j’ai quelques maux à vous dire - furet
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J’ai quelques maux à vous dire !
Luc G. Legres
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Venus d’ailleurs
Quel est cet étrange pouvoir Qui pourrait venir d’un grimoire
Où des mots sortent du brouillard Mais ne surchargent ma mémoire.
Si je ne les note à l’instant, Ils s’envolent vers le néant
Pour ne plus jamais revenir Effacés de tous souvenirs.
Je ne sais pas ce qui m’inspire Depuis maintenant trois années
Que mon esprit est en délire, Ou tout simplement possédé. Je ne crois pas à ces démons Qui reviennent du fin fond Pour à l’ordre vous rappeler
Qu’ils ne vous ont pas oublié. Je ne sais qui me les envoie,
Ni comment, ni même pourquoi. Je n’arrive à les réfréner
Car c’est sans discontinuer Que je me sens comme obligé
Spontanément de les noter. Est-ce la perte de mon frère
Qui m’a mis dans une autre sphère, Ou un quelconque évènement Perçu par mon subconscient ? C’est un vrai déluge de mots
Qui les uns aux autres s’enchaînent, Tantôt déversant de la haine
Pour mieux purger certains maux, Tantôt recherchant un versant
Qui sonnera un peu moins faux Et que je pourrai trouver beau
Si je suis un peu tolérant. Je reste cependant surpris De cette tournure d’esprit
Qui est, certes, bien mienne
Mais dont je ne me souvienne Une fois tous ces mots jetés,
Alignés sur le papier. Lorsque je relis certains vers Je suis dans un autre univers. Impressionné par ces rimes Instillés d’une voix intime
Que parfois même en peu de temps J’ai pu coucher là noir sur blanc,
Chacun de ces mots délivrant Sur cette vie de chaque instant,
On pourrait croire à un message Qui m’arrive comme un présage
Et m’annonce un évènement Qui, programmé incessamment,
Me ferait voir tout autrement Ce qui, sans doute, en moi attend.
Mais de message ne reçois Que ce qui est au fond de moi,
De ce que je vis au présent, De ce que par flash je ressens.
J’aimerai tant enfin comprendre Que tout ce qu’il me semble entendre
N’est pas juste dû au hasard Et que de toutes ces histoires
Qui nous font croire à l’au-delà Sont la renaissance du soi.
Mais la Science a ses mystères Au long de vies parfois austères.
Notre esprit est trop limité A toute chose appréhender
Ne concevant l’inconcevable Que s’il est inscrit dans ses tables. Ces regards posés sur ce monde, Soulevant ce qu’il a d’immonde,
De notre fort intérieur, Ne peuvent-ils venir d’ailleurs ?
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Un mot pour un autre En imitant mon père
Qui jongle avec les vers Sans jamais ne casser Que ce qui l’a choqué,
J’eus un jour cette envie De dépeindre ma vie
D’exprimer par des mots Quelques-uns de mes maux. Très belle est notre langue, Concédant toute harangue,
Qui permet par des mots D’apaiser d’autres maux
Car ainsi le langage Peut, de certains outrages,
Colorer notre vie, Rafraîchir notre esprit. Cela peut être un jeu De jongler avec eux, Juste pour le plaisir
De vous voir tous sourire Pour mieux oublier Ce qui a tourmenté.
Quand le temps est maussade Il est de ces croisades
Au gré des cases noires De montrer son savoir. C’est une de ces joutes Où mon père excellait,
J’ai dû sans aucun doute Suivre ce qu’il disait Pour en apprécier Toutes subtilités.
Ils vous prennent la tête C’est alors notre fête.
Ces maux-là vous torturent Et votre esprit triture Jusqu’à ce qu’il fissure Et vous jette en pâture. On ne dit plus un mot
Car il serait de trop, Attendant que se taise Ce qui met mal à l’aise.
Des mots peuvent guérir, Car choisis ils apaisent,
D’autres maux font souffrir Vous jetant sur la braise. Je ne sais quel mot dire, Une envie de maudire,
Sur cette ignoble vie Qui m’octroie ce sursis. Je n’ai pas à me plaindre
Car il ne faut pas craindre, Cela pu être pire
Me faisant plus souffrir.
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Bataille
Au plus profond de mes entrailles Est cette douleur qui tiraille,
Qui me tient dans ses tenailles Car faut dire qu’elle est de taille, Recherchant en moi une faille
Qui laisse une profonde entaille, Frappant à grands coups de cisaille,
Pour me faire perdre bataille En moi, cette force qui braille Evitant que tout ne se taille.
Pour que ce mal au Diable aille, Je supporterai la mitraille
Décrochant ainsi la médaille Que ne mérite la racaille.
Cherchant à semer la pagaille, Je n’en ferai pas l’éventail,
Contre elle mon esprit travaille, Se dresse comme une muraille
Qu’il veut franchir vaille que vaille. Je le sens hélas qui s’écaille
Et bien trop souvent déraille Pour que j’en paie le prix du bail.
Ne négligeant aucun détail Qui n’altérerait l’émail,
J’emprunterai un soupirail Et me jetterai à la baille
Pour reprendre le gouvernail. Par quelle nouvelle trouvaille
Jetterai-je cette canaille Pour la renvoyer au bercail Elle, avec tout son attirail
Et savourer un doux cocktail Que je prendrai avec deux pailles.
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Un mal, des mots
Comme le disait mon père Sans faire de mystère, Il n’est de souvenirs
Que si l’on doit souffrir Car le bien n’existe
Que si le mal persiste.
Comment apprécier Le doux plaisir d’aimer
Si l’on n’a pas goûté Celui de détester.
Il n’est pas de bonheur Sans un certain malheur.
La vie a une odeur Qui embaume les fleurs,
Ou de soufre parfois Ebranlant votre foi.
Et même une couleur Qui peut vous faire peur,
Mais ceci n’a de sens Que si d’une souffrance On en ressort meilleur
Retrouvant la lueur.
L’âme doit être forte Pour que le mal exhorte. Un mal vous fait souffrir Des mots peuvent guérir. S’enfermer dans son moi Et garder tout pour soi
Ne brisera l’émoi, Ne sauvera la foi.
Ecartez les œillères Qui étaient vôtres hier. Ecoutez d’autres voix
Qui vous montrent la voie Pour mieux entrevoir Le chemin de l’espoir
En laissant dans le noir Celui du désespoir.
Le bien n’a de sens Et vous mettra en transe Que si l’on doit souffrir,
Comme pour nous punir. La vie est ainsi faite
La rendant imparfaite.