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Contacts Bulletin bimestriel de l’association des médecins Alumni de l’Université catholique de Louvain Robert Schumann : Génie et folie Interview : René Van Tiggelen MedUCL : Les tiques La femme prend sa place janvier - février 2014 83 Ne paraît pas en juillet-août P901109 Bureau de dépôt Charleroi X

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ContactsContactsContacts

Bulletin bimestriel de l’association des médecins Alumni del’Université catholique de Louvain

Robert Schumann : Génie et folieInterview : René Van TiggelenMedUCL : Les tiques

La femme prend sa place

janvier - février 201483Ne paraît pas en juillet-aoûtP901109Bureau de dépôt Charleroi X

2 AMA CONTACTS - février 2014

Comité de rédaction :Martin Buysschaert, René Krémer, Dominique Lamy, Dominique Pestiaux, Christine Reynaert et Jean-Louis ScholtesEditeur responsable : René KrémerRue W. Ernst 11/17 - 6000 CharleroiCoordination de l’édition :Coralie Gennuso

Adresse de contact :AMA-UCLTour Vésale, niveau 0Avenue E. Mounier 52, Bte B1.52.151200 BruxellesTél. 02/764 52 71 - Fax 02/764 52 [email protected]://sites-final.uclouvain.be/ama-ucl/

Les articles signés n’engagent que leurs auteurs.Nous appliquons la nouvelle orthographe, grâce au logiciel Recto-Verso développé par les linguistes informaticiens du Centre de traitement automatique du langage de l’UCL (CENTAL).

Graphisme : A.M. Couvreur

Couverture :Etude des réseaux du cerveau par image du tenseur de diffusion. Chez l’homme (au-dessus), les réseaux parcourent chaque hémisphère en longueur et atteignent le cervelet. Chez la femme (en dessous), il y a beaucoup plus de liens entre les deux hémisphères.© Ragini Verma, Proceedings of National Academy of Sciences

editorial La femme prend sa place« La femme est l’avenir de l’homme » (Parole d’Aragon, reprise d’une chanson de Jean Ferrat)

Les femmes ont des problèmes pour accéder à certaines professions en gardant leur personnalité, sans imiter les hommes. C’est notamment le cas d’un poste élevé comme cheffe d’état, Reine, Présidente ou première ministre

Dans les prochains numéros d’Ama Contacts, nous envisagerons notamment des femmes qui ont occupé ces postes. Elles auraient dû marquer la différence avec les hommes et avoir une meilleure capacité d’attention, une habileté particulière, notamment plus de réflexion, un sens du compromis, une haine de la guerre et de la violence en général, un sens social plus profond.

Le problème est que pour atteindre ce niveau, elles imitent souvent l’homme, qui les surpasse, notamment en autoritarisme, en vitesse de décision et de traitement de l’information, à l’exemple Margaret Thatcher. D’autres s’efforcerons de garder leur caractère féminin et ne se laisseront pas influencer par les hommes : Elisabeth 1ère d’Angleterre en est un exemple, alors qu’elle vivait pourtant à une époque cruelle et antisociale.

Cette différence entre homme et femme a des explications : - Une éducation séparée des garçons, orientée vers la vie quotidienne, le ménage, les enfants, la cuisine et souvent dominée par le mari,- les religions souvent mal interprétées qui donnent priorité à l’homme, à des degrés divers,- des réunions importantes où les femmes ne sont pas admises, surtout en Angleterre,- des professions qui ne leurs sont pas accessibles,- des lois qui donnent la priorité aux hommes : la loi salique, la répudiation de l’épouse sans réciprocité, l’attitude honteuse vis-à-vis de l’adultère de la femme, l’inégalité financière, etc.

Sont-ce là les seules causes de la différence entre hommes et femmes ? Non probablement. Des preuves scientifiques de différences dans la fonction du cerveau des hommes et des femmes commencent à apparaitre timidement.

Des recherches récentes de l’Université de Pennsylvanie par scanner cérébral chez un grand nombre de patients des deux sexes ont été publiées dans les comptes-rendus de l’Académie des sciences des USA et semblent confirmer une différence sexuelle. Les connexions entre les deux cerveaux ne sont pas identiques.

Chez l’homme, la plupart des communications se répartissent dans le seul hémisphère droit et le cervelet selon un mouvement coordonné vers l’ensemble du cerveau et du cervelet. Chez la femme, la communication entre les deux parties du cerveau est beaucoup plus importante (voir schéma en couverture). La femme utilise à tout moment l’entièreté de son cerveau, tandis que l’homme n’en utilise que la moitié. Ce qui permet aux auteurs de conclure que l’homme utilise surtout son cerveau droit et est donc plus intuitif, tandis que la femme interroge le cerveau gauche et est plus logique. La communication importante de l’homme vers le cervelet fait que l’homme a un meilleur sens de l’orientation et réagit plus vite : « Je suis venu, j’ai vu et j’ai vaincu. » Si César avait été une femme, elle aurait sans doute dit « Je suis venu, j’ai vu, j’ai réfléchi et j’ai vaincu ».

Ces données permettent certaines hypothèses. Les femmes auraient de meilleures connections entre les décisions et la mémoire, tandis que chez l’homme, « la mémoire est la mémoire et la décision est la décision ». On n’est qu’au début de l’étude de ce problème passionnant.

Dans de prochains articles, nous nous efforcerons de savoir comment certaines femmes sont devenues cheffes d’état, se sont adaptées à leur charge et comment elles s’y sont maintenues.

R.K.

AMA CONTACTS - février 2014 3

2 Editorial La femme prend sa place René Krémer

3 Handicapés célèbres : Robert Schumann (1810-

1856) : Génie et folie René Krémer

• Les interviews de l’AMA-UCL: René Van Tiggelen

• L’assurance qualité des médicaments hier et au-jourd’hui (2e partie)

Franz Philippart

15 Souvenirs et anecdotes : Le service militaire

René Krémer

sommaire

ContactsContacts

N° 83 janvier - février 2014

Handicapés célèbres Robert Schumann (1810-1856)Génie et folie

La FamilleLe père de Robert Schumann, libraire à Weida, avait créé une maison d’édition à Zwickau : c’était, dit-on, « un homme calme, sérieux, d’humeur triste, souvent asthénique, sujet à des malaises de type pseudo-vertiges ». La mère avait « des crises d’anxiété et des périodes d’abattement, de tristesse et d’asthénie ». Elle écrit dans sa corres-pondance qu’elle n’avait parfois gout à rien et se sentait incapable d’effort intellectuel. Les trois frères de Robert moururent jeunes. Sa sœur Emilie fut frappée à dix ans d’une maladie de peau qui l’enlaidit, alors qu’elle était très jolie. Elle avait des troubles mentaux intermittents et s’est suicidé à 20 ans, en se jetant d’une fenêtre. Il y avait donc des antécédents dans la famille.

La JeunesseRobert Schumann, né le 8 juin 1810 à Zwickau en Saxe, est élevé dans un milieu essentiellement féminin, et protecteur. Il y montre un caractère « accommodant, paisible, ouvert et insouciant ». Sa mère, dont il est le dernier enfant, l’appelle affectueusement « Lichter Punkt » (point de lu-mière).

A 7 ans, il commence à étudier la musique avec Kuntsch, un organiste. A l’âge de 10 ans, il déchiffre les sympho-nies de Mozart et de Beethoven, mais se montre plutôt attiré par la littérature. Le suicide d’Emilie et la mort subite de son père transforment son caractère. A partir de 16 ans, il devient taci-turne et se replie sur lui-même.

Il ne se plait pas à l’université de Leipzig où il entame des études de droit. Il écrit à sa mère : « J’ai gardé la chambre pendant 6 jours. J’avais des douleurs au cœur, à l’estomac… partout. »

Un début diffi cileEn 1830, à 20 ans, le jeune Schumann écrit à sa mère qu’il désire se consacrer à l’art et en particulier à la mu-sique. Il sait que ce n’est pas une carrière facile, mais s’efforce d’être persuasif : « Le ciel vient toujours en aide aux hommes de bonne volonté. » Sa mère, soucieuse de l’avenir de son fi ls, lui répond qu’« il faut s’élever très haut pour en vivre ». Bien que les trois frères soient de l’avis de leur mère, la réponse du fi ls est sèche : « Tu me barres la route. »Néanmoins, Madame Schumann consulte Friedrich Wieck, un célèbre professeur de piano, qui accepte d’être le maitre de Robert. « Donnez-lui une chance, laissez-le décider. Mais il est doit être courageux et énergique. »Wieck est d’abord très dévoué, persuadé que cet élève a un avenir brillant ; Robert a pleine confi ance en lui. Il accepte de donner des leçons de piano à la petite Clara (14 ans), la fi lle de Wieck. Apprenant plus tard que Schumann est amoureux de Clara, Wieck écarte sa fi lle, renvoie les lettres de Schumann et la sonate qu’il avait dédiée à sa bien aimée. Il accuse le prétendant d’alcoolisme, de débauche et de déséquilibre mental. Il envoie des lettres anonymes et s’efforce même d’arrêter la carrière de pianiste de sa fi lle.

4 AMA CONTACTS - février 2014

Clara Weick, à l’âge de 16 ans

commentaires de Schumann suggèrent des rapports ardents, « Christel in one minute », « Charitas came completely and was bleeding », « full of fire and flame » ( je préfère vous laisser traduire). Outre la flamme et le feu, Christel lui fit cadeau d’une infection véné-rienne, qui lui fera dire le 19 février 1855 « En 1831, j’ai été infecté par la syphilis et traité à l’arsenic. » (Eis-mans und Neuhaus). Le 12 mai 1931, il parle « d’une vilaine lésion qui cau-sait de vives douleurs, qui me mordent et me ron-gent, un lion entier qui me déchire ». Un ami étudiant en médecine « tire une drôle de figure » en voyant la lésion. Schumann ajoute : « Seuls les coupables sont poursuivis par Némésis. »Le 4 juin, l’application d’eau de jonquille (eau de Nar-cisse) « lui mort le frein ». Il parle de son manque de précaution. Il écrit que quand il en a parlé à Christel, elle a pâli. Et plus tard, il considérera 1836 comme l’année troublée.

Il faut toutefois savoir qu’il y a eu des exagérations et des erreurs de traduction à propos des problèmes sexuels de Schumann. Notamment une phrase où « filles » est traduit par « whores » (prostituées) et des allusions à une très improbable homosexualité.Contre la syphilis, il y a deux arguments : le caractère indolore du soi-disant chancre et les 8 enfants que Clara lui donnera. A l’époque, on ne faisait pas clai-rement la distinction entre les différentes maladies vénériennes (blennoragie, chancre mou, infection vi-rale…).

En 1832, il éprouve des douleurs dans le bras droit, sui-vies d’une paralysie de la main, qu’il traite avec des bains et des compresses, puis par homéopathie. Par la suite l’infirmité s’améliore, mais il ne pourra plus se servir de l’index droit pour jouer du piano et de-vra mettre fin à sa carrière de virtuose. Schumann lui-même a attribué cette lésion à un appareil de son invention pour stimuler la dextérité. Cet appareil, dont on n’a aucune description (Schumann l’appelle Cigarrenmechanik), pourrait avoir occasionné une tendinite.

En 1833, il écrit dans son journal : « Dans la nuit du 17 au 18 octobre, j’ai eu soudain la pensée la plus terri-fiante qui puisse assaillir un être humain et que le ciel vous envoie pour vous punir, l’impression de perdre la raison. »

Le Mariage (1840)En septembre 1840, le tribunal donne raison à Schu-mann et Clara, dans la plainte déposée par Wieck et permet le mariage, que les jeunes amoureux s’em-pressent d’accomplir. Les rapports entre Wieck, qui a écopé de 15 jours de prison pour diffamation, et les jeunes époux resteront du type amour-haine.

Les amoureux feront montre d’un courage et d’une persévérance étonnante : Clara écrit : « Je suis comme répudiée par mes parents : chaque douleur jette dans mon cœur une étincelle d’amour. »Ils vont jusqu’à déposer une plainte en justice. Pen-dant ces années pénibles, Schumann continue à composer, notamment les « Scènes d’enfants ». Il est nommé docteur honoris causa de l’Université d’Iéna.

Un jeune célibataire volage ?Les biographes et historiens ont fait des recherches sur la vie amoureuse de Schumann avant son ma-riage, parce qu’ils s’interrogeaient sur la nature de la maladie nerveuse qui le conduira à une mort pré-coce, certains soupçonnant la syphilis, fréquente à l’époque.

A 16 ans, deux jeunes filles, Liddy et Nanni se par-tagent son cœur, mais il semble que ses premières amours furent platoniques. « Liddy, si elle m’aimait ; cette pensée est trop divine, je peux à peine la formu-ler. Si je dois l’aimer cela ne peut être que purement platonique. Nanni était mon ange gardien… J’aurais pu tomber à ses genoux et l’adorer comme une ma-done. »Plus tard, il s’éprit d’une chanteuse, Agnès Carus, épouse d’un médecin, inaccessible semble-t-il. En 1834, il se fiance à une pianiste de 16 ans, Ernestine Von Fricken. Les raisons de leur rupture sont discu-tées: un problème d’argent, la révélation que la fian-cée aurait été une enfant illégitime, ou tout simple-ment un manque d’affinité.

Avant ces fiançailles fugaces, il avait eu une liaison avec une certaine Christel, qu’il surnommera « Cha-ritas », sans révéler jamais son nom de famille, mais on croit qu’il s’agit d’une servante du ménage des Wieck, et donc connue de Clara. Dans son carnet, il mentionne chaque rendez-vous avec elle. Certains

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Il s’occupe de moins en moins de ses enfants. D’après Clara, en 1951, il garde toutefois sa puissance créatrice.

Il est appelé à la direction des conseils et de la société chorale de Düsseldorf, il ne se plait guère ; il est de plus en plus nerveux, par les bruits de la rue qui, dit-il, l’em-pêchent de travailler (enfants et orgue de barbarie).

Malgré un état physique qui se détériore (hallucina-tions, acouphènes, douleurs diffuses), il continue à composer des œuvres géniales, comme la sympho-nie Rhénane, des lieders et des sonates, des œuvres d’excellente qualité, mais aussi « de surprenantes ruptures ». En 1851, Il séjourne en Belgique pour sié-ger dans un jury à Anvers. En 1854, il fait une tournée triomphale en Hollande, avec Clara.

Marie, la fille ainée a écrit que son père était parfois violent. Il gifle un garçon qui était passé plusieurs fois devant lui sans le « servir », puis lui donne un thaler pour se faire pardonner. Il donne des coups à la gou-vernante qui lui a désobéi. Les enfants sont mis en pension.A d’autres moments, il semble normal, très heureux, notamment lors de l’anniversaire de Clara.

Le 30 janvier 1954, il a une crise d’hallucinations audi-tives. Il entend le cri des hommes rouges et le chant des anges.

Le soir de carnaval, il s’enfuit et se jette dans le Rhin. Des bateliers le sauvent et le ramènent à la maison. En mars, il entre dans la clinique du docteur Richarz. Son état semble s’améliorer : il cueille des fleurs. Mais les périodes de lucidité deviennent de plus en plus rares.Clara reprend les leçons et des concerts, surtout pour des raisons financières. Elle reçoit 4 lettres peu com-préhensibles.

Robert et Clara décident d’écrire un journal en com-mun, « Le Journal de raison », dont la devise était « travail, économie, fidélité ». Ce journal, ainsi que celui de Clara sera très précieux pour étudier les troubles mentaux intermittents de Schumann.

Dès le début de leur mariage, alors qu’ils sont mani-festement très amoureux l’un de l’autre, Robert appa-rait parfois bizarre, dépressif. Quand il est en période de travail, son épouse s’attriste parce qu’il la délaisse, « pourtant personne plus que moi ne prend part à tout ce qu’il entreprend ». Elle est pleine d’admiration pour lui. Lui ne pense qu’à son travail et à ses succès et abusait parfois de l’alcool. C’est ainsi qu’il avoue une « gueule de bois » après une soirée de « dissipa-tion ». Quand il rencontrait Franz Liszt, le champagne coulait à flot.Il avait également des périodes nostalgiques. Il craignait les hauteurs et n’osait pas s’approcher d’un parapet.

Le journal des époux devient plus clairsemé, puis ils n’écrivent plus ensemble, mais à tour de rôle une fois par mois. Le style de Robert devient télégraphique. Il s’interroge sur ses symptômes, « je suis malade moi-tié par imagination, moitié pour de bon ».Il se plaint de fatigue et d’insomnie et attribue ses troubles au surmenage.

En novembre 1842, Clara lui écrit « j’ai l’impression que tu m’aimes moins ». Elle voudrait travailler, mais il ne veut pas, alors qu’elle devient une concertiste célèbre.

Le chemin vers l’abimeDès 1833, dans son journal, Schumann manifestait sa crainte d’être fou, s’interrogeait sur son hérédité et s’adonnait au spiritisme : « les tables tournantes savent tout. »En aout 1844, une crise grave avec hallucinations sera suivie de plusieurs autres. En 1849, il écrit : « Mes forces sont bien prêtes à som-brer dans une hypochondrie nerveuse. »

En février 1854, Clara fait un récit détaillé de ses troubles : violentes douleurs d’oreille, répétition d’une même note. Il ne reconnait pas son ami Brahms, qui lui fait visite. Il écrit un thème que les anges lui auraient communiqué… Des accords célestes sont

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transformés en musique démoniaque… Des démons lui disent qu’il ira en enfer… et se jettent sur lui sous forme d’hyènes et de tigres. Il fallait dire comme lui pour ne pas aggraver son état. Il répétait qu’il était un criminel et ne devait pas cesser de lire la Bible. Il disait qu’on fouillait dans son cerveau et qu’on le transper-çait, disait adieu à sa famille et donnait ses dernières volontés. A certains moments de lucidité, il disait qu’il n’était plus maitre de ses esprits et ne savait pas de quoi il était capable. Très mélancolique, il sort un jour de la maison en robe de chambre sans souliers. Deux étrangers le ramenèrent une heure plus tard. On le sépare de sa femme. Son esprit restait toutefois clair dans le domaine musical.

Le 23 juillet 1856, le docteur Richarz écrit à Clara : « Si vous voulez trouver votre mari encore vivant, venez en toute hâte. »Robert la reconnait et il meurt le 29 juillet à 4 heures de l’après midi.

Hypothèses diagnostiquesLe rapport clinique du docteur Richarz est vague :« Ce n’était pas une démence élémentaire ou spé-cifique. C’était l’aboutissement d’une grande usure de l’organisme et de l’affaiblissement du système nerveux, affectant la forme d’une paralysie générale résultat du surmenage par l’usage abusif et l’épuise-ment de la substance qui constitue les centres psy-chiques du système nerveux, réfractaire à tous les remèdes. La conscience était obnubilée, meurtrie, mais non détruite. Son moi ne s’était pas modifié. La mélancolie ne l’abandonna jamais. Une force et une grandeur innées s’exprimaient tant dans son main-tien que dans les traits de son visage peu contractés et peu ravagés. »

Le rapport d’autopsie des Docteur Richarz et Peters a été retrouvé en 1973, mais n’apporte aucun rensei-gnement complémentaire. Selon les officiants, il n’y avait pas d’atrophie du cerveau ni de signes d’inflam-mation chronique. Une « masse gélatineuse avec des portions cartilagineuses dans la région de l’hypophyse n’est pas interprétable ».Ce rapport clinique et la description du cerveau n’aident en rien le diagnostic. Ce qui n’est pas étonnant à une époque où la neuroscience était purement spéculative. Seul le mot « paralysie générale » aurait pu évoquer la syphilis : ce fut d’ailleurs l’hypothèse soutenue par le docteur Richarz, et plus ou moins partagée par Clara.

Les hypothèses sur la maladie de Schumann consti-tuent une littérature. On a évoqué une « psychose schizoïde » (Udo Raucffleich), une psychose maniaco dépressive, ce qu’on appelle aujourd’hui le trouble bipolaire, un delirium tremens. Stricker fait une en-

quête freudienne, cherche un amour déçu parmi ses différentes aimées, le suicide de sa sœur et s’arrête sur sa mère, exaltée et sentimentale, prématurément décédée qui serait la cause de ce qu’il appelle une « fusion originelle ». Pour Uwe Peters et Bettina Von Ar-nim, il n’avait aucune maladie mentale !

Les analyses sont nombreuses, les hypothèses très variées. Il serait possible qu’il y ait eu deux affections : une psychose bipolaire, qu’il décrit lui-même avec son influence sur ses compositions musicales et une syphilis qu’il avoue, bien que la description soit peu convaincante.Régis Poujet, dans un article récent, penche pour une paralysie générale syphilitique qui aurait évolué pen-dant 10 à 15 ans suivant les étapes classiques : excita-tion euphorique, asthénie physique et psychique, af-faiblissement intellectuel et perte de l’initiative, sans compter les autres symptômes, démence d’installa-tion progressive, accès de tristesse, douleurs fulgu-rantes, actes illogiques et absurdes, colère brusque, rêveries délirantes, tremblements.

La maladie mentale de Schumann restera sans doute toujours un mystère, car, à l’époque, les connaissances en neurologie étaient rudimentaires

ConclusionSi je peux très modestement donner mon opinion, je pencherais vers une maladie bipolaire (1).La syphilis est peu probable, car les stades débutants de la maladie et notamment le chancre ne sont pas douloureux. La maladie vénérienne dont parle Schu-mann est peut-être autre. Jusqu’à ses derniers jours, il pouvait écrire correctement et restait très lucide dans le domaine médical ( journal de Clara).

Schumann a d’ailleurs eu le pressentiment de la na-ture de sa maladie. Il trouve en lui « deux person-nages opposés et s’identifie à deux héros : Eusébius, sage, rêveur, poétique, féminin et Florestan mélanco-lique, impulsif, violent, vaillant et maniaque, mascu-lin, se répercutent dans sa musique. Une fixation har-monique chez Eusébius et les cascades modulantes de Florestan » (2).La maladie bipolaire a des formes très variables et, non traitée à l’époque, elle pouvait évoluer vers la dé-mence. Elle a été décrite d’une manière remarquable par Schumann lui-même. Elle peut expliquer les symptômes déjà présents avant les rapports suspects avec la mystérieuse Christel.Vous direz que je ne risque pas grand chose à donner un avis, car il est très probable que la nature de ses troubles mentaux restera toujours conjecturale.

Ce qui est plus important c’est que Schumann était

AMA CONTACTS - février 2014 7

un très grand compositeur et Carla à la fois une pia-niste de talent et une épouse aimante, fidèle, com-préhensive. Elle lui a sacrifié sa carrière. Sans elle, son dévouement et sa compassion, quelle aurait été la vie de Schumann, menacée par l’alcoolisme et par son caractère aussi capricieux que ses troubles mentaux ?

Ouvrages ConsultésRobert et Clara Schumann. Journal intime. 1967. Dietrich Fischer Dieskau. Rober Schumann : Le verbe et la musique. 1984

Sylvie Oussenko. Schumann. 2009Rémy Stricker. Robert Schumann : Le musicien et la folie. 1984Bibliothèque des idéesRégis Poujet. La maladie de Robert Schumann, confé-rence à l’Académie des sciences et lettres de Mont-pellier. 1998Pteroswald. The inner voices of a musical genius. 1984Peter Oswald. Music end madness. 1986Robert Schumann. Génies et réalités. Hachette. 1970

(1) Psychose maniaco-dépressive : diagnostic psychiatrique décrivant une catégorie de troubles de l’humeur définie par la fluctua-tion anormale de l’humeur, oscillant de périodes d’excitation marquée (manie) à des périodes de mélancolie (dépression). Un état maniaque très intense peut conduire à des symptômes psychotiques tels que les délires et les hallucinations. (Wikipedia)

Les facteurs génétiques contribuent substantiellement au développement du trouble bipolaire. Dans certains cas sévères, une rétention de sûreté peut être appliquée. Ces cas comportent généralement de sévères épisodes maniaques impliquant un com-portement dangereux du patient ou des épisodes dépressifs avec des idées suicidaires et des symptômes psychotiques qui peu-vent être confondus avec ceux de la schizophrénie, grave.

(2) Ce sont des signataires imaginés par Schumann pour un morceau de ses Davidbündlertänze (danse des membres de la Confré-rie de David) en 1837. Ces deux jumeaux, Eusebius et Florestan mettent en évidence les deux côtés extrêmes du caractère de Schumann. Florestan est l’assaillant, bruyant et pétulant, mais souvent adonné à des caprices les plus étranges, tandis qu’Eusé-bius est un adolescent tendre qui reste modestement à l’ombre. (Wikipedia)

René Krémer : Nous pourrions commencer ce petit survol d’une carrière bien remplie par vos études et votre choix de la carrière médicale.

René Van Tiggelen : J’ai fait mes études à Louvain « la Veuve » chez les Pères Joséphites pendant quatre ans. Ensuite, j’ai été prié d’aller voir ailleurs pour des raisons linguistiques. J’ai dès lors terminé mes études au Petit séminaire de Basse-Wavre, aujourd’hui col-lège Notre-Dame.

R.K. : En quoi consistaient ces problèmes linguistiques ?

R.V.T. : Un tiers des élèves étaient francophones. C’était la fin de la « flamandisation » de l’enseignement à Louvain et nous n’étions pas les plus dociles. Un jour, il y a eu dans toutes les classes ce que nous avons ap-pelé « une Saint-Barthélémy ». Environ un quart des élèves ont été priés de partir. J’ai été très heureux à Basse-Wavre, car j’ai eu des professeurs assez excep-tionnels. Celui de poésie, l’abbé De Mulder, était un poète, celui de rhéto, l’abbé De Raedt, nous a préparés à l’enseignement universitaire en organisant, entre autres, un examen annuel en un jour de toute la ma-

Interview de l’AMA-UCL

René Van TiggelenL’histoire de l’imagerie médicale

tière de l’année et en demandant un travail personnel de synthèse sur des questions plutôt philosophiques: «Qu’est-ce qu’un homme? Un chrétien? Un Belge ?...». Nous étions cotés sur ces exercices ! J’ai ensuite choisi la médecine à l’UCL et ai été diplômé en 1967.

R.K. : Quelle fut votre motivation du choix de la mé-decine ?

R.V.T. : Ma première intention était la médecine vété-rinaire. Mon père, qui était médecin militaire, parlait peu mais parlait bien et m’a dit : « Ne crois-tu pas que les êtres humains seraient plus intéressants que les animaux ? ». Je lui ai donné raison. Il y avait d’autres gènes militaires dans la famille (mon oncle était co-lonel dans les blindés) et je suis entré au service mé-dical de l’armée. Pour être admis, il fallait d’abord réussir la première candi, en première session dans le secteur civil, et passer, au cours des vacances, des examens d’aptitude physique, de langue, de chimie, de physique … et être classé, à l’époque, dans les cinq premiers. Ainsi je suis donc devenu élève médecin.

R.K. : Vous deviez porter l’uniforme ?

8 AMA CONTACTS -février 2014

R.V.T : Oui. Un adjudant venait même parfois contrô-ler que nous portions bien l’uniforme au cours.

R.K. : Sur votre photo de promotion, en 1967, il y a un rang de filles, une bonne sœur et trois médecins en uniforme.

rent, mais à l’hôpital Saint-Pierre et chez le professeur Georges Cornélis pour la neuroradiologie.Reconnu radiologue, je suis ensuite parti en Alle-magne en tant que médecin militaire pendant une quinzaine d’années : j’ai créé les nouveaux services de radiologie de Cologne et de Soest. J’ai également mo-dernisé le service de radiologie de la force aérienne et celui du centre de sélection. Avant cela, j’avais déjà fait les plans du service de radiologie du nouvel Hôpi-tal Militaire de Bruxelles et participé à l’équipement de celui-ci.

R.K. : C’est dans cet hôpital qu’il y a le service des grands brulés ?

R.V.T. : Il faut bien reconnaitre que le traitement des brulés coûte un argent fou. Bien entendu, tout le monde a été d’accord pour passer ce fardeau à l’ar-mée.

R. K. : Qu’est-ce qui reste encore à l’hôpital militaire ?

R. V. : La traumatologie surtout septique, parce que c’est un problème très lourd, le caisson hyperbare pour les intoxications au CO de la région de Bruxelles et pour le traitement des artéritiques et des infec-tions. Il y a encore le centre de psychologie de crise, la « Travel clinic », la transfusion sanguine, la médecine du travail et ce que l’on appelle pudiquement l’ex-pertise, c’est-à-dire l’évaluation des inaptes qui cher-chent à entrer à l’armée ou des militaires qui veulent partir en retraite pour raison de santé. Du temps du service militaire, c’était très différent : on avait affaire à ceux qui désiraient « échapper » au service militaire.

R.K. : As-tu connu Hugo Kesteloot, un personnage hors du commun ?

R.V.T. : Bien sûr ! Un très bon cardiologue mais un ca-ractère un peu trop trempé !

R.K. : En Allemagne vous étiez plein temps à l’armée ?

R.V.T. : Après quelques années passées en Allemagne, le service d’orthopédie de l’Hôpital universitaire de la VUB, en la personne du professeur Pierre Opdecam et un ami, le chirurgien militaire Francis Labbeu qui y travaillait aussi, m’ont contacté. Le service de radiolo-gie dirigé par le professeur Roland Potvliege souffrait d’une pénurie de radiologues. J’y suis donc allé les fins de semaines, un temps pris sur mes congés.

R.K. : De longs trajets !

R.V.T. : Oui, surtout qu’à ce moment j’étais à Soest.

R.K. : Pratiquement à la frontière de l’Allemagne de l’est ?

R.V.T. : Oui, à 380 kilomètres de Bruxelles, parfois dans la neige en hiver. Je vous passe les détails. Je me plai-

R.K. : Comment avez-vous pensé à la radiologie ?

R.V.T. : Pendant les vacances, j’allais souvent à l’Hôpi-tal Militaire belge de Cologne. Mon père, qui en était le directeur, m’envoyait dans les services pour m’oc-cuper utilement. C’était la radiologie qui m’intéres-sait le plus. Le chef de service était un médecin civil hongrois, Thomas Lendvai, qui avait eu un rôle très actif dans l’insurrection de Budapest en 1956. Il était chef de clinique et avait quitté son pays où il risquait la peine de mort. Il m’a poussé à faire la radiologie et me former soit en Suède, chez le professeur Erik Boijsen, soit chez le docteur Pierre Bodart. Le choix fut tout de suite fait. Au cours de mes études, je rencon-trais à Herent Monsieur Bodart, qui n’était pas encore professeur.

R.K. : Il n’y avait pas encore de spécialisation dans le domaine radiographique ?

R.V.T. : On pratiquait presque tous les examens radio-graphiques. Il n’y avait ni résonnance, ni scanner, ni écho. La nouveauté, c’était l’angiographie cardiaque, comme vous la faisiez à « Leuven », et vasculaire, que faisait à Herent le docteur Jacques Dautrebande. A partir de ce moment et pendant les quatre docto-rats, j’ai été une fois par semaine à Herent suivre les réunions auxquelles assistaient Jules Arcq, Baudouin Maldague, Jacques Pringot, Eric Ponette, Dominique Claus, Robert Ponlot et Marc Lambert, le premier as-sistant de Pierre Bodart. C’était animé et passionnant.

R.K. : A cette époque, la fonction de chef de service était de durée illimitée, la prolongation n’était pas conditionnée à une évaluation. C’est pourquoi Pierre Bodart a dû attendre le décès de Simon Masy pour devenir chef de service. En attendant, on a donné à Pierre Bodart la responsabilité d’un service à Herent.

R.V.T. : Je suis arrivé à l’hôpital Saint-Pierre au décès de Simon Masy, mais Pierre Bodart n’était pas en-core installé à Louvain. C’est B. Maldague, à l’hôpital Saint-Pierre, et G. Cornélis, en neurologie à la clinique Saint-Raphaël, qui étaient sur place. J. Pringot faisait son service militaire, à 33 ans ! Je n’ai pas été à He-

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AMA CONTACTS - février 2014 9

sais bien à Jette. J’y suis resté 18 ans. Même rentré à Bruxelles, j’ai poursuivi le travail à la VUB et j’y ai même donné le cours de radiologie osseuse en candi-dature et en doctorat. C’était mon tropisme.

R.K. : Quand avez-vous pensé à créer un musée de la radiologie ?

R.V.T. : J’étais toujours intéressé par l’histoire, même étant enfant. Pendant mon séjour en Allemagne, j’avais déjà visité le musée de Lennep-Remscheid consacré à la radiologie. Voyant arriver l’année 1995, date du centenaire de la découverte des rayons X par Röntgen, j’ai pensé qu’il fallait faire quelque chose. Dès 1990, j’ai collectionné les vestiges de la radiologie militaire. Ensuite, j’ai étendu mes recherches à tous les domaines de la radiologie. Il faut savoir qu’une trentaine de prix Nobel ont été obtenus en physique, astronomie, et évidemment en médecine, grâce à la technique radiologique. Lors d’une récente enquête du Science Museum de Londres sur la découverte scientifique la plus importante au 19e siècle auprès de 50 000 visiteurs, c’est la radiologie qui a été dési-gnée…

R.K. : Elle a toutefois entrainé des dégâts, surtout au début.

R.V.T. : Bien entendu, des dégâts avaient déjà été constatés en 1896. La découverte a été propagée au début notamment dans les milieux forains (1). Pour la démonstration, on radiographiait la main d’un « volontaire désigné » jusqu’à quarante fois par jour. Après quelques semaines, les radiodermites appa-raissaient. La conséquence n’a pas été de prévenir le danger, mais bien d’envisager la possibilité de traiter, par les rayons X, les cancers de la peau, le cancer du sein, puis, plus en profondeur, le cancer de l’abdo-men… Ainsi au début, avec le même tube radiogène, on faisait à la fois du diagnostic et de la thérapie. Les radiologues et les radiothérapeutes sont donc bien issus d’un même tronc commun pour devenir actuel-lement des cousins à la mode de Bretagne. Arrivé à la retraite, je me suis entièrement consacré au Musée. En fait, il n’y a que trois musées de radio-graphie dans le monde : celui de Lennep-Remscheid, près de Cologne, celui de l’hôpital universitaire de Palerme, qui est très grand, mais presque toujours fermé… et notre musée ! Il existe encore un très beau projet à Lyon dont on parle beaucoup, mais qui, hélas, n’avance pas.

R.K. : Le musée n’est pas resté à Neder-over-Heem-beek ?

R.V.T. : Devant la réduction des effectifs de l’armée, je craignais qu’un ministre me dise un jour « Pour hier, vous devriez être parti » ! Les appareils sont lourds et encombrants et le coût d’un déménagement im-portant. J’avais fait une demande d’offre de prix qui s’élevait à un million et demi de francs belges, rien

que pour le transport. J’ai cherché sans succès pen-dant plusieurs années un endroit, de préférence à Bruxelles, pour rester national, central et bilingue. Avec les Frères de la Charité de Gand, nous avons trouvé un accord. Les collections ont donc été démé-nagées à Gand, mais le siège social reste toujours à Bruxelles. Les posters et de petits objets sont en-core à Bruxelles. Ce qui est exposé à Gand à ce jour est uniquement la section consacrée à la neurora-diologie. Cette section est incluse dans le musée de l’hôpital psychiatrique qui fut, lui, érigé en 1856, par le docteur Guislain. Ce musée de la psychiatrie a été créé, dans les années septante, par un frère du nom de René Stockman, qui est devenu le supérieur de la congrégation en Belgique, et est actuellement le gé-néral de la congrégation des Frères de la Charité au niveau mondial. A Gand, le visiteur découvre du ma-tériel de neuroradiologie notamment le tomographe « Polytome » de l’hôpital militaire, le scanner « EMI » du professeur Michel Collard, premier appareil en Bel-gique et 7e au monde, l’échangeur de cassettes pour les angios carotidiennes du professeur Cornélis, ainsi que son échographe crânien… La section de neurora-diologie du musée de la radiologie est intégrée dans la psychiatrie, mais Freud et Röntgen n’ont-ils démar-ré leur recherche tous les deux en 1895 ? Une aile est prévue pour exposer ultérieurement l’ensemble de la radiologie. Cette section ne sera pas aussi vaste qu’à Bruxelles mais l’important est que le matériel soit préservé.

Appareil de radiologie modèle Art-Nouveau, crée par Jacques-Arsène d’Arsonval et fabriqué par G.Gaiffe (1909)

R.K. : Vous restez sans doute au courant des progrès de l’imagerie médicale.

R.V.T. : Oui bien sûr, d’autant que j’ai écrit un livre, largement illustré et en couleur, sur l’histoire de la neuroradiologie, en trois langues (2), couronné l’an dernier par le prix F. Jonckheere décerné par l’Acadé-mie royale de Médecine. Il est dédicacé à la mémoire

10 AMA CONTACTS - février 2014

du professeur Cornélis, que j’ai beaucoup apprécié. Une anecdote : Georges Cornélis nous montrait la technique des examens à faire, puis prétendant une obligation, par exemple une convocation du recteur, il nous laissait seuls faire l’examen, mais il restait dans le couloir et aurait foncé dans la salle s’il y avait eu un problème. Il nous faisait confiance.

R.K. : Dans l’enseignement, le professeur doit trouver un juste milieu entre la sécurité du patient et la for-mation pratique de l’élève. Comme vous me le dites, Georges Cornélis avait trouvé cet équilibre.

R.V.T. : Parfaitement, mais il n’était pas le seul. Par contre il le faisait avec un panache particulier.

R.K. : Le professeur Masy, que vous avez peu connu, était têtu et s’opposait à ce qu’on installe une caméra dans la salle de cathétérisme où je travaillais, si bien que, pendant toute une période, les patients devaient être transportés en civière dans le service de radiolo-gie, à l’autre bout de l’hôpital, pour l’angiographie sur un sérigraphe, avec le risque bien connu de bourrage et de déplacement du cathéter. Le professeur Masy venait nous demander toutes les 10 minutes si l’on aurait bientôt fini. C’était un calvaire.R.V.T. : Quand je suis arrivé à l’hôpital Saint-Pierre, avant l’arrivée de Pierre Bodart, j’ai encore connu cette époque où nous étions appelés dans votre ser-vice parce qu’il y avait un bourrage des films de votre angiographe. Quand M. Bodart est arrivé les choses ont rapidement changé. C’était un patron très organi-sé et dynamique: le premier arrivé le matin et le der-nier à éteindre les générateurs, une force de la nature.

R.K. : Il l’est toujours.

R.V.T. : Sans aucune prétention, alors que c’est un très grand monsieur qui se préoccupait aussi de tous ses collaborateurs. Il était très didactique et ne cherchait pas l’éléphant blanc. Dans les domaines qu’il connais-sait moins, il nous disait « Statistiquement, il s’agit, je pense, d’un cas de… ». Il avait quasi toujours raison.

R.K. : Quelle est votre occupation actuelle ?

R.V.T. : Je prépare la commémoration du centenaire de la guerre 14-18. C’est pendant cette guerre que la radiologie a été utilisée à grande échelle, avec des appareils très fragiles et instables. La difficulté à l’époque était de localiser, radiologiquement, les pro-jectiles. Ces projectiles étaient infectés et il n’y avait pas d’antibiotiques. Il était donc essentiel d’enlever rapidement les balles et les éclats d’obus. Imaginez les doses de rayons que les radiologues de l’époque ont reçus car cela se pratiquait sous examen radios-copique. Les Français, notamment, ont payé un lourd

tribut parce qu’ils mettaient un point d’honneur à lo-caliser toujours les corps étrangers. Les conséquences de ces irradiations étaient les radiodermites qui com-mençaient par atteindre une phalange et pouvaient s’étendre à la main, puis au bras. Elles pouvaient aussi entraîner des leucémies ou des sarcomes osseux. Pour préciser l’endroit des corps étrangers, il y avait, outre la scopie, la méthode trigonométrique. Par un calcul savant, lorsque l’on change l’angle de prise de vue de deux clichés, on peut calculer la profondeur. L’arrivée de La tomographie conventionnelle sera l’avancée technologique espérée .Elle a été découverte, en 1916, par André Bocage, un médecin français appelé sous les armes, qui deviendra dermatologue (3).

R.K. : C’est triste à dire, mais les guerres stimulent la recherche et c’est après que l’on on trouve des appli-cations pacifiques, par exemple, le radar, le sonar et l’énergie atomique. Vous avez un mot à ajouter ?

R.V.T : Pour le centenaire de la guerre 14-18, nous avons publié un livre en français et en néerlandais, déjà épuisé. Le titre était «La radiologie monte au front». Une nouvelle version en anglais est parue au prin-

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temps 2013, publiée par «Academia Press» de Gand. Elle a été revue et augmentée par les contributions de la radiologie militaire américaine, anglaise, alle-mande et française.

R.K. : En tant que fils de militaire, je suis heureux que

(1) Voir Ama contacts 43 : Le radium, lumière du futur(2) Van Tiggelen R. : Le crâne transparent ; Histoire illustrée de la neuroradiologie, 2007, Bruxelles. Derniers exemplaires disponibles au Musée belge de la Radiologie ([email protected]) ou au mu-

sée l’Hôpital Notre-Dame à la Rose de Lessines ([email protected]).(3) Cette grande découverte est attribuée à différents médecins, parce qu’à cette époque on ne lisait guère que

la littérature de son pays ou dans sa langue.

grâce à vous, entre autres, l’armée belge ait des ac-tivités culturelles et historiques et qu’elle soit loin du portrait qu’a fait Courteline du comique troupier. Merci et bon succès pour le musée et le livre sur la ra-diographie pendant la monstrueuse et inutile guerre de 14-18, dont la Belgique a été l’innocente victime.

L’assurance qualité des médicaments hier et aujourd’hui (2ème partie)

Philippart Franz, Docteur en médecine, Vice-président CEHPM

LES MEDICAMENTS DANS LE MARCHE ILLEGALV. HENRY, Pharmacien, AFMPS, Unité spéciale d’en-quête

De quoi s’agit-t-il ? De médicaments falsifiés : médicaments avec une fausse présentation soit de son identité, soit de sa source, soit de son historique (enregistrements, cir-cuits de distribution).De médicaments de pauvre qualité : - Dégradés : originellement de bonne qualité, mais

conservés dans des conditions inappropriées. Par exemple, un vaccin destiné à l’Afrique, stocké dans un hangar sous 40° à Zaventem

- Contrefaits : produits fabriqués pour ressembler

à des médicaments d’origine. Représentent : - 10 à 15% du marché mondial ; - 30% du marché afri-cain.

- Sous standards : médicaments produits par des fabricants reconnus, mais ne répondant pas aux critères de qualité

Le marché illégal Observation de phénomènes criminels multiples du secteur humain au secteur vétérinaire : médica-ments illégaux, dopage, publicité frauduleuse, essais cliniques frauduleux, vol (hormones de croissance, p. ex.). Les moyens les plus utilisés sont : la vente par correspondance, internet, des activités sans autorisa-tion (par ex. sous dosage des antibiotiques)Rentabilité énorme de ce vaste domaines 25 x plus grande que celle de la vente de drogues

Actions contre ces pratiques Requièrent la collaboration de nombreuses autorités : - Niveau national : CMDH : cellule multidisciplinaire des hormones ; CICF : Commission interdépartemen-tale pour le coordination de la lutte contre la fraude dans les secteurs économiques. - Niveau international : HMA : Heads of Medicines Agencies. Fondation en 1995. Réseau d’autorités na-tionales compétentes, responsables de la régulation des produits à usages humains et vétérinaires ; Im-pact : groupe de travail anti-contrefaçon, au sein de

l’OMS ; PFIPC : Permanent Forum of International Pharmaceutical Crime (15 pays) ; DEQM : au niveau de l’Europe. Ce secteur a mis au point un outil efficace : la Conven-tion médicrime. Ratifiée par 18 pays et adoptée le 8 décembre 2010. Elle érige en infraction pénale : la fabrication intentionnelle de produits médicaux; la fourniture intentionnelle et le trafic; la falsification de documents pour faire croire à un produit légitime; la fabrication et la fourniture non autorisée de mé-dicaments (type dit d’infractions similaires); la com-plicité. Cet outil en clarifiant les diverses infractions, permet d’améliorer la coopération entre autorités judiciaires et sanitaires au niveau national, entre autorités com-pétentes des états au niveau international.

Obstacle : absence ou non application de la législa-tion de certains pays.

Exemples : - Sur Internet : l’érection pack qui associe 10 pilules

de Viagra et 10 pilules de Cialis- Suppléments alimentaires avec prohormones- Produits à base de mélatonine- Anabolisants hormonaux ou non hormonaux :

10.000 vials venus d’Egypte- Crèmes blanchissantes à base de corticostéroïdes :

produits très demandés.

L’ASSURANCE DE QUALITE A L’OFFICINEELSEN C., Pharmacien, vice-président APB

Il est patent pour tous qu’une mutation profonde est en cours dans le monde professionnel du pharma-cien. En gros, l’ex-apothicaire est invité à un rôle actif dans ce qu’il était convenu d’appeler la relation ma-lade-médecin ; celle-ci devient plutôt, à présent, rela-tion malade-sa maladie, dans laquelle interviennent différents prestataires, et ce de manière paritaire. Les points d’impact actuels en matière pharmaceutique sont centrés sur la connaissance des traitements, la sécurité et le suivi. Le pharmacien contemporain dis-pose d’une série d’outils appelés support modernes de la qualité en officine. Quels sont-ils ?

1. La qualité des actes et des servicesA. Le formulaire thérapeutique magistral (FTM) pu-

blié pour la dermatologie en 2003. En 2010 paraît un formulaire complet rédigé par la Commission belge de la Pharmacopée, publié par l’AFMPS ; il doit être présent en officine (A.R. 21/01/2009) et concerne les préparations magistrales (composite, mode de pré-paration, conditions de conservation etc.).

B. Le Guide des bonnes pratiques en officine (GBP-PO), annexe 1 de l’A.R. du 21/01/2009, portant ins-truction pour les pharmaciens ; relatif à la struc-ture et à l’organisation de l’officine et aux actes pharmaceutiques (préparation, dispensation, soins de base, suivi).

C. Le manuel de qualité (MQ). Son contenu est défini au chap. 12 de l’annexe 1 de l’A.R. du 21/01/2009: en-semble de documents relatifs à l’officine : locaux, équipement, stockage, traitement des périmés, etc. Au 01/01/2012, chaque pharmacien doit dis-poser de son propre MQ. Le but est la standardisa-tion entre toutes les officines. Pour la mise à jour, l’APB a mis au point un logiciel appelé My Quality Assisant, comportant un module de qualité et un autre d’autoévaluation, avec questionnaires sur 3 thèmes : magistrale, logistique, équipement. Le MQ est une obligation légale.

2. La qualité et la sécurité des produitsA. Service de contrôle des médicaments : SCM créé

et assuré par l’APB (1952), financé par tous les pharmaciens, agréé par A.M. 02/02/2005 et sou-mis à l’inspection par les autorités publiques. Ses missions : analyses tant pour le recontrôle que pour les essais ; traitement des défauts de qualité; retrait des produits non conformes (69 en 2012).

B. Authentification des médicaments lors de la dis-pensation à l’officine. En 2004, l’INAMI introduit un code barre unique sur chaque conditionne-ment. Actuel partenariat avec AEGATE créé en G.B. pour créer un système intégré au fonctionnement des pharmacies (système d’authentification mon-dial).

3. Qualité des conseils et des soins. DELPHICARE : banque de données scientifiques sur les médica-ments belges et les étrangers. Publié par le CIP (Centre d’information pharmaceutique) à l’inten-tion des pharmaciens, des médecins, des institu-tions. Il traite de : pharmacovigilance, contre-indi-cations, suivi, parapharmacie. Informations lors de première délivrance.

4. Pour le futur sont soit à l’étude, soit en voie de réalisation : spécialisation en pharmacie clinique officinale, développement professionnel continu à partir de 2014, prescription électronique : recip-e, dossier pharmaceutique partagé (entre pharma-ciens).

Conclusions de Mr Elsen : « La mise en place de toutes ces initiatives est-elle une assurance absolue de la qualité en officine ? NON, ces procédures n’ont de

12 AMA CONTACTS - février 2014

AMA CONTACTS - février 2014 13

valeur que si elles sont appliquées par des presta-taires formés, réfléchis et conscients des actes qu’ils posent».

HISTOIRE OU L’ASSURANCE QUALITE HIERQuatre orateurs ont développé une introduction his-torique, relative aux pharmacopées et aux statuts de l’exercice de l’art pharmaceutique. En ce paragraphe, nous rassemblerons leurs propos en une présenta-tion chronologique.

1. Première période : celle des compilationsUn auteur supposé, ou un commanditaire rassemble les drogues de toute origine qu’à son époque on uti-lisait comme agent thérapeutique ou comme poison.

- 3600 A.C. Chine : Shennong, empereur, auteur du Pen Tsao King, liste de 365 drogues nouvelles

- 2100 A.C. Mésopotamie : Tablettes de Nippur, en cunéiforme, exposant de nombreuses recettes

- 1500 A.C. Egypte : papyrus Ebers et Spith : 700 dro-gues d’origine diverse

- 460 A. C. Grèce : Hippocrate : pathologies et leurs traitements

- 350 A.C. Grèce : Théophraste : 500 plantes décrites avec leurs vertus

- 300 A.C. Indes : Ayurveda, Samita de Charaka : 500 plantes avec leurs vertus

2. Deuxième période : organisation et transmission des savoirs- 50 P.C. Rome : Pline l’Ancien : Histoire naturelle

avec vertus des plantes et des animaux- 44-90 Cilicie : Dioscoride ,De Materia medica : 944

remèdes- 47 Rome : Scribonius Largus, Compositiones : 271

prescriptions- 129-200 Pergame : Galien : 400 à 600 ouvrages- 178 Rome : Celse, De Medicina : les maladies et leur

traitement.

3. Troisième période : transmission arabo-persane- Ixe siècle Perse : Sapur Ibn Sahl, Le Grabadin :

considéré comme le premier codex régissant léga-lement les préparations pharmaceutiques

- 800 Bagdad : Mésué Jean, Antidotarium.- 900 Perse : Rhazes, Kitab-al-Hawi : encyclopédie

en 22 volumes- 1000 Samarcande : Avicenne, Le Qanun = liste de

798 médicaments simples, les 7 critères de l’expé-rimentation.

4. Quatrième période : naissance de la profession d’apothicaire

- 1150 Salerne : L’Antidotaire de Nicolas, ensemble cohérent de 139 prescriptions polypharmaques

- 1231 Melfi : Constitutiones de Frédéric II, réglemen-tant l’art pharmaceutique

- 1323 Paris : L’Antidotaire de Nicolas devient obliga-toire dans chaque officine

5. Cinquième période : les pharmacopées régionales- 1498 Florence : Ricettario di Firenze, première

pharmacopée avec simples et composés- De 1500 à 1741 : Strasbourg (1512), Erfurt (1529), Nu-

remberg (1542), Valence (1601), Londres (1612), Paris (1638), Bruxelles (1641), Liège (1741).

Au total : de 1600 à 1850, 290 pharmacopées régio-nales.

Moyse Charas, pharmacien français (1619-1698), réa-lise la première fabrication publique de la thériaque

6.Sixième période : les pharmacopées nationales conçues dans un but d’harmonisation- 1812 : pharmacopée batave- 1828 : Codex Parisiensis- 1829 : Pharmacopoeia Belgica- 1858 : British PharmacopeiaAu total, de 1850 à 2000 : 440 pharmacopées natio-nales.

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7. Septième période : les pharmacopées internatio-nalesCette période chevauche les 2 précédentes. Il s’agit d’œuvres d’auteurs isolés qui trient, commentent et sélectionnent les formules antérieures. - 1692 : Charas Moyse, Pharmacopée royale galé-

nique et chimique- 1698 : Lemery Nicolas, Pharmacopée universelle - 1828 : Jourdan, Pharmacopée universelle (50 pays)- 1801 : Van Mons, Pharmacopée manuelle « De l’in-

térêt des peuples à convoquer une commission chargée de rédiger une pharmacopée d’Europe »

- 1822 : Fleischer (Leipzig) rassemble les pharmaco-pées européennes dans 6 volumes : le Codex Me-

dicamentarius8. Huitième période : pharmacopée internationale en vigueur- De 1902 à 1963 : travaux préparatoires à l’échelle

européenne- 1967 : première édition de la Pharmacopée euro-

péenne sous l’égide du Conseil de l’Europe- 2013 : huitième édition 37 pays.

CONCLUSIONEn son trentième anniversaire, le CEHPM a réuni pas-sé et avenir de la conception et de la réalisation des agents thérapeutiques, ainsi que des professions qui s’y consacrent. Nous retiendrons que deux grands ennemis mena-cent leur existence et stimulent leur vigilance : en-nemis de l’intérieur que sont les manques d’informa-tion et de dialogue alliés au mercantilisme ; ennemi de l’extérieur qu’est la contrefaçon alliée aux réseaux sociaux. Nous retiendrons que la finalité de tous les échelons est le bien du patient qui s’exprime par ef-ficacité et sécurité maximales. L’assurance de qualité est un moyen permettant à la fois d’approcher, voire d’atteindre ces objectifs et de neutraliser les ennemis.

Nous remercions tout particulièrement les organi-sateurs et concepteurs du colloque : son président, le Professeur B. Vandenabeele, Mesdames Nicole Roland-Marcelle, Paule Jacqmain et Jeanne Oslet-Conter, pharmaciens, chevilles ouvrières d’un fonc-tionnement qui fut parfait.

Cet envoi final est l’occasion de rappeler que le CEHPM réside au sein du Musée Couvreur, Musée de la Pharmacie, Bâtiment Helmont, avenue Mounier, 7314, 1200 Woluwé, et dont la visite est recomman-dée.Adresse de contact : Tomberg, 38 – 1000 BruxellesTél : 02/771.23.31Courriel : [email protected]

AMA CONTACTS - février 2014 15

Souvenirs et anecdotesLe service militaireEn 1951, je fus convoqué à l’incorporation au service militaire, le délai accordé pour mes études de médecine ayant expiré.

Je me retrouvais à la caserne, tout nu, devant quelques officiers. L’un deux, probablement un médecin militaire, s’approche de moi, m’examine sur toutes les faces et de haut en bas.Quelques jours plus tard, je reçus un papier officiel, disant que j’étais réformé, sans donner la raison.Tout heureux, je l’annonçais à mon père, qui était officier de carrière et avait vécu 14-18 à l’Yser, et 40-45 comme chef du bataillon moto des chasseurs Ar-dennais, puis prisonnier de guerre jusqu’en 45.Sa réaction fut très vive : - «Tu dois faire ton service. Je vais leur demander ce qu’ils t’ont trouvé.»- « Mais papa, s’ils ne me veulent pas, c’est une bonne chose : j’ai déjà obtenu une place d’assistant en médecine

interne chez Lambin. »- « Tu dois faire ton service, c’est un devoir du citoyen, très utile par ailleurs. »Mon père revint quelques jours plus tard l’air contrarié : - « Tu as un orteil en marteau : c’est une cause de réforme qui date de Napoléon. Mais tu peux être admis si tu

te fais opérer. »- « Papa, je conserverai précieusement mon marteau. »Mon père finit par être d’accord avec moi.A l’Université, mes copains me disaient « tu ne fais pas ton service : tu as de la chance d’avoir un père officier ». Ils ne m’ont jamais cru quand j’ai dit que mon père n’y était pour rien.

R.K.

Dans le prochain Ama Contacts :Interview : Philippe van MeerbeeckJane Austen : Sa maladie mystérieuseLa femme prend sa place : Les légendes et la préhistoire

Cher confrère,Cher(e) ami(e),

Merci aux membres qui ont déjà renouvelé leur cotisation 2014.Si ce n’est pas le cas, ceci est le dernier Ama Contacts que vous recevrez. Nous vous invitons donc à renouveler votre cotisation. Nous vous rappelons que celle-ci vous permet de bénéficier de réductions au prochain congrès de l’ECU et vous permet également de profiter de nombreux avantages offerts par les alumni aux associations facultaires.

Versez dès aujourd’hui votre cotisation 2014 au compte BE19 2100 6676 1112 de l’AMA-UCL.

Promotions avant 1970 50 euros Promotions 1970 à 2010 70 euros Promotions 2011 à 2013 30 euros

Nos meilleurs vœux à tous ! Bien cordialement.

Prof. M. Buysschaert, Dr D. Lamy, Prof. R. Krémer,Vice-Président Président Rédacteur en chef

16 AMA CONTACTS - février 2014

Musée de la radiologieDécouvrez l’histoire de la radiologie depuis les pionniers des rayons X jusqu’aux plus

récents développements de cette discipline http://www.radiology-museum.be

Reproduction d’un cabinet médical

Tube de Coolidge, France, 1920Ambulance de radiologie de la Croix-Rouge Belge