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Bernard PAULE - Novembre 2002 PSE-C EPFL, Tél. 021 693 83 03, Fax 021 693 86 29, email : [email protected] La lumière dans la peinture et dans la littérature Bernard PAULE, Arch. Dr ès Sciences techniques

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Bernard PAULE - Novembre 200

La lumière dans la peinture et dans la littérature

Bernard PAULE, Arch. Dr ès Sciences techniques

2 PSE-C EPFL, Tél. 021 693 83 03, Fax 021 693 86 29, email : [email protected]

Introduction

1.0 Introduction

La question de la lumière dans la peinture est essentielle, dans la mesure où le fait de figer un instant, une émotion, un concept, sur un support en deux dimensions, suppose une maîtrise totale de la façon dont la juxtaposition des valeurs, des cou-leurs et des textures va donner du sens à la composition finale. Le choix de la lumière et de l'ombre est aussi le choix de ce qui est donné à voir, à imaginer, à rêver.

De même, la façon dont les écrivains et les poètes nous parlent de la lumière, se ser-vent de celle-ci pour poser une scène, décrire un lieu, une ambiance, ou simplement appuyer un sentiment, nous renseigne sur la puissance évocatrice associée à l’éclai-rage.

1 Bernard PAULE Espace et Lumière : Le projet d’éclairage

La lumière est ce qui précède

2.0 La lumière est ce qui précède

«Dieu dit: Qu'il y ait des luminaires dans l'étendue du ciel, pour séparer le jour d'avec la nuit; que ce soient des signes pour marquer les époques, les jours et les années; et qu'ils servent de luminaires dans l'étendue du ciel, pour éclairer la terre. Et cela fut ainsi. Dieu fit les deux grands luminaires, le plus grand luminaire pour présider au jour, et le plus petit luminaire pour présider à la nuit; il fit aussi les étoiles. Dieu les plaça dans l'étendue du ciel, pour éclairer la terre, pour présider au jour et à la nuit, et pour séparer la lumière d'avec les ténèbres. Dieu vit que cela était bon».

La Bible / Genèse 1 / Chapitre 1 / Versets 14 à 18

La lumière vient «avant». Elle est la condition de toute perception, de toute vie, de toute intelligence. Ce qui est caché, masqué, est révélé. Le noir, l'ombre sont les complices intimes de la lumière

FIGURE 1. Pierre Soulages: La lumière du noir.

Le dialogue, sur un support plan (deux dimensions) de l'obscurité et de la clarté suf-fit pour générer d'autres dimensions (le volume, l’ ailleurs).

«Je me souviens d'une verrière de la Gare de Lyon réparée avec du goudron, c'était peu après la guerre, à mon arrivée à Paris; les coups de brosses gauches et rudi-mentaires des ouvriers qui l'avaient barbouillée me bouleversaient et je crois qu'inconsciemment mes premières peintures au brou de noix ont été marquées par cette émotion, par cette peinture involontaire et anonyme.»

Entretien Extrait de "Soulages". Auteur: Bernard Ceysson. Editions Flammarion.

Bernard PAULE Espace et Lumière: Le projet d’éclairage 2

La lumière est d’essence divine

3.0 La lumière est d’essence divine

Dans la plupart des religions, le principe de divinité est associé à une puissance rayonnante, souvent assimilée au soleil (Amon Rê (le Dieu soleil), l'Inca, (incarna-tion du soleil sur la terre), Bouddha (l'illuminé).

Le principe de royauté est aussi basé sur ce lien (Louis XIV le Roi Soleil)

Dans les tableaux qui sont présentés ci-après le caractère religieux des scènes est renforcé par la présence d’un rayonnement lumineux, central, diffus et de forte intensité, qui constitue le fond du tableau.

FIGURE 2. Andrea del Sarto: L’annonciation, 1528,Galeria Palatina Firenze.

La lumière principale vient du fond du tableau, elle suggère l'au-delà, l'immanence divine. Sa centralité et son caractère immatériel renforcent cette impression.

Des sources secondaires situées à l'avant du tableau, viennent mettre en valeur les deux personnages.

L'ange est éclairé par derrière, comme «poussé», «envoyé» par la lumière, tandis que la Vierge bénéficie d'un éclairage de face, qui la «désigne» comme l'élue.

3 Bernard PAULE Espace et Lumière : Le projet d’éclairage

La lumière est d’essence divine

FIGURE 3. Andrea del Sarto: L’assomption: de la Vierge,1529, Galeria Palatina Firenze.

Le tableau est composé en deux parties: le Ciel et la Terre, le divin et le réel.

La tête de la Vierge est auréolée de lumière, au contact direct avec la divinité.

Les personnages situés sur la Terre sont couronnés de nuées sombres marquant clai-rement les limites de la condition humaine.On distingue toutefois une faible lueur à l'horizon, derrière un pan de falaise. Cette lueur pourrait figurer la voie de la vie dans cette «Vallée de larmes «. Une voie peu engageante (couleur froide), mais qui est le lot de l'humanité.

Le personnage situé à gauche au premier plan est vivement éclairé par derrière, comme «rattrapé par la réalité». Il est en quelque sorte «mis en cause» par cette der-nière.

Bernard PAULE Espace et Lumière: Le projet d’éclairage 4

La lumière est une force d’attraction

4.0 La lumière est une force d’attraction

Le phototropisme

La lumière constitue une force d'attraction considérable.

Nous sommes tous des papillons de nuit et notre regard est immanquablement attiré vers les points présentant les plus fortes luminances.

Le peintre se sert de cette particularité pour guider l’oeil du spectateur vers les points clés du tableau, ver l'objet du désir.

FIGURE 4. George de la Tour: Madeleine la nuit, 1630-35, Musée du Louvre, Paris.

Le regard est attiré vers la source de lumière: regard de madeleine, mais aussi regard du spectateur.

Puis, l’oeil effectue un va et vient entre la flamme et les différentes parties éclairées du tableau: le visage, le bras gauche, le corsage, le crâne, le genou.

La source, ici ponctuelle, détermine le centre de gravité du tableau. Elle structure totalement l'espace lui-même. La flamme «est» le point de fuite du tableau.

5 Bernard PAULE Espace et Lumière : Le projet d’éclairage

La lumière est une force d’attraction

FIGURE 5. Magritte: Le Salon de Dieu, 1954, Musée Royal des Beaux Arts, Bruxelles.

«Par la lumière de la maison lointaine, la maison voit, veille, surveille, attend.»

«Tout ce qui brille voit.»

«Par sa seule lumière, la maison est humaine. Elle voit comme un homme. Elle est un œil ouvert sur la nuit.»

«La lumière du soir, sur la table familiale, est aussi le centre d'un monde.»Gaston Bachelard: in «La poétique de l'Espace», Quadrige / PUF 1957.

Bernard PAULE Espace et Lumière: Le projet d’éclairage 6

La lumière révèle la matière

5.0 La lumière révèle la matière

Les matières, par leur texture, leur couleur, leur brillance, leur disposition, recèlent un potentiel plastique qui ne prend de sens que lorsqu'il est «révélé» par la lumière.

FIGURE 6. Giovanni Bellini: Portrait du Doge Leonardo Loredan, 1501, National Gallery, London.

Le personnage est traité de façon hyper-réaliste, à la manière d'un cliché d'identité (cette impression est renforcée par l'étiquette figurant au bas du tableau et qui indi-que le nom du Doge.

La sobriété du costume, ainsi que la solennité de la pose sont compensés par le soin porté au rendu de l'étoffe. La délicatesse du motif ainsi que la brillance du tissus montrent sans aucun doute qu'il s'agit de soie. La présence d'une seule source de lumière située à la droite du personnage, sans doute une fenêtre (lumière du jour, froide), permet de mettre en valeur la texture satinée de l'habit

7 Bernard PAULE Espace et Lumière : Le projet d’éclairage

La lumière révèle la matière

FIGURE 7. Jorge Inglès: Saint Preaching,1455, Art Museum, Cincinnati.

Ici, le cadre du tableau, doré à l'or fin et délicatement ouvragé, est comme un écrin indiquant le prix du contenu du tableau lui-même. L'emploi d'une source de lumière située en haut et à droite du l’oeuvre permet d'accentuer la brillance de l'or en jouant sur le contraste entre les parties ombrées et les parties éclairées.

Bernard PAULE Espace et Lumière: Le projet d’éclairage 8

La lumière qui distingue

6.0 La lumière qui distingue

La lumière est un outil qui permet de séparer, de distinguer, de désigner, de hiérar-chiser.

FIGURE 8. Giovanni Bellini: Présentation au Temple, 1460-64, Galleria Querini Stampalia, Venezia.

Les personnages sont ici «séparés» du fond du tableau par un simple effet de con-traste. L'artiste a ainsi, à l'aide de la lumière, effectué un premier tri de l'information mise à disposition.

La Vierge est l'enfant sont les seuls personnages présentant une ombre portée nette (ombre du voile sur la tempe et le cou de la Vierge, ombre de la Vierge sur le visage de l'enfant).Tous les autres personnages sont baignés par une lumière diffuse.

L'emploi d'une source directionnelle permet, ici, de mettre un accent sur les person-nages majeurs de la scène.

9 Bernard PAULE Espace et Lumière : Le projet d’éclairage

La lumière qui distingue

FIGURE 9. Bonnard: Nu à contre jour, Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique.

La lumière chatoyante filtrée par les voilages unifie le dessus de lit et le papier peint. Face à cet écran lumineux, le modèle à contre jour, est comme statufié et découpé par la lumière. L'effet de profondeur est accentué par l'effet satiné de la chair du modèle.

Bernard PAULE Espace et Lumière: Le projet d’éclairage 10

La lumière qui relie

7.0 La lumière qui relie

Lorsqu'elle est diffuse, c'est à dire sans direction précise, la lumière donne à voir sans distinction. Les objets et les êtres sont traités de manière équivalente, rassem-blés.

FIGURE 10. Giovanni Bellini: Crucifix, Museo Correr, Venezia.

Le Christ, Marie et Jean sont rassemblés sous la lumière du ciel. Malgré son carac-tère dramatique, la scène est traitée de manière informative. Le paysage, qui baigne dans la même clarté, est composé d'une multitude de détails ayant chacun son importance. Le traitement «à plat» de la lumière, permet de raconter une histoire, un peu à la manière d'une bande dessinée.

11 Bernard PAULE Espace et Lumière : Le projet d’éclairage

La lumière qui relie

FIGURE 11. Andrea del Sarto: La Cène, 1520-25, couvent San Salvi, Florence.

Les personnages de la Cène sont traités de manière sensiblement équivalente du point de vue de la lumière. L'ensemble de la pièce est éclairé par une lumière diffuse provenant d'une source de large dimension.

Les couleurs des vêtements permettent d'apporter des variations de luminosité.

Seul le personnage situé à l'extrême gauche bénéficie d'un «accent» lumineux. La lumière vient du haut, et le touche de face, projetant une ombre contre le mur situé derrière lui. La couleur jaune du vêtement (symbole de trahison) participe à la mise en cause de ce personnage et nous permet de reconnaître Judas.

Bernard PAULE Espace et Lumière: Le projet d’éclairage 12

La lumière matière

8.0 La lumière matière

La lumière est un matière qui nous permet de construire, de façonner, de modeler à notre guise l’environnement ainsi que les objets et les personnes qui le peuplent

FIGURE 12. Martial Raysse: Paysage en 15 tons.

Le caractère artificiel des personnages ici représentés est renforcé par l’emploi de lumières et de couleurs elles aussi «artificielles».

FIGURE 13. Lionel Feininger: Erfurt.

Le vide entre les bâtiment et, principalement, la rue, sont ici totalement remplis par la «lumière-matière». Celle-ci constitue un volume propre qui «surgit» au centre du tableau et tend presque à inverser la perspective.

13 Bernard PAULE Espace et Lumière : Le projet d’éclairage

La lumière matière

«La cire douce pénétrait dans cette matière polie sous la pression des mains et de la chaleur utile de la laine. Lentement, le plateau prenait un éclat sourd. Il semblait que montait de l'aubier centenaire, du cœur même de l'arbre mort, ce rayonnement attiré par le frottement magnétique et qu'il s'épandit peu à peu à l'état de lumière sur le plateau.»

H. Bosco: Le jardin d'hyacinthe

«Elle s'était remise à frotter et les reflets qui jouaient sur l'armoire lui égayaient le cœur.»

Anne de Tourville: Jabadao

«La matinée était encore fraîche, le ciel d'un gris pâle et mat recouvrait Delft tel un drap que le soleil de l'été n'était pas encore assez haut pour dissiper. Le canal que je longeais était un miroir de lumière blanche moirée de vert. Plus le soleil devien-drait intense, plus le canal s'assombrirait jusqu'à prendre la couleur de la mousse.»

Tracy Chevallier: La jeune fille à la perle, Ed. Folio, ISBN 2-07-041794-8.

« Matière et lumière: toutes deux sont indissociables. L'une est révélatrice de l'autre. L'émotion créée par la lumière est fonction de la matière, de sa couleur, de sa forme, de son volume. La matière et la lumière ont leur densité, leur vibration propre, chacune provoquant l'autre dans le jeu alchimique de la perception réti-nienne. Le langage et la puissance émotionnelle de la lumière sont sensoriels et uni-versels rentrant en résonance avec les fondements même de l'humanité ».

Philippe Hutinet, In "Lyon Lumière: De Lyon à Hô Chi Minh-Ville, l'aventure de dix années lumineuses", Mémoire Active ISBN 2-908185-46-6, ISSN 1281-7759.

Bernard PAULE Espace et Lumière: Le projet d’éclairage 14

L’ombre

9.0 L’ombre

L’ombre n ’est pas seulement un complément de la lumière, ce peut être aussi un choix, une attitude, un refuge...

FIGURE 14. Manguin: Sieste.

«Les ombres et le silence ont de délicates correspondances. Les objets, dans la nuit, irradient doucement des ténèbres».

Gaston Bachelard: in " La poétique de l'Espace ", Quadrige / PUF 1957, p. 162.

«Ce petit coin obscur entre la cheminée et le bahut de chêne où tu t'allais blottir.»Milosz: L'amoureuse initiation.

«… d'autres escaliers, cages étroites montant en spirale, dans l'obscurité desquels on avançait comme le sang dans les veines.»

Rilke: Les cahiers de Malte, Laurids Brodge, trad.

«Une étrange lumière, où le clair de lune se mêlait à l'aube du jour le plus long de l'année, avait envahi le ciel. A l'est, on devinait une vague tache lumineuse, l'ouest rosissait à peine. Le ciel était blanchâtre, trouble, teinté de bleu. Le contour de cha-que feuille était net, comme ciselé dans de la pierre noire, et toute la masse des éra-bles et des tilleuls se dessinait, ornement noir plat, sur fond de ciel clair.»

Marie Cardinale, Les mots pour le dire, le Livre de Poche, 1976, (p. 108)

15 Bernard PAULE Espace et Lumière : Le projet d’éclairage

L’ombre

«Une lampe bleue éclairait le couloir. Vera ouvrit la fenêtre et posa ses coudes sur l'appui. Du troisième étage on voyait bien la ville au clair de lune, la brillance blan-che du fleuve. Les fenêtres camouflées rayonnaient d'une lumière bleu mica. Cette lumière dépourvue de bonté était sans vie, sa froideur bleutée sans chaleur: proje-tée par la surface morte de la lune, elle se reflétait dans les vitres poussiéreuses et l'eau nocturne glacée. Fragile, incertaine, elle disparaissait dès que l'on tournait la tête; alors la vie se retirait des fenêtres et du fleuve devenus noir.».

Vassili Grossman " Pour une juste cause ", Ed. L'age d'homme. ISBN 2-8251-1429-4, 2000.

«Elle me parlait sans cesse, elle me disait: Tu dois entrer dans la nuit comme un chat, et dans le jour comme un lion. Elle me disait que la nuit était la face cachée du jour, que je pouvais traverser la nuit en plein jour si j'apprenais à me glisser dans les ombres, et que la nuit, si je voulais goûter le jour, il suffisait que je marche dans la lumière de la lune. Elle me disait: La nuit, n'oublie pas le jour. Le jour n'oublie pas la nuit. Chaque être porte en lui un jour et une nuit. Goûte les deux, negrito mio.»

Henri Gougaud: Les sept plumes de l'aigle, Ed. du Seuil 2000

«Les ombres s’échinent à me chercher des noises»Alian Bashung

Bernard PAULE Espace et Lumière: Le projet d’éclairage 16

La lumière expérience sensorielle

10.0 La lumière expérience sensorielle

Au delà de l’information perçue par notre système visuel, au delà des aspects quan-titatifs et techniques associés à l’éclairage, la lumière est une expérience.

Expérience de l’éblouissement, de la pénombre, de la couleur, de la chaleur, jouant directement sur notre humeur, agissant bien au delà de notre regard.

FIGURE 15. Bonnard: Jeune fille étendue.

La légère bulle d’ombre qui auréole la tête de cette jeune fille suffit à constituer un minuscule havre de paix, lui permettant de se retirer, de s’extraire de son environne-ment, de s’évader, de rêver.

«...Et le riz tout le premier, sa seule vue, lorsqu'il est présenté dans une boite de laque noir et brillante déposée dans un coin obscur, satisfait notre sens esthétique, et du même coup stimule notre appétit. Ce riz immaculé, cuit à point, amoncelé dans une boite noire, qui, dès l'instant que l'on soulève le couvercle, émet une chaude vapeur, et dont chaque grain brille comme une perle, il n'est pas un japo-nais qui à sa vue n'en ressente l'implacable générosité. »

Tanizaki Junichiro: Eloge de l'ombre, 1933.

«Pierre est assis, comme d'habitude, sur un tabouret dans la cuisine. Seulement la lumière est encore tellement vive en cette soirée d'été! Le soleil projette des rais éblouissants sur le mur, les placards, le visage de sa mère. Les stores vénitiens devant la porte du balcon ont des interstices minuscules et la lumière dessine par-

17 Bernard PAULE Espace et Lumière : Le projet d’éclairage

La lumière expérience sensorielle

tout de petites taches. Pierre n'a qu'a tourner la tête et les taches de lumière trem-blotantes chatouillent voluptueusement son visage et l'éblouissent.»

Hans Magnus Enzensberger: Les sept voyages de Pierre, Le Seuil / Métailié, 1999.

« L’armoire est pleine de linge Il y a même des rayons de lune que je peux déplier. »André Breton, « Le revolver aux cheveux blancs »

« J’aime bien les couchers de soleil. Allons voir un coucher de soleil… »Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince

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