le corps dans l’art
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LE CORPS DANS L’ART
« Dans l’art,le corps humain est une notion incontournable;
en effet, il n’y a pas d’art sans corps »(Sailly O’Reilly)
« Le corps est, pour le meilleur et pour le pire, l’image du monde »
(Nicolas Bouvier)
• Le corps est une notion fondamentale dans l’art.
Il est au coeur des arts plastiques; sans cesse
étudié, représenté, questionné, remis en cause,
maltraité, exposé, utilisé, déformé… par les
artistes
• Il est aussi bien sujet de représentations,
qu’objet, support, outil
• Il y a le corps du modèle (cf modèles vivants), le
corps sujet de l’oeuvre, le corps de l’artiste et le
corps du spectateur qui s’enchevêtrent
• Corps réel / corps figuré / corps
suggéré
• Corps nu / corps vêtu
• Corps jeune / corps vieux
• Corps masculin / corps féminin
• Corps charnu / corps décharné
• Corps de face / corps de profil / corps
de dos / corps de 3/4
• Corps fixe / corps en mouvement
• Corps objet / corps sujet
• Corps décor
• Corps intime / corps public
• Corps sexualisé / corps artistique
• Corps entier / corps morcelé / corps fragmenté
• Corps mort / corps vivant
• Corps support / corps outil / corps matériau
• Corps réaliste / corps idéalisé / corps
monstrueux
• Corps présent / corps absent
• Corps debout / corps plié / corps allongé /
corps agenouillé / corps prosterné
• Corps montré / corps caché / corps révélé
La liste des corps est longue (et encore elle n’est pas complète…)
Petit lexique
CORPS : Ensemble des parties matérielles constituant l’organisme, siège des fonctions
physiologiques…
CANON (Beaux-Arts) : Norme de proportionnalité appliquée à la figure et au corps de
l'homme et déterminant le type idéal de la perfection physique. Chaque époque, chaque
communauté, a défini des canons
PERFORMANCE : Mode d'expression artistique contemporain où l'événement ou l'action et
son déroulement dans le temps constituent l'oeuvre. Pour en garder le souvenir et conserver
des traces matérielles, les performances sont souvent filmées ou photographiées.
BODY ART : En francais, art corporel (peu usité) ; ensemble de pratiques artistiques issues
des performances. Dérangeantes et subversives dans les années 1970 avec des gestes
violents comme l’automutilation (Michel Journiac, Gina Pane, Chris Burden), elles évoluent
ensuite vers l’expression de Mythologies personnelles (Rebecca Horn).
ACTION PAINTING : Désigne une attitude artistique qui privilégie l'acte physique de peindre,
souvent la rapidité d’exécution, l'engagement physique du peintre, la gestualité, éliminant
toute suggestion figurative
1
4
3
2
Associe le bon terme à la bonne image
pour voir si tu as bien compris les définitions
1 ……………
2
3
4 ……………
……………
……………
Maintenant une petite histoire du
corps dans l’art
(j’ai sauté la période du Moyen Age pour
aller un peu plus vite)
Le corps dans la
Préhistoire
La Vénus de Willendorf
Fais-en un petit dessin dans ton carnet
• Statuettes féminines en ivoire, en pierre tendre ou en
terre cuite
• On en a découvert plus de 200
• Dimensions modestes de ces sculptures
• Caractéristiques plastiques :- Stylisation
- Exagération des formes
- Tête dépourvue de
détails anatomiques
- Bras et pieds ébauchés
ou absents
- Corps entre érotisme et
maternité
L’Antiquité ou le
corps comme idéal
de Beauté
Le Discobole, attribué au
sculpteur athénien Myron,
copie romaine en marbre
La Vénus de Milo,
marbre présent au
Louvre
Une paire de fesses antique
Représentation de l’Idéal
Corps qui n’est pas naturel
Beauté des dieux ou des héros grecs
Oeuvre dont la beauté dépasse la
nature
Muscles
exceptionnels
Position
impossible
https://www.arretetonchar.fr/
corpus-la-beaute-du-corps-dans-lantiquite-grecque/
La beauté du corps dans l’Antiquité grecque
4 minutes d’écoute sur Le Discobole
Clique sur le
lien
• L’Antiquité va développer l’idée d’un corps
robuste et athlétique pour les hommes à l’image
des héros tels que Hercule ou bien des dieux
• Les corps féminins sont harmonieux, signes de
bonne santé. La forme du squelette, et en
particulier de larges hanches, donnent
l'assurance d'avoir des capacités reproductives.
• La représentation des corps est soumise à des
règles strictes de proportions.
• Idée platonicienne qu’un beau corps renvoie à
une belle âme
Les sculpteurs établissent
des canons de
proportions
Polyclète
7 fois la tête dans le corps
Lysippe
8 fois la tête dans le corps : les corps sont alors plus
sveltes et élancés
https://www.youtube.com/watch?v=Ehvt7JPt1F4&t=115s
Pour en savoir davantage sur l’évolution des canons
esthétiques
Clique sur le
lien
Regarde les vidéos 19, 20, 21, 22 et 23
Le corps à la Renaissance :
entre connaissances
médicales et idéalisation
• À la Renaissance, l’Humanisme place
l’Homme au centre de toutes les
préoccupations philosophiques, religieuses
et artistiques
• Les artistes de la Renaissance rejettent les
normes médiévales et réintègrent les canons
de la sculpture grecque
• Parallèlement, les sciences et la médecine se
développent. Elles s’intéressent à l’anatomie
et au fonctionnement du corps humain
« J’ai imaginé toutes ces machines parce que j'étais possédé, commetous les hommes de mon temps, par une volonté de puissance. J'ai vouludompter le monde. Mais j'ai voulu aussi passionnément connaître etcomprendre la nature humaine, savoir ce qu'il y avait à l'intérieur de noscorps. Pour cela, des nuits entières, j'ai disséqué des cadavres, bravantainsi l'interdiction du pape. Rien ne me rebutait. Tout, pour moi, étaitsujet d'étude. La lumière, par exemple, pour le peintre que j'étais, que derecherches passionnantes ! (...) Ce que j'ai cherché finalement, à traverstous mes travaux, et particulièrement à travers ma peinture, ce que j'aicherché toute ma vie, c'est à comprendre le mystère de lanature humaine. »
Léonard de Vinci, Carnets, XVIe S.
Léonard de Vinci (1452-1519)
Léonard de Vinci pose les bases de
l’anatomie scientifique. Il dissèque, dans
la plus grande discrétion, les cadavres de
criminels (plus d’une trentaine). Il nous
reste environ 200 planches anatomiques
de sa main. Il collabore, entre 1510 et
1511, avec un médecin (Marcantonio della
Torre). Ensemble, ils compilent un
ensemble de travaux théoriques sur
l’anatomie avec plus de 200 dessins de
Léonard.
Léonard dessine de nombreux squelettes humains, des os,
ainsi que les muscles et les tendons, le coeur et le système
vasculaire, l’action de l’oeil, les organes sexuels et d’autres
organes internes. Il fait l’un des premiers dessins
scientifiques d’un foetus dans l’utérus
L’Homme de Vitruve
Les performances graphiques de
Tony ORRICO
Quels rapprochements
peux-tu faire entre le dessin
de Léonard de Vinci et la
pratique de Tony Orrico ?
« Le centre du corps humain est en outre par nature le nombril, defait si l’on couche un homme sur le dos, mains et jambes e carte es,et qu’on pointe un compas sur son nombril, on toucheratangiblement, en de crivant un cercle l’extre mite des doigts de sesmains et de ses orteils. Mais, ce n’est pas tout : de me me on ydecouvrira le sche ma d’un carre . Si en effet mesure est prise d’unhomme depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la te te etqu’on reporte cette mesure sur la ligne definie par ses mainstendues, la largeur se trouvera e tre e gale a la hauteur, comme lesaires carre es a l’e querre. »
Léonard de Vinci
Les écorchés
L’écorché est une
illustration anatomique
ou une sculpture
représentant le corps
d’un être vivant, entier
ou une partie, dépouillé
de sa peau et des tissus
graisseux, pour en faire
apparaître les parties
internes
Les investigations anatomiques de
Léonard de Vinci ont permis l’essor de
l’anatomie humaine et de sa
connaissance. L’écorché est celui
« dont on a retiré la peau ».
Michel-Ange, pratiqua lui aussi la
dissection et l’étude des corps. Il réalise
de nombreux dessins anatomiques et on
lui attribue un écorché sculpté qui sera
très largement reproduit en plâtre au
XIXe siècle et répandue dans les ateliers
d’artistes. L’écorché deviendra un
exercice d’étude classique
Pour les artistes, l'écorché dans le cadre de l'anatomie artistique
s'impose comme un exercice académique au XIXe siècle, pratiqué dans
les écoles des Beaux-Arts, généralement sous la direction de médecins,
en complément de la pratique du dessin d'après le modèle vivant.
L'utilisation de l'anatomie et de la connaissance des écorchés peut se
lire dans les études d'hommes pour le tableau Le Radeau de La
Méduse par Géricault
L’écorché au bras levé
de Jean-Antoine
HOUDON, 1767
ORLAN, La Liberté
en écorchée, 2013Les artistes puisent
constamment leur
inspiration dans l’histoire
de l’art : « un art qui a de la
vie ne reproduit pas le
passé; il le continue »
(Rodin)
Le corps chez
INGRES - période
néo-classique*
*Le néo-classicisme est un mouvement artistique qui s'est développé dans la peinture, la sculpture, et
l'architecture, entre 1750 et 1830 environ. Contrairement au romantisme, il sacrifie les couleurs pour la
perfection de la ligne.
Jean-Auguste-Dominique INGRES (1780-
1867) : peintre français dont le génie
attire, au début du XX° siècle,
l’admiration des “modernes” : Degas,
Renoir, Matisse et Picasso, fascinés par
ses déformations et la pureté de sa ligne
graphique... Sa virtuosité et sa maîtrise
du détail, du rendu d’une étoffe ou d’un
bijou enchantent toujours autant ceux
qui regardent et apprécient ses tableaux.
La Grande Odalisque,
1814, Huile sur toile, 91 × 162 cm, musée du Louvre, Paris
Déformer le corps pour atteindre la beauté
L’objectif du peintre est la représentation de la beauté féminine. Il veut
reconstituer sur la toile une image composite et intemporelle de l’attractivité
du corps féminin pour l’homme occidental. Pour atteindre ce but, il ne doit
surtout pas choisir un modèle et le restituer fidèlement. Bien au contraire, il
s’agit de s’inspirer de modèles multiples pour composer une figure idéale.
Toutes les critiques adressées à l’artiste en 1819 perdent alors de leur
pertinence. Ingres, grand dessinateur, attribue à son odalisque quelques
vertèbres supplémentaires afin d’obtenir une élongation du dos. Le bras lui-
même doit alors être très long pour conserver de justes proportions. Ce faisant,
le peintre s’accorde une liberté par rapport au réel sans pour autant le trahir
puisque cette odalisque appartient à l’univers masculin fantasmé, donc à une
réalité humaine.
Un regard moderne sur les corps
ingresques
Pablo Picasso
Man Ray
Martial Raysse
L’esthétique ingresque détournée par les
artistes
Le corps au XXe siècle - Le corps comme instrument de
mesure
- Défigurer le corps
- L’hybridation du corps
- Désacraliser le corps
- Le corps comme sensation
- Le corps comme objet de
consommation
- Le corps comme fragments
- Le corps comme absence
- Le corps comme
trace/empreinte
- Le corps de l’artiste moteur de
l’oeuvre
- Le corps du spectateur actif
http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressou
rces/ENS-corps-oeuvre/ENS-corps-oeuvre.htm
Un dossier très complet
en cliquant sur le lien
(à lire absolument)
Représenter le corps
Défigurer
Fragmenter
Hybrider
Figurer Exagérer
1
23
45
Pablo Picasso, Les Demoiselles
d’Avignon
Annette Messager, Mes Voeux
René Magritte, Les marches de l’été
Alberto Giacometti, L’homme qui
marche
Lucian Freud, Autoportrait
Mets la bonne légende sous la bonne image
Annette Messager, Mes Voeux, 1989
Collection du Musée d'Art Moderne, Paris
263 épreuves gélatino-argentiques encadrées
sous verre maintenu par un papier adhésif noir et
suspendues au mur par de longues ficelles
Le corps
fragmenté
Photographies en N&B
Corps désirable
Installation
Détail
Le corps comme
univers
Cadres noirs
Gros plans sur des parties du corps
Fragments d’anatomie
humaine : un genou, un orteil,
un sein, une bouche…
Des morceaux d’hommes et
de femmes mélangés
La forme circulaire de cette
oeuvre donne l’impression d’un
monde recomposé
La série « Mes Vœux »,
qu’elle développe à partir de
la fin des années 1980, met
en place une réflexion sur le
corps, la sexualité et
l’identité.
Les photos sont accrochées au mur par de
minces ficelles
Défigurerquels rapprochements pouvez-vous faire entre
cette oeuvre de Picasso et ce « self-hybridation »
d’ORLAN ?
https://www.youtube.com/watch?v=FV690oqXvlM&t=32s
Pour revoir l’interview d’ORLAN
Kiki SMITH, Hard soft
bodies, 1992, papier-
mâché,
200x114x20cm
Kiki Smith est dans une
recherche qui tourne autour du
corps. Sa vision du corps est
très large : il peut être humain,
animal, végétal, charnel,
spirituel, enveloppe externe,
cellules de l’intérieur etc
Elle nous montre le corps dans
son entièreté
Ghada AMER : passer d’images pornographiques du corps féminin à l’oeuvre d’art.
D'origine égyptienne, Ghada Amer brode sur de grandes toiles des images tirées de
magazines pornographiques. À travers son art, elle cherche à opposer un médium
traditionnel, la broderie, à une vision anticonformiste de la femme évoquant la sexualité, le
plaisir et l'amour.
Christian BOLTANSKI,
Personnes, 2010 (Monumenta), Grand Palais, Paris.
Le spectateur arrive dans une
immense salle : par terre, 42
rectangles formés de ve tements
rangés à plat . Ils composent une
sorte de « plate-bande », avec des
passages sur lesquels on peut
déambuler. Auprès de chaque
carré, au sommet des poteaux
métalliques, est diffusé le son de
battements de cœurs de
personnes différentes : souvenirs
de ces gens.
En bout de cette installation, un
monticule gigantesque (une quin-
zaine de mètres) de ve tements.
Au-dessus, une grue, infatigable :
elle en prend une poignée, les
rejette... Avec des grincements
lancinants .Donner à voir l’absence de corps
Pour voir l’oeuvre en mouvement et dans l’espace
Clique sur le
lien
https://www.youtube.com/watch?v=SXND1GZdBzM
Ron MUECK : un traitement hyperréaliste du corps
https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/
comment-ron-mueck-donne-vie-a-la-sculpture_299615.html
Pour connaître la démarche
de ce sculpteur, lis cet article
de Francetvinfo
Maintenant que tu as lu l’article, tu dois
être capable de répondre aux questions
suivantes
• En 2013, à combien s’élève le nombre de sculptures réalisées par l’artiste ?
• De quelle nationalité est Ron Mueck ?
• Quel autre grand artiste est avec lui l’un des porte-drapeaux du courant
hyperréaliste ?
• Quelles sont les étapes de réalisation des sculptures ?
• En quoi sont faites les sculptures exposées ?
• Quelles sont les 2 types d’échelles travaillées par l’artiste ?
• Quels sont les éléments qui distinguent les sculptures de Ron Mueck des
sculptures antiques ?
Si tu as réussi à répondre à toutes
les questions, passe à la suite.
Sinon je t’invite à relire l’article
Utiliser le corps Corps outil
Corps support
Faire participer le spectateur
Yves
Klein
Marina
Abramo
vic
Wim
Delvoy
e
Yves KLEIN et les
corps pinceaux
Avec sa série Anthropométrie (1960),
Yves Klein expérimente le corps comme
« pinceau vivant »
9 mars 1960 : Anthropométries del’Époque bleue, à la Galerie Internationaled’Art Contemporain, 253, rue Saint-Honoré àParis.
Sous la direction d’Yves Klein et pendantl’exécution de la Symphonie monoton, (de sacomposition), trois modèles nus s’enduisent depeinture bleue et apposent les empreintes de leurcorps sur des papiers blancs, disposés sur lesmurs et le sol de la galerie. Une gestuelle mise enscène par Klein, anime les figures d’un étrangeballet, dans lequel les actrices se roulent ou setraînent par les mains sur le sol, sous les yeux del’assistance. Le public, en habit de soirée, estnombreux, composé d’artistes, de collectionneurs,de critiques et après la performance, un débatgénéral s’ouvre avec la participation deGeorges Mathieu et du critique d’art PierreRestany ( il inventera le nom d’Anthropométriepour désigner ces œuvres.)
Corps outil
Le savais-tu ?
Yves Klein est aussi connu à travers le
monde pour son bleu qu’on appelle
désormais le bleu Klein.
L’IKB (International Klein Blue) est un
procédé déposé le 19 mai 1960 à l’INPI. Il
associe le bleu outremer synthétique à un
liant qui ne dénature pas l’intensité de la
couleur. Il a été aidé, pour cela, par un
marchand de couleur nommé Edouard
Adam.
MARINA
ABRAMOVIC
Essaye de retrouver le titre de chacune de ces performances + date + lieu + temps
Corps de l’artiste outil-support-matériau
1 - 2 -
3 -
4 - 5 -
Marina ABRAMOVIC, Rythm 0, 1974,
Galerie Studio Morra à Naples
Instructions
Il y a sur la table 72 objets que l’on peut utiliser sur moi comme on veut.
Performance
Je suis l’objet
Durant cette période, j’assume l’entière responsabilité de ce qui peut se
passer.
Durée : six heures (20h-2h)
- Performance
- Le corps de l’artiste devient un corps objet
- Participation active du spectateur
- Parmi les objets de plaisir on trouvait des fleurs, une
rose, une plume, un savon … Par opposition, les
objets de la douleur comprenaient un marteau, des
ciseaux, un couteau, un fouet et un pistolet
- La question qui sous-tend cette performance : Que
fait le public dans une situation où il a une totale
liberté d’action ?
Il faut lire tout le texte qui suit. Il est
palpitant ! Marina Abramovic
elle-même raconte tout le
déroulement de la performance
« Si quelqu’un voulait charger le pistolet et s’en servir, j’étais prête à en assumer lesconséquences. Je me disais : Bon, on verra bien ce qui arrivera.Pendant les trois premières heures, il ne s’est pas passé grand chose - le public étaitintimidé. Je suis restée là, debout, les yeux perdus dans le vague, sans regarder quoi ouqui que ce soit ; de temps en temps, quelqu’un me tendait la rose ou me posait le châlesur les épaules, ou m’embrassait.Mais voilà que, lentement d’abord puis plus vite, les choses se sont animées. C’était trèsintéressant : la plupart du temps, les femmes qui étaient dans la galerie disaient auxhommes ce qu’il fallait faire au lieu de le faire elles-mêmes (mais plus tard, quandquelqu’un m’a piquée avec une épingle, une femme a essuyé les larmes de mes yeux). Lepublic était formé en majorité d’habitués de galeries, de membres de l’establishmentartistique italien et de leurs épouses. Au bout du compte, je pense que si je ne me suispas fait violer, c’est grâce à la présence des épouses.Alors que la soirée cédait à la nuit, une vague atmosphère de sexualité s’est répanduedans la pièce. Elle n’émanait pas de moi, mais du public. Nous étions en Italie du sud,une région où l’Eglise catholique était très puissante et où l’attitude à l’égard desfemmes était toujours dictée par une forte dichotomie vierge/putain. »
« Trois heures s’étaient écoulées quand un homme a pris les ciseaux, a découpémon tee-shirt et me l’a retiré. Des gens me manipulaient pour me faire prendredifférentes poses. S’ils m’inclinaient la tête vers le bas, je la gardais en bas; s’ilsla tournaient vers le haut, je la maintenais dans cette position. J’étais unemarionnette - complètement passive. J’étais là, seins nus, et quelqu’un a posé lechapeau melon sur ma tête. À l’aide du bâton de rouge à lèvres, un autre a écrit :IO SONO LIBERO - « je suis libre » - sur le miroir et me l’a glissé dans lamain. Un troisième a pris le même tube de rouge à lèvres pour écrire : END surmon front. Un type a pris des Polaroïd de moi et me les a fourrés dans la main,comme les cartes à jouer.Les choses ont commencé à se corser. Deux spectateurs m’ont soulevée deterre et m’ont portée autour de la salle. Ils m’ont allongée sur la table, m’ontécarté les jambes et ont fiché le couteau dans la table, près de mon entrejambe.Quelqu’un m’a piquée avec des épingles. Quelqu’un d’autre m’a renversé unverre d’eau sur la tête. Quelqu’un m’a entaillé le cou avec le couteau et a sucémon sang. J’en ai encore la cicatrice…»
«Et puis il y avait un type - un très petit type - qui se tenait simplement tout près de moi,en respirant très fort. Il me faisait peur. Rien ni personne ne m’effrayait. Mais lui, oui. Aubout d’un moment, il a introduit la balle dans le pistolet et a glissé celui-ci dans ma maindroite. Il a approché le pistolet de mon cou et a touché la détente. Un murmure a parcourula salle, et quelqu’un l’a empoigné. Une bagarre a éclaté.Certains spectateurs souhaitaient manifestement me protéger; d’autres voulaient que laperformance se poursuive. Comme nous étions en Italie du Sud, le ton a monté, lesesprits se sont échauffés. Le petit type a été expulsé de la galerie et la performance acontinué. Le public est devenu de plus en plus actif, comme s’il était en transe. Et puis, àdeux heures du matin, le directeur de la galerie est venu me dire que les six heures étaientécoulées. J’ai cessé de regarder dans le vide pour me tourner directement vers le public.« La performance est finie », a annoncé le galeriste. « Merci. »J’étais dans un état épouvantable : à moitié nue, en sang, les cheveux mouillés. Et il s’estpassé une chose étrange : à cet instant, les spectateurs encore présents ont soudain eupeur de moi. Quand je me suis avancée vers eux, ils sont sortis en courant.Le directeur de la galerie m’a raccompagnée à mon hôtel en voiture et je suis montée dansma chambre, seule - me sentant plus seule que je ne l’avais été depuis longtemps. »
Es-tu capable de te rappeler les temps forts de cette performance ?
Note-les dans ton carnet
Choisis une autre performance de Marina ABRAMOVIC, réalisée seule ou
avec ULAY; décris-la et expliques-en les enjeux rapidement dans ton carnet
pour t’en souvenir
https://www.youtube.com/watch?v=902Ui0F6wBQ
Pour te donner envie de voir le film…
Corps support
Tatoué par l’artiste belge Wim DELVOYE,
cet homme, au dos oeuvre d’art, a été
vendu aux enchères en 2008
Wim Delvoye a fait de Tim Steiner le
support de son oeuvre. Il a fait de son dos
une oeuvre d’art en le signant au-dessus
de la fesse droite. La vente s’élève à 150
000 euros partagés entre la galerie,
l’artiste et le porteur. L’oeuvre s’intitule
Tim, 2006 ce qui montre bien que le corps
est l’oeuvre. Tim peut être exposé
plusieurs fois par an. À sa mort, il sera
dépecé, tanné et encadré. Sa famille a dû
donner son accord.
« En Tasmanie, je suis resté assis surun socle pendant 500 heures, sansbouger. Ce n’était pas un spectacle carje ne suis pas un artiste. Je suis uneoeuvre à part entière. À ma mort, mapeau sera découpée, encadrée etdonnée à mon acheteur.
https://blog.redbubble.com/fr/2017/10/la-toile-humaine-tim-homme-tatouage/
Interview de Tim Steiner
Comment traiter la question du corps
à travers la pratique artistique ?
Quelle vision personnelle peut-on donner du corps ?
Maintenant nous pouvons nous poser les
questions suivantes :
« LE CORPS SOUS TOUTES LES COUTURES »
Donnez à voir, dans une réalisation plastique, le corps sous
toutes les coutures selon votre interprétation littérale, formelle
et/ou métaphorique du sujet.
Recherches au préalable dans le carnet
Techniques, supports et dimensions au choix
« LE CORPS SOUS TOUTES LES COUTURES »