la supply chain et l’integration des … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se...
TRANSCRIPT
![Page 1: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/1.jpg)
Université Paris 1 Delphine
Master Sciences du Management STEENKISTE Spécialité Logistique
LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION
DES CONTRAINTES ENVIRONNEMENTALES :
UN ENJEU POUR AUJOURD’HUI ?
Mémoire de fin d’études
Année 2006 - 2007
Maître de mémoire: Madame Fulvia Allievi-Dorosz
Présidente de la commission Logistique et Environnement de l’ASLOG Consultante Système d’Information et Supply Chain, ALMASYS CONSEIL
![Page 2: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/2.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
2
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS................................................................................................................... 3
INTRODUCTION....................................................................................................................... 4
1. LA CAUSE ENVIRONNEMENTALE ET LES CONTRAINTES INDUITES .................... 7 1.1. Une prise de conscience internationale progressive ............................................................. 7
1.1.1. Historique............................................................................................................................. 7 1.1.2. L’environnement, un enjeu partagé.................................................................................... 14
1.2. Un nouveau contexte réglementé ......................................................................................... 21 1.2.1. Au niveau international ...................................................................................................... 21 1.2.2. Au niveau national ............................................................................................................. 23
1.3. Une pression croissante ........................................................................................................ 26 1.3.1. Des partenaires ................................................................................................................... 26 1.3.2. Des exigences clients ......................................................................................................... 28
2. LA SUPPLY CHAIN ET L’INTÉGRATION DE L’ENVIRONNEMENT.......................... 30 2.1. La Supply Chain ................................................................................................................... 30
2.1.1. Rôle de la supply chain ...................................................................................................... 30 2.1.2. Intégrer les contraintes environnementales ........................................................................ 31
2.2. Enjeu pour les métiers traditionnels ................................................................................... 32 2.2.1. Emballage........................................................................................................................... 33 2.2.2. Transport ............................................................................................................................ 37 2.2.3. Entrepôts et plateformes..................................................................................................... 44
2.3. Enjeu pour l’approche globale............................................................................................. 47 2.3.1. Ecoconception .................................................................................................................... 47 2.3.2. Logistique inversée ............................................................................................................ 51
3. LA SUPPLY CHAIN ET L’ENVIRONNEMENT, LEVIERS DE PROGRES.................. 54 3.1. Prise en compte des contraintes environnementales par les fonctions transverses ......... 54
3.1.1. Les achats ........................................................................................................................... 54 3.1.2. Le marketing ...................................................................................................................... 60 3.1.3. La communication.............................................................................................................. 65
3.2. Un nouvel atout pour l’entreprise ....................................................................................... 72 3.2.1. L’environnement, une composante de la création de la valeur .......................................... 72 3.2.2. Mesure de la performance globale ..................................................................................... 74
3.3. La supply chain au service de l’entreprise citoyenne responsable.................................... 78 3.3.1. Accroissement de l’attractivité de l’entreprise ................................................................... 78 3.3.2. L’intégration des contraintes environnementales, un accélérateur de différenciation........ 80
CONCLUSION ........................................................................................................................ 83
BIBLIOGRAPHIE.................................................................................................................... 86
LEXIQUE................................................................................................................................. 90
ANNEXES............................................................................................................................... 92
![Page 3: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/3.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
3
REMERCIEMENTS
Tout d’abord, je tiens à remercier madame Fulvia Allievi-Dorosz dont
l’implication et les conseils m’ont été très utiles dans la rédaction de ce mémoire. En
acceptant de partager ses compétences et son savoir-faire lors de nos différents
entretiens, elle m’a permis d’avancer dans ma réflexion.
Je tiens également à remercier monsieur Jean-Marc Lehu, directeur du Master,
ainsi que tous les enseignants et intervenants professionnels pour leurs connaissances
et leurs expériences qu’ils nous ont fait partager.
Enfin, je tiens à remercier toutes les personnes rencontrées lors des visites de
sites logistiques et dont les témoignages sur leurs métiers et leurs activités ont été très
enrichissants.
![Page 4: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/4.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
4
INTRODUCTION
La réduction des ressources naturelles, l’augmentation des risques économiques et
industriels accélèrent la prise de conscience et l’activisme des citoyens, et par
conséquent des consommateurs et des actionnaires.
Par ailleurs, le développement de la mondialisation avec l’accroissement des
mouvements de biens, de services, de main d’œuvre, d’idées, de technologie et de
capital à l’échelle internationale a changé la donne pour les entreprises qui ont la
possibilité de se développer à moindre coût en délocalisant une partie de leurs
activités dans les pays dont la main d’œuvre est très bon marché et sans protection
sociale. De plus, certaines multinationales ne font pas de transferts de savoir mais
rapatrient les bénéfices.
Ces attitudes ont été régulièrement dénoncées par des groupements comme les
ONG afin de faire réagir les populations, et ternir l’image de marque des entreprises
ayant de telles pratiques. A l’origine, contre-pouvoirs des multinationales, les ONG
recouraient de manière générale à deux types de communication : les campagnes de
boycott ou dénonciation d’entreprises spécifiques, et la création de labels permettant
aux consommateurs d’identifier les produits manufacturés dans de bonnes conditions.
Parallèlement, l’accès à l’information et l’amplification de l’offre1 ont permis au
public d’adopter une posture critique par rapport à sa propre consommation. D’autres
facteurs complémentaires sont venus s’ajouter, telle la surexposition médiatique,
l’exploitation humaine pour baisser les prix de production, et la sensibilité exacerbée
du public aux risques alimentaires et écologiques2.
L’engagement par la consommation a réellement commencé dans les années
soixante à travers le consumérisme américain. Mais les consommateurs occidentaux
ont été peu réceptifs à ces actions de masse, lobbying et procès. La prise de
conscience collective a réellement vu le jour dans les années 1980, marquées par des
scandales financiers et écologiques faisant réaliser au public que les maux annoncés
1 Kevin Lane Keller, Strategic Brand Management : building, measuring and managing brand equity, Prentice Hall, 1997 2 Naomi Klein, No Logo, Arles, Actes Sud, 2000
![Page 5: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/5.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
5
par le Club de Rome dès 1972, via le rapport Meadows3, pouvaient l’affecter à titre
individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport
a mis en évidence que la croissance de la population et des niveaux de vie buterait à
terme sur la rareté des ressources naturelles que sont l’énergie, l’eau, les sols, et qu’il
devenait urgent de prendre en compte la préservation de l’environnement dans le
développement.
C’est dans un tel contexte que l’idée de consommation citoyenne a pris forme : le
consommateur citoyen cherche désormais à donner un sens à ses achats, de façon à
contrebalancer l’hédonisme irresponsable érigé par les marques. Il attend désormais
des garanties allant au-delà de la simple qualité du produit4. En prenant conscience
de l’influence de son comportement sur la politique de l’entreprise en matière
environnementale, son engagement peut se traduire par le boycott, l’attrait pour les
labels et la préférence pour des entreprises socialement et écologiquement
impliquées.
Tous ces facteurs conjugués ont fait réagir les entreprises qui ont dû intégrer dans
leur stratégie la volonté des citoyens de les voir se transformer d’agent économique
générateur de richesse en acteur social engagé. Cette alerte éthique a eu pour effet de
mobiliser également les investisseurs et les financiers.
Agir en entreprise citoyenne sous-tend que l’action n’est plus exclusivement au
service d’intérêts privés, mais qu’elle peut également être efficace au service du bien
commun, de l’intérêt collectif, donnant de nouvelles perspectives à un grand nombre
d’activités: la formation, le mécénat, la certification, la qualité, etc. 5.
Mais, si « les entreprises se convertissent à l’écologie 6 », elles « ne sont pas
soudainement devenues fans de l’environnement. En revanche, elles voient plusieurs
avantages à se comporter en meilleures citoyennes du monde. D’abord, elles se
réconcilient avec l’opinion publique – qui les montre du doigt – en mettant en place
des programmes visant à protéger l’environnement. Et ensuite, elles peuvent espérer
3 Titre français « halte à la croissance » : c’est la première étude importante qui souligne les dangers écologiques de la croissance économique et démographique que connaît alors le monde. 4 Cécile d’Elloy, Communication éthique, éthique de la communication, rapport de mission, Sciences Com’ 5 E. Laville, L’Entreprise Verte, Ed. Village Mondial, 2006 6 La Tribune, les dossiers International, Les entreprises se convertissent à l’écologie, 13 novembre 2006
![Page 6: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/6.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
6
améliorer leur bilan ». Le projet d’entreprise va donc devoir allier performance et
déontologie, développement et contraintes environnementales, solidarité et
responsabilité.
Satisfaire les demandes et les besoins du client, répondre à ses attentes est une
préoccupation quotidienne, et si les entreprises ont eu longtemps une stratégie
orientée marketing, depuis plusieurs années elles mettent en place des projets
d’organisation de leur chaîne logistique globale ou supply chain. En effet, la
satisfaction des exigences client est devenu un objectif majeur car l’avantage
concurrentiel va vers les plus réactifs.
Face à ce défi, l’entreprise va devoir mettre en synergie toutes les parties
prenantes. Cela passera notamment par la prise en compte des risques industriels, de
la pollution, et de la gestion des déchets dans la gestion quotidienne de
l’approvisionnement, de la transformation et de la distribution. La supply chain est un
acteur essentiel et incontournable. Sa connaissance métier, sa relation avec le client
final, sa capacité à gérer tous les flux de l’entreprise sont autant d’atouts.
Aussi, cette adaptation, devenue nécessité, est-elle un tremplin pour l’entreprise ?
Autrement dit, dans ce contexte à la fois nouveau et changeant, l’intégration par la
supply chain des contraintes environnementales et réglementaires inhérentes est-elle
un enjeu pour aujourd’hui ?
Pour ce faire, nous étudierons dans une première partie le contexte actuel dans
lequel se trouvent aujourd’hui les entreprises, à savoir comment l’intégration de
l’environnement dans la politique de l’entreprise induit des obligations. Puis dans une
deuxième partie nous examinerons les premières réponses apportées par la supply
chain tant dans ses métiers traditionnels que dans l’approche globale. Enfin, nous
analyserons dans la dernière partie comment, en souhaitant devenir citoyennes et
responsables, les entreprises évoluent en utilisant la supply chain et l’environnement
comme leviers de progrès afin d’allier contraintes et synergie, transformant ainsi une
obligation en atout concurrentiel et donc en facteur de différentiation.
![Page 7: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/7.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
7
1. LA CAUSE ENVIRONNEMENTALE ET LES CONTRAINTES INDUITES
1.1. Une prise de conscience internationale progressive
1.1.1. Historique
Depuis des décennies, l’Homme met à mal son environnement par son
développement économique. Jusqu’à récemment, les changements climatiques se sont
produits naturellement, sur des siècles ou des millénaires, à cause de la dérive des
continents, de divers cycles astronomiques, des variations de l’énergie solaire et de
l’activité volcanique.
Ce n’est que vers la moitié du 20ème siècle qu’il a constaté que ses activités
modifient la composition atmosphérique provoquant de ce fait un changement
climatique global, que la pollution atmosphérique a un impact sur sa santé et que les
ressources naturelles sont limitées et leurs destructions irréversibles, (Cf. Annexe 1).
De plus, les conséquences climatiques ne sont localisées ni dans l’espace ni dans le
temps, mais dans le monde entier.
L’Homme a donc pris conscience qu’il devait protéger l’environnement, milieu
dans lequel un organisme fonctionne, incluant l’air, l’eau, la terre, les ressources
naturelles, la flore, la faune, les êtres humains et leurs inter-relations (définition -
norme ISO 14001) car c’est la première fois qu’une telle nuisance possède ce
caractère universel.
A. Ressources naturelles et activités économiques
Afin de mieux saisir l’urgence de la situation, voici quelques chiffres clés de
février 2007, disponibles sur les sites internet des institutions internationales :
• Population mondiale : elle est estimée à 6 milliards aujourd’hui, et environ 10
milliards en 2050. Or, « 10 milliards d’êtres humains ne pourront pas vivre sur la
terre avec le même mode de vie que celui des quelques 750 millions d’habitants
actuels des pays industrialisés, faute d’eau, d’énergie, d’espaces en quantité et qualité
suffisantes ».7
7 Schéma national du développement durable
![Page 8: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/8.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
8
• Ressources naturelles :
80% de la consommation de ressources naturelles est effectuée par
20% de la population mondiale8.
Entre 1990 et 2000, la surface des forêts a diminué de 94 millions
d’hectares, soit 1,7 fois la superficie de la France9.
• Réserves mondiales d’eau douce :
Si en 1950, ces ressources atteignaient 17 000 m3 par an et par
personne, elles s’élèveraient à 4 800 m3 par an et par personne en
2025. Par ailleurs, si aujourd’hui 1,5 milliards d’humains n’ont
pas accès à l’eau potable, ils seront 5 milliards en 202510.
70% de l’eau douce est consommée dans le monde par
l’agriculture, contre 20% par l’industrie et 10% pour l’usage
domestique11.
• Réserves énergétiques :
39 ans pour le pétrole12.
61 ans pour le gaz naturel13.
204 ans pour le charbon14.
55 ans pour l’uranium15.
• Santé :
En Somalie, la ration calorique s’élève à 1 550 par jour et par
personne, contre 3 600 dans les pays développés. En outre, 830
millions de personnes disposent d’une ration quotidienne
inférieure à 2 400 calories par jour16.
8 CNUCED 9 IFEN 10 PNUE 11 OCDE 12 Observatoire de l’énergie 13 Ibid 14 Ibid 15 Commission des Communautés européennes 16 FAO
![Page 9: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/9.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
9
L’espérance de vie, en 2002, pour une personne en bonne santé à la
naissance est de 78 ans au Japon, alors qu’elle est de 43 ans en
Ouganda et 39 ans au Botswana17.
• Pollutions18 :
Des millions de tonnes de déchets toxiques sont produits par jour.
Chaque français produit plus d’un kilo de déchets ménagers par
jour.
L’Union européenne, le Japon et les Etats-Unis sont responsables
de plus de 40% des émissions de gaz carbonique.
Les Etats-Unis rejettent dans l’atmosphère 22,5% des émissions
totales de dioxyde de carbone.
• Commerce :
90% du commerce mondial des céréales est partagé par quatre
firmes multinationalistes19.
Les pays les plus riches représentent 20% de la population
mondiale et consomment 66% de l’énergie commerciale20.
Sur 100 euros générés par le commerce mondial, seuls trois
bénéficient aux pays en développement21.
Ainsi, si les réserves naturelles s’épuisent aussi vite, c’est aussi selon Ignacy
SACHS que « le problème, c’est la myopie du monde riche. Songez que de 1890 à
1990, la population mondiale a été multipliée par 4, la richesse par 14 et la
production industrielle par 40 »22.
En 1987, la Commission mondiale sur l’environnement et le développement, dans
le rapport Brundtland23, n’hésitait pas à parler de crise expliquée par le fait que « la
planète vit actuellement une période de croissance spectaculaire et de profonds
17 OMS – Organisation Mondiale de la Santé 18 PNUD 19 OCDE 20 OXFAM 21 ibid 22 Libération du 26 août 2002 23 Rapport publié en 1987 par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’ONU, présidée par Mme Gro Harlem Brundtland. Il définit la politique nécessaire pour parvenir à un développement durable
![Page 10: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/10.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
10
changements. Notre monde de cinq milliards d’habitants doit faire place, dans un
cadre limité, à un autre monde humain. La population pourrait se stabiliser entre 8 et
14 milliards d’habitants au siècle prochain, selon les projections de l’ONU. Plus de
90% de cet accroissement se fera dans les pays les plus pauvres, dont 90% dans des
villes déjà pleines à craquer ».
Le rapport Brundtland précisait également que l’activité économique pourrait être
multipliée par 5 ou 10 d’ici 50 ans sachant que depuis un siècle la production
industrielle a été multipliée par 50 : les quatre cinquièmes de cette progression sont
intervenus après 1950. « Ces chiffres reflètent et annoncent des répercussions
importantes sur la biosphère à mesure que nous investirons dans les logements, les
transports, les exploitations agricoles, les entreprises. Une bonne part de cette
croissance économique arrache des matières premières aux forêts, aux sols, aux mers
et aux voies navigables ».
Par ailleurs, les nouvelles technologies sont un des principaux ressorts de la
croissance économique. Si celles-ci peuvent permettre de freiner l’exploitation de
ressources rares qui progresse actuellement de façon vertigineuse, elles comportent
néanmoins de graves risques dont l’apparition de nouvelles formes de pollution et
l’introduction de nouveaux types de vie susceptibles de modifier notre évolution.
« En attendant, les industries qui puisent le plus dans nos ressources naturelles et,
partant, les plus polluantes, sont celles qui progressent le plus dans les pays en
développement, là précisément où la croissance est une nécessité urgente et où les
moyens de limiter les effets nuisibles de la croissance sont les plus faibles ».
Aussi, en raison de ces changements – tous liés – l’économie mondiale et
l’écologie mondiale sont désormais profondément imbriquées. C’est ainsi que depuis
plusieurs années, un ensemble d’acteurs politiques, scientifiques, associatifs ont
décidé d’agir pour préserver l’environnement.
B. Prise de conscience internationale
Depuis 35 ans, différents sommets internationaux sur l’environnement ont été
organisés et des rapports publiés, provoquant des avancées considérables lors de
chacune de ces étapes, notamment le concept de développement durable.
![Page 11: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/11.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
11
• 1972 – Stockholm : Première Conférence des Nations Unies sur
l’environnement au cours de laquelle il est reconnu que la protection de
l’environnement et la gestion efficace des ressources naturelles sont des questions
majeures qui affectent le bien être des populations et le développement économique
dans le monde entier.
• 1987 – Rapport Brundtland - Notre avenir à tous - élaboré par la Commission
mondiale sur l’environnement et le développement qui lance la notion de
développement durable.
• 1988 – L’Assemblée Générale des Nations Unies reconnaît l’évolution du
climat comme une préoccupation de l’humanité. Parallèlement, le Groupe d’Experts
Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) est créé.
• 1989 – La Haye : Appel lancé par la France, les Pays-Bas et la Suède : « Les
conditions mêmes de la vie sur notre planète sont aujourd’hui menacées par les
atteintes graves dont l’atmosphère est l’objet ».
• 1992 – Sommet de la Terre, Rio de Janeiro : c’est le premier sommet organisé
sur l’environnement et le développement au cours duquel les plus grands défis à
relever comprenaient les finances, les taux de consommation et la croissance de la
population. Les nations développées ont exigé un environnement durable tandis que
les pays en voie de développement expliquaient qu’ils devaient pouvoir rattraper
socialement et économiquement le monde développé. Ce sommet s’est conclu par
l’adoption de différents textes ainsi que des conventions thématiques : la convention
de Rio énonçant des principes généraux : pollueur payeur, prévention, précaution,
etc., l’agenda 21 des propositions pour le 21ème siècle, la convention sur les
changements climatiques, la convention sur la diversité biologique. Le concept de
développement durable était réaffirmé.
• 1997 – Sommet de Kyoto : le protocole de Kyoto qui en est issu fixe des
objectifs de limitation et de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et un
moyen : les permis d’émission. Il est actuellement ratifié par 156 pays à l’exception
notable des états unis et de l’Australie.
• 2002 – Sommet de la Terre, Johannesburg : Ce sommet aussi appelé sommet
mondial sur le développement durable a permis de faire le bilan du sommet de Rio,
![Page 12: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/12.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
12
de réitérer les engagements politiques des états et de renforcer le partenariat entre le
Nord et le Sud. Les thèmes prioritaires étaient l’eau, l’énergie, la productivité
agricole, la biodiversité et la santé.
• 2005 – Sommet du G8, Gleneagles : Tony Blair veut ramener les Etats-Unis
dans la lutte contre le changement climatique.
• 2006 – Rapport Stern : le réchauffement climatique pourrait coûter à
l’économie mondiale jusqu’à 7 500 milliards de dollars si les gouvernements ne
prennent pas des mesure radicales au cours des dix prochaines années. Le nombre de
réfugiés, victimes de la sécheresse ou d’inondations pourrait s’élever à 200 millions
de personnes.
• 2007 – 4ème rapport du GIEC, conférence internationale de Paris pour une
gouvernance écologique mondiale « Citoyens de la terre » dont l’ambition est de
mettre en place une action mondiale cohérente de la gestion de l'environnement.
C. Emergence du concept de développement durable
Le développement durable ou sustainable development en anglais, concept récent
évoqué pour la première fois en 1987 par Mme Gro Harlem Brundtland à New York
est défini comme étant « un mode de développement qui permet la satisfaction des
besoins actuels sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les
leurs ».24
Pour les entreprises, le développement durable est une incitation, voire une
obligation sur certains aspects, qui consiste à intégrer à toutes les décisions
(stratégiques ou opérationnelles) des préoccupations liées au respect de
l’environnement et au respect d’obligations sociales et sociétales. Le développement
durable repose sur trois piliers :
24 Déjà Antoine de Saint-Exupéry avait écrit « Nous n’héritons pas la Terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants »
![Page 13: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/13.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
13
Source : ministère de l'écologie et du développement durable
Figure 1 : Les trois piliers du développement durable
• Pilier social : La performance sociale et sociétale de l’entreprise concerne le
développement des compétences, la politique de sécurité et de santé au travail,
l’existence d’une mobilité interne et d’un système d’évaluation formelle ainsi que les
modalités du dialogue social.
Elle est axée sur le respect des réglementations locales, l’établissement de
relations loyales avec les fournisseurs, avec des partenariats équilibrés, plus
généralement sur une « éthique de business » incluant le respect de tous les
engagements pris, et enfin sur la participation de l’entreprise à la vie et au
développement local.
• Pilier environnement : La performance environnementale concerne d’une
part le développement de produits écologiques incluant leur traçabilité tout au long du
cycle de vie, d’autre part le respect de l’environnement en ce qui concerne le
fonctionnement des unités industrielles.
• Pilier économie : La performance économique vise d’abord la recherche de
minimisation du coût global d’acquisition pour les clients. Mais il s’agit aussi d’en
satisfaire le plus grand nombre, de garantir la transparence des comptes et des
engagements, et plus largement de favoriser la croissance et le développement de
![Page 14: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/14.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
14
l’activité. En d’autres termes, c’est aussi la « création de valeur » mais au profit de
tous.
1.1.2. L’environnement, un enjeu partagé
A. Déclinaison de directives européennes
Les différentes directives européennes sont progressivement transposées au
niveau national. Après les emballages ménagers, les piles et les pneus usagés, c’est au
tour des produits électriques et électroniques hors d’usage de faire l’objet de
récupération obligatoire et de recyclage.
La directive européenne 2002/69/CE du 27 janvier 2003 relative aux Déchets
d’Equipements Electriques et Electroniques (DEEE), entrée en vigueur mi-novembre
2006 impose aux distributeurs et aux fabricants de petit et gros électroménager, de
jouets, d’appareillage domestique, de produits bruns (TV, lecteurs DVD, etc.) et gris
(matériel informatique, etc.) de collecter, traiter et valoriser les DEEE afin d’éviter
que ces matériels particulièrement polluants ne finissent dans la nature.
Les objectifs sont donc de collecter et recycler 4kg de DEEE par an et par
habitant (contre 2kg aujourd’hui), et d’atteindre des taux de valorisation de 80% pour
le gros électroménager, 70% pour le petit électroménager, et 75% pour l’électronique
grand public.
Mais ces producteurs ayant refusé d’assumer la charge financière pour
l’élimination des produits antérieurs au mois d’août 2005, quelques 200 millions par
an au moins jusqu’en 2015 seront à la charge des consommateurs. Elle leur sera
répercutée via l’écoparticipation dont le but est de financer la nouvelle filière de
recyclage de ces déchets, et prélevée sur le prix d’achat des nouveaux appareils dans
les rayons des hypermarchés ou des magasins spécialisés.
![Page 15: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/15.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
15
Source : Le Parisien, 14 novembre 2006
Figure 2 : La taxe ecoparticipation, et le parcours d’un électroménager en fin de vie
Agriculture biologique, produits issus du commerce équitable, développement
durable... Les français semblent s’intéresser de plus près à tout ce qui a trait à la
protection de l’environnement. Près de deux français sur trois (62 %) estiment que
celui qui peut vraiment agir pour préserver l’environnement, c’est d’abord lui-même,
révèle un sondage réalisé par l’institut LH2 les 27 et 28 octobre 2006 pour 20
Minutes et RMC.
Les actions des citoyens (citées à 62%) sont jugées comme très importantes
comparées aux actions des politiques (citées à 21 %) ou des entreprises (citées à 14
%). Beaucoup d’entre eux estiment donc que trier ses déchets, utiliser les transports
en commun ou chauffer plus modérément son logement n’est pas vain pour l’avenir
de la planète. « Cela montre que les campagnes de sensibilisation que nous menons
depuis deux ans portent leurs fruits », a déclaré la ministre de l’Ecologie, Nelly Olin.
Interrogés également sur des propositions à mettre en œuvre afin de limiter le
réchauffement et ses dangers, les sondés plébiscitent l’idée d’imposer le respect de
normes environnementales avant de délivrer un permis de construire (93 % de oui).
![Page 16: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/16.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
16
L’application généralisée du principe pollueur payeur pour les entreprises fait
aussi la quasi-unanimité (91%).
Toutefois, il ne faut pas aller jusqu’à dire que les français ont la fibre écologique
car ils résistent dès lors qu’on menace de toucher à leur quotidien. A peine plus d’un
sondé sur deux (52 %) accepterait de « payer une redevance proportionnelle au poids
des déchets ménagers » et sans surprise, l’attachement à la voiture reste aussi un frein
à l’enthousiasme vert. Les personnes interrogées ne sont que 53 % à se déclarer
favorables à la possibilité de « faire payer plus cher les voitures qui polluent et moins
cher celles qui polluent peu ». « C’est un résultat qui n’est pas si mauvais quand on
connaît la réticence des Français sur ce sujet », estime-t-on dans l’entourage de
Nelly Olin.
Source : Institut LH2
Tableau 1 : Environnement, sondage réalisé les 27 et 28 octobre 2006
Par ailleurs, sur de plus en plus de sites internet – du site institutionnel au site
d’entreprise – des rubriques sont consacrées au thème du développement durable.
Ainsi, sur le site de l’ADEME (l’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de
l’Energie), lien Espace Particuliers, le particulier en question peut Jouer, Comprendre,
![Page 17: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/17.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
17
Agir, ou encore être renseigné quant aux Campagnes de Communication, Info
énergie, et Crédit d’impôts. Dans la sous rubrique Agir, des conseils sont donnés afin
d’aménager un cadre de vie agréable et respectueux de l’environnement comme par
exemple se chauffer sans gaspiller, gérer et trier ses déchets, utiliser les énergies
renouvelables…
L’ONG WWF, quant à elle, en proposant sur son site de calculer son « empreinte
écologique » permet à chacun d’évaluer les conséquences de son comportement
quotidien sur l’environnement et de comparer son score à celui de ses concitoyens.
Pour cela il suffit de répondre à quelques questions, telles que la taille de son
logement, son mode de chauffage, sa consommation d’eau, le nombre de
déplacements effectués en avion, en voiture, à pied, le pourcentage dans son chariot
de produits importés de l’étranger, etc. Le score final est donné en hectares, il
correspond à une estimation de la superficie qu’il faudrait à une famille pour vivre en
autarcie de façon durable à son rythme de consommation en tenant compte de ses
besoins de nourriture, chauffage, matériaux de construction, air pur, eau potable et
absorption de déchets.
Par ailleurs, les entreprises, chacune à leur manière, sensibilisent et font des
campagnes de communication en ce sens. Prenons l’exemple d’EDF : l’entreprise
s’est engagée dans la voie du développement durable en :
• Développant des énergies renouvelables : l’objectif européen est d’atteindre
21% d’énergies renouvelables (éolien, solaire, hydraulique) dans la consommation
d’électricité d’ici 2010, et EDF contribuera à cet objectif en investissant 3 milliards
d’euros dans l’éolien d’ici là.
• Se consacrant à la recherche sur les énergies, avec plus d’1 million d’euros
affectés en Recherche et Développement pour améliorer l’efficacité des appareils
existants, trouver et expérimenter des procédés innovants… car selon EDF « c’est
aujourd’hui que doit se relever le défi énergétique de demain ».
• Etant transparent sur l’origine de l’électricité consommée.
Afin de sensibiliser la population, l’entreprise a distribué un dépliant, « Nos petits
gestes d’aujourd’hui font notre confort de demain », et met à disposition sur son site
![Page 18: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/18.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
18
internet des conseils pratiques pour consommer moins et améliorer son confort au
quotidien, notamment en estimant la consommation d’énergie, en évaluant le coût
d’utilisation lié aux appareils électriques, en choisissant et utilisant au mieux les
appareils électroménagers et de chauffage. En outre, l’entreprise propose
d’accompagner ses clients en les aidant à choisir la solution technique la mieux
adaptée à chaque situation.
Le consommateur apprend ainsi que pour une même durée d’utilisation, la
consommation d’une lampe halogène coûte 25 fois plus que celle d’une lampe basse
consommation, qu’en baissant de 1 degré la température du chauffage, on peut
économiser jusqu’à 7% d’énergie, ou encore que laver du linge à 30 ou 40 degrés au
lieu de 90 degrés permet de consommer 3 fois moins d’électricité, etc. EDF va plus
loin avec sa tournée éco citoyenne « Ensemble, économisons l’énergie ». Destinée à
toute la famille, elle propose un parcours découverte sur l’énergie, un café-conseil
pour adopter les gestes simples permettant de réaliser des économies d’énergie, des
jeux pédagogiques pour découvrir en s’amusant…
B. Le pacte écologique
Non seulement l’écologie a pris une part croissante dans l’esprit des français,
mais elle s’invite aussi aux présidentielles à travers le livre programme de Nicolas
Hulot, Pour un pacte écologique25. Ainsi, Le Nouvel Observateur écrit « Il l’avait
promis, il le fait ! Iconoclaste et pragmatique, l’homme qui veut sauver la Terre
commence par bousculer la présidentielle avec des propositions qui décoiffent. Son
rêve ? Mettre l’écologie au cœur de la campagne».26
Ainsi, Nicolas Hulot cherche à mobiliser un maximum de personnes, car « si nous
ne réagissons pas à la hauteur des enjeux – et quand je dis nous, je pense à
l’ensemble de la société, pas seulement aux responsables politiques, aux décideurs
économiques, aux acteurs sociaux ou aux intellectuels, mais aussi aux gens
« ordinaires », c’est l’implacable loi du temps et de la nature qui nous imposera son
diktat ».
25 Pour un pacte écologique, Nicolas Hulot, novembre 2006, Calmann-Lévy 26 Le Nouvel Observateur, du 9 au 15 Novembre 2006, La révolution Hulot
![Page 19: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/19.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
19
Dans le pacte écologique, Nicolas Hulot propose 10 objectifs à atteindre :
1. Economie – vers une logique de durabilité.
2. Energie – organiser la baisse de consommation.
3. Agriculture – produire autrement.
4. Territoire – contenir l’extension périurbaine et localiser les activités humaines.
5. Transports –sortir du tout routier.
6. Fiscalité – établir le véritable prix des services rendus par la nature.
7. Biodiversité – faire entrer la nature dans l’aménagement du territoire.
8. Santé – prévenir avant de guérir.
9. Recherche – faire de l’environnement un moteur pour l’innovation.
10. Politique internationale – prendre l’initiative.
De nombreux experts et cinq présidentiables ont signé le pacte écologique. De par
sa notoriété et les nombreux forums organisés, Nicolas Hulot participe à
l’accélération du débat, des prises de position voire de décision sur les items liés à
l’environnement.
C. Le testament écologique du chef de l’Etat
En 2002, lors du sommet de Johannesburg, Jacques Chirac déclarait « La maison
brûle et on regarde ailleurs ». Aujourd’hui, il ajoute que si « la maison brûle
toujours » il a le sentiment que l’on commence à se dire « où sont les extincteurs ? ».
« Aujourd’hui, au moins, on cherche les extincteurs. C’est déjà un mieux. Mais ce
n’est pas assez. C’est pourquoi j’ai voulu cette Conférence Internationale de Paris ».
Cependant, bien que la prise de conscience soit croissante, une difficulté réside
dans le fait que le « système est fragmenté » ce qui induit inévitablement un manque
d’efficacité. En effet, au sujet de protection de l’environnement, il n’existe pas moins
de 500 accords internationaux et 18 institutions internationales.
![Page 20: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/20.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
20
De plus, selon le chef de l’Etat27, le PNUE (Programme des Nations Unies pour
l’Environnement) a une capacité d’action très insuffisante. C’est la raison pour
laquelle il développe depuis plusieurs années l’idée d’avoir une ONUE, Organisation
des Nations Unies pour l’Environnement, qui soit capable d’une action coordonnée,
c'est-à-dire de concevoir une action mais surtout de la mettre en œuvre, autrement dit
dotée de pouvoirs pour faire appliquer ses décisions. Cette ONUE devrait être en
quelque sorte la conscience écologique du monde. Sur le principe de l’OMS, elle
disposerait à la fois d’une capacité d’analyse et d’action ainsi que de la possibilité de
faire appliquer ses décisions.
Dans le prolongement du sommet de Johannesburg, les 2 et 3 février 2007 à Paris,
Jacques Chirac a présidé la conférence28 pour une gouvernance écologique mondiale
qui a réuni des ministres, des scientifiques, des chefs d’entreprises, des ONG et des
personnalités venant de plus de soixante pays du monde entier.
Cette conférence sera suivie au printemps 2007 par la première réunion du groupe
pionnier des « amis de l’Organisation des Nations Unies pour l’Environnement » qui
rassemble déjà plus de 40 pays et qui se tiendra au Maroc.
Lors des différents sommets internationaux, des textes fondateurs engageant les
pays signataires sont ensuite déclinés en réglementations et directives. Il est à noter
que 70% de la législation française en matière d’environnement est d’origine
communautaire.
Chaque état signataire va devoir s’organiser afin de mettre en place et faire
respecter les nouvelles législations par tous les acteurs politiques, économiques et
sociaux, et donc en particulier par les entreprises.
L’environnement devient aussi une contrainte et par la même un enjeu stratégique
de développement.
27 Le Nouvel Observateur, du 1er au 7 Février 2007, Le testament écologique du chef de l’Etat – Chirac ce que je veux. Entretien exclusif pour le Nouvel Observateur, l’International Herald Tribune et le New York Times 28 http://www.ecologie.gouv.fr/conference/?-Programme-
![Page 21: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/21.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
21
1.2. Un nouveau contexte réglementé
1.2.1. Au niveau international
Sous la pression des instances internationales, des ONG et des consommateurs,
les entreprises sont impliquées dans un changement de société induit par la volonté de
préserver l’environnement. Leur liberté d’entreprendre s’inscrit ainsi, aujourd’hui,
dans une régulation de droit et de fait, exercée par tous les partenaires de l’entreprise.
Plusieurs types d’instruments internationaux, de nature et de portée diverses, les
incitent à intégrer des critères éthiques dans leurs actions. Les méthodes de contrôle
externe sont insuffisantes et l’application de la réglementation non contraignante,
mais « Compte tenu de la nature transnationale de nombreux débats éthiques, depuis
les conditions de travail jusqu’à la pollution, il n’est pas étonnant que les
organisations internationales (plus que les Etats) voient dans la responsabilité
sociale (et environnementale) des entreprises un champ d’action promis à un bel
avenir »29.
A. Les principes directeurs et conventions de l’OCDE
Afin que les règles du jeu soient équitables entre tous les acteurs, les entreprises
demandent que des référentiels uniques soient élaborés en matière de responsabilité
sociale et environnementale. La commission européenne, quant à elle, juge essentiel
que les entreprises prennent comme référence première les instruments internationaux
tels que les Principes directeurs de l’OCDE, la Déclaration de l’OIT, etc., mais
nombreuses sont celles qui méconnaissent ces textes.
Les principes directeurs de l’OCDE visent à inciter les grandes entreprises à avoir
un comportement responsable, et énoncent des recommandations sur les droits de
l’Homme, la lutte contre la corruption, la protection des consommateurs. Il est à noter
qu’ils ne sont pas des substituts au droit applicable et n’ont pas de valeur juridique
contraignante. Actuellement, seuls les pays membres de l’OCDE, trois pays
d’Amérique latine (Argentine, Brésil, Chili), la République Slovaque, et récemment
Israël les ont adoptés. Mais la légitimité en est amoindrie sans la participation
d’autres Etats hors OCDE.
29 E. B. KAPSTEIN, « La croisade pour l’éthique d’entreprise », Politique Etrangère, n° 3, 2001, p. 600.
![Page 22: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/22.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
22
Concernant la gouvernance des entreprises, les principes de l’OCDE préconisent
la protection des droits des actionnaires, notamment des actionnaires minoritaires et
étrangers, et soulignent que la réputation et le succès d’une société à long terme
dépendent également de facteurs éthiques et de la conscience des problèmes
environnementaux et sociaux.
Enfin, pour lutter contre la corruption, la convention de l’OCDE vise à mettre fin
à la corruption des agents publics étrangers dans le cadre des échanges commerciaux
internationaux.
B. Les conventions de l’Organisation Internationale du Travail
Il existe huit conventions sur les droits et principes fondamentaux des
travailleurs :
1. La convention sur le droit d’organisation et de négociation collective,
2. La convention sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical,
3. La convention sur l’élimination du travail forcé ou obligatoire,
4. La convention sur les pires formes de travail des enfants,
5. La convention concernant la discrimination en matière d’emploi et de
profession,
6. La convention sur l’âge minimum requis pour occuper un emploi,
7. La convention sur l’égalité de rémunération entre hommes et femmes pour un
même poste,
8. La convention sur le travail forcé.
C. Le Pacte Mondial des Nations Unies
Le Pacte Mondial des Nations Unies30, initiative émanant du Programme des
Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), est une sorte de contrat volontaire, de
partenariat entre les entreprises et les Nations Unies pour que la dimension
30 Plus connu sous le nom de Global Compact : www.unglobalcompact.org
![Page 23: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/23.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
23
environnementale soit mieux prise en compte par le monde des affaires. Le Pacte
Mondial encourage les entreprises à adhérer à différents principes dans le domaine
des droits de l’Homme, des droits sociaux et de l’environnement, en s’appuyant, pour
cela, sur la Déclaration Universelle des droits de l’Homme, les conventions de l’OIT
et la Déclaration de Rio en matière environnementale. « Le Pacte Mondial a toutefois
été critiqué par certaines ONG pour le caractère imprécis des principes énoncés (...)
et l’absence de contrôle vis-à-vis des entreprises qui s’en réclament »31.
1.2.2. Au niveau national
A. La loi sur les Nouvelles Régulations Economiques
La loi sur les Nouvelles Régulations Economiques (NRE) du 15 mai 2001 vise
directement la gestion de l’entreprise en demandant, aux sociétés cotées32 d’indiquer
dans leur rapport annuel la manière dont elles prennent en compte les conséquences
environnementales et sociales de leur activité. Le décret d’application33 de l’article
116 de cette loi précise le type d’informations environnementales et sociales devant
figurer dans les rapports aux actionnaires des entreprises cotées sur le premier
marché, à compter de 2003.
Le décret NRE vise, tout d’abord, le bilan environnemental de l’activité de
l’entreprise. Ainsi celle-ci doit évaluer l’impact de son activité en termes de
« consommation de ressources en eau, de matières premières et d’énergie avec, le
cas échéant, les mesures prises pour améliorer l’efficacité énergétique et le recours
aux énergies renouvelables, les conditions d’utilisation des sols, les rejets dans l'air,
l’eau et le sol affectant gravement l’environnement ainsi que les nuisances sonores ou
olfactives et les déchets et dont la liste sera déterminée par Arrêté des Ministres
chargés de l'Environnement et de l’Industrie ».
Cependant, seules les informations pertinentes et significatives « en fonction de la
nature de l’activité et de ses effets » seraient renseignées, ce qui laisse ainsi une
31 F. BENAROYA, « Echanges et éthique », DREE Dossiers, février 2002, p. 15. 32 Celles dont les titres sont admis aux négociations sur un marché réglementé. 33 Décret n° 2002-221 pris pour l’application de l’article L225-102-1 dans le Code de commerce et modifiant le décret n° 67-236 du 23 mars 1967 sur les sociétés commerciales, JO du 21 février 2002. Information : http://www.legifrance.gouv.fr.
![Page 24: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/24.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
24
marge d’appréciation aux sociétés qui devront également donner des informations
relatives aux objectifs environnementaux assignés aux filiales à l’étranger.
Il est prévu également, dans le même rapport, que l’entreprise fasse un bilan
social, en l’obligeant à publier des informations sur :
• Sa politique de recrutement (en distinguant les contrats à durée déterminée et
ceux à durée indéterminée),
• Sa capacité à promouvoir auprès de ses sous-traitants et à faire respecter, par
ses filiales, les conventions de l’Organisation Internationale du Travail (OIT),
• Ses plans de réduction des effectifs et leurs motifs,
• Ses mesures de sauvegarde de l’emploi (efforts de reclassement, réembauches
et mesures d’accompagnement),
• Son organisation du temps et des conditions de travail (salariés à temps plein
et partiel, absentéisme et motifs, heures supplémentaires, hygiène et sécurité),
• Sa politique salariale (rémunérations, charges sociales, formation).
B. La loi sur l’épargne salariale
Cette loi stipule que « les organismes de placement collectif en valeurs mobilières
auxquelles sont affectés les fonds recueillis par les plans d’épargne d’entreprise,
interentreprises et les plans partenariaux d’épargne salariale volontaire sont tenus
de rendre compte annuellement de la mesure dans laquelle ils prennent compte des
considérations sociales, environnementales ou éthiques, tant dans la sélection, la
conservation et la liquidation des titres ».
Ces mesures s’apparentent à la loi anglaise « Trustee Act » de juillet 2000 qui
impose à tous les administrateurs de fonds de pension de communiquer, au sein d’une
« déclaration de principe », leur politique en matière de développement
d’investissement socialement responsable.
![Page 25: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/25.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
25
C. Le nouveau code des marchés publics
La réforme du code français des marchés publics, adoptée en mars 2001, s’inspire
très fortement des réflexions menées à l’échelle européenne. En effet, en mai 2000, la
Commission a décidé de renforcer le dispositif réglementant la passation des marchés
publics par la mise à jour de la législation européenne existante. Le Code français des
marchés publics autorise, désormais, l’introduction des considérations sociales ou
environnementales dans les clauses d’un marché public (art. 14).
Ainsi, les cahiers des charges du maître d’ouvrage pourront comprendre des
dispositions visant à promouvoir l’emploi de personnes rencontrant des difficultés
particulières d’insertion, à lutter contre le chômage ou à protéger l’environnement.
D. L’assurance-crédit à l’export
Ce n’est que depuis peu que les agences d’assurance-crédit à l’export prennent en
compte l’impact environnemental des projets qu’ils garantissent. Cette prise en
compte s’explique par le fait que le risque environnemental est désormais considéré
comme partie intégrante du risque financier pour les assureurs. Tous les assureurs
crédit n’avancent toutefois pas au même rythme dans ce domaine. On voit ainsi
encore des assureurs accorder leur garantie à des projets alors que d’autres opérateurs
ont pu refuser la leur au motif que ces projets étaient peu respectueux de certains
critères environnementaux.
En 1999, un groupe de travail sur les crédits à l’exportation et l’environnement a
été mis en place dans le cadre de l’OCDE. En décembre 2000, ce groupe a adopté une
déclaration par laquelle les Etats s’engagent à faire en sorte que les crédits à
l’exportation bénéficiant d’un soutien public soient assortis avec les objectifs de
développement durable. Par exemple, en France, les entreprises qui déposent un
dossier d’assurance-crédit auprès de la Compagnie d’assurance française du
commerce extérieur (Coface), doivent désormais, répondre à un « questionnaire
environnemental».
![Page 26: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/26.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
26
E. La gestion des déchets
Les entreprises doivent maîtriser l’impact de leurs activités sur l’environnement,
en particulier gérer leurs déchets conformément à la réglementation. La politique de
gestion des déchets a été relancée (loi de 1992), complétant la loi de 1975 qui créait
les Plans Départementaux d’élimination des déchets ménagers et assimilés afin de
fixer des objectifs de recyclage, d’incinération, de compostage et de mise en décharge
à terme de 5 et 10 ans.
Face au retard dans l’adoption de ces plans et à la priorité accordée à
l’incinération, un texte a imposé une réorientation de leur contenu en vue d’un
rééquilibrage des filières de traitement, privilégiant la prévention, la réduction à la
source, le recyclage et le tri sélectif.
Un objectif quantitatif national est fixé : à terme 50% des déchets des collectivités
locales doivent être collectés en vue de leur réutilisation, recyclage, traitement
biologique ou épandage agricole. La France incite à développer la collecte sélective.
1.3. Une pression croissante
1.3.1. Des partenaires
Depuis plusieurs années, les entreprises ont à faire face à un environnement de
plus en plus complexe, avec les notions de « client roi », d’internationalisation et de
globalisation des marchés. Elles multiplient les alliances avec comme objectifs la
mise en commun de moyens commerciaux, de programmes de recherche et
développement, la constitution d’offres « packagées », des partenariats pour la
réalisation de projet, etc.
Ces entreprises mettent en place des relations durables et qualifiantes afin de
privilégier une croissance contractuelle plutôt qu’une croissance patrimoniale, et leur
organisation se transforme en un système ouvert, aux frontières mal définies et dont
les marchés sont perçus comme des courants porteurs.
Pour elles, engager une démarche de respect de l’environnement, de
développement durable signifie rechercher une performance non seulement
financière, mais aussi sociale et environnementale. Cette responsabilité sociale se
traduit par des pratiques fondées sur des valeurs éthiques de respect de :
![Page 27: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/27.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
27
• Toutes les parties prenantes de l’activité de l’entreprise (employés,
fournisseurs, clients, actionnaires, concurrents, etc.),
• La communauté (collectivités locales, associations de consommateurs, ONG,
etc.),
• L’environnement.
Par ailleurs elles doivent veiller à entretenir leur compétitivité et leur capacité
d’adaptation, et faire face à différentes pressions qui sont autant d’incitations à
l’innovation et aux ruptures technologiques :
• Pression des marchés financiers,
• Pression des actionnaires,
• Pression des fournisseurs,
• Pression des clients,
• Pression d’associations internationales,
• Pression du législateur.
Les entreprises doivent se mettre en conformité avec la nouvelle réglementation
environnementale voire l’anticiper. C’est une obligation légale dont vont devoir tenir
compte les chefs d’entreprise dans le pilotage de leurs activités, et donc en particulier
dans le pilotage de leur supply chain. Cependant elles sont de plus en plus
nombreuses à adhérer à la cause écologique car elles ont compris qu’elles avaient tout
à y gagner. Le raisonnement qui tend à faire croire que la lutte contre les émissions de
CO2 induit des coûts supplémentaires à répercuter sur les prix est de plus en plus
faux.
Les entreprises prennent conscience qu’elles peuvent gagner de l’argent tout en
protégeant l’environnement, et que le « vert peut aussi être un argument de vente »34.
34 Les Echos, 29 Janvier 2007, Dossier « Le réchauffement climatique ne fait plus débat», L’entreprise verte
![Page 28: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/28.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
28
En effet pour 95% des français, « jouer la carte de l’environnement, c’est
améliorer l’image de l’entreprise »35.
On constate également des collaborations entre entreprises et ONG, des business
school rivalisent d’initiatives comme l’INSEAD36 qui a créé avec Geonomia un
forum favorisant la rencontre des scientifiques du monde des affaires et des
responsables de société. Ce nouvel objectif de sauvegarder la planète donne
également naissance à de nouvelles activités, développe la recherche par la demande
d’innovation en matière d’énergies renouvelables, d’entreprises propres, de recyclage
des produits, etc.
Ainsi les entreprises qui s’engagent dans la cause environnementale prennent un
avantage compétitif et technologique en repensant leurs produits par la manière de les
produire et de les distribuer. De ce fait, la protection de l’environnement devient un
argument publicitaire, et pour le marché des affaires, le développement vert est de
l’or.
1.3.2. Des exigences clients
Les entreprises n’existent et ne se développent que par les achats effectués par des
particuliers, des collectivités ou d’autres entreprises. Les clients sont de plus en plus
avertis par les médias et les ONG des pratiques non responsables de gouvernements
et/ ou d’entreprises. Il peut s’agir de lutte contre le travail des enfants, de
délocalisation, d’accès aux médicaments pour tous, etc. Toujours plus citoyens, ils se
préoccupent également des causes éthiques, sociales et environnementales.
Pour exemple, le succès de l’agriculture biologique ou celui du commerce
équitable constitue les preuves tangibles que les clients sont aujourd’hui de plus en
plus attentifs au comportement des entreprises et aux modalités de fabrication des
produits qu’ils achètent.
Mieux informés, davantage formés et conscients des enjeux, ils deviennent un
moteur de plus en plus actif dans le choix des produits et services et veulent peser sur
les conditions qui ont permis leur production et commercialisation. Ils sont d’autant
35 Sondage réalise pour L’Usine Nouvelle, Les Echos, 29 Janvier 2007, ibid. 36 INSEAD : Institut européen des affaires - Fontainebleau
![Page 29: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/29.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
29
plus attirés par des produits sains et par l’éthique du comportement que l’offre s’est
banalisée.
L’entreprise responsable gagne ainsi la confiance, et donc la fidélité de ses clients.
A l’écoute de ces exigences nouvelles, l’entreprise se prépare à des marchés
nouveaux, notamment les marchés spécifiques intégrant la durabilité et l’éthique, à
des clientèles ou des secteurs nouveaux, non occupés par la concurrence (comme le
marché des ONG). Elle attire les donneurs d’ordres soucieux de passer commande à
des entreprises vertueuses, ou d’engager des partenariats ou joint-venture de bonne
qualité. Enfin, elle sera en mesure de répondre aux appels d’offre qui commencent à
exiger la mise en œuvre de standards de type SA 8000 (social) ou ISO 14001
(environnement).
En résumé, nous avons vu dans cette première partie comment les états avaient
souhaité impulser une dynamique de protection de l’environnement par des textes
fondateurs déclinés ensuite par les législations inhérentes.
Le concept de développement durable a été conçu, discuté, adopté par la
communauté internationale sur la base des trois piliers environnementaux, sociaux et
économiques lors de différents sommets notamment celui de Johannesburg en 2002
auquel participaient de grandes entreprises.
Ce grand élan ne peut se faire qu’avec leur contribution active, à savoir la
déclinaison en leur sein des décisions prises en matière environnemental, social et
économique.
C’est ainsi que le concept de développement durable va se traduire en entreprise
par le concept de responsabilité sociale des entreprises (RSE), si possible dans chaque
activité et interactions avec les parties prenantes sur une base volontaire.
Parmi ces activités, la supply chain a un rôle primordial à jouer de part sa
transversalité et sa relation avec les clients.
![Page 30: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/30.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
30
2. LA SUPPLY CHAIN ET L’INTÉGRATION DE L’ENVIRONNEMENT
2.1. La Supply Chain
2.1.1. Rôle de la supply chain
La supply chain (ou chaîne logistique) est l’ensemble des intervenants, allant des
producteurs de matières premières jusqu’au consommateur final, en passant par tous
les intermédiaires éventuels (transformateurs, grossistes, transporteurs,
distributeurs…). La supply chain peut être assimilée à un modèle d’activités, organisé
autour d’un réseau d’entreprises dont le but est de mettre un produit ou un service à la
disposition du client dans des conditions optimales en terme de qualité, de date, de
lieu… Ce réseau regroupe des organisations se trouvant à l’amont et à l’aval du
processus productif. Elles partagent un objectif commun, celui de s’engager dans un
processus de création de valeur représenté par le produit ou le service livré au
consommateur37
La maîtrise des fonctions logistiques apparaît donc critique pour l’entreprise dans
sa globalité et, si l’on se réfère à la chaîne de valeur de Porter, celui-ci identifie la
logistique comme une fonction primaire, lui donnant ainsi toute sa dimension
stratégique.
Ces dernières années, la logistique a acquis un rôle incontournable et ce, pour
plusieurs raisons. Tout d’abord, les évolutions économiques imposent une maîtrise
des fonctions logistiques pour dégager et conserver un avantage compétitif durable :
mondialisation, externalisation, délocalisation ainsi que développement des réseaux,
alliances et systèmes d’information imposent une complexification des flux.
Parallèlement, les exigences croissantes des clients et des consommateurs augmentent
considérablement les standards en matière de service, qualité, diversité,
personnalisation, nécessitant des compétences particulièrement développées dans le
domaine de la logistique.
La gestion globale de la chaîne d’approvisionnement ou Supply Chain
Management (SCM) regroupe toutes les fonctions exercées et actions menées par
37 L’encyclopédie du marketing, Jean-Marc Lehu, Edition d’organisation
![Page 31: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/31.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
31
l’ensemble de ces intervenants. Le SCM concerne toutes les étapes internes et
externes impliquant une identification, une coordination et une rationalisation des
flux (physiques, humains, monétaires et surtout d’information). Il a pour but
d’optimiser l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement.
Le SCM représente un formidable levier pour la stratégie, en permettant à la fois
de réduire les coûts (transport, stockage, production, service client, etc.) et en
stimulant les gains en matière de chiffre d’affaires et de parts de marché, grâce
notamment à une qualité de service accrue et mieux ciblée. Par conséquent, les
directions générales dépendent davantage des compétences logistiques pour créer de
la valeur.
2.1.2. Intégrer les contraintes environnementales
Pour être efficace, la logistique, dans sa forme récente de SCM, a pour mission
d’aider l’entreprise à concilier les caractéristiques et exigences de la demande avec
les contraintes imposées par l’offre et la chaîne d’approvisionnement. Cela sous-
entend une adaptation du modèle logistique au type de secteur d’activité considéré, et
notamment aux spécificités du marché.
De plus, pour être en conformité avec la réglementation, la supply chain va devoir
intégrer les contraintes environnementales tout en anticipant les risques industriels, en
interne entre les différentes fonctions de l’entreprise, et en externe avec les différents
partenaires. Cette approche amène à avoir une vision globale de la logistique –
dépassant les clivages fonctionnels et organisationnels traditionnels – et unique – car
spécifique à chaque entreprise. Une bonne logistique procure un avantage compétitif
durable, difficilement imitable par les concurrents (Dell et Zara par exemple, ne
semblent toujours pas menacés, malgré les efforts de leurs concurrents respectifs pour
les imiter).
Le développement même du terme SCM traduit deux phénomènes importants.
D’une part, le SCM met l’accent sur l’idée qu’il faut s’intéresser à l’ensemble de la
chaîne depuis le premier fournisseur jusqu’au client consommateur pour accroître la
performance logistique globale. Le SCM dépasse ainsi la vision de l’approche
fragmentaire de la logistique, cantonnée à la gestion des flux au niveau d’une
entreprise, qui constituait autrefois la perspective du logisticien. D’autre part, le terme
![Page 32: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/32.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
32
« supply » met le client consommateur final au centre du débat. Il faut organiser la
gestion des flux pour « approvisionner » au mieux les clients. Cela signifie que même
si le flux n’est pas entièrement « tiré » entre le client final et les usines de production,
le SCM, via les nouvelles technologies de communication intégrées par les systèmes
APS (Advanced Planning & Scheduling Systems) a pour conséquences de tendre les
flux de l’aval vers l’amont, et non plus à pousser les flux de l’amont vers l’aval.
Pour résumer, par son rôle stratégique au sein de l’entreprise, la supply chain est
donc incontournable. Or, la prise de conscience croissante de l’impact de l’activité
humaine sur la planète oblige chacun à contribuer au respect de son environnement.
Les entreprises, au même titre que les particuliers, sont donc concernées par cette
nouvelle donne, et notamment les nouvelles réglementations qui les obligent à revoir
leur façon de concevoir, produire et vendre.
La supply chain, étant la chaîne de tous les intervenants des différents maillons
qui contribuent à un produit, sera affectée dans son entier par tous ces
bouleversements.
2.2. Enjeu pour les métiers traditionnels L’accroissement des transports et du commerce inter frontaliers, les nouvelles
méthodes de fabrication, les problèmes de congestion de trafic ont eu un impact
visible sur l’environnement, particulièrement dans un nombre réduit de zones
géographiques. La prise de conscience de l’environnement n’est plus limitée au seul
transport mais s’étend de la gestion des emballages, du stockage à la gestion des
déchets.
Il faut noter que la supply chain est largement concernée car elle agit directement
sur six types de pollution : pollution de l’air, pollution de l’eau, pollution sonore,
défiguration des paysages ruraux, encombrement du trafic accentué par les véhicules
utilitaires, décharge abusive, voire exportation des déchets non traités. L’enjeu
environnemental de la supply chain est d’intégrer ces changements, d’autant plus
rapidement que, de l’avis de la psychosociologue Danielle Rapoport, « les
consommateurs ont besoin de preuves de la responsabilisation des acteurs
économiques, et d’une assurance que le changement qu’ils vont faire ne va pas les
![Page 33: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/33.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
33
pénaliser. Comme ils sont perdus dans ce qu’il convient de faire et ce qui est efficace,
et face à la course aux labels, ils ont besoin de constater que les règles sont
respectées par tout le monde ».
Ces enjeux concernent en premier lieu les activités traditionnelles que sont
l’emballage, le transport et l’entreposage car elles permettent de se mettre aux normes
rapidement, d’entraîner le reste de l’entreprise, et d’être visibles rapidement du grand
public.
2.2.1. Emballage
L’immense majorité des produits que le consommateur trouve dans les magasins
est emballé et/ou a été transporté dans des emballages. On distingue les emballages
dits :
• Primaire : colle au produit,
• Secondaire : souvent emballage de regroupement,
• Tertiaire : emballage de manutention.
Ces emballages et conditionnements sont soumis à certaines contraintes telles
que l’acheminement, la solidité, la praticité, la visibilité, la conservation, la sécurité.
Ils doivent en outre :
• Respecter les codes couleurs entre les pays,
• Comporter un certain nombre d’informations,
• Pouvoir être éliminé ou recyclé,
• Donner une image favorable de la marque.
L’emballage est le premier secteur industriel a bénéficié de la mise en place en
1992 d’une législation européenne en matière de protection de l’environnement.
Depuis, ce secteur multiplie les méthodologies, procédés, matériaux et outils pour
servir au mieux la cause environnementale. L’allègement des matériaux reste un
critère de performance écologique et économique incontournable pour tous les
emballages. On peut citer l’exemple de CGL Pack qui diminue de 50% la matière
![Page 34: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/34.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
34
nécessaire à la réalisation de ses plateaux de présentation du Roquefort, tout en
valorisant l’attractivité et la praticité de cet emballage.
Les solutions mono matériaux continuent également à être privilégiées, et
proposent désormais des matériaux 100% recyclés de plus en plus performants.
L’avenir s’avère prometteur en ce qui concerne les matériaux biodégradables dont
certains sont déjà biocompostables, respectant par là même la norme EN 13432 qui
exige la biodégradabilité ultime de l’emballage sous certaines conditions de
température et de temps et sans que les résidus de biodégradabilité impactent la
qualité du compost.
Toutefois, tout emballage non dégradable sera si possible réutilisé, devenant dès
lors un outil privilégié dans certaines tâches logistiques de transport des produits
intermédiaires (palettes, bacs navettes repliables et emboîtables…).
Enfin, pour que l’écoconception rende l’emballage écoperformant depuis la
création jusqu’à la fin de vie, de nouveaux outils naissent, telles des plates-formes de
logiciels qui déroulent tous les logiciels nécessaires pour créer, encaisser, palettiser et
mettre en linéaire des emballages au « total look environnemental ».
Une telle mise en œuvre peut s’avérer efficace pour une entreprise, autrement dit,
l’emballage rentable est facteur de succès.38 Cela s’explique car d’une part la courbe
de vie des produits tend à se raccourcir, et d’autre part le prix du ticket d’entrée sur de
nouveaux marchés est élevé. Partant de ce constat, investir dans un nouvel emballage
ou une nouvelle machine est un acte stratégique pour une marque. Ainsi, la notion
d’emballage rentable ne résulte pas que d’un achat au moindre coût, mais au contraire
de l’optimisation des facteurs de création de valeur, aussi bien sur le plan humain, que
matériel, financier, ou de services.
Pour aller dans ce sens, le club Démèter Environnement et Logistique a lancé
depuis 2001 plusieurs projets clés dont un vise notamment à élaborer une charte des
bonnes pratiques en matière d’emballages secondaires et tertiaires. Ce club est
composé d’une vingtaine de membres issus de l’industrie (Coca Cola, Danone,
L’Oréal…), de la distribution (Carrefour, Casino, Monoprix) ainsi que des
prestataires logistiques (FM Logistic, Stef-TFE…). Il a su intéresser divers acteurs du
38 Le Journal de la Logistique, N°40, Novembre 2006
![Page 35: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/35.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
35
secteur public, comme l’ADEME, la Mairie de Paris, le ministère de l’Equipement et
des Transports…). Le groupe de réflexion dédié à l’emballage secondaire a travaillé à
partir d’une idée concrète, nous informe J. Darthout, consultant CPV Associés :
« Nous avons voulu proposer un outil capable de comparer plusieurs types
d’emballages secondaires, tant sur le plan économique qu’environnemental ».
Concernant l’emballage tertiaire, les Fromageries Bel, Carrefour et Stef-TFE ont
réuni leurs compétences afin de réfléchir à la notion d’emballage réutilisable, car
selon B. Bompas, directeur des grands comptes GMS chez Stef, « tous les acteurs de
la filière produits frais doivent travailler ensemble, même si les a priori sont fort
nombreux ». L’optimisation du taux de remplissage des camions pourrait ainsi passer
par une standardisation des palettes de produits frais, actuellement très hétérogènes.
L’emballage réutilisable est une des voies à explorer pour arriver dès 2007 à proposer
un « consensus utile pour les participants au groupe de travail, mais pourquoi pas
pour d’autres acteurs de la chaîne logistique ».
Ainsi, lors de l’édition d’octobre 2005 à Lyon du salon Europack, un large
déploiement du développement durable, résultant de la combinaison de la sécurité des
utilisateurs, de l’amélioration de la productivité des clients ainsi que du respect de
l’environnement a été constaté. Les résultats de l’étude commanditée à MV Conseil
sur le développement durable, « attitudes et attentes des consommateurs à l’égard de
l’emballage », révélèrent que l’emballage est considéré comme très important ou
plutôt important par 46% des consommateurs interrogés en mars 2005 : 12% d’entre
eux font systématiquement attention à l’emballage et 43% font très attention, cette
attention variant en fonction du type de produit.
Si le prix vient en premier des critères de choix d’un produit, la possibilité de le
voir au travers de l’emballage arrive en second et le matériau de l’emballage en
quatrième position. Par ailleurs, le papier carton a les faveurs des consommateurs,
suivi par le verre, puis le plastique. Le carton est perçu positivement grâce à ses
caractéristiques environnementales (recyclable, biodégradable) mais aussi comme
léger, maniable, facile à transporter et informatif. Le verre est quant à lui apprécié
pour ses qualités esthétiques.
En outre, 72% des personnes interrogées déclarèrent faire systématiquement le tri
des déchets, les emballages alimentaires venant en tête des emballages
![Page 36: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/36.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
36
systématiquement triés (77%). Les consommateurs étaient également intéressés dans
le fait d’avoir des emballages biodégradables (97%), recyclables (90%), plus petits
(90%), plus légers (89%), réutilisables (82%) et sans suremballage (82%).
Les innovations proposées à Europack intègrent cette notion de développement
durable, certains exposants n’hésitant pas à souligner que leurs produits et matériels
répondent aux entreprises désireuses d’entrer dans la démarche ISO 14000, ou déjà
certifiées. Parmi les innovations respectueuses de l’environnement et montrées lors
du salon, on peut en citer deux, (cf. annexe 2).
• La CanLoq d’AMC2 industrie permet de substituer une boîte en carton collé
par une boîte en carton micro cannelures encliquetée et mécanisable, facilitant la mise
en œuvre grâce à un montage simple et rapide. L’intérêt du produit est multiple. Tout
d’abord, la formation de la boîte ne nécessite aucun collage. Ensuite, celle-ci, en
carton micro cannelures est plus résistante en compression. Par ailleurs, elle assure la
simplification du process et de sa maintenance, la palettisation directe étant possible.
Enfin, elle supprime les caisses américaines de suremballage. Cette innovation
s’inscrit donc dans une perspective de développement durable avec la réduction des
consommables (carton, colle…), la diminution de la consommation énergétique, la
diminution de l’écotaxe pour un emballage en carton recyclé et recyclable. Ce
système est breveté, la marque CanLoq déposée, et nominé à des trophées de 2005 et
2006.
• L’ODL 1000 de Cartonajes Font est un conteneur en carton ondulé possédant
intérieurement une poche fabriquée avec un matériel polymérique. Sa présentation
pliée avec les deux bandes de carton placées en position de montage fait qu’avec une
simple pression latérale, le conteneur se monte très facilement. La présentation en
palette de 10 unités réduit considérablement l’espace qu’occupent dans l’entrepôt les
traditionnels IBC. Toutes les possibilités de remplissage et de vidange sont
envisageables, la fabrication se faisant sur mesure et pouvant accepter différentes
valves. L’ODL 1000 est fabriqué en carton et en matière plastique. Il est totalement
recyclable. Utilisé une seule fois, il ne nécessite aucun lavage et ne génère pas de
résidus de lavage. Il a déjà reçu le prix Liderpack 2005 à l’innovation, accordé par le
Gouvernement de Catalogne. Produit écologique, facile à monter et capable de
contenir toute sorte de substance, il permet grâce au carton ondulé, la
![Page 37: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/37.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
37
personnalisation du conteneur aux couleurs de l’entreprise ou tout autre type
d’impression.
2.2.2. Transport
Enjeu cité par Carrefour, Darty, Auchan dans le domaine de la distribution, FM
Logistic, UPS pour les prestataires, ou encore Danone, Lafarge… le transport est
incontestablement le plus gros chantier de la logistique. Comme le rappelle l’ancien
Ministre de l’Equipement, des Transports et de l’Aménagement du territoire, Gilles
de Robien, il influe sur deux des trois piliers du développement durable :
l’environnement puisqu’il participe à l’augmentation du niveau des gaz à effet de
serre dans l’atmosphère, mais également l’aspect sociétal puisque la pollution
urbaine, industrielle et agricole engendre des répercussions sur la santé publique.
Trois axes de travail ont été définis :
• Le premier consiste à travailler sur l’équipement, donc sur la nature des
véhicules utilisés, comme le font par exemple les distributeurs Carrefour ou
Monoprix qui testent les véhicules au GNV (Gaz Naturel pour Véhicules), mais
également FM Logistic ou UPS qui travaillent sur une politique de renouvellement
régulier de leur parc de camions ou d’avions, partant du principe qu’un véhicule neuf
ou bien entretenu est moins polluant.
• Le deuxième axe réside dans le travail sur les distances et le taux de
remplissage des véhicules. Dans ce cas, les entreprises sont souvent amenées à
remettre à plat leur organisation logistique par un arbitrage entre la diminution du
nombre d’entrepôts et le chargement des camions, tout en recherchant des
opportunités pour charger leurs véhicules sur le trajet du retour. Une autre solution
consiste également à regrouper les industriels au sein de « parcs industriels
fournisseurs » (ou PIF) pour réduire les kilomètres imputables au transport amont.
• Enfin, des réflexions sont menées sur des solutions alternatives au transport
routier, en valorisant des modes de transport moins polluants, comme le transport
fluvial ou ferroviaire, qui offrent un meilleur rendement énergétique.
![Page 38: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/38.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
38
Dans ce domaine, on peut citer le témoignage du transporteur Transports Auto
Brunier qui s’est fixé trois objectifs dans son projet d’entreprise, à savoir :
• Le transport propre grâce à l’utilisation de Gaz Naturel Véhicules pour la
traction routière de chargement et de déchargement, et l’utilisation du combiné rail-
route pour la traction longue distance,
• Le transport multimodal car le transport combiné rail-route additionne les
avantages de la route (service, souplesse, proximité, service porte à porte) à ceux du
rail (puissance, fiabilité, économie, sécurité, environnement),
• Le transport communicant qui implique une communication avec les clients
(via l’EDI et Internet en B2B), une traçabilité des informations en temps réel du client
sur toutes les opérations grâce à des terminaux embarqués à bord des véhicules, un
suivi des caisses mobiles, et une optimisation des flux de l’ensemble des clients.
L’entreprise s’est donc lancée dans une politique de développement durable via le
transport combiné rail-route, schématisé ci-dessous:
Source : http://www.tab-transports.com
Figure 3 : Transport combiné rail route
![Page 39: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/39.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
39
J-C Brunier explique, dans un entretien à Logistique & Management39, les raisons
pour lesquelles le transport combiné rail-route respecte les trois composantes
environnement, social, économique :
• Environnement : le transport combiné rail-route rejette 100 fois moins de CO2
que le transport routier,
• Social : les conducteurs TAB ne font que des opérations de chargement et
déchargement. Ils passent la nuit dans le train, et ne font donc pas les temps de
conduite fastidieux sur la longue distance,
• Economique, à travers une alternative équilibrée à la route au niveau des
résultats.
D’autres actions parallèles ont été menées, comme la maximisation du taux de
remplissage des camions, la mise en place d’un logiciel afin d’optimiser les tournées
dans le cas de distribution, la formation des conducteurs à la conduite économique et
le renouvellement du parc des véhicules moteurs anciens par des véhicules aux
nouvelles normes. Les résultats observés sont, selon le PDG, « remarquables puisque
pour le transport combiné rail-route qui s’applique à la longue distance, un voyage
économise 1 tonne de CO2. TAB économise ainsi environ 40 000 tonnes de CO2 par
an. Pour ce qui est de la conduite économique et du renouvellement du parc, on
observe des économies de carburant de l’ordre de 10% ».
Concernant le transport combiné rail-route, l’Europe vient de prouver qu’elle
avançait sur ce thème. En effet, la France et le Luxembourg ont inauguré le 29 mars
2007 l’autoroute ferroviaire Luxembourg – Perpignan, la plus longue d’Europe avec
ces 1000 km.
Elle permettra de transporter 30 000 camions par an à partir du 2 juillet 2007, date
de l’ouverture de l’exploitation commerciale.
Le transport est un des postes de pollution et de coûts les plus importants de la
logistique. C’est donc un enjeu économique et environnemental car en raisonnant en
terme de valeur des services de transports produits par les entreprises françaises,
39 Logistique & Management, Vol. 13 N°1, 2005, Pour les Transports Auto Brunier, l’utilisation du transport combiné est très encourageante et rend l’entreprise plus compétitive
![Page 40: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/40.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
40
c’est-à-dire en chiffre d’affaires, le transport routier assure encore plus de 95% du
chiffre d’affaires des trois modes route, fer et voie d’eau ; le chemin de fer est à
moins de 5% et la voie d’eau à moins de 0,5%40.
Source : Logistique, Y Pimor, coll. Dunod
Figure 4: Les différents modes de transport terrestre
Pourtant, s’il a des qualités incontestables qui expliquent qu’il soit autant utilisé
des chargeurs, ce mode de transport présente aussi des inconvénients, qu’il faut tout
de même relativiser41 :
• La mise en œuvre de nouvelles normes en matière de pollution a permis de
diviser les émissions de gaz polluants par des coefficients souvent supérieurs à dix,
• Si les poids lourds participent à la congestion des routes et des autoroutes, leur
contribution demeure modérée comparée à celle des voitures particulières,
• Si les accidents faisant intervenir des poids lourds ont un indice de gravité 2,5
fois plus important que les accidents dans lesquels il n’y a pas de poids lourds
impliqués, le pourcentage des accidents faisant intervenir un poids lourd est plus
faible que leur part dans la circulation. 40 Maurice Bernadet, laboratoire d’économie des transports, Predit 3 (Programme National de Recherche et d'Innovation dans les Transports Terrestres) 41 Predit 3
![Page 41: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/41.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
41
Mais les critiques concernant le transport routier demeurent fondées, d’autant plus
que ce mode de transport provoque également d’autres nuisances, comme le bruit,
l’émission de gaz à effet de serre, le développement d’infrastructures défigurant le
paysage, etc. On comprend donc pourquoi, dans une perspective de développement
durable, au niveau national comme à celui de l’Union européenne, la maîtrise de la
demande de transport et le rééquilibrage modal sont désormais des priorités.
Ainsi, au niveau national a été mis en place, depuis 1990, un Programme
pluriannuel de Recherche, d’Expérimentation et de Soutien à l’Innovation dans les
Transports terrestres (le Predit). Il est initié et conduit d’une part par les
ministères des Transports, de l’Equipement, du Tourisme et de la Mer ; de la
Recherche ; de l’Ecologie et du Développement Durable et de l’Economie, des
Finances et de l’Industrie, d’autre part par l’agence de l’Environnement et de la
Maîtrise de l’Energie, ainsi que l’agence française de l’innovation (OSEO-ANVAR).
En mars 2002 a été lancé le Predit 3 qui a poursuivi sur quatre ans les objectifs
des précédents programmes en mettant l’accent sur les transports de marchandises, la
sécurité routière, les problèmes environnementaux, notamment l’effet de serre. Il était
composé de 11 Groupes Opérationnels dont le groupe « Logistique et Transport de
Marchandises » qui a abouti aux orientations suivantes :
• Comprendre dans un premier temps comment les appareils de production et de
distribution génèrent des échanges qui se traduisent par des flux de transport, et
pourquoi ces flux se répartissent entre les différents modes de transport terrestre en
privilégiant le mode routier. Cette réflexion permettra aux pouvoirs publics d’agir sur
la génération des transports et la répartition modale. Dès lors, il deviendra possible de
s’intéresser à l’économie des infrastructures et à la maîtrise des nuisances,
• Quel que soit le mode utilisé, les transports « consomment » des
infrastructures et, pour faire face à l’augmentation des trafics, la tendance est d’en
construire toujours plus. Pour éviter ces investissements superflus, la recherche peut
trouver des solutions susceptibles d’utiliser plus efficacement les infrastructures
existantes,
• Maîtriser les nuisances générées par les transports de marchandises, ce qui
passe par deux types d’actions : puisque les transports routiers occupent une place
![Page 42: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/42.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
42
dominante, il faut améliorer la compatibilité environnementale des poids lourds, mais
il faut aussi réfléchir à la manière de développer les modes de transport alternatifs au
mode routier,
• Améliorer les prestations réalisées par les opérateurs de transport. Différentes
orientations s’inscrivent dans cette préoccupation : celle de la qualité de service
offerte aux clients, celle des performances économiques et sociales et celle de la
sécurité.
Plusieurs pistes de réflexion et axes de travail ont donc été menés sur la
dominance du transport routier et ont contribué à certaines innovations. Ainsi, afin
d’optimiser ces coûts, l’ADEME et le groupe AFT-IFTIM ont mis en ligne un outil
interactif et pédagogique, Energeco.org, pour aider à la maîtrise des consommations
de carburant dans le transport routier de marchandises.
A l’origine de ce site se trouve le projet BEET (Benchmarking Energy Efficiency
in Transport), auquel l’AFT-IFTIM prit part via son Département Etudes et
Recherches, en partenariat avec NEA Transport Research and Training (Pays-Bas) et
avec la collaboration de Renault Trucks. Ce projet a pour finalité de faire prendre
conscience, aux transporteurs routiers de marchandises, des réductions possibles de
consommation de carburant grâce à la mise en œuvre de moyens adéquats, en
particulier par un suivi régulier des performances des conducteurs en matière de
consommation et des formations spécifiques.
Ainsi, le projet BEET a notamment permis :
• De faire un état des lieux des pratiques et techniques utilisées aujourd’hui
pour réduire la consommation de carburant dans les entreprises de transport de
marchandises,
• De constituer une base de données de références des consommations, agrégée
à partir des relevés réalisés par un certain nombre d’entreprises témoins. Par la suite,
cette base de données permettra aux transporteurs d’établir des comparaisons entre
leurs propres performances et celles d’un échantillon d’entreprises ayant un profil
comparable,
![Page 43: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/43.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
43
• De présenter les résultats d’opérations pilotes afin de mettre en évidence que
des formations spécifiques dédiées induisent des gains de consommation significatifs,
et d’assurer une large diffusion des résultats.
Le site Energeco.org permet aux transporteurs d’associer maîtrise de l’énergie,
protection de l’environnement et optimisation des coûts. C’est donc un outil
d’information qui permet d’identifier des moyens d’action afin d’optimiser les
consommations de carburant et qui constitue à la fois :
• Un inventaire d’actions pour agir sur la consommation individuelle : diverses
actions organisationnelles qui relèvent de la politique de l’entreprise y sont
répertoriées (actions relatives aux conducteurs, à l’exploitation et à la gestion de
flotte, à l’intégration des données de trafic, ainsi qu’un descriptif de tous les
paramètres qui influent sur la consommation de carburant),
• Une observation de l’impact de formations spécifiques à la conduite
économique et à la conduite rationnelle qui permettent des gains de consommation de
carburant (mesures dans le cadre du projet BEET). Selon l’avis des partenaires
transporteurs ayant participé au projet, il s’agit là de gains qui se situent au-delà de ce
que l’on pouvait raisonnablement espérer, et très supérieurs à ce qui était escompté,
• Un outil de benchmarking à disposition des utilisateurs du site leur permettant
de ce fait d’apprécier leurs propres performances de consommation de carburant en
les comparant avec celles de leurs collègues. Le but est de donner à l’ensemble des
acteurs du transport routier de marchandises une base de référence des
consommations.
![Page 44: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/44.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
44
Source : Stratégie logistique, A.K. Samii, Coll. Dunod
Tableau 2 : Comparaison des modes de transport
2.2.3. Entrepôts et plateformes
Fait incontestable et incontesté, les contraintes environnementales ne peuvent plus
être ignorées des professionnels de l’immobilier logistique, comme l’appuie Ranald
Hahn, directeur général de Prologis pour l’Europe du sud : « plus une seule
construction d’entrepôt logistique ne se fait aujourd’hui sans prendre en compte
certains aspects du développement durable (…). Un entrepôt bien construit doit
pouvoir durer 40 ans. Il faut qu’il soit adaptable pour 4 à 10 locataires successifs.
Nous devons donc anticiper les besoins futurs notamment en terme de voies ferrées,
de fibres optique, etc. ». Economies d’énergie, choix des matériaux, multimodalité,
etc. amènent certains à parler d’entrepôt écologique.
Cette notion prend en compte plusieurs principes d’actions déterminantes dont
l’insertion de projets sur les sites sélectionnés en valorisant d’une part le dialogue
avec les différents partenaires, les responsables locaux et les clients investisseurs,
![Page 45: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/45.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
45
d’autre part le choix de matériaux de construction avec par exemple l’utilisation du
bois (structurellement performant et offrant une réduction des coûts de construction).
Certains vont plus loin, comme le groupe GSE, en mettant en place une gestion des
eaux pluviales pour les collecter, les utiliser puis les faire absorber au maximum par
les terrains. L’ensemble de ces données intervient dans la conception, la réalisation et
l’exploitation du nouveau concept « Optima » pour les parcs logistiques intégrant le
développement durable.
Le constat par certaines entreprises d’une corrélation entre l’image donnée au
public et la cotation boursière tend également à accroître la demande, car un entrepôt
écologique constitue une véritable vitrine pour l’utilisateur comme pour le
propriétaire. De plus, les professionnels prévoient qu’à terme l’Europe imposera des
contraintes écologiques encore plus sévères qu’aujourd’hui. Or, la durée de vie d’un
entrepôt étant relativement longue, il est préférable d’anticiper.
Des réflexions sont donc à mener dès aujourd’hui afin de déterminer à quoi
ressemblera l’entrepôt de demain. N. Gellé, directeur associé du cabinet de consulting
Valtech Axelboss, explique « que pour se projeter dans le futur, il faut déjà lire les
tendances actuelles. Et celles-ci traduisent une augmentation des flux d’importation,
corrélées par une désindustrialisation de l’Europe ».
L’entrepôt de demain s’intégrera également mieux au paysage en intégrant l’éco-
construction, l’écogestion, le confort, la santé et la sécurité. Les bâtiments pourraient
être construits sur de grandes parcelles de terrain permettant un paysage de qualité. Le
développement durable passe également par la disparition des friches industrielles
trop difficiles à recycler. La toiture végétale pourrait également émerger. P. Gallois,
directeur associé du cabinet d’architecte SAGL milite « pour ces toits de verdure qui
cumulent l’intégration esthétique du site dans l’espace, un confort thermique et
acoustique ainsi que la récupération des eaux pluviales ». Pour pousser l’intégration
du développement durable, les grandes surfaces de façade « qui permettent de donner
une image verte » vont se généraliser.
Afin de tester les nouvelles normes environnementales HQE (Haute Qualité
Environnementale), LR Services a ouvert en septembre 2005 une plate-forme
logistique à Beauvais, dans l’Oise, pour le spécialiste de la restauration rapide Mac
Donald’s.
![Page 46: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/46.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
46
D’une superficie de 9 200m², cette nouvelle implantation doit désengorger le nord
de la France et la partie septentrionale de la banlieue parisienne aujourd’hui saturés.
Construite sur un terrain de plus de 4 hectares, la plate-forme aura coûté 12 millions
d’euros et employait à son lancement 43 personnes. Les trois entrepôts de LR
Services (Logistique Restauration) assurent un stockage en tri température, frais, sec
et surgelé pour une capacité totale de 5 260 places palettes. Selon le directeur du site
P. Ouensanga, 27 camions assurent des rotations six jours durant à destination de 167
restaurants, LR Services optimisant au maximum les tournées.
Après réception de la quasi totalité des lots des fournisseurs (160 marques), le site
trie puis envoie ses camions en tournée. Chaque semi remorque part à plein et dessert
plusieurs restaurants.
Pour rentabiliser leur retour, une reverse logistique a été mise en place. Ainsi,
chaque enseigne collecte ses emballages utilisés, les confie aux camions en tournée
qui les ramènent à la mini centrale de déchet intégrée au site. Par ailleurs, cette plate-
forme se situe à la pointe de la recherche environnementale comme le détaille L.
Serveau, responsable qualité et environnement chez LR Services : « le site est pilote
pour l’application de la démarche haute qualité environnementale. Il s’agit du
premier test pour les normes HQE appliquées aux sites industriels ».
Tout a été conçu pour économiser l’énergie et optimiser de l’espace : le parking
pour les semi-remorques est situé en frontal des portes à quai et équipé de pompe
électrique pour le biberonnage ; à l’intérieur des entrepôts, les bureaux sont disposés
au dessus de l’entrepôt sec pour une meilleure rétention de chaleur ; les gaz à
ammoniac et dioxyde de carbone remplacent ceux à effet de serre ; des bandes
blanches ont été tracées sur le sol le long des espaces de stockage pour détecter toute
éventuelle contamination par rongeur ou rampant.
Le surcoût pour la mise en application de ces normes est évalué à 5% de
l’investissement total.
La prise en compte des nouvelles normes et règlements dans les métiers
traditionnels permettent de répondre en partie aux enjeux d’aujourd’hui. En effet les
entreprises doivent voir leur supply chain comme un ensemble cohérent et non plus
seulement par activité. La mise en place de process et de procédures va les aider à
![Page 47: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/47.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
47
avoir une vision de la chaîne logistique dans sa globalité afin d’optimiser sa
performance, notamment environnementale.
Pour cela, l’enjeu de la supply chain est d’intégrer les aspects environnementaux
dès la conception du produit et de prendre en compte les conséquences
environnementales de sa fin de vie.
2.3. Enjeu pour l’approche globale
2.3.1. Ecoconception
On l’a constaté précédemment, tout l’enjeu n’est pas de produire moins mais de
produire mieux. C’est là tout le sens de l’écoconception car la phase de conception
d’un produit est l’étape où les leviers sont les plus importants pour faire évoluer le
profil environnemental d’un produit. L’entreprise va devoir trouver l’équilibre entre
d’une part les impératifs des réglementations des produits et des normes, comme les
Ecolabels, d’autre part les exigences et les besoins des clients.
Déjà en 1995, le deuxième rapport du Club de Rome, intitulé « Facteur 43 »,
appelle à une « révolution de l’efficacité environnementale » et avance l’idée que
nous pouvons, en vingt-cinq ans, parvenir à créer deux fois plus de richesses en
exploitant deux fois moins de ressources. A l’instar de l’amélioration du travail
humain au cours de l’ère industrielle, l’enjeu est d’améliorer l’optimisation des
matières premières en travaillant sur la conception des produits, leurs modes de
fabrication et leur fin de vie. Le rapport table également sur l’apparition des nouvelles
technologies et de nouveaux produits éco efficaces. Il donne, pour exemple, le cas des
documents électroniques et des nouvelles technologies de l’information, dont l’impact
est considérable sur la manière dont l’économie affecte l’environnement42 : les
habitudes des internautes devraient réduire la consommation de papier de presque
trois millions de tonnes par an dans les prochaines années. Désormais, conclut le
rapport, le design doit se concentrer sur l’efficacité dans l’utilisation des matières
premières et de l’énergie, de la production à l’usage effectif puis à la fin de vie du
produit.
42 Time magazine, hors-série « How to Save the Planet”, Mai 2000
![Page 48: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/48.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
48
Un produit issu de l’écoconception doit être parfaitement adapté à son usage, la
forme suivant la fonction ; il doit avant tout être fiable et utile, facile à entretenir,
voire à réparer, et conçu pour durer.
Cette approche avant tout fonctionnelle et minimaliste est par exemple centrale
dans le design des produits de la marque enseigne japonaise Muji, créée en 1980
comme marque de distributeur par la chaîne de magasins japonais Seiyu à Tokyo. Le
point de vue fondateur de Muji est simple : notre société de consommation et la
multiplication des objets qu’elle engendre font progressivement disparaître la valeur
réelle et fonctionnelle des choses, « masquée par un design trop sophistiqué ou un
emballage inutile ».
D’où l’objectif de l’enseigne : retrouver cette valeur des choses en se souciant
avant tout de créer un produit « conforme à son essence : délicieux s’il s’agit d’un
produit alimentaire ; pratique et durable s’il s’agit d’un objet utilitaire ; confortable et
solide s’il s’agit d’un vêtement… ».
Pour ce faire, l’enseigne s’est fixé trois principes de base : la mise en valeur des
matériaux employés, l’optimisation des procédés de production, et la simplification
de l’emballage. En choisissant attentivement les matières, en supprimant les
décorations ou emballages superflus (y compris le nom Muji qui signifie « non-
marque » et ne figure sur aucun produit), en privilégiant les couleurs naturelles, en
concentrant ses efforts sur l’utilisation efficace des ressources et la réduction des
déchets, en favorisant le recyclage et la réutilisation, Muji souhaite proposer des
produits simples et utiles, à des prix raisonnables, accessibles à tous. Avec de tels
produits, Muji veut « permettre aux gens de faire des choix importants pour
l’environnement et la qualité de vie (…), à partir d’une vision claire des modes de vie
souhaitables pour le futur ». Le succès est au rendez-vous : la marque s’est
progressivement détachée de sa maison mère, et possède ses propres magasins depuis
1983, elle est cotée en bourse depuis 1995. Malgré sa croissance, Muji reste fidèle à
sa philosophie, élargissant simplement le choix des produits proposés.
Muji applique donc le principe de l’écodesign, à savoir la limitation des
« externalités négatives » et l’encouragement des « externalités positives » de l’objet
à tous les stades de son existence, aussi bien à court qu’à long terme :
![Page 49: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/49.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
49
• En se posant la question de sa raison d’être : un objet dont la fonction est
inutile ou nuisible ne mérite pas d’être produit,
• En envisageant toutes les conséquences de son processus de production
(matières premières recyclées ou renouvelables, faible consommation d’énergie,
d’eau, etc.),
• En considérant les impacts de son achat puis de son utilisation (réduction de
l’emballage, optimisation du transport du lieu de production au lieu de vente puis au
lieu de consommation, utilisation d’énergie renouvelable pour le fonctionnement,
utilité sociale, etc.),
• En prolongeant sa durée de vie (durabilité, réparabilité, etc.),
• En anticipant sa fin de vie (récupération, recyclabilité, biodégradabilité).
Grâce à des produits écodesign, les entreprises ont une opportunité : celle de
répondre aux besoins basiques de leurs clients (des objets utiles, solides, fiables et
durables), mais aussi aux nouveaux besoins. Car, selon l’écodesigner McDonough43,
« la société humaine aspire à une intégration de ses besoins matériels, spirituels et
écologiques. Or les technologies, modes de production et objets actuels tendent à
traiter ces considérations de manière séparée plutôt que de les connecter entre elles
(…). Le défi pour l’humanité est de parvenir à développer un design qui lui permette
de vivre sur cette planète : il n’est pour ainsi dire pas une étape du design, de la
production voire de la construction qui ne doive être repensée pour cela. Nos modes
de pensée linéaires et nos visions à court terme, justifiant l’utilisation de moyens qui
sont ignorants, indifférents ou arrogants quant aux lois de la nature, ne peuvent pas
permettre d’imaginer l’avenir des relations entre l’humanité et la nature. Nous
devons donc utiliser les connaissances les plus modernes et la sagesse ancienne dans
nos efforts pour exploiter les ressources naturelles tout en prenant durablement soin
de la nature ».
C’est dans cet esprit que W. McDonough, chargé avec M. Braungart de préparer
un texte pour synthétiser les principes de l’écoconception et orienter les efforts des
43 « The Hannover Principles – Design for Sustainability », texte préparé pour l’Exposition Universelle de Hanovre de 2000 par William McDonough et Michael Braungart, 1992
![Page 50: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/50.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
50
designers et architectes qui participaient à l’exposition universelle de Hanovre de
2000 sur le thème Humanité – Nature – Technologie, choisit de consulter très
largement des designers du monde entier mais aussi des associations
environnementales et des philosophes de toutes traditions. Le texte définitif des
principes de Hanovre, paru en 1992, soit huit ans avant l’Expo 2000, tenait en neuf
règles que McDonough et Braungart proposèrent comme fondements à la démarche
écoconception :
1. Reconnaître à l’humanité et à la nature le droit de coexister,
2. Accepter l’interdépendance de l’homme et de la nature,
3. Respecter les relations entre l’esprit et la matière,
4. Accepter de répondre à des conséquences du design sur les hommes et la
nature,
5. Créer des objets fiables et sûrs, dont la valeur s’inscrit dans la durée,
6. Eliminer le concept même de déchet,
7. Utiliser le plus possible les sources d’énergie naturelle,
8. Accepter les limites du design,
9. Rechercher le progrès continu en partageant les connaissances.
Ainsi donc, l’écoconception, respectueuse de l’environnement, se fonde sur un
raisonnement en termes de cycle de vie du produit. On l’a vu, les enjeux poursuivis
sont d’éliminer des gaspillages des ressources naturelles et de l’énergie d’une part, et
d’éviter les traitements coûteux en fin de vie des produits d’autre part. Toutes les
nuisances environnementales des produits et de leurs emballages sont prises en
compte, depuis l’extraction des matières premières jusqu’au traitement en fin de vie
(Bralla, 1996).
L’objectif consiste donc en une réduction des impacts environnementaux à la
source dans la mesure où plus de 80% des nuisances d’un produit tout au long de son
cycle de vie sont déterminées au cours de la phase de conception. En fin de phase de
![Page 51: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/51.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
51
conception, plus de 90% des coûts sont engagés, contre seulement 10% des dépenses
réelles cumulées (Barth, 1993). C’est pourquoi il est capital d’agir dès la phase de
conception des produits, c’est-à-dire le plus en amont possible du processus, pour
intégrer la dimension environnementale de façon pertinente pour l’entreprise.
L’écoconception est donc une véritable source permettant de protéger
l’environnement grâce à des produits adaptés et se révèle également être un véritable
frein à l’imitation de part sa complexité (Dosz, 1994). En effet, pour ce faire,
l’entreprise internalise la protection de l’environnement dans le cycle de vie du
produit ; la communication sur l’avantage lié à la protection de l’environnement a
pour effet de renforcer la perception du client et les barrières à l’imitation puisque la
combinaison des ressources gagnantes se trouve alors encore complexifiée (Reynaud
et Rollet, 2001).
L’ecoconception prenant en compte tout le cycle du produit va permettre de
répondre à l’enjeu de la logistique inversée qu’il s’agisse du recyclage, récupération
et autres formes de retours de produit du client vers le producteur.
2.3.2. Logistique inversée
Les décharges sont pleines de produits inutilisables et obsolètes dont on ne sait
que faire et qui représentent une source importante de pollution à différents niveaux.
De plus, la diminution de la capacité des sites d’enfouissement fait de l’élimination
une solution de plus en plus problématique et coûteuse pour les organisations. Ces
produits sont certes inutilisables en l’état, mais certains composants peuvent être
valorisés ou recyclés d’une manière ou d’une autre.
La logistique inversée (ou reverse logistics) est un axe majeur sur lequel il faut
travailler afin de gérer au mieux la fin de vie des produits. The Council of Supply
Chain Management Professionals la définit de la manière suivante : partant du point
de consommation jusqu’au point d’origine, la logistique inversée est un processus
efficient de planification, de mise en œuvre et de contrôle des flux de matières
premières, d’encours, de produits finis, et de l’information relative à ces flux, dont le
but est de capter la valeur des matières en les remettant à disposition dans une supply
chain de retour. Ainsi, le flux ne « descend » pas la supply chain mais la « remonte »
depuis le consommateur vers le producteur : retours, envoi en réparations, invendus,
![Page 52: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/52.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
52
etc. Mais c’est aussi plus que cela car l’expression logistique inversée recouvre aussi
les déchets dont on doit se débarrasser le plus écologiquement possible sans qu’ils
reviennent au producteur.
Après avoir amélioré leur logistique ascendante normale, les entreprises
consacrent depuis quelques années beaucoup d’efforts à la logistique inversée, avec
des résultats très encourageants.
La logistique inversée concerne deux types d’activités différentes mais ayant la
caractéristique de ne pas être des flux de produits allant du producteur au
consommateur :
• Le recyclage dans l’économie de l’ensemble des déchets résultant de la
consommation ou de la production :
Emballages de toutes sortes (palettes, cartons, bouteilles, etc.),
Déchets de production, eaux usées, huiles usées, etc.,
Produits en fin de vie, soit jetables, soit usés (automobiles, micro-
ordinateurs, appareils ménagers, etc.) qu’ils soient repris ou non
par le vendeur,
Ordures ménagères, bien que leurs traitements ne soient pas
considérés comme étant du ressort de la logistique.
• Le traitement des flux de produits remontant plus ou moins directement un ou
plusieurs maillons de la chaîne logistique :
Produits refusés par le consommateur en VPC ou e-commerce,
Invendus (journaux, livres, restants de promotion, produits périmés
ou en limites de péremption, etc.),
Produits défaillants à échanger ou à réparer,
Produits défectueux rappelés par le producteur.
La logistique inversée est un vecteur en pleine expansion pour le recyclage des
déchets. Mais comme le note F. Allievi-Dorosz44, « la meilleure manière de recycler
est encore celle de produire moins de déchets !! ».
44 Logistique & Management, Vol. 13 – N°1, 2005 Le développement de bonnes pratiques logistiques dans le respect de l’environnement
![Page 53: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/53.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
53
Par ailleurs, suite aux nouvelles directives européennes, toute entreprise devient
responsable des produits qu’elle fabrique jusqu’à leur recyclage et/ou destruction.
Pour cela la gestion des retours du consommateur au producteur doit être structurée.
Cette activité, contraignante au départ devient vite un avantage concurrentiel car elle
oblige à revoir l’organisation et les outils notamment du système d’information. De
plus en mettant en relief la notion de service rendu, l’entreprise va créer des relations
nouvelles avec ses fournisseurs et ses clients.
C’est ainsi que la contrainte réglementaire va devenir un argument marketing
auprès des consommateurs dont l’engouement pour le service après vente et les
produits recyclés est de plus en plus fort. Enfin sur le plan économique, le recyclage
des composants, en particulier des métaux, est source de revenu.
En devenant citoyenne et responsable, l’entreprise intègre les contraintes
réglementaires environnementales et fait évoluer sa stratégie dans le cadre d’une
démarche d’amélioration continue qui peut déboucher sur une certification ISO
14001. L’enjeu pour l’entreprise est maintenant de capitaliser sur les progrès faits
dans les métiers traditionnels et dans l’approche globale pour faire progresser son
organisation, notamment des fonctions support, ceci pour un meilleur service à ses
clients, donc à la collectivité.
Nous allons donc étudier dans cette troisième partie, comment la prise en compte
des contraintes environnementales par la supply chain va irriguer l’entreprise
notamment les fonctions support, puis l’entreprise dans sa globalité.
![Page 54: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/54.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
54
3. LA SUPPLY CHAIN ET L’ENVIRONNEMENT, LEVIERS DE PROGRES
3.1. Prise en compte des contraintes environnementales par les fonctions transverses La fonction supply chain étant par définition une fonction transverse, la mise en
œuvre d’une démarche environnementale va impacter l’ensemble des autres fonctions
de l’entreprise donc particulièrement les achats, le marketing et la communication.
3.1.1. Les achats
La fonction achat a pour mission première de sélectionner les fournisseurs et de
négocier avec eux les conditions d’achat. Initialement créée afin de répondre à des
objectifs purement économiques, elle est le plus souvent non formée aux
problématiques sociales ou environnementales complexes qu’il faut désormais
intégrer.
L’enjeu pour la fonction achat va être d’intégrer la composante environnementale
dans les contrats. Elle va devoir faire adhérer les prescripteurs avec l’aide des
responsables de la supply chain, en leur demandant en particulier d’intégrer dans les
cahiers des charges à destination des fournisseurs les critères environnementaux
relatifs à leur métier. C’est par la formation de binôme acheteur-prescripteur voire
acheteur-prescripteur-fournisseur que le progrès pourra s’établir.
En faisant cette démarche, l’entreprise déclinera sa stratégie dans l’opérationnel et
prolongera sa mise en conformité avec la législation. Elle sera ainsi moins exposée
aux plaintes de consommateurs ou aux articles de médias, voire à des attaques
d’ONG. Par ailleurs, l’intégration de ces critères est une preuve que l’entreprise est
engagée dans une démarche de qualité environnementale.
Elle pourra ainsi s’appuyer sur un réseau de fournisseurs compétents qui vont
progresser avec elle et qu’elle pourra évaluer périodiquement sur les items partagés.
Cependant, l’intégration des contraintes environnementales aux pratiques d’achat
restant complexe, un réseau européen d’acheteurs responsables a vu le jour, The
European Green Purchasing Network. Ce réseau a pour but de rassembler, au niveau
européen, des acheteurs du secteur public et privé, ainsi que des fournisseurs et
![Page 55: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/55.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
55
distributeurs soucieux de faire progresser les achats « verts ». Pour ce faire, il s’agit
de les aider à intégrer des critères environnementaux dans les cahiers des charges,
dans des domaines variés tels que les technologies de l’information, les fournitures de
bureau, les transports, le tourisme, l’eau, le packaging, les produits de nettoyage, etc.
Cette stratégie est née du double constat que les montants investis par les entreprises
pour acheter des biens et services représentent une part importante de leurs coûts de
fonctionnement, et que les collectivités gèrent également d’importants volumes
d’achats représentant en moyenne 12% du PNB des différents pays d’Europe.
Une stratégie d’achats responsables sera autant bénéfique sur le plan écologique
qu’économique. En effet :
• Les améliorations apportées, par exemple, via l’achat de matériel moins
gourmand en ressources ou énergie, permettent de réaliser des économies
significatives,
• Les achats verts améliorent la qualité et la fiabilité des achats,
• Ils stimulent également l’innovation, notamment dans le développement de
nouveaux produits et services,
• Enfin, ils constituent un indicateur important de l’engagement managérial
d’une entreprise dans la démarche de progrès continu que suppose déjà la certification
environnementale ISO 14001 ou EMAS.
Aujourd’hui, le champ de l’intégration de l’environnement s’est élargi. Si
historiquement, un produit responsable devait essentiellement avoir été fabriqué dans
des conditions compatibles avec le développement durable, aujourd’hui, les impacts
d’un produit tout au long de son cycle de vie sont intégrés. Ainsi sont désormais pris
en considération la provenance, la nature et les qualités écologiques éventuelles du
produit considéré.
L’enseigne française Nature & Découvertes a développé en 2000 une charte
partenariale dont les enjeux sont multiples et importants : il s’agit à la fois de
sensibiliser les fournisseurs à l’environnement, de s’assurer qu’ils respectent les
exigences de base et contribuent ainsi aux engagements pris par l’enseigne, et de leur
![Page 56: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/56.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
56
donner envie de s’améliorer en leur demandant de répondre progressivement à toutes
les exigences.
Cette charte porte sur six points différents :
1. Les matériaux utilisés,
2. Les emballages,
3. Le recyclage,
4. La durabilité et la fiabilité des produits,
5. Le contrôle du respect des exigences environnementales sur les sites,
6. La politique environnement du fournisseur.
Dans un premier temps, cette charte a été communiquée à deux cents
fournisseurs : plus d’un tiers d’entre eux (représentant 61% des produits) l’avaient
signée en 2003, devenant de ce fait des fournisseurs partenaires. Nature &
Découvertes s’engage, en retour, à leur passer davantage de commandes, à les
impliquer dans ses choix stratégiques (comme le lancement de nouvelles gammes), et
à leur apporter l’accompagnement dont ils peuvent avoir besoin. L’enseigne s’engage
même, le cas échéant, à assumer une partie des coûts de la modification d’un produit
rendue nécessaire pour des raisons écologiques.
Dans un autre secteur, Philips Electronics, le troisième fabricant mondial de
matériel électronique grand public, a annoncé en 2003 sa volonté d’imposer à ses
50 000 fournisseurs une performance sociale et environnementale minimale. La
« Déclaration du fournisseur sur le développement durable » de Philips stipule que
ces derniers devront interdire le travail des enfants, le travail forcé et la
discrimination, protéger le droit des travailleurs à se rassembler et à négocier
collectivement, et obtenir la certification environnement ISO 14001. C’est
l’externalisation croissante des activités de fabrication qui a contraint l’entreprise à
étendre les normes éthiques, sociales et environnementales à ses fournisseurs.
![Page 57: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/57.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
57
Pour instaurer un dialogue avec ses fournisseurs sur ce sujet partout dans le
monde, Philips a mis en place un outil d’autoévaluation de la performance et une
méthodologie d’audit à leur attention. Et le groupe a annoncé que le respect de ses
critères serait strictement pris en compte à l’avenir dans le choix de ses fournisseurs.
Les entreprises s’engagent, entraînant ainsi des Etats par le biais de marchés
publics. En effet, avec 16% du PIB45, la commande publique européenne constitue un
puissant levier pour favoriser la prise en compte du développement durable par les
entreprises. « Longtemps préoccupée par les possibles distorsions de concurrence, la
commission européenne n’a pas, par le passé, favorisé les « achats verts ». Mais en
2004, elle a pris conscience qu’elle pouvait utiliser ce levier pour accélérer
l’innovation en matière de technologies propres et elle a introduit dans la directive
sur les marchés publics la liberté d’imposer des critères environnementaux et
sociaux46 ».
Les Pays-Bas ont choisi de ne pas attendre : alors que leurs achats s’élèvent à 30
milliards d’euros par an, 23% d’entre eux incluent déjà des critères sociaux ou
environnementaux. Mais les élus ont trouvé ce taux insuffisant et le Parlement a voté
une loi en 2005 fixant l’objectif à 100% d’achats responsables d’ici 2010 pour les
commandes du gouvernement central et à 50% pour les autres acteurs publics.
Tout achat doit être « durable » sauf si l’on peut justifier que cela s’avère
impossible. Ainsi, « tout doit passer sous la houlette de l’écologie : de l’achat des
ordinateurs, en privilégiant des appareils qui consomment peu d’énergie, à la
construction de bâtiments à haut rendement énergétique, des meubles de bureau en
bois provenant de forêts gérées de manière durable au papier recyclable, des voitures
électriques à l’alimentation biologique des cantines publiques »47.
Les exemples d’entreprises (ou éventuellement de pays) ayant fait des efforts dans
ce domaine pourraient être nombreux. Toutefois, il convient de s’interroger sur la
question des responsabilités en cascade : une entreprise engagée dans une politique
socialement responsable sélectionnera ses fournisseurs selon des critères sociaux et
environnementaux.
45 Source : Les Echos, 30 Mai 2006, Dossier « Le développement durable s’inscrit dans le paysage », Pays-Bas : les députés votent pour des achats 100% écolo 46 Ibid. 47 Ibid.
![Page 58: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/58.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
58
Mais qu’en est-il des propres sous-traitants de ces fournisseurs ? Et comment aller
vérifier leurs méthodes de travail puisqu’ils restent, a priori, inconnus de l’entreprise
cliente ? Par ailleurs, on constate que de plus en plus la sélection des fournisseurs se
fait désormais en fonction de leur capacité à intégrer la notion de développement
durable. Cette intégration étant d’autant plus facile à mettre en œuvre par les grosses
structures, qu’adviendra-t-il des petites entreprises pour qui cette intégration sera plus
coûteuse et non rentable sur le court terme ?
Un autre point à prendre en considération a trait à l’impact économique des
différentes alternatives d’achats pour un produit donné, via les règlements payés aux
fournisseurs, le nombre et la qualité des emplois ainsi créés, l’impact sur l’économie
locale, etc. Un exemple parlant est celui des achats de caoutchouc du groupe
Michelin, également répartis entre le caoutchouc naturel issu de la culture de l’hévéa
et le caoutchouc synthétique issu de l’industrie.
Dans son premier rapport de développement durable, paru en 2003, le groupe fait
ainsi apparaître que l’impact en termes d’emploi de ces deux options est radicalement
différent, puisque le caoutchouc naturel représente dans le monde un million
d’emplois dans l’agriculture, essentiellement dans les pays du Sud, tandis que le
caoutchouc synthétique fait vivre « seulement » trente mille personnes dans
l’industrie, essentiellement dans les pays occidentaux.
Il est bien évident que de telles considérations doivent être prises en considération
afin d’enrichir la réflexion de l’entreprise sur sa politique d’achats et sa responsabilité
vis à des vis des fournisseurs situés dans les pays en voie de développement.
![Page 59: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/59.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
59
Source : Management industriel et logistique, G Baclin, Ed Economica
Figure 5: Processus d'achat et de développement durable
L’exemple du groupe Carrefour est à ce titre significatif : le groupe a développé
une structure « supra entreprise » pour mener sa politique, il s’agit du club Démèter
Environnement et Logistique. En partant du principe qu’une action développement
durable impacte tous les maillons de la chaîne logistique, le distributeur a regroupé de
nombreux acteurs (près de 70 fournisseurs importants, collectivités territoriales,
établissements publics et des ONG) afin de définir ensemble les enjeux principaux sur
ses maillons amont et aval, et envisager les solutions possibles. Par ailleurs, de
nouveaux axes de travail ont été définis avec l’ADEME fin 2004 car la collaboration
a pour vocation d’être gagnante-gagnante pour les acteurs.
D’un côté, l’industriel profite de l’expertise dans les domaines de prédilections de
l’Agence, notamment concernant la prévention des déchets et des pollutions, la lutte
contre le réchauffement climatique et la maîtrise de l’énergie. A l’inverse, Carrefour
offre à l’ADEME des problématiques terrain où tester des solutions, des technologies
nouvelles dont elle pourra ensuite mesurer les effets et qui pourront servir de vitrine
pour les éventuels autres candidats. Le but final de cette collaboration est inscrit en
toutes lettres dans l’accord cadre signé entre les deux parties : « l’action conjointe du
![Page 60: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/60.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
60
distributeur et de l’agence permettra de sensibiliser les collaborateurs, fournisseurs,
prestataires et clients de Carrefour aux thématiques environnementales ».
3.1.2. Le marketing
La viabilité du concept environnemental - développement durable sera pérenne
seulement si les consommateurs comprennent et soutiennent cette démarche, c’est-à-
dire préfèrent des produits responsables à leur concurrent. Le marketing a donc un
rôle crucial à jouer, en mettant en avant la valeur ajoutée des produits mis sur le
marché afin que le produit « rencontre » son public.
Pourtant, marketing et communication sont accusés de stimuler inutilement la
surconsommation, attirant de ce fait les critiques des militants antimondialistes.
Naomi Klein, dans son livre No logo – La tyrannie des marques48, dénonce
l’omniprésence des marques mondialisées à la fois dans nos sociétés et dans nos vies,
mais aussi dans nos têtes. Ainsi, l’auteur voit dans ces marques le symbole des abus
du capitalisme libéral, tout en sachant qu’une marque connue est facteur d’exposition
et de vulnérabilité de l’entreprise. Il considère que les entreprises vendent plus qu’un
simple produit, toujours imitable et souvent imité, elles vendent également un
imaginaire, une philosophie, un style de vie, une façon d’être, etc. Ainsi, ce que
cherchent les marques se trouve au-delà de l’acte d’achat : c’est un accès à tous les
aspects de notre vie quotidienne (vêtements, cinéma, culture, etc.).
L’enjeu du marketing va être d’apporter des atouts à l’entreprise en se mettant au
service du développement durable. En effet, marketing et communication étant
souvent perçus comme les moteurs de nos modes de consommation, ils sont
certainement les meilleurs outils pour faire changer nos habitudes d’achats et faire
progresser un marché en redéfinissant ses critères de qualité. Mais pour cela, le
service marketing doit inciter les gens, non pas à consommer moins, mais à
consommer mieux.
Ce changement va de pair avec une remise en cause des traditionnels « P » du
marketing, à savoir :
• Le Produit car son utilité intrinsèque est remise en cause du fait de la
consommation de ressources naturelles qu’il occasionne, des conditions sociales de sa 48 Editions Acte Sud, Arles, 2001
![Page 61: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/61.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
61
production, des valeurs et modèle culturel qu’il véhicule, voire pour son impact
environnemental en fin de vie,
• Le Prix qui est aussi sujet à débat avec le développement du commerce
équitable et des achats responsables. En effet il donne souvent une information fausse
sur le coût global du produit en ce sens qu’il n’intègre pas le coût social ou
environnemental. Il est souvent jugé trop cher alors qu’il ne permet pas toujours au
producteur de vivre de son travail. De ce fait le consommateur a l’impression dans
certains cas de payer avant tout la publicité nécessaire pour le faire connaître,
• La Publicité et la promotion, incitation à la consommation qui s’exerce de
manière peu responsable, cherchant avant tout à créer un besoin,
• Le Packaging, contesté pour son utilité intrinsèque mais aussi pour
l’accumulation des déchets qu’il entraîne.
Dès lors, un dilemme fondamental émerge entre le double objectif du marketing
(faire vendre, stimuler la consommation pour générer du profit) et la double ambition
du développement durable qui a pour but d’une part de faire de la rentabilité
économique non pas une fin en soi mais un moyen de développement au service des
personnes, et d’autre part de remédier aux déséquilibres générés par nos modes de
consommation (utilisation effrénée des ressources, génération de déchets, inégalités
riches / pauvres).
La politique marketing d’entreprises est aujourd’hui placée sur le devant de la
scène, certaines se faisant même interpeller par les pouvoirs publics, les ONG ou les
associations de consommateur. Après les attaques historiques contre les pratiques de
l’industrie du tabac, ces pratiques se retrouvent dans d’autres secteurs d’activité. Il est
donc probable qu’au fur et à mesure que l’attention se portera sur les impacts de nos
modes de vie et de consommation, ce mouvement ira en s’amplifiant.
Dans ce contexte, les entreprises ne pourront pas toujours adopter une position
défensive consistant à dire qu’elles ne sont pas responsables du comportement des
consommateurs, et que ceux-ci sont libres de leur choix. En effet, pour que la
responsabilité du consommateur puisse s’exercer en connaissance de cause, il faut
avant tout que les entreprises se comportent de manière responsable, dans la nature
![Page 62: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/62.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
62
des produits qu’elles développent, mais aussi dans la façon dont elles informent les
consommateurs sur l’impact de leurs produits, dans les outils de promotion qu’elles
mettent en place, dans les publicités qu’elles diffusent, etc.
C’est dans cet esprit que l’enjeu pour les entreprises est de prendre en compte
dans leur marketing les aspects liés au développement durable et les impacts sur les
modes de consommation, à l’instar de l’association internationale des producteurs de
détergents qui a lancé il y a quelques années une campagne internationale baptisée
« Wash right » (Dosez juste) incitant les consommateurs à mieux doser leur lessive et
à laver à basse température pour économiser de l’énergie.
Aussi, pour Elisabeth Laville49 il devient urgent de réinventer, dans un nombre
croissant de secteurs, le marketing et de le rendre plus responsable en le fondant sur
les « P » du développement durable, à savoir les Personnes, la Planète, les Profits et le
Progrès de l’humanité. Le marketing a donc un rôle unique à jouer dans cette
transition vers une consommation durable en offrant de meilleurs produits ou services
contribuant à une meilleure qualité de vie, mais aussi en développant de nouveaux
comportements de consommation, en éduquant les consommateurs pour les informer,
les sensibiliser, et les aider à faire leur choix en parfaite connaissance de cause. Il doit
par conséquent proposer, en coopération avec la supply chain :
• Des produits responsables qui ont une valeur ajoutée en termes de qualité et de
services rendu, mais aussi en termes sociaux ou environnementaux,
• Un prix juste pour tous, du producteur au consommateur, comme le proposent
les acteurs du commerce équitable, tel Max Havelaar, mais aussi des enseignes
comme Carrefour qui s’attache, au sein de ses filières qualité Carrefour, à rémunérer
justement les efforts demandés aux agriculteurs en matière de qualité,
• Une communication transparente et pédagogique.
Par conséquent, « bien compris et pratiqué, le marketing responsable est donc une
spirale vertueuse qui permet d’innover et de se différencier de la concurrence pour
échapper au tourbillon de la baisse des prix, de proposer à ses clients du sens et des
49 E. Laville – L’Entreprise Verte – Ed. Village Mondial
![Page 63: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/63.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
63
valeurs communes, à une époque où tout le monde ne parle que marketing dans la
relation »50.
Lorsque Howard Schultz a créé l’enseigne Starbucks dans les années 80, c’était
avec l’ambition d’être « plus qu’une entreprise qui vend du bon café et prend votre
argent » : il voulait faire de ses cafés un « troisième lieu d’échange », après la famille
et le travail. Depuis, le succès de l’entreprise s’est bâti sur l’excellente qualité des
produits, sur la qualité de service et la culture du café, mais aussi sur l’attention
permanente portée aux employés depuis les débuts.
Sensibilisé à ce sujet par les expériences professionnelles malheureuses de son
père, Schultz a voulu développer une entreprise « respectueuse de ses employés,
révolutionnant les ressources humaines dans le commerce de détail ». Pour ce faire, il
a élargi les droits de couverture sociale de ses employés aux contrats à temps partiel
et aux concubins non mariés, a inventé les plans et stock-options et multiplié les
initiatives de dialogue entre la direction et les salariés.
Le résultat engendré est un taux de turnover extrêmement faible pour le secteur
(55% contre 200 à 400% pour cette industrie), en dépit de salaires relativement bas.
Décidé à « construire une entreprise ayant une âme », Schultz a rapidement étendu
ses préoccupations aux fournisseurs de l’entreprise en développant dès 1995 un code
de conduite ambitieux dans les pays producteurs de cafés, ce qui lui vaut d’apparaître
aujourd’hui comme un pionnier du commerce équitable à grande échelle.
En partenariat avec des ONG et des entreprises, une politique environnementale et
humanitaire a également été développée avec des cafés bios (Green Mountain) ou
cultivés selon les règles du développement durable (Shade Grown Mexico),
l’enseigne intégrant par ailleurs l’écologie à sa politique de distribution (avec
l’ouverture du premier supermarché écologique de Sainsbury à Greenwich) comme à
sa communication (utilisation pour ses brochures du papier produit à partir de déchets
agricoles).
L’engagement de Starbucks lui a valu l’adhésion du public, « à la limite du culte »
selon les spécialistes du secteur. Ainsi, depuis son introduction en Bourse en 1992,
Starbucks connaît une croissance assez forte (25 à 30% par an) et compte aujourd’hui
50 Ibid. p. 277
![Page 64: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/64.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
64
près de quatre mille cafés dans 25 pays. En outre, Howard Schultz a reçu plusieurs
récompenses honorifiques dont le prix Corporate Citizenship du Citizen’s Fund en
2000, la marque étant régulièrement en tête des classements par la presse.
Cet exemple prouve qu’un marketing responsable, qu’il s’exprime dans les
produits, les packagings, les choix de distribution, la politique de prix ou dans la
publicité, est un facteur de différenciation, d’innovation et de fidélisation, réconciliant
les valeurs éthiques et la valeur économique. D’autres facteurs clés de succès d’un
marketing responsable peuvent être cités, tels :
• L’inscription de l’engagement dans la raison d’être de la marque et des
produits afin d’éviter tout opportunisme ou coup de publicité : la marque doit donc
servir la cause autant qu’elle s’en sert,
• L’engagement doit s’exprimer par une accumulation de détails révélateurs,
dans les produits et sur les packagings, dans la communication, dans les programmes
de fidélisation ou de promotion,
• Le marketing responsable n’est que la partie émergée de l’iceberg, en ce sens
qu’il nécessite un engagement profond et durable de toute l’entreprise : il ne s’agit
pas uniquement d’augmenter les ventes, mais de construire la crédibilité et la
réputation de la marque à long terme, en impliquant les clients, mais aussi les
employés, les fournisseurs et d’autres partenaires,
• L’engagement du marketing responsable doit être servi par une approche
responsable de la communication,
C’est donc dans cette nouvelle optique « qu’il faut former les équipes à la
problématique environnementale, non seulement parce que tout le monde s’y
intéresse, mais aussi parce que les entreprises qui ne le feront pas seront demain
montrées du doigt comme les fumeurs » selon la psychosociologue Danielle Rapoport,
dirigeante de DRC Conseils. Et de conclure « Mettez de l’éthique dans votre
marketing, mais ne faites pas du marketing de l’éthique ».
![Page 65: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/65.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
65
3.1.3. La communication
La communication responsable, qui va de pair avec un marketing responsable, se
retrouve aujourd’hui au cœur des stratégies des entreprises, et ce, pour plusieurs
raisons. En premier lieu car, comme on l’a vu, la prise en compte de l’environnement
est une révolution culturelle qui suppose de changer de paradigme, de repenser la
vision du monde et les valeurs qui fondent le capitalisme moderne. Pour qu’un tel
changement dans les esprits et les pratiques ait lieu, il faut être à même de pouvoir en
parler : c’est pourquoi tout naturellement les entreprises s’engageant dans cette voie
éprouvent le besoin de prendre la parole sur ce qu’est la protection de
l’environnement, le développement durable, leur compréhension de ce qu’il implique
pour leur activité et leurs premiers pas dans cette direction, (Cf. annexe 3).
La communication reste le seul moyen dont disposent les entreprises pour
s’engager publiquement et par conséquent gagner le soutien de leurs différents
publics internes et externes. De ce fait, elle a un effet de stimulation et
d’entraînement, car en prenant la parole sur sa responsabilité sociale ou
environnementale, l’entreprise s’engage à poser des actes à la hauteur de ses mots,
(Cf. annexe 4).
Désormais, la communication doit pouvoir être considérée comme un acte
responsable de l’entreprise. Ainsi, Luciano Benetton51, PDG fondateur de la marque
italienne de vêtements, confirme que « nous avons un outil unique pour communiquer
dans le monde entier, puisque nous sommes implantés dans cent vingts pays, et il
serait cynique de gaspiller cela pour faire l’autopromotion de nos produits. Nous
avons choisi de parier sur l’intelligence de nos clients en consacrant nos espaces
publicitaires à des questions de société plutôt qu’à des messages répétitifs sur nos
produits ».
L’objectif de la communication devient désormais commun à celui du marketing,
autrement dit faire consommer mieux et aborder d’autres problématiques sociales ou
environnementales sur lesquelles l’entreprise souhaite prendre la parole. De plus, la
communication contribue à créer la notoriété de la marque et de son offre, tant au
niveau interne qu’institutionnel, en faisant partager un projet d’entreprise et en faisant
connaître les valeurs communes. 51 La lettre d’Utopies, spécial « Communication responsable », 1999
![Page 66: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/66.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
66
Cette incursion de la responsabilité sociale et environnementale dans la publicité
est parfois jugée choquante, et les marques qui s’y sont risquées ont, dans certains
cas, été accusées d’utiliser à des fins commerciales les causes sociales ou
environnementales qu’elles entendaient défendre ou promouvoir. Mais le nombre de
publicité réclame, cherchant à tout prix à faire acheter le produit, quitte à l’entourer
de vertus imaginaires ou à le faire paraître indispensable à ceux qui n’en ont aucun
besoin réel, peut être jugé tout aussi choquant.
Pour le sociologue et philosophe Gilles Lipovetsky, l’attitude de ceux qui
s’indignent de cette « articulation entre éthique et business » relève d’une frilosité
dépassée : « Je trouve, au contraire, que c’est un progrès par rapport à des publicités
qui étaient abêtissantes et aliénantes. Je suis ulcéré par ces restes de moralisme qui,
en disant que Benetton exploite les bons sentiments à des fins de profit, mettent des
barrières à tout ce qui est expérimentation. Ce type de publicité ose et amène les gens
à s’interroger sur ce qu’est la pub. Ces publicités ne font plus rêver, elles sont un
genre de message totalement en accord avec notre société » déclarait-il au quotidien
Libération en octobre 1993.
La communication responsable peut revêtir différentes formes :
• Respecter l’éthique et chercher à limiter les impacts négatifs de la publicité,
• Constituer avant tout un discours sur la responsabilité sociale (soit l’entreprise
est engagée dans cette voie, soit elle décrit les efforts menés dans ce sens),
• Porter des actions positives, en termes de responsabilité sociale ou
environnementale.
A. Réduire les impacts négatifs de la publicité
La communication faisant partie de l’activité normale des entreprises, la
communication doit donc être pratiquée de manière plus responsable, au même titre
que les achats ou la fabrication des produits. Pour ce faire, il faut commencer par en
réduire les impacts négatifs. Le ministère de l’Ecologie et du Développement durable
estime que les prospectus, publicités ou journaux gratuits s’entassent dans les boîtes
aux lettres à raison de 40 kilos par an et par foyer. En outre, ces supports nécessitent
beaucoup d’encre et de papier traité. Par ailleurs, l’entreprise peut minimiser la
![Page 67: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/67.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
67
pollution visuelle (affichage) ou sonore (radio, télévision) liée à ses communications.
David Ogilvy, l’un des pionniers de la publicité, déconseillait à ses clients d’utiliser
pour leur communication l’affichage en bordure de route, en soulignant le fait qu’un
automobiliste n’a jamais le temps de lire plus de six mots sous peine d’avoir un
accident, et en insistant sur le fait que six mots suffisent pour un slogan mais ne
laissent jamais le temps de donner une information véritablement intéressante.
Aujourd’hui encore, nombre d’associations militent pour une limitation des
panneaux publicitaires routiers, argumentant que l’affichage extérieur est une forme
de pollution visuelle qui distraie l’attention des automobilistes et aggrave les risques
d’accidents.
B. Communiquer sur les engagements sociaux et environnementaux de
l’entreprise
Cette deuxième approche, plus classique, consiste à faire porter le message sur la
stratégie et les actions menées par l’entreprise en matière de responsabilité sociale et
environnementale. Si cette approche est la plus fréquente, elle est également souvent
critiquée comme emblématique d’une « récupération » superficielle du
développement durable à des fins commerciales.
Des associations internationales, travaillant sur ces thèmes, comme Corpwatch
(qui s’est donné pour mission de dénoncer les pratiques non responsables des
entreprises multinationales), ont même créé un terme pour désigner cette présumée
récupération : greenwashing. Ce terme renvoie explicitement au blanchiment
(d’argent) pour évoquer le verdissement (d’image), autrement dit la volonté supposée
de l’entreprise de racheter littéralement ses fautes écologiques à coup
d’investissements et de discours publicitaires sur sa conscience et ses pratiques
environnementales.
Ainsi, Séverine Millet, de l’alliance pour la planète déplore qu’en donnant une
image « verte » à des entreprises et des produits qui ne le sont pas, ce « blanchiment
écologique » minimise la nécessité de changer nos consommations. Ecologie et
publicité ne font pas bon ménage, car la publicité pousse à consommer. Or, la
consommation va souvent à l’encontre de la protection de l’environnement et
![Page 68: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/68.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
68
l’écologie n’est pas destinée à vendre des produits et des services52. L’alliance
dénonce ainsi sur son site des publicités utilisant sans scrupule des arguments
écologiques pour faire vendre53, (Cf. Annexe 5).
Pour une entreprise qui déploie des efforts sincères, difficiles et souvent coûteux
(en argent, en temps et en énergie) pour rendre ses pratiques plus responsables,
l’enjeu de la communication va être d’en faire un point important d’attractivité pour
ses clients et de différenciation sur son marché, lui procurant ainsi un avantage
commercial indéniable. C’est le cas par exemple de The Body Shop ou Nature &
Découvertes qui communiquent sur leur engagement responsable au point d’être
littéralement incorporé à leur offre produit.
La responsabilité sociale est donc une nouvelle opportunité pour la
communication en permettant de concevoir des messages qui ont du sens, parlent
vrai et reconnectent le public à une réalité positive où il ne s’agit plus tant de
consommer que de consommer mieux.
Mais l’entreprise qui choisit de communiquer sur ses pratiques responsables doit
s’assurer de mettre en cohérence les pratiques et les discours, en évitant notamment
d’afficher des engagements dont l’ambition serait contradictoire avec les actions
effectivement menées sur le terrain. En outre, elle a différents outils à sa disposition :
• La promesse d’amélioration : il s’agit d’un engagement pris publiquement,
le plus souvent en commençant par reconnaître ses dysfonctionnements ou ses
impacts problématiques. Ainsi de grands groupes multinationaux comme Shell ont
découvert qu’il y a toujours moins de conséquences néfastes à reconnaître les
difficultés et sa propre impuissance à les surmonter dans l’immédiat, plutôt qu’à nier
des problèmes dont tout le monde connaît l’existence. Au tout début de sa démarche
de développement durable, le groupe a publié une annonce de presse institutionnelle
avec le slogan « Protéger les espèces menacées ou en devenir une : entre les profits
et les principes, avons-nous le choix ? ».
• Le dialogue : instaurer un dialogue ouvert et transparent sur les succès de
l’entreprise, mais aussi sur les problèmes rencontrés dans le cheminement vers le
52 Libération, 11 Décembre 2006 53 http://www.lalliance.fr/xmedia/atelier_BVP/publicites.html
![Page 69: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/69.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
69
développement durable est également une voie vers la communication responsable.
Accepter de parler de ses problèmes en parfaite transparence et en toute humilité est
l’occasion de recueillir des conseils et d’impliquer les parties concernées dans une
solution allant dans l’intérêt de tous. En outre, le dialogue permanent (dont la
faisabilité est liée à l’ère Internet) permet souvent d’anticiper et de désamorcer les
conflits potentiels. Dans le cadre de sa démarche de développement durable, le
groupe Shell a mis en œuvre une stratégie similaire avec sa campagne « Tell Shell »
(Dites à Shell) au cours de laquelle elle a sollicité un retour d’informations sur la
perception de ses activités par les différentes parties prenantes. L’objectif n’était pas
de répondre point par point à chaque critique, mais simplement d’en prendre acte et
de mettre en place des points de progrès notamment par une démarche d’innovation.
• Le compte rendu : il est possible de rendre compte des actions responsables
menées par l’entreprise, souvent pour faire suite à des engagements pris
précédemment ou encore pour rendre visible un engagement non communiqué.
L’enjeu est de pouvoir rendre des comptes sur son engagement pour l’avenir, et de
donner ainsi une visibilité et une cohérence vis-à-vis de l’extérieur et de l’intérieur.
Cela permet également la valorisation en externe des efforts fournis, développe en
interne la fierté d’appartenance à l’entreprise et mobilise l’ensemble des salariés voire
des partenaires. Pour exemple de cette action, on peut citer la campagne menée par la
SNCF autour de sa démarche de service, en impliquant à la fois ses équipes et ses
clients : fin 1997 plus de quinze mille cheminots volontaires se transformèrent en
« enquêteurs », dans le cadre d’un projet initié par la direction pour, selon l’ancien
président Louis Gallois « mettre toute l’entreprise en mouvement, avec un objectif
majeur : satisfaire les clients, tous les clients, et en conquérir de nouveaux ». Les
résultats de cette première enquête furent restitués de manière transparente aux clients
et une seconde vague d’engagements furent pris en avril 1998 avec la mise en place
de procédures de dédommagements lorsque les engagements n’étaient pas respectés.
Ce résultat montre donc une démarche de progrès continu, avec une forte implication
des équipes (plus efficace que des sessions de formation) et une réelle politique de
transparence vis-à-vis des clients (plus efficace qu’une campagne de publicité grands
médias).
![Page 70: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/70.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
70
C. Concevoir une communication qui soit une action positive en termes
de responsabilité sociale et environnementale
Ce type de communication, qui constitue un acte responsable de l’entreprise, n’est
plus fondé sur la volonté de réduire les impacts négatifs de la communication, mais
sur celle d’utiliser le « porte-voix » que représente la publicité pour faire passer des
messages intrinsèquement utiles et souvent pédagogiques, visant à partager tout le
savoir accumulé par l’entreprise. Ce type de communication peut être vu sous trois
angles :
• Dénoncer les mythes, en alertant l’opinion publique par rapport aux enjeux
que l’entreprise juge importants pour son marché et son éthique, en dénonçant les
mythes qui peuvent fonder une partie de l’offre concurrente, l’entreprise veut
dénoncer des messages trompeurs de concurrents. C’est ainsi que The Body Shop a
révolutionné l’industrie cosmétique en dénonçant l’hypocrisie des promesses
antirides et en repositionnant son discours sur l’entretien et la santé de la peau, la
naturalité des produits et la nécessité du commerce équitable pour les ingrédients
naturels, le refus de la tyrannie de la jeunesse ou des tests sur les animaux, etc. De
même, Apple a historiquement fait face à IBM au début des années 1980 avec l’idée
que l’informatique n’est pas faite pour les informaticiens mais pour développer la
créativité de chacun, y compris celle des enfants handicapés. En dénonçant les
mythes, l’entreprise a pour objectif d’informer et de sensibiliser le public, tout en lui
exposant de manière simple et pédagogique les problèmes autant que les solutions
alternatives (le plus souvent développées par l’entreprise). C’est ensuite au
consommateur de faire son choix en connaissance de cause, et en fonction de ses
propres valeurs.
• Responsabiliser le consommateur, ce qui va permettre à l’entreprise d’avoir
un engagement réciproque avec ses clients afin de rendre ses actes plus
compréhensibles et donc plus efficaces. Ceci peut être illustré par la campagne des
hypermarchés Leclerc visant à supprimer les sacs plastiques de caisse pour les
remplacer par un sac plus résistant, vendu 15 centimes et remplacé indéfiniment. On
peut également citer la marque de maquillage MAC qui incite ses clients, avec le
slogan « au nom de la protection de l’environnement qui nous tient à cœur, comme à
![Page 71: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/71.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
71
vous » à lui rapporter pour recyclage ses contenants en plastique après usage, avec de
plus un rouge à lèvre gratuit après six produits ramenés.
• Informer, grâce à la conception d’outils de communication ayant pour but
d’apprendre aux consommateurs à distinguer les produits et leurs qualités pour
pouvoir juger, comparer, et donc mieux acheter. L’on retrouve cette information avec
la Fnac qui en a fait son point fort et la source de sa crédibilité avec les « dossiers
tests », où le laboratoire indépendant de l’enseigne note et compare les différents
produits proposés sur toute une série de critères pertinents pour le client. Une
enseigne, Nature & Découvertes, a poussé l’information encore plus loin en
inscrivant la pédagogie dans son nom et sa mission. La quasi-intégralité du budget de
communication de l’enseigne française est consacrée, depuis ses débuts, à des actions
de pédagogie générale sur la nature, proposées le plus souvent gratuitement (ou
contre une participation symbolique) à ses clients : sorties terrain en famille pour
observer les oiseaux ou apprendre à connaître les champignons (souvent co-animés
par des associations spécialisées), ateliers pour les enfants, conférences sur des
thèmes naturalistes, etc. Dans ce cas, la communication est en quelque sorte un
produit gratuit de la marque, dont l’offre est constituée de produits (payants)
permettant de découvrir la nature et de s’en rapprocher. L’intérêt d’une telle approche
est que, dans tous les cas, l’entreprise contribue à élever le niveau de connaissances et
d’exigences de ses clients, ce qui est une façon de s’obliger à progresser encore pour
mieux les satisfaire.
Ainsi, l’une des caractéristiques premières de la communication éthique est que le
message de l’entreprise (le fond) doit déterminer la forme et le média employés pour
le dire. L’entreprise doit appliquer quelques règles, éminemment responsables, telles
que :
• Ne pas parler pour ne rien dire et avoir à l’esprit que l’impact d’une
communication engagée est fonction de son contenu, plus que de sa forme. Si la
forme peut faire rêver, le contenu obéit au principe de réalité et ne peut donc
s’appuyer que sur les engagements concrets pris par l’entreprise, les résultats obtenus
et l’action qu’elle mène au quotidien,
![Page 72: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/72.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
72
• Utiliser des supports moins classiques mais tout aussi intéressants, comme
The Body Shop qui affiche sur ses sacs de caisse et camions de livraison quelques
« maximes » qui résument sa philosophie ou des conseils écologiques pratiques au
quotidien,
• Profiter du nom de l’entreprise s’il est explicite : les noms de The Body Shop,
Nature & Découvertes, The United Colors of Benetton rendent suffisamment compte
de la vocation des marques concernées pour permettre à celles-ci, dans leurs
publicités, d’aborder des sujets plus riches et plus différenciateurs que la simple
description de leurs activités,
• Préserver l’humilité du ton en se souvenant que la communication responsable
attire parfois la suspicion mais aussi que les entreprises visiblement engagées sont les
plus surveillées, par l’opinion publique et les ONG, mais aussi par les concurrents ou
les journalistes en quête d’un scoop.
3.2. Un nouvel atout pour l’entreprise
3.2.1. L’environnement, une composante de la création de la valeur
Même si elle a autrefois fait ses preuves pour satisfaire les besoins primaires,
l’approche strictement productiviste (développer les revenus par une seule efficience
de la production) est désormais insuffisante face à la demande croissante d’une
économie responsable, concernée par la manière dont les ressources sont utilisées au
service du bien-être des populations d’aujourd’hui et de demain.
C’est dans ce contexte que la dimension économique ne peut plus seulement se
réduire à sa seule facette financière, et à la valeur sur le marché des transactions
passées par l’entreprise et comptabilisées dans ses livres. Elle doit désormais prendre
en compte le goodwill qui représente l’écart entre cette valeur réelle et la valeur
financière mesurable (actif net, valeur de rendement…). Le goodwill comprend
traditionnellement le capital marque, la position stratégique, les alliances, le capital de
connaissance. On estime qu’en moyenne 35% de la valeur réelle d’une entreprise
provient d’éléments difficilement mesurables pour les responsables financiers54.
54 Low & Siesfield, 1998
![Page 73: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/73.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
73
Les marchés de capitaux prenant de plus en plus en considération des éléments
nouveaux comme la réputation, la responsabilité vis-à-vis des actionnaires,
l’engagement éthique, social, sociétal, etc., il est évident qu’une bonne performance
sur les marchés financiers représente un indicateur de succès de l’entreprise. Une
assise financière permet une rémunération compétitive pour les actionnaires et attire
des nouveaux capitaux destinés à financer la croissance, gagner la confiance des
clients, motiver les salariés et attirer les talents et les expériences des futurs employés.
Par le respect des réglementations internationales et par son comportement
éthique, l’entreprise va attirer les investisseurs. En effet, à performance financière
comparable, une entreprise qui se développe en intégrant les contraintes
environnementales diminue ses risques d’accidents industriels, environnementaux et
sociaux et surtout augmente son capital d’excellence et son image. Il est à noter que
les revues financières donnent une place de plus en plus importantes aux valeurs
« vertes ».
Source : Mettre en pratique le développement durable, O Dubigeon, Coll. Village Mondial
Figure 6 : Evolution de la valeur d'une entreprise
En complément, suite à une enquête réalisée par la SOFRES en 2002 sur le thème
du développement durable55 auprès d’un panel de 600 leaders d’opinion européens
55http://www.tns-sofres.com/etudes/corporate/070602_dvptdurable.pdf Enquête réalisée par la Sofres auprès d’un panel de 600 leaders d’opinion européens. Réalisation du 28 mars au 14 avril 2002. Pays
![Page 74: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/74.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
74
(ou euroleaders : cadres dirigeants de grandes entreprises, experts financiers,
journalistes économiques et financiers, enseignants en gestion, finance et
management en grandes écoles et universités), l’analyse montre que 58% des
euroleaders interrogés pensent que l’émergence des thèmes du développement
durable et de l’investissement socialement responsable traduit une évolution profonde
des mentalités. 30% des euroleaders estiment que la sensibilité aux thèmes du
développement durable a déjà eu une influence importante sur les comportements des
grandes entreprises (11% sur celui des investisseurs financiers et 32% sur celui des
décideurs politiques), alors que 51% croient plutôt à une influence importante à
l’avenir pour les grandes entreprises et les décideurs politiques (et 46% pour les
investisseurs financiers).
Par ailleurs 66% des sondés pensent que l’intérêt porté aux enjeux de
développement durable et d’investissement socialement responsable aura une
influence forte sur l’attention portée par les décideurs publics et privés à la
préservation de l’environnement et des ressources naturelles, et 50% croient que cela
aura une influence forte sur l’attention portée par les entreprises aux conséquences
sociales de leurs décisions. A l’inverse, le tiers-monde apparaît oublié : une très forte
majorité des répondants ne voit pas d’impact important sur l’attitude des entreprises
comme des Etats à son égard (58% pour les Etats, 75% pour les entreprises).
Enfin, un des leviers importants agissant sur le comportement socialement
responsable des entreprises est celui du financement, lui-même corrélé à la
performance globale de l’entreprise.
3.2.2. Mesure de la performance globale
Si l’on veut changer la façon dont fonctionne l’entreprise, il ne suffit pas de
redéfinir ses objectifs, sa mission et sa raison d’être ; il faut en premier lieu changer la
manière dont on évalue sa performance et dont on mesure son succès. Cette idée
provient de la réflexion menée par différentes instances et groupes de travail au
niveau international pour redéfinir la notion de progrès des nations à partir de la
perspective globale du développement durable.
couverts : Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni, Benelux (100 interviews par pays ou zone).
![Page 75: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/75.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
75
L’idée que le PNB ou le PIB, indicateurs purement économiques, ne suffisent pas
pour apprécier le niveau de développement d’un pays, et que l’on ne peut pas
considérer l’augmentation des dépenses et de la consommation comme un indice
unique de progrès, est de plus en plus répandue.
On l’a vu, l’idée fondatrice du développement durable est qu’il est possible de
créer simultanément de la valeur sur les trois pôles que sont la société,
l’environnement et l’économie. D’où cette notion, lancée par John Elkington
fondateur du cabinet anglais SustainAbility, du triple bottom line pour évaluer la
performance de l’entreprise sur le résultat financier mais aussi sur son bilan social et
environnemental :
• Social : conséquences sociales de l’activité de l’entreprise pour l’ensemble de
ses parties prenantes que sont les employés (conditions de travail, niveau de
rémunération, non discrimination, etc.), les fournisseurs, les clients (sécurité et
impacts psychologiques des produits), les communautés locales (nuisances, respect
des cultures) et la société en général.
• Environnemental : compatibilité entre l’activité de l’entreprise et le maintien
des écosystèmes. Il comprend une analyse des impacts de l’entreprise et de ses
produits en terme de consommation de ressources, production de déchets, émissions
polluantes, etc.
• Economique : performance financière « classique » qui impacte la valeur
boursière de l’entreprise mais aussi sa capacité à contribuer au développement
économique de la zone d’implantation de l’entreprise et à celui des parties prenantes,
respect des principes de saine concurrence (absence de corruption, d’entente, de
position dominante, etc.)
En effet, la mesure de la performance de l’entreprise est essentielle, comme le
rappelle Ben Cohen, fondateur de Ben & Jerry’s : « si vous êtes au régime, vous vous
pesez régulièrement, et c’est le progrès que vous mesurez qui vous stimule à
continuer ou au contraire à modifier votre régime pour mincir davantage et faire de
votre régime un succès. Dans une entreprise, la seule façon de mesurer le succès est
de compter l’argent qu’il vous reste à la fin de l’année. Et comme c’est la seule chose
![Page 76: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/76.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
76
que l’on mesure, c’est le seul objectif que les membres d’une entreprise se motivent à
atteindre (…). C’est pourquoi nous nous sommes dit, chez Ben & Jerry’s : si la
source du problème se trouve dans la façon dont nous mesurons notre succès, c’est là
qu’il faut agir. Nous avons alors imaginé d’avoir un double bilan de notre activité en
intégrant à notre rapport annuel, à côté du rapport financier qui mesure la valeur
économique créée à la fin de l’année, un rapport social et environnemental qui
mesure notre valeur ajoutée pour la communauté56 ».
La poursuite du triple bottom line n’est pas exempte de difficultés car l’objectif
est la prise en compte des trois dimensions de la performance, donc un équilibre
dynamique difficile à atteindre, car comme le souligne Bill Mc Donough : « le tout
écologique n’est pas plus la panacée que le tout économique. Le but est donc de
résoudre l’équation que forment ces trois dimensions de manière équilibrée, en étant
100% économique, 100 écologique et 100% équitable57 ».
Pouvoir mesurer les progrès accomplis dans une démarche de prise en compte de
l’environnement s’avère important, mais pas toujours évident. Tout d’abord, il faut
choisir les indicateurs pertinents et obtenir un consensus. En 2001, l’Observatoire des
Stratégies Industrielles du ministère de l’économie, des finances et de l’industrie a
confié une étude58 au Centre d’études et de recherches sur le développement durable
(Cer2d) pour déterminer une méthodologie d’élaboration d’indicateurs. Les résultats
ont été publiés en octobre 2003.
Cette étude a mis en avant la difficulté d’établir des indicateurs, notamment du
fait de la complexité des aspects environnementaux et sociaux et de la difficulté à les
quantifier. Elle a permis de définir des objectifs macro-économiques à décliner
ensuite en indicateurs micro-économiques de développement durable pour les
entreprises, comme le montre le schéma ci-dessous :
56 Anita Roddick, Business as unusual, Thorsons Publishers, Janvier 2001 57 Intervention lors de la deuxième conférence Utopies, janvier 1999 58 Analyse comparative d’indicateurs de développement durable, ministère de l’économie des finances et de l’industrie, octobre 2003, http://www.industrie.gouv.fr/pdf/devdurable1.pdf
![Page 77: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/77.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
77
Source : ministère de l’économie des finances et de l’industrie, octobre 2003
Figure 7 : De la définition aux indicateurs de développement durable
Certains organismes se sont également penchés sur le sujet en tentant de
conseiller les entreprises sur leur choix d’indicateurs. Le but est de développer des
standards qui faciliteront la lecture des performances des entreprises par une
harmonisation des indicateurs.
En effet, une fois établis ces indicateurs faciliteront dans un premier temps le
travail des sociétés de notation extra financières (société chargée de noter les
entreprises sur leurs performances sociétales et environnementales, comme le français
Vigeo) sur la sélection des entreprises cotées à intégrer dans les portefeuilles de
valeurs, grâce à une analyse de leurs performances sur différents domaines. Ainsi, le
référentiel de Vigeo intègre six domaines : l’environnement, le droit humain, les
ressources humaines, les relations clients-fournisseurs, la gouvernance d’entreprise et
l’engagement sociétal.
Dans un second temps, ces indicateurs permettront aux entreprises d’apprécier
leur niveau de développement durable par rapport aux entreprises du même secteur
d’activité et de travailler sur les points faibles le cas échéant. Les entreprises pourront
dès lors envisager les gains escomptables des actions d’amélioration à envisager.
![Page 78: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/78.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
78
Enfin, ils permettront de développer des outils de mise en place de Sustainable
Supply Chain plus efficaces.
Ces indicateurs peuvent être classés en trois catégories comme les indicateurs de
management intégré, à savoir les indicateurs de situation, d’efficacité et de retour sur
investissement. Ils permettront de piloter l’entreprise dans sa composante
environnementale, en particulier ils permettront de mesurer les progrès et les mises en
conformité effectués par les différents acteurs de l’entreprise. En effet l’enjeu des
responsables de la supply chain est de faire adhérer l’ensemble des parties prenantes
d’abord au sein de l’entreprise mais aussi avec l’extérieur.
3.3. La supply chain au service de l’entreprise citoyenne responsable
3.3.1. Accroissement de l’attractivité de l’entreprise
En s’adaptant aux changements réglementaires permanents, la supply chain fait
preuve de réactivité et d’efficacité. Elle entraîne dans son sillage les fonctions support
avec lesquelles elle est en relation quotidiennement.
L’enjeu pour l’entreprise est de se définir une stratégie globale d’entreprise
citoyenne et responsable, et se comporter en acteur économique socialement
responsable. En effet, en intégrant les contraintes environnementales, elle obtient non
seulement un impact d’image positif, mais aussi un surcroît de légitimité. Elle
développe sa différenciation, sa capacité d’innovation, son capital de réputation,
puisqu’elle démontre sa capacité à répondre aux attentes de la société. Se faisant, elle
associe le client et le consommateur à une boucle vertueuse. Il est intéressant de noter
que 45% des entreprises du CAC 40 estiment que le développement de règles
d’éthique améliore l’image de l’entreprise59.
En effet au sein de l’entreprise, les responsables s’engagent à respecter les
salariés, à les informer dans un climat de transparence et de confiance, et à
développer une politique sociale. En retour, ce climat de travail accroît les profits au
travers d’une meilleure productivité, d’une meilleure innovation, d’une qualité et
d’une fiabilité supérieures, et d’un engagement plus fort car selon F. Rousseau, PDG
d’Eurogroup « l’adhésion des employés aux valeurs de l’entreprise provoque de la 59 Etude « Gouvernement des entreprises : le management de la pérennité », KPMG, 2000, p. 21
![Page 79: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/79.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
79
valeur », ou encore, selon F. Riboud, PDG de Danone, « la culture de notre groupe
puise ses racines dans la conviction que la performance économique et l’attention
aux personnes sont intimement liées ».
L’alignement interne entre les politiques, la vision et le personnel, ainsi que le
développement du bien-être et de l’épanouissement des collaborateurs, ouvrent des
opportunités pour apprendre et constituent une ressource stratégique de plus en plus
discriminante, surtout en situation de tension du marché du travail. Selon une étude
conduite par McKinsey60, seulement 3% des entreprises pensent posséder les talents
suffisants pour réussir à atteindre leurs objectifs dans les cinq prochaines années. Les
candidats à haut potentiel deviennent désireux de rejoindre une entreprise
responsable, et les collaborateurs développent leur fierté d’appartenance et leur
motivation.
En créant du sens et du respect, en encourageant ses employés à se développer et
à réaliser leur potentiel en direction d’une qualité globale, en améliorant ses pratiques
performantes dans l’intérêt de tous, en incitant les managers à dépasser la dimension
contraignante des réglementations (sécurité, qualité des produits, environnements,
etc.), en diminuant le turnover et l’absentéisme de son personnel, et en s’ouvrant à de
nouvelles compétences, l’entreprise accroîtra sa productivité.
Mais celle qui choisit de s’engager dans une telle démarche doit repérer les
risques liés à une modification le cas échéant significative du fonctionnement de son
entreprise pour en percevoir plus vite les avantages. La remise en cause d’un certain
nombre de méthodes de travail peut être génératrice de tensions au sein du personnel,
ces tensions seront évitées par une implication forte et un accompagnement régulier
de la direction relayée par les ressources humaines. Ce risque sera aisément évité par
le dialogue ou par l’organisation de groupes de projets. Pour cela l’engagement de la
direction doit être fort, la pédagogie et la formation correspondant à ce type de
situation adaptées et le timing de mise en place maîtrisé.
En complément, le Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail
(CHSCT), obligatoire dans toutes les entreprises de plus de 500 salariés permet de
diminuer les risques d’incidents et d’accidents grâce à l’amélioration et à la
surveillance d’une part de la santé et de la sécurité, et d’autre part des conditions de 60 The War of Talent, publiée en 1998
![Page 80: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/80.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
80
travail. Par ailleurs, en appliquant le principe de précaution et en intégrant des
scénarii d’urgence à des plans de crise à travers toute l’entreprise, celle-ci se dote
d’outils de prévention.
L’entreprise se doit d’être en conformité avec les normes et réglementations
européennes. Concernant la prévention des risques technologiques et naturels et la
réparation des dommages, la loi du 30 juillet 2003 complète les dispositifs législatifs
précédents comme les directives Seveso (1982) et Seveso II (1996).
Enfin, en étant en conformité avec les réglementations, l’entreprise diminue les
risques juridiques très négatifs en terme d’image et très coûteux. On peut citer les
catastrophes industrielles comme Seveso, l’Erika, AZF.
Ainsi l’entreprise développe une gestion proactive des risques sociaux,
écologiques, d’image ou financiers, élargis à l’ensemble de ses parties prenantes, face
à des réglementations de plus en plus complexes et dures, envers lesquelles le
dirigeant est désormais tenu pour responsable. De ce fait, les assurances préfèrent
couvrir les entreprises plus responsables et présentant un risque moindre, tout comme
les banques qui préfèrent prêter aux entreprises qui ne risquent pas de leur faire porter
le préjudice généré par des actions en justice ou des coûts consécutifs à des problèmes
sociaux ou causés par l’environnement.
3.3.2. L’intégration des contraintes environnementales, un accélérateur de différenciation
Nous avons vu que l’entreprise est soumise à une réglementation qu’elle peut
juger contraignante voire excessive mais qu’elle est obligée de respecter.
En allant plus loin que les réglementations existantes, lesquelles évoluent de plus
en plus vite, l’entreprise se positionne et anticipe de nouvelles règles du jeu sociales
et environnementales, de plus en plus exigeantes dans la passation des marchés privés
comme publics. Grâce à sa crédibilité acquise au travers d’une mise en pratique d’une
éthique de responsabilité, elle influence également l’élaboration des lois actuelles, en
participant aux groupes de travail chargés de les préparer.
Pour s’adapter, l’entreprise doit générer une organisation plus performante, et
donc plus pérenne. La prise en compte des contraintes environnementales permet
d’établir un nouveau dialogue avec les différentes parties prenantes, et de mettre en
![Page 81: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/81.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
81
place avec eux une démarche d’amélioration continue dans le but de trouver le
meilleur équilibre possible entre l’efficacité économique, l’équité sociale et la
responsabilité environnementale. L’entreprise élargit sa capacité d’innovation, de
créativité, et de vision globale dont la nouveauté et l’ingéniosité contrebalanceront le
coût initial.
En s’engageant dans une telle stratégie, l’entreprise gagne en efficacité grâce aux
économies réalisées et à l’innovation déployée : une production responsable, éco et
socio-efficace fournira un cadre pour une amélioration continue, optimisera les flux
de matières et de compétences, diminuera les coûts, améliorera la productivité des
ressources, accroîtra l’efficacité, et au final, la performance financière.
En parallèle elle va se doter de normes (gamme ISO), de labels et de référentiels
pour les produits (éco labels, marque NF-environnement…) ainsi que d’outils de
reporting. Cette démarche va leur permettre de disposer d’un système qualité
performant. Un label de qualité globale va s’imposer désormais à tous les
distributeurs et industriels, sauf à être évincé du marché car les consommateurs
interpelleront de plus en plus souvent, de plus en plus fort les entreprises sur la
sécurité des produits, sur leur qualité mais aussi sur leur origine.
Par la responsabilité sociale, l’entreprise a l’opportunité d’avoir une démarche
intégrée : qualité, environnement, sécurité, et de modifier les modes de gouvernance
en trouvant un compromis entre les intérêts de l’entreprise et ceux des salariés voire
des consommateurs. Cela va lui procurer des avantages tant en interne qu’en externe.
Sur le plan interne, afin de se mettre aux normes elle va devoir se remettre en
question, en se faisant aider éventuellement par des audits. L’intégration de la
responsabilité sociale et environnementale dans le processus de prise de décision va
la doter d’une gestion de l’innovation, des risques, de la sécurité, des déchets. Toute
cette évolution ne peut se faire qu’avec le soutien des ressources humaines qui vont
devoir accompagner le personnel par un plan de formation adéquat. L’enjeu est de
créer une émulation en interne, source d’innovation et de challenge.
L’entreprise Lenovo est une entreprise technologique internationale innovante,
née de l'acquisition par le groupe Lenovo de la division micro-informatique (PCD :
Personal Computing Division) d’IBM. C’est un des acteurs principaux sur le marché
des PC. Cette entreprise se retrouve à la première place (notation 8/10) de la 3ème
![Page 82: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/82.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
82
édition du guide pour « une high-tech responsable » de mars 2007 publié sur le site
internet de Greenpeace, alors qu’elle était à la dernière place lors de la publication de
la 1ère édition en août 2006 (notation 1,3/10). Lenovo, via sa responsabilité sociale
d’entreprise s’est engagée en faveur du principe de précaution et de responsabilité
individuelle du producteur : en étant responsable du produit qu’elle commercialise,
elle devient de fait responsable du produit en fin de vie. Pour cela, Lenovo a mis en
place des services de reprise et de recyclage dans tous les pays où sont
commercialisés ses produits.
Cette première place attribuée par une ONG comme Greenpeace récompense les
efforts de l’entreprise et de ses salariés, (Cf. Annexe 6). C’est un argument fort donné
aux consommateurs, et Lenovo l’indique avec fierté sur la page d’accueil de son site
internet. Ces progrès n’ont pu être accomplis que par la synergie créée dans le groupe
autour de l’engagement environnemental partagé par les dirigeants de l’entreprise et
ses parties prenantes que sont ses collaborateurs, ses fournisseurs et ses partenaires.
Lenovo s’est engagé dans une politique d’intégration des contraintes
environnementales par la prise en compte des risques avérés et hypothétiques, ce qui
lui a permis de réorganiser sa supply chain, le tout dans l’esprit du nouveau contexte
réglementaire issu des différents sommets internationaux.
![Page 83: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/83.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
83
CONCLUSION
Le développement industriel est à l’origine de progrès considérables pour
l’humanité. Il était basé sur des critères de croissance essentiellement économique, et
l’un des outils de mesure était le produit intérieur brut et le produit national brut. Puis
le terme social est apparu avec l’apparition d’associations et de syndicats.
Suite à la prise de conscience dans les années 1970 que la prospérité, basée sur
l’utilisation intensive des ressources naturelles, provoquait non seulement leur
épuisement mais était aussi cause de pollution, destruction des écosystèmes,
diminution de la biodiversité, les politiques alertés par les scientifiques ont décidé
d’agir afin de prendre en compte l’aspect environnement dans le développement
économique et social.
C’est ainsi qu’à partir des années 1970, l’environnement apparaît comme un
patrimoine mondial à préserver pour les générations futures : des textes fondateurs
accompagnés de législations internationales furent alors élaborés.
L’enjeu pour l’entreprise est de s’adapter à ce nouveau contexte, en particulier en
se mettant en conformité réglementaire. La dynamique de responsabilité sociétale des
entreprises a contribué à la prise de conscience des entreprises qui pour certaines,
expertes dans leur domaine, se retrouvaient considérées comme entreprises
pollueuses, voire dénoncées par des ONG.
Les entreprises ont donc dû réagir, en repensant leur raison d’être et leur valeur
ajoutée, en examinant les impacts de leurs pratiques quotidiennes sur l’environnement
Intégrer la composante environnement implique nécessairement une réflexion sur
la consommation, la production des produits et leurs distributions. Dans son rapport
annuel, l’ONG environnementale américaine Worldwatch61 dénonce ainsi depuis
2001 les ravages sociaux et environnementaux de la surconsommation et de notre
économie fondée sur le principe du « tout à volonté ».
La prise en compte des contraintes environnementales est non seulement une
obligation légale mais est également pour l’entreprise un enjeu d’ordre économique,
61 www.worldwatch.org
![Page 84: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/84.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
84
stratégique, social et éthique. L’un des leviers prioritaires pour y répondre est de
reconsidérer la chaîne logistique.
Si une vision de l’optimisation de la performance de la chaîne logistique, prise
comme un ensemble cohérent et global et non « maillon par maillon », permet
l’optimisation de sa performance, le raisonnement est le même en ce qui concerne la
performance environnementale. En effet, pour réduire l’impact environnemental de la
fabrication d’un produit, il s’avère peu efficace de rechercher à mettre en place des
actions ponctuelles et non coordonnées les unes par rapport aux autres à chaque
maillon, que ce soit au sein de l’entrepôt ou dans le cadre des opérations de transport.
Seule une collaboration effective de l’ensemble des acteurs de la chaîne logistique
peut permettre d’intégrer l’ensemble des contraintes et de minimiser l’impact
environnemental global de la fabrication d’un produit. L’Observatoire sur la
Responsabilité Sociale de l’Entreprise résume parfaitement ce dilemme en reprenant
l’image de la chaîne logistique : « il suffit qu’un maillon de la chaîne
d’approvisionnement soit faible sur le plan RSE, pour que l’efficacité des efforts en
matière de responsabilité soit compromise et que le produit soit la cible de
critiques ».
L’obligation faite aux entreprises de prendre en compte l’environnement a créé
pour tous les acteurs, économiques, politiques, des contraintes d’ordre réglementaire,
industriel, écologique. Ces contraintes environnementales ont obligé les responsables
de supply chain à se concerter, à innover dans les domaines du transport, de
l’emballage, de l’entreposage, de la gestion des déchets, du recyclage des produits, de
la préservation de l’eau notamment par la récupération de l’eau de pluie. Pour ce faire
elles ont travaillé en réseau avec leurs partenaires, sur des engagements réciproques.
L’intégration des contraintes environnementales au niveau de la supply chain
répond à un enjeu de développement stratégique, et d’avantages concurrentiels mais
est aussi un enjeu managérial pour l’entreprise qui doit gérer le changement en
accompagnant et en formant son personnel.
La remise en question des pratiques, la mise en place d’indicateurs
environnementaux pertinents, le développement de la gestion des risques se
transforment en atouts. En effet de part sa transversalité, la supply chain en s’adaptant
aux contraintes environnementales a fait progresser ses partenaires, tant internes
![Page 85: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/85.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
85
qu’externes, devenant ainsi un vecteur de croissance, car en intégrant les contraintes,
elle en a reporté sur ses fournisseurs voire ses clients via les cahiers des charges et les
contrats.
Le client, quant à lui de plus en plus réceptif et informé par les différents médias
en particulier internet, « vote » par son comportement d’achat. C’est ainsi que la
façon de fabriquer un produit, de le distribuer, de le recycler est devenue un
argumentaire de vente. La supply chain, en entraînant dans son challenge les
directions de la communication, des ressources humaines ainsi que la direction de
l’entreprise dans une stratégie de comportement éthique participe à l’amélioration de
l’organisation interne.
Mais si l’intégration des contraintes environnementales a permis à la supply chain
d’innover et d’être vecteur de croissance et de développement, entraînant dans son
sillage toute l’entreprise, il n’en reste pas moins que le système de management
environnemental peut être coûteux pour les petites et moyennes entreprises. C’est en
travaillant en réseau et en partageant les expériences que celles-ci pourront bénéficier
de la dynamique.
Nous avons également vu que l’entreprise en devenant entreprise citoyenne doit
veiller à ce que ses actes correspondent à ses engagements. L’enjeu va donc être
d’être transparent.
Enfin la démarche environnementale, étant par essence globale et transversale, n’a
de sens que mise en œuvre dans tous les pays du monde (certains problèmes comme
le réchauffement climatique ne pouvant être résolus qu’internationalement), dans tous
les secteurs d’activités capables d’y contribuer (tous les secteurs ont un impact
significatif sur la planète et les hommes), et au sein d’une entreprise donnée, dans
toutes les pratiques qui fondent l’activité quotidienne. La plupart des services étant
impactés doivent, chacun de leur façon, contribuer à un comportement plus
responsable.
![Page 86: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/86.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
86
BIBLIOGRAPHIE
1) Ouvrages
BAGLIN G., BRUEL O., GARREAU A., GREIF M., KERBACHE L., VAN DELFT C., Management Industriel et Logistique – Conception et pilotage de la Supply Chain, 4ème édition, Ed. Economica, 2005, 830p.
DORNIER Philippe-Pierre & FENDER Michel, La Logistique Globale – Enjeux, Principes, Exemples, Ed. d’Organisation, 465p.
DUBIGEON Olivier, Mettre en pratique le développement durable – Quels processus pour l’entreprise responsable ? Ed. Village Mondial, 2002, 315p.
LAVILLE Elisabeth, L’entreprise verte – Le développement durable change l’entreprise pour changer le monde, 2ème édition, Ed. Village Mondial, 2006, 406p.
PIMOR Yves, Logistique – Production, Distribution, Soutien, 3ème édition, Ed. Dunod, 2001, 720p.
SAMII Alexandre, Stratégie Logistique – Supply Chain Management, 3ème édition, Ed. Dunod, 2004, 390p.
STEPHANY Didier, Développement durable et performance de l’entreprise – Bâtir l’entreprise DD, Ed. Liaisons, 2003, 265p.
2) Revues spécialisées
Cahiers statistiques de l’OCDE, Mars 2006, N°10, Mesurer le développement durable par Candice Stevens
Le Journal de la Logistique, N°29, Octobre 2005, Europack livre une bonne moisson d’innovations
Le Journal de la Logistique, N°30, Novembre 2005, Mac Donald’s : la marque jaune se met au vert
Le Journal de la Logistique, N°33, Mars 2006, Stratégie logistique ou logistique stratégique ?
Le Journal de la Logistique, N°34, Avril 2006, L’immobilier logistique se développe durablement et Entrepôts du futur : la ligne verte
![Page 87: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/87.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
87
Le Journal de la Logistique, N°40, Novembre 2006, La logistique « s’emballe »
Logistiques Magazine, N°195, Mars 2005, Dossier Environnement, Environnement, le pari vertueux
Logistique & Management, Vol. 13 N°1, 2005,
- Le développement d’une logistique en accord avec le développement durable, Julien Schmidt
- Le développement de bonnes pratiques logistiques dans le respect de l’environnement, Fulvia Allievi-Dorosz
- Développement durable, Supply Chain Mangement et stratégie : les cas de l’éco-conception, Sandrine Gherra - Pour les Transports Auto Brunier, l’utilisation du transport combiné est très encourageant et rend l’entreprise plus compétitive, entretien avec Jean-Claude Brunier, PDG de TAB
3) Articles de presse
Le Figaro, 28 décembre 2006,
- Chaque français peut mesurer son « empreinte écologique » - Les entreprises, l’argent et la contrainte verte - Bilans carbone, conseillers environnementaux…de vrais efforts pour une meilleure image
Le Parisien, 14 novembre 2006,
- La nouvelle taxe « écolo » va faire grimper les prix - Les pollueurs paieront un peu plus
Le Nouvel Observateur, du 9 au 15 Novembre 2006, La révolution Hulot
Le Nouvel Observateur, du 1er au 7 février 2007, Les scientifiques déclenchent l’alerte climatique
Libération, 1er Décembre 2006, Rebonds, Réponse à la lettre ouverte de Dominique Voynet, candidate verte à la présidentielle, Tu as choisi la politique, j’ai pris une autre voie par Nicolas Hulot
Libération, 11 Décembre 2006, Sus aux pseudo-pubs écolos
Les Echos, 30 Mai 2006, Dossier « Le développement durable s’inscrit dans le paysage »,
![Page 88: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/88.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
88
- Pays-Bas : les députés votent pour des achats 100% écolo - Le lobbying reste la boîte noire des entreprises
Les Echos, Dossier du 29 janvier 2007, Dossier « Le réchauffement climatique ne fait plus débat »,
- La publicité jugée à l’aune de son impact environnemental - L’entreprise verte - L’urgence d’une consommation responsable - « Générer le désir » : l’avis de la psychosociologue Danielle Rapoport
4) Webographie
ADEME
http://www2.ademe.fr/servlet/getDoc?id=11433&m=3&cid=96 et http://www2.ademe.fr/servlet/KBaseShow?sort=-1&cid=96&m=3&catid=14288
L’alliance pour la planète
http://www.lalliance.fr et http://www.lalliance.fr/xmedia/atelier_BVP/publicites.html
AMC2
http://monsite.wanadoo.fr/amc2.industrie/
Club Démèter Environnement et Logistique
http://www.club-demeter.fr/
CREDOC : La consommation « engagée » : mode passagère ou nouvelles tendances de consommation ? N°170 décembre 2002
http://www.credoc.fr/pdf/etu/4p170sessi.pdf
EDF, conseils pratiques
http://particuliers.edf.fr/141054i/EDF-Particuliers/conseils-pratiques.html
Energeco : site consacré à la maîtrise des consommations de carburant dans le transport routier de marchandises
http://www.energeco.org
![Page 89: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/89.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
89
Greenpeace : guide pour une high-tech responsable
http://www.greenpeace.org/france/news/guide-pour-une-high-tech-responsable-avril-2007
Lenovo
http://www.lenovo.com/fr/fr/
Ministère de l’économie, des finances et de l’industrie
http://www.industrie.gouv.fr/index_portail.php
Ministère de l’écologie et du développement durable
http://www.ecologie.gouv.fr/-Developpement-durable-.html
Nature & Découvertes
http://www.natureetdecouvertes.com/pages/cor014/frameset_fo_cor014.asp
GSE, projet optima
http://www.gse.fr/html/index.php?module=Infos_PN_Menu&idm=208
Novethic : « le média en ligne du développement durable »
http://www.novethic.fr/novethic/site/index.jsp
Philips :
http://www.philips.com/assets/Downloadablefile//12-Supporting-suppliers-to-become-more-sustainable-15386.pdf
TNS-Sofres : étude sur le développement durable :
http://www.tns-sofres.com/etudes/corporate/070602_dvptdurable.pdf
Transports Auto Brunier
http://www.tab-transports.com/accueil.html
Vigeo bétonne sa méthode
http://management.journaldunet.com/0311/031113vigeo.shtml
WWF : empreinte écologique
http://www.wwf.fr/s_informer/calculer_votre_empreinte_ecologique
![Page 90: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/90.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
90
LEXIQUE
ADEME : Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie
AFT-IFTIM : Association pour le développement de la formation transport et techniques d’implémentation et de manutention
APS : Advanced Planning and Scheduling
BEET : Benchmarking Emergy Efficiency in Transport
CREDOC : Centre de Recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de vie
DEEE : Déchets d’Equipement Electriques et Electroniques
GIEC - Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat - organisation mise en place en 1988, à la demande du G7 (groupe des 7 pays les plus riches : USA, Japon, Allemagne, France, Grande Bretagne, Canada, Italie), par l’Organisation Météorologique Mondiale et par le PNUE. Son rôle est d'expertiser l’information scientifique, technique et socio-économique qui concerne le risque de changement climatique provoqué par l’homme.
HQE : Haute Qualité Environnementale
NRE : Nouvelles Régulations Economiques
OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economiques qui regroupe 30 pays membres et dont le siège est à Paris. Elle est active dans tous les domaines relatifs à l’économie et au social (politique de développement, commerce, transports, fiscalité, marché, énergie, environnement).
OIT : Organisation Internationale du Travail
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONUE : Organisation des Nations Unies pour l’Environnement
PNUD : Organisation des Nations Unies pour le Développement
PNUE : Programme des Nations Unies pour l’Environnement
![Page 91: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/91.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
91
PREDIT - Programme pluriannuel de Recherche, d'Expérimentation et de Soutien à l'Innovation dans les Transports terrestres : il est initié et conduit par Quatre ministères : le MTETM (Ministère des Transports, de l'Equipement, du Tourisme et de la Mer) le Ministère de la Recherche le Ministère de l'Ecologie et du Développement durable le Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie
Et deux agences : l'ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie) l'OSEO-ANVAR (Agence française de l'innovation).
RSE : Responsabilité Sociale des Entreprises
SCM : Supply Chain Management
SESSI : Service des Etudes et des Statistiques Industrielles
UICN : Union Mondiale pour la Nature
![Page 92: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/92.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
92
ANNEXES ANNEXE 1 – Effet de serre et réchauffement climatique
Source : Changement climatique et santé humaine – résumé, bibliothèque OMS Figure 5: L'effet de serre
Source : Changement climatique et santé humaine – résumé, bibliothèque OMS Figure 6: Relevé de température dans le monde depuis 1860,
et projection jusqu'à 2010
![Page 93: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/93.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
93
ANNEXE 2 – Innovations d’emballage
1- CanLoq
2- ODL 1000 IBC traditionnel
![Page 94: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/94.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
94
ANNEXE 3 – Publicités dans magazines d’avril 2007
![Page 95: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/95.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
95
ANNEXE 4 – Exemple d’une charte d’engagement
![Page 96: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/96.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
96
ANNEXE 5 – Analyses et critiques de publicités62
L’objectif de l’Alliance pour la Planète est d’expliquer comment décrypter des
publicités qui usent et abusent de l’argument écologique. Leur objectif se veut aussi
vertueux, c’est-à-dire expliquer à ce secteur et aussi au BVP (Bureau de Vérification
de la Publicité) comment appliquer leurs propres règles. Sur leur page d’accueil, on
obtient la liste des publicités mises à l’index en cliquant sur l’image ci-dessous.
Cette photo est une publicité de TOTAL, concernant l'énergie éolienne.
Total veut nous faire croire que son activité en ce domaine est importante. Or,
l'entreprise n’a mis en service en France, en tout, que cinq éoliennes, en 2003 sur le
site de la raffinerie des Flandres,
près de Dunkerque. Et c'est tout !
(www.total.com)
Ce visuel nous trompe sur la
réalité des actions que l’annonceur
conduit en faveur de
l’environnement et du
développement durable. Il
contrevient donc à l'article 2-1 de la
recommandation écologique et à
l’article 1-1.1 de la
recommandation développement
durable.
Sur le site, on peut découvrir les
analyses et critiques de publicités
récentes…et les plus exemplaires. 62 Source : http://www.lalliance.fr/xmedia/atelier_BVP/publicites.html
![Page 97: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/97.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
97
ANNEXE 6 – Société LENOVO63
Quelles sont les actions engagées par Lenovo ?
Lenovo, via la RSE, s’engage dans la qualité et la sûreté de ces produits, et
s’assure également que cet engagement est respecté sur toute la chaîne de production,
par ses employés, sur tous les sites et par tous ses fournisseurs.
Par ailleurs, la compagnie poursuit une démarche volontaire et globale vers un
système de management de la santé et la sécurité au travail, afin de fournir à ses
employés des conditions de travail optimales.
63 Source : http://www.lenovo.com/fr/fr/
Zoom : Lenovo reconnu par Greenpeace pour son leadership en matière d’environnement
![Page 98: LA SUPPLY CHAIN ET L’INTEGRATION DES … · individuel et que l’abondance de biens pouvait se révéler menacée à terme. Ce rapport a mis en évidence que la croissance de la](https://reader031.vdocuments.mx/reader031/viewer/2022020303/5b98891809d3f2dc628c9d81/html5/thumbnails/98.jpg)
La supply chain et l’intégration des contraintes environnementales : Un enjeu pour aujourd’hui ?
98
Sa politique de précaution a nécessité de répertorier tous les risques hypothétiques
et d’utiliser les meilleures techniques disponibles, par conséquent à prendre des
mesures contre les pollutions sans attendre les certitudes scientifiques sur les
dommages causés à l’environnement.
C’est ainsi que l’écoconception de ses matériels par l’intégration en amont d’un
maximum de risques et des contraintes environnementales l’a conduit dans une
démarche de progrès dans tous les cycles de vie, notamment dans la gestion des
déchets et du recyclage. Des contrats ont été passés avec des fournisseurs comme la
société SCRELEC pour les batteries et produits contenant des batteries, la société
écoemballages pour les emballages.
Ces sociétés et leurs sous traitants ont été sélectionnés sur leurs savoir-faire en
matière de collecte, de tri, de valorisation des produits usagers, de traitement des
déchets, et sur le respect des procédures notamment en terme de traçabilité.
Enfin, Lenovo fournit sur son site les éléments nécessaires, aux particuliers et aux
entreprises, pour la collecte des déchets d’emballage et des équipements électriques
ou électroniques.
En conclusion, Lenovo fabricant chinois de PC, qui a acheté la division
« Electroniques de grande consommation » d’IBM en 2005, est la première entreprise
à mettre en place des services de reprise et de recyclage dans tous les pays où sont
commercialisés ses produits. « C’est en Chine qu’échoue une grande partie des
déchets électroniques mondiaux. Voir une entreprise chinoise assumer ses
responsabilités, au moins en matière de gestion des déchets issus de sa propre
marque, constitue un signe très encourageant, commente Yannick Vicaire,
responsable de la campagne Toxiques de Greenpeace France. Le prochain défi pour
Lenovo consiste à commercialiser une gamme de produits plus respectueuse de la
santé et de l’environnement. »