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À l’heure où la France et l’Allemagne définirent les principes de leur coopération bilatérale par le traité de l’Élysée, Paris posa les jalons d’une « politique arabe » devenue légendaire. À l’époque, c’est au travers de prismes très différents, voire antagoniques, que les deux pays appréhendaient le Sud de la Méditerranée : l’indé- pendance nationale pour l’Hexagone, l’ancrage à l’Ouest et le partenariat trans- atlantique pour la jeune République fédérale d’Allemagne (RFA). La chute du mur de Berlin rendit en partie caduc ce positionnement lié à la guerre froide, mais ne mit pas fin pour autant aux différences d’approche franco-allemandes. À partir des années 1990, celles-ci furent marquées par un double tropisme, méridional pour la France, oriental pour l’Allemagne, qui structura sur un mode binaire leur rapport au voisi- nage. Avec le Printemps arabe et l’émergence d’un nouveau narratif, ce clivage n’a certes pas complètement disparu, mais il s’est à son tour estompé, dans la mesure où Berlin affiche depuis un intérêt marqué pour la politique méditerranéenne et s’en- gage pour sa réorientation dans le contexte européen. Chacune de ces phases, qui se sont succédé au rythme des bouleversements géopolitiques mondiaux, s’est accompagnée d’une approche spécifique de la Médi- terranée – ou plutôt de différentes approches nationales. En même temps, si les lec- tures ont évolué au fil du temps, ce mouvement ne doit pas seulement être interprété comme une série de ruptures, car des éléments ont été transmis de phase en phase, issus d’expériences historiques, de traditions économiques et de cultures stratégi- ques spécifiques. Revenant sur les principales étapes de la politique méditerra- néenne de la France et de l’Allemagne au cours des cinquante dernières années, le présent article explore la manière dont s’articulent entre elles ces différentes strates. Il vise également à étudier la façon dont les positions française et allemande se croisent, à la fois au niveau bilatéral et dans le cadre européen. Alors que la politique méditerranéenne a fait l’objet d’une européanisation progressive, les approches française et allemande ont-elles convergé au fil du temps ? Dans quelle mesure la politique méditerranéenne fut-elle par le passé, et est-elle aujourd’hui, un champ de coopération franco-allemande ? Et dans ce contexte, quels éléments agis- sent comme des marqueurs sur la politique des deux pays sur le long terme ? La France et l’Allemagne face à l’espace méditerranéen : la persistance des préférences nationales dans le cadre européen Claire Demesmay * * C. Demesmay. Directrice du programme « France/Relations franco-allemandes » à la Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik (DGAP) de Berlin. 19 Demesmay 13/09/12 19:07 Page 185

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À l’heure où la France et l’Allemagne définirent les principes de leur coopérationbilatérale par le traité de l’Élysée, Paris posa les jalons d’une « politique arabe »devenue légendaire. À l’époque, c’est au travers de prismes très différents, voireantagoniques, que les deux pays appréhendaient le Sud de la Méditerranée : l’indé-pendance nationale pour l’Hexagone, l’ancrage à l’Ouest et le partenariat trans-atlantique pour la jeune République fédérale d’Allemagne (RFA). La chute du mur deBerlin rendit en partie caduc ce positionnement lié à la guerre froide, mais ne mit pasfin pour autant aux différences d’approche franco-allemandes. À partir des années1990, celles-ci furent marquées par un double tropisme, méridional pour la France,oriental pour l’Allemagne, qui structura sur un mode binaire leur rapport au voisi-nage. Avec le Printemps arabe et l’émergence d’un nouveau narratif, ce clivage n’acertes pas complètement disparu, mais il s’est à son tour estompé, dans la mesure oùBerlin affiche depuis un intérêt marqué pour la politique méditerranéenne et s’en-gage pour sa réorientation dans le contexte européen.

Chacune de ces phases, qui se sont succédé au rythme des bouleversementsgéopolitiques mondiaux, s’est accompagnée d’une approche spécifique de la Médi-terranée – ou plutôt de différentes approches nationales. En même temps, si les lec-tures ont évolué au fil du temps, ce mouvement ne doit pas seulement être interprétécomme une série de ruptures, car des éléments ont été transmis de phase en phase,issus d’expériences historiques, de traditions économiques et de cultures stratégi-ques spécifiques. Revenant sur les principales étapes de la politique méditerra-néenne de la France et de l’Allemagne au cours des cinquante dernières années,le présent article explore la manière dont s’articulent entre elles ces différentesstrates. Il vise également à étudier la façon dont les positions française et allemandese croisent, à la fois au niveau bilatéral et dans le cadre européen. Alors quela politique méditerranéenne a fait l’objet d’une européanisation progressive, lesapproches française et allemande ont-elles convergé au fil du temps ? Dans quellemesure la politique méditerranéenne fut-elle par le passé, et est-elle aujourd’hui, unchamp de coopération franco-allemande ? Et dans ce contexte, quels éléments agis-sent comme des marqueurs sur la politique des deux pays sur le long terme ?

La France et l’Allemagneface à l’espace méditerranéen :la persistance des préférences nationalesdans le cadre européenClaire Demesmay*

* C. Demesmay. Directrice du programme « France/Relations franco-allemandes » à la Deutsche Gesellschaft fürAuswärtige Politik (DGAP) de Berlin.

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Des divergences franco-allemandes ancrées dans l’histoire

Motivée par un souci de grandeur nationale et nourrie par un sentiment deresponsabilité particulière vis-à-vis d’une région avec laquelle l’Hexagone entretientdes liens historiques étroits, la politique arabe que la France définit dans les années1960 est restée jusqu’à aujourd’hui l’un des piliers de sa politique étrangère. Ayantdéfinitivement perdu son statut de puissance coloniale avec l’indépendance del’Algérie en 1962, la France souhaitait « reprendre pied dans le monde arabe » 1,où elle était à la recherche d’un nouveau rôle. Le contexte de la guerre froide, dontle Général de Gaulle rejetait la logique des blocs, se prêtait à un tel dessein. En sepositionnant sur le terrain méditerranéen, cette politique visait à retrouver uneinfluence érodée par des années de décolonisation, tout en contestant la supréma-tie des deux Grands dans une région favorable à la confrontation Est/Ouest, d’uneindéniable importance stratégique.

S’appuyant sur une profonde connaissance du Sud de la Méditerranée, en par-ticulier du Maghreb, la France noua dès le début des années 1960 des alliancesdiplomatiques privilégiées avec ses anciennes colonies et incita les grandes entre-prises françaises à s’y développer 2. Pour les dirigeants français, cette politiqueimpliquait de renforcer leurs relations personnelles avec les responsables des paysarabes. En dehors des visites officielles, qui se multiplièrent à partir des années1960 – le premier dirigeant à être reçu à Paris fut le roi Hussein de Jordanie en1963 –, l’exécutif misa sur des contacts informels avec les gouvernements des payspartenaires. Ainsi se mit en place une « complicité de longue durée entretenue deprésident en président depuis l’ère gaullienne » 3, marquée par un souci de stabi-lité politique et une attitude complaisante vis-à-vis des régimes autoritaires. Nonseulement Paris ne posait guère de condition politique à la coopération bilatérale,notamment en termes de démocratisation, mais il avait aussi tendance à négligerles relations avec la société civile des pays sud-méditerranéens, en particulier avecles représentants des mouvements islamiques au sein de l’opposition politique. Àpartir de cette époque, garantir la stabilité de la région impliquait en effet, pourla France, de faire rempart à la montée de l’islamisme. Aussi ses dirigeants privilé-gièrent-ils toujours, dans les relations bilatérales, les États perçus comme laïcs etrépublicains – à l’image de l’Irak qui, pour la diplomatie française, représenta long-temps une « digue contre l’expansion du chiisme iranien » 4, du moins jusqu’à l’in-vasion du Koweït en 1991.

La quête de stabilité impliquait également pour Paris de soutenir le camp arabedans le cadre du conflit israélo-palestinien. À ce titre, la Guerre des Six Jours en1967, lorsque Charles de Gaulle condamna l’attaque préventive d’Israël contrel’Égypte, marqua un tournant durable dans la politique de la France.Indépendamment de son appartenance politique, l’exécutif se montra désormaiscritique vis-à-vis de la politique israélienne. Ainsi, Valéry Giscard d’Estaing auto-risa l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) à ouvrir un bureau parisienen 1975, ce qui revenait à reconnaître le peuple palestinien, et s’engagea en 1980en faveur de la « Déclaration de Venise », dans laquelle le Conseil européen appelaIsraël à « mettre fin à l’occupation territoriale qu’il maint[enai]t depuis le conflit de1967 ». Deux ans plus tard, François Mitterrand renoua avec cette politique etcondamna l’invasion israélienne au Liban 5. Ce ton critique vis-à-vis de la politique

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israélienne et le soutien au droit à l’autodétermination des Palestiniens, uneconstante de la politique régionale de la France, permit à cette dernière de conso-lider peu à peu son capital de sympathie dans le monde arabe.

Dans le contexte de l’après guerre, la logique de la jeune RFA était tout autre.Souhaitant se réinsérer dans la communauté internationale et n’entretenant pas delien historique particulier avec la Méditerranée, elle n’avait aucun intérêt à disputeraux États-Unis et à l’Union soviétique leur influence dans la région. En vertu de la« prédominance de l’option atlantique » 6 dans sa diplomatie, elle choisit aucontraire de faire profil bas, tout en soutenant les ambitions de l’allié américain.Dans le même temps, tirer les leçons de l’histoire récente impliqua très vite, pour lechancelier Konrad Adenauer, de définir la sécurité d’Israël comme une priorité, voireune « raison d’État » 7. Ainsi, à partir de 1953, date de la ratification de l’accordde réparation germano-israélien, une relation privilégiée se développa progressive-ment entre Bonn et Jérusalem 8. Cette politique connut certes une inflexion dans lecourant des années 1960, à la suite d’une crise diplomatique avec les pays arabes,causée par la divulgation de la livraison d’armes allemandes à Israël. Sous l’impul-sion de Willy Brandt, la RFA s’efforça alors de rééquilibrer ses relations au Proche-Orient en faveur des pays arabes 9. Toutefois, tout en restant fidèle à cette politiquede l’Ausgewogenheit au cours des décennies suivantes, elle demeura l’un des plusfervents soutiens politiques et le principal partenaire commercial de l’État d’Israël.

Ce rééquilibrage conduisit en tout cas Bonn à renforcer son soutien politique etfinancier aux pays arabes, ainsi qu’à développer avec certains États du Sud de laMéditerranée des liens politiques et commerciaux plus étroits. Parmi eux la Turquie,alliée des Occidentaux durant la guerre froide, avec laquelle l’Allemagne entretenaitdes relations à la fois anciennes et complexes – celles-ci s’enrichirent d’un nouveauchapitre avec l’accord de recrutement (Anwerbeabkommen) germano-turc de 1961.Sans développer des relations aussi étroites qu’avec la Turquie, la RFA se rapprochaégalement de l’Iran. Si les bons rapports que Bonn entretenait avec la monarchie duShah, alors membre du Pacte de Bagdad, furent suivies d’une période de tensionsaprès la Révolution de 1979, la RFA fut le premier État occidental à opérer un rap-prochement avec la République islamique. Incarnée par la visite du ministre desAffaires étrangères Hans Dietrich Genscher à Téhéran, en 1984 10, cette politique nemanqua pas de susciter la critique des alliés occidentaux de l’Allemagne, qu’ils’agisse des États-Unis, de la France ou d’Israël. Malgré cela, Bonn s’efforça lesannées suivantes de favoriser le dialogue entre l’Iran et l’Occident.

D’un ordre mondial à l’autre

À la suite de la chute du Mur de Berlin et de la mise en place d’un nouvel ordremondial – qui transforma en profondeur les rapports de force au Sud de laMéditerranée –, la France et l’Allemagne se virent contraintes de réviser leur politi-que régionale et d’adapter leurs outils conceptuels. Tout en maintenant dans leursgrandes lignes les fondamentaux élaborés dès les années 1960, concernant en par-ticulier les partenariats bilatéraux11, elles réorientèrent leur approche stratégiqueet infléchirent certaines de leurs postures traditionnelles – ce fut surtout le cas dela France qui, confrontée à la toute puissance des États-Unis dans la région etdésormais incapable d’y apparaître comme le « troisième homme », chercha par

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d’autres biais à regagner une influence bien érodée – dont témoignait sa margina-lisation croissante sur le dossier israélo-palestinien.

Ayant conscience de son impuissance à régler seul les conflits régionaux,Paris se montra plus ouvert que par le passé à la coopération avec le partenaireaméricain, se rapprochant par là de la position de l’Allemagne. En 1991, la par-ticipation à la Guerre du Golfe, par laquelle la France rompit avec son soutien tra-ditionnel à l’Irak de Saddam Hussein, fut l’occasion de se présenter à Washingtoncomme un allié crédible et responsable, tout en soulignant son intérêt pour larégion. Cette attitude culmina sous la présidence de Nicolas Sarkozy, qui mar-qua une « progressive subordination française aux positions américaines » 12 auProche-Orient. Il est vrai que cette ouverture transatlantique ne s’accompagna pasd’un alignement systématique sur les positions américaines, comme le rappela en2003 la critique du président Jacques Chirac et de son ministre des Affaires étran-gères, Dominique de Villepin, à l’encontre de l’unilatéralisme américain lors de laGuerre d’Irak – critique à laquelle s’associa d’ailleurs à l’époque le chancelierGerhard Schröder, prenant le contre-pied de la traditionnelle orientation pro-atlan-tique de l’Allemagne. Cependant, l’idée finit par s’imposer que, sans partenaires,la France ne serait plus en mesure d’exercer de véritable influence dans la région.

Ce constat conduisit Paris à développer de nouveaux formats de concertation etde coopération censés lui permettre d’échapper à la marginalisation. Ainsi, c’est àson initiative que fut créé en 1990 le « Dialogue 5+5 », une instance informelledestinée à dix pays de la Méditerranée occidentale 13. Mais c’est surtout dans lecadre européen que la France entendait retrouver une présence au Proche-Orienten général, et au Maghreb en particulier. Alors que l’Union européenne (UE) s’ou-vrait à l’Est, opérant le plus important élargissement de son histoire, la France« accentu[a] son discours sur la Méditerranée » 14 et inscrivit la coopération avecla rive Sud à l’agenda européen. Elle réagit ainsi au déplacement vers l’Est du cen-tre de gravité de l’Union, qu’elle entendait corriger en fonction de ses préférencesgéostratégiques. De plus, recourir au levier européen était censé lui permettre deretrouver une présence dans la région, tout en faisant évoluer sa traditionnelle« politique arabe » vers une politique euro-méditerranéenne à laquelle devaientêtre associés Israël et la Turquie 15. Cette démarche aboutit en 1995 à la créationdu « Processus de Barcelone », un instrument commun à l’ensemble de l’UE, dontl’objectif affiché était de démocratiser le Sud de la Méditerranée – un discours surlequel l’Allemagne a toujours insisté, et auquel se rallia la France.

Il convient ici de relativiser ce ralliement, qui ne modifia pas de façon fondamen-tale le positionnement traditionnel de la France vis-vis des pays de la région, maisaussi l’attachement de l’Allemagne à la libéralisation politique dans le monde arabeà cette époque. Après le 11 septembre 2011, celle-ci n’échappa pas, comme l’en-semble de ses partenaires occidentaux, à une tendance à la « sécurisation » de sapolitique méditerranéenne 16. Face à la menace terroriste, la priorité n’était plus eneffet aux réformes institutionnelles, à la consolidation de l’État de droit et à l’intro-duction de règles de bonne gouvernance dans la région, telles que le suppose le« Processus de Barcelone » 17. Malgré une certaine proximité de vues franco-alle-mande sur le sujet, Paris et Berlin continuèrent cependant à entretenir des rapportsbien différents avec la société civile des pays arabes. Le gouvernement fédéral choi-

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sit de poursuivre le dialogue avec l’islam politique, la principale forme d’oppositiondans la région. À cette fin, il s’appuya notamment sur la présence de ses fondationspolitiques dans les pays du Sud 18 qui y ouvrirent des bureaux dès les années 1970et 1980 19. Quant à la France, elle eut beau avoir infléchi sa position vis-à-vis desmouvements islamistes depuis la chute du Rideau de fer, elle resta prudente, préfé-rant maintenir des relations privilégiées avec l’élite autoritaire des États arabes.

Durant ces années, le malentendu concernant l’intérêt de l’Allemagne pour leSud de la Méditerranée ne s’estompa guère en France. Cette incompréhensionéclata au grand jour en 2007 avec la dispute franco-allemande au sujet de l’Unionpour la Méditerranée (UpM). Au départ, ce grand projet de politique étrangèredu président Sarkozy fut conçu en dehors des structures de l’UE et seuls les paysriverains de la Méditerranée étaient censés y être associés 20. La position del’Allemagne qui, au terme de négociations très médiatisées, parvint à ramener leprojet dans le giron européen, était pourtant claire, la chancelière Angela Merkeldéclarant à Paris, lors de la conférence de presse, avec le président français, du2 décembre 2007 : « Nous n’avons pas de côte sur la Méditerranée, mais cela nesignifie pas que nous ne nous y intéressons pas. [...] La Méditerranée, c’est unepréoccupation pour tous les Européens ». Ce malentendu est d’autant plus étonnantqu’au cours des années précédentes, Berlin avait déjà envoyé des signaux clairs ence sens. Le 20 janvier 1999, devant l’Assemblée nationale, Joschka Fischer, alorsministre fédéral des Affaires étrangères, avait mis en garde Paris contre la tentationd’un partage des tâches régionales entre la France et l’Allemagne : « Nous ne pou-vons accepter de ‘géo-clientélisme’, l’Allemagne ‘servant’ l’Est et la France le Sud.La stabilisation de notre environnement oriental comme méridional est dans l’inté-rêt de nos deux pays et de l’Europe entière ». On ne saurait pour autant déduirede cette déclaration, ni de la critique vis-à-vis du projet initial de l’UpM, que Berlinfait de la Méditerranée une priorité de sa politique étrangère. L’Allemagne continueà entretenir un certain tropisme oriental, comme la France à l’égard de son voisi-nage méridional 21. Si elle ne se reconnaît pas dans la culture méditerranéenne, ellea cependant aujourd’hui conscience d’être devenue un « pays méditerranéen » 22.Depuis la création de l’espace Schengen et la disparition des frontières intra-euro-péennes, elle est en effet directement concernée par les enjeux de l’espace médi-terranéen, qu’il s’agisse des mouvements d’immigration, de l’approvisionnementénergétique ou du risque terroriste. L’épisode de l’UpM contribua sans doute àcorriger cette image, même partiellement.

La nouvelle donne du Printemps arabeTransformant en profondeur le contexte géopolitique du Sud de la Méditerranée,

le Printemps arabe jette une lumière nouvelle sur la politique méditerranéenne desÉtats occidentaux, et notamment des Européens. Peu présente dans la région endehors des structures européennes, Berlin échappa en grande partie au feu de lacritique lorsque tombèrent les premiers régimes autoritaires. Paris en revanche,en tant qu’allié traditionnel d’élites contestées et parfois déchues, ayant toujours pri-vilégié la stabilité à la dynamique démocratique, apparut clairement en décalageavec les aspirations des peuples de la région.

La déclaration de la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, devantl’Assemblée nationale, le 11 janvier 2011, proposant à la police tunisienne et algé-

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rienne le « savoir-faire » français pour « régler les situations sécuritaires » liées auxémeutes, devint le symbole d’une France n’ayant pas su anticiper la dynamiquerévolutionnaire malgré sa proximité avec la région, et surtout incapable d’y appor-ter une réponse adéquate. Dans ce contexte, sa politique traditionnelle parut sou-dain datée. Après un moment d’attentisme, marqué par une certaine incrédulitéface aux événements, la diplomatie française s’efforça de reprendre la main etd’adopter un ton nouveau, plus en phase avec les bouleversements politique dumonde arabe. Pour l’exécutif, cela supposait dans un premier temps de témoignersa sympathie aux représentants de la contestation politique et de se mettre enposition d’écoute à leur égard. En ce sens, le Quai d’Orsay organisa, par exemple,un colloque consacré au Printemps arabe auquel participèrent, aux côtés des cher-cheurs, des acteurs de la révolution et durant lequel le ministre des Affaires étran-gères se montra attentif 23. Paris s’efforça ensuite d’endosser les habits ducompagnon de route, à la fois soutien et guide « aux avant-postes de l’action »,comme le déclara Alain Juppé lors son allocution à la XIXe Conférence des ambas-sadeurs, le 2 septembre 2011. L’engagement de l’exécutif en faveur de l’interven-tion en Libye, dont les images étaient censées se substituer à celles de la visitecontroversée du colonel Kadhafi en décembre 2007, devait nourrir ce message.

Après l’élection de François Hollande à l’Élysée, Paris poursuivit cette stratégie,cherchant à se présenter comme un acteur aux côtés des forces démocratiques. Dece point de vue, la visite en France du président tunisien Moncef Marzouki, reçu àl’Élysée le 17 juillet 2012, est hautement symbolique. Telle est également l’approchedu Quay d’Orsay, qui accueillit en juillet 2012 les Amis du peuple syrien et s’ef-force de nouer des contacts avec la société civile. C’est ainsi que Yamina Benguigui,la ministre déléguée chargée des Français de l’étranger et de la Francophonie, reçuten juin 2012 des « journalistes blogueuses activistes » ayant suivi les révolutions. Lenouveau ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, souhaite lui aussi placerla politique méditerranéenne de la France sous le signe de « l’accompagnementde la nouvelle citoyenneté ». Il explique ainsi à l’occasion du colloque « Le mondearabe à l’âge des révolutions », à Paris, le 27 juin 2012, que « nos interlocuteursdevront être aussi les mouvements démocratiques, les associations de défense desdroits, notamment ceux des femmes, et les mouvements qui agissent pour l’éduca-tion, la culture ou le développement économique ». S’il est indispensable de rétablirla confiance après la phase de déception des mois précédents, la tâche est loind’être aisée. Pour ne pas rester lettre morte, mais aller au-delà des discours et dessymboles, un tel rattrapage nécessitera beaucoup de patience et de détermination.

Paris a certes toujours été associé à la formation de l’élite politique et économi-que des pays arabes, à laquelle il a ainsi un accès privilégié. Depuis des décennies,l’Hexagone accueille en effet un grand nombre d’étudiants maghrébins et estaujourd’hui le premier pays en la matière – il reçoit actuellement 67 % d’entre eux,contre 8 % pour l’Allemagne 24. En même temps, il tourne traditionnellement le dosà la « contre-élite », composée en majorité de représentants de l’islam politique.Alors que certains pays occidentaux se sont efforcés de soigner le contact avec l’op-position, comme l’Allemagne par le biais des fondations ou les États-Unis dans lecadre de voyages d’étude, la France l’a négligée. Aujourd’hui, le défi est pour ellede reconstruire un réseau, au moment même où la distanciation vis-à-vis de Paris

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est perçue comme une condition à la démocratisation. Dans cette perspective, lapriorité va aux États dont le régime vient de tomber, mais les autres ne sauraientêtre oubliés. Dans ce dernier cas, qu’incarne par exemple le Maroc, la difficultéest double : il s’agit de tisser des liens avec les représentants de la contestation, telle « Mouvement du 20 février », sans toutefois froisser les dignitaires de régimeavec lequel la France continue à entretenir des relations privilégiées. Sans doute nesaurait-il y avoir de meilleur test pour la réorientation de sa politique méditerra-néenne.

Si l’Allemagne ne fut pas directement interpelée sur sa complaisance vis-à-visdes régimes autoritaires de la région, elle fit, elle aussi, preuve d’hésitation lors-qu’éclata la contestation. Face aux révoltes, le gouvernement fédéral s’essaya à un« grand écart rhétorique » 25, cherchant à encourager la démocratisation sans véri-tablement dénoncer le pouvoir en place. Il attendit la chute de Hosni Moubarak etde Zine el-Abidine Ben Ali pour prendre parti de manière univoque, mais fit alorspreuve d’une grande réactivité. Deux semaines à peine après le renversement durégime en Égypte, le ministre des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, se renditau Caire et à Tunis pour exprimer sa solidarité aux peuples égyptien et tunisien. Au-delà de ce voyage symbolique, Berlin chercha à se doter rapidement de mécanis-mes pour développer sa coopération bilatérale avec les pays de la région, ainsi quepour y soutenir la démocratisation. Un poste d’ambassadeur chargé des transfor-mations dans le monde arabe fut ainsi créé au sein du ministère fédéral des Affairesétrangères, en août 2011. De plus, dès février 2011, Berlin offrit à l’Égypte et àla Tunisie de contribuer aux réformes politiques et économiques dans le cadre d’un« partenariat pour la transformation » (Transformationspartnerschaft) géré par unecellule diplomatique nouvellement créée.

Dans cette perspective, l’Allemagne se trouve dans une position intéressante.Dépourvue de passif lourd dans la région, elle apparaît comme un acteur «vierge»,dont le capital de sympathie est intact. Bien consciente de cette position avanta-geuse, elle opte pour un discours neuf. De ce point de vue, il est révélateur qu’elleinsiste sur le concept de « transformation », à l’opposé de la « stabilité » recherchéepar les Européens durant des décennies. Dans le même sens, Berlin en appelle àune relation bilatérale symétrique, dans laquelle les initiatives sont censées venirdes pays du Sud. De ce point de vue, la coopération avec la Tunisie, à laquellel’Allemagne attribue une fonction exemplaire, est révélatrice de cette volonté d’éta-blir un dialogue sur un pied d’égalité 26 que symbolise la mise en place de comitésinterministériels conjoints.

Berlin peut compter sur un réseau d’organisations intermédiaires qui travaillentdepuis un certain temps déjà avec différents mouvements d’opposition et sontaujourd’hui à même de jouer les médiateurs. Aux côtés de l’Institut Goethe, deschambres de commerce ou encore de la Gesellschaft für InternationaleZusammenarbeit (GIZ), les fondations politiques se voient attribuer un rôle clé dansl’identification des partenaires et l’organisation de discussions – tout en étant par-fois dans une position inconfortable, comme le rappela la perquisition du bureaude la fondation Konrad Adenauer, proche des chrétiens-démocrates (CDU), endécembre 2011 au Caire. Qui plus est, l’Allemagne tire profit de son expérience enmatière de consolidation de la société civile et de formation démocratique. Si les

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moyens mis à disposition par les ministères des Affaires étrangères et de laCoopération économique sont loin d’être négligeables – s’élevant pour le ministèredes Affaires étrangères à 100 millions d’euros en 2012/13 –, son atout vient de sacapacité à transmettre des compétences sociales – qu’il s’agisse de formation pourdiplomates par le ministère des Affaires étrangères, de l’organisation de séminai-res de média training pour journalistes par l’Académie de la Deutsche Welle ou decours d’allemand à de jeunes diplômés à la recherche d’un emploi, susceptibles derejoindre par la suite des entreprises allemandes implantées dans la région.

La rapidité avec laquelle Berlin réagit aux bouleversements peut étonner euégard à sa faible présence dans la région jusqu’alors. Les considérations de politi-que intérieure jouèrent certainement un rôle dans cette décision, dans la mesure oùle ministre des Affaires étrangères, alors en mal de visibilité politique, saisit l’occa-sion, le 16 mars 2011 devant le Bundestag, pour affirmer son profil libéral dansson champ de compétence : « Nous avons besoin d’un échange ouvert et franc surdes questions politiques, sur les droits de l’Homme et les libertés ». L’élan allemandtraduit également le souci, en référence à l’histoire propre de l’Allemagne – à la foisl’heure zéro et la révolution pacifique de 1989 –, de s’affirmer comme une puis-sance civile tablant sur les instruments classiques de la « public diplomacy » plutôtque sur le recours à la force. Enfin, comme le laisse entendre le ministère desAffaires étrangères 27, les objectifs géostratégiques ne lui sont pas indifférents, àcommencer par la stabilité politique du voisinage méridional, ainsi que les débou-chés économiques, en particulier dans le secteur de l’énergie.

La difficile convergence européenne

En atténuant la traditionnelle confrontation Est/Sud, mais aussi le clivagestabilité/démocratisation – deux facteurs de division traditionnels des Européens –,les révolutions arabes contribuèrent à un rapprochement entre les positions de laFrance et de l’Allemagne concernant la politique méditerranéenne. Celui-ci n’a pour-tant pas été l’occasion de développer une coopération entre les deux pays. Il est vraique dans l’urgence, la priorité allait au repositionnement des politiques nationalesplutôt qu’à la concertation franco-allemande ; mais même une fois passé l’effet de sur-prise, Paris et Berlin ne cherchèrent pas à travailler de concert. Les rares tentatives demettre certains instruments bilatéraux au service d’une approche méditerranéenneconjointe, par exemple dans le cadre de l’Université franco-allemande, échouèrent– que cela soit pour des raisons budgétaires, administratives ou simplement d’intérêtsnationaux. Dans ce contexte, l’ouverture de programmes de l’Office franco-allemandpour la Jeunesse (OFAJ) demeure une exception. Au final, la concurrence franco-allemande au Sud de la Méditerranée ne s’en trouve pas atténuée.

En fait, c’est à l’échelle européenne qu’ont lieu les échanges entre Paris et Berlin,non pas dans un cadre bilatéral, mais avec les autres États membres de l’UE. Àla suite du Printemps arabe, Berlin prit l’initiative de demander une refonte de lapolitique méditerranéenne de l’Union. G. Westerwelle envoya une note, en date du15 février 2011, à Catherine Ashton, Haute représentante de l’Union pour lesAffaires étrangères et la politique de sécurité, en proposant d’adopter au niveaueuropéen un « partenariat pour la transformation » – concept repris peu après parla Commission européenne 28 –, et son ministère transmis à Bruxelles un document,

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précisant les propositions de Berlin. Au cœur de ces documents, on trouve l’idée de« conditionnalité », dont la France et l’Allemagne continuent à faire des interpréta-tions différentes 29.

Pour en finir avec des années de complaisance politique, Berlin estime indispen-sable de soumettre, de façon beaucoup plus stricte que par le passé, les aides euro-péennes au respect des droits de l’Homme et des principes démocratiques : « Notreengagement est lié à des réformes effectives. Nous avons ainsi créé pour nos par-tenaires une incitation supplémentaire à poursuivre sur la voie des réformes » 30. Enréalité, l’Allemagne ne défend pas seulement le principe du « more for more »,apportant un soutien accru aux États réalisant des réformes, mais aussi celui du« less for less », selon lequel les États ne remplissant pas les critères politiquesdéfinis doivent être pénalisés 31. De son côté, la France juge le mécanisme tropcontraignant, dans la mesure où il ne permet pas d’adapter les aides aux besoinsdes États, ni d’ailleurs aux intérêts stratégiques des Européens. En ce sens, A. Juppéen appela, devant l’Assemblée nationale, le 15 juin 2011, à une « conditionnalitéintelligente, c’est-à-dire qui tienne compte des orientations et pas encore des résul-tats obtenus ». Le compromis, tel que le reprit la communication de la Commissionde mai 2011 32, retient ainsi le principe de conditionnalité politique, mais exclutde recourir aux sanctions. En réalité, la formule sur laquelle se sont accordés lesministres des Affaires étrangères européens reprend les deux exigences, en secontentant de les juxtaposer 33.

Au-delà, Français et Allemands portent également un regard différent sur lecadre institutionnel de la politique méditerranéenne. Traditionnellement, Paris privi-légie les instances multilatérales, à l’image de l’UpM, alors que Berlin table sur desinstruments bilatéraux, tels qu’ils existent avec la Politique européenne de voisinage(PEV). L’hétérogénéité régionale s’étant accrue depuis les révolutions arabes,l’Allemagne estime plus indispensable que jamais d’adapter la politique euro-péenne à la situation spécifique des États du Sud et, dans ce contexte, n’attribuequ’un rôle mineur à l’UpM 34. Quant à Paris, sans remettre en cause la PEV, il espé-rait au contraire que le Printemps arabe s’accompagnerait d’une nouvelle dynami-que pour l’UpM. Il n’est pas exclu que le changement de majorité en Francecontribue à faire bouger les lignes. Lors d’une conférence de presse commune avecson homologue tunisien, le nouveau président a indiqué vouloir « rouvrir d’uneautre manière que par le passé » la coopération entre les deux rives, notamment enréactivant le format « 5+5 ». De même, reconnaissant que « l’ambition de l’Unionpour la Méditerranée n’a pas survécu aux premières difficultés », L. Fabius estimeaujourd’hui nécessaire « d’utiliser son secrétariat, qui a montré son utilité, et gérerdes projets concrets de coopération » – comme il le rappelait dans son interventionlors du colloque « Le monde arabe à l’âge des révolutions », le 27 juin 2012. Cetteposition, qui demandera à être précisée, semble à première vue assez proche de lavision allemande, pour qui l’UpM doit être avant tout une agence technique et nonun forum politique. Toujours est-il que les instruments bilatéraux et multilatérauxcontinuent aujourd’hui à se côtoyer sans cohérence, nuisant par là à l’efficacité dela politique européenne 35.

Ces deux exemples, qui ne suffisent pas à exploiter l’ensemble des divergencesfranco-allemandes en la matière, témoignent de la difficulté des deux pays à rappro-

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cher leurs positions malgré l’européanisation de la politique méditerranéenne aucours des dernières décennies. Si leur lecture des réalités de la région a fortementévolué au fil du temps, elle reste soumise à un certain nombre de constantes politi-ques qui, depuis cinquante ans, agissent comme des fils rouges historiques. Danscette perspective, le rapport au passé reste un facteur structurant majeur. Ainsi, laFrance a beau s’être ralliée au cadre euro-méditerranéen, elle continue à penserqu’elle a une responsabilité spécifique au Sud de la Méditerranée et en particulierdans le monde arabe. Il en va de même pour l’Allemagne. Si, désormais, elle appré-hende aussi la région sous l’angle de ses intérêts nationaux – sa décision de sortirdu nucléaire n’est pas étrangère à son intérêt d’y développer les énergies renouve-lables –, le rôle de puissance civile qu’elle s’attribue depuis la fin de la SecondeGuerre mondiale influence fortement son positionnement. Ces particularités sontapparues de manière éclatante lors de la discussion sur l’intervention en Libye, enmars 2012. Les divergences de culture et de structure économiques des deux paysalimentent elles aussi leurs préférences nationales en termes de politique étrangère.Ainsi en va-t-il de la discussion sur l’ouverture des marchés européens aux produitsdu Sud, à propos de laquelle la France et l’Allemagne s’opposent depuis les années1970 36 : alors que l’Allemagne – comme les Pays-Bas et la Grande-Bretagne –plaide pour une libéralisation complète, incluant les produits agricoles et les services,la France – comme l’Espagne et l’Italie – y rechigne, craignant davantage la concur-rence des pays du Sud de la Méditerranée.

Non seulement ces divergences traditionnelles peinent à se résorber avec letemps, mais en ravivant l’intérêt des Européens pour la région, le Printemps arabecontribue d’une certaine manière à les exacerber. En tant que telles, ces différencesde vue ne font pas obstacle à l’élaboration d’une politique européenne commune.Elles recèlent au contraire un certain « potentiel » 37, à condition cependant queFrançais et Allemands – et plus largement l’ensemble des Européens – parviennentà s’entendre sur une politique à la fois cohérente, réactive et ambitieuse. Pour cela,ils ne pourront se satisfaire, comme ce fut le cas jusqu’à aujourd’hui, de formulesfloues et de compromis bancals, élaborés autour du plus petit dénominateur com-mun. Dans cette perspective, la question reste de savoir si Paris et Berlin sauront êtreà la hauteur d’un tel défi et faire rapidement preuve d’initiative face aux enjeux deleur voisinage méridional.

Notes1. André Nouschi, La France et le monde arabe. Depuis 1962, mythes et réalités d’une ambition, Paris, Vuibert,

1994, p. 134.2. Charles Saint-Prot, La politique arabe de la France, Études géopolitiques, n° 7, 2008.3. Andreas Marchetti, Dorothée Schmid, La politique européenne de voisinage : potentiels d’une « concur-

rence » franco-allemande, in Claire Demesmay, Andreas Marchetti (dir.), La France et l’Allemagne face aux criseseuropéennes, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2010, pp. 147-167, p. 162.

4. André Nouschi, La France et le monde arabe, op. cit., p. 187.5. Cf. Charles Saint-Prot, La politique arabe de la France, op. cit.6. Hartmut Elsenhans, La République fédérale d’Allemagne et une nouvelle politique européenne en

Méditerranée, Revue d’intégration européenne, n° 2, 1978, p. 196.7. Isabel Schäfer, La politique proche-orientale de la grande coalition, Note du Cerfa, n° 51, janvier 2008, p. 1.8. Dominique Trimbur, De la Shoah à la réconciliation ? La question des relations RFA-Israël 1949-1956, Paris,

Éditions du CNRS, 2000.9. Cf. Timo Behr, Enduring Differences ? France, Germany and Europe’s Middle East Dilemma, Journal of

European Integration, vol. 30, n° 1, mars 2008, pp. 79-96.

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10. Hans Jakob Ginsburg, Deutsch-iranische Beziehungen. Diplomatie in der Löwengrube, Die Zeit, 27.07.1984.

11. La France tabla sur des alliances diplomatiques privilégiées avec ses anciennes colonies, développant unerelation complice dans laquelle la conditionnalité politique n’avait pas sa place. En outre, elle choisit de soutenir lecamp arabe dans le cadre du conflit israélo-palestinien. De son côté, l’Allemagne fit profil bas dans la région. Ellemisa sur l’option atlantique et développa dans le même temps une relation privilégiée avec l’État d’Israël.

12. Sébastien Abis, Méditerranée : la France déboussolée, DGAPanalyse Frankreich, n° 8, octobre 2011, p. 7.13. Y participent l’Italie, l’Espagne, le Portugal, Malte, la France, l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Libye et la

Mauritanie. Pour aussi intéressant que soit ce format, il plongera assez vite dans un profond sommeil, dont il nesortira qu’en 2001.

14. Sébastien Abis, Méditerranée : la France déboussolée, op. cit., p. 7.15. Frédéric Charillon, La France sur l’échiquier international : une pensée stratégique en redéfinition,

DGAPanalyse Frankreich, n° 10, novembre 2011, p. 9.16. Cf. Timo Behr, Enduring Differences ?, op. cit.17. Annette Jünemann, Zehn Jahre Barcelona-Prozess, Aus Politik und Zeitgeschichte, n° 45, 2005, pp. 7-14.18. Cf. Timo Behr, Enduring Diffrences, op. cit., p. 87.19. À titre d’exemple, la fondation Friedrich Ebert, proche des sociaux-démocrates (SPD), ouvrit des bureaux en

Égypte en 1978, en Jordanie en 1984, à Rabat en 1986 et à Tunis en 1988 ; cf. www.fes.de20. Cf. Dorothée Schmid, Du processus de Barcelone à l’Union pour la Méditerranée : changement de nom ou

de fond ?, Questions internationales, n° 36, mars-avril 2009, pp. 46-53. 21. Cf. Andreas Marchetti, Dorothée Schmid, La politique européenne de voisinage, op. cit.22. Volker Perthes, Getting Closer : Germany Approches the Mediterranean, in Stefania Bazzoni, May Chartouni-

Dubarry (dir.), Politics, economics and the search for Mediterranean stability, Paris, IFRI/IEPM, 2001, pp. 45-58.23. Colloque « Printemps arabe : enjeux et espoirs d’un changement », Paris, Institut du Monde arabe, 16.04.

2011.24. Agence CampusFrance, Note CampusFrance, hors série n° 2, mai 2011, p. 1.25. Katrin Sold, Der Arabische Frühling – Prüfstein für die außenpolitische Kultur Deutschlands und Frankreichs,

in Peter Bender, Sabine Ruß-Sattar, Georg Walter (dir.), Europa und der Arabische Frühling : Deutschland, Frankreichund die Umbrüche der EU-Mittelmeerpolitik, Baden-Baden, Nomos (à paraître).

26. Cf. Gemeinsame Absichtserklärung der Regierung der Bundesrepublik Deutschland und der Regierung derTunesischen Republik, 09.01.2012.

27. Cf. Klemens Semtner, Ausgangslage und deutsche Interessen, Conférence « Den ‚Arabischen Frühling’ alsChance nutzen : Bilanz und Perspektiven deutscher Mittelmeerpolitik », Fondation Friedrich Naumann, Berlin, 2011,pp. 25-28.

28. Commission européenne, Un partenariat pour la démocratie et la prospérité partagée avec le Sud de laMéditerranée, COM(2011) 200 final, 08.03.2011, p. 5.

29. Cf. Almut Möller, L’Allemagne face au printemps arabe, Note du Cerfa, n° 88, juillet 2011 ; Katrin Sold,Der Arabische Frühling, op. cit.

30. Werner Hoyer, Perspektiven deutscher Mittelmeerpolitik: Herausforderungen – Schwerpunkte – Hand-lungsoptionen, Conférence « Den ‘Arabischen Frühling’ als Chance nutzen : Bilanz und Perspektiven deutscherMittelmeerpolitik », op. cit., p. 48.

31. Bundestag, Neuausrichtung der Europäischen Nachbarschaftspolitik, Réponse du gouvernement fédéral à laquestion des députés Viola von Cramon-Taubadel, Marieluise Beck, Volker Beck et autres députés du groupe parle-mentaire Bündnis 90/Les Verts, Drucksache 17/6696, 26.07.2011.

32. Cf. Commission européenne, Une stratégie nouvelle à l’égard d’un voisinage en mutation, COM (2011) 303final, 25.05.2011.

33. Conseil de l’Union européenne, Résultats des travaux du Conseil des Affaires étrangères, 20.06.2011,11850/11.

34. Cf. Almut Möller, L’Allemagne face au printemps arabe, op. cit.35. Cf. Claire Demesmay, Carsten Främke, Katrin Sold, « Auf der Suche nach Kohärenz : Die europäische

Mittelmeerpolitik nach dem arabischen Frühling », Leviathan, n° 1, mars 2012, pp. 52-70.36. Cf. Hartmut Elsenhans, La république fédérale d’Allemagne et une nouvelle politique européenne en médi-

terranée, op. cit, pp. 207-214.37. Cf. Andreas Marchetti, Dorothée Schmid, La politique européenne de voisinage, op. cit.

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