le dévaloir n°3

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— JUILLET À SEPTEMBRE 2012 —

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juillet - septembre

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— JUILLET À SEPTEMBRE 2012 —

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Bienvenue dans le désert. La chaleur est telle que votre cerveau est en liquéfaction à l’inté-rieur de votre boîte cranienne. La sueur perle sur votre front mais s’évapore avant même de toucher le sol poussièreux. De vos jambes affaiblies, vous tracez un chemin sinueux, évitant çà et là les ossements de quelques fennecs et autres lézards séchés par le soleil. Vous haletez, cherchant désespéremment un repère de vos yeux à demi clos. Quand soudain, au loin, vous entendez, indistinctement, quelqu’un qui semble s’adresser à vous…

Sirotant allègrement une eau mirabelle à l’ombre d'une terrasse, vous replongez dans votre lecture de plus belle. Ignorant les discussions allant bon train autour de vous, vous ne prêtez aucune attention à machin et machine qui tergiversent sur l’idée de prendre un pichet de bière. Vous êtes à des années lumière de ces considérations, votre sirop entre les mains. À chaque page, à chaque illustration, vous vous sentez transbahuté dans une autre dimension. Du Sahara à la Death Valley en passant par des terres tout à fait inconnues, le seul dénomi-nateur commun de tous ces dessins, ce sont les grains de sable qui vous restent entre les orteils. Ça chatouille.

Dans les dunes se dessinent des formes bien étranges, vous ne savez plus bien si c’est le soleil sur vos tempes qui vous trompe ou si c’est le sable qui vous parle. A l’horizon, un mirage, des couleurs, de la vie, du bruit même. Vous reprenez une gorgée de mirabelle, épiez furtivement les tables avoisinantes puis vous renfoncez dans votre siège en osier. Une énorme enseigne vous brûle les yeux, il y est écrit « portfolio ». Sans plus attendre, vous tournez la page. Vous découvrez Michel FR, graphiste et illustrateur fribourgeois. Habité par l’esprit des comics américains, des dessins stylisés et efficaces, son travail recèle de perles graphiques. Son uni-vers est coloré, décalé, surprenant. Il dépeint de façon amusante et cocasse des personnages étranges, parfois macabres, leur rendant ainsi une légèreté enfantine.

Puis, plus loin, The Day The World Went Away de Cédric Raccio et Damien Ropero. Une série photo sur le Burning Man, fameux festival perdu dans le désert du Nevada. Événement qui rameute des hordes de hippies en mal de communauté et incontournable des alternatifs de tous bords car il tient plus que tout à sa philosophie anticapitaliste et libertaire. Les dégui-sements, les sculptures et les véhicules lui feraient sans doute remporter le palmarès du festival le plus photogénique de la terre. La preuve en images.

Votre sirop terminé, vous sortez alors votre walkman et enclanchez une cassette sur laquelle vous aurez préalablement enregistré Palapa Lupita, le nouvel album de Buvette. Quoi de mieux pour abreuver votre soif lors de votre périple dans ces vastes plaines arrides ? Bon voyage, déserteur.

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Définitions

DÉVALOIR n.m. Suisse.1. Couloir dans les forêts de montagne, servant à faire descendre les billes de bois. SYN. : châble

ANAËLLE CLOT n.f.1. Graphiste et illustratrice, le design du Dévaloir c’est elle et on la remercie ! VANESSA BESSON n.f.1. Diplômée de l’école de photographie de Vevey, a plus d’une corde à son arc, esthète, esprit vif, agente de distribution hors paire, et assoiffée de culture !

LAURA MORALES n.f.1. Passionnée, touche à tout, manie aussi bien l'appareil photo et le crayon gris que les instruments de musique. 2. Délicieux poulet rôti, sur son lit de salade ultra fine.

SOMMAIRE

Rubriques

8 – 9 Carte blanche | Texte : Natinat10 – 11 BD | Half Bob blogs.lesinrocks.com/gimmeindierock12 – 13 Interview : Buvette | Texte : Vanessa Besson15 – 37 Portfolios | Michel FR, illustration | Cédric Raccio & Damien Ropero, photographie FAR° Festival des arts vivants / Nyon40 Portrait N°3 | Illustration : Laura Morales41 Chien N°3 | Illustration : Laura Morales42 Objet N°3 | Texte : Vanessa Besson43 Recette N°3 | Illustration : Anaëlle Clot48 – 51 Soutien, distribution, remerciements

Illustrations et photos

Couverture, dos, pages de garde Anaëlle Clot www.anaelleclot.ch3 Anaëlle Clot5 Rea Christ www.reamarisa.com6 Flocon Errant7 Nathalie Cotting [email protected] Anaëlle Clot38 Karim Bassegoda www.karimbassegoda.ch39 Texte : Laurent Cheval Illustration : Laura Morales44 Julien Palmilha www.silences.ch45 Simon Desarzens www.simondesarzens.blogspot.com46 Simon Rouiller47 Laura Morales www.isthereafuckingurlleft.tumblr.com52 Simon de Castro [email protected]

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Pas de sable fin et doré par le soleil généreux d'une île paradisiaque. Pas de promenades dans les petites ruelles aux senteurs envoû-tantes d'une charmante ville de Province.Non. Rien de tout ça pour vous qui cette année n'irez « nulle part », cette destination exceptionnelle située entre le désespoir et le ressentiment de tous ceux qui, comme vous, ne mettront pas un seul pied en dehors de Suisse de tout l'été...

À cet instant précis, vous pouvez cesser de vous morfondre. Cette année, bien que vous ne partiez pas, vous aurez vous aussi une multitude d'expériences passionnantes à raconter ! Il vous suffit d'ouvrir votre coeur aux mille et une merveilles qui vous tendent les bras. En d'autres termes, fini les jéré-miades, il est temps de se bouger le...

Culminant en haut d'une longue liste d'activités à entreprendre lorsqu'on reste en Suisse pendant l'été : les festivals !

Bien sûr, le Montreux Jazz, le Paléo et leur programmation respective époustouflante mettront vos tympans à la fête ! Cela dit, une ribambelle de petits festivals, certes moins connus, mais tout aussi délicieux vous enchantera : Organisez-vous une petite virée à Locarno pour le Moon and Stars festival où se produiront l'illustre Sir Elton John ou encore le sulfureux Lenny Kravitz.Vous pourrez aussi vous régaler avec la soul 70's de Brandy Butler and The Fonxionnaires ou Dabu Fantastic (l'équivalent suisse-alle-mand d'Hocus Pocus) au festival Arxenciel.Des envies de slam ? Grand Corps Malade en tête d'affiche du GenA festival. Des envies de jazz ? En route pour le festival Rive sur Nyon.

Entre deux concerts, pas question de végéter ! Les petits veinards qui possèdent une piscine pourront organiser une de ces fameuses « pool party ».

Gobelets rouges et gobelets bleus à l'améri-caine, maillots de bain tape-à-l'oeil, playlist à jour et le tour est joué !

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Pour les rafraîchissements, faîtes sensation en proposant des « floral ice cubes ».

Procurez-vous des fleurs comestibles que vous déposerez dans les compartiments à glaçons remplis d'eau. Un investissement moindre pour un résultat qui tabasse !L'ingrédient principal de la pool party étant tout de même la piscine, si vous n'en possé-dez point, pas de panique, rien n'est perdu.Misez sur les incontournables grillades. Chez vous ou au bord du lac, rassemblez ceux qui comme vous sont restés dans le coin. Donnez-leur envie de vous rejoindre avec une accroche un peu funky : « Tout le monde sait que je ne pense qu'au barbeQ », « Viens célébrer ton non végétarisme à ma grillades party ! », « Ce soir, grillades au bord du lac ; on sera le groupe qui met l'ambiance ! ».

Et si vraiment tout votre entourage s'est envolé vers d'autres contrées et que vous vous retrouvez seul, profitez-en pour donner une seconde vie à votre carnet d'adresses. Comment ?

Par exemple en prenant 3 minutes pour vous inscrire sur le site colunching.com. Le principe

du colunching : manger son repas de midi à une tablée de parfaits inconnus ! Un vent de fraîcheur qui booste sa sociabilité, exactement comme quand on part en vacances. Vous ne bénéficiez pas d'assez de temps à midi ?Optez plutôt pour meetup.com. Ce site pro-pose des rendez-vous entre les gens se trou-vant dans la même ville et qui partagent les mêmes centres d'intérêt ; un moyen sympa de rencontrer de nouvelles âmes, et pourquoi pas l'âme soeur...

Et pour la modique somme de 35.-, vous et vos nouveaux amis obtiendrez une carte journalière CFF, à demander dans votre commune.

Ce ticket vous permettra de voyager dans toute la Suisse pendant 24 heures. L'occasion d'aller bruncher à Appenzell ou n'importe quel autre coin insolite de notre chère Confédération Hélvètique où l'on n'a pas idée de se rendre durant le reste de l'année.

Même pas le temps de dire ouf, et la fin août pointera déjà son nez grâce à cet article qui vous assure un album photos facebook « Summer 2012 » du tonerre, et un été mémo-rable, bien que vous serez resté en Suisse.

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Son dernier album, « Palapa Lupita » est une petite claque auditive tant notre esprit se retrouve, lors de son écoute, plongé dans des contrées aussi lointaines que mystérieuses. Ce disque, qui ne vous laissera certainement pas indifférents, navigue entre une musique électronique teintée de sonorités surprenantes et des voix aériennes. Il faut dire que l'artiste, qui en est déjà à son deuxième album solo, a su développer aux fil de ses diverses productions un univers à la fois singulier et créatif.

Suite à l'enthousiasme suscité par cet album au sein de l'équipe du Dévaloir, nous avons voulu recueillir les impressions de son auteur qui se trouvait au...Mexique ! Interview à distance d'un musicien que vous pourrez retrouver sur scène le 18 juillet au Paléo Festival de Nyon !

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Tu as su développer un univers musical très différent de celui dans lequel tu évoluais en tant que batteur du groupe The Mondrians. Pour quelles raisons as-tu décidé de te diriger vers une musique plus électronique ?Pour moi, la musique électronique est la version moderne de l’homme-orchestre. C’est un canal musical dans lequel il est possible de tout faire seul. Je ne sais pas vraiment jouer d’autres ins-truments que la batterie, mais j’ai depuis long-temps eu envie de faire mes propres morceaux. Ce moyen de penser la musique change tout. C’est une constante découverte de possibilités très excitantes qui s’offrent à moi.

Quelles ont été tes sources d'inspirations lors de la création de Palapa Lupita ?C’est musicalement la période la plus vide de ma vie je pense. Je n’écoute que très peu de choses en ce moment. C’est plutôt des choses que j’entends, comme, par exemple la musique qui passe dans les bus ou les gens qui jouent dans le métro. Palapa Lupita a été enregistré en voyage. Les influences se situent donc plus dans des paysages, des images, personnes ou événements.

Parles-nous un peu du titre de l'album... qu'est-ce que cela signifie ?Au Mexique, une « Palapa » est plus ou moins l’équivalent d’une buvette de plage. Lupita est le diminutif du prénom Guadalupe, qui est la patronne des Vierges. Elle est vénérée à travers le pays. Elle représente une contraction de la Vierge Marie et d’une déesse Aztèque nommée Tonantzin. La Palapa Lupita existe quelque part sur la côte Pacifique. C’est surtout le rythme des ces deux mots ensembles qui me plait.

Le premier morceau de l'album est instrumental et sur les différents titres qui composent le disque, les mélodies sont largement mise en avant. Pour quelles raisons t'intéresses-tu autant aux sonorités des instruments ?Parce que c’est l’interêt même de la musique que je fais.

Comment t'es venue l'idée d'utiliser des synthétiseurs dans tes compositions ?Car justement un synthétiseur offre de grandes possibilités. C’est un objet qui se transporte facilement et qui contient beaucoup de sonori-tés modulables à l’infini. Cela me permet d’ex-périmenter beaucoup plus et des sortir du champ des sons « codés » comme celui de la guitare acoustique ou du piano.

Pour le titre Faith in Tigers, tu as collaboré avec Kurz Welle de ton label Rowboat. Quelles sont les raisons qui t'ont motivé à créer ce label ?Nous avons écrit les paroles ensemble. Le label a été créé avec mon ami Pat.V afin de pouvoir publier nos propres productions (et celles d’autres projets qui nous plaisent) de la manière la plus libre possible.

Quel est ton ressenti lors de tes prestations scéniques maintenant que tu es seul à défendre ta musique sur scène?C’est très different de jouer seul. Un groupe implique des concessions. Lorsque je suis seul, je suis responsable de tout. Je me sens beau-coup plus libre. D’ailleurs il m’est aussi beau-coup plus facile de transporter mon materiel et donc de pouvoir jouer partout. Le voyage est partie intégrante de ce projet. Je dois tout de même avouer que jouer en groupe me manque aussi beaucoup.

Tu as eu l'occasion de faire la première partie de Devendra Banhart, chanteur très connu de la scène indé américaine. Comment as-tu vécu ce moment?Très bien. C’était en juillet et la ventilation du Kaufleuten ne fonctionnait pas. Les gens se sont donc assez vite dénudés.

Quels sont tes projets pour la suite de ta carrière ?Je travaille actuellement sur un 7’’ pour le label zurichois Hula Honeys. Sinon quelques concerts en Europe sont pré-vus cet été, puis une tournée sud-Américaine en Automne avec mon ami Feldermelder.www.buvette.bandcamp.com

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O« À Black Rock City, on ne vient pas en spectateur.

Nous sommes tous acteurs. Toute la population participe et crée, d’une façon ou d’une autre. »

Lorsqu’ils décident de partir à la découverte du Burning Man, un festival dans le désert du Nevada ; Cédric Raccio et Damien Ropero sont étudiants en photographie à l’ECAL. Ils en ramène-ront des images étonnantes, desquelles se dégage un grand sentiment de liberté, rassemblées dans une série intitulée The Day The World Went Away.

Dans son mémoire, Cédric nous raconte leur expérience hors du commun. Nous en avons repris quelques passages:

« Sur les sujets que couvre un photographe la question du positionnement est toujours présente.

Dans ce recueil, la frontière acteur – spectateur est dépassée afin d’aller vers l’essentiel... »

« Aujourd’hui, nous entrons dans la cour des grands. Je suis en compagnie de Damien et me trouve aux portes du plus grand rassemblement des Etats-Unis : le Burning Man dans le Nevada. Ce festival a débuté au solstice d’été 1986 avec les quarante potes du fondateur Larry Harvey sur la plage de Baker Beach à San Francisco. Cette année, il y a 50’000 festivaliers ! L’événement a pris une telle ampleur qu’il se déroule maintenant dans la plaine sablonneuse de Black Rock Desert, situé à 150 km de Reno. À l’origine, cette manifestation avait été conçue comme un événement Dadaïste. Aujourd’hui, elle accueille des artistes et créateurs du monde entier.

Le Festival dure une semaine...Une semaine pour exploser et dépasser toutes les limites du monde civilisé. Les principes sont caractérisés par la commu-nauté, l’activité artistique, la recherche de l’incongru, de l’inepte et les joies de vies bruyantes. Le samedi soir, « The Man » prendra feu et nous deviendrons alors des Burners. »

Cédric conclut par ces mots :

« Il n’y a rien d’équivalent nulle part sur terre. Les six jours passés sur le sol américain à Black Rock City

sont à des milliers d’années-lumière de tout ce que l’on peut imaginer. »

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SOYEZ DES VIVEURS D’INSTANTS *

Intitulée Sensationnel, la 28e édition du FAR° convoque l’expérience sensible en réunissant des artistes dont les œuvres interrogent nos perceptions. Qu’elles s’attellent à sublimer l’ordinaire, révéler l’exceptionnel, solliciter l’étrange ou dévoiler des zones de conscience insoupçonnées, les démarches présentées laissent une grande part à l’intuition. Cette invitation à ressentir place la sensation avant la compréhension et s’accorde avec des préoccupations contemporaines qu’on retrouve dans d’autres domaines d’investigation. Pour preuve, d’intrigantes recherches scienti-fiques, reprenant des idées laissées-pour-compte pendant plus d’un siècle, annoncent aujourd’hui l’existence d’un second cerveau tapi au plus profond de nos entrailles. Ce cerveau abdominal agirait comme un radar doté d’un sixième sens. Pour certains, il pourrait même être la matrice biologique de notre inconscient et le siège de nos émotions, atteignable par l’hyp-nose. Hypothèse controversée s’il en est, elle interroge toutefois le bon sens car qui peut affir-mer n’avoir jamais réagi avec ses tripes ?

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SENSATIONNEL8-18 AOÛT 2012FAR° FESTIVAL DES ARTSVIVANTS / NYON

* Le terme « viveurs d’instants » est emprunté à Jean-Yves Jouannais dans son livre : « Artistes sans oeuvres » – I would prefer not to, éditions Hazan, 1997

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YONFOCUS SUR UN DUO D’ARTISTE

PRÉSENT AU FESTIVAL :

Hippolyte Hentgen est composé de Gaëlle Hippolyte et Lina Hentgen, respectivement nées en 1977 et 1980. Elles vivent et travaillent à Paris. Toutes deux ont fait l’école des Beaux Arts de Paris. Elles présentent leur projet inti-tulé Les Géomètres lors du festival FAR°.

Le style des deux artistes naît de l’inspiration des dessins animés des années 30 tout comme de l’art alternatif américain et de ses arts gra-phiques. Avec des dessins rapides et sponta-nés, pour la plupart monochromes. Les thèmes qu’elles traitent le plus souvent sont le progrès, la condition humaine, imagée par des usines, des installations hybrides postmodernes et mécaniques qui invitent à une fiction imagée, souvent dans des œuvres à échelle humaine.

Leurs projets mêlent de façon récurrente volumes, dessins, installations, en une for-mule topographique proche d'un paysage urbain industriel. Les différentes propositions invitent généralement le spectateur à un par-cours se référant implicitement à la ville moderne, à l'industrie et au travail. Les diffé-rentes installations dialoguent et proposent un espace dessiné de petits îlots.

PRÉSENTATION DU PROJET :

Les Géomètres. Première création pour la scène du duo, Les Géomètres invite le specta-teur à entrer dans leur univers teinté de poésie et d’humour, né de leur pratique prolifique du dessin et des volumes. Puisant dans un large répertoire de formes et de références (à l’his-toire des arts comme à la culture populaire), le spectacle met en scène des figures géomé-triques et burlesques incarnées par Jung-Ae Kim, Yvan Clédat et Hendrik Hegray, dans un déroulement entièrement muet.

Le Dévaloir vous invite à aller découvrir cet événement original, et plus particulièrement Les Géomètres, mêlant intelligemment l’illustration à l’art de la scène ! Rendez-vous du 8 au 18 août 2012 à Nyon !

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Devenue, pour beaucoup, un peu ringarde de nos jours, la gourde a pourtant été de toutes nos sorties scolaires. Elle est donc légitime-ment plus présente dans certains de nos souvenirs d'enfance que dans notre quoti-dien. À l'époque des courses d'écoles en pri-maire, nos parents, découvrant de quoi sera faite cette journée loin d'eux, préparaient à l'avance, comme chaque année, le sac « spé-cial sorties scolaires » de façon méticuleuse. Ils y mettaient tout ce qu'ils estimaient être indispensable au bon déroulement de ce genre d' excursions. On aurait quand même parfois dit qu'ils confondaient par exemple « sortie dans un parc d'attractions » avec « visite d'une maison hantée » tant on y trou-vait des choses farfelues et inutiles. Un objet était tout de même toujours néces-saire : la gourde ! On ne savait jamais vrai-ment ce qu'elle contenait. Parfois, lors de la pause déjeuner, on avait la bonne surprise d'y découvrir notre boisson préférée mais d'autres fois, il nous arrivait de devoir boire des mixtures très étranges. On se demandait alors s'ils nous avaient préparés une potion à la Astérix et Obélix histoire de mettre K.O les méchantes créatures que l'on était (bien entendu) amenés à croiser. En plus de sa présence dans certains souve-nirs empreints d'hypothèses absurdes, cet objet a toujours symbolisé la survie puisqu'il permet avant tout de conserver de l'eau, élé-ment indispensable à la vie. C'est pourquoi avant d'être utilisé pour nos loisirs, elle était un récipient employé par toute les armées du monde. Elles s'en servaient pour contenir

soit de l'eau pour se désaltérer soit alors de l'alcool pour soigner des blessures ou lutter contre le froid. Elle est d'ailleurs toujours utilisée à cet effet dans les milieux sportifs ou montagnards.

Dans les films d'aventures et les bandes des-sinées la gourde est l'objet indispensable au héros solitaire face à une nature souvent désertique. Est-ce d'ailleurs pour cela que lorsque l'on prononce le mot désert, cela nous fait immédiatement penser au mot gourde et inversement ? En dehors de la fiction, ce récipient est tout de même toujours présent dans notre vie quotidienne. De nombreuses marques essayent d'y amener une touche « design » et elles sont parfois vendues dans les rubriques tendance et décoration de certains sites de vente en ligne. Ils ne se privent jamais de rappeler au consommateur que boire dans une gourde c'est quand même plus écolo-gique que de le faire dans une bouteille en plastique. Histoire peut-être que les gens se ruent à l'avenir sur des gourdes « écolo-design-toptendance » plutôt que sur des bois-sons conçu par Karl Lagerfeld himself !

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Escaliers du Grand-Pont 5 / Lausanne

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