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^ X La pollution de l'environnement et ses effets sur les documents d'archives une étude RAMP Programme général d'information et UNISIST Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture PGI-88/WS/18 Paris, 1988

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^ X

La pollutionde l'environnementet ses effets surles documents d'archivesune étude RAMP

Programme général d'information et UNISIST

Organisation des Nations Uniespour l'éducation, la science et la culture

PGI-88/WS/18

Paris, 1988

PGI-88/WS/18PARIS, septembre 1988Original anglais

LA POLLUTION DE L'ENVIRONNEMENT ET SES EFFETSSUR LES DOCUMENTS D'ARCHIVES : UNE ETUDE RAMP

M. W. Pascoe

Programme général d'information et UNISIST

Organisation des Nations Uniespour l'éducation, la science et la culture

Notice recommandée pour le catalogue :

Pascoe M. W.

La pollution de l'environnement et ses effets sur les documents d'archives :une étude RAMP / réalisée par M. W. Pascoe [pour le] Programme générald'information et UNISIST. - Paris, UNESCO, 1988 - 39 p. 30 cm - (PGI-88/WS/18)

I. Titre

II. UNESCO. Programme général d'information et UNISIST

III. Programme de gestion des documents et des archives (RAMP)

UNESCO, 1988

(i)

PREFACE

Afin de mieux répondre aux besoins des Etats membres, et plus particu-lièrement des pays en développement, dans ce domaine spécialisé qu'est lagestion des documents et l'administration des archives, la Division du Pro-gramme général d'information de l'UNESCO a mis au point un programme à longterme, le Programme de gestion des documents et des archives (Records andArchives Management Programme, RAMP).

Les grands éléments du programme RAMP correspondent aux thèmes géné-raux du Programme général d'information et contribuent à sa réalisation. Aussile RAMP comporte-t-il des projets, des études et d'autres activités visant à :

- élaborer des normes, règles, méthodes et autres instruments nor-matifs pour le traitement et le transfert de l'information spécia-lisée et la création de systèmes d'information compatibles ;

- permettre aux pays en développement de créer leurs propres bases dedonnées et d'accéder à celles qui existent déjà de par le monde defaçon à intensifier l'échange et la circulation de l'information parla mise en oeuvre des technologies modernes ;

- promouvoir la mise en place de réseaux régionaux spécialisésd'information ;

- contribuer au développement harmonieux de services et systèmesinternationaux d'information compatibles ;

- créer des systèmes nationaux d'information et améliorer les diverséléments de ces systèmes ;

- définir des politiques et des plans de développement dans cedomaine ;

- former les spécialistes et les utilisateurs de l'information etdévelopper le potentiel national et régional de formation ensciences de l'information, en bibliothéconomie et en archivistique.

Après avoir décrit les divers types de documents d'archives, l'auteurpasse en revue les différents polluants et énonce leurs caractéristiques.

Il se livre en outre à une analyse des dommages causés aux documentspar ces polluants. Une partie de l'étude est consacrée à ce qu'on pourraitappeler des "stratégies antipollution" concernant les archives, et propose desmoyens de prévention et de lutte contre la pollution.

Enfin, une bibliographie et des notes concluent utilement l'ouvrage.

Toute observation ou suggestion concernant cette étude sera la bien-venue et doit être adressée à la Division du Programme général d'information,UNESCO, 7 place de Fontenoy, 75700 Paris. On pourra se procurer à la mêmeadresse d'autres études établies dans le cadre du RAMP.

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TABLE DES MATIERES

Page

1. Table des matières 1

2. Introduction 5

3. Nature des documents d'archives 6

4. La nature des polluants 8

4.1 Polluants de l'environnement 8

4.1.1 Fumées 8

4.1.2 Poussières minérales 8

4.1.3 Poussières de sel 8

4.1.4 Particules provenant des gaz d'échappement

des moteurs à essence 8

4.2 Vapeurs et gaz polluants extérieurs 8

4.2.1 Oxygène (02) 9

4.2.2 Eau 9

4.2.3 Dioxyde de soufre 9

4.2.4 Oxydes d'azotes (N02 et NO) 9

4.2.5 Ozone (03) 9

4.2.6 Sulfure d'hydrogène (H2S) 10

4.2.7 Ammoniac (NH3) 10

4.2.8 Les hydrocarbures 10

4.3 Polluants internes actifs 10

4.3.1 Introduction 11

4.3.1.1 Acides organiques 11

4.3.1.2 Aldéhydes 12

4.3.1.3 Peroxydes 12

4.3.1.4 Acide chlorhydrique 12

4.3.1.5 Acide nitrique 13

4.3.1.6 Sulfure d'hydrogène 13

4.3.1.7 Additifs divers . 13

4.3.2 Pollution émanant des activités humaines 13

4.3.2.1 Combustibles 13

4.3.2.2 Installation de traitement de l'air . . ^ 14

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Page

4.3.2.3 Produits utilisés pour le nettoyage, l'entretien

et la décoration 14

Fumigateurs et biocides 14

Activités de conservation-restauration 14

Photocopie et photographie 15

Nature des dégradations résultant de la pollution

des documents d'archives 15

Les hydrates de carbone 15

Esters de cellulose (nitrate et acétate) 17

Les matières protéiques 18

Polymères synthétiques et matières plastiques 19

Polyéthylène (PE) 21

Polypropylène (PP) 21

Polychlorure de vinyle plastifié (PVC) 21

Polychlorure de vinyle-polyacétate de vinyle (PVC/PVAC) . . . 21

Polystyrène (PS) 21

Polyméthacrylate de méthyle (PMMA) 21

Copolymères acryliques 21

Polyamides (nylons) 22

Polyester (PET) 22

Polycarbonates 22

Acétate de polyvinyle 22

Polyuréthanne 23

Résines urée-formadéhyde (UF) 23

Résines mélamine-formaldéhyde (MF) 23

Résines phénol-formaldéhyde (PF) 23

Matières organiques naturelles 23

Caoutchouc naturel poly(cis-isoprène) . . . 23

La gutta-percha poly(trans-isoprène) 24

Gomme-laque, colophane et résines naturelles 24

Les métaux et leurs composés 25

4 . 3

4 . 3

4 . 3

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5 . 3

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. 2

.3

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Page

5.6.1 Les métaux 25

5.6.1.1 L'aluminium 25

5.6.1.2 Le fer et les aciers 25

5.6.1.3 Le plomb, le cuivre et l'argent 25

5.6.1.4 Les images argentiques dans la photographie

en noir et blanc 26

5.6.2 Les oxydes métalliques 26

5.6.3 Les composés et produits inorganiques 26

5.6.3.1 Les verres 26

5.6.3.2 Composés inorganiques blancs 26

5.6.3.2.1 Le carbonate de calcium CaCÛ3 26

5.6.3.2.2 Blanc de plomb-céruse-carbonate basique de plomb

PbC03-Pb(0H)2 27

5.6.3.3 Les substances inorganiques colorées 27

5.6.3.3.1 Les composés soufrés 27

5.6.3.3.2 Les carbonates et les acétates 27

5.7 Les matières organiques colorées 27

6. Stratégies antipollution applicables aux archives 28

6.1 Elimination des sources de pollution 28

6.2 Défense contre la pénétration des polluants 29

6.3 Désactivation des polluants à l'intérieur d'un

service d'archives 316.4 La protection des documents par des rangements

et des conditionnements de petites dimensions 32

7. Mesures de lutte antipollution à long terme 33

8. Audits de la pollution 33

8.1 Pollution externe 33

8.2 Activités polluantes 34

8.3 Système de ventilation 34

8.4 La pollution interne 34

9. Conclusions 35

10. Bibliographie 36

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2. INTRODUCTION

Est un polluant toute substance pouvant porter atteinte à la vie etaux biens. Un polluant peut se présenter sous la forme de particules, d'unliquide, de gaz ou de vapeurs. La sensibilité des documents d'archives auxdifférents polluants est très variable. Elle ne dépend pas seulement de lastructure physique et chimique des documents, mais aussi des facteurs d'envi-ronnement, en particulier de la température et de l'humidité relative. L'étudede ces deux facteurs, quoique de grande importance dans la gestion desarchives, n'est pas l'objet essentiel de ce rapport.

Certains polluants sont d'origine artificielle : toutes sortes deprocédés industriels, les accidents, les objets qui nous entourent, les acti-vités domestiques en génèrent. Beaucoup d'entre eux cependant sont créés pardes phénomènes naturels, dont certains sont subits et brutaux, tels que lafoudre, les éruptions volcaniques et les incendies de forêts, tandis qued'autres résultent de processus continus et lents, comme la décomposition desmatières végétales et animales.

La pollution peut entraîner la rupture de la structure de matériauxconstitués de polymères, parmi lesquels figurent les fibres, le papier, lesproduits d'encollage, les colles et les matières plastiques, ou des transfor-mations chimiques, par exemple, la corrosion des métaux ou la dégradation descolorants. Les souillures n'ayant pour seul effet que de changer la couleur dupapier peuvent être tolérées et, comme elles sont visibles, nous ne nous enoccuperons guère ici. Signalons cependant que le changement de couleur peutêtre lié à des processus cachés plus graves, par exemple à la présence demoisissures entraînant la formation de colorants et d'acides dans le papier.

Pour limiter les dommages, il faut éliminer les sources de pollutionou empêcher celle-ci de pénétrer dans le bâtiment d'archives, mais ces précau-tions élémentaires seront sans effet si la source de pollution est interne audépôt, si elle tient par exemple aux opérations de fumigation ou de nettoyageou à l'usage de matériaux impropres à proximité des objets à protéger.

La pollution peut être éliminée par des installations de ventilationou être absorbée par le mobilier ou par les matériaux constitutifs du dépôt.Ses effets s'aggravent lorsqu'on la laisse se concentrer. La ventilation et lacirculation de l'air aident beaucoup à éviter la création de zones froides etdonc plus humides ; elles contribuent aussi à la dilution et à la dispersiondes polluants. L'équilibre entre l'air provenant de l'extérieur et l'atmo-sphère intérieure est délicat à établir, les deux milieux étant en effetpollués dans une certaine mesure, mais par des sources différentes. Or tout ceque l'on fera pour lutter contre la pollution risque d'être complètementinutile si cet équilibre n'est pas bien apprécié. A noter cependant que l'onventile les bâtiments essentiellement pour évacuer les odeurs corporelles quine représentent pas en soi de danger pour les documents eux-mêmes.

On protège depuis longtemps les archives contre les plus gros facteursde détérioration en les enfermant dans des chemises ou en les reliant enregistres, dont seules les faces extérieures sont exposées. Force estcependant de constater, au vue du jaunissement ou du brunissement des pagesdes vieux registres, que certaines détériorations sont causées par des agentsextérieurs. On pourrait remédier à cette détérioration des bords en plaçantles chemises dans des boîtes, mais on provoquerait ainsi une stagnation del'air ce qui, dans une pièce, ne paraît pas souhaitable. Comme on le montrera,les effets de la pollution chimique peuvent être aggravés par l'emploi deboîtes fermées. Le conditionnement en boîtes exige la prise en compte de biendes facteurs - facilité d'accès, risque de dégâts par l'eau, vol, incendie,moisissures - qui sont tous difficiles à quantifier.

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Quand on étudie les polluants qui s'attaquent aux documentsd'archives, on ne peut guère donner qu'une estimation générale des types etdes quantités d'agents polluants présents. Par contre on commence à mieuxconnaître les effets qu'ont certains polluants sur quelques catégoriesd'archives. On insistera ici sur la diversité des documents d'archives et surleur plus ou moins grande fragilité.

Il est difficile de dire comment la détérioration va évoluer dans letemps sauf si l'on dispose d'exemples concrets d'une détérioration similaire.L'expérience générale est importante mais il faut tenir compte des circons-tances historiques. L'augmentation massive de la pollution industrielleurbaine a coïncidé approximativement avec l'apparition du traitement chimiquedes pâtes à papier et des cuirs ainsi qu'avec la fabrication de nombreuxcolorants instables. Les deux facteurs ont contribué à accélérer la détériora-tion. De plus, il est possible que les papiers anciens, en quantités bien plusfaibles et par nature plus résistants, aient été de toute façon mieux protégésen raison de leur âge et de leur rareté. Si les prévisions très précises sontimpensables, on peut tout de même deviner où les plus grands dégâts vont seproduire. Les remèdes et les mesures palliatives proposés dans cette étudesont envisagés en termes de stratégies. Les progrès dans tous les domainesdépendent des ressources disponibles certes mais ils sont avant tout fonctiond'une prise de conscience que la présente étude vise à faire naître.

Pour aider le lecteur qui souhaiterait approfondir une questionabordée dans cette étude, l'ouvrage s'accompagne d'une bibliographie annotéeafin qu'il puisse préciser tout détail utile. Nous ne nous sommes pas étendussur les spécifications des installations techniques. Quant aux normes àatteindre, disons qu'il importe de faire preuve de réalisme ; il devrait êtrepossible, au cours de la vie normale d'un dépôt d'archives, de vérifier queces normes sont respectées. En attendant, il faut apporter à l'état et aurangement des documents d'archives, tout spécialement à ceux qui se présententsur des supports modernes - archives photographiques ou informatiques - dessoins attentifs et jamais relâchés.

3. NATURE DES DOCUMENTS D'ARCHIVES

La structure physique et chimique fondamentale de la plupart des docu-ments déposés aux archives est assez bien connue, mais leur comportement réelpeut varier en fonction de complications de nature inconnue dues aux effetsimportants des adjuvants ou des impuretés. Tel est le cas surtout des papierset des matières plastiques modernes. Il est plus difficile encore de dire cequ'il adviendra des tracés graphiques et des images, étant donné leur grandediversité et leur complexité chimique, plus grandes encore que celles de leurssubstrats. Pour pouvoir considérer comme fiables les essais effectués par uneméthode rapide, il est nécessaire de faire plusieurs hypothèses. En pratique,on dispose de peu de possibilités de réaliser des expériences d'envergure etl'on est donc réduit à fonder son jugement sur les connaissances généralesqu'on a des principes scientifiques de la dégradation et sur l'observationempirique du comportement des documents d'archives sur la très longue période.Voyons d'abord, pour pouvoir prédire le comportement des documents d'archives,qui en sont pour la plupart composés, quels sont les processus de dégradationdes polymères.

Les polymères sont, en fait, de très longues molécules se présentantsous forme de chaînes, et constituent la base de la plupart des matériaux desdocuments : les fibres du papier et des peaux, les agents d'encollage et lessauces de couchage, les liants de beaucoup d'encres et de peintures. Lesfilms, les bandes magnétiques, les disques et même le verre sont, fondamenta-lement eux aussi, des polymères. Des polymères de protéines constituent les

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fibres de la laine, les cheveux et les soies, ainsi que le collagène, qui estle matériau de base du cuir, du parchemin et du vélin et des gélatines qui ensont dérivées. Les chaînes peuvent être d'une grande longueur, comporterenviron 10.000 unités jointes, et pourtant la chaîne entière est trop petitepour pouvoir être discernée au microscope optique. Si la structure de lachaîne est simple et symétrique, des zones cristallines constituées d'amasétroitement emboîtés peuvent se former. Il restera cependant toujours quelqueszones non cristallines même dans un polymère bien ordonné. Les organisationscristallines confèrent aux matériaux une solidité, une rigidité et un certaindegré de résistance aux substances chimiques, liés au fait que la perméabi-lité, et donc l'accès, sont limités ; la cristallinité constitue donc unedéfense contre la pollution chimique. Citons comme exemples de polymères cris-tallins présents dans les archives :

- cellulose : papier, coton, lin- protéines : laine, soie, cheveux- polyéthylène : film d'emballage- polyéthylène-téréphthalate : film d'encapsulation sous pochette.

Dans le cas de ces substances, la chaîne peut à la suite d'unaccident, du vieillissement ou par leur conception, se lier à une autre chaîneen formant de nouvelles liaisons chimiques selon un phénomène appelé réticula-tion. Cela rend généralement le matériau plus dur et cassant. Si, toutefois,quelques-unes des liaisons de la chaîne sont rompues par une attaque chimiqueou par l'action d'autres agents tels que la lumière, la chaleur ou le rayonne-ment, le matériau, dans la plupart des cas, se fragilise. Ces deux types dedégradation rendent difficile la manipulation des documents d'archives. Ilspeuvent survenir simultanément.

Les matériaux amorphes, c'est-à-dire non cristallins, sont rigides oucaoutchouteux suivant leur température, mais ils sont inévitablement per-méables aux substances chimiques, spécialement aux molécules de petite taillecomme celles de l'eau, des acides, de l'ozone et de l'oxygène. Les régionsamorphes des polymères cristallins et les polymères entièrement amorphes sontdonc sujets à des attaques chimiques. Une quantité relativement faible deréticulations ou de ruptures de chaînes modifie profondément, généralementdans un sens négatif, la résistance du matériau à la manipulation. Des effetsperceptibles apparaissent dès lors qu'un ou deux pour cent des liaisons sontainsi modifiées.

Par contre, les polymères fortement réticulés par choix de conceptionsont apparemment très résistants aux attaques chimiques, car leurs réticula-tions sont si nombreuses que la perte de quelques-unes d'entre elles est àpeine décelable. Ces substances sont néanmoins assez rigides et quelque peucassantes. Ces polymères thermodurcis ou "traités" comprennent :

- le caoutchouc vulcanisé et la gutta-percha ;- les vieilles peintures à l'huile et les vieux vernis ;- les résines aminé-formaldéhyde (colle à bois et renforsateurs de

papier) ;- les résines phénol-formaldéhyde (plastiques stratifiés sur bois ou

contreplaqué).

Ces matériaux très utiles peuvent poser des problèmes car les réactions liéesà leur traitement peuvent ne pas être terminées, et leurs constituants ousous-produits peuvent polluer l'air ambiant en s'évaporant.

Les verres sont constitués de réseaux de silice fortement réticulésd'une grande stabilité chimique, mais ils contiennent un certain nombre d'ionsmétalliques qui peuvent diffuser vers l'extérieur sous forme de gouttelettesde condensation et qui les rendent fortement alcalins.

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Les métaux et leurs alliages correspondent au degré de réticulation leplus élevé. Chaque atome est fermement lié et attiré par chacun de sesvoisins, créant ainsi une structure cristalline très compacte et très orga-nisée. Ce phénomène est une des causes de leur densité généralement élevée,mais également de leur imperméabilité à tous les gaz, de telle sorte que mêmeune très fine couche de métal constitue une barrière parfaite contre lespolluants aussi longtemps qu'elle n'est pas éliminée par la corrosion.

4. LA NATURE DES POLLUANTS

4.1 Polluants de l'environnement

Sont considérés comme des polluants de l'environnement provenant del'extérieur : les fumées, les poussières, les gaz et les vapeurs. Ils sontdécrits en premier lieu.

4.1.1 Fumées

Les fumées résultent de la combustion incomplète de combustibles telsque le charbon, le pétrole, le bois et les déchets. Leur couleur noire pro-vient essentiellement du carbone, qui est lui-même une substance très inerte,mais ces particules sont entourées de substances huileuses et goudronneuses.Celles-ci peuvent être assez acides, même lorsqu'elles proviennent de fumée debois. Elles entraînent les particules de carbone qui collent ainsi auxsurfaces.

4.1.2 Poussières minérales

Les poussières minérales et les fumées ont pour origine les volcans,les carrières, les tempêtes de poussières lors de grands vents, les procédésindustriels faisant appel à la combustion et ceux qui mettent en jeu du cimentet de la chaux. Les particules les plus fines sont transportées sur de grandesdistances. Si elles sont d'origine géologique, il est probable qu'elles necauseront pas de dommages chimiques aux documents, car de telles poussièressont très inertes, étant complètement oxydées. Les poussières de ciment et dechaux sont très alcalines et provoquent une forme de dégradation inhabituelle.Les sulfates acides transportant des poussières ultra-fines parcourent égale-ment de grandes distances et sont imputées à la combustion du charbon dans descentrales électriques.

4.1.3 Poussières de sel

Les poussières de sel peuvent se déposer à la suite de 1'évaporationdes embruns. Leurs principaux constituants sont le chlorure de sodium et lechlorure de magnésium. Ils ne constituent pas des substances chimiquesactives, mais ils peuvent favoriser la corrosion des métaux

4.1.4 Particules provenant des gaz d'échappement des moteurs à essence

Des particules d'oxydes de plomb sont émises par les moteurs à essenceutilisant des carburants contenant du plomb. Il convient de remarquer quel'utilisation de composés du plomb dans les matériaux des documents, dans lesencres et les pigments, a connu, en dépit de leur toxicité, un long essor.

4.2 Vapeurs et gaz polluants extérieurs

Les gaz et les vapeurs actifs qui peuvent endommager les documents etqui sont présents dans les atmosphères polluées sont :

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- l'oxygène (O2), l'eau (H20), le dioxyde de soufre (S02), lesoxydes d'azote (N0x), l'ozone (O3), le sulfure d'hydro-gène (H2S), l'ammoniac (NH3).

4.2.1 Oxygène (02)

L'oxygène de l'air pénètre la plupart des matières organiques, et bienqu'il ne soit généralement pas considéré comme un polluant, il contribue cer-tainement à la décomposition lente et continue de presque toutes les matièresorganiques. Les objets en cuir, en bois, et les cadavres peuvent se conservertrès longtemps s'ils sont enterrés dans des boues qui les maintiennent àl'abri de l'oxygène.

4.2.2 Eau

La vapeur d'eau est toujours présente et joue des rôles divers dans ladégradation des matériaux. Les réactions directes avec des matières orga-niques, dites réactions d'hydrolyse, ont pour effet de couper des liaisonschimiques. L'eau fait gonfler les structures amorphes, facilitant ainsi lapénétration d'autres polluants. C'est également un auxiliaire essentiel detous les processus de biodégradation. Beaucoup de colorants pâlissent plusrapidement en milieu humide. L'eau accélère la corrosion des métaux.

4.2.3 Dioxvde de soufre

Le dioxyde de soufre est un gaz acide soluble dans l'eau, produit lorsde la combustion des charbons, des pétroles et des pyrites. Il se transformepeu à peu en acide sulfurique, liquide puissant et très peu volatil qui peutpersister au sein des matériaux de manière pratiquement indéfinie. Il provoquegénéralement beaucoup de dommages aux documents d'archives ainsi qu'à beaucoupd'autres matières comme la pierre et les métaux.

4.2.4 Oxydes d'azotes (N02 et NO)

Les oxydes d'azotes sont des gaz qui se forment lorsque l'air estporté à de hautes températures, comme sous l'action de la foudre ou desflammes. Ils sont également produits par la combustion dans les moteurs àessence, dans les fourneaux et les chaudières fonctionnant au charbon, aubois, au gaz ou au mazout. Le nitrate de cellulose, comme celui contenu dansles films en nitrate, émet également de tels gaz. Ils sont solubles dans l'eauet forment de l'acide nitrique (HNO3) et de l'acide nitreux (HN02).L'acide nitrique est un acide très fort et un puissant agent oxydant, il peutdonc attaquer et détériorer la plupart des matériaux.

4.2.5 Ozone (03)

L'ozone est une forme instable de l'oxygène, produite sous l'effet desdécharges et des étincelles électriques ainsi que par la lumière ultra-violette. L'azote de l'air peut également intervenir dans ces phénomènes élec-triques et être transformé en oxydes d'azote. L'ozone peut donc ne pas être laseule substance produite. L'ozone se décompose lentement, mais il constitue enmême temps un agent oxydant puissant, qui pourra affecter beaucoup de matièresorganiques. Il intervient dans beaucoup d'applications industrielles dont leblanchiment et la stérilisation. Il est fortement toxique et possède une odeurcaractéristique qu'on peut parfois remarquer à proximité des machines àphotocopier.

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4.2.6 Sulfure d'hydrogène (H2S)

Le sulfure d'hydrogène est un gaz qui a les propriétés d'un acidefaible et dégage une odeur d'oeufs pourris, ce qui indique qu'il est générale-ment produit par la biodégradation des protéines contenant du soufre. Sonacidité faible laisse supposer qu'il est peu susceptible de provoquer degraves dégradations des matières organiques mais il est très actif vis-à-visde certains métaux, en particulier de l'argent, qu'il transforme en sulfuresmétalliques. Il est également capable de transformer certains composés duplomb contenus dans les pigments en sulfure de plomb. Ces sulfures sont noirs.L'argent constitue le matériau constitutif de l'image dans la plupart desprocédés photographiques et dans certains dessins à la pointe métallique.

4.2.7 Ammoniac (NH3)

L'ammoniac est un gaz qui, dissous dans l'eau, produit des solutionsalcalines. Il est formé par la décomposition des matières organiques et onsent sa présence à proximité des installations sanitaires mal conçues. En secombinant avec d'autres gaz, il forme rapidement des sels qui se déposent surles surfaces, ce qui peut changer les conditions d'acidité locales. Il n'estpar conséquent pas susceptible de parcourir de longues distances dans son étatprimitif.

4.2.8 Les hydrocarbures

II y a dans l'atmosphère toute sorte d'hydrocarbures, provenant, pourune part, de la combustion incomplète des carburants, et pour une autre part,de sources naturelles comme les matières organiques en décomposition, lesforêts de résineux et les réservoirs souterrains. On considère généralementqu'ils n'entraînent pas d'effets notables sur les documents.

4.3 Polluants internes actifs

Les polluants qui émanent de l'intérieur du bâtiment d'archives sontde nature plus variée et plus complexe que les molécules simples présentesdans l'atmosphère. On sait depuis longtemps que l'émission de gaz et devapeurs constitue une cause de détérioration, c'est pourquoi il importe d'yfaire en permanence très attention et de surveiller l'origine et les effetspossibles de cette pollution. On peut souvent améliorer très rapidement leschoses, dès qu'on a repéré les sources de pollution, à peu de frais et sansrencontrer les problèmes de coût et de délais qu'implique la mise en placed'une installation antipollution. Le problème est la grande diversité desmatériaux dont l'emploi est à conseiller dans les archives. Or, il est rare-ment possible de tester chacun d'entre eux, même si la pratique des tests pourles matériaux utilisés dans les vitrines et les magasins est en train des'instituer dans les musées. Quelques documents d'archives émettent eux-mêmesdes vapeurs et des gaz nocifs et il faut à ceux qui en ont la garde quelqueingéniosité pour les gérer correctement. Une forte humidité et des tempéra-tures élevées amplifient souvent la production des émanations. Les substancesnocives produites naturellement sont étudiées en premier, et celles produitespar les activités au sein d'un bâtiment ensuite.

Acides organiques (acides carboxyliques aliphatiques) :

- méthanoïque (acide formique) HCOOH ;- éthanoïque (acide acétique) CH3 COOH ;- propanoïque CH3-(CH2)2-C00H ;- butanoïque (acide butyrique)

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Aldéhydes :

- méthanal (formadéhyde ou formaline en solution aqueuse) HCHO.

Acides :

- chlorure d'hydrogène (acide chlorhydrique dans l'eau) HC1 ;

- sulfure d'hydrogène H2S ;

- acide nitrique HNO3.

Peroxydes :

- peroxyde d'hydrogène H2O2.

Il est établi que toutes ces substances endommagent les documentsd'archives. Il y a en outre beaucoup d'autres substances dont la structure estcomplexe et qui, par conséquent, sont mieux décrites par leur fonction que parleur composition :

- les solvants résiduels (qui persistent un temps dans les documents) ;

- les monomères résiduels (réactifs non consommés des matièresplastiques) ;

- les plastifiants (pour les matières plastiques) ;

- les antioxydants (dans les matières plastiques et dans lescaoutchoucs) ;

- les fumigateurs, les biocides et les pesticides.

On peut s'attendre à voir cette liste s'allonger au fur et à mesuredes progrès de la science. Avant d'étudier les effets de ces substances surles différents types de documents, nous allons nous pencher sur leurs origines.

4.3.1 Introduction

II est malheureusement exclu d'établir une liste exhaustive. Oncherche cependant à donner, à partir d'exemples, une idée des cas où desmatières déconseillées ou néfastes peuvent être présentes. Les archivistes ontintérêt à savoir identifier un problème de pollution localisé. Il peut êtrelimité à un conditionnement hermétiquement clos, à une boîte fermée ou même àun placard, ou toucher une pièce ou la totalité du bâtiment. Pour le repérage,l'odeur de certaines de ces émissions est un indice précieux. Un bon odoratpeut alerter quand, par exemple, de vieux films se décomposent, mais il n'estpas infaillible, ni parfait, ni même nécessairement assez sensible. Néanmoins,toute odeur inhabituelle devrait toujours être considérée comme un signald'alarme et inciter à des vérifications. L'odeur des composés chimiques n'apas de rapport direct avec leur toxicité ou avec les dommages qu'ils peuventcauser aux matériaux des documents, mais un odorat entraîné constitue le plussouvent un guide utile pour la détection de la pollution.

4.3.1.1 Acides organiques

Les acides organiques proviennent de la décomposition des matièresorganiques, en particulier de toutes les sortes de bois, surtout mais pasexclusivement lorsqu'ils sont assez neufs. Les acides organiques sont égale-ment produits par la fermentation des substances organiques contenant dusucre, qui donnent lieu à la formation de produits comme le vinaigre. Une

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odeur de vinaigre laisse deviner la présence d'acide acétique, comme en décèleparfois dans des boîtes de films dits "de sécurité". Le support de ces filmsest un acétate de cellulose qui a réagi lentement avec l'eau pour formerl'acide acétique volatil. Cette réaction est appelée "hydrolyse" ; elle estappelée à se produire tôt ou tard dans le cas de substances de type ester.L'acétate de cellulose a été largement utilisé comme film de lamination despapiers fragiles, et pour la mise sous pochette scellée (encapsulation).L'acétate de polyvinyle et ses copolymères sont fréquemment utilisés sousforme d'émulsions dans les colles et les peintures. Son copolymère avec lechlorure de vinyle constitue la matière plastique normalement utilisée pourfabriquer les disques d'enregistrement sonore.

L'acide acétique est aussi l'une des nombreuses substances qui sedégagent lorsque des huiles siccatives et leurs dérivés sont exposés à l'air,les émissions pouvant se prolonger pendant de longues périodes. Les huilessiccatives sont des esters d'acides gras insaturés et de glycérol.

La plupart des huiles siccatives sont extraites de plantes, parexemple l'huile de lin, l'huile de soja et l'huile d'abrasin. Elles ont étébeaucoup employées dès l'antiquité et, durant ce dernier siècle, on les amodifiées en les greffant sur des structures synthétiques comme les résinesalkydes, les polyesters et les polyuréthannes, en vue de leur utilisation dansles peintures et les encres. De tels produits et leurs vernis non pigmentéssont d'un usage très répandu et peuvent être jugés suspects s'ils sontsolubles (ou si on peut les diluer) dans du white spirit. Ces produitsémettent, outre des acides organiques, d'autres substances nocives telles quedes aldéhydes et des peroxydes.

4.3.1.2 Aldéhydes

Les aldéhydes sont des composés très réactifs, fortement réducteursmais ils peuvent également intervenir dans un grand nombre d'autres réactions.Lorsqu'il joue son rôle de réducteur, le formaldéhyde s'oxyde aisément enacide formique dont on sait qu'il attaque les métaux. Il réagit également avecles protéines, et provoque des réticulations dans les chaînes, ce qui accentuele durcissement. Les émulsions photographiques sont volontairement durcies decette manière, le même effet intervenant dans les traitements de protectiondes étoffes et dans le rôle biocide du formaldéhyde. On pense actuellement queles émissions de formaldéhyde provenant du mobilier contemporain et des maté-riaux isolants contenus dans les murs à double paroi, portent atteinte à lasanté des personnes travaillant dans les immeubles. Ces émissions ont pourorigine les polymères urée-formaldéhyde utilisés pour fabriquer les colles etles mousses.

4.3.1.3 Peroxydes

Les peroxydes et surtout le peroxyde d'hydrogène sont particulièrementdangereux, notamment pour les documents photographiques. Le peroxyde d'hydro-gène est assez instable et fortement oxydant. C'est un gaz soluble dansl'eau ; il constitue un sous-produit de l'oxydation de plusieurs substancesorganiques comme les huiles siccatives.

4.3.1.4 Acide chlorhvdrique

Le chlorure d'hydrogène devient dans l'eau l'acide chlorhydrique quiconstitue un acide fort mais n'est pas un oxydant. Il se forme lors de ladégradation de certains polymères contenant du chlore. De graves pollutionsacides peuvent contaminer tout un bâtiment lorsque du PVC servant à l'isola-tion est brûlé à la suite d'un incendie d'origine électrique. Beaucoup de ces

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polymères ne sont pas très stables et ne peuvent être employés que lorsque desstabilisants spéciaux leur sont adjoints. Le chlorure de polyvinyle (PVC) enest l'exemple le mieux connu. Il a été utilisé comme film de lamination dupapier et compose souvent les pochettes de protection des transparents encouleurs. Le chlorure de polyvinylidène (PVDC) est également instable et,comme il confère des propriétés d'isolation vis-à-vis de la vapeur d'eau, ilest utilisé pour améliorer la résistance à l'eau d'autres films transparents,comme la cellulose régénérée. On sait que le polyisoprène chloré, un caout-chouc naturel modifié qui a été couramment utilisé comme liant dans les encresd'imprimerie, s'hydrolyse en produisant de l'acide chlorhydrique.

4.3.1.5 Acide nitrique

L'acide nitrique HNO3 provient de l'hydrolyse du nitrate de cellu-lose contenu dans les pellicules cinématographiques, les laques, les mouluresen plastique et les couvertures de livre en carton durci. Cf. 4.2.4.

4.3.1.6 Sulfure d'hydrogène

Le sulfure d'hydrogène (H2S) est produit par l'hydrolyse des pro-téines contenant du soufre, comme il en existe dans la laine, les cheveux etles oeufs et aussi dans les caoutchoucs vulcanisés et dans les tissus teintésau moyen de colorants soufrés. Cf. h.2.1.

4.3.1.7 Additifs divers

Les solvants résiduels, les monomères, les plastifiants, les anti-oxydants et les biocides sont des exemples des substances présentes dans leséléments accessoires des documents d'archives courants. Les solvants mettentparfois plusieurs mois pour diffuser vers l'extérieur et s'évaporer. Lessolvants les moins volatils sont les plastifiants ; ils sont utilisés pourassouplir les polymères. Les quantités mises en jeu peuvent être importantes,parfois jusqu'à 30 %. Comme on les choisit pour obtenir un certain degréd'inertie, beaucoup sont des esters - généralement d'acides organiquesfaibles - mais certains sont des phosphates. Certains polymères retiennent lesmonomères pendant une longue période. Les monomères sont les unités de baseconstitutives du polymère, ils constituent en général des solvants efficacesdu polymère, mais ils sont insaturés et par conséquent chimiquement réactifs.Les antioxydants représentent une catégorie d'additifs stabilisants quirendent possible la fabrication des matières plastiques. Tout comme lesbiocides et les pesticides, ils ne peuvent pas être décrits succinctement.Dans certaines circonstances, ils sont susceptibles de constituer une sourceimportante de substances dangereuses.

4.3.2 Pollution émanant des activités humaines

Si l'on veut savoir quelles sont les sources potentielles de pollutiondans un dépôt d'archives, il est utile d'examiner chacune des activités sedéroulant dans les locaux, ainsi que la nature et le sort de chacune des subs-tances qui s'y trouvent. On veillera, au cours de l'enquête, à repérer toutesles sources de pollution possibles.

4.3.2.1 Combustibles

Les combustibles de chauffage comme le charbon, le mazout, le gaz etle bois constituent tous des sources de nombreuses substances polluantes, etsi elles ne sont pas éliminées par traitement direct dans la chaufferie, ilfaudra les évacuer à grande hauteur pour qu'elles se dispersent très loin. Sid'autres modes de chauffage sont utilisés dans les bureaux, ils peuventoccasionner une pollution locale.

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4.3.2.2 Installation de traitement de l'air

Les appareils de climatisation, de ventilation forcée et les humidifi-cateurs requièrent un entretien et des opérations de nettoyage qui peuventcomporter l'utilisation d'un certain nombre de substances chimiques puis-santes, susceptibles de créer des poussières. On portera une attention touteparticulière à la propreté biologique des eaux utilisées dans ces installa-tions pour éviter de voir proliférer les bactéries et les champignons. Lesrègles de bonne conservation archivistique guideront le choix des substanceschimiques à ajouter à ces eaux pour en assurer la pureté biologique. L'eauemployée dans les installations d'humidification devra être exempte de sels etde minéraux. On a trouvé des dépôts de substances chimiques utilisées pour letraitement des eaux de chauffage sur des pièces de musée parce que cette eauétait employée pour humidifier l'air. Les substances chimiques qui servent ànettoyer les installations peuvent être des agents oxydants puissants, et ilest important de s'assurer que leurs vapeurs ne pénètrent jamais dans lesmagasins.

Tout système d'extraction qui utilise des condensateurs électro-statiques pour éliminer les fines particules de poussière est susceptible deproduire de l'ozone et des oxydes d'azote. Il est préférable de ne pasemployer ce genre de matériel.

4.3.2.3 Produits utilisés pour le nettoyage, l'entretien et la décoration

Les produits et les procédés de nettoyage, d'entretien et de remise enétat peuvent contribuer à la pollution interne, mais il n'est pas possible deprédire les effets de chacun des agents. Quoiqu'il en soit, l'utilisation deproduits de blanchiment à l'hypochlorite et de nettoyants à l'ammoniac devraêtre remise en cause. L'emploi de produits contenant des huiles siccativespour les sols, le rafraîchissement des murs et des boiseries doivent égalementêtre considérés comme néfastes. Dans tous ces cas, l'odeur constitue unavertissement utile de la présence d'une production injustifiée de gazdangereux.

4.3.2.4 Fumigateurs et biocides

Les fumigations laissent parfois subsister des résidus de produitsfumigateurs, qui imprègnent les collections pendant tout un temps avant des'éloigner ou de se décomposer. On sait que ces fumigateurs réagissent avecles objets ; on connaît par exemple la capacité du bromure de méthyle àcorroder les métaux et à provoquer la réticulation des protéines, ce quientraîne le durcissement du cuir. Le cyanure d'hydrogène dégrade certainsmétaux. Beaucoup de biocides utilisés dans les bibliothèques contiennent descomposés à base de chlore et de soufre. On ne sait toujours pas si cescomposés sont susceptibles de se décomposer en agents connus pour êtrepolluants. Il peut être hautement souhaitable de placer des biocides dans lesdocuments pour limiter la biodégradation, mais il faut en étudier les consé-quences sur le plan chimique et utiliser, si besoin est d'autres procédés outraitements.

4.3.2.5 Activités de conservation-restauration

II est nécessaire non seulement de faire un bilan des méthodes, maté-riels et produits utilisés pour la fumigation, mais aussi d'étudier toutes lesopérations de conservation matérielle et de restauration mises en oeuvre. Ilest peu probable que les opérations de réparations simples puissent justifierune quelconque inquiétude, mais tous les procédés faisant intervenir desproduits chimiques devront être réexaminés, en particulier s'il s'agit de

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procédés nouveaux, ou si l'on envisage de mettre en place une chaîne de trai-tements. Le retannage des reliures qui implique l'emploi de formate d'alumi-nium peut par exemple entraîner avec le temps la production d'acide formique.Il ne faut naturellement pas opérer un changement de traitement qui rempla-cerait un problème par un autre sans avoir à l'avance pesé tous les avantageset les inconvénients.

4.3.2.6 Photocopie et photographie

II est souhaitable aussi de contrôler les travaux de photocopie quipeuvent être effectués de temps en temps. Les copieurs électrostatiquesdégagent souvent une odeur révélatrice de l'ozone qu'ils produisent et il nefaut pas que celui-ci pénètre dans les magasins. Beaucoup de travaux de photo-graphie font intervenir des substances chimiques contenant notamment dusoufre, venant des fixateurs et des encres de photocopieurs. Les procédés"diazo" dégagent de grandes quantités d'ammoniac.

Les travaux de photocopie doivent être très surveillés ; le système deventilation doit être très soigné afin d'éviter la contamination descollections.

5. NATURE DES DEGRADATIONS RESULTANT DE LA POLLUTIONDES DOCUMENTS D'ARCHIVES

Malgré la grande variété des substances présentes dans un dépôtd'archives, il est assez facile d'en comprendre en gros la structure, lacomposition et le comportement. Par contre, les processus de dégradation eux-mêmes sont extrêmement complexes et pour se faire une opinion quant à larésistance à la pollution, on ne peut donc se fonder que sur ce que l'on saitde la dégradation des polymères. La plupart des études relatives à la dégrada-tion des polymères s'effectuent dans des conditions de vieillissement arti-ficiel sévère. De très longues expositions à la température ambiante sontrares, et leurs effets sont souvent compliqués par l'action de la lumière,dont il n'y a pas lieu de tenir compte dans le cas des dépôts d'archives. S'ilest vrai que le champ d'investigation des études qui restent à faire estinfini, on n'en a pas moins besoin immédiatement de savoir quels sont leseffets probables de la pollution. Plusieurs catégories de documentsd'archives, classés selon leur composition chimique, sont étudiés ci-après.

5.1 Les hydrates de carbone

Les hydrates de carbone sont l'élément constitutif essentiel des docu-ments d'archives en général. Comme ils sont formés d'une combinaison d'hydro-gène, de carbone et d'oxygène, leur nombre est potentiellement illimité, maisheureusement, seul un nombre très restreint de groupes chimiques structurauxsont importants pour ce qui concerne les matériaux naturels.

Exemples :

la cellulose - fibres du papier, du coton et du linles hémicelluloses - liants des végétauxles amidons - produits d'encollage et colles en pâteles gommes et les mucilages - colles et reliures.

Toutes ces substances présentent d'importantes similitudes de struc-ture. Elles sont constituées d'une série de cycles liés entre eux par desatomes d'oxygène (liaison éther). Chaque cycle est constitué de cinq atomes decarbone et d'un atome d'oxygène. Le sixième atome de carbone est branché laté-ralement sur le cycle. Chaque unité possède trois groupes hydroxyles (-0H),

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qui ont une grande affinité pour l'eau. Le cycle élémentaire appelé communé-ment résidu de glucose, en raison de sa similitude de structure avec leglucose du sucre, constitue un modèle d'étude tout à fait adéquat.

Dans la cellulose qui compose les plantes et les arbres, les chaînesformées de ces structures cycliques sont d'origine très longues, jusqu'à10.000 unités pouvant être liées pour former une chaîne de polymère. Il arriveque la configuration particulière des cycles de glucose, formant la chaînepermette aux molécules de s'agglomérer étroitement pour former des cris-tallites ou pseudocristaux, ce qui confère la rigidité et la stabilité néces-saires aux molécules et aux fibres du monde végétal. Les pseudocristauxdiminuent également la perméabilité à l'eau, ce qui réduit son effet sur lesfibres et par conséquent sur les papiers. La cristallisation des polymères nepeut jamais être complète ; si elle est trop forte, elle rend les fibres tropcassantes, si elle est trop faible, les fibres deviennent extrêmementsensibles à l'eau.

Les papiers restent suffisamment solides pour être maniables mêmelorsque les molécules de cellulose sont fortement raccourcies sous l'effet dela dégradation. Alors qu'elles en possèdent plus ou moins 10.000 au départ, cen'est que lorsque les chaînes sont réduites à environ 500 cycles élémentairesque les propriétés mécaniques du papier deviennent véritablement mauvaises.Des dégradations très importantes peuvent donc passer inaperçues. Les liaisonsentre cycles sont brisées par hydrolyse (les liaisons sont rompues par l'eau)et cette réaction s'effectue plus rapidement en milieu acide. Les acides sul-furiques et nitriques produits dans les papiers par absorption de la pollutionconstituent certainement les premiers facteurs de détérioration des fibres decellulose. Celles-ci sont d'abord attaquées dans les zones non cristallines,parce que l'eau et les acides peuvent y pénétrer facilement. Les zones cris-tallines sont beaucoup moins touchées. Quelques ruptures de liaisons parhydrolyse suffisent pour amener la molécule initiale à un niveau critique oùle papier devient trop fragile pour être manipulé.

Par contre, les molécules d'amidon, en raison d'une variation destructure minime mais fondamentale sont d'une forme beaucoup plus ouverte. Leslarges hélices dominent, compliquées, en outre, par la présence de ramifica-tions sur les hélices. Les amidons sont alors extrêmement perméables à l'eauet à d'autres substances. Ils gonflent fortement dans l'eau et ne présententpas la résistance ou la rigidité de la cellulose. Les amidons sont aisémentdégradables : le glucose du commerce est produit par hydrolyse d'amidons aumoyen d'acide chlorhydrique dilué chaud. La ramification de l'amidon diminuetoutefois le risque d'affaissement spectaculaire dans le cas d'une faibledégradation. La rupture des chaînes n'a pas autant d'effet que dans le cas dela cellulose, constituée d'une chaîne unique continue, et pouvant de ce faitse fragmenter facilement.

Les agents oxydants tels que l'air, le peroxyde d'hydrogène, l'ozoneet l'acide nitrique attaquent également ces chaînes de cycles de glucose, maisgénéralement en modifiant les groupes latéraux des cycles. Les hydroxylespeuvent alors être modifiés pour donner des groupes qui confèrent une couleur,et quelques groupes acides peuvent également se former sur les côtés. Commel'intégrité de la chaîne principale est plus ou moins respectée, le matériauconserve globalement sa résistance. Ainsi, l'hydrolyse et l'oxydation pro-voquent des dégradations de types différents. Il va sans dire que la perte derésistance est la plus grave, c'est pourquoi l'acidité est toujours considéréecomme étant le facteur le plus important. Le changement de couleur par oxyda-tion surviendra de toute façon, car on ne peut raisonnablement pas exclurel'oxygène des collections. La formation de groupes organiques (groupescarboxyle-COOH) sur les chaînes par oxydation ne semble pas provoquer beaucoup

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de dommages car les acides formés sont faibles. Le hasard a voulu que de telsacides aient été appliqués sur la plupart des papiers ; ils ont en effet ététouchés par la transpiration qui contient non seulement du sel ordinaire(chlorure de sodium) mais également de l'acide lactique, un acide organiquefaible. Or, la transpiration n'a pas empêché un grand nombre de papiers de seconserver pendant des centaines d'années.

La dégénérescence des fibres de cellulose est accélérée par des cata-lyseurs, efficaces en très faibles quantités. Des traces de composés de fer etde cuivre en contact avec le papier, pouvant provenir d'épingles ou d'agrafesrouillées, joueront le rôle de catalyseurs. Il y a donc lieu de les séparer dupapier.

Les gommes et les mucilages sont également constitués de cyclesd'hydrates de carbones liés d'une manière un peu semblable à celle des molé-cules de glucose, mais ces gommes possèdent une structure beaucoup plusramifiée que les amidons et contiennent quelques fonctions acides organiquesqui produisent des sels. Comme les amidons, ils pourront supporter quelquesdégradations par l'hydrolyse sans qu'il en résulte un effondrement complet.Mais, étant des substances non-cristallines, ils sont extrêmement perméables.Récemment, le rôle des peroxydes qui diffusent à travers les papiers deslivres a été mis en avant pour expliquer différentes taches et leur distribu-tion sur des pages successives. La décomposition d'objets de nature organiqueentraîne la production de peroxydes. Ce phénomène apparaît évident dans lespapiers. La perte de résistance n'est pas importante mais la formation deperoxyde peut être grave lorsqu'il s'agit d'images photographiques.

Les autres polluants n'ont guère d'effet sur les hydrates de carbone.Les poussières, si elles peuvent de toute façon être un peu inesthétiques,peuvent aussi, en atmosphère humide, attirer l'eau et contribuer ainsi à lamicrobiodégradation.

5.2 Esters de cellulose (nitrate et acétate)

La cellulose n'étant pas aisément soluble dans les solvants courants,on l'a modifiée afin qu'elle le devienne en remplaçant quelques-uns desgroupes hydroxyles (OH) latéraux par des groupes nitrates ou acétates. Commela substitution n'a pas besoin d'être complète, l'ampleur de celle-ci déter-mine les propriétés de ces polymères naturels modifiés. Les substitutionsprovoquent également un raccourcissement des longues chaînes de cellulose.Toutefois, la solubilité des produits dans les solvants organiques courantsest très utile ; elle permet de traiter ces matériaux comme des matières plas-tique et de produire par moulage ou extrusion des films et des fibres degrande importance.

La dégradation du nitrate de cellulose, particulièrement lorsqu'ilconstitue le substrat des pellicules cinématographiques, est bien connue ; ilfaut cependant aussi s'attendre à cette dégradation dans le cas de photo-graphies au collodion et dans celui des couvertures de livres imprégnées depyroxyline (nitrate de cellulose), qui ont été largement employées en reliure.Le principal problème est posé par la production in situ d'acide nitrique dueà la dégradation du matériau par hydrolyse qui a pour effet d'accroître l'aci-dité et d'accélérer le processus. Il se produit un dégagement supplémentaired'acide nitrique que diffuse aux alentours et qui est d'autant plus dangereuxqui possède de puissantes propriétés oxydantes. Les négatifs en nitrate decellulose stockés dans les archives sont donc une source de pollution interne.On court de sérieux risques d'incendie en conservant de tels films, ftt lesacides peuvent également attaquer les boîtes en métal. Une vigilance et unsoin extrêmes seront apportés au repérage de ces objets extrêmementinflammables et à leur séparation d'avec les autres documents d'archives.

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Vu les risques d'incendie, il a fallu trouver pour le cinéma d'autres estersde cellulose beaucoup moins inflammables, ce sont les "films de sécurité".

On a donc mis au point les acétates de cellulose qui ont des applica-tions semblables : pellicules cinématographiques, moulages en plastique etfibres textiles. Les groupes esters présentent essentiellement les mêmes réac-tions d'hydrolyse que le nitrate de cellulose, mais l'acide acétique produitn'est ni un acide fort ni un agent oxydant. Il est possible que l'aciditécréée contribue à la dégradation des chaînes de cellulose, et la qualité dumatériau pour sa conservation en archives est contestée. On sait que lediacétate de cellulose se dissocie à l'intérieur des boîtes de films avec undegré de conversion modéré, d'où la forte odeur de vinaigre qui se dégagelorsqu'on ouvre la boîte. L'acide acétique est volatil.

L'exposition au dioxyde de soufre et aux oxydes d'azote provoquera unedégradation comme c'est le cas avec la cellulose. Il y a, en principe, peu deraisons de penser que le triacétate de cellulose complètement estérifié nes'hydrolyse pas. Les films cinématographiques, les microfilms, les microficheset les bandes magnétiques sont à base d'acétate de cellulose et il y a évidem-ment lieu d'être attentif aux problèmes liés à ces types de support. Cepen-dant, il existe d'autres causes de fragilisation que la décomposition de lastructure du polymère.

Aucun des dérivés de la cellulose n'est particulièrement souple etleurs longues molécules ne sont pas aisément pliées ou tordues. Elles sont eneffet constituées de grands cycles qui sont chacun porteur de groupes latérauxencombrants qui entravent les mouvements moléculaires. Ces matériaux doiventdonc être assouplis, ce qui se fait au moyen de plastifiants, généralementemployés dans des proportions considérables pouvant aller jusqu'à 30 %. Cessubstances peuvent diffuser à l'extérieur des films plastiques et migrer dansdes matériaux adjacents ou s'évaporer. Elles sont apparemment inoffensives,mais ayant été choisies pour leurs bonnes propriétés de solvants et leurfaible volatilité, elles peuvent brouiller les images réalisées au moyen decolorants comme c'est le cas par exemple pour les films en couleurs. Laplupart des plastifiants sont des esters, généralement des esters d'acidesorganiques faibles, cependant certains plastifiants utilisés dans les pelli-cules de cinéma sont des phosphates. Si ceux-ci s'hydrolysent au cours dutemps, ils produisent de l'acide phosphorique. Celui-ci n'est pas trèsvolatil, et comme c'est un acide plus fort que les acides organiques, il estvraisemblable qu'il contribue à dégrader davantage les polymères. Les papiersplastifiés au moyen d'acétate de cellulose (lamination) peuvent par conséquentsubir une dégradation plus poussée par contact. Logiquement, la lamination àchaud doit aggraver la dégradation. Si les papiers ont été tamponnés avantlamination, cela peut suffire pour neutraliser l'effet des acides produits.

Comme tous ces esters de cellulose sont à base de cellulose, il estnormal qu'ils se comportent comme elle lorsqu'ils sont exposés à une pollutionoxydante.

Ces matériaux contiendront probablement aussi des résidus des acides(de l'acide sulfurique par exemple) utilisés au cours de leur fabrication quien réduiront la longévité et les rendront plus dangereux pour les documentsstockés en leur compagnie.

5.3 Les matières protéiques

Les matières protéiques sont très complexes, mais on sait beaucoup dechoses sur leurs structures, grâce surtout à l'étude de leurs produitsd'hydrolyse. Les protéines sont principalement constituées de chaînes d'acides

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aminés. On peut trouver environ 25 acides aminés différents dans les subs-tances naturelles, mais celles-ci n'en comportent souvent qu'un petit nombre.Le matériel génétique par exemple n'en fait intervenir que quatre. Certainesprotéines forment des chaînes longues et relativement simples qui forment despseudocristaux constituant des fibres. Les cheveux, la laine et la soie enconstituent de grands exemples. La kératine, la protéine qu'on trouve dans lalaine, les cheveux et la corne, subit cependant une réticulation du fait de laformation de ponts de soufre. Ce renforcement supplémentaire explique lastabilité et la résistance chimiques de ces matières comparées à celles de lasoie qui ne comporte pas de ponts de soufre. Il explique aussi les ondulationspermanentes des cheveux. Le soufre peut être libéré sous atmosphère humidepour former du sulfure d'hydrogène (voir 4.2.7). D'autres protéines ont unestructure non cristalline et ouverte, elles peuvent absorber l'eau pour formerdes substances gélatineuses telles que les gélatines. Le formaldéhyde(méthanal), qui peut avoir pour origine la pollution, les tannins et l'alunprovoquent leur réticulation et donc leur durcissement. La réticulation aug-mente la résistance aux polluants chimiques et également aux attaques micro-biologiques. Néanmoins, ces structures sont très poreuses vis-à-vis des subs-tances chimiques ; sans cette propriété, la chimie de la photographie n'auraitd'ailleurs pas pu se développer sur des supports à base de gélatine ou d'albu-mine car cela suppose que les protéines puissent résister à un certain nombrede réactifs de traitement. Les cheveux, les parchemins et les peintures liéesà la colle présentent une certaine stabilité chimique car ils ont tous unestructure réticulée. La soie est cependant vulnérable aux attaques chimiques,sa structure comportant une seule chaîne que l'hydrolyse de quelques liaisonssuffit à rompre.

La protéine de l'oeuf est un autre exemple de substance gélatineusequi a été utilisée dans le passé pour lier la peinture à la détrempe et dansles émulsions photographiques à l'albumine. Elle est relativement plus fragileque la gélatine des photographies. Les fibres de collagène constituent la basedes muscles et des peaux, mais elles présentent des structures hélicoïdalesd'une grande complexité. Dans les cuirs et les parchemins, les fibres decollagène sont protégées du pourrissement par le tannage ou par destraitements à la chaux. Ces matériaux sont sujets à l'hydrolyse acide, ontrouve dans les vieilles reliures beaucoup d'acide sulfurique (jusqu'à 5 %vol.) dû à la pollution.

Les protéines, contrairement aux hydrates de carbone, sont égalementsensibles aux attaques alcalines. La poussière de ciment ou de chaux émanantd'un bâtiment ou d'un chantier peut être à l'origine de telles attaques. Onsait que les cheveux utilisés dans les enregistreurs thermohygrographiquessont sensibles à la poussière de ciment. En pareilles circonstances, les gra-phiques d'humidité relative peuvent être erronés.

5.4 Polymères synthétiques et matières plastiques

On trouve de plus en plus de polymères synthétiques dans les archivessoit comme emballages ou matériel de stockage, soit dans les documents eux-mêmes. Le tableau ci-après indique les utilisations de certaines de cesmatières.

Polyéthylène (PE) - feuilles d'emballage plastique, feuilles de lamina-tion des documents, couches de support de l'émulsiondes papiers photographiques (papiers au poly-éthylène, dit papier PE ou RC).

Polypropylène (PP) - feuilles d'emballage plastique, boîtes moulées.

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Polychlorure de vinyleplastifié (PVC)

Copolymère de poly-chlorure de vinyle-polyacétate de vinyle(PVC/PVAC)

Polystyrène (PS)

Polyméthacrylate deméthyle (PMMA)

Copolymères acryliques

Polyamides (nylon)

Polyester (PET)

Polycarbonate

Polyacétate de vinyle(PVAC)

Polyuréthanne

Urée-formaldéhyde (UF)

Mélamine formaldéhyde(MF)

Phénol formaldéhyde(PF)

- boîtes des diapositives couleur, protections anti-poussières et reliures de livres.

- disques d'enregistrement sonore longue durée.

- disques d'enregistrement sonore et emballage.

- vitrines et cadres.

- fixateurs, reliures, gaze pour réparations et colles.

- produit de doublage pour lamination à chaud, égale-ment modifié en fixateur soluble.

- pellicules et bandes magnétiques, gaze pour répara-tions, pochettes pour encapsulation.

- vitrages solides, disques optiques.

- colle de latex pour les réparations et liant pourles peintures décoratives émulsionnées.

- liant des oxydes des bandes magnétiques.

- colle à bois et liant des agglomérés de bois mousseisolante des murs à double paroi, renforçateur depapier.

- colle pour contreplaqué et mobilier stratifié.

- colle pour contreplaqué et mobilier stratifié.

Il est très difficile d'évaluer la stabilité de ces matériaux, enparticulier lorsque la pollution entre en jeu, la difficulté résultant princi-palement de la nouveauté de ces matériaux. Quand on étudie les phénomènes dedégradation on prend généralement en compte l'exposition aux intempéries et àla lumière du soleil, ou on fait des simulations d'exposition à la chaleur, àun éclairage de forte intensité, à l'humidité et, éventuellement, à des cyclesréguliers d'humidification et de séchage.

Les polluants ne font généralement pas partie des facteurs étudiés. Oron sait que la dégradation est souvent liée à la présence insoupçonnée deminuscules traces d'impuretés. Des traces de composés de fer et de cuivre dansle papier accélèrent fortement la décomposition de certains de ces polymèresde synthèse, et ce phénomène n'est pas rare. D'autre part, beaucoup de poly-mère synthétiques ne pourraient pas être utilisés s'ils ne comportaient pasdes adjuvants qui retardent la dégradation. Il ne suffit donc pas de savoirqu'ils sont présents dans un échantillon de matériel donné. Tous les lots dematériel n'ont pas une composition parfaitement uniforme. Des informationssuffisamment détaillées devraient permettrent, à terme, un usage mieuxmaîtrisé des matériaux synthétiques. Il est bon qu'un utilisateur ayant lacharge d'objets de valeur sache que la composition réelle d'une matière plas-tique donnée peut s'écarter par des détails importants de la composition d'unematière plastique provenant d'un autre lot ou ayant une autre origine et quelogiquement ces différences devraient induire des phénomènes de dégradationdifférents.

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5.4.1 Polvéthylène (PE)

Ce polymère est en réalité une très longue molécule cireuse et pré-sente, de ce fait, une résistance élevée à l'eau et aux produits chimiques. Lacomparaison avec la cire pourrait faire croire à la stabilité du polyéthylène,mais, en raison de certaines anomalies de structure, celui-ci est sujet àl'oxydation. On a découvert un antioxydant qui en colore les constituantscellulosiques. Il est assez mou pour s'incruster de fines particules depoussières.

5.4.2 Polypropylène (PP)

Ce polymère possède des propriétés semblables à celles du polyéthylènebien que sa robustesse, sa dureté, sa rigidité et sa transparence soient supé-rieures. On admet qu'il est plus sensible à l'oxydation que le polyéthylène.

5.4.3 Polvchlorure de vinyle plastifié (PVO

Cette matière plastique souple a une durée de vie relativement courte,car elle durcit au fur et à mesure qu'elle perd son plastifiant ; elle estdangereuse car c'est une source d'acide chlorhydrique. De ce fait, sa placedans un dépôt d'archives ne se justifie pas. Il arrive que les chemises oùsont rangés les documents et les supports de transparents en couleur soient enPVC.

5.4.4 Polvchlorure de vinyle-polyacétate de vinyle (PVC/PVAO

Ce type de matière a été conçu pour être stable et l'agent plastifiantfait partie intégrante des chaînes de vinyle. En principe, les deux composantspeuvent s'hydrolyser pour former des acides, mais jusqu'à présent cela neparaît pas se produire. Lorsque ces matières plastiques sont utilisées pour lafabrication des disques d'enregistrement sonore, elles comportent plusieursadjuvants spéciaux présents à diverses fins particulières, comme c'est le caspour la plupart des polyvinyles.

5.4.5 Polystyrène (?S)

Ce polymère dur, non-cristallin, n'est pas considéré comme trèsstable, même lorsqu'il n'est pas plastifié. Il s'oxyde et se décolore assezfacilement. Sa résistance à l'eau, aux acides et aux bases est excellente.

5.4.6 Polvméthacrvlate de méthvle (PMMA)

Ce polymère transparent, rigide, résistant aux acides et aux bases estemployé fréquemment dans les musées pour les encadrements. Il présente aussiune très bonne résistance aux intempéries. Il peut contenir un peu de monomèrerésiduel et, éventuellement, un peu de peroxyde, mais, jusqu'à présent, on n'aconstaté aucun dommage qui puisse être imputé à ces impuretés.

5.4.7 Copolvmères acryliques

Cette catégorie de copolymères apparentés aux méthacrylates estemployée en archivistique, certains présentant une stabilité intéressante etd'autres pouvant subir une réticulation. On a recours à des émulsions dans lespeintures acryliques et pour restaurer le papier ; dans le cas des vernis etdes laques, on utilise des solutions. Ces matières n'engendrent apparemmentaucun problème de pollution.

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5.4.8 Polyamides (nylons')

Les polyamides à chaîne simple, les nylons, constituent des fibres etdes feuilles d'un usage éprouvé. Ils ne contiennent généralement pasd'adjuvants ce qui est peu courant dans les matières plastiques. Les liaisonsamides, comme celles des esters, ont tendance à s'hydrolyser, particulièrementen milieu acide. Ces polymères sont également fort sensibles à l'action desoxydes acides (oxydes d'azote) qui les décolorent. Des voiles constitués depolyamides spéciaux sont utilisés lors de la lamination à chaud du papierjournal, et dans les travaux de restauration et de conservation.

Une modification chimique de la structure simple donne une nouvellematière, soluble dans les alcools, qui est largement utilisée comme fixateuret comme consolidant du papier. Au cours du temps, lorsque ces polymères setrouvent en milieu légèrement acide, ils subissent des réticulations. Cespolyamides absorbent l'eau facilement ; les polluants y pénètrent sansdifficulté.

5.4.9 Polyester (PET)

Le téréphtalate de polyéthylène, d'usage très répandu, en constituel'exemple principal ; on en fait des fibres et des films qui absorbent un peul'eau. Bien qu'il soit en principe susceptible de s'hydrolyser, sa cristalli-nité et sa faible propension à absorber l'eau lui confèrent de la stabilité.De ce fait, il ne contient normalement pas d'adjuvants mais les films peuventêtre recouverts d'autres substances en vue d'améliorer l'adhérence des encreset des colles. Ces revêtements peuvent être une source de pollution locale. Enraison de sa résistance, de sa transparence et de sa stabilité, on l'emploiefréquemment pour mettre les documents sous pochette ou pour fabriquer lessupports magnétiques ou photographiques. Jusqu'à présent leur utilisation dansle domaine des archives n'a posé aucun problème de pollution, bien qu'il sedécompose notoirement sous l'effet du rayonnement ultra-violet.

5.4.10 Polycarbonates

Bien que leur cristallinité et leur faible propension à absorber l'eauprotègent les liaisons esters de l'hydrolyse, les polycarbonates sontsensibles aux attaques alcalines. Etant donné leur résistance à l'impact, ilssont employés en particulier lorsqu'il importe d'offrir une bonne résistanceaux chocs mécaniques, mais ils ont connu un développement récent dans lafabrication des disques compacts numériques. Dans cette application, ils sontprotégés par une fine pellicule métallique, d'aluminium ou de platine. A moinsd'être revêtu d'une couche protectrice, l'aluminium se corrode ; par contre leplatine est insensible aux polluants corrosifs.

5.4.11 Acétate de polyvinyle

Ces polymères, employés habituellement sous forme d'émulsions, cons-tituent la base de la plupart des peintures décoratives, des colles de latexpour papier et interviennent comme consolidants. Leur odeur indique la pré-sence de substances organiques volatiles. Certaines d'entre elles sont cons-tituées des monomères qui n'ont pas réagi. Les films qui subsistent après quel'eau présente dans l'émulsion se soit évaporée sont suffisamment lâches pourlaisser pénétrer les poussières mais, au cours du temps, ils peuvent subir desréticulations et également s'hydrolyser pour donner de l'acide acétique, quiest volatil.

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5.4.12 Polyuréthanne

Ces polymères jouent le rôle d'agent liant des oxydes magnétiques desbandes utilisées pour l'enregistrement des données informatiques. La stabilitéphysique et chimique requise est très importante. Ces matériaux peuventévidemment s'hydrolyser mais les produits résultants ne sont guère volatils,ils ne s'échappent pas et peuvent intervenir à nouveau dans la réactioninverse. Les liants ont une participation non négligeable à cet état d'équi-libre d'hydrolyse partielle. On ne doit pas craindre que la pollution ambianteatteigne ces bandes magnétiques lorsqu'elles sont stockées dans les conditionsrecommandées.

5.4.13 Résines urée-formadéhyde (UF)

Ces résines dures et cassantes, incolores et fortement réticulées onttrouvé de nombreuses applications en tant que colle à bois, liant du boisaggloméré, mousses pour l'isolation thermique des murs à double paroi,composant de certaines peintures au four pour le mobilier de bureau en métalet comme matières plastiques à mouler. Elles sont également employées pourrenforcer certaines fibres textiles et pour améliorer la résistance du papierà l'humidité. Toutes ces sources émettent un polluant important, le formal-déhyde, qui attaque les protéines en provoquant leur réticulation, et s'oxydefacilement pour donner de l'acide formique qui corrode plusieurs métaux, ainsique des carbonates comme la craie. Il est également dangereux pour les collec-tions de photographies, et la santé de l'homme, notamment du personnel.

5.4.14 Résines mélamine-formaldéhvde (MF)

Ces résines sont très semblables aux polymères urée-formaldéhyde, maiscomme elles sont plus coûteuses, leur emploi est limité aux applications oùleur excellente résistance aux taches est requise, comme c'est le cas despanneaux en bois stratifié. Les problèmes d'émission de formaldéhyde sontsensiblement les mêmes que ceux posés par les résines urée-formaldéhyde.

5.4.15 Résines phénol-formaldéhvde (PF)

Ces résines (bakélite) sont toujours jaunes, et ont des utilisationsnon apparentes dans les colles pour contreplaqué et comme liant pour lespanneaux stratifiés en matière plastique. Le problème du formaldéhyde estanalogue au cas exposé ci-dessus.

5.5 Matières organiques naturelles

Avant l'intervention des résines synthétiques, les polymères employésétaient des produits d'origine végétale. Le moulage d'articles tels que lessceaux n'exigeait pas du produit une grande résistance mécanique. Lorsqu'on acommencé à fabriquer des disques d'enregistrement sonore pressés, on a employédes matériaux plus complexes pour obtenir le surcroît de solidité et de rigi-dité voulu, en mettant à profit les progrès des recherches sur la gomme-laqueet le caoutchouc.

5.5.1 Caoutchouc naturel poly(cis-isoprène')

Cette longue chaîne d'hydrocarbures polymérisés est très active carelle comporte de nombreuses doubles liaisons qui peuvent aisément s'ouvrirpour prendre part à diverses réactions chimiques. Le polymère de base estgluant et collant, ce qui est utile pour obtenir des bandes adhésives, maiss'il subit des réticulations par réchauffement en présence de soufre ou qu'ilréagit avec des composés de soufre, il peut être partiellement vulcanisé et

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donner les bandes élastiques courantes. Comme les réticulations ne mettentjeu qu'une partie des doubles liaisons disponibles, les caoutchoucs traitrestent chimiquement actifs, et sont donc susceptibles de s'oxyder et de SLdécomposer, spécialement en présence d'ozone même en très faibles quantités ;il s'ensuit rapidement un durcissement et un craquèlement du caoutchouc. Unevulcanisation poussée produit l'ébonite, substance très dure et trèsrésistance.

La réactivité naturelle du caoutchouc permet de le transformer end'autres substances intéressantes telles que les caoutchoucs isomérisés(cyclisés) ou chlorés, qui sont utilisés comme liants dans les encres d'impr4

merie. On emploie des solutions de caoutchouc comme colle, un autre typecolle caoutchouc étant simplement le latex naturel directement produit p1'arbre, qu'on stabilise avec de l'ammoniac. Il y a de nombreuses raisons pourqu'un document d'archivé contienne du caoutchouc.

Les formules sont inévitablement complexes étant donné le grand nombred'adjuvants employés pour traiter le produit et en obtenir le comportementvoulu. On peut s'attendre à trouver des sulfures et des sulfites excédentairesainsi qu'un certain nombre de composés volatils. On connaît des cas oùl'antioxydant présent dans le caoutchouc a diffusé dans les peintures fraîchesqui se trouvaient dans la même pièce et les a empêché de sécher. On a debonnes raisons de penser que de nombreux effets du caoutchouc sur le micro-environnement sont encore à découvrir. Les composés du caoutchouc ne doiventpas être placés à proximité des métaux susceptibles de se tenir ni des pig-ments sensibles, en raison des émissions sulfureuses, ni des documents photo-graphiques argentiques.

5.5.2 La gutta-percha polv(trans-isoprène)

Elle est chimiquement identique au caoutchouc naturel ; un léger chan-gement dans sa configuration lui confère cependant des caractéristiques demoulage différentes mais très utiles. La gutta-percha était employée enreliure et autres travaux d'atelier. Son action de pollution de l'environne-ment est semblable à celle des caoutchoucs naturels.

5.5.3 Gomme-laque, colophane et résines naturelles

La gomme-laque est essentiellement un mélange de deux acides orga-niques hydroxylés (acides aleuritique et shellolique), ce dernier n'étant passaturé est par conséquent réactif. Elle comprend également une certaine quan-tité d'un matériau cireux, insoluble dans les alcools.

La colophane est également composée principalement d'un acide orga-nique insaturé (acide abiétique).

Ces substances sont sensibles à l'air et à l'ozone. Elles entrentlargement dans la composition des disques d'enregistrement et des produits decouchage et d'encollage du papier. La gomme-laque était utilisée comme liantdans beaucoup de vieux disques qui se fragilisent à mesure que la gomme-laques'oxyde, mais l'effet est atténué par la présence d'autres adjuvants tels queles cires, les résines et les charges minérales. En règle générale, lespolluants acides et basiques ne devraient leur causer que des dommagesmineurs.

D'autres résines naturelles telles que les copals, le dammar etl'asphalte ont tendance à s'oxyder et à se fragiliser. Elles sont utiliséesdans les encres d'imprimerie et éventuellement dans les vernis. Leur chimieest très complexe et peut provoquer la dégradation de beaucoup de tableauxdans les musées.

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5.6 Les métaux et leurs composés

5.6.1 Les métaux

La corrosion des métaux est un problème qui ne se produit pas seule-ment à l'extérieur ; dans les musées, les objets se corrodent et se ternissentassez souvent, même placés dans des conteneurs fermés. Tous les métauxs'oxydent, sauf l'or, mais les films d'oxyde constituent souvent une protec-tion, mince et invisible ; c'est le cas de l'aluminium, par exemple, qui estun métal très actif chimiquement, mais qui grâce à son film d'oxydation haute-ment protecteur, peut être utilisé à toutes sortes de fins. Dans certains cas,la couche d'oxyde permet à des acides assez faibles comme le sulfure d'hydro-gène, l'acide acétique ou l'acide formique (méthanoïque ou éthanoïque)d'attaquer le métal sous-jacent, avec production de sulfures colorés ou desels blancs floconneux. La corrosion est favorisée par l'humidité. Ces condi-tions humides sont reproduites au cours des essais de corrosion auxquels sontsoumis les matériaux avec lesquels on se propose de confectionner les vitrineset le mobilier des réserves des musées. Un certain nombre de matériauximpropres ont été éliminés de cette façon.

5.6.1.1 L'aluminium

Contrairement à la plupart des métaux, l'aluminium est attaqué par lesacides et par les bases. L'épaissement des couches d'oxyde par anodisationconfère une meilleure protection. L'activité corrosive est souvent concentréeet mène à la formation de trous. Les gaz acides et la poussière de ciment sontconsidérés comme les polluants les plus néfastes. Les couches ultra-finesd'aluminium déposées sur le polycarbonate des disques compacts peuvent poserdes problèmes supplémentaires dans les archives, mais elles sont normalementrecouvertes d'une couche protectrice de polymère transparent.

5.6.1.2 Le fer et les aciers

Ces matériaux rouillent et se corrodent en présence d'oxygène,d'acides, de sels et d'une humidité suffisante. Un air sec et un milieubasique empêchent la corrosion du fer et de l'acier. Les substances produitespar la corrosion accélèrent la détérioration du papier, il est donc préférabled'ôter les épingles et les agrafes des documents.

5.6.1.3 Le plomb, le cuivre et l'argent

Quoique résistants aux acides forts, ces métaux sont attaqués par lesacides qui présentent des propriétés oxydantes.

Le sulfure d'hydrogène provoque également un ternissement. Le plomb etses alliages sont attaqués par des acides organiques tels que l'acide acétiqueet l'acide formique, qui peuvent provenir des bois, des peintures, des verniset des colles. On remarque généralement un ternissement de l'argent sur lesbords des daguerréotypes : il convient de remarquer que les couches de ternis-sement sont extrêmement minces.

Les dessins à la pointe métallique sont également vulnérables mais ilspeuvent être oxydés ou ternis et rester cependant visibles. Les tracés à lamine de plomb peuvent disparaître si des acides organiques ont agi, et les onttransformés en composés du plomb incolores. Les sceaux en plomb peuvent êtreégalement touchés.

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5.6.1.4 Les images argentiques dans la photographie en noir et blanc

Les photographies traditionnelles aux halogénures d'argent pro-duisent des images constituées de minuscules particules d'argent disperséesdans un support de gélatine poreuse ou d'albumine. Ces particules d'argentpeuvent être de formes très complexes et par conséquent présenter une surfaceexterne d'une grandeur disproportionnée. Les particules d'argent sont donclargement accessibles aux attaques chimiques. Un mode connu d'attaque est latransformation du métal en ions argent par oxydation sous l'effet de polluantsoxydants. Les ions argent ainsi produits peuvent alors diffuser hors del'image, et être ensuite à nouveau réduits à l'état d'argent métal en un autreendroit. Cet argent régénéré présente une coloration jaune-brun, car la couched'argent est plus mince qu'auparavant ; il est colloïdal. Les taches sur lesmicrofilms constituent un des grands exemples de ce phénomène.

Beaucoup d'autres polluants détériorent, semble-t-il, les photo-graphies. Le sulfure d'hydrogène produirait un sulfure d'argent noir qui peutpasser inaperçu, mais il est fort possible que ce sulfure soit ensuite trans-formé en un sulfate incolore si une pollution acide intervient.

Les réactions chimiques qui touchent les photographies sont trèscomplexes, mais on sait en tout cas qu'il faut faire le maximum pour protégerles collections de tous les types de polluants. Une attention particulièredoit être apportée à la qualité de la ventilation et aux matériaux employésdans les réserves si l'on veut minimiser les dégâts dus à la pollution.

5.6.2 Les oxydes métalliques

Les oxydes magnétiques de chrome et de fer des bandes et disquesd'enregistrement magnétiques sont très inertes et ne sont pas susceptiblesd'être affectés par les polluants chimiques.

5.6.3 Les composés et produits inorganiques

5.6.3.1 Les verres

Les verres sont des réseaux non cristallins d'atomes de silicium etd'oxygène parsemés d'ions métalliques. Dans les verres anciens, certains deces ions migrent vers la surface et, dans des conditions humides, forment desgouttes de bases fortes, généralement de l'hydroxyde de sodium. Celui-ci esttrès dangereux pour les autres matériaux ; des daguerréotypes ont été endom-magés par ce phénomène. On a trouvé des cristaux blancs de formate de sodiumsur le couvercle intérieur en verre de boîtes en carton hermétiquementfermées. Ces cristaux avaient été produits par la réaction des bases exsudéesavec les vapeurs d'acide formique présentes dans la boîte.

On ne peut pas considérer que le verre, quelle que soit sa composi-tion, soit inerte ou insensible à la pollution acide.

5.6.3.2 Composés inorganiques blancs

Quelques composés vulnérables, qu'on peut rencontrer dans le papierou dans les supports de manuscrits, sont étudiés ici.

5.6.3.2.1 Le carbonate de calcium CaCO3

Comme tous les carbonates, il réagit aisément avec les acides. Desefflorescences ont été signalées sur des coquillages stockés dans des caissesen bois. Ces efflorescences avaient pour cause les émanations d'acides pro-venant du bois des caisses, en particulier du chêne. Lorsqu'ils survient surdes papiers, le phénomène peut passer inaperçu car tous ces sels sont blancs.

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5.6.3.2.2 Blanc de plomb-céruse-carbonate basique de plomb PbCO3-Pb(OH)2

La pollution par le dioxyde de soufre transforme ce carbonate ensulfate de plomb blanc qui, comme les sels de plomb produits par les vapeursd'acides organiques, peut passer inaperçu. La moindre trace de sulfured'hydrogène provoque rapidement le noircissement du blanc de plomb en letransformant en sulfure de plomb noir.

5.6.3.3 Les substances inorganiques colorées

Les papiers peuvent se colorer sous l'effet de ces substances, quece soit dans la masse, en surface, ou par le biais des peintures et desencres. Beaucoup de pigments sont sensibles aux acides et aux bases, maisl'ampleur de l'attaque peut être limitée s'ils sont protégés par une couver-ture ou par un couchage. Seuls quelques pigments sensibles seront examinés ici.

5.6.3.3.1 Les composés soufrés

Le lapis-lazuli ou outremer est un minéral à base de silicates contenant dusoufre lequel peut être extrait par des acides forts qui le transforment ensulfure d'hydrogène, ce qui a pour effet de lui faire perdre sa couleur. Onajoutait des composés de cet ordre dans les papiers pour leur enlever leuraspect jaunâtre. On les trouve fréquemment dans les peintures, de même que lescomposés ci-dessous.

5.6.3.3.2 Les carbonates et les acétates

Ces composés du cuivre sont utilisés comme pigments verts ou bleusgénéralement sous la forme de sels basiques. Ils sont tous attaqués par lesacides. Les produits de ces réactions sont solubles dans l'eau et peuventdiffuser :

- Azurite (carbonate)- Malachite (carbonate)- Vert-de-gris (acétate).

5 .7 Les matières organiques colorées

Les pigments organiques sont des particules solides discrètes, géné-ralement cristallines, dont les couches extérieures sont d'abord touchées parles polluants avant de constituer une certaine protection pour la plupart dessubstances colorantes qu'elles contiennent. Cependant, dans le cas des pig-ments des teintures et des laques, qui sont en fait des particules inorga-niques teintées, une telle protection n'existe pas et l'on devra par consé-quent s'attendre à des effets de la pollution bien plus importants. Lesteintures sont ordinairement utilisées pour colorer les papiers, les cuirs etles cartons et sont présentes à ce titre dans les archives, mais la quasi-totalité des images colorées et des tracés sont en général composées deteintures, de même que toutes les images photographiques en couleurs.

Les épreuves photographiques colorées sont parfois protégées par deslaques. Les solvants de ces laques ont tendance à former des peroxydes quipeuvent jaunir la couche magenta. Cela indique la puissance de ces agentsoxydants même sur une image photographique ne comportant pas d'argent métal.De même que les peroxydes et les oxydes d'azote, l'ozone est également actif.Des études portant sur des pigments de couleurs à l'eau dans des atmosphèrescontenant de l'ozone à un taux guère plus élevé que celui qu'on peut observerdans certaines villes, ont mis en évidence une décoloration considérable decertains pigments, spécialement de ceux à base de teintures. Ces molécules

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sont colorées parce qu'elles contiennent une chaîne de liaisons simples etdoubles alternées. Les doubles liaisons insaturées sont attaquées et ouvertespar les agents oxydants, provoquant ainsi la disparition de la couleur ou samodification. Il en résulte que la plupart des couleurs organiques sontexposées à un risque, qui peut être très important pour certaines d'entreelles. Certains composés colorés subissent également des modifications destructure qui dépendent de l'acidité du milieu. Cette propriété est intéres-sante pour effectuer des mesures de l'acidité au laboratoire mais ne l'est paslorsqu'elle a pour conséquence de modifier les images. D'autres modificationsinduites par la pollution peuvent être irréversibles.

Toutes ces matières organiques colorées seront considérées comme desmatériaux très sensibles à la pollution. Comme on ne peut pas les identifieraisément, on prendra des précautions au moindre doute afin de protéger lesplus fragiles contre les polluants, la lumière et les taux élevés d'humiditérelative.

6. STRATEGIES ANTIPOLLUTION APPLICABLES AUX ARCHIVES

On a vu, dans les paragraphes précédents, toute la diversité despolluants et de leurs origines, internes et externes. La plus grande vigilanceet une curiosité de tous les instants sont recommandées avant toute action deprévention. S'il est vrai qu'aucun service d'archives n'est absolumentsemblable à un autre, spécialement du point de vue des ressources techniques,financières et humaines, quelques principes généraux peuvent être suivis partous, quand la situation locale le permet.

Le service établira donc un programme à long terme, en tenant comptede toutes les spécificités locales, et le reverra périodiquement. Le plan peututilement être divisé en quatre parties, correspondant aux axes d'actionpossible :

1. Elimination des sources de pollution.

2. Défense contre la pénétration de la pollution dans les bâtiments.

3. Elimination ou désactivation de la pollution au sein desbâtiments.

4. Protection des documents d'archives au moyen de conditionnementsde petites dimensions.

Dans la plupart des cas, les améliorations interviendront très pro-gressivement ; il faut toujours considérer que le plan vise un idéal lointainqu'on peut s'atteler à réaliser immédiatement.

6.1 Elimination des sources de pollution

Toute réduction du niveau général de pollution atmosphérique externesuppose d'importantes modifications techniques et administratives qui seronttoujours coûteuses, lentes et difficiles. Les archivistes auront rarement voixprépondérante lors de la détermination de la stratégie générale de luttecontre la pollution, car beaucoup d'autres questions entrent en ligne decompte comme la santé, la corrosion, les effets sur les forêts et l'agri-culture, pour n'en citer que quelques-uns. L'archiviste doit savoir que toutemesure de lutte contre la pollution prise pour d'autres raisons que lessiennes doit être la bienvenue. Aussi lui sera-t-il utile d'être au courantdes autres aspects de la lutte générale contre la pollution, ne serait-ce quepour éviter les redondances et le gaspillage de ressources qui s'ensuit.

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L'action réglementaire antipollution de l'air peut s'exercer surdifférents plans, notamment les suivants :

- utilisation de combustibles pauvres en soufre principalement en cequi concerne le charbon et le pétrole ;

- "lavage" des gaz de combustion pour en éliminer les particules etrejet du reste à grande hauteur ;

- utilisation d'essence sans plomb ;

- remplacement des carburants actuels par de l'alcool ou par des gazliquéfiés ;

- interdiction de l'incinération des déchets et du bois.

La pollution aux abords d'un bâtiment d'archives peut sans douteêtre évitée plus aisément quand on connait exactement les particularitéslocales, spécialement les implantations industrielles qui se trouvent à proxi-mité. On peut alors ajuster la direction, l'emplacement et la régulation desadmissions d'air afin d'interdire l'entrée des polluants ou d'en réduire levolume. Le vent comme le régime de la production de polluants varient considé-rablement au cours de la journée ; on pourrait facilement réduire leurs effetsgrâce à des mesures simples. Mieux vaut peut-être couper la ventilationpendant les courtes périodes où la pollution est maximale. Toute sorte d'idéesingénieuses peuvent être trouvées en la matière.

Il est facile de prendre très rapidement des mesures pour remédieraux problèmes qui se posent à l'intérieur des locaux ; l'ennui est qu'ellesdevront rester en place de manière quasi permanente. Une analyse de toutes lesactivités qui mettent en jeu des matériaux révélera les sources de polluants.Toutes les opérations de maintenance et de réparation du bâtiment réalisées ouprojetées devront être passées au crible. On étudiera les procédés de net-toyage ainsi que les modes d'évacuation des déchets. De telles enquêtesmettront généralement en évidence les causes de pollution locale et on pourraproposer l'emploi d'autres méthodes ou d'autres matériaux.

Les articles eux-mêmes seront examinés ; cela permettra de repérerles matériaux dont on connaît la propension à émettre des vapeurs chimiquesnocives. En particulier, on éloignera en tout premier lieu des autresarchives, les pièces en nitrate de cellulose, films négatifs photographiquesou épreuves au collodion, pour cette raison et aussi parce que ces objets sonthautement inflammables. L'inventaire montrera également si d'autres matériauxindésirables - mentionnés dans d'autres parties de cette étude - sont présentsen grande quantité parmi les documents d'archives.

6.2 Défense contre la pénétration des polluants

II est nécessaire et utile de bien connaître le fonctionnement dusystème de ventilation et son mécanisme de régulation. En théorie, il faudraitéliminer complètement les polluants, mais cela n'est jamais possible neserait-ce que parce que les archives doivent pouvoir être consultées et queles gens qui en assurent la conservation souhaitent travailler aussi normale-ment que possible ; un service d'archives ne peut pas être seulement un lieuoù l'on stockerait les documents en atmosphère stérile. L'identification desprincipaux polluants et l'emplacement des documents les plus fragiles sont despoints importants. Il ne sera généralement pas possible d'effectuer uneanalyse chimique en continu qui porte sur d'aussi petites quantités depolluants atmosphériques, car d'une part elle impliquerait des dépenses impor-tantes et d'autre part les concentrations varient énormément. Il sera très

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utile d'établir une collaboration étroite avec un autre organisme collectantdéjà des données sur la pollution dans le voisinage.

Indépendamment de l'existence éventuelle d'un conditionnement d'airinstallé ou prévu, on veillera en priorité à éliminer les polluants présentsdans le système de ventilation. Les coûts d'investissement d'un système depurification de l'air seront bien moindres que ceux d'une climatisation géné-rale. De plus, en cas de panne des installations, les conséquences serontmoins graves si ces installations ne procèdent qu'à la purification de l'air.Un système de climatisation qui se dérègle peut faire beaucoup de dégâts, onen a eu de nombreux exemples. Quoi qu'il en soit, pour faire fonctionner unsystème de ventilation forcée n'est pas négligeable et le coût du système es*encore plus élevé si l'on installe des filtres pour éliminer les poussièresles plus fines.

Laver l'air avec de l'eau de préférence basique est un moyenefficace pour en extraire les acides, ainsi que les sels et certaines parti-cules. Mais le lavage accroît inévitablement l'humidité relative et n'est doncsouhaitable que si le climat est naturellement très sec ou que l'installationcomporte un dispositif de déshumidification. L'adjonction de tels dispositifssupplémentaires augmente le coût et la complexité de l'installation. Il peutêtre plus judicieux de ne pas éliminer les polluants par lavage si l'air nepeut être asséché convenablement et à faible coût : d'autres moyens existentpour éliminer les polluants acides.

On étudiera de près la quantité effective de poussières qu'on peutéliminer, en particulier lorsque ces poussières sont produites par le travailqui se fait dans le service d'archives lui-même. Les poussières sont soulevéespar les mouvements, notamment au cours des nettoyages. Un service d'archivesne peut être exempt de toute poussière, car des particules ultrafines, souventdes sulfates acides, pénètrent pratiquement partout et sont trop fines pourêtre filtrées ou même pour se déposer complètement sur une surface. Les parti-cules de poussières suffisamment grosses pour être filtrées le seront autantque possible, bien qu'il ne s'agisse pas là d'un critère vraiment chimique.Elles souillent les documents et, de plus, y implantent des matériaux hygro-scopiques abrasifs. Les particules organiques constituent une source de nour-riture pour les micro-organismes.

Les filtres absorbants au charbon actif éliminent très bien lesvapeurs et les gaz polluants. Les oxydes d'azote semblent plus difficiles àarrêter que le dioxyde de soufre. Une étude en continu des archives faite auxPays-Bas a révélé des niveaux de pollution par les gaz acides beaucoup plusélevés en hiver. Ce genre d'études portant sur des services d'archives réelssont toujours rares car, pour obtenir des courbes précises il est nécessaired'employer des appareils d'analyses extrêmement sensibles et coûteux. Lesvariations rapides de la concentration de la pollution rendent très difficilel'interprétation des données.

L'enlèvement des fines poussières peut être réalisé au moyen deprécipitateurs électrostatiques, mais ils ne sont pas recommandés, car leursdécharges électriques peuvent générer de l'ozone et des oxydes d'azote, quidégradent la plupart des matériaux constitutifs des archives.

Dans la pratique, le fonctionnement des installations d'épuration del'air se heurte à certaines limites. La proportion d'air frais admis est unedonnée importante du problème, en particulier dans les zones urbainespolluées. Normalement, l'air qui circule dans les locaux est autant quepossible, de l'air recyclé que l'on a fait passer au travers d'un dispositifd'épuration car il a été contaminé par de nombreuses sources et activités àl'intérieur du bâtiment du service d'archives.

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Dans bien des cas, il est préférable d'envisager l'installationd'appareils de filtration et d'absorption plus petits, éventuellement mobiles,à proximité des documents d'archives les plus vulnérables. Les appareilsmobiles sont très commodes ; on peut facilement les transporter afin d'enassurer l'entretien ou le nettoyage - remplacement du filtre - et on peutaussi aisément en augmenter le nombre au besoin. Une installation mobile estprobablement moins coûteuse qu'un grand système central et permet de surcroîtun ciblage plus fin des ressources techniques et financières sur la protectiondes endroits les plus vulnérables du service.

Dans toutes ces installations, il faut veiller au bon état desfiltres et des systèmes absorbants et ne pas hésiter à prévoir un budgetgénéreux pour assurer leur remplacement. Après des travaux de réparations, dedécoration ou de maintenance, des opérations de remplacement plus fréquentespeuvent s'imposer. Il existe certes des documents indiquant avec précision lesnormes de pollution admissibles dans les services d'archives et lesbibliothèques mais il est presque toujours difficile, en pratique, dedéterminer dans quelle mesure un service d'archives s'écarte des seuilsrecommandés. Une surveillance continue et précise est rarement réalisable,mais il est possible de mettre sur pied des systèmes plus simples. Si despièces fragiles sont exposées régulièrement en différents endroits dubâtiment, elles pourront être soumises à des analyses et à des tests à desintervalles réguliers. On obtiendra ainsi un relevé des niveaux moyens depollution, et, au cours d'un audit de pollution annuel, on pourra vérifier,par comparaison, les effets des remèdes apportés. En faisant appel à unpersonnel scientifique et technique compétent, on pourra, au moyen destechniques existantes, surveiller en continu la présence de poussières,d'agents oxydants et de sulfure d'hydrogène.

6.3 Désactivation des polluants à l'intérieur d'un service d'archives

La désactivation est l'ultime défense contre l'attaque de lapollution ; les matériaux comme le contenu des bâtiments jouent un rôleimportant dans l'absorption des polluants. C'est un fait connu que lesbâtiments eux-mêmes réduisent environ de moitié la concentration du dioxyde desoufre. Il est absorbé par la pierre, le ciment, le béton, le bois utilisédans la construction et par le mobilier. La concentration de l'ozone estréduite de la même manière ; il se transforme graduellement en oxygène du faitde son instabilité. Il est bon, par conséquent, de se demander si l'on peutaccroître cette capacité d'absorption, puisque ce serait nettement moinscoûteux qu'une installation centrale de dépollution. En même temps, onmettrait en évidence les matériaux non fiables qui pourraient être disséminésdans le bâtiment et qui contribueraient à la pollution par leurs émissions. Lapremière pollution visée sera généralement la pollution acide ; d'où l'intérêtdes matériaux de construction basiques tels que le ciment et les plâtres quipeuvent constituer de bons absorbants, la difficulté étant qu'ils peuventproduire des poussières, à moins que celles-ci ne soient maintenues d'unemanière qui n'altère pas la faculté d'absorption des acides du matériau. Onsait que ces poussières basiques ultra-fines sont nocives dès lors qu'elles sedéposent sur des pièces d'archives et sur des détecteurs d'humidité.

La cellulose elle-même retient l'acide sulfurique, et, parconséquent, tous les renouvellements des papiers peints et des textiles murauxseront utiles. Ils devront être réalisés de manière à ne pas accroître lerisque d'incendie, et les revêtements seront éventuellement ignifugés. Uneimprégnation de borate de sodium (borax) y contribuera.

L'étanchéisation des surfaces pour empêcher la dispersion des finespoussières dans l'air peut provoquer une pollution supplémentaire lorsque lespeintures et les vernis sèchent. Un examen technique complet des matériaux derevêtement et d'étanchéisation est toujours souhaitable.

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II y a, dans ce domaine, un large champ d'action pour l'ingéniositéet beaucoup d'autres expériences peuvent être envisagées.

6.4 La protection des documents par des rangementset des conditionnements de petites dimensions

Les armoires, vitrines, meubles de rangement, boîtes et cartonsoffrent tous une certaine protection contre les polluants de toutes sortes.Lorsqu'on passe en revue les fonds d'un service d'archives, il faut étudiersoigneusement la qualité de chaque système de rangement, non seulement en tantque barrage contre la pollution mais aussi comme moyen de limiter les dommagesliés à la manipulation et au transport, et comme mesure de sécurité généraleet dernier obstacle vis-à-vis des risques inhérents au feu et dégâts par leseaux.

Le plus difficile est d'assurer la ventilation des meubles et condi-tionnements. Le meuble ou le conditionnement peuvent émettre des polluantsqu'il faudra évacuer à l'extérieur ou bien absorber sans risque à l'intérieur.Il conviendra de prendre l'une ou l'autre de ces précautions en cas de doute.

On a souvent recours, comme c'est le cas lorsqu'on expose des manus-crits sur parchemin, à des vitrines d'exposition où une humidité constantepeut être maintenue. Il est souvent commode d'y placer à cet effet une quan-tité appropriée d'un matériau tampon hygroscopique (granulés de gel de siliceou pastilles Nikka Pellets), mais ces vitrines doivent être aussi étanaches àl'air que possible et, de ce fait, des polluants nocifs pour les objetsexposés peuvent s'y trouver enfermés.

Il arrive que ces vitrines soient faites de matériaux impropres àleur usage - contreplaqué ou bois aggloméré - il convient alors de les doublerde feuilles d'aluminium, totalement imperméables à tous les gaz et à toutesles vapeurs, pour que les objets y soient plus en sécurité. Pour l'esthétique,on recouvre l'aluminium d'une couche d'un matériau offrant toutes garanties desécurité comme un revêtement en coton.

Les éléments de rangement en bois doivent être ventilés, car il estgénéralement difficile d'étanchéiser les surfaces au moyen d'une doublureimperméable. L'idéal est d'utiliser plutôt des armoires métalliques revêtuesd'une peinture au four non nocive.

Dans le cas des boîtes et cartons, l'étanchéité à l'air dépendra dela nature de la boîte et de son contenu ; on n'oubliera pas que les polluantsproduits à l'intérieur pourraient y rester confinés. Il faut établir, avecgénéralement peu d'informations, un compromis entre les risques de pollutionexterne et interne.

L'air extérieur pourra toujours pénétrer à l'intérieur des boîtes etdes cartons, soit par les interstices, soit à travers le bois ou le carton.Souvent, le service n'a pas les moyens d'acheter des boîtes faites d'un maté-riau tamponné ou non acide ; une solution meilleur marché consiste à enve-lopper les documents, avant la mise en carton, dans du papier chargé de craienon acide ou à garnir l'intérieur des boîtes avec un papier de ce type enutilisant une colle non polluante, éventuellement une pâte d'amidon.

En tant qu'ultime précaution, on pourra également placer du charbonactif, dans la boîte, enveloppé au besoin dans un sachet de cotonnade. C'estsans doute là une protection à réserver aux pièces rares ou très fragiles.

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La nature des documents photographiques justifie des conditions deconservation très rigoureuses. De vastes champs d'investigation restentouverts aux chercheurs car bien des améliorations pourraient être apportées àl'archivage des photographies par le simple moyen d'un rangement plus adapté.Vu le grand nombre des boîtes et des systèmes de rangement possibles pour lesarchives, un choix judicieux des priorités s'impose.

7. MESURES DE LUTTE ANTIPOLLUTION A LONG TERME

Cette étude a montré la nécessité d'un plan à long terme, et lesarchivistes, tout en gardant présent à l'esprit les améliorations localespossibles dans l'immédiat, feront bien de regarder beaucoup plus loin et de sedemander ce que pourra être l'avenir. Si, pour préserver la santé et l'envi-ronnement, on s'emploie avec persévérance à réduire la pollution, on verra peuà peu apparaître un style de vie fondamentalement moins polluant, ce à quoiles archives ont tout à gagner.

En attendant, le pétrole reste la principale source d'énergie. Si laconsommation de pétrole venait à diminuer, ce serait probablement au profit ducharbon, de moindre qualité probablement, c'est-à-dire à plus forte teneur ensoufre et donc plus polluant. Le bois n'est pas non plus un combustiblepropre, mais il a au moins l'avantage d'être une source d'énergie renouve-lable. Quant à l'énergie nucléaire, on pourrait l'utiliser davantage sansaugmenter la pollution chimique de l'atmosphère.

Plus inquiétants sont les changements du climat qui sont loin d'êtreinconnus dans l'histoire de la planète - les fossiles en témoignent - et quipeuvent se produire en assez peu de temps. Si la température moyenne du globes'élevait, parce que le degré d'absorption de l'énergie solaire par lescouches supérieures de l'atmosphère changerait par exemple, réguler l'atmo-sphère dans les archives pourrait devenir excessivement coûteux et difficile.Des bâtiments actuellement mal isolés devraient être équipés d'installationsde climatisation très coûteuses.

On sait - et le fait devrait rassurer, à condition que les prédic-tions climatiques se révèlent fausses, que les phénomènes de dégradationralentissent tous à basse température. Projeter des bâtiments qui puissentêtre utilisables longtemps est une tâche difficile mais elle vaut la peine queles archivistes s'y attellent avec le concours de spécialistes d'autresprofessions.

8. AUDITS DE LA POLLUTION

Les différentes sources de pollution et leurs effets ont été décritsdans cette étude. Or tout ce que nous savons à ce sujet est le fruit d'uneinformation indirecte et de la réflexion. Pour améliorer vraiment la situationet l'état de nos connaissances, il faudrait procéder régulièrement à desaudits. On trouvera ci-après une liste des questions et des problèmes à seposer, c'est-à-dire un canevas de guide d'enquête dont on pourra modifier etamplifier les points au gré des circonstances.

8.1 Pollution externe

Existe-t-il un organisme qui collecte des statistiques sur la pollu-tion par les gaz ou par des particules, et ces statistiques sont-elles appli-cables à vos locaux ?

Ces données révèlent des changements sensibles des conditionsclimatiques ?

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Des changements ont-ils été enregistrés en ce qui concerne la poiltion industrielle ou la consommation de combustibles dans les grandes usinedu voisinage ?

Est-il possible de réduire l'admission d'air dans le serviced'archives pendant les périodes où la pollution atmosphérique est maximale ?

8.2 Activités polluantes

Quels sont les désinfectants et les biocides qui ont été utilisésdans les locaux ?

Que sont devenus les produits utilisés ?

Présentent-ils un risque pour les archives ?

Leurs résidus subsistent-ils dans les documents ?

A-t-on utilisé des produits ou des procédés nouveaux pour nettoyerle bâtiment et son mobilier ?

Qu'a-t-on fait pour éviter de soulever les poussières pendant lesopérations de nettoyage ?

Quels sont les travaux de construction et d'entretien prévus etqu'a-t-on envisagé comme précautions pour réduire au minimum la quantité depoussières et de polluants dispersés durant les travaux ?

Quelles sont les activités de photographie, de copie et de conserva-tion qui produisent des polluants ? Comment peut-on diminuer cette quantité depolluants ?

8.3 Système de ventilation

La prise d'air est-elle placée et utilisée de manière à minimiserl'admission de polluants ?

Comment le système est-il nettoyé et avec quels produits ?

Certains de ces produits présentent-ils un danger pour les archives ?

Peut-on éviter de les utiliser, peut-on les éliminer ou protéger lesarchives de leur action jusqu'à ce que le danger soit écarté ?

Quand change-t-on les filtres et les agents absorbants ? Commentleur efficacité est-elle mesurée ou évaluée ?

8.4 La pollution interne

Toutes les pièces à base de nitrate de cellulose et leurs emballagesont-elles été placées à l'écart du gros des collections, les garde-t-on dansun lieu sûr et surveillé ?

Les films ou les pièces plastifiées par lamination à l'acétate decellulose présentent-ils des signes, ou émettent-ils des odeurs, qui laissentsoupçonner une dégradation ?

A-t-on amélioré le contrôle du conditionnement des documentsphotographiques ?

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Qu'à-t-on fait pour identifier, remplacer ou masquer, les documentsqui sont susceptibles d'émettre des vapeurs ou des gaz nocifs, et des parti-cules de poussières ?

A-t-on, pour éviter la formation de poussières, éliminé leurssources ou mis un terme aux activités susceptibles de remettre en suspensiondans l'air la poussière déposée ?

Dans les zones où se trouvent des enregistrements sonores, desbandes magnétiques et des microfilms, quelles sont les précautions prises pourréduire les effets de la poussière ?

Quelles dispositions a-t-on prises pour protéger les objets histo-riques complexes et importants contre la pollution et contre d'autres phéno-mènes d'environnement néfastes, spécialement dans le cas où ces objets sontexposés ?

9. CONCLUSIONS

II ne faut pas compter pouvoir améliorer d'un coup le sort fait auxarchives ; les progrès ne peuvent être que graduels et probablement trèslents. Il est par conséquent judicieux d'établir un plan à long termecomportant un volet lutte contre la pollution. D'autres facteurs, comme latempérature et l'humidité relative seront également pris en compte.

Mis à part l'oxygène et l'eau omniprésents, qui provoquent la décom-position fondamentale de la matière organique, les polluants présents dans unservice d'archives peuvent être recensés et sont dans une certaine mesure,gérables pour ainsi dire indépendamment de toute autre considération. Lespolluants acides, les oxydants et les poussières sont les plus dangereux. Onpeut diminuer leur taux grâce à des améliorations générales de l'environne-ment, ou réduire la quantité qui pénètre dans le bâtiment en réglant au mieuxles systèmes de ventilation et en équipant autant que possible, ces systèmesdes meilleurs filtres et agents absorbants. Les dispositifs de purificationpourraient être installés uniquement dans les magasins dont ils recyclerontl'air. L'élimination des polluants par filtrage et absorption peut égalementêtre pratiquée au moyen d'appareils de recyclage mobiles. Les procédés depurification de l'atmosphère ayant recours à une humidification de l'air, ouproduisant de l'ozone sont à déconseiller. Comme le mobilier et les matériauxde construction du bâtiment jouent un rôle absorbant, on pourra accentuercette qualité grâce à des mesures simples.

Tout devra être fait pour réduire la pollution d'origine interneproduite par les travaux de fumigation, de copie, de conservation matérielleet de nettoyage. Certaines de ces opérations peuvent être effectivement réa-lisées dans des locaux spéciaux à l'écart des magasins ventilés, mais dans ceslocaux, des substances chimiques agressives se dégageront lentement, pendantde longues périodes, de documents apparemment inoffensifs. Si ces substancessont confinées dans un espace très réduit, leurs effets peuvent être rapides.Les peroxydes qui attaquent les documents photographiques et les acides orga-niques qui corrodent le plomb sont les substances les plus dangereuses. Mais,en raison de l'utilisation croissante des matières plastiques et des supportsmodernes, les émissions polluantes émanant des documents et des matériaux quiles entourent devront être régulièrement surveillées.

Un soin particulier sera apporté aux pochettes hermétiquement closesqui empêchent les micro-polluants de s'échapper. On pourra prendre des dispo-sitions supplémentaires afin qu'ils soient absorbés sans risque à l'intérieur,

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mais cela n'est envisageable que pour les pièces en grand danger. Lors del'exposition de documents d'archives, les mêmes principes de protection serontappliqués, mais d'une manière encore plus stricte car les vitrines contiennentdes matériaux neufs libérant des polluants, et guère de substances tamponssusceptibles de les absorber, à l'exception des pièces exposées elles-mêmes.

Réduire la pollution demande une volonté et une vigilance persis-tantes. On n'y parviendra pas sans faire appel aux services et aux avisd'experts extérieurs : analystes, ingénieurs de maintenance et scientifiquesconnaissant bien les matériaux, pour surveiller les archives et avertir en casde danger. Les concours sont importants et il ne faut pas les négliger quandon entreprend d'apporter une modification quelconque à l'organisation d'unservice d'archives.

10. BIBLIOGRAPHIE

Introduction

Une bibliographie exhaustive sur un sujet aussi vaste serait telle-ment longue qu'elle n'aurait qu'une faible utilité pratique. Les articles, leslivres et les revues cités ont été choisis afin de donner des exemples dessources d'informations et d'idées exploitées par cette étude. Leur intérêtvarie et beaucoup ne concernent qu'une partie du texte. Chaque titre estaccompagné d'un commentaire et d'un résumé succincts afin d'aider les lecteursdans leurs futures recherches. Pour chaque titre, le nombre des référencesfournies est également indiqué dans l'optique de futures recherches plusdétaillées.

Etant donné l'ampleur du champ couvert, l'auteur a tenté d'inter-roger des banques de données informatiques, mais il n'y a trouvé que quelquesréférences. Il y a donc lieu de penser que si l'on veut prévoir l'action despolluants sur les différents types de documents d'archives, c'est à l'expé-rience et à la connaissance de la chimie qu'il faudra faire appel plutôt qu'àla consultation d'études spécialisées qui resteront peu nombreuses tant que larecherche sur les questions de conservation matérielle ne se sera pas déve-loppé davantage.

Air pollution and aspects of polymer dégradationCook IICCM Bulletin, 1975, n° 2 (4), p. 4-20.Un article de synthèse très utile. Les sources naturelles de dioxyde de soufreprovenant de l'oxydation du sulfure d'hydrogène produit par le pourrissementsont importantes. L'encollage des papiers au moyen de colophane accroîtl'absorption de dioxyde de soufre. Le parchemin, le vélin et les cuirs tannésau moyen de produits d'origine végétale risquent moins d'être endommagés parle dioxyde de soufre. L'attaque par l'ozone des caoutchoucs et des dérivés dela cellulose (méthyl-cellulose) est mentionnée ; elle favorise égalementl'oxydation du polyéthylène. Il est connu que les oxydes d'azote, en parti-culier, attaquent les polyamides (nylons).

(15 références)

Air pollution from the oxydes of nitrogen in the United KingdomDerwent R G, Stewart H N MAtmospheric environment, 1973, n° 7, p. 385-401.Les sources d'oxydes d'azote et leurs répartitions détaillées sont présentées,les données étant mises en parallèle avec celles qui concernent les Etats-Uniset le monde entier. La production d'électricité, les industries et les trans-ports sont les sources principales. La pluie élimine les oxydes d'azote et lecalcaire les absorbe. (La circulation automobile en est vraisemblablement lasource principale à proximité des zones urbaines.)

(39 références)

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A simple test to identify gases which destroy silver imagesWeyde EPhotographie Science and Engineering, 1972, n° 16, p. 283-286.Les taches brunes sur les images argentiques sont attribuées à l'action desgaz oxydants et au formaldéhyde. La circulation automobile et les matériauxd'emballage, spécialement les matières plastiques modernes pourraient en êtreresponsables. Il convient d'apporter un soin extrême au choix des matériauxutilisés pour emballer les documents photographiques. Un essai de sensibilitéest décrit.

(3 références)

A rapid test for the détection of substances which will tarnish silverDaniels V D, Ward SStudies in Conservation, 1982, n° 27, p. 58-62.Les substances qui contiennent du soufre peuvent libérer du sulfure d'hydro-gène (hydrogène sulfuré), qui en formant du sulfure d'argent noircit l'argentlui-même. Elles peuvent être facilement mise en évidence par le fait qu'ellescatalysent un dégagement de bulles d'azote dans une solution d'azoture desodium. Les matériaux destinés au rangement de photographies peuvent fairel'objet d'essais rapides mais il faut prendre des mesures de sécurité.

(5 références)

Trouble in storePadfield T, Erhard D, Hopwood DIIC Science and technology in the service of conservationWashington, 1982, p. 24-27.Compte rendu, vaste mais approfondi, des effets des émissions de polluants surles objets historiques. Des exemples détaillés sont fournis. Les polluantsprovenant du bois, des papiers, des cartons, des vernis, des produits denettoyage, des biocides, des peintures, des colles, des textiles, des matièresplastiques sont étudiés. Une fois passé un temps, l'acétate de cellulose peutse décomposer très rapidement ; on a cependant noté de grandes variations decomportement entre des échantillons provenant de lots différents.

Residential wood burning and air pollutionQuraishi T AInt. J. Environmental Studies, 1985, n° 24, p. 19-33.Un relevé intéressant des processus et des produits de combustion complexes,par exemple des particules très fines, des oxydes d'azote, un peu de dioxydede soufre, beaucoup de composés organiques volatils dont les aldéhydes. Lacombustion du bois et l'incinération des ordures produisent beaucoup de subs-tances nuisibles aux documents d'archives.

(47 références)

Formaldéhyde release rate coefficients from selected consumer productsPickerell J A, Mokler B V, Griffis L C, Hobbs C H, Bathija AEnvron. Sci. Technol., 1983, n° 17, p. 753-757.Beaucoup de produits de consommation rejettent du formaldéhyde (méthanal) dansl'air. Parmi les exemples figurent les produits en bois aggloméré, les tissus,les tapis, les vêtements neufs, les isolants en laine de verre.

The ozone fading of traditionnal natural organic colorants on paperWhitmore P M, Cass G R, Druzik J RJournal of the American Institute of Conservation, 1987, n° 26, p. 45-48.Une étude approfondie des pigments exposés pendant 12 semaines à des condi-tions atmosphériques semblables aux conditions urbaines en Californie a révélédes décolorations importantes. L'indigo, les laques de garance, le sang-dragonet la curcumine ont été fortement touchés. L'exposition était équivalente à unséjour de huit ans à l'intérieur d'une vitrine dans un bâtiment climatisé.

(20 références)

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The damaging influence of disinfecting agents on sensitive ancient materialsJedrzejewska HIIC Climatology Conférence London, 1967, p. 95-100.Une étude intéressante des effets et des dégradations chimiques provoqués parcinq biocides, le paradichlorobenzène, le DDT, le pentachlorophénol, le chlo-ronaphtalène, le paradichlorométacrésol. Les pigments et les papiers peuventêtre touchés. Des vapeurs nocives peuvent être enfermées dans des boîtes etenveloppes hermétiquement closes. Les recherches doivent être poursuivies.

(24 références)

Air pollution and the archivistDaniels V DJ. Soc. Archivists, 1979, n° 6, p. 154-156.Une étude générale des effets de l'hydrogène sulfuré, du dioxyde de soufre, del'eau, des composés organiques, en particulier des acides, sur les métaux, lespigments, les articles en peaux et les papiers. L'auteur souligne la nécessitéde soumettre les matériaux à des essais. Envelopper les objets dans plusieurscouches de papier en cellulose pure est une mesure utile ; l'emballage absorbeune grande partie de la pollution et protège les objets.

(4 références)

An unsuspected danger in displayOddy W AMuséums Journal, 1973, n° 73, p. 27-28.Lorsqu'ils sont enfermés, par exemple dans des vitrines (d'exposition) ou dansdes boîtes, le plomb et l'argent peuvent être attaqués par des vapeurs émanantdes colles, du bois et des textiles. Une méthode d'essai pour la prévision desdommages dus à la pollution est décrite, afin d'aider les personnels qui orga-nisent les expositions au British Muséum.

(3 références)

The chemistry of athmospheric pollutionHaagen-Smit A JIIC Climatology Conférence London, 1967, p. 89-94.Une étude générale utile indiquant les réactions chimiques inhabituelles quise produisent aux très faibles concentrations. Les filtrations et l'épuration(lavage à l'eau) ne retiennent pas tous les polluants, notamment l'ozone etles oxydes d'azotes. Des filtres à poussières suivis de filtres au charbonactif sont recommandés. La décoloration de certains tissus teints et leseffets sur la pierre, les métaux et les caoutchoucs sont analysés.

(9 références)

Studies on the nature of urban air pollutionWaller R EIIC Climatology Conférence London, 1967, p. 65-68.Une étude de caractère général, qui signale la proportion importante de par-ticules très fines dans l'air des villes. Les concentrations des fumées pré-sentes à l'intérieur de bâtiments à ventilation naturelle sont les mêmes quecelles qu'on observe à l'extérieur. Le dioxyde de soufre est absorbé par lesmurs et par les textiles. Les personnes sont à l'origine d'émissionsd'ammoniac conduisant à des dépôts de particules constituées de cristaux desulfate d'ammonium. On a constaté que l'installation d'humidificateurs dans laclimatisation d'une galerie d'art permettait d'éliminer une partie du dioxydede soufre.

(2 références)

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Control of atmospheric pollutants and maintenance of stable climaticconditions within muséum buildingsCarver T HIIC Climatology Conférence London, 1967, p. 23-29.Les avantages de différents dispositifs de filtration sont examinés. Desvaleurs d'absorption de différents gaz et du charbon actif sont fournies.

(8 références)

Wood Coating for display and storageMiles CStudies in Conservation, 1986, n° 31, p. 114-124.Les émissions émanant de différents bois et revêtements sont étudiés. Denombreux exemples de matériaux non fiables sont énumérés. La corrosion cons-titue le risque principal, bien qu'à partir d'un taux d'humidité relativeinférieur à 50 %, ce risque soit fortement diminué.

(38 références)

Indoor air pollution-effects on cultural and historié materialsBaer N S, Banks P NInt. J. Muséum Management & Curatorship, 1985, n° 4, p. 9-20.Une étude importante et détaillée de la plupart des matériaux et des polluantsd'origines interne et externe. On y traite également des niveaux de pollutionet des moyens de les abaisser. Différentes normes officielles sont signaléeset analysées.

Préservation of photographsEastman Kodak Company, 1979, ISBN 0 87985 212 7.Une étude concrète et détaillée des matériaux et des procédés, utilisés enphotographie, ainsi que des conditions de stockage et de conservation desdocuments photographiques. Les micro et macro-environnements sont étudiés endétail. Les pellicules et les épreuves couleurs se conservent mieux lors-qu'elles sont stockées au froid et en atmosphère faiblement humide.

Air pollution - a review for conservation chemistsThomson GStudies in Conservation, 1954, p. 147-166.Un examen minutieux de la plupart des formes de pollution atmosphérique com-prenant une étude très intéressante sur l'efficacité des filtres.

(49 références)

The muséum environmentThomson GButterworth & Co, 1986, 2e édition, ISBN 0 408 01536 5.Cette édition rend compte des derniers progrès réalisés en matière de régula-tion climatique. Cet ouvrage très complet comporte un intéressant chapitre surla pollution atmosphérique, ses sources, ses effets, et les moyens de lacombattre. Les questions de filtration et d'absorption sont examinés en détail.

Indoor ClimateMclntyre D AApplied Science Publishers (Londres), 1980, ISBN 0 85334 868 5.Cet ouvrage très complet comporte un chapitre relatif à la qualité de l'air ettraite de la pollution interne et externe.

Préservation of historical recordsNational Research CouncilNational Académie Press, Etats-Unis d'Amérique, 1986, ISBN 0 309 03681X.Ce livre important s'attache plus spécialement aux problèmes de la pollutionet de l'environnement. Il comporte un exposé des normes de pureté de l'air etdes chapitres relatifs aux documents photographiques et aux supports d'enre-gistrements magnétiques.

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Sorption of sulphur dioxyde by indoor surfaces and wallpapersSpedding D J, Rowlands R PJ. Applied Chemistry, 1970, n° 20, p. 143-146.Le dioxyde de soufre est absorbé et retenu par le papier. Le couchage réduitfortement cette capacité. Les dépôts de transpiration (sueur) absorbent égale-ment le dioxyde de soufre.

(9 références)

Alkaline material liberated into atmosphère from new concrèteToishi K, Kenjo TJ. Paint Technology, 1967, n° 39, p. 152-155.On considère que les odeurs émanant du béton sont constituées de particulesextrêmement fines d'oxydes alcalins et de silice. Elles pénètrent les films decellophane et ont une action sur les huiles siccatives, les fibres de soie,les soies teintées à l'indigo, et les pigments à base d'oxyde de plombencollés sur le papier. (Beaucoup de pièces d'archives auront à souffrir deces fines poussières.)

Chain scission by small concentration (1-5 ppm) of sulphur dioxyde andnitrogen dioxyde respectively in présence of air and near ultraviolet light.Jellinek H H GJ. Air Pollution Control Association, 1970, n° 20, p. 672-674.Dans ces conditions, les polymères vyniliques ne sont guère touchés par ledioxyde de soufre, mais les nylons (polyamides) et les élastomères (caout-choucs) se détériorent. Le polyéthylène et le polypropylène subissent desréticulations et par conséquent durcissent.

(14 références)

Air pollution by particlesShaw R WScientific American August, 1987, p. 84-91.Un article de mise en garde traitant de l'origine des particules ultra-fineset de leur nature acide. Les sulfates et les chlorures qu'elles contiennent etqui proviennent de la mer peuvent parcourir de longues distances et sont plusacides que les particules plus grosses. Les fines particules acides sontattribuées à la combustion du charbon. (Il est très difficile de séparer lesparticules ultra-fines de l'air ; on en trouve dans des campagnes trèséloignées de toute agglomération urbaine.)

Air conditionning for muséumsHarvey JMuséum Journal, 1973, n° 73, p. 11-16.La régulation de la température, de l'humidité et la lutte contre la pollutionsont examinées avec présentation d'aspects pratiques.

(12 références)

Particles in atmosphère - natural and man madeDavies C NAtmospheric Environment, 1974, n° 8, p. 1069-1079.Une enquête intéressante qui indique combien est répandue la pollution causéepar de très fines particules, la plupart de celles-ci étant produites par lesarbres, les incendies de forêts, la végétation, les algues et le planctonmarin ainsi que par la polymérisation, sous l'effet de la lumière, des ter-pènes produits par les pins. Les activités industrielles et urbaines sontégalement des sources mentionnées, dont l'effet reste cependant localisés dansune large mesure. En ce qui concerne les particules plus grosses, un grandnombre sont également d'origine naturelle, provenant, par exemple, descendres, des fumées, de la poussière terrestre, de spores, des écailles depeaux et de fibres et des sels de mer. (Bien que la pollution industrielle aitune grande importance, un problème général subsisterait même si la pollutionliée aux activités humaines était réduite à néant.)

(29 références)

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Selecting safe materials for use in the display and storage of antiquitiesBlackshaw S M, Daniels V DICOM Conservation Committee Conférence, Zagreb, 1978, 78/23/2/1-9.Traite des essais de matériaux pour éléments d'exposition et de rangement, etde l'absorption de l'acide éthanoïque (acétique) par le verre et le gel desilice.

(18 références)

Choosing materials for prolongea proximity to muséum objectsHopwood W RA I C Preprints, Toronto, 1979, p. 44-49.Des méthodes d'essai permettant de déceler les substances acides volatilessont décrites. Des résultats valables sont obtenus en quatre jours.

(4 références)

MicroenvironmentsBaer N S, Banks P NInt. J. of Muséum Management & Curatorship, 1987, n° 6, p. 301-305.Cet article analyse les caractéristiques de nombreux types de conditionnementset les matériaux qui les composent. Le volume d'espace libre et la nécessitéde boîtes ventilées sont étudiés.

Some aspects of the conservation of works of art in buildings of new concrèteToishi K, Kenjo TStudies in Conservation, 1975, n° 20, p. 118-122.Le béton libère des particules de poussières alcalines extrêmement fines quiinfluent sur les huiles siccatives, les soies, le papier peint, et l'étalon-nage des hygromètres à cheveu. Des bâtiments vieux de 10 ans sont encorepollués par ces poussières.

(4 références)

Concentration, decay rates and removal of ozone and their relation toestablishing clean indoor airSuberski R H, Sinam D A, Shair F HEnvironmental Science & Technology, 1973, n° 7, p. 347-353.Des études effectuées dans des bureaux, des habitations et des chambresd'essai ont montré que l'ozone se décompose plus rapidement en présence ducoton et de la laine. Dans les systèmes de conditionnement d'air, le charbonactif est très efficace, mais les filtres à base de fibres de verre se sontrévélés sans effet. La ventilation peut contribuer à augmenter nettement laconcentration d'ozone dans des locaux.

(27 références)

Carbonyl sulphide - potential agent of atmospheric sulphur corrosionGraedel T E, Kammlott G W, Franey J PScience, 1981, n° 212, p. 663-664.Le sulfure de carbonyle est présent en concentrations semblables sur de largesétendues, contrairement à d'autres polluants soufrés. Il provient essentielle-ment de sources naturelles, mais il est également produit par l'activitémicrobienne, les volcans, la végétation en feu et les installationsindustrielles.

(31 références)

Measurement of the effects of air pollution on paper documentsLangwell W HJ. Soc. Archivists, 1978, p. 372-373.Décrit un simple ruban de papier à réactifs qui change de couleur lorsqu'ilabsorbe le dioxyde de soufre polluant. On propose de l'utiliser comme procédéde surveillance simple dans les services d'archives.

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Indoor/outdoor ozone concentrations at a contemporary art galleryDavies T D, Ramer B, Kaspyrok G, Delany A CJ. Air pollution Control Association, 1984, n° 34, p. 135-137.L'ozone attaque la cellulose et les protéines. Il se décompose pour donner del'oxygène au contact de différentes surfaces du bâtiment ; la cellulose estparticulièrement efficace. La climatisation n'abaisse pas forcément la concen-tration d'ozone, comme on l'a constaté au Centre Sainsbury à Norwich(Royaume-Uni).

Discolouration of black and white photographie printsFeldam L HJ. Applied Photographie Engineering, 1981, n° 7, p. 1-9.Des effets imputables à l'environnement ont été observés ; ils comprenaientles effets de peintures à base de résines alkydes et ceux de l'utilisationcourante des cosmétiques. (Le séchage et la chimie des alkydes sont semblablesà ceux des huiles siccatives.)

Historical survey of research at the National Bureau of Standards inmaterials for archivai recordsWilson W K, Parks E JRestaurator, 1983, n° 5, p. 191-241.Dans une étude très détaillée, beaucoup de travaux originaux sont résumés,traitant notamment de l'acidité, de la stabilité de l'acétate de cellulose,des microfilms et des bandes magnétiques.

(177 références)

Décomposition rates of ozone in living areasMueller F X, Loeb L, Mapes W HEnv. Science and Technology, 1973, p. 342-346.L'ozone se décompose naturellement, mais plus lentement lorsque le tauxd'humidité est faible et la température basse. L'ameublement contribue forte-ment à l'élimination de l'ozone. Des périodes de demi-vie de 1 à 30 minutessont signalées. (Il semble probable que l'ozone n'aura aucune action sur lesdocuments d'archives enfermés dans des boîtes ou des cartons.)

The testing of materials for use in storage and diplayBlackshaw S M, Daniels V DThe Conservator (UKIC), 1979, n° 3, p. 16-19.L'article traite des émissions d'acides organiques et de l'hydrogène sulfurépar les bois, les protéines de la laine, et les colorants contenant du soufre.Les polymères comportant des acétates ou des chlorures peuvent égalementlibérer des substances corrosives. Un essai de corrosion en atmosphère chaudeet humide d'échantillons de cuivre, d'argent et de plomb a été réalisé sur deséléments de rangement. L'acidité des matières organiques telles que le papieret le carton est testée en mesurant le pH de l'extrait aqueux. Des essaisréguliers sont réalisés au British Muséum.

(10 références)

Volatile aminés used as corrosion inhibitors in muséum humidification SystemsVolent P, Baer N SInt. J. Curatorship & Management, 1985, n° 4, p. 359-364.L'humidification par atomisation et pulvérisation d'eau du robinet provoque ladispersion des poussières minérales. Si, par contre, on utilise de l'eaubouillie traitée, les substances chimiques employées pour la traiter peuventêtre également dispersées. On cite comme exemples possibles l'hexamétaphos-phate de sodium, l'hydrazine, la morpholine et le diaminoéthanol. Des pro-blèmes de santé importants sont rencontrés, et l'on a trouvé des films huileuxsur un grand nombre de pièces de musée.

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The oxydation of cellulose by ozone in small concentrationsBogaty H, Campbell K S, Appell W DTextile Research Journal, 1952, p. 81-83.L'ozone aux concentrations atmosphériques habituelles endommage le cotonhumide, une perte de résistance de 20 % a été constatée au bout de 50 jours.Le coton sec était à peine touché. (Une atmosphère sèche réduit souvent ladégradation chimique.)

(9 références)

Archive buildings : international comparisonsThomas D LJ. Soc. Archivists, 1988, n° 9, p. 38-44.Un article de synthèse mettant en évidence les problèmes posés par les bâti-ments anciens et nouveaux ainsi que le besoin d'une bonne régulation de laventilation.

(37 références)

The problems of formaldehyde in muséum collectionsHatchfield P B, Carpenter J MInt. J. Muséum Management and Curatorship, 1986, n° 5, p. 183-188.De nombreux matériaux continuent longtemps à libérer du formaldehyde, en par-ticulier les colles à l'urée-formaldéhyde. Par ses propriétés fortement réduc-trices, le formaldehyde peut altérer les images et durcir les protéines. Paroxydation, il se transforme en acide formique qui attaque les métaux et lesobjets contenant du carbonate de calcium. Le gel de silice et le charbon actifne sont pas des absorbants très efficaces. Cet article est du plus grandintérêt.

(14 références)

Certain détérioration factors for works of art and simple devicesto monitor themKenjo TInt. J. Muséum Management & Curatorship, 1986, n° 5, p. 295-300.L'auteur attire l'attention sur les effets polluants des poussières et descomposés volatils. Il propose d'employer des rubans de papier à réactifsimples associant de l'huile de lin, un choix d'indicateurs de pH, un colorantet de l'oxyde de plomb. De telles méthodes d'essai peuvent être utilisées pardes organismes ne disposant pas d'installations d'analyses sophistiquées.

Normes internationales

ISO 6051 - Photographie - Papiers photographiques traités - Directives pour1'archivage.

ISO 5466 - Photographie - Films photographiques de sécurité traités - Direc-tives pour l'archivage.