56RENDEZ-VOUS

L0UIS VAN PRO 0SnIJ, 4I ans, entrepreneur dans l 'âmeet passionné par l'écosystème_numér1que français, ll estl'instigateur de l'Open Coffee Club de Paris, un espace de rencontresentrelnvestisseu rs, créateu rs de sta rt-u p et jou rna I i stes{ trtrETFIHIT

t

ITINERAIRED'UN ENFANT DU t^rEB

41 ans, Louis van Proosdij a passé plus dela moitié de sa vie à créer dans I'univers dunumérique. Il se déflnit d'ailleurs commer un erfant de la toute premiùe génération tt.Celle qul, en France, découvre les ordina-teurs à la fin des années 1970,]es tout pre-miers réseaux au début des années 1980,

Ie Minitel en 1982 ; celle qui voit s'ouwir à elle t f infini

des possiblesr lorsqu'lnternet défetle sur les ordina-

teurs, en 1993. Happé par cet univers, il montera en une

vingtaine d'années deux entreprises, l'une spécialisée

dans Ie jeuvidé0, et i'autre, actuellement enplein essor,qui propose de révolutionner Ia télévision numérique.

11 accompagnera l'entrée en Bourse d'une troisièmesociété , et aidera plusieurs start-up à bien se lancer dals

I'arène. Mémoire vivante du numérigue français, il faltpartie de ces personnes qui maÎtrisent parfaitement les

technologies qu'ils ont vu naître et qu'i]s réussissenttoujours à anticiper.

Z Uopen Coffee Club, boulllon de culturewebFort de son expérience, il déclde en mars 2007 de lancer

l'Open Coffee Club de Paris, un lieu de rencontres

informelles, r véritable bouillon de culture web tt, qui

réunit créateurs de start-up, investisseurs et journalls-

les. ( C'est un concept pu, une unité de temps et de

lieu. L'idée est qu'un enfteprcneu puisse rcncontrcr

un investisseur sans trcnspter d' angoisse t, exp[que-

t-11. Aujourd'hui, I'Open Coffee Club compte plus d'un

millier de membres. Chaque ieudi de 10h00 à 12h30,

8.s_REeaRos suR LE NUMÉRtouË

entre 20 et B0 pelsonnes se letrouvent au café Elgi, rue

Saint-Marc àParis,pour discuter ( plojets D. Lorsqu'onévoque cette initiative, il s'empresse de rappeler que

I'idée fut d'abotdlancée àLondres enfévrier2007, qu'il

n'a fait que la transposer à Paris, qu'aujourd'hui, le

mouvement vit de lul-même, qu'il n'est pas aussi pré-

sent qu'il ie souhaiterait...Louis van Proosdij n'aime pas se mettle en avant.

It Ie dit d'allleurs sans détour : r Je ne cherche pas à êtrerasr,ble. )) Illaisse volontiers la place à d'autres membres

du club qui, à son sens, sont plus doués que lui pour

représenter le monde du numérique. Louis, pour sapart, se conlenle de r contribuer modestement à l'éco-

système r.À son sens, il est impéIatif de multiplierlesinitiatives qui pelmettront d'instaurer un climat favo-

rable à la création, d'encourager, en France, la diffusiond'tne r culture d'amorçage des jeunes pousse,s), qul

fait encore défaut. Car d'un côté les tnvestisseurs,plutôt friteux, ne jouent pas toujours Ie jeu; de I'autre,1es systèmes de flnancement publlcs s'avèrent com-plexes et difflcilement accessibles. Gtâce à 1'Open

Coffee, plusieurs jeunes créatifs ont réussi à tenter leul

chance sur le marché.Depuis octobre 2008, le concept s'est par ailleurs

associé au prog[amme BizSpark de Microsoft. Ce der-

nier offie à n'importe quelle start-up, y compns non

structuée, un accès gratuit à l'ensemble des logiciels

de développement et de production de I'entreprise, lui

ouwe les portes d'un réseau de partenaires (business

angels, incubateurs...) et lui donne plus de vislbilité

i : .

Ek-"-"grâce à son inscription sur un portail mondial. Louis necache pas son enthousiasme . ( C'est un système hyperinnovant et très intelligent. On est en train de reuiwece qu'on a vécu au tout début d'Intemet, lorsrye ienn'était encore structwâAvec detels outils,tout devientpossible pour les jeunes créatifs. t

Z Du bricolage au web-entrepreuriatCar c'estprécisément la façon dontles gens s'approprientles nouvelles technologies pour donner Libre cours à leurimaEnatlon qur, aujourd'hul, 1'étonne encore dans l'un1-vers du numérlque. nJetne, j'aurais rêvé accéder à untelproqammer, poursult-il Dès l'âge de 12 ans, fascinépar i'électronique, il passait son temps à rr bidouiller r : n Jem' achetais des transistorc, des fers à souder, des plaqueset de I'acide pour fabriquer des circuits impimés l Filsunique, il s'inventait, seul dans son coin, des jeux et desmondes imaginarres . C 'est d'arlleurs à cet esprit ludiquequ'il doit son envle d'enileprendre: ntres entrepreneurssont enréalité de qands enfanfsr, affirme-t-il En 1985,à 17 ans, il envrsage de créer un nouveau service Miniteldédié auxutilisateurs de Mac Ilvoit alorc dars I'informati-que 1'échappatoùe à l'ennû profond dans lequell'école I'atoujours plongé. Mais ses parents mettentun coup d'arêtà I'euphorie créatrice et lui assènent de r passer son bacd'abord r. Se pliant à leurs e>agences, il tente d'entrerdans une classe préparatoire pour intégrer une écoled'ingénieurs. Mals i1 est rejeté. En cause: sa tétnplé$esurvenue à l'âge de 16 ans, à la suite d'un accident.

C'est seu-lement à cette étape de son parcours queLouls évoque son handicap. Pourle reste, il semble le relé-guer à un simple élément constitutif de sa vie, sans jamaislû accorder ouvertement une place centrale. Et iorsqu'ons'étonne de sa combativité, 1l répond: n Je n'avais pas )e

G

.\

(

QUELqUES DATES i

1967:naissanceàParis

1989-1 997: président-directeur généralde Brainstorm Software

| 998: année sabbatiqueet business angel

| 999-2002: directeurde production et membredu Comité de directionde Cryo Networks

2OO3-2OO7: consultantindépendant

Mars 2007: lancement del'Open Coffee Club de Paris

Depuis 2008 : président-directeur généralde Fair Play Interactive TV

choix. De toute façon, dans pareil cas, soit on aïête tout,soit on s'en sefi pow avancer. ))

Il montera flnalement sa première entreprisg Brain-storm Software après trois années de fac de sciences.L'aventure durera huit ans au cours desquels il dévelop-pera des logiciels et des jeux vldéo et travaillera, enûeautres, pour Infogrames, Disney etApple. I choisira derester àl'écarl deiabulle htemettout aulong de l'année1 998. n l/ous é tions en fl ein Far West frnancier et j e trou-vais ce phénomène assez malsain. J'en ai donc profitépour me rcssourcerr, explique-t-il.

En 2003, après avoir slégé au directoire de CryoNetworks, l'une des premlères sociétés françaises à sepositionner sur le marché de Ia 3D en ligne, i1 prendrade nouveau une année sabbatique pour imaginer leconcept snr lequel il s'investit aujourd'hui à 100 % avecquatle autres persomes : Fair Play Interactive TV I1 s 'agnt

d'une plate-forme de diffusion audlovisuelle, sur IPTVI,qui permet aux professionnels de créer des chaînes detélévision 100 % personnalisées, s'adaptant aux goûts età l'humeur de chaque spectateur qi rpeut se baladerdans le contenudela chaîne r avec la télécommande desaboxADSL ou cable. L'idée esttout simplementgénialeet démonstration farte, le pilote fonctionne à mervei-lle.Malglré un climat économlque, pour l'heure, peu favo-rable à I'investissement, il reste optlmiste guant auxchalces de leur produit qur a déjà séduit trois opérateursdu marché Et de conclure, avec un large sourlre, quel'enjeu en vaut déjà la chandelle puisqu'il est avant toutguestlon de viwe r une formidable aventute humaine r.I CAROLIN€ MARCELIN

1. Par IPTV Intemet Protocol Television, on entend la diffusionde programmes télévisés vra les réseaux de télécommunlcationutilrsant le protocole Intemet.

S,s,RecnRos suB LE NUMÉRrouE