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Manon BOUSQUET 20901628

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La domestication animale et végétale Dans l’Europe et au Moyen-Orient du mésolithique et néolithique

Manon BOUSQUET 20901628

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Table des matières

Table des matières ............................................................................................................................... 2

Introduction ......................................................................................................................................... 3

Les origines de l’agriculture et de l’élevage ........................................................................................ 4

Les derniers chasseurs-cueilleurs et les premiers proto-agriculteurs (- 12 500 à 9 000)................. 4

Les premiers éleveurs, les premiers animaux domestiques (- 8 700 à – 7 500) .............................. 6

Diffusion de l’agriculture et de l’élevage ............................................................................................ 8

Les débuts de la néolithisation : de – 7 000 à – 6 000 .................................................................... 8

Cardial et Rubané, l’extension en Europe de l’Ouest : de – 6 000 à – 5 000 ................................. 9

Stabilisation et évolutions de l’agriculture et de l’élevage au néolithique ........................................ 12

Conclusion ......................................................................................................................................... 14

Bibliographie ..................................................................................................................................... 15

Iconographie .................................................................................................................................. 15

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Introduction

Si la domestication des animaux et des plantes n’a de cesse d’évoluer – encore de nos jours, des

animaux dits sauvages sont domestiqués par l’Homme (en particulier les Nouveaux Animaux de

Compagnie) –, ce dossier ne portera que sur une période bien précise, avant la fin du néolithique

vers - 2 500/ - 3 000, en remontant jusqu’aux premières traces d’agriculture, aux alentours du

neuvième millénaire avant J.-C. Une restriction géographique est également nécessaire et pour le

présent dossier, nous allons

nous restreindre de l’Europe

jusqu’au Moyen-Orient,

berceau de l’agriculture. Il est

à noter que l’agriculture et

l’élevage n’ont pas suivi une

évolution linéaire, comme

l’indique la carte ci-contre, et

des signes précurseurs de

culture peuvent naître dans le

Cardial, tandis que

l’agriculture peut être en train

de se développer pleinement

au Moyen-Orient.

Il reste délicat de créer un plan alliant domestication animale et végétale : scinder le dossier en

deux thèmes ? Nous privilégierons un plan chronologique pour pouvoir établir un parallèle

d’évolution entre ces deux domestications, plutôt que de les analyser séparément – et donc, passer à

côté de nombreux rapports. Les outils lithiques et la poterie ont bien entendu une part importante

dans l’évolution de l’agriculture comme de l’élevage car ils marquent l’amélioration des techniques,

le désir d’un meilleur rendement.

Nous commencerons par une légère introduction sur la fin de l’ère des chasseurs-cueilleurs, puis

suivrons l’évolution de l’agriculture et de l’élevage depuis sa création jusqu’à sa stabilisation dans

le cadre géographique donné et son évolution technique.

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Les origines de l’agriculture et de l’élevage

Au début, la nourriture fournie par l’agriculture ou l’élevage reste occasionnelle, on maîtrise mal

les techniques et l’on continue la chasse et la cueillette pour compléter les réserves. La naissance de

ces deux domestications n’a pas été spontanée, ainsi, il a été difficile de trouver le plan adéquat :

séparer la proto-agriculture de sa naissance ? D’ailleurs, la séparation avec la naissance de l’élevage

est grandement liée à la chronologie, plutôt qu’à la volonté de mener deux sujets de front.

Pour ce dossier, nous avons pris le parti que l’agriculture se manifeste lors de l’utilisation

d’outils spécifiques, d’un entretien régulier des plantations ainsi que du sol.

Ce qui reste difficile à déterminer, c’est la cause de cette naissance de l’agriculture et les

différentes théories sur le sujet n’ont jamais pu être pleinement vérifiées : est-ce une augmentation

de la démographie, un changement climatique vers l’aridité au Moyen-Orient ?

Les derniers chasseurs-cueilleurs et les premiers proto-agriculteurs (- 12 500 à 9 000)

À l’entrée dans cette ère postglaciaire, on assiste à un changement radical des paysages, du

climat, et donc des habitudes humaines. Beaucoup de grands troupeaux d’herbivores disparaissent,

et la chasse à l’arc, en forêt, remplace celle en plaine ; on pratique plus souvent la pêche avec la

remontée des niveaux marins… Mais bien entendu, il n’y a pas que cela : une abondance des

denrées permet aux prémisses de l’agriculture et de la sédentarisation de se développer. On peut

observer la domestication précoce du chien, dont la présence dans les tombes humaines laisserait à

penser à une relation privilégiée, et les premières traces de cet apprivoisement remontent à – 10 000

ans, en Iran ainsi qu’en Israël.

Dans nos régions, aux alentours de - 6 000, avant le début du Cardial, on trouve des marques de

favorisation de la croissance d’espèces sauvages de légumineuses, par exemple le dégagement

d’espace par brûlis dans la forêt, et de cueillette intensive. Même si à cette époque, l’agriculture

existe déjà ailleurs, ce ne sont ici que les prémices.

Il ne faut toutefois pas attendre le Cardial pour assister aux premières manifestations agricoles !

Dès le Natoufien (Moyen-Orient, entre – 12 500 et – 10 000), les archéologues repérèrent des traces

de sédentarisation, entre autres sur le site de Mallaha, un hameau d’une demi-dizaine de maisons en

dur et de sépultures. Cueilleurs de céréales, probablement plus par l’abondance de ces dernières que

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par spécialisation, les habitants construisirent les premiers silos et usèrent de mobilier assez lourd :

mortiers et pilons, meules, mais pas seulement dans un cadre agricole.

En effet, ces objets servirent surtout à broyer l’ocre des peintures. L’environnement devait être

particulièrement riche pour permettre une sédentarisation sans moyens de production de

subsistance, et un léger nomadisme reste probable pour compléter les ressources. La faucille est

également utilisée pour la récolte.

Si ce cas n’est ni unique ni isolé, ce n’est pas non plus la règle maîtresse, l’évolution n’a pas été

uniforme dans le Natoufien et les groupes nomades, notamment en milieu aride, continuent

d’arpenter la région.

Vers – 9000, où au Moyen-Orient se met en place un début d’économie agricole, les céréales

récoltées sont principalement : l’orge sauvage (Hordeum spontaneum) ; l’engrain (Triticum

boeticum thaoudar) ; l’amidonnier (Triticum dicoccoides). Les légumineuses ont également leur

part de récolte : lentilles, fèves, pois… Très vite, l’influence se fait sentir et de nouvelles espèces se

dégagent des anciennes : l’orge à deux rangs (Hordeum vulgare), l’engrain (Triticum monococcum)

et l’amidonnier (Triticum dicoccum). Bien sûr, cette culture n’est pas uniforme et selon la région,

une espèce de céréale va être privilégiée à une autre, évoluant différemment.

Les différences avec les plantes sauvages sont d’abord ténues mais deviennent plus marquées

avec le temps, tout d’abord avec la diminution de la déhiscence spontanée (c'est-à-dire : « Fonction

de certains organes végétaux qui s'ouvrent sans se déchirer à certaines époques pour libérer leur

contenu : fruit, graine, pollen ou spore. »), elle se régularise et la taille des grains se fait plus grosse

que celle des céréales sauvages. Les entre-nœuds qui retiennent les grains sont plus solides et

empêchent la dispersion naturelle des céréales ou lors de la moisson, mais ce tri ne prouve pas une

culture du blé, tout simplement à une récolte plus sélective (au même stade de maturité, ces épis

conservent leurs grains, contrairement aux autres qui sont tombés), s’ensuit une sélection de ces

plantes pour les cultures.

Quant à l’industrie lithique, elle en est modifiée, plus qu’au Natoufien : une production plus

intensive de lames de faucilles ainsi que de couteaux à moissonner montre bien le chemin emprunté

par l’humanité à cette époque. La hache en pierre polie apparaît sur certains sites.

Les villages s’agrandissent, l’usage du mortier et de la brique crue se répand, le sol des maisons

est dallé… La sédentarisation se voit clairement dans ces constructions faites pour durer.

C’est un début difficile à discerner car une récolte importante pourrait influencer sur sélection

naturelle. On parle ici plus volontiers d’agriculture prédomestique que d’agriculture dans la mesure

où peu de traces de travail de la terre (labours, semis réguliers, traitement des mauvaises herbes) ont

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été retrouvées. Toutefois, le changement est marquant et ouvre la voie vers l’agriculture vers – 9

000, malgré la poursuite de la cueillette pour l’apport végétal. Même le choix de l’habitat en a été

changé : des hauteurs, les Hommes sont descendus dans les vallées fluviales, aux terres plus

propices à la culture.

Les premiers éleveurs, les premiers animaux domestiques (- 8 700 à – 7 500)

Comme déjà mentionné plus haut, la domestication animale commença avec le chien, il y a plus

de douze mille ans au Moyen-Orient, que l’on ne « tardera » pas à retrouver en Europe, aux

alentours de 8000 avant J.-C., domestiqué à partir du loup en tant qu’aide de chasse. On le trouve

d’ailleurs peu dans les premiers villages d’agriculteur, mais en tout cas, il n’est que le premier d’une

longue lignée d’animaux domestiqués.

L’introduction de l’élevage a lieu vers 8700-7500 av J.-C. selon les régions. Sa naissance au

Moyen-Orient, à une époque où l’agriculture (et non pas la domestication végétale) se développe,

n’est sûrement pas anodine : pour rester un éleveur sédentaire, il faut pouvoir fournir du fourrage en

continu à ses bêtes et la culture des céréales en est une excellente source.

Avant de continuer pleinement sur l’élevage, nous allons revenir sur l’agriculture selon le plan

chronologique. Les céréales sont dorénavant domestiquées, présentes sur de très nombreux sites et

commencent déjà leur diffusion vers des régions plus lointaines par le biais de l’échange, du troc ;

les pois (Pisum sativum) ainsi que les lentilles (Lens culinaris) se rencontrent également de plus en

plus souvent, à l’instar des céréales.

Tout comme les plantes, la différence entre élevage prédomestique et élevage est très mince, et

se constate plus aisément à grande distance chronologique que d’un squelette à l’autre. Surtout

qu’en premier lieu, l’Homme captura sûrement des troupeaux sauvages avant de s’immiscer dans la

sélection des bêtes. Par la suite, cette sélection – et peut-être une certaine consanguinité selon

l’ampleur des troupeaux ou des relations entre éleveurs – entraîna chez la plupart des espèces une

diminution de la taille et des changements morphologiques, qui seront étudiés plus bas au fur et à

mesure du traitement des espèces. Les quatre principales sortes d’animaux sont le mouton, la

chèvre, le bœuf et le porc, tous domestiqués vers la même période (- 8 000) tout d’abord au Moyen-

Orient.

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Les plus anciens animaux d’élevage sont

le mouton (Ovies aries L.) et la chèvre

(Capra hircus L.), tous deux domestiqués

vers - 8 000, probablement un peu avant.

Les origines du mouton remontent au

mouflon oriental, dont la domestication

première se situerait en Iraq tandis que la

chèvre (descendante l’espèce sauvage

« chèvre à Bézoar » : Capra aegagrus) est

née au Moyen-Orient avant de s’étendre

jusqu’en Asie.

Viennent ensuite le bœuf (Bos taurus L.),

descendant de l’auroch (Bos primigenius)

ainsi que le porc (Sus domesticus L.),

héritier du sanglier (Sus scrofa). Les bovins,

contrairement aux caprins et ovins importés

du Moyen-Orient, ont été domestiqués également en France, aux alentours de - 7 000, et leur

présence n’est pas le seul résultat du commerce. Le cas du porc en Europe est plus complexe, car on

ignore encore si c’est un descendant de sanglier local ou importé déjà domestiqué du Moyen-Orient,

comme les chèvres et les moutons. Depuis ses premières apparitions, il est élevé essentiellement

pour sa viande (et donc ses os, sa peau, que l’on déduit d’un fort abattage de jeunes individus), à

l'inverse des trois autres espèces, aussi élevées pour leur laine et leur lait.

Comme nous le savons, tous ces changements influèrent de façon majeure sur toutes les sociétés

qui y ont été confrontées. C’est la généralisation de la sédentarisation, du regroupement des

Hommes et par ce fait, la naissance d’une nouvelle société. Cependant, cela ne s’arrêtera pas aux

régions moyen-orientales, et nous étudierons cette diffusion dans la partie ci-dessous.

1 Image d’origine extraite de ARBOGAST R.-M., MENIEL P., YVINEX J.-H., Une histoire de l’élevage, les animaux et

l’archéologie, éditions Errance, 1987.

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Diffusion de l’agriculture et de l’élevage

Les débuts de la néolithisation : de – 7 000 à – 6 000

Au fur et à mesure que cette « néolithisation » avance, la chasse et la cueillette perdent de leur

importance dans la plupart des cas, sauf sur certains sites où elles gardent une part majeure de

l’apport en nourriture.

Aux alentours de 7 000/6 000 av. J.-C., la domestication (animale et végétale) se dirige vers

l’Europe, via la mer ou suivant les fleuves pour l’intérieur des terres, probablement par le biais du

commerce (l’échange de céramiques, d’outillage et de matières premières est attesté, il est donc

plausible que les semis et les troupeaux connurent le même sort) et de la colonisation (absence de

substrat mésolithique lors des fouilles de plusieurs sites).

Dans certains cas, l’influence de l’Homme sur la diffusion est indéniable, comme lorsqu’il a

emporté avec lui des animaux domestiqués et des semis sur les îles de Chypre et de Crète (à

Knossos, on trouve des traces de l’établissement possible vers 6 700 av. J.-C.). Cela ne pouvait être

le fruit du hasard, ou de quelques clans isolés, car le commerce se poursuivit entre ces îles et le

continent.

La Thessalie est touchée vers - 6 600/- 6 500 av. J.-C., dans une Grèce où l’économie est basée

sur l’élevage de caprinés et de porcs, ainsi que sur la culture de l’orge et de l’amidonnier.

D’ailleurs, autour de la méditerranée, on trouvera plutôt des chèvres et des moutons plutôt que des

porcs ou des bœufs, et dans les plantations, plus souvent de l’engrain, de l’amidonnier, de l’orge,

des pois et des lentilles.

Il faudra attendre - 6 100 en Italie du Sud-est et des deux côtés de l’Adriatique pour voir

l’agriculture s’installer de manière définitive. On ignore en tout cas comment étaient gérés les

troupeaux : la communauté était-elle responsable de leur élevage ou des propriétaires particuliers

s’occupaient-ils d’eux ?

Il ne faut pas comprendre cette diffusion comme une vague couvrant l’ensemble des pays cités,

elle n’a rien d’uniforme ; certaines régions sont vides (archéologiques, du moins) de cette évolution,

ou parfois, comme à l’intérieur des terres balkaniques, l’agriculture a peu été pratiquée, laissée sur

des littoraux plus fertiles, tandis que l’élevage pouvait se poursuivre chez les nomades.

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Cardial et Rubané, l’extension en Europe de l’Ouest : de – 6 000 à – 5 000

L’expansion vers l’ouest de la Méditerranée se poursuit à partir de 5 900 av JC : le Cardial

débute aux alentours de - 6 000 et suit le pourtour de la Méditerranée et le Rubané (plus tardif : vers

- 5 500) occupe l’Europe centrale et une grande partie du Nord.

Toujours par ordre chronologique, nous allons donc commencer par le Cardial, où l’on trouve les

premiers instruments (européens) tels que les faucilles, houes en pierre taillée, des meules d’une

dizaine de kilos pour moudre le grain, souvent en granit ou en grès, des grattoirs pour les peaux…

On assiste au développement de la pierre (silex, obsidienne…) polie, utilisée dans la fabrication de

haches en basalte et d’herminette.

Les céréales changent peu depuis le Moyen-Orient : le blé tendre-compact (Triticum aestivo-

compactum) domine l’aire méditerranéenne, idéal pour la composition du pain c’est une céréale très

marquée par l’influence humaine ; l’orge est toujours présente, ainsi que les pois et les lentilles.

Dès - 6 000, le mouton et la chèvre arrivent sur les berges, par troc ou colonisation, et quelques

aurochs sont domestiqués sur place, bien que les troupeaux soient constitués en majorité d’ovins et

caprinés. Il faudra attendre le Cardial Final pour compter les porcs parmi eux, même si l’on ignore

avec précision son origine (domestiqué du sanglier européen ou importé du Moyen-Orient ?). Quant

au chien – présent depuis longtemps –, il n’est pas qu’un animal apportant son aide, c’est aussi une

source de nourriture comme en témoignent les traces de découpe ou de cuisson sur certains

squelettes canins retrouvés. Malgré l’importance grandissante de l’élevage, la chasse est encore

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beaucoup pratiquée (elle représente plus 40 % des restes animaliers portant des signes de

préparation culinaire) et contrairement au mésolithique, les gros animaux sont les proies principales,

sangliers en tête. Les pourcentages peuvent monter jusqu’à 87 % des ressources carnées dans

quelques sites comme l’abri Lombard, dans les Alpes-Maritimes, sans compter la pêche et la

collecte de mollusque dans les régions côtières ou fluviales.

Dans la plupart des cheptels, on arrive à déterminer l’usage qu’en tirait l’Homme : des individus

jeunes, abattus au maximum de leur poids, contribuaient à l’apport en viande (et en matières

premières tels que les os, les peaux…) tandis que les plus jeunes, encore allaités, sont abattus pour

que les éleveurs puissent profiter du lait de leurs mères, et bien sûr, pour leur chair également.

Dans les troupeaux d’ovins, les statistiques d’abattage se concentrent essentiellement sur des

bêtes âgées ; la présence de peignes à carder (en segments de côtes de bœuf, voir image ci-dessous)

confirme : ils sont élevés pour leur laine, voire pour leur lait.

Éléments de peigne à carder

taillés dans des côtes de bœufs.

Plusieurs de ces éléments étaient

probablement fixés ensemble.

Certains portent des traces d’une

utilisation prolongée (Néolithique,

Bas-Rhin).

________________________________

Scapula de bœuf biseautée

(tranchant) et perforée (emman-

chement) ayant servi d’élément de

houe (Néolithique, Rosheim).

Sans qu’ils soient abattus uniquement pour leur squelette, les

animaux ont toujours fourni une part importante de l’outillage

(poinçons en métapodes de chèvres, ciseaux en os…), parfois après

traitement thermique pour en renforcer la solidité, et des bijoux

(colliers de dents, fabrication de perle…). En Espagne, les

archéologues ont retrouvé des spatules et des cuillers en os [voir

image ci-dessous]. Le choix de l’os utilisé n’est jamais anodin, il est

sélectionné en fonction de sa forme, la plus proche de l’usage que l’on compte en faire, comme les

pelles en scapula de bœuf [voir image ci-contre].

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Coveta de l’Or (Alicante, Espagne). Grandes cuillers

en os de bovidés (l’exemplaire percé mesure 20 cm de

long).

Pendant qu’au Cardial Ancien on note une

forte production de viande, majoritaire dans

l’exploitation des bêtes, au Cardial Final, on

constate une double exploitation, à la fois de la

viande et à la fois de la laine.

En - 5 600, les Hommes franchissent Gibraltar et s’établissent de l’autre côté de la mer

Méditerranée.

Peu de temps plus tard, le Rubané naquit ; il apporte moins de traces d’échanges matériels avec

le Moyen-Orient. Le blé dominant est l’amidonnier, ainsi que l’engrain, dont on tire plutôt des

bouillies et des galettes que des miches de pain.

La cueillette continue toujours et les Hommes récoltent glands, noisettes, raisins sauvages et

parfois des légumineuses (encore peu cultivées). Dans les élevages, on trouve une majorité de

bovins et de porcs. L’usage de la castration a été démontré sur le site de Mairy pour les bœufs, qui

sont abattus jeunes (donc, production de viande) dans la plupart des cas, et leur longévité dépasse

rarement six ans.

À ces époques, les communautés villageoises restent réduites (quelques centaines de personnes,

rarement plus de deux cents), la pierre polie est maîtrisée et les forêts défrichées.

On ignore comment néolithiques et mésolithiques se sont rencontrés, et comment le premier a

assimilé le second. Ces deux populations possédaient des armes mais aucune trace de conflit n’a

pour le moment été retrouvée, au contraire, le contact pacifique parait probable. Ce qui est certain,

c’est que la cohabitation nomades mésolithiques/sédentaires néolithiques a duré quelques temps

encore.

De même, les plantes et animaux sauvages dont les domestiqués ont été tirés continuent de

pousser et de vivre à l’état sauvage. Certaines espèces comme l’auroch disparaitront bien plus tard,

voire pas encore (comme le loup, le sanglier).

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Stabilisation et évolutions de l’agriculture et de l’élevage au néolithique

Pour revenir au Croissant fertile du Moyen-Orient, on peut y noter l’invention de l’araire,

première charrue aux alentours de - 5 000, et l’utilisation de fours en argile, en Iran. Servaient-ils à

cuire les poteries, les plats ou le pain, cela reste parfois difficile à déterminer au cas par cas. En

Égypte, plusieurs pains circulent : celui à base d’orge est destiné au peuple, tandis que celui de blé

est offert aux dieux, au pharaon et aux nobles.

À partir de - 4 500/-4 300, débute une intensification de l’élevage et du commerce. En parallèle,

les sépultures témoignent d’une hiérarchisation des sociétés, le début des inégalités sociales. Aux

alentours de -3 500, les premiers états voient le jour, ou comme dans le cas de Ur en Mésopotamie,

des cités-états, souvent berceau des sources originelles de l’écriture. Cette urbanisation ne doit pas

tromper : le nomadisme continue, comme dans les sociétés pastorales où l’on pratique au moins la

transhumance. On se base toutefois de plus en plus sur l’agriculture et l’élevage pour l’économie de

subsistance, et plus tard la chasse deviendra d’ailleurs une activité noble.

Vers la fin du quatrième millénaire, le rôle du chien se diversifie : chien de garde, de chasse, de

berger ; il est parfois enterré avec un homme, peut-être en témoignage d’affection.

Les espèces végétales se diversifient, soit par découvertes et nouvelles domestications, soit par

croisements comme le froment (Triticum aestivum), qui se développe dans la région Anatolienne

puis se répand vers l’Ouest. La vigne commence à être cultivée, mais de manière occasionnelle, il

faudra attendre - 3 000 pour qu’elle soit exploitée en Égypte et en Phénicie.

Chez le mouton et les chèvres, on assiste à une disparition progressive des cornes chez les

femelles (comme sur le site de Mairy). Leur taille au garrot subit une légère croissance, puis une

forte décroissance dès la seconde moitié du néolithique ; l’âge d’abattage a été repoussé et au

Cardial Final, l’exploitation est double : viande et laine. Seul l’élevage du porc change peu, toujours

élevé pour sa viande.

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Au Néolithique Moyen (- 3 200/- 2

500), les élevages se spécialisent,

comme preuve les innovations

techniques comme des faisselles en terre cuite ou des métiers à tisser (dont l’usage n’est pas

entièrement attesté, on en aurait retrouvé que les poids) sont découverts. Des bergeries sont

présentes en France dès le Cardial, aménagées dans des grottes ; les archéologues y ont retrouvé des

amas de fumier brûlé, des dents de jeunes animaux, des enclos de pierres sèches… Leur usage

semble avoir été fréquent et intensif : les strates de fumier tout comme le polissage des parois par la

laine l’indiquent assez clairement.

La taille des bovins diminue clairement, jusqu’à atteindre 1 mètre 20 au garrot ; ils sont

désormais élevés pour leur lait dans le Nord de la France mais aussi pour leur « travail » : les bêtes

vivent plus vieilles, atteignant parfois onze ans !

3

Comme cité plus haut, la castration est déjà pratiquée, et elle entraine un allongement des os

ainsi qu’une augmentation du poids. À Mairy, les bœufs (donc castrés) représentent un tiers du

troupeau ; au lieu de l’habituel ratio « un taureau pour trois vaches et deux taureaux tués », on a ici

un nouveau rapport « un taureau pour trois vaches et deux bœufs ».

La différence de silhouette entre mâle et femelle s’estompera peu à peu, mais cela demandera

encore du temps.

Ces évolutions de l’agriculture et de l’élevage préparent à une intensification de l’usage des

ressources, bien que les engrais n’arriveront que bien plus tard, vers l’Antiquité, mais l’idée est déjà

là, ne serait-ce qu’avec la castration des taureaux (plus viandés, plus dociles…).

2 Évolution de la taille au garrot des moutons du Néolithique à nos jours

3 De l’auroch au Charolais : quelques silhouettes illustrant l’évolution des bœufs domestiques du Néolithique à nos

jours.

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Conclusion

La sédentarisation a entrainé les bases de la société comme l’indique l’évolution des statuts via

les tombes, mais pas seulement. En se fixant à un seul endroit, l’Homme a appris à bâtir de manière

toujours plus adaptée, à améliorer son outillage pour un rendement toujours plus important, et s’est

mis à la recherche de techniques plus perfectionnées encore. L’usage de la céramique comme

marqueur d’évolution montre d’ailleurs bien cette importance technique, suivant la vague de

diffusion de l’agriculture, les poteries évoluent en même temps que leurs fabricants.

Difficile de dire si notre Histoire européenne aurait été possible (sans l’intervention d’autres

civilisations – telles celles d’Amérique) sans l’agriculture (l’élevage non-intensif peut se pratiquer

par nomadisme comme le montrent certaines sociétés traditionnelles actuelles), mais il est certain

que cela a fondé l’Histoire que nous connaissons. De par la prise en main d’un environnement plus

ou moins hostile, l’Homme a cessé de s’adapter pour commencer à adapter la nature à ses besoins,

renversant l’ordre habituel des choses. En cela, l’agriculture a été le premier pas : produire de la

nourriture lorsque le milieu naturel ne le fait pas assez.

Cette naissance de la société et des hiérarchies a conduit à la formation des premiers états, des

premières organisations politiques, administratives, et consolide les ordres religieux qui ne

cesseront de prendre de l’ampleur, tout comme la croissance des inégalités.

Pendant ce temps, les autres civilisations ne sont pas en reste : aux alentours de - 5 000, le maïs

est déjà cultivé en Amérique, de même que la pomme de terre, les haricots… désormais parties

intégrantes de notre alimentation ! Sans parler de la poussée vers l’Asie de l’Est, qui bénéficiera de

l’apport de la chèvre, cultivera le riz…

Il ne faut donc pas oublier que nous n’avons jamais été les seuls à progresser vers une société

complexe et structurée, basée sur la sédentarisation.

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Bibliographie

ARBOGAST R.-M., MENIEL P., YVINEX J.-H., Une histoire de l’élevage, les animaux et

l’archéologie, éditions Errance, 1987.

CAUVIN Jacques, Naissance des divinités, Naissance de l’agriculture : la révolution des symboles

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COURTIN Jean, Les premiers paysans du Midi, Tours, La maison des Roches, 2000.

DEMOULE Jean-Paul, La révolution néolithique en France, Tours, La Découverte, avril 2007.

MAZURIE DE KEROUALIN Karoline, Genèse et diffusion de l’agriculture en Europe, France,

éditions Errance, 2003.

POULAIN Dominique, Histoire et chronologies de l’agriculture française, France, Ellipses, août

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Iconographie

http://membres.multimania.fr/ayla01/ (sources du site : John Haywood, Atlas historique des Celtes,

Paris, Éditions Autrement, 2002) (carte de la diffusion de l’agriculture)

http://www.memo.fr (carte de la diffusion de l’agriculture)

http://www.ibicasa.com (illustration en première page)

Les autres illustrations proviennent des livres cités ci-dessus.