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8/3/2019 Hans Hermann Hoppe L'Ecole Autrichienne Et Son Importance Dans Les Sciences Sociales
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L'cole autrichienneet son importance
pour la science conomiquemoderne*par Hans-Hermann Hoppe
'histoire externe** de l'Ecole autrichienne est rapide raconter. Celle-ci commence
avec Carl Menger(1840-1924) et ses Principes del'conomie politique. [Grundstzeder Volkswirtschaftslehre] parus en 1871. Cet ouvrage faisait deMenger en
* Titre original : "Die sterreichische Schule und ihre Bedeutung fr die moderne Wirtschaftswissenschaft".[Traduit parFranois GUILLAUMAT : les inserts entre crochets sont de votre serviteur F. G.]
[Hans-Hermann HOPPE est Professeur au Dpartement d'Economie de l'Universit du Nevada Las Vegas,Senior Fellow duLudwig von Mises Institute et Rdacteur en chef adjoint de laReview of Austrian Economics. Ilest n le 2 septembre 1949 Peine, en Allemagne de l'Ouest. Il a frquent l'Universitt des Saarlandes
Sarrebruck, la Gthe Universittde Francfort s/ Main et l'University of Michigan Ann Arbor pour des tudes de philosophie, sociologie, histoire et conomie. Il a reu en 1974 son doctorat en Philosophie et son Diplme post-doctoral (Sociologie et Economie) de laGthe Universitt Francfort. Il a enseign dans plusieursuniversits en Allemagne, de mme qu' Bologne, au Bologna Center for Advanced International Studies de la
Johns Hopkins University.
Outre de nombreux articles et brochures, il a publi Handeln und Erkennen (Berne, 1976), Kritik derkausalwissenschaftlichen Sozialforschung (Opladen, 1983), Eigentum, Anarchie und Staat (Opladen, 1987), ATheory of Socialism and Capitalism (Dordrecht, 1990) et The Economics and Ethics of Private Property (Auburn,1993)].
** L'auteur appelle ici "externe" ("uer") ce qui est accessible au profane et "interne" ("inner") ce qui seracompris du spcialiste. Plus loin, cette mme distinction verbale oppose les objets observables aux actes de lapense [F. G.].
1 Joseph A. SCHUMPETER, Ten GreatEconomists (New York : Oxford University Press, 1951).
2 L'expression d'"utilit marginale" revient Friedrich VON WIESER, avecEUGEN VON BHM-BAWERK le plusbrillant lve de MENGER.
La prhistoire de l'cole autrichienne est bien plus longue. Elle s'est droule pour l'essentiel en-dehors de laGrande-Bretagne, dans les pays catholiques de l'Europe continentale. La ligne des prcurseurs s'tend de Jean-BaptisteSAY aux derniers Scolastiques espagnols en passant par A.R.J. TURGOT et Robert CANTILLON. Cf. cesujet Murray N. ROTHBARD, Economic Thought Before Adam Smith. An Austrian Perspective on the Historyof Economic Thought (tome I) et Classical Economics. An Austrian Perspective on the History of EconomicThought(tome II). Aldershot: Edward Elgar, 1995.
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mme temps que William Stanley Jevons et LonWalras mais indpendamment d'euxlefonda-1914), disciple le plus important de Menger, et son Kapital und Kapitalzins[Capital et intrt] paru en 1884. Bhm-Bawerk complta l'oeuvre de Menger dans lesdomaines de la thorie de l'intrt et du capital, pour l'tendre jusqu' une thorie
systmatique de l'conomie capitaliste. Puis lui succda son plus brillant disciple, LUDWIGVON Mises (1881-1973). La position prpondrante de Mises au sein de l'cole autrichiennerepose sur quatre oeuvres matresses : la Theorie des Geldes und der Umlaufsmittelde 1912 [Thorie dela monnaie et du crdit*], DieGemeinwirtschaft , Untersuchungen berden Sozialismus de 1922 [Le Socialisme (1952)**], Human Action, A Treatise on Economics
publi en 1949 [L'Action Humaine (L') deLudwig vonMises(1985)] et Theory andHistory. An Interpretation ofSocial and Economic Evolution paru en1957****Disponible Auburn, Al.au ] de Menger, Mises tait parvenu lucider les fondements
philosophiques et pistmologiques de la thorie de la valeur "subjective" ainsi que
de l'conomie politique, et reformuler les noncs de la thorie conomique comme ceuxd'une "logique de l'action" a priori, axiomatique-dductive (lapraxologie) et, partant de l,
proposer une reprsentation systmatiquement complte du corpus des sciences sociales
thoriques qu'il tait possible de reconstruire sur la base de la praxologie. Et enfin,
le thtre des oprations s'tant dplac de Vienne, de l'Autriche et de l'Europe versNewYork et les tats-Unis la suite de l'migration de Mises en 1940tats-Unis, apparutle plus grand des disciples de Mises, MURRAY N. Rothbard (1926-1995, avec son Man,Economy, and State en 1962, The Ethics ofLiberty en 1982 [ L'Ethique de la libert(1991)], puis Economic Thought Before Adam Smith et Classical Economics en 1995.
Dans ces ouvrages, Rothbard nettoyait les incohrences restant dans le systme missien,en matire de thorie du monopole et de thorie de l'Etat (la production de la scurit). Il
associait l'conomie autrichienne (la praxologie) et la thorie du droit naturel (l'thique)
dans une thorie gnrale (libertarienne) de la libert humaine. Il projetait et esquissait aussi
*Dont la dernire dition, sous le titre Theory of Money and Credit , date de 1953. Disponible Indianapolis,Ind., chez Liberty Press, 1981.
** Paris, Librairie de Mdicis. En anglais Socialism (Indianapolis, Ind.: Liberty Fund, 1981).
*** Disponible Auburn, Al. au Ludwig von MISES Institute, 1985. On peut y rajouter la brillantissime UltimateFoundation of Economic Science (The), prsentation plus dense et plus profonde du thme qui sert de titre l'ouvrage prcdent, et qui est parue en 1962 (2 d. disponible Kansas City, Ks, chez Sheed Andrews &McMeel, 1978) [F. G.].
**** Traduit en anglais sous le titre :Investigations Into the Method of the Social Sciences with Special Reference toEconomics (New York: New York University Press, 1985). La parution de ce livre a t l'occasion d'une polmique entre Carl MENGER et Gustav von SCHMOLLER (cf. plus bas), que l'on a appele "Querelle desmthodes" (Methodenstreit) : cf. ce sujet Samuel BOSTAPH, "The Methodological Debate BetweenCarl Mengerand the German Historicists" ( Atlantic Economic Journalconsacr "Carl Menger and Austrian Economics",Vol. 6 Nr. 3, septembre 1978).
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le programme d'une historiographie "rvisionniste", claire par l'conomie et la philosophie
politiques.
Comme dans d'autres traditions intellectuelles, on trouve aussi ds le dpart au sein
de l'cole autrichienne nombre de courants parallles qui s'interpntrent. Il y a d'abordFriedrich von Wieser puis ses lves Hans Mayer et Friedrich von Hayek. Puis JosephSchumpeter, lve de Bhm-Bawerk. Pendant la priode d'activit de Mises, on trouve seslves Fritz Machlup, Gottfried von Haberler et Oskar Morgenstern. Enfin, l'poquede Rothbard, l'cole autrichienne s'tant dans l'intervalle transplante aux tats-Unis pour s'ydvelopper sous le nom d'"Austrian Economics", on trouve ct de Hayek son lveLudwig Lachmann et celui de Mises*, Israel Kirzner. Cette diversit de l'offre sousla marque des Austrian Economics, et en particulier le fait qu'aprs l'attributiondu prixNobel d'conomie Hayek pour1974, lenom dece dernier l'emporta enpopularit
sur celui desautres autrichiens y compris Mises, tel point qu'il tait de
II
Pour juger correctement l'cole autrichienne quelle que soit la manire dont on apprcie
la contribution particulire des reprsentants de cette cole il est indispensable
de comprendre les raisons historiques et intellectuelles* qui fondent la diffrence entre
une ligne fondamentale la ligne MengerBhm-BawerkMisesRothbard et lesdiverses branches annexes Wieser, Schumpeter, Hayek, Kirzner et Lachmann.
La raison ostensible tient ce que cette diffrenciation-l correspond aux interprtations
mmes des personnes en cause. Bhm-Bawerk se considrait comme le successeurde Menger et Mises comme celui de Bhm-Bawerk et de Menger. Quant Rothbard, il
* Quoique ROTHBARD soit le plus grand disciple de MISES, ce n'est pas avec lui qu'il avait fait son doctorat. Les"docteurs" de MISES New York University sont : Israel KIRZNER, Hans SENNHOLZ, George REISMAN.
3 Comme plus rcent exemple d'un cas dsespr d'incomprhension de la part d'un auteur "maison", cf. KarenVAUGHN, Austrian Economics in America, The Migration of a Tradition (New York: Cambridge UniversityPress, 1994). Pour VAUGHN, l'histoire de l'cole autrichienne met essentiellement en scne MENGER, HAYEK,KIRZNER et finalement LACHMANN.
Pour une critique dtaille de VAUGHN cf. DavidGORDON, "Lost in the Move?" The Mises Review, Fall 1995;pour une critique de LudwigLACHMANN comme tant finalement un historiciste compltement non-autrichien,cf. Hans-HermannHOPPE, "On Certainty and Uncertainty Or: How Rational Can Our Expectations be?",
Review of Austrian Economics, Vol. 10, No.1 (Fall 1996).
* "die ueren und inneren Grnde" (litt. : "les raisons externes et internes") [F. G.].
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se voyait comme le continuateur de Mises et comme son lve. Plus encore,cette estimation personnelle de chacun des successeurs correspondait exactement
avec l'apprciation correspondante faite par les prdcesseurs directs. Malgr
une distanciation critique marque, Menger reconnaissait Bhm-Bawerk comme le plus
important de ses disciples. La mme chose est valable pour Bhm-Bawerk vis--visde Mises, et de mme pour Mises en relation avec Rothbard. En revanche, malgr leursrapports de matre lve, et une apprciation rciproque non dissimule, Bhm-Bawerkneconsidrait nullement Schumpeter comme son successeur, pas plus que Schumpeter ne sevoyait comme tel. Et de mme, Mises ne reconnaissait pas Hayek comme son hritierintellectuel, Hayek ne se voyant pas non plus dans ce rle-l. Ils se considraient plutt
(rciproquement) comme des "dviants". En outre il existe plus essentiellement une raison
interne une raison logique pour cette diffrenciation entre une ligne centrale et diverses
branches annexes. Le courant qui va deMenger Rothbard en passant parBhm-Bawerk
et Mises se reconnat un mode de raisonnement unitaire qui le distinguefondamentalement de tous les autres courants de la tradition. De Menger Rothbard, on se
considre expressment comme rationaliste, et on refuse catgoriquement de manipuler
aucune de ces cartes jouer du relativisme que sont l'historicisme, le positivisme,
le "falsificationnisme" ou le scepticisme dans les sciences sociales4. On n'y est pas seulement
persuad qu'il existe des lois conomiques mais en outre, tout particulirement, qu'il s'agit l
de lois "exactes" (Menger) ou "a priori" (Mises)* : l'inverse des propositions gnrales
4 Cf. JosephSALERNO, "Ludwig von MISES as Social Rationalist", Review of Austrian Economics, Vol. 4, 1990 ;JeffreyHERBENER, "Introduction", in : J. HERBENER, ed., The Meaning of Ludwig von Mises (Boston: Kluwer,1993) ; Hans-HermannHOPPE, "Einfhrung: Ludwig von Mises und der Liberalismus", in: Ludwig vonMISES,
Liberalismus (St. Augustin: Academia Verlag, 1993) ; idem, "F. A. HAYEKon Government and Social Evolution:A Critique", Review of Austrian Economics, Vol. 7, no.1, 1994 [traduit en franais sous le titre : "HAYEKdmocrate-social"] ; Murray N.ROTHBARD, "The Present State of Austrian Economics", Journal des Economisteset des Etudes Humaines, Vol. 6, no. 1, mars 1995.
* Cela signifie que les lois en question sont aussi vraies, universelles et certaines que 2 + 2 = 4. C'est dire :
que les lois, en conomie politique, sont des descriptions non pasapproximatives, mais exactes de laralit.
Que lorsqu'une reprsentation thorique prsente despostulats de dpart qui font abstraction de certains
faits, ce ne sont pas l des "conditions" qui rendraient la thorie plus ou moins "applicable" et de ce faitcontingente, mais la simple dlimitation de celles des innombrables relations ncessaires de la ralit queson auteur a choisi de dcrire cette occasion.
Que la causalit qu'elles dcrivent n'est pas hypothtique mais certaine, ce qui peut se prter l'estimationempirique n'tant pas son existence ni sa manire d'oprer, mais son influence relative : dans les conditions,et pour les raisons que HOPPE prcise plus loin sur le type d'aspects de la ralit qui se prte l'nonc de
propositions gnrales, et sur ceux qui sont ncessairement contingents.
Cf. ce sujet : Ludwig von MISES, The Ultimate Foundation of Economic Science, op. cit., et Murray N.ROTHBARDet. al., Economistes et charlatans, Paris, les Belles Lettres, 1991, partic. les ch. 1, 2 et 3 ainsi quel'annexe par votre serviteur [F. G.].
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des sciences de la nature, qui doivent encore et toujours tre vrifies par les donnes
de l'exprience et qui, partir de l, ne peuvent jamais invoquer d'autre validit
(justification) que "purement hypothtique", en matire de lois conomiques c'est
des relations ncessaires, donc dapourvues de tout caractre hypothtique, et une validit
"apodictique" des noncs que l'on a affaire. Tous les thormes fondamentaux de l'conomie peuvent tre logiquement dduits de quelques faits d'exprience simples et incontestables
(Menger) voire d'un unique axiome, qu'il est impossible de nier sans contradiction ; et
toutes les autres propositions peuvent leur tour tre logiquement dduites, en partant
de ces fondements-l, ainsi que d'un certain nombre de suppositions empiriques
(et empiriquement vrifiables). En consquence, et de Menger Rothbard on en est
persuad, il n'est absolument pas ncessaire de "tester" la validit des noncs de la science
conomique au moyen des donnes de l'exprience ; et d'ailleurs, ce n'est mme pas possible
logiquement. Tout au plus l'exprience peut-elle illustrer la validit des thormes
conomiques, mais elle ne peut jamais en contredire ("rfuter") aucun, car en dernireanalyse la validit d'un thorme repose exclusivement sur la force probante (et sur l'emploi
correct) des rgles de la dduction logique. En outre, en tant que rationaliste, il faut admettre
qu'on est l au point de dpart d'un vritable systme d'individualisme pistmologique et
mthodologique. Comme il n'y a que les individus qui agissent, il est ncessaire que tous
les phnomnes "sociaux" puissent tre expliqus (reconstruits) comme le rsultat d'actions
humaines intentionnelles. Ds lors, toute explication "holiste" ou "organiciste"
des phnomnes sociaux doit tre catgoriquement rejete, comme une pseudo-explication
non scientifique. De mme doit-on rejeter comme non scientifique et l-dessus aussi tout
le monde est d'accord de Menger Rothbard, toute explication mcaniste des phnomnessociaux. L'action humaine est une action dans l'incertain. La reprsentation d'une mcanique
de l'quilibre ne peut servir que dans la mesure o elle contribue faire comprendre ce que
l'action, justement, n'est pas, et quel point elle se distingue catgoriquement des oprations
d'un automate.
III
Le rationalisme de la tradition qui s'tend de Menger Rothbard en passant parBhm-Bawerk et Mises a eu deux effets. Le premier est justement la rigueur logique etmthodologique de ce rationalisme, grce laquelle la tradition intellectuelle de l'cole
autrichienne ne s'est jamais rompue, malgr toutes les disqualifications idologiques [qu'elle
a subies] au cours des cent dernires annes. Alors que, pendant tout ce temps,
les reprsentants des diverses branches secondaires exeraient une plus grande influence
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que leurs cousins rationalistes, aucun d'entre eux n'est parvenu fonder une cole de pense
durable. Tous les carts par rapport au programme [de recherche] rationaliste sont davantage
apparus comme des phnomnes de mode purement passagers5. Au sein de l'cole
autrichienne, seule la tradition rationaliste est jusqu' prsent parvenue attirer
constamment de nouvelles gnrations d'conomistes.
Mais le second effet a aussi t que ce rationalisme sans compromis a t responsable du
fait que l'influence de l'cole autrichienne sur le cours des vnements historiques
en gnral et le dveloppement des sciences conomiques et sociales en particulier a
longtemps connu un dclin persistant, pour ne connatre un puissant renouveau que depuis
le milieu des annes 70.
En ce qui concerne le cours des vnements extrieurs, ce fut le sort de l'cole
autrichienne, qu'au cours du vingtime sicle, les indications depolitique pratique dduitesdeses recherches thoriques allaient compltement l'encontre d et 80 ont amenunchangement. Aprs presque cent ans decroissance quasi ininterrompue del'Etat etdempris croissant pour , un an aprs la mort de Mises, Hayek le premier non-
keynsien reut le d'conomie pour sa contribution au dveloppement de la thorie
conjoncturelle dite de Mises-Hayek, et de la conjonction de ces deux vnement naquitun premier regain d'intrt pour les Austrian Economics.
En outre, partir du dbut des annes 70, il devenait aussi de plus en plus clair que
le niveau de vie gnral n'augmentait plus comme auparavant, mais avait mme commenc baisser. Et ce, non seulement en Europe occidentale, mais aussi aux tats-Unis, dans
5 HAYEK lui-mme parvient aussi cette conclusion dans sonEinleitung[introduction] auxErinnerungen [Notesand Recollections] de Ludwig vonMISES (Stuttgart: G. Fischer, 1978).
"aujourd'hui, c'est certainement avec juste raison que dans le monde on considre MISES et ses disciplescomme les reprsentants de l'cole autrichienne, alors mme qu'il ne reprsente qu'une des branches entrelesquelles l'enseignement de MENGER s'est divis [] entre ses disciples. L'"cole autrichienne",aujourd'hui presque exclusivement active aux Etats-Unis, est au fond une cole de M ISES, qui remonteaux premiers apports de BHM-BAWERK." pp. XIV-XV.
6 Aux Etats-Unis, le mot "liberal" dsigne la mme chose que ce qui passe pour "dmocrate-social" en Europe.Des libraux comme MISES et ROTHBARD ont donc choisi l'expression "libertarien" (libertarian) pourdnommer leur position.
7 Cf. aussi RalphRAICO, "The Austrian School and Classical Liberalism", Advances in Austrian Economics,Vol. 2A, 1995.
8 Cf. aussi MurrayN. ROTHBARD, For A New Liberty (New York: McMillan, 1978), ch. 9.
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le pays vainqueur des deux guerres mondiales9. C'est seulement cela qui a conduit
redcouvrir la thorie missienne de l'interventionnisme. L'lment central de cette thorie
tait la thse de l'impossibilit d'une "troisime voie" (entre le capitalisme et le socialisme).
D'aprs Mises, tous les systmes interventionnistes qui conservent nominalement la proprit
prive et l'entreprise mais o il revient l'Etat d'intervenir pour "corriger" les rsultats dumarch, doivent mener soit progressivement au socialisme rel, soit Un retour au
capitalisme. Car toute intervention sur le march est contre-productive et cre davantage du
problme qu'elle tait cense corriger. Une contribution tatique redistributive au profit
de certains revenus ceux des pauvres ou des chmeurs par exemple conduit
inluctablement une pauvret et Un chmage accrus. De sorte qu'en second lieu il faudra
soit diminuer les paiements, soit les interrompre tout fait. A moins qu'on n'accroisse les
sommes verses, et ainsi de suite, jusqu' ce qu' la fin on en vienne une abolition
complte de la proprit prive. Il est en revanche impossible de s'en tenir au niveau
d'intervention choisi au dpart10. Et finalement, lafin desannes 80, s'est produitl'effondrement spectaculaire du socialisme rel enUnion sovitique et d
9 Cf. RobertBATEMARCO, "GNP, PPR, and the Standard of Living", Review of Austrian Economics, Vol. 1,1987.
10 A propos de la Rpublique Fdrale d'Allemagne, MISES avait affirm :
"Les adeptes de la dernire variante de l'interventionnisme, celle de l'"conomie sociale de march"
l'allemande, soulignent qu'une conomie de march est le meilleur ordre conomique pensable, et se prtendent fondamentalement hostiles toute omnipotence gouvernementale, qui selon eux caractrisechacune des formes du socialisme. Mais tous ces avocats d'une "politique de la voie mdiane" soulignent demme qu'ils sont naturellement hostiles au "Manchestrisme" et au "laissez-faire libral". Il est ncessaire,disent-ils, que l'Etat intervienne sur les rsultats du march, toujours et partout o le "libre jeu des forcesconomiques" est cens produire des rsultats "socialement indsirables". Dans la mesure o ils avancentcette affirmation, ils sous-entendent que ce serait au gouvernement de juger, dans tous les cas particuliers, siun fait conomique particulier est ou non "socialement dsirable", et en consquence si les hommes de l'Etatdoivent ou non intervenir sur les rsultats du march. Tous ces aptres de l'interventionnisme nereconnaissent pas qu'ainsi nonc, leur programme implique d'admettre que l'Etat ait tous les pouvoirsdans toutes les situations conomiques, et que la situation laquelle il conduit finalement ne se distingue enrien de ce qu'on a appel le "socialisme la HINDENBURG". Lorsque le gouvernement a le pouvoir lgal dedcider si certaines conditions conomiques justifient ou non une intervention, alors plus aucun domained'action n'est laiss aux oprations du march. Alors, ce ne sont plus les consommateurs qui dcident
finalement ce qui sera produit, par qui, o et comment en quelle quantit et avec quelle qualit : ce sontles hommes de l'Etat. Car aussitt que les effets du march libre s'cartent de ce que les autorits tatiquesconsidrent comme dsirable, alors les hommes de l'Etat interviennent. Ce qui veut dire que le march estlibre, aussi longtemps qu'il fait ce que les hommes de l'Etat attendent de lui. Il est libre de faire ce que lesautorits de l'Etat jugent bon qu'il fasse, mais pas ce qu'elles trouveraient "mauvais" ; et dcider de ce quiest bon et de ce qui est mauvais revient aux hommes de l'Etat. De sorte que la thorie et la pratique del'interventionnisme conduisent finalement l'abandon de ce qui devait au dpart les distinguer du socialisme 100 % pour rintroduire, en leur lieu et place, les principes de la planification conomique totalitaire."
Human Action (Chicago : Henry Regnery, 3 d. 1966), pp. 723-724 [citation traduite de l'allemandhoppien ; les amateurs pourront comparer avec l'anglais d'origine ou avec la traduction de RaoulAUDOUINdans L'Action humaine, Paris, PUF, 1985. Il existe aussi une premire version en allemand de L'Action
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Un changement comparable a marqu l'influence de l'cole autrichienne en ce quiconcerne particulirement le dveloppement des sciences conomiques et sociales. Dans les
pays de langue germanique, et particulirement dans leReich allemand, l'influencede l'cole autrichienne avait t ds le dpart extrmement rduite. En Allemagne, de la
fin du XIX sicle jusqu'aux annes 1920, les sciences conomiques et sociales taientdomines par les reprsentants de ce qu'on a appel l'"". Gustav von Schmoller passait pour
tre le matre d'une "science conomique de l'Etat." [Wirtschaftliche Staastwissenschaften]
Son cole, celle des "" [Kathedersozialisten], rgnait sur les universits allemandes11.Schmoller et ses adeptes, comme ses successeurs dont par exemple Werner Sombart,tenaient pour tabli qu'il n'existait pas de lois universellement valides en conomie.
En conomie la thorie, quand elle tait le moins du monde possible, tait cense ne
pouvoir tre dduite que de l'exprience historique. L'histoire conomique tait la grande
mode, et le "savant" tait celui qui publiait des compilations raboutes partir de liasses
de documents*. L'conomie politique classique abstraite et thorique, et tout particulirementle rationalisme absolu de l'cole autrichienne, taient tenus dans le plus grand mpris. En-dehors de l'Allemagne, cependant, l'influence de l'cole autrichienne croissait presquesans interruption. La thorie "subjectiviste" de la valeur fonde parMenger devenaitle fondement de toute la thorie conomique moderne. La thorie de l'intrt de Bhm-Bawerk fut reconnue entre autres par des conomistes aussi importants que KnutWicksellouFrank A. Fetter et Irving Fisher, les plus influents thoriciens amricains de l'conomiede la premire moiti du XXsicle et fondateurs de ce qu'on appelle l'cole montariste.
humaine, Nationalkonomie (1940), dont Human Action (1 d. 1949) tait la version en anglais revue etcorrige, et dont une dition plus rcente est disponible chez Philosophia Verlag (F. G.)].
11 L'influence prpondrante de l'cole historique sur les sciences conomiques et sociales en Allemagne taitdue aux relations d'amiti troite de SCHMOLLER avec FriedrichALTHOFF, Directeur charg des questionsuniversitaires au Ministre des Cultes de l'Etat prussien entre 1882 et 1908.
* MISES, dont la thse (1912) portait, elle, sur la Thorie de la monnaie et du crdit, donnait (avec quel mpris)un exemple d'une "contribution la science" conomique produite par ce genre de "formation" avec le "doctoratd'conomie" de Walter RATHENAU, obtenu sur "Le Commerce de la bire en bouteille Berlin en 1905".
Abracadabras mathmatiques en plus, la "science conomique" contemporaine la franaise (par exemple,COTTA) ne serait pas une indigne hritire de cet "idal" schmollrien-l.
Ayant (cf. BOSTAPH, "The Methodological Debate", loc. cit.) expressment adopt la mthodologie empiriste de
John Stuart MILL mais bien sr sans une once de sa culture conomique, SCHMOLLER et son "cole historique"donnent un exemple pur de ce que donne le pseudo-exprimentalisme chez des chercheurs en sciences socialesentirement dpourvus du bagage thorique rationaliste et de ce vers quoi tendrait l'ensemble de la scienceconomique si elle tait livre aux seules influences du positivisme la POPPER-FRIEDMAN.
Pour une dmonstration du fait que POPPER, quoiqu'il ait crit Misre de l'historicisme, est en fait un historiciste(et n'a pas de philosophie politique), cf. Anthony de JASAY, "The Twistable is not Testable: Reflexions (sic) onthe Political Thought of Karl POPPER" (Journal des Economistes, Volume 2, numro 4, dcembre 1991, pp. 499-512) ; traduit en franais par votre serviteur sous le titre : "Le Rversible n'est pas testable : rflexions sur la pense politique de Karl POPPER". Contribution d'autant plus intressante que JASAY est empiriste deformation, mme s'il ne peut, pour sa part, s'empcher de raisonner droit [F. G.].
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Les recherches de Mises sur les fondements pistmo-mthodologiques de la thorieconomique influenaient entre autres Lionel (qui devait devenir Lord) Robbins et furentconnus dans le monde de langue anglaise grce sa Nature et significationdel'conomique** publi en 1932 et qui fut extrmement influente jusque dans les annes
1950. Quant la thorie conjoncturelle de Mises, partir de laquelle lui-mme et Hayek. la diffrence d'une majorit crasante de leurs collgues) avaient prdit la crise mondiale
de la fin des annes 13.
Cependant, partir du milieu des annes .
** Paris, Librairie de Mdicis, 1947. Traduit de The Nature and Significance of Economic Science (New York :New York University Press, 1982).
12 L'ide fondamentale de la thorie de MISES, construite sur les suggestions de la "Currency School" britanniqueet de KnutWICKSELL, est la suivante : les responsables des fluctuations conjoncturelles sont les hommes de l'Etatet notamment les banquiers centraux. Lorsque la banque centrale "cre" de la nouvelle monnaie, c'est--dire enfabrique partir de rien, et la dverse dans l'conomie par l'intermdiaire du march des crdits, il se produit unabaissement du taux d'intrt en-dessous du niveau de march dtermin par de vritables efforts d'pargne.Un taux d'intrt plus bas conduit une activit d'investissement accrue et une production plus tendue de biens de capital. Cela, c'est la phase d'expansion. Cependant, comme rien n'a chang dans les prfrencesrelles des agents conomiques quant la consommation et l'pargne, il doit se produire aprs un dlaincessaire une "correction" associe, dans laquelle le volume des investissements se rvle "trop grand", ce quiamne une liquidation systmatique des investissements mal fonds. C'est la rcession immanente qui suitchaque expansion. Si l'on veut viter les variations de la conjonctures (ainsi que l'inflation), dit M ISES, il fautque les hommes de l'Etat se retirent de la production de monnaie. Il faut abolir la banque centrale et lemonopole tatique des billets de banque, et la place doit apparatre un systme concurrentiel avec des
banques libres s'appuyant sur l'talon-or. dans des travaux plus tardifs, MISES franchit [pour des raisonsd'opportunit politique et non de thorie montaire, F. G.] une tape supplmentaire dans ses conditions : pourempcher totalement les fluctuations il tait indispensable d'interdire toute production de billets de banque noncouverte par l'or [parce qu'il n'avait pas compris que dans un systme de banque libre c'est--dire sans banquecentrale ni intervention de l'Etat, ces nouveaux billets ne peuvent tre mis qu'en rponse un accroissement dela demande de monnaie manuelle et, de ce fait, correspondent un effort d'pargne rel. De sorte que lacration de monnaie nouvelle n'est pas seulement compatible avec l'ajustement montaire ; en fait, elle lui estncessaire : cf. George SELGIN : The Theory of Free BankingLa Thorie de la banque libre F. G.]. Dans lamesure o les banques d'affaires agissent comme banques de dpt et garantissent leurs dposants un droit deretrait tout moment ( la diffrence [compltement faux ! F. G.] de leur fonction de banques d'pargne et de prts, o les dposants se voient imposer des dlais de retrait), on doit [qui, "on" ? F. G.] leur imposer uneobligation de rserve 100%.
Comme tude standard d'un point de vue autrichien de la dpression conomique de la fin des annes vingt,cf. MurrayN. ROTHBARD, America's Great Depression (Kansas City: Sheed & Ward, 1975).
13 Les cours de HAYEK la London School of Economics parurent l'anne mme sous le titre Prices andProduction [Traduit en franais en 1975 commePrix et production, aujourd'hui disponible chez Agora, 1986].
Sur le succs spectaculaire de HAYEK en Angleterre cf. JosephA. SCHUMPETER, History of Economic Analysis(New York: Oxford University Press, 1954), pp. 1120 et suiv. [Histoire de l'analyse conomique].
14 Le succs de la Thorie gnrale de KEYNES, remarquait SCHUMPETER(ibid.,p. 1121), n'tait absolument pascomparable celui de HAYEK "parce que... on ne saurait douter que sa carrire triomphale, elle la devait au faitque sa dmonstration exprimait certaines des prfrences politiques les plus puissantes d'un grand nombred'conomistes modernes. HAYEK, politiquement, nageait contre-courant."
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Cependant, un autre vnement fut dterminant pour le long dclin de l'cole
autrichienne commenc dans les annes trente: l'mergence dela philosophie du positivisme. Lesconomistes autrichiens avaient eu d'emble uneconnaissance de eurentmigr dans les pays anglo-saxons, et qu'une partie d'entre eux y eut, en tant qu'intellectuels
europens, obtenu des postes universitaires minents. A la suite de la Seconde guerremondiale de l'apparition des tats-Unis comme superpuissance militaire avec ses allis, etle dmnagement du foyer de la recherche scientifique de l'Europe vers les USA, acclr
par l'migration des savants europens au cours des annes30tats-Unis ils finirent parrexporter vers l'Europe l'influence qu'ils avaient acquise l-bas, et la vision positiviste dumonde devint au cours des dcennies la philosophie dominante du monde occidental.
A la diffrence des historicistes, les positivistes et les falsificationnistes ne niaient pas
entirement la possibilit des lois conomiques. Mais ils affirmaient qu'on ne peut jamais
formuler que deux types de lois gnrales : il peut s'agit de dfinitions terminologiquesarbitraires des propositions analytiques et de leur avatars tautologiquement dduits : ces
noncs seraient vrais titre non hypothtique (a priori) mais, soi-disant, ils n'auraient
aucune sorte de contenu factuel. Ou alors, ce seraient des propositions empiriques, lies
la ralit, mais alors prtendument elles n'auraient jamais qu'une validit hypothtique
et devraient tre vrifies et retestes sans cesse au vu de l'exprience. En revanche, ce que
la tradition rationaliste centrale de l'cole autrichienne avait dtermin comme
le characteristicum specificum de la science conomique et que, depuis des sicles, la plupart
des conomistes avaient aussi (au moins implicitement) reconnu comme la marque
distinctive essentielle des noncs de l'conomie politique : savoir qu'il s'agit d'uneconnaissance non hypothtique de la ralit ou, pour parler comme Kant, de jugements vrais
synthtiques a priori; cela, c'est ce que positivistes et falsificationnistes dcrtaient
absolument impossible Cf. l-dessus aussi Murray N. Rothbard, "Praxeology: TheMethodology of Austrian Economics", in: EdwinDolan, ed., The F
Pour une critique dtaille de l'oeuvre et de la personne de KEYNES du point de vue autrichien cf. Hans-HermannHOPPE, "The Misesian Case Against KEYNES" [ch. 5 de The Economics and Ethics of Private Property] et
MurrayN. ROTHBARD, "KEYNES, the Man", in: MarkSKOUSEN (ed.), Dissent on KEYNES(New York : Prger,1992).
15 D'autres membres du Cercle de Vienne taient OttoNEURATH, Rudolph CARNAP, Carl G. HEMPEL,Herbert FEIGL, VictorKRAFT, FritzWAISMANN et GustavBERGMANN. LudwigWITTGENSTEIN et KarlPOPPERappartenaient son champ d'influence largi.
16 Cf. l-dessus aussi Murray N. ROTHBARD, "Praxeology: The Methodology of Austrian Economics", in:Edwin DOLAN, ed., The Foundations of Modern Austrian Economics (Kansas City: Sheed and Ward, 1976);Hans-Hermann HOPPE, Economic Science and the Austrian Method (Auburn, Al.: Ludwig von Mises Institute,1994).
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[Alors], sous l'influence du positivisme et du popprisme, les sciences conomiquesdevinrent soit unesorte dejeu mathmatique soit uneversion "conomique" dela"recherch
De l'autre ct en tant que discipline "empirique" la science conomique dgnraittoujours davantage en une "recherche quantitative" ou encore en "conomtrie". Puisque,
soi-disant, il ne pouvait y avoir de connaissance de la ralit qui ne soit hypothtique et que
toute connaissance empirique ne pouvait prtendument tre qu'hypothtique, alors on
pouvait on devait procder dans le domaine des sciences conomiques et sociales
exactement comme dans celui des sciences naturelles exprimentales : par la mthode
de l'essai et de la dcouverte des erreurs. On formule donc des hypothses (des modles) au
choix sur les rapports entre certaines grandeurs (variables) empiriques, puis on "observe" ou
on "n'observe pas" les donnes qui devraient y correspondre, pour finalement "tester" les
hypothses l'aune de ces donnes-l. Que les prdictions dductibles des hypothses"correspondent" avec les donnes effectives, et voil l'hypothse confirme jusqu' nouvel
ordre ; qu'elles n'y correspondent pas, et voil que l'hypothse est rfute et doit tre soumise
rvision. Les consquences de cette forme (exprimentaliste) de la science conomique, on
peut de mme les constater d'un simple coup d'oeil dans les priodiques les plus en vue du
monde universitaire. Entre deux exercices de jonglerie mathmatique, on n'y trouve gure
autre chose que de la "construction de modles" et des "tests". Mais les rsultats sont
suffisants pour dgriser n'importe qui. La capacit prvoir des modles conomtriques
comme l'opinion gnrale elle-mme le reconnat d'ailleurs de plus en plus est un sujet
de rigolade proverbial. Tout profane un peu dgrossi, sans y avoir recours le moins dumonde, peut produire des pronostics aussi bons (ou aussi mauvais) voire bien meilleurs.
La recherche quantitative en conomie n'a jusqu' prsent jamais produit une seule nouvelle
ide fondamentale cependant qu'au cours d'une multitude innombrable d'"tudes
scientifiques" entreprises cette fin, [cette mme recherche quantitative] contribuait ce que
mme les fondements les plus apparemment inbranlables de l'conomie politique soient
remis en question par des entreprises "exprimentales". Cependant que, dans le domaine
des sciences conomiques et sociales, il ne se trouvait gure de proposition, si incroyable ou
17 Le caractre absolument vain de l'conomie mathmatique ne peut tre dissimul et demeurer l'cart de laconscience publique que parce que le monde de l'enseignement et de la recherche dans l'ensemble des paysoccidentaux est largement tatis (financ par l'impt), et que cela dispense entirement la plus grande part dece qu'on appelle la "recherche scientifique" de toute desa justification pratique. (Bien au contraire, on ades raisons de supposer que si l'conomie mathmatique est entretenue de la sorte par les hommes de l'Etat,c'est prcisment parce qu'elle n'a absolument aucune porte.)
Pour un jugement comparable sur la "recherche scientifique" dans le domaine mathmatique, cf. FriedrichKAMBARTEL, Erfahrung und Struktur(Frankfurt/M.: Suhrkamp, 1968), ch. 6, partic. les pp. 236-42.
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folle qu'elle ait sembl tre, qui n'ait trouv diverses tudes "empiriques" pour,
simultanment, aussi bien la "confirmer" que la "rfuter" par l'exprience18.
Vu l'insignifiance patente de l'conomie mathmatique, le caractre de plus en plus
visiblement arbitraire des objets et des rsultats de la recherche empirique et la perted'intrt, la dvalorisation de la recherche scientifique en conomie en tant que telle qui
en sont rsultes, l'conomie, partir de la fin des annes 70, s'est retrouve dans une "crisescientifique" au sens de ThomasKuhn19, crise qui s'aggrave toujours depuis lors. En dpit
de leur chec manifeste, les conomistes quantitativistes et mathmaticiens n'ont
naturellement pas abandonn leurs postes et rgnent toujours aujourd'hui sur les universits
en vue et sur les publications scientifiques. Mais parmi les tudiants et les savants des
gnrations montantes, il est depuis apparu de plus en plus de contestataires, qui rejetaient
l'ensemble du programme de recherche (le paradigme) positiviste-falsificationniste comme
strile et mme catgoriquement vici, et se tournaient vers un autre, ou se consacraient la recherche d'une porte de sortie analogue. De mme a-t-on pu constater une reprise dans
la cration de nouvelles revues spcialises, qui ne se prsentaient plus seulement comme
des concurrentes directes des priodiques tablis avec leurs auteurs et/ou lecteurs et le mme
programme de recherche (mais en mieux et en plus mathmatiquement compliqu ou au
contraire plus mauvais et plus simple), mais entendaient offrir la place un produit
18 Dans le meilleur des cas, ces tudes consistent raffirmer les vieilles vrits fondamentales par des moyensinappropris d'une certaine manire comme si on "prouvait" nouveau le Thorme de PYTHAGORE par desmoyens empiriques, en faisant des mesures de longueur et d'angle. Et dans le pire des cas elles consistent "rfuter" ces anciennes vrits fondamentales par des moyens empiriques en fait inoprants et "dcouvrir"sans arrt des thories "nouvelles", "jamais vues" et ce, d'autant plus qu'on est moins familier de l'histoire dela pense conomique des Classiques.[en d'autres termes, les pseudo-exprimentalistes passent leur temps "prouver" statistiquement que deux etdeux font quatre mais, comme leurs moyens de preuve sont par essence inadquats (et comme ils viventd'argent vol), il leur arrive aussi forcment de "prouver", l'occasion, que cela fait cinq (du moins, "dans lesconditions de l'exprience") et c'est en cela que consiste l'essentiel de leurs "contributions originales" lascience conomique (F. G.]].
La recherche conomique [pseudo-]exprimentale est elle aussi largement finance par l'impt et n'est soumise aucune contrainte de justification pratique, et elle est galement, pour les mmes raisons, largement dpourvuede toute valeur et utilit. L'intrt que les hommes de l'Etat trouvent soutenir la recherche conomique[pseudo]exprimentale se trouve plutt dans le fait qu'elle seule, du fait de ses partis pris mthodologiques, se prte la lgitimation de l'intervention tatique en tant que telle quelle qu'elle puisse tre.L'interventionnisme tatique comme mise en application de la recherche sociale empirique, et la science commetechnique de l'intervention au coup par coup dans la socit !
19 Cf. ThomasKUHN, The Structure of Scientific Revolutions (Chicago : University of Chicago Press, 1962) [DieStruktur wissenschaftlicher Revolutionen (Frankfurt/M.: Suhrkamp, 1967) ; La Structure des rvolutions
scientifiques (Paris, Flammarion, 1983)].
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entirement autre, fabriqu par des auteurs diffrents et adress des lecteurs diffrents (ou
du moins convertis)20.
La crise du programme de recherche positiviste s'aggrava au cours des annes 80, aprs
que les prdictions mmes desmontaristes, qui avaient entre-temps supplant leskeynsiens comme cole "dominante" 22 ; on a surtout assist la redcouverte de latradition de l'cole autrichienne et de la diffrence essentielle de son programme
de recherche rationaliste.
Les plus grands reprsentants de l'cole autrichienne, et en particulier Ludwig von Mises,
avaient ds le dpart rprouv comme fausse et contradictoire la mthodologie positiviste-
falsificationniste ainsi que son emploi dans le domaine des sciences conomiques et sociales.
Pour commencer, disait Mises, il est contradictoire de prtendre qu'il ne saurait y avoir que
des propositions analytiques ou des propositions empiriques ; car cette affirmation mme, sion veut lui prter la moindre force probante c'est--dire si elle ne doit pas n'tre son tour
qu'une proposition analytique arbitraire ou alors une affirmation empirique hypothtique
doit elle-mme reprsenter justement ce que les positivistes prtendent tre impossible :
savoir une connaissance non hypothtique de la ralit. Deuximement, indpendamment
de ce que l'on peut penser de l'applicabilit de la mthode positiviste dans le domaine
des sciences de la nature, il est cependant contradictoire de penser qu'elle puisse aussi
trouver un emploi dans le domaine des sciences sociales ; car tout savant qui teste
des hypothses doit au moins implicitement convenir qu'en principe il n'est pas en position
20 Du ct autrichien cela s'est d'abord produit en 1976 avec la fondation duJournal of Libertarian Studies. AnInterdisciplinary Review, et en 1987 est apparu entre autres laReview of Austrian Economics. Le fondateur et lerdacteur en chef des deux priodiques tait MurrayROTHBARD.
21 Comme meilleur tmoin cf. le chef de l'cole montariste MiltonFRIEDMAN dans "The Resource Cost ofIrredeemable Paper Money", Journal of Political Economy (1986). Dans cet article, FRIEDMAN n'chappe pas l'aveu que l'ensemble de ses prdictions sur les avantages d'un systme de monnaies-papier nationales nonconvertibles et de taux de change flottants (notamment compar avec un talon-or classique) au vu desexpriences accumules depuis 1971 avec la mise en oeuvre des ides montaristes se sont rvlescompltement errones. FRIEDMAN n'admet ce propos que son embarras. Il n'envisage pas de reconnatre queles partisans d'un talon-or comme MENGER, BHM-BAWERK, MISES et ROTHBARD avaient eu raisoncontre lui, ni qu'il pourrait bien y avoir quelque chose qui ne va pas dans la mthode de recherche positivistequ'il propage depuis le dbut de sa carrire.
Cf. aussi Hans-HermannHOPPE, "How is Fiat Money Possible? or: The Devolution of Money and Credit",Review of Austrian Economics, Vol. 7, no. 2, 1994.
22 Cf. pour une critique de ces courants Murray N.ROTHBARD, "The Hermeneutical Invasion of Philosophy andEconomics", Review of Austrian Economics, Vol. 3, 1989; idem, "Intimidation by Rhetoric", Review of Austrian
Economics, Vol. 9, no. 1, 1996 ; Hans-HermannHOPPE, "In Defense of Extreme Rationalism: Thoughts onDonaldMCCLOSKEY'S 'The Rhetoric of Economics'", Review of Austrian Economics, Vol. 3, 1989.
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de prdire aujourd'hui les rsultats venir de sa propre activit future de recherche (en fait,
c'est justement parce qu'on est incapable de faire cela que la recherche a le moindre sens), et
il s'ensuit que lui-mme et son agir propre c'est--dire le domaine des objets tudis par les
sciences sociales ne peuvent par principe pas du tout tre expliqus ni prdits comme les
positivistes se l'imaginent** Pour des dveloppements sur le fait que la capacitd'apprendre des tres pensants rend l'approche exprimentale inapplic
Depuis la fin des anne 70, au vu del'chec deplus enplus patent du programmederecherche positiviste-falsificationniste, on ne s'est pas born re
Premirement, la diffrence de ce que font les conomistes mathmaticiens,
la tradition centrale de l'cole autrichienne de Menger Rothbard avait toujours
inbranlablement affirm que l'ensemble des concepts, oprations et relations
de l'conomie possdent un contenu empirique voire oprationnel parfaitement clair etdtermin (Ce n'est qu'en tant que science de la ralit que l'conomie peut justifier son
existence ; de sorte qu'en conomie tous les concepts et relations conceptuelles doivent se
rapporter des objets et des vnements rels (ou du moins qui peuvent exister). Parmi
les concepts qui peuvent prtendre Un contenu empirique et oprationnel sans la moindre
ambigut figurent entre autres l'action (la poursuite dlibre d'un objectif avec
des moyens rares), l'appropriation, la proprit et l'agression (la violation de la proprit) ;
la consommation, la production et les moyens de production ; l'change direct, les prix et
la contrainte (l'change forc) ; l'change indirect, les instruments d'change (la monnaie)
et le calcul en monnaie ; l'intrt, le crdit (l'change intertemporel) et le capital ;le profit, la perte, l'accumulation et la consommation du capital ainsi que la faillite.
* Pour des dveloppements sur le fait que la capacit d'apprendre des tres pensants rend l'approcheexprimentale inapplicable leur conduite, cf. Hans-Hermann HOPPE, "Austrian Rationalism in the Age of theDecline of Positivism", chapitre 11 de : The Economics and Ethics of Private Property. Traduit par votreserviteur sous le titre : "Le Rationalisme autrichien l're du dclin du positivisme". Il y dit notamment :
"Le principe de rgularit peut et mme doit tre suppos dans le domaine des objets naturels, c'est--dire
pour des phnomnes qui ne sont pas constitus de notre propre connaissance ni d'actions manifestant cetteconnaissance (dans ce domaine, la question de savoir s'il existe des lois constantes partir desquelles il est possible de faire des prvisions ex ante est positivement dtermine indpendamment de l'exprience, et lesfacteurs empiriques ne jouent de rle que pour dterminer quelles sont les variables concrtes qui ont, oun'ont pas, un lien de cause effet avec quelles autres variables). En ce qui concerne la connaissance etl'action, en revanche, le principe de rgularit nepeutpas tre valide (dans ce domaine, la question desavoir s'il existe ou non des constantes est en elle-mme empirique par nature et ne peut tre dtermine pour une variable donne que sur la base de l'exprience passe, c'est--dire ex post). Et tout cela, qui estune connaissance authentique de quelque chose de rel, peut tre connu apodictiquement ; de sorte que c'estle dualisme mthodologique, et non le monisme que l'on doit accepter et admettre comme absolument vrai apriori."
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En revanche, il faut exclure par principe de toute analyse conomique tous les concepts et
hypothses qui dcrivent des objets ou des vnements non-existants (irralistes) ou
impossibles ( moins que ce ne soit des fins didactiques : comme feuille de contraste
pour expliquer voire dvelopper un concept raliste videmment diffrent). C'est valable
par exemple pour le concept d'"quilibre" l'action est toujours l'expression d'uneprfrence, du souhait d'une amlioration du bien-tre ressenti et de ce fait, une personne
qui agit, aussi longtemps qu'elle agit seulement, n'est jamais en quilibre, et son action ne
peut donc jamais tre dcrite au moyen d'une quation Cf. Ludwig von Mises, HumanAction (Chicago: H. Regnery, 1966) [L'Action humaine], ch.4.. C'est valable pourleconcep
Il est vident qu'on ne peut se servir de l'arithmtique et des mathmatiques que l o il
existe des units que l'on peut compter et/ou des grandeurs que l'on peut mesurer. Il est
indubitable que de telles units, de telles grandeurs existent et non moins douteux qu'ilexiste de ce fait, dans cette mesure, un large domaine d'application pour les
mathmatiques. La ralit extrieure, o les personnes agissent, contient des units que
l'on peut compter, des grandeurs que l'on peut mesurer, et les relations entre ces units et
des objets peuvent aussi de ce fait tre traits mathmatiquement. Mais le rsultat de cet
emploi des mathmatiques est du domaine de la technologie. Le savoir technique savoir
comment on peut estimer l'avance certains rsultats externes (physiques) sur la base
de certaines oprations de comptage, de mesure et de calcul a indubitablement une grande
importance, mais cela n'a rien voir avec ce dont l'conomie se proccupe. L'conomie
ne s'occupe pas d'expliquer comment certains "entrants" se transforment en certains"extrants" (c'est de la technique de production !), mais bien au contraire de la manire
23 Cf. Ludwig von MISES, Human Action (Chicago : H. Regnery, 1966) [L'Action humaine], ch. 4.
24 Mme le proverbial ne de BURIDAN, qui ne peut pas se dcider entre deux tas de foin d'gale grosseur etgalement loigns de lui, ne dmontre en rien son indiffrence vis--vis des deux tas. Au contraire, soncomportement donne l'impression qu'il prfre s'obstiner rester sur place et mourir de faim plutt que dechoisir soit l'un soit l'autre des tas de foin. Cf. aussi Murray N. ROTHBARD, Man, Economy, and State (Auburn,Al.: Ludwig von Mises Institute, 1993), pp. 260-272.
25 Imaginer une prvision parfaite implique qu'on ne se trompe jamais (qu'on n'est jamais du). Mais quand onne peut pas se tromper, alors on ne peut proprement parler pas non plus avoir jamais eu raison (recevoir uneconfirmation). Il faut au contraire supposer que l'on sait toujours dj ce qu'on saura jamais un jour. Ds lorsque la connaissance et l'information seraient parfaites, il n'existerait plus rien que l'on puisse apprendre.Cependant, s'il n'y avait plus rien apprendre, alors on ne pourrait mme plus expliquer pourquoi au justedes personnes qui agissent ( la diffrence d'un ordinateur) seraient dotes d'une conscience, et souhaiteraientapprendre pour savoir quoi que ce soit, et on a tout autant de peine expliquer que des personnes doivent jamaiss'engager dans des changes verbaux (la communication, l'argumentation). Car lorsque tout le monde sait djtout, cela n'a tout simplement plus aucun sens de souhaiter se parler les uns aux autres. Cf. aussi Hans-HermannHOPPE, "On Certainty and Uncertainty Or How Rational Can Our Expectations Be?"
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dont les personnes qui agissent font un choix entre une multiplicit de techniques
ralisables de production : comment elles se dcident (choisissent) entre divers types
possibles de production et, pour un produit donn, entre diffrentes combinaisons
possibles de biens de production26. Cette procdure de dcision (ce choix) conomique
concerne des objets externes (objectifs) qu'il est possible de compter et de mesurer. Maisce ne sont pas ces objets externes qui dterminent son issue : c'est une valuation
subjective [par un acte de la pense] leur sujet : jugement de valeur port, par
une personne qui agit, sur l'utilit perue la marge (valeur) des objets et relations
externes susceptibles d'tre compts, mesurs et calculs. Cependant, l'utilit du produit
particulier ou de la combinaison donne de biens de production dtermine par le choix
conomique n'est elle-mme pas un objet (une grandeur) comptable ni mesurable.
L'utilit est une grandeur intensive et non extensive. On peut ranger les objets et les
vnements relativement l'importance qu'on leur a attribue (comme plus ou moins
utiles [dans ce contexte]), et la formation d'une hirarchie par ordre d'importance et toutce dont on a besoin pour faire un choix conomique. Cependant, on ne peut jamais
mesurer l'"utilit" d'un objet. Il n'existe pas d'"units" d'importance, et en l'absence
de telles units il n'existe aucune espce de possibilit de se servir d'oprations
mathmatiques ni de "quantits" et encore moins de "fonctions" d'utilit. Au-del de ce
classement des objets par ordre de rang, il n'existe aucune espce de relation
mathmatique (quantitative) entre l'utilit de diffrents objets, quantits d'objets et
combinaisons d'objets. La consquence n'est pas seulement qu'en conomie il faut
proscrire comme non scientifique toute comparaison d'utilits entre les personnes. Il ne
faut pas moins rejeter toutes les oprations mathmatiques dans lesquelles l'expressiond'"utilit" apparat illgitimement*. Et en particulier, il faut exclure tout emploi du
concept d'"utilit totale" comme compltement anti-scientifique ; car l'ide d'une "utilit
totale implique que l'on pourrait faire la somme arithmtique ou intgrale
des jugements d'utilit ports la marge [ l'occasion des diverses actions] sur les divers
objets et quantits d'objets. Or en fait, il n'y a pas d'utilit "totale", mais seulement
l'utilit la marge [c'est--dire l'occasion des choix] de quantits d'objets plus ou moins
grandes ou petites. L'utilit la marge d'une quantit plus grande d'un objet donn est
toujours ncessairement plus grande que celle d'une plus petite quantit du mme bien
26 Cf. ce sujet Ludwig vonMISES, Human Action, pp. 200-211; LionelROBBINS, The Nature and Significanceof Economic Science (New York: New York University Press, 1984), pp. 32-38.
* Ce lien ncessaire entre les deux proscriptions fonctionne dans les deux sens : les conomistes mathmaticiens,dont la pratique mathmatico-symbolique implique logiquement (malgr leurs dngations) de traiter l'"utilit"comme si elle tait mesurable, ne respectent gure non plus l'obligation qu'ils reconnaissent verbalement des'interdire toute comparaison interpersonnelle dans leurs recommandations de politique publique [F. G.].
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[par dfinition mme de ce que c'est qu'un bien]. Et sur les objets en quantit ou d'une
grosseur donne rgne la loi bien connue de l'utilit marginale dcroissante : l'utilit
la marge de l'unit d'un objet d'une certaine taille diminue toujours lorsque la quantit
du bien la disposition d'une personne augmente d'une unit supplmentaire, c'est--dire
que l'utilit la marge de la deuxime unit de l'objet est toujours ncessairementmoindre que celle de la premire, etc. Toutes ces relations sont ordinales par nature et
il n'existe aucune espce de point de dpart pour un emploi quelconque de l'arithmtique
et des mathmatiques en conomie politique Cf. l dessus principalement Murray N.Rothbard, Toward a Reconstruction of Utility and Welfare Economics (New York:Cente
Dans le cadre de l'conomie analytique (mathmatique), le processus de formation
des concepts et des postulats tait suppos arbitraire, ce qui menait forcment
l'insignifiance ; la tradition rationaliste de l'cole autrichienne s'est au contraire toujourssoucie de faire que tout concept et tout postulat possde un fondement empirico-oprationnel parfaitement clair et doive se rapporter Un objet existant rellement ou du
moins potentiellement. Ainsi, tout ce que l'Ecole autrichienne a pu avoir dire taitdirectement applicable, et intressant pour la pratique.
Deuximement, par opposition la pratique des chercheurs quantitativo-empiristes
en conomie, la tradition autrichienne avait toujours inbranlablement affirm que
ce que dcrivent les noncs de l'conomie politique consiste en des relations ncessaires
et non hypothtiques, et que la logique de la recherche et du progrs scientifique dans
le domaine des sciences conomiques diffre fondamentalement de la mthode positiviste
27 Cf. l dessus principalement Murray N. ROTHBARD, Toward a Reconstruction of Utility and WelfareEconomics (New York: Center for Libertarian Studies, 1977) ["Vers une reconstruction de la thorie de l'utilit etdu bien-tre", ch. 4 de Murray N. ROTHBARDet. al.,Economistes et Charlatans (Paris, Les Belles Lettres, 1991)].
L'emploi de grandeurs cardinales et de calculs dans le domaine conomique est exclusivement limit au domainedu calcul conomique, et il ne peut y avoir de calcul conomique que l o il y a aussi de la monnaie doncabsolument pas par exemple dans le no man's land d'un "quilibre gnral" et o les biens de consommationet de capital sont aussi effectivement changs contre de l'argent c'est--dire entre autres pas dans le
socialisme). Cependant, l'emploi de grandeurs chiffres dans la cadre du calcul conomique, si indispensablequ'il soit en tant qu'outil intellectuel en vue de rationaliser l'action humaine dans les circonstances de la divisiondu travail, n'a dcidment rien voir avec la mesure et le fait de mesurer. Les prix en monnaie ne sont pas desmesures de valeur ni d'utilit. Bien au contraire, les prix sont le rsultat d'un change entre l'argent et ce quin'en est pas, c'est--dire le produit d'une ingalit des valeurs, d'une non-identit. Il est par consquentcompltement erron (et inadmissible) de reprsenter les prix et les relations de prix comme des quantits et desrelations entre des quantits. "Les chiffres mis en application par les hommes qui agissent l'occasion du calculconomique ne se rapportent pas des quantits mesures mais des taux d'change tels qu'on s'attend ( partirde la manire dont on comprendla situation) les voir raliser sur les marchs dans l'avenir. Avenir en vueduquel toute action est oriente et qui seul importe pour l'homme qui agit." Ludwig vonMISES, Human Action,p. 210.
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des essais et de la dcouverte des erreurs. La loi de l'utilit marginale dcroissante n'est
pas une hypothse, elle est logiquement dduite du fait universel que toute action
implique une prfrence, associ la supposition que la disponibilit d'un bien
particulier s'accrot d'une unit de mme taille. De mme, ce n'est pas une hypothse,
mais une relation logiquement ncessaire, quand on dit que tout change volontaire entredeux propritaires privs doit ncessairement tre peru ex ante comme avantageux par
l'un comme par l'autre, et que les deux parties l'change prsentent un ordre
de prfrence inverse en ce qui concerne les objets changs. Et il n'est pas davantage
purement hypothtique qu'un accroissement de la quantit de monnaie conduise
une perte de son pouvoir d'achat, une modification des prix relatifs et
une redistribution des revenus. Et il n'est pas non plus "hypothtique" que des loyers
maximum fixs par la loi conduisent une conomie de pnurie dans le domaine du
logement louer, que des salaires minimum imposs par la loi provoquent un chmage
forc, ou qu'il ne peut pas y avoir de calcul conomique dans une conomie [de planification] socialiste. Tous ces noncs dcrivent galement des relations logiquement,
conceptuellement ncessaires. A la place d'un choix arbitraire d'hypothses de dpart (ce
que fait la recherche conomique empirico-quantitativiste) la tradition rationaliste
des autrichiens apporte une validit et une ncessit catgoriques (apodictiques).
Pour un positiviste, une telle prtention la validit doit prsenter tous les traits
de l'hubris intellectuelle. En fait, elle est bien au contraire dicte par une modestie
intellectuelle affirme. Tout d'abord, invoquer une validit apodictique des noncs
n'implique en aucun cas une prtention tre infaillible. La logique et la Mathmatiqueaussi s'occupent de relation non hypothtiques et ni les logiciens ni les mathmaticiens
ne rclament aucune espce d'infaillibilit pour eux-mmes. Ce qu'ils prtendent
simplement, c'est que la preuve du caractre erron de leurs noncs doit tre apporte
sur la base d'autres propositions non hypothtiques mais logiques ou mathmatiques, et
non pas sur celle de "tests" empiriques quelconques. Les autrichiens n'exigent rien
de plus, ou rien d'autre, pour leurs propres noncs. Des arguments non hypothtiques
praxologiques ne peuvent tre attaqus que par d'autres arguments praxologiques. Par-
dessus le march, qu'ils invoquent une validit apodictique pour leurs noncs n'implique
en aucune manire une prtention l'universalit, du genre que toute connaissancefactuelle dans le domaine des sciences de l'action humaine serait de cette nature
apodictique-l. Bien au contraire. Alors que pour les positivistes tous les phnomnes
sociaux doivent tre traits par une seule et mme mthode, on a toujours insist, de
Menger Rothbard, sur une sparation stricte entre la thorie et les noncs thoriques
(l'conomie politique) d'une part et l'histoire et autres descriptions vnementielles (y
compris les prvisions des entrepreneurs) d'autre part. L'conomie politique ne peut
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expliquer qu'un petit domaine, troitement limit, des phnomnes et des aspects de la
ralit sociale mais elle est tenue de le faire apodictiquement. Un autre domaine (plus
tendu et plus important) des phnomnes et aspects de la socit demeure compltement
ferm aux explications et aux prdictions de la thorie conomique. Dans ce domaine
celui de l'explication historique et de l'activit de prvision des entrepreneurs il n'existeaucune connaissance apodictique, mais jamais rien d'autre que des tentatives
de reconstruction ou de prdiction construites partir d'une comprhension du pass Il vade soi que l'conomie politique ne peut expliquer sa manire non hypothtique(apodictique) que les aspects des phn
Avant tout, la prtention au caractre apodictique de la part des conomistes autrichiens
n'implique aucune arrogance intellectuelle, mais tout au contraire un respect dfrent pour
l'histoire de la pense conomique. Car si les lois conomiques consistent effectivement
en des noncs catgoriquement (et non "hypothtiquement") vrais, alors on devraits'attendre ce que ces lois, en toute hypothse, traduisent des vrits "anciennes",
dcouvertes depuis longtemps. Que l'on dcouvre de "nouvelles" lois non hypothtiques,
mme si ce n'est pas exclu, doit tre un vnement intellectuel plutt rare, et plus celles-ci
sont "nouvelles" et plus on doit les envisager avec soupon. On devrait s'attendre ce que
la plus grande partie de ce qu'il y a dcouvrir en fait de connaissance factuelle non
hypothtique ait dj t dcouvert et pris en compte et n'ait qu' tre redcouvert et
rappris. Et cela veut dire que l'on doit s'attendre ce que, dans le domaine
de l'conomie comme dans les autres disciplines qui s'occupent d'noncs catgoriques
(non hypothtiques) de fait et de cause (comme par exemple la philosophie, la logique,
28 Il va de soi que l'conomie politique ne peut expliquer sa manire non hypothtique (apodictique) que lesaspects des phnomnes qui possdent un lment ncessaire (condition ncessaire ou consquence logique) detoute action dans des conditions spcifiques (et qui, dans cette mesure-l, sont universels et indpendants dutemps). Elle peut par exemple expliquer, que chaque fois qu'un change volontaire a lieu peu importe o etquand, entre qui, sur quels biens et pour quel rapport de prix les deux parties l'change s'attendent enprofiter, et qu'ils prsentent une chelle de prfrences inverses relativement aux objets changs. En revanche,l'conomie est entirement incapable d'expliquer ou de prdire ceux des aspects des phnomnes qui sontinfluencs et modifis par les expriences personnelles (l'apprentissage et l'oubli) (et qui sont, dans cettemesure mme, contingents et dpendants du temps). Elle ne peut par exemple pas expliquer, pourquoi (et si)un change aura lieu, quand, o, entre qui, sur quoi ni quel prix.
Cette sparation conceptuelle stricte entre la thorie et l'histoire n'a rien voir avec une quelconquedvalorisation de la science historique de la part de l'cole autrichienne. Bien au contraire, presque tous lesconomistes autrichiens, en particulier Murray N.ROTHBARD, avaient un grand intrt pour l'histoire et se sontaussi distingus comme historiens.
Cf. sur ce thme particulirement Ludwig von MISES, Theory and History (Auburn, Al.: Ludwig von MisesInstitute, 1985) [The Ultimate Foundation of Economic Science (Kansas City, Sheed Andrews & McMeel, 1978 1 d. 1962)] ; Hans-Hermann HOPPE, "On Certainty and Uncertainty or: How Rational Can OurExpectations Be?"
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la mathmatique, l'thique), le progrs de la science soit forcment lent et malais.
Le "danger" n'est pas que chaque gnration d'conomistes manque ajouter en mieux
ou en neuf au stock de connaissances qu'elle hrite, mais au contraire qu'elle
n'apprenne plus ou plus aussi compltement une connaissance dj disponible ou
retombe dans des erreurs anciennes voire, plus rarement, de nouvelles. De ce ct-l, justement, lesautrichiens archi-rationalistes (apodictiques), de Menger Rothbard,
se sont toujours distingus par une attitude de stricte humilit intellectuelle, dcante
par un apprentissage approfondi de l'histoire des dogmes conomiques. Pour l'essentiel,
ils ne prtendaient rien tre d'autre que les gardiens d'un savoir ancien, traditionnel, et
leur revendication d'originalit scientifique, quand elle tait seulement voque, tait
des plus modeste.
Ce sont bien au contraire les chercheurs empiristes-quantitativistes en conomie, pour qui
soi-disant il ne saurait y avoir qu'une connaissance hypothtique et non apodictiquede la ralit, qui se sont montrs arrogants et obtus. De leur point de vue positiviste-
falsificationniste, la recherche conomique empirique est un processus ininterrompu
de progrs se rapprochant toujours davantage de la vrit d'essais (les hypothses),
de constatation des erreurs (la "rfutation") et de tentatives renouveles (avec
des hypothses modifies). De sorte que toute connaissance "plus tardive" (plus rcente)
apparat forcment toujours comme une connaissance "meilleure" ; car mesure que
passe le temps, aprs un dlai plus long, il est toujours possible d'avoir limin davantage
d'erreurs. Il est donc "scientifiquement lgitime" que dans son travail, chaque gnration
montante d'conomistes ne se soucie jamais que du dernier (du plus rcent) tat de larecherche et n'attribue l'histoire de sa propre discipline que la valeur d'une antiquit
bonne mettre au muse. Comme chez les physiciens, il est galement lgitime pour
un conomiste qu'il apprenne son mtier exclusivement partir de manuels contemporains
et d'articles de revues qui sont les plus rcents et les plus novateurs ce moment-l ; et
de mme que les physiciens s'occupent fort peu, ou pas du tout, de l'histoire et
des classiques de la physique (quel est le physicien qui, pour avancer dans ses tudes
de physique, lit aujourd'hui Aristote, Galile, Newton ou mme Einstein ?!), de mme
doit-on, en tant qu'conomiste, ne pas s'occuper (ou alors seulement la marge)
de l'histoire et des classiques de son propre mtier (car on suppose que toutes les vritsclassiques, moins une srie d'erreurs entre-temps limines, ont t reproduites dans les
manuels contemporains). L'histoire de l'conomie politique a la mme importance
relative dans la formation des conomistes que l'histoire de la physique dans la formation
des physiciens le superflu d'un levage d'orchides ! A suivre ce point de vue
(positiviste), il serait admissible, normal, que les chercheurs empirico-quantitativistes
se rengorgent d'autant plus de leur propre originalit scientifique qu'ils connaissent moins
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l'histoire de l'conomie politique ainsi que ses classiques, et qu'ils puissent alors (n'ayant
jamais appris rien d'autre) inbranlablement s'accrocher au programme de recherche
positiviste-falsificationniste alors que le caractre inoprant de leur mode de recherche
est patent depuis belle lurette.
Ce n'est donc pas parce qu'elles seraient triviales, arbitraires et intellectuellement
arrogantes que les propositions du systme rationaliste de l'conomie et de la thorie
sociale autrichiennes (construit avec constance de Menger Rothbard) se distinguent
particulirement. Elles le font bien au contraire parce que, sans aucune exception, elles
sont la fois pertinentes, logiquement contraignantes et modestes dans leurs ambitions.
Elles au moins, en effet, se limitent leur domaine propre d'nonciation et de validit, et
se fondent sur une connaissance authentique de l'Histoire.
A partir du milieu des annes 70, face au contexte d'une crise de l'tat-providencetoujours plus vidente et de l'impasse concomitante du positivisme (et de la philosophiede l'ingnirie sociale au coup par coup), une croissance constante du nombre d'"autrichiens"
dclars se produisit aprs des dcennies d'oubli, d'abord et avant tout aux tats-Unis, maisaussi en Europe et en Amrique du Sud. Dans le monde acadmique, les autrichiens sontencore une tout petite minorit. Vu le jugement port par l'Ecole autrichiennesur le programme de recherches positiviste tout entier de l'conomie mathmatique
la recherche empirico-quantitative en conomie (l'conomtrie) comme tant
l'erreur intellectuelle du sicle, c'est difficilement surprenant. En outre, tant donn le fait
que les autrichiens sont, comme rsultat final de leur recherches conomiques, devenusdes dfenseurs apodictiques et catgoriques de l'ide "dmode" d'une conomie montaire
et capitaliste fonde sur la proprit prive et la libert d'entreprendre du libralisme
en somme et dnient donc fondamentalement toute justification l'ensemble de l'tat-
providence moderne (dmocrate-social) en gnral et au systme universitaire plus ou moins
compltement tatis en particulier, il fallait carrment s'attendre ce que la progression
desdits autrichiens soit prement combattue par l'establishment des universits. En dpit
de ces obstacles, la reprsentation des autrichiens dans le monde universitaire des sciences
conomiques et sociales ne s'est pas moins accrue sans discontinuer. Depuis, des autrichiens
se sont mis enseigner dans des dizaines d'universits amricaines, et il existe toutun ensemble de facults l'orientation autrichienne prononce.
Au-del du domaine universitaire, l'Ecole autrichienne a surtout russi depuis prendre
pied, de plus en plus, dans l'opinion profane cultive, et par l exercer une influence toujours
croissante sur l'opinion publique amricaine. Alors que pour les personnes employes en-
dehors de l'activit universitaire (qui sont dans la vie normale) les rsultats de l'conomie
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mathmatique et de la recherche empirico-quantitative sont dpourvus d'intrt et n'ont aucun
sens (personne n'est prt payer volontairement pour les acheter), les conomistes
autrichiens avaient dire des choses que les tres humains "normaux" peuvent comprendre,
et dont ils pouvaient apprcier le sens et l'importance. Et ce que les autrichiens avaient
dire : simple, prouv et logiquement ncessaire, frappait dans ce public-l une cordede plus en plus sensible au vu de la crise toujours plus vidente de l'tat-providence et du
discrdit croissant qu'elle valait aux coles interventionnistes de l'establishment, keynsiens
et montaristes. Rsultat et traduction de cet tat de fait, en 1982 fut fond le LudwigvonMises Institute, install dans l'enceinte de la Auburn University Auburn, Alabama,et uniquement financ par des fonds privs. C'est particulirement grce l'activit du
Mises Institute ses confrences scientifiques, sminaires d'enseignement, universitsd't, bourses, livres, revues et magazines, savants et populaires que l'ide autrichienne
du rationalisme dans les sciences sociales et d'un ordre social libral reoit dsormais
une audience plus claire et plus catgorique. Aujourd'hui, la fin du vingtime sicle,dans l'opinion publique amricaine, la voix desAustrians reprsente nouveau une force
intellectuelle qu'on ne peut plus manquer d'entendre ni refuser de reconnatre. Et
le programme desdits Austrians la proprit prive et la division cooprative du travail
comme fondements du bien-tre moral et matriel ; un ordre politique dont la fonction
exclusive est de garantir et de maintenir les droits de proprit prive ainsi que l'conomie
de march [libre] qui en rsulte : qui n'intervient pour "corriger", ni dans la diffrenciation
personnelle des revenus et des patrimoines ni dans le domaine de l'ducation et
de l'enseignement, et qui doit en mme temps s'accommoder du droit de scession
inconditionnel des entits politiques plus petites vis--vis des plus grosses ; le libre-changeet un talon-or international a exerc une influence intellectuelle dcisive sur la "contre-
rvolution populiste", d'opposition fondamentale au "Welfare-warfare State" centralis
Washington, D.C. qui a pris auxtats-Unis les proportions d'un mouvement de masse partir du dbut des annes 90.
Cependant, la fin du vingtime sicle, malgr tous ses succs au cours des deux dernires
dcennies, l'cole autrichienne n'a pas encore russi une vritable perce, et il est craindre
qu'un effondrement conomique du systme (dmocrate-social) d'tat-providence occidental
doive d'abord se produire, avant que l'heure de l'conomie autrichienne ne commence sonner.
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