l’approche comportementale de l’evaluation ......travaux visant, dune part, à expliciter,...
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LrsquoAPPROCHE COMPORTEMENTALE DE LrsquoEVALUATION DES SYSTEMES DrsquoINFORMATION THEORIES ET TAXONOMIE DES MODELES DE RECHERCHE Serge BAILE Professeur agreacutegeacute en sciences de gestion agrave lrsquoUniversiteacute de Toulouse 1 Professeur agrave lrsquoESC Toulouse Preacutesident de lrsquoAssociation Information amp Management
Reacutesumeacute Lrsquoapproche comportementale de lrsquoeacutevaluation des Systegravemes drsquoInformation (SI) est mise en oeuvre depuis trois deacutecennies et avec de nombreux modegraveles drsquoanalyse dans un cadre deacuteterministe de preacutediction du succegraves de lrsquoutilisation des technologies de lrsquoinformation Elle mobilise des theacuteories dont lrsquoorigine se trouve en SI en psychologie et en sociologie ayant trait au comportement des utilisateurs en relation avec lrsquoutilisation lrsquointention et la strateacutegie drsquoadoption des TI Ce papier fait eacutetat des contributions successives des theacuteories couramment utiliseacutees dans ces trois grands domaines et formule pour conclure un cadre geacuteneacuteral de recherche destineacute agrave leur utilisation et agrave leur unification Mots-Cleacutes Systegraveme drsquoInformation (SI) Technologies de lrsquoInformation (TI) Modegravele Comportemental Preacutesence Sociale Richesse de Meacutedias Interactionnisme Symbolique Influence Sociale Intention drsquoUtilisation Modegravele drsquoAcceptation de la Technologie (MAT) Theacuteorie de lrsquoAction Raisonneacutee (TAR) Theacuteorie du Comportement Planifieacute (TCP) Theacuteorie de la Diffusion de lrsquoInnovation (TDI) Theacuteorie Socio-Cognitive (TSC) Theacuteorie de lrsquoAlignement Tacircche-Technologie (TATT) Abstract Behavioral approach of Information System (IS) is implemented since three decades by many models in a deterministic prediction success framework of the Information Technologies (IT) use It mobilizes many theories with roots in IS psychology and sociology which concern the three areas of the IT userrsquos behavior relating to the use the intention and adoption strategy This paper present the successive contributions of the theories usually used in these fields and formulates to conclude a general design aiming to their use and their unification Key-Words Information System (IS) Information Technology (IT) Behavior Model Social Presence Media Richness Symbolic Interaction Social Influence Usage Intention Technology Acceptance Model (TAM) Theory of Reasoned Action (TRA) Theory of Planned Behavior (TPB) Innovation Diffusion Theory (IDT) Social Cognitive Theory (SCT) Task-Technology Alignment Theory (TTAT)
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Introduction La place de lrsquoapproche comportementale pour eacutevaluer les Systegravemes drsquoinformation Lrsquoapproche comportementale de lrsquoeacutevaluation des SI srsquoinscrit depuis trois deacutecennies dans une perspective de recherche deacuteterministe destineacutee agrave mieux comprendre comment le comportement humain est associeacute au succegraves ou agrave lrsquoeacutechec de lrsquoutilisation des TI Plus preacuteciseacutement les nombreux travaux qursquoelle supporte srsquointeacuteressent au fait que les sciences dites du comportement permettraient de saisir certains meacutecanismes et facteurs humains essentiels qui facilitent lrsquointeraction des individus avec les technologies de lrsquoinformation et conditionnent de la sorte la performance du systegraveme drsquoinformation De tregraves nombreuses recherches empiriques ont ainsi permis depuis les tous premiers travaux de lrsquoEcole du Minnesota (Lucas 1973 1978 Dickson et al 1977 Swanson 19821988 Bailey et Pearson 1983) de deacutevelopper des modegraveles taxonomiques et de preacutediction capables drsquoisoler les facteurs organisationnels (structure organisationnelle transformation de processus qualiteacute du management culture technologiquehellip) fonctionnels ou de groupe (valeur et culture professionnelle satisfaction des usagers hellip) individuels (attitudes motivation satisfaction implication participationhellip) et environnementaux (politiques eacuteconomiques technologiques sociaux et culturels) pouvant aider agrave isoler les obstacles et expliquer le comportement des utilisateurs finals Les perspectives theacuteoriques drsquoeacutevaluation se sont multiplieacutees drsquoabord avec une vue socio-cognitive de lrsquointeraction hommemachine mettant lrsquoaccent sur les diffeacuterences individuelles et les technologies deacutecisionnelles puis avec une vision organisationnelle et strateacutegique (Banker et Kauffman 2004) du deacuteveloppement des SI eacutetendu agrave lrsquoorganisationnel aux processus drsquoaffaires et agrave la strateacutegie de lrsquoentreprise Ces perspectives nrsquoont pas abouti cependant agrave la construction drsquoun veacuteritable meacuteta-modegravele utilisable pour expliquer lrsquoutilisation des TI Lrsquoimage qui eacutemerge aujourdrsquohui de ces travaux est celle drsquoun nœud complexe de facteurs contributifs dans un contexte theacuteorique riche permettant drsquoutiliser des cadres theacuteoriques diffeacuterencieacutes selon la strateacutegie drsquointervention neacutecessiteacutee pour promouvoir lrsquousage drsquoune TI (Kukafka et al 2003) Ce constat est actuellement agrave lrsquoorigine drsquoune interrogation sur lrsquoapport des theacuteories jusqursquoici mobiliseacutees sur leur reacuteelle contribution agrave lrsquoeacutetude des pheacutenomegravenes sous-jacents agrave la valorisation des SI dans une optique drsquoefficience organisationnelle et par voie de conseacutequence sur la meilleure utilisation des capaciteacutes offertes par les TI tant au niveau individuel (poste de travail ou utilisateur final) que collectif (projet ou groupe de tacircche) Cette interrogation est importante autant pour le chercheur qui se trouve confronteacute agrave des choix theacuteoriques lors de la deacutefinition de sa probleacutematique de recherche que pour les praticiens et consultants qui deacuteveloppent souvent des outils drsquoenquecircte et des meacutetriques drsquoeacutevaluation souffrant drsquoune absence manifeste de reacutefeacuterentiels conceptuels Ainsi dans le contexte de laquo lrsquoaudit social raquo lrsquoapproche comportementale de lrsquoeacutevaluation des SI reacutepond agrave cette double exigence dans une organisation sociale de lrsquoentreprise baseacutee la place de plus en plus importante des SI et sur un usage sans cesse croissant des TI destineacutees aux utilisateurs drsquoune part de vaincre les difficulteacutes de mesure (inheacuterentes agrave la multitude drsquoimpacts des SITI sur le deacuteveloppement des organisations) et drsquoautre part de tenter de concevoir agrave terme un schegraveme theacuteorique drsquoeacutevaluation de lrsquoimpact des SITI (destineacute agrave creacuteer un environnement de travail pour lrsquoheure inexistant) Cette approche comportementale de lrsquoeacutevaluation des SI est agrave la diffeacuterence de lrsquoapproche eacuteconomique reacutepondant agrave ces principes de gouvernance technologique (Baile 2005) drsquoune richesse theacuteorique sans aucune mesure de par son eacutevolution historique et la varieacuteteacute des concepts qursquoelle manipule Elle a fermenteacute dans le contexte anglo-saxon de lrsquoOB (Organizational Behavior) et des MIS (Management Information System) de tregraves nombreux
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travaux visant drsquoune part agrave expliciter deacutecrire et expliquer lrsquoutilisation par les managers de nouveaux outils de traitement de lrsquoinformation et de communication et drsquoautre part de preacuteconiser et mettre en œuvre de bonnes pratiques de management neacutecessitant de nouvelles meacutethodes et regravegles de travail Cette approche se reacutefegravere largement aux concepts fondamentaux de la sociologie des organisations de la psychologie cognitive ou sociale et de la strateacutegie Elle se deacutecline dans ce papier selon les trois objets de recherche courants en management des systegravemes drsquoinformation relatifs drsquoune part au laquoprocessus de communication humain mettant en œuvre des TI raquo drsquoautre part agrave laquolrsquointention de les utiliser dans les tacircches de management raquo enfin agrave laquo leur adoption en tant que nouvelles technologies support agrave innovation dans les processus intra~inter organisationnels raquo Cette taxonomie des theacuteories et modegraveles vise agrave contribuer agrave lrsquoeacutetude des modaliteacutes et des principes par nature diffeacuterents mais quelquefois compleacutementaires utiliseacutees par les chercheurs pour traiter les probleacutematiques (1) drsquoadaptation des individus agrave toute modification drsquoenvironnement de leur travail occasionneacutee par lrsquousage de TI (2) de transformation organisationnelle entraicircneacutee par lrsquoobligation de concevoir un nouveau modegravele drsquoorganisation baseacute sur le SI et (3) de conduite du changement eu eacutegard des objectifs organisationnels nouveaux (drsquoameacutelioration des relations drsquoaffaires de facilitation des eacutechanges interpersonnels hellip) et des perspectives de travail plus participatives et coopeacuteratives Elle constitue un cadre original de travail pour appreacutehender les fondements conceptuels qui justifient positivement agrave recommander (1) une deacutemarche drsquoaudit visant agrave identifier certaines pratiques drsquoune eacutevaluation plus sociale et humaine que technologique et financiegravere des SI (2) une mesure du succegraves de la mise en œuvre des TI professionnelles dans le respect des regravegles drsquoameacutelioration des conditions de travail et de satisfaction personnelle et (3) un guide de bonne conduite pour lrsquoassistance agrave la maicirctrise drsquoouvrage agrave la coordination des SI dans les entreprises ayant fait un choix drsquoaligner leur strateacutegie de deacuteveloppement agrave celles de leur ressources en SI
1 Les theacuteories relatives agrave lrsquoutilisation des technologies de la communication Les theacuteories relatives agrave lrsquoutilisation des TIC peuvent se classer en deux cateacutegories en rapport drsquoune part avec la composante rationnelle et drsquoautre part avec la composante sociale du choix drsquoun meacutedia technologique Geacuteneacuteralement le deacutebat sur les deacuteterminants du choix des moyens de traitement de communication concerne le pouvoir explicatif de diverses theacuteories et se focalise en particulier sur la theacuteorie de la richesse des meacutedias (TRM) et sur le modegravele de lrsquoinfluence sociale (MIS) (Fulk et Boyd 1991 Markus 1994 Webster et Trevino 1995) La theacuteorie de la richesse des meacutedia (Daft et Lengel 1984 1986) a longtemps domineacute elle suppose que le choix des moyens de communication est un processus rationnel reacutesultant de lrsquoadeacutequation entre les caracteacuteristiques des moyens de communication et le contenu du message Le modegravele de lrsquoinfluence sociale plus reacutecent focalise son attention sur les deacuteterminants sociaux du choix des moyens de communication (Fulk Schmitz et Steinfield 1990) Tregraves souvent ces theacuteories sont opposeacutees les unes aux autres et rarement consideacutereacutees comme des approches compleacutementaires Rice et al (1994) proposent que la dichotomie entre les influences rationnelles et sociales est artificielle et nrsquoest peut-ecirctre pas neacutecessaire Beaucoup drsquoeacutetudes cependant nrsquoexaminent qursquoun faible nombre drsquoinfluences geacuteneacuteralement issues de lrsquoune ou lrsquoautre approche (Rice 1992 Sitkin et al 1992) Les eacutetudes associant les deux approches sont beaucoup plus rares (Webster et Trevino 1995) Lrsquoenvironnement theacuteorique srsquoappuie donc sur quatre theacuteories issues des deux courants Les
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deux premiegraveres la theacuteorie de la preacutesence sociale et la theacuteorie de la richesse des moyens de communication sont relatives aux deacuteterminants rationnels du choix et de lrsquoutilisation drsquoun meacutedia Les deux derniegraveres la theacuteorie de lrsquointeractionnisme symbolique et la theacuteorie de lrsquoinfluence sociale concernent les deacuteterminants sociaux de la seacutelection et de lrsquoutilisation drsquoun meacutedia
11 La theacuteorie de la preacutesence sociale La theacuteorie de la preacutesence sociale (Short et al 1976) est la premiegravere approche deacutecrivant lrsquoutilisation des moyens de communication comme le reacutesultat drsquoun processus de choix Elle contribue au classement des meacutedia selon leur niveau de preacutesence sociale (Rice 1984 Hiltz et al 1986 Steinfield 1986 Culnan et Markus 1987) et pose lrsquohypothegravese geacuteneacuterale drsquoun manque drsquoindicateurs de contexte social (Walther 1992) Reacutecemment elle a eacuteteacute largement utiliseacutee dans des recherches sur lrsquoenseignement agrave distance (Gunawardena et Zittle 1997 Angeli et al 1998 Kanuka et Anderson 1998 McDonald 1998 Weiss et Morisson 1998) Short et al (1976) deacutefinissent la preacutesence sociale comme suit laquo Bien que nous nous attendions agrave ce qursquoelle affecte la maniegravere dont les individus perccediloivent leurs eacutechanges et leurs relations avec leurs partenaires de communication il est important de souligner que nous deacutefinissons la preacutesence sociale comme une qualiteacute du moyen de communication lui-mecircme Nous supposons que les moyens de communication varient dans leur degreacute de preacutesence sociale et que ces variations influencent les interactions entre les partenaires de la communication (page 65) Cette deacutefinition reste assez floue car elle ne permet pas de distinguer si ce sont les caracteacuteristiques reacuteelles des meacutedia qui expliquent les diffeacuterences de communication ou si ce sont les perceptions des utilisateurs qui altegraverent leurs comportements Certains auteurs tentent de remeacutedier agrave son insuffisance car le concept est ambigu et mal deacutefini il est caracteacuteriseacute par des adjectifs (eg chaudfroid personnelimpersonnel sensibleinsensible et sociablepeu sociable) et ne semble pas tregraves opeacuterationnel (Rice et Case 1983 Barillot 1996) Drsquoautres eacutetudient le lien entre les activiteacutes des utilisateurs et lrsquoutilisation de la messagerie eacutelectronique Steinfield (1986) montre par exemple que les principales activiteacutes supporteacutees par la messagerie eacutelectronique sont lrsquoeacutechange et la recherche drsquoinformation Pour lui les caracteacuteristiques propres agrave ce meacutedium (telles la communication textuelle et asynchrone) contribuent agrave la reacutealisation de ces activiteacutes notamment lorsque lrsquoinformation est complexe Par contre certaines activiteacutes (comme la transmission drsquoinformations priveacutees ou confidentielles la neacutegociation et la reacutesolution de conflit) ne sont pas supporteacutees par la messagerie eacutelectronique Lrsquoeacutetude de Barillot (1996 1998) aboutit agrave des reacutesultats similaires La messagerie eacutelectronique est utiliseacutee dans les eacutechanges drsquoinformations factuelles preacutecises et agrave la dureacutee de vie limiteacutee ainsi que pour le traitement drsquoinformations bien structureacutees et de fort volume Par contre ce meacutedium nrsquoest que peu ou pas utiliseacute pour la reacutesolution de conflit la prise de deacutecision et les activiteacutes routiniegraveres (diffusion drsquoinformations courantes gestion drsquoemploi du temps) Selon lrsquoauteur ces derniegraveres requiegraverent et affectent les relations sociales entre les individus ce qui explique la faible utilisation de la messagerie eacutelectronique La theacuteorie de la preacutesence sociale est souvent associeacutee pour reacutesumer agrave la theacuteorie de la richesse des moyens de communication mais elle nrsquoest pas consideacutereacutee comme une theacuteorie sur le choix des moyens de communication Elle est au mieux pour certains chercheurs un vague concept jamais clairement deacutefini par ses concepteurs (Svenning et Ruchinskas 1984 p 248) Pour drsquoautres elle est un concept inteacuteressant mais qui ne possegravede pas un pouvoir explicatif eacuteleveacute (Rudy 1996 p 203)
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12 La theacuteorie de la richesse des moyens de communication La theacuteorie de la richesse des moyens de communication (Daft et Lengel 1984 1986) est relative au choix rationnel (lieacute agrave des facteurs objectifs) drsquoun moyen de communication Le concept de richesse de la communication est deacutefini par Daft et Lengel (1986) comme la capaciteacute de lrsquoinformation agrave modifier la compreacutehension drsquoune situation etou drsquoun message dans un laps de temps deacutetermineacute Les communications mettant en jeu diffeacuterents scheacutemas de reacutefeacuterence ou clarifiant des situations ambigueumls sont consideacutereacutees comme riches Au contraire celles qui ne confrontent pas plusieurs perspectives ou qui ne permettent pas drsquoarriver rapidement agrave une solution sont consideacutereacutees comme pauvres Dans un sens la richesse est lieacutee agrave la capaciteacute drsquoapprentissage de la communicationhellip (page 560) Les auteurs avancent lrsquohypothegravese que la richesse de la communication est une proprieacuteteacute invariante et objective des moyens de communication Ceux-ci sont rangeacutes sur un continuum de richesse le plus riche eacutetant le face-agrave-face et le moins riche lrsquoeacutecrit numeacuterique (type sortie informatique) la messagerie eacutelectronique se situant entre le teacuteleacutephone et lrsquoeacutecrit (Steinfield et Fulk 1985 Treacutevino Daft et Lengel 1990 Trevino Lengel Bodensteiner Gerloff et Muir 1990) Cette hieacuterarchisation des moyens de communication est baseacutee sur quatre proprieacuteteacutes
- la rapiditeacute du retour de lrsquoinformation - la preacutesence drsquoindicateurs multiples tels que le ton de la voix les gesteshellip - la varieacuteteacute du langage utiliseacute (langage oral eacutecrit ou numeacuterique) et - la personnalisation lieacutee agrave la capaciteacute du moyen de communication agrave transporter les
sentiments et les eacutemotions Ainsi chaque moyen de communication nrsquoest pas juste une source drsquoinformations mais repreacutesente une diffeacuterence dans la maniegravere de traiter les informations Cette theacuteorie se deacutecline en deux approches La premiegravere lrsquoapproche prescriptive suppose lrsquoadeacutequation entre les besoins en traitement de lrsquoinformation des organisations et les canaux de communication disponibles dans ces organisations dans un souci drsquoefficaciteacute organisationnelle (Daft et Lengel 1984 1986) La deuxiegraveme lrsquoapproche descriptive deacutecrit comment les individus doivent choisir les moyens de communication dans un soucis drsquoefficaciteacute personnelle (Daft et al 1987 Russ et al 1990 Trevino et al 1990) Cette approche est baseacutee sur trois propositions
- Les moyens de communication possegravedent des proprieacuteteacutes inheacuterentes qui sont deacutecrites objectivement La richesse de lrsquoinformation est traiteacutee comme une proprieacuteteacute relativement invariante pour lrsquoutilisateur et par rapport au contexte drsquoutilisation
- Les diffeacuterences de caracteacuteristiques entre les moyens de communication sont importantes pour les utilisateurs
- Les comportements et les attitudes individuels sont une reacuteponse au traitement cognitif des caracteacuteristiques des moyens de communication
La theacuteorie de la richesse des moyens de communication a fait lrsquoobjet de nombreuses eacutetudes (voir agrave cet effet les articles de Markus (1994) et Rudy (1996)) Elle est cependant critiqueacutee car elle ne prend pas assez en compte les facteurs de situation qui influencent le comportement et les facteurs sociaux qui modifient les perceptions
13 La theacuteorie de lrsquointeractionnisme symbolique La theacuteorie de lrsquointeractionnisme symbolique (Mead 1934 Blumer 1969) permet drsquoeacutetendre la theacuteorie de la richesse des moyens de communication au-delagrave de lrsquointeacuterecirct qursquoelle porte aux besoins en traitement de lrsquoinformation Blumer (1969) deacutefinit lrsquointeractionnisme symbolique comme un processus drsquointeraction entre les individus dans la formation des significations La theacuteorie est construite autour de trois principes Le premier la signification traduit le fait que
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les individus agissent en fonction du sens qursquoils donnent aux autres individus et aux objets Le deuxiegraveme le langage donne aux individus les moyens de symboliser la signification qursquoils donnent aux autres personnes et aux objets Le troisiegraveme la penseacutee donne la possibiliteacute aux individus de modifier le sens des symboles Ce troisiegraveme principe distingue cette theacuteorie des autres eacutecoles de penseacutee pour qui la signification est simplement lrsquoapplication de deacutefinitions preacute-eacutetablies agrave des situations speacutecifiques Blumer insiste sur le fait que le processus interpreacutetatif et le contexte dans lequel il intervient sont des eacuteleacutements essentiels dans la formation et lrsquoutilisation drsquoune signification En ce sens la theacuteorie de lrsquointeractionnisme symbolique est importante car elle fournit une base pour appreacutehender la construction des significations Le cadre de travail de lrsquointeractionnisme symbolique peut srsquoappliquer agrave lrsquoeacutetude du comportement de communication dans les organisations En effet de mecircme que la socieacuteteacute est vue comme un reacuteseau dynamique de communication lrsquoorganisation peut se concevoir comme un systegraveme dynamique de penseacutees De ce point de vue agrave la base de lrsquointeraction entre les membres drsquoune organisation se trouve un systegraveme de partage des penseacutees et des significations Les symboles eacutevoluent dans le temps et prennent de la signification permettant aux membres de lrsquoorganisation de reacutesoudre des problegravemes La creacuteation de nouveaux symboles et de nouvelles significations neacutecessitent que les membres de lrsquoorganisation travaillent ensemble Ce point de vue est similaire agrave lrsquoapproche interpreacutetative de la communication organisationnelle qui insiste sur le rocircle des processus symboliques et des significations subjectives dans la communication organisationnelle (Putnam et Pacanowsky 1983 Krone et al 1987) Stryker (1980) et Stryker et Statham (1985) vont plus loin et proposent un nouveau cadre de travail lrsquointeractionnisme symbolique structurel qui integravegre lrsquoapproche interpreacutetative de lrsquointeractionnisme symbolique et une approche plus traditionnelle dans laquelle le comportement est preacutevisible Ce nouveau cadre de travail voit le comportement de choix des moyens de communication agrave la fois comme un comportement de creacuteation de symboles et un comportement de communication de symboles Le premier apparaicirct lorsque les membres de lrsquoorganisation nrsquoarrivent pas agrave communiquer correctement ou encore lorsqursquoils ne partagent pas la mecircme perception des eacuteveacutenements Dans ce cas il nrsquoexiste pas de perspective commune et la communication nrsquoest motiveacutee que par le besoin de combler les diffeacuterences Le comportement de creacuteation de symbole est ainsi lieacute agrave des situations ambigueumls Les membres de lrsquoorganisation doivent alors choisir des moyens de communication riches pour faire face agrave cette ambiguiumlteacute Le deuxiegraveme apparaicirct lorsqursquoil existe deacutejagrave un partage des significations Lrsquoexistence de points de vue communs facilite lrsquointerpreacutetation des situations et des eacuteveacutenements Dans ce cas la communication nrsquoest utiliseacutee que pour partager les points de vue Ainsi le comportement de communication de symboles est lieacute agrave des situations peu ambigueumls Les membres de lrsquoorganisation peuvent alors se contenter drsquoutiliser des moyens de communication pauvres Plusieurs eacutetudes se basent sur le cadre de travail de lrsquointeractionnisme symbolique et montrent que le choix des moyens de communication est deacutetermineacute par trois facteurs le caractegravere ambigu du message le contexte drsquoutilisation de lrsquooutil de communication et la signification symbolique donneacutee agrave cet outil (Trevino Lengel et Daft 1987 Daft et al 1987 Markus 1994 Straub et Karahana 1998 Trevino et al 2000) Ces travaux montrent pour reacutesumer que la theacuteorie de lrsquointeractionnisme symbolique est une premiegravere reacuteponse aux critiques formuleacutees agrave lrsquoencontre de la theacuteorie de la richesse des moyens de communication
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14 La theacuteorie de lrsquoinfluence sociale Partant du constat qursquoil existe des explications alternatives au comportement de choix des moyens de communication Fulk et al (1987) et Fulk et al (1990) suggegraverent drsquointeacutegrer une perspective lieacutee au traitement social de lrsquoinformation agrave celle inheacuterente aux caracteacuteristiques des moyens de communication Ils proposent ainsi que les perceptions individuelles des moyens de communication sont deacutetermineacutees drsquoune part par leurs caracteacuteristiques objectives et drsquoautre part par les attitudes et comportements des autres membres de lrsquoorganisation Ces sources drsquoinfluence sociale contribuent agrave ameacuteliorer les perceptions individuelles en apportant des critegraveres drsquoeacutevaluation des caracteacuteristiques des moyens de communication en mettant lrsquoaccent sur les caracteacuteristiques les plus pertinentes et en guidant leur interpreacutetation par rapport aux critegraveres drsquoeacutevaluation De mecircme le choix drsquoun moyen de communication est deacutetermineacute drsquoune part par un processus objectif drsquoeacutevaluation et drsquoautre part par les influences sociales En effet les individus deacuteveloppent des comportements socialement acceptables qui trouvent leur justification dans les normes organisationnelles Celles-ci conduisent eacutegalement agrave un consensus social sur lrsquoutilisation approprieacutee des moyens de communication Les attitudes envers les moyens de communication sont eacutegalement influenceacutees par les comportements anteacuterieurs Le comportement drsquoutilisation des moyens de communication est aussi deacutetermineacute par les besoins de traitement des tacircches et par lrsquoinformation sociale lieacutee agrave ces besoins Les modegraveles traditionnels posent que le contenu de la tacircche et la preacutesence sociale sont deux deacuteterminants importants de lrsquoutilisation Steinfield et Fulk (1986) et Trevino et al (1987) montrent que lrsquoutilisation de la messagerie eacutelectronique est lieacutee agrave la dispersion geacuteographique des individus et la pression du travail agrave lrsquoutilisation du teacuteleacutephone et du face-agrave-face Ainsi les indicateurs issus de lrsquoenvironnement social permettent agrave lrsquoindividu de deacutefinir drsquoune part les besoins objectifs de la tacircche et drsquoautre part les besoins des communicants pour cette tacircche Les contraintes structurelles sont de la mecircme maniegravere un deacuteterminant du comportement drsquoutilisation Markus (1987 1990) montre que lrsquoutilisation drsquoun moyen de communication est lieacutee au deacuteveloppement drsquoune masse critique drsquoutilisateurs notamment en ce qui concerne les nouveaux moyens de communication Par contre lrsquoinfluence sociale diminue lorsque lrsquoexpeacuterience individuelle dun moyen de communication particulier est importante (Thomas et Griffin 1983) Fulk et al (1987 1990) preacutefegraverent dire que le manque drsquoexpeacuterience et de connaissance dun moyen de communication augmentent lrsquoinfluence sociale sur lrsquoutilisation de ce moyen de communication Plusieurs eacutetudes (Schmitz et Fulk 1991 Fulk et al 1995 Trevino et al 2000) font eacutetat de lrsquoimportance des facteurs sociaux dans le choix et lrsquoutilisation des moyens de communication Il semble important pour reacutesumer de noter que la perspective de lrsquoinfluence sociale nrsquoexclue pas le caractegravere rationnel du choix drsquoun moyen de communication Elle pose simplement la preacutemisse que ce choix est une des options qui eacutemerge du processus drsquoinfluence sociale dans les organisations
15 Pour conclure Ces theacuteories sont issues de la psychosociologie mais nrsquoont que tregraves rarement eacuteteacute mobiliseacutees dans le champ des recherches en SI pour appreacutehender comment le contexte social pouvait drsquoune part creacuteer des perceptions de faciliteacute drsquoutilisation drsquoutiliteacute de convivialiteacute hellip autant de concepts riches pour eacutetudier les meacutecanismes drsquointeraction hommemachine et la conception des interfaces utilisateurs (Baile 1985 2001 Baile et Lefiegravevre 2003) et drsquoautre part accroicirctre la capaciteacute drsquoameacuteliorer et guider certains processus de gestion mettant en œuvre des TI (Baile 2004) Lrsquoaudit de tels systegravemes que nous pourrions caracteacuteriser de laquo socio-
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techniques raquo faisant reacutefeacuterence dans la litteacuterature au laquo choix des meacutedias de communication eacutelectronique raquo pourrait alors emprunter agrave ces theacuteories des concepts cleacutes de laquo preacutesence sociale raquo laquo drsquoinfluence sociale raquo et de laquo traitement social de lrsquoinformation raquo (Karahanna et Straub 1999) agrave savoir des laquo reacuteactions individuelles agrave lrsquoutilisation des TIC raquo (Venkatesh et al 2003 page 427) La laquo preacutesence sociale raquo est supposeacutee pour exemple affecteacute les croyances touchant agrave lrsquoutiliteacute drsquoutiliser soit une TI de support (agrave un traitement de lrsquoinformation ou agrave une communication eacutelectronique) soit un meacutedia traditionnel (par exemple audio-visuel ou papier La preacutesence sociale (et la theacuteorie de la richesse des moyens de communication) suggegravere ainsi que la performance (relative agrave lrsquoaccomplissement drsquoune tacircche de gestion assisteacutee par une TI) srsquoaccroicirctra si la preacutesence sociale du meacutedia est coupleacutee au besoin de communication que neacutecessite une tacircche Ainsi une TI qui serait eacuteleveacutee en laquo preacutesence sociale raquo serait plus approprieacutee pour supporter une communication socio-eacutemotionnelle et reacutesoudre des tacircches eacutequivoques (reacutesolution de conflit communications interpersonnelles et sociales tentatives drsquoinfluences) laquo Lrsquoinfluence sociale raquo (Salancik et Pfeffer 1978) est supposeacutee aussi affecter les croyances touchant agrave lrsquoutilisation drsquoun media technologique La theacuteorie de lrsquoinfluence sociale suggegravere ici que les attitudes et comportements sont deacutetermineacutes par le contexte social De sorte que les perceptions des caracteacuteristiques drsquoune TI de support agrave une tacircche les besoins de communication concernant cette tacircche et les attitudes vis-agrave-vis du meacutedia de communication seraient influenceacutees par les normes sociales par les actions et positions de lrsquoencadrement et des dirigeants vis-agrave-vis du meacutedia ainsi que par des attitudes anteacuterieures ou une utilisation passeacutee Ces deux concepts cleacutes tireacutes des theacuteories de reacutefeacuterence teacutemoignent de lrsquointeacuterecirct porteacute tregraves tocirct par les psycho-sociologues aux meacutecanismes de lrsquointeraction entre lrsquohomme et la technologie Tregraves reacutecemment quelques auteurs suggegraverent drsquoeacutetendre ces travaux et drsquoen utiliser les systegravemes drsquoeacutevaluation et construits aux modegraveles theacuteoriques plus reacutecents baseacutes sur les intentions de preacutediction du comportement des utilisateurs de TI
2 Les theacuteories baseacutees sur les intentions de lrsquoutilisateur et le Modegravele
21 Place des theacuteories et contexte drsquoutilisation en SI Une part importante des travaux de recherche en SI fait appel aux theacuteories comportementales traitant des intentions des individus pour preacutevoir lrsquousage de TI (Kukafka et al 2003) Les modegraveles visent agrave identifier certains deacuteterminants des intentions telles des attitudes des influences sociales et des conditions qui facilitent lrsquoutilisation de technologies (Davis 1989) Les theacuteories de lrsquoaction raisonneacutee et du comportement planifieacute font eacutetat de modegraveles traitant de lrsquointention
La theacuteorie de lrsquoaction raisonneacutee (Ajzen et Fishbein 1980 Ajzen et Madden 1986) suggegravere que lrsquointention drsquoadopter une technologie est deacutetermineacutee chez un individu par deux facteurs de base lrsquoun refleacutetant son inteacuterecirct personnel et lrsquoautre son influence sociale Lrsquointeacuterecirct personnel se reacutefegravere agrave une attitude qui conduit un utilisateur agrave eacutevaluer favorablement ou deacutefavorablement lrsquoadoption drsquoune TI Lrsquoinfluence sociale consideacutereacutee comme une norme subjective se reacutefegravere agrave la perception qursquoont les individus de ce que les autres attendent drsquoeux et agrave leur degreacute de motivation de se conformer agrave ces attentes
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La theacuteorie du comportement planifieacute (Ajzen 1991) est une extension de la theacuteorie de lrsquoaction raisonneacutee (TAR) Celle-ci fait intervenir le controcircle comportemental perccedilu lors drsquoun effort qui prend en compte certains facteurs qui se trouveraient en dehors des possibiliteacutes de controcircle drsquoun individu et pourraient affecter son intention et son comportement Ce prolongement theacuteorique est soutenu par lrsquohypothegravese qursquoun comportement performant est agrave la fois deacutetermineacute par la motivation (lrsquointention) et la capaciteacute (le controcircle comportemental) Le controcircle comportemental traduit la perception des conditions qui facilitent lrsquousage de certaines ressources comme les TIC ainsi que celle de leurs capaciteacutes Ainsi pour la theacuteorie du comportement planifieacute lrsquointention dadopter une nouvelle technologie peut se preacutedire en prenant en compte la perception qursquoune activiteacute innovatrice est souhaiteacutee supporteacutee par des normes sociales et reacutealisable
Adapteacute de la theacuteorie de laction raisonneacutee1 (TAR) le modegravele drsquoacceptation de la technologie (MAT) preacutesente lavantage dinteacutegrer plusieurs aspects des theacuteories sur le comportement individuel deacuteveloppeacutee par la psychologie sociale Le MAT a eacuteteacute conccedilu par Davis (1986) pour expliquer le comportement de lutilisateur des SI et suscite toujours beaucoup drsquointeacuterecirct chez les chercheurs en SI En ce sens Davis Bagozzi et Warshaw (1989) notent que le modegravele est speacutecialement conccedilu pour expliquer le comportement agrave lrsquoeacutegard des ordinateurs (p983) Le but du modegravele est decirctre capable dexpliquer le comportement des utilisateurs vis agrave vis des technologies de linformation au sein de diffeacuterentes populations et dans diffeacuterents contextes (p985) Le MAT fut utiliseacute cette derniegravere deacutecennie pour expliquer lacceptation de TIC aussi diverses que les micro-ordinateurs (Igbaria 1993 1994 Igbaria et Iivari 1995 Igbaria et Tan 1997) les logiciels de traitement de texte (Davis et al 1989 Adams et al 1992) les tableurs (Mathieson 1991 Adams et al1992) les systegravemes daide agrave la deacutecision de groupe (Robichaux 1994 Chin et Gopal 1995) les outils de groupware le fax (Straub 1994) la messagerie eacutelectronique ou vocale (Venkatesh et Davis 1994 Straub et al 1995 Hubona et Whisenand 1996 Gefen et Straub 1997) et lrsquointernet (Teo et al 1999) Dans la majoriteacute des travaux qui mobilisent ce modegravele les investigations theacuteoriques vont bien au-delagrave des preacuteceptes lieacutes aux perceptions et attitudes des utilisateurs suggeacutereacutees introduits par Davis (1986 1989) pour expliquer lacceptation des TIC Les chercheurs considegraverent de plus en plus les effets dautres variables comme les caracteacuteristiques des utilisateurs de lorganisation ou celles des systegravemes drsquoinformation et des technologies pour justifier le comportement
22 Principes et concepts retenus par le MAT Le modegravele dacceptation de la technologie a pour objectif essentiel drsquoeacutevaluer limpact de divers facteurs externes sur les croyances internes attitudes et intentions des utilisateurs Il a eacuteteacute introduit dans les travaux en SI pour atteindre cet objectif en proposant un petit nombre de concepts cleacutes deacutejagrave suggeacutereacutes dans des eacutetudes anteacuterieures traitant des deacuteterminants affectifs et cognitifs de lacceptation des ordinateurs (Davis et al 1989) Pour ce faire celui-ci se fonde principalement sur la theacuteorie de laction raisonneacutee (Fishbein et Ajzen 1975) pour modeacuteliser les relations entre ces concepts Lutiliteacute perccedilue et la faciliteacute dutilisation perccedilue sont les deux construits cleacutes du MAT
1 Theory of Reasoned Action
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221 Deacutefinition et fondements conceptuels de la theacuteorie Le MAT justifie lutilisation des TIC essentiellement agrave partir de deux facteurs lutiliteacute perccedilue et la faciliteacute dutilisation perccedilue Bien que de nombreux chercheurs aient tenteacute dexpliquer le comportement individuel avec ces facteurs tregraves peu se sont interrogeacutes sur les origines theacuteoriques du modegravele ne serait-ce que pour tenter de justifier lrsquoimportance prise par cet axe de recherche notamment avec ce que Karahanna et Straub (1999) appellent laquo la theacuteorie eacutemergente de lrsquoacception des TIC raquo Il convient de rappeler la deacutefinition de ces deux construits et leurs fondements theacuteoriques
Deacutefinition des concepts Les deacutefinitions les plus courantes dans la litteacuterature de lutiliteacute et de la faciliteacute dutilisation perccedilue sont celles que propose Davis (1986 1989) Ces deacutefinitions seront reprises dans de nombreux travaux sur le MAT
Lutiliteacute perccedilue est deacutefinie comme eacutetant le degreacute avec lequel une personne pense que lutilisation dun systegraveme ameacuteliore sa performance au travail En ce sens dans un contexte organisationnel donneacute plusieurs eacuteleacutements peuvent contribuer agrave ameacuteliorer la performance des salarieacutes agrave savoir des augmentations de salaire des promotions des bonus ou autres reacutecompenses (Pfeffer 1982 Schein 1980 Vroom 1964)
La faciliteacute dutilisation perccedilue se rapporte au degreacute auquel une personne pense que lutilisation dun systegraveme ne neacutecessite pas defforts Cette deacutefinition suggegravere quune application perccedilue comme eacutetant plus facile agrave utiliser a plus de chance decirctre accepteacutee par les utilisateurs
Les fondements conceptuels
Les concepts dutiliteacute et de faciliteacute dutilisation qui ont reccedilu une attention particuliegravere dans des eacutetudes reacutecentes en SI (Lucas et Spietler 1999 Hu et al 1999 Karahanna et Straub 1999 Agarwal et Prasad 1999 Venkatesh et Morris 2000) trouvent leurs fondements dans plusieurs theacuteories En effet ces deux construits ont pour avantage dinteacutegrer dans leurs deacutefinitions celles de concepts issus de theacuteories aussi diverses que
- la theacuteorie de lefficaciteacute personnelle - le paradigme Coucirct Beacuteneacutefice - la diffusion des innovations - le modegravele de Triandis ou - dautres champs de recherche diffeacuterents des SI
Ces modegraveles prennent en compte pour expliquer le comportement des concepts qui sous des appellations diffeacuterentes recouvrent lutiliteacute et la faciliteacute dutilisation perccedilue
La theacuteorie de lefficaciteacute personnelle (Bandura 1982) suggegravere que le comportement est deacutetermineacute agrave la fois par des croyances defficaciteacute personnelle et par des croyances de reacutesultat Cette theacuteorie eacutetablit ainsi clairement la distinction entre les perceptions defficaciteacute personnelle dune part et les reacutesultats attendus dun comportement dautre part Le concept dutiliteacute perccedilue rejoint les croyances de reacutesultat les deux concepts se rapportant au reacutesultat attendu du comportement Quant au concept de faciliteacute dutilisation perccedilue il rejoint le concept defficaciteacute personnelle et se deacutefinit
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notamment comme une dimension de laquo magnitude raquo de celle-ci2 Bandura considegravere que mecircme si lefficaciteacute personnelle et les croyances de reacutesultats ont des anteacuteceacutedents diffeacuterents les deux influencent le comportement
Le paradigme coucirct beacuteneacutefice issu de la theacuteorie du comportement deacutecisionnel (Beach et Mitchell 1978 Payne 1982 Johnson et Payne 1985) contribue agrave appreacutehender des construits proches de ceux dutiliteacute perccedilue et de la faciliteacute dutilisation perccedilue Ce paradigme explique que le choix dun individu entre plusieurs strateacutegies de prise de deacutecision est un choix cognitif entre leffort requis pour la mise en œuvre dune strateacutegie et la qualiteacute (exactitude) de la deacutecision qui en reacutesulte Cette approche sest aveacutereacutee efficace pour expliquer les raisons conduisant des deacutecideurs agrave modifier leur choix de deacutecision en fonction des variations dans la complexiteacute de la tacircche La distinction faite entre la perception de leffort requis et la prise de deacutecision sapparente agrave celle faite entre la faciliteacute dutilisation perccedilue et lutiliteacute perccedilue
La theacuteorie de la diffusion des innovations suggegravere eacutegalement que lutiliteacute et la faciliteacute dutilisation perccedilue jouent un rocircle proeacuteminent pour ladoption dune innovation Dans leur analyse de la relation entre les caracteacuteristiques des innovations et leur adoption Torknatzky et Klein (1982) veacuterifient que pour un grand nombre dinnovations la compatibiliteacute lavantage relatif et la complexiteacute de celles-ci ont un lien significatif avec leur adoption La deacutefinition de la dimension complexiteacute rejoint celle de la faciliteacute dutilisation perccedilue tandis que la deacutefinition de lavantage relatif rejoint celle de lutiliteacute perccedilue Les contributions de cette theacuteorie sont analyseacutees dans le titre 3 suivant
Le modegravele de Triandis (1971) qui se fonde en grande partie sur la theacuteorie des attentes de Vroom (1964) considegravere que laquo les conseacutequences perccedilues du comportement raquo figurent parmi les eacuteleacutements deacuteterminants du comportement Les conseacutequences perccedilues reacutesultent du produit de leacutevaluation par lindividu des conseacutequences probables de son comportement avec la valeur quil attribue agrave ces conseacutequences La similitude entre les conseacutequences perccedilues et lutiliteacute perccedilue peut ainsi ecirctre eacutetablie Triandis montre en outre quil existe un effet direct des conseacutequences perccedilues sur le comportement
Dans dautres domaines de recherche comme le marketing les travaux sinteacuteressent eacutegalement aux construits de faciliteacute et dutiliteacute perccedilue En ce sens une eacutetude meneacutee par Hauser et Simmie (1981) concernant la perception de diverses TIC par les utilisateurs a mis en relief limportance de deux dimensions la faciliteacute dutilisation et lefficaciteacute Le concept defficaciteacute tel quil est deacutefini par les auteurs rejoint le construit dutiliteacute perccedilue deacutecrit par Davis (1989) Cette eacutetude a montreacute que la faciliteacute dutilisation perccedilue et lefficaciteacute influencent simultaneacutement le choix de lutilisateur de telle ou telle TIC Par ailleurs la recherche sur linteraction homme-machine a eacutegalement insisteacute sur limportance de la faciliteacute dutilisation dans la conception des SIAD (Branscomb et Thomas 1984 Card et al 1984 Gould et Lewis 1985 Baile 1985)
Au vu de limportance accordeacutee dans la litteacuterature aux concepts dutiliteacute et de faciliteacute dutilisation perccedilues Davis (1989) dans le modegravele dacceptation de la technologie utilise ces
2 La magnitude se rapporte au niveau de difficulteacute attendu drsquoune tacircche
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deux construits pour justifier le comportement des utilisateurs envers les TIC Il eacutetablit une relation directe et indirecte entre la faciliteacute dutilisation et lutiliteacute perccedilue dune part et lintention comportementale dautre part Il se fonde en outre sur la theacuteorie de laction raisonneacutee pour modeacuteliser le comportement
222 La formation de lrsquointention dans le MAT Partant de la theacuteorie de laction raisonneacutee le MAT (figure 1) suggegravere que lutilisation dune TIC est deacutetermineacutee par lintention de comportement Celle-ci est influenceacutee autant par lattitude de lutilisateur envers lutilisation du systegraveme (A) que par lutiliteacute perccedilue (UP) (eacutequation 1) Equation 1 IC= A+UP
Figure 1 Le Modegravele dAcceptation de la Technologie drsquoapregraves Davis et al (1989) Dans le MAT la relation entre lutiliteacute perccedilue et lintention de comportement est directe est fondeacutee sur lhypothegravese que la deacutecision dutiliser une TIC fait suite agrave lanalyse par lindividu des conseacutequences de cette utilisation sur lameacutelioration de sa performance au travail Par ailleurs le MAT suggegravere un lien direct entre les attitudes de lutilisateur et lintention comportement les attitudes sont agrave leur tour deacutetermineacutees par les croyances dont les anteacuteceacutedents sont eacutegalement identifieacutes Les anteacuteceacutedents de lattitude et des croyances font lobjet des deux analyses suivantes
Les anteacuteceacutedents de lrsquoattitude Leacutequation (2) suggegravere que lattitude est deacutetermineacutee agrave la fois par lutiliteacute perccedilue et par la faciliteacute dutilisation perccedilue Equation 2 A= U + FUP Sa justification se trouve dans la theacuteorie de laction raisonneacutee qui postule que les attitudes dune personne sont deacutetermineacutees par ses croyances La recherche en SI a par ailleurs deacutejagrave mis en eacutevidence lexistence dun tel lien drsquoun point de vue empirique (Barrett et al 1968 Schultz et Slevin 1975) Concernant leffet de la faciliteacute dutilisation perccedilue sur les attitudes de lusager Davis (1989) identifie deux meacutecanismes agrave travers lesquels la faciliteacute dutilisation influence le comportement le premier est celui de laction sur lefficaciteacute personnelle et le second celui de laction sur la performance Ainsi plus linteraction avec une TIC est facile plus la perception par lindividu de son efficaciteacute personnelle en regard de sa capaciteacute agrave la mettre en œuvre est eacuteleveacutee (Bandura 1982) La faciliteacute dutilisation dune TIC peut
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contribuer encore agrave ameacuteliorer la performance Leffort eacuteconomiseacute du fait de la faciliteacute dutilisation de la TIC pourra ecirctre redeacuteployeacute permettant ainsi agrave lutilisateur daccomplir plus de travail pour un mecircme effort Davis (1989) suggegravere en outre que la faciliteacute dutilisation influence lutiliteacute perccedilue Les deux croyances sont quant agrave elles deacutetermineacutees par des variables externes
Les anteacuteceacutedents des croyances Dans le modegravele dacceptation de la technologie un effet direct de la faciliteacute dutilisation perccedilue (FUP) est preacutesumeacute sur lutiliteacute perccedilue (UP) (eacutequation 3) Equation 3 UP= FUP + Variables Externes Cette eacutequation souligne par ailleurs que lutiliteacute perccedilue peut ecirctre affecteacutee par de nombreuses variables externes Ces derniegraveres peuvent concerner aussi bien lutilisateur lorganisation ou le systegraveme Dans les applications du MAT (infra) les chercheurs ont pris en compte diverses variables externes pour expliquer lutiliteacute perccedilue Dautres recherches en SI ont veacuterifieacute lexistence de relations significatives entre les caracteacuteristiques du systegraveme et certaines mesures semblables agrave lutiliteacute perccedilue (Miller 1977 Benbasat et Dexter 1986 Benbasat Dexter et Todd 1986) Le MAT postule en outre que les variables externes influencent eacutegalement la faciliteacute dutilisation perccedilue (eacutequation 4) Equation 4 FU = f (Variables Externes) Limpact des caracteacuteristiques dun systegraveme sur la perception de sa faciliteacute dutilisation est largement veacuterifieacute dans la recherche en SI (Miller 1977 Benbasat Dexter et Todd 1986 Dickson et al 1986) Davis (1989) note que dautres variables comme la formation de lutilisateur son expeacuterience le soutien des dirigeants ou de consultants externes peuvent eacutegalement influencer la faciliteacute dutilisation Pour reacutesumer le Modegravele dAcceptation de la Technologie enrichit le modegravele de laction raisonneacutee dune part en prenant en compte de maniegravere explicite les variables externes dans la modeacutelisation du comportement de lutilisateur et dautre part en montrant comment ces variables agissent sur deux croyances speacutecifiques lutiliteacute et la faciliteacute dutilisation perccedilue avant dagir sur les attitudes et le comportement de lusager Apregraves une premiegravere version du MAT deacuteveloppeacutee par Davis (1986 1989) de nombreux chercheurs ont veacuterifieacute empiriquement la validiteacute des construits de faciliteacute dutilisation et dutiliteacute perccedilue (Adams et al 1992 Segars et Grover 1993 Hendrickson et al 1993 Subramanian 1994) Les autres applications du modegravele consistent principalement agrave eacutetudier limpact de certaines variables externes sur les croyances de lutilisateur et son acceptation de diverses TIC La preacutesentation de ces travaux dapplication a pour objet ici de justifier la pertinence du modegravele pour reacutepondre agrave la probleacutematique de cette recherche sur lacceptation de la messagerie eacutelectronique
23 Applications et perspectives du MAT en SI La version originale du MAT a eacuteteacute enrichie par de nombreuses applications dans diffeacuterents contextes dutilisation de TIC diverses Lanalyse des diffeacuterentes variables externes prises en compte dans ces diffeacuterentes applications du MAT permet didentifier trois grandes cateacutegories de variables explicatives
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la premiegravere cateacutegorie reacuteunit des caracteacuteristiques relatives agrave lindividu (acircge sexe poste formation expeacuterience aptitude agrave la saisie anxieacuteteacute informatique niveau deacutetude etc) qui peuvent influencer ses croyances et son acceptation des TIC
la deuxiegraveme cateacutegorie est composeacutee de variables du contexte organisationnel de lutilisateur qui peuvent ameacuteliorer ses perceptions de la TI et augmenter la probabiliteacute de son utilisation (soutien des dirigeants de linfocentre influence sociale politique informatiquehellip) et
la troisiegraveme cateacutegorie regroupe les variables relatives agrave la technologie (fonctionnaliteacute qualiteacute adeacutequation tacircchetechnologie etc) Pour une grande majoriteacute de ces variables les reacutesultats concernant leurs effets sur lacceptation des TIC convergent Pour dautres en revanche les reacutesultats sont contradictoires
231 Des reacutesultats convergents Concernant les caracteacuteristiques individuelles les travaux qui eacutetudient la relation entre lacircge de lutilisateur et son utilisation des TIC (Igbaria 1993 Hubona et Kennick 1996) veacuterifient que cette relation est neacutegative Il semblerait que plus lutilisateur est acircgeacute plus les chances drsquoutiliser un micro-ordinateur (Igbaria 1993) la messagerie eacutelectronique ou un logiciel de bureau comme Word (Hubona et Kennick 1996) diminuent Les eacutetudes qui eacutetudient la relation entre la formation etou lexpeacuterience de lutilisateur et lacceptation des TIC veacuterifient linfluence positive de ces deux variables Ces recherches eacutetablissent cette relation dans des contextes diffeacuterents
Igbaria et al (1995) veacuterifient la relation entre la formation et lexpeacuterience et lutilisation de micro-ordinateurs par des eacutetudiants en MBA aux EU Chau (1996a) interroge des concepteurs de SI agrave Hongkong sur leur utilisation de CASE et veacuterifie que la formation agrave loutil influence positivement leur satisfaction Igbaria et al (1997) interrogent des employeacutes de PME en Nouvelle Zeacutelande sur la formation reccedilue en interne et en externe et veacuterifient que les deux types de formation influencent leur utilisation des micro-ordinateurs mis agrave leur disposition Dishaw et Strong (1999) veacuterifient aupregraves danalystes programmeurs dans trois entreprises de services aux EU que leur expeacuterience dun outil de maintenance de logiciel influence positivement leur utilisation de cet outil Agarwal et Prasad (1999) interrogent les employeacutes dune grande entreprise de services informatiques et veacuterifient que leur expeacuterience influence leur intention dutiliser la TI3 Woumlber et Gretzel (2000) veacuterifient aupregraves de cadres de diffeacuterents pays que leur expeacuterience influence leur utilisation dun systegraveme de support agrave la deacutecision marketing Les recherches dIgbaria et al (1995) de Dishaw et Strong (1999) et de Lucas et Spitler (1999) portant sur trois TIC diffeacuterentes qui eacutetudient linfluence de la perception des caracteacuteristiques de la technologie (ou qualiteacute) sur son utilisation veacuterifient quil existe une relation positive et significative entre ces deux variables En ce sens Igbaria et al (1995) veacuterifient ce constat aupregraves deacutetudiants quils interrogent agrave propos de leur utilisation de micro-ordinateurs Dishaw et Strong (1999) questionnent des analystes-programmeurs agrave propos de leur utilisation doutil de maintenance de logiciels et Lucas et Spitler (1999) interrogent des courtiers et des assistants commerciaux sur leur utilisation de leurs stations de travail
3 Rappelons que dans cette eacutetude la TI nrsquoest pas speacutecifieacutee
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232 Des reacutesultats contradictoires Parmi les reacutesultats contradictoires les recherches qui sinteacuteressent agrave linfluence du soutien des dirigeants ou de laquo linfocentre raquo sur le comportement de lusager ne sont pas unanimes quant agrave linfluence de ces variables sur lacceptation dune TIC
Igbaria et al (1995) eacutetudient linfluence de ces deux variables sur lutilisation des microordinateurs par 280 eacutetudiants aux EU Ils veacuterifient que les deux formes de soutien ameacuteliorent agrave la fois les croyances (faciliteacute dutilisation et utiliteacute perccedilues) des usagers et leur comportement (utilisation accrue) La relation avec le comportement eacutetant agrave la fois directe et indirecte (renforceacutee les croyances) Igbaria et Iivari (1995) interrogent 806 utilisateurs de micro-ordinateurs dans des entreprises finlandaises de tous secteurs dactiviteacute et veacuterifient que le soutien organisationnel influence positivement lutilisation de micro-ordinateurs par les salarieacutes Dans une eacutetude ulteacuterieure Igbaria et al (1997) interrogent 773 utilisateurs dans diffeacuterentes PME en Nouvelle Zeacutelande et veacuterifient que le soutien organisationnel fourni en interne nameacuteliore pas la perception de la faciliteacute dutilisation et de lutiliteacute des micro-ordinateurs tandis quun soutien externe ameacuteliore ces mecircmes perceptions Le soutien nrsquoa en revanche quune influence indirecte sur le comportement dutilisation via les croyances Dans une eacutetude plus reacutecente Karahanna et Straub (1999) sinteacuteressent agrave linfluence du soutien organisationnel sur lutilisation de la messagerie eacutelectronique par les employeacutes dune entreprise internationale de transport Ils ne trouvent pas de relation significative entre le soutien fourni aux utilisateurs et leur utilisation de loutil
Les eacutetudes qui sinteacuteressent agrave linfluence du sexe sur le comportement dutilisation dune TIC (Igbaria 1993 Robichaux 1994 Gefen et Straub 1997) aboutissent agrave des reacutesultats divergents
Igbaria (1993) eacutetudie lacceptation des micro-ordinateurs aupregraves de 766 cadres dans plusieurs entreprises aux EU Les reacutesultats empiriques montrent que les perceptions de la faciliteacute dutilisation et de lutiliteacute des micro-ordinateurs sont plus neacutegatives chez les femmes que chez les hommes Robichaux (1994) interroge 221 eacutetudiants sur leur acceptation dun GSS (Group Support System) et trouve que les femmes perccediloivent le systegraveme comme eacutetant plus facile agrave utiliser et plus utile Gefen et Straub (1997) eacutetudient lacceptation de la messagerie eacutelectronique aupregraves de 392 salarieacutes de trois compagnies aeacuteriennes Les reacutesultats de leur recherche montrent que les femmes perccediloivent loutil comme eacutetant plus utile alors que les hommes le perccediloivent comme eacutetant plus facile agrave utiliser Aucune influence directe du sexe de lutilisateur sur son comportement nest par ailleurs deacutemontreacutee
Deux recherches qui sinteacuteressent agrave une relation de contingence importante entre les caracteacuteristiques de la tacircche et lutilisation des TIC parviennent pour reacutesumer agrave des reacutesultats distincts
Dishaw et Strong (1999) veacuterifient ainsi que la complexiteacute et la varieacuteteacute de la tacircche ont une influence neacutegative sur lutilisation dun outil de maintenance de logiciels par les analystes-programmeurs interrogeacutes alors que Woumlber et Gretzel (2000) deacutefinissant la tacircche en termes de contrainte de temps et de complexiteacute veacuterifient que ces deux caracteacuteristiques propres agrave la tacircche influencent
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positivement lutilisation du systegraveme daide agrave la deacutecision marketing mis agrave la disposition des cadres de plusieurs entreprises du secteur du tourisme
24 Pour conclure
Les diffeacuterentes applications du MAT confirment le rocircle preacutepondeacuterant des croyances de lutilisateur dans son acceptation dune TIC La revue de litteacuterature veacuterifie ainsi dans sa grande majoriteacute la relation positive entre la perception de la faciliteacute dutilisation et de lutiliteacute dune part et le comportement dutilisation des TIC dautre part En introduisant des variables externes non expliciteacutees dans le modegravele original elles ont eacutegalement enrichi le MAT Trois grandes cateacutegories de variables ont ainsi pu ecirctre identifieacutees celles relatives agrave lindividu celles lieacutees agrave son environnement de travail et enfin celles lieacutees agrave la technologie Il convient eacutegalement de souligner que malgreacute limportance accordeacutee aux attitudes de lusager dans le modegravele dacceptation de la technologie peu de recherches appliqueacutees prennent en compte cette variable pour eacutevaluer lacceptation de la technologie Aucune en revanche parmi celles examineacutees neacutetudie linfluence directe des diffeacuterentes variables externes sur les attitudes Enfin concernant lacceptation de la technologie Davis (1986 1989) ayant choisi deacutevaluer lacceptation par le comportement dutilisation uniquement la grande majoriteacute des travaux dapplication du MAT sinteacuteresse exclusivement au comportement de lusager et non agrave dautres mesures de lacceptation dune technologie qui pourraient compleacuteter la mesure de lutilisation Ce constat ouvre le deacutebat sur de nombreuses autres opportuniteacutes de recherche en particulier celles destineacutees agrave eacutetendre la theacuteorie du comportement planifieacute en utilisant une laquo theacuteorie deacutecomposeacutee du modegravele de comportement planifieacute raquo Ce modegravele est focaliseacute sur la deacutecomposition des trois ensembles de structures de croyances en un construit multidimensionnel de croyances Les avantages de ce modegravele incluent (1) une repreacutesentation claire facile agrave comprendre et solide des ensembles de croyances (2) la faciliteacute agrave opeacuterationnaliser ces croyances (3) sa focalisation sur des croyances plus pertinentes que les deux facteurs proposeacutes dans le TAM (Hung et Chang 2004) Dans le mecircme laps de temps de nombreux travaux eacutemergent au sein de cette approche comportementaliste relevant des strateacutegies drsquoadoption par les utilisateurs et drsquoinfusion organisationnelle Ces travaux se distinguent des approches preacuteceacutedentes faisant reacutefeacuterence soit aux modegraveles socio-cognitifs (titre 1) soit au modegraveles drsquointention (titre 2) en apportant une vision plus centreacutee sur les motivations strateacutegiques de lrsquoadoption et de lrsquoutilisation des TI
3 Les theacuteories sur les strateacutegies drsquoadoption
31 La theacuteorie de la diffusion de lrsquoinnovation Un axe important de la recherche comportementale utile pour appreacutehender lrsquoutilisation des TIC est celui de la theacuteorie de la diffusion Pour Rogers (2003) lrsquoinnovation est une ideacutee perccedilue comme nouvelle par lrsquoindividu et sa diffusion est le processus par lequel elle se reacutepand Bien que cette theacuteorie eacutemerge de travaux dans lrsquoagriculture elle sera tregraves vite appliqueacutee aux TIC par exemple agrave des produits TI speacutecifiques comme le langage Java (utiliseacute dans des environnements reacuteseaux ou hypertextes) ou agrave lrsquoutilisation de technologies comme
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lrsquoEDI et les outils de geacutenie logiciel Pour Rogers les individus au sein drsquoun systegraveme social nrsquoadoptent pas une innovation simultaneacutement ils lrsquoadoptent de faccedilon seacutequentielle Une innovation se diffuse lentement au deacutebut ndash souvent au travers du travail des agents de changement qui vont la promouvoir activement ndash sa vitesse de diffusion augmentera degraves lors que les individus lrsquoadopteront Une phase cleacute est celle du deacutebut du processus drsquoadoption nommeacutee laquo deacutecollage raquo Une fois que les agents du changement auront accepteacute lrsquoinnovation ils agiront pour la communiquer agrave drsquoautres agents au sein de lrsquoorganisation par tous les moyens approprieacutes Quand le nombre des premiers adoptants atteindra une masse critique ndash entre 5 et 15 drsquoutilisateurs potentiels- alors le processus drsquoadoption sera bien engageacute Les individus peuvent ecirctre classeacutes en cinq cateacutegories drsquoadoptants ou classes drsquoacteurs drsquoun systegraveme social sur la base de leur faciliteacute agrave accepter une innovation (1) les innovateurs (2) les premiers adoptants (3) la premiegravere majoriteacute (4) la derniegravere majoriteacute et (5) les traicircnards Les travaux montrent que les modegraveles drsquoadoption sont habituellement distribueacutes de faccedilon gaussienne Le processus de diffusion comme le considegravere Rogers est largement baseacute sur la communication la recherche et le traitement de lrsquoinformation Les innovations ont trait non seulement agrave des technologies bien particuliegraveres mais encore agrave des eacuteleacutements moins distinguables car fortement interdeacutependants (comme par exemple des groupes de technologies) Outre ces caracteacuteristiques individuelles les caracteacuteristiques speacutecifiques aux innovations contribuent aussi agrave expliquer les diffeacuterences observeacutees dans leur taux drsquoadoption Il en existe cinq (1) lrsquoavantage relatif traduit le degreacute auquel une innovation est perccedilue comme eacutetant meilleure que lrsquoideacutee qursquoelle remplace (2) la compatibiliteacute traduit le degreacute auquel une innovation est perccedilue comme eacutetant compatible avec les valeurs existantes les expeacuteriences passeacutees et les besoins des adoptants potentiels (3) la complexiteacute traduit le degreacute auquel une innovation est perccedilue comme eacutetant difficile agrave comprendre et agrave utiliser (4) lrsquoexpeacuterimentation traduit le degreacute auquel une innovation peut ecirctre expeacuterimenteacutee sur une base limiteacutee et (5) lrsquoobservabiliteacute traduit le degreacute auquel les reacutesultats drsquoune innovation sont visibles et accessibles Depuis longtemps pour reacutesumer les modegraveles sur la diffusion tendent agrave identifier et expliquer les facteurs qui influencent le degreacute drsquoadoption des innovations au niveau organisationnel Les premiers chercheurs dans ce domaine ont expliqueacute lrsquoadoption par une courbe drsquoapprentissage dans laquelle lrsquoadoption drsquoune innovation eacutevolue au fur et au mesure que cette derniegravere passe des premiers adoptants (lrsquoinnovateur) aux derniers (adoptant final) Ce modegravele primaire permet certes de deacutecrire lrsquoeacutevolution de lrsquoinnovation mais ne fournit ni explications ni orientations quant aux modegraveles futurs de lrsquoadoption en particulier dans le domaine des SI Des efforts de recherche4
ont eacuteteacute effectueacutees pour eacutetablir un modegravele geacuteneacuterique de lrsquoadoption mais ont eacutechoueacute En pratique le processus drsquoadoption drsquoune innovation deacutepend de lrsquointeraction entre des facteurs lieacutes agrave la demande et agrave lrsquooffre (Tidd et al 2000) Des modegraveles concernant la demande drsquoinnovation (et srsquointeacuteressant agrave lrsquoadoptant) devraient conduire agrave prendre en consideacuteration des probleacutematiques contingentes agrave lrsquoorganisation traitant drsquoun point de vue empirique et statistique des beacuteneacutefices et des risques lieacutes aux innovations induites par certaines TI Des modegraveles concernant lrsquooffre drsquoinnovation (et srsquointeacuteressant aux fournisseurs)
4 En marketing des chercheurs ont essayeacute drsquointeacutegrer le lien entre lrsquoadoption de nouveaux produits et la courbe de diffusion des innovations
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devraient conduire agrave formuler des probleacutematiques (plus comportementales et psychologiques) pour traiter des problegravemes de deacuteveloppement organisationnel en relation avec lrsquoappropriation la disseacutemination lrsquoutilisation ou le communication entre deacuteveloppeurs et utilisateurs de SI
32 La theacuteorie socio-cognitive Une troisiegraveme ligne de recherche qui peut aider agrave expliquer les modegraveles drsquousage des TI est fondeacutee sur la theacuteorie laquo sociale et cognitive raquo (Bandura 1977) avec un construit theacuteorique central connu sous le nom du deacuteterminisme reacuteciproque Le deacuteterminisme reacuteciproque est ce que se produit quand la personne le comportement et lrsquoenvironnement interagissent pour deacuteterminer un comportement et un nouveau apprentissage La theacuteorie sociale et cognitive donne aussi une importance au construit drsquoauto-efficaciteacute deacutefini comme un ensemble de croyances sur la capaciteacute drsquoune personne agrave suivre un comportement speacutecifique Lrsquoinclusion des croyances sur lrsquoauto-efficaciteacute est critique pour affirmer que lrsquoadoption nrsquoest pas uniquement baseacutee sur le fait de convaincre les gens des beacuteneacutefices qui peuvent ecirctre deacuteriveacutes drsquoune technologie (les attentes de reacutesultat) lrsquoadoption exige aussi qursquoun individu possegravede des compeacutetences et la confiance neacutecessaires (en termes drsquoattentes drsquoefficaciteacute) Ainsi lrsquoauto-efficaciteacute est consideacutereacutee comme un anteacuteceacutedent important de lrsquousage des TI puisqursquoelle stimule lrsquoadoption drsquoun nouveau comportement et son maintien Mais les interactions reacuteussies avec la technologie consideacutereacutees comme eacutetant laquo renforccedilantes raquo sont eacutegalement perccedilues comme exerccedilant des influences importantes sur lrsquoauto-efficaciteacute
33 La theacuteorie de lrsquoalignement tacircche-technologie Dans une perspective deacuteterministe le modegravele de lrsquoalignement Tacircche-Technologie (Goodhue 1995 Dishaw et Strong 1999) propose une laquo fit raquo explicite des concepts de tacircche et de technologie pour appreacutehender les eacutevaluations faites par les utilisateurs de SI Ce modegravele est une extension du celui de Cooper et Zmud (1990) qui vise agrave expliquer le succegraves de lrsquoadoption et de lrsquoinfusion des nouvelles technologies en termes de compatibiliteacute des laquo caracteacuteristiques de la TI raquo avec celles de laquo la tacircche raquo et la laquo complexiteacute de la TI raquo relativement agrave la laquo complexiteacute de la tacircche raquo qui la neacutecessite Ainsi la capaciteacute drsquoune TI agrave supporter une tacircche est exprimeacutee par un alignement tacircchetechnologie qui suppose lrsquoadeacutequation des capaciteacutes de la technologie aux demandes de la tacircche Lrsquoalignement tacircche-technologie postule qursquoune TI a plus de chances drsquoecirctre utiliseacutee si ses fonctions srsquoalignent aux activiteacutes de lrsquoutilisateur Les utilisateurs choisiront alors des outils qui leurs permettront de compleacuteter leur travail avec une attente de beacuteneacutefices (efficaciteacute productiviteacute hellip) plus eacuteleveacutes Une TI qui nrsquooffrirait pas suffisamment drsquoavantages par rapport agrave des systegravemes concurrents ne serait alors pas utiliseacutee
34 Pour conclure Les theacuteories sur les strateacutegies drsquoadoption complegravetent celles sur les intentions drsquoutilisation dans lrsquoexplication de lrsquousage des TI La theacuteorie de la diffusion est certainement la premiegravere et la plus connue des chercheurs en sciences sociales et la plus utiliseacutee dans le champ des SI pour supporter des eacutetudes empiriques drsquoimplantation de TI et leur assimilation par lrsquoorganisation Elle fut pour exemple utiliseacutee par Fichman et Kemerer (1997) pour eacutetudier les innovations produites par certains logiciels inteacutegreacutes de type MRP et par Baile (2003) pour eacutevaluer le processus drsquoinfusion de lrsquoEDI dans des PME innovante
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Les theacuteories socio-cognitives et drsquoalignement tacirccheTI aident de leur cocircteacute agrave comprendre lrsquousage des TI dans une perspective deacuteterminisme qui confronte plusieurs facteurs en interaction tels les facteurs individuels (de perception de confiance de pouvoir) comportementaux (drsquoaccomplissement de reacutealisation des butshellip) de la tacircche (de complexiteacute de reproductionhellip) et des environnements internes (drsquoorganisation de structure et de processus meacutetiershellip) et externes (de pressions concurrentielles de relations drsquoaffaireshellip) Cet environnement theacuteorique serait agrave privileacutegier dans des investigations de type laquo eacutetude de cas drsquoimplantation de TI raquo privileacutegiant une deacutemarche de type laquo abductive raquo Conclusion un schegraveme de recherche sur lrsquoapproche comportementale Lrsquoeacutevaluation des systegravemes drsquoinformation et celle conseacutequente de la mise en œuvre des technologies de lrsquoinformation qui les mateacuterialisent est une probleacutematique geacuteneacuterale de recherche dans les domaines du Management des Systegravemes drsquoInformation et du Deacuteveloppement des Organisations qui durant trois deacutecennies a retenu lrsquoattention de nombreux chercheurs en quecircte drsquoune explication sur le fait que pour ecirctre productives de valeur les TI devaient avant tout ecirctre accepteacutees et mises en œuvre efficacement dans les organisations Cette explication a souvent eacuteteacute deacutecrite dans la litteacuterature contemporaine en SI (Venkatesh et al 2003) comme lrsquoun des objets de recherche les plus matures Les modegraveles theacuteoriques prenant leurs racines en management et strateacutegie des SI en psychologie sociale ou en sociologie y foisonnent contribuant agrave un apport essentiel de connaissances de ce que certains auteurs chiffre agrave plus de laquo pregraves de 40 de variance dans les intentions drsquoutilisation des TI raquo La varieacuteteacute des concepts manipuleacutes dans de nombreuses theacuteories (drsquoailleurs assez souvent deacuteriveacutees les unes des autres) et la diversiteacute des eacutetudes empiriques qui ont eacuteteacute conduites depuis les tous premiers travaux de lrsquoEcole du Minnosota (Management Information System et Decision Support System) passant par lrsquoInformatique Utilisateur Final (End-User Computing) et les modeacutelisations successives plus reacutecentes des intentions attitudes comportement et croyances des utilisateurs (Technology Acceptance Modelhellip) demeurent un veacuteritable handicap autant pour eacutevaluer et comparer les laquo poids theacuteoriques raquo de chacun des modegraveles utiliseacutes que pour en analyser les reacutesultats distinctifs De sorte que les chercheurs drsquoun cocircteacute sont confronteacutes dans les travaux actuels agrave une deacutetermination theacuteorique difficile (choix de modegravele approprieacute) les conduisant presque toujours agrave emprunter des variables de recherche et des construits dans les modegraveles qui leur semblent le plus raisonnable ou plus simplement agrave faire le choix drsquoun laquo modegravele favori raquo dans lrsquoignorance des contributions des modegraveles alternatifs Drsquoun autre cocircteacute les praticiens auditeurs internes et consultants meacuteconnaissent fondamentalement ces modegraveles theacuteoriques qui drsquoune faccedilon geacuteneacuterale pourraient les aider agrave structurer leur travail de diagnostic sur le terrain (conduite du changement assistance agrave la maicirctrise drsquoouvrage transformation des processus hellip) en proposant certains deacuteterminismes drsquoeacutevaluation par exemple des postes de travail utilisant de nouvelles technologies Cette communication en distinguant trois approches de type comportementale de lrsquoeacutevaluation des SITI fournit un schegraveme original de recherche (Figure 2) destineacute (1) agrave eacutetablir une coheacuterence theacuteorique des principaux modegraveles et cadres conceptuels (en proposant une grille de lecture sujette agrave certaines limites eacutepisteacutemologiques et meacutethodologiques) (2) agrave en faciliter lrsquoappreacutehension de leurs contributions respectives (sans tenter dans lrsquoimmeacutediat drsquoen faire une analyse comparative) et (3) de proposer une articulation des trois domaines theacuteoriques de
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cette approche comportementale utilisant le cadre de travail inteacutegrateur de Venkatesh et al (2003 p 427) pour formuler une laquo plate-forme logique de recherche sur lrsquoapproche comportementale de lrsquoeacutevaluation des SI raquo (qui est le preacutealable indispensable agrave lrsquoextension et agrave lrsquointeacutegration des travaux futurs) Chaque flegraveche directe traduit des liens et possibiliteacutes drsquounification theacuteorique cest-agrave-dire des similariteacutes conceptuelles et empiriques entre les modegraveles Elle formalise encore une deacutependance entre les niveaux lrsquoobjectif eacutetant drsquoexpliquer les variables mesurant les strateacutegies de mise en œuvre des TI (innovation perccedilue croyances speacutecifiques agrave lrsquousage drsquoune TI fit tacircchetechnologie) La flegraveche en pointilleacute fait eacutetat drsquoune reacutecursiviteacute (lrsquousage drsquoune TI pouvant modifier les reacuteactions individuelles) et donc drsquoune unification theacuteorique possible des domaines theacuteoriques concerneacutes Pour conclure cette plate forme de recherche permet drsquoeacutetablir des preacutemisses de recherche possibles sous-jacentes aux diffeacuterentes possibiliteacutes drsquounification theacuteorique Elle constitue un point drsquoancrage agrave une reacuteflexion de fond qursquoil convient de construire sur lrsquoeacutevaluation du succegraves des SI succegraves baseacute sur des mesures drsquoefficience speacutecifiques relatives agrave lrsquoacceptation et agrave lrsquousage des TI destineacutees aux utilisateurs
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POUR UN AUDIT PROSPECTIF Christel BEAUCOURT Maicirctre de Confeacuterences ndash IAE de Lille Pierre LOUART Professeur des Universiteacutes ndash IAE de Lille Directeur de lrsquoIAE de Lille Preacutesident de lrsquoAGRH
Synthegravese I Indeacutependamment des lieux ougrave il se stabilise (pour des raisons de comparaison de controcircle et de coheacuterence relative des deacutecisions) lrsquoaudit social doit continuer agrave tester activement de nouvelles mesures ou de nouveaux indicateurs afin de deacuteplacer ou de reacuteorganiser les interpreacutetations possibles des systegravemes auditeacutes Concregravetement il srsquoagit de faire varier les bases des diagnostics et des dispositifs de mesure sachant que ces derniers sont toujours subjectifs et construits socialement Pour partie les modes drsquoanalyse les critegraveres choisis et lrsquoimportance des pondeacuterations mises en œuvre sont le fruit de facteurs eux-mecircmes changeants En particulier - les confrontations entre acteurs (en incluant les rapports de forces qui les lient) - lrsquoeacutevolution des risques (dans lrsquoabsolu mais aussi en fonction des prioriteacutes politiques eacuteconomiques ou sociales) - les circonstances particuliegraveres qui influencent globalement la deacutecision En fonction des glissements de diagnostic les conseacutequences des mesures effectueacutees sont diffeacuterentes La structure drsquoattention porteacutee sur certains aspects du reacuteel eacutevolue le pointage de ce qui est important ou non la prise de conscience de certaines questions leur appreacuteciation en bien ou mal Lrsquoaspect conjoncturel des mesures est drsquoailleurs amplifieacute par certains effets de cristallisation ou de dramatisation compte tenu de la tendance populiste des acteurs de communication (ils activent la peur ou la colegravere en preacutefeacuterant les tapages de court terme aux dossiers plus fondamentaux) II Un audit social doit donc toujours ecirctre un audit qui organise par prudence une gamme de sceacutenarios et de glissements drsquoappreacuteciation sur les critegraveres qursquoil apporte en permettant de juger ou de preacuteconiser mais aussi de rester prudent sur les reacutesultats Il doit aussi montrer des tendances des inflexions ou des signaux faibles qui pourraient infleacutechir le sens Ces moyens drsquoanalyser autrement doivent interpeller les praticiens en leur montrant des opportuniteacutes agrave saisir en leur laissant voir des dangers potentiels ou des risques agrave manager Plus profondeacutement si lrsquoon admet certains constats rien nrsquoen garantit tout agrave fait - ni la justesse de fond Ce qursquoon a retenu est-il vraiment le plus important A partir de quelle convention drsquoacteurs a-t-on poseacute un jugement agrave partir de quelles habitudes de quelle focalisation collective du moment Au nom de quoi met-on en place des arbitrages des propositions ou des sanctions Nrsquoy avait-il pas autre chose agrave percevoir dont on pourrait se mordre les doigts plus tard de ne pas lrsquoavoir fait - ni le poids reacuteel dans les objectifs de lrsquoorganisation consideacutereacutee Au fond ce qursquoon mesure nrsquooffre de veacuteriteacute que celle des convenances ou de la conformiteacute Cela met en regravegle avec la
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justice les normes et les certifications admises Cela cadre avec ce qursquoon estime ecirctre le mieux dans lrsquoordre social ou eacuteconomique du moment Sans doute est-il preacutefeacuterable de srsquoy tenir que de nrsquoen rien faire car lrsquoaudit apporte avec lui des savoirs accumuleacutes des rigueurs eacuteprouveacutees une certaine luciditeacute face au risque Mais le contexte peut changer en apportant drsquoautres facteurs qui transforment la nature ou la pondeacuteration de ce dont il faudrait tenir compte III Lrsquoaudit prospectif peut se donner des challenges actifs sur le contenu (qursquoest-ce qursquoon audite) et les meacutethodes (comment le fait-on) en cherchant des moyens drsquoinnover Tout drsquoabord au sens de Gaston Berger ecirctre prospectif crsquoest prendre en compte le plus drsquoavenir possible En eacutetant reacutealiste on cherche aussi agrave mettre dans ses choix (toujours aleacuteatoires toujours lieacutes agrave un futur qui se construit) la part la plus grande possible drsquohumaniteacute Il y a donc des regravegles drsquoeacutethique agrave faire valoir ce qui implique un processus ouvert et intersubjectif dans le choix des enjeux des critegraveres et des mesures reacutealiseacutees Autrement dit toute prospective se nourrit de deacutebats ouverts et deacutelibeacutereacutes Lrsquoaudit prospectif accepte les regravegles mais se meacutefie de confier au seul droit aux seules conventions eacutecrites les clefs de toute eacutevaluation Il est dangereux de srsquoen tenir agrave des choses figeacutees crispeacutees qui preacutefegraverent laquo la lettre raquo agrave laquo lrsquoesprit raquo Crsquoest pourtant la tendance du moment qui croit qursquoon objective les choses agrave les mettre en textes alors qursquoun texte (un code une charte un contrat) nrsquoest qursquoun instrument pour fixer des bases et srsquoen remettre somme toute agrave lrsquoaccord en conscience des acteurs drsquoune situation Certes lrsquohomme est lrsquohomme et il est difficile de ne pas se proteacuteger drsquoexcegraves possibles (dans le rapport des forces ou la mauvaise foi dans le rejet le deacuteni ou la deacuteformation des accords) Il est donc neacutecessaire de leacutegifeacuterer de garantir les contrats et de creacuteer des obligations sociales dont lrsquoaudit veacuterifie le respect Au-delagrave mecircmes ces bases lagrave doivent pouvoir eacutevoluer srsquoenrichir srsquoadapter laquo en esprit raquo aux eacutevolutions de la reacutealiteacute sociale Pour le reste lrsquoaudit est aussi un controcircle de la performance collective un moyen drsquoeacutevaluer la pertinence des choix qursquoont reacutealiseacutes certains acteurs en prenant part agrave un projet commun Face agrave ces besoins lrsquoaudit prospectif doit drsquoabord mettre en question et en doute les modegraveles eacutetablis En faisant valoir les erreurs les deacutetournements ou les difficulteacutes des choix deacutejagrave effectueacutes il aide agrave penser autrement lrsquoaction collective Par exemple il montre qursquoon ne peut pas trancher dans certains paradoxes et reacutesoudre une fois pour toutes des tensions comme celles de lrsquoemploi et du salaire de la formation et de lrsquoaction de lrsquoeacutequiteacute pour tous et de la liberteacute drsquoentreprendre Il critique la tendance agrave deacutetourner lrsquoattention vers des choses mesurables et pas forceacutement vers les points les plus sensibles de la performance ou de lrsquoaction strateacutegique Il fustige les excegraves de certaines deacutecisions dont on deacutenie le caractegravere deacuteshumanisant lrsquoindividualisme excessif lrsquoencouragement agrave deacutenoncer les fautes drsquoautrui au nom drsquoune transparence qui agrave ce niveau nrsquoa rien drsquohumain ni de social (toutes les cultures laquo seacuterieuses raquo preacuteservant lrsquointimiteacute ou le secret) Parallegravelement lrsquoaudit prospectif peut construire des indicateurs qui reacuteorientent la penseacutee dominante et introduisent un discours peu agrave peu adopteacute par les autres (bref en initiant de nouvelles convention) Car beaucoup de conduites opportunes naissent de la reacuteorganisation drsquoaccords anciens agrave partir drsquoune position drsquoinnovateur relatif Cela consiste agrave enrichir ou agrave deacuteplacer ce qui deviendra un nouvel audit de conformiteacute (agrave la fois leacutegal reacuteglementaire et contractuel ndash lieacute agrave des normes devenues acceptables ou signes de qualiteacute) Ensuite il peut aider agrave repenser compte tenu des circonstances ce qui est appeleacute audit drsquoefficaciteacute ou de pertinence (par rapport agrave ce qursquoil y a lieu de faire et agrave la maniegravere dont on lrsquoaccomplit) Cette fois ce qui compte crsquoest de repeacuterer de nouvelles configurations
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drsquoaction et drsquoy construire des signes de mesure qui srsquoy adaptent au mieux (en deacuteplaccedilant les anciennes traces les anciens critegraveres les anciennes marques significatives pour lrsquoaction et ce qursquoil faut en juger) Lrsquoaudit prospectif doit se mettre en contexte (dans une conjoncture drsquoeffets qui le replace au sein drsquoune structure interpreacutetative disposant de ses propres indicateurs drsquoeacutevaluation) Il doit aussi eacutevaluer les changements de longue dureacutee en preacuteparant ses cadres drsquoanalyse ses indicateurs et ses mesures agrave lrsquoeacutevolution des repreacutesentations des valeurs et des contraintes de controcircle (par rapport aux regravegles aux partenaires de gestion agrave la concurrence geacuteneacuterale) Lrsquoactualiteacute permet drsquoillustrer ce besoin par de nombreux exemples Sans srsquoopposer agrave lrsquoaudit traditionnel (qui preacuteserve un noyau dur de prescriptions geacuteneacuterales afin de comparer les reacutesultats entre organisations drsquoinciter au minimum neacutecessaire de servir de garde-fou agrave une mondialisation plus eacutequilibreacutee) lrsquoaudit prospectif lrsquoameacutenage lrsquoajuste lrsquoindividualise et le conteste dans ses insuffisances dans ses contradictions dans ses excegraves IV Concregravetement lrsquoaudit prospectif peut srsquoappuyer sur toutes sortes drsquoacteurs - des experts certes mais tout autant les collectifs de salarieacutes par maillage des compeacutetences - ou encore des meacutediateurs des arbitres des tiers facilitateurs des gens qui acceptent une certaine incertitude et se fient sur les interactions locales pour construire en contexte des modes drsquointerpreacutetation ou drsquoeacutevaluation approprieacutes Crsquoest contraire au systegraveme juridique drsquoaujourdrsquohui qui a tendance agrave imposer des choix deacutejagrave eacutetablis dans une sorte de laquo trompe lrsquoœil raquo de fausse objectiviteacute Crsquoest pourquoi en France il faut changer de lois sociales tous les 2 ou 3 ans Lrsquoaudit prospectif doit se servir des incidents des accidents des situations critiques ou conjoncturelles qui reacutevegravelent des problegravemes ineacutedits ou mal reacutegleacutes Il lui faut les consideacuterer dans lrsquoeacutenergie qursquoils suscitent mas en se meacutefiant des excegraves affectifs ou ideacuteologiques qursquoils veacutehiculent et de leur porteacutee en geacuteneacuteral peu durable Il doit ecirctre sensible aux peacuteripeacuteties de la repreacutesentation collective aux signaux faibles du social du socieacutetal et du politique dont les effets sont drsquoeacuteclairer de nouveaux enjeux de nouvelles perspectives des risques possibles bref des eacutemergences qui vont modifier de faccedilon systeacutemique les formes buts et contenus de lrsquoeacutevaluation sociale en contexte eacuteconomique Il peut srsquoinspirer du deacuteveloppement du deacutebat public et consideacuterer comme un atout la dynamique des tensions drsquoacteurs qui maintiennent en question (en inachegravevement) les problegravemes agrave reacutesoudre
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MISE EN PLACE DrsquoUNE DEMARCHE-PROGRES EN ECONOMIE SOLIDAIRE OBJECTIFS ET ENJEUX Pierre BILLOIR Consultant Extra Muros Anne-Laure FEDERICI Coordinatrice et animatrice du reacuteseau APES1
Introduction Une des caracteacuteristiques de lrsquoeacuteconomie solidaire est de ne pas se reacutefeacuterer drsquoabord agrave des statuts mais agrave des faccedilons drsquoagir diffeacuterentes La question des valeurs est centrale au nom de quoi agit-on Lrsquoappartenance agrave lrsquoeacuteconomie solidaire ne peut ecirctre caracteacuteriseacutee par un statut un domaine drsquoactiviteacutehellip mais parce que dans la finaliteacute de lrsquoorganisation par son organisation interne par son rapport agrave lrsquoenvironnement agrave son territoire lrsquoorganisation deacuteveloppe des pratiques diffeacuterentes Quelles sont ces valeurs Comment peuvent-elles se deacutecliner dans les pratiques drsquoune organisation Comment peut-on identifier les structures de lrsquoeacuteconomie solidaire Dans la poursuite des deacutebats engageacutes lors des Consultations Reacutegionales de lrsquoEconomie Sociale et Solidaire et du rapport Lipietz laquoUn nouveau type dentreprises agrave but social raquo2 des acteurs reacutegionaux du Nord Pas de Calais (reacuteunis au sein de lrsquoAssembleacutee Permanente de lrsquoEconomie Solidaire du Nord Pas de Calais) se sont empareacutes de la question Apregraves avoir analyseacute diffeacuterents types de deacutemarches existantes (label certification deacutemarche-qualiteacute) lrsquoAPES srsquoest orienteacutee sur une deacutemarche drsquoaccreacuteditation par les pairs3 Pour mettre en œuvre cette accreacuteditation il faut pouvoir se reacutefeacuterer agrave des critegraveres ce qui a donneacute lieu agrave lrsquoeacutelaboration drsquoune charte reacutedigeacutee en 2001 A ce jour 90 structures ont signeacute la charte de lrsquoAPES Cette charte srsquoarticule autour de quatre theacutematiques
- Favoriser la creacuteation drsquoactiviteacutes socialement utiles et la peacuterenniteacute des emplois creacuteeacutes
- Asseoir la primauteacute de la personne sur le profit - Favoriser les modes drsquoorganisation deacutemocratiques - Coopeacuterer et srsquoimpliquer sur le territoire
1 Assembleacutee Permanente de lrsquoEconomie Solidaire du Nord-Pas-de-Calais 2 Rapport qui proposait notamment la creacuteation drsquoun label laquo drsquoutiliteacute sociale et solidaire raquo confeacuterant des avantages fiscaux 3 Le label au sens juridique du terme est une deacutemarche normeacutee qui deacutetaille les caracteacuteristiques drsquoun reacutesultat agrave obtenir Il srsquoagit drsquoune obligation de reacutesultat La certification deacutetaille et garantit un processus de fabrication (obligation de moyens) La deacutemarche drsquoaccreacuteditation par les pairs relegraveve du mecircme type de deacutemarche que le mouvement coopeacuteratif qui accreacutedite que telle entreprise reacutepond aux critegraveres que srsquoest donneacute le mouvement scop ou que les artisans accreacutediteacutes par les Chambres de Meacutetiers
1
Celle-ci vise agrave lsquolsquoinscrire lrsquoengagement de chacune des structures signataires dans une deacutemarche de progregravesrsquorsquo Cette deacutemarche de progregraves agrave la fois facteur drsquoeacutevaluation et facteur de monteacutee en qualiteacute au regard de lrsquoeacuteconomie solidaire devait reacutepondre agrave plusieurs exigences
- une deacutemarche prenant en compte la dimension de processus il srsquoagit drsquoinscrire la structure dans une dynamique et non de faire seulement un eacutetat des lieux du fonctionnement de la structure Aucune structure nrsquoest laquo 100 raquo drsquoeacuteconomie solidaire crsquoest la tension continue entre les valeurs et les pratiques qui permet agrave une structure de srsquoinscrire dans le cadre de lrsquoeacuteconomie solidaire
- une deacutemarche pouvant ecirctre approprieacutee par la structure elle-mecircme et ses
diffeacuterentes parties prenantes Cette appropriation doit se traduire par lrsquoeacutelaboration par les diffeacuterentes parties prenantes de la structure (dirigeants salarieacutes usagers partenaireshellip) des axes de progregraves sur lesquels elle souhaite srsquoengager et par la proposition drsquoune meacutethode et drsquooutils utilisables apregraves une 1egravere phase drsquoaccompagnement directement par la structure
- une deacutemarche deacutebouchant sur des outils opeacuterationnels et lisibles aussi bien agrave
lrsquointerne que vis-agrave-vis de partenaires exteacuterieurs Apregraves diverses prises de contact et eacutetudes comparatives (audit socieacutetal deacuteveloppeacute par la New Economics Foundation bilan socieacutetal du CJDES deacutemarche de professionnalisation des structures drsquoinsertion par lrsquoactiviteacute eacuteconomique piloteacutee par lrsquoARACT) la deacutemarche de progregraves en deacuteveloppement durable HQ21 impulseacutee par Extra Muros a sembleacute ecirctre une base de travail inteacuteressante en termes de meacutethodologie et drsquooutils pour proposer une deacutemarche de progregraves en eacuteconomie solidaire La mise en place de cette deacutemarche de progregraves est actuellement en phase pilote drsquoexpeacuterimentation aupregraves drsquoune dizaine de structures de la Reacutegion avec le soutien de la Direction Reacutegionale du Travail de lrsquoEmploi et de la Formation Professionnelle du Conseil Geacuteneacuteral du Nord et de la Ville de Lille
Elle doit permettre de reacutepondre agrave un triple besoin
bull Pour une structure se revendiquant de lrsquoeacuteconomie solidaire il srsquoagit de disposer drsquoune meacutethode de travail et drsquooutils opeacuterationnels lui permettant drsquoameacuteliorer son efficaciteacute (dans toutes les dimensions eacuteconomique sociale environnementale ) et de clarifier ses finaliteacutes
bull Pour les acteurs de lrsquoeacuteconomie solidaire il srsquoagit de renforcer la coheacutesion interne
(entre acteurs de statuts et de secteurs drsquoactiviteacute diffeacuterents) renforcer la qualiteacute des structures creacuteer un langage commun promouvoir lrsquoeacuteconomie solidaire et mettre en eacutevidence les plus-values apporteacutees par les acteurs de lrsquoES
bull Pour les partenaires il srsquoagit de faciliter la reconnaissance et la lisibiliteacute des acteurs de lrsquoeacuteconomie solidaire de leur permettre drsquoameacuteliorer leur efficaciteacute contribuant ainsi agrave un deacuteveloppement territorial plus solidaire La deacutemarche nrsquoa pas pour ambition drsquoimposer une norme ni un label mais drsquoapporter une garantie de lrsquoeacutetat drsquoesprit dans lequel travaille une structure
2
Preacutesentation de la deacutemarche Extra-Muros Consultants coopeacuterative de conseil speacutecialiseacutee dans la conduite de projet en deacuteveloppement durable et en eacuteconomie solidaire a construit et expeacuterimenteacute une deacutemarche de progregraves en deacuteveloppement durable aupregraves drsquoune quinzaine drsquoorganisations sur les trois derniegraveres anneacutees Cette deacutemarche de progregraves non normative et baseacutee sur le volontariat vise agrave doter une structure (association ou entreprise) drsquoune meacutethode et drsquooutils pour une meilleure inteacutegration des principes du deacuteveloppement durable dans ses activiteacutes et dans son fonctionnement Plusieurs expeacuteriences significatives ont permis de tester la deacutemarche et de veacuterifier lrsquointeacuterecirct pour une organisation de reacuteinterroger ses pratiques dans le cadre de travaux partenariaux (principales reacutefeacuterences Elaboration participative drsquoune meacutethode drsquoeacutevaluation du Contrat drsquoAgglomeacuteration de la Communauteacute Urbaine de Dunkerque Mise en œuvre drsquoune deacutemarche de progregraves en deacuteveloppement durable au sein du reacuteseau tourquennois de lrsquoinsertion par lrsquoactiviteacute eacuteconomique deacutemarche de progregraves au sein du Groupement drsquoemployeurs GERM baseacute agrave Eybens (38) Chantier 4 du programme Interreg Valeurs Ajouteacuteeshellip) LrsquoAPES estimant que les travaux drsquoExtra-Muros eacutetaient tregraves proches des preacuteoccupations du reacuteseau a missionneacute le cabinet pour creacuteer une deacutemarche de progregraves propre agrave lrsquoeacuteconomie solidaire La deacutemarche de progregraves en eacuteconomie solidaire sinscrit dans une logique de deacutemarche qualiteacute volontaire et partageacutee Elle vise agrave permettre aux organisations engageacutees (entreprises collectiviteacutes associationshellip) dinteacutegrer de faccedilon collective meacutethodique et individualiseacutee les exigences de lrsquoeacuteconomie solidaire dans leur activiteacute leur fonctionnement interne leurs relations aux partenaires et au territoire Le processus est fondeacute sur le principe du questionnement chaque organisation eacutetant inviteacutee agrave sinterroger sur la faccedilon dont elle integravegre ou pourrait mettre en pratique les diffeacuterents champs de lrsquoeacuteconomie solidaire La deacutemarche de progregraves comporte un double objectif strateacutegique et opeacuterationnel Ainsi elle permet agrave lorganisation concerneacutee de reacutealiser ou de conforter un travail danalyse sur ses atouts et ses contraintes (en regravegle geacuteneacuterale et au regard de lrsquoeacuteconomie solidaire) une mise en perspective de son activiteacute et de son fonctionnement dans la dureacutee dune part agrave travers la deacutefinition dun projet collectif dautre part via leacutelaboration dun programme dactions Elle intervient en compleacutementariteacute avec les deacutemarches qualiteacute deacutejagrave existantes dans la mesure ougrave elle propose via les diffeacuterentes dimensions traiteacutees une approche partageacutee et inteacutegreacutee des diffeacuterents aspects abordeacutes dans les certifications agrave viseacutee environnementale (ex ISO 14000) agrave viseacutee qualiteacute (ex ISO 9000) agrave viseacutee sociale (ex bilan socieacutetal) hellip que lentreprise ou lrsquoassociation a deacutejagrave pu mettre en place La mise en œuvre de la deacutemarche de progregraves en eacuteconomie solidaire est accompagneacutee par un consultant exteacuterieur garant de lrsquoappropriation de la meacutethode par toutes les parties prenantes de leur participation agrave la co-production de lrsquoaccompagnement des groupes de travail et du respect de lrsquoengagement solidaire de la structure Il a en outre agrave sa charge lrsquoeacutelaboration drsquooutils lisibles et diffusables ainsi que lrsquoapport de son regard exteacuterieur
3
La deacutemarche se deacutecline en 4 eacutetapes conseacutecutives conduisant de leacutetat des lieux agrave la mise en place des outils de suivi collectif et deacutevaluation
1 Mobiliser et reacutealiser leacutetat des lieux de lorganisation et de lactiviteacute
Profil de lorganisation ndash strateacutegie atouts et contraintes
Constitution du Tour de table
Profil strateacutegique
2 Poser le diagnostic au regard de lrsquoeacuteconomie solidaire
Grille de questionnement (aide-meacutemoire)
Cercle Haute Qualiteacute 21
3 Organiser la monteacutee en qualiteacute
Scheacutema de progregraves (profil actuel profil intermeacutediaire profil cible)
4 Organiser le suivi opeacuterationnel et strateacutegique
Tableaux de bord Outils adapteacutes de suivi
financier Eleacutements de
capitalisation Dossier laquo Ressources raquo et CD-Rom
Deacuteroulement des travaux
Mobiliser - Planifier
Agir ndash Veacuterifier - Reacuteagir
Deacutemarche de progregraves Economie Solidaire
scheacutema Extra-Muros
Evaluercapitaliser en continu le processus et ses impacts
Ces diffeacuterentes eacutetapes donnent lieu agrave la formalisation de plusieurs outils preacutesenteacutes de faccedilon syntheacutetique dans les pages suivantes qui traduisent pour certains de faccedilon visuelle les reacutealiteacutes ou objectifs de lentreprise au regard de lrsquoeacuteconomie solidaire (ex Cercle de qualiteacute et scheacutema de progregraves) font lobjet pour dautres (ex tableau de bord et outils de suivi financiers) dune adaptation aux supports deacutejagrave en place dans lorganisation concerneacutee
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Etape 1 ndash Un premier eacutetat des lieux de la structure et de son fonctionnement est reacutealiseacute (via la constitution de lrsquooutil laquo fiche profil raquo) La mobilisation des parties prenantes (ou constitution du tour de table) est eacutegalement organiseacutee Elle correspond agrave lun des points centraux de la deacutemarche fondeacutee sur la co-production et la responsabiliteacute partageacutee
Le systegraveme dacteurs mobiliseacute (tour de table) dans une deacutemarche de progregraves 21
Dirigeants (eacutequipe dedirection etou administrateurs)
Salarieacutes
Partenaires
(de la filiegravere institutionnels hellip)
Usagersclients
Groupe pleacutenier deacutechangeset de validation
groupe mixte deco-production 1
groupe mixte deco-production 2
groupe mixte deco-production
hellip
Pilote de projet
OU
Equipe-conseil (rocircle agrave dureacutee limiteacutee
en appui aux groupes et au pilote) scheacutema Extra-Muros 2003
En fonction des reacutealiteacutes de la structure le tour de table est constitueacute de faccedilon exhaustive degraves lamont ou fait lobjet dun eacutelargissement progressif (des dirigeants vers les partenaires) Cette eacutetape vise agrave dessiner la fiche didentiteacute de lorganisation et agrave faire le point sur les deacutemarches qualiteacute (certifieacutees ou non) deacutejagrave mises en place quil conviendra dinteacutegrer dans les travaux pour eacuteviter les redondances
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Etape 2 ndash Elle consiste agrave eacutetablir la photographie de lentreprise ou de lrsquoassociation (activiteacute et fonctionnement) au regard de lrsquoeacuteconomie solidaire Elle se traduit par la reacutealisation du cercle de qualiteacute qui permet de capitaliser et de visualiser leacutetat des lieux de lactiviteacute agrave un moment T (voir ci-dessous lexemple du laquo cercle eacuteconomie solidaire raquo) et par la construction de lrsquooutil laquo Profil Strateacutegique raquo qui vise comme son nom lrsquoindique agrave deacutefinir des pistes de strateacutegie au regard de lrsquoeacuteconomie solidaire pour les trois agrave cinq agrave venir (voir scheacutema laquo profil strateacutegique raquo ci-dessous)
Ressources internes (ressources humaines performantes management adapteacute aisance financiegravere conditions logistiques et environnement favorables hellip)
Externaliteacutes positives (effets produits par lorganisation sur sonenvironnement - ex creacuteation de servicesetou de biens socialement utilesdemplois hellip)
Reacutesolution (raison decirctre et finaliteacutes de lorganisation)
Mobilisation des diffeacuterentes parties prenantes
Ressources issues de lenvironnement (contexte eacuteconomique et social filiegravere territoire hellip)
+
-
X
Strateacutegie agrave 35 ans
Des orientations strateacutegiques = base indispensable pour engager une deacutemarche de progregraves 21
scheacutema Extra-Muros 2003
Contraintes dues agravelenvironnement
(contexte eacuteconomique et social filiegravereterritoire hellip)
Contraintes internes (ressources humaines inadapteacutees ou insuffisantes capaciteacutes financiegravereslimiteacutees locaux inapproprieacutes ou trop
restreints hellip)
Externaliteacutes neacutegatives (effets induits par lactiviteacute tels
que pollution bruit )
Cette eacutetape repose sur les reacuteflexions des acteurs mobiliseacutes et srsquoappuie sur un outil laquo aide meacutemoire raquo appeleacute grille de questionnement Cette grille est ameneacutee agrave eacutevoluer dans le cadre de lrsquoexpeacuterimentation sur la base des remarques formuleacutees par les acteurs mobiliseacutes au sein de chaque structure engageacutee
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Cercle du (image de synthegravese de leacutetat des lieux)
Primauteacute de la personne sur le
profit
Activiteacutes socialement utiles et emplois peacuterennes
Modes drsquoorganisation deacutemocratiques
Coopeacuteration et implication sur le territoire
Lrsquoaction meneacutee est insuffisante au regard des exigences de lrsquoeacuteconomie solidaire En leacutetat actuel des choses la preacuteoccupation existe mais des axes dameacutelioration sont agrave trouver et agrave mettre en Laction conduite reacutepond aux exigences
de base agrave atteindre pour se situer dans une deacutemarche drsquoeacuteconomie solidaire
Extra - Muros Consultants pour lrsquoAPES
Engagement pour un parcours drsquoinsertion vers lrsquoemploi durable
Communication externe agrave ameacuteliorer
Peu de relations avec les entreprises
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Etape 3 - la monteacutee en exigence vers lrsquoeacuteconomie solidaire est organiseacutee gracircce au scheacutema de progregraves qui traduit apregraves deacutebat au sein de la structure et de faccedilon syntheacutetique les paliers agrave franchir pour les diffeacuterentes dimensions de la charte (ce scheacutema constitue le programme de travail ou la feuille de route) et renvoie aux indicateurs de suivi et deacutevaluation (voir un exemple de paliers et dindicateurs pour la dimension de la primauteacute de la personne sur le profit suite agrave des travaux reacutealiseacutes par le groupe dans le cadre drsquoune simulation)
Primauteacute de la personne sur le
profit
Profil cible Profil agrave objectif X mois Profil actuel
Activiteacutes socialement utiles et emplois peacuterennes
Modes drsquoorganisation deacutemocratiques
Coopeacuteration et implication sur le territoire
Reacuted
uctio
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Scheacutema de progregraves - Simulation
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Primauteacute de la personne sur le profit
Palier 1 ndash Renforcer le recours aux produits eacutethiques Palier 2 ndash Intensifier les efforts en matiegravere de reacuteduction de la consommation de fournitures (consommation papier notamment) Palier 3 ndash Favoriser lrsquoanimation le deacuteveloppement des eacutechanges et de la coopeacuteration au sein du reacuteseau des partenaires Palier 4 ndash Deacutevelopper un outil drsquoeacutevaluation des salaires partageacute et valideacute par lrsquoensemble de lrsquoeacutequipe Palier 5 ndash Renforcer les synergies entre la structure et les entreprises priveacutees dans le cadre du village drsquoentreprise Palier 6 ndash Reacuteduire la deacutependance vis-agrave-vis des financement publics accroissement du poids de la coopeacuterative drsquoemplois et deacuteveloppement de la part des prestations exteacuterieures
Indicateur ndash 30 des fournitures sont des produits eacutethiques (papier recycleacute cafeacute eacutequitablehellip) ndash augmentation du budget fournitures de 10 Indicateur ndash reacuteduction de la consommation de papier par tecircte de 10 Indicateur ndash au moins une reacuteunion de chantier par an Indicateur ndash Outil reacutealiseacute partageacute ndash 3 reacuteunions de travail pour la constitution de lrsquooutil Indicateur ndash au moins deux rencontres par an Indicateur ndash augmentation de X de la part de Chiffre drsquoAffaires (CA) reacutealiseacute par la coopeacuterative drsquoemplois ndash part des prestations exteacuterieures repreacutesentant 10 du CA (en volume)
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Etape 4 ndash Une fois les contours de leacutetat des lieux et de la deacutemarche de progregraves eacutetablis un outil de suivi est eacutelaboreacute sous la forme drsquoun tableau de bord Cet outil permet de veiller agrave la progression dans les diffeacuterents axes de progregraves envisageacutes et agrave la confirmation des objectifs dans la dureacutee Lexemple preacutesenteacute ici est proposeacute aux organisations nayant pas doutils propres mais une adaptation des tableaux de bord existants peut ecirctre envisageacute dans dautres cas (voir tableau de bord construit par le groupe de travail dans le cadre drsquoune simulation) Ce tableau de bord permet de mobiliser plusieurs acteurs au sein de la structure pour le suivi des objectifs identifieacutes dans le cadre du scheacutema de progregraves
TABLEAU DE BORD Deacutemarche de progregraves Peacuteriode de suivi de lrsquoindicateur
INDICATEURS
6 mois 12 mois 18 mois (profil intermeacutediaire)
24 mois 30 mois 36 mois (profil cible)
PRIMAUTE DE LA PERSONNE SUR LE PROFIT
Objectif Reacutealiseacute Objectif Reacutealiseacute Objectif Reacutealiseacute Objectif Reacutealiseacute Objectif Reacutealiseacute Objectif Reacutealiseacute
Personnes laquo ressource raquo pour le suivi
des indicateurs
1- Renforcer le recours aux produits eacutethiques
30 des fournitures sont des produits eacutethiques Augmentation du budget fournitures de 10
Atteint Atteint
Veacuterifieacute
Veacuterifieacute Veacuterifieacute
Veacuterifieacute
Veacuterifieacute Veacuterifieacute
Veacuterifieacute
M XXX
responsable des achats
2- Efforts en matiegravere de reacuteduction de la consommation de fournitures (papier notamment)
Reacuteduction de la consommation de papier par tecircte de 10
Atteint
Veacuterifieacute
Veacuterifieacute
Veacuterifieacute
Veacuterifieacute
Veacuterifieacute
3- Favoriser lrsquoanimation le deacuteveloppement des eacutechanges et de la coopeacuteration au sein du reacuteseau des partenaires
Au moins une reacuteunion de chantier par an
Atteint
Veacuterifieacute
Veacuterifieacute
4- Outil drsquoeacutevaluation des salaires partageacute et valideacute par lrsquoensemble de lrsquoeacutequipe
Outil reacutealiseacute et partageacute X reacuteunions de travail pour la constitution de lrsquooutil
Atteint Atteint
5- Renforcer les synergies entre la structure et les entreprises priveacutees dans le cadre du village drsquoentreprises
Au moins deux rencontres par an
Atteint
Veacuterifieacute
La deacutemarche de progregraves en eacuteconomie solidaire initieacutee par lrsquoAPES doit ecirctre veacutecue comme une deacutemarche qualiteacute volontaire qui permet de structurer le projet de lrsquoorganisation concerneacutee (entreprise association collectiviteacute) dans la dureacutee Elle donne la possibiliteacute de se doter drsquoune meacutethodologie et drsquooutils qui permettent de bacirctir un eacutetat des lieux au regard de lrsquoeacuteconomie solidaire et drsquoorganiser une monteacutee en qualiteacute (agrave travers la deacutefinition drsquoun plan drsquoactions) Cette deacutemarche collective vise agrave associer les diffeacuterentes parties prenantes internes et externes de lrsquoorganisation dans lrsquoidentification drsquoeacuteleacutements de diagnostic et drsquoun plan drsquoaction partageacute Crsquoest une deacutemarche qui renforce les liens entre les structures se revendiquant de lrsquoeacuteconomie solidaire au-delagrave de leur diversiteacute dans la mesure ougrave elle contribue agrave creacuteer une culture commune en terme drsquoeacuteconomie solidaire Crsquoest une deacutemarche qui srsquoappuie sur le transfert de meacutethode Lrsquoexpeacuterimentation engageacutee depuis le deacutebut de lrsquoanneacutee 2005 aupregraves de 10 organisations a permis de former un groupe de laquo personnes relais raquo qui pourront agrave leur tour diffuser la deacutemarche aupregraves drsquoautres acteurs du reacuteseau
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PLANIFICATION ET DEVELOPPEMENT (application plus particuliegravere agrave la Tunisie) Luc BOYER1 Directeur de Recherche Universiteacute de Paris Dauphine Expert International
La peacuteriode 2002-2016 sera deacuteterminante pour le deacuteveloppement eacuteconomique et social drsquoun grand nombre de pays eacutemergents (comme la Tunisie) avec comme enjeu de diminuer sensiblement le deacutecalage avec des pays comme ceux faisant partie de la Communauteacute europeacuteenne De faccedilon caricaturale la politique eacuteconomique suivie par ces pays aussi divers que la Chine lrsquoInde certains pays du Sud-Est asiatique quelques pays drsquoAmeacuterique du Sud un ou deux drsquoAfrique noire et les 3 pays de la faccedilade meacutediterraneacuteenne du Maghreb des pays de lrsquoancien bloc sovieacutetiquehellipest sous 3 logiques diffeacuterentes - Ceux mais ils nrsquoexistent pratiquement plus qui entendent conserver une politique eacuteconomique complegravetement dirigeacutee par un centralisme socialiste et bureaucratique -ceux qui choisissent une politique libeacuterale tregraves ouverte avec une intervention de lrsquoeacutetat tregraves faible sur le plan de la reacutegulation eacuteconomique - Ceux enfin qui tout en optant pour une eacuteconomie libeacuterale entendent ndashnotamment par le biais des aides internationales-orienter agrave long terme leur investissement tant mateacuteriel qursquoimmateacuteriel suivant une certaine logique agrave la fois de concertation entre les divers acteurs eacuteconomiques et de cadre planificateur Remarquons qursquoil serait ndashagrave ce jour- erroneacute de vouloir trouver un lien de causaliteacute entre le reacutegime politique et la politique eacuteconomique (un reacutegime fort comme en Chine peut coexister avec une large politique libeacuterale avec toutes les autres situations intermeacutediaires) Focalisons-nous sur ce cas inteacuteressant drsquoun cadre planificateur(long terme) accompagneacute drsquoun reacutegime fort et drsquoune concertation des agents eacuteconomiques(eacutetatentrepriseaide internationale) comme crsquoest le cas en Tunisie Le pari dans les 10 agrave 15 ans ( 2 agrave 3 plans quinquennaux ) agrave venir est multiple essayons lagrave encore au risque de caricaturer drsquoanalyser cette politique eacuteconomique -favoriser la liberteacute drsquoentreprendre et drsquoinvestir en garantissant la paix sociale et une certaine stabiliteacute politique -par ce fait se montrer un allieacute objectif des Etats et entreprises occidentales et attirer les aides et investissements -accepter le controcircle de lrsquoutilisation de ces aides avec la mise en place drsquoindicateurs de mission de controcirclehellip -basculer progressivement toutes les activiteacutes dans le secteur concurrentiel ouvert en proteacutegeant cependant le temps neacutecessaire des activiteacutes sensibles (ex creacuteation drsquoune filiegravere lait ou drsquoune industrie des NTIC) -jouer le plus possible sur la formation professionnelle initiale bien sucircr mais le risque est grand de voir partir les formeacutes dans les pays deacuteveloppeacutes ou continue qui diminue ou supprime ce risque 1 httplucboyerfreefr
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-favoriser ainsi la creacuteation drsquoune classe moyenne gage de deacuteveloppement et de moindre risque social -et enfin ndashsurtout-inscrire lrsquoensemble de ce deacuteveloppement dans un cadre planificateur au niveau de chaque grand ministegravere en totale liaison avec les secteurs ou repreacutesentants des professions Deacuteveloppons ou illustrons ces quelques points La relative faiblesse des ressources naturelles speacutecifiques (mecircme le tourisme doit en grande partie srsquoappuyer autant sur une invention permanente que sur une simple exploitation de sites) rend neacutecessaire de vigoureuses actions politiques et eacuteconomiques pouvant transformer en atouts(dynamique drsquoentreprises) ce qui pourrait apparaicirctre au deacutepart comme des faiblesses Le management des RH accompagnant les investissements demeure en Tunisie comme dans bien drsquoautres NPI un des principaux sinon le principal facteur cleacute de reacuteussite Un pays des structures des entreprises une culture en transition rendant ce management des RH particuliegraverement difficile De lrsquoancien modegravele de deacuteveloppement ex-centreacute des anneacutees 6070 (utilisation des bas coucircts de main drsquoœuvre pour transformer des produits importeacutes vers des consommateurs externes) on est passeacute pour lrsquoessentiel agrave un modegravele auto-centreacute et exportateur (privileacutegier la consommation tunisienne attirer les investissements eacutetrangers eacutequilibrer la balance des paiementshellip) Autrement dit crsquoest agrave partir drsquoune consommation inteacuterieure solide dans tel ou tel secteur qursquoon pourra drsquoautant mieux deacutevelopper les exportations et les coopeacuterations Certes on continuera agrave utiliser-mais nettement moins qursquoavant ndash lrsquoavantage comparatif du coucirct de main drsquoœuvre (imprimerie textile centre drsquoappelhellip) Un tel dispositif suppose un tregraves gros effort en GRH Bien qursquoen progregraves consideacuterable crsquoest encore un des points faibles du dispositif Dans beaucoup de secteurs si les objectifs des plans paraissent difficiles agrave atteindre crsquoest en grande partie parce que lrsquoeacutevolution rapide des meacutetiers des compeacutetences correspondantes des structures et organisations neacutecessaires srsquoavegravere tregraves exigeante en terme de management des hommes
1 Un premier exemple lrsquoartisanat tunisien Lrsquoartisanat tunisien depuis plus de 30 ans a su preacuteserver ses emplois son savoir-faire Son impact eacuteconomique et social est fort avec plus de 10 de la population active et presque le mecircme de postes creacuteeacutes Toutefois une reacuteflexion un peu plus fouilleacutee montre que ce secteur ne participe que pour 4 au PIB tunisien et que lrsquoexportation directe et indirecte reste insuffisante (lrsquoartisanat ne contribue qursquoagrave environ plus de 2 du total des exportations) Il reste agrave combler le retard pris par le revenu et la valeur ajouteacutee de chaque artisan ( revenu de lrsquoordre de 2000 DT en 2000) Dix agrave quinze ans seront neacutecessaires pour creacuteer un artisanat moderne fondeacute sur un ensemble eacuteconomique et social coheacuterent ancreacute sur des valeurs de tradition et de qualiteacutehellip Lrsquoobjectif afficheacute pour 2016 ( en moyenne tripler les performances) ne pourra srsquoobtenir que par une mise agrave niveau du professionnalisme de lrsquoartisan avec une activiteacute bien organiseacutee et mise en valeur La formation initiale et professionnelle sont les veacuteritables moteurs du changement surtout dans le contexte drsquoune population artisanale vieillissante Dans le cadre de la strateacutegie MANFORME il y aura lieu de creacuteer un grand nombre de plate-formes deacutecentraliseacutees de formations un partenariat vigoureux avec le secteur priveacute un deacuteveloppement du concept de compeacutetences lrsquointeacutegration des nouvelles technologieshellip
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Ce progregraves attendu ne pourra ecirctre mis en œuvre sans une organisation un encadrement des structures nationales accompagnant ce vaste mouvement de formation et de mise agrave niveau deacutecentraliseacutee Cet exemple de lrsquoartisanat tunisien illustre assez bien nous semble-t-il cet eacutequilibre difficile agrave eacutetablir entre - Un indispensable gros effort de formation de deacuteveloppement des compeacutetences - Une deacutecentralisation des moyens et de lrsquoaction - Des projets et investissements cibleacutes - Un partenariat actif entre le secteur priveacute et les instances publiques - Un laquo Office National raquo fortement structureacute et pourtant deacutecentraliseacute - Une politique drsquoexportation incitative - Une capaciteacute de mise en valeur des produits artisanaux et de communication autour de
ceux-ci - hellip
2 Les nouveaux meacutetiers application aux NTIC La capaciteacute drsquoun pays comme la Tunisie agrave inteacutegrer des nouveaux meacutetiers des nouvelles technologies est essentielle pour le long terme Classeacutee au 51egrave rang mondial agrave lrsquoaide de lrsquoIndicateur du Deacuteveloppement Technologique (IDT) mis au point par le PNUD la Tunisie se situe devant des pays comme lrsquoAfrique du Sud lrsquoEgypte le Maroc lrsquoAlgeacuteriehellip Ceci est particuliegraverement vrai en informatique teacuteleacutecommunications et agrave moindre titre en audiovisuel la Tunisie a pris un bon deacutemarrage Mais le deacuteveloppement sera difficile agrave maicirctriser au niveau drsquoambition que souhaitent les pouvoirs publics Une premiegravere difficulteacute -presque drsquoordre seacutemantique- concerne le concept mecircme de nouveaux meacutetiers Dans de nombreux cas il apparaicirct en effet que plus que de nouveaux meacutetiers ndash qui supposent lrsquoapparition la reacuteunion de compeacutetences nouvelles- il est plus pertinent de parler de laquo nouvelles logiques professionnelles se deacutefinissant comme de nouvelles combinaisons de connaissances de compeacutetences et de caracteacuteristiques de champs professionnels autrefois consideacutereacutes comme distincts exprimant de nouveaux rapports agrave lrsquoorganisation et au monde du travail raquo (Pichaut FhellipEtude laquo TIC et Meacutetiers en eacutemergence raquo Digitiphellip2000) Le deacuteveloppement des compeacutetences en NTIC passe-t-il par la creacuteation de meacutetiers nouveaux ou par la croissance de connaissances ou savoirs-faire manageacutes en reacuteseau Il semble bien qursquoon ait affaire aux deux situations la 2egrave eacutetant probablement plus freacutequente qursquoon ne lrsquoimagine a priori Cette alternative ndash nouveau meacutetier drsquoune part organisation de compeacutetences deacutejagrave connues drsquoautre part ndash est drsquoune grande importance quant agrave ses conseacutequences en matiegravere de systegraveme de formation et drsquoenseignement En effet srsquoil srsquoagit de maicirctriser des eacutevolutions des connaissances et des adaptations des organisations nous serions conduits agrave privileacutegier la formation professionnelle si au contraire il srsquoagit drsquoacqueacuterir des compeacutetences franchement nouvelles correspondant agrave des nouvelles technologies mises en œuvre la formation initiale devrait ecirctre privileacutegieacutee Les experts du plan ont fixeacute des objectifs eacuteleveacutes (par exemple passer drsquoune part de recettes de 33 du PIB en 2002 agrave 8 en 2006)
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Deacutejagrave pendant les cinq ou dix derniegraveres anneacutees la Tunisie a largement surpasseacute en croissance ndashTIC ndash (environ 15 par an) le deacuteveloppement des pays agrave haut revenu (OCDE 2000) Les sceacutenarios de reacutefeacuterence se situent pour les dix prochaines anneacutees entre 10 et 25 par an (Banque Mondiale 2002) Une liste drsquoindicateurs de progregraves a eacuteteacute retenue Par exemple pour fin 2006 - Peacuteneacutetration drsquoInternet de 10 ( la Tunisie a un certain retard dans ce domaine) - Peacuteneacutetration des ordinateurs personnels de 8 - Teacuteleacutephone mobile 25 - Diminution de 20 des coucircts de transaction - hellip Lrsquoimpact drsquoune telle croissance des NTIC sur lrsquoeacuteconomie tunisienne devrait ecirctre consideacuterable (tregraves difficile agrave estimer avec preacutecision on peut toutefois avancer un delta de croissance du PIB drsquoau moins 1) Quels peuvent ecirctre les obstacles agrave une telle ambition Une fois encore crsquoest au niveau de la gestion des RH que se situera pour une grande part le facteur cleacute de succegraves La Tunisie a un dispositif de formation initiale supeacuterieur (toujours pour les NTIC) reacuteputeacute pour sa qualiteacute et qui fournit un nombre correct drsquoingeacutenieurs Si lrsquoeffort actuel reste agrave amplifier on se rend compte que ce nrsquoest pas agrave ce niveau que se trouve le principal eacutecueil Remarquons toutefois que ces formations initiales supeacuterieures (Bac + 4 bac +5) permettent aux diplocircmeacutes de se preacutesenter bien sucircr sur le marcheacute tunisien mais eacutegalement sur le marcheacute international ougrave leurs qualiteacutes sont tregraves appreacutecieacuteeshellipet les revenus bien meilleurs Il nous semble que le veacuteritable enjeu se trouve dans la capaciteacute qursquoauront les responsables gouvernementaux et laquo Offices Nationaux raquo en plein accord avec les industriels les feacutedeacuterations professionnelles de bacirctir des formations professionnelles qualifiantes pouvant drsquoailleurs deacuteboucher sur des promotions Ces formations avec des peacutedagogies adapteacutees (alternance e-formation hellip) devraient permettre de combler le deacuteficit preacutevisible consideacuterable issu des ambitions des plans Ceci sur au moins deux niveaux diffeacuterents - celui des speacutecialistes relativement limiteacutes en nombre mais indispensables pour les
laquo professionnels raquo des TIC (Teacuteleacutecom Commerce eacutelectronique Fabricants SSIIhellip) ainsi que les speacutecialistes employeacutes dans les grandes entreprises telles banques assurances transports enseignementhellip
- celui des praticiens en bureautique ou informatique de base soit une tregraves large partie de la population active
On retrouve avec un enjeu certes plus important agrave long terme la probleacutematique deacutejagrave deacutecrite pour lrsquoartisanat - action deacutecentraliseacutee - large concertation entre secteur public et secteur priveacute - coordination centrale des moyens des investissements des controcircleshellip - peacutedagogie adapteacutee - hellip Lrsquointeacuterecirct drsquoun tel dispositif qualifiant certes difficile agrave mettre en place est qursquoil fixe sur le sol national dans le tissu eacuteconomique local une population de techniciens de techniciens
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supeacuterieurs de cadres moyens dont les entreprises ont le plus grand besoin et dont le risque drsquoeacutevasion est faible Les mecircmes approches sont ou vont ecirctre appliqueacutees dans des secteurs comme lrsquoactiviteacute strateacutegique de lrsquoEquipement ou eacutegalement celui de lrsquoEnseignement supeacuterieur
3 Et dans les entreprises traditionnelles tunisiennes La situation est tregraves diffeacuterente drsquoune entreprise agrave lrsquoautre Toutefois pour un certain nombre de moyennes ou grandes entreprises traditionnelles tunisiennes (textiles ou agroalimentaires par exemple) entreprises soumises progressivement agrave une vive concurrence venant en particulier de firmes eacutetrangegraveres srsquoimplantant en Tunisie la GRH est souvent un des points les moins bien maicirctriseacutes Lrsquoeffort de reacuteflexion et de mise en place de meacutethodologies de gestion a eacuteteacute parfois insuffisant Parmi les deacuteficits constateacutes on peut relever - peu de deacutefinition de responsabiliteacutes de limites de pouvoirs drsquoougrave une coheacutesion interne
difficile agrave atteindre - les descriptions de postes lorsqursquoelles existent sont plus faites en terme drsquoactiviteacutes qursquoen
reacutesultats agrave atteindre - le concept drsquoobjectifs est rarement deacuteclineacute le plus souvent exprimeacute en terme geacuteneacuteral - une difficile adeacutequation hommespostes due parfois agrave la faible ancienneteacute du personnel - une difficulteacute agrave reacuteguler le travail de groupe les reacuteunions de travail ( ordre du jour
planification compte renduhellip) - peu drsquoindicateurs de processus ou de reacutesultats (une certaine faiblesse du controcircle de
gestion) - les formations ndash geacuteneacuterales ou speacutecifiques- font rarement lrsquoobjet drsquoun plan concerteacute avec
objectifs meacutethodes controcircleshellip - le management par projet reste encore marginal - si lrsquoanalyse des dysfonctionnements RH est souvent correcte les plans drsquoaction
correspondants sont rares ou peu formaliseacutes - le turn over surtout celui des hommes deacutetenant des compeacutetences pointues est
relativement eacuteleveacute - les systegravemes de reacutemuneacuterations sont peu eacutetudieacutes faiblement efficaces inteacutegrant
qursquoexceptionnellement le moyen ou long terme - parfois une forte proportion de personnel occasionnel entraicircne des difficulteacutes
drsquoencadrement ou de motivation - le concept de clientfournisseur internes est peu deacuteveloppeacute avec une communication
interne souvent faiblehellip - hellip Cette situation nrsquoest pas geacuteneacuterale mais quand elle existe elle compromet gravement lrsquoavenir de ces socieacuteteacutes par ailleurs bien implanteacutees dans le tissu eacuteconomique tunisien Certes lrsquoanimation geacuteneacuterale de ces firmes fondeacutee sur une longue histoire partageacutee des liens inter personnels solides une confiance reacuteciproque et des individus de talent pallient au moins en partie ces carences Une nouvelle fois une action planificatrice agrave lrsquoapplication largement deacutecentraliseacutee lrsquoimplication des feacutedeacuterations professionnelles ainsi que celle des entreprises ou des institutions speacutecialiseacutees en deacuteveloppement des ressources humaines des aides gouvernementales cibleacutees demeurent indispensables
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La prise de conscience de la place neacutecessaire de la GRH et de son inteacutegration par des meacutethodes et outils approprieacutes dans lrsquoentreprise traditionnelle tunisienne est neacutecessaire agrave la survie et au deacuteveloppement de celle-ci Le fort deacuteveloppement que la Tunisie a choisi pour les prochaines anneacutees ne manque pas de mettre en eacutevidence les goulots drsquoeacutetranglement agrave commencer par les carences en terme de management et ressources humaines A la diffeacuterence de la plupart des pays fortement deacuteveloppeacutes la reacuteussite de cette politique repose sur le rocircle planificateur de lrsquoEtat aideacute souvent par la communauteacute internationale A charge pour cet Etat pour organiser avec la collaboration la plus eacutetroite des entreprises et de leurs repreacutesentants la monteacutee en puissance des compeacutetences la deacutecentralisation des actions et des moyens Bien que la formation initiale reste le dispositif naturel incontournable fournissant agrave long terme les ressources neacutecessaires la formation professionnelle demeure pour le court et moyen terme la voie privileacutegieacutee drsquoadaptation drsquoeacutevolution et de promotion du personnel Certes le contenu et la faccedilon de deacutelivrer les formations sont des conditions de reacuteussite Ainsi pourra en partie ecirctre assureacute cet eacutequilibre technique eacuteconomique et social permettant le deacuteveloppement souhaiteacute
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LA RESPONSABILITE SOCIALE DrsquoENTREPRISE UN PARADIGME POUR LES PAYS EN TRANSITION Adriana SCHIOPOIU BURLEA1 Professeur agrave lrsquoUniversiteacute de Craiova (Roumanie) Mirela CIOBANU Doctorant en Sciences Economiques lrsquoUniversiteacute de Craiova (Roumanie)
Introduction Le but principal de cet article et de mettre en valeur le paradigme qui existe entre la theacuteorie neacuteo-institutionnaliste et la perception reacuteelle de la responsabiliteacute sociale de lrsquoentreprise dans les pays en transition en particulier en Roumanie La meacutethodologie de la recherche srsquoavegravere complexe et repose sur un dialogue entre la litteacuterature speacutecialiseacutee concernant tant la theacuteorie neacuteo-institutionnaliste que la responsabiliteacute sociale de lrsquoentreprise et la reacutealiteacute du monde de lrsquoentreprise La reacutealiteacute des entreprises roumaines a eacuteteacute appreacutecieacutee par des eacutetudes de cas baseacutees sur des interviews compleacuteteacutees par des entretiens avec les cadres et les salarieacutes La liaison existant entre les organisations et les institutions dans la theacuteorie neacuteo-institutionnaliste Lrsquointerconnexion entre la theacuteorie neacuteo-institutionnaliste et la RSE est mise en eacutevidence par lrsquoanalyse du processus formel drsquoorganisation En effet la rationalisation et la modernisation organisationnelle sont appreacutecieacutees par le prisme de la relation qui existe entre les formes de la reacutealisation de la RSE et les pratiques de la RSE Dans la litteacuterature specialiseacutee plusieurs approches au sein des institutions et des organisations ont eacuteteacute deacuteveloppeacutees notamment par
Une seacuterie drsquoauteurs (Meyer et Rowan 1977 Zucker 1983 Scott 1994) abordent les institutions externes des organisations par rapport aux processus de lrsquoinstitutionalisation dans lrsquoenvironnement organisationnel et leurs effets sur les organisations Drsquoautres speacutecialistes tels que Hasse et Kruumlcken (1999) ou Powel et DiMaggio (1991) considegraverent comme relevante la focalisation drsquoanalyse sur les processus institutionnels qui se deacuteroulent agrave lrsquointeacuterieur de lrsquoorganisation Dans ce contexte les organisations du fait de leurs meacutecanismes internes adaptatifs et autoadaptatifs sont considereacutees comme des institutions
Dans le contexte de la RSE lrsquoorganisation est une entiteacute qui drsquoune part dispose de coutumes usages valeurs regravegles tendances sociologiques et drsquoautre part creacuteeacutee des normes valeurs regravegles et se soumet aux lois formelles et informelles qui influent sur lrsquoenvironnement dans lequel lrsquoorganisation exerce son activiteacute En conseacutequence lrsquoaction de lrsquoorganisation possegravede agrave la base un panel de structures rationaliseacutees des modegraveles et des scheacutemas culturels ndash qui conduisent agrave la deacutefinition drsquoentiteacute sociale Pouvons-nous consideacuterer les organisations comme des entiteacutes sociales ndash avec des objectifs sociaux eacuteconomiques et environnementaux ndash incorporeacutees dans les reacuteseaux complexes des 1 aburlea2000yahooit aburleacentralucvro
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creacuteances des scheacutemas culturels et des conventions qui modegravelent leurs objectifs et leurs pratiques Le reacuteponse est affirmative si nous prenons en consideacuteration le fait que les institutions constituent des perspectives socieacutetales et normatives cognitives et reacutegulatrices ndash qui peuvent geacuteneacuterer directement ou indirectement des effets et qui sont caracteacuteriseacutees par une stabiliteacute relative au changement Du fait de lrsquoimpact de leurs caractegraveres exogegravenes ou endogegravenes les institutions sont utiliseacutees pour expliquer la maniegravere dont sont initieacutees les normes et deacutefinis les rocircles de sorte que les reacutesultats obtenus puissent ecirctre diffeacuterents de ceux des entiteacutes non-institutionnelles Pour analyser la RSE par rapport agrave la theacuteorie neacuteo-institutionnaliste nous avons concentrer notre approche sur la mise en valeur de la connexion organisation-institution (figure no1)
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MILIEU ENVIRONNEMENTAL
Organisation
Code de conduite Regravegles Normes
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n
Leacutegende 1 23 n ndash institutions externes lrsquoinfluence directe avec un caractegravere contraignant ou non lrsquoinfluence indirecte dicteacutee par des objectives de lrsquoorganisation (recherche de profit survie en milieu concurrentiel)
Figure no 1 ndash Lrsquointerdeacutependance des institutions externes - organisations (institutions
internes) Dans un souci drsquohomogeacuteneacuteiteacute nous extrapolerons la terminologie de la notion drsquoorganisation agrave la notion drsquoentreprise (organisation ndash eacutetudieacutee par rapport avec la RSE) Lrsquoanalyse du contexte des moules rationaliseacutes au sein de lrsquoorganisation srsquoavegravere difficile et complexe en particulier pour les entreprises roumaines
Dans la figure no 2 lrsquoisomorphisme nrsquoest pas perccedilu comme eacutetant un instrument de la theacuteorie neacuteo-institutionnaliste mais il est incorporeacute dans laquo lrsquoinstinct de survie raquo de lrsquoentreprise ndash lrsquoeacutechec eacuteventuel sera du en grande partie agrave lrsquoincompreacutehension du meacutecanisme de la reacutealisation drsquoisomorphisme structurel
Deacuteveloppement court terme (Faillite)
Deacuteveloppement durable
Pressionnes institutionelles Internationalles (OCDE OIT ILO ONU)
Practiques de marketing Practiques RSE
Pressionnes institutionelles nationalles (gouvern syndicats ONG
Isomorphisme Organisation B(autochtone)
Organisation A (multinationale)
Figure no 2 - Lrsquoimpact de la pression institutionnelle sur les organisations autochtones
(La Roumanie un ex-pays communiste en voie de deacuteveloppement) Dans mecircme temps la figure numeacutero 2 met en valeur le paradoxe qui existe entre la reacutealiteacute dans les pays en transition et la theacuteorie neacuteo-institutionnaliste
lrsquoentreprise A qui est soumise agrave des pressions agrave la fois en provenance dinstitutions internationales et nationales (roumaines) est mieux placeacutee pour survivre que lentreprise B qui nest soumise quagrave des pressions nationales roumaines la theacuteorie neacuteo-institutionnaliste considegravere que lentreprise qui subit moins de pressions est plus apte agrave survivre mais la reacutealiteacute prouve que la logique de reacuteponse des entreprises aux contraintes de lenvironnement est plus complexe que cette theacuteorie le suppose
Le mode de fonctionnement des meacutecanismes de traduction des contraintes contextuelles sexerce diffeacuteremment dans le cas A et le cas B La diffeacuterence est due au fait que laction humaine nest pas guideacutee par une deacutelibeacuteration consciente mais par des regravegles des routines des normes des croyances qui toutes ensemble caracteacuterisent les institutions En conseacutequence le dirigeant de lrsquoentreprise B est conduit agrave raisonner dans un univers marqueacute par des contraintes irreacuteductibles issues du souvenir de la peacuteriode ex-communiste et en revanche le dirigeant de lrsquoentreprise A est capable de hieacuterarchiser en replaccedilant les contraintes nationales agrave linteacuterieur des contraintes internationales Les deux dirigeants reacuteagissent diffeacuteremment aux voies de la theacuteorie neacuteo-institutionnaliste par lesquelles les contraintes sont exerceacutees Par exemple si nous faisons une analyse des voies par lesquelles les contraintes sont exerceacutees aux niveaux des entreprises A et B nous pouvons affirmeacute que
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le dirigeant de lrsquoentreprise A est sensible agrave une voie contraignante (a cause de la double pression ndash nationale et internationale) une voie normative (les reacuteglementations des institutions internationales et nationales) une voie cognitive (eacutedifieacutee par le processus de transformation de lrsquoideacuteal en discours et
nt de lrsquoentreprise B reacuteagit seulement agrave la voie contraignante qui est une voie oercitive
tude de cas
umaines Le choix de ces deux
feacuterente ndash les
x derniegraveres anneacutees les entreprises doivent enregistrer un profit
Une des entreprises doit avoir ecirctre creacuteeacutee avant 1989 et lrsquoautre entreprise apregraves 1989
appartenant
ionnaires de lrsquoentreprise de mateacuteriaux de construction
ction est
a eacuteteacute realiseacutee tant par la meacutethode de
mple ndash avec
enir
leur caractegravere contraignant ou non sur le comportement responsable de
eacute de connaissances de la probleacutematique de la RSE aux diffeacuterents niveaux de lrsquoentreprise
eacutees agrave la suite de lrsquoeacutetude ont eacuteteacute compleacuteteacutees par des eacuteleacutements
ions avec les deux dirigeants ont permis de preacutesenter les lignes directrices
dans une seconde eacutetape en techniques de controcircle) le dirigeac E Lrsquoeacutetude pratique est reacutealiseacutee dans deux entreprises roentreprises a eacuteteacute eacutelaboreacute sur la base des critegraveres suivants
Les entreprises doivent appartenir agrave deux secteurs drsquoactiviteacute diffeacuterents Lrsquoactionnariat majoritaire des deux entreprises doit avoir une structure difactionnaires autochtones majoritaires ou actionnaires eacutetrangers majoritaires Dans les deudrsquoexploitation
Apregraves lrsquoeacutetablissement des critegraveres preacuteliminaires nous avons choisi les entreprisesrespectivement au secteur du textile et au secteur des mateacuteriaux de construction Nous preacutecisons eacutegalement que le dirigeant de lrsquoentreprise de textiles est aussi le proprieacutetaire de lrsquoentreprise (actionnariat 100 roumain) et le dirigeant de lrsquoentreprise de mateacuteriaux de construction a eacuteteacute recruteacute par les act(actionnaires majoritaires eacutetrangers) Les deux entreprises ont enregistreacute des profits drsquoexploitation sur les deux derniegraveres anneacutees Lentreprise de textile a eacuteteacute creacutee apregraves 1989 et celle de mateacuteriaux de construimplanteacutee de longue date dans la reacutegion (plus de 25 ans drsquoactiviteacute dans ce domaine) La seacutelection des donneacutees et des informationslrsquoobservation directe que par des entretiens Les salarieacutes intervieweacutes ont eacuteteacute choisis de maniegravere aleacuteatoire sur base de la feuille des preacutesences en ne seacutelectionnant pas une certaine cateacutegorie de salarieacutes (par exeplusieurs absences ou avec une certaine ancienneteacute) pour les raisons suivantes
nous avons suivi le gain de confiance des salarieacutes notamment concernant la garantie de confidentialiteacute des informations En effet en cas de doute les salarieacutes pourraient devsuspicieux et le processus de communication souffrir de barriegraveres de communication leacutetude ne constitue pas un mission drsquoaudit social mais il constitue une eacutetude mettant en relief limpact des diffeacuterents eacutetats sociaux (ideacuteaux discours et techniques de controcircle) en fonction de lentreprise lun des objectifs prioritaire de leacutetude est de mesurer le degr
Les conclusions complexes associprovenant de la reacutealiteacute roumaine Les discusssuivantes
Le dirigeant de lrsquoentreprise de mateacuteriaux de construction sous la pression des actionnaires fait des efforts consideacuterables pour bien comprendre le sens de la strateacutegie de
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la RSE tandis que le dirigeant proprieacutetaire nrsquoa aucune connaissance de ce que signifie la strateacutegie de la RSE les deux dirigeants considegraverent que la sponsorisation est suffisante pour diffuser une image positive de lrsquoentreprise2 surtout lorsque lrsquoimpocirct sur le profit est reacuteduit agrave 03 du
dicteacute par les directives des actionnaires guideacutes agrave la fois par la recherche de profit mais eacutegalement par la protection de lrsquoimage internationale de
eacuteteacute les conditions concernant le temps du
et entre les salarieacutes et leurs supeacuterieurs
tion la peur des conseacutequences du changement le chocircmage et lrsquoincertitude du lendemain sont toutefois des eacuteleacutements qui
grave sans que nrsquoexiste un ideacuteal preacuteeacutetabli ndash par inertie ndash ou agrave cause de la
rs que les salarieacutes veulent conserver leur lieu de travail de bonnes
riteacutes le manque de communication dirigeants-salarieacutes
Cette derniegravere remarque met en eacutevidence lrsquoempreinte sur les techniques de controcircle inapproprieacutees soit insuffisantes soit deacuteveloppeacutees agrave outrance
chiffre drsquoaffaires et en conseacutequence il existe aussi des beacuteneacutefices financiers pour lrsquoentreprise le comportement du dirigeant recruteacute par les actionnaires de lrsquoentreprise est responsable seulement en apparence car
lrsquoentreprise multinationale Apregraves la reacutealisation et lrsquoanalyse des entretiens avec les salarieacutes les conclusions suivantes ont
eacutelaboreacutees les salarieacutes des deux entreprises soulignent quetravail et la reacuteglementation des heures suppleacutementaires sont respecteacutees Par ailleurs il nexiste pas de forme notable de discrimination les salarieacutes de lrsquoentreprise de textile soulignent la manque de communication de relations sociales et de participation tandis que les salarieacutes de lrsquoautre entreprise craignent un eacutechec personnel et reconnaissent deux faiblesses majeures Il srsquoagit drsquoune part de lrsquoinexistence drsquoune strateacutegie drsquoensemble prenant en consideacuteration la capaciteacute drsquoadaptation des salarieacutes aux objectifs strateacutegiques de lrsquoentreprise et drsquoautre part de lrsquoexistence de barriegraveres de communication entre les salarieacutes du mecircme niveau Il deacutecoule de cette perception des salarieacutes un manque de confiance agrave la fois dans lrsquoentreprise mecircme et dans leurs dirigeants les salarieacutes des deux entreprises ont deacutejagrave entendu le terme de la RSE mais ils preacutesentent des ldquoavisrdquo divergents sur ce sujet ndash Chacun se sent responsable sur son lieu de travail mais les difficulteacutes rencontreacutees durant la peacuteriode de transi
engendrent des barriegraveres psychologiques pour les salarieacutes Une autre conclusion de lrsquoeacutetude crsquoest que on passe au discours sans bien comprendre lrsquoideacuteal ou mecircme plus pression externe des actionnaires eacutetrangers (le cas de lrsquoentreprise de mateacuteriaux de construction) Ces derniers ne peuvent pas concevoir que en reacutealiteacute le dirigeant et les salarieacutes ont des objectifs diffeacuterents et rarement convergents En effet le dirigeant recherche la reacutealisation de profit pour contenter les actionnaires et pour garder sa fonction aloconditions de travail et la reacutealisation quantitative des produits sans vraiment se preacuteoccuper de la qualiteacute des produits Ce comportement est une autre conseacutequence de la peacuteriode communiste pendant laquelle existait la crainte de signaler les irreacuteguladrsquoune part et dirigeants-actionnaires drsquoautre part et le statut diffeacuterent du dirigeant tel que dirigeant employeacute ou dirigeant-patron
2 La sponsorisation repreacutesente une meacutethode classique qui pourrait apporter plusieurs avantages aux les entreprises roumaines
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Isomorphisme structurel roumain et image des nouvelles institutions internationales de la RSE Les eacutetudes reacutealiseacutees dans les entreprises roumaines nous permettent drsquoaffirmer que le degreacute drsquoisomorphisme structurel est plus grand dans les entreprises roumaines speacutecialement lrsquoisomorphisme mimeacutetique3 car les scheacutemas culturels et les conventions qui modegravelent lrsquoactiviteacute sont fortement marqueacutes par la peacuteriode communiste Degraves lors dans les entreprises roumaines et speacutecialement dans celles du secteur public lrsquoisomorphisme structurel est consideacutereacute comme un aspect de la bureaucratisation des processus4 En particulier nos entretiens avec les dirigeants ont mis en eacutevidence le fait que les entreprises roumaines perccediloivent la RSE comme un instrument du marketing porteur de profit et non comme un ensemble de strateacutegies ayant des implications eacuteconomiques sociales et environnementales pouvant apporter des beacuteneacutefices agrave la socieacuteteacute roumaine toute entiegravere Une question se pose logiquement Pour quelles raisons les entreprises roumaines ne veulent pas adopter et utiliser un ensemble efficient de discours et de techniques de controcircle dans le domaine de la RSE offert par des organismes internationaux ou par des pays deacuteveloppeacutes Le reacuteponse peut donner naissance a plusieurs speacuteculations Mais la situation reacuteelle deacutemontre que les nouvelles institutions de la RSE ne sont pas tregraves connues en Roumanie et de plus les ideacutees ne sont pas suivies de moyens efficaces pour les repreacutesenter ou pour communiquer avec elles (discours) En conseacutequence les techniques de controcircle ne rendent pas possible lrsquoeacutenonciation des relations constitueacutees par des discours Les processus et les standards utiliseacutes dans une entreprise concernent les politiques de la responsabiliteacute sociale le rapport de lrsquoimplication sociale des salarieacutes lrsquoentrepreneuriat social les nouvelles formes organisationnelles et les codes de conduite Le reacuteponse est plus ou moins simple parce que les nouvelles institutions dans le domaine de la responsabiliteacute sociale drsquoentreprise ne le sont pas familiers mecircme en plus les ideacutees ne sont pas accompagneacutes de moyens efficientes pour le repreacutesenter et pour communiquer avec eux (discours) En conseacutequence les techniques de controcircle ne font plus possible lrsquoexpression des relations qui sont reacutealiseacutes par discours Les entreprises roumaines ne disposant pas des chartes eacutethiques ou ne remplissant pas les critegraveres requis pour reacutediger un rapport de Deacuteveloppement Durable nrsquoont pas deacutefini leur propre reacutefeacuterentiel de RSE Les codes sectoriels disponibles sappuient sur des reacutefeacuterentiels internationaux et sont en geacuteneacuteral preacutesents dans les filiales des socieacuteteacutes multinationales5 En Roumanie lrsquoEacutetat nrsquoa pas les outils performants pour promouvoir la RSE et les entreprises roumaines ne peuvent pas reacutealiser une auto-reacuteglementation par le biais des codes de conduite 3 Lrsquoisomorphisme mimeacutetique est un processus par lequel lrsquoentreprise srsquoadapte a un environnement incertain marqueacute par un haut niveau drsquoincertitude par lrsquoimitation du comportement des entreprises perccedilues comme ayant du succegraves 4 LE MONITEUR OFFICIEL (2004) ldquoLoi no 72004 concernant le Code de conduite pour les fonctionnaires publicsrdquo ndeg157 23 feacutevrier 2004 - Ce code ne porte que sur la bureaucratie et la corruption dans lrsquoadministration publique sans eacutenoncer un ensemble de normes fondamentales du travail 5 A lrsquooccasion drsquoun audit RSE reacutealiseacute par des auditeurs internationaux au sein drsquoune entreprise roumaine du textile il a eacuteteacute constateacute que le code de conduite en vigueur eacutetait lrsquoEURATEX Ce dernier a eacuteteacute eacutelaboreacute au niveau du secteur drsquoactiviteacute europeacuteen du textile (EURATEX) traitant du travail des enfants du travail forceacute des droits syndicaux et du principe de non-discrimination sur le lieu de travail (laquoCharte des partenaires sociaux dans le secteur du textile et de lrsquohabillement europeacuteenraquo 10 juillet 1997 httpeuropaeuintcommemployment_socialsoc-dialsocialeuro_agrdatafr970710doc)
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Les entreprises peuvent prendre des initiatives pour augmenter leur niveau de responsabiliteacute sociale sans que les gouvernements aient neacutecessairement besoin de leacutegifeacuterer Les ONG peuvent aussi recourir agrave des pressions par exemple des campagnes deacutenonccedilant certaines pratiques sociales des boycotts6 ou des menaces de boycott7 En Roumanie la voix de la socieacuteteacute civile et des meacutedias de masse commence agrave ecirctre entendue par des institutions nationales et par le gouvernement Conclusion 15 anneacutees se sont eacutecouleacutees depuis la chute du reacutegime communiste en Roumanie mais les difficulteacutes lieacutees agrave la manifestation du comportement social responsable des entreprises persistent encore mecircme si elles se sont atteacutenueacutees Le deacuteveloppement des pratiques de la RSE srsquoavegravere lent et progressif et les rapports non financiers restent sporadiques et quelques fois inconsistants Actuellement lors des eacutechanges internationaux pour la mise en valeur du concept de Responsabiliteacute Sociale drsquoEntreprise (RSE) les entreprises roumaines doivent prendre en consideacuteration la responsabiliteacute sociale de maniegravere de plus en plus formelle et adapter les discours internationaux aux besoins nationaux Les meacutecanismes par lesquels les ideacuteaux de la RSE sont transformeacutes dans les discours et les techniques de controcircle sont encore rudimentaires et fonctionnent sous la pression drsquoune inertie internationale obligeant les entreprises roumaines agrave faire face aux contraintes internationales Afin de mettre en valeur les beacuteneacutefices de la responsabiliteacute sociale de lrsquoentreprise la Roumanie doit parcourir une seacuterie drsquoeacutetapes preacuteliminaires
la mise en place du cadre reacuteglementaire ou leacutegislatif adeacutequat afin de deacutefinir une base eacutequitable agrave partir de laquelle les pratiques socialement responsables peuvent ecirctre deacuteveloppeacutees notamment sous la forme drsquoun veacuteritable accompagnement en matiegravere drsquoassistance technique et drsquoun transfert drsquooutils et de meacutethodes de RSE la conscientisation des pouvoirs publics et des entreprises sur lrsquoindispensable promotion des concepts de la responsabiliteacute sociale drsquoentreprise la mise en place de centres pilotes pour la formation de speacutecialistes dans le domaine de la responsabiliteacute sociale drsquoentreprise la configuration drsquoune nouvelle relation entre lEtat les organisations locales de travailleurs et les entreprises un souci permanent de coheacuterence entre les strateacutegies deacutefinies au niveau national et le cadre de reacutefeacuterence deacutefini au niveau international
Au niveau micro-eacuteconomique de multiples initiatives sont lanceacutees afin drsquoinciter les entreprises agrave se doter drsquoun code de conduite et de valoriser leurs reacutesultats au moyen de labels sociaux La fiabiliteacute et la coheacuterence de ces eacutevaluations sont cependant encore loin decirctre assureacutees
6 Les ONG roumaines ndash SalvEco lrsquoAcadeacutemie Roumaine - ont recours aux boycotts concernant le projet laquo Rosia Montana raquo - httpdaciigoromaterialealtelepaginiproiectul_rosia_montanahtm http wwwmindbombro 7 La socieacuteteacute civile mass media ndash ont boycotteacute le projet laquo Chanel Bistroe raquo dans le Delta du Danube patrimoine UNESCO - httpwww2dw-worldderomaniancorespondente1993111html
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LrsquoAUDIT DE LA CREATION DE VALEUR ORGANISATIONNELLE CONCEPT ET ETUDE DE CAS Laurent CAPPELLETTI1 Maicirctre de Confeacuterences en Sciences de Gestion ndash ISEOR (Universiteacute Lyon 3)
Reacutesumeacute Cette communication preacutesente une meacutethode drsquoaudit de la creacuteation de valeur organisationnelle drsquoune entreprise Lrsquohypothegravese centrale qui est deacuteveloppeacutee est que le couplage drsquoun diagnostic socio-eacuteconomique et drsquoune eacutevaluation socio-eacuteconomique que nous appelons audit drsquoactiviteacute permet drsquoauditer et de mesurer la creacuteation de valeur organisationnelle dune entreprise Mots cleacutes valeur creacuteation de valeur valeur organisationnelle valeur eacuteconomique valeur financiegravere audit diagnostic et eacutevaluation socio-eacuteconomique Abstract This article is focused on a model of an organizational value auditing process It aims at showing that a process made of a socio-economic diagnosis and a socio-economic evaluation allows to measure the organizational value creation of a firm Activity-based auditing process is the name given to this process Keywords value value creation organizational value economic value financial value auditing process diagnosis and socio-economic evaluation Introduction Lrsquoobjet de cette communication est de proposer un processus drsquoaudit capable de mesurer qualitativement et quantitativement la creacuteation de valeur organisationnelle drsquoune entreprise Lrsquohypothegravese centrale deacuteveloppeacutee est que la valeur organisationnelle deacutefinie par la qualiteacute du management et du fonctionnement peut ecirctre auditeacutee par un processus drsquoaudit drsquoactiviteacute Le processus drsquoaudit drsquoactiviteacute preacutesenteacute repose sur le modegravele socio-eacuteconomique du fonctionnement drsquoune entreprise Ce processus consiste dans un premier temps agrave eacutevaluer les dysfonctionnements qui nuisent agrave la qualiteacute du management et du fonctionnement dans les six thegravemes suivants conditions de travail organisation du travail communication formation gestion du temps et mise en œuvre strateacutegique Dans un deuxiegraveme temps ce processus consiste agrave eacutevaluer la variation des dysfonctionnements Une diminution des dysfonctionnements et des coucircts induits traduit une creacuteation de valeur organisationnelle Le processus drsquoaudit drsquoactiviteacute preacutesenteacute transcende le champ de lrsquoaudit social et se positionne dans le champ de lrsquoaudit drsquoanticipation Lrsquointeacuterecirct de cette communication est de montrer qursquoen creacuteant de la valeur organisationnelle crsquoest-agrave-dire en ameacuteliorant la qualiteacute de son management et de son fonctionnement une entreprise preacutepare des ameacuteliorations de performances socio-eacuteconomiques futures 1 ISEOR ndash Universiteacute Jean Moulin ndash Lyon 3 15 Chemin du Petit Bois 69130 ECULLY E-mail cappellettiiseorcom Teacutel 0478330966
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1 Lrsquoaudit de la creacuteation de valeur organisationnelle cadre theacuteorique Diffeacuterents auteurs ont proposeacute une eacutetude du concept de valeur organisationnelle Cette derniegravere conduit agrave lrsquoexamen des problegravemes sous lrsquoangle interne de la hieacuterarchie de la coordination de la motivation des acteurs des capaciteacutes et processus drsquoapprentissage de structure de frontiegravere drsquoentiteacute voire de leacutegitimiteacute La question de la creacuteation de valeur est traiteacutee par les auteurs de ce paradigme de la valeur organisationnelle au moyen des processus organisationnels des problegravemes lieacutes agrave la prise de deacutecision (Hoarau et Teller 2001) La capaciteacute agrave creacuteer de la valeur organisationnelle pour lrsquoentreprise reacuteside dans sa capaciteacute agrave reacuteduire ses coucircts de fonctionnement La valeur repose alors sur une compeacutetence organisationnelle crsquoest-agrave-dire une disposition agrave geacuterer et organiser (Van Loye 1998) Drsquoapregraves la theacuteorie des coucircts de transaction (Coase 1937 Williamson 1975) lrsquoentreprise doit chercher agrave minimiser ses coucircts de transaction et ses coucircts drsquoorganisation La valeur organisationnelle que nous deacutefinissons ici comme la qualiteacute du management et du fonctionnement de lrsquoentreprise peut ecirctre mise en relation avec drsquoautres approches conceptuelles qui srsquointeacuteressent aussi agrave la valeur organisationnelle On peut ainsi citer les travaux drsquoauteurs sueacutedois qui ont eacutetudieacute le capital immateacuteriel Edvinsson (1999) considegravere que ce dernier comprend deux composantes le capital humain et le capital structurel celui-ci eacutetant lui-mecircme composeacute du capital clients et du capital organisationnel lequel se scinde en deux composantes le capital drsquoinnovation et le capital des process Pour Sveiby (2000) la partie invisible du bilan drsquoune entreprise est composeacutee de trois cateacutegories drsquoactifs immateacuteriels ou incorporels les compeacutetences des collaborateurs (leur capaciteacute agrave agir quelle que soit la situation) la composante interne (brevets concepts modes de fonctionnement organisation administrative et informatique culture drsquoentreprise ambiance) et la composante externe (relations avec les clients et les fournisseurs reacuteputation de la socieacuteteacute) Edvinsson et Sveiby proposent des indicateurs pour construire des tableaux de bord strateacutegiques (par exemple navigateur de Skandia) Sur ces questions le courant de la theacuteorie des ressources stipule que les employeacutes drsquoune entreprise constituent un avantage compeacutetitif difficile agrave dupliquer pour la concurrence (Decock Good et Georges 2003) Cette theacuteorie a surtout eacuteteacute stimuleacutee par lrsquoapparition dans le champ de la strateacutegie de la theacuteorie des ressources internes populariseacutee par Hamel et Prahalad (1990 1993) Ces auteurs montrent que les employeacutes et la faccedilon dont ils sont geacutereacutes jouent un rocircle capital dans le succegraves des organisations et constituent une source drsquoavantage strateacutegique durable Pour Huselid Jackson et Schuler (1997) la theacuteorie des ressources contribue fortement agrave la construction de lrsquoavantage concurrentiel Pour Wright Mac Mahan et Mac Williams (1994) les ressources humaines preacutesentent potentiellement tous les attributs caracteacuteristiques drsquoune ressource cleacute selon les canons theacuteoriques de la theacuteorie des ressources elles sont rares creacuteent de la valeur et sont imparfaitement imitables et difficilement substituables Pour Kofman et Senge (1993) la vitesse agrave laquelle les organisations apprennent (sous-entendu plus vite que les firmes rivales) serait ainsi la seule source drsquoavantage concurrentiel durable Beer et Nohria (2000) deacuteveloppent quant agrave eux une conception organisationnelle du changement appeleacutee laquo theacuteorie O raquo fondeacutee sur le renforcement des compeacutetences et sur lrsquoapprentissage organisationnel Ils opposent cette conception agrave une conception eacuteconomique du changement appeleacutee laquo Theacuteorie E raquo fondeacutee sur la recherche immeacutediate de creacuteation de valeur pour lrsquoactionnaire qui ne laisse pas le temps agrave lrsquoentreprise de deacutevelopper des compeacutetences speacutecifiques Amit et Shoemaker (1993) ont montreacute en effet que le deacuteveloppement de compeacutetences speacutecifiques dans une entreprise eacutetait le reacutesultat drsquoune expeacuterience assez longue agrave acqueacuterir
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Les courants theacuteoriques que nous venons drsquoexposer deacutemontrent le caractegravere preacutepondeacuterant et deacutecisif de lrsquoorganisation drsquoune entreprise et de la gestion des ressources humaines dans le processus de creacuteation de valeur Or si les meacutethodes drsquoaudit de la creacuteation de valeur financiegravere (ou eacuteconomique) sont nombreuses elles occultent les pheacutenomegravenes organisationnels agrave lrsquoœuvre dans lrsquoentreprise (Cappelletti et Khouatra 2004) (Cappelletti 2005) La diversiteacute de ces meacutethodes et leur importance croissante aussi bien dans la litteacuterature en finance drsquoentreprise et que dans les pratiques des grandes entreprises srsquoinscrivent dans un contexte de financiarisation ou de la preacutedominance de la valeur financiegravere Le Chartered of Management Accountants (CMA 1997) classe les mesures de la creacuteation de valeur financiegravere en trois cateacutegories
- celles qui nrsquoutilisent que des donneacutees comptables eacuteventuellement corrigeacutees associeacutees agrave un coucirct du capital ce sont des mesures internes de la creacuteation de valeur
- celles qui nrsquoutilisent que des donneacutees de marcheacute et qui reflegravetent la creacuteation de richesse
- celles qui meacutelangent donneacutees comptables et valeurs de marcheacute et qui relient creacuteation de valeur et creacuteation de richesse
Quelles qursquoelles soient ces meacutethodes sont centreacutees directement ou indirectement sur les informations comptables et financiegraveres produites par les marcheacutes et les systegravemes drsquoinformations comptables Cela peut srsquoexpliquer par la preacutedominance encore tregraves forte de la modeacutelisation du fonctionnement de lrsquoentreprise sous le seul angle de la performance financiegravere Afin de proposer une meacutethode drsquoaudit de creacuteation de valeur organisationnelle nous avons pris lrsquoexemple de lrsquoanalyse socio-eacuteconomique Cette derniegravere srsquoinscrit en effet dans un paradigme heacuteteacuterodoxe en rupture avec les modegraveles classiques et qui donne une repreacutesentation de lrsquoentreprise plus adapteacutee agrave notre objet
2 Preacutesentation du modegravele socio-eacuteconomique de mesure de la creacuteation de valeur organisationnelle
Le modegravele drsquoanalyse socio-eacuteconomique des organisations (Savall 1974 1975) et sa meacutethode de diagnostic et drsquoeacutevaluation (Savall 1978 Savall et Zardet 1987) fondeacutee sur une eacutetude de lrsquoactiviteacute dysfonctionnelle proposent une mesure socio-eacuteconomique de la qualiteacute du management et du fonctionnement drsquoune entreprise Si on pose lrsquohypothegravese que la creacuteation de valeur organisationnelle correspond agrave une ameacutelioration de la qualiteacute du management et du fonctionnement drsquoune entreprise (Van Loye 1998) (Kaplan et Norton 1998) le modegravele drsquoanalyse socio-eacuteconomique constitue une approche possible de mesure de la creacuteation de valeur organisationnelle Le modegravele drsquoanalyse socio-eacuteconomique rapproche lrsquoactiviteacute drsquoune organisation agrave lrsquoeacutequilibration drsquoune uniteacute active (Perroux 1974) Lrsquoeacutequilibration correspond agrave la coordination des reacutegulations pour reacutealiser un objectif individuel ou collectif ce qui suppose lrsquoexistence drsquoun projet et drsquoun consensus opeacuteratoire (lorsque lrsquoobjectif est collectif) La reacutegulation est une action sous lrsquoinfluence drsquoune information reacutefeacutereacutee au court terme alors que lrsquoeacutequilibration est un ensemble drsquoactions coordonneacutees sous lrsquoinfluence drsquoun projet qui appelle non une information quelconque en retour suffisante pour qursquoil y ait reacutegulation mais une information transparente du champ des possibles Lrsquoeacutequilibration agrave la diffeacuterence de la reacutegulation nrsquoest donc pas un pheacutenomegravene meacutecanique et passif mais un pheacutenomegravene actif Pour appreacutecier la performance de lrsquoactiviteacute ainsi deacutefinie une meacutethode socio-eacuteconomique de calcul des coucircts cacheacutes est proposeacutee Cette meacutethode se fonde sur la notion de fonctionnement
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attendu ou orthofonctionnement qui fait office de norme de reacutefeacuterence dans le calcul La notion drsquoorthofonctionnement devient alors le reacutefeacuterentiel fondamental pour ce calcul Lrsquoentreprise peut ecirctre analyseacutee par rapport agrave cette norme de fonctionnement qui permet de reacutealiser les objectifs de lrsquoorganisation en tenant compte des contraintes sociales La variable fondamentale de cette analyse devient donc lrsquoactiviteacute dysfonctionnelle ou dysfonctionnement Les indicateurs de dysfonctionnements en tant qursquoeacutecarts constateacutes et reacuteveacuteleacutes par les acteurs drsquoentreprise par rapport au fonctionnement attendu sont des variables de synthegravese qui reacutevegravelent un eacutetat de lrsquoefficience sociale de lrsquoorganisation soit un eacutetat de la qualiteacute de son management Lrsquoun des points inteacuteressants de cette meacutethode est qursquoelle se centre sur la mesure financiegravere des dysfonctionnements obtenue par le calcul socio-eacuteconomique des coucircts cacheacutes Le diagnostic socio-eacuteconomique est un processus construit pour mesurer eacuteconomiquement la qualiteacute du management et du fonctionnement drsquoune entreprise (ou efficience sociale de lrsquoorganisation) Il permet eacutegalement de mesurer cette qualiteacute par lrsquoeacutevaluation des coucircts-performances cacheacutes Cette eacutevaluation est avant tout une meacutethode de diagnostic inteacutegreacutee sociale et eacuteconomique de lrsquoentreprise les coucircts cacheacutes eacutetant agrave la fois un indicateur de lrsquoinefficience totale et de plasticiteacute potentielle du systegraveme structures-comportements Leur eacutevaluation par un diagnostic est une eacutevaluation de lrsquoordre de grandeur de la marge de manœuvre des acteurs en preacutesence dans lrsquoactiviteacute drsquoentreprise Les coucircts cacheacutes sont la traduction moneacutetaire des activiteacutes de reacutegulation des dysfonctionnements (Savall 1975) Afin de les appreacutecier dans un premier temps qualitativement les dysfonctionnements eacuteleacutementaires sont regroupeacutes en cinq indicateurs composant le module social du diagnostic socio-eacuteconomique qui figure lrsquoensemble des causes racines des dysfonctionnements deacutetecteacutes absenteacuteisme accidents du travail rotation du personnel deacutefauts de qualiteacute eacutecarts de productiviteacute directe Les dysfonctionnements reacuteveacuteleacutes par les acteurs srsquoinscrivent dans six domaines qui modeacutelisent le management et le fonctionnement drsquoune entreprise et qui composent le module organisationnel du diagnostic organisation du travail conditions de travail gestion du temps Communication-Coordination-Concertation (3C) formation inteacutegreacutee mise en œuvre strateacutegique Pour remeacutedier aux dysfonctionnements lrsquoentreprise met en place des activiteacutes de reacutegulation coucircteuses en temps et matiegravere ou en produits et services non rendus (non-production) Le coucirct de lrsquoensemble des dysfonctionnements est eacutegal agrave la somme du coucirct historique des surconsommations de temps et matiegravere et des coucircts drsquoopportuniteacute (manque agrave gagner ducirc aux non-productions) Lrsquoensemble constitue un potentiel drsquoameacutelioration de la performance eacuteconomique globale en partie cacheacute dans le systegraveme drsquoinformation comptable classique crsquoest-agrave-dire non deacutenommeacute non mesureacute et non surveilleacute Les coucircts cacheacutes sont calculeacutes en utilisant six composants qui forment le module financier du diagnostic sursalaire surtemps surconsommation non-production non-creacuteation de potentiel risques Le deacuteroulement du diagnostic consiste concregravetement agrave eacutecouter les acteurs drsquoune activiteacute pour reacuteveacuteler les dysfonctionnements qui les perturbent Pour chaque dysfonctionnement exprimeacute il convient drsquoimputer celui-ci dans un des six domaines du module organisationnel Les causes racines de ces dysfonctionnements sont agrave chercher dans un des cinq indicateurs du module social qui modeacutelisent les variables explicatives de la qualiteacute du fonctionnement Les impacts eacuteconomiques de ces dysfonctionnements eacutevalueacutes agrave travers le coucirct de leur reacutegulation prennent place dans les six composants de coucircts (dans le module financier)
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3 Lrsquoaudit de la creacuteation de valeur organisationnelle eacutetude de cas Pour valider la creacuteation de valeur organisationnelle dans une entreprise et la mesurer en termes qualitatif quantitatif et financier il convient apregraves un intervalle de temps suffisant (agrave la mise en œuvre drsquoactions drsquoameacutelioration) de faire une eacutevaluation socio-eacuteconomique Lrsquoeacutevaluation socio-eacuteconomique consiste agrave repartir des reacutesultats trouveacutes dans les trois modules du diagnostic socio-eacuteconomique pour deacuteterminer les dysfonctionnements reacuteduits (dans les six domaines qui modeacutelisent la qualiteacute du fonctionnement) pour deacuteterminer les variables actionneacutees pour assurer cette reacuteduction (en eacutetudiant les cinq variables explicatives de la qualiteacute du fonctionnement drsquoune entreprise) et enfin de mesurer lrsquoimpact eacuteconomique de ces progregraves drsquoorganisation par la reacuteduction des coucircts cacheacutes engendreacutee Crsquoest ce processus diagnostic-eacutevaluation que nous appellerons audit drsquoactiviteacute Pour exposer les principes de lrsquoaudit de la creacuteation de valeur organisationnelle nous preacutesentons une eacutetude de cas qui consiste en une recherche-intervention conduite durant un an dans une entreprise du secteur de la gestion de patrimoine de 55 personnes La probleacutematique de cette recherche-intervention qui srsquoinscrivait dans le cadre drsquoune vaste recherche-intervention conduite aupregraves de 80 PME drsquoune grande reacutegion franccedilaise (Savall Zardet Cappelletti Beck Noguera Ocler 1999-2002) eacutetait drsquoimplanter dans cette entreprise un systegraveme de management permettant une ameacutelioration continue de la qualiteacute du management et du fonctionnement et proposant une mesure de ces ameacuteliorations Nous avons choisi drsquoeacutetayer nos propos par lrsquoexemple de cette entreprise en raison de sa taille qui en fait une entreprise relativement repreacutesentative drsquoune PME franccedilaise du secteur des services La reacutealisation du diagnostic srsquoest faite agrave travers des entretiens avec la direction de cette entreprise ainsi que des entretiens collectifs avec lrsquoensemble du personnel Les dysfonctionnements repeacutereacutes ont eacuteteacute eacutevalueacutes eacuteconomiquement Lrsquoensemble du diagnostic a eacuteteacute preacutesenteacute agrave la direction de lrsquoentreprise et agrave son personnel lors drsquoun dispositif appeleacute effet-miroir Ce dispositif permet de valider avec les acteurs de lrsquoentreprise les dysfonctionnements repeacutereacutes et les coucircts cacheacutes calculeacutes Lrsquoimpact eacuteconomique des dysfonctionnements a eacuteteacute estimeacute agrave 350 000 euro par an soit environ 6 500 euro par personne et par an Ce montant est composeacute principalement dans le cas de cette entreprise par des temps perdus et des temps suppleacutementaires passeacutes agrave reacuteguler des dysfonctionnements Ces dysfonctionnements sont organisationnels il srsquoagit par exemple des perturbations lieacutees agrave la veacutetusteacute du mateacuteriel informatique aux deacutefaillances des systegravemes de rangement agrave la mauvaise prise en charge de la relation avec les clients Les dysfonctionnements sont repeacutereacutes par thegraveme et leur preacutesentation eacuteclaire les causes sur lesquelles il faudra agir pour les reacuteduire Les impacts eacuteconomiques de ces dysfonctionnements sont eacutegalement repeacutereacutes ce qui permettra de mesurer eacuteconomiquement les progregraves organisationnels accomplis (srsquoils se produisent) en calculant la reacuteduction des coucircts cacheacutes Lrsquoeacutevaluation a eacuteteacute reacutealiseacutee apregraves huit mois de recherche-intervention Pendant cette peacuteriode la recherche-intervention a consisteacute agrave assister lrsquoentreprise dans la mise en place drsquoun systegraveme de management et de mesure pour reacuteduire les dysfonctionnements de faccedilon permanente Les reacutesultats de lrsquoeacutevaluation reacutealiseacutee dans lrsquoentreprise du secteur de la gestion de patrimoine sont preacutesenteacutes dans le tableau 1 Pour reacutesumer lrsquoeacutevaluation socio-eacuteconomique consiste en un diagnostic agrave rebours La direction et le personnel sont eacutecouteacutes agrave travers des entretiens pour deacutefinir les dysfonctionnements (repeacutereacutes lors du diagnostic) qui ont eacuteteacute reacuteduits et veacuterifier si de nouveaux dysfonctionnements coucircteux ne sont pas apparus annulant en quelque sorte les progregraves reacutealiseacutes Ces entretiens permettent de calculer lrsquoimpact eacuteconomique de ces reacuteductions et de mesurer la reacuteduction des coucircts-cacheacutes induite Lrsquoeacutevaluation comme le diagnostic fait
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lrsquoobjet drsquoun effet-miroir aupregraves des acteurs de lrsquoentreprise pour valider la coheacuterence des reacutesultats Tableau 1 reacutesultats des mesures de la creacuteation de valeur organisationnelle dans une entreprise du secteur de la gestion de patrimoine (ISEOR 1999-2002)
EFFETS POSITIFS IMPACT ECONOMIQUES
Meilleures conditions de travail grande salle des dacteurs reacute
- 2 000 euro
Maintenance du mateacuteriel de bureau (imprimantes et mobilier)
Toilettage du systegraveme de rangement (stockage des archives sur CD ROM)
- 12 000 euro
Maintenance du petit mateacuteriel teacuteleacutephonehellip - 30 000 euro
CONDITIONS DE TRAVAIL
Ameacuteliorations informatiques - 750 euro Meilleures liaisons entre le siegravege et le site (eacutechange drsquoinformation)
- 1 000 euro
Meilleur suivi des clients et des dossiers (qui fait quoi ) chaicircne des dossiers
- 30 000 euro
Meilleure communication sur la laquo Qualiteacute-client raquo attendue
-
Meilleure gestion du temps et gestion des deacutelais annonceacutes aux clients
-
ORGANISATION DU TRAVAIL ET COMMUNICATION
Creacuteation de dispositifs de reacuteunion et de transmission des informations
- 1 000 euro
GAINS TOTAUX ANNUELS - 77 000 euro soit 2 Keuro par pers et par an
Les ameacuteliorations de la qualiteacute du management et du fonctionnement eacutevalueacutees dans lrsquoeacutetude de cas ont eacuteteacute reacutealiseacutees agrave travers des actions drsquoameacutelioration organisationnelle en termes de conditions de travail et drsquoorganisation du travail-communication Nous preacutesentons une synthegravese de ces ameacuteliorations dans le tableau 2 Tableau 2 Actions contribuant agrave la creacuteation de valeur organisationnelle dans une entreprise du secteur de la gestion de patrimoine (ISEOR 1999-2002) CONDITIONS DE TRAVAIL ORGANISATION DU TRAVAIL ET COMMUNICATION-COORDINATION-CONCERTATION (3C)
Organisation drsquoune enquecircte interne aupregraves du personnel pour eacutevaluer les besoins mateacuteriels (bureaux postes informatiqueshellip) Reacutevision de la gestion du teacuteleacutephone achat de teacuteleacutephones mobiles par services Organisation par secteurs drsquoactiviteacute (comptabiliteacute dons location recrutementhellip) un responsable a eacuteteacute affecteacute sur chaque secteur en charge de reacutealiser tous les ans un diagnostic du secteur puis proposer et mettre en œuvre des actions drsquoameacutelioration Reacutenovation drsquoune salle de reacuteunion agrave usage interne et externe notamment pour accueillir des groupes Formalisation drsquoune chaicircne des dossiers deacutefinition des tacircches agrave accomplir lors de la reacutealisation drsquoun dossier et des fonctions qui srsquoy rattachent
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Organisation drsquoune reacuteunion trimestrielle entre les associeacutes et les deacuteleacutegueacutes du personnel Reacutealisation et mise en œuvre de plans drsquoactions semestriels axeacutes sur des ameacuteliorations internes (par exemple la formalisation de la chaicircne des dossiers) et des ameacuteliorations externes (par exemple le deacuteveloppement du droit de la famille)
En synthegravese lrsquoeacutetude de cas montre que lrsquoeacutevaluation permet de dire si lrsquoentreprise a gagneacute en efficience organisationnelle nette entre la date de reacutealisation du diagnostic et la date de reacutealisation de lrsquoeacutevaluation de faccedilon qualitative quantitative et financiegravere Lrsquoarticulation diagnostic-eacutevaluation proposeacutee par le modegravele de lrsquoanalyse socio-eacuteconomique repreacutesente une approche possible drsquoaudit de la creacuteation de valeur organisationnelle La reacuteduction nette des coucircts des dysfonctionnements de management et de fonctionnement mesureacutee eacutequivaut agrave creacuteer de la valeur organisationnelle
4 Le positionnement de lrsquoaudit drsquoactiviteacute La question theacuteorique qursquoil importe drsquoaborder pour conclure cet article est de deacutemontrer en quoi le processus drsquoaudit drsquoactiviteacute est bien un processus drsquoaudit et de le positionner dans le paradigme des audits drsquoentreprise Lrsquoaudit drsquoactiviteacute transcende selon nous le champ de lrsquoaudit social pour se positionner dans le champ de lrsquoaudit drsquoanticipation Une deacutefinition couramment admise de lrsquoaudit est la suivante ldquo Lrsquoaudit est une deacutemarche speacutecifique drsquoinvestigation et drsquoeacutevaluation agrave partir drsquoun reacutefeacuterentiel incluant un diagnostic et conduisant eacuteventuellement agrave des recommandations Cette deacutemarche meneacutee de faccedilon indeacutependante ou sur mandat contribue agrave la maicirctrise drsquoune activiteacute organiseacutee rdquo (Joras 1996) Lrsquoaudit drsquoactiviteacute tel que nous le concevons srsquoinscrit bien dans la deacutefinition de Joras Celui-ci integravegre la dimension diagnostic pour faire de lrsquoaudit un processus controcirclant et creacuteatif qui srsquointeacuteresse agrave lrsquoeacutevaluation de la maicirctrise des activiteacutes sociales Cette deacutefinition permet de positionner le processus drsquoaudit comme une action organisationnelle un processus drsquoassistance au management dans la maicirctrise des activiteacutes (Renard 1994) et un processus de changement (Barbier 1995) Cette deacutefinition nous permet eacutegalement drsquoexpliciter notre deacutesaccord avec certains theacuteoriciens du diagnostic qui nrsquoaccordent agrave lrsquoaudit qursquoune dimension controcirclante pour confeacuterer au seul diagnostic la qualiteacute drsquoaide agrave lrsquoappreacuteciation du sens et de la valeur drsquoune situation de gestion (Bartoli 1994) La typologie classique drsquoaudit fait apparaicirctre trois formes drsquoaudit (de situation de fonctionnement et drsquoanticipation) que Joras a distingueacutees en fonction de quatre critegraveres lrsquohorizon temporel abordeacute par lrsquoaudit les constituantes du reacutefeacuterentiel drsquoaudit les finaliteacutes de lrsquoaudit et le niveau hieacuterarchique de lrsquoentiteacute auditeacutee impliqueacute dans le processus On peut comme Joras donner comme exemple de lrsquoaudit de situation lrsquoaudit comptable et financier comme exemple de lrsquoaudit de fonctionnement lrsquoaudit drsquoefficaciteacute et comme exemple de lrsquoaudit drsquoanticipation lrsquoaudit de management Notons que lrsquoaudit drsquoanticipation en raison des critegraveres qui le deacutefinissent peut recouvrir un audit de fonctionnement et de situation des audits de conformiteacute et drsquoefficaciteacute sont en effet souvent neacutecessaires agrave la conduite drsquoun audit drsquoanticipation pertinent Lrsquoaudit drsquoactiviteacute tel que preacutesenteacute dans cet article srsquoinscrit sans aucun doute dans la famille des audits drsquoanticipation en ce qursquoil traite drsquoinformations faisant reacutefeacuterence au preacutesent (les dysfonctionnements et leurs coucircts) et drsquoinformations faisant reacutefeacuterence au futur (les coucircts cacheacutes repreacutesentent un potentiel strateacutegique dont on va eacutevaluer la laquo bonne raquo exploitation en termes drsquoorganisation) Le paradigme de lrsquoaudit drsquoanticipation est diffeacuterent du paradigme de la mesure et du paradigme du diagnostic principalement en ce qursquoil srsquointeacuteresse agrave lrsquoimmeacutediat et au futur de lrsquoentreprise
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Nous preacutesentons dans le tableau 3 les diffeacuterences entre le paradigme de la mesure le paradigme du diagnostic et le paradigme de lrsquoaudit drsquoanticipation en fonction de neuf critegraveres - le reacutefeacuterentiel - la question cleacute de lrsquoauditeur - la forme de lrsquointelligence creacuteeacutee - le modegravele implicite drsquoorganisation - la nature de la rationaliteacute - les finaliteacutes - le processus de production drsquointelligence - le temps observeacute - le processus implicite de raisonnement Tableau 3 Le paradigme de lrsquoaudit drsquoanticipation Sources Cappelletti (1998) eacutelaboreacute agrave partir des travaux de Lorino (1996) et Joras (1996) Paradigme de la
mesure Paradigme du diagnostic
Paradigme de lrsquoaudit drsquoanticipation
Repegraveres reacutefeacuterentiels Normes preacuteeacutetablies Construction des normes dans lrsquoaction
Normes imageacutees ou simuleacutees
Question cleacute de lrsquoauditeur
Combien Pourquoi Comment
Forme de lrsquointelligence creacuteeacutee
Image fidegravele Image miroir supportdrsquoapprentissage
Image virtuelle ou souhaiteacutee
Modegravele implicite de lrsquoorganisation
Modegravele meacutecaniste Modegravele systeacutemique (flux entreacutee-sortie)
Modegravele agrave modeacuteliser ou imaginer
Nature de la rationaliteacute
Rationaliteacute substantive
Rationaliteacute proceacutedurale
Imagination intuition
Finaliteacutes Exactitude et preacutecision pour une certification
Coheacuterence et pertinence pour deacuteclencher lrsquoaction
Coheacuterence et pertinence pour anticiper les effets des deacutecisions
Processus de production drsquointelligence
Seacutequence srsquoinformer-communiquer controcircler (lineacutearisation de la boucle drsquoinformation cyberneacutetique)
Inteacutegration de la boucle drsquoinformation dans lrsquoaction (simple boucle drsquoinformation)
Explicitation de la boucle drsquoinformation (double boucle drsquoinformation)
Temps observeacute Passeacute au preacutesent Preacutesent agrave lrsquoimmeacutediat De lrsquoimmeacutediat au futur
Hypothegravese implicite de raisonnement
Hypothegravese deacuteterministe
Hypothegravese probabiliste
Hypothegravese drsquoimpreacutedictibiliteacute
En fonctions de ces critegraveres il apparaicirct que lrsquoaudit drsquoactiviteacute srsquoinscrit nettement dans le paradigme de lrsquoaudit drsquoanticipation En ce sens il est exclu de conduire ce type drsquoaudit ldquo sans adopter la deacutemarche drsquoun entrepreneur qui doit fournir un produit agrave forte valeur ajouteacutee agrave lrsquoauditeacute consideacutereacute comme un client rdquo (Barbier 1995) Plus geacuteneacuteralement nous partageons
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lrsquoopinion des auteurs qui considegraverent que quels que soient la nature (audit de conformiteacute de performance ou de seacutecuriteacute) le type (audit de situation de fonctionnement ou drsquoanticipation) la destination (Comptabiliteacute Finance Ressource Humaine Qualiteacute) et les speacutecificiteacutes de lrsquoaudit pratiqueacute (audit leacutegal ou mandateacute audit agrave chaud ou agrave froid audit interne ou externe) le produit drsquoaudit prend la forme drsquoinformation diffuseacutee sous forme eacutecrite comme le rapport drsquoaudit (Renard 1994) ou orale comme lrsquoexpression de lrsquoopinion drsquoaudit (Casta 1995) dont on attend deacutesormais un reacutesultat Conclusion Une meacutethode drsquoaudit de la creacuteation de valeur organisationnelle nous semble particuliegraverement utile pour compleacuteter les meacutethodes drsquoaudit de creacuteation de valeur eacuteconomique aujourdrsquohui couramment pratiqueacutees Les mesures de creacuteation de valeur eacuteconomique qursquoelles se fassent en utilisant les outils traditionnels de lrsquoanalyse financiegravere (calcul de valeur ajouteacutee calcul de rentabiliteacutehellip) ou en utilisant des outils plus reacutecents de lrsquoeacutevaluation financiegravere (EVA MVAhellip) ont peu ou pas de capaciteacute preacutedictive sur la creacuteation de valeur eacuteconomique agrave long terme (Albouy 1999 2000) (Caby et Hirigoyen) car elles nrsquoeacuteclairent pas le potentiel drsquoune entreprise (Kaplan et Norton 1998) Ce potentiel est selon nous refleacuteteacute par la capaciteacute de lrsquoentreprise agrave bien srsquoorganiser et agrave creacuteer de faccedilon reacutecurrente de la valeur organisationnelle crsquoest-agrave-dire ameacuteliorer de faccedilon continue la qualiteacute de son management et de son fonctionnement Lrsquoutilisation drsquoune meacutethode drsquoaudit de la creacuteation de valeur organisationnelle tel que lrsquoaudit drsquoactiviteacute serait particuliegraverement inteacuteressante par exemple lors de processus de rachat drsquoentreprise ougrave lrsquoacheteur est autant inteacuteresseacute par la creacuteation de valeur eacuteconomique actuelle de lrsquoentreprise que par sa capaciteacute agrave maintenir voire deacutevelopper dans le futur cette creacuteation De mecircme lrsquoaudit drsquoactiviteacute peut ecirctre utile dans lrsquoeacutevaluation des managers Une mesure de la creacuteation de valeur organisationnelle viendrait alors utilement compleacuteter les mesures de creacuteation de valeur eacuteconomique pour eacutevaluer la performance drsquoun manager BIBLIOGRAPHIE Albouy M (1999) laquo Theacuteorie applications et limites de la mesure de creacuteation de valeur raquo Revue Franccedilaise de Gestion Janvier-Feacutevrier 1999 pp 81-90
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PEUT-ON REPENSER LrsquoEFFECTIVITE DE LA PERFORMANCE SOCIALE DANS LrsquoENTREPRISE Jean-Claude CASTAGNOS Directeur de Recherche ndash CERAG-UMPF-Grenoble Michel LE BERRE Professeur des Universiteacutes ndash CERAG-UMPF-Grenoble
Introduction Le mot performance comporte deux acceptions Dans la premiegravere on met en rapport ce qui a eacuteteacute produit (outputs) et la consommation de facteurs (inputs) neacutecessaires pour reacutealiser la production Les uniteacutes doeuvre sont soit physiques (tonnes etc) soit moneacutetaires En eacuteconomie on parle de rendement de productiviteacute de rentabiliteacute ou drsquoefficience En psychologie on parle dinstrumentaliteacute le moyen datteindre un but Dans un second sens le mot performance renvoie agrave une comparaison entre ce que lrsquoentreprise projette de faire et ce qursquoelle a accompli Ici on prend en consideacuteration le degreacute drsquoatteinte de lrsquoobjectif viseacute crsquoest-agrave-dire lrsquoefficaciteacute En psychologie on utilise lexpression dexpectation (lespeacuterance de parvenir agrave un but) En management le problegraveme de la performance touche le concept laquo drsquoAudit Social raquo Il est plus deacutelicat En effet si lrsquoon veut bien admettre que les activiteacutes de lrsquoentreprise ne srsquoappreacutecient pas uniquement agrave la lumiegravere drsquoun aspect isoleacute mais par examen drsquoun processus seacutequentiel et reacutepeacutetitif on comprend que le diagnostic de performance peut introduire de la partialiteacute et des critegraveres drsquoeacutevaluation discutables En psychologie on parlerait de valence de valeur subjective soumise agrave la deacutesirabiliteacute Comme le souligne P Louart et C Beaucourt (2004) les modaliteacutes de mesure peuvent rapidement tourner agrave lrsquoacte politique sous couvert de critegraveres de gestion Lrsquoeacutecueil est-il insurmontable En conseacutequence la performance de lrsquoacte de travail neacutecessite au vu des theacuteories de la motivation une redeacutefinition et une mise en contexte La performance suppose a priori compeacutetition adaptation agrave lrsquoenvironnement rentabiliteacute efficaciteacute compeacutetences eacutevolutives (acquises et requises) etc En cette matiegravere lrsquoinstrumentation (les tableaux de bord) toujours sujette agrave caution suspecte deacutependante des conventions eacutetablies (cf les normes de comptabiliteacute) a pour objet de garantir la validiteacute des informations recueillies De mecircme le processus organisationnel qui permet de parvenir aux reacutesultats souhaiteacutes se precircte agrave des images (meacutetaphores) drsquoefficience meacutecaniste organique sportive etc Au total les eacuteclairages distincts ne proviennent-ils pas des points de vue theacuteoriques retenus Nous pensons notamment agrave la theacuteorie de lrsquoagence et agrave celle des ressources qui profilent diffeacuteremment les thegravemes majeurs de la GRH Nous ressentons nous aussi la neacutecessiteacute de les revoir dans le contexte geacuteneacuteral des deacuteveloppements reacutecents des recherches en Sciences de Gestion (Hatchuel et Laufer 2000) Le management agrave linstar de toute discipline scientifique repose sur des pratiques mais aussi sur des theacuteories dominantes cest-agrave-dire sur de grands courants danalyse fournissant des repreacutesentations plausibles de la complexiteacute du fonctionnement des entreprises et par deacuteclinaison des tenants et aboutissants de la performance De ce fait il conviendrait de renverser le deacuteroulement habituel du raisonnement suivi La bonne logique devrait conduire agrave consideacuterer qursquoagrave partir drsquoune capaciteacute de rendement (lrsquoefficience) lrsquoentreprise et la fonction RH cherchent agrave enclencher lrsquoaction produisant lrsquoeffet
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attendu (lrsquoefficaciteacute) Celui-ci neacutecessite un raisonnement (lrsquoeffectiviteacute) aboutissant agrave une action veacuteritable dans sa reacutealiteacute et ses reacutesultats Pour cela nous allons analyser la performance sociale en regardant dans un premier temps la mutation des emplois et dans un deuxiegraveme temps leur effectiviteacute
1 La mutation des emplois
11 Les compeacutetences valoriseacutees par la theacuteorie des ressources Dune part le monde est passeacute drsquoune eacuteconomie de produits uniformes de masse agrave une eacuteconomie de produits varieacutes Cette varieacuteteacute correspondant aux attentes des consommateurs a neacutecessiteacute la flexibiliteacute des entiteacutes de production (cf la theacuteorie de la varieacuteteacute requise Marmuse 1997) Lrsquoeacutevolution de la technologie a suivi le mecircme chemin robotique techniques drsquoinformation commandes numeacuteriques etc Quelles que soient les distances les messageries eacutelectroniques permettent le contact instantaneacute avec le client le fournisseur le banquier On observe donc une meacutecanisation eacutelargie Crsquoest le cas de lrsquoinformatisation des tacircches administratives par les logiciels globaux SAP les navigateurs de lrsquooutil RH les outils de planning de la gestion des relations collaborateurs (Employee Relationship Management ERM) des people-net (solution globale de gestion strateacutegique des ressources humaines) des systegravemes drsquoinformation RH en continu et de la E-GRH (Intranet kiosque drsquoemplois en interne et Internet) Lrsquoinformatisation de la fonction permet lrsquoabandon de certaines tacircches et la valorisation de nouveaux rocircles (Castagnos Le Berre 2003) La deacutependance de la main-drsquooeuvre agrave la construction du reacutesultat comptable a eacuteteacute deacutebattue tant par les chercheurs que par les praticiens La reacuteponse est venue de la theacuteorie des ressources et des compeacutetences Cette conception manageacuteriale privileacutegie limage de lentreprise aupregraves des autres partenaires de lrsquoentreprise (stakeholders) Les outils utiliseacutes sont agrave replacer en perspective Les indicateurs comme dans les autres fonctions peuvent ecirctre classeacutes selon qursquoils donnent des informations
- sur les moyens (mesure de la consommation de facteurs ou de caracteacuteristiques) - sur lrsquoenvironnement (mesure des informations externes) ou - sur le reacutesultat (mesure des reacutealisations)
Les tableaux de bord qui regroupent lrsquoessentiel des indicateurs utiles sont preacutesenteacutes suivant les services majeurs de lrsquoentreprise achats stocks meacutethodes production etc Par exemple en production ou sur lrsquoensemble des processus il srsquoagit de trouver des axes drsquoameacutelioration notamment sur laquo les bonnes pratiques raquo Les exemples sont nombreux ISO 9000 Six Sigma (Reacuteduction statistique de la variabiliteacute des processus) Lean (le juste neacutecessaire) 5S (meilleure organisation du poste de travail) Kaiumlzen Kanban visuel management flux piegravece agrave piegravece Tout (qualiteacute deacutelais coucircts) tend agrave diviser le temps de cycle de production agrave diminuer le rebus et agrave eacuteliminer les deacutefauts A cette preacutesentation fonctionnelle (Fayol) srsquoajoute souvent une preacutesentation par horizon spatial (eacutetablissements agences uniteacutes de production etc) et temporel (court terme et long terme) Les progiciels de type ERP (Enterprise resource planing) integravegre lrsquoensemble de ces donneacutees en les classant par indicateurs syntheacutetiques preacutedeacutefinis Toutefois observons que lrsquoentreprise dispose de son propre registre de moyens (paix sociale ambiance coheacuterence interne fideacutelisation esprit drsquoeacutequipe preacutesenteacuteisme etc) pour obtenir une bonne correacutelation aptitudeperformance crsquoest-agrave-dire pour accroicirctre la maximisation de son reacutesultat attendu A lrsquoinstar drsquoun precirct qui engendre des frais financiers la mobilisation de ces moyens a un coucirct mais permet drsquoaccroicirctre le reacutesultat de lrsquoentreprise
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Le renforcement de la coheacutesion sociale neacutecessaire pour toute vie en socieacuteteacute peut-elle se combineacutee dans une circulariteacute positive avec la non moins neacutecessaire efficaciteacute eacuteconomique Lefficaciteacute eacuteconomique se mesure selon les termes de la comptabiliteacute approfondie par les audit Les actions sur les hommes contribuent-elles aux reacutesultats eacuteconomiques et vice-versa Ceci passe-t-il par une strateacutegie dentreprise claire On le voit la logique des coucircts est preacutegnante Il sagit dune bataille dindicateurs Lapproche par les coucircts est une vue de productiviteacute meacutecanique Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le droit social srsquoest deacuteveloppeacute pour reacutepondre agrave un double objectif confier agrave lrsquoentreprise la direction drsquoune force de travail et proteacuteger le salarieacute Depuis la seconde guerre mondiale lrsquoEtat promoteur drsquoune planification autoritaire pour le service public et incitative pour le secteur priveacute srsquoest affirmeacute comme un intervenant actif dans la vie eacuteconomique Le contrat de travail deacutefini comme un engagement synallagmatique drsquoune personne agrave travailler pour le compte et sous la subordination drsquoune autre personne moyennant un salaire permet de controcircler la compeacutetence la performance et le potentiel du salarieacute par le seul employeur La classification des contrats en vigueur dans le monde du travail deacutecrite dans le scheacutema ci-dessous deacutecrit lrsquoampleur mais aussi la variabiliteacute des situations
Consultant exteacuterieur
Essaimage
Travailleur indeacutependantReacutegie
CDD
CTT
CDI
Noyau stable de
lentreprise
Portage
Sous-traitance
Travail intermittent
ou saisonnier
Contrats jeunes
Temps partiel
Temps partageacuteTravail agrave domicile
Formation en alternance
Stages
Apprentissage
Preacuteretraite
Prestation de travail et variabiliteacute de lrsquoengagement contractuel
Source Le Berre M et Castagnos J-C (2003)
Fondeacute sur la theacuteorie des ressources et des compeacutetences lrsquoappel agrave la reacutesolution de problegravemes complexes sous le vocable du deacuteveloppement personnel (entreprise de soi Aubrey 2001 ou employabiliteacute Gazier 2003) modifie la relation drsquoemploi et lrsquoimplication psychologique On demande aux individus drsquoassumer leur carriegravere avec beaucoup drsquoeacutenergie de focaliser leurs perspectives sur des enjeux avant tout individuels de franchir le pas de la creacuteation drsquoentreprise (encouragement par les Plans de Sauvegarde de lrsquoEmploi en cours depuis 2002 dans les grands groupes industriels par exemple) drsquoaccroicirctre leur capaciteacutes drsquoinitiative et de reacuteactiviteacute (gestion de projets et drsquoinnovation) Si lrsquoautoriteacute du chef est de plus en plus remplaceacutee par celle du client et des marcheacutes les formes de controcircle induisent des situations paradoxales - en offrant de lrsquoautonomie ambigueuml puisque soumise agrave des exigences preacutecises en matiegravere drsquoobjectifs donc de reacutesultats - en cherchant agrave responsabiliser alors mecircme que les contraintes formelles srsquoaccroissent au moyen des certifications des normes et des standardisations imposeacutees
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- en attendant une implication tregraves forte des collaborateurs de maniegravere discontinue du fait de la preacutecariteacute des emplois de la succession des missions des appartenances agrave des groupes variables de travail et de projet Ainsi ces capaciteacutes de proactiviteacute adaptative et drsquoautonomie drsquoaction reacutepondent aux besoins des organisations modernes Les entreprises comme lrsquoensemble des collaborateurs sont contraintes agrave des efforts permanents drsquoajustement et drsquoadaptation au marcheacute Les structures se complexifient et srsquoopacifient Mecircme si les contrats agrave dureacutee indeacutetermineacutee restent majoritaires leurs contenus srsquoassouplissent Ils incluent lrsquoengagement pour des missions larges ou eacutevolutives et finalisent des clauses drsquoajustement (contrats de chantier ou drsquoobjectifs exclusiviteacute des services non concurrence clause de mobiliteacute geacuteographique etc) Dans certains secteurs productifs cela megravene agrave des configurations relationnelles complexes ougrave les relations sont baseacutees conjointement sur la proprieacuteteacute des moyens de production et sur le controcircle des objectifs et des reacutesultats Dans cette dissociation de leacuteconomique et du social les effets pervers de plus en plus freacutequemment deacutenonceacutes (stress deacutemotivation marchandisation du travail inseacutecuriteacute ambiante etc) replacent au premier rang des interrogations tout le sens quil convient de donner aux eacutevolutions actuelles Cependant pour lrsquoindividu la preacutecariteacute et lrsquoincertitude sont soit subies soit assumeacutees Ainsi laquo le travail en solo raquo au sein drsquoun reacuteseau drsquoun cocircteacute imposeacute par les entreprises est drsquoun autre cocircteacute rechercheacute par souci drsquoautonomie Degraves lors la demande de protection sociale se deacuteplace vers la laquo flexiseacutecuriteacute raquo terme retenu pour deacutecrire les relations drsquoemplois scandinaves Le pouvoir de direction est une ressource et une contrainte Enchasseacute embeded selon Granovetter il est invisible inteacutegreacute eacutevident donc leacutegitime La zone dindiffeacuterence (Barnard) ou la zone dacceptance (Simon in Rojot p 233) permettent au subordonneacute de trouver normales les injonctions agrave faire Mais si la perception des ressources et contraintes change ces zones se deacuteplacent jusquagrave modifier les frontiegraveres de lemploi La contagion et limitation conventionnelles et implicites sen trouvent deacuteplaceacutees
12 La territorialiteacute intellectuelle des emplois Les nouveaux espaces et territoires agrave conqueacuterir (la nouvelle laquo terra incognita raquo) portent aussi sur le contenu intellectuel qursquoexigent les nouveaux emplois de la socieacuteteacute laquo tertiairiseacutee raquo Il srsquoagit donc drsquoimaginer une nouvelle faccedilon de penser lrsquoactiviteacute en entreprise cest-agrave-dire une nouvelle effectiviteacute Par exemple le peacuterimegravetre et la territorialiteacute des emplois doivent-ils ecirctre repenser Ainsi dans les premiegraveres anneacutees du XIIIdeg siegravecle lrsquoOccident eacutetait deacutependant des principes unificateurs de la spiritualiteacute europeacuteenne soutenus par lrsquoEglise de Rome Lrsquoaristocrate Andreacuteas de Lobera deacutesireux de reacutepondre agrave lrsquoappel de la quatriegraveme croisade lanceacutee vers Jeacuterusalem nrsquoeacutetait cependant pas enclin agrave affronter les rigueurs du voyage et lrsquoabomination des paiumlens Il fit donc en marchant le tour de sa proprieacuteteacute quatre fois par jour pendant un an jusqursquoagrave parcourir lrsquoeacutequivalent de la distance seacuteparant son chacircteau de la ville sainte Cette conception du voyage est rapporteacutee dans ses Crocircnicas del santo peregrinaje Preacutes de six cents ans plus tard le soldat Xavier de Maistre deacutepeint un voyage statique reacutealiseacute dans sa seule chambre Le reacutecit de voyage est donc surtout celui drsquoune entreprise humaine fertile et enrichissante Pour savoir qui nous sommes est-il neacutecessaire de ne pas rester immobile
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Lemploi dans notre socieacuteteacute tertiairiseacutee est de nature immateacuterielle et intellectualiseacutee Il deacutepend essentiellement dun nouveau territoire celui du savoir et de la connaissance que chacun individuellement et collectivement met en oeuvre Laccumulation primitive du savoir est assumeacutee dans sa quasi-inteacutegraliteacute par la socieacuteteacute dans son ensemble Les eacuteducateurs le systegraveme denseignement et de formation les centres publics de recherche assurent la part la plus importante de cette accumulation en transmettant et en rendant accessible une part deacutecisive du savoir qui constitue la culture commune Les personnes pour leur part ont agrave sapproprier cette culture et agrave lutiliser de telle sorte que ces connaissances soient en elles-mecircmes augmenteacutees Cet actif individuel est donc aussi un actif collectif Il est agrave la fois une richesse sociale produite par le corps social et par les individus Il est reacuteel degraves lors que la personne sapproprie le savoir social et le met en œuvre Les entreprises disposent ainsi presque gratuitement dun capital de savoir quelles se bornent agrave compleacuteter et agrave adapter agrave leurs besoins particuliers Ce capital augmente tout au long de la vie Cependant il existe une certaine autonomisation des compeacutetences par rapport au travail consommeacute par les entreprises Lattachement du salarieacute agrave une firme deacutetermineacutee saffaiblit quels que soient les efforts que celle-ci reacutealise Lentreprise elle-mecircme devient contingente degraves lors que le salarieacute acquiert une autonomie daction et une capaciteacute agrave seacutepanouir hors de lorganisation Dans ces conditions la gestion du personnel doit reacutepondre agrave des exigences contradictoires Lentreprise veut semparer de la creacuteativiteacute des personnels la canaliser vers des actions et des buts preacutedeacutetermineacutes et obtenir leur soumission Elles doivent aussi ameacutenager des espaces et des territoires dautonomie pour permettre le perfectionnement et linventiviteacute Les syndicats franccedilais conccedilus au temps des activiteacutes industrielles semblent avoir quelques difficulteacutes agrave inteacutegrer ces nouvelles dimensions des emplois Les syndicats anglais sen sont inquieacuteteacutes depuis longtemps eux qui participent comme acteurs directs agrave la mise en place de programmes de formation professionnelle
2 Repenser lrsquoeffectiviteacute sociale dans lrsquoentreprise
21 La multiplication des indicateurs proposeacutes Dans ces conditions la gestion du personnel doit reacutepondre agrave des exigences contradictoires Lentreprise veut semparer de la creacuteativiteacute des personnels la canaliser vers des actions et des buts preacutedeacutetermineacutes et obtenir leur soumission Elles doivent aussi ameacutenager des espaces et des territoires dautonomie pour permettre le perfectionnement linventiviteacute Ainsi nombre de travaux de recherche proposent de cerner les indicateurs pertinents de mesure de la performance a - La mesure de la performance via le bilan social ou le tableau de bord est critiqueacutee lorsqursquoil srsquoagit drsquoeacutevaluer la pertinence de certaines pratiques de GRH (Lacoursiegravere Fabi St-Pierre 2004) Les dimensions financiegraveres et comptables les couples produits-marcheacutes les donneacutees politico-eacuteconomique (entreprise citoyenne mondialisation etc) se surajoutent aux aspects salariaux et relatifs agrave lrsquoemploi La preacutediction de la performance nrsquoest possible que par analyse des caracteacuteristiques objectives des salarieacutes On cherche donc agrave deacuteterminer les variables explicatives de lefficience crsquoest-agrave-dire le pendant des eacuteleacutements constitutifs de lrsquoaptitude Ces variables propres agrave lrsquoindividu sont
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bien connues (Alis Poilpot-Rocaboy 2000 Commeiras Naro 2000) Elles invitent le salarieacute agrave accroicirctre ou agrave reacuteduire son efficience au travail b - Les reacutefeacuterents peuvent eacutegalement revecirctir des formes plus classiques Crsquoest le cas chez M Kalika (1988) qui propose quatre origines agrave lrsquoefficience organisationnelle
le respect de la structure formelle les relations entre les composantes de lrsquoorganisation la qualiteacute de la circulation de lrsquoinformation la flexibiliteacute de la structure
Pour rendre compte des performances P Gilbert et M Charpentier (2004) combinent de nombreux facteurs explicatifs des sens rechercheacutes par les diffeacuterentes eacutevaluations en RH (modes de gouvernance strateacutegie et demande de la direction geacuteneacuterale taille et structure de lentreprise) En effet la performance mesure un reacutesultat par reacutefeacuterence agrave des ressources (peacutecuniaires budget temps etc) mises agrave disposition du salarieacute c - Concernant les tensions de rocircles des salarieacutes trois orientations sont en theacuteorie possibles (Grima 2004)
- la performance est eacuteleveacutee agrave un niveau modeacutereacute de tension - la performance est faible lorsque lrsquoincertitude sur la meilleure attitude est forte
(perception cognitive et motivationnelle) - la performance nrsquoa pas de correacutelation avec la tension de rocircle car cette derniegravere est un
construit complexe Lrsquoabsence de relation est eacutegalement possible du fait de la complexiteacute de la performance pluridimensionnelle
d - Le renforcement de la confiance en soi ou dans les autres moteur de limplication conditionne aussi lrsquoefficience du salarieacute Le salarieacute se sent rassureacute lorsqursquoil obtient de bons reacutesultats Sa performance est deacutetermineacutee par son implication dans lorganisation dans les deacutecisions de ses supeacuterieurs Lrsquoadheacutesion du salarieacute participe naturellement du montant de la reacutetribution qui lui est accordeacutee Tout se tient La somme attribueacutee revecirct un caractegravere opeacuterant du fait de la motivation qursquoelle procure (Le Berre Castagnos 2003) Pourtant lrsquoentreprise tente de cerner les conditions directes et objectives drsquoune efficience salariale sans rechercher de prime abord lrsquoimplication e - La notion drsquooptimum est le corollaire de lrsquoefficience il srsquoagit drsquoun choix entre diverses options et des indicateurs propres agrave les mesurer Rappelons que les ratios fournissent une information qui reste floue et peu lisible Les activiteacutes de GRH (Arcand Bayad Fabi 2002) pouvant ecirctre associeacutees de faccedilon significative agrave des indicateurs de performance concernent la communication lrsquoorganisation du travail lrsquoeacutevaluation du rendement et la reacutemuneacuteration Ici ces auteurs srsquoappuient aussi sur des indices de performances deacutejagrave eacutetablis motivation-satisfaction absenteacuteisme climat social innovation qualiteacute productiviteacute rentabiliteacute Bref on se trouve en situation floue et faiblement opeacuterationnelle f - Les travaux de J Allouche M Charpentier et C Guillot (2003) srsquoappuient aussi sur une longue liste drsquoindicateurs de performance de la firme cours boursier rentabiliteacute du capital taux de profit croissance des ventes satisfaction du client productiviteacute du travail qualiteacute turnover etc Au total la performance deacutepend
du stress et de la tension existant au travail sans que lrsquoambiguiumlteacute et les conflits de rocircles soient relieacutes
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drsquoune perspective cognitive et motivationnelle de construits sociaux complexes impliquant une approche multidimensionnelle
Degraves lors qursquoil srsquoagit de reacutesoudre une crise et de pratiquer des choix sous contraintes les deacutecisions sont souvent prises en deacutefaveur des RH En ce sens la performance plurielle est perverse et suscite parfois un deacutesenchantement Lrsquoexplication en management des entreprises est fournie par la mise en perspective de lrsquoefficaciteacute Un deacutecalage existe entre le systegraveme concret de reconnaissance des salarieacutes (bilan de compeacutetences eacutevaluation) et lobjectif de performance eacutetabli par reacutefeacuterence agrave un seul critegravere trop souvent deacuteconnecteacute des consideacuterations sociales Cette solution srsquoavegravere dangereuse agrave long terme La reconnaissance de la performance en RH suppose donc la reacuteunion des ingreacutedients preacutesenteacutes au tableau ci-contre Formes de la performance Efficience
= moyens Efficaciteacute = reacutesultats
Optimisation
Recherche drsquooutils et de techniques Ex la motivation y compris par la reacutetribution
Equation complexe drsquoune combinaison de ratios
Mesure de la performance
Maximisation
Systegraveme multicritegraveres qualitatifs et quantitatifs Ex implication et engagement
Gain beacuteneacutefice et profit Croissance part de marcheacute
Dans ce contexte la strateacutegie patronale qui ne controcircle plus la reacutealiteacute des compeacutetences tend par conseacutequent agrave se deacuteplacer de la domination directe de lactiviteacute de travail vers une domination de lamont et de laval du travail Elle seacutetend au temps de non-travail aux possibiliteacutes dameacutenager et dorganiser le temps hors travail La vie entiegravere se trouve soumise aux contraintes du nouveau travail Les systegravemes de retraite par capitalisation qui confisque leacutepargne au beacuteneacutefice dinstitutions financiegraveres gestionnaires du temps de vie du travail en sont un exemple Le temps de travail quoi que reacuteduit pegravese plus lourdement sur et dans la vie quau temps des horaires reacuteguliers et du travail continu De ce fait les cibles et les grilles dindicateurs de la performance deviennent subtiles Les modegraveles multidimensionnels deacutevaluation multiples deviennent complexes dans la conception de la meta-organisation deacutefinie par la theacuteorie de la traduction (Akrich Callon et Latour 1988) Lrsquoapproche configurationnelle qui implique lrsquoideacutee drsquoun processus de deacutecision holistique et increacutemental repreacutesente lui aussi un raisonnement global et complet en GRH Cependant sa mise en place ne garantit pas lrsquoaccroissement de la performance de la firme sauf agrave avoir un alignement externe et interne des modes de gestion de lrsquoentreprise (Allani-Soltan Bayad Arcand 2004)
22 Une nouvelle relation contractuelle (theacuteorie des contrats) En nous appuyant sur la conception de lrsquoentrepreneur telle que Schumpeter (1935) nous lrsquoa preacutesenteacutee il apparaicirct eacutevident que cette compreacutehension du pheacutenomegravene lieacutee agrave lrsquoactiviteacute humaine qui geacutenegravere de la valeur ajouteacutee modifie notre perception des frontiegraveres de lrsquoentreprise En
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effet pour lui laquo lrsquoentrepreneur est un agent eacuteconomique dont la fonction est drsquoexeacutecuter de nouvelles combinaisons (innovations) et il est lrsquoeacuteleacutement actif de cette exeacutecutionraquo Les textes de Schumpeter deacutecrivant lrsquoentrepreneur apparaissent drsquoune eacutetonnante moderniteacute Lrsquoentrepreneur eacutetant lui aussi laquoemployeacute deacutependant drsquoune socieacuteteacuteraquo annonce la notion drsquointrapreneur En citant lrsquoexemple des speacutecialistes il dissocie lrsquointrapreneuriat de lrsquoorganisation elle-mecircme et traduit la notion de travail indeacutependant Lrsquoesprit drsquoentreprise selon Schumpeter (2004 reacuteeacuted) se deacutefinit comme la capaciteacute drsquoaller seul de lrsquoavant en consideacuterant que la seacutecuriteacute et la reacutesistance ne sont pas de reacuteels arguments contraires agrave la deacutecision et agrave lrsquoaction Il srsquoagit du goucirct du risque Dans une deuxiegraveme deacutecouverte cet auteur affirme lrsquoeacutevidente restructuration permanente des laquoeacuteleacutements de productionraquo ougrave lrsquoinnovation creacutee la demande et alimente la croissance Sont donc entrepreneurs laquo les personnes qui entrent en action pour donner de nouvelles formes agrave des exploitations industrielles et commercialesraquo En conseacutequence elles nrsquoont aucune relation durable et fermeacutee avec une exploitation preacutecise et notamment isoleacutee De mecircme la proprieacuteteacute des actifs neacutecessaires agrave lrsquoexploitation nrsquoest pas un signe indispensable agrave lrsquoaction drsquoentreprendre Nous le voyons laquoporteacuteraquo ou non par une structure distincte pour la mise en forme de leurs revenus salariaux un entrepreneur peut entrer en action dans une ou plusieurs structures pour exeacutecuter de nouvelles combinaisons de production qursquoil soit stabiliseacute ou non (emploi agrave dureacutee deacutetermineacutee ou non) qursquoil soit ou non proprieacutetaire des moyens Par contre il ne peut agir seul et isoleacute puisqursquoil participe agrave lrsquoexeacutecution de nouvelles combinaisons de creacuteation de valeur Ses qualiteacutes sont reacutesumeacutees ainsi il est
- capable de reconnaicirctre des opportuniteacutes inaccessibles agrave la majoriteacute de leurs contemporains et agrave prendre les bonnes deacutecisions (Steve JobsApple Bill GatesMicrosoft Serge KampfCap-Gemini) Ce concept est deacuteveloppeacute par BQuinodon (2003) et AFayolle (2004)
- capable drsquoinnover et drsquoidentifier des opportuniteacutes dans un environnement donneacute de nouvelles combinaisons de facteurs de production (Schumpeter) drsquoinnovation et creacuteativiteacute (Drucker 1984 Stevenson 1990 Danjou 2004)
- capable de concreacutetiser des choix lrsquoentrepreneur est un coordinateur de ressources (Stevenson Jarillo Gumpert 1985 Bygrave Hofer 1991)
Dans cette perspective le manager se borne agrave deacutefinir des indicateurs efficaces et affeacuterents aux ressources humaines Il srsquoagit souvent du salaire et de ses diffeacuterentes formes La propension aux comportements opportunistes latente chez les parties en preacutesence se deacuteploie en raison
de conflits drsquointeacuterecircts entre des individus obligeacutes de coopeacuterer mais qui tendanciellement deacuteploient des strateacutegies au service de leur propre satisfaction de lrsquoheacuteteacuterodoxie ambiante agrave propos du choix des reacutegulateurs institutionnels de comportements performants
En effet le fonctionnement de lrsquoeacuteconomie ne repose pas sur des principes reacuteveacuteleacutes Lrsquoeacuteconomie de marcheacute est censeacutee reacuteguler les activiteacutes humaines agrave la lumiegravere de principes de coheacuterence qui semblent avoir eacuteteacute oublieacutes Par exemples les conceptions classiques de lrsquoeacuteconomie ont exalteacute les avantages du libre-eacutechange Mais les adeptes du commerce international (cf Ricardo) en fixaient les regravegles drsquoencadrement institutionnel En effet
ils postulaient une mobiliteacute des produits et non pas des ressources (Capital hommes techniques) Ces derniegraveres devaient pour lrsquoessentiel circuler au sein drsquoensemble politiquement constitueacutes (ex lrsquoUnion Europeacuteenne) ils preacuteconisaient lrsquoouverture entre des ensembles homogegravenes crsquoest-agrave-dire entre eacuteconomies concurrentes et non pas compleacutementaires
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ils recommandaient la creacuteation drsquoune monnaie internationale et un systegraveme de changes fixes
Dans ce contexte drsquoadjudication reacuteguliegravere agrave la baisse de la valeur du travail (Castagnos Le Berre 2003) qui ose encore pronostiquer une reacuteconciliation prochaine de la performance eacuteconomique et sociale des entreprises si lon ne revient pas sur la description des attentes et inteacuterecircts donc de la reacutetribution du partenaire social Lrsquoeacutetude drsquoAllouche Charpentier et Guillot (2003) deacutesigne aussi les salaires comme une bonne variable drsquoaction Les reacutemuneacuterations ont et nrsquoont pas drsquoinfluence sur la performance sauf srsquoil srsquoagit de lrsquoactionnariat salarieacute Ce point de vue est confirmeacute avec certaines preacutecautions par Raad (2004) De surcroicirct la firme assimile aux moyens preacuteceacutedemment citeacutes la liaison inteacuterecirct du salarieacute satisfaction du salarieacute Ainsi un reacutegime de participation aux beacuteneacutefices (RPB) est geacuteneacuteralement installeacute sous condition preacutealable que lrsquoentreprise soit financiegraverement saine Tant mieux si lrsquoinstallation de ce RPB provoque au surplus une augmentation de performance Il nrsquoempecircche que dans cette conception la motivation est perccedilue comme un moyen drsquoaction relevant drsquoune logique instrumentale Les dispositifs de type inteacuteressement des personnels aux beacuteneacutefices les systegravemes de boicirctes de salaires la flexibiliteacute des horaires de travail illustrent les pratiques meacutediatrices dont le but est de lisser ou drsquoatteacutenuer les inteacuterecircts antagoniques en preacutesence La difficulteacute drsquoallier la performance eacuteconomique et sociale reacuteside ailleurs Degraves lors qursquoil srsquoagit de reacutesoudre une crise de pratiquer des choix sous contraintes les deacutecisions sont souvent prises en deacutefaveur des RH Lrsquoentreprise est-elle fautive Rien nrsquoest moins sucircr On constate souvent que lrsquoentreprise deacutecide geacuteneacuteralement de sa politique salariale au regard de la seule correacutelation objective aptitude - performance et ignore la seconde qui est subjective (inteacuterecircts du salarieacute - satisfaction du salarieacute) Certes une perception aussi dichotomique peut sembler manicheacuteenne voire repreacutesentative drsquoune divergence drsquointeacuterecircts irreacutemeacutediables Cependant la synthegravese est possible notamment par le concept de reacutetribution neacutegocieacutee (JC Castagnos M Le Berre 2000 et 2001) Conclusion La distinction forte que fait le droit du travail entre le controcircle du reacutesultat du travail et le controcircle du travail qui est censeacutee tracer la frontiegravere entre le contrat commercial et le contrat de travail devient teacutenue Le contrat de travail est agrave linteacuterieur de lorganisation le contrat commercial est agrave lexteacuterieur A linteacuterieur le controcircle et la subordination constituent lessence de la relation La liberteacute de neacutegocier suppose une certaine exteacuterioriteacute Voilagrave ce qui change dans cette relation si passionnelle et qui devrait constituer cette nouvelle effectiviteacute de la relation drsquoemploi Le refus de lrsquoappropriation priveacutee du savoir et de certains biens culturels la contestation de lrsquoeacutechange marchand des connaissances consideacutereacutees comme bien collectif deacuteboucheraient sur une eacuteconomie du don (cf certaines pratiques reacutealiseacutees sur le Web) sans doute utopique et peu propice agrave la creacuteation de valeur En effet quand le savoir (knowledge) devient la principale force productive tout ce qui touche agrave la production agrave lrsquoorientation agrave la division du savoir devient un enjeu de pouvoir pour la socieacuteteacute La question de la proprieacuteteacute priveacutee ou publique de lusage payant ou gratuit des moyens daccegraves au savoir devient un enjeu central Ougrave se trouve donc lrsquoavantage distinctif et motivant propre agrave chaque salarieacute
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Si lrsquoentreprise est un laquo artefact raquo ou une repreacutesentation de lrsquoaction collective il nous appartient de savoir si ce nouvel holisme moderne doit supplanter lindividualisme meacutethodologique ou lavantage dune approche constructiviste des relations demploi A notre avis agrave lrsquoinstar des trois histoires de Fernand Braudel (continentales rythmeacutees et eacuteveacutenementielles) le management devra certifier par segmentation la reconnaissance de la performance des salarieacutes et des reacutesultats attendus par chaque partenaire BIBLIOGRAPHIE Alis D Poilpot-Rocaboy G (2000) Impacts de lrsquoameacutenagement et de la reacuteduction du temps de travail sur les politiques de reacutemuneacuteration vers un accroissement de la flexibiliteacute in Peretti et Roussel Les reacutemuneacuterations politiques et pratiques pour les anneacutees 2000 Ed Vuibert p 199-213
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LE CONCEPT DrsquoINTERACTIVITE COGNITIVE ILLUSTRATION PAR LA CONSTRUCTION DU CONCEPT DE LOYAUTE PROFESSIONNELLE Vincent CRISTALLINI Maicirctre de Confeacuterences en Sciences de Gestion agrave lrsquoUniversiteacute Jean Moulin Lyon 3 Membre de lrsquoISEOR
Introduction Cette communication vise agrave expliciter le double mouvement de production et drsquoameacutelioration des connaissances qui srsquoopegravere dans lrsquointeractiviteacute cognitive entre un intervenant chercheur et les acteurs drsquoune organisation au cours drsquoune recherche-intervention Les eacutechanges drsquoinformations structureacutees (sous forme de concepts meacutethodes outils notamment) du chercheur vers les acteurs sont porteurs drsquoinformations en retour reacuteactions commentaires changementshellip qui sont drsquoune part significatives quant agrave lrsquoeacutetat de lrsquoobjet de recherche drsquoautre part porteuses de connaissances plus geacuteneacuterales sur le fonctionnement des organisations Lrsquoinformation nouvelle introduite dans lrsquoorganisation joue en quelques sortes un rocircle de reacuteveacutelation de pheacutenomegravenes preacutesents dans la reacutealiteacute des acteurs mais mal appreacutehendeacutes dans le sens ougrave ils nrsquoen sont pas pleinement conscients Ces pheacutenomegravenes signifiants ne portent pas de nom bien deacutetermineacute ne sont pas reacuteellement mesureacutes et ne font pas lrsquoobjet drsquoune attention drsquoune surveillance ou drsquoactions correctives deacutecisives particuliegraveres de la part des acteurs Une fois expliciteacutes sous forme de concepts ces pheacutenomegravenes entrent en reacutesonance avec les acteurs
qui alimentent la creacuteation la validation et la preacutecision des concepts en tant que grilles de lecture pertinentes et qui fournissent de lrsquoinformation sur ses manifestations concregravetes en tant que base de faits
Afin de bien expliciter le principe drsquointeractiviteacute cognitive nous partons drsquoun cas drsquoeacutemergence drsquoune connaissance nouvelle plus particuliegraverement celle du concept de loyauteacute professionnelle Nous montrons comment ce concept eacutemerge germe avant de devenir une connaissance geacuteneacuterique solide La loyauteacute professionnelle permet de mesurer la coheacuterence la coheacutesion et lrsquoefficaciteacute drsquoune eacutequipe Elle explique en partie la qualiteacute de mise en œuvre drsquoune strateacutegie Elle srsquoobserve se mesure se caracteacuterise dans nrsquoimporte quel type drsquoorganisation Elle peut mecircme ecirctre auditeacutee Lrsquointroduction de ce concept a des effets non neacutegligeables sur le fonctionnement des eacutequipes et les performances drsquoune organisation La premiegravere partie de cette communication permet de faire deacutecouvrir au lecteur le concept drsquointeractiviteacute cognitive La deuxiegraveme partie explique comment srsquoest construit le concept de loyauteacute professionnelle par interactiviteacute cognitive entre lrsquointervenant chercheur et les acteurs des organisations
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1 La production de connaissances par interactiviteacute cognitive Le concept drsquointeractiviteacute cognitive est un des meacutecanismes feacuteconds de production de connaissances au cours drsquoune recherche-intervention Il srsquoagit drsquoun processus de production de connaissances drsquointention scientifique dans lequel lrsquointervenant chercheur est partenaire dans lrsquoaction et coproducteur de connaissances avec le terrain dans le but de formuler des regravegles de connaissance nouvelles ou plus preacuteciseacutement des connaissances structureacutees sous forme de regravegles Il srsquoagit de mener des expeacuterimentations sur et avec lrsquoobjet de la recherche La connaissance naicirct dans des liens intersubjectifs et sociaux crsquoest une forme de savoir eacutelaboreacute dans lrsquointeraction sociale Lrsquointeraction entre le chercheur et les acteurs de lrsquoorganisation est cultiveacutee Chacun agrave son tour fournit aux autres une repreacutesentation du fonctionnement de lrsquoentreprise Les connaissances sont produites par un processus qui prend la forme de cycles de consolidation de faits qui valident invalident ou modifient des hypothegraveses Le chercheur part drsquoun questionnement large et sans grille a priori il pose quelques hypothegraveses explicites agrave partir drsquoun reacutefeacuterentiel souple constitueacute drsquoune base de connaissances drsquoune base de regravegles (de type sihellip alors) drsquoune base de faits Lrsquointervenant-chercheur axe plus particuliegraverement ses observations sur la recherche de lrsquoimplicite Degraves qursquoun ensemble de faits ou de pheacutenomegravenes qui paraicirct signifiant est deacutetecteacute cela induit une recherche drsquoexplications puis de preacuteconisations Le processus srsquoappuie sur des iteacuterations successives boucleacutees Une premiegravere seacuterie drsquoobservations est meneacutee puis drsquoautres investigations sont opeacutereacutees sur le mecircme espace organisationnel selon la logique suivante une collecte drsquoinformations stimulation des acteurs par preacutesentation de reacutesultats intermeacutediaires nouvelle collecte drsquoinformations et ainsi de suitehellip Il srsquoagit donc drsquoune recherche drsquoimpacts de stimulation des comportements drsquointeacutegration des informations et de stimulation drsquoactes deacutecisifs Afin de garantir la qualiteacute des informations qursquoil collecte et leur traduction sous forme de connaissances valides le chercheur applique des principes de rigueur scientifique Le premier consiste agrave alterner lrsquoimmersion et la distanciation avec le terrain notamment en jouant sur une alternance des lieux Le deuxiegraveme principe est que le chercheur neacutegocie une position strateacutegique pour observer au cœur de lrsquoorganisation et au plus pregraves des pheacutenomegravenes intimes qui font la vie de cette organisation Le troisiegraveme est drsquoacceacuteder agrave toutes les cateacutegories drsquoacteurs Enfin les acteurs sont associeacutes agrave la mise en œuvre des pratiques de validation et drsquoeacutevaluation des connaissances notamment par des discussions contradictoires Lrsquointeractiviteacute cognitive est au final une technologie permettant de produire une connaissance communicable et partageable par drsquoautres acteurs image nouvelle mais reconnaissable par les acteurs qui srsquoappuie sur une forme drsquoadoption de lrsquointervenant chercheur par les acteurs
2 La construction drsquoun concept la loyauteacute professionnelle Cette partie montre qursquoun concept se forge par un processus global drsquoaccumulation affinage de connaissances A partir de lrsquoeacutemergence drsquoun questionnement et drsquoune probleacutematique observeacutee sur le terrain lrsquointervenant-chercheur eacutelabore un concept de plus en plus riche Un concept peut ensuite ecirctre exporteacute pour aider la recherche transformative sur drsquoautres terrains
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Enfin une connaissance structureacutee geacutenegravere aussi sa propre incompleacutetude dans le sens ougrave elle conduit le chercheur agrave deacutecouvrir des pheacutenomegravenes nouveaux
21 Un processus global drsquoobservation et drsquoaccumulation-affinage des connaissances La recherche-intervention comporte une double logique drsquoobservation et de manipulation de lrsquoobjet de recherche fondeacutee sur lrsquoextraction et lrsquointroduction drsquoinformations sur et dans lrsquoorganisation Partant de situations concregravetes lrsquointervenant-chercheur fait eacutemerger des pheacutenomegravenes signifiants qursquoil classe conceptualise modeacutelise Cette eacutelaboration des connaissances srsquoappuie sur une meacutethode rigoureuse de description drsquoexplication et de prescription relative aux pheacutenomegravenes observeacutes Cette meacutethode est tregraves comparable agrave celle des biologistes qui investiguent la jungle amazonienne Ils varient les postes drsquoobservation tant il est difficile drsquoacceacuteder agrave certaines zones tout en sachant qursquoils vont deacutecouvrir une eacutenorme varieacuteteacute drsquoespegraveces drsquointeractions Ils savent eacutegalement que la connaissance actuelle de ce milieu est infime compareacutee agrave la richesse supposeacutee de ce milieu Dans tous les cas degraves que des observations nouvelles ont conduit agrave expliciter certains pheacutenomegravenes les interventions suivantes srsquoenrichissent de la connaissance acquise Ce processus global drsquoaccumulation et drsquoaffinage des connaissances est scheacutematiseacute figure 1
Figure 1 Un processus global drsquoaccumulation et drsquoaffinage des connaissances
Extraction
Classification Conceptualisation
Modeacutelisation Situations concregravetes
Pheacutenomegravenes signifiants
Description Explication Prescription
Connaissance
Intervention
Observation
22 Emergence du questionnement qui preacutefigure le concept de loyauteacute
professionnelle Ecarts entre intentions et reacutealisations strateacutegiques Au cours de toutes les recherches-interventions meneacutees sur des terrains varieacutes apparaicirct systeacutematiquement une probleacutematique veacutecue par les dirigeants et cadres celle de lrsquoeacutecart entre des intentions strateacutegiques formuleacutees ou afficheacutees et des reacutealisations effectivement constateacutees Le caractegravere systeacutematique et les effets particuliegraverement importants de ce pheacutenomegravene notamment sur les performances de lrsquoorganisation lui confegraverent un reacuteel caractegravere signifiant
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qui entraicircne une vigilance accrue du chercheur drsquoougrave proviennent les eacutecarts entre les intentions strateacutegiques et les reacutealisations
Figure 2 Emergence drsquoune probleacutematique signifiante
Intentions strateacutegiques
Actions meneacutees
Ecarts Provenance
des eacutecarts
De nombreuses hypothegraveses peuvent degraves lors ecirctre formuleacutees quant agrave la provenance des eacutecarts Il peut y avoir une trop forte ambition strateacutegique de lrsquoentreprise Ce peut ecirctre un manque de moyens par rapport aux objectifs fixeacutes Il a pu y avoir des aleacuteas ou des eacuteveacutenements externes agrave lrsquoentreprise au cours de la peacuteriode Ecarts opeacuterationnels et eacutecarts politiques Les diffeacuterentes recherches interventions meneacutees dans les entreprises permettent de dresser une liste une classification de nombreux pheacutenomegravenes qui viennent entraver la qualiteacute de la mise en œuvre strateacutegique Cette classification confirme une certaine contingence des freins agrave la reacuteussite strateacutegique Neacuteanmoins il se deacutegage des observations que certains eacutecarts seraient plutocirct naturels tandis que drsquoautres seraient plutocirct lieacutes agrave lrsquointroduction de lrsquohomme dans la boucle En effet tous les eacutecarts de reacutealisation lieacutes agrave lrsquoincertitude agrave lrsquoimperfection aux erreurs ne sont que le reflet de la vie et sont aussi traditionnellement la matiegravere premiegravere des gestionnaires et hommes drsquoorganisations Ces eacutecarts dits opeacuterationnels ne preacutesentent pas de caractegravere tel qursquoils surprennent le chercheur en sciences de gestion Depuis longtemps maintenant une maxime reacutesume cette probleacutematique geacuterer crsquoest preacutevoir Les eacutecarts opeacuterationnels tomberaient presque dans la normaliteacute ou le non eacuteveacutenement Concernant les eacutecarts lieacutes aux hommes ils meacuteritent une attention toute particuliegravere car ils semblent moins bien pris en compte dans la gestion des entreprises Lrsquoobservation rapprocheacutee du fonctionnement des eacutequipes montre que certains eacutecarts sont plutocirct drsquoordre politique Certains flux de deacutecisions et de mise en œuvre ne tiennent pas compte des deacutesaccords cacheacutes non exprimeacutes par certains acteurs Ce type drsquoeacutecarts est une sorte de chaicircnon manquant car ils permettent de comprendre certains eacutecarts parfaitement inexplicables drsquoun point de vue opeacuterationnel
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Figure 3 Deacutetection drsquoun sous-ensemble de faits signifiants les eacutecarts politiques
Ecarts de mise en œuvre
strateacutegique
Opeacuterationnels Naturels
incertitude
Politiques Pourquoi
Une focalisation des observations sur les eacutecarts politiques dans les organisations a permis de mieux comprendre leur caractegravere eacuteminemment dialectique En effet les eacutecarts de mise en œuvre strateacutegique peuvent provenir des oppositions suivantes par exemple
De personnes deacutevoueacutees et cordiales mais qui srsquoeacutechappent sur les sujets essentiels De personnes jugeacutees tregraves compeacutetentes mais qui font preuve drsquoautonomisme De personnes qui semblent ecirctre drsquoaccord mais qui ne le sont pas en reacutealiteacute De personnes qui preacutefegraverent la bonne ambiance agrave lrsquoefficaciteacutehellip
Caracteacuteriser et mesurer la loyauteacute professionnelle Au final il se deacutegage des investigations de recherche que la qualiteacute de mise en œuvre drsquoune strateacutegie deacutepend aussi fortement de la qualiteacute de fonctionnement drsquoune eacutequipe et drsquoune certaine eacutethique de la qualiteacute des relations professionnelles entre ses membres Comme en matiegravere de recherche scientifique la qualiteacute de fonctionnement drsquoune eacutequipe suppose que lrsquoimplicite soit expliciteacute Lrsquoadheacutesion drsquoun acteur et la qualiteacute de son comportement ne peuvent pas ecirctre reacutealistement confineacutes au domaine de lrsquoimplicite Il convient degraves lors de donner un nom au pheacutenomegravene signifiant qui explique la coheacuterence et la coheacutesion politiques au sein drsquoune eacutequipe la loyauteacute professionnelle La loyauteacute professionnelle peut ecirctre modeacuteliseacutee agrave partir de postulats drsquoune deacutefinition de critegraveres de mesure Des postulats La loyauteacute professionnelle consiste agrave admettre que le fonctionnement drsquoune organisation est hieacuterarchiseacute avec la possibiliteacute pour certains acteurs drsquoarbitrer compte tenu de leur position hieacuterarchique Lrsquoautoriteacute absolue nrsquoexiste pas compte tenu de la possibiliteacute de freinage des acteurs que leur confegravere leur pouvoir informel La qualiteacute de mise en œuvre drsquoune strateacutegie deacutepend fortement de la confrontation explicite des acteurs et non de leurs deacutesaccords implicites dans lesquels les uns ont lrsquoimpression drsquoecirctre obeacuteis et les autres lrsquoimpression qursquoils doivent se taire
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Une deacutefinition claire La loyauteacute professionnelle consiste agrave exprimer son deacutesaccord en un temps et un lieu opportuns pour lever des malentendus entre des personnes ou de neacutegocier des conditions de reacutealisation drsquoune action afin drsquoameacuteliorer la qualiteacute de mise en œuvre de cette action dans le cadre des droits et des obligations de chacun Un instrument de mesure avec des regravegles du type laquo crsquoest chaque fois quehellip raquo La loyauteacute professionnelle peut se mesurer au travers de quatre critegraveres
Une personne megravene sa propre strateacutegie fait ce qui lrsquoarrange Une personne nrsquoexprime pas son deacutesaccord en temps et en heure Une personne ne se concerte pas a priori sur des sujets importants Une personne ne fait pas remonter des informations sensibles
Ces quatre critegraveres sont le reflet de strateacutegies cacheacutees qui conduisent une personne agrave se couper du lien hieacuterarchique et donc de la neacutecessaire autoriteacute politique qui lui est attacheacutee Lorsque de maniegravere reacutepeacutetitive et signifiante lrsquoun ou plusieurs de ces critegraveres est activeacute par le comportement drsquoune personne on parle de deacuteloyauteacute professionnelle Cette derniegravere a pour effet systeacutematique de mettre en difficulteacute le responsable hieacuterarchique puisque par deacutefinition celui-ci ne deacutecouvrira les strateacutegies cacheacutees implicites qursquoau travers des accidents et conseacutequences qursquoelles provoquent Ainsi ce nrsquoest pas le deacutesaccord en tant que tel qui entrave la qualiteacute de vie drsquoune eacutequipe mais la meacuteconnaissance et le non traitement des deacutesaccords Comme nous venons de le voir le concept de loyauteacute professionnelle deacutecouvert dans et par les entreprises a une reacuteelle consistance Il peut alors ecirctre apporteacute introduit dans des eacutequipes afin drsquoen ameacuteliorer le fonctionnement
23 Introduire le concept de loyauteacute professionnelle dans une eacutequipe La prudence du chercheur face agrave lrsquoobjet La loyauteacute professionnelle nrsquoest pas un concept quelconque et anodin Son contenu est interpellant Lrsquointroduction drsquoun tel concept est neacutecessairement peacutedagogique afin de tester et de respecter le degreacute drsquoacceptation des acteurs Nos observations sur les terrains nous ont montreacute des reacuteactions quasi-systeacutematiques de curiositeacute intellectuelle mecircleacutee agrave de la gecircne de la part des acteurs En effet ce concept joue tout agrave la fois un rocircle de miroir et de conscientisation La deacuteloyauteacute professionnelle ce nrsquoest pas agreacuteable et pourtant cela existe Les acteurs le pressentent bien et en souffrent souvent sans pour autant savoir nommer le mal et le traiter La sur-validation par les acteurs Une fois la phase de gecircne passeacutee on constate lrsquoadoption du concept par les acteurs comme une sorte de reacuteveacutelation drsquoun veacutecu expeacuterientiel Ils disent freacutequemment qursquoils ressentaient intuitivement le pheacutenomegravene sans avoir jamais clairement eacuteteacute capable de le nommer et de le deacutecrire Il relevait reacutesolument de lrsquoimplicite
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Cette adoption du concept est tregraves productive drsquoinformations compleacutementaires pour le chercheur Les acteurs partent agrave la recherche de situations concregravetes permettant de valider le concept et les expriment Il est extrecircmement inteacuteressant de constater agrave ce stade que les acteurs livrent spontaneacutement et explicitement des cas agrave lrsquointervenant-chercheur sans qursquoil ait besoin lui-mecircme de deacutecoder des discours implicites sous lrsquoangle de ce reacutefeacuterentiel de loyauteacute professionnelle Crsquoest dans ce sens que nous parlons de sur-validation par les acteurs qui adoptent le concept et le font vivre avec moins de prudence que lrsquointervenant-chercheur Lrsquointeacutegration dans le vocabulaire et les pratiques de management Lrsquoadoption du concept par les acteurs est source drsquoinformations nouvelles mais eacutegalement de changement de pratiques La recherche-intervention tient alors sa promesse de transformation des situations de gestion La nouvelle capaciteacute pour les acteurs agrave nommer caracteacuteriser et mesurer la loyauteacute professionnelle change radicalement leurs relations Lorsqursquoun pheacutenomegravene a eacuteteacute clairement expliciteacute on ne peut pas faire comme srsquoil nrsquoexistait pas Crsquoest ainsi que des situations de deacuteloyauteacute professionnelle naturelles se voient plus souvent prises en compte et traiteacutees
24 Lrsquoeacutemergence drsquoune forme laquo nouvelle raquo et deacutelicate de deacuteloyauteacute professionnelle Nous avons vu plus haut que la deacuteloyauteacute professionnelle avait pour effet systeacutematique de mettre en difficulteacute le responsable hieacuterarchique puisqursquoil ne la deacutecouvre qursquoau travers des accidents et conseacutequences qursquoelle induit Les iteacuterations de longue dureacutee que nous menons au sujet de ce concept ont un rocircle de validation-affinage de la connaissance acquise Nous avons constateacute que toutes les eacutequipes sont sujettes agrave ce pheacutenomegravene plus ou moins gravement certes mais systeacutematiquement Crsquoest en soi un reacutesultat Cependant notre reacutefeacuterentiel de la loyauteacute professionnelle srsquoappuie fortement sur lrsquointentionnaliteacute et le courage des acteurs Or il eacutemerge de nos observations reacutecentes une nouvelle forme de deacuteloyauteacute professionnelle dans laquelle on peut supposer qursquoil y a absence drsquointentionnaliteacute de la personne Cette forme ne nous est pas encore totalement connue Elle srsquoexprime comme le manque de pertinence des reacutepliques le manque de sens politique les maladresses orales eacutecrites les erreurs diplomatiques les rateacutes protocolaireshellip Nous appelons provisoirement cette forme lrsquoincompeacutetence situationnelle Cette forme de deacuteloyauteacute nous paraicirct drsquoessence psychanalytique et elle semble assez irreacutepressible laquo Crsquoest plus fort que les acteurs raquo Ils font rater des opeacuterations ou deacutegradent une image de marque sans vraiment le vouloir Il ne srsquoagit pas de manques de compeacutetences agrave proprement parler puisque les personnes peuvent tregraves bien reacutealiser les opeacuterations qui leur sont confieacutees au sens technique mais degraves que des dimensions comportementales de rapports aux autres apparaissent les personnes deacuterapent soit par couardise soit par excegraves de vaniteacute Nous poursuivons les investigations pour mieux comprendre ce pheacutenomegravene au contact des acteurs ce qui signifie que la connaissance reste agrave parachever
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Conclusion Lrsquointeractiviteacute cognitive est un moyen feacutecond de geacuteneacuterer des connaissances nouvelles en approchant des meacutecanismes intimes de fonctionnement des organisations Cette relation entre le chercheur et les acteurs des organisations permet agrave la fois drsquoameacuteliorer la connaissance sur les organisations et drsquoaider celles-ci agrave ameacuteliorer leurs performances Le concept de loyauteacute professionnelle qui illustre ce papier montre bien agrave quel point il serait difficile drsquoinventer un tel concept sans un contact rapprocheacute avec lrsquoobjet de recherche BIBLIOGRAPHIE David A La recherche-intervention cadre geacuteneacuteral pour la recherche en management in David A Hatchuel A Laufer R (Coord) Les nouvelles fondations des sciences de gestion Paris Vuibert 2000 p 193-211
Pierme J-P et Wacheux F laquo Recherche en sciences de gestion et conseil aux entreprises une compleacutementariteacute dynamique agrave inventer raquo Revue de Gestion des Ressources Humaines ndeg17 1995 p3-14
Savall H Zardet V Recherche en sciences de gestion approche qualimeacutetrique ndash Observer lrsquoobjet complexe Economica 2004
Savall H Zardet V laquo La dimension cognitive de la recherche-intervention la production de connaissances par interactiviteacute cognitive raquo Revue internationale de systeacutemique 1996 24p
Wacheux F Meacutethodes qualitatives et recherche en gestion Paris Economica 1996 290p
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LrsquoINFLUENCE DES IDEOLOGIES DANS LE DEVELOPPEMENT DE LA RSE Guillaume DELALIEUX1 Doctorant en sciences de gestion ndash IAE de Lille ndash Membre du GRAPHE et du LABORES
Reacutesumeacute Lrsquoeacutetendue de la notion de Responsabiliteacute Sociale de lrsquoEntreprise agrave la fois en terme de theacutematiques qursquoelle recoupe mais aussi en terme de pratiques qursquoelle geacutenegravere est telle qursquoelle est utiliseacutee de faccedilons diverses et parfois contradictoires En sciences de gestion tout particuliegraverement du fait de lrsquoinfluence des lieux communs dans les ideacuteologies manageacuteriales et eacuteconomiques il faut se meacutefier des concepts ou notions qui tendent agrave porter en eux lrsquoideacutee de progregraves drsquoameacutelioration de lrsquoefficience Les deacutebats autour de la notion de RSE agrave la fois dans le domaine acadeacutemique mais aussi sur la place publique traduisent lrsquoengouement autour drsquoune notion qui agrave deacutefaut de posseacuteder une deacutefinition preacutecise reacuteussi agrave reacuteunir de multiples acteurs ou parties prenantes autour de ce cette notion Les travaux universitaires en sciences de gestion sur le sujet mobilisent des theacuteories diverses pour essayer drsquoappreacutehender au mieux la nature du pheacutenomegravene Ces contradictions geacutenegraverent un risque de confusion drsquoutilisation maladroite voire mecircme drsquoinstrumentalisation au service drsquoacteurs dont les intentions et inteacuterecircts ne sont pas forceacutement congruents aux valeurs de laquo la philosophie raquo sous-jacente agrave la RSE en supposant lrsquouniciteacute de celle-ci Face agrave une telle complexiteacute le rocircle du chercheur en sciences de gestion est de la simplifier sans tomber dans les travers du reacuteductionnisme reacuteduisant lrsquoactiviteacute intentionnelle agrave un comportement conditionneacute Simplifier la reacutealiteacute neacutecessite de revenir aux fondements de la notion et drsquoanalyser son eacutevolution sur le plan conceptuel afin de la clarifier Le but de cet article est apregraves avoir briegravevement retraceacute lrsquoorigine de la notion de RSE de reacutealiser un panorama non exhaustif des diffeacuterentes theacuteories rencontreacutees jusqursquoici par lrsquoauteur dans sa revue de litteacuterature en sciences de gestion et theacuteorie des organisations sur le sujet Introduction La notion de responsabiliteacute sociale des entreprises (RSE) nrsquoa plus rien agrave envier en matiegravere de notorieacuteteacute agrave celle de deacuteveloppement durable A tel point drsquoailleurs qursquoelle semble partager avec le deacuteveloppement durable son caractegravere ambigu Les qualificatifs ne manquent pas agrave son eacutegard concept vague flou seacutemantique ambiguiumlteacute lexicale concept ombrelle laquoondoyante et proteacuteiformeraquo sont autant drsquoexpressions senseacutees deacutecrire lrsquoheacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute agrave la fois des discours omnipreacutesents sur la RSE et des pratiques plus eacuteparses Homonyme aristoteacutelicien la RSE devient un lieu drsquoaffrontement
1 LABORES ndash ICL 60 bd vauban 59000 LILLE CLAREE ndash IAE de Lille 104 avenue du peuple belge 59000 LILLE Teacuteleacutephone 0662336699 E-mail guillaumedelalieuxclublemondefr
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Au niveau theacuteorique sur les valeurs qursquoelle est senseacutee incarner Au niveau pratique sur les modaliteacutes drsquoimpleacutementation en instruments de gestion
La particulariteacute du laquo concept ombrelle raquo est drsquoabriter en son sein des revendications varieacutees et parfois totalement contradictoires Les exemples de concepts ombrelles ne manquent pas le principe de preacutecaution (Ewald 2001) en est un exemple reacutecent les droits de lrsquohomme (Gauchet 2002) en sont un autre Ce dernier illustre les diffeacuterences radicales existant entre drsquoun cocircteacute une conception a minima et de lrsquoautre maximaliste de la notion La RSE est une notion qui nrsquoest pas stabiliseacutee et qui fait lrsquoobjet drsquoune construction progressive au centre de poleacutemiques ougrave des forces opposeacutees srsquoattachent agrave faire valoir une deacutefinition particuliegravere de la notion suite agrave un affrontement sur les valeurs Elle vise agrave resituer les responsabiliteacutes de lrsquoentreprise (compris comme un ensemble drsquointeacuterecircts particuliers ou collectifs) vis-agrave-vis de lrsquointeacuterecirct geacuteneacuteral Crsquoest ainsi que Capron (2004) explique le relatif scepticisme drsquoune frange de lrsquoopinion publique franccedilaise et plus largement de pays agrave tradition drsquointerventionnisme eacutetatique quant agrave la capaciteacute de prise en compte de lrsquointeacuterecirct geacuteneacuteral par lrsquoentreprise fonction jusqursquoici deacutevolue agrave lrsquoeacutetat A lrsquoinverse dans les pays agrave tradition politique libeacuterale le scepticisme est moins de rigueur concernant la capaciteacute des acteurs priveacutes agrave prendre en charge lrsquointeacuterecirct geacuteneacuteral Situeacutee au carrefour des inteacuterecircts particuliers collectifs et geacuteneacuteral la RSE est donc lrsquoobjet de deacutebats ideacuteologiques sur la leacutegitimiteacute du concept et ses modaliteacutes pratiques drsquoimpleacutementation Essayer dans un premier temps drsquoidentifier les ideacuteologies agrave lrsquoœuvre dans le deacuteveloppement de la RSE a pour but de permettre une meilleure interpreacutetation agrave mecircme de saisir les significations que les acteurs en preacutesence attachent agrave la reacutealiteacute sociale leurs motivations leurs intentions Apregraves avoir deacutefini la notion drsquoideacuteologie puis eacuteclairci les fondements ideacuteologiques de la notion de RSE un bref examen de diffeacuterentes theacuteories des organisation les mieux agrave mecircme drsquoanalyser lrsquoideacuteologie de la RSE en sciences de gestion sera dresseacute
1 Ideacuteologie La profusion des discours sur la notion de RSE est telle que la notion finit par devenir un lieu commun Or les lieux communs sont les lieux mecircmes de laquo lrsquoexpression drsquoune ideacuteologie raquo (Heilbrunn 2004)
11 Deacutefinitions Une des premiegraveres deacutefinitions de lrsquoideacuteologie concept forgeacute en par Destutt de Tracy a eacuteteacute deacutefini comme laquo un systegraveme drsquoideacutees et de jugements explicites et geacuteneacuteralement organiseacutees qui sert agrave deacutecrire expliquer interpreacuteter ou justifier la situation drsquoun groupe ou drsquoune collectiviteacute et qui srsquoinspirant largement de valeurs propose une orientation preacutecise agrave lrsquoaction de ce groupe dans lrsquoHistoire raquo Lrsquoideacuteologie fait appel agrave la dimension des laquo comportements psychologiquesraquo et srsquoinscrit dans un processus collectif qui ne peut exister que dans une socieacuteteacute de masse laquo Elle se veut ainsi drsquoabord science de la construction des ideacutees de leurs conditions de naissance et drsquoeacutevolution (des perceptions aux ideacutees abstraites) agrave leurs lois drsquoorganisation [hellip] il srsquoagit de percer le secret des ideacutees et de reacuteveacuteler ainsi la deacutemarche de la penseacutee juste raquo (Dortier 2004) La critique marxiste la deacutefinit comme laquo lrsquoensemble des repreacutesentations des ideacuteaux et des valeurs propres agrave une classe ou un groupe social raquo (Dortier 2004) En poussant la critique et dans une conception plus foucaldienne de rapport entre savoir et pouvoir lrsquoideacuteologie est consideacutereacutee
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comme lrsquoexpression des esprits dominants empecircchant certaines theacuteories ou expeacuterimentations de progresser (Foucault 1994) Dans son acception la plus peacutejorative lrsquoideacuteologie est consideacutereacutee comme une vision fausse de la reacutealiteacute elle deacuteforme la reacutealiteacute et aliegravene laquo La fibre ideacuteologique repose sur les passions et cherche agrave mobiliser les sentiments drsquoamour et de haine raquo pour P Ansart tandis que pour Raymond Boudon elle reacutesulte drsquoune penseacutee raisonnable mais non infaillible (Dortier 2004) Dans le domaine politique lrsquoideacuteologie srsquoeacutepanouit pleinement et devient lrsquoinstrument central dans la constitution drsquoun mouvement
12 Ideacuteologie en sciences sociales En sciences sociales lrsquoideacuteologie se doit drsquoecirctre deacutemasqueacutee laquo Les sciences sociales permettent une action du vivant sur le vivant Les paradigmes des sciences sociales ne sont pas neutres en terme de pouvoir Ils ne peuvent donc pas envisager lrsquoisolement de des conditions de lrsquousage du pouvoir de leur champ drsquoapplication Le risque drsquoune telle leacutegitimation est qursquoelle deacutegeacutenegravere en dogme cest-agrave-dire qursquoelle se colore drsquoeacutethique ou de moraliteacute Il existe une tregraves notable diffeacuterence entre lrsquoaction drsquoun pouvoir srsquoexerccedilant par lrsquointermeacutediaire drsquoune politique qui agrave son tour se leacutegitime par un paradigme et drsquoautre part lrsquoideacuteologie qui est lrsquoutilisation consciente drsquoune repreacutesentation pour leacutegitimer lrsquousage de ce pouvoir et assurer sa peacuterenniteacute raquo (Cotta Calvet 2005) Le but drsquoune recherche en sciences sociales est donc sur le plan de lrsquoeacutepisteacutemologie de distinguer la theacuteorie de lrsquoideacuteologie reacuteduisant ainsi lrsquoimpact des ideacuteologies afin de permettre agrave la science de produire des connaissances valides et mobilisables Quel(s) type(s) de connaissances les sciences de gestion peuvent-elles produire Quel est lrsquoimpact des ideacuteologies sous-jacentes aux diffeacuterentes approches de la RSE en gestion sur la nature des connaissances produites et mobilisables
13 Ideacuteologie et sciences de gestion Le deacuteveloppement des travaux de recherche en science de gestion sur la theacutematique de la RSE peut amener le chercheur agrave se questionner sur la pertinence de ses propres recherches dans une deacutemarche reacuteflexive Un tel questionnement permet de positionner la porteacutee des travaux face agrave la complexiteacute neacutee de lrsquoenchevecirctrement des pratiques inter et intra organisationnelles sans aller jusqursquoagrave se demander le but ou lrsquoutiliteacute des connaissances produites en gestion dans le domaine de la RSE questionnement qui agrave la fois postulerait une deacutemarche teacuteleacuteologique et induirait des questions drsquointeacuterecircts de connaissances La theacutematique de la RSE agrave lrsquointerface du priveacute et du public confronte les inteacuterecircts des principaux acteurs institutionnels de la socieacuteteacute qursquoils soient drsquoordre politiques corporatistes scientifiques ou religieux Deacutefinir et circonscrire le peacuterimegravetre agrave lrsquointeacuterieur duquel les entreprises peuvent exercer leurs strateacutegies concurrentielles cad reacuteguler en quelque sorte les pratiques des acteurs de lrsquoeacuteconomie a successivement eacuteteacute lrsquoapanage pour ne pas dire le monopole des mythes des religions du droit puis de la science La mondialisation de lrsquoeacuteconomie modifie les sphegraveres de compeacutetence entre eacuteconomie politique eacutethique et les structures preacuteceacutedemment eacutetablies pour reacuteguler ces pratiques Quels sont le rocircle et la place que les sciences de gestion se doivent de prendre dans ce domaine De nombreuses deacutefinitions de la gestion tentant de circonscrire le peacuterimegravetre drsquoaction et lrsquoobjet drsquoeacutetude des sciences de gestion coexistent Une deacutefinition semble toutefois rassembler un relatif consensus autour de la probleacutematique de lrsquoaction collective (Hatchuel 2002) Cependant entre meacutetaphysique de lrsquoaction collective et theacuteorie axiomatique ou geacuteneacutealogique de celle-ci il existe tout un monde Pour Hatchuel les
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entreprises ne survivent que parce qursquoelles sont capables (volontairement ou par neacutecessiteacute) de renouveler leurs principes de gestion ce qui en theacuteorie systeacutemique reprend le principe de preacuteservation que poursuit neacutecessairement tout systegraveme La theacuteorie axiomatique de lrsquoaction collective se distingue de la meacutetaphysique en cela qursquoelle remet en cause tout fondement naturel ou principe totalisateur tel que le profit ou la strateacutegie par exemple (mais encore pourquoi pas le deacuteveloppement durable) Lrsquoouverture de la gestion agrave ces theacuteories axiomatiques doit permettre drsquoinclure les valeurs eacutemancipatrices du temps preacutesent neacutecessaire agrave leur survie cest-agrave-dire pour le reformuler autrement au risque de deacuteformer le penseacutee de lrsquoauteur laquo drsquoendogeacuteneacuteiser la critique raquo (Boltanski Chiapello 1999) Lrsquoaction collective qui se pose alors comme objet des sciences de gestion amegravene drsquoautres notions comme la rationalisation des moyens drsquoaction afin drsquoatteindre lrsquoefficaciteacute et la performance sanctionneacutees par le profit Une analyse historique de ces notions selon Hatchuel (2002) toujours illustre la contingence socio-historique de ces notions Sans pousser ici plus loin des travaux drsquoanalyse seacutemiologiques ou linguistiques sur ces notions on peut toutefois remarquer que lrsquoaction collective neacutecessite un certain nombre de conventions autour desquelles un relatif consensus eacutemerge afin de permettre lrsquoaction collective ce que Laufer (2002) appelle laquo rheacutetorique de lrsquoaction collective raquo Cette rheacutetorique de lrsquoaction collective deacutefinit la gestion de la maniegravere suivante laquo geacuterer crsquoest leacutegitimer cad produire une argumentation susceptible de rendre le management de lrsquoentreprise acceptable par toutes les parties prenantes raquo Cette approche de la gestion est drsquoautant plus inteacuteressante que pour reprendre les analyse de Boltanski Chiapello (1999) les organisations contemporaines ont besoin laquo drsquoune rheacutetorique produisant les eacuteleacutements agrave mecircme de motiver ou plutocirct de mobiliser les acteurs de lrsquoorganisation et en phase avec les besoins reacutesultants des nouveaux modes drsquoorganisation raquo La RSE peut-elle srsquointerpreacuteter agrave partir de cette deacutefinition comme une rheacutetorique de plus au service de la leacutegitimation de lrsquoaction collective
2 La notion de Responsabiliteacute Sociale des Entreprises La notion de Responsabiliteacute Sociale des Entreprises est comme tous les termes issus du recoupement des pratiques discursives chargeacutee des diffeacuterents contenus seacutemantiques reacutesultant agrave la fois de lrsquointentionnaliteacute des acteurs qui mobilisent la notion mais aussi de lrsquointerpreacutetation de la notion qui est faite par le processus de compreacutehension des acteurs Exception faite de certains neacuteologismes ne reprenant aucune notion preacuteceacutedemment utiliseacutee un mot est toujours chargeacute de significations accumuleacutees au cours du temps Sans deacutevelopper ici de maniegravere plus approfondie des analyses de type seacutemiologique ou philosophique sur les notions de responsabiliteacute (Ewald 1999) de social et drsquoentreprise il est neacutecessaire de srsquoarrecircter briegravevement sur les fondements de la notion afin de resituer le contexte des deacutebats contemporains sur la RSE
21 Histoire et gestion laquo Crsquoest un pheacutenomegravene geacuteneacuteral dans lrsquohistoire des socieacuteteacutes qursquoune mecircme revendication- crsquoest ce qui fait sa force- soit supporteacutee par des inteacuterecircts pluriels et srsquoinscrive dans des perspectives agrave lrsquointeacuterieur des quelles elle a une signification propre distincte des autres raquo (Madjaran 1991) Si les travaux de type historiques sont de plus en plus nombreux en gestion (Godelier 2000) histoire de la gestion et gestion de lrsquohistoire sous la simpliciteacute de la formule illustrent les enjeux drsquoune telle deacutemarche Lrsquohistoire en gestion (des outils et pratiques de gestion) doit ainsi laquo contribuer agrave reacuteveacuteler et eacuteclairer la complexiteacute du reacuteel Elle permet de lutter contre une
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certaine naiumlveteacute manageacuteriale qui consiste agrave affirmer une fois sans limite dans la capaciteacute des outils agrave changer le reacuteel et les acteurs raquo laquo [hellip] le retour vers le passeacute montre que la reacuteussite deacutepend certes du charisme ou de la maicirctrise des dirigeants mais surtout de leur capaciteacute agrave rendre possible la collaboration entre des acteurs souvent divergents dans leurs attentes comme dans leur strateacutegie individuelle et collectiveraquo (Godelier 2000) La question de lrsquoorigine et du fondement drsquoune notion en geacuteneacuteral et de celle de la RSE en particulier est souvent controverseacutee La question de lrsquoorigine ne se pose qursquoagrave partir drsquoun certain seuil ou pallier de notorieacuteteacute franchie Autrefois leacutegitimeacutee par les mythes puis les religions crsquoest aujourdrsquohui la science qui se doit de trancher la question des fondements ou de lrsquoorigine senseacutee constituer laquo le socle ou les fondations dont la stabiliteacute doivent assurer le deacuteveloppement des ideacutees raquo (Dortier 2004) Retracer a posteriori lrsquoorigine drsquoune notion nrsquoest pas chose facile et requiert une meacutethodologie de recherche approprieacutee le plus souvent longitudinal qui reste lrsquoapanage des historiens Lrsquoimmensiteacute du champ des eacuteveacutenements dont naicirct la liberteacute des historiens rend neacutecessaire une laquo preacutecompreacutehension historique globale raquo (Habermas 1987) afin de preacutetendre agrave lrsquointerpreacutetation drsquoune situation drsquoensemble Essayer de deacutefinir les responsabiliteacutes sociales de lrsquoentreprise cest-agrave-dire en quelque sorte le type de responsabiliteacute que se doivent drsquoassumer les entreprises nous amegravene sur le terrain de plusieurs disciplines des sciences humaines Les probleacutematiques agrave lrsquointerface du priveacute et du public ont toujours eacuteteacute lrsquoobjet de deacutebats de socieacuteteacute impliquant par lagrave mecircme diverses disciplines allant de la politique dans la mesure ou ceux-ci concernent lrsquoorganisation de la laquo citeacute raquo en passant par lrsquoeacuteconomie le droit (tracer les frontiegraveres entre droit et morale) et plus reacutecemment la gestion Preacutetendre que la notion de RSE est un pheacutenomegravene nouveau sur le plan theacuteorique au moins relegraveverait donc drsquoun manque de discernement qui en srsquoeacutemancipant du contexte historique reviendrait agrave laquo se soumettre agrave lrsquoimmanence de lrsquoordre existant raquo (Habermas 1987) Une deacutemarche de type historique pour situer la recherche en sciences de gestion permettrait donc drsquoeacuteviter ce biais
22 Origine de la RSE Les origines de la RSE en France sont drsquoabord drsquoorigine ideacuteologique (Capron Beaujolin 2005) avant de srsquoenraciner dans une pratique Une analyse historique du contexte institutionnel franccedilais au niveau des rapports entre politique et eacuteconomique le montre (Capron Beaujolin 2005) Comment ne pas interpreacuteter alors en dehors de la sphegravere ideacuteologique les diffeacuterents courants en gestion qui tentent de faire le parallegravele entre RSE et la notion dont elle est agrave deacutefaut de partager les ideacutees la traduction litteacuterale la Corporate Social Responsibility
221 Corporate Social Responsibility La question de lrsquoorigine de la CSR a deacutejagrave eacuteteacute abondamment traiteacutee On citera agrave titre de reacutefeacuterences les travaux principaux de Frederick (1994) Carroll (1999) et Davis (1973) Certains font remonter lrsquoorigine de la notion agrave lrsquoouvrage de Berle et Means (1932) laquo The modern corporation and private property raquo (Frederick 1994) questionnant les reacutepercussions du transfert du pouvoir conseacutecutif agrave la seacuteparation entre drsquoune part les proprieacutetaires de lrsquoentreprise et de lrsquoautre ses dirigeants Drsquoautres (Carroll 1999) attribuent la paterniteacute du concept agrave Bowen (1953) qui marque le deacutebut de lrsquoegravere moderne de la CSR et dont les eacutecrits tranchent avec les notions parfois
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qualifieacutees de preacutehistoriques de la CSR que Bearle amp Means (1932) ou encore Barnard (1938) avaient pu deacutevelopper auparavant Le caractegravere quasi naturel de la notion de CSR dans le contexte historique institutionnel ameacutericain peut provenir de lrsquoideacuteologie du libeacuteralisme politique et eacuteconomique La philosophie politique du libeacuteralisme circonscrit le traitement de la question du social agrave la sphegravere de lrsquoinitiative personnelle tout en reconnaissant le rocircle de lrsquoeacutetat agrave inciter agrave ce comportement de la part des acteurs priveacutes (Ewald 1999) Cette philosophie tend agrave instituer de fait la leacutegitimiteacute de la notion de responsabiliteacute sociale en tant que politique volontariste drsquoexercice de ses responsabiliteacutes morales Contextualiseacute au niveau corporate le rocircle de lrsquoeacutetat est donc drsquoinciter les comportements socialement responsables et ainsi de garantir lrsquoexercice de ce droit Si la question des origines semble faire lrsquoobjet drsquoun relatif consensus celui de la leacutegitimiteacute de la notion suscite moins de controverses agrave lrsquoexception notable de la contribution de Jones MT (1996) qui effectue une critique post-moderne radicale de la CSR faisant le lien avec les critiques acadeacutemiques franccedilaises identiques et plus nombreuses La notion de CSR semble donc avoir une histoire et une tradition bien ancreacutee aux E-U Sans revenir sur les eacutecrits de Tocqueville sur La deacutemocratie en Ameacuterique deacutecrivant les speacutecificiteacutes institutionnelles de lrsquoeacutepoque et pour beaucoup encore valables aujourdrsquohui il est inteacuteressant de se demander comment appliquer cette notion au contexte institutionnel franccedilais et agrave une plus large eacutechelle en Europe Lrsquoexistence drsquoun lien entre la corporate social responsibility (CSR) et le deacuteveloppement de la RSE en Europe et plus particuliegraverement en France neacutecessite de srsquoarrecircter sur lrsquoeacutemergence historique de la notion de RSE afin de deacutegager le cas eacutecheacuteant des similariteacutes Le contexte socio-historique franccedilais est speacutecifique et diffegravere en bien des points de celui des Etats-Unis
23 Du Paternalisme agrave la RSE en France Il est deacutelicat de preacutetendre ici agrave un travail historique drsquoanalyse longitudinal sur lrsquoeacutevolution des preacuteoccupations sur les relations entreprise - socieacuteteacute qui est lrsquoapanage des historiens Neacuteanmoins occulter cette eacutetape ferait courir le risque drsquoune soumission aveugle agrave laquo lrsquoimmanence de lrsquoordre existant raquo (Habermas 1987) Il est possible de deacutegager un ensemble de preacuteoccupations sur le sujet qui ont structureacute la reacuteflexion en France sur la question tels les travaux reacutecents de Capron Beaujolin (2005) qui reconnaissent lrsquoorigine ideacuteologique du concept en France pousseacute par quelques firmes pionniegraveres plutocirct que deacutecoulant drsquoun enjeu de marcheacute Sans remonter jusqursquoagrave lrsquoeacutepoque gallo-romaine et les conseacutequences de lrsquointroduction du droit romain sur la notion de responsabiliteacute on peut logiquement fixer la borne chronologique de deacutepart de lrsquoanalyse agrave lrsquoeacutemergence progressive des entreprises en France agrave savoir la fin du XIXegraveme siegravecle (Godelier 2000) Le deacuteveloppement du paternalisme au 19egraveme siegravecle (Ballet De Bry 2002) semble partager des similitudes avec la RSE contemporaine tant sur le plan de la controverse des motivations que sur celui du deacutebat des partisans et opposants Le paternalisme ou patronage pour reprendre son origine eacutetymologique a accompagneacute de maniegravere ambivalente agrave la fois une volonteacute de preacuteserver le capitalisme face agrave la monteacutee du socialisme et du syndicalisme en mecircme temps qursquoune reacuteelle volonteacute de la part de certains patrons drsquoameacutelioration des conditions de vie de leurs salarieacutes Le deacuteveloppement du paternalisme srsquoest donc deacuterouleacute comme la doctrine du libeacuteralisme le preacutevoyait agrave savoir agrave lrsquoinitiative de patrons innovateurs agrave lrsquoeacutepoque en matiegravere de protection sociale avant que ces pratiques de protection sociale ne soient reprises progressivement par lrsquoEtat puis la seacutecuriteacute sociale fondant par lagrave mecircme la leacutegitimiteacute de lrsquoideacuteologie du socialisme (Baudrillard 1985)
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Les eacuteveacutenements de 1960 ont sembleacute marquer la reacuteforme de lrsquoentreprise avec une reacuteflexion plus globale sur les conseacutequences de son activiteacute sur la socieacuteteacute crsquoest la naissance du Bilan Social en France (1977) Lrsquoentreprise citoyenne fait son apparition dans les anneacutees 80 tandis que lrsquooffre drsquoeacutethique ressurgit agrave la fin des anneacutees 1980 et le deacutebut des anneacutees 1990 (Salmon 2002) Pour (Leacutepineux 2003) deux modes drsquointerpreacutetation ou ideacuteologies concernant lrsquoeacutemergence de la RSE srsquoopposent
une approche orthodoxe dinspiration anglo-saxonne une approche socieacutetale dinspiration franccedilaise drsquoinspiration culturaliste
Tenter de fonder la notion de RSE en France sur celle de CSR aux E-U semble ainsi relever de la sphegravere ideacuteologique (Capron Beaujolin 2005) alimentant par lagrave mecircme les craintes de certains politiques assimilant la RSE agrave un cheval de Troie accompagnant la mondialisation eacuteconomique pour leacutegitimer la centraliteacute de lrsquoentreprise au sein du contexte institutionnel
3 Lrsquoideacuteologie de la RSE et theacuteorie des organisations Au niveau de la mise en place drsquoinstruments de gestion quelles seront la fonction et lrsquoutiliteacute des diffeacuterents outils de gestion deacuteveloppeacutes jusqursquoici dans le champ de la RSE
certification labellisation o codes de conduite o audit et reporting social o initiative dialogue social (multi stakeholder) o Investissement Socialement Responsable
En gestion comme Festinger (Koenig 2002) lrsquoa montreacute les reacuteponses agrave des dissonances cognitives peuvent ecirctre multiples
Cesser les pratiques remises en cause Deacutenier toute valeur aux argumentations scientifiques remettant en cause ces pratiques Adapter sa philosophie de vie pour continuer
Lrsquoinstrumentation de gestion a-t-elle alors pour but de reacuteduire lrsquoeacutequivociteacute informationnelle dans le domaine de la RSE en creacuteant du sens pour les acteurs en leur permettant une prise sur le reacuteel Ou bien encore le type drsquoinformations produites par lrsquoinstrumentation de gestion de la RSE a-t-il pour but de permettre une laquo action audacieuse et enthousiaste raquo jugeacutee bien plus laquo adeacutequate que la recherche drsquoune repreacutesentation qui pour ecirctre preacutecise ne peut ecirctre qursquoobsolegravete raquo (Koenig 2002)
31 Forces et faiblesses de la diversiteacute Ce flou conceptuel de la RSE a pour avantage principal drsquooffrir un cadre suffisamment large et vaste pour permettre de reacuteunir autour de cette notion les inteacuterecircts et revendications des diffeacuterentes parties prenantes Crsquoest le propre du langage que de proceacuteder par tacirctonnements et essais afin de construire par recoupement des notions autour desquelles un relatif consensus eacutemerge Cette proprieacuteteacute que lrsquoon qualifiera ici de caractegravere reacutegulateur a pour principal avantage drsquoinitier la neacutegociation aucune neacutegociation ne serait en effet possible sans lrsquoexistence de termes suffisamment flous et ambigus pour abriter les inteacuterecircts divergents de chacun et permettre ainsi de dissimuler des intentions parfois fondamentalement opposeacutees Le concept de RSE est donc un homonyme au sens drsquoAristote il nrsquoaboie pas plus que celui du chien pour reprendre les termes de Spinoza mais il a le meacuterite de permettre un relatif consensus autour de certaines theacutematiques ce qursquoauparavant drsquoautres notions comme lrsquoentreprise citoyenne ou lrsquoeacutethique des affaires nrsquoavaient pas reacuteussi agrave faire La charge
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seacutemantique de telles notions nrsquoest eacutevidemment pas le seul paramegravetre explicatif du pheacutenomegravene de deacuteveloppement ou de deacuteclin de ce processus mais il constitue une piste parmi drsquoautres Ainsi lrsquoextrecircme diversiteacute des thegravemes que peuvent recouvrir la RSE qualifieacutees par certains de concept creux permet en fait agrave chaque partie prenante drsquointeacutegrer ses inteacuterecircts propres et revendications agrave lrsquointeacuterieur de la notion de RSE La varieacuteteacute de ces diffeacuterents courants illustre parfaitement drsquoune part la complexiteacute des relations entre diffeacuterents acteurs reacuteunis au sein de lrsquoactiviteacute organisationnelle collective et drsquoautre part la diversiteacute des motivations et valeurs qui sous tendent cette activiteacute Ces diffeacuterentes conceptions de la notion de RSE sont autant de courants opposeacutes qui srsquoattachent agrave faire preacutevaloir leur conception propre de la notion la faccedilon de poser le problegraveme de deacutelimiter les frontiegraveres et de cerner les enjeux Cependant lrsquoeacutequivociteacute de la notion de RSE aboutit parfois agrave des situations paradoxales2 drsquoentreprises autoproclameacutees responsables faisant lrsquoeacuteloge des droits de lrsquohomme tout en interdisant les syndicats et toute forme drsquoexpression collective Il est en effet difficile vu lrsquoeacutetendue de la notion de se preacutetendre socialement responsable ou labelliseacute RSE par quelque organisme que ce soit et preacutetendre satisfaire simultaneacutement les attentes de chaque partie prenante Ainsi les deacutebats divergences drsquoapproche de compreacutehension de contextualisation et de theacuteorisation ne manquent pas Les theacuteories mobiliseacutees pour appreacutehender en sciences de gestion lrsquoeacutemergence de la RSE sont diverses et ne permettent pas toutes drsquoatteindre le mecircme degreacute drsquoappreacutehension du deacuteveloppement de lrsquoinstrumentation de la RSE Diffeacuterentes theacuteories parfois issues de lrsquoeacuteconomie (reacutegulation) ou de la biologie (eacutevolutionnisme) ont eacuteteacute mobiliseacutees sur le domaine naissant du courant de la RSE en gestion
Post-moderne Theacuteorie de la reacutegulation approche neacuteo - institutionnelle Conventionnaliste Evolutionniste Approche RBV
La question principale est ici de deacutegager le cadre theacuteorique le plus adapteacute agrave une analyse de lrsquoinfluence des ideacuteologies dans la contextualisation de la RSE et le deacuteveloppement de lrsquoinstrumentation de gestion Critique de type post-moderne critique du grand discours de la raison occidentale Jones (1996) deacutenonce lrsquoideacuteologie de la RSE qui pour lui srsquoenracine dans celle de son ancecirctre le plus proche le manageacuterialisme (Le Goff 1995) La croyance qursquoune classe de managers creacuteeacutes par le deacuteveloppement institutionnel deacutecrit par Bearle amp means (1932) servirait de maniegravere bienveillante les inteacuterecircts de la socieacuteteacute Sous cet angle la CSR est une ideacuteologie leacutegitimant le statu quo socieacutetal en perpeacutetuant une vision essentiellement fonctionnaliste de la socieacuteteacute Au niveau manageacuterial lrsquoaction ne peut se concevoir qursquoagrave lrsquointeacuterieur de frontiegraveres dont les limites sont traceacutees par la rationaliteacute eacuteconomique dominante Pour reprendre les analyses de Foucault le discours sur la CSR contribue agrave renforcer lrsquoheacutegeacutemonie ideacuteologique dans laquelle les arrangements institutionnels contemporains sont deacutecrits comme servant lrsquointeacuterecirct geacuteneacuteral alors qursquoils ne servent en fait que les inteacuterecircts drsquoune minoriteacute Une telle analyse du sujet amegravene agrave la conclusion suivante empiriquement et theacuteoriquement la seule voie plausible pour la RSE est de proposer une force de pression externe exerccedilant des contre pressions (parties prenantes) incitant et obligeant les entreprises agrave agir de maniegravere socialement plus responsable 2 Triomphe C-E laquo Responsabiliteacutes sociales raquo in Le Monde suppleacutement eacuteconomie 300305
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Approche reacutegulationniste Issue des sciences eacuteconomiques le cadre theacuteorique de la reacutegulation a cependant eacuteteacute utiliseacute en sciences de gestion notamment pour analyser la contextualisation de la deacutemarche qualiteacute au sein drsquoune entreprise industrielle (Rousseau 1997) Cette approche reprend en grande partie les analyses de la critique post-moderne de la RSE Elle deacutenonce la preacutepondeacuterance des acteurs institutionnels de lrsquoeacuteconomie dans le domaine de la reacuteglementation et de la leacutegislation environnementale et sociale ainsi que sa capaciteacute drsquoimposer par des jeux institutionnels des regravegles du jeu nrsquoincluant pas forceacutement lrsquointeacuterecirct de leurs parties prenantes dans son sens le plus large Les normes sociales et environnementales se retrouvent alors par le truchement de la concurrence reacuteduites agrave de simples variables drsquoajustement des manœuvres strateacutegiques des entreprises Lrsquoinstrumentation de la RSE au sein des sciences de gestion peut alors srsquointerpreacuteter comme la reacuteponse agrave cette remise en cause le rocircle de la RSE eacutetant de deacutefinir ou de circonscrire la laquo marge de toleacuterance agrave lrsquointeacuterieur de laquelle les valeurs theacuteoriques drsquoun systegraveme social peuvent varier sans que son existence soit mise en danger raquo (Habermas 1982) Lrsquoinstrumentation de la RSE peut alors srsquointerpreacuteter comme agrave la fois mettant en scegravene et donnant sens agrave la RSE tout en eacutetant porteur des ideacuteologies utilitaristes dominantes dans le systegraveme social actuel Approche neacuteo-institutionnelle Dans le prolongement des travaux de Di Maggio Powell (1983) Oliver (1991) Meyer amp Rowan (1977) la theacuteorie neacuteo-institutionnelle subordonne la compreacutehension des organisations agrave lrsquoeacutetude des relations entre organisations et agrave lrsquoinfluence de leur environnement social Selon Meyer amp Rowan (1977) certaines pratiques adopteacutees par les organisations suivent un laquo ceacutereacutemoniel raquo indeacutependamment de lrsquoutiliteacute intrinsegraveque de ces pratiques pour lrsquoorganisation La socieacuteteacute institutionnalise en quelque sorte certaines pratiques en leur confeacuterant une symbolique proche du mythe Le mythe est drsquoautant plus renforceacute que lrsquoadoption des pratiques dans les formes nrsquoest pas toujours suivie de changements des pratiques dans la reacutealiteacute (Powell amp DiMaggio 1983) Lrsquoapproche neacuteo-institutionnelle srsquointeacuteresse agrave lrsquoinfluence du contexte institutionnel sur lrsquoadoption de pratiques ou drsquoarchitecture institutionnelle que cette adoption soit contrainte ou choisie Les entreprises adoptent les structures que les institutions exigent drsquoelles afin drsquoaccroicirctre leur leacutegitimiteacute institutionnelle et leur pouvoir La multiplication de deacutepartement deacuteveloppement durable ou RSE au sein des entreprises semble reacutepondre en partie agrave cette logique de quecircte de leacutegitimiteacute Lrsquointeacuterecirct de la theacuteorie reacuteside dans le risque de deacutecalage existant entre adoption formelle au sein drsquoun organigramme et pratique reacuteelle qui peuvent parfois diverger de maniegravere notoire Conventionnaliste Lrsquoapproche conventionnelle deacutecrite plus comme un mouvement drsquoideacutees qursquoune theacuteorie unifieacutee (Rojot 2003) deacutefinit la neacutecessiteacute de lrsquoexistence de conventions entre les acteurs drsquoune organisation commune afin de permettre lrsquoaction collective La RSE en tant qursquoinstrument de gestion doit permettre une meilleure deacutefinition de reacutefeacuterentiels communs permettant la coopeacuteration en reacuteglant les comportements des systegravemes de valeurs des regravegles de conduite explicites ou implicites des conventions Ces conventions reposent sur diffeacuterents modes de leacutegitimiteacute (Boltanski Chiapello 1999) aux fondements philosophiques Le deacuteveloppement de la RSE pourrait srsquointerpreacuteter dans un cadre conventionnaliste comme un ensemble de pratiques favorisant lrsquoeacutemergence de laquo contractualisation ex post dans le sens tregraves particulier que lui donne le philosophe D Lewis
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agrave savoir reacutegulariteacute de comportement permettant une coordination entre les individus sans qursquoil y ait pourtant drsquoagreacutement explicite raquo Evolutionniste Approche RBV Ecologie des populations approche par les ressources et theacuteorie eacutevolutionniste ont ceci en commun lrsquoenvironnement joue un rocircle deacuteterminant dans la conduite des organisations Seul le niveau drsquoanalyse diffegravere communauteacute de population (approche macro eacutevolutionniste) population drsquoorganisations (eacutecologie des populations) ressources des organisations (RBV) Les ideacutees de la theacuteorie eacutevolutionniste en sciences de la nature ont eacuteteacute reprises et appliqueacutees en sciences de gestion Lrsquoapproche orthodoxe (neacuteo classique) ne reacuteussissant pas agrave appreacutehender de maniegravere satisfaisante lrsquoeacutevolution du progregraves et de la technique au sein des firmes qursquoelle deacutecrit comme un processus continu et reacutegulier alors que des travaux empiriques illustrent son caractegravere discontinu et par grappes Nelson et Winter (Ibert 2002) deacutecident alors de reconstruire une theacuteorie en se basant sur la rationaliteacute limiteacutee de Simon et la theacuteorie de lrsquoinnovation Le niveau drsquoanalyse qui va ecirctre privileacutegieacute est celui des routines organisationnelles (semblables aux conventions) qui vont deacuteterminer le comportement de la firme en fonction de variables externes multiples (conditions de marcheacute principalement) agrave travers le processus de recherche drsquoinnovations et de seacutelection de lrsquoenvironnement Sans rentrer dans les subtiliteacutes de la theacuteorie eacutevolutionniste en distinguant les contributions de Darwin Lamarck et Spencer (Heilbrunn 2004) la performance organisationnelle sera donc deacutetermineacutee par la capaciteacute des organisations agrave deacutetenir les routines organisationnelles requises pour passer la seacutelection imposeacutee par lrsquoenvironnement Appliqueacute agrave la RSE si lrsquoexigence de labellisation sociale comportements socialement responsables des entreprises de la part des consommateurs des pouvoirs publics (de lrsquoenvironnement en geacuteneacuteral) venait agrave srsquointensifier seules les organisations ayant deacutevelopper les routines organisationnelles neacutecessaires survivraient et passeraient le cap de la seacutelection imposeacutee par lrsquoenvironnement Conclusion En sciences de gestion tout particuliegraverement du fait de lrsquoinfluence des lieux communs dans les ideacuteologies manageacuteriales et eacuteconomiques il faut se meacutefier des concepts ou notions qui tendent agrave porter en eux lrsquoideacutee de progregraves drsquoameacutelioration de lrsquoefficience La RSE agrave lrsquointerface du priveacute et du public se situe dans cette cateacutegorie Elle suscite craintes et inteacuterecircts de la part des multiples acteurs concerneacutes craintes drsquoune frange du politique devant le deacuteveloppement de ce qui est assimileacute agrave une forme de neacuteo-paternalisme visant agrave endogeacuteneacuteiser des pans importants du traitement du social tacircche jusqursquoici confeacutereacutee agrave lrsquoEtat dans le contexte historique et institutionnel franccedilais Le deacuteveloppement de la RSE irait donc de ce point de vue de pair avec lrsquoaffaiblissement du rocircle de lrsquoEtat signant le coup de gracircce drsquoun processus amorceacute par la globalisation de lrsquoeacuteconomie La situation actuelle deacutement pour lrsquoinstant une telle situation (Capron Beaujolin 2005) lrsquointeacuterecirct du grand public et des consommateurs franccedilais drsquoune deacutemarche visant agrave confeacuterer aux entreprises une partie de lrsquointeacuterecirct geacuteneacuteral tarde agrave se formaliser Ce deacutesinteacuterecirct est peut ecirctre la cause ou lrsquoeffet drsquoun eacutecart grandissant entre pratiques et discours autour de la RSE Les analyses de Nils Brunsson (Koenig 2002) qui distingue deux sphegraveres agrave lrsquointeacuterieur des organisations sont sur ce point sont riches drsquoenseignement la sphegravere ideacuteologique a pour fonction de reacutepondre aux exigences contradictoires de lrsquoenvironnement tandis que la sphegravere de lrsquoaction permet de reacutepondre concregravetement aux exigences de lrsquoenvironnement
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Le but de cet article eacutetait drsquoune part de simplifier la complexiteacute de la reacutealiteacute autour du deacuteveloppement de la notion de RSE et drsquoautre part de mieux comprendre la construction ou lrsquoeacutemergence de ces laquo nouvelles raquo reacutealiteacutes afin de permettre un regard critique sur la faccedilon dont nous formulons nos objets de recherche nous libeacuterant ainsi drsquoun certain nombre de croyances et de preacutejugeacutes sur la faccedilon dont les organisations fonctionnent Cette eacutetape devrait donc permettre un positionnement eacutepisteacutemologique et une meacutethodologie de recherche essayant de tenir compte drsquoune part des biais ideacuteologiques souligneacutes ici et drsquoautres part des preacuteoccupations normatives que le chercheur ne peut se permettre drsquoinclure dans une recherche en sciences de gestion BIBLIOGRAPHIE Baudrillard J (1985) ldquoLa gauche divinerdquo
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COMMENT ENRICHIR LA CONSTRUCTION DrsquoUN AUDIT SOCIAL DANS LA DYNAMIQUE DE LA RSE Jean DE PERSON Enseignant-Chercheur en Sciences de Gestion agrave lrsquoUniversiteacute drsquoOrleacuteans Consultant en management Ida BRACQUEMOND Consultante en management Chargeacutee drsquoenseignements agrave lrsquoUniversiteacute drsquoOrleacuteans
Reacutesumeacute La deacutetermination des critegraveres figurant dans leacutelaboration de lAudit Social puis dans sa mise agrave jour ndash ainsi que en continu dans son interpreacutetation requiegraverent un diagnostic (preacutealable puis en termes de suivi) du management de lentreprise Ce diagnostic a pour objet dinterpreacuteter et deacutevaluer les pratiques de management (maniegraveres de faire) qui permettent ou non la dynamique du teacutetraegravedre interactif de la RSE Cette probleacutematique de management est la cleacute des symptocircmes quappreacutehende lAudit Social Introduction La Responsabiliteacute Socieacutetale de lEntreprise (communeacutement appeleacutee Responsabiliteacute Sociale) implique la deacutefinition dun Bien Commun auquel lentreprise puisse se reacutefeacuterer Cest ce Bien Commun qui oriente au sens quasi-magneacutetique du terme les performances eacuteconomique sociale et environnementale rechercheacutees La deacutefinition du Bien Commun donne sens agrave ces performances cest agrave dire pour utiliser la polyseacutemie du mot indique agrave la fois leur raison decirctre et dans quelle direction les deacutevelopper Cest lengagement vers ce Bien Commun qui permet linteraction entre ces trois types de performances
1 Le deacuteveloppement de la RSE modifie lrsquoobjectif de lrsquoAudit Social Aujourdhui dans la vision la plus traditionnelle lentreprise a vocation de deacutevelopper sa strateacutegie dans la sphegravere eacuteconomique quil sagisse dune strateacutegie de croissance de peacuterenniteacute ou de profit agrave court terme ses finaliteacutes se fondent sur la production de biens et services doteacutes dune valeur eacuteconomique La theacuteorie du marcheacute dans son expression la plus rigoureuse deacutesigne le profit comme lobjectif que le responsable doit de toutes faccedilons atteindre Lapparition du concept de Responsabiliteacute Sociale de lEntreprise encore ineacutegalement admis il est vrai eacutelargit le champ et le complexifie en deacutefinissant un Bien Commun qui deacutepasse le simple domaine eacuteconomique
11 La conception classique en eacuteconomie de marcheacute Pour les eacuteconomistes libeacuteraux nul besoin de sinterroger sur le Bien Commun il est atteint de toutes faccedilons par lopeacuteration de la main invisible Rappelons tregraves scheacutematiquement leur discours
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Pourvu que lentreprise se preacuteoccupe de faire un maximum de profit (en eacutegalisant la productiviteacute marginale en valeur de ses facteurs de production) et ne se preacuteoccupe surtout de rien dautre pourvu que le consommateur se charge de maximiser sa satisfaction individuelle (en eacutegalisant ses utiliteacutes marginales pondeacutereacutees) le marcheacute supposeacute de concurrence pure et parfaite amegravene agrave une situation optimale Il est de la responsabiliteacute des Institutions de faire en sorte que les conditions dune telle forme de concurrence soient reacuteunies Le marcheacute a des regravegles que les Institutions se doivent de faire respecter La responsabiliteacute de lentrepreneur se cantonne agrave reacutealiser une bonne gestion Nul besoin quil se soucie dune quelconque autre dimension En parfaite orthodoxie il est mecircme souhaitable quil ne le fasse pas Concernant lenvironnement socieacutetal constitueacute par lensemble des meacutenages cest agrave chaque consommateur de maximiser son bien-ecirctre en optimisant sa consommation Quant agrave la responsabiliteacute de lentreprise vis agrave vis de lenvironnement naturel elle peut se reacutesoudre dans un systegraveme qui la contraigne agrave payer les preacutelegravevements et les niusances quelle fait (par exemple les pollueurs seront les payeurshellip) Concernant la responsabiliteacute sociale en termes demployabiliteacute cest au salarieacute lui-mecircme de prendre la deacutecision dinvestir (la theacuteorie du capital humain sous sa forme premiegravere suggegravere quil finance sa formation) Toute ingeacuterence de lentreprise hors de ses activiteacutes de gestion pure creacuteerait forceacutement des distorsions Le danger de ces deacuterapages est illustreacute dans la Fable des abeilles de Bernard de Mandeville vouloir introduire la vertu dans une ruche - prospegravere aussi longtemps que chaque abeille fondait ses comportements sur son inteacuterecirct personnel cest aller au deacutesastre Private vices public benefits La responsabiliteacute de chaque acteur (entreprise consommateurhellip) reacuteside dans son inteacuterecirct personnel Dans ce scheacutema on peut mecircme constater que le Bien Commun - quil est inutile de deacutefinir est confondu avec linteacuterecirct geacuteneacuteral - qui se reacutealise tout seul Ce nest pas que laudit soit priveacute de ses fonctionsbien au contraire Une des conditions du bon fonctionnement dun marcheacute de concurrence est notamment sa transparence Un audit financier peut eacuteclairer les actionnaires dans leurs deacutecisions Un audit en matiegravere de GRH peut donner des information preacutecieuses sur la pyramide des acircges et sur les problegravemes qui peuvent se poser agrave moyen terme en matiegravere de compeacutetences Mais ces diffeacuterents types daudits peuvent ecirctre reacutealiseacutes seacutepareacutement ils donnent des information utiles sur des facettes distinctes de lentreprise
12 Le teacutetraegravedre interactif de la RSE Dans la perspective dun Bien Commun explicitement deacutefini la performance eacuteconomique nest pas nimporte quelle performance eacuteconomique non plus que les performances sociale et environnementale ne peuvent ecirctre nimporte quelles performances sociale ou environnementale Ces performances sont telles quelles doivent se conjuguer se conforter mutuellement Bien loin quelles soient rivales elles doivent sentraicircner lune lautre Il y a quelque chose de volontariste de construit dans la penseacutee sur la Responsabiliteacute Sociale de lEntreprise Nous pouvons visualiser ces liens par limage dun teacutetraeacutedre que nous qualifierons par la suite dinteractif
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Bien Commun
Performancesociale
Performanceeacuteconomique
Performance environnementale
Il est certain que la coheacuterence de ce teacutetraegravedre correspond agrave une perception nouvelle des logiques en preacutesence une conception en rupture avec les scheacutemas preacuteceacutedents Dans la mouvance de la Responsabiliteacute Sociale de lEntreprise latteinte conjointe des trois performances eacuteconomique sociale environnementale ne va pas de soi doit ecirctre construite en sorte quelles concourent simultaneacutement agrave la reacutealisation dun Bien Commun Cela suppose que la deacutefinition de la strateacutegie sinscrive dans le sens dun Bien Commun Dans la notion de responsabiliteacute il y a celle dune volonteacute Pour ecirctre responsable il faut ecirctre libre proactif introduisant entre les stimuli et les reacuteponses une liberteacute de deacutecision une volonteacute Le Bien Commun est voulu comme lien entre les trois performances Plus quun lien il est un attracteur pour chacune de ces performances Il correspond agrave un engagement si possible explicite de lorganisation En cela le teacutetraegravedre correspond agrave une perception nouvelle des logiques en preacutesence une conception en opposition avec le modegravele traditionnel Le Bien Commun est la finaliteacute que lon veut atteindre une finaliteacute qui deacutepasse lentreprise et qui se traduit par le teacutetraegravedre dans son ensemble Il ordonne la polyphonie des performances
13 Une dynamique conditionneacutee par une logique de management La RSE nest pas la simple juxtaposition de trois domaines eacuteconomique social environnemental ni leur simple addition Elle est tregraves preacuteciseacutement
- une interaction dynamique entre ces domaines - finaliseacutee par la poursuite dun Bien Commun dans lequel sengage lentreprise - avec pour ressort la responsabiliteacute qui lanime
Avec ces interactions on entre dans lunivers de la complexiteacute (complexus ce qui est tisseacute ensemble) Dans ce paradigme nouveau la reacuteussite des interactions requiert une maniegravere de faire elle concerne des pratiques cest agrave dire des actes de management Leur mesure est moins dans la question du quoi que dans celle du comment En effet le deacuteveloppement de la RSE est dans la dynamique mecircme de cette mise en œuvre
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Il faut que la deacutemarche qui provoque et accompagne le deacuteveloppement de la RSE introduise dans lorganisation un management efficient un management dune nature propre agrave viser et atteindre le Bien Commun au sommet du teacutetraegravedre La reacutealisation du teacutetraegravedre interactif apparaicirct ainsi comme un enjeu de management Par exemple limplication des salarieacutes qui peut ecirctre favoriseacutee par la performance sociale de lentreprise contribue agrave sa performance eacuteconomique Le respect de lenvironnement par lentreprise peut geacuteneacuterer une fierteacute dappartenance des salarieacutes et donc une plus grande implication hellipCes liens sont ceux que doit tisser et maintenir un management de la responsabilisation Quest-ce que lon eacutevalue lorsque lon eacutevalue le management Il existe une multitude de deacutefinitions du management nous prenons ici le parti peu acadeacutemique de dire du manager quil est lagrave pour faire que ccedila marche Cette mission toute pragmatique se deacutecline en reacutesultats agrave atteindre faire passer la strateacutegie de lentreprise agrave chaque niveau dans lorganisation favoriser le deacuteveloppement des compeacutetences et les eacutevaluer mobiliser les Hommes assurer les interfaces entre lentiteacute manageacutee et lexteacuterieur piloter lentiteacute Comment y parvenir de faccedilon plus preacutecise dans une logique de responsabilisation
2 Un diagnostic de management fondeacute sur le principe de subsidiariteacute peut apparaicirctre neacutecessaire pour construire lrsquoAudit Social
Pour que les interactions opegraverent de faccedilon dynamique pour que lentreprise soit responsable il est important peut-ecirctre neacutecessaire que tous les acteurs au sein de lorganisation soient eux-mecircmes responsables La responsabiliteacute doit ecirctre introduite dans les gegravenes mecircmes de lorganisation Au sein de lentreprise la complexiteacute du triangle des performances peut ecirctre geacutereacutee en application du principe hologrammatique Dans un hologramme physique le moindre point de lhologramme contient la quasi-totaliteacute de lobjet global Non seulement la partie est dans le tout mais le tout est dans la partie Il faut que non seulement la responsabiliteacute de chaque acteur soit dans la RSE mais que la RSE soit de la responsabiliteacute de chaque acteur Pour que lentreprise tende vers le Bien Commun qui transcende le triangle des performances il faut faire en sorte que chaque acteur se sente investi par la Responsabiliteacute Sociale de son Entreprise
21 La responsabiliteacute de chaque acteur moteur et mesure lrsquoefficience au sein de lrsquoentreprise
Il existe deux processus de responsabilisation des acteurs dans lorganisation ce sont la deacuteleacutegation et la subsidiariteacute A la diffeacuterence de la subsidiariteacute la deacuteleacutegation pour un manager cest lacte qui consiste agrave confier agrave un collaborateur pour une dureacutee preacutedeacutefinie dans un champ bien bordeacute la responsabiliteacute datteindre certains objectifs qui ne relevaient pas a priori de sa fonction Cest ainsi que le manager peut deacutecider de deacuteleacuteguer temporairement une ou plusieurs tacircches agrave ses collaborateurs On pourrait alors dire que le manager les responsabilise Mais sil en est ainsi cest bien entendu le manager qui est responsable Cette notion semble de plus en plus deacutepasseacutee dans lentreprise ougrave lon deacutefinit moins les fonctions en termes de tacircches quen termes de missions
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Le principe de subsidiariteacute est tout agrave fait autre chose Dans la conception dAristote il suppose que chaque eacutechelon en partant du bas vers le haut reacutealise tout ce quil est compeacutetent pour faire le niveau supeacuterieur sinterdisant alors toute ingeacuterence Dans lexemple pris par Aristote la cellule de base de la Socieacuteteacute est la famille au dessus il y a le village au sommet la Citeacute Le village laisse la famille faire tout ce quelle est compeacutetente pour faire la Citeacute proceacutedant de mecircme agrave leacutegard du village En revanche linstance de niveau supeacuterieur intervient lorsque leacutechelon en dessous na pas la compeacutetence et les moyens de reacuteussir Par exemple la Citeacute a la responsabiliteacute de conduire la guerre en cas de neacutecessiteacute A ces consideacuterations Aristoteacuteliciennes Thomas dAquin inteacutegrera la notion de Bien Commun neacutecessaire pour assurer la coheacuterence des deacutecisions multiples et eacutemergentes Pour lui le Bien Commun est deacutefini en reacutefeacuterence agrave la volonteacute divine le plan de Dieu
22 Une application du principe de subsidiariteacute au management Le Bien Commun doit ecirctre approprieacute par toutes les parties prenantes (les actionnaires les clients les salarieacutes la Socieacuteteacute Civile hellip) Cest ainsi quil cautionne linteacutegriteacute du teacutetraegravedre interactif En loccurrence les parties prenantes sont dans notre recherche-action les salarieacutes de lorganisation en tant quacteurs auteurs de la RSE Appliqueacute au management ce principe de subsidiariteacute se traduit par trois regravegles
- la regravegle de la compeacutetence qui implique que le collaborateur fasse tout ce quil sait et peut faire
- la regravegle de non ingeacuterence qui interdit au manager de faire ce que son collaborateur peut faire
- le principe de soutien qui donne au manager lobligation dintervenir lagrave ougrave le collaborateur na pas les moyens de reacuteussir seul
Le champ daction nest pas deacutefini par avance par le manager mais naturellement par le collaborateur lagrave ougrave sarrecircte sa compeacutetence et aussi sa valeur ajouteacutee Le collaborateur se trouve dans des conditions ougrave il se responsabilise Le salarieacute dans lentreprise est veacuteritablement responsable agrave quelque niveau ougrave il se trouve Il va sans dire que le manager garde un rocircle deacuteterminant Paul Valery eacutecrivait Un chef est quelquun qui a besoin des autres Cela reste vrai mais dans le management par la subsidiariteacute on pourrait ajouter quun collaborateur est quelquun qui a besoin dun manager Comment atteindre lobjectif viseacute mesurer la reacuteussite du teacutetraegravedre interactif En dautres termes comment construire un Audit Social qui integravegre la mesure de la responsabiliteacute active de chacun des acteurs au sein de lorganisation en fonction dun Bien Commun clairement deacutefini Alors que dans une approche traditionnelle le diagnostic de management peut deacutecouler des informations apporteacutees par lAudit Social lapplication du principe de subsidiariteacute implique une deacutemarche inverse Etymologiquement diagnostic signifie connaicirctre agrave travers Dans une approche classique le management peut ecirctre perccedilu agrave travers les indices fournis par lAudit Social Au contraire la subsidiariteacute part du diagnostic reacutealiseacute de linteacuterieur par les salarieacutes de lorganisation Les reacutesultats du diagnostic de management permettent dexaminer larchitecture du teacutetraegravedre comme par une endoscopie Ce teacutetraegravedre ayant eacuteteacute identifieacute il sera possible de poser quels sont les reacutefeacuterentiels pertinents pour constituer lAudit social
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Ces reacutefeacuterentiels seront exactement cibleacutes pour que lauditeur exprime degraves lors une opinion sur les divers aspects de la participation des acteurs de lentreprise aux finaliteacutes de sa Responsabiliteacute Sociale et formule ses recommandations en vue dameacuteliorer la qualiteacute du teacutetraegravedre De lagrave pourront ecirctre produits les audits de conformiteacute defficaciteacute strateacutegique
23 Une appropriation du teacutetraegravedre dans une logique de causaliteacute reacutecursive La prise en compte du caractegravere complexe du triangle des performances conduit agrave une reacuteponse sous langle de la causaliteacute reacutecursive A la diffeacuterence de la causaliteacute lineacuteaire qui consiste simplement agrave constater que telle cause produit tels effets la causaliteacute reacutecursive imagine que les effets et produits sont neacutecessaires au processus qui les geacutenegravere - cette situation ougrave les choses sont causeacutees et causantes aideacutees et aidantes selon la formule de Blaise Pascal Lorganisation par exemple est produite par les interactions entre les acteurs (cadres ingeacutenieurs techniciens deacuteleacutegueacutes du personnel salarieacuteshellip) qui la constituent Lentreprise agrave linverse reacutetroagit pour transformer ces acteurs en auteurs par son style de management En vue dune dynamique de responsabilisation cela peut produire une spirale vertueuse Cest cette dynamique que le diagnostic de management sil est fondeacute sur le principe de subsidiariteacute doit ecirctre capable de geacuteneacuterer
3 Une approche clinique Avec la RSE les normes de lAudit Social changent et de surcroicirct elles sont speacutecifiques agrave chaque entreprise en fonction de son environnement eacuteconomique et socieacutetal particulier dougrave la neacutecessiteacute de deacutefinir ces normes agrave leacutechelle de lentreprise et de les geacuteneacuterer agrave partir de ses propres acteurs internes Nous illustrerons la deacutemarche reacutealiseacutee dans notre recherche action par un cas preacutecis celui dun hocircpital psychiatrique Nous eacutevoquerons aussi les cas dune Direction au sein dun Groupe industriel et celui dune PME agrave titre comparatif Ces expeacuterimentations ne visent pas lexhaustiviteacute En respectant la singulariteacute de chaque cas nous analyserons les points communs dans la meacutethode pratiqueacutee et la particulariteacute des contenus propres agrave chaque entreprise
31 La formation-action au sein de lrsquoAHB (2002-2004) LAHB (Association Hospitaliegravere de Bretagne) est une Institution qui compte quelques 1000 soignants dans les domaines de la psychiatrie et du meacutedico-social Lactiviteacute et les moyens en personnel qui auparavant eacutetaient essentiellement contenus dans lenceinte du seul Centre Hospitalier de Plouguernevel dans les Cocirctes dArmor se deacuteploient maintenant sur 3 deacutepartements bretons mettant en œuvre des prestations nouvelles assureacutees par des personnels aux qualifications plus varieacutees Dans le cadre de leacutevolution de lorganisation de lAHB un des instruments pour deacutevelopper la RSE a eacuteteacute une formation - action que nous avons conduite entre juillet 2002 et deacutecembre
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2004 LAHB avait commenceacute son eacutevolution depuis 1990 Le moment semblait venu daffirmer les conditions de la reacutealisation du teacutetraegravedre interactif
32 La deacutefinition drsquoun Bien Commun pour lrsquoAHB Dans le but de reacutepondre aux besoins de la population du Centre Bretagne lAHB reacuteunit des eacutetablissements et des compeacutetences au service de la personne dans les champs du sanitaire (psychiatrie) et du meacutedico-social Cette deacutefinition du Bien Commun par lAHB sest traduite dans la strateacutegie de la Direction par la volonteacute de
- adapter son dispositif sanitaire et meacutedico-social aux besoins de la population et conformeacutement aux orientations nationales et reacutegionales
- eacutelever le niveau des qualifications et des compeacutetences des personnels pour accompagner leacutevolution de tous les services et eacutetablissements de lAHB
- renforcer les capaciteacutes manageriales de lencadrement et accroicirctre leurs responsabiliteacutes
- ameacuteliorer la communication interne et externe de lAHB entre tous ses acteurs et avec son environnement
- promouvoir une deacutemarche qualiteacute permanente - sassocier activement agrave la politique territoriale du pays Centre Ouest Bretagne pour
promouvoir les meilleures conditions de santeacute agrave la population - assurer un eacutetat de veille technologique pour appreacutehender les besoins naissants et
envisager les services et eacutetablissements agrave reacutealiser pour y reacutepondre
A cette fin la Direction Geacuteneacuterale a deacutefini sa propre mission en ces termes - garantir agrave lensemble du personnel de lAssociation les ressources humaines - financiegraveres et de moyens ndash et les conditions de travail les plus favorables pour leur
permettre dapporter aux patients et reacutesidants un service de qualiteacute - diriger ladaptation des eacutetablissements et services de lassociation pour reacutepondre aux
besoins de la population - mettre en œuvre une politique sociale de qualiteacute dans le respect des dispositions
leacutegales et conventionnelles
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33 Le triangle des performances de lrsquoAHB Il se preacutesente de la faccedilon suivante
Responsabiliteacute environnementale - peacuterenniteacute de lrsquoAHB - maintien des emplois en Centre Bretagne - hellip
Responsabiliteacute eacuteconomique
- concordance entre les services de lrsquoAHB et les besoins de santeacute des populations du Centre Bretagne
- Innovation
Responsabiliteacute sociale - deacuteveloppement des
compeacutetences - employabiliteacute - bonnes conditions de
travail
- Sans une efficience eacuteconomique de lAHB pas de performance sociale (il faut une efficience eacuteconomique pour deacutevelopper lemployabiliteacute interne et externe) ni de deacuteveloppement de lenvironnement (lAHB est le 1er employeur de Centre Bretagne)
- Sans sa performance sociale (une implication reacuteelle de lensemble des personnels un deacuteveloppement de leurs compeacutetences) pas defficience eacuteconomique ni de respect de lenvironnement (notamment pour le maintien de lemploi dans le Centre Bretagne)
- Sans la responsabiliteacute vis-agrave- vis de lenvironnement pas de performance sociale (attirer ou maintenir des ressources humaines ndash meacutedecins infirmiers dont la peacutenurie saffirme) et pas defficience eacuteconomique (incapaciteacute de reacutepondre aux besoins des patients et reacutesidents)
34 La subsidiariteacute cleacute de lrsquoappropriation de la nouvelle organisation par les salarieacutes
Cest la subsidiariteacute qui a geacuteneacutereacute une logique dappropriation dans la formation ndash action que nous avons conduite comment le personnel aurait-il pu reacuteellement sapproprier ce dont il
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naurait pas eacuteteacute auteur Il a eacuteteacute voulu que lensemble du personnel de lAHB quels que soient sa fonction son lieu dexercice ou son ancienneteacute puisse sapproprier les nouveaux principes de fonctionnement de lAHB cest agrave dire
- sa raison decirctre et celle de ses entiteacutes son identiteacute et ses valeurs partageacutees ses grandes missions
- sa nouvelle organisation le nouveau style de management eacutetabli en congruence avec cette organisation
- en coheacuterence avec la speacutecificiteacute et lorganisation du Territoire la prospective lieacutee aux nouvelles pathologies aux meacutethodes de preacutevention agrave leacutevolution des notions de qualiteacute dans la Santeacutehellip
Conduite dans la philosophie et les regravegles de la subsidiariteacute notre deacutemarche a eacuteteacute inductive et pragmatique Ces principes ont supposeacute entre autres
- la possibiliteacute en cours dintervention dapporter au dispositif des eacutevolutions ou adaptations en regard des reacutealiteacutes observeacutees
- la contribution directe des participants agrave la deacutefinition de choix dorganisation de fonctionnement ou de prioriteacutes dans un cadre organiseacute et avec des meacutecanismes de validation approprieacutes
- une orientation peacutedagogique laissant une large place agrave laction comme source dapprentissages
35 Le diagnostic des besoins en management
Leacutelaboration dun reacutefeacuterentiel institutionnel pour les diffeacuterentes entiteacutes de lAHB la deacutefinition des styles de management requis ont eacuteteacute reacutealiseacutees par les managers et leurs collaborateurs eux-mecircmes Afin de responsabiliser lensemble des salarieacutes de lInstitution (Direction Cadres collaborateurshellip) la formation action a eacuteteacute mise en place selon la logique de conduite dun projet Pour reacutealiser le volet reacutefeacuterentiel institutionnel nous avons deacutefini une meacutethode (la meacutethode AFM) dans une logique de subsidiariteacute les personnels de chaque Uniteacute listent leurs activiteacutes reacuteelles en induisent les objectifs implicitement viseacutes par ces Uniteacutes conduisent ainsi agrave se reacuteveacuteler les missions de ces Uniteacutes telles quils les perccediloivent agrave travers leurs activiteacutes Dans notre diagnostic par la subsidiariteacute deux remarques reacuteguliegraverement formuleacutees par les acteurs concerneacutes au sein de lAHB lors de la construction du reacutefeacuterentiel institutionnel nous semblent importantes
- la difficulteacute rencontreacutee selon la deacutemarche deacutemergence a eacuteteacute principalement le temps passeacute pour remonter dune multitude dactiviteacutes agrave quelques objectifs et agrave une mission (2 journeacutees par Uniteacute pour 67 Uniteacutes)
- ensuite la satisfaction davoir eacutelaboreacute le RI en partant des reacutealiteacutes veacutecues sur le terrain a eacuteteacute tangible et systeacutematique
En quoi cette eacutelaboration du RI a-t-elle contribueacute agrave la RSE de lAHB Chaque Uniteacute peut situer sa propre mission dans la mission plus macro de lAHB et cela en relation avec les missions (rendues bien visibles) des autres Uniteacutes et conforter sa propre mission comme une participation au Bien Commun Concernant le volet management opeacuterationnel le style de management quil faut deacutesormais instaurer au sein de lAHB a eacuteteacute deacutefini par les encadrants agrave partir dun rappel de la mission de chaque entiteacute de lAHB en relation avec leurs environnements speacutecifiques
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La deacutetermination des pratiques dun management propre agrave lAHB a eacuteteacute faite agrave partir - des besoins indiqueacutes par les collaborateurs ceux-ci sont des
responsables qui ont besoin dun manager mais dun manager doteacute de quel profil
- des besoins manifesteacutes par les managers eux-mecircmes Une charte de management propre agrave lAHB a eacuteteacute eacutelaboreacutee agrave partir de ces besoins en fonction de valeurs reacutefeacuterentielles eacutemergentes deacutefinies par les personnels eux-mecircmes Elle a eacuteteacute valideacutee ensuite par la Direction de lAHB Cette charte est accompagneacutee par la publication dun livret sur les pratiques de management qui devront en deacutecouler Les valeurs reacutefeacuterentielles eacutenonceacutees ont eacuteteacute
- communication - respect - eacutequiteacute - professionnalisme - solidariteacute
On remarquera que ces valeurs concernent aussi bien les performances eacuteconomiques que sociales et environnementales
36 Apregraves le diagnostic de management au sein de lrsquoAHB Des modules de management ont eacuteteacute construits sur mesure pour permettre aux encadrants de lAHB de reacutepondre aux regravegles eacutenonceacutees par la charte modules sur les pratiques du management (Le manager acteur de communication Optimiser lanimation de son eacutequipe Valoriser et reconnaicirctre le collaborateur Responsabilisation individuelle et collective au sein de leacutequipe) seacuteminaires mixtes (encadrants et collaborateurs) sur les relations de travail formations agrave la gestion de projet afin de mettre en œuvre un fonctionnement adhocratique de lInstitutionhellip Ces formations au management favorisent le deacuteveloppement des compeacutetences des managers dans toutes les dimensions de leurs fonctions Concernant leurs collaborateurs elles leur permettent deacutevaluer les potentialiteacutes des personnes et des situations dencourager la mobiliteacute fonctionnelle des professionnels decirctre les acteurs cleacute de lrsquoeacutevolution permanente de lrsquoAHB dans son environnement Il est degraves lors possible de construire un Audit Social qui eacutevalue avec rigueur et une parfaite preacutecision laccomplissement des fonctions des diffeacuterentes entiteacutes (leurs missions finaliteacutes et activiteacutes) et les styles de management au sein de ces entiteacutes tels que identifieacutes lors du diagnostic de management et soutenus par les modules de formation Son objet est de mesurer en quoi et comment agrave lissue de la formation action le management de lAHB reacutealise les performances requises en termes de RSE
- au niveau strateacutegique les politiques deacutefinies sont-elles comprises et suivies (conformes au Bien Commun eacutenonceacute au deacutepart de la construction) la traduction de ces politiques en deacutecisions opeacuterationnelles est-elle reacutealiseacutee
- en termes de conformiteacute linformation est-elle transmise de faccedilon transparente dans le respect des regravegles deacutefinies lors du diagnostic par la subsidiariteacute Le respect des dispositions leacutegales et reacuteglementaires est-il assureacute
- en termes defficaciteacute les interactions entre reacutesultats eacuteconomiques sociaux et environnementaux correspondent-elles au triangle des performances identifieacute par les acteurs de lAHB lors du diagnostic de management et rechercheacute par la formation- action
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4 Le cas drsquoune Direction drsquoeacutetablissement au sein drsquoun Groupe industriel Ce Groupe industriel est organiseacute selon une structure matricielle Dans chacun de ses sites coexistent plusieurs divisions opeacuterationnelles Leacutetablissement de Lannion est en restructuration profonde depuis quelques anneacutees En 1998 La Direction de lEtablissement de Lannion (DEL) est confronteacutee agrave un certain nombre de questions Comment anticiper les actions agrave eacutetablir en coheacuterence avec les strateacutegies des Directions Opeacuterationnelles Comment reacuteduire les sources de coucircts inheacuterents agrave la DEL Faut-il reacuteactualiser la DEL en profondeur pour en optimiser limpact Lannion est le berceau des Teacuteleacutecom (Alcatel le CNET hellip) mais la technologie des Teacuteleacutecom fait sauter les frontiegraveres Le Bien Commun viseacute Dans ce contexte le Groupe considegravere que sa reacuteussite au niveau mondial repose sur lUniteacute Locale Celle-ci intervient comme eacuteleacutement de coheacutesion durable du corps social afin de le soutenir dans son adaptation au changement Cest ainsi que le rocircle des eacutequipes de direction des eacutetablissements se transforme en loccurrence le rocircle de la DEL La deacutemarche de subsidiariteacute sest imposeacutee naturellement Les membres de leacutequipe de la DEL et les responsables des diffeacuterentes divisions opeacuterationnelles sur le site sont conduits agrave diagnostiquer ensemble les points forts et les points critiques du management au sein de leur propre eacutetablissement Ils deacutefinissent ensuite en fonction de ce diagnostic un certain nombre daxes daction dont les reacutesultats peuvent ecirctre suivis Le diagnostic de management pour commencer reacuteunis selon la Technique du Groupe Nominal les participants listent les forces quils considegraverent comme motrices ou freinantes dans la situation de leur eacutetablissement puis les pondegraverent et les interpregravetent Leur diagnostic fait apparaicirctre comme premier eacuteleacutement favorable la capaciteacute de mobilisation des hommes Ils constatent sur le site une forte volonteacute de rester en vie une forte coheacutesion agrave mettre en relation avec un pheacutenomegravene dimplantation quasi-terrienne Les participants parlent de lattachement agrave Lannion au mecircme degreacute que de la passion pour le meacutetier des Teacuteleacutecom Le triangle des performances sesquisse deacutejagrave sur ce plan lien entre la passion pour le meacutetier (performance eacuteconomique) la forte volonteacute de rester en vie (performance sociale) et lattachement au terrain (performance environnementale) En termes de management la seconde force motrice se trouve dans le potentiel manageacuterial des responsables directement concerneacutes Il est dit que beaucoup de responsables ont compris que lon attend deux leurs contributions et sont precircts agrave prendre leur destineacutee en mains La prise de conscience est en marche comptons sur nos propres forces (performance sociale) Cette implication est conforteacutee par la volonteacute ferme et explicite du Responsable de lensemble des Directions deacutetablissements de soutenir la deacutemarche eacutemergente de la DEL pour organiser le site de Lannion en fonction des reacutesultats de son diagnostic de management Le lien entre performances eacuteconomique et environnementale apparaicirct agrave nouveau lorsque les membres de la DEL et les responsables opeacuterationnels notent comme un atout le caractegravere dynamisant de leur environnement le Tregor (deacutenomination du Territoire) est un foyer de compeacutetences en reacutesonances Le diagnostic des encadrants fait apparaicirctre neacuteanmoins diffeacuterents points critiques le style de management sur le site apparaicirct inadeacutequat Nous passons dun management hieacuterarchico-militaire agrave un management dOS de deacuteveloppement Ce management technique et directif nest pas favorable agrave un changement au niveau humain agrave une deacutemarche participative Passant dun taylorisme agrave un autre on est loin dune culture entrepreneuriale Cela est agrave mettre en
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correacutelation avec le fait que le personnel manque de notions eacuteconomiques les notions technico-eacuteconomiques ne sont pas incorporeacutees dans le corps social de Lannion La DEL doit utiliser la dynamique deacutejagrave preacutesente dans son triangle des performances pour faire eacutevoluer son management en fonction du Bien Commun deacutefini par le Groupe LAudit Social permettra de suivre leacutevolution de leacutetablissement vers ce nouveau management
5 Une nouvelle organisation dans une PME du tertiaire La Socieacuteteacute Cassegrain agrave Orleacuteans est une Auto-Ecole A larriveacutee de son nouveau dirigeant en 1999 elle compte 4 employeacutes Elle emploie aujourdhui (milieu 2005) 37 moniteurs et 3 administratifs Plusieurs initiatives ont eacuteteacute prises dans la logique de la RSE Lune delles est venue dans la maniegravere dappliquer la loi sur les 35 heures Le Bien Commun la peacuterennisation de lentreprise familiale apregraves le deacutepart en retraite du preacuteceacutedent dirigeant La deacutemarche suivie a eacuteteacute celle de la subsidiariteacute lensemble des employeacutes ont eacuteteacute conduits agrave analyser les points forts et points critiques des diffeacuterentes solutions pour reacuteussir les 35 heures Il a eacuteteacute choisi par eux agrave lissue de ce diagnostic que chaque moniteur disposerait six jours conseacutecutifs dun mecircme veacutehicule au rythme de 10h de travail par jour puis serait en repos 5 jours conseacutecutifs Le Dirigeant a valideacute ce choix (choix conforme aux accords de branche) La performance eacuteconomique lentreprise optimise ansi ses investissements mateacuteriels reacuteduits (elle mobilise 13 veacutehicules au lieu de 24) La performance sociale se situe sur plusieurs volets Face agrave la difficulteacute de recruter dans son secteur dactiviteacute le dirigeant a fait le choix de reacutemuneacuterer ses employeacutes agrave un plus haut niveau que ses concurrents (agrave leacutepoque 50 francs par heure au lieu de 42 francs sur le marcheacute) Dautre part les moniteurs se disent satisfaits de travailler dans les conditions quils ont choisies de sentir un mieux-ecirctre dans leurs vies priveacutees Enfin la croissance eacuteconomique connue par lentreprise permet de mettre en œuvre deacutesormais des formations plus pointues pour certains types dusagers donc offre des eacutevolutions de carriegravere aux moniteurs motiveacutes par les postes correspondants La performance par rapport agrave lenvironnement La nouvelle organisation du travail mise en place rationalise les deacuteplacements et occasionne moins de deacutepenses eacutenergeacutetiques Un Audit Social de la Socieacuteteacute Cassegrain permettrait de veacuterifier la coexistence agrave terme de ses trois performances eacuteconomique sociale et environnementale
6 Un mouvement iteacuteratif entre le diagnostic de management et lrsquoAudit Social Le diagnostic de management permet de produire un Audit Social adapteacute avec justesse aux exigences du teacutetraegravedre interactif de la RSE LAudit Social ainsi construit eacutevalue la reacutealisation dun reacutefeacuterentiel speacutecifique dont le diagnostic a mis en eacutevidence linteacuterecirct Dans un mouvement iteacuteratif le diagnostic de management pourra interpreacuteter cette fois les reacutesultats de lAudit Social Cette relance du diagnostic de management permet une mise agrave jour reacuteguliegravere du reacutefeacuterentiel de lAudit Social Il ne sagit nullement de substituer le diagnostic de management agrave lAudit Social (ou inversement) la conjugaison de leurs pratiques est neacutecessaire pour eacutevaluer et entretenir le deacuteveloppement de la RSE dans lorganisation
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REPENSER LrsquoAUDIT DE LA CONFLICTUALITE DANS LES RELATIONS PROFESSIONNELLES Seacutebastien DINE Doctorant en Sciences de Gestion ndash IAE drsquoAix-en-Provence
Introduction Pour Candau (1985) le fondement de laudit se place au niveau du controcircle son objet porte sur lexamen et leacutevaluation des systegravemes de controcircle interne de lentreprise et de la qualiteacute des reacutesultats obtenus (Candau 1985 43) Concernant laudit social il se distingue par la nature du domaine auditeacute Pour Vatier (1980 25) celui-ci tend agrave estimer la capaciteacute dune entreprise ou dune organisation agrave maicirctriser les problegravemes humains ou sociaux que lui pose son environnement et agrave geacuterer ceux quelle suscite elle-mecircme par lemploi du personnel neacutecessaire agrave son activiteacute A lorigine lauditeur social se limitait agrave eacutetablir un diagnostic et des recommandations (Candau 1985 Couret amp Igalens 1988 Peretti amp Vachette 1985) Or de plus en plus de consultants proposent agrave la fois un diagnostic et une intervention sur le problegraveme releveacute Ce type de pratique ne risque-t-il pas dengendrer un deacuteficit dobjectiviteacute de la part de lauditeur Proposer des solutions de services preacute-formateacutes pourrait restreindre la speacutecificiteacute de chaque cas auditeacute et manquer lobjectif defficience assigneacute Laudit se construit sur des bases theacuteoriques qui permettent de fournir des indicateurs de mesure puis des recommandations Lauditeur doit donc constamment sinterroger sur la validiteacute des fondements theacuteoriques des reacutefeacuterentiels utiliseacutes pour construire ces indicateurs et en proposer une interpreacutetation (Candau 1985) Certains domaines auditeacutes eacutevoluent Dans le cas des dysfonctionnements sociaux les conflits collectifs sont toujours preacutesents dans les organisations mais les changements structurels des derniegraveres deacutecennies ont modifieacute le pouvoir des parties en preacutesence de telle sorte que les conflits organisationnels sorganisent maintenant davantage sur une base individuelle que collective Lauditeur doit prendre en consideacuteration ces eacutevolutions Mais comment enrichir la construction de laudit social dans le domaine de la conflictualiteacute Pour reacutepondre agrave cette interrogation nous commencerons par approfondir le concept de conflit en soulignant la difficulteacute de sa mesure Puis nous envisagerons de quelle maniegravere enrichir la lecture de ce pheacutenomegravene ce qui nous permettra enfin den tirer des implications sur le travail de lauditeur social
1 Le conflit un concept laquo multiple raquo Depuis peu les responsables de formation au management deacutequipes constatent une augmentation de la demande de stage sur la gestion des conflits1 Pheacutenomegravene informel les managers passeraient en effet une grande partie de leur temps agrave le geacuterer (Mintzberg 1994
1 Revue Management Feacutevrier 2004 p 51
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Thomas 1979) sans que celui-ci soit la plupart du temps officiellement reconnu (Kolb amp Bartunek 1992) Si la conflictualiteacute au travail a toujours existeacute son expression semble en revanche changer de niveau Comme laffirme le directeur de luniteacute RH du groupe international CEGOS La conflictualiteacute future ne sera pas du mecircme type que celle habituellement surveilleacuteehellip Elle ne passera plus par les acteurs traditionnels [hellip] De plus elle passera par dautres moyens2 Plusieurs anneacutees plutocirct Pierre Louart sinterrogeait deacutejagrave Comment creacuteer des eacutequipes coheacuterentes unies et daccord sur les buts agrave mettre en œuvre alors que les attentes particuliegraveres sont diffeacuterentes et que lindividualisme est une des valeurs dominantes au sein de notre socieacuteteacute (Louart 1991 p 75) De collectif le conflit semble se rapprocher au niveau du groupe voir de la relation entre personnes Cest ce niveau de conflit que nous allons tenter de deacutefinir Malgreacute la volumineuse litteacuterature manageacuteriale sur le sujet il nexiste pas de deacutefinition claire et unanimement accepteacutee du conflit entre personnes (Hartwick amp Barki 2002) Beaucoup deacutetudes empiriques proposent soit des deacutefinitions distinctes soit font simplement leacuteconomie dune deacutefinition Cette diversiteacute de constructions theacuteoriques reflegravete la difficulteacute dappreacutehender ce concept Thomas (1976) preacutecise que la grande varieacuteteacute de facteurs impliqueacutes dans le conflit en fait un pheacutenomegravene complexe et de ce fait que les modegraveles proposeacutes sont geacuteneacuteralement trop simplistes se focalisant sur une variable unique Nous utiliserons alors la deacutefinition proposeacutee par Hartwick et Barki (2002) qui ont consacreacute une partie de leurs travaux agrave la conceptualisation du conflit interpersonnel et nous en soulignerons les limites Ceux-ci deacutefinissent le conflit comme un processus dynamique qui se produit entre des parties interdeacutependantes lorsquelles eacuteprouvent des reacuteactions eacutemotionnelles neacutegatives agrave la perception de deacutesaccords et dinterfeacuterences dans latteinte de leurs buts (Hartwick amp Barki 2002 8) Cette deacutefinition preacutesente tout dabord lavantage de rassembler les trois dimensions geacuteneacuteralement associeacutees au conflit (eacutemotionnelle cognitive et comportementale) Ensuite le terme de parties peut sous-entendre que le conflit se deacuteroule entre individus groupes ou services Enfin il est mis en avant que le conflit est avant tout un pheacutenomegravene perccedilu cest-agrave-dire eacuteminemment subjectif Cependant cette deacutefinition centreacutee sur la dynamique agrave lœuvre dans le conflit eacutecarte linfluence du contexte dans lequel sont inseacutereacutes les individus Comme leacutenoncent Hartwick et Barki en amont de cette dynamique le conflit se produit plus probablement lorsquune varieacuteteacute deacuteleacutements situationnels (ex structures de reacutecompenses individuelles ressources rares) et de conditions personnelles (ex expeacuteriences de conflits anteacuterieurs diversiteacute interpersonnelle) existent (Hartwick et Barki 2002 5) En fait ces deux deacutefinitions se rapprochent des deux grands types de modegraveles qui servent agrave deacutecrire le conflit organisationnel dans la litteacuterature manageacuteriale Le premier modegravele dit processuel tente de deacutecrire la dynamique entre les parties en conflit tandis que le second dit structurel propose de comprendre les conditions geacuteneacuterales dans lesquelles est inseacutereacute un conflit (Rondeau 1990)
Ce premier eacuteclaircissement commence agrave nous laisser entrevoir la complexiteacute de ce
concept Nous devons encore ajouter que lexpression du conflit peut ecirctre ouverte ou latente
2 In RHampM laquo Climat social amp indicateurs sociaux perceptions amp reacutealiteacutes raquo ndeg96 janvier 2005 p 20
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et sexprimer de maniegravere indirecte (comme par des attitudes de retraits voir dabsenteacuteisme par exemple) Enfin une derniegravere preacutecision doit ecirctre apporteacutee au niveau des conseacutequences du conflit Comme il lest de plus en plus avanceacute le conflit peut avoir des conseacutequences positives sur le travail Plusieurs recherches montrent en effet que la divergence de point de vue pourrait ameacuteliorer la stimulation des ideacutees et la qualiteacute des deacutecisions par des critiques constructives (Cosier amp Rose 1977 Schweiger Sandberg amp Rechner 1989 Amason 1996) ce qui ameacuteliorerait la performance du groupe (Jehn 1995) Cependant le niveau de deacutesaccord doit rester modeacutereacute pour ne pas se deacuteplacer sur des questions de personnes et impliquer la dimension eacutemotionnelle De nombreuses eacutetudes montrent preacuteciseacutement que les conflits centreacutes sur les personnes sont neacutegativement correacuteleacutes avec la productiviteacute et le niveau de satisfaction des groupes de travail (Jehn 1997) Ce type de conflit diminuerait la bonne volonteacute et la compreacutehension mutuelle ce qui gecircnerait lachegravevement du travail (Deutsch 1969) Les membres du groupe passeraient davantage de temps sur les aspects relationnels (en tentant de reacuteduire les menaces et de construire une coheacutesion) plutocirct que sur les techniques ou prises de deacutecisions relatives au travail (Evan 1965) Jehn (1997) remarque dailleurs que ce type de conflit est beaucoup plus difficile agrave reacutesoudre Il rendrait de plus les individus irritables suspicieux et malveillants Enfin son expression chronique pourrait avoir des effets destructeurs sur le fonctionnement du groupe (Coser 1956) De la Rochefordiegravere (1990) a dailleurs releveacute les diffeacuterents effets de ce type de conflit au niveau de lorganisation et de son environnement3 Il a constateacute une tendance agrave la deacutesinformation agrave la reacutetention dinformation ou encore agrave la neacutegligence dans la transmission des informations cela afin de nuire agrave celui consideacutereacute comme ladversaire Mais eacutegalement une tendance agrave la mise en place de clans agrave des manœuvres de discreacuteditation ou encore agrave une reacutesistance passive (obstructions blocages) Au niveau du caractegravere compeacutetitif de lorganisation De la Rochefordiegravere (1990) rapporte que sur son eacutechantillon dentreprise dix-sept ont reconnu des opportuniteacutes manqueacutees de nouveaux marcheacutes du fait du conflit et trente-neuf ont reconnu des opportuniteacutes manqueacutees dameacuteliorations internes de la socieacuteteacute (Dans une entreprise du BTP de vifs deacutesaccords entre le directeur dun bureau deacutetudes et un responsable dagence ont empecirccheacute ce dernier de reacutepondre dans les deacutelais agrave plusieurs appels doffres ou encore Deux personnes arrivent agrave bloquer la mise en place dun projet dameacutelioration de la circulation de linformation ces nouvelles proceacutedures les auraient obligeacutes agrave se rencontrer reacuteguliegraverement ce quelles refusent absolument De la Rochefordiegravere 1990 70) Durant le conflit la prise de deacutecision peut eacutegalement apparaicirctre comme mal adapteacutee ou prise en retard Sur soixante-deux entreprises soixante et une reconnaissent un gaspillage dans lutilisation du temps lieacute au conflit Et dans dix-neuf cas limage de marque de lentreprise a eacuteteacute alteacutereacutee par une deacutegradation du service clientegravele ou par une alteacuteration de la confiance des partenaires de lentreprise une succession dinformations ou des deacutecisions contradictoires des allusions plus ou moins discregravetes certaines confidences laquo mettent la puce agrave lrsquooreille raquo de ceux qui se sentent concerneacutes par la bonne santeacute de lrsquoentreprise banquiers fournisseurs partenaires financiers (De la Rochefordiegravere 1990 74) Enfin le climat social a eacuteteacute affecteacute dans quarante-sept cas Cela va de leacutevidente deacuteteacuterioration de lambiance de travail accompagneacutee de rumeurs bruits de couloir et ragots divers (signaleacutes cinquante-huit fois) agrave des situations plus gecircnantes telles quune deacutemotivation geacuteneacuterale une exploitation de la situation par les partenaires sociaux des refus daller travailler dans les services perturbeacutes etc (De la Rochefordiegravere 1990 75)
3 Etude reacutealiseacutee en 1988 sur un eacutechantillon de 62 entreprises agrave partir dentretiens non-directif et directif
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Le conflit est donc un concept multiple multiple par ses causes mais eacutegalement par ses manifestations Du point de vue de laudit il semble alors particuliegraverement deacutelicat agrave appreacutehender Cette deacutemarche est pourtant essentielle puisque des conflits exacerbeacutes peuvent aller comme nous lavons vu jusquagrave menacer la survie de lentreprise Plusieurs eacutetudes montrent que les conflits sont rarement reacutesolus mais quils sont le plus souvent redeacutefinis reformuleacutes pour finalement toujours ressurgir (Kolb et Bartunek 1992) Nous allons donc agrave preacutesent centrer notre attention sur les origines du conflit pour tenter den proposer une lecture originale agrave lauditeur social
2 Une lecture originale des conflits professionnels Les causes dun conflit sont souvent rechercheacutees dans lattitude mecircme de ses protagonistes (perception dinjustice dans le traitement salarial ou lattribution des responsabiliteacutes jalousie etc) Or de par son mode dorganisation ou par sa strateacutegie lentreprise contribue agrave geacuteneacuterer des tensions voire un malaise qui peut rapidement faire germer de nombreux conflits Afin dameacuteliorer sa reacuteactiviteacute et donc ses performances la tendance dadaptabiliteacute de lentreprise vis-agrave-vis de son environnement va faire coiumlncider ses structures internes avec les conditions de ce dernier Cet isomorphisme va produire dans lorganisation la creacuteation de diffeacuterents services deacutepartements uniteacutes de travail chacun ayant ses propres objectifs moyens et de fait chacun ayant sa propre vision de lorganisation Cette derniegravere sera dailleurs renforceacutee par les structures organisationnelles de reacutecompenses et de controcircle Mais le fait que chaque individu voit les choses diffeacuteremment va lamener agrave interpreacuteter les eacuteveacutenements ses relations interpersonnelles diffeacuteremment Or lorsque ceux-ci vont interagir et donc confronter leurs diffeacuterences il va se produire de nombreuses incompreacutehensions et conflits Les uniteacutes organisationnelles creacuteent et entretiennent agrave la fois les difficulteacutes contre lesquelles elles luttent (Benson 1977) Tregraves rapidement les protagonistes peuvent entrer dans un conflit sans fin une sorte de cercle vicieux ougrave chacun rigidifie son attitude de victime de lautre Isabelle Orgogozo (1998) a identifieacute quelques-uns de ces jeux sans fin assez courants auxquels se livrent les membres des grandes entreprises et administrations Il sagit du jeu de laccusation entre les grandes fonctions (exemples entre la production et les vendeurs ou entre lapprovision-nement et la production) le jeu de lhostiliteacute et la peur entre les syndicats et la direction le jeu de la concurrence entre syndicats le jeu de la rivaliteacute entre cadres le jeu du nous on travaille eux cest moins sucircr entre ateliers etou bureaux (Orgogozo 1998 281) Un dysfonctionnement nest donc pas forceacutement lieacute agrave une incompatibiliteacute de personnaliteacutes mais peut ecirctre geacuteneacutereacute par la mise en place dobjectifs organisationnels opposeacutes et linstauration de langages et logiques diffeacuterents De la mecircme maniegravere certaines actions strateacutegiques de lentreprise peuvent ecirctre sources de tensions chez les salarieacutes Par exemple la grande majoriteacute des entreprises sont agrave la fois agrave la recherche de stabiliteacute par la mise en place de routines la recherche de preacutevision de coheacutesion et ont agrave la fois besoin de sadapter aux changements de leur environnement (Morill 1992 Pondy 1967) Or la stabiliteacute et ladaptabiliteacute ne sont pas deux valeurs tout agrave fait compatibles Pour deacutetailler cette contradiction nous nous appuierons sur la Theacuteorie geacuteneacuterale des Systegravemes
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de Bertalanffy (1973) Selon le principe dhomeacuteostasie tout systegraveme tend agrave parvenir et agrave maintenir un eacutequilibre gracircce agrave un meacutecanisme de reacutegulation Si cette caracteacuteristique assure la survie du systegraveme elle soppose en revanche agrave tout changement En consideacuterant lorganisation comme un systegraveme par la mise en place et maintenance de routines de travail celles-ci tendent agrave stabiliser un certain eacutequilibre Cette structure organisationnelle ainsi eacutetablie se traduit chez les salarieacutes par une certaine construction de la reacutealiteacute de lentreprise (Benson 1977) Or tout changement (impulseacute par exemple par lenvironnement exteacuterieur du systegraveme entreprise) va donc creacuteer des tensions Des meacutecanismes de reacutesistances vont se mettre en action pour conserver leacutequilibre du systegraveme Ainsi la construction de la reacutealiteacute induite agrave linstant preacutesent par lensemble des pratiques organisationnelles en vient agrave reacutesister agrave ses propres deacuteveloppements futurs Il sagit pour Morill (1992) de la principale tension organisationnelle celle-ci sexprime formellement lors dactes particuliers (innovation technologique majeur par exemple) ou plus informellement et quotidiennement par lexpression de doleacuteances individuelles Toujours pour cet auteur les conflits reacutesultants de cette contradiction vont soit menacer lordre organisationnel soit mener au changement (ou autrement dit amegraveneront le systegraveme vers un nouveau point deacutequilibre) Il est donc primordial dans le cadre dun audit de preacuteciseacutement identifier les diffeacuterentes logiques agrave lorigine deacuteventuelles tensions Car ce type de pheacutenomegravene paradoxal se deacuteroule quotidiennement Selon les theacuteories de lEcole de Palo Alto (Bateson Watzlawick hellip) une injonction comme Soyez Spontaneacute est en fait paradoxale puisquelle se preacutesente sous la forme dun ordre qui contient en lui-mecircme une contradiction telle que celui agrave qui il sadresse na aucun moyen dy reacutepondre de faccedilon satisfaisante (Marc amp Picard 2000) Ainsi toute personne mise en demeure davoir ce comportement se trouve dans une position intenable car pour obeacuteir il lui faudrait ecirctre spontaneacute par obeacuteissance donc sans spontaneacuteiteacute (Watzlawick amp al 1972 201) En demandant en mecircme temps agrave un salarieacute quelque chose et son contraire ce dernier se trouve pieacutegeacute et peut rapidement deacutevelopper des comportements aberrants les conditions dun conflit latent sont donc en place On retrouve les conditions similaires dans lentreprise lorsque dun cocircteacute la direction exige de ses salarieacutes quils communiquent davantage notamment en mettant en place des cercles de qualiteacute et que dun autre cocircteacute elle donne la prioriteacute absolue agrave la production et nattribue en fait ni moyens ni soutien reacuteel pour atteindre les objectifs ambitieux de ces cercles (Juegraves 1996) Lentreprise en souhaitant concilier performance sociale et contrainte eacuteconomique de cette maniegravere entraicircne de la confusion dans lencadrement intermeacutediaire et risque fort damener deacutemotivation stress et conflits Et les injonctions au sein des organisations sont nombreuses par exemple Soyez creacuteatifs Prenez des initiatives (mais nenfreignez pas les regravegles du jeu) Pensez lorganisation comme une entiteacute (mais noutrepassez pas les frontiegraveres de vos responsabiliteacutes) Signalez immeacutediatement que vous avez fait une erreur (mais vous serez sanctionneacute en cas derreur) Investissez-vous dans votre travail (Et acceptez les licenciements) (Hennestad 1990 Mucchielli 1999) Dans des organisations de plus en plus complexes il est difficile pour leurs dirigeants decirctre attentifs agrave la coheacuterence globale de leur action Or de nombreuses incoheacuterences de strateacutegies peuvent engendrer de lourdes contre-performances sociales et eacuteconomiques Cest dans ce cadre que lauditeur social doit penser la construction de sa deacutemarche
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3 Implications pour lrsquoauditeur social Nous avons souligneacute les multiples conseacutequences du conflit entre salarieacutes dans les organisations Les manifestations de ce dernier touchent une grande partie deacuteveacutenements sociaux auxquelles sont lieacutes les indicateurs de lauditeur tels que les diffeacuterencie Candau (1985) Nous pourrions avancer - Des conseacutequences physiques (accidents du travail stress hellip) les salarieacutes vivent la
situation de conflit en permanence ce qui peut agrave terme atteindre leur inteacutegriteacute physique ou mentale
- Des conseacutequences mateacuterielles pour lentreprise par des manœuvres de sabotages du travail de la partie adverse par des freinages dans la production dans le cas dun conflit de type vertical par une diminution de la qualiteacute
- Des conseacutequences au niveau individuel absenteacuteisme turn-over mais aussi deacutegradation des relations avec la clientegravele
- Des conseacutequences structurelles par contagion dun conflit entre personnes agrave un niveau collectif
Ces conseacutequences ou eacuteveacutenements sont mesureacutes par les indicateurs de lauditeur Ces derniers servent en effet agrave eacutevaluation lampleur la graviteacute dun eacuteveacutenement social mais ne fournissent pas dexplications relatives aux dysfonctionnements constateacutes Face agrave un grand nombre dindicateur ayant deacutepasseacute la norme eacutetablie comment lauditeur social doit-il interpreacuteter cette mesure Il doit en fait se reacutefeacuterer agrave un modegravele theacuteorique La theacuteorie est eacutegalement indispensable pour comprendre les relations existantes entre lindicateur retenu et le pheacutenomegravene que lon cherche agrave mesurer (Candau 1985 68) Or lorsque lon envisage la multitude dindicateurs pouvant se reacuteveacuteler comme eacutetant potentiellement conseacutecutive dun conflit cela reacutevegravele la haute neacutecessiteacute pour lauditeur de maicirctriser les modegraveles theacuteoriques explicatifs les plus riches et varieacutes Cette exigence nous a ameneacute agrave preacutesenter certaines sources du conflit entre personnes qui nous paraissent souvent neacutegligeacutees Le caractegravere eacuteminemment subjectif du conflit interpersonnel (Deutsch 1977) renforce la pertinence dutilisation des entretiens semi-directifs comme outil approprieacute de recueil de perception des salarieacutes (reacutealiseacute geacuteneacuteralement agrave partir dun eacutechantillon repreacutesentatif de la population) Parfois comme cela peut ecirctre le cas dans les entreprises publiques (Chabau amp Le Bellec 2003) laudit social se limite agrave la reacutealisation denquecirctes par questionnaires Comme le reacuteaffirme Chabau et Le Bellec (2003 18) seules des meacutethodes qualitatives sous la forme dentretiens approfondis peuvent permettre dapprocher le systegraveme social dans toute sa complexiteacute Concernant la place de lauditeur dans cette deacutemarche le caractegravere paradoxal de certaines actions manageacuteriales voir de certaines politiques organisationnelles preacuteceacutedemment souligneacutees tend agrave appuyer la preacutefeacuterence pour un audit social externe En effet dans de tels contextes communicationnels paradoxaux la possibiliteacute pour ses acteurs de deacutenoncer les messages contradictoires se trouve deacutenieacutee (Layole 1984) Or baseacute en interne lauditeur social pourrait ecirctre pris dans un rapport systeacutemique profond avec le dysfonctionnement lempecircchant dacceacuteder agrave un niveau de lecture pertinent etou de faire reconnaicirctre son diagnostic Dailleurs pour aboutir agrave un changement lintervention externe est procircneacutee dans un tel contexte (Watzlawick amp al 1975) Les reacuteflexions theacuteoriques preacuteceacutedemment preacutesenteacutees nous invitent de plus agrave repenser les causes des dysfonctionnements sociaux Comme le formule Vargas (1984 66) concernant ces
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contextes communicationnels paradoxaux sur les groupes de travail la cause du problegraveme nest plus alors agrave rechercher dans un groupe laquo malade raquo en lui-mecircme mais bien dans une maladie de la communication qui pervertit le rapport de ce groupe au reste de lorganisation Laudit de la communication interne nest donc pas un aspect agrave neacutegliger dans laudit social Cependant les recommandations consistant agrave augmenter les moyens de communication ou agrave ameacuteliorer la techniciteacute et la sophistication de ces outils dans le but de reacutesoudre les problegravemes de communication atteignent rarement cet objectif (Giordano 1994) De nombreux consultants proposent eacutegalement des seacuteminaires de communication ou des formations danimateurs Ces propositions reacutepondent agrave la probleacutematique Comment communiquer et font limpasse sur la question preacutealablement neacutecessaire Pourquoi communiquer Quels sont les objectifs de lentreprise (Lehnisch 2003) En se posant cette question lauditeur rencontre la possibiliteacute de deacuteceler les incoheacuterences de messages A contrario renforcer les moyens de communication descendante peut produire linverse des effets escompteacutes Par exemple plus une entreprise accentuera ses moyens pour motiver ou faire adheacuterer le personnel plus elle risque de voir se deacutevelopper des attitudes de reacutesistance de meacutefiance ou dapathie (Villette 1988)4 Laudit nest pas seulement une veacuterification a posteriori il peut eacutegalement avoir un rocircle preacuteventif en participant agrave la mise en place de nouvelles proceacutedures par exemple (Candau 1985) Aussi quelles mesures lauditeur social pourrait-il proposer pour preacutevenir les pheacutenomegravenes de conflictualiteacute La mise en place dun observatoire social semble la mesure la plus eacutevidente puisque son objectif de preacutevention des conflits est geacuteneacuteralement reconnu (Chabeau amp Le Bellec 2003) Cependant preacutevenir nest pas preacutedire comme le rappellent Chabeau et Le bellec (2003 14) ce qui est particuliegraverement aveacutereacute pour un pheacutenomegravene aussi complexe que le conflit Il existe un autre dispositif orienteacute davantage vers laction mais qui est peu pratiqueacute en France (Stimec 2003) Il sagit de la mise en place dune cellule de meacutediation au sein de lentreprise Lexpeacuterimentation effectueacutee par le groupe CEGETEL montre que des reacuteticences se posent du fait du manque de familiariteacute avec ce proceacutedeacute mais apregraves quelques temps des reacutesultats positifs commencent agrave eacutemerger (Duval-Hamel amp al 2004) Un sentiment dameacutelioration du climat interne est majoritairement constateacute cela notamment gracircce agrave un accroissement du sentiment deacutequiteacute dans les relations de travail La reacutesolution des conflits se trouve donc faciliteacutee il est eacutegalement noteacute une modification dans le rocircle du management par un accroissement de lexplication des deacutecisions prisent et une meilleure eacutecoute par lencadrement (Duval-Hamel amp al 2004) Conclusion
Le contexte organisationnel a une influence sur un dysfonctionnement social tel que le conflit A partir dindicateurs varieacutes lauditeur social doit ecirctre en mesure didentifier les veacuteritables origines des eacutecarts constateacutes Pour enrichir son analyse celui-ci doit prendre en compte le contexte communicationnel dans lequel se deacuteroule laction Ce qui corrobore lintuition de Candau quand il y a 30 ans celui-ci sinterrogeait Laudit social eacutetant par essence concerneacute par le diagnostic des problegravemes humains dans lentreprise [hellip] lapprofondissement du 4 Pour Michel Villette (1988 70) Dans le cadre dune relation durable et relativement intime (comme dans un couple ou dans une communauteacute de travail stable ougrave les gens cohabitent pendant de nombreuses anneacutees) le machiaveacutelisme finit neacutecessairement par ecirctre perccedilu comme tel et alors il seacutepare au lieu de reacuteunir
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concept daudit conduit naturellement agrave se demander si la mecircme deacutemarche ne pourrait pas ecirctre appliqueacutee agrave dautres domaines proches comme par exemple la communication les structures de lentreprises ou les systegravemes de management (Candau 1985 270) Terminons enfin par rappeler que laudit social a trouveacute ses fondements theacuteoriques dans lapplication des meacutethodes des audits financier et comptable Au delagrave celui-ci a fait et fait toujours appel agrave des deacutemarches utiliseacutees en sociologie marketing ou dautres disciplines traitant des informations qualitatives (Peretti amp Vachette 1984) comme nous venons de le montrer De leacutevolution et de lenrichissement de ces disciplines connexes laudit social doit donc continuer de se nourrir pour se perfectionner
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LrsquoAUDIT SOCIAL ET LrsquoHYPOTHESE IMPLICITE DE LrsquoEXISTENCE DrsquoUN DYSFONCTIONNEMENT STRUCTUREL INCOMPRESSIBLE CORRELE AUX PRATIQUES PROFESSIONNELLES DrsquoINVESTIGATION Franccedilois ECOTO1 Professeur titulaire au CRESPA Enseignant-Chercheur ISEOR (Universiteacute Lyon 3)
Reacutesumeacute Nous pensons que tout audit social est porteur drsquoun nombre incompressible de dysfonctionnements reacutesultant de la forme et contenu de son argumentaire Et mecircme lrsquoentreprise la mieux geacutereacutee du monde ne pourrait que rarement sortir indemne drsquoun audit social Mais qursquoappelle-t-on audit Et quelle diffeacuterence avec les notions connexes telles que lrsquoeacutevaluation mesure diagnostic et analyse Lrsquoaudit permet de certifier que les comptes annuels sont reacuteguliers sincegraveres et qursquoils donnent une image fidegravele du patrimoine de lrsquoentreprise de sa situation financiegravere et du reacutesultat de lrsquoexercice Il sert agrave controcircler la conformiteacute et la pertinence par rapport agrave des dispositions leacutegislatives reacuteglementaires et par rapport agrave des recommandations et normes publieacutees par des organismes professionnels Lrsquoeacutevaluation par contre consiste agrave formuler un jugement de valeur portant sur un objet une personne ou une action par le moyen drsquoune confrontation entre deux seacuteries de donneacutees des donneacutees de faits constitueacutees par un ensemble drsquoinformations concernant lrsquoobjet la personne ou lrsquoaction agrave eacutevaluer et des donneacutees qui sont de lrsquoordre de lrsquoideacuteal du devoir-ecirctre (critegraveres normes modegraveles) et qui concernent la reacutealiteacute agrave eacutevaluer (objet personne ou action) La probleacutematique de lrsquoeacutevaluation nrsquoest pas celle de lrsquoobjectiviteacute (livrer lrsquoobjet tel qursquoil est) mais de la pertinence La mesure de son cocircteacute est lrsquoopeacuteration par laquelle on met en correspondance des donneacutees mateacuterielles qualitativement deacutefinies (des objets) et des systegravemes drsquouniteacutes qui srsquoy appliquent (des nombres) tandis que le diagnostic rapproche les diffeacuterents symptocircmes pour mettre en exergue les syndromes et reconnaicirctre la famille pathologique Quant agrave lrsquoanalyse elle deacutecompose dissegraveque les pheacutenomegravenes pour ensuite deacutegager les points forts et les points faibles Mots cleacutes Audit ndash Evaluation ndash Mesure ndash Diagnostic ndash Analyse
1 Docteur egraves Sciences de Gestion Docteur en Sciences Economiques Docteur en Philosophie Appliqueacutee Agreacutegeacute en Sciences Commerciales Diplocircmeacute HEC Diplocircmeacute de lrsquoEcole Supeacuterieure des Sciences Commerciales Appliqueacutees Ancien Elegraveve de Preacuteparation Aux Grandes Ecoles du Lyceacutee du Parc de Lyon
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Introduction Le contexte et les circonstances dans lesquelles se pose la neacutecessiteacute drsquoun audit sont agrave la fois varieacutes et polyformes Il y a une soixantaine drsquoanneacutees lrsquoune des principales erreurs que redoutaient les entreprises reacutesidait dans la peur drsquoecirctre reprocheacutees de mal tenir la comptabiliteacute ne serait-ce que vis-agrave-vis du fisc Celles-ci craignaient en effet
- qursquoun mauvais deacutecompte des produits fabriqueacutes ou qursquoune mauvaise tenue des stocks ne vicircnt fausser les reacutesultats de fin drsquoanneacutee
- que des saisies erroneacutees et lrsquoabsence de pointage des heures travailleacutees chocircmeacutees heures normales compleacutementaires nrsquoinduisassent des erreurs dans lrsquoeacutelaboration de la fiche de paie et le deacutecompte des congeacutes payeacutes
- que le manque de reacutegulariteacute de rigueur et de professionnalisme dans la facturation ne retardacirct les paiements et nrsquoentraicircnacirct des pertes de chiffres drsquoaffaires
Aussi vit-on se deacutevelopper dans les anneacutees cinquante les services drsquoaudit interne afin de preacutevenir les risques comptables et financiers et de preacuteparer les missions annuelles des commissaires aux comptes Avec le deacuteveloppement de la consommation de masse des anneacutees quatre-vingts le client est placeacute au centre des preacuteoccupations de lrsquoentreprise sa fideacutelisation devenant un facteur de diffeacuterenciation et sa perte ou deacutefection comme un laquo trou financier raquo voire un risque financier important La qualiteacute du produit et du service devient donc un moyen incontournable permettant drsquoattirer le client de le garder et de le fideacuteliser Drsquoougrave la neacutecessiteacute pour lrsquoentreprise de srsquoassurer qursquoelle peut garantir en permanence agrave sa clientegravele la quantiteacute de produits et de services dont elle a besoin avec par ailleurs une qualiteacute irreacuteprochable De lagrave se deacuteveloppegraverent des audits de qualiteacute centreacutes sur les processus de production de lrsquoentreprise Plus reacutecemment les thegravemes de respect de lrsquoenvironnement ont fait leur apparition Le risque de famine et de peacutenurie alimentaire eacutetant eacutecarteacutes dans les pays industrialiseacutes ce sont les nuisances reacutesultant de lrsquoactiviteacute eacuteconomique sur lesquelles se focalise lrsquoattention de lrsquoopinion publique le bruit et les pollutions de tout genre devenant deacutesormais agrave tort ou agrave raison les boucs eacutemissaires et source de toutes les pathologies et de tous les maux dont souffre la Socieacuteteacute Ce qui a pousseacute nombre drsquoentreprises agrave creacuteer des structures et programmes particuliers de controcircle et drsquoaudit doubleacutes drsquoun systegraveme de management environnemental Aujourdrsquohui dans la mesure ougrave lrsquoopinion publique est deacutesormais plus sensibiliseacutee les entreprises sont confronteacutees agrave de nouveaux problegravemes tels que les questions drsquoeacutethique des affaires le rapport qualiteacuteprix la faccedilon dont les produits et services ont eacuteteacute produits afin drsquoeacuteliminer de leurs achats les produits des entreprises qui font travailler les enfants ou qui font travailler leur personnel dans des conditions inhumaines Des associations de consommateurs les ONG les syndicats et les associations de chefs drsquoentreprises font pression pour lrsquoadoption de chartes de bonne conduite et pour lrsquoeacutelaboration de normes garantissant agrave la fois le respect minimal des droits fondamentaux des travailleurs et de lrsquoeacutethique des affaires
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Crsquoest ainsi que lrsquoaudit social est neacute durant les anneacutees quatre-vingts et a rejoint la liste deacutejagrave longue des audits2 au service du management des entreprises Mais qursquoappelle-t-on audit Et qursquoest-ce qui le diffeacuterencie des autres notions connexes et souvent sujettes agrave confusion tels que lrsquoeacutevaluation mesure diagnostic analyse Lrsquoaudit (D Batude 1997) permet de certifier que les comptes annuels sont reacuteguliers sincegraveres donnent agrave la fois une image fidegravele du patrimoine de lrsquoentreprise de sa situation financiegravere et du reacutesultat de lrsquoexercice Pour accomplir sa mission lrsquoauditeur doit respecter les dispositions leacutegislatives et reacuteglementaires ainsi que les recommandations et les normes publieacutees par les organismes professionnels Et en cas de faute sa responsabiliteacute peut ecirctre engageacutee selon le cas sur le plan civil peacutenal et disciplinaire Suivant le lexique de gestion (Dalloz 1991) il srsquoagirait drsquoune activiteacute de controcircle et de conseil Lrsquoaudit de gestion certifierait la reacutegulariteacute des comptes drsquoune socieacuteteacute ou drsquoune institution Il proposerait des mesures destineacutees agrave ameacuteliorer le fonctionnement de lrsquoentreprise si ce dernier est jugeacute incorrect Avec lrsquoinstitution du bilan social on parlerait donc drsquoaudit social Drsquoougrave la deacutefinition geacuteneacuterale suivante du mecircme lexique laquo lrsquoaudit quel que soit son domaine a pour tacircche drsquoentreprendre des investigations systeacutematiques afin de deacutegager lrsquoefficaciteacute reacuteelle dans le domaine drsquoune organisation et de ses dirigeants Lrsquoauditeur peut ecirctre interne salarieacute de lrsquoentreprise ou externe entreprise de conseil raquo Lrsquoaudit social (lrsquoIFACI IAS 2000) serait donc laquo un audit appliqueacute agrave la gestion et aux modes de fonctionnement des personnes dans les organisations qui les emploient ainsi qursquoau jeu de leurs relations internes et externes raquo Lrsquoeacutevaluation par contre consiste agrave formuler un jugement de valeur portant sur un objet une personne ou une action par le moyen drsquoune confrontation entre deux seacuteries de donneacutees des donneacutees de faits constitueacutees par un ensemble drsquoinformations concernant lrsquoobjet la personne ou lrsquoaction agrave eacutevaluer et des donneacutees qui sont de lrsquoordre de lrsquoideacuteal du devoir ecirctre (critegraveres normes modegraveles) et qui concernent la reacutealiteacute agrave eacutevaluer (objet personne ou action) La probleacutematique de lrsquoeacutevaluation nrsquoest pas celle de lrsquoobjectiviteacute (livrer lrsquoobjet tel qursquoil est) mais de la pertinence Ainsi le propos de lrsquoeacutevaluateur nrsquoest pas de mesurer un objet mais de dire dans quelle mesure un projet a eacuteteacute ou non reacutealiseacute La mesure de son cocircteacute est lrsquoopeacuteration par laquelle on met en correspondance des donneacutees mateacuterielles qualitativement deacutefinies (des objets) et des systegravemes drsquouniteacutes qui srsquoy appliquent (des nombres) tandis que le diagnostic rapproche les diffeacuterents symptocircmes pour mettre en exergue les syndromes et reconnaicirctre la famille pathologique Quant agrave lrsquoanalyse elle deacutecompose dissegraveque les pheacutenomegravenes pour ensuite deacutegager les points forts et les points faibles Ainsi le propos de lrsquoeacutevaluateur nrsquoest pas de mesurer un objet mais de dire dans quelle mesure un projet a eacuteteacute ou non reacutealiseacute Aussi comme nous lrsquoavons deacutejagrave souligneacute plus haut la
2 Lrsquoaudit des commissaires aux comptes ou audit externe leacutegal lrsquoaudit interne ou par un membre ou un groupe de lrsquoentiteacute auditeacutee lrsquoaudit externe hors commissaire aux comptes ou audit par les cabinets conseils audit comptable financier lrsquoaudit opeacuterationnel drsquoefficaciteacute et drsquoefficience lrsquoaudit de direction ou du management lrsquoaudit theacutematique ou transverse lrsquoaudit social lrsquoaudit environnemental lrsquoaudit de la maintenance lrsquoaudit du management de la seacutecuriteacute lrsquoaudit des systegravemes drsquoinformation lrsquoaudit de qualiteacute audit de lrsquoemploi audit des reacutemuneacuterations audit de lrsquoameacutenagement des temps audit de la formation professionnelle audit de la culture drsquoentreprise audit du bilan social audit du recrutement et la liste nrsquoest ni limitative ni exhaustive
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problegraveme de lrsquoeacutevaluation nrsquoest pas celle de lrsquoobjectiviteacute crsquoest-agrave-dire livrer lrsquoobjet tel qursquoil est mais de la pertinence crsquoest-agrave-dire congruence avec ses objectifs et son objet Lrsquointeacuterecirct lrsquoutiliteacute et les enjeux de ce concept sont eacutevidents lrsquoaudit social permet entre autres de deacuteterminer si les ressources de lrsquoentreprise lui permettront non seulement de saisir les opportuniteacutes de lrsquoenvironnement qui se preacutesenteront mais eacutegalement si elles lui permettront de faire face aux menaces Ce qui aboutit implicitement agrave lrsquoinventaire des forces et faiblesses de lrsquoentreprise Nous nrsquooublions pas non plus que le champ de lrsquoaudit social peut ecirctre appreacutehendeacute suivant les critegraveres de niveaux et de domaines (R Vatier in laquo Les regravegles de lrsquoaudit social raquo Enseignement et Gestion FNEGE 1980 P Candau Lrsquoaudit social Vuibert 1986) - Suivant le critegravere de niveaux on aurait lrsquoaudit de conformiteacute lrsquoaudit de proceacutedures et lrsquoaudit drsquoefficaciteacute du pilotage social - Suivant le critegravere des domaines de lrsquoaudit social ce dernier regrouperait selon R Vatier et P Candau (ibid ) lrsquoensemble des preacuteoccupations qui naissent des interactions des individus ou de groupes drsquoindividus avec leur environnement interne et externe Crsquoest ainsi que lrsquoaudit des politiques sociales traitera par exemple de lrsquoemploi des reacutemuneacuterations conditions de travail de lrsquohygiegravene et de la seacutecuriteacute de la formation des relations professionnelles des activiteacutes sociales et culturelles de lrsquoinformation et de la communication Aussi pour construire notre fil conducteur nous partons du constat selon lequel tout audit social quel qursquoil soit et quel que soit son domaine drsquointervention et les pratiques professionnelles au sein de lrsquoentreprise auditeacutee ne peut aboutir fatalement qursquoagrave la deacutecouverte drsquoun dysfonctionnement lieacute agrave la structuration mecircme de lrsquoargumentaire et du mode de questionnement utiliseacute Autrement dit il nrsquoy a pas drsquoaudit sans deacutecouverte de faute latente ou explicite Drsquoougrave notre probleacutematique agrave savoir laquo lrsquoaudit social peut-il se solder par un zeacutero faute ou par un zeacutero dysfonctionnement raquo Une preacute-reacuteponse ou hypothegravese centrale agrave cette question serait que le reacutesultat de lrsquoaudit est contingent agrave la structuration des pratiques professionnelles en vigueur et aux objectifs privileacutegieacutes par le cabinet drsquoaudit chargeacute de lrsquoaudit Aussi apregraves avoir - rappeleacute le contexte et circonstances dans lesquelles srsquoopegravere lrsquoaudit - esquisseacute une explicitation du concept comparativement aux autres notions assez proches - souligneacute lrsquointeacuterecirct lrsquoutiliteacute et les enjeux - annonceacute le fil conducteur la probleacutematique et lrsquohypothegravese centrale nous nous proposons donc drsquoorganiser le corpus theacuteorique de cette eacutetude tout agrave fait exploratoire en deux parties La meacutethodologie et reacutesultats (1) et lrsquoapprofondissement des notions drsquoaudit eacutevaluation diagnostic mesure et analyse (2)
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1 MeacutethodologieReacutesultats ndash Discussion
11 Donneacutees drsquoobservations Les donneacutees drsquoobservation auxquelles nous nous reacutefeacuterons sont celles contenues dans les drsquoargumentaires des praticiens et que nous nous sommes efforceacutes drsquoextraire avec tout lrsquoarbitraire que peut comporter une telle opeacuteration Ce sont des donneacutees qualitatives susceptibles de geacuteneacuterer par la suite des donneacutees quantitatives sur lesquelles pourraient srsquoaccorder les chercheurs et les praticiens pour eacutetablir ou infirmer lrsquohypothegravese selon laquelle il existe toujours dans tout audit social un niveau minimal incompressible de dysfonctionnements Pour cela nous nous sommes baseacutes sur cinq argumentaires de cinq cabinets diffeacuterents drsquoaudit social argumentaires soumis agrave trois entreprises de la Reacutegion Rhocircne Alpes en quinze ans drsquoexistence Les cinq argumentaires des cinq cabinets drsquoaudit social seront noteacutes respectivement C1 C2 C3 C4 C5 par commoditeacute et clarteacute de lrsquoexposeacute Pour savoir si le nombre de dysfonctionnements releveacutes deacutependrait de lrsquoargumentaire du cabinet drsquoaudit ou plutocirct de la structure et qualiteacute du management de la socieacuteteacute auditeacutee nous avons demandeacute agrave trois entreprises auditeacutees de nous rappeler grosso modo le nombre dysfonctionnements releveacutes par chacun des cabinets agrave partir de leur argumentaire durant leur passage Les reacutesultats obtenus sont reacutesumeacutes dans le tableau ci-dessous
Tableau 1 Collecte de donneacutees drsquoobservations Type drsquoentreprise
C1 C2 C3 C4 C5
Entreprise connaissant des problegravemes et attendant lrsquoaudit social comme remegravede (I)
6 10 19 19 1
lrsquoentreprise auditeacutee laquo a priori sans problegraveme et ayant deacutejagrave fait appel agrave un cabinet drsquoaudit social (II)
3 18 13 13 7
lrsquoentreprise auditeacutee a priori sans problegraveme avec changement reacutecent de direction (III)
8 12 15 18 1
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12 Descriptif des argumentaires des professionnels C1 C2 hellip C5 de lrsquoaudit social choisis pour les besoins de lrsquoeacutetude exploratoire
C1 Cabinet speacutecialiseacute dans le laquo le controcircle de direction raquo 1) Existe-t-il une politique de personnel 2) Qui eacutetablit cette politique Conseil drsquoAdministration Comiteacute de direction Directeur des RH 3) Existe-t-il des objectifs pour le deacutepartement RH 4) Sont-ils reacuteviseacutes reacuteguliegraverement Par qui 5) Quelle est la structure de lrsquoactiviteacute Service du Personnel et Services sociaux 6) Existe-il un plan de deacuteveloppement du personnel agrave moyen terme C2 Cabinet speacutecialiseacute sur laquo lrsquoaudit organisationnel raquo 1) Organigramme agrave jour 2) Descriptif des postes corrects 3) Responsabilisation et deacuteleacutegation drsquoautoriteacute 4) Proportion de personnel cadre par rapport au nombre total drsquoemployeacutes 5) Responsabiliteacute pour lrsquoembauche et le licenciement 6) Proceacutedure pour lrsquoeacutevaluation du personnel Est-elle appliqueacutee 7) Politique de formation et de promotion 8) Nombre drsquoheures de travail normal et moyen par cateacutegorie et par activiteacute 9) Echelonnement des heures de travail 10) Dossiers et fichiers de personnel utiles neacutecessaires agrave jour 11) Regravegles pour la reacutetention et destruction des dossiers de personnel 12) Seacutecuriteacute de lrsquoinformation 13) Immatriculation par deacutepartement C3 Cabinet speacutecialiseacute dans laquo lrsquoaudit paie et efficaciteacute raquo 1) Existence drsquoune grille de salaires dans lrsquoentreprise 2) Meacutethodes utiliseacutees pour le calcul et la recommandation des primes Pourquoi 3) Politiques sur les avantages en nature voiture teacuteleacutephone logement cantinerestaurant 4) Salaire moyen tout personnel par cateacutegorie 5) Chiffre drsquoaffaires par employeacute 6) Valeur ajouteacutee par employeacute Diffeacuterentiel de salaire entre directeur cadres non cadres C4 Cabinet speacutecialiseacute dans laquo le recrutementseacutelection raquo 1) Qui est le responsable du recrutement des cadres non cadres directeurs PDG 2) Qui deacutecide du nombre de salarieacutes 3) Existe-t-il des plans de recrutement temporaire 4) Etudie-t-on reacuteguliegraverement le marcheacute du travail 5) Qui autorise les recrutements 6) Les relationscommunications entre le personnel et les deacutepartements sont-elles satisfaisantes 7) Quel genre de publiciteacute utilise lrsquoentreprise interne externe Est-elle efficace 8) Existe-t-il un document standard drsquoapplication 9) Comment deacutecide-t-on pour un candidat qualifications tests psychologie graphologie tous les candidats ou simplement les cadres 10) Quel est le coucirct unitaire de recrutement drsquoun salarieacute cadre ou non cadre 11) Veacuterifie-t-on apregraves la validiteacute des seacutelections 12) Existe-t-il une proceacutedure drsquoaccueil du nouveau salarieacute dans lrsquoentreprise C5 Cabinet speacutecialiseacute dans laquo lrsquoaudit ndashrelations avec le Personnel raquo 1) Histoire des relations avec les syndicats avec le comiteacute drsquoentreprise 2) Les employeacutes sont-ils informeacutes des deacuteveloppements les plus importants dans lrsquoentreprise changement de direction OPA explication des reacutesultats fermeture drsquoune usine ou drsquoune activiteacute objectifs de lrsquoentreprise nouveaux produits nouvelles filiales 3) Existe-t-il un journal de lrsquoentreprise ou de la direction objectifs utiliteacute coucirct 4) Efforts faits pour augmenter lrsquointeacuterecirct du travail taylorisme ou hetzbergisation 5) Taux de roulement du personnel 6) Analyse des raisons invoqueacutees pour quitter lrsquoentreprise 7) Existence de proceacutedures de discipline dans lrsquoentreprise Appliqueacutee par qui 8) Existe-t-il encore une carte drsquoidentiteacute interne Pourquoi 9) Politique de retraite et preacute -retraite compleacutement de traitement actualisation 10) Relations sociales agrave lrsquointeacuterieur et agrave lrsquoexteacuterieur de lrsquoentreprise sportives culturelles ou autres
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13 Reacutesultats ndash Discussion
131 Application de lrsquoanalyse en composantes principales sur le tableau 1 Type drsquoentreprise Moyenne Ecart-type I 11 7127 II 108 5231 III 108 5913
132 Elaboration de la matrice M des variables centreacutees reacuteduites -0 702 -0140 1122 1122 -1 403 -1491 1376 0421 0421 -0726 -0474 0203 0710 1218 -1657
133 Deacutetermination de la matrice V avec des variances covariances Ougrave V= MxMrsquo avec Mrsquo= transposeacutee de M La matrice V est agrave 15 pregraves la matrice des variances covariances Cette matrice v est donc la suivante 5 2 8164 47933 2 8164 5 3 0006 47933 3 0006 5
134 Valeurs propres et vecteurs propres On appelle vecteur propre drsquoune matrice V un vecteur ligne X tel que XV=aX avec laquo a raquo un coefficient appeleacute valeur propre Apregraves reacutesolution de lrsquoeacutequation caracteacuteristique on trouve comme valeurs propres a 1 = 12 15 et a 2= 2644 Associeacutees aux vecteurs propres X1= (0609 0498 0616) X2= (-0385 0865 -0319) Les composantes de ces deux vecteurs propres deacuteterminent naturellement les deux axes principaux sur lesquels seront projeteacutes les points les valeurs propres de leur coteacute permettant de calculer la part de la variance totale expliqueacutee par les deux axes
135 Calcul de la variance totale La variance totale est eacutegale agrave la trace de la matrice des variances covariances V crsquoest-agrave-dire la somme des eacuteleacutements de sa diagonale principale Trace (v)=5+5+5=15= variance totale
136 Part de la variance expliqueacutee par chaque axe factoriel Variance expliqueacutee par le premier axe a 1Trace (v)= 121515=81 Variance expliqueacutee par le second axe a 2 Trace(v)= 264415= 1760
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Donc le premier et le second axe expliquent agrave eux deux 9860 de la variance totale ou inertie ou de lrsquoinformation totale (=81+1760)
137 Coordonneacutees des diffeacuterents cabinets drsquoaudit social C1 C2 hellip C5 sur les deux axes factoriels
Pour trouver les coordonneacutees des cabinets drsquoaudit social sur chaque axe factoriel on multiplie chacun des deux vecteurs propres X1 et X2 par la matrice M des variables centreacutees reacuteduites de deacutepart soit respectivement X1M et X2M drsquoougrave le tableau des coordonneacutees T2 ci-dessous Axes factoriels
C1 C2 C3 C4 C5
Axe factoriel1 (X1M)
-1462 0726 133 164 -2239
Axe factoriel2 (X2M)
0869 118 -0295 -0458 0441
138 Repreacutesentation graphique dans le plan des deux premiers axes factoriels
Nous repreacutesentons ensuite sur le plan deacutetermineacute par les deux axes factoriels les coordonneacutees des cinq cabinets drsquoaudit social En ramenant ainsi agrave deux dimension les donneacutees du tableau 1 de deacutepart nous expliquons 81 + 176= 98 de la variance totale ou inertie totale la perte de lrsquoinformation eacutetant tregraves faible agrave savoir 100 -986 = 14 Figure 1 Repreacutesentation graphique des cabinets drsquoaudit social en laquo Analyse en composantes principales raquo Second axe factoriel(176)
C2
C5
C3 C4
C1
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139 DiscussionInterpreacutetation Sur le premier axe factoriel qui contient 81 de lrsquoinformation totale srsquoopposent tregraves nettement deux groupes (C2 C3C4) et (C1 C5) Ce qui semblerait montrer qursquoil y aurait une certaine homogeacuteneacuteiteacute de reacutesultats dans chacun des deux groupes par rapport aux critegraveres proposeacutes (type drsquoentreprise auditeacutee) Les composantes du vecteur propre sont toutes positives et relativement proches ce qui tendrait agrave montrer que les trois types drsquoentreprises auditeacutees contribuent dans le mecircme sens et de faccedilon agrave peu pregraves eacutegale agrave la deacutetermination de cet axe Sur le second axe factoriel qui contient 176 de lrsquoinformation on distingue des cabinets drsquoaudit social plus attireacutes par lrsquoentreprise de type II (lrsquoentreprise auditeacutee laquo a priori sans problegraveme et ayant deacutejagrave fait appel agrave un cabinet drsquoaudit social ) que par les deux autres types I (Entreprise connaissant des problegravemes et attendant lrsquoaudit social comme remegravede) et III (lrsquoentreprise auditeacutee a priori sans problegraveme avec changement reacutecent de direction) Les composantes du vecteur propre confirment cette interpreacutetation le critegravere II avec un coefficient positif eacuteleveacute a sur cet axe une contribution qui va en sens inverse de celle des deux autres critegraveres I et III On peut donc eacutemettre lrsquohypothegravese que qursquoil existe toujours un niveau incompressible de dysfonctionnements que reacuteveacutelera un audit social indeacutependant de la nature de lrsquoentreprise mais lieacute agrave la preacutesence de lrsquoaudit social et agrave son argumentaire sans que cela ne soit geacuteneacuteralisable sans reacuteserve
2 Prolongement et extension theacuteoriques convergences divergences speacutecificiteacutes des concepts drsquoaudit eacutevaluation mesure diagnostic analyse
21 Un synopsis theacuteorique des concepts drsquoaudit eacutevaluation mesure diagnostic et
analyse exeacutegegravese
211 Lrsquoaudit Lrsquoaudit recouvre dans les faits un champ assez large Il consiste drsquoune faccedilon geacuteneacuterale en un examen meneacute par un observateur professionnel sur la maniegravere dont est exerceacutee une activiteacute par rapport agrave des critegraveres speacutecifiques agrave cette activiteacute Lrsquoaudit financier est sans doute lrsquoaspect le plus connu parce que le plus ancien Il a eu en effet un deacuteveloppement comparable agrave celui de la comptabiliteacute Visant agrave lrsquoorigine la recherche de la fraude et de lrsquoerreur lrsquoaudit comptable srsquoest agrave partir de ce siegravecle orienteacute vers lrsquoeacutemission drsquoune opinion sur la validiteacute des eacutetats financiers Apparu en Italie au 16degsiegravecle il srsquoest deacuteveloppeacute en Europe et a connu une veacuteritable expansion avec une forte impulsion anglo-saxonne au 20deg siegravecle La notion drsquoaudit srsquoest ensuite eacutetendue agrave de nombreux aspects du fonctionnement de lrsquoentreprise au point que lrsquoon parle aujourdrsquohui drsquoaudit social drsquoaudit juridique drsquoaudit industriel et mecircme drsquoaudit de qualiteacute Lrsquoaudit comptable et financier a eacuteteacute deacutefini en France et sur le plan international par les diverses organisations professionnelles Ces organisations veillent agrave la deacutetermination de regravegles
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professionnelles agrave leur constante ameacutelioration et agrave leur respect par ceux qui exercent le meacutetier les auditeurs ou reacuteviseurs comptables pour utiliser un terme non anglo-saxon Drsquoapregraves LrsquoOECCA3 lrsquoaudit est examen auquel procegravede un professionnel compeacutetent indeacutependant en vue drsquoexprimer une opinion motiveacutee sur la reacutegulariteacute et sinceacuteriteacute du bilan et des comptes de reacutesultat drsquoune entreprise Pour lrsquoIFAC4 lrsquoaudit est le controcircle de lrsquoinformation financiegravere eacutemanant drsquoune entiteacute juridique et effectueacute en vue drsquoexprimer une opinion sur cette information Et tout reacutecemment la Compagnie nationale des commissaires aux comptes (CNCC) a pris le parti drsquoadopter le terme drsquoaudit dans les modegraveles de rapport des commissaires aux comptes et en donne la deacutefinition suivante un audit consiste agrave examiner par sondage les eacuteleacutements probants justifiant les donneacutees contenues dans les comptes Il consiste eacutegalement agrave appreacutecier les principes comptables suivis et les estimations significatives retenues pour laquo lrsquoarrecircteacute des comptes raquo et agrave appreacutecier leur preacutesentation drsquoensemble Une distinction meacuterite drsquoecirctre faite cependant entre lrsquoaudit leacutegal et lrsquoaudit contractuel Lrsquoaudit leacutegal est celui exerceacute par le commissaire aux comptes dans le cadre de sa mission telle que deacutefinie par la loi alors que lrsquoaudit eacutelargi ou audit contractuel est celui reacutealiseacute par un auditeur externe de maniegravere reacuteguliegravere ou pour reacutepondre agrave des besoins speacutecifiques Srsquoagissant maintenant de lrsquoaudit et des missions de lrsquoexpert comptable il convient de noter que les travaux de lrsquoauditeur leacutegal ou du commissaire aux comptes ne se confondent geacuteneacuteralement pas avec ceux de lrsquoexpert comptable agrave qui peut ecirctre confieacutee par une entreprise ne disposant pas de ressources internes une mission drsquoeacutetablissement ou drsquoexamen des comptes annuels Certes lrsquoexpert comptable en tant que professionnel indeacutependant et ayant par ailleurs la qualiteacute de commissaire aux comptes se doit de respecter les normes professionnelles et peut fournir une attestation agrave la fin de ses travaux Mais la mission qui lui est confieacutee drsquoamplitude variable se distingue bien souvent de la mission drsquoaudit Lrsquoexpert comptable peut se voir confier trois types de mission mission de preacutesentation mission drsquoexamen et mission drsquoaudit Les deux premiegraveres missions se distinguent nettement des missions drsquoaudit Lrsquoattestation deacutelivreacutee par lrsquoexpert comptable le preacutecise alors clairement La mission de preacutesentation constitue une simple mise en forme de donneacutees comptables fournies par lrsquoentreprise La mission drsquoexamen comporte en outre des controcircles geacuteneacuteraux de coheacuterence des comptes ainsi eacutetablis La troisiegraveme mission quant agrave elle est une mission complegravete de reacutevision contractuelle Elle peut ecirctre confieacutee volontairement par lrsquoentreprise agrave un expert comptable si elle choisit spontaneacutement drsquoen deacutesigner un la fonction de commissaire aux comptes eacutetant incompatible avec celle drsquoexpert comptable de lrsquoentreprise Cette incompatibiliteacute preacutevue par la loi repose sur le principe drsquoindeacutependance suivant lequel le controcircleur ne peut ecirctre en mecircme temps lrsquoobjet du controcircle Notons au passage la distinction entre auditeur externe et auditeur interne Les groupes ou socieacuteteacutes de taille significative ont souvent chercheacute agrave renforcer leur propre dispositif de controcircle en creacuteant en leur sein mecircme un service speacutecifique Ce service appeleacute service drsquoaudit interne est geacuteneacuteralement rattacheacute agrave la direction geacuteneacuterale afin de preacuteserver son indeacutependance aux autres services de la socieacuteteacute ou du groupe Son rocircle est de deacutefinir etou de veiller agrave la deacutefinition de proceacutedures de controcircle interne satisfaisantes au sein de lrsquoentreprise agrave leur diffusion et agrave leur correcte application Lrsquoauditeur interne fait partie inteacutegrante de lrsquoentreprise par opposition agrave lrsquoauditeur leacutegal ou contractuel ou auditeur externe Bien que les conditions 3 Ordre des Experts Comptables et Comptables Agreacuteeacutes 4 International Federation of Accountants
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drsquointervention et de travail soient diffeacuterentes les auditeurs internes et externes visent le mecircme objectif la conformiteacute agrave la reacutealiteacute et la fiabiliteacute des comptes
212 Lrsquoeacutevaluation Lrsquoeacutevaluation proprement dite repose sur le traitement lrsquoanalyse et lrsquointerpreacutetation des informations recueillies en regard du reacutefeacuterent par comparaison ou mise en correspondance de celui-ci au reacutefeacutereacute Lrsquoeacutevaluation transforme ainsi la repreacutesentation factuelle drsquoun objet en une repreacutesentation normeacutee On passe drsquoun jugement de fait agrave un jugement de valeur aboutissant ainsi agrave une nouvelle repreacutesentation du reacuteel agrave partir de celle que constituait le reacutefeacutereacute Lrsquoeacutevaluation est une activiteacute drsquoeacutelaboration conceptuelle et non une activiteacute directement opeacuteratoire Crsquoest un moyen drsquoeacuteclairer une prise de deacutecision Le terme laquo eacutevaluation raquo recouvre drsquoailleurs une deacutemarche iteacuterative et reacutetroactive qui va de la fixation drsquoobjectifs agrave lrsquoappreacuteciation de leur atteinte Et toute deacutemarche drsquoeacutevaluation semble devoir en fait partir de la deacutefinition drsquoobjectifs deacutecrire le plus preacuteciseacutement possible les activiteacutes visant agrave atteindre ces objectifs deacutefinir des proceacutedures permettant drsquoeffectuer des tacircches neacutecessaires agrave lrsquoatteinte des objectifs soumises au controcircle interne lui-mecircme justiciable drsquoun audit interne ou externe deacutefinir des indicateurs facilitant la mesure des effets de chaque activiteacute deacutetecter lrsquoeffet drsquoeacuteventuels facteurs externes etou de faits impreacutevisibles lors de la fixation de lrsquoobjectif afin de pouvoir permettre de porter un jugement de valeur ou une appreacuteciation qui sera le cœur de lrsquoeacutevaluation
Cependant le concept drsquoeacutevaluation a eacutevolueacute et tendrait agrave devenir une appreacuteciation (N Sillamy 1980) du meacuterite une appreacuteciation des capaciteacutes ou de la valeur personnelle drsquoun sujet consideacutereacute dans une situation donneacutee etou par rapport agrave la moyenne de ses pairs Mais si nous nous en tenons agrave cette deacutefinition nous ne sommes pas plus avanceacutes car cette approche introduit des notions trop abstraites telles que celles de laquo meacuterite capaciteacute valeur professionnelle raquo induisant par la mecircme occasion une notion globale de lrsquoeacutevaluation de lrsquoindividu crsquoest-agrave-dire des reacutesultats de travail et de ses aptitudes
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Figure ndeg 2 Double articulation dans lrsquoopeacuteration drsquoeacutevaluation ----------------------------------------------------------------------------------------------------------- REFERE Utilisation Ensemble drsquoeacuteleacutements jugeacutes hellip drsquoindicateurs Repreacutesentatifs de = Cateacutegories drsquoappreacutehension hellip REALITE5 A partir de | (objet de travail) | de la reacutealiteacute concregravete une situation reacuteelle Champ de la reacutealiteacute une valeur concregravete
Evaluer = juger attribuer Un sens en confrontant hellip comparaisonhelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip En fonction de Champ des attentes (moyen de travail) une situation deacutesireacutee | sociales | REFERENT Production de normes
Ensemble drsquointentions jugeacutees hellip ou critegraveres de jugement hellip PROJET6
Significatives de Reacutefeacutereacute constitueacute par lrsquoensemble des observables agrave travers lesquels le reacuteel concret est saisi et construit agrave lrsquoaide drsquoinstruments drsquoobservation (les outils drsquoeacutevaluation) qui servent ainsi agrave produire de lrsquoinformation pour lrsquoeacutevaluation Reacutefeacuterent est un modegravele laquo ideacuteal raquo articulant les intentions jugeacutees les plus significatives par reacutefeacuterence au projet et agrave partir desquelles vont se deacutegager des normes et critegraveres
213 Mesure Mesurer crsquoest assigner un nombre agrave un objet ou agrave un eacuteveacutenement selon une regravegle logiquement acceptable Il doit y avoir correspondance entre les proprieacuteteacutes qui reacutegissent les relations entre les choses et celles qui reacutegissent les relations entre les nombres La mesure est une opeacuteration de saisie des donneacutees Elle apporte la preacutecision dans la collecte des faits drsquoobservation A ce titre elle pourra participer dans la construction de ce qui sera appeleacute le reacutefeacutereacute mais ne constituera jamais en tant que telle une eacutevaluation puisque celle-ci sera le produit de la comparaison du reacutefeacutereacute (ensemble des donneacutees drsquoobservation) avec le reacutefeacuterent systegraveme drsquointerpreacutetation des donneacutees saisies
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5 Reacutealiteacute (situation concregravete observeacutee donneacutees de fait ce qui srsquoest concregravetement produit) 6 Projet (intention de changement donneacutees de devoir ecirctre ce qui est ideacutealement souhaiteacute ou attendu)
214 Diagnostic Le diagnostic correspond agrave lrsquoidentification non seulement des facteurs cleacutes de succegraves ou drsquooptimisation des ressources de lrsquoentreprise mais eacutegalement des dysfonctionnements ou anomalies dont souffre celle-ci agrave partir drsquoun ensemble de symptocircmes ne permettant pas de connaicirctre par anticipation les causes G Brown pense que le mot diagnostic est en principe reacuteserveacute agrave la meacutedecine mais que dans lrsquoindustrie on procegravede souvent agrave des analyses drsquoentreprises ayant pour but de faire ressortir les deacutefectuositeacutes Pour Ph Lorino le diagnostic correspondrait agrave une capaciteacute drsquoanalyse et de compreacutehension de la performance Diagnostiquer serait se rattacher aux causes Il srsquoagirait donc drsquoidentifier les leviers drsquoaction les plus efficaces Par contre pour JP Thibaut le diagnostic global est le modegravele de base qui analyse lrsquoentreprise dans une perspective globale agrave travers ses fonctions et son organisation et qui deacutebouche sur des propositions drsquoameacutelioration Les informations recueillies permettant aux principaux responsables drsquoorienter leur action pour ameacuteliorer la performance de lrsquoentreprise C Bottin qualifie le diagnostic de meacutethode particuliegravere drsquoaccegraves agrave la connaissance identifiant la situation preacutesente et preacuteparant la deacutetermination drsquoobjectifs drsquoaction Enfin pour AC Martinet le diagnostic srsquoappuie sur lrsquoanalyse mais srsquoen distingue nettement Il suppose appreacuteciation jugement et en deacutefinitive prise de responsabiliteacute de celui qui le pose
215 Lrsquoanalyse Crsquoest une deacutesagreacutegation voulue et accomplie dans le but drsquoeacutetudier seacutepareacutement chacune des parties drsquoun tout et de tirer de cette eacutetude des deacuteductions rigoureuses pour la suite Analyser crsquoest deacutecomposer disseacutequer les pheacutenomegravenes eacutelaborer les points forts et faibles repeacuterer les inter-relations identifier les signes examiner classer
22 Etude compareacutee des concepts drsquoaudit eacutevaluation mesure diagnostic et analyse
221 Points de convergence
2211Relativement agrave la deacutemarche Qursquoil srsquoagisse de lrsquoaudit de lrsquoeacutevaluation de la mesure du diagnostic ou de lrsquoanalyse certaines questions reacutecurrentes se posent toujours agrave savoir en vue de quoi veut-on auditer eacutevaluer mesurer diagnostiquer ou analyser Pour quels coucircts et quels gains Et sous quelles conditions et dans quel cadre Qui en est le beacuteneacuteficiaire ou le commanditaire Sous quel aspect le commanditaire souhaite-t-il essentiellement ecirctre informeacute Sur quel type de questions importe-t-il de mettre lrsquoaccent Vers quel type de deacutecision converge-t-on et dans quel contexte la demande srsquoinscrit-elle Autrement dit qui va srsquoapproprier du jugement de valeur et pourquoi faire Quelle est la personne qui aura accegraves agrave lrsquoinformation recueillie et traiteacutee En drsquoautres termes les concepts laquo A (audit) E (eacutevaluation) M (mesure) D (diagnostic) An (analyse) raquo neacutecessitent que lrsquoon se preacuteoccupe au moins des six facteurs invariants suivants lrsquoobjet problegraveme drsquoentreprise Problegraveme de recherche Problegraveme marketing comptable strateacutegique problegraveme de gestion La qualiteacute et nature de lrsquoinformation attendue son coucirct son accessibiliteacute rapiditeacute fiabiliteacute finesse sa dureacutee de vie pertinence preacutecision (justesse et fideacuteliteacute) son caractegravere drsquoexhaustiviteacute et son degreacute drsquoautonomie Le type de questions souhaiteacutees ou argumentaire de reacutefeacuterence La nature de la deacutecision preacutefixeacutee ainsi
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que le contexte ou circonstances Les conditions drsquoaccessibiliteacute agrave lrsquoinformation recueillie Le coucirct et gain associeacutes Par ailleurs il y a souvent une confusion entre laquo audit diagnostic et analyse raquo comme il en est de mecircme pour laquo eacutevaluation et mesure raquo confusion qursquoil conviendra de lever par une eacutetude empirique approfondie A la question laquo audit eacutevaluation mesure diagnostic analyse quels contours raquo notre premier reacuteflexe a eacuteteacute de nous tourner vers les publications disponibles traitant du sujet Mais alors force a eacuteteacute de convenir que des publications traitant simultaneacutement de ces thegravemes eacutetaient inexistantes la comparaison des diffeacuterents concepts eacutetant une probleacutematique peu convoqueacutee en sciences de gestion Notre premiegravere deacutemarche a donc consisteacute agrave nous orienter vers les principaux inteacuteresseacutes agrave savoir les experts comptables les analystes financiers les auditeurs les dirigeants recruteurs Elle a ensuite consisteacute agrave deacutecrypter les arguments que ces professionnels mettent en avant lorsqursquoils parlent drsquoaudit drsquoeacutevaluation de mesure de diagnostic et drsquoanalyse Aussi avons-nous collecteacute les discours tenus par les inteacuteresseacutes eacutetudieacute analytiquement le vocabulaire employeacute chercher agrave identifier les critegraveres reacutecurrents les plus importants de maniegravere agrave commencer agrave esquisser une deacutelimitation des contours de leurs pratiques habituelles et pouvoir ainsi deacutegager les convergences divergences et speacutecificiteacutes
2212Relativement agrave la creacuteation de valeur Contrairement agrave ce que beaucoup croient bien que borneacutes par les normes professionnelles lrsquoaudit lrsquoeacutevaluation la mesure le diagnostic et lrsquoanalyse peuvent ecirctre tous consideacutereacutes dans un certain sens et par certains cocircteacutes comme faisant partie inteacutegrante des meacutethodes de creacuteativiteacute de rationalisation de conception drsquoexploration et de recherche drsquoideacutees Meacutethodes de creacuteativiteacute la neacutecessiteacute drsquoune compreacutehension geacuteneacuterale de lrsquoentreprise auditeacutee le besoin de comprendre son activiteacute et son langage amegravenent les cabinets drsquoaudit agrave diversifier leur recrutement Celui-ci agrave lrsquoorigine plutocirct cibleacute sur les eacutelegraveves des eacutecoles de commerce tend agrave rechercher aujourdrsquohui eacutegalement des collaborateurs de formation scientifique (ingeacutenieurs informaticiens actuaireshellip) susceptibles de mieux comprendre les processus industriels et drsquoavoir un langage commun avec les interlocuteurs Crsquoest ainsi que bon nombre de cabinets utilisent le brainstorming pour geacuteneacuterer un grand nombre drsquoideacutees nouvelles ou la synectics pour susciter par analogie des ideacutees nouvelles
Meacutethodes de rationalisation laquo lrsquoA E M D An raquo fait appel comme les meacutethodes scientifiques de rationalisation
agrave la clarification des objectifs afin drsquoexpliciter les objectifs et sous-objectifs et les relations qui les lient (arbre des objectifs) agrave la deacutefinition des fonctions afin de deacutelimiter les frontiegraveres du systegraveme agrave concevoir (analyse fonctionnelle)
agrave la deacutefinition des performances ou speacutecifications techniques et eacuteconomiques agrave atteindre
agrave la creacuteation et eacutevaluation drsquoalternatives afin drsquoeacutevaluer et comparer les diffeacuterentes solutions alternatives
Meacutethodes drsquoexploration des situations de conception eacutetablissement des objectifs documentation recherche drsquoanomalies visuelles questionnaire recherche sur le comportement des utilisateurs identification des actions qui seraient susceptibles drsquoapporter des changements non souhaiteacutes mais qui sont trop difficiles agrave comprendre (systemic testing) seacutelection drsquoune eacutechelle de mesure
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2213Relativement au rythme drsquointervention Lrsquoaudit lrsquoeacutevaluation la mesure le diagnostic et lrsquoanalyse ont un caractegravere discontinu et sont souvent annuels semestriels ou trimestriels
222 Points de divergence Lrsquoaudit apparaicirct plus comme une opeacuteration drsquoinventaire ayant pour but de dresser un eacutetat des lieux de la situation alors que lrsquoeacutevaluation vise plutocirct agrave mettre en eacutevidence les forces et faiblesses de lrsquoobjet observeacute Quant au diagnostic il semblerait beaucoup destineacute agrave mettre en relief les dysfonctionnements ou anomalies Lrsquoanalyse enfin cherche agrave deacutevoiler la dimension cacheacutee des choses On ne peut dire avec preacutecision lequel des cinq concepts preacutecegravede ou suit lrsquoautre car suivant les objectifs fixeacutes lrsquoun ou lrsquoautre des cinq concepts peut comprendre les quatre autres Drsquoougrave lrsquoideacutee de les faire figurer plutocirct sur un cercle non orienteacute
Figure ndeg3 Impossible deacutetermination de lrsquoorientation universelle des cinq concepts Audit
Evaluation Diagnostic Analyse Mesure Diagnostic
Conclusion La notion drsquoaudit social est implicitement baseacutee sur lrsquohypothegravese de lrsquoexistence drsquoun dysfonctionnement conscient ou inconscient Nous pensons que lrsquoon trouvera toujours quelque chose agrave redire face agrave lrsquoentreprise la mieux geacutereacutee et que cela tient en partie aussi du contenu de lrsquoargumentaire utiliseacute par le cabinet drsquoaudit Mais cette hypothegravese doit ecirctre eacutetudieacutee plus profondeacutement eacutechantillon choisi eacutetant tregraves petit pour qursquoune geacuteneacuteralisation seacuterieuse puisse ecirctre faite
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LE laquo SOCIAL raquo DANS LA GRANDE MARMITE DE LrsquoAUDIT Georges EGG Auditeur social
Introduction Lrsquoaudit social a-t-il une speacutecificiteacute reacuteelle compareacute agrave ses grands fregraveres Est-ce mecircme un audit Ces questions se posent au moment ougrave un marcheacute de lrsquoaudit de RSE1 se profile Pour tenter drsquoy reacutepondre il nous faut drsquoabord replacer lrsquoaudit social laquo historique raquo au sein de lrsquoensemble des audits pratiqueacutes Pour cela nous retracerons drsquoabord le deacuteveloppement qualitatif de lrsquoaudit en geacuteneacuteral nous chercherons agrave caracteacuteriser ses diffeacuterentes formes avant de deacutecrire agrave grand traits les principales varieacuteteacutes drsquoaudit pratiqueacutees Nous aborderons ensuite sur cette base la question de lrsquoexistence drsquoun audit social de sa speacutecificiteacute et de ses limites
1 Lrsquoexpansion de lrsquoaudit Ceux qui ont connu la peacuteriode de creacuteation de lrsquoaudit social2 par lrsquoIAS sont bien perplexes voire deacutesempareacutes face agrave la situation actuelle A lrsquoeacutepoque au tout deacutebut des anneacutees 80 il srsquoagissait de deacutevelopper dans le champ social une meacutethode drsquoinvestigation analogue agrave celle qui existait depuis fort longtemps en matiegravere comptable et financiegravere et dans la gestion interne des entreprises plus reacutecemment Dans laquo audit social raquo le mot laquo social raquo deacutesignait essentiellement les meacutethodes de gestion du personnel et par extension le fonctionnement social interne3 Le peacuterimegravetre eacutetait celui des frontiegraveres de lrsquoentreprise La deacutemarche eacutetait drsquoune grande modestie adoption sans restriction de la meacutethode de lrsquoaudit supposeacutee unifieacutee agrave lrsquoeacutepoque Et drsquoune grande ambition le champ social est autrement plus eacutetendu et complexe que ceux de la comptabiliteacute et de la finance4 Pendant une vingtaine drsquoanneacutees le petit audit social a coexisteacute avec les audits techniques traditionnels des entreprises Dans une ignorance reacuteciproque totale Tout les seacuteparait agrave part ndashsemblait-il ndash la meacutethode Les audits comptables et financiers eacutetaient et restent indispensables et obligatoires tregraves fortement encadreacutes non seulement par des normes techniques mais encore par des reacuteglementations nationales et internationales Ils eacutetaient la chasse gardeacutee des grands cabinets drsquoaudit et des cabinets plus modestes drsquoexpertise comptable Le petit audit social lui eacutetait et continue drsquoecirctre demandeacute par un petit nombre drsquoorganisations plus hardies que les
1 Responsabiliteacute sociale de lrsquoentreprise 2 Du moins le deacuteveloppement de sa pratique car lrsquoideacutee avait deacutejagrave eacuteteacute avanceacutee par HR Bowen en 1953 et John Humble en 1973 (cf article de J IGALENS) 3 Le mot laquo social raquo accoleacute agrave laquo audit raquo est progressivement apparu trop connoteacute et restrictif Une assembleacutee de lrsquoIAS a deacutecideacute dans les anneacutees 90 que lrsquoIAS srsquoappellerait deacutesormais Institut international de lrsquoAudit Social et des organisations 4 On ne srsquoeacutetait peut-ecirctre pas rendu compte que lrsquoon transposait une meacutethode appliqueacutee agrave des techniques formaliseacutees dans le champ mouvant des fonctionnements Ou lrsquoon nrsquoen avait pas perccedilu les conseacutequences meacutethodologiques
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autres et meneacute librement par quelques petits cabinets de consultants de culture et drsquoexpeacuterience RH Lrsquoapparition des normes internationales et drsquoabord ISO 9000 en 1988 ne changea pas la situation Un nouveau champ eacutetait ouvert agrave lrsquoaudit couvert par un nouveau profil drsquoauditeurs Lrsquoaudit Qualiteacute eacutetait neacute agrave cocircteacute des autres et dans le mecircme aveuglement partageacute5 La sortie des normes ISO 14000 sur lrsquoenvironnement en 1994 suscita quelques interrogations de courte dureacutee chez les auditeurs sociaux On se demanda si lrsquoenvironnement nrsquoavait pas quelque chose agrave voir avec le social Pour conclure que crsquoeacutetait une affaire de techniciens speacutecialiseacutes Et lrsquoaudit drsquoenvironnement pris une place agrave lrsquoombre de son grand fregravere de la Qualiteacute A la mecircme eacutepoque apparaissent des pratiques drsquoinvestigation de la chaicircne des fournisseurs Elles faisaient suite aux scandales meacutediatiseacutes affectant certaines marques de vecirctements de sport et aux boycotts qui srsquoensuivirent Les missions mandateacutees visent agrave veacuterifier que les fournisseurs des grandes marques et enseignes respectent un SMIG en matiegravere de droits de lrsquohomme et du travailleur Elles sont appeleacutees laquo social audit raquo en anglais Aujourdrsquohui encore elles sont peu connues et constituent un univers professionnel distinct Last but not least arrive la responsabiliteacute sociale des entreprises (RSE) Promue par la Commission europeacuteenne dans son Livre vert de juin 2001 apregraves les premiegraveres deacutelocalisations massives en Europe la RSE est laquolrsquointeacutegration volontaire par les entreprises de preacuteoccupations sociales et environnementales agrave leurs activiteacutes commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantesraquo La commission ajoute laquoecirctre socialement responsable signifie non seulement satisfaire pleinement aux obligations juridiques applicables mais aussi aller au-delagrave et investir laquo davantage raquo dans le capital humain lrsquoenvironnement et les relations avec les parties prenantes raquo La RSE doit naturellement srsquoaccompagner drsquoune eacutevaluation de sa mise en œuvre et de ses reacutesultats Le Livre vert fait alors naicirctre un laquo audit social raquo et le deacutefinit par son sujet drsquoinvestigation audit des impacts des deacutecisions des entreprises sur leurs parties prenantes6 et leur environnement interne et externe Notons enfin que la publication de rapports de deacuteveloppement durable imposeacutee par la loi en France et en Belgique recommandeacutee ailleurs suscite des interrogations sur la bonne faccedilon drsquoeacutevaluer leur qualiteacute audit veacuterification ou simple avis Et lrsquoapparition du meacutetier drsquoanalyste non financier au sein des agences de notation vient encore complexifier lrsquounivers de lrsquoinvestigation de la veacuterification et de lrsquoeacutevaluation La pratique de lrsquoaudit srsquoeacutetend donc rapidement agrave de nouveaux territoires Les auditeurs semblent y employer la mecircme meacutethode Tout semble identique sauf le terrain Est-ce si sucircr Srsquoagit-il toujours drsquoaudit Et drsquoailleurs qursquoest-ce que lrsquoaudit Chaque professionnel pense en deacutetenir le sens veacuteritable et croit ecirctre bien compris de tous ses collegravegues quand il utilise ce mot pour
5 Il nrsquoa pas eacuteteacute possible de faire participer des auditeurs Qualiteacute aux travaux de reacutedaction des versions successives des laquo Mots de lrsquoaudit raquo (Editions Liaisons) au sein drsquoune commission mixte IAS-IFACI 6 laquo Personne communauteacute ou organisation influant sur les opeacuterations drsquoune entreprise ou concerneacutees par celles-ci Les parties prenantes peuvent ecirctre internes (salarieacutes par exemple) ou externes (clients fournisseurs actionnaires financiers communauteacute locale etc raquo
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reacutesumer sa pratique Il faut constater que ce nrsquoest pas le cas et que nous parlons de choses diffeacuterentes Qursquoil nrsquoy a peut-ecirctre pas un mais plusieurs audits Ils ont agrave lrsquoeacutevidence des points communs au-delagrave de diffeacuterences manifestes Lesquels
2 Un ou plusieurs audits
21 Les confusions et abus de langage Eliminons tout drsquoabord les confusions drsquoun champ deacutejagrave suffisamment opaque Parmi elles vient en premier le mot laquo controcircle raquo nom donneacute agrave une deacutemarche visant agrave distinguer le conforme du non conforme le normal de lrsquoanormal le reacutegulier du fautif Elle compare pour cela les caracteacuteristiques drsquoun objet ou drsquoun lieu la situation drsquoune personne ou ses reacutesultats agrave ce qursquoils devraient ecirctre Elle dispose donc drsquoune ou plusieurs reacutefeacuterences Comme lrsquoaudit Mais lrsquoanalogie srsquoarrecircte lagrave Car le controcircle srsquoapplique agrave des individualiteacutes (la piegravece dont on controcircle les caracteacuteristiques physiques la personne dont on veacuterifie lrsquoidentiteacute la machine dont srsquoassure du fonctionnement) Et non au systegraveme qui fabrique les piegraveces agrave lrsquoorganisation qui deacutelivre les passeports agrave la fonction drsquoentretien des machines Ou alors ce nrsquoest plus un simple controcircle ponctuel et reacutepeacutetable agrave lrsquoinfini et crsquoest autre chose peut-ecirctre un audit Ex aequo arrive le conseil Contrairement agrave lrsquoaudit le conseil ne dispose pas drsquoun reacutefeacuterentiel formaliseacute accessible connu Ou plutocirct celui-ci est enfoui dans le cerveau du conseiller Celui-ci donne son avis en fonction de son expeacuterience Elle constitue sa reacutefeacuterence qursquoil serait bien en peine de formaliser De plus le conseiller eacutemet des prescriptions agrave la diffeacuterence de lrsquoauditeur qui formule des avis Il doit prendre parti orienter faire des choix pour son client ce qui nrsquoest pas du tout le rocircle de lrsquoauditeur et lui est mecircme fortement deacuteconseilleacute Drsquoautres exemples drsquousage abusif nous sont fournis par les laquo audits de la France raquo qui paraissent dans les 15 jours suivants une eacutelection lrsquoaudit de la personne ou les enquecirctes deacutenueacutees de tout reacutefeacuterentiel etc Nous ne nous attarderons pas davantage sur ces emplois abusifs et trompeurs
22 Les caracteacuteristiques communes essentielles Au sein de toutes les pratiques professionnelles drsquoaudit en usage se retrouvent des eacuteleacutements communs
Comparaison lrsquoauditeur raisonne par comparaison jamais dans lrsquoabsolu Reacutefeacuterence il effectue ses comparaisons par rapport agrave une ou plusieurs reacutefeacuterences qui lui sont exteacuterieures Induction il part drsquoobservations en extrait des constats aveacutereacutes et en tire des conclusions Il ne part pas drsquohypothegraveses agrave veacuterifier drsquoa priori agrave prouver Deacutemarche lrsquoauditeur conduit sa mission de faccedilon meacutethodique et systeacutematique depuis la deacutefinition des objectifs jusqursquoau traitement des informations et aux conclusions en passant par lrsquoeacutetablissement du reacutefeacuterentiel et la construction du guide
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drsquoaudit Les diffeacuterentes eacutetapes sont mises en coheacuterence et eacutetroitement relieacutees entre elles Validation toutes les informations eacutecrites ou recueillies oralement sont valideacutees Les constats ainsi obtenus sont la base des conclusions de lrsquoauditeur Deacuteontologie lrsquoauditeur respecte une deacuteontologie contraignante dont un des eacuteleacutements principaux est sa reacuteelle indeacutependance
23 Les deacuteterminants essentiels de lrsquoaudit
Au-delagrave de ce qui constitue le noyau unificateur de lrsquoaudit on trouve de nombreux et importants eacuteleacutements de diffeacuterenciation On peut en citer six
A La nature du domaine auditeacute B Le reacutesultat rechercheacute par le commanditaire C Le reacutefeacuterentiel drsquoaudit D Le sujet de lrsquoaudit E Le secteur drsquointervention F Le type drsquoaudit
Les cinq premiers relegravevent de la pratique Le sixiegraveme touche agrave la nature de lrsquoaudit Ils deacuteterminent entiegraverement les missions et les rendre eacutetrangegraveres les unes aux autres
A - La nature du domaine auditeacute Les domaines drsquoapplication de lrsquoaudit sont tregraves nombreux et varieacutes Il nrsquoest pas neacutecessaire drsquoinsister sur le fait que les missions ne requiegraverent pas les mecircmes compeacutetences et les mecircmes outils dans le domaine comptable et dans celui de lrsquoenvironnement dans le domaine social et dans celui de la qualiteacute
B - Le but viseacute par le commanditaire Ce peut ecirctre
La certification des comptes de son entreprise La certification de son entreprise selon une norme deacutetermineacutee Un certain niveau drsquoassurance quant agrave la conformiteacute de tel ou tel aspect de ses
activiteacutes La deacutetection de pistes de progregraves ou la reacutesolution de difficulteacutes internes ou externes
Chacun de ces buts requiegravere des sources drsquoinformation des meacutethodes drsquoinvestigation et de deacutemonstration tregraves diffeacuterentes les unes des autres
C ndash Les reacutefeacuterences (critegraveres) drsquoaudit Les reacutefeacuterences drsquoaudit sont innombrables Dans les seuls domaines comptable et financier on deacutenombre une cinquantaine de normes europeacuteennes IAS7 (auxquelles srsquoajoutent les IAS+ pour les speacutecificiteacutes nationales) et une quarantaine de normes IFRS8 Dans le domaine du management de la qualiteacute par contre une poigneacutee de norme suffit
7 International Accounting Standard 8 International Financial Reporting Standard
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Leur nature est eacutegalement tregraves varieacutee leacutegale reacuteglementaire contractuelle normative politique proceacutedurale drsquoengagement Tout comme celle de leurs eacutemetteurs publics ou priveacutes institutions internationales ou nationales groupements professionnels ONG entreprises etc Mais ce nrsquoest pas cette profusion qui creacutee veacuteritablement les distinctions entre audits Le plus important est le sujet de leurs prescriptions Ce peut ecirctre
Des conditions agrave remplir des reacutesultats agrave obtenir des interdictions (travail des enfants niveau de bruit dans les ateliers deacutepenses de formation etc) Des modegraveles de fonctionnement (systegravemes de management de la qualiteacute de lrsquoenvironnement de la santeacute et la seacutecuriteacute des relations avec les parties prenantes etc)9
Lagrave encore ni les meacutethodes de recueil des informations ni les sources ni le type drsquoavis donneacute en conclusion ne sont pas les mecircmes dans lrsquoun et lrsquoautre cas
D ndash Le sujet auditeacute Crsquoest ce sur quoi porte lrsquoinvestigation En pratique et notamment quand lrsquoinvestigation porte sur un processus les missions concernent les types de sujet suivants
a) Les politiques strateacutegies objectifs b) Les systegravemes speacutecialiseacutes de management y compris drsquoinformation c) La mise en œuvre proprement dite et le fonctionnement d) Les reacutesultats obtenus quantitatifs et qualitatifs e) Lrsquoutilisation des reacutesultats
Mais il peut srsquoagir aussi f) Drsquoun eacutetat drsquoune situation drsquoun fonctionnement
Le type de sujet auditeacute deacutetermine directement le reacutefeacuterentiel pertinent mais aussi lrsquoorganisation drsquoensemble de la mission les investigations agrave mener les eacuteleacutements de preuve agrave fournir et le type drsquoavis eacutemettre
E ndash Le secteur professionnel Les audits de conformiteacute sur norme de systegraveme de management ou les audits comptables et financiers sont reacuteputeacutes laquo tout terrain raquo Lrsquoauditeur est censeacute passer sans difficulteacute du secteur de la santeacute agrave celui de la grande distribution de lrsquoaeacuteronautique agrave lrsquoindustrie du logiciel de la banque agrave lrsquoagriculture En pratique il lui faut neacutecessairement acqueacuterir preacutealablement les fondamentaux eacuteconomiques techniques et sociaux du secteur Crsquoest ce qursquoont bien compris les grands cabinets qui speacutecialisent leurs auditeurs La connaissance voire lrsquoexpeacuterience du secteur est encore plus neacutecessaire dans les autres types drsquoaudit notamment dans le domaine social
9 Certaines reacutefeacuterences relegravevent des deux cateacutegories agrave la fois Et une mecircme mission peut ecirctre fondeacutee sur des reacutefeacuterences appartenant aux deux cateacutegories
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F ndash Le type drsquoaudit Les buts viseacutes et les reacutesultats attendus par le commanditaire deacuteterminent le type drsquoaudit conformiteacute ou efficaciteacute parfois les deux Si le commanditaire recherche une certification de son entreprise ou de ses comptes ou une veacuterification de conformiteacute sur un thegraveme donneacute la ou les reacutefeacuterences utiliseacutees sont intouchables Lrsquoauditeur recherche et pointe les eacutecarts et donne un avis sur leur importance agrave lrsquoissue drsquoun audit de conformiteacute Crsquoest le seul type drsquoaudit possible Si le commanditaire cherche essentiellement agrave progresser ou agrave voir clair dans des difficulteacutes qursquoil ne maicirctrise pas lrsquoaudit doit non seulement eacutemettre un avis sur le respect des regravegles mais eacutegalement sur leur pertinence La regravegle nrsquoest plus intouchable degraves lors qursquoelle agit sur la performance Il srsquoagit lagrave drsquoun audit drsquoefficaciteacute Lrsquoaudit drsquoefficaciteacute peut comporter un diagnostic permettant de remonter aux causes des symptocircmes observeacutes ce qui est freacutequent en audit social Ce nrsquoest jamais le cas en audit de conformiteacute Les deux types drsquoaudit peuvent bien entendu ecirctre utiliseacutes dans les missions lorsque les reacutefeacuterences ne sont pas impeacuteratives Chaque mission drsquoaudit semble donc devoir ecirctre une combinaison speacutecifiques des deacuteterminants que nous venons drsquoeacutenumeacuterer La grande varieacuteteacute de ces combinaisons pourrait faire oublier le cœur commun de meacutethode qui les reacuteunit Quelles sont les combinaisons pratiques que nous pouvons identifier Elles apparaissent agrave lrsquoobservation des grands types de mission
3 Des pratiques que leurs praticiens cherchent agrave exporter hors de leur territoire drsquoorigine
31 Les audits du chiffre titulaires de lrsquoappellation drsquoorigine
Les commissaires aux comptes et les experts comptables megravenent depuis fort longtemps des audits comptables et financiers Les premiers dans le cadre drsquoune mission drsquoordre public les seconds en exeacutecution drsquoun contrat Le reacutesultat de la mission est un avis sur les comptes donneacute agrave son client par lrsquoexpert comptable porteacute agrave la connaissance de la communauteacute eacuteconomique par le commissaire aux comptes du fait de lrsquoobligation de publication Les auditeurs se reacutefeacuterent dans leurs investigations agrave des normes comptables et agrave des normes drsquoaudit eacutedicteacutees au plan international Ils procegravedent agrave des controcircles exhaustifs ou par sondage agrave des veacuterifications directes agrave des questionnements de fournisseurs ou de clients dans le souci de fiabiliser les informations recueillies La dureacutee des missions est tregraves variable Lrsquoexamen du systegraveme comptable existant nrsquoest pas un objectif en soi mais seulement un eacuteleacutement de jugement sur les comptes Les commissaires aux comptes ont deacutesormais les auditeurs internes comme partenaires sur le sujet du controcircle interne10 Il srsquoagit lagrave drsquoun sujet qui devrait agrave terme inteacuteresser les auditeurs de systegravemes de management Les commissaires aux comptes examinent par ailleurs le rapport annuel sur le deacuteveloppement durable que les preacutesidents des socieacuteteacutes coteacutees doivent
10 La loi NRE du 15 mai 2001fait obligation au preacutesident du conseil drsquoadministration de rendre compte dans un rapport annuel des proceacutedures de controcircle interne mises en place par la socieacuteteacute Ce rapport doit ecirctre viseacute par le commissaire aux comptes La veacuterification de lrsquoefficaciteacute du controcircle interne est eacutegalement deacutesormais une des missions essentielles des auditeurs internes
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obligatoirement preacutesenter agrave leur assembleacutee Mais ils ne le certifient pas Les experts-comptables par contre ont eacutelargi leur champ drsquointervention agrave lrsquoaudit ( ) ou la veacuterification de ce rapport
32 Les audits internes Les auditeurs internes observent et eacutevaluent les pratiques de gestion par reacutefeacuterence aux proceacutedures et consignes de leur entreprise jamais sur la base de normes internationales de certification de systegravemes Leur champ drsquointervention en matiegravere de gestion est tregraves large puisqursquoils doivent deacutesormais veiller agrave la qualiteacute du controcircle interne Ils nrsquointerviennent pas dans le champ social et assez peu dans la gestion du personnel domaine geacuteneacuteralement reacuteserveacute du DRH Ils forment leurs constats agrave partir de dossiers et drsquoenquecirctes Mettant en eacutevidence les eacutecarts entre la pratique et la regravegle ils megravenent essentiellement des audits de type conformiteacute Cependant les nouvelles normes professionnelles de lrsquoIIA11 confegraverent eacutegalement agrave lrsquoauditeur interne un rocircle de conseiller de la direction dans le domaine de la gestion et de la protection des actifs Le champ drsquointeacuterecirct des auditeurs internes commence agrave srsquoeacutelargir agrave la gestion des ressources humaines
33 Les audits sur normes de systegraveme de management Les auditeurs de la qualiteacute de lrsquoenvironnement de la santeacute et la seacutecuriteacute opegraverent sur la base de normes internationales fondeacutees sur un modegravele unique management (ISO 9000) et speacutecifiques drsquoun domaine particulier (ISO 14000 OHSAS 18001 hellip) Les auditeurs effectuent des missions visant agrave eacutetablir la conformiteacute du systegraveme de management particulier aux exigences de la norme de reacutefeacuterence Sur la base drsquoinformations documentaires pour lrsquoessentiel recueillies aupregraves des directions ils mettent en eacutevidence des eacutecarts qursquoils hieacuterarchisent Les missions sont courtes (quelques jours) La certification de lrsquoentreprise est le but assigneacute agrave lrsquoaudit Elle permettra au commanditaire de mettre en valeur la reconnaissance obtenue dans un domaine particulier Elle deacutepend du nombre et de la graviteacute des eacutecarts identifieacutes Scheacutematiquement Il srsquoagit drsquoaudits de conformiteacute de courte dureacutee pratiqueacutes dans un cadre formaliseacute et standardiseacute La norme ISO 9000 2000 consacre plusieurs articles agrave la gestion du personnel et des ressources humaines thegraveme qui entre de plus en plus dans les missions que megravenent les auditeurs Qualiteacute Les auditeurs de systegravemes de management souhaiteraient que lrsquoISO deacuteveloppe une norme en matiegravere de systegraveme de RSE ce qui se heurte actuellement agrave de fortes reacutesistances
34 Les audits de filiegraveres drsquoapprovisionnement Les auditeurs de filiegravere sillonnent le monde de lrsquoExtrecircme-Orient aux Indes de lrsquoAmeacuterique centrale et du Sud aux Pays de lrsquoEst Ils megravenent des missions annonceacutees ou impromptues sur mandat des entreprises de la grande distribution en reacutefeacuterence agrave des codes professionnels de conduite (CCC ETI hellip) ou des normes priveacutees (SA 8000 FLA hellip) Ces reacutefeacuterentiels peuvent ecirctre mixtes additionnant des exigences portant sur des reacutesultats12 qualitatifs (pour lrsquoessentiel) 11 International Internal Auditors Association 12 Par exemple interdiction du travail des enfants liberteacute drsquoassociation etc
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et des exigences relatives au systegraveme de management Tous se reacutefegraverent aux conventions OIT portant sur les droits fondamentaux des travailleurs En une agrave deux journeacutees aideacutes par des interpregravetes locaux ils rassemblent lrsquoinformation requise par leur guide drsquoaudit et obtenue dans les documents fournis et les entretiens reacutealiseacutes Le controcircle des informations fournies est eacutevidemment difficile et certaines missions relegravevent davantage du recueil de deacuteclarations non controcirclables que de lrsquoeacutetablissement de constats In fine les rapports adresseacutes aux commanditaires et aux organismes certificateurs ont pour rocircle drsquoeacuteclairer la deacutecision de poursuite ou drsquointerruption de la relation commerciale avec le fournisseur
35 Les audits laquo sociaux raquo
351 Les audits sociaux historiques Lrsquoaudit social ndash au sens premier de lrsquoIAS ndash ne repose pas sur une norme unique Il reacutepond en effet agrave des demandes tregraves diverses relatives aux risques sociaux aux fonctionnements non conformes inefficaces ou conflictuels aux systegravemes inadapteacutes Chaque demande relegraveve de reacutefeacuterences particuliegraveres de nature varieacutee (lois reacuteglementations normes conventions modegraveles techniques etc) Chacune neacutecessite la constitution drsquoun reacutefeacuterentiel speacutecifique et au-delagrave drsquoun guide drsquoaudit particulier Les informations issues du laquo terrain raquo apregraves validation et croisement avec les donneacutees documentaires tiennent une part tregraves importante dans la mise agrave plat de la situation Lrsquoaudit social nrsquoest pas une eacutetude en chambre et ceci le diffeacuterencie nettement des audits comptables et de systegravemes de management Lrsquoauditeur social est chargeacute selon les cas drsquoexaminer la conformiteacute drsquoun dispositif social drsquoeacutevaluer la qualiteacute drsquoun fonctionnement et la pertinence des regravegles qui srsquoy appliquent de clarifier des situations complexes et de trouver les causes des dysfonctionnements Ses missions sont le plus souvent de moyenne ou longue dureacutee Pour les auditeurs sociaux les audits de RSE font partie de lrsquoaudit social Le concept de laquo parties prenantes raquo qui semble nouveau est deacutejagrave preacutesent dans lrsquoaudit social interne Les syndicats le personnel la hieacuterarchie la direction ainsi que les diverses administrations sociales ont toujours eacuteteacute consideacutereacutes comme des parties prenantes de la situation auditeacutee La RSE ne fait qursquoeacutelargir le nombre des protagonistes Lrsquoeacutelargissement du champ hors des frontiegraveres de lrsquoentreprise leur apparaicirct comme leacutegitime et ne pas poser de problegraveme particulier
352 Les audits de RSE Lrsquoaudit de RSE balbutie encore Essentiellement parce que le champ de son intervention nrsquoest pas encore clairement deacutefini Son sujet - ce sur quoi il porte - est diversement deacutefini Sa nature - conformiteacute ou efficaciteacute - fait lrsquoobjet de deacutebats Cette situation nrsquoest pas eacutetonnante tant la confusion est grande concernant la RSE elle-mecircme Une eacutetude reacutecente13 meneacutee avec le soutien de la Commission europeacuteenne reacutevegravele la grande diversiteacute voire lrsquoopposition des points de vue sur son champ ses buts et son eacutevaluation
13 Projet de certification europeacuteenne des auditeurs de RSE Colloque de travail mai 2005 agrave Paris
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Pour certains acteurs la RSE inclue toutes les actions charitables que lrsquoentreprise deacutecide de mener volontairement Drsquoautres limitent son champ agrave quelques thegravemes majeurs relevant de la responsabiliteacute de lrsquoentreprise Drsquoautres enfin pensent qursquoil doit ecirctre deacutefini dans un dialogue responsable avec les parties prenantes De plus les entreprises nrsquoattendent pas la mecircme chose de leurs actions en matiegravere de RSE Certaines entreprises y voient drsquoabord un moyen de se proteacuteger contre les critiques et une occasion de promouvoir lrsquoimage de la firme Elles font tout naturellement des rapports de RSE le centre de leur preacuteoccupation Drsquoautres ont mieux compris que la RSE allait devenir un eacuteleacutement strateacutegique du management Elles deacuteveloppent des programmes drsquointeacutegration de la RSE agrave tous les niveaux de leurs systegravemes de management et nrsquoattachent qursquoune importance relative agrave la production de rapports seacuteduisants Les analyses qui preacutecegravedent devraient ecirctre compleacuteteacutees drsquoindications sur le nombre des missions Nous ne disposons pas drsquoeacuteleacutements preacutecis mais des ordres de grandeur approximatifs les audits comptables et financiers se comptent annuellement en centaines de milliers dans le monde les audits qualiteacute en dizaines de milliers les audits environnement en milliers de mecircme que les audits sociaux si on y inclue les audits de filiegravere Plusieurs constats ressortent de ce qui preacutecegravede
Tous les audits ou presque sont de type conformiteacute et aucun agrave lrsquoexception de lrsquoaudit social ne recherche les causes des symptocircmes observeacutes Les sujets drsquoaudit sont geacuteneacuteralement speacutecifiques de lrsquoaudit consideacutereacute (les systegravemes pour les audits de management sur norme la conformiteacute drsquoeacutelaboration du reacutesultat dans le cas de lrsquoaudit comptable et financier) agrave la diffeacuterence de lrsquoaudit social qui peut ecirctre utiliseacute sur lrsquoensemble des sujets Partout les professionnels srsquoefforcent drsquoeacutelargir leur champ drsquoaction traditionnel agrave des champs existants ou nouveaux et drsquoy importer leurs meacutethodes et leurs faccedilons de penser Crsquoest ainsi qursquoil existe un risque de laquo financiarisation raquo des approches et de reacuteduction des analyses agrave la seule prise en compte des systegravemes
4 Dans ce contexte quelle place pour lrsquoaudit social A la question preacutealable est-ce un audit une eacutevaluation ou un conseil la reacuteponse est crsquoest et cela doit rester un audit Lrsquoaudit social pratiqueacute depuis 1980 reacutepond en tous points aux caracteacuteristiques communes eacutenonceacutees plus haut Lrsquoauditeur social comme un commissaire aux comptes eacutemet un avis pas une prescription Et ne fournit pas un conseil ou une assistance opeacuteratoire Certes un changement drsquoappellation aurait pour avantage de dissiper des ambiguiumlteacutes en laissant le nom aux seules investigations de conformiteacute Mais il aurait le grave inconveacutenient de marginaliser la dimension laquo efficaciteacute raquo dans lrsquoaudit et le diagnostic qui pourrait exister dans un audit de conformiteacute sauf consideacuterations eacuteconomiques Le changement de nom creacuteant une barriegravere entre les auditeurs de la conformiteacute et les autres ouvrirait la voie agrave la financiarisation et au reacuteductionnisme des eacutevaluations du
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champ social Pour lrsquoex audit social il y aurait risque drsquoaffadissement des meacutethodes et de forte subjectiviteacute dans les avis donneacutes Lrsquoaudit social a-t-il une speacutecificiteacute Quel est son inteacuterecirct La valeur ajouteacutee par lrsquoaudit social tient nous lrsquoavons vu dans la production drsquoun diagnostic sans lequel il nrsquoest pas possible de trouver la bonne faccedilon de traiter des dysfonctionnements complexes Elle tient eacutegalement agrave la liberteacute accordeacutee agrave lrsquoauditeur de porter un jugement sur les reacutefeacuterences non reacuteglementaires ou leacutegales lorsqursquoil megravene un audit drsquoefficaciteacute Lrsquoentreprise peut alors ameacuteliorer lrsquoefficaciteacute du cadre reacuteglant le fonctionnement de ses activiteacutes et pas seulement le fonctionnement lui-mecircme A la diffeacuterence des autres audits il est seul agrave prendre en compte et faire participer lrsquoensemble des parties prenantes Crsquoest et ce devra ecirctre de plus en plus un support du dialogue social Il permet aux parties prenantes externes etou internes drsquoouvrir des reacuteflexions et des neacutegociations sur une base factuelle incontesteacutee de faccedilon sereine Quelles limites pour lrsquoaudit social Ce sont celles au-delagrave desquelles preacutevalent les techniques lrsquoeacuteconomie et la gestion En deccedilagrave de ces limites lrsquoaudit social doit ecirctre contributif partout ou les deacutecisions et le comportement des hommes contribuent pour lrsquoessentiel agrave la situation ou au reacutesultat observeacutes Quelle place pour lrsquoaudit social Elle existe bien qursquoelle soit restreinte Elle pourrait ecirctre plus importante Lrsquoeacutetude europeacuteenne que nous avons citeacutee plus haut a montreacute que des entreprises allemandes espagnoles franccedilaises eacutetaient inteacuteresseacutees par le concept et precirctes agrave des opeacuterations expeacuterimentales In fine lrsquoaudit social ne se deacuteveloppera que srsquoil deacutemontre sa capaciteacute agrave faire progresser les entreprises et les organisations Et la place qursquoil occupera sera agrave la mesure de sa valeur ajouteacutee Sa pertinence et son originaliteacute nrsquoy suffiront pas agrave elles seules Il faudra certainement y ajouter des actions de promotion centreacutees non sur le mot mais sur les beacuteneacutefices agrave attendre et de nombreuses formations orienteacutees vers les speacutecificiteacutes de ce type drsquoaudit Nous devrons eacutegalement deacutevelopper des eacutechanges et collaborer de faccedilon plus systeacutematique avec les auditeurs des autres speacutecialiteacutes au plan europeacuteen
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COMMENT PASSER A UN AUDIT SOCIAL DE TROISIEME GENERATION Michel FERON1 Professeur ndash Reims Management School
Reacutesumeacute Lrsquoaudit social srsquoest longtemps inscrit dans un reacutefeacuterentiel de performance agrave dominante eacuteconomique ougrave le laquo social raquo est traiteacute soit comme un coucirct - et lrsquoaudit social se focalise sur lrsquooptimisation de lrsquoallocation de ressources pour en ameacuteliorer lrsquoefficience - soit comme un investissement - et lrsquoaudit social se focalise alors sur la maximisation du retour sur investissement dans le capital humain Lorsque ce reacutefeacuterentiel srsquoeacutelargit pour prendre en compte les attentes des diverses parties prenantes le laquo social raquo est alors assimileacute agrave tout ce qui peut contribuer au bien-ecirctre de lrsquoHumaniteacute (lrsquoeacuteconomique le social laquo classique raquo lrsquoenvironnemental et le socieacutetal) et lrsquoaudit social se focalise sur les modaliteacutes de mise en oeuvre drsquoun management socialement responsable Mais le passage agrave lrsquoaudit social de troisiegraveme geacuteneacuteration doit preacutealablement justifier de sa leacutegitimiteacute agrave investir des champs consideacutereacutes habituellement comme exteacuterieurs agrave son peacuterimegravetre identitaire La mise en oeuvre drsquoun audit social global implique de changer le paradigme de la dissociation Personnes Entreprise et lrsquoappui sur des processus drsquoapprentissage pour passer agrave une repreacutesentation laquo globale raquo drsquoune entiteacute contractuelle Personnes Entreprise leacutegitimant lrsquoextension du reacutefeacuterentiel de compeacutetences Introduction Le texte de preacutesentation de cette Universiteacute nous rappelle que lrsquoaudit social est questionneacute agrave la fois par laquo les nouvelles attentes des Etats des Organisations et des marcheacutes en matiegravere de deacuteveloppement durable et de responsabiliteacute sociale et environnementale raquo et par laquo les difficulteacutes de mesure du social dans les entreprises raquo Cette formulation soulegraveve la question de lrsquoarticulation entre lrsquoaudit social et le concept de Responsabiliteacute Sociale de lrsquoEntreprise Puisque nous consideacuterons que lrsquoaudit social vise agrave ameacuteliorer la qualiteacute des processus humains et sociaux qui concourent agrave la performance de lrsquoentreprise il semble effectivement qursquoil ne puisse rester indiffeacuterent agrave lrsquoimpact des ces processus sur les principales dimensions de la Socieacuteteacute Mais lrsquoeacutelargissement du regard agrave des perspectives aussi larges pose alors la question de savoir si lrsquoaudit social nrsquoest pas en train de perdre son acircme agrave srsquoeacuteloigner ainsi des ses principes fondateurs Le questionnement initial rappelle aussi implicitement que le laquo terreau naturel raquo de lrsquoaudit social est lrsquoentreprise Il est vraisemblable que la preacutegnance de la recherche de performance dans lrsquounivers de lrsquoentreprise a joueacute un rocircle dans la genegravese de lrsquoaudit social en incitant agrave ameacuteliorer en 1 E-mail michelferonreims-msfr Teacutel 0326774695
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permanence le pilotage des processus drsquoobtention de cette performance dans tous les domaines y compris le laquo social raquo Mais cette deacutemarche srsquoest maintenant diffuseacutee dans drsquoautres Organisations y compris celles qui nrsquointerviennent pas sur un marcheacute et qui poursuivent des finaliteacutes drsquoordre social socieacutetal Comment lrsquoentreprise peut-elle tirer profit des expeacuteriences de mise en œuvre de deacutemarches drsquoaudit social dans de telles Organisations Face agrave ces interrogations nous nous proposons de reacutepondre en deux temps La premiegravere partie de cette communication preacutesentera trois eacutetapes majeures dans lrsquoeacutevolution de lrsquoaudit social dans les entreprises en faisant reacutefeacuterence agrave diffeacuterentes approches de la strateacutegie et de la recherche de compeacutetitiviteacute Gracircce agrave cette mise en perspective nous montrerons pourquoi il semble logique que lrsquoaudit social eacutelargisse son champ drsquoinvestigation aux preacuteoccupations de type RSE Afin drsquoidentifier quelles peuvent ecirctre les fondements de cet audit social de troisiegraveme geacuteneacuteration nous nous adopterons un point de vue comparatif en nous inteacuteressant agrave drsquoautres Organisations que lrsquoentreprise et qui eacutevoluent elles aussi vers une approche globale de leur performance Nous observerons en particulier comment des Organisations ayant par nature une finaliteacute drsquoordre social socieacutetal peuvent inteacutegrer la dimension eacuteconomique dans leur reacutefeacuterentiel de performance en prenant lrsquoexemple le cas de la Caisse Reacutegionale drsquoAssurance Maladie de Bretagne dans son volet laquo Travail social raquo qui a eacutetendu agrave lrsquooccasion drsquoune deacutemarche de certification son champ de reporting agrave des consideacuterations drsquoordre eacuteconomique
1 Lrsquoaudit social et les finaliteacutes de lrsquoentreprise Si nous reprenons scheacutematiquement (et donc que le lecteur nous en pardonne de faccedilon reacuteductrice) lrsquoeacutevolution de lrsquoaudit social il nous semble envisageable de distinguer trois principales eacutetapes lieacutees elles-mecircmes agrave des visions speacutecifiques de la reacuteussite de lrsquoentreprise et de sa compeacutetitiviteacute Une premiegravere distinction concerne la nature de la performance de lrsquoentreprise illustreacutee par les eacutecoles de penseacutee drsquoun cocircteacute de Friedman (1962) qui privileacutegie une lecture focaliseacutee sur la dimension laquo eacuteconomique raquo dans laquelle srsquoinscrivent les enjeux des proprieacutetaires dans leur fonction drsquoinvestisseurs et de lrsquoautre par Freeman (1984) qui eacutelargit le reacutefeacuterentiel drsquoeacutevaluation de la performance agrave toutes les dimensions dans lesquelles peuvent srsquoinscrire les enjeux des proprieacutetaires et des autres acteurs concerneacutes par le fonctionnement de lrsquoentreprise Dans le reacutefeacuterentiel eacuteconomique nous distinguerons ensuite deux visions majeures inspireacutees classiquement des travaux de Porter (1982 1986) qui ont structureacute durant ces derniegraveres deacutecennies la plus grande partie des deacutecisions strateacutegiques dans les entreprises
11 Lrsquoaudit social dans une logique de performance laquo eacuteconomique raquo Une premiegravere eacutecole de penseacutee en matiegravere drsquoaudit social se situe clairement dans la deacuteclinaison drsquoune recherche de compeacutetitiviteacute par les prix Nous syntheacutetiserons cette approche autour des caracteacuteristiques suivantes
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Logique dominante Optimiser lrsquoallocation de ressources
Mot cleacute Lrsquoefficience
Compeacutetitiviteacute Avoir les prix les plus bas
Productiviteacute Reacuteduire le coucirct de la main-drsquoœuvre
Rentabiliteacute Avoir les coucircts les plus faibles
Creacuteation de valeur Faire mieux avec moins
Postulat Les activiteacutes durent plus que les Personnes
Fig 1 Les fondements des approches focaliseacutees sur la recherche drsquoun avantage concurrentiel par le prix
Dans un tel contexte lrsquoaudit social se focalise sur les processus qui vont permettre de maicirctriser les structures de coucircts comme par exemple lrsquoeacutevolution de la masse salariale de lrsquoabsenteacuteisme ou du turn-over Il va fortement srsquoinspirer des meacutethodologies deacuteveloppeacutees par le controcircle de gestion laquo classique raquo privileacutegiant lrsquoanalyse des eacutecarts (voir par exemple les principes freacutequemment mobiliseacutes pour mettre en œuvre un laquo controcircle de gestion sociale raquo) Une deuxiegraveme eacutecole de penseacutee peut ecirctre identifieacutee autour de la recherche de compeacutetitiviteacute par la diversification Reprenons avec la mecircme preacutesentation qursquoau paragraphe preacuteceacutedent les principales caracteacuteristiques de cette approche
Logique dominante Modifier la combinaison des ressources
Mot cleacute Lrsquoinnovation
Compeacutetitiviteacute Ecirctre le premier sur le marcheacute
Productiviteacute Avoir le maximum drsquoinnovations exploitables
Rentabiliteacute Deacutegager de fortes marges en deacutebut de cycle de vie du produit
Creacuteation de valeur Faire autrement
Postulat Les Personnes durent plus que les activiteacutes
Fig 2 Les fondements des approches focaliseacutees sur la recherche drsquoun avantage concurrentiel par la diversification
Preacutecisons que pour simplifier le propos nous consideacutererons les strateacutegies de speacutecialisation - qui cumulent la compeacutetitiviteacute par les prix et par la diversification - comme une variante des strateacutegies de speacutecialisation dans la mesure ougrave le plus souvent lrsquoinnovation preacutecegravede lrsquooptimisation de lrsquoallocation de ressources Lrsquoaudit social vise ici agrave accroicirctre la contribution des ressources humaines agrave la performance de lrsquoentreprise en mettant lrsquoaccent sur le capital humain de lrsquoentreprise et la maicirctrise des investissements fait pour lrsquoacquisition la fideacutelisation et le deacuteveloppement drsquoun portefeuille de compeacutetences aligneacute avec la strateacutegie de lrsquoentreprise
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Nous trouvons par exemple dans cette logique les tentatives de laquo comptabiliteacute sociale raquo les instrument de pilotage drsquoun laquo double projet eacuteconomique et social raquo (Danone) ou les deacutemarches de management par les compeacutetences (agrave ne pas confondre avec la GPEC)
12 Lrsquoaudit social dans une logique de performance laquo globale raquo (eacuteconomique sociale environnementale socieacutetale)
Si nous reprenons la typologie drsquoArgyrisamp Schon (1978) le troisiegraveme type de finaliteacutes que peut poursuivre lrsquoaudit apregraves avoir chercheacute agrave laquo Faire mieux raquo puis laquo Faire autrement raquo est logiquement de laquo Faire autre chose raquo Nous retrouvons ici le basculement radical que repreacutesente la prise en compte des attentes des parties prenantes pour deacuteterminer la strateacutegie de lrsquoentreprise mecircme srsquoil srsquoagit le plus souvent drsquoun raisonnement classique de type laquo gestion des risques raquo et non pas de lrsquoapparition drsquoun nouveau paradigme de gestion Cette eacutevolution en trois eacutetapes peut ecirctre scheacutematiseacutee de la faccedilon suivante
eprises
egraves lors que les finaliteacutes de lrsquoentreprise srsquoeacutelargissent agrave des champs autres qursquoeacuteconomique
du
PERFORMANCE laquo GLOBALE raquo eacuteconomique sociale environnementale socieacutetale
PERFORMANCE laquo EacuteCONOMIQUE raquo
12 Compeacutetitiviteacute par la diffeacuterenciationObjectif prioritaire du management de la
dimension humaine et sociale maximiserle retour sur investissement dans le
capital humain
11 Compeacutetitiviteacute par les prixObjectif du management de la dimensionhumaine et sociale ameacuteliorer le rapportcoucirctefficaciteacute des ressources humaines
Compeacutetitiviteacute par la qualiteacute de la reacuteponse aux attentes de toutes lesparties concerneacutees par la vie de lrsquoentreprise
Objectif prioritaire du management de la dimension humaine et sociale permettre agrave chacun(e) de se comporter en acteur responsable dans les 4 dimensions ci-dessus
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Audit social focaliseacute sur la mise en oeuvre drsquoun management socialement responsable
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Audit social focaliseacute sur la maximisation du retour sur investissement dans le laquo social raquo
1
Audit social focaliseacute sur la maicirctrisedes coucircts du laquo social raquo
Fig 3 Evolution des approches de lrsquoaudit social dans les entr
Dlrsquoaudit social se retrouve confronteacute des objectifs et des pratiques originales par rapport agrave celles sur lesquelles il se focalise habituellement avec une extension du regard vers des acteurs laquo partenaires raquo eacutechappant au lien salarial et des peacuterimegravetres drsquoimpact aux frontiegraveres floues Pour identifier clairement cette approche il pourrait drsquoailleurs ecirctre judicieux de passer terme drsquolaquo audit social raquo agrave celui drsquolaquo audit global raquo par analogie avec le concept de laquo responsabiliteacute globale raquo de Pesqueux (2002)
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2 La dynamique drsquoeacutelargissement du reacutefeacuterentiel de performance ndash Le cas des organisations agrave finaliteacute socialesocieacutetale
Lrsquoouverture des reacutefeacuterentiels de performance dans les entreprises agrave des dimensions autres qursquoeacuteconomiques a deacutejagrave fait lrsquoobjet de nombreuses analyses approfondies mecircme si leur eacutetude est loin dlsquoecirctre termineacutee Nous voudrions essayer drsquoapporter - modestement- un autre regard sur cette question de lrsquoeacutelargissement des reacutefeacuterentiels en nous inteacuteressant aux Organisations ayant par nature une finaliteacute drsquoordre social socieacutetal et qui tentent drsquointeacutegrer dans leur peacuterimegravetre de performance une dimension eacuteconomique Nous proposons ici de nous inteacuteresser aux modaliteacutes de pilotage du travail social au sein de Caisse Reacutegionale drsquoAssurance Maladie de Bretagne qui preacutesente la particulariteacute drsquoecirctre la premiegravere CRAM en France agrave avoir obtenu la certification ISO 90012000 pour son Service Social en 2005
21 Les faits Rappelons rapidement quelles sont les principales caracteacuteristiques du travail social Il peut ecirctre deacutefini comme laquo un ensemble tregraves heacuteteacuterogegravene regroupant de multiples activiteacutes speacutecialiseacutees qui tentent de reacutesoudre ou agrave tout le moins de drsquoaccompagner les problegravemes de personnes ou de groupes confronteacutes agrave des difficulteacutes sociales importantes raquo (Ravon 2003) Comme le note Marchand (2005) les domaines drsquointervention des travailleurs sociaux sont multiples - par exemple la veille sociale pour les situations drsquourgence les demandes drsquoaide sociale lrsquoaide sociale agrave lrsquoenfance le soutien eacuteducatif et psychologique des jeunes en difficulteacute et de leurs parents- et de plus le travail social srsquoorganise autour drsquoune multitude drsquoeacuteveacutenements et drsquoacteurs - un systegraveme drsquoactions organiseacutees (depuis lrsquoassistance jusqursquoagrave la meacutediation) de nombreux professionnels (animateurs assistants sociaux eacuteducateurs speacutecialiseacutes etc) diffeacuterentes structures (foyers missions locales etc) des publics varieacutes (personnes handicapeacutees sans emploi surendetteacutees maltraiteacutees etc) avec in fine des interactions qui ne se font pas toujours sans heurts La speacutecificiteacute des activiteacutes drsquoun service social geacutenegravere une forte culture de Meacutetier agrave partir de Valeurs humanistes affirmeacutees drsquoautant plus fortes que le quotidien des travailleurs leur montre agrave quel point elles peuvent ecirctre bafoueacutees Les outils drsquoaudit qui permettent drsquoeacutevaluer si un service social laquo marche bien raquo - le mot laquo performance raquo nrsquoayant pas vraiment droit de citeacute dans cet univers - sont donc fortement impreacutegneacutes des ces Valeurs et reflegravetent la sensibiliteacute des acteurs face agrave la dimension laquo souffrance raquo qui impregravegne leur activiteacute Cette situation se veacuterifiait jusqursquoagrave ces derniegraveres anneacutees au niveau de la CRAM de Bretagne ougrave les Directions deacutepartementales deacutependant drsquoelle avaient eacutelaboreacute des outils de pilotage speacutecifiques aux contextes locaux Afin drsquoavoir une meilleure lisibiliteacute de lrsquoactiviteacute et dans la perspective drsquoune future certification la CRAM a demandeacute aux Directions deacutepartementales drsquoutiliser les mecircmes tableaux de bord afin de pouvoir facilement les consolider et de srsquointeacuteresser agrave des dimensions financiegraveres dont elle devait rendre compte au niveau supeacuterieur Cette initiative a provoqueacute de vives reacuteactions de la part du terrain les cadres deacutepartementaux se montrant solidaires des travailleurs sociaux pour contester lrsquoeacutevaluation de leur
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laquo performance raquo au travers drsquooutils drsquoaudit pas forceacutement coheacuterents avec la vision de leur rocircle et donnant une large place agrave des indicateurs drsquoordre eacuteconomique et financier
22 Les leccedilons agrave en tirer Comment analyser une telle reacuteaction Plusieurs explications peuvent ecirctre avanceacutees
- tout drsquoabord le champ du social socieacutetal se caracteacuterise par la grande une part donneacutee agrave lrsquoaffect du fait du contexte drsquoactiviteacute souvent tregraves eacuteprouvant ce qui peut entraicircner des reacuteactions pouvant paraicirctre excessives par rapport aux donneacutees factuelles
- ensuite les nouveaux indicateurs eacuteconomiques nrsquoont pas eacuteteacute perccedilus - au moins dans un premier temps - comme pertinents par les acteurs locaux pour ameacuteliorer le pilotage de leurs actions
- enfin - et crsquoest peut-ecirctre lrsquoexplication essentielle - autant la requecircte de la Direction reacutegionale pouvait ecirctre perccedilue comme laquo normale raquo tant qursquoelle concernait le champ du social socieacutetal autant elle devenait inacceptable degraves lors qursquoelle srsquointeacuteressait agrave des dimensions eacuteconomiques pour lesquelles son intervention nrsquoallait pas de soi
A y regarder de pregraves nous retrouvons agrave travers ces trois registres drsquoexplications la question fondamentale de la leacutegitimiteacute drsquoune Organisation agrave positionner ses finaliteacutes dans des registres perccedilus comme non conforme agrave son identiteacute Nous retiendrons ici la deacutefinition de Mohib et Sonntag (2003) qui voient dans la leacutegitimiteacute laquo une action ou un usage reconnu et autoriseacute par un groupe cest-agrave-dire un acte qui reacutepond agrave un certain nombre de regravegles eacutetablies (formelles ou tacites) et qui obtient le pouvoir de srsquoaccomplir raquo Par rapport agrave cette deacutefinition nous pouvons constater que les trois raisons que nous avons proposeacutees preacuteceacutedemment srsquoinscrivent dans des registres qui influent bien sur la leacutegitimiteacute de lrsquoOrganisation agrave modifier la nature des critegraveres servant agrave eacutevaluer sa performance En effet puisque la leacutegitimiteacute se construit sur la reconnaissance et lrsquoautorisation drsquoun groupe celui-ci va
- fonder sa deacutecision sur laquo sa raquo perception de la situation (cf la place de lrsquoaffect) - eacutevaluer en quoi cette deacutecision reacutepond agrave ses enjeux (cf lrsquoabsence drsquoameacutelioration du
pilotage) - veacuterifier si la deacutecision est bien conforme aux regravegles eacutetablies (cf la deacutefiance agrave lrsquoeacutegard de
la dimension eacuteconomique) Ce preacutealable pour une Organisation agrave justifier de sa leacutegitimiteacute lorsqursquoelle sort de son reacutefeacuterentiel de performance laquo classique raquo se rencontre lorsque la dynamique va dans le sens laquo social- socieacutetal raquo vers laquo eacuteconomique raquo mais aussi dans le cas inverse quand il srsquoagit drsquoaller de laquo lrsquoeacuteconomique raquo vers le laquo social - socieacutetal raquo (cas des entreprises) Or il est freacutequent que cette eacutetape soit occulteacutee parles entreprises degraves lors qursquoelles estiment (naiumlvement ) que la conformiteacute eacutethique de leurs motivations suffira agrave entraicircner lrsquoadheacutesion de toutes les parties concerneacutees Par exemple si nous reprenons le cas du travail social nous pouvons parfaitement imaginer qursquoune entreprise mette en place des dispositifs drsquoaccompagnement pour des personnes en difficulteacute Rien ne prouve que de telles initiatives soient forceacutement favorablement accueillies uniquement parce qursquoelle fait appel agrave des Valeurs humanistes (par exemple perception par les personnes en difficulteacutes comme un acte paternaliste voire meacuteprisant doutes des intervenants
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de lrsquoentreprise sur lrsquointeacuterecirct ultime de ces actions manque de coheacuterence entre la pression au travail et les mesures compensant les deacutegacircts qursquoelle geacutenegravere) Ces problegravemes risquent de surgir degraves lors que llsquoentreprise nrsquoaura pas valideacute preacutealablement sa leacutegitimiteacute agrave investir de tels champs drsquoaction (crsquoest agrave dire celui reacuteserveacute au travail social)
- en veillant agrave ce que les inteacuteresseacutes ne se sentent pas deacutevaloriseacutes - en veacuterifiant qursquoil nrsquoexiste pas drsquooptions plus efficientes que celles qursquoelle compte mettre
en place - en travaillant de concert avec les acteurs se sentant investis drsquoune leacutegitimiteacute laquo naturelle raquo
face agrave ces questions
3 La recherche de leacutegitimiteacute La construction drsquoune leacutegitimiteacute concerne aussi bien les acteurs internes agrave lrsquoentreprise - qui peuvent consideacuterer que celle-ci perd de vue ses finaliteacutes ndash que les acteurs externes - qui peuvent y voir une ingeacuterence agrave vocation totalitaire dans leur laquo domaine reacuteserveacute raquo Nous retrouvons en fait ici la question des paradigmes qui sous-tendent la repreacutesentation de la relation Personnes entreprise Lrsquoaudit social de premiegravere et de deuxiegraveme geacuteneacuteration dissocie lrsquoentreprise et les Personnes en les consideacuterant comme des ressources (lrsquoentreprise laquo a raquo des salarieacutes et des dirigeants) Cette vision de lrsquoaudit social est fortement inspireacutee de lrsquounivers comptable ougrave lrsquoaudit vise agrave laquo rendre compte raquo agrave des tiers exteacuterieurs agrave la sphegravere drsquoactiviteacute auditeacutee La mise en oeuvre drsquoun audit social eacutelargi neacutecessite de concevoir lrsquoentreprise et les Personnes comme un tout dont les multiples acteurs sont agrave la fois contributeurs et reacutecipiendaires (lrsquoentreprise laquo est raquo les Personnes qui la font vivre) car cette identification va en effet se reacutepercuter dans lrsquoeacutevaluation de la leacutegitimiteacute des actions engageacutees Ce preacute-requis de la leacutegitimiteacute deacutebouche sur la neacutecessiteacute drsquoun apprentissage de nouvelles repreacutesentations pour tous les acteurs concerneacutes (internes et externes) et ne peut ecirctre abordeacute par de simples mesures de type stimulus reacuteponse Il srsquoagit ici de penser la situation en consideacuterant les Personnes dans leur globaliteacute avec leurs Valeurs leurs enjeux et leur affect en travaillant avec les inteacuteresseacutes agrave lrsquoidentification de zones de convergence drsquointeacuterecirct pouvant servir de base agrave des contrats gagnant - gagnant Lrsquoaudit social laquo classique raquoest apparu dans un contexte construit sur le paradigme de lrsquoexclusion qui range un eacuteleacutement dans une entiteacute en excluant qursquoil puisse donc appartenir agrave une autre Si nous voulons eacutelargir lrsquoaudit social agrave des champs imbriqueacutes il est neacutecessaire de changer de paradigme en nous situant dans une logique inclusive ougrave chaque eacuteleacutement peut appartenir agrave plusieurs entiteacutes et donc contribuer au fonctionnement drsquoentiteacutes dont il nrsquoest pas le responsable ultime Les contrats qui pourront alors ecirctre noueacutes entre les diffeacuterentes parties nrsquoimpliquent pas qursquoelles risquent de perdent leur identiteacute (avec agrave la cleacute un deacuteficit de leacutegitimiteacute) mais qursquoelles poursuivent toujours leur finaliteacutes en utilisant toute les voies offertes comme le montre par exemple les partenariats entre entreprises et ONG (Igalens 2004)
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Conclusion Reprenons tout drsquoabord les principaux points de notre analyse
- lrsquoaudit social peut ecirctre envisageacute comme un dispositif visant agrave maicirctriser les modaliteacutes de pilotage de la dimension humaine et sociale afin drsquoameacuteliorer la compeacutetitiviteacute de lrsquoentreprise et par-lagrave mecircme sa performance
- lorsque cette performance est eacutevalueacutee en prioriteacute par rapport aux attentes des acteurs de la sphegravere financiegravere(actionnaires et autres investisseurs) le laquo social raquo est uniquement de lrsquoordre des ressources (cf lrsquoexpression laquo les ressources humaines raquo)
- dans ce cas le laquo social raquo est traiteacute soit comme un coucirct - et lrsquoaudit social se focalise sur les processus permettant drsquooptimiser lrsquoallocation de ressources pour en ameacuteliorer lrsquoefficience - soit comme un investissement - et lrsquoaudit social se focalise alors sur la maximisation du retour sur investissement dans le capital humain
- lorsque le reacutefeacuterentiel de performance srsquoeacutelargit pour prendre en compte les attentes des diverses parties prenantes la dimension humaine et sociale se retrouve agrave la fois de lrsquoordre des ressources et de lrsquoordre des finaliteacutes
- dans ce cas le laquo social raquo est assimileacute agrave tout ce qui peut contribuer au bien-ecirctre de lrsquoHumaniteacute dans les champs de lrsquoeacuteconomique du social (au sens eacutetroit du terme) de lrsquoenvironnemental et du socieacutetal et lrsquoaudit social se focalise alors sur les modaliteacutes de mise en oeuvre drsquoun management socialement responsable
- lrsquoanalyse de la dynamique drsquoeacutelargissement du reacutefeacuterentiel de performance agrave la dimension eacuteconomique dans les Organisations agrave finaliteacutes sociales socieacutetales permet de prendre du recul par rapport au contexte de lrsquoentreprise
- elle permet de mettre en exergue le fait que toute entiteacute souhaitant mettre en place un audit social de troisiegraveme geacuteneacuteration doit preacutealablement justifier de sa leacutegitimiteacute agrave investir des champs consideacutereacutes habituellement comme exteacuterieurs agrave son peacuterimegravetre identitaire
- la mise en oeuvre drsquoun audit social global implique de changer le paradigme de la dissociation Personnes Entreprise et lrsquoappui sur des processus drsquoapprentissage pour passer agrave une repreacutesentation laquo globale raquo drsquoune entiteacute contractuelle Personnes Entreprise leacutegitimant lrsquoextension du reacutefeacuterentiel de compeacutetences
Lrsquoimpeacuteratif de leacutegitimiteacute nous paraicirct ecirctre une des caracteacuteristiques majeures de la mise en œuvre drsquoun audit social eacutelargi qui nrsquoexiste pas speacutecifiquement pour lrsquoaudit social de premiegravere et deuxiegraveme geacuteneacuteration Si lrsquoentreprise veut passer agrave une deacutemarche drsquoaudit social de troisiegraveme geacuteneacuteration - laquo lrsquoaudit global raquo- il faut aussi qursquoelle passe agrave une approche laquo globale raquo des Personnes concerneacutees par son fonctionnement sous peine de voir ses efforts annihileacutes par manque de leacutegitimiteacute Crsquoest par lrsquoimplication de toutes les parties concerneacutees dans des processus partageacutes drsquoapprentissage de nouvelles repreacutesentations que pourra eacutemerger cette reconnaissance de leacutegitimiteacute En conclusion et pour reprendre une formule ceacutelegravebre laquo la Responsabiliteacute Sociale de lrsquoEntreprise est une chose trop seacuterieuse pour ecirctre laisseacutee aux entreprises raquo
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PERCEPTIONS ET VISIONS DE LrsquoAUDIT SOCIAL PAR LES DRH DU MAGHREB Soufyane FRIMOUSSE1 Doctorant agrave lrsquoIAE de Corse Jean-Marie PERETTI2 Professeur ESSEC CERGY et IAE de Corte Preacutesident de lrsquoIAS et Directeur de lrsquoIAE de Corte
Introduction Lrsquoinstitut international de lrsquoaudit social (IAS) a meneacute une enquecircte sur lrsquoimage de lrsquoaudit social aupregraves des DRH et autres parties prenantes pour leurs besoins et attentes en ce qui concerne lrsquoaudit social Les premiers reacutesultats preacutesenteacutes lors de lrsquoUniversiteacute de Printemps de lrsquoAudit Social agrave Marrakech reacutevegravelent que le terme drsquoaudit social est souvent assimileacute agrave une proceacutedure lourde source drsquoune perception neacutegative chez les DRH Neacuteanmoins ce concept est eacutegalement consideacutereacute comme un facteur de progregraves Dans le cadre de lrsquoespace euro-maghreacutebin et des accords entre les trois pays du Maghreb et lrsquoEurope il nous est apparu utile drsquoeacutetudier les convergences euro-meacutediterraneacuteennes en matiegravere drsquoaudit social et de responsabiliteacute sociale Le rapprochement entre lrsquoUnion europeacuteenne et le Maghreb contraint les entreprises locales agrave renouveler leurs politiques et pratiques RH afin drsquoacqueacuterir des avantages compeacutetitifs Dans cette optique les relations partenariales euro- maghreacutebines peuvent contribuer sous certaines conditions au deacuteveloppement des firmes locales et drsquoautre part elles permettent agrave lrsquoaide de partenaires ducircment choisis de diffuser les bonnes pratiques de GRH Ce processus drsquoadoption de politiques et pratiques nouvelles peut ecirctre seacutelectif etou creacuteatif Dans le cadre de cette communication nous examinons lrsquohypothegravese selon laquelle lrsquoapprentissage strateacutegique des pratiques de GRH deacutesignant le mouvement drsquoaccumulation drsquoacquisition de consolidation et de combinaison des ressources et compeacutetences cleacutes favorise la convergence et le recours agrave lrsquoaudit social en nous appuyant sur une eacutetude meneacutee aupregraves de 64 DRH dans les trois pays du Maghreb
1 Apprentissage strateacutegique et Audit Social quels apports Les chercheurs ont souvent mis en eacutevidence la contribution de la fonction Ressource Humaine (FRH) agrave la creacuteation de valeur eacuteconomique et au deacuteveloppement du capital humain tout en srsquointeacuteressant agrave la responsabiliteacute sociale de lrsquoentreprise (RSE) La recherche en sciences de gestion eacutetudie lrsquoalignement entre la Gestion des Ressources Humaines (GRH) et les performances eacuteconomiques et sociales de lrsquoentreprise Dans le cadre de lrsquointernationalisation des firmes dans lrsquoespace euro-maghreacutebin lrsquoapprentissage strateacutegique3 des pratiques de GRH 1 frimousseuniv-corsefr ou sfrimeyahoofr 2 perettiuniv-corsefr ou perettiessecfr 3 La notion drsquoapprentissage strateacutegique a eacuteteacute deacuteveloppeacutee par De la Ville et Grimaud (2001) Nous compleacutetons leur deacuteveloppement en lrsquoappliquant dans le cadre des pratiques de GRH
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deacutesignant le mouvement drsquoaccumulation drsquoacquisition de consolidation et de combinaison des ressources et compeacutetences cleacutes peut contribuer agrave la conciliation entre les contraintes eacuteconomiques et la responsabiliteacute sociale par le recours agrave lrsquoaudit social Face agrave une concurrence de plus en plus exacerbeacutee les firmes portent un inteacuterecirct croissant aux opportuniteacutes drsquoapprentissage Neacuteanmoins lrsquoacquisition de ressources et compeacutetences nrsquoest pas pour autant systeacutematiquement significative drsquoaccroissement des performances Cette recherche drsquoapports externes preacutesuppose une capaciteacute drsquoaccumulation interne agrave la firme (assimilation et appropriation) De nombreuses publications analysent la theacutematique de lrsquoapprentissage4 Certaines srsquoattachent agrave en deacuteterminer les conditions preacutealables alors que drsquoautres se focalisent sur la distinction des types drsquoapprentissages Seuls quelques travaux eacutetudient ce pheacutenomegravene en tant que mode de transfert et de diffusion des pratiques de GRH Crsquoest dans cette perspective que se situe cette contribution En effet les trois pays du Maghreb peuvent franchir les obstacles provoqueacutes par la creacuteation de la zone de libre eacutechange en attirant des firmes eacutetrangegraveres capables de transfeacuterer des compeacutetences et drsquoune maniegravere geacuteneacuterale de transmettre des modes organisationnelles et des techniques performantes (Laval Guilloux Kalika 1998 Ameziane et alii 1999) Dans cette perspective lrsquoaudit social revecirct un inteacuterecirct majeur
11 Audit Social et apprentissage strateacutegique vecteurs de convergence Lrsquoouverture des frontiegraveres et lapparition de normes internationales sociales et eacutethiques font de laudit social une discipline et une deacutemarche de plus en plus solliciteacutees Le recours agrave lrsquoaudit social contribue agrave renforcer le deacuteveloppement de la GRH Lrsquoaudit social est un instrument drsquoeacutevaluation de la compeacutetitiviteacute des ressources humaines acteurs des performances de lrsquoentreprise et creacuteatrices de valeurs Cet outil strateacutegique participe drsquoune part agrave lrsquoameacutelioration des deacutecisions strateacutegiques et opeacuterationnelles et drsquoautre part agrave la conciliation de lrsquoeacuteconomique du social et de lrsquohumain (Peretti 1998) En drsquoautres termes lrsquoaudit social peut permettre aux entreprises maghreacutebines de continuer agrave faccedilonner des strateacutegies de ressources humaines coheacuterentes crsquoest agrave dire capable drsquoutiliser et de deacutevelopper le potentiel humain afin drsquoecirctre plus performantes Lrsquoaudit social doit eacutegalement favoriser par le biais notamment de lrsquoapprentissage strateacutegique la diffusion du concept de responsabiliteacute sociale des entreprises Cet outil est au service du pouvoir deacutecisionnel de lentreprise Il fournit des constats des analyses objectives des recommandations et des commentaires utiles faisant apparaicirctre des risques de diffeacuterentes natures tels que - le non-respect des textes - linadeacutequation de la politique sociale aux attentes du personnel - linadeacutequation aux besoins des ressources humaines Ce diagnostic peut permettre aux entreprises drsquoassumer leur responsabiliteacute sociale en ameacuteliorant les conditions de travail Cette ameacutelioration passe par la creacutedibiliteacute et les compeacutetences du management la transparence de la communication interne le respect des valeurs de chacun la reacutepartition eacutequitable des opportuniteacutes telles que la reacutemuneacuteration la formation (Benraiumlss Peretti 2003) Les entreprises socialement responsables ont une meilleure image et beacuteneacuteficient drsquoun jugement favorable envers la socieacuteteacute mais aussi leurs employeacutes (Yanat Tchankam 2004)
12 Audit Social diffusion et controcircle de la RSE Le recours agrave lrsquoaudit social peut participer agrave la diffusion des bonnes pratiques GRH vers les entreprises au Maghreb car chaque eacuteleacutement constateacute prend toute sa valeur lorsqursquoil peut ecirctre
4 Dont notamment les travaux de Ingham et Mothe (2000)
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compareacute avec un reacutefeacuterentiel une norme de comparaison Lrsquoaudit social peut concerner le controcircle de la qualiteacute de lrsquoinformation relative au personnel celui de lrsquoapplication des proceacutedures internes ou externes le controcircle encore de la conformiteacute agrave la GRH Lrsquoaudit social doit favoriser la diffusion aux entreprises maghreacutebines du concept de responsabiliteacute sociale des entreprises Selon la commission des communauteacutes europeacuteennes ce dernier correspond agrave laquo lrsquointeacutegration volontaire des preacuteoccupations sociales et eacutecologiques des entreprises agrave leurs activiteacutes commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes raquo (Commission des communauteacutes europeacuteennes 2001 p7) Selon Caroll (1979) la RSE regroupe les attentes eacuteconomiques leacutegales eacutethiques et discreacutetionnaires que la socieacuteteacute a des entreprises Dans sa pyramide de la responsabiliteacute sociale il distingue un niveau eacuteconomique leacutegal eacutethique et philanthropique Srsquoagissant du niveau eacuteconomique Caroll rappel que lrsquoentreprise se doit de produire des biens et services afin de reacutepondre aux besoins de la socieacuteteacute tout en reacutealisant des profits Concernant lrsquoaspect leacutegal lrsquoentreprise est dans lrsquoobligation de respecter la loi et la reacuteglementation Les standards les normes et attentes de la socieacuteteacute vis agrave vis de ce qursquoelle considegravere comme juste repreacutesente la partie eacutethique Enfin le niveau philanthropique repreacutesente lrsquoensemble des actions engageacutees par lrsquoentreprise dans le but drsquoecirctre une entreprise citoyenne Pour Lorriaux (1991) la RSE se deacutecline en deux grands niveaux une responsabiliteacute agrave lrsquoeacutegard des employeacutes (conditions de travail reacutemuneacuterations) responsabiliteacute agrave lrsquoeacutegard de la socieacuteteacute agrave travers la diffusion de produits la preacuteservation de lrsquoenvironnement lrsquoameacutelioration de la qualiteacute de vie Lrsquoaudit social peut donc permettre de diffuser et de veacuterifier les engagements dans le domaine de la RSE mais eacutegalement de controcircler et drsquoaccompagner les processus de certification et de normalisation (Allouche et alii 2004 Saulquin 2004) La certification repose sur une repreacutesentation formaliseacutee des activiteacutes productives en tant que reacutesultat drsquoun processus drsquoacquisition et drsquoaccumulation de connaissances Les normes de management de la qualiteacute ISO 9000 srsquoinscrivent dans cette logique5 Selon Beacuteneacutezech et alii (2001 2003) le processus de certification est susceptible de geacuteneacuterer des effets drsquoapprentissage Garantir la qualiteacute des services ou produits proposeacutes par le biais de la certification sous-entend que les caracteacuteristiques du mode de production puissent ecirctre deacutecrits et maicirctriseacutes par lrsquoentreprise Les processus de certification et de normalisation induisent la formalisation des pratiques et proceacutedeacutes et soulignent lrsquoimplication et la mobilisation des ressources humaines (Chaouki et Yanat 2004) Au-delagrave de la qualiteacute ce sont les normes sociales que lrsquoaudit doit eacutegalement srsquoefforcer de controcircler La certification selon une norme sociale srsquoappuie sur le respect des droits fondamentaux hygiegravene et seacutecuriteacute de travail discipline horaires de travail reacutemuneacuteration La certification sociale suppose une conformiteacute eacutetablie (Igalens et Peretti 2004) Selon Theacutevenet (1999) lrsquoaudit social analyse la qualiteacute et lrsquoefficaciteacute des interactions du binocircme individuorganisation Bien eacutevidemment lrsquoaudit social eacutetablit un constat dont lrsquoobjectif est drsquoengager une action visant agrave ameacuteliorer la relation de lrsquoindividu au sein de lrsquoentreprise Pour Joras (2004) lrsquoaudit social est laquo une deacutemarche mandateacutee et indeacutependante drsquoexamen et drsquoeacutevaluation drsquoune part pour assurer que les processus (process proceacutedures proceacutedeacutes) et les performances documenteacutees qui en reacutesultent reacutepondent aux exigences drsquoun reacutefeacuterentiel stipuleacute et drsquoautre part pour en deacutegager et mesurer les eacutecarts en preacutecisant eacuteventuellement de leurs origines leurs causes leurs impacts et conseacutequences raquo (Joras 2004 p244) 5 La famille des normes ISO 9000 a eacuteteacute eacutelaboreacutee en 1987 par lrsquoInternational Standars Organization Ces normes se rapportent au deacutepart speacutecifiquement agrave lrsquoassurance qualiteacute Elles deacutecrivent un systegraveme permettant drsquoanticiper et de preacutevenir les erreurs agrave chaque phase du processus de production (Beacuteneacutezech et Loos-Baroin 2003)
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2 Audit Social au-delagrave de la diffusion de la RSE la conciliation entre performances eacuteconomiques et sociales
Lrsquoaudit social srsquoappuie sur la notion de performance sociale Cette derniegravere est eacutetroitement lieacutee aux interactions du binocircme entreprisesocieacuteteacute En effet lrsquoentreprise agit dans un environnement social politique et eacutecologique En ce sens elle se doit drsquoassumer des responsabiliteacutes leacutegales et eacuteconomiques mais aussi des responsabiliteacutes sociales La responsabiliteacute sociale de lrsquoentreprise a pris naissance au sommet de Rio en 1992 Ce mouvement nrsquoappreacutehendait que lrsquoaspect environnemental Depuis cette notion srsquoest eacutetendue aux salarieacutes notamment
21 Performance sociale quelques preacutecisions Les travaux de Caroll (1979) constituent une eacutetape importante dans la modeacutelisation de la performance sociale de lrsquoentreprise6 Trois dimensions dominent le modegravele de Carroll les principes de responsabiliteacute sociale de lrsquoentreprise (RSE) articuleacutes autour de quatre ensemble (eacuteconomique leacutegal eacutethique et discreacutetionnaire) les difficulteacutes sociales (discriminations racialeshellip) et le mode de reacutesolution retenu afin drsquoassumer la responsabiliteacute de lrsquoentreprise Wartick et Cochran (1985) complegravetent lrsquoapproche de Caroll en preacutecisant la dimension laquo gestion des domaines sociaux raquo (identification analyse reacuteponseshellip) Wood (1991) preacutesente une deacutefinition de la performance sociale de lrsquoentreprise (PSE) fondeacutee sur les principes de responsabiliteacute sociale mais eacutegalement les processus de gestion les politiques et reacutesultats observables lieacutes aux relations sociales de lrsquoentreprise De son cocircteacute Clarkson (1995) deacutefinit la PSE comme la capaciteacute agrave geacuterer la satisfaction des parties prenantes7 Cette deacutefinition met le point sur lrsquoimpeacuterative obligation pour une entreprise de consideacuterer lrsquoensemble de ses partenaires En effet la performance diffegravere selon le type drsquoacteurs Pour les uns la dimension eacuteconomique et financiegravere est agrave privileacutegier alors que pour drsquoautres la dimension sociale est plus importante (Le Louarn et Wils 2001) En ce sens il revient agrave lrsquoentreprise drsquoeacutetablir un eacutequilibre entre les diffeacuterentes demandes tout en conciliant les impeacuteratifs eacuteconomiques et les obligations sociales (Saulquin 2004) La recherche drsquoindicateurs sociaux de performance8 (ISP) srsquoinscrit dans cette perspective
22 Vers une direction de la RSE Morin Guindon et Boulianne (1996) proposent des ISP agrave partir de quatre critegraveres la mobilisation des salarieacutes le climat de travail le rendement des salarieacutes et le deacuteveloppement des salarieacutes Les principaux indicateurs sont le taux drsquoabsenteacuteisme le taux drsquoaccidents la chiffre drsquoaffaires par salarieacute lrsquoeffort de formation et la mobiliteacute interne des salarieacutes Par conseacutequent la FRH est ameneacutee agrave consideacuterer le salarieacute comme un client interne dont la satisfaction agit sur les performances de lrsquoentreprise (Peretti 1999) Selon Igalens (2003) la fonction de Direction des Ressources Humaines srsquooriente vers une direction de la Responsabiliteacute Sociale Saulquin (2004) regroupe les pratiques sociales deacutecrites pas Pfeffer 6 Le lecteur inteacuteresseacute par une synthegravese des principaux modegraveles theacuteoriques de PSE peut se reacutefeacuterer agrave lrsquoarticle de Igalens et Gond (2003) 7 laquo Les activiteacutes de lrsquoentreprise associent diffeacuterents partenaires que lrsquoon groupe en parties prenantes ou stakeholders Il drsquoagit des actionnaires (stockholders) des fournisseurs partenaires et salarieacutes raquo (Tarondeau et Huttin 2001 p169) 8 La pertinence des indicateurs nrsquoest pas assureacutee pour toutes les entreprises car les objectifs strateacutegiques diffegraverent drsquoune entreprise agrave une autre (Le Louarn et Wils 2001)
4
(1994) en quatre cateacutegories lrsquoemploi (seacutecuriteacute et seacutelectiviteacute) la reacutemuneacuteration (promotion interne inteacuteressementhellip) le deacuteveloppement individuel et le contexte au travail (lrsquoimplication la formation la mobiliteacute et la polyvalencehellip) et la vision RH des dirigeants (eacutevaluation des pratiques sociales philosophie feacutedeacuteratricehellip) En somme la notion de performance sociale se structure autour de deux grandes orientations theacuteoriques la premiegravere est fondeacutee sur le triptyque principesprocessus de gestion comportements et actions concregravetes et la seconde sur la consideacuteration des parties prenantes Igalens et Gond (2003) eacutevoquent la difficulteacute agrave mesurer la performance sociale En se basant sur les travaux de Decock-Good (2001) Igalens et Gond (2003) reacutepertorient les mesures de la performance sociale en cinq cateacutegories9 les mesures axeacutes sur le contenu des rapports annuels les indices de pollution les mesures issues drsquoenquecirctes par questionnaire les indicateurs de reacuteputation et les donneacutees produites par les organismes de mesures Dans le cas du processus drsquoapprentissage strateacutegique et de lrsquoaudit social reacutealiseacute dans le cadre de lrsquointernationalisation des firmes dans les trois pays du Maghreb lrsquoadoption de bonnes pratiques doit srsquoinseacuterer dans une dynamique de conciliation des performances eacuteconomiques et sociales Comme le soulignent Igalens et Peretti il srsquoagit laquo de veacuterifier qursquoune entreprise dit ce qursquoelle fait et fait ce qursquoelle dit qursquoelle le fait dans les regravegles de lrsquoart et qursquoelle maicirctrise les risques qui pegravesent sur elle raquo (Igalens et Peretti 2004 p241) Lrsquoutilisation drsquoun reacutefeacuterentiel connu et accepteacute constitue la principale caracteacuteristique drsquoun travail drsquoaudit Ce reacutefeacuterentiel doit ecirctre adapteacute selon les contextes et situations locales Dans cette perspective il semble inteacuteressant drsquoobtenir des informations relatives agrave la perception et agrave la vison de lrsquoaudit social des DRH du Maghreb
3 Visions et perceptions de lrsquoAudit Social par les DRH au Maghreb la reacutealiteacute empirique
La speacutecificiteacute des terrains drsquoinvestigation associeacutee au caractegravere exploratoire de la recherche amegravene agrave combiner deux meacutethodologies afin drsquoanalyser lrsquoobjet de la recherche par le biais de la triangulation des donneacutees laquo between methods raquo (Jick 1979 Ecoto 2004 Rymeyko 2004) La reacutealisation des entretiens donne lieu agrave la production de connaissances crsquoest agrave dire une repreacutesentation inductive de la reacutealiteacute Lrsquoentretien et lrsquoanalyse de contenu permettent drsquoexplorer la theacutematique concernant lrsquoASPGRH aupregraves drsquoun eacutechantillon de joint ventures euro-maghreacutebines10 Cette analyse qualitative amegravene agrave lrsquoeacutelaboration puis agrave la validation de lrsquoeacutechelle de mesure de lrsquoASPGRH Le questionnaire reprend lrsquoeacutechelle de mesure valideacutee et autorise la collecte de donneacutees sur un eacutechantillon plus important Cette communication isole une theacutematique du questionnaire lrsquoaudit social Lrsquoexploitation des 64 questionnaires recueillis dans les trois pays du Maghreb est reacutealiseacutee agrave lrsquoaide du logiciel SPSS
9 Il nrsquoest pas dans notre intention de deacutevelopper de maniegravere exhaustive ces cateacutegories Ce travail ayant deacutejagrave eacuteteacute reacutealiseacute par Igalens et Gond (2003) Lrsquoeacutenumeacuteration des diffeacuterents critegraveres deacutemontre toute la difficulteacute agrave mesurer la PSE Dans le cas de cette communication les dimensions environnementales ne seront pas consideacutereacutees car elles ont fait lrsquoobjet de multiples recherches et ont atteint plus de reacutesultats visibles Lrsquoaxe social et les critegraveres de gestion des ressources humaines sont privileacutegieacutes 10 Le lecteur inteacuteresseacute par les premiers reacutesultats de lrsquoanalyse qualitative peut se reacutefeacuterer agrave lrsquoarticle de Frimousse et Peretti publieacute dans le la revue Management et avenir ndeg5 (2005)
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31 Recueil et exploitation Dans le cadre de cette recherche lrsquoenquecircte en face agrave face a eacuteteacute retenue Cette meacutethode neacutecessite notre intervention sur le terrain de recherche afin drsquoenregistrer le plus fidegravelement possible les reacuteponses des personnes interrogeacutees La qualiteacute de la relation enquecircteurenquecircteacute est fonction de la stimulation de la personne interrogeacutee et du climat de lrsquoentretien Afin drsquoeacuteviter des biais de conformisme (donner des reacuteponses attendues) et de deacutesirabiliteacute sociale la reformulation et lrsquoutilisation drsquoun vocabulaire familier est neacutecessaire Le choix de ce type drsquoenquecircte semble adapteacute au contexte maghreacutebin En effet au-delagrave de la longueur du questionnaire lrsquoimportance de la culture orale et de lrsquoidentification de lrsquoenquecircteur dans les pays du Maghreb ont motiveacute le recours agrave cette meacutethode de collecte Apregraves avoir choisi le mode de recueil des donneacutees il convient maintenant de constituer lrsquoeacutechantillon et deacutefinir sa taille Au preacutealable la deacutemarche empirique de la recherche eacutetait fondeacutee sur lrsquoanalyse des joint ventures euro-maghreacutebines Chemin faisant et dans lrsquooptique drsquoune analyse comparative et compleacutementaire de lrsquoASPGRH il srsquoest aveacutereacute souhaitable drsquoeacutetendre le champ drsquoinvestigation aux diffeacuterentes modaliteacutes drsquointernationalisation des firmes dans divers secteurs drsquoactiviteacutes (filiales greenfield investment prises de participation dans les programmes de privatisationhellip) Lrsquouniteacute drsquoeacutechantillonnage est le DRH ou le dirigeant Ce sont les uniteacutes qui sont lrsquoobjet de lrsquoobservation Dans la preacutesente enquecircte la base de sondage cest-agrave-dire la liste exhaustive des DRH de la population nrsquoexiste pas Seule des listes imparfaites sont disponibles dans certains organismes professionnels dans les pays maghreacutebins Par conseacutequent la constitution de lrsquoeacutechantillon se fait par choix raisonneacute Le tableau 1 et le graphique 1 preacutesentent les caracteacuteristiques de lrsquoeacutechantillon Tableau 1 preacutesentation de lrsquoeacutechantillon Pays Nombre de DRH Modaliteacute drsquoimplantation Maroc 46 20 26 Algeacuterie 7 3 4 Tunisie 11 6 5 Total 64 29 JV 35 FMN
transports et communicationscommerces et serviceshocirctels et restaurationindustriesproduction distribution de ressourcestravaux publics
secteurs dactiviteacutes
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Le scheacutema 1 preacutesente les eacutetapes de lrsquoanalyse exploratoire Scheacutema 1 Lrsquoanalyse exploratoire
Analyse exploratoire
Analyse et traitement agrave lrsquoaide du logiciel
Questionnaire Preacute-test
Collecte des donneacutees
Echantillon de lrsquoeacutetude exploratoire
JV euro-maghreacutebines Autres modaliteacutes drsquointernationalisation des firmes
32 Preacutesentation des reacutesultats un Audit Social agrave double dimension Drsquoapregraves les reacutesultats il semble que les DRH attribuent majoritairement un rocircle positif agrave lrsquoaudit social A la lecture des tableaux de lrsquoanalyse reacutealiseacutee avec le logiciel SPSS il est possible drsquoaffirmer que lrsquoaudit social occupe un rocircle agrave double dimension La premiegravere srsquoinscrit dans une perspective de benchmarking Selon les DRH il srsquoagit de se comparer et de se situer Lrsquoaudit social procure un reacutefeacuterentiel agrave partir duquel il est possible de srsquoeacutevaluer et de se deacutevelopper Lrsquoautre dimension concerne la mise aux normes et la veacuterification des engagements en termes de normes sociales En ce sens les deux dimensions srsquoinscrivent dans une recherche drsquoaccroissement des performances eacuteconomiques mais eacutegalement sociales
321 Une dimension benchmarking Pour 90 des personnes interrogeacutees lrsquoaudit social est une aide au deacuteveloppement de lrsquoentreprise En fait lrsquoanalyse approfondie fait ressortir que lrsquoaudit social est assimileacute agrave un reacutefeacuterentiel11 sur lequel se baser afin de poursuivre le deacuteveloppement de lrsquoentreprise Pris dans leur ensemble 78 des DRH affirme que lrsquoaudit social offre une occasion de se situer par rapport aux firmes partenaires Dans la mecircme perspective 82 considegravere lrsquoaudit social comme un moyen de se confronter afin de diagnostiquer ses forces et faiblesses Pris isoleacutement les reacutesultats des analyses des deux cibles rencontreacutees convergent dans le mecircme sens (Cf Infra tableau 1) Aucune diffeacuterence nrsquoest agrave souligner Cette distinction souligne la double logique de positionnement et de perfectionnement inheacuterente agrave lrsquoaudit social Pour 80 des DRH lrsquoaudit social doit conseiller et accompagner le deacuteveloppement de lrsquoentreprise Les
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11 Un reacutefeacuterentiel peut ecirctre consideacutereacute comme un ensemble drsquoeacuteleacutements par rapport auquel on eacutevalue la reacutealiteacute Lrsquointeacuterecirct reacuteside dans lrsquoeffet levier vis-agrave-vis de la performance (Meignant A et R Dapegravere 1994)
reacutesultats confirment donc lrsquoimportance du benchmarking12 laquo Il faut se comparer avec les meilleurs Cela permet de se situer de voir agrave quel niveau nous sommes et agrave quel niveau nous souhaitons arriver Les auditeurs sociaux sont capables drsquoeacutetablir un diagnostichellip A partir de lagrave il est possible de se perfectionner Un audit pour se faire auditer nrsquoa aucun sens Il faut srsquoinscrire dans une deacutemarche de deacuteveloppement raquo13 Ce dernier permet agrave une firme de comparer sa performance avec celles des compeacutetiteurs aidant ainsi agrave progresser (Voss et alii 1997) Pour Longbottom (2000) le benchmarking se deacutefinit comme une recherche des pratiques efficaces14 Hyatt (2001) abonde dans ce sens en affirmant que cette technique est un processus continu drsquoidentification drsquoapprentissage et de mise en place des pratiques exemplaires dans le but drsquoaccroicirctre la compeacutetitiviteacute Les reacutesultats de la recherche de Saint-Pierre et alii (2002) meneacutee aupregraves de PME canadiennes eacutetablissent une relation de cause agrave effet positif entre benchmarking et performance La deacutemarche de benchmarking srsquoappuie sur plusieurs eacutetapes dont lrsquoidentification de la performance agrave ameacuteliorer la seacutelection des partenaires de benchmarking la recherche des informations dans lrsquoentreprise et chez les partenaires seacutelectionneacutes le traitement de lrsquoinformation la mise en place drsquoun plan drsquoaction pour atteindre les objectifs de performance (Matmati Schmidt 2001)
Tableau 2 Rocircles attribueacutes agrave lrsquoaudit social Logique de positionnement Joint venture 75 oui Multinationale 80 oui Logique de perfectionnement Joint venture 90 oui Multinationale 75 oui Veacuterification des normes sociales Joint venture 60 oui Multinationale 77 oui
322 Une dimension sociale et la consideacuteration de la contingence culturelle Lrsquoanalyse reacutevegravele que lrsquoaudit social est aussi consideacutereacute comme un vecteur de convergence et de veacuterification de certaines normes sociales La veacuterification du respect de certains engagements sociaux tels que le non emploi des enfants et le respect des conditions de travail sont majoritairement mentionneacutes dans les trois pays et ce quelques soient les modaliteacutes drsquoimplantation et les secteurs drsquoactiviteacutes Suit le rapport reacutemuneacuterationcontribution avec 73 des reacuteponses La discrimination hommefemme nrsquoest pas consideacutereacutee comme une norme
12 Le benchmark est un repegravere de geacuteomegravetre marquant une position Il est utiliseacute comme laquo norme raquo point de reacutefeacuterence permettant de positionner les eacutevaluations 13 Les phrases teacutemoins sont issues de lrsquoanalyse qualitative 14 Quatre types de benchmarking sont agrave distinguer Le benchmarking interne consiste agrave comparer les opeacuterations reacutealiseacutees au sein de la firme mecircme mais aussi agrave travers les filiales Le benchmarking compeacutetitif correspond agrave une comparaison speacutecifique avec des concurrents Dans cette configuration les protagonistes basent leurs comparaisons sur des terrains neutres et non pas strateacutegiques Le benchmarking fonctionnel est une comparaison de fonctions similaires entre entreprises non concurrentes Dans le cas du benchmarking geacuteneacuterique les comparaisons se reacutealisent entre entreprises de secteurs diffeacuterents sur des processus ou meacutethode de travail (Brilman 2000)
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sociale agrave respecter Il est inteacuteressant de constater que lrsquoaudit social reacutealiseacute en tant que controcircle est geacuteneacuteralement rejeteacute En effet la totaliteacute des DRH rencontreacutees estiment que lrsquoaudit social nrsquoest pas un controcircle Ce dernier srsquoexplique certainement par la connotation neacutegative attribueacutee au controcircle dans la dimension culturelle de ces pays laquo Les auditeurs sociaux ne doivent pas ecirctre des controcircleurs Ici la composante anti-arrogance est tregraves importante Qursquoest ce qursquoil veut celui-lagrave De quoi me parle-t-il raquo Drsquoailleurs la quasi-totaliteacute des DRH affirment que la contingence culturelle est le principal facteur agrave consideacuterer dans les proceacutedures drsquoaudit social laquo Ici on parle de soi diffeacuteremment on agit diffeacuteremment Les auditeurs sociaux se doivent de consideacuterer les reacutealiteacutes locales Ce nrsquoest pas lrsquoEurope raquo Dans le domaine manageacuterial la diversiteacute culturelle15 se manifeste agrave travers notamment lrsquoattitude agrave lrsquoeacutegard de la hieacuterarchie lrsquoapproche du travail la maniegravere drsquoexprimer ses opinions Lrsquoapproche de lrsquoeacutequiteacute peut ecirctre diffeacuterente comme lrsquoont montreacute les travaux comparatifs entre le Maroc et la France (Benraiumlss Peretti 2003) En ce sens si les cultures nationales influent sur les perceptions des individus il est primordial drsquoen tenir compte dans les pratiques et meacutethodes drsquoAudit Social laquo Quand pour geacuterer il faut savoir susciter lrsquoenthousiasme de ceux que lrsquoon dirige et eacuteviter de les scandaliser on a besoin de comprendre ce qui enthousiasme et scandalise raquo (DrsquoIribarne 1989 p266) Cette capaciteacute agrave comprendre puis agrave srsquoadapter aux speacutecificiteacutes drsquoune situation drsquointeraction interculturelle est deacutesigneacutee dans le concept de compeacutetence interculturelle (CI) (Hofstede 1994 Trompenaars Hampden-Turner 2001 Bartel-Radic 2003) Les DRH estiment majoritairement que le recours agrave lrsquoaudit social dans les entreprises au Maghreb est limiteacute par lrsquoabsence de ressources financiegraveres 85 drsquoentre eux jugent que les auditeurs sociaux sont insuffisamment formeacutes au contexte micro eacuteconomique maghreacutebin Dans le cadre de la reacuteflexion relative agrave lrsquoaction manageacuteriale la prise en compte du couple uniteacute-diversiteacute dans un contexte de globalisation exacerbeacutee constitue un impeacuteratif Cette laquo intelligence des situations raquo16 doit pousser les entreprises agrave se meacutefier des dangers de la standardisation17 Ainsi si lrsquoaudit social et la RSE sont universels sur le plan theacuteorique leurs mises en œuvre dans la pratique ne peuvent ecirctre que contingente car ils sont influenceacutes par lrsquoenvironnement micro et macro eacuteconomique (Tak Tak Kallel 2004) BIBLIOGRAPHIE Allouche J Huault I et G Schmidt 2004 laquo Responsabiliteacute sociale des entreprises la mesure deacutetourneacutee raquo 15 iegraveme Congregraves annuel de lrsquoAGRH Montreacuteal
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LA SITUATION DE LA RSE EN ITALIE ET UNE EXPERIENCE PILOTE DE CERTIFICATION PAR UN AUDIT INTEGRE Giovanni GUALANDI1 Membre du Conseil National AIDP (wwwaidpit) Consultant RINA et enseignant dans les Cours SAI pour Auditeurs SA8000 Avocat et Juge de paix
Reacutesumeacute Ce rapport preacutesente lrsquoeacutetat actuel de la RSE en Italie les outils les plus freacutequemment utiliseacutes et lrsquointeacuterecirct speacutecifique pour les standards auditables en particulier pour la norme eacutethique SA8000 On y analyse le parcours historique du concept de la RSE et ses applications en Italie face aux applications internationales En 2004 un nouveau systegraveme de certification inteacutegreacutee le BEST4 de la socieacuteteacute italienne RINA qui utilise quatre standards internationaux de RSE a eacuteteacute conccedilu et mis en oeuvre on preacutesente ici une application pilote dans une grande entreprise agrave renommeacutee mondiale la Compagnie de navigation laquo Costa Crociere raquo du Groupe Carnival La conclusion porte sur la neacutecessiteacute dans un marcheacute de plus en plus mondialiseacute de standards sociaux univoques et internationaux et de ce fait compreacutehensibles et veacuterifiables dans le monde entier
1 La situation actuelle Les thegravemes de la RSE deacutejagrave mis en eacutevidence par les observateurs eacuteconomiques soucieux des problegravemes de Corporate governance (gouvernance drsquoentreprise) ont susciteacute un inteacuterecirct de plus en plus grandissant en Italie apregraves la publication en deacutecembre 2004 du Social Statement - sorte de grille drsquoauto-eacutevaluation et explication des initiatives sociales drsquoentreprise - du Ministegravere italien du Travail et des Politiques Sociales On y propose encore la deacutefinition traditionnelle de RSE du Livre Vert europeacuteen de 2001 laquo Inteacutegration volontaire des probleacutematiques sociales et eacutecologiques dans les opeacuterations commerciales et dans les rapports avec les parties prenantes raquo mais le document gouvernemental eacutelargit avantageusement les thegravemes drsquoobservation du Social Statement - par rapport au Livre Vert ldquocentreacute surtout sur la responsabiliteacute des entreprises dans le secteur socialrdquo- aux rapports avec les consommateurs et agrave la preacutevention de la corruption A partir drsquooctobre 2003 le Ministegravere italien des Affaires Etrangegraveres srsquoest en revanche engageacute dans une action de support de lrsquoinitiative de lrsquoONU pour la RSE ndash le Global Compact - et a financeacute le projet ldquoDeacuteveloppement durable par le Global Compactrdquo Ce projet repreacutesente une forme novatrice de soutien et de promotion inteacutegreacutee du Global Compact de la deacuteclaration tripartite de lrsquoOIT et des Lignes Directrices OCDE - en tant qursquooutils internationaux fondamentaux en matiegravere de RSE et de dimension sociale de la globalisation - au sujet des entreprises multinationales La finaliteacute du Ministegravere eacutetait de concreacutetiser lrsquoideacutee que les entreprises italiennes peuvent veacutehiculer les principes fondamentaux en matiegravere de RSE dans
1 gualandi_ityahooit
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le contexte international et en particulier dans les pays destinataires de la coopeacuteration italienne En ce qui concerne la diffusion de la RSE il faut souligner les reacutesultats drsquoun releveacute expeacuterimental Istat de 2004 presque 70 des 10000 moyennes et grandes entreprises prises en consideacuteration adoptait un ou plusieurs outils de RSE Le thegraveme principal pour 60 des entreprises eacutetait le traitement des deacutechets suivi par le choix des fournisseurs (33) Seulement 11 reacutedigeait un bilan social ce dernier outil a eacuteteacute adopteacute par 2000 entreprises en Italie Drsquoautres releveacutes montrent que le pourcentage drsquoengagement dans le secteur social est en tout cas en augmentation tant pour le nombre drsquoentreprises inteacuteresseacutees que pour la somme moyenne investie (valeur estimeacutee supeacuterieure agrave 180000 euros en 2004) Lrsquoentreacutee en vigueur de la loi de 2001 qui a eacutetablit en Italie la responsabiliteacute laquo peacutenale raquo de lrsquoentreprise pour certains deacutelits commis par ses fonctionnaires a contribueacute agrave la diffusion des codes deacuteontologiques et eacutethiques dans les entreprises On peut ajouter que le regraveglement du prix italien laquo Oscar du Bilan raquo (eacutedition 2004) a requis pour la premiegravere fois la preacutesentation du bilan social en plus du compte-rendu eacuteconomique Le Conseil national des experts comptables est en train drsquoeacutetudier des Lignes directrices pour la reacutedaction du bilan social en accord avec les laquoinformations relatives agrave lrsquoenvironnement et au personnelraquo introduites par la Directive europeacuteenne n512003 dans les comptes-rendus eacuteconomiques Le gouvernement italien a envisageacute plusieurs initiatives pour 2005 des campagnes de promotion et information (teacuteleacutevision radio et presse eacutecrite) une Rencontre Nationale sur les ldquobest practicesrdquo de RSE qui se tiendra chez FERRARI Automobiles et la creacuteation agrave Milan drsquoun Centre national permanent de recherche sur la RSE LrsquoINAIL (Institut National pour lrsquoAssurance Accidents de Travail) a eacutetabli que pour acceacuteder en 2005 agrave la reacuteduction du taux tarifaire moyen de lrsquoassurance contre les accidents de travail les entreprises devront neacutecessairement avoir mis en oeuvre au moins une des interventions indiqueacutees dans le regraveglement dont la premiegravere est laquo Lrsquoentreprise a adopteacute ou tient un comportement socialement responsable selon les principes de la RSE eacutetablis par le Ministegravere du Travail et des Politiques Sociales et a effectueacute par conseacutequent des interventions qui visent agrave ameacuteliorer la seacutecuriteacute et la santeacute sur les lieux de travail raquo Au-delagrave des initiatives culturelles et de solidariteacute (souvent ldquopromotionnellesrdquo et en tout cas eacutetrangegraveres agrave la ldquogestion drsquoentrepriserdquo socialement responsable) les principaux outils de RSE en Italie sont - selon la distinction introduite par la Commission Europeacuteenne dans son lsquoMapping 2003rsquo des outils internationaux de RSE - les codes eacutethiques drsquoentreprise les systegravemes de compte-rendu (Bilan social Balance ambiante Social Statement) et les scheacutemas de certification (SA8000 ISO14001 EMAS) A fin 2004 les entreprises italiennes doteacutees de certifications environnementales eacutetaient drsquoenviron 5000 celles certifieacutees SA8000 eacutetaient au nombre de 167 dont la distribution geacuteographique est montreacutee agrave la Fig1 A celles-ci srsquoajoutent les fournisseurs tenus au respect de la norme On estime ainsi agrave plus de 6000 au total les entreprises devant se conformer au standard de gestion eacutethique du personnel LrsquoItalie est la nation ougrave le standard international SA8000 est le plus reacutepandu (167 entreprises certifieacutees en Italie presque 30 des 572 certifieacutees dans le monde entier) vraisemblablement les entreprises considegraverent avantageux drsquoexhiber une preuve sucircre de leur engagement social comme cela apparaicirct dans la recherche CE 2 et de plus lrsquoeffet en cascade incite souvent les fournisseurs agrave se certifier
2 ldquomany organisations aspire to use logos prizes and awards as a visible signal to the marketplace as to their performancehellip the certification logo acts as a proxy indicator as to performancerdquo (Mapping instruments for CSR - CE 2003)
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En outre quelques reacutegions (notamment la Toscane) ont soutenu et favoriseacute une telle certification Aujourdrsquohui plusieurs entreprises en Italie demandent aux consultants des outils pour srsquoinitier agrave la conduite eacutethique des affaires Tous les experts considegraverent le standard SA8000 comme la meilleure reacutefeacuterence en tant qursquooutil drsquoinformation et de veacuterification de la tutelle des droits des travailleurs et le controcircle des fournisseurs Le systegraveme de gestion peut en outre favoriser lrsquoameacutelioration des relations drsquoentreprise et le deacuteveloppement de techniques manageacuterielles plus adeacutequates agrave la nouvelle sensibiliteacute des travailleurs Enfin la diffusion de la norme SA8000 peut ecirctre favoriseacute du fait que de grandes entreprises par ex le groupe de la COOP Consommateurs ou la Compagnie de navigation COSTA CROCIERE ont choisi de se certifier Il faudrait ajouter que la norme SA8000 est tregraves souvent adopteacutee par des entreprises non certifieacutees pour la gestion des controcircles externes sur leurs fournisseurs Il en est ainsi par exemple avec lrsquoAssociation europeacuteenne de distributeurs FTA - Foreign Trade Association - par le projet BSCI - Business Social Compliance Initiative - Trente groupes (comme Metro Migros Celio Coop Suisse Etam Quelle CampA) ont deacutejagrave adopteacute le BSCI en premiegravere instance focaliseacute seulement sur le secteur textile mais eacutetendu reacutecemment aux secteurs alimentaire et agricole en commenccedilant par Espagne et Maroc Une initiative analogue est la deacutenommeacutee AVE mise en place par les distributeurs allemands et hollandais Seuls les organismes de certification agreacuteeacutes par lrsquoorganisation ameacutericaine SAI peuvent deacutelivrer les attestations de certification SA8000 lrsquoorganisme geacutenois RINA qui organise aussi les cours SAI de formation pour auditeurs par le biais de lrsquoassocieacutee RINA Industry est le plus actif en Italie Le RINA a eacutegalement creacuteeacute BEST4 un scheacutema de certifications inteacutegreacutees de lrsquoengagement social vers les diffeacuterents stakeholders (obtenu par quelques grandes entreprises entre autres Costa Crociere du Groupe Carnival) qui reacuteunit en un seul systegraveme de gestion quatre certifications ISO9001 Qualiteacute + ISO14001 Environnement + OHSAS18001 Seacutecuriteacute + SA8000 Droit de lrsquohomme Une telle solution apparaicirct aujourdrsquohui comme le meilleur compromis face agrave la tendance agrave creacuteer de nouvelles certifications (europeacuteennes italiennes etc) la mondialisation de plus en plus accentueacute des marcheacutes rend en effet illogique et agrave contre courant lrsquoeacuteloignement des standards internationaux reconnus dans le monde entier Par ailleurs aucune norme internationale globale de RSE est en gestation lrsquoISO eacutelaborera pour 2008 seulement un document agrave caractegravere non normatif (ISO26000) pour eacuteclaircir le concept de RSE et ses implications Cette position suit la logique de lrsquoOCDE sur le sujet speacutecifique de la lsquoCorporate governancersquo pour lequel nrsquoont eacuteteacute eacutelaboreacutees que des lignes directrices agrave niveau mondial
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Distribuzione percentuale delle certificazioni SA8000
Toscana
Lombardia
Veneto
Emilia-R
Lazio
Campania
Piemonte
Liguria
Puglia
Umbria
Abruzzo
Sicilia
Marche
Friuli
Basilicata
Sardegna
Trentino
Fig1 Percentage des certifications par Reacutegions au 31122004
En Italie on a reacutecemment souligneacute lrsquoimportance des indices de RSE en rapport agrave la rentabiliteacute des entreprises perccedilue par les stakeholders en particulier par les investisseurs Une eacutetude de lrsquoUniversiteacute Bocconi montre que certains des critegraveres de RSE (le degreacute drsquoappreacuteciation de la communauteacute la gestion du personnel la qualiteacute perccedilue du serviceproduit) contribuent pertinemment agrave la deacutefinition du rapport entre le cours boursier et le compte-rendu eacuteconomique de lrsquoentreprise (price-to-book-value) Par conseacutequent on deacutemontre que la RSE a une valeur sur le marcheacute financier en agissant sur la creacutedibiliteacute strateacutegique des entreprises Le Livre Vert soulignait deacutejagrave en 2001 cette theacuteorie reacutecemment des sondages montrent que les theacutematiques de la RSE ont gagneacute une place fondamentale dans lrsquoeacutevaluation des entreprises pour presque 90 des professionnels intervieweacutes en USA (84 en Europe et 82 en Asie - voir note agrave les pages 7-8)
2 Le parcours historique Valeria Fazio et les autres co-auteurs de laquo La Responsabiliteacute Sociale drsquoEntreprise raquo nous rappellent que traditionnellement la mission principale de lrsquoentreprise eacutetait de produire un deacuteveloppement et des reacutesultats eacuteconomiques satisfaisants dans le respect des lois La responsabiliteacute - pour une entreprise - nrsquoeacutetait-elle limiteacutee qursquoagrave garder une place financiegravere satisfaisante sur le marcheacute Dans cette logique le Prix Nobel drsquoeacuteconomie Milton Friedman affirmait en 1962 dans lsquoCapitalism and Freedomrsquo laquo Il nrsquoy a qursquoune responsabiliteacute sociale de lrsquoentreprise augmenter ses profits raquo Mecircme si le prof Zamagni a souligneacute agrave ce propos que agrave preacutesent personne ne soutiendrait une pareille affirmation (Milton Friedman non plus) il arrive assez souvent que de nos jours un chef drsquoentreprise le cite confondant le concept de RSE avec celui de meacuteceacutenat ou de bienfaisance
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Le deacutebat sur le thegraveme de la RSE a pris naissance dans les anneacutees 50 aux USA et successivement srsquoest reacutepandu en Europe drsquoinnombrables traiteacutes et interpreacutetations se sont accumuleacutes avant lrsquoeacutelaboration drsquoune deacutefinition exhaustive et geacuteneacuteralement accepteacutee du concept de RSE Certains ont consideacutereacute la RSE comme une ldquoresponsabiliteacute juridiquerdquo drsquoautres lrsquoont vue comme la recherche drsquoune nouvelle leacutegitimiteacute dans un systegraveme capitaliste ayant perdu son eacutelan drsquoautres encore comme ldquola neacutecessiteacute - parfois teinteacutee drsquointentions charitables - pour lrsquoentreprise de consacrer une partie de ses profits au bien-ecirctre geacuteneacuteralrdquo La deacutefinition proposeacutee en 1953 par Bowen apparaicirct un peu geacuteneacuterique mais interessante agrave cause de son relativisme la RSE serait ldquole devoir des hommes drsquoaffaires de poursuivre ces politiques de prendre ces deacutecisions de suivre ces lignes drsquoaction qui sont souhaitables en fonction des objectifs et des valeurs reconnus par la socieacuteteacuterdquo On peut arrecircter officiellement en 1995 la naissance du thegraveme de la RSE en Europe lorsque un groupe drsquoentreprises leader solliciteacutees par Jacques Delors (agrave cette eacutepoque ex-preacutesident de la Commission Europeacuteenne) signe le ldquoManifeste des Entreprises contre lrsquoexclusion socialerdquo La publication du Manifeste ainsi que sa signature de la part drsquoun influent groupe drsquoentreprises repreacutesenta un tournant marquant dans le deacutebat autour de la RSE dans les pays agrave plus solide tradition civile on commenccedila agrave eacutelaborer de nouveaux modegraveles drsquointervention A Bruxelles naicirct ldquoCSR Europerdquo qui constitue un reacuteseau drsquoassociations drsquoentreprises comme ldquoBusiness in the Communityrdquo en Angleterre ldquoSodalitasrdquo en Italie et lrsquo ldquoInstitut pour le Meacuteceacutenat Humanitaire drsquoentrepriserdquo en France Le vrai tournant dans lrsquoeacutevolution de lrsquoengagement sur la RSE eut lieu en 2000 au Sommet de Lisbonne les Chefs drsquoEtat et de Gouvernement europeacuteens se fixegraverent comme finaliteacute de ldquofaire de lrsquoEurope lrsquoespace eacuteconomique knowledge based le plus dynamique et compeacutetitif du monde capable drsquoun deacuteveloppement eacuteconomique durable et drsquoune plus forte coheacutesion socialerdquo Ils firent eacutegalement appel au sens de responsabiliteacute sociale des entreprises pour une collaboration synergique agrave la reacutealisation de cet objectif En 2001 la Commission Europeacuteenne publie le Livre Vert ldquoPromouvoir un Cadre Europeacuteen pour la Responsabiliteacute Sociale des Entreprisesrdquo suivi en 2001 de ldquoResponsabiliteacute Sociale une contribution des entreprises au deacuteveloppement durablerdquo Le concept de RSE puise ses racines bien plus profondeacutement dans le contexte eacuteconomique et culturel italien On peut citer des entreprises qui eacutetaient deacutejagrave ouvertes agrave la responsabiliteacute sociale agrave lrsquoaube de lrsquoindustrialisation du Pays par des programmes et des œuvres de bienfaisance Il srsquoagissait dans la plupart des cas drsquoeacutepisodes isoleacutes fruit drsquoun choix personnel drsquoun chef drsquoentreprise eacuteclaireacute On rappellera agrave ce propos lrsquoexpeacuterience des tisseurs de Crespi drsquoAdda au tout deacutebut du vingtiegraveme siegravecle qui constitue lrsquoexemple le plus significatif de laquo village ouvrier raquo en Italie On y ameacutenagea le territoire autour de lrsquoentreprise agrave eacutechelle humaine afin que le travail et la vie priveacutee et sociale puissent coexister harmonieusement Par la suite lrsquoarticle 41 de la Constitution italienne du 1947 deviendra sans aucun doute une importante reacutefeacuterence agrave la RSE ldquoLrsquoinitiative eacuteconomique priveacutee est libre Elle ne peut srsquoexercer en srsquoopposant agrave lrsquoutiliteacute sociale ou de maniegravere agrave porter atteinte agrave la seacutecuriteacute agrave la liberteacute agrave la digniteacute humaine La loi deacutetermine les programmes et les controcircles opportuns pour que lactiviteacute eacuteconomique publique et priveacutee puisse ecirctre orienteacutee et coordonneacutee vers des fins socialesrdquo Les initiatives qui ont accentueacute le rocircle social de lrsquoentreprise ont eacuteteacute nombreuses surtout agrave cause drsquoune plus grande importance des Participations de lrsquoEtat et de lrsquoattitude socialement responsable de certains chefs drsquoentreprise qui ont influenceacute profondeacutement la culture italienne drsquoentreprise
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Parmi les entrepreneurs du secteur priveacute il y eut Adriano Olivetti (1901-1960) En geacuterant sa grande entreprise il fut attentif aux retombeacutees sociales persuadeacute que la finaliteacute de lrsquoentreprise est de produire des richesses creacuteer des postes de travail distribuer dans la communauteacute le produit du succegraves obtenu sur le marcheacute Il affirmait en particulier que la fideacuteliteacute des travailleurs leur stabiliteacute leur participation convaincue et intelligente jouaient un rocircle essentiel dans son entreprise Lrsquoentrepreneur Gaetano Marzotto jr (1894-1972) observa eacutegalement qursquoon pouvait eliminer les conflits dans lrsquo entreprise uniquement par des interventions visant agrave renforcer son interdeacutependance avec la socieacuteteacute A ses yeux la socieacuteteacute preacutesentait des contradictions encore agrave reacutesoudre comme lrsquoabsence de services sociaux essentiels en preacutesence de bas salaires lrsquoinsalubriteacute des habitations et le deacuteveloppement deacutesordonneacute du territoire Ses convictions le poussegraverent agrave bacirctir agrave Valdagno entre 1927 et 1937 la ldquociteacute socialerdquo expeacuterience jugeacutee par certains comme eacutetant le plus important complexe italien drsquoœuvres sociales Selon Enrico Mattei (1906-1962) lrsquoentreprise priveacutee et encore plus celle du secteur public doivent prendre en charge non seulement la production des richesses mais aussi les problegravemes sociaux lrsquooccupation et la valorisation des ressources humaines ainsi que les eacutecoles les hocircpitaux et les logements Au tournant du siegravecle le deacutebat sur la RSE srsquoinsegravere dans le mouvement europeacuteen et atteint une dimension plus structureacutee On assiste en Italie en accord avec les eacuteveacutenements europeacuteens agrave la naissance du deacutebat sur lrsquoeacutethique des processus eacuteconomiques auquel participent non seulement des experts mais aussi des PDG et des chefs drsquoentreprise et la RSE srsquoaffirme comme un paradigme de strateacutegie et drsquoorganisation visant agrave garantir la valeur de lrsquoentreprise dans une perspective de longue haleine Au-delagrave des interventions publiques de support de nombreux facteurs ont joueacute un rocircle consideacuterable dans lrsquoeacutevolution des systegravemes eacuteconomiques vers la responsabiliteacute sociale - Les soucis et les attentes vis-agrave-vis drsquoun marcheacute de plus en plus global et compeacutetitif des citoyens des consommateurs des employeacutes des actionnaires et des autoriteacutes publiques qui demandent aux entreprises une attention particuliegravere agrave la transparence agrave la durabiliteacute et agrave lrsquoeacutethique dans les affaires Il suffit de rappeler lrsquoexemple du controcircle de la chaicircne des fournisseurs Au-delagrave de la qualiteacute des produits les consommateurs et leurs associations sont de plus en plus attentifs au comportement de lrsquoentreprise agrave lrsquoeacutegard de problegravemes eacutethiques sociaux et environnementaux lieacutes aux activiteacutes commerciales et de production Dans ce contexte il est impeacuteratif que lrsquoentreprise puisse geacuterer les rapports avec les fournisseurs tout en gardant un controcircle raisonnable mais deacutemontrable sur toute la chaicircne de la fourniture - Lrsquoutilisation de critegraveres eacutethiques et socio-environnementaux de seacutelection dans les choix des investisseurs - Les pressions des ONG agrave partir drsquoactiviteacutes drsquoinformation de mobilisation civile de lobbying politique exerceacutees par des associations diffeacuterentes (par exemple pour la deacutefense des droit de lrsquohomme ou la protection de lrsquoenvironnement) jusqursquoau boycottage contre les entreprises dont les produits les activiteacutes ou les strateacutegies sont consideacutereacutes socialement irresponsables - Le malaise grandissant ducirc agrave la deacutegradation de lrsquoenvironnement provoqueacutee par lrsquoactiviteacute industrielle
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- La transparence agrave niveau planeacutetaire de lrsquoactiviteacute de lrsquoentreprise creacuteeacutee par les medias et les technologies modernes de lrsquoinformation et de la communication
Un bon exemple de la situation deacutecrite au premier point est le mobbing ou harcegravelement moral au travail pheacutenomegravene qursquoon peut renvoyer agrave la nouvelle sensibilisation et prise de conscience des travailleurs Symptomatique du malaise vis-agrave-vis de pratiques deacutesormais inacceptables le ldquomobbingrdquo manifeste eacutegalement lrsquoexigence drsquoune gestion des ressources humaines plus attentive agrave la psychologie des personnes agrave leur fragiliteacute eacutemotionnelle et digniteacute humaine donc lrsquoexigence drsquoune plus grande responsabiliteacute sociale et eacutethique des organisations face au besoin de lsquojoie de vivrersquo des gents (GBecattini) Les eacutetudes drsquoeacuteconomie expeacuterimentale et cognitive sur les comportements irrationnels des consommateurs (qui en 2002 ont valu le Nobel agrave VSmith et DKahneman) deacutemontrent agrave quel point le psychisme et les suggestions eacutemotionnelles envahissent les secteurs traditionnels de la rationaliteacute Les entreprises et les organisations devraient porter une extrecircme attention aux motivations altruistes ou relationnelles ou aux facteurs psychologiques deacutependants de la sphegravere affective qui peuvent conditionner les deacutecisions des stakeholders drsquoune maniegravere incontrocirclable et impreacutevisible En particulier les impulsions eacutemotionnelles prennent le dessus si le manque drsquoinformations ou lrsquoimpossibiliteacute de les eacutelaborer rend impossible le choix rationnel on parle alors de rationaliteacute limiteacutee de lrsquoindividu Lrsquoentreprise peut y pallier par la communication drsquoinformations correctes et veacuterifiables voire certifieacutees Dans plusieurs situations le leacutegislateur a deacutejagrave imposeacute lrsquoobligation agrave lrsquoinformation minimale ou preacutedisposeacute des tutelles vis-agrave-vis des ldquoasymeacutetries drsquoinformationrdquo (par exemple les normes europeacuteennes en faveur du consommateur) Dans la mecircme optique le lsquoCommittee on Financial Marketrsquo de lrsquoOCDE a reacutecemment proposeacute le ldquoManifeste pour lrsquoeacuteducation des investisseurs et des eacutepargnantsrdquo Toutes les observations preacuteceacutedentes confirment la validiteacute de lrsquoarticle lsquoIl nrsquoy a de saine performance que dans lrsquoeacutequilibrersquo eacutecrit en 1994 par Peter Doyle de lrsquoUniversiteacute de Warwick Dans la rosace agrave la fig2 il montre comme lrsquoentreprise se doit de reacutepondre aux attentes des stakeholders dans le souci de leur eacutevolution et dans un effort drsquoeacutequilibre Les plus reacutecents sondages (par exemple celui de lrsquoEconomist Intelligence Unit 2005 en bas de page) ont porteacute au premier plan des attentes et des sensibiliteacutes plus fortement lieacutees aux thegravemes de la responsabiliteacute sociale qui peuvent modifier la hieacuterarchie des valeurs de reacutefeacuterence des parties prenantes3
3 The Economist ndash Economist Intelligence Unit 2005 ldquoA total of 88 of executives said that CR is a ldquocentralrdquo or ldquoimportantrdquo consideration in decision-making This compares with 54 of executives who said it was a ldquocentralrdquo or ldquoimportantrdquo consideration five years ago The biggest percentage change between now and five years ago was among European executives A total of 46 said CR was ldquocentralrdquo or ldquoimportantrdquo five years ago compared with 84 at the present time In Asia the proportion rose from 49 to 82 and in North America from 66 to 88 The survey of professional investors reveals a sharper trend Eighty-one percent of those surveyed said CR was currently a ldquocentralrdquo or ldquoimportantrdquo consideration in their investment decisions compared with 34 who said it was ldquocentralrdquo or ldquoimportantrdquo five years ago In fact 14 of them said CR was not a consideration at all five years ago Now not a single investor said it was not a considerationrdquo
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Fig 2 Lrsquoeacutequilibre du laquo systegraveme agrave multifinaliteacutes raquo
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Lrsquoeacutequilibre du laquo systegraveme agrave multifinaliteacutes raquo(Le rosace de Peter Doyle ndash Universiteacute de Warwick 1994)
ENTREPRISE
CADRES EMPLOYES
MINORITES
COMMUNAUTE
CREANCIERSACTIONNAIRESCLIENTS
FOURNISSEURS
Pouvoirs publics
SeacutecuriteacuteReacutemuneacuteration
Satisfaction au le travail
ReacutemuneacuterationPrestigePouvoir
ImpocirctsEmplois
Paiements reacuteguliersPeacuterenniteacute de lrsquoactiviteacute
Qualiteacute des produitsService Valeur
DividendesCroissance et
seacutecuriteacute du capital
InteacuterecirctsSeacutecuriteacute du capital
Emploi eacutequitableNon-discrimination
EmploiEnvironnement
Il ne faut pas oublier lrsquoinfluence de la plus reacutecente Theacuteorie Sociale de lrsquoEglise Dans lrsquoEncyclique lsquoCentesimus annusrsquo (1991) le Pape Jean Paul II affirmait que ldquo la valeur sociale drsquoune entreprise ne peut pas ecirctre reacuteduite agrave la seule theacutematique du profit et du bien ecirctrehellip mais doit reconnaicirctre la centraliteacute de lrsquoindividu qui constitue le vrai critegravere de toute rationaliteacute eacuteconomique ou politiquehellip Le deacuteveloppement inteacutegral de la personne humaine ne contredit pas mais plutocirct favorise une plus grande productiviteacute et efficaciteacute du travailhellip Le profit nrsquoest pas lrsquounique finaliteacute de lrsquoentreprise il faut consideacuterer drsquoautres facteurs humains et moraux qui dans une plus longue perspective sont eacutegalement essentiels pour la vie de lrsquoentrepriserdquo Lrsquoeacutevocation de la prioriteacute du travail contenue dans lsquoLaborem exercensrsquo (1981) souligne la penseacutee du Pape Wojtyla ne pas se contenter uniquement de lrsquooptimum eacuteconomique mais aussi rapporter lrsquoefficaciteacute eacuteconomique agrave sa finaliteacute fondamentale le deacuteveloppement de lrsquohomme Une telle approche relationnelle permet agrave lrsquoentreprise de donner un ldquorocirclerdquo et une ldquovaleurrdquo aux multiples sujets (individus autoriteacutes publiques groupes politiques) avec lesquels - directement ou indirectement - elle opegravere ainsi que de les inciter agrave lrsquoaction et aux propositions dans un esprit de responsabiliteacute partageacutee et reacuteciproque
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3 Quelques consideacuterations sur les tendances en Italie Plusieurs experts associations et organisations srsquooccupent en Italie de RSE Parmi les expeacuteriences les plus significatives au niveau de lrsquoeacutelaboration on trouve le projet Q-RES de 2001 conccedilu par Lorenzo Sacconi de lrsquoUniversiteacute de Trento en collaboration avec le Centre for Ethics Law amp Economics de la LIUC de Castellanza qui nrsquoa toutefois pas connu une grande diffusion agrave cause de sa complexiteacute drsquoapplication De telles propositions ont une certaine valeur culturelle de sensibilisation et approfondissement conceptuel de la RSE Dans une logique de marcheacute globaliseacute elles sont limiteacutees par une faible diffusion et de ce fait elles ne sont pas drsquoune particuliegravere utiliteacute aux entreprises engageacutees sur le marcheacute international ldquoLa finaliteacute du projet Q-RES est de promouvoir une vision de lrsquoorganisation baseacutee sur le contrat social avec les stakeholders par la deacutefinition drsquoun nouveau standard certifiable de responsabiliteacute etico-sociale qui sauvegarde la reacuteputation et la fiabiliteacute de lrsquoentreprise A ce propos le Projet Q-RES propose un modegravele pour le systegraveme de gestion des organisations qui adopte un ensemble drsquooutils finaliseacutes agrave la responsabiliteacute eacutethico-sociale de lrsquoentreprise et envisage un standard certifiable pour la gestion du systegraveme Les lignes directrices Q-RES publieacutees par lrsquoorganisme CELE en juillet 2001 preacutesentent un modegravele de gouvernance des relations entreprise-stakeholders baseacute sur un ensemble complet et inteacutegreacute drsquooutils Il y a six outils pour reacutealiser le systegraveme de gestion pour la responsabiliteacute eacutethico-sociale dans le modegravele Q-RES
- VISION ETHIQUE - CODE ETHIQUE - FORMATION ETHIQUE - SYSTEMES DrsquoORGANISATION DE LA REALISATION ET CONTROLE - COMPTE RENDU ETHICO-SOCIAL - VERIFICATION EXTERIEURE
Lrsquoeacuteleacutement novateur du Projet Q-RES reacuteside dans lrsquointeacutegration des outils La fonction dans le meacutecanisme de la reacuteputation justifie la preacutesence de chaque outil qui a la vocation drsquoaccroicirctre la confiance des stakeholders vers lrsquoorganisation Neacuteanmoins aucun des outils nrsquoest suffisant agrave lui seul eacutetant conccedilu comme une partie drsquoun systegraveme doteacute drsquoune logique interne Le modegravele de responsabiliteacute sociale drsquoentreprise deacutecrit dans les lignes directrices Q-RES a eacuteteacute deacuteveloppeacute degraves ses origines en tenant compte de deux caracteacuteristiques fondamentales ecirctre observable et veacuterifiable de lrsquoexteacuterieur Pour opeacuterer dans cette logique on a estimeacute opportun de se reacutefeacuterer aux plus reacutecentes normes sur les systegravemes de gestion (ISO 9000 eacutedition 2000)rdquo (Dalle Linee Guida Q-RES alla norma certificabile per la responsabilitagrave etico-sociale drsquoimpresa) La norme SA8000 suit les mecircmes logiques et constitue un standard international reacutepandu et appliqueacute (voir la recherche citeacutee ldquoMapping instruments for CSRrdquo de la Commission Europeacuteenne) quel sens et quelle utiliteacute peut preacutesenter pour les entreprises confronteacutees agrave des partenaires clients investisseurs agrave niveau planeacutetaire la proposition drsquoun outil ldquoitalienrdquo puisque lrsquoespace europeacuteen mecircme est deacutesormais trop limiteacute On peut deacutevelopper un pareil raisonnement pour les outils italiens du Bilan Social
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La recherche europeacuteenne cite uniquement les standards de compte-rendu GRI et AA1000 les deux eacutetant similaires entre eux comme outils globaux Comme Valeria Fazio a bien souligneacute le systegraveme GBS outil le plus reacutepandu en Italie est eacutegalement tregraves semblable du moins dans son organisation geacuteneacuterale STRUCTURE ET CONTENU DU BILAN SOCIAL GBS 21 IDENTITE DE LrsquoORGANISATION
bull 211 Ameacutenagement de lrsquoinstitution bull 212 Valeurs bull 213 Mission bull 214 Strateacutegies bull 215 Politiques
22 PRODUCTION ET REPARTITION DE LA VALEUR AJOUTEE bull 221 Balancement avec la comptabiliteacute geacuteneacuterale drsquoexercice bull 222 Le tableau de deacutetermination de la Valeur Ajouteacutee bull 223 Le tableau de reacutepartition de la VA parmi les stakeholders
23 RAPPORT SOCIAL bull Sections fondamentales bull 231 Contenus du rapport (objectives etc) bull 232 Identiteacute des parties inteacuteresseacutees - stakeholders bull 233 Politiques vers les stakeholders bull Sections inteacutegratives bull 234 Opinions des stakeholders bull 235 Benchmarks et informations bull 236 Ameacutelioration du budget social (projet)
Est-il donc utile de deacutevelopper un autre systegraveme agrave niveau local Ne serait-il pas mieux de trouver un accord sur des applications raisonneacutees des outils internationaux agrave lrsquoentreprise ou au secteur speacutecifique Confrontons les preacutemisses au systegraveme italien du GBS avec celles du GRI ldquoLa collectiviteacute exprime de plus en plus intenseacutement des besoins et des attentes qui influencent la croissance de lrsquoentreprise le concept de deacuteveloppement et de durabiliteacute Le consensus et la leacutegitimation sociale permettent par ailleurs agrave lrsquoentreprise drsquoaugmenter ses profits et drsquoecirctre favoriseacutee dans la compeacutetition pour les marcheacutes La conscience grandissante du rocircle des entreprises dans le secteur social vient accroicirctre lrsquointeacuterecirct pour la theacuteorie et la pratique de la communication sociale Quelques deacutecennies auparavant on consideacuterait suffisant de communiquer exclusivement les donneacutees relatives au cours eacuteconomique et financier de la geacutestionrdquo (Bilan Social du GBS) ldquoLa GRI (Global Reporting Initiative) reconnaicirct que le deacuteveloppement du cadre de reacutefeacuterence global pour le reporting est un projet de longue haleine Par exemple le reporting financier a vu le jour il y a plus drsquoun demi siegravecle et pourtant il est encore en eacutevolution Les lignes directrices de 2002 reflegravetent le point de vue du Conseil de Direction du GRI sur le reportiong agrave un moment donneacute ce qui repreacutesente un choix dans un eacuteventail drsquoalternatives possiblesrdquo (GRI - Lignes Directrices sur le Reporting de Durabiliteacute 2002) Le rapport de
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lrsquoEconomist Intelligence Unit 2005 sur la RSE souligne lrsquoimportante diffusion et les nombreuses adheacutesions au systegraveme GRI4 Srsquoil est vrai que ldquotoute socieacuteteacute reconnaicirct des valeurs et des finaliteacutes diffeacuterentes qursquoon ne peut pas reconduire agrave un systegraveme uniquerdquo (Max Weber) la RSE tout comme lrsquoeacutethique doit tenir compte des speacutecificiteacutes du lieu et du moment historique ougrave elle est appliqueacutee 5 La reacuteflexion doit par conseacutequent se porter sur lrsquoopportuniteacute drsquoutiliser des langages et des outils communs pour confronter des reacutealiteacutees lointaines mais soudainement rapprocheacutees par lrsquoeacutevolution de plus en plus rapide des marcheacutes le choix drsquooutils non standardiseacutes entraicircnerait lrsquoobligation de modifier ou de re-calibrer les outils avec une perte de temps et de compeacutetitiviteacute irreacuteparable Le super-manager Carlos Ghosn redresseur de Nissan et agrave partir de Mai 2005 responsable de Renault et Nissan a eacutecrit agrave ses employeacutes ldquoNotre eacutepoque a un label qui srsquoimpose aux entreprises et aux nations le deacutepassement des frontiegraveres Lrsquoentreprise doit opeacuterer agrave eacutechelle planeacutetaire - srsquoappuyant sur des collaborateur issus de multiples cultures - et profite de la disparition de ses propres barriegraveres Creacuteatrice de valeur ouverte agrave la diversiteacute culturelle et transversale dans son organisation telle est ma vision de lrsquoentreprise performante du 21egraveme siegraveclerdquo Quant agrave la position de ceux qui considegraverent speacutecifique de la RSE seulement ldquoce qui deacutepasse les obligations preacutevues par les loisrdquo (reacuteglementation eacutetatique contraignante opposeacutee agrave engagement volontaire) il suffit drsquoobserver que - vu la complexiteacute et lrsquoapplication dans tout secteur des normes (nationales et internationales) - une telle distinction apparaicirct surtout en Europe inutile et limitative Les consideacuterations contenues dans le rapport de la World Bank de 2002 apparaissent bien approprieacutees les lsquobest practicesrsquo peuvent dans plusieures situations se transformer en normes leacutegales et la RSE peut de toute maniegravere ecirctre utile agrave une plus efficace observation des normes existantes6 Ce qui dans la RSE peut vraiment aller au delagrave des lois est alors un systegraveme volontaire de management de la conformiteacute (tant aux lois qursquoaux best practices qursquoaux exigences des parties prenantes) Aux moyens de communication des et pour les stakeholders au controcircle des fournisseurs etc correspond le troisiegraveme ndash et plus haut ndash des trois degreacutes de la responsabiliteacute morale
bull 1 le respect des droits bull 2 la sensibiliteacute agrave la speacutecificiteacute des individus titulaires des droits bull 3 la prise en charge avec empathie des besoins et des droits des parties prenantes
4 ldquoMore than 10000 individuals and 3000 listed companies have helped to develop the standards of the Global Reporting Initiative (GRI) an organisation based in Amsterdam trying to create a single global measure for CR performance Among its corporate clients implementing GRI standards are Bayer Canon Deutsche Bank General Motors Heineken and Shellrdquo 5 ldquohellipdonner une reacuteponse aux deacutefis du monde actuel tout en respectant lrsquoidentiteacute et les traditions des socieacuteteacutes milleacutenairesrdquo ndash L Planas Ambassadeur drsquoEspagne au Maroc 6 ldquohellip considering only those initiatives that provide incentives for business to go ldquobeyond compliancerdquo would fail to take account of the dynamic linkages between voluntary approaches and regulation and the potential for voluntary initiatives of various kinds to crystallize over time into mandatory minimum standards Neither doeshellipthe rigid ldquovoluntary versus regulatoryrdquo make sense in the context of developing countryrdquo
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4 Une proposition de scheacutema de certification inteacutegreacute le BEST4 Lrsquointernationalisation et la rapide eacutevolution des marcheacutes lrsquoaffirmation grandissante de la mondialisation et la concurrence des pays agrave bas niveau de salaires poussent un nombre de plus en plus important drsquoorganisations de pays deacuteveloppeacutes agrave rechercher des outils nouveaux pour affronter la confrontation internationale drsquoune faccedilon compeacutetitive Les derniegraveres eacutevolutions des marcheacutes tendent agrave seacutelectionner et exclure les entreprises qui opegraverent aux marges des regravegles et des principes universalement reconnus comme basiques dans la culture juridique et sociale La demande du marcheacute porte agrave reconsideacuterer les caracteacuteristiques intrinsegraveques des produits au-delagrave du concept de la qualiteacute immeacutediatement perceptible On precircte une plus grande attention agrave lrsquoengagement de lrsquoentreprise agrave opeacuterer selon les principes de la responsabiliteacute sociale Par conseacutequent lrsquointeacuterecirct est porteacute sur les eacuteleacutements qualitatifs relieacutes aux modaliteacutes de production aux garanties de seacutecuriteacute agrave la provenance du bien ou des services agrave lrsquoimage de lrsquoentreprise et agrave sa capaciteacute de produire deacuteveloppement eacuteconomique durable agrave la sauvegarde de la santeacute et de la seacutecuriteacute des travailleurs De nos jours la compeacutetitiviteacute - vue comme la capaciteacute de produire du profit dans lrsquoimmeacutediat mais aussi dans le moyen et long terme - implique une approche orienteacutee vers une philosophie de preacutevention ainsi que vers des capaciteacutes de controcircle et gestion de multiples variables tregraves fortement relieacutees entre elles Pour rendre creacutedible et reconnaissable lrsquoengagement des organisations agrave ameacuteliorer ce genre de prestations la socieacuteteacute RINA du groupe ldquoRegistro Italiano Navalerdquo a eacutelaboreacute le scheacutema de certification BEST4 (acronyme de Business Excellence Sustainable Task) Il srsquoagit drsquoun systegraveme inteacutegreacute de gestion qui reacuteunit dans un unique processus de certification les quatre standards ISO 90012000 (qualiteacute) ISO 140012004 et EMAS (environnement) OHSAS 180011999 (seacutecuriteacute) et SA80002001 (eacutethique) On peut pourtant le consideacuterer un veacuteritable scheacutema pour la gestion des variables essentielles pour la compeacutetitiviteacute sur les marcheacutes (fig3) Les tendences des marcheacutes ont progressivement porteacute agrave lrsquoeacutelaboration de standards volontaires mais auditables qui visent agrave la gestion correcte des variables mentionneacutees selon des modegraveles internationaux et garantissent les eacutechanges eacuteconomiques entre les entreprises de secteurs et pays diffeacuterents La proceacutedure de certification preacutevue pour obtenir le BEST4 est baseacutee sur une veacuterification inteacutegreacutee effectueacutee par un unique groupe drsquoeacutevaluation Il veacuterifie la correcte application des normes ISO 9001 ISO 14001 OHSAS 18001 et SA 8000 et reacutedige ensuite un unique rapport drsquoaudit vis agrave vis drsquoun systegraveme de gestion inteacutegreacute Une telle approche permet agrave lrsquoentreprise de concentrer toute lrsquoactiviteacute de deveacuteloppement du systegraveme et drsquoaudit en une seule fois au lieu de la reacutepeacuteter pour chaque norme Elle permet eacutegalement de mieux planifier les activiteacutes drsquoameacutelioration drsquoentraicircnement et de communication et de reacuteduire ce qui nrsquoest pas neacutegligeable les coucircts de consultation et de certification gracircce agrave une gestion plus efficace des temps drsquoeacutetude formalisation et audit Une vision drsquoentreprise qui considegravere fondamentales les probleacutematiques relatives agrave la qualiteacute (ISO 9001) agrave lrsquoenvironnement (ISO14001) agrave la santeacuteseacutecuriteacute (OHSAS 18001) et agrave la responsabiliteacute sociale agrave lrsquoeacutegard des travailleurs (SA8000) aboutit agrave lrsquoexigence de reacutealiser un systegraveme de gestion inteacutegreacute pour geacuterer au mieux ces variables Des nombreuses organisations reacutealisent deacutejagrave des Systegravemes de Gestion qui integravegrent deux scheacutemas de certification Par exemple la mise en place de Systegravemes de Gestion Inteacutegreacutes Qualiteacute-Environnement de plus en plus reacutepandue ne comporte aucun problegraveme particulier On trouve de mecircme des exemples drsquointeacutegration de trois Systegravemes de Gestion On nrsquoavait jamais essayeacute de reacuteunir quatre scheacutemas
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Fig 3 Inteacutegration des Systegravemes de Gestion des certifications
Clientes Fournisseurs Sous-traitants ISO 9001
Travailleurs Fournisseurs Sous-traitants SA 8000
Scheacutema inteacutegreacute de gestion de la RSE - Parties prenantes
Communauteacute Environnement ISO 14001
Travailleurs Sous-traitants OHSAS 18001
Les analyses effectueacutees montrent que les quatre scheacutemas de certifications mentionneacutes concernant les Systegravemes de Gestion des Organisations ne contiennent aucun eacutelement ou principe en opposition Mieux encore ils preacutesentent plusieurs caracteacuteristiques communes comme par exemple la structure de base du Systegraveme de Gestion la recherche de lrsquoameacutelioration continue par lrsquoutilisation du modegravele cyclique PDCA (Plan Do Check Act) et la proceacutedure de reacuteexamen moyen irremplaccedilable de collecte drsquoinformations La norme ISO 9001 analyse speacutecifiquement la compatibiliteacute du Systegraveme de Gestion Qualiteacute avec drsquoautres systegravemes de gestion soit comme extension du Systegraveme de Gestion de la Qualiteacute vers drsquoautres systegravemes soit agrave lrsquoinverse drsquoautres systegravemes vers celui de la Qualiteacute Un tel principe geacuteneacuteral sur la compatibiliteacute entre systegravemes de gestion et Systegraveme de Gestion de la Qualiteacute eacutenonceacute dans la norme ISO 9001 est valable eacutegalement dans les rapport reacuteciproques entre les autres normes analyseacutees Notamment la norme ISO 9001 ldquoa eacuteteacute aligneacutee sur la norme ISO 140011996 pour accroicirctre la compatibiliteacute entre les deux normes au beacuteneacutefice des utilisateursrdquo Le standard OHSAS 180011999 preacutesente une structure tregraves similaire agrave celle de la norme ISO 140011996 en ce qui concerne la succession des paragraphes On en deacuteduit lrsquointention de lrsquoorganisme anglais concepteur de simplifier la compreacutehension et lrsquoapplication de la norme par une compatibiliteacute accrue avec la norme environnementale En ce qui concerne la norme SA8000 on repegravere de nombreux eacuteleacutements communs avec les normes ISO La structure de base de toutes les normes est la mecircme Toutes deacuteveloppent leur sujet speacutecifique mais les aspects gestionnels correspondants se reacutefegraverent toujours au modegravele cyclique (PDCA) dans le souci drsquoameacuteliorer continuellement les prestations et lrsquoefficaciteacute des organisations
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Les diffeacuterences qursquoon a pu remarquer ne sont certainement pas un indice de logiques inconciliables Les normes apparaissent similaires agrave certains eacutegards et compleacutementaires par drsquoautres Des consideacuterations preacuteceacutedentes on deacuteduit la possibiliteacute reacuteelle de reacutealiser un Systegraveme de Gestion Inteacutegreacute des quatre standards caracteacuteriseacute par une documentation unitaire et par un seul processus drsquoaudit De plus gracircce agrave un certain niveau de compleacutementariteacute on peut reacuteunir les normes dans un seul scheacutema de reacutefeacuterence qui integravegre les aspects de qualiteacute environnement santeacuteseacutecuriteacute et responsabiliteacute sociale La reacutealisation drsquoun Systegraveme de Gestion Inteacutegreacute peut devenir extrecircmement simplifieacutee par rapport agrave celle des Systegravemes consideacutereacutes un par un Lrsquoorganisation peut arriver agrave assembler des proceacutedures produire une documentation plus leacutegegravere et deacuteceler drsquoeacuteventuelles synergies entre les theacutematiques et les proceacutedeacutes Des audits inteacutegreacutes donneront lieu agrave des eacuteconomies financiegraveres et agrave une reacuteduction non neacutegligeable des temps de reacutealisation et drsquoeacutevaluation Par exemple les correacutelations entre ldquoMesurages analyses et ameacuteliorationsrdquosont preacutesenteacutees dans le tableau suivant ISO 9001 ISO 14001 OHSAS
18001 SA8000 ELEacuteMENTS CONCcedilERNANTS
81 451 451 - Meacutethodologies de veacuterification 821 - - (913) Monitorage satisfaction des clients 822 454 454 92 Veacuterification de conformiteacute du Syst
Gestion 823 451 451 95d
912 - 913
Monitorage des activiteacutes et des reacutesultats
824 - - - Monitorageeacutevaluation des produits 83 ndash 852
(447) - 452
(447) - 452 910 - 911
Non conformiteacutes ndash Mesures rectificatives
853 - - 911 Mesures correctives 84 (451) (451) (914) Analyse des donneacutes 851 (434) (434) 92 Ameacutelioration continue
La theacutematique centrale pour tout Systegraveme de Gestion est preacutesente dans les quatre normes mais seules les normes ISO 9001 ISO 14001 et le standard OHSAS 18001 se rapportent avec preacutecision agrave des proceacutedeacutes et meacutethodologies de veacuterification preacuteeacutetablies Lrsquoorganisation inteacutegreacutee de lrsquoaudit donne lieu ainsi agrave un croisement synergique en faveur de la quatriegraveme norme En lrsquoabsence de probleacutematiques speacutecifiques qui excluent le deacuteveloppement drsquoun Systegraveme inteacutegreacute dans un organisation la certification effectueacutee par un Organisme tiers ne preacutesente aucun problegraveme Au contraire elle beacuteneacuteficie des avantages de lrsquointeacutegration mecircme si elle demande de toute eacutevidence une attention particuliegravere agrave la composition du team des auditeurs et au planning des audits
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5 Un exemple reacuteel le scheacutema BEST4 de laquo Costa Crociere SpA raquo Afin de certifier le Systegraveme de Gestion Inteacutegreacutee (SGI) Qualiteacute Environnement Seacutecuriteacute et Responsabiliteacute Sociale lrsquoOrganisme de certification RINA SpA a eacutelaboreacute le scheacutema BEST4 (Business Excellence Sustainable Task) Le BEST4 reacuteunit dans un seul processus de certification un SGI deacuteveloppeacute par lrsquoorganisation qui se rapporte aux standards ISO 9001 ISO 14001 SA8000 et au standard technique OHSAS 18001 Les premiers exemples de certification selon un tel scheacutema ont eacuteteacute proposeacutes par les organisations Costa Crociere SpA (Italie) et Air Sahara (Inde) La socieacuteteacute de navigation italienne a eacuteteacute notamment la premiegravere agrave niveau planeacutetaire agrave obtenir par le RINA - pour la Direction Geacuteneacuterale les Agences preacutesentes sur le territoire national et les navires de proprieacuteteacute - une telle reconnaissance dans le but ldquoProjet et reacutealisation de vacances en croisiegravere - Gestion des navires de proprieacuteteacuterdquo
Fig 4 Logo de certification BEST4
Lrsquoaudit de Costa Crociere a eacuteteacute planifieacute pour consideacuterer en une seule fois les facteurs communs aux quatre normes relatives aux Systegravemes de Gestion (SdG) dans ce but le Groupe de Veacuterification Inspective (GVI) a analyseacute les correacutelations entre les processus drsquoentreprise de Costa Crociere et les normes de reacutefeacuterence Le premier examen inteacutegreacute des documents date de mars 2004 la visite preacuteliminaire a eacuteteacute effectueacutee dans le but drsquoexaminer la correspondance entre les documents envoyeacutes par lrsquoOrganisation et la reacutealiteacute du travail dans les sites auditeacutes (la Direction un entrepocirct deux navires en navigation) Pendant lrsquoaudit tout comme preacuteceacutedemment on a eacutevalueacute un site par typologie drsquoactiviteacute en y ajoutant le Contact Center et deux Agences Dans les deux cas mentionneacutes le GVI a reacutedigeacute pour chaque scheacutema de certification un rapport distinct drsquoaudit puisque lrsquoanalyse des rapports drsquoaudit est effectueacutee par des diffeacuterents Comiteacutes Techniques de Certification et leurs deacutecisions sont ratifieacutees trimestriellement par le Comiteacute de Certification de RINA La visite de certification a eacuteteacute notamment effectueacutee par un team composeacute de six auditeurs caracteacuteriseacutes par des compeacutetences et responsabiliteacutes speacutecifiques (par ex expert naval expert en Droit du travail) ainsi que par une interdisciplinariteacute de haut niveau Tableau des Compeacutetences individuelles des auditeurs RINA
ISO 9001 ISO 14001 OHSAS 18001 SA8000
Auditeur A X X Auditeur B X X X X Auditeur C (expert naval) X X X X Auditeur D X X Auditeur E (expert en Droit) X Auditeur F X X X X
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Pour chaque scheacutema de certification on a obtenu le nombre de jours par homme neacutecessaires aux veacuterifications sur la base du nombre des employeacutes de lrsquoorganisation Mecircme srsquoil srsquoagissait drsquoune veacuterification inteacutegreacutee effectueacutee par des auditeurs qualifieacutes pour plusieurs scheacutemas on nrsquoa pas consideacutereacute opportun de reacuteduire les temps drsquoaudit vu le manque drsquoexpeacuterience dans le secteur et la situation de cas pilote Au cours de lrsquoaudit on a analyseacute la structure lrsquoarticulation les connaissances du personnel et le niveau de deacuteveloppement du SGI Le GVI a veacuterifieacute que la mise en train et la reacutealisation du SGI eacutetaient en mesure de garantir tant le respect des obligations de lois que lrsquoameacutelioration continue des prestations En particulier on a veacuterifieacute le rocircle du repreacutesentant du personnel et son niveau de notorieacuteteacute aupregraves des travailleurs ainsi que lrsquoactiviteacute de formation agrave lrsquointeacuterieur de lrsquoorganisation On a veacuterifieacute avec une particuliegravere attention que
- une formation adeacutequate eacutetait proposeacutee agrave tous les niveaux de lrsquoorganisation - la disponibiliteacute de ressources humaines eacutetait suffisante et que le personnel eacutetait
qualifieacute par rapport aux tacircches relieacutees agrave la gestion de lrsquoenvironnement - toute la structure de lrsquoentreprise selon les diffeacuterentes responsabiliteacutes et
compeacutetences eacutetait impliqueacutee dans la reacutealisation des buts de seacutecuriteacute
Sujet drsquoaudit a eacuteteacute eacutegalement la correcte application de la proceacutedure qui concerne les activiteacutes de controcircle des documents (eacutemission veacuterification acceptation distribution archivage et reacutevision de la proceacutedure par lrsquoexamen de la documentation distribueacutee dans les divers secteurs de lrsquoentreprise) A cet eacutegard le Manuel inteacutegreacute a eacuteteacute structureacute en 11 paragraphes les 8 premiers suivent le scheacutema de la norme ISO 9001 et contiennent la description deacutetailleacutee des proceacutedures deacuteveloppeacutees au sujet du respect des exigences de la norme ISO 9001 et de celles communes aux autres normes le paragraphe 9 considegravere les caracteacuteristiques speacutecifiques du SdG Environnemental le paragraphe 10 celles du SdG de la Santeacute et Seacutecuriteacute au travail et le paragraphe 11 celles de la Responsabiliteacute Sociale Les exigences relatives aux documents ISO 14001 et OHSAS 18001 (qui ont la mecircme structure et succession des paragraphes) traiteacutees dans les paragraphes 9 et 10 du manuel concernent lrsquoidentification des aspects environnementauxde seacutecuriteacute les prescriptions leacutegales le controcircle opeacuterationnel la preacuteparation et la reacuteponse aux urgences lrsquoeacutevaluation des prestations Les exigences particuliegraveres de Responsabiliteacute Sociale au paragraphe 11 concernent les points de la norme SA 8000 1 (travail des enfants) 2 (travail forceacute) 4 (liberteacute drsquoassociation) 5 (discrimination) 6 (pratiques disciplinaires) 7 (temps de travai) 8 (reacutemuneacuteration) Le point 3 (hygiegravene et seacutecuriteacute) selon la logique qui a inspireacute le Manuel a eacuteteacute inteacutegreacute dans le paragraphe 10 et le point 9 (systegraveme de management) est contenu dans les paragraphes 1-8 La Politique de Costa Crociere a eacuteteacute deacutecrite en deacutetail dans deux documents speacutecifiques reacutedigeacutes par lrsquo organisation ldquoPolitique inteacutegreacutee Qualiteacute Environnement et Seacutecuriteacute de Costa Crociere SpArdquo et ldquoPolitique de Responsabiliteacute Sociale de Costa Crociere SpArdquo La certification drsquoun Systegraveme de Gestion Inteacutegreacute par un organisme tiers selon le scheacutema BEST4 a concregravetement mis en eacutevidence les avantages drsquoun audit inteacutegreacute en termes drsquooptimisation des ressources et de maximalisation de lrsquoefficaciteacute opeacuterationnelle Lrsquoexpeacuterience acquise par les techniciens RINA en conduisant les audits ldquopiloterdquo a confirmeacute drsquoun point de vue theacuteorique la possibiliteacute - voire la convenance - drsquoeffectuer des audits inteacutegreacutes
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Le maintien de lrsquoexcellence gestionnelle garanti par le processus continu drsquoeacutevaluation inteacutegreacutee et la capaciteacute accrue de lrsquoorganisme certifieacute de se rapporter au contexte socio-environnemental assurent une plus grande transparence vers les parties prenantes inteacuterieures et exteacuterieures
Fig 5 laquo Together for excellence raquo
On pourrait souligner pour finir que Costa Crociere SpA (Groupe Carnival) a clocirctureacute son Bilan 2004 par un chiffre drsquoaffaires en croissance de 35 et un beacuteneacutefice brut accru de 90 laquo Srsquoil est vrai que la mission principale drsquoune entreprise reste la creacuteation de richesse alors ce but doit ecirctre atteint en consideacuterant les nouvelles sensibiliteacutes de notre socieacuteteacutehellip Chez nous la certification est une responsabiliteacute et un engagement agrave faire de mieux en mieux raquo (PL Foschi AD COSTA CROCIERE) Conclusion Rares sont en Italie les managers qui ne participent pas au grand inteacuterecirct susciteacute par la RSE en geacuteneacuteral il srsquoagit de gens qui la confondent avec - ou la limitent agrave - lrsquoideacutee de bienfaisance drsquoinitiatives culturelles ou humanitaires Des nos jours en revanche personne ne se rappelle agrave propos de la RSE des entreprises agrave participation drsquoEtat et du concept drsquoassistance qui pouvait autrefois caracteacuteriser certains aspects de leur gestion Par contre dans drsquoautres pays comme par exemple la Chine les experts sont soucieux que la diffusion de la RSE sur leur marcheacute ne puisse reproduire le manque drsquoefficaciteacute typique des entreprises agrave gestion eacutetatique La Responsabiliteacute sociale est de toute faccedilon perccedilue en Italie comme une force positive pour lrsquoefficaciteacute des organisations Il apparaicirct deacutesormais clair qursquoen Occident dans le monde anglo-saxon en particulier les ideacutees de la RSE ont modifieacute le concept mecircme de gestion drsquoentreprise Le deacutebat acharneacute sur les conseacutequences drsquoun tel pheacutenomegravene suite agrave lrsquoarticle lsquoThe good companyrsquo paru en janvier 2005 dans lrsquohebdomadaire lsquoThe Economistrsquo a mis en eacutevidence une reacutealiteacute incontestable la victoire totale de lrsquoideacuteologie de la RSE En conseacutequence de nos jours aucune entreprise ne peut se permettre de lrsquoignorer ou de ne pas mettre en place une quelconque initiative dans ce domaine Ceci est drsquoailleurs largement confirmeacute par le sondage deacutejagrave citeacute de lrsquoEconomist Intelligence Unit Il y a toujours un risque qursquoune adheacutesion formelle ou de commoditeacute aux concepts de la RSE puisse se reacuteduire uniquement agrave des deacuteclarations vides ou agrave des initiatives de promotion commerciale Il devient de ce fait neacutecessaire que les stakeholders - agrave tout niveau et dans le monde entier - puissent controcircler en utilisant des audits tierce partie et des certifications baseacutees sur les standards internationaux le contenu reacuteel des documents et des projets reacutealiseacutes par les entreprises selon le thegraveme de la RSE
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Traduit de lrsquoItalien par A Gorziglia Deacutepocirct leacutegal AIDP Trib Gecircnes 042005 BIBLIOGRAPHIE
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EVALUATION ET DEVELOPPEMENT DU CAPITAL HUMAIN UN ENJEU CLE POUR LrsquoAUDIT SOCIAL Alexandre GUILLARD Directeurs de Projets Direction de lOrganisation ndash CNP Assurances Josse ROUSSEL Maicirctre de Confeacuterences en Sciences de Gestion ndash Universiteacute de Paris 8
Reacutesumeacute Lrsquoaudit social en tant que champ de recherche et pratique professionnelle a tout inteacuterecirct agrave recourir agrave une analyse en terme de capital humain La premiegravere partie de cet article a pour objectif de mettre en eacutevidence dans quelle mesure la notion de capital humain est indispensable agrave lrsquoaudit social Une application au cas des eacutequipes de direction est mise en avant dans la seconde partie Abstract Social auditing both as a research topic and a business field has a vested interest to resort to a human capital based analysis The first part of this article sets the goal to demonstrate how the concept of human capital is of paramount importance for social auditing The case for human capital in top management teams is put forward in the second part Introduction Si lrsquoon entend lrsquoaudit comme un processus conduisant un expert auditeur interne ou externe agrave eacutemettre un diagnostic servant de base agrave lrsquoidentification de solutions drsquoameacutelioration ainsi qursquoau deacuteploiement de recommandations lrsquoaudit social a tout agrave gagner de la prise en compte du capital humain Certes cette notion dont la formulation peut ecirctre consideacutereacutee comme choquante est encore trop meacuteconnue et trop peu utiliseacutee dans les pratiques de lrsquoaudit social Pourtant les travaux portant sur le capital humain sont susceptibles drsquooffrir agrave lrsquoaudit social non seulement un grille de lecture pertinente mais eacutegalement des outils de diagnostic agrave mecircme de renouveler et drsquoenrichir la pratique de cette discipline En effet un audit du capital humain de la firme permet drsquoune part drsquoen faire une eacutevaluation et drsquoautre part drsquoidentifier les modaliteacutes permettant de deacutevelopper celui-ci A ce titre raisonner en terme de capital humain permet drsquoenvisager tant son deacuteveloppement que sa deacutepreacuteciation Cet article a pour objectif de montrer dans quelle mesure le capital humain se situe au cœur des probleacutematiques de lrsquoaudit social La valorisation du capital humain est deacuteveloppeacutee au sein de la premiegravere partie Nous insistons notamment sur les outils de mesure du capital humain ainsi que sur le pheacutenomegravene de sa deacutepreacuteciation La seconde partie porte sur lrsquoeacutevaluation du capital humain des eacutequipes de direction dans le cadre des due diligence meneacutees par les fonds drsquoinvestissement et les opeacuterations de fusion ndash acquisition Nous montrons ici que lrsquointeacuterecirct et les limites du concept pour ce cas drsquoapplication
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1 Le capital humain deacutefinition meacutethodes drsquoeacutevaluation et valorisation
11 Lrsquoaudit du capital humain
111 Le capital humain deacutefinitions et enjeux Le capital humain lrsquoapproche eacuteconomiste Le concept de capital humain a eacuteteacute faccedilonneacute par les travaux drsquoeacuteconomistes fondateurs agrave lrsquoinstar de Shultz (1961) et Becker (1975) Lrsquoideacutee seacuteminale de ses recherches consistait agrave srsquointerroger sur le rendement drsquoun investissement en eacuteducation pour un individu donneacute Afin drsquoeacutevaluer le retour sur investissement de lrsquoeacuteducation les eacuteconomistes ont tout drsquoabord tenteacute de cerner le coucirct affeacuterent agrave lrsquoinvestissement en formation Il correspond de maniegravere simplifieacutee agrave la somme des frais de scolariteacute ou de formation et du coucirct drsquoopportuniteacute lieacute agrave cette activiteacute (reacutemuneacuterations sur le marcheacute du travail auxquelles lrsquoapprenant renonce en srsquoengageant dans une formation) Le beacuteneacutefice attendu quant agrave lui se mesure par le surcroicirct de reacutemuneacuteration que lrsquoapprenant peut obtenir sur le marcheacute du travail tout au long de sa vie active Ainsi en investissant dans les eacutetudes et la formation les individus augmentent leur laquo capital humain raquo en lrsquooccurrence leurs aptitudes et connaissances ce qui leur permet drsquooccuper des emplois plus reacutemuneacuterateurs Le point de vue adopteacute est celui de lrsquoindividu et non de la firme Le capital humain lrsquoapproche gestionnaire Lrsquoapproche gestionnaire du capital humain srsquoinscrit dans le courant de recherche mettant lrsquoaccent sur les ressources et compeacutetences comme sources de compeacutetitiviteacute de la firme (Resource-based view of the firm) Cette approche considegravere qursquoune firme doteacutee de ressources de qualiteacute et rares est susceptible de beacuteneacuteficier drsquoun avantage concurrentiel sur ses rivales donnant lieu agrave des performances financiegraveres supeacuterieures (Barney 1991 Conner 1991 Peteraf 1993 Wernefelt 1984) De nombreux constats empiriques lui donnent de la creacutedibiliteacute puisqursquoils mettent en eacutevidence que les diffeacuterences de performance entre les firmes au sein drsquoune industrie sont plus significatives que les diffeacuterences entre les secteurs (Rumelt 1991) Ces eacutecarts de rentabiliteacute entre les entreprises drsquoun mecircme secteur srsquoexpliquent par des dotations diffeacuterentes en ressources et notamment en ressources immateacuterielles Celles-ci agrave lrsquoinstar du capital humain sont essentielles agrave lrsquoavantage concurrentiel (Bounfour 1998) et articuleacutees aux notions de compeacutetence et de performance organisationnelle Degraves lors les gestionnaires srsquoefforcent drsquoidentifier comment la firme peut construire et deacutevelopper des compeacutetences et des routines organisationnelles performantes Le capital humain joue un rocircle fondamental dans la mesure ougrave drsquoune part il correspond aux connaissances que les collaborateurs de lrsquoentreprise mettent agrave sa disposition et drsquoautre part il permet de deacutevelopper et drsquoameacuteliorer les compeacutetences et les proceacutedures notamment par innovation Les ressources humaines disposent drsquoun stock de connaissances qursquoelles peuvent augmenter (formation) et qursquoelles peuvent utiliser pour creacuteer de nouvelles connaissances (innovation) que celles-ci correspondent agrave des proceacutedures de gestion des brevets industriels ou des compeacutetences manageacuteriales Puisque le capital humain joue un rocircle majeur dans la construction de lrsquoavantage concurrentiel il convient non seulement de le geacuterer mais eacutegalement drsquoidentifier les facteurs qui ont un impact sur ce capital Lrsquoorganisation les choix strateacutegiques et le style de management ont un impact significatif sur le capital humain (Nekka 1999) Lrsquoapproche
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gestionnaire srsquointerroge degraves lors leacutegitimement sur le contexte organisationnel le plus favorable au deacuteveloppement du capital humain lrsquoinfluence des choix strateacutegiques sur ce dernier ou encore lrsquoimportance des styles de direction sur lrsquoaccumulation ou la deacutepreacuteciation de ce capital Capital humain et proprieacuteteacute Lrsquoun des enjeux les plus importants que soulegraveve le concept de capital humain est celui de son appropriation En effet contrairement aux ressources tangibles et agrave certaines ressources intangibles (marques brevets) le capital humain nrsquoest pas appropriable par la firme En effet seuls les individus sont proprieacutetaires de leur capital humain Le marcheacute du travail leur permet de louer ce capital humain aux entreprises moyennant le versement drsquoune reacutemuneacuteration Drsquoun point de vue gestionnaire il srsquoagira pour la firme de seacutecuriser autant que faire se peut lrsquoaccegraves et le controcircle du capital humain notamment lorsque celui-ci revecirct une valeur importante dans la mesure ougrave ce dernier est comme nous lrsquoavons montreacute source de profitabiliteacute En effet tout collaborateur drsquoune firme est susceptible drsquooffrir ses services agrave une autre socieacuteteacute pour lui faire beacuteneacuteficier de son capital humain Dans ce cas la premiegravere firme se fait laquo exproprier raquo du capital humain drsquoun de ses collaborateurs alors mecircme qursquoelle avait certainement investi en formation afin de preacuteciseacutement renforcer le capital humain de ce collaborateur Or le caractegravere plus ou moins appropriable du capital humain deacutepend de sa nature Crsquoest pourquoi il apparaicirct opportun agrave ce stade de lrsquoanalyse drsquoidentifier les deacutefinitions du capital humain et drsquoen dresser une typologie Typologie du capital humain Si le capital humain se deacutefinit au niveau drsquoune entreprise par les connaissances maicirctriseacutees par un individu force est de constater qursquoil recouvre des cateacutegories revecirctant des enjeux diffeacuterents pour les firmes en terme de controcircle Il est en effet possible de dresser une typologie du capital humain qui distingue les cateacutegories suivantes capital humain geacuteneacuteral capital humain speacutecifique agrave la firme capital humain speacutecifique agrave une tacircche (Gibbons et Waldman 2004 Hatch et Dyer 2004) Le capital humain geacuteneacuteral correspond agrave des connaissances qui ne sont ni speacutecifiques agrave une entreprise en particulier ni agrave une fonction ou une tacircche singuliegravere au sein drsquoune entreprise Il srsquoagit de connaissances et de compeacutetences geacuteneacuteriques (discernement capaciteacutes drsquoanalyse intelligence des situations) essentiellement accumuleacutees par les expeacuteriences professionnelles et lrsquoeacuteducation Le capital humain speacutecifique agrave la tacircche srsquoaccumule essentiellement par des formations professionnelles et au moyen de lrsquoexpeacuterience professionnelle Il correspond agrave des compeacutetences qui sont speacutecifiques agrave un poste de travail comme assistant de direction auditeur financier ougrave risk-manager Quant au capital humain speacutecifique agrave la firme il correspond agrave des compeacutetences et des connaissances maicirctriseacutees par un salarieacute sur la base drsquoun corpus de connaissances et de connaissances collectives (capital organisationnel) speacutecifique agrave une entreprise donneacutee Le capital humain speacutecifique agrave la firme octroie agrave un collaborateur des capaciteacutes directement lieacutees aux besoins speacutecifiques drsquoune entreprise particuliegravere Ainsi si un individu doteacute drsquoun capital humain speacutecifique agrave la firme quitte lrsquoentreprise au sein de laquelle il a deacuteveloppeacute lrsquoessentiel de son capital humain pour une autre socieacuteteacute une grande partie de ce dernier ne sera pas utiliseacute
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(les attentes et les besoins de la nouvelle entreprise sont diffeacuterents de la preacuteceacutedente) (Gibbons et Waldman 2004) En conseacutequence ce type de capital humain puisqursquoil se deacutepreacutecie en laquo sortant raquo de la firme ayant rendu possible sa creacuteation est moins inteacuteressant pour drsquoautres entreprises Crsquoest la raison pour laquelle il est plus aiseacute agrave controcircler pour lrsquoentreprise au sein de laquelle il srsquoest deacuteveloppeacute En revanche le capital humain geacuteneacuteral et le capital humain speacutecifique agrave la tacircche sont facilement laquo expropriables raquo dans la mesure ougrave ils ont presque autant de valeur pour la firme au sein de laquelle les collaborateurs louent ce type de capital que pour drsquoautres entreprises Quoi qursquoil en soit quel que soit le type de capital humain envisageacute lrsquoeacutevaluation de ce dernier demeure un problegraveme eacutepineux Degraves lors il srsquoagit drsquoidentifier les diffeacuterentes meacutethodologies drsquoeacutevaluation du capital humain
112 La mesure et la valorisation du capital humain dans une perspective gestionnaire
Le capital humain comme nous lrsquoavons montreacute est un des deacuteterminants de la performance de lrsquoentreprise Degraves lors au delagrave de sa gestion se pose la question de la valorisation du capital humain En effet comme tout capital le capital humain neacutecessite drsquoecirctre eacutevalueacute et ce pour deux raisons En premier lieu il srsquoagit de mesurer la valeur de ce capital au cours du temps et drsquoen deacuteduire srsquoil srsquoest bonifieacute ou au contraire deacutepreacutecieacute En second lieu puisque le capital humain est lrsquoun des actifs essentiels de nombre drsquoentreprises des services son eacutevaluation est rendue indispensable dans le cadre notamment drsquoopeacuterations de fusion acquisition Ainsi trois meacutethodes drsquoeacutevaluation peuvent ecirctre utiliseacutees pour valoriser le capital humain (Samier 1999) mesurer le niveau de savoir acquis utiliseacute ou deacutepreacutecieacute eacutevaluer le montant de lrsquoinvestissement complet dans cette ressource immateacuterielle et eacutevaluer la rentabiliteacute de cet investissement La premiegravere meacutethode a pour objectif drsquoeacutevaluer le stock de capital humain agrave partir des connaissances En regard il est tenu compte du niveau de formation des collaborateurs de la mesure des qualifications des collaborateurs par des tests et des entretiens et lrsquoappreacuteciation de la valeur du capital humain sur le marcheacute du travail (niveau de reacutemuneacuteration) Sur ce dernier point il convient de noter que les reacutemuneacuterations perccedilues sur le marcheacute du travail ne reflegravetent qursquoimparfaitement la valeur du capital humain En effet le marcheacute du travail est reacuteglementeacute (conventions collectives salaire minimum) de sorte que le salaire ne reflegravete qursquoimparfaitement la productiviteacute du travail Par ailleurs en reprenant la typologie du capital humain preacutesenteacutee si lorsque le capital humain est speacutecifique agrave la tacircche il est leacutegitime de consideacuterer que sa valeur est correctement refleacuteteacutee dans les niveaux de salaire il en va tout autrement lorsque le capital est speacutecifique agrave la firme1 La seconde meacutethode srsquoeacutevertue agrave eacutevaluer lrsquoinvestissement complet en capital humain en distinguant notamment les coucircts de remplacement des ressources humaines (Pyle 1970 Flamholtz 1972 1985) les coucircts drsquoutilisation des ressources humaines (Spencer 1986) et les coucircts sociaux globaux associeacutes aux ressources humaines (Martory 1980 1982 Savall et Zardet 1989) 1 Lorsque le capital est speacutecifique agrave la firme ce dernier nrsquoest pas valoriseacute par un grand nombre de firmes (une seule srsquoil est totalement speacutecifique) sur le marcheacute du travail agrave la diffeacuterence du capital humain speacutecifique agrave la tacircche
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Enfin lrsquoeacutevaluation de la rentabiliteacute de lrsquoinvestissement en capital humain srsquoappuie sur la valeur des services rendus par le capital humain drsquoun individu crsquoest-agrave-dire par le prix que diffeacuterents services de la firme sont precircts agrave payer pour beacuteneacuteficier de ce service (Samier 1999)
113 La deacutepreacuteciation du capital humain Si les outils de mesure et drsquoeacutevaluation du capital humain ne sont pas homogegravenes il nrsquoen demeure pas moins qursquoils sont unanimes pour nous faire prendre conscience des risques de deacutepreacuteciation de ce capital drsquoun genre particulier Lrsquoun des inteacuterecircts de lrsquoutilisation du terme de laquo capital raquo est preacuteciseacutement de faire porter notre attention sur la variabiliteacute de sa valeur au cours du temps En investissant dans la formation il est possible drsquoaugmenter le capital humain des collaborateurs Dans ce cas il y a une hausse de la valeur de ce capital Cependant le capital humain des collaborateurs de la firme peut eacutegalement se deacutepreacutecier au cours du temps Quels sont donc les facteurs de la deacutepreacuteciation du capital humain Pour reacutepondre agrave cette question nous pouvons nous appuyer sur les travaux de certains eacuteconomistes qui ont exploreacute cette theacutematique (Hollenbeck 1990 Nauze-Fichet et Tomanisini 2002 Chassard et Passet 2005) La perte drsquoemploi lorsqursquoelle se traduit par une peacuteriode drsquoinactiviteacute importante est un des facteurs cleacute de la deacutepreacuteciation du capital humain Ainsi Hollenbeck (1990) met en eacutevidence que les salarieacutes qui retrouvent un emploi apregraves une peacuteriode de chocircmage perccediloivent une reacutemuneacuteration infeacuterieure agrave celle obtenue avant la perte drsquoemploi La deacutecote est drsquoautant plus importante que la peacuteriode drsquoinactiviteacute est longue et le niveau de formation faible Ce chercheur mesure la deacutepreacuteciation du capital humain par la baisse du salaire perccedilu par le salarieacute Cette hypothegravese fondamentale est sujette agrave caution dans la mesure ougrave le marcheacute du travail ne reflegravete qursquoimparfaitement la valeur du capital humain drsquoune part parce qursquoil est reacuteglementeacute (salaire minimum conventions collectives etc) et drsquoautre part parce que le capital humain speacutecifique agrave la firme agrave la diffeacuterence du capital humain geacuteneacuterique ou speacutecifique agrave la tacircche est tregraves difficile agrave eacutevaluer par le biais du marcheacute du travail Ce dernier est beaucoup plus adapteacute pour eacutevaluer un capital humain qui se rapproche en quelque sorte drsquoun bien de type laquo commodity raquo Lrsquoinsuffisance drsquoinvestissement en formation est un autre facteur de la deacutepreacuteciation du capital humain A ce titre lrsquoeacutevolution du comportement des entreprises notamment des plus grandes drsquoentre elles est assez inquieacutetante En effet la deacutepense de formation continue des entreprises de plus de 2000 salarieacutes a diminueacute drsquoun point de 1994 agrave 2002 passant de 5 de la masse salariale agrave 4 (Chassard et Passet 2005) Les grandes firmes sont davantage preacuteoccupeacutees par la chasse et la fideacutelisation des compeacutetences rares ndash capital humain de haut niveau ndash que par la formation drsquoune main-drsquoœuvre faiblement qualifieacutee Ainsi les grandes entreprises estiment que lrsquoargent qui pourrait ecirctre investi dans la formation des moins qualifieacutes est mieux utiliseacute sous la forme de reacutemuneacuterations plus eacuteleveacutees pour les salarieacutes doteacutes drsquoun capital humain de haut niveau Ce faisant les plus grandes firmes contribuent de maniegravere progressive agrave deacutepreacutecier le stock de capital humain des collaborateurs les moins bien formeacutes Enfin lrsquoinadeacutequation entre les qualifications (diplocircme expeacuterience etc) et lrsquoemploi occupeacute que lrsquoon peut qualifier de surqualification est une source importante de deacutepreacuteciation des compeacutetences et du capital humain (Chassard et Passet 2005 Nauze-Fichet et Tomasini 2002) Ce pheacutenomegravene de surqualification est estimeacute repreacutesenter entre 10 et 30 des emplois
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(Nauze-Fichet et Tomasini 2002) La deacutepreacuteciation du capital humain reacutesultant de ce pheacutenomegravene de surqualification est peu analyseacutee notamment dans le monde de lrsquoentreprise Lrsquoun des objectifs de lrsquoaudit social pourrait ecirctre de proceacuteder agrave une analyse aussi fine que possible au niveau de lrsquoentreprise de ce type de deacutepreacuteciation du capital humain et drsquoidentifier les outils permettant drsquoy remeacutedier (recrutement reacutemuneacuteration etc) Plus geacuteneacuteralement lrsquoanalyse et lrsquoeacutevaluation de la deacutepreacuteciation du capital humain devraient ecirctre un objectif majeur de lrsquoaudit social et ce pour au moins deux raisons Drsquoune part la deacutepreacuteciation du capital humain notamment lorsqursquoelle est neacutegligeacutee est une source de difficulteacutes et de dysfonctionnements pour lrsquoentreprise Dans une eacuteconomie reposant de plus en plus sur lrsquoimmateacuteriel le deacuteveloppement du capital humain est un enjeu essentiel pour les firmes Un capital humain qui se deacutepreacutecie reacuteduit sa capaciteacute agrave contribuer agrave la creacuteation de richesse de lrsquoentreprise Drsquoautre part ce pheacutenomegravene est particuliegraverement neacutefaste pour les collaborateurs de la firme dans la mesure ougrave cette deacutepreacuteciation de leur capital humain est synonyme de reacutemuneacuterations plus faibles et drsquoun risque de chocircmage plus important
Illustration six eacuteleacutements pour un tableau de bord eacutevaluant le risque de deacutepreacuteciation du capital humain
1 Identifier les salarieacutes en situation de deacuteclassement (salarieacutes dont les revenus sont infeacuterieurs agrave la moyenne des salaires perccedilus par des salarieacutes du mecircme secteur drsquoun niveau de formation eacutequivalent)
2 Identifier les salarieacutes les moins bien formeacutes (formation initiale
faible formations professionnelles insuffisantes)
3 Identifier les salarieacutes nrsquoayant pas beacuteneacuteficieacute drsquoune formation depuis une longue peacuteriode (24 mois)
4 Identifier les salarieacutes doteacutes drsquoun capital humain
essentiellement de type speacutecifique agrave la tacircche (une gestion de carriegravere impliquant un changement important de tacircche est susceptible de deacutepreacutecier le capital humain du collaborateur)
5 Evaluer le laquo human capital gap raquo dans les proceacutedures de
promotion et identifier les formations correctives
6 Proceacuteder agrave un benchmarking des reacutemuneacuterations en comparant de maniegravere reacuteguliegravere les reacutemuneacuterations perccedilues au sein de lrsquoentreprise agrave celles des firmes du mecircme secteur (si lrsquoeacutecart est en faveur des autres firmes cela augmente le risque de deacutepart des collaborateurs ndash eacuteviction de capital humain-)
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12 Les leviers drsquoaction pour geacuterer et deacutevelopper le capital humain Le deacuteveloppement du capital humain speacutecifique agrave la firme devient de plus en plus un objectif prioritaire pour la plupart des entreprises Pour de nombreux chercheurs (Stewart 1997 Foray 2006) la monteacutee en puissance de lrsquoeacuteconomie de lrsquoinformation et de la connaissance signifie que le processus de creacuteation de richesse au sein des firmes repose davantage sur les connaissances que sur les actifs physiques Le capital humain est appeleacute agrave jouer un rocircle de plus en plus crucial comme source de lrsquoavantage concurrentiel Plus preacuteciseacutement si lrsquoon reprend la typologie du capital humain identifieacutee preacuteceacutedemment le capital humain speacutecifique agrave la firme est le contributeur cleacute de lrsquoavantage concurrentiel (Hatch amp Dyer 2004) Or lrsquoinvestissement dans ce type de capital humain pose de reacuteelles difficulteacutes de gouvernance entre les salarieacutes et les proprieacutetaires de la firme (Robinson Wilson Zhang 2002) Le capital humain speacutecifique agrave la firme accumuleacute par les collaborateurs de lrsquoentreprise (connaissances lieacutees agrave des proceacutedeacutes et ou des eacutequipements speacutecifiques agrave une firme en particulier) nrsquoa que tregraves peu de valeur dans une autre firme En conseacutequence si les collaborateurs ne sont pas inciteacutes agrave investir dans le deacuteveloppement de ce type de capital humain ils renacirccleront agrave deacutevelopper des connaissances speacutecifiques agrave la firme et preacutefeacutereront des connaissances geacuteneacuteriques ou lieacutees agrave une expertise professionnelle clairement deacutelimiteacutee afin de deacutevelopper un capital humain geacuteneacuterique et ou speacutecifique agrave la tacircche puisque ces derniers ne perdent pas de valeur en laquo sortant raquo de la firme au sein de laquelle il ont eacuteteacute accumuleacutes Les firmes capables de mettre en place un systegraveme drsquoincitation agrave mecircme de favoriser le deacuteveloppement du capital speacutecifique agrave la firme seront mieux armeacutees pour construire un avantage concurrentiel durable Par ailleurs les firmes investissent eacutegalement dans lrsquoaccumulation de capital humain speacutecifique agrave la firme ne serait-ce que parce que ce type de capital humain est le plus souvent lieacute agrave des meacutethodes ou des eacutequipements eux-mecircmes speacutecifiques Degraves lors il faut former les collaborateurs agrave ces meacutethodes et agrave lrsquoutilisation de ces eacutequipements Partant de cette premiegravere impulsion les salarieacutes pourront investir dans le deacuteveloppement de connaissances lieacutees agrave ces meacutethodes et ces eacutequipements Cependant du point de vue de lrsquoentreprise il est essentiel de proteacuteger les investissements reacutealiseacutes dans lrsquoaccumulation du capital humain speacutecifique agrave la firme en fideacutelisant les salarieacutes codeacutetenteurs de ces connaissances speacutecifiques Degraves lors il srsquoagit de mettre en place un systegraveme drsquoincitations qui drsquoune part permettent agrave la firme de proteacuteger les investissements qursquoelle reacutealise dans le deacuteveloppement du capital humain speacutecifique agrave la firme et drsquoautre part encouragent les salarieacutes agrave eacutegalement investir dans le deacuteveloppement du capital humain speacutecifique agrave la firme La participation des salarieacutes au capital de lrsquoentreprise (employee ownership) est une solution inteacuteressante pour Robinson Wilson et Zhang (2002) Ils montrent agrave partir drsquoune recherche reacutealiseacutee sur 600 entreprises britanniques que celles doteacutees des stocks de capital humain et physique les plus speacutecifiques privileacutegiaient une participation des salarieacutes au capital de lrsquoentreprise Le salaire sert en quelque sorte agrave reacutemuneacuterer le capital humain geacuteneacuterique et speacutecifique agrave la tacircche des collaborateurs alors que la participation au capital de lrsquoentreprise permet de laquo reacutemuneacuterer raquo la fraction speacutecifique agrave la firme du capital humain
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13 Valorisation du capital humain controcircle et gouvernement drsquoentreprise Si comme nous venons de le montrer les investissements en capital humain speacutecifique agrave la firme neacutecessitent la mise en place de regravegles de gouvernance particuliegraveres entre les proprieacutetaires et les collaborateurs de lrsquoentreprise il convient de relever que de maniegravere plus geacuteneacuterale le concept de capital humain est susceptible de remettre en question la leacutegitimiteacute des seuls deacutetenteurs de capital pour gouverner lrsquoentreprise En drsquoautres termes la prise en compte du capital humain renouvelle la conception classique du gouvernement drsquoentreprise2 Crsquoest un enjeu important pour lrsquoaudit social et ce pour une raison essentielle la notion drsquoaudit est intimement lieacutee agrave la notion de controcircle Or le gouvernement drsquoentreprise pose le problegraveme de la leacutegitimiteacute du controcircle agrave quelle partie prenante lrsquoexercice du controcircle peut-elle leacutegitiment revenir En insistant sur les relations au travail et sur les femmes et les hommes qui collaborent agrave la firme lrsquoaudit social met lrsquoaccent sur la dimension humaine de lrsquoentreprise La prise en compte du capital humain amegravene agrave reconsideacuterer le rocircle en termes de gouvernement drsquoentreprise des principaux proprieacutetaires de ce capital En effet jusqursquoalors lrsquoessentiel de la reacuteflexion en terme de gouvernement drsquoentreprise se focalisait sur les regravegles et proceacutedures permettant aux proprieacutetaires des actifs financiers drsquoexercer le controcircle qui leur revenait leacutegitimement Ainsi la prise en compte de la notion de capital humain remet en question le poids quasi exclusif accordeacute aux actionnaires dans lrsquoexercice du controcircle en mettant en avant une autre cateacutegorie de proprieacutetaires les proprieacutetaires du capital humain crsquoest-agrave-dire les collaborateurs de lrsquoentreprise En effet selon Rajan et Zingales (1998) lrsquoentreprise est une collection de ressources essentielles partageacutees de talents drsquoideacutees et de connaissances agrave laquelle toutes les personnes ont accegraves dans la mesure ougrave elles possegravedent et deacuteveloppent le capital humain La firme est ainsi un nœud drsquoinvestissement speacutecifique et notamment en capital humain Plus les collaborateurs de la firme ont un capital humain eacuteleveacute ndash cadres dirigeants par exemple - plus ils peuvent controcircler lrsquoaccegraves aux ressources critiques de lrsquoentreprise les valoriser mais aussi se les approprier pour augmenter leur capital humain Les deacutetenteurs du capital humain ont une influence deacutecisive sur la capaciteacute de la firme agrave creacuteer de la richesse et ce faisant sur la valeur mecircme de lrsquoentreprise Ces derniers par leur maicirctrise des ressources cleacutes de la firme (capital humain notamment) et leur influence sur la valeur de la firme disposent drsquoun reacuteel pouvoir Celui-ci peut venir compleacuteter voire srsquoopposer au pouvoir des proprieacutetaires des actifs financiers comme le montre Blair (2000) Lrsquoaudit social en srsquoappuyant davantage sur le concept de capital humain est ameneacute agrave jouer un rocircle de premier plan sur le pouvoir qui revient leacutegitimement aux collaborateurs de la firme dans le cadre du gouvernement drsquoentreprise
2 Le concept de gouvernement drsquoentreprise est intrinsegravequement lieacute aux problegravemes drsquoasymeacutetrie drsquoinformation et de limites du capital humain (par exemple capaciteacutes limiteacutees dans tel ou tel champ drsquoexpertise neacutecessitant une deacuteleacutegation agrave un tiers)
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2 Evaluation de la valeur du capital humain et due diligence de lrsquoeacutequipe dirigeante Nous venons de voir en quoi le capital humain pouvait offrir un cadre conceptuel dont il est inteacuteressant de poursuivre les travaux de formalisation dans le but drsquoaboutir un jour agrave un laquo reacutefeacuterentiel raquo solide qui pourrait ecirctre reconnu agrave la fois par les financiers les gestionnaires et le marcheacute3 Nous souhaitons maintenant examiner un cas drsquoapplication instructif pour tester lrsquointeacuterecirct du concept de capital humain celui de lrsquoeacutequipe de direction dans le contexte drsquoune due diligence4 Mentionnons qursquoil nest pas question ici de traiter du sujet de lrsquoeacutevaluation des cadres dirigeants en geacuteneacuteral sujet qui meacuteriterait un deacuteveloppement en soi
21 Lrsquoeacutequipe dirigeante un eacutechantillon privileacutegieacute pour proceacuteder agrave une premiegravere mesure du capital humain dune entreprise
Comme nous avons eu lrsquooccasion de le souligner ailleurs5 la due diligence capital humain nous semble une voie particuliegraverement pertinente agrave explorer pour le renouvellement des approches tant en audit social qursquoen matiegravere drsquoeacutevaluation drsquoentreprise Lrsquoune des premiegraveres dimensions qui va ecirctre appreacutehendeacutee dans le cadre de la due diligence est celle de lrsquoeacutevaluation de lrsquoeacutequipe dirigeante Il nrsquoy a lagrave qursquoun simple effet de planning puisque drsquoautres dimensions RH seront eacutegalement prises en consideacuteration par la suite Lrsquoeacutequipe dirigeante repreacutesente en effet un veacuteritable laquo eacutechantillon raquo reacuteveacutelant dans une certaine mesure la valeur du capital humain et organisationnel de lrsquoentreprise Comme lrsquoont montreacute de nombreux travaux issus de la theacuteorie des organisations et du management lrsquoidentification des forces et faiblesses du top management de leurs pathologies pour reprendre le vocabulaire de Ket de Vries (1984 2000) est en effet un puissant reacuteveacutelateur des deacutefauts et problegravemes de lrsquoorganisation Des auteurs comme Ulrich (1997) dans une logique de deacuteveloppement de tableaux de bord du capital humain (laquo HR balanced scorecard raquo) ou Fitz-Enz et Bontis (2002) se sont attacheacutes agrave montrer qursquoil y avait des liens de causaliteacute aveacutereacutes entre le management des dirigeants (leadership management) comme composante de la performance du capital humain et les reacutesultats eacuteconomiques et financiers de lrsquoentreprise Crsquoest pourquoi dans une perspective drsquoacquisition on considegravere que cette eacutevaluation de lrsquoeacutequipe dirigeante peut donner une premiegravere ideacutee mecircme sommaire de la valeur du capital humain et des risques qursquoil comporte On sait en effet que la deacutefaillance des eacutequipes dirigeantes et plus largement la gouvernance de lrsquoentreprise constituent un des signes preacutecurseurs de crise plus profonde qui peut entraicircner jusqursquoagrave la disparition de lrsquoentreprise comme lrsquoa montreacute le fameux cas drsquoEnron Il convient toutefois de tempeacuterer cet argument dans la mesure ougrave comme lrsquoa montreacute une eacutetude reacutecente (LSE ndash McKinsey 2005) le rocircle du management et de lrsquoeacutequipe dirigeante restent difficiles agrave isoler par rapport agrave drsquoautres facteurs Pire on peut constater que des entreprises respectables maintiennent des performances satisfaisantes malgreacute un piegravetre management Il reste que pour les cas que nous deacutecrivons ndash celui des acquisitions ndash la qualiteacute et le rocircle de lrsquoeacutequipe dirigeante revecirctent une importance qursquoil est difficile de contester
3 Nous faisons eacutecho indirectement agrave la probleacutematique du deacuteveloppement de la notation sociale et socieacutetale dans le cadre de la progression de lrsquoinvestissement socialement responsable 4 La due diligence est lrsquoaudit drsquoeacutevaluation de la valeur drsquoune entreprise auquel procegravede lrsquoacheteur le vendeur ou lrsquointermeacutediaire avant la signature drsquoun premier accord drsquoengagement (binding agreement) 5 7egraveme Universiteacute de Printemps de lrsquoAudit Social Mai 2005
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22 Le deacuteveloppement des pratiques de due diligence capital humain au sein des fonds drsquoinvestissement
Lrsquoimportance de lrsquointeacutegration du capital humain dans le due diligence a eacuteteacute particuliegraverement bien comprise par les fonds drsquoinvestissement dans leur approche drsquoeacutevaluation ces derniegraveres anneacutees Crsquoest particuliegraverement le cas pour les opeacuterations de LBO qui requiegraverent un travail de partenariat tregraves pousseacute avec la cible Un des premiers eacuteleacutements qui va ecirctre observeacute porte preacuteciseacutement sur la valeur individuelle et collective de lrsquoeacutequipe dirigeante de la cible Cela va conditionner drsquoune part la qualiteacute du partenariat qui doit srsquoinstaurer entre les deux parties et drsquoautre part lrsquoeacuteleacutement moteur pour reacutealiser les gains de synergies Cette tendance nrsquoest pas le fait drsquoune brusque prise de conscience de lrsquointeacuterecirct de la valeur des hommes ou de la dimension humaine dans le management mecircme si certains fonds y precirctent une reacuteelle attention en terme de strateacutegie drsquoinvestissement6 Elle est le fruit de lrsquoeacutevolution des marcheacutes notamment celui des LBO on constate en effet que la rareacutefaction des bonnes affaires les laquo peacutepites raquo comme disent les investisseurs rend de plus en en plus difficile lrsquoatteinte automatique et assureacutee des gains qui caracteacuterisaient les opeacuterations drsquoil y a quelques anneacutees Autrement dit il ne suffit plus de mener une opeacuteration dans une optique purement financiegravere pour atteindre les reacutesultats escompteacutes Sans intervenir directement dans la gestion ce qursquoil ne peut pas faire du fait des regravegles de gouvernance le fonds doit ecirctre de plus en plus en mesure drsquoactionner des leviers de creacuteation de valeur multiples pour reacutealiser les rendements de 15 et attirer de ce fait les capitaux neacutecessaires Crsquoest ainsi que lrsquoidentification des synergies et des moyens de les reacutealiser devient un point crucial qui va deacuteterminer lrsquoopportuniteacute de lrsquoopeacuteration Ainsi la qualiteacute de lrsquoeacutequipe dirigeante tant individuelle que collective va constituer un des points de controcircle essentiels On pourrait dire que la capaciteacute du fonds et de ses partenaires ndash les banquiers notamment ndash agrave eacutevaluer et mobiliser une eacutequipe compeacutetente fait deacutesormais partie inteacutegrante de son meacutetier et de ses savoir-faire7 Certes il fera appel dans la plupart des cas agrave des intervenants exteacuterieurs (cabinet de strateacutegie chasseur de tecircte hellip) Mais au final il devra faire montre drsquoun talent particulier pour attirer recruter puis retenir les personnaliteacutes ayant le profil adeacutequat et constituer des eacutequipes de direction performantes crsquoest-agrave-dire soudeacutees et capables de srsquoadapter rapidement et posseacutedant un sens aigu du reacutesultat Crsquoest par ses choix influents en matiegravere de capital humain que le fonds va atteindre voire mecircme deacutepasser les reacutesultats viseacutes par le business plan
23 Les enjeux de lrsquoeacutevaluation de lrsquoeacutequipe dirigeante dans le cas des fusions acquisitions
Lrsquointeacuterecirct pour le capital humain concerne eacutegalement les due diligence meneacutees preacutealablement agrave une opeacuteration de fusion acquisition En deacutepit de lattention croissante porteacutee agrave la composition des eacutequipes8 lors de ce type drsquoopeacuteration notamment celle qui va composer le nouvel ensemble on constate encore de nombreux eacutechecs en la matiegravere comme en teacutemoigne le cas reacutecent drsquoHP-Compacq avec leacuteviction de Carly Fiorina et drsquoune partie de son eacutequipe Apregraves avoir eacutecarteacute son rival celle-ci a fini par subir agrave son tour le mecircme sort parce qursquoincapable de deacutelivrer les synergies promises au marcheacute On peut se demander si le marcheacute na finalement
6 On pense ici en particulier aux fonds drsquoinvestissement dit eacutethiques dont un des critegraveres porte preacuteciseacutement sur le management et la gestion responsables des ressources humaines Mais plus largement des fonds de retraite comme Calpers se sont eacutegalement rallier agrave ces regravegles 7 Lrsquoattention et le temps consacreacutes par le fonds agrave lrsquoeacutequipe de direction dans les trois premiers mois sont releveacutes comme eacutetant lrsquoun des facteurs clefs de succegraves selon une eacutetude de McKinsey 8 Voir parmi les tregraves nombreux ouvrages sur ce thegraveme ceux de Howon (2003) de Lajoux (2000)
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pas manqueacute de clairvoyance sur la valeur attribueacutee agrave leacutequipe et agrave son leader pourtant jugeacutes au deacutepart adeacutequats Pour rendre compte de ce paradoxe il faut toutefois deacutepasser les explications simplistes du poids omnipreacutesent de la dimension politique et des effets neacutefastes des luttes de pouvoir dans ces phases cruciales mecircme si elles peuvent avoir eacutevidemment une incidence On peut en effet repeacuterer dans de nombreux cas des meacutecanismes susciteacutes par des biais cognitifs et qui conduisent les acteurs de lrsquoeacutevaluation agrave choisir une mauvaise solution On peut identifier trois types de cas concernant lrsquoeacutevaluation de lrsquoeacutequipe dirigeante
Drsquoune part lrsquoeacutevaluation de leacutequipe cible peut ecirctre conduite improprement faute de temps ou de meacutethodes Une erreur classique (Barabel Meier 2002) est de croire que lrsquooptimum en terme de cible consiste agrave prendre ou assembler les meilleurs des profils de dirigeants des deux entreprises pour constituer une eacutequipe optimale On privileacutegie ici une approche surtout laquo individuelle raquo qui ne tient pas compte de la compatibiliteacute et de la valeur globale de lrsquoeacutequipe en regard du contexte strateacutegique et de lrsquoenvironnement Pour prendre une image bien connue il ne suffit pas de recruter les meilleurs joueurs de football pour constituer une grande eacutequipe Ensuite mecircme lorsque lrsquoeacutevaluation a eacuteteacute meneacutee proprement il y a une autre difficulteacute qui complique lrsquoexercice de constitution drsquoeacutequipe lrsquoeacutevaluation traque la valeur avant que le processus drsquointeacutegration ait deacutemarreacute (Capron 2005) Or on sait que la peacuteriode drsquointeacutegration - les fameux 100 jours qui srsquoeacutecoulent apregraves lrsquoaccord deacutefinitif - va avoir une influence capitale sur la reacutealisation ou non de la valeur de lrsquoeacutequipe tant individuellement que collectivement Mecircme tregraves bien preacutepareacutee lrsquoeacutequipe va devoir faire face agrave beaucoup drsquoincertitudes avec un degreacute drsquoanxieacuteteacute tregraves eacuteleveacute agrave tous les niveaux Or lagrave aussi du fait drsquoune confiance excessive dans les capaciteacutes des dirigeants agrave faire face agrave cette peacuteriode drsquointense changement la tendance forte est de sous-estimer lrsquoinfluence neacutegative que peut exercer ce type de contexte sur la valeur de lrsquoeacutequipe Cela nous amegravene au troisiegraveme point certainement le plus important comme tout collaborateur mais avec un degreacute suppleacutementaire la valeur du cadre dirigeant et les compeacutetences qui lrsquoincarnent reposent sur des eacuteleacutements autant contextuels qursquointrinsegraveques Cela renvoie agrave la distinction que nous avons deacuteveloppeacutee concernant le capital humain geacuteneacuteral capital humain speacutecifique agrave la firme capital humain speacutecifique agrave une tacircche (Gibbons et Waldman 2004 Hatch et Dyer 2004) Dans notre cas plongeacute dans un nouveau contexte marqueacute par un haut degreacute drsquoincertitude il est important drsquointeacutegrer la possibiliteacute que le laquo rendement de lrsquoactif raquo pour parler comme les financiers ou la reacutealisation de la valeur au mecircme titre que tout investissement puisse srsquoaveacuterer tregraves meacutediocre alors qursquoelle eacutetait laquo sur le papier raquo excellente laquo La performance passeacutee ne preacutejuge pas de la performance future raquo peut-on lire agrave propos drsquoinvestissement boursier Cet avertissement srsquoapplique aussi dans une certaine mesure agrave la performance de lrsquoeacutequipe dirigeante mecircme srsquoil existe un niveau de preacutedictibiliteacute la performance le laquo rendement raquo de la nouvelle eacutequipe ne peut ecirctre envisageacutee qursquoau travers de sceacutenarios insistant notamment sur lrsquoaspect contextuel Crsquoest drsquoailleurs pourquoi il est si important drsquointervenir en amont sur le systegraveme drsquoincitation et drsquointeraction via des laquo incentives raquo par exemple qui encouragent et reacutecompensent la coopeacuteration et qui constituent un des points clef pour entretenir la confiance et le capital relationnel de lrsquoeacutequipe
Linteacuterecirct du concept de capital humain va ecirctre donc doffrir un cadre conceptuel pour rendre compte de ce pheacutenomegravene de laquo deacutepreacuteciation raquo sous estimeacutee et mal anticipeacutee par les marcheacutes pour les opeacuterations de fusion - acquisition Mais il va revecirctir un enjeu tout aussi important en peacuteriode normale dans le domaine de lrsquoestimation des risques de deacutefaillance des cadres
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dirigeants On peut trouver au moins deux types drsquoapplication qui srsquoen font lrsquoeacutecho le deacuteveloppement ces derniegraveres anneacutees des assurances homme cleacutes et la geacuteneacuteralisation des plans de continuiteacute Lrsquoassurance des hommes cleacutes recouvre une cateacutegorie drsquoassurances encore souvent meacuteconnues qui a pour but preacuteciseacutement de couvrir des risques lieacutes agrave la disparition ou lrsquoinvaliditeacute de dirigeants ou de collaborateurs qui ont une contribution majeure pour le chiffre drsquoaffaires de lrsquoentreprise (commerciaux experts hellip) Mecircme si on ne traite pas de la deacutefaillance de compeacutetences on peut dire qursquoil y a lagrave une approche laquo implicite raquo qui valorise et chiffre le laquo capital humain raquo que repreacutesentent les dirigeants et hommes cleacutes pour la valeur de lrsquoentreprise et de son impact sur la valeur de lrsquoentreprise via des risques identifieacutes et provisionneacutes Le deacuteveloppement des plans de continuiteacute participe du mecircme esprit qui est de faire face agrave un risque opeacuterationnel lors du renouvellement du management Le marcheacute drsquoailleurs ne srsquoy trompe pas puisque le remplacement mal preacutepareacute et mal anticipeacute drsquoun dirigeant clef sa succession et ou la disparition soudaine drsquoun homme clef non couvert peuvent directement impacter le cours de bourse Reste cependant que ces approches demeurent geacuteneacuterales et tregraves macroscopiques et ne traitent pas la question de la mesure la valeur de lrsquoeacutequipe
24 La question de la mesure de la valeur de lrsquoeacutequipe dirigeante dans les due diligence boite agrave outils multiples plutocirct que modegravele de valorisation unique
Le problegraveme de mesure se trouve aujourdrsquohui poseacute avec beaucoup drsquoacuiteacute au travers des eacutevolutions qursquoimposent les lois Sarbanes-Oxley et Seacutecuriteacute Financiegravere en matiegravere de controcircle interne et de gouvernance drsquoentreprises Un des volets est preacuteciseacutement de deacutevelopper des eacutevaluations systeacutematiques et formaliseacutees des conseils drsquoadministration et des administrateurs dans une optique qui sera de plus en plus normative Sans ecirctre strictement assimilable cette deacutemarche soulegraveve un problegraveme identique agrave celui rencontreacute dans le cas des due diligence la question de savoir jusqursquoougrave il est possible drsquoeacutevaluer lrsquoeacutequipe dirigeante sa valeur et les risques associeacutes agrave chacun de ses membres et jusqursquoougrave peut-on objectiver lrsquoanalyse en recourant au concept de capital humain Nous allons faire une revue sommaire des approches disponibles
241 Les approches quantitatives de mesure drsquoinvestissement en capital humain Une premiegravere approche consiste agrave consideacuterer la valeur des membres de lrsquoeacutequipe dirigeante en se basant sur le coucirct drsquoinvestissement en ressources en partant des eacuteleacutements de comptabiliteacute dont on peut disposer Nous avons montreacute qursquoil y a plusieurs maniegraveres de mesurer le capital humain susceptibles de srsquoappliquer au cas des cadres dirigeants
le coucirct historique des ressources en particulier de lrsquoensemble des charges attacheacutees agrave un cadre dirigeant en terme de reacutemuneacuteration drsquoavantages en nature de fonds de retraite de dispositifs de sortie hellip Deux problegravemes se posent geacuteneacuteralement au cas des due diligence sur le plan pratique drsquoune part lrsquoaccegraves en data room aux informations neacutecessaires pour reconstituer lrsquoensemble des eacuteleacutements de coucirct notamment les coucircts cacheacutes drsquoautre part la question du niveau laquo drsquoamortissement raquo pourrait-on dire et qui va influencer de maniegravere sensible la valeur de la deacutecision drsquoinvestissement Il y a aussi le coucirct de remplacement qui est la meacutethode la plus usiteacutee et qui consiste agrave eacutevaluer le coucirct pour remplacer le dirigeant en se basant sur des reacutefeacuterences de marcheacute et qui recoupe les meacutethodes drsquoeacutevaluation des risques citeacutees plus haut La limite de cette approche tient au fait qursquoil faut y inclure des coucircts associeacutes lieacutes au capital organisationnel et relationnel difficile agrave estimer (coucirct drsquoapprentissage coucirct de deacuteveloppement des compeacutetences hellip)
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Une derniegravere meacutethode a pour but de deacutepasser le cadre comptable classique pour lui preacutefeacuterer une approche plus eacuteconomique qui consiste agrave eacutevaluer la valeur actualiseacutee attacheacutee agrave lrsquoinvestissement dans une eacutequipe de direction en prenant en compte les revenus nets les coucircts de recrutement et de formation ainsi que les reacutemuneacuterations perccedilues sur la dureacutee estimeacutee de lrsquoexercice des fonctions du dirigeant sur la base de statistiques et le taux de valorisation
Cette troisiegraveme approche a le meacuterite de promouvoir une approche actualiseacutee de la valeur mais elle comporte la mecircme limite que les deux autres qui est drsquoeacutevaluer la valeur dans une optique strictement de flux financiers Elle peut ecirctre opeacuterante dans une due diligence mais elle est loin drsquoecirctre suffisante pour cerner la laquo valeur raquo complegravete de lrsquoeacutequipe notamment en regard de critegraveres de performance
Il faudra eacutelargir le spectre et srsquointeacuteresser agrave des indicateurs clefs plus lieacutes agrave la performance de lrsquoentreprise et que lrsquoon peut extraire de la comptabiliteacute comme le ROI les revenus par tecircte La difficulteacute sera drsquoidentifier et de relier clairement les contributions et responsabiliteacutes de lrsquoeacutequipe et de voir en quoi consiste la correacutelation entre lrsquoaction de lrsquoeacutequipe et la performance globale de lrsquoorganisation Cette analyse est difficile agrave mener compte tenu du timing serreacute
242 Les approches qualitatives par la performance Il convient donc de passer par des approches plus qualitatives empiriques et pragmatiques autour de la performance de lrsquoeacutequipe dirigeante stricto sensu elles consistent agrave mener une eacutevaluation en regard de certains reacutefeacuterentiels qui tient compte de lrsquoenvironnement strateacutegique et drsquoaffaire dans lequel vont eacutevoluer les cadres dirigeants9 Le principe de la meacutethode est simple et bien connu il consiste agrave eacutevaluer et agrave coter le profil des dirigeants et celui de lrsquoeacutequipe par rapport aux meilleures pratiques (Ulrich 1997 voir eacutegalement un exemple chez un chasseur de tecircte Korn Ferry International 2004) et de mesurer leur position sur la courbe de deacuteveloppement La GRH dispose en effet maintenant suffisamment drsquoeacuteleacutements de reacutefeacuterentiels solides pour deacutecrire les compeacutetences drsquoun dirigeant dans un contexte donneacute et les adaptations neacutecessaires en lrsquooccurrence ici agrave lrsquooccasion drsquoune opeacuteration de fusion-acquisition De mecircme des travaux ont deacutecrit les principes drsquoune eacutequipe dirigeante performante dans une optique drsquoeacutevaluation de sa valeur et de la gouvernance10Nous donnons ci-apregraves un exemple de typologie des profils-types drsquoune eacutequipe performante que lrsquoon peut utiliser sous forme de check-list en situation de due diligence
9 Ce point est crucial car lrsquoeacutevaluation de la performance drsquoune eacutequipe de direction est trop souvent conduite sans tenir compte suffisamment des eacuteleacutements contextuels tant strateacutegiques business que sociologiques 10 On peut citer par exemple la tregraves bonne eacutetude qursquoa meneacutee reacutecemment Philipe Castilla du cabinet Secor A partir de lrsquoobservation de plus drsquoune trentaine drsquoexpeacuteriences il met en eacutevidence les leviers preacutecis de la dynamique de la coheacutesion que doit actionner le leader en fonction du contexte drsquoentreprise et de lrsquoeacutequilibrage subtil des compeacutetences requises entre strategraveges meneurs et reacutegulateurs (Castilla 2003)
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Profil drsquoune eacutequipe de direction performante (adapteacute de Paris 1980)
1 Chaque membre dans sa carriegravere actuelle ou anteacuterieure maicirctrise ou a maicirctriseacute le laquo meacutetier raquo dont il est le repreacutesentant
2 Lrsquoeacutequipe fait confiance agrave chacun de ses membres pour sa capaciteacute de reacuteponse agrave des problegravemes difficiles et impreacutevus
3 Le groupe travaille sans tension excessive sans ennui sans souci exclusif des inteacuterecircts personnels
4 Les eacutechanges drsquoinformations sont intenses systeacutematiques et focaliseacutes sur les problegravemes du groupe Lrsquoeacutecoute de lrsquoautre est geacuteneacuterale authentique et positive
5 Les relations interpersonnelles sont multilateacuterales confiantes empreintes drsquoattention drsquointeacuterecirct et de respect
6 Chaque membre prend ses responsabiliteacutes et assume les obligations de son rocircle en tenant compte de lrsquointerdeacutependance neacutecessaire au niveau des membres de lrsquoeacutequipe
7 Lrsquoesprit critique positif et les deacutebats contradictoires sont favoriseacutes Les causes de divergences de vue sont reconnues discuteacutees Les deacutesaccords sont soumis au test de lrsquoexpeacuterience les deacutecisions traduites en termes drsquoobjectifs et de responsabiliteacutes individuelles
8 Le leader nrsquoest qursquoune instance de recours ultime et le leadership varie selon les problegravemes et les souhaits du groupe
9 Chaque membre se sent comptable des conseacutequences des deacutecisions prises collectivement
10 Le leader se sent responsable de la performance globale du groupe et de chacun de ses membres A ce titre il se deacutefinit se perccediloit et srsquoeacutevalue en tant qursquoimpulseur et facilitateur du changement reacuteducteur de tension meacutedium et catalyseur drsquoeacutechanges professionnels
11 Le leader est une personne laquo autonome raquo qui ne cherche pas agrave asservir affectivement les membres du groupe
12 Le leader aime lrsquoexercice du pouvoir en tant que moyen de reacutealisation des buts de lrsquoorganisation
On voit que la valeur de lrsquoeacutequipe de direction - son capital humain - repose sur au moins trois ingreacutedients indispensables les qualiteacutes individuelles en terme de compeacutetences techniques et comportementales la dynamique interindividuelle et le jeu drsquoeacutequipe le leadership Le principal enjeu dans le cas drsquoune due diligence va ecirctre de collecter suffisamment drsquoinformation dans le timing serreacute (2 agrave 4 semaines en geacuteneacuteral) pour eacuteclairer ces dimensions Il y a plusieurs meacutethodes empiriques pour y proceacuteder - Lrsquoeacutetude par questionnaire et les tests de personnaliteacute lrsquoavantage est de pouvoir
objectiver et drsquoopeacuterer un traitement laquo scientifique raquo On pense par exemple au fameux MBTI qui constitue sans nul doute lrsquoun des approches les plus reacutepandues dans le monde
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des entreprises Compte tenu du contexte de la confidentialiteacute au moment des due diligence et de la reacutesistance culturelle cette pratique reste aujourdrsquohui tregraves peu reacutepandue De plus elle a lrsquoinconveacutenient laquo drsquoappauvrir raquo la richesse de la qualiteacute des dirigeants On constate neacuteanmoins son deacuteveloppement dans le monde anglo-saxons probablement mieux preacutepareacute agrave ce type qursquoexercice que le monde latin
- Pour cette raison la meacutethode la plus usuelle reste lrsquoentretien approfondi Elle seule permet de cerner en profondeur le profil du dirigeant ses points forts et points faibles et in fine sa laquo valeur raquo Son inconveacutenient est drsquoecirctre surtout de nature qualitative
Tous ces eacuteleacutements doivent ecirctre compleacuteteacutes par des recherches approfondies en utilisant les ressources drsquoinformation disponibles notamment sur lrsquohistorique et les reacutealisations des dirigeants Au final on comprend qursquoeacutevaluer en situation de due diligence la valeur drsquoun dirigeant et celle de lrsquoeacutequipe dans lequel il srsquoinsegravere ressemble davantage agrave un travail de deacutetective que de scientifique il srsquoagira avant tout drsquoaccumuler le maximum drsquoindices pour se faire une ideacutee aussi preacutecise et objective que possible de la laquo valeur raquo reacuteelle drsquoune eacutequipe et de ses membres et des changements agrave apporter au cas ougrave lrsquoopeacuteration srsquoeffectuerait Dans certains cas lrsquoacqueacutereur ne srsquoembarrasse pas trop drsquoeacutevaluations systeacutematiques sur ce volet et procegravede agrave des modifications drsquoeacutequipe mais avec le risque de se priver du capital relationnel organisationnel de certains hommes cleacutes et qui font la reacuteussite de lrsquointeacutegration et lrsquoinstallation de la nouvelle eacutequipe Certes drsquoaucuns argueront que nous sommes encore loin de la valorisation drsquoactifs telle qursquoelle est pratiqueacutee par les financiers On pourra leur reacutepondre au moins trois choses tout drsquoabord qursquoen joignant ces diffeacuterentes approches quantitatives et qualitatives compleacuteteacutees par le laquo flair raquo on peut aboutir agrave une eacutevaluation laquo satisfaisante raquo au sens donneacute par les eacuteconomistes comportementalistes ie qui constitue en quelque sorte un point drsquoeacutequilibre compte tenu du contexte qui srsquoaccommode mal drsquoune recherche exhaustive drsquoinformation Ensuite on peut reacutetorquer aux financiers qursquoils utilisent eux-mecircmes plusieurs meacutethodes drsquoapproche pour eacutevaluer lrsquoentreprise et qursquoin fine dans le cas drsquoune due diligence le laquo flair raquo et le pragmatisme jouent un rocircle non neacutegligeable dans la fixation du prix Enfin on peut se demander srsquoil nrsquoest illusoire de vouloir tendre vers une comptabiliteacute unique du capital humain et qui pourrait servir de reacutefeacuterence univoque au moment des due diligence Apregraves tout partir drsquoapproches pluralistes ne constitue-t-il pas une neacutecessiteacute lorsqursquoon traite de ressources humaines dont la valeur est difficile agrave capturer au travers de quelques indices Ce point nrsquoempecircche pas pour autant une ameacutelioration des techniques de valorisation du capital humain qui seront autant drsquoarguments pour convaincre les financiers Conclusion Le capital humain est la proprieacuteteacute des collaborateurs de la firme Deacuteveloppeacute en interaction avec les ressources mateacuterielles (eacutequipements locaux moyens financiers) et immateacuterielles (proceacutedures et meacutethodes culture drsquoentreprise reacuteseaux de distributeurs et de fournisseurs) il est la base de lrsquoavantage concurrentiel Cependant le capital humain comme tout capital peut se deacutepreacutecier ce qui est bien entendu neacutefaste tant pour les salarieacutes (croissance plus faible des reacutemuneacuterations risque de chocircmage plus fort) que pour les firmes A ce titre il revecirct un enjeu essentiel pour lrsquoaudit social
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Par ailleurs la prise en compte du capital humain dans une deacutemarche drsquoaudit social place les collaborateurs de lrsquoentreprise au centre des probleacutematiques de gouvernance Quelle est la place qui leur revient Les deacutetenteurs du capital humain ne sont-ils pas leacutegitimement en droit drsquoexercer un controcircle sur le bon fonctionnement de la firme agrave lrsquoinstar des proprieacutetaires (deacutetenteurs des actifs financiers) BIBLIOGRAPHIE Aguilera R 2004 laquo The Role of Human Resource Management in Cross-Border Mergers and Acquisitionsrdquo International Journal of Human Resource Management
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DU CONTROLE ETATIQUE A LrsquoAUDIT INTERNE PROBLEMATIQUE DU PILOTAGE SOCIAL AU SEIN DES ENTREPRISES ALGERIENNES Mounir HADJ-MOURI Maicirctre de Confeacuterences en Sciences de Gestion ndash IUT drsquoEVRY
Introduction Engageacute agrave la fin des anneacutees quatre-vingts le processus de transition vers lrsquolaquoeacuteconomie de marcheacute raquo se caracteacuterise par des reacutealiteacutes paradoxales qui reacutesultent de pressions externes et tensions et oppositions internes quant aux contenu et finaliteacute de cette transition Parmi ces reacutealiteacutes lrsquoune des plus significatives reacuteside dans le fait qrsquoune stabilisation relative au plan macroeacuteconomique avec des taux de croissance positifs sur plusieurs anneacutees srsquoaccompagne drsquoune laquo situation de deacutegradation continue pour le secteur de lrsquoindustriehellipet une persistance des problegravemes sociaux raquo (rapport de conjoncture du Conseil National Economique et social 2003) Un tel constat megravene ineacutevitablement agrave la question de la pertinence du pilotage de ce changement systeacutemique au double plan macro et micro Domineacute par lrsquointerventionnisme eacutetatique ce processus de deacuteseacutetatisation -autre paradoxe de cette transition- censeacute aboutir agrave lrsquoautonomisation des entreprises se caracteacuterise comme nous le verrons plus loin par des acceacuteleacuterations ralentissements voire revirements qui ne font que laquo brouiller raquo les pistes Crsquoest agrave travers cette dialectique de la domination eacutetatique et de lrsquoautonomie des entreprises qursquoil convient de situer la probleacutematique de la construction de lrsquoaudit social Degraves lors la question est de savoir si ce dernier ne servira que de simple instrument technique visant lrsquoapplication de normes arrecircteacutees unilateacuteralement et donc imposeacutees aux entreprises ou srsquoil constituera un puissant levier de pilotage contribuant agrave la construction de nouveaux modes de reacutegulation valide et leacutegitime La reacuteponse agrave cette question neacutecessite en premier lieu la mise en eacutevidence des principales caracteacuteristiques et speacutecificiteacutes contextuelles qui permettra ensuite drsquoappreacutehender les pratiques dominantes mais aussi eacutemergentes au sein des entreprises Les reacutealiteacutes contrasteacutees observeacutees qui deacutependent de lrsquoeacutevolution des rapports de force entre logique de perpeacutetuation et de transformation permettent de reacutefleacutechir sur les perspectives en matiegravere de gouvernance en geacuteneacuteral et de pilotage social en particulier dans des situations de mutations socio-organisationnelles complexes
1 Limites drsquoune autonomisation surveilleacutee des entreprises Lrsquoautonomisation des entreprises et leur laquo libeacuteration raquo de la tutelle eacutetatique avait pour principal objectif la reacutehabilitation de LA rationaliteacute eacuteconomique indispensable au passage drsquoune eacuteconomie administreacutee agrave une laquo eacuteconomie de marcheacute raquoCe processus devait donc aboutir agrave la transformation de lrsquoentreprise en centre de valorisation apregraves avoir longtemps servi de simple espace de reacutepartition Dans le prolongement des paradoxes releveacutes plus haut on note qursquoun niveau eacuteleveacute drsquoinvestissements (4522 du PIB ABouyacoub 2005) ne permet pas la relance de la
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production industrielle Bien au contraire celle-ci connaicirct une quasi-stagnation puisque son taux de croissance annuel moyen est 01 Selon un rapport de lrsquoOCDE (2005) laquo lrsquoindustrie manufacturiegravere a baisseacute de 50 entraicircnant une deacutesindustrialisation relative de ce pays raquo Dans le mecircme sens le CNES (2003)1 relegraveve que la production industrielle ne repreacutesente que 7 du PIB drsquoougrave sa qualification de laquo machine aneacutemieacutee raquo Parallegravelement aux contre-performances de ce systegraveme (imp)productif les coucircts sociaux induits par les mesures de stabilisation sont assez lourds Ainsi malgreacute un leacuteger recul le taux de chocircmage est de lrsquoordre de 18 ce qui a pour conseacutequence directe une restriction de la consommation et lrsquoaccroissement de la pauvreteacute accentueacutes par de laquo profonds deacuteseacutequilibres dans les mode de reacutepartition raquo (CNES 2003) Ces constats et diagnostics reacutevegravelent la laquo vulneacuterabiliteacute et la fragiliteacute de lrsquoeacuteconomie algeacuterienne raquo (A Bouzidi 2005) malgreacute des taux de croissance annuel de lrsquoordre de 452 Comment peut-on alors expliquer ces reacutealiteacutes paradoxales Les reacuteponses que nous tenterons drsquoapporter ne preacutetendent nullement appreacutehender lrsquoensemble des dimensions explicatives de ce pheacutenomegravene Aussi nous limiterons-nous compte tenu de lrsquoobjet de notre communication agrave mettre lrsquoaccent sur certains aspects de cette transition notamment celui du pilotage de ce changement agrave travers les relations entre Etat et entreprises Outre les similitudes avec les anciennes eacuteconomies de type sovieacutetique (ETS) qui peuvent ecirctre releveacutees sur ce plan ce sont les speacutecificiteacutes du cas algeacuterien qui retiendront notre attention Ainsi comme points communs on peut noter tout drsquoabord lrsquoorientation et le contenu uniformisateur des programmes drsquoajustement structurel conccedilus par le FMI et la Banque Mondiale qui srsquoinscrivent dans un neacuteo-classicisme dogmatique (MLavigne 1995) eacuterigeant la stabilisation macroeacuteconomique en prioriteacute centrale Cette focalisation sur les seuls eacutequilibres au plan macro a plongeacute lrsquoensemble de ces pays dans une profonde reacutecession sociale notamment reacutecession qui reacutesulte donc de pressions externes mais aussi de laquo facteurs inertiels raquo (VAndreff 2001) Lrsquoanalyse de ces facteurs qui se situent agrave diffeacuterents niveaux principalement au niveau institutionnel a permis de situer lrsquoimportance des structures de proprieacuteteacute Cet auteur qui a meneacute des eacutetudes dans plusieurs pays constate que laquo bien souvent les configurations des structures de proprieacuteteacute en apparence nouvelle conserve le controcircle de lrsquoentreprise et le pouvoir de gestion par les anciennes eacutequipes de direction parfois partiellement renouveleacutees raquo La nature et les rythmes des processus de privatisation laquo deacutebouchent alors sur des entreprises privatiseacutees mais non priveacutees leur proprieacutetaire priveacute nrsquoest pas identifiable car en geacuteneacuteral il nrsquoexiste pas vraiment raquo Cette inertie au plan institutionnel entraicircne une inertie comportementale servant souvent agrave preacuteserver des laquo acquis raquo et autres privilegraveges lieacutes agrave lrsquoancien systegraveme A ces caracteacuteristiques communes auxquelles on peut ajouter lrsquoinsuffisance de lrsquoeacutepargne moneacutetaire lrsquoinexistence drsquoun marcheacute boursier lrsquoeacutetat embryonnaire de reacuteseaux de professionnels et drsquoentrepreneurs la reacutealiteacute de lrsquoexpeacuterience algeacuterienne recegravele des speacutecificiteacutes qui expliquent en grande partie les reacutealiteacutes contradictoires eacutevoqueacutees plus haut La principale particulariteacute reacuteside dans le caractegravere extraverti de lrsquoeacuteconomie dans la mesure ougrave lrsquoexportation des hydrocarbures constitue la principale ressource financiegravere de ce pays Cette rente peacutetroliegravere dont le volume nrsquoa cesseacute drsquoaugmenter ces derniegraveres anneacutees en raison de la
1 Dernier rapport disponible sur le site de cet organisme 2 Selon les donneacutees de lrsquoOCDE (2005) les taux de croissance eacutetaient de 69 en 2003 54 en 2004 et les preacutevisions pour 2005 et 2006 se situent autour de 45
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progression constante des cours du baril permet de reacutealiser les taux eacuteleveacutes drsquoinvestissement deacutejagrave indiqueacutes Mais ce mode de financement de lrsquoactiviteacute eacuteconomique est agrave lrsquoorigine de deux deacuterives La premiegravere reacuteside dans la deacutependance vis-agrave-vis drsquoune seule ressource aux cours aleacuteatoires Rappelons que lrsquoeffondrement de ces derniers en 1986 doubleacute drsquoun profond deacuteficit de leacutegitimiteacute du pouvoir en place a eacuteteacute agrave lrsquoorigine de la grave crise qursquoa connu et continue de vivre ce pays crise qui a deacutemontre que cette rente nrsquoa et ne fait que compenser et masquer lrsquoinefficaciteacute des autres secteurs drsquoactiviteacute La seconde deacuterive intimement lieacutee agrave la premiegravere consiste dans le caractegravere laquo endeacutemique raquo de la corruption lrsquoAlgeacuterie eacutetant classeacute parmi les pays les plus corrompus du monde3 La preacutedominance de cette logique rentiegravere coupleacutee agrave une eacuteconomie informelle tentaculaire explique en grande partie les reacutesistances et oppositions agrave lrsquoeacutemergence drsquoune logique productive impliquant une refonte profonde des modes de gestion La crise de leacutegitimiteacute des institutions et lrsquoinstabiliteacute des dirigeants constitue un facteur inertiel non mois important en raison des laquo heacutesitations revirements et changements de programmes les discontinuiteacutes et inconstances observeacutees dans la conduite des politiques publique raquo ce qui a pour conseacutequence laquo le caractegravere instable et eacutepheacutemegravere drsquoun mode drsquoorganisation sans cesse reacuteviseacute jamais stabiliseacute (CNES 2003) Ces heacutesitations et deacutemarches sinueuses sont les plus manifestes en matiegravere de privatisation ce laquo serpent de mer depuis 15 ans raquo (FAbdallah 2002) Les propos de lrsquoancien ministre de la participation et de la coordination des reacuteformes (2002) sont eacutedifiants agrave cet eacutegard laquo En Algeacuterie nous avons beaucoup parleacute de privatisation et peu privatiseacute raquoLa fragilisation drsquoinstitutions deacutejagrave chancelantes par les conflits entre visions souvent antagonistes de cette transition expliquent en plus des eacuteleacutements eacutevoqueacutes plus haut lrsquoabsence de strateacutegie globale et partant lrsquoincoheacuterence des deacutemarches de restructuration industrielle et de privatisation Dans un tel contexte les entreprises malgreacute la multiplication des plans adopteacutes et la diversiteacute de leur intitulation (plan agrave moyen terme plan de redressement ou business plan) ne parviennent pas agrave lrsquoexception de quelques cas particuliers sur lesquels nous reviendrons agrave ameacuteliorer leur reacutesultat Ainsi malgreacute les diffeacuterentes tentatives de laquo mise agrave niveau raquo et drsquoassainissement financier accompagneacutees de reacuteductions sensibles drsquoeffectifs (reacuteduction de 23 de lrsquoeffectif total dans le secteur industriel CNES) le niveau de compeacutetitiviteacute de ces entreprises ne cesse drsquoenregistrer des reacutesultats neacutegatifs (-7 drsquoexportation hors hydrocarbures) La baisse de la production industrielle de 39 enregistreacutee au quatriegraveme trimestre 2004 par lrsquoOffice National de Statistiques confirme cette tendance Lrsquointerventionnisme eacutetatique persistant qui vise agrave redresser les entreprises selon un mode standardiseacute et uniformiseacute a donc produit les effets inverses En effet en plus des contraintes environnementales deacutejagrave citeacutees les modes de gestion interne restent selon le diagnostic du CNES laquo domineacutes par des meacutethodes drsquoune eacuteconomie administreacutee les rapports drsquoactiviteacute sont conccedilus toujours selon le mecircme canevas Cette maniegravere de faire ne peut permettre drsquoasseoir une strateacutegie viable raquoSi ces pratiques ougrave la tricherie informationnelle (autre caracteacuteristique des eacuteconomies planifieacutees) persiste notamment pour obtenir davantage de creacutedits de lrsquoEtat il convient neacuteanmoins de relever lrsquoeacutemergence de nouvelles pratiques visant la rupture avec ce mode de fonctionnement
3 La coalition contre la corruption un gros plan sur lrsquoAfrique Transparency International Rapport annuel 2003 citeacute par ABouyacoub (2005)
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A ce sujet lrsquoeacutevolution reacutecente de certaines entreprises examineacutees plus bas complegravete les observations et conclusions drsquoune recherche que nous avons meneacutee en 19994 Lrsquoeacutetude de cinq entreprises relevant de secteurs drsquoactiviteacute diffeacuterents (industrie distribution de produits pharmaceutiques engineering industriel) nous a permis de constater malgreacute ces pressions agrave lrsquouniformiteacute la diversiteacute des modes de prise en charge et de pilotage du changement Ces derniers obeacuteissaient agrave trois logiques drsquoaction que nous avons pu identifier La premiegravere qualifieacutee drsquoadaptation passive domineacutee par la rationalisation du statu quo laisse apparaicirctre la preacutegnance de lrsquolaquo habitus rentier raquo A l lsquoinverse la seconde fondeacutee sur une inteacutegration active au nouveau mode de gestion se caracteacuterise par une forte deacutesirabiliteacute du changement et volonteacute de rupture avec lrsquoancien systegraveme Il convient de noter que cette logique tend agrave privileacutegier la dimension eacuteconomique voire technique des processus de rationalisation au motif que les choix sont limiteacutes par les contraintes lieacutees agrave la laquo mondialisation raquoCrsquoest preacuteciseacutement contre cet aveu drsquoimpuissance voire de reacutesignation que se situe la troisiegraveme logique celle de la double deacutemarcation qui vise lrsquoeacutelargissement du champ des possibles en vue de lrsquoinventionconstruction de modes de reacutegulation alternatifs logique qui faut-il lrsquoadmettre est encore agrave lrsquoeacutetat embryonnaire Le teacutelescopage de ces logiques ne peut que produire des formes drsquohybridation organisationnelle originale au plan micro qui sont lrsquoexpression drsquoune eacuteconomie mixte au plan macro (BChavance 1994) ougrave le laquo nouveau eacutemerge en parallegravele avec le vieux et non sur les ruines de ce dernier raquo (Csaba 1996) Dans cette profonde mutation ougrave il ne srsquoagit pas seulement de changer les regravegles du jeu mais la nature du jeu lui-mecircme les reacuteactions et laquo comportements raquo des entreprises sont fort contrasteacutes reacuteveacutelant la nature des rapports de force entre logiques drsquoaction preacuteceacutedemment deacutecrites
2 Pratiques eacutemergentes et nouvelle(s) reacutegulation(s) La dynamique de reconstruction des modes de direction et de coordination se caracteacuterise comme nous lrsquoavons vu par lrsquounilateacuteraliteacute de nouvelles normes imposeacutees par les programmes drsquoajustement structurel Ces derniers eacutetaient censeacutes mettre agrave la disposition des acteurs des regravegles precirctes agrave lrsquoemploi (B Reynaud 1997) crsquoest-agrave-dire des regravegles qui se deacutefinissent par reacutefeacuterence agrave des seuils des indicateurs et des ratios notamment au plan comptable et financier Lrsquoapplication de ces derniegraveres par les entreprises est placeacutee sous le controcircle de lrsquoEtat qui devait selon les propos de lrsquoancien ministre des industries et de la restructuration (1995) laquo ecirctre le FMI des entreprises publiques raquo A travers cette mise sous surveillance eacutetroite du processus drsquoautonomisation autre paradoxe de cette transition les nouvelles regravegles de gestion au lieu de servir de cadre de guide pour lrsquoaction deviennent de veacuteritables laquo carcans raquo pour les gestionnaires Obeacuteissant agrave une vision reacuteduisant la performance aux seules dimensions techniques et financiegraveres lrsquointensification de cette reacutegulation de controcircle reacuteduit consideacuterablement les espaces drsquointerpreacutetation susceptibles de produire des regravegles drsquoajustement contextuel (PLivet 1997) Malgreacute ces contraintes certains dirigeants tentent de srsquoapproprier le changement en contestant ces meacutethodes et en impulsant de reacuteelles dynamiques drsquoautonomisation Dans ce sens des efforts drsquointerpreacutetation et de (re)deacutefinition de la performance dans une optique multidimensionnelle ont deacuteboucheacute sur la mise en place de systegravemes drsquoinformation de gestion
4 Voir notre thegravese de Doctorat intituleacutee laquo conflit de rationaliteacutes et construction de la GRH dans les eacuteconomies en transition le cas des entreprises publiques algeacuteriennes raquo IAE de Lille feacutevrier 1999
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plus fiable et plus efficace (introduction de nouveaux indicateurs de productiviteacute) de refonte des modes de classification et de reacutemuneacuteration en vue de reconnecter contribution et reacutetribution La formation longtemps neacutegligeacutee occupe deacutesormais une place importante dans les dispositifs de changement et des budgets conseacutequents lui sont consacreacutes Cette dynamique de changement observeacutee dans deux entreprises sur les cinq ne peut autoriser une quelconque geacuteneacuteralisation Neacuteanmoins les eacutevolutions enregistreacutees depuis cette date permettent de classer les entreprises en deux grands groupes Le premier est constitueacute drsquoentreprises privatiseacutees qui ont conclu des accords de partenariat avec des multinationales et le second drsquoentreprises qui ont proceacutedeacute agrave des restructurations sans modifier la nature de leur proprieacuteteacute les filiales creacuteeacutees relevant toujours drsquoentreprises publiques Dans le premier cas on peut citer deux entreprises lrsquoune dans le secteur sideacuterurgique (Ispat devenue reacutecemment Metal Steel Annaba) et lrsquoautre dans celui des industries chimiques (Enad-Henkel)Selon les principaux acteurs de la premiegravere entreprise (dirigeants et repreacutesentants syndicaux) lrsquoexpeacuterience de partenariat est laquo positive raquo Ainsi le DRH considegravere que laquo tous les engagements sont respecteacutes en matiegravere de preacuteservation de lrsquoemploi notammenthellipEn matiegravere drsquoinvestissement dans lrsquohomme quelques 3000 personnes ont beacuteneacuteficieacute de formation et 70 autres ont eacuteteacute envoyeacutes agrave lrsquoeacutetranger dans les usines du groupehellipLes salaires se sont nettement ameacutelioreacutes compareacutes aux anneacutees preacuteceacutedentes raquo Ce que confirme un repreacutesentant syndical qui estime que laquo lrsquoeacuteleacutement deacuteterminant dans la disparition des craintes reacuteside en plus de la preacuteservation de lrsquoemploi dans lrsquoaugmentation des salaires qui est de lrsquoordre de 60 raquo5 Il convient de noter que ces augmentations reacutesultent de lrsquoeacuteleacutevation des niveaux de production et de productiviteacute gracircce agrave la modernisation des eacutequipements et agrave la laquo rationalisation raquo du fonctionnement de lrsquoentreprise laquo En matiegravere de proceacutedures de gestion il y a eacutechange drsquoun certain savoir-fairehellip Il y a un eacutechange drsquoinformations techniques gracircce agrave Iroum un systegraveme drsquoinformations interne au groupe Cela facilite la communication et la reacutesolution de problegravemes technique ccedila a son pesant drsquoor raquo tient agrave preacuteciser le directeur des opeacuterations La nouvelle situation de cette entreprise est bien reacutesumeacutee par ce repreacutesentant syndical laquo rigueur discipline et nouvelles meacutethodes de travailhellipFini le temps du laisser-aller maintenant crsquoest strictement organiseacute raquo Les appreacuteciations de responsables de diffeacuterentes fonctions (marketing production) vont dans le mecircme sens et soulignent les incidences positives de la responsabilisation des managers soumis deacutesormais agrave lrsquoobligation de reacutesultats Il est clair que ces donneacutees sont insuffisantes pour eacutevaluer de faccedilon approfondie cette expeacuterience Elles permettent cependant de relever des reacutealiteacutes organisationnelles eacutemergentes qui deacutenotent une ferme volonteacute drsquointernaliser des modes de gestion exogegravene Srsquoagissant de la seconde entreprise les reacutesultats enregistreacutes sont positifs malgreacute des diffeacuterends et conflits qui ont porteacute sur la proceacutedure de privatisation et notamment de fixation des prix de cession En effet lrsquoentreprise a reacuteussi agrave deacutetenir 20 de parts de marcheacute et envisage lrsquoexportation de 20 000 tonnes de deacutetergents6 gracircce agrave des laquo investissements dans le domaine de la production du marketing et des ressources humaines raquo Bien que non privatiseacutees mais certainement en voie de lrsquoecirctre certaines entreprises du second groupe certes minoritaires se sont engageacutes reacutesolument dans la voie de leur transformation en entreprise commerciale soumise aux lois drsquoun marcheacute de plus en plus ouvert agrave la concurrence
5 Ces propos sont extraits drsquoun article de A Chih paru dans le quotidien liberteacute du 23 janvier 2005 6 Donneacutees figurant sur lrsquoarticle de YSalami paru dans le quotidien La tribune du 21 mars 2005
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nationale et internationale Ainsi la Socieacuteteacute Nationale des transports ferroviaires (SNTF par abreacuteviation) confronteacutee au deacutefi drsquoameacuteliorer ses niveaux de productiviteacute en reacuteduisant au maximum les coucircts sociaux a eacuteteacute ameneacutee agrave revoir son mode de gestion agrave partir de la reacuteorganisation de lrsquoinformation sociale en vue de la rendre accessible agrave tous les acteurs concerneacutes (OLayadi 2003) Selon ce consultant cette entreprise caracteacuteriseacutee par un double deacuteseacutequilibre quantitatif et qualitatif de ses ressources humaines (sureffectif de 3000 salarieacutes avec une masse salariale repreacutesentant 114 du chiffre drsquoaffaires) a conccedilu dans le cadre de son plan de redressement un bilan social qui a permis de structurer lrsquoinformation sociale et de mettre en eacutevidence drsquoimportants dysfonctionnements tels que le recours agrave des heures suppleacutementaires malgreacute des effectifs pleacutethoriques ou le caractegravere forfaitaire des primes de productiviteacute Cette dynamique de structuration de lrsquoinformation sociale en vue de son traitement optimal a permis drsquoapporter des mesures correctives (blocage des recrutements redeacuteploiement drsquoune partie des sureffectifs dans les filiales nouvellement creacuteeacutees notamment) qui ont abouti agrave la laquo reacutesorption des sureffectifs et agrave la stabilisation relative de la masse salariale malgreacute les augmentations geacuteneacuterales deacutecideacutees par le gouvernement raquo En outre lrsquoassociation des partenaires sociaux agrave ces processus de changement a permis de laquo jeter les bases de nouveaux modes de neacutegociation entraicircnant un changement qualitatif de comportement du syndicat en raison de la clarteacute des indicateurs la transparence des reacutesultats et leur visibiliteacute raquo Ce sont lagrave aussi des appreacuteciations et eacutevaluations qui restent agrave examiner de plus pregraves Enfin cette bregraveve preacutesentation des pratiques eacutemergentes de pilotage du changement notamment dans son volet social meacuterite drsquoecirctre compleacuteteacutee par le cas de Sonatrach (socieacuteteacute nationale de production et de commercialisation des hydrocarbures) dans la mesure ougrave cette entreprise assure comme nous lrsquoavons vu les principales rentreacutees financiegraveres de ce pays et repreacutesente agrave elle seule 30 du PNB Il y a lieu de preacuteciser que les pouvoirs publics nrsquoont jamais tenteacute lrsquoexpeacuterimentation de la laquo Gestion Socialiste des Entreprises raquo appliqueacutee pourtant agrave lrsquoensemble des entreprises publiques Le caractegravere strateacutegique voire vital de cette entreprise pour lrsquoeacuteconomie algeacuterienne et les craintes de sa deacutestabilisation par lrsquoapplication de ce mode de fonctionnement en sont les principales causes Malgreacute cela elle nrsquoa pu eacutechapper en matiegravere de classification et de reacutemuneacuteration agrave lrsquoapplication du Statut Geacuteneacuteral du Travailleur (SGT par abreacuteviation) un systegraveme eacutegalitariste et contraignant baseacute sur une meacutethode nationale de classification (ce qui constitue en soi une aberration) qui a montreacute ses limites drsquoougrave son abrogation en 1990 Depuis quelque temps cette entreprise a lanceacute un vaste chantier de refondation de son systegraveme de classification et de reacutemuneacuteration Selon son vice-preacutesident laquo avec un nouveau systegraveme de reacutemuneacuterations qui veut prendre en compte les contributions de chacun nous entendons bien travailler en profondeur passer drsquoune logique de poste agrave une logique de rocircle et de compeacutetences raquo7 Lrsquoobjectif principal de ce dispositif vise agrave reacutetribuer les performances par la mise en place de systegravemes drsquoeacutevaluation et notamment un pilotage par objectifs pour les cadres (G Le Nagard 2004)Compte tenu du niveau technologique eacuteleveacute de cette activiteacute et de lrsquolaquohostiliteacute de son environnement (domination du marcheacute par de plus grands groupes) Sonatrach a eacuteteacute dans lrsquoobligation de laquo privileacutegier le deacuteveloppement des ressources humaines en intensifiant son effort de formation ce qui repreacutesente 5 agrave 6 de la masse salariale et 55 agrave 70 des effectifs permanents formeacutes annuellement (AFeghouli 2003)
7 Propos recueillis par G Le Nagard dans son article paru dans la revue Entreprise et Carriegraveres ndeg730 septembre 2004
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Pour mener agrave bien ces projets et actions en GRH la fonction RH a connu toujours selon son vice-preacutesident laquo un deacuteveloppement consideacuterable au cours de la deacutecennie 1993-2003 raquo qui a consisteacute dans la mise en place de supports structurels en vue de reacutepondre aux exigences et objectifs de la strateacutegie drsquointernationalisation et de modernisation adopteacutee par cette entreprise Ces structures ont beacuteneacuteficieacute de laquo lrsquoaffectation de 5 de lrsquoeffectif total raquo En matiegravere de pilotage on note laquo lrsquoorganisation de brainstorming dans lrsquoensemble des domaines drsquoactiviteacute afin drsquoimpliquer les cadres et speacutecialistes dans lrsquoanalyse de situations les concernant lrsquoexploration des perspectives drsquoeacutevolution agrave travers des orientations drsquoaction assortis de plans et programmes de mise en œuvre raquo A travers ces exemples dont les donneacutees restent agrave bien des eacutegards lacunaires nous avons surtout voulu mettre en eacutevidence la tendance au deacuteveloppement de pratiques autonomes qui deacutemontrent bien la dualiteacute du structurel (AGiddens 1987) dans la mesure ougrave laquo il est en mecircme temps contraignant et habilitanthellip Le structurel nrsquoest pas que contrainte mais permet aux acteurs de produire et de disposer de compeacutetences leur permettant drsquoexercer un laquo controcircle reacuteflexif de leur activiteacute sociale raquo La mateacuterialisation progressive de ces processus drsquoautonomisation de lrsquoentreprise et drsquoune faccedilon geacuteneacuterale de la socieacuteteacute civile par rapport agrave lrsquoEtat et la dynamique conflictuelle qui en deacutecoule oblige en effet les acteurs agrave prendre position quant agrave la deacutefinition et construction de nouveaux reacutefeacuterentiels et partant de nouveaux modes de gouvernance
3 Pilotage social enjeux et perspectives Les situations de crise et les contre-performances chroniques de la majoriteacute des entreprises exigent des solutions urgentes renforccedilant ainsi les besoins en instrumentation de gestion exprimeacutes par les gestionnaires La satisfaction de ces besoins peut suivre alors deux directions opposeacutees mais qui ne sont pas incompatibles leur compleacutementariteacute deacutependant essentiellement de la vision de ces derniers et des paradigmes dans lesquels se situe leur intervention La premiegravere qui est dominante car incontournable srsquoinscrit dans la logique de la quantification et de la calculabiliteacute qui sert de fondement aux deacutemarches algorithmiques et mimeacutetiques Crsquoest le cas par exemple de la gestion des sureffectifs puisque cette opeacuteration srsquoest geacuteneacuteralement limiteacutee agrave une simple reacuteduction (soustraction) sans laquo repenser raquo les modes drsquoorganisation et de fonctionnement Cette faccedilon de proceacuteder a eu pour conseacutequence le deacutepart des salarieacutes les plus qualifieacutes privant ces entreprises de compeacutetences au moment ougrave elles en ont le plus besoin Lrsquoinsuffisance voire lrsquoabsence drsquoanticipation et de prise en charge du processus en amont deacutecoule drsquoune focalisation sur les seuls ratios comptables et financiers reacuteduisant les ressources humaines agrave un simple coucirct pour lrsquoentreprise La preacuteeacuteminence de lrsquoanalyse financiegravere sur lrsquoanalyse organisationnelle plus en raison de sa maniabiliteacute que de sa pertinence observeacutee dans les pays industrialiseacutes (FNoeumll GSchmidt 2003) est donc bien preacutesente malgreacute des reacutealiteacutes contextuelles et organisationnelles diffeacuterentes Par opposition au mimeacutetisme qui se limite geacuteneacuteralement agrave la transposition quasi-meacutecanique drsquooutils de gestion la seconde voie tente de combiner les dimensions quantitatives et qualitatives privileacutegiant ainsi les deacutemarches heuristiques baseacutees sur lrsquointerpreacutetation et la deacutelibeacuteration constitutives de regravegles valides et leacutegitimes Les pratiques eacutemergentes accordant une importance aux eacutechanges et traitements de lrsquoinformation tant technique que sociale deacutecrites preacuteceacutedemment srsquoinscrivent dans cette perspective Mais le choix ou la preacutedominance drsquoune des deux voies deacutepend en fait du traitement de la question centrale de la reconfiguration
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de ces organisations dans le sens drsquoune laquo retaylorisation raquo8 ou au contraire drsquoune laquo deacutetaylorisation raquo Dans le premier cas de figure crsquoest bien eacutevidemment le paradigme de la mesure et son corollaire le controcircle qui serait dominant Dans le second crsquoest au contraire le paradigme de lrsquointerpreacutetation et son corollaire le pilotage (PLorino 1996) qui serait privileacutegieacute Compte tenu des fortes exigences de rationalisation de la gestion de ces entreprises la reconstruction de leur mode de reacutegulation doit agrave notre avis viser lrsquoarticulation de ces deux dimensions la mesure et lrsquointerpreacutetation Dans un contexte marqueacute par le primat drsquoune reacutegulation de controcircle eacutetatique souvent inefficace lrsquoeacutemergence et le deacuteveloppement de pratiques autonomes reacutevegravelent la complexiteacute de la construction de nouveaux reacutefeacuterentiels et drsquoindicateurs qui explique en partie les dilemmes et heacutesitation des acteur cleacutes entre mimeacutetisme porteur de certitudes et creacuteativiteacute source drsquointerrogations et de questionnements permanents Comme nous lrsquoavons deacutejagrave indiqueacute le risque drsquoutilisation heacutegeacutemonique drsquoun indicateur (RPerez 2003) sous la pression externe est bien preacutesent Pour lrsquoeacuteviter la reacuteponse agrave une double exigence drsquoinstrumentationeacutevaluation et drsquointerpreacutetationdeacutelibeacuteration srsquoimpose Dans ce sens la mise en place de dispositifs organisationnels centreacutes sur le deacuteveloppement des eacutechanges intra et inter-structurelles peut favoriser un apprentissage agrave double boucle ougrave peut srsquoaffirmer lrsquoautonomie cognitive des acteurs Crsquoest donc par lrsquoassociation effective des parties (ap)prenantes que peuvent ecirctre neacutegocieacutes des compromis sur la leacutegitimiteacute des reacutefeacuterentiels et par lagrave mecircme sur la laquo preacutegnance raquo des indicateurs crsquoest-agrave-dire ceux qui laquo condensent cristallisent des concepts des valeurs des normes et les justifications de ces derniegraveres raquo (VBroussard 2001) Cette intersubjectiviteacute assurerait la validiteacute des outils de pilotage de lrsquoactiviteacute globale de lrsquoentreprise Sur le plan particulier de lrsquointervention en GRH elle faciliterait la construction de batteries drsquoindicateurs relevant de diffeacuterentes approches de lrsquoorganisation (planification contingence increacutementalehellipvoir FPichault 2004) Comme laquo la mesure en GRH nrsquoa guegravere de sens si elle se cantonne agrave une seule dimension raquo la combinaison drsquoapproches quantitatives et qualitatives srsquoavegravere neacutecessaire Lrsquoadoption drsquoun telle deacutemarche peut non seulement reacuteduire les espaces drsquoindeacutecidabiliteacute compte tenu de lrsquoincompleacutetude des regravegles (Voir Ofavereau et PLivet 1997) malgreacute les tentations panoptiques qui sous-tendent leur eacutelaboration mais aussi et surtout favoriser la construction de reacutegulations conjointes entre lrsquoEtat et les entreprises et au sein de ces derniegraveres En paraphrasant Wittgenstein ce mode de reacutegulation en encourageant lrsquointerpreacutetation des standards apporterait des reacuteponses satisfaisantes aux quatre exigences drsquoeacutelaboration drsquoune regravegle agrave savoir sa leacutegitimiteacute son utiliteacute sa lisibiliteacute et enfin son applicabiliteacute Dans de telles conditions les acteurs au lieu de srsquoenfermer dans des attitudes de retrait ou de laquo passager clandestin raquo peuvent donner du sens agrave leur action et srsquoimpliquer davantage dans le processus de changement En restant autonome agrave lrsquoeacutegard de ce dernier ils en seraient alors les acteurs (PLouart 2003) et participeraient activement agrave lrsquoarticulation drsquoun pilotage par le haut et par le bas (Ofavereau JMle Gall 2003) Situeacute aux antipodes drsquoun laquo pilotage quasi-automatique baseacute sur des indicateurs deacutemateacuterialiseacutes (RPeacuterez 2003) un tel mode de pilotage doit obeacuteir au principe de volonteacute mais aussi et surtout au principe de reacutealiteacute Dans ce sens outre les contraintes externes eacutevoqueacutees preacuteceacutedemment il y a lieu de tenir compte des
8 Certains auteurs qualifiant le mode drsquoorganisation des entreprises dans les pays en transition de taylorisme laquo incomplet raquo ou laquo inacheveacute raquo
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insuffisances de professionnalisme heacuteritage de lrsquoancien systegraveme qui imposent des efforts soutenus en matiegravere de formation La tendance agrave lrsquoextension et multiplication des actions de formation releveacutee agrave partir des expeacuteriences deacutecrites plus haut deacutemontre lrsquoimportance grandissante de cette activiteacute Mais il convient de preacuteciser que sur ce plan la dimension qualitative agrave savoir le contenu et la qualiteacute de la formation doit constituer une preacuteoccupation centrale En effet une formation limiteacutee agrave la seule dimension technique et instrumentale bien que neacutecessaire est nettement insuffisante pour combler les deacuteficits constateacutes En visant le deacuteveloppement drsquoun esprit critique vis-agrave-vis de toute forme de standardisation des maniegraveres de faire et de penser la formation coupleacutee agrave lrsquoapprentissage sur le terrain peut contribuer au deacuteveloppement drsquoune reacuteflexion strateacutegique articulant universaux de gestion et particulariteacutes locales Outre le renouvellement des pratiques lrsquoengagement drsquoune dynamique visant lrsquoappropriation des diffeacuterentes formes de savoir peut participer agrave lrsquoenrichissement du cadre drsquoanalyse des modes de pilotage et modes de gouvernance des entreprises En effet au moment ougrave le deacuteveloppement durable est preacutesenteacute comme un nouveau mode de deacuteveloppement eacuteconomique et social qui fait lrsquoobjet de controverses et est laquo agrave la recherche drsquoun corps de doctrine renfermant dogmes et reacutefeacuterents (JLauriol 2004) les processus de deacuteconstructionreconstruction en cours dans les eacuteconomies en transition mettent bien en eacutevidence les tensions et contradictions entre reacutefeacuterentiel financier et reacutefeacuterentiel durable (ACMartinet E Reynaud 2004) Les conseacutequences neacutegatives au plan social environnemental mais aussi manageacuterial de lrsquoimposition drsquoune ideacuteologie centreacutee sur la seule rentabiliteacute financiegravere constituent autant drsquoarguments qui justifient la recherche de modes de reacutegulation alternatifs A ce niveau la complexiteacute et la diversiteacute des pratiques releveacutees dans les pays en transition malgreacute les pressions uniformisatrices - lrsquoAlgeacuterie avec ses speacutecificiteacutes nrsquoeacutechappant pas agrave ce constat ndash encourage la reacuteflexion sur la possible contribution des eacuteconomies post-socialistes agrave la diversiteacute du capitalisme9 (EMagnin 1999) et par lagrave mecircme agrave la remise en cause de la domination du modegravele anglo-saxon Celle-ci suppose la laquo redeacutefinition du rocircle de lrsquoEtat et de lrsquoaction collective dans lrsquoeacuteconomiehellip le deacutefi central aujourdrsquohui consistant agrave trouver le juste eacutequilibre entre lrsquoEtat et le marcheacute raquo (JE Stiglitz 2003) La concreacutetisation de cet objectif dans un contexte ougrave laquo la mondialisation eacuteconomique est alleacutee plus vite que la mondialisation politique raquo passe neacutecessairement par la reacutehabilitation de lrsquoeacutethique La neacutecessiteacute de disposer face agrave lrsquoextension des deacutelocalisations de normes de travail agrave lrsquoeacutechelle de la planegravete (JIgalens 2003) pour eacuteviter les pratiques de dumping social srsquoinscrit dans cette perspective Mais comme les situations de crise favorisent la monteacutee en puissance des experts les risques drsquoinstrumentalisation et de capture de lrsquoideacuteal eacutethique sont bien preacutesents Aussi faut-il faire preuve de vigilance vis-agrave-vis des excegraves de laquo pilotage par les instruments qui tend agrave supplanter le management au lieu de simplement lrsquoaider dans ses deacutecisions raquo (RPeacuterez 2003) Les deacuterives et autres laquo deacutegacircts sociaux et environnementaux raquo provoqueacutes par lrsquoapplication des laquo theacuterapies de choc raquo dans les pays en transition preacuteconiseacutees par des laquo experts egraves-transition raquo mettent en eacutevidence la neacutecessiteacute de remise en cause de ces modes de gouvernance produits et (re)produisant le mouvement de financiarisation de lrsquoeacuteconomie
9 Cela ne signifie pas que cette reacuteflexion part du postulat de lrsquoindeacutepassabiliteacute de ce systegraveme question qui meacuterite des deacuteveloppements particuliers qui deacutepassent le cadre de notre propos
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Pour eacuteviter le passage drsquoun extrecircme agrave lrsquoautre crsquoest-agrave-dire du pilotage agrave vue au laquo pilotage automatique raquo dans des situations marqueacutees par des reacutealiteacutes bipolaires Etat-marcheacute secteur public-secteur priveacute controcircle-autonomie qui poussent au raisonnement binaire voire au manicheacuteisme lrsquoadoption de postures critiques et auto-reacuteflexives permet lrsquoinclusion du tiers-exclu indispensable au deacutepassement de ces contradictions Conclusion Dans un contexte caracteacuteriseacute par des oscillations permanentes entre retaylorisation et deacutetaylorisation sur fond drsquointerventionnisme eacutetatique contraignant et paralysant en raison des deacutecalages manifestes entre theacuteorie eacutepouseacutee (libeacuteralisation du systegraveme eacuteconomique et politique) et theacuteorie en usage (intensification du controcircle et neutralisation des contrepouvoirs) lrsquoautonomisation des entreprises reacutevegravele divers facteurs inertiels au double plan institutionnel et organisationnel La construction de modes de reacutegulation alternatifs ne peut se limiter agrave la mise en place drsquooutils aussi performants soient-ils Ces derniers bien que neacutecessaires ne doivent en aucun cas releacuteguer au second plan la mise en oeuvre drsquoune reacutegulation socio-politique Aussi les exigences de pilotage tant au plan mateacuteriel qursquoimmateacuteriel imposent-elles la construction de nouveaux reacutefeacuterentiels et indicateurs valides et leacutegitimes Dans ce sens les pratiques eacutemergentes des entreprises favorisant lrsquointerpreacutetation et la deacutelibeacuteration sur les normes et regravegles ouvrent malgreacute les pesanteurs du contexte et le poids des routines deacutefensives en raison du nombre eacuteleveacute de perdants par rapport aux gagnants des perspectives au double plan pratique et theacuteorique Lrsquoanalyse approfondie de ces derniegraveres dans le sens de la contribution agrave lrsquoeacutelaboration drsquoune theacuteorie (non limiteacutee agrave la seule dimension eacuteconomique) de la transition neacutecessite la reacutealisation drsquoeacutetudes longitudinales et multidisciplinaires BIBLIOGRAPHIE Ouvrages et articles Andreff V (2001) Les aspects inertiels de la transition colloque sur lrsquoeacuteconomie et le management dans les pays en transition ESSCA Angers
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Documents officiels CNES Rapport sur la conjoncture eacuteconomique et sociale 2egraveme semestre 2003
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SYNDICALISME ET MANAGEMENT DANS LES ENTREPRISES MAROCAINES laquo FAIRE DU DIALOGUE SOCIAL LA SOLUTION DE LA PERFORMANCE ABSOLUE DES ENTREPRISES raquo Karim HAMOUMI1 Doctorant en sciences de gestion ndash CLAREE ndash IAE de Lille
Introduction La deacutefinition du concept Management pose certaines difficulteacutes qui traduisent des divergences entre les auteurs agrave trois niveaux
o lorigine du concept (terme) o sa deacutenomination o et son contenu
En ce qui concerne son origine on rencontre souvent deux types dauteurs
ceux qui pensent que le terme management est dorigine anglo-saxonne et ceux2 qui rappellent quil sagirait dun vieux mot franccedilais dorigine latine (venant de manus la main) proche du verbe italien maneggiare (manier conduire) Ce terme semble-t-il longtemps oublieacute dans la langue franccedilaise a fini par ecirctre remis au goucirct du jour par lAcadeacutemie Franccedilaise en 1973
Il est donc important de noter quaujourdhui les termes management et manager existent bel et bien dans la langue franccedilaise et que comme le preacutecise O Aktouf (1999) le premier y est deacutefini comme conduite direction dune entreprise alors que le second y prend la signification de diriger Sur un autre plan lactiviteacute de conduite des organisations porte plusieurs deacutenominations diffeacuterentes Ainsi on retrouve dans la litteacuterature des termes tels que gestion administration animation3 management ou geacuterer administrer manager ou encore gestionnaire administrateur cadre dirigeant manager manageur Pour S Alecian et D Foucher (1994) le management est le meacutetier qui consiste agrave conduire dans un contexte donneacute un groupe dhommes et de femmes ayant agrave atteindre en commun des objectifs conformes aux finaliteacutes de lorganisation dappartenance H Savall et V Zardet (1997) se diffeacuterencient notablement des autres lorsquils prescrivent le management socio-eacuteconomique qui se reacutesume agrave ameacuteliorer conjointement la performance eacuteconomique des organisations et leur performance sociale et qui met agrave la disposition des managers des outils opeacuterationnels de pilotage Ils proposent en outre une deacutefinition du management qui met laccent dune part sur le caractegravere scientifique de lapproche manageacuteriale et dautre part sur les enjeux contradictoires auxquels les acteurs sont confronteacutes et autour desquels un consensus opeacuteratoire doit ecirctre construit pour produire les biens et les services Il reste donc que le fondement du Management par delagrave les aspects linguistiques reste la recherche de la reacutesolution de la contradiction fondamentale chegravere aux marxistes entre le capital et le travail dans ses aspects objectifs et subjectifs 1 karimhamoumieduniv-lillefr 2 Hermel P Le Management participatif ndash Sens reacutealiteacutes actions Editions dOrganisation 1988 3 Bartoli A Hermel P Piloter lentreprise en mutation ndash Une approche strateacutegique du changement Editions dOrganisation 1986
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Le Syndicalisme4 est le fait social et politique que repreacutesentent lrsquoexistence et lrsquoaction des syndicats des salarieacutes dans leur diversiteacute La principale fonction du mouvement syndical consiste aujourdrsquohui dans la repreacutesentation des travailleurs salarieacutes dans diverses instances intra ou interentreprises voire nationales et internationales neacutegociation de conventions collectives avec les syndicats patronaux dialogue avec les pouvoirs publics sur les grandes orientations de la leacutegislation sociale et du droit du travail (dialogue social5) Intervenant dans lrsquoespace de lrsquoentreprise on voit bien que les termes Syndicalisme et Management nous renvoient vers des ideacuteologies et des reacutealiteacutes bien diffeacuterentes Le Management repreacutesente lrsquoimage du pouvoir dans lrsquoentreprise de la vision et de la strateacutegie porteacutees par les actionnaires et par les deacutecideurs alors que le syndicalisme nous renvoie au contraire agrave une image de deacutefense des inteacuterecircts mateacuteriels et moraux des salarieacutes de lrsquoentreprise Ce qui nrsquoempecircche pas lrsquoexistence de vision et de strateacutegie syndicales Notre probleacutematique ici est de voir dans quelle mesure ces deux concepts vont srsquoaffronter ou srsquoallier pour atteindre chacun ses objectifs propres A premiegravere vue les logiques drsquointeacuterecircts sont fonciegraverement opposeacutees Pour les patrons ce sera la maximisation des profits et pour les travailleurs la juste reacutepartition de leur contribution agrave la constitution de ces mecircmes profits et la maximisation de leur bien ecirctre social Au Maroc et pendant tregraves longtemps crsquoest cette seule conception drsquoaffrontement qui a preacutevalu entre les deux groupes acteurs Face agrave des meacutethodes deacutepasseacutees de direction des entreprises seul le syndicalisme de combat a caracteacuteriseacute lrsquoaction syndicale et la gregraveve lrsquooutil privileacutegieacute contrebalanceacutee par le lock-out patronal Le recours agrave lrsquointermeacutediation de lrsquoinspection du travail ou des autoriteacutes eacutetant plus formel qursquoefficace Mais drsquoun point de vue conceptuel un nouveau style de Management est intervenu depuis pour introduire un certain humanisme dans les relations professionnelles domineacutees jusque lagrave par le taylorisme Et crsquoest le domaine de la GRH6 qui a enregistreacute les plus grandes avanceacutees Les Travaux de Mayo7 (lrsquoeacutecole de Chicago) ou de Maslow ont entraicircneacute une plus grande prise en consideacuteration des conditions psychologiques drsquoeacutevolution ou de motivation du travailleur Au lendemain de la seconde guerre mondiale lrsquoavegravenement de reacutegimes de seacutecuriteacute sociale (au Royaume-Uni Lord Beveridge puis en France) et lrsquoextension des droits sociaux ont infleacutechi les meacutethodes de direction tout comme la creacuteation drsquoespaces de concertation et de neacutegociation (Comiteacutes drsquoentreprises CHSCT8 etc) ont ameneacute les syndicats agrave reconsideacuterer leur rocircle Drsquoune attitude de confrontation et drsquoaffrontement systeacutematiques ils sont inviteacutes agrave devenir des partenaires sociaux privileacutegiant le dialogue et la concertation sur tous les sujets concernant le travailleur et parfois mecircme au-delagrave La cogestion agrave lrsquoallemande ou limplication de repreacutesentants syndicaux dans les conseils drsquoadministration des entreprises en France ont remodeleacute les rapports patronat-syndicat
4 Syndicalisme mouvement social et politique des travailleurs organiseacutes pour deacutefendre leurs inteacuterecircts imposer des changements et parfois transformer le mode de production 5 Dialogue social Une deacutefinition du dialogue social nous est apporteacutee par lrsquoOrganisation Internationale du Travail (OIT) Cette deacutefinition deacutebute en ces termes ldquoLrsquoOIT deacutefinit le dialogue social comme incluant tous les types de neacutegociation de consultation ou simplement drsquoeacutechange drsquoinformations entre les repreacutesentants des gouvernements des employeurs et des travailleurs sur des questions preacutesentant un inteacuterecirct commun relatives agrave la politique eacuteconomique et socialehellip La concertation peut ecirctre informelle ou institutionnaliseacutee et elle conjugue souvent ces deux aspects Elle peut intervenir au niveau national au niveau reacutegional ou agrave celui des entreprises Elle peut ecirctre interprofessionnelle sectorielle ou preacutesenter toutes ces caracteacuteristiques agrave la foishellip Le dialogue social peut prendre diverses formes depuis le simple eacutechange drsquoinformations jusqursquoaux formes de concertation plus aboutieshellip rdquo 6 GRH Gestion des Ressources Humaines 7 Le mouvement des Relations Humaines est neacute des travaux quElton Mayo (1880-1949) a entrepris agrave lusine Western Electric de Hawthorne pregraves de Chicago 1927-1932 Sans rejeter le Taylorisme il cherche les conditions de la meilleure efficaciteacute 8 CHSCT Comiteacute dHygiegravene de Seacutecuriteacute et des Conditions de Travail (au Maroc Comiteacute drsquoHygiegravene et Seacutecuriteacute)
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Les nouvelles techniques de Management surtout dans le domaine de la GRH et le recours aux NTIC9 et aux nouvelles technologies numeacuteriques ont deacutefinitivement remodeleacute lrsquoimage du patron omnipreacutesent et deacutetenteur du pouvoir du savoir en sus des capitaux La mondialisation qui a ameneacute une eacuteconomie de plus en plus globaliseacutee occulte mecircme les veacuteritables deacutetenteurs du capital donc du pouvoir au sein des entreprises Tout ceci a concouru agrave implanter un nouveau modegravele technocratique et deacutepersonnaliseacute agrave la tecircte de lrsquoentreprise et par conseacutequent un nouveau type de relations sociales Quelles conseacutequences pour le syndicalisme Jusque-lagrave marqueacute par un clivage ideacuteologique baseacute de la lutte des classes entre un syndicalisme radical de gauche en combat contre le capitalisme et un syndicalisme modeacutereacute ou de deacutependance confessionnelle le mouvement syndical est interpelleacute pour se trouver de nouveaux repegraveres Avec ses nouvelles techniques le Management ne laisse pas indiffeacuterent Potion magique pour les uns motif de tourments et de frayeurs pour les autres II peut ecirctre conccedilu comme lrsquoensemble des techniques et des compeacutetences visant agrave optimiser lorganisation la planification la direction et le controcircle des structures et des activiteacutes dune socieacuteteacute Ou au contraire comme un outil au service exclusif du patronat visant agrave faire passer les restructurations dentreprises le deacutegraissage des effectifs (licenciements mobiliteacute geacuteographique retraites anticipeacutees et autres deacuteparts volontaires etc)
Tout en admettant lrsquoabsolue neacutecessiteacute de se renouveler tout en reconnaissant la neacutecessiteacute de travailler autrement et pour ce faire de modes dorganisation et de relations sociales diffeacuterents le mouvement syndical vit un dilemme plein de questionnements
Les meacutethodes modernes de gestion doivent-elles rester lrsquoapanage des seules directions dentreprises Le Management est-il agrave rejeter ou bien agrave transformer Peut-on faire le pari du dialogue social de la neacutegociation et tourner le dos aux meacutethodes bien maicirctriseacutees de confrontation et drsquoaffrontement perpeacutetuels Peut-on concilier les besoins de flexibiliteacute des entreprises et les besoins de seacutecuriteacute chez les salarieacutes
Cette alternative est drsquoautant plus cruelle qursquoelle coiumlncide avec un pheacutenomegravene de deacutesyndicalisation acceacuteleacutereacutee La chute du Mur de Berlin (9 novembre 1989) lrsquoeffondrement de lrsquoUnion Sovieacutetique (21 Deacutecembre 1991) qui depuis des deacutecennies du reste ne repreacutesentait plus un espoir drsquoeacutemancipation le vieillissement (obsolescence) du deacutebat ideacuteologique lrsquoameacutelioration geacuteneacuterale des conditions de vie des salarieacutes et sur le plan eacuteconomique le recul des secteurs primaires et secondaires grands pourvoyeurs de bases militantes (cols bleus) au profit du secteur des services (cols blancs) moins sensibles au chant de lrsquoInternationale Ouvriegravere tout comme la monteacutee du chocircmage ont tocirct fait de reacuteduire les effectifs des grandes centrales syndicales et fait eacutemerger un monde unipolaire sous heacutegeacutemonie ameacutericaine Et tout ceci va exacerber les reacuteflexes de meacutefiance et retarder drsquoautant la neacutecessaire mise agrave niveau du mouvement syndical ou accentuer le nouveau clivage entre des centrales participationnistes et drsquoautres plus reacutesistantes Comme on enregistrera la monteacutee en puissance du syndicalisme des cadres Avec la preacutepondeacuterance qursquoils prennent dans les systegravemes manageacuteriaux et leur positionnement agrave la jonction des inteacuterecircts des parties en preacutesence les cadres sont ameneacutes agrave deacutevelopper des formes
9 NTIC Nouvelles Technologies de lrsquoInformation et de la Communication
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de repreacutesentation et drsquointervention distinctifs et agrave se deacutemarquer des autres cateacutegories de salarieacutes
1 Lrsquohistoire du mouvement syndical au Maroc
Syndicats CDT Confeacutedeacuteration Deacutemocratique du Travail CGEM Confeacutedeacuteration Geacuteneacuterale des Entreprises Marocaines CGT Confeacutedeacuteration Geacuteneacuterale du Travail FDT Feacutedeacuteration Deacutemocratique du Travail FOM Forces Ouvriegraveres Marocaines SNES Syndicat National de lEnseignement Supeacuterieur SNP Syndicat National Populaire UGEM Union Geacuteneacuterale des Etudiants Marocains UGSCM Union Geacuteneacuterale des Syndicats Confeacutedeacutereacutes du Maroc UGTM Union Geacuteneacuterale des Travailleurs Marocains UMT Union Marocaine du Travail UNEM Union Nationale des Etudiants Marocains UNFP Union Nationale des Forces Populaires UNTM Union Nationale des Travailleurs Marocains USD Union des Syndicats Deacutemocratiques USFO Union des Syndicats des Forces Ouvriegraveres USP Union des Syndicats Populaires USTL Union des Syndicats des Travailleurs Libres UTM Union des Travailleurs Marocains
Partis Politiques
Le syndicalisme marocain aujourdrsquohui est fragile A lrsquoimage des partis politiques marocains le syndicalisme est eacuteclateacute Le mouvement ouvrier est en reacutegression un cinquiegraveme de la classe ouvriegravere serait aujourdrsquohui syndiqueacute alors qursquoau deacutebut de lrsquoindeacutependance lrsquoUMT comptait agrave elle seule plus de 600000 adheacuterents sur une population drsquoun peu plus de cinq millions drsquohabitants Les faibles effectifs que lrsquoon enregistre aujourdrsquohui se reacutepartissent entre trois grandes centrales lUMT- avec 300000 Adheacuterents lUGTM proche de lrsquoIstiqlal (parti politique marocain)- avec 100000 Adheacuterents et la CDT avec 150000 Adheacuterents reconnues eacutegalement repreacutesentatives au plan national auxquels il faudra rajouter un certain nombre drsquoorganisations ou de confeacutedeacuterations marginales dont certaines ne manquent pas drsquoambition (lUNTM lUSP les FOM lUSTL le SNP lUTM lUSD le SNES lUNEM lUGEM) Les syndicats marocains ont connu plusieurs scissions parfois dramatiques dont certaines ont eacuteteacute suivies de tentatives de reacuteunification souvent eacutepheacutemegraveres Pour mieux appreacutehender les faits actuels il est donc indispensable de faire un retour en arriegravere crsquoest effectivement le passeacute qui nous eacuteclaire sur lrsquoexistence de certaines centrales de certaines traditions toujours vivaces et de certaines rivaliteacutes entre centrales
11 La naissance Crsquoest le 30 Mars 1912 que le Roi du Maroc Moulay Abdelhafid reconnut le protectorat franccedilais dans la zone Sud du Royaume (la zone Nord et les frontiegraveres sahariennes eacutetant confieacutes agrave lrsquoEspagne) Le Geacuteneacuteral Lyautey premier reacutesident geacuteneacuteral (1912-1925) est adepte drsquoune politique soft qui vise agrave preacuteserver les structures existantes et mecircme les formes drsquoadministration territoriale traditionnelles Il megravene une politique assidue envers les habitants du Maroc pays qursquoil se fixa agrave faire progresser en engageant drsquoeacutenormes travaux au niveau de son administration et de ses infrastructures (routes voies ferreacutees ports hocircpitaux eacutecoles etc) Mais degraves son eacuteviction avec la fin de la guerre du Rif (1926) suite agrave lrsquointervention de lrsquoarmeacutee franccedilaise au secours des espagnols les inteacuterecircts coloniaux preacutedominants en meacutetropole appellent agrave mettre en place une administration plus directe agrave lrsquoimage de celle qui existait dans plusieurs de ses colonies et surtout lrsquoexploitation des richesses miniegraveres et agricoles du pays La premiegravere reacuteaction nationaliste se fait ressentir et crsquoest agrave cette eacutepoque que se constitua le Comiteacute drsquoAction Marocaine regroupement de jeunes intellectuels formeacutes en France bientocirct rejoints par de jeunes Ouleacutemas10 issus des universiteacutes theacuteologiques de Fegraves et Marrakech Leurs premiegraveres revendications visent surtout agrave obtenir un minimum de droits pour les 10 Ouleacutemas ou uleacutemas (mot dorigine arabe) Le mot nest en effet que la transposition en franccedilais de larabe ulama pluriel de lsquoalim savant Dans lislam classique et jusquagrave nos jours dans les milieux traditionnels on entend plus largement par ouleacutemas tous les savants en sciences religieuses autrement dit le droit musulman
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habitants et une eacutegaliteacute de traitement par lrsquoapplication des dispositions du texte du Protectorat Et une des premiegraveres confrontations portera justement sur le droit syndical En effet quand lrsquoadministration du protectorat finira par lrsquoaccorder ce sera au seul profit des travailleurs europeacuteens et apregraves des escarmouches au cours des anneacutees 1934 et 1935 la fougue de jeunes nationalistes srsquoest consolideacutee et srsquoest accrue Les premiegraveres gregraveves de Juin 1936 ont eacuteteacute les veacuteritables bacirctisseuses du syndicalisme marocain
12 La marocanisation du mouvement syndical Au lendemain de la seconde guerre mondiale apregraves la fermeture de la parenthegravese vichyste et le retour en force des communistes en France comme au Maroc et surtout la promesse faite en 1943 par le preacutesident Roosevelt au Roi Mohammed V lors de la confeacuterence drsquoAnfa (Janvier 1943) tenue agrave Casablanca (Maroc) de soutenir les ambitions drsquoindeacutependance du Maroc lrsquoespoir des nationalistes marocains se renforccedila sachant qursquoen 1940 la France eacutetait occupeacutee Dans un monde bouleverseacute par la guerre et dans un contexte local travailleacute par la monteacutee de la revendication et du renforcement de la coheacutesion nationale que lrsquoon assiste agrave la marocanisation du mouvement syndical Durant cette phase de lrsquohistoire syndicale du Maroc on assiste au deacuteveloppement de lrsquoorganisation au recrutement massive de Marocains agrave la creacuteation de structures et de traditions de luttes agrave lamorce drsquoune leacutegislation relative aux accidents de travail aux tribunaux de prudrsquohommes au salaire minimum aux congeacutes payeacutes agrave lrsquoinspection du travail Les efforts utiles que les contraintes de la peacuteriode de Vichy nrsquoeffaceront pas et qui permettront la reprise de la vie syndicale en 194311 (A AYACHE 1992) En 1946 une nouvelle avanceacutee srsquoest fait ressentir les Marocains ont pu dans la filiale de la CGT lrsquoUGSCM acqueacuterir des postes en co-geacuterance avec les Franccedilais A partir de 1947 on assiste agrave lrsquoextension du mouvement syndical (mouvement plus libre des composantes politiques et sociales telles que le Parti Communiste Marocain le Parti de lrsquoIstiqlal et lrsquoUnion Geacuteneacuterale des Syndicats Confeacutedeacutereacutes du Maroc) drsquoune part et au deacuteveloppement du libeacuteralisme eacuteconomique et la multiplication des entreprises drsquoautre part qui constitueront les ingreacutedients drsquoun affrontement plus direct Avec lrsquoenclenchement et la deacuteclaration du processus drsquoindeacutependance le mouvement syndical srsquoest transformeacute en mouvement national marocain et en mars 1955 le paysage syndical marocain a changeacute avec la creacuteation de lrsquoUnion Marocaine du Travail (UMT) A partir de cette date lrsquoUMT disposait drsquoune force et drsquoun monopole qui constituait une base arriegravere pour les progressistes radicaux futurs fondateurs de lrsquoUNFP par une scission de lrsquoIstiqlal Celui-ci ne tarda pas agrave reacuteagir par la creacuteation de lrsquoUGTM en 1960 Avec la beacuteneacutediction du pouvoir drsquoautres syndicats verront le jour lrsquoUSTL (1963) lrsquoUSFO (1964) Bien plus tard naicirctra la CDT (1978) par une scission de lrsquoUMT qui est le prolongement drsquoune autre scission de lrsquoUNFP qui verra naicirctre le parti USFP (1975) auquel elle est organiquement lieacutee
11 A AYACHE Le mouvement syndical au Maroc (Tome 2) Paris lrsquoHarmattan 1992
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13 Le mouvement syndical dans le remous Plusieurs facteurs ont contribueacute agrave lrsquoaffaiblissement du mouvement syndical Nous retiendrons ici les effets de quatre variables
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General Tire le ldquomauvaisrdquo exemple Lindustrie marocaine agrave travers General Tire (GTM) qui fut un geacuteantdu pneumatique du Royaume et lun des premiers joint-ventures entreune multinationale - Continental avec 342 actionnaire majoritaire-et une socieacuteteacute marocaine a assisteacute impuissante agrave la mort de ce qui a faitsa fierteacute industrielle des deacutecennies durant Le plan social que le groupeContinental voulait imposer nrsquoa fait qursquoenvenimer le climat au sein delrsquoentreprise Ce qui a conduit agrave la fermeture de GTM et la perte deplusieurs centaines demplois Aucun mot cependant sur les surenchegraveressyndicales qui mecircme si elles ne sont pas agrave lrsquoorigine de la deacutebacirccle decette entreprise ont preacutecipiteacute son arrecirct de mort Le mal qua veacutecu GTM vient de ce que cette entreprise na pas su sadapterdans un environnement qui eacutetait celui qursquoelle avait pour plein de raisons
Des raisons qui sont agrave la fois environnementales au sensreacuteglementaire coucirct de lrsquoeacutenergiehellip
Des eacuteleacutements externes et eacutegalement internes surtout qui sont unedifficulteacute pour les employeacutes et lrsquoorganisation au sens large de sadapter agravedes niveaux de productiviteacute sensiblement supeacuterieurs
Des raisons drsquoacceptation du changement par le personnel Le malaise social a reacutegneacute pendant plusieurs mois la direction na reculeacutedevant rien pour exeacutecuter son programme dit de mise en redressementjudiciaire Dailleurs lrsquoopeacuteration de deacutepart a toucheacute plus de 780 employeacutesparmi les temporaires et les permanents sans que leurs droits sociaux nesoient respecteacutes
o La reacuteorganisation de la classe ouvriegravere Au sujet de ce premier point il nous semble qursquoil est neacutecessaire de situer lrsquoeacutetat des unions syndicales dans le cadre de lrsquoanalyse de la reacuteorganisation du mouvement ouvrier marocain tel qursquoil srsquoest deacuteveloppeacute dans les anneacutees 90 Degraves que lrsquoon srsquoengage dans cette direction de recherche on srsquoaperccediloit agrave quel point la composition de classe srsquoest modifieacutee au cours des derniegraveres anneacutees creacuteant une profonde division entre fractions tendanciellement condamneacutees agrave ecirctre marginaliseacutees et une fraction dont le salaire modifie plus ou moins le comportement et la consommation La frontiegravere entre mouvement ouvrier et classe infeacuterieure se double drsquoune autre frontiegravere seacuteparant les composantes du mouvement ouvrier et affectant le fonctionnement des organisations syndicales Cette recomposition de la classe ouvriegravere explique en partie la prudence historique de ces composantes fortement fixeacutees dans les secteurs les plus compeacutetitifs La prudence de ces fractions de la classe ouvriegravere ne peut ecirctre analyseacutee en termes psychologiques ou en terme de faillite historique elle srsquoexplique par lrsquohistoire industrielle du Maroc moderne et par la position du proleacutetariat industriel dans la structuration sociale globale agrave savoir son encerclement par de larges masses marginaliseacutees et exerccedilant dans lrsquoinformel et par la monteacutee du chocircmage (qui touche de plus en plus de diplocircmeacutes) Un tel comportement social qui est historique nrsquoincite pas beaucoup agrave srsquoengager dans des luttes offensives pour arracher de nouveaux droits et de nouveaux acquis Il incite encore moins agrave prendre lrsquoinitiative dans des gregraveves agrave une eacutechelle plus large Lrsquoobservation concregravete des grandes gregraveves nationales -comme celle du 14 deacutecembre 1990- montre que le proleacutetariat industriel reste en geacuteneacuteral en dehors de ces actions
o Lrsquoentreacutee des femmes dans le marcheacute du travail reacutetribueacute Lrsquoentreacutee des femmes dans le marcheacute du travail a transformeacute la configuration ouvriegravere lors des derniegraveres anneacutees Le travail des femmes se caracteacuterise par des salaires infeacuterieurs une forte seacutegreacutegation professionnelle et des statuts preacutecaires Tous ces eacuteleacutements contribuent agrave affaiblir le lien syndical La relation femmes-faible syndicalisation peut ecirctre lue agrave lrsquoenvers faible syndicalisation-femmes Crsquoest agrave dire que si les femmes ne sont pas fortement syndiqueacutees crsquoest qursquoelles sont souvent employeacutees dans des secteurs ougrave lrsquoidentiteacute syndicale est absente ou peu preacutesente comme le travail agricole lrsquoartisanat les emplois preacutecaires ou le secteur parallegravele voire dans les PME des grandes villes
o Les cadres culturels si lrsquoon veut comprendre lrsquoeacutetat de faiblesse actuelle du mouvement syndical il faudrait travailler sur la maniegravere dont les syndicats mobilisent les cadres drsquointerpreacutetation pour rallier militants et sympathisants Ces cadres ne rencontrent un eacutecho que dans la mesure ougrave ils touchent une corde sensible des salarieacutes et offrent le moyen de
donner du sens agrave leurs expeacuteriences quotidiennes et agrave leurs veacutecus Or ce que nous constatons empiriquement lors des manifestations du premier mai notamment crsquoest que les nouvelles geacuteneacuterations drsquoouvriers semblent apparemment moins attireacutees que leurs aicircneacutes par lrsquoaction syndicale classique Plusieurs raisons sont utiliseacutees pour expliquer cette deacutefiance syndicale chez les jeunes les problegravemes drsquoaccegraves agrave lrsquoemploi et le caractegravere eacutepisodique de leurs expeacuteriences professionnelles des changements de valeurs sociales par rapport agrave leurs parents La scolariteacute relativement accrue des salarieacutes engendre une grande sensibiliteacute aux nouvelles formes drsquoaction collective qui mettent lrsquoaccent sur la responsabiliteacute individuelle et agrave une preacutefeacuterence agrave lrsquoeacutelaboration de projets individuels En somme une seacuterie de facteurs souvent contradictoires creacuteent les conditions propices agrave un deacutesinvestissement agrave lrsquoeacutegard des valeurs collectives qui caracteacuterisaient le modegravele du syndicalisme du mouvement national
Dialogue social Un cas concret Lafarge au Maroc
afarge Maroc premier cimentier marocain dispose drsquoune capaciteacute de production de 42 millions detonnes et deacutetient plus de 40 de parts de marcheacute Il est aussi preacutesent dans quatre autres activiteacutes leplacirctre le beacuteton les granulats et la chaux industrielle Lafarge Maroc srsquoengage pour le deacuteveloppement des compeacutetences et la formation Elle a ainsi reacutealiseacuteen 5 ans le recrutement de 200 jeunes cadres et agents de maicirctrise Elle a renforceacute les efforts deformation et engageacute un changement de son mode de fonctionnement pour favoriser laresponsabilisation le travail en eacutequipe entre les diffeacuterentes fonctions de lrsquoentreprise Lrsquoinvestissementen actions de formation repreacutesente plus de 4 de la masse salariale Lafarge Maroc inscrit drsquoembleacuteeson activiteacute dans le souci drsquoun deacuteveloppement durable Les deacutepenses pour la sauvegarde delrsquoenvironnement repreacutesentant environ 15 des investissements reacutealiseacutes Apregraves la mise agrave niveauenvironnementale de ses uniteacutes aujourdrsquohui acheveacutee Lafarge Maroc met en place des systegravemes demanagement environnementale de type de ISO 14 001 Les valeurs porteacutees par les Groupe Lafarge et partageacutees par Lafarge Maroc visant au delagrave de la seulereacuteussite de lrsquoentreprise agrave contribuer au deacuteveloppement eacuteconomique et social du pays A lrsquooccasion de la fermeture de lrsquoancienne usine de Teacutetouan Lafarge Maroc a fait le choix drsquoun plan deredeacuteploiement du personnel qui permette agrave lrsquoensemble des personnes temporaires ou permanentes qui
e pouvaient ecirctre transfeacutereacutees sur un autre site du groupe de les accompagner dans une reacuteinsertion quiur assure une activiteacute stable ou un emploi reacutegulier Malgreacute les inquieacutetudes susciteacutees par les difficulteacutes
inheacuterentes agrave un tel projet lrsquoobjectif assigneacute a eacuteteacute atteint Et au delagrave des espeacuterances lrsquoannonce du plan aeacuteteacute anticipeacutee intervenant deux ans avant la fermeture du site permettant un dialogue personnaliseacute avecchacun la formation de tous les salarieacutes et la preacuteparation des projets individuels La plupart despersonnes concerneacutees ont choisi la creacuteation de leur propre activiteacute plutocirct que la recherche drsquoun emploidans une autre entreprise Et gracircce agrave ce choix il srsquoest creacutee bien plus drsquoemplois que la fermeture delrsquousine nrsquoen devait deacutetruire Parallegravelement lrsquoapprovisionnement des clients a pu ecirctre assureacute durant lapeacuteriode de transition sans heurts dans un climat de confiance et sans qursquoaucune journeacutee de gregraveve nrsquoaeacuteteacute agrave deacuteplorer Quatre facteurs ont eacuteteacute essentiels pour la reacuteussite de ce projet de redeacuteploiement du personnel
Le travail tregraves en amont agrave partir de 1997 pour relever le niveau de compeacutetence (bilan descompeacutetences donnant lieu agrave un plan de formation technique important formationsprofessionnelles) Lrsquoun des effets de ces actions a eacuteteacute de renforcer lrsquoemployabiliteacute du personnelde Teacutetouan mecircme si on a pu percevoir agrave cette occasion les limites de toute GPEC (GestionPreacutevisionnelle des Emplois et des Compeacutetences)
La deacutecision drsquoinformer tregraves tocirct les salarieacutes et leurs repreacutesentants syndicaux presque deux ans avant la fermeture officielle Souvent ces deacutecisions drsquoarrecirct drsquoactiviteacute sont mal reccedilues par lessalarieacutes voire agrave la source de conflits sociaux En annonccedilant deux ans avant qursquoelle soit effective la fermeture du site de Teacutetouan la Direction de Lafarge Maroc prenait le risque drsquounemobilisation syndicale et ou drsquoune deacutemotivation du personnel avec perte de production ou baissede qualiteacute avec tout ce que cela implique de deacuteteacuterioration du climat social Mais ce choix parceqursquoexplique comme illustration la volonteacute de donner du temps aux salarieacutes pour preacuteparer leurlaquoreconversionraquo a eacuteteacute un facteur cleacute de reacuteussite Les salarieacutes ont reacutealiseacute que le souci detransparence agrave leur eacutegard nrsquoeacutetait pas qursquoun discours Ce langage de veacuteriteacute a renforceacute la confiance deacutejagrave grande en la Direction de Lafarge Maroc
Le troisiegraveme facteur cleacute de succegraves a eacuteteacute le pari drsquoimpliquer tregraves tocirct les partenairessociaux Des contacts ont eacuteteacute pris directement au niveau de la Direction Nationale duSyndicat repreacutesenteacutee dans lrsquousine Lrsquoassurance de respecter toutes les obligations leacutegalesmarocaines et surtout la volonteacute drsquoaller aundashdelagrave en construisant une nouvelle usine et enaidant agrave la reacuteinsertion par lrsquoaide agrave la creacuteation drsquoactiviteacutes ont convaincu les responsables nationaux de lrsquoUMT Degraves lors lorsque les salarieacutes de lrsquousine les ont interpelleacutes via leursdeacuteleacutegueacutes locaux ce sont eux les syndicalistes nationaux qui ont deacutefendu le projet Lafargefut appeleacutee agrave une collaboration constructive Les syndicalistes locaux ont par la suite prisune part importante dans lrsquoexplication du projet et sa mise en œuvre En rassurant encoopeacuterant ils ont eacuteviteacute toute deacutegradation du climat social et surtout contribueacute agrave ce que les salarieacutes retrouvent un emploi
Le quatriegraveme facteur de reacuteussite a eacuteteacute la collaboration avec les autoriteacutes locales WilayaMinistegravere de lrsquoAgriculture OFPPT (organisme public de formation professionnelle) Leministegravere de lrsquoAgriculture a fortement participeacute par lrsquointermeacutediaire de ses techniciens et ingeacutenieurs agronomes locaux agrave la formation des salarieacutes deacutesireux de se tourner vers ou de
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o La nature du secteur priveacute et la crise eacuteconomique En outre il faudrait souligner la faible peacuteneacutetration syndicale dans le secteur priveacute qui est notoire La taille limiteacutee de beaucoup drsquoeacutetablissements et leur caractegravere familial reacuteduisent la capaciteacute des groupements syndicaux drsquoeacutelaborer et de soutenir une communauteacute drsquointeacuterecircts Les relations plus personnaliseacutees entre employeurs et employeacutes dans les petites entreprises qui composent lrsquoessentiel du secteur priveacute rendent moins pertinente la repreacutesentation syndicale Enfin on ne peut saisir lrsquoimpact de ces nouvelles sources de diffeacuterenciation indeacutependamment du contexte dans lequel elles se manifestent et des contraintes auxquelles sont soumis les acteurs syndicaux En effet la crise eacuteconomique a accru lrsquoatomisation de la socieacuteteacute affaiblissant ainsi la capaciteacute drsquoagir des syndicats notamment la CDT et lrsquoUMT et les rendant plus deacutependants de lrsquoEtat et de ses dialogues sociaux Les reacuteformes eacuteconomiques et la privatisation mecircme si sur le long terme creacuteent les conditions favorables agrave lrsquoeacutemergence drsquoacteurs syndicaux autonomes ont eu -en attendant le deacuteploiement drsquoun marcheacute ouvert- un effet tregraves neacutegatif sur lrsquoactiviteacute syndicale et favorisent lrsquoatomisation des syndicats La derniegravere scission en date qursquoa connue la CDT et lrsquoeacutemergence de la FDT a beaucoup affaibli lrsquoaction syndicale
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2 Les pratiques syndicales Nouvel horizon et nouveaux besoins Il nrsquoest pas aiseacute de parler de la relation entre Management et Syndicalisme tant les exigences drsquointeacuterecirct les objectifs les proceacutedeacutes sont distincts mais il est important de constater que les bouleversements du contexte marocain la mondialisation (lrsquoouverture des frontiegraveres permettant les deacutelocalisations drsquoentreprises dans les pays agrave coucircts salariaux deacuterisoires au regard du Royaume) les nouveaux accords de libre-eacutechange entre le Maroc et certains pays industrialiseacutes et du pourtour de la Meacutediterraneacutee le nouveau Code du travail12 qui est entreacute en vigueur au mois de Juin 2004 lrsquointroduction forte des nouvelles technologies de lrsquoinformation et des communications qui reacuteduit lrsquoutilisation de la main drsquoœuvre mecircme la plus formeacutee et la plus expeacuterimenteacutee les eacutevolutions des modegraveles drsquoorganisation et des modegraveles de management dans certaines filiales de multinationales nouvellement installeacutees au Maroc et lrsquoappui au plus haut sommet de lrsquoeacutetat (engagement du Roi Mohamed VI13) interpellent eacutenergiquement le mouvement syndical Jusqursquoagrave nos jours la forme privileacutegieacutee des centrales syndicales marocaines est la gregraveve ce moyen traduit geacuteneacuteralement le meacutecontentement des salarieacutes qui est suivi de lrsquoouverture de neacutegociations Mais compte tenu de lrsquoinflation des difficulteacutes que rencontrent ces salarieacutes (traites agrave honorer scolariteacute des enfants etc) et sans compter que les mots drsquoordre encore deacutecideacutes drsquoen haut on constate de plus en plus que les gregraveves ne sont pas suivies avec le mecircme engagement et enthousiasme Crsquoest pourquoi les centrales syndicales marocaines ont inteacuterecirct agrave modifier actuellement leurs pratiques
21 Un profond besoin de reconstitution Depuis plusieurs deacutecennies on constate que le syndicalisme marocain a du mal agrave se deacutebarrasser du modegravele patriarcal agrave tendance autocratique (il y a le chef spirituel au sommet qui regravegne agrave sa maniegravere et sans partage) Avec le nouveau code du travail marocain le Syndicalisme ne peut plus se reacuteduire agrave la seule protection des inteacuterecircts acquis des salarieacutes Ses champs de meacutediation sont appeleacutes agrave ecirctre diversifieacutes quand bien mecircme il srsquoagit toujours de deacutefendre les inteacuterecircts de ces salarieacutes politique salariale et nouvelles formes de reacutemuneacuteration organisation et conditions de travail mise en place et participation aux comiteacutes drsquohygiegravene de santeacute et de seacutecuriteacute au travail charge et temps de travail mais aussi introduction des nouvelles technologies (intranet ERP14 hellip) Ses formes drsquointervention sont eacutegalement appeleacutees agrave changer accompagnant ainsi les eacutevolutions organisationnelles srsquoadaptant aux eacutevolutions de lrsquoenvironnement Les groupements fusions inteacutegrations ont eu pour conseacutequence de deacuteplacer les endroits de deacutecision menant le syndicalisme agrave deacuteplacer eacutegalement ses lieux drsquointervention Lrsquoexemple des relations sereines entre Directions et Partenaires Sociaux dans les multinationales (SUEZ VEOLIA LAFARGE ALTADIS NESTLE UNILEVER GROUPE 12 Code du travail (Juin 2004) - Article 425 Il introduit lobligation de neacutegociation collective avec les acteurs sociaux de lentreprise Il introduit eacutegalement le comiteacute dentreprise et le syndicat sur la notion de syndicat le plus repreacutesentatif 13 Extrait du discours du Roi Mohammed VI (30072005 - Fecircte du Trocircne) hellip De mecircme Nous attendons des organisations syndicales et des chambres professionnelles quelles jouent activement leur rocircle dans la dynamisation des entreprises dont elles sont des partenaires contribuant agrave leur reacuteussite et agrave leur peacuterennisation Nous rendons eacutegalement hommage aux acteurs de la socieacuteteacute civile pour les efforts quils deacuteploient geacuteneacutereusement en vue de promouvoir les valeurs de citoyenneteacute et deacutevelopper leacuteconomie sociale qui contribue agrave creacuteer les conditions dune vie digne hellip Les prochaines Assises nationales sur lemploi doivent marquer un tournant deacutecisif dans les rapports entre des partenaires solidaires unis par la communauteacute de destin et ouverts au dialogue constructif agrave linnovation creacuteatrice et agrave linitiative individuelle et collective 14 ERP (Enterprise Resource Planning) traduit geacuteneacuteralement par PGI (Progiciel de Gestion Inteacutegreacute)
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ACCOR EUREST SODEXO etc) reacutecemment installeacutees au Maroc en sont un teacutemoignage Les syndicalistes ont lobligation agrave passer de la phase de lrsquoeacutecoute de leurs revendications au dialogue consistant et agrave la neacutegociation sur des bases et avec des arguments nouveaux
22 Le recours aux nouvelles technologies Lrsquointroduction massive des nouvelles technologies a de nombreux effets sur les conditions et les organisations du travail sur les modes de management Pourtant les dispositifs drsquoaccompagnement du changement technologique ne sont pris en compte et ces technologies ne sont pas toujours bien maicirctriseacutees par les centrales syndicales Le syndicalisme ne peut rester insensible agrave tout cela Les NTIC peuvent permettre aux syndicats une meilleure coordination des reacuteactions plus rapides aux deacutecisions de la Direction et une action forte agrave un moindre coucirct Alors que dans beaucoup de pays les sites intranet tendent agrave se multiplier au Maroc les demandes de connexion de la part des centrales syndicales au reacuteseau Internet restent embryonnaires voire inexistantes Avec la multiplication des ordinateurs et leurs prix en nette reacutegression on peut preacutesager que lrsquoeacuteconomie virtuelle peut donner naissance agrave des cyber-reacuteunions syndicales (pour les antennes reacutegionales) agrave des e-tracs voire agrave des cyber-manifestations Srsquoil est aujourdhui sucircr dadmettre lideacutee que les nouvelles technologies de linformation et des communications sont entrain de modifier le paysage institutionnel force est de constater qursquoelles ouvrent le champ des possibles Ainsi des sections syndicales franccedilaises estiment reacutepondre agrave leur devoir drsquoinformation en publiant sur Internet des accords drsquoentreprise des grilles de salaire et comptes-rendus de neacutegociations Coiumlncidence les pays connaissant le plus fort taux de peacuteneacutetration de lInternet tels la Finlande la Suegravede le Danemark ou la Norvegravege preacutesentent aussi la plus forte adheacutesion syndicale
OCP Un dialogue social riche et eacutequilibreacute Le Groupe Office Cheacuterifien des Phosphates (OCP) est speacutecialiseacute dans lrsquoextraction la valorisation etla commercialisation de phosphates et de produits deacuteriveacutes Chaque anneacutee plus de 23 millions detonnes de minerais sont extraits du sous-sol marocain qui recegravele les trois-quarts des reacuteservesmondiales Principalement utiliseacute dans la fabrication des engrais le phosphate provient des sites deKhouribga Bengueacuterir Youssoufia et Boucraacirc-Laacircyoune Selon les cas le minerai subit une ouplusieurs opeacuterations de traitement (criblage seacutechage calcination flottation enrichissement agrave sechellip) Une fois traiteacute il est exporteacute tel quel ou bien livreacute aux industries chimiques du groupe agrave JorfLasfar ou agrave Safi pour ecirctre transformeacute en produits deacuteriveacutes commercialisables acide phosphorique debase acide phosphorique purifieacute engrais solides Premier exportateur mondial de phosphate sous toutes ses formes le Groupe eacutecoule 95 de saproduction en dehors des frontiegraveres nationales Opeacuterateur international il rayonne sur les cinqcontinents de la planegravete et reacutealise un chiffre drsquoaffaires annuel de 13 milliard de dollars Moteur de lrsquoeacuteconomie nationale le Groupe OCP joue pleinement son rocircle drsquoentreprise citoyenneCette volonteacute se traduit par la promotion de nombreuses initiatives notamment en faveur dudeacuteveloppement reacutegional et de la creacuteation drsquoentreprise Dans un contexte de concurrence accrue le Groupe OCP poursuit la politique de consolidation deses positions traditionnelles et deacuteveloppe de nouveaux deacuteboucheacutes Avec une exigence sans cessereacuteaffirmeacutee ameacuteliorer la qualiteacute de ses produits tout en maintenant un niveau eacuteleveacute en matiegravere deseacutecuriteacute et de production de lrsquoenvironnement Le dialogue social a toujours eacuteteacute entretenu entre le personnel du Groupe OCP et la DirectionGeacuteneacuteral agrave travers les instances repreacutesentatives et les organisations syndicales Au niveau local le dialogue est assureacute via les Commissions du Statut et du Personnel (OCP)Composeacutees agrave pariteacute de repreacutesentants de la direction et drsquoeacutelus du personnel ces instances sontchargeacutees de veiller agrave lrsquoapplication du statut et drsquoexaminer les revendications des salarieacutes(embauches titularisations avancement licenciements sanctions disciplinaires hellip) Depuis juin 1995 le dialogue social est eacutegalement engageacute au niveau central par le biais decommissions constitueacutees de responsables de la Direction Geacuteneacuterale et des syndicats repreacutesenteacutes ausein du Groupe OCP Enfin des deacuteleacutegueacutes agrave la seacutecuriteacute eacutelus pour 3 ans et deacutetacheacutes aupregraves du ministegravere de lrsquoEnergie et desMines sont chargeacutes de veiller au respect des conditions drsquohygiegravene et de seacutecuriteacute sur les sites
Les centrales syndicales au Maroc doivent donc prendre des initiatives majeures dans le domaine des NTIC La prioriteacute devrait ecirctre donneacutee aux actions qui visent agrave offrir aux salarieacutes des entreprises une meilleure qualiteacute de linformation en terme de seacutecuriteacute de deacutelai et de proximiteacute
23 Le recours aux meacutedias Cest essentiellement dans la presse que se jouent de plus en plus les rivaliteacutes Il sagit pour les greacutevistes de sattirer la sympathie du public de discreacutediter lentreprise de faire ainsi la pression sur elle jusquagrave ce quelle cegravede Lacharnement des clients et des pouvoirs publics par des e-mails infirmant son comportement est deacutejagrave pratiqueacute dans plusieurs pays industrialiseacutes (USA Allemagne France hellip) Il ne sera plus possible agrave lentreprise de cacher le conflit et lopinion publique est prise agrave teacutemoin et il lui est demandeacute de jouer le rocircle darbitre Une preacutesence forte sur ce champ de lutte est fatalement neacutecessaire sachant que drsquoimportants acteurs eacuteconomiques ont deacutejagrave investi les meacutedias eacutecrits et audiovisuels
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3 Convergence entre Management et Syndicalisme Lencadrement dans lrsquoentreprise est agrave la fois au cœur des changements technologiques des changements drsquoorganisation ils sont les premiers concerneacutes par lrsquointroduction des meacutethodes et outils de gestion Si les choix strateacutegiques leur eacutechappent de plus en plus ils sont confronteacutes quotidiennement agrave des choix opeacuterationnels micro-organisationnels drsquoaffectation et drsquoallocation des moyens de gestion de lrsquoensemble des contraintes auxquelles ils doivent faire face dans leur deacutepartement leur service leur uniteacute Les questions des critegraveres de deacutecision des critegraveres de gestion leur sont familiegraveres souci drsquoeacutequilibre drsquoeacutequiteacute de responsabilisation de reconnaissance des acteurs de maintien et de deacuteveloppement des compeacutetences hellip Les critegraveres qui guident leurs choix ne peuvent ecirctre exclusivement drsquoordre financier Si le management global de lrsquoentreprise les choix macro-organisationnels peuvent faire abstraction des critegraveres autres que financiers degraves lors qursquoil srsquoagit de management de proximiteacute de choix opeacuterationnels le peacuterimegravetre des critegraveres srsquoeacutelargit ineacutevitablement Le cadre a avec lui des ecirctres humains avec leur savoir-faire leur faccedilon drsquoecirctre leur raisonnement leur comportement et leur subjectiviteacute Il doit composer avec lrsquoensemble des ressources dont il dispose lrsquoensemble des contraintes drsquoenvironnement et devient un veacuteritable acrobate Nous constatons combien la question des critegraveres de gestion ne renvoie pas Syndicalisme et Management dos agrave dos mais combien il peut y avoir au contraire convergence drsquointeacuterecirct entre le syndicalisme et les cadres sur la question des critegraveres de gestion A condition toutefois que le dialogue soit permis possible entre le management dans lrsquoentreprise au travers de son reacuteseau de cadres et les syndicalistes Porter au deacutebat aux eacutechanges les questions engendreacutees par la mise en œuvre de nouveaux modegraveles de nouvelles meacutethodes de nouveaux outils de gestion de nouvelles technologies susciter une analyse critique sur les critegraveres de gestion qui sous-tendent ces modegraveles voilagrave un espace totalement ouvert pour le syndicalisme pour srsquoadresser aux cadres sur des questions qui les concernent en premier lieu qui les inteacuteressent sur lesquels seuls il leur sera difficile drsquoagir ou de reacuteagir Le syndicalisme a bien vocation agrave se preacuteoccuper de toutes ces questions car ce sont prioritairement celles de salarieacutes agrave part entiegravere avec leur speacutecificiteacute que sont les cadres de lrsquoentreprise Sur ce terrain de proximiteacute le syndicalisme repreacutesentatif de lrsquoensemble des salarieacutes se doit de promouvoir ses propres valeurs dans lrsquointeacuterecirct des salarieacutes Il a tout inteacuterecirct agrave rejoindre le management agrave srsquoadresser aux cadres et agrave srsquoappuyer sur eux pour ce faire Le syndicalisme a besoin des cadres les managers ont besoin du syndicalisme Degraves lors qursquoil est question de management de proximiteacute on mesure bien quelles peuvent ecirctre les convergences entre Syndicalisme et Management Degraves lors que lrsquoon parle de Management global de lrsquoentreprise on mesure bien aussi quelles peuvent ecirctre les divergences de point de vue drsquoapproche entre syndicalistes et managers Les logiques drsquointeacuterecircts ne sont pas les mecircmes certes mais il importe surtout qursquoil y ait reacuteellement deacutebat neacutegociation ce qui nrsquoest pas toujours le cas et que le syndicalisme soit bien preacutesent dans ces deacutebats y prenne toute sa place
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4 Apports du mouvement syndical pour un dialogue social renforceacute Lrsquoentreprise nrsquoest pas et nrsquoa sans doute pas seule vocation agrave ecirctre citoyenne Elle ne peut toutefois ignorer lrsquoensemble des parties prenantes sous peine de prendre le risque agrave terme de perdre pied et disparaicirctre sous lrsquoeffet de ce qursquoil est convenu le risque socieacutetal Ces parties prenantes que sont les clients et usagers les actionnaires les salarieacutes et la communauteacute doivent ecirctre prises en compte mais comment trouver le bon eacutequilibre Dans un contexte drsquoincertitudes le dialogue social ne peut se reacutesumer agrave la deacutefense drsquointeacuterecircts corporatistes et agrave lrsquoobtention de bons accords drsquoautant que ces seuls objectifs ne suffisent plus agrave entraicircner des adheacutesions ni agrave motiver les adheacuterents Les syndicats doivent innover dans leurs meacutethodes et apporter une reacuteelle valeur ajouteacutee aux services qursquoils offrent et aux actions qursquoils megravenent Srsquoil nrsquoexiste pas de recette sans doute faut-il au moins creacuteer les conditions du dialogue entre les parties les regravegles du jeu du dialogue social Cela suppose de redonner aux corps intermeacutediaires et plus particuliegraverement aux organisations syndicales de salarieacutes la place qui leur revient leur leacutegitimiteacute Le syndicalisme a son mot agrave dire pour sortir de la logique dominante et pesante de la seule compeacutetitiviteacute par les coucircts afin que toutes les parties prenantes du deacuteveloppement eacuteconomique et social soient enfin reconnues et agrave eacutegaliteacute de traitement
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LYDEC acteur exemplaire du dialogue social au Maroc La Socieacuteteacute Lyonnaise des Eaux de Casablanca (LYDEC) assure la distribution de lrsquoeacutelectriciteacute de lrsquoeau etle service drsquoassainissement liquide dans le peacuterimegravetre du Grand Casablanca depuis aoucirct 1997 dans lecadre drsquoun contrat de gestion deacuteleacutegueacutee conccedilu avec le Conseil de la Ville Depuis janvier 2004 elle assuredans le cadre drsquoun contrat speacutecifique la maintenance du reacuteseau drsquoeacuteclairage public dans le mecircmepeacuterimegravetre Sa Direction Geacuteneacuterale assure eacutegalement un soutien fonctionnel agrave la socieacuteteacute Sita Al Baidafiliale du groupe Suez chargeacutee du ramassage drsquoordures meacutenagegraveres et de nettoyage dans le secteur dugrand Maacircrif agrave Casablanca depuis mars 2004 dans le cadre drsquoun contrat de concession Cet ensembledrsquoactiviteacutes qui entre dans le cadre de la politique de diversification voulue par le Groupe Suez etconcreacutetiseacutee par la mise en place drsquoune entiteacute de coordination chargeacutee de la mise en coheacuterence et dudeacuteveloppement de la synergie entre les diffeacuterentes composantes Par ailleurs LYDEC est impliqueacutee dansun ensemble drsquoactions de deacuteveloppement durable sous diverses formes dont deacutesenclavement de localiteacutesla reacutehabilitation drsquoensembles drsquohabitat insalubre lrsquoameacutenagement drsquoespaces verts et de plages ce qui enfait un interlocuteur rechercheacute des autoriteacutes locales et des ONG LYDEC est aujourdrsquohui reconnue pour ses compeacutetences et ses reacutealisations aussi bien sur le plan localqursquointernational Lrsquoentreprise est certifieacutee ISO 9001 depuis janvier 2005 pour lrsquoensemble de ses activiteacutesElle est eacutegalement la premiegravere entreprise marocaine agrave ecirctre eacutevalueacutee par Vigeo agence europeacuteenne denotation sociale Cette eacutevaluation a montreacute qursquoau point de vue de droits humains et plus particuliegraverement du respect de laliberteacute syndicale LYDEC assure la liberteacute des salarieacutes de constituer et de srsquoaffiler aux organisationssyndicales de leurs choix pour respecter lrsquoindeacutependance de ces organisations promouvoir avec elles desrelations constructives et assurer la protection des responsables et des adheacuterents contre les discriminationslieacutees agrave lrsquoexercice drsquoactiviteacutes syndicales LYDEC compte deux types de repreacutesentants du personnel lesmembres du bureau syndicales et les deacuteleacutegueacutes du personnel le protocole drsquoaccord du 10 juillet 2003reprend et complegravete le statut du personnel dans son article 10 les repreacutesentants du personnel par la voixdu Secreacutetaire Geacuteneacuteral ont pour mission de preacutesenter au chef de lrsquoentreprise ou agrave ses repreacutesentants toutesles reacuteclamations relatives aux avantages mateacuteriels la protection sociale lrsquohygiegravene et la seacutecuriteacute et en ceen application des dispositions leacutegales et statutaires Le pouvoir des capaciteacutes syndicales sur les mandats de la repreacutesentation deacuteleacutegueacutee du personnel estreconnu Les deacuteleacutegueacutes du personnel sont eacutelus sur une liste preacutesenteacutee par lrsquoUnion Marocaine du Travail(UMT) Les sujets qui peuvent ecirctre traiteacutes sont reacuteguliegraverement consulteacutes par la Direction Une journeacutee deseacuteminaire annuel est organiseacutee De lrsquoavis du partenaire social le dialogue la concertation et la consultation sont les mots-cleacutes pourcaracteacuteriser la relation entre la Direction et les repreacutesentants du personnel les rapports sont apaiseacutes etconfiants une performance remarquable dans le contexte de relations industrielles locales et le secteurdrsquoactiviteacutes de LYDEC Il y a une reacuteelle collaboration sur tous les dossiers importants comme lebasculement du reacutegime de retraite Les repreacutesentants du personnel sont eacutetroitement lieacutes et ceux-cipeuvent diffuser des messages clairs sur les sujets aux agents Les relations ne prennent pas qursquoune seuleforme mais sont au contraire marqueacutees par une diversiteacute de modaliteacutes qui en symbolise leurs richessesgroupes de travail reacuteunions de neacutegociations autour de protocoles drsquoaccord (trois protocoles drsquoaccord onteacuteteacute signeacutes entre LYDEC et lrsquoUMT ndash1998 1999 et 2003) reacuteunions informelles commissions paritaires La relation avec les repreacutesentants du personnel est manqueacutee par une grande richesse dans lesformes que celle-ci peut prendre neacutegociations consultations revendications propositions A ce
Au Maroc les entreprises et leurs salarieacutes sont comme toujours les plus mal lotis le fonctionnement geacuteneacuteral des institutions eacuteconomiques et sociales ayant eacuteteacute essentiellement penseacute pour les administrations et les grandes entreprises industrielles Le nouveau code du travail a apparemment chercheacute agrave y remeacutedier par des propositions concregravetes comme la mise en place du Conseil drsquoentreprise Le dialogue social est une des clefs de la performance globale des entreprises Il srsquoagit agrave travers lui de prendre en compte les inteacuterecircts de chaque partie parce que pour rester efficace lrsquoentreprise quelle que soit sa taille a besoin pour progresser drsquoinstances de neacutegociation et de besoin drsquoinstances de neacutegociation et de contre-pouvoirs Et ceci est encore plus neacutecessaire dans le contexte eacuteconomique actuel et pour faire face aux mutations sociales auxquelles assiste le Maroc Comment demander aux salarieacutes drsquoecirctre responsables et eacutemancipeacutes dans leur poste de deacuteployer des efforts et des
qualiteacutes relationnelles de faire preuve de creacuteativiteacute et en mecircme temps oublier de leur
demander leur avis sur la maniegravere de conduire lrsquoentreprise neacutegliger de neacutegocier avec eux le bon fonctionnement des relations sociales Pour que ce type de dialogue social existe aujourdrsquohui au Maroc et prenne enfin naissance en particulier dans les PMEPMI il faut revoir les principes mecircmes de son organisation Cette reconfiguration pour ecirctre efficace doit ecirctre deacuteveloppeacutee sur plusieurs axes
Faire eacutevoluer le droit du travail en impliquant les partenaires sociaux (favoriser les accords drsquoentreprise pour des relations sociales plus contractuelles)
Les accords drsquoentreprise doivent primer sur les conventions de branches Celles-ci constituent un niveau de neacutegociation intermeacutediaire qui srsquoarticule de plus en plus difficilement avec les deux autres (lois nationales et accords drsquoentreprise) tandis que beaucoup de conventions collectives ne correspondent plus aux reacutealiteacutes veacutecues par les entreprises et les salarieacutes ni au champ des meacutetiers qursquoelles sont censeacutees couvrir Degraves lors les accords drsquoentreprise devraient ecirctre incorporeacutes au contrat de travail pour en faire un veacuteritable outil de management de proximiteacute
Creacuteation de comiteacute paritaire dont les membres soccupent des questions relatives o agrave lemploi o aux reacutemuneacuterations o agrave la formation et aux reacuteorganisations
Formation et sensibilisation des managers et des partenaires sociaux au rocircle actif quils doivent jouer en matiegravere de dialogue social Cette sensibilisation interviendra pour une bonne part dans un cadre de participation agrave la construction dun compromis social dans lentreprise Trois missions y seront deacutefinies
o ecirctre acteur du dialogue social o deacutevelopper la veille et les relations sociales o veiller agrave leacutequilibre entre efficaciteacute de lorganisation et condition de travail
Revoir la cartographie des meacutetiers (restructurer et reacuteorganiser le meacutetier des branches et des meacutetiers)
Aujourdhui au Maroc les feacutedeacuterations professionnelles regroupent des entreprises de tailles et de meacutetiers diffeacuterents et que de ce fait coexistent un trop grand nombre de conventions souvent non appliqueacutees ou obsolegravetes qui cumulent des dispositions particuliegraveres Il est donc neacutecessaire de redeacutefinir le nombre de branches professionnelles pour quil corresponde non pas agrave la peacuterenniteacute des feacutedeacuterations existantes mais agrave une veacuteritable logique des professions Il faut en effet que ce soit la probleacutematique des meacutetiers et de leur eacutevolution qui fonde ce deacutecoupage et non lrsquoaffiliation agrave un secteur drsquoactiviteacute imposeacutee par les statuts drsquoun syndicat national Conclusion Le dialogue social crsquoest le moyen de concilier les inteacuterecircts cateacutegoriels de la collectiviteacute du personnel et ceux des deacutetenteurs du capital Il est donc lrsquoinstrument privileacutegieacute de lrsquointeacuterecirct geacuteneacuteral de lrsquoentreprise Aujourdhui les organisations syndicales ou patronales ne doivent pas manager leur survie et fuir leurs responsabiliteacutes de mecircme que lrsquoEacutetat ne doit pas chercher agrave faire perdurer un systegraveme que chacun sait obsolegravete Une gestion moderne efficace et humaniste des ressources humaines et des organisations ne soppose pas aux garanties collectives et statutaires des salarieacutes Face aux divisions aux oppositions agrave lisolement des individus une autre logique peut simposer fondeacutee sur les coopeacuteration entre salarieacutes services entreprises et administrations le progregraves eacuteconomique et social Cette logique sappuie sur la deacutemocratie la discussion des objectifs et de lorganisation du travail Moyens mateacuteriels et humains pour travailler dans des conditions correctes Creacuteations demplois et dactiviteacutes nouvelles Formation professionnelle deacuteveloppement et
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reconnaissance des qualifications Salaire gestion de carriegravere protection sociale responsabiliteacute droits dexpression de contestation des choix et des propositions Laction syndicale loin davoir perdu de sa pertinence est plus que jamais neacutecessaire pour gagner des espaces de liberteacute agrave lentreprise Pour que les salarieacutes sapproprient de nouveaux domaines dintervention Enfin la socieacuteteacute doit ecirctre capable de prendre en main son avenir Il est temps de faire le pari du dialogue contre celui des structures en se donnant les moyens drsquoinstaurer une veacuteritable culture de neacutegociation au sein des entreprises marocaines malgreacute les reacutesistances et les antiquailles La socieacuteteacute marocaine sans lendemain si ce nrsquoest celui du merchandising et de lrsquoaccroissement des ineacutegaliteacutes peut voir renaicirctre le retour de lrsquoinquieacutetude qui peut ecirctre une nouvelle egravere de doute leacutepoque de labdication plutocirct que celle de la protestation On a constateacute que la monteacutee de lrsquoabstentionnisme politique se conjugue neacuteanmoins avec lrsquoapparition de nouvelles gregraveves lrsquoapparition drsquoune nouvelle combativiteacute syndicale de nouvelles formes de militantisme (extreacutemiste mouvements politico-religieux hellip) Le paysage marocain est tellement bouleverseacute que le chemin de la reconstruction reste un endurant travail agrave reacutealiserhellip La mise agrave niveau souhaiteacutee par le gouvernement marocain ne doit pas ecirctre seulement eacuteconomique et financiegravere Elle doit ecirctre eacutegalement sociale Pour A Bartoli aucune reacuteponse-miracle ne doit sans doute ecirctre attendue hellip la flexibiliteacute et la communication aux niveaux locaux ne peuvent que contribuer agrave linstauration deacutechanges plus constructifs entre acteurs15 En conclusion on peut soutenir que Syndicalisme et Management loin donc de srsquoopposer ont au contraire de nombreux deacutefis agrave relever ensemble si tant est au moment de la mondialisation que la contradiction fondamentale entre le travail et lrsquoargent est encore controcirclable dans lrsquoespace national Le dialogue social doit constituer un eacuteleacutement essentiel dune strateacutegie de reacuteforme de leacuteconomie Cest un moyen darriver agrave un certain consensus de faire accepter agrave chacun sa part de sacrifices Lrsquoanalyse agrave laquelle nous nous sommes atteleacutes dans le cadre de la preacutesente eacutetude a le meacuterite de mettre en exergue les nombreuses opportuniteacutes de coordination de coheacuterence et de compleacutementariteacute qui sont jusqursquoici inexploiteacutes et qui peuvent aider agrave acceacuteleacuterer davantage le train des reacuteformes que souhaitent engager lrsquoEtat Marocain BIBLIOGRAPHIE Aktouf O Le management entre tradition et renouvellement Gaeacutetan Morin 3egraveme eacutedition Montreacuteal 1999
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LES MARCHES PUBLICS UN OUTIL DE DEMOCRATIE PARTICIPATIVE LrsquoAUDIT SOCIAL UN GUIDE PROGRESSIF POUR CONFIRMER LES OBJECTIFS Paul HUENS Chargeacute de direction au service du reacuteseau Objectif Plein Emploi au Luxembourg
Introduction Les Marcheacutes Publics sont aujourdrsquohui consideacutereacutes par le grand public comme la garantie drsquoune transparence de traitement eacutegal et drsquoune concurrence loyale et non fausseacutee Ils sont reacuteglementeacutes par une directive communautaire transposeacutee au niveau national au Luxembourg depuis septembre 2003 Les Marcheacutes Publics au travers de cahiers des charges et des bordereaux tentent de deacutefinir dans lrsquointeacuterecirct du contribuable tous les paramegravetres et toutes les regravegles permettant de reacutealiser son laquo Objet raquo Ces laquo Objets de Marcheacute raquo faisant partie de programmes principalement structurels et relevant de modes de financement qui favorisent la gestion sectorielle reacutepondent preacuteciseacutement aux besoins de lrsquoadjudicateur en terme de services de travaux ou de fournitures Notre projet tente de proposer des initiatives au travers de la leacutegislation en vigueur qui integravegrent les valeurs de lrsquoeacuteconomie solidaire dans lrsquoObjet du Marcheacute en srsquoappuyant sur la notion laquo eacuteconomiquement la plus avantageuse raquo Les facteurs reacutesiduels drsquoune activiteacute eacuteconomique contribuent agrave la creacuteation drsquoune forme de croissance endogegravene Dans les entreprises agrave but lucratif ces facteurs reacutesiduels sont repeacutereacutes et mis agrave profit par des eacuteconomies drsquoeacutechelle (srsquoagrandir pour diminuer les coucircts de fonctionnement) Au niveau de lrsquoeacuteconomie solidaire nous nous proposons drsquoanticiper ces facteurs reacutesiduels en les deacutefinissant comme des objectifs agrave atteindre Ces facteurs reacutesiduels qui srsquoexpriment moneacutetairement dans les entreprises traditionnelles pourraient ecirctre repris par le secteur de lrsquoeacuteconomie solidaire en terme drsquoexternaliteacutes positives Ces externaliteacutes positives agrave deacutefinir par des indicateurs objectivement veacuterifiables (audit social environnemental) devraient par notre deacutemarche ecirctre issus drsquoune relation eacuteconomique alors que dans la deacutefinition theacuteoriquement reconnue ces externaliteacutes ne passent pas par le marcheacute et ne sont pas eacutevalueacutees de maniegravere moneacutetaire Il srsquoagira donc drsquoamener le pouvoir adjudicateur agrave inteacutegrer cette vision afin qursquoil puisse neacutegocier avec le mieux offrant avec lrsquoeacuteconomiquement le plus avantageux toutes les externaliteacutes positives attendues qui devront permettre agrave long terme de creacuteer une croissance et une richesse endogegravene mesurable dans lrsquointeacuterecirct collectif Les diffeacuterentes conceptions de service drsquointeacuterecirct geacuteneacuteral et de deacuteveloppement durable deacutefinies par les forces vives locales (citoyens politiques associatifhellip) doivent rester agrave la base de la deacutemarche proposeacutee
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Le politique peut-ilhellip a-t-il encore les moyens de deacutefendre seul sans lrsquoaide et lrsquoimplication de la socieacuteteacute civile les enjeux drsquoune gouvernance deacutemocratique dans lrsquointeacuterecirct des geacuteneacuterations futures
1 Expeacuteriences et deacutemarches en cours pour lrsquointeacutegration des valeurs de lrsquoeacuteconomie solidaire dans les marcheacutes publics au Luxembourg
Les initiatives proposeacutees par Objectif Plein Emploi asbl (OPE) srsquointegravegrent dans un programme de deacuteveloppement durable neacutegocieacute autour de visions et de reacuteflexions plurielles Cette deacutemarche qui se veut participative impose une mobilisation de la socieacuteteacute civile et du pouvoir politique Dans le cadre de cette approche globale nous proposons agrave nos partenaires ( communes ministegraveres secteur associatif entreprises priveacuteeshellip) de deacutefinir ensemble laquo lrsquoObjet du Marcheacute raquo agrave reacutealiser et drsquoanticiper toutes les externaliteacutes positives par une recherche drsquoindicateurs objectivement veacuterifiables Une fois ce travail preacuteparatoire reacutealiseacute le pouvoir politique adjudicateur possegravedera un outil lui permettant drsquointeacutegrer dans un marcheacute public ou dans la neacutegociation drsquoun Partenariat Public-Priveacute toutes les valeurs retenues Ces valeurs doivent ecirctre deacutefendues par tous les acteurs et intervenants tout au long des neacutegociations preacutealables au programme (voir guide du maicirctre drsquoouvrage ndash eacutedition du moniteur) et lors de la reacutealisation des projets Les enjeux ainsi deacutefinis dans ce programme et transposeacutes dans laquo lrsquoObjet du marcheacute raquo feront partie inteacutegrante du contrat Lrsquoentreprise adjudicatrice ne peut plus se contenter de faire simplement appel agrave une vague notion de gouvernance interne et le pouvoir adjudicateur doit veiller agrave respecter et agrave faire respecter toutes les conditions du contrat sous le regard vigilant de la socieacuteteacute civile participative qui a contribueacute activement agrave la deacutefinition de lrsquoObjet (contraintes et controcircles bottum up et top down garantis) Dans ce contexte pour expeacuterimenter de maniegravere pragmatique les limites de la leacutegislation existante et deacutevelopper des outils pertinents drsquoexeacutecution et drsquoeacutevaluation
1 Notre association mobilise et contribue agrave la creacuteation de structures repreacutesentatives pour le Grand Ducheacute du Luxembourg
Mise en place drsquoun reacuteseau drsquoasbl Ce sont des Centres drsquoInitiatives et de Gestion locaux asbl au nombre de 35 qui repreacutesentent 48 des 118 communes luxembourgeoises pour le deacuteveloppement de lrsquoeacuteconomie solidaire au Luxembourg
(attention aux deacutefinitionshellip les entreprises de lrsquoeacuteconomie solidaire au Luxembourg ne se contentent pas de reacutepondre aux problegravemes de personnes exclues du systegraveme avec lrsquointention de les inseacuterer ou de les reacuteinseacuterer en beacuteneacuteficiant des programmes gouvernementaux existants dans le cadre drsquoune redistribution pure et dure mais veulent proposer des initiatives permettant de reacutepondre agrave des besoins non satisfaits par lrsquoeacuteconomie marchande et proposer des financements mixtes permettant de reacutepondre de maniegravere fonctionnelle et durable aux probleacutematiques socieacutetales rencontreacutees tant par les demandeurs de services que des demandeurs drsquoemploi agrave la recherche drsquoactiviteacutes reacutemuneacutereacutees utiles agrave la socieacuteteacute et creacuteatrices de richesses telles que deacutefinies dans un programme drsquointeacuterecirct collectif ou de deacuteveloppement durable)
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Participation active dans la plate-forme laquo Economie sociale et solidaire du Luxembourg raquo ougrave nous neacutegocions la creacuteation drsquoune agence pour le deacuteveloppement de lrsquoeacuteconomie sociale et solidaire au Luxembourg Creacuteeacute en 2004 suite agrave la mise en place du nouveau gouvernement le service du ministegravere de la famille est actuellement en charge du dossier -Economie Solidaire-
2 Notre association consolide en outre les contacts exteacuterieurs afin de travailler sur des
indicateurs socieacutetaux pertinents Notre association fait depuis peu partie du reacuteseau REVES (Reacuteseau Europeacuteen des Villes et des Reacutegions de lrsquoEconomie Sociale) qui nous permet de renforcer et drsquoeacutechanger nos expeacuteriences au niveau communautaire en vue de promouvoir des approches de subsidiariteacute au niveau local au Luxembourg Nous avons commandeacute une enquecircte nationale aupregraves de lrsquoinstitut luxembourgeois de recherches ILRes concernant la place des services de proximiteacutes au sein de la population luxembourgeoise Ces reacutesultats permettront drsquoalimenter le deacutebat de notre 5iegraveme Confeacuterence Nationale des acteurs beacuteneacutevoles du reacuteseau OPE et drsquoen extraire des indicateurs repreacutesentatifs Une eacutetude reacutealiseacutee en 2002 par le CRIDALSCI (Centre de Recherche et drsquoInformation sur la Deacutemocratie et lrsquoAutonomie Laboratoire de Sociologie du Changement des Institutions) deacutemontre lrsquointeacuterecirct de notre deacutemarche et nous donnes des pistes pertinentes pour notre eacutevolution future Une convention cadre a eacuteteacute signeacutee avec la Feacutedeacuteration Horticole Luxembourgeoise afin de deacutevelopper ensemble le marcheacute et les nouveaux marcheacutes sur base drsquoindicateurs mesurables dans le cadre des prestations proposeacutees par notre association
3 Les deacutemarches concregravetes et actuelles de notre association se reacutesument comme suit
Nous neacutegocions (avant les eacutelections communales de Octobre 2005) avec le pouvoir politique en place de la ville de Wiltz et le centre drsquoinitiatives et de gestion local du reacuteseau OPE pour lrsquointeacutegration de la notion laquo eacuteconomiquement la plus avantageuse raquo dans la deacutefinition drsquoun marcheacute public preacutecis (rue des sports) preacutevu pour 2006 Dans ce contexte ce futur marcheacute nrsquoest pas directement destineacute agrave ecirctre reacutealiseacute par notre asbl dans la mesure ougrave notre participation agrave la deacutefinition du Programme aura eacuteteacute trop importante Nous avons proposeacute au ministegravere des Travaux Publics (partenaire drsquoOPE depuis plus de Vingt ans) une forme de convention baseacutee sur la mise en place de services et drsquoactiviteacutes Notre objectif eacutetant de provoquer un dialogue compeacutetitif (avec toutes les conseacutequences de la remise en question drsquoune approche de subvention baseacutee exclusivement sur une reacuteglementation existante et contesteacutee par le secteur priveacute pour cause de concurrence deacuteloyale) Un deacutebat agrave ce sujet porteacute par notre preacutesident deacuteputeacute est preacutevu agrave la Chambre des deacuteputeacutes au courant de cette anneacutee lors de la cession parlementaire 2005 Nous organisons un recensement continu de maniegravere beacuteneacutevole avec les exeacutecutants les controcircleurs les agents techniques communauxhellipqui de part leurs fonctions et leurs missions sont perpeacutetuellement confronteacutes aux exigences des Marcheacute Publics tels qursquoimposeacutes par le laquo Pouvoir politique raquo en place Globalement ces marcheacutes ne reacutepondent plus aux exigences drsquoun service drsquointeacuterecirct geacuteneacuteral pouvant ecirctre mis en place par le biais drsquoune redistribution compeacutetitive qui tiendrait compte des valeurs drsquoune eacuteconomie au service de lrsquohomme
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2 Meacutethode contractuelle proposeacutee par OPE pour lrsquointeacutegration des valeurs de lrsquoeacuteconomie solidaire dans les marcheacutes publics
Quel type de contrat pour pouvoir atteindre les objectifs de deacutemocratisation par une approche plus solidaire au travers drsquoun Partenariat Public-Priveacute respectueux de toutes les valeurs porteacutees par cette alternative eacuteconomique que repreacutesente lrsquoeacuteconomie sociale et solidaire Depuis sa creacuteation OPE a toujours proposeacute aux diffeacuterents partenaires des conventions La convention est applicable agrave partir du moment ougrave la personne publique (adjudicateur) deacutecide drsquoune opeacuteration justifieacutee par lrsquointeacuterecirct geacuteneacuteral tout en laissant lrsquoinitiative (la notion drsquoinitiative implique non seulement lrsquoimpulsion du projet mais aussi sa conception et sa deacutefinition) du programme agrave un tiers (le plus freacutequemment agrave une asbl) Aucune contrepartie directe nrsquoest attendue par la personne publique Le marcheacute public est quant agrave lui un contrat qui doit reacutepondre aux besoins bien preacutecis du pouvoir adjudicateur en matiegravere de fourniture de service ou de travaux Le programme proposeacute par OPE se situe quant agrave lui au croisement des chemins entre la convention (initiatives) et le marcheacute public (prestations de services) Si les valeurs de lrsquoeacuteconomie sociale et solidaire eacutetaient reconnues et eacutetaient inteacutegreacutees par le biais drsquoune deacuterogation agrave la loi sur les marcheacutes publics (voir ce qui est en cours au niveau du projet de loi 5144 pour les initiatives sociales pour lrsquoemploi) la connexion serait eacutetablie et il serait leacutegalement possible pour les entreprises de lrsquoeacuteconomie sociale et solidaire de proposer un programme global aux pouvoirs adjudicateurs qui reprendrait tant lrsquoInitiative que les prestations de services (voir deacutemarches en cours avec le Ministegravere de la Famille pour la mise en place drsquoun cadre leacutegal permettant le deacuteveloppement de lrsquoeacuteconomie solidaire Arrecircteacute Grand Ducal du 7 aoucirct 2004 Art1107 ) Actuellement nous neacutegocions avec les pouvoirs adjudicateurs (Ministegravere des Travaux Publics et communes) au travers de conventions transitoires le programme global lieacute au service drsquointeacuterecirct geacuteneacuteral pour le deacuteveloppement durable drsquoune eacuteconomie solidaire (initiative) en y annexant des propositions de services qui reacutepondent preacuteciseacutement agrave leurs besoins (prestations de services) Ces propositions ont lrsquoavantage de pouvoir mettre en eacutevidence les activiteacutes proposeacutees tout en tenant compte des valeurs ajouteacutees (internalisation des coucircts externes suivant VADEMECUM de la leacutegislation agrave mettre en relation versus avec les externalisations positives deacutecrites ci-dessus) deacuteveloppeacutees par les initiatives dans le cadre du deacuteveloppement durable Dans ce contexte la notion drsquo laquo eacuteconomiquement la plus avantageuse raquo reprise dans la loi sur les marcheacutes publics constitue une plate-forme de discussion inteacuteressante La loi du 30 juin 2003 ( Art 11- mode drsquoattribution du marcheacute) et le regraveglement Grand Ducal du 7 juillet 2003 (dans ses Art16-objet de la soumission et Art89-Adjudication) preacutevoient de consideacuterer la notion de laquo eacuteconomiquement la plus avantageuse raquo La mecircme loi sur les marcheacutes publics (Article 4-Principes) demande agrave ce que le pouvoir adjudicateur assure la promotion du deacuteveloppement durable
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En srsquoappuyant sur ces deux visions nous voulons persuader le donneur drsquoordre (adjudicateur) que 1) Les valeurs de lrsquoeacuteconomie sociale et solidaire (si reconnues dans les neacutegociations en cours avec le Ministegravere de la famille et dans un deuxiegraveme temps par le gouvernement) telles que deacutefinies plus haut ont toutes les raisons de faire partie inteacutegrante des principes laquo pour le deacuteveloppement durable raquo deacutefinis par la leacutegislation (Titre II Principes repris dans la leacutegislation dans son Article 4) Ces principes demandent drsquointeacutegrer dans le cahier speacutecial des charges les conditions et lrsquoimportance agrave attribuer agrave la promotion du deacuteveloppement durable Comme nous lrsquoavons deacutejagrave deacutemontreacute notre programme contribue directement (par ses externaliteacutes positives mais aussi par une deacutemocratisation de lrsquoeacuteconomie) agrave la promotion du deacuteveloppement durable Il nrsquoy a donc pas drsquoobstacle agrave ce niveau pour que notre programme soit deacutecrit dans le cahier speacutecial des charges (possibiliteacute drsquoune standardisation tel que preacutevue dans la leacutegislation dans son Art20 par Arrecircteacute Grand Ducal ) Notre Initiative peut donc faire lrsquoobjet drsquoun marcheacute public et ne devrait plus uniquement ecirctre consideacutereacutee comme une convention 2) En ce qui concerne la notion drsquo laquo eacuteconomiquement la plus avantageuse raquo -La loi (Art 11) preacutevoit que le regraveglement GD instaure un cahier geacuteneacuteral ( ) des charges qui deacutefinit la notion drsquoeacuteconomiquement plus avantageuse -Le regraveglement GD quant agrave lui (dans ses Art16 et 89) demande agrave ce que cette notion soit deacutefinie dans un cahier speacutecial des charges La loi preacutevoit dans ses articles que lrsquoobjet de la soumission sera deacutecrit dans un cahier speacutecial des charges et qursquoil faut y indiquer notamment les critegraveres qui entrent en ligne de compte pour deacuteterminer lrsquooffre eacuteconomiquement la plus avantageuse par rapport aux services agrave prester Les valeurs lieacutees agrave lrsquoInitiative reprisent dans la notion laquo eacuteconomiquement la plus avantageuse raquo peuvent donc ecirctre inteacutegreacutees dans lrsquoObjet du marcheacute accompagneacutees du descriptif des services agrave prester (cahier des charges et bordereau) en relation directe avec les besoins du pouvoir adjudicateur
3 Eleacutements positifs constateacutes agrave ce jour La volonteacute politique doit ecirctre forte pour en arriver agrave une telle conception eacuteconomique plurielle mais drsquoores et deacutejagrave les arguments suivants soutiennent cette position volontariste
1) Au niveau national La commune de Wiltz nous a commandeacute un cahier des charges et un bordereau qui permette drsquointeacutegrer ces valeurs de lrsquoeacuteconomie solidaire dans un marcheacute public preacutevu pour 2006 La volonteacute politique existe dans la mesure ougrave ce sujet sera preacutesenteacute aux eacutelecteurs lors des prochaines eacutelections communales du 9 octobre 2005
2) Au niveau national LrsquoArrecircteacute Grand-Ducal du 7 aoucirct 2004 portant constitution des ministegraveres (dans son Art1-10-7) preacutevoit une responsabiliteacute du Ministegravere de la Famille et de lrsquoInteacutegration pour la solidariteacute et la deacutefinition drsquoun Fonds national de Solidariteacute La volonteacute et les deacutemarches en cours de la part du gouvernement luxembourgeois pour mettre en place
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la deacutefinition drsquoun cadre pour lrsquoeacuteconomie solidaire deacutemontre lrsquointeacuterecirct de reacutealiser des avanceacutees pragmatiques Lrsquoengagement actuel du Ministegravere des Travaux Publics et des finances pour deacutefinir la proceacutedure la plus adapteacutee de passation drsquoun marcheacute avec une entreprise de lrsquoeacuteconomie sociale et solidaire ainsi que les financements y rattacheacutes nous donnent des nouvelles opportuniteacutes de dialogues compeacutetitifs (voir opportuniteacute livre vert commission ci-dessous) pour clarifier les actions meneacutees par les entreprises concerneacutees
3) Le livre Blanc de la commission sur les services drsquointeacuterecirct geacuteneacuteral en ce qui concerne la responsabiliteacute des pouvoirs publics lrsquo(Art1) appuie la neacutecessiteacute drsquoassurer une combinaison harmonieuse des meacutecanismes de marcheacute et des missions de services publics en preacutecisant (Art2) que les Etats membres restent responsables de la deacutefinition deacutetailleacutee des services agrave fournir et de leur mise en œuvre et restent du ressort des pouvoirs publics (Art22) en eacutetant organiseacutes aussi pregraves que possible des citoyens (Art 31) et donc en garantissant une approche deacutemocratique deacutefendue par les entreprises drsquoeacuteconomie sociale et solidaire en ce qui concerne les subventionscompensations deacuteveloppe des travaux et propose des mesures afin que les compensations lieacutees agrave des services drsquointeacuterecirct geacuteneacuteral ne constituent pas des aides drsquoeacutetat et ne doivent pas directement respecter les regravegles et les plafonds par rapport aux montants preacutevus pour une notification preacutealable au niveau communautaire (voir Art42 en relation avec lrsquoArt86 du traiteacute aux aides drsquoeacutetat accordeacutees sous forme de compensation pour services public) Cette approche devrait rassurer les pouvoirs publics deacutesireux de mettre en place des regravegles nationales qui eacuteviteraient une ouverture trop large de ses frontiegraveres pour des Initiatives telles que deacutefinies dans des programmes socieacutetaux reacutepondant agrave des besoins internes tels que la lutte contre le chocircmage en ce qui concerne lrsquoeacutevaluation des reacutesultats agrave venir ils ne seront pas fondeacutes uniquement sur des critegraveres drsquoefficience eacuteconomique mais aussi sur des critegraveres sociaux eacuteconomiques et environnementaux agrave caractegravere plus geacuteneacuteral (Art45) qui doivent preacuteserver leur singulariteacute lieacutees agrave des exigences particuliegraveres en matiegravere de solidariteacute de collaboration beacuteneacutevoles et drsquoinsertion de groupes de personnes vulneacuterables (Art44) Pour les entreprises drsquoeacuteconomie sociale et solidaire une telle approche rassure et confirme toutes les valeurs deacutefendues journaliegraverement sur le terrain
4) Le livre vert de la commission sur les Partenariats Public-Priveacute et le droit communautaire des marcheacutes publics et des concessions deacutefinit que PPP srsquoinscrit dans lrsquoeacutevolution du rocircle de lrsquoEtat dans la sphegravere eacuteconomique LrsquoEtat passe drsquoun rocircle drsquoopeacuterateur direct agrave un rocircle drsquoorganisateur de reacutegulateur et de controcircleur (Com2004-327 final 113) Les regravegles preacuteconiseacutees passent par des proceacutedures de passation de marcheacutes publics Une nouvelle forme de proceacutedure est neacuteanmoins preacuteconiseacutee sous certaines conditions on parle alors de laquo dialogue compeacutetitif raquo (com2004-327 final 1213) qui permet aux autoriteacutes publiques de discuter avec les entreprises candidates afin drsquoidentifier les solutions susceptibles de reacutepondre agrave leurs besoins Nous retombons eacutegalement dans ce contexte dans les neacutegociations en cours avec les pouvoirs publics au niveau du Luxembourg 5) La Communication interpreacutetative sur le droit communautaire des marcheacutes publics (COM 2001-275 final) autorise que les valeurs sociales et environnementales soient inteacutegreacutees dans la deacutefinition de lrsquoobjet du marcheacute
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Conclusion A partir du moment ougrave ces valeurs sont retenues et que la volonteacute politique est affirmeacutee les marcheacutes publics peuvent contribuer activement agrave la mise en œuvre drsquoune vision plurielle dans le sens ougrave lrsquoefficaciteacute eacuteconomique la solidariteacute sociale et la protection de la nature pourraient devenir des forces motrices pour le deacuteveloppement de synergies agrave mecircme drsquoanticiper lrsquoavenir Nous pensons que lrsquoaudit social organiseacute dans cette universiteacute drsquoeacuteteacute peut nous apporter une contribution importante
agrave la deacutefinition des indicateurs objectivement veacuterifiables en rapport avec les valeurs deacuteveloppeacutees par le secteur de lrsquoeacuteconomie solidaire aux moyens agrave mettre en place pour valider nos actions
Nous vous remercions drsquoavance pour les aides et contributions qui nous permettrons de deacutefendre dans les neacutegociations en cours lrsquoeacutelaboration drsquoun systegraveme drsquoorganisation et de production baseacute sur le respect de lrsquoHomme et de la coheacutesion sociale dont il deacutepend Nous voulons laquo profiter raquo pour faire un appel pressant agrave toutes les volonteacutes individuelles et collectives susceptibles de nous aider pour continuer les recherches entreprises (qursquoelles se situent au niveau juridique mais eacutegalement au niveau de lrsquoAudit Social et environnemental) Pour terminer je voudrais citer un de vos pairs laquo avouons que nous sommes plus preacuteoccupeacutes par nos inteacuterecircts les plus immeacutediats les plus courtermistes que nous sommes mus par des logiques de preacutefeacuterence quasi-exclusivement individuelle Le sens du bien commun de la volonteacute geacuteneacuterale srsquoest effaceacute au profit du deacutesir particulier raquo (Baptiste RAPPIN colloque laquo raison(s) et deacutecision raquo- IAE de Lille 14 juin 2005) Cette citation provocatrice de la part de son auteur est en fait effectivement le contraire de ce que les entreprises de lrsquoeacuteconomie solidaire sont en droit et en devoir de preacutesenter Que cette approche vous invite agrave participer agrave notre projet
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AUX FONDEMENTS DE LrsquoAUDIT SOCIAL HOWARD R BOWEN ET LES EGLISES PROTESTANTES Jacques IGALENS Professeur des Universiteacutes ndash LIRHE et IAE ndash Universiteacute de Toulouse 1 Laiumlla BENRAISS Maicirctre de Confeacuterences en Sciences de Gestion ndash IAE de Bordeaux
Introduction Apregraves le second conflit mondial il faut reconstruire le monde Lrsquoalliance de circonstances entre le capitalisme ameacutericain et le communisme russe laisse place agrave de violents affrontements ideacuteologiques et militaires Avec la guerre de Coreacutee et la guerre froide le monde semble coupeacute en deux et le doute srsquoinstalle notamment chez ceux qui avaient espeacutereacute que la fin de la seconde guerre mondiale serait suivie drsquoune egravere de paix et de reacuteconciliation Aux Etats-Unis lrsquoapregraves guerre est une peacuteriode marqueacutee par lrsquoopposition entre les tenants (minoritaires) de lrsquoancien laquo New Deal raquo de F D Roosevelt et les partisans drsquoun capitalisme plus pur crsquoest agrave dire marqueacute par une moindre intervention de lrsquoEtat feacutedeacuteral dans la conduite de lrsquoeacuteconomie La guerre a grandement ameacutelioreacute lrsquoimage des grandes entreprises ameacutericaines aux yeux du public car elles ont joueacute un rocircle essentiel dans la production des armes qui ont permis la victoire Mais on le comprend aiseacutement cette reacutehabilitation nrsquoest pas sans ambiguiumlteacute Premiegraverement cet effort de guerre a enrichi beaucoup drsquoentrepreneurs et de proprieacutetaires ce qui pose agrave certains un problegraveme moral et qui explique que la philanthropie drsquoentreprise se deacuteveloppe rapidement Certes la philanthropie existait avant guerre et Carneacutegie avait pu par exemple financer la creacuteation de 2800 bibliothegraveques sur ces deniers mais crsquoes entre 1946 et 1960 qursquoelle prend un essor nouveau Ensuite les dirigeants drsquoentreprise commencent agrave srsquoexprimer publiquement et agrave faire valoir leurs conceptions de la place et du rocircle de lrsquoentreprise on peut citer parmi beaucoup drsquoautres Abrams de la Standard Oil Company (Abrams 1951) ou encore Randall de lrsquoInland Steel Company (Randall 1952) mais ces ouvrages ne reacutepondent pas toujours aux questions que se posent lrsquoopinion publique Crsquoest en 1949 dans ce contexte de doute et de questionnements eacutethiques que le conseil feacutedeacuteral des eacuteglises du Christ (eacuteglises protestantes ameacutericaines) passe commande agrave son deacutepartement eacuteconomique dirigeacute par Charles Taft drsquoune large eacutetude sur le thegraveme de laquo lrsquoeacutethique chreacutetienne et la vie eacuteconomique raquo La fondation Rockefeller soutient financiegraverement le programme En 1951 le conseil feacutedeacuteral fusionne avec drsquoautres structures et devient le laquo National Council of the Churches of Christ in the USA raquo regroupant vingt-neuf communauteacutes protestantes et orthodoxes des Etats-Unis la plus importante communauteacute cultuelle des Etats-Unis Six volumes seront publieacutes pour honorer la commande
Goals of Economic Life The American Economy and the Lives of people Social responsibilities of the businessman The organizational Revolution American income and its use Ethics and economic life
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Aucun de ces ouvrages ne sera traduit en franccedilais mais lrsquoun drsquoentre eux exercera une influence certaine aux USA et en France car il est le premier agrave eacutevoquer lrsquoideacutee qursquoil existe une responsabiliteacute sociale de lrsquoentreprise au-delagrave de sa stricte responsabiliteacute eacuteconomique et financiegravere vis agrave vis de ses proprieacutetaires Il srsquoagit de lrsquoouvrage de Howard R Bowen intituleacute laquo Social Responsibilities of the businessman raquo Apregraves avoir rapidement preacutesenteacute lrsquoauteur Howard R Bowen nous exposerons les ideacutees principales de son ouvrage avant de reproduire puis de commenter le passage relatif agrave lrsquoaudit social Nous rejoignons lrsquoauteur qui affirme qursquoagrave sa connaissance agrave la date de publication 1951 il srsquoagit de lrsquoapparition drsquoun concept entiegraverement nouveau
1 Qui est Bowen Bowen est neacute agrave Spokane Washington en 1908 mais il devient un produit intellectuel de lrsquoUniversiteacute de lrsquoIowa Il y fit toutes ses eacutetudes et fut docteur de cette universiteacute en 1935 il la preacutesidera entre 1964 et 1969 Economiste drsquoobeacutedience keyneacutesienne il a meneacute une partie de sa carriegravere dans lrsquoadministration au ministegravere du commerce agrave la commission des finances du Seacutenat et apregraves la guerre au laquo Irving Trust raquo agrave New York Il meurt agrave 81 ans en 1989 Sa carriegravere lrsquoa ameneacute agrave rencontrer beaucoup de personnes de milieux intellectuels et sociaux diffeacuterents et il est attentif aux conseacutequences concregravetes des deacutecisions eacuteconomiques Cela dit sa deacutemarche reste intellectuelle il nrsquoest ni militant ni ideacuteologue il se deacutefinit lui-mecircme dans sa preacuteface comme un laquo ingeacutenieur eacuteconomique raquo Gond et Acquier qui ont eacutetudieacute son œuvre eacutecrivent laquo SOCIAL RESPONSIBILITIES OF THE BUSINESSMAN ne semble pas central dans le parcours acadeacutemique de lrsquoauteur Tout drsquoabord lrsquoouvrage se preacutesente sous la forme de lrsquoessai et ne fait pas figure drsquoun travail de recherche respectant les standards acadeacutemiques propres agrave lrsquoeacuteconomie Ensuite Bowen fait peu reacutefeacuterence au livre dans ses travaux ulteacuterieurs qui se consacreront prioritairement agrave lrsquoeacuteconomie du systegraveme eacuteducatif ameacutericain (Bowen 1977) Enfin Bowen reviendra vingt ans plus tard sur laquoSOCIAL RESPONSIBILITIES OF THE BUSINESSMANraquo en prenant ses distances par rapport agrave lrsquoouvrage jugeant ideacutealiste lrsquoideacutee drsquoune responsabiliteacute sociale de lrsquoentreprise totalement volontaire et avanccedilant lrsquoideacutee qursquoune deacutemarche plus contraignante est neacutecessaire ( Bowen 1978) raquo (Acquier amp Gond 2005)
2 Les ideacutees principales de laquo SOCIAL RESPONSIBILITIES OF THE BUSINESSMAN raquo
Bowen deacutefinit la responsabiliteacute sociale de lrsquoentrepreneur degraves le deacutebut de lrsquoouvrage laquo elle renvoie aux obligations de lrsquohomme drsquoaffaire de poursuivre telles politiques de prendre telles deacutecisions ou de suivre telles lignes drsquoaction qui sont deacutesirables en fonction des objectifs et des valeurs de notre socieacuteteacute raquo il srsquoagit de placer les valeurs reconnues dans la socieacuteteacute au dessus des valeurs personnelles et cela dans un mouvement volontaire de la raison car lrsquohomme drsquoaffaire ayant plus de pouvoir que le simple citoyen il doit ecirctre capable de comprendre lrsquoimpact de son action sur la socieacuteteacute Lagrave reacuteside la notion de responsabiliteacute sociale dans cet abandon de ses propres valeurs au profit de valeurs collectives La dimension protestante apparaicirct plus loin lorsque Bowen montre que les penseurs protestants nrsquoont jamais soutenu de maniegravere inconditionnelle et univoque le systegraveme capitaliste laquo Ils srsquoaccommoderaient mieux drsquoun systegraveme mixant libre entreprise et intervention eacutetatique et ils abordent la question de la
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proprieacuteteacute priveacutee sous lrsquoangle speacutecifique du trusteeship et du stewardship raquo (Acquier ampGond 2005) Rappelons que ces doctrines stipulent que la proprieacuteteacute nrsquoa rien drsquoun droit absolu et inconditionnel et qursquoelle ne peut ecirctre justifieacutee que dans la mesure ougrave lrsquoadministration priveacutee des biens permet drsquoaccroicirctre le bien-ecirctre de la communauteacute Pour Bowen la doctrine de la responsabiliteacute sociale doit ecirctre envisageacutee comme moyen pour orienter lrsquoactiviteacute des entreprises vers lrsquoatteinte des objectifs que la socieacuteteacute civile srsquoest fixeacutee Il deacutetaille ces objectifs en srsquoappuyant sur le premier ouvrage de la seacuterie (laquo goals of economic life raquo) conditions de vie de qualiteacute progregraves et stabiliteacute eacuteconomique seacutecuriteacute des personnes ordre public justice sociale liberteacute drsquoentreprise deacuteveloppement personnel et ameacutelioration dans le cadre de la communauteacute (facteurs lieacutes agrave lrsquoameacutelioration de lrsquoenvironnement notamment) Crsquoest lrsquoencastrement ou lrsquoinscription des regravegles neacutecessaires pour atteindre ces objectifs que recherche Bowen Bien sur il eacutevoque le droit mais il trouve que la loi ne suffit pas et qursquoelle preacutesente des aspects dangereux si elle descend agrave un niveau de deacutetail trop important aussi il en appelle agrave la morale individuelle et agrave lrsquoeacutethique des affaires
3 Lrsquoaudit social selon Bowen Dans un premier temps lrsquoouvrage laquoSOCIAL RESPONSIBILITIES OF THE BUSINESSMANraquo est construit autour de probleacutematiques eacuteconomiques et de leurs conseacutequences eacutethiques Ensuite sont exposeacutees les convictions protestantes (chapitre 5) puis la responsabiliteacute speacutecifique de lrsquohomme drsquoaffaire (chapitres 6 7 8 et 9) Les critiques de la responsabiliteacute sociale sont eacutegalement exposeacutees et notamment la critique portant sur les conseacutequences de la RSE sur les coucircts de production (chapitre 10) le dilemme du choix entre le volontariat de lrsquoentreprise et lrsquoobligation leacutegale est abordeacute ( chapitre 11) puis des propositions sont effectueacutees (chapitres 12 et 13) Parmi les propositions figure la transformation du conseil drsquoadministration Bowen plaide pour lrsquointroduction de repreacutesentants des salarieacutes des fournisseurs des consommateurs des communauteacutes locales et du public laquo en geacuteneacuteral raquo Il ne faudrait pas faire de Bowen un preacutecurseur en la matiegravere car degraves les anneacutees 20 de nombreux auteurs avaient plaideacute sans succegraves dans cette direction (Tawney 1920 Goyder 1951 Douglas 1934 etc) Un certain Beardsley Ruml avait proposeacute avant Bowen un type de repreacutesentation particulier fondeacute sur le laquo trusteeship raquo un administrateur eacutetant eacutelu par les actionnaires avec mission particuliegravere de repreacutesenter telle ou telle cateacutegorie de laquo stakeholders raquo il eacutetait mecircme preacutevu pour lui une reacutemuneacuteration distincte de celle des autres administrateurs car sa tacircche eacutetait plus lourde dans la mesure ougrave il devait en plus de ses obligations normales srsquoefforcer de creacuteer des liens et drsquoobtenir le sentiment de la partie dont il repreacutesentait les inteacuterecircts De mecircme Bowen se prononce pour une repreacutesentation de ce qursquoil appelle le point de vue social dans le management Il esquisse une reacuteforme drsquoenvergure de la formation des managers dans le sens de leur transformation en laquo philosophe drsquoentreprise raquo Il propose que des cadres soient investis de la repreacutesentation des points de vue des parties prenantes Il suggegravere de renverser le sens de la mission du deacutepartement laquo public relation raquo pour qursquoelle serve la cause du public de mecircme il plaide pour que les eacuteconomistes drsquoentreprise eacutetudient les conseacutequences des deacutecisions de lrsquoentreprise sur lrsquoeacuteconomie globale Enfin il propose la creacuteation de mission drsquoaudit social Voici selon notre traduction ce qursquoeacutecrit Bowen dans le chapitre 13 pages 155 et 156
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