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Jésus, portrait d’un homme MARTINEAU JÉRÔME bellarmin

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Jésus,portrait d’un homme

M A RTINE AUJ ÉRÔM E

b e l l a r m i n

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J É S U SP O RT R A I T D’ U N HO M M E

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JÉSUS

PORTR AIT D’UN HOMME

jérôme martineau

fides

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En couverture : © Noam Armonn/iStockphotoConception de la couverture : Gianni CacciaMise en pages : Bruno Lamoureux

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Martineau, Jérôme

Jésus. Portrait d’un homme

ISBN 978-2-923694-29-0 [édition imprimée]ISBN 978-2-923694-78-8 [édition numérique PDF]ISBN 978-2-923694-80-1 [édition numérique ePub]

1. Jésus-Christ. 2. Bible. N.T. – Actualisation. 3. Dieu (Christianisme) – Amour. I. Titre.

BT203.M37 2012 232 C2011-940337-4

Dépôt légal : 1er trimestre 2012Bibliothèque et Archives nationales du Québec© Groupe Fides inc., 2012

La maison d’édition reconnaît l’aide fi nancière du Gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour ses activités d’édition. La maison d’édition remercie de leur soutien fi nancier le Conseil des Arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC). La maison d’édition bénéfi cie du Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres du Gouvernement du Québec, géré par la SODEC.

imprimé au canada en janvier 2012

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Cet ouvrage est dédiéà Léa, Rémi et Vincent,

les enfants de la vie

And here’s to you Mrs. RobinsonJésus loves you more than will you know.

Tiré de la chanson Mrs. Robinsonde Simon and Garfunkel

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I N T RO D U C T IO N

J e m’intéresse à Jésus depuis l’âge de ma première communion. Je devais avoir sept ans lorsque le mystère de cet homme m’a

interpellé. Il m’apparaissait normal que Dieu s’occupe des humains. Je crois que je suis entré en contact avec Jésus par la voie de l’amour. C’est d’ailleurs la voie privilégiée par les Évangiles.

Je me suis vite rendu compte que Jésus intéresse les hommes et les femmes depuis plusieurs siècles. Saint Paul, après sa conversion vers les années 50, a passé le reste de sa vie à réfl échir sur l’impact du message de Jésus pour les gens de son temps et pour ceux qui dans le futur croiront qu’il est le Seigneur. Environ cinquante ans après la mort et la résurrection de Jésus, soit vers les années 80, Luc écrivait dès les premiers versets de son évangile que « plusieurs ont entrepris de composer un récit des événements accomplis » par Jésus parmi ses compatriotes juifs en Galilée, en Samarie et à Jérusalem. Ce n’était qu’un début.

Plusieurs personnes se sont intéressées dès le Ier siècle à la personne de Jésus. Il y a d’abord eu les témoins oculaires. Ces

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derniers sont morts. Puis, il y a eu des hommes et des femmes qui ont cru le témoignage des apôtres. Luc les appelle les ser-viteurs de la Parole. C’est ainsi qu’il a identifi é les personnes qui sont devenues les témoins de Jésus. Quelle belle qualité que celle de serviteur ! Être serviteur de la Parole ! Voilà ce qui m’a poussé à écrire ces lignes.

Mon expérience de Jésus Christ, voilà le moteur premier qui a inspiré l’écriture de ce livre. Certes mes connaissances et celles de plusieurs exégètes sont mises à profi t. Mais j’ose dire que c’est mon expérience de Jésus qui est à la base de ce que je propose à votre réfl exion. Je situe cette expérience de Jésus dans la ligne de ce qu’écrivait il y a une cinquantaine d’années Maurice Zundel : « Pour que Dieu ait une infl uence sur la vie, il faut qu’on l’ait rencontré dans la vie, il faut qu’il soit devenu une expérience de la vie. »1

Maurice Zundel disait cela de Dieu. C’est la même dyna-mique qui s’applique à Jésus. Il faut que Jésus « soit devenu une expérience de la vie ». Il faut que la vie soit concernée par Jésus. En quoi cela consiste-t-il ? Il y a dans la vie, comme l’écrit Maurice Zundel en réfl échissant sur l’expérience vécue par saint Augustin, un moment où la vie intérieure reçoit un signe. Ce signe pose question. Il interroge l’être tout en révélant en creux les aspirations profondes de l’âme. Ce long pèlerinage m’a amené à rencontrer Jésus Christ. Cette rencontre a été le point de départ d’une recherche toujours nouvelle au fi l des étapes de ma vie.

D’abord, au sortir de l’adolescence, j’étais attiré par l’aspect sensible de la vie spirituelle. J’appréciais la beauté des liturgies, des chants et la fraternité qui se vivait lors des rassemblements

1. Maurice Zundel, Pour toi, qui suis-je, textes inédits présentés par Paul Debains, Sarment, Éditions du Jubilé, Paris, 2006, p. 76.

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Introduction

jeunesse. Mes études en théologie m’ont fait plonger dans l’univers de la recherche et de la réfl exion. J’étais insatiable. Je voulais tout connaître. Je n’avais pas peur des nouvelles idées, surtout en exégèse. La démarche intellectuelle alimentait ma foi alors que, chez d’autres étudiants, cette démarche semblait menacer leur foi.

L’âge adulte m’a fait découvrir que Jésus continuait à m’ha-biter malgré les tempêtes intérieures. Je peux témoigner du fait que l’une de ces tempêtes a été violente. C’est à ce moment que des auteurs spirituels majeurs ont fait leur apparition dans ma vie. Th omas Merton, l’un d’eux, m’a inspiré durant une longue période. Ce moine américain avait compris bien avant les autres que les questions spirituelles allaient hanter de nouveau l’homme moderne. Moi-même, aux prises avec ces questions, il m’amena à considérer le dépouillement intérieur comme la voie à emprunter au cœur de la tempête qui sévissait.

Maurice Zundel et François Varillon ont été plus tard de fi dèles compagnons de route. Tous deux m’amenèrent plus loin sur le chemin de la désappropriation intérieure. Un long chemin de conversion et de questionnement qui se poursuit encore à travers des avancées et des reculs. Un chemin marqué par la patience et l’humilité, un chemin humain.

Ce chemin se poursuit en compagnie de l’Écriture. C’est à travers celle-ci que je trouve les pensées et les grandes fi gures humaines et spirituelles qui me permettent de poursuivre ce cheminement. Tout s’y trouve : les drames comme les grandes joies. Les personnages bibliques sont très souvent découra-gés. Et pourtant ils s’accrochent parce qu’ils croient que Dieu entend leurs cris. En bout de route, ils célèbrent leur délivrance des mains de leurs ennemis.

Plus que tout, c’est Jésus qui oriente ma recherche. « Cet homme, comme le dit l’apôtre Pierre dans le discours qu’il

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prononce face aux gens venus l’entendre le jour de la Pentecôte, Dieu l’a ressuscité. » Voilà le nœud de ma recherche. C’est à travers l’incarnation de Jésus que ma recherche se poursuit. Ce n’est pas pour rien que Pierre, dans le discours de la Pentecôte, parle de l’homme Jésus. C’est avec lui qu’il a marché, c’est avec lui qu’il a mangé et c’est avec lui qu’il a été le témoin des signes qu’il a accomplis pour manifester la présence du Royaume de Dieu dans le monde. Pierre termine son discours par cette profession de foi : « Que toute la maison d’Israël le sache avec certitude : Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous avez crucifi é » (Ac 2,36).

J’ai gardé dans mes dossiers depuis 1994 une entrevue avec l’auteur-compositeur et interprète Leonard Cohen publiée dans La Presse le 31 décembre 1994. Leonard Cohen est juif. Le journaliste lui demandait pourquoi Jésus marquait d’une telle empreinte ses chansons. Il répondit : « J’ai toujours aimé le Christ, du jour où je l’ai rencontré, du jour où j’ai ouvert l’autre partie du Livre, le Nouveau Testament. Mon cœur a aussitôt accepté ce personnage si radicalement diff érent de tous les leaders religieux qui l’ont précédé et suivi. Il s’est lié si intimement à ceux qui étaient vaincus – le criminel, la prostituée. Imaginons aujourd’hui un homme venant et procla-mant : “Je suis avec les gosses qui fument du crack, je suis avec les gamins des gangs, je suis avec les délinquants.” C’est une position d’un radicalisme qui, même de nos jours, est absolue. Prenez le Sermon sur la montagne : en deux mille ans, il n’y a pas un leader – religieux, politique, philosophique – qui a pu seulement commencer à pénétrer le mystère de ce sermon, à élucider le paradoxe de cette position qui est au-delà de notre compréhension. »

C’est la radicale nouveauté du message qui m’attire. Vous allez me dire qu’il s’agit ici d’un lieu commun, mais les lieux

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Introduction

communs méritent d’être revisités. Ce qui me fascine, c’est que Jésus est plus qu’un maître, il est un vivant devenu le Vivant. Jésus s’est mis en route et il est devenu un être de relations. Son enseignement est appuyé par des actions et ses actions témoignent de la relation unique qui l’unit au Père. Tout cela a été dit des milliers de fois, mais il faut le redire et le vivre à l’heure où l’Église d’ici souff re.

Tout a démarré un jour de sabbat dans l’humble synagogue de Nazareth. Elle devait être bien petite, cette synagogue située dans un petit village sans histoire qui ne fi gure même pas sur les cartes géographiques de cette époque. Ce jour-là, ceux qui l’entendirent « furent remplis de colère et ils le jetèrent hors de la ville » (Lc 4,28-30). Tout cela aurait pu se terminer sur cette note amère. Non ! Jésus descendit alors à Capharnaüm, une autre ville de Galilée. C’est là dans la synagogue de cette ville qu’il opéra la première libération. J’utilise ici le mot libération plus que tout autre mot, car pour moi, l’incarnation de Jésus est l’étape ultime de l’histoire du salut marquée du sceau de la libération. Il fallait par un acte mystérieux que Dieu vienne révéler à l’humanité toute la force, la fragilité et la compassion qui l’habitent. En Jésus, ce projet se réalise. L’homme Jésus en se désappropriant de lui-même libère toutes les forces divines qui l’habitent. Il faut que l’homme soit grand pour que Dieu s’intéresse à lui. L’homme n’est grand que s’il accepte d’être libéré.

Je signale, avant de terminer cette introduction, un autre motif qui m’a poussé à écrire. Le souci de la transmission. Marié, je suis le père de trois enfants. Ils sont aujourd’hui habi-tés par le doute et par une certaine indiff érence face à la foi. Ils portent des questions sur Jésus, la vie, la mort et la souff rance. Ils ne se posent pas trop de questions sur le sens de leur vie, aux prises qu’ils sont avec le mirage que propose la société de

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consommation, leur jeunesse et leur vitalité semblent pour l’instant leur suffi re.

Par ce livre, je leur propose les fruits de ma recherche et de mon expérience sur Jésus. Je leur propose cette réfl exion non comme une réponse mais comme un instrument de recherche. Ce livre est celui d’un « serviteur de la Parole ». Ce livre se veut un indicateur de la route à suivre. Ma démarche est celle d’un homme qui a découvert un Jésus qui ouvre à la vie, la vie communiquée et partagée.

Jésus, le soir du dernier repas avec ses apôtres, posa un geste qui étonna ses amis. Il leur lava les pieds. Simon Pierre protesta énergiquement : « Me laver les pieds à moi ! Jamais ! » (Jn 13,8). Jésus lui enseigna le sens de ce geste en lui disant : « Dès lors, si je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres ; car c’est un exemple que je vous ai donné : ce que j’ai fait pour vous, faites-le vous aussi » (Jn 13,14-15). Il ajouta : « Sachant cela, vous serez heureux si du moins vous le mettez en pratique » (Jn 13,17). Jésus dans son dialogue avec Pierre parle du bonheur de servir. Il propose sa vie comme la voie à suivre pour vivre heureux. Rien de moins !

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AVA N T- PRO P O SLET TR E À MES ENFA NTS

Ce n’est pas tant de courir après Dieuqui importe que de s’occuper de ses frères.

Charles Singer

L éa, Rémi et Vincent, voici une lettre que je vous adresse. Une lettre que je songe à écrire depuis longtemps. Votre

mère et moi vous avons ardemment désirés. Je suis un père aimant quoique timide lorsque j’exprime de la tendresse. Je suis né au milieu du siècle dernier et croyez-moi les expressions de tendresse n’étaient pas à cette époque dans l’air du temps. Ma mère était une femme sévère mais aimante. Mon père aussi était un homme timide. Il m’a dit quelques jours avant sa mort qu’il m’aimait. Ce fut la seule et unique fois. Je garde des dernières paroles qu’il m’a dites le plus précieux des souvenirs. Je tenais à commencer cette lettre en vous parlant de l’amour que je vous porte. C’est ce qui compte le plus.

Vous êtes des témoins privilégiés de ma foi. Vous savez que Jésus Christ compte beaucoup pour moi. Il en a toujours été ainsi depuis que j’ai reçu à la maison et à l’école un enseigne-ment religieux. La religion catholique des années 1950 était rigoureuse au Québec. On ne badinait pas avec Dieu et avec l’Église. Il me semble que j’ai grandi assez librement dans ce que d’autres ont perçu comme un carcan. La relation à Jésus

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était pour moi une question d’amour et non une obligation. Je vous livre un petit secret sous la forme d’une anecdote. Ma mère, voyant mon goût pour les réalités spirituelles, m’avait acheté comme cadeau de Noël un petit autel pour jouer à la messe. Oui, à cette époque, des enfants jouaient à la messe. Je faisais le prêtre et mon frère le servant de messe. Le vin : du jus de fraise pris dans des pots de confi ture. C’était délicieux. Je prononçais l’homélie. Quel souvenir !

Vous vivez aujourd’hui à une époque qui ne ressemble pas du tout à celle qui m’a vu naître. Le Québec de mon enfance honorait encore ses racines rurales même si la grande majorité de la population résidait déjà dans les villes. Mes parents, de fervents catholiques assidus à la prière en famille le matin et le soir, adhéraient aux dogmes de cette société. J’en ai fait des chemins de croix, dans l’église paroissiale le premier vendredi du moi avec ma mère, alors que mon père faisait les commis-sions. Ma mère faisait sienne la promesse du Sacré-Cœur faite à sainte Marguerite-Marie, à savoir que ceux qui faisaient les neuf premiers vendredis du mois de suite auraient la grâce de mourir en état de grâce et ainsi de pouvoir accéder au ciel. Est-ce que mon ciel est assuré ? Je vous avoue que je n’y pense plus.

Toute cette période de l’Église était marquée par la spiri-tualité du sacrifi ce. Il fallait toujours faire des sacrifi ces pour mériter le ciel. « Jérôme, va chercher les vaches au champ », me demandait ma mère. Je lui répondais en lui disant que ce n’était pas à mon tour mais celui de mon frère. Elle ajoutait : « Vas-y et off re cela au petit Jésus ! » Ça y était ! Le petit Jésus était encore là. Je ne sais plus si j’ai toujours off ert cela au petit Jésus, mais je sais que la religion était de tous les instants. Il fallait prier pour le beau temps durant le temps des récoltes. Prier pour la pluie après les semences. Réciter le chapelet et allumer un cierge bénit durant un orage électrique. Prier pour

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Avant-propos

telle personne malade. Déposer des rameaux bénits dans toutes les pièces de la maison et dans l’étable. Déposer des images de saint Martin de Porrès dans l’étable pour éloigner les rats et les souris. Faire la neuvaine à saint Joseph, la neuvaine à sainte Anne, la neuvaine de l’Assomption et celle à Notre-Dame du Perpétuel Secours. Sans oublier les Rogations, les quarante heures d’adoration, les jours saints, la Toussaint et le triste jour des Morts. Il y avait aussi la prière en famille le matin, plus courte celle-là. Le soir, le chapelet était récité à genoux en écoutant le poste de radio CKAC qui retransmettait le chapelet récité habituellement par le cardinal Paul-Émile Léger. À cela, ma mère, grande dévote, ajoutait la litanie des saints de temps en temps. Il ne faut pas oublier les pénitences du temps du Carême et celles du temps de l’Avent. Il fallait toujours faire quelque chose pour Dieu. Nous avions un Dieu vraiment exigeant qui ne cessait de quémander.

Je vous raconte cela pour vous dire que ma génération qui a été immergée dans tous ces rites a été l’une des premières à se révolter et à abandonner l’Église. Cette manière de vivre la foi de mon enfance développait chez les personnes une manière de concevoir Dieu comme un grand gérant qui ne cessait d’écrire dans son grand livre les bons coups comme les mauvais coups de notre existence. Chacun de nous imaginait saint Pierre l’accueillir après sa mort tenant le grand livre renfermant les actions de notre vie. C’est à ce moment que le décompte était fait et que notre sort était fi xé entre le ciel, le purgatoire et l’enfer. Je ne me souviens pas durant mon enfance d’avoir eu une image positive de Dieu. Il était un juge, un arbitre et un père sévères. Alors, il n’est pas surprenant que ma génération ait mis de côté ce Dieu au milieu des années 1960.

Nous avions oublié que Dieu a un cœur amoureux. C’est là d’ailleurs la seule qualité de son cœur. Je veux vous raconter

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jésus – portrait d’un homme

une autre anecdote pour vous montrer à quel point nous vivions dans une religion culpabilisante. Une année, pour une raison liée à la grippe, ma mère n’avait pu recevoir le sacrement du pardon avant Noël. Elle a demandé à mon père de faire un voyage spécial au village pour la conduire aux confessions des élèves du couvent un jour de semaine. Cette insistance pour aller se confesser m’avait impressionné. Elle était le refl et d’un climat de peur.

Le climat culturel et religieux a changé. Le monde entier, sous la pression des moyens de communication, a vécu une véritable révolution culturelle. Pour sa part, le Québec a traversé sa révolution tranquille. Nous en parlons encore et plusieurs personnes voient dans ce processus social une réelle libération de la tutelle religieuse, qualifi ant de « grande noirceur » la période historique précédant les années 1960. L’expression « grande noirceur » n’est sans doute pas adéquate pour décrire cette réalité historique. Mais elle est retenue par les médias parce qu’elle fait image et qu’elle indique que nous vivons maintenant libérés de la tutelle de l’Église.

Nous devons tout de même faire une réfl exion honnête sur l’omniprésence du religieux dans cette société. Ai-je souff ert des excès de cette époque ? Cela ferait plaisir à bien des per-sonnes si je répondais oui à cette question. Ce n’est pas le cas. Je peux cependant dire que j’ai bien accepté les changements qui sont survenus. J’avais treize ans lorsque le concile Vatican II s’est terminé. J’ai assisté aux premières messes célébrées en français et pourtant j’aimais bien le latin. Les mélodies latines berçaient ma prière. Je me souviens encore des premières émotions en entendant chanter en français Le Seigneur est mon berger. Je me sentais proche de Dieu. J’ai toujours perçu Dieu du côté de la vie. Il me permettait d’avancer, de m’ouvrir et d’accueillir les autres. Alors que j’avais seize ans, je me

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TA B LE D E S M AT I ÈR E S

Introduction

Avant-propos

. L’Amour avant tout

. Jésus et l’histoire

. La mission de Jésus

. L’enseignement de Jésus

. Le sermon sur la montagne

. La mort de Jésus

. La résurrection de Jésus

Liste des ouvrages cités

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Jésus, portrait d ’un homme

Jésus était aussi un homme. En cela, il incarne l’image de l’homme au service de l’homme. Une vie toute consacrée à faire découvrir ce qui, dans l’homme, est appelé à naître et à renaître. C’est par la voie de l’amour, voie privilégiée par les évangiles, que l’auteur dresse un portrait d’un Jésus qui ouvre à la vie. Époux et père de famille, l’auteur veut également faire découvrir à ses enfants, habités par le doute et l’indiff érence face à la foi, un Jésus qui aime. L’histoire de Jésus porte un message fondamental qui peut transformer toute vie en montrant le chemin de la véritable humanité. Jésus n’a pas fui l’histoire. Il a vécu les drames de son époque et il en fut victime. Ne s’attachant pas uniquement au témoignage de sa foi, l’auteur trace un portrait historique de Jésus grâce notamment aux évangiles de Luc et de Matthieu, mais aussi aux exégètes et aux historiens. Il révèle ainsi un Jésus qui est avant tout l’image de la rencontre possible en Dieu et en l’humanité.

Diplômé en communication et en théologie de l’Université Laval, Jérôme Martineau a été chargé de cours à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Il travaille à la direction du magazine Notre-Dame-du-Cap depuis vingt-six ans. Il poursuit des recherches en spiritualité et en études bibliques.

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26,95 $

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