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Guy de Maupassant
Une vie
PrĂ©sentation :lâauteur, lâĆuvre et son contexteGuy de Maupassant ââââââââââââââââââââââââ 4-5Une vie ââââââââââââââââââââââââââââââââ 6-7Le contexte historique et culturel âââââââââââââââ 8-9
Une vie de Guy de MaupassantTexte intĂ©gral âââââââââââââââââââââââââââââ 10
Ătude de lâĆuvre : sĂ©ances
SĂ©ance 1 Jeanne, une hĂ©roĂŻne condamnĂ©e Ă lâĂ©chec
et au dĂ©senchantement ââââââââââââââââââââ 260
LECTURE, ĂTUDE DE LA LANGUE, EXPRESSION, PATRIMOINEHistoire des arts : Un genre pictural : le portraitMĂ©thode : Comment prĂ©parer une lecture linĂ©aire
SĂ©ance 2 Le roman de la dĂ©sillusion amoureuse âââââ 264
LECTURE, ĂTUDE DE LA LANGUE, EXPRESSION, PATRIMOINENotions littĂ©raires : La scĂšne de rencontre : un topos littĂ©raireMĂ©thode : Comment rĂ©diger lâintroduction dâun commentaire de texte
SĂ©ance 3 Une galerie de personnages types ââââââââ 268
LECTURE, ĂTUDE DE LA LANGUE, EXPRESSION, PATRIMOINENotions littĂ©raires : Le schĂ©ma actanciel dâun rĂ©citMĂ©thode : Comment Ă©tudier les points de vue narratifs dans un rĂ©cit
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SommaireSéance 4 Un roman empreint de réalisme
et de naturalisme âââââââââââââââââââââââââ 272
LECTURE, ĂTUDE DE LA LANGUE, EXPRESSION, PATRIMOINEContextualisation : RĂ©alisme et naturalismeMĂ©thode : Comment Ă©tablir une fiche de rĂ©vision sur un mouvement littĂ©raire
SĂ©ance 5 La structure du roman âââââââââââââââ 276
LECTURE, ĂTUDE DE LA LANGUE, EXPRESSION, PATRIMOINENotions littĂ©raires : La temporalitĂ© dâun rĂ©citMĂ©thode : Comment Ă©tudier un incipit et un explicit romanesque
Autour de lâĆuvre : textes et image dans le contexte1. ROMAN : Madame Bovary, GUSTAVE FLAUBERT ââââââ 280 QUESTIONS
2. POĂME : « Moesta et errabunda », in Les Fleurs du mal, CHARLES BAUDELAIRE ââââââââââââââââ 282
QUESTIONS
3. TABLEAU : IntĂ©rieur, femme Ă la fenĂȘtre, GUSTAVE CAILLEBOTTE âââââââââââââââ 284
QUESTIONS
Lexique âââââââââââââââââââââââââââââââ 285
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I
Jeanne, ayant fini ses malles, sâapprocha de la fenĂȘtre, mais la pluie ne cessait pas.
Lâaverse, toute la nuit, avait sonnĂ© contre les carreaux et les toits. Le ciel bas et chargĂ© dâeau semblait crevĂ©, se vidant sur la terre, la dĂ©layant en bouillie, la fondant comme du sucre. Des rafales pas-saient pleines dâune chaleur lourde. Le ronflement des ruisseaux dĂ©bordĂ©s emplissait les rues dĂ©sertes oĂč les maisons, comme des Ă©ponges, buvaient lâhumiditĂ© qui pĂ©nĂ©trait au dedans et faisait suer les murs de la cave au grenier.
Jeanne, sortie la veille du couvent, libre enfin pour toujours, prĂȘte Ă saisir tous les bonheurs de la vie dont elle rĂȘvait depuis si long-temps, craignait que son pĂšre hĂ©sitĂąt Ă partir si le temps ne sâĂ©clair-cissait pas ; et pour la centiĂšme fois depuis le matin elle interrogeait lâhorizon.
Puis, elle sâaperçut quâelle avait oubliĂ© de mettre son calendrier dans son sac de voyage. Elle cueillit sur le mur le petit carton divisĂ© par mois, et portant au milieu dâun dessin la date de lâannĂ©e courante 1819 en chiffres dâor. Puis elle biffa1 Ă coups de crayon les quatre premiĂšres colonnes, rayant chaque nom de saint jusquâau 2 mai, jour de sa sortie du couvent.
Une voix, derriÚre la porte, appela : « Jeannette ! » Jeanne répondit : « Entre, papa. » Et son pÚre parut. Le baron Simon-Jacques Le Perthuis des Vauds était un gentil-
homme de lâautre siĂšcle, maniaque et bon. Disciple enthousiaste de J.-J. Rousseau2, il avait des tendresses dâamant pour la nature, les champs, les bois, les bĂȘtes.
Vocabulaire et nom propre1. Biffa : barra.2. J.-J. Rousseau : (1712-1778) Ă©crivain et philosophe qui dĂ©veloppa des thĂ©ories selon les-quelles lâhomme qui vit en harmonie avec la nature est libre et heureux.
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Chapitre I
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Aristocrate de naissance, il haĂŻssait par instinct quatre-vingt-treize1 ; mais philosophe par tempĂ©rament et libĂ©ral par Ă©ducation, il exĂ©crait2 la tyrannie dâune haine inoffensive et dĂ©clamatoire3.
Sa grande force et sa grande faiblesse, câĂ©tait la bontĂ©, une bontĂ© qui nâavait pas assez de bras pour caresser, pour donner, pour Ă©treindre, une bontĂ© de crĂ©ateur, Ă©parse4, sans rĂ©sistance, comme lâengourdissement dâun nerf de la volontĂ©, une lacune dans lâĂ©nergie, presque un vice.
Homme de thĂ©orie, il mĂ©ditait tout un plan dâĂ©ducation pour sa fille, voulant la faire heureuse, bonne, droite et tendre.
Elle Ă©tait demeurĂ©e jusquâĂ douze ans dans la maison, puis, mal-grĂ© les pleurs de la mĂšre, elle fut mise au SacrĂ©-CĆur5.
Il lâavait tenue lĂ sĂ©vĂšrement enfermĂ©e, cloĂźtrĂ©e, ignorĂ©e et igno-rante des choses humaines. Il voulait quâon la lui rendĂźt chaste6 Ă dix-sept ans pour la tremper lui-mĂȘme dans une sorte de bain de poĂ©sie raisonnable ; et, par les champs, au milieu de la terre fĂ©con-dĂ©e, ouvrir son Ăąme, dĂ©gourdir son ignorance Ă lâaspect de lâamour naĂŻf, des tendresses simples des animaux, des lois sereines de la vie.
Elle sortait maintenant du couvent, radieuse, pleine de sĂšves et dâappĂ©tits de bonheur, prĂȘte Ă toutes les joies, Ă tous les hasards char-mants que dans le dĂ©sĆuvrement des jours, la longueur des nuits, la solitude des espĂ©rances, son esprit avait dĂ©jĂ parcourus.
Elle semblait un portrait de VĂ©ronĂšse7 avec ses cheveux dâun blond luisant quâon aurait dit avoir dĂ©teint sur sa chair, une chair
Vocabulaire et noms propres1. Quatre-vingt-treize : 1793 est lâannĂ©e qui marque le dĂ©but de la Terreur (pĂ©riode de la RĂ©volution française dâune extrĂȘme violence Ă lâinitiative du gouvernement dirigĂ© par Robespierre). 2. ExĂ©crait : haĂŻssait. 3. DĂ©clamatoire : thĂ©Ăątrale. 4. Ăparse : dispersĂ©e çà et lĂ . 5. SacrĂ©-CĆur : couvent situĂ© Ă Rouen. 6. Chaste : vierge et innocente. 7. VĂ©ronĂšse : Paolo Caliari (1528-1588), dit le VĂ©ronĂšse, est un peintre italien de la Renais-sance.
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dâaristocrate Ă peine nuancĂ©e de rose, ombrĂ©e dâun lĂ©ger duvet, dâune sorte de velours pĂąle quâon apercevait un peu quand le soleil la cares-sait. Ses yeux Ă©taient bleus, de ce bleu opaque quâont ceux des bons-hommes en faĂŻence de Hollande1.
Elle avait, sur lâaile gauche de la narine, un petit grain de beautĂ©, un autre Ă droite, sur le menton, oĂč frisaient quelques poils si sem-blables Ă sa peau quâon les distinguait Ă peine. Elle Ă©tait grande, mĂ»re de poitrine, ondoyante de la taille. Sa voix nette semblait parfois trop aiguĂ« ; mais son rire franc jetait de la joie autour dâelle. Souvent, dâun geste familier, elle portait ses deux mains Ă ses tempes comme pour lisser sa chevelure.
Elle courut Ă son pĂšre et lâembrassa, en lâĂ©treignant : « Eh bien, partons-nous ? » dit-elle.
Il sourit, secoua ses cheveux dĂ©jĂ blancs, et quâil portait assez longs, et, tendant la main vers la fenĂȘtre :
â Comment veux-tu voyager par un temps pareil ? Mais elle le priait, cĂąline et tendre : « Oh, papa, partons, je tâen
supplie. Il fera beau dans lâaprĂšs-midi. â Mais ta mĂšre nây consentira jamais. â Si, je te le promets, je mâen charge. â Si tu parviens Ă dĂ©cider ta mĂšre, je veux bien, moi. » Et elle se prĂ©cipita vers la chambre de la baronne. Car elle avait
attendu ce jour du dĂ©part avec une impatience grandissante. Depuis son entrĂ©e au SacrĂ©-CĆur elle nâavait pas quittĂ© Rouen,
son pĂšre ne permettant aucune distraction avant lâĂąge quâil avait fixĂ©. Deux fois seulement on lâavait emmenĂ©e quinze jours Ă Paris, mais câĂ©tait une ville encore, et elle ne rĂȘvait que la campagne.
Vocabulaire1. En faïence de Hollande : célÚbre dans le monde entier, la faïence de Hollande est produite à Delft depuis le xviie siÚcle. La couleur bleue y est utilisée dans toutes ses nuances.
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Chapitre I
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Elle allait maintenant passer lâĂ©tĂ© dans leur propriĂ©tĂ© des Peuples1, vieux chĂąteau de famille plantĂ© sur la falaise prĂšs dâYport2 ; et elle se promettait une joie infinie de cette vie libre au bord des flots. Puis il Ă©tait entendu quâon lui faisait don de ce manoir, quâelle habiterait toujours lorsquâelle serait mariĂ©e.
Et la pluie, tombant sans répit depuis la veille au soir, était le premier gros chagrin de son existence.
Mais, au bout de trois minutes, elle sortit, en courant, de la chambre de sa mÚre, criant par toute la maison : « Papa, papa ! maman veut bien ; fais atteler. »
Le dĂ©luge ne sâapaisait point ; on eĂ»t dit mĂȘme quâil redoublait quand la calĂšche sâavança devant la porte.
Jeanne Ă©tait prĂȘte Ă monter en voiture lorsque la baronne des-cendit lâescalier, soutenue dâun cĂŽtĂ© par son mari, et, de lâautre par une grande fille de chambre forte et bien dĂ©couplĂ©e3 comme un gars. CâĂ©tait une Normande du pays de Caux4, qui paraissait au moins vingt ans, bien quâelle en eĂ»t au plus dix-huit. On la traitait dans la famille un peu comme une seconde fille, car elle avait Ă©tĂ© la sĆur de lait5 de Jeanne. Elle sâappelait Rosalie.
Sa principale fonction consistait dâailleurs Ă guider les pas de sa maĂźtresse devenue Ă©norme depuis quelques annĂ©es par suite dâune hypertrophie6 du cĆur dont elle se plaignait sans cesse.
La baronne atteignit, en soufflant beaucoup, le perron du vieil hĂŽtel, regarda la cour oĂč lâeau ruisselait et murmura : « Ce nâest vraiment pas raisonnable. »
Vocabulaire et noms propres1. Les Peuples : nom de la propriĂ©tĂ© de la famille de Jeanne. 2. Yport : ville de Normandie situĂ©e au bord de la mer et cĂ©lĂšbre pour ses hautes falaises. 3. Bien dĂ©couplĂ©e : bien bĂątie. 4. Pays de Caux : rĂ©gion de Normandie. 5. SĆur de lait : expression qui dĂ©signe un enfant nourri par la mĂȘme nourrice. Ici, la mĂšre de Rosalie a nourri sa propre fille et Jeanne. 6. Hypertrophie : augmentation pathologique dâun organe.
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Son mari, toujours souriant, rĂ©pondit : « Câest vous qui lâavez voulu, madame AdĂ©laĂŻde1. »
Comme elle portait ce nom pompeux2 dâAdĂ©laĂŻde, il le faisait toujours prĂ©cĂ©der de « madame » avec un certain air de respect un peu moqueur.
Puis elle se remit en marche et monta pĂ©niblement dans la voi-ture dont tous les ressorts pliĂšrent. Le baron sâassit Ă son cĂŽtĂ©, Jeanne et Rosalie prirent place sur la banquette Ă reculons.
La cuisiniĂšre Ludivine apporta des masses de manteaux quâon disposa sur les genoux, plus deux paniers quâon dissimula sous les jambes ; puis elle grimpa sur le siĂšge Ă cĂŽtĂ© du pĂšre Simon ; et sâenveloppa dâune grande couverture qui la coiffait entiĂšrement. Le concierge et sa femme vinrent saluer en fermant la portiĂšre ; ils reçurent les derniĂšres recommandations pour les malles qui devaient suivre dans une charrette ; et on partit.
Le pĂšre Simon, le cocher, la tĂȘte baissĂ©e, le dos arrondi sous la pluie, disparaissait dans son carrick3 Ă triple collet. La bourrasque gĂ©missante battait les vitres, inondait la chaussĂ©e.
La berline4, au grand trot des deux chevaux, dĂ©vala rondement5 sur le quai, longea la ligne des grands navires dont les mĂąts, les vergues6, les cordages se dressaient tristement dans le ciel ruisselant, comme des arbres dĂ©pouillĂ©s ; puis elle sâengagea sur le long boule-vard du mont Riboudet.
BientĂŽt on traversa les prairies ; et de temps en temps un saule noyĂ©, les branches tombantes avec un abandonnement de cadavre, se dessinait gravement Ă travers un brouillard dâeau. Les fers des chevaux clapotaient et les quatre roues faisaient des soleils de boue.
Vocabulaire et nom propre1. Adélaïde : référence à la troisiÚme fille de Louis XV, dite « Madame Adélaïde ».2. Pompeux : guindé et plus ou moins ridicule. 3. Carrick : manteau du cocher. 4. Berline : voiture à cheval. 5. Rondement : sans brusquerie. 6. Vergues : sur un bateau, piÚces de bois placées en travers du mùt pour soutenir et orienter une voile.
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Jeanne, une hĂ©roĂŻne condamnĂ©e Ă lâĂ©chec et au dĂ©senchantement
LECTURELâarchĂ©type de la petite aristocratie de province
1. Quel est le patronyme de Jeanne et son titre de noblesse ?
2. P. 11, quel ùge a Jeanne au début du roman ? Quelle éducation a-t-elle reçue ? Une héroïne naïve et idéaliste
3. P. 22-23, l. 334-358, p. 25, l. 414-431 et p. 28-29, l. 1-39 : montrez que Jeanne manifeste une grande propension Ă la rĂȘverie.
4. P. 60, l. 214-235 : relevez les termes appartenant au champ lexical des sensations. Quelle critique implicite ce passage met-il en lumiĂšre ?
5. P. 65 : de quoi le pĂšre de Jeanne veut-il lâavertir le soir de son mariage ? En quoi son Ă©ducation est-elle en partie la cause de son malheur ?
6. P. 183-184, l. 279-303 et p. 185, l. 342-348 : quels Ă©lĂ©ments permettent dâaffirmer que la religion est pour Jeanne un refuge illusoire Ă ses souffrances ?Lecture dâun extrait (p. 88-89, l. 19-51)
7. Ce passage marque une rupture dans la vie de Jeanne : comment Ă©voque-t-elle son passĂ© et son avenir ? Appuyez-vous notamment sur lâopposition des champs lexicaux des lignes 44-51.
8. Quelles Ă©motions Jeanne Ă©prouve-t-elle ?
9. En quoi le paysage se fait-il le reflet des Ă©tats dâĂąme de lâhĂ©roĂŻne ? Une hĂ©roĂŻne vouĂ©e au malheur
10. La vie de Jeanne est une suite dâĂ©vĂ©nements douloureux et de dĂ©sillusions. Citez-en quatre particuliĂšrement marquants.
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SĂ©ance 1 Jeanne, une hĂ©roĂŻne condamnĂ©eâŠ
11. P. 136-137, l. 125-156 : comment pouvez-vous caractĂ©riser lâaccouchement de Jeanne ?
12. P. 168-171, l. 682-766 : aprĂšs le dĂ©cĂšs de sa mĂšre, que dĂ©couvre Jeanne Ă son propos ? Quel effet cette dĂ©couverte a-t-elle sur lâhĂ©roĂŻne ?
13. Chapitre 11 : comment pouvez-vous qualifier lâamour que Jeanne Ă©prouve pour son fils ? Pourquoi cette relation est-elle une source de souffrance ? SynthĂšse
14. Jeanne est une hĂ©roĂŻne sans hĂ©roĂŻsme. Cherchez lâĂ©tymologie du terme « hĂ©roĂŻsme » et justifiez cette affirmation.
HISTOIRE DES ARTSUn genre pictural : le portrait
Le portrait est la reprĂ©sentation dâune personne rĂ©elle, et plus spĂ©cifiquement de son visage. Bien quâil reproduise avec plus ou moins de rĂ©alisme lâapparence extĂ©rieure de son modĂšle, le portrait peut Ă©galement reflĂ©ter sa personnalitĂ©, ses Ă©motions et ses Ă©tats dâĂąme par les traits de son visage, lâexpression de son regard, sa poseâŠ
Le portrait est un genre pictural trĂšs ancien. DĂšs lâAntiquitĂ©, les auteurs en signalent lâexistence sur des murs, sarcophages, piĂšces ou mĂ©dailles. Ă la Renaissance, comme lâhomme sâaffranchit du religieux, le portrait se personnalise et les portraitistes peignent notamment lâĂ©lĂ©gance des personnages de cour. Son succĂšs se confirme au xviie siĂšcle : il permet la valorisation dâun statut social, sert dâoutil de propagande aux puissants ou est offert lors dâĂ©vĂ©nements exceptionnels. Au xviiie siĂšcle, des portraits plus intimes et plus naturels apparaissent. Le genre sâintĂ©resse dorĂ©navant Ă lâexpression de la personnalitĂ© du modĂšle et Ă son univers quotidien. Au xixe siĂšcle, lâinvention de la photographie influence les portraitistes qui sâorientent alors vers un souci de rĂ©alisme et de ressemblance. Les impressionnistes rejettent toute idĂ©alisation du modĂšle pour sâintĂ©resser Ă une vision plus personnelle et subjective.
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Lecture dâimage
15. Quel est le sujet principal de ce tableau, la femme ou le paysage ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur des éléments précis.
Ătude de la langue
Stylistique
16. P. 11, l. 39-40 : quelle figure de style identifiez-vous ?
17. P. 88, l. 28-30 : quels procĂ©dĂ©s stylistiques repĂ©rez-vous dans cette phrase ? Dans quel but lâauteur les emploie-t-il ? Ătymologie
18. Cherchez lâĂ©tymologie et le sens de lâadjectif « cruel » (p. 136, l. 150) employĂ© lors de lâaccouchement de Jeanne.
19. Le personnage de Jeanne présente des similitudes avec le personnage éponyme de Madame Bovary. Faites des recherches sur cette héroïne de Flaubert et comparez-la à Jeanne.
PATRIMOINE
Grammaire
20. P. 89, l. 69-72 : dans cette phrase, quels sont les temps employés et leur valeur ?
21. P. 106, l. 552-556 : relevez les propositions subordonnées dans cette phrase et précisez leur nature puis leur fonction.
Auguste Renoir, Au bord de la mer, 1883.
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Ćuvre notamment recommandĂ©e pour les classes de 3e (Se chercher, se construire _ rĂ©cits de vie) et les classes de 2de et 1re (Le roman et le rĂ©cit).
Les atouts dâune Ćuvre commentĂ©e avec, en plus, tous les repĂšres pour les Ă©lĂšves :
âą Des rabats panoramiques avec : â une autre Ćuvre dâart en grand format â une frise historique et culturelle inĂ©dite
âą Des Ă©lĂ©ments dâhistoire des arts
⹠Des notes de vocabulaire adaptées
âą Des rubriques outils de la langue pratiques
⹠Des encadrés méthode efficaces
âą Un lexique
ISBN 978-2-210-76569-6
Des ressources enseignants sur www.classiquesetpatrimoine.magnard.fr :â des fiches dâactivitĂ©sâ des fiches Histoire des artsâ des vidĂ©os, accompagnĂ©es de fichesâ le livret du professeurâ des offres de documentation et dâĂ©quipement de classe-:HSMCLA=\[Z[^[:
Guy de MaupassantUne vieUne vie, câest la vie de Jeanne, jeune aristocrate sensible qui rĂȘve du grand amour. ChoyĂ©e par ses parents et Ă©levĂ©e au couvent, elle se berce dâillusions. Mais elle va se heurter Ă lâimplacable rĂ©alitĂ© des rapports humains, brutaux et dĂ©cevants. Dans ce rĂ©cit pessimiste, Maupassant raconte les dĂ©sillusions dâune hĂ©roĂŻne, dâune Ă©pouse, dâune mĂšre, brisĂ©e par les Ă©checs et la mĂ©diocritĂ© de son existence.