la democratie chez nietzsche
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MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE
UNIVERSITE DE TOLIARA
ECOLE NORMALE SUPERIEURE DE PHILOSOPHIE TOLIARA
_______________________
LA DEMOCRATIE CHEZ NIETZSCHE
Mémoire de fin d’étude en vue de l’obtention du
Certificat d’Aptitude Pédagogique de l’Ecole Normale Supérieure (CAPEN)
Présenté par RETOVA Edmond Rostant
Sous la direction de : Monsieur SAMBO Clément
Professeur à l’Ecole Normale Supérieur de TOLIARA
20 Novembre 2008
Année universitaire 2007-2008
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REMERCIEMENTS
Nous tenons à adresser nos vifs remerciements à l’endroit de ceux qui, de
loin ou de près, ont contribué à la réalisation du présent mémoire intitulé LA
DEMOCRATIE CHEZ NIETZSCHE.
Nous adressons nos remerciements les plus sincères à la Direction de
l’Ecole Normale Supérieure de Philosophie de Toliara pour nous avoir donné la
chance de suivre notre formation,
Nous tenons à exprimer nos sincères remerciements à tous les encadreurs,
car ils ont tous contribué à mener à terme notre formation.
Enfin, nos remerciements s’adressent particulièrement à notre encadreur,
Monsieur le Professeur SAMBO Clément, qui a sacrifié son temps pour nous
assister et nous guider tout au long du travail. C’est surtout grâce à ces précieux
conseils que cet écrit de recherche a pu être réalisé.
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INTRODUCTION
Dans l’histoire, nous avons constaté que le monde a évolué sans cesse.
Tout naît, tout passe, tout mûrit et tout dégénère. Ainsi, tout ce qui naît est soumis
à la corruption. Donc rien n’est stable sur terre. Pour cela, on pourrait affirmer que
le devenir est un (fait) phénomène inévitable du monde sensible. Mais cela se fait
dans le temps qui est la loi du changement. De même au niveau du régime
politique, il y a une logique interne qui gouverne sa marche. On passe de l’un à
l’autre selon cette logique. De plus, par le fait de l’analyse de l’histoire, on a
remarqué que l’organisation politique de la société a commencé par une
conscience commune ou croyance commune qui est acceptée et respectée par
tous les membres. Mais petit à petit, le titulaire du pouvoir sacré fait un abus. Il
étend et délimite la frontière de son pouvoir.
Or, « l’homme est un loup pour l’homme » comme l’a écrit Hobbes ; Les
hommes s’entretuèrent. Par conséquent, le fort d’aujourd’hui, peut-être, n’est plus
le fort plus tard. Cela pour confirmer que l’homme n’admet plus de rester
longtemps à l’état de souffrance et de domination. Cela est la raison d’être de la
guerre qui s’installait partout avant l’époque féodale. A cet effet, les vainqueurs
sont devenu titulaires du pouvoir et propriétaires de la richesse, et les vaincus sont
soumis à l’asservissement. C’est l’Etat d’esclavage. Les temps passent, le monde
est peuplé, le vœu de la liberté se fond petit à petit à l’intérieur des souffrants, le
monde ne supporte plus la tyrannie et le souhait de l’égalité pousse dans la
conscience de chacun. Cela déclenche le mouvement populaire. Ainsi, à la suite
du succès de ce mouvement, le pouvoir de la majorité arrive. Ce régime est
appelé « démocratie ».
Tout cela est matérialisé par les régimes politiques de l’Athènes antique.
Cécrops était son premier roi mythique du VIIIe siècle avant Jésus Christ. Cela se
termine à la fin de ce siècle et est remplacé par l’aristocratie et l’oligarchie, au
début du VIIe siècle (662-561 av. J.C). A cette époque les eupatrides (membres
des classes nobles) sont propriétaires de la terre et demandent aux paysans les
cinq sixièmes de la récolte. Mais à cause du mauvais temps, les paysans ne
peuvent plus payer leurs dettes. Finalement ils deviennent esclaves. Jusqu’ici,
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l’Etat d’esclavage a commencé par le roi Pisistrate en 561 av. J.C. Ce dirigeant
était tyrannique. Mais ce régime est abrogé en 511-510 avant Jésus Christ et le
dernier tyran Hippias est exilé, parce que la guerre populaire s’organise et
s’éparpille dans toute la ville.
Par conséquent les réformes de Clisthène ont commencé en 507 av-J.C. Il
est parmi les eupatrides, mais il a donné le pouvoir au peuple. Pour cette raison, il
est considéré comme « père de la démocratie. »
Actuellement l’idée de la démocratie s’éparpille partout. Elle atteint le
sommet de sa puissance. Tous se réclament de démocrates. Mais la
manifestation de ce régime est tout à fait différente. Pour cette raison, beaucoup
de philosophes s’intéressent à l’analyse de cette tendance politique.
En effet, ce terme devient populaire. Son fonctionnement est presque
observé au sein de la société humaine, de l’organisme public ou privé, de
l’association, de ‘l’entreprise, de la famille etc.
A cet effet, tant qu’elle est pouvoir de la majorité, il est indiscutable que la
démocratie soit le plus proche du vœu de la classe défavorisée : les ouvrières, la
masse paysanne, les opprimés, les esclaves… Sa mission est de faire sortir le
petit dans son statut social et de faire régner l’égalité de tous. Pour cela,
Nietzsche la déteste car elle favorise l’arrivée des médiocres au pouvoir. De plus
ce philosophe pense que ce régime adopte la coalition des intérêts bas et favorise
l’universalisation de la pensée comme l’a fait le christianisme.
Donc, il nous semble nécessaire d’analyser ce problème en centrant notre
étude sur l’approche historique de la démocratie, sur l’approche comparative entre
des grands penseurs politiques et sur l’analyse profonde des ouvrages de
Nietzsche, et en particulier, Ainsi parlait Zarathoustra.
Pour cela, nous avons donc intitulé notre étude : LA DEMOCRATIE CHEZ
NIETZSCHE.
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Friedrich Wilhem NITZSCHE est né le 13 Octobre 1884, près de Leipzig.
Son père, pasteur, mourut quand il avait 5ans seulement.
Cette situation l’a obligé à vivre avec sa mère, sa sœur Elisabeth et ses
deux tantes. Il a fait des études de philologie classique à Bonn, puis à Leipzig.
Après il est nommé, sans thèse, professeur à l’université de Bâle où il enseigne de
1869 à 1879. Mais à cause de sa santé fragile il est mort en 1900.
Sa philosophie gravite autour de l’unique ambition : soutenir la cause de la
vie sous toutes ses formes, contre « tout ce qui veut mourir à nous », tout ce qui a
pour but de tuer le vouloir, de diminuer nos énergies créatrices. Il refuse tout
système et tout dogme. Il soutient jusqu’au bout la liberté totale de l’esprit. Par
conséquent il a critiqué les valeurs traditionnelles, la valeur religieuse, la valeur
politique et notamment la démocratie qu’il considère comme pouvoir du pauvre et
cela fait manifester les caractères féminines de l’homme.
D’où, il apparaît intéressant de bien analyser le terme démocratie en
général et puis la démocratie, selon Nietzsche en posant des questions :
Qu’est ce que la démocratie ? Comment se manifeste-t-elle dans l’histoire ?
Semble-t-elle propice à la vie humaine ? Pourquoi existe-elle de divergence
d’idées sur sa pratique ? Pourquoi Nietzsche apporte sa critique radicale ? Quel
régime et quel type de société est-t-il convenable ? La démocratie semble-t-elle
viable à Madagascar ? Comment pourrons nous la pérenniser ?
D’après ce que nous avons constaté jusqu’ici, la démocratie fait participer la
majorité à la prise de décision aux affaires de l’Etat et la liberté et l’égalité sont le
noyau de la démocratie. Pour cela nous allons prendre comme hypothèse :
La démocratie est un pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple.
Mais elle succède toujours à la tyrannie et à la dictature par le fait du mouvement
populaire revendiquant la liberté et la souveraineté.
Elle est propice, s’il y a le critère international qui détermine la vraie
démocratie. Cela devrait être jugé sans partialité.
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Aux yeux de Nietzsche la démocratie est un pouvoir de la majorité que
constituent essentiellement les opprimés, les races d’esclaves. De plus elle
favorise l’arrivée des médiocres, des débiles au pouvoir. Elle est le pouvoir du
pauvre et accorde les caractères féminins de l’homme. Ainsi elle semble mépriser
la vie et la valeur aristocratique qui permet à l’homme de vivre avec soi-même.
Enfin, la démocratie semble être souhaitée à Madagascar, mais cela nous
oblige à appliquer quelques améliorations sur le plan pratique et sur le plan de la
mentalité.
Le présent écrit de recherche traitera donc dans sa première partie
l’historique de la démocratie. Nous présenterons ensuite, la conception du peuple
et le projet de société chez Nietzsche. La troisième partie se rapportera à l’étude
comparative de la démocratie et aux suggestions en prenant le cas de
Madagascar.
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I.1 DEFINITIONS
Il est difficile de préciser la définition exacte de la démocratie. Cela entraîne
la polysémie de ce terme car il n’existe pas de critère officiel, internationalement
reconnu, pour indiquer ce qu’est une démocratie ou ce qu’elle n’est pas. En effet
chacun se considère comme démocrate. Exemple, avant 1989 les pays du bloc de
l’Est se disaient démocrates populaires ; la Chine se dit démocratique ; les
régimes européens qui pratiquaient la colonisation, se considéraient comme des
démocrates ; de même que les Etats-Unis qui pratiquaient l’esclavage, puis la
ségrégation1. De plus ce terme devient une langue courante. Tout le monde en
parle : le cancre, le fou et le savant.
Ainsi, pour faire converger vers un point les visions, il est nécessaire
d’analyser le sens de ce mot par son origine et son évolution dans le temps et
dans l’éspace.
I.1.1 Sens étymologique
Par l’analyse, la conception actuelle de la démocratie prend ses racines
principales dans les réformes engagées autour de la cité d’Athènes, dans la Grèce
antique, aux environs du VIe siècle avant Jésus-Christ. Pour cela, il est intéressant
de rappeler ici le sens de la démocratie selon les Grecs à cette époque.
Le terme démocratie vient de deux mots grecs à savoir : « dêmos » qui
signifie « peuple » et « kratos »2 qui veut dire « pouvoir » ou « autorité ». Ainsi, la
démocratie est un régime politique dans lequel le pouvoir est contrôlé par le
peuple, sans qu’il y ait distinction due à la naissance, à la richesse et à la
compétence. Elle est principe de souveraineté dans la mesure où le peuple
participe activement, et elle est principe de l’égalité car la distinction est effacée.
Ici, le peuple est à la fois sujet et objet du pouvoir, émetteur et destinataire,
acteur et spectateur.
1 Démocratie-wikipedia du 31/08/2008 à 22:03 wikipedia.org/wike/pens%c3%A9e-
d%c3%A9mocratie 2 Frolov, Dictionnaire philosophique, art. « Démocratie ».
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Cela veut dire qu’il établit la loi, et puis lui obéit comme l’avait formulée
Périclès : « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple »3. D’où le
peuple joue un double rôle à savoir gouvernant et gouverné.
Mais le problème se situe dans la pratique. Son contenu a beaucoup évolué
au cour de l’histoire et même aujourd’hui, le sens de la démocratie varie suivant le
pays et le but visé dans le monde.
I.1.2 Evolution du sens de la démocratie
Les démocraties sont le fruit d’une évolution ancienne. Elles sont étalées
entre le XVIIe et le XIXe siècle. Cette période est marquée par les révolutions
anglaise, américaine et française. Encore, cette démocratie est inachevée au
début du XXe siècle qui est le temps de la démocratie libérale.
Dès son évolution, son sens gravite autour des notions de nombre et de
liberté. Elle se définit aussi comme un corpus de principes philosophiques et
politiques suivant lequel un groupe social donné organise son fonctionnement par
des règles élaborées, décidées, mises en application et surveillées par l’ensemble
des membres de ce groupe. Son slogan est l’égalité de tous. Ainsi elle est
contraire au pouvoir qui est détenu par un seul homme ou par un petit groupe. Elle
s’oppose aussi au système de pouvoir héréditaire ou celui reçu par la force, car
elle s’accorde avec l’alternance et l’élection en acceptant la loi de la majorité.
Comme disait Frolov :
Elle est une forme de pouvoir caractérisée par la proclamation
officielle du principe de la subordination de la minorité à la
majorité, ainsi que par la connaissance de la liberté et de
l’égalité des citoyens.4
Pour cela « la tolérance » est un caractère essentiel pour faire régner la
démocratie. La raison en est simple : le système démocratique, en général, ne 3 Histoire de la démocratie directe, du 09/09/2008 à 08 :10,
http://fr.wikipedia.org/wiki/D%c3%A9mocratie. 4 Frolov, op. cit. p. 335.
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regarde pas la nature de l’idée mais rend compte de la force de la majorité. Ainsi
Platon la déteste car elle favorise le cancre pour arriver au pouvoir. A cet effet le
dirigeant fait ce qu’il veut car il n’entend que le bruit du peuple. Or la majorité des
voix du peuple n’est pas réalisable, car cela dépend en grande partie de la
possibilité financière et matérielle de l’Etat. Dans cet Etat, le sentiment précède la
raison.
Ainsi, le peuple prend part aux affaires publiques et il est responsable de la
bonne marche ou non de l’administration comme le disait Périclès :
Notre régime politique […] a pour nom démocratique parce que,
dans l’administration, les choses dépendent non pas du petit
nombre mais de la majorité.5
Cela signifie que l’administration vise à satisfaire tous. Cela nous permet
d’affirmer que la démocratie est un régime, où le peuple est souverain, guidé par
des lois qui sont son ouvrage, fait par lui-même ou par ses représentants.
Pour étendre l’idée de la démocratie, en considérant la mondialisation, elle
est une idée universelle reconnue, et un objectif basé sur des valeurs communes
à tous les hommes, indépendamment des différences culturelles, politiques,
sociales et économiques. Cela peut engendrer la convention, la charte
internationale et l’instauration des droits de l’homme. Ces textes sont établis pour
faire régner la liberté, l’égalité, la transparence et la responsabilité, en respectant
la pluralité des opinions et en cherchant l’intérêt commun.
Par l’analyse de la réalité, le sens de la démocratie ne reste plus un simple
régime mais elle est devenue un système politique, c’est-à-dire une organisation
sociale où le peuple ou un organe élu par lui, détient la souveraineté.
Actuellement le mot démocratie désigne quotidiennement tout pays qui est
reconnu comme appliquant des principes démocratiques dans son fonction-
nement. Exemple les occidentaux comme les Etats-Unis, la France, etc. Elle peut 5 Histoire de la démocratie directe, du 09/09/2008 à 08 :10,
http://fr.wikipedia.org/wiki/D%c3%A9mocratie.
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qualifier aussi le fonctionnement de tout corps ou organisation sociale tels que : la
société humaine, l’organisme public ou privé, l’association, l’entreprise, la famille,
etc. Mais la notion de nombre doit être mise en jeu. Son but est de viser l’intérêt
de tous et non pas celui du particulier. Ainsi le gouvernement œuvre dans le sens
de l’intérêt général car le dirigeant est issu du peuple même.
De plus, comme Rosa Luxemburg, par exemple, il considère la démocratie
comme une lutte pour le socialisme. Cette tendance est commencée par le
mouvement populaire qui regroupe la majorité. Ainsi, on ne pourra pas oublier le
socialisme qui est le parti du grand nombre comme l’affirme Rosa :
Renoncer à la lutte pour le socialisme, c’est renoncer en même
temps au mouvement ouvrier et à la démocratie elle-même.6
Jusqu’ici, la démocratie est considérée comme une chose réalisable. Or en
réalité, elle est une ligne d’horizon politique, un idéal vers lequel tendent des
méthodes de gouvernement. Un type de gouvernement supposerait une
information totale et transparente, un niveau d’éducation et/où instruction
homogène dans la population citoyenne. Ainsi, elle est considérée comme un
système politique idéal et parfait. Donc elle a besoin d’hommes parfaits. D’où
aucun système politique n’est complètement démocratique. Tout va vers elle mais
elle n’existe pas vraiment. Pour cette raison Rousseau a dit : « la démocratie
réclame un peuple de dieux ! »7. Cette affirmation nous présente que la
démocratie pure est non réalisable car l’homme n’est jamais parfait. D’où la
démocratie n’est pas nécessairement absolue.
Nous avons observé que l’évolution historique de toute démocratie dépend
directement de la succession des formations économiques et sociales, du
caractère et de l’intensité de la lutte de classes. D’où elle est réservée aux
représentants de la classe dominante. Mais elle peut être directe ou
représentative.
6 « Tourpilles », le recueil de citations, http://www.toupie.org/Citatios/Démocratie.htm 7 Dictionnaire des citations politiques, du 28/04/2008 à 11 :32
http://www.citationspolitiques.com/thème.php3?id-mot=5
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I.2 DIFFERENTS TYPES DE DEMOCRATIE
I.2.1 La démocratie directe
La démocratie directe est un régime dans lequel les citoyens exercent
directement leur pouvoir. Ils s’assemblent et établissent des lois. Ainsi ce régime
serait nettement plus représentatif de l’ensemble des citoyens, par le fait du
suffrage universel. Les gouvernés pèsent directement sur le choix du
gouvernement.
Prenons par exemple le système où l’élection du chef de l’exécutif se fait au
suffrage universel. Cette démocratie est dite aussi participative, car les citoyens
sont associés aux décisions prises par les représentants, de leur élaboration à
leur application. Pour illustrer ce régime, on va prendre des exemples réels dans
l’histoire de la démocratie.
En 507 avant Jésus-Christ, Athènes pratiquait cette démocratie. Clisthène
est considéré comme le père de la démocratie, car il donnait le pouvoir au peuple,
met au pouvoir les démocrates et faisait des réformes très importantes : égalité de
tous les citoyens, pouvoir souverain donné au peuple réuni en Assemblée sur
l’agora qui est un centre de la vie politique. Pour pratiquer cet idéal politique,
Athènes instaurait deux types d’organisations différentes telles que l’organe
préparatoire qui fonctionne pour recueillir les propositions de lois présentées par
les citoyens, puis préparer les projets de lois. Cet organe est comparable à un
sénat et il est appelé « La Boulé ». L’Assemblée des citoyens qui est nommé
« Ecclésia ». Les membres sont tous les citoyens athéniens qui avaient le droit de
prendre la parole et de voter à l’assemblée, où était votée la loi de la cité. Mais il y
avait exclusivités car les femmes, les esclaves et les métèques n’avaient pas le
droit d’y participer.
Malgré l’existence de quelques handicaps, à cette époque, l’égalité était la
règle entre les familles et les clans. Les terres étaient gérées collectivement. Les
pauvres bénéficiaient de l’indemnité journalière ou le sens, qui leur permet
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d’assurer leur fonction civique. Dans l’administration athénienne, les juges et les
magistrats sont élus en exerçant leurs fonctions pendant un an.8
Ce processus de vie politique athénienne nous permet d’affirmer que la cité
d’Athènes au VIe siècle avant Jésus-Christ est le témoin historique de la pratique
de la démocratie directe. Athènes est considérée comme mère de la démocratie
directe. Ce type de démocratie était observé après dans certaines villes, à savoir :
- La commune de Paris en 1871 ;
- Les soviets de Russie en 1905 et de 1917 à 1921 ;
- Les conseils ouvriers en Allemagne et en Italie 1918-1920 ;
Etc.
Dans l’histoire de la philosophie, Jean Jacques Rousseau est considérée
comme un philosophe favorable à la démocratie directe. Historiquement, nous
avons constaté que divers moyens sont utilisés pour la pratique de cette
démocratie comme l’initiative populaire, la pétition, le rappel, le référendum, le
plébiscite, les assemblées locales et les assemblées générales et le tirage au sort
des représentants.
L’initiative populaire est une procédure de faire participer le peuple. Elle
permet aux citoyens de proposer des lois qui sont ensuite votées par l’assemblée
des électeurs. Ce mécanisme est développé en Suisse, en Californie. Mais en
suisse, les autorités fédérales peuvent, en outre, proposer un contreprojet et les
électeurs peuvent choisir de voter pour l’un ou l’autre des projets ou « contre » les
deux projets.
La pétition est une manière de responsabiliser le peuple, car ce mécanisme
est utilisé pour s’opposer à une loi ou proposer un amendement de la constitution.
Donc elle est un écrit établi par une ou plusieurs personnes et adressé à une
autorité pour exprimer une opinion, une plainte ou présenter une requête. 8 Démocratie-wikipedia du 31/08/2008 à 22:03 wikipedia.org/wike/pens%c3%A9e-
d%c3%A9mocratie
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Le rappel (ou recall) est une réclamation référendaire pour interrompre le
mandat d’un élu ou d’un fonctionnaire. Cette procédure est pratiquée dans
certains Etats Américains. Exemple le rappel du gouverneur de Californie GRAY
Davis9 en 2003.
La collecte de signature qui est une procédure utilisée pour déclencher le
mécanisme de référendum ou pour faire montrer aux autorités le souhait de la
majorité. Elle est utilisée très souvent par les partis politiques, les groupes de
pression, etc.
Le référendum et le plébiscite qui, en général, sont utilisés pour instaurer ou
réviser une constitution. Ils sont très développés en Europe de l’Ouest au cours de
la seconde moitié du XXe siècle ;
L’assemblée locale et générale sont des manières de consulter le peuple
dans le but de débattre et de prendre des décisions au niveau national. Exemple
la préparation de la constitution de Madagascar en 1992. Cette préparation a
consisté par les assises populaires régionales et nationale.
On a vu que la démocratie directe est marquée par la participation effective
du peuple à la prise de décision, à la vie politique d’un Etat ou de la cité. Il nous
reste à savoir la démocratie représentative.
I.2.2 La démocratie représentative
Le slogan politique la plus répandu, c’est le peuple souverain. Or, en réalité,
il est incapable de se gouverner. Cela signifie que le peuple est un individu avant
d’être citoyen. Il est un individu dans le sens où il ne pense qu’à vivre. Toute sa
réaction dépend généralement de la commande de son corps. En effet, il est un
homme du cœur et non pas de la raison. Sa décision est toujours en relation
étroite avec la satisfaction de ses appétits, de son désir, de son rêve… Ainsi, son
projet de société est « fictif », c’est-à-dire non faisable, tandis que le citoyen est
une forme idéalisée de l’individu qui se caractérise par sa maturité politique, son
9 Histoire de la démocratie directe, http://fr.wikipedia.org/wiki/D%c3%A9mocratie_directe,
1er septembre 2008.
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absence de préjugés de classe. Il est dénué de l’égoïsme et capable de faire un
choix politique, en fonction de l’intérêt général. Par sa maturité, le citoyen ne vise
que l’efficacité et l’objectivité de la décision prise. Pour cette raison, certains Etats
procèdent à l’instauration du corps des élus qui sont capables de discuter et
d’établir les lois. Ce système est la source de la démocratie représentative, qui est
définie comme un régime politique dans lequel la volonté des citoyens s’exprime
par la médiation de représentants élus. Selon le mode de recrutement, ils sont dits
représentants de la nation, de la région ou du district. Leur fonction est de réaliser
la volonté générale du peuple, d’établir et de voter la loi et de contrôler éventuel-
lement le gouvernement. Exemple le cas de l’Assemblée Nationale à Madagascar.
Malgré l’importance de leur attribution, les élus sont indépendants de leurs
électeurs. Ils sont irrévocables. Néanmoins, leur mandat est limité.
Dans ce régime, le vote est primordial car, il est considéré comme un mode
de désignation et d’investiture dans la fonction. La légitimité ou la légalité est
reconnue par l’élection. Ainsi, l’électorat est une fonction exercée au nom de la
nation.
Comme chez Platon, ce régime est un élément du sensible, donc il est
victime de la corruption. Ce changement de nom dépend des moyens de
conviction utilisés. Par exemple, il est nommé démocratie du public dès que les
médias sont considérés comme moyen d’information. Il est démocratie continue
quand les moyens utilisés sont dominés par les sondages, les médias modernes
et l’instance de contrôle de la constitutionnalité des lois.
La démocratie représentative est basée sur l’existence des intermédiaires
élus par le suffrage universel. Cela est matérialisé par la Révolution Française et
la constitution américaine de 1787. Elles sont principalement basées sur la
représentation et l’élection. En réalité, les élus n’exercent plus vraiment la
souveraineté du peuple. Donc il est nécessaire d’instaurer le régime mixte.
I.2.3 La démocratie semi directe
Elle est un système politique qui tient compte de la pratique des deux
formes de la démocratie expliquées ci-dessus. Les citoyens élisent des
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représentants qui se chargent de l’établissement des lois. Mais ils peuvent être
aussi appelés à voter des lois par référendum. Ils ont le droit d’accepter ou de
refuser, cette proposition de lois mises en question. Exemple la constitution
française du 04 octobre 1958, article 3. Cet article nous présente l’existence de
représentants élus et l’intervention directe du peuple. Il est écrit :
La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par
ses représentants ou par voie du référendum10.
Mais il y a deux formes de référendum suivant l’origine, à savoir : le
référendum à l’initiative du pouvoir public et celui à l’initiative populaire, Cela peut
être illustré par des exemples concrets qui sont écrits dans l’histoire de la
démocratie. En suisse, on parle de référendum d’initiative populaire. Il est réalisé
presque mensuellement.
En France, dès la révision de la constitution du 28 mars 2003, l’initiative
populaire est supprimée et remplacée par la pétition, et puis le vote de cette
réforme locale au travers du référendum local. Elle figure dans cette Constitution,
article 72, alinéa 1 :
Il n’est donc pas exclu « que la pétition ait pour objet de
demander l’inscription à l’ordre du jour de l’assemblée
délibérante de la question de l’organisation d’une consultation
des électeurs » sur un sujet précis relevant de la compétence
d’une collectivité territoriale.11
Cela signifie que le système dit démocratique a besoin de l’existence des
intermédiaires qui sont capables de discuter et d’établir des lois. Le cas échéant, il
faut consulter l’avis du peuple car ses représentants ne sont jamais titulaires de la
souveraineté populaire.
10 Histoire de la démocratie directe, http://fr.wikipedia.org/wiki/D%c3%A9mocratie_directe,
1er septembre 2008. 11 Ibidem.
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I.3 APPLICATION DE LA DEMOCRATIE
I.3.1 La démocratie militaire
Ce terme est utilisé par un anthropologue américain, appelé Lewis Henry
Morgan, pour qualifier une forme d’organisation militaire de la société. Cette
organisation militaire de la société est composée de régime de la communauté
primitive et de la formation de l’Etat. Elle existe, chez les Grecs aux XII-IV siècle
avant Jésus-Christ.
Comme son nom l’indique, ce régime a suivi la loi militaire. Là, les chefs,
les généraux sont les personnages qualifies, dominants, respectables et
autoritaires. Les peuples sont considérés comme les subordonnés, obéissant et
un moyen de production. Enfin les personnages mythiques sont considérés
comme la tête de cette société. Ce système politique est marqué par les règles de
jeu suivantes :
- d’abord, il y a la règle de commandement d’une manière descendante.
Les autorités donnent des ordres aux subordonnés qui leur obéissent ;
- ensuite, le respect est une attitude primordiale pour faire régner le pouvoir
autoritaire dans ce régime. Ce respect suit une démarche ascendante car le
peuple dit toujours « oui mon général » ou « oui mon chef » ;
- enfin, les guerres sont les moyens qui existent en permanence pour
défendre et stabiliser le pouvoir. Donc dès lors, elles sont devenues un métier
permanent qui procure le butin et les esclaves.
Tant que ce régime est détenu par le fort, il est devenu héréditaire comme
écrit Frolov :
La démocratie militaire est caractérisée par la centralisation
accrue du pouvoir entre les mains des chefs, des généraux et
des prêtres et elle devient progressivement une institution
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héréditaire.12
Mais ce régime autoritaire débute par la croyance à une force invisible et
mythiquement acceptée par le peuple. Exemple : Dieu et dieux et les autres forces
mythiques. Mais les dirigeants profitent de cela pour dominer leur peuple. Par
conséquent leur pouvoir devient autoritaire et héréditaire comme l’affirmait Frolov :
De telle sorte des institutions de la société primitive, d’abord
instrument de la volonté populaire, deviennent des organi-
sations autonomes de domination et d’oppression envers leur
propre peuple13
Cette idée est matérialisée par un texte qui résume une histoire des
régimes politiques d’Athènes antique.
La royauté héréditaire commence avec Cecrops, premier roi mythiques d’Athènes, au corps de serpent, né de la terre. C’est sous Son régime qu’est lieu, dit la légende, la dispute d’Athéna pour savoir qui donnerait son nom a la ville.
Un autre roi légendaire d’Athènes fut thésée. On lui attribue le Synoecisme, (c’est-a-dire l’amalgame) des bourgades de l’Attique en un seul Etat, avec Athènes comme Capitale. A l’époque mycénienne, un palais fut construit sur l’Acropole, fortifié par un mur au XIIIe siècle av. J.C14
D’après ce texte, le pouvoir du roi débute par la volonté populaire. Car il
vient de la croyance, aux personnages mythiquement forts. Cette croyance
commence, fortifie et stabilise ce pouvoir. Mais par la suite, le dirigeant profite de
cet attachement du peuple à créer ou recréer son pouvoir autoritaire. Ce dernier a
engendré un régime héréditaire. Dès lors, on peut dire que la démocratie est
militaire car- ce régime débute par la volonté de la masse, mais elle devient un
régime militaire parce que le peuple n’exerce que la fonction d’obéissance. Ainsi,
les dirigeants deviennent propriétaires de la richesse et le peuple est considéré 12 Frolov, loc. Cit., p.336. 13 Frolov, ibidem 14 Naissance de la démocratie – Historique, http : // françoisib-chez-alice-
fr/agora/ag1.stor.htm
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comme exploitant et moyen de production. Cela nous autorise à traiter ensuite de
la démocratie bourgeoise.
I.3.2 Démocratie bourgeoise et Démocratie socialiste
I.3.2.1 La démocratie bourgeoise
Pour mieux cerner ce régime, nous allons essayer de comprendre le sens
du mot : « bourgeois ».Ce mot est défini comme une personne appartenant a la
bourgeoisie. Les bourgeois n’exercent pas un travail manuel, ils sont les titulaires
de toute la richesse et leurs revenus sont relativement élevés et réguliers.
Selon le marxisme, la bourgeoisie est une classe sociale détentrice des
moyens de production et d’échanges dans le régime capitaliste. Elle est l’opposée
du prolétariat.
Ici, on parle de démocratie bourgeoise car cette classe est dominante et
pratique la dictature. Ce régime est comparable au régime féodal car les masses
paysannes sont comparables aussi aux esclaves. Ainsi ce régime accorde
l’exploitation de l’homme. Mais pour cacher sa dictature, le bourgeois utilise la
démocratie comme moyen de domination politique. Comme tout système
démocratique, ce régime a sa constitution. Il accorde le pouvoir représentatif
comme le parlement et les autres institutions représentatifs. Enfin, il réclame et
reconnaît officiellement la liberté politique et le mode de scrutin du suffrage
universel comme droit des masses. Mais en réalité, toute l’administration de la
société bourgeoise n’accepte pas l’activité politique des masses, et fait écarter les
travailleurs de la vie politique. Donc la possibilité politique du peuple est paralysée
par l’appareil bureautique de la république bourgeoise. Le droit politique réclamé
n’est pas protégé et garanti. De plus les institutions représentatives ne sont autres
que les représentants de la classe dominante. De là, les masses travailleuses
n’ont pas la possibilité de jouir leur droit politique. La mise au profit de l’institution
démocratique est limitée.
Ce genre de régime a existé en Russie avant la révolution socialiste
d’octobre 1917. Exemple le « Tsarisme » qui est empêché en 1917 par le
- 19 -
mouvement populaire dirigé par Lénine. Par conséquent, les partis bourgeois
adoptèrent « silence » comme stratégie politique, comme l’écrivait Tchernenko :
Les partis bourgeois et les petits Bourgeois ne furent pas
«dispersés». Comme l’affirment certains historiens occidentaux.
Ils quittèrent l’arène politique après avoir pris pour la contre
révolution.15
De même, en Amérique, pendant la colonisation, le capital est monopolisé
par les colons et les classes bourgeoises. Les ouvriers, les cultivateurs, les
esclaves et les boutiquiers sont considérés comme des moyens de production et
comme des bulletins de vote pour des élections, ou de simples soldats pour les
guerres. Or Walt Whitman, qui est une poète américaine, remarque que ces
petites gens constituent une grande force pour la liberté. Il chantait :
Ce peuple composé de gens si modestes et si ordinaire, a-t-il pu
s’affirmer comme l’une des forces principales de la
démocratie.16
A cet effet, les petites gens s’organisent pour revendiquer leurs droits
contre la pression bourgeoise. Exemple, à la fin du mois de mars 1835, les
dockers faisaient la grève en réclamant la journée de dix heures avec une coupure
de deux heures pour le repas. Cette grève se développait et s’éparpillait partout.
Cela s’est terminé par une victoire.
D’où, par le vouloir d’avoir la liberté, de divers droits, les petites gens se
révoltent dans le but de supprimer toutes sortes d’exploitation pratiquées par la
bourgeoisie.
15 K. Tchernenko, La démocratie soviétique, p. 36 16 Edwin. D – HOFFMAN,.Les voies de la liberté, p. 09
- 20 -
I.3.2.2 La démocratie Socialiste
Historiquement, faire face aux exploitations bourgeoises, les masses
populaires s’organisent pour lutter contre ce régime. Ce mouvement est considéré
comme une porte ouverte qui favorise la majorité à tenir le pouvoir.
Par son évolution, le pouvoir populaire peut se transformer en socialisme
qui a pour but de faire intégrer toutes les masses populaires dans le corps de
travailleurs.
Cette idée a pour objectif la nationalisation de l’économie pour satisfaire le
besoin public. Cela signifie que toute la richesse du pays est tenue par le peuple
qui est devenu titulaire de cette richesse. Il s’organise en coopérative pour gérer
collectivement cette richesse. TCHRNENKO rapporte cela en disant : « les
travailleurs sont devenus les maîtres collectifs des richesses du pays, c’est- à- dire
la propriété privée a été remplacée par la propriété socialiste. »17 Cette affirmation
est confirmée par la gestion ou l’organisation économique de l’URSS. Cette
organisation donne priorité à la gestion des richesses par la coopérative.
Exemple : le KOLKHOZE qui est une coopérative agricole de production ; mais qui
reste cependant sous le contrôle de l’Etat, qui planifier et distribue les produits et
prévoie les besoins futurs du pays, comme l’écrit TCHERNENKO :
C’est l’Etat qui s’occupe de la gestion planifiée de la production
socialiste, recense et contrôle la mesure du travail et la mesure
de la consommation. 18
De plus, la démocratie socialiste considère les masses populaires comme
pilier en animant cette démocratie. Car elles forment la majorité de la population.
Par conséquent, elles s’organisent pour s’unir dans un parti politique par lequel
elles peuvent donner leurs opinions, leur part à la gestion de l’Etat, leur
représentant. C’est la raison pour laquelle, l’Etat Soviétique valorise les ouvriers et
17 K. TCHERNENKO, op. cit, p.7 18 TCHERNENKO, idem
- 21 -
le parti comme ressource de la démocratie. Tchernenko l’a bien dit en ces termes
:
La classe ouvrière, son avant-garde politique et le parti sont
devenus les promoteurs de cette démocratie.19
Ainsi le champ d’application du parti s’élargit et son pouvoir s’intensifie.
Ce parti à une place importante dans la mise en marche de la société socialiste
comme l’a dit Tchernenko :
Le parti communiste de l’union soviétique est la force qui dirige
et oriente la société soviétique. C’est l’élément central de son
système politique et de toutes les organisations d’Etats et
sociales.20
Par conséquent le peuple s’attache et s’intéresse beaucoup au parti
politique qui intervient beaucoup dans la vie courante du peuple. Exemple les
problèmes de l’emploi et tous les problèmes sociaux que le parti s’efforce de
résoudre pour satisfaire le prolétariat. Cela est affirmé par Tchernenko quand il
dit: «Le parti communiste de l’union soviétique existe pour le peuple et au service
du peuple. »21 Même le gouvernement Russe et les Etats fédéraux ne s’exerce
que sous l’approbation et l consentement de ce parti :
« Les directives adoptées par les congrès du PCUS sont a la base des documents élaborés par le gouvernement de l’URSS et ceux des républiques fédéraux.22
En outre, la démocratie socialiste favorise aussi l’existence de libre choix
par l’élection par suffrage universel en faisant le scrutin par le vote secret. Donc
les élus sont vraiment les représentants du peuple. Voilà pourquoi, l’État
soviétique donne un pouvoir considérable aux Soviets qui sont les députés des
19 TCHERNENKO, idem 20 K. TCHERNENKO, ibid, p.90 21 K. TCHERNENKO, ibidem 22 K. TCHERNENKO, ibid, p.32
- 22 -
travailleurs. Ils sont élus par le peuple, ils sont au service du peuple comme disait
Lénine:
Le soviet est un pouvoir ouvert à tous, faisant tout sous les
yeux des masses, accessible a la masse, issu directement de la
masse, sans intermédiaire, des masses populaires et de leur
volonté 23
Le soviet est l’organe le plus proche de la masse paysanne car il existe
dans tout le territoire du pays. Exemple le soviet suprême, le soviet du district, le
soviet de la ville et le soviet du village. Ainsi, il est un pouvoir décentralisé en
URSS. Par sa structure, il tient une place très importante, car il connaît la vraie
réalité économique, sociale et politique du pays. Donc ce n’est pas étonnant si
l’Etat Soviétique l’a choisi comme pouvoir suprême dans le pays : « on voit donc
que les soviets sont les maîtres absolus sur leurs territoires. »24
Par ces constats, on peut tirer que le droit au travail est la base de la
démocratie socialiste car ce droit est le fondement d’autres droits et de toutes les
libertés. Sans lui, les manifestations des autres sont impossibles. L’idée de la
démocratie devient « fictive ».
En effet, ce droit est le support de l’instauration de la démocratie. Voilà
pourquoi les autorités Russes insistent sur le fait que le droit au travail est
incontournable pour fonder la démocratie. En effet, selon Tchernenko :
L’État soviétique a voulu garantir une liberté véritable aux
travailleurs. Il a proclamé le droit au travail, garantit d’autant
plus solidement que le nouveau régime devenait plus solide.
Car, sans ce droit, tous les autres droits et libertés sont
illusoires. 25
23 K. TCHERNENKO, ibid, p.47 24 K. TCHERNENKO, ibid, p.63 25 K. TCHERNENKO, ibid, p.66
- 23 -
Donc, la démocratie socialiste est considérée comme l’apogée de tout
système politique démocratique. Elle est sincère et fiable pour la majorité du
peuple. Car elle permet à la masse de participer à la gestion des affaires de l’État,
par la médiation de ses représentants. Donc, il y a la dépendance mutuelle entre
les soviets et le peuple. Car le peuple a le droit d’expulser et de contrôler l’activité
des élus :
La masse doit avoir le droit de distinguer les dirigeants
responsables. La masse doit avoir le droit de les remplacer, de
connaître et de vérifier les moindres éléments de leur activité.26
Outre que le pouvoir électoral, les travailleurs et la masse paysanne
peuvent entrer dans l’organe de contrôle en URSS, mais ils sont recrutés
bénévolement. « Les travailleurs travaillent bénévolement dans le système de
control populaire »27. Ainsi, « plus de 360 000 personnes travaillent en qualité
d’inspecteurs et de chef de service bénévole des comités »28. D’où les bases de la
démocratie socialiste sont le droit au travail, la gestion commune de la richesse du
pays, la participation ou la domination de l’Etat, dans l’administration des affaires
de l’Etat, et la valorisation des ouvriers et du parti politique, dans l’établissement
de décision prise. L’idée de l’individualisme est supprimée, comme la suppression
de toute forme d’exploitation faite par les bourgeois. Ainsi, les Bourgois sont
obligés de changer la forme de leur régime en créant la démocratie libérale, qui a
pour but de critiquer et de détruire la démocratie socialiste
I.3.3 Démocratie libérale et Démocratie populaire
I.3.3.1 La démocratie libérale
Nous avons vu que la démocratie est un fait historique, et non pas un
modèle de pouvoir. Elle a évolué selon le temps, l’espace et la circonstance. Par
l’évolution sans cesse du mouvement populaire, les riches ont changé la manière
26 K. TCHERNENKO, ibid, p.53 27 K. TCHERNENKO, ibid, p.80 28 K. TCHERNENKO, ibidem
- 24 -
d’exercer leur pouvoir. Ils ont pratiqué la démocratie libérale pour pouvoir élargir et
développer leur pouvoir tant national que mondial. Ce système est observé aux
Etats-Unis d’Amérique et leurs alliés. Mais les Etats- unis sont considérées
comme la source de ce régime, car ce système politique figure dans leur
constitution de 1788. Donc, les autres pays sont considérés comme imitateurs du
modèle américain.
La raison en est simple : face à la domination anglaise et à l’exploitation
faite par les bourgeois et les riches, les masses populaires américaines se
révoltaient contre les oppressions, comme le disait Hoffman : « On voit le peuple
s’organiser en mouvement. »29
Cela nous montre que dès la colonisation, les Américains sont privés du
système démocratique. Cela les poussaient à revendiquer leurs avantages par le
biais du mouvement populaire : « Mais un homme dépourvu de ses avantages
ressent le besoin de les acquérir et de lutter pour les obtenir »30
Ainsi, par le fait du mouvement populaire, la démocratie libérale, en
Amérique, est née, mais elle est toujours encadrée par les riches car ce régime
donne priorité à la liberté individuelle en développant l’économie de marché. Tout
le monde s’est senti libre, mais les pauvres sont toujours victimes. On peut dire
que la démocratie libérale n’est autre que la démocratie bourgeoise, mais c’est sa
mise en pratique qui a changé. Pour cela, la distinction entre les couches sociales
a toujours persisté : « L’Amérique n’a jamais offert la liberté totale et une complète
égalité de chances à tous ses citoyens, mais elle est quand même une
démocratie. »31. En effet, la démocratie libérale est définit comme un système
politique qui fonde sa légitimité sur la défense des libertés individuelles. Ce régime
est dit démocratique, car il prend comme base les principes naturels de la liberté
et de l’égalité. Il prononce la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Il est
libéral car il adopte le libéralisme économique, et vivre à la mondialisation de
29 EDWIN D. HOFFMAN, op. cit., p.11 30 EDWIN D. HOFFMAN, ibid, p.10 31 EDWIN D. HOFFMAN, ibid, p.13
- 25 -
l’économie. Par sa nature, la démocratie libérale est un régime qui a besoin de
l’esprit entrepreneurial, compétitif et individualiste. L’idée de collectivité est moins
préconisé, car chacun se hâte de produire suivant l’économie de marché, et le
marché est déterminé par la loi de l’offre et de la demande. Cela oblige l’individu à
produire quantitativement et qualitativement.
Outre l’organisation interne de l’économie qui autorise les riches à dominer
les pauvres, les pays occidentaux ont créé les institutions financières d’envergure
internationale, à savoir, la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International, etc.
Ces institutions leurs permettent de contrôler et de régler le circuit monétaire et
financier dans le monde. Par conséquent ces institutions sont devenus une force
qui dirige et oriente la vie économique du monde. Cela favorise les pays, qui ont
les quottes part très élevés à avoir la force de domination dans le monde.
Ainsi la démocratie libérale accorde la privatisation et favorise aux pays
développés la domination de pays endettés. Elle a pour base l’économie de
marché sous la surveillance des pays dits puissants.
I.3.3.2 La démocratie populaire
En général, la démocratie populaire a été utilisée par le parti communiste
pour qualifier les nouveaux régimes apparus après la seconde guerre mondiale.
Elle est un terme de propagande par les régimes : « à l’idéal communiste ». Leur
but est de distinguer la démocratie libérale de la démocratie populaire qui est
plutôt désigné sous le terme de « républiques bourgeoises » des pays capitalistes.
Cette démarche est pratiquée par les pays d’Europe centrale, comme le
République Démocratique d’Allemagne (RDA), la Hongrie, la Pologne, la
Roumanie, etc.
Actuellement elle est devenue un système politique qui est pratiqué par les
pays d’Asie à savoir la Chine, la Coré du Nord, Cuba, etc. Ces pays se disent
démocraties populaires.
De plus, ces régimes ont débutés par des mouvements populaires et
démocratiques pour renverser les régimes féodaux ou régimes bourgeois. Ces
- 26 -
régimes préconisent la direction de l’Etat par le prolétariat, son avant-garde et le
parti communiste. Ces autorités pratiquent la dictature pour supprimer le pouvoir
bourgeois et pour instaurer le nouveau régime en mettant en place la vraie
souveraineté populaire. Ainsi, la dictature est un moyen pour faire plier les riches
et pour mettre en place le pouvoir des pauvres comme le disait Lénine :
La dictature du prolétariat est un élargissement considérable de
la démocratie, devenu pour la première fois démocratie pour les
pauvres, démocratie pour le peuple et non pour les riches. 32
En effet, la démocratie populaire est définie comme un régime qui est le
fruit de la révolution populaire et démocratique. D’où, elle est un système politique
du prolétariat par la révolution populaire et démocratique, pour affaiblir les forces
des impérialistes ou des bourgeois, et pour édifier progressivement le socialisme.
Par conséquent, ce régime adopte une reforme au niveau de la gestion des
affaires de l’Etat. Cette réforme a pour objet d’arrêter les survivances féodales et
de renforcer l’union des prolétaires avec les paysans comme l’encourageait
Lénine en disant : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »33 Pour cela, on
peut avancer que la forme de la démocratie populaire est déterminée par une
large base de classe populaire et démocratique, à savoir le prolétariat, la
paysannerie et certaines couches de la bourgeoisie. Cette société est caractérisée
par l’existence du parti communiste, et d’autres partis démocratiques préconisant
le socialisme et le rôle dirigeant de la clase ouvrière. Le front populaire est un type
d’organisation qui singularise cette démocratie en groupant les partis politiques et
l’organisation de masse. Enfin, la restriction des droits politiques et l’existence de
laps de temps très long pour la destruction de l’ancien appareil d’Etat sont les
autres caractéristiques de la démocratie populaire.
La démocratie populaire est un outil puissant pour l’édification du
socialisme et pour la suppression du pouvoir féodal ou bourgeois.
32 L’Etat et la révolution, http://fr.wikipedia, 17/10/2007 à 16 :40, 1917 33 Lénine, Notes critiques sur la question nationale. p.1
- 27 -
I.3.4 La démocratie Nationale
L’expérience historique a démontré que les pays, qui viennent de se libérer
du joug du colonialisme ne se sont pas sentis totalement libres et indépendants.
Les dirigeants nationaux sont sous le contrôle et le commandement des
impérialistes étrangers. Ils sont de simples exécutants. Ainsi on a appelé cette
situation la néocolonisation. Cela peut engendrer un mouvement populaire
national pour revendiquer l’indépendance politique et économique du pays.
Exemple le mouvement populaire de 1972 à Madagascar qui a eu pour but de
renverser le néo colonialisme Français. L’idée de la malgachisation est apparue.
C'est-à-dire, une recherche d’une identité nationale.
Mais l’aboutissement victorieux de ce mouvement et la prise en main de ce
pouvoir par le Front national est l’origine de la démocratie Nationale. Ainsi la
démocratie nationale est un régime issu d’un mouvement de libération nationale.
Elle est caractérisée par la revendication des droits et libertés pour participer à
l’élaboration de la politique de l’Etat et les reformes sociales révolutionnaires. Tout
cela nous permet d’affirmer qu’un tel mouvement a pour objet la revendication de
l’indépendance politique et économique du pays et de supprimer toutes sortes de
manifestation de la colonisation. Pour concrétiser ses buts, ce pouvoir a besoin de
grouper toutes les forces patriotiques et progressistes pour l’édification de
l’indépendance nationale. Cela peut créer un esprit révolutionnaire anti-
impérialiste, anti-féodal par la démocratie. Donc on dit que ce régime est
caractérisé par la participation active de la classe ouvrière qui est la plus
souffrante dans le régime féodal, bourgeois ou colonial. Mais ce système politique
est différent du régime socialiste. Elle est une forme de politique de transition du
pays, affranchi du joug colonial, au Socialisme. D’où il y a ressemblance avec le
socialisme, surtout à propos de la déclaration des droits politiques et
économiques. Cette ressemblance consiste aussi dans l’hostilité au système de
développement capitaliste et favorise à la classe ouvrière et à la paysannerie la
jouissance de leurs avantages, de leurs droits et de leurs libertés.
Jusqu'ici, on a démontré l’existence de diverses démocraties, mais sa
nature est déterminée par la classe dominante et la forme de décision prise par
- 28 -
les dirigeants. Cela nous poussera à voir ensuite les traits généraux du pouvoir dit
démocratique.
I.4 FONDEMENT ET RESULTATS DE L’EXERCICE DE LA
DEMOCRATIE
I.4.1 Fondement
I.4.1.1 Règle de la majorité
Nous avons vu que la démocratie est un gouvernement de tous, c’est-à-dire
de l’ensemble du peuple. A cet effet, elle est considérée comme un pouvoir
détenu par la majorité. Donc la majorité est l’idée centrale de la démocratie. Sans
elle, la démocratie deviendra monarchie ou oligarchie parce que la minorité est
titulaire du pouvoir. Raison pour laquelle on peut affirmer que la règle de la
majorité est le fondement de la démocratie. Démocratie sans la majorité est une
pseudo démocratie.
En effet, la règle de la majorité est devenue un terme clef dans ce régime.
Voilà pourquoi Périclès a écrit :
Notre régime politique […] a pour nom démocratique parce que,
dans l’administration, les choses dépendent non pas du petit
nombre mais de la majorité. 34
Ce terme est incontournable car la pratique de la démocratie en dépend.
Exemple le mode d’élection par la majorité, la prise de décision. Cela nous montre
que pour les dirigeants, la décision prise est issue de la majorité. Par conséquent,
la minorité doit subir le choix de la majorité. Pour cela, la tolérance est nécessaire
pour faire régner l’idée démocratique.
De plus, le comportement des dirigeants est encadré par l’idée de nombre
car sa réaction, sa décision visent toujours l’intérêt général de l’individu ou de
l’Etat. D’où on dit que la règle de la majorité est un noyau de la démocratie, autour
34 Périclès, Loc. cit., du 09/09/08 à 08 :10
- 29 -
duquel gravitent les autres éléments constitutifs de ce système politique. Cette
règle favorise aussi l’alternance démocratique au sein de la gestion de l’Etat. Face
à la défaite électorale, la minorité, par l’idée de tolérance et le respect de la règle
de la majorité prend position pour se situer à la place de l’opposant qui pourrait
devenir majoritaire à la prochaine élection. Donc l’existence de l’opposant justifie
le respect de la règle de la majorité, sinon le désordre peut venir. Mais quelque
fois le système démocratique adopte le consensus comme méthode de travail
pour faire participer la minorité à la gestion des affaires de l’Etat et à la prise de
décision. La prise de décision est difficile face à l’absence de la majorité absolue.
Exemple, la difficulté sentie par le parlement libanais à désigner son Président,
années 2007-2008. Cette difficulté a abouti au consensus pour désigner ce
Président. Cela oblige le pays dit démocratique à appliquer le système de scrutin
uninominal à deux tours pour éviter l’existence de deux majorités à nombre égal.
Cette règle de la majorité est observée dans la société malagasy, surtout
dans la société traditionnelle. Les plus âgés, les plus influents sont les
personnages considérables dans la prise de décision. La particularité de cette
décision est qu’elle est issue de la synthèse de diverses idées apparues dans la
l’assemblée. Raison pour laquelle, beaucoup d’expression et de proverbes
malagasy valorisent la règle de la majorité, à savoir :
« Ceux qui sont unis sont des pierres, ceux qui sont désunis
sont des sables » ;
« Passer au gué ensemble, on n’est pas dévoré par le
crocodile. » ;
« Une bande de pintades ne peut pas être dispersée par un
chien » ;
« Plus on est de nombre, plus l’idée va loin » ;
- 30 -
« Un seul doigt ne peut pas attraper un pou ».35
I.4.1.2 La Constitution et la juridiction associées.
Selon le dictionnaire :
« La Constitution est un ensemble des lois fondamentales qui
établissent la forme d’un gouvernement. Ces lois règlent les
rapports entre gouvernants et gouvernés et déterminent
l’organisation des pouvoirs publics.36
Par cette définition elle est une loi, mais une loi suprême et fondamentale.
Elle est suprême parce que tous les autres textes tant législatifs que
réglementaires dépendent d’elle. Ils doivent se conformer à cette loi de base pour
être appliqués. Pour cette raison, ces textes sont appelés textes d’application.
Cela veut dire qu’ils concrétisent et exécutent en détail tout ce qui est mentionné
dans la Constitution. Donc la Constitution, hiérarchiquement, se situe au dessus
de toutes les lois qui sont en vigueurs dans un Etat. Par conséquent chaque pays
a sa Constitution et elle peut changer quant il y a une réforme considérable dans
un pays. Mais quand elle s’effectue en partie, le nom de la république ne change
pas. Si le changement se fait en entier, son appellation est changée aussi.
Exemple à Madagascar, les trois républiques qui se sont succédés ont eu
chacune leur Constitution qui porte la date de sa promulgation : 29 Avril 1959, 30
décembre 1975 et 18 septembre 1992. La troisième république a déjà eu trois
principales modifications qui ont été apportées par voie référendaire en 1995, en
1998 et 2007. Cela nous renseigne sur la supériorité de la constitution car sa
retouche engendre des réformes et demande l’avis de tous les citoyens.
De plus, elle est fondamentale car elle détermine le fondement objectif et
l’organisation complète de l’Etat, sans entrer dans les détails de sa structure et de
35 Textes originaux respectivement : « izay mitambatra vato, izay misaraka
fasika. » ; « mitabe tsy lanin’ny mamba », « akanga maro tsy vakin’amboa » ; « hevitry ny maro mahataka-davitra », « tondro tokana tsy mahazo hao ».
36 Larousse encyclopédique illustré, art. « Constitution ».
- 31 -
son fonctionnement. Elle assure une forme de liberté par des lois jugulant tout
danger de despotisme. Ainsi, elle détermine l’exercice de chaque pouvoir, le
devoir des citoyens et limite aussi le domaine de compétence de chacun. Tout
cela nous permettra d’affirmer que la Constitution est une sorte de miroir par
lequel on peut connaître rapidement le type de régime pratiqué par un Etat. Mais
notre problème consiste à savoir pourquoi nous disons que la constitution est un
fondement de la démocratie.
Elle est considérée comme fondement de la démocratie, si elle contient et
garantie toutes ou la plupart des règles déterminant ce régime.
D’abord, pour être en vigueur, le projet de constitution doit être soumis à
l’approbation du peuple par voie référendaire. C’est pour cela qu’on peut dire que
tout citoyen est responsable de la pratique de cette loi. De plus par l’analyse de
l’histoire dans le monde, l’initiative populaire, la pétition ou le sondage d’opinion
sont la source de la révision de la Constitution. Ce cas est fréquent en Suisses.
Ainsi la Constitution reflète l’idée de la majorité en général. Cela est confirmé par
le peuple Américain quant ils ont dit :
« Nous, le peuple des Etats-Unis […] nous décrétons et nous
établissons cette Constitution pour les Etats-Unis d’Amérique.37
Cette affirmation est dans la Constitution de Philadelphie en 1787.
Autre exemple, la Constitution de Madagascar de 1992 est issue des
assises populaires aussi bien régionales que nationale. Tout nous permet aussi
d’affirmer que la Constitution est un ouvrage du peuple. D’où ce n’est pas
étonnant qu’elle contienne toute sorte liberté et divers droits du peuple pour
montrer sa souveraineté est sa prise en main du pouvoir. Par sa confection, sa
nature et son contenu la constitution est un fondement de la démocratie. Mais cela
a besoin de juridiction associée pour contrôler, garder et garantir les clauses
figurants dans cette loi.
37 CAVAFY CORTAZAR, Encyclopédia universalis, Vol. IV, art. « Constitution ».
- 32 -
Comme Madagascar par exemple, la Haute Cour Constitutionnelle (H.C.C)
est le premier responsable pour garder, défendre et faire respecter la Constitution.
Cet organe peut être appelé gardien de la Constitution. Cette institution statue sur
la conformité des traités, des lois, des ordonnances, des conventions… à la
Constitution. Elle règle les conflits de compétence entre deux ou plusieurs
institutions de l’Etats et, surtout, elle statue sur les contentieux des opérations de
référendum et des diverses élections, sauf l’élection communale qui est réglée par
le tribunal administratif.
Ainsi, cette juridiction associée est un fondement de la démocratie car elle
est capable de juger le respect de l’inconstitutionnalité. D’où elle est le gardien de
l’idée démocratique mentionnée dans la Constitution. Sans elle, l’anarchie peut
arriver et la démocratie sera menacée.
I.4.1.3 Séparation des pouvoirs
On dit qu’un régime est : « despotique » quand le gouvernement est détenu
par un seul homme. Il est appelé aussi autorité tyrannique. Pour cela, le peuple ne
fait qu’exécuter et obéir aux ordres donnés par l’autorité. Cela éloigne l’idée
démocratique
Ainsi, pour être démocratique, l’Etat doit pratiquer le système de :
« séparation des pouvoirs ». Cela veut dire que le pouvoir est distribué à tout le
monde et cela favorisera la participation de la majorité à la gestion des affaires de
l’Etat. Donc l’idée démocratique s’y trouve.
Historiquement, on a rencontré le plus souvent trois pouvoirs tel que : le
pouvoir législatif qui établit et vote les lois, le pouvoir exécutif qui exécute les lois,
et le pouvoir judiciaire qui veille au respect et à la surveillance des lois. Chaque
pouvoir pratique sa fonction librement et indépendamment, mais leur rapport de se
contrôler existe. Voila pourquoi Montesquieu a soutenu que : « le pouvoir arrête le
pouvoir »38. Cela veut dire que chaque pouvoir a son domaine de travail et son
38 Montesquieu, Démocratie est-elle le moins mauvais des régimes,
http://www.philocours.com/cours/cours-démocratiec2-html
- 33 -
domaine de compétence. Le non respect de l’attribution de chaque pouvoir inscrit
dans la Constitution est la signification de l’inconstitutionnalité. Cela peut
provoquer l’instabilité politique au sein d’un Etat. Chaque pouvoir peut appliquer
son droit d’empêcher cette crise. Comme Madagascar, le président de la
république a le droit, si nécessaire, de destituer le parlement ; le parlement a le
pouvoir de contrôler et d’empêcher l’exécutif au cas échéant. Exemple le cas du
Président ZAFY Albert qui est victime de l’empêchement du parlement ; et le
pouvoir judiciaire a le droit de juger les deux pouvoirs en appliquant la loi
conforme à la faute en question.
Ainsi, la séparation des pouvoirs est un fondement de la démocratie dans le
sens où : d’abord elle favorise la distribution des tâches, pour la majorité. Elle
empêche la pratique de l’abus de pouvoir et la monopolisation de pouvoir, et elle
assure et garantit l’équilibre de pouvoir entre les trois institutions qui peuvent se
contrôler. Ensuite cette distinction de pouvoirs permet de limiter, pour le bien
public, le pouvoir et la puissance de chaque institution. Cela évite tout arbitraire.
Enfin elle évite l’anarchie, la monarchie et la dictature. Mais elle accorde la
pluralité d’idées, la diversification d’idées, la conviction et surtout la participation
de la masse populaire à une certaine décision. Exemple le référendum, l’assise
populaire, le sondage d’opinion… D’où la séparation des pouvoirs est
incontournable pour faire régner l’idée démocratique et pour supprimer l’idée de
monopole. Mais cela exige l’indépendance de la justice pour statuer sur tout dégât
ou conflit politique éventuel.
I.4.1.4 Indépendance de la justice
La justice peut être définie comme un principe moral, mais ce qui nous
intéresse, ici, c’est la justice en tant qu’institution exerçant un pouvoir
juridictionnel. Exemple la justice civile.
La justice est un service public d’Etat et présente l’originalité d’obéir au
principe de la dualité de juridiction, lequel conduit à distinguer les tribunaux
judiciaires et les tribunaux administratifs.
- 34 -
Mais le problème se pose sur la politisation du service public. Cela veut dire
que l’administration publique s’exerce au profit des dirigeants ou des partis
politiques et surtout pour l’intérêt des politiciens au pouvoir. Donc tout service
public devient un moyen pour défendre le pouvoir et pour élargir le domaine
d’influence du parti. Cette maladie affecte aussi la justice. Ainsi, la décision prise
par les juges visent toujours les avantages du pouvoir et du parti et non pas
l’intérêt du peuple. Cela peut arriver car la justice n’a pas son indépendance et les
juges obéissent à l’ordre venant des dirigeants. D’où, dans ce cas, l’injustice
domine et la décision prise est loin de la réalité. Pour cela, cette indépendance est
nécessaire pour que tout le monde soit au-dessous de la loi, et que la Constitution
et les lois soient les seules forces qui commandent et influencent la décision prise
par les magistrats. On devrait dire en effet que les juges sont les vrais gardiens de
la Constitution et des lois. Leur décision est le fruit de leur réflexion, de leur
analyse et de leur façon d’interpréter la loi. Pour cela, on devrait envisager l’Etat
de droit, car la loi est la source directe de la règle de droit. Cet Etat est nécessaire
pour instaurer le système politique démocratique car tout le monde, même les
autorités, est jugeables et pénalisable.
En effet, la thèse de Montesquieu est bien à sa place quand il écrivait : « le
pouvoir arrête le pouvoir » ; cela veut dire que le pouvoir judiciaire, si nécessaire,
peut juger les autres pouvoirs. Cela figure dans la Constitution Malagasy article
114 :
Le Président des Assemblées parlementaires, le Premier
ministre, les autres membres du gouvernement et le Président
de la Haute Cour Constitutionnelle sont pénalement
responsable, devant la Haute Cour de Justice des actes
accomplis dans l’exercice de leurs fonctions et qualifiés crimes
ou délits au moment où ils ont été commis.39
Par l’importance de la fonction de la justice, on devrait leur donner de
l’indépendance pour qu’ils puissent travailler aisément et librement. Mais cela est
39 Projet de révision de la Constitution de 1998, p.22 Article 114
- 35 -
assuré et garanti par la Constitution. Exemple de l’assurance, les juges sont
indépendants et inaffectables comme l’article 99 de la Constitution de 1998 de
Madagascar où on lit :
Dans leurs activités juridictionnelles, les magistrats du siège,
les juges et les assesseurs sont indépendants et ne sont
soumis qu’à la constitution et à la loi.40
Les magistrats du siège sont inamovibles, ils occupent les
postes dont ils sont titulaires en raison de leur grade, ils ne
peuvent recevoir de leur consentement, aucune affectation
nouvelle sauf nécessité de service dûment constatée par le
conseil supérieur de la Magistrature41.
Tout cela est écrit dans la Constitution pour sécuriser les magistrats dans
l’exercice de leur fonction.
Ainsi, l’indépendance de la justice est un fondement de la démocratie parce
que chaque institution du pouvoir est consciente qu’elle est au service du pouvoir,
mais non pas titulaire de ce pouvoir. Cet état de conscience lui permet d’exercer
sa fonction avec précaution pour ne pas être appelée devant la barre. Cette
indépendance de la justice est bien remarquée dans les pays comme la France,
les Etats-Unis. Dans ces pays, plusieurs autorités sont appelées pour être jugés
comme Jaque Chirac, Bill Clinton.
Cette indépendance a engendré l’Etat de droit car tout le monde est
protégé par la loi. Donc chacun agit consciemment car les noms de la corruption
et de l’abus sont absents. D’où le peuple se sent comme titulaire du pouvoir.
40 ibid, p.09, Article 99 41 ibid, p.10, article 100
- 36 -
I.4.2 Résultats de l’exercice de la démocratie
I.4.2.1 La liberté et le pluralisme des valeurs
Pour mieux cerner ce titre, nous allons procéder à la définition du
mot « liberté ». Elle vient du latin « libertas » qui signifie condition de l’homme
libre. Son opposé est l’esclave qui est soumis au service de l’autre. Ainsi son
apparition est conditionnée par l’absence de contrainte, de servitude et toute sorte
d’oppression. L’homme libre agit selon sa connaissance, son jugement, sa
possibilité. Cela veut dire qu’il est un homme responsable face à ces actes. D’où
la liberté est considérée comme la possibilité pour chacun de faire tout ce qu’il
veut mais sans blesser les autres. Car la liberté, qui porte atteinte à autrui
deviendra une force d’oppression pour celui qui la subit. Pour cela, on a établit la
loi pour encadrer le champ de liberté. Mais il nous reste à savoir que la liberté est
considérée comme le résultat de l’exercice de la démocratie.
Nous avons vu que la démocratie n’est pas un modèle de régime à suivre.
Elle est un fait historique. Cela veut dire qu’elle est le fruit du mouvement
populaire révolutionnaire ou de certaines revendications des droits. Exemple les
pays colonisés ont réclamé leur indépendance, les esclaves se révoltaient pour
être libres, la masse paysanne se révoltait aussi pour devenir propriétaire de la
terre cultivée, etc. Tout cela est dit pour justifier que la liberté est une condition
naturelle de l’homme. Son absence peut engendrer le mouvement populaire pour
la rechercher. Donc la liberté est née de la pratique du mouvement démocratique.
Car dans les pays démocratiques, les règles de dialogue, de table ronde, de
convention, sont plus utilisées que les armes destructives. D’où la maturité de la
démocratie se voit par la dominance ou la prédominance de la manifestation de la
liberté.
Par conséquent, pour être jugé démocratique, chaque pays s’efforce de
pratiquer la liberté. Exemple la liberté d’opinion, de presse, de culte etc. Cela est
matérialisé par la diversification des Média, la pratique de la pétition en France, le
rappel en Amérique, le référendum d’initiative populaire en Suisse etc. Face aux
différentes pratiques, Hoffman a dit :
- 37 -
L’Amérique n’a jamais offert la liberté totale et une complète
égalité de chance à tous ses citoyens, mais elle est quand
même une démocratie.42
Par la suite la liberté devient un mot clef de la démocratie. Malgré l’absence
de sa pratique, elle figure quand même dans la constitution, comme il est rapporté
en URSS par Tchernenko :
Le citoyen soviétique peut exprimer son opinion et son point de
vue partout, et, bien sûr, en premier lieu, dans l’entreprise où il
travaille43.
Autres exemples dans la Constitution de 1998 de Madagascar Article 10 :
Les libertés d’opinion et d’expression, de communication, de
presse, d’association, de réunion, de circulation, de conscience,
et de religion sont garanties à tous et ne peuvent être limités
que par le respect des libertés et droits d’autrui et par l’impératif
de sauvegarder l’ordre public.44
La règle de liberté est devenue une référence dans le monde. Pour cette
raison, elle est considérée comme droit commun et sa violation peut engendrer la
punition pénale comme la rapporte aussi Tchernenko : « Toute limitation de la
liberté de la religion en URSS est un crime de droit commun. »45
En outre, Hoffman affirme que la démocratie signifie liberté politique et
liberté de religion. Cela veut dire que le système politique démocratique favorise
l’existence de pluralisme de valeurs et notamment l’abondance des partis
politiques et des tendances religieuses avec leurs ramifications. Exemple le
christianisme se ramifie et s’éparpille dans le monde. De même les partis
42 EDWIN D. HOFFMAN, Loc. Cit p.13 43 K. Tchernenko, Loc. Cit, p.71 44 Projet de Constitution de Madagascar 1998, p.3, Article 10 45 K. Tchernenko, op.cit., p.73
- 38 -
politiques, dans les pays qui se disent démocratique fleurissent. Exemple à
Madagascar, qui proclame fréquemment la démocratie, les partis politiques se
multiplient sans cesse. Tout cela, en général, symbolise la démocratie qui se
manifeste par la liberté et le pluralisme des valeurs. Cela veut dire que la
démocratie donne naissance à la liberté qui favorise la multiplication des partis et
des tendances religieuses avec leurs subdivisions. D’où la liberté et le pluralisme
des valeurs apparaissent dans le système démocratique parce que ce régime
favorise la dominance du grand nombre. Voila pourquoi la démocratie est définie
comme pouvoir de la majorité
I.4.2.2 La consultation régulière du peuple
Elle est définie comme une action en vue de prendre l’avis du peuple d’une
manière périodique sur la situation qui touche la vie du peuple comme les
réformes qui ont besoin de changement ou de révision de la Constitution, par
exemple. Elle est un principe qui caractérise toute démocratie car ce mécanisme
favorise la participation de la masse à la prise de décision d’un Etat par le biais de
l’élection ou des échanges. Donc par ce système le peuple se sent comme
responsable et titulaire de la souveraineté car les autorités n’exécutent que sous
son approbation. Ici on parle de la démocratie participative
Divers moyens sont utilisés pour consulter le peuple mais, ici, nous allons
traiter, ceux qui sont plus utilisés comme le référendum, l’élection, l’assemblée et
le sondage d’opinion.
Le référendum est une procédure qui permet à tous les citoyens d’un pays
de manifester par un vote l’approbation ou le rejet d’une mesure proposée par le
pouvoir public. En général, la Constitution impose le recours au référendum pour
certaines décisions. Il peut venir d’initiative populaire comme en Suisse, en
Californie ou des autorités publiques, à savoir le gouvernement ou le parlement. Il
est caractérisé par l’établissement d’une ou deux question(s) très précise (s)
demandant la réponse du peuple soit oui, soit non. Donc il est un moyen de faire
participer le peuple aux réformes ou au changement envisagé dans un pays. Il est
la manifestation de la démocratie car, d’abord, seul le système démocratique
- 39 -
considère l’idée du peuple. Ensuite, la présence du référendum d’initiative
populaire nous renseigne déjà sur l’existence de la liberté politique et celle de la
parole. Tout cela est le trait fondamental de la démocratie. Enfin, quel que soit le
résultat référendaire obtenu, tout le monde doit l’accepter. Cela est la règle de la
majorité. Ainsi le référendum est un symbole marquant la maturité du régime
démocratique.
Autre consultation du peuple, c’est l’élection qui est définie comme un choix
qu’on exprime par l’intermédiaire d’un vote. Elle suit le principe de « un homme,
une voix ». Cela veut dire qu’un individu n’a le droit que de voter une fois pour une
élection. Donc l’idée de faire remplacer les autres absents est interdite et
considérée comme un délit. Cette procédure favorise l’alternance démocratique et
la règle de la majorité et permet au peuple de désigner ses représentants.
Par conséquent elle est la manifestation de la puissance du peuple car par
ce mécanisme il peut désigner ses représentants et remplacer ceux qui ne sont
pas compétents ou ceux qui n’ont pas exécuté leur promesse lors de la campagne
électorale.
D’où elle est le résultat de l’exercice de la démocratie car, par l’élection, on
peut juger la nature du régime existant dans un pays. Cela veut dire que le régime
démocratique est toujours marqué par l’élection libre, acceptée par tous et bien
préparée.
De plus, l’assemblée est une manière de consulter le peuple. Elle consiste
à regrouper le peuple pour discuter, échanger et de faire sortir les idées
essentielles ou consensuelles. Exemple la Constitution de 1992 de Madagascar :
les concertations se déroulaient en deux étapes. La premières, c’est la
concertation régionale et la deuxième est la concertation nationale. Elle est
considérée comme le résultat de l’exercice de la démocratie parce que chaque
couche sociale existante est représentée dans les concertations régionales.
Exemple les groupes du secteur agricole, du secteur commercial, de la société
civile, des fonctionnaires de l’Etat etc. Ainsi la décision prise est issue du peuple et
vise l’intérêt général.
- 40 -
Enfin, le sondage d’opinion est un moyen utilisé pour consulter rapidement
l’avis du peuple. Son but est de connaître, à un moment donné la manière dont se
répartissent les opinions individuelles. Cette procédure permet aux pouvoirs
publics d’orienter leur régime. Cela veut dire qu’ils suivent inconsciemment les
opinions de la majorité. Les comportements des autorités sont adaptés aux
opinions dominantes.
Ainsi le sondage d’opinion est définit comme le résultat de l’exercice de la
démocratie parce que la manière de diriger un Etat reflète l’idée de la majorité. Ici
le peuple est passif, mais quand même il est une procédure démocratique.
I.4.2.3 Droit et Sécurité sociale du peuple
Le mot droit peut avoir plusieurs sens, mais tout cela converge vers l’idée
de « directe » ou « juste ». Pour cela on dit : une ligne droite, Un homme droit…
Ici notre travail porte notamment sur ce qui est conforme à la loi et ce qui est
permis, c’est-à-dire ce qui ne viole pas le texte en vigueur dans un pays et
n’apporte pas atteinte aux droits des autres. Cette idée est confirmée dans le
projet de Constitution de Madagascar 1998 article12 :
Tout individu a le droit de circuler et de s’établir librement sur
tout le territoire de la République dans le respect des droits
d’autrui et des prescriptions de la loi.46
Ainsi la pratique d’un droit est légale quand il figure dans la Constitution ou
dans les autres textes qui régissent le fonctionnement d’un Etat. Ce droit se dit
permis car il concerne la puissance de l’homme pour exister et pour agir.
Exemple : un instinct de conservation. Mais ce droit naturel est toujours lié à
l’appétit et au désir de l’homme. A cela s’ajoutent d’autres facteurs qui ont
considérés comme un moyen facilitant le développement de l’individu et la relation
sociale. Exemple le droit au travail, le droit à l’éducation, le droit des femmes …
Cela signifie que toutes sortes d’oppression, de discrimination, d’inégalité, etc,
sont exclues. Ainsi, le terme droit est basé sur le droit naturel qui permet à 46 Projet de Constitution de Madagascar de 1998, p.3, Article 12
- 41 -
Spinoza d’écrire : « Tout ce qui détermine un homme à agir doit être rapporté à la
puissance naturelle. »47 Ainsi son absence peut impliquer l’inactivité de l’homme. Il
est réclamable pour que l’homme suive son développement naturel.
Bref, le droit est un résultat de l’exercice de la démocratie car il prend
compte comme base de la puissance naturelle, de la liberté, de la possibilité de
faire et on peut le réclamer s’il est absent. Tout nous permet de mesurer la
pratique ou la non pratique du système démocratique.
Mais la réalisation de ces droits peut procurer la sécurité sociale. Ainsi la
manifestation de l’insécurité sociale nous renseigne déjà sur l’absence de droit
dans un pays. Exemple le droit au travail assure la sécurité sociale. Donc son
absence peut entraîner différentes manifestations de l’insécurité à savoir les
formes de repli dans l’indifférence, la soumission, les formes de fuite de réalité
sociale etc. Voilà pourquoi Tchernenko prend comme base le droit de la sécurité
au travail, en rapportant la constatation d’un psychologue américain :
Les gens ayant perdu leur travail le cache souvent longtemps à
leur entourage. Ils ne vont pas toucher l’allocation de chômage
pace qu’ils trouvent cela humiliant.48.
Ce même psychologue disait aussi : « rester un ans sans travail équivaut
pour l’homme à réduire sa vie de cinq ans. »49
Tout cela est dit pour nous montrer que le droit et la sécurité sociale sont
inséparables. Leurs présences déterminent la maturité de la pratique de la
démocratie. D’où ce régime a la tendance de faire régner la voix du peuple en
tenant compte de l’accomplissement des droits fondamentaux du peuple.
47 RENE DE LACHARRIERE, étude sur la théorie démocratique, p.17 48 K. Tcherneko, op- cit, p.67 49 K. Tcherneko, ibidem
- 42 -
I.4.3 Pratique de la démocratie
I.4.3.1 Le débat
Le débat est un terme marquant la pluralité, la diversification et la
différentiation. Il est symbole de la pluralité dans le sens où un seul homme ne
peut pas débattre. Il caractérise l’idée de diversification dans la mesure où les
participants viennent de diverses origines : divers groupes ou couches sociales,
différentes associations, divers partis politiques etc. Il marquant la différenciation
car face à un problème à résoudre les participants apportent leurs opinions très
variées et quelquefois opposées. A cet effet, on devrait définir que le débat est un
examen d’un problème entraînant une discussion animée. Il peut être dirigé par
des personnes de même avis ou d’avis différents. Son but est d’unifier la
diversification. Cela traduit le sens du débat qui est de parvenir à un point
commun de tous les participants et au moins à une idée de consensus. Tout cela
oblige chacun à avoir le comportement d’ouverture et celui de tolérance. Donc on
peut nommer que la démocratie est un système qui demande à chacun d’être
ouvert et de confronter ses arguments avec ceux de ses opposants pour conclure
une solution
Ainsi, dans l’échange libre d’idées entre personnes, le savoir exprimer, le
savoir écouter et le savoir réconcilier ou consolider les idées sont les conditions
nécessaires pour faire réussir le débat.
D’abord, le savoir exprimer est nécessaire parce qu’il est un outil très
efficace pour transmettre un message. Pour cela, ce message doit être claire,
court et direct accompagné d’un exemple concret, si nécessaire. Par conséquent
l’idée floue et celle qui apporte plusieurs sens ne sont pas utiles. A cet effet le
savoir écouter est nécessaire pour centrer l’attention sur l’exposé.
Ensuite, le savoir écouter est un critère de base du débat car la
compréhension demande la concentration de l’assistance et l’existence de
l’atmosphère calme. Ainsi saisir le message, pour respecter l’autre et pour tenir
compte de la liberté de chacun de prendre la parole, le savoir écouter est une
condition pour faire régner cela, même si on n’est pas d’accord avec l’idée donnée
- 43 -
par l’autre. Voilà pourquoi Voltaire affirmait que : « Je ne suis pas d’accord avec
ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire. »50 Pour cela,
la maîtrise de soi est nécessaire pour faire dominer le débat démocratique.
Enfin, le débat doit aboutir à la consolidation des diverses idées évoquées
dans la réunion. Cette phase est nécessaire pour faire sortir la décision commune
et acceptée par tout le monde. Mais cela exige l’habileté de l’animateur d’unifier la
multiplicité et la diversité. Cela signifie que le savoir réconcilier tout ce qui est
contraire en trouvant l’idée neutre ou en accordant la règle de la majorité.
En effet le débat est un moyen pour consulter l’avis du peuple. Cette
procédure est utilisée dans l’assemblée, dans le parlement. Il est aussi un outil
pour faire participer la majorité à la prise de décision. D’où le débat est une
manifestation du système démocratique, car les autres régimes n’accordent que
l’imposition ou l’ordre à exécuter comme disait Michel Colucci: « la dictature c’est
« ferme ta gueule » la démocratie c’est « cause » toujours »51
I.4.3.2 L’institution
L’institution peut être définie comme un établissement privé, exemple :
institution Pierre- Barré ; comme un ensemble des règles établies en vue de la
satisfaction d’intérêts collectifs, comme un ensemble des formes ou des structures
politiques établies par la loi ou la coutume et relevant du droit public : institution
démocratique. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est l’institution en tant qu’elle est
organisme qui manifeste la pratique de la démocratie. On prend comme exemple
d’institution : l’Etat, le parlement, l’ONU etc.
Ici, on parle de l’institution qui garde, maintient, exécute, modèle de la
pratique de la démocratie. Ce passage concerne la séparation des pouvoirs : le
pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire.
50 http://fr.wikipedia.org/wiki/D%c3%democratie du 09/09/08 à 08 :10 51 Michel Colucci, « Tourpilles », le recueil de citations,
http://www.toupie.org/citations/démocratie.htm
- 44 -
Il touche aussi à la structure sociale ou publique qui permet à tous les
citoyens de débattre sur l’affaire de l’Etat. Exemple, au niveau Fokontany « le
Fivoriambem-pokonolona », au niveau communal, les conseils communaux ou
municipaux, etc. Dans l’institution, les citoyens peuvent donner leur avis, leurs
positions et ils ont le droit de refuser les idées qui semblent inacceptables par les
participants. Mais cette intervention du peuple peut être directe ou indirecte. Elle
est directe quand le peuple assiste et participe au débat dans cette institution.
Exemple, le Fivoriambem-pokonolona est une manifestation de la participation du
peuple.
De même dans la Grèce antique, tous les citoyens étaient membres de
l’Ecclésia et avaient le droit de participer à la prise de décision sur la gestion de
l’affaire de l’Etat. Elle est indirecte, si le débat se fait par les représentants du
peuple, mais la décision prise est dite au nom du peuple. Exemple l’établissement
de la loi communale, régionale et la loi nationale que les élus établissent. Ce
système est appelé démocratie représentative. Il est le plus répandu actuellement
car pour être efficace et rentable, le débat doit se faire par les participants aux
nombres bien limité. De plus ce régime favorise la participation de chaque
Fokontany, de chaque commune, de chaque District et de chaque région. Cela est
matérialisé par les membres constituants les conseils communaux, les conseils
régionaux, l’Assemblée Nationale et le Sénat.
Ainsi, outre les organes qui font preuve de la participation du peuple à la
prise de décision, un Etat démocratique a besoin aussi de l’institution exécutive
pour matérialiser la décision prise. Cette application est surveillée par l’institution
judiciaire. Donc une démocratie doit s’illustrer par un Etat qui possède un
parlement effectif, un gouvernement qui applique les décisions avec mesure et la
justice qui veille à l’application de cette mesure. Cela est résumé par la formule de
Périclès : « Le pouvoir arrête le pouvoir ».
D’où les institutions sont les manifestations de la pratique de la démocratie.
Car elles sont le moyen de faire exister et pratiquer la séparation des pouvoirs.
- 45 -
I.4.3.3 La Justice
La justice, ici, est définie comme un principe moral qui exige le respect du
droit et de l’équité. Pour cela consiste à être juste et à être conscient de
l’existence d’autrui qui a ses droits à respecter aussi. Donc la justice est une sorte
de caractère de l’homme qui est impartial et libéré de l’inclination sentimentale.
Cela signifie que son esprit est condamné à trouver la vérité. Ainsi il adopte
toujours comme démarche la réflexion, la recherche de preuve, la vérification etc.
En effet, la justice est un élément essentiel pour la relance de la démocratie
car la manifestation de la justice détermine la maturité de l’esprit démocratique,
c’est-à-dire la plupart de citoyens agissent d’une manière démocratique. Pour
cette raison, Pierre Mendès a écrit : « La démocratie est d’abord un état
d’esprit. »52. Cela signifie que sa pratique exige la maîtrise de soi, la conscience
de vivre avec autrui et d’avoir le sens de discussion. Ainsi la flexibilité,
l’adaptation, la patience et la tolérance sont des comportements exigés par la
pratique de la démocratie, car cela peut favoriser l’existence d’idées différentes et
presque opposées dans le débat. Ses caractères peuvent aussi calmer un climat
chaleureux lors de la réunion démocratique. Tout cela nous montre l’importance
du savoir écouter, et du savoir récapituler pour faire marcher le débat et pour
aboutir à une idée acceptée part toute l’assistance.
Ainsi, la justice caractérise, la démocratie car elle exige l’impartialité qui est
un comportement essentiel pour faire face à la multitude, à la diversité et qui est
aussi primordial pour chercher la vérité parce que les idées d’élimination, de
censure, de domination sont plus ou moins réduites dans l’exécution du débat.
D’où la justice favorise la participation effective de la population et aussi
déclenche la volonté du peuple de prendre part à la gestion des affaires de l’Etat.
Car il est sécurisé et couvert par la justice.
Pour récapituler cette partie, nous avons vu que la démocratie n’est pas un
régime modèle à imiter, mais un fait historique. Elle est le résultat d’une longue
52 ibidem
- 46 -
histoire. Face à la dictature, à la monopolisation du pouvoir, la majorité se révolte
et créera le pouvoir du peuple.
Ainsi la démocratie est un régime politique qui favorise la gestion des
affaires de l’Etat par le grand nombre. Pour cela elle est opposée à la dictature, à
la monopolisation, à la spécialisation, à la connaissance, car elle condamne la
discrimination.
- 48 -
II.1 LES GRANDS HOMMES ET LE PEUPLE
Nietzsche est un philosophe symbolique. Il a utilisé la nature comme un
moyen de comparer et d’expliquer ses idées. Il a utilisé beaucoup de termes
concernant le peuple pour lui montrer sa haine face à la majorité et à la faiblesse
de l’homme. Ainsi, il désignait les masses par des mots tels que le troupeau, la
foule, la populace, le petit, le minable, gouttes de pluie, herbes folles, des
mouches venimeuses, vermine, malice, etc.
Ces qualifications consistent à détester le conformisme, le parasitisme,
l’hypocrisie, l’action d’affaiblir et le vœu de l’égalité. Tout cela est contraire à
l’esprit de Nietzche qui imagine, l’homme indépendant et individualiste.
Cela nous montre déjà qu’il est allergique à l’idée de la majorité. La majorité
adopte la ressemblance et le bien commun. Cela, pour lui, détruit et cache la vraie
nature de l’homme. La masse amollit la volonté de puissance car le faible, par son
instinct de s’unir, peut briser le fort. Leur souhait est de sucer le sang de l’homme
fort : « Le sang est à ses yeux la meilleure des raisons »53. Par conséquent
Nietzche appelle la majorité comme une chose inférieure ; un insecte nuisible,
mais destructif. Ainsi il choisissait d’être solitaire pour écarter le bruit du petit et
son vœu d’écrouler l’édifice de l’homme supérieur.
Pour Nietzsche, la place publique est animée par le bruit des grands
hommes et le troupeau. Tous les deux constituent le peuple qui caractérise le
pouvoir de la majorité.
Les grands hommes sont considérés comme des hommes d’exception, des
hommes politiques. Ainsi, par le rêve du troupeau, ils sont le type idéal. Ils sont
capables de résoudre les problèmes de la majorité. Donc ils feront des miracles
en sortant les souffrants de l’abîme de la pauvreté. Le troupeau est le type ou la
catégorie souffrante, opprimée. Son vœu est d’être libre en quelque sorte. Or aux
yeux de Nietzsche, tout cela est un symptôme de faiblesse, un rêve à détruire car
cela implique la dépendance, l’aliénation et l’asservissement.
53 : F-NIETZSCHE, Ainsi Parlait Zarathoustrap I, p.133
- 49 -
II.1.1 Les grands Hommes
Pour Nietzsche, la place publique prend sa signification par la présence des
grands hommes et de la foule. Elle est un lieu, où se rencontre le peuple pour
discuter ou critiquer le pouvoir en exercice.
Là le peuple saisit l’occasion de revendiquer ses intérêts et de préparer les
stratégies pour renverser la puissance en action. Donc elle est un endroit dans
lequel les grands hommes se montrent comme sauveurs plus proches de la
majorité. Pour cette raison Nietzsche considère cette place comme un lieu
favorisant l’exposition de valeur : « J’ai trouvé cette table nouvelle exposée jusque
sur la place publique »54. Donc les grands hommes sont comparés aux comédiens
qui sont capables d’attirer le cœur du peuple en prononçant ces valeurs : « Mais
elle (la foule) est sensible aux metteurs en scène et aux acteurs des grandes
causes »55. Ainsi, la place publique ressemble à la place du spectacle : les grands
hommes jouent le rôle du comédien et la foule tient la fonction de spectateur. Mais
notre travail, ici, est de connaître le statut social et l’esprit de base des grands
hommes.
II.1.1.1 Le Statut social des grands hommes
Il y a deux sources de provenance de ces grands hommes à savoir :
D’abord, Nietzsche voit que les grands hommes sont issus de la famille
moins considérée dans la société. Ils sont défavorisés tant économiquement que
politiquement. Par leur origine, ils sont descendus de familles depossédées, c'est-
à-dire esclaves. Pour cela Nietzsche a écrit : « les fils d’esclave et surtout la
populace métissée »56 Ainsi ils sont la race souffrante, opprimée et tenue dans la
pauvreté.
54 : F. NIETZSCHE, Ainsi Parlait Zarathoustra, II, p.123 55 : F. NIETZSCHE, Op. cit. p. 46 56 : F. NIETZSCHE, ibid. p. 289
- 50 -
Ils peuvent être les éléments de la puissance, mais ils vont à la place
publique en vue d’être à la tête de la place publique. Cela confirme l’idée de V.H.
Morris Jones qui écrit : « Rien de nouveau sous le soleil »57.
Tout cela nous permet d’affirmer que l’esprit des grands hommes est basé
sur le vœu de la liberté et l’amour du pouvoir. Dans le sens de liberté, leur rêve est
de sortir de leur état social. Cela les pousse à unir les forces pour constituer une
puissance en place et de prendre le pouvoir :
Les hommes efféminés, les fils d’esclaves et surtout la
populace métissée, tout cela veut à présent prendre en main le
destin humain.58
Mais la fonction de consolider la force et d’unifier la multiplicité exige un
homme convaincant et attirant, c'est-à-dire populiste. Cela nous permet de tirer
ensuite leur spécificité.
Ainsi, ils sont habiles à déclencher l’enthousiasme du peuple par le biais
d’un discours bien agencé, bien orné et quelquefois mensonger pour intégrer
l’attente publique. Cela suscite le cri du troupeau suivi d’un applaudissement :
« Dès qu’un grand homme pousse un cri, un petit homme arrive aussitôt, et il tire
la langue de convoitise. C’est ce qu’il appelle sa pitié »59. Cela est confirmé par le
passage suivant : « la foule se glorifie de ses grands hommes »60. Leur propos
consiste à critiquer le pouvoir, à montrer que les dirigeants sont la source de la
souffrance et de la pauvreté du peuple. Par conséquent ils l’invitent à se rendre à
la place publique dans le but de renverser les dirigeants incompétents. Cela nous
permet d’affirmer que les grands hommes sont capables de stimuler et d’animer le
peuple. Cela est vérifié par l’ambiance chaleureuse de cette place que Nietzsche
considère comme vacarme en écrivant : « où commence la place publique,
commence aussi le vacarme des grands homme ». Ce propos est comparable à 57 : RENE DE LACHARRIERE, Etude sur la théorie Démocratique, p. 50 58 : F. NIETZSCHE Op. cit p.46 59 : F. NIETZSCHE, Ainsi Parlait Zarathoustra, II, p.151 60 : F. NIETZSCHE op.cit 133
- 51 -
un tapage car son contenu, vu par Nietzsche, est une sorte de flatterie, renferme
des mensonges, de l’hypocrisie. Il est irréalisable mais il est prononcé pour attirer
le peuple et pour faire monter progressivement la « tension » de la masse contre
la puissance au pouvoir : « Je te vois abasourdi par le vacarme des grands
hommes »61. De plus, les grands hommes n’acceptent pas l’existence de l’homme
supérieure. Ils pensent que les hommes sont nés pour être égaux. Dieu seul est le
puissant indiscutable : « nous sommes égaux devant Dieu »62.
Leur esprit les pousse à pratiquer la tyrannie, le régime totalitaire quand ils
arrivent au sommet de la puissance. Leur action primaire est de faire étourdir le
puissant : « il faut que les plus forts soient attachés le plus solidement, il faut qu’ils
soient surveillés et mis en chaîne : ainsi le veut l’instinct du troupeau. »63. Ce
comportement a pour objet d’homogénéiser la couche Sociale. Cela signifie que
supprimer la race supérieure et de faire monter celle inférieure. Cette idée pousse
Nietzsche à attaquer le communisme qui a pour but la disparition d’un chef : « Pas
de berger et un seul troupeau »64. Cela signifie que le pouvoir de la majorité fait
souffrir la puissance en déclin jusqu’à ce qu’elle se replie et accepte cette égalité.
Exemple : la nationalisation de l’économie est une sorte de repli car la richesse
privée est prise par l’Etat. Dans ce sens elle est devenue « bien commun » Cela
détermine pour Nietzsche l’ennemi méprisable, c'est-à-dire adversaire préétabli.
Pour cela il a conseillé en disant : « N’ayez que des ennemis haïssables, et non
ennemis méprisables »65
Pour lui, il ya deux types d’ennemis : l’ennemis haïssable qui est adversaire
produit par son action ou son comportement et celui méprisable qui est un
adversaire systématique. Ce dernier est une marque de « ressentiment » car les
grands hommes n’oublient pas leur situation sociale d’origine. Ce souvenir
61 : F. NIETZSCHE lbidem 62 : F. NIETZSCHE lbidem 63 : Nietzsche. Volonté de puissance, aphorisme 437 64 : F. NIETZSCHE, op ; cit p.46 65 : F. NIETZSCHE, Ainsi Parlait Zarathoustra, II, P.131
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engendre l’esprit de vengeance. D’où ils veulent le sang de la classe en déclin et
surtout la suppression des classes.
II.1.1.2 L’infériorité des grands hommes
Pour Nietzsche, l’infériorité des grands hommes est vue à travers leur
origine, leur superflu, leur faiblesse et leur caractère qui ressemble à celui de la
femme.
Par leur origine, les grands hommes ont besoin de liberté et de l’instinct du
bonheur. Mais ils ne réalisent cela qu’en demandant la consolidation des forces.
Donc on pourrait dire que les grands hommes vivent aux dépens d’autrui car la
réalisation de leur vœu dépend en grande partie de l’acceptation des autres forces
(la foule). Tout cela pousse Nietzsche à dévaloriser les grands hommes. Cela est
matérialisé par l’appellation ensemble des grands hommes et la masse à savoir :
la populace, la foule, le minable, le petit, les insectes nuisibles, l’herbe folle, etc. Ils
sont considérés comme la masse car tous les deux sont issus de la place
publique.
Les grands hommes ne croient pas à l’existence de l’homme supérieur
parce que l’homme est toujours l’homme devant Dieu. Leur esprit d’égalité
implique Nietzsche à considérer leur souhait comme une rêverie et une chose
impossible : « Devant Dieu ! Mais ce Dieu est mort. Mais nous refusons d’être
égaux devant la populace »66. Pour lui l’homme est né pour être différent des
autres. Il est différent sur divers points : son besoin, sa force, son vœu, son aspect
physique, son esprit, etc. Raison pour laquelle il renonce au bien commun en
écrivant : « ce qui est bon pour moi n’est plus bon sur les lèvres du voisin »67.
Donc le vœu de chacun varie selon l’espace et le temps, suivant l’individu et
d’après la circonstance. Ainsi le souhait d’être égal est une imagination fictive.
Cela est un signe de la bassesse car les grands hommes ne peuvent pas faire
réaliser individuellement leur vœu. Cela est le type d’homme de « réaction » car ils
66 F. NIETZSCHE, Ibid p 289 67 F. NIETZSCHE, Par delà le bien et le mal, p.93
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appellent toujours la majorité pour faire quelque chose. Cela nous amènera
ensuite à traiter de leur faiblesse.
De plus Nietzsche voit que les grands hommes sont des individus faibles.
Leur faiblesse se manifeste par la prise de décision, par le comportement et
surtout par l’état d’esprit. D’abord ils veulent du pouvoir, mais ils n’ont pas de
possibilité de prendre seuls ce pouvoir. Par conséquent la masse est considérée
comme un moyen par lequel ils réalisent leur vœu. Donc il y a l’exploitation de
l’homme par l’homme. La populace est comparée à l’escalier par lequel ils
montent jusqu’au levier du pouvoir : « Ils grimpent les uns sur les autres »68. Cela
nous renseigne que les grands hommes sont des êtres dépendants car ils vivent
aux dépens de la foule.
Ils n’arrivent pas à résoudre seuls leur problème. Or, pour Nietzsche,
l’homme fort est capable de résoudre soi-même son problème. Il n’appelle jamais
les autres, mais, il utilise sa conscience comme un outil de prise de décision :
« l’homme souverain l’appelle sa conscience. »69
Pour cela, il est autonome et indépendant. Ensuite, pour attirer le cœur de
la masse, les grands hommes n’hésitent plus à prononcer du mensonge, du leurre
etc. Les mots qui sortent de leur bouche sont « les bons » « la justice », « la
vérité », « la sagesse ». Or tout cela est une chose irréalisable et une sorte de
flatterie, de démagogie et de fiction. Tout cela amène Nietzsche à les considérer
comme un homme faible parce que « le bon » et « la sagesse » prononcés dans
la place publique sont une manifestation de préjugé. Ils sont déterminés
préalablement. Donc ils n’ont pas de liaison étroite avec l’action : c’est grâce à
cette origine que de prime abord le mot « bon » ne s’attache point nécessairement
aux actions « non égoïstes ». Ici, le bon est un mot à priori. Ce mot guide le
comportement de chacun. Cela prouve la non liberté du chacun et surtout la
conscience libre. D’où la déclaration du bon est un symbole de la faiblesse car « le
68 F. NIETZSCHE, Ainsi Parlait Zarathoustra, I, p. 131 69 F. NIETZSCHE, La généalogie de la morale, p.80
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bon, qui n’est autre que lui-même »70, c'est-à-dire la race supérieure et régnante
est par lui-même considérée comme bon et ses actions déterminent le mot
« bon ». Il est déterminé a posteriori. Cela, pour Nietzsche, est une marque de
l’élévation d’âme car l’homme devrait être jugé par son travail pendant un laps de
temps. Donc, le travail, l’action, ici, prennent leur signification et non pas la
moralité de mœurs qui fixe la ligne de conduite. Cette morale est une façon
d’élever et de discipliner. Elle est aussi une condition préalable et elle a besoin de
l’appréciation d’autrui. En effet, on a un homme déterminé et uniforme. Ainsi, la
morale est un outil d’amollissement et d’affaiblissement de l’homme. Cela est
contraire à la volonté de puissance et à la nature de l’homme comme la
méchanceté. Cette dernière est capable de développer l’esprit. Or pour les grands
hommes, le bon détermine la bonté de l’homme qui n’est autre que l’homme
dégradé pour Nietzsche : « rendre meilleur signifie « domestiquer », « raffiner »,
« amollir », « efféminer »71.
Ainsi, l’invention de valeur est une manifestation de la faiblesse, car elle
permet de dominer, d’affaiblir l’espèce humaine. De plus, la morale tant qu’elle est
préétablie est un accomplissement de désir et elle renonce à l’idée de réflexion.
La raison n’accepte pas la morale. Cela peut engendrer la non considération des
inventeurs de valeur :
Les morales elles aussi sont une séméiologie des passions.
Toute morale est contraire au laisser-aller, c’est une tyrannie qui
s’exerce sur la nature et aussi sur la raison. 72
De plus les grands hommes aiment organiser la guerre, mais ils ne
supportent pas sa conséquence : « La place et la foule ressemblaient à la mer,
quand la tempête s’élève. Tous s’enfuirent en tous sens, pêle-mêle »73. Donc, les
70 F. Nietzsche, ibid, p.50 71 F. Nietzsche, ibid, p.216 72 F. Nietzsche, Par delà le bien et le mal , p.181 73 F. Nietzsche, Ainsi Parlait Zarathoustra, I, p.71
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grands hommes tant qu’ils sont éléments de la place publique sont fragiles, faciles
à disperser etc.
En outre, ils détestent toute action qui demande des énergies : énergie de
penser, énergie de surmonter. A cet effet ils évitent la venue et l’existence d’un
risque. Ils renoncent la souffrance. Ainsi leurs actions primaires sont de supprimer
le malheur. Cela est une faiblesse pour Nietzsche car la route vers le surhumain
est plein de dangers et « car chez l’homme le mal est encore la meilleure
énergie »74. Il ajoute que « Dans toute volonté de connaître, il y a au moins une
goutte de cruauté »75. Ainsi l’idée de danger est inévitable et incontournable. Or,
dans la place publique, les grands hommes ne prononcent que le côté positif de la
vie :
Ce qu’ils cherchent de toutes leurs forces à réaliser, c’est le
bonheur du troupeau, le vert pâturage, la sécurité, l’absence du
danger, le bien-être, la facilité de la vie pour tous76.
Cet esprit ne permet pas aux grands hommes de se soucier de trouver la
solution pour surmonter ce danger. Or pour Nietzsche, le malheur est une
occasion profitable pour l’homme de développer sa force et surtout l’énergie de se
défendre et de se dominer :
Cette tension de l’âme dans le malheur, qui donne l’énergie, son
sursaut devant les grands naufrages, son inventivité, son
courage à supporter le malheur, à l’endurer, à l’interpréter et à
l’utiliser. 77
Pour cela, le malheur est une sorte de stimulus de l’esprit à augmenter sa
force de créativité, d’invention, d’endurance, de recherche etc. D’où le danger
caractérise la conscience de soi de l’homme. 74 F. Nietzsche, Ainsi Parlait Zarathoustra, II, p.289 75 F. Nietzsche, Par delà le Bien et le mal, p.283 76 F. Nietzsche, Ibid., p.101 77 F. Nietzsche, Ibid., p.273
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Ensuite, si on parle de la place publique on n’oublie jamais l’idée de la
majorité. Tout cela donne la signification de la divergence d’opinions et
l’abondance de parole. Donc cette multiplicité peut induire à la fausseté car le
troupeau pour Nietzsche ne pense pas. Il a besoin d’un guide. Or dans le pouvoir
de la majorité, la décision prise est dite démocratique. Tout cela fait perdre la
réalité. Raison pour laquelle Nietzsche a écrit : « Toute opinion est une cachette,
toute parole peut être un masque. »78 Cette affirmation est pertinente car le vœu
dans la place publique est encadré par la recherche du bonheur et le partage des
places et tous veulent accéder au trône comme si le bonheur était sur le trône.
Cela pour lui est une folie car souvent le trône se trouve dans le boue et la boue
sur le trône. Cela signifie que la recherche du bonheur exige la force, la dureté, la
conscience. Pour cette raison Nietzsche l’a dit : « Qu’importe le bonheur ! (…), il y
a longtemps que je ne suis plus à l’affût de mon œuvre »79, c'est-à-dire l’œuvre
procure le bonheur qui commande l’action de l’homme. Mais le bonheur de
Nietzsche c’est la route vers la puissance, vers l’action, vers l’activité le plus large
et non pas la satisfaction des passions qui dominent dans l’esprit du faible : « la
mémoire d’esclave est soumise aux passions et aux désirs »80.
Ainsi Nietzsche considère la place publique comme un lieu constituant de
l’homme faible. Là se trouvent les petits, les minables, les parasites. D’où il devrait
être éliminé car ils sont la charge de la société.
Enfin, Nietzsche considère les grands hommes comme des hommes
efféminés dans le sens où leur caractère ressemble à celui de la femme. La
femme est un être sentimental. Elle s’incline vers la pitié. De plus elle est
comparée avec le « bien », c'est-à-dire un être possédé : « La femme veut être
prise, acceptée comme une pure propriété »81. La caresse est une chose
importante pour elle. Ainsi elle en est capable, mais aussi elle est facile à
caresser. Pour cela Nietzsche renonce le mariage car celui-ci empêche l’esprit
78 F. Nietzsche, ibid, p.399 79 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, II, p.185 80 F. Nietzsche, La généalogie de la morale, p.88-89 81 F. Nietzsche, Le gai savoir, p.331
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d’être libre et est un obstacle fatal sur la route vers l’optimum. Cet obstacle est le
plus grave quand la femme a un enfant. L’homme est obligé de s’occuper de
l’affaire de la maison. Cela est contraire à l’idée de liberté. Tout cela pousse
Nietzsche à emprunter le concept des philosophes : « comme jadis Bouddha,
quand on lui annonça la naissance d’un fils : « Râhoula m’est né, une entrave est
forgée pour moi. »82 Ici Rahoula est considéré comme un petit démon. Pour
Nietzsche, par suite du mariage et de la naissance de l’enfant, l’affaire de l’homme
est bornée à la vie à la maison. Or l’esprit libre pour lui est presque synonyme de
l’abandon de la maison. Voilà pourquoi il préfère être célibataire et il tire
spécialement le cas de Socrate en écrivant : « Socrate, seule exception, le
malicieux Socrate s’est, semble-t-il, marié par ironie »83. De même pour les grands
hommes : la flatterie, les mensonges, la démagogie et la ruse oratoire sont des
sortes de caresse. Tout cela a pour objet d’attirer le cœur de la masse dans la
place publique : « si j’ai parlé du miel, et de l’offrande du miel, c’était une ruse
oratoire et en vérité une utile folie »84. Ainsi ils sont capables de flatter la masse,
mais ils ont peur de perdre leur place et leur honneur, de ne pas être acceptés par
le peuple, c'est-à-dire leur populisme. Par conséquent ils sont contents, très
sensibles et fiers d’entendre le cri, l’applaudissement et autre glorification venant
de la masse. C’est surtout quand ils sont nommés « présidents ». Tout cela fait
monter leur tension de critiquer le pouvoir et de donner les promesses. Donc ils
sont des hommes endettés : satisfaire le peuple, quand ils arriveront au sommet
de la puissance. Pour cela Nietzsche les identifient aux femmes, c'est-à-dire
hommes possédés car ils aiment servir et non pas être servis. Ici ils ressemblent à
l’esclave et surtout sur le plan de l’esprit qui émet la pitié et cela leur procure plus
de fierté et d’honneur : « le sentiment est le plus agréable à ceux qui sont peu fiers
et qui n’ont pas de chances de faire de grandes conquêtes »85. Par leur esprit, ils
aiment la charge car ils ne pensent qu’à partager leur expérience. Exemple : un
homme porte le nom de président de diverses responsabilités de plusieurs
associations. 82 F. Nietzsche, Op.cit., p.159 83 F. Nietzsche, Ibidem. 84 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, II, p.187 85 F. Nietzsche, Ibidem.
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Cet homme là, aux yeux de Nietzsche, ressemble au chameau qui est
satisfait quand il porte le fardeau :
« Il charge sur ses épaules trop de lourdes paroles, de lourdes valeurs qui
lui sont étrangères »86. Ainsi les grands hommes sont surchargés.
Cela peut être la source de mensonge car la pitié enseigne à mentir et
alourdit l’atmosphère dans l’âme libre : « Or la pitié, c’est le plus profond
abime »87. D’où la pitié est une manifestation de caractère féminisme car elle est
question du cœur et non pas de la raison ou de la conscience.
Bref, Nietzsche nie la place publique dans le sens ou les petits veulent
commander les forts et ils inventent et enseignent la morale comme moyen de
domination et un outil d’affaiblissement. Il récapitule tout cela en écrivant : « la
sagesse fatigue, rien ne vaut un effort – tu ne convoiteras »88 et il ajoute : « J’ai
trouvé cette table nouvelle exposée jusque sur la place publique »89
II.1.1.3 Ce que sont les grands hommes
Leur caractère bruyant n’est pas une chose nouvelle ou étonnante, car cela
est le point caractéristique de la place publique. Pour l’homme faible, l’homme de
réaction, le bavardage est un outil plus important de montrer sa valeur, sa lutte de
condition et de faire écraser le fort. Le bruit est un meilleur moyen pour eux parce
qu’ils sont incapables d’utiliser leur force, c'est-à-dire ils ne sont pas homme
d’action. Mais le tapage pour Nietzsche étourdit le fort : « Je te vois abasourdi par
le vacarme des grands hommes. »90 Notre travail ici est de savoir le contenu et le
but de ce vacarme.
Que ce soit la nature et la manifestation du bavardage dans la place
publique, son but est d’avoir la puissance car « l’union fait la force » et de prendre
86 F. Nietzsche, ibid, p.97 87 F. Nietzsche, Ibid, p.21 88 F. Nietzsche, Ibid, p.123 89 F. Nietzsche, ibidem 90 F. Nietzsche, Ibid, p.133
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le pouvoir. Mais, cela a besoin de l’accord du peuple et de l’adhésion populaire.
Tout cela pousse les grands hommes à critiquer vivement le pouvoir en exercice
comme incompétent, corrompu et source de la souffrance publique.
Ils décrivent aussi le profil d’action qu’ils sont capables d’exécuter. Exemple
faire sortir la masse de son statut de pauvreté, et prétend avoir la qualité
d’honnêteté, de pureté. Ils sont débordés à tous les moments, à tous les jours et
nuits, de la maison à la rue. Mais tout cela, aux yeux de Nietzsche, est une ruse
oratoire car il est une sorte de rêverie, l’irréalisable, c'est-à-dire une promesse
fictive. Par conséquent il considère les grands hommes comme un prophète du
grand midi en écrivant : « Et celui qui proclame que le moi est saint et sacré, et
que bienheureux est l’égoïsme, celui qui est le prophète du grand midi. »91 Ils sont
prophètes du grand midi car ils prétendent tout connaître. Or en réalité, ils sont
dépourvus de cette compétence. Ainsi ils ressemblent au comédien qui est
capable de tromper les autres et capable de se tuer. Le comédien a l’esprit
d’imagination, mais il est dépourvu de conscience : « Le comédien a l’esprit, mais
un esprit dénué de conscience. »92 Par son habileté d’imiter, d’animer, de vivre
dans la situation, il est capable de convaincre la masse. Mais cela est apparence
par le biais d’un masque, d’un habillement ou de mimique. Tout cela est réuni
dans les caractères des grands hommes qui sont capables de convaincre et de
faire croire la masse : « il croit toujours à ce qui lui permet d’amener les autres à
croire, à croire en lui. »93 Mais leur habileté reste théorique et n’est pas pratique.
Cette attitude est plus proche de l’adage Malagasy : « mpitaribato vilam-
bava ». Cela signifie que leur parole et leur comportement n’ont pas de liaison et
de suite logique avec l’action. Le plus grave, ils changent toujours suivant la
situation et la circonstance. Donc ils sont comparés avec le caméléon qui change
(sa teinte) selon le milieu où il vit. Ici les grands hommes sont des êtres
métamorphiques car ils sont à l’affût des bonheurs de l’intérêt : le vœu du pouvoir
et le partage des places : « Cette formule des cœurs amollis et des vouloirs
91 F. Nietzsche, Ibid, p.93 92 F. Nietzsche, Ibid., p.133 93 F. Nietzsche, Ibid, I, p.133
- 60 -
partagés »94. Cette nature métamorphique est qualifiée comme celle du politicien
qui est un homme de tolérance, de négociation et de consensus. Or pour
Nietzsche, cela est une sorte de recherche de chaise politique et même il la
qualifie comme « le savoir nager » c'est-à-dire un homme d’hypocrisie. Voilà
pourquoi Nietzsche déteste la valeur politique car le politicien n’est pas sûr de lui-
même, le danger pour lui c’est la perte de la place politique. Cela le conduit à
servir l’autrui comme instrument, pratiquer du leurre pour tromper les autres. Il
change toujours son comportement. Ainsi, il est considéré comme un homme
« d’adaptation ». Cela détermine son caractère changeant :
Demain il aura une croyance nouvelle, et après demain une plus
nouvelle encore. Il a une perception rapide, comme la foule, et
des intuitions changeantes.95
Ce changement est déterminé par l’écoute de l’attente du peuple et de la
rumeur installée dans la place publique. Voilà pourquoi la place publique est
structurée : exemple le comité qui se charge du contrôle de la « tension » du
peuple. Cela est dénommé agent responsable de la communication, de la
sécurité…. Ainsi, les grands hommes sont qualifiés d’hommes du présent,
hommes de l’heur car ils ne pensent que le présent.
Enfin, par l’analyse du parcours suivi par le progrès de l’esprit de l’homme,
Nietzsche catégorise en trois stades le développement de l’espèce humaine à
savoir la bête, l’homme et le surhumain. Ainsi avant d’analyser profondément un à
un ces stades on va les schématiser.
94 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, II, p.137 95 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, I, p.133
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Processus du développement de l’homme
Ainsi, l’homme est considéré comme un « pont » qui relie la bête et le
surhumain. Donc il est le point de perdition et de transition. Mais il est difficile à
suivre car cela demande l’équilibre, la confiance en soi, la dureté de l’esprit, sinon
le marcheur risque de tomber dans l’abîme :
L’homme est une corde tendu entre la bête et le surhumain, une
corde au-dessus d’un abîme. Danger de franchir l’abîme, danger
de suivre cette route, danger de regarder en arrière, danger
d’être saisie d’effroi et de s’arrêter court ! 96
Donc l’homme est un point qui sépare la bête et le surhumain, et il est aussi
un parcours qui mène à la voie de dépassement pour l’espèce humaine dure et à
l’abîme pour celui qui est faible. Pour cela, l’espèce humaine se situe au point qui
sépare la bête et l’homme. Cela nous permet de la définir comme l’ensemble de
tous les individus qui ne sont ni bêtes ni surhumains, mais ils commencent à
réfléchir, à choisir leur chemin. On appelle surhumain, celui qui est capable de
traverser cette transition. Il est un homme de dépassement car il peut surmonter,
sursauter toutes les entraves existantes. Il est aussi qualifié fort, dur, lointain, et
homme de raison. Par contre, si l’individu est envieux de surmonter ces obstacles,
96 F. Nietzsche, Ibid, p.63
- 62 -
mais qu’il ne soit pas décidé, il sera tombé dans l’abîme. Cela qualifie « la
perdition ». Enfin, l’individu qui a peur de l’abîme et continue sa marche vers
l’arrière est appelé « bête ». Ce dernier ressemble aux grands hommes qui
n’aiment pas rencontrer les dangers. Raison pour laquelle ils les évitent. Leur état
d’esprit qui déteste le mal et qui est attaché au « bien ». Cela pousse Nietzsche à
les considérer comme l’homme inférieur qui est incapable d’utiliser sa force et son
énergie.
II.1.2 La masse
II.1.2.1 Attitude de la masse
Conséquence de la flatterie, de la ruse oratoire dans la place publique, la
masse se sent convaincue de la vérité du propos et du discours des grands
hommes. Cela fait monter sa « tension ». Elle est nerveuse en détestant les
pouvoirs car elle croit que ceux-ci sont la source de souffrance du peuple. En
effet, elle répond à l’invitation des grands hommes en organisant le mouvement
populaire dans la place publique. Elle décide de s’unir, de consolider ses forces
avec les maîtres de l’heure en vue de renverser la puissance au pouvoir et de
revendiquer ses intérêts. Mais le plus souvent, cette manifestation est suivie des
bruits différents, incohérents ; des rumeurs. Tout cela peut avoir besoin de
destinataire ou non. Mais la satisfaction de la masse est de faire sortir son vœu :
Là-bas au contraire, tout discours est vain, [….] tout parle et
rien n’écouter, [….] chez eux tous parlent et aucun ne sait
comprendre. […..] Tout parle, tout s’effrite en parole [….] chez
eux tout parle, tout se trahit. […]97
Tout cela prouve les vacarmes de la masse dans la place publique. De
plus, pour animer ce mouvement, les grands hommes utilisent la chanson, la
poésie, la musique dans le but de faire exister l’ambiance et de faire monter à
chaleur la populace. Raison pour laquelle Nietzsche confirme que la place
publique est un lieu qui favorise les tapages, qui caractérisent l’homme de
97 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, II, p.79
- 63 -
réaction, c'est-à-dire l’homme faible : « où commence la place publique,
commence aussi le bourdonnement des mouches. »98 Les mouches, ici, c’est la
foule qui a ses intérêts variants et différents et incohérents. Tout cela forme le
tapage que Nietzsche considère comme caractère de la place publique.
Ainsi, cet auteur considère la masse comme la mouche qui ne fait que
sucer l’homme : « Ce qu’elle veut, c’est être trop près possible de ta peau et de
ton sang »99, et faire souffrir nos oreilles par son bourdonnement. Pour cela,
Nietzsche accentue le tapage comme caractéristique principale de la masse et
surtout celle de la place publique. A cet effet les petits font les bruits en vue de
faire souffrir le fort qui est un homme individualiste et autonome. Pour cela
Nietzsche déteste la place publique et choisit la solitude pour trouver le calme.
Cela nous fait savoir que le surhomme de Nietzsche est un individu isolé pour
échapper au bourdonnement de la mouche dans cette place, car la masse a pour
objet de torturer l’homme supérieur : « Ils viennent bourdonner autour de toi. »100
Mais elle est fragile comme les mouches, et est facile à disperser en s’enfuyant
dans la direction différente. Ainsi Nietzsche la compare avec la mer qui s’effrite
quand la tempête arrive.
Dans la place publique, Nietzsche distingue l’existence de deux caractères
de la masse, à savoir la nature sentimentale et celle rancunière : « Fuis leur
vengeance invisible : ils n’ont à ton égard qu’un sentiment, la rancune »101. Elle
est sentimentale dans la mesure où elle fait parler son cœur, et non pas sa raison
et sa conscience. Son comportement se base sur son besoin, son désir, sa
passion : « Ils se sont gâtés l’estomac. Leur esprit n’est qu’un estomac
malade »102. Mais, sous le fait de sa paresse, elle n’arrive pas à résoudre le
problème de la vie. Par conséquent elle projette sa responsabilité aux autres. Elle
demande toujours l’aide de l’Etat pour faire satisfaire ses besoins biologiques car
98 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, I, p.133 99 F. Nietzsche, Ibid., I, p.135 100 F. Nietzsche, Ibidem 101 F. Nietzsche, Ibidem 102 F. Nietzsche, Ibid., II, p.123
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elle croit que l’Etat est la source de sa pauvreté et peut leur sortir dans l’abîme de
cette pauvreté. Ainsi, son état d’esprit est la source même de son caractère
dépendante. Voilà pourquoi Nietzsche les considère comme l’homme inférieur car
il est né pour servir : « surtout la gent féminine, née pour servir »103. C'est-à-dire,
cet homme n’a pas la maîtrise de soi et la volonté de vivre personnellement. Cet
esprit pour Nietzsche est une sorte de « naïveté » car le rêve de la masse
dépasse beaucoup de sa disponibilité : elle rêve d’être riche, d’être puissante etc.
Or elle ne pense pas à surmonter les entraves. Elle croit que même s’il est en état
de sommeil, la richesse peut arriver facilement car cela dépend en grande partie
de la compétence de ceux qui sont au pouvoir. Donc la populace se montre
disposée à aimer les dirigeants pour être aidée : « D’autres fois, ils font l’aimable
avec toi, mais telle a toujours été la malice des lâches. Or les lâches sont
malins ». Cela est justifié par les caractères de la masse qui nie progressivement
le pouvoir quand ses intérêts ne sont pas réunis. Elle pense que l’Etat est la cause
principale de sa souffrance. En effet la populace s’organise en unissant ses forces
dans le but de renverser la puissance en exercice. Son rêve est de démolir le
palais du dirigeant :
Ils sont innombrables, ces petits, ces minables, et l’on a déjà vu
de fiers l’édifice réduit en ruine par l’action des gouttes des
pluies et des herbes folles.104
Donc Nietzsche ici considère la populace comme une force négligeable,
mais elle peut renverser le pouvoir. Mais quand elle arrive au sommet de la
puissance, elle ne fait que faire souffrir l’autre puissance en déclin. Cela détermine
l’esprit de vengeance. Donc la masse est un individu rancunier car elle veut faire
mourir les dirigeants comme disait Nietzsche : « Ils veulent de ton sang à toute
innocence. »105
103 F. Nietzsche, La volonté de puissance Aphorisme 457. 104 F. Nietzsche, Ainsi Parlait Zarathoustra, I, p.135 105
F. Nietzsche, Ibidem.
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Bref, la populace est dite sentimentale car elle ne pense qu’à satisfaire ses
besoins physiques. Au cas de carence, elle manifeste ses caractères tapageux en
irritants les pouvoirs.
II-1-2-2 Le désir de l’égalité
« Nous sommes égaux » a écrit Nietzsche en rapportant le vœu de la
populace. Pour elle, il n’y a pas d’hommes supérieurs. Tous sont créés par Dieu
pour être hommes. Donc tout homme est égal devant Dieu. Cette idée est
confirmée par Nietzsche quand il écrit : « la foule croit à l’égalité. » A cet effet, tout
le monde rêve d’être chef et court pour arriver au bout de ce but.
Cet esprit est commun à tous : les ignorants, les analphabètes, les illettrés.
Pour cela on pourrait affirmer que les instincts de la majorité permettent aux
cancres d’arriver au pouvoir. Ce pouvoir est le plus proche de l’idée de la
démocratie. Mais, par l’effet de la croyance de l’égalité, tout le monde veut
accéder au pouvoir et en prendre le levier : « Tous veulent la même chose, tous
seront égaux ». Donc le problème se manifeste quand on procède au partage des
places.
Cette distribution est difficile à gérer, parce que, le nombre est limité. Tout
cela détermine le sens de l’opposant, le conflit politique peut aboutir aux conflits
sociaux. Cela amène Nietzsche à écrire : « Ils s’entre dévorent et n’arrivent pas à
digérer. » Ainsi, le sens de solidarité dans la place publique se réduit à
l’exploitation de l’homme par l’homme. Chacun pense à l’idée d’exploitation, à
l’idée de se servir des autres d’escaliers. Or cet esprit se fait réciproquement.
Aucun n’accepte d’être escalier.
Par conséquent, ce pouvoir est fragile et le sens de progrès tend vers
l’arrière comme l’affirmait cet auteur : « Ils grimpent les uns sur les autres et se
font crouler mutuellement dans la fange et dans l’abîme ». D’où l’esprit de l’égalité,
pour Nietzsche, est un symbole de la naïveté car l’homme supérieur n’accepte pas
d’être égal à la populace, car l’un a la volonté de commander et d’être puissant.
Les autres a la volonté de servir et d’obéir. Bref, le désir de l’égalité est la source
des pouvoir de la majorité et le frein pour le développement car le cancre peut
- 66 -
arriver au pouvoir. Nietzsche nie ce désir en écrivant : « Mais nous refusons d’être
égaux devant la populace »106
II.2. L’ETAT
II.2.1 Définitions
Au sens politique, le terme Etat est moins entendu dans l’Antiquité. On a
parlé du mot « cité » qui signifie « polis » pour les Grecs et « civilitas » pour le
Latin. Exemple la cité d’Athènes qui est une unité politique constituée par une ville
et ses environs. Donc elle est un mode de vie ou d’existence communautaire107.
Ainsi, le mot « Etat » est apparu au XVIe siècle, c'est-à-dire au temps de
Gui Chardin et Machiavel. A cette époque, il est défini comme une « physionomie
historique » du politique. Cela est repris par I. Frund qui définit l’Etat comme :
« une manifestation historique de l’essence du politique. »108. Ainsi il est une
question de rapport entre les gouvernants et les gouvernés c'est-à-dire l’autorité à
l’obéissance ; le rapport privé de chef à sujet. La notion de l’Etat implique l’idée
d’un pouvoir qui transcende les volontés particulières de ceux qui commandent.
Actuellement l’Etat est défini comme un titulaire abstrait et permanant du
pouvoir dont les gouvernants ne sont que des agents d’exercices essentiellement
passagers. Il est constitué par le territoire, la population et le pouvoir souverain. Il
est chargé principalement de la fonction législative, de la fonction exécutive et de
la fonction juridictionnelle. Par conséquent il est titulaire du pouvoir de légiférer,
d’administrer et de punir. Raison pour laquelle Max Weber a écrit : « l’Etat a pour
caractéristique principale de revendiquer « le monopole » de la violence
légitime »109. Cela est vrai car l’Etat est le maître de la force armée et des forces
de police. Cette prérogative n’est qu’un élément dans un tout. Ainsi, weber a
affirmé que :
106
F. Nietzsche, Ibid, II, p.131. 107 : Encyclopédie philosophique universelle p.861 108 : ibid p.262 109 : Ibid, p.83
- 67 -
L’Etat est une entreprise politique de caractère institutionnel
lorsque et tant que sa direction administrative revendique avec
succès, dans l’application des règlements, le monopole de la
contrainte physique légitime »110.
Cet abus d’accumulation des forces amène la majorité à considérer que
« l’Etat, ce sont les dirigeants. »
Pour lui, l’Etat est une image (idole) inventée par les superflus pour réaliser
leur rêve : rêve d’être libres et de prendre le pouvoir. Le but est de faire valoriser
leur statut d’origine : les opprimés, la populace et l’esclave. Mais s’ils arrivent au
soumet de la puissance, ils établissent un texte de contrat en vue de protéger leur
vœu : « telle est bien l’origine de « l’Etat » sur terre : Je pense qu’on fait justice de
cette rêverie qui fait monter cette origine à un « contrat »111. Ici les superflus ne
sont autres que la populace, mais dans certains pays elle est composée du peuple
et du troupeau. Ces deux constituent l’idée des « Etats » : « Dans certains lieux du
monde, il existe encore des peuples et des troupeaux, mais chez eux il n’y a que
des Etats »112.
Pour cela, l’Etat a besoin de personnes physiques qui veillent et appliquent
le contrat. Mais elles considèrent le pouvoir comme chose destinée, c'est-à-dire
don venant de la force extra-terrestre : « Je suis le doigt souverain de Dieu »113.
Cela, pour Nietzsche, est une sorte de mensonge pour faire tromper les superflus
et une manière de contrainte en vue de replier les forts : « Rien n’est plus grand
que moi sur terre »114. Par conséquent les petits s’agenouillent devant eux et les
grandes âmes se replient. Donc Nietzsche considère l’Etat comme lieu de
perdition car par l’appât de mensonge de l’Etat tout le monde est piégé et les
faibles dominent et arrivent au sommet de la puissance :
110 Ibid, p.865 111 Nietzsche, La généalogie de la morale, p.123 112 F. NIETZSCHE, Ainsi Parlait Zarathoustra, I, p.127 113 F. NIETZSCHE, ibid, p.129 114
F. NIETZSCHE, ibidem
- 68 -
L’Etat, c’est le lieu où tous sont intoxiqués, bons et méchants ;
où tous se perdent, bons et méchants, où le lent suicide de tous
s’appelle « la vie »115.
Or la vie pour Nietzsche est une source de contentement et de tristesse car
c’est le corps humain qui commande :
La vie est une source de joie, mais pour l’homme qui laisse
parler en lui un estomac malade, père de toute affliction toutes
les sources semblent empoisonnées. 116
En somme, pour Nietzsche, l’Etat marque le succès du vœu des superflus à
prendre en main le destin humain. La foi, la croyance commune sont des outils
pour faire tuer la nature de l’homme ; la flatterie est un moyen de faire tromper,
perdre le peuple et les mensonges sont des moyens pratiqués pour intoxiquer les
vivants.
Donc la foi et la croyance équivalente à l’épée, la flatterie est utilisée
comme un matériel de repassage et les mensonges comparés aux appâts de
piégeage. L’Etat est à la fois bon et méchant car il est capable de projeter la pitié
et d’installer la peine capitale ou autres punitions. D’où, par ses caractères
méchants et malicieux Nietzsche appelle l’Etat comme un monstre froid.
II.2.2 La spécificité de l’Etat
Ici, le signe et la marque se ressemblent, mais ils se distinguent l’un de
l’autre aux yeux de Nietzsche. Le signe désigne les moyens utilisés et la marque
représente les caractères et la fonction de l’Etat.
II.2.2.1 Le signe de l’Etat
En général, l’Etat, c’est le peuple, mais en réalité et dans la fonction, l’Etat
ce sont les dirigeants. Donc le peuple ordinaire est dévêtu du sens de l’Etat. La
115 : F. NIETZSCHE, ibidem 116 : F. NIETZSCHE, Ainsi Parlait Zarathoustra, II, p.123
- 69 -
majorité ne fait que subir la conséquence de l’autorité de l’Etat. Or l’Etat ne se
soucie que de la stabilisation de son autorité. Par conséquent, il se met à la place
de l’Etat pour faire trembler, pour faire craindre le peuple et pour utiliser sa
puissance. Or pour Nietzsche l’Etat est dénué de la puissance. Il utilise tout
simplement la foi comme un outil de destruction et d’amollissement ; et les héros
comme moyen de défense. Pour cela il est à la fois superflu et menteur. De plus, il
se situe au niveau du peuple dans le but de tromper, de trahir et d’attirer le cœur
du peuple. Tout cela pour Nietzsche est une sorte de flatterie, de ruse oratoire et
d’imagination fictive. Donc, Nietzsche les considère comme mensonges car l’Etat
ne pense qu’à stabiliser son pouvoir et non pas à chercher le bonheur de la
masse. Cette idée est justifiée dans le passage de Nietzsche : « Moi l’Etat, Je suis
le peuple »117 et à cela est ajouté une sorte de flatterie « ils ont suspendus au
dessus de leurs têtes un glaive et cent appétits »118.
Ainsi, l’idée de l’Etat manifeste la méchanceté des dirigeants, leur capacité
d’appliquer la loi par le biais de punition, de châtiment et de récompense. Le sens
du peuple détermine l’existence de la pitié. Par conséquent, outre leur esprit
destructif, l’Etat se montre malgré tout créateur du bien pour le peuple : « ils ont
ainsi servi la vie »119 Or la vie non seulement engendre la joie mais aussi fonde la
tristesse car la vie est une source de joie, mais pour l’homme qui laisse parler en
lui un estomac malade, père de toute affliction, toutes les sources semblent
empoisonnées. Donc la vie est une source d’aliénation et de servitude car
l’homme ne pense qu’à satisfaire sont corps. Cette faiblesse est une occasion
profitable pour l’Etat de faire pencher le peuple et de faire remonter sa valeur en
lui apportant une aide si la masse l’accepte : « l’Etat vous donnera tout, à
condition que vous l’adoriez »120. En effet tout le monde l’applaudit et se met à son
service. Tout est piégé aux yeux de Nietzsche et le vœu des superflus est réalisé.
Ici, l’idée de Protagoras est justifiée que l’homme « c’est l’art de mesurer»121, 117 : F. NIETZSCHE, op.cit, p.127 118 : F. NIETZSCHE, ibidem 119 : F. NIETZSCHE, ibidem 120 : F. NIETZSCHE, ibid, p.129 121 : Platon, Protagoras, p.80
- 70 -
mais l’homme est remplacé par l’Etat. Pour cela on pourrait comparer l’Etat aux
Sophistes car tous les deux sont capables d’éclairer, d’éclaircir tout ce qui est
sombre et ils sont habiles à attirer et à convaincre le peuple, c'est-à-dire rendre
vrai le faux et vice versa : « l’Etat sait mentir dans toutes les langues du bien et du
mal »122. Nietzsche voit que tout ce qui sort de la bouche de l’Etat est une sorte de
trahison et de tromperie : « Dans tout ce qu’il dit, il ment »123 : Tout cela pousse
Nietzsche à confirmer que les mensonges sont le signe de l’Etat. Cet auteur rêve
de briser l’idée de l’Etat dans le but d’instaurer l’autorité du plus fort : « où finit
l’Etat, où commence l’homme qui n’est pas superflue »124.
II.2.2.2 Les marques de l’Etat
Nietzsche a mis en lumière l’existence de deux choses qui marquent un
Etat, à savoir la manifestation de mourir et les prédicateurs de mort.
L’Etat est un symptôme de volonté de mourir dans le sens où il déteste la
volonté de puissance, c'est-à-dire le libre développement de l’homme par lui-
même. Il n’accepte que l’homme déterminé, discipliné, renforcé et amolli. Ainsi
l’éducation est un moyen efficace pour réaliser cela : « l’Etat et la société comme
substructures : point de vue économique l’éducation est considérée comme une
discipline »125. Par l’éducation, l’homme, au lieu d’être bête féroce, deviendra
conformiste, obéissant, domestiqué, faible…:
« Tout espèce renforcée s’est trouvée sur le même niveau que l’espèce
inférieure. »126 Il y a la disparition de caractère naturel de l’homme : la
méchanceté est éclipsée et cachée sous la nature donnée par l’éducation. Ainsi,
l’Etat est dit symptôme de volonté de mourir car par l’action voulue la vraie nature
de l’homme s’anéantira : bête de proie. De plus dans l’Etat, les faibles
monopolisent la force tant morale que physique. Cela est contraire à la loi
122 : F. NIETZSCHE, op-cit, p.127-129 123 : F. NIETZSCHE, ibidem 124 : F. NIETZSCHE, ibid, p.131 125 : F. NIETZSCHE, Volonté de Puissance, Aphorisme, 389p? 126 : F. NIETZSCHE, ibid, Aphorisme 387
- 71 -
naturelle car elle accorde la domination du plus fort. Or, l’Etat prononce la vie,
aime la vie, mais il nie le mal et accepte le bien. Donc il éclipse l’idée de la vie
comme une volonté de puissance car autour d’elle gravitent le bien et le mal.
L’homme ne fait que dépasser ce mal, non pas éviter sa venue. Pour cela l’Etat
est une volonté de mourir car par l’action volontaire, il élimine le sens du mal qui
est un moyen fortifiant l’énergie humaine. Tout cela pousse Nietzsche à
conseiller : « laisse le monde aller comme il va. N’y touche pas même du bout du
doigt »127.
Enfin, Nietzsche considère l’Etat comme un lieu qui invite les prédicateurs
de mort, parce qu’il est encerclé par l’homme d’honneur. Cet honneur est reçu par
la morale. Par conséquent, cet homme est considéré comme moraliste. Il expose
la morale et oblige la majorité à respecter et à suivre les règles préétablies au
profit de l’Etat.
Ainsi l’exposition des tables de valeurs pour Nietzsche est une manière
qu’on adopte pour suivre la voie vers le rien ou le nihilisme et aussi une chose qui
oblige l’homme à accepter l’existence de la vérité a priori. L’idée de règles signifie
l’acceptation du préjugée. Pour cela, les superflus, par la morale, dominent les
forts qui sont capables de se dominer et ils ne veulent pas dominer les autres.
Ainsi l’Etat invite les prédicateurs de mort car ses membres célèbrent une
chose qui n’existe pas et inventent la valeur pour tuer la nature de l’homme.
Exemple les croyants ne sont pas sûrs d’être sauvés malgré tout ils croient à
l’existence de l’enfer et du paradis, c'est-à-dire la vie extra-terrestre. Cela, aux
yeux de Nietzsche, est une sorte de renoncement à l’existence qui est la réalité de
la vie. De plus le sens du bon et du bien est une sorte de domestication de
l’homme qui est naturellement une bête de proie. Donc l’Etat fait mourir la réalité
et invente tout ce qui n’existe pas. Donc cet auteur accuse que les moralistes sont
menteurs : « Tout ce qui est droit est menteur, […], toute vérité est courbe, le
temps lui-même est un cercle »128. Donc on ne peut pas imposer la morale car elle
127 : F. NIETZSCHE, Ainsi parlait Zarathoustra, II, p.121 128 : F. NIETZSCHE, ibid, p.23
- 72 -
est relative et elle est une tyrannie qui s’exerce sur la « nature » et aussi sur la
raison. Laisse l’homme à sa nature car « la méchanceté, pour Nietzsche,
développe l’esprit ».
De plus, si on analyse l’ouvrage de Nietzsche, on constate que l’Etat et la
place publique se ressemblent et l’homme d’Etat n’est autre que le grand homme.
Donc l’Etat est l’aboutissement avec succès de la place publique. La fierté de
l’homme d’Etat et du grand homme est d’être encerclé par la populace et
d’entendre les bruits des petits suivis d’applaudissement. Cela fait chauffer la
tension des grands hommes en émettant leur pitié, en donnant la leçon de morale
que le peuple doit accepter et suivre. Cette morale consiste en plusieurs
règlements. Leur mission est de faire succès à cette morale pour empêcher la
vraie nature de l’homme car cela peut engendrer l’idée de rébellion qui est
l’ennemi des superflus. Donc le succès de la morale commune facilite l’exécution
de leur avantage : « On fait triompher la morale commune, parce que, par elle, on
réalise un avantage »129. Si la morale est acceptée par le peuple, tout le monde
est au service de l’Etat. Donc l’Etat ne sent plus la dureté de son existence car
son autorité est stable : « la morale est une manière dont il se décharge du poids
de leur existence »130. Il est à l’aise car la violation de ces règles peut engendrer,
soit l’appréciation négative, soit l’appréciation négative, soit la punition. Tout cela
implique la contrainte qui oblige le peuple à éclipser son caractère méchant. Donc
la morale est bien protégée par la crainte : « la crainte est la mère de la
morale. »131 En outre, la morale est source de valeur car celui qui respecte les
règles de la société est jugé comme sage, bon, honnête, etc : « la morale est
source de valeur. » Pour cela, on pourrait affirmer que la morale est une vérité a
priori. Ainsi Nietzsche la classe comme préjugé. D’où, son exposition est une sorte
de prédication de mort car cela oblige l’homme à faire des choses qu’il ne veut
pas, et à servir l’autre. La morale est source de servitude.
129 : F. NIETZSCHE, la volonté de puissance, aphorisme 205 130 : F. NIETZSCHE, ibid, aphorisme 212 131 : F. NIETZSCHE, Par delà le Bien et le mal, p.207
- 73 -
En somme l’Etat ne supporte pas la vraie nature de l’homme. Cela lui
permet d’inventer la chose qui rend féminine l’espèce humaine. Sa mission est de
monter sa puissance en éliminant la manifestation de toute sorte d’agression. Tout
cela conduit l’homme à se situer à l’état d’aliénation, de servitude et de
dépendance. D’où Nietzsche le considère comme volonté de mourir et un lieu
favorisant la proclamation ou exposé de mort. Il faut briser et installer le pouvoir du
plus fort qui ne veut pas dominer les autres, et qui a pour ambition de se dominer.
II.2.3 Fondation et support de l’Etat
Auparavant, on a vu que l’Etat est une idole créée par les superflus. Mais
par leur faiblesse, ils aiment être entourés par les héros et l’homme d’honneur en
vue d’avoir la puissance. S’ils sont en état de stabilité et de confiance entre eux et
si leur entourage est bien installé, ils déclarent que leur pouvoir est une destinée.
Ils sont vainqueurs de Dieu. Par conséquent ils se montrent puissant et géants et
sous la protection de Dieu : « Rien n’est plus grand que moi sur terre, Je suis le
doigt souverain de Dieu »132. Cela est une sorte de bavardage pour Nietzsche
pour faire trembler et craindre le peuple car eux-mêmes ne sont pas sûrs de leur
parole en adoptant la croyance en plusieurs dieux : « A fond, il ne croit qu’aux
dieux qui mènent grand bruit dans le monde »133.
De plus, l’Etat peut être amorcé par la croyance commune. Exemple le
respect du hazomanga, le Fitapoha, etc. Mais par le vouloir de dominer et le vœu
de faire hériter le pouvoir, les dirigeants abusent de leur autorité en faisant
craindre au peuple la force extraordinaire. Cela fonde leur puissance en limitant la
frontière de la domination. Tout cela pousse Nietzsche à déclarer que Dieu et la
croyance commune sont le fondement de l’Etat : « Ceux qui ont […] et déployé au-
dessus de leurs têtes une foi et un amour »134. Athènes est sortie de la croyance
commune, l’Etat chrétien au Moyen-Age est issu de la glorification de Dieu.
132 F. NIETZSCHE, Ainsi parlait Zarathostra, I, p.129 133 F. NIETZSCHE Ibid, p 133 134 F. NIETZSCHE, Ibid, p 127
- 74 -
Ainsi la foi et la croyance engendrent la crainte qui implique le respect. Ce
respect se transforme en affection qui est la cause de toute sorte d’aliénation, de
servitude et de dépendance. Ces faiblesses sont une chose profitable pour les
influants pour installer leur autorité sévère et héritable. Donc la foi et la croyance
permettent aux faibles d’arriver au pouvoir car ils sont incapables d’utiliser leur
énergie. Leur chance est de rendre l’homme faible par l’invention de la morale
dans le but de dominer et de prendre le pouvoir qui est le sens même d’un Etat.
D’où la croyance commune est la fondation de l’Etat et une sorte d’arme pour
protéger et survivre l’idée de l’Etat.
En général, l’Etat utilise la force, la croyance commune, la flatterie et les
traités pour manifester et fortifier sont existence. Cela nous permet de trouver
d’autres facteurs qui fortifient l’Etat.
D’abord, Nietzsche considère la culture comme un support de l’Etat. Mais
elle est autre que l’ensemble de structures sociales, l’ensemble des
connaissances acquises et des manifestations artistiques, religieuses et
intellectuelles qui spécifient un groupe ou une société. Ce philosophe estime les
vertus comme une culture supérieure. Cela détermine l’existence de lois morales
à suivre et à respecter.
Donc le sens de la culture ici se situe au niveau de la morale qui est une
vérité a priori et au profit de l’Etat : « la vertu, c’est l’obéissance envers certains
« préjugés » nécessaires, au bénéfice de la conservation de la société »135. Or cet
auteur considère la morale comme une force de contrainte car elle impose ses
règles : « la morale est une longue contrainte »136. A cet effet, la volonté de
puissance la personnalité disparaît car ces vertus n’ont pas besoin de l’effort. Pour
cela elles ressemblent à l’obstacle : « chez les bons et les justes réside le pire
danger pour tout l’avenir humain »137. Donc la morale n’accepte que l’homme
obéissant, déterminé, renforcé, domestiqué etc. tout cela permet à l’Etat d’étendre
sa puissance car aucun ne bouge et il fait ce qu’il veut. Sa puissance se manifeste
135 F. Nietzsche, la volonté de puissance, aphorisme29 136 F. Nietzsche, Par delà le bien et le mal, p.188 137
F. Nietzsche, Ainsi Parlait Zarathoustra, II, p.137
- 75 -
par sa monopolisation du pouvoir exécutif, du pouvoir législatif et du pouvoir
judiciaire. Donc il est compétent pour créer les lois et punir celui qui est coupable,
c'est-à-dire qui a enfreint la loi. Tout cela nous permet d’affirmer que la culture et
les lois sont utilisées comme moyen de renforcement de l’Etat car le peuple a peur
d’être puni et il suit bêtement les règles préétablies au profit de l’Etat.
D’où, face à l’homme ramolli, l’Etat se situe au sommet de la puissance.
Ensuite, l’Etat ne veut plus utiliser ses forces physiques car il est incapable
de le faire : homme faible, superflu et de caractère féminin. Par conséquent il a
besoin des forts, des spécialistes, des experts qui apportent leur aide dans la
fortification de la survivance de l’Etat. Donc il est comme le « noyau » autour
duquel gravitent les puissants et les grands hommes qui ne pensent qu’à réaliser
leur vœu aux dépend d’autrui : « elle (idole) voudrait s’entourer de héros et
d’hommes d’honneur »138. Ainsi, les puissants sont piégés par l’appât de
mensonge de l’Etat. Les héros sont nécessaires pour assurer et garantir la
défense contre l’agressivité et la perturbation. Ils se chargent de la sécurité
publique, c'est-à-dire la stabilité de l’Etat. L’homme d’honneur se constitue le
conseiller de l’homme d’Etat, assure l’exécution des ordres, l’établissement des
lois, l’application de la punition, l’invention de bien matériel pour faire endormir la
populace et la création de la morale pour affaiblir les forts. Tout cela nous amène
à définir l’homme d’honneur comme le grand homme et maître de l’heure. Notre
conception est vérifié car il aime se servir des autres et est fier d’être placé au
trône. Par conséquent, l’homme d’honneur est facile à piéger par l’intervention de
partage de place qui est comme une chaise d’honneur. Pour cela il est un être
changeant car il se tait s’il est au service de l’Etat et il bavarde quand il n’a pas ou
perd sa place.
Bref, l’Etat tient sa puissance par le biais de protection des héros et
l’accumulation des œuvres des hommes d’honneurs : [« ils s’emparent les œuvres
138 F. Nietzsche, Ainsi Parlait Zarathoustra, I, p.129
- 76 -
des inventeurs et des trésors des sages »]139. D’où l’Etat est un parasite car sa
puissance est fondée sur la force d’autrui.
Enfin, l’Etat pratique la flatterie et les mensonges pour tromper et trahir la
populace. Cela est appelé signe de l’Etat qui a double fonction : d’abord, pour
amollir le caractère de l’homme et ensuite, pour attirer le cœur de la masse. Pour
Nietzsche, l’état primitif de l’homme est un état épouvantable, l’homme est une
bête féroce. Par conséquent, l’Etat adopte la domestication voulue et forcée à
l’égard de l’homme. Cela détermine la civilisation car il y a l’imposition pour faire
« mourir » la méchanceté de l’homme : « Notre civilisation est un triomphe inouïe
sur cette nature de bête féroce »140. Ainsi la pratique de la civilisation est une sorte
de génocide dans le sens où l’homme renforcé laisse sa nature et suit la direction
voulu par l’Etat qui est la pratique du bien : « l’homme renforcé s’interprète dans le
sens de bien »141.
Enfin, pour attirer le cœur de la masse, l’Etat utilise les mensonges et la
flatterie comme les outils efficaces. Il paraît aimer la populace en émettant la pitié.
Il se prétend créateur du bien pour le peuple. Il se manifeste comme
serviteur de la vie en apportant une aide, à condition que le peuple le glorifie. Par
conséquent, le peuple projette sa responsabilité à l’Etat. Son existence est
soumise à l’aliénation, à la dépendance et à l’asservissement. Pour cela l’Etat est
au stade de son apogée car tout le monde est à son service et donne son
existence aux mains de l’Etat.
Tout cela pousse Nietzsche à déclarer que les mensonges et les flatteries
sont des outils de renforcement de la puissance de l’Etat car tous croient que
l’Etat est source de la richesse et cause de la souffrance humaine.
139 F.Nietzsche, ibidem 140 F.Nietzsche, la volonté de puissance, aphorisme 30 141 F.Nietzsche, ibid, aphorisme 32
- 77 -
II.3. PROJET DE SOCIETE CHEZ NIETZSCHE
II.3.1 La politique
Nous avons vu que Nietzsche envisage la suppression de la notion de
l’Etat. Pour lui la foule, c’est le troupeau qui ne pense pas. Donc elle a besoin d’un
guide. Ce guide est le berger qui accompagne toujours le chien. Ce chien est
capable de gouverner le troupeau. Pour cela, on pourrait comparer l’Etat au
berger, l’homme d’honneur au chien. De plus Nietzsche pense que la valeur
politique, c’est l’amour du pouvoir par certains individus. Donc elle est un signe de
faiblesse dans le sens où la perte de place est une misère douloureuse pour les
élus politiques. Cela les conduits à répondre toujours « oui » dans le but de
l’obéissance. Ce comportement est le plus proche de l’esclave qui aime servir.
Leur fierté est de servir, et non pas d’être servi. Ainsi cet auteur brise la valeur
politique.
Mais, malgré son renoncement à cette morale, dans l’histoire de l’humanité,
il voit l’existence de trois siècles de la politique : l’aristocratisme, le féminisme et
l’animalisme.
II.3.1.1 L’Aristocratisme
C’est le commencement de la politique. Il est défini comme gouvernement
du meilleur qui n’est autres que le plus fort car il a toujours raison et il est toujours
sage. Pour cela on pourrait affirmer que le guerrier a détenu le pouvoir :
La caste aristocratique a toujours été à l’origine la caste
barbare. Sa domination est fondée d’abord sur sa force
physique et non sur sa force psychique.142
Ainsi, l’aristocratisme est plus proche de l’Etat de nature de l’homme qui est
une bête féroce. L’homme de proie est toujours en possession d’énergies et
d’appétits de puissance. C’ est la genèse de la politique car il détermine la nature
142 F. NIETZSCHE, Par delà le bien et le mal, 258, p. 351.
- 78 -
originelle de l’homme : l’anarchisme. La force règne dans l’état de nature, c'est-à-
dire la loi du plus fort.
En effet, parmi les autres penseurs, Nietzsche considère Descartes comme
témoignage de la souveraineté dans la volonté et le règne de la raison :
Il faudrait faire une exception pour Descartes, père du
rationalisme et par conséquent grand père de la révolution qui
ne reconnaissait l’autorité qu’à la seule raison.143
Sa volonté consiste à oublier le passé, à écarter le peuple et à faire l’effort
par soi-même. Comme disait Hegel :
Descartes est le héros de la philosophie moderne, c’es parce
que, en faisant table rase du passé et en rompant avec la
tradition, il s’est trouvé dans une solitude totale et a eu cette
extraordinaire ambition de tout entreprendre par lui-même144.
Malgré l’effort fait par Descartes, Nietzsche le voit faible car il utilise la
raison comme instrument : « mais la raison n’est qu’un instrument et Descartes
était superflu »145. Cette faiblesse consiste à adopter le préjugé, à faire dominer la
croyance et à universaliser la réalité de la pensée. Exemple sa formule célèbre
« Je pense, donc il y a quelque chose qui pense »146. Ici, la pensée est vrai a
priori. Cela est un postulat logico-métaphysique. Il est postulat car la pensée est
proclamée comme vraie réalité. Il est métaphysique car la pensée n’est pas
touchée, mais elle est considérée comme une réalité apparente. Donc cette
formule est une sorte de croyance car elle est une simple tautologie, c'est-à-dire
une vraie générale. Ainsi cette formule est une démocratisation de la « pensée »
car il détermine l’existence de celui qui pense.
143 F. NIETZSCHE, Par delà le bien et le mal, 191, p. 191. 144 Noella LAFFITE, Jacqueline BARAQUIN, Dictionnaire des philosophes, art.
« Descartes ». 145 F. Nietzsche, Par delà le Bien et le Mal, p.191 146 F. Nietzsche, La volonté de puissance, Aphorisme 260
- 79 -
De plus, Nietzsche désigne le XVIIe siècle comme l’aristocratisme car il
manifeste la force de la volonté et les passions violentes. Il est marqué par le fait
de détester la fonction du cœur qui émet le sentiment, et par la haine de tout ce
qui est absurde et naturel. Donc il est fier de tout ce qui est animal : « il tient au
fond beaucoup de la bête féroce. »147, et de tout ce qui révèle la libre conscience
de l’homme et de tout ce qui distingue l’individu de l’autre : « Le style du XVIIe
siècle est propre, exact et libre »148. Cela est fortifié par le passage suivant « la
haine du burlesque, du manque de dignité, le défaut du sens de la nature
appartient au XVIIe siècle »149.
Tout cela nous permet d’avancer que Descartes et le XVIIe siècle ont fait
manifester l’aristocratisme en puissance car l’idée de dignité en soi, la
méchanceté manquent en eux.
A cet effet, Nietzsche modifie la conception ancienne de l’aristocratisme.
Son vœu est de former un ordre d’hommes supérieurs, d’hommes d’action et
d’esprits libres. Cet homme ne sera pas attaché au préjugé moral religieux ou
intellectuel. Ici, cet auteur songe à créer un type d’homme à la fois penseur et
homme d’action. Il est solitaire et n’accepte pas l’idée de populisme car cela est la
cause de la projection de la pitié. Donc, l’aristocratisme vise à développer la
dureté de l’homme, à le rendre dur et à le faire rester dur. D’où les durs seront les
maîtres de l’humanité régénérés.
Ainsi, l’aristocratisme est un gouvernement qui favorise le développement
de l’homme par lui-même et il incite l’individu à accroître son talent par son propre
effort : « La société est la substructure et la charpente qui permet à un élite de
s’élever à un état supérieur. »150 Cela nous permet d’avancer que cette société
forge l’élévation du type humain car l’homme est avide de dépassement continuel,
la maîtrise de soi pousse à l’intérieur de l’homme. Donc l’homme est maître de lui-
même. Cela, pour Nietzsche, détermine la « supra-morale » car le comportement 147 F. Nietzsche, La volonté de puissance, Aphorisme 26. 148 Ibid., Aphorisme 13 149 Ibid., Aphorisme 27 150 F. Nietzsche, Par delà le Bien et le Mal, p.351
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de l’homme est le résultat de sa conscience libre. Cette morale favorise le
développement de l’homme en dignité car elle renferme la plénitude, la puissance
qui veut instaurer le bien-être d’un haut trésor interne de l’homme. Donc
l’aristocrate détermine lui-même ses valeurs, sans chercher l’approbation de
l’autres : « Il juge « ce qui m’est nuisible est nuisible en soi » »151 . Pour cela, la
morale aristocratique est une morale individuelle « C‘est moi la morale, il n’y a pas
de morale en dehors de moi. »152
De plus, la « supra-morale » est caractérisée par les aptitudes ci-après.
D’abord la passion de distance : ce comportement permet au fort de
maintenir les inférieurs au-dessous de lui et à distance. Cela se fait pour mettre à
distance l’esprit de tolérance. Donc l’aristocrate est intolérable, sévère en soi et
maître de soi. Il se parle et se tait si nécessaire. Il aime exercer sur soi la rigueur
et la dureté, mais il respecte le plus puissant que lui. Sa particularité est de venir
en aide aux malheureux, non plus par la pitié, mais pousse par la profusion de
force qu’il sent en lui. En outre, la solitude est considérée comme position de
réflexion en vue de produire des états plus élevés, rares, lointains, amples et
compréhensifs. D’où la notion de distance fait distinguer l’homme supérieur tant
physique que morale.
Ensuite, la société aristocratique accorde l’existence de « l’exploitation » qui
est inhérente à la nature de la vie. Elle est une conséquence de la volonté de
puissance, c'est-à-dire le vouloir dominer. Donc son abolition est une sorte de
renoncement à la vie. Une société dépouillée d’exploitation est une sorte de
rêverie. Pour cela, l’exploitation pour Nietzsche n’est pas symptôme de la société
corrompue, imparfaite ou primitive. Pour cette raison Nietzsche affirme que
l’apparition du maître, des esclaves et de la femme est une condition d’existence.
Donc le vouloir de l’égalité est une sorte de renoncement de son existence et une
sorte de supprimer la manifestation de la volonté de puissance et le vouloir de la
passion de commander.
151 F. Nietzsche, Par delà le Bien et le Mal, p.357 152 F.Nietzsche, Ibid. Aphorisme 202, p. 211.
- 81 -
Après, Nietzsche pense que l’égoïsme particularise l’âme aristocratique car
il est fondé non seulement sur la loi primordiale des choses, mais aussi sur le
critère essentiel pour le vouloir de croître, de s’étendre, d’accaparer et de
conquérir la prépondérance. Pour cela Nietzsche a écrit : « L’égoïsme est partie
intégrante de l’âme aristocratique »153
Enfin l’aristocratisme est marqué par la prise de responsabilité. Il ne pense
jamais à partager avec l’autre sa propre responsabilité, et il ne songe jamais être
au service de tous. Cela nous permettra de dire que le vouloir de dominer n’est
pas une ambition de dominer le monde, mais le vouloir de se dominer ou de se
commander.
En somme, l’aristocratisme n’est pas jugé en fonction de la royauté ou de la
communauté, mais à partir de son sens et de sa justification. Ainsi, l’aristocrate
n’est semblable qu’à lui-même. Il est affranchi des mœurs, il est autonome et
supramoral. De plus il possède en lui-même la conscience fière et vibrante. Son
sentiment ne se fonde jamais sur la pitié, mais sur la perfection. Bref, l’aristocrate
est un homme d’action et il a de l’âme supérieure qui cherche le trésor et cette
âme est la vraie gardienne de ce trésor.
II.3.1.2 Le féminisme
Nietzsche place le féminisme au deuxième siècle. Cette tendance favorise
la domination de la tête par le cœur. L’acte réflexif est moins valorisé que la
projection du sentiment. Cela ressemble au caractère de la femme et du faible. La
femme est sentimentale et elle s’incline vers la pitié. Or pour Nietzsche cette pitié
n’à pour fonction que de satisfaire la joie : « On vante la pitié comme la vertu des
filles de joie. »154 Donc cette tendance favorise la joie du faible qui est écrasée par
le fort, c'est-à-dire le désire de l’égalité.
A cet effet Nietzsche désigne le XVIIe siècle comme époque où domine le
règne du sentiment. Ce siècle est marqué par l’enthousiasme, la spiritualisation,
153 F. Nietzsche, Par delà le Bien et le Mal, p.373 154 F. Nietzsche, Humain trop humain, p.55
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mais cela est caractérisé par la prédominance des aspirations et du cœur. Il fait
manifester la puissance intellectuelle, la sérénité, l’humanité et la sociabilité. Mais
il est faux devant lui-même, très canaille au fond. Cette époque essaie d’oublier la
nature de l’homme : « bête féroce » et fait adapter l’homme à son utopie :
« l’homme idéal ». Pour cette raison Nietzsche présente Rousseau comme
témoignage de la souveraineté de sens et mensonges, car il laisse parler son
cœur en imaginant l’état parfait de la nature.
Ainsi, Rousseau accuse la société comme un agent destructeur parce
qu’elle est la source de l’état misérable de l’homme « La nature a fait que l’homme
soit heureux et bon, mais que la société le déprave et le rend misérable »155. Donc
la nature pour lui est un état idéal, mais par l’intervention de la communauté,
l’homme dévient corrompu et méchant. Par conséquent il accepte que le plus fort
domine dans l’état de nature. Mais le problème se pose dans le sens où tout le
monde ne se sent pas en sécurité car il est menacé par le plus fort. De plus, peut
être par la menace de la maladie ou d’autres facteurs, le fort ne se sent plus en
sécurité car il sera faible plus tard le fort n’est jamais fort pour rester fort. Tout cela
est la raison d’être d’un pacte qui assure et garantit la sécurité de tous. Dans l’état
social, tous les individus vont abandonner leur liberté individuelle. On va remettre
cela entre les mains de la communauté qui va garantir à son tour la liberté de
chacun. Cela pose tout le monde au même pied d’égalité. Donc ce n’est pas
étonnant que Nietzsche place Rousseau au stade de la femme car son vœu
ressemble à celui du troupeau et des esclaves, c'est-à-dire l’homme de pitié. Il
fonde la règle sur le sentiment en prononçant que l’homme se perfectionne à
condition qu’il soit proche de la nature. Cela est une sorte de démocratisation de
l’état idéal de la nature.
De plus, Nietzsche considère Rousseau comme moraliste car il a oublié
l’état que « l’homme est une bête de proie. »156 Par conséquent il combattait avec
celui qui manifeste la volonté de puissance, la volonté et le pourvoir de dominer.
Son esprit ne fait que d’amollir le fort car il fait reculer le fort au stade du faible.
155 J.J. ROUSSEAU, Du contrat social, p. 42 156 F. Nietzsche, La volonté de puissance, Aphorisme 28.
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Cela est l’idée de l’Etat social qui garantit l’égalité de tous. Enfin Rousseau est
considéré comme l’homme du ressentiment et l’homme rancunier dans le sens où
il cherche la cause de son état misérable. Cela est la source de l’esprit de
vengeance car il n’oublie jamais le passé. Or pour Nietzsche, l’état primitif de la
nature est épouvantable car l’homme est une bête féroce. Ainsi, Nietzsche réitère
que l’amollissement et le moralisme sont la source des malédictions de l’homme
et non pas la corruption.
Bref, Nietzsche emboîte tout le régime, tout esprit qui se manifeste par la
domination du sentiment dans le tiroir du féminisme. Rousseau et le XVIIIe siècles
sont les marquants de ce régime.
II.3.1.3 L’animalisme
L’animalisme se trouve au troisième siècle de la politique. Ce régime est
dominé par les appétits qui interviennent dans tous les sens, y compris la
richesse.
Le XVIIIe siècle est une période qui est bien marquée par la manifestation
de ce régime. Ce siècle est plus animal, plus terre à terre, plus laid, plus réaliste et
plus populacière. Pour cela, il est plus honnête et plus soumis à la réalité. Mais il
est plus faible de volonté et obscurément exigeant. Il est fataliste en cherchant
instinctivement des théories qui justifieraient sa soumission à l’empire des faits.
Pour cette raison, Nietzsche indique ce siècle comme marquant le succès du
déterminisme car il considère les faits humains comme l’ordre par lequel on ne
doit faire que souffrir.
De plus, Nietzsche se base sur Schopenhauer, témoignage de la
souveraineté des instincts animaux plus véridique, mais plus sombre. Pour
Schopenhauer, notre existence est en cachette. Pour cela, nous ne connaissons
pas et ne maîtrisons jamais le monde car « connaître c’est pour dominer ». Or
l’homme n’a jamais dominé ce monde. En effet l’homme jusqu’ici ne fait que subir
ce monde. Tout cela nous permet d’affirmer que l’existence du monde ne dépend
pas de nous, mais nous créons le monde pour faciliter notre existence. Donc il est
une représentation de l’homme :
- 84 -
Le monde comme chose en soi est une grande volonté qui ne
sait pas ce qu’elle veut parce qu’elle ne sait pas mais veut
simplement, précisément parce qu’elle est une volonté et rien
d’autre157.
A cet effet, la souffrance est le noyau de notre existence : « Le fond de
toute vie est souffrance parce qu’elle est désir et que le désir est manque. »158
Donc on ne peut pas lutter contre cette souffrance car « le fondement de toute vie
est souffrance. »159 Elle est partie de la nature et se situe dans l’ordre du monde.
Cette passivité de l’homme face au destin humain pousse Schopenhauer à penser
pour satisfaire intégralement son corps qui apparaît alors comme le « phénomène
de la volonté ». Donc on va faire tout ce qu’il va vouloir. Le corps est le sujet de
tout acte humain, donc lui donne tout ce qu’il veut et ne sacrifie plus. Ce vouloir de
satisfaire notre corps détermine les instincts animaux car son exécution n’est pas
logique. Il se manifeste dans tous les sens y compris la sexualité :
Quant à la volonté comme détermination rationnelle, elle n’est
que le degré supérieur d’une volonté qui est l’essence de tous
les corps vivants dans l’échelle des formes animales et qui
trouve son expression la plus objective dans la sexualité.160
Ensuite, ce comportement est plus véridique car cela suit la loi biologique.
Enfin, il est obscur dans le sens où le vouloir vivre est une puissance aveugle,
sans origine, sans but et sans signification, il est fondamentalement absurde.
Ainsi, aux yeux de Nietzsche, cela est plus honnête, meilleur, plus soumis
dans la réalité, plus vraie, mais dépourvu de la volonté et surtout de la puissance
de surmonter tous obstacles. Tout cela pousse Nietzsche à qualifier cet esprit de
règne des appétits et des instincts animaux car l’homme réalise son existence
157 Noëlla. BARAQUIN, Jacqueline LAFFITE, Dictionnaire des philosophes, art.
« Schopenhauer » 158 Ibidem. 159 Ibidem. 160 Ibidem.
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comme les animaux : pas logique et loin du juste milieu. Elle est sombre car la
philosophie de Schopenhauer est basée sur la souffrance qui est inhérente à la
vie.
Pour terminer ce passage concernant la politique, l’idée de Nietzsche est à
distance du féminisme et de l’animalisme. A cet effet il est plus proche de
l’aristocratisme en modifiant la conception ancienne de cette tendance. Son choix
est justifié par sa philosophie qui élimine les faibles. Ainsi, il pense que
l’aristocratisme est un régime qui favorise l’existence de l’homme penseur et de
l’homme d’action. Il est aussi pouvoir du plus fort. Cela détermine la nature même
de l’homme : bête de proie. Enfin, il fait manifester l’élévation du type humain,
c'est-à-dire le progrès de l’homme en dignité. L’homme est fier de lui-même,
autonome, responsable en appelant sa conscience et avide de dépassement.
D’où il est pouvoir de l’homme supérieur.
II.3.2 Le surhomme
Pour Nietzsche, il y a trois catégories d’homme, à savoir :
- La foule, la populace ou le troupeau qui est la classe du plus bas degré et
qui projette son existence sur les autres. Donc, il est un homme dépendant.
- Les grands hommes, ce sont des individus sortant de la foule et qui la
dominent. Par conséquent ils ont besoin du soutient de la populace. Ainsi, ils sont
des hommes faibles car ils ne sont pas maîtres d’eux-mêmes.
- En troisième lieu, c’est le surhumain, surhomme ou homme supérieur.
Cette dénomination change suivant le traducteur de l’ouvrage de Nietzsche. Cet
homme est capable de se dominer et maître de lui-même. Donc il n’a pas besoin
de l’aide des autres pour réaliser son existence.
Ainsi, le surhumain qualifie celui qui n’a pas besoin du support de l’autre qui
est considéré comme obstacle et charge de l’homme fort. Pour cela, le surhumain
ne se soucie plus d’avoir pitié des autres. Donc l’homme fort est individualiste et
solitaire. A cet effet, Nietzsche considère le mariage comme pire danger pour le
- 86 -
surhumain car cela est la source de l’amollissement par le biais de la caresse et
de la pitié. Cet auteur pense que l’homme est un enfant devant sa femme. Or
l’enfant a besoin de jouets et le meilleur jouet pour l’homme, c’est la femme. Donc
le surhumain devrait être célibataire pour agir librement. En outre, le surhomme
affirme la vie, c'est-à-dire aime la vie qui constitue non seulement tout ce qui
semble lui convenir, mais aussi la souffrance et la peine. Donc l’acceptation de
l’apparition du bien et du mal caractérise le surhomme car cela constitue le lot de
l’existence humaine. Mais le mal est le plus glorifié car il déclenche l’esprit
créateur et favorise le développement de l’énergie. Enfin le surhumain n’a pas
besoin de l’approbation de l’autre. Par conséquent il se détache de tout ce qui est
préjugé, métaphysique, croyance, idéologie, etc. Tout cela est récapitulé par le
passage ci-après :
Le surhomme est alors cet homme supérieur dont le vouloir
affranchi de tout ressentiment, de toute culpabilité, de toute
négation, assume pleinement le sens de la vie sous toutes sur
formes et la justice même dans ce qu’elle a de plus ambigu et
de plus effrayant. Dur envers les autres et envers lui-même,
libre d’esprit et du cœur, il affronte alors la vérité avec lucidité.
Son bonheur est de vaincre lui-même. Seule une culture noble,
liée à une morale aristocratique, est susceptible d’éduquer
l’homme à la surhumanité et de lui enseigner l’art de surmonter
lui-même.161
Ainsi le surhumain est un individu plein de vie, vaillant, actif, puissant, libre,
sans scrupule et rare. Pour cela, on devrait affirmer qu’il est un homme imaginaire
car rare est le cas où l’on trouve l’individu qui sursaute l’homme : l’homme est un
« pont » qui relie la bête et le surhumain, et est parsemé de nombreux risques.
Pour cela, il est perspectif d’avenir et Zarathoustra appelle tout le monde à le
suivre :
J’ai pris le meilleur de mes appâts pour pêcher aujourd’hui les
161 Noëlla. BARAQUIN, Jacqueline LAFFITE, Dictionnaire des philosophes, art.
« Nietzsche »
- 87 -
plus étranges poissons humains. L’appât que je lance à tous les
vents, c’est mon bonheur.162
D’où le surhumain est l’aboutissement du vouloir surmonter les dangers
humains.
II.3.2.1 La volonté de puissance
Nous avons vu que Nietzsche imagine l’existence de l’homme fort, dur,
autonome, libre, maître de lui-même, etc.
Dans le sens de la dureté, il prime la méchanceté de l’homme car cela
prouve la possession de la force et de l’énergie qui autorise l’homme à se
défendre, à se dominer et à dominer les autres : « Or l’homme est la bête la plus
courageuse c’est pour cette raison qu’il a vaincu toutes les bêtes. »163 Mais sa
puissance a pour but d’être libre et d’être prêt si quelqu’un veut envahir son
chemin, c'est-à-dire qu’il a le droit de se défendre et de dominer. Ainsi la dureté
est une condition essentielle pour le surhumain : « le métal le plus noble est aussi
le plus dur »164 et Nietzsche ajoute que « c’est la dureté nécessaire à tout
grimpeur de montagne »165. La dureté ici constitue la puissance physique et
l’élévation morale qui est marquée par le vouloir dépasser en appelant la
conscience de soi.
Ainsi, la volonté de puissance produit la dureté qui est symbolisée par le
dépassement réalisé. Pour cela Nietzsche met en relief l’existence de deux pôles
dans le vouloir vivre : la volonté de vie et la volonté du néant. Ce dernier
caractérise le troupeau qui se plie à la dictature d’un Dieu et prône une morale de
la faiblesse et du sentiment. En général, le vouloir vivre se limite à la lutte pour la
conservation de soi-même. Mais si on suit la direction ascendante de la vie, il peut
s’intensifier jusqu’à devenir volonté de vie. Donc la volonté de puissance est
162 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, II, p.187 163 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, I, p.21 164 F. Nietzsche, Ibid., p.143 165 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, II, « Le voyageur ».
- 88 -
définie comme un acte de dépassement de soi, de devenir en tant qu’invention,
négation de soi, acte de surmonter de soi-même :
J’ai demandé, mon chemin, j’y ai toujours repeigné. Je préfère
interroger les chemins eux-mêmes et les essayer.166
Pour cela, l’homme fort doute de la puissance qui est capable de traverser
les risques de la vie : « Le secret de la plus grande puissance de l’existence
consiste à l’homme de surmonter soi-même. »167
Donc l’existence des risques peut agrandir la force humaine qui permet à
l’homme de surmonter soi-même : « l’homme n’existe que pour être dépassé »168.
Cela nous montre que notre existence est entourée des obstacles qui envahissent
le chemin menant vers le surhumain. Pour cette raison Nietzsche a affirmé que :
« la vie elle-même est une volonté de puissance »169 car elle est le vouloir
surmonter l’homme qui est une corde tendue entre la bête et le surhumain. A cet
effet, le désir, la force et l’énergie déterminent la volonté de puissance car ils
stimulent l’esprit de dépassement et poussent l’homme à pénétrer tout ce qui
semble gêner son chemin : « mais c’est le fait que la volonté se rendre maîtresse
de ce qui se trouve sur son chemin. »170
Voilà pourquoi on affirme que « le vouloir » est le mot clef de la volonté de
puissance car il est considéré comme une arme tranchante qui est efficace pour
tuer les adversaires : « le courage est le plus habile des tueurs, le courage tue
jusqu’à la pitié. Or la pitié, c’est le plus profond abîme. »171 De plus, le vouloir est
la source de toute invention : « vouloir c’est créer » D’où la volonté de puissance
distingue l’homme fort de l’homme faible car elle est la seule condition que
166 F. Nietzsche, Ibid., p.101 167 Noëlla. BARAQUIN, Jacqueline LAFFITE, Dictionnaire des philosophes, art.
« Nietzsche » 168 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, I, p.57 169 F. Nietzsche, Par delà le Bien et le Mal, p.34 170 F. Nietzsche, La volonté de puissance, Aphorisme 309. 171 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, II, p.21
- 89 -
l’homme doit remplir pour pouvoir suivre la voie vers le surhumain en dépassant
tous les risques par le biais de la force de lui-même.
II.3.2.2 Le cercle de la vie
Nietzsche a écrit beaucoup de passages contenant le mot « éternel retour »
dans ses ouvrages. Pour cela on peut avancer que ce terme constitue le thème
fondamental de sa philosophie. Pour lui l’éternel retour est une condition
essentielle pour l’énergie car il favorise sa résistance et sa constance. Pour
Nietzsche, la force ne se réalise que dans l’espace sphérique. Cette forme est la
cause du mouvement éternel. De plus la force se développe dans le temps :
De même dans un espace sphérique, la forme de l’espace doit
être la cause du mouvement éternel.172
Donc notre existence est soumise à la condition du devenir et de l’éternel
retour. Ainsi la pensée d’équilibre, d’immobilité et la stabilité sont impossibles car
elles sont contraires à la loi de la force qui est en mouvement perpétuel et suit le
chemin de l’éternel retour : « la « force » d’une part, « l’immobilité » et la
« stabilité » d’autre part, sont des choses qui s’excluent. La mesure de la force est
fixe, son essence est fluide. »173 Donc l’idée de stabilité est une rêverie car
l’homme veut accroitre sans cesse sa force. D’où l’équilibre peut être réalisé dans
un espace indéterminé, c'est-à-dire en dehors de l’espace sphérique qui accorde
le devenir et l’eternel retour : « Un état d’équilibre ne peut pas être réalisé, donc il
n’est pas possible. Mais il devrait pouvoir se réaliser dans un espace
indéterminé. »174 Pour cela, Nietzsche a affirmé : « laisse le monde aller comme il
va, n’y touche pas même du bout du doigt. »175 Car cela est la loi de l’existence :
le devenir. Pour cela le fait d’imaginer l’égalité, la stabilité est une manière
d’ignorer la nature de l’homme et de domestiquer et chosifier la bête féroce.
172 F. Nietzsche, La volonté de puissance, aphorisme 382. 173 F. Nietzsche, Ibidem. 174 F. Nietzsche, Ibidem. 175 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra II, p.121
- 90 -
En effet, l’éternel retour est marqué par la loi de contradiction. Ce paradoxe
favorise la puissance et la dureté de l’homme car il est toujours prêt à y assister :
« l’individu est devenu fort sous des conditions opposées »176 Donc l’éternel retour
est conditionné par le retour sans cesse du bien et du mal qui permet à l’homme
de se situer à un état d’incertitude. Sa position procure la création continuelle de la
chose. Cela peut aboutir à la volonté de puissance qui forge l’homme d’action,
c'est-à-dire l’homme à l’affût de son œuvre. A cet effet, on a besoin de la bête du
troupeau pour sauver l’homme de la puissance, des préjugés, de la morale, de la
croyance etc, qui symbolise l’homme faible. Pour cela l’éternel retour est un
moyen de supporter car on est indépendant vis-à-vis de la morale, on est avide de
recherche pour lutter contre la douleur. Cette souffrance est considérée comme un
instrument, comme génératrice de la joie car, si l’homme arrive à l’état de
domination, il se sent à l’aise et maître de tous.
Ainsi l’éternel retour est défini comme la venue du même sur la vie
humaine. Il est paradoxal et il revient sur soi d’une façon cyclique. Voilà pourquoi
Nietzsche a écrit : « Tout passe et tout revient, éternellement tourne la roue de
l’être. »177 Donc ce cycle n’est pas volonté de l’homme, mais il détermine la loi de
l’existence. Ainsi, on n’a pas le droit de le détester ou de l’éviter. L’homme ne fait
que d’être dépassé et de surmonter ses entraves. Pour cette raison, Zarathoustra
se montre comme partisan de la souffrance car cela fait apparaître la supériorité
de l’homme : « Moi, Zarathoustra, l’avocat de la vie, l’avocat de la douleur, l’avocat
du cycle éternel. »178
Bref l’éternel retour pour Nietzsche, c’est le retour du même sur l’existence.
Cela favorise l’existence d’esprit créateur et l’acte d’invention. De plus, il permet à
l’homme d’oublier le passé et d’assister à l’avenir car le même passe sans cesse.
L’oublie est nécessaire pour faire table rase de notre conscience qui est disponible
à la nouveauté. Cet oubli nous libère de la malédiction de notre asservissement au
passé. L’éternel retour fait distinguer l’homme fort qui peut construire l’édifice du
176 F. Nietzsche, La volonté de puissance, aphorisme 396. 177 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra II, p.151 178 F. Nietzsche, Ibid., p.145
- 91 -
surhumain par l’intervention de sa pensée et de sa conscience. Tout cela est
récapitulé par W.H. Morris Jones quand en citant la Bible, il écrit : « Rien de
nouveau sous le soleil »179.
II.3.2.3 La morale du Maître
En général, il y a des morales d’esclaves et des morales de maître.
La morale d’esclave est une morale d’utilité. Elle accorde l’antithèse fausse
du « bons » et du « mal ». On nomme mal, tout ce qui est méchant et dangereux.
Cette morale est marquée par le vœu de la liberté, de l’instinct du bonheur. Dans
cette morale, le respect et le dévouement sont le plus appréciés. Donc elle glorifie
les qualités qui servent à alléger aux souffrants le fardeau de l’existence. Par
conséquent, les choses satisfaisantes pour les esclaves, c’est la pitié, la main
complaisante et toujours ouverte, la bonté du cœur, la patience, l’assiduité,
l’humilité, l’affabilité.
Toutes ces qualité constituent celles d’utilité et sont presque les seuls
moyens de supporter le poids de l’existence.
La morale du maître consiste à fixer les normes. Mais il se distingue de
l’esclave par la manifestation des états d’âmes altiers qui déterminent la
hiérarchie. Ainsi le « bon » détermine l’existence de l’honnêteté et la valeur
appréciable. Tout ce qui ne semble pas au goût du maître est considéré comme
mauvais et méprisable. Cette morale est préétablie, en conséquence elle a besoin
de l’approbation. Pour cela ce maître est dit « maître esclave » car la réalisation
de son existence dépend en grande partie d’autrui. Pour cette raison, Nietzsche
met en lumière la supériorité du maître responsable qui est maître de lui-même.
Donc il détermine lui-même ses valeurs car son goût est propre à lui-même, et il
est capable de penser et de juger son acte. Tout cela nous présente l’apparition
de la libre conscience, parce que, chacun n’a pas besoin de l’approbation en
manifestant ses comportements. Il est responsable de son acte. Donc il écarte
l’idée de la pitié. Cela nous permet d’affirmer que cette morale est intolérante.
179 Ecclesiaste I, 9.
- 92 -
Mais le fort peut venir en aide aux malheureux par l’intervention de sa force dont il
se sent en possession. Ainsi cette morale est dite aristocratique car elle adopte les
termes, au lieu de « bon » et « mauvais », « noble » et « ignoble ». Il est sévère
en soi car il déteste la valeur commune. Donc sa morale est individualiste, c'est-à-
dire il peut s’approuver lui-même. D’où l’âme aristocratique a le respect de soi.
II.3.3 La société
D’après notre écrit, Nietzsche accorde l’existence de l’esclave, l’exploitation
et l’égoïsme. Tout cela prouve la puissance physique et la manifestation de la
nature de l’homme : bête féroce. Pour cette raison, il les considère comme les
résultats de la volonté de puissance. Ainsi, cela est la loi de l’existence car chacun
a le droit de se défendre, de dominer et de se dominer. Par conséquent le plus fort
domine les faibles.
Mais, Nietzsche réitère qu’autre la puissance physique, l’homme fort devrait
douter de la volonté de faire et de l’esprit libre. Cet état permet à l’homme
d’appeler sa conscience avant de décider. Donc l’homme dur est autonome,
maître de lui-même et n’a pas besoin de l’aide d’autrui en réalisant son existence.
Il est responsable de lui-même car il est capable de répondre de soi et de
répondre avec orgueil. Donc il a la capacité de s’approuver par lui-même.
Ainsi, la société de Nietzsche tend vers l’individualisme et une société sans
classe. La raison en est simple : l’homme dur est maître de lui-même. Il n’a pas
besoin de serviteur car chacun se sert et est maître de lui-même. Il considère les
autres comme la charge de la société. Pour cela, cette société a pour fonction
d’inciter l’homme à s’accroitre et à se développer. D’où ce projet veut construire
l’édifice du surhumain qui est solitaire, indépendant, individualiste, responsable de
lui-même, maître de lui-même et homme à la fois penseur et acteur.
- 94 -
III.1 CRITIQUE DE LA DEMOCRATIE
III.1.1 Points positifs de la démocratie
III.1.1.1 Rôle régulateur
Nous avons vu que la démocratie se définit comme un pouvoir de la
majorité. Dans l’administration, les choses dépendent du grand nombre et non pas
du petit nombre. Pour cela, le peuple se dit titulaire de la souveraineté et bien
servi dans ce système. Donc l’idée de monopolisation et d’orgueil sont moins
visibles quand la démocratie ressemble à la république. D’où le gouvernement doit
être pour le peuple et donc œuvrer dans le sens de l’intérêt général.
De plus, si on parle de la majorité, on dira aussi la différence. Cette
divergence se manifeste tant au point de vue idée qu’au point de vue niveau
social, et économique et niveau d’instruction. Mais cela, pour le peuple,
n’empêche pas de vivre aisément au sein de la différence et de la multitude. Ce
système est viable car là le peuple se considère. Il y a l’idée de respect mutuel
comme l’a écrit Voltaire : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais
je me battrai pour que vous puissiez le dire »180. Donc il y a la prédominance de
l’idée de patience, de consensus, du respect de l’expression de l’autre opinion, la
tolérance dans le système démocratique. Ces attitudes pourraient se manifester
quand l’homme est conscient de son imperfection, c'est-à-dire « l’erreur est
humaine ». Cette conscience lui permettra de se pardonner comme l’a écrit
LINNA :
La démocratie (par opposition à l’homme totalitaire) serait
conscient de ses imperfections et tolérerait par conséquent
mieux les imperfections d’autrui. Il faut pourtant remarquer qu’il
exige souvent que son voisin boite du même pied que lui.181
180 Voltaire, La démocratie athénienne , http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9mocratie du
09/09/08 à 08 :10 181 Vaïno LINNA, Dictionnaires des citations politiques, du 28/04/08,
http://www.citationspolitiques.com/thème.php3?.id-mot=5
- 95 -
Donc cela nous oblige à maîtriser notre appétit, notre désir profond, notre
passion exagérée et à freiner l’égoïsme. Raison pour laquelle ARISTOTE
confirmait l’importance du « Juste milieu », la modération du désir par le biais de
la réflexion rationnelle. Ici, il propose le milieu dans le but de réconcilier les deux
extrêmes qui sont contradictoires. Ainsi « le juste milieu » équivaut à l’idée de
consensus en démocratie. La maîtrise de soi nous permet d’écarter la domination
de notre corps qui est la source de l’égoïsme, de la servitude et de l’aliénation.
D’où l’idée de consensus atténue l’existence de conflits politiques très aigus et la
présence des partis opposants très extrémistes. Bref, le système démocratique,
s’il marche, allège les remous politiques qui peuvent engendrer le conflit social.
En outre, la pratique de l’élection est une manifestation de la souveraineté
des citoyens. Par leur conscience, ils pourraient choisir leurs représentants et
arrêter ceux-ci quand ils ne satisfont plus le peuple. Donc le peuple délègue son
pouvoir aux élus qui reçoivent leur légitimité par le consentement des citoyens.
Cela est réitéré par Jospin lorsqu’il dit :
Le peuple est au principe de la démocratie. Il est le fondement
de la légitimité politique, il se fait entendre à l’occasion des
élections intermédiaires et tranche souverainement au terme
des mandats nationaux.182
Ainsi le peuple est le vrai responsable en désignant les responsables
politiques de l’Etat. Cela oblige, pour les élus, de cacher son animalité et de
mettre en lumière son humanité. D’où la présence de l’élection qui régularise les
élus à faire le bien.
De plus, malgré la présence de divers malaises constatés à la pratique de
la démocratie, elle conserve le droit de l’homme comme les libertés
fondamentales, surtout : liberté de conscience, liberté d’expression, liberté de
réunion et d’association, liberté de la presse, absence d’arrestations arbitraires,
etc. Cette conservation touche aussi le droit au logement, le droit à l’éducation,
182 Lionel JOSPIN, ibid
- 96 -
etc. quand la démocratie prend son nom comme démocratie sociale ou
économique.
Ici, la démocratie a un rôle régulateur car le peuple, par la carence de ses
droits, pourrait revendiquer par le biais de la table ronde pour discuter ensemble
peuple – dirigeant les solutions envisageables. En cas plus extrême le peuple
devrait réclamer ses droits dans les mass média et pourquoi pas dans la rue. Voilà
pourquoi Edouard HERRIOT a écrit : « On ne stabilise une démocratie que par le
mouvement. »183 Or, ce mouvement est un symptôme tant de la crise sociale que
de l’instabilité politique de l’Etat.
Cela oblige le gouvernement à faire un effort pour satisfaire le peuple, mais
tout cela dépend en grande partie de la disponibilité de l’État. D’où, pour être
populaire il faut écouter la voix du peuple et l’exécuter au maximum, si elle est
faisable et possible.
Enfin, quand le système adopte le principe « le pouvoir arrête le pouvoir »,
cela obligera chaque institution à respecter et à appliquer le texte en vigueur en
visant l’intérêt général de tout le peuple. Prenons comme exemple le pouvoir du
Président de destituer le parlement et le pouvoir du parlement de procéder à
l’empêchement, la motion de censure et le contrôle de la fonction du
gouvernement.
Tout cela atténue l’abus, la mauvaise intention éventuelle au sein de la
gestion de l’affaire de l’Etat et surtout l’état de conscience qui règne dans ce
système. Pour cela, le compromis, l’amitié, la même appartenance, etc. sont
moins visibles. Tout ceci confirme la fonction régulatrice de la démocratie. Il nous
reste à analyser les après autres avantages reçus de sa pratique.
III.1.1.2 L’alternance et le droit des opposants
L’alternance et les opposants sont deux choses inséparables ; car
l’alternance détermine le moment où l’opposition devient majoritaire et détient le
pouvoir. Cela signifie que la défaite de la majorité sortant aux élections marque 183 Edouard HERRIOT.ibid
- 97 -
l’accession au pouvoir des opposants. Donc l’alternance qui se fait en dehors de
l’élection n’est pas démocratique, car la minorité se vêtit comme titulaire de la
souveraineté. Voilà pourquoi Georges Bernard SHAW a parlé de la minorité
corrompue en écrivant : « A la nomination d’une petite minorité corrompue, la
démocratie substitue l’élection par une masse incompétente »184.
Ainsi, l’idée d’alternance oblige la majorité, qui détient le pouvoir à
respecter la minorité.
Cette considération consiste à éviter la vengeance politique car, un jour
viendra où la minorité pourrait devenir majorité. Donc il faut se respecter pour
écarter le remous politique comme l’a écrit V.GISCARD : « l’alternance est le
mode de régulation politique des démocraties paisibles »185. Ainsi le droit des
opposants est reconnu, soit du point de vue idée, soit du point de vue hiérarchique
et rang protocolaire. Raison pour laquelle clément Richard ATTLEE a écrit :
La démocratie n’est pas simplement la loi de la majorité, c’est la
loi de la majorité respectant comme il convient le droit des
minorités186.
Bref, l’alternance engendre le respect du droit des opposants et déteste
aussi l’idée de monopolisation et l’idée de pouvoir à vie ou la vengeance politique.
III.1.1.3 La démocratie : outil pour responsabiliser
le peuple.
Si nous revenons à l’histoire, la démocratie athénienne est considérée
comme mère de la démocratie. Elle fait participer fortement le peuple citoyen à la
gestion de l’affaire de l’Etat.
Mais la notion de citoyen est restreinte car les esclaves, les femmes et les
métèques ne sont pas intégrés dans cette communauté. Donc il y a les non-dits.
184 Georges Bernard SHAW, ibid 185 V. GISCARD D’ESTAING, ibid 186 C.R. ATTELEE, ibid
- 98 -
Malgré la présence d’exclusion, on a constaté que tous les citoyens ont le droit
d’être membres de l’assemblée, là où ils pourraient discuter, délibérer et voter la
loi. De plus, avec un mandat bien déterminé (un an), les juges et les magistrats
sont élus par le peuple. Donc il y a la participation effective et la démocratie se dit
comme une affaire du peuple qui détient la pleine souveraineté. L’Etat est
considéré comme exécutant et organisateur pour mettre en marche la démocratie.
De plus, si on considère l’élection, le référendum, le rappel, la pétition et
l’assemblée comme des instruments de la démocratie. Tout cela met en lumière la
vraie souveraineté du peuple. L’élection consiste à faire participer tous les
citoyens au choix de leurs représentants. De plus le référendum existe dans de
nombreux pays. Dans le cas général, la constitution impose le recours au
référendum pour certaines décisions. Donc le peuple a le droit d’accepter ou de
réfuter la loi proposée par le gouvernement ou une assemblée élue. En outre, la
pétition en Suisse et en Californie, permet au peuple de proposer des lois qui sont
ensuite votées par l’ensemble des électeurs. Cela ressemble à la pratique du
rappel ou recall dans certains Etats américains. Ce rappel donne un pouvoir à un
certain nombre de citoyens de proclamer un référendum dans le but d’arrêter le
mandant d’un élu ou d’un fonctionnaire. Exemple l’affaire de Gray Davis en 2003 :
il est le gouverneur de Californie et est victime de ce rappel187. Enfin, l’assemblée
tant régionale que Nationale permet aussi au peuple de débattre et de prendre
des décisions.
III.1.2 Envers de la démocratie
III.1.2.1 Le vice interne de la démocratie
Nous avons déjà vu que la liberté et l’égalité sont les éléments
caractéristiques de la démocratie. Or les deux positions sont antagonistes et
affrontées. Ce combat est plus entendu dès le XXe Siècle. La version socialiste se
dit : « la liberté entraîne les inégalités)) et celle libérale se prononce : « vouloir
corriger les inégalités fait recourir à la contrainte, qui annule les libertés. »188 Ainsi 187 Wikipédia, l’encyclopédie libre, op. cit. 188 Jean Rémi BESIAS,op. cit.
- 99 -
les théoriciens libéraux en particulier Friedrich HAYEK, exprime que: « l’égalité est
une ineptie, l’inégalité est naturelle et positive »189. Par contre la gauche socialiste
condamne la démocratie «bourgeoise » qui pratique la liberté la plus radiale. De
même pour la pratique de l’élection par choix. Dans ce cas il y a l’idée
d’échantillonnage et de censure. Donc elle est réservée aux classes favorables,
notamment : du point de vue intellectuel, considération sociale et potentialité
économique. A cet effet, elle ressemble à l’aristocratique car il y a l’idée du
meilleur. Par conséquent l’idée d’égalité de chance en matière d’élection reste
utopique et donc impossible. Voilà pourquoi Montesquieu déclare que :
Le Suffrage par le sort est la nature de la démocratie. Le
Suffrage par le choix est celle de l’aristocratie. Le sort est une
façon d’élire qui n’afflige personne ; il laisse à chaque citoyen
une espérance raisonnable de servir sa partie.190
D’où l’élection par choix annule l’égalité de chance d’être haut responsable.
Ainsi, la démocratie porte en elle-même le germe de sa propre destruction.
Cela se dit car l’égalité déteste la liberté et l’élection par choix qui favorisent
l’inégalité. Mais la démocratie s’accorde avec la contradiction interne de ses
éléments pour qu’elle soit viable et durable. Cela pousse Jean ROSTAND à
affirmer que : « la faiblesse des démocraties, c’est qu’il leur faille, trop souvent, se
nier pour survivre »191. Tous cela détermine le vice interne de la démocratie car
elle s’auto corrompt.
De plus, dans certain cas, la pratique de la démocratie se sent faible car sa
faisabilité est limitée, c'est-à-dire sa réalisation n’est pas effective et générale.
D’abord la démocratie exige l’état parfait de l’homme, et notamment : l’amour, la
maîtrise de soi, la patience, l’impartialité, le respect mutuel, l’amitié, la capacité
d’analyse et la non sensibilité à l’agression extérieure et la propagation rapide des
rumeurs. Raison pour laquelle Pierre MENDES –France à écrit : « l’amour de la
189 Friedrich HAYEK, op. cit. 190 C. Montesquien, op.cit du 28/04/08/ à 11h30 191 Jean ROSTAND, ibid
- 100 -
démocratie est d’abord un état d’esprit »192. Cela nous présente que les
mauvaises habitudes, la domination de notre corps, l’égoïsme etc, doivent être
tolérés. Mais la pratique de ces qualités idéales n’est pas facile. Cela a besoin
d’un homme parfait qui n’est jamais trouvé. Voilà pourquoi J.J Rousseau a affirmé
que :
La démocratie réclame un peuple de dieux ! ou s’il y avait un
peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un
gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes193.
Cela nous prouve que la pratique de la démocratie pure est impossible car
c’est difficile pour la multitude de homogénéiser leur vision, uniformiser leur besoin
ou leur intérêt. Tout cela détermine la limite de la démocratie car on n’est jamais
arrivé au bout de la démocratie. Mais on va vers elle. D’où on est toujours en
route.
En outre, l’homme est un être insatisfait. Cela est confirmé par la multiplicité
de ses besoins. Or en démocratie le peuple projette sa responsabilité à l’État qui
est considéré comme fournisseur de la vie. Cette pensée sera fictive car cela
dépend en grande partie de la disponibilité de l’Etat. En effet, en cas de défaut, la
guerre s’organise par ci par là. Le mouvement populaire menace l’ordre public.
L’utilisation des forces armées arrive inévitablement pour faire revenir l’ordre
public.
Raison pour laquelle Alexis SAINT-JOHN PERSE a écrit : « la démocratie,
plus qu’aucun autre régime, exige l’exercice de l’autorité. »194. Donc la relation
entre peuple et dirigeant est très tendue. Cela peut engendrer la rupture. D’où
l’insécurité s’installe massivement. Cela est illustré par une portion de texte tirée
dans le Polybe, histoire, VI, 44. :
192 P. MENDES-France, ibid 193 J.J. ROUSSEAU, op. cit. 194 Saint-John PERSE, op. cit.
- 101 -
Le peuple athénien a toujours ressemblé à un navire : tant que
ceux qui sont à bord redoutent la tempête qui menace, ils sont
tous d’accord pour obéir au pilote et remplir leurs devoirs ; mais
quand ils n’ont plus peur, ils se mettent à mépriser ceux qui les
commandent et à se disputer avec eux, car leurs avis diffèrent :
les uns veulent poursuivre le voyage, les autres contraindre le
pilote à toucher terre ; les uns déploient les voiles, les autres
ordonnent de les ramener. Leurs disputes offrent un spectacle
honteux à ceux qui les regardent de l’extérieur et mettent en
danger leur propre sécurité.195
Ce paragraphe donne un exemple de la nature même de la démocratie. Là
où règne la différence, le vouloir domine. Tout cela menace la sécurité et l’ordre
public.
En outre, la pratique de la démocratie directe, et surtout : le débat réel entre
chaque citoyen et la mobilisation fréquente d’une importante population face à un
certain problème qui semble insoluble, sont réservés à un Etat à faible population.
Donc cela semble impossible dans un Etat à trop grade taille. Quand même, le
modèle de la démocratie directe se veut universellement.
Enfin, théoriquement, le peuple est souverain. Cela peut se manifester en
matière d’élection. Mais dans la gestion de l’affaire de l’Etat, c’est le premier
responsable qui gouverne. En effet, sa politique vise son intérêt dans le but de
stabiliser son pouvoir. Donc l’intérêt commun de la communauté est négligé. Ainsi,
dans la pratique, le peuple devrait être dévêtu de sa souveraineté et le dirigeant
agit selon ce qu’il veut. Raison pour laquelle un auteur inconnu a écrit :
Périclès avait acquis une autorité qui lui permettrait de contenir
le peuple tout en respectant sa liberté.196
195 Wipidédia, l’encyclopédie libre
http://www.googles.fr/search?hl=fr8q=naissance+de+la+d%c3A9mocratie8btnG=recherche+google-m
196 Ibid.
- 102 -
Théoriquement, le peuple était souverain, mais en fait l’Etat est gouverné
par le premier citoyen de la cité. De même pour la démocratie représentative, le
plus souvent les personnes élues ont une tendance à ne pas être représentatives
des corps électoral. Cela est constaté tant au niveau des revenus, qu’au niveau de
l’instruction et du point de vue classe sociale. Dans ce cas, ils se disent au nom du
peuple, mais leurs comportements sont loin de cela. D’où ils seraient « pseudo
peuple » et le peuple est titulaire de la « souveraineté factice. »
Ainsi, tout cela nous montre les limites de la pratique de la démocratie et le
sommet où le peuple pourrait appliquer sa souveraineté.
III.1.2.2 Handicaps de la démocratie
D’abord, à défaut de critère officiel internationalement reconnu pour évaluer
l’existence ou non de la démocratie, chaque pays se dit démocrate. Or, de
nombreuses « démocraties » se sont accommodées de l’esclavage, du cens, de la
colonisation, de la ségrégation et de l’apartheid. Cela est justifié par la pluralité de
dénominations de la démocratie et le plus souvent les unes nient les autres pour
défendre leur intérêt et leur politique voulue pour dominer. Ainsi le terme
démocratie contient toujours la souffrance causée par l’accomplissement de
l’avantage particulier.
Ensuite, les méfaits de la démocratie continuent au niveau du choix de
statut du citoyen. Ce statut accorde des conditions contraires aux principes
fondateurs de la démocratie. Par exemple, dans l’histoire, la démocratie antique
d’Athènes, la notion de citoyenneté est limitée en excluant les femmes, les
esclaves et les métèques. De même aujourd’hui, il y a les non-dits car l’âge
minimum reste sous le silence. Or, dans le pays endetté, la plupart de la
population active et décidaire appartient à cet âge. Ils sont père et mère de famille,
et surtout les jeunes de quinze à dix sept ans. Mais ils ne peuvent pas participer à
l’élection. Ainsi la démocratie par l’intervention de l’élection, établit une
discrimination. A cela s’ajoute la ségrégation établie au sein de la démocratie par
des critères de naissance, de nationalité, d’origine, de fortune, de capacité
présumée, de sexe, de race, etc. Cela est concrétisé par la floraison de la
- 103 -
naissance de l’association fondée sur ces critères. Donc la démocratie adopte la
discrimination, l’exclusion, la ségrégation. Cela détermine la faiblesse de la
démocratie car, si la lutte d’intérêts aboutit au sommet, ces associations entrent
en conflit et s’entretuent. L’atmosphère de la société est sombre, voilà pourquoi
H.F. Emile a dit :
D’ailleurs l’âge de la majorité baissera, la barrière du sexe
tombera, et la démocratie arrivera absurde en remettant la
décision des plus grandes choses aux plus incapables197.
Après, dans la société qui se tend à l’individualisme n’a pas forcément à
penser à l’intérêt général. Donc, il y aurait, peut être, la domination des riches et la
soumission des classes défavorisées.
En outre, si on analyse la démocratie au- delà de la frontière, l’idée de
mondialisation et de libéralisme économique sont le plus rependus. Ils sont
devenus critère internationalement reconnus pour évaluer la pratique ou non de la
démocratie. Leur carence peut entraîner la sanction de la part des organismes
internationaux, et notamment la banque mondiale, le fond monétaire international,
etc. Les organismes imposent sans discussion les marchés financiers. Ils
n’entendent pas négocier, mais expliquer. Donc, les critères fondateurs de la
démocratie sont menacés par le verdict du nouveau Léviathan. Voilà pourquoi la
démocratie est considérée comme propagande de la mondialisation et du
libéralisme : « la rhétorique démocratique est parfois employé comme fer de lance
ou Cheval de Troie de la mondialisation »198.
De plus, la démocratie emporte toujours le risque de la dictature aveugle et
oppression de la majorité. Cela est matérialisé par la présence de menace de
grève, l’exile politique, l’arrestation massive, le changement sans cesse de statut
politique, etc. ce risque peut être, sur certains sujets, un ensemble de volonté, de
motivations et des opinions particulièrement hétéroclite et mouvant. A cela est
197 H.F. EMILE, op. cit, du 28/04/08 à 11h32, document internet 198 Wikipedia, op. cit.
- 104 -
ajoutée l’exclusion volontaire de toute idée de suppression d’un parti minoritaire
faite par la majorité. Voilà pourquoi Georges Clemenceau déteste la démocratie
en prononçant : « la démocratie c’est le pouvoir donné aux poux de manger le
lion »199. De même à la prise de décision la démocratie adopte la loi de la majorité,
or une décision démocratique n’est pas forcément une bonne idée pour l’avenir de
la société. Cela, en conséquence, néglige l’élite qui est capable d’amener son idée
en bonne et due forme. Cela est confirmé par le passage ci- après : « le principe
démocratique a contribué à l’affaissement de la civilisation en empêchant le
développement de l’élite »200. Ainsi, la démocratie nie l’élite pour satisfaire le
grand nombre qui se base sur le présent en dominant leur cœur. Un strict respect
des règles démocratiques peut amener à la victoire aux élections et pouvoir de
partis non démocratiques. Exemple la victoire du Front Islamique du Salut (F.I.S)
en Algérie 1991 ou menace des partis Islamiste en Turquie.
En enfin, la démocratie ressemblerait à une démagogie, à un leurre et à
une flatterie car les conditions concrètes d’un système totalement démocratique
ne peuvent jamais être réunies. Elle utilise et accorde la promesse fictive, un rêve
irréalisable. Par ses caractères, elle favorise au beau rhéteur ou le plus
manipulateur d’emporter l’adhésion populaire car il ose prononcer les mensonges
pour attirer l’attention du peuple. Par conséquent le peuple est trompé par la
flatterie comme l’a écrit Henri Frederik EMIL :
Toute fiction s’expie, et la démocratie repose sur cette fiction
légale que la majorité à non seulement la force mais la raison,
qu’elle possède la sagesse en même temps que le droit. Fiction
dangereuse parce qu’elle est flatteuse. Les masses seront
toujours au-dessous de la moyenne. D’ailleurs l’âge de la
majorité baissera, la barrière de sexe tombera, et la démocratie
arrivera à l’absurde en mettant la décision des plus grands aux
199 http://www.lescitations.net/citation/sujets/D%A9mocratie 200 Dictionnaire des citations politiques, op.cit.
- 105 -
plus capables.201
III.1.2.3 Démocratie : Naissance de la tyrannie et la décadence
Pour mieux cerner ce passage on va procéder à la conception de l’État des
meilleurs de Platon. Dans sa philosophie, il trace le modèle de la cité juste. Pour
cela il cherche à déterminer la qualité pour être roi et la nature de la constitution
parfaite dans le but d’assurer l’harmonisation et la justice dans la cité.
Pour lui, si la cité est parfaite, elle renferme les quatre vertus cardinales, à
savoir la sagesse, le courage, la tempérance et la justice. Ces vertus sont établies
en fonction de la manifestation de l’âme qui est ici définie comme un principe de
penser de l’homme, et permet la connaissance. Ce penseur distingue la présence
de trois parties de l’âme, et cela détermine l’existence de trois ordres dans l’État.
Tels que :
- l’ordre dominant qui correspond à la partie intelligible de l’âme ou raison.
Cela montre la vertu supérieure de l’Etat comme la sagesse. Elle réside dans les
classes des chefs car seuls les sages qui sont aptes à chercher la juste manière
dont tous les citoyens doivent conduire leur vie. Donc Platon a suggéré « les
philosophes-rois » car la sagesse détermine la qualité supérieure des
philosophes. De plus ils se distinguent par des dons particuliers qui ont été
perfectionnés par une formation dans tous les domaines. Ainsi, le philosophe
devrait être placé en tête de l’Etat ;
- l’ordre du gardien : il garde le dogme de la cité et veille à la défense de
l’Etat de l’intérieur comme de l’extérieur. Cet ordre correspond à la partie sensible
de l’âme, c’est-à-dire le courage ;
- l’ordre des producteurs, et notamment les artisans, les commerçants et les
paysans. Ils doivent assurer l’approvisionnement de la communauté. Cet ordre
correspond à la vertu nommée tempérance qui est commune à tous. Elles
établissent entre elles un parfait accord, basé sur la prépondérance des éléments
201 Ibidem.
- 106 -
supérieurs et la soumission volontaire des éléments inférieurs. Ces trois vertus
sont complétées par la quatrième qui est nommée « la justice ». Elle est à l’origine
de tout progrès moral qui engendre l’ordre et la force.
Tout cela nous montre que la cité juste accorde la non séparation du
pouvoir et la sagesse qui sont réunis en une seule main. La justice est dite quand
chaque classe reste à sa place et remplit uniquement la fonction qui convient à sa
nature.
De plus, Platon prolonge sa politique à la critique des diverses formes de
Constitution. Donc il met en lumière l’existence des cinq Constitutions possibles,
mais une seulement parmi elle est considérée comme une Constitution parfaite
qui est appelée parfois aristocratie. Elle est meilleure dans le sens où tout est
commun et les gouvernants sont philosophes. Les quatre autres sont imparfaites.
Elles sont classées par ordre décroissant : d’abord la timocratie qui est fondée sur
l’honneur ; ensuite l’oligarchie, là dominent les appétits des richesses ; après la
démocratie qui favorise l’égalité des riches et des pauvres ; et enfin et au dernier
rang la tyrannie qui est fondée sur le désir est la négation même de la politique car
la loi est absente, c’est-à-dire un Etat autoritaire.
Ainsi l’Etat meilleur est la cité juste qui adopte la Constitution parfaite et
accepte « les philosophes-rois » Tout cela nous permet d’analyser ensuite son
point de vue sur la démocratie.
- Platon compare la démocratie à une sorte de « bazar des Constitutions »
où l’amateur n’a que l’embarras de choix. De plus elle ressemble à des vêtements
bigarrés qui font la joie des femmes et des enfants, mais les hommes de goût les
trouvent ridicules.
- Il considère aussi la démocratie comme la victoire des pauvres sur les
riches, une marque de partage de place. Tout cela est fortifié par l’absence de
profil à la désignation du responsable de l’État car la démocratie s’accorde avec le
principe du tirage au sort et le pouvoir de la masse populaire. A cet effet tout le
monde a une chance d’être roi, même le cancre, l’analphabète. Cela emporterait
des risques. Car la démocratie permettrait au cancre d’arriver au pouvoir. Or selon
- 107 -
Planton la gestion de la cité exige la connaissance en rapportant l’idée de
Socrate : « Nul n’est méchant volontairement »
Tout cela est concrétisé par un extrait de texte tiré de La République, VII,
557b 558b :
Eh bien ! À mon avis, la démocratie apparaît lorsque les
pauvres, ayant emporté la victoire sur les riches, massacrent les
uns, bannissent les autres, et partagent également avec ceux
qui restent le gouvernement et le plus souvent ces charges sont
tirées au sort. […] Maintenant, voyons de quelle manière ces
gens-là s’administrent, et ce que peut être une telle constitution.
Aussi bien est-il que l’individu qui lui ressemble nous
découvrira les traits de l’homme démocratique. En premier lieu,
n’est-il pas vrai qu’ils sont libres, que la cité déborde de liberté
et de franc-parler, et […] Comme un vêtement bigarré qui offre
toute la variété des couleurs, offrant toute la variété des
caractères, il pourra paraître d’une beauté achevée. Peut être
beaucoup de gens, pareils aux enfants et aux femmes qui
admirent les bigarrures, décideront-ils qu’il est le plus beau.
C’est là qu’il est commode de chercher une Constitution, parce
que on les y trouve toutes, grâce à la licence qui y règne ; et il
semble que celui qui veut fonder une cité, ce que nous faisions
tout à l’heure, soit de se rendre dans un Etat démocratique,
comme dans un bazar de Constitutions, pour choisir celle qu’il
préfère, et d’après ce modèle, réaliser ensuite son projet.202
De plus, il pense que la démocratie favorise la naissance de la Tyrannie,
car la non maîtrise de la liberté extrême dans la société démocratique peut aboutir
à l’anarchisme qui est sa conséquence inéluctable. En effet, à défaut de la loi,
chacun fait ce qu’il veut personne ne détient l’autorité et nul n’obéit. Les vertus
202 La démocratie est-elle le moins mauvais des régimes,
http://www.philocours.com/cours/cours-démocratiec2.html
- 108 -
d’ordre et de discipline, se perdent alors, et sont remplacées par le désordre et
l’indiscipline. Quel que fois cette société est dominée par la loi du plus fort. Ainsi
face à l’intérêt différent et antagoniste, l’homme s’entretue. L’insécurité s’installe
en permanence car le plus fort d’aujourd’hui sera plus tard le pus faible. Mais pour
faire régner la paix et mettre en lumière l’équilibre l’Etat doit prôner explicitement
le recours à la violence et à des actions anti-démocratique, c'est-à-dire à l’autorité.
Voilà pourquoi Platon a affirmé que :
Selon toute vraisemblance, aucun autre régime ne peut donner
naissance à la tyrannie que la démocratie, de la liberté extrême
naît la servitude la plus complète et la plus terrible. 203
Tout cela lui permet de dire que la démocratie est incapable de faire régner
la justice dans la cité car l’harmonie fait défaut à cause du gouvernement de la
classe populaire. Donc la vertu d’ordre et de discipline se perd.
Enfin, Platon a soutenu la corruption comme une loi qui règle le monde
sensible : « Tout ce qui naît est soumis à la corruption », c'est-à-dire à la force du
temps, tout change et rien ne demeure. De même pour le système politique, il y a
la succession de régime. L’idée de la Constitution parfaite se dégrade et puis
finalement s’anéanti. La démocratie pour Platon se situe à la fin du parcours. Elle
est donc passage à la dégradation de la politique elle-même car elle favorise la
naissance de la tyrannie.
III.1.3 La démocratie, vue par Nietzsche
III.1.3.1 La démocratie comme pouvoir des superflus
Dans l’histoire, nous avons constaté que la naissance du pouvoir de la
majorité est toujours précédée de mouvement populaire et révolutionnaire. Cela
consiste à faire la lutte des classes, la lutte des conditions ou la revendication de
divers droits manquants. Ainsi, le mouvement démocratique se fait dans le but de
faire régner le vœu des petit et de renverser le pouvoir de la minorité favorisée.
203 Ibidem.
- 109 -
Pour cela Lénine a déclaré que : « Notre morale est entièrement subordonnée à la
lutte de classe du prolétariat »204. Cela nous montre qu’il y a un conflit entre la
couche sociale inférieure (majoritaire) et la classe supérieure qui a détenu le
pouvoir.
Ainsi, pour Nietzsche, le mouvement est une marque de l’infériorité car les
minables entrent en lutte pour faire souffrir les dirigeants et pour sortir leur statut.
Ils rapportent souvent la victoire car par leur union, ils deviendront une puissance
et leur fierté est de faire déraper le dirigeant. Nietzsche l’a dit : « ils sont
innombrables, ces petits, ces minables, et l’on a déjà vu de fiers édifices réduits
en ruines par l’action des gouttes de pluie et des herbes folles »205. Donc pour se
libérer du jour de souffrance, la masse devrait entrer en combat avec la classe
dominante. Raison pour laquelle Nietzsche appelle la masse : la populace, la
foule, le troupeau, l’esclave etc. C’est sûr que leurs chefs sont issus de ces
classes. A cet effet Nietzsche considère qu’ils sont issus de la caste défavorisée :
« Les hommes efféminés, les fils d’esclaves et surtout la populace métissée, tout
cela veut à présent prendre en main le destin humain »206. Mais pour arriver à la
puissance, cette lutte devrait passée par quatre étapes :
D’abord ils se libèrent en brisant leur chaîne. Cela est commencé par
l’imagination car c’est difficile pour eux de quitter leur pauvreté et leur état
d’esclave. Ils doivent faire un effort pour les quitter. Ainsi ils se reconnaissent.
Cela les amène à l’union. Dès qu’ils se réunissent, ils deviendront une force et une
puissance. Par conséquent l’esclave libéré a besoin de mutation, c'est-à-dire son
esprit est changé : « ils se libèrent, ils se dégagent, en imagination d’abord, ils se
reconnaissent, les uns les autres, ils s’imposent »207.
Ensuite, ils entrent en lutte en voulant être reconnus. Cette lutte consiste à
réclamer les droits égaux et la justice. Cela signifie qu’ils revendiquent la même
204 Paul FOULQUIE, Dictionnaire de la langue philosophique, art. « Morale ». 205 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra I, p. 135 206 Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, II, p.289 207 F. NIETZSCHE, La volonté de puissance, Aphorisme 153.
- 110 -
jouissance des droits à tous : « Tous sont égaux devant Dieu »208 La justice pour
eux c’est que les riches doivent distribuer leur richesse aux pauvres car cela
favorise l’égalité de tous : « ils entrent en lutte, ils veulent être reconnus, droits
égaux, « justice ». »209.
De plus, ils réclament la liberté, mais les dirigeant sont toujours venus de la
classe dominante qui déteste et critique le pouvoir pour mener la masse. Donc on
peut affirmer que l’innovation consiste à changer la manière du pouvoir et non pas
la nature de l’homme dirigeant : « ils exigent les privilèges (ils entraînent les
représentants de la puissance de leur côté) »210.
Enfin, ils pratiquent la dictature. C’est un pouvoir monopolisé par les
pauvres : « ils veulent le pouvoir à eux seuls, et ils l’ont»211.
Ainsi, la démocratie est un pouvoir des superflus car on devrait prendre le
pouvoir par la ruse, le leurre…
D’abord les pauvres sont considérés comme moyens pour renverser le
pouvoir en exercice car les représentants de la puissance qui sont allés à leur côté
prendront le pouvoir. Donc, pour Nietzsche, les pauvres sont toujours perdants.
Ensuite, elle est pouvoir de la majorité. Or pour Nietzsche, le peuple ne
pense que de prendre le pouvoir. Pour lui le pouvoir est le meilleur. Un peuple
disait : « Je veux régner sur les nations »212. Par conséquent tout le monde veut la
même chose et cela l’amène à la perte : « tous veulent accéder au trône, c’est leur
folie, comme si le bonheur étant sur le trône »213. De plus la démocratie permet la
vie de dépendance. Donc il y a la vie parasitaire. Cela alourdit la vie : « ils
208 F. NIETZSCHE, Ainsi parlait Zarathoustra, II, p 285. 209 F. NIETZSCHE, La volonté de puissance, Aphorisme 153. 210 Ibidem 211 Ibidem 212 Ibidem 213 F. NIETZSCHE, Ainsi parlait Zarathoustra, I, p.131
- 111 -
grimpent les uns sur les autres et se font crouler mutuellement dans la fange et
dans l’abîme »214.
Tout cela détermine les caractères des superflus qui bénéficient de la
faveur de la démocratie. Ainsi par sa naïveté, il peut trouver son intérêt n’importe
où comme disant Nietzsche : « ils fouillent jusqu’aux ordures pour en retirer le plus
sordide profit »215.
III.1.3.2 La démocratie comme forme tapageuse et mensongère
Nietzsche a choisi la solitude comme une attitude de l’homme fort. Ce
comportement lui permet de quitter la masse qui forme la place publique. Il choisit
le calme car il ne veut pas attraper les petits comme Nietzsche l’a dit : « Ne lève
plus la main sur eux. Ils sont innombrables, ton destin n’est pas de devenir
chasse-mouches »216. Son esprit n’est pas un choix du hasard et gratuit, mais il
fait ce choix pour quitter la place publique. La raison en est simple : dans la place
publique, là où se trouvent les divers de tous les caractères. Donc Nietzsche les
appelle comédiens, les opprimés, les esclaves etc. Là-bas chacun met son
sentiment, chacun critique le pouvoir, chacun parle de ce qu’il veut. Pour cela la
place publique ressemble à la foire :
Là-bas, au contraire, chacun parle et aucun n’est écouté. […..].
Chez eux tous parlent et aucun ne sait comprendre. Tout tombe
dans l’eau mais rien ne s’enfonce dans les puits profond. Chez
eux tout parle, tout s’effrite en parle.217
Tout cela nous montre que ces paroles forment des braillards car le sens
du savoir s’écouter manque. Donc là-bas le désordre, l’indiscipline, la parole sans
issue dominent. De plus, la musique donne une vie à la place publique. Ainsi,
cette place est très débordée de bruit. Cela assourdit les oreilles.
214 F. NIETZSCHE, ibidem 215
F. NIETZSCHE, ibid, II, p.133 216 F. NIETZSCHE, ibid, I, p.135 217 F. NIETZSCHE, Ainsi parlait Zarathoustra, II, p. 79.
- 112 -
Tout cela pousse Nietzsche à considérer que la démocratie est une forme
tapageuse. Il considère la masse comme la mouche et le grand homme comme le
comédien qui pousse le cri de la mouche : « et où commence la place publique
commence aussi le vacarme des grands comédiens et les bourdonnements des
mouches venimeuses. »218
De plus, la démocratie prendra sa forme mensongère dans le sens où elle
favorise l’existence de promesses fictives, de flatterie, d’hypocrisie, du leurre, etc,
en prononçant le bon, la sagesse, le miel et l’offrande du miel. Mais tout cela
ressemble à la ruse oratoire car leur matérialisation n’est jamais réunie. En outre,
seule la démocratie adopte la pitié, mais une pitié du faible et non pas du fort. Car
Nietzsche considère la populace comme titulaire de l’esprit de vengeance. Elle est
rancunière. Il l’a dit : « Fuis leur vengeance invisible ! Ils n’ont à ton regard qu’un
sentiment, la rancune. »219. Donc pour avoir la puissance, ce régime fait souffrir le
fort pour faire dominer le vœu du troupeau : « il faut que les plus fortes soient
attachés le plus solidement, il faut qu’ils soient surveillés et mis en chaîne : ainsi le
veut est l’instinct du troupeau »220. Pour cela Nietzsche a confirmé que la pitié
enseigne à mentir, alourdit l’âme libre, car il ne pourrait plus savoir quelle dose
d’esprit il pouvait supporter et quelle dose ce système ne tolérait plus.
Donc la pitié est le plus profond abîme. En outre, les termes : vérité, bon,
juste et sagesse sont beaucoup entendus dans la place publique. Or le bon pour
Nietzsche est une source de paresse, une entrave pour l’esprit de créateur. Le
bon falsifie et étourdit tout. Donc il emporterait un risque pour l’avenir de l’homme :
Les bons vous ont indiqué de faux rivages et de fausses
sécurités, vous êtes nés, vous avez été enveloppés dans les
mensonges de bons. Tout a été falsifié et distordu par les
bons. 221
218 F. NIETZSCHE, Ainsi parlait Zarathoustra, I, p. 133. 219 Ibid. p. 135. 220 F. NIETZSCHE, La volonté de puissance, Aphorisme 395. 221 F. NIETZSCHE, Ainsi parlait Zarathoustra, II, p. 141
- 113 -
Ainsi il est le pire du danger comme il l’a dit. « Malheur à ceux qui
cherchent encore ! »222. De même pour le terme « juste » et « vérité ». Leur
réclamation consiste à prononcer des mensonges car celui qui se dit juste est
menteur. La vérité est difficile à trouver « toute vérité est courbe, le temps lui-
même est un cercle. »223 Or la place publique ne pense qu’à son estomac en
adorant la vie qui bloque « l’état de raison » de l’homme. Elle ne fournit que la
satisfaction de l’homme : « leur esprit n’est qu’un estomac malade. [….]. Car en
vérité mes frères l’esprit n’est en effet qu’un estomac. »224. Nietzsche ajoute
aussi : « La vie est une source de joie, mais pour l’homme qui laisse parler en lui
un estomac malade, père de toute affliction, toutes les sources semblent
emprisonnées. »225. Tout cela justifie que tout le discours dans la place publique
ressemble à la démagogie car sa réalisation est impossible : « Si j’ai parlé de miel
et de l’offrande du miel, c’était une ruse oratoire et en réalité une utile folie. »226
Donc tout cela est une manifestation de la flatterie qui est marquée par la parole
nette et franche en vue d’attirer l’attention du peuple.
Ainsi, Nietzsche déteste la démocratie car elle accorde le discours superflu
de la place publique.
III.1.3.3 La démocratie comme danger pour
le surhumain.
Ici, « la volonté de puissance » est une notion fondamentale de la
philosophie de Nietzsche, pour désigner l’adhésion à la vie et, par suite, la
tendance vitale à se renforcer toujours davantage. Elle est toujours animée par la
« passion de commander »227. Elle est conçue comme volonté de se faire obéir et
s’exerce d’abord sur soi-même. Cela est la nature de l’homme fort.
222 Ibid. p. 137. 223 Ibid. p. 23. 224 Ibid. p. 111. 225 Ibid. p. 187. 226 Ibidem 227 Clément Elisabeth, Chantal de moigre, Laurence Haussen, Love, Pierre Kah, La
philosophie de A à Z, p.471
- 114 -
Ainsi, Nietzsche considère que le vouloir de la puissance est naturel car
cela détermine la loi de l’accroissement. Exemple le nouveau né fait agiter ses
membres pour fortifier ses muscles. De même l’égoïsme agressif et l’égoïsme
défensif sont la fatalité de la vie même car cela règle la loi de la nature. Le premier
est nécessaire pour dominer les autres et le second pour se défendre. Donc ils ne
sont pas des actes volontaires de l’homme mais une loi qui régit la vie des êtres
vivants. Pour cela Nietzsche suit l’idée de Hobbes : « Que l’homme soit un loup
pour l’homme »228 Donc l’idée de la méchanceté, de la férocité, de l’agressivité,
etc. est naturelle pour l’homme. Donc on devrait les supporter.
Or pour Rousseau, l’être de nature n’est pas sécurisé, car le plus fort, ne
sera plus fort plus tard. Par conséquent Rousseau fait appel à l’instauration d’« un
pacte social » qui encadre la vie en société. Le pacte pour Nietzsche fait
dissoudre le droit naturel, et notamment : le droit d’attaquer et le droit de se
défendre. Tous les deux pour lui déterminent le droit individuel qui n’a pas besoin
de convention :
On parle du droit de l’individu à se défendre, dans le même sens
on pourrait parler aussi de son droit d’attaquer : car les deux
choses – la seconde plus que la première – sont les nécessités
pour tout ce qui est vivant.229
Par conséquent l’existence de pacte est contre nature. Car il est une
manifestation de la convention. Il est un droit fondé sur le traité. Donc Nietzsche le
considère comme une défense sociale pour sanctionner le fort :
Le droit de punir (ou la défense sociale) n’a en somme revêtu le
nom de « droit » que par abus : on acquiert un droit par un
traité.230
228 JJ ROUSSEAU, Du contrat social, p. 69 229 F. Nietzsche, La volonté de puissance, Aphorisme 334. 230 F. Nietzsche, La volonté de puissance, Aphorisme 334.
- 115 -
Ainsi, le pacte est considéré comme un abus qui dégénère l’idée de
défense de soi. D’où l’esprit de la guerre et de la conquête est en décadence. La
pratique du droit de convention est une marque de l’Etat démocratique pour
réconcilier la différentiation.
De plus, Nietzsche considère la démocratie comme un danger pour le
surhumain car elle favorise l’esprit de parasite. Le peuple choisit la vie facile sans
risque. A cet effet il aime pratiquer la ruse et le leurre : « Ce sont des bêtes de
proie ; dans leur travail il y a du rapt, dans leur métier il y a de la ruse »231.
Ensuite, la démocratie favorise le vœu du minable à sucer le sang du grand : « Je
vivais ainsi parmi eux criblé de piqûres de mouches venimeuses, creusé comme
la pierre par d’innombrables gouttelettes de méchanceté de sa propre
petitesse »232.
Ainsi, Nietzsche choit la solitude volontaire pour écarter le vœu du petit.
III.2 SUPPORT DE LA DEMOCRATIE
III.2.1 La puissance économique
Ici, notre analyse se base sur la visée de la réalité et de l’actualité tant
nationale qu’internationale.
Nous avons déjà vu que la pauvreté et l’insécurité sont la source de
l’inquiétude du peuple. Elles sont parmi les critères qui engendrent le dégoût du
peuple vis-à-vis de la politique, la non confiance du peuple à l’autorité au pouvoir.
A cet effet le pouvoir n’a plus la légitimation ou la considération de la part du
peuple. Car il est considéré comme incrédible. Cela peut engendrer le mouvement
populaire. D’où l’État se trouve dans l’instabilité. Mais, à défaut de la disponibilité
économique, l’Etat n’arrive pas à résoudre ce problème. Par conséquent l’Etat
deviendra autoritaire pour faire revenir la paix et l’ordre public. Le droit de grève
est menacé. Toutes sortes de libertés sont menacées aussi. Donc la démocratie
231 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra II, p.133 232 F. Nietzsche, ibid, p.81
- 116 -
se sent en difficulté. Exemple, Face à la cherté de la vie, le mouvement populaire
s’installe en Afrique, notamment en Afrique de l’Ouest. De même, le problème
électoral est plus constaté dans les pays pauvres. Ainsi la démocratie se sent
fragile dans les pays qui ont des problèmes financiers. Car le droit social,
économique et la sécurité du peuple ne sont pas garantis
De plus, dans l’histoire, on a constaté que l’essor démocratique des
Dominions à la fin du XIXe Siècle coïncide avec leur essor économique. Cela nous
montre aussi l’importance de la croissance économique sur le développement du
système démocratique.
En outre, la chute des pays de l’Est en Europe est marquée par leur
faiblesse économique. Cela est suivi de la crise politique. Exemple l’éclatement de
l’URSS, la crise politique en Yougoslavie etc.
Enfin, la célébrité de la démocratie libérale, la puissance de la Banque
mondiale etc. sont des symptômes de la puissance économique.
Ainsi, la puissance économique entraîne la légitimation du régime politique
qui sert de cadre. Cela favorise la hausse du pouvoir d’achat du peuple, s’il est
bien redistribué. Le niveau de vie du peuple monte. Donc le problème du chômage
est moins visible et la sécurité sociale du peuple est garantie. D’où l’Etat a trouvé
la stabilité.
Bref, la puissance économique fortifie l’essor de la démocratie. Dans le cas
contraire, elle est fragile car la sécurisation du peuple n’est pas assurée.
III.2.2 La maturité politique
Ici, on parle de la maturité quand le taux d’analphabètes est moins
considéré dans un pays. Cela permet au peuple de faire la lecture, de suivre
l’actualité aussi bien nationale qu’internationale, de participer au débat organisé
au niveau de la majorité. Cela signifie que le peuple a la capacité de suivre, de
discuter la situation existante.
- 117 -
Ensuite, la maturité politique se dit quand le peuple arrive à faire le choix
libre, à faire dominer sa voix de conscience en matière d’élection. Donc son esprit
est capable d’analyser et non pas être influencé par l’appartenance politique ou
clanique, c’est-à-dire le peuple est conscient de l’importance de l’intérêt commun.
Tout cela atténue la propagation rapide des rumeurs, la force du leurre de
la part du politicien, l’existence de diverses formes de flatterie lors de la campagne
électorale. Ainsi, on trouve des citoyens responsables et les conflits sociaux
provoqués par l’acte politique sont réduits. Ainsi la démocratie s’instaure car ces
membres sont conscients de ce qu’ils doivent faire et de ce qu’ils ne doivent pas
manifester. Et leur critique devrait être constructive et non pas une sorte de piège
ou critique destructive. Cela favorisera l’existence de l’alternance démocratique
car le peuple arrive à l’état d’analyse en distinguant l’utile et l’inutile. D’où il est
difficile à tromper.
III.2.3 L’Etat de droit
Pour mieux étudier ce passage, on va procéder à la définition. Ici, l’Etat est
considéré comme une institution qui détient le pouvoir sur la population et son (ou
ses) territoire(s). Ni la langue ni la religion n’interviennent dans cette définition.
Donc l’Etat est dit de droit quand les pouvoirs publics sont effectivement soumis
au respect de l’égalité par voie de contrôle juridictionnel.
Ainsi, l’Etat de droit consiste à respecter les textes en vigueur qui sont
appliqués sans exception ou sans distinction. Par conséquent tous les coupables
sont punis, même les autorités de l’Etat. Pour cela on peut affirmer que « tous
sont au-dessous de la loi ». L’Etat de droit déteste la partialité. IL favorise
l’autorégulation au niveau du comportement. Il freine l’abus, l’action néfaste de
l’homme etc. Car tout le monde peut être conduit auprès du tribunal quand il est
considéré coupable.
En effet la démocratie marche car les citoyens se sentent sécurisés en
exécutant leur métier et leur devoir. Cela détermine la bonne conscience, en
conséquence on pourrait définir la démocratie comme « état de conscience » car
- 118 -
chacun agit selon sa conscience en respectant le droit commun. Comme l’a dit
MENDÈS-France : L’amour de la démocratie est d’abord un état d’esprit.
D’où l’Etat de droit engendre la justice qui forge le bon esprit du peuple.
Mais tout cela exige l’indépendance de la justice.
En somme, l’Etat de droit est support de la démocratie parce qu’il met le
peuple en sécurité et sur le même pied d’égalité devant la loi.
III.3. ENTRAVES ET AMELIORATION DE LA DEMOCRATIE
Actuellement on a vu que la mondialisation, le libéralisme et la démocratie
sont les courants d’idées les plus rependus dans le monde. Ils deviennent des
critères et des forces favorisant le contrôle de la relation mondiale. Quelquefois
ces courants sont comme une force d’oppression car les occidentaux pressent le
monde à pratiquer leur culture. Donc la démocratie occidentale est imposée et elle
devient un but à atteindre pour les pays pauvres. Par conséquent, la non pratique
de cette façon de vivre peut entraîner l’application de sanction économique ou
l’embargo. Tout cela est sous la supervision des organisations internationales etc.
Mais les pays dominants sont au-dessus de ces organisations. Ces critères sont
des modèles à suivre et contrôlables en observant et en visant le choix politique
d’un pays, le déroulement de l’élection, le choix politique de l’économie,
l’existence ou non de diverses libertés, le respect des droits de l’homme, etc. Mais
le problème est la présence de partialité car cela dépend en grande partie de leur
intérêt. Donc la punition est moins considérée dans les pays occidentaux et les
pays proaméricains que dans les pays orientaux et dans ceux endettés.
En effet, l’imitation, l’imposition de cette culture se rencontrent plus en
Afrique. Mais elles se sentent dans la pratique, et posent des problèmes parce
qu’elles ne se conforment pas à la culture et à l’esprit africain. La raison en est
simple : outre l’attachement profond au pouvoir, on observe aussi en Afrique la
présence de diverses manifestations de culture, sa manière de gérer son pays.
Tout cela est plus près du comportement originel ou naturel. Donc il est qualifié de
traditionnel. Exemple comme forme naturelle, l’agressivité, la méchanceté. Raison
- 119 -
pour laquelle Nietzsche a dit : « l’homme est une bête de proie »233. Par sa nature,
il a pris le pouvoir par la force. Cela peut engendrer le pouvoir héréditaire et le
népotisme de l’administration. Grâce à la démocratie, les faibles peuvent arriver
au pouvoir, mais ils ont tendance à rester à vie à leur place. Donc cet attachement
est la cause première de tout vice de forme constaté lors de l’exécution de
l’élection : usage de faux, contrainte, abus, etc. Tout cela provoque les remous
politiques qui débouchent sur les conflits sociaux. Exemple les élections à
Madagascar de 1991 et 2002. Cela a engendré des mouvements populaires à ces
périodes. De même pour le cas de l’élection au Kenya, Décembre 2007. Cette
élection est la plus meurtrière. La guerre ethnique qui se déroulait au Rwanda et
en Côte d’Ivoire a été le résultat du disfonctionnement de leur élection.
Cela nous montre que les entraves de la pratique de la démocratie se
manifestent, en général, lors de l’exécution de l’élection. Ainsi, pour concrétiser
cette situation, il importe d’analyser en particulier le cas de l’élection malagasy.
Cette réflexion est pertinente car nous voulons pratiquer ce système. Cela est
justifié par le mouvement populaire 1991 et 2002 en luttant contre l’usage de faux
dans l’élection et en instaurant le régime populaire. Par conséquent, le Président
de la troisième République a essayé de faire parler la masse paysanne en
prononçant son problème et son vouloir de diriger notre pays. De même au
premier mandat du Président Marc Ravalomanana, Tsimbazaza est appelé
« Palais de la démocratie ». Dès la troisième partie de cette République, la
direction chargée du développement de la démocratie est créée auprès du
Ministère de l’Intérieur. Tout ceci est dit pour montrer que Madagascar est en
route vers la voie de la démocratie. Cela nous permettra après de détecter tous
les obstacles en vue d’améliorer notre système démocratique. D’où la nécessité
d’analyser la situation électorale malagasy.
233 F. Nietzsche, La volonté de puissance, Aphorisme, 28.
- 120 -
III.3.1 La limite de la loi de la majorité
III.3.1.1 Aléas observé lors de l’élection
Dans cette sous partie, nous allons inventorier toutes les difficultés qui
peuvent exister avant, pendant et après l’élection. Dans le cas général, l’élection
est l’outil le plus rapide et le plus efficace pour évaluer la pratique ou non de la
démocratie. Par elle on peut juger sa manifestation : la liberté, la loi de la majorité,
le pluralisme des valeurs, la transparence, l’impartialité, la neutralité de
l’administration, etc. Mais comment se passe-t-elle dans notre pays ?
On sait que l’élection débute par la préparation. Cela consiste à établir le
texte qui déclare son officialité. Ce texte, outre la préparation périodique et
habituelle, permet aux responsables de confectionner et de réviser la liste
électorale. Elle consiste aussi à collecter tout le matériel nécessaire. Une chose à
féliciter est que la majorité des responsables exécutent leur fonction à bon cœur :
recensement, inscription sur la liste électorale. Mais le manque de confiance et de
popularité, le désir et l’attachement profond au pouvoir, quelques dirigeants
politiques les pressent à effectuer des actes malhonnêtes. Ce comportement
engendre le dysfonctionnement de l’élection dans certaines régions, villages et
surtout dans les zones enclavées ou suburbaines comme le District de Toliara II
par exemple. Cela se manifeste notamment lors de l’élection dite « locale », à
savoir la députation, la communale. Car le « pour » et le « contre » sont bien
distingués pendant la campagne électorale. Pour avoir la majorité, les
responsables de la liste électorale peut être sous la pression du politicien,
suppriment l’inscription des noms de la personne dite « opposant » dans la liste
électorale. Quant à l’informatisation de la liste électorale, comment ces
responsables procèdent-ils ?
Lors de suivi et enquête effectués, voici quelques exemples des malaises
constatés, vu et entendus : en plus des électeurs fantômes, apparemment
quelques chefs Fokontany se montrent sévères et stricts dans l’établissement de
la liste électorale. Pour les résidents, pas de problème mais pour les nouveaux
venus, ils exigent des électeurs la lettre de transfert pour être inscrits sur cette
- 121 -
liste. Cela est à féliciter mais la partialité domine, c'est-à-dire les opposants sont
souvent victimes de cette situation. Ainsi, la censure existe déjà dès l’élaboration
de la liste électorale. Le droit de vote est violé.
A partir d’un entretien et propos inopinés et familiaux, on nous a informé de
la manifestation des cas ci-après : si les contre sont inscrits, dès la révision de la
liste électorale, le Chef Fokontany a mis une croix en rouge dans la marge de
l’observation. Ce signe signifie que ces personnes doivent être ôtées de la liste,
sans expliquer le motif de suppression. La liste brouillon est envoyée au
responsable hiérarchique de recensement, mais cet enlèvement s’effectue au
niveau de la région qui est responsable de l’informatisation de la liste électorale. A
cet effet certains ne figurent pas dans cette liste. Ainsi, leur devoir de citoyenneté
est menacé.
Enfin, malgré l’existence de textes qui déterminent l’accès libre au contrôle
de la liste électorale et donnent un ordre au Chef Fokontany d’afficher cette liste
provisoire, cela pose problème dans quelques Fokontany. Elle semble être
confidentielle. Mais chacun peut amener la liste ou une série de noms au chef
Fokontany. Ces noms ne sont pas forcements inscrits dans la liste. Donc il y a
manque de sûreté et chaque responsable consulté jette cet usage de faux à un
autre responsable.
Ainsi, tout cela fausse l’idée de la démocratie car l’administration électorale
n’est pas fiable, l’acte électoral n’est pas fiable, et l’acte électoral paraît comme
une faveur et non pas un droit ou une obligation. Cette situation est contraire au
texte en vigueur. Donc l’idée de l’Etat de droit qui est le support de la démocratie
est menacé. Cette violence peut engendrer des remous politiques qui sont la
source des conflits sociaux. Exemple : l’existence de quelques perturbations au
moment de l’élection. Cela menace le bon déroulement, si les forces interviennent.
Autre constatation, cet empêchement peut se remontrer jusque dans la
préparation des dossiers de candidature. Exemple, si le certificat de résidence est
considéré comme une pièce à fournir et obligatoire, sa délivrance pose aussi
problème dans quelques Fokontany. Le chef Fokontany fait cela volontairement
- 122 -
en quittant sa « maison-bureau » du matin au soir. Et si par hasard on le retrouve
quelque part, il donne un faux rendez-vous. Cette malfaisance est confirmée car
nous sommes parmi les victimes et ce comportement, observable dans quelques
Fokontany. Donc nous croyons que ce cas est généralisé. Ce cas est rapporté au
niveau des autorités hiérarchiques locales en vue de trouver la solution, mais cela
reste insoluble. De plus, au manque de confiance au verdict prononcé par l’organe
compétent, les victimes restent tranquilles. Donc, l’idée de compétition
démocratique est menacée ici.
De même pendant la période de propagande, certains dirigeants politiques
et autorités lancent diverses contraintes, différentes menaces et font peur aux
citoyens. Les fonctionnaires de l’Etat sont les cibles parmi tant d’autres. La
menace de l’affectation et l’espérance de la place politique sont les moyens
utilisés. Par conséquent, la plupart des fonctionnaires se montrent partisans,
sympathisants en adhérant au parti des autorités au pouvoir. C’est pour cela que
nous pouvons avancer que le choix politique et le choix des élus sont détournés.
D’où l’idée de liberté qui est l’élément essentiel de la démocratie, est violée. Cette
inexistence de la liberté de choix est perpétuée au détriment des citoyens
pauvres. Cette exploitation se manifeste au moment de propagande en distribuant
de l’argent. Ainsi, le choix dévient marchandise. L’échange se fait entre les
citoyens et les candidats. D’où la richesse est un critère utilisé pour être candidat.
La liberté de conscience est « malade ».
Ce mauvais comportement persiste encore au moment de l’élection, car
quelques chefs Fokontany, avec certains membres de bureau de vote, pratiquent
l’usage de faux. Cela se manifeste comme un flagrant délit. Mais ils ne s’en
soucient jamais parce qu’ils sont garantis par certaines autorités. Ils ne
s’inquiètent pas d’une éventuelle poursuite judiciaire. Outre l’élection préétablie,
les électeurs fantômes sont remplaçables dans quelques Fokontany. Par
conséquent le taux de participation est très élevé à la campagne qu’en ville. De
plus, après le comptage, le responsable établit un procès-verbal provisoire et
celui-ci est finalisé à la maison pour être définitif. Donc la fiabilité du résultat est
douteuse. Exemple le cas de Saint Augustin lors de l’élection communale de
- 123 -
Décembre 2007. Cette affaire fut portée devant le tribunal compétent et a été jugé
le 18 Avril 2008.
Ici, la collection de ces carences est faite non pour une critique destructive
mais pour une critique constructive. Elle est constructive car ces maladies sont
remédiables quand leurs sources sont bien connues. En plus, nous croyons que la
plupart de ces mauvais actes semblent obscurs pour les autorités centrales. Donc
notre travail a pour but d’informer les autorités et pour conscientiser tous les
citoyens de ne pas accepter cette mauvaise foi.
Ainsi, la mise à nu de ces handicaps nous permet de trouver la solution en
vue de développer et pérenniser notre démocratie. L’existence de ces malaises
nous informe que la démocratie malagasy n’est pas encore mûre. Elle est encore
fragile.
Il est évident que, par l’analyse des situations présentes, il y a deux cas qui
provoquent ces malaises. D’abord la politisation de l’administration et en
particulier celle de l’élection. Exemple la désignation purement politique se fait au
niveau des responsables électoraux : chef de district, chef Fonkontany, membre
de bureau de vote etc. Ces gens deviennent membres automatiques du parti au
pouvoir. Par conséquent la tendance politique se manifeste inévitablement pour
protéger leur honneur et leur place. Donc pour être responsable il faut suivre et
exécuter l’ordre venant du parti. Cela fausse l’idée de la démocratie car le choix
libre et la liberté de conscience ne sont pas réunis. Cela nous oblige à changer
l’esprit de l’élection à Madagascar, c'est-à-dire la neutralité de l’administration
électorale. Enfin, la pauvreté est la source secondaire de la défaillance de la mise
en marche du système démocratique. La raison en est simple, ici, faire de la
politique signifie prendre le pouvoir en vue d’améliorer d’abord sa vie familiale.
Cela est appelé par certains politiciens : « politique du ventre », mais elle
commence par soi-même. Cela veut dire que la politique est un moyen pour
s’enrichir. Cet esprit engendre facilement des comportements variés : l’instabilité
politique, l’égoïsme, le népotisme, etc. Par conséquent il y a dysfonctionnement
de l’administration de l’Etat en général, à savoir le déséquilibre du pouvoir, la
- 124 -
présence de la majorité à géométrie variable au sein du parlement, la
multiplication rapide et inopinée des opposants.
Tout cela est observé pendant la troisième république et surtout pendant sa
première partie. A cette époque, on a constaté l’existence de la « cause côtière »,
la minorité a écrasé la majorité qui désignait le Premier Ministre, le statut politique
change sans cesse etc. Or en réalité, cela provient de l’idée de partage de place
et de perde de place. D’où la démocratie malagasy était malade à cette période.
Mais, cela est à la fois un handicap et un commencement pour la démocratie.
Pour cela, on peut dire que nous sommes en route vers la voie de la démocratie.
Cette démocratie est marquée par la maturité de l’esprit, c'est-à-dire de l’esprit du
citoyen capable d’analyser la situation présente. Cela lui permet la vision vraie et
loin de la corruption. Voilà pourquoi Pierre Mendès-France l’a dit : « la démocratie
est un état d’esprit »234. Ici on parle de la dureté, de la patience, de la maturité et
surtout de l’état de réflexion avant de décider. Cela concerne la masse, le
journaliste, le politicien et les responsables de l’Etat.
Cela veut dire que si l’esprit patriotique et la maîtrise de soi montent et
dominent et que les diverses inclinations, l’égoïsme et la domination corporelle
soient presque tolérés, la démocratie est mûre et ferme.
III.3.1.2 L’abstentionnisme
On parle d’abstentionnisme quand il y a passivité des citoyens à participer à
l’élection. Donc il est défini comme l’attitude de la personne qui ne participe pas à
un vote. Cette attitude, en général, est un signe de désintéressement.
En réalité, elle est un symbole et une manifestation de désaffection des
citoyens vis-à-vis de la politique, la monté de l’individualisme et le repli sur la
sphère privée. Elle peut être aussi une méprise de la nature de la démocratie
comme l’affirmait Pierre Rosanvallon : « faire de l’abstention le signe le plus sûr de
234 Document internet, citations : démocratie
http://www.toupie.org/citations/démocratie.htm
- 125 -
la crise du politique est réducteur »235. Tout cela nous permet de dire que
l’abstentionniste est une « maladie de la démocratie ».
Peut-être elle est une marque de désintérêt pour la politique de son pays,
mais aussi une protestation contre les moyens d’expression ou de choix offerts à
l’élection. Cela est le plus proche du bulletin blanc et celui du nul.
Or, en matière d’élection, dans le cas le plu fréquent, l’abstentionnisme, le
bulletin blanc et le nul ne comptent pas dans la pratique de la loi de la majorité.
Mais ce qui est important et considérable, c’est le suffrage exprimé. Il détermine
l’existence ou non de la majorité, même si le taux de participation est très faible, la
loi du grand nombre est relative et limitée. Cela fausse la démocratie car la plupart
des gens qui ne participent pas à l’élection sont négligés. Pour cela, l’abstention
au scrutin n’est pas une solution pour manifester la protestation.
III.3.1.3 Conflit entre la légitimité et la légalité
En général, ces deux mots se fondent sur la présence de la loi. Mais il y a
quelques nuances qui les différencient. La légitimité détermine la qualité de ce qui
est fondé en droit, en justice et en raison.
Pour cela, on parle souvent de la légitime défense, gouvernement
insurrectionnel. Tout cela se dit légitime car sa manifestation est fondée sur la
raison : raison de se protéger et idée de renverser le pouvoir en exercice. Ici, on
parle aussi de la légitimité si le cas est reconnu et accepté par le peuple. Exemple,
après le comptage des bulletins de vote, les élus sont connus en faisant le pré-
arrosage et sont félicités. Tandis que la légalité désigne le caractère de ce qui est
conforme à la loi et défini par elle. Exemple le verdict du tribunal, jugement
juridictionnel, etc. Si on parle de l’élection, la légalité est le résultat prononcé par le
tribunal compétent. Mais notre problème consiste à savoir comment se manifeste
ce conflit ?
235 Document internet, la démocratie est-elle le moins mauvais des régimes,
http://www.philocours.com/cours/cours-démocratiec2.html
- 126 -
A Madagascar, il y a deux façons de prononcer les résultats de l’élection.
Le Ministre de l’intérieur donne des résultats provisoires et les tribunaux
compétents déclarent ceux définitifs. Ici la légitimité demeure au niveau du
Ministère car cela est conforme au choix du peuple, à la connaissance de la
masse, c'est-à-dire la logique des choses. Mais ce résultat légitime est apporté au
niveau du tribunal pour être examiné. Les juges exercent leur pouvoir déterminé
par la loi en consultant toutes les pièces nécessaires. En effet ce résultat peut être
retenu ou changé, mais cela est le résultat définitif. Ainsi, il est légal car il est
exécuté et prononcé selon la loi écrite.
Ainsi, le conflit a lieu quand le résultat change après l’examen fait par le
tribunal. Le résultat final peut être contesté par la masse qui se met en colère car
elle pense que le choix du peuple est détourné. Prenons comme exemple le cas
de la commune d’Anakao, lors de l’élection communale de Décembre 2004 : Le
troisième rang est devenu le premier et maire titulaire après le résultat officiel. Ce
renversement de résultat est dû à la suppression des voix dans le bureau de vote
du Fonkotany d’Anakao ambany qui occupe les deux tiers des électeurs. Cela a
engendré la manifestation et la colère de la masse mais face à la force inégale,
elles sont avortées. Donc la légitimité est victime de la légalité et cela pose
problème à la démocratie car la majorité peut devenir minorité. De cela, nous
pouvons tirer que le peuple est sanctionné à son choix et à son goût. Or en réalité,
la faute vient en général des responsables du bureau de vote et des agents
recenseurs. Ceux-ci sont désignés et formés par l’Etat et quelquefois ils ont
tendance à faire vaincre le candidat du parti au pouvoir. En conséquence, les
requêtes ou les plaintes des autres candidats ne sont pas signées par ces
responsables. Donc elles sont superflues devant le tribunal car par l’absence de
ces paraphes, elles n’ont pas leur valeur judiciaire. Mais dans le cas contraire,
même mal fondé, le parti au pouvoir établit une requête en bonne et due forme.
Voilà le conflit entre la légitimité et la légalité. Cela peut impliquer des
remous politiques aboutissant au conflit social. Ce cas nous montre que l’idée de
la majorité est faussée par l’abus profond de la loi et des fonctionnaires de l’Etat.
Notre démocratie est malade et elle a besoin de remède.
- 127 -
Une autre forme de conflit est constatée au niveau de la désignation du
chef Fonkotany actuel. Le texte détermine l’exécution de l’élection, mais les deux
titulaires sont tirés au sein des cinq premiers élus. Ce mode de désignation
permet aux autorités comme les maires, les chefs de District d’abuser de leur
pouvoir. En effet, le peuple fait un vote en choisissant librement son candidat
préféré. Mais le rang de son choix n’est pas respecté car le cinquième peut être
désigné par le chef de District qui subit la pression du parti politique. Donc, rares
sont les cas où on trouve des opposants occupant la fonction de chefs
Fonkotany. Cela peut monter aussi la tension du peuple et peut engendrer le
clivage social. Le texte est confectionné en visant l’intérêt du légal. On devrait
proposer la précision au niveau du texte établi pour respecter la loi de la majorité
et pour éviter la division des citoyens en matière d’élection.
Enfin, la destitution qui est le pouvoir donner au président par la constitution
est une forme de conflit. Il est vrai que ce cas est légal car il est déterminé par le
texte. Mais le parlement est élu par le peuple et le Président aussi est élu par lui.
Peut être la façon d’élire est différente. L’un est élu par suffrage universel dans sa
circonscription, l’autre est choisi par suffrage universel au niveau national. Mais
tous les deux parlent au nom du peuple. Donc on devrait porter le conflit au niveau
des citoyens par voie référendaire car la Constitution nous montre dans son
préambule que « le peuple Souverain », c'est-à-dire il est le juge final pour régler
cette affaire. Cela est conforme à la règle démocratique.
Ainsi, tout cela peut être la source de la frustration, du désintéressement
croissant des électeurs vis-à-vis du système politique et de la révolte du parti
extrémiste. D’où l’abstentionnisme qui arrive inévitablement.
III.3.1.4 Le niveau de conscience politique
Le plus fréquemment, tout le monde ressemble au politicien. Il pense qu’il
est capable de faire de la politique. A cet effet, tous les citoyens font la politique
politicienne. Cela signifie que tout le peuple est membre d’un parti quelconque et il
se montre fervent au sein du parti. Donc l’acte politique devient une affaire de tout
le monde, à savoir l’intellect, l’ouvrier, le paysan et même l’illettré et l’analphabète.
- 128 -
Mais à l’intérieur de cela, il y a le « calcul intéressé » ; cela veut dire que tous
pensent que faire de la politique, c’est une fonction en vue d’améliorer la condition
de vie et de faciliter la recherche de travail. Tout cela est bien remarqué dans les
pays socialistes. Exemple en URSS le parti communiste garantit la sécurité
sociale du peuple. Par conséquent tout le monde est membre de ce parti. Cela
peut engendrer la bassesse de l’esprit car on n’est pas responsable de
l’amélioration de sa vie. On attend la manne du ciel. Donc on reste les bras
croises pour attendre l’aide de l’Etat. Cette attitude favorisera la corruption en
matière électorale. Cela marque un manque de conscience politique.
De même pour le grand politicien, son intention est de convaincre le peuple.
Ce comportement pousse à trouver tous les moyens pour convaincre la masse.
Même le mensonge est prononçable pour lui. Voilà pourquoi, la démagogie est le
terme le plus entendu dans l’acte politique car il fait une promesse qui est
irréalisable. Donc son rêve est fictif. Raison pour laquelle la majorité du peuple
considère que la politique est un leurre. Cette mauvaise foi est provoquée par la
passion profonde de la chaise. La conscience de soi est cachée et le mensonge
est un moyen pour attirer l’attention du peuple. Donc il y a exploitation de l’homme
par l’homme comme disait Nietzsche « L’un grimpe sur l’autre »236. Pour cela,
l’acte politique n’est pas fiable car son sens de la manière de conduire un pays est
détourné.
De plus, si les termes « pour » et « contre » sont plus accentués dans une
société quelconque et surtout dans le milieu social, le conflit politique arrive
facilement. Ce conflit est le plus dangereux car la relation est plus tendue et
coupée. Même pour des gens de la même famille, même père. Donc le
« fihavanana » et le lien de parenté sont détruits par la politique. Exemple le plus
concret le mouvement populaire de 1991 à Tuléar, l’Equipe « KOTAVO » combat
la force vive « Herivelona Rasalama » en utilisant des outils comme la lance de
pierre, le coupe- coupe, la hache, le bâton etc. Or, les deux équipes ont une
relation étroite et il y a aussi des enfants de même père qui se combattent. Ce
236 F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra I, p.131
- 129 -
comportement est en réalité poussé par l’influence de l’argent, lutte pour la chaise.
Cela nous permet de dire que le niveau de conscience politique manque encore.
En plus, dans certaines régions, l’analyse du profil est moins considérée
que l’influence de l’argent distribué et du tribut d’appartenance. Cela favorisera la
corruption électorale et le tribalisme. Cette situation permettra aux illettrés ou aux
analphabètes d’arriver au pouvoir. Exemple quelques responsables de la mairie et
certains députés de la troisième république, première partie, sont illettrés et
analphabètes. Cela nous pousse à poser la question suivante: Comment sont-ils
examinés et établis les textes ? Cela est caractérisé par le vouloir être dans la
place politique. Ainsi le niveau de conscience politique n’est pas encore justifié.
Enfin, le comportement de certains politiciens est dicté par le « partage de
gâteau », c'est-à-dire l’attachement profond aux intérêts personnels. Sa carence
peut impliquer la naissance des opposants. Donc on parle ici de l’opposition
systématique, perturbant et piégeant toujours les dirigeants en exercice. Une
chose souhaitable et à féliciter pour les opposants, c’est la mise en lumière de la
souffrance et de la pauvreté de la masse, car cela leur permettra de critiquer les
dirigeants et de stimuler le peuple en vue de renverser ces autorités. Donc l’esprit
patriotique est absent. Par conséquent, par la présence de cette situation,
l’économie de ce pays est fragile et se recule car l’alternance démocratique est
moins constatée. Cela bloque aussi la bonne marche de la continuité de l’Etat, et
le nouveau dirigeant commence toujours par installer sa base. Or cela est moins
visible dans l’Etat développé. Le niveau de la conscience politique marche au ras
du sol.
III.3.2 La concrétisation et la fiabilité de l’acte politique
Il est évident que le désintéressement, la désaffection politique du peuple
sont constatés à travers l’élection, à savoir sa passivité pour participer à un vote,
l’existence de taux de participation très faible. Cela traduit sa protestation, son
dégoût vis- à- vis de la politique de son pays, la manière de manifester la
démocratie. De plus, le dégoût politique vient aussi, outre sa pauvreté, son
insécurité, du fait que le peuple est victime de l’infidélité du politicien, l’abstraction
- 130 -
de l’acte politique. Or, faire croire c’est l’affaire de la religion et non pas celle de la
politique qui à pour fonction de résoudre le problème quotidien du peuple.
Quelques exemples de malaises politiques : déclaration de fausse promesse,
imagination de programme fictif, la pratique de tromperie, leurre politique. Tout
cela pousse le peuple à considérer la politique comme pure démagogie, un moyen
de trouver une place politique. Cette vision négative est confirmée par quelques
manifestations des mauvais comportements des autorités telles que : la
contrainte, l’utilisation de la force quand le peuple revendique son intérêt, la
politisation de l’administration, la présence du népotisme dans le partage de
l’intérêt, la tendance de l’esprit à rester à vie au pouvoir et ceci est la cause
première de l’usage de faux en matière d’élection, le détournement du choix du
peuple, la distribution massive de l’argent.
En effet, le cas de l’abstentionnisme peut arriver facilement. Cela détermine
la protestation des citoyens vis-à-vis des problèmes suscités. Donc nous devons
changer la pratique de la politique, si nous voulons faire participer le peuple à
l’acte politique. Il est sûr que c’est difficile de faire supprimer cette habitude mais
quand même il faut mener le peuple vers la bonne voie de l’acte politique. Il faut
changer petit à petit l’état d’esprit du peuple, c'est-à-dire lui insuffler l’esprit
patriotique. Mais cela exige le comportement modèle pour les politiciens et les
autorités en exercice.
D’abord, il faut sécuriser le peuple : Sécurité sociale, économique etc. C’est
une condition suffisante pour faire revenir la confiance du peuple pour qu’il
considère les autorités comme vraies responsables, comme compétentes, etc.
Ensuite, au niveau de l’Etat, on devrait adopter la dépolitisation de
l’administration. Cela consiste à distinguer l’affaire technique et celle politique.
Laisser l’affaire politique au politicien et la bonne marche de la gestion de l’Etat au
technicien et au fonctionnaire de l’Etat. Tout cela condamne la pratique du double
casquette : à être à la fois responsable politique et titulaire de l’affaire de l’Etat.
Mais, cela exige une volonté politique de l’Etat, la bonne conscience des
dirigeants, l’indépendance judiciaire et surtout l’instauration de la haute cour de
justice indépendante et l’existence du comité électoral privé et autonome pour
- 131 -
éviter tout vice de forme en matière d’’élection. L’engagement de l’Etat à prendre
en main toute la dépense électorale est souhaité : impression et transport des
bulletins.
De plus, dès la campagne électorale, le politicien devrait proposer un projet
de société réalisable en se basant sur la réalité et les partenariats déjà
disponibles. Ce programme doit partir de données précises en connaissant la
cible, les ressources financières, les agents de développement possible etc. Donc
tout le monde doit être convaincu de sa fiabilité, de sa faisabilité même. Le cas
contraire on devrait connaître ce qui peut arriver éventuellement en raison des
diverses entraves imprévues.
Enfin, pour considérer une véritable démocratie, on pourrait s’accorder sur
la pratique de la politique qui respecte l’égalité réelle et concrète tous les citoyens
devant le choix de la société. Le pouvoir devrait adopter la politique qui garantit,
d’une manière effective, les libertés fondamentales, notamment : la liberté de
conscience, la liberté d’expression, la liberté de réunion et l’absence d’arrestations
arbitraires, etc.
III.3.2.1 Le Comité Electoral indépendant
Le problème ici, c’est l’utilisation à tort et à travers de l’élection. Celle-ci est
constatée lorsque la politique entre beaucoup dans l’administration de l’Etat. Tout
cela peut engendrer l’abus profond pratiqué par le politicien : désignation des
hauts fonctionnaires, des responsables régionaux, etc. Ainsi, il est titulaire de la
force de pression, de celle de la contrainte. De même en matière d’élection, la
désignation des responsables est passée sous approbation, sous supervision du
parti politique et notamment de celui qui est au pouvoir. Exemple : le chef de
District, Le chef Fonkotany, les membres du Bureau de vote, etc.
Par conséquent, on a des responsables factices, des responsables
obéissants et non pas des techniciens. De ce fait, ils sont aliénés et asservis par
l’autorité politique et non pas au service du peuple.
- 132 -
Ainsi, on a besoin de comité électoral privé et indépendant. Il est
souhaitable qu’il soit représenté à tous les niveaux : national, régional, communal
et au sein du Fokontany. Sa fonction ne concerne que la matière électorale
comme la préparation, l’exécution et la proclamation des résultats de l’élection.
Ses membres devraient avoir un statut particulier. Celui-ci concerne leurs
avantages, leur mobilisation, leur désignation, leur autonomie financière, leur
sécurité. Il doit être autonome au niveau budgétaire, et doit assurer la charge de
toutes les dépenses électorales. Tout cela nous pousse à conseiller qu’on devrait
alléger le problème financier du candidat en compétions: cet organe prend en
charge l’impression et garantit le transport des bulletins de vote et adopte le
bulletin unique pour éviter le gaspillage et le problème du nombre et de la couleur
utilisée pour le bulletin. De plus il est responsable du partage de l’accès à la
communication publique, de l’affichage et l’établissement de la liste électorale, de
la distribution des Badges qui permettent aux candidats et leurs mandataires de
suivre et de contrôler le déroulement de l’élection. Enfin, il est souhaitable aussi
que le parti politique soit financé et que cet organe doive ressortir du pouvoir
compétent. Mais cela exige le regroupement des partis politiques, à savoir la
droite, la gauche et le centriste. Avant d’entrer en fonction, ses membres doivent
prêter serment.
Mais cette institution devrait être poursuivie judiciairement en cas de
manifestation d’abus. Cela détermine aussi l’existence de l’Etat de droit qui est
sous la surveillance du pouvoir judiciaire. Donc la justice ne se charge que du
conflit électoral et non de la proclamation des résultats officiels. Peut être, le
tribunal électoral examine en détail les dossiers s’il y a conflit, mais cela consiste à
juger le coupable.
III.3.2.2 L’éducation de la masse
Ce passage consiste à prioriser l’éducation de la masse en matière
d’alphabétisation et de conscientisation. Cela lui est nécessaire pour avoir la
capacité d’analyse et suivre l’actualité politique. A cet effet, on devrait souhaiter
l’instauration et la séparation du ministère charge de cette fonction. Son but est
d’homogénéiser le niveau intellectuel de tous les citoyens et de changer la
- 133 -
mentalité habituelle en général. Pour cela, on supprime progressivement
l’égoïsme et on inculque petit à petit l’esprit patriotique. Pour cela on pourrait
envisager deux types d’éduction et de conscientisation, à savoir au niveau de la
masse et au niveau du responsable politique ou dirigeant de l’Etat. Ainsi la
communication, la mise en place de l’Etat de droit et l’instauration d’un organe
chargé de l’élection tient une place importante dans cette éducation. Au sein du
peuple, on devrait faire monter à un certain niveau la connaissance intellectuelle,
c’est à dire la capacité de lire, d’écrire et le sens d’analyse de la situation. Ces
capacités lui permettent de faire l’autodidactisme tant général que technique. On
doit lui montrer que le commencement de la compréhension de l’affaire politique
commence par là. En sachant comment conduire sa vie, il saura aussi mieux
diriger les autres. En effet il devrait écarter la politique politicienne, mais il est
appelé pour accomplir sa fonction de citoyen : voter, discuter si nécessaire et
payer son engagement financier envers l’Etat. Mais son choix se fait par
l’intervention de sa raison pour qu’il puisse manifester sa liberté de choisir. De
plus, on doit lui montrer aussi l’importance de l’effort de travailler pour
l’amélioration de la vie et de la nation et la valeur de la lecture des journaux afin
de suivre l’actualité politique et le progrès technique actuel. Cela lui permet d’avoir
une vision vraie et de se libérer du joug du leurre politique. En outre, faire
connaître au peuple que la relation sociale a plus de valeur que la relation
politique. Cette relation assure et garantit le fihavanana. Donc il faut les distinguer.
Par conséquent le conflit social créé par l’affaire politique est une grande erreur et
une manifestation de la naïveté de l’esprit. Pour cela on doit faire des débats
politiques afin de connaître la situation, mais il n’est pas une fonction. Cette
discussion a pour objet aussi de faire l’analyse. Raison pour laquelle nous
suggérons l’existence de responsable pour cette fonction ou la responsabilisation
d’un comité électoral indépendant qui s’occupera de l’éduction politique. Donc on
a besoin de recruter un nouveau personnel et non pas le fonctionnaire en
exercice. On souhaitera la structure du CNE présentée au niveau National
descendre jusqu’au Fokontany. Ses représentants assurent et garantissent le
débat politique au sein des Fokontany. Cela favorisera la « démocratie directe » et
facilitera l’information sur la réforme envisagée par le pouvoir central. Exemple
l’explication d’un projet de Constitution. Pour cela la masse est comme
- 134 -
responsable de son choix car elle connaît en détail le contenu du texte à voter ou
le profil souhaité du candidat proposé. Pour cela, c’est sûr que le peuple va
exécuter l’élection par la présence de la voix de sa conscience et l’intervention de
sa raison et non plus sous l’influence de l’argent, de la contrainte et de toute forme
de caresse. Cela est sûr, car le peuple a une capacité d’analyse, connaît sa
responsabilité sur l’avenir de son pays. Ainsi, sa souveraineté se manifeste
vraiment et la vraie démocratie domine car les élus sont considérés comme les
vrais représentants du peuple.
Au niveau des responsables politiques, ils doivent changer leur façon de
faire la politique. Ils devraient être les modèles au sein de la société : du point de
vue de la parole et du comportement. De plus on suggère de ne pas faire de
promesses irréalisables qui déçoivent le peuple. Pour cela le parti politique ne
fonctionne que lors de la désignation et de la propagande pour l’élection. Après il
exerce la fonction d’une organisation non gouvernementale qui participe à
l’amélioration de la vie sociale du peuple. Il peut critiquer tout ce qui ne marche
pas, mais cette critique doit être constructive et non destructive. Donc la
systématisation de l’opposition, le changement sans cesse de statut politique et le
leurre politique peuvent s’effacer. Ainsi le « pour » et le « contre » ne pensent qu’à
l’intérêt supérieur du peuple et de la nation et cela nous montre l’existence de la
maturité politique.
Mais tout cela exige la bonne volonté politique adoptée par l’Etat. Cette
volonté consiste à mettre en œuvre la politique de la bonne gouvernance, la
transparence, l’impartialité au niveau de l’administration, la neutralité vis-à-vis de
l’affaire politique. A cet effet c’est l’intérêt commun qui commande l’administration
et non pas la passion individuelle. Pour cela on devrait suggérer que les
opposants détiennent une place considérable dans la gestion de l’affaire de l’Etat
et ils ont une considération protocolaire comme les autres institutions.
Enfin, pour éviter la démocratie sauvage, il faudrait exiger certaines critères
comme l’exactitude des informations déclarées, l’exigence de certain niveau
intellectuel pour être candidat à l’élection afin d’éviter le dysfonctionnement de
l’administration au niveau du pouvoir décentralisé.
- 135 -
CONCLUSION
Les principaux problèmes qui se posent à la pratique de la démocratie sont
liés à l’absence de vrais critères internationaux, officiellement reconnus, et la non
existence de l’organisme qui se charge de la mise en marche, sans partialité de ce
régime. A cet effet, chaque pays se dit démocrate et les critères d’évaluation de ce
régime se multiplient dans le temps et dans l’espace. Tout cela engendre de
nombreuses dénominations de la démocratie dans le monde et la polysémie de ce
terme.
On constate que la démocratie n’est pas un modèle de pouvoir à suivre,
mais un fait historique. Sa manifestation est discontinue et son apparition est
marquée souvent par la lutte d’intérêt opposant les bourgeois et les prolétaires.
Ainsi, le mouvement populaire et révolutionnaire est le commencement du pouvoir
de la majorité. Cela permet à la classe en déclin de changer la forme de son
régime. A cet effet, le nom de la démocratie a changé sans cesse. Donc les
critères de base de ce régime dépendent en grande partie du but visé chaque
classe. Pour tout cela, il semble obscur de donner une définition unique et précise
au terme « démocratie ».
Malgré sa polysémie, la démocratie est définie comme pouvoir de la
majorité. Ses critères de base sont la règle de la majorité, la liberté et l’égalité des
droits. Tout cela est renforcé par le texte fondamental qui détermine le mode de
fonctionnement, le mode de désignation des autorités de l’état et la mise en
marche de ce régime.
Mais l’idée directrice de la démocratie c’est l’idée de nombre. Cela
détermine ses types. Elle est directe, si le peuple est lui –même l’agent
d’exécution. Par contre, elle est considérée indirecte quand le rôle du peuple se
borne à élire les représentants. Elle est semi –directe si on adopte les deux types
à la fois.
On a observé que ce régime semble propice à la vie humaine, mais la
divergence d’idée consiste à douter de la faisabilité ou non du gouvernement de la
- 136 -
majorité. Donc, elle est nécessaire, car elle déteste la monopolisation du pouvoir
et de toute sorte de pouvoir à vie et héréditaire. Par conséquent, elle favorise
l’alternance et la participation de tout le monde par le biais de l’élection et du
débat organisé quand il y a des réformes importantes sur la gestion des affaires
de l’Etat. Mais elle présente quelques points négatifs autres que les malaises
rencontrées lors de l’élection, elle contient des éléments qui s’excluent
mutuellement afin qu’elle soit suivie, à savoir l’égalité et la liberté. De plus, l’idée
de la majorité n’est pas forcément la bonne. Par conséquent, Platon semble
détester la démocratie, car la foule est incapable de gouverner et de se gouverner.
Ce penseur a suggéré que le bon gouvernement est celui du « roi –philosophe »
qui, seul, a accès à la vérité.
Tout cela est réitéré par Nietzsche quand il affirme que la démocratie est
marquée par le succès du vœu du troupeau. Ce régime est l’aboutissement de la
lutte des conditions et des classes, car sa manifestation est symbolisée par
l’apparition des droits égaux. Donc il y a la disparition et la dégénérescence des
espèces fortes et solitaires. Les faibles détiennent le pouvoir, et le pouvoir fait
avoir beaucoup d’argent. Ainsi, la démocratie favorise les faibles, les superflus à
arriver au pouvoir. Par conséquent, elle est pouvoir du médiocre et du débile, car
elle renonce à la valeur aristocratique et vise à l’existence de coalition d’intérêts
bas et projette la pitié.
A cet effet, Nietzsche convient d’instaurer l’aristocratisme nouveau. Ce
régime, pour lui, mène l’homme à suivre la voie vers le surhumain, car il accorde
la dureté, la volonté, la puissance, la conscience de soi, l’action, la résistance face
aux dangers et la pensée de surmonter toutes les entraves. Ainsi, ce régime forge
le type de l’élévation d’homme qui est à la fois homme d’action et penseur. Par
conséquent, cet homme est autonome, maître de lui-même. Il est capable de
dominer et de se dominer. D’où, la société nietzschéenne tend vers
l’individualisme et une société sans classe. La solitude est une attitude utile pour
écarter la pitié dans la place publique.
Pour fusionner l’éparpillement d’idée sur la pratique de la démocratie, il
serait souhaitable d’améliorer ce régime. La chose publique est le peuple. La
- 137 -
fonction de l’Etat dépend en grande partie de l’attente de la majorité. La masse fait
manifester sa souveraineté à partir de l’élection. Mais elle est moins intéressante à
la prise de décision, parce que cela exige certaine capacité intellectuelle et
pratique.
Ainsi, il serait intéressant d’exiger certain niveau pour être candidat à
l’élection. Cela est utile dans le but d’éviter le dysfonctionnement dans la gestion
des affaires de l’Etat.
Ce type de démocratie est nécessaire dans les pays sous développés et en
particulier à Madagascar, pour faire distinguer la compétence de chacun en
matière politique, pour faire régner l’idée d’alternance démocratique et pour
inculquer l’idée que l’Etat fonctionne au profit de la majorité.
A cet effet, on souhaiterait l’existence de l’élection fiable et acceptée par
tout le monde. De même, la société, là où règne la sécurité sociale, le niveau
intellectuel plus ou moins homogène, la maturité politique et l’état de droit.
En effet, il faudrait instaurer la responsabilité chargée de l’élection
indépendante. Son statut est comme toutes les institutions et il serait structuré de
la capitale aux Fokontany. Cette institution devrait être bien protégée par la loi.
Mais elle est jugeable quand elle présente des mauvaises fois. Ses fonctions sont
de préparer, d’exécuter et de proclamer les résultats de l’élection. Elle est aussi
responsable de la dépense électorale, comme l’impression des bulletins de vote,
les urnes et tout matériel de vote, et le transport de ces matériels. Pour cela, cette
institution est autonome, tant morale que matériel et financier.
De plus, cette institution serait responsable de l’éducation de masse en
matière de « civisme », de comportement, face à l’élection et elle est chargée de
l’explication en détail du texte en vigueur ou le projet de constitution qui trouvera
l’approbation du peuple.
Tout cela nous permet d’avancer que la juridiction reste à juger seulement
le conflit électoral, et l’Etat se situe à la situation de supervision. Tout candidat à
- 138 -
l’élection devrait être dévêtu de l’exercice du pouvoir de l’Etat pour donner la
même chance à eux.
Il faudrait surtout, dans la commune rurale, mettre à niveau la population
par le projet d’alphabétisation, car plus le niveau de la population est élevé, plus
elle peut analyser la situation présente. Elle est capable de distinguer l’utile et
l’inutile, le faisable et le non faisable, la priorité et le nécessaire, etc.
Montrons au peuple que sa compétence se borne à désigner et à renverser
ses représentants. Il peut revendiquer ses intérêts. Donc, il faudrait, après
l’élection, laisser la politique pour les politiciens et le peuple continuer son affaire
quotidien. Donc le conflit politique ne doit pas perturber relation sociale. De même
pour les opposants, on devrait souhaiter l’existence des critiques, car cela est
constructif. Enfin, les dirigeants sentiraient que leur fonction est passagère. Par
conséquent, il devrait avoir l’esprit patriotique, en mettant en premier lieu l’intérêt
commun. Si tout cela est réuni, sans doute que la maturité politique est le support
de la mise en marche de ce régime.
Tout cela est renforcé par l’instauration de l’état de droit pour atténuer la
mauvaise volonté de chacun.
Pour terminer notre travail, nous réitérons que la démocratie est nécessaire
quand tout le monde arrive à un certain état d’esprit : capable d’analyser la
situation. Mais elle doit être appuyée par la sécurité sociale pour faire taire la
masse. D’où, il faudrait déraciner la pauvreté qui est la cause principale de
l’insécurité publique.
Enfin, ces solutions proposées ne sont pas exhaustives, mais elles sont
avancées à titre de suggestions, car notre recherche ne prétend pas avoir épuisé
toutes les questions. Afin que notre démocratie soit viable, stable, unifiable et
adaptée à notre pays, la recherche et l’étude sur ce sujet doivent toujours être
mises à jour, en fonction des tous les contextes, du temps et de l’espaces.
- 139 -
BIBLIOGRAPHIE
I-LIVRES DE L’AUTEUR TRAITE
NIETZSCHE Friedrich Wilhelm, Ainsi Parlait Zarathoustra, Aubilier-Flammarion, 1969, livre I, 374 p.
NIETZSCHE F.W., Ainsi Parlait Zarathoustra, Aubilier-Flammarion, 1969, livre II, 318 p.
NIETZSCHE F.W., Humain Trop humain, Gallimard, 1969, 416 p.
NIETZSCHE F.W., Le gai savoir, Gallimard, 1950, 383 p.
NIETZSCHE F.W., La généalogie de la morale, Gallimard, 1964, 250 p.
NIETZSCHE F.W., Par delà le bien et le mal, Aubelier Montaigne, 1978, 418 p.
NIETZSCHE F.W., La volonté de puissance, version électronique, 483 Aphorismes
II-AUTRES OUVRAGES
8-HOFFMAN Edwin B-, Les voies de la liberté, FRANCE –EMPIRE, 1966, 206 p.
9-LENINE, Notes, critiques sur la question Nationale, Progrès Moscou, 1981, 72p.
10-PLATON, Protagoras, LES BELLES LETTRES, 1984, Tome III, 361 p.
11-RENE DE LACHARRIERE, Etude sur la théorie démocratique, PAYOT, Paris, 1963, 218 p.
12-ROUSSEAU Jean Jacques, Du contrat social, Hachette littérature, 1972, 448 p.
13-TCHERNENKO K., La démocratie soviétique, Agence de presse Novosti, Moscou, 1977, 96 p.
III-TEXTE
14-Constitution de Madagascar, 1998, 32 p.
IV-DICTIONNAIRES
15-BARAQUIN N.-LAFFITE J, Dictionnaire des philosophes, Armand Colin, Paris, 2002, 342 p.
- 140 -
16-FOULQUIE Paul, Dictionnaire de la langue philosophique, PRESSES Universitaires de France, Paris, 1962,778 p.
17-FROLOV I., Dictionnaire philosophique, Progrès Moscou, 1985, 568 p.
V-ENCYCLOPEDIES
18-CAVAFY Cortázar, Ecyclopédia Universalis, France, S.A., Paris, 1968, volume 4, 1074 p.
19-Larousse encyclopédique illustré, LAROUSSE-Bordas, 1997, volume I, 890 p.
20-La grande Encyclopédie philosophique Universelle en couleur, ERASME, Paris, 1970, 3672 pages
VI-DOCUMENT INTERNET
21-Document Internet, Naissance de la démocratie-Historique, http : francoib-
chez-alice-fr/agora/ag1.Stor.htm
22-Document Internet, Naissance de la démocratie Wikipédia, encyclopédie libre,
http ://www.google.fr/Search ?
hl : fr8q= naissance+de+la+d%c3%A9 mocratie 8btnG=recherche+google+8.n
23-Document Internet, Démocratie athénienne, http : //fr.
Wikipédia.org/wiki/D%C3% A9 mocratie, 09/08/08. A 08 :10
24-Document Internet, Démocratie- wikipédia, http://www.org/wike/Pens%C3%A9
mocratie, 31/08/08 à 22 :03
25-Document Internet, Histoire de la démocratie directe, http :
//fr.wikipédia.org/wiki/D%C3A9 mocratie, 09/09/08 à 08 :10
26-Document Internet, Tourpilles, le recueil de citations, http : //www tourpie.
Org/citations/Démocratie-htm
27-Document Internet, Dictionnaires des citations politiques, http://www.citations
politiques.com/thème.php3 ?id-mot=5, 28/04/07 à 11 :32
28-Document Internet, L’Etat et la Révolution, http://fr.wikipédia, 17/10/07 à 16 :40
29-Document Internet, La démocratie est-elle le moins mauvais de régime,
http://www.philocours.com/cours/cours-démocratieC2.html
- 141 -
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS ............................................................................... - 1 -
INTRODUCTION ................................................................................... - 2 -
PREMIERE PARTIE : HISTORIQUE DE LA DEMOCRATIE ........................... - 6 -
I.1 DEFINITIONS ................................................................................... - 7 -
I.1.1 Sens étymologique ............................................................. - 7 -
I.1.2 Evolution du sens de la démocratie .................................... - 8 -
I.2 DIFFERENTS TYPES DE DEMOCRATIE ..................................... - 11 -
I.2.1 La démocratie directe ....................................................... - 11 -
I.2.2 La démocratie représentative ............................................ - 13 -
I.2.3 La démocratie semi directe ............................................... - 14 -
I.3 APPLICATION DE LA DEMOCRATIE ............................................ - 16 -
I.3.1 La démocratie militaire ...................................................... - 16 -
I.3.2 Démocratie bourgeoise et Démocratie socialiste .............. - 18 -
I.3.2.1 La démocratie bourgeoise ..................................... - 18 -
I.3.2.2 La démocratie Socialiste........................................ - 20 -
I.3.3 Démocratie libérale et Démocratie populaire .................... - 23 -
I.3.3.1 La démocratie libérale ........................................... - 23 -
I.3.3.2 La démocratie populaire ........................................ - 25 -
I.3.4 La démocratie Nationale ................................................... - 27 -
I.4 FONDEMENT ET RESULTATS DE L’EXERCICE DE LA
DEMOCRATIE .................................................................................... - 28 -
I.4.1 Fondement ........................................................................ - 28 -
I.4.1.1 Règle de la majorité ............................................... - 28 -
I.4.1.2 La Constitution et la juridiction associées. ............. - 30 -
I.4.1.3 Séparation des pouvoirs ........................................ - 32 -
I.4.1.4 Indépendance de la justice .................................... - 33 -
I.4.2 Résultats de l’exercice de la démocratie ........................... - 36 -
- 142 -
I.4.2.1 La liberté et le pluralisme des valeurs ................... - 36 -
I.4.2.2 La consultation régulière du peuple ....................... - 38 -
I.4.2.3 Droit et Sécurité sociale du peuple ........................ - 40 -
I.4.3 Pratique de la démocratie ................................................. - 42 -
I.4.3.1 Le débat................................................................. - 42 -
I.4.3.2 L’institution ............................................................. - 43 -
I.4.3.3 La Justice .............................................................. - 45 -
DEUXIEME PARTIE : CONCEPTION DU PEUPLE CHEZ NIETZSCHE ........ - 47 -
II.1 LES GRANDS HOMMES ET LE PEUPLE .................................... - 48 -
II.1.1 Les grands Hommes ........................................................ - 49 -
II.1.1.1 Le Statut social des grands hommes .................... - 49 -
II.1.1.2 L’infériorité des grands hommes ........................... - 52 -
II.1.1.3 Ce que sont les grands hommes .......................... - 58 -
II.1.2 La masse ......................................................................... - 62 -
II.1.2.1 Attitude de la masse ............................................. - 62 -
II-1-2-2 Le désir de l’égalité ...................................................... - 65 -
II.2. L’ETAT ......................................................................................... - 66 -
II.2.1 Définitions ........................................................................ - 66 -
II.2.2 La spécificité de l’Etat ...................................................... - 68 -
II.2.2.1 Le signe de l’Etat .................................................. - 68 -
II.2.2.2 Les marques de l’Etat ........................................... - 70 -
II.2.3 Fondation et support de l’Etat .......................................... - 73 -
II.3. PROJET DE SOCIETE CHEZ NIETZSCHE ................................. - 77 -
II.3.1 La politique ....................................................................... - 77 -
II.3.1.1 L’Aristocratisme .................................................... - 77 -
II.3.1.2 Le féminisme ........................................................ - 81 -
II.3.1.3 L’animalisme ......................................................... - 83 -
II.3.2 Le surhomme ................................................................... - 85 -
II.3.2.1 La volonté de puissance ....................................... - 87 -
II.3.2.2 Le cercle de la vie ................................................. - 89 -
- 143 -
II.3.2.3 La morale du Maître ............................................. - 91 -
II.3.3 La société ......................................................................... - 92 -
TROISIEME PARTIE : REFLEXIONS ET ETUDES COMPARATIVES DE
DEMOCRATIE ................................................................................................. - 93 -
III.1 CRITIQUE DE LA DEMOCRATIE ................................................ - 94 -
III.1.1 Points positifs de la démocratie ...................................... - 94 -
III.1.1.1 Rôle régulateur .................................................... - 94 -
III.1.1.2 L’alternance et le droit des opposants ................. - 96 -
III.1.1.3 La démocratie : outil pour responsabiliser ........... - 97 -
le peuple. .......................................................................... - 97 -
III.1.2 Envers de la démocratie ................................................. - 98 -
III.1.2.1 Le vice interne de la démocratie .......................... - 98 -
III.1.2.2 Handicaps de la démocratie .............................. - 102 -
III.1.2.3 Démocratie : Naissance de la tyrannie et la
décadence ......................................................... - 105 -
III.1.3 La démocratie, vue par Nietzsche ................................. - 108 -
III.1.3.1 La démocratie comme pouvoir des superflus .... - 108 -
III.1.3.2 La démocratie comme forme tapageuse et
mensongère ....................................................... - 111 -
III.1.3.3 La démocratie comme danger pour ................... - 113 -
le surhumain. .................................................................. - 113 -
III.2 SUPPORT DE LA DEMOCRATIE .............................................. - 115 -
III.2.1 La puissance économique ............................................ - 115 -
III.2.2 La maturité politique ...................................................... - 116 -
III.2.3 L’Etat de droit ................................................................ - 117 -
III.3. ENTRAVES ET AMELIORATION DE LA DEMOCRATIE ......... - 118 -
III.3.1 La limite de la loi de la majorité ..................................... - 120 -
III.3.1.1 Aléas observé lors de l’élection ......................... - 120 -
III.3.1.2 L’abstentionnisme .............................................. - 124 -
III.3.1.3 Conflit entre la légitimité et la légalité ................ - 125 -
III.3.1.4 Le niveau de conscience politique ..................... - 127 -
III.3.2 La concrétisation et la fiabilité de l’acte politique .......... - 129 -
- 144 -
III.3.2.1 Le Comité Electoral indépendant ....................... - 131 -
III.3.2.2 L’éducation de la masse .................................... - 132 -
CONCLUSION .................................................................................. - 135 -
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................... - 139 -