la conference des oiseaux

7/26/2019 La Conference Des Oiseaux

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La Confrence des oiseaux


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Du mme auteur

Le Mmorial des saintsSeuil, Points Sagesses n 6, 1976

Le Livre de lpreuveFayard, 1981

Le Livre des secretsDeux ocans, 1985

Le Livre divinAlbin Michel, 1990

tincelles de sagessesBeyrouth, al-Bouraq, 2004


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Farid-ud-Din Attar

La Confrencedes oiseauxAdaptation

Henri GougaudDAPRS LA TRADUCTION DU PERSAN

DE MANIJEH NOURI-ORTEGA

ditions du Seuil


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La premire dition de cet ouvrage a t publieen 2002 aux ditions du Seuil,

avec des illustrations en couleurs.

T I T R E O R I G I N A LManteq al-tayr

ISBN978-2-7578-4906-4

ditions du Seuil, 2002et avril 2010 pour la prsente dition

Le Code de la proprit intellectuelle interdit les copies ou reproductions destines une utilisationcollective. Toute reprsentation ou reproduction intgrale ou partielle faite par quelque procdque ce soit, sans le consentement de lauteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue unecontrefaon sanctionne par les articles L.335-2 et suivants du Code de la proprit intellectuelle.


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AVANT-PROPOS

On ignore presque tout de ce que fut la vie deFarid-ud-Din Attar. On sait quil est n Nishpr, en

Perse, probablement en 1140, quil fut apothicaire, quilvoyagea beaucoup, quil frquenta des saints et quilmourut en 1230, dans sa quatre-vingt-dixime anne.

On sait surtout quil fut lun des plus grands potes

mystiques de cette poque glorieuse du soufisme o laqute divine atteignit des sommets ingals. Rmi,Hallaj, Saadi furent ses pairs, et, comme la traverseterrestre de ces tres aims, la sienne fut vtue delgendes. Il en est toujours ainsi de ceux qui exaltentdurablement les mes.

On raconte quau temps o il ntait encore quunjeune marchand dencens et dherbes mdicinales, unmendiant fit halte, un jour, devant sa boutique et luidemanda laumne. Attar avait lesprit ailleurs. Il nelentendit pas. Le pauvre hre alors lui demanda cr-ment :


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Tu mourras, comme tous. Mais comment ? Lesais-tu ?

Attar lui rpondit : Pas plus que toi, lami. Moi, je sais, lui dit lautre.Il se coucha par terre et l rendit lesprit. Le parfu-

meur, dit-on, en fut tant prouv que de ce jourtrange il ne fut plus occup que du mystre de la vie.

On dit aussi quil prit sous le sabre dun des Mon-gols de Gengis Khan qui ravageaient sa ville, quil pritsa tte sous le bras et chanta la gloire de Dieu. Et lonraconte enfin quun jeune noble mourut peu de tempsaprs lui, et quon voulut lenterrer aux pieds du bien-aim pote. Le pre du dfunt, affirment les conteurs,

refusa que son fils ft mis en terre au voisinage de cevieillard quil considrait comme un bavard impni-tent. Or, la nuit venue, ce pre vit en songe une foulede saints autour du tombeau du vieil Attar, et il vitaussi son fils en larmes davoir t priv de la pr-sence de ces bienheureux. Le lendemain matin, lejeune homme fut mis o il dsirait tre.

Voil ce que le temps a voulu que lon retienne,outre quelques-uns de ses ouvrages, de la vie de Farid-ud-Din Attar. Il crivit beaucoup. Le Mmorial dessaints,leLivre divin,leLivre de lpreuvesont de sesuvres majeures.La Confrence des oiseauxest assu-rment la plus accomplie. Elle relate le voyage de la

huppe et dune trentaine de ses compagnons en qutede Simorgh, leur roi. Dinnombrables contes, anec-dotes, paroles de saints et de fous les accompagnent. Lis ce livre, chercheur, tu sauras o aller, dit lepote. Savoure-le longtemps et tu seras nourri. Car il ade quoi ttonner. Tu le lis une fois et tu crois leconnatre, mais non ! Lis-le cent fois, cent merveilles


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AVANT-PROPOS

nouvelles bahiront ton il. Le voile de lpouse nescarte que peu peu devant le sein dissimul !

Autant dire que La Confrence des oiseaux est deces livres qui se savourent et se frquentent commedes amis nourriciers. Il est de ces compagnons quonnaime pas quitter. La raison en est simple : lamourseul est sa religion.

HENRI GOUGAUD


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LOUSOIT LETRS-HAUT,

LE MISRICORDIEUX ,

NOTREDIEUBIEN-AIM

CRATEUR DELA VIE

DELMEDANS LECORPS

ETDELAFOIDANS LME !

lou soit

le trs-

haut

Sur les premires eaux Il posa Ses deux pieds.Aux tres dici-bas Il offrit lair du monde. Il fit le ciel

puissant et sans cesse mouvant, Il voulut que la terreobisse Ses lois et dploya sur elle une vote sem-blable une tente bleue sans cordes ni piquets. En sixjours et deux lettres entre toutes sacres Il ptrit lesneuf cieux avec les sept plantes. Comme Il aurait

lanc mille ds hasardeux sur la table des nuits, de songobelet dor roulrent mille toiles. notre corps, ce pige, Il donna cur et foie. Notre

me, cet oiseau, Il la voulut poudre dtouffantepoussire. Les chevaux ocans courbrent devant Luileur crinire cumante, et les monts pris deffroi par

lclat de son il furent ptrifis. Il asscha le sableaux rives de la mer. Il changea en rubis les pierres deschemins, du sang Il fit le musc, dune poigne de terreIl fit lme vivante, la raison rebelle Il opposalIslam, et le corps schauffa au souffle pur de lmeet lme ouvrit sa porte la grce dEn Haut.

la fire montagne insurge contre Lui Il offrit la


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cuirasse et la pique pointue. Il advint que dun feu Ilfit un champ de roses et quIl jeta des ponts sur la face

des eaux. Il advint quIl posa sur le front de Nemrod,son ennemi jur, un moustique assoiff qui lui rongeales sangs quatre sicles durant. Il advint quun beaujour Il fit laraigne tisser son fil tnu lentre de lagrotte o se cachait du mal le noble Mohammed. Iladvint quIl offrit au puissant Salomon lamour dune

fourmi la taille menue, quIl la vtit de noir, commele fut Abbas, quIl bnit son manteau, sa bont, savaillance. Et il advint enfin que des amoureux fous sui-virent le chemin des hautes vrits. Que dcouvrirent-ils au bout de leurs errances ? Le regret, limpuissanceet la perplexit.

Vois notre pre Adam. Sa longue vie ne fut quunfleuve de chagrins. Vois No sur les eaux. Mille ansil endura linsulte des impies. Vois Abraham. Soncur fut arrach du corps et jet vif au feu. Voislenfant Isaac qui ouvrit sa chemise au couteau deson pre avant quun blier blanc soit gorg pourlui. Vois Jacob laccabl. Il pleura tant son fils quil en

perdit les yeux. Vois Joseph dans son puits, meurtri,perdu, esclave avant que son destin daigne senso-leiller. Vois Job linfortun qui subit linjustice et lahargne des loups. Vois Jonas lgar sur le chemindu ciel, tomb des hauteurs bleues aux profondeursmarines. Vois le sage Mose. Il naquit pharaon et fut

jet leau dans un berceau dosier. Vois David. Lessoupirs qui embrasaient son cur amollissaient lefer de sa cotte de mailles. Vois le roi Salomon. Sonempire sombra sous les coups du dmon. Vois Zacha-rie. Son cur tait empli de Dieu. La lame sur le couil resta bouche close. Vois le bon Jean-Baptiste et satte tranche qui se vidait de sang sur son plateau


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LOU SOIT LE TRS-HAUT

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dargent. Vois Jsus sur la Croix. Vois enfin Moham-med. Pense ce quil souffrit des foules mcrantes.

Allons, crois-tu vraiment que tout cela se fit sanseffroi, sans horreur ? Qui veut aller Lui doit oublierla vie. Que puis-je dire encore, amis qui mcoutez ?Il nest plus une fleur sur mon arbre palabres !Point de remde au doute. On ne peut que subir. saints auprs de qui je ne suis quun enfant, ma

raison spouvante chercher vos empreintes ! Com-ment pourrais-je, moi, atteindre vos hauteurs ? Sei-gneur, aucun savoir ne peut Te contenir. Les affairesdu monde, auprs de Ta splendeur, que sont-elles ?Mirages, errances de fourmis ! Mose et Pharaon sont Tes yeux de mme et minuscule taille. Lun ne Tarien donn, lautre ne Ta rien pris. Seigneur, Tu esla vie. Nul nexiste que Toi. Que dire aprs Tonnom ? Tu es lUn, voil tout. te donc de Ton frontce voile qui Te couvre, cesse de consumer mon meinassouvie.

Regarde-moi, perdu dans locan du doute. DlivreTon amant de son garement. Loin de Toi, mal vivant

dans mon frle bateau je ne sais o aller. te-moi deces lieux o Tu mas dpos. La main qui ma lchpeut aussi me reprendre ! Hlas, un diable avide estassis sur mon cur. Si Tu ne maides pas jtouffe, jeme meurs. Je ne peux supporter labsurde sentimentqui me tient en ce monde. Il mavilit, mencrasse.

Dieu, purifie-moi, lave-moi, par piti, ou si tu ne veuxpas entendre ma prire, au moins massacre-moi, que jetombe en poussire et me disperse au vent ! Tu ins-pires la crainte aux peuples dici-bas. Moi je naidautre peur que des nuits de mon me, car de Toine me vint jamais que pur amour. Que suis-je ? Unpresque mort qui foule obstinment les durs cailloux


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des routes. Seigneur, source vive, inonde-moi devie ! Croyants et mcrants pleurent le mme sang.

Les uns sen vont errant et les autres sassoient, lesmains sur la figure, au seuil de leur maison. Appelle-moi, jaccours, je mgare, quimporte ! Dtourne-Toide moi, et je ne peux plus rien.

mon Roi bien-aim, vois, je suis en chemin. Tunous as dit : Enfants, Je ne vous quitte pas. Je suis

auprs de vous, restez auprs de Moi. Nous voildonc unis comme lombre au soleil. Pourquoi, pour-voyeur des pauvres sans jardin, gnreux voisin, Tecaches-Tu de nous ? Jai tant dsir de Toi que je mesens le cur comme un nuage en larmes. Pourquoi nesuis-je pas dans Ton giron, Seigneur ? O puis-je Te

chercher, dans quel dsert, quelle le ? Vais-je mar-cher longtemps ? Dis-moi, je suis perdu. Certes, jeviens trop tard, mais daigne maccueillir dans Tahaute demeure. Je veux me perdre en Toi. Je renonce la vie. Contre toute raison jespre un pur miracle.Sur les mille oraisons que ma langue remue il suffitquune seule atteigne un jour Ton cur !

Un jour un chevaliersur un lit de coussinsdcouvrit son pouse

avec un inconnu.

Il sindigna, courut la salle voisine o il avaitlaiss son casque et son pe. Sa subtile moiti mitsubrepticement un croton dans la main du malheu-reux amant. Quand le mari revint, arm de pied encap :


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Qui ta donn ce pain ? cria-t-il, lair froce. Ta femme, chevalier.Le guerrier soupira. Il abaissa son arme. Il rpondit,

lil noir : Je ne peux te tuer. qui a partag le pain de ma

maison je dois aide, assistance, honneur et protec-tion. Pre Crateur, depuis que je suis n je naijamais connu que le got de Ton pain. Toi, jour aprs

jour, ma gratitude mue pour ce que Tu me donnes !Hlas, pauvre de moi, la faim est mon pouse. Aime-moi, sil Te plat, tends-moi Ta main amie. Commentpeux-tu laisser Ton enfant sans secours ? Misri-cordieux, jai tant rv de Toi, jai si souvent brlsur le bcher damour ! Pourquoi exiges-Tu que jecroupisse encore au fond de ce cachot o mon me semeurt ?

Je suis confus, Seigneur. Jai cent fois trbuch surdes fautes secrtes, Tu le sais et pourtant Tu nasjamais cess davoir piti de moi. Jai mal agi. Pardon.Je ntais quignorant. Mes yeux demeurent secs, maismon me est en larmes. Fais grce lindigent qui

cherche Ton regard. moi seul jai fait mal. moiseul, je lavoue, jai parfois fait plaisir. Roi, dlivre-moi des ambitions mdiocres. Oublie loubli de Toi oje me suis perdu !

Dieu a rougi la cime ensoleille des monts du sangde la tulipe. Il a fait dans le ciel de fumes envoles

des champs de nnuphars. De vulgaires cailloux Il afait des agates et de terre ptrie des rubis rubiconds. Ila fait clair le jour, tnbreuse la nuit. Au seuil du cr-puscule, lentre du matin, la lune et le soleil posentpour Lhonorer le front dans la poussire. Ils saluent.Pourraient-ils sans cela cheminer ? Il a fait de lazurun oiseau impatient de cogner tous les soirs Sa porte


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ferme. Lui la huppe doit lart de guider les tres. Lui le perroquet doit sa gorge dore.

QuIl souffle sur largile et voil que nat lhomme.De quelques grains dcume Il cre des univers. Ilarrive quun chat dcouvre Son chemin, ou quunchien mal fam fasse de Son manteau son lit dfinitif,et voil les chercheurs lme de lion rabaisss au-dessous de cet humble comparse. Dieu choisit Ses

amis. Il dcide son gr qui mangera chez Lui le painrond du soleil sur la nappe du ciel. Dun bton Il peutfaire un serpent venimeux ou, sIl veut, un sultan plushaut que Salomon. Il peut la fourmi accorder le pou-voir de parler comme un homme ou faire dferler unouragan dun four !

Au ciel Il a clou comme au cheval son fer le crois-sant de la lune, Il a fait dun rocher sortir une cha-melle et du veau dor jaillir des plaintes affoles. Ilnous offre en hiver largent des champs de neige, etlautomne venu les feuillages dors. Dautres souillentde sang la pointe de leurs flches. Lui, le pourprevivant, Il linsinue au cur de la rose en bouton, Il

en orne le front de mille fleurs des champs. Le bonnetdu jasmin, cest Lui qui la tiss, et la couronne dor dufrmissant narcisse, cest Lui qui la sertie de perlesde rose. Par Lui seul le cur bat et la raison smeutde voir la terre stable et les astres mouvants. Qui fit lesmonts rocheux et les ocans bleus, qui voulut Ses

pieds la poussire du monde et le ciel dploy sem-blable cet oiseau qui heurte tous les soirs du beccontre Son huis ? Lui seul, encore Lui ! Que sont lessept enfers, pour Lui ? Sept tincelles. Et les huit para-dis ? Quelques cailloux perdus au seuil de Sa maison.Il est lUn sans second qui fascine les mondes, etmme sil est vrai que des cieux aux poissons il nest


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pas un atome hors de Son tre aimant, notre humbletat terrestre au sein de lunivers suffit tmoigner de

son immensit.Il cra lair, le feu, la terre, leau, le sang et sema

dans chacun le secret de la vie. Quarante jours durantIl faonna largile. Il en fit notre corps, Il y posa notreme et notre corps fut vif. En nous Il alluma la lampede lesprit. Il nous offrit aussi le dsir de savoir et le

discernement. Ainsi nous avons pu choisir et dcider,nous avons dcouvert lamertume du doute et nousavons cherch obstinment Celui qui nous avait btis.Amis ou ennemis, nous Lui devons tous dtre, et tousIl nous protge, et nous Le portons tous.

Au premier jour des temps Il fit des monts les clousqui fixrent la terre, sur elle Il rpandit les eaux desocans et la rendit ainsi foisonnante et fconde. Il posalunivers sur le dos dun taureau. Il posa le taureau surle dos dun poisson. Sous le poisson nest rien. Surlabsence de tout repose toute chose. Dieu maintienttout sur rien. De latome aux soleils tout est signequIl est.

Ce monde o nous vivons nest quun caillou perduau fond de Son jardin. Oublie leau, lair, le feu.Oublie tout. Tout est Dieu. Vois la Terre. Cest Lui.Vois lau-del. Cest Lui. Tout nest que Sa paroleinfiniment diverse, tout nest que Son habit infinimentchangeant. Reconnais donc ton Roi sous Ses mille

manteaux. Tu ne peux te tromper, puisque tout nestque Lui ! Hlas, nul ne le voit. Nous sommes aveuglspar lclat de Son tre. Si tu Le percevais, voyant quetout est Lui, tu serais aussitt corps et me dfait. Tousceux qui ont atteint le seuil de Sa maison ont oubli lemonde. Ils ne sont plus eux-mmes. Ils sont Ses com-pagnons.


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Seigneur si prsent que nul ne voit Ta face, ilnest quun seul vivant dans lunivers, cest Toi ! Tu

as cach les mes au secret de nos corps et Toi-mmees cach au secret de nos mes, me de nos mes, secret des secrets ! Toi qui fus avant tout ce qui est ici-bas, tout est Toi, tout est Tien et pourtant, je le sais, Tues tout chacun. Hlas, Ton portail veillent Tes sen-tinelles. Comment franchir Ton seuil ? Le cur ne le

peut pas et la raison non plus. On ne sait rien de Toi etpourtant Tu es l, et lon Te cherche encore, et lon Techerchera ! les milliers damants jamais gars surle rude chemin qui mne Ton palais ! La raison Teconnat, lesprit sait que Tu es, lme en elle Te sent,et nul ne Te peroit, nul ne peut Te toucher, Te parlerclairement, entendre Ta rponse, Seigneur ternel, Dieu stupfiant !

Tu es tant au-dehors quau plus chaud de nous-mmes. Ce que lon dit de Toi, Tu les et ne les pas.Lesprit dsire-t-il se rapprocher de Toi ? Un vertige leprend. Voil quil perd le fil. Sa route se dfait. Par-tout dans lunivers Ton tre est manifeste, et personne

ici-bas ne peut Te rencontrer ! Chacun sa faon Tedcrit, Te pressent. Tous doivent, bout defforts,savouer impuissants prouver que Tu es. Nous avonsbeau scruter les plus menus sentiers, celui qui va versToi nous demeure cach. La terre svertue, spuise,sempoussire chercher Ton chemin. Le soleil fou

damour sombre dans les tnbres. La lune chaquemois maigrit tesprer. Lintrpide ocan, la roberuisselante et la bouche assoiffe, dit et redit Tonnom sur ses mille rivages. La montagne impuissante grimper jusqu Toi tend aux nuages blancs ses brasptrifis. Le feu, les pieds brls, affol de dsir, sedfait dans lair bleu. Le vent, lesprit perdu, Te cher-


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cher partout soulve et l des poignes de pous-sire. Leau puise se noie et la terre atterre ne sait

plus que prier.Texpliquer ? Te dcrire ? Hlas, je ne peux pas. Je

ne Te connais pas ! mon cur dsirant, si tu veuxtenivrer du parfum de lUnique, entre dans le che-min et marche. Sois prudent. Aiguise bien ton il. Voisles chercheurs divins parvenus Sa cour. Ils se sont

entraids, instruits les uns les autres. Il est autant devoies vers le glorieux Ami que datomes vivants. Maislaquelle choisir ? Et comment sorienter ? Cherche-Ledans le monde, Il demeure cach. Cherche-Le au-del,dans le vaste invisible, et Le voil soudain au soleil demidi. Le crois-tu saisissable autant quvanescent, Ilsenvole, Il senfuit sur de plus hautes branches. Ami,va ton chemin. Rien ne peut Lenfermer.

Si tu le sais, tais-toi. Explore ta maison. Apprendre se connatre est un noble travail. Mais qui chercheDieu lintelligence est vaine. Laisse l ta raison. Dieuseul sait le chemin et Lui seul peut louvrir. Ne parlepas de Lui, tu te perdrais bientt en vagues rveries.

Que ton discours soit clair, obscur, crpusculaire, cesttoi que tu dcris, toi seul, sache-le bien. Tu ne peuxLexpliquer, je te lai dj dit. Il est trop loign dessavoirs de ce monde et trop pur pour laisser uneempreinte ici-bas. Si tu veux Le trouver, sacrifie-Luita vie. Tu nas pas dautre choix que de touvrir sans

crainte la voix du Coran. Ce que tu crois savoir surles peuples des mondes est le fruit mal mri de tonpropre jardin. Dieu nest pas l-dedans. O est-Il ?Nul ne sait. Il est de mille monts plus haut que toutregard. Le pur dsir de Lui dsoriente lesprit, car ilna pas accs au trsor de Sa grce, et laisse lme nue,grelottante, effare de se voir menace de disparatre


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Au-del de la Connaissance, voici que souvrela valle de la Libert solitaire . . . . . . . . . . . . . . . 233

Vois maintenant ce qui te vient.Cest la valle de lUnit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241

Aprs celle de lUnit vient la douloureusevalle de la Perplexit majeure . . . . . . . . . . . . . . 248

Voici maintenantquapparat la valle de lpuisement . . . . . . . . . 256

Quand la huppe se tut enfin,les oiseaux baissrent la tte . . . . . . . . . . . . . . . . 267

pilogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 283
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RALISATION : NORDCOMPOVILLENEUVE-DASCQIMPRESSION : NORMANDIEROTOIMPRESSIONS.A.S. LONRAI

DPTLGAL : AVRIL2010. N102204IMPRIMENFRANCE

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