ib alençon may d' pirate malgré moi 1966.doc

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    May d'ALENON

    PIRATE MALGR MOI

    LE jeune Philippe Ashton part surune barque de pche pour une promenadeen mer au large de la Nouvelle-Angleterre.

    urgit le voilier du trop c!l"bre #orbanNe$-Lo$ qui le #ait prisonnier. %n veut lecontraindre & devenir pirate' et Philipped!cide de s(!chapper. )ais le bateau necroise qu(& pro*imit! d(+lots d!serts in#est!sde serpents et environn!s de requins... ,e

    sera pour ce garon courageu* une aventurepassionnante qui a de plus le m!rite d(trev!ritable.

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    PIRATEMALGRE MOI

    /mprim! en 0rance par rodard-aupin' imprimeur-3elieur. ,oulommiers-Paris. 24-45-2678-41. 9!p:t l!gal ;

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    MAY D'ALENON

    PIRATEMALGR MOID'aprs les aventures vridiques de Philippe Ashton qui, aprs s'tre happ

    des !ains des pirates, vut sei"e !ois dans une #le dserte, en $%&%

    ILLUSTRATIONS DE FRANOIS BATET

    .

    HACHETTE300

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    TABLE

    /. >E-3%?@EE>E-LE?E 8//. NB-L%B' LE3E9%?ALEP/3AE 21

    ///. P/3AE)AL@3C)%/ =/D. )%NCDA/%N 66D. ?NN%?DEA?EL/3 81

    D/. 9EPE/)A/3E9%?ALEENNE)/ 76

    D//. ?NA?DEE?3/NEPC3C 5=D///. N%?DELLEADEN?3E 116/. LE3C%39?,FGEA?9?/EN->3E 1=. 3E%?3A?PAHNAAL 161

    /. CP/L%@?E 18)!#7n5!$, /a# on n'!n 9o) %+$ ? '!+#!a/)+!!.

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    larges #euilles de latanier' au grand soleil quisu##isait & les durcir. Se leur trouvais ainsi bien meilleurgoWt et mon estomac les supportait plus #acilement.

    N(alle pas vous imaginer cependant que mondomaine' comme j(appelais mon +le' ne ren#ermait que#ruits d!licieu*' oiseau* merveilleu* et btesino##ensives J F!las J il h!bergeait aussi des ennemisdont les plus redoutables !taient les serpents' et surtoutles moustiques. ien petits animau* pourtant' mais en si

    grande quantit! et si harcelants JAu d!but de mon s!jour dans l(+le' je craignaissurtout les pumas que j(entendais chasser la nuit dans la#ort. S(en aperus par#ois au loin' mais ils semblaientavoir au moins aussi peur que moi et s(en#uKaient sans

    jamais m(attaquer.Les serpents se mirent & pulluler' & mesure que

    s(avanait la saison chaude. S(en rencontrai de toutestailles et de toute esp"ce' et je ne me promenais pas &travers les #ourr!s et les hautes herbes sans regarderavec soin oR je posais mes pieds et toujours un bQton &la main pour !ventuellement me d!#endre.

    i encore j(avais !t! chauss! de hautes bottes de

    cuir qui m(auraient prot!g!' mais les sandales que je#abriquais ne r!sistaient pas longtemps au* !pines et au*caillou*.

    Les coupures et blessures qui m(avaient sipro#ond!ment entam! les pieds au d!but de mon s!jourdans l(+le n(arrivaient pas & se cicatriser et se rouvraient

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    au moindre choc j(en sou##rais terriblement' etmme la nuit' ce qui m(empchait de dormir.

    Se pense que la #aiblesse et la #atigue nuisaient & la

    gu!rison de mes pieds c(est pourquoi je marchais lemoins possible et #aisais de longues siestes durant la

    journ!e' dans ma cabane ou sur le sable de la plage &l(ombre des cocotiers.

    9arling' mon cher petit compagnon' !tait aussi un#id"le gardien il !tait de petite taille et n(aurait pu me

    d!#endre contre les btes sauvages si elles m(avaientattaqu!' mais il savait toujours me pr!venir du dangermme quand il semblait dormir pro#ond!ment' il gardaittoujours une oreille et un Til en alerte. (il aboKait' jesavais que le p!ril n(!tait pas grand quelque oiseau ouquelque !cureuil s(approchait mais s(il grondait entremblant et h!rissant les moustaches' je comprenais

    qu(il nous #allait #uir' et 9arling n(!tait pas le dernierpour d!couvrir la cachette oR nous serions & l(abri.

    ,(est grQce & lui qu(aucun serpent venimeu* ne memordit' car ils pullulaient dans les herbes hautes et dansles rochers certains #aisaient un bruit !trange en sedressant sur leur queue d(un air menaant.

    )oins dangereu*' mais d(un aspect tout aussie##raKant' !taient les boas j(en rencontrai degigantesques mesurant au moins di* & doue pieds delong et aussi gros que le corps d(un homme. Leur peau!paisse et toute crevass!e ressemble & s(K m!prendre &l(!corce moussue

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    d(un vieil arbre et' quand ils s(endorment & terreallong!s' sans un mouvement' vous les prendrie pourune branche tomb!e.

    ,(est ce qui nous arriva' & 9arling et & moi unmatin que nous nous promenions dans la #ort & l(ombrede la #utaie que les raKons du soleil d!j& chauds

    peraient de #l"ches de lumi"re je crus voir sur monchemin un tronc abattu et' sans m!#iance aucune' leheurtai l!g"rement du pied. A l(instant' une tte a##reuse'

    menaante' se dressa' me sou##lant au visage unehaleine empest!e la bte ouvrait une gueule assegrande pour m(avaler tout entier d(un seul coup dumoins' il me le parut.

    Se me rejetai en arri"re et lui !chappai de justessej(avais #r:l! une mort horrible j(en #us & moiti! maladedurant plusieurs jours et n(osai aller dans la #ort.

    Samais plus il ne m(arriva de prendre un serpentpour un vieu* tronc d(arbre il m(arriva plus souvent deprendre un tronc d(arbre pour un serpent' de #uir & toutesjambes' de me moquer ensuite de ma #raKeur ridicule.

    Les cochons sauvages !taient beaucoup moinsterribles' moins agressi#s. Presque toujours' le troupeau

    entier 0uKait devant 9arling et moi d"s qu(ils nousapercevaient. Avec des grognements' ils allaient ser!#ugier dans les broussailles. Pourtant' je ne merisquais pas & les provoquer ni mme & les poursuivrecar j(!tais sans armes.

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    ?n jour' l(un de ces sangliers me joua un tourencore plus terrible que le boa. S(en #r!mis encorelorsque

    j(K pense.Se me reposais & la lisi"re du bois' !tendu sur le

    sable de la plage' le dos appuK! contre un arbre lachaleur de midi !tait su##ocante je crois que j(!tais d!j&

    parti pour le paKs des rves 9arling aussi car' pour une#ois' il ne #it aucun geste ni n(!mit aucun son pour me

    pr!venir du danger...out & coup ; grrrJ grrrJ des grognements #uribondsnous !veillent en sursaut. S(ouvre les Keu* pourapercevoir' s(en venant vers nous & la vitesse d(un bouletde canon' un gigantesque sanglier' tout noir' les d!#enses

    point!es en avant prtes & m(embrocher' son petit Tilcruel #i*! sur moi...

    Se pousse un cri d(angoisse' me croKant perdu pasquestion de me redresser pour tenter d(!chapper &l(ennemi' je n(en ai pas le tempsJ Se l"ve les Keu* vers leciel pour implorer le secours... et j(aperois' juste au-dessus de ma tte' une branche d(arbre vraiment

    providentielle.

    Se ne #ais ni une ni deu*' je l(empoigne de mes deu*mains d(un e##ort surhumain' je me hisse & la #orce despoignets' juste & temps' juste asse haut pour !viter lescruelles d!#enses du terrible cochon sauvage celles-cin(emport"rent qu(un bon morceau de mon #ond deculotte. Pauvre culotte bien mise & mal depuis que jes!journais dans mon +leJ d!teinte' us!e

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    par le temps' d!chir!e' trou!e' par les caillou* etronces de la #ort J

    Le sanglier parut se contenter de ce tr"s peu

    glorieu* troph!e que je ne lui disputai pas. ?n peutardivement' 9arling le poursuivit en aboKant ; ils(en#ona dans la #ort et ne tenta pas de renouveler sonattaque' heureusement.

    Se restai' cette #ois encore' un tr"s long momentessou##l!' !puis! et tremblant. Plus de peur que de mal'

    sau# pour ma pauvre culotte. Se l(avais !chapp! belle.

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    DE PETITS MAIS REDOUTABLES ENNEMIS@

    LE PL? 3E9%?ALEde tous les ennemis que jerencontrai sur mon domaine !tait le plus minuscule'mais il vous attaquait en si grand nombre et avec unacharnement si diabolique qu(il n(K avait aucun moKend(en avoir raison. A la saison des pluies qui succ!da d(unseul coup & la saison chaude' il pullula & tel

    point qu(il #aillit bien abattre mon courage et ruiner masant!. Se #inis par le #uir en quittant mon +le pourun certain temps' ce qui me #it courir bien desdangers d(une autre sorte.

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    renouvelai ma tentative pour essaKer de #aire jaillirune #lamme' en vainJ Se maudissais mon incapacit!.

    Allais-je m(avouer vaincu et me laisser d!vorer tout

    vivant par des ennemis si minuscules alors que j(avaistriomph! du boa et du cochon sauvage en apparence

    plus redoutables V Apr"s avoir cherch! longtemps unesolution' je r!solus de c!der la place au* moustiques ententant de gagner un rocher qui se dressait en mer pastr"s loin de la c:te. Parce qu(il !tait continuellement

    balaK! par les vents du large' il n(K poussait ni unarbuste' ni un brin d(herbe. S(esp!rais que' l&' il n(K auraitpas de ces maudits insectes et que je pourrais en#inreposer un peu.

    )ais comment #aire pour atteindre ce rocherV Sen(!tais pas un nageur asse e*p!riment! pour gagner cere#uge par mes propres moKens. Et je ne poss!dais pas

    la moindre embarcation ni les outils n!cessaires pour enconstruire une' mme #ort rudimentaire.

    Se me creusai la tte durant des jours et #inis partrouver autre chose ma tentative serait dangereuse'c(!tait !vident' mais je n(avais pas le choi* des moKens.Se choisis un morceau de bois de bambou' l!ger et

    creu*' je le plaai sous mes bras' contre ma poitrine' unpeu comme une bou!e de sauvetage et me lanaibravement & l(eau qui' heureusement' n(!tait pas tr"spro#onde & cet endroit. Apr"s plusieurs tentatives plusou moins r!ussies O je bus la goutte plus d(un coup O

    j(atteignis en#in' sain et sau#' ce rocher qui n(!tait gu"re!loign! de mon +le que d(une port!e de canon.

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    (et enne!i tait une sorte de petit !oustique

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    9arling' qui avait d(abord h!sit! & m(accompagner'se montra tout de suite un asse bon nageur' sans avoir

    jamais appris' et me suivis jusque dans mon nouveau

    re#uge. La brave bte J Nous !tions si bons amismaintenant que nous aurions eu bien de la peine & nouss!parer...

    Notre rocher !tait nu et plat comme un gros galet demer. /l mesurait & peu pr"s quatre cents pieds de tour etles vents du large le balaKaient de tous c:t!s si bien qu(il

    n(h!bergeait pas le moindre moustique. uel-soulagementJ Se pus m(K reposer durant de longuesnuits' tout & #ait tranquille. Le bruit des vagues se

    brisant sur les rochers' le cri des oiseau* de mer quipassaient me beraient mille #ois plus agr!ablement quele harcelant bourdonnement de ces maudits insectes.

    ,ependant' notre rocher ne nous o##rait pas la

    moindre ressource' et il nous #allait de temps en tempsregagner notre +le' a#in d(en rapporter l(eau potable et lanourriture n!cessaires & notre subsistance. Se ne pouvaisme charger beaucoup & la #ois' juste un petit paquet que

    j(enveloppais de mes habits et #i*ais sur ma tte pour lemettre & l(abri de l(eau de mer. Se dus aussi renoncer &

    transporter le bois' les lianes et les #euilles quim(auraient permis d(!lever une petite hutte sur le rocher'pour nous mettre & l(abri du soleil souvent brWlant'surtout au milieu du jour.

    ,es petits voKages par mer n(!taient point sansrisques pour le m!diocre nageur que j(!tais. ?n beau

    jour'

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    ma bou!e de bambou glissa de dessous mes bras jetentai de la rattraper je manquai mon coup' en#onai et#aillis bien me noKer. Par malchance' la mer !tait asse

    agit!e je nageai avec l(!nergie du d!sespoir'luttant contre les vagues qui me passaient sur latte' sans avancer beaucoup' car un courantm(empchait de progresser. ?n long moment' je remuaiencore bras et jambes mais j(!tais & bout de #orces etmes id!es commenaient & se troubler... ,(est & mon

    brave petit compagnon 9arling que je dus la vie encorecette #ois. /l nageait tout pr"s de moi' pourm(encourager & sa mani"re il allait et venait etsut me conduire vers une passe plus calme oR le courantse #aisait moins sentir' oR l(eau !tait moins pro#onde'car du bout du pied' tout & coup' je sentis la

    terre.

    Lorsque en#in nous atteign+mes le rivage' je melaissai tomber tout de mon long sur le sable' sans

    pouvoir me redresser ni #aire un mouvement tant j(!tais!puis! il me #allut un bon moment avant de retrouverseulement un peu de #orce pour m(asseoir.

    )on cher petit compagnon se rendait #ort bien

    compte du terrible danger auquel je venais d(!chapper'car il me t!moignait sa joie par maints aboiementsjoKeu* et coups de langue sur mon visage.

    Au cours d(un autre voKage jusqu(au rocher' undanger encore plus terrible se pr!senta & nous sous la#orme d(un requin. La mer en cet endroit est in#est!e deces redoutables animau*' toujours a##am!s et en quted(une

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    Par chance' le requin-marteau dut heurter le #ond deson aileron ce qui empcha sa manTuvre. Nous m+mesce retard & pro#it' 9arling et moi' pour #uir. Se pris pied'saisis mon petit compagnon dans mes bras et' & toutevitesse' je me hQtai vers la c:te... Le requin-marteaurenona & nous' il dut s(en aller vers la haute mer' car il

    ne renouvela pas son attaque.,e jour-l&' ce #ut moi qui sauvai la vie de 9arling.

    Nous en #Wmes quittes pour une belle peur nousrestQmes tous deu* un long moment sur le rivage &suivre les !volutions du requin-marteau qui nageait' auloin' & la recherche d(une autre proie. )on petit chien

    tremblait autant que moi.Par bonheur' comme je viens de le dire' je #aisais

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    de grands progr"s en natation j(allais maintenantasse vite d(une +le & l(autre' sans avoir besoin de ma

    bou!e de bambou et avec moins de #atigue et de risques.

    Se pris mme plaisir & e*plorer' l(un apr"s l(autre' lesrochers et les +les des environs. Se n(K #is aucuned!couverte ni rencontre m!ritant d(tre not!e.

    Les jours succ!daient au* jours' tous & peu pr"ssemblables' et rien ne venait changer le cours de ma viesolitaire. Divrais-je toujours ainsi' pauvre' mis!rable

    avec pour seul compagnon le brave 9arling que j(aimaismais qui n(!tait qu(un pauvre petit chienVLorsque je pouvais rester dans mon +le' mon emploi

    du temps ne variait gu"re. Se me levais de bonne heurea#in de pro#iter de la #ra+cheur matinale' tout comme lamultitude d(oiseau* qui donnaient leur concert d"s avantl(aube il K en avait de toutes sortes les perroquets

    surtout avaient des plumages merveilleu*. S(avaisentendu dire qu(il !tait #acile d(apprivoiser cet oiseau. A

    plusieurs reprises j(essaKai' mais je n(avais pas asse depatience oR les perroquets de mon +le !taient-ils tropsauvagesV Se ne pus K arriver. 9(ailleurs 9arling' jalou*

    peut-tre de l(attention que je leur accordais' ne les

    aimait pas et #aisait tout ce qu(il pouvait pour lese##raKer.,(!tait aussi & l(aube le moment oR mon domaine se

    montrait sous son plus bel aspect. Le soleil illuminait lai une des grands arbres qui s(agitaient doucement sous la

    brise et dispersait la brume qui emplissait les vallons.

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    Les btes sauvages que j(avais entendu chassertoute la nuit ; pumas et renards rentraient dans leurtani"re les singes et les !cureuils' habitu!s maintenant &

    notre pr!sence' gambadaient de branche en branchedans notre voisinage.

    ?n long moment' je demeurai au seuil de ma hutte'immobile' scrutant la plage et la mer ; pas une voileJ pasune embarcationJ S(en avais toujours le cTur serr! d(uneam"re d!ception le secours ne me viendrait-il jamaisV

    Se me secouai et m(en allai vers un certain rocher depierre tendre oR' & l(aide d(un caillou pointu' je nemanquai jamais de marquer la date et le nom du jour quicommenait la liste !tait bien longue d!j&J

    La seule chose qui me consolait' c(!tait le souvenirde la dure vie que j(avais men!e' lorsque j(!tais piratemalgr! moi' parmi des hommes malhonntes et cruels

    que je d!testais' avec la terreur continuelle d(tre pris etpendu sans jugement' & la grande vergue' et je mer!p!tais inlassablement ;

    I Se suis libre' je suis un honnte homme je pourrairevoir l(oncle Ashton et )arK sans rougirJ M

    A la pens!e de ma #amille' de ma maison de alem

    que peut-tre jamais je ne retrouverais' j(avais du mal &retenir mes larmes. Se retournais bien vite & ma cabane'je #aisais mon m!nage et pr!parais ma nourriture pour lajourn!e. Se mangeais mon petit d!jeuner de #ruits et enramassais une provision. Pendant ce temps' 9arling

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    de son c:t! #aisait la chasse au* rats et mulots'h!rissons' petits oiseau* ou autres bestioles.

    uivi avec entrain par mon petit ami qui' lui' ne

    semblait pas du tout malheureu* parce que ma soci!t!lui su##isait' je descendais jusqu(au ruisseau a#in d(K

    boire et d(K #aire ma provision d(eau #ra+che' dans desr!cipients de bambou #ort l!gers et pratiques. ?nequantit! d(oiseau* vivaient l& ; h!rons' ibis' p!licans'canards' b!casses et bien d(autres que je ne connaissais

    pas. Se m(amusais beaucoup & les observer. uelshabiles et patients pcheurs ils !taient J surtout le h!ronqui demeurait des heures perch! sur une patte' aussiimmobile qu(une soucheJ

    Se p!chais moi aussi' mais avec moins de succ"s'quelques !crevisses sous les pierres. Puis je ramassaisdes coquillages sur la plage et des Tu#s de tortue dans le

    sable de la baie.Se remontais che moi' en suivant le cours du

    ruisseau' & l(ombre des grands arbres' car tr"s vite lesoleil devenait brWlant et m(!tourdissait.

    Se ne sou##rais pas & proprement parler de la #aim etpourtant il devait me manquer quelque chose' car petit &

    petit' & mesure que les jours passaient' je me sentais plus#aible. Ctait-ce un e##et de la solitude cl de l(ennuiV Peut-treJ

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    ()AP$*+E 5$$

    UN SAU2ETEUR INESPR

    /LD/Nun matin oR je me sentis au r!veil si las' sid!sesp!r! que je ne trouvai ni la #orce ni le courage deme lever de ma couche de #euilles s"ches et de sortir de

    ma hutte. A quoi bonV Se repoussai doucement de lamain mon brave 9arling qui s(!tait jet! sur moi eng!missant lorsqu(il m(avait vu ainsi et' cachant monvisage dans mes bras' je retombai sur mon lit et pleuraitout haut...

    A la saison s"che venait de succ!der celle despluies' plus redoutable que l(autre' pour le pauvre

    d!laiss!

    5=

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    que j(!tais. 9e terribles tornades avaient balaK! mondomaine et maintenant l(averse tombait sans arrt' de

    jour comme de nuit. Elle #aisait un triste concert en

    tambourinant sur les #euilles et sur mon toit qui nem(abritait plus l(eau mouillait tout' mme mon lit et mesminces vtements. )algr! la pluie' l(air restait lourd etles moustiques que je n(avais plus la #orce de chasser meharcelaient.

    )es pauvres pieds' dont les blessures ne s(!taient

    jamais tout & #ait re#erm!es me #aisaient & nouveaucruellement sou##rir. La veille encore' j(avais march! parm!garde sur un coquillage pointu de la plage qui !taitentr! dans l(une de mes plaies je n(avais pu retenir uncri de douleur et m(!tais laiss! tomber & terre j(!taisrest! l& plus d(une heure & pleurer et g!mir...

    Se demeurai dans ma cabane sans #orce ni courage'

    durant des jours et des jours O je ne saurais direcombien O malgr! mon pauvre 9arling qui m(en #aisaitreproche & sa mani"re' en aboKant doucement et metirant par ma manche. S(avais tout & #ait perdu le goWt devivre.

    Se ne savais mme plus quel jour j(!tais' semaine ou

    dimancheV ni quel mois en coursV Se ne trouvais pas la#orce de gagner mon rocher' tout juste celle de grignoterquelques #igues et raisins ou de boire un peu d(eau'lorsque la soi# et la #aim se #aisaient trop sentir.

    A mesure que l(interminable saison des pluiess(avanait' le temps se re#roidissait insensiblement je

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    raison ceu*-ci am"nent par#ois bien desd!ceptions et des dangers... M

    Elle ajoutait timidement et & voi* si basse que je la

    percevais & peine ;I Et la vie pr"s de moi' avec moi' ta cousine qui

    t(aime plus que tout au monde' Phil' ne te tente-t-ellepointV

    O F!lasJ F!lasJ trop tard' ch"re )arKJ ,ommeun insens!' je t(ai pr!#!r! l(aventure. )on e*cuse' c(est

    que je ne la d!sirais pas si terrible... Et voil& qu(elle araison de ma vie' malgr! mon courage. Doil& que toutest #ini pour nousJ... M

    Le beau rve s(!tait en#ui je venais de me r!veilleren sursaut' sou##rant de partout et g!missant. uen(avais-je !cout! la ch"re cousine lorsqu(il en !tait

    encore tempsV ue n(avais-je !cout! l(oncle Ashton quim(aimait aussi malgr! son air s!v"re et #roid V9arling qui semblait tout comprendre' se jetait sur

    moi suivant son habitude et essaKait de s!cher meslarmes & grands coups de langue. Se le prenais dansmes bras en le serrant tr"s #ort comme si la bonne

    petite bte seule avait le pouvoir de me rattacher & lavie.

    En#in' apr"s des jours et des jours de pluie' lesoleil d(un seul coup brilla dans un ciel pur et lesoiseau* revenus chant"rent dans la #ort et sur la plage.9es milliers de #euilles neuves sortirent & l(envi des

    bourgeons' remplaant les vieilles qui tombaient

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    & mesure' car jamais' dans ces r!gions' les arbresne se d!pouillent totalement.

    ans grande #orce ni courage' je me tra+nai au-

    dehors et contemplai la plage toute dor!e de lumi"re etoR se promenaient h!rons' mouettes et p!licans. Lamer scintillait sous le soleil !clatant et les +les et lesrochers !taient ceintur!s d(une !blouissante !cume

    blanche.ue tout cela !tait beauJ ?ne larme coula sur ma

    joue et j(eus grande piti! de moi' car je songeai quemes Keu* allaient se #ermer & toutes ces chosespuisque j(allais mourir. Se me sentais bien jeune j(avais(envie de vivre encore... AhJ si seulement )arK

    pouvait savoir que je l(aimaisJ...out & coup O rvais-jeV O je crus voir' l&-bas'

    un point noir qui s(avanait doucement sur la mer entreles rochers... Se pensai d(abord & quelque gros poissonou requin en chasse... )ais nonJ )on cTur se mit &

    battre' je me redressai & demi tandis que 9arlingpointait les oreilles... Se ne me trompais pas ; ce point!tait bien une pirogue qui se rapprochait en droiteligne de mon domaine' sous la vigoureuse pouss!ed(une pagaie que maniait adroitement l(inconnu qui la

    montait.,ependant' !tait-ce & cause de ma #aiblesse et de

    mon abattementV ,ette apparition e*traordinaire O unhomme arrivant dans mon +le apr"s tant et tant de moisd(attente O e*cita en moi encore plus de surprise que

    de r!elle !motion.

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    i c(!tait un ennemi' que m(importaitV S(avais si peu& perdreJ Et si c(!tait un ami' que m(importait encoreV /larrivait trop tard pour me sauver puisque j(!tais unmourant.

    Alors que 9arling' sans attendre ma permission'd!valait jusqu(& la plage et aboKait de toutes ses #orces

    en trottant au long de la premi"re vague' je ne #is pas unmouvement et demeurai' & demi couch!' le dos appuK!contre le rocher' mes regards #i*!s sur la petiteembarcation qui s(!tait immobilis!e & peu de distance durivage' comme si elle craignait de s(approcherdavantage.

    on conducteur e*aminait attentivement la plage et

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    la c:te' une main en abat-jour sur ses Keu*' et tout& coup' abandonnant sa pagaie' il se mit debout' aurisque de chavirer' et me #it de grands gestes des bras et

    me cria des mots que je ne comprenais pas' pour met!moigner sa surprise et sa joie' du moins me sembla-t-il.

    3eprenant sa pagaie' il rama de nouveau avecardeur' et piqua droit sur 9arling qui aboKait

    joKeusement comme pour souhaiter la bienvenue &

    l(!tranger. u(est-ce que tout cela voulait donc dire VA peine la pirogue eut-elle touch! le sable quel(homme' apr"s l(avoir tir!e rapidement au sec' courutvers moi' escort! de mon chien' tout en me h!lant d(unevoi* qui me bouleversa ; I %h!J %h!J M

    Est-ce que je rvaisV... Se reconnaissais cette voi*...tout & #ait celle du bon p"re @oodlucU qui me souhaitait

    la bienvenue sur le port de alem lorsque' gamin !prisd(aventures' je courais vers lui tout heureu* & l(avanced(une bonne promenade en mer dans son vieu* bateau.

    Wrement je rvais... ce petit homme qui s(en venaitvers moi de sa d!marche chaloup!e' ce visage tann!encadr! de #avoris sous le bonnet de laine d!teint

    en#onc! jusqu(au* oreilles et jusqu(& la m!daille dor!equi dansait au lobe de l(une d(elles... c(!tait le p"re@oodlucU lui-mme... %u bien alors' si je ne rvais pas'!tait-ce un revenant' un esprit de l(autre mondeV 9(unemain qui tremblait de #aiblesse' je me signai.

    En s(approchant' le p"re @oodlucU O lui-mme ouson

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    #ant:me V O paraissait au moins aussi e##raK! quemoi il h!sitait & me reconna+tre.

    3ien d(!tonnantJ Se devais avoir si pauvre aspect ;

    maigre et pQle & #aire peur' sale et barbu' & peine vtud(habits en loques' un mourant de mis"re...

    ?n bon moment' il demeura immobile devant moisans avancer' me contemplant en silence puis' sonmenton trembla et il se mit & bredouiller ;

    I Nom d(un sabord' est-K possibleV... Est-ce bien

    toi' Phil' mon pauv(garonV 9is-moi' est-ce que j(rveVEst-K bien toi' Phil Ashton de alemV MSe ne trouvai pas la #orce de r!pondre' mais tendis

    seulement vers lui deu* mains tremblantes une grosselarme coula sur ma joue je #inis par murmurer d(unevoi* & peine perceptible ;

    I rop tard' p"re @oodlucU' trop tard J )erci d(tre

    venu tout de mme... MSe #ermai les Keu*... quand je sentis les deu* bras

    robustes du p"re @oodlucU' & genou* devant moi' quim(attiraient sur sa large poitrine et qui m(K serraienttendrement' tandis que sa grosse voi* rassurante me#aisait des reproches ;

    I Allons' allons' petit' qu(est-ce que tu me racontesl&... Samais trop tard pour bien #aire... ant qu(il K a de lavie' K a de l(espoir... Et le ,iel comme ma bonne chancene m(auraient tout de mme pas envoK! vers loi troptard... Doil& des mois et des mois que je suis & tarecherche' mon #ils' car d"s que ce satan! Ne$-Lo$

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    m(eut rendu la libert!' je ne suis pas retourn! &alem' tu pensesJ en vous laissant' 9icU et toi dansl(embarras... S(ai retrouv! ton camarade il a r!ussi &

    s(!chapper des mains des pirates peu de tempsapr"s toi et c(est par lui que j(ai su ton escapade... Sel(ai laiss! en bonne compagnie' oui' de braves gens duFonduras qui ont dW #uir de che eu* avec leurs #amilleset leurs biens... Se te raconterai cela... Pour moi' jene pouZ vais tre en pai* tant que je ne t(aurais pas

    retrouv!' mort ou vivant... Se te retrouve vivant'b!ni soit ce jour' b!nie soit ma chanceJ... En ai-jevisit! des +les' des plages' des rochers sur une

    pirogueJ... Se commenais & trouver le voKage un peulong quand' ce matin' le vent de la mer m(a apport! lavoi* de ton chien. rave chien' aurais-je abord!

    justement sur cette c:te' s(il ne m(avait pas alert! VM

    Avec quel bonheur j(!coutais la voi* de mon bravep"re @oodlucUJ Elle me r!con#ortait' me berait'm(enchantait et petit & petit mon !motion se calmait' magorge se desserrait. ri"vement' & mots entrecoup!s Ocar voil& un si long temps que je n(avais parl! & un trehumain O' j(arrivai & raconter & mon vieil ami comment

    je venais de vivre dans cet +lot' sans outils' armes ni #euni presque de vtement' avec 9arling pour seulcompagnon... Et avec un sanglot dans la voi*' jeterminai ;

    I Dous tes en#in venu' p"re @oodlucU'quelle chanceJ... rop tard pour moi' mais vous ire &alem et

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    vous leur dire que si j(ai !t! pirate' c(est malgr!moi et que j(ai tout #ait pour tre honnte' courageu*... M

    Se ne pus continuer' je cachai mon visage contre la

    poitrine du brave p"re @oodlucU et pleurai am"rement.9arling' pr"s de nous' rampait en g!missant & petit

    bruit le p"re @oodlucU grogna' m!content ;I Deu*-tu te taire' tu ne sais ce que tu racontes.

    )aintenant que p"re @oodlucU est pr"s de toi' tu essauv! tout ira bien' tu peu* me #aire con#iance... Et

    pour le moment' asse de temps perdu en bavardages J MAussit:t' il se leva' me recoucha avec pr!cautiondans l(herbe' le dos appuK! contre le tronc d(arbre' et .suivi de 9arling tout joKeu* qui gambadait derri"re lui'il courut vers sa pirogue et en rapporta une gourde'diverses provisions' une chemise et une culotte avec de

    bonnes sandales pour me vtir... ue de richessesJ

    I F! oui' tu ne manqueras de rien maintenant que jesuis l&' #iston' les braves gens !migr!s du Fondurasm(ont donn! tout cela. 9"s que tu seras asse solide'nous irons les rejoindre avant de mettre le cap suralem... Allons' boisJ M

    Se ne sais trop ce qu(il me pr!senta pour

    commencer' une boisson brWlante & goWt de rhum qui me#it tourner terriblement la tte mais me donna sur-le-champ un peu de #orce et de courage. Puis le bravehomme m(o##rit un morceau de galette de maXs' un peude lard que je m(e##orai de mQcher depuis tant detemps que je n(en avais gout! J

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    9arling' que le p"re @oodlucU n(avait garded(oublier' se r!galait encore mieu* que moi et qutait unmorceau apr"s un autre.

    I (as le gosier r!tr!ci' pauvre gamin' dit le p"re@oodlucU' #aut pas aller trop vite pour commencer. Se

    perds la tte' ce n(est pas cela qu(il #allait t(o##rir mais unbon bouillonJ M

    9!j& le vieil homme entassait brindilles s"ches etmorceau* de bois il battit le briquet et une belle #lamme

    claire s(!leva du bWcher au-dessus duquel il suspenditune petite marmite noire. ,e #eu !tait si beau' sir!chau##ant pour le cTur comme pour la vue que leslarmes encore une #ois me mont"rent au* Keu*. Et le

    bouillon brWlant et r!con#ortant que me servit monsauveteur acheva de me remonter les esprits.

    Se ne me lassais pas d(!couter les bavardages de

    mon vieil ami qui chassaient mes id!es noires' tout aussibien que la #um!e de notre bon #eu les harcelantsmoustiques.

    I ,omme je te l(ai dit' je ne voulais pas retourner &alem sans savoir ce qu(!taient devenus 9icU et toi. on

    jeune camarade sera content de te retrouver car'

    maintenant que je te tiens' nous n(allons pas moisir ici'tu saisJ 9"s que tu te sentiras asse #ort' Phil' O et ce nesera pas long avec les bons soins que je vais te

    prodiguer O' nous prenons la poudre d(escampette...Nous aurons la chance de trouver quelque navire quivoudra nous rapatrier jusqu(& la Nouvelle-Angleterre.Personne

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    ne m(attend' moi' & alem' mais ta #amille commecelle de 9icU doivent se demander ce que vous tesdevenus tous deu*... M

    A ces paroles pleines d(optimisme' mon cTur segon#la de joie et je tentai mme' je crois' de me mettredebout. AhJ j(!tais loin de me douter que j(avais encored(autres aventures & courir' avant de retrouver la pai* dela maison J

    Pour le moment' je n(!tais pas & plaindre. Le brave

    p"re @oodlucU me soignait et me gQtait comme un coqen pQte. /l ne savait que #aire pour m(obliger. /l veillait &chasser les moustiques' grQce & un bon #eu qu(ilentretenait jour et nuit. Se retrouvai le sommeil etdormais tel un loir.

    /l r!para de son mieu* mes pauvres habits enloques' & l(aide d(une grosse aiguille qui ne le quittait

    pas plus qu(un peloton de #il un marin doit savoir tout#aire' c(!tait sa r"gle. /l voulut & toute #orce !changer sa

    bonne chemise contre la mienne' sous le pr!te*te quej(!tais plus #rileu* que lui.

    :t lev!' chaque matin' il revenait de sa premi"repromenade avec une provision de #ruits grQce & son

    #usil et des munitions' il tuait des lapins' des porcs-!picsqui r:tis au #eu me semblaient d!licieu* et il #uma laviande d(un gros cochon sauvage qu(il attrapa dans une#osse pro#onde recouverte de branchages.

    Le vieu* bonhomme avait beaucoup d(id!es et seserait mieu* tir! d(a##aire que moi dans la mmesituation.

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    // m(apprit par e*emple & attraper les !crevissesavec une grande #acilit!' d"s que je #us asse #ort pourl(accompagner.

    S(en avais p!ch! quelques-unes au #ond du ruisseausous les pierres' mais en petite quantit! et avec du mal./l m(emmena & la nuit tombante' #it un mince paquet deroseau* tr"s secs dont il alluma le bout. /l entra dansl(eau jusqu(& la taille et promena ce #anal improvis! & lasur#ace. Attir!es par la lumi"re' les !crevisses sortirent

    en #oule de dessous les pierres. Avec un bQton #ourchu'il les poussa jusqu(& la rive oR je n(eus plus qu(& lesramasser.

    3:ties' les !crevisses #aisaient un plat succulent.,ette bonne vie & deu* dura une semaine' pas un

    jour de plus une semaine qui su##it pour que je reprenne#orce et courage. ept jours apr"s son arriv!e dans mon

    +le' le p"re @oodlucU disparut & nouveau' mais j(!taissauv!.

    I Diens donc & la chasse avec moi' Phil' me dit-il cematin-l&' il #ait un chaud soleil' pas une vague une

    promenade en mer te #era du bien. u n(es pas encoresolide mais tu n(auras qu(& te laisser conduire... Et nous

    n(allons pas loin' jusque dans un +lot & quelques millesd(ici oR le gibier abonde' je le sais. Nous en rapporteronsun daim pas besoin d(tre un !tonnant chasseur' ces

    btes-l& pullulent. Mue ne suis-je parti avec le brave hommeJ... )ais'

    d"s que je marchais un peu' mes pieds mal cicatris!s me#aisaient encore terriblement sou##rir.

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    I La semaine prochaine' j(irai avec vous' p"re@oodlucU' je vous le promets je pr!#"re me reposerencore quelques jours J

    O A ton aise' #iston' je ne serai pas longtempsparti tu me reverras dans quelques heures. M

    // prit son #usil' poussa sa pirogue & l(eau 9arlingun moment h!sita & sauter dans la petite embarcation ilsemblait se demander; IDais-je me promener avec lui oudois-je demeurer avec mon jeune ma+treV M

    La petite bte prit le parti de rester' car elle revintvers moi tte basse avec un petit g!missement. edoutait-elle de ce qui allait arriverV ouvent' j(aiconstat! que les animau* pr!voKaient l(avenir beaucoupmieu* que nous' pauvres hommes si #iers de notreintelligence.

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    )on chien et moi' nous guettQmes la pirogue quis(!loignait rapidement sur une mer aussi paisible qu(unlac notre vieil ami' le bon p"re @oodlucU' me #it un

    geste du bras' comme un signe d(adieu' avant dedispara+tre derri"re un +lot rocheu*... %uiJ c(!tait bien unadieu' car il ne devait pas revenir.

    )oins d(une heure apr"s son d!part' le tempschangea ainsi que cela arrive si souvent dans ces r!gions!quatoriales ; un vent violent s(!leva' poussant vers les

    +les de gros nuages noirs et lourds de menaces des!clairs aveuglants !br"rent le ciel et le tonnerre.gronda une pluie diluvienne se mit & tomber nous#orant' 9arling et moi' & chercher un abri dans notrecabane.

    En vain' toute la soir!e' j(attendis le retour de monvieil ami. S(esp!rais qu(il avait eu le temps de trouver un

    asile dans une +le. )ais je ne le revis ni le lendemain niles jours suivants j(eus beau guetter durant de longuesheures' la petite pirogue ne se montra pas sur la mer.

    ans doute avait-il chavir! et p!ri. Le d!sespoirm(envahit de nouveau et je pleurai et sanglotai ensongeant que je ne rencontrerais plus jamais mon cher

    vieil ami qui m(avait miraculeusement sauv! d(une mortcertaine. 9e nouveau j(!tais seul' abandonn! sur mon +lequoique' au point de vue mat!riel' beaucoup moinsd!sarm! grQce au p"re @oodlucU il me laissait en e##etun bon couteau' quelques outils et un briquet. Se pouvaischasser' #aire du #eu et cuire mes aliments.

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    )ais surtout' mon bon vieil ami m(avait pass! unpeu de son grand courage et de son invincibleoptimisme. /l me semblait souvent l(entendre me r!p!ter

    de sa voi* un peu !raill!e' sans prendre la peine deretirer sa vieille pipe de sa bouche ;

    I Pour avoir d(la chance' mon gars' su##it d(K croireJApr"s les mauvais jours' viennent les bonsJ 9ans la vie#aut tre un homme' sans a' un jour' la vie te manqueJM

    ,es mots' que je r!p!tais & voi* basse' !taient

    comme un talisman ils me redonnaient du courage et legoWt de vivre en mme temps que l(espoir de revoir monbon p"re @oodlucU. Puisqu(il !tait revenu une #ois'pourquoi ne reviendrait-il pas encoreV

    0inies les e*cursions dans le centre de l(+leJ 9"s quej(avais un peu de temps' je me promenais sur la plagesuivi de mon #id"le 9arling' esp!rant toujours

    apercevoir la pirogue du vieu* pcheur ou quelque tracequi m(!clairerait sur son sort... oujours rienJ...eulement deu* mois peut-tre apr"s sa disparition' moncTur se mit & battre de surprise et d(!motion... L&-bas'au #ond d(une petite crique' il K avait une pirogue!chou!e & demi ensevelie dans le sable.

    S(K courus' accompagn! de mon chien je ne m(enapprochai pas sans angoisse' car n(allais-je pas trouver'l&' la con#irmation du nau#rage et de la mort de monvieil amiV

    Avec des mains tremblantes' je retournai la petiteembarcation et poussai un cri de joie... ce n(!tait pas

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    quand je #erais escale dans les +les' car je nepouvais me charger trop. Se n(oubliai pas mon pr!cieu*briquet' mon #usil et mes outils.

    9e la pointe de mon couteau' je gravai' sur le plat-bord de mon embarcation' le nom dont j(avais baptis!celle-ci ;La Bonne Chance, et aussi mon nom ; PhilippeAshton' alem.

    Par un beau temps' calme et ensoleill!' de l(espoirplein le cTur' je pris la mer avec 9arling qui ne se #it

    pas prier pour s(embarquer.Se piquai droit vers l(est dans l(id!e de gagner d(+leen +le la baie de Fonduras oR j(avais le plus de chancede rencontrer des navires de commerce' et peut-treaussi' rentr!s che eu*' les braves gens dont m(avait

    parl! le p"re @oodlucU.,e n(est pas sans une certaine !motion cependant

    que je vis dispara+tre & l(horion' mon +le qui m(avaitdonn! asile' durant e*actement huit mois et quine

    jours.Se devais vivre encore bien des aventures avant de

    revoir alem et ma #amille.

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    ()AP$*+E 5$$$

    NOU2ELLES A2ENTURES

    ,(CA/ toujours avec mille pr!cautions etapr"s avoir minutieusement inspect! les lieu* que

    je me d!cidais & aborder en quelque endroit. ,e que je

    redoutais plus que tout au monde' c(!tait d(trede nouveau #ait prisonnier par quelque pirate. Plut:tvivre seul et dans la mis"re jusqu(& la #in demes joursJ

    S(!tais bien certain de ne plus rencontrer leredoutable Ne$-Lo$' il !tait mort ; le p"re @oodlucU

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    m(avait racont! sa #in digne du bandit qu(il !taitson !quipage qu(il malmenait s(!tait mutin! et l(avaitabandonn! tout seul en pleine mer dans une barque. Pris

    par un navire de guerre anglais' il avait !t! pendu haut etcourt' sans mme tre jug!.

    Ne$-Lo$ le pirate n(e*istait .plus' mais il K en avaitd(autres qui !cumaient les mersJ ans compter lescontrebandiers et autres aventuriers qui ne valaient pas

    plus cher.

    Doil& qu(un soir' comme j(arrivais en vue d(une +leasse importante situ!e & cinq ou si* lieues de monpoint de d!part O et qui s(appelait omaco' je nel(appris que plus tard O j(aperus un sloop & l(ancre' &l(e*tr!mit! orientale.

    Se me hQtai de gagner la pointe occidentale'esp!rant ne point avoir !t! aperu j(avais l(intention de

    doubler celle-ci a#in d(tre bien cach! au* Keu* del(!quipage du sloop' mais n(osai m(K risquer' car elletombait & pic dans la mer asse houleuse et h!riss!e de

    brisants #ort dangereu*.Se me d!cidai & aborder sur une petite crique de

    sable oR je tirai ma pirogue. 9arling sauta & terre' ravi

    comme moi de se d!gourdir un peu depuis un longtemps nous naviguions sans escale.S(attachai solidement mon embarcation d(une liane

    de latanier. Elle se trouvait cach!e derri"re un grosrocher. uivi de mon petit compagnon' je m(en#onaidans la #ort pro#onde qui s(avanait presque jusqu(& lamer et semblait couvrir toute la sur#ace de cette +le.

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    S(avais l(intention de m(approcher le plus possibledes navigateurs inconnus qui montaient le sloop' a#in desavoir qui ils !taient' amis ou ennemis.

    ,ependant' jamais je n(aurais pens! qu(un voKage &travers la #ort pWt tre aussi p!nible. Les broussailless(enchevtraient & tel point qu(elles #ormaient unemuraille in#ranchissable et je devais me tra+ner & quatre

    pattes pour me #raKer un passage. Les pierres coupantesqui h!rissaient le sol' tout comme les !pines des

    buissons' me blessaient les pieds. S(avais aussi bien dumal & ne pas me perdre' ce qui #aillit m(arriver cent #ois9arling heureusement avait le sens inn! de l(orientationet me remit chaque #ois dans la bonne voie. /l ne nous#allut pas moins de deu* jours et deu* nuits pouratteindre le but.

    3etenant mon chien par son collier' je sortis de la

    #ort avec mille pr!cautions pour voir sans tre rep!r!je m(aperus que le sloop n(!tait plus l& sans douteavait-il repris la mer. out ce long et p!nible voKage

    pour rien. 9!sol!' !puis!' je me laissai tomber & terre aupied d(un arbre' #ace & la plage' et mon chien et moinous endorm+mes pro#ond!ment.

    uelle imprudence et qui #aillit nous tren!#asteJLe claquement sec d(un coup de #usil tir! & peu de

    distance nous !veilla en sursaut. Se bondis sur mes piedset aperus' align!es au bord de l(eau' neu# longues

    pirogues qui venaient d(aborder et qui portaient un grandnombre d(hommes.

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    9"s que ceu*-ci m(aperurent' ils !paul"rent leur#usil et tir"rent & qui mieu* mieu*' en me prenant pourcible.

    Se ne demeurai pas longtemps & r!#l!chir je #isvolte-#ace et' prenant mes jambes & mon cou' je bondisvers la #ort et m(en#onai de nouveau dans la

    broussaille' 9arling sur mes talons.Se courais' courais de toutes mes #orces' sans souci

    de mes pauvres pieds bless!s je ne les sentais mme pas

    tant ma #raKeur !tait grande.Pourtant' il me sembla entendre les inconnus mecrier en langue espagnole' & plusieurs reprises ;

    I Arrte' Anglais' arrteJ Nous ne te voulons pas demal' arrteJ... Amis... amis... M

    )ais je ne songeais qu(& !viter les balles que jecroKais encore entendre si##ler & mes oreilles je

    n(arrivais pas & r!agir ni & savoir ce qu(il !tait pr!#!rablepour moi de #aire je courais droit devant moi & traversla #ort comme une pauvre bte au* abois.

    Alors les balles recommenc"rent & pleuvoir autourde moi' brisant les branches et #aisant voler les #euillescomment ne #us-je pas atteintV

    Se #inis pas m(arrter & bout de #orces' horsd(haleine' dans un endroit si tou##u que je m(K sentis ensWret! je tremblais plus #ort que mon pauvre 9arlingr!#ugi! dans mes bras.

    Nous n(!tions pas bien loin de nos poursuivants' carnous entendions encore leurs voi* celles-ci se turent

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    je perus avec soulagement le bruit des avirons lespirogues repartaient. out doucement' je rebroussaichemin pour voir & travers le #euillage... je ne me

    trompais pas. Le sloop' toutes voiles dehors' s(!loignaitdoucement' tramant les neu# pirogues en remorquederri"re lui. /l battait pavillon anglais d(oR je conclusque les Espagnols qui le montaient s(en !taient empar!s'sans doute dans la baie de Fonduras. ,(!taient des

    pirates' encoreJ

    Par curiosit!' je m(approchai de l(arbre au troncduquel je m(!tais si imprudemment endormi et vis' qu(&moins d(un pied de l(endroit oR j(appuKais ma tte' cinqou si* balles s(!taient en#onc!es dans l(!corce. Se l(avais!chapp! belle. S(en remerciai le ,iel et repartis & traversla #ort' a#in de retrouver ma pirogue dans la petitecrique oR je l(avais attach!e ce dur voKage ne me prit

    pas moins de trois jours entiers j(arrivai & bout de#orces.Se dus me reposer une semaine avant de songer au

    d!part. )es pauvres pieds n(!taient qu(une plaie les!corchures les plus pro#ondes n(en #inissaient pas de secicatriser et j(eus bien du mal & trouver dans cette +le de

    quoi me nourrir et 9arling de mme. omaco nouso##rait beaucoup moins de ressources que notre +lot etles moustiques s(K montraient encore plus m!chants.

    Notre domaine retrouv! nous parut un petit paradisen comparaison de omaco.

    ?n jour' nous nous trouvions' 9arling et moi' sur le

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    rocher le plus proche de notre +le et nous nousreposions en pai*' loin des terribles moustiques' lorsque

    j(aperus deu* pirogues qui piquaient droit sur notre

    domaine. out & coup' celles-ci ralentirent leur allure etl(un des hommes qui les montaient se dressa et montradu doigt la #um!e d(un #eu que j(avais allum! et n!glig!d(!teindre avant mon d!part pour le rocher. rop tard

    pour le regretter JLes nouveau* venus h!sit"rent un long moment sur

    ce qu(ils devaient #aire ; avancer ou reculerV /ls n(en#inissaient pas de se concerter.Se me gardais de me montrer' car je me rappelais la

    terrible #usillade que j(avais essuK!e & omaco' & causede mon imprudence. out doucement' en me glissantderri"re les rocs' je regagnai ma pirogue amarr!e tout

    pr"s de l& je m(K embarquai avec mon chien et' sans

    nous #aire voir' nous regagnQmes notre +le. Se laconnaissais si bien et j(K avais tant de cachettes que jem(K sentais en sWret! pour observer les !trangers sansque ceu*-ci se doutent de notre pr!sence.

    /ls avaient #ini par aborder sur la plage' mais l(und(eu* savait que l(+le !tait habit!e apr"s avoir longtemps

    palabr! avec les autres' il parut les d!cider & ser!embarquer. eulement alors' je me sentis un peurassur!' et mon envie de savoir qui !taient ces gensl(emporta sur toute prudence' ce en quoi j(eus raison. Sesortis des broussailles' m(avanai doucement vers les!trangers avec des gestes de bienvenue. Se ne

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    m(approchai pourtant pas trop pr"s j(!tais sur lepoint de bondir & nouveau dans les #ourr!s & la premi"realerte.

    Eu* aussi sembl"rent rassur!s' quoique toujours surleurs gardes' car ils m(interpell"rent de loin' et enanglais' pour me demander ;

    I Qui tes-vousV 9(oR vene-vousV M)on cTur bondit de joie et d(esp!rance lorsque

    j(entendis ma langue maternelle' et aussit:t je r!pondis

    que j(!tais Anglais' que je venais de la Nouvelle-Angleterre et que je m(!tais !chapp! d(un bateau piratequi m(avait #ait prisonnier' voil& des mois.

    I ,ombien tes-vous dans l(+le V M medemand"rent-ils encore.

    /ls parurent e*trmement surpris d(apprendre que j(K!tais seul. A leur tour' ils me #irent savoir qu(ils venaient

    de la baie de Fonduras d(oR ils avaient !t! chass!s.9e la baie de FondurasV Se songeai tout de suite

    au* amis dont le p"re @oodlucU m(avait parl! serait-ilpossible que... )ais l(un des !trangers' un jeune garon's(avana vers moi comme s(il !tait press! de meconsid!rer de plus pr"s. Alors seulement' je le reconnus'

    mais j(en #us si !mu' si troubl! que je me pris & trembleret & b!gaKer ;I 9icU... 9icUK..' est... est-ce toiV MSe devais avoir bien chang! ma mine devait tre

    pitoKable ; maigre et les traits tir!s avec une grandebarbe hirsute' des vtements en loques' des

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    cicatrices et plaies sur tout le corps... lui' mon cher

    compagnon de jeunesse et d(aventure ne me reconnutpas il recula mme avec un cri d(e##roi.

    Se tendis les bras vers lui' en riant et pleurant & la#ois ;

    I 9icUK' reconnais-moi... Se suis... je suis Phil' tonami J

    ,ette #ois' 9icU ouvrit les bras lui aussi et nousnous jetQmes l(un contre l(autre pour nous embrasserlonguement' sans souci des hommes qui nousentouraient et nous contemplaient avec stup!#action et!motion.

    Nous demeurQmes un long moment enlac!s tandisque

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    9arling g!missait & #endre l(Qme' pour montrer qu(ilpartageait nos sentiments. Puis' en me soutenant' 9icUm(entra+na vers ses camarades au*quels il me pr!senta

    tous me t!moign"rent le plus grand int!rt et une sinc"repiti!. Point n(!tait besoin de leur apprendre toutes les!preuves que j(avais support!es on les devinait & monminable aspect.

    DoKant ma #aiblesse' l(un d(eu* se pr!cipita vers lespirogues et en apporta une gourde dont il me #ora &

    boire une bonne lamp!e[ tout comme mon p"re@oodlucU peu de temps auparavant. Ctais-je plus #aibleencoreV L(alcool provoqua en moi une sorte de crisenerveuse et je tombai & terre' raide' sans pouvoir #aireun mouvement.

    Se vis mes nouveau* amis se pencher vers moi etdiscuter je les entendais dans un !pais brouillard ;

    I 0aut-il lui en donner encoreV... )ais non' vouspourrie le tuer il #aut m!langer le rhum avec beaucoupd(eau... AhJ voil& qu(il ouvre les Keu*J M

    /l me #allut un bon moment pour retrouver monenti"re connaissance. Et je me sentis mme tout & #aitremis lorsque j(eus mang! un peu de pain que l(on

    m(o##rit. 9u pain' quel r!galJ /l #aut en avoir !t! priv!longtemps pour le savoir...)es amis' surtout 9icUK' !taient press!s d(en

    apprendre davantage sur mes aventures' & partir du jouroR je m(!tais !chapp! des mains de Ne$-Lo$. Se leurracontai quelle vie dure et solitaire j(avais men!e dans

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    cette +le d!serte' quels dangers j(avais courus' quede mis"res j(avais support!es...

    I Et je serais mort depuis longtemps si le brave

    p"re @oodlucU ne m(avait secouru...O Le p"re @oodlucUV /l !tait parti & ta recherche' il

    t(a donc trouv!V interrogea 9icUK' le brave homme' oRest-ilV Pourquoi n(est-il pas avec toiV M

    Se racontai comment notre vieil ami !tait apparu unmatin' sur sa pirogue' comme un ange tomb! du ciel'

    juste & temps pour me secourir et me sauver la vie.I F!lasJ concluais-je avec des larmes dans la voi*'il est parti quelques jours apr"s pour aller & la chassedans une +le voisine et je ne l(ai pas revu. ?ne #ortetempte tout & coup s(!tait abattue sur la mer et je crainsque... M

    Avec son optimisme naturel' 9icUK m(interrompit ;

    I Non' non' je ne veu* pas te croire. 3appelle-toidonc le p"re @oodlucU a la bonne chance pour lui'comme il nous l(a r!p!t! cent et cent #ois il #aut Kcroire' Phil' et il nous reviendra' j(en suis certain. AKonscon#iance' soKons courageu*' c(est la leon qu(il nousdonne. M

    ,es bonnes paroles autant que les soins et lanourriture que me prodigu"rent mes nouveau* amis meredonn"rent des #orces. /ls !taient au nombre de di*-huitet leur che# !tait un vieillard & la longue barbe grise' auvisage !nergique tous l(estimaient' lui ob!issaient etl(appelaient #amili"rement le p"re Fope. A leur tour' ilsme racont"rent qu(ils habitaient la c:te du Fonduras

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    oR ils vivaient de chasse et de pche' sans manquerde rien' quand ils avaient entendu dire que les Espagnolsarrivaient par la mer pour les attaquer en accord avec les

    /ndiens qui tomberaient sur eu*' venant de la terre. La#uite !tait leur seul salut. /ls !taient partis' emmenantdans leurs barques ce qu(ils pouvaient prendre de leurs

    biens' juste l(essentiel' peu de chose' h!las J /ls avaienttrouv! re#uge dans les +les' en attendant des joursmeilleurs.

    /ls avaient choisi' pour s(installer' un +lot rocheu*'non loin de l&' qu(ils appelaient le ,hQteau du ien->tre'parce que les courants d(air marins qui le balaKaientchassaient les terribles moustiques. /ls ne manquaient derien ils avaient quelques barils de #arine et autres

    provisions' des armes' des munitions' des #ilets' deu*chiens de chasse et mme une servante indienne.

    @!n!reusement' ils me propos"rent ;

    I Nous vous emmenons avec nous' vous le voulebienV Dous tes notre ami tout comme 9icUK et lepauvre p"re @oodlucU que nous esp!rons revoir. M

    Se #us tout heureu* de les accompagner commentaurions-nous pu nous quitter' mon compagnon d(en#ance

    et moi' apr"s nous tre si miraculeusement retrouv!sV9"s que nous eWmes d!barqu! les pirogues' sur lesable du ,hQteau du ien->tre' qui n(!tait qu(un rocheraride et battu des vents' 9icUK installa pour moi unecouchette dans sa cabane. )es nouveau* amis semontr"rent pleins de gentillesse et de g!n!rosit! ilsm(apport"rent

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    une chaude couverture' des habits convenables et de lanourriture.

    @rQce au repos et au* bons repas' je ne tardai pas &retrouver mes #orces' et je #us heureu*' 9arling aussi'd(accompagner les hommes pour chasser et pcher.

    Nous embarquions dans les pirogues' a#in d(allerdans l(une des +les voisines oR le gibier abondait' et nous

    ramenions des cochons sauvages' en telle abondanceque nous pouvions en boucaner' en pr!vision des joursde moindre abondance.

    Apr"s tant de mois de compl"te solitude' quellesatis#action d(avoir en#in des compagnonsJ Nous

    passions chaque soir de longs moments autour d(ungrand #eu & bavarder' discuter' raconter... les soir!es quime

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    paraissaient si longues !taient maintenant tropcourtes.

    Lorsque nous nous trouvions seuls' 9icUK et moi'

    c(!tait toujours du pass!' de nos #amilles et de laNouvelle-Angleterre que nous parlions. Au ,hQteau duien->tre' nous avions la s!curit!' les vivres et lecouvert et aussi de bons amis' mais nous n(!tions pastout & #ait heureu* nous n(avions qu(un d!sir' celui deretrouver notre paKs natal. uand donc trouverions-nous

    l(occasion d(K retournerVSe savais qu(il K avait beaucoup de tortues dans l(+lede omaco oR j(!tais all! j(en #is part & mes amis ils#urent tent!s de les chasser et aussit:t organis"rent unee*p!dition dans ce but.

    Nous part+mes & quatre dans une pirogue' avecarmes et chiens. Pendant ce temps' quelques autres de

    nos amis devaient se rendre sur la c:te du Fonduras a#inde voir s(il K aurait quelque danger & retourner dans leurancien !tablissement ou tout au moins & K aborder letemps de prendre linge' e##ets et autres biens qu(ilsavaient oubli!s dans leur #uite pr!cipit!e.

    A omaco' nous ne perd+mes pas notre temps la

    chasse #ut si #ructueuse qu(& la nuit nous revenions dansnotre pirogue charg!e & couler de cochons sauvages etde tortues. Nous arrivQmes en vue du ,hQteau du ien->tre par un magni#ique clair de lune. %n K voKaitcomme en plein jour ou presque' et la mer !tait calme'scintillante d(une belle lumi"re bleue.

    Nous glissions sans e##ort' pouss!s par une l!g"re

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    brise qui gon#lait la voile que nous avions hiss!e.Nous bavardions' riions' nous r!jouissions de notrebonne chasse et du retour' prts & jouir d(un repos

    m!rit!. Les amis qui nous attendaient devaient pr!parerun bon repas & notre intention' car nous apercevions ungrand #eu sur la plage.

    out & coup' 9icU qui se trouvait & l(avant de lapirogue' !tendit le bras pour nous montrer une petiteembarcation amarr!e dans la baie et que personne

    d(entre nous n(avait remarqu!e. /l s(e*clama d(une voi*intrigu!e ;I u(est-ce que cette barqueV... Dous la voKe' l&' &

    l(ombre d(un rocherV MSuste comme il disait ces mots' une d!charge de

    mousquets venue de la mer !clata et une autre d!chargevenue de la terre cette #ois' lui #it !cho' nous laissant

    stup!#aits' terri#i!s. 9es ennemis attaquaient lecampement' impossible de s(K tromperJ Espagnols ou

    piratesV ,omment le savoirV ,e n(!tait pas le momentd(aborder au ,hQteau du ien->tre. ?ne seule chose aire si nous tenions & notre vie et & notre libert!... nous!chapper au plus vite sans tre vus' s(il n(!tait pas d!j&

    trop tard ;I Abaissons le mQt et la voile et #ilons J ML(ennemi inconnu nous avait-il aperus ou bien

    entendu le bruit de nos voi* et de nos avironsV Nousv+mes une pirogue mont!e d(une vingtaine d(hommes sed!tacher de la c:te pour se lancer & notre poursuite... Anotre grande terreur' nous constations qu(elle gagnait

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    rapidement sur nous. uelques coups de #euclaqu"rent sans nous atteindre par bonheur.

    En#in nous mettions pied sur le sable de l(+lot que

    nous avions quitt! apr"s notre chasse une autre ra#alenous si##la au* oreilles' sans nous causer plus dedommage. A toutes jambes nous #ilions vers les

    broussailles' a#in de nous K cacher. DoKant que nous!tions sur le point de lui !chapper' l(ennemi nous cria'avec l(intention de nous rassurer sans aucun doute ;

    I Arrte Arrte J Nous ne sommes pas desEspagnols' mais des pirates... 3ende-vousJ /l ne voussera #ait aucun malJ %n vous laissera libres... ArrtedoncJ M

    uant & moi' le seul nom de pirates !tait capable deme #aire #uir jusqu(au bout de la terre sans mme tournerla tte. Se galopai encore un peu plus vite' atteignis la

    lisi"re de la #ort. )es compagnons me suivaient tousles quatre' nous nous jetQmes & corps perdu dans les#ourr!s' oR nous nous arrtQmes a#in de reprendre notrerespiration.

    Apr"s un court conciliabule' les pirates renonc"rentsans doute & nous poursuivre jusque dans la #ort si

    dense ils rebrouss"rent chemin et r!embarqu"rent.F!las J les brigands emmen"rent avec eu* notre pirogueet tout ce qu(elle contenait.

    Pour ma part je ne #aisais pas un drame de cetteperte. S(avais connu situation pire. Nous !tions quatrenous gardions nos chiens et nos #usils et nous pouvions#aire du #eu pour cuire le gibier qui ne nous manquerait

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    4Arrte"7 Arrte"' Nous ne so!!es pas des Espa.nols,

    !ais des pirates+ende"-vous' 8

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    pas. Et je pr!#!rais n(importe quoi' mme la mort'que de me retrouver entre les mains des pirates.

    Nous v!cWmes cependant quelques jours de vive et

    constante inqui!tude' tant que nos ennemis demeur"rentdans notre voisinage. En e##et' ils avaient ancr! leursloop dans cette baie de l(+le de 3oatan oR j(avais v!cuseul si longtemps et que j(appelais mon domaine' avantde conna+tre son nom.

    /ls !taient venus l& pour radouber leur navire

    tranquillement et pour #aire provision d(eau' et c(est sansaucun doute' au hasard de leur chasse vers le ,hQteaudu ien->tre' qu(ils avaient aperu nos compagnonstandis que nous !tions partis & la chasse & la tortue.

    u(!taient devenus nos malheureu* amisV Nous!tions inquiets sur leur sort' craignant mme le pire.

    9e notre cachette' nous guettions les all!es et

    venues des pirates. Nous n(osions pas nous montrer nitirer un coup de #eu' ni mme allumer un brasier a#in decuire notre gibier. Se me rongeais avec autant de rageque de remords et d(inqui!tude. Est-ce que nous nedevions pas tenter d(aller au secours de nos malheureu*compagnons' s(il !tait encore tempsV

    9icUK pensait comme moi il !tait prt & se battrecontre un ennemi di* #ois plus #ort pour d!livrer nosamis. Les deu* autres nous retenaient ;

    I Dous tes #ous J ue pouvons-nous & quatrecontre tant d(ennemisV Notre coup de tte ne serviraitqu(& #aire quatre malheureu* de plus. AttendonsJPatientonsJ

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    Les pirates ne vont pas s(!terniser iciaussit:t leur sloop radoub!' ils partiront. M

    /ls avaient raison. uel soulagement lorsque' au

    bout de si* jours qui nous sembl"rent une !ternit!' nousv+mes les pirates qui regagnaient leur sloop' hissaientles voiles et niaient vers la haute mer...

    9"s que le navire eut disparu & l(horion' nousembarquQmes sur une embarcation de #ortune que nousavions construite durant les jours derniers dans le tronc

    creu* d(un arbre abattu' et nous pagaKQmes de toutes nos#orces vers le ,hQteau du ien->tre' an*ieu* au sujet denos pauvres compagnons. Les pirates les avaient-ilsemmen!s avec eu* V Allions-nous les retrouver vivants'et dans quel !tatV 9icUK et moi en avions le cTur serr!et n(osions dire un mot.

    Personne sur la plageJ Nous courWmes vers les

    cabanes qui semblaient d!sertes l&-bas. Les portes en!taient closes. 9arling' qui trottait devant nous' arriva le

    premier il aboKa joKeusement' ce qui me donna un peud(espoir... Se poussai la porte... /ls !taient tous l&'!tendus sur leur couche j(!prouvai un momentd(!motion !taient-ils mortsV )ais nonJ un ron#lement

    sonore me rassura ils dormaient tous et si pro#ond!mentque nous eWmes bien du mal & les r!veiller' a#in de leurposer quelques questions.

    Les pauvres gens !taient !puis!s' sans #orces' carles pirates les avaient #ait travailler comme des #orats' &remettre leur navire en !tat' & charger eau et

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    provisions avant leur d!part. Feureu* qu(ils n(aientpas !t! emmen!s prisonniers.

    I 9e plus' ces pirates s(!taient mis dans la tte qu(il

    K avait un tr!sor cach! dans l(+le' raconta le vieu* p"reFope' je me demande un peuV Et ils voulaient nous #aireavouer oR celui-ci se trouvait cach!. %n ne pouvait toutde mme pas leur dire oR il !tait puisqu(on n(en savaitrien. ,(est tout juste s(ils ne nous ont pas mis & latorture. Feureusement' ils ont #ini par nous croire

    lorsque je leur ai dit que si on avait su qu(il K avait untr!sor dans l(+le et oR il !tait cach!' voil& longtempsqu(on serait parti avec' sans attendre... \a les a d!cid!s &s(en aller. /ls ont appareill! et il !tait temps car' tu peu*me croire' Phil' on !tait & boutJ u(ils aillent se #aire

    pendre ailleurs' ces bandits' c(est tout ce qu(ils m!ritentet tout ce que je leur souhaiteJ

    O )oi de mme M #is-je' en m(activant pourallumer du #eu et pr!parer pour ces pauvres gens un bonrepas de gibier qui leur redonnerait des #orces' apr"s lesdures !preuves qu(ils venaient de supporter.

    9"s que mes compagnons se sentirent & nouveaud(aplomb' je reparlai de d!part je ne tenais plus en

    place apr"s tant de dangers et d(aventures' je voulaisrevoir alem. S(avais du mal & croire que le mauvais sortne s(acharnait pas sur moi pour m(empcher de quitterces lieu* que je commenais & prendre en horreur.

    )a #amille devait depuis longtemps me croire mort.Se me sentais tout !mu lorsqu(il m(arrivait d(imaginer

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    ma pauvre ch"re et jolie cousine avec des Keu* toutrouges & #orce de pleurer son pauvre Phil et je croKaisentendre l(oncle Ashton r!p!ter' ce qui ne la consolait

    nullement ;I Se l(avais dit que les voKages et l(aventure

    n(am"nent rien de bon il n(a pas voulu m(!couterJ MEt vous vous en doute' j(avais hQte de leur #aire

    conna+tre & tous deu* la v!rit!. Lorsque je m(!taisembarqu! sur le petit sloop du p"re @oodlucU' je ne

    pensais pas partir et les quitter pour toujours' je ned!sirais #aire qu(une petite partie de pche' c(est tout.)a destin!e en avait d!cid! autrement.Et quand je pensais au port de alem' je voKais le

    p"re @oodlucU assis au bord du quai en train deravauder ses #ilets tout en #umant sa vieille pipe ;I e v(i&' mon gars' quelle bonne chanceJ me dirait-il en

    m(apercevant' sois le bienvenu J M

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    ()AP$*+E $;

    LE TRSOR DU CHTEAU DU BIEN-TRE

    LE S%?3 succ!daient au* jours je mesentais de plus en plus press! de partir a#in de tenterde regagner la Nouvelle-Angleterre et retrouver ma

    #amille. 9icUK l(!tait beaucoup moins que moi' et la vieque nous menions au grand air' avec les e*cursions enmer' les parties de chasse et de pche' ne lui d!plaisaient

    pas.)es amis se moquaient gentiment de moi ; I DoKe

    donc comme il est press! de nous quitter' ce garon'disait le vieu* p"re F ope en me tapant amicalement sur

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    l(!paule' patience' nous avons encore bien despr!parati#s & #aire avant le d!part. Dous ne pouveembarquer seuls attende donc qu(une bonne occasion

    se pr!sente pour vous J M?n soir que nos amis' #atigu!s par le travail de la

    journ!e' se reposaient dans les cabanes' 9icU et moi!tions rest!s pr"s du grand #eu il #allait l(entretenir jouret nuit' si l(on ne voulait pas tre d!vor! par lesmoustiques nous bavardions amicalement.

    Se #inis' comme d(habitude' par parler de alem etdu grand d!sir que j(avais d(K retourner qui me tenaillaitun peu plus chaque jour.

    I Se ne comprends pas' dis-je' que tu te plaises surce rocher' si loin de notre paKs. u as pourtant encoredes amis & alem' ne serait-ce que le p"re @oodlucU quiest peut-tre revenu et nous attend.

    O Se l(esp"re' r!pondit mon ]ami' mais vois-tu'Phil' je voudrais ne pas quitter le ,hQteau du ien->treavant d(avoir trouv!...

    O rouv! quiV demandai-je.O Non pas qui' mais quoi' devrais-tu dire' Phil' je

    vais te le con#ier' mais c(est un secret' tu me promets

    de ne pas en parler VO ?n secretV #is-je !bahi' entendu' je n(en diraimot & personne' mais parle vite J M

    Se brWlais de curiosit!. 9icU semblait prendre plaisir& me #aire attendre il ne se pressait pas.

    I e rappelles-tu de ce que nous a racont! le p"reFope lorsque nous avons eu la joie de le retrouver

    sain et sau# avec ses compagnons' sur ce rocher' apr"s le

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    d!part des piratesV... ,eu*-ci cherchaient un tr!sor' nousa-t-il dit' et ils voulaient #aire avouer au vieil homme oRil se trouvait' ce qui lui !tait impossible pour la bonne

    raison qu(il l(ignorait. I i nous l(avions I su' assurait lep"re Fope' voil& longtemps que nous I serions partisavec ce tr!sor et sans vous attendre I vous ne nousaurie pas trouv! l&... M

    O Eh bienV demandai-je' quoique je me doutasse#ort ais!ment de ce que mon camarade allait me

    r!pondre.O Eh bien' nous allons le chercher' nous' cetr!sor.

    O (il e*iste vraimentVO u connais le proverbe ; il n(K a pas de #um!e

    sans #eu. ,herchons toujours' cela ne nous engage& rien. Et ce tr!sor ne #erait-il pas notre a##aire comme

    celle de nos amisV Ne serions-nous pas heureu* de lepartager avec eu*' qui ont presque tout perdu par la#aute des Espagnols' et de leur prouver ainsi notrereconnaissanceV Et ne voudrais-tu pas revenir riche &alemV Se sais que ta #amille ne roule pas sur l(or lamienne encore moins... M

    9!j& mon imagination comme celle de 9icUvagabondait... Se me voKais' arrivant & la maison avecasse d(or pour que l(oncle Ashton' )arK et moi'#ussions & l(abri du besoin jusqu(& la #in de nos jours.L(oncle si #atigu! pourrait en#in se reposer )arK

    prendrait une aide et ne salirait plus ses jolies mainsblanches au* travau*

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    m!nagers... ui saitV Nous abandonnerions peut-tre notre modeste et sombre logis de alem pour unemaisonnette avec jardin' dans les environsV...

    S(ach"terais aussi un petit bateau de plaisance. Se croKaisle voir se balancer dans le port. Et surtout' car je nedevais pas me laisser ainsi entra+ner par des rveslointains' l(oncle Ashton me pardonnerait peut-tre plus#acilement mon !quip!e involontaire si j(arrivais lesmains pleines il ne pourrait plus a##irmer que l(aventure

    n(enrichit pas son homme.9icU demeurait silencieu* lui aussi. ans doute sevoKait-il patron tonnelier ou' mieu* encore' patron d(une

    jolie barque de pcheV...I Alors' qu(en penses-tu' PhilV

    O ,herchons ce tr!sor' 9icU' mais tu as raison'n(en parlons & qui que ce soit pour qu(on ne se moque

    pas de nous' si nous sommes bredouilles' ce qui estprobable tu penses bien que les pirates' avant nous' onte*plor! le ,hQteau du ien->tre.'. M

    S(esp!rais le contraire' et que nous serions plusmalins qu(eu*.

    Nous d!cidQmes de #ouiller m!thodiquement les

    moindres recoins de l(+lot. ,e ne serait pas tr"scompliqu!' car il K poussait peu d(arbres et debroussaille' tant le vent de mer K sou##lait noussupposions que la cachette devait tre un creu* derocher ou un trou dans la terre ou le sable... 9arling'mon intelligent petit compagnon de bonne et mauvaise#ortune' semblait vouloir nous aider. /l nous

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    accompagnait' trottant de-ci' de-l&' le museau & terre' et

    nous ne pouvions nous empcher de rire tr"s #ortlorsque' d(un air triomphant' il nous apportait un rat ouune petite tortue qu(il venait d(attraper ;

    I Non' 9arling' tu n(K es pasJ ,e n(est pas a quenous cherchons J M

    Les jours pass"rent sans rien nous apporter et notre

    enthousiasme comme notre ardeur du d!butcommenc"rent & tomber. ?n soir que' #atigu!s de nosvaines courses' nous nous reposions sur le sable de la

    plage & l(ombre d(un rocher' une id!e me vint & l(espritcomme je voKais les pirogues mont!es par quelques-unsde nos amis revenir & #orce de rames vers la c:te' apr"sune e*p!dition de pche au large.

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    I ?n seul espoir nous reste' 9icUKJ m(e*clamai-jeen me redressant' il nous #aut embarquer.

    O EmbarquerV Pour aller oRV interrogea mon

    camarade qui devait se demander si je ne perdais pas unpeu la tte.

    O DoKons' r!#l!chis' 9icUKJ Les pirates ouautres !cumeurs de mer qui avaient un tr!sor & cachersont venus par eau et ont commenc! par #aire le tour du,hQteau du ien->tre avant de d!barquer... Peut-

    tre ont-ils trouv! quelque bonne cachette dans lesrochers de la c:te' ce qui e*pliquerait pourquoi nousn(avons rien trouv! & l(int!rieur... M

    9!j& mon camarade avait bondi et poussait dans lespremi"res vagues l(une des pirogues tir!es sur le sablede la baie.

    I %R alle-vous donc' jeunes #ousV interrogea le

    p"re F ope en nous voKant embarquer.O Fum... & la pche.O Eh bien' bonne pche' les garonsJ M cria le

    vieil homme d(un ton ironique et en souriant./l ne devait pas tre dupe' le p"re Fope je le

    souponnais de deviner le but de nos all!es et venues il

    devait en rire en cachette' mais il n(en disait rien.La mer !tait tr"s calme' ce soir-l&' & peine unevaguelette qui s(en venait mourir sur le sable avec un

    bruit dou* elle se dorait au soleil et les rochersprojetaient sur l(eau claire des ombres violettes. ,(!taitle temps id!al pour e*plorer les moindres criques etr!ci#s de la c:te. 9arling' qui !tait insensible au mal

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    de mer' n(avait #ait aucune di##icult! pourembarquer avec nous. 9e grands oiseau* au* ailes

    blanches allaient et venaient' sans crainte aucune

    souvent' l(un d(eu* nous e##leurait au passage.Nous abordions chaque #ois que nous trouvions une

    petite plage et nous visitions les moindres crevasses'grottes' avec grande attention... en vainJ Et nousembarquions de nouveau' et reprenions les pagaies.

    Le jour baissait le soleil s(en#onait & l(horion'

    illuminait la mer de plus en plus calme la nuit tomberaitd(un seul coup il !tait grand temps pour nous de revenir'mais nous ne pouvions nous d!cider & rebrousserchemin.

    Nous longions de pr"s une haute muraille rocheusequi tombait & pic dans l(eau' ce que nous n(aurions pu#aire si la mer avait !t! tant soit peu agit!e' sous peine

    d(tre jet!s contre la pierre. out & coup' nous nousarrtQmes de pagaKer pour !couter un chant !trange...,(!tait un clapotis r!gulier que scandaient par instantsdes boumJ boumJ asse semblables au bruit d(une

    bouteille qu(on d!bouche./ntrigu!s' nous nous approchQmes un peu plus' pour

    voir' juste au niveau de la mer' une #ente horiontaledans la muraille rocheuse et qui devait tre la partiesup!rieure de l(entr!e d(une grotte sous-marine dontnous ne pouvions deviner l(importance.

    Le niveau de l(eau montait et s(abaissaitr!guli"rement elle #aisait' en entrant et ressortant'l(!trange

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    $l tenait solide!ent une orde qu'il !'avait attahe

    au poi.net

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    bruit qui nous avait alert!s. ouvent' nous !tionspass!s l& au hasard de nos pches sans souponnerl(e*istence d(une cavit! & cet endroit. La mer'

    habituellement' devait en submerger l(entr!e. Samais nonplus nous n(!tions venus l& par un temps aussi calmed(habitude des vagues #ort hautes et m!chantes

    balaKaient le rocher avec un bruit terrible et nouspassions avec prudence au large.

    Nous nous regardions' 9icU et moi' troubl!s' car

    une certitude !trange s(imposait & nous en mme temps ;l&' devait tre cach! le tr!sor des pirates' ce tr!sor quenous avions cherch! apr"s tant d(autres et que nouscommencions & d!sesp!rer de d!couvrir...

    9icU !tait un e*cellent nageur' bien plus hardi quemoi qui pourtant avais #ait de tr"s grands progr"s dansl(art de la natation depuis le d!but de mon aventure.

    ans mme me consulter' il :ta sa chemise' sessandales' se mit debout dans notre l!g"re embarcationet' les bras tendus' plongea dans l(eau calme' la tte la

    premi"re' disparut.Se m(attendais & le voir r!appara+tre asse

    rapidement mais non' les minutes passaient'

    interminables' mon compagnon ne revenait pas. ue lui!tait-il arriv!V outes sortes de suppositions plus noiresles unes que les autres germaient dans mon esprit'souvenirs d(histoires lugubres de n!#astes plong!es...Avait-il eu un malaiseV a tte avait heurt! un rocherV?n animal inconnu' pieuvre g!ante ou requin' l(avaitattaqu!V Que devais-je #aireV i j(allais chercher du

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    secours' nous arriverions trop tard. Au risque desubir le mme sort' je devais plonger & mon tour...

    9arling' qui devinait ma r!solution' g!missait

    tristement.uel soulagement' lorsque' soudain' !mergea la tte

    rouge et r!jouie de mon ami qui se secouait' en respirantun grand coup. Se l(aidai & se hisser dans la pirogue' tout

    prt maintenant & rire de mes #olles terreurs. 9"s qu(ileut repris sa respiration' 9icU m(annona d(une voi*

    triomphante ;I ,ette #ois nous l(avons' oui' j(en suis certainJO uoi' le tr!sorV )ais pourquoi et comment es-

    tu rest! dans l(eau si longtempsV demandai-je' car lavie de 9icU m(importait bien plus que tous les tr!sors dumonde.

    O Parce qu(il K a une grotte qui remonte sous le

    mur rocheu* et oR je pouvais respirer c(est #acile &imaginer' nonV... )ais il K #ait noir comme dans un#our. S(ai err! et tQtonn! de tous c:t!s et j(ai bien crusentir un co##re je n(en suis pas tout & #aitcertain... /l #audra que nous K revenions avec de lalumi"re' des cordes' des outils... M

    Nous eWmes bien du mal & dormir un peu cette nuit-l& 9icUK rvait tout haut et je craignais qu(il ne trah+tnotre secret sans le vouloir. ien avant les autres' nous#Wmes debout le matin qui suivit notre d!couverte et'avant l(aube' sur la plage.

    Nous poussQmes un grand soupir de soulagement'

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    Le o11re tait plein 0usqu'au ord de eau2 doulons

    espa.nols

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    la mer !tait aussi calme que la veille. Le plus vitepossible nous nous pr!parQmes au d!part. Nous nedevions oublier ni les cordes' ni les outils' ni le briquet

    que nous eWmes la pr!caution d(envelopper' ainsi que latorche de bois r!sineu* qui devait nous !clairer' dansune !to##e imperm!able' puisque nous ne pouvionsentrer dans la grotte qu(en plongeant' a#in de les tenir &l(abri de l(eau.

    ,e n(est pas sans une v!ritable appr!hension qui me

    #aisait battre le cTur que je plongeai & la suite de moncompagnon #ort prudent' il tenait solidement une cordequ(il m(avait attach!e au poignet.

    uelques brasses sous l(eau' et nous !mergionspresque en mme temps dans la grotte sous-marine...uelques pas sur une mont!e abrupte' et nous noustrouvions dans une salle qui nous apparut vaste et

    biarrement orn!e de stalactites d"s que 9icU eut r!ussi& battre le briquet et & allumer la torche. L(air devait Ktre asse rar!#i!' car nous respirions di##icilement et la#lamme #umeuse !clairait mal.

    ans perdre une minute' car nous avions tous deu*hQte de sortir de ce goulet' 9icU promenait sa torche

    dans tous les coins et recoins que nous visitions avecsoin quand en#in' en#in... nous aperWmes en mmetemps ce que nous avions si grande hQte' si grand d!sirde trouver.

    ,(!tait un grand co##re de bois sombre cercl! de #errouill!' cal! entre de lourds rochers pour le prot!gersans doute des vagues de la mer qui s(engou##raient dans

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    la grotte les jours de grande tempte qui n(!taientpoint rares.

    Le couvercle !tait bien terme et nous suQmes sang

    et eau tous deu* avant de parvenir & l(ouvrir.Feureusement que nous avions apport! marteau etlevier jamais nous n(K serions arriv!s.

    uelle r!compense & tous nos e##orts' & notrepers!v!ranceJ La r!alit! d!passait nos rves. Le co##re!tait plein jusqu(au bord de beau* doublons espagnols

    qui brillaient de tout leur or & la #lamme tremblante denotre torche.Nous avions eu la bonne id!e d(emporter des

    sacoches nous les rempl+mes d(autant de pi"ces qu(ellespouvaient en contenir' avant de remonter par la mmevoie que nous avions prise pour venir.

    Et c(est en chantant et en maniant la rame comme

    des #orcen!s que nous rev+nmes & la plage du ,hQteaudu ien->tre.

    Nos amis venaient seulement de se lever etsortaient l(un apr"s l(autre de leurs cahutes' tout !tonn!sde nous voir d!j& de retour d(une mKst!rieusee*p!dition.

    /ls accoururent vers nous' tant notre attitude ausortir de la pirogue leur parut biarre.I Eh bien' garons' cria le p"re F ope' qu(ave-vous

    donc p!ch! de si beau' de si lourd V M// nous voKait en e##et remonter avec nos pesantes

    sacoches sur le dos' si charg!s que nos pas en#onaientdans le sable #in.

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    ()AP$*+E ;

    RETOUR AU PAYS NATAL

    Nous C/%N tous satis#aits d(tre riches' oui' moicomme les autres mais vous pouve me croire' j(!taissurtout heureu* parce que la possession de ce tr!sorallait hQter notre retour au paKs natal. Se ne me trompais

    pas.Le soir de ce mme jour' tandis que nous nous

    entretenions avec animation de tous les !v!nementspass!s' le p"re Fope d!clara' sans que j(aie besoin del(interroger ;

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    Le p"re Fope me #it pr!sent d(un tr"s beau co##retd(!b"ne richement d!cor! pour K en#ermer notre part dutr!sor ;

    I i j(ai un conseil & vous donner' c(est de le cacherau #ond de votre sac et de ne le montrer ni d(en parler &quiconque a#in de ne tenter personne. M

    ,omme s(il devinait oR nous allions' 9arling ne se#it pas prier pour embarquer' avant son ma+tre mme.9icUK hissa la voile et' par bon vent d(est' nous

    cinglQmes vers la SamaXque' ainsi que le p"re Fope nousK avait engag!s.Non sans !motion' je vis dispara+tre' l(une apr"s

    l(autre & l(horion' ces +les oR j(avais v!cu beaucoup plusd(heures tragiques ou mis!rables que paisibles.

    Nous atteign+mes la SamaXque sinon rapidement dumoins sans histoire. ,ette terre ressemblait & celle que

    nous venions de quitter ; plages de sable' rochers'collines couvertes de #orts imp!n!trables et domin!es

    par de hautes montagnes volcaniques. uelquesindig"nes K vivaient et nous #irent bon accueil.

    En attendant l(arriv!e d(un navire anglais quiconsentirait & nous emmener vers le nord' nous

    chassQmes les tortues sur les plages et nous !changionsles !cailles' recherch!es par les habitants contre de lanourriture' des vtements et des souliers. agement'nous gardions notre or bien cach!' sans en montrer uneseule pi"ce.

    A notre arriv!e' nous ressemblions & de vraissauvages avec nos habits en loques' nos pieds nus' noslongues

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    barbes' et c(est avec satis#action que nous repr+mesl(aspect de gens civilis!s apr"s nous tre ras!s et avoirrevtu des vtements convenables et d!cents.

    Peu de jours apr"s notre arriv!e & la SamaXque' uneviolente tempte chassa un certain nombre de naviresvers les ports oR ils cherchaient un abri' pour attendrel(accalmie. L(un d(eu*' asse important' arborait le

    pavillon anglais' ce qui me #it battre le cTur d(esp!ranceet d(!motion. 9epuis le temps que je l(attendaisJ

    )ais l(e*p!rience pass!e rend prudent nousdemeurions m!#iants. Nous savions que maints pirateset boucaniers naviguaient sans scrupule aucun' sous

    pavillon de n(importe quelle nationalit!.Au lieu de monter tout de suite & bord du navire'

    nous attend+mes qu(un canot charg! de barriques sed!tachQt de la coque et s(en v+nt & terre. Nous nous

    approchQmes alors' a#in d(observer de pr"s les hommesqui le montaient.

    uelle joieJ ,(!taient bien des Anglais. Se n(endoutai pas une minute d"s que je vis leur tournure' leurcostume et entendis leur langage...

    out & #ait rassur!s' nous nous hQtQmes vers eu*'

    9icUK et moi' a#in de leur parler.En#in' nous tenions notre chanceJ Les marins nousapprirent que leur navire #aisait partie de toute une#lottille qui venait d(tre durement !prouv!e par latornade. ,elle-ci avait dW se disperser' chaque bateautenter sa chance pour !chapper au nau#rage. Pour eu*'

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    manquaient totalement d(eau potable.)on camarade et (moi nous empressQmes aussit:t

    de (leur donner notre aide' a#in de remplir les barriques

    et de les charger sur le canot. Nos nouveau* amis nouso##rirent de monter avec eu* & bord du brigantin' ce quenous acceptQmes avec empressement. ,ependant' nousdemeurions asse inquiets ; le commandant voudrait-ilnous accepter comme passagers sur son navire V

    S(avais bien tort de me #aire du souci. Lorsque

    j(aperus le commandant' un homme grand et mince auvisage ouvert et #ranc quoique d!j& marqu! par les ridesde l(Qge' j(en crus & peine mes Keu*' car je lereconnaissais et je m(!criai d(une voi* joKeuse' !mue ;

    I ,apitaine 9ove' me reconnaisse-vous aussiV M,(!tait un vieil ami de l(oncle Ashton. ous deu* avaient

    jou! ensemble lorsqu(ils !taient gamins. A chacune de

    ses escales & alem' le capitaine 9ove venait nousrendre visite et j(aimais l(entendre raconter ses voKageset ses aventures. ,(!tait l(homme que' en#ant' j(auraisvoulu devenir. a #amille habitait & moins de trois millesde che nous. Et voil& que je le retrouvais & la SamaXqueapr"s tant de temps J Ctait-ce possibleV Pour une #ois'

    quelle chance j(avaisJ je devinais que ma dangereuseaventure en#in se terminait.S(avoue qu(il #allut au capitaine 9ove un long

    moment avant de me reconna+tre. ,ela #aisait desann!es qu(il ne m(avait pas vu et j(!tais un hommemaintenant' un

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    homme qui avait pass! par bien des !preuves' qui

    avait sou##ert dans son corps et dans son Qme' de toutesles mani"res.Aussi stup!#ait que moi' il #init par s(e*clamer ;I N(est-ce pas l& le petit Ashton' le neveu de mon

    ami de alemV )ais par quel miracle...V MSe lui racontai en d!tail tout ce qu(il m(!tait arriv!

    ainsi qu(& mon ami 9icU le brave homme prit le plus vi#int!rt & mon r!cit' il poussait par instants dese*clamations d(!tonnement ou de piti! sinc"re. uand

    j(eus en#in termin! ;