jordanes en francais

Upload: cassandra-iliou

Post on 28-Feb-2018

233 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

  • 7/25/2019 Jordanes en Francais

    1/21

    EHESSis collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Annales. Histoire, Sciences Sociales.

    http://www.jstor.org

    SS

    Une lecture de Cassiodore-Jordans: les Goths de Scandza RavenneAuthor(s): Gilbert DagronSource: Annales. Histoire, Sciences Sociales, 26e Anne, No. 2 (Mar. - Apr., 1971), pp. 290-305Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/27577860

    Accessed: 31-12-2015 16:01 UTC

    Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

    JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of contentin a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship.For more information about JSTOR, please contact [email protected].

    This content downloaded from 142.150.190.39 on Thu, 31 Dec 2015 16:01:52 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/http://www.jstor.org/publisher/ehesshttp://www.jstor.org/stable/27577860http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/stable/27577860http://www.jstor.org/publisher/ehesshttp://www.jstor.org/
  • 7/25/2019 Jordanes en Francais

    2/21

    HISTOIRE ET UTOPIE

    Discours utopique

    et

    r?cit

    des

    origines

    7.

    -

    Une

    lecture

    de

    Cassiodore-Jordan?s

    :

    les Goths

    de

    Scandza

    ?

    Ravenne

    Le

    De

    origine

    actibusque

    Getarum1

    que Jordanes,

    en

    551,

    tire

    d'une

    longue

    Histoire

    des

    Goths

    de

    son

    contemporain

    Cassiodorus

    Senator,

    est

    ?

    la

    fois

    un

    r?cit

    historique et

    un

    conte fabuleux; r?cit qui, malgr? quelques d?tours, reste

    cons

    tamment

    et

    consciemment

    au

    niveau

    de

    l'histoire,

    conte

    dont la

    structure

    utopique

    garde

    de bout

    en

    bout

    sa

    coh?rence et

    qui,

    sans

    d?former les

    faits,

    les rend

    porteurs

    d'une autre

    signification.

    Une

    bonne

    lecture

    ne

    doit

    pas

    sacrifier

    le

    conte

    au

    r?cit

    et

    d?truire

    l'

    uvre

    en

    la

    passant

    au

    crible;

    elle doit avant tout

    ?tre

    attentive ? la

    liaison

    entre

    les

    deux

    langages

    que

    l'auteur

    a

    ?prouv?

    le besoin

    d'utiliser

    concur

    remment.

    Comme si

    les

    faits

    ne

    pouvaient

    devenir

    histoire

    qu'apr?s

    un

    passage

    par

    le fabuleux.

    Comme

    si

    les Goths

    ne

    pouvaient

    entrer

    dans

    une

    histoire

    romaine

    que

    par

    une

    d?marche

    utopique.

    ?

    Originen)

    got/cam

    historiam

    fecit

    esse

    romanam

    ?

    En

    476

    a

    ?t?

    d?pos?

    par

    le

    chef

    barbare Odoacre

    le

    dernier

    empereur

    d'Occi

    dent

    qui

    ait

    pu

    se

    dire

    ?

    romain

    ?,

    Romulus

    Augustulus.

    Odoacre

    lui-m?me

    est

    supplant?

    en

    493

    par

    les

    Ostrogoths

    que

    l'empereur

    Zenon

    a

    lanc?s

    contre

    lui

    et

    1.

    Nous

    renvoyons

    ?

    l'?dition

    de

    Th.

    Mommsen,

    Monumenta

    Germaniae

    Hist?rica,

    auctores

    antiquissimi, V,

    1, pp. 53-138,

    Berlin,

    1882.

    Il

    existe

    une

    traduction

    anglaise,

    avec

    introduction

    et

    notes,

    de C.

    C.

    Mierow,

    The

    Gothic

    History

    of Jordanes;

    Princeton,

    1905.

    Le

    texte

    latin

    de

    Mommsen

    est

    repris,

    traduit

    en russe

    avec

    un

    long

    commentaire

    sur

    Jordanes

    et

    d'abondantes

    notes

    par

    E.

    C.

    Skrzinskaja,

    Iordan,

    O

    proishozdenii

    i

    dejanijah

    Getov-Getica,

    Moscou,

    1960. Une

    nouvelle

    ?dition

    des Getica

    est

    actuellement

    en

    pr?paration,

    utilisant

    un

    manuscrit

    des

    Archives

    d'?tat

    de

    Palerme (le ? c?dice Basile ?, fin du vnie-d?but du rxe si?cle) identifi? en 1927 et donc rest? inconnu

    de

    Mommsen,

    qui

    donne les trois

    quarts

    de

    l'

    uvre,

    et

    dont

    le

    professeur

    Fr. Giunta

    a

    d?j? signal?

    l'importance

    (?

    Il

    manoscritto d?lie

    Getica

    di

    Jordanes

    conservato

    nelF

    Archivio

    di Stato

    di

    Palermo

    ?,

    Archivio Storico

    Siculo,

    3e

    s?rie, I, 1946;

    histoire

    et

    description

    du manuscrit dans

    E.

    C.

    Skrzinskaja,

    pp. 373-376).

    Nous

    d?signons

    par

    la

    suite les

    diff?rentes ?ditions

    par

    le

    seul

    nom

    de

    leur auteur.

    290

    This content downloaded from 142.150.190.39 on Thu, 31 Dec 2015 16:01:52 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 7/25/2019 Jordanes en Francais

    3/21

    UNE

    LECTURE

    DE

    CASSIODORE-JORDAN?S

    G.

    DAGRON

    dont

    le

    chef,

    Th?odoric

    1'Amale,

    ?tablit

    sa

    ?

    r?gence

    ?

    sur

    l'Italie,

    avec

    le

    consen

    tement de Byzance. R?gime original, souvent d?crit1, qui dura moins d'un demi

    si?cle,

    mais

    qui

    ?tait

    si bien

    adapt?

    aux

    conditions

    particuli?res

    de l'Occident

    romain

    (ou plut?t

    de

    l'Italie)

    qu'il

    servit

    de

    mod?le

    politique

    jusqu'au

    temps

    de

    Charlemagne

    2.

    La

    l?gitimit? imp?riale

    est

    tout enti?re

    repli?e

    ?

    Constantinople,

    incontestable, incontest?e,

    inefficace;

    le

    gouvernement

    de l'Italie

    est

    d?l?gu?

    ?

    un

    chef

    barbare suffisamment

    impressionn?

    par

    son

    entr?e

    dans

    le

    monde

    romain

    pour

    accepter

    la

    fiction

    d'une

    r?gence

    pr?servant

    les droits

    imp?riaux

    et

    pour

    envi

    sager

    une

    assimilation

    plus

    ou

    moins

    rapide

    de

    son

    peuple;

    car

    la civilisation

    se

    confond

    encore en

    Occident

    avec

    la romanit?

    elle-m?me,

    romanit?

    qui

    confie d?sor

    mais

    aux

    barbares

    sa

    d?fense,

    sa

    politique,

    une

    grande

    part

    de

    son

    administration

    et

    de

    ses

    terres,

    mais

    qui

    garde

    avec

    le

    s?nat

    de

    Rome

    une

    repr?sentation

    sociale

    et surtout

    avec

    la papaut? le crit?re exclusif

    de

    l'orthodoxie. ?quilibre

    difficile

    entre

    trois

    ?l?ments

    qui

    rel?vent

    de mondes

    diff?rents

    :

    l'empereur (Anastase,

    Justinien)

    h?site

    entre

    le

    syst?me

    de

    la

    r?gence

    et

    la

    reconqu?te

    pure

    et

    simple;

    le

    r?gent

    bar

    bare

    h?site,

    face

    au

    pouvoir

    imp?rial,

    entre

    la

    loyaut?

    et

    la

    r?bellion,

    face

    ?

    la

    romanit?,

    entre

    son

    attirance

    pour

    la culture

    et le

    nationalisme

    germanique

    qui

    le

    lie

    ?

    son

    peuple;

    les

    Romains h?sitent

    entre

    une

    r?sistance

    aux

    Barbares,

    reconnue

    vaine,

    et

    une

    collaboration

    jug?e

    contre nature

    3.

    La

    r?ussite

    de

    Th?odoric vient

    de

    ce

    qu'il

    joue

    de toutes

    ces

    ?quivoques;

    sa

    politique

    est

    fond?e

    sur

    une

    division

    aussi

    rigoureuse que possible,

    dans le

    pays

    dont il

    a

    personnellement

    la

    charge,

    entre

    la

    r?alit?

    barbare

    et

    la r?alit?

    romaine;

    division

    que

    l'on

    retrouve

    int?grale

    ment

    dans la d?finition

    de

    son

    pouvoir politique

    (il

    est

    ?

    la

    fois

    et

    sans

    m?lange

    roi des Goths, patrice et r?gent d'Italie), et qui

    ne cesse

    que dans

    sa

    personne (il

    entend

    fonder

    une

    dynastie

    ?

    l?gitime

    ?)4.

    L'habilet?

    du

    r?gent

    barbare

    rejoint

    sur

    bien des

    points

    les

    pr?jug?s

    des

    ?

    vieux romains

    ?.

    Cette

    politique

    a

    un

    interpr?te

    :

    Cassiodore.

    Questeur,

    ma?tre des

    offices,

    pr?fet

    du

    pr?toire,

    il est le

    grand

    ministre romain

    du

    r?gime ostrogothique

    sous

    Th?odoric

    et surtout

    sous

    ses

    successeurs,

    jusqu'?

    la

    reconqu?te

    de l'Italie

    par

    Justinien

    5.

    Il

    1. W.

    Ensslin,

    Theoderich

    der

    Grosse,

    Munich, 1947,

    2e

    ?d.

    1959;

    E.

    Stein,

    Histoire

    du Bas

    Empire,

    II, pp. 107-156;

    /

    Goti

    in

    Occidente,

    Problemi,

    Settimane

    di

    studio

    del

    centro

    italiano

    di

    studi

    sull'Alto Medioevo

    (mars-avril

    1955),

    III,

    Spol?te,

    1956;

    L.

    Musset,

    Les

    invasions.

    Les

    vagues ger

    maniques, Paris,

    1965, pp.

    92-101, 202-204, bibliographie,

    pp.

    16 et 18.

    2.

    Charlemagne

    fit

    transporter

    en

    801

    la

    statue

    ?questre

    de

    Th?odoric

    de Ravenne

    ?

    Aix-la

    Chapelle,

    ce

    qui

    indique

    la valeur

    exemplaire

    donn?e

    au

    mod?le

    ostrogothique.

    3. Sur

    les

    r?actions

    des

    Romains

    devant

    les

    envahisseurs

    barbares,

    voir P.

    Courcelle,

    Histoire

    litt?raire

    des

    grandes

    invasions

    germaniques,

    Paris,

    3e

    ?d.

    1964;

    sur

    l'influence de la

    civilisation

    romaine

    sur

    les Barbares

    aux

    ve-vie

    si?cles,

    voir

    la

    premi?re partie

    du

    livre

    de P.

    Riche,

    ?ducation

    et

    culture

    dans

    VOccident

    barbare,

    VIe- VIII*

    si?cles, Paris,

    1962.

    4.

    En

    497,

    une

    ambassade

    de Festus ?

    Constantinople r?gle

    d?finitivement

    les

    rapports

    entre

    l'Italie

    ostrogothique

    et

    l'Empire,

    et

    Anastase

    rend ?

    Th?odoric

    les

    ornements

    imp?riaux qu'Odoacre

    avait

    pr?c?demment

    renvoy?s

    dans la

    capitale

    orientale

    (Anonyme

    de

    Valois,

    64).

    Sur

    les titres et

    pouvoirs

    de

    Th?odoric,

    voir

    E.

    Stein,

    Histoire

    du

    Bas-Empire,

    II,

    pp.

    116-119.

    Longtemps

    apr?s

    la

    mort de

    Th?odoric,

    la

    l?gitimit? dynastique

    joue

    un

    r?le

    majeur

    :

    Vitig?s,

    pour

    se

    l?gitimer

    aux

    yeux

    des

    Goths,

    mais

    aussi des

    Romains

    et

    des

    Byzantins, ?pouse

    Matasonthe,

    petite

    fille de Th?o

    doric,

    et

    envoie

    des

    ambassadeurs

    ?

    Constantinople

    pour

    faire

    part

    ? Justinien

    de

    ce

    mariage; apr?s

    la mort de

    Vitig?s

    en

    542,

    la m?me Matasonthe

    ?pouse

    en secondes noces Germanos, ce

    qui

    ?

    l?gitime

    ?

    d'une

    certaine

    fa?on

    la

    reconqu?te

    byzantine.

    5.

    Sur

    Cassiodore,

    du

    point

    de

    vue

    qui

    nous

    int?resse

    ici,

    citons

    A.

    Van

    de

    Vyver,

    ?

    Cassiodore

    et

    son uvre

    ?,

    Speculum,

    6, 1931,

    pp.

    244-292;

    A.

    Momigliano,

    ?

    Cassiodorus

    and

    italian

    culture

    of

    his time

    ?,

    Proceeding

    of

    the

    British

    Academy,

    41,

    Londres

    1955,

    pp.

    207-245;

    W.

    Wattenbach

    291

    This content downloaded from 142.150.190.39 on Thu, 31 Dec 2015 16:01:52 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 7/25/2019 Jordanes en Francais

    4/21

    HISTOIRE

    ET

    UTOPIE

    est

    aussi

    son

    historien;

    son

    projet

    d'?crire

    une

    histoire

    des Goths

    na?t

    et

    se

    d?ve

    loppe

    en

    ?troit

    rapport

    avec sa

    carri?re et

    les circonstances

    politiques

    :

    premi?re

    ?bauche

    du livre

    sur

    la demande

    de

    Th?odoric

    au

    moment o? les droits

    d'Eutharic,

    son

    h?ritier

    pr?somptif,

    sont

    reconnus

    par

    l'empereur

    Justin

    I

    en

    519,

    et

    en

    tout

    cas

    avant la mort

    du

    grand

    souverain

    amale

    en

    526*;

    ach?vement

    du

    grand

    ouvrage

    en

    douze livres

    (dont

    rien

    ne nous

    est

    parvenu)

    peu

    avant

    533

    2,

    au

    moment

    o?

    le

    gouvernement

    d'Amalasonthe, trop

    favorable

    aux

    Romains,

    se

    heurte

    au

    natio

    nalisme

    goth

    et

    inspire

    aux

    Byzantins

    le

    d?sir d'une

    reconqu?te;

    enfin,

    peut-?tre,

    remise ?

    jour

    de

    ce

    grand

    travail,

    au

    moment

    o?

    l'

    uvre

    de

    Th?odoric

    est

    compro

    mise

    et

    o?

    l'empereur

    Justinien

    entreprend

    la

    reconqu?te

    de

    l'Italie,

    sans

    savoir

    encore

    s'il

    utilisera

    ou

    d?truira

    les

    cadres

    de

    l'?tat

    ostrogothique

    8. Cassiodore

    se

    trouve

    alors

    ?

    Constantinople

    (vers

    550)

    4;

    il

    semble

    qu'il

    s'y

    fasse l'avocat

    d'une

    restauration

    du

    r?gime

    ?

    th?odoricien

    ? :

    Germanos,

    cousin

    de

    l'empereur,

    a

    ?pous?

    Matasonthe,

    petite-fille

    de

    Th?odoric;

    il

    est

    charg?

    de

    monter

    une

    grande

    exp?dition

    pour

    reconqu?rir

    d?finitivement

    l'Italie;

    il

    pourra

    y

    incarner la

    double

    l?gitimit?, imp?riale

    et

    ostrogothique,

    contre

    le Goth

    usurpateur,

    Totila

    5.

    C'est

    la derni?re

    chance,

    rendue

    vaine

    par

    la

    mort

    soudaine

    de

    Germanos

    et la nomi

    nation

    de

    Nars?s,

    de

    l'?tat

    ostrogothique

    en

    Italie. C'est

    la

    fin

    de

    l'histoire

    des

    Goths.

    Ici

    intervient

    le

    personnage

    myst?rieux

    de

    Jordanes

    6.

    Il

    est

    Goth

    de

    race,

    et

    non

    pas

    Alain

    comme

    une

    mauvaise

    graphie

    du

    nom

    de

    son

    p?re [Alano]

    Viiamuthis.,

    a

    pu

    le

    faire

    croire.

    Il

    est n?

    sans

    doute

    vers

    480

    et

    a

    v?cu

    dans les

    provinces

    de

    Moesie

    inf?rieure

    ou

    de

    Scythie,

    terre

    bilingue

    de

    belle romanit?

    o?

    les

    Barbares

    sont

    d?j? implant?s,

    et

    o?

    son

    grand-p?re

    Paria

    servait

    comme

    secr?taire

    du chef

    des

    Alains,

    Candac

    7.

    Lui-m?me,

    bien

    que

    agrammatus

    (entendons

    :

    n'ayant

    pas

    re?u

    une

    ?ducation

    traditionnelle),

    devint

    le

    secr?taire

    (notarius)

    du chef militaire

    et

    W.

    Levison,

    Deutschlands

    Geschichtsquellen

    im

    Mittelalter,

    I,

    Weimar,

    1952-1953,

    pp.

    67-81.

    Bibliographie

    ?

    jour

    pour

    1951

    dans

    Momigliano,

    op.

    cit.,

    pp.

    237-245,

    ?

    compl?ter

    par

    E.

    C.

    Skrzinskaja,

    pp.

    377-387.

    1.

    Ordo

    generis

    Cassiodororum

    :

    ?

    Scripsit, praecipiente

    Theodoricho

    rege,

    historiam

    gothi

    cam...

    ?,

    cit?

    par

    Mommsen,

    p.

    xli;

    voir

    Momigliano,

    op.

    cit.,

    p.

    216.

    2.

    Variae,

    IX,

    25

    :

    Athalaric

    parle

    en

    533 de

    Y

    Histoire

    des Goths

    de Cassiodore

    comme

    d'une

    uvre

    r?cente,

    mais

    d?j?

    achev?e

    et

    connue.

    3. C'est

    l'opinion

    de

    Momigliano,

    op.

    cit.,

    pp.

    219-222, qui

    pense que c'est Cassiodore lui

    m?me

    qui

    a

    continu?

    son

    histoire des Goths

    jusqu'en

    551,

    et

    qui

    donc l'a

    r?adapt?e

    aux

    nouvelles

    circonstances

    politiques,

    pr?nant

    la

    r?conciliation

    finale

    entre Goths

    et

    Romains d'Italie

    sous

    l'?gide

    de

    Justinien.

    Inversement E.

    C.

    Skrzinskaja

    (pp.

    46-48

    et

    61)

    estime

    que

    l'

    uvre

    de Cassio

    dore

    s'arr?te

    en

    533,

    qu'elle

    traduit

    un

    courant

    latin favorable

    aux

    Goths

    et

    donc

    ?

    la

    fois

    subversif

    et

    d?mod?

    en

    550;

    pour

    cette

    raison,

    l'

    uvre

    n'aurait

    pas

    ?t?

    largement

    diffus?e

    et

    ne

    nous

    serait

    pas

    parvenue.

    Justinien,

    selon

    Procope,

    m?dite

    une

    liquidation

    des

    Goths d'Italie

    {Bell.

    Get.,

    IV,

    24, 5).

    4. Lettre du

    pape

    Vigile,

    Mansi,

    IX,

    col.

    357;

    Jaff?,

    Regesta

    pontificum

    romanorum,

    n.

    927.

    5.

    Procope,

    Bell.

    Get., Ill, 39,

    15

    et

    21-22.

    6. En

    plus

    des

    ?tudes

    d?j?

    cit?es,

    mentionnons

    J.

    Friedrich,

    ?

    ?ber

    die

    kontroversen

    Fragen

    im

    Leben

    des

    gothischen

    Geschichtschreibers

    Jordanes

    ?,

    Sitzungsber.

    d.

    Bayer.

    Akad.

    d.

    Wiss.,

    Phil.

    hist.

    KL, 1907,

    Munich,

    1908,

    pp.

    379-442;

    une

    utile mise

    au

    point

    des

    probl?mes biographiques

    dans l'introduction de

    E.

    C.

    Skrzinskaja,

    et

    le

    premier

    chapitre

    d'un

    livre

    r?cent

    qui

    fait

    surtout

    l'historiographie

    des

    probl?mes,

    Norbert

    Wagner,

    Getica-Untersuchungen

    zum

    Leben des

    Jordanes

    und

    zur

    fr?hen

    Geschichte

    der

    Goten, Berlin,

    1967

    (pp.

    3-59j.

    7.

    Getica,

    316

    :

    ?

    Nee

    me

    quis

    in favorem

    gentis praedietae

    (les

    Goths),

    quasi

    ex

    ipsa

    trahenti

    originem,

    aliqua

    addidisse credat

    ?;

    sur

    sa

    famille,

    ibid.,

    266;

    Mommsen estime

    qu'il

    ?tait

    Alain

    et

    se

    consid?rait

    comme

    Goth

    (pp.

    vi-vn);

    mise

    au

    point

    de

    E.

    C.

    Skrzinskaja,

    pp.

    12-15,

    et

    de N.

    Wagner,

    op.

    cit.,

    pp.

    5-17.

    292

    This content downloaded from 142.150.190.39 on Thu, 31 Dec 2015 16:01:52 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 7/25/2019 Jordanes en Francais

    5/21

    UNE

    LECTURE

    DE

    CASSIODORE-JORDAN?S

    G.

    DAGRON

    Gunthigis-Basa,

    Alain

    par

    sa

    m?re et

    Goth

    de haute~naissance

    par

    son

    p?re,

    qui

    avait re?u le titre de magister militum et se trouvait ainsi int?gr? ? la hi?rarchie

    imp?rialex.

    Survint alors

    une

    ?

    conversion

    ?,

    dont

    on

    ne

    sait

    pas

    trop

    si

    elle

    signifie

    que

    Jordanes

    est devenu

    moine,

    ou

    simplement

    qu'il

    est

    pass?

    de l'arianisme

    (propre

    aux

    Goths)

    ?

    l'orthodoxie

    (marque

    de

    romanit?)

    : en

    tout

    cas,

    on

    ne

    peut

    supposer

    qu'il

    resta

    enferm?

    dans

    un

    couvent de

    Moesie

    ou

    m?me

    de

    Thrace,

    mais

    plut?t

    qu'il

    participa

    alors,

    comme

    ?v?que

    ou

    comme

    la?c,

    ? la vie

    politique

    d'une

    grande

    capitale,

    Constantinople

    ou

    plus

    vraisemblablement Ravenne2.

    Il

    y

    repr?sente

    l'opinion

    d'une

    partie

    des Goths

    romanis?s,

    favorables

    au

    pouvoir

    byzantin.

    Il

    y

    r?dige

    vers

    550

    un

    rapide abr?g?

    d'histoire romaine

    (De

    summa

    temporum

    vel

    origine

    actibusque

    gentis

    romanorum);

    cela

    le

    d?signe

    pour

    reprendre

    l'

    uvre

    de Cas

    siodore

    et lui

    donner

    une

    actualit? nouvelle. Le

    Goth

    s'interrompt

    d'?crire

    sa

    br?ve

    histoire des Romains pour r?sumer la grande uvre d'un Romain sur l'histoire des

    Goths.

    Son

    r?le

    est

    sans

    doute

    modeste

    :

    il

    a

    re?u

    le

    manuscrit de Cassiodore

    des

    mains

    de

    son

    secr?taire,

    en

    lecture

    pour

    trois

    jours

    seulement,

    et

    en

    fait

    un

    abr?g?

    ?

    la demande

    d'un

    ami3.

    Fiction litt?raire

    qui

    cache

    peut-?tre

    une

    op?ration

    poli

    tique

    inspir?e

    par

    Cassiodore lui-m?me

    4.

    Seul

    ce

    r?sum?

    nous

    est

    parvenu;

    il est

    facile

    ? dater

    puisqu'il ?voque

    la

    mort

    de

    Germanos

    et

    exalte l'avenir

    r?serv? ?

    son

    fils

    nouveau-n?

    (fin

    550,

    d?but

    551),

    sans

    conna?tre

    le

    d?part

    de

    l'exp?dition byzan

    tine

    sous

    la

    direction

    de

    Nars?s

    (avril

    551),

    la

    d?faite

    de

    Totila

    et

    la destruction

    de

    l'?tat

    ostrogothique

    (552)

    5.

    Quelques

    probl?mes

    tombent

    ou

    deviennent

    mineurs

    :

    pour

    notre

    propos,

    il

    est

    inutile

    de

    chercher

    ?

    distinguer

    la

    part

    de Cassiodore

    et

    celle

    (sans

    doute,

    assez

    r?duite) de Jordanes dans l'abr?g? que nous poss?dons 6. L' uvre est ? saisir

    comme

    un

    tout,

    avec ses

    auteurs,

    les

    ?tapes

    de

    sa

    composition,

    toutes

    les

    circons

    tances

    qui

    l'ont fait

    na?tre

    et

    qui,

    au

    lieu

    de

    l'ab?tardir,

    fondent

    son

    unit?

    :

    celle

    d'une

    entreprise

    continue,

    consciente,

    et

    ?

    certains

    ?gards

    ?

    collective

    ?,

    pour

    trans

    crire

    en

    termes

    d'histoire

    une

    situation

    politique

    complexe,

    pour

    r?soudre dans

    l'histoire

    cette

    complexit?

    du

    pr?sent.

    Que

    l'

    uvre

    soit ?

    l'origine

    celle d'un

    cour

    tisan ob?issant

    aux

    suggestions

    de

    Th?odoric,

    soucieux

    de

    mettre

    en

    valeur

    l'antiquit?

    de la famille des

    Amales

    et,

    autant

    que

    possible,

    la

    progressive

    romanisation

    des

    1.

    B.C.

    Skrzinskaja,

    pp.

    15-17

    (Jordanes

    aurait

    ?t?

    notarius ?

    peu

    pr?s

    de 505 ?

    536),

    24-28

    (sens

    de

    agrammatus).

    2.

    Getica,

    266;

    Mommsen

    (pp.

    x-xrv)

    fait de Jordanes un moine ?crivant dans un couvent

    de

    Moesie;

    A.

    van

    de

    Vyver

    (op.

    cit.,

    p.

    257,

    n.

    5)

    le croit

    la?c

    et

    install? ?

    Constantinople;

    Momi

    gliano

    (op.

    cit.,

    p.

    221)

    pense

    que

    Jordanes

    est

    un

    ?v?que

    d'Italie.

    Pour

    E.

    C.

    Skrzinskaja,

    Jor

    danes

    ne

    fut

    pas

    moine,

    peut-?tre

    ?v?que,

    mais

    assur?ment

    ni

    de

    Crotone,

    ni

    de

    Ravenne

    comme

    on

    l'a

    cru,

    peut-?tre

    aussi

    simple

    la?c

    religiosus (pp. 17-24);

    c'est ? Ravenne

    qu'il

    aurait ?crit

    les

    Getica

    :

    c'est

    l?

    qu'il

    aurait

    pu

    le

    mieux conna?tre

    Cassiodore

    et

    son

    uvre,

    et

    d?fendre

    ses

    id?es

    politiques

    (pp.

    48-54).

    Expos?

    des

    probl?mes

    et

    des

    solutions

    propos?es

    dans N.

    Wagner,

    op.

    cit.,

    pp.

    30 et

    suiv.

    3.

    Getica,

    1-2.

    4. C'est

    l'opinion

    de A.

    Momigliano;

    E.

    C.

    Skrzinskaja

    distingue

    au

    contraire

    le

    point

    de

    vue

    de

    Jordanes

    en

    551

    et

    celui

    de

    Cassiodore

    en

    526,

    donnant

    ainsi ?

    Jordanes

    une

    originalit?

    politique

    qu'?

    notre

    avis

    il

    n'a

    pas

    (pp. 46-48).

    5.

    Getica, 81,

    252,

    314;

    Mommsen,

    pp.

    xrv-xv;

    E.

    C.

    Skrzinskaja,

    pp.

    32-33;

    N.

    Wagner,

    op.

    cit.,

    pp.

    48

    et

    suiv.

    6.

    L'originalit?

    de Jordanes

    est

    sa

    situation

    d'?crivain

    goth;

    et

    cette

    situation suffit

    ? transformer

    le

    sens

    de

    l'

    uvre

    de

    Cassiodore,

    ?

    laquelle

    Jordanes

    n'ajoute

    sans

    doute

    litt?ralement

    que

    peu

    de

    choses

    (quelques

    mots d'introduction

    emprunt?s

    ?

    Rufin,

    une

    notice

    autobiographique, quelques

    d?tails tir?s

    des

    traditions du folklore

    goth,

    de nouvelles

    r?f?rences

    aux

    classiques

    latins

    et

    grecs

    et

    une

    ch?tive

    conclusion);

    il

    le

    dit

    lui-m?me

    (Getica,

    3).

    293

    This content downloaded from 142.150.190.39 on Thu, 31 Dec 2015 16:01:52 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 7/25/2019 Jordanes en Francais

    6/21

    HISTOIRE

    ET

    UTOPIE

    Goths,

    c'est

    l'?vidence;

    mais

    le

    pan?gyrique

    se

    mue

    en

    histoire,

    l'?loge

    en

    justi

    fication.

    Sur

    Cassiodore

    et

    le

    but

    originel

    de

    l'

    uvre,

    nous avons

    cette ?clairante

    appr?

    ciation

    du

    petit-fils

    de

    Th?odoric

    qui

    pourrait

    ?tre aussi

    bien

    l'?loge

    de Jordanes

    :

    ?

    Il

    [Cassiodore]

    a

    sorti des

    profondeurs

    de

    l'antiquit?

    les rois

    des

    Goths

    qu'un

    long

    oubli

    y

    tenait

    cach?s;

    il

    a

    r?tabli

    les

    Amales

    dans

    la

    gloire

    de

    leur

    naissance,

    prouvant

    que

    nous avons une

    ascendance

    royale

    depuis

    dix-sept

    g?n?rations;

    il

    a

    fait

    de

    l'origine

    des Goths

    une

    histoire

    romaine,

    rassemblant

    comme

    en une

    seule

    couronne

    les

    fleurs

    jusque-l?

    diss?min?es dans

    le

    champ

    des

    livres

    (Iste

    reges

    Gothorum

    longa

    oblivione celatos latibulo vetustatis

    exuxit. Iste Hamalos

    cum

    generis

    sui

    claritate

    restituit,

    evidenter

    ostendens

    in

    septimam

    decimam

    progeniem

    stirpem

    nos

    habere

    regalem. Originem

    goticam

    historiam fecit

    esse

    romanam,

    col

    ligens quasi in unam coronam germen floridum quod per librorum campos passim

    fuerat

    ante

    dispersum)

    ?x. Les

    th?mes

    se

    chevauchent

    :

    celui de titres

    de

    noblesse

    et d'une

    l?gitimit?

    qui

    sont ?

    ?

    reconqu?rir

    ? sur

    l'oubli

    (entendu

    comme

    absence

    d'une

    histoire);

    celui

    d'une

    r?cup?ration

    des Barbares

    par

    l'histoire

    romaine,

    ou,

    si

    l'on

    pr?f?re,

    d'un

    rattrapage

    historique

    de la

    conqu?te

    barbare. Avant

    Cassio

    dore,

    les

    Goths

    n'ont

    pas

    d'

    ?

    histoire

    ?,

    mais

    seulement

    une

    ?

    origine

    ?;

    il

    n'y

    a

    d'histoire

    que romaine,

    mais

    les

    Romains

    ont

    cess? d'en

    ?tre

    les

    acteurs.

    La

    sc?ne

    est

    vide;

    vide

    d'acteurs

    et

    envahie de

    machinistes.

    Les

    cat?gories

    mentales

    de

    la

    romanit?

    sont

    inaptes

    ?

    comprendre

    le

    nouveau

    spectacle.

    L'histoire

    est

    le terrain

    naturellement

    choisi

    par

    Cassiodore

    pour

    poser,

    et tenter

    de

    r?soudre,

    une

    contradiction

    qui

    est

    celle

    du

    r?gime

    th?odoricien

    *.

    Mais elle

    est aussi le terrain o? cette contradiction s'exasp?re et reste sans solution. Faute

    de

    pouvoir

    remettre

    en

    cause

    les

    cat?gories

    m?mes

    de

    la

    romanit?

    (l'histoire

    en

    est

    une),

    YHistoire

    des Goths

    reproduit

    dans

    une

    dualit? de

    langage (r?cit

    et

    fable)

    le

    dualisme social

    sur

    quoi

    est fond?

    le

    syst?me

    politique

    de

    Th?odoric.

    La

    qu?te

    d'une

    l?gitimation

    historique

    conduit ? reconna?tre

    l'ill?gitimit?

    de

    l'histoire

    elle

    m?me;

    le

    r?sultat

    est exactement

    contraire

    au

    but recherch?.

    Avant

    Cassiodore,

    Sidoine

    Apollinaire,

    grand repr?sentant

    des lettres

    romaines,

    refuse

    d'?crire

    une

    histoire des Goths

    comme on

    l'en

    prie;

    apr?s

    Cassiodore,

    Gr?

    goire

    de

    Tours

    ?crit

    une

    histoire nationale des

    Francs;

    seule

    la

    g?n?ration

    qui

    va

    de

    Cassiodore

    ?

    Jordanes,

    pour

    rendre

    compte

    de

    la

    contamination

    de

    deux

    mondes,

    fait

    le

    pari

    d'?crire

    une

    histoire

    romaine des

    Goths

    s.

    Mais

    l'

    uvre

    ne

    na?t

    au

    monde

    politique

    et ne nous

    parvient

    que

    par

    la contamination de deux

    auteurs,

    l'un

    Romain,

    qui

    l'?labore,

    l'autre

    Goth,

    qui

    la

    mutile,

    la

    signe,

    et

    pour

    ainsi dire

    l'authentifie

    de

    ses

    propres

    contradictions

    de barbare romanis?.

    1.

    Variae,

    IX,

    25,

    4

    :

    Senatui urbis

    Romae

    Athalaricus

    rex,

    a.

    533.

    2.

    Anonyme

    de

    Valois

    XX,

    60

    :

    ?

    Sic

    gubernavit

    duas

    gentes

    in

    uno,

    romanorum

    et

    gothorum

    ?.

    3.

    Sidoine

    Apollinaire,

    ep.

    IV,

    22. Le m?me ?crivain

    (mort

    vers

    483),

    dans

    son

    pan?gyrique

    du

    1er

    janvier

    456,

    consid?rait

    l'alliance entre

    l'empereur

    Avitus et

    le roi

    wisigoth

    Th?odoric

    II comme

    un

    affermissement

    de

    l'Empire.

    Orosius

    aussi

    (VII, 43, 5-7)

    r?ve d'une

    union,

    mais

    sans

    contami

    nation,

    de la force

    barbare

    et

    de la

    romanit?,

    et

    propose

    de

    ?

    restaurer,

    par

    la force

    gothique,

    le

    nom

    romain

    partout

    ?.

    P.

    Riche

    insiste

    fort

    justement

    sur

    l'?volution

    du

    probl?me

    d'une

    g?n?ration

    ?

    l'autre

    (Education

    et

    culture dans

    VOccident

    barbare...,

    pp.

    50-51). Signe

    de cette

    ?volution

    : on

    a

    not?

    que

    Cassiodore

    dans

    la

    correspondance

    officielle

    n'applique

    jamais

    aux

    Goths

    le

    nom

    de

    bar

    bare

    (Mommsen,

    index

    de

    l'?dition

    des

    Variae,

    s.v.

    ?

    barbarus

    ?).

    294

    This content downloaded from 142.150.190.39 on Thu, 31 Dec 2015 16:01:52 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 7/25/2019 Jordanes en Francais

    7/21

    Carte

    du

    monde,

    d'Orosius.

    (d'apr?s

    K.

    Miller)

    Oriens

    Favonius,

    Occideas

    This content downloaded from 142.150.190.39 on Thu, 31 Dec 2015 16:01:52 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 7/25/2019 Jordanes en Francais

    8/21

    ius.

    (d'apr?s

    K.

    Miller)

    Oriens

    Fragment

    de

    la

    carte du

    monde

    du

    Ce

    Subsolanus

    Favonius

    Occideas

    This content downloaded from 142.150.190.39 on Thu, 31 Dec 2015 16:01:52 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 7/25/2019 Jordanes en Francais

    9/21

    Fragment

    de

    la

    carte du

    monde

    du

    Cosmographe

    de

    Ravenne.

    (d'apr?s

    K.

    Miller)

    A/ Ts,*&&%?r\

    *

    /X

    ^

    c-#

    /

    \t^\

    ^

    /

    ^

    ^~^nw_ Ji

    >4l'?'

    N

    /

    / \\

    \

    \v

  • 7/25/2019 Jordanes en Francais

    10/21

    Fragment

    de

    la

    carte

    du monde

    de

    Pomponius

    Mela,

    (d'apr?s

    K.

    Miller)

    vv^/

    VAnthropophagi

    This content downloaded from 142.150.190.39 on Thu, 31 Dec 2015 16:01:52 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 7/25/2019 Jordanes en Francais

    11/21

    UNE

    LECTURE DE

    CASSIODORE-JORDAN?S

    G.

    DAGRON

    Les

    origines

    :

    le

    continent

    et

    les

    ?les

    de

    l'Oc?an;

    Scandza

    x

    I,

    4/

    Nos

    anc?tres,

    selon Orosius

    2,

    estimaient

    que

    le cercle form?

    par

    la

    terre

    dans

    son

    ensemble

    ?tait

    entour?

    par

    le limbe

    de

    l'Oc?an,

    et

    ils le

    divisaient

    en

    trois

    parties

    qu'ils

    appelaient

    Asie,

    Europe

    et

    Afrique...

    [On

    a

    souvent

    d?crit

    cette terre

    tripartite

    et

    les

    ?les

    (? Cyclades

    ?,

    ?

    Sporades

    ?,

    enten

    dues dans

    un

    sens assez

    vague

    et

    g?n?ral) qui

    se

    trouvent

    dans

    ses

    mers

    int?rieures]. 5/

    Mais

    les

    limites

    ultimes

    et

    infranchissables

    de

    l'Oc?an,

    non

    seulement

    personne

    n'a

    tent?

    de

    les

    d?crire,

    mais

    il

    n'a

    ?t? donn?

    ?

    personne

    d'en

    faire

    la

    travers?e,

    parce

    que,

    en

    raison

    des

    algues qui

    retiennent

    les

    bateaux

    et

    de

    l'absence

    des

    vents,

    on

    se

    rend

    compte

    qu'il

    est

    imp?n?trable

    et

    que

    seul

    celui

    qui

    l'a

    cr??

    conna?t

    l'Oc?an.

    6/

    En

    revanche,

    les

    bords

    de

    POc?an,

    dont

    nous avons

    dit

    qu'ils

    forment la

    circonf?rence

    de la

    terre

    ?

    la

    mani?re

    d'une

    couronne

    qui

    encl?t

    ses

    fronti?res,

    ne

    sont

    pas

    inconnus des

    hommes curieux

    qui

    ont

    voulu

    ?crire

    ?

    ce

    sujet,

    car

    la

    circonf?rence

    de la

    terre est

    occup?e

    par

    des

    habitants

    et il

    y

    a

    quelques

    ?les dans la

    mer

    elle-m?me

    (entendons

    dans

    l'Oc?an

    qui

    l'enserre)

    qui

    sont

    habitables.

    [Sur

    la

    c?te

    orientale

    du

    continent,

    c'est-?-dire

    dans l'oc?an

    Indien,

    il

    y

    a

    les

    Hyppodes

    ou

    Hippopodes

    (?)

    et

    Jamnesia

    (?)

    qui

    sont

    br?l?es

    par

    le

    soleil

    et

    inhabi

    tables,

    tandis

    que

    Taprobane

    (Ceylan)

    poss?de

    des

    places fortes,

    des

    bourgs

    et

    m?me

    dix

    villes

    parfaitement

    civilis?es;

    il

    y

    a

    encore

    Silefantina

    (?)

    au

    s?jour

    enchanteur,

    Th?ron

    (?).]

    7/

    Ces ?les

    n'ont

    ?t?

    d?crites

    par

    aucun

    auteur,

    mais elles

    n'en sont

    pas

    moins

    pleines

    de

    gens

    qui

    les

    poss?dent.

    Du c?t?

    occidental,

    l'Oc?an

    a

    d'autres

    ?les

    connues

    de

    tous

    ou

    presque

    ?

    cause

    de

    la

    fr?quence

    des

    allers

    et

    venues :

    [

    au

    large

    de

    Gad?s

    (Gibraltar)

    deux

    ?les

    appel?es

    l'une

    Beata,

    l'autre

    Fortunata

    (les

    Canaries

    ?).

    On

    compte

    parmi

    les

    ?les

    de

    l'Oc?an la

    Gallicia

    et

    la

    Lysitania (Galice

    et

    Portugal) qui

    sont

    en

    r?alit?

    des

    promontoires

    de

    notre

    continent

    et

    sont

    d'un seul tenant

    avec

    l'extr?mit? de

    la

    terre

    d'Europe. 8/

    Il

    y

    a

    encore

    en

    Occident

    les

    Bal?ares,

    l'?le

    Mevania

    (proche

    de l'Irlande selon

    Orosius,

    I,

    2, 82), les Orcades au nombre de trente-trois, mais pas toutes habit?es, 9/ et ? l'extr?mit?

    de la

    terre

    occidentale

    la

    c?l?bre

    Thul?

    (Shetland,

    Irlande,

    ou

    m?me

    Islande,

    bien

    que

    l'Islande

    ne

    semble

    d?couverte

    que

    bien

    plus

    tard

    ?].

    Il

    a

    enfin,

    cet Oc?an

    immense,

    du c?t?

    de

    l'Ourse,

    c'est-?-dire du

    septentrion,

    une

    grande

    ?le

    du

    nom

    de

    Scandza

    (Scandia,

    la

    Scandinavie) qui,

    s'il

    pla?t

    ?

    Dieu,

    sera

    le

    point

    de

    d?part

    de

    notre

    ?tude,

    car

    c'est

    de cette

    ?le

    que

    la

    nation

    dont

    tu

    veux

    conna?tre

    l'origine3

    sortit

    comme

    un

    essaim d'abeilles

    et

    fit

    irruption

    sur

    la terre

    d'Europe.

    Comment cela

    arriva

    et

    ce

    qui

    en

    r?sulta,

    c'est

    ce

    que

    nous

    expliquerons,

    avec

    l'aide du

    Seigneur,

    dans

    la

    suite de

    cette

    histoire.

    II,

    10/

    [Suit

    une

    longue

    digression

    sur

    l'?le de

    Bretagne,

    situ?e

    dans

    le

    golfe

    que

    forme

    l'Oc?an

    entre

    l'Espagne,

    la

    Gaule

    et

    la

    Germanie.

    Ferm?e

    aux

    armes

    romaines

    jusqu'?

    C?sar,

    elle

    s'est

    ensuite

    ouverte

    largement

    au

    commerce,

    ? la

    circulation,

    ?

    l'exploration

    syst?matique.

    Voici

    sa

    description

    dans

    les

    auteurs

    grecs

    et latins

    :

    11/

    elle

    est

    comme

    un triangle projet? entre les c?tes septentrionale et occidentale du continent. Son grand

    angle

    (sa

    base)

    fait

    face

    ?

    l'embouchure du

    Rhin,

    ensuite

    sa

    largeur

    se

    r?tr?cit

    et

    s'?tire

    en

    1. Nous

    donnons ici

    une

    traduction

    ou,

    entre

    crochets

    carr?s,

    une

    analyse

    des

    principaux

    pas

    sages

    des Getica

    sur

    lesquels

    porte

    notre

    commentaire.

    Notre

    propos

    ?tant

    de

    pr?senter

    une

    lecture

    du

    texte

    de

    Jordanes,

    nous

    renvoyons

    aux

    ?ditions

    de

    Mommsen

    et

    de E.

    C.

    Skrzinskaja

    pour

    tout

    l'appareil

    critique

    (variantes

    de

    texte,

    r?f?rences

    compl?tes

    aux

    sources,

    explications

    g?ogra

    phiques).

    Sur

    Scandza

    et

    l'origine

    des

    Goths,

    des

    ouvrages

    r?cents

    sont

    ?

    mentionner

    :

    celui, d?j?

    cit?,

    de

    N.

    Wagner,

    Getica-Untersuchungen..., chap.

    3

    :

    ?

    Die

    Urheimat

    der Goten

    ?,

    p.

    103

    et

    suiv.,

    qui

    est

    une

    utile

    mise

    au

    point,

    et

    surtout

    les

    travaux

    de J.

    Svennung,

    rassembl?s

    dans

    son

    livre

    Jordanes

    und

    Scandia, kritischexegetische

    Studien,

    Acta

    Societatis Litterarum Humaniorum

    Regiae

    Upsalensis,

    t.

    44,

    Stockholm,

    1967, qui

    renouvellent

    sur

    bien

    des

    points

    nos

    connaissances

    et,

    ?

    tout lemoins, les probl?mes. Les conclusions de J. Svennung n'entreront pas ici en discussion, mais

    son

    interpr?tation

    ethnographique,

    arch?ologique

    et

    philologique

    des

    passages

    de

    Jordanes

    concer

    nant

    Scandza montre

    bien

    les

    diff?rents

    niveaux

    auxquels peut

    et doit

    se

    faire

    une

    lecture

    des

    Getica.

    2.

    Orosius

    (?crivain

    du d?but

    du

    ve

    si?cle),

    I,

    2,

    1.

    3.

    L'ouvrage

    est

    adress?

    par

    Jordanes

    ?

    Castalius,

    ami

    et

    fr?re de

    race,

    qu'il

    n'est

    pas

    possible

    d'identifier

    (Getica,

    1-3).

    295

    This content downloaded from 142.150.190.39 on Thu, 31 Dec 2015 16:01:52 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 7/25/2019 Jordanes en Francais

    12/21

    HISTOIRE

    ET

    UTOPIE

    oblique,

    et

    elle

    pousse

    deux

    autres

    angles,

    d'un

    c?t?

    vers

    la

    Gaule,

    de

    l'autre

    vers

    la

    Ger

    manie.

    12/

    La

    mer

    ? l'entour

    n'est

    pas

    agit?e,

    parce

    que

    la

    terre est

    si

    ?loign?e

    qu'elle

    n'offre

    pas

    de

    r?sistance

    aux

    flots.

    13/-15/

    Les

    peuples

    et

    leurs

    m

    urs sont

    d?crits

    avec

    des

    pr?ci

    sions

    que

    Jordanes

    tire

    de

    Strabon

    et

    de

    Tacite.

    Le

    caract?re

    ?

    oc?anique

    ?

    de

    l'?le

    est

    parfois

    accentu?

    par

    un

    d?tail

    fabuleux

    :

    ?

    des

    fleuves, grands

    et

    nombreux,

    la

    sillonnent

    en

    tous

    sens

    et

    roulent

    des

    pierres

    pr?cieuses

    et

    des

    perles

    ?].

    III,

    16/

    Revenons

    ? la

    description

    de l'?le de

    Scandza, que

    nous

    avons

    abandonn?e

    plus

    haut.

    Claudius

    Ptol?m?e,

    qui

    a

    si

    remarquablement

    d?crit

    le

    monde,

    fait

    mention

    d'elle

    dans

    le

    second

    livre de

    son

    uvre

    *

    en

    disant

    :

    il

    y

    a

    dans

    l'oc?an

    Arctique

    une

    grande

    ?le

    nomm?e

    Scandza;

    elle

    figure

    une

    feuille de

    c?dratier;

    ses

    c?t?s

    s'?tirent

    en

    longueur

    et

    se

    resserrent

    pour

    l'enclore. D'elle

    encore

    Pomponius

    Mela

    rapporte

    2

    qu'elle

    se

    trouve

    dans le

    golfe

    Codanus

    (Catt?gat

    ?

    Baltique ?)

    entre

    les rives

    duquel

    s'introduit

    l'Oc?an.

    17/

    Elle

    est

    situ?e

    en

    face

    du fleuve

    Vistule,

    qui

    sort

    des

    montagnes

    sarmates

    (Carpates)

    et

    qui,

    en

    regard

    de l'?le

    de

    Scandza,

    se

    jette

    dans l'Oc?an

    par

    trois

    embouchures,

    s?parant

    la Germanie de la

    Scythie.

    A

    l'est,

    au sein des

    terres,

    cette ?le contient un lac tr?s

    large;

    c'est

    de

    ce

    lac,

    comme

    d'un

    ventre, que

    sort

    le fleuve

    Vagi

    (ou

    Vagus),

    qui

    roule ?

    grands

    flots

    vers

    l'Oc?an

    3.

    A

    l'ouest,

    elle

    est

    entour?e

    par

    l'immensit?

    de la

    mer

    (=

    de

    l'Oc?an).

    Au

    nord

    aussi,

    elle est

    enserr?e

    par

    ce

    m?me Oc?an infini

    sur

    lequel

    on

    ne

    peut

    naviguer

    et

    d'o?

    se

    d?tache,

    comme

    une

    sorte de

    bras,

    le

    bassin

    ?largi

    de la

    mer

    germanique. 18/

    L?

    il

    y

    a

    des

    ?les,

    petites

    mais

    nombreuses,

    o? les

    loups, dit-on,

    s'ils

    y

    passent

    profitant

    de

    ce

    que

    la

    mer

    est

    gel?e

    par

    le

    froid,

    perdent

    leurs

    yeux.

    Ainsi

    cette

    terre

    n'est

    pas

    seulement

    cruelle

    aux

    hommes,

    elle

    l'est

    aussi

    aux

    b?tes

    f?roces.

    19/

    Quant

    ?

    l'?le de

    Scandza,

    elle est

    habit?e

    par

    un

    grand

    nombre de

    nations

    diverses,

    quoique

    Ptol?m?e

    n'en

    nomme

    que

    sept.

    On

    n'y

    trouve

    en

    aucune

    saison d'essaims

    d'abeilles,

    ?

    cause

    du

    froid.

    19/-24/

    [Suit

    une

    d?signation

    des

    principaux

    peuples4; quelques

    d?tails

    sont

    donn?s

    sur

    leurs

    m

    urs,

    mi-v?ri

    diques,

    mi-fabuleux

    :

    ainsi des Suehans

    il est

    dit

    qu'

    ?

    ils

    vivent

    pauvrement

    tandis

    qu'ils

    sont tr?s richement v?tus ?1. 24/ Toutes ces races, qui sont sup?rieures aux Germains (enten

    dons

    aux

    Germains

    de

    ?

    Germanie

    ?)

    en

    taille

    et

    par

    leur

    courage,

    avaient l'habitude de

    combattre

    avec une

    f?rocit?

    de

    fauves.

    IV,

    25/

    C'est de

    cette

    ?le

    de

    Scandza,

    qui

    est

    comme

    la

    fabrique

    des

    peuples

    ou,

    si

    l'on

    veut,

    la

    matrice

    des

    nations

    (?

    quasi

    officina

    gentium

    aut

    certe

    velut

    vagina

    nationum

    ?)

    que

    les

    Goths

    passent

    pour

    ?tre

    sortis

    anciennement

    avec

    leur

    roi

    nomm?

    Berig.

    Dans

    ce

    passage,

    comme

    dans

    la

    suite,

    les

    connaissances

    historiques

    sont

    celles

    du

    temps

    ;

    l'auteur

    conna?t

    les

    meilleures

    sources

    et

    s'y

    r?f?re

    explicitement

    (Pompeius

    Trogus,

    Tite-Live,

    Pomponius

    Mela,

    Josephe,

    Dion

    Cassius

    et

    Dion

    Chrysostome,

    Tacite,

    Dexippe,

    Ammien,

    Rufin,

    Priscus,

    Ablabius,

    Symmaque...)

    6.

    La

    1.

    Ptol?m?e

    (ne

    si?cle

    apr?s

    J.-C),

    II, 11,

    33-35. Ce

    passage

    des

    Getica est

    comment?

    par

    J.

    Svennung,

    op.

    cit.,

    pp.

    1-28.

    2.

    Pomponius

    Mela

    (g?ographe

    romain du

    Ier

    si?cle

    apr?s

    J.-C),

    Chorographia,

    III,

    31

    et

    54.

    3.

    Sur la

    description

    par

    Jordanes

    de

    Scandza,

    voir

    Lauritz

    Weibull,

    ?

    Skandza und

    ihre

    V?lker

    in

    der

    Darstellung

    des Jordanes

    ?,

    Arkiv

    f?r

    Nordisk

    Filologi, 41,

    1925,

    pp.

    213-246.

    L'auteur consid?re

    que

    l'ouvrage

    de Jordanes

    est

    une

    pure

    et

    simple

    compilation,

    avec

    de

    nom

    breuses

    d?formations

    :

    ainsi,

    le

    lac

    int?rieur serait la

    mer

    Caspienne

    telle

    que

    la

    d?crit

    Pomponius

    Mela,

    et

    le

    ?

    fleuve

    Vagi

    ?

    une

    simple

    erreur

    de

    lecture

    (dans

    Pomponius

    Mela

    ou

    dans

    Cassiodore

    ?)

    de

    l'expression

    ?

    quasi

    fluvius

    ?,

    ?crite

    en

    cursive

    latine,

    dont

    use

    Pomponius

    Mela

    (III,

    38)

    ?

    propos

    de la

    Caspienne

    (pp. 221-223).

    Inversement,

    J.

    Svennung

    {op.

    cit.,

    pp.

    14-28)

    pense

    que

    le

    fleuve

    Vagus

    et

    le lac

    sont la

    Neva

    et

    le

    lac

    Ladoga;

    il

    consid?re,

    contre

    L.

    Weibull,

    que

    Cassiodore-Jordanes

    ont

    cherch?

    l'objectivit?

    historique

    et

    la

    pr?cision,

    ?liminant

    quelques

    historiettes

    fabuleuses

    qui

    avaient

    cours

    ? leur

    ?poque (pp.

    157-159 et

    223-224).

    Ceci

    est

    vrai,

    et

    pour

    nous

    important,

    car

    on

    en

    conclura

    que

    c'est dans

    la structure

    m?me

    d'un r?cit

    historique

    que

    s'ordonnent les

    grandes

    lignes

    du

    dessin

    id?ologique.

    4. Sur

    l'ethnographie

    de

    Scandza

    d'apr?s

    Jordanes,

    voir L.

    Weibull,

    op.

    cit.,

    pp.

    224-246;

    N.

    Wagner,

    op. cit.,

    pp.

    103

    et

    suiv.;

    et

    surtout

    J.

    Svennung,

    op.

    cit.,

    pp.

    32?114.

    5.

    Mommsen,

    pp.

    XXX-XLIV.

    296

    This content downloaded from 142.150.190.39 on Thu, 31 Dec 2015 16:01:52 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 7/25/2019 Jordanes en Francais

    13/21

    UNE

    LECTURE DE

    CASSIODORE-JORDAN?S

    G. DAGRON

    g?ographie

    est

    d'abord

    celle de

    Ptol?m?e,

    qui

    tente

    de d?crire le

    monde,

    avec ses

    erreurs

    mais aussi

    son

    souci

    d'appr?hension globale

    et

    de

    traduction

    visuelle,

    celle

    aussi

    qui,

    apr?s

    Ptol?m?e,

    se

    r?tr?cit,

    codifie

    et

    d?couvre

    peu,

    malgr?

    les

    nouveaux

    contacts,

    militaires

    et

    commerciaux,

    qui

    relient

    l'Empire

    aux

    pays

    du

    nord

    germa

    nique1.

    Cassiodore

    (ou

    Jordanes)

    a sous

    les

    yeux

    une

    de

    ces

    cartes

    qui,

    depuis

    Auguste, figurent

    l'Empire,

    fixent

    ses

    fronti?res

    et

    ses

    limites

    administratives,

    tracent

    ses

    routes,

    d?nombrent

    ses

    cit?s

    2.

    L'Histoire

    des

    Goths

    est

    une

    synth?se

    ?

    laquelle

    s'ajoutent

    des

    informations orales

    que

    Jordanes,

    Goth

    d'origine,

    d?clare

    avoir

    recueillies

    aupr?s

    de

    ses

    compatriotes;

    elle

    est

    aussi

    un

    maillon

    important

    dans

    la

    transmission

    de tout

    ce

    savoir

    (elle

    est

    cit?e huit fois

    par

    le

    Cosmographe

    de

    Ravenne)

    3,

    et

    la

    science

    moderne

    ne

    la contredit

    pas

    gravement

    :

    les

    Goths,

    comme

    les

    autres

    envahisseurs

    germains,

    sont

    bien

    ?

    sortis

    ?

    de

    ?

    Scandinavie

    ?.

    Rien

    de

    surprenant, donc,

    ni m?me de tr?s

    original

    dans

    cette

    description

    des

    confins de

    la

    terre,

    sinon le

    fait

    qu'elle

    est

    ordonn?e

    en

    syst?me

    :

    il

    y

    a une

    g?o

    graphie

    humaine,

    qui

    est

    celle

    du

    ?

    continent

    ?,

    et

    un

    au-del?

    g?ographique qui

    est

    l'Oc?an

    infranchissable;

    entre les

    deux

    il

    y

    a une

    anomalie,

    la

    g?ographie

    ambigu?

    des

    ?les. Ici interviennent

    de

    subtiles

    distinctions

    qui

    font de notre texte

    un

    v?ritable

    petit

    trait? de l'insularit?

    :

    il

    y

    a

    les fausses

    ?les,

    celles

    que

    l'on

    croit faussement

    isol?es

    du

    continent,

    mais

    qui

    y

    sont

    en

    fait

    reli?es

    (la

    Gallicia,

    la

    Lysitania);

    ou

    bien

    encore

    les

    ?les

    non-oc?aniques,

    celles

    des

    mers

    int?rieures

    (Cyclades,

    Spo

    rades).

    Parmi les

    vraies,

    d?crites

    longuement

    et

    semble-t-il

    hors

    de

    propos,

    on

    dis

    tingue

    celles

    qui

    sont

    ?trang?res

    ? toute humanit?

    et

    m?me

    ?

    toute

    vie,

    inhabit?es

    inhabitables, inconnues-inconnaissables,

    et celles

    qui

    sont

    proches

    de

    notre

    huma

    nit?

    ?

    continentale

    ?.

    La

    Bretagne

    et

    Scandza

    sont de cette

    vari?t?;

    terres

    oc?aniques,

    mais

    peu

    ?loign?es

    du

    continent

    qui

    s'ouvre

    en

    face

    d'elles

    en un

    golfe

    ou

    en

    un

    estuaire.

    Elles sont

    comme

    le

    d?calque

    de

    nos

    pays,

    pi?ces

    mal

    rapport?es

    d'un

    puzzle;

    leur

    compl?ment

    et

    leur

    contraire. Et

    leurs

    habitants

    peuvent

    ?tre

    d?crits

    comme

    s'ils

    ?taient

    des

    continentaux;

    mais

    toujours

    appara?t quelque

    d?tail

    (fleuves

    charriant

    des

    perles,

    riches

    v?tements

    de

    pauvres

    h?res)

    par

    quoi

    la

    description

    tra

    hit

    son

    caract?re

    utopique.

    Pr?cisons

    encore

    davantage.La

    sym?trie

    entre

    la

    Bretagne

    et

    Scandza

    est

    vigou

    reusement

    soulign?e

    par Cassiodore-Jordanes,

    au

    point

    de

    prendre

    la forme

    d'une

    1.

    L.

    Weibull

    (op.

    cit.,

    pp.

    214-215)

    insiste

    avec

    raison

    sur

    le

    fait,

    qu'apr?s Ptol?m?e,

    il

    y

    a un

    recul

    des

    connaissances

    sur

    les

    pays

    nordiques

    :

    ainsi, Orosius,

    Julius

    Honorius,

    Martianus

    Capella

    et

    Cassiodore-Jordanes

    apr?s

    eux,

    en

    savent

    moins

    sur

    la

    Scandinavie

    que

    leur

    grand

    devancier

    du

    ne

    si?cle.

    2. La carte

    qu'a

    sous

    les

    yeux

    l'auteur des Getica serait celle

    que

    commente Julius

    Honorius,

    g?ographe

    du

    ve

    si?cle

    apr?s

    J.-C.

    (cf. Muellenhoff,

    Weltkarte des

    Augustus,

    p.

    31);

    la

    Cosmographie

    de Julius Honorius

    est

    d'ailleurs mentionn?e

    par

    Cassiodore,

    qui

    en

    recommande

    l'?tude

    ?

    ses

    moines

    (De

    inst.

    div.

    litt., 25).

    Cette

    carte est de toutes

    fa?ons

    tr?s

    proche

    des

    indications

    donn?es

    par

    Orosius,

    dont

    l'autorit?

    est

    invoqu?e

    en

    t?te

    des

    Getica

    et

    dont

    le

    nom

    revient

    en

    de

    nombreux

    passages.

    Pomponius

    Mela

    (ier

    si?cle

    apr?s

    J.-C.)

    est

    explicitement

    cit?

    par

    Cassiodore-Jordan?s,

    ainsi

    que

    Ptol?m?e,

    ?

    propos

    de

    la

    description

    de

    Scandza.

    On

    se

    reportera

    aux

    reconstitutions

    par

    K.

    Miller des cartes de

    ces

    diff?rents

    g?ographes

    :

    Die

    ?lteste

    Weltkarten,

    VI,

    Stuttgart,

    1898. A

    la

    m?me

    ?poque

    que Cassiodore-Jordan?s,

    mais

    sans

    rapport

    avec

    les

    Getica,

    Cosmas

    Indicopleust?s

    imagine

    une

    Topographie

    chr?tienne

    qui

    remet

    en

    cause

    l'

    uvre

    de

    Ptol?m?e

    (voir

    la

    belle

    ?tude

    de

    Wanda

    Wolska-Conus,

    La

    topographie

    chr?tienne

    de

    Cosmas

    Indicopleust?s, Paris, 1962,

    et

    l'?dition

    par

    le m?me

    auteur

    du

    texte

    de

    Cosmas

    dans la

    collection

    Sources

    Chr?tiennes,

    ?ditions

    du

    Cerf).

    3.

    Voir

    sur

    ce

    sujet,

    Joseph

    Schnetz,

    ?

    Jordanis beim

    Geographen

    von

    Ravenna

    ?,

    Philologus,

    81,

    1925-1926,

    pp.

    86-100.

    297

    This content downloaded from 142.150.190.39 on Thu, 31 Dec 2015 16:01:52 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 7/25/2019 Jordanes en Francais

    14/21

    HISTOIRE

    ET

    UTOPIE

    longue

    digression

    dont l'auteur

    s'excuse. Mais

    elle

    est

    une

    fausse

    sym?trie.

    La des

    cription

    du

    monde

    et de

    ses

    ?les est

    emprunt?e explicitement

    ?

    Orosius

    et ? Julius

    Honorius

    (tous

    deux

    cosmographes

    du

    ve

    si?cle)

    qui

    connaissent

    la

    Bretagne,

    mais

    pas

    Scandza;

    tous les

    d?tails

    pr?cis qui

    concernent

    Scandza

    viennent

    de

    Ptol?m?e,

    et

    les Getica

    n'y

    ajoutent

    que

    le

    fabuleux.

    Encore

    ce

    fabuleux,

    ou

    le fondement

    de

    l'affabulation,

    vient-il

    en

    grande partie

    d'une

    troisi?me

    tradition

    qui,

    dans

    la

    cosmographie

    romaine,

    entaille

    le

    trac?

    du monde

    d'un

    golfe

    ?norme,

    avec

    en

    son

    centre

    une

    ?le

    inconnue,

    ?

    Codanovia-Scadinavia

    ?

    pour

    Pomponius

    Mela,

    ?

    Sca

    tinavia

    ?

    pour

    Pline1,

    entour?e

    de

    toutes

    sortes

    d'?les

    plus petites

    (voir

    la

    carte

    du

    monde

    de

    Pomponius

    Mela).

    Autrement

    dit,

    l'examen

    des

    sources

    g?ographiques

    dont

    s'inspirent

    les Getica

    montre,

    d'une

    part,

    une

    certaine

    repr?sentation

    du

    monde

    r?el

    au

    temps

    de

    Cassiodore-Jordan?s

    (terre

    bord?e

    par

    l'Oc?an,

    ?les int?rieures

    et ?les

    oc?aniques perceptibles,

    voir

    les

    cartes

    du

    monde

    d'Orosius

    et

    de

    Julius

    Honorius

    d'apr?s

    K.

    Miller),

    dans

    laquelle

    Scandza,

    point

    de

    d?part

    de

    l'histoire,

    ne

    figure

    pas,

    et,

    d'autre

    part,

    une

    contamination

    tr?s

    singuli?re

    entre

    un

    ensei

    gnement

    g?ographique

    pr?cis,

    mais

    oubli?

    depuis

    Ptol?m?e

    2,

    et

    une

    repr?sentation

    plus

    ou

    moins

    mythique

    d'un

    golfe

    et

    de

    son

    ?le.

    Quand

    Cassiodore-Jordan?s

    passent

    de la

    Bretagne

    ?

    cette autre

    ?le

    apparemment

    semblable

    qu'est

    Scandza,

    ils

    sortent

    en

    fait

    du

    monde

    repr?sent?.

    C'est

    apr?s

    et

    par

    les Getica

    que

    Scandza obtient

    droit

    de

    figuration,

    en

    ?quivalence

    avec

    la

    Bretagne,

    dans

    l'

    uvre

    du

    cosmographe

    de

    Ravenne

    (voir

    la

    carte).

    Pourquoi

    ce

    long

    d?tour

    par

    les

    ?les ?

    Pour

    commencer

    l'histoire

    des

    envahis

    seurs

    par

    une

    m?taphysique

    de

    l'invasion.

    La

    terre est

    entour?e

    de

    ventres,

    tant?t

    st?riles

    et

    abandonn?s

    ?

    leur vraie

    nature,

    tant?t f?conds

    et

    d?versant

    sur

    le conti

    nent

    une

    anti-humanit?.

    La forte

    image

    de

    la

    ?

    matrice

    des

    nations

    ?,

    ou

    de

    l'accou

    chement,

    vient naturellement

    sous

    la

    plume

    de

    tout

    historien

    des

    grandes

    migra

    tions

    (?

    A

    partir

    du

    me

    si?cle

    avant

    notre ?re

    ?

    ?crit

    L.

    Musset

    ?

    le

    monde

    ger

    manique

    n'a

    cess?

    d'?tre aifect?

    de

    pulsations

    migratoires

    sur

    un

    rythme

    d'abord

    lent,

    puis

    de

    plus

    en

    plus

    pr?cipit?

    ?

    s);

    mais

    ce

    qui

    compte

    avant

    tout,

    dans les

    pre

    mi?res

    pages

    de

    VHistoire

    des

    Goths,

    c'est

    que

    la

    gestation

    pr?c?dant

    cet

    accou

    chement

    se

    situe

    hors

    du

    monde

    humain.

    Or,

    ceci

    ne

    correspond

    ?

    aucune

    tradition

    ant?rieure;

    autrement

    dit,

    ce

    n'est

    pas

    l'?loignement

    de la Scandinavie

    ou

    la

    m?con

    naisance

    de

    la

    nation

    gothique,

    mais

    au

    contraire

    la

    confrontation

    historique

    avec

    les Goths

    qui

    conduit

    ?

    leur

    inventer

    une

    origine

    fabuleuse.

    C'est

    par

    l?

    que

    Cassiodore,

    ministre

    de

    l'Empire th?odoricien,

    et

    le Goth Jordanes

    innovent

    par

    rapport

    ?

    la

    science

    de

    Ptol?m?e.

    Quant

    au

    continent,

    avec

    ses

    rivages

    oc?aniques,

    il

    s'identifie

    ?

    peu

    pr?s

    avec

    l'Empire

    et

    son

    limes.

    A

    voir

    une

    carte

    de

    l'Empire

    telle

    que

    la

    Tabula

    Peutinge

    riana

    (ive

    si?cle

    ?),

    il

    appara?t

    qu'entre

    le

    limes

    humain

    des

    bords

    de

    l'Oc?an

    et

    le

    limes romain

    il

    y

    a

    juste

    assez

    de

    place

    pour

    inscrire

    le

    nom

    des

    peuples

    barbares

    reconnus

    voisins

    de

    l'Empire.

    Il

    n'y

    a

    pas

    de

    g?ographie

    non-romaine;

    ?

    preuve

    la

    Liste

    de

    V?rone

    qui compte

    comme

    treizi?me

    dioc?se

    ?

    gentes

    barbarae

    quae

    pullulaverunt

    sub

    imperatoribus

    ?

    4.

    Il

    n'y

    a

    que

    deux

    extensions,

    l'une

    compl?te,

    1.

    Pomponius

    Mela,

    II,

    31

    et

    54;

    Pline,

    IV, 13,

    96.

    Cf.

    L.

    Weibull,

    op.

    cit.,

    pp.

    217-218.

    2. L.

    Weibull,

    op.

    cit.,

    p.

    217,

    rel?ve la m?connaissance

    de

    la

    Scandinavie

    de

    Ptol?m?e

    par

    les

    cosmographes

    romains

    de

    la

    g?n?ration qui

    pr?c?de

    Cassiodore

    et

    Jordanes,

    comme

    Orosius,

    Julius

    Honorius

    et

    Martianus

    Capella.

    3.

    L.

    Musset,

    Les

    invasions.

    Les

    vagues

    germaniques,

    p.

    50.

    4.

    Notifia

    dignitatum,

    ?d. O.

    Seeck,

    p.

    251.

    298

    This content downloaded from 142.150.190.39 on Thu, 31 Dec 2015 16:01:52 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 7/25/2019 Jordanes en Francais

    15/21

    UNE LECTURE

    DE

    CASSIODORE-JORDAN?S

    G.

    DAGRON

    l'autre

    r?duite,

    de la romanit?.

    Dans

    une

    r?alit?

    qui

    est

    celle des

    migrations

    et

    des

    invasions, la g?ographie elle-m?me

    se

    r?duit

    aux

    dimensions d'un monde stable et

    isol?.

    Les

    Goths

    n'en

    font

    pas

    partie.

    A

    leur

    origine,

    Cassiodore

    et Jordanes

    les

    situent

    ?

    une

    distance

    infinie

    de

    la

    romanit?.

    Leur

    histoire

    sera un

    impossible

    rattrapage.

    La

    marche

    des

    Goths

    jusqu'?

    l'Empire

    En

    d?barquant

    sur

    le

    continent,

    les

    Goths viennent

    au

    monde

    x.

    IV,

    25/

    A

    peine

    furent-ils descendus de

    leurs

    bateaux

    (plus

    loin Jordanes

    pr?cise

    qu'ils

    en

    avaient

    trois

    2)

    et

    eurent-ils touch?

    les

    terres

    (=

    le

    continent) qu'ils

    donn?rent

    leur

    nom

    au

    lieu

    (o?

    ils

    venaient

    d'aborder).

    Il

    s'appelle

    encore

    aujourd'hui,

    assure-t-on,

    Gothis

    candza

    3.

    26/

    De

    l?,

    ilsmarch?rent

    bient?t

    contre les

    Ulmeruges,

    ?tablis

    alors

    sur

    les

    rivages

    de

    l'Oc?an,

    les

    attaqu?rent

    apr?s

    avoir

    dress?

    leur

    camp,

    et

    les

    chass?rent

    des terres

    qu'ils

    occupaient.

    [Ils

    subjuguent

    ensuite les Vandales

    et

    font

    diverses

    conqu?tes.]

    [Le

    nombre

    de

    Goths

    s'accro?t

    consid?rablement.

    Filimer,

    cinqui?me

    roi

    depuis Berig

    4,

    prend

    la d?cision

    ?

    de

    quitter

    le

    pays

    et

    de

    faire

    avancer

    la

    troupe

    des Goths

    avec

    leurs

    familles

    ?.]

    27/

    Tandis

    qu'il

    cherchait

    un

    foyer

    bien

    adapt?

    et

    un

    emplacement qui

    leur

    conv?nt,

    il

    arriva

    sur

    les

    terres

    de

    la

    Scythie

    qui s'appellent

    dans

    leur

    langue

    Oium

    5.

    Apr?s

    que

    l'arm?e

    se

    soit d?lect?e

    de la

    grande

    f?condit? du

    pays

    et

    ait,

    pour

    une

    moiti?,

    travers?

    un

    pont

    qui

    franchissait

    un

    fleuve

    (le

    Dniepr

    ?),

    ce

    pont,

    dit-on,

    s'?croula

    sans

    qu'il

    f?t

    possible

    de

    le

    r?parer.

    Et

    personne

    n'eut

    plus

    la

    possibilit?

    ni

    de

    poursuivre

    en

    avant

    (pour

    ceux

    qui

    n'avaient

    pas

    franchi le

    pont

    avant

    son

    ?croulement),

    ni

    de revenir

    en

    arri?re

    (pour

    ceux

    qui

    l'avaient

    d?j?

    franchi);

    en

    effet,

    ?

    ce

    qu'on

    dit,

    ce

    lieu

    est ferm?

    par

    des

    marais

    au

    sol

    instable

    (marais

    du

    Pripet

    ?

    6)

    et

    par

    un

    gouffre

    qui

    les

    entoure,

    et cette

    confu

    sion de deux ?l?ments de la nature le rend infranchissable. La v?rit? est

    qu'encore

    aujour

    d'hui

    on

    entend des

    mugissements

    de

    troupeaux

    et

    qu'on

    y

    d?couvre

    des

    traces

    d'hommes,

    si

    nous

    en

    croyons

    le

    t?moignage

    de

    voyageurs

    qui,

    il est

    vrai,

    ont

    appris

    ces

    choses

    de

    loin.

    28/

    Donc,

    la

    partie

    des Goths

    qui,

    sous

    la

    conduite de

    Filimer,

    parvinrent

    sur

    la

    terre

    d'Oium

    (Scythie)

    apr?s

    avoir franchi

    le

    fleuve,

    prirent

    possession

    de

    ce

    pays

    d?sir?

    par

    eux

    et

    aussit?t march?rent

    contre

    la

    race

    des

    Spali (Spalaei)

    7,

    qu'ils

    d?firent

    en une

    bataille;

    de l?

    ils

    se

    h?t?rent,

    en

    vainqueurs

    jusqu'?

    l'extr?mit?

    de la

    Scythie qui

    avoisine

    la

    mer

    du

    Pont.

    Ainsi

    le

    racontent

    leurs

    anciens

    po?mes,

    presque

    en

    forme

    historique.

    [T?moi

    gnage

    confirm?

    par

    l'historien

    Ablabius.]

    La

    v?rit?

    historique

    se

    d?chiffre

    sans

    peine

    :

    les

    Goths viennent

    de

    Scandinavie

    d'o?

    un

    premier

    mouvement

    migratoire

    les

    a

    fait

    d?barquer

    sur

    la c?te

    de

    la

    mer

    Baltique;

    ils

    refoulent

    les

    peuples qui

    sont

    install?s

    dans cette

    r?gion (sans

    doute

    l'embouchure

    de

    l'Oder)

    et

    notamment

    les

    ?

    Ruges

    des ?les

    ?.

    Ils

    paraissent

    alors

    1.

    ?tudes

    historiques

    sur

    l'origine

    des Goths

    :

    L.

    Schmidt,

    Geschichte

    der

    deutschen

    St?mme

    bis

    zum

    Ausgang

    der

    V?lkerwanderung.

    Die

    Ostgermanen, Munich,

    1934;

    E.

    Oxenstierna,

    Die Uhr

    heimat

    der

    Goten,

    Leipzig,

    1945;

    E.

    Schwarz,

    Germanische

    Stammeskunde,

    Heidelberg,

    1956;

    N.

    Wagner,

    Getica.

    Untersuchungen...,

    o? l'on trouvera

    une

    bonne

    bibliographie;

    et

    surtout

    J.

    Svennung,

    Jordanes und

    Scandia.

    2.

    Getica,

    94.

    3.

    D?formation

    par

    fausse

    ?tymologie

    de

    Gutisk-andja,

    ?

    le

    rivage

    des

    Goths

    ?

    (cf.

    L.

    Schmidt,

    op.

    cit.,

    p.

    196)

    ? Sur la

    migration

    des Goths et

    ses

    ?tapes,

    cf.

    N.

    Wagner,

    op.

    cit.,

    p.

    223

    et

    suiv.,

    et

    J.

    Svennung,

    op. cit.,

    p.

    213 et suiv.

    4. Le r?gne de Berig est ? rapporter

    au

    Ier

    si?cle apr?s J.-C, celui de Filimer

    au

    milieu

    et ? la

    deuxi?me

    moiti?

    du

    ne

    si?cle.

    5. Sur

    cette

    d?signation,

    voir

    les commentaires

    et

    r?f?rences

    donn?es

    par

    E.

    C.

    Skrzinskaja,

    p.

    195,

    n.

    68,

    et

    J.

    Svennung,

    op.

    cit.,

    p.

    208

    et note.

    6. Cf. N.

    Wagner,

    op.

    cit.,

    pp.

    229-233.

    7.

    Cf.

    E.

    t.

    Skrzinskaja,

    p.

    196,

    n.

    70.

    299

    This content downloaded from 142.150.190.39 on Thu, 31 Dec 2015 16:01:52 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 7/25/2019 Jordanes en Francais

    16/21

    HISTOIRE

    ET

    UTOPIE

    former

    un

    groupe

    ethnique

    de

    peuples

    parents

    ou

    rivaux

    provisoirement

    li?s,

    Goths,

    Ruges, Vandales, puis H?rules et Skires. Alors,

    ?

    au

    temps de Filimer ?, c'est-?

    dire

    vers

    150

    apr?s

    J.-C,

    commence une

    lente

    migration

    selon l'axe

    Baltique

    ?

    mer

    Noire

    jusqu'aux

    marais

    du

    Pripet,

    en

    direction

    des

    steppes

    pontiques.

    Une

    partie

    au

    moins

    des

    Goths

    traverse

    le

    Dniepr, qui

    est

    peut-?tre

    le

    fleuve

    au

    pont

    coup?

    de notre

    texte,

    et

    arrive

    en

    Russie

    m?ridionale.

    Vers

    230,

    leur

    pr?sence

    est

    attest?e

    au

    nord

    de

    la

    mer

    Noire,

    sur

    la

    basse

    vall?e

    du

    Dniepr.

    La

    migration

    atteint

    l?

    une

    conclusion

    provisoire

    :

    un

    premier

    royaume

    ostrogothique

    est

    fond?,

    correspon

    dant

    ?

    peu

    pr?s

    ?

    l'Ukraine

    actuelle,

    aux

    d?pens

    des

    Sarmates,

    eux-m?mes

    succes

    seurs

    des

    Scythes.

    Sur

    ce

    rameau

    des

    Goths

    (une

    autre

    partie

    est

    encore sur

    les

    bords

    de la

    Baltique,

    y

    restera

    ou

    n'?migrera

    que

    plus

    tard)

    s'exerce alors

    une

    assez

    forte

    influence

    des

    nomades iraniens

    avec

    lesquels

    ils

    sont

    en

    contact

    :

    leur

    art,

    leur

    costume

    en

    t?moignent. ?tat

    de

    semi-?quilibre, donc, qui prend fin lorsque l'irrup

    tion

    des Huns

    contraint les

    Goths ?

    p?n?trer

    dans

    le

    territoire de

    l'Empire,

    en

    3761.

    Cette

    lente

    migration

    devient,

    dans

    VHistoire

    des

    Goths,

    une

    d?marche

    qui

    conduit

    les

    envahisseurs des

    confins

    de la

    g?ographie

    ?

    ceux

    de l'histoire.

    Leur

    pre

    mier

    acte est

    d'inscrire

    leur

    nom sur

    la

    terre

    continentale,

    au

    lieu

    o?

    ils

    ont

    pos?

    le

    pied

    et

    o?

    ils

    livrent

    les

    combats

    que

    rend

    n?cessaires

    leur

    intrusion.

    C'est

    l'impact

    g?ographique,

    l'inscription

    sur

    la

    carte

    du

    monde.

    Ensuite,

    apr?s

    cinq g?n?rations,

    la

    nation

    gothique

    gagne

    en

    humanit?

    (des

    probl?mes

    d?mographiques

    se

    posent),

    en

    ?paisseur

    temporelle

    (Filimer

    est

    le

    cinqui?me

    roi);

    elle

    prend

    le

    go?t

    du

    mieux

    vivre

    et cherche

    une

    terre

    riche

    qui

    lui

    convienne.

    C'est

    alors

    qu'intervient l'?pi

    sode

    du

    pont

    bris?. Son

    symbolisme

    est

    ?vident;

    la marche

    des

    Goths

    est

    irr?ver

    sible

    comme

    le

    temps

    :

    il

    y

    a

    ceux

    qui

    ont

    manqu? pour toujours l'occasion et

    ceux

    qui

    entrent

    d?finitivement dans

    une

    ?re et

    une

    civilisation

    presque

    historique,

    comme

    sont

    ?

    presque

    historiques

    ?

    les

    uvres

    qu'ils

    commencent

    alors ?

    composer

    *.

    Ceux

    qui

    n'ont

    pas

    franchi le

    pont

    vivent

    dans

    une

    demi-humanit?

    :

    ils

    vivent;

    on

    pourrait

    les

    entendre,

    mais

    de

    loin,

    indirectement;

    une

    sorte

    d'?le

    oc?anique

    s'est

    reconstitu?e

    pour

    eux

    dans

    un

    m?lange

    de

    terre et d'eau

    (les

    marais),

    avec

    un

    infran

    chissable

    espace

    qui

    les isole

    (le

    gouffre).

    Ils

    sont

    stopp?s

    au

    seuil

    de

    l'historicit?

    comme

    les

    habitants

    de

    Scandza

    l'?taient

    au

    seuil de

    la

    g?ographie.

    Ceux

    qui

    fran

    chissent

    le

    pont

    sont

    au

    contraire

    conscients d'une

    finalit?

    historique qui

    leur

    fait

    reconna?tre la

    Scythie

    comme

    une

    sorte

    de

    terre

    promise.

    Ils

    en

    prennent

    possession

    et

    se

    trouvent

    ainsi

    aux

    fen?tres du monde

    gr?co-romain.

    W

    La

    Scythie

    est

    alors

    longuement d?crite3. L'Histoire des Goths

    en

    fait le lieu

    g?om?trique

    de toute

    la barbarie

    des

    confins.

    Les

    Goths,

    eux-m?mes,

    au

    prix

    d'in

    coh?rences

    flagrantes,

    deviennent les

    anc?tres,

    les

    parents

    ou

    les

    h?ritiers

    de

    toutes

    les

    races

    qui

    ont

    illustr?

    ces

    r?gions

    dans

    la

    l?gende

    et

    dans

    l'histoire

    (les

    Amazones

    aussi

    bien

    que

    les

    Parthes).

    C'est

    rejoindre

    un

    parti pris

    du

    langage

    qui,

    ?

    cette

    ?poque,

    appelle

    ?

    scythe

    ?

    tout

    barbare

    localis?

    au

    nord

    de

    l'Empire;

    mais

    l'uni

    fication

    va

    beaucoup plus

    loin. Il

    s'agit

    de

    reconstituer

    ?

    propos

    des

    Goths l'unit?

    d'un

    monde

    barbare

    face

    ?

    l'unit?

    du

    monde

    romain. Aussi

    la

    Scythie

    devient-elle

    l'envers de

    l'Empire. G?ographiquement

    d'abord

    :

    elle

    aussi

    a un

    Orient

    et

    un

    1.

    Mise

    au

    point

    sur

    cette

    premi?re

    histoire

    des

    Goths

    dans

    L.

    Musset, op. cit., pp.

    80-82.

    2.

    Il

    pourrait s'agir

    ici

    d'une tradition

    populaire qui

    serait

    r?apparue

    ult?rieurement

    dans

    le

    folklore,

    cf. la

    tr?s

    int?ressante ?tude

    de Ramon

    Menendez

    Pidal,

    Los

    Godos

    y

    el

    origen

    de

    la

    epopeya

    espa?ola,

    Colecci?n

    Austral,

    n?

    1275, Madrid, 1956,

    p.

    14.

    =

    Goti

    in

    Occidente.

    Problemi...

    (op.

    cit.),

    Spol?te, 1956,

    pp.

    287-288.

    3.

    Getica,

    30-37.

    300

    This content downloaded from 142.150.190.39 on Thu, 31 Dec 2015 16:01:52 UTCAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

    http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsphttp://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
  • 7/25/2019 Jordanes en Francais

    17/21

    UNE LECTURE DE

    CASSIODORE-JORDAN?S

    G.

    DAGRON

    Occident1.

    Historiquement

    surtout

    :

    aux

    exploits

    d'Hercule

    et de

    Th?s?e

    corres

    pondent ceux de Penth?sil?e et de

    ses

    Amazones, qui participent ? la guerre de

    Troie et

    poursuive