karadimas - la mort chez les mirañas
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La mort chez les Mirana (Amazonie)
Dimitri KARADIMAS
En voyageant, l’ethnographe – a la difference du soi-disant explorateur
et du touriste – joue sa position dans le monde, il en franchit les limites.
Il ne circule pas entre le pays des sauvages et celui des civilises : dans
quelque sens qu’il aille, il retourne d’entre les morts.
Claude Levi-Strauss, Extrait de Diogene Couche,
Les Temps modernes no 110, mars 1955.
Je prends l’occasion de la presente contribution sur la mort
chez les Mirana pour revenir sur ma collaboration avec ce
groupe d’Amazonie colombienne qui remonte a la fin des
annees 1980. Si la citation de Levi-Strauss placee en exergue
souligne cette etrange posture de l’ethnographe d’etre sans
cesse entre deux lieux, d’avoir a partir sans etre sur de revenir
et, lorsqu’il le fait, de s’apercevoir que certains parmi ceux dont
il avait partage l’existence ont definitivement quitte ce monde,
alors notre profession nous constitue en des sortes d’Orphee
modernes, des heros tristes de n’avoir pu extraire de l’Hades
des cultures ceux qui nous ont accueilli et eclaire de leur savoir.
En particulier avec mon informateur principal, parmi les
Mirana, que je ne nommerai pas ici par respect de la tradition
locale qui veut que le nom d’un defunt ne soit plus prononce
par ceux qui l’ont cotoye de son vivant. Celui qui etait devenu
pour moi un informateur hors pair a ete vaincu par des forces
auxquelles il n’etait plus en mesure de s’opposer.
On comprendra aisement que je ne compte pas faire ici
l’eloge funebre d’un personnage de la communaute de Puerto
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Remanzo del Tigre sur le Caqueta, mais de reprendre certaines
discussions menees avec celui-ci alors qu’il se voyait deja
diminue par la maladie. Chez les Mirana, mourir libere une
serie de composantes de la personne qu’un individu avait tisse
pour faire de lui un nœud dans un ensemble plus vaste que
constitue le groupe de filiation.
En parallele a cette question liee a la personne, s’en pose une
autre liee au groupe dans son ensemble, a savoir les Mirana
d’Amazonie colombienne. Selon les sources ethnohistoriques
qui remontent au XVIIe siecle, cette ethnie a ete ballottee dans
l’histoire mouvementee de la colonisation espagnole puis por-
tugaise de l’Amazonie du Nord-Ouest. En premier lieu connus
comme pourvoyeurs de marchandise humaine pour les nego-
ciants d’esclaves de la couronne portugaise1, ils deviennent,
deux siecles plus tard, avec d’autres ethnies de la region du
Caqueta-Putumayo, les principales victimes des camps lies a
l’exploitation du caoutchouc, matiere nouvellement indispen-
sable au developpement capitalistique de l’industrie automo-
bile pour la production de pneumatiques.
Alors que Thomas Whiffen denombrait approximativement
15 000 « Boro » (Bora) au debut du XXe siecle, la fin de la
« periode de caoutchouc » laisse a l’ensemble ethnique Bora-
Mirana a peine 1 500 personnes en vie ; les autres ayant fini
sous les balles, le fouet, les coups de machettes, les maladies
et, plus simplement, sous les affres de la misere generee par
l’exploitation des indigenes orchestree methodiquement par
la compagnie anglo-peruvienne Casa Arana aux si sinistres
methodes que le consul britannique Roger Casement desi-
gnera la region du Putumayo comme etant « Le paradis du
diable »2.
334 La mort et ses au-dela
1. Cf. KARADIMAS 2000c.
2. HARDENBURG, ENOCK et al., 1912.
mort_au_dela_14053 - 6.3.2014 - 11:34 - page 334
Comment un groupe ethnique se releve-t-il d’un quasi-geno-
cide, peut-etre involontaire puisqu’il n’y avait pas d’intention
de supprimer physiquement une population precise, mais tout
de meme perpetre tellement systematiquement au nom de la
« necessite economique » et du profit et de lui seul que la seule
presence sur ces terres riches d’arbres d’hevea des Indiens, peu
enclins au travail dirige, devenait un obstacle a l’exploitation de
la precieuse gomme (rappelons qu’a l’epoque, l’Amazonie etait
la seule a posseder cette essence d’arbre sans laquelle l’indus-
trie automobile n’aurait pas pu connaıtre son essor).
Au-dela de la question demographique, comment un
ensemble culturel recupere-t-il la faculte de se reconstruire
en tant que groupe constitue ? Cela se fait-il par la memoire
des massacres ou par leur oubli ? Ou en se rappelant pour
oublier, pour paraphraser un titre donne par Anne Christine
Taylor3 a une contribution traitant de la question de la mort
chez les Jivaros ? Cela se fait-il par le renouvellement du sou-
venir et par l’entretien de la memoire des massacres, c’est-a-
dire une «memorialisation » des victimes ? Ou, au contraire, par
la volonte de ne pas maintenir presente la memoire des morts
dans le quotidien et de ne pas avoir a subir la contrainte de
vivre constamment avec leur presence, c’est-a-dire par un refus
d’une «memorialisation » et de constituer les massacres en
evenements constitutifs de l’identite actuelle du groupe ? Si
cela n’est pas le cas, comment les conceptions traditionnelles
relatives a la mort individuelle impriment-elles leurs marques
dans le traitement d’une societe ayant subi une telle saignee ?
Comment les structures sociales peuvent-elles survivre a une
telle desagregation ? Ces questions ne sont pas juste des for-
mules rhetoriques que tout ethnologue travaillant avec les
populations amerindiennes est en droit de se poser ; elles
sont une autre facon de reformuler les reflexions plus generales
liees a la memoire et a la solution qu’un groupe amerindien
335La mort chez les Mirana (Amazonie)
3. TAYLOR 1993.
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pratiquement entierement decime a trouve pour depasser les
pieges de la rememoration, surtout lorsque celle-ci est utilisee
a des fins toutes devoyees du poids qu’elle fait peser sur les
vivants.
Les composantes du corps et leur liberation mortuaire
Le corps Mirana a change. Non pas le corps physique de la
personne, mais le corps tel que les Mirana le pense sous la
forme de la somme de ses composantes. La grande division
ame/corps, propre a la maniere chretienne de construire le
sujet, s’est peu a peu imposee a une population qui connaissait
surtout une coupure vivants/morts a laquelle se subsumaient
les notions d’integrite et de morcellement des etres. L’etre
vivant maintient uni et dompte toutes les composantes de
son etre alors que les morts ont echoue dans leur capacite
a maintenir ensemble des esprits mais aussi des entites qui
tentent de prendre leur independance, ou se sont fait capturer
ou enlever par d’autres (chamanes, esprits, etc.). Celui que les
conceptions occidentales considerent comme un vivant peut
etre vu comme «mort » chez les Mirana des qu’il n’est plus en
mesure de mobiliser certaines de ses facultes (discernement,
memoire, faculte de jugement, intelligence, etc.). Ainsi, un des
premiers signes de cette desagregation est la perte de la faculte
de « percevoir » les esprits des autres etres (notion qui peut etre
etendue aux animaux, a certaines plantes, aux objets manu-
factures – en particulier ceux fabriques par la main d’un
artisan –), a travers l’esprit qui reside en soi et leur est analogue.
Les Mirana affirment qu’une personne ayant perdu son
« esprit », ou du moins sa dissociation d’avec l’ame – une
sorte de « seconde mort » –, ressemble beaucoup a la plupart
des Blancs a la sensibilite arretee par la surface des etres et des
choses qui peuplent le monde. Comme les Blancs, les «morts »
sont incapables de percevoir l’aspect cache des choses se pre-
336 La mort et ses au-dela
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sentant a chacun dans le quotidien de l’experience onirique et,
plus generalement, dans les interactions avec le milieu envi-
ronnant. Cette perte est le plus souvent liee au fait d’avoir
enfreint des interdits de toutes sortes (dietes alimentaires
non respectees, conduites sociales deviantes, ou choix de par-
tenaires sexuels inappropries – cousinage trop proche assimile
a de l’inceste, par exemple –), mais aussi, pour un homme
adulte, au fait de ne pas avoir pris soin de cet esprit en le
nourrissant de facon approprie de coca et de tabac cultive
par lui-meme ou, pour une femme adulte, de ne pas apporter
suffisamment de soins a son jardin. Les adultes en incriminent
le plus souvent l’education des Blancs et des Colons, a laquelle
les enfants mirana ont ete contraints.
Celle-ci les forcerait a ne pas apprendre a porter attention aux
images et aux sensations qui arrivent a la conscience de la
personne. L’education « blanche » place le sujet en tant qu’etre
entierement responsable de ses pensees, la ou l’education
prodiguee par un pere a son fils et par une mere a sa fille
insiste sur la faculte de capter des signes et de les interpreter
grace a l’esprit qui reside dans le corps de chacun. Perdre cet
esprit revient a sombrer dans une situation d’incapacite d’in-
teraction generale et a etre reduit a un comportement erra-
tique, monodirectionnel, conduisant – a moins d’etre soigne,
c’est-a-dire de faire reintegre cet esprit au sein de son etre –, a
la desagregation des autres composantes du sujet, dont la
perte du souffle vital et de la force du sang marquent la fin
de l’integrite de sa personne, la dissociation de l’ame du corps
du sujet4.
Parallelement a cette desagregation des composantes immate-
rielles de la personne, s’opere une intrusion qui a pour but
d’attaquer les composantes materielles du sujet. Pense sous la
forme d’un element allogene envoye par d’autres groupes ou
337La mort chez les Mirana (Amazonie)
4. KARADIMAS 2005.
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d’autres chamanes, l’element pathogene devore litteralement
la personne de l’interieur. La responsabilite de tels actes est
le plus souvent imputee au Maıtre des animaux qui, tout
en tirant vengeance des gibiers preleves sans son autorisation,
permet leur reproduction aux depens des humains. Ces der-
niers servent en effet de nourriture et de receptacle a une
descendance non-humaine, c’est-a-dire qu’ils sont vus
comme un equivalent de «mere ». J’avais montre dans un
article intitule Dans le corps de mon ennemi5 que l’image de
l’insecte en tant que parasite d’un hote etait le paradigme
general par lequel etaient pensees la maladie et la predation.
Le corps humain est insemine par l’equivalent d’une larve
carnassiere et lui sert de receptacle et de garde-manger. L’etre
qui s’echappe de la personne vaincue considere la depouille
humaine comme un corps qui l’avait nourri et engendre.
La question de la mort mirana ne se resume pas a une simple
interrogation issue d’une metaphysique de la predation, mais
plutot tient au fait que les Mirana ont choisi le parasitisme
comme un paradigme global, qui leur apparaıt comme la
condition meme de la reproduction de la vie. Cette ideologie
du parasitisme – c’est-a-dire d’une predation effectuee aux
depens d’un etre maintenu vivant – se manifeste dans l’en-
semble du Nord-Ouest amazonien a travers le personnage et le
cycle rituel lie a Yurupari6.
Ce seul element allogene assimile a une larve carnassiere pre-
sent dans le corps de la personne n’est cependant pas considere
comme l’unique responsable de son deces ; il n’est que le
temoin de l’agresseur – aujourd’hui le plus souvent le Maıtre
des animaux –, lui seul responsable du deces de la personne.
Bien que les actes de guerres ne soient plus la norme aujour-
d’hui, la disparition d’un proche « au plus pres », c’est-a-dire
338 La mort et ses au-dela
5. KARADIMAS 2003.
6. KARADIMAS 2008.
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qui n’a pas eu lieu lors d’un acte guerrier s’etant produit « au
loin » (cf. infra), est toujours interpretee comme entraınant la
creation d’un spectre. Celui-ci se manifeste au quotidien par
des reves dans lesquels le sujet est confronte a differents grands
predateurs au premier rang desquels apparaıt le jaguar, bien
que d’autres entites comme l’aigle harpie ou l’anaconda sont
egalement presentes.
D’autres evenements singuliers sont egalement interpretes
comme des rencontres avec une des deux ames liberees par
un mort : la presence repetee de rapaces nocturnes pres de la
derniere habitation d’un defunt et leurs hululements insistants,
la rencontre inattendue avec un fauve en foret ou tout com-
portement juge inadequat ou inquietant d’un animal, sont
autant de signes de la presence de cette ame du defunt qui
refuse de quitter ce monde et de ses tentatives de communi-
quer avec un proche. Les formes predatrices prises par l’ame
d’un mort placent celle-ci du cote de l’alterite et generent un
comportement d’evitement ou d’eloignement de tout ce qui
peut rattacher les vivants avec le mort. Les anciens lieux d’ha-
bitations du defunt sont evites dans la mesure ou l’esprit les
visite regulierement, en plus du lieu ou le deces s’est produit et
qui devient le lieu de residence du spectre. Tant que la chair et
le sang ne sont pas entierement decomposes et devores par les
larves des insectes necrophages, le spectre continuera d’errer
en quete d’un proche, le plus souvent un consanguin. Il en va
bien evidemment de meme pour le nom du defunt qui attire
immediatement le spectre aupres de la personne l’ayant pro-
nonce, dans une perspective equivalente mais inverse a celle
adoptee a la chasse dans laquelle on ne prononce pas le nom de
l’espece a chasser, de peur qu’ainsi prevenue, elle ne se sous-
trait a l’acte.
Cette preoccupation concernant la devoration des chairs est
d’ailleurs une des cles de la comprehension de l’alterite du
mort, puis de son anonymisation qui debouche sur son acces-
339La mort chez les Mirana (Amazonie)
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sion a l’immortalite (cf. infra). Dans la mesure ou les Mirana,
contrairement a d’autres groupes plus au nord de leur terri-
toire, n’effectuent pas de secondes funerailles aux fins d’ex-
humer les ossements, la place relative qu’occupent vis-a-vis du
cadavre ceux qui doivent se charger de la tache de sarco-phagie
(au sens de «mangeurs de chairs ») entre autant en resonance
avec les anciennes pratiques anthropophages du groupe
qu’avec les activites cynegetiques.
L’opposition os/chair revient par exemple dans les explications
fournies par le groupe concernant un instrument de musique
realise dans un crane de cerf qui sert quotidiennement a avertir
les habitants d’une maison communautaire du retour d’un
chasseur ou de l’arrivee de gibier. Dans un mythe mirana
traitant de l’origine de cet instrument, les humains qui avaient
mange un cerf devinrent, aux yeux du frere de celui-ci, des
sarcophages : pour venger sa mort, le frere du cerf defunt,
nomme «Cerf-du-haut », vient enlever les enfants des humains
qui ont mange de cette chair. Emportes « au ciel », ces enfants
seront bouillis et devores comme on le faisait encore il y a plus
d’un siecle avec les prisonniers de guerre lors des rituels
anthropophages. Pour se venger, le Cerf-du-haut parcourt
les differentes maisons communautaires a la recherche des
ossements desormais depourvus de chair de son frere : il com-
pare chaque os recupere a l’un des siens. Par un procede trop
long a relater ici, il finira par etre victime de sa propre ven-
geance en se decoupant lui meme ses chairs et n’etre ainsi plus
qu’un squelette dans le crane duquel on souffle pour avertir
que le gibier s’est livre aux chasseurs.
Il est a noter que les Sikuani-Guahibo, ouCuiva-Guahibo de la
frontiere colombano-venezuelienne, jouent justement de ce
meme instrument realise dans un crane de cerf au moment
des secondes funerailles. Celles-ci ont lieu une annee apres
l’enterrement, et cette musique accompagne le deterrement et
la recuperation des os du defunt desormais depourvu de toutes
340 La mort et ses au-dela
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chairs7. Contrairement a ces derniers groupes, les Mirana
etaient anthropophages, et la ceremonie de la « fete du sang »
lors de laquelle le prisonnier etait devore entre les habitants
d’une maison communautaire, fait jouer aux vainqueurs le role
imparti aux sarcophages du mythe du crane de cerf. Les vain-
queurs font ainsi litteralement office de sarcophage du vaincu,
et procedent a la desagregationmaterielle du corps de l’ennemi
plutot qu’ils ne le laissent se decomposer.
Chez les Sikuanu-Guahibo au contraire, on fait souffler dans le
crane de cerf ceux qui reconstituent le mort a l’aide des osse-
ments : ils deviennent des consanguins rituels du defunt
(desormais devenu autre) ; ou plutot, c’est le defunt mainte-
nant depourvu de chairs qui peut devenir un etre equivalent au
personnage rituel qui joue du crane de cerf, personnage qui est
considere comme celeste chez les Mirana. Or cette image
mythologique et rituelle est equivalente a un insecte, un
lucane, dote de mandibules dont la forme ressemble a celles
des bois du cerf (un « cerf-volant » en francais). Le squelette
ambulant que constitue un insecte ayant subi une ultime
metamorphose qui le fait passer du statut de larve a celui
d’imago sert ainsi de metaphore rituelle a une operation ana-
logue que subit l’humain lors de son trepas. Celui-ci passe de
son statut de « larve » (le « vivant du sol », comme le nomment
les Mirana) a celui d’adulte, c’est-a-dire renaissant sous une
forme immortelle a savoir celui de squelette anime (imago
d’insecte) qui vit dans le ciel. Ainsi, pour les Mirana, les
humains sont des « larves » et les Dieux s’en nourrissent tout
en se servant d’eux pour se reproduire.
Tout laisse donc a penser que l’immortalite telle qu’elle est
pensee par les Mirana est associee a la perte de la chair du
defunt et se realise dans le ciel. Mais sous quelle forme ?
341La mort chez les Mirana (Amazonie)
7. Cf. ALES 1997.
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Des etoiles et des Dieux
En 1915, l’explorateur anglais Thomas Whiffen visitait les
groupes du Caqueta et du Putumayo entre le Sud de la
Colombie et le Nord du Perou. Dans une remarque faite au
passage d’un chapitre de son livre relatant ses Notes of some
months spent among cannibal tribes concernant les differentes
ames de la personne bora, il estime qu’a propos des etoiles,
« ces gens semblent en avoir les idees les plus vagues, et seul un
Boro (Bora-Mirana) m’a explique qu’elles etaient les ames des
chefs et des grands hommes de sa tribu »8. Nous savons aujour-
d’hui qu’il ne s’agit pas de vagues idees mais, au contraire,
d’une des formes que peut prendre l’immortalite des ames
des personnes. Ainsi, et pour ne prendre que l’ethnographie
des Mai Huna (Tukano occidentaux) et voisins immediats
des Mirana etudies par Irene Bellier, les ames de certains
des hommes du groupe accedaient egalement a un destin
post-mortem sous forme d’etoiles apres avoir subi un cycle
de transformations. De leur vivant, les hommes s’identifient
a l’astre lunaire et renaissent sous forme d’etoiles apres le
trepas, non sans avoir ete prealablement « cuits », soit sous
forme bouillie pour devenir des etoiles de couleur bleue, soit
grilles pour devenir des etoiles rouges9. On le voit, ici aussi,
la thematique de la cuisson du mort est necessaire pour eva-
cuer les chairs ; une fois realisee, ce qui reste du defunt est en
mesure de se transformer en etoile (cuisson, ne l’oublions pas,
servant a une ingestion des chairs, sur un mode sarcophage).
Pour les Mirana actuels, une des nombreuses ames de la
personne devient immortelle et brille dans la voute celeste
sous forme d’etoile. Selon les dires des interesses, ce destin
342 La mort et ses au-dela
8. (Whiffen 1915) : ‘‘Of the stars these people seem to have the vaguest ideas,
and only one Boro explained to me that they were the souls of the chiefs and of
the great men of his tribe’’.
9. (BELLIER 1991).
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est toutefois difficile a atteindre aujourd’hui, et seuls les chefs
de maisonnee peuvent y acceder. Il existait anciennement une
autre categorie de personnes qui pouvaient connaıtre le meme
sort : les victimes des actes anthropophages accedaient a cette
destinee apres qu’elles aient ete devorees et que leurs cranes
aient ete suspendus a la toiture de la maison communautaire
ou maloca. Ces cranes etaient la manifestation des nouvelles
etoiles que les Mirana avaient placees dans la voute celeste,
sur un mode analogue a celui des grands heros des mythes
qui constituerent les constellations majeures. La maison deve-
nait une replique du cosmos dans laquelle l’ensemble de
la toiture prenait la place du ciel, alternativement diurne et
nocturne. Pour acceder au meme destin post-mortem, les
chefs etaient enterres au centre de leur maloca, a l’intersection
des diagonales reliant les quatre poteaux centraux. Dans la
mythologie mirana, l’extremite superieure de chacun de
ces quatre poteaux abritait un crane de douroucouli ou singe
nocturne (Aotus trivirgatus) qui est la representation d’une
etoile du trapeze de la constellation d’Orion10. Celle-ci est
liee, dans la mythologie mirana, a la decapitation d’Astre (de
la nuit, c’est-a-dire la lune) puis a sa renaissance en la personne
de son fils qui incarne l’Astre du jour (soleil). Sous la forme
des Quatre Singes, la constellation represente les ennemis
d’Astres (de la nuit et du jour), decrits dans le mythe
comme ses affins. La constellation des Quatre Singes effectue
un meurtre, celui de Lune, puis mange son corps tout en
laissant sa tete, lui permettant de devenir l’astre du ciel noc-
turne puis diurne. Cette renaissance s’effectue par l’Ouest vers
ou se dirige la constellation : l’astre passe par l’inframonde
avant d’etre associe au soleil qui reapparaıt a l’Est (precede
par cette constellation)11.
343La mort chez les Mirana (Amazonie)
10. KARADIMAS 1999a.
11. Cf. KARADIMAS 1999a.
mort_au_dela_14053 - 6.3.2014 - 11:34 - page 343
Certes, les developpements astronomiques que nous decrivons
ici brievement sont plus complexes. Il reste neanmoins que ce
modele astronomique du passage par l’inframonde associe a
Orion est egalement le modele d’un parcours que les morts
doivent emprunter, enterres pour pouvoir renaıtre dans le ciel.
Orion est ainsi la constellation qui procede a la transformation
du mort ou qui « fait » (dans le sens de (de-)construire) du
mort, une constellation « thanato-ourgos », pour laquelle il fau-
drait employer un neologisme : thanaturge.
Ce qu’il importe de souligner, est que le trepas des personnes
importantes du groupe se fait par l’intermediaire de cette
constellation, raison pour laquelle, me semble-t-il, le leader
du groupe local et maıtre d’unemaison communautaire, devait
etre enterre au centre de la batisse. A l’inverse de ces person-
nages de premiers rangs, les guerriers avaient la possibilite
d’aller mourir « au loin », dans les expeditions ou ils auraient
trouve dans leurs ennemis ceux qui se seraient charges du
traitement de leur chair, faisant office de thanaturge ; c’est la
raison pour laquelle il faut associer le rituel anthropophage a
une operation sarcophage.
Ces considerations peuvent eclairer la signification de plu-
sieurs artefacts sur lesquels apparaissent dessines des animaux
ou des etoiles se referant a cette constellation d’Orion.
Nous proposons donc de considerer les bancs et l’ensemble
des pieces archeologiques qui se referent a Orion comme des
thanaturges, c’est-a-dire, litteralement : « ceux qui construisent
le mort ». Tant que la personne du chef n’est pas morte, elle n’a
pas ete vaincue par ses ennemis : lorsque ces derniers prennent
le dessus, ils provoquent le trepas de son ame, mais revelent
aussi la premiere et la derniere faiblesse du corps – humain –
qui l’abritait et ils le font disparaıtre en le devorant : ils font
office de sarcophages au sens etymologique du terme «man-
geur de chair ». L’ingestion des chairs du defunt procede d’une
desagregation du corps humain pour ne laisser que des os.
344 La mort et ses au-dela
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Parallelement a ce processus, la disparition des chairs s’accom-
pagne d’un effacement de l’individu, de ses traits singuliers, de
ce qui le faisait membre d’un ensemble de relations sociales
(pere, frere, fils, etc.). En d’autres termes, la sarcophagie est la
condition de la creation de l’immortalite, mais cette derniere
s’accompagne d’une anonymisation du defunt. Pour devenir
immortel, il ne faut plus exister et donc effacer les qualites
humaines du defunt. On le voit, le prix a payer est eleve
puisqu’il n’y a pas de «memorialisation » du defunt ; il faut
oublier, manger l’individu en meme temps que ses chairs
pour permettre la liberation d’une ame dans l’au-dela et per-
mettre ainsi le trepas.
Lorsque les anciennes societes des Andes septentrionales uti-
lisent la representation d’Orion dans leurs iconographies orne-
mentales sans faire figurer un des deux astres majeurs, c’est
qu’elles semblent postuler une autre relation entre la personne
qui les porte avec le soleil et/ou la lune.
En un sens, la personne qui portait ces ornements etait elle-
meme la figure solaire ou lunaire absente des representations.
En arretant l’analyse a ces premieres constatations, on ne fait
qu’affirmer ce que l’on sait deja : les caciques ou les person-
nages de haut rang dans ces societes tiraient d’une identifica-
tion avec un des deux astres majeurs la legitimite de leur statut.
Et de ce seul fait, elles n’etaient plus astreintes au meme destin
eschatologique que le reste des personnes de basses ou de
moins hautes extractions.
Les personnages masculins de haut rang ne devaient donc pas
necessairement trouver la mort sur le champ de bataille
puisque leur deces « au plus pres », c’est-a-dire au sein meme
de leur groupe ou dans leur maloca, etait le resultat de la
predation de leurs ennemis. Avec cette difference toutefois
que la personne portait sur elle l’image ou les figures de ses
ennemis. Ces derniers n’etaient pas humains mais des etres au
statut stellaire, et la personne qui portait ces ornements ne
345La mort chez les Mirana (Amazonie)
mort_au_dela_14053 - 6.3.2014 - 11:34 - page 345
devait pas, elle non plus, etre percue comme d’essence
humaine, mais dans une relation specifique avec le monde
d’en haut. La relation d’inimitie que certaines cosmogonies
amerindiennes reconnaissent entre les deux astres majeurs et le
reste des etoiles etait le gage d’une relation similaire entre les
personnages de haut rang et le reste du groupe, voire entre
ennemis. Ces personnages importants exprimaient ainsi leur
identification avec l’un des deux astres majeurs (soleil ou lune)
par le fait qu’ils portaient sur eux une ornementation qui se
referait a leurs ennemis personnifies, dans l’ordre cosmolo-
gique, par la constellation d’Orion. Ces personnes importantes
devenaient le centre, ceux qui l’entouraient etaient periphe-
riques : un ensemble d’oppositions etait ainsi reconnu qui se
repondaient en miroir entre les spheres celestes et terrestres.
L’unique, le central s’opposent au multiple et au peripherique
alors que l’identification solaire exprime l’antagonisme avec les
etoiles et leur alterite mutuelle.
Quand le leader est un autre
La consequence logique de cette identification avec le soleil
pour certaines classes des societes stratifiees etait que le chef
(ou le cacique), etait un autre : il tirait son pouvoir de son
essence solaire ou lunaire – ce qui est toujours le cas chez les
Mirana – et il pouvait, en tant qu’autre, exercer sur son propre
groupe un certain type de predation ; c’est-a-dire pratiquer une
certaine coercition et legitimer l’usage de la violence a l’en-
contre de ses sujets. Le fait que les caciques ou le soleil aient ete
identifies a des jaguars ou a des guepes parasitoıdes – une
forme de jaguar aile – n’est que l’affirmation de leur nature
predatrice, une sorte de definition par la figure prototypique de
l’etre de predation. En cela, ils devaient posseder certaines
prerogatives detenues aujourd’hui par les chamanes, comme
celles de negocier le destin des ames, ou d’avoir prise sur elles –
346 La mort et ses au-dela
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sans que ces prerogatives aient toujours ete leur exclusive. Ces
prerogatives en effet, sont associees a d’importants boulever-
sements historiques qui ont eu comme consequencemajeure la
disparition des grands caciques et des leaders independants,
donnant ainsi naissance a des societes ou le pouvoir interne a
ete recupere par les chamanes. Etre un autre et pouvoir exercer
contre les personnes de son groupe une forme de coercition
etaient le gage de l’autorite du chef, une sorte de menace
permanente a l’encontre du reste du groupe. Les identifica-
tions solaires et astrales de certains humains ne sont donc pas
seulement une evocation d’un ordre mythique ou religieux :
des raisons toutes sociologiques faisaient que cette identifica-
tion impliquait l’existence d’une domination interne sur le
groupe calquee sur le modele des antagonismes entre groupes
voisins, les humains et les nons-humains, les humains et les
Dieux.
La relation Soleil-Lune/Orion implique egalement que le
trepas des caciques ou des chefs ait ete compris comme une
«mise a mort du cacique » qui n’est pas realisee par ses sujets
mais par ses ennemis.
Dans le cas des victimes des rituels anthropophages, les per-
sonnes du groupe qui realisent le rituel devaient etre assimilees,
pour le temps du rituel, a des etres de type stellaire. Ils incor-
porent la chair de la personne qui subit le rituel pour la faire
acceder a l’immortalite par le depart de son ame vers l’au-dela.
Ce que Orion fait avec le soleil ou la lune, il le fait aussi pour les
etres assimiles aux deux astres majeurs. Toutefois, alors que la
mort d’un cacique ou d’un chef est interpretee comme un
meurtre symbolique (que l’on pourrait meme qualifier de
«meurtre mythologique »), le « cannibalise », en revanche, est
la victime d’un meurtre reel. Pourtant, par la necessite de faire
partir son ame au loin12, les protagonistes du rituel vont
347La mort chez les Mirana (Amazonie)
12. KARADIMAS 1999b.
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prendre la meme metaphore stellaire qui avait lieu dans le
meurtre du cacique ou du chef. Ceux qui participaient a la
mise a mort du prisonnier devaient s’identifier dans le rituel
aux etoiles en general, si ce n’est a celles de la constellation
d’Orion en particulier. Le prisonnier sacrifie prenait la figure
d’un des deux astres majeurs (comme cela etait anciennement
le cas chez les Tupinamba ou le prisonnier execute – mais aussi
le bourreau- etaient appelesMaire « Lune »). C’est du moins ce
que laissent a penser les deductions auxquelles parvient Isa-
belle Combes dans son analyse du rituel cannibale des anciens
Tupinamba : Orion prend la place du Jaguar Celeste qui
devore la lune lors des eclipses lunaires13.
Ainsi, le meurtre du prisonnier et la mort du chef sont traites
sur un meme mode rituel et mythologique. Dans les deux cas,
ce sont des ennemis qui tuent : dans le cas de la personne du
leader ou du cacique, il s’agit de ses ennemis stellaires ou de
leurs figures qu’il porte sur ou autour de lui ; dans le cas du
prisonnier, sa mise a mort permet a ses bourreaux de devenir
des astres le temps du rituel. Si les modes rituels et mytholo-
giques sont similaires sur ce point, les implications statutaires
du traitement de la mise a mort du prisonnier et celle du trepas
du leader sont diametralement opposees. Dans le cas des
rituels anthropophages, le prisonnier doit revetir le role de
lune afin que ses bourreaux puissent s’identifier a des etoiles de
leur vivant et etre percus comme tels par leurs ennemis, alors
que dans celui des rites funeraires des grands guerriers, des
personnages importants ou, plus prosaıquement, des chefs qui
s’identifient a l’un des deux astres majeurs, ce sont des arte-
facts – pieces d’orfevreries, sieges thanaturges, ou personnages
places par la mythologie au sein de l’edifice – qui effectuent ce
«meurtre mythologique ». Le leader, ou l’homme important,
n’est donc pas vaincu par des humains ou par des habitants de
l’ici-bas ; il succombe a la predation de ceux d’en haut pour
348 La mort et ses au-dela
13. COMBES 1992.
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devenir l’un des leurs (cuit ou brule comme chez les Mai Huna
decrit par Irene Bellier), mais surtout comme les dieux can-
nibales arawete decrit par Eduardo Viveiros de Castro14) qui
a largement analyse les systemes de transformations lies a
l’anthropophagie dans la creation des deites.
Il existerait donc deux facons d’acceder a l’immortalite sous la
forme d’un astre ; soit en etant transporte jusque dans les
spheres celestes par les etoiles d’une constellation qui encadre
les « portes » d’entree desmondes souterrains et celestes, soit en
realisant sur terre le meme processus qui a lieu avec les per-
sonnages importants, ce qui implique que les protagonistes du
rituel transforment cette terre en une image des spheres
celestes et eux-memes en etoiles – un renversement rituel
qui reinvestit le temps present d’une temporalite mythique.
Les deux chemins menent a l’immortalite.
Les differences statutaires trouvaient ainsi leur accreditation
dans le destin post-mortem des ames des defunts.
Enfin, s’il nous est autorise d’utiliser le terme de sacrifice pour
decrire ces diverses mises a morts, ce ne serait que sous une
acceptation particuliere qui depasserait celle du « sacrifice-
don » sans evacuer celle du « sacrifice-hommage »15. Il faudrait
plutot retenir celle que donne Levi-Strauss lorsqu’il estime que
« tout rite sacrificiel a pour finalite d’instaurer un rapport entre
deux termes polaires dont l’un est le sacrificateur et l’autre la
divinite, et entre lesquels, au depart, il n’existe pas d’homo-
logie, ni meme de rapport d’aucune sorte. Le sacrifice ne peut
obtenir ce resultat qu’au moyen d’une serie d’identifications
successives qui peuvent se faire dans les deux sens (...) du
sacrifiant au sacrificateur, du sacrificateur a la victime, de la
349La mort chez les Mirana (Amazonie)
14. VIVEIROS DE CASTRO 1986 et VIVEIROS DE CASTRO 1996.
15. Deux notions que l’on doit a Tylor dans Primitive Culture (TYLOR 1874)
avant d’etre recusees comme succession evolutive mais non comme notions
independantes parHUBERT&MAUSS dans leurEssais sur la fonction du sacrifice.
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victime sacralisee a la divinite, soit dans l’ordre inverse » (La
pensee sauvage).
Quoi qu’il en soit de ces deux possibilites liees au sacrifice,
« faire un mort » implique de faire disparaıtre les chairs du
defunt, responsabilite que l’on confie aux ennemis et/ou aux
affins suivant un meme scheme de pensee amerindien propre a
l’ensemble des basses terres dans lequel les relations antago-
nistes sont mediatisees par l’anthropophagie. Cette derniere
est garante des distinctions statutaires au sein du groupe ainsi
qu’entre les groupes, tout en permettant de faire acceder cer-
tains a l’immortalite en les faisant devenir des astres.
On le voit, la survie des societes comme celles du Nord-Ouest
amazonien, en particulier celles du Caqueta Putumayo ayant
subi un massacre systematique, passe par une mise en appli-
cation collective des modalites individuelles de la desagrega-
tion du sujet et des destins post-mortem. Ne pas retenir ici bas
les ames des defunts permet aux vivants de ne pas etre pieges
par la memoire des individus. Evacuer la «memorialisation »
des massacres permet aux vivants d’exister sans le fardeau de la
memoire et de ne pas etre eternellement des victimes ou des
descendants de victimes.
L’anonymat, plus que l’oubli, est le seul gage de l’immortalite,
au meme titre que brillent toutes ces etoiles sans nom dans le
firmament jusqu’au jour ou certaines d’entre elles s’eteignent
sans que personne ne s’en apercoive.
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