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Il: 1 ortenoire Édjtorial P.r Gilles UUlO" . coorda Br, derAORP • LB f88dllptStlon psychosocIale est un domsme QUI est al,mfmte PlI' la recher- che ma 5 auss;' fondamentalement un qUi flSt guidé par une v/sion (ce que nous croyons qu'" es t de l'ordre du possffJJeJ (William A. Anthony, 20021'. vol 10.no 1. printemps 2002 Jeunes adultes et prem ier épisode de psychose ' Claudil let lerc. In! Ph.O" est protesslluf audépartement des sciences dela santé de l'Université du Québe t' Trois·Rlviéres et Chercheur 15socau Cantre de ratherche Fernand-Sagum, Lvne Bouchard. MEd.. ast psychoéducatflce et coordonnatrice de recherche pour hpanSlon·Femmas de Québec Par Claude Leclerc et lyne Rouch.rAdaptation de iuc ie Oumals NOiR : 81en que le présentartlcie couvresunaut les recherchesportant sur lesJeunes atteints de schIZophrénie, bon nombre de résultats s'appliquent aussi aux jeunes ayant des problémesssso- ciés s ts maladie bipolaire lit à la dépreSSIon maJeure. Revue des recherches po rtant sur les jeunes adultes aux prises ave c des troubles mentaux gr aves trouble mental g rave Il. De plus, plu - sieurs écrits ont mis en évidence l'im- po rtance de l'in tervention precoce . Notre synthèse concerne donc surtout ces deux sujets: le Il premier èptsode » et l'intervention précoce auprès des jeunes ayant des troubles graves de santé mentale. Mais,au préalable, nous faisons un bref retour dans le temps afin de montrer que l'intérêt pour la réa - lité particulière de ces jeunes est relati- vement récent. e a situation des jeunes adulte s at - teints de maladies ment ales ren- fe rme un défi considérable. No n seu lemen t viven t-ils les d ifficul- tés Qu'ép rouven t les jeunes de la génération actuelle, mais ils doivent aussi apprendre à vivre avec des mala - dies difficiles à contrôler qui affaiblis - sent leurs habiletés psychosociales , pourtant si importantes à leur âge. Dans la documentation que nous avons consultée, plusieurs articles ont orienté notre revu e sur le Il p remie r épiso de de G n déve lop pant ce doss ier â pr opos des jeune s adultes et d'un pre mie r épisode de psy - chose. les membr es du co- mite de r éd act i o n sont au dèpert animés par le desir de mieux faire connaure un domaine d'i nt er- vention important. en pleine ex pa n- Sion". Oans cet esprit. le comité souhaite permettre le dévelo ppe- ment d'Idees Qui tiennent non seu- lement compte des avancées de la recherche et des réussites des mo- dèles d'intervention, mais auss i de s enjeux impor ta nts associés à ce champ. Ce désir se traduit, en pr emi er lieu , par la presentat ion de deux articles inédits. Pou r l eur part , Leclerc et Bouchard présentent une im portante revue de littérature qui montre que oeouts le debut des années 1980, les ecrits ont foisonne sur la ques tion de l'amalgame jeunes adultes _,« pr e- mier épisode de psychose _ et « in- tervention precoce Il. D'autre part, ce courant d'etudes a condui t au d éve- loppement de modeles spécialisés de traitement précoce ou d 'interven- tions adap tees. Dans ce numéro, le SU"11 ." pllge 2 TrOI Sexpériences québécoises de cliniques pour jeunes 11 Voyage au coeur de la souff rance schizophrénique 18 Cons dére plll plUSieurs comme le pére de la rildlptl!lon paychosocl11e e" Slnli menlale. 'lions eur Anthony a prononcé t allocution d ouvert fi de Il cOflhirencl Innuille de rtn- IIrnll 01'11 Anoc Il on lor PsyChOSOCll1 "e 1 1 Serv ces te e éTala '0 "' JUIn "" AClltI fence Jotl TfilTIOt" du Cln· tre! • Ac CllOn Ind Mental Hllith é TorGnlo. r Ontana ni seri 1PIS lOin d·'dOp· tif l'II strlt't1e "..nonale POUf le développe menl. d.ns chacune de ses riglons. de cenlres d' nterven! ons el ëe treitements pricoces Deux générations de traitements : un écart de souffrances . 8

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Page 1: Il: ortenoireOr, l'institutionnalisation n'étant plus uneoption de nos jours, Wilk (1988) a constaté que ces jeunes se réfugient chez leurs parents, chez leurs amis, ou encore dans

Il: 1ortenoireÉdjtorial

P.r Gilles UUlO".coorda Br, derAORP

• LB f88dllptStlon psychosocIale es t undomsme QUI est al,mfmte PlI' la recher­che ma 5 auss;' fondamentalement undom.,~ qUi flSt guidé par une v/sion (ceque nous croyons qu'" es t de l'ordre dupossffJJeJ (William A. An thony, 20021'.

vol 10.no 1. printemps 2002

Jeunes adultes et premierépisode de psychose

' Claudil l et lerc. In! Ph.O" est protesslluf au département des sciences dela santé de l'Université du Québet'Trois·Rlviéres et Chercheur 15soc+é au Cantre de ratherche Fernand-Sagum, Lvne Bouchard. MEd.. astpsychoéducatflce et coordonnatrice de recherche pour hpanSlon·Femmas de Québec

Par Claude Leclerc et lyne Rouch.rd ·Adaptation de iuc ie Oumals

NOiR : 81en que le présent artlcie couvresunaut les recherches portant sur lesJeunes atteints deschIZophrénie, bonnombrede résultatss'appliquent aussi aux jeunes ayant des problémesssso­ciés s ts maladiebipolaire lit à la dépreSSIon maJeure.

Revue des recherches portantsur les jeunes adultes aux prises avec

des troubles mentaux graves

tro ub le mental g rave Il. De plus, plu ­sieurs écrits ont m is en évidence l' im­portance de l'intervention precoce.Notre synthèse concerne donc surtoutces deux sujets: le Il premier èptsode »

et l'intervention précoce auprès desjeunes ayant des troubles graves desanté mentale. Mais, au préalable, nousfaisons un bref retour dans le tempsafin de montrer que l'intérêt pour la réa­lité particulière de ces jeunes est relati ­vement récent.

ea situation des jeun es adultes at ­teints de malad ies mentale s ren­ferme un défi consi dérable. No nseu lement vivent-ils les d ifficu l­tés Qu'ép rouvent les jeunes de la

génération actuelle, mais i ls doiventaussi app rendre à vivre avec des mala­dies difficiles à contrôler qui affaiblis­sent leurs habiletés psychosociales,pourtant si importantes à leur âge.

Dans la documentation que nous avonsconsultée, plusieu rs articles on t orienténotre revu e sur le Il premie r épiso de de

Gn développant ce dossier âp ropos des jeunes adultes etd'un p remier ép isode de psy­chose. les membres du co­mite de réd act io n so n t au

dèpert animés par le desir de m ieuxfaire connaure un domaine d'int er­vention important. en pleine ex pan­Sion". Oans cet esprit. le comitésouhaite permettre le dévelo ppe­ment d'Idees Qui tiennent non seu­lement compte des ava ncées de larecherche et des réussit es des mo­dèles d'intervent ion, ma is aussi desenjeux importa nts associés à cechamp.

Ce dési r se tradui t, en premier lieu ,par la prese ntat ion de deux arti cle sinédits. Pou r leur part , Leclerc etBouchard présentent une im po rtanterevue de littératu re qui mo nt re qu eoeouts le debut des années 1980, lesecrits ont foisonne sur la question del'amalgame ~ jeunes adultes _,« pre­mier épisode de psychose _ et « in­tervention precoce Il. D'aut re part, cecourant d'etudes a conduit au d éve­loppement de mo deles spéc ial isésde traitement précoce ou d'interven­tions adap tees. Dans ce numéro, le

SU"11 ." pllge2

TrOISexpériences québécoisesde cliniques pour jeunes 11

Voyage au cœur dela souff rance schizophrénique 18

Cons dére plll plUSieurs comme le pére de larildlptl!lon paychosocl11e e" Slnli menlale.'lions eur Anthony a prononcé t allocutiond ouvert fi de Il cOflhirencl Innuille de rtn­IIrnll 01'11 Anoc Il on lor PsyChOSOCll1"e 1 1 Serv ces te e éTala '0 "' JUIn

""AClltI fence Jotl TfilTIOt" du Cln·tre! • Ac CllOn Ind Mental Hllith é TorGnlo.

r Ontana ni seri 1PIS lOin d·'dOp·tif l'II strlt't1e "..nonale POUf le développemenl. d.ns chacune de ses riglons. de cenlresd' nterven! ons el ëe treitements pricoces

Deux générations de traitements :un écart de souffrances . 8

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1. Agression au couteau il Londres en juin 1992

2 Esperance amoureuse à l'hiver 1993.

3. Déception amoureuse et psychoseaigueSChllolde au printemps1993, suiviesd'unesessIon sabbatiquea l'automne 1993.

4 RetouraUl étudesè l'Ecolepolytechmque de Montréal il l'hMr'994

5 Rechute et retour a Nlcolet au pnntemps1994

6 Premrêre hospitalisationen psych,ame à la fin de 1994

1 Sevrage graduelde tous mesmédicamentsdu printemps1995 àl'hiver 1991, améhoratlon de monétat

8 Coursdu soir en Informatiqueà j'hiver 1991 et hn de monsevrage

9 Oébut d'un an d'enfer à l'été 1997.

10. Deuxièmehospitalisationen psychiatrie.

11.Souffrancesatroces au printemps1998

12. Inversiondemessouffrancesà l'ete 1998

13. Mélancolie entre l'automne 1998 et l'hiver 1999

14. NouveNe médlcallondonnantun bonresubt et Vieen apparte­menl à Trois-RIVIeres è parti' de lulllet 1999

15. Etatstable.

16 Schizophrénie en rémission

bien dans ma peau . Pourmoi , l'exercice physique aun effet anxio lytique .J 'aime bien lire aussi . J 'ailu plus de 600 livres dltt è­rents depuis 1994 . Ces li ­v res portaient, entre autres,sur la spiritualité, la santé,les produits naturels, la psy­chi at ri e, J'ast ro nomie, lasci ence- fict io n, l'Info rrnati­que. Je suis autodidacte . Deplus, en mars 2002 , j' ai faitl'a cqui sit ion d'un nouvel or­dinateur performant et jeme suis abonné à Internet.

1615"

13

te SUIS trh heuretl.le vels bienle5Ullni heureux,ni malheureu.le SUIS malheureu.Je souNle terriblement

11

12

~ctlelfe

IDsa

-s·ID

remplacement du Risperdal.Mon état s'est alo rs grande­ment amélioré.

J'habi te maintenant seul enappartement, à Trois-Riviè­res , depuis juillet 1999 . Jeme débrouille bien , tant auniveau de mon alimentationque de mon budget et del'entretien ménager. Je su isautonome. Je me déplace àpied ou en autobus. Je con­tinue également à faire dela musculation, du vélo etdu ski de fond afin d 'être

Résumé visuel de ma vie, de 1991 à 2002

Bien-être10

2,

5

•B

0

7

5·5 • 10

3

· ' 0Souffrance

ses en moi el que moi, j'étaisanéanti. ..

A ta fin d'avril 1998, je scut­frais tellement que j'ai alorsfait une tentative de suicideimpulsive en avalant, au to­tal , 80 comprimés de 7 diffé­rents médicaments... Je mesuis réveillé à l'hôpital, aprèsun coma de 24 heures. J 'aiété hospitalisé trois jours autotal à l'urgence, car je nevoulais pas être hospitaliséen psychiatrie .

Puis, après un an d'enfer, il ya eu une inversion au milieude juin 1998. J'ai eu une pe-­riode de répit. C'est moi qui aialors repris le contrôle de moncorps. Mes voix sont presqueabsentes depuis ce temps. Al'été 1998, j'ai fait aussi la lec­ture de livres religieux racon­tant, en particulier, la vie desaints et de saintes.

Par la suite , il pa rtir del'automne 1998, j'ai com­me ncé à pleurer très souventet cela s'est amplifié jusqu 'enfévrie r 1999. Je souffrais demélancolie. Par cont re, jecontinuais d'être actif et jedormais bien . J 'ai continuéaussi la rédaction de textesautobiographiques.

Rendu à l'hiver 1999, j'aicommencé à être rassasiéde souffrir. Après avoir ols­cut è avec mon médecin ,celui-ci a accepté de meprescrire du Zvprex a en

üée. jusqu'à devenir un étatpsychotique à l'automne1997. C'était mon quatrièmegros épisode psychot iquedepuis le printemps 1993.J'ai alors beaucoup souffert,car c'é tait très pénible à vi ­vre . Mes souff rances étaienttellement grandes que j'aidéveloppe un comportementd'automut ilation.

Puis. j'ai eu de plus en plusd'idées suicidaires ... Encorepire : ren du en novembre1997, j'a i passé quatre jourssans dormir en état d'hyper­activité psychotique... C'étaitterrifiant à vivre. J'avais deshallucinations auditives pleinla tête ... Après ces quat rejours au cœur de ta souf­france schizophrénique, j'aiété hospitalisé en psychia­tri e, en cure fermée contrema volonté ... Au début decene deux i ème hospitalisa­tion , j'ai mê me èt è attachéquelques di zaines d 'heuressur un l it d 'une chambred 'i sol em ent, c' ét a i t trèsatr oce à viv re... Cette cureferm ée aura duré environtrois sem aines. J'ai alors dûrecom mencer à prendre desmédicaments psychotropes.

Puis , rendu en 1998, je conti ­nuais de souffrir, à cause demon manque affectif et aussiparce qu e je devais vivreavec un état de fatigue gé­néra le causé par mes médi ­came nts .._ J 'ai alors denou ve au eu un com po rte­ment d 'automutilation.

De plu s, à partir du début dejanvier 1998, j'a i été envahipar mes voix . J 'entendaisles mêmes voix positives,soit celle s qui se disent êtreJésus et la femme que j'aiconnu e à l'École polytechni­qu e, ma is aussi une voix né­gative se d isant être Satanet qu i m e dénigrait.. . Dejanvi er à jui n 1998, j'ai perdule co nt rô le de mon corps. Jefon ct ionnais par automatis­mes m entaux. C'était mesvoix posit ives qui activaientet cont rô laient mon corpstellement elles étaient inren-

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Suifed.l. p.g. t: Revu, des f8cherches..

Schéma l. Les Irois moments associ és au développement de la psychose

o

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,, - -

2. Description et causesdu Il premier épisode Il

2.1 Définition th éorique

On définit comme étant le Il premierépisode )l la période pendant laquelleune personne reço it un premier diag­nost ic de trouble mental grave. Le pre­m ier épisode est une situation aiguë oules symptômes de la maladie sont pré­sents suffisamment longtemps et de fa­çon assez prononcée pour qu'undiagnostic soit établi. (par exemple, leOSM -IV parle d'au moins deux des cinqsymptômes caractéristiques pendantune période d'un mois.) La définitiondu le premie r épisode» tient compte desdimensions du fo nctionnement com­portemental et cognitif de la personne,lesquelles peuvent se détériorer avecl' apparit ion de chaque nouveau symp­tôme psychotique.

Fra nces, 1985; Skepple, 1985). Plu­sieurs auteurs ont, à cette époque, in­sisté sur l'importance d'adapter lesservices aux besoins particu liers de laclientèle. Pour Pepper et coll. (1984),pa r exemple, il s'avérait importantd 'aid er les jeunes à developper desst ratégies pour affronter la vie dans laco m m unauté.

Au début des années 1990, des auteursont proposé que l' on s'attarde à l' inter­vention et au dépistage précoces destroubles mentaux graves. À ce titre,maintes étu des se sont interessees àdécr ire le " premier episode Il de schi­zop hrénie et à chercher des explica­tions.

Symptômes affec tifs et Second diagnosticpsychotiquesmal définis

Situation aiguë et symp-tômes spécifiques stabi-lisés (II '''' diagnostic nIRêmission ou rechute

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Prodrome(. Oébul. du premierèpisodel

Signes précurseursdu comportement(enfance, école]

mois: 0

Temps

Momen"ts'--_ ...,,...,.. ~_.,,....,...,..., -I

Signes

d' une part, la popu lation n'est pas réel­lement di spos ée à accue i ll ir ces jeu nesadul tes dan s leur co mm unauté et que,d'aut re part , les age nces en santé men­tale ne parviennent pas à offrir des ser­v ices adaptés à le urs besoi ns (Voi rBeebe, 1990 ). Un aut re a co nc lu que ladésin stitutionnali sati on fut dictée pardes co nsidé rat ions morales, po li tiq ueset écono mi ques plu tôt qu e pa r des étu­des établissant scienti f iqueme nt lesbeso ins des jeunes et les .meilleu rsmoy ens po ur y rép ondre {Hooper etGoo dwi n, 1989).

Associe r au terme «malad!e chro niquee celui de Il jeu ne Il n'all ait pas de so i,ni pour les jeu nes eux- mê mes, ni pou rles cli ni ciens, a écri t Bach rac h (1984),Les premier s ne se per ço ivent pasco m me des malades me nta ux chroni­ques et s' identif ient pl utôt au x jeunesde leu r âge, parta gea nt leurs attenteset leu rs id éaux, asp irant à qu itter leu rfam ill e et à dévelo pper leur autono mie,attribua nt leurs difficul tés bi en plu s àdes causes soc iales comme les cha n­ge ments de va leu rs ou le chô magequ'à leu r maladie (Bac hrach, 1984 ;lntaquata et Baker, 1984; Pepper etRygl ew icz, 1984; Skep p le, 1985;Th om pson , 1988; Pepper, Kirshn er etRyglew icz, 1984). Du côté des pro fes­sio nne ls, des co nst atatio ns - commele nombre importa nt de jeunes et lapressio n ant ic ipee sur l'e nse mble desressources en santé menta le pour lesannées â veni r - les on t obli gé à modi·fier leur p ratique à l' égard d'une cl ien ­tè le jeune, ex igeante et revendicatrice(lnta gliata et Baker, 1984; Ghiselli et

Au début des années 1980, plusieu rsarticles se sont intéressés il la situa­tion sociale des jeunes et à leurs be­soins. Bon nombre d'a rticles o ntabordé ces questions dans un e vis io nassez negative. Par exemple, ces arti­cles ont présenté les prob lèm es desjeunes plutôt que leurs habi letés il serétablir. Ces écrits ont constaté que lesjeunes sont exigeants envers leur s thé­rapeutes, qu'ils n'acceptent pas d'em­blée le traitement pro posé etcontestent les prescriptions des th éra­peutes, chose à laque lle ces de rnie rsne sont pas hab itués. D'a ut res écri ts,plus récents et moins négatifs enversles jeunes, ont aussi fait état du man­que de fidél ité au traitement, du tauxde réhospita lisation élevé et du recoursaux services en situation de crise, maisen les associant au " sy nd ro me de laporte tournante" (Blixen et Lion, 1991;Fisher, Geller, Costel lo et Philtips, 1989;Dorv!t. 1987; Goldman et Tau be, 1988;Hillard, Siomowitz et Oeddens, 1988;Taube, Goldman, Burns et Kessl er,1988). Un article a rèvété en out re que,

l. Historique: un intérêt derecherche récent pour faireface à des défis nouveaux

Un des premiers articles qu i ait attirél'attention des cliniciens et des che r­cheurs travaillant auprès de jeunes per­sonnes aux prises avec di fférentstroubles mentaux a été publ ie il la findes annees 1970 par Bobbins, Ste rn,Rabbins et Margolin (1978). Les auteu rsy ont decrit la realite il laquelle etaientconfrontes les Young Cnronic MentalPatienrs(appellation que nous pouvonstraduire par" jeunes atteints de t rou­bles mentaux sévères et pers ista nts »).y étaient aussi discutés les principauxdiagnostics psychiatriques associes auxjeunes: schizophrénie et psyc hose, demême que leu rs diverses' formescomme les maladies affec tives et bipo­tetres.tes troubles schizo-affectifs ainsique certains troubles de personna lité­dont le trouble borderfine (Voir aussiPepoer. Kirshner et Ryglewicz, 1984;Schwartz et Goldfinger, 1981). Cet arti­cle eut un impact considérable puisqu'ila été publié au plus fort du mouvementde désinstitutionnalisation en santémentale et que les jeunes adultes cons­tituaient la première générat ion depersonnes qui n'a lla ient pas être insti ­tutionnalisées mais plutôt traitées dansla communauté.

"La cClmorbidité est un syndrome csvctuetncue qui s'ajouteau diagnosticpsychiatrique Ilrincipal III Qui s'est manifesté avantou auméme moment que le lrouble marna!princlpallvolf Strakowski el coll.• 1995)

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2.2 L'identification concrètedu premier épisode : difficultéset défis

Mais ces symp tô me s ne sont pastoujours identifiés, et la psychose n'estsouvent pas bien com prise, ce qui en­tr atne une période sans traitement quipeu t causer des cri ses menaçant la vie ,comme des compo rte me nts agressifsou suicidaires (Yung et M cGorry, 19961.On a no te qu'une pér iode de 12 à 24m o is peut s'écouler entre l'apparitiondes premiers sym ptô mes chez une per­sonne et son admi ssio n dans une unitéde soins (She it m an, Lee. Strauss etLieber man , 1997). Or. on sait que ledéb ut de la psychose (qu' il soit diagnos­tiqué comme premier ép isode ou non )arrive habituellement durant l'adoles­cence ou au début de la vie adulte. aumoment ou la perso nnal ité d'un indi ­vid u se dévelo ppe et où les questionsd' identité sont en pleine résolution, cequ i rend la pé riode sans traitementd'autant p lus d ra ma ti que. Il estd 'ai lleu rs bien co nnu qu e les person­nes atteintes de schizophrénie ont vécule désespoir et eu des idées suicidairesdurant le prem ie r épisode (Agu i lar,Hees. Manzanera, Hemendez. Gracia,Aodado et xeshevan. 1997).

Le schéma 1 illustre les dis tinctions quela littérature nous inci te a faire entretrois moments qui se succè dent de fa­çon pl us ou mo ins tranchée dans le dé­veloppement de la psychose. 11 y ad'abord le prodrome et le {{ début " duprem ier episode, durant lesquels lessignes observés ne so nt pas nécessai ­rement caractéri stiques ou prédicteursde la malad ie. Il y a ensu ite le premierépisode comme tel, lors duquel un pre ­mier diagnostic est établi en vertu desymptômes dé finis et stabilisés; ce pre ­mier épisode étant suivi. ap rès quel ­ques mois, d'une rém issi on . Il y afinalement ce qu'on pe ut appeler lapsychose franche, dans le cas où l'onassiste a une rechu te conf irmée, à sontour, par un secon d di agnostic.

Certes, il est di ffici le de cerne r aquel mo ­ment li débute" le premier épisode enraison de la prése nce simu ltanée desymptômes affect ifs et psy chotiques.Néanmoins, dans bon nombre d'articles,on a situé le « début" du prem ier épi­sode comme arr ivant avant que lessymptômes caractérist iques de la schi ­zoph rénie ou des ma ladies affectives nesoient très présents ou tres perturbateurs.A ce tit re, Eaton, 'rhe ra. Federman et Tien

(1998) ont suivi 90 personnes durant unedizaine d'années et ils ont montré que larémission (c'est-à-dire la disparition dessymptômes suivie de la repr ise de sesactivités normales par l'individu) survienten moyenne six mois après le premierépisode, mais trois mois seulement apr èsles épisodes subséquents. Leur étudenous renseigne également au sujet de lacomorbidtté l associée au diagnostic deschizophrénie. Elle met en évidence quela présence de symptômes affectifs ­comme l'hypomanie ou la dép ressionsimple - lors d'un premier épisode pré­dit une rémission rapide, alors qu'un at­fect plat (c'est-a-di re une absence deréaction aux émotions) et des déli res degrandeur lors d'un prem ier épisode orè ­disent des épisodes subséquents de du­rée plus longue et des rémi ssions dedurée plus courte.

Plusieurs chercheurs ont tenté de t rou­ver des signes pouvant prédire ou aidera prévenir un premier épisode. C'estainsi que :

• des comportements de retr ait durantl'enfance, sans être des prédicteursper se, sont associés a des limites psy­chomotrices et a des désorganisationscognitives importantes lo rs du pre­mier épisode; de même, des troublesde relat ions soc iales et un ma nque decompétences sociales pourraient indi­quer une vu lnérabi l ité a la schizo­phrénie (Baum et Walke r, 1995);

• des comportements ano rmaux d'af­fection, un déficit atte ntionnel et uneincapacité sociale surviennent sou­vent plusieu rs années avant le débutdes symptômes posi ti fs et négatifs dela maladie (Amminger, Resch, M utch­lechner, Friendrich et Ernst, 1997);

• des problèmes précoces d'attentionsont associés a des symptômes néga­tifs plus importants du rant l'âge adulte(Baumet Walker, 1995);

• les jeunes qui présen tent un me illeurfonctionnement social avant le premierépisode, de même que ceux qui sontplus scolarisés, présentent moins desymptômes négatifs et un meilleur pro­nostic que les jeunes au fonctionnementsocial limité lo rs du début du premierépisode (Bailer, Brauer et Rey, 1996l.

Certains signes précurseurs de la ma-ladie mentale peuvent être identifiéschez les enfants par leurs pro fesseurs,comme l' instabil ité èrnotionneue. l'an­xièt è sociale, le retrait, de pauvres reta -

tiens avec les pairs et des comporte­ments agressifs et pertu rbateurs. PourVaglum (1996),.un pauvre fo nctionne­ment social , ou un déclin de celui-cidurant l'enfance jusqu 'à la fin de l' ado­lescence, constitue li le début " du trou­ble mental.

En revanche, Falloon (1992) a montréque les signes précurseurs d'un épi ­sode de schizophrenie ne sont pas spé­cifiques à la maladie. En effet, le retraitémotionnel, le manque d'intérêt, les dif­ficultés de concentration, les troublesdu sommeil , l'irritabi lité et la nervositésont des symptômes que J'on retrouvedans plusieurs types de troubles men­taux. En outre, si la personne con­somme des drogues ou de l'alcool.l'identification des premiers svmpr ô­mes des psychoses reste difficile, carces dern iers peuvent alo rs être mas­ques ou encore amplifies par ces subs­tances (Strakowski et et.. 1995).

Pourtant, l'intervention précoce pourraitprévenir l'aggravation de différents pro ­blèmes comme la diminution de la pro ­ductivité, la détérioration du réseausocia l, la fréquence des épisodes aiguset des hospitalisations, de même quel'itinèrance et les incarcérations. Car plusl'absence de traitement est prolongée,plus il est difficile de trouver un traite­ment efficace. Des études comme cellede McGlashan et Johannessen 11996)montrent que l'absence de traitementlors d'un premier épisode est fréquenteavec comme conséquence que des per­sonnes demeurent longtemps maladesavant d'obteni r de l'aide. Cesauteurs ontévalué que lorsqu 'une personne atteintede psychose n'est pas traitée durant lapremière année, ses symptômes peu ­vent persiste r au-delà de trois ans (ibid.l .D'autres chercheurs rapportent que lepronostic est sombre quand la durée dutraitement est longue, le nombre desymptômes eleve, et la compétencesociale de l'individu limitée a sa sortiede l'hôpital (Schm idt. Blanz, Dippe.Koppe et Lay, 1995).

On a noté des différences importantesentre les sexes lors du premier épisode,et même avant. Avant le premier épi ­sode, les garçons ont davantage decomportements antisociaux , tandis queles filles sont davantage passives et per­turbatrices latin et Mednick, 1996). En­suite, les hommes fonctionnent moinsbien au travai l et à l'école et pr ésententdes changements fréquents dansces milieux [Larsen. McGlashan et

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Vibe-Hansen, 1996). Enfin, on a rap­porté que 37 % des garçons ont des dé­tériorations plus marquées lors de larémission (Amm inger et at.. 1997). Onsait de façon certaine que le début dela schizophrénie survient plus tard chezles femmes, que leur réponse au traite­ment est meilleure, qu'elles rechutentmoins sou v en t et présentent unmeilleur fonctionnement a long terme,qu 'elles sont plus souvent mariées queles homm es (Larsen et al., 1996).Vaglum (1996) a constaté que les fem­mes reço ive nt un traitement plus rapi­dement , soit 39 semaines en moyenneaprè s le premier épisode, comparative­ment a154 semaines pour les hommes.

On estime qu'il existe une vulnérabilitébiologique a développer une psychose,mai s cette vulnérabilité n'occasionnepas à elle seule la maladie. Les stressenvironnementaux sont associés au dé­clen chement de la psychose. Ce sontprincipalement: la pression du milieuéducatif ou de travail, les événementsstressants de la vie quotidienne, ou unniveau élevé d'émotions exprimées dansla famille. Dans ce dernier cas, le conceptd' émo tio ns exprimées représente troistyp es d'attitudes des proches envers lapersonne souff rant de troubles mentauxet qui , ades niveaux élevés, ont un effetdirect sur la rechute. Ce sont; II des atti­tudes méprisantes ou infantifisantes etcontrôran tes ; 2} une présence exagéréedans la vie personnelle et 3) une hostilitéouverte . Ces facteurs étant associés aufonctionne ment des familles, il est doncd'une importance capitale d'aider cesder­nières a les reconnaitre et à leur donnerle soutien necessaire pour les contenir,lecas échéant. Ces facteurs de stress peu­vent aussi précipiter la rechute psychoti­que et diminuer le fonctionnement despersonnes.

En gén éral , la première rechute et laprem ière réadmission surviennent du ­rant les ci nq annees suivant le premierépi sode de schizophrénie (Mason,Harrison, Gtezebrook. Medley et Crau­dace, 1996 l. les symptômes devien ­nent plus importants du rant l'annéesui vant le premier épisode mais sestabilisent par la suite. Qua nt a l' ajus­tement soc ial, il s'eméüore au coursdes deux premières années mais dé­cl ine durant les dix années suivantes,même en présence d'un traitement tra­dit ionn el (Mason et al., 1996). Paraille u rs, cinq ans après le début de lamaladie, les femmes présentent un

meilleu r p ronostic que les hommes{Shepherd. Watt, Falloon et Smeeton,1989).

3, Situation sociale des jeunesayant des troubles graves

3;1 liens avec les services gouverne­mentaux et de soins

la conception négative de la maladiea de graves conséquences chez les jeu­nes atte ints de schizophrénie, principa­lement sur le pronostic de la ma ladie(Bean et al., 1996; Beiser et al., 1994). À.ce titre, Kearns et Taylor (1989) de mêmeque Toews et Barnes (1986) ont mo ntréque les incapacités et les symptômes desjeunes peuvent être ent retenus par autru iou par leur environnement, comme nerecevoir aucune com pensation de quel­que natu re que ce soit (aménagementsocial, aide financiè re] afin d'atténuer lesdésavantages causés par la maladie; oun'avoi r aucune possibilité de mettre envaleur leurs aptitudes sociales, de déve­lopper leur réseau de soutien et d'amé­liorer leur socialisation; ou de ne pas pou­voir obteni r de formation professionnelle.En conséquence, les jeunes vo nt em ­ployer des stratégies com me le retrait sursoi afin d'éviter le rejet. Or, ces stratégiesde protection diminuent l'est ime de soi,bloquent l'accès a des rôles sociaux va­lorisés et entravent le processus de réta­blissement têean et al., 1996),en plus derendre la plupart des jeunes incapablesde faire valo ir leurs droits, individuelle­ment ou collectivement [Pepper et et..1984), ou de surmonter les obstacles bu­reaucratiques afin de recevo ir l'ai de à la­quelle ils ont dro it (HolcombetAhr,1988).Finalement, la crainte des préjugés dimi­nue la motivation des jeunes à alle r con­sulte r (Beebe. 1990; Keams et Tayl o r,1989; Lamb, 1984; Skepple, 1985; Stelf etProsperi,1985).

3.2 liens avec les proches

Des études menées au Québecmontrent que les jeunes adultes vi­vent en proportion égale chez leu rsparents (2 1 %1. seuls en appart ement(21 %l. en famille d'accueil (18 %) ouen foye r (18 %L ma is que seulement6 % d'entre eux vive nt en coup le

' (Leclerc, 19961. Ces jeunes sont plussco larisés et souhaitent généralementoccuper un emploi - la moitié d'entreeux ayant déjà appris un m ètter.üs vi­vent cependant davantage de stress

que la popu lation en général et comp­tent sur leurs amis et leur famille lors­q ue les difficultés dépassent leurscapacités à les rég ler (Leclerc, 1992 ).Or, l' institutionnalisation n'étant plusune option de nos jo urs, Wilk (1988) aconstaté que ces jeunes se réfugientchez leurs parents, chez leurs amis, ouenco re da ns les services d'urgencelor squ ' i ls sont en état de crise. Cetaute ur a en effet rapporté que les jeu­nes conservent de nombreux liensavec leurs parents et y accordentbeaucoup d'importance, Toutefois ,leu rs amis restent les premières per ­sonnes vers lesquel les ils dirigentleu rs confidences; viennent ensuiteleurs parents et, en dernier lieu, leursthé rapeutes. À. cet égar.d, nous avonsnoté que la majorité de leurs amis vi­vent aussi des problèmes de santémentale (Leclerc, 1996). Ces résultatsviennent donc souligner l'importancede facil iter le maintien des l iens entreles jeunes, leurs amis et leurs familles.Une étude ontarienne menée parKearns et Taylor (19891 décrit de fa­çon similaire la situation sociale desjeunes, mais en ajoutant que, a l'inté­rieur des grandes villes, ces derniersne disposent pas de lieux ou se réfu­gier et ret rouver une certaine sécurité.

3,3 liens avec l'abus de drogues

L'étude de Sater (19B7) a décrit lesliens entre les abus de drogues et leshospitalisations chez les jeunes aprèsavoir éva lué que 70 % d'entre eux ontété hospitalises alors qu'ils étaient dro­gués, Selon une autre étude (McCarrick,Mandersch ied et Bertolucci, 1985), il Yaurait parmi les jeunes hospitalisés 44% d'uti lisateurs réguliers de drogues et29 % ayant un passé d'utilisation. Endépit de ces chiffres élevés, il existe peud'organ isations venant aider les jeunesqui présentent à la fois des troublesmentaux et des problèmes de toxico­manie.

4. Traitements act uels

4.1 Assiduité à la m édi cation

Dès-les années 1980, il fut suggéréd'offrir le plus rapidement possible untraitement neuroleptique aux jeunesprésentant un premier épisode, afin dediminuer les symptômes et la durée dela phase aiguë (Favre, Huguelet, Vogelet Gonzalez, 1997). On a ainsi décou­vert que :

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• les benefices d'un tra itement appa ­raissent generalement un an après lepremier episode;

• les gains peuvent êt re ma intenus lors­que les programmes sont continus etintensifs, et qu'ils con ti ennent des in­terventions de nat u re psychosociale,incluant une attention particulière ausujet de l'utilisation des drogues.

Selon certains auteurs, c'e st dès que laschizophrenie est soupçonnée qu 'ondevrait debuter le trai tement et favori ­ser ainsi de meilleurs résu ltats sociauxet cnmques. mais aveccomme élément­clé une et roi te collabo rati on entre lesprofessionnels de la santé mentale etles médecins de fam ille (Fëüoon, Kydd,Coverda!e et Laidlaw, 1996).

les jeunes son t tou tefois peu assidusaux traitements médicamenteux ou lesabandonnent souvent. Plus de la moitiédes jeunes délaissent leur médicationdurant la pre miere année du traitement.l'assidu ite aux neur oleptiques sembleêtre difficile à maintenir en raison deseffets seconda ires (Favre et al., 1997). Desurcroît. les effe ts secondaires sont plusmarques lors du premier épisodeque lo rs les ep isodes subséquents(Sheitrnan et al.1997). Par ailleurs, le do­sage de neuroleptiques ne fait pas l'una­nim ité. Falloon (1992) propose un faibledosage lo rs du premier épisode, contrai­rem ent à certa ins qui consfoèrent lesdoses généraleme nt données commeétant insuffisa nt es pour réduire lessymptômes (Favre et al., 1997).

l e manque d'assiduité au traitement neco ndui t pas nécessairement aux rechu­tes et aux readmiss ions en psychiatrie(Favre et at., 1997). l a rechute survienten moyenne quatorze mois apr ès lepremi er èoisode pour l'ensemble desjeunes t raités (qu'ils aient été fidèlesaux medicaments ou pas) comparati­vement a sept mois après ra cessationdu traitement po ur ceux qui ont aban­donne la medication.

McGlashan (1996) a montré que , sur leplan pratique, trois types d 'interven­tions sont efficaces po ur la schizophré­nie , SOItla médicatio n antipsychotique,l'education acco m pagnée de sout ien àla famille et un prog ramme de rèinser­tien dans la comm unaut e. Quant àFaUoon (1992), il pro pose d'offrir, enplus des neurol ept iq u es, un pro­gramme de gestion du stress pour di­minuer l'importance des symptômespositifs lors du premier épisode.

4.2 l'intervention précoce au stadedu .. prodrome N

Il est impossible de separer l'inter­vention précoce du dépistage précoced'une maladie mentale. Â cel égard,lesétudes définissent le • prodrome If

comme la phase précédant un premierépisode de schizophrénie. Certes, lescaractéristiques du prodrome varientd'une personne à l'autre, et res symp­tômes qui y apparaissent ne sont passpécifiques, rendant impossible le diag­nostic. Néanmoins, il est important deles connaître afin de procéder à un dé­pistage précoce et de planifier des in­terventions des ce stade. C'est ainsi queFalloon (1992 ) a identifié huit caracté­ristiques :

1. Presence d'un comportement bizarreprononcé;

2. Diminution de l'affect ou un affectinapproprié (affect: impression d'at­traction ou de repulsion à la base del'affectivité);

3. Discours decousu, vague;

4 . Diminution des capacités de langageet de pensée;

5. Préoccupations l iées à des idéesétranges;

6. Idées de référence (moins pronon­cées qu'un déli re, elles pousse nt laperso nne à se senti r conce rnée per­sonnelleme nt par des eve nementsanodins ou étra ngers);

7. Dèperscrmausetton ou dé réalisetion(sensation o' étranqet èaccompagneede sensation de changement chez soiou dans l'environnement habit uel);

8. Perturbation des perceptions (un ouplusieurs des cinq sens peuvent êtreaffectés).

Falloon (1992) suggère l'utilisation dejeux de rôles afin de faciliter l'identifi­cation des caractéristiques du pro­drome.

« l 'étude de Bonn _, qui fut menée parGross (1997) auprès de 502 personnes,a montré que 37 % des personnes pre­sentant un prodrome ont vécu un épi­sode de schizophrenie dans les troisannées suivant la détection du pro­drome. Or, selon cette étude. il existedeux types de prodromes : celui quimène à un épisode reel de schizophré­nie et celui qui m ène à une rémission(ou absence) des symptômes. Dans cedernier cas , la remission est survenue

en moyenne cinq ans plus tard, et lepremier épisode de psychose , enmoyenne dix ans après la rém ission.l 'étude a en outre identifié deux ni ­veaux de symptômes : les symptômesde .. niveau 1 • ne sont pas spécifiquesà la schizophrénie (on peut les retrou ­ver chez des personnes souffrant de dé­pression ou de maladies du cerveau),alors que les symptômes de • niveau 2If sont spécifiques mais trop récents oupas assez prononces pour fonder un ve­ritable diagnostic. Par exemple, on peutobserver que durant le prodrome, tantle stress quotidien que la pression del'entourage produisent des émot ionsimportantes, en même temps que lesexigences du travail peuvent diminuerles capacités de com munication et me­ner à un épisode de schizophrénie .l 'étude de Bonn a pu ainsi décrire la tra ­jectoire la plus frequente de l'apparitiondes symptômes chez les personnes at ­teintes de schizophrén ie. les symptô ­mes non spécifiques du prodromeapparaissent en premier lieu, soit uneabsence d 'énergie de même que destroubles perceptuers et dépressifs. vien­nent en second lieu les symptômes spé ­cifiques. soit des difficultés à identifierles émotions, un blocage de la penséeet des difficu ltés de compréhension ,des problèmes à distinguer la réalité del'imag inaire, l 'h yp ersen si b i l i t é, demême que la pert e (ou la diminution)des réfl exes et des capacités motrices.Appa raissent fina lement quelques an­nées plus ta rd les symptômes positifs,comme les hallucinations, les delires,les incohérences de la pensee et du lan ­gage; suivis des symptômes négatifscomme l'apathie, le manque d 'intérêtet de motivation, l'affect plat.

Ici, deux précisions peuvent être appor­tées. Premièrement , les symptômesprécurseurs affectent les capacités re­lationnelles et cognitives. la personneconstate alors les changements et es­saie d'en diminuer les effets ou de s'yadapter. C'est pourquoi ces sym ptômessemblent disparaître aux yeux desautres, bien qu ' ils soient encore pr è­sents (Gross, Huber et Kicsterkctter.1998). Deuxièmement, en ce qui co n­cerne plus particulièrement les désor­dres (ou troubles) de la pensée, s'i ls sedéclarent à l'adolescence - ce qu i est lecas de quatre garçons pour une fill e -,ils ne sont pas toujours l'indice d'unépisode futur de schi zo ph re ni eI M ako w ski, Watrnaux, La jon ctr ere .Dicker et Smcke. 1997 ). Ma is, en revan -

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che, si la schizophrénie s'est déclaréedurant J'adolescence même, les désor­dres de la pensee sont alors similairesà ceux de l'âge adulte, soit une incohé­rence du langage, des raisonnementsillogiques, des perceptions confuses,un manque de concordance réalisteentre les tâches à accomplir et leur r èa­lisati cn . et des idées plus ou moinsinappropriees aux situations (Makowski,Watrnaux ,lajonchere, Dicker et Smoke,1997).

4.3 Risques et conséquences concer­nant l'intervention precoce

Thèortque m e n t. l'identificationrapide de la schizophrénie ou de la vul ­nerabilite à la schizophrénie permet deréduire les consequences défavorablesde l'absence de traitement en favorisantl'intervention précoce l M cGlashan ,1996; Shei tman et el.. 1997). Toutefois,ce oeptsraçe précoce exige une senst­bih sation de la communauté de mêmeque sa co lla boration. Après le dépis­tag e, il est recommandé de débuter destraitements psychosociaux qui portentune atte nti on particulière à la réductiondu stres s et à l'augmentation des capa­cités d'ad aptation , au moyen d'un suivi

individuel. Un soutien aux familles doitégalement être offert (Yung, McGorry,McFarlane, Jackson, Patton et Hakkar,1996). Enfin, la survei llance de la symp­tomatologie et du fonctionnementpsychosocial est une activité essentiellelorsqu'il s'agit d'offrir un traitement in­dividualisé.

lorsque la détection précoce suggèrel'imminence d'un épisode de schizo­phrénie, Falloon (1992) propose une in­tervention précoce constituée de troiscomposantes:

1. des activités éducatives au sujet dela maladie offerte à ta personne et àses proches, incluant des informa­tions sur le stress et son rôle, lasymptomatologie, l'origine de la ma­ladie, le pronostic et le traitement;

2. des activites de gestion du stress of­fertes à domicile à la personne et àses proches par une infirmière clini·cienne spécialiste en soins psychia­triques afin de permett re â lapersonne et è ses proches une adap­tation plus facile aux situations cou­rantes de même qu'à celles qui sontliées plus spécifiquement à la mala­die;

3. un traitement aux neuroleptiques afinde diminuer les symptômes positifs(hallucinations et délires, principale­ment] et d'eviter les détériorations as­sociées à ces symptômes,

l'approche psvchoèducetive de Falloona été utilisée en Angleterre et a permisde réduire le nombre d'épisodes sch i­zophréniques de même que la sévéritédes détériorations habituellement asso­ciées à cette maladie.

D'autres auteurs proposent aussi uneintervention intensive constituée d'ap­proches osvcho èducattves (combinantdes aspects èducanonnets visant le dé­veloppement d'habiletés et des aspectscounselling ou psychothérapiques)auprès de la personne et de sa famille.combinées à un traitement neurolepti­que (linszen et et.. 1997, 19981. l es sug­gestions de ces auteurs sont basées surune étude fa ite auprès de 76 jeunesayant montré que l'épisode psychoti­que est plus fréquent dans les famillesoù l'on observe d'importantes émo­tions exprimées, d'où l'importanced'aider tant les fami lles que les person­nes atteintes. les auteurs ont aussi ob­serve qu'un second facteur, soit la

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rteusement. de même que les groupesde soutien par les pairs. Dans ces der­niers cas, la formule du c1ubhouse sem­ble très prometteuse. Le clubhouse estun endroit va lo risant où il est possiblede développer des rela tions amica lesauthentiques et d'obtenir du trava i ladapté aux capacités de la personne et àses intérêts. Le personnel du clubhouseencourage la participation des membressans leur imposer d'activités. La formuleres te embryonnaire au Québec, et iln'existe aucun club francophone certifiépar le Centre international pour le déve­loppement des c1ubhouse.

Ma lgré l'avancée des connaissances,les défis demeurent considé rables. Or,si ces défis conce rnent plus particu­l iè rem ent les personnes, leurs fa­milles et les clin iciens ou interv enants,il s v isent éga lement toute la popula­tion. Certes, si l'on veut soutenir lespersonnes, il est p rimordial de lesaider, elles et leurs fa m illes, à com­prendre la situation. Mais pour limi­ter le s dommages causés par lest roubles mentaux g raves, la sens lblti­sanon des communautés est une voied'avenir incontournable. Et si l'on veutco nt rer la stigmatisation pour ne pascréer de handicaps supplémentaires,la sensibilisation dans les écoles et ledépistage précoce sera ient de grandsp rem iers pas. b

psvcho èducetlf du jeu ne adulte et de safam ille (Sbeitman et al., 1997).

Toutefois, et bien qu'elles soient pro­metteuses, les nom breuses ét udesbiologiques, neuropsvcholoqtques etpsychologiques menées à la sui te d'unépisode franc de psychose n'ont pas v è­rftebternent abouti au dépistage « t rès"précoce de la schizoph rénie, soit à l'ap­parition du pro drom e. En revanche, unemeilleure compréhension du passagedu prodrome à la psychose franche per­mettrait d'identifier les facteurs associésà l'évolution de la maladie et plusieurschercheu rs y consacrent actue llementleurs énergies (Yung et al., 1996).

Dans les domaines d'interventionpsychosociale, des approches, t raite­ments et activi tés permettent déjà de di­minuer les in con fo rt s associés auxpsychoses, ma is de nouvelles approchesdoivent être explorées davantage. Parexemple, des avancées importantes ontété réalisées par les approches cogniti­ves comportementa les et psycho­éducatives. On sait que des intervent ionsdestinées aux familles on t réussi à dim i­nuer significativement les rechutes despersonnes atteintes. La réadaptation auxactivités de travail ou la réada ptat ionvocetiormelte (vocational rehabilitation)qui vise travail, études, bénévolat et toutautre activité significative, sont d'autresapproches deva nt être considé rées se-

5. Voies d'avenir

La meill eure recommandation pour letraitement des jeunes présentant destroub les graves de santé mentalesemble d onc être un traitement auxneurol eptiques devant être ajusté régu­lièrement - et idéalement à la baisse ­avec un traitement psychosocia l et

consommation de cannabis pa r lefeu ne, ajouté à un niveau élevé d'émo­tions exprimées, faisait d'autant plusaugmenter le risque d'épisodes psycho­tiques.

Nous savons aussi que le fonctionne­ment.psvchosocte! des jeunes adultesdécline à partir du moment où la ma­ladie est ident if iée, d'où l'urgence detrou v er de nouvelles approches quileur perm ett ront de conserver leur ré­seau social et leurs habiletés sociales.Nous savons qu 'ils possèdent des res ­source s pe rso n n el les qui au raientavantag e à êt re sollicitées, pu isqu'ilssont plus scolarisés, plus motivés à dé ­velopper leur autonomie et qu'ils ontdéveloppé plus d'habiletés que les gé­nérati on s pr écédentes des personnesau x prises avec des troubles mentauxgraves (Lec le rc, Lesage et Ricard,1996). Or, les écrits que nous avonsco nsulté s indiquent que les facteurspsyc ho socia ux influencent l'évolutionde la m aladie.

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Deux générations de traitementun écart de souffrances...

••

Activedepuisprèsde vingtans dans/e réseaude /asanté mentale.l'auleure. DianeHafV8,!. ft cumuléunevaste 8xperience dans'" mi­lieu de l'intervention en entrBide-personnes. en intégration socio­professionnelle ainsiqu'engestionde groupes communautaires.

Tour d'abord. l'Buteure rient. préciserqu'il s'sgit d'unsrlicl" ioar­nalistiquebass surla perception des jeunes qu'elle /1rencontrés en'mIrevue et auquel e!Je associeplusieurs réflexions et interroga­tionspersonnelles. 1/ne s'agitpas d'unexercice scientifique. mllisplutôtdupartaged'uneréafitéparticulière.celle deonlejeunesquiont toujoursespoir de réaliser leurs rêvBS. Une nouvelfe réalité etdes besoins auxquels il fautrépondre immédiatement la jeunessen'étantqu'untemps quipasse...

L'auteuretient égalemantBremercier les onzejeunes quiontparti­cipé aux entrevues de groupe, Sans feur aide et sans raide de laClinique Norre-Dame-des-Victoires etdel'organisme communautaireLePatlois, qui ont aidé B fes recruter, nousn'lIurions pu connaÎtreleurs perceptionset leulS preoccupations actuelles. MerciB touspourcette précieusecollaboration.

Gfin de mieux com­prendre la réalité desjeunes quant à leurintégration dans leréseau de la santé

mentale et de mieux saisirleurs réelles préoccupationsquant à leur avenir, je suispartie , questionnaire enmain, à la recherche dejeunes ayant des problèmesgraves de santé mentale.J'espérais mieux saisir leurvécu face à la maladie men ­tale et leurs perceptionsquant aux diverses réalitésqu 'ils peuvent vivre dans lesdifférentes dimensions deleur vie: le traitement ou

l'aide qu'ils reçoivent, le t ra­vail , les amis, la famill e et lajeunesse en elle -mêm e.

Afin de couvrir le plu s largeéve ntail possible de réalités,j'ai recrute des jeune s pourdes entrevues de groupesuivant tr ois typ es d'expé­rience s de la maladie et enfon ction de leur int égrationdans le réseau de la santémentale. J 'aJ donc ciblé desjeunes qui ont déjà vécu plu­sieurs épisodes de mal adieet qui ont un lon g parcoursdans le réseau de la santémental e, Pour le secon d

Suite en pege ID

Références (suite de Il pago 8)

ShOllherll, M Watt.0, Felloon,I.R" 01Smeelon. N,(19891,. TheNaturalHISlOlY 0'SChizophrenie A Flva·Years Follow,Up Studyof üurecme anll Predic tion in aRepresentative Sample of Schizophrenies . , Supp/f1ment '5 ed., Cambridge Uni­versityPress

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Soyez-yJ _

L'ASSEMBLÉEGÉNÉRALEANNUELLEDE L'AGRP

Le vendredi 13 septembre 2002

Base de plein air Ville-Joie2441,rue Notre-Dame.Pointe-ou-L ac (près de r rors-Bivlères)(819) 377·3987

Inspirés par une vue imprenable surle magnifique lac Saint-Pierre, profitezd'une occasion privilégiée pour parti­ciper activement au développement dela réadaptation psychosociale 1

Pour information :l'AQRPtéléphone (418)842-4004téecooreur (418) 842-4334coume! [email protected]

o

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Les rêvesdesjeunes sontdemeurés lesmêmes:avoir un travail,desamis et un chez-soi

confortable. lis désirent trouver leur place...

groupe, (al rencontré desjeunes qui en étaient a leurpremier episode psychoti­que, ne présentant pas unlong passé de ma ladie etqui , finalement. recevaientdes services du réseau de-·puis peu. En terminant, j'airencontré une jeune demoi­selle qui , après une pre­mière dépression, a intégréune ressource d'intégrationsociale et professionnellepar l'entremise du réseau dela jeunesse.

Après analyse des échangeset des témoignages, il m'estapparu que plusieurs écartsde perception ressortaientselon la diversité des expé­rien ces . les jeunes quiavaient déjà un long par­cours dans le réseau mesemblaient plus amers; lesnou veaux , plutôt optimis­tes... Sans prétendre expli­quer ces écarts scienti­fiquement, ce billet voudraittoutefois soulever plusieurspistes de réf!exi on et aussil 'urgence d'une réflexionQuant à la place que le ré­seau de la santé mentale of­fre aux jeunes personnes vi­vant des problèmes desanté mentale. Certes, cespistes de réflexion so nt par­fois ardues et confrontantes.Mais si le défi s'annonce detaille, il demeure incontour­nable : les jeunes que j'airencon trés ont tous con­servé leur s rêves et leursespoirs, et c'est par consé­quent à nous tous de réflé­chir aux solut ions les pluspertinentes.

Un premier typed'expériencePour co nst ituer le premiergroupe, j'ai contacté un or­ganisme communautairereconnu qui offre des ser­v ices soci oprofessionnelsaux personnes ayant desproblèmes graves de santémentale. Connaissant lemilieu, je savais pertinem­m ent que les jeunes de cet

o rganisme avaient unebonne connaissance duréseau pour l'avoir bienfréquenté avant de s'inté­grer à la ressource et departiciper à ses activités.J'espérais donc retrouver,chez les cinq jeunes pré­sents à l'e ntrevue degroupe, un certain sens cri­tique en regard des servi­ces et des interventions.l orsque j'ai rencontré lesjeunes du premier groupe,ils ont effectivement dé-

montré qu'ils connais­saient bien le réseau, sesnombreux rouages et sescontraintes. Ils étaient éçe­

Iement sensibilisés à laréalité sociale et politiquede ce dernier. Âgés entre28 et 30 ans, ces jeunesavaient tous un passé di f­ficile où chaque progrès futle fruit d'un effort ma rqué.Ils disaient avoir atteint uncertain niveau de conforten ce qui concerne l'accep­tation de leur maladie etleur situation actuelle. Jene les ai pas sentis trèsheureux, mais ni malheu­reux, comme instal lésdans une zone de confortlongtemps recherchée auprix de nombreux efforts.Ils n'avaient plus la fouguede la jeunesse où l'on sesent capable de défoncerles portes et de réclamer ledroit de réaliser tous sesrêves, même res plus in ­sensés. Il s etaient plutôtcontents d'être parvenus àse sortir des affres de lamaladie, des périodes decrises intenses et des re­chutes en série. Ils avaientatteint une certaine forme

de stabilité durant laquel leils pouvaient enfin prendreun certa in répit de la souf­france.lIs se voyaient tousen cheminement ve rs unaveni r meilleur qu'ils cons­truisaient mai ntenant àleur rythme et selon leurscapacités. Ils disaient avoi renfi n l'impression, plu­sieurs an nées ap rès ledébut de leu r maladie,d'être les porteurs de leurdestinée. Ils éta ientcontents des services

qu'i ls reçoivent de l'orga­nisme commu nautaire,mais t rouvaient généra le­ment que leur participationétait tardive, s'inscrivanten bout de processus,ap rès de t rop nombreusesannées d'errance da ns leréseau. Par co nséquent, ilsen avaient long à dire surleur passé, et plus particu­lièrement sur leu rs premiè­res expériences dans leréseau de la santé mentale.

Les jeunes du premiergroupe ont tous relevél'impact majeur du m ède­cln traitant dans leur che­minement. Pour eux, lepsychiatre est le premier etle pri ncipa l responsable dutraitement; c'est sur lui querepose ta capacité ou nonde s'e n sortir et d'être enm esu re d'utiliser les servi­ces psychosociaux. Pierr e,30 ans, en tém o ign e : If Lepremier contact que j'ai euavec fe reseau, c'est avecmon psychiatre et avec lamédication. J'étais enpleine crise, bouleverséparce qui m'arrivait. Je necomprenais pas et j'aurais

voulu être rassuré. J 'ai sc­quiescé à leur demande eton m'a gelé le cerveaupendant trois ans avant detrouver un médicamentqui me convenait. Monseul réseau d'aide se résu­mait à ma familfe désem­parée, mon psychiatre etmes médicaments. Aprestrois ans de souffrance, j'aienfin eu la chance de con ­naître autre chose. Maisc'est un préposé aux béné­ficiaires de l'hôpital quim 'a pa rlé d'une ressourced'hébergement commu­nautaire, pas mon osv.Pourtant ç'a été mon en­vot. J'ai eu l'impression derevivre. JI

De façon gé nérale, les cinqjeunes du premier groupeassocient la période d'ap­parition de la maladie etleur arrivée dans le réseauà beaucoup de souffranceset d'isolement. L'interven­tion tourne principalementautour de la médication etde so n ajustement. L'aidepsychosociale se fait atten­dre et s'inscrit générale­ment suivant l'ajustementde la médication . PourAndré, 29 ans, « le psy estcomme en haut de fa py­ramide des soins, c 'estcomme si tout mon avenirdépendait de fui et de sespilules. Mais cote a pris dutemps avant de passer àune autre éfape ... J'en suisvenu à me poser des ques­tions. Une chance que jen'ai pas la paranoïa dansmon diagnostic >1.

À cette période difficile, lesjeunes du premier groupeont également parlé deleur famille et de leursamis. Pour eux, la familleest toujours présente maisde manière variable selonson niveau d'acceptationde la maladie. Seules lesfamilles qui acceptent etqui comprennent demeu­rent. les autres se retirenttranquillement ou brus-

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quement. Néanmoins,pour Julie, 28 ans, c'estmieux ainsi. ft Le jugementde la famille est souventpire Que celui des autres.J'ai coupe les ponts pourmon mieux-être. C'étaitune source de souffrance,de rejet et de culpabilite.Vaut mieux laisser tomberet continuer seule que depoursuivre des relationsQui ne m'amènent Que desdifficultes supplémentai­res JJ.

Quant aux amis, la réalitéest simple. Pour eux,comme pour nous,l'amitiéet le partage, c'est avanttout une question d'affini­tes. ff On n'a pas les mêmesrushs, les mêmes intérêtsni les mêmes préoccupa­tions. Quand mon beau­frère vient dîner, je parle deREERpour lui faire plaisir,mais ça ne m'intéresse pas.Moi, j'essaie à 30 ans definir mon secondaire, lesREER. j'en n'ai rien à faire.J'aime mieux rencontrer dumonde qui partage lesmêmes choses que moi.Mes amis sont maintenantdes personnes Qui ontaussi des orobtèmes desanté mentale et ça meconvient tres bien /J. (José,30 ans) Même son de clo­che chez les autres jeunesdu groupe. Le petit copaind'Amélie vient aussi aux ac­tivités du groupe com­munautaire et, de temps entemps, ils sortent en ville.Quant à José et Pierre, s'ilsavaient plus d'argent, ilssortiraient plus souvent,mais entre eux autres ouavec d'autres jeunes dugroupe. Pourquoi 1,leurai*je demandé. Pour que cesoit le fun ... Pour le plaisir,parce qu'entre eux, ils di­sent qu'ils se comprennentmieux.

Les rêves des jeunes dupremier groupe sont toute­fois demeurés les mêmes:avoir un travail, des amis et

un chez-soi confortable. Ilsdésirent trouver leur placeet savent qu'ils devront 'en­core surmonter plusieursdifficultés. JJs ont acceptéde poursuivre leur chemin,même si c'est ardu, au lieude renoncer. Ils comptentsur nous. les intervenants,pour leur ouvrir les portes- les défoncer au besoin -,mais surtout, les reconnai­tre comme des personnesentières et respecter leursbesoins. Ils savent égaie­ment qu'ils n'auront pas lapartie facile et que les pré­jugés sont tenaces, " quel­ques fois, même ceux desintervenants D, me préci­sera le jeune José, sourireen coin, en mentionnantqu'il y aura toujours, selonlui, Il une ligne intrsnctïisss­ble entre les clients et les in­tervenants /J. Ils acceptentd'avancer à petits pas, ilsl'ont appris, mais tous lesjeunes du groupe espèrentque la route se terminerapar un vrai travail, rému­néré par un salaire. Ils neveulent pas être d'éternelsstagiaires. Mais commeplusieurs, ils ne veulent pasmettre en pèrllla sécurité fi­nancière que leur offrel'aide sociale. En effet, laplupart des personnes quifréquentent la ressource neveulent pas obtenir un em­ploi et un salaire à tout prixet, surtout, au prix de leursanté ... Ils recherchentl'équilibre entre le marchédu travail compétitif et l'in­tégration il un travail valo­risant et respectueux deleurs capacités et de leurpotentiel.

Les jeunes du premiergroupe se considèrent èqa­Iement trop vieux pour re­tourner il l'école il tempsplein et espèrent fortementque les plus jeunes pourrontrecevoir de l'aide dès lespremiers symptômes decrise afin qu'ils se maintien­nent il leur place, disent-ils,sur les bancs d'école.

Un second typed'expérienceAfin de cerner la réalité desjeunes vivant un premierépisode de maladie, j'ai en­suite rencontré six jeunesqui participent au pro­gramme d'une nouvelle cli­nique spécialisée dans ledépistage et le traitementdes psychoses en débutd'évolution chez les jeunes.Ouverte depuis quelquesannées seulement, elle viseil prévenir les déficits bio­psycho-sociaux aux censé­quences graves pour lesjeunes, leurs familles etleurs milieux. La moyenned'âge des jeunes qui fré­quentent la clinique se situeà 22 ans. Ceux que j'ai ren­contrés avaient entre 24 et27 ans. Ils étaient tous endébut de rnalèdie et, effecti­vement, n'avaient pas leméme parcours et la mémecritique que les jeunes fré­quentant le réseau de lasanté mentale depuis quel­ques années.

Quant aux amis, la réalitéest simple. Paur eux, camme

paur naus, l'amitié etle partage, c'est avant tautune questian d'affinités.

De prime abord, les jeunesdu second groupe n'étaientpas irrités par le réseau . 11n'y avait pas de rancœur oude colère dans leur discours.Ils étaient calmes et con­fiants face il leur situation.Ils se disaient tous en pro­cessus d'acceptation de lamaladie et confiants pourleur avenir.

En premier lieu, ils appré­cient de recevoir t'aidepsychiatrique et l'aidepsychosociale au même en-

droit. Ils évitaient ainsi des'éparpiller, ce qui leur sem ­blait rassurant. Dès mon ar­rivée, je me suis sentie envisite, comrne st j'étais dansune clinique de sant é spé­cialisée pour les jeunes:comme celles que l'on veitpour les jeunes toxicoma­nes. Je les sentais il l'aise,chez eux, sans jugementsentre eux. Chacun avatr sonvécu et le partageait, dansle respect du vécu d'autruiet sans drame. Gilbert, 27ans, se disait même heureuxd'être né dans ces dernièresannées, de pouvoir bénéfi­cier d'une meilleure médica­tion et, ainsi, d'éviter deconnaitre les difficultés liéesil la méconnaissance, auxpréjugés et à l'institutionna­lisation.

Si je compare le vécu descinq jeunes du premiergroupe il celui des six jeu­nes de la clinique, j'arriveau constat qu'ils n'ont paseu les mêmes expériencesde souffrance à l'égard dela médication. Pour lesjeunes du second groupe,je n'ai pas entendu derécits pénibles concernantles temps d'ajustement dela médication ou, encore.de longues périodes ilrechercher le bon mé­dicament. Pour les sixjeunes présents, j'ai eul'impression que lanouvelle médication ren­dait l'acceptation de lamaladie plus facile. Ils di ­saient travailler il demeurermotivés, il faire les effortset il rester accrochés illeurs rêves. Ceux -ci leursemblent d'ailleurs encoreaccessibles. Avec leursconsœurs et leurs confrè­res, ils disaient ne pas sesentir seuls, ni exclus. Ilsavaient d éj à perdu leurancien réseau, mais la cli ­nique leur en offrait unnouveau, plus soutenant etplus près de leurs préoccu ­pations. Jean rêve toujoursde gagner sa vie par ses

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Doit-on nécessairement exclure lesjeunes pour,ensuite, travailler àleur inclusion ?

talents art snques Paul,maIgre sa d p ome en In­

format que pense aujour­d hur se recvc er dans undomaine moms stressant.Ils veulent tous travailleraprès leur retablissement.aucun n'envisage demeu­rer inactif encore long­temps A la clinique. ilsreçoivent l'aide neces­saire. et lorsqu'Ils serontprêts. Ils retourneront versle neveu ou vers 1ecole.Dans ce lieu. j'al eu l'im­pression qu'ils prenaientune halte, un répit, et qued'ici peu. chacun repren­dra sa route. Ils ont lesoutien de leur famille etconsidèrent que les pro­blemes de sante mentalepeuvent arriver a tout lemonde Us esperent toute­fois que les préjuges dimi­nueront et que lorsqu'ilsseront prêts. ces préjugesn'auront plus le même tm­pact sur eux. Sont-Ils idéa­listes? trop optimistes'Seront-Ils confrontes aune autre realite lorsqu'Ilsquitteront la clinique?Quand on est jeune, on vitdans le " 'ci et mainte­nant Il Aujourd'hui. aprèsla Crise Ils se disent bien.Demain c est un autrejour

L'intervention des les pre­miers symptômes. laoèorarneusanon des eve­nements, l'intervention au­près de la famille et dumilieu, l'acceptation de lamaladie. la medicationplus adequate une ap­proche g obeie des besoinsde la personne et le soutienpar les pairs semblentdonner de bons resultats.L'espoir el la motivationdemeurent, agissent et lessupportent Les rêves per­sistent

Une troisièmeexpérience, ..A part la presence desnouvelles cliniques spé­cialisées pour les jeunes

en début de traitement etde celles qui se sont oéve­loppées tout recemment, jen'al pas trouve de ressour­ces communautaires quis'adressaient specifique­ment aux Jeunes de 18 à25 ans. Croyant trouve r cesjeunes en bordure duréseau, je suis donc repar­tie il leur recherche.

Effectivement. j'en ai re­trouvé quelques-uns auTAM-TAM Café. une jeuneentreprise d'insertion pourles jeunes de moins devingt-cinq ans. Laurie, 20ans, y a été référée par uncarrefour jeunesse emploi.Elle sortait alors d'une pre­mière depression. Pour l'in­tervenante du Carrefour,Laurie avait trop de poten­tiel et on voulait lui eviterde se retrouver avec despersonnes plus âgées etplus malades. Aujourd'hui,Laurie se dit très satisfaitede son stage et confiante enl'aventr. Elle côtoie des jeu­nes punks, des marginaux,des jeunes cécrocheurs. etmême des « ordmaires Il •••

Elle partage avec eux la jeu­nesse. le même besoin devivre intensément et de seréaliser. Elle partage egale­ment une certaine diffe­rence en regard de lanormalite, tout comme eux.C'est leur point de repere.A partir de la difference, elles'est intégree à ce nouveaugroupe d'appartenance. En­semble. ils poursuivent leurchemin. Leune ne voit pasl'Intérêt de frequenter desressources specialisees ensante mentale. Elle ne sentpas a sa place. Elle a t'aidede son psychiatre et de sonnouveau reseau jeunesse.Après tout, ce réseau n'est­il pas plus Interessant pourelle? Et si on sensibilisait etsion formait les interve­nants du reseau de la jeu­nesse pour travailler aveceux en complémentarité?Doit-on nécessairement ex­clure les jeunes pour, en-

suite, travailler a leur inclu­sion?

Et quelques pistesde réflexlonA partir des échanges effec­tués auprès des onze jeunesque j'ai rencontrés, deuxréalités su rgissent: celte decinq jeunes intégrés au re­seau depuis une dizained'annees, une realite et unparcours auxquels ils asso­cient beaucoup de colère etde sentiments d'Injustice.Les cinq jeunes rencontréscomposent avec la situationet ont mis un certain bémolsur leurs rêves de jeunesse.Et l'autre réalité. celle de sixjeunes qui ont recemment

vécu un premier problèmede santé mentale. Une réa­lité qu'ils acceptent pourmieux se reconstruire etpour poursuivre leur route.Une halte de repos ou l'ac­ceptation et la compréhen­sion du vécu s'inscrivent encarburant et non en réac­tion à une série dedécept ions et de frustra­tions. Les six jeunes dugroupe acceptent, metsdans une perspective pro­ecnve. parce qu'Ils considè­rent qu'il faut accepter pourmieux dépasser la maladieet mieux s'actualiser. C'estun premier choix, une pre­mière act io n qui s'inscritdans un processus. dans unbesoin de vivre malgré lamaladie.

Les jeunes du secondgroupe ont aussi des crain­tes, mais ils ne veulent pas

s'y arrêter. Après tout. ilssont en cheminement et lapartie n'est pas encorejouee 1

À partir du vecu des onzejeunes rencontrés. plu­sieurs questions se posent,auxquelles je ne peux mal­heureusement trouver deréponse. Je ne peux pasgeneraliser l'experience deLaurie a l'ensemble desJeunes de 18 a 25 ans. Jene peux pas non plus éva­luer qualitativement etquantitativement le niveaude parte nariat et decomplémentarité entre lereseau de la jeunesse et leréseau de la sante mentale.Je crois toutefois que

Laurie est bien la ou elleest.

Après cette série de ren­contres, je suis surtout con­vaincue qu'il y a lieu des'interroger. Comme tousles jeunes du Ouébec, ils sedisent préoccupés de trou­ver leur place•. d'avoir untravail, des amis et un chez­soi confortab le. Rien decompliqué 1 Mais pourqu'ils trouvent leur place. ilfaudra peut-être leur enfaire une. Sans la presencede la clinique epèctetisée.ou les 18-25 ans peuvent-ilsalter? Il est donc urgent quel'on se p réoccupe de laplace qu'offre actuellementle réseau de la santémentale à ces jeunes. Sinous ne voulons pas tes ex­clure pour ensuite les in­cture. a nous de réfléchir etde réagir! b-

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Trois expériences québécoises de cliniquespour jeunes leurs fondements , leurs

objectifs et les moyens qu'elles suggèrent.Synthese préparée par Lucie Dumals,

il part ir des tutes produi ts par les responsables cli niques 1

, ln m'ormallonssur ces trOIS cliniquesnousont été fourniespar• Chnsllane Morin lerllothérapeulef. Ginette ComtOlslpsycllologuef. ClllIsliane Jalbert (Ifavailleusesociale),

Stéphane Rivan!(ergolhérlpeulal et Preere lalonde huyclliatref, de la cliniqueJeunesAduilU de l'Hôpllallouls· H,Lefcntarne:

• Marc la portaIpsychll lre), de la ClmlQue d·mterventlonprécoceauprèsdespersonnes enemtesde psvcho­sesIEPtCpour f Br/yPsychosis InterventionClmlcldu Allan Memortallnstuete.

• Denise Gauvin(Infirmièrel,Martinela brecquelergotherapeule1. Lyne Lavlolenelpsycholl)gllll)el SylVie Sevigny(travailleusesoeietef. de la Clinique pourjaunesadultespsvcllotiquesduCentrehosp'lalult reglonaldeTrois­RIVieres

1A MontThl, Il s·,g'l de centres IlosllltahersunlversnalfU (UmverSllé de Monuèal et unlverslléMcGIIil.tandiSIIU" TrOis-RIVières, cest unhôpllal deSOlOS decourteduréene bènènc entpasderessourcesèquwetentes surle plande la rechllche

\

N.D,LA.:Cette synthèse aété approuvée parles auteursenprovenance des trois cliniques.Néanmoins,lesconvergences etdifférencesQui y sont relevées pourraient, dans laprati­Que,perdre plus oumoins deleursqniûca­non, étant donné que nos constatsdemeurentbasés surtrOIS textesdistincts etnon pas sur desobservationssur leterrain

Gombre de ree.h•.renes confirmentl'importance d'Intervenir de ma­nière particuliere auprès des jeunesmanifestant des conditions ou dessymptômes precurseurs de trou­

bles psychotiques (voir l'article de Leclercdans ce numéro). Nous présentons ici desexperiences en cours dans trois centreshospitaliers. deux à Montréal el un à Tro is­Rivières 2 Il s'agit de .

• la Clinique Jeunes Adultes (CJAI del' Hôpital tours-H. Latcntetne.

e la Clin ique pou r jeune s adultes psycho­tiques du Centre hospitalie r régional deTrois-Rivières (CHRTRI,

e la Clinique d'intervention pr éco ceaup rès des personnes attei ntes de psy­choses (EPIC pour Early Psychosis In­tervention ClinÎc) du Allan M emorialtnstücte.

Pou rquoi faut-il agir rapide­men t et de manière adaptéeavec les jeunes?On s'accorde en général pour di re queles personnes qui viven t un p remierepisode de psychose sont dans la ma­jorité des cas des gens jeunes, blessésa une periode de la vie où ils sont vul­nérables, remplis d'espoirs et en ques­tionnement concernant leu r identi téadulte et leur indépend ance. Il s' avèredo nc pertinent de co ncevoi r des pr o­gram m es specifiq ues à eux et assezso uples. Il faut auss i in te rv eni r rapide­men t de man iè re à m axi miser les b é­n èft ces des interventions cli n iq ues,familiales et co mmuna utai res. Enou tre, il faut teni r compte des appré­hensions qu'ils ont face au stigmate du

trait ement et aux diffi cu ltés q ui jal on ­nent leur cheminement.

Ala CJA de l'Hôpital Louis-H. Lafo ntain e,les pro fess io nnels parta ge nl une cc m.pr éhension commune de la person nesouffrant de schizo phrénie el des trai te.ments à lui o ff rir. Le jeune est perçu defaçon globale avec son histoi re, ses va­leu rs, ses besoins, ses capacités, ses li­mi tations et sa souHrance. C'est unadulte. en devenir. qui vit les enjeuxde la transition au monde adulte et dontle processus de maturation est entravepar la pathologie. Les cliniciens ont ob-

Il s'arêrfpertinent de conceroiT

des programmesspécifiques aux jeunes

et asse; souples. Il faut aussi intervenir

rapidement de manière àmaximiser

lesbénéfices desintenemions cliniques,

familialeset communautaires.

se rvé q ue bon no m bre de ces jeunesadultes consi dè rent le urs problèmescomme étant tempora ires et qu 'ils refu­sent de s'engager dans un suivi médica­me nteu x régulier et de réadaptation àlong terme. Ils agg ravent ainsi leu r eta tet deviennent des candidats potentielsau syndrome de la po rte tournante enraison d'une cbronicisetion de leur con­d it ion . D'où l'importance de regroupercette clientèle po ur favoriser la mise enplace de mes ures spéci alis ées de n ette-

m ent el de réadaptat io n mie ux adaptéesà leur problématiqu e.

D'autres interv enants, co m me ceux dela clinique du CHRTR, ont co nstaté queplusieurs jeunes deviennent pessimistesdurant le processus d'acceptation de lamaladie. Ce processus les mène parfoisau déni complet de la maladie, ce qui lesentraîne à mettre de cote leu r potentielde r èaoe ptetion. leurs buts, leurs rêves.En ou tre, les conditions socioéccnomi­ques de la Mauricie étant peu favorablescomparativement à celles du reste duQuébec, la rémteqrenoo sociale de cesjeunes se complexifie et augmented'autant le besoin d'implanter des servi­ces therapeutiques pour les jeunes fra­gi lisés par la maladie. C'est donc sur lesplans tant biologique (symptomatologie)que psychologique {aspects émotifs etrelationnels] el social (réseau social ethabiletés soctoprotesslcnneües) q ue lesjeunes o nt besoin d'un traitement adaptéafin de retrouver les habil etés qu ' ils ontperd ues o u ce lles q u' il s n'on t pas pudé ve lopper.

Il en est de même il EPIC, au AllanMemorial tnstitu te. On est conscientqu'aux premiers moments de desorga­nisation, la personne vit de t'hesitation,de la peu r, des préoccupations, de l'an­goisse. En même tem ps, elle veut rece­voir de l'information et des conseils. Ellesouhaite que les autres fassent preuvede compréhension. Chaque etape du trai­tement nécessite donc un equilibre rela­tionnel prudent entre ce qui est souhaitépar la personne atteinte et les connais­sances des professionnels. Par ailleurs,

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on commence a cerner de mieux enmieux les multiples facteurs qui influen­cent un pronostic et diminuent la qua­lité de vie des personnes atteintes, C'estce qUI a entraîne les cliniciens d'EPIC àsensibiliser leur entourage il l'interven­tion precoce et particulière auprès desJeunes. Pour ces cliniciens, le travail desensibilisation et de coopération doitd'a. lieurs depasser les murs de la clini­que, car c'est un travail d'équipe avectout le mnteu - ecole, entreprise et com­munaute locale - qu'il faut susciter pouraider les Jeunes a surmonter tout un en­semble d'ecueils.

But et mandatdes éq uipes cliniquesL'Identification d'une clientèle de jeunesadultes psychotiques ne recevant pas lesSOlOS ell:lges par leur condition psychia­trique et leurs besoins particuliers adonne naissance il la clinique JeunesAdultes en 1988. La CJA se donne un tri­ple mandat: clinique, recherche et ensei­gnement. Sur le plan clinique, elles'occupe du traitement, de la réadapta­tion et de la reinsertion socioprofession­nelle. Deplus, des services de soutien etd'information sont offerts aux familles.Sur le plan de la recherche, la clin iquecollabore etroitement à des études tou­chant la pharmacologie, la qénèuq ue.l'evaluation des defici ts cog nitifs et desbesoins de soins ainsi que des différentsaspects de la readaptation. À ce titre, encollaboration avec te projet de recherchede C. Briand, la CJA implante actuelle­ment le programme Integra red Psy­chologica/ TreatmanttlPTI de Brenner, cequi enrichit les interventions de groupe.Du côte de l'enseignement, la CJA s'estdonne comme objectifs de développerl'expertise des professionnels et de for­mer les stagiaires des diverses discipli­nes professionnelles. Elle a cotlaborè àplusieurs publicalions et documentsaudiovisuels visant il demystifier la schi­zophreme

La clinique du CHRTR a recemment misen pratique la priorite de la régie régio­nale de s'occuper des jeunes. qui cons­tituent autour de 20 % de la clientèle ensante mentale. La clinique s'est donnecomme but specifique l'intervention pre­coce. Son mandat est d'assurer lagamme complete de soins spécialisés:èvatuenon. traitement, reinsertion so­ciale et professionnelle, de même quedes services a la famille, car cette-ci par ­ticipe au plan d'intervention. De celte

manière, la clinique cherche à optimiserle fonctionnement global du participantau programme et à maintenir la plusgrande stabilité possible de l'état men­tal derindividu dans son milieu naturel.

À EPIC, on se dit preoccupe par le faitqu'à peine 20 % des gens sont traités ra­pidement (citant une étude de Sands etHarrow publiée en 1999), et J'on encou­rage les recherches sur la detection pre­coce. En corollaire, on presse la mise enœuvre de services adaptés aux manie­res qu'ont les gens de chercher de l'aideà ce stade précoce, étant donné leurscraintes d'être stigmatisés et l'absencede signes et de symptômes spécifiquesau prodrome. On s'efforce de sensibili­ser les écoles et la communauté tantpour faire du depistage que pour con­trer les effets stigmatisants. On investitbeaucoup d'efforts pour augmenter etélargir les liens avec les ressources com­munautaires, car la chniqee n'est en faitqu'un seul des liens dans la chaine desinterventions visant à prevenir la morbi­dité.

Les équipes et leurs moyensChacune des trois cliniques a constituéune équipe multidisciplinaire où la pré­sence des psychiatres varie et ou les ef­fectifs sont modestes.

À la CJA, on peut compter sur une équipede huit professionnels: un psychia tre,une psychologue en réadapta tion, unerqothé rapeute, une travailleuse sociale,une infirmière, deux intervenants pourle suiv i intensif dans le milieu de vie etune secrétaire, reflétant ainsi le caractèreplu ridimensionnel de la schizophrénie etl'importance d'un travail d'équipe con­certé. Récemment, deux autres psychia­tres se sont joints à l'équipe, et l'ajoutd'autres professionnels serait nécessaireafin de développer el de maintenir desinterventions variées en réadaptation.Selon le modele de continuité des soins,la même équipe s'occupe du suivi hos­pitalier et du suivi en clinique externe.Pour l'équipe, la famille demeure un par­tenaire important dans le processus detraitement et de readaptation du jeuneadulte. On compte sur l'établissement deliens de collaboration étroits avec diffe­rentes ressources de la communauté afinde maximiser leur contribution auprèsdu jeune adulte et de favoriser sa reha­bilitation dans la société.

Au CHRIR, l'equipe est plus petite: unepsychologue, une intervenante sociale,une infirmière, une erqcthéreoeute et un

psychiatre qui agit comme consultantConsciente qu'elle ne peut viser une réin­sertion sociale en travaillant en vase clos,l'équipe cherche à s'allier des partenai­res pour faciliter la transition vers les ser­vices de la communauté. À l'heureactuelle, elle peut compter sur des orga­nismes qui agissent tant auprès des usa­gers (comme le Centre d'integrationcommunautaire, la commission scolaire,le Serviœd'integration au travail) que desfamilles (La Lanterne]. Dans le souci demaintenir la qualité des services.rèqu.peprevoit s'adjoindre une collaboration um­versitetre pour fin d'évaluation du pro­gramme,

EPIC ne peut compter Que sur un petitnoyau de personnes, soit un psychiatre,une infirmière et une ergotherapeute. Ilssont cependant entourés d'autres profes­sionnels de l'hôpital (des psychiatres re­sidents, un travailleur SOCial et despsychologues). Le personnel ne tre­vaillant qu'à temps partiel, ou par con­sultation ponctuelle, la clinique n'estouverte qu'une journée par semaine,mais elle demeure accessible cinq jourspour répondre aux appels et tenir desrencontres en d'autres lieux tCLSC, cli­nique externe). Le soutien important descollaborateurs exterieurs est démontrépar les liensqu'EPIC a créés avec des omonipraticiens, des thérapeutes commu­nautaires, des centres de crise et dessalles d'urgence, des écoles el diversesassociations telles que AM I-Québec, Re­vivre - Association québécoise de sou­tien BUll: personnes souffrant de troublesanxieux, dépressifs ou bipolaires -, lesAmis de la santé mentale et Projet Arc.EPICrecherche plus de souplesse que laplupart des autres milieux cliniques, nonseulement par necessite vu ses effectifsrestreints, mais aussi par choix. etantdonné J'inconstance et l'ambivalencesuscitées par les bouleversements quevivent les personnes et leurs familles lorsde la période préosvcncuque ou psycho­tique.

fondements th éoriqueset cliniquesÀ la CJA, on conçoit la scntecphrémecomme une pathologie requerant des trai­tements individualises, varies et adaptesa la personne. Puisqu'il n'est pas encoredemontre qu'on puisse prévenir l'appari­tion de la schizophrenie, il est d'autantplus important d'intervenir de façon pre­coce dès l'apparition des premiers signesde la maladie. L'équipe de la CJA fonde

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,Acel égard,onpeu! consulterle sile hnp:Jf..........m,cochrane.org/cochranelrevabslrfg06Oindexhlm

son action sur le modèle Il vulnérabilité­stress » selon lequel il existe chez certai­nes personnes une prédispositiongénétique, des anomalies cérébrales ouencore un dysfonctionnement des neu­rotransmetteurs du cerveau qui. les ren­dent plus sensibles aux stresseurssoctoenvtronnementaux. On comprendque la seule présence de ces facteurs bio­logiques est insuffisante pour provoquerl'apparition de la schizophrénie; il faut ques'y ajoutent certains types de stress,comme les drogues (stress toxique] oudes pressions de performance (stresssocial). Ces stresseurs peuvent déclen­cher la schizophrénie et provoquer l'ap­parition de symptômes. L'utilisationrégulière des nouveaux antipsvchotiquesatypiques permet d'atténuer les symptô­mes positifs sans aggraver les troublescognitifs affectant particulièrement ramémoire, la concentration et les fonctionsexécutives. La réadaptation, qui doit êtreofferte de façon concomitante, est com­plémentaire au traitement pharmacologi­que et permet de limiter les situations dehandicap affectant la qualité de vie. Lap­proche psvchoéduceüve est utilisée pourles patients, en entrevue individuelle ouen groupe, et avec les familles.

A EPIC, trois considérations principalesjustifient l'intervention précoce et parti­culière avec les jeunes: a) le risque dedévelopper un trouble mental gravemême si certains jeunes seulement en dé­veloppent un éventuellement; bl les con­séquences psychologiques néfastesqu'un premier épisode psychotique en­traîne sur la jeune personne et qui requiè­rent une aide adaptée; cl l'hypothèse d'uneffet neurotoxique des psychoses selonlaquelle il y aurait une dètèrfcranon évo­lutive chez certaines personnes et qui in­citerait il des interventions plusagressives. Certes, il est difficile de cer­ner les signes spécifiques de troubles gra­ves. Toutefois, la littérature confronte lescliniciens il un problème plus importantencore s'ils n'interviennent pas: la per­sistance il long terme de la dépressionpour plusieurs, ou des résultats cliniquesmoins efficaces, principalement en cequiconcerne les symptômes positifs {voir lesétudes de Koreen et al.; Addington; Sandset Harrow). Sur cette base, EPICsuggère,avec prudence, de recourir il la médica­tion antipsvcbottque {citant les recherchesde Nuecbterte!n. Habertellner, Woerner,Gerlach, Kane). On veut ainsi miser surles bénéfices des médicaments dans letraitement des symptômes négatifs et co­gnitifs, et la prévention des rechutes; on

veut aussi éviter les dangers d'unIl surtraitement n, d'un diagnostic incor­rect, ou d'effets secondaires comme lasèdation. le ralentissement moteur et ladyskinésie tardive, même si les nouveauxantipsychotiques semblent minimiser ceseffets. La majorité des clients d'EPIC ré­pondent bien aux médications anti­psychotiques il dosage inférieur auxdoses thérapeutiques recommandées, ouà d'autres médicaments dont on cannaitles effets secondaires comme les antidé­presseurs, les stabilisateurs de l'humeur(comme le lithium), les somnifères et lesanxiolytiques (benzodiazépines). Celaétant dit, pour EPIC, le plus importantdemeure la relation thérapeutique établieavec la personne. Lesthérapies plus struc­turées et plus actives fondées sur lesprincipes de l'approche cognitive com­portementale ont obtenu certains succèset fondent la démarche privilégiée de laclinique. Les liens avec la famille sontabordés sélectivement en raison des ré­sultats des recherches des dernières an­nées, qui ont remis en question bonnombre d'idées reçues. C'est ainsi quel'importance des liens avec la famille etleurs bienfaits lors du premier épisode deschizophrénie sont liés il divers facteursqu'on ne discerne pas encore parfaite­ment. Par exemple, alors que tes étudesportant sur les Émottons Exprimées (fai­tes au Camberwell Group) indiquent quel'intervention des membres de la famillen'est pas toujours favorable, d'autres (cel­les de Feüoon. Terrier. Eth ou McFarlane)ont montré que certains types d'interven­tions familiales ont diminué le taux de re·chute et entraîné des bénéfices pour lapersonne et sa famille.

Le CHATA privilégie aussi une interven­tion précoce et valorise une visionholistique qui permet d'adapter les soinsaux besoins spécifiques et globaux dujeune psychotique. L'intervention touchedonc plusieurs aspects: l'aspect biolo­gique et l'ensemble des problèmes re­liés à la symptomatologie; le côtépsychologique pour lequel l'équipe sepréoccupe notamment des troubles dela pensée, du stress aigu, des aspectsémotifs et relationnels; la sphère socialeoù le réseau social s'affaiblit et les habi­letés sociales deviennent déficientes à lalongue, mais où le rôle de la famille etdes aidants naturels est primordial (ci'tant Falloon et al.). L'intervention précoceamene le jeune à acquérir une meilleureconnaissance des différents types de tral-

tements et à gérer plus efficacement lamaladie, ce qui tend à augmenter sonbien-être, mais aussi à diminuer les re­chutes. On valorise d'emblée une huma­nisation des soins allant de pair avec unevision holistique de la personne, selonlaquelle, durant la phase de croissanceet de développement du jeune, ce der­nier peut utiliser une infinité de moyenspersonnels pour satisfaire ses besoins(citant Hendersonj. Les traitements spé­cialisés sont ajustés il la sévérité de lapathologie, mais on souligne davantagel'importance de la continuité des servi­ces thérapeutiques et de la transitionprogressive vers la réintégration sociale.Les intervenantes du CHATA, qui en sontencore au début de leur expérience, di­sent espérer que la clinique pour jeunesadultes psychotiques soit un lieu leurdonnant un point d'ancrage, un espacepermettant de consolider leur identité,d'augmenter leur sentiment d'exister, dese sentir plus libres et moins marginali­sés par la maladie.

les services offertsA la CJA, on offre la gamme de servicessuivants: évaluation multidisciplinaire,médication ajustée aux symptômes dechaque patient, réadaptation visant le dé­veloppement des capacités fonctionnel­les, intégration socioprofessionnelle etinterventions auprès de la famille. Lesservices sont dispensés sur une périoded'environ cinq ans et la même équipeassure le suivi durant l'hospitalisation eten clinique externe. La personne référéedoit répondre à certains critères pour êtreadmise à la CJA : demeurer sur le terri­toire géographique de Louis-H.Lafontatne: avoir, 'selon les critères duOSM-IV, un diagnostic de troubleschizophréniforme parfois en phaseprodromale, de schizophrénie ou detrouble schizo-affectif; ètre âgée entre 18et 25 ans; parler français pour participeraux activités de groupe; et, le caséchéant, avoir une famille qui demeureengagée.

Le psychiatre procède à l'évaluation,en présence de l'équipe qui assiste der­rière le miroir, avec le jeune seul et en­suite avec sa famille afin de valider lediagnostic, d'évaluer les besoins et d'éla­borer un programme de traitement psy­chiatrique et de réadaptation. Lethérapeute principal qui est désigné à lasuite de cette évaluation a comme rôlede créer une relation de confiance et de

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développer chez le jeune une motivationà participer.

Le traitement médicamenteux estbase sur une médication précoce. avecun dosage optimal afin de stabiliser lessymptômes positifs. de réduire les svmp­tômes déûcüetres et de minimiser les in­conforts ou les effets secondaires. Afin deréduire les oublis et d'améliorer la fidè­ütè au traitement. une prescriptionunidose - souvent le soir avec dosette-.eS1 recommandee. Des injectables à lon­gue action peuvent être proposés.

le suiviindividuel occupe une placeimportante dans les services qui sont of­ferts. le thérapeute principal a pour ob­jectif premier de créer une alliancetherapeutique. de travailler avec le jeunesur sa difficulté à s'engager dans un pro­cessus de changement et à traverser lesdiHerentes etapes pour surmonter samaladie. Ce suivi redonne espoir et aidela personne à se fixer des objectifs réa­listes. Les interventions sont individua­lisées en fonction du type de problèmeset des ressources de la personne. les cli­merens ne se limitent pas à l'applicationautomatique de certaines approches.mais favorisent des interventions psy­chologiques variées permettant le déve­loppement optimal du potentiel de lapersonne. les approches psycho­éducatives. les thé rapies cognitives, lesinterventions coqntnvo-cornpo rtemen­tales, les thérapies de so utien et lecounseling sont au nombre d e cesapproches

Le suivi de groupe est souple. ajus téen fonction des problèmes exprimés parle patient et perçus par les thérapeutesselon l'évolution du jeune. Il vise le dé­veloppement des habiletés fonctionnel­les afin d'aider le jeune à devenir plusautonome et compétent dans son quotl­dien les groupes portent sur le déve­loppement d'habiletés sociales etccmmontceuonnets. la gestion du quo­tidien, la résolution de problèmes et lagestion des emotions. Récemment, laCJA a ajoute un groupe IPT (lntegratedPsYCh%glcal treetmem de Brenner].Des groupes d'activites dans la commu­naute sont aussi offerts afin de pratiquerin vivo les habiletés sociales, facilitantpar le fait même une meilleure intèqra.non soctocommoneuteire.

Sur le plan du travail, l'utilisation degroupes de taches manuelles permet destimuler les capacités cognitives et visel'acquisition des habitudes nécessaires

pour le travail ou le retour à t'école, dansun premier temps. l'intêgration dans uneactivité vocenonnene nécessite de primeabord l'évaluation de la personnautè detravail: aptitudes, capecités-incepacues.interets, valeurs. Dans un second temps,on propose une demarche individualisée,des activités graduées, tout en évitant lespressions reliées à la performance. Le butà atteindre: trouver une activité produc­tive et significative adaptée aux capaci­tes et aux limites de la personne. l'emploirégulier et compétitif n'est donc pas laseule avenue possible. Il importe d'avoirun éventail de possibilités à proposer:stages de travail, programmes de forma­tion ou d'insertion à l'emploi, centres detravail adapté, cours de formation protes­stcnnene et bénévolat. Dernièrement, laCJA a mis sur pied un programme adaptépour les jeunes voulant terminer leur se­condaire, avec des ressources scolaireset communautaires. Un groupe de sou­tien est offert de façon pcoctuene à ceuxqui ont intégré une activité de travail. l'in­tegration socioprofessionnelle nécessiteun travail de collaboration avec les diffé­rents services et les differentes resso ur­ces de la communaute.

LaCJA offre une variete de types d'he­bergements permettant au jeune d'acqué­r i r une autonomie progressive et des'émanciper de sa fam ille. Pour ceux qu ivivent en appa rtement autonome et quiont besoin d'un accompagnement plussoutenu dans leur quotidien, un interve­nant SIM (suivi intensi f dans le mil ieu) peutles visite r regulierement afin de supervi­ser et mainteni r certains apprentissages.

l'intervention auprès de la familleest primordiale puisque celte dernière aété témoin de la détérioration du fonc­tionnement de la personne en memetemps que son point d'appui au fil desans. C'est pourquoi le suivi apporté à lafamille se fait tout au long de la démar­che de traitement et de réadaptation dujeune adulte. l'approche psychoédu­cenve permet aux familles d'être écou­tées, informées et soutenues dans leschangements inévitables qu'elles ont àvivre. On offre des rencontres individuel­les pour les parents seuls, toute la ta­mille, ou certains membres seulement,de façon régulière ou ponctuelle. De plus,des sessions de groupe d'information etd'échange sont offertes annuellement.

A EPIC, on accepte des jeunes qui sontréférés par le ClSC (particulièrementceux de NDG. Parc-Extension et du Cen-

ne-vlt!ej. des omnipraticiens, destherapeutes en ressources communau­taires, des centres de crise et des sallesd'urgence de Montréal-Cenlre. A ce ti·tre. on juge aussi essentiel de sensibili­ser les écoles au dépistage et de tisserdes liens avec le milieu. sur la base derencontres périodiques avec les tre­veilleurs communautaires. les CLSC etdiverses associations.

l'évaluation se veut plus souple quedans les cliniques accueillant des maladeschroniques. cherchant à maximiser le rap­port de collaboration avec la personne, etnécessitant une rèèvaluaticn du type derelation souhaitée par cette demiere à cha­que étape du processus. En cas de crise,l'équipe de psychiatres et d'infirmièresessaie de se rendre disponible 5 jours parsemaine. En cas d'un deni de traitementpar un patient qui s'avérerait dangereux,on s'occupe de la personne selon les pro­cédures cliniques habituelles.

le traitement suit un plan d'interven­tion individualisé où, selon les symptô­mes manifestés au début, on amorce unemédication minimale, suivie d'une inter­vention cognitive-behaviorale et d'actionsvisant la qualité de vie à long terme.

Sur le plan de la médication, on re­commande une annee de traitement,qu'on réévalue ensuite en fonction du por­trait clinique et en accord avec le patient.

la psychothérapie individuelle etl'intervention en groupe visent à donnerdes habiletés socia les tcornporte­mentales, occupettonneües et gestion duquotidien), en liaison avec les ressourceséducatives et de recyclage. À cet égard,les services institutionnels disponibles àl'h ôpit al sont mis à contribution. le dé­pertement d'ergothérapie a mené un pro­jet-pilote consistant à évaluer et àenseigner des habiletés (sociales, viequotidienne, occupationneûel et le depar­tement de psychologie a développe unservice d'interventions cognitives speci­fiques ciblant les hallucinations et lesdélires. service inspiré des travaux deTerrier. Kingdon et Turkington, notam­ment. D'autres interventions de sounenont été développées par un éducateur afinde promouvoir l'apprentissage et larééducation. Une travailleuse sociale s'oc­cupe quant à elle de mettre en lien la cnen­tète avec les ressources disponibles.

L'intervention avec la famille est par­cimonieuse, jugée au cas par cas. EUe n'estpas d'emblée recommandee a un stadeprecoce: il se peut même qu'elle ne soit

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pas recherchée a long terme si ce n'est pasapproprié pour la famille. Par ailleurs, cer­taines des interventions incluent les amiset les membres de la famille étendue.

Les soins en communauté visent amaintenir ou a reconstruire les liens so­ciaux, et ils se font avec des ressourcescommunautaires plutôt qu'infirmières pardes rencontres régulières (surtout avec leProjet ARC dans le contexte d'un projetspécial de collaboration, et aussi avecTRACOMou l'Arrimage). Plusieurs acteurscommunautaires sont en mesure d'offrir

Il s'agit d'aborrl de donner auxjeunes

présentant des troubtes psychotiques

un point d'ancrage pour augmenter leur

sentiment d'exister, puis de leur fournir un

espace où ils se sentent plus libres de renouer

aœc teur force et teur potentiel, et d'entœtenir

des aHentes correspondantàleur réalité

des interventions psychosociales appro­priées. Le maintien de la personne dansson réseau est préférable à la rupture aveccelui-ci , sauf exception . EPIC compte surdes solqnants naturels et des travailleurscommunautaires pour intervenir.

Au CHRTR, les critères de sélection sontlarges, sans perdre trop leur homogénéiténécessaire au bon fonctionnement dutraitement. Les jeunes qui sont admis doi­vent être suivis par un médecin traitantet vivre leur premier épisode aigu de trou­ble psychotique. On réoriente les gran-dstoxicomanes vers des services mieuxadaptés. La programmation est divisée endeux volets principaux, soit l'interventionde groupe et l'intervention individuelle.

Le traitement est ajusté à la sévéritéde la pathologie. On tient aussi comptedu stress du jeune, surtout s'il sort a peinedu centre hospitalier a la suite d'une pre­mière décompensation psychotique.

L'évaluation est discutée avec la per­sonne et aboutit à un plan d'interventionindividualisé.

Pour l'intervention individuelle, onpratique la psychothérapie ou l'ergothé­rapie, en fonction du plan d'intervention.Pour certains jeunes, elle est en fait pré­paratoire aux ateliers de groupe.

La continuité des services thérapeu­tiques est assurée avec un psychiatre.

La grille horaire comporte une séried'ateliers therapeutiques. Certains grou­pes sont ouverts et peuvent accueillir desparticipants en tout temps. D'autres sontfermés en raison de la progression ducontenu de l'activité. Les activités de réa­daptation proposées à l'usager tiennentcompte de leurs capacités, de leurs inté­rêts et de leurs besoins,

La réintégration sociale évite toutecoupure brutale avec la clinique. On or ­ganise des activités in vivo, c'est-a-direà l'extérieur du milieu hospitalier, dansun local aménagé au centre-ville deTrois-Rivières et près des services com­munautaires, donnant ainsi une imagenon-institutionnelle moins menaçantepour l'usager et sa famille, Cela facilitele transfert des acquis et le retour dansle milieu de vie, parfois difficile à réali­ser pour la clientèle du CHRTR. La dis­position des lieux est similaire à celled'un appartement avec ses divisions,salon et cuisine, et le contexte familierainsi créé est plus sécurisant et faciliteles échanges entre l'usager et le théra­peute. De plus, il permet d'augmenter lesentiment d'appartenance et influence leniveau de participation. La situation géo­graphique de la clinique peut égalementaméliorer l'utilisation des services de lacommunauté, qui sont à proximité.

Pour les familles. on offre de j'infor­mation en groupe, en collaboration avecun organisme communautaire. De plus,un soutien peut être offert aux membresde la famille (comme des rencontres in­dividuelles ponctuelles afin d'informer lejeune ou de déterminer une ligne de con­duite pour lui].

En conclusionLes jeunes adultes sont à un moment deleur vie où ils développent leur identité,leur réseau social et leurs habiletés pro­fessionnelles. Il s'agit d'abord de donneraux jeunes présentant des troubles psy­chotiques un point d'ancrage pour aug­menter leur sentiment d'exister, puis deleur fournir un espaceou ils se sentent pluslibres et moins marginalisés par lamaladie, afin de renouer avec leur force etleur potentiel. et d'entretenir des attentescorrespondant à leur réalité. Il s'agit aussid'innover sur les plans de la relation thé­rapeutique et des liens avec la famille etles milieux (scolaire, professionnel et devie), tout comme en ce qui a trait il la mè-

dication et aux interventions cliniques :réduire les effets dèstabilisateurs des pro­blèmes de santé et promouvoir les possi ­bilités de développer laqualité de vie. C'estce que cette synthèse a voulu montrer.

Les trois expériences qui viennent d'êtredécrites développent une approche multi­disciplinaire, arrimée au milieu naturel (fa­milial et communautaire] et appropriée àla situation des jeunes. On a cité notam­ment: les principes d'une relation théra­peutique basée sur l'écoute, la confiance,la souplesse, le soutien; le modèle vulnè­rebtüté-stress qui regroupe les élémentsétiologiques et thérapeutiques; une variétéd'approches psvcnoéducatives. coqnttlvo­comportementales et de counselingsur leplan du suivi individuel, de groupe, desfamilles; de nombreuses passerelles avecles organismes du milieu pour la réinser­tian socioprofessionnelle,

Au-delà des convergences, nous avonsconstaté des différences notables entreles trois équipes. D'une part, il yale dé­pistage précoce et les critères d'admis-sion (basés ou non sur un diagnostic, descritères d'âge ou un territoire précis). ÀEPIC et au CHRTR, on se préoccupe da­vantage des personnes au stadeprodromique. EPIC justifie ses interven-tions sur la base de recherches et de lalittérature scientifique, alors que le CHRTRs'appuie surtout sur des observations cli ­niques. En comparaison, la CJA considère ,important d'intervenir rapidement maispréconise l'établissement d'un bon diag­nostic. Elle s'oriente aussi vers un traite-ment psychiatrique et de réadaptationconforme aux conclusions des pratiquesbasees sur les données probantes(evidence based] 3. D'autre part, un cer-tain nombre d'èlèments se révèlent plusou moins centraux pour chacune des cli ­niques, notamment l'intervention avec lesfamilles, le suivi des soins hospitaliers etles perspectives de partenariat avec lesintervenants extérieurs a l'hôpital (lesgroupes communautaires, notamment)ou les chercheurs.

Nous n'avions pas de données sur l'im­pact con cret de ces trois experiencescliniques sur les usagers. Cette descrip­tion ne faisait pas appel a des obser­vations de leurs pratiques. Toutefois,sur la base des recherches citées parces équipes et de leurs propres obser­vations cliniques, il nous est apparupertinent de faire état de leurs expé­riences et d'inciter à en suivre les de­veloppements dans l'avenir. J:J.

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Voyage au cœur dela souffrance schizophrénique

C'est moi qui ai reprisle contrôle de mon corps.Mes voix sont devenues presque

absentes depuis ce temps...J'ai commencéàêtre rassasiéde souffrir...

Dominic Ch.",p.gneLe4 IJvril2002

le m 'appelle DominicChampagne. Je suisné a Nicctet. au Qué­bec, en 1971. J'ai faitmes cours primaire et

secondaire dans ma villenatale. Puis. j'ai fait mes deuxannees de cours collégialen sciences pures et appli­quées au Cegep de Trois­Rivieres. Par la suite. j'ai étu­dié durant environ trois an­nees sur Quatre le géniernécemque dans l'orientationtechnologie spatiale il l'Écolepolytechnique de Montréa l.Tout au long de mes études.j'ai obtenu de bons résultatsscolaires. J'ai égalementvécu une enfance et une ado­lescence heureuses en étant.entre autres. membre desscouts, puis des cadets del'air, à Nicctet.

Par contre. je dois di re queje suis gêné. si lencieux etso litaire depuis mon en­fance. De ce fait. je préfèreles sports individuels. camme l'entraînement à vélo etl'entrainement à ski de fond,que je pratique depuis monadolescence.

Mon voyage au cœur de lasouffrance schizophréniquea commence à l'ete 1992,durant un voyage en Angle­terre. le troisième soir aprèsmon arrivee, j'ai vécu une ex­périence traumatisante àlondres je me suis faitagresser par deux individusqui m 'ont mis le couteau à lagorge. Ils m'ont volé, mais jen'ai pas ét é blessé. Par lasuite, sur les conseils de l'or­ganisation avec laquellej'étais la-bas, j'ai decidé d'at­ter travailler le reste de t'eteil Oxford plutôt que de reve­nird'urgence au Canada. J'ai

refoulé cet événement trau ­matisant dans mo n cerveau.C'est pourq uoi, à parti r del'automne 1992, j' ai eu de ladi fficulté à me co ncent re rdans mes cours.

Durant l' hiver 1993, j' ai souf­fert d'un syndrome de stresspost-traumatique attribuableà cette agression au couteau.De plus, j'ai vécu un amournon réci pr oqu e pour un efemme qu i étudia it el le aussià l' École po lytechnique; celam 'a troublé . Ces deux ex­pé r iences o n t ca usé u népiso de psychotique au prin­temps 1993. J 'ai al ors d ûaba ndon ner m es ét udes,pr end re un congé sab bati­que durant l'été et l'autom neet retourner vivre chez mesparents, à N icol et. J'avais,ent re autres, un dél ire degrandeur très complexe, enplus d'hallucinations auditi­ves (j'entendais des voix).

J'ai passé l'été 1993 couchésur mon lit, à cause des gra­ves effets secondai res desmédicaments psychotropes(dont t'hatopéndoü Que j'aipris de juin à novembre 1993.J'ai tout de même réussi àrécupérer à l'automne 1993en cessant graduellement etcomplètement de prendredes médicaments. J'allaisbien.

À l'hiver 1994, j'ai réessayede continuer mon baccalau-

réat à l'École po lytechniquede Mont réal. Cependant, celan'a pas foncti onn é, car j'aifa it un e rechu te. J'ai aussirevu la femme que j'ai con­nu e en 1993, m ais c'é tai ttoujours un amo ur non réci ­proq ue; cela m 'a fait sou ffri r.J'a i don c ab andon né' unefois de plus mes cours et jesuis revenu à Nicotet . Par lasuite, j' ai été ina pte au trava ilet aux études en raison d'undi agnostic de schizophrénieschlzo-aftectlve.

À l'été 1994, à cause de l'ef­fet séda tif de me s méd ica­ments, je suis de nou veauresté couché sur mon lit ousur un ham ac à l'extérieur dela maison de mes parents ...l ' automne suivant, j'a lla ismieux. J'ai alo rs décidé moi­même d' int errompre ma mé­d icat io n pa rce que j'étaistann é des effets secondai­res... Ce fut une erreu r, et j'airechuté jusqu'à devoi r êtrehospitalisé pendant trois se­maines en psychiatrie, en dé­cembre 1994 et janvier 1995.

Puis, cela a commencé àmieux aller dans ma vie àpartir du printemps 1995, ouj'ai commencé à être plusactif, g râce, entre aut res, àl'ajout d'un antidépresseur.Me sentant mieux, j'ai re ­commencé à faire un se ­vrage graduel et total, étalésur deux ans, de tous mes

médicaments, mais, cettefois-ci. avec l'accord de monpsychiatre.

En plus du vélo et du ski defond, je m'entraine égaie­ment en musculation deuxfois par semaine â longueurd'année depuis l'été 1995,dans un centre sportif deTrois-Rivières. Je marcheaussi au moins une heure parjour depuis ce temps. Ainsi,cela me permet d'avoir uneapparence svelte et musclée,malgré ma médication.

Puis, j'ai commencé à lire da­vantage à partir de l'hiver1996. Au paravant, les effetsseco ndai res de mes médi­caments nuisaient à maconcent ration. Je suis egale­m ent allé régulièrem en tdans des discothèques, del'au tomne 1996 à jui n 1998.En novem bre 1996, j'ai faitl'acqu isit ion d'u n no uvel or­dinateur. J 'ai ainsi pu suivreun cou rs du so ir pour adul­tes de 45 heures en bur eau­ti q ue à Tro i s-R iv iè res, al'hiver 1997.

J'a i termine le sevrage totalde ma mé dication psycho­trope le 30 avri l 1997. Toutallait bien. J'a i même fait leTour de l'Île à vélo. pou r lapremiè re et unique fois dema vie, en jui n 1997. De plus,j'ai été membre saisonnierd'un club de vélo de Nicolet,au n iveau intermédiaire, àt'été 1997 et à t'ètè 1998.

Puis, j'ai signé mon premiercon trat personnel avec Jesus,le 16 juin 1997, pour que SaVolonté se fasse en moi etdans ma vie. J'en ai signé plu­sieurs aut res depuis cetemps, car je continue de dé­velopper mon coté spirituel.

Cependant, à partir de juillet1997, j'ai fait une rechute quis'est de plus en plus ampli-

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1. Agression au couteauà Londres en juin 1992.

2. Espérance amoureuse à l'hiver 1993.

3. Deception amoureuse et psychose aiguëschizoïde au printemps1993, suiviesd'unesessionsebbauque à l'automne1993.

4 Retour auxétudesà l'Écolepolytechnique de Mcntréetà l'hiver1994

161514

13

le suis très heureuxjevais bienjesuisniheureux. ni mailleufeuxJe suis maihaurauxte souffre terriblement

bi en dans ma peau . Pourmoi , l 'exercice physique aun effet anxi olytiqu e.J'aime bien l i re auss i. J 'ailu plus de 600 livres diffé­rents depuis 1994. Ces li ­vres portaient, entre autres,sur la sp iritualité , la sant é,les produits naturels, la psy ­chi at r ie, l 'a stronomie , lascience-fiction, l'informati ­que. Je suis autodidacte. Deplus, en mars 2002 , j' ai faitl'acquisition d 'un nouvel or­dinateur performant et jeme suis abonné â Internet.

11

12

Échelle '105o-s

-10

J'habite maintenant seul enappartement, à Tro is -Hiviè­res, depuis juillet 1999. Jeme débrouille bien, tant auniveau de mon alimentationque de mon budget et del'entretien ménager. Je sui sautonome. Je me déplace àpied ou en autobus. Je con­tinue éga lement il faire dela musculation, du vélo etdu ski de fond afin d 'être

5. Rechute et retourà Nicolet au printemps 1994

6 Première hospitalisation en psychiatrieà la fin de 1994

7 Sevrage gradueldetous mesmedicaments du printemps 1995 àl'hiver 1997, amélioration de monétat.

8. Cours du soir eninformatique à l'hiver 1997 et fin de monsevrage.

9. Debutd'un an d'enferà l'été 1997.

10. Deuxième hospitalisation en psychiatrie.

11.Souffrances atrocesau printemps 1998

12.. Inversion de messouffrancesà l'été 1998

13. Mélancolieentre l'automne1998 et l'hiver 1999.

14. Nouvelle médication donnantun bonresultatetvie en eocene­mentli Trois-Rivières à partir de juillet 1999.

15. Étatstabia.

16. Schizophrénie en rèrmssion.

rem placement du Risperdal.Mon état s'est alors grande·ment aniélioré.

Résumé visuel de ma vie, de 1991 à 2002

Bien-être10

2)

5

'! 8

0( 1

5"-5

10

3-10

Souffrance

ses en moi et que moi, j'étais'anéanti .. .

À la fin d'avri l 1998, je souf­frais tellement que j'ai alorsfait une tentative de suicideimpulsive en avalant, au to­tal, 80 comprimés de 7 diffé­rents médicaments... Je mesuis réve illé à l'hôpital, aprèsun coma de 24 heu res. J'aiété hospitalisé trois jou rs autotal à l'urgence, car je nevoulais pas être hospitaliséen psychiatrie.

Puis, après un an d'enfer, il ya eu une inversion au mi lieude juin 1998. J'ai eu une pè­node de répit. C'est moi qui aialors repris le contrôle de moncorps. Mes voix sont presqueabsentes depuis ce temps. Àl'été 1998, j'ai fait aussi la lec­ture de livres religieux racon­tant, en particulier, la vie desaints et de saintes.

Par la suite, à partir del 'automne 1998, ' j ' ai corn­mencé il pleurer très souventet cela s'est amplifié jusqu'enfévrier 1999. Je souffrais demélancolie. Par contre, jecontinuais d'être act if et jedormais bien. J'ai continuéaussi la rédaction de textesautobiographiques.

Rendu il l'hiver 1999, j'aicommencé à être rassasiéde souffrir. Après avoir dis ­cuté avec mon médecin,celui -ci a accepté de meprescrire du Zyprexa en

fiée ju squ 'à devenir un étatpsychotique à l 'automne1997. C'était mon quatrièmegros épisode psychotiquedepuis le p rintemps 1993.J 'ai alor s beau coup souffert,car c' était très pénible à vi ­v re. Mes souff rances étaienttellement grandes que j'aidéveloppé un comportementd'automutilation.

Puis, j'ai eu de plus en plusd'idées su icidaires... Encorepire rendu en novembre1997, j'ai passé quatre jourssans dormir en état d'hyper­activité psychotique... C'étaitterrifiant à vivre. J 'avais deshallucinations auditives pleinla tête ... Après ces quatrejours au cœur de la souf­fran ce schizophrénique, j'aiété hospitalisé en psychia­trie, en cure fermée contrema vo lonté .. Au début decette deuxième hospitalisa­tion, j'ai mêm e été attachéquelques d izaines d'heuressur un l i t d'une chambred 'isol em ent , c' ét a i t trèsatroce à v iv re ... Cette curefermée aura duré environtr ois sem aines . J'ai alors dûrecommencer à prendre desmédicaments psychotropes.

Puis, rendu en 1998, je con ti­nua is de souff ri r, ~ cause demon manque affectif et aussiparce que j e devais vivreavec un état de fatigue gé­nérale causé par mes rn édl­caments ... J 'ai alors denouveau eu un com porte­ment d'automutilation.

De plus, â partir du début dejanvier 1998, j'ai été envahipar mes voi x . J 'entendaisles mêmes voix positives,soit celles qui se disent êtreJésus et la femme que j'aiconnue à l'École polytechni­que , mais aussi une voix n è­gative se disant être Satanet qu i me dénigrait... Dejanvier à juif! 1998, j'ai perdule controle de mon co rps . Jefonctionnais par automatis­me s mentaux. C'était mesvoix po sitives qui activaientet contrôlaient mon co rpstellement elles étaient inten-

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Sui" d.l. p.g. 18: Voy.go /lU cœur...

En ce qui concerne mon suivi médical actuel.j'aime bien la façon dont je suis trait é, car jepeux dire ce que je ressens des différents mé­dicaments que je prends et décider de leu r do ­sage pour avoir le max imum d'effetsbénéfiques et le min imum d'effets secondai­res, Mon médecin est compréhensif à ce ni­veau, car il sait que je me renseig ne beaucou psur les médicaments psychot ropes et leurs et ­tets . De plus, j'ai compris que je devra i pren­dre ma médication indéfin iment et de faço nrégulière si je veux éviter de t ro p souffri r. Mamédication psychiatrique act ue lle in clut leZyprexa (antl osvchotlque etv pique]. le Zo loft(antidépresseur ISRS) et le Kém ad rin (anti­parkinsonien). Cette combi naison de médi ca-

Lorsqu'on se rétablitd'une maladie commecelle dont j'ai souffert, onensort grandi, et

les épreuves que nous avons surmontéesnouspermettent de mieux comprendre etd'aiderles personnes vivant de te/les souffrances.

ments. associée à ma prise de prod uits natu­rels , est efficace pour m'enlever mo n anxiété,ma mélancolie, mes crises de panique et messymptômes schizophréniques. .

De ce fait. je réussis aussi à accompli r les tâ­ches de rédacteur en chef d'un petit journal com­munautaire et à travaille r à temps partiel commeassistant de recherche à l'Université du Québecà Trois -Rivières. Ce so ntdes occupationsvalorisantes,

l o rsqu'on se rétablit d'une mala die com me celledont j'ai souffert, on en sort grandi, et les épreu­ves que nous avons surmontées nous permet­tent de mieux comprend re et d'ai der lespersonnes vivant de telles souffrances.

En ce Qui me concerne, je peux dir e que je suiscontent d'avoir vécu tout ce que la vie m'a faitvivre, incluant mes souffrances atroces. Guidépar mon côté spirituel. je vo is mai ntenant la viedifféremment, en n'accordant une réell eimportance qu'aux vale urs essen tie lles de la vie,

Pour conclure, je peux officiellement dire que jesuis en rémission de mon trouble schizo- aff ec­tif, tout en étant enco re fragile au stress, De plus,j'ai appris à vivre au jour le jour, to ut en envisa­geant l'avenir avec plus d'optimisme, Je viseainsi la continui té de mes activités actue lles, carcettes-ct me procurent une bonne satisfaction.

Merci de m'avoir lu, b-

À DÉCOUVRIR•••

Santé mentale au Québec,volume XXVII, numéro I, printemps 2002

Éditorial : Rétablissemelll et travail.Gilles Lauzon- etYves Lecomte.

DossierRF:T.-tBlJSSEMEST

• L'expérience du retabllssemem: peopecevcs théoriques. Ht/ènf L Prort'nclla

• Screlahtir après une crise psychotique :ouvrir une voie '.'Retrouver \a 'ioi.\ '! flft" Corin

• Voie, nouvelles en psychiatrie. Situation decri-e el sounen entre pairs. Sht'ry Mt'ud,David HilllIn .

• Pour un système desante axé surlerërabhssemera. Douze points derepère pourl'organisation d'ensemble de"Sè'1"\ ires. \"';lIial11 il.. AIlI/lflnl'**

• Unsysème à rétablir. P~lll1. Carling "

• PACE: une approche qui vaplus loin dans 1't'nrp0ll'c'mJ(IlI. Duniel B, Fi.lh(f,Laurie Ahem**

Dossier TR.H:UL

• Letravail dr, malades mentaux enFrance. Histoire d'une utilite sociale dérobée.Jo/ln "arc!

• Développer l'intégration autravail en\JOIé mentale, Une longue marche à suivre àtravers des obstacle- sociopoluiques. Claude [lwrhcmnt'II11 *· ·

• Letravail comme déterminant socialdelasanté pour ks personnes unlisamccs lksservices desanté mentale mores derecherche ). A/lliu Beaulieu. Paul Mori/!,

Hi/hIeL Pmrt'lU'ht'f, Henri DI''''i!

• Obstacles à Fmsernon socioprofessionnelle de personnes avec th problèmes graves desanté mentale: données empiriques et repères théoriques. Marr Corbi ère.-\toniqut' 8rmitlt'au. Geneviève PmnlI!, Ci/int' Merria

• Impacts dutransfert deservices deréinsertion sociopmfcvdonnellc enmilieupsychiatrique surle, clientèles el les centres communautaires hôtes. Jimml' RUlt;,

Mane-Denise Boiiin

• Lesoutien detype <lPS> pour les personnes souffrant detroubles mentaux gravcvune approche d'avenir pour leQuébec? Eric ultlma, Tania tecome

• Entre insertion elautonomie : maladie mentale et stratégies institutionnelles.Hught'.1 d'Heilly. lerm·Phi/ippt S/irriUJU

• Perspective critique eninrégrauon autravail desindividu-, vivant dt:\ troubles mentauxgraves et persistants. Sagt' VhnlJ

L'AQRP ['; fxIDP,C[ :

'" Coordonnateur de l'AQRP** Reproduction d'articles edites dans lebulletin LR Partenaire'** Président duComité national santé mentale travail del'AQRP

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