la décolonisation

33

Click here to load reader

Upload: abdou-niane

Post on 05-Jul-2015

358 views

Category:

Documents


1 download

TRANSCRIPT

Page 1: La Décolonisation

La Décolonisation

LA DECOLONISATION Triple impact : — une modification radicale des relations internationales — une modification des sociétés des anciens pays colonisés — une modification des anciennes puissances coloniales Définition : Processus par lequel un pays jusque-là colonisé accède à l'indépendance. Première vague, celle des années 1775 et 1825, des sécessions. Exception de Saint-Domingue : Toussaint Louverture, 1804, République noire d’Haïti. Questions : L’influence de la guerre froide (un accélérateur ou un frein) et des limites (surtout économiques) de la décolonisation.

I. LES ORIGINES DU PHENOMENE

1) « LA DECOLONISATION EST FILLE DE LA COLONISATION » René Rémond Introduction à l’histoire contemporaine. a) Une réaction : Histoire de la résistance à la colonisation : Les grands Empires d’Afrique noire (le Mali et le Ghana) La résistance des Hereros dans le Sud-ouest africain (1904-1907) Algérie : Abd el-Kader capitule en 1847. Maroc : Traité de Fez (1912), guerre du Rif (1924-25) Indes : la révolte des Cipayes (1857) Tonkin : Les Pavillons noirs (1870-1880) Ile de Sumatra : résistance du sultanat d’Aceh (1873-1904) Chine : les Boxers (1899-1901) b) Une résultante, une filiation : Les résistances indigènes : clan, tribu, ethnie La colonisation apporte l’idée nationale, fonde parfois le futur cadre national (Algérie) 2) LES DEUX SOURCES DES NATIONALISMES COLONIAUX a) Les racines anciennes : Un nationalisme tourné vers le passé, sur les spécificités nationales Importance de la religion, conception théocratique de la société Favorable à un pouvoir oligarchique, rarement démocratique Université islamique d’Al Azhar au Caire b) Les racines contemporaines : L’école coloniale, la presse, les idéaux de l’Europe comme la laïcité Les guerres d’indépendance sont le produit du décalage entre les principes énoncés par les puissances coloniales et les pratiques de l’administration coloniale

Séance 10 : cours de Jean-François Fayet 3) LES FONDEMENTS IDEOLOGIQUES : a) Le libéralisme et la démocratie Le parti du Congrès aux Indes (1885) Le triple démisme (indépendance, souveraineté et bien-être du peuple) de Sun Yat Sen b) Le socialisme c) Le communisme Congrès de Bakou des peuples d’Orient, 1920 Parfois le communisme fusionne avec l’idée nationale : Vietnam Parfois il s’allie avec le mouvement nationaliste comme en Chine : PCC /Guomindang Souveraineté économique par la nationalisation des matières premières : L’Iran (1951) et le Mexique (1938) nationalisent le pétrole, le Chili le cuivre, la Bolivie les mines d’Etain L’Egypte le canal de Suez (1956)

2

II. ETAPES ET FORMES DE LA DECOLONISATION :

1) PRINCIPES GENERAUX : a) L’attitude des métropoles coloniales : Grande-Bretagne : —souplesse administratives (self-government), Commonwealth of Nations —L’absence de complexe de grande puissance France, Pays-bas, Portugal, Belgique : proposent contre l’indépendance l’intégration des territoires coloniaux à la métropole, transformant les colonisés en citoyens égaux —traditions coloniales plus centralisatrices —peur de la perte de prestige b) Le poids des colons : Les colonies de peuplement : la Tunisie (200'000 Européens), le Maroc (4000'000), l’Algérie (plus d’un million en 1950) et la Rhodésie du Sud (220 000 blancs) c) Le maintien de liens (politique, militaire ou économique) : 2) LA PREMIERE VAGUE a) L’Asie (du Sud et du Sud-est) Occupation japonaise et mise en place de gouvernement formellement indépendants. Les métropoles doivent rétablir leur influence.

Page 2: La Décolonisation

Séance 10 : cours de Jean-François Fayet a.1 Les Indes britanniques : 1937 : victoire électorale du Parti du congrès (Gandhi) 1940 : la métropole promet aux Indiens le statut de dominion au sortir de la guerre. 1906 : création de la Ligue musulmane du Dr. Jinnah 1947 : Le vice-roi, Lord Mountbatten fait accepté un plan de partition : — L’union indienne, rassemblant des territoires majoritairement hindouistes — Le Pakistan : Les provinces du Nord-Ouest et le Belouchistan (=le Pakistan actuel), et à l’Est, le Bengale oriental (Bengladesh actuel). 1948 : Birmanie et île de Ceylan. Contre exemple : la Malaisie, 1957 a.2 Les grands archipels :

3

Les Philippines : Colonie américaine depuis la fin du XIXe siècle, occupées pendant la guerre par les Japonais. 1943 : le Japon prononce l’indépendance de l’archipel. 1945 : Le général Mac Arthur reprend le contrôle de Manille 1946 : indépendance assortie d’une multitude de traités économiques et militaires. Les Indes néerlandaises : Occupé depuis le XVIe siècle — le Sarekat Islam, un mouvement traditionaliste d’inspiration musulmane — le PC indonésien, fondé en 1920 — le Parti national indonésien 1945 : le Parti national proclame l’indépendance du pays Les Pays Bas décident à l’automne 1945 de reprendre le contrôle militaire de sa colonie 1949 : indépendance de l’Indonésie, président Soekarno b) Afrique septentrionale et Proche-Orient b.1 Afrique septentrionale (du nord) Les possessions italiennes : L’Ethiopie (en 1941) La Libye en 1951, La Somalie, fusion des colonies italiennes (Somalia) au Sud et britannique au Nord (Somaliland), accède à l'indépendance en 1959 L’Erythrée incorporée en 1952 dans une fédération Éthio-Érythréenne. b.2 Le Proche Orient : L’Irak en 1930, l’Egypte en 1936, la Transjordanie en 1946 La Ligue des Etats arabes fondée à Alexandrie en octobre 1944 (Egypte, Liban, Syrie, Irak, Transjordanie) Les Britanniques s’appuient sur les protectorats des Emirats du Golf persique et la monarchie transjordanienne de l’émir Abdallah La France accorde en août 1945 l’indépendance à la Syrie et au Liban

Séance 10 : cours de Jean-François Fayet

4

— La question de la Palestine : Le sionisme (=retour à Sion= Jérusalem) de T. Herzl (L’Etat juif, 1896) : fondation d’un foyer national juif regroupant en Palestine les Juifs de la diaspora 1917 : Déclaration Balfour et promesse d’un vaste Etat arabe indépendant incluant la Palestine 1941-1945 : Shoah : extermination de plus de 5,3 millions de Juifs 1946 : 600 000 Juifs en Palestine sur une population de 1,8 de personnes 1947 : Plan de partage de l’ONU accepté par les Israéliens et refusé par les Palestiniens 1948 : Proclamation de l’indépendance d’Israël et première guerre israélo-arabe — Le nationalisme égyptien : 1953 : chute la monarchie de Farouk 1956 : nationalisation du canal de Suez 3) LA SECONDE VAGUE : Un processus d’interaction accélérée a) Le Maghreb a.1 Les protectorats : Tunisie et Maroc en 1956 a.2 L’Algérie : guerre longue (1954-1962) et sanglante (plusieurs centaines de milliers de morts) b) L’Afrique noire b.1 Afrique noire française : 1946 : Projet intégrationniste : les colonies élisent des députés à l’Assemblée nationale française. 1956 : le statut des colonies est réaménagé pour favoriser l’autonomie politique : — Chaque colonie élit une assemblée qui investit un gouvernement. Le vice-président est un local, le président du territoire est le Haut-commissaire français. Apparition d’élites locales : Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire ou Senghor au Sénégal… 1958, les colonies africaines peuvent choisir par référendum entre 3 solutions : —le maintien du statu quo —l’indépendance intégrale — et l’appartenance à la Communauté, c’est-à-dire des Etats autonomes, s’administrant eux-mêmes mais

Page 3: La Décolonisation

déléguant certains domaines (militaire, politique étrangères) à des institutions communes et recevant une forte aide financière de la France. 1960 : Les 12 Etats membres de la communauté accèdent à une souveraineté intégrale b.2 Afrique noire britannique :

L’AFRIQUE ANGLOPHONE DE L’OUEST

: Sans Heurt Majeur

1957 : Gold Coast (constituera avec le Togo britannique le futur Ghana) 1960 : Nigeria 1961 : Sierra Leone

Séance 10 : cours de Jean-François Fayet AFRIQUE DE L’EST ET AUSTRALE : plus heurté, nombreuses violences

5

Ouganda (1962), Tanganika (Tanzanie actuelle, 1960) Kenya (1963) action terroriste des Mau-Mau. Niassaland 1963 (Malawi, 1963) Rhodésie du Nord (1962, Zambie) et du Sud (1965, Zimbabwe) Namibie (S-O allemand sous mandat de la SdN) accordée par l’ONU en 1966, jusqu’en 1990 (South West Africa People's Organisation SWAPO) Congo, l’un des plus vastes et des plus riches pays du continent 1960 : proclamation d’indépendance et violences inter-ethniques et anti-belge Bruxelles intervient militairement et soutient la sécession du Katanga (cuivre et uranium) Appui des Etats-Unis (président Kasavubu) de l’URSS (Lumumba) de la Chine. 1964 : évacuation de toutes les troupes étrangères et élection d’un nouveau président (Mobutu) dans le cadre d’un Congo réunifié.

CONCLUSION : l’émergence du tiers-monde

Exception des colonies portugaises (Angola, Mozambique, Cap-Vert, Guinée-Bissau, Sao Tomé et Principe, Révolution des œillets, 1975) et de Djibouti (côte française des Somalis depuis le XIXe siècle) en 1977 seulement Les miettes d’Empires : la Guyane française … (Françafrique) Mouvement des non-alignés (Nehru 1954) : Bandung (1956), Belgrade (1961), La Havane (1979), deux tiers des membres de l’ONU et 50% population mondiale.

LA DECOLONISATION

1° Les causes de la décolonisation

* La 2e Guerre : Elle affaiblit le prestige des Européens. Des mouvements nationalistes indépendantistes sont nés et soulignent le paradoxe des principes démocratiques diffusés dans les métropoles.

* Les appuis :

Les Etats-Unis souhaitent le triomphe de la démocratie. Cependant ils soutiennent les Européens en Asie où le risque d'extension du communisme est important.

L'URSS et la Chine hostile à l'impérialisme veulent diffuser le modèle communiste.

Page 4: La Décolonisation

L'ONU défend le liberté des peuples et prend position contre le colonialisme.

2° L'indépendance

* L'inde :

En Inde (britannique) l'indépendance est proclamée le 15 août 1947. Le Royaume-Uni conserve des liens étroits avec ses anciennes colonies dans le cadre du Commonwealth.

* L'Afrique Noire :

La décolonisation se déroule pacifiquement dans les années 60. La France garde des relations étroites avec ses anciennes colonies.

3° Les guerres d'indépendances

* L'Indochine :

En 1945, Hô Chu Minh chef du parti Vietminh communiste et nationaliste proclame l'indépendance du Vietnam.

La guerre menée par la France s'internationalise : Soviétique et Chinois aident le Vietminh tandis que les Américains soutiennent la France.

Après la défaite française de Dien Bien Phu les accords de Genève en 1954 scindent le pays en deux : le Vietnam nord communiste et le Vietnam sud soutenu par les Américains.

* La guerre d'Algérie :

A partir du 1er novembre 1954 le Front de Libération national (FLN) de Ben Bella multiplie les actes de guérilla contre les français (1 million de Français en Algérie en 1954). Pour le gouvernement français "l'Algérie c'est la France" ; mais ne trouve pas de solution au conflit.

Le 13 mai 1958, l'émeute de la population européenne d'Alger provoque le rappel au pouvoir du général de Gaulle et la chute de la IVe République.

Le 3 juillet 1962 par les accords d'Evian, de Gaulle rend son indépendance à l'Algérie.

* L'indonésie :

L'Indonésie proclame sont indépendance dés 1945. Les Pays-Bas tentent de reprendre leur colonie par les armes mais doivent s'incliner en 1949.

Page 5: La Décolonisation

LA DECOLONISATION EN AFRIQUE DEPUIS 1945

Dès la fin du XIXème siècle jusqu’au début du XXème siècle, l’Afrique fut le continent privilégié des conquêtes coloniales européenne. L’Allemagne, l’Italie, le Portugal ou bien la Belgique détiennent un certain nombre de colonies mais ce sont la France et le Royaume Uni qui sont les principales puissances détenant un grand nombre de colonies le continent africain. A la fin de la seconde guerre mondiale le continent africain est presque en totalité sous la domination européenne malgré la perte de leurs possession de l’Allemagne et de l’Italie à l’issue des deux guerres mondiales. Près la fin de la deuxième guerre mondiale les puissances européennes sont inévitablement affaiblies et ont perdu de leur prestige, le processus de décolonisation s’engage. Il est long et se fait non sans difficultés.

Quelles sont les caractéristiques de cette longue et laborieuse décolonisation ?

Afin de pouvoir fournir des éléments de réponse il nous faudra étudier les événements majeurs ayant permis cette décolonisation.

I Dès 1945, un contexte favorable au processus de décolonisation.

A la fin de la seconde guerre mondiale, les puissances européennes sont largement affaiblies et ont perdu de leur prestige dans leurs colonies. Les élites africaines qui ont été formées en Europe se sont inspirées des valeurs européennes de droit des peuples à disposer d’eux même, ces élites revendiquent l’indépendance et donnent naissance à des mouvements nationalistes qui refusent de la présence étrangère sur leurs terres. L’Istiqlal est fondée en 1944 au Maroc ou le Néo Destour de Habib Bourguiba en 1934 en Tunisie par exemple. Ils prônent le départ du colonisateur européen, parfois dans la violence.

De plus les deux grands vainqueurs de cette seconde guerre mondiale que sont les Etats Unis et l’URSS sont défavorables à la colonisation, l’un étant issu lui-même de la colonisation et l’autre critique l’exploitation du prolétariat. L’avis de ces deux puissances n’est pas négligeable. De plus L’ONU est mise en place en 1945 est fondé sur le droit des peuples et se range par conséquent du côté des indépendantistes.

En Asie au début des années 1950, la majorité des colonies ont obtenues leur indépendance et ces pays fraichement libérés servent d’exemple pour les pays africains. A la conférence de Bandung en 1955 plusieurs Etats africains y sont représentés et prônent le droit des peuples à disposer d’eux même et condamnent le colonialisme européen. Seulement les métropoles font la sourde oreille à leurs revendications et ne proposent aucunes solutions concrètes. Par exemple la France créée l’Union française en 1946 mais n’évoque ni l’indépendance ni l’autonomie de ses colonies. Le Royaume Uni quant à lui est plus ouvert aux négociations et se tourne vers une politique de self-government qui offre plus d’autonomie à ses colonies.

Page 6: La Décolonisation

La colonisation est vivement critiquée et pointée du doigt de toute part, les contestations commencent à être plus pressantes, les années 1955 s’annoncent comme le début des indépendances en Afrique.

II De 1955 aujourd’hui, une décolonisation de l’Afrique presque totale mais inachevée

Dans la plupart des pays africains l’indépendance est obtenue sans heurts après négociations par les partis politiques locaux qui souhaitent une indépendance progressive et pacifique qui repose sur l’entente. Le Ghana sera le premier pays à accéder à l’indépendance suivi d’une grande partie des colonies anglaises qui resteront tout de même rattachées au Royaume Uni grâce Commonwealth. Le leader Ghanéen Nkrumah sera à l’origine du mouvement panafricain qui cherche à souder les pays africains tandis que l’égyptien Nasser donnera quant à lui naissance au panarabisme qui cherche à créer une solidarité entre les peuples arabes.

En 1956, la loi cadre Defferre votée au suffrage universel promet une autonomie progressive des colonies et offre plus de compétences aux assemblées locales.

L’indépendance de toutes les colonies africaines n’ont malheureusement pas toutes été obtenues pacifiquement. Par exemple l’indépendance du Maroc, de la Tunisie, du Kenya (colonie anglaise) ou bien de l’Algérie ont donné lieu à de violentes manifestations réprimées dans le sang voir à une guerre dans le cas de l’Algérie. La France ne peut accepter l’indépendance de cette colonie du fait de son ancienneté. La guerre dura 8 ans et opposa l’armée française au FL N algérien. C’est la chute de la IVème république et le retour du général De Gaule qui permettra l’accession à l’indépendance de l’Algérie en 1962.

En Afrique du Sud et en Rhodésie du Sud, qui deviendra le Zimbabwe, l’indépendance n’est pas synonyme de souveraineté. En effet à la fin des années 1940 les colons blancs instaurent l’apartheid soit un régime colonialiste donnant le contrôle aux colons blanc tout cela malgré l’opposition du Royaume Uni. La Rhodésie cède à la fin des années 1970 et devient le Zimbabwe tandis qu’en Afrique du Sud l’apartheid prendra fin en 1990.

Même si aujourd’hui tous les pays africains sont indépendants, ils entretiennent des relations privilégiés et indispensables à leur survie avec leurs anciennes métropoles. C’est dire si c’est ces siècles de colonisation ont profondément marqués les pays africains …

Conclusion :

L’Afrique était le continent le plus largement occupé par les européens et ce depuis très longtemps. Le processus de décolonisation fut long et pénible, les colonisateurs européens accordèrent tardivement et plus ou moins difficilement l’indépendance à leurs colonies respectives. Aujourd’hui ces pays africains, anciennes colonies portent toujours les traces de plus d’un siècle de domination européennes et sont dépendants de leurs anciennes métropoles. L’indépendance totale de l’Afrique ne serait peut être pas tout à fait aboutie …

Page 7: La Décolonisation

LA DECOLONISATION:

Introduction:

Si la colonisation consiste en une appropriation de territoires par quelques puissances coloniales ,la décolonisation correspond au processus inverse qui conduit les territoires colonisés vers leur émancipation .Celle-ci ,amorcée dès l'entre-deux-guerres en Egypte en 1922 et en Irak en 1932,se déroule pour l'essentiel entre 1945et 1975 ,même si elle se poursuit quelques années encore après . Selon quelles modalités s'est déroulée la décolonisation ?

I Pourquoi la décolonisation? (=les causes de la décolonisation):

1 Car apparaît une élite autochtone revendicative :

A) Une élite autochtone est née de la colonisation :

S'il est vrai que les pays colonisateurs n'ont dispensé un enseignement primaire qu'à une faible partie de la population colonisée ,il n'en reste pas moins qu'une infime minorité a poussé ses études jusqu'au niveau de l'enseignement supérieur .C'est ainsi qu'en Inde Gandhi, Nehru et Ali Jinnah deviennent avocats comme en Tunisie Habib Bourguiba tandis qu'en Indonésie Soekarno obtient le titre d'ingénieur et qu'en Algérie Ferhat Abbas mène à son terme ses études de pharmacien.Cette élite se forme grâce à son envoi dans les Universités des métropoles coloniales .Elle s'imprègne des notions de liberté et de hiérarchie fondée sur l'instruction et sur le mérite .Or cette jeunesse cultivée a un choc de retour dans son pays car elle ne peut occuper des emplois conformes à sa formation intellectuelle si bien que naît chez elle un certain mécontentement qui la pousse à formuler des revendications qui visent à modifier l'état des rapports de force de l'époque .

B) Cette élite autochtone fonde et anime des mouvements nationalistes :

Face à cette situation, cette élite crée des partis politiques. Parfois cette création est déjà ancienne comme cela se voit en Inde où la naissance du parti du Congrès remonte à 1885 .Dans les autres cas elle a lieu surtout dans l'entre-deux-guerres :en 1927 pour le parti national indonésien ,en 1929 pour le parti communiste indochinois , en 1934 pour le Néo-Destour en Tunisie ,en 1937 l'Istiqlal marocain et en 1938 l'Union populaire algérienne de Ferhat Abbas .

C) Ces mouvements nationalistes formulent des revendications :A l'origine souvent ils se contentent de réclamer le partage du pouvoir avec les Européens :c'est le participationniste.Par la suite ils se posent en champions de l'autonomie ( à ne pas confondre avec l'indépendance ) avec comme revendications l'égalité civique et une autonomie interne .Ces demandes sont formulées dans des territoires souvent à faible peuplement européen :en Inde les Anglais sont 60000 contre 260 millions autochtones ou en Indonésie les Européens sont 32000 face à 23 millions d' Indonésiens .C'est dire la fragilité de la domination européenne en termes numériques .

Page 8: La Décolonisation

2 Car la deuxième guerre mondiale (= II GM) change radicalement les données du problème:

A) Les puissances coloniales sont humiliées et affaiblies:

La II GM conduit les métropoles coloniales dans une nouvelle situation.Elles sont affaiblies car plusieurs d'entre elles sont militairement vaincues :c'est-ce qui arrive à la Belgique ,aux Pays -Bas et à la suite de sa défaite de 1940 à la France .Cet effondrement militaire contribue à les discréditer aux yeux des colonisés d'autant plus que certaines de leurs colonies sont envahies par le Japon en Asie .Elles sont dans certains cas humiliées .Des soldats des pays colonisateurs sont emprisonnés et obligés de se livrer à des activités portant atteinte au mythe de la supériorité de l'homme blanc. Par exemple des soldats australiens faits prisonniers par des Japonais doivent balayer les rues de Singapour.

B) Dans ces conditions les puissances coloniales sont obligées de faire des concessions:

C'est le cas de la G-B face aux revendications avancées par le Parti du Congrès en Inde en août 1942 .Certes la G-B n'a pas été vaincue mais elle est affaiblie. Aussi le Parti du Congrès rédige la résolution Quit India par laquelle il veut en finir avec la domination de l' Angleterre en exigeant : « Quittez l' Inde !Partez ...Laissez notre pays libre « .C'est pourquoi la G-B s'engage à promettre l'indépendance à l' Inde pour la fin de la guerre .C'est le cas de la France ,non point le régime de Vichy mais le Comité de Libération d' Alger avec de Gaulle c‘est-à-dire la France libre, qui organise la Conférence de Brazzaville en janvier-février 1944 à laquelle prennent part des hommes politiques et des fonctionnaires coloniaux .Cette Conférence refuse toute indépendance ,toute autonomie et souhaite procéder à l'intégration des colonies. Ainsi la France libre qui lutte pour la liberté et l'indépendance de son pays les refuse à ses colonies.

3 Car à partir de la fin de la II GM existe un nouveau rapport de force:

A) Un nouveau rapport de forces sur le plan politique:

Les deux grands vainqueurs de ce conflit sont les E-U et l'URSS qui ne sont pas ou ne se présentent pas comme des puissances coloniales. Pour l’URSS la colonisation est une forme particulière d'impérialisme .Par contre les puissances coloniales sortent épuisées de cette guerre :la France et l'Angleterre sont dans cette situation .Ainsi l'Europe coloniale est affaiblie .Surtout E-U et URSS s'opposent aux Empires coloniaux pour des raisons différentes .Les E-U se rappellent qu'ils sont une ancienne colonie ayant mené sa propre guerre d'indépendance contre les Anglais au XVIII s. Ils soutiennent l'émancipation des peuples dominés car cela favoriserait le libre-échange qui permet de s'ouvrir aux matières premières coloniales.Ainsi cette motivation économique est-elle importante à leurs yeux .Pour l'URSS la lutte contre les Empires coloniaux est un moyen de trouver des alliés et d'affaiblir de cette manière le bloc occidental tout en restant fidèle à sa ligne anti-impérialiste déjà défendue par Lénine .

B) Un nouveau contexte idéologique:

Ce contexte est préparé pendant la II GM par la Charte de l'Atlantique rédigée en août 1941 et signée conjointement par Roosevelt ( =E-U) et par Churchill ,alors Premier ministre de l' Angleterre

Page 9: La Décolonisation

.Selon cette Charte ,les Alliés se présentent comme les défenseurs de la liberté ,de la démocratie et du droit des peuples à choisir leur gouvernement .Ce texte donne lieu à deux interprétations .Pour Roosevelt les idées qui y sont développées sont universelles c'est-à-dire qu'elles sont applicables également aux peuples colonisés .Par contre pour Churchill ce sont des idées qui ne sont valables que pour les Européens :c'est un moyen de préserver les colonies .Ainsi Roosevelt et Churchill ne sont -ils pas sur la même longueur d'ondes car les intérêts des E-U ne sont pas les mêmes que ceux de l' Angleterre .Or la Charte de l' ONU ( Charte de San Francisco ) ,créée en juin 1945, confirme celle de l' Atlantique puisqu'elle pose comme grand principe l'indépendance politique donc la décolonisation dans la mesure où elle met en avant les principes d'égalité entre les peuples et les droits pour ces derniers de disposer d'eux-mêmes.

C)Une évolution de certaines organisations en faveur de l'indépendance:

Peu à peu des organisations se rangent du côté des forces favorables à l'émancipation des peuples.C'est le cas des Églises ,d'abord protestantes puis catholiques ,pour lesquelles l'indigénisation du clergé africain et asiatique ,en d'autres termes la formation d'un clergé indigène , n'exige plus que l'évangélisation passe par le maintien des Empires coloniaux .C'est aussi le cas des PC (=Partis communistes ) qui finissent par adopter des positions anticolonialistes .C'est enfin le cas de certains milieux d'affaires et de certains hauts fonctionnaires qui appuient l'indépendance car selon eux les colonies deviennent de plus en plus une charge qui empêchent la modernisation ,notamment industrielle , des puissances coloniales .Cette position est reprise par le journaliste Raymond Cartier pour qui les colonies sont un fardeau financier ,ce que l'on résume par cette formule : « La Corrèze plutôt que le Zambèze ».Ce courant d'opinion reçoit le nom de cartiérisme.

II La première vague de décolonisation touche l' Asie ( 1946-1954 ou 1945-1955):

La décolonisation est conduite en Asie comme d'ailleurs en Afrique selon deux modalités différentes :l'une correspond à une indépendance pacifique ou négociée c'est-à-dire acceptée par la puissance coloniale ,l'autre à une indépendance obtenue par la force ou la violence ce qui signifie que la métropole coloniale fait tout pour conserver ses colonies.

1 Les indépendances négociées ou pacifiques :

A) L'exemple de l'Inde :

Dans cette partie du monde les élites autochtones sont divisées entre le Parti du Congrès auquel appartiennent Gandhi et Nehru et la Ligue musulmane d' Ali Jinnah.Le Parti du Congrès défend le principe de l'unité indienne tandis que la Ligue musulmane s'y oppose arguant que les Musulmans sont minoritaires face aux Hindous .Bref un antagonisme de nature religieuse sépare les deux communautés .Dans ces conditions la solution proposée consiste à recourir à la partition ou division de l' Inde sur une base confessionnelle .Le 15 août 1947 deux Etats indépendants voient le jour:la République indienne ou Union indienne qui est un Etat hindou dirigé par Nehru ,Premier ministre ,et le Pakistan ,Etat musulman placé sous la direction d' Ali Jinnah .Ce dernier Etat est composé de deux parties distantes de plusieurs centaines de km :le Pakistan occidental et le Pakistan oriental qui plus tard vont se séparer.Le Pakistan oriental devient en 1971 le Bangladesh.La création de l' Inde et du Pakistan sur une base religieuse s'accompagne de transferts de

Page 10: La Décolonisation

population :les Musulmans devant se retrouver au Pakistan et les Hindous en Inde ;mais cela se fait dans le cadre d'affrontements au cours desquels Gandhi y laisse sa vie en janvier 1948 ,assassiné par des extrémistes hindous qui lui reprochaient d'être favorable à l'unité c'est-à-dire opposé à la partition .Il s'agit bien d'une indépendance pacifique car elle est acceptée par la puissance coloniale britannique,représentée par le Premier ministre travailliste Attlee ,même si elle est entachée par des violences intercommunautaires.

B) Les autres indépendances négociées:

Elles concernent d'autres colonies anglaises .En 1947 , Ceylan,l'actuel Sri Lanka , obtient son indépendance et entre dans le Commonwealth.En 1948 c'est autour de la Birmanie de devenir indépendante mais elle n'entre pas dans le Commonwealth .La Malaisie obtient cette indépendance mais il lui faut attendre 1957 car elle possède des richesses naturelles ,étain et hévéa , auxquelles tient le R-U.Singapour ,dont le rôle stratégique est fondamental pour les Britanniques ,ne deveint indépendante qu 'en 1963.

2 Les indépendances acquises par la force :

A) L'exemple de l’Indonésie:

Il s’agit d'une colonie appartenant aux Pays-Bas et qui s’appelle alors les Indes néerlandaises. Soekarno, chef du parti nationaliste indonésien, proclame en août 1945 l'indépendance de ce territoire mais les Pays-Bas (= P-B) refusent craignant que cela soit l'amorce de leur déclin économique et politique . Les P-B organisent une opération militaire en juillet 1947 puis une opération de police en décembre 1948 . L'ONU condamne les P-B et les E-U menacent de cesser leur apporter l' aide Marshall.Les Pays-Bas finissent par reconnaître l'indépendance en 1949.

B) L’exemple de l'Indochine :

L'Indochine est française .Elle est composée du Viêtnam ( qui comprend les protectorats d'Annam ,du Tonkin et de la colonie de Cochinchine ) et des protectorats du Laos et du Cambodge .Elle a été occupée pendant la II GM par le Japon .Profitant du vide général en août 1945 ,Hô Chi Minh proclame l'indépendance le 2 septembre 1945 du Viêt Nam .La France réagit en deux temps .D'abord elle signe les accords Sainteny -Hô Chi Minh en mars 1946 par lesquels elle reconnaît le Viêtnam comme un Etat libre associé dans l' Union française qui regroupe l'Hexagone et ses colonies à partir de 1946.Par la suite elle sabote ces accords par l'entremise de l'amiral d'Argenlieu qui fait bombarder le port d'Haiphong au Tonkin en novembre .En décembre 1946 les nationalistes massacrent des Européens à Hanoi :c'est le début de la guerre d'Indochine qui oppose le Viêt- Minh ,ligue pour l'indépendance du Viêt Nam fondé en 1941 par Hô Chi Minh ,et la France .Le Viêt- Minh ,dirigé par Hô Chi Minh , est donc un mouvement indépendantiste de tendance communiste et nationaliste .La guerre d' Indochine dure de 1946 à 1954 et se déroule en deux grandes étapes .La première va de 1946 à 1949 :c'est une guerre coloniale classique qui met aux prises la France au Viêt Minh(=V-M).De 1946 à 1948 toutes les tentatives de négociations échouent ;la France essaie d'opposer au V-M l'empereur Bao Daï à qui elle accorde en 1948 l'indépendance du Viet Nam réunifié. La deuxième, de 1949 à 1954, s'inscrit dans le contexte de la

Page 11: La Décolonisation

guerre froide car la Chine continentale devenue communiste en 1949 apporte son appui au V-M. La France reçoit le soutien financier des E-U. Finalement elle subit une grave défaite à Dien Bien Phu le 7 mai 1954 qui entraîne son échec .En juillet 1954 le gouvernement Mendes France signe les accords de Genève par lesquels la France reconnaît l'indépendance du Cambodge ,du Laos et du Viêt Nam du nord .Le Viêtnam du Sud est mis à part :des élections sont prévues pour statuer sur la réunification mais cette disposition n'est pas respectée si bien qu'une deuxième guerre d' Indochine va éclater :c'est-ce que l'on appelle la guerre du Viêt Nam dans laquelle s'impliquent les E-U.

III La deuxième vague de décolonisation concerne l' Afrique (1955-1975 principalement):

L'Egypte en 1936 et la Libye en 1951 ont déjà obtenu leur indépendance.

1 Les indépendances négociées ou pacifiques :

A) La décolonisation française au Maroc et en Tunisie :Ce sont deux protectorats .On peut dégager quatre étapes .La première voit la France refuser de négocier ,après la II GM , avec les mouvements nationalistes ce qui engendre de vives tensions .Puis la deuxième est marquée par des troubles notamment à partir de 1952 :la France résiste en emprisonnant des ministres tunisiens et en déposant le sultan du Maroc .Les nationalistes recourent alors au terrorisme .Vient la troisième étape qui voit la mise en place d'une nouvelle politique de la part de la France .A propos de la Tunisie ,Mendes France ,Président du Conseil ( =Premier ministre ) prononce le discours de Carthage en juillet 1954 dans lequel il reconnaît l'autonomie interne de l' Etat tunisien ,prélude à son indépendance .Au Maroc le sultan est rappelé ce qui a pour conséquence de donner à ce territoire une indépendance dans l'interdépendance .Enfin la dernière étape consiste à accorder l'indépendance à la Tunisie et au Maroc en 1956 .

B) La décolonisation française en Afrique noire:

La Constitution de 1946 qui fonde la IV République prévoit d'engager ces territoires dans la voie de l'intégration au moyen d'une représentation des colonies à l'Assemblée nationale où siègent les députés .Il est également prévu de faire un effort important en matière de développement économique et social .Par ailleurs est créée l'Union française qui regroupe la France et ses colonies .En juin 1956 est votée la loi-cadre Defferre grâce à laquelle est mise en place une Assemblée élue dans chaque territoire et est organisée l'ouverture de la fonction publique aux autochtones. Ainsi s'achemine-t-on vers une sorte de self-government avec pour objectif de conserver les Africains dans l'orbite de la France .1958 marque le retour du général de Gaulle au pouvoir .Naît alors la Communauté française qui remplace l'Union française .Cette Communauté vise à développer la coopération entre la France et l'Afrique noire .Seule la Guinée de Sekou Touré refuse cette voie en faisant sécession et en devenant ainsi indépendante . En 1960 tous les territoires français d'Afrique noire obtiennent leur indépendance tout en maintenant avec l'Hexagone des liens de coopération.

C) La décolonisation britannique en Afrique noire:

En Afrique occidentale le Ghana de N'Krumah devient indépendant en 1957, servant de modèle aux autres colonies britanniques ,puis c'est au tour du Nigéria en 1960.En Afrique orientale s'émancipent la Tanzanie en 1961,le Kenya et l'Ouganda en 1963.

Page 12: La Décolonisation

D) La décolonisation belge:

Le Congo belge obtient son indépendance en 1960 mais elle est conduite très rapidement par la Belgique si bien qu'elle est mal gérée et débouche sur une guerre civile qui éclate dès juillet 1960 et qui met aux prises le Président de la République Kasavubu, soutenu par les Occidentaux ,et le Premier ministre Lumumba ,appuyé par l' URSS. Lumumba est assassiné en février 1961 et la guerre au sommet s’estompe.

2 Les indépendances acquises par la force:

A) La décolonisation française : l’exemple de l’Algérie :

L'Algérie française compte alors un million environ de colons européens face à 8,5 millions d' Algériens .Des revendications portées par les Algériens ont été avancées depuis plusieurs années .En 1943 est publié le « Manifeste du peuple algérien » de Ferhat Abbas qui réclame une Algérie autonome mais le général de Gaulle y oppose son refus .Le 8 mai 1945 se produisent les émeutes de Sétif et de Guelma ce à quoi les Français répondent par la répression .En 1947 est mis en place le Statut de l' Algérie qui prévoit la création d'une Assemblée algérienne aux compétences limitées et dont ne veulent pas les mouvements nationalistes .Le droit de vote est accordé aux Musulmans mais les élections qui s'ensuivent sont truquées . Les mouvements nationalistes sont soit modérés comme l'UDMA ou Union démocratique du Manifeste algérien de F. Abbas qui veut d'une Algérie autonome associée à la France ,soit plus radicaux comme le MTLD ou Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques dirigé par Messali Hadj qui lutte pour l'indépendance .Le MTLD se renforce :ce sont ses chefs qui fondent le FLN ou Front de Libération nationale .C'est le FLN qui déclenche la guerre d'Algérie le 1/11/1954 avec le soutien de l' Égypte de Nasser .La France refuse de céder car elle considère l' Algérie comme une partie du territoire national .Cette guerre ,en simplifiant ,se déroule en deux phases .La première va de 1954 à 1958:elle correspond à la IV République .La population française d'Algérie ,encore appelée Pieds Noirs ,refuse tout compromis ;le contingent est envoyé par le gouvernement de Guy Mollet en 1956;la guerre s'enlise .La population française et européenne d'Algérie se soulève avec l'appui de l'armée le 13 mai 1958 pour défendre l'Algérie française contre Pierre Pflimlin accusé de vouloir négocier avec le FLN. Entrent alors en lice les gaullistes qui manouvrant pour favoriser le retour du général au pouvoir .C'est la fin de la IV.Commence la deuxième phase .De Gaulle est au pouvoir .Il propose en 1958 d'agir selon deux axes .L'un consiste à intégrer l'Algérie dans le cadre du plan de Constantine qui prévoit un transfert de terres aux autochtones ,l'industrialisation et une meilleure scolarisation .L'autre est la proposition de la Paix des braves qui est une reddition ou une capitulation honorable pour le FLN. Mais ce dernier n'en veut pas et crée le GPRA ou Gouvernement provisoire de la République algérienne en prenant exemple sur la France libre .La France est de plus en plus isolée sur le plan international car elle subit des critiques au sein de l' ONU et la pression des E-U. Population française d'Algérie et armée s'opposent à l'évolution de Gaulle qui en septembre 1959 parle d'autodétermination puis recourt au referendum de 1961 favorable à l'autodétermination qui est approuvé par 75 % des Français . Les Pieds Noirs se soulèvent contre cette politique d'autodétermination en janvier-février 1960 en organisant la semaine des barricades à Alger mais celle-ci échoue en raison de la loyauté dont fait preuve l'armée .En avril 1961 se produit le putsch des généraux ( Challe, Zeller, Jouhaud et Salan) à Alger pour manifester leur opposition à la politique algérienne de De Gaulle mais le contingent reste loyal

Page 13: La Décolonisation

à l'égard du général .C'est alors qu'entre en action l' OAS ou Organisation de l' Armée secrète qui veut à tout prix empêcher le processus conduisant à l'indépendance et qui n'hésite pas à recourir à l'usage des attentats.Les accords d'Evian ,signés le 18 mars 1962, reconnaissent l'indépendance de l'Algérie ,ratifiée par referendum en avril de la même année .

B) La décolonisation française en Afrique noire :

l'exemple du Cameroun:Une guérilla ensanglante ce territoire de 1955 aux années 1960.Son leader est Ruben Um Nyobé: guide et idéologue de l'UPC ou Union des populations camerounaises ,parti de masse nationaliste et marxisant .Il conduit le combat pour l'indépendance et est tué en 1958 par un commande français .

C) La décolonisation portugaise:

Le Portugal a été le premier colonisateur en Afrique et ce dès le XV s mais il est aussi le dernier à la quitter .Dans ses colonies d' Angola, du Mozambique et de Guinée-Bissau le Portugal n'accorde aucun droit aux Noirs .En 1961 l'agitation touche ces trois territoires mais le Portugal refuse de céder si bien qu'après 1965 l'insurrection se généralise autour de mouvements nationalistes comme le FRELIMO au Mozambique ,le MPLA et l'UNITA en Angola .Le Portugal est condamné par la communauté internationale .Après la chute de la dictature portugaise ,entraînée par la Révolution des Œillets de 1974,l'indépendance est reconnue à la Guinée en 1974 ,puis à l'Angola et au Mozambique en 1975 .Ne reste au Portugal que le comptoir chinois de Macao jusqu'en 1999.

D) Autres décolonisations:

On retiendra ici celles de la Rhodésie du Sud et de la Namibie toutes les deux en Afrique australe .En Rhodésie, les colons blancs derrière le Premier ministre Ian Smith ,proclament l'indépendance en novembre 1965 contres Londres et contre la majorité noire .Peu à peu une guérilla s'organise contre le gouvernement Smith qui finit par céder à la fin des années 1970.En 1980 des élections donnent le pouvoir aux nationalistes noirs les plus radicaux :Robert Mugabe devient Premier ministre d'une Rhodésie rebaptisée Zimbabwe.Dans le Sud-ouest africain ,territoire allemand avant 1919, devenu ensuite mandat sud-africain et annexé de fait par le gouvernement sud-africain ,une lutte armée se développe à partir de 1966 sous la direction du SWAPO ou Organisation des peuples du Sud-ouest africain .Finalement l'indépendance est octroyée à ce territoire en 1990 qui devient la Namibie.

E) La décolonisation en Océanie:

Elle concerne la Papouasie en 1970, les îles Salomon en 1978 et les Nouvelles Hébrides en 1980.Conclusion:La décolonisation est un moment historique important car il remet en cause la situation de sujétion des colonies à l'égard des métropoles européennes qui avaient de cette manière affirmer leur puissance à l'échelle mondiale .Jusqu'à la II GM celle-ci paraissait solide mais ce conflit va accélérer les changements en cours .Tantôt sans trop de résistance de la part des

Page 14: La Décolonisation

puissances coloniales ,tantôt au contraire par le recours à une guerre ,le lien s'est brisé .De nouveaux Etats naissent .L'indépendance politique a ainsi mis fin aux relations inégales entre les territoires concernés .Pour autant l'émancipation politique suffit-elle pour régler toutes les difficultés des pays nouvellement indépendants ?

.LA DECOLONISATION ET SES CONSEQUENCES. Introduction Š De la colonisation à la décolonisation • Le processus de décolonisation ne débute pas en 1945 : les colonies espagnoles et portugaises d’Amérique latine deviennent indépendantes au début du XIXème siècle. L’indépendance des colonies d’Asie et d’Afrique après 1945 constitue la seconde vague de décolonisation. Elle puise sa source dans un système colonial contradictoire qui désire civiliser les colonisés et, en même temps, les prive de droits. Après 1945, l’affaiblissement des métropoles, l’émergence de puissances hostiles à la colonisation, la création de l’ONU sont autant d’éléments favorables à l’expression des revendications d’émancipation. • Si dans certains cas, les indépendances résultent d’une négociation, elles peuvent aussi se dérouler dans la violence. Quelles que soient ses modalités, la décolonisation fait perdre à l’Europe toutes ses colonies asiatiques et africaines entre 1945 et 1975. Les anciennes colonies recouvrent leur souveraineté politique, mais elles se heurtent à de nombreuses difficultés. Elles forment dès lors le « Tiers Monde », entité qui cherche à s’affirmer sur la scène internationale et à engendrer du développement économique et social, sans y parvenir réellement (du fait notamment de la crise des années 1970 qui brise les solidarités). • Problématique : Pourquoi la décolonisation ne se limite-t-elle pas à la seule question de l’indépendance et entretient-elle des liens avec la question des rapports Nord-Sud ? I. La Seconde Guerre mondiale précipite la décolonisation A. Avec la guerre, l’effritement des liens coloniaux ? • La Seconde Guerre mondiale a dégradé encore dégradé l’image que les colonies avaient de leur métropole : l’Europe fait encore appel aux coloniaux pour se battre (deux millions dans l’Empire britannique et 500 000 dans l’Empire français) ; certaines puissances coloniales sont vaincues par l’Allemagne et le Japon (France, Royaume-Uni et Belgique) ; les troupes coloniales françaises facilitent la libération de Rome et la chute du fascisme (par la prise du mont Cassin en mai 1944). Chez les indigènes, tout ceci contribue à renforcer l’idée que l’homme blanc n’est pas invulnérable et qu’ils ont été indispensables à la métropole. En Asie, les Japonais sapent les bases des institutions coloniales en 1945 : au Vietnam, ils transmettent le pouvoir à Bao Daï (l’Empereur) plutôt qu’aux Français, qui “possèdent” ce protectorat depuis la fin du XIXème siècle. • La rencontre avec les Européens permet aux colonisés de réfléchir sur leur identité : - ils se sentent différents et prennent conscience de leur identité singulière, ce qui s’accompagne d’une remise en cause des éléments de la culture transmise par la métropole (volonté de retour aux traditions culturelles : langue, religion…) et d’un regard nostalgique sur les grandes rebellions coloniales (la guerre du Rif au Maroc entre 1921 et 1926) ; - ils empruntent à l’Europe une philosophie et une idéologique qui nourrit leurs revendications, au départ, autonomistes : l’attachement aux libertés fondamentales et à l’égalité des droits dans les grandes démocraties européennes est repris dans les colonies. Texte 2 page 350 : « Comment repenser le lien colonial ? » 1. Quelle attitude de Gaulle adopte-t-il vis-à-vis des colonies françaises ? • Dans l’Empire français, le rôle de Charles de Gaulle est fondamental en la matière. Lors de l’appel du 18 juin 1940, De Gaulle affirme que la guerre n’est ni terminée ni perdue car la France a des alliés et surtout son « vaste empire derrière elle ». Lors d’un discours prononcé à Brazzaville en février 1944, de Gaulle se prononce pour le maintien de l’Empire colonial français mais promet une plus grande autonomie de gestion dans les colonies françaises (un pas vers l’autonomie, mais pas vers l’indépendance). 1

Page 15: La Décolonisation

B. Des nationalismes qui s’affirment dans les colonies Texte 4 page 155 : « Le nationalisme algérien » Affiche 5 page 155 : « Combattre pour la libération » Texte 6 page 155 : « Le combat pour l’indépendance en Afrique » 1. Quelles sont les motivations des mouvements nationalistes dans les colonies à partir de la Seconde Guerre mondiale ? Classez-les des plus modérées aux plus radicales. 2. Par quels moyens les leaders nationalistes proposent-ils d’atteindre leurs objectifs ? • Tous les mouvements nationalistes réclament un changement des les relations entre les métropoles et les colonies, mais tous n’ont pas les mêmes motivations : - en Afrique subsaharienne, les revendications sont modérées : on réclame les mêmes droits qu’en métropole (droit de vote, liberté d’expression, droit de grève, autorisation des syndicats…) ; - en Algérie et au Vietnam, les revendications sont radicales : la domination coloniale est rejetée (sur l’affiche du Viet Minh, le drapeau tricolore est brisé ; dans le Manifeste du peuple algérien, Abbas appelle à l’indépendance) • Les moyens d’atteindre ces objectifs sont également variables. Dans certaines colonies, on emploie les armes : en Indochine, les Viet Minh luttent contre les troupes coloniales françaises dès 1947 (on voit sur l’affiche un soldat français allongé). Ailleurs, les moyens sont plus pacifiques, comme en Inde où Gandhi propose des actes de nonviolence (sitting, boycott…) contre la colonisation britannique. Mais dans toutes les colonies, des partis politiques se créent : le Neo Destour en Tunisie ou le Parti du congrès en Inde… dont l’essentiel se revendique du communisme (drapeau rouge à étoile jaune sur l’affiche du Viet Minh ; la dernière phrase du discours de Nkrumah, qui rappelle la dernière phrase du Manifeste du parti communiste de Marx et Engels). C. Un contexte international défavorable au fait colonial Organigramme page 159 : « Origines et modalités de l’indépendance en Asie » Texte 2 page 154 : « L’attitude américaine » Texte 3 page 154 : « L’ONU et la question coloniale » 1. Comment les deux grands affaiblissent la colonisation après 1945 ? 2. Quelle est la position de la toute jeune ONU face à cette question ? • Les Etats-Unis et l’URSS se présentent comme deux leaders de l’anticolonialisme. Les Etats-Unis, qui sont eux-mêmes une ancienne colonie britannique, font pression sur leurs alliées – notamment Britanniques – afin qu’ils accélèrent la décolonisation, au nom de la liberté des peuples. Dès 1946, ils proposent l’indépendance aux Philippines qu’ils avaient conquises aux Espagnols en 1898. L’URSS rejette en bloc le colonialisme. En 1916, Lénine avait écrit L’impérialisme, stade suprême du capitalisme. Pour lui, le capitalisme est un système économique fondé sur l’inégalité des individus et des peuples, ce qui justifie que certains (les bourgeois, les Etats colonisateurs d’Europe) dominent d’autres (les prolétaires, les peuples colonisés d’Afrique et d’Asie). L’URSS ne s’en tient pas aux discours puisqu’elle soutient militairement les mouvements d’émancipation qui se revendiquent de l’idéologie communiste (c’est le cas en Indochine, où Staline fait livrer des armes au Viet Minh). • Dès sa naissance, l’ONU – créée avec la signature de la charte de San Francisco en juin 1945 – se range aux côtés des mouvements indépendantistes, au nom de la « liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes » (principe énoncé par le président Wilson dans ses fameux Quatorze points en 1918 et repris dans la Charte de l’Atlantique, signée par les Etats-Unis et le Royaume-Unis en 1941). Du fait de l’entrée des premiers Etats décolonisés du Proche-Orient, l’ONU fait aussi accepter à ces Etats membres (dont les puissances colonisatrices européennes) les principes d’égalité de traitement des populations et d’autogestion des territoires par les populations. 2

II. L’accession à l’indépendance Š Un processus par étapes, aux modalités variées A. La décolonisation commence en Asie (‰„‡-� �‰…„) • Trois raisons expliquent que la seconde vague de décolonisation ait débuté en Asie : - au plan culturel, les Asiatiques ne ressentent pas de complexe d’infériorité vis-à-vis des Occidentaux car leur culture est très ancienne ; - au plan politique, les Etats présents en Asie avant la colonisation étaient vastes, puissants et bien organisés, contrairement aux ethnies africaines ; - au plan géopolitique, les Japonais ont fortement critiqué la colonisation pendant qu’ils occupent les colonies asiatiques (entre 1940 et 1945). • Le mouvement commence

Page 16: La Décolonisation

dès 1945 en Indonésie, colonie des Pays-Bas. Soekarno, à la tête du Parti nationaliste indonésien créé en 1929, proclame l’indépendance en août 1945, lorsque les Japonais se retirent de l’archipel. Mais les Pays-Bas refusent de perdre cette colonie, riche en caoutchouc et en pétrole. Dès 1948, ils envoient l’armée pour maintenir la colonisation de force : Jakarta est bombardée, les leaders nationalistes sont arrêtés. Mais, face à la pression de l’ONU et des Etats-Unis (qui menacent les Pays-Bas d’une suspension du plan Marshall), les Pays-Bas sont contraints d’accepter l’indépendance indonésienne en 1949 (à la suite des accords de La Haye). Photo 7 page 156 : « Une indépendance négociée » Texte 8 page 156 : « Deux visions contradictoires de l’indépendance » Carte 9 page 156 : « La partition de l’Inde » • L’indépendance de l’Inde britannique a lieu entre 1945 et 1947. Lord Mountbatten, vice-roi des Indes, négocie avec le parti du Congrès (parti de la communauté hindoue) et la Ligue musulmane (parti de la communauté musulmane). Les revendications d’indépendance sont anciennes : dès l’entre-deux-guerres, Gandhi appelle à la désobéissance civile et à la non-violence contre la colonisation britannique. En 1942, il rédige le manifeste Quit India réclamant l’indépendance (et conditionnant son soutien aux Britanniques dans la lutte contre les Japonais à l’obtention de l’indépendance). Mais les deux partis s’opposent sur les modalités de la décolonisation. Le parti du Congrès veut conserver l’unité de l’Inde alors que la Ligue musulmane réclame la partition en deux Etats (un pour chaque communauté religieuse). Lord Mountbatten choisit la solution de la partition. En 1947, deux Etats se forment : l’Union indienne (Etat hindou) et le Pakistan (Etat musulman dont le territoire est éclaté en deux parties). Cette partition aboutit à des transferts de population (14 millions de déplacés), pendant lesquels un millions de personnes sont tuées. De plus, la partition entraîne un conflit entre les deux Etats à propos du Cachemire et du Penjab. Enfin, en 1948, Gandhi est assassiné par un fanatique lui reprochant de vouloir réconcilier les deux communautés. Le Royaume-Uni laisse quitte donc une Inde en guerre. Chronologie 10 page 157 : « La guerre d’Indochine » • En septembre 1945, au moment où les Japonais se retirent, Hô Chi Minh – leader du Viet Minh – proclame l’indépendance de la République démocratique du Vietnam (c’est une démocratie populaire, calquée sur le modèle soviétique car le Viet Minh est un groupe communiste). La France, qui refuse cette indépendance, envoie l’armée dès 1945 et finit par bombarder le port d’Haiphong suite à des attentats anti-français organisés par le Viet Minh. Dès 1949, débute une véritable guerre entre les troupes coloniales françaises (soutenues par les Etats-Unis qui redoutent l’expansion du communisme) et le Viet Minh (soutenu par la Chine de Mao). C’est donc un conflit qui – comme la guerre de Corée – s’inscrit dans le contexte de la Guerre froide. En mai 1954, les troupes françaises sont vaincues à Dîen Bîen Phu, obligeant la France à reconnaître l’indépendance de l’Indochine : les accords de Genève (juillet 1954) officialisent la création de trois nouveaux Etats : Nord-Vietnam, Laos et Cambodge. 3

B. La décolonisation gagne l’Afrique du Nord (‰…„-� �‰†‚) • Au milieu des années 1950, la décolonisation gagne l’Afrique car les indépendances asiatiques ont constitué des exemples pour les peuples africains. De plus, deux évènements majeurs précipitent les indépendances africaines : - la conférence de Bandung (qui se tient en Indonésie en 1955) : tous les représentants des Etats indépendants d’Afrique et d’Asie s’y réunissent. Ils rejettent le colonialisme et demande l’émancipation de toute l’Afrique ; Carte 5 page 161 : « Le déroulement de la crise de Suez » - la crise du canal de Suez (qui a lieu en Egypte en 1956) : le président égyptien Nasser nationalise le canal de Suez (jusque là sous concession française et britannique). La France et le Royaume-Uni envoient l’armée pour faire reculer Nasser. Mais les pressions conjointes des Etats-Unis, de l’URSS et de l’ONU font reculer les troupes européennes. Là, les colonies comprennent que les métropoles européennes ne disposent plus du soutien de leurs alliés traditionnels sur les questions coloniales. • En Afrique du Nord, l’indépendance des protectorats français de Tunisie et du Maroc passe par la

Page 17: La Décolonisation

négociation. Le parti marocain de l’Istiqlal soutient le sultan Mohamed Ben Youssef et le parti tunisien Neo Destour appuie Bourguiba. Tous les deux exigent l’indépendance de leur Etat. La France répond d’abord par la force en réprimant les manifestations et en faisant arrêter les deux leaders. Face à la pression internationale et voulant éviter la guerre (comme c’est le cas en Algérie), les gouvernements français de Mendès-France puis de Faure négocient : Bourguiba rentre en Tunisie et l’indépendance est reconnue en mars 1956 ; Mohamed Ben Youssef rentre au Maroc, l’indépendance est aussi proclamée en mars 1956 et il devient roi sous le nom de Mohamed V. Dossier pages 172-173 : « La guerre d’Algérie » + questions du manuel • Le 1er novembre 1954, le FLN lance un appel au peuple algérien pour lutter en vue d’obtenir l’indépendance (« INDEPENDANCE NATIONALE ») en se soulevant contre la présence française et en mobilisant la communauté internationale pour qu’elle soutienne sa cause (« avec l’appui de nos alliés naturels » : l’ONU, le monde arabe et les pays communistes). Le FLN recoure à la violence : des attentats sont organisés (touchant indifféremment les musulmans et les « pieds noirs »). • Dès 1956, le gouvernement Mollet envoie l’armée en Algérie, officiellement pour des opérations de maintien de la paix (« Pacifier » sur l’affiche) et afin de rétablir les liens quelque peu distendus entre l’Algérie et la France (« unir » et la poignée de main sur l’affiche). Les valeurs invoquées sont la paix et le maintien de l’unité nationale. • Dans les faits, les opérations de pacification menées par l’armée française virent à la répression. Le général Massu, qui dirige l’armée en Algérie, est chargé de démanteler le FLN : des membres sont arrêtés, emprisonnés et torturés et sa base de Sakheit en Tunisie est bombardée en 1958. La France refuse de perdre l’Algérie, au nom de l’unité nationale (l’Algérie, c’est trois départements), du fait de la présence de pétrole dans le Sahara. Enfin, l’armée cherche à effacer les défaites de Dîen-Bîen Phu et de Suez. • Le FLN attaque la présence française en Algérie (en utilisant les attentats à la bombe dans les lieux publics) et en déplaçant à partir de régions insurrectionnelles. Ce genre de conflit est appelé une guérilla car l’ennemi n’est pas visible. C’est une des raisons pour lesquelles on a mis longtemps à parler de « guerre d’Algérie » (appellation officialisée par une loi en 1995). De plus, l’armée refusait de considérer les heurts algériens comme une guerre mais comme des soulèvements face auxquels il fallait rétablir l’ordre. • Des Algériens sont déplacées par l’armée française afin qu’elles ne rejoignent pas le FLN, qu’elle ne l’aide pas. D’ailleurs à partir de 1958, l’Algérie est un territoire en guerre : l’armée française et le FLN se livrent bataille ; des bombardements ont lieu… 4

• Les derniers gouvernements de la IVème République songent de plus en plus à négocier avec le FLN en vue de l’indépendance. Pour exprimer leur total désaccord, les généraux Massu et Salan – soutenus par les « pieds noirs » et les militaires – déclenchent une insurrection à Alger (le 13 mai 1958) et menacent de marcher sur Paris. Le 15 mai, ils font appel à de Gaulle pour régler la crise algérienne. En juin 1958, de Gaulle – qui est à la tête d’un gouvernement – fait une tournée en Algérie où il rassure les « pieds noirs » et les militaires sur le fait qu’il refuse l’indépendance algérienne. Dans un discours, il prononce deux phrases restées célèbres : « Je vous ai compris » et « Vive l’Algérie française ». Dès septembre 1959, il organise des référendums pour en venir à l’idée de l’indépendance : celui de 1961 sur l’autodétermination par 3 électeurs sur 4. • Mais l’évolution du général de Gaulle provoque des réactions violentes chez les partisans de l’Algérie française, qui se sentent trahis. En avril 1961, quatre généraux basés à Alger tentent un coup d’état qui échoue face à la détermination du général de Gaulle. Toujours en 1961, naît l’OAS (Organisation de l’armée secrète), une organisation politico-militaire clandestine qui refuse catégoriquement l’indépendance de l’Algérie et entend lutter contre la politique du général de Gaulle. Ils organisent des attentats, dont celui du Petit-Clamart le 22 août 1961 où ils tentent d’assassiner par balle le Président de la République, Charles de Gaulle. Cet attentat pousse certainement de Gaulle à

Page 18: La Décolonisation

accélérer le processus de décolonisation de l’Algérie. Les accords d’Evian, signés le 18 mars 1962, prévoient l’indépendance de l’Algérie, qui devient effective le 5 juillet 1962. Au total, ce conflit cause la mort de 25 000 soldats français, 400 000 Algériens et le retour de plus d’un millions de « pieds noirs » en France. C. La décolonisation s’achève en Afrique subsaharienne (‰†-� � �‰‡…) Texte 8 page 162 : « La décolonisation du Ghana » Photo 9 page 162 : « Le Ghana indépendant » 1. Quelle politique les Britanniques mènent-ils au Ghana ? 2. Quelles sont les étapes de son indépendance ? • L’accession des colonies britanniques à l’indépendance a lieu à la fin des années 1950 et au début des années 1960. Au Ghana, le gouvernement britannique négocie avec le parti indépendantiste CPP et son leader Nkrumah. Dès 1951, ils obtiennent une relative autonomie, ayant pu former un gouvernement. L’indépendance est accordée en 1957. Les autres colonies britanniques sont décolonisées entre 1960 et 1965, selon les mêmes modalités qu’au Ghana : Nigéria en 1960 ; Kenya en 1963 ; Zambie en 1964… Texte 12 page 163 : « La France et l’Afrique noire » 1. Quelles évolutions la loi Deferre introduit-elle dans les rapports métropole-colonie ? 2. Comment expliquer ce changement d’attitude de la part de la France ? • Les colonies françaises d’Afrique noire revendiquent elles aussi leur indépendance par la voix de leur leader : Senghor au Sénégal, Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire. En 1956, la loi Deferre accorde l’autonomie interne aux colonies : des assemblées locales sont élues au suffrage universel (mais l’exécutif est toujours présidé par le Gouverneur de la colonie) et le personnel de l’administration coloniale est de plus en plus recruté parmi les locaux. La France, empêtrée dans la guerre d’Algérie depuis 1954, est obligée d’adoucir sa politique coloniale, au risque de multiplier les fronts. Toutes les colonies de l’AEF et de l’AOF deviennent indépendantes en 1960 (Sénégal, Tchad, Mali…). • Le Congo belge obtient l’indépendance en 1960, après de violentes émeutes. Le Rwanda et au Burundi sont décolonisés en 1962 : les Belges quittent ces territoires alors que les premières tensions naissent entre Hutus et Tutsis. • Le Portugal, premier Etat colonisateur dès la fin du XVème siècle, est aussi le dernier Etat à accorder l’indépendance à ses colonies africaines. Il faut en effet attendre la chute de la dictature de Salazar en 1974 pour que la décolonisation ait lieu. 5

III. Espoirs et déceptions du Tiers Monde après la décolonisation A. Essayer de s’affirmer sur la scène internationale Texte 2 page 160 : « Les conclusions de Bandung » • En 1955, la conférence de Bandung réunit 29 colonies nouvellement indépendantes. Elle est organisée en Indonésie, le premier Etat décolonisé d’Asie, et fixe des principes communs pour ce qu’il est convenu d’appeler à cette époque le Tiers Monde (expression due au démographe français Sauvy – en référence au Tiers-Etat de l’Ancien régime). Ces Etats condamnent le colonialisme et réclament l’indépendance de toutes les colonies ; ils refusent l’alignement sur les blocs de la Guerre froide et veulent une coopération mondiale pour lutter contre la pauvreté et le sous-développement. • Du fait des divergences politiques entre les Etats présents, les principes formulés à Bandung ne sont pas suivis d’effet. Cependant, cette conférence propulse le Tiers Monde sur la scène internationale, d’où les colonies étaient exclues. Texte 1 page 166 : « Définition du non-alignement » Texte 2 page 166 : « Le non-alignement en pratique en Egypte » Carte 3 page 166 : « Le Tiers Monde non-aligné à Alger (1973) » 1. En quoi consiste le « non-alignement » ? 2. Quels sont les intérêts et les limites du « non-alignement » ? • Le principe du « non-alignement » est affirmé lors de la conférence de Belgrade en septembre 1961 : les Etats présents à cette conférence (qui sont tous d’anciennes colonies récemment décolonisés) refusent l’alignement sur l’un des deux blocs organisés par les deux superpuissances de la Guerre froide. Ils refusent l’installation de bases américaines ou soviétiques sur leur territoire ; à l’ONU, ils dénoncent la guerre d’Algérie, la guerre du Vietnam et le refus portugais de décoloniser. • Le « non-alignement » permet à certains Etats de profiter de l’aide des blocs : en 1957, l’Egypte obtient des aides financières de l’URSS et des Etats-Unis (notamment

Page 19: La Décolonisation

pour financer le barrage d’Assouan). Cependant, le Tiers Monde n’échappe pas à l’influence des deux blocs. Les pays du Tiers Monde sont toujours en lien avec leur ancienne métropole (toutes les métropoles sont membres du camp occidental). De plus, selon l’idéologie qui sous-tend leur action politique, les Etats du Tiers Monde penchent en faveur de l’URSS (Algérie, Guinée) ou des Etats-Unis (Vietnam-Sud, Arabie-Saoudite). B. Tout faire pour stabiliser la vie politique interne Photo 4 page 179 : « L’instabilité politique en Afrique noire » • Le départ des colonisateurs réveille des tensions mises en sommeil par la présence européenne (du fait qu’elle soudait les peuples colonisés contre la domination coloniale). Dans certains Etats – où il n’y avait pas de leader indépendantiste charismatique comme Gandhi, Bourguiba ou Nkruma – des heurts extrêmement violents éclatent à propos de la direction de l’Etat. C’est le cas dans l’ancien Rwanda belge, où les Tutsi s’en prennent au pouvoir hutu (ethnie majoritaire) qui réprime très violemment ces soulèvements (plusieurs milliers de Tustis sont massacrés en décembre 1963). Dans certains Etats – comme en Inde – une guerre civile fait suite à l’indépendance. • De plus, la démocratie ne parvient pas à s’installer dans les anciennes colonies. Des coups d’Etats sont organisés : c’est le cas en 1965 en Centrafrique où Jean-Bedel Bokassa prend le pouvoir par la force (avec le soutien de l’armée puisqu’il est militaire). Il s’autoproclame Empereur de Centrafrique en 1977 (dans une cérémonie qui imite le sacre de Napoléon Ier) mais est renversé en 1979 par son cousin, avec l’aide des services secrets français. De plus, même lorsque la démocratie est maintenue, la corruption et les détournements de fonds ont été monnaie courante dans les Etats du Tiers Monde à la suite de la décolonisation.

6

C. Tenter d’assurer le développement économique et social Tableau 5 page 179 : « Les défis économiques » Carte 7 page 168 : « Les inégalités dans les années 1960 » Tableau 8 page 168 : « Des économies dépendantes » Texte 9 page 168 : « La dette du Tiers Monde » Texte 2 page 166 : « Le non-alignement en pratique en Egypte » Carte page 171 : « La diversité des Suds dans les années 1970 » 1. Quels défis économiques et sociaux les pays du Tiers Monde doivent-ils relever ? 2. Quels facteurs ont handicapé les politiques de développement dans le Tiers Monde ? 3. Pourquoi peut-on aujourd’hui parler d’un éclatement du Sud dès les années 1970 ? • Dès les années 1960, le Tiers Monde est confronté à plusieurs défis : - augmenter le revenu par habitant (afin de sortir de la pauvreté) : l’Asie et l’Afrique – dont les colonies viennent d’être décolonisées – sont en effet les deux continents les plus pauvres (en 1960 comme aujourd’hui) ; - réduire les inégalités au sein du Tiers Monde (surtout en terme de croissance et d’inflation). Il s’agit de faire progresser la croissance économique des Etats les plus en retard et de freine l’inflation dans les Etats où elle est la plus forte) ; - ralentir la croissance démographique, très soutenue (deux à trois fois supérieure à celle des pays développés). Elle rend difficile la satisfaction des besoins de la population : alimentation, logement, scolarisation, soins… • Plusieurs éléments sont venus handicaper les politiques de développement du Tiers Monde. Ces Etats ont fondé leur développement sur l’exportation de certaines productions (industrielles et/ou agricoles), en spécialisant leur économie. Mais, plus de 80% de leurs exportations sont des matières premières donc une très grande partie de leur PIB dépend du prix des matières premières. Or, la tendance est à la « dégradation des termes de l’échange » (thèse Singer-Prebisch) : le prix des matières premières (qu’exporte le Tiers Monde) diminue alors que celui des produits manufacturés (qu’importe le Tiers Monde) augmente. • A partir des années 1970, le Tiers Monde n’a plus de cohérence économique (en a-t-il jamais eu ?). Quatre tendances se dessinent : - certains misent sur l’industrialisation (Etats d’Asie de l’Est, Mexique, Brésil). Ce choix semble le bon dans la mesure où ils sont les Etats les plus développés au Sud (qualifiés de « pays émergents » ou de « nouveaux pays industriels ») ; - beaucoup d’Etats ont fait le choix d’une économie socialiste (collectivisation et planification sur le modèle soviétique) : Cuba, Algérie, Ethiopie… - la Chine et l’Inde – du fait de l’importance de leur population – ont

Page 20: La Décolonisation

choisi une politique de développement autocentré : il s’agit de produire de la richesse et du développement en produisant pour satisfaire les besoins internes ; - d’autres Etats ont privilégié des « révolutions vertes » (utilisation de machines, d’engrais et irrigation) afin de satisfaire les besoins alimentaires et d’exporter les surplus. Conclusion Š De la décolonisation au néocolonialisme ? • La Seconde Guerre mondiale a créé un terrain et un contexte fragilisant le système colonial européen. De nombreuses colonies – selon des modalités différentes – se sont saisies de l’occasion pour réclamer et finalement obtenir l’indépendance entre les années 1950 et 1970. • Cela dit, l’euphorie et l’espoir lié à l’indépendance laissent vite la place à d’importantes désillusions : le Tiers Monde ne parvient pas vraiment à s’affirmer au plan diplomatique, ni à stabiliser la situation politique interne des Etats et peine pour certains à engager le développement. C’est la raison pour laquelle on parle aujourd’hui de Suds.