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Page 1: ITW Eric Tolédano

©MarsDistribution

GRAND TÉMOIN ÉCHANGER

Versai l les Magazine ! Jui l l e t -août 2009 Jui l le t -août 2009 ! Versai l les Magazine

40 41ÉCHANGER GRAND TÉMOIN©MarsDistribution

souvent seul dans la salle à 17 heures… J’allaisau Roxane deux ou trois fois par semaine, et j’aivu des milliers de films au Cyrano…

Y retournez-vous de temps en temps?« Je suis allé au Roxane il y a très peu de tempspour voir Slumdog Millionaire, seul, commelorsque j’étais enfant. Le cinéma de son enfancea toujours une résonance particulière… J’ai bienentendu un rapport particulier à Versailles. Dèsque je peux y tourner, je le fais. J’ai tourné aupalais des Congrès avec Gérard Depardieu pourJe préfère qu’on reste amis et au château pourTellement proches. Michael, mon meilleur amia une école de guitare à Versailles : « Guitareinfluence », à côté du Roxane. Je passe trèssouvent le voir, il a d’ailleurs participé à lacomposition musicale de mes films. ».

Vous avez présenté votre film en avant-premièreà Versailles au Cyrano, comme ça s’est passé?« Ce fut pourmoi unmoment hors du commun,après avoir sillonné plus de 40 villes à traverstoute la France. Voir la grande salle du Cyranopleinem’a rempli d’émotion. Mes parents etmafamille étaient dans la salle et je retrouvais uncinéma où j’avaismoi-même longtemps rêvé defaire ce métier… »« Tellement proches est en fait l’histoire d’un

rien à voir avec cette affaire ». La scène descomparutionsdontonmeparlebeaucoupà l’issuedes projections est née comme ça. C’est cetteréalité que l’on retrouve dans le film et je penseque c’est par identification que le public rit. »

Ce film est une sorte de comédie de mœurs,inscrite dans son époque, où l’on peut rire detout ; c’est un genre qui était en voie dedisparition en France. Comment vous situez-vous exactement?« La comédie française s’est un peu perdue dansdesconceptsbinairesà l’américaineoù il faut êtreléger en se fondant sur un contenu vaguementidéologique. Nous ne nous situons pas du toutdans cette lignée. D’autant plus qu’en France, çane peut pas marcher car nous n’avons pas lesmêmesmoyensque lesAméricains.Nousaimons

Nos jours heureux, votre deuxième long-métrage, a connu un très beau succès auprèsdu public. Aujourd’hui, vous avez monté lesmarches à Cannes, vous avez tourné partouten province pour l’avant-première deTellement proches, votre troisième film,comment vous sentez-vous?« Nos jours heureux a été une aventureexceptionnelle avec un succès que l’on n’a pas vuvenir. C’est un film qui, après sa sortie en salle,a eu une 2e vie grâce au bouche à oreille et une3e avec les DVD… Avec Tellement proches noussavions que nous devions surprendre. Làencore, on raconte l’histoire de plusieurspersonnages, mais la problématique achangé. »

Elle est plus proche de ce que vous vivezaujourd’hui…«Nos jours heureux, c’était il y a 15 ans, lorsquenous nous sommes rencontrés Olivier etmoi encolonie de vacances. Tellement proches est plusproche justement de notre vie aujourd’hui, lafamille qui s’agrandit, les problèmes de siègesauto que l’on n’arrive jamais à attacher, la belle-famille, l’envahissement que certains peuventconnaître… »

Ce qui est particulièrement séduisant dansvos films, c’est la justesse des caractères et laprécision des dialogues. Comment travaillez-vous votre scénario?« On en parle tous les deux et on rédige unebible des personnages. Lorsqu’ils sont biencaractérisés, ils parlent tous seuls ; si cetteétape est approximative, dans ce genre de filmdit « chorale », les personnages semélangent etl’on ne comprend plus rien. Ils doivent dévoilerleur carte d’identité dès les premières scènespour que le public ait ensuite l’entière liberté deles voir évoluer et de les aimer. Le scénario c’estun plan, une construction, et l’on sait toujours oùon veut emmener nos personnages ».

Dans Tellement proches vous abordez lamixité des familles ou encore descommunautés dans un rythme frénétique etde manière totalement libre. Ne craignez-vous jamais de tomber dans la caricature?« Au cinéma, on ne peut pas se permettre d’êtreconsensuel.Noussommestoujourssur le fil, onsefait peur… Nous tenons tout simplement comptedes réalités sans édulcorer; j’ai passé deux joursdansun tribunal avecunavocat commisd’officeetla phrase qui revenait le plus souvent c’était « j’ai

enfant et de son regard sur sa famille. Le film estconstruit àpartir deceprisme.C’estnotreenfancequi nous détermine et mon enfance à moi, c’estVersailles; une ville qui fait émergerdenombreuxtalents: Air, les frères Podalydès, Phoenix…Versaillesc’estParismaisavecunpeuderecul.Onest moins en tension, on est plus calme et c’estune façon efficace d’aiguiser son regard. Lorsquej’étaispetit,monpèremedisait queVersaillesétaitune ville connuedans lemondeentier. Je le vérifieaujourd’hui lorsque je voyage. »

À qui dédicacez-vous ce film?« C’est une manière de remercier pour toutce que j’ai reçu petit. Vous savez, on veut fairedu cinéma enfant pour avoir la reconnaissancede ses parents et lorsqu’on grandit… et bien,c’est pareil… Mes parents m’ont toujours faitconfiance et ils regardent tout cela avecbeaucoup de calme et de naturel aujourd’hui. »

Quelques jours après la sortie de Tellementproches, êtes-vous rassuré?« On peut juger la qualité d’un film deux ou troisans après sa sortie. C’est comme cela que ças’est passé pour Nos jours heureux. Alors…nous verrons bien… » !

Site : www.toledano-nakache.com

les comédies sociales anglaises qui ont du fondcomme The Full Monty, les comédies italiennescomme Nous nous sommes tant aimés. On sesent proche de Claude Sautet, de Lelouch, deKlapisch. Évidemment,WoodyAllen est une sortedemodèle. Sa force, c’est la répétition. Il traite dumême sujet, des mêmes névroses en étantpourtant à chaque fois différent et toujours aussibrillant. On appelle cela uneœuvre. »

La fin de Tellement proches est émouvante.Est-ce que l’on vous taxe parfois de jouer avecles bons sentiments? Sans parler de lamusique, une bande originale géniale, quivient renforcer le propos et nous fairechavirer facilement…« Oui, une bonne musique décuple lesémotions. Vous savez, nous sommes sincèreset intègres. On ne va pas écrire pour céder auxlois du marché ou de ce qui se fait ou ne se faitpas. Oui, notre conclusion sur la famille estpositive. On ne veut pas faire du style pour fairedu style. Cette bande originale est importantepour nous. Ce sont des musiques que nousavons envie de partager avec le public : StevieWonder, Jamiroquai, Murray Head… et unemusique originale enregistrée par lephilharmonique de Londres.

Et la bonne version de Beggin’, par FrankieValli, le génial compositeur de Grease…« Exactement, la meilleure version. Le publicavait aimé les musiques de Nos jours heureuxmais nous n’avions pas pensé à sortir une B.O.Elle sera disponible pour Tellement proches ».

Parlez-nous un peu de Versailles… Vous yavez habité pendant vingt ans…« Toute mon enfance, jusqu’au bac à Vauban,Poincaré, Jules Ferry, Marie Curie… Je mesouviens que lorsque je sortais de cours, jeprenais le bus 171 et j’allais au cinéma. J’étais

ÉRIC TOLEDANOLe sens de la comédie française

Ils sont passés par Versailles. Ce sont les « Grands témoins ». Représentants des anciensVersaillais, ou auteurs, créateurs dont Versailles a été source d’inspiration, ils nousracontent leur histoire mais aussi les souvenirs de leur passage dans la Ville.

Après le succès spontané de Nos jours heureuxet de Je préfère qu’on reste amis…, co-réalisépar Olivier Nakache, avec Gérard Depardieu etJean-Paul Rouve, Eric Toledano revient avecune autre comédie juste et turbulente sortieen juin: Tellement proches avec Vincent Elbaz,Isabelle Carré et François-Xavier Demaison.Le réalisateur qui a vu des « milliers de filmsau Cyrano » et à qui certains critiques fontrevêtir l’habit de successeur d’Yves Robert,livre sa propre définition de la comédiefrançaise qui, d’après lui, s’est égarée dansles « concepts binaires à l’américaine »…

”“Au cinéma, il faut toujours savoirêtre surprenant et vous avez étéles seuls à savoir où vous nous

emmeniez.Claude Lelouch à la sortiede « Tellement proches ».

Avant-première au Cyrano