l'architecture, une pratique responsable et interactive

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L'ARCHITECTURE, UNE PRATIQUE RESPONSABLE ET INTERACTIVE Iris DELBART Juin 2012 DIRECTEUR D’ÉTUDE : JULIETTE POMMIER ENSAG

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Rapport d'étude Iris Delbart 2012

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L'architecture, une pratique responsabLe et interactiveiris DeLbart Juin 2012Directeur D’étuDe : JuLiette poMMier

ensaG

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soMMaire

IntroductIon

La représentatIon et ses enjeux en archItecture, L'expressIon du regard

Dessiner l'espace pour se l'approprier

Le dessin à la main dans le processus de projet

Le dessin technique, une approche concrète de l’architecture

La maquette, un outil d'expérimentation et d'expression

L'art, perception sensible de l'espace

Le schéma reLatIonneL, un outIL au servIce d'une prIse de posIton gLobaLe

L'archItecture, une prIse de posItIon gLobaLe

L'architecture, une prise de position dans l'histoire

L'architecture dans la société, la dimension cachée

L'architecture en lien avec l'urbanisme

L'architecture comme la mise en relation de différents savoirs faire

concLusIon

bIbLIographIe

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barcelone vu depuis le toit de la cathédrale

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introDuction

C'est en visitant la villa Cavrois, réalisée par Robert MALLET STEVENS, que j'ai pour la première fois été confrontée à une émotion et à une expérience architecturale inattendue et décisive pour moi dans le choix de mes études. C'est une demeure qui offre des sensation multiples et inattendues et dont la conception m'a paru considérablement en avance pour son époque. Son architecture témoigne de la confrontation entre deux modes de vie antinomiques : un mode de vie bourgeois basé sur le respect des convenances et des traditions à un mode de vie moderne basé sur la vitesse, l'hygiène et le sport. Cette architecture très différente de ce que j'avais pu voir jusqu'à présent m'a fait prendre conscience de l'impacte que pouvait avoir l'architecture sur le bien être des personnes mais également sur la société (reflet ou transformation de celle-ci). C'est plus tard, au cours de mes études en architecture que j'ai pu mettre des mots, et donc comprendre, ce qui plus jeune m'avait tant fasciné. Cette maison interpelle par son aspect profondément moderne. Elle exprime des échelles multiples : l'échelle du territoire avec son belvédère, ses terrasses et son jardin, l'échelle monumentale de par ses dimensions et

villa cavrois, croix

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l'échelle humaine au travers des pièces plus intimes et de la multiplicité des usages qu'elle offre. De même la composition et le maniement des proportions du plan et de la façade permet de lier et d'harmoniser tout ces éléments.

Aujourd'hui, je me rends compte que l'architecture ne se résume pas aux seules « œuvres » des « grands » architectes. L'architecture est présente et s'expérimente au quotidien (le logement, la rue, les jardins publics...). La compréhension des « œuvres » architecturales permet de nourrir des projets plus modestes de même que les architectes peuvent puiser leur inspirations dans des domaines autres que l'architecture. Il me semble qu'aucun architecte ne puisse travailler sans s’appuyer sur des références. Pour ma part, les contextes urbains dans lesquels j'ai grandi m'ont laissé de fortes impressions et marquent ma conception de l'architecture.

Lors de différents travaux et expérimentations, j'ai pu constater l'importance du regard que l'on porte sur les choses et comment le dessin aide à forger ce regard. En effet, le dessin permet de synthétiser et de sélectionner l'essence de ce que l'on souhaite capturer ou exprimer. Le dessin constitue le langage de l’architecte et c'est un outils indispensable pour comprendre ou exprimer l'architecture. Les modes de représentation de l'espace sont parfois complexes et partiels et c'est en cela qu'il est intéressant de les étudier car ils nous fournissent des informations sur le processus de création du projet. En effet, le vécu de l'espace architectural peut nous faire passer à côté de cette dimension car les expériences sensorielles supplantent les enjeux intellectuels du projet.

prague, vu depuis la mairie

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Les différents modes de représentations permettent d'exprimer une pensée et de la communiquer. C'est en cela que la maîtrise des différents modes de représentation et de la compréhension de ce qu'ils véhiculent est importante. En effet le dessin et les expériences multiples que nous faisons de l'architecture sont complémentaires et modifient la portée de notre regard, l'affinent, l'orientent....

Avant de prétendre réussir à faire de l'architecture, il faut réussir à la comprendre. On peut la vivre au quotidien, on peut l'étudier et l'analyser et la tester et la fabriquer. C'est ainsi que l'on prend conscience de son extraordinaire complexité et de la possibilité de toujours pouvoir faire mieux.

Il faut garder à l'esprit que l'architecture est toujours située et liée au contexte historique, politique et socioculturel au sein duquel elle émerge. C'est le résultat d'une multiplicité de facteurs qui sont tous connectés et qui interagissent de manière complexe. On peut dire que l'architecture agit et influence de nombreux domaines et de nombreux usagers et inversement. Je m’intéresse tout particulièrement aux différentes interactions qui peuvent exister entre l'architecture et l'espace public. C'est dans cette optique que je vois mon année à Barcelone. Je souhaite en effet étudier cette ville et comprendre quelle influence l'urbanisme a eu sur l'architecture et quels sont les caractéristiques des espaces publics Barcelonais qui fonctionnent si bien.

Dans une première partie, je tenterai d'expliquer l'importance du choix de la représentation pour comprendre

pedrera, barcelone

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l'architecture, pour exprimer un certain regard, pour prendre position et pour concevoir l'architecture ; puis dans un second temps je m’intéresserais à un mode de représentation particulier qui est le schéma relationnel. Cet outil permet d'isoler différents spécificités urbaines d'un lieu, de les mettre en valeur et d'exprimer leur relation. Dans une troisième partie, je tenterais de faire ressortir les multiples tenants et aboutissants liés à l'architecture tels que les différentes échelles, l'histoire, la société et les acteurs que l'architecture doit prendre en compte.

st paul, Londres

11camden town, Londres

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131 La représentation et ses enJeux en architecture, L'expression Du reGarD

Cette partie traite de l'importance des différents modes de représentation comme expression d'un regard critique en architecture. On ne dit pas les mêmes choses selon que l'on dessine une perspective, un plan ou un schéma et ces différents moyens de représentation expriment une perception qui nous est propre. Les différents modes de représentation sont une manière de prendre position dans le réel par la sélection des informations représentées (chaque représentation de l'espace est par définition partielles et c'est en cela qu'elles se complètent). C'est le témoignage d'une volonté de transformation et un moyen de communiquer.

Ce dessin de Claude Nicolas Ledoux intitulée Coup d’œil du théâtre de Besançon illustre bien cette partie car c'est une représentation qui met en scène une vision de l'architecture : les gradins du théâtre sont représentés dans l’œil de celui qui regarde. Ainsi c'est le regard de l'architecte qui forme l'architecture mais également l'inverse (l'architecture forme le regard).

coup d’oeil du théâtre de besançon, dessin de claude nicolas Ledoux

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1. 1 Dessiner L'espace pour se L'approprier

Redessiner des espaces existants reconnus pour leurs qualités architecturales permet de comprendre les différents outils et processus d'élaboration dont ils résultent. C'est l'appropriation de ces références architecturales qui a contribué à modifier et aiguiser le regard que je porte sur l'architecture et ses enjeux.. L'étude de situations architecturales et urbaines existantes permettent de problématiser le regard porté sur l'architecture qui nous entoure et comprendre les enjeux qui sont récurrents en architecture.

En effet, c'est grâce aux différents dessins d'analyse que j'ai pu effectuer lors du cours de Pensée architecturale à différentes échelles (F. Véry et P. Thépot) en première année que j'ai pu comprendre l'importance des rapports de proportion. J'ai appris à dessiner de manière analytique : c'est à dire décomposer une architecture en différentes strates pour mieux faire ressortir les l'influence du traitement de ces strates sur l'architecture (ex : un dessin pour exprimer la trame constructive, un dessin pour exprimer la matérialité des poteaux porteurs et un dessin des cloisons qui servent à partitionner l'espace du pavillon de l'esprit nouveau permettent

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d'exprimer les principes du plan libre et ses résultats sur l'architecture). De même l'étude de la composition des façades peut être un pilier sur lequel s'appuyer pour concevoir.

Le dessin de l'espace en plan, en coupe, et en perspective d'éléments existants lors de l'analyse architecturale en projet m'a permis de m'approprier différents outils de conception ainsi que différents dispositifs architecturaux. Le dessin permet d'en comprendre les influences sur les ambiances architecturales. Lors de l'étude de la Case Study House 16 je me suis attardée sur l'impact du geste dans la conception architecturale (disposer), les différentes manières de s'appuyer ou de s'éloigner d'une trame constructive pour créer des espaces. J'ai pu assimiler des dispositifs architecturaux qui permettent d'installer des ambiances intimes ou au contraire des ouvertures importante sur le paysage.

Par la suite, j'ai été amenée au premier semestre de troisième année de licence à étudier une situation urbaine qui semblait à première vue banale mais qui s'est révélée très enrichissante pour ma compréhension et pour la manière d'aborder les enjeux urbains. J'ai ainsi pu aborder les différents types de tissus qui composent la ville, leurs imbrications et les espaces qui en découlaient. J'ai ainsi pris conscience de l'importance du réseau viaire et de sa hiérarchie (avenue, rue, ruelle, chemin piéton...). Cette étude préliminaire de l'espace urbain a permis d'arriver sur le site des Eaux Claires avec des intentions et des prises de position urbaines qui ont guidées le projet d'architecture.

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La compréhension de l'espace est une étape fondamentale pour pouvoir enrichir ses propositions architecturales. En effet, la réussite d'un projet d'architecture passe par la maîtrise des espaces et des ambiances au sein de ceux-ci. L'architecture n'est pas une discipline scientifique ou il suffit de transposer des dispositifs mais il est nécessaire de s'appuyer sur ses connaissances et de les transformer et de les adapter à chaque contexte et à chaque situation.

perspective de l’ensaG, exercie ombre et lumière (L1)

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Le Dessin à La Main Dans Le processus De proJet

Au cours de mes études, j'ai constaté que le dessin à la main est fondamental dans le processus de pensée du projet. Dessiner à la main demande déjà une première prise de position quant au point de vue adopté et à l'importance de celui-ci. On n'utilise pas les mêmes modes de représentation selon ce que l'on souhaite exprimer : la lumière (coupe, perspective,...) l'organisation de l'espace (plan, schéma d'organisation), l'échelle humaine, le rapport au contexte (plan masse)... Ainsi lors de mon premier projet (un espace d'accueil dans une clairière), j'utilisais mon plan pour montrer le principe d’enchaînement des espaces selon un concept de spirale, ma coupe pour montrer la hiérarchisation du volume d'accueil et de l'espace de travail et le croquis pour montrer l'ambiance lumineuse dégagée par la multiplication de petits percements.

De même que lors de l'analyse de l'architecture par le dessin, le fait de dessiner et de redessiner les espaces d'un projet permet de mieux s'approprier les espaces et de comprendre leurs articulations et leurs rapports d'échelles. Pour cela, l'utilisation et la combinaison de plusieurs modes de représentation tels que le plan, la coupe, le schéma, la

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perspective... est indispensable car cela permet de multiplier les points de vue (rappelons que l'architecture est un espace vécu et parcouru par le corps humain).

Le dessin à la main est un outils efficace car il permet de manipuler différentes échelles (le concept global aussi bien que le détail technique qui en résulte), de les confronter et cela de manière rapide (l'expression de l'idée est plus importante que le soin et la précision du dessin), cela est plus contraignant et moins naturel avec un logiciel informatique. Les planches d'Aldo Rossi montrent que son projet prend en compte aussi bien l'histoire de la ville et de ses monuments que l'importance qu'il accorde aux façades et du soin qu'il apporte à la mise en œuvre de son architecture. La pensée du projet n'est pas un processus linéaire mais bien le résultat de multiples allers et retours entre l'analyse et le dessin du projet. Le dessin à main levée aide à l'élaboration de la pensée, car il permet de l'exprimer et de la formaliser puis, par une suite de dessins successifs de la faire évoluer. Le calque est mon outil de conception privilégié car il me permet à partir d'une première esquisse de la faire évoluer tout en gardant à l'esprit le premier geste ou la première idée qui m'a guidée. En effet, il est intéressant de dessiner deux fois le même espace de manière différente et de les comparer afin de déterminer la meilleure des deux solutions. Le dessin permet également de confronter une pensée abstraite à la réalité d'un site et de faire évoluer le projet en conséquence. Je m'efforce dans chacun de mes projets de faire cet aller retours entre l'analyse et l'architecture. La prise en compte de points de

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vue multiples et complémentaires enrichit le projet et permet de composer plus facilement les façades d'un bâtiment (qui ne sont pas toujours perçues de manière frontale). Cela fut d'une grande aide pour mon projet de premier semestre de troisième année qui consistait à requalifier une barre existante avec un « plug » architecturé. Ce plug devait être pensé avec les différents chemins qui permettaient d'y accéder, et du coup avec les différents points de vue qu'ils offraient. C'est en le dessinant vu sous ces différents angles que j'ai réussi à créer des façades cohérentes.

C'est donc un outils qui permet de se questionner et d'apporter des réponses même si elles sont souvent partielles. Le choix du dessin aura une influence sur l'espace produit. En effet, souvent, c'est au démarrage d'un projet que les dessins sont clés car ils permettent de problèmatiser et de soulever les enjeux du projet. Ce sont donc les dessins d'analyse urbaine qui ont guidé mon projet du premier semestre de licence 3. Ce sont ces dessins là qui ont permis d'établir des relations entre les trois projets du groupe avec lequel je travaillais. Nous avons ainsi pu développer nos projet de manière indépendante tout en établissant des dialogues entre nos projets. C'est l’enjeu de la planification urbaine. Le dessin est un outils qu'il est bon de combiner à mon sens avec la maquette d'étude.

Enfin, j'ai pu constater que le dessin à la main permet une certaine maîtrise du projet final. Le fait de dessiner et de redessiner le projet permet de l'intégrer de telle façon à ce que les proportions deviennent plus évidentes, et que l'on est capable de redessiner et d'expliquer le projet de

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manière synthétique. Le dessin à la main permet de se focaliser sur les idées fortes qui guident le projet et de pouvoir les hiérarchiser. On peut ainsi exprimer son projet à l'aide d'une suite de schémas qui expriment de manière radicales les idées directrices sur lesquelles le projet est fondé.

p 15 : perspective, coupe, plan, exercice quatre espaces (L1)

p 16 et 17 : planche aldo rossi

à g. : perspective différents points de vue, logements dans le quartier des eaux claires (L3)

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Le Dessin technique, une approche concrète De L'architecture

Le dessin technique obéit à des codes qui lui son propres et qui permettent sa diffusion auprès du public ainsi que des différents acteurs de la construction. Il permet d'exprimer les pleins et les vides qui forment les espaces ainsi que les dimensions de ceux-ci. L’échelle de ces dessin varie et ne sert pas à exprimer les mêmes choses. Le 500ème permet d'exprimer le rapport au site et de comprendre l'implantation du projet. Le 100ème permet de comprendre l'agencement et les proportions du projet. Le 50ème et le 20ème correspondent à des détails constructifs qui permettent de comprendre la mise en œuvre et les finitions qu'impliquent la réalisation du projet. Toutes ces échelles doivent se compléter et pouvoir être abordées ensemble.

Le dessin technique est l'occasion d'exprimer les relations entre les éléments porteurs et les espaces créés. L'utilisation des différentes échelles permet de mettre en évidence les inter-relations entre les détails de mise en œuvre et l'intention globale. Sur les planches d'Aldo Rossi, on observe la mise en relation du plan, de l'élévation et du détail constructif. Cela exprime l'importance d'une pensée globale qui

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transcende et lie les différents éléments du projet. Ainsi la logique directrice d'un projet doit être exprimée aussi bien dans le détail constructif que dans les élévations et le plan.

Le passage de l’esquisse au dessin technique est l'occasion de faire l’expérience de la mesure précise et de l'influence qu'elle peut avoir sur les usages et sur la perception sensible des qualités de l'espace.

Lors de l'élaboration d'un projet, le dessin à l'informatique est une manière concrète d'aborder l'architecture en prenant en compte les différentes contraintes du projet (terrain, programme, surface). Le dessin des plans succède à l'esquisse et doit chercher à la restituer le plus fidèlement possible. Il est nécessaire de passer par cette étape pour étudier la faisabilité du projet et les moyens de concrétiser l'esquisse. Cette phase de dessin est une étape nécessaire dans l'évolution du projet. Il faut alterner les phases d'esquisse et de dessin technique. Pour cela l’outil informatique est pratique car il offre une grande malléabilité.

Parfois, la technique constructive peut être un moteur de projet comme en Projet approche constructive (P Doat) où l'étude des principes constructifs précède l'élaboration d'un projet qui s'appuie sur ces principes de construction ou qui les transforme. Ces projets n'ont pas d'usage précis mais s'implantent dans un terrain défini et s'appuie sur des contraintes de surfaces et des contraintes techniques (portée, technique constructives...)

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La maîtrise de différentes techniques de construction s’acquiert au cours des enseignements de C Blachot en seconde et troisième année de licence. Il me semble important de confronter les dessins techniques à la réalité du chantier afin de les assimiler pleinement.

p 19 : Le Modulor de Le corbusier

p 16 et 17 : plan et perspective exercice ossature (L1)

à d. : claire Louise teste la résistance du banc en béton construit d’après dessins et calculs (L2)

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La Maquette, un outiL D'expériMentation et D'expression

La maquette d'étude est un outils qui permet de faire évoluer le projet. Elle permet de voir les volumes et les jeux de lumière produits sur l'architecture et elle peut être utilisée à différentes échelles. Au 500ème ou au 1000ème, on peut observer la relation au site, les rapports de masses et les pleins et les vides. La maquette à cette échelle est une représentation radicale du parti pris architectural. Au 200ème, on peut étudier les relations entre la structure et les espaces. On peut également observer les effets lumineux au sein de la structure. La maquette n'est pas un outil entièrement fiable car les matériaux utilisés ont rarement les mêmes textures et les même propriétés réfléchissantes que les matériaux envisagés pour la construction. Une maquette au 50ème ou au 20ème permet de régler des questions de détail de structure et de montrer comment ces détails jouent sur l'expression du parti architectural. Ces maquettes sont des outils de conception et d'expression qui peuvent évoluer ou être multipliés rapidement. De plus l'avantage de la maquette c'est qu'elle est manipulable et peut être observée par des points de vue multiples.

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La maquette analytique peut jouer un rôle de décomposition de l'architecture et permet d'exprimer les relations entre les différentes strates exprimées. La codification de la maquette permet parfois d'exprimer plusieurs informations et de comprendre comment elles s'articulent. La maquette analytique permet de tester des nouveaux moyens de représentation comme cette maquette qui permet de confronter l’existence d'une trame avec la manière dont on dispose des parois plus ou moins grandes et quels espaces en résultent (infinité d'espaces ou au contraire, des espaces contraints?)

Dans le cadre du studio Liveneau de deuxième année de licence, j'ai pu participer à des expérimentations à l'échelle 1/1. Cela permet de réfléchir à une certaine rationalité constructive et économique compte tenu des moyens qui nous sont donnés et cela peut insuffler une dynamique à la conception (comment tirer le meilleur parti de matériaux simples et s'inscrire dans des limites budgétaires précises). En effet, la prise en compte de contraintes budgétaire, temporelles et matérielles poussent à concevoir autrement. Il me semble que l’expérimentation à l’échelle 1 /1 est pertinente dans le cadre d’événements temporaires (mise en scène d'exposition, festivals...) mais bien souvent, il est tout de même nécessaire de concevoir celle-ci au préalable avec des maquettes d'étude. On peut se demander si l’expérimentation à l'échelle 1/1, même si elle permet de « vivre » les ambiances architecturales crées, ne doit elle pas être bannie lorsqu'elle est sa propre fin ?

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La maquette reste donc un outils que je privilégie pour la conception des projets car elle permet de mettre en évidence les forces et les défauts d'un projet. Les maquettes successives permettent de tester différentes solutions et de les comparer.

p 22 : Maquette espace minimal (L1)

p 23 de h. en b. : maquette aménagement de berge (L1), maquette halle de marché (L2), maquette plug (L3)

p 24 de h. en b. : maquette analystique case study house 16, maquette gestuelle disposer, grands ateliers geste disposer et enserrer, exercice analyse de maison (L2)

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L'art, La preception sensibLe De L'espace

J 'ai pu observer au cours de mes études que l'art et l'architecture sont souvent liés. L'art offre souvent des moyens alternatifs ou précurseurs de représentation de l'espace. Ces représentations correspondent souvent à des points de vue spécifiques sur l'espace et la lumière. Ainsi l'histoire de l'art et de l'architecture sont souvent liés (ex : influence sur l'invention de la perspective sur la manière de projeter, influence du cubisme sur l'architecture...)

Les œuvres d'art permettent parfois de révéler des espaces et proposent des expériences spatiales (ex : travail de Richard Serra). Il me semble que bien que l'architecte ne soit pas un artiste à part entière mais il doit tout de même développer des moyens d'expression qui lui sont propres et qui révèlent sa sensibilité particulière. Ces différents moyens de représentation peuvent ainsi venir compléter des documents plus rigides et techniques.

L'architecture est une discipline qui interagit avec de nombreuses autres disciplines et corps de métiers. La conception architecturale peut s'inspirer de nombreux domaines. La pratique

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clara-clara, richard serra, paris

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du dessin en deuxième année m'a permis de m'initier à la mise en page et de développer une façon de dessiner qui m'est propre. En effet, il est important de s'habituer à dessiner à main levée car la réussite d'un projet en architecture dépend en partie de l'habileté du dessinateur. Je pense notamment aux projet qui mettent en scène des courbes. La forme des courbes doit être une première fois dessinée à la main et doit ensuite être reproduite le plus fidèlement possible à l'ordinateur.

L'art est un outils utile pour la pratique de l'architecture car l'art permet d'exprimer une prise de position, un regard et un point de vue précis sur un espace ou une situation. Cela permet, d'aiguiser un certain regard et de déterminer des centres d’intérêts précis.

La pratique de l'aquarelle en troisième année m'a fait comprendre qu'il était important de sélectionner les informations que l'on souhaite représenter et qu'il faut privilégier la représentation d'un plan par rapport à un autre pour le mettre en valeur. De même, l’expérimentation d'un collage comme outil de projet permet de motiver le projet en le stimulant par l’association d'images fortes et entraînantes.

p 26 : chapelle couvent de la tourette (L3)

p 27 de h. en b. : vue de Londres depuis la tate ModerneLondon bridge

p 27 : exercice matière et lumière (L1)

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Le schéMa reLationneL, un outiL au service D'une prise De positon GLobaLe

Lors du premier semestre de troisième année en studio LENA – POMMIER, j'ai pu expérimenter un nouveau type de représentation : le schéma relationnel. Ce mode de représentation permet de mettre en relation différentes strates de la ville comme le parcellaire et le bâti ou le réseau viaire et le bâti. Ce schéma s'applique à ne pas représenter toute la ville mais à révéler les différents systèmes dans lesquels s'inscrit l’îlot ou la parcelle étudiée (Ex : rapport de la rue Ponsard à l'avenue Jean Perrot et aux ruelles qui mènent et constituent le cœur de l'îlot).

Pour le projet du premier semestre de troisième année, le schéma relationnel fut déterminant dans la mise en place de notre stratégie urbaine : travailler le front bâti et les différentes intériorités d'un îlot. Ainsi, nous avons pu montrer les relations de l'îlot que nous modifions avec le cours de la Libération et les différentes intériorités qui se développaient en son centre (pavillonnaire, grands équipements, mail piéton...). Ce schéma met en valeur la présence d'édifices d'échelles variables, tissu pavillonnaire, petits immeubles collectifs, barres d'habitation, grands équipements...

schéma relationnel exprimant les relations entre la hierarchie du réseau viaire, la morphologie de la parcelle et le type de bâti

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Ces schémas en plus de mettre en valeur les caractéristiques d'un quartier, permettent d'en faciliter la lecture et d'en exprimer les enjeux. C'est pour moi un outils qui peut guider la conception architecturale et qui permet de la replacer dans son contexte à une échelle plus large. On pourrait imaginer réaliser un schéma relationnel de l'existant témoignant de ses caractéristiques et de ses lacunes et un schéma relationnel après le projet qui exprimerait les nouvelles relations spatiales installées.

L'architecture en effet ne doit pas se contenter d'elle même et se résumer à de la production de forme mais elle doit être réfléchie comme une opportunité pour le secteur qu'elle vient modifier. En effet le schéma relationnel permet de faire ressortir les caractéristiques d'un lieu et ses enjeux et met en relief les manques que sous-tendent ces enjeux. Ces schémas m'ont permis de mettre en relation les problématiques urbaines avec les problématiques architecturales. En effet, faire de l'architecture, c'est chercher à insuffler un nouveau souffle à la société, la ville et aux usagers tout en prenant en compte les enjeux relatifs aux différentes échelles (la ville, le logement...).

schéma relationnel exprimant le rapport de l’ilôt de la rue ponsard (interiorités) à l’avenue Jean perrot (front bâti)

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schéma relationnel exprimant le rappord de l’ilôt de la rue Louise Michel (interiorités) au cours de la Libération (front bâti ponctuel)

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L'architecture, une prise De position GLobaLe

La pratique du projet est un processus complexe qui doit prendre en compte les liens entre les différents temporalités, différentes échelles et différents acteurs. De nombreuses disciplines permettent d'enrichir le projet et de lui donner du sens grâce aux différents points de vue adoptés. En plus des enjeux structurels et spatiaux, l'architecture doit se positionner vis à vis d'enjeux historiques (la mémoire du lieu, le rapport au contexte),sociaux (en tant qu'espace fédérateur de liens sociaux) et territoriaux (urbains ou ruraux). L'architecte doit avoir conscience des différents enjeux liés à son projet et doit savoir les communiquer. Au cours des études d'architecture, nous sommes amenés à rencontrer des professionnels de différents milieu (paysagistes, urbanistes, thermiciens, acousticiens, ingénieurs,...) de manière à nous initier à leur savoir et à apprendre à communiquer avec eux. C'est cela qui participe à rendre ces études et les métiers qui en découlent passionnants.

Confluence, Lyon

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une prise De position Dans L'histoire

L'architecture et l'histoire sont étroitement liés, en effet, en analysant l'architecture on se rend compte que des grandes découvertes, des affiliations politiques ou philosophiques sont lisibles dans l'architecture. Ainsi on arrive à dater une production architecturale et à la restituer dans un contexte socio-économique assez précis. L'histoire de l'architecture permet d'expliquer les tenants et les aboutissants des innovations et des grands courants architecturaux. C'est une matière qui est revenue de manière récurrente de la première à la troisième année qui en plus de former notre culture architecturale nous a permis de lier l'architecture à l'histoire en générale. La connaissance de l'histoire de l'architecture telle qu'elle est enseignée par Anne COSTE en première année ou par Sophie PAVIOL en seconde année m'a permis de nourrir mes projets de référence et de prendre conscience des particularités de mon environnement. Le cours de Sophie PAVIOL permet de situer dans le temps l’œuvre de grands architectes modernes et retrace la continuité et la filiation des différentes innovations.

Si nous sommes capable de dater une production architecturale grâce à l'étude de sa morphologie c'est que le

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contexte social et politique d'une époque s'exprime souvent dans sa production architecturale. Ainsi l'architecture ne s'est pas développée de la même manière dans tous les continents et dans tous les pays et il est impossible de reproduire un modèle à l'identique dans un contexte différent. L'architecture a toujours été un moyen pour les instances politiques ou religieuses de faire passer un message. C'est d’ailleurs pour cela que l’architecture et l'urbanisme sont souvent l'occasion de débats et de controverses. Les façades et les hall d'entrée qui ont un statut ambiguë qui sont souvent porteurs de message. Les Eglises et les cathédrales en sont un exemple pqrmis d'autre où la sculpture des frontons servaient à faire comprendre les éléments fondamentaux de la religions aux fidèles. Ces éléments étaient constitués de bas reliefs qui « racontaient » les événements parfois à la manière d'une BD et s'adressaient au plus grand nombre par l'utilisation d'images. D'où l'importance et le soin à apporter au traitement de ceux-ci. De nos jours, l'architecture continue à être le support d'idéaux sociaux, politiques, philosophies ou encore économiques même si à notre stade d'étudiant cela se fait de manière plus ou moins consciente. Ainsi notre production architecturale restitua des clefs de lecture de notre époque. Il est alors intéressant de s'interroger sur ce que dégage notre production architecturale et sur l'impact qu'elle aura dans le futur.

L'histoire de l'architecture est intimement liée à l'histoire des idées et à l'histoire de la représentation. Lors du cours de Sophie PAVIOL intitulé Introduction aux cultures architecturales contemporaines, nous avons pu mettre en relation la prise de position dans l'histoire et dans la société au cours

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du XXème siècle et les différents moyens de représentation mis en œuvre pour affirmer cette position. On peut faire le rapprochement entre l'évolution des modes de représentation et l'évolution de l'architecture, car ce sont la conséquence directe de l'évolution des modes de pensée qui se traduit d'abord dans le dessin puis dans la production architecturale. En effet, il est surprenant de voir comment les idées de certains architectes qui se voulaient novatrices ont encore du sens de nos jours. S'exprimer c'est déjà une manière de prendre position dans l'histoire. C'est pour cela que certains projets même s'ils n'ont jamais été construits ont une importance dans l'histoire (je pense à Cunéo d'Aldo Rossi que nous avons étudié en première année).

Le projet constitue en lui même une prise de position à un instant t dans l'histoire. En effet, tout projet est situé et se doit de composer avec son environnement. Le contexte a toujours une histoire à raconter et l'implantation d'un projet n'est as anodine et raconte quelque chose : soit l'établissement d'un dialogue avec les alentours, soit la mise en retrait, soit l'écran. La position dans un site urbain ou rurale est une prise de position car une fois le bâtiment construit, il viendra lui même enrichir l'histoire du lieu et participera au renforcement ou au renouvellement de l'identité du lieu.

De même que l'architecte peut être confronté à l'histoire d'un lieu, il peu se confronter à l'histoire d'un bâtiment et être amené à retravailler sur un bâtiment existant et ainsi devoir travailler avec l'identité et l'histoire du lieu. Ces réhabilitations ne sont pas anodines et sont de véritables

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occasions de s'interroger sur notre position concernant la conservation et la valorisation du patrimoine. Le cours d’Étienne LENA (Conservation et Valorisation du Patrimoine) en troisième année a pu me donner des clefs sur la naissance de la notion de patrimoine et sur la classification de tout ce qu'elle englobe. Il existe ainsi plusieurs critères qui donnent de la valeur au patrimoine comme la valeur esthétique ou la valeur d'usage. Ces critères peuvent se superposer et être hiérarchisés. Ils guident ainsi la direction à prendre en matière de restauration, d’entretien et de rénovation. De même, je me suis initiée sur les grands courants de pensée concernant la resauration du patrimoine et sa mise en valeur telles que la pensée de Ruskin et celle de Violet le duc. Pour ma part, il me semble que tout bâtiment possède une valeur patrimoniale car il est le témoin et la formalisation d'une certaine idéologie. Ainsi même lors de démolitions, il existe des démarches qui visent à archiver et à conserver le lieu pour pouvoir pérenniser son histoire.

p 34 : Monument pour la mémoire des victimes du communisme, prague

p 35 : prague

p 36 : new York

p 37 : hôtel Gantois, dans ancien hospice, Lille

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L'architecture Dans La société, La DiMention cachée

Le projet d'architecture est une occasion de se positionner dans la société. En effet, l'architecture comme nous l'avons vu précédemment n'est pas anodine et peut être perçue comme un discours.

Au cours du premier semestre de troisième année, nous avons eu un cours donné par Anne Monique BARDAGOT intitulé politique de la ville. Ce cour visait à définir la politique de la ville et ses enjeux majeurs. La politique de la ville est mise en place dans les années 80 pour apporter une réponse au malaise des banlieues et notamment aux problèmes urbains qui se sont développés au cœur des grands ensembles. C'est une politique sociale et urbaine menée en partenariat avec l'état et les collectivités locales qui vise à réinsérer durablement dans la ville les quartiers en difficulté. Pour appliquer cette politique les communes doivent monter des dossiers afin d'expliquer leur projet et de bénéficier des financements de l'ANRU (Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine). Les projets qui en bénéficient visent à modifier l'image d'un quartier et à le désenclaver. L’existence d'une telle politique amène à se poser des questions : en effet, est ce que l'architecture et l'urbanisme

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particulier de ces quartiers est à l'origine de la difficulté que rencontrent ces quartiers ? Il me semble que l'urbanisme de tours et de barres puisse jouer un rôle car à l'époque c'est l'avènement rapide et pas cher de logement qui a été recherché faisant parfois fit de la recherche de qualité pour le traitement des espaces publics. C'est probablement l'absence de statut claire des espaces publics qui est à déplorer plutôt que la qualité des logements. En effet, l'architecture n'est pas seule responsable de l’enclavement des quartiers et la modification de l'image d'un quartier passe par une requalification urbaine mais également par la mise en place de politiques pour l’emploi et par la dynamisation d'un quartier. De même ces politiques de requalification urbaine doivent être mises en place pour les habitants et en concertation : il faut donc éviter des bouleversements trop grands qui se répercuteraient de manière trop conséquentes sur les loyers. C'est un débat social que je trouve intéressant et pertinent, en effet, il faut éviter de reproduire les mêmes erreurs et arriver à voir au delà des clichés de la « banlieue »

Le projet de deuxième semestre de troisième année a été l'occasion de se positionner dans la société car nous avons été invité à explorer et remanier le programme selon différentes approches (analogiques pour ma part) et cela nous a permis au travers de l'école d'exprimer ce que devait être l'école et quelle rôle elle devait jouer dans la société (le lien avec la ville, etc...).Il me semble que le projet d'une école est vraiment important car c'est une institution chargée de transmettre des valeurs et des connaissances qui seront la

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base de tout citoyen. C'est un lieu de passage obligatoire qui marque la scolarité de chaque individu. Ainsi, il faut réussir au travers du bâtiment à donner l'envie aux élèves d'aller à l'école et il faut réussir à en faire un lieu ouvert tout en étant un lieu protégé. Mon parti était de créer une promenade architecturale dans le bâtiment grâce à une rampe accessible aux personnes à mobilité réduite. Les classes et les ateliers se voulaient suffisamment spacieux pour être approprié par les différents professeurs et les classes se voulaient ouvertes sur l’extérieur et l’intérieur. L'espace de circulation était pensé comme un espace piranèsien qui pouvait être un prolongement de la cour ainsi que des salle de classes et des ateliers. Ce lieu pouvait accueillir les lieux communs tels que les postes informatiques ou la bibliothèque.

p 38 : entrée ensaG, Grenoble

p 39 : quartier de la villeneuve, Grenoble

p 40 : croquis d’ambiance de l’arrivée à l’école et de l’entrée, exercice école primaire paul Langevin (L3)

p 41 de h. en b. : plan 1er étage, élévation côté rampe, élévation côté cour, coupe transversale, exercice école primaire paul Langevin (L3)

p 41 de h. en b. : vue depuis la passerelle, vue des niches appropriables, vue de la classe, exercice école primaire paul Langevin (L3)

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L'architecture en Lien avec L'urbanisMe

De manière générale le contexte historique et social est inscrit dans la morphologie de la ville qui dépend d'une manière de penser la ville bien particulière. C'est en étudiant l'histoire de la formation des villes en seconde et en troisième année lors du cours de Catherine MAUMIE (Histoire de la formation des villes en L2, Penser représenter la ville, de la grande ville à la ville contemporaine en L3) que je me suis rendue compte de l'importance des volontés politiques dans le contrôle et l'impulsion donnée à la formation et l'évolution des villes. La ville est une formation complexe d'éléments qui interagissent à différentes échelles de lieu et de temps.

Lors du premier semestre de troisième année en studio LENA-POMMIER, j'ai appris que la ville pouvait, au même titre que l'architecture être décomposée en plusieurs strates qui une fois identifiées permettent d'en faciliter sa lecture. Ainsi on peut isoler le réseau viaire, le parcellaire, les bâtiments, la végétation, la topographie... La morphologie de l'architecture est directement liée à la morphologie du parcellaire (nous l'avons exprimé à l'aide de d'un schéma relationnel qui établissait cette relation entre le parcellaire, le bâti et

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vue depuis l’hôtel de ville, prague

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la taille du réseau viaire). Pour le développement des villes, le PLU devient un document qui doit être rédigé avec le plus grand soin afin de guider les directions à prendre en matière d'urbanisme.

Le projet architectural peut être guidé par un positionnement urbain. Pour le projet de logements dans le quartier des Eaux-Claires à Grenoble, nous avons consacré beaucoup de temps dans la prise de positon urbaine avant de commencer le projet d'architecture qui constituait la suite logique du diagnostique urbain. Pour définir le projet urbain , nous avons utilisé la démarche du collage : c'est à dire que nous avons commencé par analyser et nous approprier un site urbain à Grenoble, la rue Ponsard, que nous avons ensuite collé sur le site des Eaux Claires à l'endroit qui nous semblait le plus pertinent à retravailler pour retrouver les qualités architecturales et urbaines de la rue Ponsard. Après avoir effectué ce collage brut, nous avons commencé à retravailler le quartier sélectionné de manière à renforcer son front bâti le long du cours de la Libération pour renforcer les qualités des intériorités du quartier.

Nous avons amorcé notre réflexion sur les cheminements (différents moyens de transports, différentes vitesses, les seuils d'entrée dans le quartier, la qualité des espaces verts, les connections...). Nous avons ensuite cherché à enrichir le projet avec le bâti qui pouvait venir le renforcer. C'est de là que sont venues les décisions de reconstruire l'école qui faisait l'angle entre le cours de la libération et la rue Louise Michel en cœur d’îlot dans un endroit calme et sécurisé, propice

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à l’apprentissage. L'angle devait se matérialiser par un vide et par un immeuble qui viendrait se positionner comme un signal de l'entrée du quartier et comme un point de repère dans les Eaux-Claires et dans la ville. Puis enfin, nous souhaitions retravailler une barre R+8 qui faisait écran dans le paysage et dans le cheminement qui permettait de passer d'un îlot à l'autre. Cette barre d'immeuble a été partiellement démolie (jusqu'au premier joint de dilatation) et la construction d'un plug a permis de modifier son identité et de la remettre en valeur. En parallèle, nous avons imaginé comment la transformation du quartier pouvait s'échelonner dans le temps de manière à ne pas trop perturber la vie du quartier et les usages ont été pensés de manière à redynamiser le quartier (commerces, maison de quartier, laverie...)

La pensée de l'urbanisme exige la pensée du temps, des usagers et des usages. Le développement urbain est en constante évolution et se traduit dans des textes tels que le PLU qui influencent l'architecture. Il me semble que c'est de notre devoir en tant qu'architecte d'essayer d'agir sur ces règlements lorsqu'ils sont obsolètes ou peu propices au développement. De nos jours, nous parlons de plus en plus de développement durable et contrôlé. Un tel développement ne peut pas avoir lieu sans qu'il ait été pensé en terme de durée. J'ai beaucoup la pensée de Aldo ROSSI qui considère que ce qui fait le caractère durable d'un bâtiment ce sont ses qualités architecturales car lorsqu'elles sont présentes, un bâtiment supporte les usages imprévus. Cela se vérifie avec les nombreuses réhabilitations auxquelles nous assistons aujourd'hui (une piscine Art déco transformée en musée, des usines transformées en restaurants ou

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en loft...) La pensée de l'urbanisme pourrait ainsi se traduire comme une pensée de la transformation. Et l'architecture doit être un des moyens de cette transformation de la ville et de l'environnement.

L'architecture est une discipline qui peut et doit être pensée à différentes échelles. Ainsi, on ne peut penser l'architecture en milieu urbain sans penser la ville. Il en est de même dans les milieux ruraux. L'architecture ne doit pas être pensée indépendamment du milieu dans lequel elle prend place. Le projet s'affirme ainsi grâce à sa position urbaine. Il existe plusieurs prises de position possibles face à un contexte urbain qui dépendent essentiellement du programme. Ainsi un programme d'équipement publique ne viendra pas se positionner de la même manière qu'un immeuble qui vient renforcer le front bâti au profit d'une intériorité. Lors de différentes analyse du tissus urbain de la rue Ponsard et du quartier des Eaux Claires, j'ai pu observer que tout comme l'architecture la ville possède une multitude de seuils et de subtilités qui donnent une identité propre à un quartier. Ainsi l'urbanisme peut être pensée à une petite échelle.

p 43 de h. en b. : vue axonométrique de l’angle entre la rue ponsard et l’avenue Jean perrot, analyse parcellaire eaux claires, (L3)

p 44 : collage de l’ilôt de la rue ponsard dans les eaux claires, exercice logements dans le quartier des eaux claires (L3)

p 45 : plan et élévation du plug, exercice logements dans le quartier des eaux claires

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L'architecture coMMe La Mise en reLation De Différents savoirs faire

L'architecture se nourrit de différents savoirs faire et qui permet de faire le lien entre différentes disciplines. Pour cela, l'architecte doit continuellement chercher à compléter son savoir dans les différentes disciplines qui se rattachent à l'architecture ou qui en découlent. Le paysagisme et l'urbanisme sont deux disciplines qui me tiennent à cœur et que j'aime lier au projet d'architecture car elles permettent de voir les enjeux de l'architecture avec des points de vue et des enjeux différents.

Lors du cours de troisième année d'Annie TARDIVON, Théorie et pratique du paysage, j'ai pu constater l'importance de la temporalité dans un projet de paysage : tels que les temps cours de la journée et de la semaine qui induisent un certain nombre d'usages ainsi que les temps plus longs des saisons qui rythmes les années et qui affectent le paysage et le temps des années qui permettent au projet d'évoluer et de se pérenniser. Le projet de paysage est pensé comme un changement perpétuel et laisse une place à l'imprévu. Ils peuvent être appréhendés selon des échelles vraiment différentes et la pensée globale est aussi importante que le détail de la mise en œuvre. Le paysagisme a

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aussi la particularité que le projet est dès le départ pensé en terme d’entretien car les lieux évoluent dans le temps et un entretient minimum est nécessaire pour les pérenniser. On observe lié à cela de nombreuses recherches qui visent à faire pousser une flore adaptée à son environnement pour diminuer les contraintes liées à l'entretient. Ces principes peuvent être réinjectés dans la manière de penser le projet architectural : la pensée du détail de mise en œuvre est aussi importante que la pensée du « global » car c'est par ce biais là que le projet d'architecture pourra se concrétiser. De même la pensée de différentes échelles et de différentes temporalités permet d'enrichir le projet et de l'ouvrir à son environnement. C'est comme cela que l'on peut établir un dialogue sensible entre l'architecture et son environnement. C'est une des dimensions qui m’intéresse dans le master que je souhaite poursuivre AEdification - Grands territoires – Villes. Afin de travailler à partir du territoire.

De même j'ai pu aborder des dimensions plus concrètes de l'architecture lors de mon stage ouvrier. J'ai été initiée à la dimension constructive concrète du chantier, de la matérialisation de la mesure et des matériaux du projet. Deée de constater qu'il n'est pas rare de voir les ouvriers devoir faire preuve d'ingéniosité pour résoudre des situations qui ne sont pas appréhendées dans les détails constructifs. Il semble qu'il est bon de garder cette part de flexibilité qui permet à l'ouvrier de mettre à l’œuvre son savoir faire. Il me semble que les contacts entre les ouvriers et les architectes devraient être plus fréquents et qu'ils peuvent apprendre l'un de l'autre. L'architecte doit être capable de « jongler » avec

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les connaissances de l'ouvrier afin d'enrichir et d'affiner la dimension constructive d'un projet qui doit être prise en compte dès les prémices de l'esquisse. Il faut également faire attention à ce que la dimension constructive n'entrave pas la qualité architecturale des espaces. C'est cela qui peut donner des espaces harmonieux.

Je m’intéresse également aux débats que peuvent engendrer l'architecture. Ainsi il est bon de confronter sa culture architecturale aux avis réels. Les démarches participatives et les démarches de conseil qui sont mises en place dans les CAUE sont de bons support pour communiquer l'architecture et pour recueillir les avis et les besoins des usagers. Lors de mon stage au CAUE 62, j'ai pris conscience du rôle de ces structures mais également de leurs limites. La multiplicité des points de vue que l'on y rencontre en fait un lieu propice au développement de la culture architecturale et qui peut encourager les élus locaux dans la recherche d'une architecture et d'un urbanisme de meilleure qualité. Il me semble que le développement de ce genre de structure ainsi qu'une meilleure sensibilisation à l'architecture permettrait d'augmenter la qualité de la production architecturale.

L'architecte sera amené un jour ou l'autre à se confronter à différents savoirs faire qui complètent et enrichissent le sien. Il est important au cours des études de se former à comprendre ces différents interlocuteurs et à voir les liens qui peuvent se tisser entre eux. La force des grandes agences d'architecture se trouve souvent dans leur collaborations avec des ingénieurs, des paysagistes, des urbanistes. Il me semble

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qu'il y a également de nombreuses opportunités dans le domaine voir la qualité architecturales et les démarches atypiques pour améliorer les villes et les villages et qui arrivent à rester relativement indépendant des dérives du capitalisme.

p 46 : panneau d’exposition caue d’annecy

p 47 : stage ouvrier, entreprise boisimmo, chantier aDeo, villeneuve d’ascq

p 48 : caue annecy

p 49 : exercice en groupe sur les petits espaces, semaine bloquée (L1)

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concLusion

Au cours de mes trois années à l'ENSAG, j'ai pu m'initier aux différents outils qui permettent de représenter l'architecture en même temps que je me formais une culture architecturale par l'analyse, l’expérimentation et les cours magistraux. Ces différents modes de représentations me permettent au quotidien d'affiner et de multiplier mes points de vue sur l'architecture, sur mes projets mais également sur le monde qui m’entoure. J'espère rester attentive à mon environnement et ainsi continuer à élargir mon regard lors de mes différentes expériences et notamment lors de mon année à Barcelone.

Une des choses dont j'ai pris conscience au cours de mes études et au cours de mes diverses expériences professionnelles c'est la diversité des acteurs et des échelles concernés par l'architecture. J'ai pu constater lors de mon stage ouvrier de l'importance de la bonne réalisation des plans d’exécution, du détail du traitement des angles et de la bonne communication avec les chefs de chantiers et les ouvriers pour une mise en œuvre efficace. Lors de mon stage au CAUE, j'ai étudié et comparé les processus d'urbanisation dans le Pas de Calais et dans le Kent, et j'ai pu constater la multiplicité des interlocuteurs

façade du parc, ensaG, Grenoble

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(élus, bailleurs sociaux, …) et que l'architecture s'inscrit toujours dans des volontés urbaines qui la précédent (PLU, …)

Je compte dans la suite de mes études et de mon travail diriger ma réflexion sur les interactions entre architecture et espaces publics. Pour cela, je souhaite profiter de mon année Erasmus à Barcelone afin d’expérimenter de nouvelles méthodes de travail mais également de parcourir et de dessiner la ville afin de mieux comprendre les mécanismes dans lesquels s'inscrivent son architecture et ses espaces publics. Je souhaite également expérimenter, étudier et comprendre leurs espaces publics. Peut être reviendrais-je de ce voyages avec des dispositifs transposables en France. Je souhaite à mon retours intégrer le master architecture entre usages et paysages urbains qui me permettait de développer un projet en accord avec ces différents domaines.

sagrada familia, barcelone

55berges du rhône, Lyon

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bibLioGraphie

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Musée d’art contemporain, villeneuve d’ascq

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couvent de la tourette, eveux

59Musée de la piscine, roubaix

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La représentatIon et ses enjeux en archItecture, L'expressIon du regard

Dessiner l'espace pour se l'approprierPensée architecturale à différentes échelles, Patrick THEPOT, Françoise VERY (L1)Studio LIVENEAU (L2)

Le dessin à la main dans le processus de projetProjet DELPHINO (L1)Studio LENA POMMIER (L3)

Le dessin technique, une approche concrète de l’architecture Projet approche constructive : la matière et l’enveloppe, Patrice DOAT (L1)

La maquette, un outil d'expérimentation et d'expressionStudio LIVENEAU (L2)

L'art, perception sensible de l'espaceDessin, CHATELUT (L1)

Le schéma reLatIonneL, un outIL au servIce d'une prIse de posIton gLobaLeStudio LENA POMMIER (L3)

L'archItecture, une prIse de posItIon gLobaLe

L'architecture, une prise de position dans l'histoireLa multiplicité des langages modernes en architecture 1900-1940, Sophie PAVIOL (L2)Introduction aux cultures architecturales contemporaines, Sophie PAVIOL (L3)Conservation et valorisation du patrimoine, Etienne LENA (L3)

tabLe Des Matières

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parvis de la gare Lille europe, Lille

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L'architecture dans la société, la dimension cachéePolitique de la ville, Anne Monique BARDAGOT (L3)Studio LENA POMMIER (L3)

L'architecture en lien avec l'urbanismeStudio LENA POMMIER (L3)Histoire de la formation des villes, Catherine MAUMI (L2)Penser représenter la ville, de la grande ville à la ville contemporaine, Catherine MAUMI (L3)

L'architecture comme la mise en relation de différents savoirs faire

Théorie et pratique du paysage, Annie TARDIVON (L3) Stage ouvrier à Boisimmo (L2)Stage CAUE62 (L2)

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immeuble, Lille

63hospice comtesse, Lille

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