ja 2683 du 10 au 16 juin 2012

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ÉDITION INTERNATIONALE ET SUBSAHARIENNE MALI DEMAIN LA GUERRE? HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 52 e année • N° 2683 • du 10 au 16 juin 2012 jeuneafrique.com La perspective d’une reconquête du Nord semble imminente. Reste à savoir comment et avec qui… TUNISIE LE CANCER SALAFISTE CAMEROUN RENÉ SADI : S’IL N’EN RESTAIT QU’UN CÔTE D’IVOIRE GBAGBO- BENSOUDA, LES DESSOUS D’UN DUEL RD CONGO- RWANDA TROUBLE JEU AU NORD-KIVU France 3,50 • Algérie 180 DA • Allemagne 4,50 • Autriche 4,50 • Belgique 3,50 • Canada 5,95 $ CAN • Danemark 35 DKK • DOM 4 Espagne 4 • Éthiopie 65 birrs • Finlande 4,50 • Grèce 4,50 • Italie 4 • Maroc 23 DH • Mauritanie 1100 MRO • Norvège 41 NK • Pays-Bas 4 Portugal cont. 4 • RD Congo 5,50 $ US • Royaume-Uni 3,50 £ • Suisse 5,90 FS • Tunisie 3,30 DT • USA 6,50 $ US • Zone CFA 1700 F CFA • ISSN 1950-1285 Spécial 16 pages Sp Sp péc écia ial l 16 16 LE PLUS de Jeune Afrique États-Unis-Afrique Good morning Africa!

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JA 2683 DU 10 AU 16 JUIN 2012 AVEC LE PLUS USA

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Page 1: JA 2683 DU 10 AU 16 JUIN 2012

ÉDITION INTERNATIONALE ET SUBSAHARIENNE

MALIDEMAINLA GUERRE?

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 52e année • N° 2683 • du 10 au 16 juin 2012 jeuneafrique.com

La perspective d’une reconquête du Nord semble imminente.Reste à savoir comment et avec qui…

TUNISIE LE CANCER SALAFISTE

CAMEROUNRENÉ SADI :S’IL N’EN RESTAITQU’UN

CÔTE D’IVOIREGBAGBO-BENSOUDA,LES DESSOUSD’UN DUEL

RD CONGO-RWANDATROUBLE JEUAU NORD-KIVU

France 3,50 € • Algérie 180 DA • Allemagne 4,50 € • Autriche 4,50 € • Belgique 3,50 € • Canada 5,95 $ CAN • Danemark 35 DKK • DOM 4 €Espagne 4 € • Éthiopie 65 birrs • Finlande 4,50 € • Grèce 4,50 € • Italie 4 € • Maroc 23 DH • Mauritanie 1100 MRO • Norvège 41 NK • Pays-Bas 4 €Portugal cont. 4€ • RDCongo 5,50 $ US • Royaume-Uni 3,50 £ • Suisse 5,90 FS • Tunisie 3,30 DT • USA 6,50 $ US • Zone CFA 1700 F CFA • ISSN 1950-1285

Spécial 16 pagesSpSpSpécéciaiall 1616

LE PLUSde Jeune Afrique

États-Unis-AfriqueGoodmorningAfrica!

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LE PLUSde Jeune Afrique

AMBITIONS La nouvelle frontière africaine

DIPLOMATIEWashington peut vraiment mieux faire

COOPÉRATION ÉCONOMIQUE Les grands programmes

INTERVIEW Charles B. Rangel, parlementaire new-yorkais

©PET

ESO

UZA

/WHITEHOUSE

États-Unis-Afrique

GoodmorningAfrica!

Face à la concurrence chinoise etdevant la croissance prometteusedu continent, Washington semble

enfin prêt à s’y investir.

JEUNE AFRIQUE No 2683 • DU 10 AU 16 JUIN 2012

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Page 4: JA 2683 DU 10 AU 16 JUIN 2012

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Page 5: JA 2683 DU 10 AU 16 JUIN 2012

AMBITIONSLa nouvelle frontière

p. 60

DIPLOMATIEWashington peutvraiment mieux faire

p. 62

COOPÉRATIONLa force des grandsprogrammes

p. 64

INTERVIEWCharles B. Rangel,parlementairenew-yorkais p. 66

PORTRAITSPersonnes d’influence

p. 68

TRIBUNEStephen Hayes,président du CorporateCouncil on Africa

p. 72

STRATÉGIESLes Américainspassent à l’attaque

p. 74

RÉSEAUXLes campusà l’heure du Cap

p. 80

EN JUILLET 2009, au terme dudeuxième et dernier voyage enAfriquedeBarackObamaen tantqueprésident desÉtats-Unis, les

médias africains se montraient plutôtsceptiques sur sa réelle volontédeboule-verser les rapports existant entre lesdeuxrivesde l’océanAtlantique. Il fautdirequeles vingt-deux heures qu’il a passées auGhana n’étaient pas de nature à les ras-surer. L’hôte de laMaison Blanche avaitfait le voyage pour délivrer un discourscritiquant la corruption et la répression,deux thématiques déjà abordées parses prédécesseurs et qui n’annonçaientaucune rupture.Unsentimentdedécep-tionadominé les espritssur lecontinent,d’autantque les attentes vis-à-visdu premier chef d’Étatnoir-américain étaientgrandes.L’absenced’am-bition de Washington a laissé la voielargementouverteàd’autrespays,commela Chine. Non seulement cette dernières’est imposéeen tantqueprincipalparte-naire commercial de l’Afrique,mais ellea aussi accru son influencepolitique surlecontinent.Déjàaucoude-à-coudeavecPékinenAsie, lesAméricainsne sontpasrassurés par lamontée enpuissancedesChinoisenAfrique,d’autantquecettepar-tie dumonde, avec ses richesses encorelargement sous-exploitées, disposed’unpotentiel que les sociétés d’outre-Atlan-tique ne peuvent négliger.

« Des entrepreneurs en téléphoniemobile aux modestes agriculteurs, lesAfricains ont démontré une capacitéet un engagement à créer leurs propresopportunités. »Cette phrase prononcéepar BarackObama lors de sonpassage àAccra est passée plus inaperçue que lesautres, mais elle impliquait une recon-naissance implicite de la créativité et de

l’esprit d’entreprise africains.Derrière cecompliment s’exprimait sans doute ledésir du président américain de voir lessociétésde sonpays s’engagerdavantagesur le continent, car le tempsde l’assista-nat était à ses yeux une période révolue.Il semble avoir été entendu puisque lesinvestissements directs américains enAfriqueont augmentéde40%entre 2008et 2010. Fini l’attentisme. Les grandsgroupes et les fonds d’investissementpassentà l’offensive, refusantderamasserles miettes. Pour la Maison Blanche, ilest indispensable de renforcer encorel’implicationdu secteur privé, y comprisdans le domaine de l’aide publique. À

la veille du 38e sommet du G8, qui s’esttenu du 18 au 19 mai dernier à CampDavid, Barack Obama a relancé l’idéed’une nouvelle phase du plan d’aidealimentaire en Afrique avec le soutiende quelque 45 grandes entreprises. «Entant que pays le plus riche de la planète,les États-Unis ont, je crois, une obliga-tion morale de mener la lutte contre lamalnutrition », a-t-il déclaré, notant aupassage les3milliardsdedollars (2,4mil-liards d’euros) apportés par des sociétéstelles que Cargill, qui prévoit d’investirdans deux gros projets auMozambique.

À quelques mois de l’élection prési-dentielle à l’issue de laquelle il devraitconserver son fauteuil, Barack Obamarépond ainsi à tous ceux qui pouvaientdouter de son intérêt pour l’Afrique. S’ilest réélu, il aura probablement intérêt àpasser plus de vingt-deux heures sur lecontinent pour que ses interlocuteurspuissent lui dire : « Good morning,Mr. President. » ●

LE PLUSde Jeune Afrique États-Unis-Afrique

GoodmorningAfrica!

Le temps de l’assistanatest révolu

PréludeClaude Leblanc

Le Plus de Jeune Afrique

Les investissements directsaméricains en Afrique ont augmentéde 40 % entre 2008 et 2010.

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pourappuyer les transitionsen2011.Depuis long-temps,contrairementauxFrançais, lesAméricainsdiscutent avec les partis islamistes. Washingtons’inquiète toutefois de la prolifération des armesdans la région sahélo-saharienne depuis la chutedeKaddafi. Comme sonprédécesseurGeorgeW.Bush, Obama cherche à réduire l’influence desdjihadistes. Si la lutte contre les Shebabenregistredes progrès en Somalie, le Sahel est un nouveausanctuaire pour les terroristes. La recrudescencedes attaques de la secte Boko Haram au Nigeriaest une autre inquiétude. Le géant ouest-africainassure 8 à 9 % des besoins pétroliers américains,soit l’équivalentdes importationsprovenantd’Ara-bie saoudite. Washington redoute la constitutiond’un arc de cercle terroriste allant de l’Atlantiqueau Pacifique.

CONSTRUCTION.Alorsquelestroupesaméricainesne sont pas les bienvenues, la Maison Blancheassureunecontributionmultiforme(assistanceenmatériel, formation des troupes, renseignement,actions ciblées contre des islamistes) pour aiderlesgouvernementset lesorganisations régionales.Ce soutien s’articule autour du Partenariat trans-sahariencontre le terrorismeetsaversionmilitaire,l’opération Liberté durable dans le Trans-Saharamenée par le Commandement américain pourl’Afrique (Africom), basé à Stuttgart.

Les Africains espéraient chez lui untropismenaturel, il a assuré le serviceminimum.Entroisansetdemideprési-dence,BarackObama, filsd’unKényanetd’uneAméricaine,nes’estrenduquedeux fois sur le continent : au Caire

en juin 2009 pour une ode au monde arabe; et àAccra, unmois plus tard, pour vanter démocratieet bonne gouvernance. Et puis plus rien, hormisla réception ponctuelle de quelques chefs d’Étatenquête dephotos-souvenirà laMaisonBlancheet de leaders de la société civile pour les 50 ansdes indépendances africaines. Les États-Unis sedésintéresseraient-ils de l’Afrique?Non, bien sûr.Le continent n’est certes pas au cœur des priori-tés de leur politique étrangère, mais il constitueune zone d’intérêt croissant oùHillary Clinton, lasecrétaire d’État, a effectué plusieurs tournées. ÀWashington, les dossiers africains sont suivis parle département d’État (à savoir Johnnie Carson,secrétaire d’État adjoint du bureau des Affairesafricaines, Jeffrey Feltman, son homologue pourle Proche-Orient et l’Afrique du Nord, et SusanRice, l’ambassadriceà l’ONU), leConseil nationalde sécurité, le Pentagone et la CIA.

Surprise par le Printemps arabe, la MaisonBlancheafiniparépousersacauseenfavorisant leschangementsderégimeenÉgypteetenLibye.Elleainvesti500millionsdedollars(386millionsd’euros)

La nouvelleLa nouvellefrontièrefrontièreafricaineafricaine

PASCAL AIRAULT

De grands espoirs en petits progrès, la politique américaine sur le continent n’aguère évolué sous le premier mandat de Barack Obama. Mais les changements

intervenus après les révolutions arabes et les perspectives de croissance dans laplupart des pays incitent Washington à réviser ses objectifs.

AMBITIONS

!GAGE DE SON SOUTIEN

AUX BONS ÉLÈVES, LE CHEF

D’ÉTAT AMÉRICAIN

A REÇU (de g. à dr.)Mahamadou

Issoufou, BoniYayi,Alpha Condé et

Alassane DramaneOuattara

le 29 juillet 2011.

Lesprogrammesqui renforcentla démocratieet la bonnegouvernancerestent despriorités.

No 2683 • DU 10 AU 16 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

Le Plus deJeune Afrique

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à privilégier le financement des programmes quirenforcent la démocratie, la bonne gouvernanceet la primauté du droit, et de promouvoir la par-ticipation des femmes et de la société civile », aexpliqué Johnnie Carson devant la Commissiondes affaires étrangères du Sénat, le 18 avril der-nier. Régulièrement,Washington adresse bons etmauvais points. Le président américain a reçu le29 juillet 2011 ses homologues Boni Yayi (Bénin),Mahamadou Issoufou (Niger), AlassaneOuattara(Côte d’Ivoire) et Alpha Condé (Guinée). « Touscesdirigeants ontétéélus lorsd’élections libres etjustes», a-t-il justifié.Cetteannée, l’administrationaméricaineaappelé leprésidentWadeà respecterles institutions et le verdict des urnes. Carson adéploréque laprésidentielle camerounaiseaitétéentachéed’irrégularités.Unefaçondejustifier l’aideaméricaineà l’émergencedesociétéscivilesdyna-miques,seulsvéritablescontre-pouvoirsderégimesjugés autocratiques. Onze présidents règnent enAfriquedepuisplusdequinzeans.C’estvisiblementtroppourWashington,quipréconise la limitationde la durée desmandats. ●

Presque20%desapprovisionnementspétroliersaméricains proviennent d’Afrique, où les majorstexanessonttrès implantées(Algérie,Libye,Nigeria,Angola, Guinée équatoriale…). Une part qui n’acessé de progresser depuis dix ans et qui a dopéles importations des États-Unis, pour atteindre74,2 milliards de dollars en 2011. Les exporta-tions vers le continent, quant à elles, sont passéesde 7 milliards de dollars en 2001 à 21 milliardsde dollars en 2011. « L’Afrique est un marché enpleine expansion », rappelle Johnnie Carson, quia emmené en février 2012 les grands groupes(Anadarko Petroleum Corporation, Chevron,General Electric, Caterpillar…) en prospectiondansquatrepays (Mozambique,Nigeria,Tanzanie,Ghana).«Dans lesdixàquinzeprochainesannées,lecontinentvaconnaîtreunessordelaconstructiond’infrastructures –énergie, routes, ports, cheminsde fer. C’est important pour nos entreprises d’yparticiper»,préciseNilsTcheyan,directeurAfriquede General Electric.

Pourlereste, ladoctrineaméricainen’apasévoluédepuisBillClinton.«Nousprévoyonsdecontinuer

PHILIP

SCOTT

ANDREW

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ENEW

YORKTIMES

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EA

14-15WashingtonForum Agoa(African Growth

andOpportunity Act)

21-22Cincinnati, OhioConférencesd’affairesÉtats-Unis/

Afrique – Centresur le commerce,les infrastructures

et l’énergie

2012JUINJUIN

61

JEUNE AFRIQUE No 2683 • DU 10 AU 16 JUIN 2012

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«Q uand il nous a reçus, leprésident Obama nous adit qu’il voulait bâtir lesrelations des États-Unis

avec l’Afrique sur une base transparenteà travers lesagenceset institutionsaméri-caines,plutôtquedefaire jouer lesréseauxpersonnels», se souvientGondeuLadiba.Cetuniversitairede33ansa faitpartiedes«cent jeunes leadersafricains» invitésà laMaisonBlancheenaoût2010. Ilsn’étaientpas là pour leur connaissance des États-Unis, mais pour leur engagement local.UnerencontrevoulueparBarackObamapourmarquer lerenouvellementdes liensentre la première puissancemondiale et

l’Afrique subsaharienne. De fait, BarackObama n’a guère fait jouer son propreréseau, privilégiant l’action des ambas-sades.Encinqansdemandat, il ne s’y estrendu officiellement qu’à deux reprises.

AusudduSahara, JohnAttaMills est leseul chef d’État africain à avoir reçuchezlui, auGhana, le président américain, enraisonde sa bonne gouvernance. Peudeleadersafricainsont eu leprivilèged’uneréceptionofficielle.SymbolespourObamad’unealternancedémocratiquesalutaire,l’Ivoirien Alassane Dramane Ouattara,le Nigérien Mahamadou Issoufou, leGuinéenAlphaCondéet leBéninoisBoniYayi ont été reçus à la Maison Blanche

en juillet 2011. Toutefois, le présidentaméricain n’avait pas négligé les intérêtséconomiquesde sonpays enaccueillantauparavant,enjuin,deuxdirigeantsd’Étatspétroliers, leGabonaisAliBongoOndimbaet leNigérianGoodluckJonathan.Quantàla favoritede l’administrationaméricaine,la présidente libérienne Ellen Johnson-Sirleaf, elle avait été reçue en mai 2010.La dame de fer africaine, diplômée deHarvardetPrixNobelde lapaix, est aussila seule à avoir eu l’honneur de recevoirà deux reprises la secrétaire d’État amé-ricaine Hillary Clinton, à Monrovia, enaoût 2009 et en janvier 2012, juste aprèssa réélection.

OBSERVATION. Au Maghreb, depuisles soulèvements du printemps 2011,les Américains doivent composer avecde nouvelles équipes. Certes, BarackObama a rencontré Béji Caïd Essebsi enoctobre 2011, alors que ce dernier étaitPremierministrede transitionenTunisie.Mais iln’aencorevuaucundesnouveauxdirigeants pour l’instant. Sa secrétaired’État a toutefois effectué cinq voyagesen Afrique du Nord, dont deux dans laTunisie postrévolutionnaire.

En février dernier, Hillary Clinton a pus’entreteniraveclesnouveauxleaderstuni-siens,dont leprésident,MoncefMarzouki,ainsi qu’avec les représentants de la jeu-nesse et des associations féminines. Elleest ensuite passée brièvement à Alger,pouréchangeravecleprésident,AbdelazizBouteflika,mais aussi avec desmembresde la société civile, marquant ainsi savolontédevarier les interlocuteurs.Enfin,au Maroc, où elle a inauguré la nouvelleambassade américaine de Rabat, elle aété reçuepar l’ancienministredesAffairesétrangères Taïeb Fassi Fihri, vieil habituéde Washington. Mohammed VI, attentifaux relations avec l’Amérique, était alorsjustementenvisiteprivéeauxÉtats-Unis.●CHRISTOPHE LE BEC et NICOLAS TEISSERENC

DIPLOMATIE

Washington peut vraimentmieux faireMalgré ses racines, l’hôte de la Maison Blanche n’a pasprivilégié les chefs d’État du continent dans ses rencontres.

JASO

NREE

D/R

EUTE

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! HILLARY CLINTON ET MONCEF MARZOUKI, le 25 février à Carthage.

BARACK OBAMAAVAITTENTÉ de limiter leur influenceen arrivant à la Maison Blanche. En vain. Les lobbyistesrestent omniprésents. Ils étaient 12600 en 2011, selon leCenter for Responsive Politics. Informelle en Afrique, c’estau contraire une activité légale aux États-Unis. Le premieramendement à la Constitution reconnaît à chacun le droitde représenter ses intérêts en adressant des pétitions augouvernement. Pour plus de transparence, les lobbyistesdoivent depuis 2006 fournir le détail de leurs activités auCongrès, qui les publie sur internet.

Les dépenses américaines en la matière ontaugmenté de plus de 1 milliard de dollars (804 millionsd’euros) entre 2001 et 2011 pour s’établir à 3,32 milliardsde dollars. Les pays africains, quant à eux, ont investi150 millions de dollars environ sur la mêmepériode, révèle le cabinet GwethMarshall Consulting.Les États pétroliers comme le Nigeria, l’Angolaou le Gabon sont les plus prompts à investir. Du côtédes francophones, le Sénégal, le Cameroun et le BurkinaFaso arrivent en tête. ● AZIZA ALBOU TRAORÉ

DE SI COÛTEUSES RELATIONS

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No 2683 • DU 10 AU 16 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

Le Plus de J.A. États-Unis -Afrique

Page 9: JA 2683 DU 10 AU 16 JUIN 2012

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E nAfrique, l’aide américaine audéveloppement a considéra-blement augmenté. Entre 2006et 2009, elle est passée de

2,1 milliards à 8,2 milliards de dollars(de 1,6 milliard à 5,7 milliards d’euros).Toutefois,crisefinancièremondialeoblige,elle a enregistré un tassement en 2010, à8,1milliardsdedollars,etunenettebaisseen 2011, à 6,9 milliards de dollars. Cettesituation complique la réalisation desgrands objectifs américains sur le conti-nent,à savoir la luttecontre lesépidémies(paludisme et virus du sida), qui repré-senteenviron50%de l’aideglobaleamé-ricaine, le combat contre le changementclimatique et les efforts pour la sécuritéalimentaire liésà lanouvelle initiativedel’administrationObama,Feed theFuture.

Un domaine stratégique a néanmoinsété épargné par les coupes budgétaires,celuide lacoopérationéconomiqueetdel’aideaudéveloppementdusecteurprivéafricain.Découlantduprincipe « le com-merce plutôt que l’aide », cette politique

a connu une évolution remarquable cesdix dernières années.

Premier pas, le lancement en 2000 del’African Growth and Opportunity Act(Agoa, loi sur la croissance et les oppor-tunités économiques enAfrique). PierreangulairedesrelationséconomiquesentrelesÉtats-Unis et le continent, il supprimelesdroitsdedouanesurplusde6400pro-duits en provenance de pays africainséligibles, c’est-à-dire adhérant aux règlesde bonne gouvernance.

Quarantepayssubsahariensenbénéfi-cientaujourd’hui, l’administrationObamaayant rétabli leNiger, laGuinéeet laCôted’Ivoire en octobre 2011. L’Agoa est unsuccès relatif. Point positif, le volumeglobal des échanges entre les États-Uniset l’Afrique subsaharienne est passé de

27 milliards de dollars en 2001 à 95 mil-liards en 2011 (91milliards pour les paysde l’Agoa).

Reste que les produits pétroliersreprésentaient en 2011 plus de 90 % des74,2 milliards de dollars d’importationsafricaines aux États-Unis, proportion àpeuprèsconstantesur ladécennie.Quantaux21milliardsdedollarsd’exportationsaméricaines vers l’Afrique (machines-outils, véhicules…), ils se concentrentsur quatre marchés : l’Afrique du Sud, leNigeria, leGhanaet l’Angola.Defait, l’Agoan’a pas freiné l’essor de la Chine, qui estdevenue, en 2008, le premier partenairecommercial de l’Afrique.

BISBILLES. De l’avis de tous les acteursconcernés, l’urgence aujourd’hui est derenforcer lesecteurproductifafricain,afindediversifier lesexportationsducontinent

auxÉtats-Unis.Ceseranotam-ment l’objetdu11e forumAgoa,qui se tient les 14 et 15 juin àWashington. Avec un dossierurgent en suspens: la disposi-tionsur l’ouverturedumarché

américain aux fabricants de vêtementsafricainsutilisantdesmatièrespremièresen provenance d’autres pays. Expirant le30 septembre 2012, la prorogation parle Congrès de cette disposition est loind’êtreacquise, enraisondebisbillesentrerépublicains et démocrates.

COOPÉRATION ÉCONOMIQUE

La force des grandsprogrammesGrâce à des mesures de soutien très ciblées, l’Agoaet le Millennium Challenge Corporation doivent servirles échanges entre les États-Unis et le continent. La nécessitéétant de renforcer le fragile secteur productif africain.

! LESASIATIQUES AURAIENT

DÉJÀ FAIT PERDRE 35 % de leurscommandes aux fabricants africains.

Le MCC, qui existe depuis 2004,est doté d’un budget annuelde 1 milliard de dollars.

PER

-ANDER

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/AFP

No 2683 • DU 10 AU 16 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

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L esinvestisseursinternationauxontles yeux braqués sur le continent.Et pour cause, neuf des quinze

pays ayant enregistré le plus fort taux decroissancecescinqdernièresannéessontafricains. Le total des investissementsdirects étrangers en Afrique est passéde 11 milliards de dollars (8,8 milliardsd’euros) en 2000 à 55 milliards de dol-lars en 2010, et serait en léger recul à54,4 milliards de dollars en 2011. Lesinvestissements américains occupent lapremière place avec près de 20 milliardsde dollars en 2008.

Dans ce contexte, les fonds d’investis-sement américains s’intéressent de plusen plus au continent. Le géant améri-cain du capital-investissement Carlylea ainsi annoncé en 2011 la levée d’unpremierfondsconsacréàl’Afrique,d’unevaleur d’environ 500 millions de dollars.D’autres acteurs majeurs, comme lesgroupes Blackstone et Warburg Pincus,sont aussi présents à travers des sociétés

d’extraction de pétrole offshore, commeau Cameroun (via la Kosmos Energy).Mais face à la Chine, les États-Unisreculent. Ils seraient passés du premierau troisième rang des investisseurs enAfrique du Sud, s’alarme Stephen Hayes,du Corporate Council on Africa, quiœuvreaurenforcementdesrelationséco-nomiques entre la première puissancemondiale et le continent. Un coup depouce a été donné, en 2007, avec le lan-cement de fonds spécialisés sur l’Afriquegérés par l’Overseas Private InvestmentCorporation (Opic), l’agence américainede promotion des investissements, quivise à garantir ceux-ci tout en renfor-çant les marchés financiers en Afrique.Selon Richard A. Akwei, qui dirige l’und’entre eux, l’Africa Catalyst Fund, « lesAméricains prennent conscience seu-lement maintenant des possibilitésd’investissement en Afrique ». l J.-E.B.

Mieux vaut tard que jamaisLa première puissance mondiale commence enfin à s’intéresserau potentiel économique local. Des fonds d’investissementsont lancés, mais la Chine a déjà une bonne longueur d’avance.

Selon les estimations, 300 000 emploisseraient menacés en Afrique. D’aprèsl’African Coalition for Trade, qui repré-sente les exportateurs de neuf pays Agoa,les fabricants de textile africains auraientdéjà perdu 35 % de leurs commandes auprofit de concurrents asiatiques. Mais uneautre menaceplane, celle de l’extension duprincipe de l’Agoa – qui expire en 2015 – àl’ensemble des pays les moins développés,y compris asiatiques, très compétitifs surle marché du textile.

Également essentiel dans la politiquede coopération économique entre lesÉtats-Unis et l’Afrique, le MillenniumChallenge Corporation (MCC) existedepuis 2004. Cette agence est dotée d’unbudget annuel de près de 1 milliard dedollars. Elle a pour mission de réduire lapauvreté dans le monde par la promotionde la croissance économique. À cette fin,le MCC met des sommes importantes à ladisposition de pays triés sur le volet, pourunepériodedecinqannées,enfonctiondedix-sept indicateurs qui vont du niveau deliberté à la bonne gouvernance politiqueet économique, en passant par l’ampleurde la corruption. Le MCC a récemmentsuspendu ses opérations avec le Mali etle Malawi.

Efficacité.Autre particularité, les Étatsdoivent présenter leurs propres projetsd’investissement, rigoureusement évaluéspar le MCC. Aujourd’hui, onze nationssubsahariennes bénéficient de ces pro-grammes (dits compacts) qui servent engénéral au renforcement de leurs infras-tructures (aéroport de Bamako, port deCotonou…). À titre d’exemple, le Ghanareçoit 547 millions de dollars sur cinq ans,dont une partie servira à la rénovation deson réseau autoroutier.

Selon Todd Moss, du Center forGlobal Development, think-tank basé àWashington, la création du MCC a « pro-fondémentrénovélesdébatssurl’efficacitéde l’aide au développement. C’est devenuun modèle ». Mais « on ne coopèrequ’avec les pays qui ont les meilleursindicateurs », ajoute-t-il. S’appuyantsur l’approche du MCC – sélectivité,transparence, appropriation nationale –,l’administration Obama a récemmentlancé le Partnership for Growth, une initia-tivequiaccroît lacoopérationéconomiqueavec quatre pays, dont deux africains: leshabituels bons élèves que sont le Ghanaet la Tanzanie. l

JEan-éric BouLin, à New York

source:

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redu

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TROIS PREMIERS POSTESD’EXPORTATIONS AMÉRICAINES

VERS L’AFRIQUESUBSAHARIENNE

(en milliards de dollars)

IMPORTATIONSVENUES D’AFRIQUE SUBSAHARIENNE(en milliards de dollars)

2008

2009

2010

2011

2,54,18,4

1,92,55,3

1,82,14,9

1,72,96,7

72,1

7,2

3,8

2

1,5

1,7

2,7

5,7

8,1

37,6

71,7

51,2

17,92002

MPORTATIONS AMÉRICAINESAMÉRICAINES’A

62002

21,22011

88,82008

ÉVOLUTIONDESÉCHANGESENTRE LESÉTATS-UNISET LE

CONTINENT(en milliardsde dollars)ImportsaméricainsExportsaméricains

Des échangesqui s’intensifient

jeune afrique no 2683 • du 10 au 16 juin 2012

Good morning Africa! 65

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P ersonnage incontournable dela vie politique américaine,CharlesB.Rangel, 82ans, repré-sente depuis 1970 les quartiers

dunorddeManhattan,dontHarlem,à laChambredes représentants.Controversé,le démocrate a failli être déchu de sonmandat en 2010 pour manquementsà l’éthique. Il est par ailleurs l’un desparlementaires les plus engagés dans lerenforcement des liens avec l’Afrique.

JEUNEAFRIQUE:L’administrationObamas’intéresse-t-elle suffisamment au déve-loppement de l’Afrique?

CHARLES B. RANGEL: C’est l’une despriorités de sa politique étrangère. Lavisite de Barack Obama au Ghana en2009 en atteste, tout comme ses engage-ments en faveur du Pepfar [programmede luttecontre lesida lancéparGeorgeW.Bush,NDLR]et, depuismaidernier, de laNouvelleAlliancepour lasécuritéalimen-taire et la nutrition du G8. Le présidentdevrait désormais consacrer plus de res-sourcesaurenforcementdenotreprésencecommercialeenAfrique,notamment face

à lapolitiqued’investissement sans foiniloi de la Chine sur le continent.

La Chine est-elle une menace pour lesintérêts américains?

Les investissementschinoisenAfriquesont extrêmement préoccupants. Lesentreprisesd’État chinoisesnerespectentaucune norme environnementale ousociale. Leurs activités d’extraction dematièrespremières contribuentà la des-truction des écosystèmes. Leurs inves-

tissements sans conditions sapent aussiles efforts de transparence, de bonnegouvernance et de gestion sainedes res-sources naturelles en Afrique.

Quel bilan tirez-vous de l’AfricanGrowthand Opportunity Act (Agoa)?

C’est un succès et unmodèle de coo-pérationéconomique.Grâceà l’Agoa, lesentreprises africaines ont amélioré leurcompétitivité enproposant des produitsà plus haute valeur ajoutée. Les gou-vernements et le secteur privé africainsont aussi accru leur coopération pourrenforcer les infrastructures et éliminerla paperasserie. Le Congrès doit main-tenant pérenniser l’Agoa en prorogeantcertaines dispositions clés, commecellesur les tissus enprovenancedepays tiers(lire pp. 64-65).

Êtes-vous optimiste à ce sujet?CelavafaireunanquemoncollègueJim

McDermott etmoi-même avons soumisà laChambredes représentantsunprojetde loiquivadanscesens.Nousproposonsaussid’inclure leSoudanduSuddans lespays bénéficiaires de l’Agoa. Le Congrèsne l’apas encoreadoptéet c’est vraimentdommage.Ilneluiresteplusquequelquessemainespouragir. Je ferai tout cequi esten mon pouvoir pour convaincre mescollègues d’avancer sur ce dossier.

Les projets de loi visant à étendre lesbénéficesde l’Agoaàdespaysasiatiquestrès compétitifs comme le Bangladeshou les Philippines vous préoccupent-ils?

Les croissances économiques del’Afrique et des pays asiatiques les pluspauvres ne s’excluent pas. Néanmoins,ces projets doivent faire l’objet d’uneévaluation rigoureuse afin de réduire

les risques de détournement de com-merceaudétrimentde l’Afrique.Ceseraitregrettable,àunmomentoù leséchangeséconomiques entre nos deux régions,notamment dans le secteur du textile,ne font que se renforcer. ●

Propos recueillis par JEAN-ÉRIC BOULIN

POLITIQUE

Charles B. Rangel« Le développement du continent estl’une des priorités de Barack Obama »

MARIO

TAMA/G

ETTY

IMAGES

/AFP

!ÂGÉ DE 82 ANS,le démocrate

siège à laChambre desreprésentantsdepuis 1970.

Les entreprises africaines ont amélioréleur compétitivité en proposant des produitsà plus haute valeur ajoutée.

S’il se félicite des résultats de l’Agoa, le parlementaire new-yorkais, particulièrement engagé dans le renforcement des liensavec l’Afrique, s’inquiète de l’offensive du concurrent chinois…

No 2683 • DU 10 AU 16 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

66 Le Plus de J.A. États-Unis -Afrique

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CONTOURGLOBAL dont le siège est à New York, s’est donnéepourmission de constituer uneproduction électrique indépendantedans les marchés à forte croissance et/ou souffrant de pénurieclassique, en priorité en Afrique.

En coopération étroite avec les autorités locales, la sociétédéveloppe des solutions sur mesure, de long terme, et en assurele financement avec des institutions américaines, européenneset africaines de premier rang. CONTOURGLOBAL exploite lescentrales qu’elle construit, assurant des performances d’efficacitéet de disponibilité au meilleur niveau mondial pour leur durée devie.

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®

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PORTRAITS

Personnes d’influenceQu’ils se mobilisent au nom de la Maison Blanche ou de leurs propres convictions, depuis longtempsou récemment, ces Américains jouent un rôle déterminant dans la vie du continent.

NOORKHAMIS/R

EUTE

RS

Jeffrey FeltmanCelui qui comprenait l’Orient

A rabophone et diplomate de carrière, Jeffrey Feltman a été nommé en2009 auposte stratégiquede sous-secrétaire d’État américain chargédesaffaires du Proche-Orient, qui inclut l’Afrique du Nord. Ce familier du

monde arabe et de ses soubresauts était consul à Jérusalempendant la secondeIntifada en 2002, représentant américain auKurdistan irakien en 2004 et ambas-sadeur au Liban en 2005 lorsque les troupes syriennes, sous la pression de la

rue, desÉtats-Unis et de la France, ont dûévacuerle pays. Les révolutions de 2011 ont éprouvé son

senspolitique,etWashingtonasusoutenirlesmouvements démocratiques pluspromptement et plus clairementque Paris. « Ces changementsont redéfini notre approchede la région, et il n’y aura pasde retour en arrière », a-t-ildéclaré le 10 mai dernier. Ildevrait être prochainementnommé à un poste éminent

au sein de l’Organisation desNations unies. ●

LAURENT DE SAINT PÉRIER

Michael A. BattleLa voix de l’Amérique à Addis-Abeba

R ien ne le destinait à épouser une carrière diplomatique. Jusqu’en sep-tembre 2009, Michael A. Battle assurait la présidence du Centre inter-confessionnel de théologie à Atlanta, en Géorgie, après avoir occupé

différents postes à responsabilités dans les universités américaines.Mais BarackObamaavoulu faire de ceproche, finpédagogue et bonconnaisseur de l’Afrique,son ambassadeur auprès de l’Unionafricaine. Il doit expliquer lapolitiqueaméricaine et renforcer la coopéra-tion entre son pays et l’organisationpanafricaine. Son engagement surles questions africaines remonte audébut des années 1990. Entre 1994et 1998, il anotamment servi commevice-président duComité américainsur l’Afrique. En 1994, il a aussi par-ticipé en tant qu’observateur à lapremièreélection libre enAfriqueduSud. On doit à cet ancien aumôniermilitaire de réserve de nombreuxouvrages, notamment sur les Afro-Américains, l’Église noire et MartinLuther King. ● PASCAL AIRAULT

Johnnie Carson« Monsieur Afrique »

C’est le « Monsieur Afrique »de l’administration Obama.Johnnie Carson, 69 ans, secré-

taire d’État adjoint chargé des Affairesafricaines, a passé la majeure partie deses trente-sept années de carrière dediplomate sur le continent. La premièreaffectationde cenatif d’unquartier noirpauvre de Chicago a été le Nigeria, oùil a débarqué en 1969, en pleine guerreduBiafra. Il a ensuite occupédes postesau Mozambique, au Botswana et enOuganda, avant d’être nommé ambas-sadeur au Zimbabwe de 1995 à 1997,puis au Kenya de 1999 à 2003.

Il n’a jamais été enposte dansunpaysafricain francophone. Lorsqu’il eut lechoix entre le Sénégal et leMozambique,il préféra ce dernier, en 1975 – année del’indépendance –, pour assister, dit-il,à l’Histoire en train de se faire. Celuiqui est aujourd’hui chargé demettre enœuvre lapolitiqueafricaineduprésidentObama explique ainsi son goût précocepour l’Afrique : « J’ai choisi la région dumonde où j’avais le sentiment d’être leplus utile. » ● JEAN-ÉRIC BOULIN

ESAM

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TORI/REU

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DR

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No 2683 • DU 10 AU 16 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

Le Plus de J.A. États-Unis -Afrique

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Bill et Melinda Gates De bons samaritains?

D epuis qu’ils ont créé leur fonda-tion,en2000,BilletMelindaGatessillonnent l’Afrique.Aucoursdes

derniers mois, le couple de Seattle, quicompte mettre 90 % de sa fortune (esti-méeen2012à61milliardsdedollars, soitprèsde49milliardsd’euros)àdispositionde sesœuvres caritatives, s’est rendu auGhana,enÉthiopie,enTanzanie,auKenyaet en Afrique du Sud. Sur les quelque3 milliards de dollars distribués chaqueannéepar leur structure,prèsde lamoitiébénéficie aucontinent. Parmi sesprojetsemblématiques, lesoutienà l’AlliancepourunerévolutionverteenAfriqueoulamiseau point d’un vaccin contre lamalaria.

Chacundesdeuxépouxaffichesesprio-rités.Bill s’impliquedans lesquestionsdesantéetd’agriculture,qu’il jugeprioritaires.Le fondateurdeMicrosoft, qui aquitté laprésidence du groupe voici quatre ans,metenavantune logiquederésultat.Pourtout « investissement » dans un projet, ilveut pouvoir mesurer le nombre de vies

sauvées, le pouvoir d’achat généréou lesemplois créés.

Melinda, originaire du Texas, seconcentre sur les projets destinés auxfemmes,notammentceuxen faveurde lacontraception.C’est enRDCongoqu’elles’est renducomptedeleurnécessité, aprèsavoir constaté de nombreuses inégalitésentre les deux sexes. Moins scientifiquequesonmari, elleaimediscuter sur le ter-rainavec lesbénéficiairesde la fondationpour vérifier que ses actions répondentréellement aux besoins.

Reste que les époux sont parfois criti-qués.Le fondsdépositairede leur fortune,d’oùproviennentlesfinancementsdeleursprojets humanitaires, détient des partsdansdesmultinationalesdont lesactionssur le continent sont dénoncées par desONG, comme la compagnie pétrolièreShell (poursapollutiondudeltaduNiger)oulegéantagronomiqueMonsanto(pourson utilisation d’OGM). ●

CHRISTOPHE LE BECPET

ERMACDIARMID/A

FP

Sous le leadership de Son Excellence Alassane Ouattara, Président de laRépublique de Côte d’Ivoire, et Président en exercice de la Conférence desChefs d’État et de Gouvernement des États membres de la CEDEAO, laCôte d’Ivoire est de retour et renforce sa position de partenaire privilégié.

Lors du Forum annuel AGOA de Coopération Économique et Commerciale entre les USA et l’Afrique, prévu du14 au 20 juin 2012, Son Excellence Monsieur Jeannot Kouadio Ahoussou, Premier Ministre de la République de Côted’Ivoire dirigera une forte délégation composée de Son Excellence Monsieur Moussa Dosso, Ministre d’État, Ministrede l’Industrie, de Son Excellence Monsieur Dagobert Banzio, Ministre du Commerce, de représentants du secteur publicet du secteur privé pour consacrer le retour de la Côte d’Ivoire dans l’environnement institutionnel de l’AGOA. Cetteoccasion sera une opportunité unique pour promouvoir les projets d’infrastructures (routes, voies ferrées, mines, pétroleet énergie, hydrauliques, construction et transport). Deux événements majeurs :

u Lundi 18 juin 2012 : ‘’Doing Business in Côte d’Ivoire’’, avec un panel gouvernemental, thème « C’est le momentd’investir dans les projets d’infrastructures en Côte d’Ivoire », puis un panel d’experts qui interviendront sur les projetsd’infrastructure spécifiques, lors des sessions secteur privé du Forum AGOA en partenariat avec le Corporate Council on Africa.

u Mardi 19 juin 2012 : ‘’Côte d’Ivoire Global Networking Event’’, dans les locaux de l’Ambassade de la Côte d’Ivoire auxWashington D.C., un événementiel incluant à la fois les contacts d’affaires, l’aspect culturel et artistique, le culinaire et la mode.

POUR PLUS D’INFORMATIONS,CONTACTEZ:

WASHINGTON D.C. :Ambassade deCôte d’Ivoire aux USATél.: (202) 797 0300

ABIDJAN :APEX-CITél.: (011) 225 20 30 25 30E-mail : [email protected]

CÔTE D’IVOIRE: THE TIME IS NOW!

CÔTE D’IVOIRE :LE GRAND RETOUR

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69Good morning Africa!

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JeffreyWright Loin des projecteurs

L’acteur noir américain Jeffrey Wright, lauréat d’un Golden Globe et d’unEmmyAward, s’est intéresséà la SierraLeoneen2001. Laguerre fratricide,quiya faitentre100000et200000victimes, touchaitalorsàsa fin.«Lorsd’un

tournage auMozambique, j’ai rencontré un Sierra-Léonais quim’a invité à venir.À l’époque, on n’associait pas la souffrance des enfants sierra-léonais impliquésdans la lutte pour le contrôle des diamants à la forte demande pour ces mêmespierres précieuses auxÉtats-Unis, dans lemilieu duhip-hopnotamment. Ce lien

m’a frappéet j’ai euenviedem’impliquer »,expliquait-il en 2011. Tombé amoureuxdu pays lors de ce voyage, l’interprète dela série Angels in America, qui s’est aussifait un nom dans les deux derniers JamesBondet dans les filmsSyriana etBasquiat,s’est mobilisé. En 2003, il a fondé avec legénéral LarryGilespie, retraitéde l’arméeaméricaine, la petite compagnie minièreTaia, qui entend exploiter les gisementsd’or sierra-léonaisdemanière socialementresponsable.ProcheduprésidentErnestBaiKoroma, il intervient régulièrement dansles médias américains pour promouvoirl’image de la Sierra Leone. ●

CHRISTOPHE LE BEC

RosaWhitakerAfro-optimisteconvaincue

M ieux que quiconque àWashington, Rosa Whitakera conscience du potentiel de

l’Afrique, dont elle est depuis plus dedixansune infatigablepromotrice.Premièrepersonne à occuper le poste de repré-sentant adjoint au commerce extérieurchargéde l’Afrique subsaharienne, sousBill Clinton, elle a été l’artisan de la loisur la croissance et les opportunitéséco-nomiques en Afrique (Agoa). Laquellefavorise depuis 2000 les exportations etles investissements américains desti-nés au continent. En 2003, elle a quittél’administrationpour fonder leWhitakerGroup, société de conseil spécialiséedans le commerce et l’investissement enAfriquedont les servicesontdéjàpermisd’y drainer plus de 2milliards dedollars(1,6milliardd’euros). Sonactionpositiven’a pas échappé au magazine ForeignPolicy.En2010, laprestigieuserevueamé-ricaine l’a classée parmi « les centmeil-

leurs penseurs globaux »pour avoir contribuéau développementdes échanges éco-nomiques avec lecontinent. ●

LAURENT DE

SAINT PÉRIER

Carter F. Ham Général quatre étoiles

À 60ans, legénéralCarterF.Hamestunestarde l’arméeaméricaine.CenatifdeCleveland a en effet gravi tous les échelons, devenant général quatreétoiles trente-huit ans après y être entré comme simple parachutiste.

Bien noté par ses supérieurs, il a occupé plusieurs postes, dont celui deconseiller auprès de la garde nationale d’Arabie saoudite. Avant de prendre latête d’Africom, le Commandement militaire américain pour l’Afrique, basé àStuttgart, en Allemagne, il dirigeait les forces alliées en Europe.

Fait remarquable pour un haut gradémilitaire, Ham n’est pas un taiseux. En2004, de retour d’une mission meurtrière en Irak, il avait confié avoir consultéun psychiatre. Alorsmêmeque l’armée américaine cherche àminimiser les casde stress post-traumatique parmi les soldats revenant d’Irak et d’Afghanistan.Ham a également joué un rôle de premier plan en 2011 dans l’abrogation de lapratique « don’t ask, don’t tell »,qui interdisait l’enrôlement d’homosexuels dansl’armée américaine. ● JEAN-ÉRIC BOULIN

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70 Le Plus de J.A. États-Unis -Afrique

No 2683 • DU 10 AU 16 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

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Vous nous trouverez presque partout.Chaque jour, les collaborateurs de Cummins lancent de nouveaux projets. Parce que

l’innovation est la pierre angulaire de notre stratégie, nous avons créé un environnement

de travail qui favorise la créativité et les échanges. Et cela est vrai même à l’extérieur de

nos bureaux.

Voilà pourquoi les esprits les plus brillants et les plus inventifs choisissent de faire carrière

chez nous. Découvrez, vous aussi, comment nous bâtissons notre succès, respectons nos

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Page 18: JA 2683 DU 10 AU 16 JUIN 2012

Q UAND JE SUIS ARRIVÉ au CorporateCouncil on Africa en tant que numérodeux, des responsables d’entreprisesaméricainesm’avaient laissé entendre

que ce serait une perte de temps que de vouloirfaire des affaires avec l’Afrique francophone.« Les Français font tout pourmettre les sociétésaméricaines à distance », me disait-on. Lesplaintes étaient nombreuses. Elles portaientsur la corruption, le contrôle exercé par lesFrançais sur des ministres importants et, bienentendu, sur la barrière linguistique. « Je neparle pas français », ajoutait-on.

Dans le même temps, le président Chiracconsidérait lesAméricains comme des « pleur-nichards » ou, du moins, c’est ce que nouspensions. Comme il l’avait dit en français, nousn’en étions pas vraiment sûrs.

Il y avait probablement un fond de véritédans ce que rapportaient les entreprises. Dèsqu’il s’agissait d’un pays francophone, noustrouvions tout un tas de raisons pour ne pasnous lancer. La présence des Français étaitsynonyme de corrup-tion. L’Afrique étaitdéjà un défi consé-quent sans compterles Français.

Néanmoins,quelquesAméricainsont réussi dans les affaires en Afrique franco-phone. Nous ne les avons jamais pris enexemple, mais plutôt considérés comme desexceptions, voire comme des corrompus. Etpuis, il y avait toujours cette satanée languefrançaise à apprendre.

Alors nous avons laissé cette partie ducontinent aux Français. Dumoins, c’est ce quenous avons cru.Très vite, il est arrivé des chosesétranges. L’Afrique francophone a vu apparaîtredes acteurs non français. Chinois, arabes,indiens, israéliens et de bien d’autres nationa-lités encore… Je me suis dit alors que le pré-sident Chirac en savait plus sur nous que nousne le pensions : nous étions bien des pleurni-chards quand il s’agissait de commercer avecl’Afrique francophone.

La question de l’or noir a alors fait son appa-rition. Et avec elle les compagnies pétrolièresaméricaines. Lorsque l’Afrique de l’Ouest, engrande partie francophone, s’est retrouvée sur

le devant de la scène, les seigneurs du pétroleont débarqué.Tout à coup, il a semblé possiblede parler affaires avec l’Afrique francophone.

Dans le secteur des nouvelles technologiesde l’information et de la communication, Oraclese fait une place. Une fois que l’Amériquedécouvre un marché, la barrière linguistiquen’est plus tout à fait un obstacle.

Mais la langue a encore un impact sur lesaffaires, aussi cherchons-nous des locuteursfrancophones pour nous représenter. DesAméricains apprennentmême le français.Autresdéfis : comprendre les systèmes juridiqueslocaux, les différentes cultures… et bâtir desrelations avant de conclure un marché.

Les temps changent. Les pionniers amé-ricains en Afrique francophone ont travaillédur pour y parvenir. Un peu lents à la détentepour comprendre l’Afrique francophone, ilscommencent à y entrer de la bonne manière.Tardivement, c’est vrai. Néanmoins, le marchése développe àmesure que les infrastructures

s’améliorent. Nousdevrions être reconnaissantsvis-à-vis des Chinois et des autres acteurs quiles ont construites.

Toutefois, il reste du pain sur la planche. Pourque les grandes entreprises américaines, endehors du secteur pétrolier, s’engagent davan-tage, il est indispensable de mettre en œuvreune régionalisation et une harmonisation dessystèmes. Une fois cela fait, l’Afrique de l’Ouestsera unmarché bien plus intéressant. L’Afriquea encore beaucoup à faire, mais nous com-mençons à comprendre que nous avons nous-mêmes créé des obstacles, dont certains sontdirectement liés à nos craintes, notre mécon-naissance et notre arrogance. Une fois quenous aurons vraiment surmonté nos peurs,nous serons enmesure de nous imposer. Nousavons beaucoup à entreprendre dans notrepropre pays si nous voulons vraiment nousinvestir sur le continent. Mais je suis sûr queles Américains seront là plus vite qu’on ne lepense. ●

STEPHENHAYES

Président duCorporate Councilon Africa

TRIBUNE

À la conquête des territoiresfrancophones

Avec nos craintes, notre arroganceet notre méconnaissance, nous avons

nous-mêmes créé des obstacles.

Opinions&

éditoriaux

ERIC

MILLE

R/W

ORLD

ECONOMIC

FORUM

2008

No 2683 • DU 10 AU 16 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

72 Le Plus de J.A. États-Unis -Afrique

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En 1996, les Ambassadeurs Andrew Young (compagnon de lutte du Dr. Martin Luther King Junior) et CarltonMasters ont créé GoodWorks International LLC., pour offrir aux entreprises américaines cherchant à entrer surles marchés émergents d’Afrique, des services spécialisés en conseil et des alliances commerciales stratégiques.GoodWorks assiste aussi les Gouvernements africains dans l’harmonisation de leurs politiques nationales pour amé-liorer leurs relations avec les État-Unis, accéder au marché américain et attirer les investisseurs privés américains.

Grâce à son expérience et sa connaissance de l’Afrique, GoodWorks a assisté avec succès de grandes multina-tionales telles que Chevron, Delta Airlines, General Electric, Barrick Gold, Motorola, Monsanto, Sumitomo, Verizonet autres sur plusieurs projets en Afrique. Grâce à un accès sans précédent auprès de l’adminstration américaine,GoodWorks a également collaboré avec les gouvernements du Nigeria, du Rwanda, du Bénin, du Cameroun, dela Sierra Leone, de la Tanzanie, de l’Angola et autres sur une variété de questions stratégiques, commerciales,d’investissements et de relations publiques. Les bureaux, de Washington DC, Atlanta, Luanda, Lagos, Dar-es-Salam,et ceux associés au Kenya, au Ghana, en Côte d’Ivoire, et en Afrique du Sud permettent d’offrir nos services desÉtats-Unis vers l’Afrique et réciproquement.

« Au carrefour de l’Afriqueet de l’Amérique,des affaires et de la politique,du privé et du public »

TM

INTERNATIONAL

Co-fondateur, et PrésidentDirecteur Général de Good-Works, l’Ambassadeur Mas-ters est responsable de laplanification de la stratégie àlong terme de l’entreprise. Ilnégocie et coordonne l’enga-gement des clients et offredes conseils stratégiquesà plusieurs gouvernementsd’Afrique et des Caraïbes.Il joue également un rôle de

premier plan au cours des né-gociations entre les multina-tionales fortunes 500 et lespays africains et caribéens.L’Ambassadeur Masters aconnu une brillante carrière àla Banque de Montréal, dansles centres financiers d’Amé-rique du Nord, d’Europe etdes Caraïbes et a été nomméagent général et ministreadjoint du commerce aux

États-Unis du gouvernementde la province canadiennede l’Ontario. Il est membredu Council on Foreign Rela-tions et membre des conseilsd’administration de Africa-America Institute, CorporateCouncil on Africa et SouthernAfrica Enterprise Develop-ment Fund. Il est aussi lePrésident d’Honneur du LeonH. Sullivan Summit.

Directeur Principal de GoodWorks, M.Arouna joue un rôle de premier plan dans leconseil des clients publics et privés, sur la poli-tique, la structuration des transactions com-merciales et financières et l’identification denouvelles opportunités sur les marchés afri-cains avec un accent particulier sur l’infras-tructure, la technologie, l’énergie, la financeet l’intégration au marché. Ses expériencesantérieures incluent : président fondateurd’un cabinet conseil TIC aux États-Unis, direc-teur de réseau pour Africare la plus grande

ONG américaine opérant exclusivement en Afrique et spécialistedes technologies d’information au siège de la Banque Mondiale àWashington. Américain d’origine béninoise, il parle courammentle français.

Email : [email protected]

En tant que Conseiller Principal pourle développement Africain, Ed Barber estresponsable de l’élaboration des politiquesde développement, de l’analyse économique,la représentation du client et des finances. Ilsert de point de liaison entre les organismes,agences officielles, américaines et les clientsde GoodWorks. M. Barber a 43 années decarrière au sein du Département d’État etdu Département du Trésor des États-Unisdont 13 ans en tant que Directeur du Bu-

reau Afrique, façonnant la politique des États-Unis sur les ques-tions d’allègement de la dette, de commerce, d’investissement,d’assistance technique, des programmes du FMI, de la BanqueMondiale et des questions macro-économiques au plus hautniveau du gouvernement.

Email : [email protected]

M. l’AmbassadeurCarlton MastersChairman & CEO

M. Omar ArounaSenior ManagingDirector

M. Ed BarberSenior Advisor

www.goodworksintl.com

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mun

iqué

GoodWorks International LLC. 1700 K Street NW suite 430 Washington DC 20006 - Tél :+ 1 202 736 2211

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D u 6 au 17 février, une petitedizaine d’entreprises améri-caines ont sillonné le conti-nent africain dans le cadre

d’une mission commerciale lancéeconjointementpar ledépartementd’Étatet leCorporateCouncil onAfrica (CCA),une organisation privée qui regroupeplus de 160 sociétés et dont l’objectifest de développer les relations entre lesinvestisseurs américains et les secteurspublics et privés du continent.

Avec une réussite certaine, puisque, àl’issuedecettevisiteorganiséeautourdesbesoins énergétiques duMozambique,de la Tanzanie, duNigeria et duGhana,Symbion Power est devenu partenairede l’undesplus importants fournisseursnigérians d’électricité et que GeneralElectric en a profité pour signer, avecles autorités du même pays, un contratde 10 milliards de dollars (8 milliardsd’euros) pour la constructiond’icià2020d’une centrale de 10 000 MW. « Nous

sommes fiers de contribuer à apporterla lumière à l’Afrique », s’est enthou-siasmédepuisLagosPaulHinks, lepatronde Symbion, devant les responsablesaméricains de la mission, aux anges.« Les entreprises américaines doiventprendre conscience des opportunités

qui existent aujourd’hui en Afrique »,résume Jim Wilson, présent sur placeen tant que responsable des échangescommerciaux au Bureau des affairesafricainesdudépartementd’État. «Avantqu’il ne soit trop tard », ajoute RobertPerry, vice-présidentduCCA.Titilléspar

STRATÉGIES

Les Américains passent à l’attaquePétrole, télécoms, énergie, infrastructures… Les entreprises d’outre-Atlantique, jusque-là assez timides,font désormais preuve de pragmatisme et sont présentes sur tous les fronts.

LOUIS

VINCEN

T

! L’USINE DE CONTOURGLOBAL à Lomé, auTogo.

QUATRIÈMEVILLE des États-Unis par sa taille, Houston est le plus importantpartenaire commercial américain de l’Afrique. Selon le Greater HoustonPartnership Research Department, les échanges ont augmenté de plusde 12 % en onze ans, et s’élèvent à 28,2 milliards de dollars (21,7 milliardsd’euros). Ils représentent 22,4 % de l’ensemble du commerce entre le payset le continent. Le secteur énergétique est le plus important (22 milliardsde dollars), suivi par le secteur agricole (1,8 milliard de dollars). Grâceà son pétrole, le Nigeria est le premier partenaire de Houston, avec13 milliards de dollars d’échanges en 2011 (45,7 % des échanges entrela ville et l’Afrique). Suivent l’Algérie, l’Angola, l’Égypte, l’Afrique du Sud,la Guinée équatoriale, le Congo-Brazzaville, le Maroc, le Ghana et la Libye.Symbolisant l’importance du continent à Houston, un sommetTexas-Afriquebisannuel y a été créé en 2010. Il rassemble près d’un millier de participants.Prochain rendez-vous les 27 et 28 septembre 2012. ● AZIZA ALBOU TRAORÉ

HOUSTON ATTITUDE

No 2683 • DU 10 AU 16 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

74 Le Plus de J.A. États-Unis -Afrique

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«A ES go home ! »DébarquéeauCamerounen2001pourreprendre laSociéténatio-

nale d’électricité (Sonel), tout justeprivatisée, la compagnie énergétiqueaméricaine était encore loin de fairel’unanimitéunanplus tard, comme lemontrait cette inscription lueà l’époquesur les murs de Douala.Aujourd’hui, le contexte semble

s’être assagi. Oubliés les débuts diffi-ciles marqués par desdélestages récurrents etdes augmentations duprix du kilowattheure,AES Corporation a suinverser la tendance enlançant les investissementsnécessairespour réhabiliter des installations exis-tantes (qui en avaient bien besoin) ets’installerdurablementdans lepaysageénergétiquecamerounaisenrépondantaumieux à la demandedumarché. Aupointde faireduCameroun lavitrinedeson savoir-faire enAfrique, pourpartirà la conquêtedenouveauxmarchés surl’ensemble du continent. Celui-ci nereprésenteencoreque3%descapacitésgérées dans le monde par la compa-gnie installée enVirginie,mais sa partdevrait vite progresser, dans la fouléede la future centrale thermique de216MWquidoit démarrer cette année,

toujours au Cameroun. Créé en 2005,ContourGlobal a fait de l’Afrique sa« zonededéveloppement privilégiée »dès l’origine, selon Daniel Miossec,directeur deprojets, à commencer parcelui de la centrale de 100MWmise enservice en 2010 au Togo.

TROPISME. Depuis, le développeuret exploitant américain a confirméson « tropisme africain » en signant

l’an passé avec le Rwanda le projetKivuWatt. Récompensé en février der-nier par le prix de l’accord énergétiquede l’année2011enAfrique(décernéparEuromoney), il porte sur la réalisationd’uneusined’extraction et de produc-tion de gazméthane et d’une centraleélectrique de 25 MW attendue pourdébut 2013 et dont la capacité devraitensuite quadrupler. ContourGlobalest également présent au Nigeria etsouhaite continuer à diversifier sonportefeuille sur lecontinent.Lacompa-gnie seraitnotammentenpolepositionpour la constructiond’une centrale de330MW en Côte d’Ivoire. ● O.C.

Électricité De l’énergie à revendreDu Cameroun à la Côte d’Ivoire, les projets de centralesne manquent pas. Ce qui témoigne de la vitalité du secteur.

l’expansion commerciale de laChine, aumomentmêmeoù le continent présentedes perspectives de croissance écono-mique à faire pâlir lemondedéveloppé,les États-Unis semblent redécouvrirl’Afrique. Pascal Agboyibor, avocat pourle cabinet Orrick, qui accompagne denombreuses sociétés américaines surle continent, date ce regain d’intérêt ausommet duG20 deGleneagles en 2005,« lorsqu’a étéprise la décision de déblo-quer des moyens massifs pour équiperl’Afrique en projets de développementambitieux.Tout lemondeaalorscomprisqu’il fallait en être ».

CLIMAT FAVORABLE. Selon un prag-matisme très anglo-saxon, les échangescommerciaux avec l’Afrique ont pro-gressé de 35 % depuis 2006, pendantquedoublait la part des investissementsdirects étrangers (IDE) provenant desÉtats-Unis sur le continent. En dehorsdes hydrocarbures, les capitaux amé-ricains se répartissent essentiellementdans quatre autres filières : l’agricul-ture, les infrastructures, la productiond’électricité et les télécoms. Autant desecteurs où « les besoins sont énormes

et sur lesquels les compagnies améri-caines se doivent d’être présentes », ainsisté Johnnie Carson, le secrétaired’État adjoint chargé des Affaires afri-caines au département d’État, en ren-trant de mission. Et si possible dansun maximum de pays de la zone. Sil’Afrique anglophone, à commencerpar l’Afrique du Sud ou leNigeria, et lesproducteurs de pétrole, Angola en tête,constituent toujours le cœur de cible,plusieurs pays francophones, commele Cameroun ou la Côte d’Ivoire, sontaujourd’hui dans le radar des com-pagnies américaines. À condition demettre en place un climat favorable auxaffaires. « Le cadre réglementaire estcrucial pour les Américains », confirmePascal Agboyibor. Comme le rappelleunmembre du CCA, « nos compagniesvont enAfrique pour avoir un retour surleurs investissements, pas pour faire del’aide au développement ». ●

OLIVIER CASLIN

Aujourd’hui, plusieurspays francophoneséveillent l’intérêtdes investisseurs.

Le continent ne représente que3 % des capacités gérées par AES,mais il devrait vite progresser.

ANTO

NIN

BORGEA

UD

!AU BORD DU LAC KIVU, au Rwanda, s’élèvera une usine d’extraction de méthane.

JEUNE AFRIQUE No 2683 • DU 10 AU 16 JUIN 2012

Good morning Africa! 75

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L ongtemps cantonnées à la réalisa-tiond’équipements liés aux grandsprojetsd’hydrocarburesouminiers

à travers lecontinent, lesentreprisesamé-ricaines deBTP cherchent ces dernièresannéesà varier lesplaisirs. C’est le casdelapremièred’entreelles,Bechtel,présentesur lecontinentdepuis1958.Legéantcali-fornien construit toujours des pipelinesenAlgérieoudesusinesdeliquéfactiondegaz enAngola et enGuinée équatoriale,mais, depuis 2010, il aide également leGabon dans la définition et la mise enplaceduplandirecteurpour lesnouvellesinfrastructures voulu par le président,Ali Bongo Ondimba. Bechtel a mêmepris la direction de l’Agence nationale

des grands travaux (ANGT), chargée decoordonner lesnombreuxprojets (routes,ports,aéroports, logements)censésvoir lejourd’icià2016pour18milliardsd’euros.Cinquième compagnie américaine parsonchiffred’affairesen2011selonForbes,

elle ne compte pas en rester là et vise denouveauxmarchés enAfrique. Son pré-sident Europe,Afrique etMoyen-Orient,DavidWelch, s’est renduenTunisiedébutmars pour rencontrer ses responsables

politiques et leur signifier la volonté del’entreprise de sepositionner sur lemar-ché tunisiendes infrastructures.D’autressociétés américaines s’intéressent detrès près au secteur. General Electrica signé début 2012 un contrat pour la

construction d’une usinede montage de locomo-tives destinée à laNigerianRailwayCorporation(NRC),pendantqu’AcrowBridges,quimultipliait depuis 2009

les contrats enAngola, lance le chantierd’unpontmétallique enAfriqueduSud.Commeun symbole de la consolidationdes relations entre partenaires africainset américains. ● O.C.

Infrastructures En mode actionPour les sociétés de BTP, l’attentisme n’est plus de mise. Elles n’hésitent plus à démarcherles gouvernements locaux et s’impliquent en amont.

O racle, Hewlett-Packard (HP),IBM, Microsoft, sans oublierGoogle. En quelques années, le

continent estdevenuunnouvel eldoradopour les grandes entreprises califor-niennesde l’informatique.LorsqueLarryEllison, patron de l’éditeur de logiciels

et fabricant de serveurs Oracle, déclarela guerre à IBM et consorts depuis sonbureau de Redwood,même l’Afrique setransforme en champ de bataille. Bienqu’ils ne comptent que pour moins de5%de leur chiffre d’affairesmondial, lespays subsahariens affichent de vraies

promesses pour ces champions del’informatique. Dans leur viseur : mul-tinationales, groupes régionaux, admi-nistrations et particuliers en quête desolutions technologiques. Depuis 2006,IBM a ainsi investi plus de 300millionsde dollars (242 millions d’euros) pourrenforcer sa présence sur le continent.

OFFENSIVE. Autre illustration de l’inté-rêt des géants de la Silicon Valley pourl’Afrique, la succession des annoncesd’ouvertures de bureaux de représen-tation : au Kenya en 2009 pour Oracle,au Nigeria en 2010 pour Microsoft, auSénégal et en Tanzanie en 2011 pourIBM et dans dix pays entre septembreet décembre derniers pour HP. Arrivéen 2007 au Kenya et désormais présentdans sixÉtats,Google, leadermondialdela Net-économie, tient une place à part

dans cette offensiveaméricaineen jouantà fond la carte de lapédagogie auprèsdes développeursinformatiques, des

communautés étudiantes, des start-upet des gouvernements. L’objectif est defavoriser l’usage de la Toile avec un rai-sonnement simple : plus l’utilisation duréseau mondial sera répandue, plus sapart du gâteau sera grande. ●

JULIEN CLÉMENÇOT

Informatique Silicon Valley bisFace à l’appétit des Subsahariens pour les nouvelles technologies, lesIBM et autres Google s’implantent durablement dans le paysage.

Au Gabon, le californien Bechtela pris la direction de l’Agencenationale des grands travaux.

AHOUNOU/A

PANEW

S

!À DAKAR,AU SÉNÉGAL,Google a choiside miser sur laformation.

No 2683 • DU 10 AU 16 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

76 Le Plus de J.A. États-Unis -Afrique

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L’Association internationale de développement (IDA) est le Fonds de la Banque mondialepour les pays les plus pauvres du monde. Depuis sa création, l’IDA a appuyédes programmes et des projets dans 108 pays. Le montant annuel de ses engagementsa atteint 15 milliards de dollars en moyenne au cours des trois dernières années,dont 50 % sont destinés à l’Afrique. Chaque État bénéficiaire fixe ses propres priorités.

Au cours des dix dernières années, les financements de l’IDA ont contribué à sauver au moins 13 millions de vies ; à vacciner310 millions d’enfants ; à donner accès à l’eau et à l’assainissement à 177 millions d’usagers ; à fournir des services de santéà 47 millions de personnes ; à fournir des compléments alimentaires à 98 millions d’enfants et à dispenser une meilleureéducation à plus de 100 millions d’élèves chaque année.

Parmi nos engagements en Afrique :

Togo, depuis 2008

n 300 000 personnes ont bénéficié du projetde développement communautaire depuis 2008.

n Financement de plus de 88 écoles (271 classes), 32 pointsd’eau et latrines, 10 centres de santé et 19 routes rurales.

n Financement de 233 activités génératrices derevenus — pêche, jardinage, fermes d’élevage,fromageries — au bénéfice de plus de 5 000 personnes.

n Plus de 6 millions de repas à quelque 30 000 élèvesdu primaire depuis l’année scolaire 2008/2009.

République Démocratique du Congo,2008-2012

n 15 millions de personnes ont accès aux servicesde santé de base.

n Lutte contre le paludisme grâce à la distribution de massedes moustiquaires à plus d’un million de ménages.

n Relance de la dynamique communautaire avecla réalisation de 354 écoles, 73 dispensaires,43 marchés et 70 projets d’approvisionnement en eau.

n Démobilisation de plus de 107 000 adultes et34 000 enfants-soldats et réintégration économiquede 89 000 ex-combattants.

Sénégal 2008-2012

n Le taux brut de scolarisation primaire est passéde 81 % en 2005 à 92 % en 2009.

n 24 % des enfants de moins de cinq ans ont bénéficié d’unensemble d’activités nutritionnelles organisées localement.

Bénin, depuis 2007

n 230 000 résidents ont vu leur accès aux infrastructureset aux services de base s’améliorer au cours des cinqdernières années.

n Depuis mars 2007,2 millions de moustiquaires imprégnéesd’insecticide à effet durable ont été distribuées àdes femmes enceintes et des enfants de moins de cinq ans.

n Construction et rénovation de 1 629 salles de classe,84 centres de santé et 37 systèmes d’approvisionnementen eau et d’assainissement.

www.banquemondiale.org/ida

La Banque MondialeŒuvrer pour un mondesans pauvreté

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P remier fabricant et fournisseurau monde de moteurs dieselspour engins industriels et degroupesélectrogènes,Cummins

porte ces dernières années une atten-tion très soutenue au marché africain.Lassée de voir la concurrence chinoisemonopoliser les contrats, la compagniebasée dans l’Indiana entend saisir lesopportunités qui nemanquentpasde seprésenter sur le continent, dans la fouléedes nombreux projets miniers etdes chantiersd’infrastructuresen cours ou à venir. « Nousvoulons atteindre 1 mil-liard de dollars [804 mil-lions d’euros, NDLR] dechiffre d’affaires par and’icià2017», adernièrementdéclaréà la presse américaineTomLinebarger, leprésidentdel’entreprise.L’Afriquenepèsepour l’ins-tant que2,5%des 18milliardsdedollars

du chiffre d’affaires réalisé en 2011dansles 190 pays où Cummins est présent,«mais avec l’undes tauxdecroissance les plus rapidesenregistrés aujourd’huipar[ses] différentes filiales àtravers lemonde », constateTom Linebarger. Établisur le continent depuis ledébut des années 1940, Cummins estaujourd’hui directement implanté au

Maroc, auGhana, au Zimbabwe,enZambie, auBotswana et enAfriqueduSud, où se trouvele siègeafricainde la sociétédepuis 1946. Il dispose éga-lement de joint-venturesavecdespartenaires locauxauNigeriaet enAngola, ainsi

que d’un réseau de distribu-teurs dans plusieurs autres

pays, qui lui permettent notammentde fournir des moteurs et des pièces

de rechange aux véhicules indiens etchinois en tout genre qui sillonnent lecontinent. Passéeà l’offensive, la compa-gnie entenddiversifier ses activités dansles secteurs agricole et maritime, ainsique dans le pétrole, et, surtout, le gaz,« de plus en plus utilisé comme sourced’énergie sur le continent », témoigne ladirection depuis Johannesburg. Prête àinvestir 15millionsdedollarsparandans

denouvelles implantations, elle compteégalementétendrerapidementsonréseauen Afrique de l’Ouest, notamment endirection du Sénégal ou du Cameroun,et vient d’inaugurer son bureau régio-nal à Casablanca, pour chapeauterl’ensemble d’un marché nord-africainqualifié de « très prometteur » par sesresponsables. Comme un retour auxsources pour la société, débarquée surle continent dans les bagages dugénéralPatton, alors chef des troupes améri-caines stationnées enAfriqueduNord.●

OLIVIER CASLIN

PROFIL

Cummins met le turboLe fabricant de moteurs diesels installé à Johannesburg depuis 1946entend se diversifier dans les secteurs agricole et maritime,mais surtout dans ceux du pétrole et du gaz.

DR

!TRENTE GROUPES ÉLECTROGÈNES POWER GENERATION destinés à un projet minier, à Madagascar.

en

qu

432millionsde dollarsC’est le chiffred’affaires réalisésur le continent

en 2011

« La filiale africaine a l’undes taux de croissance les plusrapides au niveau mondial. »

TOM LINEBARGER, président de la compagnie

No 2683 • DU 10 AU 16 JUIN 2012 JEUNE AFRIQUE

78 Le Plus de J.A. États-Unis -Afrique

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