karen knorr histoire d’animaux: quelques pensees sur …
TRANSCRIPT
KAREN KNORR
HISTOIRE D’ANIMAUX: QUELQUES PENSEES SUR
LA REPRESENTATION DE L’ANIMAL
• Le monde des animaux forme une toile de fond contre ce que les humains formulent et reformulent
incessamment, dans le langage métaphorique, on parlerait de leur propre idéologie, les caractéristiques
particulières à leurs formes d’interaction sociale ainsi que de leurs histoires personnelles et sociales.
Paul Shepard, “The Others How Animals Made us Human”
Les bestiaires et livres d’animaux existaient dans le passé et incluaient de nombreuses formes réelles ou
imaginaires: licornes, griffons, sphinx, sirènes, basilics. Les créatures étranges ont été introduites comme les
rhinocéros européens, paresseux, aux côtés des versions mythiques contemporaines pouvant être le yéti ou le
Monstre du Loch Ness, la Bête d’Exmoor ou bien encore, le Chupacabra dans les Caraïbes.
.
L’histoire peut être perçue comme une description du monde, admettant que tout commence avec l’écriture et
que, seulement, l’humain importait. Nous privilégions sans cesse l’autorité du monde écrit et une histoire
tournée vers l’occident, une vision euro centrique pensant la vielle Europe et l’homme blanc comme centraux.
La philosophie positiviste européenne a tenté d’abstraire la vérité, comme définie par la discursive rationnelle,
et la philosophie continentale tenta de défier la définition du sujet humain au-delà de l’esprit cartésien/ corps
séparé (Lacan, Derrida, Kristeva, Irigaray)
Comment pouvons-nous représenter ce monde naturel? Comment pouvons-nous réinventer la fable dans nos
vies contemporaines. Mon travail photographique récent soulève ces questions. Celui-ci découle et d’un
dialogue avec l’art contemporain et la photographie et du référencement historique de la mémoire des sites
ainsi que de la représentation de l’animal dans l’histoire de l’art.
• Les animaux, en tant que personnage et protagoniste, sont présents dans les fables tel un
inconscient collectif de l’humanité. Il est temps de reconsidérer la fable ainsi que sa relation
aux mythes et contes folkloriques. Les mythes humanisent la nature alors que les contes
folkloriques animalisent la société humaine. Les mythes ont comme personnes les oiseaux
géants, les montres apparaissant soudainement, les êtres surnaturels surviennent et les
animaux jouent les rôles principaux : Leda et le cygne, Diana et le cerf (Actéon), Ganymède et
l’aigle. Les animaux tirés des mythes sont les avatars d’un univers cosmique fabuleux, une
sorte d’inconscient pré-psychanalytique. Les animaux, projetés dans le ciel, deviennent les
constellations familières : la Grande Ours : Ursa Major, Cygnus, Canus (le chien). Le mot
zodiac signifiant « le cercle des animaux ».
« Le conte folklorique est un dialogue intrinsèque duquel une société inculque à ses citoyens
dans une langue dans laquelle les animaux parodient nous seulement les classes et valeurs mais
aussi les traits de personnalité, la hiérarchie et la morale ». Le lapin qui est plus rusé que le
renard qui roule le chien qui attrape le lapin lui-même battu par la tortue. Ces contes
deviennent des paraboles, des contes moraux utilisant le stéréotype de l’animal comme une
devise pour nous faire réfléchir sur nos comportements et notre condition humaine.
Les animaux sont partie intégrante de notre langage quotidien : on fait le pied de grue, on
s’octroie la part du lion, on a une faim de loup ou de moineau, on s’entend comme chien et chat,
on monte sur ses grands chevaux ou on rougit comme un homard.
88
99
Flaubert’s Parrot
Fables 2003- 2008
INDIA SONG