétaires afin de ne pas dérouter l’utilisateur.
Mais rares sont les logiciels libres qui suivent cet exemple. Dans de nombreux cas, la
compatibilité n’est pas assurée et c’est à l’utilisateur de « bricoler » s’il souhaite
réellement migrer.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 2.Obstacles à l’adoption de l’open source
2.5. Conclusion des obstacles à l’adoption de l’open source
Les principaux freins à l’adoption de logiciels libres dans une PME sont
d’ordre humain : méconnaissance du domaine, craintes des DSI, critiques des
utilisateurs... La difficulté dans le déploiement du libre réside davantage dans la
décision de changer que dans le changement lui-même.
Lorsque les sondeurs de l’enquête ITRmanager (note 19, page 24) demandent
aux 400 répondants quels seraient les freins à la mise en œuvre de logiciels libres
dans leurs entreprises, deux des trois réponses les plus citées sont d’ordre humain :
les changements dans les habitudes des utilisateurs arrivent en tête, suivie de
l’incompatibilité avec l’existant et du manque de compétences en interne.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 2.Obstacles à l’adoption de l’open source
Le même sondage pose la question des obstacles au déploiement d’un poste
client open source. Le manque de compétences arrive cette fois en deuxième position.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 2.Obstacles à l’adoption de l’open source
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En bref...
Si certains critiquent les principes de base du
mouvement du libre, ce sont des raisons plus
pragmatiques qui freinent son adoption dans les
PME. Le manque de recul, synonyme de prise de
risques, est généralement cité.
Les DSI évoquent l’incertitude des coûts de mi-
gration, de formation et de maintenance des solu-
tions libres. Ils préfèrent payer des licences pro-
priétaires, peut-être plus chères, mais dont le prix
est connu d’avance.
Le principal obstacle à la migration vers un
environnement libre n’est pas technique mais
humain. Les utilisateurs ne maîtrisent pas ces
nouveaux outils, ce qui se traduit par une forte
appréhension et d’importantes dépenses en
formations.
Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?
3. Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?
Rien n’étant ni tout noir, ni tout blanc, les logiciels libres ont bien évidemment
aussi des qualités intéressantes ! Seules seront traitées celles qui concernent
directement les PME et qui peuvent influencer les décideurs dans leurs choix. À eux,
ensuite, de trancher...
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?
3.1. Réduction des coûts
Le premier avantage qui vient naturellement à l’esprit pour les logiciels libres
concerne leurs prix. Leurs licences sont soit beaucoup moins chères que chez leurs
équivalents propriétaires, soit totalement gratuites.
Une critique qui revient souvent de la part des entreprises est le prix
exorbitant de certains produits. L’achat d’une licence Microsoft Word27 est-il justifié
si le traitement de texte n’est utilisé que pour rédiger des courriers ?
Les licences d’utilisation des programmes classiques sont généralement
monopostes, c’est-à-dire qu’un achat autorise l’utilisation de l’application sur un seul
ordinateur. Ce n’est pas le cas avec les logiciels open source. Une licence libre, même
payante, donne à l’acheteur le droit d’installer et d’utiliser le programme sur tous les
postes de l’entreprise. On la qualifie de multiposte.
Selon l’enquête ITRmanager (note 19, page 24), l’achat de licences n’est pas
adapté aux besoins des entreprises : elles préféreraient payer un abonnement annuel
pour le support technique de logiciel acquis gratuitement.
27 Une licence Word monoposte est vendue environ 300 € et la suite Office environ 650 €. À titre de comparaison, la suite StarOffice coûte environ 70 € et la suite OpenOffice.org est gratuite.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?
Et les coûts cachés ?
Si le faible coût d’acquisition des licences permet aux entreprises
d’économiser beaucoup d’argent, la question du coût total, comprenant la migration
et la formation, rebute encore les DSI.
La SSLL RyXéo28 apporte un élément de réponse. Selon elle, l’économie
réalisée au niveau des licences est redistribuée dans les frais d’adaptation : appel à
un prestataire externe, formation des utilisateurs, baisse de rentabilité. L’entreprise
ne connaît ni économie, ni surcoût, le temps de la transition. En revanche, le gain
d’argent est clairement quantifiable au bout de quelques mois ou années –selon
l’ampleur de la migration–, lorsque la mise à jour du parc informatique ne nécessite
plus l’achat de licences coûteuses.
28 RyXéo est une SàRL localisée en Aquitaine et spécialisée dans le développement de logiciels libres, l’administration système et réseaux et la sécurité des systèmes informatiques. http://www.ryxeo.com/
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?
Dans les faits, il s’avère que la peur des coûts non maîtrisés est injustifiée car
le passage au libre finit par être rentable à court ou moyen terme.
Lorsque la Chambre de commerce et d’industrie de Meurthe-et-Moselle a
migré ses 160 stations de travail vers un environnement totalement libre, en 2005, elle
a planifié une économie de 1 000 € par poste et par an, soit 160 000 € par an ! Le
témoignage d’un responsable de l’opération sera joint au chapitre 4.3. La CCI de
Meurthe-et-Moselle (page 63).
La migration de la Direction générale des impôts française va également dans
le sens d’une claire économie. Fin 2006, le Trésor public migrera son parc
informatique de 80 000 postes vers la suite bureautique OpenOffice.org. La validité
des licences de Microsoft Office arrivant à échéance, une migration s’impose. Les
responsables estiment que la migration vers Office XP coûterait 29,5 millions
d’euros, alors que le choix de OpenOffice.org coûtera 0,2 millions d’euros. Après le
prix, la deuxième raison invoquée est le nombre de fonctionnalités inutiles dans le
produit de Microsoft. La migration se déroule dans le cadre du programme Copernic
lancé en 2001, qui prévoit une refonte totale du système d’information sur 7 ans.
Une gestion simplifiée
L’utilisation de logiciels libres demande moins d’efforts, quant à la gestion des
licences. Le responsable informatique n’a plus besoin de s’en soucier, il sait que son
entreprise est en règle.
Actuellement, le taux de logiciels piratés est de 35 % dans le monde et il
atteint 47 % en France, ce qui place le pays au troisième rang mondial en terme de
manque à gagner pour l’industrie du logiciel, après les États-Unis et la Chine29.
Les licences libres autorisant un nombre illimité d’utilisateurs, les salariés de
29 Source : BSA. http://www.bsa.org/france/press/newsreleases/2006-Global-Piracy-Study.cfm
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?
l’entreprise peuvent installer chez eux les mêmes logiciels, gratuitement et en toute
légalité. La remarque est la même pour les clients, fournisseurs et partenaires
commerciaux.
Mais le coût est loin d’être le seul critère en faveur des logiciels libres. En 2003
a eu lieu « l’affaire de la municipalité de Munich ». La ville allemande a été une des
premières à choisir d’équiper son parc de 14 000 ordinateurs du système
d’exploitation Linux Suse. Pour contrer cette opération dangereuse pour Microsoft, la
firme américaine a proposé une série de rabais. Au final, son offre était moins chère
que celle de Linux... de 12 millions de dollars, selon le quotidien américain USA
Today ! Mais l’offre a été rejetée ; la municipalité a préféré migrer vers le système
libre, pour des raisons qui sont a priori autres que le prix des licences.
Il en va de même pour les PME. Le prix est un argument, mais il n’est pas
forcément déterminant. Les entreprises cherchent prioritairement des produits de
qualité.
3.2. Fiabilité
Un des points forts déterminants pour les logiciels libres est leur fiabilité.
L’expérience montre qu’ils connaissent moins de dysfonctionnements que leurs
équivalents propriétaires.
Lorsqu’un programmeur développe en open source, il expose son code à la
communauté. Il s’assure donc que celui-ci soit de qualité. Dans le cas contraire –et
c’est souvent ce qu’il se passe–, son code est repris et amélioré par un autre
développeur.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?
Un autre avantage qui découle de l’accès libre au code est l’absence de
chevaux de Troie30. En effet, la source est lue et relue par plusieurs individus. Si un
bout de code espion était inséré dans le programme, il serait vite détecté et supprimé.
Mais il semble que ce cas de figure ne soit jamais arrivé.
Les débogueurs sont nombreux
parmi les programmeurs et les utilisateurs
du libre. Par conséquent, les
dysfonctionnements sont rapidement
identifiés et corrigés, ce qui est une bonne
chose, car le coût de correction des bogues
est fonction du stade où ils sont identifiés.
Exemples
Une étude a été menée pendant trois mois Syscontrol31, sur une centaine de
sites suisses à fort trafic. Il en résulte que ceux fonctionnant avec le serveur web open
source Apache auraient une disponibilité plus de trois fois meilleure que ceux
utilisant l’équivalent Microsoft IIS.
30 En informatique, un cheval de Troie est un bout de code destiné à épier les actions de l’utilisateur à son insu. Un programme doté d’un cheval de Troie est appelé logiciel espion, espiogiciel ou encore spyware.
31 Syscontrol est une société suisse de mesure des performances sur Internet. http://www.syscontrol.ch/
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« Étant donnés suffisamment d'observa-teurs, tous les bogues sautent aux yeux. » C’est ce que j’appelle: « La Loi de Linus ».“Given enough eyeballs, all bugs are shal-low.” I dub this: “Linus's Law”.Eric S. Raymond, fouineur (hacker) célèbre
Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?
ZDNet.fr32 a procédé à un test de fiabilité sur dix mois, pour comparer les
systèmes d’exploitation Windows NT et Linux. Lors de ce test, le système de
Microsoft est tombé en moyenne une fois toutes les six semaines, immobilisant le
serveur pendant une trentaine de minutes. Les deux serveurs Linux –RedHat et
Caldera– ne se sont jamais arrêtés.
3.3. Sécurité
Contrairement à une idée reçue, l’ouverture du code source d’une application
ne le rend pas vulnérable, bien au contraire. Plusieurs faits expliquent ce phénomène.
32 ZDNet.fr est un site d’information pour les décideurs et les utilisateurs professionnels IT en France. http://www.zdnet.fr/
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?
D’une part, le nombre d’informaticiens accédant au code étant plus important,
les failles sont découvertes plus rapidement. D’autre part, les pirates informatiques,
ou crackers, s’attaquent principalement aux logiciels fermés, par défi et par
convictions.
La communauté du libre est réputée pour sa forte réactivité : lorsqu’une faille
de sécurité est détectée, quelques heures à quelques jours suffisent pour que le
correctif soit proposé au téléchargement. Plus un projet est important, plus ce fait se
vérifie.
Dans le cas des logiciels fermés développés par un éditeur unique, les
correctifs sont souvent longs à être appliqués. L’utilisateur est totalement dépendant
de son fournisseur et ne peut qu’attendre en espérant ne pas être attaqué par un
individu mal intentionné. C’est notamment le cas du navigateur Internet Explorer,
comme le démontrent ces graphiques.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?
Il s’avère donc que les logiciels libres sont aussi performants que leurs
équivalents propriétaires, tout en étant moins sensibles aux problèmes de sécurité.
Cet argument est capital dans la politique informatique d’une PME, en termes de
temps, d’argent et de protection des données.
3.4. Indépendance et interopérabilité
Parmi les critères de choix qui
poussent les entreprises à adopter des
logiciels libres, l’indépendance arrive en
troisième place après les coûts et la
fiabilité. L’interopérabilité, quant à elle,
n’arrive qu’en cinquième position sur un
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Interopérabilité« L’interopérabilité est le fait que plusieurs systèmes, qu’ils soient identiques ou radicalement différents, puissent communiquer sans ambiguïté et opérer ensemble. »Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Interopérabilité
Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?
total de neuf propositions33. Bien que les DSI ne semblent pas en avoir conscience, ces
deux qualités offertes par le libre jouent un rôle très important.
Le phénomène de la « cage dorée »
On peut assimiler la politique des éditeurs dominants à une cage dorée : ils
enferment l’utilisateur dans des solutions simples, rassurantes et productives... mais
qui masquent des problèmes potentiels à plus long terme.
Miser sur un logiciel qui n’utilise pas de formats standards revient à s’y
enfermer. Un exemple courant est le traitement de texte Microsoft Word. Bien que le
format « doc » utilisé soit fermé, cela ne semble pas poser de problèmes puisque
« tout le monde » l’utilise. Pourtant, lorsque l’éditeur décide de le faire évoluer, il
devient obligatoire de renouveler les licences afin de pouvoir lire les documents
reçus depuis l’extérieur. En effet, si chaque version de Word permet de lire les
fichiers enregistrés dans des versions plus anciennes, le contraire n’est pas vrai.
De même, en dehors de toute considération de version, Word ne gère pas les
formats de fichiers des autres traitements de texte ; seule la compatibilité envers les
produits Microsoft est assurée. Bien que cette stratégie marketing ait porté ses fruits
jusqu’à présent, la grogne commence à se faire sentir auprès des clients : pour 52 %
des PME, Microsoft se soucie plus de ses propres intérêts que des besoins des
utilisateurs... Seuls 4 % pensent le contraire34, 35.
33 Source : sondage réalisé en 2005 auprès de 200 entreprises, par le magazine 01 informatique et l’Afai (association française de l’audit et du conseil informatiques), en collaboration avec la société Comm’Back.
34 Source : enquête menée en 2003 par le cabinet d’études Jupiter Research.35 Voir l’article Critiques du fonctionnement et de la politique hégémonique de Microsoft joint en annexes.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?
Logiciels libres et formats ouverts
La première suite bureautique concurrente, OpenOffice.org36, assure non
seulement la gestion du format « doc », mais est également à l’origine du format
OpenDocument, qui a la particularité d’être le premier standard de traitement de
texte approuvé par l’organisme international de normalisation ISO.
De manière plus générale, une caractéristique commune à tous les logiciels
libres est leur utilisation de formats documentés pour l’enregistrement des données.
Cette qualité assure d’une part la pérennité des données. En effet, même si le logiciel
venait à disparaître, elles ne seraient pas perdues, puisque potentiellement
exploitables par un logiciel tiers.
L’interopérabilité est d’autre part garantie. Par exemple, le format
OpenDocument a été conçu pour devenir le format commun à tous les logiciels de
traitement de texte. L’utilisateur qui le souhaitera pourra désinstaller OpenOffice.org
au profit d’un autre logiciel, sans perte de données. Un autre exemple est le HTML,
format utilisé par les pages web. Un site développé en respectant les standards dictés
par le W3C37 sera consultable de la même manière, quel que soit le navigateur, à
condition que celui-ci respecte les standards. Firefox en fait partie... contrairement à
Microsoft Internet Explorer... qui interprête le HTML « à sa façon »...
L’importance de l’interopérabilité
Les administrations de nombreux pays sont les premières à accorder une
importance particulière aux formats standards. Depuis 2006, une directive française
leur impose d’échanger entre elles non plus des fichiers « doc », mais
OpenDocument. Face à ce constat, Microsoft a été « contraint » d’annoncer en juillet
36 Voir le dossier Pourquoi utiliser OpenOffice.org 1.1 joint en annexe37 W3C, pour World Wide Web Consortium, est un groupe de travail destiné à promouvoir la
compatibilité des technologies du web.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?
2006 son intention de développer un plugin38 gérant ce format dans Word39.
Les mauvaises surprises des formats fermés
Les formats non documentés sont utilisés « en l’état » : tant qu’ils
fonctionnent, l’utilisateur est satisfait... mais des mauvaises surprises sont possibles.
Le format « doc » (encore lui !) a été à l’origine de plusieurs fuites d’informations...
Le gouvernement britannique de Tony Blair en a fait les frais en 200340. Le 10
Downing street a publié un dossier sur les organisations de sécurité et d’espionnage
en Irak, cité par Colin Powell dans son discours aux Nations Unies. Il a ensuite été
proposé en téléchargement sur Internet... au format Word. Un particulier, Richard M.
Smith, l’a alors examiné le fichier en profondeur et a pu constater qu’il s’agissait en
réalité d’un plagiat ! Après une annonce publique, le gouvernement a perdu en
crédibilité et un des responsables a dû s’expliquer devant le Parlement britannique.
Le géant des télécommunications Alcatel a également souffert de ce problème
de confidentialité lorsque, en 2001, il a publié un communiqué de presse au sujet de
failles de sécurité dans une série de modems. Une analyse détaillée des fichier « doc »
a permis de mettre en évidence une série d’informations qu’Alcatel pensait avoir
supprimé dans le but de les garder secrêtes.41 D’autres exemples de ce type sont listés
dans un article intitulé « Les travers du format MS Word », inséré en annexes.
Selon Patrick Chambet, consultant en sécurité chez la SSII Edelweb et Eric
Filiol, directeur du laboratoire de cryptologie et de virologie à Esat42, « il ne s’agit pas
de failles », mais de « fonctionnalités conçues délibérément, certainement dans un
souci d’ergonomie toujours plus grande, mais qui au final font de l’utilisateur une
victime ». On est en droit de penser que ce genre d’aléas est exclu des formats
38 Un plugin, ou greffon, est un petit programme destiné à apporter de nouvelles fonctionnalités à un logiciel.
39 Adresse du projet de plugin : http://sourceforge.net/projects/odf-converter40 Voir l’article « Microsoft Word mord les fesses de Tony Blair » en annexes.41 Voir l’article « Les vices cachés des .doc » en annexes.42 Esat : École supérieure et d’application des transmissions
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?
ouverts car, ne pouvant se protéger par l’absence de spécifications, ils accordent une
place importante à la sécurité. Et là encore, l’expérience montre que lorsqu’une telle
brèche est découverte, elle est rapidement corrigée.
3.5. Une reconnaissance croissante
Malgré les points forts « théoriques » des logiciels libres, peu de PME osaient
tenter l’expérience jusqu’à récemment. La raison en était que l’open source n’avait pas
suffisamment pénétré le marché des grandes entreprises. Or, les petites structures
ont tendance à accorder une confiance plus grande dans des solutions déjà testées
ailleurs, comme l’atteste l’enquête menée par ITRmanager (note 19, page 24). Pour
71,4 % des sondés, l’existence de suites éprouvées est un accélérateur pour l’adoption
de l’open source sur le poste client... ce qui en fait la première réponse donnée.
L’adoption et le soutien croissants du logiciel libre par les administrations et
entreprises contribuent largement à sa crédibilité.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?
3.5.1. Dans les administrations
De nombreuses administrations françaises et internationales font confiance à
l’open source. L’Éducation nationale a été la première à utiliser des serveurs libres et
proposer des stations de travail équipées de Linux dans les universités. Un magazine
publié par le ministère informe que « plus de 60 % des licences logicielles utilisées
sur les serveurs de l’éducation nationale sont issues du monde libre » et qu’environ
15 000 serveurs Linux équipent collèges et lycées.
En 2003, le ministère de l’Intérieur et de l’aménagement du territoire a
équipé ses 15 000 postes avec la suite bureautique OpenOffice.org.
En juin 2004, le ministère de l’Économie, des finances et de l’industrie a
décidé de faire appel au libre pour la gestion des impôts.
Un mois plus tard, le ministère des Transports, de l’équipement, du
tourisme et de la mer a annoncé son intention de remplacer l’ensemble de ses 1 500
serveurs Microsoft NT par des serveurs Linux.
La même année, le ministère de la Défense français a lancé un projet de
développement d’une distribution Linux de haute sécurité, en partenariat avec
différents acteurs, dont Mandriva43.
En 2005, la gendarmerie nationale a déployé la suite bureautique
OpenOffice.org sur tous ses ordinateurs. L’expérience ayant été concluante, elle a
décidé de passer à Firefox (navigateur web) et Thunderbird (gestion des courriels) en
janvier 2006.
En juillet 2005, c’est au tour du ministère de l’Agriculture et de la pêche de
migrer ses serveurs Windows NT vers Linux.
De nombreux pays, sur les cinq continents, adoptent la même démarche. Une
liste de plus de soixante-dix migrations publiques est jointe en annexe.
43 Mandriva, anciennement Mandrake, est une société française éditrice du système d’exploitation Linux.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?
La plus grosse migration au monde aura lieu au sein de l’administration
centrale française, courant 2007. Ce sont 400 000 postes qui migreront vers
OpenOffice.org et son format OpenDocument !
Les cas du Trésor public (3.1. Réduction des coûts, page 42) , de la gendarmerie
nationale (4.2. La gendarmerie nationale, page 62) et de la Chambre de commerce et
d’industrie de Meurthe-et-Moselle (4.3. La CCI de Meurthe-et-Moselle, page 63) sont
développés par ailleurs.
3.5.2. Au sein des entreprises
Bien que la voie ouverte par les administrations soit encourageante, celles-ci
ne dépendent pas de l’économie de marché comme les entreprises. C’est pourquoi il
serait d’autant plus rassurant pour les PME de constater que le secteur privé, lui
aussi, s’intéresse grandement aux logiciels libres.
Le paragraphe 1.3.1. Un secteur privé encore réticent (page 18), pourtant,
témoigne de la grande prudence avec laquelle les PME abordent le libre. À l’inverse,
les témoignages d’entreprises ayant franchi le pas, rassemblés à la partie
4. Expériences de migrations (page 58), sont plus rassurants.
Enfin, beaucoup de très grandes entreprises utilisent Linux à plus ou moins
grande échelle : Disney, General Electric, Ernst & Young, UPS, Nasdaq, Boeing,
United States Postal Service, Ikea, Cisco, Sony WorldWide Networks, Mercedes-
Benz, Netscape, IBM, Apple, Microsoft, Schlumberger, la BNP, France Télécom,
L’Oréal, Canon, Radio France, Publicis, la Sagem, Alcatel, Siemens et des centaines
de fournisseurs d’accès à Internet44.
44 Sources : Wired, Linux Journal, Linas, l’AFUL. Informations collectées à la page http://cyril.org/lindict.html#bignames.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?
3.5.3. Parmi les constructeurs informatiques
Constatant le succès grandissant des logiciels libres et en particulier de Linux,
les constructeurs d’ordinateurs accompagnent le mouvement, en vendant des
machines prêtes à fonctionner sous le système d’exploitation libre. Cette situation est
confortable pour le DSI, qui n’a plus à se préoccuper de la compatibilité entre le
matériel et le logiciel lorsque son entreprise investit dans un serveur Linux, par
exemple.
IBM en tête, mais aussi Dell, HP, Compaq... commercialisent des gammes de
serveurs et des stations de travail Linux, puis en assurent le service après-vente.
3.5.4. Chez les éditeurs informatiques
Les éditeurs « classiques » de logiciels ne sont pas en reste.
Le géant Sun est considéré comme
le premier supporter du libre : après avoir
racheté la société allemande StarDivision, il
a « offert » la suite StarOffice à la
communauté en la publiant sous licence
libre : OpenOffice.org était né.
La firme Netscape a agi de même en
publiant le code source de sa suite Internet
sous licence libre, ce qui a abouti à la
création de Mozilla. Puis les logiciels de la
suite se sont scindés en navigateur web et
gestionnaire de courriels indépendants,
pour créer les célèbres Firefox et Thunderbird.
Par ailleurs, IBM, Corel, Computer Associates, Oracle et d’autres sont connus
pour leur support actif à a communauté du libre.
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« Par ailleurs, des gens comme IBM ont bien compris que leur précédent schéma était voué à l’échec. On ne contrôle pas un marché avec une solution propriétaire, lourde à entretenir. Au contraire, ils apportent désormais énormément au monde des logiciels libres en affectant d’énormes ressources. Ils en retirent toute l’innovation qui est liée à ce monde-là. Pour nous, c’est une très bonne nouvelle qu’ils investissent dans ce domaine. Aujourd’hui, les contributions majeures viennent de boîtes comme IBM, pas de hackers au fond d’un garage. »Colin Tenwick, VP & General Manager Europe Middle East & Africa de Red Hat, http://domain39.altern.com/a3873
Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?
Des acteurs tels que l’INRIA, Bull,
France Télécom, Thales Group, NEC Soft,
RedHat et SuSE ont créé ensemble le
consortium ObjectWeb45, dédié au
développement d’intergiciels46 libres
destinés à l’industrie. En raison de la
concurrence et les sommes colossales en
jeu, le choix du libre a été fait dans le but
de créer des projets robustes et neutres vis-
à-vis des intérêts commerciaux divergents.
L’ensemble de ces acteurs contribue
à renforcer la crédibilité des logiciels open
source aux yeux des PME.
3.6. Conclusion des raisons de l’utilisation du libre
Bien d’autres avantages sont inhérents au libre... L’ouverture du code source
permet à qui le souhaite de modifier le programme pour l’adapter à ses besoins.
L’architecture de certains programmes libres –notamment de Linux– est modulaire :
chacun peut en interchanger les éléments en fonction de ses besoins, contrairement
aux applications propriétaires, généralement monoblocs. Le modèle économique du
libre favorise les services : les sources de revenus ne sont plus issues de la vente de
licences mais de prestations de proximité telles que l’assistance à l’installation, le
conseil, la formation... ce qui revient à créer des emplois locaux, non délocalisables.
Mais dans la pratique, ces différents aspects ne concernent pas directement les PME,
c’est pourquoi ils ne sont pas développés ici.
45 http://www.objectweb.org/46 Un intergiciel, ou middleware, est un programme destiné à faire communiquer des systèmes
hétérogènes.
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« Il faut bien se rendre compte que Linux a commencé avec les “early adopters” , c’est-à-dire avec des étudiants ou des ingénieurs qui n’ont absolument pas besoin de support ou de services. C’est pourquoi beaucoup d’observateurs ont considéré que Linux était un marché où il n’y avait pas d’argent à gagner. Les choses changent aujourd’hui car ces “early adopters” ne sont que 10% des clients potentiels. Les autres 90% ont besoin de services et de support, ils le paieront si Linux répond à leurs besoins et permet d’améliorer le TCO (coût total de possession) »Interview de Bob Young, co-fondateur de RedHat, au magazine Linux+, septembre 2000, pp. 10-11
Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?
En conclusion, il apparaît que les logiciels libres ne sont plus considérés
aujourd’hui comme des logiciels au rabais. Les critères de choix généralement cités
par les entreprises ne sont plus d’ordre idéologique, mais purement pratique : coûts,
fiabilité, efficacité... Ce sont finalement les mêmes que pour les logiciels propriétaires.
Un enquête menée par le cabinet d’expertise Benchmark Group annonce
qu’en 2002, 75 % des entreprises qui utilisaient déjà des logiciels libres se disaient
« satisfaites sans hésitation ». Le livre blanc « Organisations et logiciels libres »
publié par la société de services et de conseil Di&Mark (note 26, page 34) pousse le
taux de satisfaction à 89 % en 2005.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?
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En bref...
Parmi les avantages auxquels peuvent prétendre
les PME optant pour les logiciels libres, on
compte la réduction des coûts. Malgré la crainte
des dépenses cachées, l’expérience démontre que
l’investissement engagé dans une migration est
généralement amorti à moyen terme.
Les applications open source sont également
réputées plus fiables et plus axées sur la sécurité
que leurs équivalents classiques.
Elles permettent aux PME de ne pas s’enfermer
dans des solutions propriétaires desquelles elles
pourraient difficilement se défaire.
Enfin, l’argument de l’expérience vient compléter
la liste, puisqu’un certain nombre de logiciels
libres ont démontré leur efficacité auprès
d’administrations et d’entreprises.
Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 4.Expériences de migrations
4. Expériences de migrations
Le logiciel libre a déjà bien pénétré certains domaines, notamment celui des
serveurs, où certaines applications rivalisent avec les logiciels propriétaires et où
d’autres les surpassent, comme Apache, le serveur web le plus utilisé au monde.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 4.Expériences de migrations
Mais le champ d’application du libre est toujours restreint : il a encore du mal
à s’imposer sur les postes de travail des utilisateurs. Pourtant, il bénéficie d’un
potentiel pour y arriver. C’est du moins ce que pensent les utilisateurs, selon
l’enquête ITRmanager (note 19, page 24) pour lesquels le poste de travail est le
deuxième domaine où la concurrence peut jouer.
Quelques applications ont déjà fait leurs preuves : OpenOffice.org, Mozilla
Firefox... mais elles sont encore rares.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 4.Expériences de migrations
Un certain nombre d’entreprises qui ont opté pour les logiciels libres, ont
accepté de communiquer sur leurs expériences. Cette dernière partie relatera les
témoignages de deux PME, deux administrations publiques, une PMI et une grande
entreprise.
4.1. Deux PME du secteur tertiaire
E-maginair47 et WebCD48 sont deux agences web49 de quatre et sept employés,
basées respectivement dans le Doubs et dans le Bas-Rhin. Comme nombre
d’entreprises appartenant au secteur des technologies de l’information et de la
communication (TIC), elles ont été parmi les premières à tester les logiciels libres.
Leurs responsables informatique et réseaux Jean-Philippe Guillaume50 et Olivier Lutz
47 http://www.emaginair.com/48 http://www.webcd.fr/49 Une agence web est une entreprise spécialisée dans la création et la mise à jour de sites Internet.50 Depuis peu, Jean-Philippe Guillaume a quitté E-maginair et créé sa propre agence web :
http://www.iloclic.com/.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 4.Expériences de migrations
ont accepté de répondre à un questionnaire, pour les besoins de ce mémoire. Bien
que ne se connaissant pas, ils ont tous les deux fourni des informations très
similaires.
Les deux PME utilisent des serveurs totalement libres. Ayant fait ce choix dès
leurs créations en 1998 et 1999, elles n’ont pas eu à migrer. Pour l’hébergement de
leurs sites, elles font appel à la combinaison « LAMP » : Linux, Apache, MySQL et
PHP. Des outils de surveillance et de suivi, libres eux aussi, sont utilisés : Ntop,
Nagios, Awstats, RDDtool...
Une solution mixte a été choisie pour les postes de travail : environnement et
logiciels propriétaires, accompagnés d’applications open source : bureautique,
navigation, gestion des courriels.
Les raisons évoquées pour le déploiement de solutions libres sont la réduction
des coûts, la confiance dans la sécurité, la fiabilité et les meilleures performances
des serveurs, notamment dans les situations de forte affluence.
En revanche, les logiciels propriétaires sont solidement ancrés pour certaines
utilisations, où leurs équivalents libres sont encore inexistants ou immatures. C’est le
cas de la création multimédia avec Adobe Flash et Photoshop. Un équivalent à ce
dernier existe (The Gimp), mais sa prise en main n’est pas évidente pour un non
initié.
Le principal frein à une plus grande utilisation des logiciels libres dans les
PME est le manque de connaissances, le besoin de formations. Il est toutefois souvent
comblé par la richesse des informations et la disponibilité de la communauté sur
Internet, qui fait office d’assistance gratuite.
Les deux agences web envisagent d’accorder une place croissante aux logiciels
libres à moyen terme. Leur compatibilité avec les programmes classiques facilite la
migration sur le poste client : OpenOffice.org gère très bien le format « doc » de
Microsoft Word et Firefox et Thunderbird importent sans problèmes les données
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 4.Expériences de migrations
(favoris, courriers, carnets d’adresses) d’Internet Explorer et Outlook.
Mais elle continueront à utiliser les logiciels propriétaires tant que ceux-ci
seront majoritaires. En effet, une des contraintes de l’agence web est de tester ses
produits selon la configuration de ses clients.
Pour plus de détails, les questionnaires des responsables informatique sont
joints en intégralité dans les annexes.
4.2. La gendarmerie nationale
Après sa migration vers OpenOffice.org annoncée en janvier 2005, la
gendarmerie nationale française a réitéré sa confiance dans les logiciels libres début
2006 en communiquant son intention de déployer le navigateur Mozilla Firefox sur
ses 70 000 postes de travail et le client de messagerie Mozilla Thunderbird sur 45 000
d’entre eux.
Dans un entretien accordé à un magazine spécialisé51, le Général Brachet,
sous-directeur des télécommunications et de l’informatique de la direction générale,
révèle que la première raison expliquant ce recours au logiciel libre est le besoin
d’interopérabilité. Il ajoute ensuite qu’il « s’est révélé comme une alternative
crédible et économiquement intéressante » car, « il n’est pas gratuit mais largement
moins onéreux que des solutions d’éditeurs à fonctionnalités égales ». Selon le
Général Brachet, le logiciel libre représente également « un gage d’indépendance et
de pérennité ».
Quelques extraits de cet entretien sont fournis en annexes.
51 Entretien accordé au magazine Linux pratique, numéro 33, janvier 2006.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 4.Expériences de migrations
4.3. La CCI de Meurthe-et-Moselle
Philippe Klein, membre du comité de direction de la Chambre de commerce et
d’industrie (CCI) de Meurthe-et-Moselle, a donné une conférence52, dans laquelle il a
donné des détails relatifs à la migration de l’organisme public vers une solution
totalement libre.
Elle s’est organisée en deux temps. En 2005, l’ensemble des postes de travail a
été basculé vers un environnement libre. L’année suivante, c’est le système de
téléphonie qui a migré vers la technologie VoIP53 accompagnée d’outils open source.
150 collaborateurs travaillant sur dix sites distants étaient concernés. D’un
point de vue matériel, la migration a touché 160 postes de travail, 200 postes
pédagogiques et 15 serveurs gérant notamment l’accès au système par des appareils
nomades : Smartphones et ordinateurs personnels. Le service informatique de la CCI a
orchestré les opérations et des sessions de formation en interne ont été données par le
groupe CCI Formation 54.
La démarche de l’initiateur
Pour faire approuver son projet, Philippe Klein a présenté des arguments non
techniques aux dirigeants de la CCI. Une migration était devenue nécessaire car le
parc informatique vieillissait. Le choix du libre était en partie dû à une volonté
d’économie du denier public, mais également dans le but stratégique d’entretenir
l’innovation au sein de la structure : l’acquisition de nouvelles compétences est
ensuite valorisée via les formations données à l’extérieur. L’initiateur a comparé les
avantages et inconvénients des solutions possibles dans le tableau qui suit.
52 La conférence, intitulée « La CCI 54 ose le bureau 100 % libre », a eu lieu le 5 juillet 2006 lors des Rencontres mondiales du logiciel libre à Vandœuvre-lès-Nancy.
53 La voix sur réseau IP, ou VoIP, est une technique qui permet de téléphonie via Internet. Ses principaux avantages sont la réduction des coûts et le traitement informatique des appels.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 4.Expériences de migrations
Critères Systèmes propriétaires Systèmes ouvertsPhilosophiques
• universalité• pérennité• indépendance• formats ouverts
- +
Techniques• robustesse• fiabilité• performance• sécurité
- +
Stratégiques• risque• non conformisme• exemplarité
+ / - - / +
Économiques• mise en oeuvre• évolution
- +
Tableau 1 : Comparatif entre systèmes propriétaires et ouverts
Des circonstances favorables
La migration s’est déroulée relativement facilement car l’initiateur appartenait
au comité de direction. De plus, le président y était favorable. Enfin, une majorité
d’applications de production de la CCI a été développé en interne et pour le web. Or,
cette technologie n’est pas limitée à une plate-forme : elle s’utilise aussi bien avec
Linux qu’avec Windows. Enfin, un certain nombre de stagiaires universitaires ont
aidé au bon déroulement des opérations.
Des difficultés
La migration ne s’est pas déroulée sans quelques embûches. Comme souvent,
elles ont concerné l’aspect humain du changement. Les responsables ont dû gérer
une véritable « peur du changement » et former longuement les collaborateurs.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 4.Expériences de migrations
Un problème matériel a également freiné les opérations : l’imprimante
utilisée par une majorité de collaborateurs, la Canon CAPT, n’a pas pu fonctionner
sous Linux. Cet obstacle s’est soldé par un remplacement de ces imprimantes.
D’importantes économies
La CCI a profité de cette migration pour repenser son architecture réseau.
Ainsi, sept serveurs de sessions ont été mis en place, auxquels les utilisateurs ont
connecté leurs stations de travail pour bénéficier de leurs ressources.
Le parc se compose donc d’une poignée d’ordinateurs performants et d’une
multitude de machines « bas de gamme » qui fonctionnent efficacement en se
partageant les ressources des serveurs. Il n’est donc plus nécessaire d’acheter de
nouveaux PC régulièrement. Cette technique permet de réaliser d’importantes
économies sur le matériel.
Au final, en tenant compte de l’argent dépensé dans les formations et
économisé sur le matériel et les licences, il s’avère que la CCI a réalisé des économies
importantes et récurrentes, à hauteur de 1 000 € par poste et par an, soit 160 000 €
épargnés chaque année !
Les acteurs de la CCI espèrent maintenant transmettre l’expérience capitalisée
au travers de formations et démarrer un effet « boule de neige ».
4.4. La chaîne de supermarchés Auchan
Les supermarchés Auchan ont décidé de migrer leurs serveurs
départementaux de Windows NT vers Linux, déjà en 2002.
Le directeur technique d’Auchan International Technology, Michel Barthélémy,
expliquait alors : « Linux est aujourd’hui une alternative crédible [...] ce qui n’était
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 4.Expériences de migrations
pas le cas il y a 3 ou 4 ans » (citation de 2002). Et d’ajouter « Le coût d’une migration
vers XP aurait été beaucoup plus élevé. La différence se chiffre en millions de francs,
du seul fait des licences. [...] Le coût des licences des éditeurs propriétaires est
maîtrisable si vous suivez leur politique de mise à jour. Mais ce n’est pas notre cas. »
Le premier aspect évoqué était donc, comme souvent, d’ordre financier. Sans
communiquer le montant de l’investissement, la chaîne a tout de même précisé que
le retour sur investissement était attendu dès la première année.
Michel Barthélémy enchaînait sur les gains en fiabilité attendus : « Dans
l’environnement Windows, chaque machine assure un, deux ou trois services au
maximum afin que le plantage d’un serveur n’obère pas du fonctionnement de
l’ensemble des services. Cela a un coût matériel. Il faut une trentaine de micros pour
assurer une cinquantaine de services sous Windows. On peut tout à fait remplacer
une quinzaine de serveurs Windows par deux serveurs Linux et assurer une
meilleure continuité de service ». Il ajoutait ensuite que l’environnement open source
était plus personnalisable, plus souple et plus sécuritaire.
L’intégralité de l’article, tiré du site d’informations ZDNet.fr, est jointe en
annexes.
4.5. Une PMI – secteur industriel
La SSLL marseillaise Bashprofile54, par la voix de son dirigeant Marc Bey, a
témoigné d’une expérience de migration récente dans le secteur industriel55.
L’opération concerne une PMI de confection de sacs en plastique. Le dirigeant
a expliqué son choix par une volonté de réaliser des économies.
54 http://www.bashprofile.net/55 La conférence, intitulée « Migration vers Linux et les logiciels métiers – expérience d’une migration
vers Linux dans le secteur industriel », a eu lieu le 5 juillet 2006 lors des Rencontres mondiales du logiciel libre à Vandœuvre-lès-Nancy.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 4.Expériences de migrations
L’existant
Le parc informatique de l’entreprise était constitué d’un serveur Windows NT
et de huit stations de travail, nécessitant l’accès à Internet et aux logiciels métiers, à
savoir un programme de gestion de production, un autre de comptabilité
fonctionnant avec MS-DOS56 et la suite bureautique Microsoft Office.
La contrainte temps était importante pour la SSLL car le patron était
« pressé ».
Solutions de la SSLL
La société de services a proposé la migration totale des stations de travail vers
un environnement libre : système d’exploitation, suite bureautique et navigateur.
Pour des raisons de compatibilité avec les machines de fabrication, le serveur est
resté sur Windows NT : l’application gérant les robots n’était pas portable vers
Linux. Elle a ensuite proposé la mise en place d’une passerelle57 Mandriva intégrant
le serveur de messagerie Postfix.
Difficultés rencontrées
Là encore, la SSLL a eu à faire face aux craintes des utilisateurs, peu habitués
à leur nouvel environnement de travail. Elle s’est également heurtée à des difficultés
dans la migration de la gestion de production, mais y est finalement parvenue. La
migration de la suite bureautique a aussi posé quelques problèmes, notamment au
niveau des données croisées dynamiques58 et des macros59.
56 MS-DOS est le système d’exploitation prédécesseur de Windows.57 Une passerelle est un ordinateur servant d’interface entre Internet et le réseau local de l’entreprise.58 Les données croisées dynamiques sont une fonctionnalité du tableur Microsoft Excel permettant
des manipulations et mises en relation de données.59 Une macro est un petit script permettant d’automatiser une succession de tâches.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 4.Expériences de migrations
Conclusion de la migration
Le retour sur investissement a été « plutôt conséquent », même s’il n’a pas été
chiffré publiquement.
L’intervenant de la SSLL a conclu que l’implantation du libre restait difficile,
plus pour des raisons humaines que techniques. Il a de plus déploré la trop faible
offre logicielle disponible sous Linux : gestion de production, de paie, de
comptabilité et de télétransmission bancaire sont immatures ou manquants. Ce
défaut a entraîné l’obligation pour la PMI de conserver un serveur Microsoft
Windows NT.
Le responsable SSLL conclut de cette expérience que l’implantation de Linux
dans le secteur privé devra impérativement passer par un renforcement de la couche
applicative.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 4.Expériences de migrations
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En bref...
Les retours d’expériences de migrations sont
globalement positifs. Lorsque des problèmes sont
rencontrés, ils sont plus souvent d’ordre humain
(appréhensions, formations...) que technique
(incompatibilité matérielle...)
Il apparaît plus difficile pour les entreprises
utilisant des logiciels « métier » (PMI...) de
migrer totalement vers le libre pour des raisons de
compatibilité (logiciels spécifiques, machines
d’usine...). Une migration partielle est tout de
même envisageable.
Les sociétés de services utilisant des applications
standardisées sont les plus à même de migrer
dans de bonnes conditions. L’obstacle humain
disparaît si elles œuvrent dans les TIC.
Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 5.Conclusion générale
5. Conclusion générale
Malgré les grandes avancées qu’a connu le mouvement, il convient de
relativiser : le logiciel libre n’en est qu’à ses débuts. Depuis les années 2000, sa
notoriété dépasse petit à petit les frontières de sa communauté pour atteindre les
acteurs du marché que sont les entreprises et les administrations.
Sa progression est ralentie par le manque de moyens dont il dispose pour
faire face au logiciel propriétaire qui, lui, se fait connaître grâce à des budgets
marketing et publicitaires considérables. Le logiciel libre bénéficie certes d’un écho
favorable dans le milieu informatique... mais la voix des amateurs a-t-elle de la
valeur aux yeux du DSI ?
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 5.Conclusion générale
Pourtant, il est indéniable que le libre gagne du terrain. Le cabinet Pierre
Audouin Consultants estime le marché de l’open source à 146 millions d’euros en
2004. Il précise que sa croissance a été de 46 % entre 2003 et 2004 –contre 5 à 7 % pour
l’ensemble du marché du logiciel– et prévoit une croissance annuelle de 40 %
jusqu’en 2008.
La montée en puissance des acteurs du libre se perçoit également à travers des
faits fortement symboliques. Pour la première fois dans l’histoire de l’informatique,
Microsoft Office, deuxième source de revenus du premier éditeur au monde, a cédé
face à un concurrent libre. En effet, OpenOffice.org a mis au point le format
OpenDocument, agréé par l’ISO et très prochainement utilisé par les administrations
françaises. En juillet 2006, Microsoft s’est vu « contraint » d’intégrer le support de ce
format dans sa suite bureautique.
Selon l’enquête menée par ITRmanager (note 19, page 24), 53,1 % des 400
répondants estiment que le modèle de développement et de mise en œuvre de Linux
et des logiciels libres deviendra le modèle dominant... alors que seuls 2,1 % pensent
le contraire.
Le logiciel libre, une opportunité pour les PME
Dans l’analyse du rapport qui lie le libre au monde professionnel, il est
nécessaire de différencier deux types de logiciels : les applications matures et les
autres. Sous peine de contre-productivité, il est recommandé que les entreprises ne
s’intéressent dans un premier temps qu’aux logiciels mûrs et éprouvés par ailleurs.
Issu d’un milieu encore peu connu des professionnels, le logiciel libre suscite
des craintes. Certains considèrent encore le choix de l’open source comme risqué,
notamment à cause de la difficulté à chiffrer l’investissement nécessaire. En cas de
migration, la principale dépense de temps, d’énergie et d’argent concerne la
formation des utilisateurs. Le facteur est donc humain.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 5.Conclusion générale
Face à cette incertitude, les défenseurs du libre rétorquent « qui ne tente rien
n’a rien ». En effet, pour un nombre croissant de décideurs, le logiciel libre a su
développer un modèle économiquement viable. Bien que discutable à court terme, la
réduction des coûts peut être réelle. Une étude préalable permet de minimiser les
risques.
Aujourd’hui, la migration est facilitée par la compatibilité de nombreux
logiciels libres avec leurs équivalents propriétaires.
Pour beaucoup, le libre est une solution durable, qui nécessite un
investissement rentabilisé à moyen terme. Il apporte fiabilité, sécurité et pérennité
au système informatique de l’entreprise.
L’existence de solutions éprouvées, c’est-à-dire utilisées par de nombreux
acteurs présents dans tous les domaines, minimise la prise de risques du DSI ; le
logiciel libre devient alors un logiciel « normalisé ».
Pour optimiser leur outil informatique tout en minimisant encore les risques,
les PME peuvent faire appel à des prestataires externes, les SSLL, qui bénéficient
d’un savoir-faire afin que la migration se passe au mieux.
Les PME, une opportunité pour le logiciel libre
Malgré l’apparente opposition entre l’esprit du libre et celui du monde
professionnel, le lien qui unit les logiciels open source et les entreprises est
symbiotique : les deux milieux ont su trouver un équilibre « gagnant-gagnant ».
La communauté du libre s’est adaptée au monde professionnel via la création
d’entreprises spécialisées : les SSLL et les éditeurs tels que Mozilla Corporation,
Mandriva, RedHat, Ubuntu, SuSE...
Inversement, le milieu professionnel informatique s’est adapté. Les grands
constructeurs et éditeurs publient des logiciels libres ou proposent leurs services
dans ce domaine. Aujourd’hui, les deux logiciels libres les plus utilisés après le
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 5.Conclusion générale
système d’exploitation Linux sont dirigés par des entreprises : Sun, pour
OpenOffice.org et Mozilla Corporation, pour Firefox.
Le changement est clairement en marche. Mais pour gagner ses lettres de
noblesse, le logiciel libre devra pénétrer plus profondément encore le marché colossal
des PME car, libre ou propriétaire, le « nerf de la guerre » du logiciel dans notre
société est l’argent.
Pour ce faire, de nombreux efforts devront être fournis sur un point crucial : le
facteur humain. S’il ne fallait retenir qu’une information de ce mémoire, la voici :
l’adoption généralisée du logiciel libre passera par la formation des dirigeants et
des utilisateurs ou ne passera pas.
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › Pour approfondir...
Pour approfondir...
Quelques liens Internet...
Logiciels
● Équivalences entre logiciels propriétaires et libreshttp://fr.wikipedia.org/wiki/Alternatives_libres_aux_logiciels_propriétaires
● Annuaire et articleshttp://www.framasoft.net/
● Annuairehttp://www.jesuislibre.org/
Témoignages
● ERP Open Source ou SAP : Solideal a tranchéhttp://www.indexel.net/1_6_3534__3_/4/23/1/ERP_Open_Source_ou_SAP___Solideal_a_tranche.htm
● Migrer vers Open Source pour réduire ses coûts et gagner en évolutivitéhttp://www.indexel.net/1_6_3844__3_/4/50/1/Migrer_vers_Open_Source_pour_reduire_ses_couts_et_gagner_en_evolutivite.htm
● Témoignages de migrations de OOo http://fr.openoffice.org/servlets/ProjectDocumentList?folderID=272
● Liste de témoignages d’utilisateurs professionnels de Linuxhttp://www.aful.org/xp/pros.html
● Comment la ville de Sélestat appréhende les nouvelles technologieshttp://www.zdnet.fr/entreprise/service-informatique/poste-client/0,50007192,39294943,00.htm
Divers
● Portail d’actualités relatif aux logiciels libreshttp://linuxfr.org/
● Liste de migrations vers le librehttp://chl.be/migrations/
● Association des SSLLhttp://www.ass2l.org/
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › Pour approfondir...
● Actualités relatives aux formats ouvertshttp://www.formats-ouverts.org/blog/Entreprise
● Déploiement d’OpenOffice.org sur les postes de travailhttp://www.adullact.org/documents/changement-OOo-ADULLACT.pdf
Articles
● Si vous découvrez les logiciels libres...http://www.framasoft.net/article2112.html
● Livre blanc « Organisations et logiciels libres » de Di&Markhttp://www.diemark.net/texte_livreblanc.htm
● Le logiciel libre en entreprise : dossier en 4 partieshttp://www.01net.com/article/175882.html
● Logiciels libres pour l’entreprise: la bureautique (partie 1)http://www.zdnet.fr/entreprise/service-informatique/poste-client/0,50007192,39306478,00.htm
● Logiciels libres pour l’entreprise: la gestion (partie 2)http://www.zdnet.fr/entreprise/commercial-marketing/relation-client/0,50007171,39307158,00.htm
● Logiciels libres pour entreprise: les outils système et de sécurité (partie 3)http://www.zdnet.fr/entreprise/service-informatique/poste-client/0,50007192,39308218,00.htm
● Passer de Windows à Linuxhttp://www.tomshardware.fr/passer_de_windows_linux_1_re_partie_la_preparation-art-591-1.htmlhttp://www.tomshardware.fr/passer_de_windows_linux_2_me_partie-art-606-1.html
● Quelles solutions open source adopter pour le poste utilisateur?http://www.zdnet.fr/entreprise/management-rh/collaboratif/0,50007183,39139770,00.htm
● Suites bureautiques: OpenOffice ou Microsoft Office, que choisir?http://www.zdnet.fr/entreprise/service-informatique/poste-client/0,50007192,39301700,00.htm
● Linux contre NThttp://cyril.org/linbusiness.html
● Décryptage : pourquoi IBM, HP et Oracle se convertissent à Linuxhttp://www.zdnet.fr/entreprise/service-informatique/serveurs-stockage/0,50007198,2120269,00.htm
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › Bibliographie
Bibliographie
Ouvrages
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Travaux étudiants
● Héritier J.-C., 2001, « Quelle viabilité au niveau des utilisateurs
(entreprises », pp. 40-49, in : Les logiciel libre : un modèle économique viable ?,
mémoire en Institut européen d’études commerciales supérieures,
Université Robert Schuman de Strasbourg.
● Kuoch A., LY C., 2006, Logiciel libre en entreprise : évolution et perspective,
synthèse en Ingénierie de l’information, de la décision et de la
connaissance, Université de Marne-la-Vallée.
Articles
● Bodor D., Brosseau F., 2006, « Firefox, plébiscité par la gendarmerie :
interview », Linux pratique, 33, pp. 18-20.
Ressources électroniques en ligne
● Dordoigne D. Le droit du logiciel (libre) : état et évolutions. LinuxFr. 7 avril
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● Dumont E., Dupin L. Open source: les collectivités locales européennes et
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http://www.zdnet.fr/entreprise/gestion-
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › Bibliographie
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● Le Quézourec O. Une PME sur cinq utilise Linux sur ses PC. VNUnet. 16
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Foundation, consulté en septembre 2006. Disponible sur
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● La question de la légitimité du logiciel libre ne se pose plus. 01 Informatique, 26
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● Le libre en entreprise. Ryxeo, 6 juillet 2006. Disponible sur
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● Les raisons d’utiliser les logiciels libre en entreprise. Prolibre, consulté en
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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › Bibliographie
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30 juin 2003. Disponible sur http://clx.anet.fr/spip/article.php3?id_article=217
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● ObjectWeb. Wikimedia Foundation, consulté en septembre 2006. Disponible
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● Petites et moyennes entreprises. Wikimedia Foundation, consulté en
septembre 2006. Disponible sur
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● Pourquoi Auchan a choisi Linux pour gérer ses serveurs départementaux.
ZDNet.fr, 5 avril 2002. Disponible sur http://www.zdnet.fr/entreprise/service-
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● Quelle place pour le logiciel libre ?. ITRmanager, 1er février 2006. Disponible
sur http://itrmanager.com/article.php?oid=49159
● Tous les chiffres-clés de l’Internet et des nouvelles technologies en France et dans
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http://www.journaldunet.com/chiffres-cles.shtml
Conférences
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● Bey M., 2006, Migration vers Linux et les logiciels métiers – expérience d’une
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Rencontres mondiales du logiciel libre.
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Régis [email protected]
Sous la direction de Brigitte Simonnot : [email protected]
Le logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ?
Ce mémoire aborde le thème des logiciels libres d’un point de vue professionnel et plus précisément des petites et moyennes entreprises. Après une mise en situation retraçant l’évolution passée du logiciel, le sujet se concentre sur les applications open source : leurs défauts et les opportunités qu’ils offrent aux PME. Une série de témoignages d’administrations et d’entreprises de tailles variées complète ce dossier.
open source – petite moyenne entreprise – enjeustratégie professionnelle – DSI – TIC
Free software : an opportunity for small businesses?
This memoir treats of free softwares with the small businesses point of view. After going through the software’s history, the theme deals with open source programs: what don’t work as well as the opportunities they have to offer to small businesses. A series of testimonies from public services and companies of various sizes completes this essay.
libre software – company – firmprofessional strategy – information technology
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