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QUICONQUE A BEAUCOUP VU, PEUT AVOIR BEAUCOUP RETENU LA FONTAINE T ROIS QUATORZE HIVER 2005-2006 23 E ANNÉE - N°42 - PIE & CALVIN-THOMAS NE PEUT ÊTRE VENDU LE JOURNAL DES SÉJOURS CULTURELS ET LINGUISTIQUES OCEANIE AUSTRALIE NOUVELLE-ZÉLANDE AMERIQUE ARGENTINE BRÉSIL CANADA ÉTATS-UNIS MEXIQUE ASIE CHINE CORÉE JAPON MONGOLIE THAÏLANDE EUROPE ALLEMAGNE DANEMARK ESPAGNE FRANCE FINLANDE ITALIE NORVÈGE POLOGNE PORTUGAL RÉPUBLIQUE TCHEQUE RUSSIE SUEDE SUISSEAFRIQUE AFRIQUE-DU-SUD CALVIN-THOMAS 04 42 91 31 01 01 55 78 29 91 87 bis, rue de Charenton 75012 Paris 39, rue Espariat 13100 Aix en Provence Membre de l’Office Membre de l’U.N.S.E. www.calvin-Thomas.com Séjours d’été Une année au pair Jobs et stages rémunérés Écoles de langue Trimestre scolaire Villages de langue Séjours aux USA, en Australie, en Afrique PROGRAMMES INTERNATIONAUX D’ÉCHANGES 04 42 91 31 00 01 55 78 29 90 87 bis, rue de Charenton 75012 Paris 39, rue Espariat 13100 Aix en Provence Membre de l’Office Membre de l’U.N.A.T. Membre de l’U.N.S.E. www.piefrance.com Partir ou accueillir Une année scolaire Un semestre scolaire Entre 15 et 18 ans Plus de vingt destinations différentes, réparties sur les cinq continents 42 PUBLICATION SEMESTRIELLE www.piefrance.com www.calvin-thomas.com www.piefrance.com www.calvin-thomas.com www.piefrance.com www.cal Partir et être heureux Ce message laissé par Cyprien à ses parents, a été découvert par ces derniers alors que leur fils était en route pour les USA. Je veux que vous sachiez quelle importance vous avez pour moi. Quand je pense à vous, je revois tous les moments que nous avons passés ensemble, et je pense à l’évolution de notre famille. Rien, ni les moments pénibles ni les querelles – qui se sont adoucies avec le temps – ne peut émousser les merveilleux souvenirs que j’ai de vous. Où est-il ce temps passé ensemble ? Comment ces moments se sont-ils transformés en années ? Comment tout a-t-il pu disparaître à cette vitesse ? Maintenant, j’ai 15 ans, et je vais m’envoler pour les Etats-Unis. Cela m’attriste, et en même temps je ressens du bonheur. Quand j’aurai le « blues », je penserai à ces moments de joie partagés, à ces rires ; ça me réchauffera le cœur. Les mots ne sont pas assez forts pour exprimer ma fierté, mon amour, l’importance que vous avez à mes yeux. Vous avez comblé ma vie ; vous avez accepté de me laisser partir. Au moment précis où vous lirez cette lettre, je serai en route. Je veux que vous sachiez que je vous aime de tout mon cœur. Grâce à vous, mon rêve va devenir réalité : « Expérience de vie, formation pour la vie. » Dans son numéro d’octobre 05, le journal Phosphore, rend compte de l’expérience de David, un participant PIE, parti vivre dix mois dans le Grand Nord Voilà, c’est le jour du départ. Les « Au revoir », le stage, trois jours sans dormir parce que nous sommes partagés entre l’angoisse et le bonheur. Nous quittons l’équipe avec un pincement au cœur, elle est notre dernier lien avec la France. Nous nous envolons pour la terre promise. En sortant de l’avion, je suis assaillie de doutes : « Quelle idée j’ai eue ? Partir seule, dans un pays inconnu ! » Mais ils sont là et ils m’attendent les bras ouverts. Ils, ce sont les 6 membres de ma famille américaine. C’est parti pour un an d’études, de fêtes, de découvertes, de chamailleries et de complicité, de joies et de tristesse : un an de vie quoti- dienne. En une année, je suis devenue leur sœur, leur fille. Le plus jeune de la famille a même dit aux voisins que j’avais été adoptée ; quand mes parents français ont appris cela, ils ont été choqués. C’était en août 85. Vingt ans après, je fais toujours partie de la famille. Quand les parents ont divorcé, en 95, j’étais même un enjeu. Aujourd’hui, j’ai une belle-mère, un demi- frère, des beaux-frères et des belles-sœurs…, je suis plus que jamais une « Butcher ». Au fil des ans, de près et de loin, j’ai continué à grandir avec eux : je retourne régulièrement voir tout ce monde, éparpillé un peu partout sur la Côte Ouest. On se retrouve pour les anniversaires, les Noëls, etc. Là, c’est moi qui ai provoqué ce rassemblement : ils vont tous me retrouver près de San Diego. Je suis partie pour découvrir un autre pays, une autre langue, une autre culture, en un mot pour découvrir des gens qui me paraissaient très différents de moi. Aujourd’hui, avec ces gens, j’ai tout en commun. J’ai appris durant ce séjour à accepter les choses telles qu’elles sont, à vivre chaque instant pleinement, à cher- cher le positif dans tout et partout. L’expérience com- mence à la lecture de Trois Quatorze, et, à l’image de ce chiffre, elle ne se termine jamais. Myriam 20 ANS APRÈS Trois Quatorze s’est interessé de près au moral des participants au programme d’une année scolaire à l’étranger. La large enquête que le journal a menée permet d’établir que « partir une année » influe de façon plutôt positive sur le moral. Pages 4 & 5 un an au pair jobs & stages rémunérés séjours d’été trimestre scolaire villages de langue cours d’anglais CALVIN-THOMAS, spécialiste des séjours aux ÉTATS-UNIS Dans le numéro 42 de Trois Quatorze Dossier école UNE AUTRE ÉCOLE (11) L’école norvégienne. Page 6 7 JOURS DANS UNE ÉCOLE AMÉRICAINE Une semaine en compagnie de Maxime, pour découvrir avec lui la vie dans une « high school » américaine. Page 7 VERS UNE ÉCOLE IDÉALE ? Entretien avec Philippe Pegna et Martine Paillard, directeurs d’établissements scolaires. Pourquoi partir étudierà l’étranger ? Forces et faiblesses du sytème français. Page 8 IMPRESSIONS Impressions des participants au programme d’une année scolaire à l’étranger. Lettres, messages, annonces... Pages 2, 3, 10, 11 OPINION Un ouragan de rancoeurs. Comment les médias français ont parlé de l’ouragan Katrina. Page 9 PORTRAIT Roseline en famille. Portaits croisés des 4 membres de la famille Bénétreau, tous réunis autour de Roseline, la déléguée régionale de PIE en Aquitaine. Page 12 calvin- thomas .com

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Page 1: HIVER 2005-2006 NE PEUT ÊTRE VENDU PartiretêtreheureuxSUR LES CHAPEAUX DE ROUE Ma vie va bien. Ma famille est ado-rable. Ils ont un point en commun avec moi : ils adorent le cinéma

QUICONQUE A

BEAUCOUP VU,PEUT AVOIR

BEAUCOUP RETENU

LA FONTAINE

TROIS QUATORZEHIVER 2005-200623E ANNÉE - N°42 - PIE & CALVIN-THOMAS NE PEUT ÊTRE VENDU

LE JOURNAL DES SÉJOURS CULTURELS ET LINGUISTIQUES● OCEANIE ● AUSTRALIE ● NOUVELLE-ZÉLANDE ● AMERIQUE ●

ARGENTINE ● BRÉSIL ● CANADA ● ÉTATS-UNIS ● MEXIQUE ● ASIE ●

CHINE ● CORÉE ● JAPON ● MONGOLIE ● THAÏLANDE ● EUROPE ●

ALLEMAGNE ● DANEMARK ● ESPAGNE ● FRANCE ● FINLANDE ● ITALIE

● NORVÈGE ● POLOGNE ● PORTUGAL ● RÉPUBLIQUE TCHEQUE ●

RUSSIE ● SUEDE ● SUISSE● AFRIQUE ● AFRIQUE-DU-SUD

CALVIN-THOMAS04 42 91 31 01 ● 01 55 78 29 91

87 bis, rue de Charenton ● 75012 Paris 39, rue Espariat ● 13100 Aix en Provence

Membre de l’Office ● Membre de l’U.N.S.E.www.calvin-Thomas.com

Séjours d’été ● Une année au pairJobs et stages rémunérés ● Écoles de langue

Trimestre scolaire ●Villages de langue Séjours aux USA, en Australie, en Afrique

PROGRAMMES INTERNATIONAUX D’ÉCHANGES04 42 91 31 00 ● 01 55 78 29 9087 bis, rue de Charenton ● 75012 Paris 39, rue Espariat ● 13100 Aix en ProvenceMembre de l’Office ● Membre de l’U.N.A.T.Membre de l’U.N.S.E. ● www.piefrance.comPartir ou accueillir ● Une année scolaireUn semestre scolaire ● Entre 15 et 18 ansPlus de vingt destinations différentes, réparties sur les cinq continents

n°42PU

BLICA

TION

SEME

STRIE

LLE

www.piefrance.com www.calvin-thomas.com www.piefrance.com www.calvin-thomas.com www.piefrance.com www.cal

Partir et être heureux

Ce message laissé par Cyprien à ses parents, a été découvert par ces derniers alors que leur fils était en route pour les USA.Je veux que vous sachiez quelle

importance vous avez pour moi.

Quand je pense à vous, je revois tous

les moments que nous avons passés

ensemble, et je pense à l’évolution de

notre famille. Rien, ni les moments

pénibles ni les querelles – qui se sont

adoucies avec le temps – ne peut

émousser les merveilleux souvenirs

que j’ai de vous.

Où est-il ce temps passé ensemble ?

Comment ces moments se sont-ils

transformés en années ? Comment tout

a-t-il pu disparaître à cette vitesse ?

Maintenant, j’ai 15 ans, et je vais

m’envoler pour les Etats-Unis. Cela

m’attriste, et en même temps je ressens

du bonheur. Quand j’aurai le « blues »,

je penserai à ces moments de joie

partagés, à ces rires ; ça me réchauffera

le cœur. Les mots ne sont pas assez

forts pour exprimer ma fierté, mon

amour, l’importance que vous avez à

mes yeux. Vous avez comblé ma vie ;

vous avez accepté de me laisser partir.

Au moment précis où vous lirez cette

lettre, je serai en route. Je veux que

vous sachiez que je vous aime de tout

mon cœur. Grâce à vous, mon rêve va

devenir réalité : « Expérience de vie,

formation pour la vie. »

Dans son numéro d’octobre 05, le journal Phosphore, rend compte de l’expérience de David, un participantPIE, parti vivre dix mois dans le Grand Nord

Voilà, c’est le jour du départ.Les « Au revoir », le stage,trois jours sans dormir

parce que nous sommes partagés entre l’angoisse et lebonheur. Nous quittons l’équipe avec un pincement aucœur, elle est notre dernier lien avec la France. Nousnous envolons pour la terre promise. En sortant del’avion, je suis assaillie de doutes : « Quelle idée j’ai eue ?Partir seule, dans un pays inconnu ! » Mais ils sont là etils m’attendent les bras ouverts. Ils, ce sont les 6 membresde ma famille américaine. C’est parti pour un and’études, de fêtes, de découvertes, de chamailleries et de

complicité, de joies et de tristesse : un an de vie quoti-dienne. En une année, je suis devenue leur sœur, leurfille. Le plus jeune de la famille a même dit aux voisinsque j’avais été adoptée ; quand mes parents français ontappris cela, ils ont été choqués. C’était en août 85. Vingt ans après, je fais toujours partiede la famille. Quand les parents ont divorcé, en 95, j’étaismême un enjeu. Aujourd’hui, j’ai une belle-mère, un demi-frère, des beaux-frères et des belles-sœurs…, je suis plus quejamais une « Butcher ». Au fil des ans, de près et de loin, j’aicontinué à grandir avec eux : je retourne régulièrementvoir tout ce monde, éparpillé un peu partout sur la Côte

Ouest. On se retrouve pour les anniversaires, les Noëls, etc.Là, c’est moi qui ai provoqué ce rassemblement : ils vonttous me retrouver près de San Diego.Je suis partie pour découvrir un autre pays, une autrelangue, une autre culture, en un mot pour découvrir desgens qui me paraissaient très différents de moi.Aujourd’hui, avec ces gens, j’ai tout en commun. J’aiappris durant ce séjour à accepter les choses tellesqu’elles sont, à vivre chaque instant pleinement, à cher-cher le positif dans tout et partout. L’expérience com-mence à la lecture de Trois Quatorze, et, à l’image de cechiffre, elle ne se termine jamais. Myriam

20 ANS APRÈS

Trois Quatorze s’est interessé de près au moral des participants auprogramme d’une année scolaire à l’étranger.La large enquête que le journal a menée permet d’établir que « partir uneannée » influe de façon plutôt positive sur le moral. Pages 4 & 5

un an au pair jobs & stages rémunérés

séjours d’ététrimestre scolairevillages de languecours d’anglais

CALVIN-THOMAS, spécialiste

des séjours aux ÉTATS-UNIS

Dans le numéro 42 de Trois Quatorze

Dossier écoleUNE AUTRE ÉCOLE (11)L’école norvégienne. Page 6

7 JOURS DANS UNE ÉCOLEAMÉRICAINE Une semaine en compagnie deMaxime, pour découvrir avec lui la viedans une « high school » américaine.Page 7

VERS UNE ÉCOLE IDÉALE ? Entretien avec Philippe Pegna et Martine Paillard, directeurs d’établissements scolaires.Pourquoi partir étudierà l’étranger ? Forces et faiblesses du sytème français.Page 8

IMPRESSIONSImpressions des participantsau programme d’une année scolaire à l’étranger.Lettres, messages, annonces...Pages 2, 3, 10, 11

OPINIONUn ouragan de rancoeurs.Comment les médias français ont parlé de l’ouragan Katrina.Page 9

PORTRAITRoseline en famille.Portaits croisés des 4 membres de la famille Bénétreau, tous réunis autour de Roseline, la déléguéerégionale de PIE en Aquitaine.Page 12

calvin-thomas.com

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N°42 — 23E ANNÉE2 — TROIS QUATORZE

Correspondance. Courrier des participants et des parents

MERCI BONHOMMEJe retranscris tel quel le petit messa-ge que ma mère m’a envoyé pourmon anniversaire. Il faut absolu-ment que ce texte passe dans lejournal pour remercier ma famillede m’avoir laissé partir un an auxUSA. J’en ai toujours rêvé.Mon fils, mon petit bonhomme :Ton arrivée a transformé ma vie /Te regarder me donne de l’énergie /Tu es mon prince, mon étoile scin-tillante / Tu es la fleur de ma vienaissante / Tu me donnes entièresatisfaction / Partout où tu vas, mêmedans les pays lointains, tu suscites l’ad-miration / Qui n’a pas fait l’éloge demon chérubin / Qui a dit autre chosede toi que du bien / Merci mon fils pource que tu me donnes / Merci mon petitbonhomme. Cyprien, Pepin, WisconsinUn an aux USA

BAPTÊME J’ai pris l’avion pour la première foisle 24 août 2005. C’était pour un longvoyage : 13000 kilomètres, un an.On était 19, on partait en Californie.Pour nous tous, le futur ça voulaitdire l’inconnu. Je n’oublierai jamais. Depuis mon arrivée, je découvresans cesse des choses nouvelles . Unmois déjà, et je commence àprendre mes marques. Les débutsau lycée ont été durs : le premierjour, je me souviens, j’ai éclaté ensanglots. Le deuxième, ça allait unpeu mieux. J’ai pleuré raisonnable-ment. Aujourd’hui c’est génial. Leweek-end m’ennuie presque. Avant, j’écoutais les anciens avecadmiration, sans trop croire qu’unjour, à mon tour, je pourrais racon-ter mon « aventure ». Ce jour estvenu, mais je n’y crois pas. J’auraistant à raconter, ce que je vis est si

intense. J’apprends tout : unelangue bien sûr mais aussi la tolé-rance. Sûrement l’essentiel. En fait,je me sens changer, j’ai l’impressionque je découvre qui je suis. Je vis surmon petit nuage. Et je me dis :« Pourvu que ça dure ! »Emmanuelle, La Verne, CalifornieUn an aux USA

PETIT CONSEILÀ d’éventuels futurs participants jedis : « Ne faites jamais semblant decomprendre, même pour faire plai-sir. Car au bout du compte, vousvous sentirez relativement idiot. »Matthieu, Middletown, ConnecticutUn an aux USA

SUR LES CHAPEAUX DE ROUEMa vie va bien. Ma famille est ado-rable. Ils ont un point en communavec moi : ils adorent le cinéma.Comme beaucoup de jeunesAméricains, mon frère et ma sœurfont du foot… Ça, c’est quelquechose. Il faut le voir pour le croire :l’ambiance, les pom-pom girls et tousces gens qui connaissent les chan-sons par cœur et qui chantent le plusfort possible. Et la messe, ça aussic’est quelque chose. La première foisque j’y suis allée, on a regardé« Shreck » ! Il n’y a que des jeunes. Tupeux venir en mini-jupe si ça te chan-te. Les gens sont très croyants ici. Ilsprient même avant de manger. Je suis dans une classe de « Lifeskills ». On parle beaucoup de ladrogue, de l’alcool, des médica-ments : ils ont très peur de l’alcool.C’est étonnant, il y a beaucoup degens qui sont pour la légalisation dela marijuana et contre le fait deprendre une goutte d’alcool. À l’égli-se, le curé utilise du jus de raisin et

non pas du vin pour remplacer lesang du Christ : c’est dire ! Sur lesmurs de la « high school », j’ai vu ceslogan : « Meurtre, accident, vol, viol…arrête l’alcool. » C’est un vrai tabou.J’ai déjà pris trois kilos. Je trouveque tout est bon. Et puis, j’ai hontede le dire, mais un bon hamburger,c’est vraiment très bon et c’est pasde refus. À la maison, mon pèred’accueil fait très bien la cuisine etc’est très équilibré ; seulement, onmange trop. Il n’y a pas d’heure.Mais je vais aller à la salle de gym. Iln’est pas question que je revienneavec 10 kg de plus. Un dernier point : les gens vivent àcent à l’heure : jamais le temps de seposer, toujours quelque chose à faire :sport, match, shopping, messe… Oncourt tout le temps… mais tout letemps avec la voiture. On ne marchejamais, et cela me manque un peu.Aucun regret donc. J’étais là pourvoir des choses différentes. Et bienje suis servie.Mélanie, Frankfort, KentuckyUn an aux USA

TROUVER CHAUSSUREÀ SON PIEDCher journal, je t’écris depuis la salleinformatique du lycée. J’ai un peude temps. Mon emploi du temps nesera définitivement fixé que lasemaine prochaine. Je serai en« Terza », équivalent italien de laPremière, mais en section scienti-fique. Comme je viens d’avoir monbac littéraire, je n’aurai pas le niveauen math, physique et bio. Mais j’iraisuivre d’autres classes de littératureitalienne, d’anglais, de philo. En cemoment, j’aide les élèves en Français.Je vais dans un grand nombre declasses, ça me permet de connaîtreplein de monde, c’est génial.

Tout se déroule comme dans unrêve. Il y a deux semaines, j’atterris-sais à Venise ! C’était splendide. Surla route qui nous menait à Padoue,nous avons beaucoup parlé, avecDaniele, le père, et sa fille Valeria. ÀPadoue, nous avons visité la basi-lique Saint-Antoine. Quelle mer-veille. À l’arrivée, j’ai fait la connais-sance de Claudia, une femme génia-le, un cœur en or.Le lendemain, grâce à Vale, j’ai ren-contré plein de jeunes. Le soir nousnous sommes retrouvés sur la Piazzapour discuter et rigoler, puis noussommes allés dormir chez une amie. J’appréhendais un peu la rentréedes classes, mais tout s’est passécomme sur des roulettes. Les profssont tous adorables avec moi. Je mesuis assez bien intégrée à la classe,notamment grâce à Alessandro,dont le père est Français, qui com-prend assez bien que je n’arrive pasà comprendre et qui fait preuve depatience. Grâce à Ilaria, une fille dema classe, je me suis inscrite dans leclub de basket de Padoue. Le niveaude l’équipe est assez proche decelui de mon équipe en France…Vous voyez c’est le pied. Carine, Padova / Un an en Italie

DE L’AUTRE CÔTÉ DE LA LORGNETTEAujourd’hui je sais que je suis le plusheureux des hommes. Voilà deuxmois que l’on m’a parachuté dans cemonde de fous et déjà j’y ai pris mesmarques. La routine s’est même ins-tallée peu à peu. Les gens à qui jetiens ne me manquent pas, même sije pense souvent à eux. C’est si exci-tant de parler en américain, de par-ler à tant de personnes si différentesen se disant : « Tiens, avec elle ouavec lui, je vais peut-être devenir

ami ». C’est passionnant d’essayerd’obtenir la confiance de sa familled’accueil. Le plus intéressant c’estde tout regarder de l’autre côté de lalorgnette, d’avoir soudain un autreregard, de jeter un œil moqueur surla France et les Français. Je me posebeaucoup de questions sur moi-même. C’est ça qui me surprend leplus. Je m’interroge sur ma famille,sur la façon dont j’ai été éduqué. Jeveux comprendre et me faire mapropre opinion. Je me rends comp-te que j’ai de la chance d’être ici, etmême si ma famille n’est pas lameilleure, je sais que peu de per-sonnes ont la chance de faire ceque je fais.Raphaël, Long Lake, MinnesotaUn an aux USA

À MA FAMILLEQuelques lignes pour vous dire àquel point je vous aime et combienvous me manquez. Dans lesmeilleurs moments, je pense à vouset je me dis : « Comment ferais-jepour tenir si vous n’étiez pas là pourme soutenir dans les moments lesplus durs. » Et même si les gens icisont particulièrement gentils etgénéreux – à commencer par mafamille d’accueil – je sais que person-ne ne pourra vous remplacer. Je nevous le dirai jamais assez : « Maman,papa, je vous aime ! » À bientôt.Celia, Claresholm, AlabamaUn an aux USA

PETIT TOUR D’HORIZONJe n’ai pas encore traversé une seulepériode « bad ». Je ne sais pas si c’estun record. Mon père d’accueil estmarrant – il ne m’impose aucunerègle chiante – tout comme mamère, qui est adorable. Mon frèred’accueil est sympa. Enfin, je croispuisqu’on s’entend bien. Je suis dans un trou paumé, ce quin’est pas très pratique pour sedéplacer. Je ne suis pas encore tropsorti en dehors de l’école, mais j’aitrouvé des gens sympas qui ont àpeu près les mêmes centres d’inté-rêts que moi. Les cours sont supers,les profs beaucoup plus péda-gogues qu’en France. On termine à

Impressions

FredIl s’appelle Frédéric Lanier. À PIE, comme ailleurs, on l’appelle Fred.Ancien participant au programme, ancien correspondant, Fred est devenu salarié de l’association en 1998, en tant que responsablede la promotion. À sa façon, via Internet et 4D, il a révolutionné PIE.Fred a quitté ses fonctions en août dernier et a engagé un voyaged’une année en Amérique centrale. PIE et Trois Quatorze suivent deprès son parcours et le suivront d’encore plus près à son retour !

Carnet de l’association

Roissy, juin 2005 Amy, une jeune Américaine et Sophie, sa “mère”d’accueil, se quittent

MÉMOIRE D’UNE ANNÉEIls ou elles sont partis pour un an à l'étranger. Elles ou ils nousenvoient de leursnouvelles. Dans ce numéro, on prend l’avion avec Emmanuelle et Virginie, on sepose des questionsavec Raphaël, on rêve avec Léa, on assiste à la naissance de Charlene et à un échanged’étudiants en gare de Périgueux.

Yves Emmanuely était le mari de Geneviève (fidèle correspondantede PIE sur Paris), le père de Cyril (ancien participant et autre fidèle de l’association) et de Stéphane. Yves avait aussi été père d’accueil PIE à de multiples reprises et avait été très présent autour de l’association. Yves est décédé le 13 octobre 2005.Trois Quatorze salue sa mémoire et adresse ses condoléances sincères et chaleureuses à ses proches.

ChrystelleChrystelle Chaudeaux (ancienneparticipante au programme PIE et ancienne déléguée régionaleRhône-Alpes) a épousé GuyPerrin le 24 août dernier.Nos félicitations et nos voeux de bonheur à Chrystelle, Guy,ainsi qu’à Kalani et Malia, leurs deux enfants.

Sue Ellen

Sue Ellen Pons (déléguée régionale de PIE en Bourgogne)a épousé Antoine Jeantet,le 25 août 2005. Toutes nosfélictitations et tous nos voeux de bonheur aux deux époux.

LionelleAprès15 ans de collaborationavec PIE en tant que déléguée régionale en Normandie,Lionelle Goyé “prend sa retraite” de l’association. Merci mille fois à elle pour tout son travail.Trois Quatorze avait réalisé un portrait de Lionelle dans son n°40.

Yves

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22E ANNÉE — N°40 TROIS QUATORZE — 3

Correspondance. Courrier des participants et des parents

14 h 30. À ma grande surprise, je n’aipas trop de mal en anglais. Ce soir,on va subir l’ouragan « Ophelia », jesuis impatient. J’ai dû oublier certaines choses,mais en gros c’est à peu près tout. Paul, Tatamagouche, Nova ScotiaUn an au Canada

PREMIÈRE SAISONJe suis en plein dans un sitcom.L’action se déroule à Minneapolis.Première saison, premier épisode :« school bus » jaune, « locker » ,« lunchroom », « pizza »… Tout estcomme à la télé, sauf les mecs quine sont pas toujours beaux et pastoujours baraqués. Caroline, Minneapolis, MinnesotaUn an aux USA

SCHOOL SPIRITOn s’est retrouvés à 7 dans l’avion,direction Washington, puis 2, direc-tion Houston, puis j’ai pris seule mondernier vol pour Harlingen, Texas. La première semaine, j’ai dû m’habi-tuer à mon nouveau monde, à manouvelle famille.Elle est très sympa, même tropsympa. Ils sont très généreux, j’aibeaucoup de chance. Ils me payenttout, même ce qu’ils ne sont pascensés me payer !J’habite dans la «Rio Grande Valley ».Les décors ressemblent à ceux d’unfilm : les rues, les palmiers, lescentres commerciaux. L’école est assez différente de l’ima-ge qu’on a des écoles américaines.La mienne est assez stricte. Parti-culièrement pour le « dress code »que je n’apprécie pas du tout. Il y aaussi des agents de sécurité qui sonttout le temps en train de hurler :« Let’s go, let’s go, move on. » Je necomprends pas à quoi ils servent.Mais j’oublie vite ces petites choseset je me laisse absorber par le «school spirit » qui anime cette école.

Je me suis surprise à porter le tee-shirt de l’école, orange et vert, bientrop grand, sur lequel on peut lire :« Go Hawks. »Je voudrais conseiller aux futurs étu-diants d’échange d’intégrer un cluble plus rapidement possible. Moi jefais partie de la « choral ». En avril,on va à Los Angeles pour chanter !Sinon, n’hésitez pas à dire que vousêtes Français. Dans les couloirs, moi,j’entends dire : « It’s the french girl. » Jeréalise que je ne connais pas les gens,mais qu’eux me connaissent ! C’estune bonne chose. Parfois on me posedes questions ridicules, du genre :« Es-tu déjà allée en Europe ? », mais jem’aperçois que j’ai plaisir à yrépondre. De même que j’ai du plaisir à écrireà Trois Quatorze… Il y a deux moisencore je lisais et relisais les témoi-gnages et maintenant, mon tour estvenu de témoigner C’est le rêve… Mais ça ne dure qu’un an. Fiona, Harlingen, TexasUn an aux USA

SAGESSEJe me porte bien. Pas facile tous lesjours. Mais je suis un peu là pour ça,n’est-ce pas ? Rencontrer des difficul-tés, les surmonter, mûrir : c’est le jeu !Maxime, Westharford, ConnecticutUn an aux USA

MAITRE DU MONDELe jour du départ : que d’anxiété,que d’angoisse ! « Faut pas que jerate l’avion. » « Dites, vous êtes sûrsque c’est le bon ? » J’ai encore dutemps, mais je ne le prends pas. Jesuis tellement pressée. Je voudraisêtre dans l’avion. On annonce unegrève. Je n’y crois pas, je n’en re-viens pas. J’ai envie de hurler : « Pasmaintenant, pas aujourd’hui. Jeveux partir. C’est pour ça que je suislà. » Je patiente. Deux heures, et fina-lement j’embarque. Un dernier

regard à mes parents : pas delarmes. Après tout, on est heureux !Bientôt, je décolle : ça y est, je suismaître de ma vie. Je voyage, je vaisdécouvrir le monde. Anonyme / Un an aux USA

LA PHASE HEUREUSEAujourd’hui fut un jour merveilleux.J’ai vu, de mes yeux vu, unNorvégien que j’avais rencontré il ya quelques mois sur Internet. Je l’aivu en vrai. Et c’est un vrai Nor-végien, blond aux yeux bleus. Il m’aoffert des roses, et on a vu le cou-cher du soleil sur une plage privéede l’île. Si on m’avait dit que je pas-serais une si belle journée enNorvège une semaine seulementaprès être arrivée, je crois que je nel’aurais jamais cru.Aujourd’hui, la seule chose qui m’in-quiète c’est de ne pas être passéepar la phase triste du séjour. Mafamille en France va bien, ma famil-le d’accueil est vraiment super, etmoi j’ai passé une soirée mer-veilleuse. Tout se passe bien. J’ail’impression d’être chanceuse.Elsa, Husoysand / Un an en Norvège

EXCHANGE STUDENTNous étions partis à la gare dePérigueux pour accueillir Adria(une jeune Américaine qui vientpasser une année chez nous). Noussommes arrivés à l’heure, le TERaussi. Elle en est descendue et s’estavancée spontanément vers nous.Nous nous sommes fait la bise.Nous lui avons demandé si elle s’ap-pelait bien Adria ; elle a dit : « Oui. »Adria était plus forte que sur lesphotos, mais nous n’avons pas oséfaire de remarques ; les photosétaient sûrement un peu anciennes.Nous sommes donc partis ensemblevers la maison.En route, nous avons parlé de lafête, organisée la veille à l’occasion

de la fin du stage PIE. Adria répon-dait sans problème. En arrivant à lamaison, nous avons reçu un coupde fil d’une dame qui disait avoirAdria auprès d’elle ! De son côté,elle attendait une jeune Suédoise.En vérifiant l’étiquette sur la valisede « notre » Adria, nous avonsdécouvert qu’elle s’appelait en faitCariana Kinney. Nous sommes donc retournés à lagare où nous avons effectué l’échan-ge. Nous avons expliqué à chacunenotre méprise. Adria nous a expli-qué alors qu’en descendant sur lequai et en ne voyant personne venirla chercher, elle avait pensé que safamille d’accueil avait changé d’aviset qu’elle ne voulait plus l’ac-cueillir… Jusqu’à ce que l’autre famil-le la prenne en charge. Nous avons beaucoup ri.Famille d’accueil d’Adria

DES HAUTS ET DES BASParfois on rigole, on s’amuse, onrencontre de nouvelles personnes.On plaît à un garçon, on frime avecson accent français.Et puis, soudain, ça peut devenirdur. On ne sait pas trop pourquoi,mais tout à coup, tout nous man-que : la famille, les amis, et même laFrance. On se demande pourquoion a voulu partir. On appelle papa-maman et puis on regrette, on se ditqu’on a juste réussi à les effrayer.Quand on réfléchit bien, le moralrevient. On se sent plus mûr, on estfier de soi, on est fier de ce qu’on afait, de ce qu’on n’aurait jamais oséentreprendre si on avait su combienc’était difficile, si on avait seulementimaginé à quel point ce monde étaitdifférent de notre petit chez nous. Au bout d’un moment, on prend sesrepères. Le niveau de langue s’amélio-re de jour en jour. On en vient à direquelque chose en anglais sans y réflé-chir. Alors on s’étonne soi-même.Caroline, Minneapolis, Minnesota Un an aux USA

QUE C’EST TRISTEDepuis septembre dernier, je n’aiqu’une idée en tête : partir un an.Mais ma mère est contre cette idée.Le problème avec ce projet c’estqu’il faut vraiment être soutenu, etmoi, je ne l’ai pas été. Je partiraipeut-être deux mois, un été, avec unautre organisme que PIE… mais cen’est pas pareil. Votre journal medonne les larmes aux yeux.Claire, une non partante pour uneannée

BILANArrivée en France au mois de jan-vier, Katrine a fréquenté le lycée desGlières à Annemasse. Les trois pre-mières semaines ont été difficilespour elle. Bien que son français soitcorrect, Katrine ne participait pas à laconversation, elle s’isolait dans saclasse et nous évitait. La barrière de lalangue nous paraissait être l’argu-ment, voire la justification à la nonintégration. Quant aux contacts télé-phoniques fréquents avec sa familledanoise, ils ne faisaient que la démo-raliser. Un dimanche matin, elle a cra-qué, elle était moralement désespé-rée. Nous avons alors demandé l’as-sistance de nos délégués. Ils ont euun long entretien avec Katrine. Elle aalors cessé les appels téléphoniquesavec sa famille, et au lycée, suite ànotre intervention, des efforts ontété faits pour intégrer Katrine. Et le

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miracle a eu lieu !La suite de son séjour s’est dérouléede façon merveilleuse. Katrine seplaisait de plus en plus chez nous.Elle s’est mise à participer auxpetites tâches quotidiennes, aux loi-sirs, aux promenades. CommeCéline notre fille, elle a eu droit detemps en temps à une petite engueu-lade (en général, une histoire dechambre mal rangée)… La vie quoi ! À partir de là, Katrine a su se faireapprécier par notre grande familleet nos nombreux amis, elle a faitpreuve de gentillesse, de politesse,d’amabilité, de simplicité…Son séjour s’est déroulé très vite,trop vite. À dix jours de son départ,nous avons organisé, en son hon-neur mais à son insu, une réception.Katrine a été enchantée. Elle a reçu,qui plus est, beaucoup de cadeaux.Son départ a été difficile, doulou-reux même. Mais la peine a été sou-lagée par les retrouvailles avec sapropre famille. De notre point de vue, cet accueilfut une réussite totale. Au bout ducompte, on résumerait l’accueilainsi : la mise à disposition d’unechambre, une assiette de plus àtable, savoir mettre en confiancel’hôte étranger, le responsabiliser unpeu, l’aider et le conseiller. À luiaprès de s’adapter. Au final, c’estd’une grande richesse.Maintenant c’est à notre fille de par-tir pour une année, et nous, bientôt,nous irons rendre visite à la famillede Katrine au Danemark. Famille VitalFamille d’accueil de Katrine

EN VERTU DES LOIS DE L’ASTRONOMIEOutre-atlantique, sur la face est ducontinent, le soleil se réveille surl’océan et s’endort sur la terre. N’est-ce pas fantastique ? Oui, je sais, toutcela est parfaitement conforme auxlois de l’astronomie, mais pour moi,petite française, cela a quelquechose de magique. C’est la raisonpour laquelle, j’ai demandé à « monpère » de m’emmener voir le leverde soleil sur l’océan. À 5 heures du matin, nous avonspris le bateau familial et nous avonsbravé la froideur du petit jour pourassister à cette petite chose étrange.Je n’arrivais pas y croire, c’était belet bien fantastique. J’étais commeun gosse, émerveillée, je suis restéela bouche ouverte. Parfois vousvous sentez béni des dieux. Ce ma-tin-là, ce fut mon cas.Cécile Boothbay Harbor, Maine2x6 USA-Allemagne

PAS À PASDeux mois que je suis dans leMinnesota / J’ai tellement apprisdepuis que je suis ici / J’ai dû medévoiler / Vaincre ma timidité /Redoubler d’efforts pour m’intégrer/ Dans mes deux familles et au lycée/ Mais les gens sont tellement inten-tionnés / Ils font tout ce qu’il fautpour m’aider en anglais / Je neregrette pas d’avoir tenté cette aven-ture / Même si parfois c’est dur /Dans toute histoire, il y a des hautset des bas / L’important c’est de nepas perdre espoir / Et d’avancer pasà pas. Solene, Champlin, Minnesota2x6 USA / Allemagne

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ECRIRE ATROIS QUATORZEParticipants, amis, parents...Le journal attend vos commentaires et vos impressions. Envoyez e-mails, lettres, photos, dessins à :[email protected]

Trois Quatorze - Gratuit - n°42 - 13000 ex. Photos : Xavier Bachelot, Elsa Rigaud,Maxime Bichon.Rédaction : Xavier Bachelot, Susie Bachelotet les participants PIE et Calvin-ThomasRemerciements particuliers à :Annie Bachelot, Afif Boucetta, BénédicteDéprez., Andrée Hamonou, Vincent Hirou

Septembre 2005 - Virginie, Phoenix, Arizona, USA

APPRENEZ L’ANGLAIS EN RESTANTEN FRANCE.

Little Big Land, le petit village anglo-saxonau coeur de la France, vous accueillel’été prochain

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N°42 — 23E ANNÉETROIS QUATORZE — 4

Enquête. Le moral à l’étranger

Les règles■ Pendant un mois, une fois parjour, les participants au pro-gramme ont estimé leur moralet l’ont noté sur une base de 1 à10, à partir du barème suivant :1 à 2 – très mauvais ; 3 à 4 –mauvais ; 5 à 6 – moyen ; 7 à 8 –bon ; 9 à 10 – excellent. Ils pou-vaient s’ils le désiraient asso-cier à la note un bref commen-taire explicatif.■ Sur les 200 participants au pro-gramme d’une année scolaire àl’étranger, plus d’une centaineont été sollicités (en réalité tousceux qui ont participé au stagede préparation). 50 ont joué lejeu en se prêtant avec rigueur etponctualité à l’exercice (soit 25 %du nombre total de partici-pants). Chaque soir, ils ont attri-bué une note à leur moral et, auterme du premier mois, ils ontcommuniqué leurs notes et leurscommentaires à la rédaction.■ Ces données, assorties de com-mentaires, sont représentativeset parlantes, autant par lesconstantes qui se dégagent(courbe moyenne et courbe laplus fréquente) que par lesvariables (courbes atypiques).

Quelques générali-tés■ « Avoir » ou « ne pas avoir le moral »est une notion si subjective – il estclair en effet que confronté au mêmeévénement, un participant notera 2pendant qu’un autre notera 8 ! – qu’ilpeut paraître curieux d’établir unecourbe moyenne du moral des parti-cipants. C’est en effet plutôt la façondont évolue chaque courbe qui

semble fournir des informationsexploitables. Il n’en reste pas moinsvrai que cette courbe, parce qu’elleminimise et isole les cas particuliers,donne une bonne information sur« le moral des troupes ». ■ On observe que sur les 31 jours quedure l’expérience, le « moral moyen »des participants est bon ou excellent(note supérieure à 6) pendant 29journées, et excellent pendant 10journées. On note, avec attention etamusement, que le jour où la courbemoyenne est au plus bas (5,2 sur 10)est le jour de l’arrivée au stage, doncl’avant-veille du départ. On en conc-lut que c’est plus l’attente et la peurde l’inconnu qui perturbent les ado-lescents que l’expérience en elle-même. On note également que lamajorité des courbes sont ascen-dantes. On peut donc affirmer objec-tivement que partir un an à l’étrangerest globalement « bon pour le moral ».■ L’analyse détaillée des résultatsnous prouve que la destination choi-sie (USA, Canada, Italie, Allemagne…)semble n’avoir aucune incidence surle moral proprement dit. Aucun paysne vous protège du coup de blues,aucun pays a contrario ne vouscondamne d’emblée à avoir « lemoral dans les chaussettes ».■ Si la moyenne générale est élevée,la courbe reste accidentée. Le moraln’est donc pas toujours au beau fixe.On note de légères variations sur lacourbe moyenne et des variationsflagrantes sur la plupart des courbes(ces variations n’ayant pas toujourslieu au même moment, elles ontnaturellement tendance à s’annulersur la courbe moyenne). À la lecturedes commentaires, il semble que l’an-née à l’étranger exacerbe les sensa-tions et les sentiments. C’est dumoins ainsi que l’on comprend cette

remarque : « Ici, ce qui est particulier,c’est que mon moral peut changer dujour au lendemain. Et ça, c’est dur ! ».Pour la plupart, la tendance est doncau grand écart, mais pour certains (unedizaine en fait) elle est plutôt à la gran-de stabilité (les notes fluctuent alorsentre 9 et 10, voir courbe la plus haute).

Moral d’acier& moral à zéro.Quand etpourquoi ?À observer l’ensemble des courbes,certaines évidences se dégagent :■ L’avant-veille du départ est unejournée plutôt difficile pour l’en-semble des participants. Les adieuxsont souvent pénibles, l’inquiétudeest grande. La grande majorité regar-de en arrière et se tourne donc versceux qu’elle quitte (notes variantalors de 1 à 5). Une petite minorité setourne au contraire vers ce qui l’at-tend (note de 8 à 10). ■ La veille du départ (jour du stage)c’est plutôt l’inverse qui se produit.Excitation et curiosité l’emportent,les participants se soutiennent mu-tuellement : les courbes remontentbrutalement (voir une courbe type -page de droite). ■ Le jour du départ, deux cas se pré-sentent. Soit c’est la fatigue qui l’em-porte (la note baisse) soit c’est lacuriosité (la note est alors au top). « Ilest temps d’y aller », nous dit l’un, « Jesuis nase et stressé », nous dit un autre.■ Le premier jour en terre étrangèreest le plus souvent pénible : c’est lechoc de l’arrivée, la perte des repères(qu’accompagne généralement unfort sentiment de nostalgie), laconfrontation avec la famille et l’en-

vironnement (pour le meilleur etpour le pire). « Le premier jour, j’aiénormément pleuré, seule dans machambre. Je me suis demandé ce quim’était passé par la tête pour avoirvoulu faire un truc pareil. »■ À partir de là, les choses vont ens’améliorant. Sur la grande majoritédes courbes, on note une ascensionnette et régulière. Dans leur majorité,les participants entrent alors dansune nouvelle phase, celle que lessociologues ont coutume d’appeler« la lune de miel ». « Maintenant toutroule ; mon mot d’ordre désormais,c’est : “ Enjoy ! ” »■ On remarque que 40% des partici-pants vont enregistrer un petit tasse-ment de leur moral dans le courantde la deuxième semaine et 30% dansle courant de la troisième. Détail sur-prenant : 18 % des participants vonttomber malades à la même époque,entre le 19è et le 23è jour exactement,enregistrant du même coup une bais-se très nette de leur moral !■ Les commentaires nous en disentlong sur les causes des fluctuations.On peut les ranger en cinq catégories :● Problème de compréhension : cetteparticipante dont la note passe enune journée de 5 à 8 accompagne sanote d’un commentaire qui en ditlong sur l’importance de la questionde la langue : « Hier, je ne comprenaisrien. Aujourd’hui, je comprends unpeu. Ça fait du bien ! » Le problèmede compréhension dépasse parfoisle problème purement linguistique :« Je ne comprends rien à ce que jevis », nous dit un participant. Maiscette impression peut s’accompa-gner soit d’une hausse soit d’unebaisse du moral « C’est flippant »,nous dit l’un. » « C’est super commeça, je me laisse aller ! », nous dit unautre, plus zen.● Adaptation à la famille d’accueil :ceux qui s’entendent immédiatementavec leur famille d’accueil, voient leurmoral grimper très vite. Pour lesautres la courbe est plus fluctuante.● Isolement et ennui : une chute surla courbe s’accompagne souventd’un commentaire du type « sou-dain, je me suis sentie seule » ou « lasolitude me guette » ; la courbe enpointillés est de ce point de vuesignificative. Dès qu’elle s’ennuie,cette participante n’hésite pas à notersa journée d’un 1 ou même d’un 0.Dès qu’elle s’active (« aujourd’hui, j’aifait beaucoup de choses »), la noteremonte à 7 ou 8. Un fait se dégageavec évidence : sitôt qu’un partici-pant va vers les autres, dialogue aveceux et s’engage dans des activités, ilse porte mieux. « J’ai fait des ren-contres extras », équivaut à un 8 ou àun 9, « I’m in love », à un 10 (« voireplus ! »). À l’opposé, le repli sur soi estdramatique : c’est la chute garantie.La nostalgie s’avère être égalementune mauvaise compagne. Aussitôtqu’un participant se tourne vers laFrance – mais il est impossible de ne

Bon pour le moralCOURBESDU MORAL

Courbemoyenne desparticipants

Courbela plus haute

Courbela plus instable

Courbedont lahausse est la plus régulière

[

TroisQuatorze

a choisid’observerà la loupe

le moraldes par-ticipants

aux séjoursde longue

durée.Le journal

a mené uneenquête

qui porte sur le

premier mois en

terre étrangère.

Cette observation

nous permet

de mieux comprendre le processus

d’intégra-tion et de tirer des

enseig-nements

quant aux attitudes à

adopter pour mieuxs’adapter àl’étranger. [

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Intéressante comparaison entre la courbe d’une participante ( ) et celle de sa mère ( , courbe accompagnée de commentaires)

“ Dernière journée avec elle ”

“ Elle va vivre une belle expérience ”

“ Elle m’appelle au bureau et retient ses pleurs ” “ Reçu une lettre ” “ Téléphone ”

“ Reçu un e-mail, elle gère ! ”

“ Elle me manque ”

“ Je me languis ”

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TROIS QUATORZE — 523E ANNÉE — N°42

Enquête. Le moral à l’étranger

● Mauvaises nouvelles de France :« J’ai eu mon père à l’hôpital, ça ne vapas trop » ; « J’ai appris la mort demon grand-père » ; « Aujourd’hui onenterrait un proche »… Les mauvaisesnouvelles en provenance de Francesont dures à encaisser, la distanceaccentuant sans doute leur effetnégatif. Mais, de façon plus généraleencore, on s’aperçoit que les com-munications avec la France (même sielles ne s’accompagnent pas de mau-vaises nouvelles) sont synonymes debaisse du moral (parfois de 5 à 6points) : « J’attends un mail, ça mestresse ! » ; « Je me suis engueulé avecma mère naturelle » ; « D’entendremes proches, ça m’a abattu ! » . Unsimple coup de fil peut valoir unechute d’un point ou deux sur la cour-be. Il équivaut rarement à une hausse.● État physique : coup de barre,fatigue et maladie jouent directe-ment sur le moral. Les courbes illus-trent parfaitement le dicton : « Quandla santé va, tout va. »

Des cas particuliers■ Au rayon des cas particuliers, ons’intéressera à la courbe de R. dont lemoral fluctue uniquement en fonc-tion des résultats de son équipe defoot américain et de ses perfor-mances individuelles au sein de sonéquipe. Une défaite ou un mauvais« kick » le fait passer de 10 à 6, une vic-toire ou un 5/5 au « kick » lui assureun « moral de fer ». De façon moinsanecdotique, on remarque que lesrésultats scolaires influent aussi sur lemoral : « J’ai eu un super résultat àmon devoir » équivaut par exemple àun saut de 4 à 8. C’est dire qu’« il enfaut peu parfois pour être heureux » !

En guise de conclu-sion■ On conclura après observation deces courbes et après écoute des com-mentaires qui les accompagnent,que si le projet de « partir uneannée » est prometteur en matière demoral, il ne protège nullement unadolescent des difficultés de la vieordinaire (difficultés scolaires, diffi-cultés sentimentales, ennui). À l’op-posé, on se gardera de faire de cetteannée d’exception une sorte de boucémissaire ; on admettra en effetqu’une année « à la maison » estponctuée elle aussi de baisses et dehausses du moral, et que « ne pas par-tir un an » ne garantit aucun bien-êtreet aucune stabilité dans ce domaine. ■ Il ne faut pas perdre de vue quenous nous sommes attachés à l’ob-servation du premier mois d’uneexpérience qui en compte 10. Maisce mois clé quant à l’intégration estsans conteste crucial, dans la mesureoù il colore bien souvent l’ensembledu séjour. Nous prolongerons l’expé-rience et observerons, dans un pro-chain numéro, l’évolution du moralentre le deuxième mois et le dizième.

HIGH SCHOOL & CHALEUR HUMAINEÉlodie, Fresno, Californie Ici, nous aimons notre école, nousaimons y aller. Je crois que cela est dû pour beaucoup à la relation avec les professeurs. Ils sont très présents,ils s’investissent beaucoup dans leurenseignement et ils insistent sur ladimension conviviale au sein de leurclasse. Les élèves les respectent, et ilsnous respectent. Il n’y a pas cette froi-de distance que l’on ressent en France.Les élèves peuvent paraître froids,mais si on leur dit simplement “Hi!” ou si on leur demande de l’aide, aussitôt ils deviennent très cools.

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Une courbe d’une participante (courbe quasi archétypale), commentaires qui l’accompagnent, et description

Le stress initial

Le stage

“ C’est l’angoisse du départ ”

“ Ma première nuit aux USA ”

Le choc qui suit l’arrivée

Phase de découverte

“ Je suis malade ”

“ Je suis acceptée dans l’équipe de Hockey “

Début de la phase “ lune de miel “

GROS PLAN SUR ALAN & CHRISTELLE, DEUX AN-CIENS PARTICIPANTS AU PROGRAMME PIE, QUI SESONT RENCONTRÉS VIA L’ASSOCIATION, SE SONTMARIÉS ET ONT EU UN ENFANT, AUGUSTIN !

ALAN SCHMITTAnnée de départ avec PIE – 1991Âge au moment du départ – 17 ansProgramme – Une année scolaire à l’ÉtrangerDestination – Lincoln, Nebraska, USA1992-1993 – Terminale E1993-1995 – Maths sup / Maths spé 1995-1998 – École Polytechnique. « Monannée à l’étranger ne m’a jamais desservie.Bien au contraire. En France, on est obsédépar le fait d’être en avance. Mais en avance surquoi ? »1998-1999 – D.E.A.1999- 2002 – Thèse en Informatique (I.N.R.I.A.)2002-2004 – “ Post doc ” (University of Pen-nsylvania) - RechercheActuellement – Chercheur en informatique(I.N.R.I.A de Grenoble). « Je cherche à créerdes bases solides pour pouvoir construire desprogrammes qui offrent une garantie de fonc-tionnnent. D’une certaine façon, l’informatiqueen est encore au stade artisanal ; nous tra-vaillons à développer des techniques qui per-

mettent de dépasser ce stade. C’estessentiellement un travail mathéma-tique. »Voyages – « J’ai beaucoup voyagédans le cadre de mon travail(Pakistan, Arabie Saoudite, Russier,Suède, Jordanie...). En recherche, ona beaucoup de congrés pour échan-ger les infos et communiquer nosresultats. »Sept ans après… – « Quel souvenirje garde de ce premier séjour auxUSA (dans le cadre du programmePIE) ? Peut-être ce jour de février oùtout à coup (j’étais simplemententrain de marcher dans la rue avecun copain), je me suis rendu comp-te que je parlais anglais. »

Ce que j’ai appris – « Au délà de l’anglais. j’aiacquis de la confiance. Subitement je me suissenti plus sûr et fier de moi. Après cette annéé,je n’ai plus eu peur de bouger, de tenter. »Ma définition de PIE – « Une opportunitépour se découvrir tout en découvrant uneautre culture. »

CHRISTELLE AVELANDAnnée de départ avec PIE – 1993Âge au moment du départ – 18 ansProgramme – Une année scolaire à l’ÉtrangerDestination – Randolph Center, Vermont, USA1993-1994 – Terminale A, arts plastiques1994-1998 – BTS commercial, puis spécialis-tion en communication.1998-2001 – « Je suis partie un an pour tra-vailler à Londres. Repartir à l’étranger meparaissait tout à fait naturelle après l’année de“ High school ”. Finalement, je suis restée àLondres plus longtemps. J’ai intégré la filialefrançaise d’une société d’informatique(“ Computacenter ”) dans laquelle j’avais uneactivité commerciale. »2002-2004 – 2 années à Philadelphie. « J’aipris un congé parental. »Actuellement – « J’ai réintégré la société pourlaquelle je travaillais à Londres. J’ai un poste

commercial à mi-temps à Grenoble et àParis. »Voyages – « J’ai beaucoup bougé aussi. Maisje suis toujours prête à repartir. »Sept ans après… – « J’ai choisi une classed’art. Je me rappelle avoir été totalement sur-prise de voir à quel point les étudiants étaientcréatifs et relâchés dans leur tête. En France,on osait moins se lâcher, c’était tout de suitel’angoisse de la page blanche. Après, j’airetrouvé cet état d’esprit, exempt d’arrière-pensées un peu partout. Les Américains ontmoins de quant-à-soi que les Français. »L’apport – « Quand je suis rentrée, j’ai reprisma vie comme si de rien n’était, exactement làoù je l’avais laissée. Je n’ai ressentie les effetsdu séjour que dans le temps. C’était commeun effet dilué, retardé. En fait, cela m’a donnéun dynamisme, un ressort sur le long temre.Aujourd’hui encore, j’ai l’impression de profi-ter de cet allant extraordinaire. »Définition de PIE – « Pour moi, PIE encoura-ge une action exemplaire de découverte quiincite chacun à ne pas rester centrer sur soi,qui pousse à l’ouverture et à l’écoute. »

LEUR RENCONTREChristelle : « Quand je me suis inscrite au pro-gramme, j’en ai parlé à mon groupe de caté-chisme. Ils m’ont dit : “Tiens c’est drôle, onconnaît quelqu’un qui vient de revenir.” J’aicontacté ce quelqu’un. C’était Alan. On s’estrencontrés dans un café à Reims. Puis j’ai faitmon année. On s’est écrit. À mon retour, ons’est revus. Et puis voilà ! » Alen : « On avait envie de prolonger l’expérien-ce, de parler anglais. Quelque part on se sen-tait un peu comme deux expatriés. » Christelle : « C’est peut-être plus l’année quinous a rapprochés que cette rencontre qui aprécédé mon départ. Par la suite nous avonscontinué notre route chacun de notre côté,pour les études, avant de nous marier en1999. Augustin, notre fils, est né le 4 juillet2001 ! Un signe, n’est-ce pas ? » ◆

PARCOURS D’ANCIENS PARTICIPANTS Alan, Christelle & Augustin Schmitt

Une année scolaire à l’étranger en images

4 films courts consultables sur le net... et d’autres films à suivre... www.piefrance.com

AU BOUT DU MONDE EN 90 JOURS

un nouveau pogramme Calvin-Thomas

Un trimestre scolaire aux USA, au Canada,en Afrique du Sud, en Australie…Contactez le 04 42 91 31 01 pour une demande de brochure

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N°42 — 23E ANNÉE 6 — TROIS QUATORZE

Dossier école. Reportage

Lundi 26 septembre 20056 h 30 – Après une nuit remplie de rêves et decauchemars - les esprits sont toujours tour-mentés en terre étrangère – il me faut me ré-veiller : c’est le premier objectif de la journée.Et, croyez-moi, se lever à 6 h 30 (voire à 6 h !)n’est pas de « tout repos » ! Je me lave, je m’ha-bille, je mange. Vêtu de mes plus beaux habits,je prends un chemin que désormais jeconnais bien : celui de l’école américaine.Musique aux oreilles, j’observe mon quartierqui s’éveille. Les fameux bus jaunes me lancentleurs cris de guerre : « N’arrive pas en retard,Max ! » Je traverse les terrains de sports ; heu-reusement, je ne suis pas le seul ; les jeunes desenvirons suivent les mêmes traces.7 h 30 – Le Gouvernement américain et seslois m’attendent. C’est le premier cours. Nousregardons une vidéo, ce n’est pas la premiè-re. Parfois des personnalités locales inter-viennent. C’est assez intéressant. Nous pou-vons exprimer notre opinion. Aujourd’hui, ilétait question de ventes d’armes. J’étais leseul à m’y opposer !8 h17 – Direction la salle de sport. Les ves-tiaires sont, bien sûr, comme dans les films !J’adore mon prof de badminton, car il est unpeu rond. C’est tellement paradoxal…9 h 08 – Je slalome entre les élèves pour assis-ter à mon cours d’Algèbre. Tout le monde estaux « lockers », les couloirs sont bondés. Ledébut du cours est consacré à l’écoute des« announcements », toujours précédés du« Pledge Allegiance » au drapeau étoilé. Il enest ainsi chaque jour. Mais attention, nous nesommes absolument pas obligés de fairel’ « Allegiance ». D’ailleurs, il n’y a vraiment quele professeur qui se préoccupe de ce rituel.10 h 07 – Mes oreilles bourdonnent encore dedivisions et de multiplications… Mais, pourl’instant, je profite de ma “period” tranquille !« Lunch Time » : vous ne rêvez pas, je déjeu-ne entre 10h et 11h ! Je suis chanceux, carma « girlfriend » et mon autre amie mangentau même moment. Les petits sacs marronsen kraft, les cookies, les sandwiches, lessodas (mais aussi les salades et les pâtes)sont bien là !10 h 57 – En avant la Peinture. C’est trèsconventionnel ici, et mon prof a une visiontrès restrictive de l’Art. J’ai toujours l’impres-sion qu’il tient mon pinceau. Il n’y a presquepas de liberté. Pour moi, ils font de l’Art àl’envers. Mais mon « teacher » est vraimentsuper sympa, et il m’aime bien, même si jesuis le vilain petit canard de la classe : troporiginal, peignant un peu ce que je veux…11h47 – Me voilà dans la « Black Box »,comme ils la nomment ! Une pièce aux mursnoirs pour faire du… theâtre. Yes ! C’est l’en-droit où je m’éclate le plus, j’adore tout lemonde et tout le monde m’adore. Cela res-semble pas mal à mes cours en France, et leprof est vraiment génial, ultra dynamique.12h38 - ¡ Hablo espanol ! La moyenne d’âge abeau être de 14 ans dans ce cours, j’ai faitd’énormes progrès. Les cours sont beaucoupplus axés sur l’oral. Je m’y plais bien.13 h 28 – Cours d’anglais pour étrangers ! J’aipris ça car cela me semblait plus adéquate.Nous ne sommes que 8 et il n’y a pas un seulAméricain : un Coréen, un Vietnamien, unePolonaise, trois Péruviens, une Indienne etun… Français. Quel beau mélange ! C’est vrai-ment sympa. Nous sommes en train de lireun livre et je sens que c’est de plus en plus

facile. Mon anglais progresse.14h15 – La sonnerie retentit. C’est la dernièrefois aujourd’hui. Je file attendre mes amies àleurs « lockers ». Nous allons prendre le goûterchez moi. J’ai quelques « homeworks » à faire.

Mardi 27Je me rends compte que le temps passe vite,même à l’école. Chaque jour nous avons lemême emploi du temps, on perd un peu nosrepères temporels. Le week-end, ondécroche vraiment. C’est à mes yeux unequalité de ce système. Mais il a aussi sesdéfauts : se lever tôt, les cours condensés, pasde coupures, un côté un peu répétitif. Lescamarades de classe changent à chaquecours, alors la vie sociale de la classe en pâtitun peu (je trouve que l’intégration et la cohé-sion sont un peu plus difficiles). Mais toutceci est compensé par toutes les activitésextrascolaires proposées au sein même de la« high school » : le sport et les clubs. N’étantpas sportif, je ne peux pas trop vous parler dufootball, du basket & cie. Mais j’adore, quandje rentre du lycée par les terrains, voir les« cheerleaders » chanter et danser, les footbal-leurs s’entraîner, les coureurs s’échauffer…Au niveau des clubs, c’est tout bonnementgénial. Il y en a des kilos et des tonnes etpour tous les goûts : improvisation, japon,sexualités, langues étrangères, politique… Jevais régulièrement (tous les vendredis) àcelui de théâtre. C’est vraiment sympa de seretrouver avec des gens qui partagent lamême passion. En France, ça manque.

Mercredi 28Aujourd’hui, c’était dur : j’étais très fatigué etun peu de mauvaise humeur. Ça arrive ! J’aitellement de choses à faire : préparer monchangement de famille, comprendre, parleranglais, penser à faire ci ou ça et surtout, révi-ser mon test d’espagnol et faire mes

devoirs ! Je ne veux pas casser vos rêves,chers futurs « exchange students », mais jecrois qu’on a peut-être tendance à trop idéa-liser l’école américaine avant le départ.Gare à vous !On dit qu’une bonne partie des lycées ont unniveau faible et que vous risquez de vous yrouler les pouces. Mais il existe aussi deslycées réputés, comme le mien, ou celui demon ami Benjamin, actuellement à Baltimo-re. Pour nous, la difficulté est réelle. Les« homeworks » doivent absolument être faitset il sont vérifiés quotidiennement. Les quizzet les tests ne sont pas si faciles que certainsen France le prétendent. En tout cas, à WestHartford, c’est comme ça. L’avantage par rap-port aux lycées français, c’est la relation avecles professeurs : ils sont bien plus amicaux,gentils ; ils n’hésitent pas à nous filer leursadresses e-mails ou à nous proposer de res-ter travailler avec eux après les cours.L’ambiance de la classe est bien plus calme.Au niveau de la participation, c’est bien plusdynamique qu’en France. Il faut dire qu’ici,l’élève est valorisé, qu’il y a une vraie proxi-mité enseignant-étudiant (faut voir les « tea-chers » faire des blagues !), que l’emploi dutemps est plus vif (cours de 40 minutes). Jevais m’arrêter là pour aujourd’hui, car il fautque je mémorise ma scène de théâtre. Etpuis, je suis naze de chez naze…Heureusement, aujourd’hui au lycée, c’étaitun « short-day ». On a fini à 12 h 45 !

Jeudi 29J’étais encore un peu fatigué, mais j’ai tenu lecoup. Je suis content, car je me suis complé-tement habitué à l’établissement, j’arrive àouvrir mon « locker » comme un vraiAméricain, et j’ai mes habitudes (commemon sandwich au déjeuner et mes deuxcookies) ! La nourriture est plus que correcte.Je suis d’ailleurs étonné. On m’a souvent dit

qu’ici c’était gras, mais pour moi, ça reste« light » et j’ai du choix : pâtes, salades à com-poser, glaces, lait, soupe ! Ça m’arrange, parcequ’en dehors des cours, j’ai tendance à man-ger un peu n’importe comment. Le principalnous a encore fait un show au micro pendantque nous mangions : ça m’a fait trop marrer !Question architecture : c’est relativementfermé, avec beaucoup de couloirs. Ils ont unsacré auditorium, et la partie « terrains desport » est gigantesque. Les salles de courssont exactement comme dans les films (avecleurs « chaises-bureaux »).C’est vraiment propre. Il faut dire que lerèglement est très strict. Ils sont intransi-geants sur ça… et sur tout le reste. Les élèvessavent très bien à quoi s’en tenir. Le premierjour, mon prof principal nous a lu les règlesde l’établissement. Le passage sur la déten-tion d’armes était grandiose : « Vous n’avezpas le droit d’avoir des mitraillettes, des uzis,des grenades, des mines, des nunchakus… »j’en passe et des meilleures. La classe n’étaitpas dupe : on a tous trouvé ça ridicule !

Vendredi 30Dernier jour de la semaine au lycée, ça fait dubien quand même. J’ai découvert ce matin –parce que j’étais en avance – qu’on pouvaitprendre le petit-déjeuner à la cafétéria !D’ailleurs, certains étaient encore en pyjama.Ici, personne n’a « LA HONTE », tu es bienmoins jugé qu’en France. Question style ves-timentaire, je dirai que la plupart s’habillenten « jean-tong-pull » ample. Mais il y a aussiles punks avec leurs crêtes, une poignée degothiques, et une armée de Noir-américainsavec leurs attirails de chaînes en or, demaillots de basket arrivant aux genoux et decasquettes de travers !Au théâtre, j’ai enfin joué ma petite scénetteavec une amie. Je suis très fier de moi, car cen’était pas une mince affaire de faire ça enanglais. Je suis resté l’après-midi au lycée, auclub d’impro. J’ai remarqué que je compre-nais bien mieux qu’au début. Mon anglaisprogresse encore… Ça fait plaisir !

Samedi 1er octobreLe week-end se déroule bien. Le samedi, c’estvraiment le jour ou l’on ne pense pas au tra-vail. Certains vont faire du sport. Bizarrementdans mon lycée, le sport n’est pas du toutpopulaire ! Tout le monde me dit que c’estexceptionnel et propre à cette « high school ».D’autres participent à des actions pour finan-cer leurs clubs. Mes amis et moi, nous avonsmaintenant l’habitude d’aller manger dans unjaponais et de faire quelques boutiques. Lesoir, c’est généralement « soirée entre amis »chez l’un ou chez l’autre, au restaurant ou aucinéma… Il y a également de petites fêtes !

Dimanche 2La semaine s’achève. Je finis mes devoirsdans la soirée. Je suis en pleine forme,demain c’est reparti ! J’ajouterais pour finirque tout, ici – je veux dire au lycée – est pluscalme qu’en France. Il y a bien moins destress. Les gens sont agréables ; on peut tou-jours être aidé ou aider. C’est vrai pour n’im-porte quoi. Il reste sûrement beaucoup de choses àdire. Mais je laisse aux futurs participants leplaisir de les découvrir par eux-mêmes, envenant voir sur place, l’an prochain. ◆

Ce journal de bord, tenu par Maximedu 17 au 24 septembre 2005,

nous permet d’entrer de plain-pieddans une « high school »

américaine. À West Hartford,Connecticut, où il étudie depuis plus de six semaines, Maxime

découvre une autre façon de vivre àl’école ; il réalise aussi que les

idées qu’il se faisait du systèmen’étaient pas toujours en adéquation

avec la réalité à laquelle ilallait devoir se confronter.

Maxime ou « l’école comme leçon de vie ».

7 joursà l’ école

américaineEn route vers l’école : Max et son « school bus »

Trois Quatorze – À lire ton témoignage, il apparaît clairement que tu as été surpris par l’écoleaméricaine, du moins par ton écoleaméricaine. Comment expliques-tu ce décalage entre l’image que tu avaisde cette école et la réalité à laquelle tu as été confronté ? Je me basais sur les témoignages et sur l’image qui transparaît à travers les feuilletons. Au niveau ducontact avec les autres, pourmoi c’était joué d’avance, toutallait être facile. Mais les premiers jours – surtout avantque les clubs et les activitésextra-scolaires ne commencent– je me suis retrouvé à manger tout seul. En fait, j’aicompris qu’il ne fallait pas idéali-ser, et que, quel que soit le sys-tème, on se devait d’aller versles autres, de « se bouger. » Trois Quatorze – À ton avis, en termesd’objectifs, qu’est-ce qui distingue la

« high school » du lycée français ? Je crois que l’école française est plus directement axée surle savoir. Ici, aux USA, c’est lavie scolaire, l’apprentissage dusavoir qui est mis en avant (et pourtant, je suis dans uneécole réputée, une école oùle niveau est bon). Ici, l’élèvedoit avoir conscience du« pourquoi » il est à l’école. Le fait que l’école américaineorganise les activités extra-scolaires (clubs et activités en tous genres) est significatif :l’éducation est un tout, elleinclut l’apprentissage du savoirproprement dit et l’appren-tissage de la vie sociale. Trois Quatorze – Si tu devais mettreen place un système éducatif, entermes de pourcentages, quelle placeferais-tu à l’école française et à l’écoleaméricaine, et quelle place accorde-rais-tu à des initiatives personnelles ?Ma part d’innovation person-

nelle serait assez minime. Je crois que les deux systèmessont très complémentaireset qu’en mixant les deux (à hauteur de 30% d’école française et de 70% de « highschool ») on pourrait arriver àquelque chose de bien. De laFrance, je garderais le système de la classe avec lesmêmes élèves qui suivent untronc commun. Cette entitédonne plus de cohésion. Pour le reste, je m’inspireraisplutôt du système américaine. La « high school » est beaucoup moins stressanteque le lycée, et, de ce fait,les élèves s’investissent beaucoup plus dans le système. Par ailleurs, et c’estsurprenant, la « high school »est beaucoup moins compétiti-ve que le lycée. C’est unebonne chose, tout le mondeavance dans la même direction.

LE LYCÉE ET LA « HIGH SCHOOL » EN 3 QUESTIONS

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TROIS QUATORZE — 7 23E ANNÉE — N°42

Dossier école. Tour du monde des écoles (11)

L’écolenorvégienneTrois Quatorze poursuit son tour du monde des écoles ● Le journal enquête auprès des participants au programme d’une année scolaire à l’étranger sur les structures, les horaires et les objectifsdes différents systèmes éducatifs ● Après avoirprésenté les écoles de Russie, d’Afrique du Sud,d’Allemagne et des États-Unis (N°29), de Suède et de Chine (N°30), du Canada (N°31), du Japon (N°33), de Mongolie (N°38) et du Mexique (N°40),Trois Quatorze lève le voile sur l’école norvégienne● Présentation de données objectives, photo etcommentaires d’Elsa, correspondante à Husoysand● Dans le prochain numéro, cap sur le Portugal.

OBJECTIF & MÉTHODE■ La politique éducative norvé-gienne est fondée sur le principede l’éducation pour tous. Outre latransmission des connaissances etdu patrimoine culturel, le rôle del’école, tel que défini par la consti-tution, consiste à promouvoir l’as-cension sociale et à donner à cha-cun les moyens qui lui permettrontd’apporter sa pierre à la prospéritéde tous. Intérêt particulier et inté-rêt général doivent toujours êtrepoursuivis de front. Ce qui m’a frappée, c’est la grande di-versité de méthodes entre les enseig-nants. Suivant les cours et les matiè-res, la pédagogie est très différente.■ Dans cet esprit, la réforme de 94et le nouveau « curriculum », adop-té en 97, insistent sur la nécessaireadaptation de la pédagogie auxcapacités et au savoir-faire des indi-vidus. Ce principe de base est demieux en mieux mis en applica-tion sur le terrain. On note égale-ment l’importance accordée àceux dont les besoins éducatifssont particuliers. Des cursus spé-ciaux sont mis en place pour lespersonnes handicapées, pour lesélèves samés (Lapons), pour lesimmigrés… Dans mon lycée, il y a une sectionouverte pour accueillir certainsjeunes handicapés. Moi, en tantqu’« Exchange student », j’ai descours de norvégien avec un pro-fesseur spécialisé. Je suis avec desjeunes étrangers du monde entier.Par ailleurs, le proviseur m’a nom-mée « Assistante de français ». Tousles professeurs me demandent.C’est très sympa.

STRUCTURE DES ÉTUDES■ L’école est obligatoire à partir de6 ans (école primaire de 6 à 12 ans– Barneskole ; collège de 13 à 15 ans– Ungdomskole ; lycée de 16 à 18ans – Videragaendeskole ou yrkess-kole / formation professionnelle).À la fin de la « Ungdomskole », lesélèves choisissent s’ils se dirigentvers l’enseignement professionnel(pour apprendre directement unmétier) – environ 35% des élèves –,ou l’enseignement général (envi-ron 65%). Cependant, à 18 ans, despasserelles existent entre l’ensei-

gnement professionnel et l’ensei-gnement supérieur.Les élèves qui ne vont pas à la« videregaendeskole » ne sont passous-estimés comme c’est le cas enFrance. Je crois que les jeunes quivont vers l’enseignement profes-sionnel sont ceux qui ont envied’apprendre vite un métier (il fautdire qu’ici, on travaille plus tôtqu’en France et que l’on est indé-pendant beaucoup plus jeune). ■ La Norvège étant un pays à l’ha-bitat souvent clairsemé, de nom-breuses écoles (près de la moitiédans le pays) ont des effectifs trèsréduits, avec des classes à plusieursniveaux.Dans mon école, il n’y a pas plusde 30 élèves par cours, et souventbeaucoup moins.■ En Norvège, il n’y a pas d’exa-men final à la fin du secondaire(pas de baccalauréat ni d’équiva-lent). À la fin de chaque année, lesélèves passent une sorte d’exa-men, mais dans une seule matière(qui change suivant les années) etson résultat n’est pas déterminantquant à la suite de la scolarité. Lorsque j’ai parlé de redouble-ment, les jeunes m’ont regardéed’un air bizarre, ils ne savaient pasce que cela voulait dire. C’est unenotion qui les dépasse. Cela est dûau fait qu’il n’y a pas de classe àproprement parler. Vous pouveztrès bien suivre certains cours dedernière année et d’autres de pre-mière année (tout dépend devotre niveau). De ce fait, il n’y a pasde hiérarchie entre les élèves, et defaçon générale, contrairement à cequi se passe en France, on vit sanscette idée de “bons” et de “mau-vais” élèves. Au sein de l’école, iln’y a pas de compétition.

RYTHME SCOLAIREEn Norvège, une année scolairecomprend 190 jours, répartis de lami-août à la mi-juin, avec desvacances toutes les 8-10 semainesenviron. La semaine s’étale sur 5jours, du lundi au vendredi, avecune moyenne de 25 à 30 heures decours en dernière année de « Vide-ragaendeskole ». Les cours débu-tent à 8 h et s’achèvent à 15 h. Cha-que « okt » (cours) dure 90 minutes.On déjeune entre 11 h et 11 h 45.Il n’y a pas de cantine en Norvège.

Que ce soit à la maternelle ou aubureau (!), chacun apporte son« matpakke » (des tranches de painavec de la charcuterie, du fromage,des concombres, des poivrons).Tous les matins, on prépare son« matpakke » et on le mange surson lieu de travail. Cela fait partiede la culture norvégienne. Je penseque cela ne changera jamais.Quand on rentre chez soi, entre 15et 18 heures, on mange à nouveau.

MATIÈRES■ Matières obligatoires : chaquejeune doit être initié à un savoir,une culture et des valeurs com-munes. Les programmes définis-sent un ensemble de connais-sances de base que tous les élèvesdoivent assimiler. On cherche, dansla mesure du possible, à adapterces connaissances aux spécificitéslocales et individuelles.■ Les matières enseignées dans lecadre de la scolarité obligatoiresont : Norvégien, Religion et Éthi-que, Mathématiques, Sciences socia-les, Art et Artisanat, Anglais, Sciencesde la Nature et de l’Environnement,Musique, Histoire et Cultureslocales, Education physique et spor-tive. Au cours de sa scolarité, l’élèveabordera toutes ces matières. ■ Les options consistent, soit dansl’apprentissage d’une autre matiè-re (théâtre, danse, photo… ), soitdans la spécialisation, l’approfon-dissement d’un domaine. Mais lesélèves ne sont pas cantonnés dansune filière (scientifique, littéraire,etc…), comme c’est le cas en Franceà partir de la première. Moi, j’ai pris « Politique », « Alle-mand » (parce que j’en ai fait pasmal) et « Photo » (parce que c’estma passion et que ce cours n’estpas proposé en France).■ Il n’y a pas de classe stricto sensu.Les élèves se retrouvent par cours enfonction de leur emploi du temps.Les cours sont organisés parniveaux. On peut très bien se retrou-ver avec des élèves plus jeunes etplus âgés suivant son niveau.■ L’anglais est une matière obliga-toire à partir de la première annéede la Barneskole (6 ans). L’anglais est une matière essentiel-le. Les Norvégiens considèrentqu’ils doivent absolument maîtriser

cette langue. Si je devais noter leniveau des lycéens sur 10, je diraisque les Français ont 4 (voire moins)et les Norvégiens 8/9. Dans monécole, il y a un laboratoire delangue : c’est une salle de classe,avec un ordinateur pour le profes-seur ; chaque élève dispose d’uncasque, d’un enregistreur, d’un lec-teur. Chacun peut lire des textes,s’enregistrer, s’écouter et le profintervient et corrige. Les élèves n’ontpas peur de s’exprimer en anglais.

SPORT■ Le sport est une matière à partentière. Chaque élève fait au moinsun « okt » de sport par semaine, ets’il le désire, un autre « okt » de jeuxde balle.Toutes les matières sont considé-rées au même niveau, que cesoient les matières obligatoires, lesoptions ou le sport : c’est unebonne chose. En dehors de l’école,les Norvégiens pratiquent le sportintensément. Ils ont beaucoup detemps pour cela. Les cours desport ne sont pas basés sur la com-pétition ou sur les résultats maisplutôt sur l’aspect ludique. Ici, lesdouches sont collectives. Voilà quipourrait choquer les Français.

RELATIONS & ATTITUDE■ Les professeurs sont beaucoupmoins stricts qu’en France. Ils sontbien plus près des élèves (qui lesappellent d’ailleurs par leurs pré-noms). Tout le monde est plus déten-du. L’école est un lieu de vie agréableoù les élèves sont heureux de serendre. L’inconvénient c’est que lesélèves manquent parfois un peu derespect envers les professeurs (bavar-dages, chuchotements, professeursqui ont du mal à se faire entendre) etque l’enseignement en pâtit.

PUBLIC & PRIVÉ■ 96% des lycéens norvégiens sui-vent leur scolarité dans des établis-sements publics. ■ Les écoles privées sont, en Nor-vège, des écoles qui offrent des en-seignements complémentaires dupublic (pédagogies alternatives,enseignement que le public n’estpas en mesure de dispenser, notam-ment l’enseignement professionnel).

NIVEAU■ Sans doute inquiet du niveaugénéral des connaissances, le par-lement norvégien a voté pour lamise en place (à partir de 2006)d’un nouveau curriculum, afind’insister sur un meilleur enseigne-ment des acquis et des connais-sances de base, tout en continuantde promouvoir la multiplicité desméthodes d’apprentissage et d’or-ganisation du travail.Contrairement à ce qui se passe enFrance, l’élève ici ne doit assimilerque les aspects essentiels d’uneleçon. Il ne doit pas entrer dans ledétail du cours. Une place impor-tante est faite au travail de groupe.À proprement parler, il y a peu detravail individuel. Au niveau péda-gogique, sur bien des points tech-niques, l’enseignement me paraîtperformant, mais au niveau durésultat, si je fais exception de l’an-glais, je trouve le niveau assezmoyen. Je crois que l’élève norvé-gien ne rédige pas assez, qu’il n’estpas assez préparé à travailler dur.Je me demande comment il faitpour les études supérieures.

UNE RÉELLE INNOVATIONElsa : “ Il y a une chose que l’on devrait absolument introduireen France, c’est le site« Itslearning.com ». C’est un site scandinave fait pour lesélèves et les professeurs.Tous les membres du lycée ontleur « login » et leur mot depasse. Il s’agit d’une sorted’agenda. Il y a une page pourchaque matière. Chaque jour, lesprofs y notent les devoirs pourle lendemain, le programme desexercices et des contrôles, etc.Les élèves peuvent envoyerdirectement leurs devoirs via le site. Il y a surtout un forumqui permet aux élèves de poserdes questions aux professeurset à ceux-ci d’y répondre.C’est très convivial et trèsfonctionnel. Les élèves n’ont pas besoin d’avoir internet chez eux, ils peuvent le consulter à la bibliothèque. ”

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N°42 — 23E ANNÉE8 — TROIS QUATORZE

Dossier école. Entretien

Trois Quatorze — Les personnes quine connaissent pas le programmed’une année scolaire à l’étranger par-lent souvent d’une année « perdue » ;jugez-vous que Maud a perdu un an ? P. Pegna — Non, certainement pas,bien au contraire. Maud n’était pasdu tout autonome, et elle a appris à seprendre en charge. Du point de vuepurement scolaire, et purementcomptable, elle a, certes, une annéede retard, mais cela ne lui nuit pas dutout. Cette année lui a permis de sesingulariser par rapport à ses cama-rades. Elle a aujourd’hui une bienmeilleure image d’elle-même, elle saittransmettre cette image, se valoriser.Elle a appris à gérer sa scolarité, sesmatières. En un mot, elle sait où elleva. Et je n’ai pas parlé de l’apport lin-guistique (elle est aujourd’hui en clas-se européenne et a de bons résultats) !M. Paillard — Question autonomie,relations humaines, elle a découvertdes choses que d’autres ne découvri-ront que plus tard une fois dans lemonde du travail (confiance dans lesautres, travail en équipe, etc.). Trois Quatorze — En tant quePrincipal, pensez-vous que l’on puis-se définitivement tordre le cou àcette idée d’année perdue, de scolari-té perturbée ? P. Pegna — Oui définitivement. Mais,j’avoue pour ma part que lorsque mafille m’a parlé pour la première foisde son idée de partir (via un SMS),j’ai pris peur. Sur le coup, je n’étaispas fier. Il m’a fallu analyser la chose. M. Paillard — Question perturbation,il faut peut-être séparer le courtterme (dynamique d’études, reprisedes cours difficile, handicap danscertaines filières, manque de répon-se aux attentes du système…) du longterme. Remis en perspective, ceséjour ne peut être que bénéfique,même d’un point de vue purementscolaire.P. Pegna — Pour un candidat auxconcours des grandes écoles ou à unentretien d’embauche, c’est uneannée comme celle-là qui peut fairela différence, grâce à la connaissancede la langue et à l’acquis personnel(investissement, maturité, capacité àcatégoriser les problèmes…).Trois Quatorze — Un de nos anciensparticipants nous disait qu’un de sesprofesseurs avait prétendu avantson départ, qu’en s’absentant uneannée, il allait perdre ses acquis. P. Pegna — C’est une ineptie. Toutsimplement une ineptie. Jusqu’àpreuve du contraire, les connais-sances s’additionnent.Trois Quatorze — À quel âge ce sé-jour vous paraît-il le plus favorable ? M. Paillard — Il n’y a pas d’âge idéalsinon celui auquel le jeune veut partir.P. Pegna — 15-16 ans me paraît trèsbien, plus profitable sans aucundoute que 18 ans. L’investissementn’est pas le même quand on partaprès la terminale et le bac. Je dis celaaujourd’hui, mais quand notre fillenous a annoncé qu’elle voulait partir,

j’ai d’abord pensé : « Passe ton bacd’abord. » C’est naturel, il y a cetteidée de finir un cycle, mais c’est uneerreur, car le bac n’est pas un abou-tissement.Trois Quatorze — Dans une circulai-re, le ministère de l’Éducation natio-nale précise qu’il ne voit que desavantages à ce que se développentles échanges de longue durée enpériode scolaire, si l’on est assuré deleur intérêt pédagogique et culturel.Que pensez-vous de cette condition ? P. Pegna — Je ne connais pas lesautres systèmes scolaires. Mais j’au-rais tendance à penser qu’à partir dumoment où l’on intègre une autreécole, et où l’on ne vient pas en tou-riste, il y a nécessairement un intérêtpédagogique et culturel.Trois Quatorze — De par votre pro-fession, vous connaissez bien le sys-tème français. En quoi se distingue-t-il du système scolaire qu’a découvertet qu’a intégré votre fille ? M. Paillard — Par la prise en comptede l’élève dans sa globalité.P. Pegna — Au Canada, notre fille aacquis ce que, dans notre métier,nous appelons des compétencestransversales – savoir faire et savoirêtre. Comment faire pour aller cher-cher l’information, la restituer, com-ment se comporter en classe, avec lesautres, face aux adultes, etc. Elle aabordé ces questions essentielles. Lesystème canadien est, en ce sens, dif-férent du système français qui restebasé essentiellement sur le seulcumul des connaissances, sur lesavoir à l’état pur. M. Paillard — Maud a découvert uneorganisation scolaire tout à fait diffé-rente, où l’entraide, le travail en équi-pe, la confiance mutuelle (entreélèves d’abord et entre professeurs etélèves ensuite) sont des clés de voûtedu système. Trois Quatorze — Depuis 20 ans, lesparticipants (français et étrangers)nous abreuvent d’informations surles différents systèmes scolaires. À lalumière de leurs commentaires, onpeut, nous semble-t-il, dégager lesforces et les faiblesses du systèmefrançais. S’accorder par exemple àreconnaître que le niveau deconnaissance des élèves français estglobalement plus élevé que dansbeaucoup d’endroits dans le monde.On se situe là dans la grande tradi-tion française d’une école héritée duXIXè (méthode d’apprentissage axéesur le cours magistral et sur son seulcontenu, intérêt porté au travailécrit, à l’analyse, à la dissertation…) .P. Pegna — Oui et parfois même àl’excès ! Mais on en revient à ce quel’on disait. Question acquis, le pariest plutôt réussi, d’autant que l’on estparvenu à maintenir un certainniveau tout en assurant une massifi-cation de l’instruction. Il y a trenteans, 20% d’une classe de CM2 passaiten 6è, aujourd’hui la majorité desenfants vont jusqu’au niveau bac.Autres points forts du système fran-

çais : les diplômes nationaux (quidonnent autant de chances à tous lesdiplômés sur le marché du travail –c’est l’avantage d’un système centrali-sé), le bac pro, le niveau de recrute-ment des enseignants.Trois Quatorze — C’est vrai que l’onpourrait reprocher au système nord-américain de trop s’intéresser à laméthode, de se centrer sur la péda-gogie et de délaisser par là même lecontenu. On trouve des enseignantsen « high school » qui n’ont pas beau-coup de connaissances dans lesmatières qu’ils enseignent. P. Pegna — Avec le danger de mélan-ger parfois pédagogie et démagogie !M. Paillard — Je crois qu’il ne faut pasraisonner comme ça. L’approche là-bas est totalement différente. Ce quiest merveilleux dans ce système, c’estde veiller au fait que l’élève apprenneà travailler et finisse par aimer ça. Onpeut expliquer ainsi que toutes lesmatières aient la même importance(sport ou autres), que l’école soit res-sentie comme un lieu de vie, presqueune communauté.Trois Quatorze — À la lumière detous les témoignages publiés dansTrois Quatorze, ce qui se dégage enpriorité c’est l’aspect non-anxiogènede l’école nord-américaine. « Ici,J’aime mon école », nous disent lesparticipants. M. Paillard — Il est clair qu’il y a unevraie recherche là-bas pour que l’élè-ve ait confiance en son école, doncconfiance dans ce qui lui est ensei-gné. Maud aimait aller à l’école auCanada, c’est une évidence. Cetteécole est beaucoup moins compétiti-ve par exemple que l’école française(cela peut paraître paradoxal dans ce

pays, mais c’est une réalité). Cettedonnée est fondamentale par rap-port à l’absence de stress.P. Pegna — Dans la plupart des sys-tèmes scolaires dans le monde, il n’ya pas de surveillant. Or il y en a enFrance. Et s’il y en a en France, c’estavant tout parce que les enfants sontsous pression.Trois Quatorze — Ce mal-être scolai-re n’est-il pas dû à un déficit de valo-risation de l’élève ? L’école françaisen’a-t-elle pas tendance à pointer làoù ça fait mal, plutôt qu’à travaillerautour des compétences de l’élève ?P. Pegna — Sans doute oui. L’écolefrançaise a le défaut par exemple desélectionner par la négative. Malgréla qualité de l’enseignement profes-sionnel, ce dernier est encore vécucomme une voie de garage. Ce n’estqu’un exemple. M. Paillard — De même, il y a lesclasses de « bons » et des classes de« mauvais » élèves (et même si on estdans le bon groupe, on vous faitcomprendre qu’il y a un groupe« meilleur »). Il y a également enFrance une évidente hiérarchisationdes matières : si vous étudiez l’espa-gnol, il est sous-entendu que vousêtes moins brillant que si vous étu-diez l’allemand. Tout cela est trèspréjudiciable.Trois Quatorze — Le baccalauréatnous paraît être le symbole de cetteécole obnubilée par la compétition,et de ces élèves soucieux avant toutdu résultat. Dès son entrée en 6è, unélève a le bac en tête. Jetons un pavédans la mare : peut-on envisager desupprimer le bac ?M. Paillard — La question ne se posepas en ces termes. Le bac correspond

Vers une école idéale?

Martine Paillard et Philippe Pegna,

respectivement directrice d’école élémentaire en ZEP

et principal de Collège, sont par ailleurs

père et mère de Maud, participante PIE au programme

d’une année scolaire à l’étranger (en 2004/2005).

Ils ont accepté de faire profiter “Trois Quatorze”

de leur double qualité – de professionnels et de parents – en réfléchissant

avec nous à la complémentarité des enseignements

français et nord-américain.

MartinePAILLARDDirectriced’école élémentaireen Z.E.P.

PhilippePEGNAPrincipal de collège en régionparisienne

Ci-dessus :les étudiantsé t r a n g e r sdans l’écoled’Elsa,en Norvège

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‘‘‘‘Dans

la plupart

des systèmes scolaires

dans le monde,

il n’y a pas de

sur-veillants.

Or il yen a enFrance.Et s’il yen a enFrance,

c’estavanttout

parce queles

enfants sont sous

pression !

www. isilangue.fr

Des cours

de langueaux USA,

en Irlandeet en

Angleterre

Étudiants étrangers dans l’école d’Elsa, en Norvège

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TROIS QUATORZE — 923E ANNÉE — N°42

Dossier école.

au système tel qu’il est. Supprimer lebac, pourquoi pas, mais cela veutdire refonte totale de l’école. P. Pegna — Attention, le système abon dos ! Il faut bien voir que l’atten-te des parents est forte, et celle desélèves aussi. On l’a vu l’année derniè-re. En l’état actuel des choses, on netouchera pas au bac, car c’est la pier-re angulaire de l’école nationale.C’est notre histoire, donc notre cultu-re, même si cet examen ne remplitplus tout à fait son rôle. Quand jesonge à l’arrivée du bac profession-nel et à la révolution coperniciennequ’elle a entraînée, je me dis qu’il y adu chemin à faire avant même deréformer le bac.Trois Quatorze — Autre pavé dans lamare : les notes sont-elle utiles ? EnSuède, on ne note pas les élèvesavant 16 ans !P. Pegna — Bien sûr qu’il y aurait àréfléchir à cela. Il y aurait beaucoupde moyens de révolutionner la façond’estimer le travail et les connais-sances.M Paillard — Dans les textes, le systèmede notation n’existe pas. Mais, là enco-re, la pression des parents est forte.P. Pegna — Car les parents deman-dent des notes et des sanctions !Vous ne pouvez pas imaginer lenombre de rendez-vous que j’ai avecdes parents qui me demandent desermonner leur enfant parce qu’il ade mauvais résultats. M Paillard — Notre fille Maud, qui aune « petite » dent contre le système,nous dit toujours que l’école françai-se est à la recherche de l’élève parfait,et que la perfection se détermine parla note.Trois Quatorze — Et la perfection, onen conviendra, n’est pas toujours aurendez-vous. Le « bombardement »de connaissances, dont nous par-lions, n’offre pas beaucoup de ga-ranties. Montaigne l’a dit, il y a long-temps, « mieux vaut une tête bienfaite qu’une tête bien pleine ». Est-ceque l’école française ne met pas lacharrue avant les bœufs ?M Paillard — Il y a des questions à seposer à ce niveau-là. D’autant quel’on part du principe que, par je nesais quel effet magique, en ayantaccumulé des connaissances, l’élèveva trouver l’harmonie. Trois Quatorze — Ne peut-on pasimaginer une école idéale : une écoletrès exigeante quant au fond (uneécole qui privilégierait Ronsard àRenaud – contrairement d’ailleurs àce qu’a tendance à faire l’école fran-çaise aujourd’hui) et qui dans lemême temps veillerait à la forme –qui s’intéresserait de plus près aumessage reçu (au moins autantqu’au message émis) et qui veilleraitau développement harmonieux dela personnalité de l’élève ?P. Pegna — Aimer travailler et tra-vailler bien : on devrait pouvoir yarriver. Mais, ceci dit, il n’y a pasd’école idéale. Chacune doit faireavec sa culture et avec son histoire.N’oublions pas, par ailleurs, quetoutes les écoles sont confrontées auproblème du nombre d’élèves, auproblème de la démocratisation mas-sive de l’enseignement.Trois Quatorze — Et dans le mêmetemps c’est vrai, à la formationd’une élite. Pour en revenir à la for-mation idéale, ne serait-elle pasalors le fruit de la complémentaritédes systèmes ?M. Paillard — C’est pour cela quenous ne voyons que du positif dansl’expérience qu’a vécue Maud. ◆

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La haine du riche, de celui qui possède plus que soi, si elle est plus justifiable ou compré-hensible que la haine dupauvre, peut provoquerautant – voire même plus – de violence et de dégâts.

Le terroriste Katrina est un soldat envoyé par Dieu pour com-battre à nos côtés. » « Le soldat se joint à nous pour démolir

l’Amérique. » 1 Ces propos, tenus par le directeur du centre derecherche du Ministère des affaires religieuses du Koweït et par uninternaute, étaient rapportés par le journal Le Monde dans son édi-tion du 4 septembre. Le même jour, en privé, j’entendais à propos dumême événement : « C’est bien fait pour eux (les Américains), ils n’ontque ce qu’ils méritent. » Si je me permets de rapprocher ces propos ,c’est qu’ils ont tous trois à voir avec une forme aiguë de fondamenta-lisme – qu’il soit purement religieux ou, plus largement, idéologique. Eneffet, l’idée qui sous-tend ce : « Ils n’ont que ce qu’ils méritent ! » n’estautre que de définir l’Amérique comme une entité, quasi métaphy-sique, de rejeter sur elle l’ensemble des maux – de nos maux, pour lareconnaître au final comme l’incarnation du mal en général. Il n’y aplus alors – quoi de plus normal – qu’à souhaiter sa chute, voire sonanéantissement.

Les réactions qui ont suivi le passage de Katrina ont dequoi surprendre. Si le Tsunami a inspiré à la France

entière de la compassion, le cyclone a révélé, ou réveillé,dans la presse tout particulièrement, des sentimentsquasi opposés. Dans le Paris Match du 8 septembre, onpouvait lire : « Le vacarme est assourdissant, la caméramontre des visages effrayés, les femmes serrant leursenfants dans les bras. Des soldats jaillissent de l’hélico-ptère, fusils d’assaut à la main. Ils prennent position.Comme en Irak. Une scène d’une inhumanité totale…L’Amérique reproduit par réflexe, sur son propre sol, cequ’elle entend faire partout dans le monde, sécuriser deforce sans respect pour les peuples. » 2 À partir d’unesimple dépêche A.F.P. (rédigée d’après un témoin évo-

quant un viol), France Info a ressassé toute une journéeque « la Nouvelle-Orléans était en proie aux violeurs. »Partout on a parlé « d’anarchie », de pays qui « prenaitl’eau », de « situation apocalyptique ».Dans les médias, c’est une évidence, la part faite aux dif-ficultés rencontrées et à la souffrance qu’elles ont puengendrer, a, pendant un mois, été globalement minimi-sée, pendant que la part belle a été faite à l’incurie de lasociété et aux souffrances qu’elles n’ont pas manqué degénérer. Subtile nuance qui en dit long sur l’idéologie quisous-tend une telle démarche. La cause première dudésastre – la puissance de l’ouragan – a en effet souventété totalement occultée pour laisser la place à d’autresexplications. Dans Libération par exemple, le 1er sep-tembre, le journaliste Fabrice Rousselot, qui évoque lesraisons de la catastrophe, cite : la mauvaise évaluation dudésastre, les digues pas assez solides, la présence destroupes en Irak, le temps de réaction de l’administration.Il ne fait nullement mention de l’ouragan en lui-même.

On est en droit alors de s’interroger sur cette inca-pacité à considérer, ou même à identifier, les situa-

tions pour ce qu’elles sont,et non pas à la lumière de nosidéologies, ces bêtes souvent immondes et rarementrepues, qui ôtent justement toute clarté et empêchenttoute analyse. L’anti-américanisme, qu’on le veuille ounon, est un de ces monstres. Il empêche ici de voir l’évi-dence : l’Amérique a, dans le cas présent, comme huitmois plus tôt l’Asie, été d’abord victime d’un phénomè-ne atypique qui a engendré ipso facto une situation quasiingérable. Une bonne gestion de la crise aurait minimiséces effets, mais n’aurait en aucune façon fait passer lapuissance de l’ouragan de la force 5 à la force 2.Quand la vraie cause était évoquée, c’était souvent poury adjoindre une nouvelle accusation.On voyait alors dansla puissance de l’ouragan une sorte de revanche descieux : les Etats-Unis, uniques « pourvoyeurs » de CO2,et donc principaux responsables du réchauffement cli-matique (d’autant qu’ils n’ont pas ratifié Kyoto), avaientété punis par Dame Nature, variante moderne du Tout-puissant, de l’être suprême, autrement dit de Dieu.

Admettre, car cela semble être le cas, que le gouver-nement américain ait gravement failli dans la ges-

tion de l’avant et de l’après Katrina (mauvaise anticipa-tion, lenteur de la réaction, etc.), ne permet pas de justi-fier cette incapacité à accepter, quand il s’agit des Etats-Unis, la détresse en tant que telle. Le « quand »(« Quand il s’agit de la crise ») est ici un « parce que »déguisé, car c’est bien à l’Amérique, à travers ce qu’elleincarne et symbolise, qu’on refuse dans le cas présent ledroit d’être blessée et de souffrir. Attention, c’est bienplus que la façade qui est ici attaquée ; c’est à la sub-stance même du pays qu’on s’en prend. On en veut pourpreuve ces jeux de mots faciles répétés à l’envi, tels« l’impuissance de l’hyper-puissance », ou « le géant auxpieds d’argile. » Au-delà de l’incurie d’un gouvernementà un moment donné, on voit dans cette crise l’incurie detout un système : le libéralisme, le capitalisme, la mon-dialisation… Tout se mélange (l’arrogance, l’inégalité,l’injustice sociale, le conflit racial), c’est le grand magma,la grande crise d’indifférenciation. On oublie que le

terme même « d’hyper-puissance » est une inventiond’un de nos anciens ministres, et nullement une inven-tion américaine. On fait semblant de croire que seuls lesEtats-Unis vivent dans une économie dite de marché, etqu’eux seuls sont susceptibles d’excès. On oublie qu’onleur ressemble.On fait mine de croire qu’à leur place,ons’en serait mieux sortis. Gilles Bredier 3, a le culot, parexemple, de comparer la gestion de la « grande tempê-te de 99 » avec celle de Katrina : il parle de « réconfortapporté aussitôt après les faits par les agents EDF », etde « service public agissant au cœur du pacte républi-cain », oubliant de mentionner la différence d’échelleentre les deux phénomènes : force des vents, durée,pluies diluviennes, dimension du territoire touché !

Grisés par l’idée de voir la société du « mal » s’effon-drer, certains vont jusqu’à prendre leurs désirs pour

des réalités.Ainsi, Emmanuel Todd, penseur de la chutede l’Empire, s’est empressé de lire la tragédie Katrinacomme le signe avant-coureur de la vérité de sa thèse.« Je l’avais bien dit », s’est-il écrié en substance à la télé-vision, ajoutant – pour donner une allure plus brillante àsa démonstration – que « le cyclone avait montré leslimites d’une économie virtuelle identifiant le monde àun jeu vidéo. » 4 (sic !). Au culot se mêle parfois l’igno-rance. Dans un article au titre éloquent (« Panne de soli-darité », Libération parle des Etats-Unis comme d’unpays où les « services publics, gérés par l’état, n’existentpas », ou sont réduits à leur plus simple expression. Et àpartir de ce postulat très contestable, de déduire quel’Amérique est incapable de manifester la moindre soli-

darité en cas de crise. Cette affirmationn’est pas étayée. D’ailleurs, nos « repor-ters » Trois Quatorze qui sont nombreux, etqui, eux, vivent l’Amérique au quotidien,témoignent exactement du contraire. C’estde toute façon mal connaître l’Amérique

que de douter de son sens du collectif, car s’il est unecaractéristique de ce pays, c’est sa capacité à respecterle concept de « privacy » et à chercher toujours à culti-ver l’esprit de groupe et de communauté.

On rejette l’Amérique « hyper » riche, « hyper »sophistiquée, « hyper » puissante : pourquoi pas !

On lui reproche de délaisser ses pauvres, sans penserqu’où que ce soit,passé le premier choc, le malheur frap-pe toujours plus les pauvres que les riches, car, au final,ce sont toujours les ressources matérielles,financières etsociales – et ce, quel que soit le pays – qui déterminentles capacités à surmonter la crise. On lui fait cereproche, soit, mais pourquoi alors ne vient-on pas enaide à cette Amérique pauvre et victime de la fracture !Rien n’empêchait les Français au bon cœur de s’adresserdirectement à des organismes humanitaires (afin de nepas engraisser la méchante nation) et d’aider les popu-lations les plus faibles et les plus durement frappées.Mais 0% des Français l’ont fait, quand ils étaient 36 % à lefaire pour les victimes du Tsunami.

Une chose, peut-être, empêchait nos concitoyensd’agir ainsi : c’est ce ressentiment, insidieux mais

toujours présent, qui fait dire à Daniel Schneidermanndans Libération : « C’est fou le nombre de mauvaisespensées qui nous assaillent depuis le début de Katrina.Par exemple, lorsque nous apprenons que l’Europe valivrer aux Etats-Unis une partie de ses stocks straté-giques de pétrole. On se dit : “ Mais pourquoi donc ?Laissons-les se débrouiller. ” Immédiatement on a hontede penser cela. Et immédiatement après, on se dit qu’onne devrait pas avoir honte. On ne s’en sort pas. » 5 Si,Monsieur Schneidermann… On peut s’en sortir, et ce enadoptant définitivement le parti d’avoir honte. Car lahaine du riche, de celui qui possède plus que soi, si elleest plus justifiable ou compréhensible que la haine dupauvre, peut provoquer autant – voire même plus – deviolence et de dégâts. L’histoire, notamment celle duXXè siècle, l’a prouvé.

Katrina a charrié ses eaux sur la Louisiane et, dansun même élan, a ouvert grand les vannes du res-

sentiment, et c’est un flot de rancœurs qui s’est déver-sé alors sur l’Amérique tout entière. Pourquoi tant dehaine, sinon par peur de se regarder dans la glace,d’identifier ici une haine de soi, de la société deconsommation (et de ses injustices) – que l’on incarneau même titre exactement que l’Amérique – et pluslargement encore une haine de sa propre impuissanceà réagir face à ce qui nous surpasse.

L’Amérique a encore prouvé qu’elle était notre exu-toire et qu’elle favorisait notre catharsis. Si elle

n’était pas là pour nous permettre de déverser notrefiel, il faudrait l’inventer… Mais, par bonheur, elle existe.

1 Le Monde, 4 septembre 20052 Paris-Match, 8 septembre 20053 Libération, lundi 12 septembre 20054 Le Figaro, lundi 12 septembre 20055 Libération, vendredi 9 septembre 2005

Un ouragan de rancoeurs«

“Katrina” et les médias français

Opinion, par Xavier Bachelot

“TROIS QUATORZE” N°43 SORTIE MAI 06

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N°42 — 23E ANNÉE10 — TROIS QUATORZE

Correspondance. Courrier des participants et des parents

(RE)NAÎTRE24 août : « Debout, c’est le grandjour. » Voilà comment l’animateurnous a réveillés. Et c’est vrai quec’était le grand jour. C’était vraimentgrandiose. Je me revois dans leminibus qui nous conduisait à l’aé-roport. Une émotion communenous habitait. Je ne pense pas qu’onpuisse ressentir ça une autre fois,c’était simplement unique. Tout estpassé si vite, et pourtant, sur lemoment je me disais que le tempsn’en finissait pas de traîner. Je riaisavec les autres. Parfois surgissaientquelques questions existentielles,du style : « Mais, qu’est-ce que je fouslà ? » Pour ne pas trop penser à toutça, j’ai fait comme on fait dans cescas-là, je me suis raccrochée à unpetit problème matériel : je me suisinquiétée pour ma valise. C’est pastoujours possible de comprendre àchaud ce qui nous arrive. En arrivant à l’aéroport, on s’estséparés : « Bon voyage, écris-moi. »Je n’ai pas pleuré, j’étais trop heu-reuse pour ça. Terminal F, enregis-trement des bagages, dernier baiserà mon amoureux, dernier regard,derniers mots, derniers conseils del’animateur, dernier tout. Et puissoudain, plus rien, je me retrouveseule dans la salle d’embarquementperdue entre mon passé et monavenir. Ma vie d’avant s’est mise àdanser sous mes yeux, je l’ai regar-

dée, je l’ai bercée pour qu’elle s’en-dorme, je l’ai prise au creux de mamain puis j’ai soufflé dessus pourqu’elle s’envole. Autour de moi toutle monde était triste, triste à mourir,et moi, pour la première fois de mavie, j’étais satisfaite de ma condition. À l’arrivée, tout a tout de suite étéfranchement moins drôle : accueilglacial par mon père d’accueil, trajetsombre (je me souviens m’êtreendormie puis réveillée en sursautne sachant plus où j’étais). Les pre-miers jours ont été très durs. Onm’avait prévenue. De toute façon même si on m’avaitdit à quel point ce serait rude, jeserai partie quand même. Aujourd’hui, c’est presque aussi dur,mais pour rien au monde je ne vou-drais rentrer. En un mois, j’ai l’im-pression d’avoir déjà mûri et évoluéet, surtout, je n’ai plus cette nauséede la vie, ce dégoût de tout quim’habitait jusque-là. C’est la vie toutcourt qui commence. Je réalise lachance que j’ai. Parfois mon moralstagne entre 1 et 2 (N.D.L.R. : voirpage 4) mais un rien alors suffit àme rendre heureuse : je me baladedans les rues de la ville, quelqu’unme parle, je lui réponds, une amiem’invite à manger une glace. Jem’aperçois que le moral est remon-té à 5 ! Je me raisonne en pensantqu’il n’y a pas de paradis. Le plus difficile dans cette expérien-

ce, c’est de n’avoir personne pourvous écouter, vous aider, vousconseiller, vous consoler, vous pren-dre dans ses bras quand ça ne va pas.Mais, dans ces cas-là, il faut cherchercar je suis persuadée que ce quel-qu’un existe toujours quelque part.Ce 24 août, je n’ai pas l’impressionde m’être envolée, j’ai plutôt l’im-pression d’être née. Et, croyez-moi,c’est dur de vivre au début.Je me souviens qu’en arrivant enAllemagne j’avais très mal au dos,une douleur horrible, comme si onm’arrachait un poids, comme siquelque chose d’étrange se passait.Alors je me suis regardée dans laglace et j’ai compris que des ailesétaient en train de me pousser. C’estsans doute cela qui me faisait aussimal… Oui, vraiment… C’est dur devivre au début.Charlene, AachenUn an en Allemagne

EN TRANSITJ’ai essuyé de nombreuses critiques.De nombreuses personnes m’ont ditque j’étais trop jeune pour partir siloin et si longtemps. Certaines per-sonnes m’ont encouragé, d’autresm’ont dit que j’étais fou, que j’allaisperdre un an. Moi, je me suis dit :« Perdre », qu’est-ce que ça veut dire ? »J’ai 15 ans. Voilà deux mois que jesuis aux USA. Le premier mois,croyez-moi, j’en ai appris plus que

durant les quatorze premières an-nées de ma vie. J’ai rencontré despersonnes extraordinaires qui sontdevenues des amis, de vrais amis. Jeme rends compte que la vie estbelle, que je suis heureux, chanceuxd’être ici.Je suis un fan d’histoire indienne, deHarleys et d’aviation. Alors, partiraux USA, que demander de plus ! Pourtant c’est dur. Pour l’instant jesuis dans une famille provisoire queje n’aime pas. Je n’ai pas de bonnesrelations. Je n’aime pas la nourriture,je n’aime pas la maison. Ma familleme manque parfois. Certains amisont bien proposé de m’accueillir,mais avec l’école ce n’est pas pos-sible. Alors j’attends. J’évite au maxi-mum de passer trop de temps à lamaison. Quand ça ne va pas, je vaisme poser sur la baie, près du lac et jepositive. Moi, je suis comme lespionniers. Je ne renonce pas. Cyprien, Pepin, WisconsinUn an aux USA

LA FIN DU VOYAGE ?Un an que je suis rentrée duCanada… et c’est seulement ma pre-mière lettre au journal. Enfin la pre-mière que j’envoie. J’ai maintes foisvoulu le faire, mais quelque choseme retenait. J’avais l’impression, jecrois, que cette lettre marquerait lafin de mon expérience. Et j’avaispeur de cela, tout simplement.

Mon retour a été assez difficile. J’aimis du temps à me réadapter à lalangue, au quotidien français, aubruit de Paris, etc. Mon année s’étaitsi bien passée, j’étais devenueCanadienne. Les moments difficilesrestent peu de choses comparés àtous les moments inoubliables quej’ai pu connaître.Aujourd’hui j’ai deux familles, quim’aiment autant l’une que l’autre, etje reste toujours en contact avecmon autre vie, celle qui court del’autre côté de l’Atlantique.J’espère que PIE continuera long-temps à changer la vie des gens enles aidant à réaliser leurs rêves.Noémie / Un an au Canada en 2003

FILIATIONIl y a 20 ans, je préparais mondépart pour une année à San Diego,Californie. Je prépare aujourd’huiun voyage de trois semaines aumême endroit, mais cette fois, avecmon mari et ma fille. Nous sommesattendus fébrilement par monancienne famille d’accueil et parDana, ma meilleure amie là-bas.Alice, ma fille, qui a treize ans, esttrès excitée. Elle n’en revient pasque sa mère ait pu vivre « commedans “ Newport Beach ” » – une sériequ’elle adore. Elle regarde avec moimon « yearbook » et tente de déchif-frer tous les mots qui y sont inscrits.Elle a hâte de partir. Mais voudra-t-elle devenir une « ex-change student » ? Et sa mère la lais-sera-t-elle partir ? (just for fun).Merci encore.Nathalie / Un an aux USA en 1985

AEROPUERTOSJe me souviens du jour où j’ai débar-qué à l’aéroport, des formulairesroses auxquels je ne comprenaisrien, de mon sac PIE sur le tapis rou-lant, de Tony et Karla, main dans lamain dans le hall d’arrivée. Et puis,tout est allé si vite : le parking, lagrosse voiture grise, l’autoroute, lesmots et les phrases incompréhen-sibles et la musique qu’ils dessinent,le réveil dans cette chambre où mafamille m’avait accroché les photosde mon collage, la lumière derrièrela fenêtre, les maisons de toutes lescouleurs, la balade en moto dans lamontagne avec Paco mon frère d’ac-cueil, les fiestas, les vueltas, le billard,la boliche, le shopping, la SierraNevada, mon petit frère – Jechu –sautant dans la voiture à la sortie del’école. Il était tout trognon, tout gen-til, et il parlait si vite. Et le départ dema sœur Karlita, pour la France,comme une petite brûlure.À la fin de mon séjour, le jour dudépart, on est à nouveau à l’aéro-port : Tony (« mi mamacita ») et moi,on pleure ; dans l’avion, je pleuretoujours ; il y a des turbulences, jepleure toujours. Je loupe ma corres-pondance, je pleure toujours. ÀRoissy, je ne vois pas mon père, j’aioublié le français, ma bouche ne saitplus prononcer certains sons, ellene sait plus conjuguer certainsverbes, ma voix ne semble plus êtrela mienne.Aujourd’hui, c’est la nostalgie.Karlita monte parfois me voir surParis, « mi hermanita querida ». Moi,je cherche à parler espagnol autantque je peux, avec toux ceux que jerencontre, les inconnus que je croi-

Impressions, suite...

(Les programmes Calvin-Thomas)

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Moscou, octobre 2005cinq lycéens

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23E ANNÉE — N°42 TROIS QUATORZE — 11

Correspondance. Courrier des participants et des parents

se dans le métro qu’ils soientColombiens, Catalans, Péruviens ouMexicains. Demain j’accueilleraitous ces étrangers à l’aéroport et jeleur montrerai Paris et la France, unpeu comme ils m’ont montréChiwas, Monterrey, Majalca, Creel. Bientôt je repartirai là-bas, on vien-dra me chercher à l’aéroport d’ElPaso et c’est à l’aéroport d’El Pasoqu’on me raccompagnera. Je ne sais plus si j’aime ou si je détes-te les aéroports.Virginie /3 mois au Mexique en 2004

JULIE CONNECTIONJ’ai eu plusieurs casquettes à PIE :candidate, participante, ancienne,correspondante locale, stagiaire,animatrice, accompagnatrice, sœurd’accueil, salariée… Trois Quatorzefait donc partie de mon quotidien.Et pourtant je n’ai jamais pris letemps d’écrire ou de témoigner.Si je devais m’adresser aux futursparticipants ou à leurs parents, jeserais l’ancienne et la salariée. Jeleur dirais de ne pas avoir peur. Àtous ceux qui me disent qu’ilsauraient pu partir mais qu’il ne l’ontpas fait, je réponds que la peur faitpartie du jeu, qu’ils ne doivent pasgâcher cette opportunité. Peur dequitter votre famille ? Quoi de plusnormal, dans la mesure où vous neconnaissez pas encore la famille quiva vous accueillir ! Peur de laisservotre enfant partir ? Mais pensez aucadeau incroyable que vous luioffrez.Si je m’adressais à la promo 2005,c’est la casquette d’accompagnatri-ce que je mettrais. Je penserais àvous, Brice et Dimitri, qui êtesactuellement au Japon. Je sais quevous allez très bien tous les deux,que vous progressez de jour en jour,

que vous avez de nouveaux amis.Bref, je sais que malgré les « Ouh-la-la, ça va être dur » des premiersjours, vous êtes fiers de vous. Et envous voyant monter dans l’avion, envous entendant rire comme desgamins au décollage (vous disiez :« Ça ressemble à Space Mountain »),en vous voyant déchiffrer vos pre-miers kanjis, en vous voyant batifo-ler dans un magasin de foot à 5étages, vous extasier devant lesdimensions d’une cannette deCoca, vous photographier avec lesmaillots de l’équipe nationale, j’ai suque, vous comme moi, avions, unjour, fait le bon choix.Enfin, si je m’adressais aux anciens,ce serait en tant que membre de PIEConnection. Je leur dirais que c’estpar nous, grâce à notre expérience,notre vécu, notre recul aussi, queces expériences voient le jour. C’està nous de passer le relais. J’aimeraisque les anciens ne se sentent pasexclus d’une association qui a étéfaite par eux et pour eux.En écrivant ces quelques lignes, jeréalise à quel point cette décision departir, prise il y a 6 ou 7 ans, a eu desrépercussions sur tous les aspects dema vie. C’est excitant de penser quece n’est pas prêt de s’arrêter.Julie / Un an aux USA en 1999

ASHLEY, MATT, SAM ET LES AUTRESJ’ai rencontré des gens adorables.Les Américains sont tellement cha-leureux, tellement ouverts. Ils m’ontacceptée et reçue comme une reine.J’ai vécu à Reno dans le Nevada, à 15minutes de la Californie, à 45 mi-nutes du lac Tahoe, à 30 minutes despistes de ski, à 1 heure du désert dela mort. Toute cette diversité m’aplu. En anglais, je me suis long-

temps demandé si j’avais fait desprogrès, et un jour j’ai repensé àmes débuts en cours (je ne compre-nais rien, vraiment), et là j’ai réaliséque j’avais fait de gros gros, d’énor-mes progrès. Notre lycée était beau,notre mascotte était noire et tur-quoise, je criais « Go Panther » avecjoie. J’ai découvert Los Angeles,Beverley Hills, Santa Barbara. J’aidormi à la belle étoile au milieu dela Sierra Nevada, et à L.A., sur un bal-con, à la lumière du célèbre pan-neau « HOLLYWOOD ». Parfois j’aiété déçue (quand je n’ai pas pujouer dans l’équipe de volley, ouquand j’ai constaté la jalousie de mamère d’accueil), mais souvent je mesuis emballée, comme lorsque j’aiété coach de basketball pour les «middle school » ou lorsque j’ai jouédans deux pièces de théâtre (matroupe de théâtre c’était ma secon-de famille américaine). J’ai grandiénormément. Aujourd’hui, je pensedifféremment. Merci à PIE, à mesparents en France, à ma famille amé-ricaine, à Summer, Kyle, Ali, Molly,T.J., T.Y., Kristina et Cristina, Ashley,Melissa, Julie, Matt, Sam, et lesautres, ainsi qu’à tous mes profs etparticulièrement à M. Mattews, monprof de théâtre. I love you all.Julie / Un an aux USA en 2004

LA CONFUSION DES SENTIMENTSIl y a deux mois, cher Trois Quator-ze, je te lisais, pour deviner, savoir,ressentir ce qui m’attendait. Aujour-d’hui, c’est moi que tu lis. Je vaisessayer de te décrire mes impres-sions et mes émotions, pour que tules transmettes à ceux qui suivront.Je vais un peu raconter ma vie, magalère, mon bonheur… en fait, je nesais plus trop bien. Tout est si nouveau pour moi, quej’ai l’impression de faire un bonddans le passé, dans mon enfance,lorsque je découvrais le monde quim’entourait, lorsque j’apprenais àparler. Je ne me souvenais pas quec’était si dur. Ma famille d’accueil estsuper. Ils sont marrants. Un peu lecontraire du cliché que les Françaisont des Américains. Nous n’avonspas mangé un hamburger depuismon arrivée, je mange plutôt beau-coup de légumes. Par ailleurs, ilssont très patients. Est-ce que je suisheureuse ? Je ne sais pas. Mais je saisque je ne suis pas malheureuse. Lesjours passent les uns après lesautres sans que je ne ressented’émotions particulières. Je sais seu-lement que ce que je suis en train devivre est fabuleux et que ma tête etmon cœur ne fonctionnent plus

exactement comme avant, que jesuis folle mais que la folie a du bon,et que je ne regrette rien. Élodie, Fresno, CaliforniaUn an aux USA

FIAPSICKJe commence a bien m’adapter aunombre des repas : 1 breakfast, unsnack à 9 heures, un autre à midi, undîner à 17 heures et un dîner à 19heures ! C’est assez troublant audébut. La première fois que Laura,ma mère d’accueil, est venue mechercher pour aller au restaurant à17 heures, je n’en revenais pas. Aurayon des surprises, je note aussi : lefait que dans mon école, on gardeles mêmes matières toute l’année etque ma déléguée n’a pas l’air d’avoirenvie de me rencontrer. Voilà,sachez que je n’ai pas encore été« homesick », mais plutôt « Fiapsick »,tant le stage qui a précédé le départétait super et qu’il m’a aidée à memettre dans l’ambiance (N.D.L.R. : lestage de préparation avait lieu dansl’enceinte du Fiap à Paris).Un petit mot pour ceux qui hésitentà s’inscrire : foncez, n’attendez pasd’avoir passé votre bac, il y a tant dechoses à voir que vous n’aurez plusl’occasion de voir. Vous découvrirezpar exemple que toutes les écolesne sont pas pourries. Anouck, Fresno, CaliforniaUn an aux USA

DO YOU SPEAK ENGLISH ?Ce sont toutes ces impressionsd’étudiants qui m’ont donné enviede partir, ce sont elles qui m’ont per-mis de me préparer psychologique-ment, ce sont elles, aujourd’hui quime remontent le moral. Le stage depréparation fut une vraie transitionpour moi, un moment indispen-sable qui m’a permis de laisser mavie française et d’aborder le plussereinement possible ma nouvellevie. Ensuite le voyage : stress, excita-tion, nuit à Chicago (l’hôtel étaitincroyable), Dallas, puis Jonesborg.Je découvre ma famille ; je n’arrivepas à sortir les trois phrases quej’avais préparées. Vivian, la mère, meparle, je me demande si c’est de l’an-glais ! Le père a un look de cow-boy.Impres-sionnant ! Pour mon arrivée,ils ont repeint ma chambre en rose.Je m’installe et je m’endors. Plus jeconnais ma famille, plus je me rendscompte que j’ai de la chance. Ils sonttrès gentils ; ils m’ont parfaitementintégrée.Au lycée, c’est plus dur. Je me sensseule parfois. Les gens me parlent,mais en général ça s’arrête là. C’estdur de faire le premier pas quand

vous ne savez pas si l’autre a enviede vous parler. Il faut dire aussi quemon niveau d’anglais est troppitoyable, ça me limite. Je suismême inquiète, je n’ai pas l’impres-sion de progresser. Comme « Clas-ses », j’ai pris « Art », « Oral communi-cation », « English », « US history »,« Parenting », « Spanish », et un trucqui a un rapport avec l’informa-tique. J’aime aller en cours : il y a lescasiers, les filles qui se maquillent,les gens qui mangent, les profs quitéléphonent, les haut-parleurs avecleurs annonces… Je suis en train de vivre quelquechose de grand, d’inoubliable,même si, parfois, c’est dur.Maeliss, Jonesborg, ArkansasUn an aux USA

LA PETITE FRANCAISE QUIMURMURAIT À L’OREILLEDES CHEVAUXJ’ai atterri dans le Montana. Si vousavez vu « L’homme qui murmurait àl’oreille des chevaux », vous avezune idée précise du paysage. C’estaussi beau. Ça en met plein la vue.Je me souviens du jour où je suisarrivée, lorsque j’ai regardé par lafenêtre du salon et que j’ai décou-vert la rue où j’habitais, sa largeur,les maisons autour, c’était commedans un film.J’ai reçu un très bon accueil. Ça n’apas empêché les coups de blues, lefait qu’au début je me sente perdue,sans repères, que je me pose un tasde questions à propos de tout.Ici, je suis la petite Française. Tout lemonde sait que j’ai débarqué dansle coin. À l’école, le principal et le «counselor » m’ont beaucoup aidée ;ils étaient à mon écoute. La « highschool » aussi ressemble à un film,avec ses lockers, « ses pom pomgirls, tous ces gars qui portent desvestes de sport, cet amour généralpour le sport, ce choix incroyablede matières : cuisine, poterie, mu-sique, art, mécanique... À part ça, j’aipu vérifier que le stéréotype desAméricains qui mangent tout letemps et beaucoup de choses trèsgrasses, est bel et bien fondé.Mélissa, Livingston, MontanaUn an aux USA

BONHEUR À PARTAGERMa famille est parfaite à mes yeux etmon lycée est super. S’il y a unechose frustrante, c’est de penserque personne ne peut imaginer mavie, le bonheur que c’est d’avoir toutchangé, de croiser du nouveau, defaire tant de rencontres. Camille, Albuquerque, New MexicoUn an aux USA ◆

ANCIENSPARTICIPANTSSi vous n’avez pas encore retournél’enquête PIE 2004, consultez :www.piefrance.com/enquete

DEVENIR ADHÉRENT PIEPour soutenir la vie et l’activité associatives,et notamment la publication de Trois Quatorze.Cotisation annuelle : 10 euros

❒ J’aimerais devenir adhérent à l’association PIE.Coupon à remplir et à retourner à :PIE : 39, rue Espariat - 13100 Aix

Nom & Prénom :

Adresse :

CP : Ville :✁

Paris, août 2005 - Les adieux

LES 2O ANS DE LA PROMO 85-86Au printemps prochain, PIE fêtera les 20 ans de la promo 1985-1986.Nous invitons tous les membres de cette promo à se faire connaître :■ par téléphone au 04 42 91 31 00 ■ ou par e-mail : [email protected] enverrons à tous un courrier dans le courant du mois de janvierafin de fixer les modalités de la fête.

S.M.O.R.S.Lea was the first student that our family of 7 had ever hosted. From the very first time we laid eyes on her, she was no longer Lea Ortelli, the frenchexchange student, she was Lea, child number 8.Lea astounded me with the way she connected witheveryone : not only her support system but evenpeople going the opposite direction. We enjoyedtalking with her, but others made a detour to do it ! It’s not because she sounds funny, it’s just becauseshe is Lea, a happy go lucky young lady who is wanting to experience everything and anythingAustralia has to offer.She even joined the softball team. It wasn’t long before the president of the club coined Lea’s nickname.Lea’s aka was now « Tinkerbell » because of the wayshe fluttered in the battersbox waiting for the pitch.

I realize now the many differences she faced having to adapt to her complete new lifestyle. She had to forget about the difficult french school system. Athome, she learned to make a military standard bed (as I am fussy), to cook aussie cookies (sometimes a little too much = burned), to know the differencebetween a weed and a flower ! We have watched her grow from this quiet uneasy student to someonewho has shared many laughs with us. It has been anexperience that I personnally will never forget.Unfortunately, the inevitable came, and it was time to Lea to go home to her Mum, Dad and brotherswhom, I’m sure, have missed her terribly. On my side, I have decided that there needs to be a name for what I am now going to suffer. It will be called “ S.M.O.R.S. ”, meaning “ Sad Mums of Returning Students ”.

Alana Campbell, Lea’s host mother

THREE FOURTEEN

DEVENIR CONSEILLER LINGUISTIQUEL’été dernier, votre enfant est parti grâce à Calvin-Thomas (“Summer” ou “Little Big Land”). Vous avez été satisfait de nos services et vous croyez à l’utilité de tels séjours. Alors, pourquoi ne pas devenir conseiller(e) linguistique ? Vous pourrez

faire découvrir ces programmes dans votre ville ou votre région. Pour en savoir plus, consultez : www.calvin-thomas.com/recrutement

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PORTRAITN°42 — 23E ANNÉE12 — TROIS QUATORZE

Roseline en famille

■ ■ ■ ■ ■ ■ ■

janvier 1954 mai 1954 juin 1979 août 1981 1997 1999 2001

Naissance de Roseline à Saint-Mars-la-Réorthe,

en Vendée

Naissance de Laurent àBeaulieu-sous-Bressuire,

dans les Deux Sèvres

Naissance de Claireà la Roche-sur-Yon,

en Vendée

Naissance de Pierre à la Roche-sur-Yon,

en Vendée

Départ de Claire au Canada

Départ de Pierreau Canada

Roseline, déléguée régionale

de PIE

De son fils Pierre, Roselineparle avec évidence et clarté.Elle semble bien le con-naître. Il faut dire qu’elle luiressemble : par la tailled’abord – ils sont grands

tous les deux – autant que par le talent : talentà dire simplement les choses, à aller vers lesautres avec chaleur et cordialité. Quand elleévoque le voyage d’une année au Canadaque Pierre a entrepris quand il avait 17 ans,elle le fait d’ailleurs avec la franchise et l’en-thousiasme de ce dernier : « Il a appris que sasœur voulait partir et il a aussitôt décidé qu’ilpartirait. C’était évident pour lui. Ça paraissaittrès simple dans sa tête. » Elle dit de son filsqu’en général il ne se pose pas trop de ques-tions, qu’il fonctionne plutôt à l’instinct. Etd’insister sur l’évidence avec laquelle elle l’a vumettre en place ce projet. « On ne peut mêmepas parler de mise en place, il n’a rien préparéde particulier. Sa sœur était partie, il partait…point final. » À partir de là – c’était donc uneévidence – tout allait bien se passer : « Il étaittrès sûr de lui. Il n’évoquait même pas ce quil’attendait, et encore moins les problèmes éven-tuels qu’il pourrait rencontrer. D’ailleurs, onaurait pu dire ce qu’on voulait, je crois qu’iln’écoutait rien. Il était dans son “ trip ”. » Ducôté de Roseline, on s’engage dans l’aventureavec la même assurance : « Je connaissaistout », avoue-t-elle sans détour mais sans forcé-ment réaliser qu’elle souligne là encore unesimilitude entre elle et son fils. « Avec Claire,cela c’était bien passé, j’avais déjà posé toutesles questions, je maîtrisais tous les rouages, etj’avais une grande confiance. » Une grandeconfiance, née de ce mélange d’assurance etd’inconscience qui animait Pierre. Tout était donc écrit : tout irait pour le mieuxdans le meilleur des mondes. Mais boum,

patatras… « Dès les premiers jours, il nous aappelés en pleurant, » nous dit sa mère.« C’était la cata. J’ai eu droit à tout. Il medisait : “ Maman, je veux rentrer. Je ne peuxpas. Je te rembourserai. C’est trop dur. ” Ettous les soirs à la même heure, il appelaitpour répéter : “ Qu’est-ce que je suis venufaire dans cette galère. Pourquoi je suis là ? ” »Et Roseline de se souvenir de cette périodeen répétant plusieurs fois : « L’horreur, c’étaitl’horreur. On ne savait plus quoi faire. Il vou-lait nous parler à tous les trois tous les soirs.On s’organisait pour savoir ce qu’on devaitlui dire. » Avec distance, Roseline analyseassez bien la situation : « Il avait tout simple-ment un gros coup de “ blues”. Je ne l’ai pas vuvenir – pas plus que les autres d’ailleurs – cardans la mesure où Pierre a horreur d’êtreseul, qu’il recherche toujours le contact, qu’ilest toujours entouré d’amis, je m’imaginaisqu’il s’intègrerait automatiquement. Je croisqu’en fait, il est parti avec une conceptiontotalement fausse du séjour et qu’il se disait :“ Je vais là-bas, je regarde, j’observe – ce serad’ailleurs très intéressant – et puis jerepars. ” » Elle parle d’un choix inconscient,celui de ne pas s’intégrer, de rester simplevisiteur, de vivre à côté des choses, en simpleobservateur. « Agir ainsi c’est possible quandon part un mois, mais pas un an ! Dans cecas-là on court à la catastrophe. » « Je ne m’étais peut-être pas rendue compteque Pierre avait besoin d’être entouré, d’êtrepresque “ pouponné ”. « Mais moi je ne suispas une mère poule, » dit-elle comme pours’excuser. Il faut dire, à sa décharge, qu’àl’époque Pierre est déjà sacrément grand etcostaud et que sa mère est loin de supposerqu’il puisse avoir cette fragilité. « En fait, ilétait beaucoup moins indépendant queClaire et pour lui la fracture n’en a été que

plus difficile. » Elle avance encore une expli-cation : « Les conditions à son arrivée n’ontpeut-être pas été idéales non plus, dans le sensoù elles ne correspondaient sans doute pas àson goût pour le rangement et l’organisation,et puis il y avait eu un accrochage avec lepère… mais enfin. » Roseline ne cherche pasplus d’excuses aujourd’hui qu’elle n’en cher-chait à l’époque. Jamais en fait, elle n’entredans le jeu de son fils : « Pour moi il n’ajamais été question qu’il rentre. Je ne l’aijamais imaginé. Parfois j’ai vraiment tapé dupoing sur la table. J’ai su lui dire qu’il exagé-rait. Mon mari était plus diplomate. Parfois,ajoute-t-elle, j’avais même honte de ce qu’ilreprochait à sa famille. J’avais vraiment l’im-pression qu’il lui manquait de respect. Je luidisais aussi : “ Si tu trouves que la maisonn’est pas assez rangée, range-là ! ” » Mais le problème perdure : une semaine, puisdeux... puis un mois… puis deux. Et puis sou-dain cela cesse. Du jour au lendemain, en fait.Pierre est comme ça. Tout un coup, une crisenaît… tout à coup elle est réglée ; la phase d’in-tégration est passée, on passe à autre chose :« Pierre dit tout. Contrairement à ma fille quia sûrement affronté en silence les difficultés,lui a dit tout ce qu’il avait à dire, à haute voix,sans pudeur et sans honte. »Elle s’amuse aujourd’hui de la suite du par-cours de Pierre, du fait qu’ils n’ont quasimentplus eu de ses nouvelles jusqu’à la fin duséjour, de l’évolution de sa personnalité, de latolérance qu’il manifeste aujourd’hui, de sonouverture d’esprit : « Je parle de Pierre, mais ilen est ainsi de la plupart de ceux qui s’enga-gent dans cette aventure, ils ne vivent pasdans leur petit monde étriqué. » Elle revient àson fils pour évoquer ses années d’études, safidélité au monde agricole dont elle et sonmari sont issus, de tous les séjours, stages etemplois qu’il a faits ou qu’il va faire à l’étran-ger (USA, Australie, Canada), de sa liberté demouvement, de sa capacité à ne pas se fixer –qu’elle admire – et qui en même temps l’in-quiète : « D’un côté, c’est beau, dit-elle, mais d’unautre, je me dis qu’il papillonne peut-être. » Ellenous interroge alors du regard. En l’écoutant,on se dit que sans être une mère-poule, unemère n’en reste pas moins une mère. Roseline en vient à définir le statut actuel dePierre, lui qui, pendant deux mois, la sup-pliait de rentrer et qui désormais ne souhaiteplus qu’une chose, repartir… sans cesse repar-tir. « Maintenant oui, on peut dire qu’il saits’en aller ! Il se dit “ intermittent de l’agricul-ture ” (en référence à sa sœur qui est “ inter-mittente du spectacle ”), on pourrait direaussi “ agriculteur nomade international. ” »Et à écouter Roseline parler ainsi du voyageurau long cours, on sent que c’est bien l’admi-ration – ou tout du moins la fascination – quil’emporte tout compte fait sur la crainte.

De Claire, sa soeur, et de son expérienced’une année à l’étranger, Pierre parle

avec respect. Sans elle, il a conscience qu’il neserait sans doute jamais parti. Sans idéaliserson aînée, il se souvient l’avoir regardée avecfierté : « Pendant un an,j’ai pu dire : ma sœur estpartie au Canada. » Il sesouvient aussi d’unséjour sans tension nianicroche : « On me ditqu’elle en a rencontré desproblèmes, qu’elle les a même évoqués maisque je n’ai rien voulu entendre. Peut-être. Jecrois que j’ai préféré en rester aux bons côtésdes choses. » Il soutient aussi que sa sœur esttrès discrète, qu’elle s’est peu manifestée pen-dant l’année. « Ces moments difficiles elle les agérés toute seule. Mais je me dis qu’elle a dûêtre costaud. » Claire est comme ça : solide.« Elle ne fait pas de vagues. Autant, moi et mamère, on peut s’emballer, autant Claire restecalme. » Elle ressemble à son père.

De son père Laurent, Claire dit justementqu’il est modérateur. Dans la structure

familiale, il incarne la sagesse. À chaqueétape, il veille à alerter les autres sur lesrisques potentiels. Mais qu’il s’agisse d’ac-cueillir, de partir, ou plus tard de s’impliquerdans la structure associative, Claire pense qu’« il a toujours adhéré, sans freiner, mais sansfoncer tête baissée. » Ma mère s’engage tou-jours plus frontalement, elle est plus rebelle,mon père garde toujours plus de distances, il

analyse. Elle dit qu’il est « discret, presqueeffacé, en retrait » ; elle sait bien que c’estRoseline qui sur cette affaire donne le tempo.« Lui, c’est plus un soutien, mais c’est un sou-tien franc. » Elle pense que les valeurs huma-nistes de l’association lui correspondentbien et évoque du même coup son travailsocial, son investissement militant : « Je croisqu’il retrouve ça à PIE et que c’est ça qui l’in-téresse, les rencontres, l’échange, la dimen-sion humaine. »

De Roseline, sa femme, Laurent dit qu’il aété épaté par la façon dont elle s’est

investie dans PIE, dans cette activité de cor-respondante, puis de déléguée. « Elle est par-tie au quart de tour, sans calcul et avec unréel enthousiasme. » Pourquoi cet étonne-ment ? « Parce que, dit-il, nous venons l’uncomme l’autre d’un milieu rural, d’un milieusocial relativement simple qui n’a aucunenotion, du moins aucune relation directe auvoyage. Alors cet enthousiasme m’a surpris,presque pris de court ! Moi j’ai écouté, analy-sé, et j’ai dit pourquoi pas. » En fait, Laurentparle autant de son accord pour les départssuccessifs de ses deux enfants, que de l’enga-gement de Roseline en tant que bénévole del’association, de cette étrange façon dont toutle monde (parents et enfants) a embrayé surPIE, et s’est trouvé plus ou moins impliquédans « l’affaire ». Il évoque un effet de quasiattraction, de quasi gravitation : « C’était quasipassionnel. » Et de citer aussitôt un petit sou-venir, presque rien, juste une phrase, en pas-sant, qui lui est revenue en mémoire récem-ment et qui pourrait tout expliquer : « Dansles premiers moments où on se fréquentaitavec Roseline, elle m’a dit : « Moi mon rêve,tu sais, ce serait de prendre l’avion ! » C’était ily a bientôt 30 ans. Et à l’époque pour moic’était énorme. Prendre l’avion, c’étaitpresque inconcevable. » Il se demande si lasource de tous les mouvements qui ont suiviet au centre desquels se trouve Roseline, netirent pas son origine de cette volonté,presque enfouie mais si profonde, de voya-ger. « Roseline, par rapport à moi, a toujoursvoulu bouger et c’est peut-être Claire, dit-il, quia capté, quasiment en un seul jour, ce messa-ge diffus, et qui soudain l’a transformé, elle-même en un projet énorme : partir uneannée. » Et pour pousser son raisonnementon en vient à penser que c’est peut-êtrePierre qui réalise, en ce moment, ce rêve d’in-carner à la fois ce que notre milieu culturelnous pousse à être (agriculteur, dans ce cas)et ce que notre nature profonde nous invite àdevenir (ici, un voyageur). Laurent revient sur l’engouement et l’engage-ment de Roseline pour PIE. Il évoque songoût pour l’aide, l’entraide, le travail avec lesjeunes, l’aspect éducatif. « Je sais qu’elle estcomme ça, qu’elle donne sans calcul, maisparfois, je sais que je dois être vigilant. » Il faitréférence à l’énergie qu’elle laisse dansl’écoute des parents, dans la disponibilitéqu’elle manifeste tant à l’égard des familles etdes participants que de l’association (avec

ses demandes et ses exigences). « Elle y laissevraiment beaucoup… Même financièrement.Je trouve qu’elle consent des sacrifices que jene la soupçonnais pas pouvoir faire. » Il évo-que maintenant la notion de famille : « Noussommes assez proches tous les 4, mais pourdes raisons précises, Roseline est peu investiedans sa famille au sens large. » Il en déduitqu’elle a peut-être trouvé en PIE une commu-nauté qui se rapproche d’une famille. « Entreune invitation à PIE et une invitation danssa famille, elle choisira PIE… Oui, à coup sûr. » Si, pour finir, il s’accorde à reconnaître quetous les Bénétreau sont investis d’une façonou d’une autre dans PIE, il tient bien à préci-ser que c’est Roseline qui est au centre decette relation, qu’elle en est le moteur. « Elle aencore beaucoup de choses à vivre autour deça. Cette histoire, pour elle, c’est une quête. »Et il laisse entendre, qu’après Claire et Pierre,c’est peut-être au tour de Roseline de trouverun moyen de partir. Histoire sans doute deboucler la boucle. ◆

Roseline Bénétreau, déléguée régionale PIE en Aquitaine, est très active au sein de l’association. Ellea entraîné Laurent, Claire et Pierre dans son sillage ! Portraits croisés pour un rêve unique.

« “Bouger” : c’est peut-être Claire qui a capté ce message diffus, et quisoudain l’a transformé en un projet

énorme : “partir une année”. »