haiti en marche #49- vol xxiv - december 29, 2010

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HaĂŻti en Marche, Ă©dition du 29 DĂ©cembre 2010 au 04 Janvier 2011 ‱ Vol XXIV ‱ N° 49 “HaĂŻti est la preuve de l’échec de l’aide internationale” dit le reprĂ©sentant de l’OEA (voir / p. 2) PORT- AU-PRINCE, 24 DĂ©cembre – Si on Ă©tait un pays normal, dans les heures qui ont suivi le sĂ©isme du 12 janvier, l’Etat aurait mis en ap- plication un dĂ©cret d’état d’urgence. ImmĂ©diatement. Par dĂ©cision prĂ©- sidentielle et du conseil des mi- nistres. Sans at- tendre le vote du Parlement qui serait sollicitĂ© et devrait intervenir la mĂȘme semaine Ă  main levĂ©e. L’état d’urgence com- prendrait la mise 2010-2011 CRISES SUR CRISES HaĂŻti ne s’en relĂšvera jamais comme ça ! (P-AU-P / p. 5) PORT-AU-PRINCE, 23 DĂ©cembre – S’il y a confusion, le prĂ©sident RenĂ© PrĂ©val est le seul Ă  ne pas en ELECTIONS : PREVAL ABAT SES CARTES Un second tour Ă  2 candidats et pouvant rester au pouvoir jusqu’au 14 mai haĂŻtienne ainsi que 120% du PIB et jetĂ© 1.3 million de souffrir. Lors d’une rencontre avec 4 mĂ©dias locaux le jeudi 23 dĂ©cembre, le chef de l’Etat a exposĂ© sa posi- tion vis Ă  vis de ce qu’il convient lui aussi d’appeler la crise, mais une crise Ă©lectorale et non politique. Selon lui, cette fin d’annĂ©e, l’une des plus dif- ïŹciles de l’histoire du pays, est mar- quĂ©e par trois cri- ses. . Une crise nĂ©e du sĂ©is- me du 12 janvier qui a enlevĂ© plus de 250.000 vies, dĂ©truit la capitale (PREVAL / p. 4) Les habitants des zones avoisinant l’Etang saumĂątre (ou Lac AzuĂ©i), le plus grand lac intĂ©rieur d’HaĂŻti, rapportent un phĂ©nomĂšne apparu depuis vendredi : les poissons, tortues et mĂȘme les caĂŻmans dont ce lac est fertile sont morts mystĂ©- rieusement et leurs corps ïŹ‚ottent au-dessus de l’eau. L’Etang de Malpasse contaminĂ©, tous les poissons meurent Nos reporters et photographes qui se sont rendus sur les lieux, conïŹrment en effet ce bizarre phĂ©nomĂšne. Ils ont parlĂ© aux habitants ainsi qu’aux autoritĂ©s civiles et policiĂšres qui conïŹrment Ă©galement. Les eaux de l’étang sont donc considĂ©rĂ©es jusqu’à nouvel ordre contaminĂ©es. On ne sait par quoi ? D’autres disent empoisonnĂ©es. On ne sait par qui ? On attend les rĂ©sultats des tests que l’Etat ne va pas manquer de mener Ă  ce sujet pour Ă©clairer la population avant que les spĂ©culations les plus folles commencent Ă  se multiplier. Le Lac AzuĂ©i se trouve dans la zone frontaliĂšre avec la RĂ©publique dominicaine voisine dĂ©nommĂ©e Malpasse- Malpaso, Ă  environ une heure de voiture de la capitale Port- au-Prince. Le cholera fait rage dans les sections communales les plus reculĂ©es, oĂč il n’y a aucune communication et qu’il faut au moins deux jours de marche ininterrompue pour trouver un centre de santĂ©, et oĂč aussi n’arrivent pas les messages radio- phoniques sur les moyens d’éviter la contamination. Notre collaborateur Robenson EugĂšne y a accom- pagnĂ© une mission mĂ©dicale cubano-haĂŻtienne partie de la commune de Carrefour, au sud de la capitale. Le cholĂ©ra est venu aggraver la situation misĂ©rable (CHOLERA / p. 11) PORT-AU-PRINCE, 23 DĂ©cembre – Ils sont 12. 12 hommes en colĂšre. Exigeant dĂšs le premier jour l’annulation des Ă©lections du 28 Novembre pour ‘fraudes massives.’ Ces 12-lĂ  n’ont jamais variĂ© de leur position initiale. Jusqu’oĂč ira la dĂ©termination des 12 ? (LES DOUZE / p. 4) D’abord nĂ©gligĂ©s mais jamais ignorĂ©s de l’opinion, les voici qui reviennent au centre de l’actualitĂ© comme en cet aprĂšs-midi du dimanche 28 novembre Le cholĂ©ra fait rage dans les rĂ©gions reculĂ©es Poissons morts ïŹ‚ottant Ă  la surface du Lac AzuĂ©i ou Etang saumĂątre (photo Robenson EugĂšne/HaĂŻti en Marche) Le prĂ©sident RenĂ© PrĂ©val rencontrant 4 mĂ©dias locaux : Le Nouvelliste, CaraĂŻbes FM, Radio Nationale et MĂ©lodie FM-HaĂŻti en Marche (photo de Jean Claude Mathieu) De nombreux morts du cholĂ©ra dans les sections communales perdues dans les hauteurs du Pic de la Selle (photo Robenson EugĂšne/HenM) Premiers travaux de dĂ©blaiement au centre commercial de Port-au-Prince mais abandonnĂ©s pour manque de fonds (photo HaĂŻti en Marche)

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Page 1: Haiti en Marche #49- Vol XXIV - December 29, 2010

HaĂŻti en Marche, Ă©dition du 29 DĂ©cembre 2010 au 04 Janvier 2011 ‱ Vol XXIV ‱ N° 49

“HaĂŻti est la preuve de l’échec de l’aide internationale” dit le reprĂ©sentant de l’OEA (voir / p. 2)

P O R T-AU-PRINCE, 24 DĂ©cembre – Si on Ă©tait un pays normal, dans les heures qui ont suivi le sĂ©isme du 12 janvier, l’Etat aurait mis en ap-plication un dĂ©cret d’état d’urgence. ImmĂ©diatement. Par dĂ©cision prĂ©-sidentielle et du conseil des mi-nistres. Sans at-tendre le vote du Par lement qu i serait sollicitĂ© et devrait intervenir la mĂȘme semaine Ă  main levĂ©e. L’ Ă© t a t d’urgence com-prendrait la mise

2010-2011 CRISES SUR CRISESHaïti ne s’en relùvera jamais comme ça !

(P-AU-P / p. 5)

PORT-AU-PRINCE, 23 DĂ©cembre – S’il y a confusion, le prĂ©sident RenĂ© PrĂ©val est le seul Ă  ne pas en

ELECTIONS : PREVAL ABAT SES CARTESUn second tour Ă  2 candidats et pouvant rester au pouvoir

jusqu’au 14 maihaĂŻtienne ainsi que 120% du PIB et jetĂ© 1.3 million de

souffrir. Lors d’une rencontre avec 4 mĂ©dias locaux le jeudi 23 dĂ©cembre, le chef de l’Etat a exposĂ© sa posi-tion vis Ă  vis de ce qu’il convient lui aussi d’appeler la crise, mais une crise Ă©lectorale et non politique. Selon lui, cette fin d’annĂ©e, l’une des plus dif-ficiles de l’histoire du pays, est mar-quĂ©e par trois cri-ses.

. U n e crise née du séis-me du 12 janvier qui a enlevé plus de 250.000 vies, détruit la capitale

(PREVAL / p. 4)

Les habitants des zones avoisinant l’Etang saumĂątre (ou Lac AzuĂ©i), le plus grand lac intĂ©rieur d’HaĂŻti, rapportent un phĂ©nomĂšne apparu depuis vendredi : les poissons, tortues et mĂȘme les caĂŻmans dont ce lac est fertile sont morts mystĂ©-rieusement et leurs corps flottent au-dessus de l’eau.

L’Etang de Malpasse contaminĂ©, tous

les poissons meurent

Nos reporters et photographes qui se sont rendus sur les lieux, confirment en effet ce bizarre phĂ©nomĂšne. Ils ont parlĂ© aux habitants ainsi qu’aux autoritĂ©s civiles et policiĂšres qui confirment Ă©galement.

Les eaux de l’étang sont donc considĂ©rĂ©es jusqu’à nouvel ordre contaminĂ©es. On ne sait par quoi ? D’autres disent empoisonnĂ©es. On ne sait par qui ?

On attend les rĂ©sultats des tests que l’Etat ne va pas manquer de mener Ă  ce sujet pour Ă©clairer la population avant que les spĂ©culations les plus folles commencent Ă  se multiplier.

Le Lac Azuéi se trouve dans la zone frontaliÚre avec la République dominicaine voisine dénommée Malpasse-Malpaso, à environ une heure de voiture de la capitale Port-au-Prince.

Le cholera fait rage dans les sections communales les plus reculĂ©es, oĂč il n’y a aucune communication et qu’il faut au moins deux jours de marche ininterrompue pour trouver un centre de santĂ©, et oĂč aussi n’arrivent pas les messages radio-phoniques sur les moyens d’éviter la contamination.

Notre collaborateur Robenson EugÚne y a accom-pagné une mission médicale cubano-haïtienne partie de la commune de Carrefour, au sud de la capitale.

Le choléra est venu aggraver la situation misérable

(CHOLERA / p. 11)

PORT-AU-PRINCE, 23 DĂ©cembre – Ils sont 12. 12 hommes en colĂšre. Exigeant dĂšs le premier jour l’annulation des Ă©lections du 28 Novembre pour ‘fraudes massives.’ Ces 12-lĂ  n’ont jamais variĂ© de leur position initiale.

Jusqu’oĂč ira la dĂ©termination des 12 ?

(LES DOUZE / p. 4)

D’abord nĂ©gligĂ©s mais jamais ignorĂ©s de l’opinion, les voici qui reviennent au centre de l’actualitĂ© comme en cet aprĂšs-midi du dimanche 28 novembre

Le choléra fait rage dans les régions

reculées

Poissons morts flottant à la surface du Lac Azuéi ou Etang saumùtre (photo Robenson EugÚne/Haïti en Marche)

Le président René Préval rencontrant 4 médias locaux : Le Nouvelliste, Caraïbes FM, Radio Nationale et Mélodie FM-Haïti en Marche (photo de Jean Claude Mathieu)

De nombreux morts du choléra dans les sections communales perdues dans les hauteurs du Pic de la Selle

(photo Robenson EugĂšne/HenM)

Premiers travaux de déblaiement au centre commercial de Port-au-Prince mais abandonnés pour manque de fonds (photo Haïti en Marche)

Page 2: Haiti en Marche #49- Vol XXIV - December 29, 2010

Page 2Mercredi 29 DĂ©cembre 2010

Haïti en Marche ‱ Vol XXIV ‱ N° 49EN BREF ...EN PLUS ...

(EN BREF / p. 14)

Lac AzuĂ©i: dizaines de poissons mortsDimanche, 26 DĂ©cembre 2010 HPNDes dizaines de poissons du lac AzuĂ«i ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s morts ces derniers jours sur les rives du lac et Ă  la surface de l'eau jetant la panique au sein de la population vivant dans l'environnement du lac.AlertĂ©es par la situation, les autoritĂ©s ont demandĂ© aux populations des villages avoisi-nants de ne pas utiliser l'eau du lac et de ne pas manger les poissons et autres produits provenant du lac AzuĂ«i en attendant les rĂ©sultats dĂ©finitifs des enquĂȘtes en cours.Selon une source proche de la Protection civile, d'autres animaux auraient Ă©tĂ© retrouvĂ©s morts aprĂšs avoir mangĂ© les poissons morts ou utilisĂ© l'eau du Lac.Des Ă©tudes en laboratoires Ă©taient effectuĂ©es samedi et dimanche en HaĂŻti mais Ă©gale-ment au Mexique pour dĂ©terminer les causes de ce phĂ©nomĂšne.

Situation au Lac Azuei - CommuniquĂ© no 1Depuis le 24 dĂ©cembre 2010, il a Ă©tĂ© constatĂ© la mort d'une quantitĂ© anormale de poissons au niveau du lac Azuei, plus prĂ©cisĂ©ment dans les zones de Fond Parisien et Malpasse. AlertĂ©es par les structures de Protection Civile et les autoritĂ©s locales, des missions techniques des MinistĂšres de l’Environnement et de l’Agriculture ont effectuĂ© des prĂ©lĂšvements d'Ă©chantillons d’eau et de poissons morts dans les zones de Fond Parisien et Malpasse. Les analyses sont en cours en vue de dĂ©terminer les causes exactes de ces cas de mortalitĂ©. Des mesures de protection ont Ă©tĂ© Ă©tablies depuis le 24 dĂ©cembre avec les autoritĂ©s communales avec l’appui du niveau dĂ©partemental de l’Ouest et du niveau central du Gouvernement. La situation pour le moment reste sous contrĂŽle. Dans l’attente des rĂ©sultats des analyses, les MinistĂšres de l’Agriculture, de l’Envi-ronnement et de la SantĂ© Publique ainsi que le SecrĂ©tariat permanent de Gestion des Risques et des DĂ©sastres demandent Ă  la population des rĂ©gions de Ganthier et de Fond Parisien, d'Ă©viter de consommer jusqu’à nouvel ordre l’eau du lac et les poissons retrouvĂ©s morts sur les berges en provenance de cette zone du lac Azuei. Le Gouverne-ment exhorte les populations des zones avoisinantes Ă  des consignes de prudence et de vigilance en cas d'extension Ă©ventuelle du phĂ©nomĂšne. MinistĂšre de l’IntĂ©rieur et des CollectivitĂ©s TerritorialesMinistĂšre de l’Agriculture des Ressources Naturelles et du DĂ©veloppement RuralMinistĂšre de l’EnvironnementMinistĂšre de la Sante Publique et de la Population

Mgr François Gayot: Rapatriement de la dĂ©pouille mortelleLa dĂ©pouille mortelle de Mgr François Gayotsera accueillie en HaĂŻti au cours de la journĂ©e du 28 DĂ©cembre 2010.Monseigneur François Gayot se trouvait Ă  Rome au moment de son dĂ©cĂšs. Il partici-pait Ă  une rencontre de la Commission Internationale de la Migration oĂč il reprĂ©sentait HaĂŻti, quand il a Ă©tĂ© pris d'un malaise et mourrait peu de temps aprĂšs. ArchevĂȘque du Nord, Monseigneur François Gayot avait Ă©tĂ© PrĂ©sident de la confĂ©rence Episcopale de 1992 Ă  1998. Il vivait depuis sa retraite Ă  Port-au-Prince.

L'OEA N’EST PAS AU RENDEZ-VOUSL’organisation attend les termes de sa mission pour commen-cer le recomptage(AFP) – WASHINGTON — La mission de l'Organisation des Etats amĂ©ricains (OEA) chargĂ©e de superviser le recomptage des votes de la prĂ©sidentielle haĂŻtienne attend que les autoritĂ©s prĂ©cisent les termes de cette mission avant d'entamer son travail, a indiquĂ© l'OEA dimanche."Le libellĂ©" de la mission "n'a pas encore Ă©tĂ© dĂ©terminĂ© pour l'instant", a indiquĂ© le se-crĂ©taire gĂ©nĂ©ral adjoint de l'OEA Albert Ramdin. "Tant qu'on ne s'est pas mis d'accord sur les termes de cette mission, nous n'enverrons pas nos experts", a-t-il indiquĂ© Ă  la veille du dĂ©but thĂ©orique de la mission."J'espĂšre que cette mission pourra commencer aussi vite que possible. Je pense que ça devrait ĂȘtre le cas cette semaine, le temps passe", a-t-il avancĂ©.Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral adjoint de l'OEA avait indiquĂ© il y a une semaine que la mission devait se rendre ce dimanche Ă  Port-au-Prince pour commencer son travail ce lundi 27 dĂ©cembre. Ce qui n’est pas le cas.

Appel en faveur d'un arrĂȘt du lynchage de prĂȘtres vaudou Ă  HaĂŻtiLe chef suprĂȘme du vaudou haĂŻtien a demandĂ© jeudi aux autoritĂ©s de mettre fin aux lynchages de prĂȘtres vaudou par des foules qui leur reprochent d'ĂȘtre responsables de l'Ă©pidĂ©mie de cholĂ©ra qui sĂ©vit dans le pays."Depuis le dĂ©but de l'Ă©pidĂ©mie Ă  la mi-octobre, au moins 45 prĂȘtres vaudou, des hommes comme des femmes, ont Ă©tĂ© tuĂ©s. Nombre de ces victimes ont Ă©tĂ© massacrĂ©es et mutilĂ©es Ă  coups de machettes", a expliquĂ© Ă  Reuters Max Beauvoir, le "Ati", ou chef suprĂȘme du vaudou en HaĂŻti."On leur reproche d'avoir eu recours au vaudou pour contaminer les gens avec le cho-

DiplĂŽmĂ© de l’Institut de hautes Ă©tudes internationales de GenĂšve, le BrĂ©sil-ien Ricardo Seitenfus a 62 ans. Depuis 2008, il reprĂ©sente l’Organisation des Etats amĂ©ricains en HaĂŻti. Il dresse un vĂ©ritable rĂ©quisitoire contre la prĂ©sence internatio-nale dans le pays

Le Temps: Dix mille Casques bleus en Haïti. A votre sens, une présence contre-productive


Ricardo Seitenfus: Le systĂšme de prĂ©vention des litiges dans le cadre du systĂšme onusien n’est pas adaptĂ© au con-texte haĂŻtien. HaĂŻti n’est pas une menace internationale. Nous ne sommes pas en situ-ation de guerre civile. HaĂŻti n’est ni l’Irak ni l’Afghanistan. Et pourtant le Conseil de sĂ©curitĂ©, puisqu’il manque d’alternative, a imposĂ© des Casques bleus depuis 2004, aprĂšs le dĂ©part du prĂ©sident Aristide. Depuis 1990, nous en sommes ici Ă  notre huitiĂšme mission onusienne. HaĂŻti vit depuis 1986 et le dĂ©part de Jean-Claude Duvalier ce que j’appelle un conflit de basse intensitĂ©. Nous sommes confrontĂ©s Ă  des luttes pour le pouvoir entre des acteurs politiques qui ne respectent pas le jeu dĂ©mocratique. Mais il me semble qu’HaĂŻti, sur la scĂšne inter-nationale, paie essentiellement sa grande proximitĂ© avec les Etats-Unis. HaĂŻti a Ă©tĂ© l’objet d’une attention nĂ©gative de la part du systĂšme international. Il s’agissait pour l’ONU de geler le pouvoir et de transformer les HaĂŻtiens en prisonniers de leur propre Ăźle. L’angoisse des boat people explique pour beaucoup les dĂ©cisions de l’international vis-Ă -vis d’HaĂŻti. On veut Ă  tout prix qu’ils restent chez eux.

– Qu’est-ce qui empĂȘche la nor-malisation du cas haĂŻtien?

– Pendant deux cents ans, la prĂ©sence de troupes Ă©trangĂšres a alternĂ© avec celle de dictateurs. C’est la force qui dĂ©finit les relations internationales avec HaĂŻti et ja-mais le dialogue. Le pĂ©chĂ© originel d’HaĂŻti, sur la scĂšne mondiale, c’est sa libĂ©ration. Les HaĂŻtiens commettent l’inacceptable en 1804: un crime de lĂšse-majestĂ© pour un monde inquiet. L’Occident est alors un monde colonialiste, esclavagiste et raciste qui base sa richesse sur l’exploitation des terres conquises. Donc, le modĂšle rĂ©vo-lutionnaire haĂŻtien fait peur aux grandes puissances. Les Etats-Unis ne reconnais-sent l’indĂ©pendance d’HaĂŻti qu’en 1865. Et la France exige le paiement d’une rançon pour accepter cette libĂ©ration. DĂšs le dĂ©part, l’indĂ©pendance est compromise et le dĂ©vel-oppement du pays entravĂ©. Le monde n’a jamais su comment traiter HaĂŻti, alors il a fini par l’ignorer. Ont commencĂ© deux cents ans de solitude sur la scĂšne internationale. Aujourd’hui, l’ONU applique aveuglĂ©ment le chapitre 7 de sa charte, elle dĂ©ploie ses troupes pour imposer son opĂ©ration de paix. On ne rĂ©sout rien, on empire. On veut faire d’HaĂŻti un pays capitaliste, une plate-forme d’exportation pour le marchĂ© amĂ©ricain, c’est absurde. HaĂŻti doit revenir Ă  ce qu’il est, c’est-Ă -dire un pays essentiellement ag-ricole encore fondamentalement imprĂ©gnĂ© de droit coutumier. Le pays est sans cesse dĂ©crit sous l’angle de sa violence. Mais, sans Etat, le niveau de violence n’atteint pourtant qu’une fraction de celle des pays d’AmĂ©rique latine. Il existe des Ă©lĂ©ments dans cette sociĂ©tĂ© qui ont pu empĂȘcher que la violence se rĂ©pande sans mesure.

– N’est-ce pas une dĂ©mission de voir en HaĂŻti une nation inassimilable, dont le seul horizon est le retour Ă  des valeurs traditionnelles?

– Il existe une partie d’HaĂŻti qui est moderne, urbaine et tournĂ©e vers l’étranger. On estime Ă  4 millions le nombre de HaĂŻ-tiens qui vivent en dehors de leurs frontiĂšres. C’est un pays ouvert au monde. Je ne rĂȘve pas d’un retour au XVIe siĂšcle, Ă  une sociĂ©tĂ© agraire. Mais HaĂŻti vit sous l’influence de l’international, des ONG, de la charitĂ© uni-verselle. Plus de 90% du systĂšme Ă©ducatif et de la santĂ© sont en mains privĂ©es. Le pays ne dispose pas de ressources publiques pour pouvoir faire fonctionner d’une maniĂšre minimale un systĂšme Ă©tatique. L’ONU Ă©choue Ă  tenir compte des traits culturels.

“HaĂŻti est la preuve de l’échec de l’aide internationale”

dit le reprĂ©sentant de l’OEARĂ©sumer HaĂŻti Ă  une opĂ©ration de paix, c’est faire l’économie des vĂ©ritables dĂ©fis qui se prĂ©sentent au pays. Le problĂšme est socio-Ă©conomique. Quand le taux de chĂŽmage atteint 80%, il est insupportable de dĂ©ployer une mission de stabilisation. Il n’y a rien Ă  stabiliser et tout Ă  bĂątir.

– HaĂŻti est un des pays les plus aidĂ©s du monde et pourtant la situation n’a fait que se dĂ©tĂ©riorer depuis vingt-cinq ans. Pourquoi?

– L’aide d’urgence est efficace. Mais lorsqu’elle devient structurelle, lorsqu’elle se substitue Ă  l’Etat dans toutes ses missions, on aboutit Ă  une dĂ©responsabi-lisation collective. S’il existe une preuve de l’échec de l’aide internationale, c’est HaĂŻti. Le pays en est devenu la Mecque. Le sĂ©isme du 12 janvier, puis l’épidĂ©mie de cholĂ©ra ne font qu’accentuer ce phĂ©nomĂšne. La com-munautĂ© internationale a le sentiment de de-voir refaire chaque jour ce qu’elle a terminĂ© la veille. La fatigue d’HaĂŻti commence Ă  poindre. Cette petite nation doit surprendre la conscience universelle avec des catas-trophes de plus en plus Ă©normes. J’avais l’espoir que, dans la dĂ©tresse du 12 janvier, le monde allait comprendre qu’il avait fait fausse route avec HaĂŻti. Malheureusement, on a renforcĂ© la mĂȘme politique. Au lieu de faire un bilan, on a envoyĂ© davantage de soldats. Il faut construire des routes, Ă©lever des barrages, participer Ă  l’organisation de l’Etat, au systĂšme judiciaire. L’ONU dit qu’elle n’a pas de mandat pour cela. Son mandat en HaĂŻti, c’est de maintenir la paix du cimetiĂšre.

– Quel rîle jouent les ONG dans cette faillite?

– A partir du sĂ©isme, HaĂŻti est de-venu un carrefour incontournable. Pour les ONG transnationales, HaĂŻti s’est transformĂ© en un lieu de passage forcĂ©. Je dirais mĂȘme pire que cela: de formation professionnelle. L’ñge des coopĂ©rants qui sont arrivĂ©s aprĂšs le sĂ©isme est trĂšs bas; ils dĂ©barquent en HaĂŻti sans aucune expĂ©rience. Et HaĂŻti, je peux vous le dire, ne convient pas aux amateurs. AprĂšs le 12 janvier, Ă  cause du recrutement massif, la qualitĂ© professionnelle a beau-coup baissĂ©. Il existe une relation malĂ©fique ou perverse entre la force des ONG et la faiblesse de l’Etat haĂŻtien. Certaines ONG n’existent qu’à cause du malheur haĂŻtien.

– Quelles erreurs ont Ă©tĂ© com-mises aprĂšs le sĂ©isme?

– Face Ă  l’importation massive de biens de consommation pour nourrir les sans-abri, la situation de l’agriculture haĂŻtienne s’est encore pĂ©jorĂ©e. Le pays of-fre un champ libre Ă  toutes les expĂ©riences humanitaires. Il est inacceptable du point de vue moral de considĂ©rer HaĂŻti comme un laboratoire. La reconstruction d’HaĂŻti et la promesse que nous faisons miroiter de 11 milliards de dollars attisent les con-voitises. Il semble qu’une foule de gens viennent en HaĂŻti, non pas pour HaĂŻti, mais pour faire des affaires. Pour moi qui suis AmĂ©ricain, c’est une honte, une offense Ă  notre conscience. Un exemple: celui des mĂ©decins haĂŻtiens que Cuba forme. Plus de 500 ont Ă©tĂ© instruits Ă  La Havane. PrĂšs de la moitiĂ© d’entre eux, alors qu’ils devraient ĂȘtre en HaĂŻti, travaillent aujourd’hui aux Etats-Unis, au Canada ou en France. La rĂ©volution cubaine est en train de financer la formation de ressources humaines pour ses voisins capitalistes


– On dĂ©crit sans cesse HaĂŻti comme la marge du monde, vous ressen-tez plutĂŽt le pays comme un concentrĂ© de notre monde contemporain


– C’est le concentrĂ© de nos drames et des Ă©checs de la solidaritĂ© internationale. Nous ne sommes pas Ă  la hauteur du dĂ©fi. La presse mondiale vient en HaĂŻti et dĂ©crit le chaos. La rĂ©action de l’opinion publique ne se fait pas attendre. Pour elle, HaĂŻti est un des pires pays du monde. Il faut aller vers la culture haĂŻtienne, il faut aller vers le terroir. Je crois qu’il y a trop de mĂ©decins au chevet du malade et la majoritĂ© de ces mĂ©decins sont des Ă©conomistes. Or, en HaĂŻti, il faut des anthropologues, des sociologues, des

(OEA / p. 11)

DECES DE GUY BELLEGARDE C’est avec une profonde douleur que nous annonçons le dĂ©cĂšs de l’IngĂ©nieur Guy Bellegarde, survenu au Centre hospitalier Pierre Boucher de MontrĂ©al, le 22 dĂ©cembre 2010, Ă  22 heures. Son passage Ă  l’au-delĂ  laisse dans le deuil sa mĂšre, Marguerite Baguidy Bellegarde; son Ă©pouse, Claudette Daoust; sa sƓur Evelyne Abellard (son Ă©poux Roland et leurs enfants, Ronald, StĂ©phane et leurs familles); son frĂšre AndrĂ© Bellegarde Jr ( son Ă©pouse Nicole et leurs quatre enfants : Jennifer, RĂ©gine, Serge Edouard et Jean-Philippe); Serge Bellegarde (sa femme et leur enfant); Nicole Amisial (son mari Jean-Claude et leurs enfants : Fabienne et SĂ©bastien) ; son oncle, Fern D. Baguidy et famille ; plusieurs cousins et cousines tant au Canada qu’aux États-Unis et en HaĂŻti ; plusieurs camarades de travail, amis anciens condisciples de classe de Saint-Louis de Gonzague tant aux États-Unis et au Canada qu’en HaĂŻti; les familles Bellegarde, Baguidy, ProphĂšte, LhĂ©risson, Lapierre, Mentor, LaforĂȘt, ainsi que plusieurs autres parents et alliĂ©s. Les funĂ©railles de l’IngĂ©nieur Guy Bellegarde seront chantĂ©es Ă  MontrĂ©al le jeudi 30 dĂ©cembre 2010 de 12h Ă  14 heures au complexe LOGO, Ives LĂ©garĂ© au 2750, Marie-Victorin Est (514) 595-1500).

Repose en paix, Guy,

Au nom de la famille, Serge Bellegarde

Page 3: Haiti en Marche #49- Vol XXIV - December 29, 2010

Mercredi 29 DĂ©cembre 2010HaĂŻti en Marche ‱ Vol XXIV ‱ N° 49

Page 3

SOM

MA

IRE SOMMAIRE

L’ACTUALITE EN MARCHE

dans laquelle vĂ©gĂštent ces populations, celles par exemple de Berly et de Malanga, 21e et 22e section de la commune de Carrefour, dĂ©partement de l’Ouest, non loin du Pic de la Selle, le sommet le plus Ă©levĂ© du pays.

Un habitant explique : ‘Ici quand les gens tombent malades, il y a 99 chances sur 100 qu’ils ne survivent pas.’

Pas de sentier pour transporter un malade mĂȘme Ă  dos d’ñne. Des pentes si raides que mĂȘme les chĂšvres ne peuvent s’y aventurer.

Un autre habitant rapporte que l’épidĂ©mie a dĂ©jĂ  emportĂ© 200 habitants seulement dans ces deux sections communales.

‘Il faudrait marcher pendant plus de 24 heures pour transporter le malade sur un brancard jusqu’à Carrefour ou Ă  PĂ©tionville, il ne peut pas survivre pendant aussi longtemps.’

Qui pis est, jusqu’en novembre les gens ne savaient toujours pas qu’il existait une Ă©pidĂ©mie de cholĂ©ra dans le pays. La radio n’arrive pas dans ces coins reculĂ©s. Comment ne pas croire lorsque les premiers cas sont apparus, qu’il ne s’agissait pas d’un phĂ©nomĂšne mystique.

Il semble que la premiĂšre personne tombĂ©e malade avait contractĂ© la maladie en dehors du village. Lorsqu’elle est morte, on lui a fait des funĂ©railles dans la tradition paysanne, avec longue veillĂ©e funĂšbre, cadavre exposĂ© et non dĂ©sinfectĂ© etc.

Depuis les cas se multiplient.Arrivé là-haut aprÚs plus de 10 heures de marche de-

puis Kenscoff, les officiels municipaux accompagnant la dĂ©lĂ©gation mĂ©dicale ont jurĂ© que l’Etat doit prendre toutes les mesures pour installer des antennes mĂ©dica-les dans ces rĂ©gions, selon les vƓux de la Constitution stipulant que le droit Ă  la vie est un droit sacrĂ©.

Cette délégation qui a visité les victimes du choléra dans la 21e section de Berly, le mercredi 22 décembre, comprenait un officier sanitaire du district de Carrefour, un membre du comité local de la Protection civile, 4 médecins cubains, le coordonnateur des Asec de la section et notre reporter Robenson EugÚne.

MĂ©lodie FM, Port-au-Prince

Le choléra fait rage dans les régions reculées

(CHOLERA... suite de la 1Ăšre page)

20 DĂ©cembre 2010 HPN - "Je ne comprends pas pourquoi mon nom a Ă©tĂ© citĂ©. Je n’ai rien Ă  voir avec tout ça", s’est insurgĂ© le directeur de la TĂ©lĂ©vision nationale d’HaĂŻti, Pradel Henriquez, qui indique avoir rĂ©agi Ă  une alerte concernant une rĂ©union pour incendier la TĂ©lĂ©vision nationale et avoir pris les dĂ©cisions qui

s'imposaient.« Quelqu’un m’a approchĂ© le dimanche 12

pour me faire certaines rĂ©vĂ©lations. La personne m’a donnĂ© l’adresse d’une rĂ©union Ă  Delmas 22, et que la seule personne connue Ă  cette rencontre Ă©tait Patrice Dumont », a indiquĂ© Pradel Henriquez qui n’a pas prĂ©cisĂ© d’oĂč lui Ă©tait venue l’information impliquant le chroniqueur sportif.

InterrogĂ© sur cet informateur et s’il a Ă©valuĂ© la soliditĂ© du dossier avant d’alerter les autoritĂ©s, Pradel Henriquez rĂ©pond tout simplement avoir rĂ©agi Ă  une alerte et ne pas plaisanter avec de telles informations.

Henriquez dit qu’il n’y croyait pas d’abord,

Affaire Dumont-TNH-Henriquez

déclare avoir réagi à une alerte et pris

des décisions

(AFFAIRE / p. 10)

Malade du cholĂ©ra soignĂ© avec les moyens du bord dans un village du Morne La Selle, il faut plus d’une journĂ©e de marche Ă  pied avant d’atteindre tout centre mĂ©dical (photo HaĂŻti en Marche)

Le directeur gĂ©nĂ©ral de la TĂ©lĂ©vision d’Etat, notre confrĂšre Pradel Henriquez (photo HaĂŻti en Marche)

L’EVENEMENTL’Etang de Malpasse : tous les poissons trouvĂ©s morts p.1CRISE POLITIQUEPrĂ©val pourrait rester au pouvoir jusqu’au 14 mai 2011 p.1ELECTIONSJusqu’oĂč ira la dĂ©termination des Douze ? p.112 JANVIER 2010 - 2011Crises sur crises : HaĂŻti ne s’en relĂšvera jamais comme ça p.1CHOLERAL’épidĂ©mie fait rage dans les hauteurs du Morne La Selle p.1UN SCANDALE« HaĂŻti est la preuve de l’échec de l’aide internatio-nale » dit le reprĂ©sentant de l’OEA, il est aussitĂŽt renvoyĂ© p.2D’UNE CRISE L’AUTREHaĂŻti – CĂŽte d’Ivoire, deux crises sans aucun rapport p.7DESAFFECTION OU FATIGUE ?Les blancs rembarquent ! p.8ADOPTIONDeux cents petits HaĂŻtiens adoptĂ©s dans des familles françaises 
 Critique p.10LIBRE PENSERNuditĂ© p.12Deux prĂ©sidents pour le prix d’un p.12AMENAGEMENT DU TERRITOIRELes terres privĂ©es p.13LETTRESSiwĂšl p.15

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Page 4Mercredi 29 DĂ©cembre 2010

Haïti en Marche ‱ Vol XXIV ‱ N° 49UNE ANALYSE

ELECTIONS : PREVAL ABAT SES CARTESUn second tour Ă  2 candidats

et pouvant rester au pouvoir jusqu’au 14 maicompatriotes dans la rue. . Une crise apportĂ©e par l’épidĂ©mie de cholĂ©ra Ă  la-quelle rien ne nous prĂ©parait, c’est la premiĂšre fois que HaĂŻti est frappĂ©e par un mal d’une ampleur aussi mortelle : 2.600 morts en deux mois et prĂšs de 120.000 cas. L’OMS projette au moins 400.000 contaminations dans les six premiers mois. . Enfin une crise Ă©lectorale parce que, selon le prĂ©sident PrĂ©val, il s’agit de comptage de bulletins de vote et de rĂ©sultats Ă©lectoraux contestĂ©s. Mais il n’y a pas de crise politique. Le gouvernement fonctionne normalement, les institutions aussi. Les dates constitutionnelles pour la tenue des Ă©lections et pour l’entrĂ©e en fonction des nouveaux Ă©lus sont respectĂ©es.

Deux projets de logements 


A partir de lĂ , Mr. PrĂ©val annonce des dispositions pour faire face Ă  chacune de ces trois crises. Le sĂ©isme a entre autres crĂ©Ă© une crise du logement avec la destruction de prĂšs de 70% des rĂ©sidences privĂ©es. Le gouvernement annonce deux projets de logements qui seront construits et vendus Ă  des particuliers dans le cadre d’un programme de crĂ©dit immobilier garantissant aux acheteurs un taux d’intĂ©rĂȘt bancaire fixe et un paiement mensuel qui ne dĂ©passera pas le montant d’un loyer normal.

candidat Michel Martelly, arrivĂ© en troisiĂšme position, et dont plusieurs milliers de partisans avaient occupĂ© les rues de Port-au-Prince et surtout de PĂ©tionville, proche banlieue de la capitale, pendant prĂšs d’une semaine. La seconde (participation de tous les candidats au second tour, qui Ă©tait fixĂ© jusque-lĂ  au 16 janvier, et celui qui remporterait le plus de voix deviendrait automatiquement l’élu) est rejetĂ©e Ă©galement par PrĂ©val, la Constitution ne prĂ©voyant pas, dit-il, l’élection du prĂ©sident de la RĂ©publique Ă  la majoritĂ© simple.

Pas question de gouverne-ment provisoire 


Quant aux candidats (dont le Groupe des 12 rĂ©clamant l’annulation du scrutin du 28 novembre) et autres secteurs politiques qui prĂŽnent la formation d’un gouvernement de transition (soit avant, soit aprĂšs la fin du mandat prĂ©sidentiel, le 7 fĂ©vrier prochain), la rĂ©ponse du locataire du palais national est catĂ©gorique : pas question de gouvernement provisoire. Le pays n’a pas de temps Ă  perdre Ă  ce genre d’élucubrations (le mot est de Mr. PrĂ©val lui-mĂȘme). Notamment quand il est confrontĂ© Ă  la tĂąche gigantesque de la Recons-truction aprĂšs le sĂ©isme.

La contestation comme un sport national


Arrivons Ă  la crise politique, pardon Ă©lectorale. Le

prĂ©sident PrĂ©val dit avoir fait appel Ă  deux missions techni-ques de l’OEA (Organisation des Etats amĂ©ricains) pour venir participer au recomptage des votes et procĂšs verbaux dont la premiĂšre tabulation est contestĂ©e par des candidats. D’ailleurs, note-t-il, ce sont tous les candidats sans exception qui se dĂ©-clarent insatisfaits. Il devine que actuellement dans tous les QG de campagne, pour ne pas dire dans toutes les chaumiĂšres haĂŻtiennes (et de la diaspora, exemple Haiti Democracy Pro-ject), les machines Ă  calculer doivent fonctionner Ă  toute allure puisque la contestation des rĂ©sultats Ă©lectoraux est devenue presque un sport national. En tout cas, selon lui, il doit y avoir un point final Ă  tout ça. Et ce n’est ni X ni Y qui en a la charge mais c’est l’institution Ă©lectorale, le CEP. Et sur la base de rĂ©sultats hors de toute contestation puisque ayant Ă©tĂ© supervisĂ©s, et plusieurs fois, par les techniciens les plus autorisĂ©s de tout le continent, ceux de l’organisation hĂ©misphĂ©rique, l’OEA.

Contraires aux prescrits de la Constitu-tion 


Ensuite, René Préval donne son appréciation des multiples propositions de sortie de crise formulées ces derniers jours dans la classe politique et la société civile. Voici sa réponse : pas de second tour à trois candidats, ni de second tour avec la participation de tous les candidats.

Les deux sont contraires aux prescrits de la Constitution. La premiÚre idée (second tour à trois candidats) a été agitée dans certains milieux diplomatiques espérant calmer ainsi les tensions nées dans le camp du populaire chanteur-

Ces deux projets de logements seront installĂ©s dans les quartiers de Fort National et de l’ancienne piste d’aviation (Bowen field) au nord de la capitale. Les compatriotes qui n’ont aucun moyen de payer bĂ©nĂ©ficieront quant Ă  eux de programmes de logements sociaux (mais le prĂ©sident n’a pas fourni de dĂ©tails Ă  ce sujet). Ces projets doivent dĂ©marrer le 12 janvier prochain qui marquera le premier anniversaire du sĂ©isme dĂ©vastateur. Les premiers dĂ©bours sont assurĂ©s par le trĂ©sor public.

Mission médicale cubaine 
En ce qui concerne le choléra, juste aprÚs la rencontre

avec les journalistes, arrivait une dĂ©lĂ©gation conduite par la ministre de la santĂ© de Cuba. La mission mĂ©dicale cubaine est destinĂ©e Ă  jouer un important rĂŽle face Ă  la percĂ©e brutale que le cholĂ©ra est en train de faire dans les sections rurales oĂč on enregistre actuellement le plus grand nombre de dĂ©cĂšs (prĂšs d’une cinquantaine par jour) Ă  cause surtout de la distance pour atteindre le centre de traitement le plus proche. Tandis que les ONG sont Ă  l’Ɠuvre dans les villes, citons MĂ©decins sans frontiĂšres. Dans la phase actuelle, le gouvernement estime le budget nĂ©cessaire pour lutter contre le cholĂ©ra Ă  environ 50 millions de dollars amĂ©ricains.

LĂ -dessus le prĂ©sident se lance dans une vĂ©ritable leçon de conduite Ă©lectorale pour les candidats qui semblent ignorer que Ă  partir du moment qu’ils ont inscrit leur candida-ture, ils mettent le pied dans l’engrenage et ils ne peuvent plus revenir en arriĂšre. Et cela jusqu’à la proclamation des rĂ©sultats, dussent-ils avoir 0.0009% des suffrages. Par consĂ©quent, RenĂ© PrĂ©val retient une seule voie de sortie : un second tour avec deux candidats. Quand ? Cela dĂ©pendra du temps qu’il faudra aux techniciens haĂŻtiens et internationaux pour Ă©tablir des rĂ©sultats dĂ©finitifs, justes, transparents et ne laissant l’ombre d’un doute, a insistĂ© le prĂ©sident. A ce sujet, il a rĂ©itĂ©rĂ© que le Conseil Ă©lectoral pro-visoire (CEP) n’a aucun rĂŽle dans le centre de tabulation qui est ‘managé’ par deux experts Ă©trangers et un haĂŻtien. Et oĂč aussi continuent Ă  dĂ©filer des observateurs aussi bien nationaux qu’internationaux tandis que d’autres observateurs ne cessent d’arriver de tous les horizons. Mais, martĂšle PrĂ©val, c’est au CEP, et Ă  lui seul, devant la loi et la Constitution, qu’il revient de communiquer les rĂ©sultats.

PrĂȘt Ă  rester en fonction au-delĂ  du 7 fĂ©vrier 


Quant au chef de l’Etat, l’article 136 de la loi mùre

(PREVAL... suite de la 1Ăšre page)

(PREVAL / p. 6)

Les avocats du can-didat Ă  la prĂ©sidence Michel Martelly, ont prĂ©sentĂ©, le jeudi 23 dĂ©cembre, les diffĂ©rentes irrĂ©gularitĂ©s appuyant leur contestation et demandent la proclamation d’un rĂ©sultat "normal et lĂ©gal" en vue de connaitre leur vraie position dans la course Ă©lectorale. "Je veux qu’on donne un rĂ©sul-tat normal et lĂ©gal", dĂ©clare Gregory Mayard Paul, un des avocats de Michel Martelly, au cours d’une confĂ©rence de presse. C’est, selon lui, la

Martelly veut un rĂ©sultat ‘normal et lĂ©gal’

(MARTELLY / p. 7)

René Préval écoute une question de Marcus (photo Jean Claude Mathieu)

Michel Martelly

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Mercredi 29 DĂ©cembre 2010HaĂŻti en Marche ‱ Vol XXIV ‱ N° 49

Page 5DE L’ACTUALITE

2010-2011 CRISES SUR CRISESHaïti ne s’en relùvera jamais comme ça !

pas pour justifier les dons qu’elles reçoivent. Personne ni aucune institution

n’aurait le droit de ralentir la marche des choses. Ce qui sous-entend que si nous Ă©tions un pays normal, les partis politiques, les par-lementaires de l’opposition et autres groupes idoines ne passeraient pas au contraire leur temps Ă  tirer sur les pouvoirs publics au lieu de prĂȘter main forte. L’état d’urgence en lui-mĂȘme ne le permettrait pas sous peine de sĂ©vĂšres sanctions.

Bref, si nous Ă©tions un pays normal, Port-au-Prince ne serait pas une annĂ©e aprĂšs le sĂ©isme au mĂȘme point zĂ©ro.

L’Etat (je prĂ©cise, et non le gouver-nement mais l’entitĂ© nommĂ©e l’Etat qui est la conscience Ă©veillĂ©e de tous les citoyens et la matĂ©rialisation de l’unitĂ© nationale), l’Etat aurait appelĂ© tous les citoyens Ă  un grand ‘coumbite’ national.

Miroir aux alouettes 
Mais le gouvernement (et donc non

l’Etat) a fait tout le contraire. Il s’est tournĂ© vers l’international. HaĂŻti, faut-il le rappeler, ne s’est pas faite par la volontĂ© de l’interna-tional mais plutĂŽt envers et contre celle-ci. A la force des poignets de ses enfants. Tout comme d’ailleurs n’importe quel autre pays,

sĂ©e Port-RĂ©publicain, le 22 septembre 1793.‘AprĂšs la DĂ©claration de l’indĂ©pen-

dance d’HaĂŻti, elle retrouve son nom de Port-au-Prince et devient la capitale du nouvel Etat indĂ©pendant.’ Un pays, une capitale se construit coup de pioche aprĂšs coup de pioche, il n’y a pas de self service, que celui-ci s’appelle Fondation Prince Charles ou autre.

Pauvres idiots 
On n’arrĂȘte pas le progrĂšs, certes,

mais celui-ci doit ĂȘtre aidĂ©. Au Moyen-Age, on commençait par la construction d’un chĂąteau fort et le reste venait s’abriter sous ses murs. Arrive la Renaissance, et c’est la cathĂ©drale qui joua ce rĂŽle de ‘poto mitan’ autour duquel se dĂ©ploie au fur et Ă  mesure la ville. Bref on ne peut tout faire le mĂȘme jour. Ce n’est pas une maison de poupĂ©e sortie des catalogues Sears. Voire quand on est passĂ© d’une ville conçue pour 250.000 Ă  une mĂ©gapole de 3 millions. MĂ©gapole que de nom. Demandons-nous d’abord : qu’est-ce que nous avons comme symbole le plus fort, le plus stimulant pour dĂ©marrer la reconstruction de cette capitale qui a Ă©tĂ© encore jusqu’au moment de la cĂ©lĂ©bration du bicentenaire de

(P-AU-P... suite de la 1Ăšre page))

sur pied d’un super-gouvernement ayant pratiquement tous les pouvoirs. Y compris la sĂ©curitĂ© publique et le maintien de l’ordre. Y compris si cela doit empiĂ©ter sur les libertĂ©s indivi-duelles mais sur une base temporaire pouvant ĂȘtre renouvelĂ©e. Les organisations de la sociĂ©tĂ© civile pourraient intervenir en cours de route pour rectifier le tir si cela s’avĂšre nĂ©cessaire,

les Etats-Unis, la France, Cuba etc. Qu’est-ce que nous allons chercher dans cette nouvelle illusion nommĂ©e l’international ? Miroir aux alouettes. PiĂšge Ă  cons. Instrument de chantage et de chantage Ă  la souverainetĂ©. A preuve, une annĂ©e aprĂšs le sĂ©isme, oĂč en sommes-nous ? Et nous resterons au mĂȘme stade dans 5 ans ou 50 ans.

Parce que deuxiĂšme illusion : un pays ne se recons-truit pas en un jour, d’un jour Ă  l’autre. Ce n’est pas un jeu vidĂ©o. Or c’est mine de rien Ă  quoi nous nous attendons. Un mirage. Un petit Port-au-Prince tout neuf comme cadeau de Noel ! Un DoubaĂŻ de la CaraĂŻbe.

Si nous Ă©tions un pays normal, fort des pouvoirs extra-ordinaires qui lui sont confĂ©rĂ©s par l’état d’urgence, l’Etat aurait pris l’essentiel du trĂ©sor public (au diable les institutions de financement qui d’ailleurs devant notre dĂ©termination farouche n’auraient d’autre choix que de nous emboiter le pas) pour se mettre immĂ©diatement Ă  reconstruire ce qui a Ă©tĂ© dĂ©truit. De nos propres moyens. Il faudrait bien entendu crĂ©er ces moyens. Augmenter la perception. L’esprit de sacrifice. Mettre tout le monde Ă  contribution. A commencer par les plus fortunĂ©s. Sanctionner fortement les rĂ©calcitrants, quels qu’ils soient. Imaginer un New deal comme avait fait Roosevelt pour sortir les Etats-Unis de la Grande dĂ©pression. Mais prĂȘcher aussi d’exemple. Les gouvernants pourraient dĂ©poser leurs 4 par 4 pour Ă©conomiser le carburant pour les engins lourds. Mettre le peuple au travail sur les dĂ©combres. Travaux publics ou travaux privĂ©s ou travaux humanitaires, il ne devrait y avoir aucune diffĂ©rence. Aucune discrimination non plus.

Une révision des structures économiques existan-tes 


Un violent cyclone a frappĂ© le sud de la Floride le 24 aoĂ»t 1992. DĂ©truisant plusieurs milliers de foyers. Un an aprĂšs, les gens Ă©taient rentrĂ©s chez eux. GrĂące Ă  un programme de crĂ©dit immobilier. Mais il n’y a pas eu de camps. Les camps finissent par crĂ©er plus de problĂšmes qu’ils n’en rĂ©solvent. Comme nous le constatons.

Aux Etats-Unis, les choses sont facilitĂ©es, comme vous le savez, grĂące Ă  une institution (mais qui n’existe appa-remment pas chez nous) et qui s’appelle les assurances. Tout est assurĂ©. PropriĂ©tĂ©s, appartements, voitures, bateaux, santĂ©, mĂȘme le chien, tout. Pardon, chez nous aussi les assurances

sa fondation en 1949 proclamĂ©e ‘la perle de la CaraĂŻbe’ ? Malheureusement nous ne sommes pas un pays com-me les autres. Au grand dam de nos ancĂȘtres. Nous n’avons plus que nos yeux pour pleurer 
 et notre gueule pour accoucher des Ăąneries. En toute libertĂ© dĂ©mocratique, ouais ! VoilĂ  pourquoi on n’en sortira pas, ni dans 5 ans, ni dans 50 ans, qui sait. Voyons les choses en face. Une des leçons Ă  tirer pour cette fin d’annus horribilis mais qui ne sera probablement pas le dernier : cessons de rĂȘver, pauvres idiots que nous sommes, aussi idiots que pauvres. Ce n’est pas la rĂ©volution qu’il nous faut aujourd’hui, (qu’elle soit nationaliste et anti-Minustah ou ‘sociale’ Ă  la Wyclef !), c’est la Recons-truction. Mais qui peut (et doit) ĂȘtre en elle-mĂȘme une totale rĂ©volution.

HaĂŻti en Marche, 24 DĂ©cembre 2010

existent. Mais pourquoi faire puisqu’elles ne sont d’aucun secours en cas de catastrophe nationale. On n’a pas beaucoup entendu parler des assurances depuis le 12 janvier 2010, mĂȘme des assurances santĂ©. MĂȘme celles qui assurent les employĂ©s publics. Elles se font toutes petites, n’est-ce pas !

DĂ©sormais toutes les propriĂ©tĂ©s en HaĂŻti Ă©galement devraient ĂȘtre assurĂ©es. Mais pas seulement les propriĂ©tĂ©s, tout ce qui est essentiel Ă  la vie. Mais des assurances vĂ©ritables, qui

contribuent Ă  la vie et Ă  l’essor de la nation et de l’économie et apportent leur concours et leur engagement en cas de be-soin, pas des coupes gorges. Une telle rĂ©vision des structures Ă©conomiques existantes entrerait aussi dans les compĂ©tences de l’état d’urgence.

L’esprit de sacrifice 
Mais en Haïti nous mettons la charrue toujours de-

vant les bƓufs, nous prenons nos rĂȘves pour des rĂ©alitĂ©s. Et plus nous sommes au plus bas, plus nous rĂȘvons malgrĂ© nous. Cauchemars vivants. Zombies.

Alors que si nous Ă©tions un pays normal les gens ne se seraient dĂ©placĂ©s que pour trouver momentanĂ©ment un coin pour dormir mais ils reviendraient chaque jour sur les lieux de leur rĂ©sidence pour reconstruire celle-ci, chacun se ferait son propre contremaitre, l’Etat fournirait les moyens qu’il faut, toute la nation y trouverait du boulot. Mais ce ne serait pas gratis ti chĂ©ri parce que rien n’est gratuit quand il faut reconstruire un foyer sĂ»r pour ses enfants et par la mĂȘme occasion son pays, c’est au contraire l’esprit de sacrifice qui domine, tous devraient d’abord s’engager Ă  rembourser les dĂ©penses faites pour reconstruire leur logement, leur quartier, leur ville. AssurĂ©ment sur des bases plus solides, plus saines et plus conviviales.

Les rĂ©calcitrants verraient leurs biens hypothĂ©quĂ©s dans le mĂȘme cadre de l’état d’urgence. L’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral primant sur tous les autres.

Elections aux moindres frais 
Si on Ă©tait un pays normal, les Ă©lections ne seraient pas

forcĂ©ment renvoyĂ©es. Mais elles se dĂ©rouleraient aux moindres frais car nous sommes en systĂšme d’autarcie Ă©conomique et sans participation financiĂšre de l’étranger (car l’aide Ă©trangĂšre aurait des choses plus importantes Ă  rĂ©gler, d’autre part qui veut son respect se le procure !). Ensuite, seuls les partis reconnus, c’est-Ă -dire ayant une vĂ©ritable implication nationale, seraient admis Ă  y participer. Tout devrait ĂȘtre calculĂ© au plus serrĂ© (la publicitĂ© Ă©lectorale, finies les gargotes), l’état d’urgence ne peut se permettre aucun gaspillage.

Ce serait donc une bonne occasion pour remettre un peu d’ordre dans notre prĂ©tendue dĂ©mocratie !

Si on Ă©tait un pays normal, on comprendrait aussi

qu’on ne peut rebĂątir en un jour ce qui a mis plus de trois siĂšcles Ă  exister. Vite notre Cours d’Histoire d’HaĂŻti par J. B. Dorsainville. ‘Port-au-Prince fut fondĂ©e en 1749 par les colons français sur l’Habitation Randot, (l’actuel quartier du Bel Air). En 1770, elle remplaça le Cap-Français comme capitale de la colonie de Saint Domingue, mais fut dĂ©truite dĂ©jĂ  par un sĂ©isme le 3 juin de la mĂȘme annĂ©e.

‘Pendant la RĂ©volution française, la ville fut rebapti-

Visage inchangé depuis le séisme du centre commercial de Port-au-Prince (photo Haïti en Marche)

Page 6: Haiti en Marche #49- Vol XXIV - December 29, 2010

Page 6Mercredi 29 DĂ©cembre 2010

Haïti en Marche ‱ Vol XXIV ‱ N° 49CRISE ELECTORALE

(Constitution) lui confie la mission et lui fait obligation d’assurer le bon fonctionnement et la protection des institutions. Et il ne faillira pas Ă  sa tĂąche, dit le prĂ©sident. Puis tombe le couperet. RenĂ© PrĂ©val annonce qu’il est prĂȘt Ă  rester en fonction au-delĂ  du 7 fĂ©vrier et jusqu’au 14 mai 2011 qui marquera la fin effective de son mandat de 5 ans, si les circonstances l’obligent. Il Ă©tait en effet entrĂ© en fonction le 14 mai 2006 Ă  cause du retard qui avait Ă©tĂ© pris par les prĂ©sidentiel-les d’alors. Cette derniĂšre dĂ©claration du prĂ©si-dent peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un vĂ©ritable dĂ©fi pour son opposition qui a jurĂ© de le dĂ©lo-ger du palais avant cette date.

Le prĂ©sident explique pourquoi il en est venu Ă  cette conclusion alors qu’il pensait partir le 7 fĂ©vrier afin de faciliter la remise en ordre du calendrier constitutionnel.

Mais selon lui, le séisme a tout remis en question.

Une explication que l’opposition ne va certainement pas gober.

« Le PrĂ©sident n’a pas de

quand leur intervention Ă  l’hĂŽtel Karibe avait cassĂ© le dĂ©rou-lement de la journĂ©e Ă©lectorale Ă  la surprise gĂ©nĂ©rale.

Mais l’institution Ă©lectorale ordonna de poursuivre. Toutefois c’est la volte face effectuĂ©e par deux d’entre eux qui l’emportera. Mirlande Manigat, la premiĂšre pourtant qui avait demandĂ© l’annulation, et Michel Martelly, qui avait pris immĂ©diatement la tĂȘte d’une manifestation en faveur de l’annulation, annoncĂšrent seulement quelques heures plus tard qu’ils restent dans le processus Ă©lectoral 
 pour avoir reçu, disent-ils, des assurances que ce sont eux qui mĂšnent dans les premiers rĂ©sultats.

Cependant les surprises Ă©taient loin de finir. Et de fil en aiguille voici presque toute la classe politique qui rejoint

que soit le vis Ă  vis – elle a dit cependant pas question d’un second tour Ă  trois comme la France a proposĂ©), par contre la candidate du parti RDNP rejette le recomptage.

Elle l’a encore fait comprendre dans un article de Cyberpresse paru sous le titre : ‘Mirlande Manigat ne veut pas d’une solution imposĂ©e par l’étranger.’

‘La candidate arrivĂ©e en tĂȘte du premier tour s’est prononcĂ©e contre une solution Ă  la crise post-Ă©lectorale â€˜Ă©la-borĂ©e par l’étranger’.

Alors, direz-vous, l’étranger n’a qu’à se retirer et va

aujourd’hui Ă  l’annulation d’autant plus que en face, aussi bien du cĂŽtĂ© des candidats favoris qui semblent dĂ©sorientĂ©s que du prĂ©sident PrĂ©val et de l’international qui n’arrivent pas Ă  imposer le recomptage, en face c’est la confusion.

Les 12 ont-ils une stratĂ©gie pour prendre la direction des opĂ©rations (voire si la crise n’est pas rĂ©solue avant le dĂ©part du prĂ©sident PrĂ©val Ă  la fin de son mandat le 7 fĂ©vrier 2011, d’autres disent le 14 mai) et que le pays tomberait dans le vide constitutionnel. Remarquez que ce ne serait pas la premiĂšre fois pendant ces 25 annĂ©es tumultueuses de l’aprĂšs-Duvalier !

Est-ce que Ă  12 on est plus fort ? Ou moins fort ? Car il s’agit tout de mĂȘme de 12 candidats Ă  la prĂ©sidence.

Mais d’abord il leur faut communiquer Ă  la population leur intention, leur message. Qui sont-ils, que recherchent-ils, oĂč peuvent-ils nous conduire ?

Personne ne saurait dire. Et peut-ĂȘtre eux non plus !C’est une sorte de mission qui leur tombe (ou qui

risque de leur tomber) comme ça sur la tĂȘte. Mission possible ou impossible ?

Sont-ils capables de le relever ?Ou se feront-ils voler la vedette avant le temps de réa-

liser ce qui leur arrive. Car une fois qu’on se retrouve au milieu de la scùne, sous les feux de la rampe, c’est autre chose.

En tout cas, le temps presse.

MĂ©lodie 103.3 FM, Port-au-Prince

Martelly. Il demande que tous les candidats puissent participer au second tour et que celui qui obtienne le plus de voix soit dĂ©clarĂ© le vainqueur. Donc l’annulation du premier tour.

Martelly fait donc plus que la moitié du chemin vers le Groupe des 12.

Quant Ă  Mirlande Manigat, elle dit non Ă  tout. A la nouvelle proposition de Martelly, mais aussi au recomptage qui est la voie choisie par le prĂ©sident RenĂ© PrĂ©val au cours de nĂ©gociations apparemment difficiles avec l’OEA (Organisation des Etats AmĂ©ricains), l’Union europĂ©enne, l’envoyĂ© spĂ©cial

Bill Clinton, bref la communauté internationale.Sauf que Mirlande Manigat ne lùcherait pour rien au

monde sa premiÚre place dans les résultats du premier tour.Donc un second tour avec le candidat du pouvoir Jude

CĂ©lestin et Mirlande Manigat ?Ce n’est pas encore Ă©vident. Jude CĂ©lestin est le seul Ă  n’avoir pas pris position

publiquement. C’est plutĂŽt regrettable. Un candidat qui est 2Ăšme favori se jette tout naturellement dans la bagarre. A moins que le candidat du pouvoir espĂšre gagner par dĂ©faut. Ce qui augmente par consĂ©quent les suspicions. De plus, on voit difficilement un international dĂ©jĂ  lui aussi sur la dĂ©fensive, se prĂȘter Ă  ce jeu.

Ce qui rend le second tour totalement problĂ©matique. Car si Mirlande Manigat est d’accord pour y aller (avec quel

parce qu’il craint de ne pas avoir suffisamment d’arguments pour se faire admettre au second tour. Les rĂ©sultats communi-quĂ©s le 7 dĂ©cembre le mettent en troisiĂšme position derriĂšre Mirlande Manigat et Jude CĂ©lestin.

Mirlande Manigat ne figure pas dans le camp de l’annulation uniquement parce qu’elle ne veut pas risquer sa premiùre place.

Quant Ă  Jude CĂ©lestin, il pourrait bien finir par s’y retrouver malgrĂ© lui (avec les partisans de l’annulation) s’il n’y a personne pour aller avec lui au second tour.

Oui, des Ă©lections qui sont devenues une vraie charade (en crĂ©ole ‘Tchala’, Ă©lections borlette).

Sans compter tous ceux qui avaient prĂŽnĂ© le boycott (mais sans rĂ©ussir Ă  empĂȘcher les Ă©lections d’avoir lieu). Les voici donc tout heureux et fiers de sauter dans le train de l’an-

nulation en marche. Ce sont eux qui ont pris la tĂȘte de la rencontre de ce mercredi. Tout de suite les grands mots : on prĂ©pare les Ă©tats-gĂ©nĂ©raux de la nation haĂŻtienne. Ils oublient que c’est le peuple de 1789 qui avait fait les Ă©tats-gĂ©nĂ©raux, oĂč est leur peuple ?

Dans tout ça, que reprĂ©sentent les 12. Quel est leur poids rĂ©el ? Sont-ils capables de prendre avantage des nouvelles circonstan-ces ? Douze hommes en colĂšre. Qui donc ont su transformer leur colĂšre en dĂ©termination d’abord, puis garder suffisamment leur unitĂ© pour, contrairement aux autres, rĂ©sister aux volte face quasi quotidiens, spĂ©cialement chez les candidats appelĂ©s favoris, et pour paraĂźtre finalement aujourd’hui comme ceux qui avaient vu juste dĂšs la journĂ©e Ă©lectorale du 28 novembre.

Aujourd’hui on pourrait mĂȘme les appeler les 12 apĂŽtres puisque ayant fait tant d’adeptes.

Mais cela dit, quel avenir pour le Groupe des 12 ? DisparaĂźtre dans la foule de plus en plus immense de tous ceux qui crient

la position des 12 (redevenus douze) et qui s’appelle aujourd’hui le Groupe des 12.

Ce mercredi s’est tenue, Ă  l’initiative d’un groupe de sĂ©nateurs de l’opposition, une rencontre entre plusieurs secteurs politiques, tous unis autour d’une mĂȘme revendication : l’annulation des Ă©lections du 28 novembre.

Beaucoup des partis et regroupe-ments qui participaient Ă  cette rencontre Ă©taient dĂ©jĂ  opposĂ©s aux Ă©lections bien avant que celles-ci aient eu lieu, donc ce n’est pas vraiment lĂ  une surprise.

Le plus intĂ©ressant c’est la position des trois candidats dits favoris, parce que en tĂȘte des rĂ©sultats communiquĂ©s le 7 dĂ©cem-bre pour le premier tour, rĂ©sultats ‘contestĂ©s’ autour desquels se dĂ©mĂšnent aussi bien les autoritĂ©s Ă©lectorales haĂŻtiennes que la commu-nautĂ© internationale en vue d’un recomptage des votes afin de pouvoir engager un second tour.

Or au moins deux de ces trois candi-dats refusent le recomptage.

C’est d’abord le chanteur Michel

Jusqu’oĂč ira la dĂ©termination des 12 ?

pour un second tour Manigat - CĂ©lestin !

Ce serait trop beau.N o n s e u l e m e n t

l’étranger ne va pas se reti-rer (pour nos beaux yeux) mais c’est ce dĂ©sarroi dans le camp des trois favoris qui a relancĂ© pour de bon cette fois le Groupe des 12. En effet la thĂšse de l’annulation des Ă©lec-tions paraĂźt soudain crĂ©dible, devient une voie possible de sortie de crise.

Mais pas si vite. Cha-cun veut l’annulation pour son intĂ©rĂȘt propre. Michel Martelly

(LES DOUZE... suite de la 1Ăšre page)

ELECTIONS : PREVAL ABAT SES CARTES

candidat » 
Par ailleurs, il ressort de cette ren-

contre un autre point important. A lire entre les lignes, le prĂ©sident PrĂ©val a non seulement optĂ© pour un second tour Ă  deux candidats. Mais dans son esprit ces deux candidats seraient Mirlande Manigat et le candidat du pouvoir Jude CĂ©lestin. De plus, lui-mĂȘme semble disposĂ© Ă  se satisfaire de la victoire de l’un ou de l’autre. Deux indications nous invitent Ă  le penser. Il a mentionnĂ© que Mir-lande Manigat s’est dĂ©clarĂ© prĂȘte Ă  gouverner avec une majoritĂ© parlementaire issue d’un autre parti (le parti prĂ©sidentiel INITE mĂšne dans la course pour les deux chambres) tandis que Michel Martelly (PrĂ©val dixit) ne peut espĂ©rer avoir pas mĂȘme un seul reprĂ©sentant au Parlement.

L’autre point c’est cette dĂ©claration totalement inattendue : « le PrĂ©sident n’a pas de candidat. »

Marcus, MĂ©lodie 103.3 FM, Port-au-Prince

. Le président René Préval a reçu à cette rencontre Le Nouvelliste, Caraïbes FM, Radio Nationale et Mélodie FM.

(PREVAL... suite de la page 4)

La majoritĂ© des douze candidats recherchant l’annulation des Ă©lections du 28 novembre. De la gauche : Josette Bijou, J H CĂ©ant, J E Alexis, Garaudy Laguerre, Eric Smarky Charles,

LĂ©on Jeune (photo Marcus/HenM)

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Mercredi 29 DĂ©cembre 2010HaĂŻti en Marche ‱ Vol XXIV ‱ N° 49

Page 7LES DEUX CRISES

PORT-AU-PRINCE, 26 DĂ©cembre – Deux crises Ă©lectorales arrivant simultanĂ©ment mais sans aucun rapport, celles d’HaĂŻti et de la CĂŽte d’Ivoire. En HaĂŻti, c’est sans grande signification. En CĂŽte d’Ivoire, c’est un conflit aux racines plus profondes. Deux candidats dĂ©clarĂ©s respectivement vainqueur du 2e tour des prĂ©sidentielles ivoiriennes qui s’est dĂ©roulĂ© le 28 novembre dernier. Alors que le candidat de l’opposition Alassane Ouat-tara est l’élu pour la Commission Ă©lectorale avec 54.1% des voix, le Conseil constitutionnel intervient pour invalider ces rĂ©sultats et proclamer la victoire du prĂ©sident sortant Laurent Gbagbo avec 51.45% de voix. Il faut rappeler que c’est Gbagbo qui menait dans les rĂ©sultats du premier tour (avec 38% des suffrages) mais Ouattara (qui avait fait 32%) a fait alliance avec le candidat arrivĂ© en troisiĂšme position avec 25% des suffrages exprimĂ©s, l’ex-prĂ©sident Henri Konan BĂ©diĂ©. RĂ©sultat : Alassane Ouattara est Ă©lu avec 54%. Mais les rĂ©sultats de la Commission Ă©lectorale sont rejetĂ©s par le Conseil constitutionnel qui reconduit le prĂ©sident sortant Lau-rent Gbagbo. Celui-ci prĂȘte serment immĂ©diatement. Peu aprĂšs, Ouattara aussi. Ce dernier trouve refuge dans un Ă©tablissement protĂ©gĂ© par les casques bleus de l’ONU (ONUCI), l’hĂŽtel Le Golf.

Gbagbo Ă©tait en prison et Ouattara au pouvoir 


Le conflit ne date pas d’aujourd’hui mais remonte au temps oĂč la CĂŽte d’Ivoire Ă©tait dirigĂ©e par le pĂšre fondateur, FĂ©lix Houphouet-Boigny, le premier prĂ©sident aprĂšs l’indĂ©pen-dance obtenue au lendemain de la Seconde guerre mondiale de l’ancienne puissance coloniale, la France. Alassane Ouattara, Ă©conomiste de mĂ©tier, formation dans de grandes universitĂ©s amĂ©ricaines et europĂ©ennes, arrive au poste de Premier ministre du prĂ©sident HouphouĂ«t-Boi-gny. Pendant ce temps, Laurent Gbagbo est parlementaire (dĂ©putĂ©). Il est arrĂȘtĂ© dans une affaire de complot et fera de la prison, avec son Ă©pouse Simone et son fils. AprĂšs la mort du prĂ©sident FĂ©lix HouphouĂ«t-Boigny, Ouattara tente plusieurs fois de se prĂ©senter Ă  la prĂ©sidence mais en est empĂȘchĂ© par une constitution qui exige que le candidat soit nĂ© de pĂšre et de mĂšre ivoiriens (tout Ă  fait comme le prescrit la constitution haĂŻtienne).

Chicago boy 
D’autre part, comme responsable des finances du pays

et Premier ministre, Ouattara, 68 ans, a laissĂ© un souvenir de Chicago boy, appliquant des recettes Ă©conomiques rigoureuses, qui ont marquĂ© profondĂ©ment la population, mais qui lui mĂ©ri-tent l’admiration des grandes institutions internationales.

Entre deux tentatives manquĂ©es Ă  la prĂ©sidence, Alassane Ouattara retourne d’ailleurs Ă  chaque fois travailler pour ces derniĂšres. Il devient ainsi directeur adjoint au Fonds monĂ©taire international (FMI). Aujourd’hui la CĂŽte d’Ivoire est grosso modo divisĂ©e en deux camps : d’un cĂŽtĂ©, Alassane Ouattara, le prĂ©sident reconnu par la communautĂ© internationale (ONU, Etats-Unis, Union europĂ©enne, la Banque mondiale ainsi que les institu-

homme du Nord, or entretemps il y a eu aussi une guerre civile entre le Nord et l’Etat central.

Puis on trouva une solution nĂ©gociĂ©e : Gbagbo pre-nant comme Premier ministre l’un des leaders du soulĂšvement nordiste, Guillaume Soro.

Aujourd’hui celui-ci a rejoint le camp Ouattara qui l’a choisi aussitît pour devenir son Premier ministre.

Le conflit a donc un double aspect Ă  la fois rĂ©giona-liste et nationaliste. Nationalisme qui nous invite Ă  revenir en arriĂšre. La CĂŽte d’Ivoire de FĂ©lix HouphouĂ«t-Boigny. Premier producteur mondial de cacao. Un quartier des affaires florissant, le Plateau, sorte de mini Manhattan. Place forte pour l’écono-mie française. Mais on reproche au chef de l’Etat de ne pas en faire suffisamment profiter le pays rĂ©el alors qu’il chouchoute ses amis les hommes d’affaires. Trop de show business. LittĂ©-ralement. D’oĂč l’accusation de nĂ©o-colonialisme. La jeunesse universitaire proteste ? Eh bien, on l’envoie Ă  Paris poursuivre des Ă©tudes interminables. Une blague circule dans les milieux africains en France : ‘I-voi-rien’ pour ‘Il n’y voit rien’, c’est-Ă -dire qu’il ne voit pas que son pays est mis en coupe rĂ©glĂ©e. C’était dans les annĂ©es 70.

On n’a pas suffisamment relevĂ© que la communautĂ© ivoirienne Ă  Paris a tenu tout rĂ©cemment une grande manifes-tation de soutien Ă  Laurent Gbagbo.

La politique française en Afrique 
On en est lĂ . La communautĂ© internationale serre cha-

que minute un peu plus la vis Ă  Laurent Gbagbo pour laisser le pouvoir, l’armĂ©e rĂ©siste. Les Jeunes patriotes ne dorment point la nuit. Accusant de leur cĂŽtĂ© Ouattara d’ĂȘtre l’homme des intĂ©rĂȘts Ă©trangers. Gbagbo voudrait-il cĂ©der qu’il est prisonnier d’une cause dont les racines remontent Ă  la politique française en Afrique elle-mĂȘme, les relations clientĂ©listes avec les gou-vernants post-indĂ©pendance, les scandales, la mĂ©galomanie : diamants du sacre de Bokassa 1er, la cathĂ©drale de HouphouĂ«t-Boigny Ă  Yamoussoukro, une rĂ©plique de la Basilique Saint Pierre de Rome, en pleine savane africaine, et d’un coĂ»t de 1 Ă  5 milliards de francs.

Bref la CĂŽte d’Ivoire avait tout pour devenir un joyau. Cela ne semble pas tout Ă  fait le cas. Et Laurent Gbagbo ne peut en ĂȘtre tenu pour seul responsable.

C’est donc une crise passablement plus sĂ©rieuse que ce qui se dĂ©roule en mĂȘme temps en HaĂŻti. Cette simultanĂ©itĂ© n’est que le fait du hasard.

MĂ©lodie 103.3 FM, Port-au-Prince

HAITI – COTE D’IVOIREDeux crises sans aucun rapport

tions soeurs sur le continent africain) qui exige son installa-tion.

De l’autre cĂŽtĂ©, Gbagbo a pour lui les forces armĂ©es ivoiriennes et la rue. En particulier des organisations de jeunes Ă  Abidjan, la capitale, surnommĂ©es les Jeunes patriotes.

Double aspect régionaliste et nationaliste 


La jeune armée qui a pris des promotions ces derniÚres années mais pour qui surtout Ouattara est un

meilleure façon de connaitre la vraie position occupée par le candidat.

"Jusqu’à date il y a des gens qui ne savent pas oĂč ils sont positionnĂ©s", ajoute-t-il. Les avocats de Michel Martelly soutiennent Ă  nouveau que le scrutin prĂ©sidentiel et lĂ©gislatif du 28 novembre Ă©tait truffĂ© d’irrĂ©gularitĂ©s. Le nombre de bulletins valides ne correspond pas au nombre de votes dans plus de 38% des bureaux qui ont accueilli les Ă©lecteurs,

relĂšvent-ils.Ils affirment que le Conseil Ă©lectoral

provisoire (Cep) a distribuĂ© 1000 bulletins dans des bureaux de plusieurs rĂ©gions du pays, notamment, Ă  Bainet et Cayes Jacmel (Sud-est), Ă  Tabarre et PĂ©tion-ville (Ouest) ou dans la Grande RiviĂšre du Nord, au lieu de 480 qui est la quantitĂ© normale. Me Gregory Mayard Paul dĂ©nonce le fait que le Cep a comptĂ© des procĂšs verbaux lĂ  ou il n’y avait pas d’élections.

Martelly veut un rĂ©sultat ‘normal et lĂ©gal’

(MARTELLY... suite de la page 4)

Les deux candidats Gbagbo et Ouattara dans un moment de détente

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Page 8Mercredi 29 DĂ©cembre 2010

Haïti en Marche ‱ Vol XXIV ‱ N° 49L’HUMANITAIRE

PORT-AU-PRIN-CE, 23 DĂ©cembre – Un certain dĂ©sengagement des secteurs internationaux est perceptible Ă  travers plu-sieurs Ă©vĂ©nements se passant actuellement. Et il n’y a pas de quoi s’en rĂ©jouir.

Le départ de 318 en-fants adoptés par des familles françaises dans deux avions affrétés par la France.

Comme on fuit un volcan au bord de l’éruption. On pire encore.

Sous pression des parents adoptants, la nou-velle ministre française des affaires étrangÚres, MichÚle

Alliot-Marie, a fait une priorité de cette question. Immédiate-ment en fonction, elle a recherché et trouvé un accord avec le gouvernement haïtien pour faire partir les enfants.

Tandis que son prédécesseur, Bernard Kouchner, est traité de tous les noms.

Une de ces nouvelles mamans de dire : ‘Kouchner Ă©tait surtout prĂ©occupĂ© de la sĂ©curitĂ© juridique des enfants et non de leur sĂ©curitĂ© physique.’

Les parents adoptants tremblaient de devoir laisser leurs enfants adoptifs plus longtemps dans un pays oĂč le cho-lĂ©ra tue au moins une quarantaine de personnes par jour. Sans compter le cholĂ©ra politico-Ă©lectoral !

Or le ministre Bernard Kouchner est seulement vic-time du plus grand respect qu’il a pu manifester pour HaĂŻti en faisant en sorte de ne pas violer les lois du pays puisque ce sont les autoritĂ©s haĂŻtiennes qui, devant le risque de vol d’enfants pour aller les nĂ©gocier Ă  l’extĂ©rieur, avaient posĂ© des conditions plus rigoureuses Ă  leur dĂ©part.

Et surtout la façon ‘rapido presto’ dont est organisĂ© ce dĂ©part est symptomatique d’un changement d’attitude. Au lieu d’attirer comme au lendemain du sĂ©isme, voici HaĂŻti Ă  nouveau un pays Ă  fuir toutes affaires cessantes.

D’ailleurs, autre fait significatif, c’est le renouvelle-ment par le DĂ©partement d’Etat amĂ©ricain de son avis dĂ©com-mandant tout voyage ‘non essentiel’ en HaĂŻti.

Suivi peu aprĂšs d’un message invitant les ressortis-sants amĂ©ricains en HaĂŻti Ă  prendre toutes les dispositions pour ne pas ĂȘtre bloquĂ©s dans le pays en cas de reprise Ă©ventuelle des Ă©meutes. Rappelant que la derniĂšre fois l’aĂ©roport international de Port-au-Prince est restĂ© fermĂ© pendant plusieurs jours ainsi que les routes menant Ă  la frontiĂšre haĂŻtiano-dominicaine.

Un pays donc Ă  fuir en toute prioritĂ©.Or, le plus ironique, c’est un candidat Ă  la prĂ©sidence

qui le mĂȘme jour annonce le plus tranquillement du monde sur toutes les ondes que ses partisans redescendront dans la rue s’ils ne sont pas satisfaits des rĂ©sultats Ă©lectoraux attendus.

Alors que ce sont les mĂȘmes manifestants qui avaient forcĂ© Ă  la fermeture de l’aĂ©roport et des routes stratĂ©giques du pays.

Cela ne peut arriver qu’en HaĂŻti !Il y a encore l’interview du numĂ©ro 2 de l’OEA, Mr

Ricardo Seitenfus, qui dit ses quatre vĂ©ritĂ©s Ă  la communautĂ© internationale. HaĂŻti est l’exemple entre mille de l’échec de l’assistance internationale qui par ses actions non adaptĂ©es, dit-il, contribue Ă  marginaliser davantage ce pays qu’à l’ouvrir au progrĂšs et Ă  un mieux ĂȘtre pour ses habitants.

Mais en mĂȘme temps les dĂ©clarations de ce haut fonctionnaire, qui semble avoir tellement compris notre pays, sonnent aussi sombre qu’un cri d’adieu.

D’ailleurs ses patrons ne lui ont pas laissĂ© le choix. Le reprĂ©sentant spĂ©cial de l’OEA aurait Ă©tĂ© immĂ©diatement relevĂ© de ses fonctions.

Ce sont toujours les meilleurs qui s’en vont !Tout comme la Reconstruction. Qu’en est-il

aujourd’hui ? La CIRH (Commission intĂ©rimaire pour la reconstruction) devenue un champ de bataille entre ses 30 membres, moitiĂ© haĂŻtiens – moitiĂ© Ă©trangers.

Tandis que nous apprenons par un article de l’agence Associated Press que sur chaque 100 dollars des Etats-Unis pour la reconstruction d’HaĂŻti aprĂšs le sĂ©isme du 12 janvier, plus de 98 dollars vont aux entreprises amĂ©ricaines. Et sans appel d’offres !

Finis les bons sentiments. Tout est donc désormais une affaire de gros sous. Assez ouvertement.

Tout comme le cholĂ©ra politico-Ă©lectoral ne con-cerne pas seulement notre classe politique haĂŻtienne (que nous prierons de ne voir ici aucune justification). Mais il n’y a qu’à lire entre les lignes des articles et dĂ©pĂȘches paraissant Ă  l’extĂ©rieur pour rĂ©aliser que c’est du business as usual. Le meilleur gouvernement est celui qui permettra d’exploiter ce pactole inattendu aussi rapidement que possible. Nous autres HaĂŻtiens, n’y verrons que du feu.

Jusqu’au dossier impliquant la Minustah (mission onusienne) dans l’apparition de l’épidĂ©mie de cholĂ©ra que, malgrĂ© tout le bien fondĂ© de nos interrogations, nous devons manipuler avec le plus grand soin car, selon des responsables d’organisations Ă©trangĂšres dont l’importance dans le pays n’est pas Ă  dĂ©montrer, les professionnels Ă©trangers seraient vus avec suspicion aujourd’hui par une population dĂ©semparĂ©e et qui pour cela tend trop Ă  tout amalgamer en voyant en chaque Ă©tranger un propagateur du cholĂ©ra dans le pays.

De lĂ  Ă  ce que ces professionnels s’en vont d’HaĂŻti. Or nous ne pouvons pas nous le permettre. MalgrĂ© tout le tamtam de nos nationalistes de pacotille, presque la totalitĂ© de l’eau traitĂ©e distribuĂ©e Ă  la population dans la lutte contre le cholĂ©ra est apportĂ©e par ces organisations.

Haïti ne peut pas se permettre ce mouvement de désaffection qui se profile en ce moment.

Car en face, les nĂŽtres n’alignent que leur blabla et leur pagaille. Du moins pour le moment prĂ©sent oĂč tous semblent avoir perdu la tĂȘte. Peut-ĂȘtre sous l’effet du mĂȘme pactole signalĂ© plus haut.

Attention donc Ă  ne pas tomber dans le piĂšge des grands discoureurs (et discoureuses) qui aujourd’hui comme hier n’ont Ă  nous offrir (c’est une Ă©vidence) que du baratin et rien d’autre.

Le sort du pays n’est pas entre leurs mains, il est plutît aujourd’hui entre les vîtres ! Simples citoyens. Et voilà aussi pourquoi il ne faut pas tout casser. Compris !

MĂ©lodie 103.3 FM, Port-au-Prince

Les blancs rembarquent !

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Mercredi 29 DĂ©cembre 2010HaĂŻti en Marche ‱ Vol XXIV ‱ N° 49

Page 9BANQUE NATIONALE DE CREDIT

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Page 10Mercredi 29 DĂ©cembre 2010

Haïti en Marche ‱ Vol XXIV ‱ N° 49ADOPTION

LIBERTE EGALITE FRATERNITERĂ©publique d’HaĂŻti

Avis de divorceIl est portĂ© Ă  la connaissance des intĂ©ressĂ©s qu’à la date du vingt quatre

septembre deux mille dix (24 septembre 2010), le Tribunal de PremiÚre Instance de Port-au-Prince a rendu une décision entre les époux Richardson Wenschell Joseph, la femme née Marie Emmanuella Merisma dont le dispositif est ainsi libellé :

Par ces motifs, le Tribunal, aprĂšs examen et sur les conclusions du Minis-tĂšre Public, maintient le dĂ©faut octroyĂ© contre le dĂ©fendeur Ă  la susdite audience, pour le profit du dĂ©faut, dĂ©clare fondĂ©e la dite action, admet en consĂ©quence le divorce de la dame Richardson Wenschell Joseph, nĂ©e Marie Emmnuella Merisma, d’avec son Ă©poux Richardson Wenschell Joseph, pour injures graves et publiques, prononce la dissolution des liens matrimoniaux existant entre les dits Ă©poux, or-donne Ă  l’officier de l’Etat Civil de la Section Est de Port-au-Prince de transcrire dans ses registres Ă  ce destinĂ©s le dispositif du prĂ©sent jugement dont un extrait sera insĂ©rĂ© dans l’un des quotidiens s’éditant Ă  la capitale sous peine de dommages intĂ©rĂȘts envers les tiers s’il y Ă©chet, commet huissier Jean Claude Beauvais de ce Tribunal pour la signification de ce jugement, compense les dĂ©pens.

Pour ordre de Publication : Me. Jean C. Mars Pour le Cabinet.

LIBERTE EGALITE FRATERNITERĂ©publique d’HaĂŻti

Avis de divorcePAR CES MOTIFS, le tribunal, aprĂšs en avoir dĂ©libĂ©rĂ© au vƓu de la loi et aprĂšs

avoir entendu le MinistĂšre Public dans ses conclusions Ă©crites en la forme et au fond, favorable Ă  l’action de la requĂ©rante, accueille l’action intentĂ©e en divorce par la dame Antonine MICHEL contre son Ă©poux RAYMOND Jackson, en la forme et maintient le dĂ©faut dĂ©jĂ  octroyĂ© contre le dĂ©fendeur Ă  l’audience du Jeudi 11 Novembre 2010 Ă  2 hres de l’aprĂšs midi ; ce, pour n’avoir pas Ă©tĂ© rabattu. Aux termes de l’articles 287 du code de procĂ©dure civil Luc D’HECTOR. Admet le divorce des Ă©poux Antonine MICHEL et RAYMOND Jackson pour abandon du toit marital envers sa femme au vƓu de l’article 217 du code civil haĂŻtien.

Prononce la dissolution des liens matrimoniaux ayant existĂ© entre les dits Ă©poux tout en ordonnant Ă  l’Officier de l’Etat Civil de la Commune de Petite RiviĂšre de Nippes, Mr. Lionel PRUCIEN de transcrire sur les registres Ă  ce destinĂ© le dispositif du prĂ©sent jugement dont un extrait sera insĂ©rĂ© dans l’un des quotidiens s’éditant Ă  la capital sous peine de dommages intĂ©rĂȘts envers les tiers et de rĂ©diger l’acte de divorce des Ă©poux prĂ©citĂ©s. Commet l’huissier Letoy BLANFORT pour la signification du prĂ©sent jugement aux fins de Droits tout en compensant les dĂ©pens en raison de ls qualitĂ© des parties.

DonnĂ© de nous, Me Nerva VILMONT, Doyen du tribunal de premiĂšre instance de MiragoĂąne en audiences civiles de divorce en date du Jeudi 11 Novembre 2010 Ă  02 hres 12 mns de l’aprĂšs midi ; en 207 Ăšme de l’indĂ©pendance, en prĂ©sence de Me. Mesner ELISME, Av, Substitut Commissaire du Gouvernement prĂšs le parquet du tribunal de premiĂšre instance de MiragoĂąne, avec l’assistance de Me. Arismon St-Claire, Greffier en chef de ce siĂšge.

mais qu’il a contactĂ© certaines autoritĂ©s suite Ă  ces rĂ©vĂ©lations et a pris des mesures pour sĂ©curiser la chaine d’État. « Je n’ai pas Ă  croire Ă  l’information, c’est Ă  la justice de faire son travail », a-t-il expliquĂ©.

QuestionnĂ© sur l’identitĂ© de l’informateur, “il s’agit de renseignements gĂ©nĂ©raux donc anonymes”, a rĂ©torquĂ© le directeur de la chaine 8.

Pradel Henriquez dément en outre avoir accusé ou porté plainte contre Patrice Dumont. A ce sujet il a accusé ce dernier de diffamation. « La diffamation est punie par la loi. La loi est faite pour tous, les anonymes comme les stars », a-t-il ajouté.

« Patrice Dumont n’est pas sorti libre du Parquet, la justice est en cours. Il doit demeurer Ă  la disposition de la justice », a encore dit Mr. Henriquez.

Affaire Dumont-TNH-Henriquez

déclare avoir réagi à une alerte et pris

des décisions

«Ce que la France a fait est scandaleux»Propos recueillis par Albertine Bourget(24 Décembre 2010) Terre des hommes dénonce le

récent transfert en France de 300 enfants haïtiens. Entretien avec de la responsable adoption de Terre des hommes, MarlÚne Hofstetter

Terre des hommes, qui collabore avec huit institu-tions en HaĂŻti, s’insurge contre le transfert d’urgence du 21 dĂ©cembre, qui a vu 300 enfants remis Ă  leurs parents adoptifs français. Explications de la responsable adoption de l’ONG suisse, MarlĂšne Hofstetter.

Le Temps: En quoi ce transfert n’est-il pas con-forme?

MarlĂšne Hofstetter: Tous les dossiers doivent ĂȘtre approuvĂ©s par le service social Ă©tatique IBESR, qui, comme tout le reste, ne fonctionne quasiment pas depuis le sĂ©isme [du 12 janvier 2010] et sans lequel un jugement d’adoption ne peut ĂȘtre rendu.

– Selon Paris, les dossiers ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©s avant le sĂ©isme.

– Les procĂ©dures doivent reconfirmer l’adaptabilitĂ© des enfants, ce qui n’a pas Ă©tĂ© le cas. Ce que la France vient de se permettre de faire est scandaleux.

– La France avait pourtant Ă©tĂ© accusĂ©e de ne pas agir?

– Je rappelle qu’elle a fait venir 700 enfants peu aprĂšs le sĂ©isme. C’est ensuite que Bernard Kouchner [ndlr: ministre

des Affaires Ă©trangĂšres remplacĂ© par MichĂšle Alliot-Marie] a adoptĂ© la politique de l’attente. Comme les Etats-Unis, qui avaient mis en place un programme spĂ©cial d’évacuation, la France a Ă©tĂ© vivement critiquĂ©e lors de la Commission spĂ©ciale Ă  La Haye en juin. Aux Etats-Unis, c’est le chaos complet, des enfants sont en institution, selon une enquĂȘte du New York Times parue en aoĂ»t.

– La situation n’autorise-t-elle pas une certaine souplesse?

– On confond humanitaire et adoption. C’est main-tenant le cholĂ©ra qui est mis en avant, alors qu’il n’y a pas d’urgence pour les enfants.

– Et ceux dont l’adoption Ă©tait pendante et qui sont morts en HaĂŻti?

– Ils seraient cinq sur un millier. Ils auraient pu mourir dans d’autres circonstances.

– Y a-t-il des adoptants suisses en attente d’un enfant haïtien?

– Pas Ă  ma connaissance, mais la Suisse n’a pas of-ficiellement interdit le dĂ©pĂŽt de dossiers. Les couples peuvent donc dĂ©poser une demande directement auprĂšs d’une crĂšche. C’est la preuve qu’il est absolument impossible de vĂ©rifier les dossiers. Le systĂšme Ă©tait dĂ©jĂ  largement corrompu avant. C’est bien pire aujourd’hui.

(AFP) – PARIS — PrĂšs de deux cents enfants d'HaĂŻti en cours d'adoption, sur les 318 bĂ©nĂ©ficiaires du rĂ©cent accord entre Paris et Port-au-Prince, vont passer NoĂ«l auprĂšs de leur nouvelle famille française, aprĂšs l'arrivĂ©e vendredi du deuxiĂš-

Deux cents Haïtiens adoptés accueillis dans leurs familles françaisesMarceau, qui parle créole, a dit aux journalistes qu'il

voulait rentrer à la maison. Mais en raison des intempéries et difficultés de transport, Patricia s'était déjà presque résignée à passer le réveillon de Noël dans le train-couchettes pour

pourrait rentrer avec lui". DÚs la sortie de l'aéroport, Maxime a pris la direction de la DrÎme, pour rejoindre ses deux grandes soeurs, adoptées il y a trois ans, Julia et Marie-Canise, respec-tivement cinq et sept ans.

(AFFAIRE... suite de la page 3)

me avion affrété par le gouvernement.Quatre-vingt-quatre bambins sont

arrivés vendredi matin à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, à bord du 747 affrété par le ministÚre des Affaires étrangÚres, aprÚs les 114 descendus d'un premier avion mercredi, pour la plupart accompagnés de leurs familles d'adoption.

Les enfants n'ont eu que quelques mĂštres de tarmac Ă  franchir, sous une fine neige, emmaillotĂ©s pour certains dans des couvertures, avant d'ĂȘtre successivement accueillis dans deux sas, l'un mĂ©dical, l'autre administratif, conçus pour rĂ©duire le temps passĂ© dans l'aĂ©roport.

Les parents affichaient des mines ra-dieuses mais exténuées, aprÚs un an de soucis : l'épidémie de choléra et les émeutes consécu-tives aux élections de fin novembre se sont en effet ajoutées au séisme du 12 janvier, qui avait fait plus de 250.000 victimes et interrompu les adoptions, faute de pouvoir retrouver les jugements et piÚces administratives sous les décombres.

A Port-au-Prince, "les derniĂšres heu-

Sur place depuis le 6 décembre, Lu-dovic Dehas a été "bloqué par les émeutes". "Je suis alors resté pour accélérer le plus possible les démarches. Et là, on appris que la France se lançait dans une procédure accélérée aussi", a-t-il expliqué.

"C'était dur au début et cela se termine bien. Au début, on a peur, on passe par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel", a-t-il raconté, en confiant n'avoir obtenu le dernier papier nécessaire que mercredi soir.

Au total, 198 enfants ont bénéficié des deux avions gouvernementaux sur les 318 concernés par l'accord conclu à la mi-dé-cembre entre la France et Haïti pour accélérer les procédures d'adoption et doter les petits Haïtiens, dépourvus de passeport, d'un laisser-passer consulaire exceptionnel.

Six d'entre eux qui devaient pren-dre place dans ce second avion n'ont pu le faire en raison de piÚces manquantes à leur dossier d'adoption, a indiqué vendredi matin la ministre des Affaires étrangÚres MichÚle Alliot-Marie.

Une centaine d'autres enfants sont res étaient trÚs difficiles, en raison de l'incertitude, pour savoir si l'on partait ou l'on partait pas", a confié Patricia de Almeida, tenant par la main Marceau, 5 ans, dont elle a déjà adopté le grand frÚre Noé, sept ans.

Quand les enfants ont vu l'avion, "ils ont sauté partout, c'était une grande joie", a raconté sa nouvelle maman.

Briançon."J'espÚre trouver un train pour arriver dÚs ce soir,

pour voir si le PÚre Noël a glissé les cadeaux sous le sapin", et retrouver la famille avec Noé, a-t-elle confié.

Portant dans les bras le petit Maxime, deux ans et demi, Ludovic Dehas a raconté avoir "appris là-bas qu'il

arrivés en France via "une prise en charge directe des familles adoptantes", selon le quai d'Orsay, qui a précisé qu'au total prÚs d'un millier de petits Haïtiens "auront pu rejoindre leurs fa-milles d'adoption en France, en 2010", aprÚs "650 en 2009".

AFP

Accueil Ă  l’aĂ©roport Charles de Gaule par les parents adoptifs (Reuters)

Page 11: Haiti en Marche #49- Vol XXIV - December 29, 2010

Mercredi 29 DĂ©cembre 2010HaĂŻti en Marche ‱ Vol XXIV ‱ N° 49

Page 11LES PETITES ANNONCES

10 dĂ©partements d’étudesLicence en :‱ Gestion d’Entreprise‱ Conception et ExĂ©cution de Projet‱ Economie et Finance‱ Sciences de l’Education‱ Sciences Comptables‱ Relations Internationales‱ Gouvernance

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MĂ©lodie MatinAvec Marcus

SANTE / CHOLERA

historiens, des politologues et mĂȘme des thĂ©ologiens. HaĂŻti est trop complexe pour des gens qui sont pressĂ©s; les coopĂ©rants sont pressĂ©s. Personne ne prend le temps ni n’a le goĂ»t de tenter de comprendre ce que je pourrais appeler l’ñme haĂŻtienne. Les HaĂŻtiens l’ont bien saisi, qui nous considĂšrent, nous la com-munautĂ© internationale, comme une vache Ă  traire. Ils veulent tirer profit de cette prĂ©sence et ils le font avec une maestria extraordinaire. Si les HaĂŻtiens nous considĂšrent seulement par l’argent que nous apportons, c’est parce que nous nous sommes prĂ©sentĂ©s comme cela.

– Au-delĂ  du constat d’échec, quelles solutions proposez-vous?

– Dans deux mois, j’aurai terminĂ© une mission de

“HaĂŻti est la preuve de l’échec de l’aide internationale” dit le reprĂ©sentant de l’OEA(OEA... suite de la page 2)

deux ans en HaĂŻti. Pour rester ici, et ne pas ĂȘtre terrassĂ© par ce que je vois, j’ai dĂ» me crĂ©er un certain nombre de dĂ©fenses psychologiques. Je voulais rester une voix indĂ©pendante malgrĂ© le poids de l’organisation que je reprĂ©sente. J’ai tenu parce que je voulais exprimer mes doutes profonds et dire au monde que cela suffit. Cela suffit de jouer avec HaĂŻti. Le 12 janvier m’a appris qu’il existe un potentiel de solidaritĂ© extraordinaire dans le monde. MĂȘme s’il ne faut pas oublier que, dans les premiers jours, ce sont les HaĂŻtiens tout seuls, les mains nues, qui ont tentĂ© de sauver leurs proches. La compassion a Ă©tĂ© trĂšs importante dans l’urgence. Mais la charitĂ© ne peut pas ĂȘtre le moteur des relations internationales. Ce sont l’autonomie, la souverainetĂ©, le commerce Ă©quitable, le respect d’autrui qui

HaĂŻti mais aussi protĂ©ger cette agriculture familiale qui est es-sentielle pour le pays. HaĂŻti est le dernier paradis des CaraĂŻbes encore inexploitĂ© pour le tourisme, avec 1700 kilomĂštres de cĂŽtes vierges; nous devons favoriser un tourisme culturel et Ă©viter de paver la route Ă  un nouvel eldorado du tourisme de masse. Les leçons que nous donnons sont inefficaces depuis trop longtemps. La reconstruction et l’accompagnement d’une sociĂ©tĂ© si riche sont une des derniĂšres grandes aventures hu-maines. Il y a 200 ans, HaĂŻti a illuminĂ© l’histoire de l’humanitĂ© et celle des droits humains. Il faut maintenant laisser une chance aux HaĂŻtiens de confirmer leur vision.

Arnaud Robert

soulÚve d'importantes questions demeurées sans réponse. Son origine et le recensement quotidien des cas figurent ainsi parmi les inconnues qui constituent pourtant le B. A.-BA dans la compréhension de la dynamique d'une épidémie.

Essentiel pour guider la rĂ©ponse, le systĂšme de surveillance et d'information mis en place par l'Organisation mondiale de la san-tĂ© (OMS) prĂ©sente des lacunes. Outre l'absence de donnĂ©es prĂ©cises sur le type de contamina-tion initiale, il aura fallu attendre prĂšs de deux mois pour obtenir enfin une prĂ©sentation de chiffres permettant aux acteurs de terrain de rĂ©pondre, rĂ©gion par rĂ©gion, aux questions posĂ©es par l'Ă©volution de l'Ă©pidĂ©mie : quand a-t-elle commencĂ© dans cette zone ? Quelle est sa dynamique ? Peut-on craindre un rebond ? Pour sa part, le Center for Disease Control refuse officiellement d'enquĂȘter sur l'origine de la maladie. Contrairement aux principes justi-fiant son existence, l'agence d'investigation et de surveillance Ă©pidĂ©miologique du gouverne-ment amĂ©ricain affirme que "la rĂ©ponse Ă  cette question ne fait pas de diffĂ©rence en matiĂšre de prĂ©vention des cas".

De fait, l'absence d'investigations et les carences de la documentation laissent

l'introduction du cholĂ©ra serait liĂ©e Ă  l'arrivĂ©e dĂ©but octobre d'un contingent de Casques bleus (Minustah) comprenant des soldats originaires de Katmandou. Cette ville a en effet connu cet Ă©tĂ© un Ă©pisode de cholĂ©ra dont la souche serait similaire Ă  celle qui circule aujourd'hui en HaĂŻti. Auteur d'une enquĂȘte rĂ©alisĂ©e sur place pour les gouvernements français et haĂŻtiens, le Pr Renaud Piarroux (CHU Nice) renforce cette hypothĂšse en situant les premiers cas Ă  proximitĂ© du camp de la Minustah de Mirebalais, en plein centre du pays et Ă  distance des eaux Ă©ventuellement peuplĂ©es de zooplancton. Cette thĂ©orie peut aussi expliquer le dĂ©marrage brutal du cholĂ©ra en HaĂŻti.

des Nations unies répÚte inlassablement que "la question de l'origine de l'épidémie n'a réel-lement aucune importance". La Minustah a longtemps récusé le besoin de toute investiga-tion, affirmant que "des experts ont souligné la difficulté, voire l'impossibilité de déterminer avec précision la maniÚre dont le choléra est arrivé en Haïti".

MSF ne peut cautionner ce type de dĂ©clarations. Dissimuler les donnĂ©es Ă©pi-dĂ©miologiques ou garder confidentiels les rapports d'investigation est contre-productif. Cela empĂȘche de poser un diagnostic prĂ©cis et peut conduire Ă  orienter les secours dans de mauvaises directions. Ainsi, l'OMS explique que l'Ă©pidĂ©mie continue de s'aggraver en se basant sur le nombre de cas cumulĂ©s (qui par dĂ©finition ne cessent d'augmenter jusqu'Ă  la fin). Sur la base de ses chiffres d'activitĂ© cor-respondant Ă  plus de la moitiĂ© des malades, MSF observe quant Ă  elle une tendance Ă  la stabilisation du nombre de nouveaux cas quo-tidiens au cours des deux derniĂšres semaines, Ă  l'exception de certains foyers situĂ©s dans le dĂ©partement du Nord.

Invérifiables aujourd'hui, les prédic-tions alarmistes de l'OMS et du Secrétaire Gé-néral de l'ONU qui annoncent jusqu'à 650 000

De l'importance de connaßtre les origines de l'épidémie de choléra en Haïti

le champ libre à plusieurs théories. Schématiquement, deux hypothÚses s'affrontent sur l'origine de l'épidémie dans l'Ile. L'une s'appuie sur le réchauffement climatique, l'autre sur une importation asiatique du vibrion.

L'hypothÚse "verte" est notamment défendue par l'épidémiologiste David Sack de l'université Johns Hop-kins (Maryland). D'aprÚs lui et certains de ses confrÚres, l'augmentation de la température des eaux et de leur salinité aurait favorisé le développement de zooplancton hébergeant le vibrion cholérique. Selon cette théorie, des foyers de vibri-ons pourraient persister durablement dans les eaux saumùtres

cas ne peuvent qu'alimenter la peur. Pire, le refus de répondre aux questions de la société haïtienne sur l'origine du choléra entretient un climat de défiance et de suspicion envers les étrangers. Or, la confiance et un élément essentiel pour obtenir l'adhésion de la population aux dispositifs mis en place par les ONG internationales.

Pour ces raisons, la lumiĂšre doit ĂȘtre faite sur l'origine de l'Ă©pidĂ©mie. Il est essentiel que les rĂ©sultats des diffĂ©rentes investigations Ă©pidĂ©miologiques soient publiĂ©s et qu'une com-mission d'experts indĂ©pendants soit nommĂ©e.

Dr. Marie-Pierre Allié

LEMONDE.FR | 21.12.10 - Plus de 2 000 morts et prĂšs de 100 000 malades, tel est le bilan provisoire deux mois aprĂšs l'apparition du cholĂ©ra en HaĂŻti, oĂč MĂ©decins sans fron-tiĂšres a soignĂ© plus de 51.000 personnes Ă  ce jour. Surprenante par son ampleur et sa vitesse initiale de propagation, la maladie

stagnantes, et seraient susceptibles de déclencher de nouveaux pics épidémiques.

Microbiologiste à l'Université d'Harvard, John Mekalanos propose avec d'autres chercheurs une explica-tion différente. Pour les partisans de l'hypothÚse "népalaise",

Ces deux modĂšles explicatifs n'ayant pas du tout les mĂȘmes implications quant Ă  l'Ă©volution de l'Ă©pidĂ©mie, la confirmation ou l'infirmation de l'une ou l'autre par une Ă©quipe multidisciplinaire indĂ©pendante constitue une prioritĂ©. Pour-tant, l'Office de coordination des affaires humanitaires (OCHA)

devraient l’ĂȘtre. Nous devons penser simultanĂ©-ment Ă  offrir des opportunitĂ©s d’exportation pour

Visite à des malades du choléra dans un village profond prÚs du Pic de La Selle (photo Robenson EugÚne/HenM)

Page 12: Haiti en Marche #49- Vol XXIV - December 29, 2010

Page 12Mercredi 29 DĂ©cembre 2010

Haïti en Marche ‱ Vol XXIV ‱ N° 49LIBRE PENSER

Nudité« Vous n’avez pas le droit de nuditĂ© sur la misĂšre et sur le malheur. » V. Hugo

Chers amis lecteurs, j’ai passĂ© la semaine Ă  tourner mentalement autour du mĂȘme mot, la nuditĂ© (ne vous mĂ©pre-nez pas, ce n’est pas de l’obsession). J’ai voulu le dĂ©pouiller complĂštement, le dĂ©nuder, comprendre toutes ses acceptions, au sens propre et au sens figurĂ©. « MetĂ© l’ Toutouni ». Je n’ai pu donc m’empĂȘcher de penser aux plaies et aux misĂšres de notre pauvre petit pays. Sans aucune possibilitĂ© de pouvoir les panser. Les plaies. Ni de trouver une solution. Aux misĂšres de notre peuple. À son dĂ©nuement. À sa misĂšre. À l’indigence de notre sociĂ©tĂ©, qui ne croit plus aux possibilitĂ©s de croire. Nous avons peut-ĂȘtre eu au moins la chance que l’une des voix les mieux averties ait eu le courage de dire la vĂ©ritĂ©. Aux siens. Aux nĂŽtres. « Pendant deux cents ans, la prĂ©sence de troupes Ă©trangĂšres a alternĂ© avec celle de dictateurs. C’est la force qui dĂ©finit les relations internationales avec HaĂŻti et jamais le dialogue. » VoilĂ  ce que rapporte la presse sur les dĂ©clarations de Seitenfus. Ce que nous nous cachons, nous-mĂȘmes, c’est que durant plus de deux cents ans, chez nous, entre nous, c’est la force qui dĂ©finit nos relations « interpersonnelles ». Ce sont les rapports de forces qui rĂ©gulent nos relations « intergrou-pales ». Cela aussi il faut le dire et non seulement applaudir les dires de Seitenfus, sur les « pĂ©chĂ©s » commis par les siens. Il nous comprend, mais il nous pousse aussi le dos pour nous obliger Ă  faire l’effort de vouloir « nous comprendre nous-mĂȘmes ». Il a eu le courage de dire la vĂ©ritĂ©. Les siens n’ont pas eu le courage de regarder la vĂ©ritĂ© en face. Mieux vaut lui tourner le dos, doivent-ils penser. Mieux vaut pousser le dos Ă  « l’émissaire spĂ©cial de l’OEA » qui a failli Ă  son « devoir de cynisme humanitaire » et le transformer en bouc Ă©missaire, doivent-ils avoir choisi comme stratĂ©gie. Ces malheureux de la CommunautĂ© Internationale !

Enfin, chers amis lecteurs, de temps Ă  autre, des rĂ©flexions comme celles de Seitenfus viennent me soulager l’ñme et m’offrir une bouffĂ©e d’air frais, de cet air qui revivifie l’esprit et fait croire qu’il y a du bon aussi dans cette masse informe d’individus qui s’acharne Ă  vouloir vivre aux dĂ©pens d’HaĂŻti, grĂące Ă  ses malheurs. Ils entretiennent la misĂšre et jouissent de la pauvretĂ© du pays tout en faisant le malheur du

peuple, se soulageant alors la conscience grĂące Ă  l’exercice de la charitĂ©. Ils ne se rendent pas compte du tort qu’ils causent. Il a peut-ĂȘtre trop dit en trop peu de temps. Les siens ne vont pas avoir le temps de tout digĂ©rer. Trop chaud. Trop dur. Trop clair. Heureusement qu’il s’en va. Heureusement qu’il a dĂ©jĂ  62 ans. Peut-ĂȘtre a-t-il atteint cet Ăąge oĂč les certitudes s’estom-pent oĂč l’on commence Ă  douter du « bon fond de l’ñme de la coopĂ©ration » et que l’on voit clairement les consĂ©quences perverses de ses actions :

- Élimination de barriĂšres douaniĂšres afin de favoriser l’importation massive de biens de consommation Ă  volontĂ© destructrice de l’agriculture locale.

- Champ ouvert aux expĂ©riences de labo-ratoire aussi bien au niveau mĂ©dical que dans le domaine Ă©conomique, social ou humanitaire. À y penser, je me de-mande (Ă  voix basse) si le cholĂ©ra n’est pas dĂ©finitivement une expĂ©rience de laboratoire. Un travail de champ afin de voir comment peut Ă©voluer une Ă©pidĂ©mie dans un environne-ment dĂ©gradĂ©, dĂ©nuĂ© d’infrastructures de contrĂŽle. La thĂ©orie haĂŻtienne ! Des centaines de spĂ©cialistes seraient alors en train d’évaluer le comportement de l’épidĂ©mie en absence de soins, dans les zones Ă©loignĂ©es, sur un terrain parsemĂ© d’entraves Ă  un traitement adĂ©quat. Le cholĂ©ra ne peut pas emporter autant de vies humaines en plein XXIĂšme siĂšcle. Si ce n’est pas un malĂ©fice, il doit s’agir d’une stratĂ©gie cynique, ou d’une Ă©tude expĂ©rimentale diabolique ou simplement d’un coup montĂ© afin de « dĂ©sarmer dĂ©finitivement l’ñme haĂŻtienne ». J’espĂšre exagĂ©rer.

Enfin, chĂšres amies lectrices et chers amis lecteurs, lui aussi s’est rendu compte que nous reprĂ©sentons l’échec de la coopĂ©ration internationale. Plus de 30 ans « d’assistance » et, devant nous, encore un siĂšcle de misĂšre. Il nous regarde et voit que :

- Ce « grand petit pays » est le concentré des drames et des échecs de la solidarité internationale qui difficilement pourra arriver à se mettre à la hauteur du défi.

- La presse mondiale vient en HaĂŻti et dĂ©crit le chaos. La rĂ©action de l'opinion publique ne se fait pas attendre. Pour elle, HaĂŻti est un des pires pays du monde. VoilĂ  ce que transmet de nous un intĂ©rĂȘt mĂ©diatique sinistre et destructeur, qui montre

la nuditĂ© saignante et douloureuse de la misĂšre d’HaĂŻti, tout en montrant sa complaisance, envers l’ineptie, la voracitĂ© et le cynisme de ceux qui en tirent profit.

- Haïti est trop complexe pour des gens qui sont pressés; les coopérants sont pressés. Personne ne prend le temps ni n'a le goût de tenter de comprendre ce que je pourrais appeler l'ùme haïtienne. Les Haïtiens l'ont bien saisi, qui nous considÚrent, nous la communauté internationale, comme une vache à traire. Ils veulent tirer profit de cette présence et ils le font avec une maestria extraordinaire. Si les Haïtiens nous considÚrent seulement par l'argent que nous apportons, c'est parce que nous nous sommes présentés comme cela.

Chers amis lecteurs, maintenant que l’annĂ©e 2010 tou-che Ă  sa fin, je crois sincĂšrement qu’il est temps que chacun de nous, individuellement, dresse le bilan de ce qu’elle a Ă©tĂ© pour nous, aussi bien au niveau personnel qu’au niveau collectif. Si l’un des « Ă©trangers » qui a vĂ©cu parmi nous et avec nous, ces 12 derniers mois de notre « annus horribilis », nous a aidĂ© Ă  nous rendre compte de notre dĂ©chĂ©ance, il nous faut, face Ă  notre nuditĂ©, nous mettre au travail pour panser ces «hideuses plaies de la misĂšre et de l’abjection Ă  laquelle notre pauvre pays se trouve rĂ©duit ». Je ne peux que reprendre les paroles de Seitenfus, en cette fin d’annĂ©e 2010, pour dire au monde que cela suffit, que « cela suffit de jouer avec HaĂŻti ». J’en profite aussi pour vous dire Ă  tous : « HaĂŻtiennes mes sƓurs, HaĂŻtiens mes frĂšres, forgeons nous-mĂȘmes, ensemble, le futur de notre pays ».

En cette fin d’annĂ©e 2010 et face Ă  l’annĂ©e 2011, je vous souhaite Ă  tous mes meilleurs vƓux, de santĂ© et de « prospĂ©ritĂ© responsable».

Oscar [email protected]

DĂ©cembre 2010

P.S. Les agences de nouvelles rapportent la destitu-tion de Ricardo Seitenfus à cause de ses déclarations. Je crois que les acteurs haïtiens devraient réagir de façon à appuyer « moralement » M. Seintenfus. Je vous invite donc à visiter son site www.seitenfus.com.br afin de lui manifester votre appui moral.

L'une des techniques rĂ©centes de marketing, consiste Ă  atticher le chaland en lui offrant 2 articles pour le prix d'un. “Buy one, get one free !” Les consommateurs les plus avisĂ©s, se mĂ©fient gĂ©nĂ©ralement de ce genre de campagne promotionnelle, se disant plutĂŽt que des commerçants pouvant se permettre d'offrir un tel “piyaj”, avaient jusque lĂ  scandaleusement grugĂ© leur clientĂšle. Mais la grande majoritĂ© se jette avec enthousiasme dans le panneau. VoilĂ  pourquoi, cette nouvelle approche connaĂźt un succĂšs qui ne se dĂ©ment pas, en dĂ©pit du fait que le plus simple bon sens indique que des commerçants qui feraient des cadeaux se retrouveraient inmanquablement ruinĂ©s.

Ce truc publicitaire serait-il aussi efficace dans le champ politique, ou aurait-il au contraire des effets inverses à ceux escomptés ?

La recette a dĂ©jĂ  servi avec succĂšs en politique et pas seulement en HaĂŻti. Vilma Roussef et Lula au BrĂ©sil, Christina de Kuchner et son Ă©poux en Argentine, RaĂčl et Fidel Castro Ă  Cuba, en sont les exemples les plus patents. Mais on pourrait Ă©galement citer, PrĂ©val et Aristide, en particulier en 1996, cependant dans ce dernier cas, l'argument Ă©tait plutĂŽt implicite, mais a clairement fait mouche.

Les Ă©lections du 28 novembre 2010, nous offrent au moins 4 exemples de cette approche, mais avec chacun leur spĂ©cificitĂ©. Ce sont respectivement les “couples”: CĂ©lestin-PrĂ©val, CĂ©ant-Aristide, Manigat-Manigat et Martelly-Micky. Tout en Ă©tant diffĂ©rents, ces tandems illustrent assez bien le fait que la recette “2 pour 1” est une arme Ă  double tranchant.

Célestin-PrévalContrairement aux exemples évoqués plus haut dans

Deux Présidents pour le Prix d'Unles cas de l'Argentine, du Brésil et de Cuba, ce tandem a été hùtivement mis sur pied et bien que ces deux hommes aient collaboré au cours de deux mandats, discontinus il est vrai, il réunit des partenaires d'expérience et de profils idéologique et politiques trÚs inégaux.

Politiquement, RenĂ© PrĂ©val est un vieux briscard totalisant presque un demi-siĂšcle d'engagement politique et bientĂŽt 20 ans de prĂ©sence, certes discontinue, au sein de l'appareil d'État. Qu'on admire l'homme ou qu'on l'abhorre son influence sur la scĂšne nationale est indĂ©niable. Il en est tout autrement de l'IngĂ©nieur CĂ©lestin, qui malgrĂ© sa rĂ©putation de rude travailleur, ne se signale que comme technicien, d'abord Ă  la Minoterie d'HaĂŻti, puis Ă  la tĂȘte de la CNE. Quel est son ancrage idĂ©ologique, quelle est sa vision de la sociĂ©tĂ© haĂŻtienne et de son avenir, partage-t-il les convictions de son mentor, son doigtĂ© politique particulier ? Rares sont ceux qui pourraient en tĂ©moigner.

Jude Célestin est donc dans cette course, totalement tributaire du capital de sympathie ou d'antipathie du Président Préval, de son bilan et des réseaux de collaborateurs que celui-ci a tissés au cours d'un long périple. A raison plutÎt qu'à tort, la perception dominante est que cette élection oppose Préval à ses adversaires ou concurrents, Célestin n'étant qu'un leurre offert à la vindicte de ces derniers.

Ainsi, le candidat CĂ©lestin marche sur le fil du rasoir. La PrĂ©sidence PrĂ©val est jugĂ©e, comme il est de mise sous nos cieux, Ă  la fois sur des critĂšres rationnels et sur des Ă©lucubrations mystico-magiques. Nul doute que nombreux sont ceux qui rendent le Chef de l'État responsable et des catastrophes naturelles et de la rĂ©cente Ă©pidĂ©mie de cholĂ©ra. Qu'il les ait provoquĂ©es dans un calcul d'une extraordinaire perversitĂ©

certes dans sa sphÚre d'activité, mais que l'on a peu remarqué sur les barricades qui ont jonché notre difficile et turbulent parcours vers la démocratie.

A ce que l'on sache, jusqu'au moment du lancement en fanfare de “Aimer Ayiti”, prĂ©sentĂ© Ă  l'origine comme un non-parti, seuls ses intimes lui connaissaient des ambitions prĂ©sidentielles. Mais dĂšs l'apparition spectaculaire de cette “fondation” sur la scĂšne nationale, il ne restait plus que les naĂŻfs pour ignorer que Jean-Henri CĂ©ant visait haut et disposait des moyens financiers pour atteindre son objectif.

Débutée en catimini, la campagne de Me. Céant n'a pas tardé à gagner du momentum, surtout aprÚs qu'il ait réussi à débaucher certains des opérateurs politiques de Fanmi Lavalas, organisation qui depuis le rapt de son leader historique, et en vérité bien avant cet évÚnement tragique, s'est surtout signalée par son inconstance et ses luttes internes. Céant réussira-t-il son pari en misant sur sa supposée relation privilégiée avec Titid ? Rien n'est moins sûr.

Pour commencer, ce couple ressemble beaucoup Ă  un mariage de convenance et de circonstance. A ce que l'on sache, le candidat n'a commencĂ© Ă  entonner le couplet du retour que depuis le lancement de sa campagne, bien que cette revendication est depuis plus de six ans le leitmotiv des partisans et sympathisants de Fanmi Lavalas. Par ailleurs, Ă  part leur relation de client Ă  notaire, les liens politiques entre le PrĂ©sident Aristide et CĂ©ant sont peu connus. Ensuite, mĂȘme si il Ă©tait politiquement habile pour le cĂ©lĂšbre exilĂ© de ne pas adouber trop tĂŽt un Ă©ventuel hĂ©ritier, Ă  ce stade du processus le silence de Jean-Bertrand Aristide autorise Ă  se poser des questions sur son enthousiasme pour ce mariage aux forceps. Pour finir, le discours “classe moyenne” a quelque chose de dĂ©suet et d'agaçant.

Manigat-Manigat VoilĂ  un couple, un vrai, celui-lĂ . Non seulement

ils sont mariés depuis des décennies, mais l'épouse a été l'étudiante fidÚle de son envahissant mari, littéralement formatée par lui. Il est vrai qu'elle avait jusque là exhibé un tempérament différent de celui de son mentor; plus serein, moins enclin aux dérapages verbaux et à la verbosité, moins persuadée qu'elle héritait de droit divin du pouvoir refusé à un grand-pÚre sous Lysius Salomon.

Le problĂšme dans le cas de Madame Manigat, est prĂ©cisĂ©ment qu'on voudrait avoir un seul article pour prix de notre vote et non pas hĂ©riter d'un encombrant “dĂ©gi”. L'ombre du Professeur plane en effet sur la candidature de son Ă©pouse plus avenante, mais qui se trouve Ă  tirer les boulets de la sanglante percĂ©e louverturienne de 1988 et de sa propre et piteuse dĂ©robade de 2006.

Plus inquiĂ©tant, au fur et Ă  mesure qu'elle approche de l'objet de ses dĂ©sirs, elle se comporte en vĂ©ritable girouette politique, dont on a toute les peines Ă  suivre les oscillations. Un jour elle clame qu'il faut annuler les Ă©lections, le lendemain matin, dĂ©couvrant qu'elle est en tĂȘte, elle fausse compagnie Ă  la noria de candidats avec lesquels elle s'Ă©tait triomphalement exhibĂ©e sur la scĂšne du Karibe Convention Center. Mais,

ou qu'il soit la malheureuse victime d'une malĂ©diction aussi mystĂ©rieuse qu'irrĂ©futable, importe finalement peu. Jude CĂ©lestin engrengera le bĂ©nĂ©fice des routes construites ou paiera le prix du “madichon”. En, outre choisissant de dĂ©bouler sur la scĂšne dans une campagne dĂ©clenchĂ©e avec un luxe inouĂŻ de moyens mĂ©diatiques, le candidat d'Inite a jouĂ© quitte ou double. Soit il profite de sa position de favori et rallie tous ceux qui veulent parier sur le gagnant, soit au contraire il est perçu comme arrogant et braque contre lui ceux qu'une telle posture exaspĂšre.

CĂ©ant-AristideEncore un autre

couple déséquilibré, liant l'homme politique qui a le plus symbolisé l'émergence des couches populaires sur la scÚne politique et un notaire, respecté ( DEUX PRESIDENTS / p. 13)

Page 13: Haiti en Marche #49- Vol XXIV - December 29, 2010

Mercredi 29 DĂ©cembre 2010HaĂŻti en Marche ‱ Vol XXIV ‱ N° 49

Page 13AMENAGEMENT DU TERRITOIRE

LIBERTE EGALITE FRATERNITERĂ©publique d’HaĂŻti

Avis de divorceExtrait des Minutes du Greffe duTribunal Civil de Petit GoĂąve

Le Tribunal de PremiÚre Instance de Petit Goùve, compétemment réuni au Palais de Justice de cette ville, a rendu en audience Publique et en ses attributions civiles le jugement suivant :

ENTRE 1o) Le Sieur Robert Saint Fort COLIN identifié de son passeport au No : 4682883-14, propriétaire demeurant au No : 134/30 59THST. Queens, Village New York et domicilié en Haïti à Delmas ayant Pour avocat Me Hérold Joinville du barreau de Port-au-Prince identifié patenté et imposé aux nos avec élection de domicile dudit avocat sis à Léogane, Rue La Croix au no 39.

Et 2o) La dame Robert Saint-Fort COLIN, nĂ©e Bethie Pierre, PropriĂ©taire, demeurant et domiciliĂ©e Ă  Delmas, dĂ©fenderesse en divorce d’autre part.-

Dont le dispositif est ainsi ConçuPAR CES MOTIFS, aprÚs examen et sur les Conclusions conforme du

MinistĂšre Public, le Tribunal au vƓu de la loi, Maintien le dĂ©faut requis et OctroyĂ© Ă  l’audience – contre la dĂ©fenderesse pour faute de comparaitre ; pour le profit, accueille l’action du demandeur, le sieur Robert Saint Fort COLIN, vu que Cette demande est juste et- fondĂ©e ; Admet le divorce des Ă©poux Robert Saint Fort COLIN, l’épouse Bethie Pierre aux torts ; exclusifs de l’épouse ; PRONONCE la dissolution des liens matrimoniaux existant entre eux ; ORDONNE Ă  l’Officier de l’Etat Civil CompĂ©tent de transcrire sur les registres Ă  ce destinĂ©s, les dispositifs du prĂ©sent jugement ; Dit qu’un extrait sera PubliĂ© dans l’un des colonnes d’un quotidien s’éditant Ă  la Capital sous peine de dommages-intĂ©rĂȘts envers les tiers s’il y Ă©chet ; Commet l’huissier Yves Marie Lorrelien, Huissier de notre Tribunal, pour la signification du prĂ©sent jugement ; Compense les dĂ©pens vu la qualitĂ© des parties ;-

Ainsi jugĂ© et prononce par Nous, Emmanuel TATAILLE, Doyen du Tri-bunal de premiĂšre Instance de Petit-GoĂąve en audience Publique Civile de divorce de ce jour Dix huit (18) Octobre Deux mille dix en prĂ©sence de Me Erick Pierre Paul, Substitut du Commissaire de Gouvernement de ce Ressort avec l’assistance du sieur Christophe BONBON Greffier du siĂšge.

Ainsi signé Roger Chéry

Apres avoir parlé des terres de l'Etat (voir HEM, Vol.24, # 47, du 15-21/12/2010), nous allons aujourd'hui nous pencher sur les terres aux mains de personnes privées. Il faut tout de suite signaler que le droit de propriété est inscrit dans la législation haïtienne, tant la Constitution que dans le Code Civil.

En ce qui concerne la Constitution, c'est au Chapitre II, Des Droits Fondamentaux, que l'on trouve la Section H, De la Propriété. On remarquera que, des dix articles que com-porte cette section, neuf concernent la propriété fonciÚre ou immobiliÚre, seul l'article 38 traite de la propriété scientifique, littéraire et artistique.

La section dĂ©bute avec l'article 36 qui Ă©tablit le prin-cipe gĂ©nĂ©ral: La propriĂ©tĂ© privĂ©e est reconnue et garantie, mais annonce des conditions ou restrictions: La loi en dĂ©termine les modalitĂ©s d’acquisition, de jouissance ainsi que les limites.

Mais tout d'abord il y a la protection de la propriĂ©tĂ©. On citera, en premier lieu, un article qui rappelle des pratiques courantes dans notre vie politique: Article 36.2 – La nation-alisation et la confiscation des biens, meubles et immeubles pour causes politiques sont interdites; puis une chose devenue d'actualitĂ© depuis le tremblement de terre: Article 36.1.- L’expropriation pour cause d’utilitĂ© publique peut avoir lieu moyennant le paiement ou la consignation ordonnĂ©e par justice aux ordres de qui de droit, d’une juste et prĂ©alable indemnitĂ© fixĂ©e Ă  titre d’expert.

Il y a aussi les restrictions: Article 36.5 – Le droit de propriĂ©tĂ© ne s’étend pas au littoral, aux sources, riviĂšres, cours d’eau, mines et carriĂšres. Ils font partie du domaine public de l’Etat; Article 36.6 – La loi fixe les rĂšgles qui conditionnent la libertĂ© de prospection et le droit d’exploiter les mines, miniĂšres et carriĂšres du sous-sol...

Et enfin les obligations: Article 36.3 – La propriĂ©tĂ© entraine Ă©galement des obligations. Il n’en peut ĂȘtre fait usage

contraire Ă  l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral et Article 36.4 – Le propriĂ©taire foncier doit cultiver, exploiter le sol et le protĂ©ger, notamment contre l’érosion. La sanction de cette obligation est prĂ©vue par la loi.

Il ya a enfin deux articles assez particuliers, l'un qui nous ramĂšne aux terres de l'Etat: Article 39 – Les habitants des sections communales ont un droit de prĂ©emption pour l’exploitation des terres du domaine privĂ© de l’Etat situĂ©es dans leur localitĂ©; l'autre qui annonce la rĂ©forme agraire: Article 37 – La loi fixe les conditions de morcellement et de remembrement de la terre en fonction du plan d’amĂ©nagement du territoire et du bien-ĂȘtre des communautĂ©s concernĂ©es, dans le cadre d’une rĂ©forme agraire.

Autant pour la Constitution. En ce qui concerne le Code Civil, de la Loi sur la PropriĂ©tĂ© nous ne retenons que deux articles, l’un qui dĂ©finit la propriĂ©tĂ© : Art. 448 – La propriĂ©tĂ© est le droit de jouir et disposer des choses de la maniĂšre la plus absolue, pourvu qu’on n’en fasse point un usage prohibĂ© par les lois ou par les rĂšglements ; l’autre qui parle de sa protec-tion, de maniĂšre bien plus expĂ©ditive que la Constitution; Art. 449 – Nul ne peut ĂȘtre contraint de cĂ©der sa propriĂ©tĂ©, si ce n’est pour cause d’utilitĂ© publique, et moyennant une juste et prĂ©alable indemnitĂ©.

Je ne suis pas juriste, mais il me semble qu’il faudrait quelques remaniements au Code Civil en ce qui concerne le thùme qui nous concerne aujourd’hui, ne serait-ce que pour le mettre en accord avec la Constitution.

Pour prendre un exemple, la Constitution consacre deux articles aux obligations des propriĂ©taires, l’Article 36.3, qui parle du respect de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, et l’Article 36.4, qui mentionne l’obligation de cultiver et de protĂ©ger la terre. Le Code Civil devrait, Ă  mon avis, reprendre l’idĂ©e de respecter l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral d’une maniĂšre qui dĂ©bouche sur l’amĂ©nagement du territoire. Pour l’obligation de cultiver, il ex-

iste une loi de 1975, publiĂ©e dans le mĂȘme numĂ©ro du Moniteur dans lequel on trouve la fameuse loi d’exception sur la VallĂ©e de l’Artibonite, et qui devrait ĂȘtre remaniĂ©e et incorporĂ©e dans ce chapitre. Il faudrait aussi une loi qui reprenne le principe de protection contre l’érosion et introduirait l’actuel dĂ©cret-cadre sur la protection de l’environnement.

Il faudrait enfin que l’on prenne cette loi qui fixe les conditions de morcellement et de remembrement de la terre en fonction du plan d’amĂ©nagement du territoire et du bien-ĂȘtre des communautĂ©s concernĂ©es, dans le cadre d’une rĂ©forme agraire, annoncĂ©e Ă  l’Article 37 de la Constitution, et qui se-rait la loi d’application de l’Article 248 de la Constitution, qui parle de la crĂ©ation d’un organisme spĂ©cial dĂ©nommĂ© Institut National de la RĂ©forme Agraire.

Je vais maintenant aborder, avec beaucoup de prĂ©-cautions, un thĂšme trĂšs dĂ©licat, celui des limites du droit de propriĂ©tĂ©. Dans la Constitution, on trouve les articles 36.5, qui exclut les terres qui font partie du domaine public de l’Etat, et 36.6, qui parle des rĂšgles qui conditionnent la libertĂ© de prospection et le droit d’exploiter les mines, miniĂšres et car-riĂšres du sous-sol. Dans le Code Civil, par contre, aucune restriction : Art. 448 – La propriĂ©tĂ© est le droit de jouir et disposer des choses de la maniĂšre la plus absolue 


Pourtant, je crois savoir qu’il existe des restrictions au droit de propriĂ©tĂ© qui vont au-delĂ  de celles mentionnĂ©es dans la Constitution. Je me souviens, par exemple, au tout dĂ©but de l’expĂ©rience pilote dans l’Artibonite, d’avoir appris Ă  distinguer l’usus, qui est le droit de jouir d’un bien, du fructus, qui est le droit de tirer un bĂ©nĂ©fice d’un bien, et de l’abusus, qui est le droit de vendre ce bien. Mais, encore une fois je ne suis pas juriste, des conversations que j’ai eues avec des spĂ©cialistes m’ont fait comprendre qu’il y a bien plus que cela. Autrement dit, il faudrait que je penche un peu plus sur la question ; ce sera peut-ĂȘtre pour l’annĂ©e prochaine !

Les terres privées

achevant d'alimenter nos angoisses, voilĂ  qu'Ă  l'approche du but tant convoitĂ©, notre parangon de sagesse et de modĂ©ration subit une inquiĂ©tante mĂ©tamorphose. Elle qui nous avait habituĂ©s Ă  un discours pondĂ©rĂ©, vĂ©ritable brise rafraichissante dans la tempĂȘte permanente de la politique haĂŻtienne, la voilĂ  qui se met au diapason des agitĂ©s qui n'ont cessĂ© d'occuper le devant de la scĂšne et les mĂ©dias depuis des annĂ©es. A sa confĂ©rence de presse du 17 dĂ©cembre, elle a soudain adoptĂ© un ton martial, voire belliqueux, clamant qu'elle Ă©tait “devan, devan nĂšt !”, refusant tout recomptage des votes et insinuant que son Ă©ventuelle dĂ©faite au second tour ne saurait ĂȘtre qu'un viol de la volontĂ© populaire. Il est probable que ce rĂ©cent changement de posture et de ton, rĂ©sulte de sa frĂ©quentation de ces jeunes loups aux dents longues, forts en coups de gueules et parfois en coups de poing, qui ont il y a peu de temps rejoint son Ă©quipe de campagne. Pour employer une expression “manigatesque”: “A frĂ©quenter des chiens, on finit par attraper des puces”.

Martelly-MickyOn nous avait habitué en religion à la Sainte Trinité,

nous voilĂ  aujourd'hui en face d'une dualitĂ© politique: un seul leader en deux personnes. La notion mĂȘme de couple ou de tandem est dĂ©passĂ©e, nous sommes en pleine fusion et en pleine confusion: Dr. Jekill et Mister Hyde. Pendant que Joseph Michel Martelly tente de rĂ©habiller et de rĂ©habiliter Micky, ce dernier n'hĂ©site pas Ă  faire appel Ă  des talents dans l'outrance et la provocation, pour faire passer en force son alter ego. Lui aussi est “devan, devan nĂšt !”, et laisse clairement entendre quil fera de nouveau donner ses troupes de choc au cas oĂč la PrĂ©sidence lui serait “volĂ©e”.

Il faut par ailleurs reconnaĂźtre que Martelly-Micky est (ou sont) le seul candidat affirmant un choix idĂ©ologique clair, alors que les autres ne font que ressasser les mĂȘmes vĂ©ritĂ©s de la Palice et les mĂȘmes programmes prĂ©formatĂ©s.

fort en thùme. Mais pour les plus lucides, cette nouvelle composition de notre musicien, rappelle beaucoup le chant des sirùnes et annonce des lendemains, qui eux ne chanteront pas, ou alors le “Dies Ira”.

La bande des 12LĂ , nous sommes en face de la grande braderie de

fin d'année pour ne pas dire, la liquidation du siÚcle (celle de notre souveraineté): pas moins de 12 articles pour le prix d'un. S'il n'était pas si hétéroclite et prompt à se briser rapidement aprÚs achat, ce tout venant serait tentant.

Alors ? Deux Présidents pour le prix d'un ou treize à la douzaine ? Il y a-t-il preneurs ?

Horace DĂ©lien

Deux Présidents pour le Prix d'Un(DEUX PRESIDENTS... suite de la page 12)

L'homme en rose propose la rupture: dehors les diplĂŽmĂ©s, place aux primaires et aux bonnes mĂ©thodes musclĂ©es du bon vieux temps d'avant 1986. Il faut avouer que ce discours d'extrĂȘme-droite populiste a de quoi sĂ©duire aprĂšs les turpitudes de nos

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Page 14Mercredi 29 DĂ©cembre 2010

Haïti en Marche ‱ Vol XXIV ‱ N° 49LES JEUX

(EN BREF / p. 16)

En Bref... (... suite de la page 2)

lĂ©ra", ajoute Beauvoir, notamment "en rĂ©pandant de la poudre ou en jetant des sorts".Beauvoir s'est plaint de ce que la police et les autoritĂ©s ne faisaient pas tout ce qu'il fal-lait pour empĂȘcher les lynchages et pour punir leurs auteurs, alors mĂȘme que le vaudou est reconnu par la Constitution comme l'une des principales religions de HaĂŻti."Je lance un appel aux autoritĂ©s pour qu'elles assument leurs responsabilitĂ©s", a dit Mr. Beauvoir, qui redoute encore d'autres agressions contre des prĂȘtres vaudou. La majeure partie des lynchages ont eu lieu dans le sud-ouest de HaĂŻti, mais aussi dans le centre et le nord.Depuis qu'il a fait son apparition dans la rĂ©gion centrale du pays en octobre, le cholĂ©ra a fait plus de 2.500 morts et s'est propagĂ© Ă  l'ensemble des dix dĂ©partements.

CholĂ©ra : L’épidĂ©mie a dĂ©jĂ  tuĂ© environ 2 600 personnes P-au-P, 21 dĂ©c. 2010 [AlterPresse] --- L’épidĂ©mie de cholĂ©ra, qui frappe le pays depuis un peu plus de deux mois, a dĂ©jĂ  fait 2 591 dĂ©cĂšs, selon les chiffres communiquĂ©s le mardi 21 dĂ©cembre par les autoritĂ©s sanitaires.Actuellement, le cholĂ©ra tue quotidiennement environ 48 personnes.121 518 cas ont Ă©tĂ© vus, parmi lesquels 63 711 ont Ă©tĂ© hospitalisĂ©s, tandis que 61 917 autres ont bĂ©nĂ©ficiĂ© d’un exĂ©at.L’épidĂ©mie qui n’a pas encore atteint son pic est dĂ©sormais prĂ©sente dans les 10 dĂ©par-tements gĂ©ographiques du pays.

NoĂ«l triste"Je chante pour allĂ©ger ma peine", confie cette HaĂŻtienne de 38 ans, "si je pense trop, je mourrai".Comme plus d'un million de ses compatriotes, Maritza, mĂšre de deux enfants, est sans abri depuis le tremblement de terre de janvier dernier.Depuis, une Ă©pidĂ©mie de cholĂ©ra et des troubles liĂ©s Ă  l'Ă©lection prĂ©sidentielle ont en-core ajoutĂ© aux malheurs du pays et les HaĂŻtiens doivent passer un NoĂ«l et Ă  un Nouvel An particuliĂšrement sombres, marquĂ©s par un avenir incertain.Le tremblement de terre du 12 janvier a tuĂ© plus de 250.000 personnes et balayĂ© les quelques signes de reprise de l'Ă©conomie la plus pauvre de la rĂ©gion. "Hier, ma mĂšre a failli mourir du cholĂ©ra, j'ai dĂ» me prĂ©cipiter avec elle Ă  l'hĂŽpital. Ce NoĂ«l est un NoĂ«l de misĂšre", confie la jeune femme en nettoyant Ă  l'eau savonneuse l'intĂ©rieur de la tente en plastic oĂč elle vit avec ses enfants dans le camp de rescapĂ©s de la place Saint-Pierre, Ă  PĂ©tionville, banlieue de la capitale Port-au-Prince.Cette annĂ©e, parmi les quelques magasins Ă©pargnĂ©s par le sĂ©isme qui a dĂ©truit une grande partie des quartiers commerciaux et rĂ©sidentiels de la ville, rares sont ceux qui arborent une quelconque dĂ©coration festive.Aucune guirlande en vue parmi les tentes qui occupent la plupart des espaces disponi-bles dans la ville en ruines."Nous ne pouvons dĂ©corer les tentes misĂ©rables oĂč nous vivons... nous ne sommes pas d'humeur Ă  fĂȘter NoĂ«l", dit Juliette Marsan, 35 ans, une autre occupante du campement de la place Saint-Pierre."Ma prĂ©occupation est de nourrir mes enfants, et mĂȘme cela je n'y parviens pas".Guy Delva (Reuters)

12 janvier 2010Soudain le spectre hideux Ă©clipse ton soleil,Rabat la joie de tes Ă©toiles, cadenassant de son ombre tes horizons.Et voici que cette ombre se glisse sous tes paupiĂšres.Plus cruelle qu’on ne le suppose sous son voile de fausse pudique, L’ombre indĂ©lĂ©bile s’infiltre dans tes veines, se substituant Ă  ta sĂ©duction.Dans le fracas et la fureur tous les jeux se taisent ensevelis. Au flanc du morne crevĂ© se dĂ©tache, seul tĂ©moin, le flamboyant qui fleurissait nos rĂȘves.Le sol s’est Ă©ventrĂ© : orgie funĂšbre de nuĂ©es blanches, de maisons, d’arbres et d’ĂȘtres tordus.Le plus triste Ă©tait ce flamboyant changĂ© en fantĂŽme lunaire,Ses fleurs les plus sanguines mortes sous cette poussiĂšre funeste.Salut Ă  toi, HaĂŻti! ma terre Ă  la matrice dĂ©chirĂ©e, Aphone et nue titubant de nuits blanches,Perdue dans le dĂ©lire du mal qui perd son temps Ă  te meurtrir,Ô « mater »* sourde et ivre de douleur !*(MĂšre en latin. Prononcer « ma terre »)MĂȘme occupĂ©e Ă  saigner aux quatre veines de tes enfants si disloquĂ©s,Tu te surprends sans cesse Ă  susciter l’espoir.De ce cĂŽtĂ© du suaire ton Ă©clat n’est pas perdu pour nous.Salut Ă  toi! cƓur de sanglots, coeur de tempĂȘte et coeur de calme plat.

Page 15: Haiti en Marche #49- Vol XXIV - December 29, 2010

Mercredi 29 DĂ©cembre 2010HaĂŻti en Marche ‱ Vol XXIV ‱ N° 49

Page 15Ti Gout pa Ti Gout ak Jan Mapou

ERITAY ZANSÈT YO NAN LITERATI KREYOL LA

Ak Michel-Ange Hyppolite

2 Pati.Pou premye pati-a , al gade nan Haiti en Marche senmenn pase anwo-a #

PwovĂšb :` LĂČt eleman ankĂČ zansĂšt-yo kite pou nou kĂČm eritay se pwovĂšb-yo.PwovĂšb se konbinezon obsĂšvasyon makĂČnen ak refleksyon ki vin tounen leson. Depandande ki mounn ki ap obsĂšve epi re-flechi a nou pral jwenn divĂšs kalite mesaj : mesaj seksis, mesaj dyanm, mesaj tĂštansanm eksetera. LĂš nou rantre nan pwovĂšb yo an pwofondĂš nou wĂš se chapant sosyete kote pwovĂšb-yo soti-a ki ap pase anndan-yo. Dr Jean-Price Mars gen rezon di : PwovĂšb se moul ki gen pouvwa fĂČme karaktĂš youn pĂšp. LĂš nou rantre anndan pwovĂšb-yo ak lide travay bĂšbĂšl nan tĂšt nou, nou remake yo se youn sous natirĂšl kote ekriven-yo ka branche lespri-yo pou yo dekore travay-yo. ApwĂČch itiliza-syon pwovĂšb-yo anndan pwezi kreyĂČl-la kĂČmanse depi nan ane 1960 yo ak ekriven Sosyete Koukouy-yo toujou. LĂš sa-a mouvaman-an te anndan Ayiti sĂšlgrenn. AnfĂšt, nou remake, nou pa prĂšske jwenn pwovĂšb nan pwezi Moriso-Lewa, men rive nan ane 1960-yo, ane 1970-yo pou jouk jounen jodi-a nou jwenn pwovĂšb agogo, ni nan pwezi, ni nan woman kreyĂČl-yo. Gen youn epĂČk pwovĂšb-yo te konn pase tou kri, sa vle ekriven-an pa te fĂš okenn travay sou pwovĂšb-yo, men avĂšk Franketienne nou vin remake anndan Dezafi, anpil fraz kote otĂš-a transfĂČme pwovĂšb-yo. Oubyen nou remake fraz ki bati sou fĂČm pwovĂšb. Pi pre nou la-a nou genyen Nounous ki sĂšvi ak menm teknik-lan nan youn seksyon nan liv li-a, Pawoli (2003). Li rele seksyon sa-a : Pawoli (2) , soti nan paj 36 rive nan paj 39. Genyen tou Eddy Garnier nan liv li- ki rele ( Ginen m an Chalkalis 1998) Pauris Jean-Baptiste sĂšvi nou pwovĂšb ak gran lijĂšn nan woman kou Sogo nan kwazman granchemen ( 1979) ansanm ak nan lonbray inosans (1985), ki genyen pri Henri Deschamps nan ane-a. Se menm jan-an tou, nou swete mounn ki nan branch filozofi ka toujou sonde pwovĂšb-yo pou triye verite inivĂšsĂšl ki kab nouri travay-yo. Gen otĂš Ayisyen ki gen abitid al chĂšche bĂšl fraz anba bouch ekriven LewĂČp pou yo louvri chapit nan liv-yo, nou rete kwĂš si yo chĂšche ak anpil antansyon, yo kab jwenn tout pwofondĂš panse yo bezwen pou atire atansyon lektĂš yo anndan liv-yo. Pami ekriven mwen konnen ki sĂšvi ak pwovĂšb kreyĂČl pou louvri chapit nan liv-yo, mwen kab site Eddy Garnier, epi Michel-Ange Hyppolite nan liv li-a ki rele Zile Nou ( 1995). Relijon vodoun-an

Depi nou ap pale sou eritay zansĂšt-yo gen youn eleman kle nan kilti lakay-la ki sĂšvi kĂČm baz. Se relijon vo-doun-an. Dans nou-yo, tablo atis nou yo, ekriven nou yo, yo tout foure men ladan san gade dĂšyĂš. Kit ekriven ayisyen-an ap pwodui tĂšks li an franse, kit li ap pwodui tĂšks li an kreyĂČl eleman ki nan voudoun toujou rantre ladan. Nan literati kreyĂČl Ayiti-a, kategori ekriven ki sĂšvi ak vodoun-an tout bon nan travay yo se mounn ki ap ekri woman-yo. LĂš vodoun an pa rantre dirĂšk-dirĂšk nan istwa-a, ou jwenn aktĂš nan istwa-a ki gen konesans fĂšy epi ki sĂšvi ak fĂšy nan divĂšs sikonstans nan lavi-yo. Jeneralman mounn ki vrĂšman konnen fason pou yo sĂšvi ak fĂšy nan milye Ayiti-a se houngan ak manbo epi mounn ki gen don pou geri mounn. Nan woman kreyĂČl ki ekri anvan ane 2000-yo, vodoun-a pase swa kĂČm eleman pou yo denigre, koupe voye jete ( Sa se travay CariĂ© Paultre, swa kĂČm youn fĂČs pou respekte. Men li pa sĂšvi kĂČm eleman estetik. Sa vle di eleman pou mete bĂšbĂšl nan tĂšks-yo. Sepandan, nan pwezi, anndan Sosyete Koukouy Kanada, nou eitilize kĂšk aspĂš nan langay vodoun-an pou nou mete bĂšlte nan tĂšks-nou. Epitou, genyen lĂČt ekriven menm lĂš yo pa koukouy ki sĂšvi ak apwĂČch estetik sa-a tou. TĂšm vodoun-yo vin sĂšvi youn teknik pou dekore tĂšks nou. Ann koute Kaptenn Koukourouj : Ou kanpe lespri nouOu monte lespri nouOu nouri lespri nou ( Zile Nou 1995) Ann koute Henri Robert Durrandisse :Mwen anvi prepare youn beny avĂšk fĂšy twazĂČm fĂČ. Badijon-nen tout papĂČt lavni ak fĂšy atiyayo, fĂšy bazilik pou pwoteje devni nou kont tout medizans ak malfezans. ( Langay lanmou 2008) Pi devan nou kab tande KeslĂš Brezo ki ap di nou :Oumenm fanmBĂšlte lalin klĂš lan dekou minuiZekla vĂšdilĂšn lakansyĂšl soule nan tĂšt sousDplĂČyman lonbray ou rale lĂČlĂČy lan vinĂšg ( ParantĂšz,1988) Toujou avĂšk entansyon estetik vodoun-an nou jwenn Franz Benjamin nan Tan Lapli ki di nou : Ann koute Manno EjĂšn : Nan bitasyon bawonNou selebre pawoliPwezi nou se lwa ginenLalwa masyal anvigĂš

PawĂČl nou se gad pou nou poteKoukourouj 
 Nan non lanmĂČNan non lĂšsenN’ap tann yoAyibobo ( Vwa ZandĂČ 2007) Nan travay rechĂšch nou anndan Sosyete Koukouy Kanada, nou kwĂš si gen youn mizik rasin, kote mizizyen-yo rantre anndan fon nannan vodoun-an pou y’al chĂšche mizik pou fĂš nou rantre nan noumem, nou dekouvri tou youn pwezi ki koule tankou mizik rasin lan. Henri-Robert Durandisse pwopoze pou nou ta rele kalite pwezi sa-yo Pwezi Rasin. Nan chĂšche anndan tĂšks pwezi kreyĂČl-yo, nou jwenn plizyĂš atisplim ki ale nan sans pase mesaj pandan yo ap sĂšvi vodoun-an. Younn nan ekriven sa yo se GĂ©rard MontĂšs.Ann koute misye nan youn tĂšks ki rele Dans pou asĂČtĂČ anndan liv li-a ki rele Lasosyete Bonjou (2003) p. 53. Konklizyon :

LĂš nou fin tande relasyon ki ekziste ant travay ekri-ven nou yo ak divĂšs branch nan oralti nou-an tankou : Kont tout kalite, chante nou yo, pwovĂšb nou yo, relijon vodoun-an, nou kab di transfĂš-a fĂšt. Eritay zansĂšt nou yo pa pĂšdi. Yo rete prezan tĂšktĂšgĂšdĂšk anndan liv ekriven nou yo. Kounye-a vrĂš defi-a, se renouvle eritay zansĂšt-yo, remanbre-l youn fason pou li rete vivan nan mitan-nou vitam-etĂšnam. Pou nou kenbe nivo estetik ki mache ak eritay zansĂšt-yo nan travay nou, nou kab fĂš rankont travay, boukante zĂšv nou younn ak lĂČt, pataje eksperyans nou ak jenn ekriven-yo, oubyen mounn ki pa ekri liv atizay-bĂšbĂšl, men ki ap fĂš rechĂšch ak eksperyans nan chan kiltirĂšl-la. Nou vle di : mizisyen, istoryen, etnolĂČg elatriye. Nou dwe fĂš alevini ant eksperyans ki ap fĂšt Ayiti epi nan dyaspora-a. Pataje kalite rechĂšch sa yo nan radyo, televizyon, jounal, sibĂš-espas, eksetera. EfĂČ tout kalite sa-yo, se manda ekriven Sosyete Koukouy-yo bay tĂšt-yo. Anpil fwa gen mounn ki di nou yo pa tande bri Sosyete Koukouy sou teren-an, nou toujou reponn-yo nou plis konsantre sou youn travay rechĂšch. Prezantasyon jodi-a se rezilta travay nou pou nou kreye youn pwezi Ayisyen. Youn pwezi ki rete kole ak reyalite nou. Nou site non Sosyete Koukouy, men responsablite-a se pa responsa-blite Koukouy-yo sĂšl grenn. Se responsablite ekip kreyĂČl Sant N A Rive-a tou, se responsablite tout lĂČt gwoup ki nan domĂšn lakilti epi ki ap fĂš onĂš esans Ayisyen-nou.Nan vizyon nou anndan Sosyete Koukouy Kanada, se pa aktĂš kiltirĂšl senpman ki konsĂšne. Se tout manman ak papa pitit Ayisyen. Yo tout gen enterĂš transmĂšt eritay kiltirĂšl nou bay pitit yo, pitit-pitit-yo nan li istwa Ayisyen ekri an kreyĂČl pou yo. Genyen. Si nou chĂšche-yo nou va jwenn liv ki ap rakonte istwa pou pou timounn anba plim Mod Heurtelou nan Educa Vision. Nou va jwenn yo tou anba plim Jocelyne Trouillot nan Edisyon InivĂšsite Karayib, genyen tou youn seri ki gen plis pase 30 istwa pou timounn nan SIDIKA.

Kounye-a, depi nou rive fĂš youn bon tavay nan pase eritay kiltirĂšl nou yo bay pitit nou, yomenm, ki fĂšt sou tĂš etranje, pral melanje tout sa nou ba yo-yo ak sa yo aprann sou tĂš kote yo fĂšt-la, nou vle di Kanada, Etazini, Lafrans, peyi Afrik-yo eksetera, pou yo ban nou youn lĂČt sentĂšz ki va toujou rete Ayisyen, men ki va ale pi lwen toujou pasefondas nou ap bay yo jounen jodi-a.

Michel-Ange Hyppolite ( Kaptenn Koukourouj)Manm Sosyete Koukouy Kanada

Otawa [email protected]

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KASE TI BWA NAN ZÒRÈY MWEN

Kase ti bwa nan zĂČrĂšy mwenFĂš m’konnen mwen bĂšl, mwen se yon fanmDi mwen ou renmen-m ou pa ka viv san mwenDi mwen si mwen pa la, lavi pa gen gou pou ouKase ti bwa nan zĂČrĂšy mwenFĂš m’santi ak bĂšl pawoli k’ap soti nan bouch ouMwen se yon fanm enpĂČtanMwen gen enfliyans nan lavi ouMontre mwen ak bĂšl flĂš ou renmen mwenMontre mwen sa nan emosyon ouNan jan ou pale ak mwenDi mwen ou kontan mwen bĂČ kote-ou.

Kase ti bwa nan zĂČrĂšy mwenKarese mwen dous ak men-ouKĂČmanse depi lanjelis rive jouk douvanjouJouk lawouze gran maten rive mouye nouGade mwen tankou pa gen lĂČt fanm sou latĂš ankĂČ.Gade mwen ak lanmou nan je-ou.

Kase ti bwa nan zĂČrĂšy mwenManyen mwen tankou yon bĂšl flĂš choublakOu pa ta renmen ki vin fennenTankou yon asyĂšt poslĂšn eritaj grandĂšt yoOu pa ta renmen ni kase ni fann an miyĂšt mosoManyen mwen tankou se dĂšnye fwa w’ap fĂš sa.

Kase ti bwa nan zĂČrĂšy mwenFĂš m’wĂš ou renmen mwenFĂš m’konnen ou renmen mwenAk bĂšl pwezi lanmou w’ap chante nan zĂČrĂšy mwenPale ak kĂš mwen ak emosyon mwen

Kase ti bwa nan zĂČrĂšy mwenWi, kase ti bwa nan zĂČrĂšy mwen

Victoire Legrand (2003)= = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = = =

SIWÈLLanjelis fenk tonbelù m’wù-wdevan tab reziyeak machwù-w byen gonfleap jwe jwùt

Trip kĂČdeanba trayizonfin fann fwa-w

Zanmi devan-wpa zanmi dĂšyĂš-wfin kraze kĂČ-w

Pike koleak lafanmivire lĂČlĂČy lakansyĂšl ou

Kase douvanjoupou chache yon demen miyĂČfin pote-w ale

Ou jwe tout jwĂštnan lavi-apou anyenpa ta ba-w pataswĂšl

Men
tout rĂšv ou rasanblebĂČ chemen dezespwafin pĂšdi koulĂšanba traka sou wout ou.

paske
lanmou kase tùt ouak yon grenn siwùl.

Josette Herbert Augustave( Grann Dada) 29 Avril 1099

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KANAVAL MADAN KOLOAne sa-aKanaval tout koulĂšpran wout channmas.An verite pa gen dyazKi ka bay Madan KoloFanm PĂČtoprens pwoblĂšm.M’fĂš sĂšman ane sa-aNan kanaval lam’ap voye tout giyon al bwachat

giyon laperĂšzgiyon tipil gwopilgiyon viv sĂšlgiyon dlo nan jegiyon vant maregiyon machĂš gonflegiyon san manjegiyon boutĂšy nwagiyon pale malgiyon pĂČch krevegiyon dezespwagiyon m’wĂšgiyon m’pa wĂš

sou labanyĂšyon kout tanbouak de bon yayadnan mitan bann kanavalmadan Kolo-a.

Josette Herbert Augustave“Grann Dada”16 Janvye 1997

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ZYE DOUNan satiyĂšt lavinan tout sansnan mache chachenan kouri pasi palamwen tonbe tĂšt bese nan konfizyonak yon bouke flĂš koulĂš lakansyĂšl nan men-mmwen di: tout larezone ki te nan fon kĂš-m

Nan moute desann nan mitan chalù touman-m tout manm mwen kontre bab pou babak Mùt “Gran Chimen”k’ap fù-m zye dou

Josette Herbert Augustave“Grann Dada”

26 septanm 2010

Page 16: Haiti en Marche #49- Vol XXIV - December 29, 2010

Page 16Mercredi 29 DĂ©cembre 2010

Haïti en Marche ‱ Vol XXIV ‱ N° 49BACK PAGE

HaĂŻti en MarchePort-au-Prince

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En Bref...(... suite de la page 14)

Les voeux de la MI-NUSTAH Ă  l’occa-sion de la NoĂ«lMr Edmond Mulet, ReprĂ©-sentant spĂ©cial du SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’ONU en HaĂŻti, a prĂ©sentĂ© vendredi ses vƓux les meilleurs au peuple haĂŻ-tien Ă  l’occasion des FĂȘtes de NoĂ«l et du Nouvel An. Dans un message de circons-tance, le diplomate guatĂ©-maltĂšque dĂ©clare: "L’annĂ©e 2010 a Ă©tĂ© l’une des plus douloureuses de l’histoire d’HaĂŻti. Les tragĂ©dies, plus Ă©prouvantes les unes que les autres pour les HaĂŻtiens, se sont succĂ©dĂ©es, Ă  commencer par celle du 12 janvier. Puis une tornade et un ouragan destructeurs et enfin, la subi-te propagation de l’épidĂ©mie de cholĂ©ra", Ă©crit M. Mulet."A l’aube de l’annĂ©e nouvelle, je tiens Ă  saluer encore une fois l’hĂ©roĂŻsme du peuple haĂŻtien qui a su faire face Ă  l’adversitĂ© avec courage et dignitĂ©. Certes, les dĂ©fis restent immenses, mais une patrie ne vit que grĂące aux sacrifices de ses fils", poursuit le chef de la MINUSTAH.Monsieur Mulet souhaite aussi que "l’amour de la patrie et les immenses sacri-fices consentis puissent deve-nir les ferments d’un avenir meilleur pour les filles et les fils d’HaĂŻti".

Est-ce vrai que plus jamais tu ne vibreras Ă  nos poĂšmes, Ă  nos chansons?

Belle-sur-Mer, salut! ta flamme est en nos yeux. Songe intermittent dans nos pensĂ©es, salut!Pauvre petit pays merveilleux, nous t’aimons. Wi nap toujou renmen ou !Amis, pour commencer, rallumons ses Ă©toiles. Roland Menuau, 25 dĂ©cembre 2010

MĂ©lodie Matinsur 103.3 fm