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La gestion du stress chez les intervenants, les gestionnaires et
les bénévoles
Colloque sur la sécurité civile 2012
Pierre-Paul Malenfant, TSConseiller et formateur national au volet psychosocial en
sécurité civile, Direction des services sociaux généraux et des activités communautaires
Ministère de la Santé et des Services sociaux
Les intervenants exposés au trauma :Les pompiers, premiers répondants, secouristesLes techniciens ambulanciers « paramédic »Le personnel des urgencesLes policiers et les services de sécurité
Les groupes qui interviennent seulement lors de sinistres ou de tragédies
Les gestionnairesLes intervenants de toutes les missions, M/O, municipalités et autres organisations impliquéesLes intervenants psychosociauxLes organismes du milieu (OC, OSBL)Les journalistesLes bénévoles
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Le profil type de l'intervenant en contexte de sécurité civile
• Aime l’action et le risque• Aime diriger• Aime se faire remarquer• Aime se sentir utile et être récompensé• Donne parfois trop et a de la difficulté ++ à
mettre ses propres limites• A peur de perdre le contrôle, de perdre la face
Les motivations secrètes?
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Dynamique et culture dans le domaine des mesures d’urgence
• L’idéalisation du métier• Le mythe de l’invulnérabilité (bravoure, héros,
immunisation naturelle, etc.)• La méfiance, voir l’interdit de parler de ce que l’on
peut ressentir (culpabilité++) et la crainte de tout ce qui est « psychologique »
• Priorité accordée aux victimes dans les plans• Pression sociale : attente, performance, etc.• Consensus : tout comme les victimes, les
intervenants vivent des réactions • Évolution de la question depuis la 2e guerre
mondiale, de Mitchell à aujourd’hui4
Les risques du métierPerturbation dans ses habitudes de vie
Diminution des contacts avec sa famille
Changement des méthodes de travail (horaires, etc.)
Confrontation à des scènes difficiles, pertes, trauma
Culpabilité ++ de ne pouvoir répondre aux besoins
Être louangé ou faire l’objet de critiques
Risques pour la santé physique et psychique
Difficulté à ressentir ses réactions et ses propres besoins
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Les qualités recherchées :Bonne santé physiqueÉquilibre psycho émotionnelDisponibilitéCapacité d’adaptationSouplesse et ouverture d’espritCapacité à bien gérer son stress en contexte de chaosAvoir le soutien de ses prochesPolyvalence et bonne capacité à travailler en équipeCapacité d’écoute et d’observationDébrouillardise et autonomieConscience de ses propres limites, accepte de consulter au besoin.
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Qu’est-ce que le stress?Ce n’est pas négatif en soi (Seyle, 1936)Permet de réagir et de s’adapter à la situationMythe entourant la pressionLe mammouth et le « CINÉ » de S. Lupien (2010):
Contrôle : Impression de ne pouvoir contrôler la situationImprévisibilité : La situation est imprévisibleNouveauté : La situation est nouvelleÉgo menacé : La situation est menaçante pour l’égo
Les réactions de stress :PhysiqueÉmotionnelleCognitiveComportementale
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Les facteurs de stress
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Événement Intervenants
Environnement
Impacts
Les facteurs de stress liés àl’intervenant
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Les facteurs de stress liés àl’événement
Le type de sinistre et le nombre de victimesLa durée, l'intensité et le niveau de dévastationLe niveau de perte et/ou d’exposition traumatiqueLa violenceLorsque des enfants sont victimesLa mort de victimes malgré les efforts de sauvetage La mort ou des blessures graves chez un collègue de travail ou une personne connueLe niveau d’incertitudeL’intrusion médiatique et politique
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Les facteurs de stress liés àl’organisation du travail
Les exigences physiquesLa surcharge des responsabilitésLe manque de ressources et de matérielLa non-reconnaissance du travail accompliLes conditions de travailLes conditions de vieLe niveau de contact avec ses prochesLe climat de collaboration et d’entraideLe soutien disponibleEtc.
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Les niveaux de stressLe stress avant l’intervention
Le stress initial
Le stress de base
La fatigue de compassion et la traumatisation secondaire
L’épuisement ou le « burnout »
Les réactions traumatiques :
État de stress aigu, état de stress post-traumatique
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L’épuisement « burnout » :
1. Un épuisement émotionnel
2. Une attitude négative envers ses collègues
3. Une perception négative de ses propres réalisations
• Des symptômes :
PhysiquesPsycho émotifsCognitifs
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Le processus d’épuisement
1. La phase d’excitation
2. Le doute
3. L’alarme
4. La résistance
5. L’épuisement 14
Le cas particulier des intervenants en zone chaude et tiède :
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Ce qui est vécu lors de l’intervention :Forte activation physique et cognitive
Rapidité d’interventionConfrontation à la mort, aux blessures (notion de trauma)Exécution de techniques appropriées à la situationImpression de fonctionner en mode « pilote automatique »Rétrécissement du champ perceptuel (tunnel)Engourdissement psycho-émotif (le stress est peu ressenti)Confrontation aux limites de l’intervention par rapport aux « attentes » des victimes et de leurs proches ainsi que des collègues, des partenaires, des autorités et de la société en généralAmbivalence entre fierté et désolation, de n’avoir pu faire mieux… et culpabilité 16
Qu’est-ce qu’un événement traumatique?
1. Le sujet a vécu, a été témoin ou a été confrontéà un événement durant lequel des individus ont pu mourir ou être très gravement blessés ou bien ont été menacés de mort ou de graves blessures ou bien durant lequel son intégritéphysique ou celle d’autrui a pu être menacée
2. La réaction du sujet à l’événement s’est traduite par une peur intense, un sentiment d’impuissance ou d’horreur.
Des éléments fondamentaux :Forte intensitéSurvenu soudaineCaractère imprévisibleStatut incontrôlable
DSM-IV-TR American Psychiatric Association (2003) 17
Les réactions (symptômes)post-traumatiques:
1. Reviviscence (flashback)Odeurs, sons, images, émotions, pensées, etc.
2. ÉvitementLieu, images, personnes, pensées, etc.
3. Hyper agitationImpression d’être « monté sur un ressort »SursautHypervigilenceRéactions physiques
DSM-IV-TR American Psychiatric Association (2003)18
Des problèmes d’adaptation :
L’état de stress aigu (choc nerveux)L’état de stress post-traumatiqueLa dépression post-traumatiqueLe trouble de l’adaptationLes problèmes de surconsommation
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Des réactions positives également :
Fierté et sentiment d’utilité sociale
Plus grande appréciation de la vie
Plus grande conscience des réalités humaines
Meilleure connaissance de soi
Amélioration des processus d’intervention et du travail d’équipe
Meilleure gestion du stress
Plus grande résilience individuelle et organisationnelle
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Des facteurs propices à l’émergence d’une situation critique ou traumatique :
Présence de nombreuses victimesLa durée, l’intensité et la complexité de l’interventionLa morbiditéLorsque la mort survient malgré les tentatives de sauvetageÀ la suite d’une erreur d’intervention, avec ou sans conséquenceLors de contacts avec des cadavres et des restes humainsLorsqu’il y a présence d’enfants ou de personnalitésLorsque les victimes sont connues des intervenantsLors d’un événement de nature violente (anthropique)Présence d’un haut niveau d’incertitudePrésence d’une forte agitation médiatiqueLorsqu’un collègue ou un proche est victime 21
ImportantLes réactions ressenties par les intervenants sont normales face à une situation qui elle n’est pas normale
La majorité des intervenants réussiront à retrouver leur équilibre dynamique
Certains présenteront des problèmes d’adaptation
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La gestion du stress etles moyens de protection
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l’autoprotectionL’informationLa co-protectionLa supervisionLe désamorçage (defusing)La démobilisationLe débriefing (CISD)La séance d’information psychosociale (SIP)
L’autoprotection : avant
Déterminer sa disposition (réserve d’énergie)Sera-t-il possible de délaisser des tâches?Bien connaître son rôle, le plan, etc.Entretenir l’esprit d’équipe, l’entraideBonne condition physique et mentaleHygiène de vie (alimentation, sommeil, détente, loisirs, abus de substances, etc.)Entretenir un bon réseau de soutienIdentifier les ressources d’aide disponiblesConvenir des responsabilités familiales
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L’autoprotection: pendantS’en tenir à son rôlePas + de 12 heures/jour, pauses-repasGarder contact avec son supérieurConnaître ses limites et profiter des occasions offertes pour parler de son propre vécuS’alimenter sainementPratiquer des activités de respiration et relaxationMaintenir un dialogue intérieur positifGarder contact avec ses prochesParticiper aux activités de soutien psychosocialDemeurer réaliste p/r aux limites de ses interventions
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L’autoprotection : aprèsPériode de repos pour récupérerRetour progressif à la vie familiale et au travailRevenir à ses bonnes habitudes, loisirs et autresFaire de l’exercice physique et de la détenteConsidérer ses réactions résiduelles comme normalesÉviter les abus de substancesParticiper aux activités de soutien psychosocial comme la Séance d’Information Psychosociale (SIP), débriefing, etc.Éviter de prendre des décisions importantesSi les réactions adverses durent plus de 3 à 4 semaines, consulter un service professionnel
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Autres moyens de protections :
L’importance de l’information
La co-protection
La supervision
Le désamorçage (Defusing)
La démobilisation
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À propos du débreffage :
Origine et évolution de la pratiqueMise en garde (contamination)Le caractère psychologique de cette approcheFaite uniquement par des intervenants aguerris
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La séance d’information psychosociale (SIP)
Critères Suite à une situation critiqueDes intervenants ressentent le besoin de se rencontrerPrésence de stress importantLa vie quotidienne est grandement affectée
ObjectifsInformer sur l’événement et les réactions possiblesNormaliser les réactionsInformer sur le processus d’adaptationInformer sur les services disponibles
Se tient en groupe, dans les jours suivants l’événementLa SIP est animée par des intervenants formés en la matière
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Un cadre de travail facilitant…
Brieffage prédéploiementChaîne de commandement claire, leadershipRotation des tâches selon le niveau de stressÉviter les tracasseries administrativesGarder le contact avec l’organisation et la familleHoraire de travail (12 h, pauses, congés, etc.)Lieu de repos tranquilleOffrir les facilités quand aux repas, installations sanitaires, sommeil, etc.
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Les activités de reconnaissance et d’évocation :
Reconnaissance :Favorise la valorisation des intervenants et l’esprit de solidarité et d’entraideActivités sociales, articles de journaux, hommages, etc.Le faire de façon périodique et à la fin des interventions
Évocation :Si l’organisation ou des intervenants ont subi des pertes significatives
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Lorsque l’on est à la fois victime et intervenant
Selon le niveau d’atteinte, prioriser d’abord les besoins en tant que victime du sinistre
Responsabilité de chacun de déterminer sa disposition à intervenir…
Responsabilité de l’organisation :
Soutenir ++
Adapter les tâches à la situation des intervenants impactés
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La dynamique du retour à la normale
Décalage entre le vécu de l’intervenant et celui des membres de sa famille
Dilemme entre parler ou ne pas parler de son vécuFatigue et autres réactions anxio-dépressives perdureront selon le niveau de stress accumulé
Se donner une certaine période de transitionSi les symptômes durent plus de 4 à 6 semaines, il peut être bon de consulter un service professionnel
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Les ressources disponibles : À l’intérieur même de l’organisation Le Programme d’aide aux employés (PAE)Les services psychosociaux du CSSSService Info-Santé : 8-1-1Les ressources web :– www.infotrauma.org– www.stresshumain.ca– www.aqps.info– http://www.drogue-aidereference.qc.ca/
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ConclusionLes ressources humaines sont ce que nous avons de plus précieuxLes intervenants vivent aussi les effets d’un sinistre et doivent donc se protéger en conséquenceLe soutien offert permet la résilience de la personne et de l’organisationL’organisation doit mettre en place des mesures de protectionIl est normal de consulter au besoin
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Merci de votre attention
Pierre-Paul Malenfant, TSConseiller et formateur nationalau volet psychosocial en sécurité civile
Direction des services sociaux généraux et des activités communautaires, ministère de la santé et des services sociaux
_____________________________________418-727-4548pierre-paul.malenfant.asss01@ssss.gouv.qc.ca
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