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Do it yourself Dossier de culture professionnelle – Noémie Luneau

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Dossier réalisé au cours de ma formation au DUT Publicité à Bordeaux. Le but était d'étudier en long et en large une tendance actuelle : j'ai choisi le Do it yourself.

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Do it yourself

Dossier de culture professionnelle – Noémie Luneau

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« Tout le monde fait du DIY sans le savoir. Mais même s’il n’a rien de révolutionnaire ce

mouvement, ou plutôt cet acronyme DIY, traduit bien un phénomène de société. »

Eric Donfu, sociologue à la Sorbonne

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Sommaire Introduction 4 Problématique 5 Partie 1 : La tendance du DIY au crible 6

Qui sont les adeptes du DIY ? 7 Les raisons du succès 7 Quels sont les freins à la pratique du DIY ? 8 Que comporte le DIY ? 8 Un avis sociologique 10 L’importance d’internet 11 Les français et le rapport au temps 12

Partie 2 : Les marques à l’abordage du DIY 14 Exemples de marques associées au DIY 16 Quelques contres exemples 18 Partie 3 : Les perspectives du phénomène 19 L’émergence et la multiplication des Fablabs 20

L’essor de l’imprimante 3D 22 Le DIY peut-il être une menace ? 22 Conclusion 24 Sources 25 Annexes Extrait de La Pensée Sauvage de Claude Lévi-Strauss 26 Extrait d’un article sur Lemonde.fr du 14/11/13 par Marlène Duretz. 31

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Introduction

L’origine du DIY fait débat. Certains le situe dans le mouvement hippie des années 60, tandis que d’autres dans le mouvement Punk des années 70. Quoiqu’il en soit, sa signification reste la même : « le faire soi-même ». Dans les deux contextes citées précédemment, le but était plus ou moins le même : s’échapper de la consommation de masse, de la politique et des normes. Créer des objets, des meubles par soi-même apparait comme un moyen d’autosuffisance et d’autonomie certain. Depuis plusieurs années et la venue de la crise, ce phénomène a la côte. Moyen de subvenir face aux difficultés financières, de s’exprimer et de créer face à un trop-plein de technologies ou simplement une passion parmi tant d’autres, le DIY nourrit et fait vivre l’esprit créatif de 61% de la population française. De plus, les DIY remontent le moral à 93% des français. Ses valeurs sont les suivantes : l’écologie, l’économie, la pédagogie, l’indépendance et l’autonomie. Ce phénomène a alors un fort aspect de convergence. Le marché du DIY et du fait-main représente à lui seul 1,250 milliard d’euros en France. Ceci étant, il est donc depuis quelque année repris par les marques dans un but marketing défini.

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Problématique

Pourquoi et comment les marques se servent-elles de la tendance au Do it yourself ?

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Partie 1

La tendance du Do it yourself au crible

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Qui sont les adeptes du phénomène Do It Yourself ?

En France, d’après une étude réalisée en septembre 2013 par OpinionWay pour le Salon Créations & Savoir-faire, 61% des français pratiquent le Do It Yourself. Cette activité est considérée comme une « deuxième vie créative ». En effet, les adeptes se laissent aller à leurs envies, leurs choix et leur imagination. En outre, cette étude nous apprend qu’il n’y a pas de distinction de sexe, de régions géographiques ou de CSP : le DIY touche deux tiers de la population française sans différenciation aucune. Enfin, les DIY remonteraient le moral à 93% des français.

Les raisons du succès

Les raisons sont multiples et variées. Voici une liste non exhaustive, non triée par

ordre d’importance : le plaisir, payer moins cher (60%), avoir une fierté personnelle, rester actif et autonome (pour 9 français sur 10), rejet de la consommation de masse, créer quelque chose d’unique (39%), améliorer un quotidien parfois maussade, détourner l’usage d’un produit (18%), créer pour offrir et faire plaisir, la curiosité, privilégier le made in France (16%), enjoliver sa maison, personnaliser ses vêtements, connaître et participer à l’histoire d’un produit (9%)… Tout un tas de sentiments se greffent au DIY et c’est ce qui fait sa force. Son attrait est surtout basé sur le plaisir qu’il offre : c’est un remède contre le quotidien, la fatalité… En outre, il faut aussi savoir que le DIY peut être une source de revenu. 32% des adeptes « vendent ou sont prêts à vendre » ce qu’ils créent. Le DIY pousse donc certaines personnalités à l’entreprenariat. Ceci est facilité par internet et la facilité de créer, partager et vendre sur la toile. Le fait de vendre ses créations est assez nouveau et offre une perspective à un grand nombre de personne. De plus, la crise a un rôle non dénué dans la tendance du Do It Yourself. Les français veulent faire des économies : le DIY d’une certaine manière peut leur permettre d’en faire. Pourtant, les adeptes du DIY savent une chose : l’économie d’argent n’est pas la première motivation à l’action. La crise apporte aussi en son sein une perte et une revalorisation des valeurs de chacun. Les gens se tournent vers des valeurs « refuges » comme l’art (pour les investisseurs), l’artisanat, le fait-main, le concret. La population se tourne aussi vers la qualité des produits. La crise engendre une peur des marchés financiers et tout ce qui l’entoure. Ainsi, la crise participe au phénomène du DIY dans une certaine mesure. Enfin, notons également de l’étude OpinionWay que « 68% des amateurs de DIY préfèrent faire eux-mêmes qu’acheter du neuf pour le plaisir de créer ». La notion d’économie et de remède contre la crise et la consommation de masse est donc à nuancer. Le prix des matériaux et des instruments utilisables pour le DIY peut varier du simple au double : tout

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dépend de l’envie, du point de départ et où la personne veut aller. Pourtant, sur le long terme, le DIY coûte tout de même moins cher que le neuf. Ronan Chastellier distingue que pour les acteurs du DIY, l’important est de concilier la création avec les économies (les économies seuls ne suffisent pas). Ainsi, selon le sociologue, « créer/économiser » est « la nouvelle dialectique contemporaine où l’on recherche une forme de ‘beau économique’ ». C’est aussi l’une des raisons du succès du DIY. Dans ce sens, nous pouvons aussi prendre en compte un sondage Ipsos OTX effectué auprès de 18 503 répondants de 25 pays en ligne en octobre 2013. Il établie que 91% des français interrogés préfèrent « passer plus de temps à la recherche d’un bonne affaire » plutôt que de faire un achat rapide et efficace (mais plus cher). La bonne affaire peut s’avérer être le fait-main.

Quels sont les freins à la pratique du Do it yourself ?

Le frein le plus courant à la pratique du DIY est le manque de confiance en soi. Allons-

nous réussir à fabriquer ce dont nous avons envie ? Sommes-nous manuel ? Avons-nous le temps de réaliser cet objet ? 51% des français hésitent sur leur compétence : ils ont peurs de ne pas réussir, de ne pas savoir faire ou de ne pas trouver un modèle simple à copier. Le manque d’inspiration représente 49% des personnes fermées au DIY, l’inaptitude manuelle 37% et le complexe de n’être pas un individu pratique 9%. En outre, le manque de moyens peut apparaître comme une entrave à cette pratique.

Que comporte le Do it yourself ?

Toujours d’après l’étude d’OpinionWay, nous pouvons distinguer plusieurs pôles

différents dans le DIY. Tout d’abord, les français qui pratiquent le bricolage : c’est l’activité la plus pratiqué, principalement par les CSP+. Le DIY peut, en effet, s’apparenter à du bricolage. Ce que 66% des français font. Le bricolage se définit comme le fait de « faire de petits travaux manuels d’aménagement, de réparation », de « réparer avec des moyens de fortune » ou encore faire « un travail peu sérieux, grossier ; du rafistolage ». (Sources : Linternaute et Larousse) Le bricolage est un travail non professionnel, qui s’inscrit donc dans le DIY : une personne lambda décide, avec ses moyens, de créer se dont il a envie. Il est intéressant, ici, de prendre en compte l’avis de Claude Lévi Strauss sur la question. Il considérait, dans son ouvrage La Pensée Sauvage, le bricolage comme une tâche effectuée avec les « moyens du bord », avec ce qui lui tombe sous la main. Il différencie ce bricolage avec le travail des professionnels, des ingénieurs qui eux créent dans un but précis avec des matériaux précis. En outre, Lévi-Strauss disait : « Mais il y a plus : la poésie du bricolage lui vient aussi, et surtout, de ce qu’il ne se borne pas à accomplir ou exécuter ; il « parle », non seulement avec les choses […] mais aussi au moyen des choses : racontant, par les choix qu’il opère entre des possibles limités, le caractère et la vie de son auteur. Sans jamais remplir son projet, le bricoleur y met toujours quelque chose de soi. » Le bricolage a un coté

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émotionnel et affectif, en contradiction du monde professionnel. Le DIY ressort dans cette définition, grâce à l’émotion, le plaisir et le don de soi qu’il procure. Ensuite, nous trouvons la cuisine créative, réalisée par 43% des initiés, en particulier par les 25-34ans. La cuisine n’a plus un aspect de contrainte et de tâche ménagère cantonné aux femmes au foyer : c’est à présent une manière de créer, d’interagir avec quelque chose, de jouer. La cuisine propose une pause à toute personne la faisant. Ce fut l’un des impulseur du mouvement. Les individus, souhaitant manger plus sain, se sont remis à découvrir et aimer faire la cuisine. Suite à cela, l’envie d’innover dans les recettes s’est naturellement implantée. En troisième position, nous rencontrons la rénovation d’anciens objets. Donner une seconde vie à un objet est une alternative écologique qui permet de recycler et de détourner les choses courantes : c’est l’engouement pour l’upcycling ou la valorisation des déchets. Ce phénomène fait face au gâchis de notre société : on transforme un objet inutile ou en fin de vie en un nouveau de qualité (ou d’utilité) supérieure. Ainsi, selon Ronan Chastellier, 37% « considèrent que recycler, rénover c’est créer ». Créer est le principe du DIY. Nous trouvons, ultérieurement, la couture et la création de vêtement suivi de la customisation. Ces deux aspects, respectivement à 33% et 22%, retranscrivent le désir d’être unique. Majoritairement pratiquée par les femmes, la couture permet de se déconnecter du monde qui nous entoure. La personnalisation, quant à elle, admet une touche d’originalité, de sur-mesure qui est ce que vise ses adeptes. Ronan Chastellier dit de la customisation que c’est un « ré-enchantement de la réalité […] On peut apposer l’emprunte du créateur sur n’importe quel support. Il y a une forme de maniérisme contemporain […] Le customizing est érigé en forme d’art. Le DIY s’applique aussi à la musique (l’autoproduction est rendue accessible grâce aux technologies et aux logiciels), l’art. A l’apprentissage : la méthode Edupunk se définie comme un apprentissage sortant des terres battues, n’utilisant ni PowerPoint ni tableau noir. Cette méthode utilise la philosophie du DIY et s’exerce principalement sur internet… Enfin, le DIY s’étend aussi dans la technologie. Un grand nombre de passionné créé des logiciels par eux-mêmes, des machines, des drones, des inventions… C’est une partie importante de la communauté DIY qui évolue surtout au travers de tutoriels sur internet. A noter que dans les années 1970, Steve Jobs bidouilla avec son ami Steve Wozniak ce qui deviendra le premier ordinateur portable. C’est dans cette lignée que le DIY continue d’exister pour certaine personne. Cet aspect technologie connait une forte corrélation avec le phénomène des Fablab. Encore peu développé en France, je développerai ce concept dans la Partie 3.

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Un avis sociologique

Le DIY, d’après lui, créerait une seconde vie, moins monotone, plus créative et libre. C’est aussi une « forme de résistance » et de « participation réelle » au monde : les individus se prendrait en compte et affirmerait leur personnalité, leur envie d’être unique au travers de leur création. Il explique aussi que l’enivrement autour du DIY « traduit un besoin de retrouvailles avec la matière ». Ainsi, « le ‘do it yourself’ s’apparente à une forme de régénération, d’accomplissement de soi, voire de liberté retrouvée. ». Le DIY a pour but de faire d’un individu un acteur de ses biens. Ce n’est plus qu’un simple consommateur et spectateur des objets qui l’entourent : il les crée, les personnalisent. Il s’établie alors un lien entre la création et l’individu. L’objet est alors associé à une satisfaction, à un sentiment. Le lien est d’autant plus fort.

Ronan Chastellier est un sociologue français. Ancien conseillé éditorial du magazine Technikart, ancien « planneur stratégique » en agence de publicité comme McCann ou TBWA, ancien journaliste économique (Les Echos, Le Monde…), il a aussi été maître de conférences à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris. Il a récemment analysé la tendance du DIY dans l’optique de l’étude d’OpinionWay et de son nouveau livre : Tous en slip !

En outre, le DIY permet de remplir le besoin « d’estime de soi » sur la pyramide de Maslow, voire l’accomplissement si la tâche effectuée était grande. Les individus se dépassent et répondent ainsi à leurs besoins.

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L’importance d’internet Internet a permis l’émergence de ce phénomène. Le partage est devenu, grâce aux blogs, à Youtube, aux sites d’informations ou encore aux réseaux sociaux, un adage de notre société. La quantité d’information sur internet se multiplie chaque jour, les contenus s’affolent, les sites se créent par centaines, les posts Facebook s’échauffent… Cette croissance des ressources de tutoriels en tout genre (photos, vidéos…) a débuté vers 2007 au moment de la crise. Dans cette ambiance survoltée, la tendance du DIY s’implante. Blogs, articles, pages Facebook… tout y passe. Internet a révolutionné nos habitudes, notre mode de pensée. Le DIY en profite afin de créer autour de lui un phénomène et une nouvelle manière de voir les choses. En outre, Internet offre, comme l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, une multitude de savoir et de connaissances à un grand nombre de personnes. La culture et l’information sont maintenant fortement démocratisées. Tout le monde peut apprendre, créer, connaître et faire ce dont il a envie. Le DIY s’inscrit dans cette dynamique. Et, selon Ronan Chastellier, Internet permet aux internautes de devenir « éditeur de soi-même ». Ainsi, sur Internet, nous trouvons de tout. Il suffit de chercher sur Google pour qu’un grand nombre de résultats sur le Do It Yourself apparaissent. En effet, en un simple clic et une dizaine de lettres tapées sur un clavier, n’importe quel internaute peut accéder à un tutoriel DIY. Ceux-ci dans le but de valoriser le « faire soi-même ». Internet a aussi permis à tout et un chacun d’apprendre, de partager leur idée et même de vendre leur création, dans un esprit d’entreprenariat.

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Les français et leur rapport au temps

Le temps est quelque chose de sacrée : nous ne voulons pas le perdre, il est précieux. Plusieurs enquêtes et sondages mettent en lumière le rapport au temps des français. Ainsi, d’après une enquête Ipsos pour Caprice des Dieux effectué en janvier dernier, 81% des français considèrent que « disposer de moments de lâcher prise leur est indispensable ou nécessaire ». En moyennes, ils considèrent qu’ils ont besoin de 42 minutes de lâcher prise par jour : les femmes et les personnes âgées recherchent avant tout du calme tandis que les jeunes et les hommes recherchent une activité intense. En outre, le lâcher prise est considéré par 80% des personnes interrogées comme un bon choix. De plus, une enquête Ipsos pour le CESE et KPMG effectuée en novembre 2012 a permis de recensé que, en France, on compte moins de personnes pressées (45%) que de personnes qui prennent leur temps (55%). Par contre, le sondage met en avant que 54% des actifs et que 51% des femmes en général se sentent perpétuellement pressés. En outre, 53% des français aimeraient avoir plus de temps à consacrer à leurs loisirs (64% des actifs, 55% des femmes). Dans cette même idée, sils avaient plus de temps, à 32% ils le consacreraient en priorité à leurs loisirs. Le DIY se situe donc totalement en accord avec les envies des français. Il se distingue comme un loisir et un lâché prise créatif. Le temps qui lui est consacré est à part : après le travail (56%), le week-end ou pendant les vacances. Dédié au plaisir, ce moment est privilégié.

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Ainsi, 20% de la population française s’adonnerait au DIY tous les jours, 34% occasionnellement et 43% le week-end. Ces moments sont des pauses quotidiennes dans la vie des français.

Les marques, connaissant les attentes et les pratiques de leur consommateur, tentent depuis plusieurs années de s’approprier le mouvement du DIY.

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Partie 2

Les marques à l’abordage du Do it yourself

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Les marques ne peuvent plus ignorer le phénomène du DIY. En effet, le marché du fait-main représente 1,250 milliard d’euros en France. De plus, la crise frappe les marque de plein fouet : elles doivent s’adapter aux tendances pour survivre, et donc au DIY. Cependant, elles ne peuvent pas récupérer le phénomène du DIY sans intégrer ses codes. Elles doivent ainsi, dans leurs stratégies, considérer le consommateur comme un « demandeur de solutions ». Les enjeux sont certains : montrer l’engagement et la compréhension des consommateurs que possèdent les marques ; obtenir une bonne image de marque ; s’adapter et ainsi continuer à prospérer… L’enjeu est en effet surtout marketing.

Certaines marques offrent directement un produit appelant au DIY. C'est le cas, par exemple, des machines à pain, à soda, les machines à coudre... C'est une concurrence toute particulière aux boulangers, aux grandes marques de boisson sucrée (Coca Cola, Orangina, Sprite, Fanta...), à l’industrie du textile. D’autres, comme Cultura par exemple, font des loisirs créatifs un fond de commerce. En effet, dans quelques années, les loisirs créatifs représenteront 50% du marché des loisirs. Afin de bricoler, de personnaliser ou de customiser, les entités créatives ont besoin de matériels, du ruban, d’aiguille à coudre, de marteau… C’est ce qu’un bon nom d’enseignes a compris. Sur la toile, nous pouvons en trouver très facilement.

Le DIY pousse 32% de ses adeptes à vendre ou à vouloir vendre ses créations. Outre les boutiques et les entreprises locales créées autour de ces créations, il existe de grande marque qui permettent aux créateurs de vendre leurs œuvres sur la toile. C’est le cas d’Etsy qui est un site de vente en ligne de produits uniques : tous les individus du monde entier peuvent acheter ou vendre sur la plateforme. En 2013, Etsy connait un chiffre d’affaire de plus d’1 milliard d’euros. C’est la preuve – sil en fallait une – que le DIY est une réelle tendance. Le marketing C to C a donc beaucoup d’avenir. En France, le relais est fait par a Little Market qui a le même principe.

TOGA est un magasin en ligne spécialisé dans le Scrapbooking et ainsi, vend toutes sortes de matériels servant aux créations des usagers.

Cultura est le leader français en termes de loisirs créatifs et décoratifs. L’enseigne propose aussi beaucoup d’atelier au sein même de son magasin : il favorise la créativité de tous !

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Exemples de marques associées au Do it yourself

Face à l'engouement et aux apports aux objets qu'apportent le DIY, certaines marques ont su s'adapter afin d'offrir une offre conforme à l'attente des consommateurs tout en leur laissant l'impression d'un travail « fait par eux-mêmes ». A l'instar des notices de montage d'un meuble, Castorama propose au travers d'une page Youtube, des tutoriels. Regroupant plus de 38 000 abonnés, la marque arrive à fédérer une communauté autour du concept de DIY. En effet, son accroche est la suivante : « Des projets plein la tête ? Lancez-vous ». Ainsi, le bricolage est à la portée de tous grâce à ses vidéos. Castorama, de son côté, offre une bonne image de marque en répondant aux besoins de ses consommateurs : créer, monter soi-même ses meubles.

Pour fêter ses 80ans, début 2013, Lacoste a lancé une édition limitée de ses polos dans la tendance du DIY. En effet, la marque a proposé à ses clients de créer eux-mêmes leur polo ! Il existait 12 versions différentes à broder, coller ou tricoter. Chacun étant vendue à seulement 12 exemplaires par mois, exclusivement sur la page Facebook de Lacoste. Cette opération avait pour but de créer de l’engouement autour de l’anniversaire de la marque et autour de la tendance du DIY. Les personnes détentrices de ces polos en édition très très limitée possèdent ainsi une pièce unique, collector et personnalisé par leur soin ce qui lui apporte encore plus de valeur. En voici deux exemples :

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De plus, il existe un grand nombre de création à faire « en kit ». C’est le cas par exemple des meubles Ikea que tout le monde doit monter soi-même. Ce concept marche très bien – même si le manque de personnification assombrit la chose, ce n’est pas grave car sur internet, nous pouvons trouver beaucoup de tutoriels et de matériels pour customiser ces meubles.

Le BHV a organisé en 2012 des « Ateliers d’exception » autour du DIY. Notons que la marque possède sur son site internet, un onglet DIY (cuisine, déco et customisation) et est donc très engagée dans ce mouvement. Y étaient présentés différents ateliers autours de la cuisine (et particulièrement sur les potagers et les recettes de café), de la couture (et l’élaboration d’une pochette par soi-même et sur le tricot), de la customisation (afin de créer un abat-jour). L’enseigne a, en outre, aussi organisé un Vide dressing et d’autre événement dans le même style. Le BHV prône le DIY comme un mode de vie et tend ses consommateurs à pratiquer le DIY.

Quelques contres exemples

recette d’un chef. Pourtant, le fait que tout soit déjà prêt enlève une partie importante de la création et de la fierté acquise.

Dans le même genre que Castorama, la marque Seb propose des recettes simples et efficaces en ligne pour promouvoir son autocuiseur. Cette campagne de Brand Content s’appuie sur l’envie de faire soi-même rapidement ses plats mais n’entre pas réellement dans le DIY.

Le site internet lescommis.com propose à ses internautes de réaliser des recettes de chef. Pour cela, il livre (sur Paris) tous les ingrédients nécessaires pour la recette : ces derniers sont déjà lavés, découpés, dosés. Il ne reste plus qu’à suivre la recette. Cette exemple s’appuis sur le principe du DIY : les personnes vont réaliser eux-mêmes la

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Partie 3

Les perspectives du phénomène

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Les perspectives pour les individus et pour les marques sont nombreuses. Tout d’abord, nous pouvons de plus en plus parler de « Do it together » : les français ne voudront bientôt plus faire tout seul, mais partager leur passion. C’est l’un des aspects des Fablabs. Il est important de prendre en compte le fait que c’est entre paris que nous pouvons apprendre, progresser et fabriquer ensuite ses propres réalisations. En outre, le prix des machines comme l’imprimante 3D devient de plus en plus accessible et se place comme l’un des avenirs possible au DIY. Enfin, le DIY peut peut-être s’apparenter à une menace pour plusieurs raisons.

L’émergence et la multiplication des Fablabs

Les Fablabs, contraction de l’anglais Fabrication Laboratory, sont des lieux ouverts à tous disposant d’un grand nombre d’outils (imprimante 3D, machines-outils particulière…) permettant de concevoir et de fabriquer des objets. C’est un atelier, non lucratif, de création en quelque sorte. Les Fablabs doivent répondre aux critères d’une charte. Le public visé par les Fablabs est universel : elles s’adressent à tous ceux qui sont intéressés : entrepreneurs, étudiants, artistes, bricoleurs, designer… d’âge et de CSP variés. Les Fablabs sont aussi un lieu de rencontre entre professionnel et débutant, passionnés et curieux. La création peut se faire en collaboration : chacun pouvant apporter son aide, son expertise et sa connaissance à un projet. En outre, le partage est un des adages important de ce concept : les fichiers des projets réalisés sont disponibles à tous. Le premier Fablab fut initié par Neil Gershenfeld à la fin des années 1990 au Etats-Unis. Ce professeur au MIT s’est rendu compte que les ordinateurs offraient un grand nombre de possibilité comme pouvoir modéliser et créer des objets physique. Il décida donc de réunir en un seul lieu des machines de hautes technologies grâce à différent financement. Cependant, la prise en main de ces machines et logiciels pouvant être laborieuse, Neil Gershenfeld accompagna ce lieu de cours pratique afin de permettre à tous d’utiliser les machines. C’est de là que provient les Fablabs. Les Fablabs sont des lieux de recherches et de créations. Pourtant, ils s’opposent au monde industriel car les projets et les fabrications produites en son sein n’ont pas pour but d’être réalisés en masse. C’est le plus souvent des productions uniques et personnelles. Le phénomène de Fablab est en pleine évolution. Le monde en dénombrait 34 en 2008 pour environ 149 en 2012. En France, le concept a tout pour plaire aujourd’hui et se développe. Nous avons beaucoup d’espaces publics numériques depuis les années 90 mais le premier Fablab porté par une université a seulement été inauguré en février 2012, à Cergy-Pontoise sous l’impulsion d’Emmanuelle Roux et de Laurent Ricard. Le vice-président de l’université, François Germinet, fut rapidement convaincu par l’initiative : « J’ai été séduit tout de suite, c’est assez génial. On peut fabriquer des objets avec des techniques qui ne sont pas compliqués, comme l’imprimante 3D, avec de nombreuses applications dans les domaines

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où nous travaillons : la santé, les polymères, le patrimoine… ». Nous comptons à ce jour une quarantaine de Fablabs en France. En outre, le gouvernement a lancé, en juin 2013, un appel au financement de projets pour le soutien au développement de Fablabs. Fleur Pellerin, à l’initiative du projet, explique ainsi que le gouvernement veut « poloniser le territoire avec des Fablabs, afin que chacun puisse prendre le train de la modernité. Le futur c’est maintenant, et la révolution numérique doit être pour tous ». Les résultats de cet appel viennent de paraître. Ainsi, 14 projets de Fablabs vont être financés (sur 154 dossiers soumis) avec une enveloppe de l’ordre de 1 million d’euros. A l’occasion de cette annonce, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, a regretté que la sélection s’arrête à 14 projets. Il affirme, en effet, que les Fablabs sont un des enjeux majeurs pour les industries futures car « ils permettent aux entreprises de se rapprocher des consommateurs. Car, oui, les Fablab intéressent aussi les entreprises et les marques.

Pensé dès fin 2011, Leroy Merlin a sauté le pas le 31 mai et le 1er juin 2013 à Angers. A cette occasion, Leroy Merlin s’est associé à La Forge des Possibles et a organisé un Openlab pendant deux jours à l’intérieur de son magasin. Les prospects pouvaient alors découvrir l’imprimante 3D, le fer à souder, la découpe vinyle… autours de débat et de présentation sur les Fablabs. Pourtant, en 2011, Leroy Merlin pensait beaucoup plus à en ouvrir définitivement dans ces magasins mais peut-être cela était-il impossible à réaliser. En tout cas, l’initiative est bonne car l’intérêt pour les fablabs et plus généralement pour le DIY est grand et tendance. En outre, la marque Orange fut l’un des partenaires du premier fablab en France décrit ci-dessus. Orange voit dans ce projet un intérêt en termes de Recherche&Développement. Orange a aussi créée une sorte de fablab expérimental (mais ne répondant pas à la charte original) : Thinging à l’intention d’étudiants effectuant un cursus en informatique, design, électronique… Ce mode de financement ne dérange pas les Fablabs qui ont besoin d’argent et donne à Orange une image d’innovation, d’entreprise cool et à la pointe. Les Fablabs sont ainsi des endroits propices au DIY, à l’échange, au partage et à la création. L’inventivité de tous est mis en avant et l’entraîne prévaut.

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L’essor de l’imprimante 3D L’imprimante 3D est l’une des innovations qui va le plus marquer notre temps. Elle tend à se démocratiser de plus en plus. C’est toujours le cas avec les inventions : elles nous paraissent extraordinaires à leur naissance puis elles deviennent communes. L’imprimante 3D permet de réaliser beaucoup d’objet réel. Elle fonctionne grâce à une technique de fabrication additive et crée un prototypage rapide. Tout d’abord, on réalise l’objet sur un ordinateur en utilisant un outil CAO puis le fichier est envoyé vers l’imprimante qui « imprime » couche par couche l’objet en découpant et solidifiant la matière. Pour le moment, l’imprimante 3D ne crée que des prototypes en général mais la science allant très vite, nous pouvons nous demander de quoi il sera fait dans les prochaines années. Son champ d’action est très large : produit de grande consommation, luxe, bijouterie, design, architecture… Le marché de l’imprimante 3D est en forte croissance ces dernières années. Pour l’instant, il existe des services en ligne afin d’imprimer à distance sa création mais comme dit précédemment le cout de l’objet risque de diminuer et d’être accessible à tous rapidement. Les particuliers peuvent de plus déjà l’utiliser dans les Fablabs. L’imprimante 3D correspond au futur du DIY : peut-être pourrons-nous en un simple clic créer un infini de possibilité par nous-mêmes ?

Le Do it yourself peut-il être une menace ?

Le DIY est un phénomène en constante croissance. Certaines mentalités changent : le partage, la connaissance et la solidarité prennent de plus en plus de place dans nos vies. Le DIY est une vision positive du monde et des sociétés. Mais ça peut aussi être une menace. Le fait de construire dans des villes des jardinières publiques, le phénomène des Incroyables Comestibles, à destination de tous, peut apparaître comme une concurrence face aux producteurs locaux. Les petits maraîchers peuvent alors souffrir d’un manque à gagner sil suffit simplement de ramasser les fruits et les légumes dans la ville. Pour l’instant ce phénomène commence seulement à émerger en France mais dans le principe, si ça évolue qu’elle conséquence cela peut-il avoir ? En ce qui concerne l’imprimante 3D, les marques peuvent avoir peur de cette nouveauté. En effet, de nombreux fan de Lego tentent grâce à l’imprimante 3D de reproduire la forme simple du géant danois. Il en va de même pour Playmobil. De nombreuses maquettes 3D circulent sur la toile et peut à terme ternirent la croissance de ces deux enseignes.

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Enfin, le DIY ne peut pas tout remplacer. Le sociologue Ronan Chastellier prévient sur les risques de cette tendance : « l’éloge de la décroissance » ou selon ses mots « l’idéologie du sympa ». En effet, le DIY est une passion et un mode de vie, mais il ne peut pas tout remplacer, comme les individus ne peuvent pas tout faire tout seul. Ronan Chastellier met en avant le fait que le DIY doit surtout permettre « de retrouver un regard sensible sur les choses ». La limite du DIY peut aussi se baser sur la limite des compétences professionnelles. Ce mode de pensée peut être une menace pour la croissance.

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Conclusion

Le DIY est un phénomène qui touche 61% de la population française et un marché qui représente plus de 1 milliard d’euros. Le DIY évoque pour ses adeptes du plaisir, une fierté, de l’économie, de la personnification, des revenus… Le DIY, c’est aussi bien du bricolage, de la cuisine créative, de la customisation, de la récupération d’objet que la fabrication d’œuvres artistiques ou technologiques. L’essor de ce phénomène est en grande partie du à internet. Depuis quelques années maintenant, les marques tentent de s’approprier le mouvement. Les marques de loisirs créatifs et les revendeurs sur internet sont justifiés ici. Certaines autres marques, comme Lacoste ou le BHV, s’en servent simplement comme couverture médiatique ou comme bon moyen d’être perçu dans la tendance. D’autres encore essayent mais ne saisissent pas bien le concept. Enfin, le DIY évolue avec le temps. Nous voyons depuis 2 ans l’apparition en masse des Fablabs en France, ces ateliers créatifs ouvert à tous disposant de machines évoluées. De plus, l’utilisation de l’imprimante 3D tend à se démocratiser et permet aux prospects de réaliser de plus en plus de choses eux-mêmes. Cependant, il faut quand même nuancer le phénomène du DIY : à force de tout vouloir faire soi-même, l’originalité se trouvera-t-elle dans l’industriel ? Le DIY nous amène-t-il dans une société de décroissance ? Le DIY cause-t-il du tord à l’artisanat et aux petites industries ? Seul l’avenir pourra répondre à ces questions.

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Sources http://www.ipsos.fr/

http://fr.wikipedia.org/ http://efleury.fr/

http://www.at-ethno.com/ http://www.lepoint.fr/

http://psychosocialebx2.e-monsite.com/ http://www.economiematin.fr/

http://www.agoravox.fr/ http://www.materialiste.com/ http://www.laposte.fr/lehub/

http://www.lasantepublique.fr/ http://www.lemonde.fr/

http://fablabs.tumblr.com/ http://owni.fr/

http://www.01net.com/ http://www.usine-digitale.fr/

http://fr.fashionmag.com/ http://www.e-marketing.fr/ http://www.ecoconso.be/

Emission web « TRENDS ect… »

La pensée Sauvage de Lévi-Strauss

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Annexe 1 : Extrait de La Pensée Sauvage de Claude Lévi-Strauss […] Une forme d’activité subsiste parmi nous qui, sur le plan technique, permet assez

bien de concevoir ce que, sur le plan de la spéculation, put être une science que nous préférons appeler « première » plutôt que primitive : c’est celle communément désignée par le terme de bricolage. Dans son sens ancien, le verbe bricoler s’applique au jeu de balle et de billard, à la chasse et à l’équitation, mais toujours pour évoquer un mouvement incident : celui de la balle qui rebondit, du chien qui divague, du cheval qui s’écarte de la ligne droite pour éviter un obstacle. Et, de nos jours, le bricoleur reste celui qui œuvre de ses mains, en utilisant des moyens détournés par comparaison avec ceux de l’homme de l’art. Or, le propre de la pensée mythique est de s’exprimer à l’aide d’un répertoire dont la composition est hétéroclite et qui, bien qu’étendu, reste tout de même limité ; pourtant, il faut qu’elle s’en serve, quelle que soit la tâche qu’elle s’assigne, car elle n’a rien d’autre sous la main. Elle apparaît ainsi comme une sorte de bricolage intellectuel, ce qui explique les relations qu’on observe entre les deux.

Comme le bricolage sur le plan technique, la réflexion mythique peut atteindre, sur le plan intellectuel, des résultats brillants et imprévus. Réciproquement, on a souvent noté le caractère mythopoïétique du bricolage : que ce soit sur le plan de l’art, dit « brut » ou « naïf » ; dans l’architecture fantastique de la villa du facteur Cheval, dans celle des décors de Georges Méliès ; ou encore celle, immortalisée par les Grandes Espérances de Dickens, mais sans nul doute d’abord inspirée par l’observation, du « château » suburbain de Mr. Wemmick, avec son pont-levis miniature, son canon saluant neuf heures, et son carré de salades et de concombres grâce auquel les occupants pourraient soutenir un siège, s’il le fallait…

La comparaison vaut d’être approfondie, car elle fait mieux accéder aux rapports réels entre les deux types de connaissance scientifique que nous avons distingués. Le bricoleur est apte à exécuter un grand nombre de tâches diversifiées ; mais, à la différence de l’ingénieur, il ne subordonne pas chacune d’elles à l’obtention de matières premières et d’outils, conçus et procurés à la mesure de son projet : son univers instrumental est clos, et la règle de son jeu est de toujours s’arranger avec les « moyens du bord », c’est-à-dire un ensemble à chaque instant fini d’outils et de matériaux, hétéroclites au surplus, parce que la composition de l’ensemble n’est pas en rapport avec le projet du moment, ni d’ailleurs avec aucun projet particulier, mais est le résultat contingent de toutes les occasions qui se sont présentées de renouveler ou d’enrichir le stock, ou de l’entretenir avec les résidus de constructions et de destructions antérieures. L’ensemble des moyens du bricoleur n’est donc pas définissable par un projet (ce qui supposerait d’ailleurs, comme chez l’ingénieur, l’existence d’autant d’ensembles instrumentaux que de genres de projets, au moins en théorie) ; il se définit seulement par son instrumentalité, autrement dit et pour employer le langage même du bricoleur, parce que les éléments sont recueillis ou conservés en vertu du principe que « ça peut toujours servir ». De tels éléments sont donc à demi particularisés : suffisamment pour que le bricoleur n’ait pas besoin de l’équipement et du savoir de tous les

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corps d’état ; mais pas assez pour que chaque élément soit astreint à un emploi précis et déterminé. Chaque élément représente un ensemble de relations, à la fois concrètes et virtuelles ; ce sont des opérateurs, mais utilisables en vue d’opérations quelconques au sein d’un type.

C’est de la même façon que les éléments de la réflexion mythique se situent toujours à mi-chemin entre des percepts et des concepts. Il serait impossible d’extraire les premiers de la situation concrète où ils sont apparus, tandis que le recours aux seconds exigerait que la pensée puisse, provisoirement au moins, mettre ses projets entre parenthèses. Or, un intermédiaire existe entre l’image et le concept : c’est le signe, puisqu’on peut toujours le définir, de la façon inaugurée par Saussure à propos de cette catégorie particulière que forment les signes linguistiques, comme un lien entre une image et un concept, qui, dans l’union ainsi réalisée, jouent respectivement les rôles de signifiant et de signifié.

Comme l’image, le signe est un être concret, mais il ressemble au concept par son pouvoir référentiel : l’un et l’autre ne se rapportent pas exclusivement à eux-mêmes, ils peuvent remplacer autre chose que soi. Toutefois, le concept possède à cet égard une capacité illimitée, tandis que celle du signe est limitée. La différence et la ressemblance ressortent bien de l’exemple du bricoleur. Regardons-le à l’œuvre : excité par son projet, sa première démarche pratique est pourtant rétrospective : il doit se retourner vers un ensemble déjà constitué, formé d’outils et de matériaux ; en faire, ou en refaire, l’inventaire ; enfin et surtout, engager avec lui une sorte de dialogue, pour répertorier, avant de choisir entre elles, les réponses possibles que l’ensemble peut offrir au problème qu’il lui pose. Tous ces objets hétéroclites qui constituent son trésor1, il les interroge pour comprendre ce que chacun d’eux pourrait « signifier », contribuant ainsi à définir un ensemble à réaliser, mais qui ne différera finalement de l’ensemble instrumental que par la disposition interne des parties. Ce cube de chêne peut être cale pour remédier à l’insuffisance d’une planche de sapin, ou bien socle, ce qui permettrait de mettre en valeur le grain et le poli du vieux bois. Dans un cas il sera étendu, dans l’autre matière. Mais ces possibilités demeurent toujours limitées par l’histoire particulière de chaque pièce, et par ce qui subsiste en elle de prédéterminé, dû à l’usage originel pour lequel elle a été conçue ou par les adaptations qu’elle a subies en vue d’autres emplois. Comme les unités constitutives du mythe, dont les combinaisons possibles sont limitées par le fait qu’elles sont empruntées à la langue où elles possèdent déjà un sens qui restreint la liberté de manœuvre, les éléments que collectionne et utilise le bricoleur sont « précontraints » (Lévi-Strauss 5, p. 35). D’autre part, la décision dépend de la possibilité de permuter un autre élément dans la fonction vacante, si bien que chaque choix entraînera une réorganisation complète de la structure, qui ne sera jamais telle que celle vaguement rêvée, ni que telle autre, qui aurait pu lui être préférée.

Sans doute, l’ingénieur aussi interroge, puisque l’existence d’un « interlocuteur » résulte pour lui de ce que ses moyens, son pouvoir, et ses connaissances, ne sont jamais illimités, et que, sous cette forme négative, il se heurte à une résistance avec laquelle il lui est 1. « Trésor d’idées », disent admirablement de la magie Hubert et Mauss (2, p. 136).

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indispensable de transiger. On pourrait être tenté de dire qu’il interroge l’univers, tandis que le bricoleur s’adresse à une collection de résidus d’ouvrages humains, c’est-à-dire à un sous-ensemble de la culture. La théorie de l’information montre d’ailleurs comment il est possible, et souvent utile, de ramener les démarches du physicien à une sorte de dialogue avec la nature, ce qui atténuerait la distinction que nous essayons de tracer. Pourtant, une différence subsistera toujours, même si l’on tient compte du fait que le savant ne dialogue jamais avec la nature pure, mais avec un certain état du rapport entre la nature et la culture, définissable par la période de l’histoire dans laquelle il vit, la civilisation qui est la sienne, les moyens matériels dont il dispose. Pas plus que le bricoleur, mis en présence d’une tâche donnée il ne peut faire n’importe quoi ; lui aussi devra commencer par inventorier un ensemble prédéterminé de connaissances théoriques et pratiques, de moyens techniques, qui restreignent les solutions possibles.

La différence n’est donc pas aussi absolue qu’on serait tenté de l’imaginer ; elle demeure réelle, cependant, dans la mesure où, par rapport à ces contraintes résumant un état de civilisation, l’ingénieur cherche toujours à s’ouvrir un passage et à se situer au delà, tandis que le bricoleur, de gré ou de force, demeure en deçà, ce qui est une autre façon de dire que le premier opère au moyen de concepts, le second au moyen de signes. Sur l’axe de l’opposition entre nature et culture, les ensembles dont ils se servent sont perceptiblement décalés. En effet, une des façons au moins dont le signe s’oppose au concept tient à ce que le second se veut intégralement transparent à la réalité, tandis que le premier accepte, et même exige, qu’une certaine épaisseur d’humanité soit incorporée à cette réalité. Selon l’expression vigoureuse et difficilement traduisible de Peirce : « It addresses somebody. »

On pourrait donc dire que le savant et le bricoleur sont l’un et l’autre à l’affût de messages, mais, pour le bricoleur, il s’agit de messages en quelque sorte pré-transmis et qu’il collectionne : comme ces codes commerciaux qui, condensant l’expérience passée de la profession, permettent de faire économiquement face à toutes les situations nouvelles (à la condition, toutefois, qu’elles appartiennent à la même classe que les anciennes) ; tandis que l’homme de science, qu’il soit ingénieur ou physicien, escompte toujours l’autre message qui pourrait être arraché à un interlocuteur, malgré sa réticence à se prononcer sur des questions dont les réponses n’ont pas été répétées à l’avance. Le concept apparaît ainsi comme l’opérateur de l’ouverture de l’ensemble avec lequel on travaille, la signification comme l’opérateur de sa réorganisation : elle ne l’étend ni le renouvelle, et se borne à obtenir le groupe de ses transformations.

L’image ne peut pas être idée, mais elle peut jouer le rôle de signe, ou, plus exactement, cohabiter avec l’idée dans un signe ; et, si l’idée n’est pas encore là, respecter sa place future et en faire apparaître négativement les contours. L’image est figée, liée de façon univoque à l’acte de conscience qui l’accompagne ; mais le signe, et l’image devenue signifiante, s’ils sont encore sans compréhension, c’est-à-dire sans rapports simultanés et théoriquement illimités avec d’autres êtres du même type — ce qui est le privilège du concept — sont déjà permutables, c’est-à-dire susceptibles d’entretenir des rapports successifs avec d’autres êtres, bien qu’en nombre limité, et, comme on l’a vu, à la condition de former toujours un

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système où une modification affectant un élément intéressera automatiquement tous les autres : sur ce plan, l’extension et la compréhension des logiciens existent, non comme deux aspects distincts et complémentaires, mais comme réalité solidaire. On comprend ainsi que la pensée mythique, bien qu’engluée dans les images, puisse être déjà généralisatrice, donc scientifique : elle aussi travaille à coups d’analogies et de rapprochements, même si, comme dans le cas du bricolage, ses créations se ramènent toujours à un arrangement nouveau d’éléments dont la nature n’est pas modifiée selon qu’ils figurent dans l’ensemble instrumental ou dans l’agencement final (qui, sauf par la disposition interne, forment toujours le même objet) : « on dirait que les univers mythologiques sont destinés à être démantelés à peine formés, pour que de nouveaux univers naissent de leurs fragments. » (Boas I, p. 18.) Cette profonde remarque néglige cependant que, dans cette incessante reconstruction à l’aide des mêmes matériaux, ce sont toujours d’anciennes fins qui sont appelées à jouer le rôle de moyens : les signifiés se changent en signifiants, et inversement.

Cette formule, qui pourrait servir de définition au bricolage, explique que, pour la réflexion mythique, la totalité des moyens disponibles doive aussi être implicitement inventoriée ou conçue, pour que puisse se définir un résultat qui sera toujours un compromis entre la structure de l’ensemble instrumental et celle du projet. Une fois réalisé, celui-ci sera donc inévitablement décalé par rapport à l’intention initiale (d’ailleurs, simple schème), effet que les surréalistes ont nommé avec bonheur « hasard objectif ». Mais il y a plus : la poésie du bricolage lui vient aussi, et surtout, de ce qu’il ne se borne pas à accomplir ou exécuter ; il « parle », non seulement avec les choses, comme nous l’avons déjà montré, mais aussi au moyen des choses : racontant, par les choix qu’il opère entre des possibles limités, le caractère et la vie de son auteur. Sans jamais remplir son projet, le bricoleur y met toujours quelque chose de soi.

De ce point de vue aussi, la réflexion mythique apparaît comme une forme intellectuelle de bricolage. La science tout entière s’est construite sur la distinction du contingent et du nécessaire, qui est aussi celle de l’événement et de la structure. Les qualités qu’à sa naissance elle revendiquait pour siennes étaient précisément celles qui, ne faisant point partie de l’expérience vécue, demeuraient extérieures et comme étrangères aux événements : c’est le sens de la notion de qualités premières. Or, le propre de la pensée mythique, comme du bricolage sur le plan pratique, est d’élaborer des ensembles structurés, non pas directement avec d’autres ensembles structurés2, mais en utilisant des résidus et des débris d’événements : « odds and ends », dirait l’anglais, ou, en français, des bribes et des morceaux, témoins fossiles de l’histoire d’un individu ou d’une société. En un sens, le rapport entre diachronie et synchronie est donc inversé : la pensée mythique, cette bricoleuse, élabore des structures en agençant des événements, ou plutôt des résidus

2. La pensée mythique édifie des ensembles structurés au moyen d’un ensemble structuré, qui est le langage ; mais ce n’est pas au niveau de la structure qu’elle s’en empare : elle bâtit ses palais idéologiques avec les gravats d’un discours social ancien.

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d’événements3, alors que la science, « en marche » du seul fait qu’elle s’instaure, crée, sous forme d’événements, ses moyens et ses résultats, grâce aux structures qu’elle fabrique sans trêve et qui sont ses hypothèses et ses théories. Mais ne nous y trompons pas : il ne s’agit pas de deux stades, ou de deux phases, de l’évolution du savoir, car les deux démarches sont également valides. Déjà, la physique et la chimie aspirent à redevenir qualitatives, c’est-à-dire à rendre compte aussi des qualités secondes qui, quand elles seront expliquées, redeviendront des moyens d’explication ; et peut-être la biologie marque-t-elle le pas en attendant cet accomplissement, pour pouvoir elle-même expliquer la vie. De son côté, la pensée mythique n’est pas seulement la prisonnière d’événements et d’expériences qu’elle dispose et prédispose inlassablement pour leur découvrir un sens ; elle est aussi libératrice, par la protestation qu’elle élève contre le non-sens, avec lequel la science s’était d’abord résignée à transiger.

Claude LEVI-STRAUSS, La pensée sauvage, ch. I, La science du concret, p. 26 sq.

3. Le bricolage aussi opère avec des qualités « secondes » ; cf. l’anglais « second hand », de seconde main, d’occasion.

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Annexe 2 : Extrait d’un article sur Lemonde.fr du 14 novembre 2014 par Marlène Duretz. Témoignages de riverains autours du Do it yourself.

Inspiration en ligne, par Elodie, 23 ans

Concrètement mon addiction au DIY est complètement liée aux blogs et à Pinterest. Deux

sources d'inspirations sans égal. Je suis des tutoriels et réalise des objets déco, des

vêtements, des bijoux. C'est pour moi un moment de plaisir et une source de satisfaction.

Depuis à peu près un an j'y consacre un budget d'environ 30 euros par mois. J'y consacre

environ 5 heures par semaine. Cela contribue au développement de mon réseau. Je souhaite

notamment développer une partie de mon activité autour du DIY, comme la mise en place

d'ateliers pour transmettre cette source de satisfaction. C'est également une façon pour moi

de faire du recyclage puisque j'utilise des rouleaux de papier-toilette, des boîtes de

conserve, des bouteilles en verre... Ma plus importante réalisation reste une robe qui m'a

permis d'être certaine de porter une robe unique à un événement particulier tout en

respectant un budget très raisonnable.

Le tricot, une sorte de marche à pied immobile, par Marie

J'ai toujours tricoté, pour moi, mes enfants, des amis... J'aime créer mon modèle,

à partir d'ouvrages et de catalogues de points de toutes les époques, trouvés sur Internet ou

dans des vide-greniers. Je fais des essais, des croquis. Le plus important, c'est le fil. Il

faut choisir les bonnes couleurs, la bonne texture qui convient au projet. Avant, j'étais

réduite au maigre choix des magasins, maintenant, grâce à Internet, j'ai accès à de

merveilleux fils et je peux créer sans entrave... On peut discuter, regarder la télé (quand les

points sont simples), rêvasser, tout en tricotant... C'est une sorte de marche à pied

immobile. Mais c'est vraiment l'aspect créatif qui me plait le plus.

Faire quelque chose de mes mains, par Nathalie, 30 ans

Je fais un métier plutôt intellectuel dans le tertiaire. Ma mère et ma grand-mère m'avaient

initiée, petite, au tricot et à la couture. J'y suis revenue récemment car j'avais besoin d'autre

chose que de juste produire des rapports ; j'avais besoin de créer quelque chose de mes

mains. C'est un vrai plaisir de planifier ce qu'on va faire, de le préparer, choisir les matériaux,

se lancer et voir le résultat abouti. Faire du tricot, de la couture ou de la cuisine me permet

de combler un manque d'activité manuelle : ça détend, ça occupe positivement l'esprit et ça

comble !

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Tricot et couture, des activités qui rajeunissent, par Maelenn, 22 ans

Je suis étudiante et j'ai appris à tricoter avec ma grand-mère, comme beaucoup de petites

filles. Cependant, j'ai réellement commencé à coudre et tricoter au lycée. Au début, j'ai suivi

les conseils familiaux, et lorsque j'ai reçu une machine à coudre à un anniversaire, j'ai

commencé à devenir plus autonome. Depuis, je couds des vêtements, accessoires et

éléments d'intérieur par souci d'économie et par plaisir personnel. Comme je vis seule ou en

colocation, mon apprentissage se fait surtout via le Web (blogs, forums, j'ai moi-même

ouvert un blog il y a un peu moins d'un an) et le partage avec des amis intéressés par les

mêmes activités, qui commencent à être mieux considérées par ma génération. Je n'ai pas

beaucoup de temps à y consacrer. Le dimanche est généralement réservé à la couture, et je

tricote en regardant des films ou des séries. En semaine, je passe environ 30 mn par jour

à tricoter. Concernant le budget, j'essaie de récupérer au maximum (tissus vendus au poids,

vieilles pelotes), mais j'achète aussi beaucoup de matériel neuf. J'y consacre en moyenne 20

euros par mois, le matériel coûte assez cher, mais toujours moins que le shopping !

Un mariage "à faire soi-même", par Myriam, 28 ans

Nous avons décidé d'organiser notre mariage nous-mêmes. Malheureusement, l'addition

peut très vite monter. Adepte des blogs DIY, j'ai cherché pas mal d'idées sur Internet et ai

commencé mes propres créations déco pour le mariage. Nous faisons d'une pierre deux

coups en faisant d'une part des économies et d'autre part en recyclant des objets voués

à finir à la poubelle ! J'ai sollicité les collègues, les amis, la famille pour collecter des

récipients en verre, des bouteilles en plastique, et je me charge ensuite de les customiser

aux couleurs du mariage. (...) Je pense que vu tout le gaspillage que l'on fait, le DIY est un

très bon moyen de faire du recyclage. Moi, en tous cas, je l'ai adopté et je ne suis pas peu

fière, vu toutes les économies que je suis en train de faire !

Occuper les mains tout en libérant l'esprit, par Mee Yung, 33 ans

Je m'adonne à la broderie depuis 13 ans. Au départ, je faisais du point de croix, le plus

souvent pour faire des cadeaux. Mais si j'ai commencé la broderie, c'était uniquement

pour contrôler ma nervosité et surtout, j'avais remarqué que cela me détendait

énormément. J'ai laissé tomber un temps par manque de motivation, et puis en 2010, j'ai

repris ce loisir. Au fil du temps - sans mauvais jeu de mots - c'est devenu une passion. Le

budget est assez conséquent entre les fils, les toiles, les aiguilles mais également les motifs :

ça chiffre vite... Sur 2 ans, j'ai déjà dépensé environ 1 000€ Je ne faisais que du point de croix

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toujours. Fin août 2012, j'ai pris des cours de broderies afin d'apprendre plus de points

traditionnels auprès d'une professionnelle, en recherchant des cours sur Internet. Mais

avant de me lancer cette aventure, j'avais beaucoup réfléchi car exercer un métier de la

création est très attirant. Après avoir tergiversé durant près de 10 ans, il fallait que je saute

le pas. J'ai créé une auto entreprise (Mee Yung Creations). En cela, Facebook m'aide

beaucoup à me faire connaitre. Par période de chômage, l'avantage d'une telle activité est

d'occuper les mains tout en libérant l'esprit.

Une philosophie de vie, par Lhassa

Je pratique pas mal de Do It Yourself, d'abord par plaisir, j'aime les choses bien faites et

j'aime bricoler ; ensuite parce que j'ai de plus en plus de difficultés à trouver des objets

et services qui me conviennent, qui répondent à mes besoins et dans mon budget. (...) Cela

fait partie d'une philosophie de vie, il me semble. (...) J'y consacre 20 % de mon temps. Les

blogs et Internet en général n'ont pas été un élément déclencheur. C'est une question

d'éducation personnelle : faire par soi-même. Ca rend plus libre je trouve, plus responsable

aussi, on gaspille moins...

Créativité et indépendance, par Guillaume, 21 ans

Je pratique le DIY depuis peu. Faire quelque chose de mes mains est devenu un besoin alors

que je révisais pour mes examens. Une forte pression, beaucoup de connaissances

à emmagasiner, pendant des heures, devant mon écran d'ordinateur : j'avais besoin de

quelque chose qui occupe mes mains et mon esprit à une tâche méticuleuse. Je me suis alors

mis à faire des pochoirs pour décorer mes meubles, pour faire des affiches. Puis cela s'est

étendu à d'autres choses : des réparations/améliorations dans mon appartement, par

exemple, ou encore des petits cadeaux pour ma copine ou ma famille. J'ai ainsi réparé un

mur avec un trou relativement gros en faisant moi-même le plâtre. Tout cela, je l'ai fait grâce

à Internet : des tutoriels ou des explications sur des forums de bricolage et système

D. Facebook aussi, où plusieurs pages existent, comme celle d'Handimania. Le DIY, ça

développe la créativité. C'est aussi une manière de rester indépendant. Ca aide à

se sentir vivant, à donner de l'importance à ce qu'on produit et à ramener une dose

d'authenticité (…).

Bien plus que du loisir créatif..., par Colin, 37 ans

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Pour moi le Do It Yourself va bien plus loin que le simple loisir créatif. On peut

apprendre beaucoup de choses en les faisant soi-même. Cela prend du temps, mais le

résultat est bien plus gratifiant que la consommation de produits ou services faits par

d'autres. Personnellement j'ai rénové ma maison ainsi, dans tous les corps de métiers. Il y a

surement des boulettes, mais je n'ai pas payé quelqu'un pour les faire à ma place... Le

budget est donc conséquent mais bien moindre que si j'avais fait faire. Il ne faut

pas compter les heures par contre... Je dois reconnaître que les forums sur Internet sont une

aide précieuse. Même si on trouve de tout, en prenant son temps on arrive à se faire sa

propre opinion.

Acquérir les bases, par Tignous, 70 ans

Je suis maintenant retraité et toute ma vie, j'ai "bricolé" le plus souvent pour échapper aux

arnaques et déconvenues des professionnels. Avec cette règle simple : acquérir les bases du

métier et investir dans quelques outils de professionnels. Et ne jamais rester sur un échec ...

Outre mécanique et maçonnerie, j'ai réussi enfin à faire du vrai pain grâce à Internet...

Une vraie régression, très agréable ! par Julie, 29 ans

Une amie s'est mise au tricot... ma grand-mère avait bien essayé de m'enseigner le

maniement des aiguilles dans mon enfance, sans succès, mais là, j'étais curieuse. Mon amie

m'a donc montré comment faire et ce qui a pris le dessus immédiatement, c'est le plaisir

de réussir à créer ce qu'on imagine (quitte à batailler un peu !) et apprendre quelque chose

de nouveau. Depuis, je tricote et progresse. J'en fais des cadeaux pour mon entourage. Ça

m'occupe dans le métro, dans les salles d'attente, en papotant, en écoutant la radio, en

attendant que le riz cuise ou en buvant un verre avec des amis. La satisfaction de tester de

nouvelles techniques ou créations est toujours présente. Le budget n'est pas très élevé.

J'estime à environ une centaine de dollars (je suis française habitant au Canada) par an. Je

trouve toutes mes techniques et réponses aux questions sur Internet. (...) Ces activités sont

comme un retour à la maternelle, où on crée de tout. Une vraie régression, très agréable !

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