jacques prévert - chansons

23
Démons et merveilles by Cora Vacuaire Démons et merveilles Vents et marées Au loin déjà la mer s'est retirée Démons et merveilles Vents et marées Et toi Comme une algue doucement caressée par le vent Dans les sables du lit tu remues en rêvant Démons et merveilles Vents et marées Au loin déjà la mer s'est retirée Mais dans tes yeux entrouverts Deux petites vagues sont restées Démons et merveilles Vents et marées Deux petites vagues pour me noyer. Le tendre et dangereux visage de l'amour by Cora Vacuaire Le tendre et dangereux visage de l'amour m'est apparu un soir après un trop long jour C'était peut-être un archer avec son arc ou bien un musicien avec sa harpe Je ne sais plus Je ne sais rien Tout ce que je sais c'est qu'il m'a blessée peut-être avec une flèche peut-être avec une chanson

Upload: infini002

Post on 12-Dec-2014

152 views

Category:

Documents


5 download

DESCRIPTION

Jacques Prevert - Song Lyrics

TRANSCRIPT

Page 1: Jacques Prévert - Chansons

Démons et merveillesby Cora Vacuaire

Démons et merveillesVents et maréesAu loin déjà la mer s'est retiréeDémons et merveillesVents et maréesEt toiComme une algue doucement caressée par le ventDans les sables du lit tu remues en rêvantDémons et merveillesVents et maréesAu loin déjà la mer s'est retiréeMais dans tes yeux entrouvertsDeux petites vagues sont restéesDémons et merveillesVents et maréesDeux petites vagues pour me noyer.

Le tendre et dangereux visage de l'amourby Cora Vacuaire

Le tendre et dangereuxvisage de l'amourm'est apparu un soiraprès un trop long jourC'était peut-être un archeravec son arcou bien un musicienavec sa harpeJe ne sais plusJe ne sais rienTout ce que je saisc'est qu'il m'a blesséepeut-être avec une flèchepeut-être avec une chansonTout ce que je saisc'est qu'il m'a touchéqu'il m'a touchéblessée au cœuret pour toujoursBrûlante trop brûlanteblessure de l'amour.

Page 2: Jacques Prévert - Chansons

Noël des ramasseurs de neigeby Eric Amado

Nos cheminées sont videsnos poches retournéesohé ohé ohénos cheminées sont videsnos souliers sont percésohé ohé ohéet nos enfants lividesdansent devant nos buffetsohé ohé ohéEt pourtant c'est NoëlNoël qu'il faut fêterFêtons fêtons Noëlça se fait chaque annéeOhé la vie est belleOhé joyeux Noël

Mais v'là la neige qui tombequi tombe de tout en hautElle va se faire malen tombant de si hautohé ohé ého

Pauvre neige nouvellecourons courons vers ellecourons avec nos pellescourons la ramasserpuisque c'est notre métier .ohé ohé ohé

jolie neige nouvelletoi qu'arrives du cieldis-nous dis-nous la belleohé ohé ohéQuand est-ce qu'à Noëltomberont de là-hautdes dindes de Noëlavec leurs dindonneauxohé ohé ého !

Embrasse-moiby Juliette Gréco

Page 3: Jacques Prévert - Chansons

C'était dans un quartier de la ville LumièreOù il fait toujours noir où il n'y a jamais d'airEt l'hiver comme l'été là c'est toujours l'hiverElle était dans l'escalierLui à côté d'elle elle à côté de luiC'était la nuitEt elle lui disaitIci il fait noirIl n'y a pas d'airL'hiver comme l'été c'est toujours l'hiverLe soleil du bon Dieu ne brill' pas de notr' côtéIl a bien trop à faire dans les riches quartiersSerre moi dans tes brasEmbrasse-moiEmbrasse-moi longtempsEmbrasse-moiPlus tard il sera trop tardNotre vie c'est maintenantIci on crèv' de toutDe chaud de froidOn gèle on étouffeOn n'a pas d'airSi tu cessais de m'embrasserIl m'semble que j'mourrais étoufféeT'as quinze ans j'ai quinze ansA nous deux ça fait trenteA trente ans on n'est plus des enfantsOn a bien le droit de travaillerOn a bien celui de s'embrasserPlus tard il sera trop tardNotre vie c'est maintenantEmbrasse-moi

Je suis comme je suisby Juliette Gréco

Je suis comme je suisJe suis faite comme çaQuand j’ai envie de rireOui je ris aux éclatsJ’aime celui qui m'aimeEst-ce ma faute à moiSi ce n’est pas le mêmeQue j’aime chaque foisJe suis comme je suis

Page 4: Jacques Prévert - Chansons

Je suis faite comme çaQue voulez-vous de plusQue voulez-vous de moi

Je suis faite pour plaireEt n’y puis rien changerMes talons sont trop hautsMa taille trop cambréeMes seins beaucoup trop dursEt mes yeux trop cernésEt puis aprèsQu’est-ce que ça peut vous faireJe suis comme je suisJe plais à qui je plaisQu’est-ce que ça peut vous faire

Ce qui m’est arrivéOui j’ai aimé quelqu’unOui quelqu’un m’a aiméComme les enfants qui s’aimentSimplement savent aimerAimer aimer...Pourquoi me questionnerJe suis là pour vous plaireEt n’y puis rien changer.

Les enfants qui s'aimentby Juliette Gréco

Les enfants qui s'aiment s'embrassent debout contre les portes de la nuitEt les passants qui passent les désignent du doigtMais les enfant qui s'aiment ne sont là pour personneEt c'est seulement leur ombre qui tremble dans la nuit,Excitant la rage des passantsLeur rage, leur mépris, leur rire et leur envieLes enfants qui s'aiment ne sont là pour personneIls sont ailleurs bien plus loin que la nuitBien plus haut que le jourDans l'éblouissante clarté de leur premier amour.Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuitBien plus haut que le jourDans l'éblouissante clarté de leur premier amour.

Barbaraby Les Frères Jacques

Page 5: Jacques Prévert - Chansons

Rappelle-toi BarbaraIl pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-làEt tu marchais sourianteEpanouie ravie ruisselanteSous la pluieRappelle-toi BarbaraIl pleuvait sans cesse sur BrestEt je t'ai croisée rue de SiamTu souriaisEt moi je souriais de mêmeRappelle-toi BarbaraToi que je ne connaissais pasToi qui ne me connaissais pasRappelle-toiRappelle toi quand même ce jour-làN'oublie pasUn homme sous un porche s'abritaitEt il a crié ton nomBarbaraEt tu as couru vers lui sous la pluieRuisselante ravie épanouieEt tu t'es jetée dans ses brasRappelle-toi cela BarbaraEt ne m'en veux pas si je te tutoieJe dis tu à tous ceux que j'aimeMême si je ne les ai vus qu'une seule foisJe dis tu à tous ceux qui s'aimentMême si je ne les connais pasRappelle-toi BarbaraN'oublie pasCette pluie sage et heureuseSur ton visage heureuxSur cette ville heureuseCette pluie sur la merSur l'arsenalSur le bateau d'OuessantOh BarbaraQuelle connerie la guerreQu'es-tu devenue maintenantSous cette pluie de ferDe feu d'acier de sangEt celui qui te serrait dans ses brasAmoureusementEst-il mort disparu ou bien encore vivant

Page 6: Jacques Prévert - Chansons

Oh BarbaraIl pleut sans cesse sur BrestComme il pleuvait avantMais ce n'est plus pareil et tout est abîméC'est une pluie de deuil terrible et désoléeCe n'est même plus l'orageDe fer d'acier de sangTout simplement des nuagesQui crèvent comme des chiensDes chiens qui disparaissentAu fil de l'eau sur BrestEt vont pourrir au loinAu loin très loin de BrestDont il ne reste rien.

Deux escargots s'en vont à l'enterrementby Les Frères Jacques

A l'enterrement d'une feuille morteDeux escargots s'en vontIls ont la coquille noireDu crêpe autour des cornesIls s'en vont dans le soirUn très beau soir d'automneHélas quand ils arriventC'est déjà le printempsLes feuilles qui étaient mortesSont toutes ressuscitéesEt les deux escargotsSont très désappointésMais voilà le soleilLe soleil qui leur ditPrenez prenez la peineLa peine de vous asseoirPrenez un verre de bièreSi le cœur vous en ditPrenez si ça vous plaîtL'autocar pour ParisIl partira ce soirVous verrez du paysMais ne prenez pas le deuilC'est moi qui vous le disça noircit le blanc de l'œilEt puis ça enlaiditLes histoires de cercueils

Page 7: Jacques Prévert - Chansons

C'est triste et pas joliReprenez vos couleursLes couleurs de la vieAlors toutes les bêtesLes arbres et les plantesSe mettent à chanterA chanter à tue-têteLa vraie chanson vivanteLa chanson de l'étéEt tout le monde de boireTout le monde de trinquerC'est un très joli soirUn joli soir d'étéEt les deux escargotsS'en retournent chez euxIls s'en vont très émusIls s'en vont très heureuxComme ils ont beaucoup buIls titubent un p'tit peuMais là-haut dans le cielLa lune veille sur eux.

En sortant de l'écoleby Les Frères Jacques

En sortant de l'écolenous avons rencontréun grand chemin de ferqui nous a emmenéstout autour de la terredans un wagon doré.Tout autour de la terrenous avons rencontréla mer qui se promenaitavec tous ses coquillagesses îles parfuméeset puis ses beaux naufrageset ses saumons fumés.Au-dessus de la mernous avons rencontréla lune et les étoilessur un bateau à voilespartant pour le Japonet les trois mousquetaires des cinq doigts de la maintournant la manivelle d'un petit sous-marin

Page 8: Jacques Prévert - Chansons

plongeant au fond des merspour chercher des oursins.Revenant sur la terrenous avons rencontrésur la voie de chemin de ferune maison qui fuyaitfuyait tout autour de la terrefuyait tout autour de la merfuyait devant l'hiverqui voulait l'attraper.Mais nous sur notre chemin de feron s'est mis à roulerrouler derrière l'hiveret on l'a écraséet la maison s'est arrêtéeet le printemps nous a salués.C'était lui le garde-barrièreet il nous a bien remerciéset toutes les fleurs de toute la terresoudain se sont mises à pousserpousser à tort et à traverssur la voie de chemin de ferqui ne voulait plus avancerde peur de les abîmer.Alors on est revenu à piedà pied tout autour de la terreà pied tout autour de la mertout autour du soleilde la lune et des étoilesA pied à cheval en voiture et en bateau à voiles.

Inventaireby Les Frères Jacques

une triperiedeux pierres trois fleurs un oiseauvingt-deux fossoyeurs un amourle raton laveurune madame untelun citron un painun grand rayon de soleilune lame de fondun pantalonune porte avec son paillassonun Monsieur décoré de la légion d'honneur

Page 9: Jacques Prévert - Chansons

le raton laveurun sculpteur qui sculpte des Napoléonla fleur qu'on appelle soucideux amoureux sur un grand litun carnaval de Niceune chaise trois dindons un ecclésiastiqueun furoncle une guêpeun rein flottantune douzaine d'huîtresune écurie de coursesun fils indignedeux pères dominicainstrois sauterelles un strapontin une fille de joietrois ou quatre oncles Cyprienle raton laveurune mater dolorosa deux papas gâteautrois rossignols deux paires de sabots cinq dentistesun homme du mondeune femme du mondeun couvert noir deux cabinetsdeux petit'suisses un grand pardonune vache un samovarune pinte de bon sangune monsieur bien mis un cerf volantun régime de bananes une fourmi une expédition colonialeun cordon sanitaire trois cordons ombilicauxun chien du commissaire un jour de gloireun bandage herniaireun vendredi soirune chaisière un œuf de pouleun vieux de la vieilletrois hommes de guerreun François premierdeux Nicolas IItrois Henri IIIle raton laveurun père Noëldeux sœurs latinestrois dimensionsmille et une nuitssept merveilles du monde quatre points cardinaux1 2 3 4 heures précises douze apôtresquarante-cinq ans de bons et loyaux servicesdeux ans de prison six ou sept péchés capitauxtrois mousquetaires

Page 10: Jacques Prévert - Chansons

vingt mille lieues sous les merstrente-deux positionsdeux mille ans avant Jésus-Christcinq gouttes après chaque repasquarante minutes d'entracteune seconde d'inattentionet naturellementle raton laveur

L'orgue de Barbarieby Les Frères Jacques

Moi le joue du pianodisait l'unmoi le joue du violondisait l'autremoi de la harpe moi du banjomoi du violoncellemoi du biniou... moi de la flûteet moi de la crécelle.Et les uns les autres parlaient parlaientparlaient de ce qu'ils jouaient.On n'entendait plus la musiquetout le monde parlaitparlait parlaitpersonne ne jouaitmais dans un coin un homme se taisait :« Et de quel instrument jouez-vous Monsieurqui vous taisez et qui ne dites rien? »lui demandèrent les musiciens.« Moi je joue de l'orgue de Barbarieet je joue du couteau aussi »dit l'homme qui jusqu'icin'avait absolument rien ditet puis il s'avança le couteau à la mainet il tua tous les musicienset il joua de l'orgue de Barbarieet sa musique était si vraieet si vivante et si jolieque la petite fille du maître de la maisonsortit de dessous le pianooù elle était couchée endormie par ennuiet elle dit :« Moi je jouais au cerceauà la balle au chasseur

Page 11: Jacques Prévert - Chansons

je jouais à la marelleje jouais avec un seauje jouais avec une pelleje jouais au papa et à la mamanje jouais à chat perchéje jouais avec mes poupéesje jouais avec une ombrelleje jouais avec mon petit frèreavec ma petite soeurje jouais au gendarmeet au voleurmais c'est fini fini finije veux jouer à l'assassinje veux jouer de l'orgue de Barbarie. »Et l'homme prit la petite fille par la mainet ils s'en allèrent dans les villesdans les maisons dans les jardinset puis ils tuèrent le plus de monde possibleaprès quoi ils se marièrentet ils eurent beaucoup d'enfants.Maisl'aîné apprit le pianole second le violonle troisième la harpele quatrième la crécellele cinquième le violoncelleet puis ils se mirent à parler parlerparler parler parleron n'entendit plus la musiqueet tout fut à recommencer !

La pêche à la baleineby Les Frères Jacques

À la pêche à la baleine, à la pêche à la baleine,Disait le père d'une voix courroucéeÀ son fils Prosper, sous l'armoire allongé,À la pêche à la baleine, à la pêche à la baleine,Tu ne veux pas aller,Et pourquoi donc?Et pourquoi donc que j'irais pêcher une bêteQui ne m'a rien fait, papa,Va la pêpé, va la pêcher toi-même,Puisque ça te plaît,J'aime mieux rester à la maison avec ma pauvre mère

Page 12: Jacques Prévert - Chansons

Et le cousin Gaston.Alors dans sa baleinière le père tout seul s'en est alléSur la mer démontée...

Voilà le père sur la mer,Voilà le fils à la maison,Voilà la baleine en colère,Et voilà le cousin Gaston qui renverse la soupière,La soupière au bouillon.

La mer était mauvaise,La soupe était bonne.Et voilà sur sa chaise Prosper qui se désole :À la pêche à la baleine, je ne suis pas allé,Et pourquoi donc que j'y ai pas été?Peut-être qu'on l'aurait attrapée,Alors j'aurais pu en manger.Mais voilà la porte qui s'ouvre, et ruisselant d'eauLe père apparaît hors d'haleine,Tenant la baleine sur son dos.Il jette l'animal sur la table,

une belle baleine aux yeux bleus,

Une bête comme on en voit peu,Et dit d'une voix lamentable :Dépêchez-vous de la dépecer,J'ai faim, j'ai soif, je veux manger.Mais voilà Prosper qui se lève,Regardant son père dans le blanc des yeux,Dans le blanc des yeux bleus de son père,Bleus comme ceux de la baleine aux yeux bleus :Et pourquoi donc je dépècerais une pauvre bête qui m'a rien fait?Tant pis, j'abandonne ma part.

Puis il jette le couteau par terre,Mais la baleine s'en empare, et se précipitant sur le pèreElle le transperce de père en part.

Page 13: Jacques Prévert - Chansons

Ah, ah, dit le cousin Gaston,On me rappelle la chasse, la chasse aux papillons.Et voilàVoilà Prosper qui prépare les faire-part,La mère qui prend le deuil de son pauvre mariEt la baleine, la larme à l'oeil contemplant le foyer détruit.Soudain elle s'écrie :Et pourquoi donc j'ai tué ce pauvre imbécile,Maintenant les autres vont me pourchasser en moto-godilleEt puis ils vont exterminer toute ma petite famille.Alors éclatant d'un rire inquiétant,Elle se dirige vers la porte et ditÀ la veuve en passant :Madame, si quelqu'un vient me demander,Soyez aimable et répondez :La baleine est sortie,Asseyez-vous,Attendez là,Dans une quinzaine d'années, sans doute elle reviendra...

Le miroir briséby Les Frères Jacques

Le petit homme qui chantait sans cessele petit homme qui dansait dans ma têtele petit homme de la jeunessea cassé son lacet de soulieret toutes les baraques de la fêtetout d'un coup se sont écrouléeset dans le silence de cette fêtej'ai entendu ta voix heureuseta voix déchirée et fragileenfantine et désoléevenant de loin et qui m'appelaitet j'ai mis ma main sur mon coeuroù remuaientensanglantésles septs éclats de glace de ton rire étoilé.

Page 14: Jacques Prévert - Chansons

Page d'écritureby Les Frères Jacques

Deux et deux quatreQuatre et quatre huitHuit et huit font seize...Répétez ! dit le maître.Deux et deux quatreQuatre et quatre huitHuit et huit font seize...Mais voilà l'oiseau-lyreQui passe dans le ciel.L'enfant le voitL'enfant l'entendL'enfant l'appelle :Sauve-moiJoue avec moiOiseau !Alors l'oiseau descendEt joue avec l'enfant.D'eu et deux quatre...Huit et huit font seizeEt seize et seize qu'est-ce qu'ils font ?Ils ne font rien seize et seizeEt surtout pas trente-deuxDe toute façonEt ils s'en vont.Et l'enfant a caché l'oiseauDans son pupitreEt tous les enfantsEntendent sa chansonEt tous les enfantsEntendent sa musiqueEt huit et huit à leur tour s'en vontEt quatre et quatre et deux et deuxA leur tour fichent le campEt un et un ne font ni une ni deuxUn et un s'en vont également.Et l'oiseau-lyre joueEt l'enfant chanteEt le professeur crie :Quand vous aurez fini de faire le pitre !Mais tous les autres enfantsEcoutent la musiqueEt les murs de la classe

Page 15: Jacques Prévert - Chansons

S'écroulent tranquillement.Et les vitres redeviennent sableL'encre redevient eauLes pupitres redeviennent arbresLa craie redevient falaiseLe porte-plume redevient oiseau.

Compagnons des mauvais joursby Yves Montand

Compagnons des mauvais joursje vous souhaite une bonne nuitet je m'en vais

La recette a été mauvaise,c'est de ma faute...j'aurais du jouer du canichec'est une musique qui plaitmais je n'en ai fait qu'à ma têteet je me suis énervé;quand on joue du chien à poil dur,il faut ménager son archet.

Les gens ne viennent pas au concertpour entendre hurler à la mortet cette chanson de la fourrièrenous a causé la plus grand tort!

Compagnons des mauvais joursje vous souhaite une bonne nuitdormez,rèvez,moi je prends ma casquetteet puis deux ou trois cigarettesdans le paquetet je m'en vais...

La fête continueby Yves Montand

Debout devant le zincSur le coup de dix heuresUn grand plombier zingueur habillé en dimanche et pourtant c'est lundiChante pour lui tout seulChante que c'est jeudi

Page 16: Jacques Prévert - Chansons

Qu'il n'ira pas en classe que la guerre est finie et le travail aussi.Que la vie est si belle et les filles si jolies et titubant devant le zincMais guidé par son fil à plomb il s'arrête pile devant le patronTrois paysans passeront et vous paieront puis disparaît dans le soleilSans régler les consommations disparaît dans le soleilTout en continuant sa chansonLa la la la la….Que la vie est si belle et les filles si jolies et titubant devant le zincMais guidé par son fil à plomb il s'arrête pile devant le patronTrois paysans passeront et vous paieront puis disparaît dans le soleilSans régler les consommations disparaît dans le soleilTout en continuant sa chansonLa la la la la….

Les feuilles mortesby Yves Montand

Oh ! je voudrais tant que tu te souviennesDes jours heureux où nous étions amis.En ce temps-là la vie était plus belle,Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.Les feuilles mortes se ramassent à la pelle.Tu vois, je n'ai pas oublié...Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,Les souvenirs et les regrets aussiEt le vent du nord les emporteDans la nuit froide de l'oubli.Tu vois, je n'ai pas oubliéLa chanson que tu me chantais.

[Refrain:]C'est une chanson qui nous ressemble.Toi, tu m'aimais et je t'aimaisEt nous vivions tous les deux ensemble,Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.Mais la vie sépare ceux qui s'aiment,Tout doucement, sans faire de bruitEt la mer efface sur le sableLes pas des amants désunis.

Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,Les souvenirs et les regrets aussiMais mon amour silencieux et fidèleSourit toujours et remercie la vie.Je t'aimais tant, tu étais si jolie.

Page 17: Jacques Prévert - Chansons

Comment veux-tu que je t'oublie ?En ce temps-là, la vie était plus belleEt le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.Tu étais ma plus douce amieMais je n'ai que faire des regretsEt la chanson que tu chantais,Toujours, toujours je l'entendrai !

[Refrain]

Sanguineby Yves Montand

La fermeture éclairA glissé sur tes reinsEt tout l'orage heureuxDe ton corps amoureuxAu beau milieu de l'ombreA éclaté soudain

Et ta robe en tombantSur le parquet ciréN'a pas fait plus de bruitQu'une écorce d'orangeTombant sur un tapis

Mais sous nos piedsCes petits boutons de nacreCraquaient comme des pépinsÔ Sanguine joli fruit !

La pointe de ton seinA tracé tendrementLa ligne de ma chanceDans le creux de ma main.Sanguine, joli fruitSoleil de nuit.

Tournesolby Yves Montand

Tous les jours de la semaineEn hiver en automneDans le ciel de Paris

Page 18: Jacques Prévert - Chansons

Les cheminées d'usines ne fument que du grisMais le printemps qui s'amène, une fleur sur l'oreilleAu bras une jolie fille

TournesolTournesolC'est le nom de la fleurLe surnom de la filleElle n'a pas de grand nomPas de nom de familleEt danse aux coins des ruesA BellevilleA SévilleTournesolTournesolTournesolValse des coins des rues

Et les beaux jours sont venusLa belle vie avec euxLe génie de la BastilleFume une gitane bleueDans le ciel amoureuxDans le ciel de SévilleDans le ciel de BellevilleEt même de n'importe où

TournesolTournesolC'est le nom de la fleurLe surnom de la filleElle n'a pas de grand nomPas de nom de familleEt danse aux coins des ruesA BellevilleA SévilleTournesolTournesolTournesolValse des coins des rues

Et danse aux coins des ruesA BellevilleA SévilleTournesol

Page 19: Jacques Prévert - Chansons

TournesolTournesolValse des coins des rues