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Gérer les migrations économiques pour mieux répondre aux besoins du marché du travail

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Gérer les migrationséconomiques pour mieux

répondre aux besoinsdu marché du travail

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Cet ouvrage est publié sous la responsabilité du Secrétaire général de l’OCDE. Les opinions

et les interprétations exprimées ne reflètent pas nécessairement les vues officielles des

pays membres de l’OCDE ou celles de l’Union européenne.

Ce document et toute carte qu’il peut comprendre sont sans préjudice du statut de tout

territoire, de la souveraineté s’exerçant sur ce dernier, du tracé des frontières et limites

internationales, et du nom de tout territoire, ville ou région.

ISBN 978-92-64-21700-3 (imprimé)ISBN 978-92-64-21702-7 (PDF)

Union européenneNuméro de catalogue : KE-04-14-631-FR-C (imprimé)Numéro de catalogue : KE-04-14-631-FR-N (PDF)ISBN 978-92-79-38527-8 (print)ISBN 978-92-79-38525-4 (PDF)

Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennescompétentes. L’utilisation de ces données par l’OCDE est sans préjudice du statut des hauteurs du Golan, deJérusalem-Est et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie aux termes du droit international.

Crédits photo : Couverture © Alberto Masnovo/Shutterstock.com.

Les corrigenda des publications de l’OCDE sont disponibles sur : www.oecd.org/about/publishing/corrigenda.htm.

© OCDE/Union européenne 2014

La copie, le téléchargement ou l’impression du contenu OCDE pour une utilisation personnelle sont autorisés. Il est possible d’inclure desextraits de publications, de bases de données et de produits multimédia de l’OCDE dans des documents, présentations, blogs, sites Internetet matériel pédagogique, sous réserve de faire mention de la source et du copyright. Toute demande en vue d’un usage public oucommercial ou concernant les droits de traduction devra être adressée à [email protected]. Toute demande d’autorisation de photocopier unepartie de ce contenu à des fins publiques ou commerciales devra être soumise au Copyright Clearance Center (CCC), [email protected], ouau Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC), [email protected].

Merci de citer cet ouvrage comme suit :OCDE/Union Européenne (2014), Gérer les migrations économiques pour mieux répondre aux besoins dumarché du travail, Éditions OCDE.http://dx.doi.org/10.1787/9789264217027-fr

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AVANT-PROPOS – 3

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Avant-propos

Au cours des trois dernières années, la Commission européenne et l’OCDE ont mené conjointement un projet intitulé « Gérer les migrations économiques pour mieux répondre aux besoins du marché du travail ». Les questions clés qui sous-tendent ce projet sont les suivantes : Quelles politiques et bonnes pratiques doivent être mises en œuvre pour s’assurer que les migrations et la libre circulation contribuent à répondre aux pénuries de main-d’œuvre prévues à court et moyen terme ? Comment mieux utiliser les compétences des migrants ? Que nous apprennent les pays non européens de l’OCDE, en particulier en matière de gestion des migrations de travail ?

Certaines de ces questions, notamment celles qui concernent la libre circulation des travailleurs, ont fait l'objet d’une première publication Libre circulation des travailleurs et incidences sur le marché du travail. Expériences récentes des pays de l’OCDE et de l’Union européenne (OCDE, 2012).

La présente publication étend l’étude à d’autres questions en réunissant les documents présentés au « Dialogue UE-OCDE sur la mobilité et les migrations internationales : Gérer les migrations économiques pour mieux répondre aux besoins du marché du travail » (Bruxelles, 24-25 février 2014), une conférence organisée conjointement par la Commission européenne et l’OCDE. Cette conférence a réuni plus de 150 responsables publics, experts et observateurs des organisations internationales, ainsi que des représentants des partenaires sociaux.

Cette publication présente de nouvelles illustrations de l’influence des migrations internationales en Europe et dans quelques autres pays de l’OCDE sur la population active (chapitre 1 par F. Héran et chapitre 2 par J. Gagnon) ; sur les niveaux d’éducation (chapitre 3 par J. Mestres) ; et sur l’évolution de la distribution des professions (chapitre 4 par G. Lemaître) au cours de la dernière décennie. Elle analyse les compétences dont disposent les migrants et la façon dont elles sont utilisées sur la base d’une revue approfondie de la littérature (chapitre 5 par A. Damas de Matos) ; et présente de nouvelles analyses des données européennes et américaines (chapitre 6 par A. Damas de Matos et T. Liebig), canadiennes (chapitre 7 par A. Sweetman) et de l’OCDE en général en se basant sur les données de l’Évaluation des compétences des adultes – PIAAC (chapitre 8 par S. Bonfanti et T. Xenogiani). Enfin, plusieurs chapitres discutent du rôle que les migrations internationales pourraient jouer pour répondre aux besoins de main-d’œuvre présents et futurs en Europe (chapitre 9 par le Cedefop), aux États-Unis (chapitre 10 par B. Barnow) et dans l’Union européenne (chapitre 11 par G. Lemaître). Ces travaux montrent que si les migrations peuvent contribuer de façon importante à l’accroissement de la population active, leur capacité à contrer les effets du vieillissement de la population dépendront de la capacité des pays à mettre en adéquation les besoins en main-d’œuvre avec les caractéristiques des migrants. Dans ce domaine, des efforts doivent être réalisés pour mieux utiliser les compétences des migrants et adapter les systèmes de gestion des migrations de travail aux besoins des employeurs.

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TABLE DES MATIÈRES – 5

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Table des matières

Résumé ............................................................................................................................................ 17

Editorial : Un défi à relever .............................................................................................................. 19

Partie I. Contexte démographique

Chapitre 1. Tendances démographiques, besoins du marché du travail et migrations ............ 27 par François Héran

1.1. Introduction ............................................................................................................................... 28 1.2. Conclusion : Tirer les leçons du passé – Concilier les besoins de l’économie et les droits de l’homme ..................................................................................................................................... 38 Notes ................................................................................................................................................ 40 Références ........................................................................................................................................ 41

Chapitre 2. L’évolution démographique et l’avenir de la main-d’œuvre dans l’UE27, dans d’autres pays de l’OCDE et dans certaines grandes économies émergentes ............................ 43 par Jason Gagnon

2.1. Introduction ............................................................................................................................... 44 2.2. Principales constatations ........................................................................................................... 44 2.3. Tendances démographiques mondiales à long terme ............................................................... 45 2.4. Évolution récente de la population d’âge actif dans l’UE27 et dans d’autres pays de l’OCDE ....................................................................................................................................... 47 2.5. La main-d’œuvre : Effets démographiques et effets de cohorte ............................................... 52 2.6. Au-delà du taux d’activité : Inadéquation des compétences et inadéquation géographique .................................................................................................................................... 56 2.7. Quel rôle jouent les migrations internationales ? ...................................................................... 58 2.8. Conclusion ................................................................................................................................ 64 Notes ................................................................................................................................................ 66 Références ........................................................................................................................................ 67 Annexe 2.A1. Graphiques supplémentaires ..................................................................................... 71

Chapitre 3. Compétences actuelles et futures de la main-d’œuvre : Démographie du niveau d’instruction et rôle de l’immigration ............................................................................. 75 par Josep Mestres

3.1. Introduction ............................................................................................................................... 76 3.2. Niveau d’éducation de la population active et rôle de l’immigration ....................................... 76 3.3. Projections de la population active par niveau d’éducation en 2020 ........................................ 87 3.4. Conclusion .............................................................................................................................. 103 Notes .............................................................................................................................................. 105 Références ...................................................................................................................................... 107 Annexe 3.A1. Méthode utilisée pour estimer les composantes de l’évolution démographique .... 108 Annexe 3.A2. Méthode utilisée pour estimer les niveaux d’éducation de la population active en 2020 .......................................................................................................................................... 110

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6 – TABLE DES MATIÈRES

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Chapitre 4. Évolution de la structure des professions et utilisation des compétences des personnes nées dans le pays ou immigrées : Analyse démographique ............................. 121 par Georges Lemaître

4.1. Introduction ............................................................................................................................. 122 4.2. Principales constatations ......................................................................................................... 122 4.3. Évolution de la structure des professions : étude démographique .......................................... 124 4.4. Ampleur de l’évolution de la structure des professions entre 2000 et 2010 ........................... 127 4.5. Évolution de la structure des professions et migrations intra et extra-européennes ............... 143 4.6. Évolution de la structure des professions : La dimension hommes-femmes .......................... 148 4.7. Conclusion .............................................................................................................................. 151 Notes .............................................................................................................................................. 154 Références ...................................................................................................................................... 155 Annexe 4.A1. Méthode utilisée pour l’estimation des composantes de l’évolution démographique .............................................................................................................................. 157 Annexe 4.A2. Évolution des professions et déclassement ............................................................. 159

Partie II. Les compétences des migrants

Chapitre 5. Mesure, utilisation et rendement des compétences des immigrés : Revue de la littérature .................................................................................................................. 167 par Ana Damas de Matos

5.1. Introduction ............................................................................................................................. 168 5.2. Niveau d’instruction et compétences des immigrés ................................................................ 169 5.3. Rendements de l’éducation et des compétences sur le marché du travail des pays d’accueil ........................................................................................................................ 176 5.4. Explication des différences de rendement des compétences entre immigrés et personnes nées dans le pays ....................................................................................................... 183 5.5. Conclusion ............................................................................................................................... 190 Notes .............................................................................................................................................. 193 Références ...................................................................................................................................... 194 Annexe 5.A1. Niveaux d’éducation ............................................................................................... 200 Annexe 5.A2. Facteurs explicatifs des différences de rendement de l’éducation entre personnes nées dans le pays et personnes nées à l’étranger .................................................. 202

Chapitre 6. Les qualifications des immigrés et leur valeur sur le marché du travail : Comparaison entre l’Europe et les États-Unis .......................................................................... 205 par Ana Damas de Matos et Thomas Liebig

6.1. Introduction ........................................................................................................................ 206 6.2. Les qualifications des immigrés ............................................................................................. 207 6.3. La valeur des qualifications des immigrés sur le marché du travail ...................................... 220 6.4. Exemples de difficultés liées au transfert de qualifications du pays d’origine vers le pays hôte ............................................................................................................................ 229 6.5. Conclusion .............................................................................................................................. 233 Notes .............................................................................................................................................. 235 Références ...................................................................................................................................... 237 Annexe 6.A1. Tableaux et graphiques supplémentaires ................................................................ 239

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TABLE DES MATIÈRES – 7

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Chapitre 7. La transférabilité internationale du capital humain des immigrés : L’expérience du Canada ............................................................................................................. 251 par Arthur Sweetman

7.1. Introduction ............................................................................................................................. 252 7.2. Le contexte canadien .............................................................................................................. 253 7.3. Aspects de la transférabilité des compétences jouant un rôle essentiel dans le devenir professionnel .................................................................................................................................. 257 7.4. Les interactions entre les compétences affectent la transférabilité ......................................... 264 7.5. Conclusion .............................................................................................................................. 265 Notes .............................................................................................................................................. 267 Références ...................................................................................................................................... 270

Chapitre 8. Compétences des migrants : Utilisation et inadéquation des compétences et performances sur le marché du travail. Une première exploitation des données issues de l’Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) ............................................................. 273 par Sara Bonfanti et Theodora Xenogiani

8.1. Introduction ............................................................................................................................. 274 8.2. Description des données ......................................................................................................... 275 8.3. Compétences des migrants et comparaison avec celles des autochtones ................................. 278 8.4. Situation des migrants sur le marché du travail ..................................................................... 295 8.5. Les salaires des migrants ........................................................................................................ 318 8.6. Conclusion .............................................................................................................................. 333 Notes .............................................................................................................................................. 336 Références ...................................................................................................................................... 338 Annexe 8.A1. Descriptions et analyses supplémentaires ............................................................... 342

Partie III. Pénuries de main-d’œuvre et migrations

Chapitre 9. Les déséquilibres du marché du travail prévus en Europe : Défis à relever pour atteindre les objectifs d’Europe 2020 relatifs à l’emploi ................................................. 349 par l’Équipe Analyse des compétences du Cedefop, sous la supervision de Pascaline Descy

9.1. Introduction ............................................................................................................................. 350 9.2. Insuffisances du taux d’emploi dans les États membres de l’Union européenne ................... 351 9.3. Atteindre l'objectif d'Europe 2020 relatif à l’emploi .............................................................. 352 9.4. Les déséquilibres du marché du travail et la nécessité d'une stratégie d'activation dans les États membres de l’Union européenne ............................................................................ 357 9.5. Conclusion .............................................................................................................................. 361 Notes .............................................................................................................................................. 362 Références ...................................................................................................................................... 363 Annexe 9.A1. Le modèle paneuropéen de prévision de l’offre et de la demande de personnel qualifié du Cedefop .................................................................................................. 364

Chapitre 10. Pénuries de main-d’œuvre : les concepts fondamentaux et leur rôle dans la politique migratoire des États-Unis .............................................................................. 369 par Burt S. Barnow

10.1. Introduction ........................................................................................................................... 370 10.2 Les pénuries de main-d’œuvre en théorie et en pratique ....................................................... 370

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8 – TABLE DES MATIÈRES

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10.3. Utilisation des données relatives aux pénuries de main-d’œuvre dans le contexte de l’immigration et des visas temporaires ..................................................................................... 376 10.4. Conclusion ............................................................................................................................ 381 Notes .............................................................................................................................................. 382 Références ...................................................................................................................................... 383

Chapitre 11. Les migrations en Europe : Vue d’ensemble des résultats du module 2008 et implications pour les migrations de travail ........................................................................... 385 par Georges Lemaître

11.1. Introduction ........................................................................................................................... 386 11.2. La source de données ............................................................................................................ 387 11.3. Les migrations internationales par motif d’immigration ...................................................... 388 11.4. Évolution de la répartition des motifs d’immigration en fonction du nombre d’années de résidence ................................................................................................................................... 391 11.5. Taux d’emploi par catégorie d’entrée et évolution au fil des années de résidence ............... 393 11.6. Niveau de qualification professionnelle des immigrés récents et déclassement .................. 395 11.7. Sources de compétences ....................................................................................................... 399 11.8. Changements d’emploi parmi les immigrés internationaux récents ..................................... 403 11.9. Récapitulatif des résultats du module ................................................................................... 404 11.10. Conséquences pour l’action publique ................................................................................. 406 11.11. Améliorer la rétention ......................................................................................................... 410 11.12. Accroître les flux d’immigrés hautement qualifiés ............................................................. 411 11.13. Conclusion ........................................................................................................................... 416 Notes .............................................................................................................................................. 418 Références ...................................................................................................................................... 420

Graphiques

Graphique 1.1. Pourcentage d’immigrés (« 1re génération ») et d’enfants d’immigré(s) (« 2e génération ») dans quelques pays ............................................................................................ 29 Graphique 1.2. L’importance des migrations familiales et humanitaires en France ........................ 35 Graphique 1.3. Différences de taux d’emploi entre les personnes nées à l’étranger et les personnes nées dans le pays, dans les pays de l’OCDE (hommes et femmes), 2001-12 ................. 36 Graphique 1.4. Part de la population « issue de l’immigration » (première et seconde générations) dans les Länder allemands .......................................................................................... 38 Graphique 2.1. Population totale par zone principale, 1950-2100 ................................................... 46 Graphique 2.2. Taux moyen annuel d’évolution démographique, 1950-2100 ................................ 46 Graphique 2.3. Âge médian de la population, 1950-2100 ............................................................... 47 Graphique 2.4. Population âgée de 15 à 24 ans, 1950-2100 ............................................................ 47 Graphique 2.5. Pyramides de la population, 2010 et 2025 .............................................................. 48 Graphique 2.6. Variation de la population d’âge actif entre 2010 et 2020 dans les pays de l’OCDE et dans certaines économies émergentes ....................................................................... 51 Graphique 2.7 Taux d’activité (15 à 64 ans) selon le sexe dans certains pays de l’OCDE et dans l’EU27, 1983-2011 .............................................................................................................. 52 Graphique 2.8. Évolution du nombre moyen d’années d’études de la population adulte dans les pays de l’OCDE, 1970, 2010, 2060 ................................................................................... 57 Graphique 2.9. Composantes de l’accroissement démographique total dans les pays de l’OCDE, 1960-2020 .................................................................................................................... 58

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TABLE DES MATIÈRES – 9

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Graphique 2.10. Structure par tranche d'âge de la population âgée de 15 ans et plus dans les pays de l’OCDE, par sexe et lieu de naissance, 2005/06 ................................................... 59 Graphique 2.11. Taux de dépendance des personnes âgées pour l’ensemble de la population et pour les personnes nées dans le pays dans certains pays de l’OCDE, 2010 ................................ 59 Graphique 2.12. Part de personnes ayant un niveau d’éducation élevé parmi les immigrés et les personnes nées dans le pays âgés de 15 ans et plus selon le nombre d’années de résidence, dans certains pays de l’OCDE, 2005/06 .................................................................... 60 Graphique 2.13. Immigration permanente dans certains pays de l’OCDE, par catégorie d’entrée, 2010 ............................................................................................................. 61 Graphique 2.14. Taux de participation des 15-64 ans selon le sexe et lieu de naissance dans quelques pays de l’OCDE, 2012 ............................................................................................. 62 Graphique 2.A1.1. Taux de dépendance des personnes âgées (nombre de personnes en âge de travailler (20 à 64 ans) par personne ayant l’âge de la retraite (65 ans et plus) : valeurs passées et projections, 1950-2050 ....................................................................................... 70 Graphique 2.A1.2. Composantes de la croissance totale de la population dans les pays de l’OCDE, 1960-2011, pour 1 000 habitants ................................................................................. 71 Graphique 2.A1.3. Structure par âge de la population immigrée récente et totale dans l’Union européenne et aux États-Unis ..................................................................................... 72 Graphique 2.A1.4. Taux de participation par sexe et lieu de naissance dans certains pays de l’OCDE, 2012 ............................................................................................................................. 73 Graphique 3.1. Contributions à l'évolution du niveau d'éducation de la population active selon la source, 2000-10 .................................................................................................................. 84 Graphique 3.2a. Contributions à l'évolution de la population active ayant un niveau d'éducation tertiaire, selon le groupe démographique, 2000-10 ...................................................... 85 Graphique 3.2b. Contributions à l'évolution de la population active ayant un atteint un niveau d'éducation secondaire supérieur, selon le groupe démographique, 2000-10 ................. 86 Graphique 3.2c. Contributions à l'évolution de la population active n'ayant pas atteint un niveau d'éducation secondaire supérieur, selon le groupe démographique, 2000-10 ................. 86 Graphique 3.3. Part de la population active ayant un niveau d'éducation tertiaire en 2010 et selon deux scénarios en 2020 ....................................................................................................... 92 Graphique 3.4. Évolution des niveaux d'éducation de la population active selon la source, 2000-10 et 2010-20 .......................................................................................................................... 93 Graphique 3.5a. Décomposition de l'évolution de la population active ayant un niveau d'éducation tertiaire, par groupe démographique et par scénario de projection, 2010-20 ............... 99 Graphique 3.5b. Décomposition de l'évolution de la population active ayant achevé le second cycle de l'enseignement secondaire, par groupe démographique et par scénario de projection, 2010-20 ................................................................................................................... 100 Graphique 3.5c. Décomposition de l'évolution de la population active n'ayant pas achevé le second cycle de l'enseignement secondaire, par groupe démographique et par scénario de projection, 2010-20 ................................................................................................................... 101 Graphique 3.6. Contribution des migrations aux nouvelles entrées dans la population active ayant un niveau d'éducation tertiaire, 2000-10 et 2010-20 ............................................................ 102 Graphique 4.1. Évolution totale de la répartition des emplois, par profession, 2000-10 ............... 129 Graphique 4.2. Contributions à l'évolution des professions selon la source et le quintile de croissance de la profession, 2000-10 ........................................................................................ 131 Graphique 4.3a. Contribution des différents groupes démographiques à la croissance des professions, moyenne des pays européens, 2000-10 ............................................................... 136 Figure 1.Graphique 4.3b. Contribution des différents groupes démographiques à la croissance des professions, États-Unis, 2000-10 .................................................................... 137

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10 – TABLE DES MATIÈRES

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Graphique 4.4. Différences de répartition des compétences professionnelles des travailleurs entrant en activité ou changeant d’emploi (2000-10) selon le niveau de qualification, nouveaux immigrés par rapport aux jeunes travailleurs résidents ...................... 139 Graphique 4.5a. Composition par niveau de qualification des entrées et sorties des professions selon le groupe démographique, 2000-10 ............................................................ 141 Graphique 4.5b. Composition par groupe démographique des entrées et sorties des professions selon le niveau de qualification, 2000-10 ............................................................. 142 Graphique 4.6. Part des emplois hautement qualifiés dans l’emploi total des nouveaux entrants sur le marché du travail (immigrés et jeunes travailleurs résidents), 2010-11 ................. 146 Graphique 4.7a. Part des professions intellectuelles et scientifiques parmi tous les nouveaux entrants sur le marché du travail selon le sexe, 2000-10 ............................................................... 149 Graphique 4.7b. Part des techniciens et des professions intermédiaires parmi tous les nouveaux entrants sur le marché du travail selon le sexe, 2000-10 ............................................................... 149 Graphique 4.8. Part des femmes dans les emplois en net déclin et en forte croissance occupés par les jeunes travailleurs résidents, 2000-10 ................................................................................ 150 Graphique 4.9. Part d’hommes et de femmes dans les nouvelles entrées sur le marché du travail et croissance de l’emploi selon la catégorie de profession de (CITP), nouveaux entrants résidents et nouveaux immigrés, 2000-10 ...................................................... 151 Graphique 5.1. Pourcentage de personnes ayant un niveau d’éducation élevé et âgées de 15 ans et plus dans les cinq principaux pays d’émigration, selon la région d’origine, 2005/06 et 2000 ............................................................................................................. 171 Graphique 5.2. Entrées permanentes dans les pays de l’OCDE et dans la Fédération de Russie, par catégorie d’entrée, 2010 ......................................................................................... 175 Graphique 5.3. Dispersion des taux d’emploi des 15-64 ans nés à l’étranger par région d’origine dans l’OCDE, 2005/06 ................................................................................................... 177 Graphique 6.1. Niveau d’éducation des personnes nées dans le pays et des personnes nées à l’étranger ..................................................................................................................................... 207 Graphique 6.2. Origine des qualifications des personnes nées à l’étranger qui vivent en Europe, selon le pays de résidence ............................................................................................. 209 Graphique 6.3. Années d’éducation des personnes nées à l’étranger par rapport aux personnes nées dans le pays ............................................................................................................................ 210 Graphique 6.4. Différences en nombre d’années d’éducation entre les personnes nées à l’étranger qui ont étudié dans le pays hôte et les personnes nées dans le pays, en fonction de l’âge à la migration ................................................................................................................... 212 Graphique 6.5. Proportion d’individus n’ayant pas atteint le second cycle de l’enseignement secondaire parmi les personnes nées à l’étranger comparé aux personnes nées dans le pays ........ 213 Graphique 6.6. Proportion d’individus ayant un niveau d’éducation tertiaire parmi les personnes nées à l’étranger comparé aux personnes nées dans le pays ..................................... 213 Graphique 6.7. Domaines d’études des personnes ayant un niveau d’éducation tertiaire nées dans le pays ou à l’étranger ................................................................................................... 215 Graphique 6.8. Années d’études des immigrés ayant fait leurs études à l’étranger par rapport aux autochtones, en fonction du nombre d’années de résidence dans le pays hôte ....................... 216 Graphique 6.9. Raison de la migration telle que rapportée par les migrants selon le sexe ............ 217 Graphique 6.10. Composition de la population née à l’étranger selon la raison de la migration, par pays ................................................................................................................ 218 Graphique 6.11. Origines des qualifications des personnes nées à l’étranger, selon la raison de la migration ............................................................................................................................... 219 Graphique 6.12. Taux d’emploi selon le niveau d’éducation le plus élevé ................................... 222

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Graphique 6.13. Taux de déclassement des personnes ayant un niveau d’éducation tertiaire nées à l’étranger comparé à celui des personnes ayant un niveau d’éducation tertiaire nées dans le pays .......................................................................................... 223 Graphique 6.14. Différences de taux d’emploi entre les personnes nées à l’étranger qui ont obtenu leur diplôme à l’étranger et les personnes nées dans le pays, selon le nombre d’années de résidence .......................................................................................... 225 Graphique 6.15. Taux de déclassement des personnes nées à l’étranger qui ont obtenu leur diplôme dans le pays de résidence comparé aux personnes nées dans le pays, selon l’âge à la migration ............................................................................................................... 227 Graphique 6.16. Taux d’emploi selon le niveau d’éducation le plus élevé et la raison de la migration ............................................................................................................................... 228 Graphique 6.A1.1. Nombre d’années d’études des personnes nées à l’étranger par rapport aux personnes nées dans le pays, selon le sexe .............................................................................. 241 Graphique 6.A1.2. Taux d’emploi selon le niveau d’éducation atteint le plus élevé dans quelques pays européens de l’OCDE .................................................................................... 250 Graphique 7.1. Les revenus annuels des immigrés déclinent avec la cohorte d’entrée ................. 257 Graphique 8.1. Niveau d'éducation selon le lieu de naissance ...................................................... 279 Graphique 8.2. Niveau d’éducation des personnes nées à l'étranger selon le pays d’origine (UE/non-UE) .................................................................................................................................. 280 Graphique 8.3. Performance en littératie selon le lieu de naissance .............................................. 283 Graphique 8.4. Performance en numératie selon le lieu de naissance ........................................... 284 Graphique 8.5. Distribution des niveaux de compétence en littératie selon le lieu de naissance ............................................................................................................... 285 Gaphique 8.6. Distribution des scores en littératie selon le niveau d’éducation et le lieu de naissance .................................................................................................................... 288 Graphique 8.7. Différences de performance en littératie entre immigrés et personnes nées dans le pays selon le niveau d’éducation ....................................................................................... 289 Graphique 8.8. Différences ajustées de performance en littératie entre immigrés et personnes nées dans le pays ............................................................................................................................ 290 Graphique 8.9. Différences en performance en littératie entre immigrés et personnes nées dans le pays selon le niveau d’éducation et le niveau d’éducation des parents ..................... 292 Graphique 8.10. Différences de niveau de compétence en littératie entre migrants et personnes nées dans le pays selon le pays d’origine (UE/non-UE) ........................................... 293 Graphique 8.11. Différences de niveau de compétence en littératie entre migrants et personnes nées dans le pays selon la durée de résidence ........................................................... 294 Graphique 8.12. Différences de niveau de compétence en littératie entre migrants et personnes nées dans le pays selon l’âge à l’arrivée ................................................................... 295 Graphique 8.13. Écarts de taux d’emploi entre les immigrés et les personnes nées dans le pays selon le niveau d’éducation ....................................................................................... 296 Graphique 8.14. Écarts de taux d’emploi entre les immigrés et les personnes nées dans le pays, selon que la langue du pays hôte est la langue maternelle ou une langue étrangère ................................................................................................................. 297 Graphique 8.15. Écarts de taux d’emploi entre les immigrés et les personnes nées dans le pays selon le pays d’origine (UE/non-UE) ........................................................................ 297 Graphique 8.16. Écarts de taux d’emploi entre les immigrés et les personnes nées dans le pays selon la durée de résidence ........................................................................................ 298 Graphique 8.17. L’incidence du déclassement selon le lieu de naissance ..................................... 302 Graphique 8.18. Différences de taux de déclassement entre les immigrés et les personnes nées dans le pays d’après différents indicateurs ............................................................................ 306

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12 – TABLE DES MATIÈRES

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Graphique 8.19. Différences de taux de déclassement entre les immigrés et les personnes nées dans le pays selon le temps passé dans le pays de résidence ................................................. 308 Graphique 8.20. Différences de taux de déclassement entre les immigrés et les personnes nées dans le pays selon l’âge à l'arrivée ......................................................................................... 309 Graphique 8.21. Différences de taux de déclassement entre les immigrés et les personnes nées dans le pays selon le lieu d’acquisition du diplôme le plus élevé .......................................... 310 Graphique 8.22. Différences de taux de déclassement entre les immigrés et les personnes nées dans le pays selon le pays d'origine (UE/non-UE) ................................................................ 311 Graphique 8.23. L'impact des compétences en littératie sur le risque de déclassement selon le lieu de naissance ............................................................................................................... 315 Graphique 8.24. Différences de taux de déclassement entre les immigrés et les personnes nées en contrôlant ou non pour les compétences en littératie et numératie ................................... 316 Graphique 8.25. Les rendements de l'expérience et de l'éducation selon le lieu de naissance ....... 322 Graphique 8.26. Les rendements de l'éducation tertiaire ............................................................... 324 Graphique 8.27. Les rendements des compétences évaluées ......................................................... 325 Graphique 8.28. Les rendements des années d'éducation selon le lieu de naissance et le lieu d'acquisition du diplôme le plus élevé ........................................................................................... 327 Graphique 8.29. Les rendements des compétences en littératie selon le lieu de naissance et le lieu d'acquisition du diplôme le plus élevé ............................................................................ 327 Graphique 8.30. Le résidu de différence de salaire entre les personnes nées dans le pays et les personnes nées à l’étranger ................................................................................................... 331 Graphique 8.A1.1. Niveau d'éducation des immigrés selon le temps passé depuis la migration ........................................................................................................................ 343 Graphique 8.A1.2. Écarts ajustés et non ajustés de compétences en littératie entre les immigrés et les personnes nées dans le pays ............................................................................ 343 Graphique 8.A1.3. Distribution des scores en littératie selon le niveau d'éducation et le pays d'origine (UE/non-UE) .................................................................................................. 344 Graphique 8.A1.4. Écarts en performance en littératie entre les immigrés nés dans un pays de l'Union européenne ou un pays hors UE et les personnes nées dans le pays selon le niveau d'éducation ........................................................................................................... 344 Graphique 8.A1.5. Différences en performance en numératie entre immigrés et personnes nées dans le pays selon le niveau d'éducation et le niveau d'éducation des parents ...................... 345 Graphique 9.1. Taux d'emploi et objectif UE 2020, UE27 ............................................................ 352 Graphique 9.2. Projections de l'emploi par niveau d'éducation, UE28, 2012-25 .......................... 354 Graphique 9.3. Changements requis dans les taux d'activité et d'emploi dans les pays membres de l’UE pour réaliser les objectifs nationaux d'emploi UE 2020, 2012-20 .................... 359 Graphique 9.4. Croissance projetée des taux d'activité dans les pays membres de l'UE, 2012-20: scénario Cedefop de base et scénario correspondant à l'objectif national de taux d'emploi UE 2020 .............................................................................................................. 360 Graphique 9.A1.1. Schéma conceptuel de modélisation de la demande et de l’offre de compétences .............................................................................................................................. 365 Graphique 10.1. Illustration d'une pénurie de main-d'œuvre ......................................................... 371 Graphique 10.2. Illustration des pénuries de Blank-Stigler et Arrow-Capron ............................... 372 Graphique 10.3. Illustration des pénuries de main-d’œuvre découlant de la restriction des salaires ..................................................................................................................................... 372 Graphique 11.1. Comparaison des données de l’enquête sur les forces de travail et des données standardisées de l’OCDE sur les permis de séjour (immigrés originaires de pays extérieurs à l’UE), données cumulées sur 2005-08 ........................................................................................ 388 Graphique 11.2. Immigrés par motif d’immigration et durée de résidence (années), Europe du Nord et de l’Ouest, 2008 .............................................................................................. 392

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TABLE DES MATIÈRES – 13

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Graphique 11.3. Taux d’emploi des immigrés récents (10 ans de résidence ou moins) par motif d’immigration et des personnes nées dans le pays qui auraient la même distribution par âge, 2008 .................................................................................................................................. 393 Graphique 11.4a. Taux d’emploi par motif d’immigration et années de résidence (moyennes mobiles sur trois ans), immigrés nés dans un pays hors UE, pays de l’UE, 2008 ....... 394 Graphique 11.4b. Taux d’emploi par motif d’immigration et années de résidence (moyennes mobiles sur trois ans), immigrés nés dans un pays de l’UE, pays de l’UE, 2008 ....... 394 Graphique 11.5. Travailleurs migrants (internationaux) récents par niveau de qualification et région d’origine et de destination, 2008 .................................................................................... 395 Graphique 11.6. Taux de déclassement des immigrés récents par motif d’immigration et des personnes nées dans le pays qui auraient la même distribution par âge, 2008 .................... 397 Graphique 11.7. Distribution des niveaux de qualification selon le motif d’immigration des immigrés récents nés dans un pays hors UE, Europe du Sud et Europe du Nord et de l’Ouest, 2008 ......................................................................................................................... 399 Graphique 11.8a. Distribution des professions hautement qualifiées selon le motif d’immigration des immigrés récents et des personnes nées dans le pays ayant achevé leurs études au cours des dix années précédentes, 2008 ......................................................................... 400 Graphique 11.8b. Distribution des professions hautement qualifiées selon le motif d’immigration (à l’exclusion des transferts intra-entreprise), pays de l’UE, immigrés récents, 2008 ............................................................................................................................................... 400 Graphique 11.9a. Pourcentage de personnes occupant des emplois hautement qualifiés par motif d’immigration et nombre d’années de résidence (moyennes mobiles sur trois ans), Europe du Nord et de l’Ouest, 2008 .............................................................................................. 402 Graphique 11.9b. Pourcentage de personnes occupant des emplois hautement qualifiés par motif d’immigration et nombre d’années de résidence (moyennes mobiles sur trois ans), Europe du Sud, 2008 ...................................................................................................................... 402 Graphique 11.10a. Pourcentage de travailleurs occupant le même emploi que l’année de leur arrivée ou l’année suivant la fin de leurs études (autochtones), 2008, Europe du Sud ....... 404 Graphique 11.10b. Pourcentage de travailleurs occupant le même emploi que l’année de leur arrivée ou l’année suivant la fin de leurs études (autochtones), 2008, Europe du Nord et de l’Ouest ........................................................................................................ 404

Tableaux

Tableau 2.1. Projection de la population d’âge actif dans l’UE27, les autres pays de l’OCDE et les grandes économies émergentes, 2010-20 ............................................................................... 49 Tableau 2.2 Projections de l’évolution de la population active par pays entre 2010 et 2020, suivant deux hypothèses concernant l’évolution des taux de participation ..................................... 55 Tableau 2.3. Évolution de la population active immigrée si les immigrés avaient les mêmes taux de participation que leurs homologues nés dans le pays de même âge, niveau d’éducation, sexe, en 2011 dans certains pays européens .................................................................................... 62 Tableau 3.1. Distribution de la population active par niveau d'éducation et lieu de naissance (2010) et évolution 2000-10 ............................................................................................ 78 Tableau 3.2. Croissance de la population active et contribution à cette croissance par groupe démographique, 2000-10 ................................................................................................................. 81 Tableau 3.3. Niveau d’éducation de la population active, nouveaux entrants, nouveaux immigrants et retraités, 2010 ........................................................................................................... 82 Tableau 3.4. Projections de la croissance de la population active et apports à la croissance par groupe démographique, 2000-10 et 2010-20 ............................................................................. 89

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14 – TABLE DES MATIÈRES

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Tableau 3.5. Niveau d'éducation de la population active en 2010 et projections avec différents scénarios en 2020 ............................................................................................................................. 91 Tableau 3.A2.1. Migration nette observée et projetée et entrées nettes de personnes nées à l'étranger, 2000-10 et 2010-20 ............................................................................................ 113 Tableau 3.A2.2. Distribution des niveaux d'éducation de la population active immigrée (2010) par région d'origine (UE-27 ou non-UE-27) et évolution 2000-10 .................... 114 Tableau 3.A2.3. Évolution des niveaux d'éducation de la population active selon la source, 2000-10 et 2010-20 ........................................................................................................................ 115 Tableau 4.1. Professions en croissance et en déclin, 2000-10 ....................................................... 128 Tableau 4.2. Entrées et sorties dans les professions et croissance de l'emploi, 2000-10 ............... 132 Tableau 4.3. Entrées de nouveaux immigrés dans les professions en croissance et en déclin, 2010 ............................................................................................................................................... 134 Tableau 4.4. Croissance de l’emploi selon le niveau de compétence professionnelle, 2000-10 .......................................................................................................................................... 138 Tableau 4.5. Distribution des professions des nouveaux entrants sur le marché du travail (immigrés et jeunes travailleurs résidents) sur la période 2000-10 selon le niveau de qualification .............................................................................................................................. 145 Tableau 4.6. Distribution des professions des jeunes travailleurs résidents par sexe, 2000-10 .......................................................................................................................................... 148 Tableau 4.A2.1. Décomposition de la variation de l’emploi par profession selon le quintile de croissance et la source, 2000-10 ............................................................................................... 159 Tableau 4.A2.2. Taux de déclassement selon deux définitions, et classification des professions hautement qualifiées selon ces deux définitions, données 2006-10 ............................................... 163 Tableau 5.1. Niveau d’éducation des personnes nées dans le pays et nées à l’étranger âgées de 15 ans et plus, par pays de destination et durée de résidence .................................................... 171 Tableau 5.2. Pourcentage des personnes nées à l’étranger qui ont obtenu leur diplôme le plus élevé dans le pays de résidence, dans quelques pays européens de l’OCDE, 2008 ........... 172 Tableau 5.A1.1. Niveau d’éducation des personnes nées dans un autre pays de l’UE27 selon la durée de résidence ............................................................................................................ 200 Tableau 5.A1.2. Niveau d’éducation des personnes nées dans un pays hors UE27, selon la durée de résidence ............................................................................................................ 201 Tableau 5.A2.1. Facteurs explicatifs des différences de rendement de l’éducation entre personnes nées à l’étranger et personnes nées dans le pays .................................................. 203 Tableau 6.1. Années d’éducation et raison de la migration ........................................................... 219 Tableau 6.2. Déterminants du taux d’emploi liés à la formation ................................................... 221 Tableau 6.3. Taux d’emploi des personnes nées à l’étranger qui ont obtenu leur diplôme dans le pays de résidence, selon l’âge à la migration .................................................................... 226 Tableau 6.4. Taux de déclassement et son rapport avec la raison de la migration ........................ 228 Tableau 6.5. Taux d’emploi des personnes nées à l’étranger associé à leurs difficultés linguistiques ................................................................................................................................... 230 Tableau 6.6. Taux de déclassement des personnes nées à l’étranger associé à leurs difficultés linguistiques ................................................................................................................................... 231 Tableau 6.7. Taux de déclassement et reconnaissance des qualifications acquises à l’étranger ..................................................................................................................................... 232 Tableau 6.A1.1. Niveau d’éducation atteint et rapport avec le lieu des études ............................. 240 Tableau 6.A1.2. Les taux d’emploi associés aux variables relatives à l’éducation selon le sexe ................................................................................................................................... 242 Tableau 6.A1.3. Les taux d’emploi associés aux variables relatives à l’éducation ....................... 243 Tableau 6.A1.4. Les taux de déclassement associés aux variables relatives à l’instruction pour les personnes ayant un niveau d’éducation tertiaire .............................................................. 244

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TABLE DES MATIÈRES – 15

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Tableau 6.A1.5. Les taux d’emploi des personnes nées à l’étranger associés à la durée de résidence ................................................................................................................................... 245 Tableau 6.A1.6. Les déterminants des difficultés linguistiques .................................................... 246 Tableau 6.A1.7. Déterminants de la demande de reconnaissance des diplômes ........................... 247 Tableau 6.A1.8. Nombre d’années d’études des personnes nées à l’étranger par rapport aux personnes nées dans le pays dans les pays européens ............................................................. 248 Tableau 6.A1.9. Taux de déclassement des personnes nées à l’étranger ayant un niveau d’éducation tertiaire par rapport aux personnes nées dans le pays dans les pays européens ......... 249 Tableau 7.1. Immigration au Canada par catégorie, 2012 ............................................................. 256 Tableau 8.1. Échantillon PIAAC, nombre d'observations et pourcentages ................................... 277 Tableau 8.2. Part d’immigrés qui ont une éducation étrangère, selon le niveau d’éducation et le pays d’origine (UE/non-UE) .................................................................................................. 281 Tableau 8.3. Ce qui explique la probabilité d’être en emploi ........................................................ 299 Tableau 8.4. Les caractéristiques démographiques du déclassement selon le lieu de naissance ... 314 Tableau 8.5. Les taux de déclassement des immigrés comparés à ceux des personnes nées dans le pays : le rôle de la langue et du lieu d'acquisition du diplôme le plus élevé ..................... 317 Tableau 8.6. Différences de salaire entre les immigrés et les personnes nées dans le pays .......... 320 Tableau 8.7. Les rendements de l'expérience acquise dans le pays hôte et de l'expérience acquise à l'étranger ......................................................................................................................... 329 Tableau 8.8. Les déterminants des salaires .................................................................................... 332 Tableau 8.A1.1. Description des immigrés dans l’Évaluation des compétences des adultes ........ 342 Tableau 9.1. Projection des indicateurs de la situation sur le marché du travail de la population en âge de travailler (20-64 ans) dans l’UE28, 2012-25 ................................................................. 355 Tableau 9.2. Taux d'activité simulés et besoin d’activation si l'objectif européen de taux d'emploi de 75 % en 2020 est atteint, UE27, 2020 ........................................................................ 357 Tableau 9.3. Taux d'activité actuels et « durables » compatibles avec l'objectif de taux d'emploi national UE 2020 dans les pays membres de l'UE, 2012 et 2020 ...................... 358 Tableau 10.1. Entrées de résidents permanents légaux aux États-Unis par principale catégorie d’admission en 2012 ...................................................................................................................... 376 Tableau 10.2. Dix premières professions certifiées pour des visas temporaires non agricoles H-2B au cours de l’exercice 2013 .......................................................................... 377 Tableau 11.1. Répartition des immigrés par motif d’immigration, région de destination et d’origine, tous les immigrés et les immigrés entrés entre 1999 et 2008 .................................... 388 Tableau 11.2. Taux de rétention estimé des immigrés récents après quatre à six et huit à dix années de résidence, par motif d’immigration, immigrés originaires de l’UE et de pays hors UE, Europe du Nord et de l’Ouest, 2008 .............................................................. 392 Tableau 11.3. Niveaux de qualification des professions exercées par les migrants récents (10 années de résidence ou moins) nés dans un pays membre de l’UE ou dans un pays non-membre de l’UE, par motif de migration et région de destination, 2008 ............................... 396 Tableau 11.4. Taux de déclassement par nombre d’années de présence dans le pays, pays d’origine et de destination, et motif d’immigration, 2008 ..................................................... 398

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RÉSUMÉ – 17

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Résumé

Comment les gouvernements peuvent-ils garantir que la migration des travailleurs et leur libre circulation contribuent à répondre aux pénuries de main-d’œuvre attendues au cours des 50 prochaines années ? Comment les différents pays peuvent-ils tirer le meilleur des compétences de leurs migrants ? Quelles expériences les pays non européens de l’OCDE peuvent-ils partager avec l’Europe, en particulier en matière de gestion des migrations de travail ? Ce sont là quelques-unes des questions clés sur lesquelles se sont basées la Commission européenne et l’OCDE pour mener conjointement pendant trois ans le projet de recherche « Gérer les migrations économiques pour mieux répondre aux besoins du marché du travail ». Ses conclusions sont présentées dans ce rapport.

Cette publication présente de nouvelles illustrations de l’influence des migrations internationales en Europe et dans quelques autres pays de l’OCDE sur la population active, sur les niveaux d’éducation et sur l’évolution de la distribution des professions au cours de la dernière décennie. De plus, elle analyse les compétences dont disposent les migrants et la façon dont elles sont utilisées sur la base d’une revue approfondie de la littérature et présente de nouvelles analyses des données européennes, américaines ainsi que canadiennes et de l’OCDE en général en se basant sur les données de l’Évaluation des compétences des adultes (PIAAC). Elle observe aussi le rôle que les migrations internationales pourraient jouer pour répondre aux besoins de main-d’œuvre présents et futurs dans l’Union européenne et aux États-Unis.

Si les migrations peuvent contribuer de façon importante à l’accroissement de la population active, leur capacité à contrer les effets du vieillissement de la population dépendront de la capacité des pays à mettre en adéquation les compétences des migrants avec leurs besoins de main-d’œuvre. Des efforts doivent être réalisés pour mieux utiliser les compétences des migrants et adapter les systèmes de gestion des migrations de travail aux besoins des employeurs.

Principales conclusions

Les caractéristiques démographiques de la population, de la population active et les migrations internationales

• La population active devrait augmenter de 4 % en moyenne dans l’OCDE entre 2010 et 2020 et le niveau d’éducation des personnes nées dans le pays comme celui des personnes nées à l’étranger continuera à progresser dans un futur proche quoique plus lentement qu’auparavant.

• Les pénuries de travailleurs et de compétences présentes et futures ne sont pas simplement le résultat des déséquilibres démographiques de la population active mais dépendent aussi de façon significative de la nature changeante des demandes de compétences particulières et de la mesure dans laquelle ces besoins peuvent être satisfaits par les différents viviers de main-d’œuvre.

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18 – RÉSUMÉ

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

• Si les migrations peuvent jouer un rôle important pour contrebalancer les effets négatifs du vieillissement de la population, elles ne sauraient toutefois constituer la seule, ni même la principale réponse aux défis structurels qui se posent dans les domaines de la démographie, du marché du travail ou de la fiscalité.

La disponibilité et l’utilisation des compétences des migrants • L’élaboration des politiques d’immigration et d’intégration nécessite de mieux

comprendre les compétences que les immigrés apportent aux pays d’accueil, et la manière dont elles sont mises à profit sur le marché du travail. Sélectionner et attirer les travailleurs immigrés dotés des compétences nécessaires est en train de devenir un des objectifs principaux de ces politiques, tout comme l’optimisation de l’utilisation des compétences des immigrés déjà présents dans le pays.

• En moyenne, les immigrés ont des niveaux d’éducation plus faibles que les autochtones. Les différences sont plus importantes aux États-Unis qu'en Europe, et également plus importantes pour les immigrés installés de plus longue date. Les immigrés ayant des qualifications étrangères ont des rendements inférieurs quant à leurs études supérieures que les autochtones en termes d’emploi et de qualité du travail. Il existe aussi de grandes disparités dans les niveaux de qualification des immigrés et leur rendement sur le marché du travail selon leur catégorie d’entrée : les immigrés entrés au titre du travail ont des qualifications plus élevées et de meilleurs résultats que les migrants humanitaires et ceux entrés au titre de la famille.

• La façon dont les compétences des migrants sont utilisées dans leur nouveau pays est fondamentale pour garantir le succès de l’intégration économique des immigrés dans le pays de résidence. Le rôle joué par différents acteurs économiques dans la détermination de la pertinence des compétences et la reconnaissance des diplômes/qualifications ainsi que la prise de conscience grandissante que la valeur de l’éducation et de la formation professionnelle des migrants sur le marché du travail est conditionnée par la présence d’autres compétences (en particulier, les compétences dans la langue du pays d’accueil) sont essentiels pour assurer une telle intégration.

• L’augmentation du nombre de diplômés de l’enseignement supérieur dans le monde entier, couplée à la forte hétérogénéité de cette catégorie de diplômés, donne à penser que les politiques d’immigration qui sélectionnent les migrants sur la seule base de leur niveau d’études ne permettent peut-être pas d’identifier et d’attirer les personnes les plus compétentes. D’autres facteurs doivent entrer en ligne de compte, par exemple les compétences linguistiques ou le fait de posséder des compétences professionnelles spécifiques.

Pénuries de main-d’œuvre et migrations • Afin que les objectifs de l’UE 2020 en matière d'emploi se réalisent, les dirigeants

européens devront choisir entre plusieurs actions visant à accroître les taux d’activité. Ces mesures pourraient concerner une part importante de la population de l’Union européenne actuellement inactive, ou reposer sur des politiques sociodémographiques, notamment migratoires, afin de garantir que la future offre de main-d’œuvre sera suffisante pour répondre à la demande.

• Il semble que la faiblesse des migrations de main-d’œuvre hautement qualifiée dans la plupart des pays européens ait moins à voir avec la faible attractivité de ces pays qu’avec le fait que les employeurs ne recrutent pas beaucoup à l’étranger.

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Éditorial

Un défi à relever

Un tournant pour le marché du travail européen

Cette année marque à bien des égards un tournant pour le marché du travail européen. Tout d’abord, après de nombreuses années de débats sur les effets supposés du vieillissement de la population sur les marchés du travail européens et les systèmes de protection sociale, en 2014, pour la première fois, la population en âge de travailler (15-64 ans) de l’Union européenne a commencé à décroître. Pendant les vingt prochaines années, selon les projections Europop les plus récentes, elle va décroître d’environ 21.7 millions de personnes, soit de 6.5 % dans l’UE28. Cette baisse pourra entraîner une diminution de l’offre de travail et de la croissance économique potentielle, à moins que les pays européens ne réussissent à mobiliser la main-d’œuvre sous-utilisée ainsi qu’à favoriser un progrès technique plus rapide et une croissance de la productivité. Mais l’immigration aura également un rôle à jouer.

Deuxièmement, en janvier 2014, avec la fin de la période transitoire pour la Bulgarie et la Roumanie, l’espace de libre circulation des travailleurs s’est étendu pour couvrir désormais 27 pays membres de l’Union européenne. Cet espace s’agrandira encore dans les prochaines années avec la levée progressive des restrictions qui s’appliquent aux travailleurs croates. Depuis l’adhésion de la Croatie à l’Union européenne, le marché du travail de l’Union européenne compte plus de 331 millions de personnes en âge de travailler, comparé à moins de 225 millions aux États-Unis et 79 millions au Japon.

Faciliter une meilleure répartition de la main-d’œuvre dans tous les pays de l’UE, en améliorant l’adéquation compétences-emploi, sera décisif pour estomper les marques laissées par la Grande récession mais aussi favoriser la croissance économique à court et moyen terme.

Troisièmement, la Stratégie Europe 2020, qui fixe les orientations pour la stratégie de croissance de l’UE des dix années à venir est déjà presque à mi-parcours. Beaucoup reste à faire néanmoins pour atteindre l’objectif de taux d’emploi de 75 % en 2020. Au premier trimestre 2014, le chômage touchait presque 11 % de la population active de l’Union européenne et le taux d’emploi, qui a légèrement baissé depuis 2009, s’élève à 68 %. Réduire les inégalités hommes-femmes et améliorer l’inclusion des travailleurs jeunes ou âgés sont des éléments centraux de cette stratégie, mais les objectifs en matière d’emploi ne seront pas atteints sans la pleine utilisation des compétences disponibles et notamment sans améliorer la situation sur le marché du travail des groupes vulnérables dont font notamment partie les immigrés et leurs enfants.

Dans ce contexte, sans nier le risque croissant de repli nationaliste et les conséquences qu’il pourrait avoir sur l’immigration, la mobilité des travailleurs à l’intérieur de l’Europe et l’immigration ont un rôle à jouer pour atténuer les déséquilibres

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du marché du travail actuels et futurs et, à terme, favoriser une croissance économique qui profite à tous en Europe.

Quelles politiques et bonnes pratiques doivent être mises en œuvre pour s’assurer que les migrations et la libre circulation contribuent à répondre aux pénuries de main-d’œuvre prévues à court et moyen terme ? Comment mieux utiliser les compétences des migrants? Que nous apprennent les pays non européens de l’OCDE, en particulier en matière de gestion des migrations de travail ? Ce sont là quelques-unes des questions clés sur lesquelles se sont basées la Commission européenne et l’OCDE pour mener conjointement pendant trois ans le projet de recherche « Gérer les migrations économiques pour mieux répondre aux besoins du marché du travail ».

Les migrations jouent déjà un rôle important pour contrecarrer les effets du vieillissement de la population sur le marché du travail …

Tous les pays de l’OCDE sont confrontés aux effets du vieillissement mais l’Union européenne et le Japon seront les premiers touchés et de façon bien plus sévère. La population en âge de travailler (15-64 ans) de l’UE28 devrait décroître de 2.2 % entre 2013 et 2020, tandis qu’elle augmentera dans les mêmes proportions dans la zone OCDE prise dans son ensemble. Sans les migrations, la population en âge de travailler des 28 pays de l’UE déclinera de plus de 11 millions d’ici 2020 (80 millions d’ici 2050). Dans ce cas de figure, l’Allemagne, l’Italie et la Pologne perdraient chacune plus de 1.5 million de personnes en âge de travailler d’ici 2020. Des projections similaires sont observées par exemple pour le Japon (-8 millions) et dans une moindre mesure pour le Canada (-1 million). Aux États-Unis et en Australie, la population en âge de travailler restera stable.

Les effets des évolutions démographiques sur la population active sont cependant moins nets car ils résultent d’une combinaison de plusieurs effets associés à l’évolution de la structure par âge au sein de la population en âge de travailler et aux taux de participation par sexe, âge et niveau d’éducation. Les projections actuelles des taux de migration et de participation prévoient que la population active de l’Europe augmentera même légèrement, de 1.2 %, entre 2010 et 2020. Ces projections supposent la mise en œuvre de politiques d’activation ambitieuses et efficaces dont tous bénéficieront. Surtout, supprimer les différences de taux de participation entre les immigrés et les personnes nées dans le pays ayant des caractéristiques similaires générerait jusqu’à un million de travailleurs additionnels dans l’Union européenne.

Au-delà, il ne sera plus possible de contrecarrer le vieillissement de la population par des taux de participation plus élevés pour satisfaire les vastes besoins anticipés à tous les niveaux de compétences. Dans ce contexte, la croissance de la productivité peut apparaître comme l’unique solution durable pour le progrès économique et pour ce faire, le développement des compétences, leur meilleure répartition et leur meilleure utilisation seront essentiels.

… en offrant des compétences de tout ordre

Les pénuries de travailleurs et de compétences présentes et futures ne sont pas simplement le résultat des déséquilibres démographiques de la population active mais dépendent aussi de façon significative de la nature changeante des demandes de compétences particulières et de la mesure dans laquelle ces besoins peuvent être satisfaits par les différents viviers de main-d’œuvre. La nature des besoins de main-d’œuvre

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dépendra aussi du changement de nature de la production en lien avec la mondialisation et l’évolution des nouvelles technologies. Les perspectives de croissance économique et l’arrivée des pays émergents auront un impact non négligeable sur la mobilité des biens, du capital et des personnes. Les relocalisations – actuelles et à venir – des entreprises industrielles en restructuration et l’importance croissante de l’économie de l’information et des services vont modifier la nature et les caractéristiques des besoins du marché du travail et donc des compétences demandées.

Entre 2000 et 2010, les immigrés ont représenté respectivement 70 % et 47 % de l’augmentation de la population active en Europe et aux États-Unis. Pendant cette décennie, la part de travailleurs diplômés de l’enseignement supérieur a augmenté de 50 % aussi bien parmi la main-d’œuvre née dans le pays que parmi la main-d’œuvre immigrée, en Europe et dans l’OCDE dans son ensemble. Cette évolution devrait se poursuivre dans un futur proche mais à un rythme plus lent que par le passé, essentiellement parce que la croissance du nombre de départs à la retraite de travailleurs ayant un niveau d’éducation élevé va augmenter. Le rapport entre les nouveaux entrants sur le marché du travail et les départs en retraite parmi la population active ayant un niveau d’éducation élevé en Europe devrait passer de 3.5 sur la période 2000-10 à 1.4-1.7, selon les scénarios, sur la période 2010-20.

Au cours des dix dernières années, les nouveaux immigrés ont représenté 15 % des entrées dans les professions en croissance rapide en Europe et 22 % aux États-Unis. Ils jouent ainsi un rôle significatif dans les domaines les plus dynamiques de l’économie.

Dans le même temps, dans les professions dont l’emploi total décline, notamment le commerce, le nombre d’entrées de jeunes travailleurs a été insuffisant pour compenser les importantes vagues de départs de travailleurs âgés. Par conséquent, les nouveaux immigrés ont dû compenser ce déséquilibre. Ils représentent respectivement 24 % et 28 % des entrées dans les professions les plus en perte de vitesse en Europe et aux États-Unis.

Si l’on observe les importantes différences de niveaux d’éducation entre les cohortes qui entrent et sortent du marché du travail et entre celles qui entrent et sortent des professions en croissance ou en déclin, le besoin potentiel d’immigrés dans un contexte de vieillissement de la population ne saurait se baser uniquement sur les déséquilibres démographiques. Le profil des migrants de travail devra également s’adapter pour répondre à l’évolution rapide des besoins du marché du travail et devrait probablement impliquer un plus large éventail de qualifications.

Mais les compétences des migrants sont largement sous-utilisées…

Les politiques migratoires sont de plus en plus sélectives et cela se voit à la part plus élevée de migrants ayant un niveau d’éducation supérieur parmi les immigrés récents, que parmi ceux présents dans le pays depuis plus longtemps. Cependant, en moyenne, les immigrés ont étudié environ un an de moins que les personnes nées dans le pays de même âge et de même sexe en Europe, et un an et demi de moins aux États-Unis. De plus, les immigrés disposent de qualifications acquises dans le pays d’origine qui diffèrent souvent de celles des natifs. En effet, en Europe comme aux États-Unis, 69 % des personnes nées à l’étranger ont réalisé toute leur scolarité en dehors du pays de résidence.

Malgré leur niveau d’éducation en moyenne plus faible et leurs qualifications qui ne correspondent pas toujours aux besoins, il y a une vaste sous-utilisation des compétences des migrants présents. Les immigrés ayant un niveau d’éducation élevé tendent à avoir de moins bons retours sur éducation que les personnes nées dans le pays en termes d’emploi,

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d’adéquation formation-emploi et de salaires, et les diplômes étrangers et l’expérience acquise à l’étranger sont fortement dévalorisés. Cela est vrai en Europe ainsi que dans la plupart des pays de l’OCDE. Des résultats récents de l’Enquête internationale sur les compétences des adultes (PIAAC) menée par l’OCDE montrent que la sous-utilisation des compétences des immigrés est due à un ensemble de facteurs qui comprennent l’incertitude des employeurs sur la non-équivalence des compétences des immigrés, les préférences des employeurs, etc., mais surtout que la mauvaise maîtrise de la langue joue un rôle particulièrement important. En moyenne, les personnes nées à l’étranger dans les pays de l’OCDE participant à PIAAC ont des performances en littératie inférieures de 27 points à celles des natifs, ce qui correspond à un demi-niveau en termes de compétences en littératie.

Ces constats montrent l’intérêt de mettre en place des politiques du marché du travail et des stratégies pour mieux utiliser les compétences des migrants pour répondre aux nouveaux besoins de compétences. Cela supposerait i) d’investir davantage dans les offres de cours passerelles ; ii) de promouvoir l’évaluation et la reconnaissance des titres et diplômes étrangers pour répondre à l’incertitude des employeurs quant à la valeur réelle de ces diplômes ; et iii) d’encourager les candidats potentiels à apprendre la langue du pays où ils souhaitent migrer. De plus, l’hétérogénéité significative observée parmi les diplômés du supérieur suggère que les politiques migratoires ne devraient pas seulement sélectionner les individus sur la base de leur niveau d’éducation, mais devraient aussi essayer de faciliter l’identification et le recrutement de ceux ayant les compétences recherchées.

… et les systèmes de gestion des migrations de travail sont souvent sous-équipés pour permettre d’assurer l’adéquation des compétences

Tenter d’ajuster les migrations économiques aux besoins du marché du travail est un vrai défi. Pour ce faire, l’UE et les pays de l’OCDE ont recours à divers indicateurs du marché du travail qui identifient les pénuries. De toute évidence, les indicateurs usuels du marché du travail, tels que les taux de vacances d’emploi, les taux de chômage, et l’évolution des niveaux de salaire peuvent servir à identifier les pénuries mais se baser uniquement sur ces signaux du marché est parfois trompeur.

Dans l’Union européenne, les recrutements directs de ressortissants de pays non membres de l’UE sont rares. Ils représentent 5 % de toute l’immigration dans l’Europe du Nord et de l’Ouest, plus 4 % qui arrivent dans le cadre de transferts intra-entreprises. Dans l’Europe du Sud, le pourcentage de migrants de pays tiers qui sont recrutés depuis l’étranger s’élève à environ 10 %. Au total, moins de 13 % de tous les travailleurs migrants ayant un niveau d’éducation élevé sont entrés comme migrants de travail avec une promesse d’embauche.

L’expérience de plusieurs pays de l’OCDE a montré que, en pratique, malgré l’adoption de régimes migratoires assez ouverts, notamment aux hautement qualifiés, peu de migrants de travail viennent. Les employeurs n’utilisent pas forcément toutes les possibilités offertes par la législation pour faire venir des travailleurs de l’étranger, soit parce que les postes en question nécessitent des compétences linguistiques particulières, soit parce qu’il leur est difficile d’évaluer les qualifications et l’expérience étrangères. Ce peut être un obstacle, en particulier pour les petites et moyennes entreprises qui sont des moteurs de croissance et de création d’emplois et qui sont celles qui souffrent le plus des pénuries de main-d’œuvre. En effet, les multinationales peuvent utiliser leur réseau interne pour mobiliser du personnel, tandis que les petites et moyennes entreprises ne savent pas nécessairement comment s’y prendre ou n’envisagent même pas l’option de

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chercher à l’étranger les compétences dont elles ont besoin. Une politique migratoire réussie requiert de plus en plus d’interactions entre les gouvernements et les employeurs et surtout avec les migrants eux-mêmes afin de comprendre leurs besoins respectifs et d’établir des échanges. Des efforts seront souvent nécessaires pour améliorer les taux de rétention, encourager les immigrés à venir avec leurs familles et pour inciter les candidats potentiels à apprendre les langues nationales.

Ce projet apporte une nouvelle perspective sur la contribution des migrations internationales à la croissance de la population active. Il démontre que le rôle joué par les migrations pour contrecarrer les effets du vieillissement de la population dépendra essentiellement de la capacité des pays à mettre en regard les besoins de main-d’œuvre et les caractéristiques des migrants. Dans ce domaine, si l’on se base sur les résultats de la nouvelle enquête PIAAC présentés dans cette publication, il semble qu’il reste encore beaucoup à faire pour mieux utiliser les compétences des migrants et pour adapter les systèmes de gestion des migrations de travail aux besoins des employeurs.

Stefano Scarpetta

Directeur,

Direction de l’Emploi, du travail et des affaires sociales, OCDE

Georg Fischer

Directeur, Analyse, Évaluation et Relations extérieures,

DG Emploi, Affaires sociales et Inclusion, Commission européenne

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Partie I. Contexte démographique

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Chapitre 1

Tendances démographiques, besoins du marché du travail et migrations

François Héran Institut national d’études démographiques, Paris, France

La question de la contribution démographique et économique qu’apportent les migrants aux pays d’origine et aux pays d’accueil est sujette à controverse. Les statistiques sur l'apport démographique des migrations peuvent être présentées sous différentes perspectives : les flux ou les effectifs, en tenant compte de la première génération d'immigrés ainsi que de leurs enfants. Ces chiffres reflètent des perspectives temporelles différentes quant à la contribution des migrations à la croissance de la population et à la structure par âge. En termes de croissance démographique, les migrations sont en équilibre avec le baby-boom et l'augmentation de l'espérance de vie, et les effets de ces deux phénomènes sont souvent négligés. Dans le cas de la France, de 1946 à 2014, les migrations internationales ont contribué à environ un tiers de l’accroissement de la population.

Les migrations peuvent-elles contrebalancer les effets du vieillissement des populations en termes de besoins de main-d'œuvre? Bien que les arguments utilitaires soutiennent généralement l’idée que les immigrés peuvent répondre au phénomène du vieillissement démographique, les migrations de travail ne peuvent toutefois jouer qu’un rôle limité (dans de de nombreux pays d’immigration de longue date, les migrants au titre de la famille ou humanitaires sont relativement plus nombreux que les migrants de travail) et temporaire (comme les migrants âgés).

L’histoire des migrations au cours des trois derniers siècles révèle un grand écart permanent entre deux visions extrêmes : une restriction stricte des migrations aux migrations de travail afin de combler les besoins à court terme de l’économie, ou des mesures favorisant les migrations d’installation. Le principal défi pour la politique migratoire est de trouver une forme qui concilie ces deux visions.

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1.1. Introduction

La question de la contribution démographique et économique qu’apportent les migrants aux pays d’origine et aux pays d’accueil est sujette à controverse et constitue un exemple type de débat dans lequel les arguments logiques ou scientifiques ne sont pas suffisants pour convaincre l’opinion publique. Les démographes s’emploient généralement à évaluer les taux de migration nets, à savoir la proportion de la croissance de la population due aux migrations nettes (immigration moins émigration), en prenant pour référence le nombre total d’habitants dans un pays et au début d’une année donnés. Cet indicateur est généralement exprimé en milliers et varie de 1 à 6 pour mille dans la plupart des pays occidentaux.

Les taux de migration nets n’apportent toutefois aucun élément au débat public sur l’immigration, même lorsqu’ils enregistrent leur plus haut niveau (comme environ 10 pour mille en Allemagne au cours des années 90, et 15 pour mille en Espagne au milieu de la décennie 2000). Les responsables des politiques et les médias n’ont pas une idée très précise de l’ampleur des migrations nettes (ou des taux de natalité et de mortalité exprimés de la même façon). Lorsque les démographes tentent de rendre le taux de migration net plus accessible en le convertissant en pourcentage (par exemple, 0.3 % au lieu de 3 pour mille), ils sont souvent suspectés de minimiser l’importance des migrations car la démarche consistant à mettre en rapport les flux annuels et la population nationale produit un chiffre qui semble dérisoire.

Migrations et croissance de la population : des flux à court terme à l’installation

La comparaison entre ce qui relève, dans la croissance démographique annuelle, des migrations nettes et de l’augmentation naturelle, peut être perçue comme une façon plus pédagogue de présenter les flux migratoires nets. La question est simple : les migrations nettes sont-elles plus élevées, équivalentes ou plus faibles que les chiffres de la croissance naturelle ? Si le solde migratoire est positif (plus d’immigrés que d’émigrés) alors que la croissance naturelle est négative (plus de décès que de naissances), la contribution des migrations à la croissance de la population dépassera 100 %, c’est-à-dire que les migrations compenseront partiellement ou entièrement le déclin démographique et deviendront l’unique moteur de la croissance de la population. Ainsi, la population de l’Allemagne aurait diminué depuis le début des années 70 sans l’apport positif de l’immigration.

Il convient toutefois de garder à l’esprit que la comparaison entre les migrations nettes et la croissance naturelle ne saurait être considérée comme un moyen infaillible de distinguer la croissance démographique interne, de celle qui relève des migrations. Les naissances enregistrées au cours d’une année donnée peuvent être, pour certaines, dues à des immigrés installés lors des années précédentes. Par ailleurs, la population autochtone peut contribuer aux migrations nettes par le biais des expatriations et des retours.

Afin de mesurer l’impact des flux migratoires sur les « stocks », il est nécessaire d’adopter une perspective à long terme et de se poser la question suivante : dans quelle mesure la composition de la population d’un pays d’accueil est-elle influencée par les effectifs migratoires accumulés au fil des décennies ? Le meilleur moyen d’évaluer ce phénomène consiste à mener des enquêtes ou des recensements afin de recueillir des informations sur les origines de la population (pays de naissance et nationalité précédente des deux parents). Dans les pays qui enregistraient auparavant des niveaux élevés

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1. TENDANCES DÉMOGRAPHIQUES, BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL ET MIGRATIONS – 29

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d’immigration, comme la France, l’Allemagne, les Pays-Bas et les États-Unis, la population née à l’étranger représente environ 10 % de la population totale. Si l’on ajoute les individus de la « deuxième génération » (à savoir, les individus nés sur le territoire national et dont au moins l’un des parents est né à l’étranger), ce chiffre peut pratiquement doubler pour atteindre entre 15 % et 25 %. En France, par exemple, 22 % de la population totale est soit née à l’étranger, soit née de parents nés à l’étranger ; cette population représente 26 % de la population active (graphique 1.1). Ce chiffre provient d’enquêtes nationales récentes menées depuis 1999, et est largement véhiculé par les médias.

La proportion des individus « issus de l’immigration » au sein des pays d’accueil membres de l’OCDE est aujourd’hui si importante que la question de leur « utilité » ne se pose plus. S’il est intéressant de se livrer à une estimation des coûts budgétaires et sociaux que représentent chaque année l’immigration et l’émigration (OCDE, 2013), ces estimations financières ne doivent pas s’étendre aux individus issus de l’immigration, et notamment aux anciens immigrés de tous âges et à ceux de la deuxième génération. La question de savoir si 20 % ou 25 % de la population sont « utiles » au reste de la population n’a en effet plus lieu de se poser.

Graphique 1.1. Pourcentage d’immigrés (« 1re génération ») et d’enfants d’immigré(s) (« 2e génération ») dans quelques pays

Source : Enquête sur les forces de travail, module ad-hoc 2008.

Les migrations, entre des flux trop ténus et des effectifs trop importants Sous l’angle du débat public, la démographie des migrations produit des chiffres

inattendus, faisant état, d’un côté, d’un pourcentage élevé de la population issue de l’immigration, et de l’autre, de chiffres relativement bas des migrations nettes exprimées en milliers. S’il s’agit là d’un phénomène classique, il n’en est pas moins désarçonnant. Par définition, l’ordre de grandeur change lorsque l’on passe des flux aux effectifs. Chaque anneau de croissance peut apparaître modeste, mais si ce processus se reproduit tous les ans, il donnera à terme naissance à un arbre d’une taille respectable. Les démographes sont tour à tour accusés de minimiser les flux d’immigration (pour

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tranquilliser l’opinion publique) et de gonfler la taille des effectifs d’immigrés (afin de mettre en évidence le côté irréversible de l’installation des immigrés et de leur famille).

Dans les pays d’immigration récents, toutefois, en particulier en Europe du Sud, la proportion d’enfants d’immigrés est encore très faible. Par conséquent, la proportion élevée d’immigrés dans la population totale est perçue à juste titre, par le public, comme étant la conséquence d’arrivées massives récentes de nouveaux immigrés (comme en témoigne le cas de l’Italie et de l’Espagne). À l’opposé, en France, le lien entre les effectifs et les flux n’est pas aussi direct. La croyance est très répandue selon laquelle le pourcentage élevé de la population issue de l’immigration est dû à l’arrivée récente de nouveaux immigrés, alors qu’elle est en fait le fruit de migrations survenues sur plusieurs décennies et qui impliquent plusieurs générations.

Les facteurs de la croissance démographique : l’importance relative des migrations, du baby-boom et de l’allongement de l’espérance de vie

Un autre mythe très répandu voudrait que dans de nombreux pays de l’UE, la croissance démographique soit entièrement due, depuis la Seconde Guerre mondiale, à l’immigration, car les taux de fécondité, l’autre moteur de la croissance démographique, seraient tombés au-dessous du seuil de renouvellement de 2.1 enfants par femme. Il s’agit là d’une conception erronée à laquelle il convient d’opposer des scénarios hypothétiques (du type « que ce serait-il passé, si…? »). Ces scénarios mettent en lumière les différents facteurs de croissance de la population sur une longue période et permettent de fait d’adopter une vue pondérée de la contribution des migrations à la dynamique démographique en général. La priorité n’est plus donnée à la distinction binaire entre les individus nés sur le territoire national et ceux nés à l’étranger, mais à la relation dynamique entre les migrations et les autres moteurs de la démographie, à savoir l’allongement de l’espérance de vie et l’évolution du taux de fécondité, en particulier l’impact à long terme du baby-boom.

S’agissant par exemple de la France, les dernières estimations contrefactuelles publiées1 soulignent que sans les migrations, le baby-boom et la chute de la mortalité, la France compterait en 2014 une population plus faible qu’en 1946 (34 millions au lieu de 40 millions) compte tenu de la pyramide des âges en vigueur avant la Seconde Guerre mondiale. Au lendemain de la guerre, la France avait la population la plus âgée du monde (une place occupée aujourd’hui par le Japon). Toutefois, entre 1946 et 2014, la population française a augmenté de 24 millions, soit un gain absolu de 30 millions, dû :

• Pour 33 % à l’immigration (10 millions)

• Pour 35 % au baby-boom (10.5 millions)

• Pour 32 % à l’accroissement de l’espérance de vie (9.5 millions).

Ce type de projections est utile à plusieurs égards. Premièrement, il permet de rappeler que le vieillissement de la population est une conséquence non seulement de la baisse des taux de fécondité, mais également de la hausse continue de l’espérance de vie depuis les années 70 (trois mois par an, soit six heures par jour), un facteur de croissance démographique souvent méconnu. La conséquence directe de l’allongement de l’espérance de vie, qui entraine non seulement des vies plus longues mais également plus de vies au même moment, est souvent sous-estimée.

L’impact à long terme du baby-boom est un autre facteur ignoré. Le baby-boom a certes pris fin aux environs de 1974, mais il a entrainé une augmentation du nombre de

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1. TENDANCES DÉMOGRAPHIQUES, BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL ET MIGRATIONS – 31

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femmes en âge de fécondité, qui s’est pour sa part traduite par une hausse secondaire dans la génération suivante, en dépit de la chute de la fécondité. L’évolution de l’espérance de vie, les taux de fécondité et les migrations agissent les uns sur les autres, et les calculs des contributions respectives de ces trois facteurs reposent sur des hypothèses simplifiées. Les résultats peuvent en outre varier d’un pays à l’autre. Même si l’on manque de données systématiques, il serait intéressant d’étendre ce type de scénario à tous les pays de l’OCDE. Les retombées relatives du baby-boom sont certainement plus faibles en Allemagne, où il est survenu plus tard et a duré moins longtemps qu’en France, au Royaume-Uni ou aux États-Unis. Toutefois, quelles que soient les variations, on ne peut attribuer la croissance démographique enregistrée par les pays occidentaux depuis la Seconde Guerre mondiale uniquement à l’immigration.

L’utilitarisme de deuxième degré Les organisations humanitaires suivent une tout autre démarche et demandent aux

économistes ou aux démographes de leur présenter des arguments en faveur de l’immigration afin de contrer ses opposants. Ce faisant, elles ont recours à des arguments utilitaires auxquels elles ne croient pas forcément (utilitarisme de deuxième degré), car elles estiment que les responsables des politiques ne sont sensibles qu’à ce type de considération.

Dans ces conditions, pourquoi les économistes et les démographes devraient-ils prendre part à ce débat ? Après tout, si les défenseurs des droits de l’homme raisonnent en fonction de leurs propres convictions, ils doivent avancer des arguments portant sur la défense des droits. Pour les pays d’accueil, la question qui se pose est par conséquent de savoir si l’immigration est réellement un remède miracle en termes de pyramide des âges et de pénuries de main-d’œuvre (liées à la conjoncture ou dues à des raisons contingentes) ou si elles existent uniquement parce que les individus ont le droit de migrer (raisons permanentes).

Le problème avec les arguments utilitaires est qu’ils dépendent du contexte en vigueur. En France, la contribution des jeunes immigrés à la pyramide des âges est marginale. En Allemagne, les immigrés compensent les déficits de naissances et atténuent les pénuries de main-d’œuvre. L’analyse coût-avantages des migrations pour la comptabilité sociale, la croissance, les salaires, etc. ne livre aucun résultat précis et ne permet pas de formuler des orientations claires. Elle dépend de la phase du cycle de vie et, au niveau global, de l’histoire des vagues précédentes de migration. Le respect des droits de l’homme n’est au contraire rien moins qu’universel ; il s’agit d’un idéal suprême et d’une nécessité permanente.

Le concept de nécessité s’exprime par conséquent dans deux registres différents. D’un côté, l’égalité des droits, qui est un impératif catégorique, universel et permanent ; de l’autre, des objectifs démographiques ou économiques, comme le renouvellement des générations ou l’équilibre du marché du travail. Ces objectifs ne sont ni patents ni consensuels.

« Une journée sans immigrés » : expérience concrète ou expérience de pensée ? Les tenants de l’argument utilitaire de l’immigration ont régulièrement recours à des

scénarios exposant ce qui aurait pu arriver en l’absence d’immigration. Des exemples de ces scénarios, ainsi que leurs limites, sont décrits ci-après.

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Dans un article publié en 2013, Mehdi Hasan, le rédacteur en chef de la section politique du Huffington Post UK a écrit que « sans l’immigration, notre pays ne fonctionnerait pas. Tentons l’expérience pendant 24 heures » (Hasan, 2013). L’ancien gouverneur de Floride, Jeb Bush, a proposé lui aussi un scénario intéressant associant une justification de l’immigration (les immigrés créent beaucoup plus d’activité économique), un argument démographique (ils sont plus jeunes) et une considération morale (ils aiment leur famille, ils ont des familles moins éclatées)2.

Aux États-Unis, l’origine de ces scénarios uchroniques appliqués à l’immigration est liée au succès des grandes manifestations de protestation contre le projet de loi Sensenbrenner voté par la Chambre des représentants en décembre 2005. Ce projet de loi prévoyait, entre autres, des poursuites pénales à l’encontre des individus qui viendraient en aide aux immigrés en situation irrégulière, la pénalisation du séjour irrégulier, et la construction d’un mur de 700 miles le long de la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Le 1er mai 2006, la journée d’action du « Great American Boycott » a réuni près d’un million de manifestants dans tout le pays, majoritairement des immigrés hispaniques. Cette manifestation a rapidement été baptisée « Journée sans clandestins » ou, plus couramment, « Journée sans immigrés ». Le projet de loi a finalement été rejeté par le Sénat. Toutefois, en dépit de son importance sur le plan politique, le Great Boycott n’a pas réussi à prouver que le retrait, pendant une seule journée, d’une proportion importante de la population active immigrée mettrait gravement en péril l’économie américaine. Cette manifestation uchronique est devenue une simple expérience de pensée symbolique. Les retombées économiques de ce scénario ne sont pour l’heure toujours pas connues.

Ces manifestations ont inspiré un mouvement similaire à Paris et dans d’autres villes de France. Le 1er mars 2010, le journaliste Nadir Dendoune et Nadia Lamarkbi, une professeure d’histoire, ont lancé « La Journée sans immigrés : 24 heures sans nous ». Ce mouvement est né en réaction au profilage racial de la police, et aux discriminations et à la xénophobie en général, mais n’avait pas vocation à demander la légalisation de tous les immigrés en situation irrégulière. En dépit du vaste intérêt qu’il a suscité dans les médias, il n’a pas fait appel à une grande mobilisation de la population. Ses organisateurs ne se revendiquaient d’aucune appartenance politique et leur objectif n’était pas d’évaluer les retombées économiques d’un boycott national des travailleurs immigrés en situation irrégulière ou non. Une deuxième « Journée sans immigrés » a eu lieu le 1er mars 2011, mais n’a pas été suivie. Son échec s’explique par le fait qu’elle a été lancée sans la participation des immigrés, ou avec un nombre insuffisant d’entre eux.

Au-delà de la question des ressources financières et stratégiques mobilisées dans le cadre de ces manifestations, il convient de s’interroger sur les raisons des résultats limités auxquels elles ont abouti. Pourquoi a-t-il été aussi difficile de convaincre les immigrés de démontrer leur importance au moyen de boycotts ou de scénarios contrefactuels ? Après tout, les immigrés et leurs enfants représentent une part non négligeable de la population active dans plusieurs secteurs de l’économie, en particulier dans les secteurs les moins qualifiés.

Paradoxalement, plus le nombre d’immigrés augmente dans un pays, plus la question de leur utilité y devient obsolète. En dehors des périodes de croissance économique ou de reconstruction, les immigrés et leurs enfants, ou du moins les compétences spécifiques qu’ils possèdent, ne sont plus à proprement parler indispensables. Ils ont certes une valeur, mais qui est uniquement liée au fait qu’ils sont l’une des composantes parmi d’autres de la société. Après tout, l’ensemble des catégories sociales (définies par la

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profession, la tranche d’âge, le sexe ou le lieu de résidence) pourraient prétendre à leur propre « journée sans nous ».

Le recours aux jeunes immigrés pour lutter contre le vieillissement démographique – Projections des Nations unies

Les défenseurs de l’argument utilitaire en faveur de l’immigration mettent souvent en évidence la capacité des immigrés de neutraliser le vieillissement démographique dans les pays d’accueil. L’accueil systématique de jeunes immigrés permettrait ainsi aux pays occidentaux d’éviter le déclin démographique.

Cet argument se heurte toutefois à d’importantes limites.

Il peut être utile, lorsque l’on examine cette question, d’étudier les projections démographiques du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), afin d’isoler la croissance relative de chaque groupe d’âge au cours des cinquante prochaines années. La tendance la plus ferme soulignée par ces projections concerne le nombre des individus âgés de 60 ans et plus (qui sont tous déjà nés). Si le calcul du nombre escompté de naissances pose davantage de difficultés, il est possible pour les 20 ou 30 prochaines années, car le nombre de femmes en âge de fécondité au cours de cette période est déjà connu (leur propension à avoir des enfants, en revanche, ne l’est pas). À l’inverse, il n’existe aucun moyen d’évaluer l’importance des migrations nettes au cours des prochaines décennies.

En Allemagne, les projections confirment que le nombre d’individus de la tranche d’âge la plus âgée continuera d’augmenter (de 75 %). Il s’agit là de la conséquence directe de la hausse de l’espérance de vie et du baby-boom. La chute brutale (de plus de 25 %) enregistrée parmi les jeunes et les individus d’âge moyen s’explique par la baisse des taux de fécondité à un niveau bien inférieur au seuil de renouvellement. L’intervalle entre les courbes supérieure et inférieure illustre l’ampleur et le caractère inexorable du vieillissement démographique en Allemagne.

Les politiques familiales (dont l’objectif est d’accroître le taux de fécondité) ou les politiques migratoires (en faveur d’arrivées récurrentes de jeunes immigrés) ne peuvent influer sur la courbe supérieure qui dépend uniquement de l’allongement de l’espérance de vie des plus âgés. Elles n’ont également qu’un effet limité sur la courbe inférieure. Au lieu de diminuer de 25 %, le groupe d’âge actif en Allemagne pourrait ne baisser que de 15 % à 20 %, à condition d’imbriquer étroitement les politiques familiales et migratoires. L’accroissement des taux d’emploi des travailleurs âgés et des jeunes pourrait également avoir un effet. Cette faible réduction de l’écart entre le nombre croissant d’individus âgés et celui, en déclin, des jeunes, ne parviendra toutefois pas à renverser le processus de vieillissement, ainsi qu’en témoigne l’écart entre les courbes. Les jeunes immigrés ne peuvent enrayer le vieillissement démographique, tout au plus peuvent-ils l’atténuer.

Pas d’exception française en matière de mortalité et d’allongement de l’espérance de vie

La comparaison avec la France illustre les similarités et les différences entre les deux régimes démographiques. Pour l’expliquer clairement, si la France fait figure d’exception en termes de taux de fécondité (par rapport à la plupart de ses pays voisins), elle n’en est pas une pour ce qui est de la mortalité et de l’espérance de vie.

La raison de cette asymétrie est simple. Les causes du vieillissement démographique en France sont les mêmes que celles en vigueur dans les autres pays de l’OCDE :

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accroissement de l’espérance de vie, renforcée par l’impact structurel du vieillissement des enfants du baby-boom. La France n’échappera pas à un vieillissement rapide de sa population au cours des prochaines décennies, à l’instar du Royaume-Uni ou des États-Unis. La différence entre ces pays réside dans le groupe d’âge intermédiaire et chez les jeunes. Grâce à un taux de fécondité proche du seuil de renouvellement, la France parviendra à maintenir la stabilité de sa population active pendant les prochaines décennies. Si les migrations contribuent à cette stabilité, ce n’est que de manière limitée, et on ne peut pas parler de « migrations de remplacement » comme cela est le cas pour les déficits de naissances en Allemagne.

Installation ou mobilité : Une synthèse est nécessaire Les recherches scientifiques sur les migrations portent actuellement avant tout sur la

« circulation », la « mobilité », la « transnationalité » et les « diasporas ». Aussi importants que ces concepts puissent être, ils ne peuvent masquer le fait que la majorité des immigrés et de leur famille s’installent durablement dans le pays qui les accueille. Cela explique en effet pourquoi les immigrés et leurs enfants (soit la première et la deuxième générations) représentent plus de 20 % de la population totale dans les plus grands pays d’Europe (France, Allemagne, Royaume-Uni). Les migrations transnationales n’excluent pas l’installation. Elles peuvent même faciliter le processus d’établissement, car la mobilité est aujourd’hui un phénomène généralisé, que vivent à la fois les migrants et les non-migrants.

L’immigration est un processus de longue haleine. Les migrants eux-mêmes sous-estiment la durée du séjour que leurs projets économiques réclament. Au cours de ce processus, ils se marient, fondent des familles et élèvent leurs enfants. Comme indiqué précédemment, si une part importante de migrants choisissent de retourner dans leur pays d’origine ou d’émigrer dans un autre pays, la majorité d’entre eux finissent par s’installer et contribuent ainsi à l’évolution de la composition de la population du pays d’accueil. Dans la pratique, les migrations de travail sont généralement suivies ou accompagnées par des migrations familiales. La circulation prend fin avec l’installation. Les démographes ne doivent exclure aucun de ces comportements mais les mettre en relation. Dans ces conditions, justifier les migrations par des besoins contingents et variables ne couvre pas le processus de longue haleine de la migration, qui se perpétue par des chaines d’information et des contacts, et par des stratégies à long terme en faveur de la prochaine génération.

Les vieux pays d’immigration depuis 1975 : Rupture du lien entre les entrées et les besoins de l’économie

Les arguments utilitaires à l’appui de l’immigration sont contrés par l’importance des « migrations de droit » par rapport à celles qui répondent à des besoins économiques ou démographiques. En France, la majorité des premiers permis accordés aux immigrés relèvent de cette première catégorie (graphique 1.2). Dès 1975, les flux migratoires ont cessé de correspondre aux cycles économiques, du moins dans les pays d’immigration les plus anciens.

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Graphique 1.2. L’importance des migrations familiales et humanitaires en France Entrées annuelles de migrants ressortissants d’un pays hors EEE, par catégorie d’admission, 2005-12

Source : Premiers permis de séjours accordés aux immigrés ressortissants d’un pays hors Espace économique européen (ministère français de l’Intérieur)

Par le passé, les migrants étaient recrutés pour participer à la reconstruction des pays au lendemain de la guerre, et pour assurer la croissance économique lors des périodes de prospérité. Depuis peu, on fait appel à eux pour travailler dans les hôpitaux et atténuer le vieillissement démographique. La justification des migrations adopte une approche utilitaire : les migrations sont indispensables pour redresser la pyramide des âges et remédier aux pénuries dans la population active. La question qui se pose est par conséquent de savoir s’il convient de justifier les migrations internationales par des arguments économiques et démographiques, ou au nom des droits de l’homme.

Il faut bien reconnaître que le facteur qui influe le plus dans la décision de migration est de nature économique. Les individus migrent dans le but de connaître une vie meilleure, et d’en offrir une à leur famille. Ils recherchent à cette fin un pays d’accueil qui présente les perspectives économiques, sociales et politiques adéquates, et en particulier un niveau de gouvernance garant d’un environnement sûr et prévisible pour construire leur nouvelle vie. Toutefois, après avoir obtenu un permis de séjour humanitaire, ces migrants non économiques entreront peut-être sur le marché du travail. Par conséquent, la majorité des individus qui migrent pour des raisons non économiques sont de fait des migrants de travail, même si, dans de nombreux cas, ils arrivent officiellement dans le pays d’accueil dans le cadre d’un mariage, d’une demande de droit d’asile ou pour des raisons liées à l’éducation3.

À partir des années 70, les catégories officielles d’admission des immigrés ont cessé de refléter précisément les motivations réelles de ceux-ci. Au-delà de cette classification administrative, les flux migratoires dans de nombreux pays ne suivent plus les tendances de l’économie. On peut distinguer à cet égard trois groupes de pays (graphique 1.3).

50

100

150

200

2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

Travailleurs (non saisonniers) Humanitaires (y compris l'asile) Réunification avec des étrangersMariés à des nationaux français Étudiants Autres

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Graphique 1.3. Différences de taux d’emploi entre les personnes nées à l’étranger et les personnes nées dans le pays, dans les pays de l’OCDE (hommes et femmes), 2001-12

Source : Base de données sur les immigrés dans les pays de l’OCDE (DIOC) www.oecd.org/fr/migrations/dioc.htm et enquêtes sur la population active, moyenne mobile sur trois ans.

Dans les pays qui ont un passé d’immigration – France, Allemagne et Suisse – les taux d’emploi des individus nés à l’étranger sont plus faibles que ceux des individus nés sur le territoire national, car les immigrés accueillis au titre du regroupement familial et pour raisons humanitaires n’avaient aucune offre d’emploi à leur arrivée. Cette tendance est encore plus marquée dans les pays nordiques apparaissant dans le graphique, en raison vraisemblablement de la politique active menée par ces pays en matière de droit d’asile. On observe une situation inverse dans les nouveaux pays d’immigration d’Europe du Sud et d’Europe centrale, où les immigrés, qui ont été directement attirés par les perspectives d’emploi offertes par ces pays, affichent un taux d’emploi plus élevé que celui des autochtones. De fait, ils sont également plus jeunes que les immigrés qui arrivent dans les autres pays d’Europe. Le cas des États-Unis mérite une attention particulière, car il semble que les arrivées permanentes en provenance du Mexique et d’Amérique centrale permettront au pays de rester à jamais un jeune pays d’immigration.

Des « oiseaux de passage » à l’application des droits, indépendamment de la situation économique

Dans son ouvrage intitulé Birds of Passage, Michael Piore (1979) explique que la principale difficulté que rencontraient les immigrés avant la crise pétrolière était les pressions qu’ils subissaient pour ne pas s’installer dans le pays d’accueil. Afin d’adapter les ressources humaines aux besoins du marché du travail, les employeurs préféraient en effet ne traiter qu’avec des « oiseaux de passage ». Si l’objectif était d’ajuster précisément les flux migratoires aux besoins de l’économie, les contrats de travail ne devaient pas s’étendre sur plus de deux ans. Telle était l’opinion qui prévalait dans toute l’Europe

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2001 2003 2005 2007 2009 2011

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Les personnes nées à l'étranger ont des taux d'emploi plus élevés que les personnes nées dans le pays

BEL

Les personnes nées dans le pays ont des taux d'emploi plus élevés que les personnes nées à l'étranger

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Les personnes nées à l'étranger ont des taux d'emploi plus élevés que les personnes nées dans le pays

Les personnes nées dans le pays ont des taux d'emploi plus élevés que les personnes nées à l'étranger

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avant le choc pétrolier de 1974, et avant qu’un grand nombre de migrants commencent à s’installer sur le long terme. Il est intéressant de noter qu’elle réapparait aujourd’hui.

Le modèle de Piore reposait sur le postulat selon lequel les immigrés n’ont pas vraiment le choix, que leur niveau de liberté est extrêmement restreint, et qu’ils occupent les emplois que les travailleurs autochtones dédaignent. En plus de l’intérêt qu’ils présentent pour les secteurs qui les emploient, les immigrés contribuent à consolider les privilèges des travailleurs en place, en particulier des autochtones dont le statut est protégé. Les immigrés, pour leur part, n’ont pas l’intention de s’installer dans le pays d’accueil ; tout ce qu’ils souhaitent, c’est économiser suffisamment pour retourner dans leur pays d’origine. Tout prolongement de leur séjour pour des raisons familiales ou financières est perçu comme un échec (par exemple, sous-estimation du coût d’un logement suffisamment grand pour héberger une famille plus nombreuse). Selon Piore, les choses changent lorsque les immigrés refont leurs comptes et se résignent à rester dans leur nouveau pays. Leurs enfants y ont été scolarisés et se sont progressivement acculturés ; ils aspirent à des emplois qualifiés qui les mettent en concurrence avec des travailleurs nés sur le territoire national et n’ont pas envie de « retourner » avec leurs parents dans un pays d’origine qu’ils ne connaissent pas vraiment.

Une nouvelle source d’entrées : Les droits de l’homme, en rupture avec les besoins de l’économie

Après les chocs pétroliers de 1973-74, certains pays européens ont réagi à la hausse du chômage en réduisant fortement les entrées directes de travailleurs, et en mettant en place un système d’exemption sélectif. Au même moment, les pouvoirs publics, de même que l’opinion publique, ont réalisé que les arrivées d’immigrés étaient de plus en plus alimentées par les accords internationaux en matière de droits de l’homme : le droit au mariage transfrontalier, le droit au regroupement familial, le droit d’asile et, plus tard, un droit moins « officiel » mais qui n’en est pas moins réel, le droit de partir à l’étranger poursuivre ses études dans une université de qualité. La majorité des immigrés n’entrent plus dans un pays pour des raisons économiques, mais plutôt simplement parce qu’ils en ont le droit. La France offre un exemple frappant de cette situation (graphique 1.2).

La situation contrastée que présentent les différents Länder allemands illustre elle aussi le poids de l’histoire dans les migrations (graphique 1.4).

L’ancienne idée selon laquelle les flux migratoires suivent la courbe de l’activité économique est certainement valable dans les nouveaux pays d’immigration, mais pas dans les plus anciens, dans lesquels on observe une faible élasticité entre ces deux phénomènes depuis au moins les années 70. En Espagne, l’éclatement de la bulle financière a été suivi quelques années plus tard par celui de la bulle des migrations, dont aucun dispositif institutionnel ou juridique n’aurait pu atténuer l’impact. Il existe une différence de taille entre une incitation économique et un droit. Pour un immigré entré dans un pays légalement en vertu d’un droit (et a fortiori d’un droit humain), un changement du contexte économique ne constituera pas une incitation à quitter ce pays. Toutefois, il est probable qu’un individu, quel que soit son statut juridique, ayant émigré pour des raisons essentiellement économiques, choisisse de quitter ce pays en direction d’un autre présentant des conditions plus favorables. Au risque d’exagérer, la reconnaissance d’un droit à l’entrée, à l’inverse d’une incitation économique, risque de se transformer en piège institutionnel.

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Graphique 1.4. Part de la population « issue de l’immigration » (première et seconde générations) dans les Länder allemands

Pourcentages

Source : Recensement de la population, Allemagne, 2011.

Du point de vue des immigrés, cette solidité est également une protection : les droits ne sont pas une bulle susceptible d’éclater au moindre choc. Toutefois, comme l’a souligné Daron Acemoglu, un économiste américain d’origine turque, la garantie d’institutions stables et protectrices peut être intégrée dans une conception plus vaste du bien-être. Dans le domaine des migrations, les droits et les marchés ne sont pas antagonistes, ils suivent des trajectoires différentes, qu’il est raisonnable de vouloir tenter de concilier.

1.2. Conclusion : Tirer les leçons du passé – Concilier les besoins de l’économie et les droits de l’homme

L’histoire des migrations humaines au cours des trois derniers siècles révèle un grand écart permanent entre deux visions extrêmes : une restriction stricte des migrations aux migrations de travail afin de combler les besoins à court terme de l’économie, ou les mesures favorisant les migrations d’installation (notamment le droit au regroupement familial, l’établissement local, les permis de séjour d’une durée illimitée et l’intégration totale en vertu de la loi). Si de nombreuses solutions intermédiaires ont été mises en œuvre, c’est souvent la deuxième vision qui l’emportait. On retrouve le concept étroit de recrutement à court terme de travailleurs sans liens familiaux dans une longue chaîne de systèmes : esclavage, contrats de « servage », système de « passeurs », oiseaux de passage, etc. Il transparaît toujours dans le système de parrainage mis en place dans certains états du Golfe. Ses inconvénients sont bien connus : déséquilibres entre les sexes et entre les âges, pénuries de femmes en âge de fécondité, croissance naturelle négative (en-dessous du seuil de renouvellement) et nécessité de faire face à une rotation élevée du

0 5 10 15 20 25 30

Thuringe

Saxe-Anhalt

Mecklembourg-Pom.

Saxe

Brandebourg

Schleswig-Holstein

Sarre

Basse-Saxe

Bavière

Rhénanie-Palatinat

Allemagne

Berlin

Rhénanie-Westphalie

Hesse

Brême

Bade-Wurtemberg

Hambourg

Nouveaux Länder

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1. TENDANCES DÉMOGRAPHIQUES, BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL ET MIGRATIONS – 39

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recrutement. L’approche opposée intègre la nécessité d’élever et de former la jeune génération. Elle consiste à parier que les coûts sur le long terme seront plus faibles que ceux nécessaires pour reconstituer de façon permanente la main-d’œuvre à partir de l’étranger.

Les droits de l’homme étant devenus un moteur de la mobilité humaine, les flux migratoires ne suivent plus strictement l’évolution des besoins économiques (ou démographiques), sauf dans les nouveaux pays d’immigration. Le véritable défi pour la politique migratoire consiste à concilier les besoins économiques et les droits de l’homme. La formation, les cours de langue, les cours d’intégration (initiation concrète à la vie quotidienne, aux enjeux économiques et aux procédures civiques, et les relations avec les autres groupes) sont à cet égard nécessaires. Si leurs coûts peuvent paraître élevés à court terme, c’est toute la société qui, à terme, en profitera.

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Notes

1. Aubry et al. (2004) pour la période 1946-2004 ; Breuil-Genier et al. (2011) pour la période 1980-2010.

2. Jeb Bush : « America will decline without immigrants », MSN News, 14 juin 2013.

3. Il faut d’ailleurs ajouter que le regroupement familial des femmes n’est pas toujours associé à une participation à la population active. Dans la plupart des pays arabes et musulmans, le taux moyen de participation des femmes est étonnamment bas : 29 % en Afrique du Nord et 23 % en Asie de l’Ouest, contre 43 % en Amérique centrale ou 57 % en Asie du Sud-Est (Département des affaires économiques et sociales des Nations unies, The World’s Women 2010, New York, p. 77.). Un tel écart se répercute logiquement dans les taux élevés de chômage parmi la première génération de femmes turques ou d’Afrique du Nord vivant dans les pays occidentaux. Toutefois, l’une des raisons de l’émigration féminine est peut-être justement le souhait de trouver un environnement plus favorable au travail des femmes, du moins pour la deuxième génération.

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Références

Aubry, B. et al (2004), « L’évolution de la population de la France depuis 1946 : Tendances et perspectives », in C. Bergouignan (dir. pub.), La population de la France : évolutions démographiques depuis 1946, vol. 1, Conférence universitaire de démographie et d’étude des populations.

Breuil-Genier, P., C. Borrel et B. Lhommeau (2011), « Les immigrés, les descendants d'immigrés et leurs enfants », France portrait social, Insee Références, Paris.

Hasan, M. (2013), « Without Immigrants, Our Country Wouldn’t Function. So Let’s Give It a Go... », NewStatesman, 22 juillet.

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Piore, M.J. (1979), Birds of Passage: Migrant Labor and Industrial Societies, Cambridge University Press, Royaume-Uni.

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2. L’ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE ET L’AVENIR DE LA MAIN-D’ŒUVRE – 43

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Chapitre 2

L’évolution démographique et l’avenir de la main-d’œuvre dans l’UE27, dans d’autres pays de l’OCDE et dans certaines grandes

économies émergentes

Jason Gagnon OCDE

Offrant tout d’abord une vue d’ensemble sur les tendances démographiques à long terme à travers le monde, ce chapitre se concentre ensuite sur l’évolution de la population d’âge actif jusqu’en 2020, puis examine les retombées sur l’évolution de la population active. Il aborde ensuite brièvement le rôle d’autres moyens d’action, notamment la mobilité internationale, pour relever les défis que pose le vieillissement de la population.

_______________________ Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennes compétentes. L’utilisation de ces données par l’OCDE est sans préjudice du statut des hauteurs du Golan, de Jérusalem Est et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie aux termes du droit international.

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2.1. Introduction

La démographie est l’un des principaux moteurs de l’évolution économique aux niveaux régional, national et international. Face au vieillissement de la population et au déclin imminent du nombre de personnes d’âge actif dans de nombreux pays de l’OCDE, les préoccupations relatives aux conséquences des tendances démographiques actuelles sont devenues plus palpables et plus pressantes. Elles ont fait l’objet de nombreuses conférences internationales et d’abondants rapports consacrés à un large éventail de thèmes économiques et sociaux, parmi lesquels le potentiel de croissance et de productivité1, le fonctionnement du marché de l’emploi et les pénuries de main-d’œuvre2, la viabilité des systèmes de pension3 et de protection sociale4, la gestion des flux migratoires5, les relations internationales6.

Les paramètres démographiques du débat sont bien connus, surtout en Europe où le taux de dépendance des personnes âgées devrait atteindre 30 % d’ici à 2060, alors qu’il n’était que de 17 % environ en 2010 (Commission européenne, 2011). Les déséquilibres démographiques dans la taille et la structure par âge de la population se renforceront, dans la plupart des régions, à la fois au sein des pays et entre eux. De ce point de vue, il importe de tenir compte des migrations internationales, lesquelles ne sauraient toutefois faire contrepoids, comme l’a démontré le rapport de l’ONU souvent cité sur les migrations de remplacement (Nations unies, 2001).

Si la plupart des analyses ont essentiellement porté sur la population d’âge actif, l’évolution de la taille et de la composition de la main-d’œuvre a, dans une large mesure, été négligée. Le taux d’activité varie en fonction de l’âge, de la cohorte, du lieu de naissance et à l’intérieur des pays, et l’évolution de la main-d’œuvre peut dès lors être différente de celle de la population d’âge actif. La prise en compte de ces aspects révèle effectivement une grande hétérogénéité entre les pays, mais personne ne conteste les tendances globales.

Offrant tout d’abord une vue d’ensemble sur les tendances démographiques à long terme à travers le monde (section 2.4), ce chapitre se concentre ensuite, dans la section 2.5, sur l’évolution de la population d’âge actif jusqu’en 2020, et examine dans la section 2.6 les retombées sur l’évolution de la main-d’œuvre. Il aborde ensuite brièvement le rôle d’autres moyens d’action, notamment la mobilité internationale, pour relever les défis que pose le vieillissement de la population (section 2.7).

2.2. Principales constatations

• Le siècle dernier a été marqué par une croissance démographique rapide, la population mondiale étant passée de 1.6 à 6.1 milliards d’êtres humains. D’ici à 2050, l’Europe devrait compter environ 720 millions d’habitants, dont environ 520 millions dans l’UE27, ce qui correspond à 5.5 % de la population mondiale. Les États-Unis resteront le troisième pays le plus peuplé au monde, avec, selon les estimations, 400 millions d’habitants.

• La population vieillit rapidement en Europe, mais c’est également le cas en Chine. En moyenne, l’âge médian passera de 29 à 38 ans d’ici à 2050. Il finira par atteindre 47 ans en Europe et 42 ans en Asie, contre environ 26 ans en Afrique.

• La population d’âge actif (15 à 64 ans) devrait diminuer d’ici à 2020 dans l’UE27 (-1.5 %) et ne connaître qu’une progression modeste dans la zone OCDE

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(+2.2 %). Elle continuera cependant de croître rapidement (9 %) dans les grandes économies émergentes.

• Le taux d’activité de la population âgée de 15 à 64 ans est nettement plus faible dans l’Union européenne que dans d’autres pays de l’OCDE, mais celui des femmes croît rapidement. Selon des projections de l’OIT, on constatera une augmentation générale du taux d’activité d’ici à 2020 (proche de 75 % tant pour l’OCDE que pour l’UE27).

• Si l’on se fonde sur les projections relatives à la population et aux taux d’activité, la main-d’œuvre sera en moyenne, dans l’UE27, d’environ 3 % plus nombreuse en 2020 qu’elle ne l’aurait été avec des taux d’activité constants. Le chiffre est d’environ 2 % pour l’OCDE dans son ensemble, la différence étant quasi nulle pour les grandes économies émergentes.

• Au vu des projections actuelles concernant le solde migratoire et le taux d’activité, la main-d’œuvre européenne continuera d’augmenter (+1.2 %) jusqu’en 2020. Pour atteindre ce résultat, toutefois, il conviendra de mener des politiques ambitieuses et efficaces en matière d’activation et de migration.

• Les migrations internationales ont largement contribué à la croissance démographique au cours des vingt dernières années, et cette contribution devrait encore s’accroître sensiblement à en croire les scénarios actuels de migrations nettes.

• La plupart des migrants arrivent durant les années les plus productives de leur vie, et les immigrés récents sont plus instruits que la population autochtone et les migrants plus anciens dans la plupart des pays de l’Union européenne et dans d’autres pays de l’OCDE, à l’exception des États-Unis et de l’Europe du Sud. Seule une faible proportion des immigrés permanents sont arrivés comme migrants de travail (approximativement 20 % dans la zone OCDE), mais d’autres catégories de migrants viennent également gonfler les rangs de la main-d’œuvre des pays de destination.

• Dans l’Union européenne, si les immigrés présentaient le même taux d’activité que leurs homologues autochtones (même âge, niveau d’instruction et sexe), la main-d’œuvre augmenterait d’environ un million de personnes, soit l’équivalent de plusieurs années de migrations permanentes. En revanche, l’impact serait négligeable aux États-Unis.

• Si les migrations peuvent jouer un rôle important pour faire contrepoids aux effets négatifs du vieillissement de la population, elles ne sauraient toutefois constituer la seule, ni même la principale réponse aux défis structurels qui se posent dans les domaines de la démographie, du marché du travail ou de la fiscalité.

2.3. Tendances démographiques mondiales à long terme

Les projections démographiques des Nations unies pour la période 1950-2100, représentées aux graphiques 2.1 et 2.2, mettent en évidence les tendances démographiques à long terme par région7. Le siècle dernier a été marqué par une croissance démographique rapide, la population mondiale étant passée de 1.6 à 6.1 milliards d’individus. Le développement économique, rapide également, a donné lieu

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à des avancées dans la régulation des naissances et les soins de santé : les femmes ont commencé à avoir moins d’enfants et la durée de vie s’est allongée (Nations unies, 2005). Le taux de croissance de la population mondiale a atteint son point culminant dans les années 1960 et il est en déclin depuis. En 2010, la croissance démographique mondiale était toujours légèrement supérieure à 1 %, mais son rythme ralentit.

En 2050, l’Europe devrait compter environ 720 millions d’habitants, dont environ 517 millions dans l’UE27, ce qui correspond à 5.5 % de la population mondiale. En revanche, bien que le taux de la croissance démographique ait atteint son niveau maximum en 1957 aux États-Unis, il est resté relativement stable depuis 1970 (Heisler et Shrestha, 2011). En 2050, les États-Unis resteront le troisième pays le plus peuplé au monde, avec, selon les estimations, 403 millions d’habitants.

Les projections des Nations unies indiquent que la population mondiale devrait atteindre dix milliards d’ici à 2100. La population finira toutefois par diminuer en Asie, mais elle continuera de croître en Afrique. La situation devrait rester relativement identique dans le reste du monde.

Graphique 2.1. Population totale par zone principale, 1950-2100

Milliards

Graphique 2.2. Taux moyen annuel d’évolution démographique, 1950-2100

Note : La zone Europe telle qu’elle est définie par les Nations unies comprend 48 pays et inclut la Fédération de Russie.

Source : Nations unies (2013), « Perspectives de la population mondiale – Révision de 2012 : Résultats clés et tableaux », Nations unies, New York, www.un.org/fr/development/desa/publications/world-population-prospects-the-2012-revision.html, consulté le 4 avril 2014.

Contrairement à ce qui s’est passé pendant la plus grande partie du 20e siècle, le 21e siècle sera celui du vieillissement de la population

Le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans triplera, et la population de 49 pays dans le monde connaîtra en réalité un déclin, la plupart d’entre eux étant des pays membres de l’OCDE et de l’Union européenne (Nations unies, 2011)8. Le graphique 2.3 présente l’évolution de l’âge médian pour les principales régions, et montre que celui-ci augmente, à l’échelle mondiale, sous l’effet conjugué de taux de fécondité soutenus et d’avancées dans l’espérance de vie (Toosi, 2005). En moyenne, l’âge médian passera de

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Afrique AsieEurope Amérique latine et CaraïbesAmérique du Nord Océanie

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29 à 38 ans d’ici à 2050, mais il finira par atteindre 47 ans en Europe9. Force est de constater que les différences régionales sont frappantes. L’Europe sera la première touchée (et elle l’est déjà), mais l’Asie – surtout la Chine – et, dans une moindre mesure l’Afrique, connaîtront également un vieillissement rapide de leur population. L’Europe sera toutefois la seule région dans le monde à observer un renversement de cette tendance pendant ce siècle, vraisemblablement dès 2040.

En 2010, on dénombrait dans la zone OCDE environ quatre personnes en âge de travailler pour une personne en âge d’être à la retraite (voir graphique 2.A1.1 en annexe). D’ici à 2025, ce rapport devrait tomber à trois et continuer de diminuer. En Europe, il représentera en 2050 la moitié de ce qu’il était en 2008 (Commission européenne, 2009). Déjà en 2010, l’Allemagne, l’Italie et le Japon présentaient un rapport de soutien économique inférieur à trois.

Le graphique 2.4 complète ce tableau en montrant la dynamique démographique des cohortes de jeunes selon les principales régions d’origine. Alors que la taille des cohortes les plus jeunes restera stable, à long terme, dans le reste du monde, la chute spectaculaire observée en Chine aura pour contrepartie l’augmentation considérable du nombre de jeunes en Afrique, où le nombre absolu d’individus âgés de 15 à 24 ans rattrapera leur nombre en Asie d’ici à 2100. Cette évolution et ce déséquilibre marquants de la structure démographique dans les différents pays et régions ne manqueront pas d’engendrer des pressions migratoires tant au niveau régional qu’au niveau international.

Graphique 2.3. Âge médian de la population, 1950-2100

Graphique 2.4. Population âgée de 15 à 24 ans, 1950-2100

Milliers

Source : Nations unies (2013), « Perspectives de la population mondiale – Révision de 2012 : Résultats clés et tableaux », Nations unies, New York, www.un.org/fr/development/desa/publications/world-population-prospects-the-2012-revision.html, consulté le 4 avril 2014.

2.4. Évolution récente de la population d’âge actif dans l’UE27 et dans d’autres pays de l’OCDE

Dans la plupart des pays, étant donné que les personnes vivent plus longtemps, l’impact du vieillissement de la population se manifestera sur la taille de la population d’âge actif bien avant que tout effet apparaisse sur la taille globale de la population.

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Il y a environ 60 ans, de nombreux pays ont connu une période de forte fécondité (suivie d’un ralentissement au milieu des années 60), qui s’est traduite par une protubérance dans la courbe des statistiques démographiques. Cette « excroissance » dans la pyramide de la population a perduré au fil des ans et a généré un dividende démographique10, constaté dans de nombreux pays de l’OCDE. En 2010, ce qu’il est convenu d’appeler la « génération du boum des naissances » a commencé à quitter la population d’âge actif, et le groupe des personnes âgées de 15 à 64 ans a commencé à se contracter.

Le graphique 2.5 présente des pyramides de population pour 2010 et 2025. Il met en évidence le mouvement ascendant de l’âge médian de la population d’âge actif, particulièrement marqué en Europe. D’ici à 2025, la tranche d’âge la plus importante dans l’Union européenne sera celle des 55-59 ans, par rapport à celle des 40-44 ans en moyenne pour les pays de l’OCDE et celle des 35-39 ans dans les grandes économies émergentes. En outre, puisque les plus fortes tranches d’âge connaissent un mouvement ascendant, les cohortes qui quittent l’âge actif sont remplacées par de nouvelles cohortes relativement plus petites. On observe la même tendance dans les grandes économies émergentes, mais il leur faudra de nombreuses années pour connaître la même situation que les pays européens. La Chine est peut-être la seule exception. La perspective de la fin du dividende démographique chinois suscite déjà des craintes quant à la durabilité de la croissance économique à long terme (Fang, 2011).

Graphique 2.5. Pyramides de la population, 2010 et 2025 Part de la population totale en pourcentages

Source : Nations unies (2013), « Perspectives de la population mondiale – Révision de 2012 : Résultats clés et tableaux », Nations unies, New York, www.un.org/fr/development/desa/publications/world-population-prospects-the-2012-revision.html, consulté le 4 avril 2014.

Le tableau 2.1 ci-dessous montre la taille de la tranche d’âge 15-64 ans pour l’OCDE, l’UE27 et certaines économies émergentes en 2010, ainsi que des projections des Nations unies et d’EUROPOP pour 202011. Il montre également les migrations nettes prévues pour la tranche d’âge des 15-64 ans (voir encadré 2.1).

OCDE UE27

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85+2010 2025

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Tableau 2.1. Projection de la population d’âge actif dans l’UE27, les autres pays de l’OCDE et les grandes économies émergentes, 2010-20

Milliers

PPM : Perspectives de la population mondiale. 1. Note de la Turquie : les informations contenues dans le présent document à propos de « Chypre » concernent la partie méridionale de l’île. Il n’existe aucune autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et les Chypriotes grecs de l’île. La Turquie reconnaît la République turque de Chypre du Nord (RTCN). Tant qu’une solution durable et équitable n’aura pas été trouvée sous l’égide des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ». 2. Note de tous les États membres de l’Union européenne qui sont membres de l’OCDE et de la Commission européenne : la République de Chypre est reconnue par tous les membres de l’Organisation des Nations unies, à l’exception de la Turquie. Les informations contenues dans la présente note se rapportent au territoire sous le contrôle effectif du Gouvernement de la République de Chypre. Source : Nations unies (2011), « Perspectives de la population mondiale – Révision de 2010 : « Résultats clés et tableaux », Nations unies, New York, www.un.org/fr/development/desa/publications/world-population-prospects-the-2010-revision.html, consulté le 22 mai 2013; et EUROPOP2010.

Source PPM PPM PPM EUROPOP EUROPOP EUROPOPAustral ie 15 046 1 147 16 224Autriche 5 681 172 5 658 5 654 228 5 698Belgique 7 038 155 6 931 7 148 451 7 357Brési l 131 679 - 352 146 583Bulgarie 5 153 - 88 4 530 5 212 - 105 4 575Canada 23 630 1 580 24 287Chil i 11 745 49 12 638Chine 970 532 - 2 841 988 938Chypre1,2 780 56 847 563 31 587République tchèque 7 465 188 6 932 7 414 271 6 991Danemark 3 637 98 3 619 3 631 94 3 614Estonie 905 2 844 909 - 5 843Finlande 3 553 67 3 355 3 553 111 3 405France 40 713 894 40 591 41 967 733 41 832Allemagne 54 435 551 51 678 53 878 708 51 547Grèce 7 597 273 7 467 7 540 289 7 405Hongrie 6 866 132 6 425 6 874 197 6 518Islande 215 7 229 213 - 16 204Inde 789 750 - 1 989 923 050Indonésie 161 699 - 1 702 182 607Irlande 3 001 83 3 177 3 008 - 69 3 045Israël 4 625 63 5 209Italie 39 713 1 403 38 796 39 656 2 962 40 341Japon 80 926 471 73 461Corée 34 896 - 56 34 832Lettonie 1 539 - 14 1 410 1 549 - 20 1 413Lituanie 2 296 - 41 2 130 2 295 - 84 2 106Luxembourg 347 43 390 343 44 388Malte 296 10 284 287 - 2 268Mexique 73 215 - 2 379 83 968Pays-Bas 11 129 77 10 897 11 124 225 11 030Nouvelle-Zélande 2 905 104 3 067Norvège 3 252 114 3 329 3 218 235 3 436Pologne 27 406 19 25 362 27 223 138 25 540Portugal 7 147 146 6 984 7 120 231 7 055Roumanie 15 017 - 66 14 135 15 004 40 14 235Fédération de Russie 103 161 1 405 95 209République slovaque 3 976 34 3 795 3 928 88 3 808Slovénie 1 413 40 1 339 1 421 75 1 393Afrique du Sud 32 704 - 500 34 759Espagne 31 364 1 667 31 926 31 371 1 306 31 640Suède 6 118 242 6 083 6 100 367 6 196Suisse 5 216 161 5 171 5 296 499 5 589Turquie 49 224 - 30 55 719Royaume-Uni 40 973 1 850 41 855 41 001 1 761 41 843États-Unis 207 534 8 037 215 628ER5 2 086 363 - 7 384 2 275 937UE27 335 556 7 992 327 440 335 772 10 065 330 672UE15 262 444 7 722 259 407 263 093 9 442 262 395UE12 73 112 270 68 033 72 679 623 68 277AELE+UE27 344 240 8 274 336 169 344 499 10 783 339 902OCDE 822 904 17 406 837 866

Projection de la migration nette totale des 15-64

ans sur 10 années

Population âgée de 15 à 64 ans en

2020

Population âgée de 15 à 64 ans

en 2010

Projection de la migration nette totale des 15-64

ans sur 10 années

Population âgée de 15 à 64 ans en

2020

Population âgée de 15 à 64 ans en

2010

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50 – 2. L’ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE ET L’AVENIR DE LA MAIN-D’ŒUVRE

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Encadré 2.1. Projections relatives aux flux migratoires futurs Des trois grandes composantes de l’évolution démographique - fécondité, mortalité et migration -, c’est

sans doute la migration qui est la plus difficile à prévoir (Toossi, 2005). Établir des projections en la matière nécessite une bonne compréhension des facteurs déterminants, ce qui à son tour exige la capacité de prédire les cycles ou les risques économiques (par exemple, les conflits, les catastrophes naturelles, etc.). La Chute du rideau de fer, les guerres dans l’ex-Yougoslavie et le tremblement de terre à Haïti sont autant d’événements imprévisibles qui ont eu un impact majeur sur les flux migratoires. Il en va de même pour la grande récession qui a frappé les pays de l’OCDE en 2007 et 2008.

Les toute dernières projections du PNUD présentées dans Perspectives de la population mondiale – Révision de 2010 recensent deux scénarios migratoires. Selon l’hypothèse normale de migrations, le profil futur des migrations internationales repose sur les estimations passées et sur l’examen de la politique de chaque pays s’agissant des migrations internationales futures. Les niveaux projetés du solde migratoire sont généralement constants pour les prochaines décennies. Après 2050, on suppose que ce solde recule petit à petit. Une autre hypothèse considère que les migrations internationales sont égales à zéro pour chaque pays à compter de 2010. Comme le montre le graphique ci-dessous, les projections de l’ONU relatives aux migrations nettes s’écartent sensiblement de celles d’EUROPOP2010 pour l’UE27. Les projections de l’ONU ont tendance à prévoir une diminution beaucoup plus importante des migrations nettes entre 2010 et 2020.

Projection des migrations nettes pour l’ensemble de la population de l’UE27 Milliers

Note : Les estimations de l’ONU font référence à la moyenne des dix années précédant l’année indiquée (c’est-à-dire 2005-15 pour 2010).

Source : Nations unies (2011), « Perspectives de la population mondiale – Révision de 2010 : Résultats clés et tableaux », Nations unies, New York, www.un.org/fr/development/desa/publications/world-population-prospects-the-2010-revision.html, consulté le 22 mai 2013; et EUROPOP2010.

Les chiffres communiqués dans le présent chapitre sont basés sur les flux migratoires nets provenant des données de Perspectives de la population mondiale – Révision de 2010 pour tous les pays non européens de l’OCDE et les pays non membres de l’OCDE (hypothèse migratoire normale), et des Projections de population d’Eurostat 2010 (EUROPOP2010) pour les pays européens. Les soldes migratoires pour la tranche d’âge 15-64 ans sont calculés sur la base de la différence de variation de la population âgée de 15 à 64 ans entre 2010 et 2020, avec ou sans migrations.

Selon ces projections, la population d’âge actif devrait se contracter d’ici à 2020 dans l’UE27 et ne croître que légèrement dans la zone OCDE, mais la population des grands pays émergents continuera d’augmenter rapidement, avec un taux de croissance moyen de 9 % durant cette période. Le seul pays de ce groupe où l’accroissement de la population d’âge actif commencera à ralentir est la Chine (2 % seulement entre 2010 et 2020). Dans l’UE27, le recul sera dû en grande partie aux douze derniers pays ayant adhéré à l’UE, où

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200

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2010 2020 2030 2040 2050 2060

EUROPOP2010 Nations unies Révision 2010 de la population

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2. L’ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE ET L’AVENIR DE LA MAIN-D’ŒUVRE – 51

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la population d’âge actif devrait diminuer d’environ 6 %. En revanche, la population âgée de 15 à 64 ans dans l’UE15 restera plus ou moins stable.

S’agissant de l’UE27, il ressort des projections d’EUROPOP2010 hors migration que la population d’âge actif perdra plus de 15 millions d’individus d’ici à 2020 (84 millions d’ici à 2050). L’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et la Pologne devraient perdre chacune plus d’un million de personnes en âge de travailler d’ici à 2020 sans tenir compte des flux migratoires. On observe des tendances comparables au Japon (-8 millions), dans la Fédération de Russie (-9.4 millions) et dans une moindre mesure au Canada (-1 million). Aux États-Unis et en Australie, la population d’âge actif restera stable au moins jusqu’en 2020 sans flux d’immigration nette. Inversement, des pays tels que le Chili (+0.8 million), le Mexique (+13 millions) et la Turquie (+6.5 millions), ainsi que le Brésil (+15 millions), l’Inde (+135 millions), l’Indonésie (+22 millions) et l’Afrique du Sud (+2.5 millions) continueront de connaître une augmentation rapide de leur population d’âge actif et des sorties nettes au cours des dix prochaines années.

La prise en compte du solde migratoire des personnes en âge de travailler ne modifie que légèrement le schéma global (graphique 2.6). Dans l’UE27, seuls la Belgique, le Royaume-Uni, l’Italie, la Suède et l’Irlande devraient enregistrer une augmentation de leur population d’âge actif d’ici à 2020. Cependant, pour ce qui est de l’Espagne, les prévisions sont fondées sur des chiffres optimistes de solde migratoire (+130 000 par an entre 2010 et 2020), qu’il conviendrait de réexaminer en tenant compte de la récente crise économique (en 2011, le solde migratoire a en réalité été négatif pour la première fois depuis 30 ans, avec un nombre de sorties estimé à 50 000). De même, les chiffres du solde migratoire de l’Italie (environ +350 000 par an entre 2010 et 2020) semblent élevés par rapport aux tendances actuelles (250 000 en 2011, soit la moitié de ce qui avait été enregistré en 2007).

Graphique 2.6. Variation de la population d’âge actif entre 2010 et 2020 dans les pays de l’OCDE et dans certaines économies émergentes

Pourcentages

Note : ER5 désigne les cinq pays à engagement renforcé avec l’OCDE : Afrique du Sud, Brésil, Chine, Inde, Indonésie.

Source : Nations unies (2011), « Perspectives de la population mondiale – Révision de 2010 : Résultats clés et tableaux », Nations unies, New York, www.un.org/fr/development/desa/publications/world-population-prospects-the-2010-revision.html, consulté 22 mai 2013; et EUROPOP2010.

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Évolution de la population 15-64 (%, 2010-2020) Évolution de la population 15-64 (%, 2010-2020), en faisant l'hypothèse d'une migration nette nulle

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52 – 2. L’ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE ET L’AVENIR DE LA MAIN-D’ŒUVRE

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Pour ce qui est de la Bulgarie et de la Lituanie, la prise en compte des migrations assombrit considérablement le tableau dans la mesure où l’on prévoit pour ces pays un solde migratoire négatif au cours des dix prochaines années. La Bulgarie se détache nettement avec un recul de sa population d’âge actif estimé à près de 13 %, mais on s’attend également à une baisse de plus de 9 % au Japon, de 8.8 % en Lettonie, de 8.3 % en Lituanie et de 7.7 % dans la Fédération de Russie. Cependant, la population d’âge actif de la zone OCDE devrait croître en moyenne de 2.2 % au cours des dix prochaines années.

Au-delà de 2020, le vieillissement de la population devrait, selon les projections, se stabiliser dans certains pays et s’accélérer dans d’autres

À terme, le vieillissement démographique sera encore plus rapide dans de nombreux pays du Sud (Pison, 2009). Le processus est déjà engagé en Chine, où il présente la particularité d’être « en dents de scie » (Haub, 2012). En Inde, le nombre de personnes âgées connaîtra également une augmentation considérable au cours des quatre prochaines décennies (PRB, 2012). De fait, d’ici à 2025, les pays en voie de développement abriteront plus de 70 % des personnes âgées dans le monde (Nations unies, 2005).

Cependant, en s’intéressant exclusivement à l’évolution des prévisions concernant la population d’âge actif, on passe quelque peu à côté de l’essentiel. Toutes les personnes en âge de travailler n’ont pas d’emploi ou n’en cherchent pas un. Pour mieux comprendre l’urgence des besoins en main-d’œuvre, il convient d’examiner de plus près les taux d’activité par tranche d’âge.

2.5. La main-d’œuvre : Effets démographiques et effets de cohorte La main-d’œuvre a tendance à être plus élastique que l’on veut bien le reconnaître, et elle s’adapte constamment aux conditions économiques existantes et aux changements structurels

Le graphique 2.7 montre les évolutions à long terme du taux d’activité, selon le sexe, pour certains pays de l’OCDE. On y relève plusieurs tendances. Tout d’abord, le taux d’activité dans l’Union européenne semble être considérablement plus faible que dans les autres pays de l’OCDE. Cette situation peut s’expliquer par un effet du travailleur découragé plus marqué en réaction à un chômage structurel plus élevé, mais également par d’importantes différences dans la pyramide des âges de la population d’âge actif.

Graphique 2.7 Taux d’activité (15 à 64 ans) selon le sexe dans certains pays de l’OCDE et dans l’EU27, 1983-2011

Pourcentages

Hommes Femmes

Source : OECD.stat pour tous les pays, sauf pour l’UE27 : Eurostat.

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Australie Canada Japon États-Unis UE27 UE15

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2001

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2003

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2009

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2011

Australie Canada Japon États-Unis UE27 UE15

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2. L’ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE ET L’AVENIR DE LA MAIN-D’ŒUVRE – 53

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Aux États-Unis et, dans une moindre mesure, au Canada et en Australie, on constate un recul du taux d’activité chez les hommes depuis le début des années 90. Le taux d’activité des femmes augmente progressivement depuis les années 90 dans la plupart des pays de l’OCDE, à l’exception des États-Unis où il est en net recul depuis le début des années 2000. L’augmentation est particulièrement marquée en Australie, mais également dans l’Union européenne.

Enfin, les disparités entre hommes et femmes en termes de taux d’activité n’ont toujours pas été éliminées, que ce soit dans l’UE27 ou dans les autres pays de l’OCDE. Les différences demeurent importantes, surtout au Japon où elles peuvent atteindre 20 points de pourcentage. Selon de récentes estimations de l’OCDE (OCDE, 2012a), une réduction de 50 % de l’écart entre le taux d’activité des hommes et celui des femmes d’ici à 2030 entraînerait une augmentation de 6 % du PIB et une progression de 0.3 point de pourcentage du taux de croissance annuel moyen du PIB par habitant.

Si l’on tient compte des différences de taux d’activité selon le sexe et l’âge, la dynamique de la main-d’œuvre pourrait être bien différente de celle de la population d’âge actif. L’OIT a publié ses projections concernant la population active par groupe démographique pour la période 2010-20. Ces projections tiennent compte des tendances démographiques antérieures, et notamment de la proportion d’immigrés dans le pays, du sexe, de l’âge et de l’évolution démographique (voir encadré 2.2).

Encadré 2.2. Les projections de l’OIT pour la population active Même si elles sont difficiles à prédire, les évolutions économiques et sociétales sont des facteurs importants

dans la projection des taux d’activité. Cela suppose d’anticiper les changements – difficiles, voire impossibles, à prévoir – dans les habitudes et les préférences en matière de loisirs (Katagiri, 2012). Il faut également tenir compte de l’évolution structurelle de l’économie, tant au niveau des professions et des activités industrielles que dans les institutions. Bien que les projections relatives à la main-d’œuvre tiennent rarement compte des fluctuations cycliques à court terme, ces changements peuvent parfois devenir structurels. Ce serait par exemple le cas si une récession économique entraînait prématurément la sortie définitive d’un nombre important de travailleurs âgés du marché du travail.

Le graphique ci-dessous présente les estimations et les projections de l’OIT quant à l’évolution des taux d’activité chez les 15-64 ans dans certaines régions du monde, faisant apparaître une tendance globalement positive, au moins depuis 2010.

Taux de participation des 15-64 ans estimés et projetés par l’OIT dans certaines régions du monde, 1990-2020

Pourcentages

Source : OIT (2011), « Estimations et Projections de la Population Active 1990-2020 (EAPEP) (sixième édition) », Genève, octobre, et Base de données sur les estimations et projections de la population active (http://laborsta..org/applv8/data/EAPEP/eapep_E.html).

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Australie/Nouvelle Zélande Europe Amérique du Nord Monde (191 pays)

1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020

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Encadré 2.2. Les projections de l’OIT pour la population active (suite)

Les projections de l’OIT relatives à la population active entre 2010 et 2020 (sixième édition) sont fondées sur une procédure en trois étapes faisant intervenir une approche à la fois mécanique et subjective.

La première étape consiste à appliquer six modèles à chaque série chronologique de taux d’activité pour un pays, une tranche d’âge et un sexe donnés. Lors de l’étape suivante, les projections obtenues à partir de ces six modèles sont combinées à l’aide d’une moyenne pondérée. Dans la troisième phase, les projections combinées sont ajustées de manière subjective afin d’obtenir des taux d’activité cohérents.

Les différentes étapes de cette méthodologie ont été éprouvées et mises en œuvre sur la base d’expériences ex ante et ex post. Les essais ex ante (avant l’action) consistent à comparer les résultats obtenus grâce à cette méthodologie avec les projections récemment publiées par les offices statistiques nationaux (OSN). Les expériences ex post (après l’action) consistent à abandonner les dernières observations d’une série chronologique, puis à dériver les projections sur la base de la série chronologique écourté, ainsi qu’à calculer et à analyser les projections d’erreurs ex post (également appelées « post-échantillonnage »).

Les projections de l’OIT font apparaître une augmentation générale du taux d’activité d’ici à 2020 ; tant l’OCDE que l’UE27 devraient présenter des taux supérieurs à 73 % d’ici là, ce qui reste toutefois inférieur à l’objectif de 75 % fixé par la Commission européenne d’ici à 2020a. Par rapport aux taux de chômage actuels dans l’UE27b, un taux de participation de 73 % équivaudrait à un taux d’emploi de la population de 65 %, soit 10 points de pourcentage inférieur à l'objectif.

a. Il convient toutefois de préciser que l’objectif de 75 % fixé par l’Union européenne concerne la tranche d’âge 20-64 ans et non celle des 15-64 ans.

b. Selon Eurostat, le taux de chômage dans l’UE27 atteignait 10.9 % en mars 2013.

L’évolution dans le temps des taux d’activité globaux dépend de deux facteurs relativement indépendants. Premièrement : le fait que les cohortes plus âgées présentent souvent des taux d’activité plus bas que les plus jeunes. Toutes choses étant égales par ailleurs, l’augmentation de l’âge médian de la population active aura, par conséquent, tendance à accélérer la diminution de la quantité de main-d’œuvre disponible. Deuxièmement, la courbe des taux d’activité pour tous les âges est généralement ascendante, sauf aux États-Unis. En d’autres termes, les nouvelles cohortes présentent habituellement des taux d’activité plus élevés que les cohortes précédentes lorsqu’elles avaient le même âge. Cet effet de contrepoids compensera partiellement l’impact négatif décrit plus haut.

Dans quelle mesure la structure par tranche d'âge affectera-t-elle la main-d’œuvre d’ici à 2020 ?

Le tableau 2.2 compare la taille de la main-d’œuvre projetée pour 2020, si l’on admet les mêmes taux d’activité par âge qu’en 2010, avec les projections figurant dans la base de données EAPEP de l’OIT. On obtient ainsi un scénario hypothétique en gardant toutes les données constantes en 2010 et en laissant simplement la démographie suivre son cours jusqu’en 2020. Il s’agit là de calculs approximatifs, mêlant les taux d’activité des hommes et des femmes, de même que ceux des autochtones et des immigrés.

Le tableau 2.2 montre que l’augmentation générale des taux d’activité correspond aux projections concernant la taille de la main-d’œuvre, qui ne sont pas aussi sombres que les projections figurant au graphique 2.7. L’accroissement prévu du taux d’activité est un déterminant majeur de la croissance future de la main-d’œuvre. Dans l’UE27, la main-d’œuvre sera en moyenne supérieure de près de 3 % à ce qu’elle aurait été avec des taux d’activité constants.

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Tableau 2.2 Projections de l’évolution de la population active par pays entre 2010 et 2020, suivant deux hypothèses concernant l’évolution des taux de participation

Pourcentages

1. Note de la Turquie : les informations contenues dans le présent document à propos de « Chypre » concernent la partie méridionale de l’île. Il n’existe aucune autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et les Chypriotes grecs de l’île. La Turquie reconnaît la République turque de Chypre du Nord (RTCN). Tant qu’une solution durable et équitable n’aura pas été trouvée sous l’égide des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

2. Note de tous les États membres de l’Union européenne qui sont membres de l’OCDE et de la Commission européenne : la République de Chypre est reconnue par tous les membres de l’Organisation des Nations unies, à l’exception de la Turquie. Les informations contenues dans la présente note se rapportent au territoire sous le contrôle effectif du Gouvernement de la République de Chypre.

Source : BIT, Estimations et projections de la population active, Révision 2011.

En tenant compte des projections de participation de la main-d'œuvre

Sans tenir compte des projections de participation de la main-d'œuvre

Afrique du Sud 13.3 6.3Allemagne -4.7 -5.1Australie 9.9 7.8Autriche -0.2 -0.4Belgique 0.2 -1.5Brési l 12.8 11.3Bulgarie -7.1 -12.1Canada 6.2 2.8Chili 12.0 7.6Chine 1.5 1.9Chypre1,2 14.1 8.6Corée 2.0 -0.2Danemark 1.6 -0.5Espagne 2.7 1.8Estonie -3.5 -6.7États-Unis 4.7 3.9Fédération de Russie -5.0 -7.7Finlande -2.1 -5.6France 2.0 -0.3Grèce 1.5 -1.7Hongrie -1.6 -6.4Inde 17.2 16.9Indonésie 13.2 12.9Irlande 11.5 5.9Islande 10.9 6.5Israël 14.1 12.6Italie 1.0 -2.3Japon -7.2 -9.2Lettonie -3.1 -8.4Lituanie -2.0 -7.2Luxembourg 16.0 12.3Malte 1.5 -3.9Mexique 18.6 14.7Norvège 6.9 2.4Nouvelle-Zélande 8.2 5.6Pays-Bas 1.3 -2.1Pologne -3.5 -7.5Portugal -0.5 -2.3République slovaque 1.8 -4.6République tchèque 0.8 -7.1Roumanie -0.3 -5.9Royaume-Uni 5.4 2.2Slovénie -3.2 -5.3Suède 3.3 -0.6Suisse 0.1 -0.9Turquie 14.2 13.2ER5 8.2 8.1UE27 1.2 -1.5UE15 1.8 -0.3UE12 -1.0 -6.1AELE+UE27 1.4 -1.3Moyenne OCDE 4.0 1.9

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En réalité, excepté les douze derniers pays ayant adhéré à l’Union européenne, ainsi que l’Allemagne et le Japon, les autres pays de l’OCDE et de l’UE15 présenteront en moyenne une main-d’œuvre stable ou croissante au cours de la période 2010-20. La population active devrait augmenter d’environ 5 % aux États-Unis et au Royaume-Uni, voire de 11.5 % en Irlande et de 16.0 % au Luxembourg. Pour l’ensemble de la zone OCDE, l’augmentation sera en moyenne de 4 % au cours des dix prochaines années.

Rien ne garantit toutefois que les avancées récemment constatées en termes de taux d’activité se poursuivront sur une plus longue période. L’OCDE a récemment estimé que, si les politiques restaient les mêmes, les pays à revenu élevé connaîtraient d’ici à 2060 une chute moyenne de cinq points de pourcentage du taux d’activité (15+) (Johansson et al., 2013). Si des politiques étaient menées pour stabiliser l’« espérance de vie active » et si l’élévation du niveau d’instruction devait se poursuivre sur le long terme, le taux d’activité global de l’OCDE devrait à peu près rester le même. Il chutera cependant dans des pays tels que la Pologne, la Corée, le Portugal, le Japon et la Slovénie mais il fera un bond important au Chili, en Estonie, au Mexique et aux États-Unis.

Les cohortes à l’entrée et à la sortie ne varient pas uniquement au niveau de la taille et de l’inclusion dans le marché du travail : elles présentent également des différences marquées, notamment en termes de préférences, d’études et de compétences. Cette situation suscite de nouvelles difficultés s’agissant de l’adéquation sur la durée entre l’offre et la demande en main-d’œuvre, et ce quel que soit le contexte démographique. La prochaine section examine cette question de façon plus approfondie.

2.6. Au-delà du taux d’activité : Inadéquation des compétences et inadéquation géographique

Les conséquences du vieillissement de la population sur le marché du travail vont bien au-delà de simples données démographiques, notamment en raison des différences observées, en termes de niveau d’instruction, entre les cohortes qui entrent sur le marché du travail et celles qui en sortent

Par exemple, Coomans (2011) montre qu’en moyenne, dans l’UE27, 19 % des travailleurs âgés de 55 à 64 ans ont fait des études supérieures (38 % présentent un faible niveau d’études) contre 33 % pour les jeunes travailleurs âgés de 25 à 34 ans (dont 19 % ont un faible niveau d’études).

Dans l’ensemble, il ressort des estimations de l’OCDE que le nombre moyen d’années d’études de la population adulte continuera d’augmenter dans la plupart des pays, comme le montre le graphique 2.8. Il devrait progresser de deux ans en moyenne au cours des 50 prochaines années, les résultats des cohortes âgées de 25 à 29 ans convergeant lentement vers ceux de la Corée (Johansson et al., 2013). La progression devrait toutefois être beaucoup plus faible qu’au cours des décennies passées, sauf dans de grandes économies émergentes comme la Chine et l’Inde. En termes relatifs, toutefois, ces pays seront encore derrière les pays de l’OCDE à haut revenu en 2060.

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2. L’ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE ET L’AVENIR DE LA MAIN-D’ŒUVRE – 57

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Graphique 2.8. Évolution du nombre moyen d’années d’études de la population adulte dans les pays de l’OCDE, 1970, 2010, 2060

Pourcentages

Source : Johansson, Å. et al. (2013), « Long-Term Growth Scenarios », OECD Economics Department Working Papers, No. 1000, OECD Publishing, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/5k4ddxpr2fmr-en.

Il est peu aisé de prévoir les problèmes d’inadéquation des compétences et des niveaux d’études, car ils dépendent de l’évolution de la demande en la matière. Handel (2011) a récemment montré que, même en l’absence de signes manifestes d’une accélération au cours des dernières décennies, on constate de manière générale une amélioration régulière et continue des compétences. Cette évolution doit être soutenue par une action publique adéquate dans les domaines de l’enseignement et de la formation, ainsi qu’au plan social. À cet égard, le Panorama européen des compétences (http://euskillspanorama.ec.europa.eu/) constitue une avancée importante à l’appui de la gouvernance des compétences et d’une amélioration de l’adéquation entre l’offre et la demande en main-d’œuvre dans toute l’Europe.

La mobilité géographique est un instrument d’action essentiel pour faire face à l’inadéquation des compétences, et elle offre des possibilités considérables, surtout en Europe12. Malgré une tendance à la baisse, les migrations internes restent plus importantes aux États-Unis que dans la plupart des autres pays ou régions développés (Malloy et al., 2011). En Europe occidentale, elles restent inférieures de moitié à celles des États-Unis. Ainsi, Peschner (2011) met en évidence des différences géographiques dans les taux d’emploi à l’intérieur des pays européens. En outre, on constate une pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans des zones qui restent lourdement frappées par le chômage. Il ajoute que si l’Europe souhaite atteindre ses objectifs en termes d’emploi, elle ne doit pas se limiter aux agrégats nationaux, mais viser un taux d’activité de 75 % au niveau régional. Le fait que les cohortes plus jeunes sont souvent plus mobiles que les plus anciennes, tout comme le fait que les jeunes Européens sont plus rompus et mieux préparés à la mobilité, laissent espérer que ce mécanisme d’ajustement jouera un rôle plus important à l’avenir. La récente proposition de directive de la Commission européenne relative à des mesures facilitant l’exercice des droits conférés aux travailleurs dans le contexte de la libre circulation des travailleurs (Commission européenne, 2013) devrait soutenir cette évolution.

02468

1012141618

2060 2010 1970

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2.7. Quel rôle jouent les migrations internationales ?

Les migrations internationales ont largement contribué à l’accroissement démographique au cours des vingt dernières années

C’est le cas pour l’ensemble de l’Union européenne, où le taux de migration nette dépasse largement l’augmentation naturelle de la population, mais cela vaut également pour la zone OCDE, où les migrations contribuent de plus en plus à l’accroissement démographique, du moins en termes relatifs, excepté depuis 2008/09 (voir graphique 2.9).

Graphique 2.9. Composantes de l’accroissement démographique total dans les pays de l’OCDE, 1960-2020 Pour mille habitants

Source : 1980-2011 : Nations unies (2011), « Perspectives de la population mondiale – Révision de 2010 : Résultats clés et tableaux », Nations unies, New York, www.un.org/fr/development/desa/publications/world-population-prospects-the-2010-revision.html, consulté 22 mai 2013 ; 2012-2020 : Extrapolations basées sur la base de données des Nations unies 2010.

Ces agrégats cachent une grande diversité de situations entre les pays, comme cela apparaît dans le graphique 2.A1.2. En Australie, en Autriche, au Canada, au Luxembourg, en Norvège et, dans une moindre mesure, en Belgique, au Danemark, en Suède et en Suisse, les migrations internationales sont le moteur de la croissance démographique. On a pu observer le même type de situation avant la grande récession dans des pays tels que la République tchèque, l’Espagne, la Grèce et l’Italie, où l’évolution de la situation économique a inversé la tendance ces dernières années.

En revanche, les migrations influent de manière assez limitée sur la dynamique de la population dans certains pays d’immigration de longue date comme les États-Unis, la France, les Pays-Bas et la Nouvelle-Zélande. C’est également le cas pour de nombreux pays d’Europe centrale et orientale, dont la Slovénie et la République slovaque.

Les projections de solde migratoire à l’horizon 2020 dans l’UE27 et l’OCDE reposent toutefois sur des hypothèses très optimistes supposant un renversement de la tendance dégressive vers 2016/17. Selon ces hypothèses, le rôle des migrations dans l’accroissement démographique total se renforcera considérablement dans la plupart des pays de l’OCDE, et surtout en Europe.

-2

0

2

4

6

8

10

12

14

1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020

UE27Total Naturel Migrations

-2

0

2

4

6

8

10

12

14

1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020

OCDETotal Naturel Migrations

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2. L’ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE ET L’AVENIR DE LA MAIN-D’ŒUVRE – 59

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Le rôle que jouent les migrations dans la population d’âge actif et la main-d’œuvre dépend certes de l’importance des flux migratoires, mais également de la structure par âge de la population migrante

Comme le montre le graphique 2.10, la pyramide des âges de l’ensemble de la population immigrée dans la zone OCDE varie sensiblement de celle de la population autochtone car les migrants sont souvent sous-représentés chez les jeunes (15 à 24 ans) et chez les personnes plus âgées. Plus de la moitié de l’augmentation totale de la population migrante entre 2000 et 2005/06 était en effet imputable aux migrants âgés de 25 à 49 ans. Le graphique 2.A1.3 présente des pyramides de population plus détaillées pour les migrants arrivés récemment en Europe et aux États-Unis. Il fait apparaître que la plupart des migrants arrivent pendant les années les plus productives de leur vie, surtout en Europe où 22 % des individus arrivés entre 2006 et 2011 ont entre 25 et 29 ans (53 % ont entre 25 et 39 ans).

Les migrations influent également sur les taux de dépendance économique de la population âgée. C’est le cas dans la plupart des pays de l’OCDE (graphique 2.11), excepté en France, où les récents flux migratoires ont été très limités, et dans les pays d’Europe centrale et orientale. Cependant, l’impact des migrations semble modeste par rapport à l’ampleur du vieillissement de la population en Europe. En outre, sauf à accueillir un flux continu et de plus en plus important de nouveaux migrants, l’effet des migrations sur la pyramide des âges de la population résidente ne pourra être que provisoire puisque les migrants vieillissent eux aussi.

Graphique 2.10. Structure par tranche d'âge de la population âgée de 15 ans et plus dans les pays de

l’OCDE, par sexe et lieu de naissance, 2005/06

Graphique 2.11. Taux de dépendance des personnes âgées pour l’ensemble de la population

et pour les personnes nées dans le pays dans certains pays de l’OCDE, 2010

Source : Widmaier, S. et J.C. Dumont (2011), « Are Recent Immigrants Different? A New Profile of Immigrants in the OECD (DIOC 2005/2006) », Documents de travail de l’OCDE sur les affaires sociales, l’emploi et les migrations, n° 126, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/5kg3ml17nps4-en.

Note : Taux de dépendance des personnes âgées dans l’ensemble de la population et chez les personnes nées dans le pays, la différence entre les deux représentant la contribution de la population immigrée.

Source : Johansson, Å. et al. (2013), « Long-Term Growth Scenarios », Document de travail du Département des affaires économiques de l’OCDE, n° 1000, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/5k4ddxpr2fmr-en.

8 6 4 2 0 2 4 6 8

15-1920-2425-2930-3435-3940-4445-4950-5455-5960-6465-74

75+

Pourcentage de la population totale

Nés dans le pays Nés à l'étranger

Hommes Femmes

10

15

20

25

30

35

40Total Nés dans le pays

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Les immigrés contribuent également dans une large mesure à l’accumulation de capital humain dans les pays de destination

Les pays de l’OCDE rivalisent pour attirer (et retenir) des immigrés très qualifiés, surtout dans les secteurs de la R-D et de l’informatique pour stimuler la capacité d’innovation, mais également dans les secteurs de la santé ou de l’enseignement. Ces recrutements sont généralement facilités pour les grandes entreprises multinationales, et nombreux sont les pays de l’OCDE qui ont assoupli les procédures permettant aux étudiants étrangers de changer de statut au terme de leurs études. Entre 2000 et 2005/06, la proportion de personnes très instruites résidant dans les pays de l’OCDE a augmenté de trois points de pourcentage pour les autochtones et de cinq points de pourcentage pour les immigrés. Les immigrés récents sont en effet plus diplômés que la population résidente et les migrants plus anciens (graphique 2.12).

Graphique 2.12. Part de personnes ayant un niveau d’éducation élevé parmi les immigrés et les personnes nées dans le pays âgés de 15 ans et plus selon le nombre d’années de résidence, dans certains pays

de l’OCDE, 2005/06 Pourcentages

Source : Widmaier, S. et J.C. Dumont (2011), « Are Recent Immigrants Different? A New Profile of Immigrants in the OECD (DIOC 2005/2006) », Documents de travail de l’OCDE sur les affaires sociales, l’emploi et les migrations, n° 126, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/5kg3ml17nps4-en.

La contribution des migrations à la main-d’œuvre varie en fonction du type d’entrée

Par définition, les migrants de travail contribuent directement à l’accroissement de la main-d’œuvre, bien qu’ils ne constituent habituellement qu’une faible part de l’ensemble des mouvements (graphique 2.13). Globalement, les migrations de travail représentent environ 20 % du total des migrations permanentes vers l’OCDE. Une grande partie des nouvelles arrivées dans l’Union européenne se font au titre de la libre circulation au sein de l’UE, laquelle contribue également au marché du travail mais représente, en termes démographiques, un jeu à somme nulle pour l’ensemble de la zone. Les migrations pour raisons familiales restent la principale catégorie d’entrée, avec plus de 35 % des flux (45 % si l’on tient compte des familles accompagnant les travailleurs immigrés).

0

10

20

30

40

50

60

70Résident < 5 ans Résident > 5 et < 10 ans Résident > 10 ans Nés dans le pays

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2. L’ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE ET L’AVENIR DE LA MAIN-D’ŒUVRE – 61

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Graphique 2.13. Immigration permanente dans certains pays de l’OCDE, par catégorie d’entrée, 2010 Pourcentages

Source : OCDE (2012), Perspectives des migrations internationales 2012, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/migr_outlook-2012-fr.

On pourrait, pour accroître la part des migrants dans la main-d’œuvre, renforcer le taux d’activité des immigrés

Si les taux d’activité des hommes immigrés soutiennent avantageusement la comparaison avec ceux de leurs homologues autochtones dans la plupart des pays – le Danemark et les Pays-Bas étant les exceptions les plus marquantes – il en va différemment pour les femmes (graphique 2.14).

Les taux d’activité des hommes migrants sont supérieurs à 85 % en Suisse, en Grèce, au Portugal, en Espagne et aux États-Unis (graphique 2.A1.4). L’écart avec les autochtones est de plus de dix points de pourcentage au Luxembourg, en Grèce et en Hongrie. Ces tendances positives ne signifient pas, toutefois, que le taux d’activité des hommes migrants ne pourrait pas être amélioré ; en effet, les résultats ci-dessus tiennent en partie au fait que la population immigrée d’âge actif présente une pyramide des âges plus jeune que les autochtones.

Force est de constater que l’intégration professionnelle des femmes migrantes est moins facile, surtout dans l’UE15, mais également dans les pays d’installation de l’OCDE (comme l’Australie, les États-Unis, le Canada et, dans une moindre mesure, la Nouvelle-Zélande). L’activation des femmes migrantes constitue un potentiel important de main-d’œuvre en Europe, principalement dans les pays nordiques, ainsi qu’en Belgique, en Allemagne, en France, au Royaume-Uni et en Autriche.

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%Travail Libre circulation Familles accompagnant les travailleurs Famille Humanitaire Autre

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62 – 2. L’ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE ET L’AVENIR DE LA MAIN-D’ŒUVRE

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Graphique 2.14. Taux de participation des 15-64 ans selon le sexe et lieu de naissance dans quelques pays de l’OCDE, 2012

Pourcentages

Source: Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail 2012 (Eurostat) ; États-Unis : Current Population Surveys 2012; Australie, Canada, Nouvelle-Zélande : Enquêtes sur la population active 2012 ; Israël : Enquête sur la population active 2011.

Tableau 2.3. Évolution de la population active immigrée si les immigrés avaient les mêmes taux de participation que leurs homologues nés dans le pays de même âge, niveau d’éducation, sexe,

en 2011 dans quelques pays européens

Source : Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat).

-12.5-10.0

-7.5-5.0-2.50.02.55.07.5

10.012.515.0

Femmes Hommes

Les personnes nées à l'étranger sont plus souvent actives

Les personnes nées à l'étranger sont moins souvent actives

Population active née à l 'étranger en

2011

Population active née à l 'étranger en 2011 si son

taux de participation égale celui des natifs

Gain ou perte en population active du à l 'évolution des taux de

participationAllemagne 6 560 6 910 350Royaume-Uni 4 610 4 940 320France 3 470 3 700 220Pays-Bas 1 000 1 140 150Suède 800 900 100Belgique 720 810 90Suisse 1 290 1 350 60Autriche 740 780 40Danemark 250 280 30Norvège 280 300 20Irlande 330 340 20Finlande 110 120 10République tchèque 160 160 0Pologne 40 50 0Bulgarie 10 10 0Estonie 90 90 0Roumanie 10 10 0Lettonie 130 130 0Lituanie 60 60 0Hongrie 90 90 0République slovaque 10 10 0Islande 20 20 0Slovénie 100 90 0Luxembourg 120 120 0Portugal 520 510 - 10Grèce 530 480 - 50Espagne 4 310 4 170 - 140Italie 3 260 3 050 - 210Tous les pays européens 29 610 30 620 1 010UE27 (tous les pays sauf la Suisse) et taux de participation nationaux 28 320 29 270 950

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2. L’ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE ET L’AVENIR DE LA MAIN-D’ŒUVRE – 63

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Quels avantages pourrait-il y avoir, en termes de main-d’œuvre, à porter le taux d’activité des immigrants au niveau observé pour les autochtones ?

Le tableau 2.3 aborde cette question en évaluant l’évolution de la main-d’œuvre disponible si les taux d’activité étaient les mêmes pour les immigrés et les autochtones présentant des caractéristiques similaires (sexe, âge et niveau d’instruction). On constate que cela engendrerait une augmentation sensible de la main-d’œuvre dans près de la moitié des pays de l’Union européenne. On dénombrerait ainsi plus de 200 000 travailleurs supplémentaires en Allemagne, au Royaume-Uni et en France. Globalement, pour l’Union européenne, on ne recenserait pas moins d’un million de travailleurs supplémentaires. À l’inverse, aux États-Unis, une évolution des taux d’activité de la population immigrée n’aurait pratiquement aucun impact.

2.8. Conclusion

Les pays de l’UE27 et le Japon se trouvent devant des défis démographiques dont ils seront les premiers à ressentir les effets et dont ils souffriront davantage que les autres pays de l’OCDE. Les grandes économies émergentes profitent toujours d’un dividende démographique important, bien que la Chine, par exemple, connaisse un vieillissement très rapide de sa population. Les tendances démographiques sont bien connues et ont fait l’objet de nombreuses études. Cependant, leurs retombées sur la main-d’œuvre sont moins évidentes : elles découlent en effet d’une combinaison de plusieurs forces antinomiques liées à l’évolution de la pyramide démographique de la population d’âge actif et aux tendances structurelles des taux d’activité en fonction du sexe, de l’âge et du niveau d’instruction.

Notre analyse montre que l'impact démographique sur la population active de l’Union européenne pourrait être quelque peu atténué par l'augmentation des taux de participation, qui permettra d’amoindrir la réduction des effectifs au moins jusqu'en 2020 aux niveaux courants de migration nette prévue.

Les projections d’EUROPOP2010 relatives aux soldes migratoires sont cependant très optimistes. Elles supposent notamment que l’Europe devienne nettement plus attrayante que les États-Unis comme destination des migrations permanentes. On peut se demander si ces hypothèses sont réalistes, mais elles impliqueraient probablement des changements radicaux dans les politiques migratoires actuelles et/ou une forte reprise économique. Les hypothèses concernant l’évolution des taux d’activité devraient également donner lieu à une action ambitieuse et efficace en termes d’activation, y compris pour les migrants.

Cependant, dans le plus long terme, si l’on garde à l’esprit que le processus du vieillissement de la population ne sera pas renversé en Europe avant au moins 2040, il est peu probable qu’une amélioration des taux d’activité suffise pour garantir une augmentation permanente de la main-d’œuvre en Europe. Par ailleurs, les défis liés au vieillissement de la population dépassent le cadre de simples données démographiques et mettront en évidence des inadéquations de compétences tant au niveau national qu’au niveau régional. Dans ce contexte, quel peut être le rôle des migrations ?

Dans ce chapitre, nous avons montré que les migrations internationales sont aussi bien sources d’opportunités que de difficultés dès lors qu’il s’agit de faire face au vieillissement de la population. Dans la mesure où ils ont tendance à se situer dans les tranches d’âge plus actives, les migrants apportent de précieuses ressources humaines à la main-d’œuvre et peuvent contribuer à soutenir provisoirement les taux de fécondité. Ce

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64 – 2. L’ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE ET L’AVENIR DE LA MAIN-D’ŒUVRE

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type de dividende démographique s’estompe toutefois rapidement, car les migrants vieillissent ou partent eux aussi.

De façon similaire, les migrations de travail peuvent mettre de l’huile dans les rouages du marché du travail (Borjas, 2001) et constituer un instrument efficace pour répondre à court terme aux besoins en main-d’œuvre et en compétences, notamment au niveau régional. Cependant, à moyen terme, les migrants revoient leurs attentes et ont tendance à quitter un premier emploi peu attrayant pour occuper des fonctions plus intéressantes.

Les migrations internationales favorisent l’accumulation de capital humain dans les pays de l’OCDE et de l’Union européenne et ont des retombées positives sur la croissance économique, mais elles ne permettront pas à elles seules de relever les défis structurels liés à la démographie, au marché de l’emploi et aux difficultés budgétaires. Il importe par conséquent de mener une action cohérente et multidimensionnelle qui considère les migrations et la mobilité comme une des composantes d’une stratégie plus vaste en matière de compétences afin de soutenir une croissance inclusive dans le long terme.

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Notes

1. Pour le scénario à moyen terme, consulter par exemple OCDE (2012c), BCE (2011), Peschner (2011) ; pour un scénario à long terme, consulter par exemple OCDE (2012c), Fouré et al. (2011) ; voir également OCDE (1998).

2. Voir, par exemple, Cedefop (2009, 2010a), Eurofund (2010), Commission européenne (2008).

3. Voir, par exemple, Commission européenne (2012a), OCDE (2012e).

4. Voir, par exemple, Commission européenne (2012b, 2009), OCDE (2011a).

5. Voir, par exemple, Eurostat-CE (2011), OCDE (2009), OCDE (2003).

6. Voir, par exemple, Rabu (2010), Fargues (2011).

7. Ces chiffres incluent les projections relatives aux taux de migration et de fécondité (variante moyenne des Nations unies). L’encadré 2.1 examine les difficultés liées à la projection des taux de migration.

8. Symboliquement, le discours général sur le vieillissement et l’emploi dans de nombreux pays de l’OCDE s’est petit à petit écarté de l’âge de référence (60 ou 65 ans) au profit d’un âge de référence plus élevé (80 ans, le plus souvent) : cela s’explique non seulement par l’amélioration de l’espérance de vie, mais également par le nombre important de personnes qui appartiennent déjà, ou qui appartiendront à terme à ce groupe. Voir D’Albis et Collard (2012) pour un débat intéressant sur la mesure du vieillissement de la population.

9. Selon les projections d’Eurostat, l’âge médian atteindra même 48 ans dans l’UE27 d’ici à 2060 (Commission européenne, 2011).

10. Le « dividende démographique » est le terme utilisé pour désigner les cas où la main-d’œuvre productive augmente plus rapidement que la main-d’œuvre non productive, entraînant une chute du rapport de dépendance économique. Le « dividende » désigne un avantage pour l’économie limité dans le temps, qui se traduit par une poussée de sa capacité de production, jusqu’au moment où la protubérance ainsi créée dans la courbe démographique commence à disparaître.

11. Ces projections reposent sur la variante moyenne des Nations unies, qui traduit un taux de fécondité moyen et un taux de mortalité normal. Le taux de fécondité moyen est la médiane de 100 000 trajectoires possibles, fondée sur les taux passés et des hypothèses de convergence. Le taux de mortalité normal a été estimé en fonction de l’espérance de vie actuelle.

12. Selon Eurobaromètre (2010), 10 % des personnes interrogées ont vécu et travaillé à l’étranger et 13 % ont suivi des études ou une formation à l’étranger. Environ un tiers des Européens estiment que les chances de trouver un emploi dans un autre pays sont plus élevées que dans leur propre pays, et près d’un sur cinq (17 %) envisage de travailler un jour à l’étranger. Voir également Bonin et al. (2008).

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Références

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Annexe 2.A1

Graphiques supplémentaires

Graphique 2.A1.1. Taux de dépendance des personnes âgées : nombre de personnes en âge de travailler (20 à 64 ans) par personne ayant l’âge de la retraite (65 ans et plus), valeurs passées et projections,

1950-2050

Source : Nations unies (2011), Perspectives de la population mondiale, Révision de 2012.

0

2

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Estonie Finlande FranceAllemagne Grèce HongrieIslande

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Australie AutricheBelgique CanadaChili République tchèque

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Irlande Israël ItalieJapon Corée LuxembourgMexique

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Pays-Bas Nouvelle-ZélandeNorvège PolognePortugal République slovaque

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Espagne Suède Suisse

Turquie Royaume-Uni États-Unis

0

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1970

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2010

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2050

UE28 OCDE 34Brésil ChineInde Indonésie

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Graphique 2.A1.2. Composantes de la croissance totale de la population dans les pays de l’OCDE, 1960-2011, pour 1 000 habitants

Source : Nations unies (2011), « Perspectives de la population mondiale – Révision de 2010 : « Résultats clés et tableaux », Nations unies, New York, www.un.org/fr/development/desa/publications/world-population-prospects-the-2010-revision.html consulté le 22 mai 2013.

0

10

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1960 70 80 90 2000 2010

Australie

Total Naturel Migrations

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Belgique

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1960 70 80 90 2000 2010

Canada

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1960 70 80 90 2000 2010

France

-10

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Allemagne

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Irlande

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Italie

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Pologne

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Espagne

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Suisse

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1960 70 80 90 2000 2010

États-Unis

-10

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Chili

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5

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1960 70 80 90 2000 2010

République tchèque

-5

0

5

10

1960 70 80 90 2000 2010

Danemark

-10

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1960 70 80 90 2000 2010

Finlande

-10

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Grèce

-10

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0

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1960 70 80 90 2000 2010

Hongrie

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0

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1960 70 80 90 2000 2010

Islande

-5

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1960 70 80 90 2000 2010

Japon

-10

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30

1960 70 80 90 2000 2010

Luxembourg

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1960 70 80 90 2000 2010

Mexique

-5

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1960 70 80 90 2000 2010

Pays-Bas

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0

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40

1960 70 80 90 2000 2010

Nouvelle-Zélande

-5

0

5

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15

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Norvège

-25

0

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1960 70 80 90 2000 2010

Portugal

-5

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5

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1960 70 80 90 2000 2010

République slovaque

-5

0

5

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Suède

-10

0

10

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30

1960 70 80 90 2000 2010

Turquie

-5

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1960 70 80 90 2000 2010

Royaume-Uni

-40

-20

0

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1960 70 80 90 2000 2010

Estonie

-20

0

20

40

1960 70 80 90 2000 2010

Slovénie

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Graphique 2.A1.3. Structure par âge de la population immigrée récente et totale dans l’Union européenne et aux États-Unis

Distribution par âge de la population de l’Union européenne selon le lieu de naissance, 2011

Pourcentages

Note : Les données excluent l’Allemagne. Source : Enquêtes sur les forces de travail 2011 (Eurostat).

Distribution par âge de la population née à l’étranger vivant dans l’Union européenne selon la durée

de résidence et le lieu de naissance, 2011 Pourcentages

Note : Les migrants récents sont définis comme les personnes qui ont migré mois de cinq auparavant. Les données excluent l’Allemagne. Source : Enquêtes sur les forces de travail 2011 (Eurostat).

Distribution par âge de la population des États-Unis selon le lieu de naissance et la durée de résidence, 2010 Pourcentages

Note : Les migrants récents sont définis comme les personnes qui ont migré mois de cinq auparavant. Source : American Community Survey.

14 12 10 8 6 4 2 0 2 4 6 8 10 12 14

15-1920-2425-2930-3435-3940-4445-4950-5455-5960-6465-6970-7475-7980-84

85 +

Nés dans le paysNés à l'étranger dans un pays de l'UE ou AELENés à l'étranger (tous)

24 22 20 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24

15-1920-2425-2930-3435-3940-4445-4950-5455-5960-6465-6970-7475-7980-84

85 +

Nés à l'étranger (tous)Migrants récents (nés dans un pays de l'UE ou AELE)Migrants récents (toutes origines)

20 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20

15-1920-2425-2930-3435-3940-4445-4950-5455-5960-6465-6970-7475-7980-84

85 +

Nés dans le paysMigrants récentsNés à l'étranger (tous)

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2. L’ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE ET L’AVENIR DE LA MAIN-D’ŒUVRE – 73

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Graphique 2.A1.4. Taux de participation par sexe et lieu de naissance dans certains pays de l’OCDE, 2012 Taux de participation des hommes selon le lieu de naissance dans quelques pays de l’OCDE, 2012

Pourcentages

Taux de participation des femmes selon le lieu de naissance dans quelques pays de l’OCDE, 2012

Pourcentages

Note : La population de référence est la population en âge de travailler (15-64 ans).

Source: Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail 2012 (Eurostat); États-Unis: Current Population Surveys 2012; Australie, Canada, Nouvelle Zélande : Enquêtes sur la population active 2012 ; Israël : Enquête sur la population active 2011.

65

70

75

80

85

90

95Hommes nés à l'étranger Hommes nés dans le pays

30

40

50

60

70

80

90Femmes nées à l'étranger Femmes nées dans le pays

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3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE – 75

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Chapitre 3

Compétences actuelles et futures de la main-d’œuvre : Démographie des niveaux d’éducation et rôle de l’immigration

Josep Mestres OCDE

Ce chapitre examine les caractéristiques démographiques et la composition par niveau d’éducation de la population active des pays de l’OCDE depuis 2000 et son évolution au cours de la prochaine décennie, en accordant une attention particulière au rôle des migrations internationales. Il montre que l’amélioration des niveaux d’éducation de la population active a concerné aussi bien les personnes nées dans le pays que les personnes nées à l'étranger et prévoit une amélioration continue dans un avenir proche, mais moins rapide que par le passé. En parallèle, il prévoit aussi une diminution de la part de la population active ayant un faible niveau d'éducation, les migrants représentant néanmoins une part importante des entrées. Le chapitre donne à penser que la population active va croître en moyenne de 4 % dans la zone OCDE sur la période 2010-20, soit beaucoup moins qu’au cours de la décennie précédente. Il souligne ainsi que les entrées de migrants prévues couvriront l’augmentation observée de la population active, même si ces elles seront nettement inférieures à celles observées au cours de la décennie précédente. Ce chapitre montre comment les migrations continueront de contribuer positivement à la croissance de la population active au cours de la décennie, même si l’on considère des scénarios avec une immigration restreinte.

____________________ Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennes compétentes. L’utilisation de ces données par l’OCDE est sans préjudice du statut des hauteurs du Golan, de Jérusalem Est et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie aux termes du droit international.

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76 – 3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE

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3.1. Introduction

La population en âge de travailler et la population active des pays de l’OCDE vont connaître d’importants changements démographiques ces dix prochaines années. Les cohortes de jeunes deviennent moins nombreuses tandis que dans le même temps les populations plus âgées augmentent. Malgré la diminution des cohortes de jeunes, les taux de participation au marché du travail sont en réalité en hausse dans la plupart des pays de l’OCDE, de même que le niveau d’instruction. Ces progressions seront-elles toutefois suffisantes pour compenser la réduction de la population active ? Le niveau des acquis scolaires sera-t-il suffisant pour les emplois disponibles ? Et quel rôle va jouer l’immigration ?

Le présent chapitre a pour but d’examiner les caractéristiques démographiques et éducatives de la population active dans les pays de l’OCDE depuis 2000 (section 3.2) et d’étudier leur évolution sur les dix prochaines années (section 3.3), en accordant une attention particulière au rôle des migrations internationales.

3.2. Niveau d’éducation de la population active et rôle de l’immigration

La présente section analyse la répartition de la population active par niveau d’éducation et lieu de naissance (2010), ainsi que son évolution depuis 2000. Les données proviennent de l’Enquête sur les forces de travail de l’Union européenne pour les pays européens, de l’American Community Survey pour les États-Unis, de l’Enquête sur la dynamique du travail et du revenu (EDTR) pour le Canada, de l’Enquête sur les forces de travail pour Israël et de l’Enquête sur l’éducation et l’emploi pour l’Australie.

Évolution des niveaux d’éducation Tous les pays de l’OCDE ont connu ces dernières décennies une évolution importante

du niveau d’éducation de leur population, les jeunes étant de plus en plus nombreux à poursuivre leurs études au-delà du secondaire, souvent dans l’enseignement technique et professionnel de haut niveau si ce n’est dans le cadre de programmes d’études universitaires (voir OCDE, 2011). Dans le même temps, les taux de décrochage dans le secondaire restent élevés dans certains pays, malgré l’existence de programmes de la deuxième chance. En effet, le deuxième cycle du secondaire est désormais considéré comme le niveau minimum que les jeunes doivent atteindre pour devenir des citoyens informés et productifs dans les sociétés de l’OCDE.

Depuis 2000, l’immigration augmente dans la plupart des pays de l’OCDE et dans l’Union européenne. Les travailleurs nés à l’étranger représentaient en moyenne 13 % environ de la population active totale dans les pays de l’OCDE en 2010. Un pourcentage similaire est observé pour les travailleurs diplômés de l’enseignement supérieur. Ces dernières années, la part des immigrés récents titulaires d’un diplôme universitaire a en réalité augmenté mais la population immigrée comprend également une part non négligeable de personnes peu instruites, parmi lesquelles beaucoup sont venues au titre du regroupement familial, pour fonder un foyer, ou pour fuir des zones de conflit ou des persécutions dans leurs pays d’origine. L’immigration illégale aux États-Unis et l’immigration de travail dans le sud de l’Europe se caractérisent aussi par leur faible niveau d’éducation. Dans la plupart des autres pays, l’immigration légale et durable de travailleurs ayant un niveau d’éducation bas a été plus limitée, voire totalement inexistante.

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3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE – 77

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Les évaluations du niveau d’instruction sont une variable indicative utile, bien que partielle, du niveau de qualification. En outre, elles ne tiennent pas compte de la qualité de l’éducation. Dans la pratique, il n’existe pas de méthode simple pour prendre en considération les différences de niveau entre les pays dans le cadre des programmes d’enseignement, ou l’intensité de l’enseignement. De plus, les niveaux d’éducation formels ne sont pas une indication directe des compétences (voir l’encadré 3.1).

Encadré 3.1. Éducation formelle contre compétences réelles – quelles sont les différences ?

Le niveau d’éducation est une variable indicative pratique, quoiqu’imparfaite, des qualifications des individus. En effet, les individus possédant les mêmes acquis scolaires peuvent avoir des niveaux de compétences différents (OCDE, 2013). Les compétences s’acquièrent non seulement par l’intermédiaire du système éducatif formel, mais aussi en cours d’emploi et de bien d’autres façons. En outre, la qualité des établissements d’enseignement varie à la fois dans les pays et entre eux. Cela peut être particulièrement problématique pour les immigrés, étant donné que beaucoup ont étudié dans un pays différent de leur pays de résidence actuel.

Une mesure directe des qualifications serait utile pour analyser le lien entre les compétences individuelles et les résultats sociaux et économiques. La Stratégie de l'OCDE sur les compétences étudie les compétences au sens large du terme, en incluant l’ensemble des compétences que les individus peuvent acquérir, utiliser et conserver tout au long de la vie. Une telle mesure sera bientôt disponible avec l’Enquête de l’OCDE sur les compétences des adultes (le Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes ou PIAAC). L’objectif ultime de la Stratégie de l'OCDE sur les compétences est d’aider les pays de l’OCDE à améliorer la qualité et la quantité des compétences disponibles et à les exploiter de manière optimale.

Le tableau 3.1 présente une vue générale des niveaux d’éducation de la population active en 2010 dans les pays de l’OCDE et l’Union européenne pour les individus nés à l’étranger et les personnes nées dans le pays, ainsi que son évolution depuis 2000. Globalement, les différences entre les immigrés et les autochtones ne sont pas importantes, même si les premiers sont en moyenne davantage susceptibles d’avoir un niveau d’instruction bas ou élevé.

En outre, les moyennes masquent une diversité profonde, notamment lorsqu’on examine le niveau d’études de la population autochtone. Dans un certain nombre de pays, le pourcentage de travailleurs nés à l’étranger n’ayant pas atteint le deuxième cycle du secondaire est supérieur à celui des autochtones d’environ 20 points de pourcentage, notamment en Allemagne, aux États-Unis, en Grèce et en France. D’autre part, le même pourcentage est inférieur à celui des autochtones de plus de 10 points au Portugal, en Turquie et à Malte, où la progression du niveau d’études de la population est relativement récente et se poursuit.

Quelques pays, comme la Grèce, la Slovénie, l’Espagne et la Finlande, ont des populations immigrées diplômées de l’enseignement supérieur qui sont inférieures de 11 à 16 points de pourcentage à celles des autochtones, tandis que l’inverse est vrai en Australie, au Luxembourg, en Irlande, en Hongrie et en Pologne.

En Europe, les immigrés originaires de l’UE27 sont davantage susceptibles de posséder un diplôme universitaire que les ressortissants de pays tiers (voir le tableau 3.A1.1 en annexe). Ce constat est particulièrement visible au Danemark, en Autriche, en Suisse et aux Pays-Bas, alors que c’est la situation inverse qui se produit par exemple en Irlande et au Royaume-Uni.

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78 – 3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE

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Tableau 3.1. Distribution de la population active par niveau d'éducation et lieu de naissance (2010) et évolution 2000-10

Pourcentages

Note : La population active comprend les actifs âgés de 15 à 64 ans. Le signe « - » fait référence aux données qui ne passent pas le seuil de publication défini par Eurostat; la cellule est à vide si aucune donnée n'est disponible. Les colonnes quatre, cinq et six présentent la différence entre le pourcentage de chaque niveau d'éducation parmi les travailleurs immigrés avec le pourcentage de chaque niveau d'éducation parmi les personnes nées dans le pays (une valeur positive indique que la part est plus élevée pour les immigrés). « Bas » correspond à un niveau inférieur au deuxième cycle du secondaire, « intermédiaire » au deuxième cycle du secondaire et au post-secondaire non universitaire et « élevé » au niveau universitaire.

1. Note de la Turquie : Les informations figurant dans ce document et faisant référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l’Ile. Il n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu’une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

2. Note de tous les États de l’Union européenne membres de l’OCDE et de l’Union européenne : La République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat), 2000 et 2010 ; États-Unis : Recensement de 2000 et American Community Survey 2010 ; Israël : Enquêtes sur la population active, 2000 et 2010 ; Australie : Survey of Education and Work, 2001 et 2011.

Bas Interm. Élevé Bas Interm. Élevé Bas Interm. Élevé Bas Interm. ÉlevéAllemagne 32 46 21 21 -15 -6 -5 3 2 -3 1 2Australie 13 39 49 -7 -11 18 -8 -4 12 -8 3 5Autriche 28 53 20 13 -14 1 -9 5 4 -4 0 4Belgique 32 32 36 12 -8 -4 -7 1 5 -11 3 7Bulgarie - - - - - - - - - - - -Chypre1,2 29 38 33 9 -2 -7 2 3 -5 -13 0 13Danemark 26 38 36 0 -4 4 4 -12 8 4 -11 7Espagne 43 34 23 0 12 -12 -2 9 -7 -11 3 9Estonie 3 55 41 -7 0 7 -6 2 3 -2 -5 7États-Unis 27 38 34 19 -14 1 -5 3 3 -5 -1 5Finlande 25 49 27 10 2 -11 -8 5 3 -9 3 6France 40 32 28 19 -14 -4 -7 2 5 -8 0 8Grèce 49 38 13 19 -3 -16 11 -3 -8 -11 1 10Hongrie 14 52 34 0 -12 12 5 -7 2 -5 -2 7Irlande 13 38 49 -9 -1 10 -11 3 8 -13 -3 16Israël 13 34 53 1 -10 9 -5 2 3 -4 -5 9Italie 42 45 12 7 -2 -5 -7 6 0 -10 4 6Lettonie 7 65 28 -5 4 1 - - - - - -Lituanie - 64 34 - 5 -1 - 22 -13 -5 12 -7Luxembourg 23 31 46 6 -21 15 -22 1 22 -8 -4 12Malte 46 26 28 -15 5 10 -26 6 20 -12 2 10Norvège 24 36 40 4 -8 4 10 -14 4 6 -11 4Pays-Bas 33 37 30 7 -6 -2 -8 1 7 -4 -3 7Pologne - 50 46 - -16 20 - - - - - -Portugal 48 32 20 -18 14 4 -11 7 4 -13 6 7République slovaque - 58 30 - -18 12 - - - - - -République tchèque 12 64 24 6 -13 7 - - - - - -Roumanie - - - - - - - - - - - -Royaume-Uni 14 47 39 -5 2 3 -12 17 -5 -11 3 8Slovénie 27 59 14 15 -2 -13 -1 1 -1 -7 -3 10Suède 26 37 37 10 -15 5 1 -9 7 -4 2 2Suisse 27 39 34 14 -16 1 - - - - - -Turquie 51 23 26 -12 2 10 - - - - - -Moyenne Zone euro 31 41 28 6 -4 -1 -7 3 4 -9 0 8Moyenne UE-27 25 44 31 3 -5 3 -6 3 3 -8 0 7Moyenne OCDE 25 42 32 4 -6 2 -5 2 3 -7 0 7

Immigrés Variation de la proportion 2000-10

Nés dans la paysDistribution 2010Comparé aux personnes

nées dans le pays Nés à l 'étranger

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3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE – 79

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La part de la main-d’œuvre peu instruite s’est fortement réduite à la fois chez les autochtones et chez les individus nés à l’étranger, mais en moyenne plus rapidement pour les premiers. En revanche, la part des travailleurs titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur a considérablement augmenté et en moyenne de manière beaucoup plus significative pour les autochtones. On relève toutefois de grandes différences entre les pays. En ce qui concerne les immigrés, les changements observés dépendent autant de l’ampleur et de la nature des migrations sur la période examinée que de la progression du niveau d’instruction dans les pays d’origine. L’évolution la plus significative a été enregistrée au Luxembourg et à Malte, où la part des immigrés peu éduqués a diminué et où celle des immigrés ayant poursuivi des études supérieures a augmenté de plus de 20 points de pourcentage entre 2000 et 2010. Ces résultats nous en disent toutefois peu sur les facteurs sous-jacents, et notamment sur l’importance des changements démographiques. Il est évident que les jeunes qui arrivent sur le marché du travail ont un niveau d’instruction supérieur à celui des travailleurs qui partent à la retraite, mais dans quelle mesure ? Il apparaît aussi clairement que les immigrés sont plus instruits que dans le passé, mais quelle est leur contribution exacte au relèvement global du niveau d’études de la population active ?

Démographie des niveaux d’éducation Une décomposition de l’évolution de la répartition de la main-d’œuvre par niveau

d’éducation entre 2000 et 2010 a été réalisée et permet de mettre en évidence la contribution des immigrés récents. Cette analyse servira de référence pour une décomposition similaire couvrant la période 2010-20 dans la section suivante.

Méthodologie générale Les analyses présentées ici examinent l’évolution des niveaux d’études au moyen

d’un modèle de comptabilité démographique. En bref, la variation nette sur une période donnée, pour une caractéristique particulière, est décomposée en contributions de la part des jeunes travailleurs, des nouveaux immigrés, des travailleurs d’âge très actif et des travailleurs âgés, les composantes liées à l’âge étant estimées en comparant la situation de « pseudo-cohortes d’âge » en 2000 et en 2010 respectivement (voir l’annexe 3.A1 pour plus de détails). L’approche fondée sur les pseudo-cohortes tient implicitement compte des effets de l’émigration et de la mortalité, qu’il n’est pas possible d’observer directement1.

En outre, les caractéristiques étant observées en deux points différents dans le temps, il est fait abstraction des multiples changements qui ont pu se produire au cours de la période. On notera également que selon la méthode des pseudo-cohortes, une grande partie des changements constatés concernant les travailleurs jeunes et les plus âgés seront dus, respectivement, aux entrées et aux sorties de la main-d’œuvre. Dans la pratique, cela fait que les contributions à l’évolution dans la population active imputables aux travailleurs jeunes et plus âgés sont toujours respectivement positives et négatives pour ces groupes. Par exemple, pour les différents pays, la variation nette de l’emploi concernant les travailleurs jeunes et plus âgés représente en moyenne environ 87 % de l’emploi total pour une cohorte d’entrées (25-34 ans en 2010) et 80 % de l’emploi total pour une cohorte de sorties (45-54 ans en 2000). S’agissant des travailleurs d’âge très actif, en revanche, la mesure des variations nettes peut occulter un nombre considérable de changements qui ne sont pas visibles.

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80 – 3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE

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Démographie de l’évolution des niveaux d’éducation de la population active La population active a augmenté en moyenne d’environ 1 point de pourcentage par an

entre 2000 et 2010 dans les pays de l’OCDE et de l’Union européenne. Ce chiffre devrait être ramené à moins de 0.4 point de pourcentage par an sur les dix prochaines années dans la zone OCDE et à presque zéro dans l’Union européenne. La composition démographique de cette évolution est illustrée dans le tableau 3.2, selon la méthode de décomposition présentée dans l’annexe 3.A1. La population active s’est renouvelée d’environ un quart au cours de la période considérée, les flux d’entrées (nouveaux venus sur le marché du travail et immigrés) remplaçant les flux de sorties (départs à la retraite). Les immigrés ont représenté en moyenne 20 % des entrées, mais la proportion est beaucoup plus élevée que la moyenne à Chypre2,3 (49 %), en Espagne (40 %), en Irlande (34 %), au Luxembourg (57 %) et en Suisse (40 %).

Les arrivées de jeunes travailleurs résidents sur le marché du travail ont dépassé les sorties des travailleurs plus âgés d’environ 6 % de la main-d’œuvre en moyenne. La population active ayant connu une croissance totale de 11 % dans l’OCDE (12 % dans l’Union européenne) sur la période examinée, les immigrés ont donc représenté plus de la moitié de cette augmentation depuis 2000. Dans un certain nombre de pays (Italie, Luxembourg, Royaume-Uni et Suisse), la croissance de la population active s’explique entièrement ou presque par l’arrivée de nouveaux immigrés.

Dans l’Union européenne, en moyenne la moitié environ des nouveaux immigrés sont originaires des pays de l’UE27. La majorité d’entre eux viennent de pays de l’UE27 dans des pays comme la Suisse (65 % du total des flux migratoires), l’Irlande (72 %) ou le Luxembourg (83 %).

Le tableau 3.3 fournit une vue d’ensemble des niveaux moyens d’éducation des entrants et des sortants sur la période 2000-10, en excluant les jeunes de moins de 25 ans poursuivant leurs études4. De façon générale, les écarts moyens entre les nouveaux immigrés et les travailleurs âgés prenant leur retraite sont considérables, le pourcentage des jeunes entrants peu instruits étant inférieur de 29 points de pourcentage à celui des travailleurs âgés partant à la retraite, et celui des jeunes entrants ayant un niveau d’études élevé supérieur de 21 points de pourcentage. L’amélioration du niveau d’instruction de la main-d’œuvre dans les pays du sud de l’Europe et en Irlande a été particulièrement forte, avec des écarts d’environ 50 points entre les jeunes et les retraités pour ce qui est de la part des travailleurs peu instruits. Dans le même temps, presque tous les pays ont enregistré un écart positif important entre les jeunes et les retraités pour ce qui est de la part des travailleurs diplômés de l’enseignement supérieur.

Dans la plupart des pays, le niveau d’études des nouveaux immigrés qui arrivent sur le marché du travail était également supérieur à celui des cohortes partant à la retraite, sans pour autant atteindre celui des jeunes résidents. Les États-Unis, et dans une moindre mesure, la Suède et l’Allemagne, sont les seuls pays ayant enregistré davantage d’entrées sur le marché du travail d’immigrés possédant un niveau d’études inférieur à celui des cohortes partant à la retraite. Dans l’Union européenne, la plupart des immigrés originaires de l’UE27 ont un niveau d’études supérieur à celui des retraités mais aussi à celui des immigrés venant de pays tiers. À eux seuls, ces résultats semblent indiquer que le rôle des nouveaux immigrés sur le marché du travail n’est pas nécessairement le même que celui des jeunes entrants, dont le niveau d’instruction est généralement beaucoup plus élevé.

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3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE – 81

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Tableau 3.2. Croissance de la population active et contribution à cette croissance par groupe démographique, 2000-10

Pourcentages

Note : La contribution de chaque groupe à la croissance nette de la population active est l'évolution nette de la population active pour le groupe considéré divisée par le nombre total de personnes dans la population active en 2000. Le taux de renouvellement net est la moitié de la somme des valeurs absolues des contributions individuelles. Il sous-estime le turnover total car des entrées et sorties au sein du groupe d'âge de forte activité et plus généralement résultant des mouvements internes des résidents peuvent s'annuler. Les données pour l'Allemagne et le Royaume-Uni sur la composition de la croissance par groupe démographique sont basées sur les changements survenus entre 2005 et 2010, ajustés pour coïncider avec les changements survenus entre 2000 et 2010.

1. Note de la Turquie : Les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l’Île. Il n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ». 2. Note de tous les États de l’Union européenne membres de l’OCDE et de la Commission européenne : La République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat), 2000 et 2010 ; États-Unis : Recensement 2000 et American Community Survey 2010 ; Canada : Enquête sur la dynamique du travail et du revenu, 1997-99 et 2007-09 ; Israël : Enquête sur la population active, 2000 et 2010. Australie : Survey of Education and Work, 2001 et 2011.

Croissance totale de la population

active

Jeunes travail leurs (nouveaux entrants)

Travail leurs d'âge de forte

activité

Travail leurs âgés (retraités)

Renouvellement net

Surplus du renouvellement

(entrées de jeunes travail leurs + départs

en retraite des plus âgés)

(A+B+C+D) (A) (B) UE 27 Non-EU-27 (C) (D) (see Notes) (A+D)Allemagne 6 29 4 1 2 -2 -25 30 4Australie 31 30 9 5 -14 29 17Autriche 11 22 6 3 3 -1 -17 23 5Belgique 11 24 8 4 4 -4 -17 27 7Bulgarie -1 18 0 0 0 3 -22 21 -3Canada 33 33 13 0 -15 30 18Chypre1,2 33 25 24 11 13 -2 -14 33 11Danemark 2 18 2 1 2 -2 -20 21 -2Espagne 29 25 17 5 12 2 -14 29 11Estonie 5 25 1 0 0 -1 -20 23 6États-Unis 13 20 6 -1 -13 20 7Finlande 0 19 2 1 1 0 -18 20 1France 10 26 3 1 2 1 -20 25 6Grèce 9 22 5 1 4 1 -18 23 4Hongrie 4 22 1 1 0 2 -20 23 2Irlande 22 25 13 9 4 -2 -12 25 13Israël 36 37 6 6 -12 31 24Italie 6 17 6 3 4 0 -18 21 -1Lettonie 5 26 1 0 0 -2 -19 24 7Lituanie -3 22 0 0 0 -5 -20 24 2Luxembourg 22 20 26 22 4 -5 -18 35 2Malte 15 30 1 1 1 2 -18 26 12Norvège 10 21 5 2 3 -1 -15 21 5Pays-Bas 8 21 2 1 1 -2 -14 19 8Pologne 2 28 0 0 0 -5 -21 27 7Portugal 7 21 4 1 3 0 -18 21 4République slovaque 5 24 0 0 0 -1 -17 21 7République tchèque 3 21 1 1 0 3 -21 23 0Roumanie -15 18 0 0 0 -7 -26 26 -8Royaume-Uni 9 28 12 5 7 -6 -23 35 5Slovénie 8 28 1 0 1 0 -19 24 8Suède 14 24 6 2 4 2 -20 26 4Suisse 13 18 12 8 4 -1 -17 24 1Moyenne Zone euro 10 24 6 2 4 0 -19 25 5Moyenne UE-27 8 24 5 2 3 -2 -21 26 4Moyenne OCDE 12 24 6 0 -18 25 6

Nouveaux immigrés

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82 – 3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Tableau 3.3. Niveau d’éducation de la population active, nouveaux entrants, nouveaux immigrants et retraités, 2010

Note : Voir le tableau 3.2. « Bas » fait ici référence à un niveau inférieur au second cycle de l'enseignement secondaire, « intermédiaire » au second cycle de l'enseignement secondaire et à l'enseignement post-secondaire non-supérieur, « élevé » au tertiaire. Les seconde, troisième et quatrième colonnes de chaque niveau présentent la différence entre les pourcentages appartenant à chaque niveau d'éducation dans le groupe considéré et le pourcentage correspondant parmi la cohorte des retraités. Les données sur les niveaux d'éducation bas et intermédiaire n'étaient pas utilisables pour le Danemark et la Norvège à cause de ruptures de série pour ces niveaux. La moyenne pour l'Union européenne correspond à la moyenne des pays de l'Union européenne présentés dans ce tableau.

1. Note de la Turquie : Les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l’Île. Il n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ». 2. Note de tous les États de l’Union européenne membres de l’OCDE et de la Commission européenne : La République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat), 2000 et 2010 ; États-Unis : Recensement 2000 et American Community Survey 2010 ; Canada : Enquête sur la dynamique du travail et du revenu, 1997-99 et 2007-09 ; Israël : Enquête sur la population active, 2000 et 2010. Australie : Survey of Education and Work, 2001 et 2011.

Âgés Jeunes Âgés Jeunes Âgés JeunesTous UE-27 Tous UE-27 Tous UE-27

(pourcentage de tous les retraités)

(pourcentage de tous les retraités)

(pourcentage de tous les retraités)

Al lemagne 26 -16 +2 -6 52 +14 -17 -13 22 +2 +15 +19Australie 43 -36 -36 32 +16 +6 24 +21 +30Autriche 28 -20 -4 -18 60 +11 -10 -2 11 +9 +14 +20Belgique 49 -37 -19 -26 28 +11 +4 +4 23 +25 +15 +22Bulgarie 39 -32 -39 -39 43 +17 -10 -43 18 +15 +49 +82Canada 16 -10 -8 35 -10 -10 49 +19 +18Chypre1,2 57 -52 -22 -32 28 +2 +11 +18 16 +50 +11 +13Danemark 27 +20 +8 +25Espagne 80 -51 -38 -50 6 +16 +30 +37 14 +35 +8 +12Estonie 22 -11 -13 -2 50 0 -31 -37 29 +11 +43 +39États-Unis 19 -15 +11 52 -2 -14 29 +18 +3Finlande 42 -36 -7 -5 32 +20 +13 +14 27 +17 -6 -9France 44 -32 -8 -10 39 +3 -9 -7 17 +29 +17 +17Grèce 66 -52 -10 -26 23 +19 +11 +26 11 +33 0 0Hongrie 29 -20 -17 -17 55 +1 -8 -9 16 +19 +25 +27Irlande 58 -56 -47 -45 27 +8 +12 +17 14 +48 +35 +27Israël 26 -20 -14 31 +14 +2 43 +7 +12Ital ie 65 -52 -23 -36 25 +34 +22 +36 10 +18 +1 +1Lettonie 25 -12 -18 -25 57 -8 +2 +43 18 +20 +16 -18Lituanie 28 -27 -28 -28 18 +27 +18 +7 53 0 +10 +22Luxembourg 45 -32 -31 -30 40 +9 -17 -19 15 +23 +48 +49Malte 86 -43 -51 -55 13 +12 +19 +20 1 +31 +32 +36Norvège 26 +21 +10 +11Pays-Bas 33 -19 -2 -9 47 -5 -15 -16 20 +24 +17 +26Pologne 30 -27 -24 -28 59 -8 -10 -20 11 +34 +34 +48Portugal 89 -54 -43 -56 5 +27 +35 +39 6 +27 +7 +17République slovaque 19 -14 -1 +9 72 -9 -39 -54 8 +23 +39 +45République tchèque 18 -14 -7 -12 73 -4 -8 -4 10 +18 +15 +16Roumanie 64 -50 -34 -64 28 +26 +6 +25 8 +24 +28 +39Royaume-Uni 30 -28 -14 -13 53 -2 +4 +11 17 +30 +9 +2Slovénie 30 -24 -9 -21 56 +4 +6 -21 14 +21 +4 +42Suède 29 -18 +3 -11 42 +10 -19 -20 29 +9 +17 +31Suisse 26 -19 -7 -25 62 -7 -29 +1 13 +26 +36 +41Moyenne Zone euro 50 -36 -18 -25 35 +11 +2 +4 15 +25 +16 +22Moyenne UE-27 44 -32 -19 -25 40 +9 0 +1 17 +23 +19 +24Moyenne OCDE 39 -29 -15 46 +3 -6 21 +21 +11

(points de pourcentage +/- retraités)

Niveau basNouveaux immigrés

(points de pourcentage +/- retraités)

(points de pourcentage +/- retraités)

Nouveaux immigrés Nouveaux immigrésNiveau intermédiaire Niveau élevé

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3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE – 83

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Composition de l’évolution du niveau d’instruction de la population active Les résultats présentés ci-dessus portent sur la démographie de l’évolution des

niveaux d’éducation de la population active, mais en disent peu sur les volumes, c’est-à-dire sur le nombre relatif d’entrants, de nouveaux immigrés et de retraités, ou sur les déséquilibres démographiques qui pourraient résulter du fait que de nombreuses cohortes de travailleurs partent à la retraite alors que les cohortes de jeunes diminuent. Pour avoir une idée plus précise des contributions des divers groupes démographiques à l’évolution du niveau d’instruction de la population active, nous procédons à la décomposition de la variation totale absolue constatée dans la main-d’œuvre, selon le niveau d’études sur la période 2000-10.

Le graphique 3.1 donne les résultats pour l’OCDE, l’Union européenne et les pays de la Zone euro dans leur ensemble, et pour l’Australie, le Canada et les États-Unis5. Les résultats montrent la composition de l’évolution du niveau d’instruction de la population active sur la période 2000-10.

Le nombre de jeunes travailleurs qui arrivent sur le marché du travail avec un niveau d’instruction élevé est largement supérieur à celui des travailleurs âgés partant à la retraite, avec, par exemple, presque trois jeunes très instruits qui arrivent sur le marché du travail pour chaque retraité ayant un niveau d’éducation équivalent. La progression du niveau d’instruction concerne en partie les qualifications techniques et professionnelles de haut niveau sanctionnant des études supérieures, moins fréquentes il y a plusieurs dizaines d’années qu’elles ne le sont aujourd’hui. Chez les travailleurs peu instruits, c’est la situation inverse qui se produit : on recense trois départs à la retraite pour chaque entrée.

Le relèvement du niveau d’instruction de la population active ne faisait aucun doute, mais c’est la différence relative aux cohortes prenant leur retraite qu’il est intéressant d’examiner. Dans l’Union européenne, l’augmentation globale du nombre d’actifs diplômés de l’enseignement supérieur a été de 58 % ces dix dernières années, tandis que la diminution de la part de travailleurs n’ayant pas atteint le deuxième cycle du secondaire a été d’environ 22 %. Le nombre de travailleurs ayant un niveau d’instruction moyen a augmenté d’environ 12 %. En Australie, la hausse générale du nombre d’actifs diplômés de l’enseignement supérieur a été de 78 % et celle des travailleurs ayant un niveau d’instruction moyen de 30 %. Aux États-Unis, où l’enseignement supérieur a atteint des niveaux élevés dans la population active plus tôt qu’en Europe, la hausse du nombre de travailleurs diplômés du supérieur a été d’environ 28 %. La part des travailleurs ayant un niveau d’instruction moyen a augmenté de 10 %, tandis que celle des travailleurs peu instruits a baissé de 9 %.

Les nouveaux immigrés faisaient plus souvent partie des catégories de travailleurs ayant un niveau d’éducation intermédiaire ou bas que de celle des travailleurs ayant un niveau d’éducation tertiaire. Ils ont représenté environ 14 % de l’augmentation de la part des travailleurs ayant un niveau d’éducation tertiaire en Europe (dans l’UE27, 38 % étaient originaires d’un autre État membre de l’UE, voir le tableau 3.A2.3.) et 20 % aux États-Unis. Tandis que le nombre de travailleurs ayant un niveau d’éducation bas a diminué, les immigrés ont représenté presque 40 % des nouveaux travailleurs ayant ce niveau d’éducation en Europe et 70 % aux États-Unis.

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84 – 3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE

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Graphique 3.1. Contributions à l'évolution du niveau d'éducation de la population active selon la source, 2000-10 Milliers

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat), 2000 et 2010; États-Unis : Recensement 2000 et American Community Survey 2010 ; Canada : Enquête sur la dynamique du travail et du revenu, 1997-99 et 2007-09; Israël : Enquête sur la population active, 2000 et 2010. Australie : Survey of Education and Work, 2001 et 2011.

- 60

- 45

- 30

- 15

15

30

45

60

- 40 000

- 30 000

- 20 000

- 10 000

10 000

20 000

30 000

40 000

50 000

60 000

Low Medium High

OCDE

Nouveaux immigrésTravailleurs d'âge de forte activitéTravailleurs âgés (retraités)Jeunes travailleurs (nouveaux entrants)Croissance de la population active 2000-10 (%, échelle de droite)

- 40

- 20

20

40

60

80

100

- 1 000

- 500

500

1 000

1 500

2 000

2 500

3 000

Low Medium High

Australie

- 60

- 40

- 20

20

40

60

80

- 2 000

- 1 000

1 000

2 000

3 000

4 000

5 000

Low Medium High

Canada

- 30

- 20

- 10

10

20

30

40

- 15 000

- 10 000

- 5 000

5 000

10 000

15 000

20 000

Low Medium High

États-Unis

- 60

- 45

- 30

- 15

15

30

45

60

- 30 000

- 20 000

- 10 000

10 000

20 000

30 000

40 000

Low Medium High

UE-27

- 60

- 45

- 30

- 15

15

30

45

60

- 20 000

- 15 000

- 10 000

- 5 000

5 000

10 000

15 000

20 000

25 000

Low Medium High

Zone euro

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3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE – 85

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Les graphiques 3.2a à 3.2c donnent, pour tous les pays, une vue générale de l’évolution de la population active en fonction du niveau d’études et du pays d’origine sur la période 2000-10. On observe dans tous les pays, pour les travailleurs ayant un niveau d’études supérieures, une forte augmentation des nouveaux entrants par rapport aux cohortes partant à la retraite (graphique 3.2a). En fait, cette hausse pourrait même être sous-estimée, parce qu’une partie des augmentations observées dans les groupes d’âge de forte activité concerne des « diplômés tardifs », c’est-à-dire des personnes ayant obtenu un premier diplôme d’enseignement supérieur après l’âge de 24 ans. Le ratio moyen des jeunes entrants sur les travailleurs plus âgés partant à la retraite est supérieur à 3.5, ce qui laisse difficilement présager un problème de remplacement à ce stade précoce du processus de vieillissement, du moins en termes de niveau d’instruction. La part des immigrés dans l’augmentation du nombre de diplômés du supérieur dans la population active est en moyenne de 18 %, mais atteint des niveaux particulièrement élevés au Luxembourg (63 %) et en Suisse (43 %) et des taux compris entre 20 et 35 % en Australie, au Canada, en Suède, en Autriche, en Belgique, en Espagne, en Irlande et au Royaume-Uni.

Graphique 3.2a. Contributions à l'évolution de la population active ayant un niveau d'éducation tertiaire, selon le groupe démographique, 2000-10

Pourcentages

1. Note de la Turquie : Les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l’Île. Il n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ». 2. Note de tous les États de l’Union européenne membres de l’OCDE et de la Commission européenne : La République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat), 2000 et 2010 ; États-Unis : Recensement 2000 et American Community Survey 2010 ; Canada : Enquête sur la dynamique du travail et du revenu, 1997-99 et 2007-09 ; Israël : Enquête sur la population active, 2000 et 2010 ; Australie : Survey of Education and Work, 2001 et 2011.

-160

-120

-80

-40

0

40

80

120

160

200

-80

-60

-40

-20

0

20

40

60

80

100

Nouveaux immigrésTravailleurs d'âge de forte activitéTravailleurs âgés (retraités)Jeunes travailleurs (nouveaux entrants)Croissance de la population active ayant un niveau d'éducation tertiaire 2000-10 (%, échelle de droite)

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86 – 3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE

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Graphique 3.2b. Contributions à l'évolution de la population active ayant un atteint un niveau d'éducation secondaire supérieur, selon le groupe démographique, 2000-10

Pourcentages

1. Note de la Turquie : Les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l’Île. Il n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ». 2. Note de tous les États de l’Union européenne membres de l’OCDE et de la Commission européenne : La République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre. Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat), 2000 et 2010 ; États-Unis : Recensement 2000 et American Community Survey 2010 ; Canada : Enquête sur la dynamique du travail et du revenu, 1997-99 et 2007-09 ; Israël : Enquête sur la population active, 2000 et 2010. Australie : Survey of Education and Work, 2001 et 2011.

Graphique 3.2c. Contributions à l'évolution de la population active n'ayant pas atteint un niveau d'éducation secondaire supérieur, selon le groupe démographique, 2000-10

Pourcentages

1. Note de la Turquie : Les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l’Île. Il n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ». 2. Note de tous les États de l’Union européenne membres de l’OCDE et de la Commission européenne : La République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat), 2000 et 2010 ; États-Unis : Recensement 2000 et American Community Survey 2010 ; Canada : Enquête sur la dynamique du travail et du revenu, 1997-99 et 2007-09 ; Israël : Enquête sur la population active, 2000 et 2010. Australie : Survey of Education and Work, 2001 et 2011.

-60

-45

-30

-15

0

15

30

45

60

75

-80

-60

-40

-20

0

20

40

60

80

100

Nouveaux immigrésTravailleurs d'âge de forte activitéTravailleurs âgés (retraités)Jeunes travailleurs (nouveaux entrants)Croissance de la population active ayant achevé le second cycle de l'enseignement secondaire 2000-10 (%, échelle de droite)

-50

-40

-30

-20

-10

0

10

20

30

40

-100

-80

-60

-40

-20

0

20

40

60

80

Nouveaux immigrésTravailleurs d'âge de forte activitéTravailleurs âgés (retraités)Jeunes travailleurs (nouveaux entrants)Croissance de la population active n'ayant pas achevé le second cycle de l'enseignement secondaire 2000-10 (%, échelle de droite)

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3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE – 87

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On notera qu’il n’existe pas de lien clair entre le degré de remplacement des travailleurs âgés par des plus jeunes et la proportion d’immigrés dans l’augmentation du nombre de diplômés de l’enseignement supérieur. À l’inverse, on dénombre relativement peu d’arrivées de travailleurs peu instruits sur le marché du travail par rapport au nombre de départs à la retraite dans cette même catégorie, les entrées représentant en moyenne 40 % des départs environ (graphique 3.2c). Comme cela a été le cas pour les travailleurs très instruits, les entrées de jeunes travailleurs ayant un niveau d’instruction moyen ont également tendance à être plus nombreuses que les départs à la retraite, sauf dans quelques pays, notamment au Danemark, en Norvège, en République tchèque et en Suisse. En moyenne, on compte environ un travailleur et demi qui entre sur le marché du travail avec un niveau d’instruction moyen pour chaque départ à la retraite. Le rôle de l’immigration dans l’évolution de la main-d’œuvre peu et moyennement instruite (graphiques 3.2b et 3.2c) est plus manifeste que pour les travailleurs très instruits ; mais là encore, il n’y a pas de lien évident entre un « déficit de remplacement » et l’importance des entrées d’immigrés peu ou moyennement instruits.

Un certain degré de sélectivité en faveur des immigrés très qualifiés a été appliqué dans plusieurs pays qui ont accueilli une forte immigration de travail ces dix dernières années, à savoir l’Irlande, le Luxembourg et la Suisse, mais la plupart de ces mouvements sont intervenus au titre de la libre circulation plutôt que dans le contexte d’une émigration discrétionnaire à partir de pays non membres de l’Union européenne, où des employeurs recrutent depuis l’étranger pour répondre aux besoins du marché du travail et où les besoins qu’ils déclarent sont en général vérifiés par l’administration du pays de destination.

En revanche, dans les « nouveaux » pays d’immigration du sud de l’Europe, qui ont vu arriver une forte immigration de travail ces dix dernières années et ont accueilli des travailleurs peu qualifiés, la croissance de la population active a été largement due à l’arrivée de travailleurs migrants faiblement instruits. Ils n’ont toutefois pas tous été recrutés depuis l’étranger ; beaucoup étaient en situation irrégulière et ont été régularisés ultérieurement, ou bien ont été embauchés après leur entrée dans le pays pour un autre motif que le travail.

Pour résumer, les dix dernières années ont vu le remplacement des cohortes de travailleurs partant à la retraite par des entrants beaucoup plus instruits. Les individus hautement diplômés étaient beaucoup plus nombreux que ceux qui partaient, ce qui n’est pas en soi le signe d’un manque de travailleurs très qualifiés. Les immigrés ont cependant grossi ce nombre sur la même période, représentant environ 16 % des entrées de diplômés de l’enseignement supérieur sur le marché du travail, ce qui donne à penser que le marché du travail était capable d’en absorber bien davantage, au risque, peut-être, de voir certains individus ayant suivi des études supérieures occuper des emplois pour lesquels ils étaient manifestement surdiplômés. Cette offre abondante de compétences chez les entrants n’exclut toutefois pas la possibilité d’une pénurie dans certains domaines.

3.3. Projections de la population active par niveau d’éducation en 2020

La présente section fournit des estimations de la taille de la population active par niveau d’éducation dans les pays de l’OCDE et l’Union européenne jusqu’en 2020. Les projections du niveau d’instruction sont complexes puisqu’elles dépendent non seulement des changements démographiques, et en particulier des hypothèses migratoires, mais aussi de l’évolution des taux d’accès à l’éducation ou de la durée des études (OCDE, 2008).

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88 – 3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE

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Les projections existantes du niveau d’instruction de la population par sexe et par groupe d’âge ont été effectuées respectivement par le Centre EPDC (Education Policy and Data Center) et l’Institut IIASA (International Institute for Applied Systems Analysis)6. Alors qu’elles modélisent les effectifs scolarisés et les résultats scolaires de façon détaillée, elles n’estiment pas la participation future à la population active ni ne différencient les autochtones des individus nés à l’étranger. Le Centre européen pour le développement de la formation professionnelle (Cedefop) a estimé l’évolution du niveau d’études à la fois de la population totale et de la population active jusqu’en 2020 (Cedefop, 2010), mais l’étude n’opère pas non plus de distinction entre les autochtones et les individus nés à l’étranger.

Sources et méthodologie Les projections de la population active par niveau d’instruction en 2020 sont obtenues

en estimant séparément les parts de chaque niveau dans la main-d’œuvre en fonction du lieu de naissance, du groupe d’âge et du sexe, et la taille prévue de la population active en fonction des trois mêmes critères. La taille de la population active pour chaque niveau d’instruction est calculée dans un second temps en combinant les projections des deux éléments. La méthodologie est présentée dans le détail dans l’annexe 3.A2.

Cette méthodologie établit des projections de la taille de la population active en 2020 par niveau d’instruction, lieu de naissance, âge et sexe. Elle permet de décomposer l’évolution entre la population active observée en 2010 et la population active prévue en 2020 par groupe démographique et niveau d’études, comme cela a été fait pour la période 2000-10 dans la section précédente. Cet exercice est toutefois soumis à une part d’incertitude, étant donné les diverses hypothèses formulées dans les différentes projections pour la population, les taux de participation au marché du travail et le niveau d’instruction. En ce qui concerne le niveau d’études, deux scénarios de projection différents sont pris en considération. Le premier repose sur l’amélioration du niveau d’études des cohortes âgées de 35 à 64 ans, qui étaient déjà présentes sur le marché du travail en 2010, mais pas de celles âgées de 15 à 34 ans en 2020 (par rapport à 2010). Le second se fonde sur la progression du niveau d’études de toutes les cohortes en 2020. Voir l’annexe 3.A2 pour des informations plus détaillées.

Projections de la population active en 2020 La croissance de la population active entre 2010 et 2020 devrait n’être en moyenne

que de 0.4 % par an dans les pays de l’OCDE, et de presque zéro dans l’Union européenne, par rapport à environ 1 % par an au cours de la précédente décennie dans les deux cas. Les différentes contributions de chaque groupe démographique selon la méthodologie de la décomposition expliquée dans l’annexe 3.A1 sont présentées dans le tableau 3.4. Le renouvellement net prévu de la population active est d’environ 25 %, ce qui signifie qu’approximativement un quart de la population active sera renouvelé (les entrants et les immigrés remplaceront les retraités), comme ce fut le cas au cours des dix années précédentes.

La projection montre un taux négatif de remplacement de la main-d’œuvre (entrées des jeunes – départs à la retraite des travailleurs âgés), égal à -1 % dans l’OCDE (et proche de zéro dans l’Union européenne) entre 2010 et 2020, par rapport au surplus de 5 points de pourcentage observé au cours de la précédente décennie. Cette différence s’expliquera en grande partie par l’augmentation des départs à la retraite par rapport à 2000-10, plutôt que par la diminution des entrées sur le marché du travail. La contribution

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3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE – 89

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des cohortes de retraités à l’évolution de la population active devrait être beaucoup plus importante (124 %) qu’au cours de la décennie précédente, tandis que celle des nouveaux entrants sera légèrement moindre (92 %).

Plusieurs pays de l’OCDE et de l’Union européenne devraient enregistrer un déficit de remplacement de la main-d’œuvre. Des cohortes plus nombreuses de retraités et moins nombreuses de jeunes entrants sur le marché du travail entraîneront un déficit de remplacement d’environ 9 % à Chypre7,8 (voir notes 2 et 3), 8 % en Allemagne, 7 % en Suisse et 4 % en Autriche et en Finlande, par exemple.

Tableau 3.4. Projections de la croissance de la population active et apports à la croissance par groupe démographique, 2010-20

Pourcentages

1. Note de la Turquie : Les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l’Île. Il n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

2. Note de tous les États de l’Union européenne membres de l’OCDE et de la Commission européenne : La République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat), 2000 et 2010 ; États-Unis : Recensement 2000 et American Community Survey 2010 ; Canada : Enquête sur la dynamique du travail et du revenu, 1997-99 et 2007-09 ; Israël : Enquête sur la population active, 2000 et 2010 ; Australie : Survey of Education and Work, 2001 et 2011. Projections : Pays européens : projections de la population EUROPOP2010 (Eurostat) ; autres pays : World Population Prospects – 2010 Revision ; tous les pays : estimations du BIT et projections de la population économiquement active 1990-2020.

2010-20 2000-10

Apports à la croissance

de la population

active en 2010-20

Ratio des apports en

2010-20 comparés

aux apports en 2000-10

Ratio des apports en

2010-20 comparés

aux apports en 2000-10

Apports à la croissance

de la population

active en 2010-20

Ratio des apports en

2010-20 comparés

aux apports en 2000-10

Apports à la croissance

de la population

active en 2010-20

Ratio des apports en

2010-20 comparés

aux apports en 2000-10

(A+B+C+D) (A) Total (B) UE-27 Non UE-27 (C) (D) (A+D)Allemagne -5 5 16 0.60 2 1 1 0.67 1 -0.46 -24 1.02 21 -8Austral ie 10 31 22 0.74 6 0.66 1 0.17 -19 1.41 24 3Autriche 1 11 18 0.80 5 2 3 0.72 0 0.08 -22 1.29 22 -4Belgique 7 10 22 0.91 12 5 7 1.50 -3 0.66 -24 1.37 30 -2Bulgarie -6 -1 18 0.99 0 3.41 0 -0.09 -24 1.13 21 -6Canada 6 21 20 0.91 6 0.49 1 -0.55 -20 1.85 23 0Chypre1,2 -21 33 12 0.47 5 2 3 0.21 -17 7.81 -21 1.50 27 -9Danemark 2 -1 20 1.08 4 1 3 1.87 0 0.04 -22 1.10 23 -2Espagne 2 30 18 0.73 4 1 3 0.24 -2 -0.90 -19 1.35 22 0Estonie -3 5 20 0.78 0 0.00 0 0.35 -23 1.14 22 -3États-Unis 5 13 21 1.05 5 0.80 -1 1.87 -20 1.54 24 1Finlande -1 2 21 1.10 3 1 2 1.58 1 -2.95 -26 1.39 25 -4France 5 10 26 1.00 2 1 2 0.77 1 1.18 -24 1.20 26 2Grèce 1 10 19 0.85 4 1 3 0.82 -3 -5.55 -20 1.06 23 -1Hongrie 0 5 23 1.04 1.3 1.0 0.3 1.82 0 0.07 -25 1.22 25 -2Irlande 6 24 24 0.95 0 0.00 0 0.25 -18 1.48 21 6Israël 14 36 30 0.82 1 0.20 2 0.27 -19 1.53 26 11Ital ie 5 6 20 1.16 6 2 3 0.88 2 5.29 -23 1.27 26 -3Lettonie -3 5 20 0.76 0 0.69 -2 0.79 -21 1.10 22 -2Lituanie -4 -3 23 1.04 0 1.49 -4 0.83 -23 1.12 25 0Luxembourg 16 23 22 1.09 19 16 4 0.74 -3 0.63 -22 1.22 33 0Malte -4 16 25 0.83 0 0.00 -7 -3.54 -22 1.23 27 3Norvège 11 10 23 1.11 7 3 4 1.28 1 -1.18 -20 1.27 25 3Pays-Bas 3 8 21 1.00 3 1 2 1.44 0 0.22 -21 1.54 23 0Pologne -3 2 23 0.82 0 0.00 -2 0.41 -24 1.13 25 -1Portugal 1 8 20 0.92 3.1 0.5 2.6 0.76 -1 -3.28 -22 1.16 23 -1République slovaque 2 5 23 0.97 0 2.82 3 -1.94 -24 1.42 25 -1République tchèque 2 3 20 0.97 1.1 0.6 0.5 0.99 4 1.46 -24 1.11 25 -3Roumanie 0 -15 22 1.20 0 0.00 -2 0.32 -20 0.74 22 2Royaume-Uni 5 9 18 0.74 8 3 5 0.72 0 0.02 -20 0.99 23 -2Slovénie 1 9 22 0.79 2 0.2 1.9 2.25 2 -6.74 -25 1.29 25 -3Suède 5 12 21 0.85 7 2 5 1.22 0 0.12 -22 1.11 25 -2Suisse 9 13 13 0.70 19 11 8 1.52 -3 2.98 -20 1.17 28 -7Turquie 14 32 0 -6 -13 25 20Moyenne Zone euro 1 13 21 0.87 4.2 2.0 2.2 0.58 -2 1.85 -22 1.28 25 -1Moyenne UE-27 0.5 9 21 0.90 3.4 1.5 1.9 0.64 -1 1.10 -22 1.20 24 0Moyenne OCDE 4 11 21 0.92 4 0.71 -1 0.95 -22 1.24 25 -1

Croissance de la population active

Jeunes travail leurs (nouveaux entrants)

Entrées d'immigrés 2010-20 Travail leurs d'âge de forte activité

Travail leurs âgés (retraités)

Apports à la croissance de la population active en 2010-20

Surplus lié au remplacement

(entrées de jeunes + départs

en retraite des âgés)

Renouvellement net(voir les notes)

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90 – 3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE

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L’immigration sur la période 2010-20 devrait contribuer à hauteur de 4 % à la croissance de la population active en moyenne, ce qui correspond à la croissance totale de la population active prévue sur la période. Dans l’Union européenne, les immigrés contribuent à hauteur de 3 % à la croissance de la population active et permettent d’éviter un déclin de celle-ci en 20209. Seuls le Luxembourg et la Suisse, où cette contribution est de 19 %, sont très loin de cette tendance. Un grand nombre de pays de l’OCDE et de l’Union européenne enregistreraient une croissance négative de leur population active en 2020 sans la contribution positive de l’immigration.

Une baisse considérable de la contribution des immigrés est prévue sur les dix prochaines années, avec un recul moyen prévu de plus d’un tiers dans l’Union européenne, voire davantage dans les pays qui ont été les plus durement touchés par la crise économique, comme l’Irlande, l’Espagne et le Royaume-Uni. Toute croissance à venir de la population active devrait alors provenir soit d’une hausse des taux de participation, soit d’un regain de l’immigration.

Les immigrés représenteront, en moyenne, 16 % environ des entrées sur le marché du travail entre 2010 et 2020, par rapport à 24 % les dix années précédentes. Ils constitueront une plus grande part des entrées dans des pays comme la Suisse (59 %), le Luxembourg (47 %), la Belgique (35 %) ou le Royaume-Uni (30 %). Dans d’autres pays, l’immigration nette représentera une part moindre à la fois de la population active totale et des entrées sur le marché du travail, comme en Allemagne et aux Pays-Bas (12 %) ou en France (8 %), même si elle devrait contribuer de manière positive à la croissance globale de la population active.

Projections de la population active par niveau d’éducation en 2020 La population active en 2020 sera plus instruite : plus d’un individu sur trois sur le

marché du travail sera aura un niveau d’éducation tertiaire (niveau 5 ou 6 de la CITE), tandis que moins d’un sur cinq sera aura un bas niveau d’éducation (niveau 0, 1 ou 2 de la CITE)10. Le tableau 3.5 présente les projections de la population active dans les pays de l’OCDE et de l’UE en fonction du niveau d’éducation dans les deux scénarios de projection. Par rapport à 2010, les projections indiquent une augmentation de la part d’individus très instruits dans les deux scénarios (environ 3 et 4 points de pourcentage de plus qu’en 2010 en moyenne) et une diminution de la part des individus peu instruits. Toutefois, la part des individus peu instruits dans la population active restera élevée dans les pays du sud de l’Europe, comme au Portugal et en Turquie (plus de 50 % dans les deux scénarios) ou en Espagne et en Italie (plus de 30 %). Elle diminuera en revanche (10 % ou moins de la population active) aux États-Unis, au Canada et en Israël.

Ces projections prennent en considération l’amélioration du niveau d’instruction des différentes cohortes déjà présentes sur le marché du travail et se fondent, pour les 15-34 ans en 2020, soit sur la même répartition par niveau d’études des 15-34 ans en 2010 (scénario 1), soit sur le relèvement prévu du niveau d’instruction en 2020 (scénario 2). Le scénario 2 tient compte de l’amélioration du niveau d’études des cohortes de jeunes entre 2000 et 2010 et estime la progression ultérieure (voir l’annexe 3.A2 pour une explication détaillée de la méthodologie).

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3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE – 91

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Tableau 3.5. Niveau d'éducation de la population active en 2010 et projections avec différents scénarios en 2020

Pourcentages

Le scenario 1 fait l'hypothèse que les personnes âgées de 15 à 34 ans en 2020 ont la même distribution de niveaux d'éducation que celles âgées de 15 à 34 ans en 2010. Le scenario 2 fait l'hypothèse que les personnes âgées de 15 à 34 ans en 2020 ont connu la même augmentation de leur niveau d'éducation entre 2010 et 2020 que celle connue entre 2000 et 2010 par les personnes âgées de 15 à 34 ans en 2010 (cf. annexe 3.A2). 1. Note de la Turquie : Les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l’Île. Il n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ». 2. Note de tous les États de l’Union européenne membres de l’OCDE et de la Commission européenne : La République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat), 2000 et 2010 ; États-Unis : Recensement 2000 et American Community Survey 2010 ; Canada : Enquête sur la dynamique du travail et du revenu, 1997-99 et 2007-09. Israël : Enquêtes sur la population active, 2000 et 2010. Australie : Survey of Education and Work, 2001 et 2011. Projections : Pays européens : projections de la population EUROPOP2010 (Eurostat) ; autres pays : World Population Prospects – Révision 2010 ; tous les pays : estimations du BIT et projections de la population économiquement active 1990-2020.

Bas Intermédiaire Élevé Bas Intermédiaire Élevé Bas Intermédiaire ÉlevéAllemagne 16 58 26 14 59 26 14 59 28Australie 17 64 19 15 67 19 14 65 21Autriche 17 45 38 14 46 41 12 44 44Belgique 22 38 39 20 39 41 18 38 44Bulgarie 15 60 26 13 59 28 13 59 28Canada 13 30 57 11 29 60 10 30 60Chypre1,2 21 40 39 15 39 46 13 39 48Danemark 25 42 32 22 42 36 21 42 37Espagne 42 25 32 39 24 37 36 25 39Estonie 10 55 35 10 54 36 10 54 36États-Unis 12 51 38 11 50 38 10 49 41Finlande 16 47 37 13 49 38 12 48 41France 24 44 32 19 44 37 17 43 40Grèce 32 41 27 28 44 29 26 43 32Hongrie 13 64 23 12 64 24 11 64 25Irlande 19 39 42 16 40 44 14 40 46Israël 13 42 46 10 45 45 10 43 48Italie 36 47 17 33 50 18 30 48 22Lettonie 11 61 28 12 57 31 12 57 31Lituanie 6 59 36 7 53 41 7 52 42Luxembourg 20 40 40 20 41 40 18 40 42Malte 60 21 19 55 23 21 50 25 25Norvège 21 43 36 20 41 38 21 42 37Pays-Bas 26 42 32 23 43 34 21 43 36Pologne 8 66 26 6 61 32 6 61 32Portugal 63 20 17 57 23 20 54 24 22République slovaque 6 76 18 5 74 21 5 74 21République tchèque 6 76 17 5 76 19 5 76 19Roumanie 22 62 16 19 61 19 19 61 19Royaume-Uni 19 45 36 17 45 38 15 43 42Slovénie 13 61 26 10 62 28 10 61 30Suède 18 48 33 15 48 36 15 48 38Suisse 17 48 35 17 47 36 17 47 36Turquie 63 21 16 57 24 19 57 24 19Moyenne Zone euro 26 45 29 23 46 31 21 45 34Moyenne UE-27 22 50 29 19 50 31 18 49 33Moyenne OCDE 20 48 31 18 48 34 17 48 35

2010 2020 Scénario 1 2020 Scénario 2

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Dans les deux scénarios, les projections indiquent les augmentations de la part d’individus très instruits dans la population active dans la plupart des pays de l’OCDE et de l’Union européenne (graphique 3.3). Ces augmentations sont entièrement dues à l’immigration et aux effets de remplacement des cohortes, ainsi qu’à la hausse de la participation au marché du travail.

Graphique 3.3. Part de la population active ayant un niveau d'éducation tertiaire en 2010 et selon deux scénarios en 2020

Pourcentages

1. Note de la Turquie : Les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l’Île. Il n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

2. Note de tous les États de l’Union européenne membres de l’OCDE et de la Commission européenne : La République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat), 2000 et 2010 ; États-Unis : Recensement 2000 et American Community Survey 2010 ; Canada : Enquête sur la dynamique du travail et du revenu, 1997-99 et 2007-09 ; Israël : Enquête sur la population active, 2000 et 2010 ; Australie : Survey of Education and Work, 2001 et 2011. Projections : Pays européens : projections de la population EUROPOP2010 (Eurostat) ; autres pays : World Population Prospects – 2010 Revision ; tous les pays : estimations du BIT et projections de la population économiquement active 1990-2020.

Composition de l’évolution prévue des niveaux d’éducation de la population active

Le graphique 3.4 présente la décomposition démographique de l’évolution prévue des niveaux d’éducation de la population active entre 2010 et 2020 dans les deux scénarios et par rapport à l’évolution observée entre 2000 et 2010 pour les pays de l’OCDE, de l’Union européenne, de la Zone euro ainsi que pour certains pays pris séparément11.

0

10

20

30

40

50

60

702010 2020 Scénario 1 2020 Scénario 2

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3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE – 93

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Graphique 3.4. Évolution des niveaux d'éducation de la population active selon la source, 2000-10 et 2010-20

Milliers

- 60

- 40

- 20

20

40

60

- 60 000

- 40 000

- 20 000

20 000

40 000

60 000

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0S.1 S.2 S.1 S.2 S.1 S.2

Bas Intermédiaire Élevé

OCDE

Nouveaux immigrésTravailleurs d'âge de forte activitéTravailleurs âgés (retraités)Jeunes travailleurs (nouveaux entrants)Croissance de la population active sur la période (%, échelle de droite)

- 60

- 40

- 20

20

40

60

- 30 000

- 20 000

- 10 000

10 000

20 000

30 000

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

S.1 S.2 S.1 S.2 S.1 S.2

Bas Intermédiaire Élevé

États-Unis

- 40

- 30

- 20

- 10

10

20

30

40

- 4 000

- 3 000

- 2 000

- 1 000

1 000

2 000

3 000

4 000

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

S.1 S.2 S.1 S.2 S.1 S.2

Bas Intermédiaire Élevé

Canada

- 60

- 40

- 20

20

40

60

- 800

- 600

- 400

- 200

200

400

600

800

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

S.1 S.2 S.1 S.2 S.1 S.2

Bas Intermédiaire Élevé

Autriche

- 60

- 40

- 20

20

40

60

- 600

- 400

- 200

200

400

600

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

S.1 S.2 S.1 S.2 S.1 S.2

Bas Intermédiaire Élevé

Israël

- 40

- 30

- 20

- 10

10

20

30

40

- 3 000

- 2 000

- 1 000

1 000

2 000

3 000

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

S.1 S.2 S.1 S.2 S.1 S.2

Bas Intermédiaire Élevé

Australie

- 40

- 30

- 20

- 10

10

20

30

40

- 45 000

- 30 000

- 15 000

15 000

30 000

45 000

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

S.1 S.2 S.1 S.2 S.1 S.2

Bas Intermédiaire Élevé

UE-27

- 60

- 40

- 20

20

40

60

- 30 000

- 20 000

- 10 000

10 000

20 000

30 000

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

S.1 S.2 S.1 S.2 S.1 S.2

Bas Intermédiaire Élevé

Zone euro

Page 96: Gérer les migrations économiques pour mieux répondre aux … · 2014-10-02 · Ce document et toute carte qu’il peut comprendre sont sans préjudice du statut de tout territoire,

94 – 3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Graphique 3.4. Évolution des niveaux d'éducation de la population active selon la source, 2000-10 et 2010-20 (suite)

Milliers

- 60

- 45

- 30- 15

15

30 45

60

- 800

- 600

- 400- 200

200

400 600

800

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

S.1 S.2 S.1 S.2 S.1 S.2

Bas Intermédiaire Élevé

Belgique

Nouveaux immigrésTravailleurs d'âge de forte activitéTravailleurs âgés (retraités)Jeunes travailleurs (nouveaux entrants)Croissance de la population active sur la période (%, échelle de droite)

- 60

- 40

- 20

20

40

60

- 1 500

- 1 000

- 500

500

1 000

1 500

2000

-201

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

S.1 S.1 S.1

Bas Intermédiaire Élevé

République tchèque

- 30

- 20

- 10

10

20

30

40

- 600- 500- 400- 300- 200- 100

100 200 300 400

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

S.1 S.2 S.1 S.2 S.1 S.2

Bas Intermédiaire Élevé

Danemark

- 30

- 20

- 10

10

20

30

40

50

- 4 000- 3 000- 2 000- 1 000

1 000 2 000 3 000 4 0005 000

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

S.1 S.2 S.1 S.2 S.1 S.2

Bas Intermédiaire Élevé

France

- 60

- 40

- 20

20

40

60

80

- 400

- 300

- 200

- 100

100

200

300

400

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

S.1 S.2 S.1 S.2 S.1 S.2

Bas Intermédiaire Élevé

Finlande

- 20- 15- 10- 5

5 10 15 20 25 30

- 100- 80- 60- 40- 20

20 40 60 80

100

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

S.1 S.2 S.1 S.2 S.1 S.2

Bas Intermédiaire Élevé

Estonie

- 60

- 45

- 30

- 15

15

30

45

60

- 600

- 400

- 200

200

400

600

2000

-201

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

S.1 S.1 S.2

Bas Intermédiaire Élevé

Bulgarie

- 60

- 45

- 30

- 15

15

30

45

60

- 100- 80- 60- 40- 20

20 40 60 80

100

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

S.1 S.2 S.1 S.2 S.1 S.2

Bas Intermédiaire Élevé

Chypre1,2

Page 97: Gérer les migrations économiques pour mieux répondre aux … · 2014-10-02 · Ce document et toute carte qu’il peut comprendre sont sans préjudice du statut de tout territoire,

3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE – 95

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Graphique 3.4. Évolution des niveaux d'éducation de la population active selon la source, 2000-10 et 2010-20 (suite)

Milliers

- 60

- 40

- 20

20

40

60

- 8 000- 6 000- 4 000- 2 000

2 000 4 000 6 000 8 000

10 000

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

S.1 S.2 S.1 S.2 S.1 S.2

Bas Intermédiaire Élevé

Allemagne

Nouveaux immigrésTravailleurs d'âge de forte activitéTravailleurs âgés (retraités)Jeunes travailleurs (nouveaux entrants)Croissance de la population active sur la période (%, échelle de droite)

- 60

- 40

- 20

20

40

60

- 200

- 100

100

200

300

400

500

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

S.1 S.2 S.1 S.2 S.1 S.2

Bas Intermédiaire Élevé

Irlande

- 40

- 30

- 20

- 10

10

20

30

40

- 4 000

- 3 000

- 2 000

- 1 000

1 000

2 000

3 000

4 000

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

S.1 S.2 S.1 S.2 S.1 S.2

Bas Intermédiaire Élevé

Italie

- 60

- 40

- 20

20

40

60

- 40- 30- 20- 10

10 20 30 40 50 60

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

S.1 S.2 S.1 S.2 S.1 S.2

Bas Intermédiaire Élevé

Luxembourg

- 60

- 40

- 20

20

40

60

- 600

- 400

- 200

200

400

600

2000

-201

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

S.1 S.1 S.1

Bas Intermédiaire Élevé

Lituanie

- 40

- 30

- 20

- 10

10

20

30

40

- 200

- 150

- 100

- 50

50

100

150

200

2000

-201

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

S.1 S.1 S.1

Bas Intermédiaire Élevé

Lettonie

- 40

- 30

- 20

- 10

10

20

30

40

- 800

- 600

- 400

- 200

200

400

600

800

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

S.1 S.2 S.1 S.2 S.1 S.2

Bas Intermédiaire Élevé

Grèce

- 60

- 40

- 20

20

40

60

- 800

- 600

- 400

- 200

200

400

600

800

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

S.1 S.2 S.1 S.2 S.1 S.2

Bas Intermédiaire Élevé

Hongrie

Page 98: Gérer les migrations économiques pour mieux répondre aux … · 2014-10-02 · Ce document et toute carte qu’il peut comprendre sont sans préjudice du statut de tout territoire,

96 – 3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Graphique 3.4. Évolution des niveaux d'éducation de la population active selon la source, 2000-10 et 2010-20 (suite)

Milliers

- 60

- 40

- 20

20

40

60

- 40

- 30

- 20

- 10

10

20

30

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

S.1 S.2 S.1 S.2 S.1 S.2

Bas Intermédiaire Élevé

Malte

Nouveaux immigrésTravailleurs d'âge de forte activitéTravailleurs âgés (retraités)Jeunes travailleurs (nouveaux entrants)Croissance de la population active sur la période (%, échelle de droite)

- 60

- 40

- 20

20

40

60

- 4 000

- 3 000

- 2 000

- 1 000

1 000

2 000

3 000

4 000

2000

-201

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

S.1 S.1 S.1

Bas Intermédiaire Élevé

Pologne

- 40

- 30

- 20

- 10

10

20

30

40

- 1 200- 1 000

- 800- 600- 400- 200

200 400 600 800

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

S.1 S.2 S.1 S.2 S.1 S.2

Bas Intermédiaire Élevé

Portugal

- 60

- 40

- 20

20

40

60

- 200

- 150

- 100

- 50

50

100

150

200

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

S.1 S.2 S.1 S.2 S.1 S.2

Bas Intermédiaire Élevé

Slovénie

- 60

- 40

- 20

20

40

60

- 600

- 400

- 200

200

400

600

2000

-201

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

S.1 S.1 S.1

Bas Intermédiaire Élevé

République slovaque

- 40

- 30

- 20

- 10

10

20

30

40

- 2 500

- 2 000

- 1 500

- 1 000

- 500

500

1 000

1 500

2000

-201

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

S.1 S.1 S.1

Bas Intermédiaire Élevé

Roumanie

- 40- 30- 20- 10

10 20 30 40

- 1 000- 800- 600- 400- 200

200 400 600 800

1 000 1 200

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

2000

-201

0

2010

-202

0

2010

-202

0

S.1 S.2 S.1 S.2 S.1 S.2

Bas Intermédiaire Élevé

Pays-Bas

- 60

- 40

- 20

20

40

60

- 300

- 200

- 100

100

200

300

400

2010

-202

0

2010

-202

0

2010

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3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE – 97

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Graphique 3.4. Évolution des niveaux d'éducation de la population active selon la source, 2000-10 et 2010-20 (suite)

Milliers

1. Note de la Turquie : Les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l’Île. Il n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

2. Note de tous les États de l’Union européenne membres de l’OCDE et de la Commission européenne : La République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat), 2000 et 2010 ; États-Unis : Recensement 2000 et American Community Survey 2010 ; Canada : Enquête sur la dynamique du travail et du revenu, 1997-99 et 2007-09 ; Israël : Enquête sur la population active, 2000 et 2010 ; Australie : Survey of Education and Work, 2001 et 2011. Projections : Pays européens : projections de la population EUROPOP2010 (Eurostat) ; autres pays : World Population Prospects – 2010 Revision ; tous les pays : estimations du BIT et projections de la population économiquement active 1990-2020.

Dans les deux scénarios, le nombre d’individus ayant un niveau d’éducation bas qui rejoindront ou quitteront le marché du travail entre 2010 et 2020 va diminuer. En effet, avec le départ à la retraite des travailleurs âgés et la diminution des entrées dues aux immigrés, ce groupe se réduit dans beaucoup de pays. La plupart des changements

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98 – 3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

attendus se produiront au niveau des individus ayant un niveau d’instruction élevé à intermédiaire.

Le changement le plus intéressant concernant le niveau d’instruction de la population active sur la période 2010-20 par rapport à la décennie précédente est le niveau d’instruction beaucoup plus élevé des cohortes de retraités. Dans la pratique, cela signifie que l’écart entre la taille des cohortes d’entrants très instruits et celle des travailleurs qui partent à la retraite ne sera pas aussi important que celui observé au cours des dix années précédentes. Par conséquent, la taille de la population active très instruite devrait augmenter à un rythme beaucoup plus lent dans les deux scénarios.

Pourtant, même avec le recul prévu des niveaux de l’immigration et l’augmentation du nombre d’individus très instruits dans les cohortes de retraités, l’équilibre entre les entrées et les sorties de travailleurs très instruits devrait rester positif dans la plupart des pays sur la période 2010-20. Il semblerait que les taux de participation accrus des jeunes fassent plus que compenser l’impact de la différence de taille entre les cohortes d’entrants et de sortants en âge de travailler. Le scénario 2 prévoit en outre une contribution légèrement supérieure des jeunes travailleurs à la croissance de la population active ayant un niveau d’enseignement supérieur.

La composition relative de l’évolution du niveau d’instruction pour chaque pays dans les deux scénarios figure dans les graphiques 3.5a, 3.5b et 3.5.c. Le nombre de travailleurs diplômés du supérieur devrait augmenter en moyenne de 13 % ces dix prochaines années dans le scénario 1, et de 18 % dans le scénario 2 dans les pays de l’OCDE (graphique 3.5a). L’augmentation prévue entre 2010 et 2020 dans les deux scénarios est beaucoup moins forte que celle de 41 % observée entre 2000 et 2010.

La taille relative de la cohorte de retraités diplômés de l’enseignement supérieur devrait augmenter entre 2010 et 2020 de plus de 70 % par rapport à ce qui a été observé entre 2000 et 2010. Un surplus de remplacement des travailleurs diplômés de l’enseignement supérieur est prévu dans l’OCDE en moyenne dans les deux scénarios, moins important toutefois dans le scénario 1 que dans le scénario 2, lequel tient compte du relèvement du niveau d’éducation des 15-34 ans en 2020. Dans l’OCDE, le ratio des entrants diplômés de l’enseignement supérieur sur les retraités ayant un niveau d’instruction équivalent est passé de 3.5 entrants pour chaque retraité sur la période 2000-10 à 1.4 dans le scénario 1 et à 1.7 dans le scénario 2 sur la période 2010-20. Même si ces chiffres ne reflètent que l’offre de compétences, et non la demande, des pénuries de main-d’œuvre très qualifiée sont davantage susceptibles de se produire dans un tel contexte.

D’après les hypothèses migratoires actuelles, les immigrés diplômés de l’enseignement supérieur ne représenteront qu’environ 7 % de l’évolution de la population active totale sur la période 2010-20. Leur contribution moyenne aux nouvelles entrées sur le marché du travail à ce niveau d’instruction sera plus importante, avec un taux supérieur à 10 %. Il s’agit toutefois d’une contribution plutôt limitée de l’immigration, bien en-dessous des 16 % observés sur la période 2000-10. Le rôle des immigrés diplômés du supérieur sera plus important dans certains pays, notamment au Luxembourg et en Suisse (presque 60 % des entrées dans le scénario 1), en Suède (24 %) et au Royaume-Uni (22 %).

Les projections affichent une croissance positive de la main-d’œuvre ayant atteint le deuxième cycle du secondaire en moyenne dans l’OCDE de 4 % dans le scénario 1 et de 3 % dans le scénario 2 (graphique 3.5b). Les immigrés contribueront positivement à cette croissance : en moyenne 8 % des entrées (dans le scénario 1) proviendront de

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3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE – 99

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

l’immigration. D’après les hypothèses ci-dessus, leur contribution sera plus importante dans des pays comme le Royaume-Uni (20 %) et l’Espagne et le Luxembourg (17 %).

La taille de la main-d’œuvre n’ayant pas atteint le deuxième cycle du secondaire dans la zone OCDE devrait diminuer de 7 % dans le scénario 1 à 12 % dans le scénario 2 (graphique 3.5c), principalement en raison du départ à la retraite des travailleurs âgés. Plusieurs pays de l’OCDE connaîtront des baisses beaucoup plus marquées, par exemple Chypre (voir notes 2 et 3), la Finlande, la Pologne et la Slovénie.

Graphique 3.5a. Décomposition de l'évolution de la population active ayant un niveau d'éducation tertiaire, par groupe démographique et par scénario de projection, 2010-20

1. Note de la Turquie : Les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l’Île. Il n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

2. Note de tous les États de l’Union européenne membres de l’OCDE et de la Commission européenne : La République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat), 2000 et 2010 ; États-Unis : Recensement 2000 et American Community Survey 2010 ; Canada : Enquête sur la dynamique du travail et du revenu, 1997-99 et 2007-09 ; Israël : Enquête sur la population active, 2000 et 2010 ; Australie : Survey of Education and Work, 2001 et 2011. Projections : Pays européens : projections de la population EUROPOP2010 (Eurostat) ; autres pays : World Population Prospects – 2010 Revision ; tous les pays : estimations du BIT et projections de la population économiquement active 1990-2020.

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100 – 3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE

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Graphique 3.5b. Décomposition de l'évolution de la population active ayant achevé le second cycle de l'enseignement secondaire, par groupe démographique et par scénario de projection, 2010-20

1. Note de la Turquie : Les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l’Île. Il n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

2. Note de tous les États de l’Union européenne membres de l’OCDE et de la Commission européenne : La République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat), 2000 et 2010 ; États-Unis : Recensement 2000 et American Community Survey 2010 ; Canada : Enquête sur la dynamique du travail et du revenu, 1997-99 et 2007-09 ; Israël : Enquête sur la population active, 2000 et 2010 ; Australie : Survey of Education and Work, 2001 et 2011. Projections: Pays européens: projections de la population EUROPOP2010 (Eurostat) ; autres pays : World Population Prospects – 2010 Revision ; tous les pays : estimations du BIT et projections de la population économiquement active 1990-2020.

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3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE – 101

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Graphique 3.5c. Décomposition de l'évolution de la population active n'ayant pas achevé le second cycle de l'enseignement secondaire, par groupe démographique et par scénario de projection, 2010-20

1. Note de la Turquie : Les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l’Île. Il n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

2. Note de tous les États de l’Union européenne membres de l’OCDE et de la Commission européenne : La République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat), 2000 et 2010 ; États-Unis : Recensement 2000 et American Community Survey 2010; Canada : Enquête sur la dynamique du travail et du revenu, 1997-99 et 2007-09; Israël : Enquête sur la population active, 2000 et 2010 ; Australie : Survey of Education and Work, 2001 et 2011. Projections : Pays européens : projections de la population EUROPOP2010 (Eurostat); autres pays: World Population Prospects – 2010 Revision ; tous les pays : estimations du BIT et projections de la population économiquement active 1990-2020.

Ces projections migratoires s’appuient sur une contribution plus effacée des immigrés à la croissance de la population en âge de travailler et a fortiori, de la population active sur les dix prochaines années. Cette tendance peut s’expliquer en partie par l’effet perçu de la crise économique sur l’immigration, mais peut-être aussi par l’idée que tout regain de l’immigration sera difficile à faire accepter sur le plan politique. Il est peu probable que les faibles niveaux de l’immigration s’inscrivent dans la durée dans le contexte d’une croissance forte et d’un déficit de remplacement de la main-d’œuvre, ou d’ailleurs, de la lente amélioration de l’offre de main-d’œuvre nationale.

Les années 2000-10 ont été marquées par une contribution importante des immigrés peu instruits à la population active, mais cette contribution diminue dans un scénario de

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Nouveaux immigrésTravailleurs d'âge de forte activitéTravailleurs âgés (retraités)Jeunes travailleurs (nouveaux entrants)Croissance de la population active n'ayant pas achevé le deuxième cycle de l'enseignement secondaire 2010-20 (échelle de droite)

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102 – 3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

faible immigration. Dans l’OCDE, les immigrés contribueront à hauteur de 27 % dans le scénario 1 et de 39 % dans le scénario 2 aux entrées de travailleurs n’ayant pas atteint le deuxième cycle du secondaire en 2010-20, par rapport à 86 % en 2000-10.

En ce qui concerne les travailleurs très qualifiés, la contribution positive de l’immigration devrait se situer entre 9 (scénario 1) et 11 (scénario 2) points de pourcentage en moins par rapport à la décennie précédente, avec 13 % (scénario 1) et 11 % (scénario 2) d’entrées d’immigrés très qualifiés sur le marché du travail (graphique 3.6). Dans le scénario 2, les entrées nettes d’immigrés très qualifiés dans la population active seront divisées par deux voire davantage en 2010-20 en taille relative par rapport à la période 2000-10 en Allemagne, en Autriche, au Canada, en Espagne et en Italie.

Graphique 3.6. Contribution des migrations aux nouvelles entrées dans la population active ayant un niveau d'éducation tertiaire, 2000-10 et 2010-20

Pourcentages

1. Note de la Turquie : Les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l’Île. Il n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

2. Note de tous les États de l’Union européenne membres de l’OCDE et de la Commission européenne : La République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat), 2000 et 2010 ; États-Unis : Recensement 2000 et American Community Survey 2010 ; Canada : Enquête sur la dynamique du travail et du revenu, 1997-99 et 2007-09 ; Israël : Enquête sur la population active, 2000 et 2010 ; Australie : Survey of Education and Work, 2001 et 2011. Projections : Pays européens : projections de la population EUROPOP2010 (Eurostat) ; autres pays : World Population Prospects – 2010 Revision ; tous les pays : estimations du BIT et projections de la population économiquement active 1990-2020.

Pour résumer, d’après les hypothèses migratoires actuelles et les projections de la participation au marché du travail, et selon deux scénarios différents de la progression du niveau d’instruction, la population active devrait augmenter de 4 % maximum en moyenne entre 2010 et 2020 dans l’OCDE, une hausse entièrement imputable aux migrations internationales. Le changement le plus important qui aura un effet sur l’évolution du niveau d’instruction au cours de la prochaine décennie sera la forte

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GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

augmentation, par rapport à la période 2000-10, des départs à la retraite des travailleurs très instruits. Cela signifie que la croissance de la main-d’œuvre très instruite observée au cours de la décennie précédente va considérablement ralentir presque partout. Ce phénomène pourrait entraîner des pénuries de compétences dans le contexte d’une demande persistante. L’emploi est toutefois aujourd’hui gagné par une grande morosité contre laquelle de nombreux pays doivent lutter avant que les marchés du travail ne commencent à ressentir les effets des changements démographiques. Même dans l’hypothèse actuelle d’un affaiblissement considérable de l’immigration, la main-d’œuvre très instruite connaîtra néanmoins une croissance positive dans la plupart des pays au cours de la décennie.

3.4. Conclusion

Le présent chapitre a examiné l’influence de la démographie sur l’évolution du niveau d’instruction de la main-d’œuvre, afin de mieux comprendre le rôle que les immigrés ont joué à cet égard et devraient jouer à l’avenir à mesure que les marchés du travail s’adapteront au départ des baby-boomers et à l’entrée dans la vie active de cohortes de jeunes moins nombreuses.

Le niveau d’instruction des travailleurs autochtones et nés à l’étranger a progressé et devrait continuer de s’améliorer dans un futur proche, quoique de façon moins soutenue que dans le passé. En parallèle, la part des travailleurs faiblement instruits va considérablement se contracter, les immigrés représentant néanmoins une grande proportion des entrées.

Les hypothèses migratoires actuelles prévoient une baisse de l’immigration sur la période 2010-20 par rapport à la décennie précédente. Elles sont indubitablement le reflet des attentes à la suite de la grave crise économique des années 2008-09. Même avec des scénarios d’immigration plus limitée, l’immigration continuera de contribuer positivement à la croissance de la population active au cours de la décennie.

La croissance de la population active devrait s’élever en moyenne à 4 % dans l’OCDE sur la période 2010-20, soit un taux très inférieur à celui observé au cours de la décennie précédente. L’immigration sera à l’origine de la totalité de cette croissance positive, même si les entrées de travailleurs immigrés seront beaucoup moins nombreuses que sur les dix années précédentes. Dans l’Union européenne, la croissance totale de la population active devrait être pratiquement égale à zéro sur la période 2010-20, la contribution de l’immigration restant positive à environ 3 %, mais étant inférieure à celle observée au cours de la décennie précédente.

L’augmentation de la part de travailleurs très instruits devrait fortement ralentir, principalement parce que la hausse du nombre de départs à la retraite de travailleurs possédant un niveau d’instruction élevé va considérablement s’intensifier, phénomène qui n’existait pas sur la période 2000-10. Le ratio des entrants diplômés du supérieur sur les retraités ayant un niveau d’études équivalent devrait passer de 3.5 entrants pour chaque retraité sur la période 2000-10 à 1.4 dans le scénario 1 et à 1.7 dans le scénario 2 sur la période 2010-20.

Même si la croissance de la population active très instruite devrait rester positive dans la plupart des pays, elle sera inférieure à celle observée au cours de la décennie précédente. Ce ralentissement pourrait entraîner une intensification de la concurrence pour attirer les talents dans les pays de l’UE et de l’OCDE, si toutes les hypothèses sont correctes, y compris celles qui prévoient une contribution moindre de l’immigration à

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104 – 3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

l’augmentation du nombre de travailleurs très instruits. L’immigration sur la période 2010-20 devrait être beaucoup moins importante que dans le passé. On considère en outre que le niveau d’instruction des immigrés sera le même qu’au cours de la décennie précédente. Une amélioration du niveau d’instruction des travailleurs immigrés, notamment à la suite de l’orientation des politiques migratoires vers des régimes plus sélectifs, pourrait toutefois renforcer la contribution des immigrés à la main-d’œuvre très instruite.

De plus, les projections pour la période 2010-20 n’ont pas pris en considération l’impact de l’intensification potentielle des migrations au sein de l’Union européenne, à laquelle on peut s’attendre en raison de la fin des périodes transitoires découlant de l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie et à la suite des différentes initiatives prises pour promouvoir la mobilité des travailleurs à l’intérieur de l’UE. Par conséquent, le rôle des migrations internationales décrit précédemment devrait être envisagé comme une estimation minimale, notamment en ce qui concerne les travailleurs très qualifiés pour lesquels les pays de l’OCDE et les économies émergentes se font de plus en plus concurrence.

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3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE – 105

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Notes

1. Parmi les personnes qui quittent un groupe éducatif donné, par exemple, un certain nombre sont décédées ou ont quitté le pays au cours de la période considérée. L’essentiel est qu’à la fin de ladite période, elles ne fassent plus partie de la population active. De même, parmi les personnes qui entrent dans un groupe éducatif, se trouvent des expatriés nés dans le pays qui rentrent de l’étranger et qui ne sont pas identifiés spécifiquement.

2. Note de la Turquie : Les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l’Île. Il n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

3. Note de tous les États de l’Union européenne membres de l’OCDE et de la Commission européenne : La République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

4. Le groupe représentant les individus qui ont achevé leurs études exclut ceux qui ont obtenu un premier diplôme universitaire après l’âge de 25 ans. Ceux-là sont pris en compte dans les estimations du groupe des travailleurs d’âge très actif.

5. L’évolution du niveau d’instruction de la population active sur la période 2000-10 pour tous les pays figure dans le tableau 3.A2.3.

6. Les projections de l’EDPC se fondent sur une méthode de projections multi-pays, et elles sont avant tout disponibles pour les pays en développement, uniquement pour la période 2005-25. Les projections sur l’éducation de l’IIASA (2007) sont menées à plus long terme (2005-50), et portent principalement sur les tendances démographiques ; elles sont disponibles pour les pays de l’OCDE.

7. Note de la Turquie : Les informations figurant dans ce document et faisant référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l’Ile. Il n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu’une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

8. Note de tous les États de l’Union européenne membres de l’OCDE et de l’Union européenne : La République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

9. On considère que la répartition des flux migratoires en provenance de l’UE27 et de pays non membres de l’UE27 est la même en 2010-20 que celle observée en 2000-10.

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10. Les pourcentages élevés de travailleurs peu instruits s’expliquent en partie par la présence sur le marché du travail d’individus qui n’ont pas encore achevé leurs études.

11. Voir le tableau 3.A2.2. pour une vue détaillée de l’évolution du niveau d’instruction de la population active en 2000-10 et en 2010-20 dans les deux scénarios de projection.

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Références

Cedefop – European Centre for the Development of Vocational Training (2010), Skills Supply and Demand in Europe. Medium-term Forecast Up to 2020, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg.

IIASA – International Institute for Applied Systems Analysis (2007), Reconstruction of Populations by Age, Sex and Level of Educational Attainment for 120 Countries for 1970-2000, International Institute for Applied Systems Analysis, Rapport intermédiaire IR-07-002, Autriche.

Nations unies (2011), Perspectives démographiques mondiales : La révision de 2010, http://esa.un.org/unpd/wpp/index.htm (mai 2011).

OCDE (2013), OECD Skills Outlook 2013: First Results from the Survey of Adult Skills, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/9789264204256-en.

OCDE (2011a), Regards sur l'éducation 2011 – Les indicateurs de l'OCDE, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/eag_highlights-2011-fr.

OCDE (2011b), Perspectives des migrations internationales 2011, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/migr_outlook-2011-fr.

OCDE (2008), L'enseignement supérieur à l'horizon 2030. Volume 1 : Démographie, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/9789264040687-fr.

OIT – Organisation international du travail (2011), ILO Estimates and Projections of the Economically Active Population: 1990-2020 (sixth edition) – Methodological Description.

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Annexe 3.A1

Méthode utilisée pour estimer les composantes de l’évolution démographique

Les composantes de l’évolution démographique mises en lumière dans le présent chapitre ont été calculées à l’aide de plusieurs méthodes de base de comptabilité démographique appliquées à l’évolution des niveaux d’instruction.

Ces méthodes reposent grosso modo sur l’équation générale ci-après, relative à la mesure de la variation constatée pour une caractéristique particulière entre les instants T1 et T2 :

Δ(T) = E + I + Δ(PA) – R,

dans laquelle Δ(T) = variation totale observée pour cette caractéristique au cours de la période (T) ; E = nouveaux entrants non immigrés arrivés au cours de la période ; I = nouveaux immigrés arrivés au cours de la période ; Δ(PA) = variations dans le groupe des travailleurs d’âge très actif au cours de la période ; et R= départs en retraite au cours de la période.

Cela revient approximativement à dire que les variations équivalent aux flux d’entrées moins les flux de sorties, à ceci près que l’on tient compte des variations internes des effectifs et que l’on distingue entre les arrivées internes (nouveaux entrants) et externes (immigrés). Les flux de sortie externes (décès et émigration) sont pris en compte implicitement dans chacune des quatre composantes et sont à peu près soldés.

Pour la quasi-totalité des pays, la décomposition appliquée dans le présent chapitre aux changements intervenus entre 2000 et 2010 et aux changements prévus sur la période 2010-20 se fonde sur les données fournies par les enquêtes sur la population active. Nous exposerons la méthode générale pour les changements relatifs à la population active, avant d’expliquer différentes questions techniques posées par son application à des cas spécifiques. Les composantes de base sont les suivantes :

• Les nouveaux entrants correspondent à la population active âgée de 15 à 34 ans en 2010 (2020), moins les 15-24 ans qui faisaient déjà partie de la population active en 2000 (2010). Cette différence correspond approximativement au nombre de jeunes entrés sur le marché du travail au cours de la période. Il est supposé que toutes les personnes âgées de 15 à 24 ans qui faisaient partie de la population active en 2000 y figurent toujours dix ans plus tard, et qu’ils appartiennent désormais à la tranche des 25-34 ans.

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3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE – 109

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• Les retraités correspondent à la population active âgée de 45 ans et plus en 2000 (2010) moins la population active de 55 ans et plus en 2010 (2020). Les retraits temporaires et les retours précédant un départ en retraite définitif se soldent implicitement.

• Les travailleurs d’âge très actifs correspondent à la population active de 35-54 ans en 2010 (2020) moins la population active de 25-44 ans en 2000 (2010).

• Les nouveaux immigrés correspondent, pour 2010, aux immigrés qui résidaient en 2010 dans le pays depuis dix ans ou moins. Cela signifie que ce groupe est exclu de toutes les autres composantes mentionnées ci-dessus qui font intervenir des données relatives à 2010, afin d’éviter tout double comptage. Le nombre estimé d’immigrés nets en 2020 correspond à la différence entre les projections des variations moyennes et les projections d’immigration zéro en 2020. Pour des informations plus détaillées, voir l’annexe 3.A2.

Ainsi qu’on peut le vérifier, la variation nette enregistrée dans la population active chez les individus âgés de 15 ans et plus correspond à la somme de ces quatre composantes, somme parfaitement additive, sous réserve de non-réponses.

Cette décomposition des variations peut s’appliquer à chaque niveau d’instruction au sein de la population active. Toutefois, la notion de « nouveaux entrants » revêt désormais une signification plus précise, puisqu’il s’agit des personnes qui ont achevé leurs études au cours de la période examinée et qui sont entrées sur le marché du travail, compte non tenu des individus continuant de poursuivre des études. En ce qui concerne les travailleurs d’âge très actif, les variations correspondent au relèvement du niveau d’instruction dans ce groupe, mais aussi, implicitement, aux pertes pour cause d’émigration et de décès.

Les nouveaux entrants sont désormais estimés comme suit : pour 2010, les 15-24 ans ne poursuivant pas d’études en 2010 + (les 25-34 ans en 2010 – les 15-24 ans ne poursuivant pas d’études en 2000), pour chaque niveau d’instruction.

Le premier terme comprend les personnes dont le parcours éducatif était en principe terminé en 2010. S’agissant du deuxième terme, tous les 25-34 ans n’ont pas achevé leur formation. Toutefois, l’élément pertinent étant le niveau d’enseignement supérieur, on considère que les 25-34 ans qui poursuivent leurs études possèdent déjà au moins un premier diplôme de l’enseignement supérieur. Pour ceux dont ce n’est pas le cas (il y en a), une formation de niveau supérieur sera enregistrée comme une amélioration du niveau d’instruction chez les 25-44 ans en 2000 et les 35-54 ans en 2010. Cette approche n’est pas idéale, mais il est difficile de prendre en compte de manière raisonnable les cas où l’obtention d’un premier diplôme de l’enseignement supérieur intervient tardivement sans que le parcours éducatif ait été interrompu.

On soustrait des effectifs de la tranche des 25-34 ans en 2010 le nombre de personnes de la même cohorte qui avaient déjà achevé leur formation en 2000, c’est-à-dire les 15-24 ans qui, à cette date, ne poursuivaient pas d’études.

Ce type de décomposition est réalisé pour chaque niveau d’instruction afin d’obtenir une indication de la démographie de l’évolution à chaque niveau.

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Annexe 3.A2

Méthode utilisée pour estimer les niveaux d’éducation de la population active en 2020

On établit les projections du niveau d’instruction de la population active en 2020 en trois étapes : la première consiste à calculer les parts de chaque groupe éducatif dans la population active en fonction du lieu de naissance, du groupe d’âge et du sexe ; ensuite, en fonction de ces trois mêmes critères, la deuxième étape détermine la taille de la population active, et la troisième estime la taille réelle de la population active pour chaque groupe éducatif.

Le niveau d’instruction de la population active en 2020 par lieu de naissance, par groupe d’âge et par sexe est estimé à l’aide de données tirées de l’enquête d’Eurostat sur les forces de travail pour les pays européens, de l’Enquête sur les forces de travail israéliennes pour Israël, de l’ACS pour les États-Unis, de l’EDTR pour le Canada et de l’Enquête sur l’éducation et l’emploi pour l’Australie. Le niveau d’instruction des 25-54 ans en 2010 (par lieu de naissance, groupe d’âge et sexe) est appliqué aux 35-64 ans en 2020. La plupart des individus âgés de 25 à 54 ans en 2010 ont déjà terminé leurs études ; on considère qu’ils modifieront au mieux légèrement leur niveau d’instruction d’ici 2020 une fois âgés de 35 à 64 ans.

Deux scénarios différents de répartition par niveau d’éducation sont pris en compte pour les résidents de 15-34 ans en 2020 dans chaque pays. Dans le premier, on considère que les 15-34 ans en 2020 (par sexe et par groupe d’âge) seront répartis de la même façon que les 15-34 ans en 2010.

Ce premier scénario se fonde ainsi sur le non-relèvement du niveau d’instruction sur la période examinée pour les individus ayant terminé leurs études en 2010, et sur l’absence de progression ultérieure pour la cohorte des 15-34 ans en 2020 par rapport à la même cohorte en 2010. Les projections du niveau d’instruction dans le scénario 1 sont des estimations minimales, qui risquent de sous-estimer l’évolution du niveau d’instruction.

Dans le second scénario, le niveau d’instruction des 15-34 ans en 2020 (par sexe et par groupe d’âge) est estimé comme suit :

• La part des individus pour chaque niveau d’instruction (bas, intermédiaire et élevé) en 2010 est estimée en fonction de la part en 2000, de son carré et en tenant compte de l’âge et du sexe1 ;

• Ensuite, la part des individus pour chaque niveau d’instruction en 2020 est calculée en fonction de la part en 2010 à l’aide des coefficients obtenus précédemment.

Nous partons du principe que le niveau d’instruction moyen des nouveaux immigrés en 2000-10 est le même que sur la période 2010-20 (par sexe et par groupe d’âge).

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3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE – 111

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Les flux d’entrées nets d’individus nés à l’étranger étant en âge de travailler sur la période 2000-10 par âge, par sexe et par région d’origine (UE27 contre pays non membres de l’UE27 pour les pays de l’Union européenne uniquement) sont déterminés à l’aide de données tirées de l’enquête d’Eurostat sur les forces de travail pour les pays européens, de l’Enquête sur les forces de travail israéliennes pour Israël, de l’ACS pour les États-Unis, de l’EDTR pour le Canada et de l’Enquête sur l’éducation et l’emploi pour l’Australie.

Les flux d’entrées nets d’individus nés à l’étranger étant en âge de travailler sur la période 2010-20 sont estimés en proportion (constante) des flux migratoires nets, étant donné que les flux d’entrées nets d’individus nés à l’étranger sont une composante de ces derniers. Les flux migratoires nets en 2020 (par sexe et par groupe d’âge) correspondent à la différence entre la projection des variations moyennes dans l’hypothèse d’une immigration normale et celle fondée sur l’hypothèse d’une immigration zéro2 d’après les données des Perspectives démographiques mondiales 2010 pour les États-Unis, le Canada, Israël et l’Australie, et d’après les Projections de population d’Eurostat 2010 (EUROPOP2010) pour les pays européens.

Les flux d’entrées nets d’individus nés à l’étranger sont estimés en corrigeant le fait que les flux de sorties des individus nés à l’étranger et les flux d’entrées et de sorties des autochtones sont également inclus dans les projections migratoires nettes, de la façon suivante :

• Pour la période 2000-10, les flux d’entrées nets d’individus nés à l’étranger 2000-10 sont obtenus à partir des données des enquêtes sur les forces de travail et l’immigration nette 2000-10 à partir des données d’EUROPOP et de WPP, et les premiers sont calculés approximativement en tant que part constante de la dernière.

• Pour la période 2010-20, les flux d’entrées nets d’individus nés à l’étranger 2010-20 sont déterminés selon la même proportion de l’immigration nette 2010-20 qu’au cours de la décennie précédente.

Le tableau 3.A2.1 de l’annexe indique l’immigration nette et les flux d’entrées nets d’individus nés à l’étranger observés en 2000-10, ainsi que l’immigration nette et les flux d’entrées nets d’individus nés à l’étranger estimés pour la période 2010-20.

Cette approximation prend en considération les modifications de la taille de l’immigration nette en 2000-10 et les projections pour 2010-20. En clair, si on prévoit une baisse de l’immigration nette au cours de la prochaine décennie, les flux d’entrées nets d’individus nés à l’étranger diminueront en conséquence. On considère cependant que le lien entre l’immigration nette et les flux d’entrées nets d’individus nés à l’étranger est constante et a le même signe au cours des deux décennies examinées. En d’autres termes, on part du principe que tous les flux nets d’individus nés à l’étranger et autochtones dans la composante de l’immigration nette évoluent dans la même direction et au même rythme. Si les flux d’entrées et de sorties des individus nés à l’étranger et des autochtones ne vont pas dans le même sens, l’hypothèse n’est pas réaliste. Par exemple, si des autochtones quittent leur pays sous l’effet des flux d’entrées d’individus nés à l’étranger, les flux nets d’individus nés à l’étranger augmenteront tandis que les flux nets des autochtones diminueront. Il semble pourtant plausible de supposer que les motivations qui poussent des individus nés à l’étranger à se rendre dans un pays (revenus relatifs plus élevés, taux de chômage moindre, pénuries de main-d’œuvre) devraient également inciter les autochtones à ne pas quitter leur pays, et qu’elles ont beaucoup plus de poids que

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n’importe quel effet de déplacement potentiel causé par les flux d’entrée d’individus nés à l’étranger.

La part estimée des flux d’entrées d’individus nés à l’étranger étant en âge de travailler sur la période 2010-20 en provenance de l’UE27 et de pays non membres de l’UE27 (pour les pays de l’Union européenne uniquement) devrait être la même que celle observée sur la période 2000-10 (par âge et par sexe). Cette hypothèse prudente ne prend pas en considération l’augmentation de la mobilité intra-UE qui pourrait découler des différentes initiatives prises pour promouvoir la mobilité au sein de l’Union européenne ; elle devrait être considérée comme une estimation minimale.

Les projections de la population active pour 2020 par lieu de naissance sont estimées à l’aide des projections démographiques mais aussi des taux de participation au marché du travail. Les projections démographiques sont calculées au moyen d’hypothèses spécifiques relatives à la fertilité, à la mortalité et aux migrations d’après les Projections de population d’Eurostat 2010 (EUROPOP2010) pour les pays européens et les Perspectives démographiques mondiales des Nations unies 2010 (Nations unies, 2011) pour les États-Unis, le Canada, Israël et l’Australie.

Les taux estimés de la participation au marché du travail par groupe d’âge et par sexe en 2020 sont obtenus à partir des estimations et des projections de l’OIT relatives à la population économiquement active sur la période 1990-2020 (OIT, 2011). Afin de distinguer les taux de participation des autochtones et des individus nés à l’étranger, nous considérons que le taux de participation différentiel entre les premiers et les derniers en 2020 sera le même que celui observé en 2010, et nous l’appliquons au taux général de participation estimé pour 2020.

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Tableau 3.A2.1. Migration nette observée et projetée et entrées nettes de personnes nées à l'étranger, 2000-10 et 2010-20

Milliers

1. Note de la Turquie : Les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l’Île. Il n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

2. Note de tous les États de l’Union européenne membres de l’OCDE et de la Commission européenne : La République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat), 2000 et 2010 ; États-Unis : Recensement 2000 et American Community Survey 2010 ; Canada : Enquête sur la dynamique du travail et du revenu, 1997-99 et 2007-09 ; Israël : Enquête sur la population active, 2000 et 2010 ; Australie : Survey of Education and Work, 2001 et 2011. Projections : Pays européens : projections de la population EUROPOP2010 (Eurostat) ; autres pays : World Population Prospects – 2010 Revision ; tous les pays : estimations du BIT et projections de la population économiquement active 1990-2020.

2000-10 2010-20 2000-10 2010-20

Allemagne 872 528 1 966 1 190Australie 257 178 358 889Autriche 1 207 942 1 139 247Belgique 260 358 540 743Bulgarie - 63 - 78 5 6Canada 1 520 1 334 1 474 1 294Chypre1,2 75 28 95 35Danemark 90 77 155 133Espagne 3 459 1 107 3 722 1 191Estonie 1 - 5 5 0États-Unis 7 459 6 511 11 558 10 089Finlande 70 90 68 88France 820 532 1 227 796Grèce 232 211 329 299Hongrie 97 174 44 79Irlande 201 - 14 353 0Israël 235 59 191 48Italie 2 528 2 317 2 167 1 987Lettonie - 21 - 13 8 5Lituanie - 49 - 65 6 8Luxembourg 39 35 62 56Malte 10 - 3 4 0Norvège 159 187 168 199Pays-Bas 131 153 240 280Pologne - 34 117 26 0Portugal 221 179 258 210République slovaque 32 77 6 15République tchèque 211 220 71 74Roumanie - 210 37 3 0Royaume-Uni 1 313 1 291 3 012 2 963Slovénie 31 62 14 27Suède 274 297 365 395Suisse 251 384 608 929Turquie - 102 - 24 442 103Moyenne Zone euro 10 278 6 678 12 345 7 296Moyenne UE-27 11 798 8 656 15 890 10 827Moyenne OCDE 21 835 17 379 30 568 24 323

Migration nette Entrées de personnes nées à l 'étranger

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Tableau 3.A2.2. Distribution des niveaux d'éducation de la population active immigrée (2010) par région d'origine (UE-27 ou non-UE-27) et évolution 2000-10

Note : La population active comprend les actifs âgés de 15 à 64 ans. Le signe « - » fait référence aux données qui ne passent pas le seuil de publication défini par Eurostat ; les nombres entre parenthèses sont sous le seuil de publication b défini par Eurostat ; la cellule est à vide si aucune donnée n'est disponible. Les colonnes quatre, cinq et six présentent la différence entre le pourcentage de chaque niveau d'éducation parmi les travailleurs immigrés de l'UE-27 avec le pourcentage de chaque niveau d'éducation parmi les immigrés nés dans un pays hors UE-27. 1. Note de la Turquie : Les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l’Île. Il n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ». 2. Note de tous les États de l’Union européenne membres de l’OCDE et de la Commission européenne : La République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

Source : Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat), 2000-2010.

Bas Interm. Élevé Bas Interm. Élevé Bas Interm. Élevé Bas Interm. Élevé

Allemagne 27 47 27 -21 12 9Autriche 11 59 30 -26 10 16 -2 1 1 -12 7 5Belgique 27 32 41 -11 1 10 -13 1 12 -1 2 -1Bulgarie - - -Chypre1,2 21 43 36 -15 10 5 4 7 -11 3 -1 -1Danemark 15 37 49 -15 -2 18 -2 -15 17 5 -10 5Espagne 31 40 30 -17 8 9 -9 13 -4 0 7 -8Estonie - (38) (50)Finlande 21 53 26 -7 8 -1France 41 34 25 1 2 -4 -11 4 7 -5 1 4Grèce 31 49 19 -22 14 8 9 0 -9 11 -4 -7Hongrie 13 54 33 -2 7 -6 -13 17 -5 6 17 -22Irlande 15 42 43 9 15 -24 -19 12 7Italie 30 57 13 -19 18 1Lettonie (20) 55 (25) 14 -11 -3Lituanie - - -Luxembourg 23 30 46 2 -3 0 -23 1 22 -21 0 21Malte 48 23 29 2 -5 3Norvège 13 42 45 -18 9 9Pays-Bas 24 36 40 -11 -1 12 -8 0 8 -8 1 7Pologne - (51) (47)Portugal 38 35 27 -13 4 9 -17 7 10 -9 7 2République slovaque - 57 30République tchèque 13 64 23 2 0 -1Roumanie - - -Royaume-Uni 14 54 32 -1 10 -10 -12 18 -6 -12 15 -4Slovénie (11) (58) (31)Suède 20 39 41 -10 3 7 -2 -8 10 2 -9 7Suisse 23 36 41 -9 -6 15Moyenne Zone euro 27 43 32 -9 4 5 -8 7 3 -7 5 2Moyenne UE-27 24 45 33 -7 3 3 -8 7 2 -5 7 0

Immigrés de l'UE-27 Évolution de la part 2000-10

Distribution 2010 Comparés aux immigrés de pays non UE-27

Immigrés de l'UE-27 Immigrés de pays non UE-27

Pourcentages Points de pourcentage Points de pourcentage Points de pourcentage

Page 117: Gérer les migrations économiques pour mieux répondre aux … · 2014-10-02 · Ce document et toute carte qu’il peut comprendre sont sans préjudice du statut de tout territoire,

3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE – 115

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Tableau 3.A2.3. Évolution des niveaux d'éducation de la population active selon la source, 2000-10 et 2010-20

Total UE-27 Non UE 27

Bas 2000-2010 7 146 -20 709 -6 966 6 467 -16S.1 2010-2020 13 955 -20 561 -1 326 5 196 -7S.2 2010-2020 8 053 -20 561 -1 326 5 196 -12

Intermédiaire 2000-2010 42 788 -28 911 -5 667 9 076 11S.1 2010-2020 41 459 -41 885 - 842 7 461 4S.2 2010-2020 37 523 -41 885 - 842 7 461 3

Élevé 2000-2010 37 045 -13 621 9 529 7 535 55S.1 2010-2020 39 132 -30 167 - 645 5 715 13S.2 2010-2020 48 973 -30 167 - 645 5 715 19

Bas 2000-2010 5 870 -18 458 -4 863 3 675 990 2 682 -21S.1 2010-2020 7 161 -14 771 - 192 2 524 850 1 674 -11S.2 2010-2020 2 989 -14 771 - 192 2 524 850 1 674 -16

Intermédiaire 2000-2010 27 124 -18 986 -4 860 5 006 2 211 2 792 8S.1 2010-2020 23 671 -25 899 46 3 534 1 274 2 259 1S.2 2010-2020 21 274 -25 016 19 3 534 1 274 2 259 1

Élevé 2000-2010 20 134 -7 263 6 347 3 038 1 159 1 878 49S.1 2010-2020 19 477 -14 173 135 2 303 825 1 477 11S.2 2010-2020 23 735 -13 380 73 2 303 825 1 477 18

Bas 2000-2010 4 924 -12 572 -3 509 3 126 761 2 363 -17S.1 2010-2020 5 495 -11 325 - 131 2 029 666 1 362 -12S.2 2010-2020 2 157 -11 325 - 131 2 029 666 1 362 -19

Intermédiaire 2000-2010 17 463 -10 533 - 594 3 103 1 312 1 789 16S.1 2010-2020 14 460 -15 030 410 2 116 713 1 402 4S.2 2010-2020 13 591 -15 030 410 2 116 713 1 402 3

Élevé 2000-2010 12 434 -4 826 3 784 2 138 877 1 260 44S.1 2010-2020 11 331 -8 922 85 1 291 444 846 10S.2 2010-2020 15 560 -8 922 85 1 291 444 846 19

Bas 2000-2010 1 080 -2 436 -1 919 366 110 256 -48S.1 2010-2020 424 -1 167 33 291 99 192 -7S.2 2010-2020 59 -1 167 33 291 99 192 -13

Intermédiaire 2000-2010 7 143 -4 946 - 528 457 219 239 12S.1 2010-2020 4 136 -5 745 208 353 120 233 -4S.2 2010-2020 3 791 -5 745 208 353 120 233 -6

Élevé 2000-2010 2 634 -2 127 1 776 499 233 267 31S.1 2010-2020 2 061 -2 963 76 264 90 175 -5S.2 2010-2020 2 772 -2 963 76 264 90 175 1

Bas 2000-2010 204 - 565 -149 62 -18S.1 2010-2020 227 - 554 6 44 -14S.2 2010-2020 1 - 554 6 44 -25

Intermédiaire 2000-2010 1 374 - 420 2 345 30S.1 2010-2020 1 082 - 884 27 263 9S.2 2010-2020 891 - 884 27 263 6

Élevé 2000-2010 1 292 - 319 598 493 78S.1 2010-2020 1 253 - 793 61 409 22S.2 2010-2020 1 670 - 793 61 409 32

Bas 2000-2010 71 - 183 -47 60 13 48 -11S.1 2010-2020 27 - 164 -1 52 22 30 -13S.2 2010-2020 - 7 - 164 -1 52 22 30 -18

Intermédiaire 2000-2010 605 - 386 -69 121 69 52 11S.1 2010-2020 549 - 554 -2 103 43 60 3S.2 2010-2020 494 - 554 -2 103 43 60 1

Élevé 2000-2010 174 - 73 70 61 37 24 40S.1 2010-2020 178 - 200 -1 39 17 23 2S.2 2010-2020 269 - 200 -1 39 17 23 14

Bas 2000-2010 128 - 370 -189 105 40 66 -23S.1 2010-2020 136 - 340 -23 162 71 91 -6S.2 2010-2020 34 - 340 -23 162 71 91 -16

Intermédiaire 2000-2010 413 - 209 -13 111 56 56 19S.1 2010-2020 407 - 389 -56 189 83 106 8S.2 2010-2020 373 - 389 -56 189 83 106 6

Élevé 2000-2010 516 - 178 13 134 79 55 35S.1 2010-2020 497 - 398 -58 219 96 122 14S.2 2010-2020 634 - 398 -58 219 96 122 21

Croissance de la population active sur la période (%)

Année

OCDE

Autriche

Belgique

Jeunes travailleurs (nouveaux entrants)

Travailleurs âgés

(retraités)

Travailleurs d'âge de

forte activité

Niveau d'éducation Scénario

Nouveaux immigrés

UE-27

Zone euro

Australie

Allemagne

Page 118: Gérer les migrations économiques pour mieux répondre aux … · 2014-10-02 · Ce document et toute carte qu’il peut comprendre sont sans préjudice du statut de tout territoire,

116 – 3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Tableau 3.A2.3. Évolution des niveaux d'éducation de la population active selon la source, 2000-10 et 2010-20 (suite)

Total UE-27 Non-UE 27

Bas 2000-2010 44 -287 -104 0.0 0.0 0.0 -41S.1 2010-2020 87 -152 -1 0.0 0.0 0.0 -13

Intermédiaire 2000-2010 376 -320 99 0.5 0.0 0.5 8S.1 2010-2020 324 -469 -14 2.0 0.2 1.7 -8

Élevé 2000-2010 207 -132 95 0.9 0.2 0.7 24S.2 2010-2020 216 -221 8 2.8 0.2 2.5 1

Bas 2000-2010 233 - 263 - 158 117 3S.1 2010-2020 151 - 553 5 127 -11S.2 2010-2020 89 - 553 5 127 -14

Intermédiaire 2000-2010 912 - 574 - 318 354 10S.1 2010-2020 811 -992 30 480 6S.2 2010-2020 858 -992 30 480 7

Élevé 2000-2010 2 456 - 800 451 950 79S.1 2010-2020 2 721 -2 187 109 449 10S.2 2010-2020 2 735 -2 187 109 449 10

Bas 2000-2010 3 -24 -10 26 9 17 -6S.1 2010-2020 5 -42 -11 9 4 5 -39S.2 2010-2020 -3 -42 -11 9 4 5 -47

Intermédiaire 2000-2010 23 -12 1 29 16 13 33S.1 2010-2020 15 -42 -37 12 5 7 -23S.2 2010-2020 13 -42 -37 12 5 7 -24

Élevé 2000-2010 51 -7 3 20 10 10 79S.1 2010-2020 48 -35 -47 8 3 4 -11S.2 2010-2020 57 -35 -47 8 3 4 -7

Bas 2000-2010 68 -63 61 16 2 14 19S.1 2010-2020 55 -174 -1 30 10 20 -12S.2 2010-2020 9 -174 -1 30 10 20 -19

Intermédiaire 2000-2010 204 -351 -189 22 6 17 -20S.1 2010-2020 249 -277 -2 43 14 29 1S.2 2010-2020 258 -277 -2 43 14 29 2

Élevé 2000-2010 239 -149 81 21 9 12 33S.1 2010-2020 268 -188 1 41 13 28 13S.2 2010-2020 305 -188 1 41 13 28 17

Bas 2000-2010 1 326 -2 012 - 251 1 275 251 1 025 3S.1 2010-2020 1 435 -2 397 - 150 357 98 258 -8S.2 2010-2020 650 -2 397 - 150 357 98 258 -16

Intermédiaire 2000-2010 1 018 - 157 190 1 070 356 714 60S.1 2010-2020 918 - 829 - 92 372 102 270 7S.2 2010-2020 1 147 - 829 - 92 372 102 270 12

Élevé 2000-2010 2 175 - 340 415 644 213 430 60S.1 2010-2020 1 911 -1 150 - 170 190 52 137 10S.2 2010-2020 2 471 -1 150 - 170 190 52 137 17

Bas 2000-2010 18 -28 -4 0.3 0.3 0.0 -18S.1 2010-2020 14 -11 -1 0.0 0.0 0.0 3S.2 2010-2020 13 -11 -1 0.0 0.0 0.0 2

Intermédiaire 2000-2010 82 -64 -21 0.7 0.2 0.5 0S.1 2010-2020 64 -84 -4 0.0 0.0 0.0 -6S.2 2010-2020 63 -84 -4 0.0 0.0 0.0 -7

Élevé 2000-2010 65 -37 16 2.5 1.1 1.4 25S.1 2010-2020 57 -58 1 0.0 0.0 0.0 0S.2 2010-2020 58 -58 1 0.0 0.0 0.0 1

Bas 2000-2010 1 027 -3 442 -2 003 2 495 -16S.1 2010-2020 2 501 -2 580 - 185 2 263 13S.2 2010-2020 1 064 -2 580 - 185 2 263 4

Intermédiaire 2000-2010 14 153 -9 551 - 983 3 142 11S.1 2010-2020 15 153 -15 071 - 823 2 820 3S.2 2010-2020 12 734 -15 071 - 823 2 820 0

Élevé 2000-2010 13 276 -5 345 2 164 2 681 28S.1 2010-2020 14 691 -13 085 - 667 2 116 5S.2 2010-2020 18 547 -13 085 - 667 2 116 12

Travailleurs d'âge de

forte activité

Travailleurs âgés

(retraités)

Jeunes travail leurs (nouveaux entrants)

Année

Croissance de la population active sur la période (%)

Espagne

Bulgarie

Chypre1,2

ScénarioNiveau

d'éducation

Nouveaux immigrés

Estonie

Danemark

Canada

États-Unis

Page 119: Gérer les migrations économiques pour mieux répondre aux … · 2014-10-02 · Ce document et toute carte qu’il peut comprendre sont sans préjudice du statut de tout territoire,

3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE – 117

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Tableau 3.A2.3. Évolution des niveaux d'éducation de la population active selon la source, 2000-10 et 2010-20 (suite)

Total UE-27 Non-UE 27

Bas 2000-2010 26 - 204 -44 16 6 10 -36S.1 2010-2020 37 - 142 1 19 6 13 -21S.2 2010-2020 12 - 142 1 19 6 13 -27

Intermédiaire 2000-2010 266 - 155 -30 20 8 13 7S.1 2010-2020 287 - 280 13 36 12 24 4S.2 2010-2020 239 - 280 13 36 12 24 1

Élevé 2000-2010 222 - 131 64 9 3 6 19S.1 2010-2020 241 - 260 17 18 6 12 2S.2 2010-2020 316 - 260 17 18 6 12 9

Bas 2000-2010 802 -2 268 - 129 270 70 200 -16S.1 2010-2020 1 025 -2 307 19 230 63 167 -15S.2 2010-2020 342 -2 307 19 230 63 167 -25

Intermédiaire 2000-2010 2 834 -1 998 14 226 65 161 10S.1 2010-2020 3 114 -2 931 85 183 50 133 4S.2 2010-2020 2 899 -2 931 85 183 50 133 2

Élevé 2000-2010 3 029 - 851 303 254 67 187 45S.1 2010-2020 3 300 -1 622 147 233 63 170 23S.2 2010-2020 4 204 -1 622 147 233 63 170 33

Bas 2000-2010 142 - 558 9 138 23 115 -14S.1 2010-2020 198 - 504 -42 125 28 96 -14S.2 2010-2020 83 - 504 -42 125 28 96 -21

Intermédiaire 2000-2010 424 - 191 -75 82 28 54 12S.1 2010-2020 439 - 292 -72 80 20 61 7S.2 2010-2020 400 - 292 -72 80 20 61 5

Élevé 2000-2010 440 - 93 92 26 7 19 53S.1 2010-2020 353 - 237 -48 27 7 20 7S.2 2010-2020 507 - 237 -48 27 7 20 17

Bas 2000-2010 86 -241 -19 3 3 1 -23S.1 2010-2020 101 -164 -4 9 7 2 -10S.2 2010-2020 51 -164 -4 9 7 2 -19

Intermédiaire 2000-2010 504 -451 0 14 11 3 2S.1 2010-2020 610 -659 -9 30 22 8 -1S.2 2010-2020 611 -659 -9 30 22 8 -1

Élevé 2000-2010 317 -134 112 12 10 2 47S.1 2010-2020 284 -243 19 17 13 4 8S.2 2010-2020 332 -243 19 17 13 4 13

Bas 2000-2010 11 -116 -52 25 22 4 -26S.1 2010-2020 62 -136 -4 0 0 0 -18S.2 2010-2020 17 -136 -4 0 0 0 -29

Intermédiaire 2000-2010 148 -55 -59 86 71 16 15S.1 2010-2020 193 -124 -2 0 0 0 8S.2 2010-2020 178 -124 -2 0 0 0 6

Élevé 2000-2010 258 -28 84 108 65 42 103S.1 2010-2020 237 -106 -2 0 0 0 16S.2 2010-2020 297 -106 -2 0 0 0 23

Bas 2000-2010 46 -73 7 13 -2S.1 2010-2020 71 -95 5 4 -5S.2 2010-2020 51 -95 5 4 -11

Intermédiaire 2000-2010 378 -88 -54 36 32S.1 2010-2020 393 -176 29 10 24S.2 2010-2020 334 -176 29 10 18

Élevé 2000-2010 419 -122 71 61 53S.1 2010-2020 440 -293 22 14 16S.2 2010-2020 519 -293 22 14 22

Bas 2000-2010 535 -2 801 - 684 617 176 441 -21S.1 2010-2020 1 259 -2 514 113 621 232 389 -6S.2 2010-2020 473 -2 514 113 621 232 389 -15

Intermédiaire 2000-2010 2 412 -1 063 251 693 369 325 24S.1 2010-2020 2 654 -2 297 344 607 228 379 11S.2 2010-2020 2 254 -2 297 344 607 228 379 8

Élevé 2000-2010 1 125 - 417 543 156 62 94 49S.1 2010-2020 1 110 - 979 161 147 56 91 10S.2 2010-2020 2 300 - 979 161 147 56 91 38

Année

Jeunes travail leurs (nouveaux entrants)

Travail leurs d'âge de

forte activité

Croissance de la population active sur la période (%)

Italie

Niveau d'éducation Scénario

Travail leurs âgés

(retraités)

Nouveaux immigrés

Israël

France

Grèce

Finlande

Hongrie

Irlande

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118 – 3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Tableau 3.A2.3. Évolution des niveaux d'éducation de la population active selon la source, 2000-10 et 2010-20 (suite)

Total UE-27 Non-UE 27

Bas 2000-2010 38 - 53 - 9 0.4 0.0 0.4 -16S.1 2010-2020 32 - 21 - 2 0.2 0.0 0.2 7

Intermédiaire 2000-2010 140 - 122 - 50 3.4 0.2 3.1 -4S.1 2010-2020 102 - 156 - 14 1.6 0.1 1.5 -10

Élevé 2000-2010 108 - 38 35 1.9 0.0 1.9 52S.1 2010-2020 91 - 65 - 4 2.2 0.1 2.1 8

Bas 2000-2010 7 - 97 - 18 0.0 0.0 0.0 -53S.1 2010-2020 31 - 15 - 4 0.0 0.0 0.0 13

Intermédiaire 2000-2010 168 - 62 86 1.6 0.2 1.5 25S.1 2010-2020 143 - 238 - 37 2.5 0.2 2.2 -14

Élevé 2000-2010 197 - 182 - 153 2.9 0.5 2.4 -19S.1 2010-2020 196 - 115 - 26 4.0 0.4 3.6 10

Bas 2000-2010 5 -15 -13 7 6 1 -28S.1 2010-2020 8 -11 -1 9 8 2 9S.2 2010-2020 1 -11 -1 9 8 2 -4

Intermédiaire 2000-2010 18 -13 -5 11 8 2 12S.1 2010-2020 26 -23 -4 10 8 2 8S.2 2010-2020 24 -23 -4 10 8 2 6

Élevé 2000-2010 14 -5 9 30 25 5 124S.1 2010-2020 18 -17 -3 26 21 5 31S.2 2010-2020 26 -17 -3 26 21 5 42

Bas 2000-2010 20 -23 -1 0.7 0.3 0.4 -4S.1 2010-2020 22 -29 -7 0.0 0.0 0.0 -12S.2 2010-2020 13 -29 -7 0.0 0.0 0.0 -20

Intermédiaire 2000-2010 11 -3 -1 0.7 0.3 0.4 26S.1 2010-2020 10 -6 -3 0.0 0.0 0.0 4S.2 2010-2020 12 -6 -3 0.0 0.0 0.0 10

Élevé 2000-2010 15 0 5 0.7 0.4 0.3 181S.1 2010-2020 12 -5 -3 0.0 0.0 0.0 13S.2 2010-2020 19 -5 -3 0.0 0.0 0.0 35

Bas S.1 2010-2020 83 - 79 2 43 16 27 9S.2 2010-2020 103 - 79 2 43 16 27 13

Intermédiaire S.1 2010-2020 224 - 252 3 72 28 44 4S.2 2010-2020 248 - 252 3 72 28 44 6

Élevé S.1 2010-2020 278 - 169 10 54 20 34 19S.2 2010-2020 245 - 169 10 54 20 34 15

Bas 2000-2010 233 - 361 -91 50 14 36 -8S.1 2010-2020 287 - 539 -8 75 22 53 -8S.2 2010-2020 85 - 539 -8 75 22 53 -17

Intermédiaire 2000-2010 715 - 511 -210 51 18 33 2S.1 2010-2020 795 - 699 -14 89 26 63 5S.2 2010-2020 786 - 699 -14 89 26 63 4

Élevé 2000-2010 748 - 216 173 58 26 31 41S.1 2010-2020 777 - 595 -9 85 25 60 9S.2 2010-2020 993 - 595 -9 85 25 60 17

Bas 2000-2010 183 -1 126 - 315 1.1 0.1 0.8 -47S.1 2010-2020 155 - 479 -29 0.0 0.0 0.0 -25

Intermédiaire 2000-2010 2 546 -2 194 -1 111 8.4 2.2 6.2 -7S.1 2010-2020 2 192 -3 050 -271 0.0 0.0 0.0 -10

Élevé 2000-2010 2 204 - 391 613 7.6 3.3 4.3 118S.1 2010-2020 1 842 - 827 -47 0.0 0.0 0.0 21

Bas 2000-2010 384 - 811 -48 92 10 82 -10S.1 2010-2020 521 - 918 -53 74 12 62 -11S.2 2010-2020 360 - 918 -53 74 12 62 -16

Intermédiaire 2000-2010 347 - 47 7 81 14 67 62S.1 2010-2020 277 - 102 -12 63 10 53 23S.2 2010-2020 350 - 102 -12 63 10 53 30

Élevé 2000-2010 362 - 52 63 26 7 19 81S.1 2010-2020 287 - 121 -13 26 4 22 20S.2 2010-2020 377 - 121 -13 26 4 22 30

Lettonie

Travailleurs d'âge de

forte activité

Travailleurs âgés

(retraités)

Jeunes travail leurs (nouveaux entrants)

AnnéeScénarioNiveau

d'éducation

Nouveaux immigrésCroissance de la population active sur la période (%)

Lituanie

Luxembourg

Norvège

Portugal

Malte

Pologne

Pays-Bas

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3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE – 119

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Tableau 3.A2.3. Évolution des niveaux d'éducation de la population active selon la source, 2000-10 et 2010-20 (suite)

1. Note de la Turquie : Les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l’Île. Il n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ». 2. Note de tous les États de l’Union européenne membres de l’OCDE et de la Commission européenne : La République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre. Source : Pays européens : Enquêtes sur la population active (Eurostat), 2000 et 2010; États-Unis : Recensement 2000 et American Community Survey 2010 ; Canada : Enquête sur la dynamique du travail et du revenu, 1997-99 et 2007-09; Israël : Enquête sur la population active, 2000 et 2010 ; Australie : Survey of Education and Work, 2001 et 2011. Projections : Pays européens : projections de la population EUROPOP2010 (Eurostat) ; autres pays : World Population Prospects – 2010 Revision; tous les pays : estimations du BIT et projections de la population économiquement active 1990-2020.

Total UE-27 Non-UE 27

Bas 2000-2010 33 - 86 -26 0.7 0.7 0.0 -32S.1 2010-2020 24 - 58 3 0.1 0.0 0.1 -19

Intermédiaire 2000-2010 390 - 318 -75 1.3 0.5 0.9 -1S.1 2010-2020 442 - 488 46 6.2 3.7 1.9 0

Élevé 2000-2010 191 - 36 63 1.9 1.4 0.5 82S.1 2010-2020 165 - 117 29 4.6 3.2 1.3 17

Bas 2000-2010 39 -192 -60 6 2 4 -40S.1 2010-2020 44 -101 10 5 3 2 -13

Intermédiaire 2000-2010 740 -791 76 35 20 15 1S.1 2010-2020 765 -929 137 37 19 18 0

Élevé 2000-2010 295 -104 114 13 8 6 53S.1 2010-2020 257 -205 49 14 7 7 13

Bas 2000-2010 294 -1 984 -5 0.6 0.0 0.6 -41S.1 2010-2020 400 - 621 -22 0.0 0.0 0.0 -12

Intermédiaire 2000-2010 1 185 - 878 - 901 0.6 0.6 0.0 -10S.1 2010-2020 1 170 -1 033 - 168 0.0 0.0 0.0 -1

Élevé 2000-2010 684 - 237 126 0.7 0.6 0.1 59S.1 2010-2020 550 - 227 -17 0.0 0.0 0.0 20

Bas 2000-2010 171 -1 816 - 881 521 222 299 -26S.1 2010-2020 693 -1 451 - 8 354 141 213 -7S.2 2010-2020 - 12 -1 451 - 8 354 141 213 -19

Intermédiaire 2000-2010 3 717 -3 220 -2 256 1 816 859 957 -1S.1 2010-2020 2 105 -2 693 - 17 1 217 485 731 4S.2 2010-2020 1 716 -2 693 - 17 1 217 485 731 2

Élevé 2000-2010 3 385 -1 032 1 524 837 250 587 64S.1 2010-2020 2 724 -2 031 - 6 783 313 470 13S.2 2010-2020 3 817 -2 031 - 6 783 313 470 23

Bas 2000-2010 15 - 55 -14 1.9 0.1 1.8 -26S.1 2010-2020 11 - 46 0 5.1 0.5 4.5 -22S.2 2010-2020 2 - 46 0 5.1 0.5 4.5 -29

Intermédiaire 2000-2010 159 - 103 -27 5.9 0.5 5.4 4S.1 2010-2020 133 - 143 13 13.0 1.4 11.2 3S.2 2010-2020 126 - 143 13 13.0 1.4 11.2 1

Élevé 2000-2010 92 - 26 38 1.7 0.7 0.9 68S.1 2010-2020 77 - 60 6 4.3 0.5 3.7 11S.2 2010-2020 94 - 60 6 4.3 0.5 3.7 17

Bas 2000-2010 112 - 250 - 2 75 12 62 -1S.1 2010-2020 67 - 270 0 98 23 75 -13S.2 2010-2020 32 - 270 0 98 23 75 -17

Intermédiaire 2000-2010 537 - 365 36 55 15 39 14S.1 2010-2020 469 - 481 3 86 20 66 3S.2 2010-2020 416 - 481 3 86 20 66 1

Élevé 2000-2010 386 - 247 71 109 40 69 25S.1 2010-2020 468 - 337 11 148 34 114 19S.2 2010-2020 555 - 337 11 148 34 114 24

Bas 2000-2010 52 - 173 - 3 92 47 44 -6S.1 2010-2020 - 3 - 133 - 12 177 106 71 4

Intermédiaire 2000-2010 396 - 415 - 151 156 97 58 0S.1 2010-2020 313 - 460 - 70 279 167 112 3

Élevé 2000-2010 280 - 86 113 234 167 67 59S.1 2010-2020 256 - 282 - 56 354 216 138 20

Bas S.1 2010-2020 4 246 -2 623 - 991 23 4S.2 2010-2020 4 246 -2 623 - 991 23 4

Intermédiaire S.1 2010-2020 2 270 - 346 - 242 14 31S.2 2010-2020 2 270 - 346 - 242 14 31

Élevé S.1 2010-2020 1 897 - 349 - 230 22 32S.2 2010-2020 1 897 - 349 - 230 22 32

Niveau d'éducation Scénario Année

Jeunes travail leurs (nouveaux entrants)

Travail leurs âgés

(retraités)

Travail leurs d'âge de

forte activité

République slovaque

Slovénie

Suède

République tchèque

Nouveaux immigrésCroissance de la population active sur la période (%)

Royaume-Uni

Suisse

Turquie

Roumanie

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120 – 3. COMPÉTENCES ACTUELLES ET FUTURES DE LA MAIN-D’OEUVRE

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Notes

1. Pour certains pays, il n’a pas été possible d’estimer la part des individus pour chaque niveau d’instruction en 2010 en fonction de la part en 2000, notamment si les données n’étaient pas disponibles en 2000.

2. Les hypothèses relatives aux variations moyennes de l’immigration déterminent les flux migratoires futurs « sur la base des estimations passées des migrations internationales et en tenant compte de la stratégie politique de chaque pays eu égard aux flux migratoires futurs » (Nations unies, 2011). L’hypothèse de l’immigration zéro considère que les migrations internationales sont nulles à compter de 2010.

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4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES – 121

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Chapitre 4

Évolution de la structure des professions et utilisation des compétences des personnes nées dans le pays ou immigrées : Analyse démographique

Georges Lemaître OCDE

Au cours de la dernière décennie, les professions hautement qualifiées ont généralement connu une forte croissance, les emplois peu qualifiés un peu moins, tandis que les professions moyennement qualifiées voyaient leur importance se réduire ou se maintenir à peine.

Dans les professions en croissance rapide, il y a eu un surplus de nouveaux entrants par rapport aux personnes partant à la retraite, qui étaient en majorité des autochtones. Mais de nombreux nouveaux immigrés ont également été embauchés pour ces emplois, ce qui semble indiquer que l’offre de travail des autochtones n’était pas suffisante pour combler tous les besoins. Par ailleurs, les nouveaux immigrés n’ont remplacé qu’une partie des personnes partant à la retraite dans les professions en déclin. Ceci suggère que les pénuries de main-d’œuvre et de compétences constatées et à venir ne sont pas seulement fonction des déséquilibres démographiques dans la population active ; elles dépendent largement des variations naturelles de la demande de compétences spécifiques et de la possibilité d’y répondre à partir des sources existantes.

Pour certains immigrés, un faible niveau d’instruction confine leurs options professionnelles aux emplois peu qualifiés ; pour d’autres, la formation et l’expérience professionnelles acquises à l’étranger ne leur permettent pas toujours de rivaliser avec les compétences des jeunes actifs fraîchement diplômés ou des travailleurs d’âge de forte activité ayant déjà trouvé leur place sur le marché du travail. Les immigrés intra-UE sont proportionnellement plus nombreux à débuter sur des postes hautement qualifiés que les immigrés hors Union européenne, mais la situation des pays est très variable selon les pays en ce qui concerne l’importance des emplois hautement qualifiés. Enfin, l’évolution des professions sur la décennie 2000-10 se caractérise par une tendance à la féminisation des emplois hautement qualifiés et par une présence plus grande des femmes dans les professions en croissance plutôt que dans celles en déclin. Les hommes sont par ailleurs surreprésentés dans les professions en net déclin. La même situation s’observe chez les immigrés, qu’ils soient originaires de l’Union européenne ou non.

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122 – 4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES

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4.1. Introduction

Au cours de la prochaine décennie et au-delà, la population en âge de travailler et la population active de la plupart des pays de l’OCDE connaîtront d’importantes mutations démographiques, en raison du départ en retraite d’un nombre croissant de baby-boomers, qui seront remplacés par des cohortes plus jeunes et moins nombreuses. Cette évolution se traduit souvent par des pénuries de main-d’œuvre et de compétences sur le marché du travail, d’où l’impérieuse nécessité de former ou de recycler les chômeurs et les personnes sous-employées, de mobiliser les inactifs, de mieux utiliser les compétences des personnes ayant un emploi et, éventuellement, de faire venir davantage de travailleurs immigrés. L’évolution démographique s’inscrit dans le contexte d’un marché du travail en mutation permanente : transferts de ressources des entreprises et des secteurs moins productifs vers ceux qui le sont davantage, délocalisations d’emplois et apparition de nouveaux besoins de main-d’œuvre. Certaines professions se développent rapidement, d’autres déclinent.

Quel rôle jouent les nouveaux entrants, les travailleurs d’âge très actif et, surtout, les immigrés dans l’évolution de la structure des professions ? Comment le marché du travail et les entreprises s’adapteront-ils aux mutations du paysage démographique ?

Afin d’éclairer les mutations à venir à l’aide de données contextuelles, le présent chapitre débute par une analyse démographique de l’évolution des professions au cours du passé récent, en particulier la décennie 2000-10. Les personnes qui avaient entre 55 et 64 ans en 2010, dont près de 40 % étaient déjà à la retraite et qui représentaient près de la moitié des retraités au cours de la décennie 2000-10, constituent la première génération de baby-boomers nés dans les dix années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale1. Bien que le vieillissement de la population active ne fasse que commencer, il peut être utile d’analyser la dynamique de l’évolution des professions sous un angle démographique pour mieux comprendre la nature des mutations à venir.

L’analyse ci-après commence par décomposer l’évolution de la structure des professions suivant la contribution qu’y apportent les nouveaux entrants, les personnes d’âge très actif, les travailleurs partant en retraite et, surtout, les immigrés. L’objectif est d’obtenir un tableau plus clair de la question du déséquilibre démographique qui est au cœur des discussions sur le vieillissement, afin de voir comment ce déséquilibre se manifeste concrètement et de déterminer le rôle que jouent les immigrés dans le processus. Comme on le verra, le tableau n’est pas aussi simple qu’on ne le croit parfois.

La première partie de ce chapitre expose dans ses grandes lignes la méthodologie générale qui sera appliquée pour les analyses qui suivront. Vient ensuite une brève section dans laquelle est examinée la relation entre les immigrés présents sur le marché du travail et la demande de main-d’œuvre. La section suivante décompose, par groupe démographique, l’évolution constatée entre 2000 et 2010 dans la répartition des emplois. La section 4.4 porte sur l’évolution des professions et les migrations intra-UE, tandis que la section 4.5 aborde la problématique hommes-femmes. La dernière section tire les conclusions de l’analyse.

4.2. Principales constatations

• Entre 2000 et 2010, le niveau d’instruction des nouveaux venus sur le marché du travail a été beaucoup plus élevé que celui des travailleurs partant en retraite. Le niveau de formation des nouveaux immigrés se situait entre celui des entrants et

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4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES – 123

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celui des retraités, avec une proportion plus élevée de travailleurs très instruits que parmi les retraités, mais aussi une plus forte proportion de travailleurs peu instruits que parmi les nouveaux entrants.

• Durant cette période, non seulement les nouveaux entrants sur le marché du travail avaient un niveau de formation plus élevé, mais ils étaient aussi plus nombreux. Pour chaque travailleur justifiant d’un bon niveau d’études qui a pris sa retraite, en Europe comme aux États-Unis, près de trois sont entrés sur le marché du travail ; c’est l’inverse qui s’est produit, en revanche, pour les personnes ayant un niveau d’instruction peu élevé.

• Les immigrés ont représenté pendant ces dix années, respectivement, 47 % et 70 % de l’augmentation de la population active aux États-Unis et en Europe, mais 21 % et 14 % seulement pour ce qui est de la main-d’œuvre ayant un niveau d’instruction élevé. Ils contribuent donc davantage, dans la plupart des pays, au maintien du volume de la population active qu’au relèvement du niveau des qualifications.

• Les contributions aux variations observées dans les professions pendant la décennie reflètent celles apportées aux variations du niveau d’études de la population active. Les entrées de jeunes actifs dans les métiers en forte expansion (hautement qualifiés pour la plupart) ont été de loin plus nombreuses que les départs en retraite. De même, le nombre des départs en retraite a largement dépassé celui des entrées dans les professions en fort déclin. De fait, plus de 40 % des variations nettes dans les professions s’expliquent par les arrivées de jeunes actifs et les départs en retraite de travailleurs âgés.

• Au cours de cette décennie, les nouveaux immigrés ont représenté 15 % des entrées dans les professions en nette expansion en Europe, et 22 % aux États-Unis. Ils jouent donc un rôle important dans les secteurs les plus dynamiques de l’économie, même lorsque l’essentiel de l’immigration ne répond pas à une demande précise.

• Dans le même temps, les immigrés ont représenté respectivement 24 % et 28 % des entrées dans les professions en fort déclin en Europe et aux États-Unis.

• En moyenne, près de la moitié des emplois peu qualifiés sont occupés par des immigrés, mais les écarts sont considérables d’un pays à l’autre. Dans certains pays, la part des immigrés est très élevée, d’où un risque de segmentation du marché du travail, les emplois peu qualifiés devenant alors le domaine exclusif de cette catégorie de travailleurs.

• Dans les pays où l’immigration de travail est plus importante, les migrants contribuent davantage au relèvement du niveau de qualification de la population active et aux professions en expansion.

• L’utilisation d’un modèle reposant sur le déséquilibre démographique pour analyser l’évolution de la population active et celle des professions semble inappropriée, compte tenu des importantes disparités qui existent, du point de vue du niveau d’études, entre les cohortes entrantes et sortantes, ainsi qu’entre les entrées et les sorties enregistrées dans les métiers en expansion et en déclin. Il n’est donc pas possible d’évaluer sur cette seule base la nécessité potentielle de recourir à l’immigration pour faire face au vieillissement de la population. Il faut également tenir compte de l’évolution de la nature même des emplois, qui

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apparaît plus dynamique que les variations constatées dans la pyramide des âges de la population et de la population active.

• Le rôle des immigrés intra-UE et hors UE dans l’évolution de la structure des professions semble varier selon le marché du travail des pays de destination. Il n’y a qu’en Irlande et au Royaume-Uni que les immigrés originaires de l’Union européenne acceptent plus d’emplois moins qualifiés que les immigrés hors UE. Cette situation apparaît clairement comme une conséquence de l’immigration vers ces deux pays en provenance des pays concernés par l’élargissement de l’Union européenne.

• En Europe du Sud, les nouveaux immigrés sont relativement peu nombreux à occuper des emplois hautement qualifiés, qu’ils viennent d’Europe ou d’ailleurs, alors que dans les nouveaux États membres, la part des immigrés occupant ces emplois est proportionnellement élevée mais ils sont peu nombreux en valeur réelle. Le modèle général semble être le suivant : les immigrés intra-UE sont proportionnellement plus nombreux à débuter dans des emplois hautement qualifiés que les immigrés hors UE, mais moins nombreux que les autochtones entrant sur le marché du travail. La question de savoir s’il y aura convergence des modèles d’occupation des emplois des nouveaux entrants dépendra de la nature des flux migratoires.

• On observe sur la décennie 2000-10 une augmentation de nombre de jeunes femmes à occuper des emplois hautement qualifiés et en développement par rapport aux jeunes hommes, ainsi qu’une augmentation du nombre de jeunes hommes occupant les emplois les plus en déclin. La situation est identique pour les immigrés, qu’ils viennent de l’Union européenne ou non, ce qui semble indiquer un profond bouleversement du marché du travail, probablement dû à l’évolution des niveaux de formation des hommes et des femmes. Les écarts entre les sexes en matière de compétences professionnelles sont assez importants et peuvent constituer un élément à prendre en compte dans l’action publique au regard du vieillissement des populations.

4.3. Évolution de la structure des professions : étude démographique

Méthodologie générale Les analyses présentées ici examinent l’évolution observée (dans la répartition des

professions et les niveaux de compétences) au moyen d’un cadre de comptabilité démographique. En bref, la variation nette sur une période donnée, pour une caractéristique particulière, est décomposée selon qu’elle est le fait de jeunes actifs, de nouveaux immigrés, de travailleurs d’âge très actif et de travailleurs âgés, les composantes liées à l’âge étant estimées en comparant la situation de « pseudo-cohortes d’âge » en 2000 et en 2010 respectivement (cf. annexe 4.A1 pour plus de détails). L’approche fondée sur les pseudo-cohortes tient implicitement compte des effets de l’émigration et de la mortalité, qu’il n’est pas possible d’observer directement2.

En outre, les caractéristiques étant observées en deux points différents dans le temps, il est fait abstraction des multiples changements qui ont pu se produire au cours de la période. Un travailleur peut changer plusieurs fois d’emploi, sinon de profession, au cours de la période considérée, mais, pour le calcul de la variation nette, seuls sont pris en considération les emplois et les professions occupés au début et à la fin de la période. On

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notera également que selon la méthode des pseudo-cohortes, une grande partie des changements constatés concernant les travailleurs jeunes et les plus âgés seront dus, respectivement, aux arrivées sur le marché du travail et aux départs en retraite. Pour les classes d’âge considérées, ces deux facteurs l’emportent largement sur le changement d’emploi dans le calcul de la variation nette. Dans la pratique, cela fait que les contributions à l’évolution dans la population active et dans les professions imputables aux travailleurs jeunes et plus âgés sont toujours respectivement positives et négatives du point de vue de la main-d’œuvre comme du point de vue de chaque profession. Ainsi, pour les différents pays, la variation nette de l’emploi concernant les travailleurs jeunes et plus âgés représente en moyenne environ 87 % des emplois pour une cohorte d’entrées (25-34 ans en 2010) et 80 % des emplois pour une cohorte de sorties (45-54 ans en 2000). S’agissant des travailleurs d’âge très actif, en revanche, la mesure des variations nettes peut occulter un nombre considérable de changements qui, parce qu’ils se compensent mutuellement, son invisibles, les nouvelles recrues palliant les départs dus à des démissions et à des licenciements. Les données utilisées ici proviennent de l’Enquête sur les forces de travail de l’Union européenne pour les pays européens, de l’American Community Survey pour les États-Unis et de l’Enquête sur la dynamique du travail et du revenu (EDTR) pour le Canada.

Rôle des immigrés sur le marché du travail Avant d’étudier plus en détail les données d’observation, il est utile de se pencher sur

la relation entre la demande de main-d’œuvre et la présence de nouveaux immigrés sur le marché du travail. Cette question revêt un intérêt particulier du fait que la plupart des immigrés qui arrivent n’ont manifestement pas été recrutés directement depuis l’étranger pour des emplois précis nécessitant de la main-d’œuvre, mais ont émigré pour des raisons familiales ou humanitaires, voire par le biais de filières illégales. Bon nombre d’entre eux sont entrés sur le marché du travail dès leur arrivée ou plus tard, et ont été embauchés à des postes dont le niveau de qualification ne correspond pas toujours à leur formation théorique. De ce point de vue, leur cas n’a rien d’exceptionnel : certains jeunes qui entrent sur le marché du travail se trouvent dans la même situation. Toutefois, certains immigrés arrivent sans vraiment maîtriser la langue de leur pays de destination, et avec des compétences et une expérience acquises à l’étranger, dans un contexte économique différent, qui pourront se révéler difficiles à exploiter sur le marché et le lieu de travail du pays d’accueil.

Il n’en reste pas moins que de nombreux immigrés, en particulier ceux qui arrivent dans le cadre d’un régime de libre circulation ou par des moyens illégaux, peuvent avoir été informés au préalable des possibilités d’emploi par les médias ou par des réseaux de migrants, notamment des amis ou des proches installés dans le pays de destination. Il arrive même qu’un emploi les attende directement.

Il en va de même pour les migrants qui entrent chaque année sur le marché du travail alors qu’ils sont venus initialement pour des raisons autres que le travail et qu’ils se sont vu accorder une autorisation de séjour d’une autre catégorie. Ainsi, d’après une étude portant sur les entrées d’immigrés dans la population active en France au cours de la période 2004-06, il s’agissait dans 90 % des cas de migrants motivés par d’autres aspects que le travail, à un moment où les recrutements directs représentaient moins de 5-10 % du total des entrées dans le pays (Léger, 2008). Plus des trois quarts des entrées sur le marché du travail de migrants appartenant à ce groupe se sont produites dans l’année qui a suivi leur arrivée.

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Les statistiques et résultats présentés dans ce chapitre sont le reflet de l’impact sur le marché du travail d’immigrés hétérogènes, les personnes n’ayant pas été recrutées spécifiquement par les employeurs se trouvant dans leur majorité dans de nombreux de pays. Si la migration de travail devient plus importante à court ou à moyen terme, on peut s’attendre à un changement dans l’impact de la migration en général, car il y aura plus d’immigrés arrivant pour des emplois spécifiques et relativement moins qui entrent sur le marché du travail pour chercher un emploi comme n’importe quel autre résident du pays. L’expérience des pays concernés par la migration de travail pourrait être instructive pour les pays qui s’attendent à accroître leur migration de travail dans les décennies suivantes.

Nature de l’évolution de la structure des professions – résultats antérieurs Compte tenu de l’amélioration sensible, au cours de la dernière décennie, du niveau

de formation des jeunes actifs entrant dans la population active des pays de l’OCDE, on pouvait s’attendre à des évolutions analogues du point de vue de la répartition des professions et des niveaux de qualification des emplois sur le marché du travail. Toutefois, avec l’élévation des niveaux d’instruction, il se pourrait qu’une proportion croissante d’entrants soit surqualifiée par rapport aux emplois disponibles. Il semblerait dès lors que la hausse des niveaux de formation soit induite par l’offre davantage que par la demande. Ainsi qu’on le verra ultérieurement, le niveau de qualification des emplois est également en hausse.

L’analyse des tendances en matière de composition de l’emploi révèle une amélioration régulière des compétences entre 1950 et 2010 (Handel, 2010). La répartition des emplois selon les professions s’est modifiée : un premier glissement a eu lieu de l’agriculture vers les métiers de la production, suivi d’un autre en direction des professions intellectuelles et scientifiques et des professions intermédiaires.

Il ne fait donc guère de doute que la demande de travailleurs qualifiés s’est accrue dans les pays de l’OCDE au cours des décennies écoulées. Ce phénomène a longtemps été interprété avant tout comme une conséquence du progrès technologique (voir Autor et Katz, 1999, à propos des ouvrages qui abordent la question du changement technologique favorisant les compétences).

Parallèlement à cette progression de l’emploi dans les métiers plus spécialisés, cependant, les métiers peu qualifiés se sont développés tandis que les professions moyennement qualifiées ont reculé. Cette polarisation des emplois s’observe dans plusieurs pays de l’OCDE. Acemoglu et Autor (2010) dépeignent l’expansion simultanée, aux États-Unis et dans l’Union européenne, de la part des emplois dans les professions très qualifiées à haut salaire et dans les professions peu qualifiées à bas salaire. Selon eux, la description des nouvelles tendances qui caractérisent la distribution des emplois nécessite un cadre complexe tenant compte des « interactions entre les compétences des travailleurs, les tâches inhérentes aux emplois, les progrès technologiques et l’évolution des perspectives commerciales ».

Plusieurs facteurs pourraient expliquer la polarisation des emplois. Autor, Levy et Murnane (2003) ont avancé une hypothèse fondée sur la routinisation : certains emplois moyennement qualifiés ou manuels disparaissent du fait des avancées technologiques, et la demande relative augmente concernant les emplois comportant des tâches non routinières. Ces dernières ne sont pas seulement des tâches abstraites supposant un niveau d’études élevé, mais aussi des tâches manuelles non répétitives, qui caractérisent de nombreux métiers du secteur des services : soins aux personnes âgées, services de sécurité, etc.

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D’autres facteurs pourraient être en partie responsables de la baisse du nombre d’emplois dans certains métiers : le développement de la délocalisation et des sous-traitances, rendues plus faciles, entre autres, par les progrès technologiques, et l’évolution des institutions du marché du travail. Goos, Manning et Salomons (2009, 2010) voient dans la routinisation le principal facteur expliquant la polarisation des emplois et, en même temps, la délocalisation. Les institutions du marché du travail qui influent sur les salaires relatifs semblent avoir un rôle plus limité à cet égard.

Michaels, Natraj et VanReenen (2010) ont montré que la polarisation des emplois découle principalement de l’avancée des technologies de l’information et de la communication (TIC), qui accroît la demande relative de travailleurs hautement qualifiés et réduit les besoins en travailleurs de niveau intermédiaire.

4.4. Ampleur de l’évolution de la structure des professions entre 2000 et 2010

Dans quelle mesure la structure des professions évolue-t-elle ? L’importance des changements constatés dépendra de la qualité du prisme : plus le pouvoir grossissant sera fort, plus nombreuses seront les variations observées. Les données utilisées pour les analyses ci-après s’appuient généralement sur la Classification internationale type des professions (OIT, 1988), qui classe 390 professions jusqu’à un niveau de détail correspondant à des codes à quatre chiffres. Cependant, pour les besoins des analyses présentées ici, c’est la classification à deux chiffres (soit 27 groupes)3 qui a été retenue. Elle représente un compromis intéressant entre, d’une part, la finesse de la résolution et, d’autre part, la variabilité des échantillons, le changement étant mesuré au niveau de chaque profession.

La période sur laquelle porte l’analyse (2000-10) englobe la crise économique et la lente reprise de 2009-10. Dans les faits, cela signifie que l’évolution observée peut s’avérer partiellement cyclique, dans le sens où un déclin peut correspondre à une augmentation du chômage dans certains groupes de métiers.

Le tableau 4.1 énumère les types d’emplois dans les pays d’Europe et aux États-Unis et donne, pour chacun d’eux, les taux de croissance enregistrés entre 2000 et 2010, ainsi que la part dans l’emploi, par profession, pour l’ensemble des travailleurs et pour les immigrés. S’agissant des pays européens, sur les treize professions qui présentent un taux de croissance supérieur à 15 % pour cette période, trois seulement n’entrent pas dans une catégorie d’emplois hautement qualifiés : les manœuvres de l'agriculture, de la pêche et assimilés, le personnel des services directs aux particuliers et des services de protection et de sécurité, et les employés non qualifiés des services et de la vente. Les métiers dans lesquels le déclin atteint au moins 15 % sont l’artisanat, les industries manufacturières ou les emplois qualifiés dans l’agriculture et dans la pêche.

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Tableau 4.1. Professions en croissance et en déclin, 2000-10 Pourcentages

Pays européens

Note : CITP-88 : Classification internationale type des professions, version 1988.

États-Unis

Note : SOC - Standard Occupational Classification.

Source : Pays européens: Enquêtes sur les forces de travail ; Recensement 2000 et American Community Survey pour les États-Unis. Voir le tableau 4.A2.1 de l’annexe.

Code CITP-88Croissance

2000-10

Part moyenne de l 'emploi

2010(tous les

travai lleurs)

Part moyenne de l'emploi

2010 (immigrés)

24 Autres spécialistes des professions intel lectuelles et scientifiques 52 5.8 5.421 Spécialistes des sciences physiques, mathématiques et techniques 50 3.9 4.132 Professions intermédiaires des sciences de la vie et de la santé 43 3.0 2.433 Professions intermédiaires de l'enseignement 39 1.5 1.011 Membres de l 'exécutif et des corps législatifs, et cadres supérieurs de l 'administration publique 28 0.2 0.234 Autres professions intermédiaires 36 8.9 6.012 Directeurs de société 29 4.2 3.551 Personnel des services directs aux particuliers et des services de protection et de sécurité 25 9.9 12.131 Professions intermédiaires des sciences physiques et techniques 22 4.0 2.822 Spécialistes des sciences de la vie et de la santé 22 2.2 2.492 Manœuvres de l 'agriculture, de la pêche et assimilés 22 0.5 1.023 Spécialistes de l 'enseignement 21 4.6 3.091 Employés non qualifiés des services et de la vente 21 6.4 13.642 Employés de réception, caissiers, guichetiers et assimilés 12 2.1 1.752 Modèles, vendeurs et démonstrateurs 10 5.5 5.293 Manœuvres des mines, du bâtiment et des travaux publics, des industries manufacturières et des transports 6 2.5 4.383 Conducteurs de véhicules et d'engins lourds de levage et de manœuvre 5 4.0 3.871 Artisans et ouvriers des métiers de l'extraction et du bâtiment -1 5.4 7.013 Dirigeants et gérants -3 3.3 3.141 Employés de bureau -6 8.6 5.581 Conducteurs d'instal lations et de matériels fixes et assimilés -11 0.9 0.972 Artisans et ouvriers des métiers de la métal lurgie, de la construction mécanique et assimilés -12 4.7 3.961 Agriculteurs et ouvriers qualifiés de l'agriculture et de la pêche destinées aux marchés -16 3.3 1.382 Conducteurs de machines et ouvriers de l'assemblage -19 2.6 3.574 Autres artisans et ouvriers des métiers de type artisanal -29 1.7 1.873 Artisans et ouvriers de la mécanique de précision, des métiers d'art, de l 'imprimerie et assimilés -31 0.6 0.5

Toutes les professions 9 100.0 100.0

Code SOCCroissance

2000-10

Part de l'emploi 2010

(tous les travail leurs)

Part de l 'emploi 2010

(immigrés)39 Soins et services aux personnes 37 3.6 4.431 Auxil iaires de santé 35 2.5 2.837 Entretien et propreté des bâtiments et des jardins 31 4.0 8.329 Professionnels et techniciens de la santé 27 5.5 5.035 Cuisiniers et serveurs 26 5.7 8.221 Professions des services sociaux et communautaires 21 1.7 1.033 Professions de la protection sociale 20 2.3 1.125 Enseignants, formateurs et bibl iothécaires 18 6.3 3.913 Professions liées aux opérations commerciales et financières 16 4.7 3.611 Gestionnaires 12 9.7 7.415 Professions des sciences mathématiques et de l 'informatique 8 2.5 3.445 Métiers de l'agriculture, de la pêche et de la sylviculture 8 0.7 2.141 Vendeurs et assimilés 6 11.2 9.053 Transporteurs 4 6.1 6.827 Professions artistiques, du design, du divertissement, sportives et des médias 4 1.9 1.519 Professions des sciences biologiques, physiques et sociales 1 0.9 1.223 Juristes 0 1.0 0.547 Métiers de la construction et de l 'extraction -2 5.1 7.717 Métiers de l'architecture et de l 'ingénierie -6 1.8 2.043 Métiers de bureau et d'appui administratif -6 13.6 9.149 Métiers liés à l'instal lation, la maintenance et la réparation -17 3.2 2.651 Métiers de la production -25 5.9 8.4

Toutes les professions 6 100.0 100.0

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Aux États-Unis, la situation apparaît moins tranchée. Bien que la classification des professions n’associe aucun niveau de compétences ou de formation aux différents groupes de professions, on peut plus ou moins distinguer entre les emplois qui paraissent globalement plus qualifiés et ceux qui le sont moins. Il s’agit des catégories numérotées de 1 à 10 dans le tableau 4.1, pour lesquelles le pourcentage de travailleurs diplômés de l’enseignement supérieur varie entre 55 % et 85 % environ. Elles sont comparables aux groupes des professions intellectuelles et scientifiques, des cadres supérieurs et des directeurs dans les pays européens (grands groupes 11 à 26 de la CITP), pour lesquels le pourcentage de travailleurs diplômés de l’enseignement supérieur varie de 55 à 90 %4.

Sur les neuf groupes de professions dont le taux de croissance est supérieur à 15 % aux États-Unis, cinq correspondent à des emplois moins qualifiés, les deux groupes réunissant le plus grand nombre de métiers très qualifiés étant ceux des professionnels et techniciens de santé, et des professionnels de l’éducation, de la formation et de la documentation. Parmi les groupes où le déclin est très marqué figurent les installateurs, les agents d’entretien et les réparateurs (-17 %), ainsi que les agents de production (-25 %).

Pendant les années 2000 à 2010, la répartition des professions dans les pays de l’OCDE a connu une évolution d’environ dix points de pourcentage en moyenne (graphique 4.1) ; en d’autres termes, il faudrait réaffecter 10 % des personnes employées en 2010 pour revenir à une répartition des professions identique à celle de 2000. Ainsi que le montrent les chiffres, une bonne partie des pays ayant accueilli d’importants contingents de travailleurs immigrés pendant cette décennie – Espagne, Irlande, Italie, Luxembourg et Royaume-Uni, par exemple – ont également connu une évolution croissante des professions. Ce n’est pourtant pas le cas partout. Ainsi, les États-Unis, la Grèce et la Suisse ont également connu une forte immigration de travail, mais l’évolution des professions y est moindre.

Graphique 4.1. Évolution totale de la répartition des emplois, par profession, 2000-10

Note : Les valeurs représentent l’indice de dissimilarité entre les distributions des années 2000 et 2010, respectivement. L’indice est la moitié de la somme des valeurs absolues des différences dans la proportion de travailleurs dans chaque profession en 2000 et 2010. Il peut être interprété comme le pourcentage de travailleurs en 2010 qui être affectés à d’autres professions pour garder inchangée la distribution des professions entre 2000 et 2010. 1. Note de la Turquie : les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l'Île. Il n'y a pas d'autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l'Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre-Nord (RTCN). Jusqu'à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ». 2. Note de tous les États de l'Union européenne membres de l'OCDE et de la Commission européenne : la République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre. Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail ; États-Unis : Recensement 2000 et American Community Survey. Voir le tableau 4.A2.1 de l’annexe.

02468

101214161820

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Une évolution de 10 % de la répartition des emplois ne semble pas énorme. À titre de comparaison, le taux net de renouvellement de la population active5 au cours de cette période pour les quatre groupes démographiques considérés a représenté 25 % de la population active de 2000. Une évolution de 10 % de la répartition des professions par rapport à ce renouvellement de 25 % serait effectivement considérable si elle était intégralement due aux entrées et aux sorties. Pourtant, certains changements concernent également la main-d’œuvre d’âge très actif, lorsque certains travailleurs changent de métier : exploitation dans une profession des compétences et de l’expérience acquises dans une autre, perfectionnement des connaissances, formation.

Ventilation démographique de l’évolution de la structure des professions Pour les besoins des analyses présentées dans cette section, les groupes de

professions ont été divisés en quintiles pour chaque pays, la désignation du quintile reposant sur la croissance de l’emploi dans la profession concernée au cours de la décennie 2000-10. Chaque quintile comprend donc environ 20 % du total des emplois de 2010 pour chaque pays6. Les changements enregistrés à l’intérieur de chaque quintile sont ensuite ventilés en diverses composantes selon la méthode classique : changements dus aux jeunes actifs, aux immigrés entrés entre 2000 et 2010, aux travailleurs d’âge très actif et aux travailleurs âgés. Une forte proportion des changements constatés pour les travailleurs jeunes et plus âgés étant liés, respectivement, aux entrées sur le marché du travail et aux départs en retraite, les groupes de jeunes actifs et de travailleurs âgés sont parfois désignés ci-après par les termes « nouveaux entrants » et « retraités ».

Le groupement en quintiles de croissance facilite l’examen plus approfondi de différentes questions d’intérêt particulier concernant les immigrés récents, tout en fournissant également des informations relatives à d’autres groupes démographiques. Il est particulièrement intéressant de se pencher sur la contribution de chaque groupe à la croissance et au déclin de certaines professions, ainsi que sur l’éventuel rôle particulier des immigrés à cet égard.

Le graphique 4.2 présente la synthèse des premiers résultats par quintile pour les pays européens considérés dans leur ensemble, pour les États-Unis et pour un certain nombre d’autres pays de l’OCDE. Il indique la contribution de chaque groupe démographique à l’évolution observée, en matière d’emplois, dans chaque quintile de croissance entre 2000 et 2010. On trouvera dans l’annexe 4.A1 les données sur lesquelles se fondent les graphiques ainsi que des données similaires pour tous les autres pays où les échantillons de main-d’œuvre immigrée sont assez significatifs pour permettre ce genre d’analyse. Les résultats relatifs au bloc des pays européens et aux États-Unis sont similaires à plusieurs égards.

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4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES – 131

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Graphique 4.2. Contributions à l'évolution des professions selon la source et le quintile de croissance de la profession, 2000-10

Milliers

Source : Pays européens: Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat) ; États-Unis : Recensement 2000 et American Community Survey ; Canada : Enquête sur la dynamique du travail et du revenu. Voir le tableau 4.A2.1 de l’annexe.

- 60- 45- 30- 15

15 30 45 60

- 20 000- 15 000- 10 000

- 5 000

5 000 10 000 15 000 20 000

1 2 3 4 5

Quintile

Europe

Travailleurs âgés (retraités) Travailleurs d'âge de forte activitéNouveaux immigrés Jeunes travailleurs (nouveaux entrants)Croissance de l'emploi 2000-10 (%, échelle de droite)

- 60

- 40

- 20

20

40

60

- 3 000

- 2 000

- 1 000

1 000

2 000

3 000

1 2 3 4 5

Quintile

France

- 24- 16- 8

8 16 24 32

- 3 000- 2 000- 1 000

1 000 2 000 3 000 4 000

1 2 3 4 5

Quintile

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- 60- 40- 20

20 40 60 80

- 1 800- 1 200

- 600

600 1 200 1 800 2 400

1 2 3 4 5

Quintile

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- 50- 40- 30- 20- 10

10 20 30 40 50

- 600

- 400

- 200

200

400

600

1 2 3 4 5

Quintile

Sweden

- 40

- 20

20

40

- 400

- 200

200

400

1 2 3 4 5

Quintile

Suisse

- 45

- 30

- 15

15

30

45

- 12 000

- 8 000

- 4 000

4 000

8 000

12 000

1 2 3 4 5

Quintile

États-Unis

- 40

- 20

20

40

60

- 1 000

- 500

500

1 000

1 500

1 2 3 4 5

Quintile

Canada

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132 – 4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

On relèvera en premier lieu que, de manière générale, le nombre de travailleurs âgés quittant certaines professions s’amenuise à mesure que l’on passe des métiers en net déclin à ceux qui connaissent une forte expansion. Inversement, le nombre de jeunes entrant sur le marché du travail augmente à mesure que l’on passe des métiers en recul à ceux qui se développent. De fait, le solde moyen entre les entrées de jeunes actifs et les sorties de travailleurs âgés représente entre 35 % et 60 % de la variation nette de l’emploi dans chacun des quintiles de croissance professionnelle en Europe, aux États-Unis et au Canada (tableau 4.2). En d’autres termes, une part considérable de la variation nette des professions s’explique par le renouvellement des générations dans la population active, c’est-à-dire par l’arrivée de jeunes actifs et le départ de travailleurs âgés. Une telle évolution était en partie prévisible ; la force du lien qui existe entre cette évolution d’une part et, de l’autre, les entrées et les sorties l’était déjà moins. Les données semblent indiquer que pour les professions sur le déclin, certains postes dont les titulaires prennent leur retraite sont supprimés et que les recrutements de jeunes actifs concernent fréquemment des emplois nouveaux. Soulignons cependant que les tendances ne sont pas toujours aussi nettes dans les différents pays.

Tableau 4.2. Entrées et sorties dans les professions et croissance de l'emploi, 2000-10

Note : Les entrées font référence aux entrées de jeunes travailleurs et les sorties aux départs à la retraite des travailleurs âgés. Les chiffres des entrées et sorties présentés sont nets des changements de profession effectués par les travailleurs jeunes et âgés.

Source : Pays européens: Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat) ; États-Unis : Recensement 2000 et American Community Survey ; Canada : Enquête sur la dynamique du travail et du revenu. Voir le tableau 4.A2.1 de l’annexe.

Parallèlement au schéma général observé pour les travailleurs jeunes et âgés, on constate que les travailleurs d’âge très actif délaissent les professions sur le déclin au profit de celles qui sont en plein essor. En sus de la mobilité professionnelle, cette évolution intègre plusieurs autres phénomènes : la mortalité et l’émigration, les départs suite à une démission ou à un licenciement, le retour à l’emploi de chômeurs ou d’inactifs, en particulier de femmes rejoignant le marché du travail après une absence. Tant les changements professionnels pour ce groupe de population que les arrivées de jeunes actifs sur le marché du travail en disent long sur la direction de l’évolution de la structure des professions en général (coefficients de corrélation avec le taux de croissance de respectivement 0.80 et 0.85 pour l’ensemble des professions)7. L’évolution imputable aux travailleurs âgés (notamment les départs à la retraite) constitue une covariable plus faible (0.62), celle due aux entrées d’immigrés sur le marché du travail étant plus faible encore (0.35).

Il est fort possible que les caractéristiques particulières des entrées d’immigrés dans les différentes professions (répartition égale entre les quintiles aux États-Unis et forte présence dans le dernier quintile en Europe) soient associées au faible niveau moyen d’instruction de ces personnes ou à la nature des compétences qu’elles apportent dans leur pays d’accueil. Les nouveaux immigrés ne maîtrisent pas toujours la langue aussi bien

Croissance 2000-10

Contribution des entrées-sorties à la

croissance de l 'emploi

Part des entrées-

sorties dans la croissance

de l 'emploi

Croissance 2000-10

Contribution des entrées-sorties à la

croissance de l 'emploi

Part des entrées-

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de l 'emploi

Croissance 1998-2008

Contribution des entrées-sorties à la

croissance de l 'emploi

Part des entrées-

sorties dans la croissance

de l 'emploi1 -22 -12 55 -14 -7 52 -1 -1 962 -1 -2 291 1 1 123 16 5 343 12 4 36 9 3 31 20 12 574 26 10 37 20 13 64 33 20 615 49 22 44 31 16 51 54 31 58

Quintile de croissance de la

profession

Pays européens États-Unis Canada

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4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES – 133

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

que les autochtones et arrivent parfois avec des compétences et une expérience que les employeurs ne reconnaissent pas ou qui s’avèrent difficiles à exploiter dans un environnement de travail différent.

Le graphique 4.2 montre aussi que les entrées nettes sont beaucoup plus nombreuses que les départs à la retraite dans les professions des deux premiers quintiles de croissance. La notion de remplacement ne semble donc guère pertinente pour ces professions, bien que le surplus d’entrées par rapport aux sorties n’exclut pas la possibilité d’une pénurie. Les pénuries peuvent être régionales, affecter des professions ou des domaines d’étude très spécifiques, ou concerner des compétences de haut niveau pour lesquelles l’offre intérieure est limitée. On ne peut exclure la possibilité de recrutements à l’étranger dans certains cas particuliers, mais les données d’observation dont on dispose ne plaident pas en faveur de l’argument démographique qui explique les besoins prévus en main-d’œuvre par le départ à la retraite de nombreux travailleurs de la génération des baby-boomers. Il semble que l’évolution de la nature de la demande de main-d’œuvre, et plus particulièrement des professions, pèse plus lourdement dans la balance.

Alors que de nouveaux emplois sont créés, beaucoup d’autres disparaissent (dernier quintile). Autrement dit, seule une fraction des travailleurs qui quittent ces emplois pour prendre leur retraite sont remplacés. Le rôle des nouveaux immigrés peut alors s’avérer crucial, surtout lorsque les emplois en question ne paraissent pas attrayants pour la population active locale.

Dans la quasi-totalité des pays, les immigrés sont moins nombreux parmi les entrées dans les professions des deux derniers quintiles que dans les deux premiers, mais l’écart est légèrement moins marqué que dans le cas des nouveaux entrants (tableau 4.3). Certains pays font exception, cependant : le Danemark, la Norvège, les Pays-Bas et la République tchèque, où les immigrés se dirigent moins souvent vers les métiers à forte croissance que vers ceux dont le développement est moindre. Les premiers quintiles correspondant aux professions qui se développent, on s’attend logiquement à ce que certains groupes s’y trouvent surreprésentés, mais il n’était pas acquis d’avance, loin s’en faut, que les immigrés soient dans ce cas. Il convient de souligner en particulier que c’est dans les pays du sud de l’Europe, où l’immigration de travail a été importante pendant la dernière décennie, ainsi qu’au Luxembourg, au Royaume-Uni et en Suisse, que les professions à forte croissance accueillent le plus d’immigrés.

Le fait que les immigrés se tournent plus fréquemment vers les professions ayant un taux de croissance élevé que vers celles où il est faible ne nous renseigne pas vraiment sur leur contribution à l’évolution de ces professions. Il est possible que leur rôle reste relativement mineur par comparaison aux sources de main-d’œuvre plus abondantes dont disposent les pays de résidence, lesquelles comprennent d’anciens immigrés ainsi que des travailleurs jeunes ou d’âge très actif. En effet, dans certains pays (Allemagne, France, Pays-Bas, Suède), la contribution des immigrés n’a pas été spécialement importante au cours de la décennie écoulée, puisqu’elle a représenté moins de 10 % des entrées dans les professions à forte croissance. C’est une fois encore dans les pays mentionnés précédemment (sud de l’Europe, Luxembourg, Royaume-Uni, Suisse) que la contribution des immigrés aux professions à fort développement s’accroît, allant de 20 % jusqu’à 50 % (Luxembourg) des variations constatées.

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134 – 4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Tableau 4.3. Entrées de nouveaux immigrés dans les professions en croissance et en déclin, 2010

Note : Les professions en croissance sont celles des deux quintiles supérieurs et les professions en déclin celles des deux quintiles inférieurs. Les entrées comprennent les nouveaux immigrés et les jeunes travailleurs résidents ainsi que la mobilité professionnelle nette des travailleurs d’âge de forte activité (lorsqu’elle est positive).

1. Note de la Turquie : les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l'Île. Il n'y a pas d'autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l'Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre-Nord (RTCN). Jusqu'à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

2. Note de tous les États de l'Union européenne membres de l'OCDE et de la Commission européenne : la République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat) ; États-Unis : Recensement 2000 et American Community Survey. Voir le tableau 4.A2.1 de l’annexe.

Évolution des emplois, par profession, entre 2000 et 2010 La situation concernant les différentes professions est illustrée par les graphiques 4.3a

(moyenne pour les pays européens) et 4.3b (États-Unis). Certains phénomènes sont évidents : départs de travailleurs âgés quittant des professions sur le déclin (principalement lors de leur départ en retraite), arrivées de travailleurs jeunes ou d’âge très actif dans des professions en développement, arrivées d’immigrés dans des métiers de ces deux

Dans les professions en

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Dans les professions en

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Dans les professions en

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50 29 21

Part des nouveaux immigrés parmi toutes les entrées

Points de pourcentage PourcentagesPourcentages

Répartition des entrées d'immigrés

Différence pour les jeunes

travai lleurs résidents

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4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES – 135

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

catégories. Les deux graphiques montrent aussi la forte présence de travailleurs immigrés dans certaines professions peu qualifiées (employés non qualifiés des services et de la vente, manœuvres de l’agriculture de la pêche et assimilés, pour les pays européens ; métiers de l’agriculture, de la pêche et des forêts, personnels de nettoyage et d’entretien des sols et des bâtiments aux États-Unis). Qu’il s’agisse des pays européens ou des États-Unis, il ne semble pas que les arrivées de migrants dans des professions particulières aient un rapport étroit avec le développement ou le déclin de celles-ci, ni avec un déficit de remplacement dû au départ en retraite de travailleurs âgés, du moins en ce qui concerne le niveau professionnel examiné ici. Le fort taux de croissance constaté en Europe pour les professions très qualifiées semble moins marqué aux États-Unis, où les métiers de l’architecture et de l’ingénierie, par exemple, ont en fait connu une baisse, et où ceux des sciences de la vie, des sciences physiques et des sciences sociales n’ont enregistré quasiment aucune augmentation entre 2000 et 2010.

Pour résumer, la décennie écoulée s’est caractérisée par des changements considérables en termes de profession, et en particulier par une désaffection pour les métiers de l’artisanat et de l’industrie manufacturière au profit des professions libérales et autres professions qualifiées, surtout en Europe. Le mouvement semble moins polarisé aux États-Unis, où certaines professions hautement spécialisées accusent une baisse de régime, ou du moins ont cessé de se développer. Une part importante des variations nettes semblent se produire au début et à la fin de la vie active, c’est-à-dire lorsque des travailleurs âgés exerçant une profession en déclin partent ou prennent leur retraite, et lorsque des jeunes arrivent dans des secteurs en expansion. S’agissant des métiers qui se développent, les entrées de jeunes actifs sont nettement plus nombreuses que les départs en retraite, l’inverse étant vrai pour les professions sur le déclin.

Les immigrés sont des acteurs importants de la croissance et du recul des professions, mais ne sont pas aussi présents que les autochtones, en particulier les jeunes actifs, parmi les entrées dans les secteurs professionnels à fort développement. Tout en étant plus nombreux à arriver dans les professions qui se développent que dans celles qui régressent, ils sont proportionnellement surreprésentés dans les métiers qui faiblissent ou qui se développement lentement.

Ces résultats soulèvent un certain nombre de questions. Premièrement, si le nombre d’entrants est vraiment très supérieur à celui des départs en retraite dans les métiers en expansion (et si cette situation perdure), les pénuries de compétences prendront-elles l’ampleur attendue ? Quelle devra être l’importance réelle des recrutements de travailleurs venant de l’étranger ? Si l’on se réfère aux embauches d’immigrés dans les professions en développement au cours de la décennie écoulée, l’existence d’un surplus de main-d’œuvre ne constitue pas une garantie contre les pénuries ; il semble cependant problématique de prévoir ou de déceler des pénuries en se basant exclusivement sur l’analyse des déséquilibres démographiques. L’évolution de l’économie et des professions apparaît comme un facteur beaucoup plus important que les tendances démographiques proprement dites pour établir des projections concernant les besoins en main-d’œuvre.

Deuxièmement, les nouveaux immigrés représentent une proportion considérable des entrées dans les professions en déclin. Répondent-ils à un besoin réel, par exemple en occupant des postes délaissés par les autochtones et qui risqueraient autrement de rester vacants, ou bien fournissent-ils une main-d’œuvre bon marché à des entreprises en perte de vitesse ? Les réponses à ces interrogations pourraient aider à déterminer dans quelle mesure il faudra accroître le recours à l’immigration au cours des dix prochaines années afin de pourvoir des emplois peu qualifiés.

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136 – 4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Graphique 4.3a. Contribution des différents groupes démographiques à la croissance des professions, moyenne des pays européens, 2000-10

Pourcentages

Source : Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat).

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-48

-36

-24

-12

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12

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36

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Jeunes travailleurs (nouveaux entrants) Nouveaux immigrésTravailleurs âgés (retraités) Travailleurs d'âge de forte activitéCroissance 2000-10 (échelle de droite)

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4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES – 137

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Graphique 4.3b. Contribution des différents groupes démographiques à la croissance des professions, États-Unis, 2000-10

Pourcentages

Source : Recensement 2000 et American Community Survey.

Évolution des niveaux de qualification des emplois et des professions Il a été souligné plus haut que les professions en expansion dans les pays européens,

en moyenne, sont généralement celles qui exigent des compétences très élevées – professions intellectuelles et scientifiques, techniciens et professions intermédiaires – de même que certains métiers peu qualifiés. Si la situation concernant les professions individuelles est contrastée aux États-Unis, le résultat global est en grande partie similaire. Le tableau 4.4 présente une synthèse des taux de croissance par niveau de compétences professionnelles et par pays pour les années 2000-10. Le groupe des professions intellectuelles et scientifiques a augmenté de 22 % en moyenne au cours de cette période, celui des professions intermédiaires de 28 %. Les métiers qui exigent des compétences moyennes – employés de type administratif, employés de bureau, métiers qualifiés, mécaniciens, par exemple – ont en réalité enregistré un déclin de 2 % en moyenne, tandis que les professions non qualifiées progressaient de 9 %. Aux États-Unis, le groupe des professions qualifiées a augmenté de 13 %, celui des professions moyennement qualifiées a baissé de 2 % et celui des professions peu qualifiées a progressé de 26 %8. La tendance est donc à la hausse aux extrémités du spectre des compétences et à la diminution du nombre d’emplois dans le segment intermédiaire, un schéma conforme à celui que décrivent Acemoglu et Autor (2011).

-40

-30

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40

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100

Travailleurs d'âge de forte activité Travailleurs âgés (retraités)Nouveaux immigrés Jeunes travailleurs (nouveaux entrants)Croissance 2000-10 (échelle de droite)

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138 – 4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Tableau 4.4. Croissance de l’emploi selon le niveau de compétence professionnelle, 2000-10 Pourcentages

1. Note de la Turquie : les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l'Île. Il n'y a pas d'autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l'Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre-Nord (RTCN). Jusqu'à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

2. Note de tous les États de l'Union européenne membres de l'OCDE et de la Commission européenne : la République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

Source : Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat). Voir le tableau 4.A2.1 de l’annexe.

La situation n’est cependant pas tout à fait la même pour tous les pays. Les professions du segment intermédiaire se sont développées dans plusieurs d’entre eux, en particulier en Espagne et en Norvège, tandis que, dans d’autres, notamment en Belgique, au Danemark, au Luxembourg, en Norvège, au Portugal et en République tchèque, ce sont les métiers peu qualifiés qui ont évolué à la baisse.

La progression des professions peu qualifiées est très marquée dans certains pays : de 22 % en Suède à 39 % en Autriche et au Royaume-Uni. Ces professions ne sont cependant pas très nombreuses ; leur contribution à la croissance totale (8 %) de l’emploi

Professions intellectuelles

et scientifiques,

cadres de direction et

gérants

Techniciens et professions

intermédiaires

Employés de type administratif, personnel des

services, vendeurs qualifiés,

conducteurs de machines

Professions élémentaires

Tous les travailleurs

Professions intellectuelles

et scientifiques,

cadres de direction et

gérants

Techniciens et professions

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Employés de type administratif, personnel des

services, vendeurs qualifiés,

conducteurs de machines

Professions élémentaires

Tous les travailleurs

(A) (B) (C) (D) (A+B+C+D) (E) (F) (G) (H) (E+F+G+H)Roumanie 31 -4 -28 56 -16 3 0 -22 4 -16Lituanie 29 61 -20 -31 -7 4 5 -13 -4 -7Portugal 16 24 -5 -10 0 2 2 -3 -1 0Lettonie 28 0 -11 -4 0 6 0 -6 -1 0Hongrie 18 -2 -7 11 0 3 0 -4 1 0Estonie 17 0 -6 -12 0 4 0 -3 -1 0Danemark 8 17 -6 -16 0 2 4 -3 -2 0Finlande 8 8 -2 9 3 2 1 -1 1 3Italie 5 33 -8 32 4 1 6 -5 3 4République tchèque -3 39 1 -36 5 0 7 1 -3 5Bulgarie 17 -15 5 21 6 3 -2 3 2 6Royaume-Uni 3 56 -6 39 6 1 5 -3 3 6Grèce 25 41 -7 44 7 6 3 -4 3 7Pays-Bas 12 8 2 6 7 4 1 1 1 7Allemagne 21 14 -2 9 7 4 3 -1 1 7Slovénie 51 25 -14 66 8 9 3 -9 4 8Suisse 27 16 0 15 9 4 4 0 1 9Pologne 52 1 0 2 9 9 0 0 0 9Belgique 28 10 1 -6 9 8 1 1 -1 9Suède 31 17 -2 22 10 7 3 -1 1 10Norvège 18 22 5 -16 10 3 5 3 -1 10Irlande 22 42 2 -4 10 7 2 1 0 10République slovaque 15 28 7 -5 11 3 5 4 -1 11Autriche 11 61 -4 39 11 2 9 -3 3 11France 42 21 -5 35 11 8 4 -3 3 11Malte 31 22 6 24 15 6 3 3 3 15Espagne 38 58 7 17 19 7 6 4 2 19Luxembourg 83 54 -11 -9 22 19 10 -5 -1 22Chypre1,2 65 52 11 67 32 10 6 6 9 32Moyenne 26 25 -3 13 7 5 3 -2 1 7Moyenne (excluant Chypre1,2

et le Luxembourg)22 22 -4 11 6 4 3 -2 1 6

Moyennement qualifiés

Faiblement qualifiés

Tous les travailleurs

Moyennement qualifiés

Faiblement qualifiés

Tous les travailleurs

États-Unis -2 26 6 -1 2 6

Pays européens

13 5

Croissance de l'emploi 2000-10 Contribution à la croissance totale de l'emploi

Hautement qualifiés Hautement qualifiés

Croissance de l'emploi 2000-10 Contribution à la croissance totale de l'emploi

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4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES – 139

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au cours de la période considérée représente environ 1 % en moyenne pour l’ensemble des pays.

On dispose ainsi d’un tableau général pour l’économie dans son ensemble. Comment le niveau de qualification des emplois occupés par des immigrés a-t-il évolué au cours de la dernière décennie ? Nous avons vu qu’une proportion relativement plus forte d’immigrés s’orientent vers les professions qui se développent, et que ces dernières exigent en moyenne des compétences élevées. On pourrait être tenté d’en conclure que les nouveaux immigrés trouvent des emplois dans des métiers hautement qualifiés. Si cela est vrai pour certains d’entre eux, les immigrés de fraîche date sont sensiblement moins nombreux à occuper des postes qualifiés que les jeunes actifs entrant sur le marché du travail ou changeant d’emploi (graphique 4.4). Dans les emplois très qualifiés (cadres dirigeants, professions intellectuelles et scientifiques, professions intermédiaires), 20 points de pourcentage séparent les immigrés récents et les jeunes actifs en ce qui concerne la part des emplois qualifiés dans l’emploi total de chacun des deux groupes. Cette apparente contradiction s’explique par le fait qu’au nombre des catégories professionnelles en expansion figurent également les ouvriers de l’agriculture, de la pêche et assimilés, ainsi que les employés non qualifiés des services et de la vente, avec une forte présence d’immigrés récents dans ces métiers.

Graphique 4.4. Différences de répartition des compétences professionnelles des travailleurs entrant en activité ou changeant d’emploi (2000-10) selon le niveau de qualification, nouveaux immigrés par rapport

aux jeunes travailleurs résidents Points de pourcentage

1. Note de la Turquie : les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l'Île. Il n'y a pas d'autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l'Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre-Nord (RTCN). Jusqu'à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

2. Note de tous les États de l'Union européenne membres de l'OCDE et de la Commission européenne : la République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat) ; États-Unis : Recensement 2000 et American Community Survey. Voir le tableau 4.A2.1 de l’annexe.

-60

-40

-20

0

20

40

60

Professions élémentairesEmployés de type administratif, personnel des services, vendeurs qualifiés, conducteurs de machinesTechniciens et professions intermédiairesProfessions intellectuelles et scientifiques, cadres de direction et gérants

Relativement plus de nouveaux immigrés

Relativement plus de jeunes travailleurs résidents

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140 – 4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Ce n’est qu’en Hongrie, au Luxembourg et en Suisse que l’on trouve davantage d’immigrés récents que de jeunes actifs dans les emplois hautement qualifiés (professions intellectuelles et scientifiques, hauts fonctionnaires et cadres dirigeants). Dans tous les autres pays, les immigrés récents sont relativement moins nombreux que les jeunes actifs à prendre un emploi qualifié, l’écart allant de 10 points de pourcentage en Belgique et en Suède, à 35-40 points dans le sud de l’Europe et en Irlande. De même, on constate dans quasiment tous les pays une plus forte présence des immigrés dans les emplois peu qualifiés, avec un pourcentage supérieur de 18 points, en moyenne, à celui des jeunes actifs.

Enfin, le graphique 4.5 fournit une synthèse détaillée de la situation quant aux entrées et aux sorties par niveau de compétences et par groupe démographique. Dans la plupart des pays, les immigrés de fraîche date sont proportionnellement plus nombreux que les jeunes actifs à prendre des emplois non qualifiés, et leur présence dans ces professions est souvent importante. Seuls quelques pays affichent une tendance moins prononcée dans ce sens : la Hongrie, le Luxembourg, la République tchèque et la Suisse. Dans les pays du sud de l’Europe, quelque 30 % – voire davantage – des immigrés arrivés entre 2000 et 2010 ont été embauchés dans des métiers non qualifiés. Ces pays sont également ceux dans lesquels la part des emplois hautement qualifiés a enregistré, au cours de la décennie, la plus forte progression parmi les jeunes actifs par rapport aux travailleurs âgés. De fait, on note une corrélation positive modérément marquée (0.68) entre le relèvement du niveau de qualification chez les jeunes actifs qui sont entrés sur le marché du travail entre 2000 et 2010 et la proportion de nouveaux immigrés ayant pris des postes peu qualifiés9.

Les emplois peu qualifiés sont de plus en plus souvent « réservés » aux immigrés : c’est ce qui ressort du graphique 4.5b, lequel montre qu’en moyenne, dans l’ensemble des pays, la moitié des emplois faiblement qualifiés sont occupés par des immigrés. Toutefois, la proportion est comprise entre moins de 15 % en France et en Hongrie à plus de 90 % en Espagne et en Irlande.

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4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES – 141

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Graphique 4.5a. Composition par niveau de qualification des entrées et sorties des professions selon le groupe démographique, 2000-10

Note : Dans la plupart des pays, le nombre de travailleurs d’âge de forte activité dans les professions moyennement qualifiées a en fait reculé sur la période 2000-2010, c’est pourquoi ils n’apparaissent pas sur le panneau central ni, dans certains pays, sur le panneau de droite.

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Chypre (1,2)GrèceItalie

EspagnePortugalAutricheFinlandePays-Bas

FranceDanemark

Royaume-UniAllemagne

SuèdeBelgique

IrlandeNorvège

République tchèqueHongrie

LuxembourgSuisse

PologneSlovénie

République slovaqueEstonie

LettonieLituanie

RoumanieMalte

Bulgarie

Chypre (1,2)GrèceItalie

EspagnePortugalAutricheFinlandePays-Bas

FranceDanemark

Royaume-UniAllemagne

SuèdeBelgique

IrlandeNorvège

République tchèqueHongrie

LuxembourgSuisse

Chypre (1,2)GrèceItalie

EspagnePortugalAutricheFinlandePays-Bas

FranceDanemark

Royaume-UniAllemagne

SuèdeBelgique

IrlandeNorvège

République tchèqueHongrie

LuxembourgSuisse

PologneSlovénie

République slovaqueEstonie

LettonieLituanie

RoumanieMalte

Bulgarie

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Professions intellectuelles et scientifiques, cadres de direction et gérantsEmployés de type administratif, personnel des services et vendeurs qualifiésProfessions élémentaires

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142 – 4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES

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Graphique 4.5b. Composition par groupe démographique des entrées et sorties des professions selon le niveau de qualification, 2000-10

1. Note de la Turquie : les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l'Île. Il n'y a pas d'autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l'Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre-Nord (RTCN). Jusqu'à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ». 2. Note de tous les États de l'Union européenne membres de l'OCDE et de la Commission européenne : la République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre. Source : Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat). Voir le tableau 4.A2.1 de l’annexe.

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

IrlandeChypre (1,2)

EspagneNorvège

DanemarkLuxembourg

GrèceItalie

PortugalBelgique

SuisseSuède

Royaume-UniAutriche

République tchèquePays-Bas

AllemagneFinlande

FranceEstonie

SlovénieHongrie

MalteLettonieLituaniePologneBulgarie

RoumanieRépublique slovaque

IrlandeChypre (1,2)

EspagneNorvège

DanemarkLuxembourg

GrèceItalie

PortugalBelgique

SuisseSuède

Royaume-UniAutriche

République tchèquePays-Bas

AllemagneFinlande

FranceEstonie

SlovénieHongrie

MalteLettonieLituaniePologneBulgarie

RoumanieRépublique slovaque

IrlandeChypre (1,2)

EspagneNorvège

DanemarkLuxembourg

GrèceItalie

PortugalBelgique

SuisseSuède

Royaume-UniAutriche

République tchèquePays-Bas

AllemagneFinlande

FranceEstonie

SlovénieHongrie

MalteLettonieLituaniePologneBulgarie

RoumanieRépublique slovaque

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s

Nouveaux immigrés Jeunes travailleurs Travailleurs âgés

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4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES – 143

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4.5. Évolution de la structure des professions et migrations intra et extra-européennes

La section précédente portait sur l’évolution de la structure des professions entre 2000 et 2010, l’objectif étant de présenter à la fois son ampleur dans les pays de l’OCDE (pour lesquels des données sont disponibles) et la contribution de différents groupes démographiques à cette évolution. Parmi ces groupes, nous avons parlé des nouveaux immigrés, sans plus de précision. Dans l’Union européenne toutefois, les migrants potentiels se divisent en deux groupes distincts : l’un qui peut librement se déplacer à l’intérieur des frontières de l'Union, et l’autre, qui est soumis à des restrictions sur l’entrée et le séjour imposées par les États membres. La question de savoir comment la liberté de déplacement pourrait contribuer à répondre aux besoins de main-d’œuvre dans des sociétés vieillissantes a été étudiée lors d’une conférence conjointe récente entre la Commission européenne et l’OCDE sur le thème de la libre mobilité des travailleurs au regard des migrations internationales (OCDE, 2012a), mais le rôle que chacun de ces deux groupes de migrants pourrait jouer dans l’évolution de la structure des professions n’a pas été abordé directement. C’est le sujet de la présente section. L’accent sera mis ici sur la distinction entre l’émigration de ressortissants de l’Union européenne et celle de ressortissants de pays tiers, le groupe de référence étant pour les deux groupes celui des jeunes entrants sur le marché du travail en Europe. L’objectif est, à l’instar de la section précédente, de tenter de tirer des enseignements de la décennie précédente sur la nature de l'évolution de la structure des professions et sur le rôle que les migrations pourraient jouer à cet égard à l’avenir.

Quels domaines la réglementation s’applique-t-elle ? L’un des éléments de comparaison à examiner est l’influence de la liberté de

déplacement par rapport aux restrictions de déplacement sur les emplois que les immigrés occupent. Au cours de la dernière décennie, l’Union européenne s’est élargie à dix puis à douze nouveaux États membres. Même si la liberté de déplacement n’a pas été accordée dès le début à tous les pays, les ressortissants de ces nouveaux États membres pouvaient néanmoins se déplacer, chercher du travail et être embauchés dans tous les pays de l’UE15, même ceux imposant des mesures de transition, sous réserve de vérifications standards des besoins du marché du travail dans le pays de destination. Il est clairement plus facile d’être sur place pour chercher du travail que de se faire embaucher depuis l’étranger, sans compter des coûts de déplacement moins élevés et la possibilité de retourner dans son pays d’origine sans pénalité à tout moment.

Néanmoins, il ne faut pas exagérer le handicap que représente la réglementation sur l’immigration. Les autorités ne sont pas entièrement libres de limiter les déplacements, essentiellement en raison des traités internationaux qui les engagent (Convention de Genève) et des droits de l’homme généralement reconnus (droit des résidents de vivre avec leur famille ou de se marier ou d’adopter librement). Par ailleurs, les immigrés pour raisons familiales et humanitaires peuvent chercher du travail à leur arrivée (ou après avoir obtenu le statut de réfugié dans le cas des demandeurs d’asile), en général sans restrictions. En outre, dans de nombreux cas, l’entrée sur le marché du travail ne se fait pas « à l’aveugle » mais s’appuie sur des informations relatives aux opportunités de travail, transmises par des compatriotes avant l’arrivée ou une fois sur place.

La catégorie des immigrés de pays tiers qui reste largement à la discrétion des autorités nationales est celle des migrants de travail, même si la plupart des pays ont considérablement assoupli les restrictions à l’entrée des migrants qualifiés, en permettant

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aux entreprises de recruter à l’étranger avec beaucoup moins de restrictions qu’auparavant. Les migrations de travail temporaires sont généralement plus larges, mais aussi plus strictement réglementées et ne relèvent de toute manière pas de la présente analyse car les migrants de travail temporaires ne sont pas des résidents permanents des pays de destination ni des actifs permanents sur leurs marchés du travail.

Dans l’analyse ci-après, le point essentiel est que, si les autorités peuvent définir les caractéristiques des migrants qu’ils sont prêts à accueillir (immigration de travail discrétionnaire), c’est moins le cas des migrants pouvant se déplacer librement ou des migrants pour raisons familiales et humanitaires originaires de pays tiers, qui ne requièrent pas de démarches de recrutement directes de la part des entreprises, même s’ils peuvent être influencés par les informations sur le marché du travail relayées dans leur pays d’origine.

Vue d’ensemble des niveaux de qualification des immigrés intra-UE et hors UE et de leur répartition entre les professions en développement et en déclin sur la période 2000-10

L’élargissement de l’Union européenne à douze nouveaux États membres a suscité une hausse importante des déplacements intra-européens, essentiellement de jeunes actifs originaires des nouveaux États membres et cherchant de meilleurs salaires dans les pays de l’UE15. De toute évidence, une partie de ces déplacements concerne des travailleurs moyennement et hautement qualifiés, qui acceptent souvent des emplois de niveau inférieur. Les raisons à cela sont diverses et peuvent être liées à une mauvaise connaissance de la langue du pays, à la disponibilité des emplois ou au fait que pour beaucoup de ces travailleurs, le déplacement n’est que temporaire et a pour objet de gagner beaucoup sur une courte durée, grâce à des salaires qui, bien que bas, sont déjà avantageux par rapport à ceux qui prévalent dans leur pays d’origine.

Dans ce cas, quel rôle ont joué les immigrés intra-UE, par rapport aux immigrés hors UE, dans l’évolution de la structure des professions au sein des États membres au cours de la décennie 2000-10, et en quoi ces deux groupes diffèrent-ils des autochtones qui arrivent sur le marché du travail ? La période de référence (2000-10) s’étend à la crise économique et les résultats présentés en sont clairement affectés, mais de nombreux emplois perdus à cause de la récession, notamment dans le bâtiment, sont peu susceptibles de réapparaître et, même s’il peut être intéressant d’examiner l’évolution de la structure des professions avant et après la crise, aucune de ces périodes ne peut être considérée rétrospectivement comme une situation économique « type » pour l’analyse de la dynamique d’évolution de la structure des professions. La récession a dans un certain sens corrigé les excès de la période qui l’a immédiatement précédée et les conclusions tirées sur la base de la décennie entière peuvent être plus utiles pour l’avenir que celles que l’on pourrait dégager de la situation précédant la crise ou des effets immédiats de celle-ci.

Le tableau 4.5 donne un aperçu des nouveaux migrants de travail, intra-UE et hors UE, par niveau de qualification, par rapport aux nouveaux arrivants autochtones (groupe de référence de cette analyse). La situation étant très variable selon les pays, il est difficile d’en présenter un tableau général. Faire la moyenne des États membres se révèle problématique car de nombreux pays n’ont que très peu d’immigrés (nouveaux États membres). D’un autre côté, si l’on fait la somme des pays pour obtenir un total de l’Union européenne, le résultat est très fortement influencé par la situation des pays d’Europe du Sud, qui accueillent un nombre d’immigrés important mais dont le modèle d’immigration est quelque peu différent de celui du reste du continent.

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4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES – 145

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Tableau 4.5. Distribution des professions des nouveaux entrants sur le marché du travail (immigrés et jeunes travailleurs résidents) sur la période 2000-10 selon le niveau de qualification

Pourcentages

Note : Les estimations relatives aux nouveaux États membres reposent sur des échantillons limités et doivent être interprétées avec prudence. 1. Note de la Turquie : les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l'Île. Il n'y a pas d'autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l'Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre-Nord (RTCN). Jusqu'à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ». 2. Note de tous les États de l'Union européenne membres de l'OCDE et de la Commission européenne : la République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre. Source : Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat). Voir le tableau 4.A2.1 de l’annexe.

Le graphique 4.6, dans lequel les pays ont été regroupés selon leurs similarités au regard des nouveaux arrivants dans les professions hautement qualifiées, illustre de manière frappante la grande variabilité des situations en ce qui concerne ces professions.

À de rares exceptions près, la part des professions hautement qualifiées dans l’ensemble des nouveaux migrants de travail intra-UE dépasse celle des immigrés hors UE. La situation est inverse au Royaume-Uni et en Irlande, tandis que les pourcentages sont analogues pour les deux groupes à Malte et au Luxembourg. Toutefois, l’ampleur des migrations de travailleurs hautement qualifiés dans les migrations totales est très variable, les parts des immigrés intra-UE et hors UE étant grosso modo similaires.

Le regroupement des pays selon les résultats est plus ou moins naturel : les pays d’Europe du Sud se caractérisent par une présence faible de nouveaux immigrés occupant des emplois hautement qualifiés, tant en valeur absolue que par rapport aux nouveaux arrivants sur le marché du travail ; la plupart des nouveaux États membres enregistrent quant à eux une présence très importante (mais limitée en nombre) d’immigrés intra-UE occupant des emplois hautement qualifiés par rapport aux immigrés hors UE, mais aussi

Immigrés d'un pays

membre de l 'UE

Immigrés d'un pays

non-membre de l'UE

Professions intel lectuelles et

scientifiques, techniciens et professions

intermédiaires

Employés de type administratif, personnel des

services, vendeurs qual ifiés,

conducteurs de machines

Professions élémentaires

Professions intellectuelles et

scientifiques, techniciens et professions

intermédiaires

Employés de type administrati f, personnel des

services, vendeurs quali fiés,

conducteurs de machines

Professions élémentaires

Professions intellectuelles et

scienti fiques, techniciens et professions

intermédiaires

Employés de type administratif, personnel des

services, vendeurs qualifiés,

conducteurs de machines

Professions élémentaires

Finlande 2.9 4.4 32 49 19 25 46 29 47 47 6Républ ique tchèque 2.8 2.3 38 55 6 22 60 18 48 51 2Danemark 6.6 10.8 40 44 17 31 45 25 58 40 2France 2.7 6.3 31 51 18 21 53 25 44 49 7Pays-Bas 3.3 5.3 45 39 17 24 48 27 56 38 6Suède 5.4 10.9 48 42 10 26 53 22 43 52 5Autriche 10.3 10.7 37 47 16 14 48 38 44 48 8Belgique 11.4 10.6 38 48 14 21 54 25 46 49 5Bulgarie 0.0 0.1 100 - - 58 18 25 28 58 14Estonie 0.9 1.4 62 24 14 34 47 18 46 51 3Hongrie 3.0 0.5 42 48 11 35 60 5 39 53 8Lituanie 0.2 1.2 71 29 - 34 63 3 55 42 3Lettonie 0.1 1.7 - 25 75 24 68 8 45 44 10Pologne 0.1 0.2 70 27 3 41 44 15 38 56 6Roumanie 0.1 0.0 76 24 - 33 67 - 35 51 14Slovénie 0.4 2.8 85 15 - 13 65 22 48 44 8Républ ique slovaque 0.4 0.2 74 26 - 45 55 - 41 52 7Royaume-Uni 12.6 16.7 22 49 29 38 46 17 44 46 11Irlande 33.4 12.9 16 63 21 38 52 10 59 43 -Luxembourg 48.2 9.0 67 25 8 65 20 14 64 31 5Malte 1.9 2.1 44 46 10 41 48 12 41 47 12Espagne 11.1 29.3 14 54 32 9 51 40 47 50 3Grèce 5.2 16.5 6 50 44 2 54 43 40 56 4Chypre1,2 23.2 26.9 14 55 31 7 23 70 49 49 2Italie 11.0 15.1 9 54 37 4 53 43 39 55 7Portugal 2.3 13.4 23 57 20 5 63 33 37 57 5Suisse 25.4 12.7 56 39 5 34 52 14 50 47 3Islande 0.0 0.0 - - - - - - 66 31 2Norvège 8.7 10.2 32 58 10 25 55 21 48 51 1Total UE 6.9 11.3 21 51 28 17 51 32 43 50 7Moyenne pays de l'UE 7.7 8.1 44 42 21 27 50 24 45 48 7

Immigrés d'un pays membre de l'UE Immigrés d'un pays non-membre de l'UE Entrées sur le marché du travai l (résidents)Entrées sur le marché du travail (part du total)

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146 – 4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES

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par rapport aux autochtones qui viennent d’arriver sur le marché du travail ; et enfin, les « vieux » États membres plus la République Tchèque, où les immigrés intra-UE se placent entre les autochtones nouvellement arrivés sur le marché du travail et les immigrés hors UE en termes d’emplois hautement qualifiés.

La situation unique de l’Irlande et du Royaume-Uni est révélatrice, car ces deux pays ont attiré le plus grand nombre de migrants originaires des nouveaux États membres après l’élargissement de l’Union européenne, lequel a manifestement eu pour effet dans les deux pays d’ouvrir les emplois moins qualifiés à un nouveau groupe d’immigrés intra-UE, et donc de modifier la répartition des emplois occupés par les ressortissants européens. Il est difficile de dire si cette situation se serait produite si tous les États membres avaient dès le départ ouvert leurs marchés du travail aux ressortissants des nouveaux États membres. Probablement pas, car les candidats à l’émigration auraient très bien pu se déployer dans un plus grand nombre de pays et atténuer ainsi les conséquences sur les emplois peu qualifiés en Irlande et au Royaume-Uni. Le phénomène observé pourrait persister pendant un certain temps car les circuits et réseaux d’immigration sont désormais en place, mais puisque le choix des pays de destination est désormais plus large et que les salaires et les conditions de vie dans les pays d’origine s’améliorent, il semble probable que l’évolution observée partout ailleurs, à savoir des immigrés intra-UE plus nombreux que les immigrés hors UE à occuper des emplois hautement qualifiés, réapparaîtra également au Royaume-Uni et en Irlande.

Graphique 4.6. Part des emplois hautement qualifiés dans l’emploi total des nouveaux entrants sur le marché du travail (immigrés et jeunes travailleurs résidents), 2010-11

Pourcentages

Note : Les emplois hautement qualifiés comprennent les professions intellectuelles et scientifiques, les professions intermédiaires et les techniciens. 1. Note de la Turquie : les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l'Île. Il n'y a pas d'autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l'Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre-Nord (RTCN). Jusqu'à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ». 2. Note de tous les États de l'Union européenne membres de l'OCDE et de la Commission européenne : la République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre. Source : Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat). Voir le tableau 4.A2.1 de l’annexe.

La situation dans les pays d’Europe du Sud est intéressante. Comme on l’a vu plus haut, ces pays se caractérisent par les écarts de niveaux de formation les plus importants de tous

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80Immigrés d'un pays membre de l'UE Immigrés d'un pays non-membre de l'UE Entrées sur le marché du travail (résidents)

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4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES – 147

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les pays de l’OCDE entre les actifs qui entrent et ceux qui sortent du marché du travail. Dans un sens, les niveaux de formation ont évolué plus vite que la nature des emplois dans ces pays. Les emplois peu qualifiés sont nombreux mais ne trouvent pas preneurs, ce qui attire de nombreux migrants, tandis que les emplois hautement qualifiés sont largement couverts et n’attirent que peu de candidats étrangers.

La situation est différente dans les pays d’Europe centrale, où les salaires sont relativement bas par rapport au reste de l’Union européenne. Les immigrés, qui ne sont présents qu’en très petits nombres, sont probablement des actifs hautement qualifiés originaires d’autres pays de l’Union, à la recherche d’opportunités dans ces pays en croissance, ou des personnes envoyées par leur maison mère pour créer des filiales.

Le modèle « général », qu’on retrouve dans les pays d’Europe du Nord, en Belgique, aux Pays-Bas, en France et en Autriche, ainsi qu’en République Tchèque, est celui où, sur les postes hautement qualifiés, la part des immigrés intra-UE est moins grande que celle des autochtones nouvellement arrivés sur le marché du travail, mais plus élevée que celle des immigrés hors UE. Des lacunes en langue et des diplômes non équivalents ou non reconnus peuvent constituer des raisons possibles – les immigrés hors UE étant moins favorisés sur ces deux aspects. Cette configuration ne semble pas dépendre du pourcentage de nouveaux entrants intra-UE ou hors UE hautement qualifiés, qui oscille entre 2 et 11 % pour les deux groupes10.

L’analyse des immigrés récents intra-UE et hors UE occupant des professions en développement et en déclin ne donne pas d’informations nouvelles significatives, notamment parce que les professions en développement sont généralement des professions hautement qualifiées, et celles en déclin, des professions moyennement qualifiées.

La situation générale n’est donc pas homogène et dépend très largement du marché du travail de chaque pays. Le seul élément nouveau qui semble avoir modifié les modèles de migration est l’élargissement de l’Union européenne, qui a ouvert le marché des emplois peu qualifiés d’Irlande et du Royaume-Uni aux migrants originaires des nouveaux États membres. En 2010, aucun indice ne donnait à penser que cette situation s’était produite à suffisamment grande échelle ailleurs pour modifier le modèle général d’immigration, dans lequel les immigrés intra-UE occupent plus généralement des emplois hautement qualifiés que les migrants de pays tiers. Ce modèle tient probablement au fait que les migrations en provenance de pays tiers restent majoritairement de type familial ou humanitaire, malgré l’ouverture récente aux migrants de travail hors UE hautement qualifiés. En outre, les problèmes de langue et de reconnaissance des diplômes sont généralement plus aigus pour ces migrants que pour les immigrés intra-UE, dont le choix est moins contraint par la réglementation et peut-être davantage dicté par des considérations économiques.

La question de savoir si le modèle général va durer dépend de l’ampleur des migrations de travail hors UE au cours des prochaines années ainsi que des types d’emploi pour lesquels les migrants de pays tiers vont être recrutés. L’essor des emplois hautement qualifiés entraînerait une convergence des qualifications des immigrés intra-UE et hors UE, alors qu’un déploiement des emplois pour lesquels les recrutements à l’étranger sont autorisés devrait au contraire perpétuer la situation des migrants de pays tiers, qui servent de réservoir de main-d’œuvre un peu moins qualifiée que les migrants intra-UE pour les entreprises.

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148 – 4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES

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4.6. Évolution de la structure des professions : La dimension hommes-femmes Avant d’examiner la façon dont la problématique hommes-femmes et les migrations ont

interagi sur l’évolution de la structure des professions pendant la décennie 2000-10, nous dresserons dans un premier temps le portrait des autochtones nouvellement arrivés sur le marché du travail. Nul n’ignore que dans de nombreux pays, le taux de femmes diplômées du supérieur dépasse celui des hommes depuis déjà quelque temps, ce qui devrait naturellement transparaître sur le marché du travail. Le tableau 4.6 confirme cette évolution, puisqu’il montre que les femmes sont proportionnellement plus nombreuses à débuter leur carrière dans des professions intellectuelles et scientifiques ainsi que des professions intermédiaires, et moins nombreuses dans des emplois moyennement qualifiés. De fait, il n’y a qu’en Finlande où le pourcentage des jeunes actives exerçant une profession intellectuelle ou scientifique est inférieur à celui des hommes (graphique 4.7a) et dans trois pays seulement (Belgique, Irlande et Portugal), où c’est également le cas pour les postes de technicien et les professions intermédiaires (graphique 4.7b). En moyenne, les États membres de l'Union européenne ont enregistré, entre 2000 et 2010, 37 % d’hommes débutant dans des professions hautement qualifiées (intellectuelles, scientifiques, professions intermédiaires et techniciens), et 50 % de femmes. Tableau 4.6. Distribution des professions des jeunes travailleurs résidents par sexe, 2000-10

Pourcentages

Note : nr=données non fiables ; nu=données non utilisables. 1. Note de la Turquie : les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l'Île. Il n'y a pas d'autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l'Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre-Nord (RTCN). Jusqu'à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ». 2. Note de tous les États de l'Union européenne membres de l'OCDE et de la Commission européenne : la République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre. Source : Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat). Voir le tableau 4.A2.1 de l’annexe.

Membres de

l 'exécutif et

directeurs de société

Professions intellectuelles

et scientifiques

Techniciens et professions

intermédiaires

Employés de type

administratif, personnel des

services, vendeurs qualifiés,

conducteurs de machines

Professions élémentaires

Membres de

l 'exécutif et

directeurs de société

Professions intellectuelles

et scientifiques

Techniciens et professions

intermédiaires

Employés de type

administratif, personnel des

services, vendeurs qualifiés,

conducteurs de machines

Professions élémentaires

Bulgarie 6 10 11 59 15 4 24 11 51 10Italie nu 10 24 59 7 nu 12 33 49 6Autriche 7 12 28 44 10 2 13 31 48 7République tchèque 4 13 28 55 1 4 17 39 37 3République slovaque 5 13 15 57 9 6 22 32 37 3Malte 9 13 14 50 13 6 31 23 32 8Norvège 3 15 26 54 1 3 16 35 45 1Grèce 10 15 14 57 4 5 29 18 44 4Pologne 7 16 12 60 6 5 30 16 43 5France 8 16 22 49 5 7 17 27 43 7Roumanie 2 17 10 55 16 2 26 18 42 12Portugal 6 17 16 58 3 4 24 14 51 7Lettonie 10 17 15 46 12 7 28 22 35 7Slovénie 8 17 21 45 8 7 28 23 35 7Suède 4 18 20 53 5 3 21 25 46 5Royaume-Uni 15 19 17 36 13 11 21 19 44 5Hongrie 7 19 12 55 7 5 24 20 43 8Espagne 7 19 19 53 2 5 27 23 41 4Allemagne 5 20 21 48 6 4 20 33 38 4Estonie 15 21 10 50 4 9 31 20 39 2Chypre1,2 5 21 18 49 7 1 37 21 46 -Suisse nu 22 23 52 2 nu 17 38 41 3Lituanie nu 23 21 50 6 nu 35 29 36 1Belgique 10 24 13 48 5 8 37 10 40 5Danemark 4 25 24 43 4 2 26 38 36 -Pays-Bas 11 25 20 37 6 5 33 24 32 5Finlande 11 26 15 42 6 5 23 23 44 4Islande 6 28 21 44 2 5 48 32 13 2Luxembourg 1 29 25 39 6 2 39 33 21 5Irlande 23 35 13 34 - 14 38 11 37 0Total UE 7 17 19 50 7 5 22 25 42 5Moyenne pays de l'UE 8 19 18 49 7 5 26 24 40 5

Hommes Femmes

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4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES – 149

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Graphique 4.7a. Part des professions intellectuelles et scientifiques parmi tous les nouveaux entrants sur le marché du travail selon le sexe, 2000-10

Pourcentages

Graphique 4.7b. Part des techniciens et des professions intermédiaires parmi tous les nouveaux entrants sur le marché du travail selon le sexe, 2000-10

Pourcentages

1. Note de la Turquie : les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l'Île. Il n'y a pas d'autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l'Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre-Nord (RTCN). Jusqu'à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

2. Note de tous les États de l'Union européenne membres de l'OCDE et de la Commission européenne : la République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

Source : Enquêtes sur les forces de travail (Eurostat). Voir le tableau 4.A2.1 de l’annexe.

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S’agissant des professions enregistrant la plus forte progression ou le plus fort déclin (taux de croissance le plus élevé et le plus faible sur la décennie 2000-10, chacun de ces deux groupes représentant 20 % de l’emploi total), les jeunes femmes sont également sous-représentées parmi les nouveaux arrivants sur les professions les plus en déclin et surreprésentées sur les professions les plus en développement. La moyenne des États membres de l’Union européenne coïncide avec celle observée pour les compétences : un tiers seulement des nouveaux arrivants dans les emplois les plus en déclin en 2000-10 sont des femmes, mais celles-ci représentent plus de 52 % des nouveaux arrivants pour les emplois en plein essor (graphique 4. 8). L’avenir des emplois et des compétences semble de plus en plus appartenir aux femmes.

Graphique 4.8. Part des femmes dans les emplois en net déclin et en forte croissance occupés par les jeunes travailleurs résidents, 2000-10

Pourcentages

1. Note de la Turquie : les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l'Île. Il n'y a pas d'autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l'Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre-Nord (RTCN). Jusqu'à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

2. Note de tous les États de l'Union européenne membres de l'OCDE et de la Commission européenne : la République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

Source : Enquêtes sur les forces de travail. Voir le tableau 4.A2.1 de l’annexe.

À une exception près, le marché du travail des nouveaux immigrés ressemble tout à fait à celui des autochtones en ce qui concerne la dimension hommes-femmes. Le graphique 4.9 présente directement la part des hommes et des femmes dans les nouveaux arrivants par grande catégorie de la CITP, pour les autochtones, les immigrés de l’UE27 et les immigrés hors UE27, ainsi que les taux de progression observés pour ces grandes catégories sur la période 2000-10. La configuration pour chacun des trois groupes est remarquablement concordante, à l’exception de la catégorie des « ouvriers et employés non qualifiés » (catégorie 900 de la CITP), dans laquelle les femmes immigrées récentes sont plus nombreuses que les autochtones nouvellement arrivés sur le marché du travail. La raison en est peut-être précisément que les femmes sont de plus en plus nombreuses à occuper des emplois hautement qualifiés, ce qui crée des besoins importants en personnel

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100Professions en net déclin Professions en forte croissance

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4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES – 151

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de maison. Sur cette même période, il y a également eu proportionnellement beaucoup plus d’hommes, autochtones et immigrés, à débuter par des emplois en fort déclin. Reste à savoir si ces professions vont continuer à décliner au cours des prochaines années.

La dimension hommes-femmes dans l’évolution de la structure des professions est donc devenue importante dans de nombreux pays, les professions moyennement qualifiées – dominées par les hommes – ayant souvent perdu de leur importance. À l’inverse, les professions hautement qualifiées se développent et se féminisent de plus en plus, ce qui n’était pas le cas avant, peut-être parce que les niveaux de formation des jeunes hommes diminuent par rapport à ceux des femmes. Il est toutefois surprenant de constater le même schéma de « domination » des professions chez les nouveaux immigrés de pays tiers, pour qui on ne s’attendrait pas à ce que les écarts de niveau de formation soient nécessairement les mêmes que dans la zone OCDE. Le fait qu’ils le soient tendrait à montrer qu’il s’agit d’un phénomène mondial. C’est l’un des facteurs d’évolution future qu’il serait souhaitable d’étudier de plus près, au regard du vieillissement des populations.

Graphique 4.9. Part d’hommes et de femmes dans les nouvelles entrées sur le marché du travail et croissance de l’emploi selon la catégorie de profession de (CITP), nouveaux entrants résidents et nouveaux immigrés,

2000-10

1. Note de la Turquie : les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l'Île. Il n'y a pas d'autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l'Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre-Nord (RTCN). Jusqu'à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

2. Note de tous les États de l'Union européenne membres de l'OCDE et de la Commission européenne : la République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

Source : Enquêtes sur les forces de travail. Voir le tableau 4.A2.1 de l’annexe.

4.7. Conclusion

Ce chapitre avait pour objet d’examiner le rôle de la démographie dans l’évolution des tendances en matière d’éducation et d’emploi, afin de mieux comprendre le rôle qu’ont eu les immigrés à cet égard et celui qu’ils pourraient jouer à l’avenir, à mesure que les marchés du travail s’adapteront au départ des baby-boomers et à l’entrée dans la vie active de cohortes de jeunes moins nombreuses. Ce chapitre présente aussi une analyse des domaines d’études des travailleurs diplômés de l’enseignement supérieur visant à déterminer s’il s’agit d’un facteur susceptible d’expliquer les écarts qui caractérisent

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Nouvelles entrées Immigrés d'un pays membre de l'UE Immigrés d'un pays non-membre del'UE

% croissance 2000-2010 (échelle dedroite)

Hommes Femmes Emploi dans chaque profession

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l’utilisation, sur le marché du travail, des compétences des immigrés et de celles des autochtones.

Au cours de la décennie passée, l’amélioration des compétences requises dans les emplois a accompagné l’élévation des niveaux de formation. En général, les emplois hautement qualifiés ont beaucoup augmenté, les emplois peu qualifiés un peu moins, et les emplois moyennement qualifiés ont vu leur importance se réduire ou se maintenir à peine.

Dans les professions en croissance, le nombre des entrées était largement supérieur à celui des départs en retraite, tandis que l’inverse était vrai dans les professions en déclin. Les nouveaux immigrés représentaient 16 % des entrées dans les emplois en croissance et 26 % des entrées dans ceux en déclin.

Dans les emplois en plein essor, le fort excédent des nouveaux entrants par rapport aux personnes partant à la retraite signifie que nombre de ces emplois sont de création récente, pour lesquels il ne semble pas y avoir de pénurie de candidats, que ce soit parmi les nouveaux entrants ou les travailleurs d’âge très actif. Pourtant, le fait que de nombreux nouveaux immigrés ont aussi été embauchés pour ces emplois indique que l’offre de travail des autochtones n’était pas suffisante pour combler tous les besoins. Par ailleurs, les nouveaux immigrés n’ont remplacé qu’une partie des personnes partant à la retraite dans les professions en déclin. Beaucoup de ces emplois ont été supprimés dès le départ en retraite de leurs titulaires.

En d’autres termes, un surplus d’entrants par rapport aux sortants parmi les autochtones peut ne pas suffire à exclure le recours à l’immigration de travail et, inversement, un fort déficit n’entraîne pas une grave pénurie de travailleurs qui doive être comblée par des recrutements à l’étranger. Les pénuries de main-d’œuvre et de compétences constatées et à venir ne sont pas seulement fonction des déséquilibres démographiques dans la population active ; elles dépendent largement des variations naturelles de la demande de compétences spécifiques et de la possibilité d’y répondre à partir des sources existantes. Cela semble aller de soi, mais les changements démographiques en cours et à venir sont importants et la perspective d’une diminution de la population active, voire d’une réduction du volume de l’économie, prédominent généralement dans les discussions sur cette question, au détriment d’un examen plus approfondi de la dynamique des changements dans la nature des emplois.

Les liens entre l’évolution de la structure des professions, les déséquilibres démographiques et les besoins en travailleurs immigrés sont loin d’être évidents. C’est d’autant plus vrai que de nombreux immigrés sont arrivés pour des raisons familiales ou humanitaires et n’ont pas été recrutés directement de l’étranger par les employeurs. Leur présence plus ou moins importante dans certaines professions pourrait refléter le fait que dans bien des cas, leur venue n’est pas liée à un besoin de main-d’œuvre, comme c’est le cas pour la plupart des travailleurs migrants, mais bien davantage à une rencontre fortuite entre les compétences qu’ils apportent de l’étranger, quelles qu’elles soient, et les emplois disponibles dans un marché du travail qui comprend de nombreux autres acteurs.

Pour certains immigrés, un faible niveau d’instruction confine leurs options professionnelles aux emplois peu qualifiés ; pour d’autres, la formation et l’expérience professionnelles acquises à l’étranger ne leur permettent pas toujours de rivaliser avec les compétences des jeunes actifs fraîchement diplômés ou des travailleurs d’âge très actif ayant déjà trouvé leur place sur le marché du travail.

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Ces analyses soulignent bien le grand dynamisme du marché du travail. Le présent chapitre visait à étudier plus en détail les répercussions du vieillissement sur le niveau de formation de la main-d’œuvre et sur l’évolution de la structure des professions, et le rôle que joue l’immigration de travail dans ce processus dynamique.

Ce qui en ressort, c’est que les mutations du marché du travail sont plus rapides que les changements démographiques et que nombre de futurs emplois seront très différents de ceux qu’occupent les personnes qui partiront à la retraite au cours des vingt prochaines années. Les immigrés seront souvent appelés non pas à remplacer les baby-boomers partant à la retraite, mais plutôt à répondre aux besoins de main-d’œuvre et de compétences d’un marché du travail en rapide évolution.

Une analyse du rôle des immigrés intra-UE et hors UE dans l’évolution de la structure des professions révèle une très forte variabilité d’un pays à l’autre. Le modèle général est celui où les immigrés intra-UE sont proportionnellement plus nombreux à débuter sur des postes hautement qualifiés, sauf en Irlande et au Royaume-Uni, mais la situation des pays est très variable en ce qui concerne l’importance des emplois hautement qualifiés chez les nouveaux arrivants sur le marché du travail.

En Europe du Sud, les nouveaux arrivants sur ces postes sont relativement peu nombreux, quelle que soit l’origine des migrants, alors qu’en Europe centrale, ils sont relativement nombreux, mais ne comptent que peu de migrants. De manière générale, les immigrés intra-UE se placent entre les autochtones nouvellement arrivés sur le marché du travail et les immigrés originaires de pays tiers. Cette situation pourrait changer mais cela dépendra des schémas de recrutement futurs.

Enfin, l’évolution au regard des professions sur la décennie 2000-10 se caractérise par une tendance à la féminisation des emplois hautement qualifiés et par une présence plus grande des femmes dans les emplois en développement plutôt qu’en déclin. Les hommes sont par ailleurs proportionnellement plus nombreux à occuper des emplois en déclin. La même situation s’observe chez les immigrés, qu’ils soient originaires de l’Union européenne ou non, ce qui donne à penser que la segmentation des emplois selon les sexes représente une évolution fondamentale du marché du travail.

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Notes

1. En moyenne, cette cohorte est plus nombreuse d’un tiers environ que celle des personnes de 45 à 54 ans.

2. Parmi les personnes qui quittent une profession donnée par exemple, un certain nombre sont décédées ou ont quitté le pays au cours de la période considérée. L’essentiel est qu’à la fin de ladite période, elles ne fassent plus partie de la population active ou n’occupent plus d’emploi dans cette profession. De même, parmi les personnes qui entrent dans une profession se trouvent des expatriés nés dans le pays qui rentrent de l’étranger et qui ne sont pas identifiés spécifiquement.

3. Deux groupes ont été exclus : Agriculteurs et ouvriers de l’agriculture et de la pêche de subsistance (sous-grand groupe 62) et Forces armées (grand groupe 0).

4. La part des diplômés du supérieur dans les emplois d’une catégorie professionnelle baisse fortement par la suite, à 30 % aux États-Unis, tandis que dans les pays européens, la catégorie des professions intermédiaires et techniciens comprend entre 33 et 50 % de diplômés du supérieur. Les professions dans cette catégorie semblent être exercées par des personnes très instruites appartenant au groupe de sous-catégories 1-à-10 aux États-Unis.

5. Le taux de renouvellement devrait en principe indiquer dans quelle mesure la composition de la main-d’œuvre a évolué du fait des entrées et des sorties. La mesure donnée ici (taux net de renouvellement) est approximative, et sous-estime le renouvellement total. Elle est estimée à la moitié de la somme, en valeur absolue, des contributions des nouveaux entrants, des nouveaux immigrés, des travailleurs d’âge très actif et des travailleurs âgés à l’évolution de la main d’œuvre.

6. Le nombre de personnes employées par quintile ne représente pas exactement 20 % ; en effet, l’exigence selon laquelle un groupe de professions doit figurer intégralement dans un quintile crée un certain déséquilibre dans la taille des quintiles.

7. Pour l’ensemble des professions, les corrélations sont calculées entre le taux de croissance de la profession concernée et la contribution de chaque groupe démographique à la croissance totale.

8. Aux États-Unis, la nomenclature type des professions ne comprend pas de classification selon les qualifications requises ; il a donc été décidé, pour les besoins de la présente analyse, d’attribuer des niveaux de compétences en fonction du niveau d’études des titulaires. Les professions hautement qualifiées sont celles pour lesquelles 55 % au moins des personnes qui les exercent ont un diplôme de l’enseignement supérieur, et les professions moyennement qualifiées celles, parmi les autres, pour lesquelles au moins 70 % des personnes employées sont titulaires d’un diplôme égal ou supérieur au deuxième cycle du secondaire.

9. Le Luxembourg, qui constitue un cas atypique, n’a pas été pris en compte dans les calculs.

10. Il est à noter que d’après les résultats du tableau 4.5, il semble que les entrées d’immigrés intra-UE occupant des emplois hautement qualifiés soient au moins aussi significatives par rapport au total des entrants occupant ces postes en Autriche et en Belgique qu’elles ne le sont au Royaume-Uni.

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4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES – 155

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156 – 4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES

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4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES – 157

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Annexe 4.A1

Méthode utilisée pour l’estimation des composantes de l’évolution démographique

Les composantes de l’évolution démographique mises en lumière dans le présent chapitre ont été calculées à l’aide de plusieurs méthodes de base de comptabilité démographique appliquées à l’évolution des niveaux de formation, de la main-d’œuvre et de la répartition des emplois par profession.

Ces méthodes reposent grosso modo sur l’équation générale ci-après, relative à la mesure de la variation constatée pour une caractéristique particulière entre les instants T1 et T2 :

Δ(T) = E + I + Δ(PA) – R,

dans laquelle Δ(T) = variation totale observée pour cette caractéristique au cours de la période (T) ; E = nouveaux entrants non immigrés arrivés au cours de la période ; I = nouveaux immigrés arrivés au cours de la période ; Δ(PA) = variations dans le groupe des travailleurs d’âge très actif au cours de la période ; et R= départs en retraite au cours de la période.

Cela revient approximativement à dire que les variations équivalent aux flux d’entrées moins les flux de sorties, à ceci près que l’on tient compte des variations internes des effectifs et que l’on distingue entre les arrivées internes (nouveaux entrants) et externes (immigrés). Les flux de sortie externes (décès et émigration) sont pris en compte implicitement dans chacune des quatre composantes et sont à peu près soldés.

Pour la quasi-totalité des pays, la décomposition est appliquée dans la présente partie aux changements intervenus entre 2000 et 2010 et s’appuie sur les données fournies par les enquêtes sur la population active. Nous exposerons la méthode générale pour les changements relatifs à la population active, avant d’expliquer différentes questions techniques posées par son application à des cas spécifiques. Les composantes de base sont les suivantes :

• Les nouveaux entrants correspondent à la population active âgée de 15 à 34 ans en 2010 moins les personnes de la même tranche d’âge en 2000 qui faisaient déjà partie de la population active. Cette différence correspond approximativement au nombre de jeunes entrés sur le marché du travail au cours de la période. Il est supposé que toutes les personnes âgées de 15 à 24 ans qui faisaient partie de la population active en 2000 y figurent toujours dix ans plus tard, et qu’ils appartiennent désormais à la tranche des 25-34 ans.

• Les retraités correspondent à la population active âgée de 45 ans et plus en 2000 moins la population active de 55 ans et plus en 2010. Les retraits temporaires et les retours précédant un départ en retraite définitif se soldent implicitement.

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• Les travailleurs d’âge très actif correspondent à la population active de 35-54 ans en 2010 moins la population active de 25-44 ans en 2000.

• Les nouveaux migrants correspondent aux immigrés qui, en 2010, résidaient dans le pays depuis dix ans ou moins. Cela signifie que ce groupe est exclu de toutes les autres composantes mentionnées ci-dessus qui font intervenir des données relatives à 2010, afin d’éviter tout double comptage.

Ainsi qu’on peut le vérifier, la variation nette enregistrée dans la population active chez les individus de 15 ans et plus correspond à la somme de ces quatre composantes, somme parfaitement additive, sous réserve de non-réponses.

Cette décomposition des variations peut s’appliquer à chaque niveau de formation au sein de la population active. Toutefois, la notion de « nouveaux entrants » revêt désormais une signification plus précise, puisqu’il s’agit des personnes qui ont achevé leur formation au cours de la période examinée et qui sont entrées sur le marché du travail, compte non tenu des individus poursuivant des études. En ce qui concerne les travailleurs d’âge très actif, les variations correspondent au relèvement du niveau d’instruction dans ce groupe de population mais aussi, implicitement, aux pertes pour cause d’émigration et de décès.

Les estimations relatives aux nouveaux entrants se présentent maintenant comme suit : personnes de 15-24 ans ne poursuivant pas d’études en 2010 + (25-34 ans en 2010 –15-24 ans ne poursuivant pas d’études en 2000), pour chaque niveau de formation.

Le premier terme comprend les personnes dont le parcours éducatif était en principe terminé en 2010. S’agissant du deuxième terme, toutes les personnes de 25-34 ans n’ont pas achevé leur formation. Toutefois, l’élément pertinent étant le niveau supérieur, on considère que les 25-34 ans qui poursuivent leurs études possèdent déjà au moins un premier diplôme de l’enseignement supérieur. Pour ceux dont ce n’est pas le cas (il y en a), une formation de niveau supérieur sera enregistrée comme une amélioration du niveau d’instruction chez les personnes de 25-44 ans en 2000 et de 35-54 ans en 2010. Cette approche n’est pas idéale, mais il est difficile de prendre en compte de manière raisonnable les cas où l’obtention d’un premier diplôme de l’enseignement supérieur intervient tardivement sans que le parcours éducatif ait été interrompu.

Des effectifs de la tranche 25-34 ans de 2010 on soustrait le nombre de personnes de la même cohorte qui avaient déjà achevé leur formation en 2000, c’est-à-dire les 15-24 ans qui, à cette date, ne poursuivaient pas d’études.

Cette forme de décomposition peut s’effectuer pour diverses caractéristiques, en particulier la profession ou le secteur d’activité, et par sexe, afin de fournir une interprétation démographique des variations relatives à chacune des caractéristiques considérées.

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4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES – 159

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Annexe 4.A2.

Évolution des professions et déclassement

Tableau 4.A2.1. Décomposition de la variation de l’emploi par profession selon le quintile de croissance et la source, 2000-10

Milliers

Jeunes travailleurs (nouveaux entrants)

Nouveaux immigrés -

UE27

Nouveaux immigrés - non UE27

Nouveaux immigrés -

total

Travailleurs d'âge de

forte activité

Travailleurs âgés

(retraités)

Évolution nette de l'emploi

2000-2010

Niveau de l'emploi en

2000

Autriche 809 110 110 220 - 26 - 589 413 3 6711 103 20 20 40 - 187 - 196 - 240 1 0192 156 24 18 42 - 112 - 144 - 58 8723 160 18 31 49 36 - 173 71 8734 181 27 21 49 61 - 70 220 6005 209 21 20 40 177 - 5 420 307

Belgique 932 156 128 284 - 148 - 712 382 4 0781 198 31 30 61 - 242 - 262 - 239 1 3722 135 24 19 43 - 22 - 121 38 6463 192 26 23 50 6 - 156 95 7564 152 29 33 61 9 - 84 146 6405 255 45 24 69 100 - 88 342 663

Bulgarie 583 0 1 1 210 - 618 177 2 8421 102 0 0 0 - 87 - 269 - 253 8662 99 0 0 0 13 - 157 - 45 6803 120 0 0 0 50 - 75 95 5014 103 0 0 0 77 - 65 116 3295 159 0 0 0 157 - 52 263 466

Suisse 637 261 131 393 - 94 - 618 325 3 6431 66 28 17 45 - 72 - 170 - 131 8552 144 56 37 93 - 68 - 153 18 9333 115 51 16 67 - 5 - 91 88 5904 158 51 30 82 23 - 113 152 6445 154 75 31 106 29 - 91 199 620

Chypre1,2 69 32 37 69 - 5 - 41 92 2901 9 8 5 12 - 12 - 15 - 5 792 19 6 4 10 - 6 - 9 14 763 14 8 4 12 - 2 - 7 17 514 18 3 1 5 8 - 6 25 475 9 6 23 29 7 - 4 41 38

République tchèque 978 29 24 53 195 - 1 013 213 4 6571 74 5 8 12 - 119 - 293 - 326 1 1492 239 8 5 13 - 48 - 262 - 58 1 2183 179 4 2 6 81 - 214 52 8934 218 7 7 14 123 - 129 226 7525 269 5 3 8 159 - 116 320 645

Allemagne 6 957 na na 1 093 805 - 6 535 2 453 36 1051 1 223 na na 245 - 628 - 1 900 - 1 023 9 8682 926 na na 100 - 2 - 1 101 - 60 5 9343 985 na na 293 226 - 1 218 319 6 1544 1 930 na na 176 713 - 1 488 1 352 7 9085 1 892 na na 279 496 - 828 1 864 6 242

Quintile

Quintile

Quintile

Quintile

Quintile

Quintile

Quintile

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160 – 4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES

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Tableau 4.A2.1. Décomposition de la variation de l’emploi par profession selon le quintile de croissance et la source, 2000-10 (suite)

Milliers

Jeunes travailleurs (nouveaux entrants)

Nouveaux immigrés -

UE27

Nouveaux immigrés - non UE27

Nouveaux immigrés -

total

Travailleurs d'âge de

forte activité

Travailleurs âgés

(retraités)

Évolution nette de l'emploi

2000-2010

Niveau de l'emploi en

2000

Danemark 448 36 58 94 - 57 - 549 5 2 7021 32 7 7 15 - 87 - 192 - 219 7442 65 9 17 27 - 32 - 130 - 56 6493 120 6 15 21 - 5 - 99 53 5104 117 5 9 14 10 - 66 84 4725 114 8 10 18 57 - 61 142 327

Estonie 130 1 2 3 - 14 - 121 0 5681 14 0 1 1 - 32 - 34 - 52 1492 22 0 0 1 3 - 40 - 14 1583 24 0 0 0 - 4 - 24 - 2 824 42 1 0 1 6 - 18 31 1075 28 0 0 1 13 - 5 37 72

Espagne 3 175 589 1 511 2 100 81 - 2 364 2 993 15 3591 301 173 357 530 - 728 - 1 006 - 902 4 8172 566 66 116 182 96 - 556 288 3 0823 662 72 207 279 100 - 282 758 2 3874 493 134 435 569 257 - 287 1 031 2 2175 1 154 144 396 540 357 - 232 1 819 2 858

Finlande 468 14 21 36 20 - 443 82 2 3551 59 3 3 7 - 111 - 161 - 206 7142 98 2 2 4 - 19 - 99 - 16 4733 86 4 8 12 45 - 88 56 4914 108 2 2 4 43 - 62 93 3985 117 4 6 9 61 - 33 155 280

France 5 881 180 410 590 747 - 4 657 2 609 22 8471 1 017 19 57 76 - 830 - 1 463 - 1 192 6 2792 962 48 97 145 - 228 - 1 008 - 124 4 7203 1 490 37 96 133 145 - 916 863 4 8334 1 265 22 40 62 586 - 667 1 257 3 5395 1 148 54 120 173 1 074 - 604 1 804 3 475

Grèce 798 50 158 209 66 - 806 267 4 0571 69 6 20 26 - 56 - 336 - 297 1 1672 147 7 38 45 - 25 - 162 5 8613 172 10 19 30 17 - 133 85 7524 178 7 28 36 44 - 92 166 6525 233 20 52 72 86 - 83 309 625

Hongrie 730 22 5 27 34 - 795 - 4 3 7601 87 5 0 5 - 120 - 216 - 244 1 0442 123 2 1 3 3 - 158 - 29 6893 134 1 1 2 - 2 - 139 - 5 6674 221 7 2 10 56 - 192 94 9215 165 6 0 6 97 - 89 179 440

Irlande 267 154 58 212 - 84 - 227 171 1 6641 3 35 7 42 - 98 - 103 - 155 5292 16 39 8 47 - 20 - 41 3 3023 80 27 8 35 - 10 - 36 70 3504 79 33 18 50 3 - 23 109 2595 89 20 17 37 42 - 25 144 223

Italie 3 520 526 718 1 245 15 - 3 996 808 20 0241 433 62 101 163 - 1 045 - 1 442 - 1 887 5 5132 624 61 74 135 - 245 - 855 - 336 4 2033 1 030 88 121 209 107 - 977 376 4 9684 698 156 177 333 287 - 447 875 2 9675 736 159 246 405 910 - 276 1 781 2 373

Quintile

Quintile

Quintile

Quintile

Quintile

Quintile

Quintile

Quintile

Quintile

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4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES – 161

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Tableau 4.A2.1. Décomposition de la variation de l’emploi par profession selon le quintile de croissance et la source, 2000-10 (suite)

Milliers

Jeunes travailleurs (nouveaux entrants)

Nouveaux immigrés -

UE27

Nouveaux immigrés - non UE27

Nouveaux immigrés -

total

Travailleurs d'âge de

forte activité

Travailleurs âgés

(retraités)

Évolution nette de l'emploi

2000-2010

Niveau de l'emploi en

2000

Lituanie 259 1 3 4 - 82 - 275 - 94 1 2951 13 0 0 0 - 79 - 146 - 211 4572 40 0 1 1 - 38 - 49 - 46 2703 49 0 1 1 - 8 - 43 - 2 2434 63 0 1 1 1 - 34 31 2295 94 0 1 1 42 - 3 134 96

Luxembourg 33 39 7 46 - 7 - 32 39 1811 6 5 1 5 - 13 - 16 - 18 682 4 6 2 8 - 5 - 7 433 6 4 1 4 1 - 4 7 224 11 8 1 9 7 - 4 23 295 6 16 3 18 4 - 1 27 19

Lettonie 218 0 4 4 - 36 - 191 - 2 9401 22 0 1 1 - 60 - 88 - 125 3192 30 0 1 1 - 6 - 32 - 7 1623 62 0 2 2 - 17 - 40 8 2174 37 0 0 0 14 - 20 32 1395 67 0 0 0 34 - 11 90 103

Malte 42 1 1 2 2 - 25 21 1421 3 0 0 0 - 6 - 9 - 12 402 12 0 0 1 - 4 - 7 1 403 7 0 0 0 3 - 6 5 274 10 0 0 0 0 - 2 8 185 12 0 0 1 8 - 1 20 17

Pays-Bas 1 547 54 87 141 - 160 - 1 077 519 7 8201 200 9 14 23 - 221 - 320 - 306 1 9192 354 12 24 36 - 83 - 231 95 1 9713 234 11 20 32 56 - 201 129 1 3234 350 9 19 28 19 - 177 238 1 3865 409 12 10 22 69 - 148 363 1 221

Norvège 479 51 59 112 - 4 - 354 233 2 2621 47 14 20 35 - 81 - 159 - 158 7132 104 12 8 20 1 - 75 51 4303 70 5 5 11 6 - 36 51 2854 144 12 19 31 19 - 61 132 5425 113 8 7 15 52 - 23 157 292

Pologne 4 605 5 10 15 - 22 - 3 244 1 353 14 5181 459 0 2 2 - 438 - 1 193 - 1 171 3 9792 1 022 1 2 3 - 268 - 950 - 193 4 1943 928 1 1 2 - 24 - 468 439 2 4674 981 1 3 4 91 - 396 680 2 3185 1 215 2 2 4 617 - 238 1 597 1 560

Portugal 864 24 134 158 - 123 - 916 - 18 4 9711 55 5 36 41 - 187 - 290 - 381 1 3362 118 4 9 13 - 39 - 214 - 123 1 1923 195 5 24 30 - 42 - 170 13 9124 225 6 59 64 64 - 162 192 9465 272 4 5 9 81 - 81 281 585

Roumanie 1 939 1 1 2 - 665 - 3 011 - 1 735 10 8981 14 0 0 0 - 404 - 1 952 - 2 342 4 5842 246 0 0 0 - 347 - 245 - 346 1 4773 505 0 0 0 - 169 - 443 - 106 2 1594 655 0 0 1 57 - 306 407 1 5905 519 1 0 1 198 - 66 652 1 088

Quintile

Quintile

Quintile

Quintile

Quintile

Quintile

Quintile

Quintile

Quintile

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162 – 4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Tableau 4.A2.1. Décomposition de la variation de l’emploi par profession selon le quintile de croissance et la source, 2000-10 (suite)

Milliers

Note : Les quintiles représentent en principe chacun 20 % de l’emploi en 2010. En pratique, le pourcentage peut différer de 20 car une profession doit être comprise intégralement dans un même quintile. Les données sur l’évolution de l’emploi en Allemagne et au Royaume-Uni, qui portent sur la période 2005-2010, ont été « décennalisées » afin de correspondre à l’évolution nette de l’emploi sur la période 2000-2010. Voir l’annexe 4.A1 pour une description de la méthodologie de décomposition. Certaines estimations de l’évolution présentées, en particulier celles inférieures à 5000, peuvent ne pas être significativement différentes de zéro.

1. Note de la Turquie : les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l'Île. Il n'y a pas d'autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l'Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre-Nord (RTCN). Jusqu'à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

2. Note de tous les États de l'Union européenne membres de l'OCDE et de la Commission européenne : la République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail ; États-Unis : Recensement 2000 et American Community Survey.

Jeunes travailleurs (nouveaux entrants)

Nouveaux immigrés -

UE27

Nouveaux immigrés - non UE27

Nouveaux immigrés -

total

Travailleurs d'âge de

forte activité

Travailleurs âgés

(retraités)

Évolution nette de l'emploi

2000-2010

Niveau de l'emploi en

2000

Suède 936 60 120 181 111 - 817 420 4 1151 135 10 19 30 - 106 - 291 - 230 1 1262 164 10 13 23 5 - 172 21 6863 266 13 57 71 - 28 - 167 144 1 0214 189 9 13 23 79 - 103 190 6535 182 16 18 35 161 - 84 295 630

Slovénie 234 1 7 8 - 5 - 170 68 8941 24 0 2 2 - 43 - 70 - 87 2892 45 0 2 2 - 20 - 39 - 13 2073 41 1 1 2 7 - 24 26 1274 65 0 1 1 21 - 28 60 1715 59 0 1 1 30 - 9 82 101

République slovaque 552 2 1 3 37 - 369 224 2 0801 64 0 0 0 - 80 - 122 - 138 5902 94 0 0 0 - 6 - 94 - 6 4643 128 1 0 1 8 - 70 68 4034 136 1 1 1 34 - 52 120 3645 129 0 0 0 81 - 32 179 259

Royaume-Uni 5 003 843 1 145 1 988 - 632 - 4 673 1 696 27 1551 651 204 248 452 - 1 755 - 1 736 - 2 388 8 7682 844 102 173 275 46 - 1 041 126 5 1833 1 237 133 190 323 11 - 922 652 5 2894 1 075 216 313 529 409 - 628 1 388 4 3495 1 195 187 221 409 658 - 345 1 919 3 565

États-Unis 23 567 na na 7 323 - 3 711 - 19 504 7 676 130 4901 3 931 na na 1 245 - 3 663 - 6 538 - 5 024 36 4602 3 521 na na 1 584 - 1 612 - 3 368 125 23 0453 5 423 na na 1 513 309 - 4 622 2 623 30 6984 6 262 na na 1 474 238 - 3 207 4 767 23 7885 4 429 na na 1 508 1 017 - 1 769 5 185 16 499

Quinti le

Quinti le

Quinti le

Quinti le

Quinti le

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4. ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DES PROFESSIONS ET UTILISATION DES COMPÉTENCES – 163

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Tableau 4.A2.2. Taux de déclassement selon deux définitions, et classification des professions hautement qualifiées selon ces deux définitions, données 2006-10

Note : Les quintiles représentent en principe chacun 20 % de l’emploi en 2010. En pratique, le pourcentage peut différer de 20 car une profession doit être comprise intégralement dans un même quintile. Voir l’annexe 4.A1 pour une description de la méthodologie de décomposition. Certaines estimations de l’évolution présentées, en particulier celles inférieures à 5000, peuvent ne pas être significativement différentes de zéro.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail ; États-Unis : Recensement 2000 et American Community Survey. Voir le tableau 4.A2.1 de l’annexe.

Hautement qualifié (statistique)

Moyennement qualifié (normatif)

Moyennement qualifié (statistique)

Faiblement qualifié (statistique)

Suisse 44 23 21 50 0 27 0Autriche 49 26 23 51 0 23 0Allemagne 43 23 20 54 0 23 0République slovaque 46 11 35 55 0 34 0Ital ie 43 16 27 56 0 28 0République tchèque 41 8 33 58 0 33 0Estonie 35 34 2 58 0 8 0Turquie 35 30 5 60 0 8 0Espagne 24 38 -13 62 12 0 0Irlande 32 37 -5 62 0 1 0France 32 24 8 64 0 12 0Pologne 32 18 14 64 0 18 0Belgique 26 27 -1 66 4 7 0Hongrie 33 14 19 69 0 18 0Royaume-Uni 25 29 -5 70 0 1 0Danemark 27 15 12 70 1 15 0Slovénie 25 9 15 71 0 20 0Suède 27 14 13 72 0 14 0Norvège 27 13 14 72 0 15 0Pays-Bas 25 15 10 72 0 13 0Portugal 26 15 10 73 0 7 0Grèce 26 22 4 73 0 5 0Finlande 15 22 -7 76 7 2 0Islande 19 11 7 78 0 6 0Luxembourg 15 4 11 84 0 12 0Moyenne 31 20 11 66 1 14 0

Taux de déclassement(% des personnes ayant un niveau

d'éducation élevé)

Hautement qualifié

(dans les deux critères)

Hautement qualifié (normatif)

Critère statistique

Critère normatif Différence

Pourcentage de tous les emplois occupés par des personnes ayant un niveau d'éducation élevé

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Partie II. Les compétences des migrants

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Chapitre 5

Mesure, utilisation et rendement des compétences des immigrés : Revue de la littérature

Ana Damas de Matos OCDE

Ce chapitre compare les compétences des immigrés et des autochtones dans les pays de l’OCDE et évalue si la politique en matière d’immigration est efficace pour attirer des compétences dans les pays d’accueil. Il passe en revue les travaux universitaires sur les rendements des compétences des immigrés en termes de devenir professionnel, et notamment d’emploi, d’inadéquation des compétences, et de salaires. Il souligne également l’importance de prendre en compte différentes mesures des compétences, ainsi que le pays où ces compétences ont été acquises. Le chapitre examine deux séries de facteurs expliquant l’infériorité des rendements des compétences des immigrés par rapport aux rendements des compétences des autochtones : d’une part, il se pourrait que les immigrés possédant des compétences similaires à celles des autochtones soient en réalité moins productifs dans le pays d’accueil ; d’autre part, il se pourrait que les employeurs préfèrent embaucher des autochtones plutôt que des immigrés. Les questions et les enjeux clés sont présentés en conclusion.

____________________ Les données statistiques concernant Israël sont fournies par et sous la responsabilité des autorités israéliennes compétentes. L’utilisation de ces données par l’OCDE est sans préjudice du statut des hauteurs du Golan, de Jérusalem Est et des colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie aux termes du droit international.

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5.1. Introduction

Les compétences sont l’un des objectifs cibles des politiques dans les pays de l’OCDE, et sont considérées comme « la monnaie mondiale du XXIe siècle » (OCDE, 2012). Des taux de chômage élevés associés à une sous-utilisation des compétences montrent la nécessité d’élaborer des politiques garantissant une meilleure adéquation de la demande et de l’offre de compétences sur les marchés du travail. À cette fin, il est essentiel d’en apprendre plus sur les compétences des travailleurs et l’utilisation qui en est faite sur le marché du travail.

En 2010, les immigrés représentent 13 % de la population active totale des pays de l’OCDE. Ils apportent souvent des compétences différentes de celles de la population autochtone dans les pays d’accueil. Toutefois, dans l’ensemble, on en sait peu sur les compétences des travailleurs, et encore moins sur celles des travailleurs immigrés. Les mesures des compétences permettant des comparaisons entre les pays sont restreintes, rendant difficiles les comparaisons entre les travailleurs des pays de l’OCDE, ainsi qu’entre les travailleurs autochtones et immigrés au sein d’un même pays. Une autre difficulté liée aux compétences des immigrés tient au fait qu’il peut être particulièrement compliqué pour eux de faire valoir leurs compétences sur un marché du travail étranger, surtout si elles ont été acquises dans un autre pays. Ce chapitre passe en revue les travaux universitaires relatifs aux compétences des immigrés, leur mesure, leur utilisation et leur rendement sur le marché du travail.

L’élaboration des politiques d’immigration et d’intégration nécessite de mieux comprendre les compétences que les immigrés apportent aux pays d’accueil, et la manière dont elles sont mises à profit sur le marché du travail. Plusieurs pays de l’OCDE à la population vieillissante, dans lesquels des pénuries de main-d’œuvre sont attendues à court ou moyen terme, utilisent l’immigration comme moyen d’ajustement de leur marché du travail. L’un de leurs principaux objectifs est donc de sélectionner et d’attirer les travailleurs immigrés dotés des compétences nécessaires. Pour exploiter au mieux les compétences des immigrés déjà présents dans le pays, il est également nécessaire de bien comprendre les compétences qu’ils ont acquises dans leur pays d’origine et la valeur accordée par le marché du travail à ces compétences. Faire la lumière sur les types de difficultés rencontrées par les immigrés (qu’il s’agisse de difficultés linguistiques, d’une absence de reconnaissance des diplômes, d’une discrimination par l’employeur ou d’autres facteurs) permettrait d’élaborer des politiques d’intégration mieux ciblées.

Le chapitre est organisé comme suit. La section 5.2 compare les compétences des immigrés et des autochtones dans les pays de l’OCDE et évalue si la politique en matière d’immigration est efficace pour attirer des compétences dans les pays d’accueil. La section 5.3 passe en revue les travaux universitaires sur les rendements des compétences des immigrés en termes de devenir professionnel, et notamment d’emploi, d’inadéquation des compétences, et de salaires. Cette section souligne l’importance de prendre en compte différentes mesures des compétences, ainsi que le pays où ces compétences ont été acquises. La section 5.4 examine deux séries de facteurs expliquant l’infériorité des rendements des compétences des immigrés par rapport aux rendements des compétences des autochtones : d’une part, il se pourrait que les immigrés possédant des compétences similaires à celles des autochtones soient en réalité moins productifs dans le pays d’accueil ; d’autre part, il se pourrait que les employeurs préfèrent embaucher des autochtones plutôt que des immigrés. La section 5.5 conclut et présente les questions et les enjeux clés.

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5. MESURE, UTILISATION ET RENDEMENT DES COMPÉTENCES DES IMMIGRÉS : REVUE DE LA LITTÉRATURE – 169

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5.2. Niveau d’instruction et compétences des immigrés

Cette section offre un aperçu des compétences apportées par les immigrés dans les pays de l’OCDE. Les compétences se définissent comme « la somme des connaissances, qualités et aptitudes qui peuvent être apprises et qui permettent de réaliser efficacement et invariablement une activité ou une tâche, qu’elle soit décrite globalement ou précisément, et qui peuvent être améliorées et approfondies par l’apprentissage » (OCDE, 2012). Cette vaste définition englobe des aspects aussi divers que les connaissances techniques d’un ingénieur ou la force de persuasion d’un commercial. Le concept de compétences défini en tant que tel est similaire au concept de capital humain plus fréquemment utilisé dans les publications économiques. La première difficulté posée par la comparaison des compétences des travailleurs consiste à définir des mesures appropriées des compétences.

Le niveau d’instruction est le moyen le plus simple de mesurer les compétences. Dans la plupart des travaux universitaires, et notamment dans les comparaisons entre les pays, le niveau d’instruction est généralement divisé en trois niveaux : inférieur au deuxième cycle de l’enseignement secondaire, deuxième cycle du secondaire et enseignement supérieur1. Il s’agit d’une mesure grossière des compétences, de ce qu’un travailleur connaît et est effectivement capable d’accomplir. Tous les diplômes de l’enseignement supérieur, par exemple, sont réputés aboutir au même niveau de compétence sur le marché du travail, indépendamment de leur qualité ou du domaine d’expertise. Le niveau d’instruction n’en est pas moins la mesure des compétences la plus répandue et la plus utilisée pour comparer immigrés et autochtones dans les pays d’accueil.

Autre mesure des compétences utilisée dans les publications : les compétences évaluées, notamment dans le cadre des tests de compréhension de l’écrit2. Les résultats obtenus à ces tests permettent de mesurer les performances des immigrés et des autochtones lors de l’accomplissement de certaines tâches spécifiques, comme l’extraction d’informations d’un texte ou d’un graphique, et peuvent également servir d’indicateur des compétences pratiques utilisables sur le marché du travail. Les différences entre immigrés et autochtones en ce qui concerne les compétences plus générales, et notamment les compétences non cognitives, comme les compétences interpersonnelles, la persévérance ou le sens de la communication, n’ont pas encore été exploitées, mais pourraient constituer un domaine de recherche intéressant.

Dans un contexte d’économies fondées sur la connaissance avec une population vieillissante, comme c’est le cas de la plupart des pays de l’OCDE, la première priorité est désormais d’attirer des immigrés hautement qualifiés. La dernière partie de cette section se penche sur la question de savoir si des politiques d’immigration plus sélectives en termes de compétences permettent d’attirer plus efficacement des immigrés qualifiés dans les pays d’accueil.

Niveau d’instruction des immigrés Le niveau d’instruction moyen des immigrés dans les pays de l’OCDE est similaire à

celui des autochtones. Les immigrés sont toutefois légèrement surreprésentés aux niveaux les plus élevés et les moins élevés de la classification. Le tableau 5.1 indique la proportion d’immigrés et d’autochtones peu instruits (niveau inférieur au deuxième cycle de l’enseignement secondaire) et très instruits (ayant suivi des études supérieures). Ces chiffres mettent en évidence de larges disparités entre les pays de l’OCDE : en Europe du Sud, la moitié des immigrés possèdent un niveau inférieur au deuxième cycle de l’enseignement secondaire, alors que ce n’est le cas que de moins d’un quart des

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immigrés en Australie, en Nouvelle-Zélande et au Canada. Les États-Unis se situent entre les deux, un tiers des immigrés étant titulaires d’un diplôme inférieur au deuxième cycle de l’enseignement secondaire. À l’autre extrémité de la classification des niveaux d’instruction, près de la moitié des immigrés sont titulaires d’un diplôme supérieur au Canada, contre seulement 11 % en Italie.

Une partie des différences entre les pays de l’OCDE est liée à la composition des pays d’origine, dans la mesure où il existe de fortes disparités de niveau d’instruction en fonction du pays d’origine. Par exemple, dans les pays de l’OCDE, 60 % des immigrés originaires d’Inde sont titulaires d’un diplôme supérieur, contre 15 % des immigrés originaires du Mexique. Les immigrés originaires d’Asie, des pays d’installation de l’OCDE (États-Unis, Canada, Australie) et de certains pays d’Afrique possèdent en moyenne un niveau d’instruction élevé, tandis que les immigrés originaires d’Amérique du Sud, des Caraïbes et d’Afrique du Nord sont beaucoup moins susceptibles d’avoir suivi des études supérieures (graphique 5.1).

La « qualité » des différentes cohortes d’immigrés entrant aux États-Unis (Borjas, 1993) et au Canada (Aydemir et Skuterud, 2005) a donné lieu à de nombreux débats. Le tableau 5.1 compare le niveau d’instruction des immigrés récents, qui vivent dans le pays d’accueil depuis dix ans ou moins, et celui de l’ensemble de la population immigrée. Les immigrés récents sont en moyenne plus instruits que les immigrés de longue date. Cette tendance pourrait être partiellement corrélée à une évolution de la composition des pays d’origine. Autre facteur à prendre en compte : le niveau d’instruction a augmenté régulièrement au cours des dernières décennies dans la plupart des pays. On ne sait donc pas clairement dans quelle mesure cette hausse du niveau d’instruction des immigrés est comparable à la hausse du niveau d’instruction des autochtones, puisqu’en moyenne les immigrés récents sont également plus jeunes que les immigrés plus anciens. Ces résultats demeurent vrais pour les femmes immigrées examinées séparément.

Un certain nombre de publications sur l’assimilation des immigrés font la distinction entre l’instruction et les compétences acquises dans le pays d’origine et celles acquises dans le pays d’accueil, comme Clark et Lindley (2009) au Royaume-Uni, Nordin (2007) en Suède, ou Bratsberg et Ragan, (2002) aux États-Unis. À leur arrivée, les immigrés apportent leur instruction, leur expérience professionnelle et les autres compétences acquises dans leur pays d’origine, et à mesure que le temps passe, ils acquièrent également des compétences dans le pays d’accueil. Une majorité d’immigrés des pays de l’OCDE ont déjà terminé leurs études à leur arrivée dans le pays d’accueil. Le tableau 5.2 présente le pourcentage d’immigrés ayant acquis leur diplôme le plus élevé dans leur pays d’origine par niveau d’instruction dans une sélection de pays de l’OCDE. Une majorité d’immigrés ont terminé leurs études avant leur départ à l’étranger, sauf en France. Autre exception, les immigrés diplômés du supérieur au Royaume-Uni, qui terminent souvent leurs études dans le pays d’accueil.

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5. MESURE, UTILISATION ET RENDEMENT DES COMPÉTENCES DES IMMIGRÉS : REVUE DE LA LITTÉRATURE – 171

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Tableau 5.1. Niveau d’éducation des personnes nées dans le pays et nées à l’étranger âgées de 15 ans et plus, par pays de destination et durée de résidence

Source : Les données de l’Union européenne sont issues de l’Enquête sur les forces de travail (Eurostat) de 2010. Les données des autres pays proviennent de la Base de données sur les immigrés dans les pays de l'OCDE, DIOC 2005/06, www.oecd.org/fr/migrations/dioc.htm.

Graphique 5.1. Pourcentage de personnes ayant un niveau d’éducation élevé et âgées de 15 ans et plus dans les cinq principaux pays d’émigration, selon la région d’origine, 2005/06 et 2000

Pourcentages

Source : Widmaier, S. et J.C. Dumont (2011), « Are Recent Immigrants Different? A New Profile of Immigrants in the OECD (DIOC 2005/2006) », Documents de travail de l’OCDE sur les affaires sociales, l’emploi et les migrations, n° 126, éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/5kg3ml17nps4-en.

Total FemmesFaible niveau

d’études

Niveau d’études

élevéTotal Femmes

Faible niveau

d’études

Niveau d’études

élevéTotal Femmes

Faible niveau

d’études

Niveau d’études

élevé(milliers) (%) (%) (%) (milliers) (%) (%) (%) (mill iers) (%) (%) (%)

Al lemagne 60 237 51.0 20.7 21.7 11 372 52.3 38.0 18.4 1 912 55.9 34.6 24.7Austral ie 10 584 51.4 32.4 24.1 3 500 50.4 24.8 34.5 893 51.3 12.2 48.4Autriche 5 870 51.3 25.7 14.9 1 175 53.1 33.5 17.9 369 54.7 30.6 23.3Canada 19 540 51.2 24.6 37.5 5 800 52.2 21.3 46.9 1 600 52.5 16.9 57.1Danemark 4 033 50.2 35.4 25.3 217 53.3 33.9 29.1 82 53.3 36.1 31.0Espagne 32 795 51.1 56.9 24.9 5 683 50.9 47.9 20.3 3 707 52.0 48.1 18.1États-Unis 201 562 51.5 17.3 31.0 39 000 50.0 32.7 29.9 13 000 47.9 35.2 29.1Finlande 4 325 51.3 31.4 28.4 142 50.3 29.1 27.9 63 51.6 36.1 24.0Grèce 8 501 51.3 47.7 18.3 805 50.2 50.4 13.0 334 51.5 57.0 11.1Irlande 2 938 51.0 37.8 27.9 477 50.9 21.6 42.1 305 49.4 19.0 43.7Italie 47 020 51.7 55.5 11.1 4 503 54.0 48.1 11.0 2 197 56.9 49.3 10.0Luxembourg 223 50.7 32.8 20.4 165 50.5 29.8 38.2 62 48.0 18.9 56.6Norvège 3 379 50.8 31.7 23.6 224 50.8 37.1 29.8 56 52.9 47.0 26.0Nouvelle-Zélande 2 224 52.0 27.9 22.6 688 51.8 16.1 33.4 325 52.3 9.4 39.6Pologne 31 397 52.4 23.2 18.1 276 61.8 38.9 17.7 28 53.6 10.5 36.7Portugal 8 362 52.0 74.1 11.3 659 53.5 51.7 18.3 261 55.8 50.3 12.9Royaume-Uni 36 547 50.1 29.2 29.2 5 974 52.1 22.1 34.6 3 029 50.7 17.8 32.9Suède 5 812 48.8 26.0 27.0 1 139 52.4 34.1 30.2 360 52.7 38.7 39.3Suisse 4 537 51.3 22.9 21.6 1 300 49.4 40.8 24.1 470 53.0 31.3 38.3UE27 364 187 51.4 36.0 20.4 42 903 52.3 39.9 21.9 14 707 53.4 37.9 23.9

Personnes nées à l’étranger Personnes nées à l’étranger résidant dans le pays depuis 10 ans ou moins

Pays de résidence

Personnes nées dans le pays

-

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60

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-Zél

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Amérique latine etCaraïbes

Europe Asie Afrique Amériquedu Nord

Océanie

Part ayant un niveau d'éducation élevé 2005/06Part ayant un niveau d'éducation élevé 2010Part de la population totale ayant un niveau d'éducation élevé 2005/06Taux de croissance du nombre d'émigrés ayant un niveau d'éducation élevé, 2000-2005/06 (échelle de droite)

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Tableau 5.2. Pourcentage des personnes nées à l’étranger qui ont obtenu leur diplôme le plus élevé dans le pays de résidence, dans quelques pays européens de l’OCDE, 2008

Note : Un « niveau d’éducation élevé » fait référence au niveau 5 de la CITE et au-delà, le « niveau d’éducation intermédiaire » aux niveaux 3 et 4 de la CITE.

Source : OCDE (2012), Les migrants et l'emploi (vol. 3) – L'intégration sur le marché du travail en Autriche, Norvège et Suisse. Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/9789264167919-fr.

Compétences évaluées des immigrés Le niveau d’instruction est la mesure classique des compétences des travailleurs dans

les publications sur l’économie du travail. D’après le modèle du capital humain conçu par Becker (1964), les individus investissent dans les études afin d’acquérir des compétences utilisables sur le marché du travail et obtenir ainsi de meilleurs revenus. Bien que le niveau d’instruction soit la mesure la plus largement disponible des compétences des travailleurs et la plus fréquemment utilisée, il demeure un indicateur imparfait de l’ensemble de compétences que le travailleur apporte sur le marché du travail. L’éducation formelle ne se traduit pas intégralement en compétences exploitables sur le marché du travail.

L’Enquête internationale sur la littératie des adultes (IALS, 1994-98) est l’une des rares sources de données sur ce type de compétences évaluées des adultes. Elle couvre 20 pays et mesure trois composantes de la maîtrise de l’écrit : la compréhension de textes suivis (capacité d’un individu à comprendre et à extraire les informations d’un texte), de textes schématiques (capacité à extraire des informations de différentes sources : cartes, tableaux, etc.) et de textes au contenu quantitatif (capacité à appliquer des opérations arithmétiques à des situations de la vie de tous les jours). Bien que les études soient susceptibles d’améliorer les performances aux tests de compréhension de l’écrit, la corrélation entre ces compétences et les résultats scolaires est complexe. Les tests de compréhension de l’écrit semblent mesurer des compétences pas nécessairement reflétées par le niveau d’instruction3.

Le rapport rédigé en 2000 par l’OCDE et Statistique Canada compare les résultats des immigrés de langue étrangère et des autochtones à l’IALS. En moyenne, les immigrés

Niveau d'éducationélevé

Niveau d'éducation intermédiaire

Autriche 33 30Belgique 31 34Espagne 18 9France 63 63Allemagne 36 39Grèce 22 14Irlande 26 20Italie 27 25Luxembourg 4 28Pays-Bas 44 62Portugal 46 28Suède 36 46Suisse 19 17Royaume-Uni 66 39Moyenne des pays 34 32

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obtiennent de moins bons résultats que les autochtones aux tests de compréhension de l’écrit. La différence entre ces deux groupes est plus marquée en Amérique du Nord ou en Europe de l’Ouest qu’en Australie ou en Nouvelle-Zélande. En Norvège et en Suède, les plus mauvais résultats obtenus à ces tests sont amplement le fait de locuteurs immigrés nés à l’étranger, mais les immigrés sont également largement représentés dans le haut du tableau. Cette surreprésentation des immigrés aux deux extrémités de la répartition des compétences est également soulignée par Kahn (2004). Il exploite les résultats de la Suisse, du Canada, de la Nouvelle-Zélande et des États-Unis à l’IALS, et montre que leur répartition est bimodale pour les immigrés mais unimodale pour les autochtones. Ce résultat est interprété comme une preuve de l’existence de deux groupes distincts d’immigrés dans les pays d’accueil : les immigrés à haut et à faible niveau à l’écrit. En outre, Kahn (2004) démontre que, bien que les immigrés au Canada et en Nouvelle-Zélande aient en moyenne un meilleur niveau d’instruction que les autochtones, ils obtiennent de moins bons résultats aux tests. Ces résultats montrent que l’utilisation des résultats aux tests de compréhension de l’écrit comme une mesure supplémentaire des compétences met en lumière les difficultés qu’il y a à traduire le niveau d’instruction des immigrés en compétences exploitables sur le marché du travail des pays d’accueil.

Au cours de la dernière décennie, les compétences non cognitives ont bénéficié d’un regain d’intérêt dans les publications sur l’économie du travail, comme les travaux de James J. Heckman par exemple. Il a été démontré que les compétences non cognitives telles que la motivation, la ténacité, la loyauté et la persévérance étaient des prédicteurs importants de la réussite scolaire et professionnelle d’un individu. Au milieu des années 1970, Bowles et Gintis (1976) ont démontré que les résultats scolaires étaient fortement corrélés à la persévérance et à la cohérence et que les employeurs appréciaient les compétences non cognitives telles que la stabilité professionnelle et la fiabilité. Kuhn et Weinberger (2005) démontrent que les qualités d’encadrement sont également de bons prédicteurs des salaires chez les hommes. Aucune étude ne compare les compétences non cognitives des immigrés et des autochtones. Elles peuvent être significativement différentes puisque les immigrés viennent souvent d’un environnement culturel différent de celui des autochtones, et les compétences non cognitives sont également susceptibles d’être liées à la décision d’émigrer (ce qui impliquerait que l’ensemble de compétences non cognitives de la population immigrée n’est pas un sous-ensemble aléatoire de compétences dans le pays d’origine).

Malgré certains progrès accomplis ces dernières années, on ne sait pas vraiment dans quelle mesure les compétences des immigrés et des autochtones se distinguent sur différents plans. Il est clairement nécessaire de mener des recherches plus approfondies sur une définition élargie des compétences des travailleurs : les autres compétences évaluées, comme l’utilisation de l’informatique, ou plus généralement les compétences utilisées au travail, autres que les mesures des savoirs fondamentaux déjà disponibles. Des recherches sur les compétences non cognitives et sur la mesure dans laquelle les immigrés se distinguent des autochtones sur ce plan pourraient également s’avérer utiles.

Auto-sélection des immigrés, politiques d’immigration et compétences des immigrés

Pour saisir les différences entre les niveaux d’instruction et les autres compétences des immigrés dans les pays de l’OCDE, il convient de comprendre le double processus de sélection des immigrés dans les pays d’accueil. D’une part, l’auto-sélection des immigrés : les individus décident eux-mêmes s’ils doivent émigrer, et où ; d’autre part, les pays d’accueil restreignent l’ampleur de l’immigration et acceptent les immigrés selon

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des critères plus ou moins sélectifs, en fixant des quotas ou en admettant les immigrés sur la base de leurs compétences. D’un point de vue politique, la compréhension du processus de sélection des immigrés est essentielle pour évaluer dans quelle mesure les pays d’accueil peuvent influer sur le niveau de compétence des immigrés entrant dans le pays, en concevant des politiques d’immigration adaptées.

Les recherches classiques sur l’économie de la migration se concentrent sur l’auto-sélection des immigrés et sur la compréhension de la décision d’émigrer, par exemple Borjas (1987) ou Borjas (1999). Les modèles de cette série de travaux sont fondés sur le modèle de Roy, selon lequel les travailleurs émigrent vers les pays dont ils attendent le meilleur rendement en termes de compétences, hors coûts liés à l’émigration. L’accent est mis sur l’immigration de travail et les données utilisées concernent les flux migratoires observés, plutôt que les intentions d’émigrer. Les difficultés d’accès au pays d’accueil ne sont pas non plus explicitement modélisées. Dans une publication récente, Grogger et Hanson (2011) montrent que les écarts salariaux absolus entre les travailleurs hautement et faiblement qualifiés expliquent en grande partie les différences entre les effectifs relatifs d’immigrés plus instruits des différents pays. Utilisant leur modèle afin de quantifier le poids relatif des différents facteurs influençant la décision d’émigrer (langue, distance, coûts de l’émigration, contexte politique, etc.), ils suggèrent que les écarts de salaire liés aux compétences sont le principal facteur expliquant pourquoi les États-Unis et le Canada reçoivent davantage de travailleurs immigrés que les autres pays de l’OCDE4.

Selon ces travaux, la capacité du pays d’accueil à attirer des immigrés qualifiés dépend des performances de son marché du travail. Les politiques d’immigration et d’intégration pourraient également influencer (marginalement du moins) la sélection des immigrés. Les variables telles que les droits accordés aux immigrés, la disponibilité à court ou long terme des permis de travail, peuvent également influencer la composition des compétences des immigrés souhaitant travailler et vivre dans le pays d’accueil. Les données prouvant l’effet de ces mesures sur la composition des compétences des immigrés demeurent extrêmement restreintes. Les publications se concentrent principalement sur les mécanismes directs de la politique d’immigration, que les pays utilisent pour influencer le niveau de compétences des immigrés admis en soumettant par exemple les différents types de visas à des quotas, ou en donnant la priorité aux immigrés posant leur candidature pour travailler dans le pays sur la base de leurs compétences.

Lorsque l’on analyse les compétences des immigrés, il est important d’établir une distinction entre eux sur la base des motifs qui les poussent à émigrer : le travail, la famille, ou des causes humanitaires. Cette distinction est rarement faite dans les travaux universitaires (principalement en raison d’un manque de données sur les motifs de l’émigration et/ou les visas) mais est très pertinente sur le plan politique. Dans les pays de l’OCDE, seule une partie des immigrés sont des immigrés de travail, c’est-à-dire des immigrés qui émigrent principalement pour des raisons professionnelles. Selon OCDE (2012), les migrations pour raisons familiales représentaient 36 % des flux d’immigration permanente vers les pays de l’OCDE en 2010, et les migrations de travail 21 % (environ 40 % lorsque l’on tient compte à la fois des migrations de travail et des migrations au titre de la libre circulation). Le Canada, la Nouvelle-Zélande et l’Australie comptent une part importante d’immigrés de travail et de familles accompagnantes. L’immigration pour raisons humanitaires est plus répandue dans les pays européens de l’OCDE. En Europe, la libre circulation représente une part importante des migrations de travail. En Suisse par exemple, la libre circulation représente 71 % des migrations de type permanent (graphique 5.2).

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Graphique 5.2. Entrées permanentes dans les pays de l’OCDE et dans la Fédération de Russie, par catégorie d’entrée, 2010

Pourcentage de la population totale

Source : OCDE (2012), Perspectives des migrations internationales 2012, éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/migr_outlook-2012-fr.

L’immigration de travail est l’un des seuls domaines dans lequel la politique peut influencer directement la composition des flux migratoires par niveau d’éducation. De nombreuses politiques différentes sont en place dans les pays de l’OCDE qui acceptent les immigrés de travail sur la base de leurs compétences5. Une question majeure se pose dans les publications : des politiques d’immigration plus sélectives en termes de compétences sont-elles efficaces pour attirer des immigrés plus qualifiés ? Un grand nombre de ces publications comparent les États-Unis et le Canada, qui ont des économies similaires. Toutefois, alors que les immigrés viennent majoritairement aux États-Unis pour des raisons familiales, ils sont soumis à un système de sélection à points au Canada. Duleep et Regets (1992) et Borjas (1993) comparent les deux pays et montrent que les immigrés au Canada sont plus instruits, ce qui est principalement dû à une différence de composition des pays d’origine entre ces deux pays d’accueil, et non au fait qu’ils attirent des immigrés provenant des mêmes pays d’origine, mais avec des niveaux d’éducation différents. Dans la même veine, Antecol (2003) démontrent que la principale raison pour laquelle les immigrés aux États-Unis ont des niveaux d’instruction inférieurs et un moins bon niveau en anglais que les immigrés au Canada et en Australie est de nature géographique, et tient notamment au fait que les immigrés qui s’établissent aux États-Unis sont originaires d’Amérique latine. Ces résultats impliquent que l’impact des politiques d’immigration est probablement limité par rapport à celui des déterminants géographiques et historiques lorsqu’il s’agit d’attirer le type de compétences souhaité.

Néanmoins, certaines données montrent qu’aux États-Unis (Jasso et Rosenzweig, 1995), au Canada (Aydemir, 2011) et en Australie (Cobb-Clark, 2000), les immigrés de travail ont un meilleur niveau d’instruction et de meilleures compétences linguistiques que les immigrés admis pour raisons familiales, même lorsqu’ils sont originaires du

0%

10%

20%

30%

40%

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70%

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90%

100%Travail Libre circulation Familles accompagnant les travailleurs Famille Humanitaire Autre

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même pays. Kahn (2004), dans le cadre d’une comparaison du Canada, de la Nouvelle-Zélande, des États-Unis et de la Suisse, montre que les résultats des immigrés aux tests de compréhension de l’écrit sont moins bons aux États-Unis que dans les autres pays, et que la répartition bimodale des résultats des immigrés est également plus importante. Selon lui, ces résultats sont cohérents avec les répercussions attendues des différences entre les politiques d’immigration.

Globalement, il est prouvé que les pays qui appliquent des politiques d’entrée plus sélectives fondées sur les compétences attirent des immigrés plus qualifiés au moment de leur arrivée dans le pays ; la mesure dans laquelle il existe un lien de cause à effet est toujours sujette à controverse6. La définition des politiques d’immigration sélectives dans les études universitaires est souvent étroite. Chaque pays procède à une sélection, plus ou moins explicitement. Les pouvoirs publics peuvent déléguer ce droit aux employeurs, tout en imposant certaines contraintes, tel qu’un niveau d’instruction ou de revenus minimal. En outre, il ne faut pas oublier qu’un grand nombre d’immigrés dans les pays de l’OCDE ne sont pas sélectionnés directement puisqu’ils émigrent pour raisons familiales, dans le cadre d’accords de libre circulation ou pour raisons humanitaires.

5.3. Rendements de l’éducation et des compétences sur le marché du travail des pays d’accueil

La section ci-dessus examine les données disponibles sur les compétences des immigrés dans les pays de l’OCDE. La présente section passe en revue les publications sur le devenir professionnel des immigrés à leur arrivée puis au fil du temps dans les pays de l’OCDE, et les données montrant dans quelle mesure l’éducation et les compétences des immigrés sont utilisées et valorisées dans les pays d’accueil. L’accent est mis sur trois aspects distincts : accès à l’emploi (taux d’activité et taux d’emploi), déclassement et salaires. En fonction du marché du travail et de la population immigrée du pays d’accueil, le principal obstacle à l’intégration des immigrés peut être la participation, l’emploi, les salaires ou le déclassement. Le principal écart entre les résultats des immigrés et des autochtones en Suède, par exemple, concerne le taux d’emploi. Pour les immigrés, la principale difficulté est de trouver du travail ; une fois en poste, les écarts de salaire observés tendent à diminuer puisque la distribution des salaires sur le marché du travail est très compressée. À l’inverse, au Portugal ou au Royaume-Uni, le taux d’emploi des immigrés de sexe masculin est supérieur à celui des autochtones (OCDE, 2012). Dans ces économies, les principales difficultés sont liées au déclassement des immigrés et à l’écart salarial entre immigrés et autochtones.

Résultats des immigrés sur le marché du travail

Participation au marché du travail et taux d’emploi En 2005-06, en moyenne, 68 % des immigrés âgés entre 15 et 64 ans occupaient un

emploi et le taux de chômage atteignait 9 % dans les pays de l’OCDE. Ces chiffres sont similaires pour les autochtones, mais il existe d’importantes disparités en termes d’accès à l’emploi en fonction du pays d’origine des immigrés. Les taux d’emploi des immigrés originaires des États-Unis et de l’Union européenne sont significativement supérieurs (plus de 70 %) à ceux des immigrés d’Afrique du Nord (moins de 60 %). L’écart entre le taux d’emploi des immigrés et celui des autochtones est plus important chez les travailleurs plus instruits que chez les travailleurs moins instruits.

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Les taux d’activité et d’emploi des femmes immigrées sont également inférieurs à ceux des femmes autochtones, même lorsque l’on tient compte des différences en termes de niveau d’instruction. Néanmoins, le taux d’activité des immigrées est en moyenne plus élevé que celui des femmes non immigrées du même pays d’origine (graphique 5.3).

Graphique 5.3. Dispersion des taux d’emploi des 15-64 ans nés à l’étranger par région d’origine dans l’OCDE, 2005/06

Source : Widmaier, S. et J.C. Dumont (2011), « Are Recent Immigrants Different? A New Profile of Immigrants in the OECD (DIOC 2005/2006) », Documents de travail de l’OCDE sur les affaires sociales, l’emploi et les migrations, n° 126, éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/5kg3ml17nps4-en.

Ces faits stylisés fondamentaux sont confirmés pour des pays individuels par des travaux universitaires axés le plus souvent sur un seul pays d’accueil à la fois. Plusieurs publications, parmi lesquelles Chiswick (1982) pour les États-Unis et Price (2001) pour le Royaume-Uni, montrent que les caractéristiques individuelles des immigrés expliquent une partie des écarts entre les taux d’emploi. Les immigrés bénéficiant d’un meilleur niveau d’instruction et de plus d’expérience professionnelle affichent un taux d’emploi supérieur, qui n’égale toutefois pas le taux d’emploi des autochtones. Ces résultats indiquent qu’un niveau d’instruction et une expérience professionnelle théoriquement équivalents (les mesures des compétences les plus fréquemment disponibles) n’assurent pas nécessairement le même accès à l’emploi aux immigrés qu’aux autochtones.

Déclassement En ce qui concerne les immigrés occupant un emploi dans les pays d’accueil, le

déclassement est un problème qui attire de plus en plus l’attention. Ces nouveaux travaux visent à comprendre dans quelle mesure les immigrés occupent des emplois correspondant à leur niveau de compétence. La principale mesure des compétences utilisée dans ces publications est le niveau d’instruction. Il existe trois mesures

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principales du déclassement, qui comparent le niveau d’instruction d’un travailleur et le poste qu’il occupe : une mesure normative, une mesure statistique et une mesure subjective. La mesure normative se fonde sur une correspondance a priori entre le niveau d’études et les qualifications professionnelles ; la mesure statistique érige en norme le niveau d’éducation moyen ou médian de la population autochtone pour un emploi donné et compare le niveau d’instruction du travailleur à cette norme ; l’approche subjective se fonde sur la perception que le travailleur a des compétences qu’il utilise au travail pour déterminer s’il y a sous-utilisation des compétences.

La mesure statistique est la mesure du déclassement la plus largement utilisée dans le cadre de l’analyse du devenir professionnel des immigrés, et les publications comparent généralement la prévalence du déclassement des immigrés et celle des autochtones. Il en ressort un même fait stylisé pour la quasi-totalité des pays : en moyenne, les immigrés sont plus touchés par le déclassement que les autochtones ; le rendement de l’éducation des immigrés est donc inférieur à celui des autochtones en termes de statut professionnel.

Il existe une forte hétérogénéité des taux de déclassement selon le pays d’accueil et le pays d’origine des immigrés. C’est également le cas en ce qui concerne l’accès à l’emploi des immigrés. Dumont et Monso (2007) montrent que dans les pays de l’OCDE, la structure du marché du travail du pays d’accueil explique en partie l’ampleur du déclassement (en Italie, par exemple, le taux de chômage des immigrés est faible mais leur taux de déclassement est élevé). Néanmoins, les caractéristiques individuelles des immigrés demeurent le facteur explicatif le plus important. Dumont et Monso (2007) ont constaté que les immigrées sont plus souvent déclassées que leurs homologues masculins ; les immigrés originaires de pays non membres de l’OCDE et les immigrés plus récents sont également plus souvent pénalisés par le déclassement. Ces faits stylisés fondamentaux sont confirmés par Cedefop (2011) pour les pays européens, et également par certaines études portant sur des pays individuels, telles que Poot et Stillman (2010) pour la Nouvelle-Zélande ou Sanroma et al. (2008) pour l’Espagne7.

Salaires Traditionnellement, les publications relatives au devenir des immigrés sur le marché

du travail du pays d’accueil se concentrent sur les salaires. Le principal fait stylisé émergeant de ces publications est l’existence d’écarts salariaux entre immigrés et autochtones : en moyenne, les immigrés gagnent moins que les autochtones. Le cadre de ces estimations est une équation des revenus, Mincer (1974). Les revenus sont exprimés comme une fonction de l’expérience potentielle sur le marché du travail (le temps écoulé depuis que l’individu a quitté la scolarité à temps complet), des années d’études, et d’autres caractéristiques dépendant des données utilisées.

Bien qu’il existe de nombreuses études sur les salaires des immigrés dans des pays individuels, il est difficile d’obtenir des données comparables pour les pays de l’OCDE. OCDE (2008) présente une première analyse des écarts salariaux entre immigrés et autochtones dans neuf pays. Les faits stylisés ressortant de cette analyse sont que les immigrés gagnent moins que les autochtones à caractéristiques similaires (autochtones du même âge, sexe, niveau d’instruction) dans tous les pays, sauf l’Australie ; et les écarts salariaux sont plus importants pour les immigrés originaires de pays non membres de l’OCDE. Les années d’études et d’expérience professionnelle des immigrés ne leur permettent pas de bénéficier des mêmes niveaux de salaires que les autochtones.

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Rendements de l’éducation et de l’expérience en fonction du temps passé dans le pays de résidence

Une question importante qui se pose dans les publications est de savoir si les rendements de l’éducation et de l’expérience augmentent avec le nombre d’années passées sur le marché du travail du pays d’accueil. La plupart des travaux universitaires se concentrent sur le rattrapage salarial, afin de comprendre dans quelle mesure les salaires des immigrés convergent vers ceux des autochtones à caractéristiques similaires. Toutefois, certaines publications s’intéressent également à l’évolution des taux d’emploi et de déclassement dans le temps. Le fait de déterminer si les immigrés arrivant sur le marché du travail du pays d’accueil sont pénalisés provisoirement et si leur situation s’améliore à mesure du temps passé dans le pays d’accueil est une première étape dans la compréhension des facteurs expliquant les faibles rendements des compétences des immigrés.

Taux d’emploi et de chômage Plusieurs publications ont étudié l’évolution des taux d’emploi et de chômage des

immigrés à mesure du temps passé dans le pays d’accueil, pour déterminer si les taux des immigrés convergent vers ceux des autochtones, comme l’avait initialement étudié Chiswick 1982). Bevelander et Nielsen (2001) comparent l’évolution dans le temps des taux de chômage des immigrés non réfugiés originaires d’ex-Yougoslavie et des pays nordiques installés en Suède. Le taux d’emploi des autochtones se monte à environ 88 %, alors qu’il est inférieur de 20 points en moyenne pour les immigrés originaires d’ex-Yougoslavie et de 12 points pour les immigrés originaires des autres pays nordiques. Ils estiment qu’après dix ans de résidence, l’écart de taux d’emploi entre les autochtones et les immigrés des pays nordiques est comblé, alors qu’on ne constate aucun signe de convergence pour les immigrés originaires d’ex-Yougoslavie, même après 20 ans de résidence.

Husted et al. (2001) montrent que le taux d’emploi des immigrés au Danemark est également bas, surtout celui des réfugiés. L’emploi représente dans ce cas le principal obstacle à l’intégration des immigrés sur le marché du travail, et il n’existe aucun signe de convergence. Amuedo-Dorantes et De la Rica (2007) constatent dans le cas de l’Espagne une forte assimilation en termes d’emploi, mais seulement pour certains groupes d’origine. Pour les immigrés originaires de pays européens non membres de l’UE et d’Amérique latine, ils estiment que la convergence avec le taux d’emploi des autochtones est quasi totale après cinq ans de résidence, alors qu’il n’existe aucun signe de convergence pour les immigrés d’origine africaine. Les données utilisées dans toutes les études ci-dessus sont transversales et ne font donc pas la distinction entre les effets de cohorte et ceux liés au nombre d’années de résidence. Cette analyse est également très probablement affectée par un biais de sélection des migrations de retour8. Certaines études font exception, en laissant de côté les données transversales pour s’appuyer sur une enquête longitudinale suivant les immigrés au cours de leurs premières années en Australie, l’Enquête longitudinale sur les immigrés en Australie (LSIA). La LSIA se déroule en trois phases : une première six mois après l’arrivée des immigrés dans le pays, une autre un an après, et une troisième trois ans après. Cobb-Clark (2000) montre que le taux d’emploi évolue au fil du temps, et en particulier que les taux d’emploi des immigrés qui n’ont pas été sélectionnés pour leurs compétences augmentent au fil du temps pour se rapprocher des taux d’emploi des immigrés des programmes Business Skills et Employer Nomination Scheme.

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Déclassement Plusieurs raisons expliquent le déclassement professionnel des immigrés : le défaut de

capital humain propre au pays d’accueil, comme par exemple la langue ; la nécessité immédiate d’une source de revenu, et au bout de quelque temps, la nécessité d’avoir un emploi pour pouvoir renouveler le permis de séjour ; le manque de connaissance du marché de travail et des institutions du pays d’accueil, qui rend la recherche d’emploi moins efficace, etc. En fait, le déclassement des immigrés s’atténue au fil du temps dans les pays de l’OCDE (Dumont et Monso, 2007), les pays européens (HUBER et al., 2010), la Nouvelle-Zélande (Poot et Stillman, 2010), l’Australie (Piracha et al., 2011), le Canada (Green, 1999). D’autre part, Fernandez et Ortega (2007) ne constatent pas de diminution du taux de déclassement des immigrés au fil du temps dans le contexte espagnol. Dans ces publications, les preuves se fondent sur des données transversales et sont une fois de plus affectées par des problèmes de biais de sélection typiques des États-Unis. Chiswick et al. (2003) s’appuient sur la LSIA et constatent que le taux de déclassement des immigrés de sexe masculin diminue au fil du temps. Les auteurs ont également des informations sur l’emploi exercé dans le pays d’origine, et constatent d’abord une dégradation du statut professionnel à l’arrivée dans le pays d’accueil, suivie d’une amélioration au fil des ans. Green (1999) montre également, à l’aide de données de panel, que la répartition des professions entre les immigrés de sexe masculin se rapproche au fil du temps de celle qui ressortait des intentions déclarées à l’arrivée au Canada.

Salaires Depuis Chiswick (1978), les publications relatives à l’assimilation des immigrés ont

étudié l’évolution de l’écart salarial au fil des années de résidence dans le pays d’accueil. Cette étude originale tient uniquement compte des immigrés de sexe masculin déclarant dans le cadre du recensement des revenus annuels positifs provenant de traitements et salaires ou d’un travail indépendant. La principale question soulevée par ces publications est de savoir si l’on peut s’attendre à ce que les salaires des immigrés convergent avec ceux des autochtones ayant des caractéristiques similaires à mesure du temps passé dans le pays d’accueil. L’utilisation de données transversales pour établir des comparaisons entre des immigrés résidant dans le pays d’accueil depuis un nombre différent d’années peut induire en erreur si les immigrés qui demeurent dans le pays d’accueil sont un groupe qui a fait l’objet d’une sélection. Il a été démontré que la première estimation de Chiswick (1978), selon laquelle les salaires des immigrés aux États-Unis dépasseraient ceux des autochtones au bout de 10 à 15 années de résidence, est beaucoup trop optimiste. Après de nombreuses années de débat (Borjas, 1985 et 1995), des données de panel utilisées prudemment ont démontré qu’il existe un certain rattrapage salarial. Libotsky (2007) montre qu’il existe un rattrapage salarial de l’ordre de 10 à 15 points de pourcentage en 20 ans. Des études similaires ont été menées au Canada par exemple (Hum et Simpson, 2000) et en Espagne (Izquierdo et al. 2009), avec des résultats mitigés.

Importance de faire la distinction entre l’éducation et l’expérience acquises dans le pays d’origine et celles acquises dans le pays d’accueil, et de prendre en compte les autres compétences

Éducation et expérience acquises dans le pays d’origine/le pays d’accueil Un facteur important récurrent dans les publications sur le rendement des

compétences des immigrés dans les pays de l’OCDE est la distinction entre les

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compétences acquises dans le pays d’accueil et celles acquises dans le pays d’origine. Les faibles rendements des compétences des immigrés sur le marché du travail sont liés en grande partie au peu de valeur accordée à l’instruction et à l’expérience professionnelle acquises à l’étranger9.

Friedberg (2000) est la première publication à faire directement la distinction entre l’éducation et l’expérience professionnelle acquises dans le pays d’accueil et celles acquises à l’étranger dans les données. En utilisant les recensements d’Israël, elle montre que l’écart salarial observé entre les immigrés et les autochtones est totalement imputable aux faibles rendements de l’éducation et de l’expérience acquises à l’étranger. Toujours en Israël, Cohen-Goldner et Eckstein (2008) montrent que les rendements de l’éducation et de l’expérience professionnelle sont quasi nuls pour les immigrés originaires d’ex-Union soviétique en termes de revenus. Toutefois, ils constatent des rendements positifs en ce sens que la probabilité d’accéder à un emploi de bureau est plus importante. Ferrer et Riddell (2008) montrent également que pour les immigrés établis au Canada, le rendement de la scolarité et des études suivies à l’étranger est inférieur au rendement de la scolarité et des études suivies au Canada.

La constatation selon laquelle les immigrés qui acquièrent leur capital humain dans le pays d’accueil enregistrent un meilleur rendement de leurs compétences que les immigrés qui acquièrent leur capital humain à l’étranger a été confirmée pour d’autres résultats sur le marché du travail, dans différents contextes et pays. Nordin (2007) montre que les immigrés titulaires de diplômes acquis dans un autre pays que la Suède ont moins de chances de trouver un emploi. Price (1999) constate des désavantages similaires pour les immigrés non blancs au Royaume-Uni. En ce qui concerne les pays de l’OCDE, Dumont et Monso (2007) montrent que les immigrés ayant suivi leurs études à l’étranger affichent des taux de déclassement supérieurs. On aboutit aux mêmes résultats lorsque l’on utilise des données et des mesures différentes pour les pays européens (Aleksynska et Trithah, 2011). Nielsen (2011) montre également dans le cas du Danemark que la prévalence du déclassement des immigrés est inférieure si le diplôme a été obtenu dans le pays d’accueil.

Prendre en compte les compétences évaluées Il est important de comprendre dans quelle mesure l’écart salarial peut être lié à une

mesure inadaptée des compétences appréciées sur le marché du travail. La seule mesure des compétences disponible dans les études empiriques est le plus souvent une mesure de la scolarité : le niveau d’instruction ou le nombre d’années de scolarité, et le nombre d’années d’expérience sur le marché du travail. Il est très probable que ces mesures ne reflètent que partiellement les compétences appréciées sur le marché du travail. Une série de publications a ajouté les résultats aux tests de compréhension de l’écrit comme mesure supplémentaire des compétences dans le cadre de l’analyse du devenir des immigrés sur le marché du travail.

Kahn (2004), utilisant les données du Canada, de la Nouvelle-Zélande, de la Suisse et des États-Unis, estime le taux d’emploi des immigrés et des autochtones en tenant compte des différences de résultats aux tests de l’IALS. Les résultats montrent que le taux d’emploi des immigrés est inférieur à celui des autochtones, même lorsque les individus ont le même âge et ont suivi le même nombre d’années de scolarité. La prise en compte des différences de résultats aux tests de l’IALS réduit l’écart de taux d’emploi entre les autochtones et les immigrés de sexe masculin au Canada, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis, ce qui montre que les compétences non reflétées par le niveau d’instruction

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sont également des facteurs explicatifs importants des taux d’emploi. Ce résultat indique qu’une partie de l’écart observé entre les taux d’emploi des immigrés et des autochtones pourrait être due en réalité aux différences entre les compétences utilisables sur le marché du travail du pays d’accueil, qui passent souvent inaperçues dans l’analyse statistique standard du devenir des immigrés sur le marché du travail. Pour les femmes immigrées de ces pays, une fois que le niveau d’instruction et les résultats des tests sont pris en compte, l’écart entre les taux d’emploi disparaît.

Dumont et Monso (2007) introduisent les résultats aux tests de l’IALS dans les études publiées sur le déclassement des immigrés et montrent que l’écart entre les immigrés et les autochtones en termes de déclassement est dû pour environ un tiers aux résultats plus faibles des immigrés. Ils mettent également en évidence une corrélation entre les mauvaises compétences linguistiques et les taux de déclassement supérieurs des immigrés. Green (1999) montre qu’au Canada, le taux de déclassement professionnel est plus élevé pour les hommes immigrés ayant de faibles compétences linguistiques que pour les immigrés parlant couramment la langue du pays d’accueil. En Australie (Green et al. 2007) et en Nouvelle-Zélande (Poot et Stillman, 2010), le taux de déclassement professionnel des immigrés originaires de pays anglophones est inférieur à celui des immigrés originaires d’autres régions.

Les résultats aux tests de l’IALS expliquent également en partie l’écart salarial entre immigrés et autochtones au Canada. Ferrer et al. (2006) montrent que la prise en compte des différences de compétences à l’écrit réduit l’écart d’environ un tiers. Une large partie des différences de résultats entre immigrés et autochtones est donc due à des différences de compétences que la plupart des études ne parviennent pas à prendre en compte.

Différences de rendements des compétences des immigrés en fonction des motifs de migration

Même dans les pays où une large proportion d’immigrés se voit accorder un permis de séjour sur la base de critères de compétence, le rendement de l’éducation et de l’expérience des immigrés est inférieur à celui des autochtones. C’est le cas au Canada par exemple, comme nous l’avons vu plus haut. Les travaux de recherche ont tenté de déterminer si les immigrés acceptés dans les pays d’accueil par le biais d’un système de sélection fondé sur les compétences s’en sortaient mieux à leur arrivée sur le marché du travail que les immigrés acceptés pour des raisons non professionnelles, et comment leurs performances relatives évoluaient au fil du temps.

Les preuves sont mitigées quant à savoir si les immigrés admis dans le pays sur la base de critères de compétences s’en sortent mieux que les immigrés admis pour des raisons familiales ou humanitaires, étant donné leur bagage éducatif et leur expérience précédente sur le marché du travail. Aydemir (2011) s’appuie sur une étude longitudinale qui suit les immigrés pendant les deux années suivant leur arrivée, l’Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada (ELIC), pour démontrer que les principaux candidats à titre professionnel, dont les compétences sont évaluées par le système à points, affichent à leur arrivée un taux d’activité similaire et un taux d’emploi inférieur à ceux des immigrés venant dans le pays au titre du regroupement familial10. Les salaires moyens des immigrés de travail sont néanmoins supérieurs11.

Les résultats sont quelque peu différents en Australie. Cobb-Clark (2006) montre que les migrants de travail affichent des taux d’activité et d’emploi supérieurs, et que le changement de stratégie instauré dans le pays à la fin des années 90 a amélioré les résultats (en termes d’activité et d’emploi) du fait du recrutement d’un plus grand nombre

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de travailleurs qualifiés. Si l’on compare le devenir professionnel des immigrés admis au Canada et en Australie sur la base de leurs compétences, Hawthorne (2006) montre en outre que les résultats des immigrés en Australie se sont améliorés par rapport à ceux des immigrés au Canada, suite à l’évolution des critères de sélection des immigrés.

Pour approfondir l’analyse, il est intéressant de noter que dans le cas du Canada, les immigrés acceptés sur la base de critères de compétences gagnent plus que les autres immigrés, mais que les caractéristiques observables, y compris les compétences linguistiques, ne représentent que 40 % des différences observées. Ce résultat implique que les différences entre les divers types d’immigrés en ce qui concerne leur devenir professionnel sont principalement dues à plusieurs caractéristiques non observées (De Silva, 1997).

Dans la même veine, Aydemir (2011), s’appuyant sur l’ELIC, montre que le rendement des compétences évaluées dans le cadre du système fondé sur les compétences, à savoir l’expérience, l’éducation et la langue, est nul ou quasi nul au cours des deux premières années. Il convient de prendre quelques précautions lors de l’interprétation de ce résultat puisque la durée de l’enquête est courte, seulement deux ans, et que les résultats valent seulement pour les hommes. Il serait intéressant pour l’action publique de mieux comprendre les premières années de carrière des immigrés de sexe masculin, et d’effectuer un suivi cinq ou dix ans après leur arrivée.

Enfin, il existe quelques signes de convergence du devenir professionnel des immigrés au fil du temps, quel que soit leur statut d’entrée. Duleep et Regets (1996) montrent qu’aux États-Unis, les revenus initiaux et la croissance des revenus sont inversement corrélés, et en particulier, que les revenus des immigrés à titre familial sont initialement inférieurs, mais croissent plus rapidement que ceux des immigrés de travail. De nombreux immigrés de travail titulaires de la carte verte ont travaillé dans le pays quelques années déjà (par exemple au titre du H1B) avant de recevoir leur carte verte. Il serait intéressant de savoir si cela influence en partie les résultats observés. Jasso et Rosenzweig (1995) montrent que la mobilité professionnelle est également plus importante chez les immigrés à titre familial que chez les immigrés de travail.

1. Cet axe de recherche est pertinent en termes d’implications pour l’action des pouvoirs publics, puisqu’il met en évidence une incertitude vis-à-vis de l’efficacité à long terme des politiques sélectives en matière de visa. Les recherches sur ce sujet sont encore loin d’être terminées. Pour un examen complet des publications relatives à la sélection des immigrés sur la base de leurs compétences, voir Aydemir (2012).

5.4. Explication des différences de rendement des compétences entre immigrés et personnes nées dans le pays

Le principal fait marquant concernant les différences de rendement des compétences entre immigrés et autochtones évoquées plus haut est que le rendement de l’éducation et de l’expérience professionnelle des immigrés est inférieur à celui des autochtones, et notamment le rendement du capital humain et de l’expérience acquise à l’étranger. La présente section examine les publications relatives aux causes possibles de ces différences de rendement. Deux grandes catégories d’explications sont envisagées : l’impossibilité de transférer parfaitement les compétences entre le pays d’origine et le pays d’accueil, c’est-à-dire tous les facteurs expliquant pourquoi les immigrés possédant des compétences comparables à celles des autochtones sont en fait susceptibles d’être moins productifs

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dans le pays d’accueil ; et les raisons qui peuvent conduire les employeurs à embaucher des autochtones plutôt que des immigrés à la productivité équivalente.

Différences de productivité entre immigrés et autochtones dans les pays d’accueil

La première explication avancée pour le rendement inférieur de l’éducation des immigrés tient aux difficultés à utiliser dans le pays d’accueil les connaissances acquises dans le pays d’origine. Ces difficultés peuvent être liées à la non-reconnaissance des diplômes étrangers par le pays d’accueil et par conséquent, à l’impossibilité pour les immigrés d’accéder aux emplois pour lesquels ils sont qualifiés dans les professions réglementées. Elles peuvent également provenir du fait que certains diplômes sont spécifiques à un pays d’origine, et que les connaissances acquises dans ce pays sont donc inutiles dans le pays d’accueil. Le premier exemple qui vient à l’esprit est un diplôme en droit. Il existe d’autres exemples moins évidents, comme un ingénieur civil formé à l’étranger qui devrait se familiariser avec les techniques de construction en vigueur dans les régions froides avant de pouvoir travailler au Canada ; ou un comptable d’un pays moins développé confronté aux spécificités des normes comptables de l’OCDE. L’incapacité à utiliser les connaissances acquises dans le cadre des études suivies dans le pays d’origine se traduit par des rendements inférieurs de l’éducation et de l’expérience acquises à l’étranger, et éventuellement un déclassement. C’est un problème moins étudié dans les travaux universitaires, mais qui revêt une importance particulière pour l’action des pouvoirs publics.

Comme évoqué dans la section précédente, les rendements de l’éducation et de l’expérience acquises à l’étranger sont inférieurs à ceux de l’éducation et de l’expérience acquises dans le pays d’accueil. L’une des raisons avancées pour expliquer ce fait marquant est l’hétérogénéité de la qualité du système éducatif des pays d’origine. Souvent, les performances des immigrés sur le marché du travail sont comparées à celles d’autochtones aux caractéristiques similaires, possédant notamment le même niveau d’instruction, mesuré en années de scolarité ou divisé en trois niveaux : inférieur au deuxième cycle de l’enseignement secondaire, deuxième cycle de l’enseignement secondaire et enseignement supérieur. Cette mesure est assez imprécise, dans la mesure où elle considère par exemple que tous les diplômes d’université sont équivalents, quel que soit l’endroit où ils ont été obtenus. Bratsberg et Terrell (2002) s’appuient sur les recensements de 1980 et 1990 pour estimer les rendements de l’éducation d’immigrés provenant de plus de 60 pays d’origine sur le marché du travail des États-Unis. Ils constatent que les rendements de l’éducation sont fortement corrélés aux mesures de la qualité de l’enseignement dans le pays d’origine : le rapport élèves-enseignants et les dépenses par élève12. Sweetman (2004) utilise les données du Canada pour étudier ce même aspect, mais utilise une mesure assez différente de la qualité de l’enseignement : à la place d’indicateurs des moyens consentis, il utilise les notes moyennes obtenues en mathématiques et en sciences aux examens internationaux comme indice de qualité de la scolarité13. Sweetman constate également que le rendement de l’éducation des immigrés originaires de pays obtenant des résultats moyens de moins bonne qualité aux examens est inférieur. L’hétérogénéité de la qualité de l’enseignement influence toutes les portions de la distribution de l’éducation et a un impact significatif en termes de salaire. Par exemple, un passage du 25e au 75e centile de l’indice de qualité de la scolarité est associé en moyenne à une augmentation de 10 % des gains annuels des personnes ayant suivi 16 années d’études, en tenant compte des autres facteurs.

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La prise en compte des différences entre immigrés et autochtones lors des tests de compréhension de l’écrit permet de mieux comprendre les différences de rendement entre les études suivies à l’étranger et celles suivies dans le pays d’accueil. Bonikowska et al. (2008) s’appuient sur la composante canadienne de l’Enquête internationale sur la littératie et les compétences des adultes (ALL, 2003) pour comparer les résultats des immigrés et des autochtones. L’ALL est similaire à l’IALS, elle mesure les performances d’un individu dans quatre domaines spécifiques : la compréhension de textes suivis, de textes schématiques, les compétences en calcul et la résolution de problèmes. Les auteurs montrent que les immigrés qui ont suivi leurs études à l’étranger obtiennent de moins bons résultats que les immigrés qui achevé leurs études au Canada. Cette publication démontre clairement que les études suivies dans le pays d’origine produisent des compétences moins utilisables sur le marché du travail canadien. En outre, dans les estimations des écarts salariaux, les auteurs font la distinction entre les rendements de l’éducation et de l’expérience acquises à l’étranger et les rendements des résultats aux tests. Ils montrent que les rendements des résultats aux tests sont les mêmes pour les immigrants et les autochtones, et que la prise en compte de ces résultats modifie le rendement des études à l’étranger. Ainsi, le faible rendement des études suivies à l’étranger est principalement imputable au fait qu’elles se traduisent par de moins bonnes compétences à l’écrit. Il est intéressant de constater que la prise en compte des résultats aux tests de compréhension de l’écrit n’a aucun impact sur le rendement de l’expérience acquise à l’étranger. Les faibles rendements de l’expérience à l’étranger ne semblent donc pas liés aux compétences évaluées par l’ALL.

Les résultats diffèrent aux États-Unis. Bratsberg et Ragan (2002) constatent également que le rendement des études suivies à l’étranger est inférieur au rendement des études suivies aux États-Unis. Ils s’appuient sur les résultats de l’Armed Forces Qualification Test (AFQT), disponibles dans une série de données de panel sur les États-Unis, la National Longitudinal Survey of Youth (NLSY). À l’instar de l’IALS et de l’ALL, l’AFQT s’apparente à un test de lecture, d’écriture et de calcul et est divisé en quatre parties examinant des compétences spécifiques : connaissances des mots, compréhension de paragraphes, raisonnement arithmétique et connaissances mathématiques. À la différence des résultats du Canada, la prise en compte des résultats à l’AFQT dans l’estimation des écarts salariaux n’a pas d’impact sur le rendement de l’éducation étrangère (qu’elle soit acquise dans le pays d’origine ou le pays d’accueil).

Les différences de qualité de l’enseignement sont l’une des explications possibles du faible rendement de l’instruction des immigrés, et en particulier des études suivies dans leur pays d’origine, puisque la plupart des pays d’accueil examinés dans les publications obtiennent des résultats relativement bons en ce qui concerne la qualité de leur système éducatif. On peut facilement imaginer que la qualité de l’expérience sur le marché du travail diffère selon le pays dans lequel elle a été acquise. Toutefois, il est moins évident de concevoir des mesures de la qualité de l’expérience professionnelle pour différents pays. Il pourrait être intéressant de réfléchir à des mesures de la productivité des secteurs de différents pays afin de comprendre pour quelles raisons une année d’expérience dans certains pays peut être plus productive qu’une année d’expérience dans d’autres.

Autre explication possible des faibles rendements de l’éducation et de l’expérience acquises à l’étranger : le manque de compétences dans la langue du pays d’accueil. Il s’agit probablement de l’un des facteurs de performances des immigrés sur le marché du travail des pays d’accueil les plus étudiés. De nombreux travaux universitaires ont examiné l’impact de la langue dans différentes pays d’accueil : les États-Unis (Chiswick, 1991 ; ou Carliner, 1996), le Royaume-Uni (Dustmann et Fabbri, 2003), Israël (Berman

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et al., 2003), l’Allemagne (Dustmann et Van Soest, 2001), entre autres. Le principal fait marquant émergeant de ces études est que les immigrés qui maîtrisent mieux la langue du pays d’accueil ont des revenus très supérieurs. Certaines publications analysent d’autres résultats sur le marché du travail, outre les revenus. Dustmann et Fabbri (2003), par exemple, montrent que la maîtrise de la langue a également un impact fortement positif sur le taux d’emploi des immigrés. Ce résultat se vérifie si l’on prend en compte le pays d’origine des immigrés et des caractéristiques individuelles telles que l’âge, le niveau d’instruction, le nombre d’années de résidence dans le pays d’accueil, etc. La plupart des études sont fondées sur des données transversales et sont affectées par les capacités non observées des travailleurs, qui influencent tant la maîtrise de la langue que les revenus. Plusieurs publications, telles que Dustmann et Fabbri (2003) ou Bleakeley et Chin (2004), suggèrent des stratégies instrumentales pour gérer le problème de l’endogénéité, et aboutissent à des résultats similaires.

Bonikowska et al. (2008) s’appuient sur l’IALS pour démontrer qu’une partie des mauvaises performances des immigrés aux tests de compréhension de l’écrit sont dues à une proportion non négligeable d’immigrés incapables de réaliser le moindre exercice en raison de difficultés linguistiques. Ce résultat montre que les problèmes linguistiques se traduisent de facto par des compétences inférieures à l’écrit sur le marché du travail du pays d’accueil. On ne sait pas vraiment dans quelle mesure l’écart restant entre les résultats est également lié à des difficultés linguistiques, ni dans quelle mesure les différences de résultats entre les immigrés formés dans le pays d’origine et ceux formés dans le pays d’accueil sont dues à des différences de maîtrise de la langue.

Bermane et al. (2003) s’appuient sur une enquête relative aux immigrés de l’ex-Union soviétique en Israël pour analyser l’évolution de la maîtrise de la langue du pays d’accueil, et de quelle manière elle est corrélée à la croissance des salaires au cours des premières années de résidence en Israël. Ils se concentrent sur deux métiers hautement qualifiés, programmeur et technicien, et deux métiers faiblement qualifiés, ouvrier en bâtiment et pompiste. Les travailleurs des métiers faiblement qualifiés n’enregistrent aucune croissance significative de leur salaire et aucun rendement de la maîtrise de l’hébreu. Les programmeurs et techniciens enregistrent une forte croissance de leurs salaires par rapport aux autochtones au cours des premières années. Deux tiers à trois quarts de cette croissance sont corrélés à l’amélioration de la maîtrise de la langue. Cette publication montre qu’il est important de prendre en compte les complémentarités entre la langue et le niveau de qualification du métier lors de l’analyse des avantages de la maîtrise de la langue du pays d’accueil pour les immigrés. Il ne semble pas qu’une amélioration de la maîtrise de la langue se traduise automatiquement par une amélioration du devenir professionnel.

Comme nous l’avons vu dans la première section, nous en savons peu sur les compétences plus générales des immigrés par rapport aux autochtones. Les mesures du niveau d’instruction généralement utilisées dans les publications peuvent être corrélées avec différentes compétences des immigrés et des autochtones appréciées « au cas par cas » sur le marché du travail. Il est difficile de distinguer les faibles rendements des compétences observables des différences entre les compétences non observables. Les compétences non observables peuvent être très variées. Bevelander (2001), par exemple, analyse les résultats de différentes cohortes d’immigrés au Danemark et avance que le déclin des performances relatives des immigrés des années 70 à 90 est en partie dû à la mutation structurelle de l’économie danoise. En particulier, il affirme qu’une économie de l’information et des services nécessite des compétences linguistiques, communicatives et informatiques différentes de celles exigées par l’économie danoise plus industrialisée

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des années 70. Si les immigrés maîtrisent moins bien ces compétences, cela pourrait expliquer en partie le déclin de leurs résultats. Rosholm et al. (2006) avancent une explication similaire en ce qui concerne le déclin des performances professionnelles des immigrés en Suède et au Danemark entre 1985 et 1995, bien que le contexte du marché du travail de ces deux pays soit très différent. Autre type de compétences appréciées sur le marché du travail : les compétences non techniques, ou compétences non cognitives. Si ces compétences sont corrélées, mais imparfaitement corrélées, aux compétences, à l’instruction et à l’expérience typiquement observées, les estimations des rendements des compétences des immigrés et des autochtones sont biaisées : ce qui semble être une différence de rendement des compétences est en réalité dû à des différences relatives aux compétences non observées.

Tous les facteurs explicatifs des différences de rendement des compétences des immigrés et autochtones évoqués ci-dessus sont fondés sur un cadre théorique relatif au capital humain. Les marchés du travail sont concurrentiels et les salaires égalent la productivité de la main-d’œuvre. La plupart des publications sur l’intégration des immigrés ignorent les modèles non concurrentiels où les employeurs jouent un rôle sur les marchés du travail et où les salaires ne dépendent pas seulement de la productivité des travailleurs.

Demande de main-d’œuvre immigrée : le point de vue des recruteurs Le rendement inférieur du capital humain des immigrés pourrait s’expliquer par la

discrimination pratiquée par les employeurs. Les publications récentes ont fait des progrès en ce qui concerne l’identification des discriminations, mais il demeure difficile de savoir quel type de discrimination prédomine sur le marché du travail : statistique ou fondée sur les préférences. Les employeurs qui discriminent en fonction de leurs préférences sont prêt à payer pour ne pas employer d’immigrés. Cette décision des employeurs est purement fondée sur leur penchant pour un groupe en particulier, et ne tient pas compte de la productivité. Lorsqu’un employeur pratique une discrimination statistique contre les immigrés, il s’appuie sur le statut d’immigré pour conjecturer des compétences non observables qui seraient corrélées à une productivité inférieure. Différentes séries de publications tentent d’identifier la discrimination. La première partie de cette section passe en revue les publications visant à identifier l’effet des naturalisations et des changements de nom sur le devenir professionnel des immigrés ; la deuxième partie examine les publications sur les tests d’accès à l’entretien d’embauche ciblant la discrimination des employeurs envers les immigrés.

En principe, l’acquisition de la nationalité du pays d’accueil ou l’adoption d’un nom à consonance locale n’a pas d’effet sur la productivité des travailleurs. Si les travailleurs qui procèdent ainsi constatent une amélioration de leurs résultats sur le marché du travail, de leur taux d’emploi et de leurs salaires, cela peut être interprété comme une preuve de la discrimination des employeurs. Les employeurs embauchent et promeuvent de préférence des travailleurs autochtones. La principale difficulté dans ces publications est d’identifier un lien de causalité. Si l’amélioration des résultats des immigrés à la suite d’une naturalisation ou d’un changement de nom est favorisée par un investissement concomitant plus conséquent dans le capital humain propre au pays d’accueil, par exemple, elle ne peut être attribuée à une discrimination des employeurs envers les immigrés.

Bratsberg et al. (2002) utilisent les données longitudinales des États-Unis, la NLSY, pour suivre les immigrés de sexe masculin qui ont acquis la nationalité américaine

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pendant la période couverte par les données, 1979-91. Ils montrent que la naturalisation donne accès à de meilleurs emplois (emplois syndiqués, de bureau, et du secteur public) et à une croissance plus rapide des salaires. Ils ne constatent pas de hausse du niveau de salaire moyen juste après la naturalisation. En revanche, la croissance des salaires s’accélère après la naturalisation. C’est la première étude à aller au-delà des estimations en s’appuyant sur des données transversales qui montrent que les immigrés qui acquièrent la nationalité du pays d’accueil obtiennent en moyenne de meilleurs résultats que les immigrés qui ne l’ont pas. À l’aide de données de panel, les auteurs sont en mesure de prendre en compte la productivité non observée des travailleurs et également la période à laquelle intervient la naturalisation. Les gains sont particulièrement importants pour les immigrés originaires des pays moins développés.

Ces résultats ne se confirment pas dans tous les contextes. Bratsberg et Raaum (2011) qui se sont penchés sur cette même question en Norvège, ne constatent aucun impact de la naturalisation des immigrés sur le marché du travail, ni sur la croissance des salaires ou les taux d’emploi. Cette publication s’appuie également sur des données de panel, et estime le rendement des années de résidence dans le pays d’accueil pour les immigrés qui obtiennent la nationalité, et pour ceux qui ne l’obtiennent pas. Ils constatent que les immigrés qui finissent par acquérir la nationalité du pays d’accueil bénéficient d’une meilleure progression salariale. Toutefois, le moment auquel intervient la naturalisation n’a pas d’impact sur les performances sur le marché du travail, ce qui n’est pas le cas dans la publication sur les États-Unis ci-dessus.

Les autres études sur l’impact de la naturalisation des immigrés sur le marché du travail diffèrent en termes de population étudiée, et par la manière dont elles règlent les problèmes d’endogénéité. Pour des études sur des pays individuels et un aperçu plus large de l’impact de la naturalisation, voir OCDE (2011).

Il est possible d’étudier la discrimination sous un autre angle, en analysant l’évolution du devenir professionnel des immigrés qui ont changé leur nom pour lui donner une consonance locale. Arai et Thoursie (2009) s’appuient sur des données de panels suédois et concentrent leur analyse sur les immigrés qui changent leur nom à un moment donné, ce qui leur permet d’identifier l’effet d’un changement de nom dès que ce changement est effectif. Ils montrent qu’après avoir changé leur nom pour lui donner une consonance locale, les immigrés bénéficient d’une meilleure croissance de leurs salaires et également de taux d’emploi plus élevés. Comme dans l’étude sur la naturalisation aux États-Unis évoquée ci-dessus, ce sont les immigrés qui enregistrent les plus mauvais résultats sur le marché du travail qui bénéficient le plus d’un changement de nom. Dans le cas de la Suède, il s’agit des immigrés originaires d’Afrique, d’Asie et des pays slaves. L’ampleur de cet effet est très important, la hausse des revenus du travail atteignant 140 % après un changement de nom. Ce chiffre correspond à l’effet total du changement de nom, qui inclut également l’accès à l’emploi, c’est-à-dire le passage de revenus nuls à des revenus positifs. La probabilité de trouver un emploi augmente de plus de 8 points de pourcentage.

Les travaux universitaires sur les effets de la naturalisation et du changement de nom attirent l’attention sur une stratégie convaincante d’identification du lien de causalité. Il s’agit d’une tâche difficile, et les mécanismes à l’origine des effets identifiés n’ont pas encore reçu beaucoup d’attention. Si l’effet de la naturalisation ou d’un changement est effectivement un effet de causalité, le résultat met donc en évidence une certaine forme de discrimination, au sens large, puisqu’il indique que les employeurs préfèrent employer et promouvoir des travailleurs autochtones.

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Les publications relatives aux tests d’accès à l’entretien d’embauche portent plus directement sur les décisions d’embauche des employeurs, et notamment la décision de rappeler un candidat. Les travaux portant sur cet axe de recherche suivent de plus ou moins près la publication de Bertrand et Mullainathan (2004). Dans cette publication, les auteurs répartissent de manière aléatoire des noms à consonance noire et à consonance blanche entre des CV de qualité équivalente et répondent à des offres d’emploi dans les régions de Boston et Chicago. Les différences de taux de rappel constatées entre les deux catégories de CV peuvent être interprétées comme de la discrimination, puisque le nom est le seul élément qui distingue ces CV de même qualité.

Les publications relatives aux tests d’accès à l’entretien d’embauche ciblant les populations immigrées diffèrent sur le plan des informations réparties aléatoirement entre les CV : l’origine ethnique du nom, la nationalité, le pays où les études ont été suivies ou l’expérience acquise. Un premier groupe de publications se contentent de répartir aléatoirement des noms d’origine ethnique différente, les CV étant à part cela similaires en tout point, y compris en termes d’éducation et d’expérience acquises dans le pays d’accueil. Toutes les publications montrent que le taux de rappel est moins élevé pour les CV comportant des noms de minorités ethniques que pour les CV comportant des noms autochtones. L’ampleur de cet effet diffère significativement en fonction de l’étude : Carlsson et Rooth (2007) constatent que le taux de rappel pour les hommes portant un nom à consonance suédoise est supérieur de 50 % à celui des hommes portant un nom à consonance moyen-orientale dans les régions de Stockholm et de Göteborg ; Oreopoulos (2009) estime que le taux de rappel est trois fois supérieur si le candidat porte un nom à consonance anglophone par rapport à un nom à consonance chinoise, indienne ou pakistanaise14 dans la région de Toronto ; enfin, Duguet et al. (2010) estiment qu’en région parisienne, le taux de rappel est cinq fois supérieur lorsque le nom est à consonance française par rapport aux noms à consonance marocaine.

Afin d’en apprendre plus sur les causes de la discrimination constatée dans ces expériences, plusieurs de ces études analysent les différences entre les taux de rappel en fonction des caractéristiques de l’emploi et de l’employeur. Oreopoulos (2009), dans la région de Toronto, et McGinnity et Lunn (2011) dans la région de Dublin, constatent que les différences de taux de rappel entre autochtones et immigrés sont indépendantes de l’emploi visé, plus particulièrement dans le cas de l’expérience de Toronto, et des compétences sociales et linguistiques requises pour le poste. Carlsson et Rooth (2007) constatent qu’en Suède, les taux de rappel varient en fonction des professions, et notamment qu’ils sont inférieurs pour les étrangers sur les postes d’enseignant par rapport aux postes de vendeur, par exemple. Il serait utile de réunir davantage d’éléments de preuve sur les discriminations observées en fonction du type de métier, afin de mieux comprendre les raisons qui poussent les employeurs à préférer les autochtones aux immigrés.

Les caractéristiques des employeurs ont également été exploitées dans le cadre d’études récentes. Carlsson et Rooth (2007) montrent qu’il existe des différences de taux de rappel plus importantes dans les petites entreprises que dans les grandes entre les candidats portant des noms à consonance suédoise et ceux portant des noms à consonance moyen-orientale. Toutefois, dans leur échantillon, les caractéristiques telles que le pourcentage d’étrangers dans la population active, l’origine ethnique du recruteur, ou le fait que l’entreprise possède un département des ressources humaines, ne sont pas corrélées à la différence de taux de rappel. Dans une publication plus récente, Rooth (2010) montre toutefois que pour un candidat portant un nom à consonance arabe, la probabilité d’être rappelé est corrélée négativement à l’opinion négative implicite de

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l’employeur envers les hommes musulmans. Ce résultat indique qu’une partie des discriminations pourrait être due à des processus inconscients affectant les décisions prises rapidement.

Deux publications récentes répartissent également aléatoirement entre les CV les pays dans lesquels les études ont été suivies, afin de détecter dans quelle mesure les employeurs préfèrent les qualifications acquises dans le pays d’accueil. Carlsson et Rooth (2008) montrent que les différences de taux de rappel s’expliquent à hauteur de 23 % par le fait que les études ont été suivies à l’étranger ou dans le pays d’accueil. Dans le cadre d’expériences impliquant des tests d’accès à l’entretien d’embauche, ce résultat peut être interprété comme la limite inférieure de la discrimination statistique. Les différences de taux de rappel entre les immigrés formés en Suède et ceux formés à l’étranger pourraient ne pas être dues à une discrimination fondée sur les préférences. La part non expliquée de l’écart entre les taux de rappel, soit 77 %, pourrait être due soit à une discrimination fondée sur les goûts, soit à une discrimination statistique.

Oreopoulos (2009) va un peu plus loin. En réalisant cette expérience à Toronto, il montre tout d’abord que la qualité du diplôme étranger n’a pas d’importance. Le taux de rappel des immigrés diplômés de grandes universités étrangères est aussi bas que s’ils étaient diplômés de n’importe quel autre établissement étranger ; ensuite, une fois que les immigrés affichent quatre à six années d’expérience au Canada, la discrimination envers les études suivies à l’étranger disparaît. Ces résultats sont cohérents avec un modèle de marché du travail où la formation et l’expérience constituent pour les employeurs un signe de la productivité des travailleurs. Dans ce modèle, les employeurs peuvent éprouver des difficultés à juger la formation et l’expérience acquises à l’étranger et peuvent donc les discréditer lourdement, d’autant plus s’ils sont réfractaires au risque. Si cela devait être le cas, on s’attendrait à ce que les employeurs qui ont embauché des immigrés par le passé se comportent différemment des employeurs qui n’en ont jamais embauché. En outre, il devrait y avoir moins d’incertitudes quant aux qualifications des immigrés membres de communautés plus établies, par rapport à celles d’immigrés issus de vagues d’immigration récentes. Enfin, il existe également des preuves au Canada que les diplômes étrangers effectivement obtenus (par opposition aux années passées dans le système scolaire) peuvent agir comme un signal et permettre aux immigrés d’accéder à des emplois mieux rémunérés. Green et Worswick (2010) montrent en fait que l’« effet diplôme », c’est-à-dire le rendement supplémentaire lié à l’obtention d’un diplôme au terme de plusieurs années d’études, est plus important pour les immigrés que pour les autochtones.

5.5. Conclusion

La Stratégie de l’OCDE en faveur des compétences souligne la nécessité de développer les compétences de la population active, et de faire un meilleur usage des compétences existantes. Les populations immigrées apportent des compétences souvent différentes de celles des autochtones. Une meilleure connaissance des compétences apportées par les immigrés, de leur utilisation et de la valeur qui leur est accordée sur le marché du travail du pays d’accueil est essentielle pour garantir que les immigrés réalisent pleinement leur potentiel.

La présente publication fait un tour d’horizon des travaux universitaires traitant d’un vaste sujet, les compétences des immigrés. On en sait étonnamment peu sur les compétences des travailleurs, et notamment sur celles des immigrés. L’indicateur de compétences le plus fréquemment utilisé dans les publications est le niveau d’instruction.

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Le niveau d’instruction des immigrés dans les pays d’Europe et de l’OCDE est hétérogène. Il est fortement corrélé au pays d’origine, mais également aux facteurs influençant la sélection des immigrés dans le pays d’accueil : la distance géographique et culturelle entre les pays d’origine et d’accueil par exemple, mais également plus directement la politique migratoire. L’importance relative de chaque facteur est difficile à déterminer. Il existe des preuves que les pays appliquant des critères d’entrée plus sélectifs fondés sur les qualifications reçoivent des immigrés plus qualifiés à l’arrivée. Établir plus clairement dans quelle mesure il s’agit d’une relation de cause à effet permettrait de progresser et de faire la lumière sur les leviers utilisés par les pays d’accueil pour attirer des immigrés possédant le niveau de compétences désiré.

Il existe des preuves solides que le rendement de l’éducation des immigrés est inférieur à celui des autochtones en termes d’emploi, d’adéquation professionnelle et de revenus. Cela se vérifie indépendamment du niveau d’instruction ou de la catégorie d’entrée des immigrés. Une grande partie des publications relatives à l’assimilation des immigrés se sont donc attachées à étudier et à comprendre cette différence de rendement. La première explication est une évaluation inadaptée des compétences réelles utilisées sur le marché du travail. Une part importante des immigrés ont fait leurs études à l’étranger. Comme la qualité du système éducatif varie de manière significative entre les pays, des diplômes qui peuvent sembler équivalents se traduisent en réalité par des compétences différentes sur le marché du travail. Les différences de maîtrise de la langue et les obstacles institutionnels à la reconnaissance des qualifications étrangères contribuent également à expliquer ces résultats.

Autre mesure des compétences utilisée dans les publications : les tests de compréhension de l’écrit pratiqués dans le cadre de plusieurs enquêtes internationales. Les résultats à ces tests montrent que l’éducation acquise à l’étranger se traduit par de moins bonnes compétences à l’écrit utilisables dans le pays d’accueil. Une partie des différences observées entre les rendements de l’éducation sont liées aux compétences non observées dans la plupart des analyses statistiques. Le fait de comprendre pourquoi les immigrés obtiennent de moins bons résultats à ces tests, et quelles sont les compétences spécifiques qui leur manquent, permettrait de faire un grand pas en avant. Il n’existe pas d’autre comparaison des immigrés et des autochtones en ce qui concerne les autres types de compétences, comme celles généralement qualifiées de compétences non cognitives, par opposition aux compétences cognitives. Certains immigrés ont vécu dans un contexte culturel très différent de celui des autochtones. Il est donc probable que les deux groupes diffèrent considérablement en termes de compétences non techniques appréciées sur le marché du travail du pays d’accueil. Comprendre dans quelle mesure ces différences potentielles de compétences non techniques rendent compte des différences observées entre le devenir professionnel des immigrés et des autochtones pourrait ouvrir la voie à une nouvelle dimension de la politique d’intégration des immigrés.

La non-maîtrise de la langue du pays d’accueil explique également en partie pourquoi les immigrés ont des difficultés à traduire leurs compétences existantes en compétences utilisables sur le marché du travail du pays d’accueil. Bien que la langue soit un élément clé, il est important de prendre également en compte sa complémentarité avec les autres compétences. Il existe des preuves que la maîtrise de la langue du pays d’accueil a un impact plus important en ce qui concerne les emplois hautement qualifiés. Une meilleure compréhension de ces complémentarités permettrait de concevoir des formations linguistiques plus efficaces pour les immigrés.

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Les éléments explicatifs ci-dessus mettent en lumière les raisons pour lesquelles à niveau d’instruction égal, le rendement de l’éducation des immigrés est inférieur à celui des autochtones, et pourquoi ils obtiennent donc de moins bons résultats sur le marché du travail. Un autre type d’explication se concentre sur la demande du marché du travail : les raisons qui poussent les employeurs à préférer les autochtones aux immigrés. Une première série de publications met en évidence un lien de causalité entre les immigrés adoptant un nom à consonance locale ou acquérant la nationalité du pays d’accueil, et l’amélioration de leur situation sur le marché du travail. Pour autant que cette relation de cause à effet soit bien identifiée (ce qui est particulièrement difficile), ces résultats impliquent qu’une partie des désavantages subis par les immigrés sur le marché du travail n’a aucun rapport avec leur productivité.

Les enquêtes impliquant des tests d’accès à l’entretien d’embauche apportent également un certain éclairage. La plupart de ces expériences consistent à créer des CV de qualité identique et à leur attribuer aléatoirement un nom à consonance étrangère ou locale. Les résultats sont clairs : le taux de convocation à un entretien des candidats portant un nom étranger est inférieur à celui des candidats portant un nom local. Des expériences récentes répartissent non seulement les noms de manière aléatoire, mais également d’autres aspects spécifiques de la candidature, en particulier le pays où les études ont été suivies. Elles démontrent que les employeurs discriminent les travailleurs ayant acquis leurs qualifications à l’étranger. Toutefois, un résultat important pour le Canada montre que les employeurs ne discriminent plus les candidats titulaires de diplômes étrangers lorsqu’ils possèdent quelques années d’expérience professionnelle dans le pays d’accueil.

Ce dernier résultat soulève une question intéressante ayant des répercussions importantes en termes d’action publique. Si après quelques années d’expérience dans le pays d’accueil, les employeurs cessent de discriminer les candidats titulaires de diplômes étrangers, cela signifie soit que ces immigrés ont acquis des compétences durant cette période (ou c’est du moins ce que croient les employeurs), soit que les employeurs sont réfractaires au risque et considèrent le fait que l’immigré ait passé plusieurs années fructueuses sur le marché du travail du pays d’accueil comme un signe positif. Ces deux interprétations conduisent à deux recommandations politiques très différentes : l’accent doit être mis soit sur la formation des immigrés au cours des premières années, soit sur des mesures ciblant l’aversion des employeurs pour le risque. Dans la pratique, ces mesures pourraient viser à obtenir plus facilement des informations sur la productivité des travailleurs, ou à favoriser des contrats plus flexibles afin d’atténuer le risque d’erreur dans le choix des candidats. Une meilleure compréhension du point de vue de l’employeur est l’une des principales difficultés rencontrées dans le cadre de ces recherches, avec des implications potentiellement importantes en ce qui concerne l’action des pouvoirs publics.

Les données générales sur le rendement des compétences des immigrés demeurent limitées et assez dispersées, notamment en ce qui concerne les pays européens, en raison de l’absence de mesure objective des compétences, entre autres. On peut espérer que les résultats à venir du Programme international pour l'évaluation des compétences des adultes (PIAAC) permettront d’accomplir des progrès significatifs en ce qui concerne la compréhension des compétences des immigrés et la possibilité de transposer ces compétences dans d’autres pays, en vue de mieux adapter les politiques de migration et d’intégration et de tirer le meilleur parti possible de cet immense potentiel, dans l’intérêt des immigrés et des pays d’accueil.

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Notes

1. Dans la classification internationale type de l’enseignement (CITE), ces niveaux correspondent à : CITE 0-2 ; CITE 3-4 ; CITE 5-6.

2. Les tests de compréhension de l’écrit ne mesurent pas l’alphabétisation dans le sens classique de l’aptitude à lire, mais la littératie, c’est-à-dire l’aptitude à comprendre et à répondre à des questions sur des textes et des documents de la vie courante.

3. Pour plus d’informations sur ces tests, voir OCDE et Statistique Canada (2000).

4. À noter que ce type d’analyse fait abstraction des restrictions à l’entrée liées à la politique en matière d’immigration, qui sont également censées contribuer à façonner l’éventail de compétences de la population immigrée.

5. Voir OCDE (2008) pour plus de détails sur les politiques en matière d’immigration de travail dans les pays de l’OCDE.

6. Voir Aydemir (2012) pour un examen complet des publications relatives à la sélection des immigrés sur la base de leurs compétences.

7. Pour un examen récent des publications sur « l’inadéquation des études des immigrés et le marché du travail », voir Piracha et Vadean (2012).

8. Deux publications étudient ce biais : Nekby (2007) pour la Suède et Constant et Massy (2002) pour l’Allemagne.

9. À noter que l’instruction étant souvent mesurée en années de scolarité, les rendements inférieurs des immigrés pourraient simplement refléter le fait que l’on observe les mêmes fourchettes de salaire sur un nombre supérieur d’années de scolarité (moins de scolarité obligatoire, voire pas du tout dans les pays d’origine). Cette explication a été négligée jusqu’à présent dans les publications et mériterait qu’on y prête attention.

10. En Europe, les résultats des immigrés de travail en termes de taux d’emploi sont susceptibles d’être différents puisqu’il est nécessaire d’avoir déjà un emploi à l’arrivée pour obtenir un permis de travail.

11. Ces résultats ne sont pas influencés par les différences dans la composition des pays d’origine. Les spécifications prennent en compte 11 régions d’origine.

12. On peut avancer qu’aux États-Unis, le vivier d’immigrés, quel que soit leur pays d’origine, est un groupe ayant fait l’objet d’une sélection, et que la qualité moyenne de l’enseignement du pays d’origine ne reflète pas la qualité de l’enseignement suivi par le groupe d’immigrés. Le biais de sélection de l’immigration est pris en compte dans la publication dans un modèle de sélection de Heckmann en deux étapes.

13. À l’origine, cet indice de qualité de la scolarité a été élaboré par Hanushek et Kimko (2000).

14. Les immigrés récents au Canada sont le plus souvent de ces nationalités.

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200 – 5. MESURE, UTILISATION ET RENDEMENT DES COMPÉTENCES DES IMMIGRÉS : REVUE DE LA LITTÉRATURE

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Annexe 5.A1

Niveaux d’éducation

Tableau 5.A1.1. Niveau d’éducation des personnes nées dans un autre pays de l’UE27 selon la durée de résidence

1. Note de la Turquie : les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l’Ile. Il n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’Ile. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

2. Note de tous les États de l’Union européenne membres de l’OCDE et de la Commission européenne : La République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

Le signe « - » correspond aux cellules de données qui n’atteignent pas le seuil de publication d’Eurostat ; les cellules sont vides si les données ne sont pas disponibles.

Source : Enquête sur les forces de travail (Eurostat), 2010.

Total FemmesFaible niveau

d’études

Haut niveau

d’étudesTotal Femmes

Faible niveau

d’études

Haut niveau

d’étudesTotal Femmes

Faible niveau

d’études

Haut niveau

d’études(mill iers) (%) (%) (%) (mil liers) (%) (%) (%) (milliers) (%) (%) (%)

Allemagne 60 237 51.0 20.7 21.7 1 915 48.3 32.1 24.2 598 52.8 19.6 30.7Autriche 5 870 51.3 25.7 14.9 466 50.4 17.5 24.6 167 55.8 14.5 27.8Belgique 7 749 51.2 38.2 27.6 606 53.3 43.4 29.2 287 51.0 35.3 35.3Bulgarie 6 518 52.1 33.3 18.1 5 41.9 25.5 22.5 - - - -Chypre1,2 501 48.8 37.4 27.1 69 52.9 26.4 33.4 47 50.9 29.4 27.8Danemark 4 033 50.2 35.4 25.3 46 49.5 21.9 42.9 20 51.7 20.6 48.4Espagne 32 795 51.1 56.9 24.9 1 707 50.7 35.1 26.5 1 066 52.1 36.0 22.1Estonie 880 52.4 20.9 28.3 9 44.3 28.4 40.3 3 22.3 27.0 57.1Finlande 4 325 51.3 31.4 28.4 54 47.0 22.3 28.1 18 46.9 32.3 21.3France 43 608 52.2 36.9 23.3 1 887 53.9 53.3 20.0 347 51.7 39.8 30.8Grèce 8 501 51.3 47.7 18.3 151 63.0 31.7 19.2 78 64.3 38.0 12.4Hongrie 7 543 52.0 28.5 16.4 108 57.6 22.8 28.1 36 54.3 19.1 37.4Irlande 2 938 51.0 37.8 27.9 349 50.8 23.9 36.8 208 49.0 20.7 37.1Italie 47 020 51.7 55.5 11.1 1 483 58.2 36.1 11.7 810 58.3 34.9 10.1Lettonie 1 522 52.3 22.2 21.2 22 52.2 30.3 18.2 - - - -Lituanie 2 688 54.2 24.9 24.2 10 58.0 17.8 29.3 - - - -Luxembourg 223 50.7 32.8 20.4 139 50.1 30.4 38.1 50 47.6 19.5 56.8Pays-Bas 11 821 50.6 35.1 26.2 326 56.0 33.2 31.6 78 59.3 25.8 39.6Pologne 31 397 52.4 23.2 18.1 84 57.1 35.0 16.1 8 34.6 7.3 44.5Portugal 8 362 52.0 74.1 11.3 152 55.1 39.4 24.2 43 54.7 36.4 20.3République slovaque 4 555 51.9 20.8 14.0 26 56.0 18.2 19.2 4 38.9 29.1 37.1République tchèque 8 750 51.3 16.4 13.6 184 50.9 25.3 15.9 36 41.7 7.6 23.5Roumanie 18 187 51.8 38.1 10.6 - - - - - - - -Royaume-Uni 36 547 50.1 29.2 29.2 1 878 53.0 19.9 29.6 1 138 50.9 17.1 24.8Slovénie 1 599 51.1 24.1 19.4 12 48.0 21.8 23.7 2 53.5 15.1 47.4Suède 5 812 48.8 26.0 27.0 371 53.3 28.8 31.9 82 50.5 22.3 54.7UE27 364 187 51.4 36.0 20.4 12 063 53.0 33.8 24.3 5 127 52.9 27.6 25.2

Pays de résidence

Personnes nées dans le pays Personnes nées dans un autre pays de l 'UE27

Personnes nées dans un autre pays de l 'UE27 résidant dans le pays

depuis 10 ans au plus

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5. MESURE, UTILISATION ET RENDEMENT DES COMPÉTENCES DES IMMIGRÉS : REVUE DE LA LITTÉRATURE – 201

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Tableau 5.A1.2. Niveau d’éducation des personnes nées dans un pays hors UE27, selon la durée de résidence

1. Note de la Turquie : les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l’Ile. Il n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’Ile. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

2. Note de tous les États de l’Union européenne membres de l’OCDE et de la Commission européenne : La République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

Le signe « - » correspond aux cellules de données qui n’atteignent pas le seuil de publication d’Eurostat ; les cellules sont vides si les données ne sont pas disponibles.

Source : Enquête sur les forces de travail (Eurostat), 2010.

Total FemmesFaible niveau

d’études

Haut niveau

d’étudesTotal Femmes

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Haut niveau

d’études(mill iers) (%) (%) (%) (milliers) (%) (%) (%) (milliers) (%) (%) (%)

Allemagne 60 237 51.0 20.7 21.7 3 216 52.9 54.3 15.7 905 57.9 40.4 25.5Autriche 5 870 51.3 25.7 14.9 708 50.8 44.1 13.5 202 53.7 43.9 19.5Belgique 7 749 51.2 38.2 27.6 639 51.7 50.2 22.8 319 54.2 49.8 23.7Bulgarie 6 518 52.1 33.3 18.1 12 69.6 4.7 35.4 - - - -Chypre1,2 501 48.8 37.4 27.1 73 60.8 32.9 33.0 53 62.5 38.1 27.7Danemark 4 033 50.2 35.4 25.3 170 54.1 37.1 25.3 62 53.7 41.0 25.5Espagne 32 795 51.1 56.9 24.9 3 975 50.9 53.4 17.6 2 640 52.0 53.0 16.5Estonie 880 52.4 20.9 28.3 143 58.6 11.8 35.3 3 55.9 8.9 74.1Finlande 4 325 51.3 31.4 28.4 88 52.6 33.3 27.7 44 53.8 38.1 24.9France 43 608 52.2 36.9 23.3 4 387 51.4 50.9 21.9 969 55.8 46.6 27.5Grèce 8 501 51.3 47.7 18.3 649 47.1 54.9 11.4 256 47.6 62.9 10.5Hongrie 7 543 52.0 28.5 16.4 35 51.5 18.9 31.8 11 45.4 19.2 26.6Irlande 2 938 51.0 37.8 27.9 127 50.9 15.1 56.6 97 50.3 15.2 57.7Ital ie 47 020 51.7 55.5 11.1 3 020 51.9 54.0 10.7 1 387 56.1 57.8 9.9Lettonie 1 522 52.3 22.2 21.2 223 57.0 13.5 25.3 8 47.3 7.3 32.3Lituanie 2 688 54.2 24.9 24.2 116 58.7 16.9 27.1 6 45.6 11.3 47.0Luxembourg 223 50.7 32.8 20.4 26 52.7 26.7 39.3 12 49.5 16.8 56.4Pays-Bas 11 821 50.6 35.1 26.2 1 157 51.9 41.3 25.0 164 61.4 37.2 31.1Pologne 31 397 52.4 23.2 18.1 173 66.4 43.5 15.7 13 76.5 10.4 33.4Portugal 8 362 52.0 74.1 11.3 505 53.0 55.3 16.6 218 56.1 53.0 11.5République slovaque 4 555 51.9 20.8 14.0 7 61.5 12.7 23.2 4 38.9 29.1 37.1République tchèque 8 750 51.3 16.4 13.6 80 51.3 18.0 23.6 34 51.8 15.3 22.1Roumanie 18 187 51.8 38.1 10.6 10 40.8 19.0 50.0 - - - -Royaume-Uni 36 547 50.1 29.2 29.2 4 086 51.6 23.1 36.9 1 138 50.9 17.1 24.8Slovénie 1 599 51.1 24.1 19.4 147 48.1 34.5 11.1 12 58.8 38.4 7.3Suède 5 812 48.8 26.0 27.0 755 52.0 36.6 29.5 271 53.5 43.1 35.3UE27 364 187 51.4 36.0 20.4 24 527 51.8 45.1 21.6 9 580 53.6 43.4 23.2

Personnes nées dans le pays Personnes nées à l ’étranger hors UE27

Personnes nées à l’étranger hors UE27 résidant dans le pays depuis

10 ans au plusPays de résidence

17

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Annexe 5.A2

Facteurs explicatifs des différences de rendement de l’éducation entre personnes nées dans le pays et personnes nées à l’étranger

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5. MESURE, UTILISATION ET RENDEMENT DES COMPÉTENCES DES IMMIGRÉS : REVUE DE LA LITTÉRATURE – 203

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Tableau 5.A2.1 Facteurs explicatifs des différences de rendement de l’éducation entre personnes nées à l’étranger et personnes nées dans le pays

Publication Pays étudiés Population cible Analyse du devenir professionnel et

données et méthodes utilisées Résultats Principaux résultats de la publication (lorsque la différence de rendements n’est pas le thème central)

· Taux d’emploi · En moyenne, les compétences évaluées des immigrés sont inférieures et plus dispersées que celles des autochtones

· Données transversales IALS 94-98 · Les différences sont plus importantes aux États-Unis, ce qui est interprété comme une conséquence des différences entre les politiques d’immigration· Les différences de taux d’emploi entre les immigrés et les autochtones de sexe masculin (féminin) sont inférieures (supérieures) aux États-Unis.

· Mesure normative du déclassement · Le taux de déclassement des immigrés est plus élevé que celui des autochtones

· Enquête sur la population active et recensement des pays de l’OCDE + IALS pour l’Australie et 12 pays européens

· Le taux de déclassement est plus élevé chez les femmes, les immigrés récents et les immigrés originaires de pays non membres de l’OCDE

· Revenus hebdomadaires

· Données de l’Ontario Immigrant Literacy Survey (OILS) pour les immigrés + IALS (données sur les autochtones)

· Revenus mensuels · Les immigrés ayant suivi une partie de leurs études aux États-Unis affichent de meilleurs rendements que les immigrés ayant suivi leurs études à l’étranger. Les rendements de leurs études suivies aux États-Unis et à l’étranger sont similaires

· Recensements des États-Unis + National Longitudinal Survey of Youth (NLSY) + données sur le PIB et la langue du pays pour les pays d’origine

· Les résultats ne sont pas influencés par la maîtrise de la langue, les compétences individuelles non observées ou le fait d’avoir grandi aux États-Unis

· Pas d’effet du pays d’origine si une partie des études ont été suivies aux États-Unis· Les compétences en anglais ont une influence si des études supérieures ont été suivies, mais pas aux États-Unis

· Revenus hebdomadaires

· Enquête sur la littératie et les compétences des adultes (ALL)

· Choix professionnels au fil du temps · Les immigrés sont plus mobiles professionnellement que les autochtones, même longtemps après leur arrivée.

· Recensements de 1981, 86, 91 + fiches d’établissement

· Les immigrés qui ne sont pas évalués sur la base de leurs compétences ou ne parlent pas couramment à leur arrivée sont moins mobiles professionnellement.

· Modèle logit multinomial du choix professionnel ; cohortes synthétiques utilisées pour étudier l’évolution au fil du temps· Emploi et revenus hebdomadaires

· Enquêtes sur la vie familiale et professionnelle 94-95 + quatrième enquête nationale sur les minorités ethniques 93-94· Méthode d’appariement par scores de propension et langue de l’entretien utilisés comme instrument d’autodéclaration des connaissances linguistiques.

· Progression des revenus mensuels

· Enquête sur le lieu de travail (Workplace Occupational Survey) : 348 immigrés arrivés depuis 1989 et 603 autochtones occupant des emplois similaires· Questions rétrospectives sur les revenus et les compétences linguistiques à l’entrée dans l’emploi actuel et dans les entreprises· Revenu brut annuel (calculé à partir du revenu brut hebdomadaire relevé par intervalles, multiplié par 52)

· L’impact de la maîtrise de la langue sur les revenus est plus important pour les immigrés plus instruits

· Les déterminants de la maîtrise de la langue sont : le niveau d’instruction, l’âge à l’arrivée, le nombre d’années de résidence, le mariage à l’étranger, le nombre d’enfants et leur âge, le pays de naissance et la concentration linguistique sur le lieu de naissance.

· Recensements australiens de 1981 et 1986

· MCO : les revenus sont supérieurs de 5.3 % si l’anglais est parlé couramment (6.4 % si non originaire d’un pays anglophone). VI : coefficient négatif et non significatif en 1982 ; coefficient positif mais faible et non significatif en 1986

· Plus l’âge est élevé au moment de la migration, plus l’effet de la durée de séjour sur la maîtrise de la langue anglaise est faible. De même, cet effet est plus faible pour les plus instruits que pour les moins instruits.

· Estiment les déterminants de la maîtrise de la langue et utilisent comme instrument de maîtrise de la langue dans la régression des salaires les déterminants de qui ne sont pas des déterminants de la maîtrise de la langue (mariage avant la migration, nombre et âge des enfants, variable de concentration sur le lieu de naissance)

· Les estimations avec une correction de la sélectivité mettent en évidence une sélection positive sur le marché de la maîtrise de la langue non dominante.

· Salaires hebdomadaires· Recensements de 1980 et 1990 + mesures de la qualité de l’enseignement dans le pays d’origine en 1960 et 1970· Estimation en deux étapes : estimation des rendements de l’éducation par pays d’origine ; régression des rendements sur la base des variables explicatives du niveau des pays· Salaires annuels

· Recensements de 1986, 1991 et 1996 + résultats moyens aux examens internationaux en mathématiques et sciences en tant qu’indice de la qualité de l’enseignement (selon Hanushek et Kimko (2000))

SWEETMAN A. (2004)

Canada

Hommes nés à l’étranger après 1945 (test international effectué au plus tôt en 1965), âgés de 25 ans ou plus et ayant travaillé au moins une semaine pendant l’année

· Une part appréciable du rendement économique de la scolarité est associée à la qualité de l’enseignement, puisque le rendement des années de scolarité est inférieur d’environ 25 à 30 % dans les régressions qui comprennent aussi des mesures de la qualité

· La qualité de l’enseignement du pays d’origine n’a pas d’impact sur ceux qui immigrent à un jeune âge (10 ans ou moins)

· La qualité a un impact sur tous les niveaux d’enseignement (à l’exception des femmes dans leur 9e année d’études · Les hommes titulaires d’un baccalauréat obtenu dans le pays où la qualité de la scolarité est la plus élevée gagnent 30 % de plus (en tenant compte de l’effet de tous les autres facteurs) que les hommes provenant de pays où les résultats d’examens sont les plus faibles. La différence de gains entre immigrés de pays d’origine se classant respectivement au 25e et 75e rang centile atteint 15 %.

CHISWICK B. et MILLER P. (1995)

Australie (comparaison avec les résultats de publications portant sur d’autres pays : États-Unis, Canada, Israël, Allemagne)

Personnes nées à l’étranger

A.3 Les immigrés viennent de pays dont le système éducatif est de moins bonne qualité

BRATSBERG B. et TERRELL D. (2002)

États-Unis

Hommes nés à l’étranger âgés de 25 à 64 ans ayant suivi toutes leurs études à l’étranger

· Calcul de la variation des taux de rendement de l’éducation dans un grand nombre de groupes d’immigrés· Montre que les différences de rendement s’expliquent presque entièrement par les caractéristiques du système éducatif du pays d’origine, le rapport élèves-enseignants et les dépenses par élève.

BERMAN E., LANG K. et EREZ S (2003)

Israël

Hommes nés à l’étranger originaires d’ex-URSS occupant des emplois spécifiques : pompiste, ouvrier en bâtiment, technicien en informatique, ingénieur logiciel

· Il existe des preuves d’une convergence salariale considérable pour les techniciens en informatique et les ingénieurs logiciels, dont la majeure partie s’explique par l’amélioration de la maîtrise de l’hébreu : le fait de gagner un niveau de maîtrise de l’hébreu sur cinq au total permet d’augmenter le salaire de 8 à 10 %

· En ce qui concerne les emplois faiblement qualifiés, la maîtrise de l’hébreu n’a pratiquement aucun effet sur la progression salariale ; il n’existe aucun signe de convergence salariale pour ces emplois.

· Une analyse transversale montrerait que la croissance des salaires dans les emplois faiblement qualifiés est liée à la maîtrise de l’hébreu : cela semble être dû à un biais de capacité.

DUSTMANN C. et FABBRI F. (2003)

Royaume-Uni

Immigrés non blancs (employés à plein temps pour l’analyse des revenus)

· La maîtrise de l’anglais augmente la probabilité de trouver un emploi de 17 points de pourcentage, pour les hommes comme pour les femmes

· La prise en compte des erreurs de sélection et de mesure porte le coefficient à 22 points de pourcentage (le résultat des femmes devient faible et non significatif)

· La maîtrise de l’anglais augmente les revenus de 18 à 20 % (échantillons trop restreints pour comparer les hommes et les femmes)

· La prise en compte des erreurs de sélection et de mesure augmente le coefficient mais les résultats deviennent non significatifs

FERRER A. et al. (2005)

Ontario, Canada

Hommes nés à l’étranger occupant un emploi (travailleurs indépendants inclus)

· La répartition des résultats des autochtones aux tests de compréhension de l’écrit domine celle des immigrés, mais les rendements des compétences en la matière sont les mêmes pour les immigrés et les autochtones

· La différence de rendement entre les études suivies à l’étranger et les études suivies dans une université canadienne s’explique entièrement par le fait que les universités étrangères génèrent de moins bonnes compétences à l’écrit (utilisables au Canada)· Pour les diplômés d’université, l’élévation des compétences à l’écrit des immigrés au niveau des compétences des autochtones réduirait l’écart salarial de deux tiers ; la hausse du rendement de l’expérience des immigrés à l’étranger afin d’égaler le rendement de l’expérience des autochtones aurait un impact bien plus important

· En ce qui concerne les diplômés de l’enseignement supérieur, pour lesquels l’écart de revenus est beaucoup plus important, la convergence du niveau de compétences des immigrés avec celui des personnes nées au Canada réduirait l’écart salarial entre les hommes de plus de 50% et éliminerait totalement l’écart salarial entre les femmes, transformant le désavantage des immigrés en avantage.

A2. Les immigrés maîtrisent mal la langue du pays d’accueil

GREEN D. (1999)

Canada

Hommes nés à l’étranger arrivés au Canada après 1973 et âgés de 20 à 64 ans au moment de la migration

· Les immigrés qui ne parlent pas couramment la langue du pays d’accueil à leur arrivée sont moins susceptibles d’exercer des professions intellectuelles (en tenant compte des compétences observables) et sont moins mobiles professionnellement.

BRATSBERG B. et RAGAN Jr. J.F. (2002)

États-Unis

Hommes nés à l’étranger âgés entre 25 et 64 ans, ayant travaillé un nombre d’heures positif et ayant gagné au moins 1 000 $ en 1989, non scolarisés

· Les résultats au test AFQT ne modifient pas les rendements spécifiques de l’éducation des immigrés, qu’elle ait été acquise dans le pays d’origine ou le pays d’accueil (modifie le rendement de l’éducation des autochtones et des immigrés)

BONIKOWSKA A. et al. Canada

Étrangers salariés (hors travailleurs indépendants)

· La répartition des résultats des autochtones aux tests de compréhension de l’écrit domine celle des immigrés, mais les rendements des compétences à l’écrit sont les mêmes pour les immigrés et les autochtones.

· Le fait d’avoir l’anglais ou le français pour première langue n’augmente les résultats moyens aux tests que de 2 ou 3 %. L’écart de compétences des immigrés ayant effectué une partie de leurs études dans le pays d’accueil est très inférieur à celui des immigrés ayant suivi leurs études à l’étranger.

· Le fait d’élever le niveau de compétences moyen des immigrés à celui des personnes nées au Canada permettrait d’éliminer presque entièrement le désavantage salarial des immigrés de sexe masculin diplômés du secondaire, et conférerait un avantage salarial important aux immigrées diplômées du secondaire.

Partie A. Les différences de rendement de l’éducation entre immigrés et autochtones sont dues à des différences de productivité sur le marché du travailA.1 Les compétences des immigrés en lecture, écriture et calcul sont inférieures à celles des autochtones

Kahn L. (2004)

Canada, Nouvelle-Zélande, Suisse et États-Unis

Population active née à l’étranger

· La prise en compte des différences de résultats aux tests (outre l’âge, l’éducation et l’origine ethnique) explique la totalité de l’écart de taux d’emploi entre hommes immigrés et autochtones, sauf en Suisse (et entre femmes immigrées et autochtones dans l’ensemble des quatre pays)

DUMONT J.C. et MONSO O. (2007)

Pays de l’OCDE

Population active née à l’étranger ayant un niveau d’instruction intermédiaire ou élevé

· Le rapport de probabilité associé à un niveau d’arithmétique faible (4 niveaux) se monte à 3 en Australie et à 2 en Europe. L’écart est plus réduit pour la compréhension de textes schématiques, mais plus important pour la compréhension de textes suivis en Europe.

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Tableau 5.A2.1 Facteurs explicatifs des différences de rendement de l’éducation entre personnes nées à l’étranger et personnes nées dans le pays (suite)

· Données du registre d’emploi de 1985 à 1986· Modèle de risques proportionnels de Cox pour étudier les effets de différents facteurs sur le délai avant le 1er emploi. Les effets temporels sont introduits de différentes manières pour tenir compte des évolutions structurelles de l’économie· Données du registre de l’emploi de 1985 à 1996

· Modèle probit avec effets individuels fixes

Partie B. Les différences de rendements de l’éducation des immigrés et des autochtones sont dues à la discrimination : les employeurs préfèrent embaucher des autochtones

· Revenus et type d’emploi (secteur public, syndiqué, bureau)· Recensement de 1990, CPS 1994-1998 (résultats transversaux, échantillon plus large) et NLSY (panel)

· Emploi, salaires annuels, indépendance économique (pas de transferts publics tels que handicap, chômage ou assistance sociale)· Données administratives

B.2 Avoir un nom à consonance locale a un impact positif sur le devenir professionnel des immigrés· Revenus annuels [fixés à 1 (logarithme des revenus fixé à 0) si aucun revenu pendant une période donnée]· Panel de données de registre pour tous les étrangers qui changent leur nom à un moment donné.Effets individuels et effets fixes temporels. Exploite le moment auquel le changement de nom intervient.

B.3 Les tests d’accès à l’entretien d’embauche montrent que les employeurs rappellent les candidats autochtones plus souvent que les immigrés comparables

Auteurs Pays

DUGUET et al. (2010)

Région parisienne, France

· Répartition aléatoire· Lieu de résidence (ville privilégiée ou non)· Nationalité (française ou marocaine)· Nom à consonance française ou marocaine, prénom et · Candidats de sexe masculin âgés de 20 à 22 ans selon l’emploi· Pas de chômage et expérience comparable à des postes

· Ouvertures de postes de comptabilité (2 niveaux de compétence : secrétaire, comptable assistant et comptable, responsable administratif)

McGINNITY F. et LUNN P.D. (2011)

Grande région de Dublin, Irlande

· Les noms sont répartis aléatoirement ; irlandais, africains, asiatiques ou allemands

· Irish Leaving Certificate dans les CV des minorités pour indiquer le niveau en anglais

· CV de haute qualité pour augmenter le taux de réponse· 3 postes : administration, comptabilité, vente de détail

· Les candidats portant un nom irlandais ont deux fois plus de chances d’être convoqués à un entretien que les candidats portant un nom africain, asiatique ou allemand

· Pas de différences entre les métiers ou entre les groupes d’origine.

· Les taux de demande d’entretien avec des candidats portant un nom à consonance anglaise et justifiant d’une éducation et d’une expérience canadiennes sont plus de trois fois supérieurs aux taux des Chinois, Indiens et Pakistanais justifiant d’une éducation et d’une expérience canadiennes (5 % contre 16 %), mais aucune différence n’est constatée avec les candidats étrangers originaires du Royaume-Uni

· Les employeurs accordent beaucoup plus de valeur à l’expérience acquise au Canada qu’à l’expérience acquise dans un pays étranger. La modification des CV étrangers pour y inclure une expérience au Canada élève les taux de rappel à 11 %· Parmi les CV citant 4 à 6 ans d’expérience au Canada, le fait qu’un candidat ait obtenu ou non son diplôme au Canada, ou qu’il ait suivi ou non des études complémentaires au Canada, n’a pas d’effet sur ses chances d’être convoqué à un entretien

· Les candidats canadiens qui se distinguent uniquement par leur nom enregistrent des taux de rappel substantiellement différents : ceux portant un nom à consonance anglaise reçoivent 40 % de demandes d’entretien en plus que les candidats portant un nom chinois, indien ou pakistanais (16 % contre 11 %)

· Les effets sont presque les mêmes, que le poste convoité demande plus ou moins de compétences sociales ou linguistiques

· Les taux de rappel des candidats titulaires de diplômes étrangers délivrés par des universités de haut niveau et des candidats titulaires de diplômes étrangers d’écoles moins connues sont similaires

· Un citoyen français portant un nom et un prénom français a 20 fois plus de chances d’être rappelé qu’un citoyen marocain ; 2.5 fois plus de chances qu’un candidat avec un prénom français et un patronyme marocain ; presque 4 fois plus de chances qu’un candidat avec un prénom et un patronyme marocain (citoyenneté non précisée)

OREOPOULOS P. (2009)

Région du Grand Toronto, Canada

· Nom à consonance anglaise contre nom à consonance étrangère (3 grands pays d’origine : Chine, Inde, Pakistan)

· Expérience au Canada contre expérience à l’étranger

· Études au Canada contre études à l’étranger

· Maîtrise de plusieurs langues (dont le français)

· Autres compétences appréciées au Canada et activités paraprofessionnelles

· Tous les candidats ont commencé à travailler juste après le diplôme et possèdent 4 à 6 ans d’expérience· Les emplois pour lesquels une candidature a été envoyée nécessitent au moins un diplôme de premier cycle et 3 à 7 ans d’expérience

Plan de l’étude Résultats

CARLSSON M. et ROOTH D. (2007)

Stockholm et Göteborg, Suède

· Noms à consonance moyen-orientale ou suédoise

· Candidats de sexe masculin uniquement

· Postes qualifiés ou semi-/non qualifiés avec ratio d’immigrés élevé ou faible· Immigrés âgés de 25 à 30 ans possédant deux à quatre ans

· Les candidatures avec un nom suédois ont reçu 50 % de rappels en plus· Les recruteurs de sexe masculin et les entreprises comptant moins de 20 salariés rappellent moins souvent les candidats portant un nom à consonance moyen-orientale pour un entretien

· Dans les entreprises qui adoptent des plans de diversité ethnique, la part de salariés immigrés dans l’entreprise et l’origine ethnique du recruteur ne sont pas corrélées à la différence entre les taux de rappel

ARAI M. et THOURSIE P.S. (2009)

Suède

Étrangers âgés de 20 à 60 ans originaires d’Asie et des pays slaves ayant changé leur nom pour un nom à consonance suédoise (ou neutre) dans les années 1990

· Hausse de 12 % des revenus en moyenne avant et après le changement de nom

· La probabilité d’observer des revenus positifs est supérieure de 8.2 points de pourcentage après le changement de nom

· Les effets semblent en moyenne plus forts pour les femmes que pour les hommes ; toutefois, lorsque l’on tient compte du moment auquel intervient le changement de nom, l’effet est beaucoup plus clair (discontinuité par rapport à l’année du changement de nom) pour les hommes que pour les femmes· RC : pas d’effet pour les Finlandais ou les autres immigrés et pas d’effet non plus si l’on remplace un nom du Moyen-Orient par un autre nom de cette même région.

BRATSBERG B. et RAAUM O. (2011)

Norvège

Hommes nés à l’étranger originaires des pays en développement et en particulier du Moyen-Orient, d’Afrique (sauf Afrique du Nord), d’Asie (est de

· Pas de signe d’un effet de la naturalisation en sus de l’effet des années passées dans le pays d’accueil

· Discussion sur les différences avec les résultats des États-Unis : en Norvège, pas de prime individuelle syndicale ; moins de restrictions à l’emploi liées à la nationalité, « 90 % des immigrés des pays en développement acquièrent la nationalité du pays d’accueil en moins de dix ans », la nationalité agit moins comme un signal sur ce marché du travail

B. 1 La naturalisation a un impact positif sur le devenir professionnel

BRATSBERG B., RAGAN Jr. J.F. et NASIR Z.M. (2002)

États-Unis

Hommes nés à l’étranger âgés de 18 à 64 ans (hors étudiants) résidents depuis au moins 5 ans

· Les immigrés naturalisés sont davantage susceptibles d’occuper un emploi du secteur public, de bureau ou syndiqué

· La différence est plus importante pour les immigrés originaires de pays moins développés (mesuré par le PIB/habitant du pays d’origine)

· La progression salariale liée à la naturalisation se produit après la naturalisation, pas avant (chronologie exploitée dans la NLSY)

· La probabilité de trouver un emploi de bureau augmente immédiatement après la naturalisation, et plus tard en ce qui concerne les emplois syndiqués et les emplois du secteur public

· Les emplois du secteur public et les emplois de bureau bénéficient d’une meilleure progression salariale, 1/3 de la progression salariale après naturalisation provient de ces emplois

A.4 Il manque aux immigrés d’autres compétences essentielles sur les marchés du travail de l’OCDE après les années 1970

BEVELANDER P. (2001) Danemark

Hommes nés à l’étranger, deux premières années passées sur le marché du travail

· Les hommes immigrés issus de pays culturellement et linguistiquement plus éloignés de la Suède avaient moins de chances de trouver un emploi dans les années 1980 (même après la reprise qui s’est produite lors de la seconde moitié des années 1980)

ROSHOLM M. et al. (2006)

Suède et Danemark

Hommes nés à l’étranger âgés de 20 à 59 ans, hors étudiants et travailleurs indépendants, originaires de Norvège, Pologne et Turquie

· La probabilité de trouver un emploi diminue dans le temps pour les immigrés en Suède et au Danemark pendant cette période. Cette diminution est plus importante pour les immigrés turcs (plus éloignés des pays d’accueil d’un point de vue culturel)

· Les auteurs avancent que ce changement est dû à des facteurs structurels et non à des facteurs cycliques puisque l’effet est similaire dans les deux pays d’accueil et les conditions macroéconomiques sont très différentes

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6. LES QUALIFICATIONS DES IMMIGRÉS ET LEUR VALEUR SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL – 205

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Chapitre 6

Les qualifications des immigrés et leur valeur sur le marché du travail : Comparaison entre l’Europe et les États-Unis

Ana Damas de Matos et Thomas Liebig OCDE

Ce chapitre donne un aperçu systématique des qualifications des personnes nées à l’étranger et de leur rendement sur le marché du travail, à la fois en Europe et aux États-Unis, par rapport aux autochtones vivant dans les mêmes pays et ayant des caractéristiques démographiques similaires. Les immigrants ayant des qualifications étrangères ont, en moyenne, des niveaux d’éducation plus faibles que les autochtones. Les différences sont plus importantes aux États-Unis qu'en Europe, et également plus importantes pour les immigrés installés de plus longue date. Les immigrés ayant des qualifications étrangères ont des rendements inférieurs quant à leurs études supérieures que les autochtones en termes d’emploi et de qualité du travail. Il existe aussi de grandes disparités dans les niveaux de qualification des immigrés et leur rendement sur le marché du travail selon leur catégorie d’entrée, les immigrés entrés au titre du travail ayant des qualifications plus élevées que les migrants humanitaires et ceux entrés au titre de la famille. Les immigrés qui signalent qu’ils ont des difficultés linguistiques ont un emploi inférieur et une éducation supérieure que leurs homologues immigrés qui n’en ont pas. Enfin, les immigrés dont les diplômes étrangers ont été reconnus ont des taux de déclassement plus faibles que les autres immigrés, même après avoir pris en compte l’origine des qualifications et leur domaine d’études.

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6.1. Introduction

La question des qualifications des immigrés et de leur utilisation sur le marché du travail a, pour plusieurs raisons, suscité de plus en plus d’intérêt dans les pays de l’Union européenne et de l’OCDE ces dernières années. La première raison est que la part des immigrés sur le marché du travail est importante et ne cesse de croître. Les immigrés représentent aujourd’hui 13 % de la population des pays de l’OCDE, et ils sont surreprésentés chez les personnes très instruites (c’est-à-dire les personnes issues de l’enseignement supérieur)1. Dans les pays européens de l’OCDE, la part des immigrés parmi les personnes qui ont fait des études supérieures est passée de 12.8 % en 2000 à 14.4 % en 2010. En Australie, au Canada et en Nouvelle-Zélande, cette proportion a en moyenne connu une croissance encore plus importante, de 26.1 % à 32.3 %. L’augmentation a été plus modeste aux États-Unis, de 12.8 % à 14.1 %. En particulier, les nouveaux arrivants sont aujourd’hui en moyenne beaucoup plus qualifiés qu’il y a dix ans (OCDE, 2012a).

Cette croissance, et c’est là la deuxième raison, découle en partie d’une augmentation de la migration de travail. Nombreux sont les pays de l’Union européenne et de l’OCDE qui ont instauré ou renforcé des politiques visant à attirer des migrants de travail, en particulier ceux qui ont un niveau d’instruction élevé. Les qualifications formelles occupent également une place importante dans les systèmes à points auxquels ont recours de plus en plus de pays pour sélectionner ces migrants (voir l’aperçu général dans OCDE, 2011a).

Troisièmement, l’augmentation de la part des personnes très instruites dans la population résidente – autochtones et immigrés – est considérée comme un outil crucial pour garantir la croissance et la compétitivité à l’avenir, et elle constitue l’un des indicateurs clés des objectifs de la stratégie Europe 2020 de l’Union européenne.

Enfin, on constate dans le même temps, dans un grand nombre de pays de l’UE et de l’OCDE, que les qualifications formelles des immigrés sont moins recherchées que celles des autochtones sur le marché du travail du pays hôte. Dans sa Stratégie sur les compétences, l’OCDE a également estimé qu’une meilleure exploitation des qualifications des immigrés constituait un objectif important de l’action publique (OCDE, 2012b)2. De même, mieux comprendre les qualifications formelles des immigrés, la manière dont elles sont exploitées et les obstacles qui empêchent les immigrés de faire pleinement valoir leurs qualifications sur le marché du travail – difficultés linguistiques, manque de reconnaissance des diplômes ou de l’expérience professionnelle acquise à l’étranger, discrimination de la part des employeurs ou autres facteurs – pourrait faciliter l’élaboration de politiques plus ciblées en matière de migrations de travail et d’intégration.

Il n’empêche que, jusqu’à présent, aucune étude systématique n’a été réalisée sur les qualifications formelles des immigrés et leur utilité sur le marché du travail dans l’ensemble des pays de l’Union européenne et de l’OCDE3. Le présent chapitre tente pour la première fois de combler cette lacune en comparant la situation entre, d’un côté, les pays de l’Union européenne, la Norvège et la Suisse et, de l’autre, les États-Unis. Nous avons adopté la structure suivante pour la suite du chapitre : la section 6.2 compare les qualifications de différents groupes d’immigrés et celles des autochtones présentant des caractéristiques similaires. Elle examine en particulier les différences liées à l’origine des qualifications et au type de migration (c’est-à-dire, par catégorie d’entrée). Cette dernière distinction est rarement établie dans les travaux universitaires, souvent parce que l’on ne

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dispose pas de données, mais elle est pourtant cruciale dans le domaine de l’action publique. En effet, seuls les migrants de travail sont directement « sélectionnés » – soit par un employeur, soit par l’administration nationale, ou les deux – tandis que les migrants familiaux et humanitaires font tout au plus l’objet d’une « sélection » indirecte. La section 6.3compare, pour les différents groupes de migrants étudiés, les résultats des immigrés et ceux des autochtones par rapport à leurs qualifications, à la fois en termes d’accès à l’emploi en général et, pour les travailleurs qualifiés, en termes d’adéquation entre les emplois et leurs qualifications formelles. La section 6.4 examine dans quelle mesure deux aspects particuliers, à savoir les difficultés linguistiques et la reconnaissance des qualifications étrangères, influent sur la valorisation des qualifications des immigrés sur le marché du travail du pays hôte. La section 6.5 résume les conclusions.

6.2. Les qualifications des immigrés

Tour d’horizon Le graphique 6.1 donne une première ventilation des niveaux d’instruction pour

l’ensemble des autochtones et des personnes nées à l’étranger en Europe (c’est-à-dire dans les 27 États membres de l’Union européenne plus la Norvège et la Suisse) et aux États-Unis. En comparaison avec les autochtones, les personnes nées à l’étranger sont surreprésentées pour les deux niveaux d’études les plus bas, à savoir l’enseignement primaire (CITE 0 et 1) et le premier cycle du secondaire (CITE 2), correspondant à la scolarité obligatoire dans la plupart des pays européens ; elles sont sous-représentées chez ceux qui ont achevé le deuxième cycle du secondaire ou des études post-secondaires non supérieures (CITE 3 et 4). Dans ces deux régions de l’OCDE, on constate également une sous-représentation des immigrés chez les personnes qui possèdent un diplôme universitaire (CITE 5 et au-delà), à l’exception du petit groupe de titulaires de doctorats (CITE 6). Dans l’ensemble, ces différences semblent être plus marquées aux États-Unis qu’en Europe.

Graphique 6.1. Niveau d’éducation des personnes nées dans le pays et des personnes nées à l’étranger Répartition en pourcentage

Note : L’échantillon a été limité aux individus âgés de 15 à 64 ans qui ne poursuivent pas d’études à plein temps. CITE : Classification internationale type des professions.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail 2009-2010 ; États-Unis : Current Population Survey 2009-2011.

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CITE 0-1 CITE 2 CITE 3-4 CITE 5 CITE 6 CITE 0-1 CITE 2 CITE 3-4 CITE 5 CITE 6

Europe États-Unis

Nés dans le pays Nés à l'étranger

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Pour la suite, outre les niveaux de qualification, nous utilisons également comme outil de mesure l’âge auquel le niveau d’instruction le plus élevé a été atteint, moins six (marquant habituellement l’âge du début de la scolarisation) pour obtenir le nombre estimé d’années d’études. Les deux méthodes ont leurs avantages et leurs inconvénients. Si elle permet de mesurer les qualifications de manière pratique et synthétique, la classification CITE tient compte des interruptions éventuelles dans le parcours éducatif, qui peuvent être liées à l’achèvement de niveaux d’enseignement spécifiques, ne repose pas sur des hypothèses liées à l’âge d’entrée à l’école et n’est pas influencée par les redoublements. En revanche, la méthode fondée sur les années d’études mesure un intervalle (contrairement à la CITE, mesure exclusivement ordinale), qui peut facilement être interprété.

À ce niveau d’agrégation, les deux méthodes font apparaître des situations semblables. À la fois en Europe et aux États-Unis, les immigrés étudient moins longtemps que les autochtones. En Europe, les autochtones obtiennent leur diplôme le plus élevé à l’âge moyen de 19.7 ans, contre 1877 ans pour les immigrés. Aux États-Unis, les autochtones obtiennent leur diplôme le plus élevé à l’âge de 19.5 ans, les immigrés à 18 ans au moyen d’un seul chiffre.

Les qualifications obtenues à l’étranger par rapport à celles acquises dans le pays de résidence

On constate de plus en plus souvent que les qualifications acquises à l’étranger, et en particulier dans des pays à faible revenu, sont décotées sur le marché du travail des pays de l’OCDE [voir, par exemple, Bratsberg et Ragan (2002) pour les États-Unis, Nordin (2007) pour la Suède, et Clark et Lindley (2009) pour le Royaume-Uni]. Il se peut que cette situation soit liée aux moins bonnes performances du système éducatif de certains pays d’origine, à la maîtrise insuffisante de la langue du pays hôte ou au manque de capital humain spécifique au pays hôte associés aux diplômes étrangers, ou encore à la difficulté pour les employeurs d’évaluer la valeur de ces qualifications (voir la section 6.3, qui traite de la reconnaissance des qualifications acquises à l’étranger).

Jusqu’à présent, aucune comparaison internationale systématique n’a cependant été réalisée dans le cadre de l’OCDE quant aux résultats qu’obtiennent, sur le marché du travail, les immigrés ayant acquis leurs qualifications dans le pays hôte et ceux qui les ont obtenues à l’étranger. L’un des objectifs du présent chapitre est la comparaison systématique entre les immigrés qui ont atteint leur niveau d’instruction le plus élevé dans leur pays d’origine et ceux qui l’ont atteint dans le pays hôte4. Pour simplifier, ces deux groupes seront respectivement désignés ci-dessous comme ayant suivi une formation et/ou obtenu des qualifications dans leur pays d’origine ou ayant suivi une formation et/ou obtenu des qualifications dans le pays d’hôte.

Tant en Europe qu’aux États-Unis, 69 % des personnes nées à l’étranger ont effectué leurs études en dehors du pays hôte. Dans les analyses ci-dessous, les immigrés en Europe seront séparés en deux groupes à savoir les immigrés issus de l’un des 27 pays de l’Union européenne (UE27) et les immigrés issus d’autres pays. Le premier groupe bénéficie de la libre circulation dans la zone UE/AELE, ce droit étant assorti de plusieurs dispositions en faveur de la transférabilité des qualifications formelles. La proportion des qualifications acquises à l’étranger parmi ces migrants, qui représentent 38 % du total des immigrés en Europe, est pratiquement identique à celle observée pour l’ensemble des migrants, soit un peu plus de deux tiers.

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Bien que, globalement, ce pourcentage soit à peu près le même aux États-Unis et en Europe, on relève une certaine hétérogénéité entre les pays européens. Le graphique 6.2 montre pour chaque pays la composition de la population immigrée en fonction de l’origine des qualifications et du pays d’origine du migrant (Union européenne ou hors UE). Au Luxembourg, plus de 80 % des personnes nées à l’étranger sont issues d’un des 27 autres pays de l’Union. En Suisse, ce pourcentage est également élevé (65 %). À l’inverse, la part des immigrés originaires de l’Union européenne est plus proche des 30 % en France, en Italie, en Espagne ou au Portugal.

Dans tous les pays européens sauf quatre, la majorité des immigrés ont acquis des qualifications à l’étranger. Trois de ces pays – l’Estonie, la Lettonie et la Pologne –, ont de faibles populations immigrées, lesquelles ont en outre été partiellement déterminées par l’évolution des frontières. Les Pays-Bas sont la seule exception, où les migrants non originaires de l’Union européenne qui ont fait leurs études dans le pays hôte constituent de loin le groupe le plus important.

Graphique 6.2. Origine des qualifications des personnes nées à l’étranger qui vivent en Europe, selon le pays de résidence

Pourcentages

Note : Quatre pays (la Bulgarie, Malte, la Lituanie et la Roumanie) ne sont pas représentés dans ce graphique car le nombre d’immigrés d’au moins une des catégories n’atteint pas le seuil imposé par Eurostat pour la publication.

1. Note de la Turquie : les informations contenues dans la présente note à propos de « Chypre » concernent la partie méridionale de l’île. Il n’existe aucune autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et les Chypriotes grecs de l’île. La Turquie reconnaît la République turque de Chypre du Nord (RTCN). Tant qu’une solution durable et équitable n’aura pas été trouvée sous l’égide des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

2. Note de tous les États membres de l’Union européenne qui sont membres de l’OCDE et de la Commission européenne : la République de Chypre est reconnue par tous les membres de l’Organisation des Nations unies, à l’exception de la Turquie. Les informations contenues dans la présente note se rapportent au territoire sous le contrôle effectif du Gouvernement de la République de Chypre.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail, 2009-2010 ; États-Unis : Current Population Surveys 2009-2011.

0

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80

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Éducation du pays hôte, UE27 Éducation du pays hôte, non-UE27Éducation étrangère, UE27 Éducation étrangère, non-UE27

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Le niveau d’instruction des immigrés

Années d’études Après cette première analyse globale, nous comparerons les qualifications des

personnes nées à l’étranger et celles des autochtones présentant des caractéristiques démographiques semblables (âge, sexe) qui vivent dans le même pays. Il est particulièrement important de tenir compte des caractéristiques démographiques dans le contexte du développement significatif des possibilités d’apprentissage observé à travers le monde au cours des cinquante dernières années.

Le graphique 6.3 compare les années d’études des personnes nées à l’étranger en fonction de l’origine de leurs qualifications avec celles des autochtones5. En moyenne, les immigrés ont étudié quasiment une année de moins que les autochtones du même âge et de même sexe en Europe, et une année et demie de moins aux États-Unis. Si l’on classe les immigrés d’après l’origine de leurs qualifications, une tendance se dégage clairement. Ceux qui ont fait leurs études dans le pays hôte ont en moyenne étudié plus longtemps que les autochtones, en particulier en Europe. En revanche, les immigrés ayant acquis leurs qualifications à l’étranger ont étudié deux années et demie de moins aux États-Unis, et près de deux années de moins en Europe (pour ceux qui ont obtenu leurs qualifications en dehors de l’Union européenne). Une ventilation par sexe ne fait apparaître aucune différence importante entre les hommes et les femmes, que ce soit en Europe ou aux États-Unis (voir le graphique 6.A1.1 de l’annexe).

Graphique 6.3. Années d’éducation des personnes nées à l’étranger par rapport aux personnes nées dans le pays

Note : L’échantillon se limite aux individus âgés de 15 à 64 ans qui ne poursuivent pas d’études à plein temps. Les barres représentent les différences estimées dans le nombre d’années d’éducation grâce à une régression des moindres carrés ordinaire qui contrôle pour le sexe et les tranches d’âge de cinq ans (et les effets fixes pays en Europe). La différence est d’abord évaluée pour l’ensemble des personnes nées à l’étranger, puis en fonction du lieu d’obtention de leur qualification la plus élevée. Les coefficients estimés figurent dans le tableau 6.A1.1 de l’annexe.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail 2009-2010 ; États-Unis : Current Population Survey 2009-2011.

Le tableau 6.A1.8 de l’annexe montre les résultats séparément pour chacun des pays européens. On constate que les résultats présentés ci-dessus sont fortement influencés par les pays de l’UE15 et de l’AELE, qui ont des populations immigrées beaucoup plus importantes que les nouveaux pays de l’Union européenne. Dans quatre pays seulement -

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Éducation dupays hôte

Éducationétrangère

Toutes lespersonnes

nées àl'étranger

Éducation dupays hôte

Éducationétrangère

Toutes lespersonnes

nées àl'étranger

Europe États-Unis

Toutes les personnes nées à l'étranger UE27 Non-UE27

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la Belgique, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Suisse - les immigrés présentent, par rapport aux autochtones, une disparité identique ou supérieure à l’écart constaté aux États-Unis en ce qui concerne le nombre d’années d’études. Cependant, si l’on ne prend que les immigrés qui ont fait leurs études dans un pays n’appartenant pas à l’Union européenne, on observe des écarts significatifs dans plusieurs pays également : trois années d’études de plus en France et aux Pays-Bas, outre les quatre pays que nous venons d’évoquer. On relève une fois de plus que les immigrés qui ont fait leurs études dans le pays hôte comptabilisent, en règle générale, au moins autant d’années d’études que leurs homologues autochtones, et ce quelle que soit leur origine.

Études dans le pays de résidence et année d’arrivée Les estimations ci-dessus concernent tous les immigrés, y compris ceux arrivés dans

le pays hôte après avoir terminé leurs études. Dans cette section, nous examinons le niveau d’études des immigrés qui atteignent leur niveau d’instruction le plus élevé dans le pays hôte. Ces personnes arrivent en grande majorité à un jeune âge dans le pays hôte, et sont susceptibles de constituer un groupe fort différent de celui des immigrés qui s’installent dans le pays d’accueil après avoir terminé leurs études.

Les individus qui ont migré avant l’âge de 15 ans sont comparés à ceux qui sont arrivés plus tard. On a fixé ce seuil quelque peu arbitraire en tenant compte du fait que, dans la plupart des pays européens et des états des États-Unis, la scolarité obligatoire prend fin vers l’âge de 15 ans. Le plus souvent, un étranger arrivant dans le pays hôte avant l’âge de 15 ans continuera ses études dans le pays hôte pour au moins quelques années supplémentaires. Une personne qui migre après l’âge de 15 ans et qui fait ses études dans le pays hôte a choisi d’étudier dans ce pays, quel que soit le motif de sa migration. 70 pour cent des immigrés ayant obtenu un diplôme dans un pays d’Europe, et 66 % de ceux l’ayant obtenu aux États-Unis, ont migré alors qu’ils n’avaient pas encore 15 ans. En Europe et aux États-Unis, environ 10 % de l’ensemble des immigrés arrivés après l’âge de 15 ans ont obtenu un diplôme dans le pays hôte.

Le graphique 6.4 compare le nombre d’années d’éducation des immigrés ayant acquis des qualifications dans le pays d’accueil, selon qu’ils ont migré avant ou après l’âge de 15 ans, et celui de leurs homologues autochtones. En moyenne, les immigrés qui ont obtenu des qualifications dans le pays hôte sont plus instruits que les autochtones. Ce résultat est toutefois déterminé par le petit groupe d’immigrés qui sont arrivés à l’âge de 15 ans ou plus. On ne relève qu’une faible différence entre les autochtones et les étrangers ayant migré avant l’âge de 15 ans, et ce tant en Europe qu’aux États-Unis. Les immigrés venus dans le pays hôte pour y suivre des études, et ceux qui décident d’en faire après leur arrivée, atteignent en moyenne un niveau d’instruction supérieur à celui des autochtones. Cependant, les différences constatées entre les parcours éducatifs des personnes qui ont immigré à l’âge de 15 ans et ceux des autochtones paraissent plus importantes en Europe qu’aux États-Unis. Les immigrés arrivés en Europe dans leur enfance en provenance d’autres pays de l’Union européenne présentent un nombre d’années d’études légèrement inférieur. On ne relève aucune différence notable, en termes d’années d’études, entre les migrants provenant des pays de l’UE27 et ceux originaires d’autres pays qui sont arrivés après l’âge de 15 ans et ont fait leurs études dans le pays hôte.

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Graphique 6.4. Différences en nombre d’années d’éducation entre les personnes nées à l’étranger qui ont étudié dans le pays hôte et les personnes nées dans le pays, en fonction de l’âge à la migration

Note : L’échantillon se limite aux individus âgés de 15 à 64 ans qui ne poursuivent pas d’études à plein temps. Les barres représentent les différences estimées dans le nombre d’années d’éducation entre les personnes nées à l’étranger ayant acquis des qualifications dans le pays hôte et les personnes nées dans le pays grâce à une régression des moindres carrés ordinaire qui contrôle pour le sexe et les tranches d’âge de cinq ans (et les effets fixes pays en Europe).

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail 2009-2010 ; États-Unis : Current Population Survey 2009-2011.

Niveaux d’éducation Les graphiques 6.5 et 6.6 montrent les différences de niveau d’instruction entre les

immigrés et les autochtones pour deux niveaux particuliers : enseignement secondaire du premier cycle (CITE 0-2) et enseignement supérieur (CITE 5-6). Les barres représentent les coefficients de régression linéaire d’un indicateur variable en fonction des tranches d’âge et du sexe (et des effets pays pour l’Europe). L’indicateur équivaut à « 1 » si le niveau d’instruction le plus élevé ne dépasse pas le premier cycle de l’enseignement secondaire (graphique 6.4), et si l’intéressé est passé par l’enseignement supérieur (graphique 6.5).

En moyenne, les immigrés sont plus susceptibles que les autochtones d’interrompre leurs études après le premier cycle de l’enseignement secondaire. En Europe, le résultat est principalement déterminé par les immigrés qui ont effectué leurs études dans des pays extérieurs à la zone UE27. La probabilité que ces personnes aient interrompu leurs études au mieux après le premier cycle du secondaire est, par rapport aux autochtones, supérieure de 20 points de pourcentage. Dans toute l’Europe, seuls 27 % des autochtones n’ont pas dépassé ce niveau, alors qu’environ 54 % des immigrés de pays hors UE ont au maximum une qualification du premier cycle du secondaire. Aux États-Unis, la proportion d’immigrés ayant étudié à l’étranger sans dépasser le premier cycle de l’enseignement secondaire est également, en moyenne, de 30 points de pourcentage supérieure à celle des autochtones, ce qui est également trois fois supérieur à la part d’autochtones ayant atteint au maximum ce niveau d’instruction.

-0.50.00.51.01.52.02.53.03.54.04.5

Tous lesimmigrés

Arrivés pendantl'enfance

Arrivés à l'âgeadulte

Tous lesimmigrés

Arrivés pendantl'enfance

Arrivés à l'âgeadulte

Europe États-Unis

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Graphique 6.5. Proportion d’individus n’ayant pas atteint le second cycle de l’enseignement secondaire parmi les personnes nées à l’étranger comparé aux personnes nées dans le pays

Points de pourcentage

Note : L’échantillon se limite aux personnes âgées de 15 à 64 ans qui ne poursuivent pas d’études à plein temps. Les barres représentent les différences estimées dans la proportion de personnes dont le niveau d’études est inférieur au deuxième cycle de l’enseignement secondaire entre les personnes nées à l’étranger et les personnes nées dans le pays grâce à une régression des moindres carrés ordinaire qui contrôle pour le sexe, les tranches d’âge de cinq ans (et les effets fixes pays en Europe).

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail 2009-2010 ; États-Unis : Current Population Survey 2009-2011.

Graphique 6.6. Proportion d’individus ayant un niveau d’éducation tertiaire parmi les personnes nées à l’étranger comparé aux personnes nées dans le pays

Points de pourcentage

Note : L’échantillon se limite aux personnes âgées de 15 à 64 ans qui ne poursuivent pas d’études à plein temps. Les barres représentent les différences estimées dans la part des personnes ayant un niveau d’éducation tertiaire entre les personnes nées à l’étranger et les personnes nées dans le pays grâce à une régression des moindres carrés ordinaire qui contrôle pour le sexe et les tranches d’âge de cinq ans (et les effets fixes pays en Europe).

Source : Pays européens : Enquête sur les forces de travail 2009-2010 ; États-Unis : Current Population Survey 2009-2011.

La différence est encore plus marquée si l’on prend les personnes n’ayant pas dépassé l’école primaire. Elles représentent 7 % des autochtones en Europe, et 2.5 % aux États-Unis, mais la part estimée d’immigrés provenant de pays non membres de l’Union européenne qui ont fait leurs études à l’étranger est plus de trois fois supérieure (24 %), et sept fois plus élevée pour les immigrés aux États-Unis6.

-505

101520253035

Éducation dupays hôte

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nées àl'étranger

Éducation dupays hôte

Éducationétrangère

Toutes lespersonnes

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Europe États-Unis

Toutes les personnes nées à l'étranger UE27 Non-UE27

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Éducationétrangère

Toutes lespersonnes nées à

l'étranger

Éducation du payshôte

Éducationétrangère

Toutes lespersonnes nées à

l'étranger

Europe United States

Toutes les personnes nées à l'étranger UE27 non-UE27

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À l’autre bout du spectre, les immigrés qui ont fait des études dans un pays non européen sont, en Europe, seulement deux à trois fois moins susceptibles que les autochtones d’avoir suivi une quelconque forme d’enseignement supérieur. La situation est à peu près la même pour tous les immigrés aux États-Unis. La proportion moyenne d’autochtones ayant atteint l’enseignement supérieur est de 24 % en Europe, et de 40 % aux États-Unis. Les immigrés issus de pays non membres de l’Union européenne sont moins nombreux que les autochtones (10 points de pourcentage de moins) à avoir fait des études supérieures, cette proportion étant de 14 points de pourcentage aux États-Unis pour les immigrés qui possèdent un diplôme étranger.

Une comparaison des niveaux d’instruction ne fournit qu’une description partielle des qualifications des immigrés, principalement quant à leur utilisation sur le marché du travail. Il convient également de considérer le domaine d’études, en particulier pour les travailleurs très qualifiés. Le graphique 6.7 montre la répartition des autochtones et des différents groupes d’immigrés dans chaque domaine d’études pour les travailleurs issus de l’enseignement supérieur en Europe7. La principale conclusion que l’on peut tirer de ces graphiques est que les différences sont relativement marginales entre les groupes pour les différents domaines d’études. La répartition immigrés-autochtones est similaire pour les divers domaines d’études, du moins si l’on considère les résultats globalement, quel que soit l’endroit où l’enseignement a été suivi et que les immigrés viennent ou non de pays membres de l’Union européenne.

Nombre d’années depuis la migration pour les immigrés ayant suivi leurs études à l’étranger

Certaines données montrent que, dans les pays de l’OCDE, les immigrés des cohortes récentes sont plus instruits que ceux des cohortes plus anciennes (Widmaier et Dumont, 2011). Cependant, ces études précédentes ne prennent pas en compte les différences d’âge ni, par conséquent, le fait que les niveaux d’instruction des autochtones ont également progressé avec le temps. Dans cette section, nous comparerons les années d’études des immigrés des différentes cohortes par rapport à celles des autochtones de la même tranche d’âge et du même sexe dans le même pays. Nous restreindrons notre analyse aux immigrés ayant fait leurs études à l’étranger, qui représentent 69 % du total8.

Le graphique 6.8 représente les années d’études pour les immigrés par tranches de cinq années de résidence par rapport aux autochtones en tenant compte de l’âge, du sexe et des effets fixes pays dans la spécification européenne9. Le schéma est manifestement monotone ; plus l’installation est récente, plus ils sont instruits par rapport aux autochtones des mêmes tranches d’âge dans les mêmes pays. L’augmentation du niveau d’instruction relatif des immigrés est plus importante en Europe qu’aux États-Unis. En Europe, bien que les immigrés de l’UE27 soient plus qualifiés que les personnes provenant d’autres pays pour l’ensemble des cohortes, le niveau d’instruction relatif a augmenté pour les immigrés de toutes origines.

Comme c’est le cas pour la plupart des estimations portant sur des cohortes d’immigrés, ces schémas doivent être interprétés avec précaution. Il se peut en effet que la tendance observée soit déterminée par une augmentation des qualifications relatives des immigrés dans les cohortes les plus récentes, mais elle peut tout autant s’expliquer par l’émigration sélective des individus les plus qualifiés au fil des ans. Le constat qui est fait ici est que, parmi les immigrés vivant dans le pays d’accueil à un moment donné (2009/11), ceux des cohortes récentes sont plus instruits que ceux des cohortes plus anciennes lorsqu’on les compare aux autochtones présentant des caractéristiques similaires.

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6. LES QUALIFICATIONS DES IMMIGRÉS ET LEUR VALEUR SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL – 215

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Graphique 6.7. Domaines d’études des personnes ayant un niveau d’éducation tertiaire nées dans le pays ou à l’étranger

Distribution en pourcentages

Note : L’échantillon se limite aux personnes âgées de 15 à 64 ans qui ne poursuivent pas d’études à plein temps.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail 2009-2010 ; États-Unis : Current Population Survey 2009-2011.

05

101520253035

Nés dans lepays

Nés àl'étranger

Éducationdu pays derésidence

Éducationétrangère,

UE27

Éducationétrangère,non-UE27

Éducation

272829303132333435

Nés dans lepays

Nés àl'étranger

Éducationdu pays derésidence

Éducationétrangère,

UE27

Éducationétrangère,non-UE27

Sociologie, économie et droit

05

101520253035

Nés dans lepays

Nés àl'étranger

Éducationdu pays derésidence

Éducationétrangère,

UE27

Éducationétrangère,non-UE27

Sciences

05

101520253035

Nés dans lepays

Nés àl'étranger

Éducationdu pays derésidence

Éducationétrangère,

UE27

Éducationétrangère,non-UE27

Ingénierie, industrie et construction

05

101520253035

Nés dans lepays

Nés àl'étranger

Éducationdu pays derésidence

Éducationétrangère,

UE27

Éducationétrangère,non-UE27

Agriculture

05

101520253035

Nés dans lepays

Nés àl'étranger

Éducationdu pays derésidence

Éducationétrangère,

UE27

Éducationétrangère,non-UE27

Santé et aide sociale

05

101520253035

Nés dans lepays

Nés àl'étranger

Éducationdu pays derésidence

Éducationétrangère,

UE27

Éducationétrangère,non-UE27

Services

05

101520253035

Nés dans lepays

Nés àl'étranger

Éducationdu pays derésidence

Éducationétrangère,

UE27

Éducationétrangère,non-UE27

Sciences humaines et arts

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216 – 6. LES QUALIFICATIONS DES IMMIGRÉS ET LEUR VALEUR SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL

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Graphique 6.8. Années d’études des immigrés ayant fait leurs études à l’étranger par rapport aux autochtones, en fonction du nombre d’années de résidence dans le pays hôte

Note : L’échantillon se limite aux personnes âgées de 15 à 64 ans qui ne poursuivent pas d’études à plein temps. Les barres représentent les différences dans le nombre d’années d’éducation entre les personnes nées à l’étranger ayant acquis des qualifications dans le pays hôte et les personnes nées dans le pays grâce à une régression des moindres carrés ordinaire qui contrôle pour le sexe et les tranches d’âge de cinq ans (et les effets fixes pays en Europe)

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail 2009-2010 ; États-Unis : Current Population Survey 2009-2011.

Qualifications et motif de la migration Le motif de la migration constitue l’une des principales différences entre les groupes

d’immigrés. Les caractéristiques des immigrés venus dans le pays hôte pour étudier, pour travailler ou pour des raisons humanitaires sont susceptibles d’être différentes. Les qualifications que les différentes catégories de migrants apportent dans le pays hôte et la valeur qui leur est accordée sur le marché du travail sont également susceptibles de varier.

Selon l’OCDE (2012), 36 % des migrations permanentes vers les pays de l’OCDE étaient motivées par des raisons familiales en 2010 et 21 % étaient d’ordre professionnel (environ 40 % si l’on tient compte à la fois des migrations de travail et des flux liés à la libre circulation). On relève une grande hétérogénéité entre les pays : au Canada, en Nouvelle-Zélande et en Australie, la proportion de migrants de travail et de familles accompagnantes est importante ; il en était de même avant la récession de 2008-09 dans les pays d’Europe du Sud La migration pour raison humanitaire est plus courante dans les autres pays européens de l’OCDE comprenant une forte population immigrée. Ces chiffres ne tiennent pas compte de la libre circulation dans l’Union européenne, qui explique une grande partie des migrations de travail dans cette zone. En Suisse, par exemple, les migrations au titre de la libre circulation représentent 71 % des migrations de travail à caractère permanent.

Par conséquent, une forte proportion des immigrés qui arrivent dans les pays de l’OCDE ne sont pas directement sélectionnés puisqu’ils migrent pour des raisons familiales, en application d’accords de libre circulation ou pour des raisons humanitaires. La seule marge de manœuvre dont disposent les pouvoirs publics pour attirer une main-d’œuvre qualifiée dans les pays hôtes concerne le volume et la composition du flux des migrants de travail. La présente section décrit les qualifications des immigrés en tenant compte des différences quant aux motifs de la migration.

-4

-3.5

-3

-2.5

-2

-1.5

-1

-0.5

0

1-5années

depuis lamigration

6-10années

depuis lamigration

11-15années

depuis lamigration

16-20années

depuis lamigration

20+années

depuis lamigration

1-5années

depuis lamigration

6-10années

depuis lamigration

11-15années

depuis lamigration

16-20années

depuis lamigration

20+années

depuis lamigration

Europe États-Unis

Toutes les personnes nées à l'étranger UE27 non-UE27

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6. LES QUALIFICATIONS DES IMMIGRÉS ET LEUR VALEUR SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL – 217

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En 2008, l’Enquête européenne sur les forces de travail contenait des informations pour certains pays sur le type de migration, c’est-à-dire la raison auto-déclarée de la première migration vers le pays hôte10.

Le graphique 6.9 présente la répartition selon les motifs de migration en Europe, tels que déclarés par les immigrés, en faisant la distinction entre les hommes et les femmes. Chez les immigrés arrivés dans le pays hôte à l’âge de 15 ans ou plus, plus de 50 % des hommes indiquent qu’ils ont migré pour le travail, 20 % pour des raisons familiales et moins de 10 % pour des raisons humanitaires. S’agissant des femmes, la répartition est très différente : plus de la moitié des femmes immigrées déclarent avoir migré pour des raisons familiales et environ 25 % pour des raisons professionnelles. La proportion des immigrés ayant migré pour des raisons de travail est deux fois plus importante pour les immigrés issus de l’Union européenne que pour les immigrés issus d’autres pays, et ce pour les hommes et les femmes.

Graphique 6.9. Raison de la migration telle que rapportée par les migrants selon le sexe

Note : L’échantillon se limite aux personnes nées à l’étranger âgées de 15 à 64 ans, qui ne poursuivent pas d’études à plein temps et ont migré à l’âge de 15 ans ou plus.

Source : Enquête sur les forces de travail, module ad-hoc 2008.

Le graphique 6.10 présente la répartition des motifs de migration pour les pays inclus dans le module ad hoc de l’enquête sur les forces de travail. Dans les pays d’immigration récente, tels que l’Espagne, la Grèce et l’Italie, la plupart des immigrés migrent pour le travail. Dans les pays européens d’immigration de longue date, tels que la France, l’Allemagne et la Belgique, la plupart des migrants déclarent avoir migré pour des raisons familiales. Les migrants humanitaires représentent une proportion importante de la population immigrée dans les pays nordiques, tels que la Suède et la Norvège.

Le graphique 6.11 montre l’origine des qualifications pour chaque groupe d’immigrés. Parmi ceux qui ont migré pour le travail, environ la moitié proviennent d’un autre pays de l’UE27, et ils ont pour la plupart fait leurs études à l’étranger. L’immense majorité des immigrés ayant quitté leur pays pour des raisons familiales et humanitaires ont fait leurs études à l’étranger. Chez les immigrés qui déclarent être venus pour étudier, près de 70 % sont originaires des pays extérieurs à l’UE27 et environ 40 % ont acquis leur niveau d’instruction le plus élevé dans leur pays d’origine.

0

10

20

30

40

50

60

70

80

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100

Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes

Tous UE27 Non-UE27

Travail Humanitaire Études Autres Famille

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Graphique 6.10. Composition de la population née à l’étranger selon la raison de la migration, par pays

Note : Limité aux individus nés à l’étranger âgés de 15 à 64 ans qui ne poursuivent pas d’études à plein temps et qui ont migré à l’âge de 15 ans ou plus. Les années d’études sont obtenues à partir de l’âge auquel est obtenu le diplôme, moins sept. Il faut toutefois relever que cette variable de substitution présente plusieurs lacunes, car l’âge d’entrée à l’école n’est pas le même dans tous les pays. En outre, les redoublements – dont le nombre est important dans certains pays – sont comptabilisés comme des années d’études supplémentaires. Enfin, un même nombre d’années d’études ne correspond pas nécessairement à un même niveau formel de qualification, en particulier dans certains pays européens où l’enseignement secondaire et l’enseignement tertiaire sont ordinairement plus longs. 1. Note de la Turquie : les informations contenues dans la présente note à propos de « Chypre » concernent la partie méridionale de l’île. Il n’existe aucune autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et les Chypriotes grecs de l’île. La Turquie reconnaît la République turque de Chypre du Nord (RTCN). Tant qu’une solution durable et équitable n’aura pas été trouvée sous l’égide des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ». 2. Note de tous les États membres de l’Union européenne qui sont membres de l’OCDE et de la Commission européenne : la République de Chypre est reconnue par tous les membres de l’Organisation des Nations unies, à l’exception de la Turquie. Les informations contenues dans la présente note se rapportent au territoire sous le contrôle effectif du Gouvernement de la République de Chypre.

Source : Enquête sur les forces de travail, module ad-hoc 2008.

L’origine des qualifications des immigrés est étroitement corrélée à leur motif de migration, comme le montre le graphique 6.11. Nous montrons ci-dessus que les immigrés qui ont acquis leurs qualifications à l’étranger, et en particulier en dehors de l’Union européenne, ont des niveaux d’éducation plus faibles que les autochtones et que les immigrés ayant terminé leurs études dans le pays hôte. Pour comprendre dans quelle mesure cette tendance est liée au motif de la migration, la colonne 3 prend en compte à la fois ce motif et l’origine des qualifications. Le classement des différents groupes d’immigrés selon le nombre d’années d’études reste le même une fois qu’il a été tenu compte des différences dans l’origine des qualifications. De la même façon, les différences, en termes de niveau de formation, entre les immigrés qui ont acquis leurs qualifications dans le pays hôte et ceux qui les ont obtenues à l’étranger, en particulier en dehors de l’Union européenne, sont semblables à celles qui ont été présentées ci-dessus. Ces différences ne sont donc pas essentiellement déterminées par les différents groupes d’immigrés.

Le tableau 6.1 présente les différences, en nombre d’années d’études, entre les différents groupes d’immigrés en fonction du motif de migration, en tenant compte des caractéristiques individuelles et des différences dans l’origine des qualifications. Les immigrés qui déclarent avoir migré pour leurs études sont en moyenne beaucoup plus instruits que les autochtones, tandis que les immigrés dont les raisons étaient d’ordre professionnel, familial ou humanitaire sont moins qualifiés que les autochtones, et ce de manière dégressive dans l’ordre de ces trois types de migration. La colonne 2 compare les hommes et les femmes : les hommes qui ont migré pour le travail sont moins instruits que

0

10

20

30

40

50

60

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80

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100Travail Humanitaire Études Autres Famille

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6. LES QUALIFICATIONS DES IMMIGRÉS ET LEUR VALEUR SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL – 219

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leurs homologues féminins (en comparaison avec les autochtones, hommes et femmes). Chez les personnes qui ont migré pour des raisons familiales, les femmes sont relativement moins instruites que les hommes.

Graphique 6.11. Origines des qualifications des personnes nées à l’étranger, selon la raison de la migration

Note : L’échantillon se limite aux personnes nées à l’étranger âgées de 15 à 64 ans, qui ne poursuivent pas d’études à plein temps et qui ont migré à l’âge de 15 ans ou plus. Source : Enquête sur les forces de travail, module ad hoc 2008.

Tableau 6.1. Années d’éducation et raison de la migration

Note : L’échantillon se limite aux personnes nées à l’étranger âgées de 15 à 64 ans qui ne poursuivent pas d’études à temps plein et qui ont migré à l’âge de 15 ans ou plus. Les coefficients sont estimés à partir d’une régression linéaire qui contrôle pour le sexe, les tranches d'âge de cinq ans et les effets fixes pays. Tous les modèles comprennent aussi une constante. Source : Enquêtes sur les forces de travail, module ad hoc 2008.

0

20

40

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80

100

Travail Famille Humanitaire Études Autres

Éducation du pays hôte, UE27 Éducation étrangère, UE27Éducation du pays hôte, non-UE27 Éducation étrangère, non-UE27

(1) (2) (3)

Travail -0.862*** -0.327*** 4.275***(0.0589) (0.0910) (0.146)

Familles -1.218*** -1.364*** 3.844***(0.0610) (0.0719) (0.139)

Humanitaire -1.376*** -1.517*** 3.588***(0.159) (0.244) (0.216)

Études 3.829*** 3.875*** 7.030***(0.143) (0.189) (0.153)

Autres 0.0304 0.0873 5.064***(0.111) (0.148) (0.172)

Travail x Hommes -0.857***(0.118)

Famille x Hommes 0.515***(0.136)

Humanitaire x Hommes 0.239(0.322)

Études x Hommes -0.0880(0.283)

Autres x Hommes -0.115(0.223)

UE27 0.0183(0.207)

-4.579***(0.186)

-1.164***(0.223)

Éducation étrangère

Éducation hors UE27

Les erreurs-types figurent entre parenthèses.*** p<1%, ** p<5%, * p<10%

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6.3. La valeur des qualifications des immigrés sur le marché du travail

La présente section compare les rendements que les immigrés tirent de leurs qualifications par rapport aux autochtones sur le marché du travail. Nous examinerons deux types de mesure des résultats : l’accès à l’emploi, mesuré par le taux d’emploi ; et l’adéquation entre la profession et le niveau d’instruction, mesurée par le taux de déclassement des diplômés de l’enseignement supérieur. La rémunération est la mesure la plus utilisée dans la littérature mais, pour la plupart des pays, elle n’est malheureusement pas encore disponible dans l’Enquête européenne sur les forces de travail. Toutes les estimations sont faites séparément pour l’Europe et les États-Unis.

Dans cette partie, les estimations revêtent le plus souvent la forme suivante :

= + + ∗ + + + ,

Où Y est une mesure de résultat pour l’individu i : un indicateur qui équivaut à « 1 » si l’individu est employé ou surqualifié ; FB est une variable indicatrice pour autochtone ; EDU est une mesure du niveau d’instruction atteint (années d’études ou niveau d’instruction) ; X représente des caractéristiques individuelles tels que l’âge et le sexe, et C les effets fixes pays (pour les pays européens).

Si l’on omet EDU*FB des estimations, serait la différence moyenne entre les immigrés et les autochtones pour le résultat visé, tenant compte des différences de formation, de caractéristiques individuelles et d’effets pays. est la différence de rendement de la formation entre les immigrés et les autochtones, et est donc la différence de résultats entre les groupes qui n’est pas expliquée par des différences de rendement de la formation.

Emploi Nous commencerons par examiner les différences de rendement de la formation, en

termes d’emploi, entre les autochtones et les personnes nées à l’étranger (i.e., le résultat est donc une variable indicatrice emploi). Le tableau 6.2 montre les estimations de coefficient fondées sur la spécification ci-dessus.

Le taux d’emploi des immigrés est en moyenne inférieur de 9 points de pourcentage à celui des autochtones avec le même nombre d’années d’études, de la même tranche d’âge, du même sexe et vivant dans le même pays européen. Aux États-Unis, l’écart en matière de taux d’emploi est estimé à seulement 3 points de pourcentage. La colonne 2 présente les différents rendements des années d’études pour les immigrés et les autochtones. Ces rendements sont de 25 % inférieurs pour les immigrés par rapport aux autochtones en Europe, et de plus de 50 % aux États-Unis. Cette différence explique intégralement l’écart qui existe entre les immigrés et les autochtones en matière d’emploi. La colonne 3 présente les différents rendements des qualifications acquises à l’étranger ainsi que les rendements des qualifications obtenues en dehors de l’UE27 en Europe. Les rendements inférieurs des qualifications des immigrés en termes d’emploi ne sont pas dus seulement à l’acquisition de ces qualifications à l’étranger. Les immigrés ayant obtenu leurs qualifications dans le pays hôte présentent un rendement plus faible de leurs années d’études par rapport aux autochtones, mais néanmoins plus élevé par rapport aux immigrés qui ont acquis leurs qualifications à l’étranger. Tant en Europe qu’aux États-Unis, le rendement des qualifications acquises à l’étranger représente à peu près la moitié du rendement des années d’études des autochtones.

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6. LES QUALIFICATIONS DES IMMIGRÉS ET LEUR VALEUR SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL – 221

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Tableau 6.2. Déterminants du taux d’emploi liés à la formation

Points de pourcentage

Note : L’échantillon se limite aux personnes âgées de 15 à 64 ans qui ne poursuivent pas d’études à plein temps. Les coefficients sont estimés à partir d’une régression linéaire d’une variable muette de l’emploi qui contrôle pour le sexe, les tranches d’âge de cinq ans et les années d’éducation (et les effets fixes pays en Europe). Tous les modèles comprennent aussi une constante.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail 2009-2010 ; États-Unis : Current Population Survey 2009-2011.

En Europe, les immigrés qui ont fait leurs études en dehors de l’UE27 présentent en moyenne un taux d’emploi plus faible, mais les rendements des années d’études accomplies en dehors de l’UE27 ne sont pas sensiblement différents de ceux des années d’études effectuées dans un autre pays de l’UE27. La colonne 4 pour l’Europe montre que les immigrés originaires d’autres pays de l’UE27 présentent un taux d’emploi plus élevé que les immigrés comparables d’autres origines, indépendamment de leur niveau d’instruction ou du lieu où ils ont fait leurs études.

Les schémas sont similaires pour les hommes et les femmes si l’on procède à une analyse distincte. Les résultats figurent dans le tableau 6.A1.2 de l’annexe. Le taux d’emploi moyen pour les hommes autochtones est de 78 %, et on estime qu’il est de 6 points de pourcentage inférieur à celui des immigrés. Pour les femmes autochtones, le taux d’emploi moyen est de 65 %, et on estime qu’il est de 12 points de pourcentage inférieur à celui des femmes immigrées. Tant les hommes que les femmes immigrés présentent un rendement plus faible de leur formation, en particulier si celle-ci a été acquise à l’étranger. Les rendements des qualifications acquises dans d’autres pays de l’Union européenne sont plus faibles pour les femmes, mais ils ne sont pas sensiblement inférieurs pour les hommes nés à l’étranger.

Il est concevable que les rendements des années d’études ne soient pas linéaires, et notamment que des niveaux d’instruction particuliers peuvent être associés à des rendements plus élevés. Nous allons maintenant évaluer les différences de rendements des niveaux d’instruction pour les immigrés et les autochtones.

(1) (2) (3) (4) (1) (2) (3)

Nés à l 'étranger -9.07*** 1.11 4.26*** 2.11 -2.79*** 51.5*** 39.2***(0.174) (0.697) (1.39) (1.43) (0.230) (1.15) (2.33)

Années d'éducation 1.89*** 1.89*** 1.89*** 4.19*** 4.19***(0.0104) (0.0104) (0.0104) (0.0373) (0.0373)

Nés à l 'étranger x Années d'éducation -0.470*** -0.00503*** -0.00477*** -2.65*** -1.95***(0.0353) (0.0646) (0.0646) (0.0595) (0.114)

Éducation étrangère 9.48*** 6.79*** 16.0***(2.01) (2.02) (2.46)

Éducation étrangère x Années d'éducation -0.378*** -0.403*** -0.953***(0.0973) (0.0973) (0.124)

Éducation hors UE27 -11.5*** -6.70***(1.75) (1.85)

Éducation hors UE27 x Années d'éducation 0.0784 0.0780(0.0906) (0.0906)

UE27 4.84***(0.611)

Europe États-Unis

Les erreurs-types figurent entre parenthèses.*** p<1%, ** p<5%, * p<10%

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222 – 6. LES QUALIFICATIONS DES IMMIGRÉS ET LEUR VALEUR SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Le graphique 6.12 représente les rendements estimés des niveaux d’instruction pour les autochtones et les différents groupes d’immigrés. Les coefficients pour les différentes spécifications sont présentés dans le tableau 6.A1.3 de l’annexe. Examinons tout d’abord les lignes pleines dans les graphiques. Elles représentent les rendements de la formation pour les autochtones et les immigrés qui ont acquis leur instruction dans le pays hôte. Elles sont définies en prenant comme base de référence le taux d’emploi des autochtones avec le niveau d’instruction le plus bas (enseignement primaire). La pente des lignes correspondant aux autochtones et aux immigrés ayant fait leurs études dans le pays hôte est similaire pour l’Europe ; c’est également le cas aux États-Unis pour les niveaux d’éducation plus élevés. Ceci implique que les rendements obtenus grâce à un certain niveau d’instruction sont les mêmes pour les deux groupes. Quel que soit le niveau de formation, les immigrés qui ont fait leurs études dans le pays hôte présentent un taux d’emploi inférieur à celui des autochtones en Europe, mais pas aux États-Unis.

Graphique 6.12. Taux d’emploi selon le niveau d’éducation le plus élevé

Note : L’échantillon se limite aux personnes âgées de 15 à 64 ans qui ne poursuivent pas d’études à plein temps. Les coefficients utilisés pour tracer les lignes pleines sont issus de la spécification de la colonne 3 du tableau 6.A1.3, qui est la spécification équivalente de la colonne 3 du tableau 6.2 ci-dessus. Les lignes en pointillé concernant l’Europe sont tracées sur la base de la spécification dans la colonne 4 du tableau 6.A1.3.

Source: Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail 2009-2010 ; États-Unis : Current Population Survey 2009-2011.

Pour l’Europe, la ligne représentant les immigrés qui ont acquis leurs qualifications à l’étranger présente une inclinaison nettement moins prononcée que celle des autochtones. En particulier, les retombées d’une formation correspondant au deuxième cycle de l’enseignement secondaire ou d’études supérieures équivalant au niveau de la licence (BSc) ou de la maîtrise (MSc) sont inférieures lorsque les qualifications ont été acquises à l’étranger. Aux États-Unis, les retombées d’une formation suivie à l’étranger sont inférieures pour les niveaux d’instruction les moins élevés, mais on ne relève aucune différence pour l’enseignement supérieur.

Dans le graphique concernant l’Europe, les lignes en pointillé correspondent aux rendements des qualifications acquises à l’étranger, selon qu’elles ont été obtenues dans l’UE27 ou dans des pays extérieurs à cette zone. Les immigrés qui ont acquis leurs qualifications dans l’UE27 présentent des taux d’emploi plus élevés que les autres, quel

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0

0.1

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CITE 0-1 CITE 2 CITE 3-4 CITE 5 CITE 6 CITE 0-1 CITE 2 CITE 3-4 CITE 5 CITE 6

Europe États-Unis

Nés dans le pays Éducation du pays hôte Éducation étrangèreÉducation étrangère UE27 Éducation étrangère non-UE27

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6. LES QUALIFICATIONS DES IMMIGRÉS ET LEUR VALEUR SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL – 223

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que soit leur niveau d’instruction. Les rendements liés à des niveaux d’instruction plus élevés sont similaires pour tous les immigrés diplômés à l’étranger.

Le graphique 6.A1.2 de l’annexe présente les résultats pour certains pays européens de l’OCDE. Comme on peut le voir, la tendance observée est relativement stable dans tous les pays.

Déclassement Pour le deuxième type de résultat, nous examinerons si les personnes issues de

l’enseignement supérieur ont accès à des emplois qui correspondent à leur niveau d’instruction. La mesure que nous utilisons ici repose sur le classement des professions en trois niveaux de compétences sur la base de la classification CITP11. Une personne occupant un emploi est « déclassée » si elle possède un diplôme de l’enseignement supérieur mais exerce un emploi qui ne correspond pas au niveau 1-3 de la classification CITP, i.e. qui n’est classé ni comme un emploi managérial ni comme une profession intermédiaire12

Dans quelle mesure les qualifications des immigrés et, en particulier celles acquises à l’étranger, permettent-elles d’avoir accès aux emplois les plus qualifiés ? Le graphique 6.3 présente les estimations comparant le déclassement des personnes nées dans le pays et des immigrés issus de l’enseignement supérieur. En moyenne, les immigrés ont un taux de déclassement supérieur à celui de leurs homologues nés dans le pays en Europe (12 points de pourcentage de plus) et aux États-Unis (1.5 point). Cependant, le taux moyen de déclassement des autochtones est bien plus élevé aux États-Unis qu’en Europe (29% et 19% respectivement).

Graphique 6.13. Taux de déclassement des personnes ayant un niveau d’éducation tertiaire nées à l’étranger comparé à celui des personnes ayant un niveau d’éducation tertiaire nées dans le pays

Différences en points de pourcentage

Note : L’échantillon se limite aux personnes âgées de 15 à 64 ans qui ont un emploi, sont diplômées de l’enseignement supérieur et ne poursuivent pas d’études à plein temps. Les coefficients sont estimés sur la base d’une régression linéaire d’une variable muette du déclassement qui contrôle pour le sexe, les tranches d’âge de cinq ans et les années d’études (et les effets fixes pays en Europe). Les cercles et les diamants dans le diagramme de gauche présentent les résultats respectivement pour les migrants nés dans l’UE27 ou hors UE27.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail 2009-2010 ; États-Unis : Current Population Survey 2009-2011.

-5

0

5

10

15

20

25

30

Éducation dupays hôte

Éducation dupays d'origine

Toutes lespersonnes nées

à l'étranger

Éducation dupays hôte

Éducation dupays d'origine

Toutes lespersonnes nées

à l'étranger

Europe États-Unis

Toutes les personnes nées à l'étranger UE27 Non-UE27

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224 – 6. LES QUALIFICATIONS DES IMMIGRÉS ET LEUR VALEUR SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL

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En Europe, le taux de déclassement supérieur des immigrés est presqu’intégralement déterminé par les immigrés qui ont acquis leurs qualifications à l’étranger, et en particulier par ceux qui les ont obtenues en dehors de l’UE27. Les différences observées entre les groupes d’immigrés sont marquées : ceux qui ont acquis leurs qualifications dans le pays hôte présentent un taux de déclassement de 3 points de pourcentage supérieur à celui des autochtones en Europe ; aux États-Unis, le taux de déclassement des immigrés ayant reçu une éducation dans le pays hôte est même plus faible que pour les autochtones, de 1.5 point de pourcentage Au contraire, la différence est en Europe de 8 points de pourcentage pour les immigrés ayant fait leurs études dans un autre pays de l’UE27, et de 26 points de pourcentage pour ceux qui ont étudié en dehors de l’UE27 et elle est aux États-Unis de 7 points de pourcentage pour tous les immigrés ayant acquis leurs qualifications à l’étranger13.

Comme pour les résultats précédents relatifs au taux d’emploi, quelle que soit l’origine de la qualification, les immigrés provenant de l’Union européenne présentent en Europe des taux de déclassement légèrement inférieurs à ceux des immigrés comparables originaires d’autres pays. Les résultats sont présentés séparément pour les hommes et pour les femmes dans le tableau 6.A1.4 de l’annexe. En Europe, le taux de déclassement chez les autochtones issus de l’enseignement supérieur est de 19 % pour les hommes et de 20 % pour les femmes. La différence entre les autochtones et tous les immigrés est estimée à 9 points de pourcentage pour les hommes et à 14 points de pourcentage pour les femmes. Tant les hommes que les femmes immigrés présentent un taux de déclassement nettement plus élevé lorsqu’ils ont acquis leurs qualifications à l’étranger. Les hommes immigrés ayant obtenu leurs qualifications dans un autre pays de l’Union européenne ne sont pas beaucoup plus nombreux à être déclassés que les immigrés qui les ont acquises dans le pays hôte ; en revanche, on estime que le taux de déclassement chez les femmes qui ont acquis leurs qualifications dans un autre pays de l’UE est de 10 points de pourcentage supérieur à celui des femmes immigrantes ayant été formées dans le pays hôte. Ces résultats sont similaires à ceux qui sont présentés ci-dessus pour les taux d’emploi.

Le tableau 6.A1.9 de l’annexe présente les résultats pour chacun des pays européens. Le schéma est remarquablement stable pour tous les pays. Deux constats apparaissent toutefois. Premièrement, il faut relever l’incidence particulièrement élevée du déclassement chez les immigrés scolarisés à l’étranger dans les pays d’Europe du Sud et, pour les immigrés de l’UE27, en Irlande. Une grande proportion d’entre eux est constituée de migrants de travail arrivés récemment dans les pays évoqués, souvent pour répondre aux besoins en main-d’œuvre peu qualifiée même si nombre d’entre eux étaient issus de l’enseignement supérieur. De même, les cas de déclassement sont particulièrement nombreux chez les immigrés qui possèdent un diplôme de l’enseignement supérieur obtenu dans un pays extérieur à l’UE27 et qui résident dans les pays scandinaves, où une grande partie des étrangers concernés sont des migrants humanitaires, dont nous verrons plus loin qu’ils sont davantage susceptibles d’être surqualifiés pour leur emploi.

Années passées dans le pays hôte pour les immigrants qui ont fait leurs études à l’étranger

Les immigrés des cohortes les plus récentes sont plus instruits que ceux des cohortes précédentes lorsqu’on les compare avec les autochtones de même âge et de même sexe vivant dans le même pays. Dans la présente section, nous comparons les résultats des différentes cohortes d’immigrés qui arrivent dans le pays hôte après avoir terminé leurs

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6. LES QUALIFICATIONS DES IMMIGRÉS ET LEUR VALEUR SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL – 225

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études. Nous évaluons des spécifications semblables à celles qui figurent dans le tableau 6.2, mais en limitant l’échantillon des immigrés à ceux qui ont acquis leurs qualifications à l’étranger et en les répartissant dans cinq groupes en fonction du nombre d’années qu’ils ont passées dans le pays hôte.

Le graphique 6.14 représente les différences estimées dans les taux d’emploi pour les immigrés des différentes cohortes par rapport aux autochtones, en tenant compte de l’âge, du sexe, du nombre d’années d’études et des effets pays pour l’Europe14. La tendance est claire : le taux d’emploi des immigrés est plus élevé pour ceux qui ont résidé plus longtemps dans le pays hôte. Afin de mettre en évidence les écarts dans le rendement de la formation pour les différentes cohortes d’immigrés, nous introduisons les années d’études conjuguées avec les années de résidence dans le même schéma d’estimation. Les différences de rendement pour les différentes cohortes ne sont pas marquées, sauf pour les immigrés qui résident depuis 20 ans ou plus dans le pays hôte et qui présentent des rendements de formation plus élevés que les immigrés arrivés plus récemment. Une analyse similaire portant sur le déclassement ne fait apparaître aucune tendance claire par rapport au nombre d’années de résidence.

Graphique 6.14. Différences de taux d’emploi entre les personnes nées à l’étranger qui ont obtenu leur diplôme à l’étranger et les personnes nées dans le pays, selon le nombre d’années de résidence

Points de pourcentage

Note : L’échantillon se limite aux personnes âgées de 15 à 64 ans qui ne poursuivent pas d’études à plein temps. Les coefficients sont estimés sur la base d’une régression linéaire d’une variable muette de l’emploi, qui contrôle pour le sexe, les tranches d’âge de cinq ans et les années d’éducation (et les effets fixes pays en Europe). Les coefficients pour ce modèle et pour d’autres figurent dans le tableau 6.A1.5 de l’annexe.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail 2009-2010 ; États-Unis : Current Population Survey 2009-2011.

Âge lors de la migration pour les immigrés qui ont fait leurs études dans le pays hôte

Dans cette section, nous tentons de savoir si les immigrés qui ont obtenu leur diplôme dans le pays hôte présentent un rendement de la formation inférieur à celui des autochtones. Ici encore, nous répartissons les immigrés dans deux groupes en fonction de l’âge qu’ils avaient lors de leur migration. Le tableau 6.3 présente des estimations pour le taux d’emploi et le tableau 6.15 pour le taux de déclassement.

-16

-14

-12

-10

-8

-6

-4

-2

0

1-5années

depuis lamigration

6-10années

depuis lamigration

11-15années

depuis lamigration

16-20années

depuis lamigration

20+années

depuis lamigration

1-5années

depuis lamigration

6-10années

depuis lamigration

11-15années

depuis lamigration

16-20années

depuis lamigration

20+années

depuis lamigration

Europe États-Unis

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En Europe, indépendamment de l’âge qu’ils avaient lorsqu’ils sont arrivés en Europe et si l’on tient compte des années d’études, les immigrés présentent des taux d’emploi inférieurs à ceux des autochtones, Aux États-Unis, seuls les immigrés arrivés à l’âge de 15 ans et plus ont des taux d’emploi plus faibles (colonne 1). Cependant, en Europe et aux États-Unis, le rendement de la formation pour les immigrés arrivés dans le pays hôte après l’âge de 15 ans est nettement inférieur à celui des immigrés arrivés plus tôt et à celui des autochtones (colonne 2).

Pour les immigrés issus de l’enseignement supérieur, le schéma en termes de déclassement diffère légèrement en Europe et aux États-Unis. En Europe, les immigrés arrivés après l’âge de 15 ans qui ont obtenu leur diplôme dans le pays hôte sont plus souvent déclassés que les autochtones, ce qui n’est toutefois pas le cas en moyenne pour les immigrés arrivés plus jeunes15. Aux États-Unis, les immigrés venus après l’âge de 15 ans qui ont acquis leurs qualifications dans le pays hôte sont moins susceptibles d’être déclassés que les autochtones comparables, tandis que le taux de déclassement pour les immigrés arrivés plus jeunes n’est pas sensiblement différent de celui des autochtones.

Tableau 6.3. Taux d’emploi des personnes nées à l’étranger qui ont obtenu leur diplôme dans le pays de résidence, selon l’âge à la migration

Points de pourcentage

Note : L’échantillon se limite aux personnes âgées de 15 à 64 ans qui ne poursuivent pas d’études à plein temps. Les coefficients sont estimés sur la base d’une régression linéaire d’une variable muette de l’emploi qui contrôle pour le sexe, les tranches d’âge de cinq ans et les années d’éducation (et les effets fixes pays en Europe). Tous les modèles comprennent aussi une constante.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail 2009-2010 ; États-Unis : Current Population Survey 2009-2011.

(1) (2) (3) (1) (2)

Arrivés pendant l'enfance -5.29*** -1.05 -3.76* 1.77*** 35.5***(0.338) (1.64) (1.98) (0.483) (2.98)

Arrivés en tant qu'adultes -8.83*** 17.6*** 16.7*** -1.13* 49.2***(0.662) (4.64) (4.99) (0.621) (4.06)

Années d'éducation 1.86*** 1.87*** 1.87*** 4.03*** 4.17***(0.0104) (0.0104) (0.0104) (0.0361) (0.0373)

Arrivés pendant l'enfance x Années d'éducation 0.216*** -0.163* -1.78***(0.0803) (0.0941) (0.153)

Arrivés en tant qu'adultes x Années d'éducation -1.09*** -1.13*** -2.40***(0.182) (0.198) (0.186)

UE 27 6.98**(2.80)

UE 27 x Années d'éducation -0.103(0.131)

Les erreurs-types figurent entre parenthèses.*** p<1%, ** p<5%, * p<10%

Europe États-Unis

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Graphique 6.15. Taux de déclassement des personnes nées à l’étranger qui ont obtenu leur diplôme dans le pays de résidence comparé aux personnes nées dans le pays, selon l’âge à la migration

Différences en points de pourcentage

Note : L’échantillon se limite aux personnes âgées de 15 à 64 ans qui ont un emploi, un niveau d’éducation tertiaire et ne poursuivent pas d’études à plein temps. Les coefficients sont estimés sur la base d’une régression linéaire d’une variable muette du déclassement qui contrôle pour le sexe, les tranches d’âge de cinq ans et les années d’éducation (et les effets fixes pays en Europe). Tous les modèles comprennent aussi une constante.

Source : Pays européens : Enquête sur les forces de travail 2009-2010 ; États-Unis : Current Population Survey 2009-2011.

Type de migration Cette dernière partie examine si les différences de rendement de l’éducation des

différents groupes d’immigrés sont déterminées par les différences de rendement constatées en fonction du motif de la migration, dans les pays européens pour lesquels ces données existent. Le graphique 6.16 représente les estimations des différences de rendement pour les différents groupes en termes d’emploi, tandis que le tableau 6.4 présente les estimations en termes de surqualification.

Les immigrés ayant migré pour des raisons liées au travail affichent des taux d’emploi plus élevés que les autochtones ayant des niveaux d’instruction plus faibles, mais aussi un rendement moins élevé des études secondaires et supérieures. Le taux d’emploi des personnes qui ont migré pour des raisons familiales ou humanitaires est nettement inférieur à celui des autochtones ou des migrants de travail pour tous les niveaux d’éducation, et le rendement de l’enseignement supérieur pour ces personnes est quasi nul.

L’effet du déclassement diffère également significativement selon les catégories d’entrée des migrants. Chez les personnes qui ont migré pour leurs études, ces taux sont semblables à ceux des autochtones tandis que ceux qui ont migré pour le travail ou pour des raisons familiales sont nettement plus souvent surqualifiés pour l’emploi qu’ils occupent. Enfin, ceux qui ont migré pour des raisons humanitaires présentent les taux de déclassement les plus élevés.

Dans la partie précédente, nous avions montré qu’en Europe, le rendement des études est inférieur, en termes d’emploi et d’adéquation entre profession et formation, pour les immigrés ayant acquis leurs qualifications à l’étranger, et en particulier en dehors de l’Union européenne. La prise en compte du motif de migration ne modifie en rien cette

-5-4-3-2-1012345

Tous lesimmigrés

Arrivéspendantl'enfance

Arrivés à l'âgeadulte

Tous lesimmigrés

Arrivéspendantl'enfance

Arrivés à l'âgeadulte

Europe États-Unis

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228 – 6. LES QUALIFICATIONS DES IMMIGRÉS ET LEUR VALEUR SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL

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tendance. L’analyse des différences de rendement en fonction de l’origine des qualifications montre que l’ordre d’importance des taux de déclassement dans les différents groupes reste le même et que les schémas attestés suivant l’origine des diplômes ne sont pas non plus particulièrement liés aux différents motifs de migration.

Graphique 6.16. Taux d’emploi selon le niveau d’éducation le plus élevé et la raison de la migration

Note : L’échantillon se limite aux personnes âgées de 15 à 64 ans qui ne poursuivent pas d’études à plein temps. Les coefficients sont estimés sur la base d’une régression linéaire d’une variable muette de l’emploi qui contrôle pour le sexe, les tranches d’âge de cinq ans, les niveaux d’instruction et les effets fixes pays. Les estimations intégrales sont disponibles sur demande. Le groupe de référence est formé par les personnes nées dans le pays et ayant un bas niveau d’éducation (CITE 0-2).

Source : Enquête sur les forces de travail, module ad hoc 2008.

Tableau 6.4. Taux de déclassement et son rapport avec la raison de la migration Points de pourcentage

Note : L’échantillon se limite aux personnes âgées de 15 à 64 ans qui ont un emploi, un niveau d’éducation tertiaire et ne poursuivent pas d’études à plein temps. Les coefficients sont estimés sur la base d’une régression linéaire d’une variable muette du déclassement qui contrôle pour le sexe, les tranches d’âge de cinq ans et les effets fixes pays.

Source : Enquête sur les forces de travail, module ad hoc 2008.

-0.3

-0.2

-0.1

0

0.1

0.2

0.3

CITE 0-1-2 CITE 3-4 CITE 5-6

Nés dans le pays Travail Famille Humanitaires Études Autres

(1) (2) (3) (4) (5) (6)

Nés à l 'étranger 12.7*** 2.91*** 5.21(0.746) (1.10) (14.0)

Travai l 18.0*** 13.4*** 14.7*** 11.6***(1.37) (2.39) (2.37) (2.49)

Famille 23.2*** 18.8*** 19.1*** 15.6***(1.58) (2.31) (2.27) (2.61)

Humanitaire 34.2*** 29.7*** 30.3*** 26.7***(3.87) (4.29) (4.28) (4.64)

Études -0.228 -1.17 0.408 -2.18(1.64) (2.14) (2.10) (2.84)

Autres 9.54*** 3.10 3.23(2.19) (2.83) (2.74)

Éducation étrangère 9.62*** 3.62 2.54 2.93(219) (2.70) (2.65) (2.66)

Éducation non-UE27 15.3*** 11.1*** 11.3*** 10.6***(2.84) (3.41) (3.37) (3.35)

UE27 -3.12* -8.52*** -9.41*** -9.26***(1.85) (2.80) (2.75) (2.76)

Domaine d'études Oui OuiDomaine d'études x Nés à l'étranger Non Oui

Les erreurs-types figurent entre parenthèses.*** p<1%, ** p<5%, * p<10%

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6. LES QUALIFICATIONS DES IMMIGRÉS ET LEUR VALEUR SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL – 229

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6.4. Exemples de difficultés liées au transfert de qualifications du pays d’origine vers le pays hôte

Cette section examine deux facteurs principaux qui influencent la façon dont les immigrés peuvent valoriser leurs qualifications dans le pays hôte : les difficultés linguistique et, surtout pour les immigrés issus de l’enseignement supérieur, la reconnaissance de leurs qualifications. A nouveau, ces données ne sont disponibles que pour un nombre limité de pays européens de l’OCDE.

S’exprimer dans la langue du pays hôte Dans le cadre du module ad hoc d’Eurostat 2008 de l’Enquête européenne sur les

forces de travail, il a été demandé aux immigrés s’ils estimaient que leur manque de connaissance de la langue du pays hôte constituait une entrave à l’obtention d’un emploi en adéquation avec leurs qualifications et leur expérience professionnelle. La variable utilisée dans la présente section est une variable indicatrice égale à « 1 » si la personne répond par l’affirmative, c’est-à-dire si elle estime que ses lacunes linguistiques sont un obstacle sur le marché du travail. Cette mesure est bien sûr loin de constituer une évaluation objective des compétences linguistiques, mais elle permet de connaître le point de vue de l’immigré quant à ses compétences linguistiques et leur adéquation avec les exigences du marché de l’emploi du pays hôte.

Vingt-et-un pour cent des immigrés estiment que les difficultés linguistiques sont un frein important à l’obtention d’un emploi adéquat16. Les immigrés présentant un taux d’instruction plus faible sont surreprésentés dans ce groupe. Si l’on tient compte du niveau d’instruction, on constate que ce sont principalement les immigrés ayant acquis leurs qualifications à l’étranger, et en particulier en dehors de l’UE27, qui déclarent plus fréquemment que la langue est une difficulté majeure pour eux. Parmi les différents groupes d’immigrés définis en fonction du motif de la migration, les immigrés humanitaires sont les plus susceptibles de signaler des difficultés linguistiques, suivis par les migrants familiaux, par les migrants de travail et enfin par ceux qui déclarent être venus dans le pays hôte pour y faire des études. Le tableau 6.A1.6 de l’annexe présente l’estimation d’un modèle de probabilité linéaire de la mesure disponible concernant les problèmes linguistiques des immigrés.

Quels résultats les immigrés qui font état de difficultés linguistiques obtiennent-ils sur le marché du travail par rapport aux autres immigrés et aux autochtones ? Les immigrés rencontrant ce type de difficultés ont également un rendement plus faible de leur éducation sur le marché du travail en termes d’emploi et de surqualification.

Le tableau 6.5 présente les coefficients tirés de l’estimation des différences observées, en matière de taux d’emploi, entre les immigrés qui font état de difficultés linguistiques et ceux qui n’en n’ont pas. Le taux d’emploi est nettement inférieur pour les immigrés qui font eux-mêmes état de lacunes linguistiques. Les différences de niveaux d’instruction ne semblent pas influer de manière différenciée cette difficulté17. La prise en compte de l’origine des qualifications, du motif de migration et des interactions entre ces variables et les années d’études ne modifie pas sensiblement les résultats. Les difficultés linguistiques sont toujours corrélées négativement aux taux d’emploi, indépendantes des catégories d’entrée, et du niveau et de l’origine des qualifications.

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Tableau 6.5. Taux d’emploi des personnes nées à l’étranger associé à leurs difficultés linguistiques Points de pourcentage

Note : L’échantillon se limite aux personnes âgées de 15 à 64 ans qui ne poursuivent pas d’études à plein temps. Les coefficients sont estimés sur la base d’une régression linéaire d’une variable muette de l’emploi qui contrôle pour le sexe, les tranches d’âge de cinq ans et les effets fixes pays.

Source : Enquête sur les forces de travail, module ad hoc 2008.

Le tableau 6.6 présente des résultats d’estimation similaires pour le taux de déclassement des immigrés issus de l’enseignement supérieur. Si l’on tient compte des caractéristiques démographiques et des effets fixes pays, les immigrés qui font eux-mêmes état de difficultés linguistiques présentent des taux de déclassement de 25 points de pourcentage supérieurs à ceux des immigrés qui n’éprouvent pas de telles difficultés, et de 35 points de pourcentage supérieurs à ceux des autochtones. La prise en considération des différences dans l’origine des qualifications, le domaine d’études et le motif de migration réduit cet écart mais l’incidence du déclassement demeure toutefois beaucoup plus élevée pour ce groupe d’immigrés. Pour les migrants de travail qui ne connaissent pas de difficultés linguistiques, il n’existe plus de différences significatives dans les taux de déclassement vis-à-vis des autochtones.

(1) (2) (3)

Nés à l 'étranger 7.44*** 34.0***(0.328) (1.43)

Années d'édcuation 1.59*** 1.75*** 1.74***(0.0202) (0.0209) (0.0210)

Années d'édcuation x Nés à l 'étranger -1.38***(0.0698)

Problèmes l inguistiques -11.2*** -17.6*** -14.3***(0.842) (3.26) (3.43)

Années d'éducation x Problèmes l inguistiques 0.275 0.132(0.169) (0.179)

Éducation étrangère -7.07(9.06)

Éducation étrangère x Années d'éducation 0.118(0.373)

Éducation non-UE27 0.386(3.86)

Éducation non-UE27 x Années d'éducation 0.143(0.160)

UE27 8.37***(2.14)

Motif de la migration Non OuiMotif de la migration x Années d'éducation Non Oui

Les erreurs-types figurent entre parenthèses.*** p<1%, ** p<5%, * p<10%

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6. LES QUALIFICATIONS DES IMMIGRÉS ET LEUR VALEUR SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL – 231

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Tableau 6.6. Taux de déclassement des personnes nées à l’étranger associé à leurs difficultés linguistiques Points de pourcentage

Note : L’échantillon se limite aux personnes âgées de 15 à 64 ans qui ont un emploi, un niveau d’éducation tertiaire et ne poursuivent pas d’études à plein temps. Les coefficients sont estimés sur la base d’une régression linéaire d’une variable muette du déclassement qui contrôle pour le sexe, les tranches d’âge de cinq ans et les effets fixes pays. Le troisième modèle contrôle également pour le domaine d’études et une interaction entre le domaine d’études et le fait d’être né à l’étranger.

Source : Enquête sur les forces de travail, module ad hoc 2008.

La reconnaissance des qualifications acquises à l’étranger Parmi les immigrés issus de l’enseignement supérieur dans les pays européens de

l’OCDE pour lesquels des données existent, 25 % ont demandé que leurs qualifications soient reconnues dans le pays hôte. Si l’on tient compte des différences dans le niveau d’instruction atteint, les immigrés qui s’installent dans le pays d’accueil pour y faire des études sont beaucoup plus susceptibles d’avoir recours aux procédures de reconnaissance des diplômes, ce qui semble indiquer que cette reconnaissance sert principalement à la poursuite des études dans le pays hôte, et permet notamment l’accès à des établissements de l’enseignement supérieur. Loin derrière, on trouve les immigrés venus pour des raisons humanitaires ou familiales, puis ceux qui ont migré pour le travail. Les immigrés qui ont acquis leurs qualifications à l’étranger demandent plus souvent la reconnaissance de leurs qualifications si celles-ci ont été acquises en dehors de l’UE27. Les immigrés ayant atteint leur niveau d’instruction le plus élevé dans le pays hôte cherchent plus souvent à faire reconnaître leurs diplômes que les immigrés qui ont acquis leurs qualifications

(1) (2) (3)

Nés à l 'étranger 9.56*** 5.52(0.814) (10.7)

Problèmes l inguistiques 25.1*** 18.7*** 17.3***(2.18) (2.38) (2.37)

Éducation étrangère 2.18 1.87(2.70) (2.69)

Éducation non-UE27 12.6*** 12.0***(3.54) (3.48)

UE27 -6.58** -7.42**(2.94) (2.90)

Travail 10.1***(2.61)

Famille 14.9*** 3.44(2.57) (2.14)

Humanitaire 28.9*** 17.6***(4.51) (4.45)

Études -4.39* -13.6***(2.41) (2.60)

Autres -1.04 -12.3***(3.07) (2.57)

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exclusivement à l’étranger. On relève également des différences pour les domaines d’études : la santé et le bien-être constituent de loin le domaine d’études le plus répandu chez les immigrés qui souhaitent faire reconnaître leurs qualifications : 16 points de pourcentage de plus que le domaine figurant en deuxième position, à savoir la formation des enseignants et les sciences l’éducation. Le tableau 6.A1.7 de l’annexe présente les coefficients tirés de modèles linéaires relatifs à la probabilité que les immigrés issus de l’enseignement supérieur demandent la reconnaissance de leurs qualifications18.

Le tableau 6.7 présente les différences estimées des taux de déclassement entre les immigrés issus de l’enseignement supérieur qui ont demandé la reconnaissance de leurs diplômes et ceux qui ne l’ont pas fait. Pour les premiers, le différentiel de déclassement par rapport aux autochtones est inférieur de deux tiers à celui que l’on observe pour les immigrés n’ayant pas fait la demande. La prise en compte des différences dans l’origine des qualifications, le motif de migration et le domaine d’études ne modifie pas sensiblement ce schéma. S’il peut exister une sélection positive chez les immigrés qui souhaitent faire reconnaître leurs qualifications, le résultat positif de ces immigrés n’est ainsi déterminé ni par l’origine de leurs qualifications, ni par le type de migration, ni par le domaine d’études.

Tableau 6.7. Taux de déclassement et reconnaissance des qualifications acquises à l’étranger Points de pourcentage

Note : L’échantillon se limite aux personnes âgées de 15 à 64 ans qui ont un emploi, un niveau d’éducation tertiaire et ne poursuivent pas d’études à plein temps. Les coefficients sont estimés sur la base d’une régression linéaire d’une variable muette du déclassement qui contrôle pour le sexe, les tranches d’âge de cinq ans et les effets fixes pays.

Source : Enquête sur les forces de travail, module ad hoc 2008.

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Éducation étrangère 19.9 -1.71(4.07) (4.23)

Éducation non-UE27 20.0*** 20.5***(5.53) (5.96)

UE27 -9.30* -7.33(5.01) (5.58)

Travail 26.4*** -15.9***(1.80) (4.76)

Famil le 32.1*** -13.2***(2.18) (4.87)

Humanitaire 45.2***(4.42)

Études 10.1** -31.2***(4.19) (6.35)

Autres 16.6*** -29.6***(3.00) (5.23)

Domaine d'études Non Non Non OuiDomaine d'études x Nés à l 'étranger Non Non Non Oui

Les erreurs-types figurent entre parenthèses.*** p<1%, ** p<5%, * p<10%

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6.5. Conclusion

Cette première analyse a mis en évidence plusieurs conclusions importantes du point de vue de l’action des pouvoirs publics. Premièrement, les tendances sont semblables tant pour les États-Unis que pour l’Europe, et elles montrent en particulier que dans ces deux régions, les immigrés ont en moyenne fait moins d’études que les autochtones. Ceci est dû principalement au fait que les immigrés ayant acquis leurs qualifications à l’étranger ont en moyenne nettement moins d’études à leur actif. Les immigrés aux États-Unis présentent souvent des taux d’instruction inférieurs à ceux de leurs homologues d’Europe, mais dans les deux cas, les immigrés de fraîche date sont plus instruits que ceux implantés depuis plus longtemps dans le pays. Les immigrés récents ont aussi pratiquement le même nombre d’années d’études que les autochtones du même âge et du même sexe vivant dans le même pays, en particulier en Europe. Cette tendance forte, qui vaut quel que soit le pays d’origine, atteste clairement une évolution de la structure des flux migratoires dans le sens d’une migration plus qualifiée.

Deuxièmement, les qualifications obtenues à l’étranger revêtent sur le marché du travail une valeur nettement inférieure à celles acquises dans le pays hôte, et leur rendement en termes d’accès à l’emploi et de qualité de la fonction est plus faible que dans le cas des autochtones et des immigrés ayant une qualification acquise dans le pays hôte. On constate ici encore que les résultats sont similaires en Europe et aux États-Unis. En Europe, les diplômes obtenus dans des pays non membres de l’Union européenne sont nettement plus décotés sur le marché du travail que ceux acquis au sein de l’Union. Il convient toutefois de relever que, dans les deux régions, l’instruction reçue dans le pays hôte semble avoir plus de poids sur le marché du travail que l’origine des immigrés, à la fois en termes d’accès à l’emploi et de niveau de la fonction.

Troisièmement, les migrants humanitaires peinent beaucoup plus à faire valoir leurs qualifications sur le marché du travail que d’autres catégories d’immigrés. Les migrants de travail éprouvent moins de difficultés à cet égard, mais ne semblent toutefois pas capables d’obtenir les mêmes résultats, lorsqu’ils ont un niveau d’études plus élevé, que les autochtones ayant les mêmes caractéristiques. Ces constatations ne peuvent s’expliquer par les différences dans les domaines d’études, ces derniers étant remarquablement similaires, tant entre les immigrés et les autochtones qu’à l’intérieur même des catégories de migrants issus de l’enseignement supérieur.

Quatrièmement, cette décote semble être en partie liée aux moins bonnes connaissances linguistiques de certains migrants, lesquelles sont à l’origine de résultats nettement moins bons sur le marché du travail. En effet, l’incidence du déclassement pour les migrants de travail qui indiquent bien connaître la langue du pays d’accueil n’est plus supérieure à celle des autochtones ayant les mêmes caractéristiques. Ce constat vaut quel que soit le niveau d’instruction du migrant. Tant pour l’accès à l’emploi que pour la qualité de ce dernier, les difficultés linguistiques constituent un déterminant plus important que l’origine de la qualification, ce qui laisse penser qu’il y aurait un intérêt majeur à investir davantage dans l’apprentissage de la langue du pays hôte.

Enfin, la reconnaissance formelle des diplômes obtenus à l’étranger permet aux personnes issues de l’enseignement supérieur d’accéder à de meilleurs emplois. Ce constat est très fréquent, quel que soit le type de migration et le domaine d’études. Il semble donc, à première vue, que la reconnaissance des qualifications peut constituer un moyen prometteur de répondre aux doutes de l’employeur quant à la valeur réelle des diplômes étrangers. Il serait donc dans l’intérêt des pays de faciliter et de promouvoir une

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telle reconnaissance. Cependant, la solution la plus rentable consisterait vraisemblablement à investir davantage dans les formations passerelles permettant aux immigrés d’obtenir des diplômes dans le pays hôte, ce à quoi les employeurs semblent attacher encore plus d’importance qu’à des diplômes étrangers pourtant formellement reconnus.

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Notes

1. Les expressions « immigré » et « personne née à l’étranger » sont donc utilisées comme synonymes dans le présent document.

2. Bien que les qualifications formelles soient un bon substitut des compétences, les deux termes renvoient à des concepts différents, et ce pour plusieurs raisons (voir OCDE, 2011). Premièrement, les qualifications ne reflètent que les compétences acquises dans l’enseignement formel et au cours d’une formation agréée. Deuxièmement, à chaque niveau de qualification, la performance des élèves varie sensiblement, tout comme le domaine d’études. Les résultats d’enquêtes visant à mesurer les compétences ont également montré que la performance des systèmes d’enseignement varie fortement en fonction des pays. Troisièmement, les compétences acquises en cours d’emploi ne sont pas mesurées ; et, enfin, certaines des compétences reflétées dans des qualifications formelles peuvent se perdre avec le temps si elles ne sont pas exploitées ou actualisées.

3. Cependant, deux publications récentes de l’OCDE exposent succinctement des comparaisons internationales : Widmaier et Dumont (2011) et OCDE (2012a).

4. À cette fin, nous créons – pour les immigrés non scolarisés à plein temps – une variable qui compare l’année de la migration et l’année d’obtention de la qualification la plus élevée, afin de déterminer si le parcours éducatif a été effectué dans le pays hôte ou dans le pays d’origine. L’année de migration est calculée sur la base des années de résidence dans le pays hôte. Pour les pays européens, Eurostat fournit les années de résidence des immigrés sous la forme d’une variable continue exclusivement pour les dix premières années, puis avec des intervalles de cinq ans. Il est toutefois possible de déterminer où le diplôme le plus élevé a été obtenu pour environ 90 % des immigrés (pour lesquels on dispose des années de résidence et de l’année d’obtention du diplôme). S’agissant des immigrés dont on ne connaît pas l’année d’obtention du diplôme, nous utilisons les informations relatives au plus haut diplôme obtenu pour en déduire l’âge approximatif qu’avait alors la personne. Cette variable est ainsi créée pour 85 % de tous les immigrés qui ne sont pas scolarisés à plein temps. Dans l’enquête CPS, l’année d’obtention du diplôme n’est pas disponible. À partir du plus haut diplôme obtenu, on détermine l’âge moyen auquel l’intéressé a cessé d’être scolarisé. La traduction du niveau d’instruction en années d’études et la détermination de l’origine du diplôme le plus élevé dans l’enquête CPS s’appuient sur les constructions de Bratsberg et Ragan (2002). Tant dans l’EFT européenne que dans l’enquête CPS, l’année de migration est exprimée en intervalles (principalement des intervalles de deux années). Il est possible d’estimer l’origine de la qualification la plus élevée obtenue pour 92 % des immigrés qui ne sont pas scolarisés à temps plein.

5. Les années d’études sont obtenues à partir de l’âge auquel est obtenu le diplôme, moins sept. Il faut toutefois relever que cette variable de substitution présente plusieurs lacunes, car l’âge d’entrée à l’école n’est pas le même dans tous les pays. En outre, les redoublements – dont le nombre est important dans certains pays – sont comptabilisés comme années d’études supplémentaires. Enfin, un même nombre d’années d’études ne correspond pas nécessairement à un même niveau formel de

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qualification, en particulier dans certains pays européens où l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur prennent plus de temps.

6. Les coefficients de l’estimation figurent dans le tableau 6.A1.1 de l’annexe. 7. Le Current Population Survey n’a pas pris en compte le domaine d’études. 8. On peut dès lors supposer que les années écoulées depuis la migration ont été passées

sur le marché du travail du pays d’accueil. 9. La Belgique n’est incluse dans aucune des estimations utilisant la variable « années

depuis la migration » en raison d’un problème de codage de la variable dans l’Enquête sur les forces de travail de l’Union européenne.

10. Il convient de noter que cela ne correspond pas nécessairement à la catégorie d’entrée officielle, bien que les deux semblent être les mêmes pour la plupart des migrants. Il n’existe aucune information semblable pour les États-Unis dans le CPS. Cette section utilise uniquement les données de l’EFT européenne pour les pays qui ont mis en œuvre le module ad hoc sur la migration en 2008 dans leur EFT nationale.

11. Pour une analyse de cette question et d’autres manières de mesurer le déclassement, voir Quintini (2011).

12. Les managers des petites entreprises sont exclus. 13. Nous avons également exécuté un modèle qui tient compte des différences en termes

de déclassement par rapport au domaine d’études, en introduisant des variables indicatrices pour le domaine d’études et les interactions avec la variable indicatrice pour les personnes nées à l’étranger, prenant ainsi en considération les différences entre les immigrés et les autochtones dans le taux de déclassement pour tous les domaines d’études. Bien que le domaine d’études explique largement le taux de déclassement, les différences entre les immigrés et les autochtones, et entre les différents groupes d’immigrés, restent pratiquement inchangées. Compte tenu de la ressemblance étroite des domaines d’études (voir graphique 6.6 ci-dessus), tant entre les autochtones et les immigrés qu’au sein des groupes d’immigrés, il va de soi que ce résultat n’est pas nécessairement surprenant.

14. La prise en compte des différences de rendements de la formation entre les autochtones et les immigrés ne modifie pas les résultats. Les coefficients des différentes spécifications figurent dans le tableau 6.A1.5 de l’annexe.

15. Comme pour les estimations ci-dessus, introduire le domaine d’études et une action réciproque entre l’immigré et le domaine d’études ne modifie pas sensiblement les coefficients.

16. Le taux d’absence de réponse à cette question est toutefois élevé (28 %). 17. Ce résultat peut être lié à la prise en compte de l’instruction en utilisant le nombre

d’années d’études au lieu du niveau d’instruction. Cependant, l’échantillon utilisé est trop limité pour faire apparaître des différences notables entre les niveaux d’instruction.

18. Une distinction entre les résultats selon que les migrants proviennent de pays de l’Union européenne ou d’autres pays laisse à première vue penser que ces derniers bénéficient davantage de la reconnaissance de leurs qualifications. Les différences ne sont toutefois pas significatives sur le plan statistique compte tenu de la taille réduite des échantillons. Les résultats sont disponibles sur demande.

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Références

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Bratsberg, B. et Jr. J.F. Ragan (2002), « The Impact of Host-Country Schooling on Earnings: A Study of Male Immigrants in the United States », Journal of Human Resources, vol. 37, n° 1, pp. 63-105, hiver.

Clark, K et J. Lindley (2009), « Immigrant Assimilation Pre and Post Labour Market Entry: Evidence from the UK Labour Force », Journal of Population Economics, vol. 22, pp. 175-198.

Nordin, M. (2007), « Immigrants’ Returns to Schooling in Sweden », Working Paper No. 12, IFAU.

OCDE (2012a), Trouver ses marques : Les indicateurs de l’OCDE sur l’intégration des immigrés 2012. Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/9789264073432-fr.

OCDE (2012b), Des compétences meilleures pour des emplois meilleurs et une vie meilleure. Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/9789264178717-fr.

OCDE (2012c), Perspectives des migrations internationales 2012, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/migr_outlook-2012-fr.

OCDE (2011), Perspectives des migrations internationales 2011, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/migr_outlook-2011-fr.

Quintini, G. (2011), « Over-qualified or Under-skilled: A Review of Existing Literature », Documents de travail de l’OCDE : questions sociales, emploi et migrations, n° 121, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/5kg58j9d7b6d-en.

Widmaier, S. et J.C. Dumont (2011), « Are Recent Immigrants Different? A New Profile of Immigrants in the OECD (DIOC 2005/2006) », Documents de travail de l’OCDE : questions sociales, emploi et migrations, n° 126, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/5kg3ml17nps4-en.

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Annexe 6.A1

Tableaux et graphiques supplémentaires

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6. LES QUALIFICATIONS DES IMMIGRÉS ET LEUR VALEUR SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL – 241

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Graphique 6.A1.1. Nombre d’années d’études des personnes nées à l’étranger par rapport aux personnes nées dans le pays, selon le sexe

Note : L’échantillon se limite aux personnes âgées de 15 à 64 ans qui ne poursuivent pas d’études à plein temps. Les barres représentent les différences estimées dans le nombre d’années d’éducation estimées grâce à une régression des moindres carrés ordinaire qui contrôle pour le sexe et les tranches d’âge de cinq ans (et les effets fixes pays en Europe). La différence est tout d’abord estimée pour l’ensemble des personnes nées à l’étranger, puis en fonction du lieu d’obtention de leur qualification la plus élevée.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail 2009-2010 ; États-Unis : Current Population Survey 2009-2011.

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Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes

Éducation du pays hôte Éducation étrangère Tous les immigrés

États-Unis

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242 –

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Page 245: Gérer les migrations économiques pour mieux répondre aux … · 2014-10-02 · Ce document et toute carte qu’il peut comprendre sont sans préjudice du statut de tout territoire,

6. LES QUALIFICATIONS DES IMMIGRÉS ET LEUR VALEUR SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL – 243

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Tableau 6.A1.3. Les taux d’emploi associés aux variables relatives à l’éducation

Note : L’échantillon se limite aux personnes âgées de 15 à 64 ans qui ne poursuivent pas d’études à plein temps. Les chiffres représentent les différences de taux d’emploi (1 correspond à 100%) entre les groupes d’immigrés respectifs et les personnes nées dans le pays estimées grâce à une régression des moindres carrés ordinaire qui contrôle pour le sexe et les tranches d’âge de cinq ans. Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail 2009-2010 ; États-Unis : Current Population Survey 2009-2011.

(1) (2) (3) (4) (1) (2) (3)Nés à l 'étranger -0.0907*** -0.0309*** -0.0563*** -0.0718*** -0.0279*** 0.227*** 0.182***

(0.00174) (0.00501) (0.0132) (0.0133) (0.00230) (0.00788) (0.0199)

Nés à l 'étranger x CITE2 -0.00271 0.0217 0.0234 -0.0600*** -0.0376(0.00621) (0.0147) (0.0146) (0.0101) (0.0231)

Nés à l 'étranger x CITE3+4 -0.0404*** 0.0140 0.0132 -0.216*** -0.157***(0.00571) (0.0138) (0.0138) (0.00871) (0.0209)

Nés à l 'étranger x CITE5 -0.0778*** -0.000930 0.0219 -0.288*** -0.209***(0.00593) (0.0138) (0.0188) (0.00872) (0.0207)

Nés à l 'étranger x CITE6 -0.0611*** -0.0308 -0.000310 -0.251*** -0.214***(0.0135) (0.0194) (0.0137) (0.0140) (0.0249)

Éducation étrangère 0.134*** 0.104*** 0.0507**(0.0168) (0.0170) (0.0200)

Éducation étrangère x CITE2 -0.0655*** -0.0669*** -0.0202(0.0199) (0.0199) (0.0240)

Éducation étrangère x CITE3+4 -0.144*** -0.144*** -0.0732***(0.0182) (0.0181) (0.0214)

Éducation étrangère x CITE5 -0.169*** -0.170*** -0.106***(0.0186) (0.0185) (0.0213)

Éducation étrangère x CITE6 -0.149*** -0.149*** -0.0393(0.0296) (0.0296) (0.0295)

Éducation non-UE27 -0.128*** -0.0826***(0.0121) (0.0132)

Éducation non-UE27 x CITE2 0.0322** 0.0323**(0.0157) (0.0157)

Éducation non-UE27 x CITE3+4 0.0528*** 0.0528***(0.0142) (0.0142)

Éducation non-UE27 x CITE5 0.0246 0.0246(0.0153) (0.0153)

Éducation non-UE27 x CITE6 0.0471 0.0470(0.0473) (0.0473)

UE27 0.0451***(0.00538)

Constante 0.408*** 0.248*** 0.249*** 0.249*** 0.159*** 0.0241*** 0.0263***(0.00424) (0.00443) (0.00444) (0.00444) (0.00409) (0.00534) (0.00535)

Observations 4 728 454 4 712 635 4 671 388 4 671 388 359 641 359 641 354 533R2 0.151 0.191 0.193 0.193 0.077 0.127 0.127

Europe États-Unis

*** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1Les erreurs-types figurent entre parenthèses.

Page 246: Gérer les migrations économiques pour mieux répondre aux … · 2014-10-02 · Ce document et toute carte qu’il peut comprendre sont sans préjudice du statut de tout territoire,

244 – 6. LES QUALIFICATIONS DES IMMIGRÉS ET LEUR VALEUR SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Tableau 6.A1.4. Les taux de déclassement associés aux variables relatives à l’instruction pour les personnes ayant un niveau d’éducation tertiaire

A. Par sexe

B. Par niveaux d’éducation détaillés

Note : L’échantillon se limite aux personnes âgées de 15 à 64 ans qui ont un emploi, un niveau d’éducation tertiaire et ne poursuivent pas d’études à plein temps. Les chiffres représentent les différences de taux de déclassement (1 correspond à 100%) entre les groupes de migrants respectifs et les personnes nées dans le pays estimées grâce à une régression des moindres carrés ordinaire qui contrôle pour le sexe et les tranches d’âge de cinq ans. Pour les États-Unis, le niveau d’éducation de référence est le « Associate degree occupational/vocational ». Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail 2009-2010 ; États-Unis : Current Population Survey 2009-2011.

(1) (2) (3) (4) (1) (2) (1) (2) (3) (4) (1) (2)

Nés à l 'étranger 0.141*** 0.0297*** 0.0381*** 0.0358*** 0.0211*** -0.00797 0.0941*** 0.0235*** 0.0305*** 0.0464*** 0.00776 -0.0438***(0.00586) (0.00721) (0.00736) (0.00891) (0.00528) (0.00811) (0.00573) (0.00751) (0.00754) (0.00887) (0.00613) (0.00922)

Éducation étrangère 0.213*** 0.102*** 0.0978*** 0.0549*** 0.126*** 0.000385 0.0373** 0.0929***(0.0112) (0.0152) (0.0181) (0.0104) (0.0110) (0.0136) (0.0175) (0.0119)

Éducation non-UE27 0.167*** 0.173*** 0.184*** 0.131***(0.0178) (0.0232) (0.0162) (0.0227)

UE27 0.00622 -0.0533***(0.0151) (0.0161)

Constante 0.782*** 0.775*** 0.778*** 0.778*** 0.348*** 0.349*** 0.803*** 0.802*** 0.807*** 0.808*** 0.264*** 0.268***(0.0535) (0.0536) (0.0536) (0.0536) (0.0697) (0.0694) (0.0833) (0.0833) (0.0833) (0.0833) (0.0686) (0.0684)

Observations 437 754 433 757 433 286 433 286 76 412 75 342 381 174 377 706 377 164 377 164 63 441 62 550R2 0.048 0.055 0.056 0.056 0.009 0.009 0.045 0.048 0.049 0.049 0.012 0.013

*** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1

Europe États-Unis EuropeFemmes Hommes

Les erreurs-types figurent entre parenthèses.

États-Unis

(1) (2) (3) (4) (1) (2) (3)Nés à l'étranger 0.140*** 0.0348*** 0.0463*** 0.152** Nés à l'étranger 0.0410*** 0.00681 0.0539**

(0.00396) (0.0127) (0.0129) (0.0768) (0.00385) (0.00583) (0.0246)

CITE 5A -0.244*** -0.247*** -0.246*** -0.241*** Éducation étrangère 0.0610*** 0.0302(0.00272) (0.00279) (0.00279) (0.00274) (0.00752) (0.0309)

CITE 6 -0.342*** -0.320*** -0.320*** -0.288*** Enseignement supérieur court -0.0543*** -0.0541*** -0.0530***(0.00394) (0.00413) (0.00413) (0.00419) (0.00628) (0.00632) (0.00665)

Licence -0.205*** -0.205*** -0.203***Nés à l'étranger x CITE 5A 0.0140 0.0220 0.0179 (0.00502) (0.00504) (0.00531)

(0.0138) (0.0137) (0.0163) Master -0.367*** -0.367*** -0.362***(0.00520) (0.00523) (0.00550)

Nés à l'étranger x CITE 6 -0.0333** -0.0363** -0.0429** Formation professionnelle -0.433*** -0.432*** -0.433***(0.0154) (0.0152) (0.0196) (0.00623) (0.00627) (0.00659)

Doctorat -0.453*** -0.449*** -0.438***Éducation étrangère 0.197*** 0.124*** 0.0954*** (0.00616) (0.00622) (0.00680)

(0.0182) (0.0245) (0.0283)Enseignement supérieur court x Nés à l'étranger 0.00709

Éducation étrangère x CITE 5A -0.0163 -0.0466* -0.0176 (0.0318)(0.0201) (0.0261) (0.0317) Licence x Nés à l'étranger -0.0626**

(0.0261)Éducation étrangère x CITE 6 -0.166*** -0.109*** -0.0655** Master x Nés à l 'étranger -0.0512*

(0.0226) (0.0258) (0.0303) (0.0268)Formation professionnelle x Nés à l 'étranger -0.0447

Éducation non-UE27 0.0980*** 0.126*** (0.0283)(0.0285) (0.0361) Doctorat x Nés à l'étranger -0.0704***

(0.0269)Éducation non-UE27 x CITE 5A 0.0561* 0.0157

(0.0298) (0.0405) Enseignement supérieur court x Éducation étrangère -0.0446(0.0408)

Éducation non-UE27 x CITE 6 -0.0560 -0.0913** Licence x Éducation étrangère 0.0582*(0.0349) (0.0450) (0.0328)

Master x Éducation étrangère 0.0110EU27 -0.0267** -0.0284 (0.0338)

(0.0106) (0.0252) Formation professionnelle x Éducation étrangère 0.0735*(0.0398)

Domaine d'études Oui Doctorat x Éducation étrangère -0.0135Domaine d'études x Nés à l'étranger Oui (0.0346)

Constante 0.806*** 0.802*** 0.806*** 0.792*** Constante 0.400*** 0.402*** 0.400***(0.0465) (0.0465) (0.0465) (0.0531) (0.0491) (0.0489) (0.0491)

Observations 818 928 811 463 810 450 794 913 Observations 139 853 137 892 137 892R2 0.110 0.116 0.117 0.145 R2 0.094 0.094 0.094Les erreurs-types figurent entre parenthèses.*** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1

Europe États-Unis

Page 247: Gérer les migrations économiques pour mieux répondre aux … · 2014-10-02 · Ce document et toute carte qu’il peut comprendre sont sans préjudice du statut de tout territoire,

6. LES QUALIFICATIONS DES IMMIGRÉS ET LEUR VALEUR SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL – 245

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Tableau 6.A1.5. Les taux d’emploi des personnes nées à l’étranger associés à la durée de résidence

Note : L’échantillon se limite aux personnes âgées de 15 à 64 ans qui ne poursuivent pas d’études à plein temps. Les chiffres représentent les différences de taux d’emploi (1 correspond à 100%) entre les groupes d’immigrés respectifs et les personnes nées dans le pays estimées grâce à une régression des moindres carrés ordinaire qui contrôle pour le sexe et les tranches d’âge de cinq ans. Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail 2009-2010 ; États-Unis : Current Population Survey 2009-2011.

(1) (2) (3) (1) (2)

Nés à l 'étranger -0.0372*** 0.0291** 0.0868*** 0.430***(0.00487) (0.0123) (0.00499) (0.0162)

1-5 ans depuis la migration -0.0916*** -0.0149 -0.0594*** -0.184***(0.00652) (0.0102) (0.00836) (0.0110)

6-10 ans depuis la migration -0.0510*** 0.0214** -0.00994 -0.0729*** 0.0929***(0.00656) (0.00981) (0.00833) (0.00757) (0.0110)

11-15 ans depuis la migration -0.0364*** 0.0332*** -0.00479 -0.0494*** 0.115***(0.00814) (0.0108) (0.00972) (0.00724) (0.0108)

16-20 ans depuis la migration -0.0261*** 0.0440*** -0.0378*** 0.121***(0.00830) (0.0109) (0.00815) (0.0115)

20 ans ou plus depuis la migration 0.0611*** 0.0134 0.144***(0.00919) (0.00864) (0.0106)

Années d'éducation 0.0182*** 0.0188*** 0.0188*** 0.0335*** 0.0420***(0.000108) (0.000106) (0.000106) (0.000317) (0.000376)

Années d'éducation x Nés à l 'étranger -0.00595*** -0.00737*** -0.0281***(0.000476) (0.000575) (0.000681)

UE27 0.121***(0.0187)

Années d'éducation x UE27 -0.000871(0.000964)

Constante 0.117*** 0.107*** 0.107*** -0.363*** -0.496***(0.00471) (0.00470) (0.00471) (0.00609) (0.00674)

Observations 4 205 514 4 205 514 4 202 639 337 466 337 466R2 0.180 0.181 0.182 0.116 0.122

Europe États-Unis

*** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1Les erreurs-types figurent entre parenthèses.

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246 – 6. LES QUALIFICATIONS DES IMMIGRÉS ET LEUR VALEUR SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL

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Tableau 6.A1.6. Les déterminants des difficultés linguistiques

Note : L’échantillon se limite aux personnes âgées de 15 à 64 ans qui ne poursuivent pas d’études à plein temps. Les chiffres représentent les différences de risque d’avoir des difficultés linguistiques (1 correspond à 100%) estimées grâce à une régression des moindres carrés ordinaire qui contrôle pour le sexe et les tranches d’âge de cinq ans. Source : Enquêtes sur les forces de travail, module ad hoc 2008.

(1) (2)

Hommes -0.00887 -0.00872(0.00831) (0.00902)

Années d'éducation -0.00543*** -0.00454***(0.000860) (0.00118)

Famille 0.0480***(0.0101)

Humanitaire 0.0938***(0.0230)

Études -0.0277*(0.0156)

Autre -0.0290**(0.0148)

Éducation étrangère 0.0957***(0.0213)

Éducation non-UE27 0.0213(0.0240)

UE27 -0.0158(0.0224)

Sciences de l 'éducation -0.0161(0.0257)

Sciences humaines, langues, arts -0.0430**(0.0179)

Sociologie, économie et droit -0.0302**(0.0144)

Sciences -0.00103(0.0195)

Ingénierie -0.0275*(0.0145)

Agriculture, études vétérinaires 0.0309(0.0362)

Santé et aide sociale -0.0583***(0.0187)

Services -0.0133(0.0202)

Constante 0.334*** 0.285***(0.0209) (0.0272)

Observations 39 454 31 287R2 0.055 0.045Pays - Effets fixes Oui OuiGroupes d'âge - Effets fixes Oui OuiLes erreurs-types figurent entre *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1

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6. LES QUALIFICATIONS DES IMMIGRÉS ET LEUR VALEUR SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL – 247

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Tableau 6.A1.7. Déterminants de la demande de reconnaissance des diplômes

Note : L’échantillon se limite aux personnes âgées de 15 à 64 ans qui ne poursuivent pas d’études à plein temps. Les chiffres représentent la probabilité estimée que ces personnes demandent la reconnaissance d’un diplôme étranger (1 correspond à 100%) grâce à une régression des moindres carrés ordinaire qui contrôle pour les groupes d’âge de cinq ans. Pour le domaine d’études, le groupe de référence est celui des personnes qui suivent des « études générales ».

Source : Enquêtes sur les forces de travail, module ad hoc 2008.

(1) (2)

Hommes -0.0365*** -0.0396***(0.00805) (0.0121)

Années d'éducation 0.0171*** 0.0155***(0.000787) (0.00182)

Famil le 0.0400***(0.00936)

Humanitaire 0.0383**(0.0171)

Études 0.222***(0.0330)

Autre 0.0668***(0.0157)

Éducation étrangère -0.148***(0.0446)

Éducation non-UE27 0.0793(0.0545)

UE27 0.0438(0.0541)

Sciences de l'éducation 0.129***(0.0379)

Sciences humaines, langues, arts 0.0857***(0.0266)

Sociologie, économie et droit 0.0556***(0.0187)

Sciences 0.0427(0.0271)

Ingénierie 0.0519***(0.0169)

Agriculture, études vétérinaires 0.0115(0.0381)

Santé et aide sociale 0.293***(0.0281)

Services 0.0264(0.0241)

Constante -0.100** -0.116***(0.0406) (0.0397)

Observations 29 166 20 933R2 0.131 0.097Les erreurs-types figurent entre parenthèses.*** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1

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248 – 6. LES QUALIFICATIONS DES IMMIGRÉS ET LEUR VALEUR SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL

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Tableau 6.A1.8. Nombre d’années d’études des personnes nées à l’étranger par rapport aux personnes nées dans le pays dans les pays européens

Note : L’échantillon se limite aux individus âgés de 15 à 64 ans ayant un niveau d’éducation tertiaire qui ne poursuivent pas d’études à plein temps. Les chiffres représentent les différences estimées entre les groupes d’immigrés respectifs et les personnes nées dans le pays en termes d’années d’études grâce à une régression des moindres carrés ordinaire qui contrôle pour le sexe et les tranches d’âge de cinq ans. La différence est tout d’abord estimée pour l’ensemble des immigrés, puis en fonction du lieu d’obtention de leur qualification la plus élevée.

1. Note de la Turquie : les informations contenues dans la présente note à propos de « Chypre » concernent la partie méridionale de l’île. Il n’existe aucune autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et les Chypriotes grecs de l’île. La Turquie reconnaît la République turque de Chypre du Nord (RTCN). Tant qu’une solution durable et équitable n’aura pas été trouvée sous l’égide des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

2. Note de tous les États membres de l’Union européenne qui sont membres de l’OCDE et de la Commission européenne : la République de Chypre est reconnue par tous les membres de l’Organisation des Nations unies, à l’exception de la Turquie. Les informations contenues dans la présente note se rapportent au territoire sous le contrôle effectif du Gouvernement de la République de Chypre.

Source : Enquêtes sur les forces de travail 2009-2010.

Tous les immigrésÉducation du pays

hôte UE27

Éducation du pays hôte

non-UE27

Éducation étrangèreUE27

Éducation étrangèrenon-UE27

Allemagne -2.05** 0.17** -0.96** -2.3** -3.71**Autriche -0.57** 1.76** -0.05** 0.87** -1.79**Belgique -1.75** 0.36** 1.41** -0.65** -4.08**Bulgarie 1.94** 4.73** 1.3** 1.25 2.25**Chypre1,2 -0.27** 1.56** 1.92** -0.12 -0.96**Danemark 1.24** 2.33** 0.65** 2.28** 1.40**Espagne -0.45** 0.91** 1.79** 0.15 -1.09**Estonie 0.03 0.08 0.64** -0.44 -1.02**Finlande 1.38** 0.28 1.45** -2.4** -2.48**France -1.22** 0.06 1.22** -2.25** -3.09**Grèce -1.35** 1.74** 0.34** -0.4** -2.02**Hongrie 1.06** 2.08** 3.23** 0.62** 0.87**Irlande 0.87** 1.16** 3.19** 0.26** 1.57**Islande -0.8** 0.00** 0.00** 0.00** 0.00**Italie -0.74** 0.53** 1.03** -0.32** -1.57**Lettonie 0.27** -0.16 1.08** -0.74 -0.52**Lituanie 0.23** 0.01 0.71** -0.27 -0.18Luxembourg -0.27** 0.22 0.76** -0.47** -0.09Norvège -0.25 1.67** 0.71** 0.07 -1.73**Pays-Bas -1.49** 1.57** 1.14** -2.6** -4.94**Pologne 0.74** 0.40 0.42** 0.81 0.18Portugal 1.86** 2.46** 3.92** 1.71** 0.97**République slovaque 0.55** 0.68** 3.34** -0.17 0.75**République tchèque 0.02 0.43** 1.2** -0.42** 0.27Roumanie 2.78** 1.33 2.94** 4.44** 2.69**Royaume-Uni 0.78** 1.67** 2.32** 0.58** 0.08Slovénie -1.11** 0.09 1.23** -0.13 -2.52**Suède -1.18** 0.72** 0.64** -0.49** -2.59**Suisse -1.79** 0.71** -0.17** -1.63** -2.93**** p<0.05.

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6. LES QUALIFICATIONS DES IMMIGRÉS ET LEUR VALEUR SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL – 249

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Tableau 6.A1.9. Taux de déclassement des personnes nées à l’étranger ayant un niveau d’éducation tertiaire par rapport aux personnes nées dans le pays dans les pays européens

Note : L’échantillon se limite aux individus âgés de 15 à 64 ans ayant un niveau d’éducation tertiaire qui ne poursuivent pas d’études à plein temps. Les chiffres représentent les différences de risque de déclassement (1 correspond à 100%) entre les groupes d’immigrés respectifs et les personnes nées dans le pays estimées grâce à une régression des moindres carrés ordinaires qui contrôle pour le sexe et les tranches d’âge de cinq ans. La différence est tout d’abord estimée pour l’ensemble des personnes nées à l’étranger, puis en fonction du lieu d’obtention de leur qualification la plus élevée.

1. Note de la Turquie : les informations contenues dans la présente note à propos de « Chypre » concernent la partie méridionale de l’île. Il n’existe aucune autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et les Chypriotes grecs de l’île. La Turquie reconnaît la République turque de Chypre du Nord (RTCN). Tant qu’une solution durable et équitable n’aura pas été trouvée sous l’égide des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

2. Note de tous les États membres de l’Union européenne qui sont membres de l’OCDE et de la Commission européenne : la République de Chypre est reconnue par tous les membres de l’Organisation des Nations unies, à l’exception de la Turquie. Les informations contenues dans la présente note se rapportent au territoire sous le contrôle effectif du Gouvernement de la République de Chypre.

Source : Enquêtes sur les forces de travail 2009-2010.

Éducation du pays hôte UE27

Éducation du pays hôte

non-UE27

Éducation étrangèreUE27

Éducation étrangèrenon-UE27

Allemagne 0.07 0.09 0.01 0.21**Autriche -0.01 0.05 -0.02 0.26**Belgique 0.04 0.06** -0.01 0.22**Bulgarie -0.24** 0.02 -0.20** 0.26Chypre1,2 0.01 0.06 0.22** 0.37**Danemark 0.02 0.03 0.08 0.34**Espagne 0.00 0.00 0.23** 0.32**Estonie 0.05 0.17** -0.15** 0.34**Finlande 0.07 0.00 0.08 0.33**France 0.00 0.04** 0.04 0.34**Grèce 0.08** 0.28** 0.34** 0.66**Hongrie -0.03 0.01 -0.02 0.08Irlande 0.01 -0.06** 0.19** 0.1**Italie 0.06 0.15** 0.23** 0.63**Lettonie -0.03 0.06 0.01 0.14Lituanie 0.00 0.05 -0.15** 0.25**Luxembourg 0.02 0.05 0.02** 0.09**Norvège -0.02 0.04 0.09** 0.35**Pays-Bas -0.01 0.03 0.11** 0.24**Pologne -0.04 -0.06 0.03 0.26Portugal 0.02 0.06** 0.24** 0.57**République slovaque -0.08** 0.15 -0.10** 0.01République tchèque -0.02 0.27** -0.01 0.38**Roumanie 0.07 0.25** 0.20 0.22Royaume-Uni 0.01 0.03 0.08** 0.06**Slovénie 0.06 0.01 0.09 0.04Suède 0.03** 0.05** 0.19** 0.43**Suisse -0.04** 0.03 -0.07** 0.08**** p<0.05.

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Graphique 6.A1.2. Taux d’emploi selon le niveau d’éducation atteint le plus élevé dans quelques pays européens de l’OCDE

Note : L’échantillon se limite aux personnes âgées de 15 à 64 ans qui ne poursuivent pas d’études à plein temps. Les coefficients sont estimés sur la base d’une régression linéaire d’une variable muette de l’emploi qui contrôle pour le sexe et les tranches d’âge de cinq ans.

Source : Pays européens : Enquêtes sur les forces de travail 2009-2010 ; États-Unis : Current Population Survey 2009-2011.

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7. LA TRANSFÉRABILITÉ INTERNATIONALE DU CAPITAL HUMAIN DES IMMIGRÉS : L’EXPÉRIENCE DU CANADA – 251

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Chapitre 7

La transférabilité internationale du capital humain des immigrés : L’expérience du Canada

Arthur Sweetman McMaster University, Département d’économie, Canada1

La transférabilité des compétences suite à la migration est fondamentale pour garantir le succès de l’intégration économique des immigrés dans le pays de résidence. Le rôle joué par différents acteurs économiques dans la détermination de la pertinence des compétences et la reconnaissance des diplômes/qualifications est essentiel, de même que la prise de conscience grandissante que la valeur de certaines compétences (par exemple l’éducation) sur le marché du travail est conditionnée par la présence d’autres compétences (par exemple, les compétences dans la langue du pays d’accueil) ainsi que la prise en compte de cette conception dans les politiques. Ce chapitre examine les évolutions récentes au Canada, et en particulier la transférabilité des compétences dans le contexte d’une politique migratoire sélective. Le Canada est en train de réaliser une réforme majeure de son système d’immigration sélective qui est fortement influencée par sa volonté de faciliter la transférabilité des compétences qui permettent une bonne insertion sur le marché du travail, en droite ligne avec les résultats des études récentes.

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252 – 7. LA TRANSFÉRABILITÉ INTERNATIONALE DU CAPITAL HUMAIN DES IMMIGRÉS : L’EXPÉRIENCE DU CANADA

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7.1. Introduction

La réussite des immigrés sur le marché du travail de leur pays d’accueil dépend dans une large mesure du niveau de transférabilité des éléments cognitifs et non cognitifs du capital humain. La transférabilité fait référence à la pertinence, pour la société d’accueil, des compétences antérieures, ainsi qu’à leur utilisation, notamment sur le marché du travail. Le niveau de transférabilité des compétences est influencé par les actions d’une vaste palette d’intervenants, à commencer par les immigrés eux-mêmes, tant à titre individuel que collectif, et par les actions conjuguées de nombreuses personnes, organisations et institutions au sein du marché du travail, du gouvernement et de la société du pays d’accueil.

La reconnaissance des qualifications/diplômes étrangers est une autre problématique étroitement liée. Les immigrés, aussi bien que la population du pays d’accueil (notamment les employeurs), ont tout intérêt à comprendre quels diplômes et qualifications équivalent ou non à ceux communément rencontrés sur le marché du travail du pays d’accueil, ce qui ne va pas de soi. De même, d’autres compétences – comme la maîtrise de la langue du pays d’accueil – peuvent influer sur la valeur des acquis scolaires sur le marché du travail.

Les limites de la transférabilité du capital humain des immigrés sont parfois imputées à l’offre (par exemple, les immigrés) ou à la demande (par exemple, les employeurs) sur le marché du travail. Toutefois, s’il est pertinent d’interpréter les résultats observés comme le reflet d’un équilibre, un simple modèle de l’offre et de la demande n’est pas adapté. De nombreux acteurs économiques, outre les employeurs et les travailleurs (immigrés), tels que les institutions et organisations – syndicats, ordres et associations professionnels, établissements d’enseignement, organismes d’accréditation et bien entendu pouvoirs publics – jouent un rôle particulièrement important dans le maintien de l’équilibre observé. Étant donné ce vaste éventail d’acteurs, les possibilités existent – par le biais des pouvoirs publics, mais également des autres institutions – d’influer sur cet équilibre.

Le présent chapitre examine les évolutions récentes de la politique d’immigration du Canada qui concernent la transférabilité des compétences, en mettant particulièrement l’accent sur la sélection des immigrés. Il rapproche également ces réformes de certaines données pertinentes issues de la recherche universitaire. Un certain nombre de réformes ont été entreprises depuis une dizaine d’années, et alors que leur impact ne sera connu qu’au cours des décennies à venir, il est intéressant de se pencher sur leurs motivations et leurs objectifs.

L’une des problématiques liée à l’élaboration des politiques est qu’il n’est pas toujours possible de prévoir (ou comprendre) l’impact d’une réforme particulière sur l’ensemble des résultats qui nous intéressent, que ce soit à court ou à long terme. Les conséquences inattendues, comme le dépassement des objectifs, sont nombreuses. Il est donc essentiel de mettre en place un suivi en continu, à la fois sous la forme d’une surveillance et d’analyses plus approfondies. Ces dernières années, le suivi mis en œuvre au Canada, par exemple, suite à l’instauration de mesures de sélection des immigrés, a montré relativement rapidement que leur impact était suffisamment différent de ce qui était prévu pour nécessiter, assez rapidement, la mise en œuvre d’autres réformes.

Les efforts visant à régler un problème de longue date concernant la sélection des immigrés au Canada, à savoir le nombre de demandes bien trop élevé par rapport aux

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7. LA TRANSFÉRABILITÉ INTERNATIONALE DU CAPITAL HUMAIN DES IMMIGRÉS : L’EXPÉRIENCE DU CANADA – 253

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objectifs en matière d’entrées, illustre bien le changement de cap rapide que peuvent parfois négocier les pouvoirs publics. Jusqu’à récemment, les pouvoirs publics étaient réticents à combler cet écart, d’où un nombre considérable de demandes en attente de traitement. Des instructions ministérielles établissant des mécanismes de présélection ont été publiées le 29 novembre 2008, en vertu desquelles seuls les candidats possédant de l’expérience dans l’une des 38 professions bénéficiant d’une forte demande pouvaient prétendre au programme des travailleurs qualifiés dans la catégorie des immigrés économiques. Seules exceptions à cette règle, les demandeurs ayant un emploi réservé ou résidant depuis au moins un an au Canada en tant qu’étudiant ou travailleur temporaire étranger2. Toutefois, au lieu de réduire le nombre de demandes en empêchant les candidats à l’immigration exerçant des professions non demandées de se présenter, l’établissement de cette liste de professions semble avoir été interprété comme une incitation à déposer des demandes dans ces catégories. Des quotas ont ainsi été définis pour chaque catégorie, et le nombre de professions réduit à 29 à compter du 26 juin 2010. Le 1er juillet 2011, les quotas ont été une nouvelle fois réduits. Le 1er juillet 2012, l’acceptation de nouvelles demandes au titre du programme des travailleurs qualifiés a été suspendue. Au cours de cette période, de nombreuses demandes en attente ont été traitées, alors que d’autres ont été retournées sans être traitées. Dans cet exemple, on s’efforce d’améliorer la transférabilité des compétences (et/ou le ciblage des compétences par le biais d’une sélection professionnelle) tout en tentant de résoudre un problème administratif différent, à savoir le nombre excessif de demandes, qui conduit à un allongement des délais de traitement, dû non pas à la lenteur administrative, mais aux objectifs annuels. Bien que le présent chapitre se concentre sur la transférabilité des compétences, celle-ci n’est souvent, comme dans l’exemple décrit précédemment, qu’un aspect d’un ensemble plus vaste et plus complexe d’objectifs/de motivations intimement liés. Le plus souvent, le contexte général ne sera toutefois pas abordé dans le présent chapitre, même s’il est nécessaire de planter quelque peu le décor pour interpréter les faits.

Le contexte canadien est présenté brièvement dans la section 7.2, afin que les lecteurs comprennent les raisons de certaines réformes évoquées. Ceux qui connaissent déjà la politique et les institutions d’immigration canadiennes peuvent se dispenser de la lecture de cette section. La section 7.3 aborde la transférabilité sous l’angle de trois aspects distincts des compétences, qui jouent un rôle essentiel dans le devenir professionnel : premièrement, les caractéristiques différentes des immigrés, dues à la modification des pays d’origine, avec un accent particulier sur la langue ; deuxièmement, la baisse du taux de rendement économique de l’expérience professionnelle acquise dans le pays d’origine ; et troisièmement, les problèmes liés au taux de rendement économique de l’éducation et des qualifications antérieures. La section 7.4 traite des interactions entre les compétences, et donne à penser qu’il vaut mieux considérer que les résultats obtenus découlent d’un ensemble de compétences propres à chaque personne plutôt que de compétences spécifiques prises indépendamment. Dans ce contexte, la transférabilité d’une compétence peut dépendre de la présence (ou de l’absence) d’une autre compétence très différente. La section 7.5 conclut le chapitre.

7.2. Le contexte canadien

Pour comprendre l’expérience du Canada en matière de transférabilité du capital humain des immigrés, il est nécessaire de connaître un minimum le contexte. Au cours des dernières années, la sélection des immigrés a fait l’objet de nombreuses réformes

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législatives, réglementaires, politiques et procédurales, auxquelles le présent chapitre est principalement consacré, et la prestation des services d’établissement a connu quelques changements. Ces réformes répondent en grande partie à la dégradation des résultats des nouveaux immigrés sur le marché du travail et aux demandes des employeurs, qui souhaitent que le système d’immigration leur fournisse des travailleurs dotés de compétences spécifiques. S’ajoute un effort pour réduire la concentration de nouveaux immigrés dans certaines villes, et répondre à la demande du marché du travail régional. La plupart de ces réformes concernent directement la transférabilité des compétences, ou l’influencent indirectement. Beach et al. (2011), Ferrer, Picot, et Riddell (2012), Picot et Sweetman (2012, 2005), et Aydemir et Skuterud (2005) présentent, sous l’angle économique, des données, un historique et des éléments du récent débat.

Une caractéristique essentielle du système d’immigration permanente du Canada est son ampleur. Avec des entrées représentant quelque 0.7 à 0.8 % de la population chaque année, il est environ deux fois plus important que celui des États-Unis (si l’on tient compte de la plupart des estimations des effectifs de travailleurs sans papiers), et est comparable à celui de l’Australie3. Le Canada a également mis en place un programme non négligeable de résidents temporaires, qui a gagné en importance au cours de la dernière décennie, le nombre de résidents temporaires représentant environ quatre fois les entrées permanentes en 2012. D’après Citoyenneté et Immigration Canada (2012, p. 53), environ 45 % d’entre eux sont des travailleurs étrangers permanents, 30 % des étudiants, 11 % des immigrés humanitaires et près de 14 % se classent dans la catégorie « autres immigrés ». Toutefois, le type de visa reflète le principal motif d’immigration au Canada, et de nombreux immigrés n’entrant pas dans la catégorie des travailleurs étrangers temporaires sont autorisés à travailler. Comme nous le verrons plus loin, de nombreuses nouvelles passerelles ont été créées au cours des dernières années entre l’immigration temporaire et permanente (au-delà des filières traditionnelles telles que le statut de réfugié ou d’immigré humanitaire, ou le programme concernant les aides familiaux résidants).

La nature très structurée et encadrée de la sélection des immigrés est étroitement corrélée à l’ampleur des flux. Bien qu’on ne compte que quatre catégories principales d’immigrés – immigrés économiques, regroupement familial, réfugiés, et autres immigrés – il existe de nombreuses sous-catégories, comme le montre le tableau 7.1. Pour interpréter ce dernier, il est nécessaire de connaître le degré de priorité accordé aux différentes catégories et sous-catégories au cours du traitement des demandes. Par exemple, dans la catégorie du regroupement familial, les demandes des conjoints et partenaires sont traitées prioritairement, si bien que les parents et grands-parents occupent une place résiduelle du fait de l’objectif annuel fixé pour l’ensemble de la catégorie du regroupement familial. Ainsi, un appel à augmenter le nombre d’entrées dans la catégorie du regroupement familial revient à plaider en faveur d’une hausse des admissions dans la sous-catégorie des parents et grands-parents. Cela ne signifie pas que la sous-catégorie des parents et grands-parents échappe aux mesures politiques – par exemple les objectifs en termes d’admissions ont récemment été relevés dans la catégorie du regroupement familial, essentiellement afin de doubler temporairement les flux de parents et de grands-parents. Cette mesure, conjuguée au gel des nouvelles demandes, vise à réduire le nombre de demandes en attente dans cette sous-catégorie – mais il est nécessaire de comprendre la priorité administrative accordée aux différentes sous-catégories pour pouvoir interpréter le fonctionnement du système. De même, dans la catégorie des immigrés économiques, les candidats des provinces ont la priorité sur

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7. LA TRANSFÉRABILITÉ INTERNATIONALE DU CAPITAL HUMAIN DES IMMIGRÉS : L’EXPÉRIENCE DU CANADA – 255

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les travailleurs qualifiés, et on s’est appuyé sur les instructions ministérielles pour hiérarchiser les demandes en fonction de différents critères bien définis.

Il est également essentiel de saisir la distinction qui est faite entre les demandeurs principaux et leurs conjoints et partenaires pour mieux appréhender le fonctionnement du système. Alors que l’ensemble des personnes sont soumises à une vérification des antécédents médicaux et criminels, les critères du système de sélection des immigrés s’appliquent uniquement aux demandeurs principaux. Ainsi, par exemple, le système à points associé au programme des travailleurs qualifiés s’applique uniquement au demandeur principal, à charge de chaque famille de décider lequel de ses membres sera le demandeur principal (l’homme généralement). La version actuelle du système accorde des points de « qualités personnelles » en fonction des caractéristiques du conjoint/partenaire, mais ces points sont attribués au demandeur principal

Les réformes entreprises au cours de la dernière décennie ont notamment eu pour effet de rendre le système beaucoup plus complexe qu’il ne l’était auparavant. Par exemple, le Programme des candidats des provinces (et des territoires) est en réalité un agrégat d’une soixantaine de programmes provinciaux/territoriaux individuels mis en œuvre par l’ensemble des provinces, à l’exception du Québec. Au départ, depuis le milieu jusqu’à la fin des années 90, il représentait un flux extrêmement restreint de personnes, mais a ensuite pris rapidement de l’ampleur au cours des années 2000. Par ailleurs, les chiffres relatifs aux travailleurs qualifiés présentés dans le tableau 7.1 sont en réalité la somme de deux programmes distincts : d’une part, le programme fédéral, qui inclut les personnes souhaitant résider dans n’importe quelle province à l’exception du Québec, et d’autre part un second programme séparé mais connexe, qui s’applique au Québec et aux immigrés qui souhaitent y résider. Bien entendu, à partir du moment où un immigré entre au Canada, il ou elle possède des droits en termes de mobilité géographique, et la destination visée est loin d’être parfaitement corrélée au lieu de résidence constaté par la suite.

Depuis la fin des années 80, les entrées d’immigrés des catégories du regroupement familial et des réfugiés sont restées à peu près constantes (si l’on fait abstraction d’une envolée non négligeable du nombre d’entrées au cours de la récession du début des années 90), mais elles ont lentement reculé en pourcentage du flux total d’immigrés permanents4. À l’inverse, la catégorie économique a pris de l’ampleur en chiffres absolus et en pourcentage de l’ensemble des immigrés5. Du fait de cette hausse du nombre et du pourcentage de candidats qualifiés, et de la hausse concomitante du nombre de travailleurs hautement qualifiés (très instruits), la question de la transférabilité des compétences est plus cruciale que jamais.

Peut-être d’autant plus cruciale que depuis les années 70 et 80, le Canada enregistre une forte dégradation des résultats économiques des nouveaux immigrés. C’est ce que montre le graphique 7.1 pour les travailleurs à temps complet de sexe masculin, mais d’autres graphiques concernant l’ensemble des travailleurs et les femmes (non présentés) semblent remarquablement similaires, à une exception près. Les graphiques ne tenant pas compte de caractéristiques comme l’âge et le niveau d’instruction présentent généralement des écarts moindres (puisque les immigrés sont plus susceptibles d’être titulaires d’un diplôme universitaire que les natifs du Canada, par exemple), et d’une cohorte à l’autre, les résultats des personnes arrivées après la fin des années 90, lorsque le niveau d’instruction des nouveaux immigrés et leur part dans la catégorie des immigrés économiques étaient en hausse, sont (généralement) meilleurs. À la fin des années 70, les salaires à l’entrée des nouveaux immigrés étaient à peine supérieurs à 85 % des salaires

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des travailleurs natifs du Canada, à compétences égales. À mesure des années passées dans le pays, leurs salaires augmentaient par rapport à ceux des natifs (et au cours de cette période, il s’agit de la seule cohorte parvenant à surpasser les natifs du Canada si l’on supprime les variables statistiques neutralisant les caractéristiques). Toutefois, les cohortes arrivées par la suite ont vu leurs salaires relatifs à l’entrée diminuer6. Dans le même temps, le taux de pauvreté des immigrés a augmenté, alors que celui des natifs a baissé7. Cette diminution des revenus annuels et la hausse concomitante du taux de pauvreté ont fait l’objet de nombreuses études, comme le montre la liste de références ci-après, et les problèmes de transférabilité des compétences sont étroitement liés à la plupart des causes immédiates de cette diminution. Penchons-nous maintenant sur trois problèmes spécifiques identifiés dans ce cadre, avant de nous intéresser aux études récentes examinant les interactions entre ces facteurs.

Tableau 7.1. Immigration au Canada par catégorie, 2012

Note : Au 1er juillet 2012, Statistiques Canada estimait la population du Canada à 34 754 300, soit un taux d'immigration permanente de 0.74 %. * Catégorie des migrants visés par une mesure de renvoi différée (MR1) et catégorie des demandeurs non reconnus du statut de réfugié au Canada.

Source : Immigration et Citoyenneté Canada, Faits et chiffres, 2012.

Catégorie Population

Pourcentage des

résidents

Pourcentage de chaque

classe

FamilleÉpoux et partenaires 39 533 15.3 60.8Fils et filles 2 715 1.1 4.2Parents et grand-parents 21 815 8.5 33.6Autres 945 0.4 1.5Sous-total 65 008 25.2 100.0

RéfugiésRéfugiés pris en charge par le gouvernement 5 430 2.1 23.5Réfugiés parrainés 4 220 1.6 18.3Établissement de réfugiés au Canada 8 586 3.3 37.2Personnes à charge d'un réfugié 4 858 1.9 21.0Sous-total 23 094 9.0 100.0

Raison économiqueCatégorie de l'expérience canadienne - Requérent principal 5 943 2.3 3.7

- époux(se) et personnes à charge 3 416 1.3 2.1Travailleurs qualifiés - Requérent principal 38 601 15.0 24.0

- époux(se) et personnes à charge 52 868 20.5 32.9Entrepreneurs - Requérent principal 127 0.0 0.1

- époux(se) et personnes à charge 352 0.1 0.2Travailleurs indépendants - Requérent principal 89 0.0 0.1

- époux(se) et personnes à charge 153 0.1 0.1Investisseurs - Requérent principal 2 616 1.0 1.6

- époux(se) et personnes à charge 6 742 2.6 4.2Candidats des provinces - Requérent principal 17 200 6.7 10.7

- époux(se) et personnes à charge 23 699 9.2 14.7Aides familiaux résidants - Requérent principal 3 690 1.4 2.3

- époux(se) et personnes à charge 5 322 2.1 3.3Sous-total 160 819 62.4 100.0

AutresMR1 et CDNRSRC* 4 0.0 0.0Porteurs d'un permis de résident temporaire 67 0.0 0.7Cas d'ordre humanitaire 2 928 1.1 32.7Autres cas d'ordre humanitaire 5 962 2.3 66.5Sous-total 8 961 3.5 100.0

Catégorie indéfinie 5 0.0 100.0

Total 257 887 100.0 100.0

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7. LA TRANSFÉRABILITÉ INTERNATIONALE DU CAPITAL HUMAIN DES IMMIGRÉS : L’EXPÉRIENCE DU CANADA – 257

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Graphique 7.1. Les revenus annuels des immigrés déclinent avec la cohorte d’entrée

Note: Revenus moyens des différentes cohortes d’entrée d’immigrés en fonction des années depuis la migration comparés à ceux des personnes nées au Canada. Les estimations résultent d’un modèle économétrique appliqué aux hommes âgés de 16 à 64 ans travaillent à plein temps sur toute l’année.

Source: Recensements de la population du Canada, différentes années, adaptation de Picot, G. et Sweetman, A. (2012), Making It in Canada: Immigration Outcomes and Policies, Institut de recherche en politiques publiques, Montréal.

7.3. Aspects de la transférabilité des compétences jouant un rôle essentiel dans le devenir professionnel

La transférabilité du capital humain est influencée par un grand nombre de problématiques, comme la situation sur le marché du travail du pays d’accueil, notamment au moment de l’entrée. Par exemple, la transférabilité des compétences semble plus aisée pour les immigrés qui arrivent pendant une phase de croissance économique que pour ceux qui arrivent au cours d’une récession ou juste après, d’où des appels, tels que celui de Picot et Sweetman (2012), à revenir à une politique d’admission procyclique. Concernant une autre question macroéconomique relative au marché du travail, Hou et Picot (2014) observent que le devenir professionnel des immigrés varie en fonction de la taille de la cohorte dont ils font partie (une fois effectués les ajustements statistiques requis pour tenir compte de la conjoncture au moment de l’entrée). Une hausse de 10 % de la taille de la cohorte est associée à une diminution de 0.8 % des salaires à l’entrée pour les hommes, et de 0.3 % pour les femmes. Point essentiel pour cette analyse, plusieurs facteurs de dégradation du devenir professionnel des nouveaux immigrés ont été identifiés, dont trois grands aspects sont directement liés à la transférabilité du capital humain. J’ai choisi de mettre l’accent sur ce point, en présentant d’abord les données économiques utiles puis en abordant les réformes politiques et procédurales pertinentes.

Évolution des pays (et langues) d’origine Bien que les pays d’origine des immigrés changent constamment, la transition la

plus importante s’est produite après l’abandon par le Canada de la politique de sélection des immigrés fondée sur le principe de la « nation préférée » et l’instauration du système à points en 1967, dont l’impact a été maximal dans les décennies 70 et 80. Ce changement de pays d’origine entraîne la modification de tout un faisceau de caractéristiques associées, à savoir la langue, la culture, la structure des professions, la qualité de l’éducation, les normes technologiques en vigueur sur le lieu de travail, et

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cohorte 1975-1979 cohorte 1980-1984 cohorte 1985-1989cohorte 1990-1994 cohorte 1995-1999 cohorte 2000-2004

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autres caractéristiques similaires. Ces caractéristiques forment un tout, et il est très difficile de les dissocier.

Il existe (de mon point de vue) des preuves formelles de l’existence d’une discrimination ethnique par les employeurs (par exemple Oreopoulos, 2011), bien qu’il soit également prouvé (voir Schaafsma et Sweetman, 2001) que cette relation n’est pas simple. Il est possible que l’acculturation ou un autre mécanisme similaire joue également un rôle important puisqu’en moyenne, les immigrés désignés comme « minorités visibles » au Canada voient leur devenir professionnel se dégrader notamment en fonction de leur âge au moment de l’immigration (les autres caractéristiques observables demeurant constantes). En outre, comme l’ont observé Aydemir et Sweetman (2008), et Finnie et Mueller (2010), à quelques exceptions près dans le cas des personnes arrivant juste avant la fin du lycée, la génération dite « 1.5 » (qui désigne les immigrés arrivés enfants et ayant suivi leur scolarité au Canada) affiche des résultats scolaires généralement supérieurs (parfois très supérieurs) à ceux de la troisième génération, et un devenir professionnel similaire ou supérieur à la norme canadienne, dans la quasi-totalité des groupes ethniques8. Bien que la discrimination ethnique par les employeurs et d’autres personnes existe et ait un lien avec l’apparence physique ou d’autres caractéristiques similaires, il est vraisemblable que ces résultats reflètent également une certaine capacité à évoluer sur le marché du travail canadien, influencée par les compétences linguistiques, l’éducation suivie au Canada, la compréhension des normes sociales locales, etc. Dans le même ordre d’idées, il est admis qu’il existe une hétérogénéité notable d’un groupe ethnique à l’autre en termes de devenir professionnel (voir Pendakur et Pendakur, 1998) et de niveau d’instruction (Finnie et Mueller, 2010). Toutefois, bien que les groupes ethniques arrivés récemment soient susceptibles de s’écarter des anciens schémas, Dicks et Sweetman (1999) ont observé, de tout temps, des signes de convergence intergénérationnelle en termes de d’éducation et de salaires.

En termes d’action des pouvoirs publics, il est admis depuis longtemps qu’une politique d’immigration doit impérativement tenir compte de la diversification ethnique croissante. Bien qu’il existe de nombreux précédents, la politique fédérale du Canada sur le multiculturalisme, qui repose sur une initiative législative, n’a été clairement formulée qu’à partir de 1971. Elle fait suite, et cela n’est certainement pas une coïncidence, à la révision massive de la politique et des pratiques en matière d’immigration entreprise en 1967, qui a instauré le système à points, avec notamment pour objectif d’accroître considérablement la diversité ethnique des flux d’immigrés. La plupart des lois et des mesures fédérales et provinciales relatives aux droits de l’homme, à la lutte contre les discriminations et au multiculturalisme s’inscrivent dans son sillage. Elles ne ciblent pas spécifiquement les immigrés, mais plutôt la population d’accueil/nationale, et particulièrement les employeurs. En ce qui concerne les nouveaux immigrés, toutefois, la politique d’établissement, et la prestation de services d’établissement, comme des cours gratuits/subventionnés d’apprentissage d’une des langues officielles du Canada (le français et/ou l’anglais), des stages d’intégration à la société et des aides à la recherche d’emploi, sont essentielles au processus d’acculturation et à la transférabilité des compétences.

Bien qu’il soit difficile d’identifier distinctement chacune des problématiques liées au changement des pays d’origine, les recherches et l’attention des pouvoirs publics se focalisent principalement sur le rôle central des compétences dans la langue nationale (en reconnaissant que la langue peut également être un indicateur d’autres caractéristiques et compétences). De manière quasi universelle, la langue est désormais

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considérée comme une condition essentielle à la transférabilité des compétences des immigrés. De nombreuses études, telles que Beach, Green, et Worswick (2011), intègrent des mesures des connaissances linguistiques autodéclarées en anglais/français, et mettent en évidence une forte corrélation avec le devenir professionnel. Toutefois, avant de pouvoir entreprendre un débat sur la langue, il est essentiel de reconnaître que les capacités linguistiques autodéclarées constituent une mesure propice aux erreurs. S’appuyant à divers degrés sur l’Ontario Immigrant Literacy Survey, l’Enquête internationale sur la littératie des adultes et l’Enquête sur la littératie et les compétences des adultes, qui comportent toutes des échantillons canadiens de bonne taille et des mesures directes des compétences linguistiques, Ferrer, Green et Riddell (2006), et Bonikowska, Green, et Riddell (2008) mettent en évidence la valeur des compétences linguistiques évaluée officiellement sur la base d’une mesure commune du devenir professionnel. Ils montrent également que la maîtrise de la langue présente un rendement économique élevé sur le marché du travail et qu’il n’existe aucune différence entre les natifs et les immigrés d’un point de vue statistique. Toutefois, les résultats obtenus en maîtrise de l’anglais/du français par les immigrés sont inférieurs à ceux des natifs du Canada.

Un certain nombre de réformes politiques ont été mises en œuvre au cours des dix à quinze dernières années dans le domaine linguistique. La réforme politique/législative fondatrice de l’ère actuelle est la promulgation de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés (LIPR) en 2002, qui a élevé le pourcentage de points correspondant aux compétences linguistiques de 13 à 24 %. Plus récemment, plusieurs réformes tout aussi importantes ont été entreprises, comme l’instauration d’une présélection des travailleurs qualifiés sur la base de critères linguistiques, en amont du système à points (ce mécanisme sert également à présélectionner les demandeurs au titre de la catégorie de l’expérience canadienne évoquée plus loin) Auparavant, les demandeurs principaux de la catégorie des travailleurs qualifiés pouvaient compenser un mauvais score en langues par des scores élevés dans d’autres domaines. De même, le fait de parler couramment une seule langue était jugé équivalent à des connaissances sommaires en anglais et en français. Alors que le système à points est toujours en vigueur, une distinction est désormais faite entre la première langue (qui rapporte plus de points) et la seconde langue officielles choisies par l’immigré, outre le fait que ce dernier doit désormais impérativement satisfaire au niveau minimal de compétences linguistiques décrit précédemment. Peut-être plus important encore, les compétences linguistiques étaient auparavant évaluées de manière non standard, alors qu’elles sont désormais évaluées de manière universelle selon des critères standardisés pour les demandeurs principaux qualifiés dans certaines catégories économiques. Bien qu’elles ne soient que brièvement résumées ici, il s’agit de réformes extrêmement importantes de la procédure de sélection des immigrés. Il apparaît clairement que les chercheurs comme les responsables politiques considèrent désormais la langue comme le principal facteur prédictif du devenir professionnel et social des immigrés.

Taux de rendement économique de l’expérience professionnelle acquise dans le pays d’origine

Depuis quelques décennies, au Canada, le taux de rendement économique de l’expérience professionnelle (potentiel) moyenne acquise dans le pays d’origine est quasi nul, voire négatif, comme l’ont fait remarquer Schaafsma et Sweetman (2001)9. Le fait que ces compétences aient effectivement perdu toute valeur économique

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représente une perte économique considérable pour les immigrés au Canada, et constitue l’une des problématiques centrales de la transférabilité des compétences. Aydemir et Skuterud (2005) estiment que la baisse du rendement de l’expérience acquise dans le pays d’origine pourrait expliquer entre un quart et la moitié de la baisse globale des salaires à l’entrée. Faisant une observation similaire, Green et Worswick (2010) soulignent que cela contraste avec le taux de rendement important de l’expérience professionnelle générale des natifs du Canada. En outre, ils signalent que ce rendement a augmenté pour les natifs du Canada (à l’instar, semble-t-il, du rendement de l’expérience post-migratoire des nouveaux immigrés) suite à une baisse marquée des résultats des nouveaux entrants sur le marché du travail dans les années 80. Cela signifie que la hausse du rendement découle principalement d’une dégradation tout en bas de la fourchette plutôt que d’une amélioration à l’autre extrémité. Ils démontrent que la diminution des salaires à l’entrée subie par l’ensemble des nouveaux arrivants sur le marché du travail est l’une des causes de la dégradation des salaires à l’entrée des nouveaux immigrés. La plupart des nouveaux immigrés, quels que soient leur âge et leur expérience pré-migratoire, sont considérés comme une catégorie de nouveaux entrants sur le marché du travail et subissent donc une diminution de salaire.

Aydemir et Skuterud (2005) divisent la population immigrée en quatre groupes en fonction du sexe et du pays d’origine des membres : pays « traditionnels » ou « non traditionnels ». Ils observent que le taux de rendement de l’expérience professionnelle acquise dans le pays d’origine a diminué dans ces quatre groupes, et qu’il demeure positif uniquement pour les hommes originaires de pays traditionnels.

Goldmann, Sweetman, et Warman (2011), qui utilisent des données longitudinales relatives à une cohorte d’immigrés particulière du début des années 2000, observent qu’en moyenne, le taux de rendement de l’expérience pré-migratoire est négatif. Toutefois, ils approfondissent l’analyse en examinant l’adéquation des emplois pré- et post-migratoires, et observent une hausse considérable des salaires pour les immigrés occupant le même type d’emploi qu’avant la migration – un groupe pour lequel l’expérience pré-migratoire est censée compter. Curieusement toutefois, alors que l’adéquation des emplois représente un avantage considérable, la valeur de cette adéquation est uniforme au sein de l’échantillon, quel que soit le degré d’expérience pré-migratoire. D’un point de vue économétrique, l’adéquation professionnelle est associée à une modification de la constante, mais les personnes possédant plus ou moins d’expérience pré-migratoire dans la profession exercée après la migration ne constatent aucune différence, en moyenne, entre leurs salaires. Bien entendu, il existe d’importants problèmes de sélection de l’échantillon liés à la question de savoir qui obtient un emploi correspondant à son expérience pré-migratoire, et qui n’en obtient pas. En outre, lorsqu’ils tiennent compte des interactions avec les compétences linguistiques, les auteurs observent que les hommes qui ont trouvé un emploi correspondant à leur expérience et possèdent de bonnes compétences en anglais affichent un taux de rendement positif, bien que modeste, de leur expérience professionnelle pré-migratoire, un résultat largement conforme à celui d’Aydemir et Skuterud. Il semble que ce soit le seul groupe pour lequel ce soit le cas.

Du point de vue de l’action des pouvoirs publics, on assiste à des fluctuations considérables en ce qui concerne le traitement de l’expérience professionnelle pré-migratoire. Avant les réformes de 2002, l’expérience professionnelle constituait un volet du système à points, des points étant attribués en fonction de l’expérience dans les professions demandées. Toutefois, pour des raisons administratives, ainsi qu’en

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raison de son faible pouvoir prédictif des résultats sur le marché du travail, l’expérience professionnelle a été supprimée lors de la promulgation de la LIPR10. L’accent a alors été mis sur un modèle à long terme davantage fondé sur la langue et les diplômes, par opposition à un modèle à court terme fondé sur les « professions demandées ». Plus récemment, des critères professionnels portant sur la période antérieures au traitement ont été réintroduits dans le programme pour les travailleurs qualifiés sous la forme de mécanismes de présélection en vertu desquels les personnes dépourvues d’expérience professionnelle dans les professions demandées ne sont pas autorisées à déposer une demande (abstraction faite des deux exceptions évoquées dans l’introduction et de l’autre contexte). Étant donné les demandes des employeurs, et d’autres mesures des besoins actuels et futurs du marché du travail, les pouvoirs publics sont soumis à une pression considérable pour sélectionner les immigrés sur la base de leur capital humain professionnel.

De nouvelles méthodes de sélection des immigrés visant à répondre à la demande du marché du travail ont également été mises en place. Tout d’abord, le Programme des candidats des provinces (PCP) a été lancé au milieu des années 90, en grande partie pour permettre aux gouvernements provinciaux, supposés avoir une meilleure connaissance des marchés du travail locaux, d’attirer des immigrés pour répondre à la demande régionale. Carter et al. (2010) rapportent toutefois que bien que le Programme des candidats des provinces du Manitoba ait initialement visé à remédier aux pénuries professionnelles, cet objectif a rapidement été abandonné au vu de la rapidité des fluctuations. Un nombre important de provinces ont réservé une part importante de leur quota aux personnes dont les employeurs participaient activement à la sélection. Souvent, ces personnes possédaient déjà une expérience professionnelle au Canada, antérieure à leur migration en qualité de travailleurs étrangers temporaires. Globalement, bien qu’il s’agisse de résultats préliminaires étant donné que le programme est relativement récent et qu’il évolue à mesure de son déploiement, Pandey et Townsend (2013) suggèrent que le PCP semble réussir à promouvoir une meilleure répartition régionale des nouveaux immigrés, même s’il demeure difficile de cibler les pénuries.

Ensuite, le gouvernement fédéral, s’inspirant en partie de programmes existant en Australie et/ou en Nouvelle-Zélande, a mis en place la catégorie de l’expérience canadienne, qui reconnaît, dans un premier volet, l’expérience professionnelle acquise légalement au Canada (souvent en qualité de travailleur temporaire étranger), et dans un second volet, les diplômes canadiens d’études post-secondaires associés à une expérience professionnelle postuniversitaire au Canada avec un visa temporaire. Des informations générales sur ces programmes sont disponibles, par exemple, dans Pandey et Townsend (2013), et Sweetman et Warman (2010a, 2010b). Les employeurs se sont vus attribuer un rôle croissant dans la sélection des immigrés, l’une des problématiques centrales étant de mettre à profit leurs capacités de reconnaissance des diplômes/d’évaluation et d’augmenter la transférabilité du capital humain des immigrés en fonction de l’expérience professionnelle pré-migratoire (et de l’éducation, comme nous le verrons dans la prochaine sous-section). Dans le cas de la catégorie de l’expérience canadienne, bien qu’un emploi au Canada soit essentiel pour pouvoir déposer une demande, l’immigré potentiel doit également satisfaire à des critères linguistiques et à des critères de santé, de sécurité et autres critères apparentés. La question de savoir s’il n’est pas risqué de donner trop de pouvoirs aux employeurs en ce qui concerne la sélection des immigrés, en raison des différences fondamentales entre la vision à long terme de la société, et celle à court terme des employeurs, fait

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débat. Toutefois, si les conditions initiales ont des conséquences à long terme, les avantages découlant du choix des travailleurs étrangers temporaires par les employeurs pourraient être assez importants.

La reconnaissance/la transférabilité des qualifications s’avère particulièrement difficile pour les travailleurs exerçant des métiers spécialisés, et le gouvernement fédéral a récemment mis un place un nouveau Programme des travailleurs de métiers spécialisés, qui s’appuie dans une large mesure sur les employeurs et/ou les organismes réglementaires pour valider les qualifications en amont de la migration. L’une des conditions de ce programme est que les immigrés doivent « avoir une offre d’emploi à temps plein pour une période totale d’au moins un an ou un certificat professionnel dans ce métier spécialisé, émis par un organisme provincial ou territorial » (site Internet de Citoyenneté et Immigration Canada – www.cic.gc.ca, consulté en février 2014).

Cette approche des métiers spécialisés – qui implique un contact avec un employeur et/ou un organisme réglementaire – illustre une approche plus générale de plus en plus utilisée par le gouvernement fédéral dans la sélection des immigrés. De nombreux efforts ont été déployés pour améliorer l’information avant la migration, et orienter les candidats à l’immigration vers les organismes d’accréditation compétents (relevant le plus souvent de l’autorité des provinces, et non du gouvernement fédéral) en amont de leur admission comme résidents permanents. L’objectif est d’améliorer les résultats à l’entrée sur le marché du travail et d’accélérer l’intégration économique des nouveaux arrivants. Bien entendu, l’expérience professionnelle acquise à l’étranger entre en jeu, à l’instar des diplômes évoqués à la section suivante.

Toutefois, avant d’aborder la question de l’éducation et des qualifications, il est utile d’examiner l’expérience professionnelle d’un autre point de vue. Quel que soit le niveau d’instruction, un accroissement de l’expérience professionnelle pré-migratoire implique une augmentation de l’âge des immigrés au moment de la migration. Ainsi, la diminution du taux de rendement de l’expérience professionnelle pré-migratoire peut également être interprétée comme un effet délétère lié à la hausse de l’âge au moment de l’immigration. Schaafsma et Sweetman (2001) suggèrent que les résultats des immigrés adultes sur le marché du travail se détériorent progressivement à mesure que l’âge au moment de l’immigration se rapproche des 35 ans environ, après quoi cette dégradation s’accélère brutalement. Sur la base de ce type d’informations et d’arguments démographiques (modestes), les points accordés en fonction de l’âge dans le système à points appliqué aux travailleurs qualifiés ont été modifiés pour favoriser les jeunes11.

Taux de rendement économique de l’éducation et des qualifications acquises dans le pays d’origine

La valorisation de l’éducation des immigrés sur le marché du travail canadien est un sujet complexe. L’élévation du niveau d’instruction moyen des nouveaux immigrés et la facilitation de la reconnaissance de leurs études/diplômes/qualifications est au cœur des politiques et des procédures des gouvernements fédéral et provinciaux depuis plusieurs années, et s’inscrit dans le cadre de l’amélioration du devenir professionnel des nouveaux immigrés – pour un aperçu, voir Albaugh et Seidle (2013). Cette approche à deux volets vise à la fois les immigrés et la capacité d’accueil de la nation. En fait, la question de la reconnaissance des diplômes a commencé à prendre de l’importance à une période où aucune baisse sensible du taux de rendement de

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l’éducation des nouveaux immigrés n’avait encore été constatée. Comme l’ont observé Aydemir et Skuterud (2005) à l’aide de données datant des années 1966 à 2000, il existait (et il existe toujours) un écart entre le taux de rendement de l’éducation des immigrés et celui des natifs du Canada, mais cet écart était relativement stable et ne jouait pas de véritable rôle dans la baisse des salaires à l’entrée. Toutefois, la politique visant à accroître le niveau d’instruction des nouveaux arrivants et améliorer le taux de rendement de leur éducation est susceptible d’atténuer la dégradation du devenir professionnel des nouveaux immigrés, même si le problème ne vient pas de là.

Au moment même où cette question de la reconnaissance des diplômes était abordée, la catégorie des immigrés économiques était élargie et le niveau moyen d’instruction au sein de cette catégorie sensiblement relevé. Pour les demandeurs principaux au sein de la catégorie des travailleurs qualifiés, cette élévation a essentiellement pris la forme de l’augmentation du nombre de points alloués à l’éducation. Au cours de cette période de hausse du niveau d’instruction moyen des nouveaux immigrés, l’avantage salarial à l’entrée des immigrés titulaires d’un diplôme postsecondaire dans cette catégorie a diminué par rapport aux revenus des immigrés moins instruits. Il est vraisemblable que du fait de l’augmentation de la proportion d’immigrés très instruits, les personnes possédant un faible niveau d’instruction, dont la part diminuait, devaient très probablement avoir un emploi réservé avant la migration pour obtenir suffisamment de points pour se qualifier. Cela leur conférait un avantage au moment de leur entrée sur le marché du travail et facilitait la transférabilité des compétences. Toutefois, la croissance des salaires post-migratoires des personnes très instruites est beaucoup plus rapide, si bien qu’il existe un écart considérable plusieurs années après l’arrivée12.

Le taux de rendement de l’éducation a enregistré une baisse très marquée au début des années 2000. Au cours des années précédentes, l’accent avait été particulièrement mis sur les immigrés hautement qualifiés occupant des postes d’ingénieurs et d’informaticiens. Cela répondait très largement aux demandes des employeurs, mais témoignait également de la réussite importante affichée par ce groupe, et du fait que la transférabilité de ses compétences était moins problématique que dans d’autres domaines. Comme l’ont rapporté Picot et Hou (2009), l’explosion de la bulle des technologies de l’information survenue au milieu des années 2000 a eu un impact très négatif sur le devenir professionnel de cette cohorte d’immigrés très qualifiés possédant des compétences très spécifiques, et souvent des compétences linguistiques assez mauvaises qui ne leur permettaient pas d’occuper d’autres emplois et/ou d’entreprendre. Cet épisode met en évidence les différences de perspective fondamentales évoquées plus haut entre les employeurs et la société. Les pouvoirs publics ne peuvent pas « licencier » des citoyens/résidents permanents, et le gouvernement doit adopter une perspective à la fois à court et long terme. Cet épisode attire également l’attention sur des préoccupations relatives au « zèle » des pouvoirs publics. Alors qu’il était logique de mettre quelque peu l’accent sur cette catégorie particulière de compétences, l’ampleur des efforts était disproportionnée par rapport aux risques encourus.

Dans un autre registre, la reconnaissance des qualifications étrangères des nouveaux immigrés a reçu beaucoup d’attention de la part de la population et des médias, un accent particulier étant mis sur les professions réglementées. Comme à peu près tout ce qui concerne le rendement économique de l’éducation, le tableau est ici assez compliqué. Li et Sweetman (2013) renvoient aux scores des tests internationaux (comme le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) ou le

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Programme international pour l’évaluation des compétences des adultes (PIAAC), deux programmes de l’OCDE) qui mettent en évidence des différences considérables entre les pays en termes de résultats scolaires. Ils constatent que pour les immigrés arrivés à l’âge adulte, le taux de rendement de l’éducation sur le marché du travail canadien est corrélé à leurs résultats moyens à ces tests dans leur pays d’origine. Cela signifie que les immigrés originaires de pays possédant des systèmes éducatifs de qualité, enregistrent, en moyenne, un taux de rendement de l’éducation supérieur sur le marché du travail canadien. Par ailleurs, tant Bonikowska et al. (2008) que Ferrer et al. (2006) constatent qu’il n’existe aucune différence d’un point de vue statistique entre le taux de rendement économique des compétences mesurées (par opposition aux diplômes obtenus dans divers pays) des immigrés, et celui des natifs du Canada. Owusu et Sweetman (2013), se concentrant sur les professions de santé réglementées, observent que le taux de réussite aux examens d’autorisation d’exercer des professionnels formés à l’étranger est très inférieur à celui des professionnels formés au Canada.

Plusieurs politiques ont été mises en œuvre en réponse à ces problématiques. Tout d’abord, l’évaluation des diplômes, instaurée dans le cadre du processus de sélection des demandeurs principaux dans la catégorie des travailleurs qualifiés. Auparavant, même si une vérification des diplômes (pour détecter les fraudes) était mise en œuvre, d’une manière générale, toutes les qualifications postsecondaires impliquant le même nombre d’années d’études étaient considérées comme équivalentes. Dans le nouveau modèle, les (non-)équivalences entre les qualifications étrangères et canadiennes sont prises en compte dans le système de sélection. Ensuite, comme on l’a vu en ce qui concerne l’expérience professionnelle à l’étranger, le gouvernement fédéral a amélioré l’information pré-migratoire et encourage, voire exige la vérification des qualifications des immigrés potentiels exerçant des professions réglementées avant de traiter leur demande de résidence permanente. Troisièmement, les employeurs se voient attribuer un rôle plus important dans la sélection des immigrés, ce qui dans une certaine mesure nécessite qu’ils évaluent les diplômes des immigrés/employés dans le cadre du processus de recrutement. Quatrièmement, on développe les programmes de transition scolaire qui reconnaissent l’enseignement étranger et cherchent à combler ses lacunes par rapport aux normes canadiennes afin que l’éducation pré-migratoire ne soit pas perdue mais plutôt mise à profit par l’ajout d’enseignements complémentaires13. Cinquièmement, les organismes réglementaires de nombreuses provinces sont soumis à une pression croissante afin de s’assurer que leurs procédures ne sont pas défavorables aux immigrés. Dans quatre provinces, des « commissaires à l’équité » (tels qu’on les nomme parfois) ont été désignés. Ils sont chargés de contrôler les organismes réglementaires et de recommander des réformes afin de garantir que les procédures et exigences protègent le public sans tomber dans le protectionnisme.

7.4. Les interactions entre les compétences affectent la transférabilité

Comme évoqué précédemment, par exemple en ce qui concerne l’adéquation professionnelle, des études récentes commencent à saisir l’importance empirique des interactions entre les différentes compétences des nouveaux immigrés. S’appuyant sur l’analyse évoquée plus haut, Ferrer, Green, et Riddell (2006) notent que les immigrés affichent un taux de rendement de l’éducation inférieur à celui des natifs du Canada, et que leurs connaissances de base sont également inférieures. Toutefois, une fois que ces connaissances – mesurées par des tests officiels – sont prises en compte statistiquement, il est impossible de distinguer le taux de rendement de l’éducation des

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immigrés de celui des natifs d’un point de vue statistique. Ainsi, le rendement de l’éducation de personnes possédant le même niveau de connaissances de base est identique, et le taux de rendement inférieur observé s’explique par une moins bonne maîtrise de l’anglais/du français. De même, Goldmann, Sweetman, et Warman (2011) constatent que les compétences linguistiques influent sur le taux de rendement de l’éducation. Pour les hommes comme pour les femmes, on peut considérer que le faible taux de rendement de l’éducation observé reflète les différences de taux de rendement au sein d’une population hétérogène. Ceux dont les compétences linguistiques sont très faibles affichent effectivement un taux de rendement de l’éducation nul, qui augmente avec le niveau de compétences linguistiques dans le reste de la population. Les personnes possédant d’excellentes compétences linguistiques affichent des taux de rendement de l’éducation élevés (par ailleurs, les compétences linguistiques contribuent directement aux salaires).

Historiquement, le système à points du Canada traitait chaque compétence ou caractéristique indépendamment, mais une étude plus récente met en évidence des éléments suggérant que l’ampleur empirique des interactions entre les différents ensembles de compétences n’est pas négligeable. L’éducation postsecondaire, en l’absence de compétences linguistiques appropriées, a peu de valeur sur le marché du travail du pays d’accueil. En réponse à ce type d’études, la politique de sélection a été modifiée dans certaines catégories afin que les individus possédant des niveaux d’instruction supérieurs soient obligés de posséder de meilleures compétences linguistiques pour atteindre le seuil nécessaire. Cette approche permet l’application concrète des recherches.

De manière beaucoup plus générale, le Canada élabore actuellement un système de « déclaration d’intérêt » pour la procédure de sélection, semblable à celui utilisé en Nouvelle-Zélande et à celui récemment mis en place en Australie. Bien qu’aucun détail n’ait encore été communiqué, il semble probable que ce système s’appliquera à certains volets de la catégorie économique. Pour résumer, les candidats à l’immigration expriment leur volonté d’immigrer ; le gouvernement fédéral vérifie qu’ils répondent à des critères standard minimum, l’accent étant mis sur les compétences linguistiques, parmi toutes les autres compétences. Les employeurs, les gouvernements fédéral et provinciaux peuvent par la suite puiser dans ce vivier de candidats présélectionnés. Les employeurs ont ensuite recours à leurs procédures de recrutement habituelles, qui tiennent compte des interactions entre les différentes compétences et caractéristiques propres à chaque individu, et qui permettent de contribuer de manière productive au marché du travail. Les gouvernements choisissent les personnes qui selon eux correspondent le mieux à la demande du marché du travail. Reste à savoir comment ce concept va fonctionner en pratique dans le contexte canadien. Du point de vue des employeurs, la déclaration d’intérêt va concurrencer les autres filières d’immigration, qu’ils trouveront peut-être préférables. On verra si la mise en place de ce système a des conséquences, et si oui, lesquelles, sur les autres filières.

7.5. Conclusion

Le Canada met en œuvre de nombreuses réformes politiques d’envergure en matière de sélection des immigrés, et procède également à quelques changements en ce qui concerne leur établissement et la capacité d’accueil de la société, dans un effort visant à améliorer le devenir professionnel des immigrés et à optimiser la valeur de l’immigration tant pour le pays que pour les nouveaux immigrés. La présente étude se

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concentre principalement sur les problèmes de sélection, bien que certaines initiatives en matière d’établissement, comme la nomination de commissaires à l’équité dans certaines provinces, et plus généralement des initiatives de reconnaissance des diplômes/qualifications acquis à l’étranger, soient susceptibles d’avoir des répercussions importantes sur certaines sous-catégories de nouveaux immigrés.

La plupart des mesures prises ciblent directement ou indirectement la transférabilité du capital humain, afin de mieux répondre aux besoins du marché du travail national, mais également l’évaluation des différentes compétences (notamment en anglais et en français) et des diplômes. En outre, nombre de ces mesures reconnaissent explicitement les interactions entre les différents types de compétences, et notamment le rôle crucial de la langue en ce qui concerne certains aspects de la transférabilité du capital humain.

Globalement, elles sont cohérentes avec les résultats des études empiriques, économiques notamment, dans le sens où elles peuvent être considérées comme des tentatives de résoudre les problèmes mis en évidence par divers efforts de recherche entrepris par des universités ou des groupes de réflexion. Bien entendu, comme nous l’avons vu en introduction, il n’est pas rare que l’action des pouvoirs publics ait des conséquences inattendues. Il est donc nécessaire de surveiller ses résultats afin de s’assurer que les changements observés sont bien conformes aux objectifs initiaux. Bien que cela soit techniquement difficile, il est également nécessaire de reconnaître que la quasi-totalité des études empiriques sur l’immigration au Canada se concentrent sur le bien-être économique des immigrés (intégration économique), tandis que la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés (http://laws.justice.gc.ca/fra/lois/i-2.5/ ; voir notamment l’article 3 « Objet de la loi ») se concentre principalement sur l’impact de l’immigration sur le pays d’accueil, qui est également un important thème de recherche international, bien que controversé. Entre les efforts de recherche portant sur « l’intégration » et ceux portant sur « l’impact », les résultats des immigrés tout au long du cycle de vie vont indubitablement faire l’objet de recherches plus poussées, mettant l’accent sur les répercussions budgétaires pour les pouvoirs publics.

Enfin, les recherches empiriques à grande échelle sur les ramifications des autres approches en matière de prestations de services d’établissement ne sont pas suffisamment nombreuses pour justifier la mise en œuvre de politiques fondées sur des données probantes dans ce domaine. Il convient de donner une acception large aux services d’établissement afin d’y inclure la formation linguistique, l’aide à la recherche d’emploi et d’autres services similaires, mais également l’intervention d’autres institutions majeures du marché du travail (comme les organismes réglementaires) et les mesures de lutte contre la discrimination raciale/ethnique/des immigrés, dont certaines font actuellement l’objet d’ajustements afin de faciliter la transférabilité du capital humain des nouveaux arrivants. Comme c’est le cas de la plupart des domaines d’intervention en matière d’immigration, l’établissement constitue indubitablement une « voie à double sens », avec d’une part la prestation de services visant à aider les immigrés à s’adapter et à s’intégrer à la société et au marché du travail canadiens. D’autre part, dans le même temps, on cherche également à mettre en place des mesures visant à rendre le marché du travail canadien plus « favorable aux immigrés » en améliorant sa capacité à les accueillir et à optimiser leur productivité.

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Notes

1. J’adresse mes plus sincères remerciements à Garnett Picot, Leslie Seidle, sans oublier bien d’autres collaborateurs de Citoyenneté et Immigration Canada, en particulier des domaines Politiques stratégiques et programmes, Immigration, et Recherche et évaluation, pour leurs conseils et leurs précieux commentaires ; toute erreur éventuelle serait bien entendu de mon fait. Les opinions exprimées dans la présente publication sont celles de l’auteur et n’émanent pas nécessairement des gouvernements du Canada ou de l’Ontario.

2. Le traitement rapide des demandes, qui est impossible lorsque celles-ci s’accumulent, peut grandement faciliter la transférabilité des compétences. La concordance entre les besoins du marché du travail et les compétences des immigrés peut faciliter la transférabilité en permettant à ces derniers de trouver un emploi dans un délai raisonnable et en empêchant l’atrophie des compétences pendant les périodes prolongées de recherche d’emploi. Pour plus d’informations sur les instructions ministérielles, voir www.cic.gc.ca/francais/ministere/im/index.asp#mi1.

3. Pendant la majeure partie de l’immédiat après-guerre, le taux d’immigration du Canada était en règle générale trois fois supérieur à celui des États-Unis. Toutefois, ce dernier a eu tendance à croître au cours des dernières décennies. Par ailleurs, avant 1990, l’immigration canadienne était fortement procyclique, avant de s’affranchir largement du cycle conjoncturel. Pendant plusieurs années avant les réformes entreprises récemment, quelque 450 000 personnes demandaient à entrer dans le pays chaque année, alors que le Canada visait plutôt les 250 000 entrées.

4. Suite à trois réformes distinctes mais apparentées, la récession du début des années 1990 a été la première dans l’histoire de la nation canadienne à s’accompagner d’une augmentation du taux d’immigration au lieu de la baisse constatée habituellement, avec des hausses particulièrement marquées dans la catégorie des réfugiés et celle du regroupement familial. Les nouveaux arrivants ont éprouvé beaucoup de difficultés à entrer sur le marché du travail au cours de cette récession. On peut en effet observer dans le graphique 7.1 que cette cohorte affiche les plus bas salaires à l’entrée, bien que des problèmes de composition soient également en cause dans ces résultats. Tout d’abord, comme l’ont souligné Green et Green (2004), la politique d’immigration du Canada était procyclique avant cette période. Il s’agissait de la première tentative de mettre en place une politique fondée sur des objectifs d’immigration acycliques. Ensuite, à compter de 1988, la catégorie du regroupement familial a été élargie. À cette fin, les critères d’admissibilité ont été assouplis et les enfants célibataires âgés de plus de 21 ans ont pu bénéficier d’un parrainage. La majorité de ces immigrés sont arrivés après le début de la récession de 1990-92, et un grand nombre d’entre eux étaient âgés de plus de 20 ans. Cette politique a été abandonnée en 1992. Cette troisième source de nouveaux immigrés est sensiblement différente des deux autres. Il pourrait être préférable de l’interpréter comme une reclassification administrative plutôt que comme un ajout de nouveaux entrants sur le marché du travail en période de récession ; elle souligne également les difficultés posées par l’interprétation de résultats empiriques sans connaissances institutionnelles. Le nombre d’entrées de réfugiés a

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culminé (essentiellement jusqu’en 1992) suite à la mise en œuvre d’un « programme d’élimination de l’arriéré » visant les demandes antérieures à 1988. La plupart des personnes concernées résidaient au Canada et étaient entrées sur le marché du travail avec un permis de travail temporaire avant 1988, si bien que leur « immigration » consistait en réalité en un changement de statut, non en un changement de résidence, et qu’elle n’a eu que des effets restreints sur le marché du travail. Il convient de noter que dans le cadre de ce programme, les demandeurs n’ayant pas réussi à justifier de manière crédible leur condition de réfugié étaient éligibles au statut d’immigrant admis dans d’autres catégories en fonction de leur âge, de leurs compétences linguistiques, du nombre d’années de résidence au Canada, de la présence de parents au Canada et d’autres facteurs similaires.

5. Différentes interprétations sont possibles selon que l’on examine cette tendance en termes d’effectifs (à savoir, le nombre d’individus) ou de pourcentages.

6. À noter que le graphique 7.1 porte sur l’ensemble des catégories d’immigration. Abbott et Beach (2011), et Sweetman et Warman (2013) ont mis en évidence des différences marquées d’une catégorie/sous-catégorie d’immigrés à l’autre en termes de devenir professionnel. Globalement, les demandeurs principaux des sous-catégories de l’immigration économique autres que les gens d’affaires affichent des revenus plus élevés que tous les autres groupes.

7. Le Canada ne publie pas de « taux de pauvreté » officiel. Statistique Canada calcule plutôt un seuil de faible revenu (SFR) que d’aucuns interprètent comme un taux de pauvreté, même s’il porte exclusivement sur les revenus et non sur le patrimoine.

8. Pour un aperçu comparatif des questions relatives aux « générations d’immigrés », voir Sweetman et van Ours (2014).

9. Il n’existe pratiquement aucune donnée permettant d’évaluer l’expérience professionnelle acquise dans le pays d’origine. Ainsi, les recherches s’appuient presque exclusivement sur l’expérience potentielle, qui ignore les périodes de chômage et se mesure à peu près comme suit : âge au moment de l’immigration, moins durée de la scolarité prémigratoire en années, moins 6 pour ceux qui terminent leurs études avant la migration (ou plus généralement, âge, moins nombre d’années de scolarité, moins 6). Toutefois, comme l’ont rapporté Goldmann, Sweetman, et Warman (2011), qui utilisent un ensemble de données mesurant notamment si les immigrés avaient déjà travaillé avant la migration, un nombre sensible de femmes, et une petite minorité d’hommes déclarent n’avoir jamais travaillé, et (de manière surprenante) la probabilité de n’avoir jamais occupé un emploi déclaré sur le marché du travail avant la migration n’est pas corrélée à l’âge au moment de l’immigration. Cela démontre dans une certaine mesure que l’expérience professionnelle potentielle n’est pas une mesure idéale, et qu’elle est particulièrement propice aux erreurs en ce qui concerne les femmes. Malgré ces réserves, cette mesure demeure extrêmement importante, bien qu’elle porte mal son nom. Au lieu de parler d’expérience professionnelle prémigratoire potentielle, il serait peut-être plus approprié de parler d’années entre l’obtention du diplômé à l’étranger et la migration. Observons par ailleurs qu’auparavant, les salaires postmigratoires des immigrés ayant suivi leurs études à l’étranger augmentaient avec le nombre d’années écoulées entre l’obtention du diplôme et l’immigration. Toutefois, la tendance inverse a été observée au cours des dernières décennies ; des périodes plus longues entre l’obtention du diplôme étranger et la migration sont associées à des revenus stables ou en baisse au Canada.

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10. L’absence de corrélation entre les points accordés aux professions demandées et la réussite sur le marché du travail peut s’expliquer par le fait qu’à cette période, le nombre de demandes en attente était important, environ quatre années étant nécessaires au traitement des demandes des travailleurs qualifiés. En revanche, la liste des professions demandées était mise à jour une fois par trimestre, reflétant l’évolution rapide de la demande perçue, et les points étaient attribués en fonction de la liste en vigueur au moment du dépôt de la demande. Il est vraisemblable qu’il soit nécessaire de réduire considérablement les délais de traitement pour faciliter la transférabilité des compétences professionnelles. De même, des méthodes plus adaptées sont nécessaires pour dissocier les pénuries à long terme des fluctuations artificielles à court terme, et comprendre pourquoi les salaires n’augmentent pas suffisamment pour attirer de nouveaux entrants lors des pénuries à long terme.

11. Il convient de noter que l’impact de l’immigration sur le profil démographique du pays est extrêmement modeste. Il pourrait néanmoins s’avérer utile d’améliorer (de manière marginale) les fluctuations démographiques enregistrées au Canada suite au baby-boom de l’après-Seconde guerre mondiale, plutôt que de renforcer (marginalement) ces fluctuations.

12. Je remercie Feng Hou et Garnett Picot sur ce point. En outre, bien que la plupart des mesures prises se concentrent sur les demandeurs principaux, le niveau d’instruction des conjoints tend à être corrélé positivement, comme le montrent Sweetman et Warman (2010c). Toutefois, le devenir professionnel des conjoints des demandeurs principaux tend à ne pas être aussi favorable que leurs caractéristiques pourraient le laisser présager. En outre, l’écart de revenu entre les différents niveaux d’instruction des conjoints a peu varié.

13. Les programmes de transition scolaire se distinguent des programmes d’enseignement traditionnels des community colleges et des universités. Les programmes de transition visent à compléter l’éducation prémigratoire et à lisser les différences entre les immigrés et les normes canadiennes, l’objectif étant de compléter les qualifications étrangères afin de les rendre équivalentes aux qualifications canadiennes. Ces programmes de transition sont généralement plus courts que les cursus canadiens correspondants puisqu’ils tiennent compte de l’enseignement reçu par les immigrés avant la migration.

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7. LA TRANSFÉRABILITÉ INTERNATIONALE DU CAPITAL HUMAIN DES IMMIGRÉS : L’EXPÉRIENCE DU CANADA – 271

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 273

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Chapitre 8

Compétences des migrants : Utilisation et inadéquation des compétences et performances sur le marché du travail

Une première exploitation des données issues de l’Évaluation des compétences des adultes (PIAAC)

Sara Bonfanti et Theodora Xenogiani OCDE

L’objectif de ce chapitre est d’analyser les résultats de la nouvelle Enquête sur l’évaluation des compétences des adultes (PIAAC), afin d’obtenir une vision détaillée des compétences des migrants en littératie et numératie et de les comparer avec celles des autochtones, ainsi que pour évaluer la manière dont ces compétences sont utilisées sur le marché du travail et leur valeur sur ce marché. Il propose une description de l’Évaluation des compétences des adultes et des différences qui prévalent entre migrants et autochtones en fonction de leurs niveaux de compétence en littératie et numératie. Une discussion s'ensuit sur la mesure dans laquelle la langue et les qualifications acquises à l’étranger expliquent en partie ces différences. En outre, le chapitre analyse les résultats sur le marché du travail (emploi, incidence du déclassement et salaires) des migrants par rapport aux autochtones et explique comment les résultats de ces derniers diffèrent selon les groupes de migrants, ainsi que le rôle joué par le niveau en littératie et d'autres facteurs pertinents. L'analyse des salaires accorde une attention particulière aux rendements de l'éducation, de la littératie et de la numératie, ainsi qu’à l'expérience professionnelle, en faisant la distinction entre celle acquise à l’étranger et celle acquise dans le pays d’accueil. Le chapitre se termine par un résumé des principaux résultats et de leur pertinence pour la politique et fait des propositions pour les travaux futurs.

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274 – 8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES

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8.1. Introduction

Ces dix dernières années, dans les pays de l’OCDE, les tendances migratoires ont été caractérisées par la hausse spectaculaire du nombre d’immigrés titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur. En 2010, on dénombrait 27 millions d’immigrés diplômés de l’enseignement supérieur au sein de la zone OCDE, soit une hausse de 70 % depuis 2000 (Nations unies et OCDE, 2013). Cette évolution est la résultante, d’une part de l’augmentation du niveau d’instruction de la population mondiale et, d’autre part, de la demande persistante de compétences ainsi que de l’application, dans nombre de pays de l’OCDE, de politiques migratoires de plus en plus sélectives. Si les travaux de recherche constatent que les immigrants sont surreprésentés parmi les personnes qui ont un niveau d’études élevé, on dispose en revanche de moins d’informations sur les compétences dont ils sont effectivement dotés lorsqu’ils arrivent et sur l’utilisation qu’ils en font sur le marché du travail.

Les politiques migratoires des pays de l’OCDE sont de plus en plus sélectives. En outre, la concurrence pour attirer les talents s’est considérablement intensifiée, non seulement entre les pays de l’OCDE, mais aussi entre ces pays et des économies émergentes à la recherche d’une main-d’œuvre très qualifiée. Par conséquent, beaucoup de pays de l’OCDE cherchent à sélectionner et à attirer les migrants dotés des compétences qu’ils recherchent. On dispose cependant de peu d’informations sur les résultats de ces politiques et sur le point de savoir si elles permettent effectivement d’attirer les personnes les plus qualifiées et les plus talentueuses. De surcroît, des questions importantes se posent au sujet de la manière dont les compétences dont sont dotés les migrants lorsqu’ils arrivent sont effectivement utilisées sur le marché du travail. Il est en effet important, pour évaluer les politiques d’immigration et d’intégration, de disposer d’informations précises sur ces compétences et sur leur utilisation sur le marché du travail. Ces informations doivent également être prises en compte dans les politiques de l’éducation et de l’emploi si l’on veut « tirer le meilleur parti de l’immigration ».

Les performances des immigrés sur le marché du travail (en termes de taux d’emploi, d’adéquation entre les qualifications et l’emploi exercé, de rémunérations) est, en moyenne, moins favorable que celle des autochtones, y compris pour les personnes qui ont un niveau d’études élevé. Dans certains cas, cette situation perdure même après plusieurs années de séjour dans le pays. Les données empiriques révèlent que les compétences des migrants sont fortement sous-utilisées, en particulier lorsqu’elles ont été acquises à l’étranger et/ou lorsqu’il existe des différences culturelles et linguistiques importantes entre le pays d’origine et le pays d’accueil. Il est important de comprendre les raisons de cette sous-utilisation ainsi que d’analyser pourquoi le rendement de l’éducation formelle est plus faible pour les migrants, afin d’adapter les politiques d’immigration et d’intégration de manière à tirer le meilleur parti de l’immigration et à permettre aux migrants de s’intégrer au marché du travail et à la société du pays d’accueil.

L’objectif de ce chapitre est d’analyser les résultats de la nouvelle Enquête sur l’évaluation des compétences des adultes (PIAAC), afin d’obtenir une vision détaillée des compétences des migrants en littératie et numératie et de les comparer avec celles des autochtones, ainsi que pour évaluer la manière dont ces compétences sont utilisées sur le marché du travail et leur valeur sur ce marché. Cette nouvelle source de données permet de tenter d’apporter une réponse aux questions posées plus loin concernant les

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 275

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politiques migratoires et les compétences des migrants, questions qui, faute de données, n’avaient jusqu’à présent pas été traitées de manière exhaustive. Enfin et surtout, l’Évaluation des compétences des adultes permet d’effectuer des comparaisons entre des pays qui diffèrent en termes de politiques d’immigration et d’intégration, d’histoire migratoire et de situation de l’emploi. Ce chapitre tente de répondre à certaines de ces importantes questions et en pose d’autres qui pourraient ouvrir de nouvelles pistes pour la conduite de travaux destinés à éclairer l’élaboration des politiques publiques.

La suite du chapitre est organisée comme suit. La section 8.2 présente l’Évaluation des compétences des adultes et les caractéristiques élémentaires des migrants. La section 8.3 porte sur les compétences des migrants et les comparent à celles de la population autochtone. Elle distingue le niveau d’études officiel des compétences évaluées, plus particulièrement des compétences en littératie, en numératie et en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique. La section 8.4 analyse la probabilité de travailler puis se concentre sur le taux de déclassement et les déterminants du déclassement, en d’autres termes sur l’adéquation entre les compétences des travailleurs et celles nécessaires pour exercer l’emploi qu’ils occupent. Cette analyse du déclassement s’appuie également sur les réponses aux questions subjectives posées dans l’Évaluation des compétences des adultes. La section 8.5 présente une analyse des différences de rémunération entre migrants et autochtones. Elle s’attache plus spécifiquement aux rendements de la scolarité, ainsi qu’aux compétences en littératie et numératie et à l’expérience professionnelle, en faisant la différence entre l’expérience acquise à l’étranger et celle acquise dans le pays d’accueil. La section 8.6 propose, en guise de conclusion, des pistes à explorer pour de futurs travaux.

8.2. Description des données

L’Évaluation des compétences des adultes constitue une source de données sans équivalent, qui fournit de nombreuses informations sur les compétences des adultes (âgés de 16 à 65 ans) en littératie, numératie et en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique. Elle porte sur 20 pays de l’OCDE1, auxquels s’ajoutent Chypre2,3 et la Fédération de Russie, et trois entités infranationales – Flandres (Belgique), Angleterre (Royaume-Uni) et Irlande du Nord (Royaume-Uni). Selon leurs compétences en informatique, les personnes dont les aptitudes en littératie et en numératie4 ont été testées ont utilisé un ordinateur portable ou rempli un carnet de test imprimé. Celles qui avaient de très faibles aptitudes en littératie n’ont pas réalisé les tests de littératie, numératie et résolution des problèmes dans leur intégralité, et ont été soumises à la place à un test destiné à évaluer leurs compétences élémentaires dans les « composantes de lecture ». Cette évaluation portait sur le vocabulaire et la capacité à déterminer le sens d’une phrase et à lire couramment des passages d’un texte.

Comparativement aux enquêtes existantes, telles que IALS (International Adult Literacy Survey) et ALL (Adult Literacy and Life Skills Survey) (voir OCDE/Statistique Canada, 2000), l’Évaluation des compétences des adultes rend mieux compte de l’hétérogénéité des compétences parmi les personnes qui ont un niveau d’études élevé, parce qu’elle permet une analyse plus fine des compétences actuellement exigées des travailleurs qui occupent des postes qualifiés. Par exemple, dans l’enquête, la littératie englobe la lecture de textes en prose et de documents mais aussi de textes numérisés. En outre, même si le concept de numératie n’a pratiquement

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276 – 8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES

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pas évolué entre l’enquête ALL (à l’occasion de laquelle il a été introduit pour la première fois) et PIAAC, cette dernière fournit beaucoup plus d’informations pour la construction de l’échelle de compétence en numératie (OCDE, 2013b).

En moyenne dans les différents pays, 74 % des personnes évaluées ont effectué le test sur un ordinateur portable et quelque 21 % l’ont effectué sur le support imprimé, soit parce qu’elles n’avaient pas ou pratiquement pas de compétences informatiques, soit parce qu’elles ont indiqué préférer le support imprimé5. L’évaluation de la capacité à résoudre des problèmes dans un environnement à forte composante technologique était facultative et n’a donc été réalisée que dans 20 pays. Outre ces tests, l’Évaluation des compétences des adultes recueille de nombreuses données sur les caractéristiques individuelles, l’éducation formelle et les compétences mobilisées au quotidien dans la vie professionnelle et privée. Elle fournit en particulier de nombreuses données sur les activités en lien avec la lecture et la numératie accomplies par les personnes testées, sur l’utilisation des technologies de l’information et de la communication au travail et dans la vie quotidienne. PIAAC comporte également une série de questions sur l’inadéquation des qualifications et des compétences des personnes interrogées par rapport à celles exigées par leur travail.

Qui plus est, l’Évaluation des compétences des adultes comporte une série complète de questions s’adressant spécifiquement aux personnes nées à l’étranger. Elle fournit ainsi des données sur le pays de naissance de la personne testée et de ses parents, ce qui permet non seulement de distinguer les personnes nées à l’étranger de celles nées dans le pays, mais aussi d’identifier les immigrés de la deuxième génération. Les personnes interrogées sont également invitées à indiquer leur date d’arrivée dans leur pays de résidence et la date à laquelle elles ont acquis leur qualification la plus élevée, ce qui permet de faire la différence entre les migrants arrivés récemment dans le pays d’accueil et ceux installés de plus longue date, ainsi qu’entre ceux qui ont acquis leurs qualifications dans le pays d’accueil et ceux qui les ont acquises à l’étranger. En outre, une série de questions permet de connaître la langue que les personnes interrogées ont apprise dans leur enfance et qu’elles parlent et comprennent encore.

De surcroît, l’Évaluation des compétences des adultes pose de nombreuses questions sur l’activité professionnelle et la situation au regard de l’emploi et recueille des informations précises sur la rémunération. Il est rare qu’une enquête comporte à la fois des questions détaillées sur la rémunération et des questions s’adressant spécifiquement aux migrants, si bien que l’enquête offre une occasion inédite d’analyser les salaires des migrants par rapport à ceux des autochtones et de dresser un tableau des différents groupes de migrants dans différents pays.

Indubitablement, l’Évaluation des compétences des adultes est un excellent outil pour étudier nombre de problématiques relatives aux compétences des migrants et à la manière dont elles sont utilisées et récompensées sur le marché du travail. Elle comporte cependant des limites à ne pas oublier. La principale tient au fait que dans tous les pays, sauf au Canada, au Royaume-Uni, en Estonie, en France, en Corée et en Pologne, elle porte sur un échantillon d’environ 5 000 personnes. Les migrants représentant, en moyenne dans les pays participants, environ 13 % de la population âgée de 16 à 65 ans, le nombre d’observations est en réalité plus faible, en particulier lorsque les migrants sont répartis dans diverses catégories en fonction de leurs caractéristiques. En outre, la base de sondage peut également présenter des limites en ce qui concerne les migrants parce qu’il est difficile d’y intégrer les migrants

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 277

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temporaires, parce que les migrants hébergés dans des structures collectives ne sont pas pris en compte et parce qu’elle présente les mêmes limites que les autres sources de données (les enquêtes sur la population active, par exemple) s’agissant de la prise en compte des immigrés en situation irrégulière.

Comme le montre le tableau 8.1, l’échantillon de migrants est particulièrement petit au Japon, en Corée et en République slovaque, pays où les migrants représentent moins de 2.5 % de la population totale. Il s’agit là d’un pourcentage conforme à celui résultant d’autres sources de données6. Ces pays ont donc été exclus des analyses nécessitant une ventilation fine des migrants. En République tchèque et en Finlande, de même qu’en Belgique, en Italie et aux Pays-Bas, les données présentent aussi des limites lorsqu’une ventilation fine doit être effectuée. Du fait des limites tenant à la taille de l’échantillon et à la disponibilité des variables pertinentes (voir ci-dessous), tous les pays n’apparaissent pas systématiquement dans tous les graphiques et tableaux de ce chapitre. À noter qu’en Belgique, l’Évaluation des compétences des adultes ne porte que sur la Flandre, mais que dans un souci de simplicité, tous les graphiques du document présentent les résultats comme s’ils se rapportaient à la Belgique. Il en va de même pour le Royaume-Uni qui se réfère à des données pour l’Angleterre et l’Irlande du Nord uniquement.

Tableau 8.1. Échantillon PIAAC, nombre d'observations et pourcentages

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans. La dernière colonne présente la part de personnes nées à l'étranger parmi les 16-65 en tenant compte du plan de sondage de l'enquête (les poids correspondants ont été utilisés).

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Comme indiqué précédemment, les participants sont invités à nommer le pays dans lequel ils ont obtenu leur qualification la plus élevée, ce qui constitue une dimension fondamentale de l’analyse des compétences des migrants et de leur utilisation sur le marché du travail. Cependant, cette variable a finalement une utilité limitée parce qu’elle ne se rapporte qu’à un sous-ensemble de la population immigrée. C’est pourquoi la variable relative aux qualifications étrangères a été calculée sur la base

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278 – 8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES

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d’une comparaison entre l’année d’acquisition de la qualification la plus élevée et l’année d’arrivée dans le pays d’accueil, conformément à une pratique souvent adoptée pour d’autres sources de données. On ne peut donc pas exclure des erreurs de mesure, en particulier pour les personnes qui ont fait des études dans le pays d’accueil, puis l’ont quitté avant de revenir. En outre, on n’obtient aucune information sur les autochtones qui ont acquis une qualification à l’étranger. Enfin, l’Évaluation des compétences des adultes ne renseigne pas sur la raison pour laquelle les personnes ont émigré (ou sur la nature de leur visa d’entrée), qui constitue pourtant une dimension essentielle du processus migratoire et influence fortement la situation ultérieure des migrants sur le marché du travail.

De surcroît, les informations ne sont pas toutes disponibles dans tous les pays qui participent à l’enquête. Le tableau 8.A1.1 en annexe, qui fait apparaître la part de migrants présentant certaines caractéristiques (âge auquel ils ont émigré, durée de séjour, etc.), permet également de savoir dans quels pays certaines de ces variables ne sont pas connues. Par exemple, on ne dispose pas de données détaillées sur le pays de naissance des migrants en Allemagne en Australie, et sur l’année d’arrivée en Australie. En Australie, il n’est donc pas possible de faire la différence entre les migrants arrivés depuis peu (dont la durée de séjour ne dépasse pas cinq ans) et ceux qui sont dans le pays depuis plus longtemps, ni de ventiler les migrants en fonction de l’âge auquel ils ont quitté leur pays d’origine. Il n’est pas possible non plus de construire la variable sur la qualification étrangère. De surcroît, la mesure de la capacité à résoudre des problèmes dans un environnement à forte composante technologique était facultative et n’a pas été effectuée en France, en Italie et en Espagne.

Enfin, l’exploitation des données de l’Évaluation des compétences des adultes suppose d’utiliser un outil statistique pour estimer correctement les erreurs types. Cet outil tient compte de la base de sondage de l’enquête et neutralise les effets de l’erreur d’échantillonnage au moyen de la procédure de rééchantillonnage « jackknife » (Jackknife Repeated Replication). Il tient également compte d’éventuelles erreurs de mesure imputables aux différentes valeurs plausibles pour les variables d’évaluation (littératie, numératie, résolution des problèmes), tous les participants n’ayant pas été testés sur tous les sujets. L’utilisation de cet outil entraîne des contraintes quant au type d’outils analytiques qui peuvent être employés mais aussi si les pays peuvent être regroupés. Cette contrainte revêt une importance particulière s’agissant de l’analyse des résultats pour différents groupes de migrants, lesquels groupes sont de petite taille dans nombre des pays participant à l’enquête. Enfin et surtout, il faudrait, pour apporter des réponses à certaines des questions importantes du point de vue de l’action publique évoquées plus haut, effectuer une ventilation plus fine des migrants et/ou regrouper des pays d’accueil, ce que l’outil statistique ne permet pas de faire simplement.

8.3. Compétences des migrants et comparaison avec celles des autochtones

Niveau d’études des migrants Dans nombre de pays de l’OCDE, les migrants sont surreprésentés aux deux

extrémités de l’échelle du niveau d’études. Comparativement aux autochtones, ils sont surreprésentés parmi les diplômés de l’enseignement supérieur dans beaucoup de pays, la Belgique, la Finlande, l’Allemagne, la France, l’Italie, les Pays-Bas et l’Espagne faisant cependant exception (graphique 8.1). La proportion de migrants parmi les diplômés de l’enseignement supérieur est identique à la proportion d’autochtones

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 279

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(35 %) aux États-Unis, tandis qu’elle est supérieure dans d’autres pays, en particulier au Canada (de 16 points de pourcentage), en Australie (19 points) et au Royaume-Uni (15 points). La différence est légèrement plus faible mais reste importante en Irlande (12 points) et en Estonie (8 points). Le fait que la proportion de personnes ayant un niveau d’études élevé soit plus forte parmi les migrants arrivés depuis peu dans leur pays d’accueil (cinq ans au maximum) que parmi ceux installés depuis plus longtemps témoigne de la sélectivité croissante des politiques d’immigration. Dans la majorité des pays représentés sur le graphique 8.A1.1 en annexe, la part des migrants arrivés depuis peu et diplômés de l’enseignement supérieur est plus élevée que celle des migrants arrivés depuis peu ayant un faible niveau d’études. En outre, les migrants arrivés récemment sont surreprésentés parmi les migrants qui ont un niveau d’études élevé. L’écart est relativement important en Allemagne, aux États-Unis, en Estonie, en Autriche et au Danemark.

Graphique 8.1. Niveau d'éducation selon le lieu de naissance

Pourcentages

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans. Un niveau d'éducation bas fait référence à un niveau inférieur au secondaire supérieur et un niveau d'éducation élevé à l'enseignement tertiaire.

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Dans tous les pays sauf en Autriche, en Allemagne, en France, en Italie, aux Pays-Bas, en Suède et en Espagne, la part des migrants diplômés de l’enseignement supérieur est plus élevée que la part des migrants ayant un faible niveau d’études. Cet écart est particulièrement net au Canada, où 58 % des personnes nées à l’étranger ont un niveau d’études élevé, tandis que 11 % seulement ont un niveau d’études faible, en Estonie (44 % contre 8 %), au Royaume-Uni (48 % contre 19 %) et en Pologne (46 % contre 13 %). A contrario, en Espagne, 48 % des migrants ont un faible niveau d’instruction tandis que 21 % seulement ont un niveau élevé. Ces différences de niveau d’instruction entre pays s’expliquent par plusieurs facteurs, qui peuvent être liés aux politiques migratoires, à la géographie et aux caractéristiques de la demande de main-d’œuvre.

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280 – 8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Le graphique 8.2 montre que dans la majorité des pays, à l’exception du Canada, du Royaume-Uni, de la France et de l’Irlande, les migrants originaires des pays de l’Union européenne ont, dans l’ensemble, un niveau d’études plus élevé que ceux non originaires de l’Union européenne. En Autriche (Norvège), la part des personnes ayant un faible niveau d’instruction parmi les migrants de l’Union européenne représente 13 % (14 %), contre respectivement 40 % (35 %) pour les migrants originaires de pays non membres de l’Union européenne. À l’inverse, en Irlande, les migrants originaires de l’Union européenne représentent environ les trois quarts des immigrés et 37 % d’entre eux environ ont suivi des études supérieures, contre 55 % des immigrés non originaires de l’Union européenne.

Graphique 8.2. Niveau d’éducation des personnes nées à l'étranger selon le pays d’origine (UE/non-UE) Pourcentage de la population immigrée respective

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans. Un niveau d'éducation bas correspond à un niveau inférieur au secondaire supérieur et un niveau d'éducation élevé à l'enseignement tertiaire.

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Le tableau 8.2 présente, pour quelques pays de l’OCDE, la proportion de migrants (tous niveaux d’instruction confondus) qui ont suivi leurs études à l’étranger. Dans tous les pays, sauf en Estonie, la majorité des migrants ont acquis leur qualification la plus élevée avant d’arriver dans leur pays d’accueil. Dans la plupart des pays, la part de migrants titulaires d’une qualification acquise à l’étranger7 est comprise entre 53 % et 63 %. Ces chiffres corroborent ceux présentés par Damas de Matos et Liebig (2012) à partir de données sur la population active relatives aux pays européens et aux États-Unis. En Espagne et en Autriche, la part de migrants qui ont suivi leurs études à l’étranger est plus élevée, s’établissant à respectivement 77 % et 70 %. Celle des migrants ayant acquis leur qualification dans le pays d’accueil est plus élevée parmi les diplômés de l’enseignement supérieur, sauf au Canada, en Irlande et en Allemagne. Aux États-Unis, la proportion de titulaires d’un diplôme de l’enseignement qui ont acquis leur qualification aux États-Unis est élevée (63 %) comparativement à ce qui est observé dans tous les autres pays (sauf la France). Ce phénomène pourrait s’expliquer par le grand nombre d’étudiants internationaux (684 000 en 2010) présents aux États-Unis, qui fait du pays la première destination des étudiants qui étudient à l’étranger. Cet argument vaut peut-être également pour la France, quatrième destination des étudiants internationaux au sein de l’OCDE (avec 260 000 étudiants en 2010).

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Niveau d'éducation bas Niveau d'éducation élevé Pourcentage d'immigrés nés dans l'UE (axe de droite)

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 281

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Tableau 8.2. Part d’immigrés qui ont une éducation étrangère, selon le niveau d’éducation et le pays d’origine (UE/non-UE)

Pourcentages

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans. Les données australiennes ne permettent pas de savoir dans quel pays le diplôme le plus élevé a été obtenu, donc le pays ne figure pas dans le tableau. De plus, les données allemandes ne permettent pas de distinguer les migrants venant d'un pays de l'Union européenne de ceux venant d'un pays non-UE.

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Dans l’ensemble des pays à quelques exceptions près (Canada, Finlande, Italie, Espagne et États-Unis), les migrants originaires de l’Union européenne ont une plus forte probabilité d’être titulaires d’une qualification étrangère que ceux originaires de pays non membres de l’Union européenne. Aux États-Unis, les trois quarts des migrants originaires de l’Union européenne ont acquis leur diplôme de l’enseignement supérieur sur place, tandis qu’en France, deux tiers des migrants non originaires de l’UE ont suivi leurs études en France. Ces différences entre pays et, surtout, entre migrants originaires et non originaires de l’UE se retrouveront probablement dans les comparaisons des résultats en matière de compétences en littératie, présentées dans les sections qui suivent.

Résultats des migrants aux tests d’évaluation des compétences en littératie, numératie et résolution des problèmes

Dans l’Évaluation des compétences des adultes, la littératie est définie comme l’aptitude à traiter des textes écrits. Pour tenir compte des caractéristiques de multiples environnements professionnels, on évalue cette aptitude en faisant appel, non seulement à des textes imprimés, mais aussi à des textes numérisés, par exemple des pages de sites Internet. Les personnes testées ont été successivement confrontées à différentes tâches, qui les invitaient par exemple à identifier et traiter les informations d’un ou plusieurs textes. Selon la difficulté des textes et la tâche demandée, elles pouvaient être invitées à identifier un élément d’information explicite ou, au contraire, à restituer des informations implicites à partir de plusieurs sources. De même, elles

Toutes les personnes nées à l'étranger

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Tous les niveaux d'éducation Niveau d'éducation élevé

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282 – 8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

pouvaient ne pas avoir à traiter l’information identifiée mais aussi devoir arbitrer entre deux arguments opposés et faire appel à des connaissances générales.

Le niveau de littératie individuel des personnes interrogées a été déterminé par le score global obtenu dans les diverses tâches. Pour être classé dans le niveau 5, il fallait en principe être capable de rechercher des informations dans plusieurs textes denses, d’évaluer différents points de vue et d’effectuer des inférences de haut niveau. Au niveau 4, il fallait pouvoir extraire d’un texte long les informations pertinentes en plusieurs étapes et effectuer des inférences complexes sur cette base. Au niveau 3, il fallait comprendre un texte long ou dense et effectuer des inférences de plusieurs niveaux. Au niveau 2, il fallait regrouper au moins deux éléments d’information et effectuer des inférences simples, et au niveau 1 il fallait extraire d’un texte relativement court un élément d’information seulement et utiliser un vocabulaire élémentaire. Enfin, en-deçà du niveau 1, il fallait trouver une information dans un texte court sur un sujet familier, à partir d’un mot cité à la fois dans l’énoncé de la tâche et dans le texte (pour plus de détails sur les niveaux, voir le tableau 2.2 dans OCDE, 2013b).

En moyenne, dans les pays de l’OCDE qui participent à l’Évaluation des compétences des adultes, les personnes nées à l’étranger obtiennent de moins bons scores que les autres en littératie, ce qui semble en contradiction avec les données sur le niveau d’études présentées dans la section précédente (graphique 8.3). La différence s’établit à 27 points en moyenne, ce qui correspond à la moitié d’un niveau sur l’échelle de compétence en littératie. Il existe cependant de fortes disparités entre les pays, qui peuvent être répartis dans trois grands groupes. Premièrement, dans des pays d’Europe centrale et orientale comme la République slovaque et la République tchèque, les compétences en littératie des migrants sont identiques à celles des autochtones. Cette situation pourrait s’expliquer par la proximité linguistique entre ces pays et ceux dont sont originaires la majorité des migrants. Dans un deuxième groupe de pays, composé de pays anglophones (comme le Royaume-Uni et l’Irlande) et de pays qui ont introduit un système de points dans leurs politiques migratoires (Australie et Canada), l’écart entre migrants et autochtones est faible. En Australie et au Canada, cette situation pourrait être liée au fait que ces pays appliquent une politique migratoire qui présélectionne les personnes ayant un niveau d’études élevé et/ou maîtrisant bien l’anglais comparativement à d’autres langues. Elle s’explique également par le fait que les politiques d’intégration en place dans ces pays reposent sur l’idée que la maîtrise et l’apprentissage de la langue sont indispensables à une intégration réussie sur le marché du travail. Dans le troisième groupe, qui comprend les pays nordiques (Suède, Finlande, Norvège et Danemark) et des pays d’Europe centrale (France, Belgique, Allemagne et Pays-Bas), ainsi que la Corée et les États-Unis, les autochtones affichent des compétences en littératie nettement supérieures à celles des personnes nées à l’étranger. L’écart est particulièrement important en Suède et en Finlande, peut-être en raison du manque de proximité entre la langue de ces pays et celle des pays d’origine. En Suède plus encore que dans les autres pays, il pourrait aussi s’expliquer par le nombre élevé de réfugiés originaires de pays éloignés.

Aux États-Unis, l’écart entre immigrés et autochtones sur le plan des compétences en littératie est, dans une certaine mesure, conforme aux résultats relatifs au niveau d’études (graphique 8.1) et pourrait être lié à la composition de la population immigrée par pays d’origine (aux États-Unis, les migrants originaires du Mexique et maîtrisant l’anglais sont majoritaires parmi les immigrés) et à la plus forte proportion de familles immigrées dans le total des flux migratoires (OCDE, 2013a). Cet écart est également

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 283

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

conforme aux conclusions d’autres études (Antecol et al., 2003), selon lesquelles des facteurs géographiques expliquent que les immigrés installés aux États-Unis maîtrisent moins bien l’anglais que ceux vivant au Canada et en Australie.

Graphique 8.3. Performance en littératie selon le lieu de naissance Points de score en littératie

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans. 50 points de score sur l'échelle des compétences en littératie correspondent à un niveau de compétence en littératie.

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Ces différences de tendance entre pays et entre migrants et autochtones pourraient dissimuler des écarts importants en termes de structure d’âge de la population et de caractéristiques de la population immigrée du pays, qui dépendent elles-mêmes dans une large mesure des tendances migratoires historiques. Selon OCDE (2013b), les différences de compétences en littératie entre les pays de l’OCDE s’expliquent en partie par des disparités au niveau de la structure d’âge des populations nationales. Selon cette hypothèse, si la structure d’âge de la population immigrée est très différente de celle de la population autochtone, cet écart pourrait concourir à expliquer les différences de compétences en littératie entre ces deux groupes. Le graphique 8.A1.2 en annexe présente les différences brutes entre les deux groupes et les différences ajustées pour l’âge et le sexe. Dans la majorité des pays, la prise en compte de l’âge et du sexe n’a pas d’incidence sensible sur les tendances présentées par le graphique 8.3, ce qui laisse penser que les tendances brutes observées ne sont pas dues aux différences d’âge et de sexe. Il est cependant possible que ce résultat dissimule des différences de compétences en littératie entre les migrants jeunes et les migrants plus âgés liées à l’amélioration de la maîtrise de la langue. Les immigrés jeunes ont, en moyenne, un niveau d’instruction plus élevé que leurs aînés et sont donc plus susceptibles d’avoir de meilleures compétences en littératie. Toutefois, ayant, en moyenne, passé moins de temps dans le pays d’accueil, il est possible qu’ils en maîtrisent moins bien la langue. Ces deux effets pourraient s’annuler, ce qui expliquerait que la prise en compte de l’âge ne modifie pas l’écart de littératie entre migrants et autochtones.

Les compétences en littératie englobent deux catégories d’aptitudes au moins : d’une part les aptitudes en littératie stricto sensu, liées au niveau d’études et à la qualité des études suivies, et, d’autre part, la maîtrise de la langue. Selon toute vraisemblance, en moyenne, les immigrés maîtrisent moins bien la langue de leur pays d’accueil que

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284 – 8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES

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les autochtones, si bien que même à compétences cognitives similaires, ils devraient obtenir des scores plus faibles que les autochtones. Un phénomène similaire pourrait être observé s’agissant de l’évaluation de la numératie, du fait qu’une bonne connaissance de la langue est nécessaire pour comprendre les questions posées dans l’Enquête sur l’évaluation des compétences des adultes pour tester la numératie, comme décrit dans Perspectives de l’OCDE sur les compétences 2013 – et y apporter une réponse. De fait, il existe une corrélation relativement forte entre littératie et numératie – 0.77 pour les autochtones et 0.80 pour les migrants –, et les résultats en matière de compétences en numératie (graphique 8.4) sont très similaires aux résultats en matière de compétences en littératie ; de même, les différences entre migrants et autochtones ne sont que légèrement plus importantes s’agissant des compétences en numératie, bien que cette différence ne soit pas statistiquement significative.

Graphique 8.4. Performance en numératie selon le lieu de naissance Points de score en numératie

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans.

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Les scores présentés dans les graphiques 8.3 et 8.4 sont des valeurs moyennes au niveau national et peuvent dissimuler des différences de distribution entre les niveaux de l’échelle de compétence. Il est donc intéressant d’examiner la manière dont les personnes sont réparties, en fonction de leur pays d’origine, dans les différents niveaux de compétence (graphique 8.5). Il existe des écarts importants entre migrants et autochtones dans les pays nordiques et aux Pays-Bas. Ainsi, au Danemark, près de 40 % des migrants sont classés dans le niveau 1 ou dans le niveau inférieur, alors que ce pourcentage n’est que de 13 % pour la population autochtone. Aux niveaux 4 et 5, il existe également de fortes disparités entre migrants et autochtones mais moins de différences entre pays s’agissant des migrants. Ainsi, dans les pays qui figurent dans le graphique 8.5, environ 7 % des personnes nées à l’étranger affichent un niveau de littératie élevé (contre 13 % pour les autochtones). Ce pourcentage est compris entre 1 % en Italie, 3 % en France et en Espagne et 16 % en Australie. Les données présentées dans le graphique 8.5 confirment les constatations de l’Enquête IALS présentées dans OCDE et Statistique Canada (2000) et dans Kahn (2004), selon lesquelles dans les pays de l’OCDE, les migrants sont concentrés aux deux extrémités de l’échelle des qualifications.

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 285

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Graphique 8.5. Distribution des niveaux de compétence en littératie selon le lieu de naissance

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans.

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Encadré 8.1. La résolution des problèmes dans des environnements à forte composante technologique dans l’Évaluation des compétences des adultes

L’Évaluation des compétences des adultes teste également la capacité des adultes à résoudre des problèmes dans des environnements à forte composante technologique. D’après les Perspectives de l’OCDE sur les compétences 2013, cette « évaluation est conçue pour mesurer la capacité des adultes à résoudre des problèmes pour lesquels ils doivent utiliser des applications informatiques afin accéder à l’information nécessaire et dont la résolution nécessite l’utilisation d’outils informatiques ou est simplifiée par cette utilisation. Il s’agit d’évaluer à la fois la maîtrise de l’informatique et les compétences cognitives nécessaires pour résoudre des problèmes ». S’il faut avoir des connaissances élémentaires en informatique pour passer le test, la maîtrise de l’informatique n’est pas la principale compétence que le test cherche à évaluer. La complexité de l’évaluation de la capacité à résoudre un problème tient à la multiplicité des compétences qu’il faut mobiliser mais aussi aux divers outils que la personne doit utiliser pour résoudre le problème. Le pourcentage de personnes qui ont participé à ce test varie sensiblement d’un pays à l’autre. Il est compris entre un minimum de 24 % en Estonie à un maximum de 87.9 %, en Suède. De surcroît, l’Italie, la France et l’Espagne n’ont pas participé à ce test.

Le graphique ci-après présente les résultats de l’évaluation de la capacité à résoudre des problèmes par niveau et selon que les personnes testées soient autochtones ou nées à l’étranger. On observe que dans certains pays, les personnes qui n’ont pas été soumises à l’évaluation, soit parce qu’elles ont échoué au test de base en informatique, soit parce qu’elles n’avaient pas d’expérience en informatique, représentent une part non négligeable de la population. En moyenne, 13.5 % des migrants vivant dans les pays qui apparaissent sur le graphique ci-après ont renoncé à passer l’évaluation informatisée, contre environ 10 % des autochtones. Un cinquième des migrants environ (22 %) ont échoué au test informatique de base ou n’avaient pas l’expérience en informatique nécessaire pour passer le test. Ce pourcentage était deux fois plus faible parmi les autochtones. Il existe cependant de fortes disparités entre les pays. Ainsi, en République slovaque, plus de 60 % des migrants ont renoncé ou échoué au test et en Corée et en Estonie, ce pourcentage est proche de 50 %*. Dans la plupart des pays, une même proportion de personnes sont classées dans le niveau 1 parmi les migrants et parmi les autochtones. Les écarts les plus nets concernent le niveau 2 : alors qu’en moyenne 18 % de migrants sont classés dans le niveau 2, ce pourcentage est de 30 % pour les autochtones. Cet écart est important en Suède (21 points de pourcentage en faveur des autochtones), en Norvège, aux Pays-Bas et en Allemagne (18 points de pourcentage), au Danemark (17 points) et en Finlande (14 points).

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286 – 8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES

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Encadré 8.1. La résolution des problèmes dans des environnements à forte composante technologique dans l’Évaluation des compétences des adultes (suite)

Distribution des niveaux de compétence en résolution de problèmes selon le lieu de naissance Pourcentages

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans. La France, l'Italie et l'Espagne n'ont pas participé à l'évaluation des compétences en résolution de problèmes dans des environnements à forte composante technologique.

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

* Étant donné ces limites de l’évaluation de la capacité à résoudre des problèmes, cette évaluation n’est pas prise en compte dans l’analyse qui suit. Choisir de ne tenir compte que des personnes qui se sont soumises à l’évaluation et d’utiliser cette variable pour mesurer les compétences des migrants fausserait les résultats parce que l’analyse reposerait alors sur un échantillon très sélectif.

Le niveau d’études constitue-t-il un bon outil de mesure des compétences ? Si la scolarisation est nécessaire à l’amélioration des compétences en littératie, la

corrélation entre ces compétences et le niveau d’études est à la fois complexe et très imparfaite. Apparemment, les tests d’évaluation de la littératie permettent effectivement de mesurer des compétences dont le niveau d’études ne rend pas compte. Cette section porte sur la distribution des compétences évaluées au sein des différents niveaux d’études. À noter que dans certains pays, les scores moyens en littératie des migrants titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur sont inférieurs à ceux des autochtones titulaires d’un diplôme du deuxième cycle de l’enseignement secondaire (graphique 8.6)8. Les différences sont particulièrement importantes en Suède, en Norvège, aux Pays-Bas, en Finlande et au Danemark. La même différence est également observée entre les adultes nés à l’étranger titulaires d’un diplôme de fin du deuxième cycle de l’enseignement secondaire et les autochtones qui ont un niveau inférieur au deuxième cycle de l’enseignement secondaire.

Le premier message clair qui se dégage du graphique 8.6 est que, dans beaucoup de pays, les différences de compétences en littératie sont plus marquées parmi les

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N'a pas souhaité passer l'évaluation informatisée A échoué au test de base en informatiqueInférieur au niveau 1 Niveau 1Niveau 2 Niveau 3

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 287

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migrants que parmi les autochtones, en particulier s’agissant des personnes qui ont un niveau d’études faible ou moyen. Il est permis d’en déduire que retenir le diplôme le plus élevé obtenu pour mesurer le niveau d’instruction peut poser des problèmes parce que chaque niveau correspond à une distribution large des compétences en littératie, à savoir regroupe des personnes qui n’ont pas nécessairement les mêmes compétences en littératie. En outre, et il s’agit là d’un aspect très important, un niveau d’instruction élevé peut fort bien correspondre à des compétences en littératie différentes pour les migrants et pour les autochtones. Le niveau d’instruction est donc un indicateur indirect imparfait des compétences en littératie.

Dans la majorité des pays (la Finlande, l’Espagne, l’Irlande et l’Italie faisant exception), c’est au sein de la population ayant le niveau d’études le plus faible que l’écart de compétences en littératie entre migrants et autochtones est le plus important (graphique 8.7). Dans certains pays, comme la Suède, la Norvège, la France, les Pays-Bas, l’Autriche, l’Allemagne, le Danemark et le Royaume-Uni, il existe une différence très importante entre ce groupe et celui composé des personnes qui ont un niveau d’instruction plus élevé (tant celles qui ont un niveau d’études moyen que celles qui ont un niveau élevé). Les résultats observés parmi les personnes qui ont un niveau d’instruction moyen et parmi celles qui ont un niveau élevé sont proches. Les États-Unis sont le seul pays dans lequel l’écart entre immigrés et autochtones est sensiblement plus important parmi les personnes qui ont un niveau moyen que parmi celles qui ont suivi des études supérieures. En Irlande, les migrants qui ont un niveau d’études moyen comme ceux qui ont un niveau élevé ont, en moyenne, des compétences en littératie inférieures à celles de leurs homologues nés dans le pays d’accueil, tandis que la différence entre migrants et autochtones est nettement plus faible (quasiment nulle) parmi les personnes qui ont un niveau d’instruction faible. Il s’agit même de la différence la plus faible observée entre migrants et autochtones, tous groupes et tous pays confondus. Les résultats présentés au graphique 8.79 suggèrent la question des compétences en littératie des migrants ayant un faible niveau d’instruction pourrait constituer un sujet de préoccupation justifiant une attention particulière des pouvoirs publics. Le fait que les migrants appartenant à cette catégorie possèdent très peu de compétences en littératie (voir également le graphique 8.6) et que, dans la plupart des pays de l’OCDE, ils sont nombreux en valeur absolue comme relative (graphique 8.1) laisse à penser qu’il pourrait être intéressant de mettre en place des mesures ciblant spécifiquement ces groupes de migrants.

Ces constatations conduisent également à examiner le type de compétences dont sont susceptibles de rendre compte les résultats en littératie obtenus par les migrants. La majorité des migrants (les deux tiers d’entre eux) ont passé les tests dans une langue qui n’est pas leur langue maternelle, si bien que l’évaluation de leurs compétences en littératie et numératie rend compte, à des degrés divers, de leur plus ou moins bonne maîtrise de la langue dans laquelle ils ont passé les tests. D’un côté, ce facteur rend les comparaisons entre les résultats des migrants et ceux des autochtones difficiles, parce qu’il implique que ces résultats ne reflètent pas les mêmes types de compétences pour les deux groupes et pourraient désavantager les migrants qui ont passé le test dans une langue étrangère. De l’autre, cependant, il constitue un indicateur précieux et presque unique en son genre des compétences linguistiques des migrants. En tout état de cause, il convient de garder ces considérations à l’esprit pour interpréter les résultats présentés dans ce chapitre. De même, il ne faut pas oublier que l’évaluation de compétences supplémentaires pourrait être pertinente pour certains secteurs, emplois et pays. Par exemple, dans certains pays (comme les pays nordiques et les Pays-Bas), en particulier

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288 – 8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES

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dans le secteur technologique ou dans d’autres secteurs employant un personnel très qualifié, une bonne maîtrise de l’anglais peut être plus importante qu’une bonne maîtrise de la langue du pays d’accueil. Malheureusement, l’Évaluation des compétences des adultes ne permet pas d’analyser ces questions en profondeur parce qu’elle ne fournit pas d’informations précises sur les différentes langues parlées par les personnes testées.

Gaphique 8.6. Distribution des scores en littératie selon le niveau d’éducation et le lieu de naissance Points de score en littératie

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans. Le point inférieur de chaque barre représente le 25e percentile et le point supérieur le 75e percentile. Le rond noir représente la moyenne. Un niveau d'éducation bas correspond à un niveau inférieur au secondaire supérieur, un niveau d'éducation intermédiaire au secondaire supérieur et un niveau d'éducation élevé à l'enseignement tertiaire. Source: Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Graphique 8.7. Écarts de performance en littératie entre immigrés et personnes nées dans le pays selon le niveau d’éducation

Différences en points de scores

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans. Un niveau d'éducation bas correspond à un niveau inférieur au secondaire supérieur, un niveau d'éducation intermédiaire au secondaire supérieur et un niveau d'éducation élevé à l'enseignement tertiaire.

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 289

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Quel rôle jouent la langue et les qualifications acquises dans le pays d’accueil dans les différences de compétences en littératie entre migrants et autochtones ?

L’analyse qui vient d’être présentée révèle qu’il existe, à niveau d’instruction égal, d’importantes différences de compétences en littératie entre les personnes nées à l’étranger et les autochtones, et que ces différences pourraient être imputables à la conjugaison de plusieurs facteurs, tels que des difficultés linguistiques, la faible transférabilité des compétences acquises à l’étranger et des différences de qualité du système éducatif entre les pays. Dans cette section, nous exploitons les données issues de l’Évaluation des compétences des adultes pour tenter de déterminer les causes de ces différences en envisageant séparément les différentes explications possibles. Le graphique 8.8 présente la différence de compétences en littératie entre migrants et autochtones après prise en compte de deux caractéristiques importantes10, à savoir la langue du migrant et le pays dans lequel il a acquis sa qualification la plus élevée. La variable de langue compare la langue parlée dans le pays d’accueil (qui est celle dans laquelle l’évaluation est réalisée) et celle que le migrant a apprise et qu’il continue de comprendre et de parler. Plus précisément, elle est construite à partir des données fournies par l’Évaluation des compétences des adultes au sujet des deux premières langues que la personne a apprises dans l’enfance et qu’elle continue de comprendre et de parler chez elle.

Graphique 8.8. Différences ajustées de performance en littératie entre immigrés et personnes nées dans le pays

Différences en points de scores

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans. Les coefficients de ce graphique résultent de régressions distinctes qui contrôlent pour les niveaux d'éducation, l'âge, le sexe et les caractéristiques des parents. L'éducation des parents est définie par le plus élevé des plus hauts niveaux d'éducation atteint par la mère et le père. Le premier modèle contrôle seulement pour ces critères tandis que le second modèle comprend de plus une variable muette qui prend la valeur un si l'immigré parle la langue du pays hôte à la maison ou a appris cette langue étant enfant et la comprend encore et la valeur zéro dans le cas contraire. Le modèle 3 comprend les variables de contrôle du premier modèle plus une variable muette qui prend la valeur un si l'enquêté a obtenu son diplôme à l'étranger. Enfin, le quatrième modèle comprend à la fois la variable muette de langue du pays hôte et celle du diplôme obtenu à l'étranger. Les diamants et carrés hachurés indiquent que les coefficients ne sont pas statistiquement significatifs (au seuil de 10 %).

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

En moyenne, dans les différents pays figurant dans le graphique 8.8, la prise en compte de la langue du pays d’accueil montre que la langue explique environ 33 % de l’écart de compétences en littératie entre migrants et autochtones. Elle explique respectivement 64 % et 60 % de l’écart en Finlande et en Autriche, et environ 50 % en

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1. Ajustées pour les caractéristiques démographiques et l'éducation2. Ajustées pour la langue du pays hôte3. Ajustées pour le lieu d'obtention du diplôme4. Ajustées pour la langue et le lieu d'obtention du diplôme

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290 – 8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES

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Norvège. A contrario, au Canada, elle n’explique que 16 % de la différence. De même, en Italie, en Irlande et en Espagne, la langue joue un rôle moins important (elle explique moins de 30 % de la différence) que dans d’autres pays de l’OCDE. Malgré leur grand intérêt, ces constatations doivent être interprétées avec prudence. En effet, le fait de parler la langue du pays d’accueil chez soi peut également rendre compte d’autres caractéristiques (observées ou non observées) du ménage non prises en compte dans l’analyse.

Le pays dans lequel la qualification la plus élevée a été obtenue explique en moyenne 46 % de la différence de compétences en littératie entre les migrants et les autochtones. Aux États-Unis et en Belgique, ce pourcentage s’établit à respectivement 60 % et 65 %, tandis qu’il est proche de 60 % en France, en Finlande et en Italie. À l’inverse, au Royaume-Uni, 30 % seulement de la différence initialement constatée entre migrants et autochtones peut être imputée au pays dans lequel les migrants ont suivi leurs études. Selon toute vraisemblance, cette analyse des qualifications acquises à l’étranger tient compte des effets des différences de qualité du système éducatif entre les pays mais aussi des compétences linguistiques des migrants qui ont suivi leurs études dans le pays d’accueil. Le graphique 8.8 présente également les résultats d’une dernière analyse, qui tient compte des deux facteurs et qui montre qu’en moyenne dans les différents pays, la langue et les qualifications acquises à l’étranger expliquent les deux tiers de la différence de compétences en littératie initialement constatée entre migrants et autochtones présentant des caractéristiques similaires.

Quel rôle joue le niveau d’études des migrants et de leurs parents dans les compétences en littératie et en numératie ?

Le graphique 8.9 présente les résultats de régressions linéaires simples des compétences en littératie (variable de score continue) sur les caractéristiques démographiques élémentaires (âge et sexe) et le niveau d’études de la personne elle-même et de ses parents. Le niveau retenu pour les parents est celui du parent qui a le niveau d’études le plus élevé11. Il existe une corrélation positive entre les études suivies par une personne et par ses parents et les compétences évaluées, mais aussi entre ces deux variables.

Les individus qui ont un niveau d’instruction moyen (graphique 8.9a) ou élevé (graphique 8.9b) affichent des compétences évaluées sensiblement plus élevées, et la corrélation entre niveau d’études élevé et compétences en littératie est proche de 1.2, soit un coefficient deux fois supérieur au coefficient de corrélation entre niveau d’études moyen et compétences en littératie. Dans plusieurs pays, par exemple au Royaume-Uni, en Autriche, en Norvège et en Suède, la corrélation entre le niveau d’études atteint par un individu et ses performances en littératie est plus forte parmi les migrants que parmi les autochtones. Aux États-Unis, en Australie, en Espagne, en Allemagne et au Danemark, la corrélation entre niveau d’études et compétences en littératie est la même parmi les migrants et parmi les autochtones.

Outre le niveau d’études de l’individu lui-même, celui de ses parents est également un facteur prédictif de ses compétences en littératie et numératie. Bien que la corrélation entre le niveau d’études des parents et les compétences en littératie soit moins forte que celle entre le niveau d’études de l’individu lui-même et ses compétences en littératie, le niveau d’instruction des parents joue un rôle important, en particulier pour les migrants. Par exemple, en Norvège, le fait d’avoir un parent qui a suivi des études supérieures a pour corolaire un score en littératie plus élevé de

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 291

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40 points (étant entendu que 50 points correspond à environ un niveau supplémentaire) pour les immigrés et de 17 points pour les autochtones (graphique 9.8.d). Cette corrélation est également forte au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Autriche et légèrement plus faible seulement au Danemark, en Allemagne et en Australie. Dans tous les pays, sauf en Estonie, les corrélations sont plus fortes pour les migrants que pour les autochtones. Au Royaume-Uni, avoir un parent qui a un niveau d’études moyen a pour corolaire un score en littératie plus élevé de 30 points pour les migrants, soit une corrélation deux fois plus forte que celle constatée pour les autochtones (graphique 8.9c). La corrélation est également forte en Autriche et en Espagne et, dans tous les cas, elle est au moins deux fois plus forte pour les migrants que pour les autochtones12. Ces constatations corroborent la thèse selon laquelle la transmission des compétences entre les générations joue un rôle important parmi les migrants.

Graphique 8.9. Différences en performance en littératie entre immigrés et personnes nées dans le pays selon le niveau d’éducation et le niveau d’éducation des parents

Points de score

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans. Les coefficients présentés dans ces graphiques représentent les coefficients estimés des niveaux d'éducation moyen et élevé (par rapport au niveau d'éducation bas) dans une régression où la variable dépendante est la performance en littératie. Les régressions sont estimées séparément pour les migrants et les personnes nées dans le pays et incluent des contrôles pour l'âge et le sexe. Un niveau d'éducation bas correspond à un niveau inférieur au secondaire supérieur, un niveau d'éducation intermédiaire au secondaire supérieur et un niveau d'éducation élevé à l'enseignement tertiaire. Les barres hachurées indiquent que les coefficients ne sont pas statistiquement significatifs (au seuil de 10 %).

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

c. Différences au niveau des scores en littératie entre les personnes ayant des parents avec un niveau

d'éducation intermédiaire et les personnes ayant des parents avec un niveau d'éducation bas

d. Différences au niveau des scores en littératie entre les personnes ayant des parents avec un niveau

d'éducation élevé et les personnes ayant des parents avec un niveau d'éducation bas

a. Différences au niveau des scores en littératie entre les personnes avec un niveau d'éducation

intermédiaire et les personnes avec un niveau d'éducation bas

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personnes avec un niveau d'éducation bas

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292 – 8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES

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Quels sont les résultats relatifs des différentes catégories de migrants ? Les migrants ne forment pas un groupe homogène. Il convient donc d’accorder

plus d’attention à leurs caractéristiques, celles-ci déterminant probablement leur niveau d’études et leurs compétences. De surcroît, les différences de composition de la population immigrée entre les pays pourraient expliquer les différences de résultats décrites dans les sections précédentes. Dans cette section, nous examinons les écarts de compétences en littératie entre la population autochtone et différentes catégories de migrants, définies sur la base du pays de naissance, de la durée de séjour dans le pays d’accueil, de l’âge lors de l’arrivée dans le pays d’accueil, du pays dans lequel la qualification la plus élevée a été acquise et de langue parlée par le migrant, après prise en compte des différences d’âge, de sexe, de niveau d’études et de niveau d’études des parents entre la population autochtone et les groupes de migrants.

Premièrement, nous distinguons les migrants originaires de l’Union européenne de ceux qui n’en sont pas originaires. À l’heure où les pays du monde entier sont en concurrence pour attirer des migrants très qualifiés, il est intéressant de comparer les pays de l’Union européenne aux États-Unis et au Canada en termes de capacité à attirer des Européens très qualifiés. Selon le graphique 8.10, dans tous les pays, les migrants originaires de l’UE obtiennent, en moyenne, des scores en littératie et numératie plus proches des scores des autochtones que les migrants non originaires de l’Union européenne. En particulier, en Autriche, en Irlande et au Royaume-Uni, les migrants originaires de l’Union européenne obtiennent des scores moyens en littératie et numératie supérieurs ou seulement légèrement inférieurs à ceux des autochtones. Aux États-Unis, ces migrants affichent les mêmes compétences en littératie que les autochtones. Deux grandes raisons peuvent être avancées pour expliquer ces résultats : premièrement, il est possible que les pays de l’Union européenne soient dotés d’un système éducatif de meilleure qualité que les pays extérieurs à l’Union européenne (en particulier les pays en développement) et deuxièmement, les migrants originaires de l’UE peuvent faire reconnaître leurs qualifications plus facilement que ceux qui ont suivi leurs études en dehors de l’UE. Enfin, la composition de la population migrante en termes de pays d’origine peut également constituer un facteur d’explication. Aux États-Unis par exemple, 9.5 % des personnes nées à l’étranger sont originaires d’un pays de l’UE et la majorité des autres migrants sont des Mexicains qui ont un niveau d’études faible, ce qui peut expliquer la forte différence de compétences en littératie constatée entre les migrants originaires de l’UE et les autres. Au Canada, la différence entre ces deux groupes est nettement plus faible que dans les autres pays.

Le niveau de littératie des migrants originaires de l’Union européenne est quasiment identique dans tous les pays, sauf aux États-Unis (où il n’est pas différent statistiquement de celui des autochtones), aux Pays-Bas, en Norvège et en Suède (où il est beaucoup plus faible), ce qui, dans ces pays, peut s’expliquer par une conjugaison de facteurs tels que la composition du groupe formé par les migrants originaires de l’Union européenne (qui comprend à la fois des personnes originaires de nouveaux et d’anciens États membres), la complexité de la langue et la faible proportion de migrants qui parlent cette langue au moment où ils émigrent. Malheureusement, l’Évaluation des compétences des adultes ne permet pas d’analyser séparément les différentes catégories de migrants originaires de l’Union européenne, parce que dans la plupart des pays concernés, la taille des échantillons est trop petite.

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 293

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Graphique 8.10. Différences de niveau de compétence en littératie entre migrants et personnes nées dans le pays selon le pays d’origine (UE/non-UE)

Écarts en points de score

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans. Les coefficients présentés dans ce graphique correspondent à des régressions distinctes qui contrôlent pour l'âge, le sexe, le niveau d'éducation et le niveau d'éducation des parents. Les barres hachurées indiquent que les coefficients ne sont pas statistiquement significatifs (au seuil de 10 %).

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Plusieurs études décrivent l’effet de rattrapage des salaires des migrants, à savoir le rapprochement, au fil du temps, de la rémunération des migrants de celle de leurs homologues autochtones (Chiswick, 1978 ; Borjas, 1985 et 1995 ; Lubotsky, 2007). À mesure que le temps passé dans le pays d’accueil augmente, les migrants améliorent leurs compétences linguistiques, disposent de davantage d’informations sur le marché du travail et d’un réseau plus étendu, autant de facteurs qui leur permettent de trouver un emploi correspondant mieux à leurs qualifications et leurs compétences. Si l’on admet que les aptitudes en littératie mesurées par l’Évaluation des compétences des adultes rendent compte des compétences linguistiques, en toute logique, ces compétences devraient s’améliorer à mesure que le temps passé dans le pays augmente. À noter, cependant, que la comparaison de migrants arrivés depuis peu et de migrants installés de longue date n’apporte pas de réponse totalement univoque à cette question, les migrants qui sont restés dans le pays d’accueil ne constituant pas nécessairement un échantillon représentatif des migrants arrivés au cours de la même période qu’eux. Il n’est pas exclu que ceux qui ont réussi, par exemple ceux qui ont un emploi et sont dans une situation favorable, ou encore ceux que leur statut empêche d’aller s’installer dans un autre pays (par exemple les réfugiés), aient une probabilité plus forte de rester dans le pays. De surcroît, les migrants installés dans le pays d’accueil depuis plus de cinq ans forment un groupe relativement hétérogène, qui est la résultante des politiques d’immigration passées et des tendances migratoires historiques. Ces réserves étant faites, il apparaît que d’après le graphique 8.11, dans tous les pays sauf en Autriche, où il n’y a pas de différence significative, les migrants installés de plus longue date ont des compétences en littératie plus élevées que ceux arrivés depuis peu. L’écart est particulièrement net dans les pays nordiques, dont la langue est complexe et peu répandue et qui sont dotés de politiques d’intégration complètes (Finlande, Suède et Norvège). À l’inverse, il est faible dans les pays anglophones (Canada, Royaume-Uni et États-Unis).

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294 – 8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES

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Graphique 8.11. Différences de niveau de compétence en littératie entre migrants et personnes nées dans le pays selon la durée de résidence

Écarts en points de score

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans. Les coefficients présentés dans ce graphique correspondent à des régressions distinctes qui contrôlent pour l'âge, le sexe, le niveau d'éducation et le niveau d'éducation des parents. Les barres hachurées indiquent que les coefficients ne sont pas statistiquement significatifs (au seuil de 10 %).

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Les données montrent que l’âge d’arrivée dans le pays d’accueil est un déterminant important de la situation ultérieure des migrants sur le marché du travail (Friedberg, 1992). Les migrants qui sont arrivés dans le pays d’accueil pendant leur enfance ont été en contact plus longtemps et plus tôt avec la langue du pays et ont donc une plus forte probabilité d’avoir de meilleures compétences linguistiques que ceux arrivés à l’âge adulte. De surcroît, ils sont sans doute mieux informés sur le fonctionnement du marché du travail, disposent de réseaux plus étendus et connaissent mieux les normes sociales. Dans ce chapitre, nous avons séparé les migrants en deux groupes, l’un composé de migrants arrivés avant leur sixième anniversaire et l’autre de migrants arrivés au-delà de cet âge. Les premiers ont suivi l’ensemble de la scolarité obligatoire dans le pays d’accueil et sont vraisemblablement, de ce point de vue, plus proches des autochtones que les migrants arrivés plus tardivement ou à l’âge adulte. Le graphique 8.12 présente les différences entre ces deux groupes de migrants et des autochtones présentant les mêmes caractéristiques en termes d’âge, de niveau d’études, de sexe et de niveau d’études des parents. Dans certains pays (Canada, Royaume-Uni, Finlande, France, Irlande, Italie, Norvège, Espagne et États-Unis), les migrants arrivés dans leur petite enfance obtiennent des scores en littératie qui sont en réalité proches de ceux des autochtones. Les Pays-Bas, la Suède, le Danemark, l’Estonie et l’Allemagne sont les seuls pays où ces scores sont inférieurs à ceux des autochtones, mais l’écart est moins grand que celui constaté pour les migrants arrivés après six ans.

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 295

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Graphique 8.12. Différences de niveau de compétence en littératie entre migrants et personnes nées dans le pays selon l’âge à l’arrivée

Écarts en points de score

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans. Les coefficients présentés dans ce graphique correspondent à des régressions distinctes qui contrôlent pour l'âge, le sexe, l'éducation et l'éducation des parents. Les barres hachurées indiquent que les coefficients ne sont pas statistiquement significatifs (au seuil de 10 %).

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

8.4. Situation des migrants sur le marché du travail

Dans la section précédente, nous avons montré que les scores obtenus par les migrants étaient, en moyenne, inférieurs à ceux obtenus par les autochtones et que cette situation s’expliquait dans une large mesure par une maîtrise insuffisante de la langue du pays d’accueil et par des différences de qualité du système éducatif entre les pays. Dans cette section, nous nous intéressons au marché du travail et comparons la situation des migrants à celles des autochtones en termes de taux d’emploi et d’inadéquation du niveau d’études et des compétences par rapport à l’emploi occupé. Il est très important d’examiner l’ampleur et les déterminants du déclassement, non seulement parce que celle-ci témoigne d’une sous-utilisation des compétences des migrants, mais aussi parce qu’elle peut avoir des conséquences négatives à long terme sur le niveau de leurs compétences. L’Évaluation des compétences des adultes fournissant une mine d’informations sur cette question, nous consacrons cette section au déclassement et à l’inadéquation des compétences parmi les adultes qui ont suivi des études supérieures.

La probabilité d’emploi Dans tous les pays, sauf en Italie et aux États-Unis, les adultes nés à l’étranger ont

un taux d’emploi plus faible que les autochtones (graphique 8.13). L’écart de taux d’emploi s’établit en moyenne à 5 points de pourcentage, mais varie fortement d’un pays à l’autre. C’est en Estonie et aux Pays-Bas qu’il est le plus grand (13 points de pourcentage), puis au Danemark, en Suède et en France (9-10 points). Il est faible – inférieur à 3 points de pourcentage – en Irlande, au Royaume-Uni, en Finlande, au Canada et en Australie. En Italie et aux États-Unis, le taux d’emploi des migrants est supérieur de respectivement quatre et deux points de pourcentage environ à celui des autochtones. En Suède, en Allemagne et en Autriche, ce taux d’emploi est globalement élevé (compris entre 70 et 74 %), mais reste néanmoins nettement inférieur à celui des

-70

-60

-50

-40

-30

-20

-10

0

10AUT BEL CAN DEU DNK ESP EST FIN FRA GBR IRL ITA NLD NOR SWE USA

Arrivé au plus tard à l'âge de 6 ans Arrivé après 6 ans

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296 – 8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES

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autochtones, l’écart s’établissant de 7 à 9 neuf points de pourcentage. A contrario, dans les pays durement frappés par la crise, où le taux d’emploi de la population générale est bas, l’écart entre migrants et autochtones est généralement faible, voire positif en faveur des autochtones. Il en va par exemple ainsi en Espagne, en Irlande et en Italie.

Les différences entre pays sont en grande partie imputables à la composition des populations immigrée et autochtone en termes de niveau d’études. Aux États-Unis, en Italie, en Belgique, en Allemagne et, dans une moindre mesure, en France et en Espagne, les immigrés qui ont un niveau d’études inférieur au niveau secondaire sont plus susceptibles de travailler que leurs homologues autochtones. Aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Norvège et en Suède, la différence est également faible (positive ou négative) pour les personnes qui ont un niveau d’études moyen.

Graphique 8.13. Écarts de taux d’emploi entre les immigrés et les personnes nées dans le pays selon le niveau d’éducation

Points de pourcentage

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans qui ne sont pas inscrites dans un cycle de formation formel. Un niveau d'éducation bas correspond à un niveau inférieur au secondaire supérieur, un niveau d'éducation intermédiaire au secondaire supérieur et un niveau d'éducation élevé à l'enseignement tertiaire.

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Outre le niveau d’études, d’autres caractéristiques des migrants, telles que leur durée de séjour dans le pays d’accueil, le pays où ils ont obtenu leur qualification la plus élevée, l’âge auquel ils ont émigré et leur pays d’origine (membre de l’Union européenne ou non), constituent également des déterminants importants de leur taux d’emploi et de l’écart de taux d’emploi avec la population autochtone présentant les mêmes caractéristiques. Dans cette section, nous ne nous intéressons qu’à certaines de ces caractéristiques. Une analyse supplémentaire est fournie en annexe.

Premièrement, il existe un net écart de taux d’emploi entre les migrants qui ont la langue du pays d’accueil pour langue maternelle et les autres (graphique 8.14). Dans la plupart des pays, il n’y a pas de différence statistiquement significative entre le taux d’emploi de cette catégorie de migrants et celui des autochtones. À l’inverse, le taux d’emploi des migrants qui n’ont pas la langue du pays d’accueil pour langue maternelle est plus faible que celui des autochtones dans tous les pays sauf aux États-Unis (et en Estonie, au Royaume-Uni et en Italie, où l’écart n’est pas statistiquement différent de zéro).

-30

-20

-10

0

10

20

30

AUS AUT BEL CAN DEU DNK ESP EST FIN FRA GBR IRL ITA NLD NOR SWE USA

Bas Intermédiaire Élevé Total

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 297

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Graphique 8.14. Écarts de taux d’emploi entre les immigrés et les personnes nées dans le pays, selon que la langue du pays hôte est la langue maternelle ou une langue étrangère

Points de pourcentage

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans qui ne sont pas inscrites dans un cycle de formation formel. Les coefficients présentés dans ce graphique correspondent à des régressions distinctes qui contrôlent pour l'âge, le sexe, le niveau d'éducation et le niveau d'éducation des parents. La langue est définie sur la base des langues apprises dans l'enfance et encore comprises ou qui sont parlées à la maison. Les barres hachurées indiquent que les coefficients ne sont pas statistiquement significatifs (au seuil de 10 %).

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Deuxièmement, dans beaucoup de pays, les migrants originaires de l’Union européenne affichent un taux d’emploi globalement comparable à celui des autochtones. En Finlande et en France, ils ont même un taux d’emploi plus élevé, tandis qu’aux Pays-Bas ils sont généralement dans une situation moins favorable en matière d’emploi que les autochtones et, dans une certaine mesure, que les migrants non originaires de l’Union européenne. Dans tous les pays représentés dans le graphique 8.15, sauf aux États-Unis, les migrants non originaires de l’Union européenne affichent un taux d’emploi inférieur à celui des autochtones.

Graphique 8.15. Écarts de taux d’emploi entre les immigrés et les personnes nées dans le pays selon le pays d’origine (UE/non-UE)

Points de pourcentage

Note : L’échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans qui ne sont pas inscrites dans un cycle de formation formel. Les coefficients présentés dans ce graphique correspondent à des régressions distinctes qui contrôlent pour l'âge, le sexe, le niveau d'éducation et le niveau d'éducation des parents. Les barres hachurées indiquent que les coefficients ne sont pas statistiquement significatifs (au seuil de 10 %).

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

-20

-15

-10

-5

0

5

10AUS AUT BEL CAN DEU DNK ESP EST FIN FRA GBR IRL ITA NLD NOR SWE USA

Né à l'étranger, langue maternelle Né à l'étranger, langue étrangère

-20

-15

-10

-5

0

5

10AUT BEL CAN DNK ESP EST FIN FRA GBR IRL ITA NLD NOR SWE USA

UE non-UE

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298 – 8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES

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Troisièmement, au Canada, en Allemagne, en Finlande, en France et en Suède, il existe un écart de taux d’emploi important entre les migrants arrivés depuis peu et les autochtones (ainsi que les migrants installés de longue date) (graphique 8.16). Dans d’autres pays (Autriche, Danemark et Norvège), les différences sont nettement plus faibles et l’écart de taux d’emploi entre migrants et autochtones est globalement plus faible. Aux États-Unis, les migrants installés de longue date ont un taux d’emploi plus élevé que les autochtones.

Graphique 8.16. Écarts de taux d’emploi entre les immigrés et les personnes nées dans le pays selon la durée de résidence

Points de pourcentage

Note : L’échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans qui ne sont pas inscrites dans un cycle de formation formel. Les coefficients présentés dans ce graphique correspondent à des régressions distinctes qui contrôlent pour l'âge, le sexe, le niveau d'éducation et le niveau d'éducation des parents. Les barres hachurées indiquent que les coefficients ne sont pas statistiquement significatifs (au seuil de 10 %).

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Le tableau 8.3 présente les résultats d’une analyse simple de la probabilité d’emploi qui tient compte de l’âge, du niveau d’études et des compétences en littératie, et comprend également des variables indicatrices du statut de migrant et du fait d’avoir acquis des qualifications à l’étranger, ainsi qu’une variable indiquant la maîtrise de la langue du pays d’accueil. On observe que dans tous les pays, il existe un lien positif et statistiquement significatif entre le niveau d’études et les compétences en littératie d’une part, et la probabilité de travailler d’autre part. En Finlande et aux Pays-Bas, la possession d’une qualification étrangère va de pair avec une probabilité d’emploi plus faible, ce qui laisse penser que les diplômes acquis à l’étranger ne sont pas parfaitement transférables et sont méconnus des employeurs. A contrario, aux États-Unis et dans une certaine mesure en Estonie, les migrants qui ont une qualification étrangère ont, en moyenne, une probabilité d’emploi plus forte. Aux États-Unis, ce résultat pourrait s’expliquer par le caractère sélectif des politiques d’immigration en place. La maîtrise de la langue du pays d’accueil est corrélée positivement avec la probabilité d’emploi, mais cette corrélation n’est statistiquement significative qu’au Canada et en Finlande. Il est permis d’en déduire que dans les autres pays, la maîtrise de la langue est probablement prise en compte dans les compétences en littératie.

-30

-25

-20

-15

-10

-5

0

5

10AUT BEL CAN DEU DNK ESP EST FIN FRA GBR IRL ITA NLD NOR SWE USA

Récents (moins de 5 ans) Longue durée (plus de 5 ans)

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 299

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Après prise en compte de ces différents facteurs, l’écart de taux d’emploi qui subsiste entre migrants et autochtones devient négligeable dans la majorité des pays. Au Danemark, en France et en Irlande, il subsiste un écart mais celui-ci est très réduit comparativement au différentiel brut présenté par le graphique 8.13. Enfin, les résultats constatés en Finlande laissent penser que l’écart de taux d’emploi négatif qui apparaît au graphique 8.13 pourrait s’expliquer par la composition de la population immigrée en termes de niveau d’études, de compétences en littératie et autres caractéristiques essentielles. En effet, une fois les effets de ces facteurs pris en compte, les migrants ont en moyenne une probabilité de travailler plus forte que les autochtones présentant les mêmes caractéristiques.

Tableau 8.3. Ce qui explique la probabilité d’être en emploi

Note : Les coefficients résultent de modèles de probabilité linéaires dont la variable dépendante est une variable muette qui prend la valeur un si la personne est en emploi er zéro sinon. Les coefficients indiquent l'augmentation (en pourcentage) des chances d'être en emploi en fonction de la variable indépendante. Par exemple, le coefficient du niveau d'éducation intermédiaire pour l'Australie indique que les personnes de niveau d'éducation intermédiaire ont 9.8 % de chances de plus d'être en emploi que les personnes ayant un niveau d'éducation bas. L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans qui ne sont pas inscrites dans un cycle de formation à plein temps. Les erreurs-types sont entre parenthèses. *** p<1 %; ** p<5 %; * p<10 %.

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Allemagne 0.2014232 *** 0.2614783 *** 0.0061077 -0.02152 0.0232153 0.0009806 ***(0.0276) (0.0287) (0.0322) (0.0361) (0.0401) (0.0003)

Australie 0.0981764 *** 0.1714366 *** -0.012305 0.0516818 0.0009356 ***(0.0197) (0.021) (0.0169) (0.0336) (0.0003)

Autriche 0.1262655 *** 0.175725 *** -0.021927 -0.033416 0.0534492 0.000781 ***(0.0187) (0.0235) (0.0297) (0.0418) (0.0383) (0.0001)

Belgique 0.1411021 *** 0.2153586 *** -0.010972 -0.025491 0.0523359 0.0005766 ***(0.0184) (0.0207) (0.0414) (0.0558) (0.0351) (0.0002)

Canada 0.1440349 *** 0.1913782 *** -0.00122 -0.0093 0.0363733 ** 0.0007467 ***(0.0195) (0.0203) (0.0153) (0.0187) (0.0177) (0.0002)

Danemark 0.0995988 *** 0.1622306 *** -0.056549 ** 0.0089247 0.0297047 0.0013133 ***(0.0186) (0.0202) (0.0236) (0.0276) (0.0334) (0.0002)

Espagne 0.122407 *** 0.2096013 *** -0.06602 0.0437923 0.0148062 0.0008018 ***(0.0183) (0.0173) (0.0443) (0.0462) (0.0344) (0.0002)

Estonie 0.1651823 *** 0.2721339 *** -0.095775 *** 0.053373 * -0.024552 0.0007648 ***(0.0164) (0.0184) (0.0215) (0.0315) (0.0364) (0.0002)

États-Unis 0.1286674 *** 0.2119436 *** -0.019676 0.1414828 *** -0.018703 0.0010945 ***(0.0294) (0.0324) (0.0314) (0.0328) (0.036) (0.0002)

Finlande 0.1216652 *** 0.185693 *** 0.1428466 *** -0.105682 * 0.1049542 ** 0.0013895 ***(0.0238) (0.0231) (0.041) (0.0624) (0.0532) (0.0002)

France 0.1212048 *** 0.207289 *** -0.055884 ** 0.0083377 0.0279353 0.0004536 ***(0.0155) (0.0175) (0.0265) (0.0314) (0.031) (0.0003)

Irlande 0.1294416 *** 0.2776676 *** -0.051397 * -0.030125 -0.058377 0.0010476 ***(0.0217) (0.0249) (0.0278) (0.0335) (0.037) (0.0003)

Italie 0.0902902 *** 0.2230443 *** 0.0407037 -0.040583 -0.030766 0.000717 ***(0.0232) (0.0274) (0.055) (0.073) (0.0587) (0.0002)

Norvège 0.111119 *** 0.1611027 *** -0.047674 0.0137576 -0.011613 0.0010895 ***(0.0206) (0.0196) (0.0307) (0.0426) (0.0421) (0.0003)

Pays-Bas 0.0832155 *** 0.1328904 *** -0.03666 -0.106978 ** 0.0458257 0.0005853 ***(0.0168) (0.0188) (0.034) (0.0506) (0.0575) (0.0003)

Royaume-Uni 0.0978505 *** 0.1497643 *** -0.03557 -0.006987 -0.031058 0.0009749 ***(0.0217) (0.0201) (0.0309) (0.0427) (0.0463) (0.0002)

Suède 0.1326331 *** 0.1503296 *** 0.0107008 0.0151821 0.0568205 0.0015971 ***(0.0204) (0.0208) (0.029) (0.0378) (0.0368) (0.0002)

LittératieNiveau

d'éducation intermédiaire

Niveau d'éducation

élevéNés à l'étranger

Diplôme étranger

Langue du pays d'accueil

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300 – 8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES

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Dans quelle mesure les compétences des migrants coïncident-elles avec celles qu’exige l’emploi qu’ils occupent ?

Après avoir comparé la probabilité d’emploi des migrants à celle des autochtones, nous comparons la situation de ces deux groupes en termes de l’inadéquation13 du niveau d’études et des compétences par rapport à l’emploi occupé. Il est très important d’examiner l’ampleur et les déterminants du déclassement, non seulement parce que celle-ci témoigne d’une sous-utilisation des compétences des migrants, mais aussi parce qu’elle peut avoir des conséquences négatives à long terme sur le niveau de leurs compétences. L’Évaluation des compétences des adultes fournissant une mine d’informations sur cette question, nous consacrons la section qui suit au déclassement et à l’inadéquation des compétences parmi les adultes qui ont suivi des études supérieures. Nous avons choisi de nous concentrer sur ce groupe de migrants parce que beaucoup de pays utilisent le fait d’avoir suivi des études supérieures comme critère pour sélectionner des migrants très qualifiés. La question posée est donc celle de savoir si ces migrants occupent réellement des emplois qui correspondent à leurs diplômes et si leurs compétences sont pleinement utilisées sur le marché du travail.

Parmi les indicateurs de réussite sur le marché du travail utilisés dans les études figure le degré d’adéquation entre l’emploi qu’occupe un individu et ses diplômes. La principale constatation de ces études est que l’inadéquation est plus fréquente parmi les personnes nées à l’étranger que parmi les autochtones, y compris s’agissant des personnes qui ont suivi des études supérieures. Dans cette partie, nous examinons le taux de déclassement parmi les migrants et les autochtones et analysons ses déterminants. Nous tentons également d’expliquer les différences constatées entre les deux groupes au moyen de données relatives aux compétences en littératie et numératie, au pays où la qualification a été acquise, à l’âge au moment de l’émigration et à la durée de séjour dans le pays d’accueil. Enfin, nous utilisons les informations fournies par l’Évaluation des compétences des adultes pour construire divers indicateurs du déclassement et d’inadéquation des compétences.

Définitions et problèmes de mesure Le terme « inadéquation » renvoie à une situation dans laquelle les compétences

professionnelles d’un travailleur ne coïncident pas avec celles exigées par le poste qu’il occupe, étant entendu qu’il existe différentes formes d’inadéquation (voir, par exemple, McGuinness et Sloane, 2011). On peut se reporter, pour une réflexion approfondie sur les définitions et la mesure de l’inadéquation des compétences, à l’édition 2012 du rapport de la Commission européenne sur les évolutions de l’emploi et de la situation sociale en Europe (Employment and Social Developments in Europe 2012) (Commission européenne, 2012). On parle d’inadéquation horizontale – phénomène qui ne sera pas étudié ici – lorsque la discipline dans laquelle le travailleur a suivi des études ne correspond pas au domaine dans lequel il exerce son activité14. On parle d’inadéquation verticale lorsqu’un travailleur a un niveau d’études inférieur ou supérieur à celui exigé par son poste de travail. On utilise alors les termes déclassement (ou surqualification) et sous-qualification (Tijadens et van Klaveren, 2011). Le phénomène de déclassement a été beaucoup plus étudié que le phénomène de sous-qualification, parce que l’on craignait qu’il soit lié à l’augmentation du nombre de diplômés universitaires observée dans plusieurs pays de l’OCDE ces dernières décennies. De fait, les premiers travaux consacrés au déclassement datent des années 70, période à laquelle la généralisation de l’accès à l’enseignement supérieur a

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 301

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fait craindre l’apparition d’un déséquilibre croissant entre l’offre et la demande de main-d’œuvre qualifiée et un déclassement des diplômes (Freeman, 1976). Il a cependant fallu attendre les années 90 pour que les études conduites dans le champ de l’économie du travail s’intéressent à l’évaluation de la fréquence et des effets de cette inadéquation pour les migrants. Ces études ont montré que dans tous les pays, les migrants étaient, en moyenne, plus souvent déclassés que les autochtones pour le poste occupé, si bien que le rendement de leurs études était inférieur à celui dont bénéficiaient les autochtones (Piracha et Vadean, 2012). Les études relatives au déclassement distinguent trois méthodes de mesure différentes : l’approche « normative », l’approche « statistique » et celle reposant sur « l’autodéclaration » (voir l’encadré 8.2). Quelle que soit l’approche retenue, le niveau d’études demeure un indicateur brut du niveau d’études d’un individu ou des qualifications requises par son poste. Or, il semble plus adapté de se fonder sur les compétences pour mesurer les compétences requises par un emploi et de retenir les termes « surcompétence » – situation dans laquelle un travailleur a des compétences supérieures à celles exigées par son poste de travail – et sous-compétence (ou déficit de compétence) – situation dans laquelle un travailleur a des compétences insuffisantes par rapport à celles exigées par son poste de travail.

Toutefois, du fait qu’il est difficile de définir un indicateur satisfaisant des compétences intrinsèques et qu’il existe peu de bases de données contenant ce type d’informations, il est plus compliqué de mesurer les compétences que le niveau d’études. Certaines études mesurent directement les compétences spécifiques que possèdent les travailleurs et les comparent au niveau exigé par leur emploi s’agissant de ces mêmes compétences. Il est également possible de mesurer l’inadéquation des compétences en demandant aux travailleurs d’indiquer eux-mêmes s’ils utilisent toutes leurs compétences dans le cadre de leur emploi – mesure de la sous-utilisation des compétences – et s’ils accompliraient mieux leur travail s’ils avaient des compétences supplémentaires – mesure des déficits de compétence (Quintini, 2011). Du fait de ces difficultés de mesure, la majorité des études existantes consacrées à cette problématique portent sur le déclassement.

Les données fournies par l’Évaluation des compétences des adultes permettent de mesurer tant le déclassement que la surcompétence, ce qui confère une valeur ajoutée non négligeable à l’analyse du déclassement et de l’inadéquation des compétences. De fait, comme le soulignent Dumont et Monso (2007), il semble que les différences de compétences expliquent une large part du déclassement. Par conséquent, la comparaison du taux de déclassement et du taux de surcompétence pourrait aider à comprendre les raisons pour lesquelles le phénomène de déclassement est plus fréquent parmi les migrants que parmi les autochtones. En d’autres termes, l’inadéquation des qualifications pourrait s’expliquer en partie par des différences de compétences entre des travailleurs qui ont le même niveau d’études formelles (voir section 8.2).

Dans la section qui suit, nous présentons des statistiques descriptives sur la fréquence du déclassement et de la surcompétence parmi les autochtones et les immigrés diplômés de l’enseignement supérieur, ainsi qu’au sein de différentes catégories d’immigrés. Les critères retenus pour définir ces catégories sont des caractéristiques individuelles qui, d’après les études déjà réalisées, influencent le risque des migrants d’exercer un emploi ne correspondant pas à leurs qualifications et compétences, à savoir la durée de séjour dans le pays d’accueil, l’âge d’arrivée dans ce pays, la génération, le lieu d’acquisition de la qualification la plus élevée, la région de naissance et la maîtrise de la langue du pays d’accueil. L’encadré 8.2 recense les

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302 – 8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES

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données de l’Évaluation des compétences des adultes qui permettent d’étudier le déclassement et l’inadéquation des compétences. Plus précisément, il présente les trois indicateurs de déclassement et l’indicateur d’inadéquation des compétences employés dans la prochaine section et explique comment ils ont été construits à partir des variables issues de l’Évaluation des compétences des adultes.

La fréquence du déclassement et de l’inadéquation des compétences Le graphique 8.17 montre l’inadéquation, mesurée à l’aide des méthodes

normative, statistique et reposant sur l’autodéclaration, constatée parmi les immigrés diplômés de l’enseignement supérieur et parmi les autochtones très qualifiés. Quelle que soit la méthode de mesure employée, dans pratiquement tous les pays, les migrants diplômés de l’enseignement supérieur sont plus représentés que les autochtones parmi les personnes déclassées. En d’autres termes, les constatations issues de l’Évaluation des compétences des adultes corroborent les résultats des études déjà conduites dans ce domaine (voir, parmi de nombreuses études, Damas de Matos et Liebig, 2012 ; Piracha et Vadean, 2012 ; Cedefop, 2011 ; Poot et Stillman, 2010 ; Dumont et Monso, 2007 ; Green et al., 2007 ; Lindley et Lenton, 2006 ; Battu et Sloane, 2002).

Graphique 8.17. L’incidence du déclassement selon le lieu de naissance Pourcentage de la population en emploi ayant un niveau d'éducation tertiaire

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans en emploi ayant un niveau d'éducation tertiaire. Les différentes mesures sont définies dans l'encadré 8.2.

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

a. Nés dans le pays

b. Nés à l'étranger

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Déclassement suivant la définition de l'OCDE Mesure statistique Mesure subjective de la non-adéquation

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Déclassement suivant la définition de l'OCDE Mesure statistique Mesure subjective de la non-adéquation

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 303

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Encadré 8.2. Définitions de l’inadéquation des qualifications et des compétences employées dans les études et application de ces définitions aux mesures réalisées à partir de l’Évaluation

des compétences des adultes

Inadéquation des qualifications

L’approche « normative » repose sur l’établissement d’une correspondance a priori entre études et métiers (voir par exemple Chevalier, 2003 ; McGoldrick et Robst, 1996). Quoique souvent employée dans les travaux de recherche, cette méthode est contestable parce qu’elle présente un caractère arbitraire, en particulier si une même correspondance est retenue pour tous les pays et toutes les périodes. En effet, deux diplômes de niveau apparemment similaire préparés dans deux pays différents peuvent ne pas avoir le même contenu ; de même, au sein d’un même pays, la valeur d’un diplôme peut évoluer dans le temps. Dans la présente étude, nous faisons appel à la Classification internationale type des professions (CITP) définie par le Bureau international du Travail (BIT) pour mettre en rapport les professions et les niveaux de qualification et d’études définis par la Classification internationale type de l’enseignement (CITE). Nous avons regroupé les groupes de la CITP en trois catégories d’emplois, exigeant des compétences faibles, moyennes et élevées, et avons procédé de la même manière pour la CITE. D’après ces catégories, sont considérés comme des diplômés de l’enseignement supérieur surqualifiés les travailleurs qui occupent un emploi exigeant des qualifications « moyennes » ou « faibles », c’est-à-dire un emploi qui ne fait pas partie des trois premiers groupes de la CITP, à savoir les « directeurs », « les professions intellectuelles, scientifiques et artistiques » et les « professions intermédiaires ». L’indicateur obtenu à l’aide de cette méthode est dénommé « indicateur d’inadéquation OCDE » dans le présent chapitre.

L’approche « statistique » consiste à définir les niveaux d’études correspondant à chaque profession et à considérer comme déclassés ou sous-qualifiés les individus qui s’écartent du niveau moyen (Verdugo et Verdugo, 1989 ; Bauer, 2002) ou dominant (Kiker et al., 1997 ; Mendes de Oliveira et al., 2000) de plus d’une certaine valeur – en général un écart-type. Si elle a l’avantage de toujours pouvoir être utilisée, cette méthode présente plusieurs limites : comme la méthode normative, elle repose sur l’hypothèse selon laquelle une profession donnée correspond toujours aux mêmes exigences de niveau d’études ; elle est sensible aux effets de cohorte, en particulier si le niveau d’études requis pour exercer une profession particulière change rapidement ; ses résultats dépendent du degré d’agrégation nécessaire pour obtenir une fourchette de niveaux d’études fiable. Dans la présente analyse, nous avons calculé le niveau d’études moyen par pays et profession en nous appuyant sur une variable de niveau d’études comportant quatre niveaux et sur une variable CITP au niveau à deux chiffres.

La méthode de « l’autodéclaration » consiste à recueillir l’avis des individus sur l’adéquation entre leur emploi et leur niveau d’études, soit en leur posant directement la question, soit en les interrogeant sur les exigences à satisfaire pour occuper leur emploi actuel (Sicherman, 1991 ; Sloane et al., 1999 ; Battu et al., 2000 ; Dorn et Sousa-Poza, 2005). Comme souligné par Dumont et Monso (2007), cette méthode n’est pas dénuée de limites, parce qu’elle peut pâtir de différents biais, liés par exemple à la manière dont la question est libellée ou à l’influence de variables externes. Dans l’Évaluation des compétences des adultes, la question posée est libellée ainsi : « Quel est le niveau d’études requis pour occuper votre poste actuel » et est basée sur la classification CITE. Cette définition correspond à la mesure subjective de l’inadéquation présentée dans ce chapitre

Chacune de ces méthodes présente des avantages et des inconvénients. Pour obtenir une mesure plus exacte du phénomène de déclassement, il est donc nécessaire de comparer les informations fournies par chaque indicateur et de les interpréter en partant du principe que ces indicateurs sont complémentaires. Chevalier (2003) a fait une tentative intéressante en ce sens : il a utilisé la méthode « normative » pour déterminer si un individu est déclassé puis a fait appel à une question subjective sur la « satisfaction quant à l’adéquation entre niveau d’études et emploi » afin de faire la différence entre les personnes apparemment déclassées (à savoir celles qui sont déclassées d’après la méthode normative mais sont satisfaites de l’adéquation entre leur niveau d’études et leur emploi) et les personnes réellement déclassées (déclassés d’après la méthode normative et non satisfaites de l’adéquation entre leur niveau d’études et leur emploi).

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304 – 8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES

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Encadré 8.2. Définitions de l’inadéquation des qualifications et des compétences employées dans les études et application de ces définitions aux mesures réalisées à partir de l’Évaluation

des compétences des adultes (suite)

Inadéquation des compétences

Comme le déclassement, l’inadéquation des compétences peut être mesurée par autodéclaration. Les travailleurs sont invités à indiquer s’ils utilisent toutes leurs compétences dans le cadre de leur travail – mesure de la sous-utilisation des compétences – et s’ils accompliraient mieux leur travail s’ils avaient des compétences supplémentaires – mesure des déficits de compétence. Dans l’Évaluation des compétences des adultes, la mesure de l’inadéquation des compétences est basée sur les questions suivantes :

Question 1 : « D’après vous, êtes-vous assez compétent(e) pour exercer des fonctions plus exigeantes que celles qui sont actuellement les vôtres ? »

Question 2 : « Pensez-vous avoir besoin d’une formation supplémentaire pour vous sentir à l’aise dans vos fonctions actuelles ? »

Les personnes sont considérées comme surcompétentes si elles répondent par l’affirmative à la première question et par la négative à la deuxième.

Le deuxième enseignement du graphique 8.17 est que selon le pays considéré, les trois méthodes de mesure peuvent aboutir à des résultats très similaires – comme en Autriche, au Canada, au Danemark, en Belgique, en France, en Suède et aux États-Unis – ou très différents – comme aux Pays-Bas et en Allemagne. À noter que dans environ la moitié des pays représentés au graphique 8.17, l’écart entre migrants et autochtones en matière d’inadéquation est plus grand quand on fait appel à la méthode reposant sur l’autodéclaration que lorsque l’on utilise les deux autres méthodes. Il en va notamment ainsi en Allemagne et aux Pays-Bas et, dans une moindre mesure, en Norvège. En revanche, dans la moitié des pays étudiés, plus particulièrement en Finlande et en Allemagne, cet écart est plus faible lorsque l’on fait appel à la méthode statistique. Enfin, dans environ la moitié des pays (Australie, Autriche, Danemark, Royaume-Uni, Estonie, Irlande, Norvège et Suède), les méthodes statistique et normative aboutissent à des résultats similaires, ce qui n’est guère surprenant puisque, comme le soulignent Dumont et Monso (2007), ces deux méthodes sont, dans la pratique, très proches.

Il est important de déterminer si les taux d’inadéquation mis en évidence par le graphique 8.17 sont influencés par le plan de sondage défini dans chaque pays. Il est donc utile de comparer les taux de déclassement obtenus à partir des données de l’Évaluation des compétences des adultes à ceux obtenus à partir des données d’une autre enquête internationale connue, par exemple de l’Enquête sur les forces de travail (EFT) pour l’année 2010. L’encadré 8.3 présente les résultats de cette comparaison.

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 305

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Encadré 8.3. Taux de déclassement parmi les diplômés de l’enseignement supérieur : comparaison des résultats obtenus à partir de l’Enquête sur les forces de travail (EFT) ou de l’American

Community Survey (ACS) et de l’Évaluation des compétences des adultes

Le tableau ci-après présente la différence entre les taux de déclassement parmi les immigrés et autochtones diplômés de l’enseignement supérieur calculés d’après les données de l’EFT et ceux calculés d’après les données de l’Évaluation des compétences des adultes, pour les pays couverts par ces deux enquêtes. Comparativement aux données de l’EFT, les données de l’Évaluation des compétences des adultes aboutissent à des taux de déclassement parmi les migrants beaucoup plus élevés en République tchèque et en République slovaque, en Allemagne, au Danemark, en France, en Finlande et, dans une moindre mesure, en Espagne. À l’inverse, elles conduisent à une forte sous-estimation du déclassement parmi les immigrés qui résident en Italie et aux États-Unis, ainsi que, dans une moindre mesure, aux Pays-Bas. De même, les différences entre les résultats obtenus à l’aide de ces deux séries de données sont fortes dans le cas des autochtones, en particulier en République tchèque, en Allemagne et en Finlande où, comparativement à l’EFT, l’Évaluation des compétences des adultes surestime les taux de déclassement, ainsi qu’aux États-Unis, où, comparativement à l’ACS, les données de l’Évaluation des compétences des adultes conduisent à une sous-estimation du déclassement.

Différence entre les taux de déclassement parmi les immigrés et autochtones diplômés de l’enseignement supérieur

Source : Évaluation des compétences des adultes (population âgée de 16 à 65 ans), Enquête sur la population active 2010 (population âgée de 15 à 64 ans), American Community Survey 2010 (population âgée de 16 à 65 ans).

Bien que les trois méthodes de mesure du déclassement employées ne donnent pas les mêmes résultats, il est possible de distinguer deux grands groupes de pays. Le premier est composé des pays où l’écart entre immigrés et autochtones en matière d’inadéquation ne dépasse pas 15 points de pourcentage (Australie, Autriche, Canada, Royaume-Uni et Irlande), tandis que le second comprend des pays où cet écart, plus important, est souvent égal, voire supérieur, à 20 points de pourcentage. Le graphique 8.17 révèle également que dans les pays nordiques – Finlande, Suède, Danemark and Norvège – de même qu’en Italie et en Espagne, les migrants ont une probabilité particulièrement forte d’exercer un métier qui ne correspond pas à leur qualification. Cependant, comme le soulignent Dumont et Monso (2007), les raisons de ce risque de déclassement plus élevé ne sont absolument pas les mêmes dans les pays d’Europe du Nord et dans ceux d’Europe du Sud et ont, dans les deux cas, trait à la composition de la population immigrée et à la structure du marché du travail. Dans les pays d’Europe du Sud, l’immigration est un phénomène récent et les immigrés sont essentiellement des travailleurs qui sont apparemment disposés à accepter, lorsqu’ils

EFT 2010/ACS2010 PIAAC EFT 2010/ACS2010 PIAAC EFT 2010/ACS2010 PIAAC

Allemagne 31 38 19 24 0.61 0.63Autriche 27 26 21 18 0.78 0.69Danemark 22 31 14 14 0.64 0.45Espagne 50 54 31 34 0.62 0.63Estonie 40 40 21 24 0.53 0.60États-Unis 36 21 35 23 0.97 1.10Finlande 31 42 17 25 0.55 0.60France 36 23 20 22 0.56 0.96Irlande 39 43 28 32 0.72 0.74Italie 49 34 14 15 0.29 0.44Norvège 26 26 11 10 0.42 0.38Pays-Bas 25 21 15 13 0.60 0.62Suède 32 31 11 13 0.34 0.42

Nés à l'étranger Nés dans le pays Ratio nés dans le pays/nés à l'étranger

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306 – 8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES

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arrivent, les nombreux emplois non qualifiés disponibles, avec l’espoir de bénéficier ultérieurement d’une mobilité professionnelle ascendante. En revanche, dans les pays d’Europe du Nord, en particulier en Norvège et en Suède, la population immigrée est en grande partie composée de réfugiés relativement qualifiés mais confrontés à des difficultés spécifiques du fait de leur statut (émigration soudaine et non choisie, lenteur ou insuffisance des procédures de validation des diplômes et qualifications professionnelles, incertitude quant à la fin de leur séjour, etc.), qui se doublent parfois de problèmes linguistiques. Les États-Unis se démarquent des autres pays, le déclassement constaté parmi les migrants étant identique, voire inférieur à celui constaté parmi les autochtones, quelle que soit la méthode de mesure utilisée. Cette constatation corrobore les résultats obtenus par Chiswick et Miller (2009c) et Damas de Matos et Liebig (2012).

Le graphique 8.18 compare l’écart entre immigrés et autochtones en matière d’inadéquation des qualifications à l’écart en matière d’inadéquation des compétences mesuré à partir de la perception des personnes interrogées. Dans 12 des 17 pays qui apparaissent dans ce graphique, l’écart d’inadéquation des compétences est inférieur à l’écart mesuré au moyen des trois méthodes de mesure du déclassement. Plus précisément, dans sept de ces 12 pays – Australie, Canada, Estonie, Finlande, Irlande, Pays-Bas et Norvège – l’écart d’inadéquation des compétences est négatif, à savoir que les autochtones sont plus nombreux que les migrants à percevoir leurs compétences comme inadéquates. Il est particulièrement intéressant de comparer l’écart d’inadéquation des qualifications calculé par autodéclaration et l’écart de compétences, l’un et l’autre reposant sur le jugement des individus eux-mêmes. Dans un cas, ils sont invités à s’exprimer sur les compétences nécessaires à l’exercice de leur activité, tandis que dans l’autre, ils doivent indiquer le niveau d’études requis pour l’obtention de leur emploi.

Graphique 8.18. Différences de taux de déclassement entre les immigrés et les personnes nées dans le pays d’après différents indicateurs

Points de pourcentage

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans. Les différentes mesures sont définies dans l'encadré 8.2.

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Le graphique 8.18 montre que si les migrants perçoivent leur niveau d’études comme supérieur à celui exigé pour occuper leur poste, ils n’estiment pas pour autant avoir toutes les compétences professionnelles dont ils ont besoin pour accomplir leur travail. Peut-être faut-il en déduire que les travailleurs déclaassés ne le sont qu’en

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OECD overqualification measure Mesure statistique Mesure subjective de la non-adéquation Non-adéquation

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 307

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apparence parce qu’il leur manque en réalité diverses compétences nécessaires à l’exercice d’un métier correspondant à leurs qualifications. Il peut s’agir par exemple de compétences linguistiques ou d’aptitudes relationnelles propres au pays d’accueil, plutôt que de compétences enseignées dans le cadre d’une formation formelle. Il semble donc utile de compléter l’analyse de l’écart d’inadéquation des qualifications par une analyse reposant sur la mesure de l’inadéquation des compétences, puisque dans certains cas, ces deux mesures révèlent des réalités très différentes.

Jusqu’à présent, nous avons, à l’aide de diverses méthodes, évalué les différences entre pays en matière de fréquence de l’inadéquation entre les qualifications ou compétences possédées et celles exigées, parmi les migrants, d’une part, et parmi les autochtones, d’autre part. Cependant, il ressort d’études portant sur certains groupes de pays, par exemple les pays de l’OCDE ou ceux de l’Union européenne (Cedefop, 2011), et de travaux consacrés des pays spécifiques (voir, par exemple, Poot et Stillman, 2010, pour la Nouvelle-Zélande ; Sanroma, Ramos et Simon, 2008, pour l’Espagne) que les caractéristiques individuelles des migrants – comme le sexe, la durée de séjour dans le pays d’accueil, le pays de naissance – constituent le principal facteur d’explication de l’écart entre migrants et autochtones en matière de taux de déclassement. Comme le montre la section 8.3, les migrants ne forment pas un groupe homogène et faire comme si tel était le cas peut être source d’erreur. De fait, leur situation en matière d’emploi dépend de divers facteurs, tels que la durée de leur séjour dans le pays d’accueil, le lieu où ils ont acquis leurs qualifications formelles, l’âge auquel ils ont émigré et leur région d’origine. Dans cette section, nous nous appuyons sur la mesure du déclassement à l’aide de la méthode normative pour comparer la probabilité d’inadéquation des qualifications et compétences entre des groupes de migrants définis sur la base de ces caractéristiques et la population autochtone.

Quels sont les groupes de migrants les plus exposés à un risque de déclassement ?

D’après les données existantes, les travailleurs arrivés depuis peu sur le marché du travail ont une probabilité plus forte de déclassement. Analysée sous cet angle, le déclassement fait donc partie du processus d’adaptation qui caractérise le début d’une carrière professionnelle, période durant laquelle le travailleur doit encore renforcer certaines composantes essentielles du capital humain, telles que les aptitudes, la formation pratique ou l’expérience. À l’instar des jeunes, les migrants arrivés depuis peu sur le marché du travail du pays d’accueil sont plus susceptibles que les autochtones et que les immigrés installés de longue date d’être déclassés par rapport au poste qu’ils occupent. Les études de portée nationale valident dans une large mesure ces résultats pour l’Australie (Green et al., 2007), le Canada (Wald et Fang, 2008) et le Royaume-Uni (Lindley, 2009), mais l’infirment pour l’Irlande et l’Espagne. Barrett et Duffy (2008) constatent en effet qu’en Irlande, le risque de déclassement est globalement le même parmi les immigrés arrivés depuis peu et parmi ceux installés de longue date, tandis que Fernandez et Ortega (2007) montrent qu’en Espagne, le taux de déclassement plus élevé des migrants ne semble pas diminuer après cinq ans de séjour dans le pays. Dans notre analyse, nous tenons compte, en plus des variables de contrôle classiques utilisées dans les travaux antérieurs, de variables des compétences en littératie et numératie, et montrons que dans la majorité des pays, le risque de déclassement est nettement plus faible parmi les migrants installés dans le pays d’accueil depuis cinq ans au moins que parmi ceux arrivés depuis peu15.

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308 – 8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES

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Au Canada et en Allemagne, les migrants arrivés depuis peu ont un risque de déclassement cinq fois supérieur à celui auquel sont exposés les migrants installés depuis plus longtemps, tandis qu’en France, en Norvège et en Suède ce risque est deux à trois fois supérieur (graphique 8.19). Le cas de l’Irlande, de l’Italie et des Pays-Bas mérite également d’être cité : dans ces pays, le risque de déclassement est étonnamment plus élevé parmi les migrants arrivés depuis peu que parmi les autochtones, mais il n’y a pas de différence statistiquement significative entre le risque de déclassement des migrants installés depuis plus longtemps et celui des autochtones. Les résultats observés en Autriche, au Royaume-Uni, en Estonie, en Finlande et en Belgique sont plus difficiles à interpréter. Dans ces pays, le coefficient n’est pas statistiquement différent pour la variable qui identifie les migrants arrivés depuis peu, tandis qu’il l’est, s’agissant des migrants installés de longue date. Toutefois, dans tous ces pays sauf en Finlande, l’écart entre le risque de déclassement des migrants arrivés depuis peu et celui de leurs homologues installés depuis longtemps est faible. Nos résultats semblent confirmer qu’une meilleure connaissance du marché du travail du pays d’accueil fait moins diminuer le risque de déclassement en Espagne que dans les autres pays. Le taux de déclassement des migrants récents est de 19 points de pourcentage plus élevé que celui des autochtones, tandis que pour les migrants arrivés depuis plus longtemps il est supérieur d’environ 16 points de pourcentage.

Graphique 8.19. Différences de taux de déclassement entre les immigrés et les personnes nées dans le pays selon le temps passé dans le pays de résidence

Points de pourcentage

Note : L'échantillon comprend uniquement les personnes en emploi ayant un niveau d'éducation tertiaire et âgées de 16 à 65 ans. Le modèle estimé est un modèle de probabilité linéaire qui comprend des contrôles pour l'âge, le sexe, les années d'éducation, les compétences en littératie et une constante. Les barres hachurées indiquent que les coefficients ne sont pas statistiquement significatifs (au seuil de 10 %).

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

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Récent (moins de cinq ans) Longue durée (plus de cinq ans)

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 309

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Il est possible d’évaluer le rôle de la durée de séjour dans le pays d’accueil en comparant le risque de déclassement des migrants qui ont émigré avant leur sixième anniversaire à celui des migrants qui ont émigré après six ans. On part alors du principe que lorsqu’ils entrent sur le marché du travail, les migrants qui sont arrivés plus jeunes dans le pays d’accueil ont acquis toutes les composantes du capital humain spécifiques au pays d’accueil, quels que soient leur langue et leur pays d’origine. Notre analyse confirme cette hypothèse. Le graphique 8.20 montre que dans la quasi-totalité des pays étudiés, le risque de déclassement des migrants qui se sont installés dans le pays d’accueil avant l’âge de la scolarité obligatoire n’est pas statistiquement significatif. L’Italie est le seul pays où elle est négative (et significative). En revanche, le coefficient associé aux migrants qui étaient plus âgés lorsqu’ils ont émigré est significatif et positif. Par exemple, émigrer en France, en Norvège et en Suède après l’âge de six ans augmente le risque de déclassement de 50 à 60 %. L’écart entre les deux groupes de migrants et les autochtones est particulièrement grand en Italie : le risque de déclassement des migrants arrivés en Italie avant leur sixième anniversaire est inférieure de 13 % à celle des autochtones, mais le risque de déclassement des migrants arrivés plus tardivement est supérieure de 33 % à celle des autochtones.

Graphique 8.20. Différences de taux de déclassement entre les immigrés et les personnes nées dans le pays selon l’âge à l'arrivée

Points de pourcentage

Note : L'échantillon comprend uniquement les personnes en emploi ayant un niveau d'éducation tertiaire et âgées de 16 à 65 ans. Le modèle estimé est un modèle de probabilité linéaire qui comprend des contrôles pour l'âge, le sexe, les années d'éducation, les compétences en littératie et une constante. Les barres hachurées indiquent que les coefficients ne sont pas statistiquement significatifs (au seuil de 10 %).

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Les données relatives aux pays de l’OCDE montrent que les migrants qui ont suivi leurs études à l’étranger affichent un taux de déclassement plus élevé. Il en va de même dans les pays européens (Aleksynska et Trithah, 2011) et au Danemark (Nielsen, 2011). Le graphique 8.21, qui compare les taux de déclassement des migrants et des autochtones en distinguant les migrants qui ont suivi leurs études supérieures dans le pays d’accueil de ceux qui les ont suivies à l’étranger, confirme les constatations des autres études, à savoir que les migrants qui ont suivi leurs études à l’étranger sont beaucoup plus susceptibles d’être déclassés que les autochtones dans la quasi-totalité des pays, notamment en Italie et en Suède. En outre, la France est le seul pays où la

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Arrivé au plus tard à 6 ans Arrivé après 6 ans

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310 – 8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES

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différence entre le taux de déclassement des migrants qui ont acquis leur qualification la plus élevée dans leur pays d’accueil et celui des autochtones est statistiquement significative et positive (d’où la présence de barres hachurées pour la plupart des pays dans le graphique 8.21).

Graphique 8.21. Différences de taux de déclassement entre les immigrés et les personnes nées dans le pays selon le lieu d’acquisition du diplôme le plus élevé

Points de pourcentage

Note : L'échantillon comprend uniquement les personnes en emploi ayant un niveau d'éducation tertiaire et âgées de 16 à 65 ans. Le modèle estimé est un modèle de probabilité linéaire qui comprend des contrôles pour l'âge, le sexe, les années d'éducation, les compétences en littératie et une constante. Les barres hachurées indiquent que les coefficients ne sont pas statistiquement significatifs (au seuil de 10 %).

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Le rendement négatif des qualifications acquises à l’étranger devrait être plus faible s’agissant de l’immigration interne à l’Union européenne. En effet, les migrants originaires de l’Union européenne bénéficient d’un droit de libre circulation sur le territoire de cette dernière, et ce droit se double de dispositions destinées à faciliter la transférabilité des qualifications formelles. Il est donc intéressant de comparer le risque de déclassement des migrants originaires de l’Union européenne à celui des migrants qui n’en sont pas originaires, tant dans les pays de l’Union européenne que dans les autres pays. S’agissant des pays de l’Union européenne, le graphique 8.22 montre que dans les pays nordiques, les migrants ont, quelle que soit leur origine, un risque de déclassement plus fort que les autochtones, mais que cette différence est plus prononcée pour ceux qui ne sont pas originaires de l’UE, même si elle reste relativement modeste. Ce phénomène s’explique peut-être par la composition de la population immigrée en termes de pays d’origine, les migrants originaires de l’UE venant en grande partie de pays limitrophes et parlant la langue du pays d’accueil et/ou ayant suivi leurs études dans le pays d’accueil. En Autriche, en Estonie, en Espagne, au Royaume-Uni, en Belgique et en France, il n’existe pas de différence statistiquement

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Diplôme étranger Diplôme obtenu dans le pays de résidence

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 311

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significative entre le risque de déclassement des migrants originaires de l’UE et celui des autochtones ; en revanche, il existe une différence significative entre les autochtones et les migrants non originaires de l’UE, le risque de déclassement de ces derniers étant plus fort, en particulier en Autriche, en Belgique et en France, où il est supérieur à 50 %. On observe une situation diamétralement opposée aux Pays-Bas et en Irlande, la seule différence statistiquement significative concernant les migrants originaires de l’UE, qui ont un risque de déclassement plus élevé que les autochtones. En Italie, les coefficients sont significatifs pour les deux groupes de migrants comparativement aux autochtones, et les migrants originaires de l’UE ont un risque de déclassement légèrement plus forte que leurs homologues non originaires de l’Union européenne. S’agissant des pays non membres de l’UE, au Canada, les deux groupes de migrants ont un risque de déclassement légèrement plus fort que les autochtones, mais seul le coefficient calculé pour les migrants non originaires de l’UE est significativement différent de zéro. À l’inverse, aux États-Unis, être un migrant originaire de l’UE entraîne une augmentation d’environ 40 % du risque de déclassement, tandis qu’être un migrant non originaire de l’UE n’est pas associé à un risque de déclassement plus élevé.

Graphique 8.22. Différences de taux de déclassement entre les immigrés et les personnes nées dans le pays selon le pays d'origine (UE/non-UE)

Points de pourcentage

Note : L'échantillon comprend uniquement les personnes en emploi ayant un niveau d'éducation tertiaire et âgées de 16 à 65 ans. Le modèle estimé est un modèle de probabilité linéaire qui comprend des contrôles pour l'âge, le sexe, les années d'éducation, les compétences en littératie et une constante. Les barres hachurées indiquent que les coefficients ne sont pas statistiquement significatifs (au seuil de 10 %).

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Quels facteurs concourent à expliquer le déclassement et l’inadéquation des compétences ?

Comme nous l’avons montré, les migrants qui ont suivi des études supérieures risquent davantage que les autochtones d’occuper un poste pour lequel ils sont surqualifiés. Il est indispensable de comprendre les facteurs à l’origine de cette situation pour élaborer des politiques publiques susceptibles d’y remédier. Nombre d’auteurs ont estimé des modèles binaires des déterminants du déclassement au sein de la population générale, sans s’intéresser particulièrement à la population immigrée. La plupart d’entre eux avancent des explications liées aux frictions à l’œuvre en matière

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Immigrés nés dans un pays de l'UE Immigrés nés dans un pays hors de l'UE

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312 – 8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES

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d’allocation des emplois, par exemple l’arrivée récente de travailleurs sur le marché du travail, l’imperfection de l’information de la part des employeurs, la difficulté, pour un travailleur, d’exploiter son capital humain en raison de l’absence de procédures de reconnaissance formelle des qualifications (ou de la lenteur de ces procédures) ou encore les pratiques discriminatoires sur le marché du travail. Les études, relativement rares, qui se sont intéressés plus particulièrement aux migrants montrent que la plupart de ces facteurs sont plus souvent à l’œuvre au sein de la population immigrée ou de certaines catégories de migrants qu’au sein de la population autochtone. L’Évaluation des compétences des adultes nous permet de tester les effets de ces facteurs et d’enrichir notre analyse en étudiant l’incidence des compétences évaluées sur le risque de déclassement. Elle nous offre ainsi la possibilité de tenir compte à la fois de l’hypothèse selon laquelle les compétences et l’expérience peuvent remplacer l’absence d’études (Poot et Stillman, 2010) et de celle selon laquelle le niveau d’études formel conduit à une surestimation des compétences d’un individu, ainsi que d’étudier s’il existe à cet égard une différence entre les migrants et les autochtones. Dans le texte qui suit, nous examinons tout d’abord les facteurs à l’origine du déclassement en analysant d’abord séparément la situation des autochtones et celle des migrants pour mettre en évidence les corrélations entre les caractéristiques de base et le déclassement et les différences observées en la matière entre autochtones et migrants. Nous regroupons ensuite les deux populations pour apprécier les disparités qui subsistent après prise en compte des principaux facteurs d’explication envisagés.

Pour obtenir les résultats présentés ci-après, nous avons mesuré le déclassement en faisant appel à la méthode normative afin de pouvoir comparer plus facilement nos résultats à ceux d’études antérieures qui reposent sur la même méthode, comme celles de Dumont et Monso (2007) et de Damas de Matos et Liebig (2012).

Existe-t-il des différences entre migrants et personnes née dans le pays en matière de déterminants du déclassement ?

Les régressions effectuées sur la base des données de l’Évaluation des compétences des adultes et estimées séparément pour les migrants et les autochtones confirment une constatation commune à de nombreuses études, à savoir que dans tous les pays étudiés, le déclassement touche davantage les jeunes travailleurs – en d’autres termes les travailleurs arrivés récemment sur le marché du travail. Cette constatation vaut pour les migrants comme pour les autochtones. L’Espagne est le seul pays qui se démarque à cet égard, les autochtones d’âge moyen (25-54 ans) ayant un risque de déclassement plus fort que les autochtones jeunes (16-24 ans) et les migrants de 25 ans et plus étant plus exposés au risque de déclassement que leurs homologues plus jeunes.

Les données issues de l’Évaluation des compétences des adultes aboutissent à des résultats contrastés au sujet de la corrélation entre sexe et déclassement. S’agissant des autochtones, on observe qu’en Autriche, au Canada, en Estonie, en Allemagne et en Suède, les femmes sont moins exposées que les hommes au risque de déclassement, tandis qu’au Royaume-Uni et en Finlande, c’est l’inverse qui est vrai. Ces résultats contrastés sont conformes à ceux présentés dans l’édition 2013 des Perspectives de l’OCDE sur les compétences (OCDE, 2013b) et aux résultats de travaux empiriques antérieurs ne faisant pas de distinction entre immigrés et autochtones. Ces travaux montrent que les femmes occupent plus souvent que les hommes un emploi pour lequel elles sont déclassées mais que cette différence peut être très faible et que l’inverse est parfois vrai (Quintini, 2011). S’agissant des migrants, l’Estonie, la Finlande, la

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Belgique, la France et l’Italie sont les seuls pays où le coefficient calculé pour la variable indicatrice du sexe est significatif. Comme le montrent également Dumont et Monso (2007), dans tous ces pays, ce coefficient est positif, comme dans le cas des femmes autochtones, mais il est plus élevé que pour les autochtones. Le cas de l’Italie mérite d’être souligné, le risque de déclassement des femmes immigrées étant 40 % supérieur à celui de leurs homologues de sexe masculin.

Dans tous les pays étudiés, les variations du déclassement en fonction de l’âge et du sexe sont les mêmes parmi les migrants et parmi les autochtones. Le tableau 8.4 montre qu’il en va de même des variations du déclassement en fonction de la durée des études. Ainsi, une augmentation de la durée des études va de pair avec une diminution du risque de déclassement pour tous les diplômés de l’enseignement supérieur. L’ampleur de cette diminution est la même pour les migrants et pour les autochtones, sauf dans quelques pays. Ainsi, au Danemark, au Royaume-Uni et en Norvège, une année d’études supplémentaire entraîne une diminution du risque de déclassement deux fois plus importante pour les migrants que pour les autochtones. En Espagne, en Finlande et en Belgique, le rendement des études est aussi plus important pour les migrants mais la différence est plus faible. En Australie et au Canada, pays où les migrants ont un niveau d’études particulièrement élevé en raison de l’application de politiques d’immigration choisie, le rendement de l’éducation est plus élevé pour les autochtones que pour les migrants.

Comme l’illustre le graphique 8.23, dans tous les pays et pour les deux groupes de personnes, il existe une corrélation négative entre le score en littératie et le risque de déclassement. Cette corrélation négative est plus forte pour la population née à l’étranger dans tous les pays, en particulier au Royaume-Uni et en Italie, où le coefficient calculé pour les migrants est respectivement environ deux fois et sept fois plus élevé que celui calculé pour les autochtones. Ainsi que nous l’avons déjà signalé, les compétences en littératie sont influencées par la maîtrise de la langue du pays d’accueil, ce qui explique qu’avoir un score plus élevé en littératie améliore davantage les chances des migrants de trouver un emploi correspondant à leur qualification que celles des autochtones. L’Italie, qui n’a pas de passé colonial et dont il est par conséquent peu probable que les migrants parlent la langue, semble valider cette hypothèse. Dans ce pays, la maîtrise de la langue et l’obtention de meilleurs scores en littératie sont peu fréquents, mais constituent, probablement de ce fait, un moyen très efficace de réduire le déclassement parmi les migrants.

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Tableau 8.4. Les caractéristiques démographiques du déclassement selon le lieu de naissance

Note : Le groupe d'âge de référence est composé des jeunes (16-24 ans). Les coefficients sont estimés grâce à un modèle de probabilité linéaire du déclassement exprimé sous forme de variable muette basée sur une mesure normative de la non-adéquation. Les coefficients correspondent à l'augmentation (en pourcentage) du risque de déclassement en fonction des variables indépendantes. Par exemple le coefficient « 25-54 ans » pour l'Australie indique que les personnes âgées de 25 à 54 ans ont 30 % moins de risque d'être déclassés que ceux âgés de 16 à 24 ans. Les erreurs-types sont entre parenthèses. *** p<1 %; ** p<5 %; * p<10 %.

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Allemagne -0.052 -0.028 -0.05* -0.114*** 0.512 0.373 0.071 -0.121***(0.099) (0.097) (0.027) (0.006) (0.533) (0.549) (0.085) (0.023)

Australie -0.297*** -0.299*** 0.025 -0.089*** -0.228* -0.256 0.031 -0.073***(0.074) (0.08) (0.024) (0.011) (0.127) (0.136) (0.036) (0.012)

Autriche -0.015 -0.075 -0.140*** -0.103*** -0.425 -0.463 -0.041 -0.125***(0.081) (0.084) (0.022) (0.009) (0.534) (0.548) (0.075) (0.024)

Belgique -0.071 -0.095* 0.028 -0.074*** -0.122 -0.238 -0.063 -0.107***(0.048) (0.054) (0.019) (0.01) (0.348) (0.358) (0.109) (0.026)

Canada -0.207*** -0.193*** -0.080*** -0.087*** -0.217*** -0.216 0.023 -0.066***(0.045) (0.049) (0.016) (0.005) (0.073) (0.083) (0.031) (0.006)

Danemark -0.374** -0.38** 0.007 -0.038*** -0.175 -0.231 0.034 -0.075***(0.163) (0.161) (0.02) (0.006) (0.185) (0.198) (0.054) (0.011)

Espagne 0.031 -0.041 -0.028 -0.116*** 0.192* 0.391 0.030 -0.164***(0.072) (0.079) (0.028) (0.007) (0.109) (0.181) (0.076) (0.032)

Estonie -0.189*** -0.137*** -0.048** -0.107*** -0.035 0.030 -0.158*** -0.119***(0.047) (0.051) (0.022) (0.007) (0.21) (0.197) (0.053) (0.018)

États-Unis -0.254*** -0.277*** -0.020 -0.069*** -0.112 0.028 0.033 -0.074***(0.068) (0.064) (0.022) (0.006) (0.237) (0.297) (0.063) (0.015)

Finlande -0.203* -0.267** 0.073*** -0.088*** 0.044 0 0.315*** -0.131***(0.113) (0.113) (0.021) (0.005) (0.169) 0 (0.11) (0.02)

France -0.128*** -0.155*** 0.028 -0.037*** -0.127 -0.147 0.136** -0.031(0.042) (0.05) (0.02) (0.006) (0.216) (0.224) (0.066) (0.024)

Irlande -0.248*** -0.319*** -0.007 -0.119*** -0.160 -0.225* 0.092 -0.13***(0.064) (0.075) (0.027) (0.015) (0.094) (0.128) (0.059) (0.018)

Italie -0.716*** -0.790*** 0.004 -0.050** -0.012 0 0.404*** -0.039***(0.149) (0.153) (0.037) (0.023) (0.376) 0 (0.191) (0.052)

Norvège -0.260*** -0.281*** 0.009 -0.049*** -0.302 -0.267 -0.009 -0.086***(0.061) (0.064) (0.019) (0.006) (0.422) (0.405) (0.063) (0.015)

Pays-Bas -0.224** -0.221*** 0.032 -0.042*** -0.770*** -0.857*** -0.003 -0.051***(0.073) (0.08) (0.021) (0.011) (0.059) (0.085) (0.076) (0.017)

Royaume-Uni -0.371*** -0.406*** 0.097*** -0.041*** 0.067 -0.021 0.063 -0.086**(0.053) (0.065) (0.026) (0.013) (0.154) (0.187) (0.067) (0.041)

Suède -0.214** -0.224*** -0.057*** -0.060*** 0.187 0.081 0.059 -0.046***(0.09) (0.087) (0.019) (0.008) (0.135) (0.166) (0.056) (0.017)

Années d'éducation

Nés dans le pays Nés à l'étranger

25-54 ans 55-65 ans FemmesAnnées

d'éducation 25-54 ans 55-65 ans Femmes

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 315

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Graphique 8.23. L'impact des compétences en littératie sur le risque de déclassement selon le lieu de naissance

Points de pourcentage

Note : L'échantillon comprend uniquement les personnes en emploi ayant un niveau d'éducation tertiaire et âgées de 16 à 65 ans. Le modèle estimé est un modèle de probabilité linéaire qui comprend des contrôles pour l'âge, le sexe, les années d'éducation et une constante. Les barres hachurées indiquent que les coefficients ne sont pas statistiquement significatifs (au seuil de 10 %). Les coefficients estimés ont été multipliés par 25, ce qui correspond à un demi niveau sur l'échelle des compétences en littératie.

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Quel est l’écart résiduel entre migrants et autochtones en matière de taux de déclassement ?

D’après le graphique 8.24, dans tous les pays étudiés, le risque de déclassement est plus élevé parmi les migrants que parmi les autochtones. L’influence des compétences en littératie et en numératie sur ce risque est similaire pour les deux groupes. En moyenne, dans les pays représentés au graphique 8.24, les différences de compétences en littératie (et en numératie) entre migrants et autochtones expliquent environ 30 % (26 %) de l’écart observé entre les deux groupes en matière de taux de déclassement. Au Canada, plus de 50 % de l’écart initial s’explique par des différences de compétences en littératie, contre 45 % au Royaume-Uni. En revanche, en Italie et en Espagne, les différences d’aptitudes en littératie entre migrants et autochtones n’expliquent que respectivement 4 % et 15 % de l’écart en termes de taux de déclassement.

-12 -10 -8 -6 -4 -2 0

AUSAUTBELCANDEUDNKESPESTFINFRAGBRIRLITANLDNORSWEUSA

Nés dans le pays Nés à l'étranger

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Graphique 8.24. Différences de taux de déclassement entre les immigrés et les personnes nées en contrôlant ou non pour les compétences en littératie et numératie

Points de pourcentage

Note : L'échantillon comprend uniquement les personnes en emploi ayant un niveau d'éducation tertiaire et âgées de 16 à 65 ans. Le modèle estimé est un modèle de probabilité linéaire qui comprend des contrôles pour l'âge, le sexe, les années d'éducation et une constante. Les barres blanches correspondent à un modèle qui comprend uniquement ces variables et une variable muette pour le fait d'être né à l'étranger. Les barres grises correspondent aux coefficients d'une variable muette « né à l'étranger » dans un modèle qui contrôle de surcroît pour les compétences en littératie. De la même façon, les barres bleues correspondent aux coefficients d'une variable muette « né à l'étranger » dans un modèle qui contrôle de surcroît pour les compétences en numératie. Les barres hachurées indiquent que les coefficients ne sont pas statistiquement significatifs (au seuil de 10 %).

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

La subsistance, après prise en compte des compétences en littératie et numératie, d’un écart entre migrants et autochtones en matière de risque de déclassement donne à penser que d’autres facteurs sont peut-être à l’œuvre. Par exemple, comme souligné précédemment, le lieu où la qualification la plus élevée a été acquise (à savoir le pays d’accueil ou un autre pays) a systématiquement une incidence sur le risque de déclassement des migrants. Le fait qu’un migrant ait pour langue maternelle la langue ou l’une des langues officielles du pays d’accueil est une autre variable qui devrait en toute logique exercer une forte influence sur cette probabilité16.

Le tableau 8.5 illustre l’effet de ces covariables sur la variable indicatrice du statut de migrant. Pour les deux groupes de régressions et dans tous les pays, sauf en Australie et en France, le coefficient obtenu pour cette variable indicatrice cesse d’être significativement différent de zéro lorsque l’on tient compte de ces covariables. Ce résultat confirme que l’imperfection de l’information de la part des employeurs et l’insuffisance de la transférabilité du capital humain due à l’éloignement de la langue du pays d’accueil par rapport à la langue maternelle constituent des facteurs d’explication importants du déclassement. À noter que dans le cas de l’Australie, on ne dispose d’aucune donnée sur le pays d’acquisition de la

0 5 10 15 20 25

AUSAUTBELCANDEUDNKESPESTFIN

FRAGBR

IRLITA

NLDNORSWEUSA

Variable "né à l'étranger" (compétences en littératie)Variable "né à l'étranger" (compétences en numératie)Variable "né à l'étranger"

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 317

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qualification, ce qui pourrait expliquer la subsistance d’un écart positif et statistiquement significatif entre migrants et autochtones. Dans la majorité des pays, le coefficient obtenu pour la variable indicatrice de la connaissance de la langue du pays d’accueil n’est pas significatif, ce qui pourrait s’expliquer par le caractère trop restrictif de cette variable, qui ne tient pas compte des personnes qui ont étudié la langue du pays d’accueil et la maîtrisent, bien qu’elle ne soit pas parlée dans leur pays ou dans leur famille. Ce résultat pourrait également s’expliquer par la forte corrélation constatée entre cette variable et les autres variables incluses dans les régressions, en particulier celles relatives à l’acquisition de qualifications à l’étranger et aux compétences en littératie. Toutefois, dans les pays où la variable indicatrice relative à la langue est significative – Suède, Irlande, Royaume-Uni, Canada, Australie et Autriche –, on observe que la connaissance de la langue du pays d’accueil va de pair avec une diminution du risque de déclassement comprise entre 5 % au Canada et 22 % en Autriche.

Tableau 8.5. Les taux de déclassement des immigrés comparés à ceux des personnes nées dans le pays : le rôle de la langue et du lieu d'acquisition du diplôme le plus élevé

Note : L'échantillon comprend uniquement les personnes en emploi ayant un niveau d'éducation tertiaire et âgées de 16 à 65 ans. Le modèle estimé est un modèle de probabilité linéaire de la variable muette du déclassement basé sur une mesure normative de la non-adéquation qui comprend des contrôles pour l'âge, le sexe, les années d'éducation, les compétences en littératie et une constante. Les coefficients correspondent à l'augmentation du risque, en pourcentage, d'être déclassé en fonction de la variable indépendante. Les erreurs-types sont entre parenthèses. *** p<1 %; ** p<5 %; * p<10 %.

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Allemagne 0.1120** -0.0360 0.2220** -0.0550(0.044) (0.059) (0.085) (0.094)

Australie 0.0953*** 0.0737*** .. -0.0757*(0.026) (0.026) .. (0.045)

Autriche 0.1097** -0.0273 0.1183* -0.2183***(0.044) (0.052) (0.070) (0.071)

Belgique 0.1300** 0.0880 0.0420 -0.0570(0.051) (0.084) (0.098) (0.057)

Canada 0.0690*** -0.0223 0.1403*** -0.0520*(0.053) (0.069) (0.082) (0.088)

Danemark 0.1450 0.0620 0.1963*** 0.0203(0.029) (0.038) (0.047) (0.050)

Espagne 0.1650*** 0.0830 0.1400 0.0673(0.057) (0.091) (0.102) (0.076)

Estonie 0.0447 0.0273 0.0470 0.0413(0.003) (0.043) (0.061) (0.054)

États-Unis 0.0120 0.0287 0.0283 0.0657(0.038) (0.05) (0.062) (0.051)

Finlande 0.1813*** 0.1267 0.1080 -0.0077(0.054) (0.081) (0.116) (0.084)

France 0.1130*** 0.0653** 0.1773** -0.0483(0.028) (0.026) (0.076) (0.071)

Irlande 0.0860** -0.0017 0.0930* -0.1487***(0.037) (0.048) (0.057) (0.049)

Italie 0.2110** -0.0040 0.3040** -0.2617(0.083) (0.071) (0.141) (0.226)

Norvège 0.1507*** 0.0557 0.2080*** 0.0373(0.031) (0.045) (0.054) (0.06)

Pays-Bas 0.0697* -0.0573 0.2827*** -0.0407(0.042) (0.036) (0.088) (0.098)

Royaume-Uni 0.0770** 0.0060 0.0690 -0.1327*(0.042) (0.06) (0.062) (0.077)

Suède 0.1337*** -0.0467 0.3290*** -0.1177*(0.037) (0.034) (0.06) (0.062)

Variable"né à l'étranger"

Variable"né à l'étranger"

Diplôme étranger Langue du pays hôte

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Un modèle augmenté tient compte du rôle des facteurs liés au travail sur le risque de déclassement. Plus précisément, ce modèle comprend, outre les variables de contrôle incluses dans les régressions précédentes, des variables de contrôle relatives à la taille de l’entreprise et à la nature du contrat (permanent ou temporaire) ainsi qu’au travail à temps partiel. La prise en compte de ces variables est sans incidence sur le coefficient obtenu pour la variable indicatrice du statut d’immigré qui, comme nous l’avions déjà observé dans le modèle précédent, n’est significativement différent de zéro que dans un petit nombre de pays, en l’occurrence l’Australie, la France et les Pays-Bas. Il est permis d’en déduire que les facteurs liés au travail ont la même incidence sur les immigrés et sur les autochtones et ne concourent donc pas, aux côtés d’autres caractéristiques individuelles, à expliquer le risque plus élevé de déclassement des migrants. Dans la plupart des pays étudiés, les travailleurs titulaires d’un contrat temporaire ont une probabilité plus forte d’occuper un poste pour lequel ils sont trop qualifiés. La raison pourrait en être que même si les conditions de qualification à satisfaire pour obtenir un emploi temporaire sont moins exigeantes que celles requises pour occuper un emploi permanent, les emplois temporaires attirent souvent des diplômés de l’enseignement supérieur qui ne trouvent pas de poste permanent. Il existe une corrélation négative entre la taille de l’entreprise et le risque de déclassement. L’un des facteurs d’explication pourrait être que la taille de l’entreprise est un indicateur indirect de la qualité des politiques en matière de ressources humaines, les entreprises de plus grande taille étant plus performantes en matière de sélection des candidats et comprenant mieux que le déclassment peut avoir une incidence sur la satisfaction dans l’emploi et, in fine, sur la productivité. En outre, les grandes entreprises ont un marché du travail interne plus grand, qui permet de transférer les travailleurs à des postes correspondant mieux à leurs qualifications au sein même de l’organisation (OCDE, 2013b). Le coefficient obtenu pour le type de travail – à temps plein ou à temps partiel – n’est significatif que pour l’Australie, le Canada, le Royaume-Uni, la France, la Suède et les États-Unis. Dans ces pays, les salariés qui travaillent à temps partiel ont un risque de déclassement supérieur de 13 % à celui des travailleurs à temps plein, ce qui indique que le travail à temps partiel, quoique plus répandu dans les professions non qualifiées, attire des travailleurs qualifiés, parce qu’il est plus facilement conciliable avec la vie privée ou familiale.

En conclusion, les différences entre migrants et autochtones en matière de déclassement sont imputables, en partie aux effets négatifs de la détention de qualifications acquises à l’étranger et en partie à des différences dans les domaines de la littératie (notamment de la maîtrise de la langue) et de la numératie. Bien que ces deux facteurs puissent être fortement corrélés (comme démontré dans la section 8.2), les résultats des régressions présentés dans cette section montrent que le fait de détenir une qualification acquise à l’étranger n’a une incidence négative en termes de déclassement qu’après prise en compte des compétences en littératie. Par ailleurs, les facteurs liés au travail contribuent peu à expliquer l’écart entre migrants et autochtones.

8.5. Les salaires des migrants

Les salaires des migrants, leurs déterminants, la façon dont ils évoluent dans le temps dans le pays de résidence et leur niveau par rapport à ceux des autochtones présentant les mêmes caractéristiques intéressent depuis longtemps et pour diverses raisons les chercheurs et les décideurs politiques. Premièrement, le salaire constitue un indicateur de l’intégration des migrants sur le marché du travail et permet de mesurer si

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 319

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leurs compétences sont pleinement et équitablement utilisées. Deuxièmement, l’analyse de la rémunération est un moyen d’évaluer les rendements de l’éducation, qui jouent un rôle important dans la motivation des individus à investir dans l’acquisition de capital humain. De surcroît, le montant des salaires du pays d’accueil (comparativement à ceux qui ont cours dans les pays d’origine) influence les décisions en matière d’émigration et peut constituer un argument utilisé par les pouvoirs publics et les employeurs pour attirer les talents.

Les travaux déjà consacrés à la rémunération des migrants portent sur un large éventail de pays mais présentent souvent des limites dues à un manque de sources de données fournissant à la fois des informations sur les salaires, d’une part, et sur le pays de naissance et autres caractéristiques pertinentes des migrants, d’autre part. Ces limites rendent relativement difficiles les comparaisons entre pays. La publication OCDE (2008), qui analyse les écarts de salaire entre migrants et autochtones dans neuf pays de l’OCDE (Australie, Canada, Portugal, Allemagne, Suède, France, Suisse, Pays-Bas et États-Unis) fait cependant exception. Elle fait appel à diverses sources de micro-données, notamment à des données d’enquête (pour certains pays, les enquêtes sur la population active), à des données issues de registres ou à des données administratives.

Les informations fournies par l’Évaluation des compétences des adultes et les nombreuses données disponibles sur la rémunération et les salaires permettent de réaliser cette analyse pour un plus grand nombre de pays. De surcroît, l’Évaluation des compétences des adultes contient une série de questions qui s’adressent aux migrants et permettent d’analyser leur rémunération en fonction, non seulement de leurs aptitudes en littératie et compétences linguistiques, mais aussi de la durée de leur séjour dans le pays d’accueil, de leur pays d’origine et de l’âge auquel ils sont arrivés. De ce point de vue, elle constitue une source de données sans équivalent pour l’étude de la rémunération des migrants et de ses déterminants. La plupart des études estiment des équations (mincériennes) qui relient le salaire au niveau d’études et à l’expérience professionnelle (soit à l’expérience professionnelle réelle soit à un indicateur indirect calculé à partir de l’âge et de l’âge à la fin des études). Elles expriment les compétences sous forme du niveau d’études ou du nombre d’années d’études (années de scolarisation), ce qui, comme le montre également la section 8.2 du présent chapitre, donne probablement une image erronée des compétences réelles. Au contraire, dans ce chapitre, nous exploitons la richesse des données fournies par l’Évaluation des compétences des adultes pour estimer les rendements de l’éducation, l’expérience professionnelle et les compétences en littératie pour les migrants, d’une part, et pour les autochtones, d’autre part. Nous distinguons également les migrants qui ont acquis leurs qualifications avant d’émigrer et ceux qui ont suivi leurs études dans leur pays d’accueil. Enfin, nous examinons l’écart salarial qui subsiste entre migrants et autochtones après prise en compte de tous ces facteurs.

L’écart salarial entre immigrés et autochtones Conformément à ce qui ressort des études existantes (OCDE, 2008), il apparaît que

dans les deux tiers des pays figurant au tableau 8.6, les migrants ont, en moyenne, une rémunération inférieure à celle de leurs homologues autochtones17, y compris après prise en compte de l’expérience professionnelle, des années de scolarisation et du type de travail, à temps partiel ou à temps plein. En moyenne, la rémunération perçue par les immigrés est inférieure à celle des autochtones ayant les mêmes caractéristiques de 17 % en Espagne et de 16 % en Italie, et de 6 % en Suède et au Danemark. En

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Australie, l’écart est faible et n’est pas significativement différent de zéro, ce qui corrobore les constatations de l’OCDE (2008). De même, il n’existe pas d’écart de rémunération statistiquement significatif en Allemagne, en France, aux Pays-Bas et aux États-Unis.

Tableau 8.6. Différences de salaire entre les immigrés et les personnes nées dans le pays

Note : Chaque cellule des colonnes 1 et 4 est estimée dans une régression distincte ayant le logarithme népérien du salaire pour variable dépendante et représente l'écart de salaire, en pourcent, entre les immigrés et les personnes nées dans le pays. Par exemple le coefficient pour l'Autriche dans la première colonne indique que les immigrés gagnent en moyenne 9.3 % de moins que les personnes nées sans le pays et présentant les mêmes caractéristiques. Les coefficients des colonnes 2 et 3 proviennent des mêmes régressions à la seule différence qu'au lieu de variables dichotomiques pour les personnes nées à l'étranger deux variables dichotomiques ont été utilisées selon le pays de naissance de la personne (UE ou non-UE). La dernière colonne ne prend en compte que les personnes avec un niveau d'éducation tertiaire. Toutes les régressions contrôlent pour les années d'expérience (pas de disctinction entre celles acquises dans le pays hôte et celles acquises à l'étranger), les années d'éducation, le sexe, une variable muette pour le travail à temps partiel et une constante. L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans. Les salaires sont les salaires horaires, y compris les primes. Les erreurs-types sont entre parenthèses. *** p<1 %; ** p<5 %; * p<10 %.

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Comme le montre la dernière colonne du tableau 8.6, l’écart salarial entre migrants et autochtones est plus important parmi les diplômés de l’enseignement supérieur.

Allemagne 0.0143892 .. .. -0.17186 ***(0.04396) .. .. (0.06082)

Australie 0.0079476 .. .. -0.02817(0.018) .. .. (0.02682)

Autriche -0.09362 *** -0.031004 -0.138715 *** -0.13163 ***(0.02293) (0.03195) (0.02954) (0.04464)

Belgique -0.071454 *** -0.050745 -0.095213 *** -0.15648 ***(0.02683) (0.0394) (0.03416) (0.05625)

Canada -0.109152 *** 0.0013632 -0.139551 -0.16749 ***(0.01613) (0.02443) (0.01835) (0.01942)

Danemark -0.060694 ** -0.051013 ** -0.067535 * -0.15965 ***(0.02767) (0.02478) (0.03812) (0.03198)

Espagne -0.17229 *** -0.149666 ** -0.180545 *** -0.22591 ***(0.04067) (0.05998) (0.04586) (0.08177)

Estonie -0.116157 *** -0.151612 -0.113999 *** -0.16526 ***(0.03218) (0.12019) (0.03275) (0.04724)

États-Unis 0.0390381 0.0715191 0.0361874 -0.07997(0.07558) (0.21741) (0.07879) (0.07479)

Finlande -0.110012 *** -0.047177 -0.14581 *** -0.18592 ***(0.03233) (0.04175) (0.04265) (0.05777)

France 0.0266154 0.0810511 ** 0.0066304 -0.12652 ***(0.0168) (0.03658) (0.01996) (0.03593)

Irlande -0.136694 *** -0.184265 *** 0.0210777 -0.08576(0.03309) (0.03717) (0.05605) (0.04447)

Italie -0.161971 *** -0.281748 *** -0.083704 -0.31961 **(0.04223) (0.05675) (0.05292) (0.1226)

Norvège -0.140136 *** -0.121302 *** -0.160272 *** -0.17032 ***(0.02823) (0.04376) (0.03274) (0.05322)

Pays-Bas -0.044581 0.0706318 -0.064956 ** -0.22254 ***(0.03298) (0.16337) (0.02923) (0.04277)

Royaume-Uni -0.071209 ** -0.104533 ** -0.05364 -0.10481 **(0.02983) (0.04213) (0.03651) (0.04411)

Suède -0.064854 *** -0.013407 -0.09961 *** -0.06228 **(0.0162) (0.03034) (0.01667) (0.03042)

Tous les immigrés UE Non-UE Niveau d'éducation tertiaire

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 321

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L’une des raisons pourrait en être que, comme démontré dans la section 8.3, les migrants diplômés de l’enseignement supérieur sont, en moyenne, plus susceptibles que leurs homologues autochtones d’occuper un poste pour lequel ils sont trop qualifiés. Le fait que l’éventail des salaires soit plus large parmi les diplômés de l’enseignement supérieur que parmi les personnes qui ont un niveau d’études moins élevé pourrait être un autre facteur d’explication. Les seuls pays dans lesquels il n’existe pas de différentiel de salaire entre migrants et autochtones diplômés de l’enseignement supérieur sont l’Australie, l’Irlande et les États-Unis. En Italie et en Espagne, les migrants qui ont un niveau d’études élevé perçoivent, en moyenne, un salaire inférieur de respectivement 32 % et 23 % à celui de leurs homologues autochtones. Ces pays sont également ceux où existe une forte disparité entre migrants et autochtones en termes de risque de déclassement.

D’après l’analyse conduite par l’OCDE (OCDE, 2008), les inégalités salariales entre migrants et autochtones diffèrent selon le pays d’origine. Ainsi, dans la plupart des pays, les migrants originaires des pays de l’OCDE ne gagnent en général pas moins que les autochtones, contrairement à leurs homologues originaires de pays non membres. Le tableau 8.6 distingue les migrants originaires de l’Union européenne de ceux qui n’en sont pas originaires (colonnes 2 et 3) et confirme les résultats des analyses antérieures, à savoir que dans la majorité des pays, l’existence d’un écart salarial négatif entre migrants et autochtones ne concerne que les migrants non originaires de l’Union européenne (il en va ainsi en Autriche, en Finlande, en Belgique et aux Pays-Bas). En Norvège, en Espagne et en Suède, les migrants, originaires de l’Union européenne ou non, gagnent en moyenne moins que les autochtones, mais l’écart est plus grand dans le cas des migrants non originaires de l’Union européenne. En Irlande, au Royaume-Uni et en Italie, le salaire des migrants originaires de l’Union européenne est, en moyenne, inférieur à celui des autochtones, mais aussi à celui des migrants non originaires de l’UE. En France, les migrants originaires de l’UE sont, en moyenne, mieux rémunérés que les migrants non originaires de l’UE, mais aussi que les autochtones. En Irlande, plus des deux tiers des migrants originaires de l’UE viennent des nouveaux États membres, et en Espagne ce pourcentage est de 56 %. En général, ces migrants sont recrutés à des postes peu qualifiés ne correspondant pas à leurs qualifications, ce qui a des répercussions sur le montant de leur rémunération comparativement à celle de leurs homologues non originaires de l’UE et des autochtones.

Rendements de l’éducation et compétences en littératie et numératie Les études empiriques démontrent que les rendements de l’éducation en termes

d’emploi, d’adéquation entre les qualifications et compétences et l’emploi occupé et de salaire sont plus faibles pour les migrants, quels que soient leur niveau d’études et leur catégorie d’entrée, que pour les autochtones. Parmi les hypothèses avancées pour expliquer cette situation figurent les différences de qualité du système éducatif entre les pays, la méconnaissance de la langue du pays d’accueil, qui empêche les migrants d’avoir une rétribution à la hauteur de leurs qualifications, la lenteur ou l’insuffisance des procédures de reconnaissance des diplômes étrangers et la discrimination. De surcroît, il est possible que les indicateurs existants et couramment utilisés pour mesurer le niveau d’études ne rendent pas véritablement compte des compétences réelles qu’apportent les migrants. Dans cette partie, nous examinons principalement dans quelle mesure les compétences linguistiques, et la reconnaissance des

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322 – 8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES

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qualifications et de l’expérience professionnelle concourent à expliquer les inégalités salariales entre migrants et autochtones.

Dans cette section, nous étudions en détail le rendement salarial de la scolarité et des études et effectuons une comparaison de ce rendement entre migrants et autochtones. Le graphique 8.25 présente le rendement salarial des années de scolarité (forme linéaire) et des années d’expérience (forme quadratique) pour les migrants, d’une part, et les autochtones, d’autre part, sans prise en compte des compétences en littératie et numératie. Il montre qu’une année de scolarité supplémentaire entraîne une hausse du salaire plus forte pour les autochtones que pour les migrants, sauf aux États-Unis et en Irlande, où l’inverse est vrai, et en Australie, où l’on n’observe pas de différence entre migrants et autochtones. Ces résultats pourraient s’expliquer par le fait que le modèle repose sur une hypothèse de rendement constant (non de rendement décroissant) de la scolarité. Le rendement de la scolarité s’établit en moyenne à environ 7 % pour les autochtones et à 5 % pour les migrants. Il existe cependant de fortes disparités entre les pays. L’Allemagne est le pays où le rendement de la scolarité est le plus élevé pour les autochtones (11 % par année d’études supplémentaire), mais où ce rendement est plus de deux fois plus faible pour les migrants. De tous les pays représentés sur le graphique 8.25, l’Irlande, l’Autriche et l’Australie sont ceux où les migrants obtiennent le meilleur rendement de leurs études. Globalement, le rendement de l’éducation varie moins d’un pays à l’autre pour les migrants que pour les autochtones.

Graphique 8.25. Les rendements de l'expérience et de l'éducation selon le lieu de naissance Augmentation des salaires en pourcentages

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans. Les régressions sont estimées avec le logarithme népérien du salaire pour variable dépendante, séparément pour les travailleurs nés à l'étranger et ceux nés dans le pays et contrôlent pour les années d'éducation, les années d'expérience, et l'expérience au carré, une variable muette pour le travail à temps partiel, une pour le sexe et une constante.

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Le graphique 8.26 présente le rendement des études supérieures en distinguant les migrants et les autochtones (partie A), puis en distinguant les migrants selon qu’ils ont

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Expérience Années d'éducation

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 323

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acquis leurs qualifications dans le pays d’accueil ou à l’étranger (partie B). Il en ressort que dans la majorité des pays, il n’existe pas de grande différence entre migrants et autochtones s’agissant du rendement des études supérieures. On constate cependant un écart important en Allemagne et en Espagne, ainsi que, dans une moindre mesure, aux Pays-Bas, en Estonie et au Royaume-Uni. De tous les pays étudiés, l’Allemagne est celui qui affiche le rendement des études supérieures le plus élevé pour les autochtones, et ce rendement est égal au double de celui obtenu par les migrants. Pour les migrants, la prime salariale liée aux études supérieures est comprise entre 30 % en Finlande et 64 % en Autriche. Elle est proche de 30 % dans certains pays scandinaves (Danemark, Suède) et en Estonie et s’établit à environ 40 % aux Pays-Bas, en Allemagne, en Espagne et en Norvège. Le fait que les études aient un rendement plus faible pour les migrants pourrait s’expliquer par un moindre niveau des compétences acquises dans le cadre des études formelles suivies par cette population, par le fait que ces études sont perçues comme un signal de moindre qualité de caractéristiques non observées comparativement à la population autochtone, voire par une forme de discrimination. Ce moindre rendement pourrait aussi être dû au risque plus élevé de déclassement auquel sont exposés les migrants, qui occupent plus souvent que les autochtones des postes rétribuant plus faiblement leurs qualifications formelles.

Bien qu’il existe une forte corrélation entre compétences en littératie et niveau d’études, la prise en compte de ces compétences dans les régressions estimées pour les besoins du graphique 8.26 (partie A) devrait permettre d’isoler le rôle de signal que jouent les études. Effectivement, au graphique 8.26, l’introduction dans les régressions de variables de contrôle relatives aux compétences en littératie entraîne une diminution du rendement de l’éducation supérieure, pour les migrants comme pour les autochtones. Dans la majorité des pays, cette diminution est de 20 % pour les autochtones. Aux États-Unis, en Suède, en Belgique, au Canada et au Royaume-Uni, les compétences en littératie expliquent une part encore plus importante du rendement des études formelles. S’agissant des migrants, le rendement des études diminue fortement, comparativement à ce qu’il est lorsque les compétences évaluées ne sont pas prises en compte et au rendement observé pour les autochtones. Au Royaume-Uni, en Belgique et au Canada, le rendement des études diminue de moitié pour les migrants après prise en compte des compétences en littératie. Aux États-Unis, en Suède et en Norvège, il s’établit à environ 75 % de son niveau initial. On peut en déduire, par exemple, qu’à tout le moins pour certaines catégories de migrants, un niveau d’études élevé ne constitue qu’un signal imparfait pour les employeurs potentiels. Après prise en compte des compétences réelles, le rendement des études supérieures (calculé par rapport à un niveau d’études plus bas) reste plus faible pour les migrants que pour les autochtones. Nous avons réalisé une autre analyse (graphique 8.26, partie B), qui porte exclusivement sur les migrants et distingue deux groupes en fonction du pays où les études supérieures ont été suivies. Dans beaucoup de pays, la prise en compte des compétences en littératie entraîne une diminution plus forte du rendement des études supérieures pour les migrants qui ont suivi leurs études à l’étranger que pour ceux qui les ont suivies dans le pays d’accueil.

La question qui se pose ensuite porte sur le rendement des compétences en littératie et numératie et sur les différences entre migrants et autochtones à cet égard. Le graphique 8.27 montre que ces compétences ont un rendement positif et statistiquement significatif pour les autochtones et, à quelques exceptions près, pour les migrants. Dans l’ensemble, une hausse de 25 points des compétences en littératie (soit la moitié d’un niveau sur l’échelle de compétence en littératie) majore de 4 % le salaire des migrants.

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324 – 8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES

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C’est au Royaume-Uni, aux États-Unis, aux Pays-Bas et au Canada que les compétences en littératie ont le rendement le plus élevé pour les migrants. En revanche, ce rendement est faible et n’est pas significativement différent de zéro en Estonie, en France, en Italie, au Danemark et en Finlande. Les résultats sont globalement similaires s’agissant des compétences en numératie, sauf aux États-Unis, où le rendement des compétences en numératie n’est pas statistiquement différent de zéro pour les migrants.

Graphique 8.26. Les rendements de l'éducation tertiaire Augmentation des salaires en pourcentages

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans. Les régressions sont estimées avec le logarithme népérien du salaire pour variable dépendante, séparément pour les travailleurs nés à l'étranger et ceux nés dans le pays et contrôlent pour deux variables muettes sur les niveaux d'éducation (élevé et intermédiaire), les années d'expérience, et l'expérience au carré, une variable muette pour le travail à temps partiel, une pour le sexe et une constante.

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

a. Personnes nées à l'étranger et personnes nées dans le pays

b. Personnes nées à l'étranger uniquement

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AUT BEL CAN DEU DNK ESP EST FIN FRA GBR IRL ITA NLD NOR SWE USA

Avant contrôle pour les compétences en littératie Après contrôle pour les compétences en littératie

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 325

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

D’après le graphique 8.27, dans la majorité des pays de l’OCDE, contrairement au rendement des études, le rendement des compétences en littératie et numératie n’est pas très différent pour les migrants et pour les autochtones. Certains pays font cependant exception, en particulier les États-Unis. Alors que ce pays est celui où les compétences en littératie et numératie ont le rendement le plus élevé pour les autochtones, ce rendement est beaucoup plus faible pour les migrants (deux tiers dans le cas de la littératie) ou n’est pas statistiquement différent de zéro (dans le cas de la numératie). Il existe un écart en faveur des migrants en Australie, au Canada, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, où les compétences en littératie comme les compétences en numératie ont un rendement plus élevé pour les migrants que pour les autochtones. À noter cependant que cet écart est relativement faible : ainsi, la hausse de salaire induite par une amélioration du score en littératie égale à la moitié d’un niveau sur l’échelle de compétence est supérieure de 2 points de pourcentage pour les migrants.

Graphique 8.27. Les rendements des compétences évaluées Augmentation des salaires en pourcentages

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans. Les régressions sont estimées séparément pour les travailleurs nés à l'étranger et ceux nés dans le pays et contrôlent pour les années d'éducation, les années d'expérience, et l'expérience au carré, une variable muette pour le travail à temps partiel, une pour le sexe et une constante. Les coefficients estimés ont été multipliés par 25, ce qui correspond à un demi niveau sur l'échelle des compétences en littératie. Les barres hachurées indiquent que les coefficients ne sont pas statistiquement significatifs (au seuil de 10%).

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Littératie Numératie

0 5 10 15

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CAN

DEU

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NOR

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ESP

BEL

SWE

IRL

FIN

DNK

ITA

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Nés à l'étranger Nés dans le pays

0 5 10

GBR

USA

NLD

CAN

DEU

AUS

NOR

AUT

ESP

BEL

SWE

IRL

FIN

DNK

ITA

FRA

EST

Nés à l'étranger Nés dans le pays

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326 – 8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Les qualifications ont un rendement très différent selon qu’elles ont été acquises dans le pays d’accueil ou à l’étranger

Comme nous l’avons déjà démontré dans les sections 8.2 et 8.3 de ce chapitre, le pays dans lequel la qualification la plus élevée a été obtenue joue un rôle important dans les compétences en littératie et numératie, mais aussi dans la situation des migrants sur le marché du travail. Dans certains pays, il joue même un rôle plus important que le pays de naissance. Les données empiriques montrent que les études ont un rendement plus faible lorsqu’elles ont été suivies à l’étranger que lorsqu’elles l’ont été dans le pays d’accueil. Dans cette section, nous examinons d’abord le rendement des études en distinguant les qualifications obtenues à l’étranger de celles obtenues dans le pays d’accueil. Les différences de rendement entre études suivies à l’étranger et études suivies dans le pays d’accueil rendent peut-être compte, dans une certaine mesure, de différences de qualité du système éducatif et de contenu de l’enseignement. Elles pourraient également s’expliquer par les difficultés qu’éprouvent les employeurs à évaluer les diplômes étrangers, en particulier ceux délivrés dans des pays avec lesquels ils n’ont pas de liens, ou encore par d’éventuelles carences du système officiel de reconnaissance des diplômes étrangers ou par un manque de motivation des migrants à faire reconnaître leurs diplômes. De fait, le module ad hoc introduit dans la vague 2008 de l’Enquête européenne sur les forces de travail montre que seulement 15 % des migrants utilisent les procédures qui permettent de déterminer ce que représente le diplôme le plus élevé obtenu à l’étranger dans le système du pays d’accueil. Ce pourcentage est plus élevé parmi les migrants qui ont suivi des études supérieures (24 %) parce qu’ils utilisent souvent cette procédure pour pouvoir continuer leurs études dans le pays d’accueil.

Dans huit des 13 pays pour lesquels des résultats statistiquement significatifs ont été obtenus au graphique 8.28, le rendement des études est plus élevé pour les migrants qui ont acquis leur qualification la plus élevée dans le pays d’accueil. L’écart est important au Canada, en Italie, en Espagne et en Irlande (pour le Canada, Ferrer et Riddell, 2008, parviennent aux mêmes résultats). Dans ces pays, la majoration de salaire induite par une année d’études est plus élevée de trois points pour les migrants qui ont acquis leurs qualifications dans le pays d’accueil que pour ceux qui les ont acquises à l’étranger. Au Royaume-Uni, en Allemagne et aux Pays-Bas, le rendement des qualifications acquises à l’étranger est nul ou n’est pas statistiquement significatif, alors que celui des qualifications acquises dans le pays d’accueil est positif et statistiquement significatif. Ces constatations laissent penser que même après prise en compte des compétences en littératie, censées refléter les facteurs linguistiques et les compétences cognitives, les qualifications ont un rendement plus élevé lorsqu’elles sont acquises dans le pays d’accueil. Cette situation pourrait s’expliquer par la faible transférabilité des diplômes étrangers et la discrimination. Elle pourrait aussi être due au manque d’information des employeurs, qui considèrent les diplômes du pays d’accueil comme un signe de qualité, ainsi qu’à la méconnaissance de la culture et des normes du pays. Les données dont on dispose actuellement ne permettent malheureusement pas de faire la part entre ces deux causes possibles.

Dans le graphique 8.29, nous présentons le rendement des compétences en littératie en faisant la différence entre les migrants qui ont acquis leurs qualifications à l’étranger et ceux qui les ont acquises dans le pays d’accueil. Les résultats diffèrent selon les pays. En Australie, en Finlande, en Norvège et aux États-Unis, ce rendement est plus élevé pour les migrants titulaires de qualifications acquises sur place. À

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 327

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l’inverse, au Canada, au Royaume-Uni et en Allemagne, il est plus élevé pour ceux qui ont acquis leurs qualifications à l’étranger.

Graphique 8.28. Les rendements des années d'éducation selon le lieu de naissance et le lieu d'acquisition du diplôme le plus élevé

Augmentation des salaires en pourcentages

Note : Les coefficients présentés dans le graphique résultent d'un modèle log-linéaire des salaires qui contrôle pour les compétences en littératie, le sexe, le travail à temps partiel, l'expérience et l'expérience au carré. Les régressions sont estimées séparément pour les personnes nées dans le pays, celles nées à l'étranger dans un pays de l'Union européenne et celles nées à l'étranger dans un pays hors Union européenne. Les barres hachurées indiquent que les coefficients ne sont pas statistiquement significatifs (au seuil de 10 %).

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Graphique 8.29. Les rendements des compétences en littératie selon le lieu de naissance et le lieu d'acquisition du diplôme le plus élevé

Augmentation des salaires en pourcentages

Note : Les coefficients présentés dans le graphique résultent d'un modèle log-linéaire des salaires qui contrôle pour les années d'éducation, le sexe, le travail à temps partiel, l'expérience et l'expérience au carré. Ils représentent l'augmentation des salaires en pourcentages associée à une augmentation d'un demi-niveau de littératie (25 points). Les barres hachurées indiquent que les coefficients ne sont pas statistiquement significatifs (au seuil de 10%).

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

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Nés dans le pays Nés à l'étranger et éducation étrangère Nés à l'étranger et éducation dans le pays hôte

-2

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4

6

8

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AUT BEL CAN DEU DNK ESP EST FIN FRA GBR IRL ITA NLD NOR SWE USA

Nés dans le pays Nés à l'étranger et éducation étrangère Nés à l'étranger et éducation dans le pays hôte

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328 – 8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES

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Le rendement de l’expérience professionnelle acquise à l’étranger et dans le pays d’accueil

Après avoir examiné le rendement des études, nous nous intéressons maintenant au rendement de l’expérience professionnelle. Le graphique 8.25 présente la hausse de salaire induite par une année supplémentaire d’expérience professionnelle, pour les migrants, d’une part, et pour les autochtones, d’autre part. Dans tous les pays, à l’exception des États-Unis et du Royaume-Uni, une année d’expérience professionnelle supplémentaire est moins payante qu’une année d’études supplémentaire, pour les migrants comme pour les autochtones. Pour les migrants, le rendement de l’expérience est compris entre environ 2 % en Finlande, en France et aux Pays-Bas, et près de 6 % aux États-Unis et en Irlande. Une année d’expérience supplémentaire majore le salaire des migrants d’environ 3 % en moyenne dans les pays où le rendement estimé est statistiquement significatif (et de 2.3 % si l’on tient compte de tous les pays).

Dans la grande majorité des pays, le rendement de l’expérience est plus élevé pour les autochtones que pour les migrants et cet écart est relativement important dans au moins quatre pays, à savoir les Pays-Bas, l’Autriche, la France et la Norvège. Ce phénomène peut s’expliquer par le rendement faible ou nul de l’expérience professionnelle antérieure à l’émigration. Les études qui analysent la hausse des salaires induite par l’expérience professionnelle parmi les migrants montrent en effet que l’expérience acquise à l’étranger n’est pas récompensée comparativement à celle acquise dans le pays d’accueil – ou l’est moins. Ce rendement faible ou nul peut être lié à un éventuel changement de profession ou de secteur d’activité lors de l’émigration, qui déprécie l’expérience antérieure. Il peut aussi s’expliquer par la faible transférabilité des compétences professionnelles acquises dans le pays d’origine au marché du travail du pays d’accueil.

Les informations issues de l’Évaluation des compétences des adultes (tableau 8.7) montrent que l’expérience que les migrants ont acquise à l’étranger a un rendement nul ou faible. Dans la majorité des pays qui figurent dans ce tableau, ce rendement n’est pas significativement différent de zéro. Le rendement négatif de l’expérience acquise à l’étranger observé dans certains pays pourrait rendre compte du salaire plus faible perçu par les migrants arrivés dans le pays d’accueil à un âge tardif. À l’inverse, le rendement de l’expérience acquise dans le pays d’accueil est positif et, dans la majorité des pays, statistiquement significatif. Pour les migrants, une année supplémentaire d’expérience dans le pays d’accueil majore le salaire de 5 % aux États-Unis. Dans la majorité des pays, ce rendement est compris entre 2 % et 3 % par année d’expérience supplémentaire.

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 329

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Tableau 8.7. Les rendements de l'expérience acquise dans le pays hôte et de l'expérience acquise à l'étranger

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans. Les coefficients résultent de régressions ayant le logarithme népérien du salaire pour variable dépendante et qui contrôlent pour les années d'éducation, le sexe, une variable muette pour le travail à temps partiel, une pour les immigrés qui ont été dans le pays pendant plus de cinq ans et le score en littératie. Les coefficients représentent l'évolution en pourcentages des salaires des immigrés associée à une année supplémentaire d’expérience acquise dans le pays hôte. Par exemple, le coefficient pour l'expérience dans le pays hôte en Autriche indique que les immigrés gagnent un salaire 2.5 % plus élevé avec chaque année d'expérience supplémentaire. Les erreurs-types sont entre parenthèses. *** p<1 %; ** p<5 %; * p<10 %.

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Quel est l’écart salarial résiduel entre migrants et autochtones ? Il est intéressant, pour l’élaboration des politiques d’intégration, de chercher à

déterminer s’il subsiste un écart salarial entre migrants et autochtones une fois que toutes les variables et tous les facteurs pertinents ont été pris en compte. Dans cette section, nous tentons d’apporter une réponse à cette question. Nous commençons par examiner dans quelle mesure l’écart salarial entre migrants et autochtones s’explique par des différences de compétences qui ne sont en général pas observées dans la plupart des analyses parce que les informations nécessaires ne sont pas fournies par les

Allemagne 0.0343 *** 0.0170(0.0092) (0.0276)

Autriche 0.026530 *** -0.016526 *(0.0077) (0.0098)

Belgique 0.0215 * -0.0073(0.012) (0.0113)

Canada 0.035395 *** -0.014908 ***(0.0035) (0.004)

Danemark 0.030477 *** 0.009596(0.0074) (0.0087)

Espagne 0.0168 -0.0279 **(0.0118) (0.0136)

Estonie 0.008053 -0.014929(0.0097) (0.0166)

États-Unis 0.0505 *** 0.0264(0.0093) (0.0434)

Finlande 0.0134 ** 0.0171(0.0069) (0.0171)

France 0.018541 *** 0.011212(0.0059) (0.0098)

Irlande 0.050096 *** -0.000544(0.0112) (0.011)

Italie -0.0094 0.0003(0.0236) (0.017)

Norvège 0.0199 ** 0.0052(0.0077) (0.0117)

Pays-Bas 0.025958 -0.031639 *(0.0168) (0.0174)

Royaume-Uni 0.0238 *** 0.0018(0.0085) (0.0112)

Suède 0.022763 *** -0.015403(0.0071) (0.0139)

Expérience dans le pays hôte Expérience acquise à l'étranger

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séries de données classiques (graphique 8.30, partie de droite). Dans cinq des pays étudiés (Autriche, Danemark, Royaume-Uni, Belgique et Suède), le coefficient obtenu pour les migrants n’est pas statistiquement différent de zéro après prise en compte des compétences en littératie. Dans sept autres pays, l’écart salarial entre migrants et autochtones diminue nettement après prise en compte des différences de compétences en littératie entre autochtones et migrants. Les compétences en littératie expliquent environ la moitié de l’écart salarial au Canada et entre 42 % et 45 % en Finlande et en Norvège. Au Canada, ce pourcentage est conforme à celui constaté par Ferrer et al. (2006). En Irlande, en Estonie et en Espagne, la prise en compte des compétences en littératie entraîne une diminution de l’écart salarial entre migrants et autochtones de 15 % à 20 %.

Dans la partie gauche du graphique 8.30, nous estimons un modèle salarial « complet », dans lequel nous avons introduit, en plus des variables relatives aux compétences en littératie, aux études et à l’expérience, une variable de contrôle correspondant au pays d’acquisition de la qualification la plus élevée, une variable indicatrice correspondant à une durée de séjour de plus de cinq ans dans le pays d’accueil, un indicateur correspondant au fait que le migrant est né dans un pays de l’Union européenne. On observe qu’après prise en compte de ces facteurs, l’écart salarial entre autochtones et migrants disparaît dans la majorité des pays. En Autriche et en Australie, les différences ajustées entre migrants et autochtones deviennent positives après prise en compte des variables correspondant aux compétences en littératie, au pays d’acquisition de la qualification la plus élevée et à la langue parlée en famille. L’Espagne et l’Italie font partie des pays figurant dans le graphique 8.30 où l’écart salarial obtenu dans le modèle simple n’incluant pour toutes variables de contrôle que les variables démographiques élémentaires est le plus grand, s’établissant à respectivement 17 % et 16 %. Cependant, dans ces deux pays, après prise en compte de toutes les autres variables, il n’existe plus d’écart salarial statistiquement significatif, ce qui laisse penser que l’écart initial s’expliquait principalement par la composition de la population immigrée en termes de niveau d’études et de compétences en littératie, de compétences linguistiques et de pays d’acquisition de la qualification la plus élevée. À l’inverse, au Canada et en Norvège, il existe un écart salarial négatif d’environ 10 % et 15 % respectivement, y compris après prise en compte de toutes les variables caractérisant les migrants. Ce résultat pourrait s’expliquer par des différences en termes de compétences et de caractéristiques non observées des migrants, par le fait que leurs qualifications ne sont que partiellement reconnues ou par un phénomène de discrimination. Les informations fournies par l’Évaluation des compétences des adultes ne permettent malheureusement pas de prendre ces facteurs en compte et il n’est pas possible de déterminer ceux qui expliquent les résultats obtenus.

Quand on limite l’analyse aux diplômés de l’enseignement supérieur, les écarts salariaux entre migrants et autochtones sont plus grands que ceux présentés au graphique 8.30 (les résultats peuvent être fournis sur demande). Après prise en compte des compétences en littératie, il ne subsiste qu’un écart faible ou non significatif statistiquement au Royaume-Uni, en Allemagne, en Irlande et en Suède. Dans les autres pays, la prise en compte des compétences en littératie réduit nettement l’écart salarial entre les migrants qui ont un niveau d’études élevé et leurs homologues autochtones. Les différences de compétences en littératie expliquent 15 % de l’écart salarial en France et 51 % au Canada. En Autriche, au Danemark, aux Pays-Bas et en Norvège, elles expliquent 30 à 35 % de l’écart salarial.

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 331

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Graphique 8.30. Le résidu de différence de salaire entre les personnes nées dans le pays et les personnes nées à l’étranger

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans. Les coefficients présesentés dans les deux graphiques résultent de modèles log-linéaires des salaires. Les régressions « de base » sont de simples corrélations entre les salaires et une variable muette pour les personnes nées à l'étranger. Le modèle « caractéristiques démographiques » inclut des contrôles pour le sexe, l’âge et l'âge au carré, une variable muette pour le travail à temps partiel et une constante. Le modèle « éducation » comprend aussi les années d'éducation et le modèle « éducation et littératie » inclut de surcroît la variable continue sur les compétences en littératie. Le modèle « complet » inclut également une variable muette qui distingue les individus selon qu'ils parlent ou non la langue du pays hôte, une variable pour distinguer les personnes qui ont obtenu leur diplôme à l'étranger, une variable pour les migrants qui ont résidé dans le pays pendant plus de cinq ans et une variable pour distinguer si la personne est née dans un pays de l'Union européenne. Les coefficients présentés représentent les écarts de salaire (en pourcentages) entre les immigrés et les personnes nées dans le pays. Par exemple, s'agissant de l'Australie, le coefficient du modèle de base indique que les immigrés gagnent en moyenne 10% de plus que les personnes nées dans le pays. Les barres hachurées indiquent que les coefficients ne sont pas statistiquement significatifs (au seuil de 10%).

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Le tableau 8.8 présente le détail des résultats du modèle complet estimé pour obtenir le coefficient de la variable indicatrice du statut de migrant (graphique 8.30). Dans tous les pays, avoir une qualification acquise à l’étranger va de pair avec un niveau de salaire moyen plus faible. Toutefois, dans environ la moitié des pays étudiés, le coefficient de la qualification acquise à l’étranger n’est pas statistiquement significatif. Globalement, la pénalité salariale induite par le fait d’être titulaire d’une

-40 -30 -20 -10 0 10 20

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DNK

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Base (1)Caractéristiques démographiques (2)Complet (5)

-40 -30 -20 -10 0 10 20

AUS

AUT

BEL

CAN

DEU

DNK

ESP

EST

FIN

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GBR

IRL

ITA

NLD

NOR

SWE

USA

Éducation (3) Éducation+littératie (4)

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332 – 8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES

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qualification étrangère est comprise entre 7 % en France et 25 % en Italie. Dans la majorité des pays, après prise en compte de toutes les variables pertinentes, le fait de parler la langue du pays d’accueil (parce qu’il s’agit de la langue apprise dans l’enfance et parlée) n’entraîne pas ou quasiment pas de modification de l’écart salarial en plus de celle induite par la prise en compte du score en littératie et des années de scolarité. L’Australie, le Canada, le Royaume-Uni et l’Estonie font cependant exception : dans ces pays, le fait de parler la langue du pays d’accueil va de pair avec une prime salariale comprise entre 5 % au Canada et 16 % au Royaume-Uni. Au Canada, où la variable relative à la qualification étrangère et celle correspondant au fait de parler la langue du pays d’accueil sont statistiquement significatives, l’effet négatif de la qualification étrangère est égal à quatre fois la prime salariale induite par le fait de parler la langue du pays d’accueil.

Tableau 8.8. Les déterminants des salaires

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans. La variable dépendante est le logarithme népérien du salaire. Les régressions contrôlent également pour l'expérience au carré et des variables muettes pour le sexe et le travail à temps partiel. Les coefficients représentent l'évolution en pourcentages des salaires associée au changement d'une unité d'une variable indépendante. Par exemple, le coefficient pour les années d'études pour l'Australie indique que une année d'études supplémentaires est associée avec des salaires plus élevés de 6.6%. Les erreurs-types sont entre parenthèses. *** p<1 %; ** p<5 %; * p<10 %.

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Allemagne 0.0023 *** 0.0832 *** 0.0456 *** 0.0495 0.053617 0.0157 0.0709(0.0004) (0.0049) (0.003) (0.1152) (0.1171) (0.0974) (0.0765)

Australie 0.0014 *** 0.0663 *** 0.0354 *** 0.0386 * 0.0341(0.0003) (0.0038) (0.0025) (0.0199) (0.0313)

Autriche 0.0020 *** 0.0696 *** 0.0416 *** 0.1922 -0.1192 -0.1877 *** -0.0001(0.0003) (0.0031) (0.0031) (0.0832) (0.0723) (0.0547) (0.0342)

Belgique 0.0014 *** 0.0572 *** 0.0283 *** -0.1284 0.080705 0.0180 -0.0745 **(0.0003) (0.0031) (0.0024) (0.0849) (0.0778) (0.0614) (0.0375)

Canada 0.0016 *** 0.0689 *** 0.0393 *** -0.0985 ** 0.1454 *** -0.1315 0.0273(0.0002) (0.0031) (0.002) (0.041) (0.0318) (0.0251) (0.0213)

Danemark 0.0010 *** 0.0594 *** 0.0366 *** -0.0847 0.0619 -0.0510 -0.0919(0.0003) (0.0027) (0.0021) (0.0588) (0.0464) (0.0497) (0.0571)

Espagne 0.0013 *** 0.0649 *** 0.0207 *** -0.0464 0.057817 -0.2049 ** -0.1588(0.0003) (0.0037) (0.0042) (0.1292) (0.1027) (0.0795) (0.1235)

Estonie 0.0012 *** 0.0659 *** 0.0201 *** -0.1845 0.1432 -0.1250 * 0.1083 **(0.0003) (0.004) (0.0024) (0.1941) (0.1924) (0.064) (0.0536)

États-Unis 0.0021 *** 0.0777 *** 0.0413 *** -0.1632 0.165649 0.1727 * -0.0517(0.0005) (0.0072) (0.0042) (0.1163) (0.1179) (0.0848) (0.0644)

Finlande 0.0010 *** 0.0556 *** 0.0232 *** 0.0410 -0.09623 0.0527 0.0849 *(0.0003) (0.0022) (0.002) (0.1282) (0.1165) (0.0713) (0.0471)

France 0.0011 *** 0.0509 *** 0.0308 *** 0.0173 0.0160 0.0220 -0.0469(0.0002) (0.0024) (0.0022) (0.0857) (0.0856) (0.0423) (0.0455)

Irlande 0.0013 *** 0.0604 *** 0.0397 *** -0.2086 *** 0.1646 *** -0.0144 0.0189(0.0004) (0.0045) (0.0056) (0.065) (0.0562) (0.0498) (0.0527)

Italie 0.0005 * 0.0503 *** 0.0277 *** -0.1074 0.115484 -0.1899 * -0.0057(0.0004) (0.0037) (0.005) (0.1425) (0.107) (0.0966) (0.0608)

Norvège 0.0015 *** 0.0511 *** 0.0320 *** -0.1327 * 0.078405 -0.0002 -0.0004(0.0003) (0.0036) (0.0019) (0.0736) (0.074) (0.0453) (0.044)

Pays-Bas 0.0018 *** 0.0684 *** 0.0515 *** 0.1090 -0.0271 -0.0851 0.0478(0.0004) (0.0054) (0.0031) (0.2806) (0.2778) (0.0655) (0.1508)

Royaume-Uni 0.0028 *** 0.0696 *** 0.0388 *** -0.0562 0.114742 0.0303 0.1364 ***(0.0003) (0.0051) (0.0032) (0.0786) (0.0681) (0.0534) (0.0503)

Suède 0.0014 *** 0.0347 *** 0.0216 *** 0.0556 -0.0348 -0.0938 *** -0.0238(0.0002) (0.0026) (0.0017) (0.0489) (0.0489) (0.0306) (0.0328)

Langue du pays hôteLittératie

Années d'éducation Expérience Né à l'étranger

Durée de résidence> 5 ans

Diplôme étranger

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 333

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Comme l’analyse du déclassement, cette analyse de la rémunération démontre que les migrants qui ont été moins en contact avec la langue et le marché du travail du pays d’accueil perçoivent, en moyenne, une rémunération plus faible que ceux qui ont séjourné plus longtemps dans ce pays en tant que travailleurs ou étudiants, et que la maîtrise de la langue du pays d’accueil concourt dans une large mesure à expliquer ce résultat.

8.6. Conclusion

Dans ce chapitre, nous avons effectué une première analyse des données de l’Évaluation des compétences des adultes relatives aux compétences des migrants dans quelques pays de l’OCDE participant à cette enquête. Nous avons comparé ces compétences à celles d’autochtones présentant des caractéristiques similaires, mais aussi analysé d’éventuelles différences entre divers groupes de migrants et entre les pays. De surcroît, nous nous sommes intéressés à l’utilisation des compétences des migrants sur le marché du travail, aux rendements qu’ils obtiennent en termes, d’une part, de type d’emploi occupé et d’adéquation entre cet emploi et leurs qualifications (risque de déclassement) et, d’autre part, de salaire. Globalement, l’Évaluation des compétences des adultes montre que le niveau d’études n’est qu’un indicateur imparfait des compétences, a fortiori dans le cas des migrants, en particulier de ceux qui ont suivi leurs études à l’étranger. On observe une forte hétérogénéité des compétences en littératie et numératie au sein des trois niveaux d’études formelles (faible, moyen, élevé), et cette hétérogénéité est encore plus forte chez les migrants que chez les autochtones.

L’augmentation du nombre de diplômés de l’enseignement supérieur dans le monde entier, couplée à la forte hétérogénéité de cette catégorie de diplômés, donne à penser que les politiques d’immigration qui sélectionnent les migrants sur la seule base de leur niveau d’études ne permettent peut-être pas d’identifier et d’attirer les personnes les plus compétentes. D’autres facteurs doivent entrer en ligne de compte, par exemple les compétences linguistiques ou le fait de posséder des compétences professionnelles spécifiques testées avant le départ du pays d’origine. De fait, certains pays de l’OCDE ont introduit des critères de sélection supplémentaires dans leurs politiques d’immigration. Certains d’entre eux cherchent à attirer les diplômés d’universités prestigieuses (c’est par exemple le cas des Pays-Bas à travers le dispositif Regeling Hoogopgeleiden), tandis que d’autres, comme le Canada et l’Allemagne, cherchent de plus en plus à valider les compétences des migrants avant de les accueillir. Par ailleurs, la plupart des pays de l’OCDE permettent également aux étudiants internationaux de rester plus facilement dans le pays une fois leur diplôme obtenu, parce qu’ils partent du principe que ces migrants possèdent des compétences intéressantes, notamment qu’ils maîtrisent bien la langue du pays d’accueil et connaissent les normes sociales de ce dernier. Enfin, dans certains pays, les employeurs jouent un rôle plus grand que par le passé et sont invités à sélectionner directement les personnes qualifiées dont le profil semble adapté aux postes à pourvoir.

L’analyse présentée dans ce chapitre montre que les différences de compétences en littératie entre migrants et autochtones sont plus faibles lorsque les migrants ont séjourné plus longtemps dans le pays d’accueil ou lorsqu’ils y ont acquis une qualification. L’analyse portant sur la langue et les qualifications étrangères révèle que les différences d’aptitudes en littératie entre migrants et autochtones s’expliquent en grande partie par des difficultés linguistiques et par la qualité inégale du système

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éducatif des divers pays. Par ailleurs, les migrants qui sont arrivés dans leur petite enfance et ont suivi leur scolarité dans le pays d’accueil affichent de meilleures compétences en littératie. Cette constatation plaide en faveur des politiques qui facilitent et encouragent un regroupement familial rapide pour les familles qui ont de jeunes enfants.

La maîtrise de la langue du pays d’accueil contribue fortement à améliorer les chances des migrants d’avoir une situation satisfaisante sur le marché du travail et de bénéficier d’une pleine reconnaissance de leurs qualifications. Peut-être peut-on en déduire que les politiques d’immigration choisie devraient accorder plus de place à l’évaluation des compétences linguistiques plutôt que de prévoir une sélection fondée uniquement sur les études suivies et l’expérience acquise dans le pays d’origine. Cette constatation montre également qu’il est nécessaire de mettre en place des cours de langue, en particulier à destination des migrants qui arrivent à l’âge adulte et ont fait leurs études à l’étranger. Coupler cette formation à un système quelconque de formation courte ou de validation permettant une reconnaissance des études antérieures, pourrait être positif pour ces migrants parce que les employeurs perçoivent généralement les qualifications acquises dans le pays d’accueil comme le signe de compétences plus élevées et de meilleure maîtrise de la langue.

La formation et l’expérience professionnelle acquises à l’étranger ont beaucoup moins de valeur sur le marché du travail du pays d’accueil que celles acquises dans ce dernier. L’analyse du risque de déclassement et de la rémunération montre que dans la plupart des pays, le pays dans lequel le migrant a obtenu sa qualification la plus élevée a plus d’incidence sur sa situation que le pays dans lequel il est né. Il semble également que l’expérience des migrants ait elle aussi un rendement plus faible lorsqu’elle n’a pas été acquise dans le pays d’accueil. Ces conclusions montrent qu’il est important de favoriser la reconnaissance et la validation, non seulement des qualifications, mais aussi de l’expérience acquise à l’étranger.

L’âge lors de l’arrivée dans le pays d’accueil joue également un rôle. En dehors des conclusions relatives aux personnes qui arrivent jeunes en tant qu’étudiants, deux constatations issues de ce chapitre montrent que le fait d’arriver précocement dans le pays d’accueil peut être positif en termes d’utilisation des compétences et de situation sur le marché du travail. Premièrement, la situation des migrants en termes de déclassement et de rémunération s’améliore à mesure que la durée de séjour dans le pays d’accueil s’allonge. Deuxièmement, les personnes qui arrivent à un âge plus tardif et qui ont déjà travaillé dans leur pays d’origine n’obtiennent, sur le marché du travail du pays d’accueil, aucun rendement de l’expérience acquise à l’étranger. Ces résultats pourraient plaider en faveur des politiques d’immigration mises en œuvre par certains pays, comme le Canada, qui cherchent davantage à attirer des jeunes que des migrants plus expérimentés.

L’analyse présentée dans ce chapitre ne constitue qu’une première tentative d’exploitation des données de l’Évaluation des compétences des adultes relatives aux migrants, si bien que de nombreuses questions intéressantes pour les responsables de l’action publique n’ont pas été abordées. Ainsi, il serait notamment important d’examiner si les migrants font réellement l’objet d’une sélection par rapport à leurs compatriotes restés dans le pays d’origine. Cette analyse pourrait être effectuée à partir de l’Évaluation des compétences des adultes, cette dernière couvrant aussi d’importants pays d’émigration récente à destination de pays de l’OCDE (Pologne, République slovaque, Estonie et République tchèque, par exemple).

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Autre domaine non pris en compte dans notre analyse mais revêtant un intérêt majeur pour les responsables de l’action publique : l’accès à la formation (en entreprise et à l’extérieur) et les différences éventuelles entre migrants et autochtones à cet égard. Comme nous l’avons déjà mentionné, il peut être très utile, pour les migrants qui ont suivi leurs études à l’étranger, de suivre une formation et surtout de la faire valider. L’Évaluation des compétences des adultes, qui fournit des informations détaillées sur la formation suivie par les personnes évaluées, permettrait d’effectuer une comparaison précise entre les deux groupes. On pourrait également l’utiliser pour étudier le rôle de la formation dans la situation sur le marché du travail et dans la réduction de l’écart entre migrants et autochtones.

Enfin, ces dernières années, de nombreuses réflexions ont été menées au sujet des compétences non cognitives, ou aptitudes relationnelles, qui, bien qu’imparfaitement corrélées au niveau d’études, jouent un rôle important dans la situation des individus sur le marché du travail. Ces compétences étant difficiles à mesurer, on dispose de peu d’informations sur les différences entre migrants et autochtones en ce qui concerne l’utilisation de ces compétences en milieu professionnel. L’Évaluation des compétences des adultes contient une série de questions au sujet de l’utilisation, dans le cadre professionnel, de diverses compétences génériques, comme les compétences d’influence, les compétences de coopération, la hiérarchisation des tâches, la capacité d’organisation, entre autres, qui pourraient permettre d’analyser les différences éventuelles entre migrants et autochtones quant au type de tâches accomplies. En outre, l’Évaluation des compétences des adultes offre la possibilité d’analyser le multilinguisme et son rendement sur le marché du travail.

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Notes

1. Dix-huit pays de l’Union européenne font partie des pays couverts par l’Enquête sur l’évaluation des compétences des adultes.

2. Note de la Turquie : Les informations figurant dans ce document qui font référence à « Chypre» concernent la partie méridionale de l’Île. Il n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’Île. La Turquie reconnaît la République Turque de Chypre Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu'une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

3. Note de tous les États de l’Union européenne membres de l’OCDE et de l’Union européenne : La République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans ce document concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

4. Dans le présent chapitre, les expressions « aptitudes en littératie et numératie » et « compétences en littératie et numératie » sont utilisées de manière interchangeable.

5. Les 5 % restants avaient soit manqué ou échoué à l’évaluation, et ont été dirigés vers un test basique des compétences, intitulé « Les composantes de la lecture ».

6. Selon OCDE (2013a), les personnes de nationalité étrangère représentaient 1.6 % de la population du Japon en 2011 (registre des étrangers tenu par les services de l’immigration du ministère de la Justice) et 2.2 % en Corée en 2011 (ministère de la Justice). Les personnes nées à l’étranger représentaient 1.8 % de la population en Pologne en 2011 (Institut national de la statistique) et 4.6 % de la population en République slovaque en 2005 (ministère de l’Intérieur).

7. Est considérée comme une qualification étrangère une qualification acquise dans un autre pays que le pays d’accueil actuel.

8. Des variantes du graphique 8.6, ventilant les migrants selon qu’ils sont ou non originaire de l’Union européenne, sont présentées en annexe (graphique 8.A1.3).

9. Une variante du graphique 8.7, faisant également apparaître l’écart entre les migrants qui sont originaires de l’Union européenne et ceux qui n’en sont pas originaires, est présentée en annexe (graphique 8.A1.4).

10. Dans le présent chapitre, par souci de simplicité, nous présentons souvent les résultats des régressions sous forme de graphiques. Dans ces graphiques, la significativité est indiquée au seuil de 10 %. Étant donné le nombre limité d’observations se rapportant aux migrants dans certaines des analyses effectuées pour les besoins de ce chapitre, si l’on retenait le seuil de significativité classique de 5 %, on obtiendrait un certain nombre de résultats non significatifs statistiquement et on se priverait d’informations précieuses. Les résultats détaillés des régressions peuvent être obtenus sur demande.

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 337

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11. La catégorie de référence correspond à une situation dans laquelle les parents n’ont, ni l’un ni l’autre, suivi le deuxième cycle de l’enseignement secondaire. La catégorie 2 correspond à une situation dans laquelle « un des parents au moins a suivi un enseignement secondaire et postsecondaire non supérieur » et la catégorie 3 à une situation dans laquelle « un des parents au moins a suivi des études supérieures ».

12. Des résultats obtenus pour la numératie (graphique 8.A1.5 en annexe) sont similaires à ceux obtenus pour la littératie. Seul le niveau d’études semble plus fortement corrélé aux scores obtenus aux tests de numératie, pour les migrants comme pour les autochtones.

13. L’Évaluation des compétences des adultes ne permet pas de faire cette distinction parce que le nombre d’observations est insuffisant pour la plupart des pays sur lesquels elle porte.

14. Pour les besoins de la section 8.4, nous avons estimé des modèles de probabilité linéaire.

15. Cette variable est définie à partir des différentes langues apprises ou parlées dans l’enfance et de la langue habituellement parlée au sein du foyer. Si aucune de ces langues n’est celle parlée dans le pays d’accueil, la variable indicatrice prend la valeur 0. Si l’une d’elles au moins est la langue du pays d’accueil, elle prend la valeur 1.

16. Cette variable est définie à partir des différentes langues apprises ou parlées dans l’enfance et de la langue habituellement parlée au sein du foyer. Si aucune de ces langues n’est celle parlée dans le pays d’accueil, la variable indicatrice prend la valeur 0. Si l’une d’elles au moins est la langue du pays d’accueil, elle prend la valeur 1.

17. Il serait intéressant de comparer la rémunération des migrants à celle des autochtones dans les métiers en tension dans les pays où ceux-ci sont clairement définis. Il n’est toutefois pas possible de réaliser cette analyse parce que la petite taille des échantillons empêche de procéder à une ventilation fine par métier.

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342 – 8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Annexe 8.A1

Descriptions et analyses supplémentaires

Tableau 8.A1.1. Description des immigrés dans l’Évaluation des compétences des adultes

Pourcentages

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans.

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Pourcentages d'immigrés

entrés récemment

Pourcentage d'immigrés

entrés avant l'âge de 6 ans

Part d'immigrés qui ont pour

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Part d'immigrés avec un diplôme étranger

Part d'immigrés nés dans un pays de l'UE

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 343

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Graphique 8.A1.1. Niveau d’éducation des immigrés selon le temps passé depuis la migration

Pourcentages parmi les migrants récents ou de longue durée

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans. Un niveau d'éducation bas fait référence à un niveau inférieur au secondaire supérieur et un niveau d'éducation élevé à l'enseignement tertiaire.

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Graphique 8.A1.2. Écarts ajustés et non ajustés de compétences en littératie entre les immigrés et les personnes nées dans le pays

Différences en points de score

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans. Les barres représentent les écarts bruts de compétences en littératie entre les immigrés et les personnes nées dans le pays. Les diamants représentent les coefficients pour la variable « né à l'étranger » estimée dans un modèle des compétences en littératie qui contrôle pour l'âge et le sexe.

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

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Écarts bruts Écarts ajustés pour l'âge et le sexe

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344 – 8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Graphique 8.A1.3. Distribution des scores en littératie selon le niveau d'éducation et le pays d'origine (UE/non-UE) Points de score

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans. Le point inférieur de chaque barre représente le 25e percentile et le point supérieur le 75e percentile. Le rond noir représente la moyenne.

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

Graphique 8.A1.4. Écarts en performance en littératie entre les immigrés nés dans un pays de l'Union européenne ou un pays hors UE et les personnes nées dans le pays selon le niveau d'éducation

Différences en points de score

Note : L'échantillon comprend les personnes âgées de 16 à 65 ans. Un niveau d'éducation bas correspond à un niveau inférieur au secondaire supérieur, un niveau d'éducation intermédiaire au secondaire supérieur et un niveau d'éducation élevé à l'enseignement tertiaire.

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

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8. COMPÉTENCES DES MIGRANTS : UTILISATION ET INADÉQUATION DES COMPÉTENCES – 345

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Graphique 8.A1.5. Différences en performance en numératie entre immigrés et personnes nées dans le pays selon le niveau d'éducation et le niveau d'éducation des parents

Points de score

Source : Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) 2012.

a. Différences au niveau des scores en numératie entre les personnes avec un niveau d'éducation

intermédiaire et les personnes avec un niveau d'éducation bas

b. Différences au niveau des scores en numératie entre les personnes avec un niveau d'éducation élevé et les

personnes avec un niveau d'éducation bas

c. Différences au niveau des scores en numératie entre les personnes ayant des parents avec un niveau

d'éducation intermédiaire et les personnes ayant des parents avec un niveau d'éducation bas

d. Différences au niveau des scores en numératie entre les personnes ayant des parents avec un niveau

d'éducation élevé et les personnes ayant des parents avec un niveau d'éducation bas

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Partie III. Pénuries de main-d’œuvre et migrations

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9. LES DÉSÉQUILIBRES DU MARCHÉ DU TRAVAIL PRÉVUS EN EUROPE – 349

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Chapitre 9

Les déséquilibres du marché du travail prévus en Europe : Défis à relever pour atteindre les objectifs d’Europe 2020 relatifs à l’emploi

Équipe Analyse des compétences du Cedefop, sous la supervision de Pascaline Descy (responsable du secteur Recherche et Analyse politique)1

Le présent chapitre étudie les déséquilibres en matière de compétences que les États membres de l’Union européenne rencontreront probablement d'ici à 2020, et évalue la nécessité de mettre en place des politiques appropriées (axées par exemple sur l’activation et les migrations) afin d’y remédier. À l’aide des projections de base du modèle européen de prévision des compétences du Cedefop, la nature des décalages anticipés entre l’offre et la demande de main-d’œuvre dans les États membres de l’Union européenne est analysée. Le chapitre examine ensuite les conséquences sur la « viabilité » des taux d’activité de l’hypothèse fictive selon laquelle tous les pays de l'UE atteindront leurs grands objectifs d’Europe 2020 en matière d’emploi. Les résultats soulignent que pour atteindre ces objectifs, il est fondamental que plusieurs États membres de l’UE fassent porter des efforts considérables sur l’activation, bien au-delà des politiques actuellement en vigueur. Afin que les objectifs en matière d'emploi se réalisent alors que les populations diminuent et compte tenu du taux de chômage naturel, les dirigeants européens devront choisir entre plusieurs actions visant à accroître les taux d’activité d’environ 4.3 points de pourcentage en moyenne dans l’économie de l’UE. Ces mesures pourraient se traduire par une stratégie d’activation à l’égard d’une part importante de la population européenne actuellement inactive, ou par l’utilisation de politiques sociodémographiques, notamment migratoires, afin de garantir que la future offre de main-d’œuvre soit suffisante pour répondre aux besoins en matière de compétences.

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GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

9.1. Introduction

Après cinq ans de reprise économique anémique à l’issue de la crise financière qui a bouleversé l’économie mondiale en 2008, l’Union européenne se trouve confrontée à des nombres records de travailleurs au chômage, à un déclin des taux d'emploi et à des niveaux croissants de pauvreté et d’exclusion sociale (Commission européenne, 2014). De 2008 à 2012, le taux d’emploi des personnes en âge de travailler (20-64 ans) dans l’UE28 a chuté de 1.8 point de pourcentage (passant de 70.3 % en 2008 à 68.5 % en 2012) et la population active occupée (plus de 15 ans) a perdu 5.4 millions d’emplois, ce qui a considérablement porté atteinte aux bénéfices acquis dans la première moitié de la décennie. Cette montée du chômage a affecté en premier lieu les jeunes actifs et les personnes les moins qualifiées. Les séquelles de la crise se sont traduites par une accentuation des déséquilibres entre l’offre et la demande de personnes de différents niveaux d’études, qui suscite des inquiétudes quant aux inadéquations des qualifications de plus en plus marquées dans les économies européennes (Commission européenne, 2012a). Ces perspectives négatives globales occultent de profondes divergences entre les États membres, les pays du sud (notamment Chypre2,3, l’Espagne, la Grèce ou le Portugal) pâtissant considérablement des importants déséquilibres macroéconomiques d’avant la crise.

Dans ce contexte de détérioration des performances du marché du travail et des conditions sociales, le taux d’emploi de 75 % (pour la tranche d’âge des 20-64 ans) fixé comme objectif par la stratégie Europe 2020 devient plus difficile à atteindre. C’est pourquoi la Commission européenne a recommandé récemment aux États membres de l’Union européenne d’adopter le paquet Emploi, série de mesures visant à rétablir des taux de croissance positifs de l’emploi (Commission européenne, 2012b). Néanmoins, l’environnement économique incertain pose des problèmes de taille aux responsables nationaux et européens qui assument la tâche difficile de veiller à ce que l’Europe ne s’enlise pas dans une relance dépourvue de nouveaux emplois malgré d'autres modifications structurelles de leurs économies, notamment des tendances démographiques défavorables, une croissance morose de la productivité, une concurrence mondiale accrue et une demande globale insuffisante.

Le présent chapitre a pour but d’établir dans quelle mesure l’économie de l’Union européenne et de ses États membres risque de se heurter à des déséquilibres globaux et à des pénuries de personnel qualifié d'ici à 2020. Pour ce faire, les projections de base du modèle paneuropéen de prévision des compétences du Cedefop sont utilisées afin d’analyser la nature des décalages anticipés entre l’offre et la demande de travailleurs ayant différents niveaux de compétences dans les États membres de l’Union européenne. Le chapitre expose d'abord les projections d'un scénario de base qui s’appuie sur un ensemble de suppositions plausibles concernant le taux de progression de l’emploi escompté de l’Europe, avant d’examiner différentes hypothèses fictives fondées sur le postulat selon lequel tous les pays européens atteindront leurs objectifs prédéterminés d’Europe 2020 concernant l’emploi. Les résultats démontrent qu’environ 16 millions de nouveaux postes seraient nécessaires d’ici à 2020 dans l’Union européenne pour que le l’important objectif de 75 % soit atteint. Afin qu’une telle création d’emplois soit possible alors que les populations diminuent, les autorités européennes devraient recourir à un éventail de mesures leur permettant d’accroître les taux d’activité d’environ 4.3 points de pourcentage pour soutenir des taux d’emploi aussi élevés, compte tenu du taux de chômage naturel. Ces mesures peuvent se traduire par une stratégie d’activation d’une part importante de la population européenne

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9. LES DÉSÉQUILIBRES DU MARCHÉ DU TRAVAIL PRÉVUS EN EUROPE – 351

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

inactive en âge de travailler, ou par l’utilisation de politiques migratoires et démographiques garantissant que la future offre de travail en Europe soit suffisante pour répondre aux besoins accrus de compétences.

La section 9.2 du présent chapitre dresse le bilan actuel des lacunes que les gouvernements nationaux sont appelés à combler pour atteindre l’objectif d'Europe 2020 relatif à l’emploi. La section 9.3 évalue dans quelle mesure les autorités européennes et nationales devront investir dans des stratégies d’activation et/ou des politiques migratoires si elles souhaitent atteindre l’objectif d’Europe 2020 dans des conditions où le marché du travail se caractériserait par le plein emploi. La section 9.4 décrit des simulations fictives de déséquilibres survenant sur le marché du travail des pays d’Europe d’ici à 2020, en faisant apparaître l’étendue des besoins d’activation auxquels différents États membres de l’Union européenne seront confrontés du fait de la diminution de la population active. La section 9.5 conclut le chapitre.

9.2. Insuffisances des taux d’emploi des États membres de l’Union européenne

L’atteinte d’un taux d'emploi de 75 % (des personnes en âge de travailler) représente l’un des cinq grands objectifs du plan de croissance d’Europe 2020, qui constitue une stratégie d’ensemble fixée pour toute l’Union européenne en 2010. Cet objectif de l’UE se traduit par différents objectifs prédéterminés de taux d’emploi à l’échelle nationale, qui tiennent compte des spécificités et des circonstances particulières des différents pays et vont de 59 % pour la Croatie à 80 % pour le Danemark, les Pays-Bas et la Suède.

Au cours des années ayant précédé la crise financière mondiale de 2008, la proportion d’adultes d’âge actif ayant un emploi a progressé notablement, tant à l’échelle nationale qu'à l’échelle européenne. Or, une part significative de ces progrès a été réduite à néant en conséquence du recul prononcé de l’emploi survenu dans la plupart des États membres de l’Union européenne. Comme le montre le graphique 9.1, le fléchissement du taux d'emploi de l’Europe des 27 entre 2008 et 2012 implique qu'elle doit récupérer environ 6.5 points de pourcentage de son taux d’emploi en l’espace de sept ans si elle veut atteindre l’objectif d'Europe 2020. Il s’agit là d'une tâche ambitieuse, étant donné que le taux d’emploi de l’UE avait gagné 3.7 points au cours de la période préalable à la crise (2000-08) alors que les conditions économiques et celles du marché du crédit étaient relativement favorables. En outre, l’écart entre le taux d’emploi constaté et l’objectif national s’est creusé dans dix États membres, s’est réduit dans 15 autres et est resté stable dans encore deux autres (Commission européenne, 2014). Dans des pays tels que la Bulgarie, l'Espagne, la Grèce et la Hongrie, qui connaissent un retard du taux d’emploi de 13 à 15 %, une quantité considérable de postes doit être créée s’ils doivent se rapprocher de leurs objectifs nationaux respectifs en matière de taux d’emploi avant la fin de la décennie. En revanche, des pays comme l’Allemagne, l’Autriche, Malte, la République tchèque, le Royaume-Uni, la Suède et les États baltes ont déjà presque atteint leurs propres objectifs.

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352 – 9. LES DÉSÉQUILIBRES DU MARCHÉ DU TRAVAIL PRÉVUS EN EUROPE

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Graphique 9.1. Taux d'emploi et objectif UE 2020, UE27 Pourcentages

Source: Eurostat.

9.3. Atteindre l'objectif d'Europe 2020 relatif à l'emploi

Pour l’essentiel, il est impossible de prédire l’évolution des résultats futurs du marché du travail dans les économies de marché et toute tentative allant dans ce sens se caractérise par un fort degré d’incertitude. Les forces liées à la mondialisation, au progrès technologique, aux évolutions démographiques (notamment aux flux migratoires) et aux modifications de l’organisation du travail (notamment la substitution de tâches non routinières par l’automatisation) modèleront le profil d’évolution de l'emploi. De nouveaux métiers et de nouveaux secteurs feront probablement leur apparition en lien avec la mutation progressive vers des économies durables sobres en carbone et des réalités socioéconomiques différentes, alors que d’autres professions et secteurs traditionnels seront remplacés ou deviendront obsolètes (Cedefop, 2013a). À supposer que le nombre de travailleurs actifs disponibles, déterminé par des facteurs démographiques et socioéconomiques, corresponde exactement au nombre d’offres d'emploi créées, on sait que des déséquilibres entre l’offre et la demande sur le marché du travail ainsi que sur les niveaux de compétences prédomineront toujours à un degré considérable dans les économies (Sattinger, 2013 ; Commission européenne, 2012a).

Néanmoins, il est très probable que perdurent certaines tendances structurelles sous-jacentes qui ont affecté le marché du travail des pays européens ces dernières années, notamment l’évolution vers une économie de services, le vieillissement de la population active et le relèvement des niveaux de formation (Cedefop, 2013b). Il est attesté qu’en raison du recul progressif de la population européenne dans les décennies à venir, l’effritement de la population d’âge actif risque d'avoir des conséquences redoutables sur le taux de dépendance des personnes âgées et sur les performances économiques, en donnant lieu notamment à un ralentissement, voire à un repli, de la croissance de l’emploi dans certains pays ces prochaines années. Selon Peschner et Fotakis (2013), le dividende démographique dont bénéficiait l’Europe depuis 40 ans est arrivé à terme et a laissé la place en 2012 à une dépendance démographique qui ne va cesser de s’accentuer.

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9. LES DÉSÉQUILIBRES DU MARCHÉ DU TRAVAIL PRÉVUS EN EUROPE – 353

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Le scénario de base du modèle du Cedefop Le Cedefop élabore des prévisions paneuropéennes de l’offre et de la demande de

compétences à l’aide d’un modèle macroéconomique plurimodulaire qui produit des projections régulières et comparables de l’emploi et de la population active pour 33 pays (UE28, ex-République yougoslave de Macédoine, Islande, Norvège, Suisse et Turquie) sur une base semestrielle, à partir de données harmonisées4. Le modèle repose sur une série de données macroéconomiques de long terme qui remontent jusqu’aux années 70 afin de produire des estimations par pays de la demande et de l’offre de main-d’œuvre. Les hypothèses relatives aux taux de croissance du PIB et de la productivité, à l’investissement et à d’autres agrégats macroéconomiques pour les pays européens sont formulées conformément à celles de la Direction générale des Affaires économiques et financières de la Commission européenne (DG ECFIN)5.

On utilise comme mesure approximative des structures passées et anticipées de la demande de main-d’œuvre la tendance temporelle de l’emploi, décomposé en 41 secteurs économiques (compatibles avec la nomenclature statistique des activités économiques dans la Communauté européenne NACE rev. 2) (Cedefop, 2012). La répartition des professions et des diplômes au sein des secteurs est ensuite exploitée dans deux modules séparés afin d’établir des estimations de la demande de main-d’œuvre en fonction du niveau professionnel de l’emploi dans 27 groupes de métiers (compatibles avec la Classification internationale type des professions CITP 08) et selon trois grands niveaux d'instruction (faible, moyen et élevé, conformément à la Classification internationale type de l’éducation [CITE]). La demande de remplacement en fonction du métier et du niveau d’études, à savoir le nombre d’offres d’emploi qui apparaîtront à la fin de la décennie pour remplacer les travailleurs prenant leur retraite ou se retirant du marché du travail, fait partie intégrante du modèle et est déterminée selon la méthode d’analyse de pseudo-cohortes. Le niveau de progression de l’emploi conjugué à la demande de remplacement donne une estimation du nombre total de débouchés par niveau de compétences (en fonction du groupe professionnel et des diplômes).

Le modèle fournit également des projections à moyen terme de l'offre globale de main-d’œuvre et de compétences ventilée par groupe d’âge de cinq ans, par sexe et selon trois niveaux d’études, dérivées d’une analyse rétrospective des tendances de la démographie et de l’offre de travail dans les pays d’Europe. Les projections de population sont compatibles avec les projections respectives EUROPOP2010 de l’Office statistique de l'Union européenne (Eurostat), tandis que les taux d’activité escomptés de différents groupes socioéconomiques caractéristiques de la population d’âge actif reposent également sur des tendances préexistantes et sur des hypothèses raisonnables de taux de croissance fondées sur les politiques nationales en vigueur. En outre, une analyse des micro-données de l’Enquête européenne sur les forces de travail (EFT-UE) est mise à profit (au moyen d'une modélisation logit) pour calculer les probabilités relatives aux différents niveaux de formation de la population active.

Une fois réunies, ces estimations par pays livrent des projections des tendances escomptées pour la prochaine décennie. Un réseau spécialisé d’experts nationaux (dénommé Skillsnet) examine les conclusions par pays et repère d’éventuelles anomalies dans les tendances prévues. Les derniers résultats des prévisions vont jusqu’à l’année 2025 et sont disponibles en ligne sur le portail du Cedefop.

Le graphique 9.2 représente la composition anticipée de la main-d’œuvre en fonction de son niveau de compétences dans l’UE28 entre 2012 et 2025, selon un

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354 – 9. LES DÉSÉQUILIBRES DU MARCHÉ DU TRAVAIL PRÉVUS EN EUROPE

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ensemble d’hypothèses de base (voir encadré 9.1). Le modèle prévoit que la part des emplois occupés par la main-d’œuvre la plus qualifiée augmentera probablement ces dix prochaines années, alors que la part de la demande de travailleurs moins qualifiés continuera de diminuer. Le modèle laisse également présager que, globalement, l’Europe se caractérisera par une croissance médiocre de l’emploi, avec environ 2.8 millions de nouveaux postes créés sur les sept prochaines années. Cette progression correspond à une hausse de l'emploi d’environ 1.3 %, qui suffirait à faire passer le nombre de personnes d’âge actif (20-64 ans) occupant un emploi dans l’Union européenne d'environ 209 millions en 2012 à environ 212 millions en 20206.

Graphique 9.2. Projections de l'emploi par niveau d'éducation, UE28, 2012-25 Millions

Notes: Scénario de base. Un bas niveau d'éducation correspond aux CITE 0-2, intermédiaire aux CITE 3-4 et élevé aux CITE 5-6.

Source: Cedefop country workbooks (voir annexe 9.A1).

Encadré 9.1. Hypothèses de base du modèle de prévision du Cedefop

Le scénario de base table sur une légère reprise économique, alors que les tendances à court terme sont conformes aux prévisions macroéconomiques de la Direction générale des Affaires économiques et financières de la Commission européenne (DG ECFIN). Ce scénario mise sur une lente progression de la confiance économique globale et sur une amplification de l’investissement, des dépenses de consommation et des exportations. L’inflation demeure dans la fourchette fixée et les taux d’intérêt restent bas. L’accroissement des recettes fiscales aide les gouvernements à réduire leur taux d'endettement. Dans un tel environnement économique, le taux moyen de croissance annuelle du PIB s’établit à 2.0 % sur la période 2013-20, et à 1.8 % sur 2020-25. Globalement, le marché du travail réagit positivement et le volume d’emplois retrouve des niveaux d’avant la crise (équivalents à ceux de 2008) d’ici 2023. Les tendances de l’offre de main-d'œuvre (population économiquement active) correspondent aux projections EUROPOP2010 d’Eurostat. Les taux d’activité économique reflètent toutes les politiques nationales actuellement connues. L’ensemble des hypothèses et résultats est validé par des experts nationaux afin de garantir qu’ils soient plausibles à l'échelle des pays.

Le tableau 9.1 présente les principales caractéristiques du marché du travail dans le présent scénario de base. Manifestement, à moins que la lenteur actuelle du taux de création de postes ne soit bousculée par l’adoption de mesures favorables à l’emploi, le taux d’emploi de l’Union européenne ne dépassera sa valeur d’avant la crise économique de 2008 qu’après 2020. Qui plus est, il sera européen et sera considérablement inférieur au grand objectif d’Europe 2020, même en 2025.

0

20

40

60

80

100

120

Bas Intermédiaire Élevé

2012 2020 2025

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9. LES DÉSÉQUILIBRES DU MARCHÉ DU TRAVAIL PRÉVUS EN EUROPE – 355

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Tableau 9.1. Projection des indicateurs de la situation sur le marché du travail de la population en âge de travailler (20-64 ans) dans l’UE28, 2012-25

Pourcentages

Note: Scénario de base.

Source: Cedefop country workbooks (voir annexe 9.A1).

Atteindre l'objectif d’Europe 2020 relatif à l’emploi sans stratégie d’activation : Un scénario « naïf »

Compte tenu des tendances démographiques défavorables sous-entendues par les projections Europop2010 d’Eurostat, la Commission européenne (2014) déduit que le marché du travail de l’Europe des 27 devra créer environ 16 millions d’emplois entre 2012 et 2020 pour atteindre le grand objectif de 75 %. Une telle hausse correspond à un taux de croissance annuelle de l’emploi égal à 0.90 % en moyenne et à presque 3 % dans des pays comme l’Espagne et la Grèce7.

Afin de mettre en œuvre ce scénario, malgré le plafond imposé par l’effritement de la population en âge de travailler, les autorités devraient adopter des mesures visant à élargir la population active européenne. Cette nécessité apparaît comme incontournable si l’on analyse les conséquences pour l’économie européenne de l’obligation d'atteindre un taux d’emploi de 75 % au taux d’activité actuel (76 % en 2013) ou au taux d’activité prévu pour 2020 (77.6 %, d'après le scénario de base produit par le modèle du Cedefop). Comme le montre l’équation (1) ci-après, qui traduit le lien étroit existant par définition entre les taux d’activité, d’emploi et de chômage dans toute économie, si l’objectif d’un taux d'emploi de 75 % était atteint sans que le taux d’activité en Europe n’augmente dans la même mesure, le taux de chômage deviendrait extrêmement bas. Il se situerait alors entre 1.3 % et 3.3 %, selon que le taux d’activité de référence est le taux constaté ou anticipé :

%..*

* 33677

7511112020

2020

20202020

20202020

2020

20202020 =−=−=−=−=

ae

POPaPOPe

LFEu

(1)

où u = taux de chômage, E = emploi, LF = population active, Pop = population en âge de travailler (20-64 ans), e = taux d'emploi et a = taux d'activité. Or, des taux de chômage si bas ne sont probablement ni viables, ni réalistes. Une certaine dose de chômage frictionnel et d’inadéquations existeront toujours sur le marché du travail, alors que l’économie sera aux prises avec des pressions salariales et inflationnistes à mesure qu’elle atteindra les limites de son activité.

L’équation (1) révèle en somme qu’une condition nécessaire (mais pas suffisante) pour que l’économie européenne atteigne son grand objectif d’Europe 2020 relatif à l’emploi est, compte tenu des pressions démographiques incessantes, l’élargissement de la population active du continent. Même dans le cadre d’hypothèses « normales » (de base), qui prennent en compte les pratiques et les politiques nationales appliquées afin d’améliorer le taux d'activité effectif, il est évident que le rétrécissement de la part

2012 2020 2025Taux d'activité 76.0 77.6 78.4Taux d'emploi 68.5 69.6 71.2Taux de chômage 10.2 10.3 9.1Taux d'inactivité 24.0 22.4 21.6

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des actifs disponibles exercera une contrainte sur la capacité de l’économie européenne à maintenir un taux d'emploi de 75 %. Par conséquent, afin d’élargir la population active, il est nécessaire d’adopter des politiques alternatives, notamment des mesures d’incitation de la population inactive européenne en âge de travailler (en particulier les jeunes, les femmes, les seniors et les immigrés) à participer au marché du travail, de nouveaux investissements dans l’éducation et la formation, des politiques migratoires ou d’autres politiques (de long terme) visant à freiner le ralentissement démographique.

Atteindre l'objectif d’Europe 2020 relatif à l'emploi : Simuler des scénarios viables

Il est peu probable qu’une amélioration du taux d’emploi national surgisse à partir de rien. Selon la théorie économique, la progression des effectifs est généralement le résultat d’une hausse du PIB ainsi que de l’investissement et de la productivité. Cela aura par la suite différentes répercussions sur le taux de salaire, en fonction de la flexibilité du marché du travail, de la nature des négociations salariales collectives et de l’éventail de qualifications présumées de la population active occupée. L’évolution du taux de salaire aura ensuite des incidences sur le salaire minimum accepté et sur le taux d'activité observé dans différents sous-groupes de la population.

La modélisation des processus ci-dessus nécessite un cadre d’équilibre général exhaustif qui permette d’intégrer différentes hypothèses de comportement à propos de l’interaction entre les principales variables économiques et l’examen de la réaction des variables endogènes du modèle à une nouvelle politique ou à des chocs économiques. Un tel exercice dépasse le cadre du présent chapitre, mais différents scénarios possibles sont analysés ci-après afin d’identifier les « taux d’activité viables » pour l’économie européenne. Ils correspondent aux taux d’activité qui prédominent dans l’hypothèse selon laquelle l’objectif d'Europe 2020 d’un taux d’emploi de 75 % est atteint tout en respectant le fait que le taux de chômage européen ne peut descendre sous son plus bas niveau jamais atteint (en 2008) ou sous le taux de chômage naturel8.

Le tableau 9.2 expose les taux d’activité correspondants compatibles avec un taux d’emploi européen de 75 % et avec d’autres hypothèses relatives au chômage dans la zone économique de l'UE27, selon l'équation (1). De toute évidence, si l’Europe entend retrouver d’ici à 2020 le taux de chômage extrêmement bas qui a précédé la récession de 2008, à savoir, environ 6.6 % (scénario 2, en gras), tout en élevant son taux d'emploi à 75 %, une augmentation du taux d'activité d'environ 4.3 % sera nécessaire (soit la différence entre la valeur actuelle de 76.0 % et le niveau requis de 80.3 %). Cela signifie que même si l'économie européenne parvient à créer des emplois pour l'intégralité des actifs devenus chômeurs entre 2008 et 2012 (environ 8.2 millions de travailleurs), il sera malgré tout indispensable de rendre actifs 12 % supplémentaires de la population inactive en âge de travailler (environ 8.3 millions de personnes) afin de pourvoir les 16 millions de postes créés pour atteindre l’objectif d’un taux d’emploi de 75 %.

Par ailleurs, le tableau 9.2 révèle que l’impossibilité de ramener le taux de chômage sous les niveaux autrefois compatibles avec des pressions inflationnistes modérées rend l’élargissement de la main-d’œuvre encore plus crucial. Étant donné que les taux d’activité des travailleurs faiblement ou moyennement qualifiés sont beaucoup plus bas que ceux des travailleurs très qualifiés, les autorités devront rendre active une part non négligeable des personnes inactives faiblement qualifiées, à savoir, 30 % à 40 %, si elles souhaitent atteindre un taux d’emploi de 75 % tout en tolérant un taux de chômage excédentaire de 10 %9. Or, étant donné que les mesures d’activation

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visant à amener les inactifs peu qualifiés à faire partie de la population active sont relativement coûteuses pour les budgets nationaux, les dirigeants européens pourraient se voir contraints d’envisager des mesures alternatives pour élargir leurs effectifs d’actifs, notamment des politiques migratoires.

Tableau 9.2. Taux d'activité simulés et besoin d’activation si l'objectif européen de taux d'emploi de 75 % en 2020 est atteint, UE27, 2020

Pourcentages

Note: Les besoins additionnels pour l'activation de la colonne quatre font référence au pourcentage supplémentaire de travailleurs qui doivent être mis en activité parmi la population inactive totale projetée en 2020 (Scénario de base du Cedefop), tout en restant consistant avec le taux d'activité donné dans la troisième colonne. La colonne cinq présente la part des inactifs ayant un niveau d'éducation bas ou intermédiaire qui ont besoin d'être mis en activité en 2020, étant donné le taux d'activité présenté en colonne trois.

Source: Calculs du Cedefop basés sur l’équation (1).

9.4. Les déséquilibres du marché du travail et la nécessité d'une stratégie d'activation dans les États membres de l’Union européenne

Au vu des conditions économiques actuelles et des forts taux de chômage, le débat autour des politiques à mettre en place pour atteindre le taux d’emploi visé par Europe 2020 peut sembler détaché de la réalité, dans certains pays. Les taux consolidés de l’activité et de l’emploi dans l’Union européenne occultent toutefois des différences non négligeables entre les États membres et sous-entendent une mobilité totale des travailleurs à travers les frontières. En réalité, certains pays d’Europe se sont déjà beaucoup rapprochés de leur objectif national en matière d’emploi et devraient très probablement l’atteindre en 2020 (voire avant). Dans ces économies, le plafond imposé par le taux actuellement élevé de leur population active est déjà contraignant.

Ci-après, le tableau 9.3 présente les implications de l’atteinte des objectifs d'Europe 2020 en ce qui concerne les taux d’emploi nationaux, ainsi que ses retombées éventuelles sur les marchés du travail respectifs des États membres de l’Union européenne. Des « taux d'activité viables » ont été dérivés en suivant le même raisonnement que pour l’économie européenne dans son ensemble (en appliquant l'équation (1). Ce calcul implique l’exécution du scénario hypothétique selon lequel tous les pays atteindront leur objectif national en matière d’emploi, en même temps que leur taux de chômage retrouvera d'ici à 2020 son niveau le plus bas d’avant la crise économique (en 2004-08).

Le tableau 9.3 et le graphique 9.3 révèlent manifestement que la possibilité pratique d’atteindre les objectifs nationaux relatifs au taux d’emploi d'ici à 2020 varie considérablement d’un pays à l’autre. Selon les données actuelles d’Eurostat, seule Malte

Scénario Taux de chômage Taux d'activité

Besoins additionnels pour l 'activation

(réserve totale d'inactifs)

Besoins additionnels pour l 'activation

(réserve d'inactifs ayant un niveau d'éducation bas ou intermédiaire)

(1) (2) (3) (4) (5)1 5.0 78.9 6.0 7.02 6.6 80.3 12.0 14.03 8.0 81.5 18.0 21.04 10.0 83.3 26.0 30.05 12.0 85.2 34.0 40.0

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a déjà atteint son objectif prédéterminé en 2012. Dans cinq pays (l’Allemagne, l’Autriche, le Luxembourg, le Royaume-Uni et la Suède), une légère différence inférieure à 2 points de pourcentage sépare le taux d’emploi constaté et l’objectif national pour 2020, alors que dans quatre autres États membres (la Bulgarie, l’Espagne, la Grèce et la Hongrie), l’écart, spectaculaire, atteint plus de 10 points de pourcentage.

Tableau 9.3. Taux d'activité actuels et « durables » compatibles avec l'objectif de taux d'emploi national UE 2020 dans les pays membres de l'UE, 2012 et 2020

Pourcentages

Note: e* = objectif national UE-2020 sur le taux d'emploi de la population en âge de travailler (20-64 ans). u* = taux de chômage simulé défini comme le taux le plus bas dans la période précédant la crise (2004-08). a*= taux d'activité durable compatible avec e* et u* (suite à l'application de l'équation 1). 1. Note de la Turquie : les informations contenues dans le présent document à propos de « Chypre » concernent la partie méridionale de l’île. Il n’existe aucune autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et les Chypriotes grecs de l’île. La Turquie reconnaît la République turque de Chypre du Nord (RTCN). Tant qu’une solution durable et équitable n’aura pas été trouvée sous l’égide des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ». 2. Note de tous les États membres de l’Union européenne qui sont membres de l’OCDE et de la Commission européenne : la République de Chypre est reconnue par tous les membres de l’Organisation des Nations unies, à l’exception de la Turquie. Les informations contenues dans la présente note se rapportent au territoire sous le contrôle effectif du Gouvernement de la République de Chypre. 3. L'objectif UE-2020 de taux d'emploi pour le Royaume-Uni n'est pas officiellement défini. À défaut, l'objectif de taux d'emploi fixé pour toute l'UE a été retenu ici. Source : Les données pour l’année 2012 se basent sur les données Eurostat ; les données pour l’année 2020 sont basées sur les calculs de l’auteur.

e u a e* u* a*

UE-28 68.4 10.2 76.1 75 6.7 80.4UE-27 68.5 10.1 76.2 75 6.7 80.4Allemagne 76.7 5.5 81.1 77 7.5 83.2Autriche 75.6 4.1 78.8 77 3.5 79.8Belgique 67.2 7.4 72.5 73.2 6.8 78.5Bulgarie 63 12 71.6 76 5.4 80.3Chypre1,2 70.2 11.8 79.6 75 3.7 77.9Croatie 55.4 15.3 65.4 59 8 64.1Danemark 75.4 7 81.1 80 3 82.5Espagne 59.3 24.5 78.6 74 7.8 80.3Estonie 72.1 10.1 80.1 76 4.5 79.6Finlande 74 7 79.5 78 5.6 82.6France 69.3 9.5 76.6 75 7.1 80.7Grèce 55.3 24.1 72.8 70 7.6 75.8Hongrie 62.1 10.8 69.6 75 5.7 79.5Irlande 63.7 14.4 74.4 69 4.1 71.9Ital ie 61 10.4 68 67 5.8 71.1Lettonie 68.1 14.9 80 73 5.8 77.5Lituanie 68.5 13.5 79.1 72.8 4.3 76.1Luxembourg 71.4 5 75.2 73 3.8 75.9Malte 63.1 5.5 66.8 62.9 4.9 66.1Pays-Bas 77.2 4.7 81.1 80 2.4 82Pologne 64.7 10 71.9 71 7 76.3Portugal 66.5 15.9 79 75 6.4 80.1République slovaque 65.1 13.6 75.3 72 9.2 79.3République tchèque 71.5 6.8 76.7 75 4.3 78.4Roumanie 63.8 7 68.6 70 5.6 74.2Royaume-Uni3 74.2 6.9 79.7 75 4 78.1Slovénie 68.3 8.9 74.9 75 4.3 78.4Suède 79.4 7.1 85.5 80 5.1 84.3

2012 2020

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Le graphique 9.3 démontre également que seuls neuf États membres de l’Union européenne [Chypre (voir notes 2 et 3), la Croatie, l’Estonie, l’Irlande, la Lettonie, la Lituanie, Malte, le Royaume-Uni et la Suède] ont la capacité d’atteindre leur objectif national en matière d’emploi en ramenant leur taux de chômage à son niveau d’avant la crise d'ici à 2020, sans avoir à élargir leur population active par rapport à sa proportion actuelle. Il convient néanmoins de signaler que seuls deux de ces pays (l’Estonie et la Suède) ont fixé un objectif national plus exigeant que le grand objectif d’Europe 2020. Les autres pays de ce groupe se verront dans l’obligation d’accroître leur population d’actifs disponibles si leur objectif national de taux d’emploi est fixé au-delà du point de référence de 75 % établi par l’Union européenne. En revanche, les limites de l’offre de travail sont déjà contraignantes pour tous les autres États membres, car, même s’ils exploitent l’intégralité de leurs réserves de main-d’œuvre au chômage (sauf chômage frictionnel), ils devront sans aucun doute élargir leurs effectifs d’actifs pour atteindre leur objectif national en matière d’emploi. Ces besoins d’activation vont d’une fourchette de 1 % à 3 % pour un groupe de pays déjà assez proches de leur objectif national d’Europe 2020 relatif à l’emploi (l’Allemagne, l’Autriche, le Danemark, la Finlande, le Luxembourg, les Pays-Bas et la République tchèque) à une fourchette de 3 % à 6 % pour ceux plus proches de la situation moyenne en Europe (à savoir, la Belgique, la France, l’Italie, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie). En Espagne, en Grèce et au Portugal, les besoins d’activation sont relativement limités de par l’ampleur des réserves disponibles d’actifs au chômage. À l’inverse, la Bulgarie et la Hongrie font face à une double difficulté : elles doivent se lancer dans une vaste création d’emplois alors qu’elles sont confrontées à d’importants goulets d’étranglement du côté de l’offre de main-d’œuvre.

Graphique 9.3. Changements requis dans les taux d'activité et d'emploi dans les pays membres de l’UE pour réaliser les objectifs nationaux d'emploi UE 2020, 2012-20

1. Note de la Turquie : les informations figurant dans le présent chapitre qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l'île. Il n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’île. La Turquie reconnaît la République turque de Chypre-Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu’une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ». 2. Note de tous les États membres de l'Union européenne membres de l'OCDE et de la Commission européenne : la République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans le présent chapitre concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

Source : Les données pour l’année 2012 se basent sur les données Eurostat ; les données pour l’année 2020 sont basées sur les calculs de l’auteur.

EU28

BEL

BGR

CZEDNK

DEU

EST

IRL

GRC

ESP

FRA

HRV

ITA

CYP(1,2)

LVALIT

LUX

HUN

MLT

NLDAUT

POL

PRT

ROU

SVNSVKFIN

SWEGBR

-4

-2

0

2

4

6

8

10

12

-2 0 2 4 6 8 10 12 14 16

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is, 2

012-

2020

(a*-

a)

Changement de taux d'emploi requis (2012-2020) pour atteindre les objectifs UE 2020 (e*-e)

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Selon le scénario de base du modèle de prévision du Cedefop, les pays d’Europe continueront d’améliorer leur taux d’activité jusqu’à la fin de la décennie et de mettre en œuvre un ensemble de politiques nationales appropriées pour atteindre cet objectif. Par ailleurs, comme on l’a vu plus haut, de nombreux pays européens devront encore accroître leur taux d’activité s’ils veulent atteindre leurs objectifs respectifs d’Europe 2020 relatifs à l’emploi de manière durable. Le graphique 9.4 décompose donc en deux éléments l’évolution totale nécessaire pour chaque pays européen afin d’atteindre son « taux d’activité viable » (a* - a) sur la période 2012-20, à savoir, i) l’évolution projetée par le scénario de base (barres foncées) ; et ii) le reste de l’évolution nécessaire pour que chaque pays puisse atteindre exactement son « taux d’activité viable » d’ici à 2020 (barres claires).

Graphique 9.4. Croissance projetée des taux d'activité dans les pays membres de l'UE, 2012-20: scénario Cedefop de base et scénario correspondant à l'objectif national de taux d'emploi UE 2020

Pourcentages

Note: * indique les pays où le taux d'activité soutenable (a*) sera atteint (ou dépassé) sur la base des politiques appliquées actuellement (telles que prises en compte dans le scénario Cedefop de base).

1. Note de la Turquie : les informations figurant dans le présent chapitre qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l'île. Il n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’île. La Turquie reconnaît la République turque de Chypre-Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu’une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

2. Note de tous les États membres de l'Union européenne membres de l'OCDE et de la Commission européenne : la République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans le présent chapitre concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

Source: Calculs du Cedefop (voir annexe 9.A1).

-2 0 2 4 6 8 10 12

UE28Allemagne

AutricheBelgiqueBulgarie

Chypre* (1,2)Croatie*

Danemark*EspagneEstonie*Finlande

FranceGrèce

HongrieIrlande*

ItalieLettonie*Lituanie*

Luxembourg*Malte*

Pays-Bas*PolognePortugal

République slovaqueRépublique tchèque*

RoumanieSlovénieSuède*

Scénario Cedefop de base Sénario correspondant à l'objectif UE-2020

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9. LES DÉSÉQUILIBRES DU MARCHÉ DU TRAVAIL PRÉVUS EN EUROPE – 361

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Un écart positif entre le scénario de base du Cedefop et celui d’Europe 2020 indique que dans certains pays (notamment en Belgique, Bulgarie, Hongrie, Italie, Roumanie et Slovénie), les efforts actuels visant à accroître les taux d’activité seront probablement insuffisants. Dès lors, il est nécessaire de mettre en place sans attendre de nouvelles initiatives d’activation en plus des politiques actuellement en vigueur, afin d’amener le taux d’activité jusqu'à a* et d’empêcher la formation éventuelle de goulets d’étranglement. À l’inverse, dans certains États membres (signalés par un astérisque [*]), la croissance du taux d’activité escomptée dans le scénario de base est déjà suffisante pour que le taux d’activité soit « viable »10.

9.5. Conclusion

Le présent chapitre a analysé l’impact de la réalisation du grand objectif d’Europe 2020 en matière d’emploi sur le marché du travail européen, en mettant l’accent sur ses conséquences en termes de pénuries ou d’excédent de main-d’œuvre. L’examen de scénarios alternatifs fictifs se basant sur différentes valeurs du taux de chômage révèle que cet objectif ne pourra être atteint qu’au prix d’immenses efforts d’activation de la part de plusieurs États membres de l’Union européenne, qui devront dépasser les pratiques et les politiques actuelles. L’ampleur de la population à rendre active dans l’économie européenne est indéniable. Ainsi, si l’Europe devait accepter un taux de chômage supérieur à 10 % (soit un niveau proche de ce qui peut être considéré comme son taux de chômage structurel actuel), plus du quart de la population inactive devrait entrer sur le marché du travail d’ici à 2020 pour atteindre un taux d’emploi de 75 %.

La nature des mesures d’activation dépendra de la capacité à attirer différents groupes de la population inactive sur le marché du travail, étant donné que les taux d’activité varient nettement en fonction du sexe, de l’âge et du niveau d’instruction. À cet égard, il est largement admis que les États membres de l’Union européenne devraient diriger leurs efforts vers l’accroissement du taux d’activité relativement faible des femmes, des jeunes et des plus âgés, ainsi que des personnes peu qualifiées. Cependant, les mesures d’activation supplémentaires seront également déterminées par la nécessité de répondre au large éventail des besoins de qualifications escomptés sur le marché du travail européen, qui concerneront les emplois se situant à la fois en haut et en bas de l'échelle de compétences (Cedefop, 2013b).

Alors que les politiques d’activation et l’amélioration de l’éducation et de la formation constituent des éléments essentiels pour atteindre cet objectif, elles représentent un tel coût pour le budget d'économies déjà fortement endettées qu’il sera inévitable d’explorer d’autres solutions. Ce constat est particulièrement vrai compte tenu des limites de la stimulation de la population nationale non active, laquelle compte un certain nombre de personnes qui ne peuvent pas travailler du fait d’incapacités graves pour raisons de santé ou d’autres contraintes personnelles. Le recours à des taux d’immigration plus élevés pourrait donc venir compléter l’arsenal dont disposent les dirigeants pour répondre aux besoins de compétences très divers de l’Europe malgré une main-d’œuvre de plus en plus rare.

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Notes

1. Vladimir Kvetan et Konstantinos Pouliakas ont analysé les données et rédigé le présent chapitre. Ils remercient Alena Zukersteinova, Antonio Ranieri, Giovanni Russo, Nicholas Sofroniou et Ioannis Katsikis de leurs conseils et leur soutien.

2. Note de la Turquie : les informations figurant dans le présent chapitre qui font référence à « Chypre » concernent la partie méridionale de l’île. Il n’y a pas d’autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et grecs sur l’île. La Turquie reconnaît la République turque de Chypre-Nord (RTCN). Jusqu’à ce qu’une solution durable et équitable soit trouvée dans le cadre des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

3. Note de tous les États membres de l’Union européenne membres de l’OCDE et de la Commission européenne : la République de Chypre est reconnue par tous les membres des Nations unies sauf la Turquie. Les informations figurant dans le présent chapitre concernent la zone sous le contrôle effectif du gouvernement de la République de Chypre.

4. Voir annexe pour une description plus complète du modèle. Le modèle du Cedefop constitue un puissant instrument de renseignement sur le marché du travail et ses conclusions sont librement accessibles sur l’interface suivante, tenue à jour par le Cedefop : www.cedefop.europa.eu/EN/about-cedefop/projects/forecasting-skill-demand-and-supply/skills-forecasts.aspx.

5. Pour certains pays d’Europe, en particulier ceux actuellement soumis à un lourd programme d’assainissement budgétaire, ces prévisions peuvent être considérées comme optimistes.

6. Selon les projections du modèle, les effectifs progresseront de 0.9 % supplémentaire de 2020 à 2025, soit 2 millions de postes en plus dans la réserve globale d’emplois de l'UE28.

7. En revanche, environ 13 millions d'emplois devraient être créés entre 2012 et 2020 (soit une croissance annuelle de l’emploi de 0.75 point de pourcentage) si les objectifs nationaux d’Europe 2020 relatifs à l’emploi étaient atteints (moyenne européenne de 74 %).

8. Dans la suite du chapitre, ces taux sont désignés comme « taux d'activité viables ».

9. On estime que les taux d’activité des personnes hautement qualifiées seront proches de 90 % d'ici à 2020, contre respectivement 63 % et 76 % seulement pour les personnes faiblement et moyennement qualifiées.

10. Il va de soi que les autorités nationales de ces pays souhaiteront peut-être poursuivre l’élargissement de leur population active pour d’autres raisons, notamment pour faire face à un taux de dépendance des personnes âgées défavorable, qui ferait peser de plus lourdes contraintes sur leur système de sécurité sociale. Ils envisageront peut-être aussi de fixer des objectifs plus ambitieux en matière d’emploi.

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Références

Cedefop – Centre européen pour le développement de la formation professionnelle (2013a), « Skills for a Low Carbon Economy: The Role of VET in a Sustainable Energy Scenario », Cedefop Research Paper, n° 34, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg.

Cedefop (2013b), « Future Skills Supply and Demand in Europe: Forecast 2012 », Cedefop Research Paper, n° 26, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg.

Cedefop (2012), « Skills Supply and Demand in Europe: Methodological Framework », Cedefop Research Paper, n° 25, Office des publications de l'Union européenne, Luxembourg.

Commission européenne (2014), Employment and Social Developments in Europe 2013, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg.

Commission européenne (2012a), « The Skill Mismatch Challenge in Europe », Chapitre 6 in Employment and Social Developments in Europe 2012, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg.

Commission européenne (2012b), « Vers une reprise génératrice d’emplois », COM(2012) 173, 18.4.2012, disponible sur http://ec.europa.eu/social/main.jsp?catId=89&langId=en&newsId=1270&moreDocuments=yes&tableName=news.

Peschner, J. et C. Cotakis (2013), Growth Potential of EU Human Resources and Policy Implications for Future Economic Growth, Office des publications de l’Union européenne, Luxembourg.

Sattinger, M. (2013), « Qualitative Mismatches », Foundation and Trends in Microeconomics, vol. 8, n° 1-2, pp. 1-168.

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Annexe 9.A1

Le modèle paneuropéen de prévision de l’offre et de la demande de personnel qualifié du Cedefop

Le système de modélisation employé par le Cedefop afin de réaliser ses projections de l’offre et de la demande de personnel qualifié pour l'économie européenne est relativement complexe1. Il se fonde sur plusieurs modules interconnectés se composant de différents éléments du marché du travail (voir graphique 9.A1.1). Il permet ainsi d’affiner différentes approches modélisatrices utilisées pour établir des projections des professions, des structures des qualifications et de la demande de remplacement. Il rend également possible l’amélioration ou le remplacement de données pour des pays ou des secteurs particuliers lorsque leur qualité et leur fiabilité soulèvent des doutes spécifiques. Chaque module est associé à une base de données déterminée. Ce cadre a été conçu afin de faciliter le développement, l’adaptation et l’ajout de nouveaux éléments au processus global de modélisation.

Les prévisions de l’offre et de la demande de main-d’œuvre reposent sur des informations provenant de sources officielles. La base de données se nourrit essentiellement des sources d’Eurostat. Elle exploite notamment les données démographiques d’Eurostat, les comptabilités nationales, l’enquêtes sur les forces de travail (EFT-UE) et des données complémentaires sur les flux de personnes acquérant des compétences et obtenant des diplômes. Les données de l’EFT, en particulier, font l’objet d’un examen et d’une analyse minutieux afin d’éviter toute discontinuité ou tout autre problème. À cet égard, l’adaptation des données de l’EFT est fondamentale pour obtenir des tendances détaillées de l’emploi par type de profession et de qualifications, ainsi que pour établir différentes estimations de l’offre de travail. Les données relatives à l’emploi sont issues des comptabilités nationales, qui servent à la modélisation globale des tendances macroéconomiques et structurelles. Les modifications récentes des principales classifications (à savoir, l’introduction de la nomenclature NACE rev. 2 et de la classification CITP 08) sont prises en compte dans le système de modélisation.

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Graphique 9.A2.1. Schéma conceptuel de modélisation de la demande et de l’offre de compétences

Source: Cedefop (2012), « Skills Supply and Demand in Europe: Methodological Framework », Cedefop Research Paper, n° 25, Office des publications de l'Union européenne, Luxembourg.

La partie consacrée à la demande comporte quatre éléments (modules). Le module macroéconomique sous-jacent (modèle E3ME) permet d’établir une série de prévisions macroéconomiques multisectorielles2. Ce modèle produit un ensemble de projections sectorielles cohérentes en posant des hypothèses en toute transparence sur les principales influences externes qui entrent en jeu dans les différents pays (notamment l’évolution technologique et l’impact de la concurrence mondiale). Il allie les caractéristiques d’un modèle sectoriel annuel de moyen terme, estimé par des méthodes économétriques proprement dites, et des éléments de modélisation entrées-sorties. Il peut permettre de réaliser des simulations dynamiques de politiques, ainsi que des prévisions et des projections de variables macroéconomiques sur le moyen et le long terme.

Un module consacré aux professions (EDMOD) permet de calculer des estimations de la progression de l’emploi par secteur, à partir de classifications et de sources de données classiques. Ce modèle (EDMOD) se fonde sur les données de l’EFT-UE. Le principal avantage de cette enquête réside dans la relative fréquence de la collecte des

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données, qui mobilise des ensembles de questions et des systèmes de classification normalisés. Bien que certaines différences perdurent encore entre les pays, l’EFT-UE apporte un ensemble de données plus ou moins cohérentes pouvant servir à réaliser des projections de l’emploi par profession au sein des secteurs identifiés dans les modèles macroéconomiques tels que l’E3ME.

Le module consacré aux qualifications (QUALMOD), qui exploite également les données de l'EFT-UE comme principale source d’informations, est axé sur l’intensité des qualifications au sein des professions. Le modèle QUALMOD traduit les projections de l’emploi professionnel en demande anticipée de trois degrés de personnel qualifié, définis par les trois grands niveaux d'études formelles correspondant à la Classification internationale type de l'éducation (CITE)3.

Le module consacré à la demande de remplacement (RDMOD) a été élaboré afin de refléter, outre l’évolution des niveaux de l’emploi par profession, l’importance cruciale du remplacement des actifs devenus inactifs comme conséquence de la retraite, des mouvements migratoires nets et de la mobilité professionnelle. L’estimation de cette demande de remplacement n’est pas simple et dépend beaucoup des sources de données utilisées. Des informations sur la structure par âge et par sexe sont nécessaires car de nombreux flux de main-d’œuvre, en particulier les départs en retraite et la mobilité professionnelle, sont fortement liés à l’âge et au sexe. La structure par âge dépend aussi beaucoup de la profession. Alors que les personnes plus âgées quittent en général le marché du travail pour cause de retraite, les jeunes changent de métier plus souvent, fondent des familles ou migrent au sein des régions ou des pays.

La partie consacrée à l’offre s'attache à produire des projections à moyen terme de l’offre de personnel qualifié, correspondant au plus haut niveau de formation (tel qu’il est défini dans le module QUALMOD), ventilée par tranche d’âge de cinq ans et par sexe. Les modèles relatifs à l’offre aboutissent à des projections paneuropéennes cohérentes de l’offre de personnel qualifié, à partir de données existantes (compétences mesurées selon le niveau de qualifications) compatibles avec les projections de la demande de personnel qualifié (axées sur les qualifications). En principe, la modélisation et la prévision de l’offre de personnel qualifié requièrent un modèle détaillé et exhaustif prenant en compte les stocks et les flux et comportant des relations de comportement qui puissent servir à prévoir la répartition des personnes dans la population totale et dans la population active en fonction de leurs qualifications.

Les principales valeurs de l’offre de main-d'œuvre sont calculées selon un modèle E3ME élargi, en fonction de l’activité économique, des taux de salaire réels, des taux de chômage et des taux de profit. Actuellement, les paramètres du modèle concernant la participation au marché du travail sont estimés dans chaque pays par sexe et par tranche d’âge. Cette caractéristique revêt une importance fondamentale dans la modélisation des taux d’inscription et des niveaux d’études, dont on sait qu’ils dépendent de l’âge. Ce cadre élargi est ensuite utilisé pour créer un ensemble détaillé de projections de base concernant l’offre de main-d'œuvre, ventilée par pays, par tranche d’âge et par sexe, sur une période de 10 à 15 ans. Le résultat obtenu est un élément essentiel de l’analyse de l’offre de qualifications et de personnel qualifié ; il établit un lien entre l’activité économique et l’offre du marché du travail.

La principale motivation de l’élaboration de prévisions de l’offre et de la demande de personnel qualifié réside dans la mise en évidence de déséquilibres éventuels du marché du travail et d’inadéquations des compétences. Le module BALMOD opère le

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rapprochement et l’équilibrage finaux des projections de l’offre et de la demande. Il a pour but d’harmoniser les projections de l’offre et de la demande de personnel qualifié, en se concentrant sur les compétences. La comparaison entre les projections de la demande et de l’offre effectives pose toutefois des problèmes, pour des raisons pratiques et théoriques. À moins de se fonder sur des ensembles de données communs et d’être calculés simultanément, les deux ensembles de résultats ne peuvent être comparés directement. Différents autres enjeux conceptuels et méthodologiques relatifs aux déséquilibres demandent également à être examinés. À partir d’une procédure RAS, le module BALMOD met en relation l’offre disponible de personnel qualifié avec les postes offerts, en formulant certaines hypothèses relatives au comportement des taux de chômage pour les trois catégories de qualifications (niveaux élevé, moyen et faible).

Les résultats obtenus par le Cedefop grâce à son modèle de prévision des compétences et les principales variables exogènes font l’objet d'un dialogue permanent avec des spécialistes dans chaque pays, qui possèdent une meilleure connaissance des tendances du marché du travail et des sources des données dans leur propre pays. Le recours à un tel réseau d’experts nationaux (dénommé réseau Skillsnet) améliore l’efficacité et la transparence et garantit la fiabilité des résultats empiriques nationaux.

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Notes

1. Le système de modélisation en tant que tel a été conçu et exploité en coopération avec l’Institute of Employment Research de l’université de Warwick. Il est décrit en détail dans la publication du Cedefop (2012).

2. Le modèle E3ME est mis en valeur par Cambridge econometrics. Pour plus d'informations sur ce modèle, consulter la référence Cedefop 2012 ou le lien suivant : www.camecon.com/EnergyEnvironment/EnergyEnvironmentEurope/ModellingCapability/E3ME.aspx.

3. Niveau faible = niveaux 1 et 2 de la CITE ; niveau moyen = niveaux 3 et 4 de la CITE ; niveau élevé = niveaux 5 et 6 de la CITE.

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10. PÉNURIES DE MAIN-D’ŒUVRE : LES CONCEPTS FONDAMENTAUX ET LEUR RÔLE – 369

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Chapitre 10

Pénuries de main-d’œuvre : les concepts fondamentaux et leur rôle dans la politique migratoire des États-Unis

Burt S. Barnow George Washington University

De nombreux facteurs peuvent être pris en compte lorsqu’un pays élabore sa politique migratoire, tels que le regroupement familial, l'accroissement du capital humain du pays, celui du produit intérieur brut, et la diminution des pénuries de main-d'œuvre. Le présent chapitre s’attache au concept de pénurie de main-d'œuvre et décrit comment la politique d'immigration fondée sur l'emploi aux États-Unis est actuellement structurée ainsi que les propositions qui ont été examinées afin d'améliorer la façon dont les pénuries de main-d'œuvre sont mesurées et utilisées dans la politique d'immigration. Tout d’abord il étudie les raisons pour lesquelles des pénuries de main-d’œuvre sont susceptibles de se produire, puis identifie des moyens de vérifier l’existence de ces pénuries. Le texte est suivi d'un résumé des conclusions d'une analyse portant sur les pénuries dans quatre professions aux États-Unis, et des conclusions de cette étude. La deuxième partie du document traite de l'immigration de travail aux États-Unis. Le système américain actuel de main-d'œuvre permanente et temporaire y est décrit, et des propositions actuelles et passées pour améliorer le système y sont décrites et discutées.

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370 – 10. PÉNURIES DE MAIN-D’ŒUVRE : LES CONCEPTS FONDAMENTAUX ET LEUR RÔLE

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10.1. Introduction

De nombreux facteurs peuvent être pris en compte lorsqu’un pays élabore sa politique migratoire, tels que le regroupement familial, l’accroissement du capital humain du pays, celui du produit intérieur brut, et la diminution des pénuries de main-d’œuvre. Le présent chapitre s’attache au concept de pénurie de main-d’œuvre et décrit comment la politique d’immigration fondée sur l’emploi aux États-Unis est actuellement structurée ainsi que les propositions qui ont été examinées afin d’améliorer la façon dont les pénuries de main-d’œuvre sont mesurées et utilisées dans la politique d’immigration.

Tout d’abord le chapitre s’attache au concept de pénurie et décrit les raisons pour lesquelles surgissent des pénuries de main-d’œuvre (section 10.2), puis la façon dont elles peuvent être identifiées. S’ensuivent un résumé des résultats d’études de cas pour savoir s’il existe des pénuries dans quatre professions aux États-Unis, à savoir les enseignants spécialisés, les pharmaciens, les physiothérapeutes et les personnes apportant des soins à domicile cas, et les conclusions de ces études de cas. La section 10.3 traite de l’immigration fondée sur l’emploi aux États-Unis. Le système américain actuel de main-d’œuvre permanente et temporaire est décrit, ainsi que les propositions actuelles et passées pour améliorer le système. Des conclusions sont présentées dans la section 10.4.

10.2 Les pénuries de main-d’œuvre en théorie et en pratique

Il n’existe pas de définition universelle de la « pénurie de main-d’œuvre ». Le terme désigne parfois un déficit de main-d’œuvre totale, et parfois une éventuelle inadéquation entre les travailleurs et les emplois au sein de l’économie. Nous définissons la pénurie de main-d’œuvre comme un déséquilibre persistant entre l’offre et la demande : la demande de travailleurs excède le nombre de travailleurs disponibles et désireux de travailler au salaire et aux conditions de travail en vigueur en un lieu et à une période donnés. En général, la quantité de travail que les travailleurs sont prêts à fournir est une fonction croissante des salaires (c’est-à-dire du prix) qu’ils peuvent obtenir, et la corrélation entre la quantité de travail que les travailleurs sont prêts à fournir à différents prix et d’autres facteurs demeurant constants est représentée sous la forme d’une courbe de l’offre de main-d’œuvre.

Le graphique 10.1 présente une courbe ascendante caractéristique de l’offre de main-d’œuvre. À mesure que le taux de salaire augmente, un nombre croissant de travailleurs souhaitent entrer dans la profession concernée, et les travailleurs déjà en place veulent généralement travailler davantage. Dans le graphique 10.1, la quantité de main-d’œuvre que les employeurs souhaitent embaucher à d’autres prix est représentée par la courbe descendante de la demande. Le point marqué E correspond au point d’équilibre du marché. Si le salaire est égal à WE, la quantité de travail que les travailleurs sont prêts à fournir à ce salaire (QE) correspond exactement à la quantité de main-d’œuvre que les employeurs souhaitent embaucher. Le marché est à l’équilibre parce que la quantité fournie est égale à la quantité demandée. Si, pour une raison ou pour une autre, le taux de salaire en vigueur sur le marché est égal à W0 plutôt que WE, la quantité de travail que les travailleurs sont prêts à fournir est égale à QS – le point correspondant à W0 sur la courbe de l’offre. Les employeurs, toutefois, souhaitent recruter QD à ce salaire. La différence entre la quantité de main-d’œuvre que les employeurs souhaitent recruter et la quantité de travail que les travailleurs sont prêts à fournir (QD − QS) indique l’ampleur de la pénurie.

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10. PÉNURIES DE MAIN-D’ŒUVRE : LES CONCEPTS FONDAMENTAUX ET LEUR RÔLE – 371

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Graphique 10.1. Illustration d'une pénurie de main-d'œuvre

Source: Auteur pour l’OCDE.

Malheureusement, une pénurie n’est pas facile à identifier. Tout comme le concept de « plein emploi » n’est pas synonyme de taux de chômage nul, on peut trouver quelques emplois vacants sur un marché du travail à l’équilibre ; reste à savoir à quel moment on peut considérer que le nombre d’emplois vacants est excessif et synonyme de pénurie. De même, les marchés ne s’ajustent pas instantanément aux chocs. Pendant combien de temps un marché doit-il donc présenter un nombre excessif d’emplois vacants avant d’être déclaré en situation de pénurie de main-d’œuvre ? Il n’est pas facile de faire la différence entre une pénurie de main-d’œuvre et un marché du travail tendu. Enfin, aux États-Unis, le Bureau of Labor Statistics (Bureau des statistiques du travail) ne publie aucune donnée sur le nombre de postes vacants dans chaque profession. Ainsi, même si l’on parvient à définir ce qui constitue une pénurie, les données nécessaires pour l’identifier ne sont pas disponibles.

Les économistes et d’autres analystes ont proposé d’autres définitions des pénuries de main-d’œuvre. Les premières études d’Arrow et Capron (1959) et de Blank et Stigler (1957) définissent les pénuries comme des situations où la demande de main-d’œuvre augmente plus rapidement que l’offre – une situation que l’on observe parfois sur le marché des ingénieurs en période d’essor économique ; les concepts de pénurie de main-d’œuvre d’Arrow-Capron et de Blank–Stigler sont illustrés par le graphique 10.2. Bien qu’une hausse rapide de la demande puisse conduire à des pénuries de main-d’œuvre, il existe également d’autres causes potentielles. Alors que les enfants du baby-boom atteignent l’âge de la retraite, certaines professions risquent de subir des baisses rapides de l’offre de main-d’œuvre. Si des travailleurs n’entrent pas en nombre suffisant dans ces professions pour les remplacer, une pénurie peut s’ensuivre. Des pénuries peuvent également se produire lorsque de longues périodes s’écoulent avant que les employeurs ou les travailleurs ne s’aperçoivent de l’évolution de l’offre ou de la demande et fassent les ajustements nécessaires. Par exemple, la formation des médecins dure de nombreuses années. Ainsi, même lorsqu’une hausse de la demande devient apparente, il n’existe aucun moyen de faire augmenter l’offre rapidement. Enfin, des pénuries peuvent survenir lorsque le marché du travail ne fonctionne pas librement. Citons, par exemple, les secteurs où le salaire est fixé par une tierce partie, comme c’est souvent le cas dans les professions de la santé, ou les secteurs où l’offre est limitée par des restrictions à l’entrée. La réglementation des prix

Nombre de travailleurs

Sala

ires

QS QE QD

WE

WO

Offre (S)

Demande (D)

E

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372 – 10. PÉNURIES DE MAIN-D’ŒUVRE : LES CONCEPTS FONDAMENTAUX ET LEUR RÔLE

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et des salaires présente un intérêt particulier sur certains marchés du travail aux États-Unis, comme le secteur des soins de santé.

Graphique 10.2. Illustration des pénuries de Blank-Stigler et Arrow-Capron

Source: Auteur pour l’OCDE.

Bien que les prix soient généralement fixés par le jeu de la concurrence sur les marchés aux États-Unis, le prix de la main-d’œuvre et le prix du produit final sont réglementés dans certains secteurs. Par exemple, le prix des taxis est généralement réglementé par les municipalités. Dans ce cas, la courbe de l’offre est tronquée au prix réglementé. Cette situation est illustrée par le graphique 10.3. Le taux de salaire est restreint de manière à ne pas dépasser WM ; ainsi la courbe de l’offre est représentée par une ligne pointillée à des niveaux de salaire supérieurs. QS correspond au travail qui sera fourni à ce salaire. Toutefois, à ce niveau de salaire, la demande de travailleurs est égale à QD, c’est pourquoi il y a une pénurie de travailleurs égale à QD − QS. De temps à autre, les autorités américaines font face à ce type de pénurie avec les docteurs en économie débutants. En effet, le gouvernement fédéral recrute traditionnellement des économistes débutants au niveau de rémunération GS-12, et les organismes publics qui les emploient ne sont généralement pas autorisés à les rémunérer davantage. Parfois, le salaire du marché est supérieur, d’où une pénurie occasionnelle de docteurs en économie débutants dans les organismes publics.

Graphique 10.3. Illustration des pénuries de main-d’œuvre découlant de la restriction des salaires

Source: Auteur pour l’OCDE.

Nombre de travailleursQ1QE Q2

WE

W2

Offre (S)

Demande (D)

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Demande (D1)

Sala

ires

Nombre de travailleurs

QDQS

WM

Offre (S)

Demande (D)

Sala

ires

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Plus généralement, les pouvoirs publics réglementent le prix des produits et des services plutôt que celui de la main-d’œuvre. Dans les secteurs où la main-d’œuvre constitue une part relativement restreinte du prix du produit, comme dans la production d’électricité, la réglementation du prix du produit ne risque pas d’entraîner de pénurie de main-d’œuvre. En revanche, dans les secteurs à très forte intensité de main-d’œuvre, la réglementation du prix de la production peut revenir à réglementer le prix de la main-d’œuvre. Citons, par exemple, le secteur de la santé en général et le secteur des soins à domicile en particulier. Une part importante du secteur de la santé des États-Unis est financée par les programmes Medicare et Medicaid. Dans le cas de Medicare, le gouvernement fédéral limite les remboursements auxquels les prestataires qui prennent en charge des assurés âgés peuvent prétendre. Les gouvernements des États ont mis en place une réglementation similaire dans le cadre des programmes Medicaid, destinés aux plus démunis. La restriction des prix que les prestataires peuvent facturer limite la rémunération qu’ils peuvent verser à leur personnel tout en continuant à couvrir leurs frais.

En l’absence de mesures du nombre d’emplois vacants, les pénuries peuvent seulement être identifiées par le biais des dispositions prises par les employeurs pour obtenir de la main-d’œuvre supplémentaire. En cas de pénurie, on peut s’attendre à ce que les employeurs prennent une ou plusieurs mesures parmi les suivantes, et à ce qu’ils augmentent en premier lieu leurs efforts de recrutement. Plus spécifiquement, ils pourraient prendre une ou plusieurs mesures pour accroître l’embauche :

• recours accru à la publicité sur les supports habituels

• publicité dans d’autres médias

• extension de la zone de recrutement, à d’autres pays éventuellement

• recours à des agences pour l’emploi publiques ou privées

• versement de primes aux employés qui amènent de nouvelles recrues

Autres mesures que les employeurs peuvent prendre pour remédier à une pénurie :

• recours accru aux heures supplémentaires

• réduction des qualifications minimales pour l’emploi

• restructuration du travail pour réduire le recours aux professions frappées de pénurie

• recours à des équipements et des machines pour remplacer la main-d’œuvre

• formation des travailleurs pour occuper les postes vacants

• amélioration des conditions de travail

• versement de primes aux nouvelles recrues

• attribution de stock-options aux salariés

• augmentation des salaires et des avantages sociaux

• recours à la sous-traitance

• diminution du travail.

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Ces solutions ne sont pas toujours envisageables ; par exemple, il n’est pas possible de réduire les qualifications minimales requises pour une profession soumise à une autorisation d’exercer. Si certaines mesures peuvent être prises rapidement, comme l’augmentation du recours aux heures supplémentaires, d’autres, comme la substitution du capital au travail, peuvent nécessiter plusieurs années. Il est facile de revenir sur certaines options, comme le recours aux heures supplémentaires, mais pas sur certaines autres, comme l’augmentation des salaires et des avantages sociaux. Lors de la réalisation des études de cas décrites ci-dessous, nous ne nous attendions pas à ce que les employeurs prennent la totalité des mesures décrites ci-dessus, mais à ce qu’ils en prennent certaines afin d’atténuer les effets des pénuries.

Nous avons décidé de ne pas utiliser, dans notre étude, de mesure quantitative pour définir une pénurie, parce qu’il n’existe pas de méthode simple pour compiler les signes de pénurie. D’autres ont toutefois élaboré des mesures spécifiques, à l’usage de la politique d’immigration notamment. Ces mesures sont décrites plus loin.

Nous avons mené des études de cas dans quatre professions pour lesquelles des articles de presse faisaient état de pénuries, ou pour lesquelles nous avions mis en évidence des signes de pénurie lors de précédentes recherches : les aidants à domicile, les pharmaciens, les physiothérapeutes, et les éducateurs spécialisés. Il est difficile d’identifier les pénuries en l’absence de données sur les emplois vacants. Dans nos études de cas, nous nous sommes appuyés sur des entretiens avec des employeurs, des associations de travailleurs comme des syndicats, des universitaires et d’autres chercheurs ayant étudié ces professions, ainsi que sur une analyse des données publiées par le Bureau des statistiques du travail, le Département de l’Éducation et des associations professionnelles. Lorsque nous avons examiné les données publiées, nous nous attendions à ce qu’en cas de pénurie, les salaires en vigueur dans une profession augmentent par rapport aux salaires en vigueur dans d’autres professions comparables ; seules exceptions, les situations dans lesquelles les salaires ne sont pas déterminés par le marché (comme c’est le cas pour de nombreuses professions de santé) et les cas où les professions servant de base de comparaison font également face à un marché du travail tendu. Dans les entretiens avec les employeurs et les associations professionnelles, nous avons cherché à déterminer si les employeurs mettaient en œuvre certaines des mesures décrites ci-dessus pour faire face aux pénuries. Les entretiens avec les associations de travailleurs et les syndicats rétablissent un certain équilibre, les employeurs prétendant parfois qu’il y a une pénurie, alors que les travailleurs dénoncent une réticence de leur part à utiliser efficacement la main-d’œuvre existante.

Nous n’avons constaté aucune pénurie dans l’ensemble des quatre professions. Ce constat est probablement dû en grande partie au fait qu’au moment où nous avons mené nos recherches, l’économie américaine était plongée dans la pire récession qu’elle ait connue depuis la Grande Dépression. Même les représentants des secteurs, qui se plaignaient souvent de pénuries lors des précédentes études menées sur les aidants à domicile et les éducateurs spécialisés, ne nous ont signalé aucune pénurie. Ils ont indiqué que des pénuries de pharmaciens avaient été constatées récemment, lorsque les magasins d’alimentation ont commencé à se doter de rayons pharmacie et que les pharmacies ont considérablement étendu leurs horaires d’ouverture ; toutefois, comme les postes étaient de plus en plus difficiles à pourvoir, les salaires subissaient des pressions à la hausse, et la demande de pharmaciens a diminué. Le marché des aidants à domicile est tendu, mais rien n’indique que les personnes ayant besoin de ce type de services ont des difficultés à les obtenir. Puisque la profession d’aidant à domicile est

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une profession relativement peu qualifiée et que la période de formation est courte, on pourrait s’attendre à ce qu’elle ne connaisse pas de pénurie, mais nous avons constaté lors de précédents travaux que la réglementation publique sur le remboursement des patients rattachés à Medicare et Medicaid était souvent à l’origine de difficultés de recrutement et de fidélisation des travailleurs. Enfin, notre étude du marché des physiothérapeutes indique que le marché est très tendu, mais aucune pénurie n’a été observée du fait de la récession sévère.

On peut tirer plusieurs conclusions essentielles de cette étude, outre celle que les professions étudiées ne connaissent actuellement aucune pénurie :

Les pénuries de main-d’œuvre sont difficiles à mesurer Il existe un certain nombre de raisons pour lesquelles il est difficile de déterminer

s’il y a pénurie ou non. Tout d’abord, le meilleur indicateur d’une pénurie est une hausse du nombre et de la durée des vacances de postes, mais aux États-Unis, la plupart des professions ne disposent d’aucune donnée relative aux emplois vacants. Ensuite, il n’est pas possible de faire clairement la distinction entre un marché du travail tendu et une pénurie. Troisièmement, le système de classification nationale des professions en vigueur aux États-Unis (Standard Occupational Classification – SOC) établit des mesures trop approximatives pour mettre en évidence des pénuries ; par exemple, tous les programmateurs informatiques sont regroupés dans une seule et même catégorie, alors que les employeurs recherchent des programmateurs avec des compétences spécifiques, comme Java ou HTML. Enfin, le recours à des entretiens pour évaluer l’existence d’une pénurie est imprécis.

À des fins d’élaboration de la politique, il est important d’aller au-delà de la définition économique d’une pénurie

Parfois, les marchés du travail ne fournissent pas un nombre de travailleurs optimal d’un point de vue social dans une profession. C’est particulièrement vrai lorsque le marché du travail est fortement réglementé par les pouvoirs publics. Si les taux de rémunération sont fixés à un bas niveau, le marché du travail sera à l’équilibre au sens économique, mais on constatera éventuellement ce qu’Arrow et Capron (1959) appellent une « insatisfaction de la demande sociale », ce qui signifie que le marché produit moins que ce que la société souhaiterait.

Paradoxalement, de nombreuses professions confrontées à un marché du travail constamment tendu ont récemment rehaussé ou envisagent de rehausser leurs conditions d’accès

Depuis peu, les pharmaciens exigent que les entrants soient titulaires d’un doctorat, et l’Association américaine de physiothérapie (American Physical Therapy Association) se bat pour que tous les nouveaux physiothérapeutes entrant sur le marché du travail soient titulaires d’un doctorat. Certains ont également plaidé pour que le niveau d’instruction minimum des infirmiers soit porté au niveau licence. Bien qu’il existe probablement des raisons valables de durcir les exigences de diplômes, les coûts supplémentaires associés à cette hausse des qualifications pourraient contribuer à tendre encore davantage la situation sur le marché du travail, comme nous l’avons observé lors de notre étude de cas des pharmaciens.

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Du fait de l’importance de la collecte de données de qualité sur les pénuries, il convient d’envisager d’améliorer les données relatives aux emplois vacants et le niveau de détail des mesures relatives aux professions.

Les informations sur le marché du travail sont indispensables aux activités telles que l’orientation professionnelle et les décisions d’immigrer. Du fait du manque de données adéquates sur les emplois vacants et de l’approximation des mesures des professions, il n’est pas aisé de déterminer la situation de professions spécifiques. Parce qu’il est actuellement difficile d’accroître les financements publics, il convient d’envisager une collaboration avec les secteurs pour remédier à ces problèmes.

10.3. Utilisation des données relatives aux pénuries de main-d’œuvre dans le contexte de l’immigration et des visas temporaires

Les données relatives aux pénuries de main-d’œuvre peuvent être importantes pour déterminer dans quelles professions il est envisageable d’admettre de la main-d’œuvre étrangère temporaire ou permanente pour pourvoir les postes vacants. Dans cette section, nous décrivons la méthode employée aux États-Unis pour évaluer la disponibilité des travailleurs nationaux pour pourvoir des postes que les employeurs souhaitent attribuer à des travailleurs migrants, l’approche développée par Malcolm Cohen pour le Département du Travail des États-Unis, et les changements qu’il serait possible d’apporter au système.

Il est important de garder à l’esprit que la politique d’immigration des États-Unis repose principalement sur le regroupement familial, les admissions permanentes fondées sur les besoins des employeurs étant minoritaires. Comme le montre le tableau 10.1, au cours de l’exercice 2012, seules 144 000 des 1 032 000 admissions permanentes autorisées, soit environ 14 %, l’ont été au titre de préférences liées à l’emploi (Monger et Yankay, 2013).

Tableau 10.1. Entrées de résidents permanents légaux aux États-Unis par principale catégorie d’admission en 2012

Source: Monger, R. et J. Yankay (2012), « US Legal Permanent Residents: 2012 », US Department of Homeland Security, Office of Immigration Statistics, Washington, DC.

Catégorie d'admission Nombre Pourcentage du total

Immigrés parrainés par leur famille 681 000 66.0

Visas permanents liés à l'emploi 144 000 14.0

Travailleurs prioritaires 39 000 3.8

Professionnels hautement qualifiés 51 000 4.9

Travailleurs qualifiés, professionnels et travailleurs non qualifiés 39 000 3.8

Special immigrants 8 000 0.8

Investisseurs 7 000 0.6

Programme pour la diversité 40 000 3.9

Réfugiés et réfugiés reconnus 151 000 14.6

Admissions pour des motifs d’ordre humanitaire et d’intérêt public (parolees ) 1 000 0.1

Autres 15 000 1.5

Total 1 031 000 100.0

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Bien que je m’intéresse principalement aux admissions permanentes, les États-Unis disposent également de plusieurs programmes de visas temporaires liés à l’emploi présentant des caractéristiques intéressantes1. Le programme H-1B permet aux travailleurs étrangers occupant des emplois spécialisés ou aux mannequins de mode de travailler aux États-Unis pendant trois ans, avec possibilité de renouvellement pour trois années supplémentaires. Selon le Département du Travail, « une profession spécialisée nécessite l’application théorique et pratique d’un ensemble de connaissances spécialisées, et un diplôme niveau licence ou équivalent dans la spécialité en question (par exemple science, médecine, soins de santé, éducation, biotechnologie, commerce, etc.) »2,3. Le nombre de visas autorisés au titre du programme H-1B est actuellement fixé à 65 000 par an, mais certaines années, le nombre de visas accordés était plus de deux fois supérieur à ce contingent. Le nombre de visas H-1B demandés par les employeurs dépasse largement le contingent annuel, d’où l’organisation d’une loterie chaque année. Au cours de l’exercice 2013, le Département du Travail des États-Unis a traité 442 254 demandes et a certifié 909 465 postes dans le cadre de l’attribution des 65 000 visas disponibles au titre du programme H-1B4 ; toutefois le nombre de postes ayant fait l’objet d’une demande est vraisemblablement surestimé puisque le fait de ne pas pourvoir l’ensemble des postes approuvés ne donne lieu à aucune pénalité. Les sept premières professions faisant l’objet de demandes de visas H-1B ont toutes un rapport avec l’informatique.

Des visas temporaires sont également disponibles pour les postes agricoles (H-2A) et non agricoles (H-2B) qui, d’après les employeurs, ne peuvent être pourvus par des travailleurs locaux. Le plafond légal est actuellement fixé à 66 000 travailleurs par an pour le programme H-2B (www.uscis.gov/working-united-states/temporary-workers/h-2b-non-agricultural-workers/cap-count-h-2b-nonimmigrants consulté le 25 janvier 2014). Au cours de l’exercice 2013, les employeurs ont demandé la certification de 98 000 postes, dont 82 000 l’ont obtenue ; les demandes excédentaires ne sont pas synonyme d’une demande excessive, puisqu’une candidature peut être rejetée pour de nombreuses raisons sans aucun rapport avec la demande. Comme le montre le tableau 10.2, les demandes de visas H-2B concernent généralement des emplois peu qualifiés comme les ouvriers paysagistes, les agents de divertissement et de loisirs, et les serveurs/serveuses. Aucun contingent annuel n’est fixé pour le programme H-2A ; 98 813 postes ont été certifiés au cours de l’exercice 2013.

Tableau 10.2. Dix premières professions certifiées pour des visas temporaires non agricoles H-2B au cours de l’exercice 2013

Source : Department of Labour, États-Unis, Office of Foreign Labour Certification. Tiré de www.foreignlaborcert.doleta.gov/performancedata.cfm consulté le 25 janvier 2014.

Profession Nombre de postes certifiésOuvrier d’aménagement et d’entretien paysager 31 287Travailleurs forestiers/agents de la conservation des forêts 9 573Employés des parcs de loisirs ou parcs d'attraction 5 788Employés de maison et personnels de ménage 5 626Ouvriers de la découpe (viande, volaille, poisson) 3 051Travailleurs de la construction 2 106Gardes d'animaux domestiques 1 639Serveurs, serveuses 1 566Entraineurs et recruteurs sportifs 1 553Pêcheurs et ouvriers piscicoles 1 282

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Les employeurs qui souhaitent recruter des travailleurs permanents ou temporaires à l’étranger doivent soumettre les données relatives au poste vacant et les informations sur le candidat qu’ils souhaitent embaucher à l’Office of Foreign Labor Certification (Office de certification de la main-d’œuvre étrangère) du Département du Travail des États-Unis pour recevoir une certification, qui atteste que les postes sont conformes aux critères fédéraux dans le cadre du programme de visa concerné. L’employeur a l’obligation de recruter des travailleurs nationaux pour le poste, et doit être prêt à démontrer que le recrutement s’est déroulé dans les règles et qu’aucun travailleur national qualifié n’était disponible pour le poste ; les conditions de recrutement sont décrites dans le code de réglementations fédérales5. En outre, les employeurs doivent rémunérer le poste au « salaire en vigueur » au minimum, afin que l’emploi du travailleur étranger ne fasse pas de tort aux travailleurs nationaux. En général, le salaire en vigueur correspond au salaire moyen constaté sur le marché du travail pour la profession, ou au salaire défini dans la convention collective. Les conditions de recrutement des travailleurs H-1B sont beaucoup moins spécifiques.

Lors d’une demande de visa permanent, les employeurs peuvent se soustraire à l’inspection de l’Office de certification de la main-d’œuvre étrangère du Département du Travail si les professions dans lesquelles ils recrutent figurent sur la liste A (Schedule A) du Département du Travail. Depuis de nombreuses années, seules deux professions figurent sur la liste A : les physiothérapeutes et les infirmiers. Pour toutes les autres professions, une inspection est nécessaire pour s’assurer que l’employeur a mené les recherches nécessaires pour trouver un travailleur national avant de proposer le poste à un étranger.

Les employeurs cherchant à recruter un travailleur étranger avec le statut de résident permanent doivent déposer une demande auprès des Services de citoyenneté et d’immigration des États-Unis (USCIS) après approbation de leur demande de certification de main-d’œuvre permanente par le Département du Travail. Les visas liés à l’emploi sont soumis à des restrictions en fonction de la catégorie de préférence et du pays. Les quatre catégories de préférence liées à l’emploi sont les suivantes :

• Les travailleurs prioritaires, à savoir les étrangers possédant des compétences extraordinaires dans le domaine des sciences, des arts, de l’éducation, du commerce ou du sport ; les professeurs et chercheurs éminents, et les gérants et cadres exécutifs d’entreprises multinationales.

• Les professionnels possédant des diplômes d’études supérieures et/ou des compétences exceptionnelles, à savoir les étrangers qui, en raison de leurs compétences exceptionnelles dans le domaine des sciences, des arts, ou du commerce, profiteront grandement à l’économie nationale, aux intérêts culturels et éducatifs ou au bien-être des États-Unis, et les étrangers exerçant des professions nécessitant des diplômes d’études supérieures ou équivalents.

• Les travailleurs spécialisés ou qualifiés, à savoir les professionnels titulaires d’un diplôme de niveau baccalauréat ; les étrangers capables d’accomplir un travail qualifié pour lequel aucun travailleur qualifié n’est disponible aux États-Unis ; et les étrangers capables d’accomplir un travail non qualifié pour lequel aucun travailleur qualifié n’est disponible aux États-Unis.

• Les immigrés spéciaux, qui incluent les travailleurs religieux, les employés de Panama Canal Company, certains médecins et autres6.

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L’exercice 2012 limite les visas permanents liés à l’emploi à environ 41 000 pour les trois premières catégories et 10 930 pour les quatrième et cinquième catégories (Monger et Yonkay, 2013). En outre, aucun pays ne peut se voir accorder plus de 7 % des visas permanents.

Le système actuel d’évaluation et de certification des besoins en main-d’œuvre étrangère pour des postes temporaires ou permanents nécessite beaucoup de main-d’œuvre. Avant la révision du système et l’ouverture de bureaux temporaires de traitement, on comptait plus de 300 000 dossiers en attente, et la procédure de certification prenait souvent plusieurs années. Il n’est pas surprenant que le Département du Travail ait cherché à élaborer des mesures pouvant être utilisées pour déterminer, à l’aide de données déjà disponibles, la nécessité de recourir à de la main-d’œuvre étrangère, développant de facto des critères d’extension de la liste A. Dans un effort visant à atteindre cet objectif, le Département du Travail des États-Unis s’est adressé à Malcolm Cohen à deux reprises, le chargeant de concevoir des méthodes utilisant les données existantes afin d’établir un classement des professions candidates à l’admission de main-d’œuvre étrangère (Cohen et Schwartz, 1982 ; Cohen, 1990)7. La méthode de Cohen est quelque peu similaire à la méthode fondamentale utilisée dans notre étude (Barnow, Trutko et Piatak, 2013). Toutefois, le Département du Travail voulait un système de classement quantitatif fondé sur les données mises régulièrement à disposition plutôt qu’un système s’appuyant notamment sur des entretiens avec des parties concernées. Cohen a identifié sept indicateurs de pénuries de main-d’œuvre sur la base de la théorie économique :

• évolution de l’emploi dans un passé récent

• taux de chômage dans un passé récent

• évolution des salaires dans un passé récent

• formation requise pour exercer la profession

• demande de remplacement

• hausse prévue de la demande de main-d’œuvre

• immigrés certifiés dans un passé récent8.

Dans son rapport de 1990, Cohen a créé un indice de pénurie en établissant un barème à sept points pour chaque indicateur et en additionnant le score des sept indicateurs. Ainsi, dans l’étude de 1990, une profession pouvait obtenir un score compris entre 1 et 49 points. Les professions de physiothérapeute et d’infirmier, qui obtenaient chacune 39 points, étaient celles pour lesquelles le marché de l’emploi était le plus tendu. Bien que le Département du Travail ait approuvé les deux rapports de Cohen, les pouvoirs publics n’ont jamais mis en œuvre le type de système qu’il avait conçu ; cela pourrait être dû au fait que le délai de traitement des demandes, qui se montait auparavant à quelques années, a été réduit à quelques mois.

Le Royaume-Uni, pour sa part, a mis en œuvre un système qui utilise les données globales relatives aux pénuries de main-d’œuvre et les commentaires des parties intéressées pour identifier les professions en pénurie susceptibles d’être autorisées à recourir à l’immigration9. Dans le cadre de ce système, la Commission consultative sur les migrations (Migration Advisory Committee – MAC), qui se compose de cinq économistes et d’un représentant de la Commission pour l’emploi et les compétences (Commission for Employment and Skills) du Royaume-Uni, fait des

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recommandations au gouvernement sur les professions en situation de pénurie. La MAC s’occupe uniquement des professions employant des travailleurs hautement qualifiés (niveau 1) et qualifiés (niveau 2). Pour pouvoir figurer dans la liste, la profession doit être qualifiée, se trouver en situation de pénurie et être une candidate « logique » à l’inclusion, ces trois critères étant appliqués successivement. La MAC utilise à la fois des approches descendantes et ascendantes pour mener à bien sa mission, s’appuyant sur les données du marché du travail tirées d’enquêtes et de présentations nationales et de réunions avec les parties prenantes. Une fois que l’on a déterminé si une profession exige suffisamment de compétences pour se qualifier au niveau 1 ou 2, une évaluation est menée pour déterminer si elle est en situation de pénurie. La MAC a recours à 12 indicateurs dans quatre grandes catégories pour déterminer l’existence d’une pénurie (Downs, 2009).

Le travail effectué par Cohen et Schwartz (1982) et Cohen (1990) aux États-Unis, et par la MAC au Royaume-Uni, montre qu’il est possible d’utiliser des données du marché du travail pour déterminer l’existence de pénuries aux fins de l’admission de travailleurs étrangers sur une base temporaire ou permanente. Bien que Cohen (1990) ait conçu une échelle numérique pour classer les professions, et que la méthode de la MAC inclue également des composantes quantitatives, la souplesse de la méthode de la MAC présente l’avantage de tenir compte de l’absence de mesure claire des pénuries et de permettre l’utilisation de données qualitatives.

La réforme de l’immigration est une question hautement controversée aux États-Unis de nos jours, mais les controverses portent davantage sur le traitement de la population de travailleurs sans papiers et la sécurité aux frontières que sur la répartition des visas fondés sur les compétences/sur des motifs familiaux, le contingent approprié de visas H-1B, et le fonctionnement du système fondé sur l’emploi. Au moment de la préparation de cette publication, en 2013, le Sénat des États-Unis a adopté un projet de loi, la Loi visant la sécurité aux frontières, les possibilités économiques et la modernisation de l’immigration (Border Security, Economic Opportunity, and Immigration Modernization Act), mais la Chambre des représentants ne l’a pas encore voté, et l’on ne sait toujours pas si la réforme de l’immigration aura lieu aux États-Unis, ni quand. Puisque le projet de loi du Sénat prévoit d’apporter quelques changements majeurs au volet de la politique de l’immigration fondé sur l’emploi, je l’évoquerai brièvement ici. Sumption et Bergeron (2013) ont analysé le projet de loi et présentent leurs meilleures estimations de l’évolution probable de l’immigration si le projet de loi est adopté. Ils notent que le projet de loi du Sénat met davantage l’accent sur l’immigration fondée sur l’emploi et les compétences, et que l’instauration d’un système à points similaire à celui en usage dans certains autres pays réduirait vraisemblablement les délais d’attente pour les immigrants de certains pays. Ce système à points favoriserait également les travailleurs ayant déjà une expérience professionnelle aux États-Unis, et permettrait à certains travailleurs qualifiés de lancer eux-mêmes la procédure d’immigration au lieu de compter sur les employeurs. En outre, le projet de loi du Sénat instaurerait une analyse formelle des pénuries, qui serait conduite par un nouveau bureau librement inspiré de la MAC au sein de l’USCIS. Cette analyse serait utilisée pour identifier les professions en situation de pénurie qui bénéficieraient en priorité du nouveau visa W destiné aux travailleurs peu qualifiés en cas d’excès de demandes. Le projet de loi rendrait également plus difficile pour les employeurs l’embauche de travailleurs peu qualifiés dans les localités où le taux de chômage est supérieur à 8.5 pour cent. Il introduit par ailleurs une formule permettant

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d’ajuster le nombre de visas W et H-1B au fil du temps, en fonction de différentes mesures de la demande.

10.4. Conclusion

Pour différentes raisons, les marchés du travail ne sont pas toujours à l’équilibre, d’où parfois des pénuries de main-d’œuvre. Le présent document étudie les raisons pour lesquelles des pénuries de main-d’œuvre sont susceptibles de se produire, et identifie des moyens de vérifier l’existence de ces pénuries. Des informations objectives sur le marché du travail, comme les taux de vacances d’emploi, de chômage et l’évolution des taux de salaires, peuvent être utiles pour détecter des pénuries, mais nos recherches suggèrent qu’il est parfois trompeur de s’appuyer uniquement sur les signaux du marché. Le système d’immigration des États-Unis actuellement fondé sur l’emploi est extrêmement complexe et n’est que partiellement réceptif aux signaux du marché. Le Département du Travail des États-Unis envisage de passer à un système où les pénuries seraient déterminées par des formules fondées sur les données du marché, mais un tel système n’a encore jamais été mis en œuvre. Le projet de loi sur la réforme de l’immigration qui a été voté au Sénat mais est resté bloqué à la Chambre des représentants élargit quelque peu l’immigration fondée sur l’emploi et inclut un système à points qui récompense le niveau d’instruction, les compétences et l’expérience antérieure aux États-Unis. Sur la base de nos recherches sur les pénuries de main-d’œuvre, le type de système en vigueur au Royaume-Uni, qui s’appuie davantage sur des indicateurs spécifiques ainsi que sur les signaux du marché du travail, permet vraisemblablement d’identifier plus efficacement que le système actuellement en usage aux États-Unis les situations où le recours à la main-d’œuvre étrangère est approprié. Il convient de garder à l’esprit que la politique d’immigration est de nature fondamentalement politique. C’est pourquoi le système adopté par un pays doit refléter les souhaits de la population plutôt que s’appuyer uniquement sur les signaux du marché.

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Notes

1. Le système d’immigration et de recrutement de travailleurs étrangers temporaires en vigueur aux États-Unis est trop complexe pour être présenté dans un document de synthèse. La description ci-dessous fait abstraction des nombreux programmes de moindre envergure (comme le programme de visas temporaires réservé aux travailleurs qualifiés du Chili) et des dispositions spéciales (comme celles relatives aux bergers).

2. Tiré de www.foreignlaborcert.doleta.gov/h-1b.cfm, consulté le 25 janvier 2014.

3. Je n’ai pas réussi à savoir pourquoi les mannequins de mode sont inclus dans ce programme.

4. Les données relatives à l’ensemble des certifications de la main-d’œuvre étrangère sont tirées de www.foreignlaborcert.doleta.gov/performancedata.cfm, consulté le 25 janvier 2014.

5. La réglementation relative aux travailleurs permanents est disponible à l’adresse suivante : www.ecfr.gov/cgi-bin/retrieveECFR?gp=1&SID=10c56468aa6598a5 caff8afa9ddc01dc&ty=HTML&h=L&n=20y3.0.2.1.27&r=PART#20:3.0.2.1.27.4.40.1 consulté le 25 janvier 2014.

6. « I am an employer: How do I sponsor an employee for US permanent resident status? », US Citizenship and Immigration Services, Washington, DC, octobre 2013.

7. Le travail de Cohen pour le Département du Travail a été publié ultérieurement sous la référence Cohen (1995).

8. Lors d’une présentation effectuée à l’occasion d’un congrès organisé par l’Economic Policy Institute en 2009, Cohen a indiqué que les emplois vacants constitueraient une bonne mesure s’il était possible de les connaître (voir http://epi.3cdn.net/85ec6cf493f0f84caf_36m6baufj.pdf, consulté le 22 janvier 2014).

9. La description du système britannique est fondée sur Downs (2009) et sur une présentation de Martin Ruhs lors du congrès organisé dans le cadre de ce projet. La présentation de Ruhs est disponible à l’adresse suivante http://epi.3cdn.net/7329ec8745d286ac32_zbm6b9nzz.pdf (consulté le 22 janvier 2014).

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10. PÉNURIES DE MAIN-D’ŒUVRE : LES CONCEPTS FONDAMENTAUX ET LEUR RÔLE – 383

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Références

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Barnow, B.S., J. Trutko et J. Schede Piatak (2013), Occupational Labor Shortages, W.E. Upjohn Institute for Employment Research, Kalamazoo, États-Unis.

Blank, D. et G.J. Stigler (1957), The Demand and Supply of Scientific Personnel, National Bureau of Economic Research, New York.

Cohen, M.S. (1990), Study on the Feasibility of Using Labor Market Information for Alien Certification Determination, Institute of Labor and Industrial Relations, Université du Michigan, Ann Arbor.

Cohen, M.S. et A.R. Schwartz (1982), « Methodology for Determining Whether There Are Sufficient Workers Available in Various Occupations – An Aid in the Certification of Immigrants », Université du Michigan, Institute of Labor and Industrial Relations, Ann Arbor.

Downs, A. (2009), « Identifying Shortage Occupations in the UK », Economic and Labour Market Review, vol. 3, n° 5, pp. 23-29.

Monger, R. et J. Yankay (2012), « US Legal Permanent Residents: 2012 », US Department of Homeland Security, Office of Immigration Statistics, Washington, DC.

Sumption, M. et C. Bergeron (2013), « Remaking the US Green Card System: Legal Immigration under the Border Security, Economic Opportunity, and Immigration Modernization Act of 2013 », Migration Policy Institute, Washington, DC.

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11. LES MIGRATIONS EN EUROPE : VUE D’ENSEMBLE DES RÉSULTATS DU MODULE 2008 – 385

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Chapitre 11

Les migrations en Europe : Vue d’ensemble des résultats du module 2008 et implications pour les migrations de travail

Georges Lemaître OCDE

Selon une nouvelle et récente source de données, il a été démontré, entre autres, que seule une petite fraction d’immigrés au titre du travail sont effectivement recrutés à l’étranger en tant que migrants de travail, et que les emplois hautement qualifiés sont beaucoup plus nombreux à être pourvus par des immigrés recrutés dans le pays que par des immigrés recrutés à l’étranger. La même source suggère que les immigrés qui ont une situation plus défavorable sur le marché du travail tendent à rester moins longtemps et qu’au bout de cinq ans, la moitié des travailleurs hautement qualifiés n’occupent plus les emplois pour lesquels ils avaient initialement été recrutés.

Ces résultats suggèrent que les listes de professions en situation de pénurie et les examens du marché du travail ne sont pas forcément des outils très pertinents pour réguler les flux en fonction des besoins. La protection des travailleurs autochtones pourrait être mieux assurée en veillant à ce que les salaires et les conditions de travail liés aux premiers emplois des immigrants soient conformes aux normes nationales.

De plus, pour garantir une meilleure rétention, encourager les immigrés à venir avec leurs familles et inciter les candidats potentiels à apprendre la langue nationale, il faudra mettre en place des incitations beaucoup plus fortes que celles actuellement en vigueur. À cette fin, le droit de séjour permanent à l’entrée semble être une option idéale. Plus généralement, la capacité à obtenir un bon emploi et à montrer une excellente maîtrise de la langue devrait être bien mieux récompensée que ce n’est le cas dans la plupart des pays.

Il semble que la faiblesse des migrations de main-d’œuvre hautement qualifiée dans la plupart des pays européens ait moins à voir avec la faible attractivité de ces pays qu’avec le fait que les employeurs ne recrutent pas beaucoup à l’étranger.

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386 –11. LES MIGRATIONS EN EUROPE : VUE D’ENSEMBLE DES RÉSULTATS DU MODULE 2008

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11.1. Introduction

Les analyses comparatives internationales du devenir professionnel des immigrés reposent en grande partie sur les enquêtes relatives à la population active. Cela a des avantages, mais également des inconvénients, qui ont dans une certaine mesure retardé notre compréhension des migrations internationales. Parmi les avantages, on peut citer ceux inhérents à tout phénomène mis en évidence par les enquêtes sur la population active, à savoir une image homogène dans le temps, fondée sur des définitions et des principes communs. L’inconvénient de ces enquêtes est qu’elles n’identifient pas l’une des caractéristiques les plus essentielles des migrations internationales, à savoir le motif de l’immigration. D’autres sources nous ont appris, par exemple, que les migrants de travail ont une meilleure situation sur le marché du travail que les immigrés pour raisons familiales et humanitaires, mais nous n’avons aucun moyen de faire la distinction entre ces différents types de migrations dans les données des enquêtes sur la population active, ni d’examiner leur devenir professionnel dans le temps. Nous savons que les résultats globaux des immigrés tendent à s’améliorer avec le temps, mais cela ne peut clairement pas être le cas pour les migrants de travail qui ont déjà un emploi en arrivant, car l’intégration de ce groupe implique que certains de ses membres vont grossir les rangs des chômeurs et des inactifs au fil du temps, d’où une baisse de leur taux d’emploi. Nos analyses fondées sur les enquêtes sur la population active tendent à donner une image brute, voire déformée du devenir professionnel des immigrés, car elles ne font pas la distinction entre les différents types de mouvements. Dans la mesure où ces enquêtes sont notre principale source d’informations comparatives sur le devenir professionnel des migrants internationaux, ceci limite la portée de nos travaux.

Nous disposons de peu de données internationales sur le devenir des différents types d’immigrés admis. Par conséquent, il est difficile de se faire une idée claire du rôle exact joué par les différentes catégories de migrations (pour raisons professionnelles, familiales, humanitaires) sur le marché du travail pour satisfaire les besoins de compétences. Il s’agit d’un aspect critique, parce que l’action des pouvoirs publics ne permet généralement de réguler que l’immigration de travail choisie. Si les pouvoirs publics imposent des contraintes aux immigrés pour raisons familiales et humanitaires, telles qu’un revenu minimum et des conditions d’hébergement, ou la nécessité de satisfaire aux critères de la Convention de Genève, il n’est pas possible de mettre un terme à ces formes d’immigration sans remettre en question le respect des droits de l’homme les plus élémentaires ou les traités internationaux. L’immigration de travail dépend nécessairement du rôle joué par les autres catégories d’immigrés sur le marché du travail, tout comme elle dépend du rôle joué par les travailleurs autochtones et les immigrés plus anciens, mais il est utile de connaître le rôle de chaque type de migrations pour mieux appréhender le rôle relatif des migrations de travail en particulier.

Par chance, une source de données récente (2008) permet d’examiner de plus près les différentes catégories d’immigrés. Il s’agit du module ad hoc sur les immigrés de l’enquête européenne sur les forces de travail. Les analyses qui suivent se fondent largement sur cette source de données et donnent un aperçu de la nature des migrations internationales dans un certain nombre de pays européens.

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11. LES MIGRATIONS EN EUROPE : VUE D’ENSEMBLE DES RÉSULTATS DU MODULE 2008 – 387

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11.2. La source de données

Le module ad hoc de 2008 sur les migrations internationales de l’enquête européenne sur les forces de travail a été créé dans une tentative de dresser un tableau plus complet des migrations internationales en Europe. Il comprend un certain nombre de questions qui servent particulièrement bien nos objectifs, en particulier une question posée aux personnes interrogées quant à la principale raison ayant motivé leur migration. Les réponses possibles étaient les suivantes :

• emploi, transfert à l'intérieur de l'entreprise

• emploi, poste de travail trouvé avant la migration

• emploi, aucun emploi trouvé avant la migration

• études

• protection internationale

• accompagnement de la famille/regroupement familial

• formation d’une famille

• autre.

Dans l’idéal, il serait appréciable d’obtenir des précisions sur le premier permis accordé au moment de l’entrée ou après l’arrivée, puisqu’il s’agit d’une information représentative de la politique d’immigration en vigueur, et que le lien entre interventions des pouvoirs publics et résultats est particulièrement intéressant. Toutefois, dans la mesure où un certain nombre de personnes interrogées sont susceptibles d’être entrées clandestinement avant d’avoir été régularisées, et que certaines sont susceptibles d’être encore en situation irrégulière1, l’obtention d’informations sur le premier permis risque d’être délicate, sans être nécessairement problématique. Malgré la présence d’immigrés en situation irrégulière dans l’échantillon de certains pays, l’écart entre la répartition des immigrés par motif d’immigration sur la période 2005-08 et les statistiques standardisées de l’OCDE pour cette même période (immigrés originaires de pays extérieurs à l’Union européenne) est raisonnable2 (voir graphique 11.1), et le devenir professionnel, comme nous le verrons, est généralement conforme aux informations fournies par les données administratives en ce qui concerne les résultats des différentes catégories d’immigrés. On peut en conclure à la fiabilité des données du module3,4, même si les différences de pourcentage entre les données de l’Enquête sur les forces de travail et les statistiques administratives en ce qui concerne les migrants de travail ne sont pas négligeables dans certains pays (Autriche, Irlande).

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388 –11. LES MIGRATIONS EN EUROPE : VUE D’ENSEMBLE DES RÉSULTATS DU MODULE 2008

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Graphique 11.1. Comparaison des données de l’enquête sur les forces de travail et des données standardisées de l’OCDE sur les permis de séjour (immigrés originaires de pays extérieurs à l’UE),

données cumulées sur 2005-08

Source : Enquête sur les forces de travail (Eurostat), module ad-hoc 2008 et données standardisées de l’OCDE sur l’immigration.

11.3. Les migrations internationales par motif d’immigration

Le tableau 11.1 présente la répartition des motifs d’immigration indiqués par les personnes interrogées par région de destination et par origine des immigrés (originaires de l’UE/de pays extérieurs à l’UE).

Tableau 11.1. Répartition des immigrés par motif d’immigration, région de destination et d’origine, tous les immigrés et les immigrés entrés entre 1999 et 2008

Note : L'Europe du Sud comprend la Grèce, l'Italie, le Portugal et l'Espagne. L'Europe du Nord et de l'Ouest comprend l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, la France, l'Irlande, la Lituanie, le Luxembourg, la Suède et le Royaume-Uni.

Source : Enquête sur les forces de travail (Eurostat), module ad-hoc 2008.

Avant de commenter ces résultats, quelques mots sur la présentation des données dans ce tableau et dans les autres tableaux et graphiques du présent chapitre.

Tout d’abord, les échantillons du module sur les immigrés sont de petite taille, il est donc nécessaire d’agréger les pays de destination afin d’obtenir des échantillons suffisamment importants pour pouvoir tirer des conclusions. C’est d’autant plus le cas ici que l’analyse se concentre largement sur les immigrés entrés au cours des

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Autriche Belgique France Allemagne Irlande Italie Portugal Suède Royaume-Uni

Travail Famille Humanitaire Autres

Emploi, transfert

intra-entreprise

Emploi, poste trouvé

avant la migration

Emploi, aucun poste trouvé

avant la migration Études

Protection interna-tionale

Famil le accompa-gnante / regrou-pement famil ial

Formation d'une

famil le AutresTous les motifs

Part dans l'immigra-tion totale

Tous les immigrésImmigrés d'un pays membre de l 'UE 3 11 16 5 - 17 18 30 100 5Immigrés d'un pays non-membre de l 'UE 1 10 48 3 1 26 5 6 100 34Immigrés d'un pays membre de l 'UE 5 14 24 9 1 19 13 15 100 19Immigrés d'un pays non-membre de l 'UE 3 5 12 15 10 29 14 12 100 42

Immigrés récents (1999-2008)Immigrés d'un pays membre de l 'UE 3 9 19 4 - 14 13 38 100 3Immigrés d'un pays non-membre de l 'UE - 10 49 3 1 28 4 4 100 40Immigrés d'un pays membre de l 'UE 7 15 26 11 - 16 9 16 100 17Immigrés d'un pays non-membre de l 'UE 4 5 10 16 11 27 16 11 100 39

Europe du Nord et de l 'Ouest

Europe du Sud

Europe du Nord et de l 'Ouest

Europe du Sud

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dix années ayant précédé 2008. Nous avons conservé cette restriction parce que nous souhaitons que les résultats reflètent les mouvements migratoires récents, et non ceux d’il y a 20 à 40 ans. Toutefois, comme le montrent les résultats du tableau 11.1, il ne semble pas y avoir beaucoup de différences entre les immigrés récents et les immigrés dans leur ensemble en ce qui concerne la répartition des migrations par motif. Nous nous concentrerons tout de même sur les immigrés récents, parce que ce qui vaut pour la répartition des migrants par motif d’immigration ne vaut pas forcément pour d’autres caractéristiques. Puisque nous souhaitons utiliser les résultats pour étayer l’action des pouvoirs publics, il est préférable qu’ils soient fondés sur les mouvements migratoires ainsi que sur la situation professionnelle récente.

Ci-après, les données des pays ont été agrégées dans deux groupes, l’Europe du Sud et l’Europe du Nord et de l’Ouest. La nature des migrations vers ces deux régions est très différente, avec, en Europe du Sud, très peu de restrictions quant au niveau de qualification professionnelle des migrants autorisés, et une proportion très importante de migrants de travail, principalement originaires de pays extérieurs à l’Union européenne (près de 60 % de l’ensemble des immigrés étant des migrants de travail, hors transferts à l’intérieur d’une entreprise). En Europe du Nord et de l’Ouest, ce pourcentage atteint à peine 15 %.

Ensuite, la migration au titre de la libre circulation n’est clairement pas soumise aux mêmes restrictions que la migration en provenance de « pays tiers » ; les migrants se déplaçant en vertu de la libre circulation sont libres d’aller et venir comme ils le souhaitent et en particulier, ils n’ont pas besoin de trouver un emploi au préalable pour être admis en tant que migrants de travail. Ainsi, les résultats des immigrés originaires des pays de l’Union européenne et de pays non membres de l’Union européenne sont généralement présentés séparément dans ce qui suit.

Malgré la concordance générale des résultats de l’Enquête sur les forces de travail avec les données susmentionnées relatives aux permis (corrigées des différences entre les populations prises en compte), il existe un certain nombre d’anomalies dans les données, difficiles à expliquer a priori. Tout d’abord, le pourcentage de personnes affirmant avoir migré pour raisons professionnelles, mais ayant indiqué ne pas avoir d’offre d’embauche préalable. Dans les pays européens, notamment du Nord et de l’Ouest, la main-d’œuvre est généralement soumise à la demande, et les immigrés doivent presque systématiquement trouver un emploi avant de pouvoir obtenir un permis de séjour. Toutefois, il est très probable que les employeurs ne vont pas recruter un travailleur sans l’avoir rencontré. Ils doivent donc forcément entrer en contact d’une manière ou d’une autre avant le recrutement, soit directement dans le cadre d’un entretien, soit par le biais d’un intermédiaire qui se porte garant pour le candidat (et qui peut être un autre travailleur ou une agence de recrutement), soit par un autre moyen. On ne sait pas avec certitude ce que vont répondre les migrants de travail si on leur demande s’ils avaient déjà trouvé un emploi avant leur arrivée, et à quel moment ils ont passé un entretien pour leur premier emploi dans le pays de destination. On peut imaginer que ces personnes ont un emploi lorsqu’elles arrivent, puisque le contact et la demande d’entretien ont lieu alors que le candidat se trouvait encore à l’étranger, mais la décision d’embauche est susceptible d’avoir été prise lorsque le candidat était dans le pays, ce qui peut être un élément déterminant de leur réponse à la question de l’Enquête sur les forces de travail. Enfin, le recrutement dans le pays de destination est susceptible de mettre en lumière les migrants en situation irrégulière qui trouvent du travail après leur arrivée, ou les personnes admises sous un autre statut (y compris celui

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de touriste), et qui utilisent ce dernier comme un expédient pour entrer dans le pays et y chercher du travail.

Le tableau 11.1 montre qu’en Europe du Sud et en Europe du Nord et de l’Ouest, la plupart des immigrés originaires de pays extérieurs à l’Union européenne déclarant être des migrants de travail affirment être entrés dans le pays sans travail. Les pourcentages atteignent environ 81 % (48/59) en Europe du Sud et 60 % en Europe du Nord et de l’Ouest. Pour les immigrés récents, à savoir ceux arrivés au cours des dix dernières années, les résultats sont similaires. Parmi ceux entrés en avec un emploi, environ un tiers des immigrés originaires de l’Union européenne et la moitié de ceux originaires de pays extérieurs à l’UE sont arrivés dans le cadre d’un transfert à l’intérieur de leur entreprise. Si l’on exclut ces immigrés, qui n’ont pas été embauchés à l’étranger mais simplement transférés d’une filiale à une autre, les pourcentages sont encore plus élevés. En d’autres termes, dans le cadre des régimes migratoires en vigueur entre 1998 et 2008, les travailleurs immigrés étaient plus nombreux à être recrutés dans le pays plutôt qu’en dehors de ses frontières ; ainsi, la plupart des migrants de travail n’ont pas migré en réponse à un effort de recrutement précis d’une entreprise nationale.

Cela contredit fortement l’idée selon laquelle le recrutement de migrants de travail originaires de pays extérieurs à l’Union européenne s’effectue principalement à l’étranger. Il est difficile de savoir dans quelle mesure cela pourrait être dû au fait que l’immigration de main-d’œuvre, autorisée ou non, est enregistrée ou se déroule sous un autre statut. On peut s’attendre à un certain nombre de différences entre les migrants de travail arrivant avec ou sans emploi. Par exemple, on pourrait s’attendre à ce que les migrants de travail négociant un emploi depuis l’étranger soient moins enclins à accepter une offre pour laquelle ils s’estiment déclassés, alors que ceux entrant sans emploi auront moins de scrupules à accepter une telle offre, afin de commencer à s’établir dans le pays de destination et récupérer les frais engendrés par la migration. Nous examinerons cette question plus loin.

Une autre anomalie des données concerne les motifs d’immigration entrant dans la catégorie « autre », soit 30 % de tous les immigrés originaires de l’Union européenne en Europe du Sud et près de 40 % des immigrés récents originaires de l’Union européenne dans cette même région. La majorité (80-90 %) se composent d’immigrés inactifs originaires de l’UE15 établis en Espagne, mais la répartition des âges ne met pas en évidence de migrations de retraite, comme on pourrait le supposer. Les autres caractéristiques ne donnent pas d’indication claire. Pour l’Europe du Nord et de l’Ouest, il n’existe pas de caractérisation simple de ce groupe. Nous inclurons néanmoins le groupe « autre » dans les paragraphes suivants, tout en admettant que les immigrés relevant de cette catégorie demeurent quelque peu inconnus.

Il existe également des incertitudes quant aux immigrés pris en compte par le module. Certains immigrés peuvent être exclus des questionnaires, comme ceux présents pour de courtes périodes par exemple. En outre, du fait du délai entre l’élaboration de l’échantillon et le déroulement de l’enquête, il se peut que certains immigrés ne soient plus présents lorsque l’enquête est menée. On sait aussi que les taux de réponse sont inférieurs chez les immigrés, en raison d’éventuelles difficultés linguistiques et parce que les immigrés appartiennent souvent à des groupes démographiques plus difficiles à interroger (hommes jeunes par exemple).

Néanmoins, malgré ces anomalies et une couverture incertaine, les données résistent généralement bien à un examen, comme nous le verrons ultérieurement. Par la suite, les deux types d’immigration familiale seront regroupés à l’occasion, et la

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protection internationale agrégée avec les motifs d’immigration « autres » lors de la présentation des résultats. Les trois catégories « emploi » seront présentées séparément car elles seront souvent au centre de l’analyse. L’objectif est d’extraire autant d’informations que possible de cette source de données sur la nature des migrations dans les pays de l’Union européenne, dans la perspective d’en tirer certaines implications pour l’action des pouvoirs publics. Cela peut nécessiter de formuler certaines hypothèses concernant les données, que les limites des sources de données et la taille restreinte des échantillons rendent nécessaires.

11.4. Évolution de la répartition des motifs d’immigration en fonction du nombre d’années de résidence

Les immigrés qui entrent dans un pays, même ceux qui obtiennent un titre de séjour permanent dès leur arrivée, ne s’installent pas tous définitivement. Certains n’en ont même jamais eu l’intention. D’autres, après avoir migré, peuvent avoir estimé que leurs attentes ne s’étaient pas réalisées et, déçus, être retournés dans leur pays d’origine. D’autres en revanche, par exemple les étudiants internationaux qui achèvent leurs études, peuvent souhaiter rester sans satisfaire les conditions requises, comme trouver un emploi dans leur domaine d’étude.

Le module sur les immigrés ne suit pas les immigrés à long terme, mais quelques indications de l’évolution dans le temps de la présence des immigrés peuvent être obtenues en analysant les différences entre des cohortes ne totalisant pas le même nombre d’années de résidence. Cette approche pose néanmoins un problème : les cohortes ne sont pas toutes de la même taille. Ainsi, les divergences de taille entre les cohortes peuvent perturber les analyses de la présence des immigrés dans le temps. Pour cette raison, les tailles de cohorte ont été ajustées ci-après à l’aide des données annuelles nationales sur les flux d’entrée. Toutefois, cela a été effectué pour les données des pays du nord et de l’ouest de l’Europe uniquement ; les données nationales historiques, officielles sur les flux d’entrée en Europe du Sud sont sujettes à de nombreux problèmes liés à une insuffisance de couverture (en raison de taux importants de migrations irrégulières), rendant impossible tout ajustement historique plausible.

Le graphique 11.2 présente l’évolution, en fonction du nombre d’années de résidence, de l’immigration en Europe du Nord et de l’Ouest par catégorie de migration. Les migrations en provenance de l’UE et des pays extérieurs à l’UE ont été regroupées aux fins de la présente analyse, en raison de problèmes de taille d’échantillons. La ligne du haut indique quels auraient été les totaux pour chaque année de résidence en l’absence de départs ou de décès. Les chiffres absolus présentés ici ne doivent pas être pris au premier degré ; les tendances reflètent celles observées dans les données sur les flux d’entrées nationaux, mais les niveaux sont ceux estimés par l’enquête sur les forces de travail.

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Graphique 11.2. Immigrés par motif d’immigration et durée de résidence (années), Europe du Nord et de l’Ouest, 2008

Note : La courbe totale est estimée à l’aide de tendances des statistiques nationales sur les flux d’entrée, Base de données de l’OCDE sur les migrations internationales.

Source : Enquête sur les forces de travail (Eurostat), module ad-hoc 2008.

Les données mettent en évidence le déclin attendu du nombre d’immigrés à mesure que les années de résidence s’accumulent ; toutefois, cette diminution est partiellement imputable au fait que les immigrés étaient moins nombreux au cours des années passées. La ligne du haut donne une estimation de la taille de la cohorte pour l’année d’entrée correspondant à l’année de résidence donnée. Le rapport entre le nombre total observé d’immigrés encore présents et la taille de la cohorte l’année en question donne alors une mesure du taux de rétention (corrigé de la mortalité) ; l’estimation est d’environ 75 % après cinq années de résidence, et de 57 % après dix ans. Le graphique suggère également que les composantes emploi et études des migrations internationales sont celles qui ont le plus diminué. Selon les estimations, quelque 30 à 40 % des personnes migrant pour des raisons professionnelles ou pour leurs études sont toujours présentes huit à dix ans après leur arrivée, contre environ 55 à 60 % des personnes migrant pour des raisons familiales, de protection internationale ou autres (tableau 11.2).

Tableau 11.2. Taux de rétention estimé des immigrés récents après quatre à six et huit à dix années de résidence, par motif d’immigration, immigrés originaires de l’UE et de pays hors UE, Europe du Nord

et de l’Ouest, 2008 Pourcentages

Note : Les estimations observées de l’Enquête sur les forces de travail ont été ajustées afin de garantir que la tendance observée pour tous les motifs concorde avec celle observée dans les données nationales sur les flux d’entrée.

Source : Enquête sur les forces de travail (Eurostat), module ad-hoc 2008.

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Emploi, transfert intra-entreprise Emploi, poste trouvé avant la migrationEmploi, aucun poste trouvé avant la migration ÉtudesProtection internationale Famille accompagnante / regroupement familialFormation d'une famille AutresTotal (en l'absence de départs ou de décès) Taux de rétention estimé (échelle de droite)

4-6 ans 8-10 ansEmploi, transfert intra-entreprise 35 29Emploi, poste trouvé avant la migration 63 37Emploi, aucun poste trouvé avant la migration 59 36Études 60 37Famille accompagnante / regroupement famil ial 88 60Formation d'une famille 68 54Autres 72 58Tous les motifs 70 51

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11. LES MIGRATIONS EN EUROPE : VUE D’ENSEMBLE DES RÉSULTATS DU MODULE 2008 – 393

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11.5. Taux d’emploi par catégorie d’entrée et évolution au fil des années de résidence Du fait du critère nécessitant que les immigrés trouvent un emploi avant leur

arrivée, on pourrait s’attendre à ce que le taux d’emploi des migrants de travail soit très élevé au cours des premières années par rapport à celui des autres immigrés. La situation des personnes se déclarant migrants de travail, mais n’ayant pas trouvé d’emploi au préalable, est toutefois moins certaine.

Les résultats en termes d’emploi par motif auto-déclaré d’immigration sont tout à fait conformes à ces attentes (graphique 11.3), les personnes arrivant avec un emploi affichant les taux d’emploi les plus élevés, généralement proches de 80 % ou plus5. Celles qui s’identifient comme migrants de travail mais n’ont pas d’emploi à l’arrivée affichent également des taux d’emploi élevés, plus proches de ceux des immigrés possédant déjà un emploi à l’arrivée que de ceux des immigrés pour raisons familiales, au titre de la protection internationale et autres (50 % ou plus). Toutefois, ces taux étant inférieurs à ceux des personnes arrivant avec un emploi, il semble donc que ce type de migration souffre d’un désavantage.

Graphique 11.3. Taux d’emploi des immigrés récents (10 ans de résidence ou moins) par motif d’immigration et des personnes nées dans le pays qui auraient la même distribution par âge, 2008

Source : Enquête sur les forces de travail (Eurostat), module ad-hoc 2008.

Les personnes venant pour étudier affichent également des taux d’emploi relativement bas, ce qui s’explique par le fait qu’elles n’ont pas terminé leurs études. Les taux des personnes présentes dans le pays depuis dix ans ou moins ont été remplacés dans le graphique par les taux des personnes présentes dans le pays depuis 11 à 19 ans. Ces personnes affichent des taux d’emploi comparables à ceux des migrants de travail.

Que les personnes s’auto-déclarant migrants de travail soient réellement entrées ou non en tant que travailleurs immigrés, leur comportement sur le marché du travail tend à ressembler à celui des autres migrants de travail. Ainsi, il semblerait que le fait d’avoir un emploi à l’arrivée ait moins d’impact sur le devenir professionnel (mesuré par le taux d’emploi) que le motif d’immigration. Les migrants de travail se déclarant sans emploi préalable affichent des taux d’emploi bien supérieurs à ceux des immigrés pour raisons familiales et humanitaires, et parviennent à ce résultat relativement rapidement.

Le graphique 11.4a suit les taux d’emploi des immigrés présents depuis un nombre variable d’années et les motifs d’immigration des immigrés originaires de pays de l’UE

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Emploi, transfert intra-entreprise Emploi, poste trouvé avant la migration Emploi, aucun poste trouvé avant la migrationÉtudes Protection internationale et autre Motifs familiauxTous les immigrés Hommes FemmesHommes et femmes

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394 –11. LES MIGRATIONS EN EUROPE : VUE D’ENSEMBLE DES RÉSULTATS DU MODULE 2008

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et extérieurs à l’UE. Pour réduire la variabilité des échantillons, la moyenne des taux a été établie sur trois années centrées sur l’année de résidence indiquée. Pour obtenir ces chiffres, on a compilé les données de tous les pays européens. Ces données montrent, pour les immigrés originaires de pays extérieurs à l’Union européenne, une légère détérioration des résultats dans le temps pour les personnes entrant dans le pays pour raisons professionnelles et une amélioration significative pour les personnes entrant pour raisons familiales, au titre de la protection internationale, ou pour d’autres raisons, ainsi que pour les personnes venues pour étudier. Pour tous les motifs de migration, la progression passe de 50 % environ la seconde année de résidence à près de 70 % la neuvième année.

Graphique 11.4a. Taux d’emploi par motif d’immigration et années de résidence (moyennes mobiles sur trois ans), immigrés nés dans un pays hors UE, pays de l’UE, 2008

Le graphique 11.4b dresse un tableau similaire pour les migrants originaires de

l’Union européenne venant pour des raisons professionnelles, mais l’amélioration est généralement moindre pour les immigrés entrant pour des raisons familiales ou d’autres raisons. À noter toutefois que ces derniers affichent des taux d’emploi bien supérieurs au cours des premières années suivant leur arrivée que les immigrés originaires de pays extérieurs à l’Union européenne. Globalement, les immigrés originaires de l’UE constatent plutôt une dégradation de leur taux d’emploi dans le temps à partir du milieu des années 70, à environ 70 %.

Graphique 11.4b. Taux d’emploi par motif d’immigration et années de résidence (moyennes mobiles sur trois ans), immigrés nés dans un pays de l’UE, pays de l’UE, 2008

Source : Enquête sur les forces de travail (Eurostat), module ad-hoc 2008.

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Années de résidence

Emploi, transfert intra-entreprise Emploi, poste trouvé avant la migrationEmploi, aucun poste trouvé avant la migration ÉtudesFamille accompagnante / regroupement familial Formation d'une familleAutres Tous les motifs

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11. LES MIGRATIONS EN EUROPE : VUE D’ENSEMBLE DES RÉSULTATS DU MODULE 2008 – 395

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11.6. Niveau de qualification professionnelle des immigrés récents et déclassement

La répartition des niveaux de qualification des emplois occupés par des immigrés originaires de l’Union européenne et de pays extérieurs à l’UE est à peu près similaire (graphique 11.5), ce qui suggère que les personnes recrutées dans ces deux régions sont substituables. À court et éventuellement moyen terme, la disponibilité de la main-d’œuvre des nouveaux États membres pourrait avoir réduit les besoins en main-d’œuvre originaire de pays non membres de l’Union européenne, mais comme les conditions économiques s’améliorent dans les pays d’origine situés dans l’UE, les flux en provenance de l’UE vont probablement décliner et la demande de travailleurs originaires de pays extérieurs à l’UE va augmenter.

Graphique 11.5. Travailleurs migrants (internationaux) récents par niveau de qualification et région d’origine et de destination, 2008

Note : Les travailleurs originaires de l'UE sont une composante plus importante du marché du travail en Europe du Nord et de l'Ouest, en raison de niveaux de salaire plus élevés qu'en Europe du Sud.

Source : Enquête sur les forces de travail (Eurostat), module ad-hoc 2008 et données standardisées de l’OCDE sur l’immigration.

Le tableau 11.3 fournit un aperçu plus complet de la répartition des niveaux de qualification professionnelle entre les personnes avançant divers motifs d’immigration. Elle est comparée à la répartition des niveaux de qualification dans une population née dans le pays qui aurait la même distribution par âge. Généralement, les migrants de travail qui arrivent avec un emploi occupent des postes plus qualifiés que ceux des autochtones correspondants, à l’exception des immigrés originaires de pays extérieurs à l’Union européenne en Europe du Sud. C’est également le cas des membres des familles accompagnantes/des immigrés au titre du regroupement familial en provenance de l’UE dans cette région.

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Europe du Nord et del'Ouest

Europe du Sud Europe du Nord et de l'Ouest Europe du Sud

Hautement qualifiés Moyennement qualifiés Faiblement qualifiés % d'immigrés originaires de l'UE (échelle de droite)

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396 –11. LES MIGRATIONS EN EUROPE : VUE D’ENSEMBLE DES RÉSULTATS DU MODULE 2008

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Tableau 11.3. Niveaux de qualification des professions exercées par les migrants récents (dix années de résidence ou moins) nés dans un pays membre de l’UE ou dans un pays non-membre de l’UE,

par motif de migration et région de destination, 2008

Note : Le niveau de qualification élevé correspond à la CITP 1-3, le niveau intermédiaire à la CITP 4-8 et le niveau bas à la CITP 9.

Source : Enquête sur les forces de travail (Eurostat), module ad-hoc 2008.

Plus de 70 % des immigrés originaires de pays extérieurs à l’Union européenne venus pour leurs études et présents dans le pays depuis 11 à 19 ans occupent des emplois très qualifiés. De tous les immigrés originaires de pays extérieurs à l’UE, quel que soit leur groupe, ce sont eux qui affichent le pourcentage le plus élevé. En général, moins de 10 % des immigrés arrivés récemment pour raisons familiales et originaires de pays extérieurs à l’UE, et moins de 5 % des personnes entrant dans le pays au titre

Europe du SudÉlevé Intermédiaire Bas

Immigrés d'un pays membre de l 'UE 88 12 - 100Immigrés d'un pays non-membre de l 'UE 35 24 41 100Immigrés d'un pays membre de l 'UE 38 38 24 100Immigrés d'un pays non-membre de l 'UE 7 47 47 100Immigrés d'un pays membre de l 'UE 17 41 42 100Immigrés d'un pays non-membre de l 'UE 4 45 51 100Immigrés d'un pays membre de l 'UE 16 7 77 100Immigrés d'un pays non-membre de l 'UE 71 16 13 100Immigrés d'un pays membre de l 'UE 49 27 25 100Immigrés d'un pays non-membre de l 'UE 3 28 70 100Immigrés d'un pays membre de l 'UE 27 26 47 100Immigrés d'un pays non-membre de l 'UE 10 22 68 100Immigrés d'un pays membre de l 'UE - - - 100Immigrés d'un pays non-membre de l 'UE 4 38 58 100Immigrés d'un pays membre de l 'UE 16 12 72 100Immigrés d'un pays non-membre de l 'UE 14 40 46 100Immigrés d'un pays membre de l 'UE 25 23 52 100Immigrés d'un pays non-membre de l 'UE 5 39 56 100Hommes 25 43 32 100Femmes 23 27 49 100Hommes et femmes 24 35 41 100

Niveau de qualification

Emploi, transfert intra-entreprise

Emploi, poste trouvé avant la migration

Total

Tous les motifs

Nés dans le pays

Formation d'une famille

Protection internationale

Autres

Emploi, aucun poste trouvé avant la migration

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Europe du Nord et de l'OuestÉlevé Intermédiaire Bas

Immigrés d'un pays membre de l 'UE 51 33 16 100Immigrés d'un pays non-membre de l 'UE 60 22 18 100

Emploi, poste trouvé avant la migration Immigrés d'un pays membre de l 'UE 38 37 25 100Immigrés d'un pays non-membre de l 'UE 55 27 17 100

Emploi, aucun poste trouvé avant la migration Immigrés d'un pays membre de l 'UE 19 44 38 100Immigrés d'un pays non-membre de l 'UE 23 37 40 100

Études Immigrés d'un pays membre de l 'UE 36 22 42 100Immigrés d'un pays non-membre de l 'UE 72 17 11 100

Famille accompagnante / regroupement familial Immigrés d'un pays membre de l 'UE 56 22 22 100Immigrés d'un pays non-membre de l 'UE 9 24 67 100

Formation d'une famille Immigrés d'un pays membre de l 'UE 22 29 49 100Immigrés d'un pays non-membre de l 'UE 12 26 63 100

Protection internationale Immigrés d'un pays membre de l 'UE 5 21 74 100Immigrés d'un pays non-membre de l 'UE 6 23 70 100

Autres Immigrés d'un pays membre de l 'UE 28 27 45 100Immigrés d'un pays non-membre de l 'UE 21 26 53 100

Tous les motifs Immigrés d'un pays membre de l 'UE 31 33 36 100Immigrés d'un pays non-membre de l 'UE 18 26 56 100

Nés dans le pays Hommes 34 38 28 100Femmes 31 32 37 100Hommes et femmes 32 35 32 100

TotalNiveau de qualification

Emploi, transfert intra-entreprise

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11. LES MIGRATIONS EN EUROPE : VUE D’ENSEMBLE DES RÉSULTATS DU MODULE 2008 – 397

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

de la protection internationale occupent des emplois très qualifiés, bien qu’on puisse s’attendre à ce que cette moyenne augmente quelque peu au fil du temps pour l’ensemble des personnes arrivées au cours des dix années précédentes.

Le pourcentage assez faible d’immigrés occupant des emplois hautement qualifiés peut refléter des problèmes de surqualification, et c’est effectivement ce que l’on constate (graphique 11.6). En moyenne, au moins 80 % des immigrés récents originaires de pays extérieurs à l’Union européenne en Europe du Sud et 60 % en Europe du Nord et de l’Ouest sont supposés être surqualifiés pour les emplois qu’ils occupent. Pour les immigrés originaires de l’Union européenne, les taux de déclassement correspondants s’élèvent à environ 50 % en Europe du Sud et 40 % en Europe du Nord et de l’Ouest Pour les autochtones de la même tranche d’âge, ils atteignent environ 37 % en Europe du Sud et 32 % en Europe du Nord et de l’Ouest. Les migrants entrant dans le pays pour des raisons professionnelles (et pourvu d’un emploi à l’arrivée) ou pour étudier affichent des taux de déclassement bien inférieurs en Europe du Nord et de l’Ouest. En Europe du Sud, seuls les immigrés arrivant dans le cadre d’un transfert à l’intérieur de l’entreprise ou venant pour étudier affichent de faibles taux de déclassement. Ceux qui migrent au titre de la protection internationale affichent les taux de déclassement les plus élevés. Les immigrés originaires de pays extérieurs à l’UE affichent des taux de déclassement supérieurs de quelque 10 à 30 points de pourcentage à ceux des immigrés originaires de l’Union européenne, selon la catégorie et la région de destination. À noter que les immigrés originaires de pays extérieurs à l’Union européenne arrivés sans emploi en Europe du Nord et de l’Ouest affichent des taux de déclassement bien supérieurs à ceux des immigrés ayant déjà un emploi à l’arrivée, et que l’écart entre ces taux de déclassement est beaucoup plus important que l’écart entre les taux d’emploi. Cela suggère que ces immigrés doivent accepter le premier emploi venu après leur arrivée, et ne peuvent pas se permettre de refuser des emplois non conformes à leur niveau d’instruction.

Graphique 11.6. Taux de déclassement des immigrés récents par motif d’immigration et des personnes nées dans le pays qui auraient la même distribution par âge, 2008

Pourcentages

CITP : Classification internationale type des professions.

Note : Un travailleur est considéré déclassé s'il détient un diplôme de l'enseignement supérieur et occupe un emploi classifié comme moyennement ou faiblement qualifié (CITP 4-9).

Source : Enquête sur les forces de travail (Eurostat), module ad-hoc 2008.

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Europe du Sud Europe du Nord et de l'Ouest

Immigrés d'un pays non-membre de l'UE Immigrés d'un pays membre de l'UE Nés dans le pays

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398 –11. LES MIGRATIONS EN EUROPE : VUE D’ENSEMBLE DES RÉSULTATS DU MODULE 2008

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Les taux de déclassement s’améliorent-ils avec les années de résidence ? Le tableau 11.4 donne quelques indications sur ce point et dépeint une situation complexe. Tout d’abord, le taux de déclassement des personnes ayant migré pour faire leurs études à l’étranger diminue considérablement au fil du temps, pour la raison évidente que ces personnes quittent leurs emplois étudiants pour des emplois ordinaires après avoir terminé leurs études. On ne constate généralement pas de baisse du taux de déclassement des immigrés à titre familial et autre dans le temps, sauf en ce qui concerne les immigrés originaires de pays de l’Union européenne en Europe du Nord et de l’Ouest. Enfin, parmi les migrants de travail, les immigrés hautement qualifiés originaires de l’Union européenne affichent une baisse attendue de leur taux de déclassement à mesure que le nombre d’années de résidence augmente, mais pas les immigrés originaires de pays extérieurs à l’UE, pour lesquels aucune évolution n’est constatée en Europe du Sud, et une dégradation est constatée en Europe du Nord et de l’Ouest. Il convient de se rappeler, toutefois, que les deux colonnes du tableau représentent des cohortes différentes, et qu’on ne peut donc être complètement certain que l’on observerait le même effet dans la même cohorte au fil du temps. En outre, certains immigrés peuvent avoir quitté le pays, et si ceux qui sont partis tendaient à être moins déclassés que ceux qui restent, leur départ augmenterait alors mécaniquement le taux de déclassement dans le temps.

Tableau 11.4. Taux de déclassement par nombre d’années de présence dans le pays, pays d’origine et de destination, et motif d’immigration, 2008

Pourcentages

Source : Enquête sur les forces de travail (Eurostat), module ad-hoc 2008 et données standardisées de l’OCDE sur l’immigration.

Motifs d'immigration 1-5 ans 6-10 ans

Emploi 37 20Études 53 36Famil le et autres 54 44Tous les immigrés 46 34Emploi 31 39Études 77 40Famil le et autres 73 72Tous les immigrés 64 56Emploi 34 32Études 72 39Famil le et autres 67 66Tous les immigrés 57 50Emploi 32 20Études - -Famil le et autres 59 64Tous les immigrés 49 52Emploi 84 86Études 63 38Famil le et autres 84 80Tous les immigrés 83 62Emploi 76 80Études 59 41Famil le et autres 78 76Tous les immigrés 76 76

Europe du Nord et de l'Ouest

Europe du Sud

Toutes origines

Immigrés d'un pays membre de l'UE

Immigrés d'un pays non-membre de l'UE

Immigrés d'un pays membre de l'UE

Immigrés d'un pays non-membre de l'UE

Toutes origines

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11. LES MIGRATIONS EN EUROPE : VUE D’ENSEMBLE DES RÉSULTATS DU MODULE 2008 – 399

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

11.7. Sources de compétences

Si les migrants de travail sont majoritairement des travailleurs recrutés à l’étranger pour répondre à des besoins spécifiques en main-d’œuvre, les personnes entrant dans le pays pour d’autres raisons apportent également une contribution importante à la population active. Ils peuvent représenter des sources considérables de main-d’œuvre pour les emplois hautement qualifiés, et si la plupart d’entre eux, comme nous avons pu le constater, occupent des emplois pour lesquels ils sont surqualifiés, ils sont susceptibles de se montrer particulièrement productifs à ces postes. En effet, des études ont montré que les personnes déclassées sont avantagées sur le plan de la rémunération par rapport à d’autres personnes possédant un niveau d’instruction moindre mais occupant les mêmes postes.

Graphique 11.7. Distribution des niveaux de qualification selon le motif d’immigration des immigrés récents nés dans un pays hors UE, Europe du Sud et Europe du Nord et de l’Ouest, 2008

Note : Les estimations observées de l’Enquête sur les forces de travail ont été ajustées afin de garantir que la tendance observée pour tous les motifs concorde avec celle observée dans les données nationales sur les flux d’entrée.

Source : Enquête sur les forces de travail (Eurostat), module ad-hoc 2008.

Quelle est l’importance des filières de migrations de travail en fonction des niveaux de qualification, et surtout, dans quelle mesure ces filières contribuent-elles à combler les besoins en main-d’œuvre hautement qualifiée ? En Europe du Sud, leur importance est certaine, quelque 50 à 70 % des immigrés récents qui occupent des emplois hautement qualifiés étant venus pour des raisons professionnelles (graphique 11.7). En ce qui concerne les emplois hautement qualifiés en Europe du Nord et de l’Ouest, ce pourcentage n’atteint pas tout à fait 40 %, et tombe à environ 25 % en ce qui concerne les emplois moyennement qualifiés et à tout juste 10 % en ce qui concerne les emplois faiblement qualifiés. Ainsi, en Europe du Nord et de l’Ouest, l’immigration à titre familial et autre fournit la majorité de la main-d’œuvre, tous niveaux de qualification confondus, et contribue davantage à pourvoir les emplois moins qualifiés que les emplois plus qualifiés. Une question intéressante consiste donc à savoir si les emplois hautement qualifiés occupés par des immigrés venus pour des raisons non professionnelles se distinguent d’une manière ou d’une autre de ceux occupés par les

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Europe du Sud Europe du Nord et de l'Ouest

Emploi, transfert intra-entreprise Emploi, poste trouvé avant la migrationEmploi, aucun poste trouvé avant la migration ÉtudesProtection internationale Famille

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400 –11. LES MIGRATIONS EN EUROPE : VUE D’ENSEMBLE DES RÉSULTATS DU MODULE 2008

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

migrants de travail, et notamment ceux recrutés à l’étranger. En d’autres termes, le recrutement à l’étranger, souvent en réponse à des besoins en main-d’œuvre particuliers, se traduit-il par une répartition ostensiblement différente des postes occupés par les immigrés recrutés de cette façon, par rapport aux immigrés recrutés dans le pays de destination, dont la plupart n’ont même pas migré pour des raisons professionnelles ?

Graphique 11.8a. Distribution des professions hautement qualifiées selon le motif d’immigration des immigrés récents et des personnes nées dans le pays ayant achevé leurs études au cours des dix années

précédentes, 2008

Graphique 11.8b. Distribution des professions hautement qualifiées selon le motif d’immigration (à l’exclusion des transferts intra-entreprise), pays de l’UE, immigrés récents, 2008

Source : Enquête sur les forces de travail (Eurostat), module ad-hoc 2008 et données standardisées de l’OCDE sur l’immigration.

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11. LES MIGRATIONS EN EUROPE : VUE D’ENSEMBLE DES RÉSULTATS DU MODULE 2008 – 401

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Nous examinons ainsi la répartition des emplois hautement qualifiés occupés par des immigrés, par motif d’immigration. Un examen de cette répartition (graphique 11.8a) montre que les personnes recrutées à l’étranger (à l’exclusion des transferts à l’intérieur d’une entreprise) tendent à être surreprésentées parmi les spécialistes des sciences physiques, mathématiques et techniques, ainsi que les spécialistes des sciences de la vie et de la santé, et les professions intermédiaires. D’autre part, elles sont sous-représentées parmi les autres spécialistes des professions intellectuelles et scientifiques, qui incluent les spécialistes des fonctions administratives et commerciales des entreprises, les juristes, les spécialistes des sciences sociales, les archivistes et bibliothécaires, les écrivains et artistes créateurs et les membres du clergé. Comme on peut s’y attendre, les directeurs de société sont fortement représentés parmi les transferts à l’intérieur des entreprises.

Toutefois, dans l’ensemble, les différences entre la répartition professionnelle des immigrés recrutés à l’étranger et ceux recrutés dans le pays ne sont pas si importantes. En effet, il faudrait réaffecter environ 25 % des travailleurs immigrés recrutés dans le pays et 20 % des immigrés pour raisons familiales pour que leur répartition professionnelle coïncide avec celle des personnes recrutées à l’étranger. Ainsi, du moins à ce niveau (code à deux chiffres), certes schématique, les emplois pour lesquels des immigrés ont été recrutés directement à l’étranger par des employeurs ne semblent pas différer énormément de ceux occupés par les immigrés qui ont trouvé un poste hautement qualifié alors qu’ils se trouvaient déjà dans le pays.

De la même manière, une réaffectation de 26 % des immigrés recrutés à l’étranger et d’à peine 11 % des immigrés pour raisons familiales serait nécessaire pour que leur répartition aux postes hautement qualifiés coïncide avec celle des autochtones ayant terminé leurs études au cours des dix années précédant 2008. En effet, les différences de répartition par rapport aux autochtones sont moins importantes dans les groupes recrutés à l’intérieur du pays qu’elles ne le sont pour les personnes recrutées à l’étranger. Cela suggère effectivement une préférence pour certaines professions, ou des besoins particuliers lors des recrutements à l’étranger, mais on ne peut pas dire qu’il y ait beaucoup de différences par rapport aux personnes recrutées à l’intérieur du pays.

En outre, les immigrés recrutés à l’étranger représentent une fraction relativement faible des immigrés recrutés à des postes hautement qualifiés, toutes catégories confondues (graphique 11.8b), et quel que soit l’emploi occupé (code à deux chiffres de la CITP).

Enfin, on ne constate pas d’évolution majeure du pourcentage de personnes occupant des postes très qualifiés en fonction du nombre d’années de présence dans le pays, à quelques exceptions près (graphique 11.9). On assiste naturellement à une forte hausse de ce pourcentage en ce qui concerne les personnes présentes dans le pays pour étudier, mais seuls deux autres groupes affichent également une progression : les personnes migrant pour raisons professionnelles et arrivant avec un emploi en Europe du Nord et de l’Ouest, et les immigrés arrivant en Europe du Sud afin de fonder une famille. Dans tous les autres groupes, le pourcentage d’immigrés occupant un emploi hautement qualifié n’évolue quasiment pas au fil du temps. Toutefois, puisque la plupart des immigrés ne restent pas, il est difficile de savoir s’il s’agit d’un phénomène imputable aux personnes qui restent, ou si cela est lié au départ de personnes susceptibles d’avoir occupé des emplois hautement qualifiés dans une mesure plus ou moins importante que ceux qui sont restés.

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402 –11. LES MIGRATIONS EN EUROPE : VUE D’ENSEMBLE DES RÉSULTATS DU MODULE 2008

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Graphique 11.9a. Pourcentage de personnes occupant des emplois hautement qualifiés par motif d’immigration et nombre d’années de résidence (moyennes mobiles sur trois ans), Europe du Nord

et de l’Ouest, 2008

Graphique 11.9b. Pourcentage de personnes occupant des emplois hautement qualifiés par motif d’immigration et nombre d’années de résidence (moyennes mobiles sur trois ans), Europe du Sud, 2008

Source : Enquête sur les forces de travail (Eurostat), module ad-hoc 2008 et données standardisées de l’OCDE sur l’immigration.

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11. LES MIGRATIONS EN EUROPE : VUE D’ENSEMBLE DES RÉSULTATS DU MODULE 2008 – 403

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11.8. Changements d’emploi parmi les immigrés internationaux récents

En principe, la plupart des immigrés de travail hautement qualifiés sont embauchés pour satisfaire des besoins en main-œuvre précis, qui ne peuvent l’être sur le marché du travail national. Cela peut signifier que le marché du travail est plus restreint dans ces secteurs que dans d’autres, et que les travailleurs immigrés sont susceptibles de chercher et de trouver d’autres emplois mieux rémunérés et bénéficiant de meilleures conditions de travail après leur arrivée, sous réserve que leurs permis de travail les autorisent à changer d’employeur. D’autre part, les employeurs qui les ont recrutés à l’étranger sont incités à les garder, ne serait-ce que pour amortir les frais engagés pour leur recrutement. Que montrent les données dans la pratique en ce qui concerne la stabilité/la permanence de l’emploi pour les personnes qui restent dans le pays de destination ?

En Europe du Sud, cinq ans après leur arrivée, quelque 60 % des immigrés salariés occupent encore l’emploi pour lequel ils avaient été recrutés ou qu’ils avaient trouvé peu de temps après leur arrivée (graphique 11.10). À l’inverse, seuls 25 % des travailleurs autochtones ayant terminé leurs études au cours des dix années précédentes occupent toujours l’emploi qu’ils ont trouvé dans l’année ayant suivi la fin de leurs études.

La situation en Europe du Nord et de l’Ouest est assez différente. Tout d’abord, 35 % des autochtones occupent toujours le même emploi cinq ans après avoir terminé leurs études. La moitié des immigrés arrivant avec un emploi occupent toujours le même emploi cinq ans après leur arrivée, mais seuls 30 % de ceux entrés sans emploi occupent toujours l’emploi trouvé peu de temps après leur arrivée. Toutefois, la situation en Europe du Nord et de l’Ouest masque une différence sous-jacente. Lorsque l’on s’intéresse aux immigrés occupant des emplois moyennement et faiblement qualifiés, on observe le même schéma qu’en Europe du Sud, à savoir qu’environ 60 % des immigrés occupent toujours l’emploi qu’ils avaient trouvé au moment de leur arrivée ou peu de temps après. Ainsi, contrairement à ce qu’on pourrait penser, les immigrés occupant des emplois moyennement ou peu qualifiés tendent à conserver leur emploi beaucoup plus longtemps que ceux occupant des emplois hautement qualifiés.

Ces résultats sont frappants. Ils mettent en évidence une mobilité bien plus importante que ce à quoi on pourrait s’attendre chez les migrants de travail, surtout si ces derniers ont été recrutés pour répondre à des besoins spécifiques. Ils suggèrent que les besoins peuvent parfois être éphémères ou que les conditions d’embauche sont telles que les immigrés peuvent améliorer leur situation en cherchant ailleurs.

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404 –11. LES MIGRATIONS EN EUROPE : VUE D’ENSEMBLE DES RÉSULTATS DU MODULE 2008

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Graphique 11.10a. Pourcentage de travailleurs occupant le même emploi que l’année de leur arrivée ou l’année suivant la fin de leurs études (autochtones), 2008, Europe du Sud

Graphique 11.10b. Pourcentage de travailleurs occupant le même emploi que l’année de leur arrivée ou l’année suivant la fin de leurs études (autochtones), 2008, Europe du Nord et de l’Ouest

Note : Les données portent sur les travailleurs âgés de 15 à 50 ans.

Source : Enquête sur les forces de travail (Eurostat), module ad-hoc 2008.

11.9. Récapitulatif des résultats du module

Le module sur les immigrés de 2008 est une source importante d’informations sur les caractéristiques des immigrés en fonction de leur motif d’immigration et sur l’évolution de leurs résultats dans le temps (indiqué en nombre d’années de résidence). Il donne un certain nombre de références utiles que nous récapitulons ici. Rappelons tout d’abord que ces résultats font référence aux immigrés récents, c’est-à-dire ceux arrivés au cours des dix années précédant l’année 2008.

Tout d’abord, les pays de l’Union européenne recrutent peu dans les pays non membres de l’UE. Les migrants de travail recrutés dans des pays extérieurs à l’UE représentent au mieux 5 % de l’ensemble des immigrés en Europe du Nord et de l’Ouest, auxquels s’ajoutent 4 % arrivant dans le cadre de transferts à l’intérieur de

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11. LES MIGRATIONS EN EUROPE : VUE D’ENSEMBLE DES RÉSULTATS DU MODULE 2008 – 405

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l’entreprise. En Europe du Sud, le pourcentage d’immigrés recrutés dans des pays extérieurs à l’UE s’élève à environ 10 %. Il existe un autre groupe de migrants de travail auto-déclarés : ceux qui arrivent sans emploi, bien plus nombreux que ceux recrutés à l’étranger, notamment en Europe du Sud, où la migration illégale est très importante. La composition exacte de ce groupe est incertaine ; elle peut comprendre des immigrés en situation irrégulière, des anciens clandestins dont la situation a été régularisée, voire des personnes arrivées dans le pays avec un autre statut (par exemple pour du tourisme ou visite à la famille), qui ont cherché et trouvé du travail et sont restées.

Le module confirme les résultats bien plus favorables sur le marché du travail des migrants de travail en termes de taux d’emploi par rapport aux immigrés pour raisons familiales et humanitaires, qu’ils aient été transférés depuis l’étranger, ou soient arrivés avec ou sans emploi. Les taux d’emploi des immigrés arrivant sans emploi sont quelque peu inférieurs à ceux des immigrés arrivant avec un emploi, mais on constate une certaine convergence dans le temps. Les étudiants internationaux qui restent dans le pays et entrent sur le marché du travail après la fin de leurs études finissent par atteindre des taux d’emploi comparables à ceux des migrants de travail. Les immigrés pour raisons familiales et humanitaires, d’autre part, affichent des taux d’emploi bien inférieurs qui, même au bout de dix ans, demeurent inférieurs de 15 à 20 points de pourcentage à ceux des migrants de travail.

Les migrants de travail recrutés dans le pays se distinguent de ceux transférés depuis l’étranger ou recrutés dans un autre pays sur un point : leur taux de déclassement supérieur qui, en Europe du Nord et de l’Ouest, se situe à mi-chemin entre celui des autres migrants de travail et celui des immigrés pour raisons familiales et humanitaires. Ces derniers affichent généralement des taux de déclassement très élevés, et la situation ne s’améliore pas vraiment avec l’accumulation des années de résidence dans le pays. En Europe du Nord et de l’Ouest, on assiste même à une dégradation des taux des migrants de travail originaires de pays extérieurs à l’Union européenne avec les années de résidence, ce qui suggère que les changements d’emploi au sein de ce groupe ne se font pas forcément en faveur d’un meilleur emploi. Les étudiants internationaux, comme on peut s’y attendre, affichent une progression significative de leurs taux d’emploi, dans la mesure où ils quittent leurs emplois étudiants pour entrer sur le marché du travail régulier.

Une minorité d’immigrés récents occupant un emploi en Europe du Nord et de l’Ouest, tant qualifié que moyennement ou faiblement qualifié, sont des migrants de travail. Les personnes arrivant au titre de la protection internationale ou avec le statut d’étudiants représentent 20 à 25 % des immigrés récents occupant des emplois hautement qualifiés. Toutefois, le « rendement » des personnes occupant des emplois hautement qualifiés et son évolution dans le temps diffèrent considérablement en fonction des motifs d’immigration. Les seuls immigrés affichant un rendement élevé sont ceux venant pour travailler ou étudier, et les immigrés qui affichent une amélioration significative dans le temps sont ceux venus pour étudier ou arrivés avec un emploi (en Europe du Nord et de l’Ouest). Seul un petit pourcentage des personnes venant pour d’autres raisons occupent un emploi hautement qualifié, et on ne constate que peu d’améliorations au fil des années de résidence.

Il ne semble pas y avoir de différences considérables entre les personnes recrutées à l’étranger et les autres types d’immigrés en ce qui concerne la répartition des professions hautement qualifiées. En d’autres termes, vu le niveau auquel les

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406 –11. LES MIGRATIONS EN EUROPE : VUE D’ENSEMBLE DES RÉSULTATS DU MODULE 2008

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qualifications sont mesurées ici (code à deux chiffres de la CITP), il n’existe pas de fortes spécificités sur le plan des compétences chez les immigrés recrutés à l’étranger par rapport aux autres types d’immigrés. On peut faire deux observations : les transferts à l’intérieur d’une entreprise concernent plus souvent des cadres dirigeants que d’autres types d’immigrés, et les personnes recrutées à l’étranger et celles venant pour étudier occupent dans une certaine mesure plus souvent des emplois dans le domaine des sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM) et les sciences de la vie, et moins souvent dans le domaine des sciences sociales, que ceux recrutés dans le pays. En outre, dans tous les emplois hautement qualifiés sans exception (code à deux chiffres de la CITP), on compte beaucoup plus d’immigrés récents recrutés dans le pays qu’à l’étranger.

En Europe du Sud, cinq ans après leur arrivée, 60 % des migrants de travail encore présents, qu’ils aient été recrutés à l’étranger ou dans le pays, occupent toujours l’emploi pour lequel ils avaient été initialement recrutés. Il existe un fort contraste avec les autochtones terminant leurs études, qui ne sont que 25 % environ à toujours occuper l’emploi décroché à la fin de leurs études au bout de cinq ans. En Europe du Nord et de l’Ouest, la situation est différente. En ce qui concerne les personnes arrivant sans emploi et toujours présentes dans le pays, et les autochtones ayant terminé leurs études, 35 % occupent toujours le même emploi au bout de cinq ans ; ce qui est le cas de 50 % des personnes arrivant avec un emploi. D’autre part, pour ce qui est des personnes occupant des emplois faiblement ou moyennement qualifiés, on observe le même résultat qu’en Europe du Sud, à savoir que 60 % des travailleurs occupent toujours le même emploi au bout de cinq ans.

Enfin, les taux de rétention des migrants de travail et des étudiants étrangers originaires de l’Union européenne et de pays extérieurs à l’UE en Europe du Nord et de l’Ouest au bout de huit à dix ans atteignent 30 à 40 %, tandis que les migrants venant pour d’autres raisons affichent des taux de rétention compris entre 55 et 60 %.

11.10. Conséquences pour l’action publique

Avant d’aborder cette question, il convient d’examiner de plus près un certain nombre d’aspects.

À quelques exceptions près, les pays européens préfèrent généralement laisser le recrutement des immigrés originaires de pays tiers à l’initiative des employeurs, soit en mettant en place des procédures simplifiées pour les emplois menacés de pénurie, soit en soumettant ce recrutement à un examen du marché du travail dans les autres cas. Cela permet de garantir que les immigrés ont déjà un emploi et participent activement à l’économie dès leur arrivée. Toutefois, il faut pour cela que les employeurs prennent effectivement l’initiative de recruter des travailleurs. Dans la pratique, comme nous l’avons vu, le nombre de recrutements dans le pays est supérieur au nombre de recrutements à l’étranger, tant parce que les immigrés pour raisons familiales et humanitaires sont nombreux à entrer sur le marché du travail que parce qu’il existe un certain niveau d’immigration illégale dans tous les pays et que la plupart, si ce n’est la totalité, des personnes dans cette situation parviennent à trouver un emploi et à se faire régulariser.

Aujourd’hui, on part généralement du principe que la plupart des employeurs recruteront à l’étranger s’ils ont besoin de maintenir ou d’accroître leur activité et qu’ils ne parviennent pas à trouver des salariés sur le marché du travail national. La

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11. LES MIGRATIONS EN EUROPE : VUE D’ENSEMBLE DES RÉSULTATS DU MODULE 2008 – 407

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croissance, toutefois, n’est pas un passage obligé pour une entreprise, et en l’absence des travailleurs nécessaires ou de travailleurs dotés de qualifications adéquates, les employeurs peuvent décider de ne pas développer leur entreprise ou de reporter leurs décisions d’embauche. En effet, d’après les enquêtes réalisées en France et en Allemagne auprès des employeurs, seule une minorité d’entre eux (environ 20 %) envisageraient de recruter à l’étranger en cas d’augmentation des postes vacants ou de difficultés de recrutement.

Le recrutement à l’étranger n’est pas forcément la seule option s’offrant aux employeurs ; ils peuvent également augmenter le nombre d’heures de travail des salariés existants, mettre en œuvre des solutions techniques, délocaliser, ou former les salariés en place ou les nouvelles recrues, bien que ces options ne soient pas forcément toutes possibles ou financièrement abordables, notamment dans les petites entreprises6.

L’option du recrutement suppose également que les employeurs disposent des contacts, des moyens et des connaissances nécessaires pour recruter à l’étranger. L’expérience de recrutement de la plupart des employeurs porte en effet sur des candidats issus du marché du travail national, dont la plupart ont acquis leurs qualifications et leur expérience professionnelle dans le pays et qui, même si ce n’est pas le cas, peuvent être reçus directement en entretien7. Peu d’employeurs embaucheront un candidat sans l’avoir rencontré au préalable, ou sans recommandation, qu’elle provienne de salariés existants, d’agences pour l’emploi ou d’autres intermédiaires.

En bref, les pénuries de main-d’œuvre se traduiront toujours par des recrutements ou des tentatives de recrutement à l’étranger par les employeurs. La question est alors de savoir si les pouvoirs publics ont intérêt à ce que les recrutements à l’étranger augmentent, et le cas échéant, quelles mesures et incitations doivent être mises en place pour encourager un plus grand nombre d’employeurs à y avoir recours. Pourquoi les pouvoirs publics devraient-ils intervenir si les décisions des employeurs fondées sur le marché impliquent une diminution de la taille de la population active ? L’une des raisons est que les décisions des employeurs ne tiennent pas nécessairement compte des externalités possibles, comme les effets macroéconomiques d’une diminution des embauches. La vraie question est donc de savoir si un système de migration international fondé sur la demande génèrerait à lui seul suffisamment de recrutements à l’étranger pour alimenter la croissance économique.

Les explications actuelles sur le faible niveau de l’immigration de travail en Europe du Nord et de l’Ouest avancent deux raisons, à savoir que l’Europe n’est pas une destination attractive pour les immigrés hautement qualifiés, et que la demande n’est pas encore assez solide pour que les employeurs entreprennent des efforts de recrutement significatifs. La première de ces raisons oppose la situation de l’Europe à celle des pays d’installation (Australie, Canada et Nouvelle-Zélande) et des États-Unis.

L’argument de l’attractivité, toutefois, sous-entend que les employeurs font actuellement des efforts considérables pour recruter à l’étranger et ne reçoivent pas ou peu de candidatures. Mais il n’existe aucune preuve que ce soit effectivement le cas. En outre, le mode de recrutement dans les pays d’installation est différent. Historiquement, les systèmes de migration permanente de l’Australie, du Canada et de la Nouvelle-Zélande sont des systèmes « axés sur l’offre », c’est-à-dire ne nécessitant pas d’offre d’emploi préalable. Si les pays européens mettaient en place des régimes migratoires du même type, dans le cadre desquels ils annonceraient chaque année qu’un certain nombre d’immigrés internationaux seront admis, qu’ils seront

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sélectionnés sur la base de certaines caractéristiques précises, qu’ils n’auront pas besoin de trouver préalablement un emploi pour être sélectionnés, que ceux qui seront sélectionnés seront admis avec leur famille et bénéficieront d’un droit de résidence permanente, et que la nationalité pourra être acquise dans des délais relativement courts, il est difficile de croire qu’il y aurait pénurie de candidats.

Toutefois, il convient d’émettre deux réserves en ce qui concerne cette affirmation, à savoir que la langue des pays d’installation est largement parlée à l’international, et qu’ils n’ont pas de difficultés à trouver des candidats parlant cette langue, bien qu’il ne s’agisse pas toujours d’une condition absolue si les candidats possèdent par ailleurs suffisamment de caractéristiques favorables pour accumuler le nombre minimum de points nécessaires pour être admis. En outre, la situation des personnes arrivant sans emploi dans ces pays s’est dégradée parallèlement à l’évolution de la composition des pays d’origine, qui étaient auparavant majoritairement européens et sont aujourd’hui principalement des pays non membres de l’OCDE. Par conséquent, tous ces pays ont renforcé leurs critères de sélection, en attribuant des points supplémentaires aux immigrés ayant déjà un emploi tout en augmentant les possibilités de migration à des fins de travail temporaire et d’études, et en favorisant la transition du statut de résident temporaire à celui de résident permanent.

Ensuite, la comparaison avec les États-Unis n’est pas nécessairement appropriée, parce que les États-Unis sont probablement un des pays les plus restrictifs de l’OCDE en ce qui concerne les filières d’immigration permanente pour les immigrés hautement qualifiés. Ils attribuent environ 70 000 titres de séjour permanent par an aux immigrés hautement qualifiés, ce qui, par habitant, représente un nombre de migrants de travail permanents inférieur à celui qu’admet la France, par exemple. Dans le même temps, cependant, leur principale filière d’immigration temporaire destinée aux travailleurs hautement qualifiés (la filière H1B essentiellement, avec quelque 85 000 titres de séjour attribués par an, sans compter les emplois dans les universités et les organismes à but non lucratif, qui ne sont pas soumis à des quotas) tend à être prise d’assaut, le quota étant atteint dans la semaine suivant le début de l’exercice. Pendant la grande récession, ce délai s’était allongé à environ sept mois, et pendant la reprise économique de 2002 et 2003, moins de 120 000 des 195 000 titres prévus ces années-là ont été attribués. En bref, même aux États-Unis, la demande n’est pas illimitée, et l’incapacité à atteindre les quotas ou à générer des flux d’entrée importants n’est pas forcément synonyme de manque d’attractivité.

Si le faible niveau des migrations de travail en Europe n’est pas lié à un problème d’attractivité, se peut-il donc que les besoins en main-d’œuvre ne soient pas encore suffisants pour pousser les employeurs à chercher des candidats au-delà des frontières ? Dans un certain nombre de pays, on constate pourtant une hausse du nombre de postes vacants non pourvus dans certaines professions (rapport de l’OCDE sur l’Allemagne). Même un régime aussi libéral que le nouveau régime suédois n’a pas engendré de forte hausse des recrutements à l’étranger. Un examen de la situation de la Suède révèle que la plupart des recrutements à l’étranger ont été effectués par des multinationales ou d’autres entreprises ayant déjà des contacts avec l’étranger (entreprises ethniques), et que le recrutement par les petites et moyennes entreprises, qui représentent la plus grande partie de l’emploi, est limité (rapport sur la Suède). On peut en conclure que la plupart des entreprises ont peu d’expérience en matière de recrutement à l’étranger et peuvent avoir besoin d’aide pour satisfaire leurs besoins en main-d’œuvre par ce biais.

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11. LES MIGRATIONS EN EUROPE : VUE D’ENSEMBLE DES RÉSULTATS DU MODULE 2008 – 409

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La langue peut également poser problème. La langue de travail des multinationales est souvent l’anglais, et les entreprises ethniques sont susceptibles d’exiger une meilleure connaissance de la langue du pays d’origine que de celle du pays de destination. Dans tous les cas, la plupart des emplois à pourvoir au sein des entreprises ethniques ne sont généralement pas des emplois très qualifiés par nature.

Il est difficile d’imaginer que l’employeur abandonnera totalement ses exigences en matière de compétences linguistiques en cas de forte hausse des besoins en main-d’œuvre. Dans le meilleur des cas, ces exigences seront peut-être un peu moins strictes, mais la langue restera certainement un obstacle significatif au recrutement dans de nombreux pays.

Il est difficile de donner une réponse définitive à la question de savoir si l’insuffisance de la demande, découlant probablement de la crise économique, est oui ou non à l’origine du faible niveau de migrations de travailleurs qualifiés en Europe. Nous laisserons de côté cette question pour l’instant, tout en se référant aux preuves empiriques accumulées à partir du module sur les immigrés de l’Enquête sur les forces de travail 2008.

De manière générale, ces résultats permettent de conclure qu’en ce qui concerne l’immigration hautement qualifiée, les nombreux pays de l’Union européenne en Europe du Nord et de l’Ouest qui ont misé sur le recrutement à l’étranger et sur les étudiants internationaux ayant achevé leurs études, ont adopté la bonne approche du point de vue du devenir professionnel. Toutefois, la rétention des immigrés de ces catégories pose véritablement problème. En outre, il n’est pas certain que ces catégories permettront de drainer suffisamment de travailleurs et qu’il y aura de la marge pour encourager les recrutements à l’intérieur du pays.

Les résultats ont montré que les immigrés de travail embauchés dans le pays affichent des taux d’emploi élevés par rapport aux immigrés pour raisons familiales et humanitaires ; en outre, leurs taux de déclassement, bien que supérieurs à ceux des immigrés recrutés à l’étranger, sont significativement inférieurs à ceux des immigrés pour raisons familiales et humanitaires. Un facteur vient toutefois compliquer la situation en ce qui concerne les résultats de ce groupe : on n’a pas d’idée très précise de sa composition. Il peut inclure un grand nombre d’anciens clandestins ou d’immigrés toujours en situation irrégulière, et l’on aimerait pouvoir tirer des conclusions quant aux immigrés légaux embauchés dans le pays, ayant par exemple le statut de touristes.

Le tableau demeure sombre pour les immigrés pour raisons familiales et humanitaires : ils affichent des taux d’emploi faibles et des taux de déclassement élevés à leur arrivée et juste après. On a certes effectué quelques progrès en termes de taux d’emploi, mais pas suffisamment, et l’on constate peu d’améliorations en ce qui concerne la surqualification. Ce qu’on ne sait pas, c’est si le sous-groupe composé des membres de la famille des recrues obtenant de bons résultats (qu’il s’agisse de migrants de travail ou d’étudiants) tire également son épingle du jeu. Si c’est le cas, les résultats des immigrés pour raisons familiales s’amélioreront avec la hausse des entrées de migrants de travail recrutés en dehors des frontières et d’étudiants étrangers.

Les conséquences évoquées ci-dessous en ce qui concerne l’action des pouvoirs publics sont de nature préliminaire, et se concentrent sur les migrations de ressortissants de pays tiers vers l'Union européenne. La possibilité d'encourager le

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maintien sur le territoire des migrants de travail dont l'intégration est réussie et d'accroitre le volume de migrants qualifiés est discutée.

11.11. Améliorer la rétention

Nous aborderons tout d’abord la question de la rétention, puisque l’on constate que les immigrés obtenant des résultats favorables sont moins susceptibles de rester que les immigrés venant pour d’autres raisons.

Les résultats (publiés par l’OCDE dans Perspectives des migrations internationales 2013) indiquent qu’en Europe, un nombre relativement restreint d’immigrés viendraient avec leur famille. C’est ce qu’il ressortait déjà des statistiques standardisées de l’OCDE sur les migrations, qui mettaient en évidence le faible niveau des migrations de familles accompagnantes dans les pays européens où elles étaient mesurables, par rapport au niveau observé dans les pays d’installation, à savoir l’Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande. On pourrait s’attendre à ce que ces migrations soient plus fréquentes chez les immigrés hautement qualifiés, mais il n’apparaît pas clairement que ce soit le cas en Europe ; une analyse plus poussée des migrations familiales par l’OCDE examinera plus avant cette question, entre autres.

Bien que cela ne soit encore confirmé par aucune donnée, il semblerait que les migrants venant en famille soient plus susceptibles de rester que les migrants de travail qui arrivent seuls et évaluent après leur arrivée l’opportunité de faire venir leur famille. En outre, il a été démontré que plus les enfants d’immigrés arrivent tôt dans le pays de destination, meilleurs sont leurs résultats aux évaluations pédagogiques (OCDE, 2012). Voilà un argument en faveur de la migration des familles accompagnantes plutôt que du regroupement familial ultérieur.

D’autre part, le faible niveau des entrées de familles accompagnantes en Europe peut être dû au fait que dans les systèmes fondés sur la demande, l’intervalle entre l’admission et l’arrivée est généralement plus court, et la venue ultérieure des membres de la famille peut simplement refléter le délai nécessaire à l’organisation du déménagement, le travailleur arrivant en premier et sa famille plus tard, par rapport à des situations où l’immigré n’a pas d’emploi et n’est pas soumis à des contraintes particulières en ce qui concerne le moment de son arrivée.

Outre les différences entre les méthodes de sélection des immigrés hautement qualifiés par les pays européens et les pays d’installation, il existe une différence majeure entre les conditions de séjour, à savoir la durée du permis de séjour accordé à l’entrée, qui est permanente dans les pays d’installation, avec un accès relativement rapide à la nationalité, mais correspond généralement à la durée du contrat de travail dans les pays européens.

Il est intéressant de le noter, car le message adressé aux immigrés et à leurs familles dans les deux cas est radicalement différent.

Les pays d’installation transmettent le message suivant : les immigrés sont censés s’installer pour de bon, et leur statut de résident de dépend pas des vicissitudes du marché du travail ni de leur statut professionnel. Le message des pays européens est que les travailleurs immigrés peuvent rester à condition d’avoir un emploi, bien qu’une certaine flexibilité soit de mise en cas de perte d’emploi. Le droit de séjour permanent ne peut être obtenu qu’une fois que les immigrés ont, dans un certain sens, fait leurs preuves. Dans ces circonstances, les immigrés peuvent très bien décider de

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conditionner la migration des membres de leur famille à une évaluation des perspectives à long terme dans le pays de destination au cours des années suivant l’arrivée.

Bien qu’il semble probable que le droit de séjour permanent à l’arrivée encourage les familles à venir ensemble et favorise leur rétention dans le pays de destination, il est difficile de concilier ce droit avec un système d’immigration dans lequel une offre d’emploi est la principale condition à l’entrée. En effet, il donne aux employeurs un très fort pouvoir de négociation en ce qui concerne les salaires et les conditions de travail des candidats à l’immigration. Dans les pays d’installation, le fait d’avoir une offre d’emploi permet aux candidats d’obtenir des points supplémentaires, mais le candidat doit acquérir la majeure partie de ses points sur la base d’autres caractéristiques (âge, niveau d’instruction, profession, ressources, etc.). L’instauration d’un droit de séjour permanent à l’entrée dans un système fondé sur la demande nécessiterait une vérification approfondie des salaires et des conditions de travail pour s’assurer qu’ils sont bien conformes aux normes nationales, et éviter ainsi d’éventuels abus.

Autre solution envisageable : un système fondé sur l’offre tel qu’il existe dans les pays d’installation, Toutefois, de plus en plus, les titres de séjour accordés dans le cadre de ces systèmes reviennent à des personnes déjà présentes dans le pays et bénéficiant d’un statut de résident temporaire, ou à des personnes ayant déjà une offre d’emploi. En outre, l’expérience des pays d’installation au cours des dernières décennies plaide à l’encontre d’un système dans lequel les immigrés, même très qualifiés, seraient admis sans offre d’emploi, du moins pas sans quelques critères de sélection solides8. La rémunération des emplois obtenus par les immigrés venus sans emploi est très inférieure aux rémunérations qui se pratiquaient par le passé au Canada, par exemple, et le pourcentage d’immigrés vivant dans la pauvreté a considérablement augmenté. Le seul point positif est que les résultats scolaires des enfants d’immigrés continuent d’être très favorables, malgré la dégradation du devenir professionnel de leurs parents.

Dans les pays européens où des programmes sans critères d’emploi fondés sur l’offre ont été expérimentés au cours des dernières années, comme le « Tier 1 » du Royaume-Uni et la « carte verte » danoise, les résultats n’ont pas été spécialement positifs.

11.12. Accroître les flux d’immigrés hautement qualifiés

Cette section porte sur les moyens d’accroître les flux d’immigrés hautement qualifiés. Elle est fondée en partie sur l’hypothèse selon laquelle les employeurs eux-mêmes ne recruteront pas nécessairement suffisamment à l’étranger, et l’expérience d’embauche de la plupart des employeurs concerne des demandeurs d’emploi déjà présents sur le marché du travail national. Nous n’aborderons pas le cas des transferts à l’intérieur des entreprises dans les paragraphes suivants, parce que les multinationales ont déjà un accès privilégié à la population active étrangère par rapport aux petites et moyennes entreprises uniquement présentes à l’échelle nationale.

Listes des professions en situation de pénurie et examens du marché du travail

Le premier élément à prendre en compte concerne la restriction des emplois hautement qualifiés pour lesquels un recrutement est autorisé. L’hypothèse est que

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dans la pratique, ces restrictions peuvent limiter le recrutement par certains employeurs. Dans de nombreux pays, il existe des listes de professions en situation de pénurie, qui sont utilisées pour limiter le recrutement ou faciliter les procédures de recrutement aux postes concernés. Mais le recrutement n’est pas toujours réservé exclusivement aux emplois figurant sur ces listes ; les employeurs peuvent souhaiter recruter à l’étranger pour pourvoir d’autres types d’emplois, qui sont alors soumis à un examen du marché du travail, qui peut être plus ou moins restrictif, et dont l’objectif est de certifier ou de démontrer que les postes en question ne peuvent pas être pourvus par des candidats nationaux ou européens, et qu’un recrutement à l’étranger ne risque donc pas de leur porter préjudice. Dans la pratique toutefois, les listes de professions en situation de pénurie semblent jouer un rôle assez limité. Au Royaume-Uni, qui possède probablement le système le plus développé de recensement des professions en situation de pénurie, seuls 15 % environ des permis de travail accordés en 2011 concernaient des emplois figurant sur la liste ; au Danemark, ils n’étaient que 5 %. Le reste concernait des emplois à des postes soumis à un examen du marché du travail (Royaume-Uni) ou excédant un seuil de salaire (Danemark).

En outre, dans chaque profession hautement qualifiée (code à deux chiffres de la CITP), les postes étaient beaucoup plus nombreux à être pourvus par des immigrés arrivant dans les pays de l’Union européenne pour d’autres raisons que par des immigrés recrutés à l’étranger (graphique 11.b). Enfin, cinq ans après leur arrivée, plus de 50 % des migrants de travail recrutés à l’étranger et toujours présents dans les pays de destination n’occupaient plus l’emploi pour lequel ils avaient été initialement recrutés (graphique 11.10). L’idée selon laquelle on protège le marché du travail national en limitant les recrutements à des emplois figurant sur la liste des professions en situation de pénurie semblerait donc relever du mythe, du moins quand les besoins en main-d’œuvre sont mesurés au niveau de qualification professionnelle cité ici. Il n’est pas pertinent de restreindre les migrations de travail à certaines professions quand les migrants admis selon d’autres modalités sont libres d’entrer sur le marché du travail sans aucune restriction et ne s’en privent pas.

Il est possible qu’un niveau de qualification détaillé rende mieux compte des pénuries, mais la faible résolution des systèmes de données, d’une part, et la propension des employeurs à adapter les descriptions de postes, d’autre part, impliquent qu’une identification précise des pénuries de main-d’œuvre affectant réellement le marché du travail, qui permettrait de définir des critères de restriction des recrutements, pourrait être tout à fait hors de portée.

On assurerait probablement une meilleure protection des travailleurs autochtones en demandant (et en vérifiant) que les salaires et conditions de travail des immigrés soient bien conformes aux normes nationales, comme c’est déjà (ou devrait être) le cas pour ceux recrutés dans le pays. Reste encore à déterminer comment cela pourrait être mis en œuvre dans la pratique. En Suède, les offres d’emploi sont vérifiées par les syndicats, qui peuvent émettre un avis non contraignant sur les salaires et les conditions de travail spécifiées. Aucune vérification du contrat effectivement signé n’est toutefois effectuée, il n’y a donc pas de garantie que le salaire et les conditions de travail réels correspondent à ceux indiqués sur l’offre d’emploi. Mais une vérification peut être menée au moment du renouvellement du permis de travail, et les sanctions sont suffisamment lourdes pour être dissuasives en cas d’abus. Dans tous les cas, les travailleurs hautement qualifiés sont généralement mieux placés pour défendre leurs droits que les moins qualifiés ; ainsi, un permis autorisant les travailleurs à changer d’emploi permettrait de limiter les abus.

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Contrôler les effectifs Si l’octroi de permis de travail pour les emplois qualifiés n’est pas conditionné aux

besoins apparents du marché du travail, qu’est-ce qui permet de garantir que les employeurs ne recruteront pas de préférence à l’étranger plutôt que d’embaucher sur le marché national, et que le nombre d’immigrés n’explosera pas ?

Comme nous l’avons fait remarquer plus haut, lorsqu’il existe une liste de professions en situation de pénurie, le recrutement est parfois autorisé dans des professions ne figurant pas sur la liste, qui sont alors soumises à un examen du marché du travail. Toutefois, dans tous les pays sans exception, le nombre de demandes de permis de travail rejetées ne représente qu’une partie du nombre total de permis de travail demandés (rapport de l’OCDE sur la Suède), les « besoins du marché du travail » étant seulement l’un des motifs de rejet possibles. En d’autres termes, le nombre de demandes n’est pas beaucoup plus important que le nombre de permis accordés. Peut-être que l’exigence d’un examen du marché du travail décourage les candidats, et que les chiffres seraient beaucoup plus élevés en son absence. Le régime migratoire suédois, qui exige simplement que l’offre d’emploi respecte les salaires et les conditions de travail en vigueur en Suède, montre que le recrutement à l’étranger ne connaît pas nécessairement une forte expansion lorsqu’il est soumis à ces conditions.

Le visa H1B des États-Unis est un autre exemple particulièrement instructif, qui bien que plus bureaucratique, rappelle dans une certaine mesure le système suédois, mais concerne uniquement les emplois hautement qualifiés. La première étape est l’acquisition par l’employeur d’une certification. Pour obtenir cette certification, l’employeur doit confirmer les points suivants :

1. Salaires : les non-immigrés recevront au minimum le salaire en vigueur localement ou le salaire effectif versé par l’employeur à tous les autres salariés exerçant les mêmes fonctions et possédant la même expérience de travail, et le temps non productif sera rémunéré. Les non-immigrés bénéficieront des mêmes avantages que les travailleurs autochtones.

2. Conditions de travail : l’emploi de non-immigrés n’aura pas d’effet préjudiciable sur les conditions de travail des travailleurs occupant des emplois similaires.

3. Grève, lockout ou arrêt de travail : le poste concerné ne fait pas d’objet d’une grève, d’un lockout ou d’un arrêt de travail.

4. Avis d’information : les syndicats ou les employés ont été informés du recrutement de travailleurs H1B à ce poste. Une copie de cet avis d’information sera fournie à chaque travailleur non-immigré employé dans ce cadre.

Dans la pratique, ces conditions sont en fait très similaires à l’exigence de la Suède en matière de salaires et de conditions de travail, et obligent à informer un syndicat ou les travailleurs présents sur le lieu de travail. Ces dernières années, on a décompté six à huit fois plus de postes certifiés que de visas H1B disponibles, ce qui suggère un fort potentiel d’immigration hautement qualifiée si le quota de 85 000 devait être levé. En effet, avant la grande récession, tous les visas étaient attribués dans la semaine suivant leur mise à disposition. Toutefois, au cours des dernières années, plusieurs mois ont été nécessaires (jusqu’à sept mois en 2011) pour attribuer tous les visas, malgré le nombre élevé de certifications. Les employeurs demandant une certification ne semblent pas

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déposer systématiquement une demande de recrutement officielle par la suite, sinon l’attribution de l’ensemble des visas ne prendrait jamais sept mois. Il semble qu’ils utilisent la procédure de certification pour se prémunir. Comme nous l’avons fait remarquer plus haut, au début de la décennie 2000-10, lorsque le quota était beaucoup plus élevé (195 000), cette limite n’a jamais été atteinte. Le nombre de visas H1B accordés était de 161 000/118 000/107 000, respectivement en 2001, 2002 et 2003, lorsque le quota était à ce niveau.

En bref, même lorsque les conditions d’immigration semblent plutôt libérales et qu’un marché du travail flexible est perçu comme attractif par les immigrés potentiels, la demande reste limitée lorsque les employeurs doivent respecter les conditions de travail et les salaires locaux. Toutefois, une certaine vérification des salaires et des conditions de travail est sans doute encore nécessaire, pour garantir que les employeurs respectent leurs engagements.

Enfin, si la notion de besoins du marché du travail semble avoir une valeur discutable en tant que critère de limitation des migrations de travail lorsqu’aucun critère de cette sorte ne s’applique aux immigrés entrant sous un autre statut, parmi lesquels on compte un plus grand nombre d’immigrés hautement qualifiés, elle peut néanmoins rassurer l’opinion publique en démontrant que les mouvements de main-d’œuvre immigrée sont régulés et sous contrôle.

Étudiants internationaux Comme nous l’avons vu, les étudiants internationaux sont une catégorie

d’immigrés affichant des taux d’emploi relativement élevés et des taux de déclassement faibles lors de leur entrée sur le marché du travail, à la fin de leurs études. La plupart des pays ont déjà mis en œuvre des mesures visant à faciliter la recherche d’emploi des étudiants internationaux. Ceux qui trouvent un emploi, qui doit généralement être dans un domaine compatible avec les études suivies, peuvent rester. Le taux de rétention de ce groupe de migrants est estimé à 37 % environ huit à dix ans après leur arrivée en Europe du Nord et de l’Ouest. Il faudrait améliorer ce taux, et à cette fin, un nouvel assouplissement des règles de séjour devrait être envisagé.

À noter tout d’abord que la surqualification et les divergences entre le domaine étudié et l’emploi occupé ne sont pas inhabituelles, même parmi les personnes nées et ayant suivi toute leur scolarité dans le pays. Ainsi, pour les étudiants internationaux titulaires de diplômes nationaux, une certaine flexibilité pourrait être de mise, sans nécessité absolue de trouver du travail dans un domaine conforme à leurs qualifications.

Le fait que la plupart des étudiants internationaux s’inscrivent dans des cursus en langue anglaise, qui ne les préparent pas à l’entrée sur le marché du travail national, sauf dans les entreprises où l’anglais est une langue de travail, pourrait constituer un handicap. Ils apprendront certainement quelques rudiments de langue du fait de leur séjour dans le pays, mais cela pourrait s’avérer insuffisant pour leur permettre de travailler à leur niveau de compétence dans le domaine choisi.

Un certain nombre d’interventions des pouvoirs publics pourraient être envisagées. Le choix de la République tchèque d’instaurer des droits de scolarité pour les cursus de langue anglaise, mais d’accorder un traitement national (c’est-à-dire pas ou peu de droits de scolarité) aux étudiants suivant un cursus dans la langue du pays, est une option possible. La récente expérience du Danemark, qui a instauré des droits de

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scolarité pour les étudiants internationaux, suggère que les baisses d’inscriptions consécutives à ces mesures sont seulement temporaires ; les inscriptions d’étudiants internationaux au Danemark sont revenues à leur niveau antérieur en l’espace de deux ans.

Étudier dans la langue nationale suppose une certaine connaissance préalable de la langue, qui dans de nombreux cas n’existe pas forcément avant l’inscription. Il faudrait que les pouvoirs publics subventionnent l’apprentissage de la langue par les étudiants internationaux avant leur entrée officielle dans l’enseignement supérieur, comme le font actuellement la République tchèque et le Japon. L’apprentissage de la plupart des langues européennes, qui sont très peu parlées en dehors des frontières nationales, constitue un investissement important dans le capital humain pour les étudiants internationaux. Il est donc nécessaire de prendre des mesures pour inciter ces étudiants à s’engager dans cette voie. Les droits de scolarité faibles ou nuls mentionnés plus haut sont une solution envisageable. L’octroi d’un droit de séjour permanent aux étudiants internationaux dont la maîtrise de la langue dépasse un certain seuil en est une autre. On ne pourrait guère dresser de portrait plus idéal d’un candidat à l’immigration permanente que celui d’un étudiant international titulaire d’un diplôme national, maîtrisant bien la langue, et ayant une certaine connaissance du marché du travail national et des pratiques professionnelles, acquise dans le cadre d’un emploi étudiant, et il n’y aurait alors pas vraiment de raisons de ne pas lui accorder un droit de séjour permanent, sans autre exigence – ce qui constitue une incitation majeure pour ce type de candidats.

Recrutements dans le pays Nous avons vu plus haut que les migrants de travail arrivant sans emploi dans le

pays tendent à afficher des taux d’emploi et de déclassés élevés, qui bien que supérieurs à ceux des autres migrants de travail, sont très inférieurs à ceux des immigrés arrivant pour d’autres raisons. Nous avons également vu que le recrutement à l’étranger tend à demeurer relativement rare, et que les plupart des immigrés embauchés à des postes hautement qualifiés sont recrutés dans le pays.

Ces résultats encouragent le recrutement national de personnes hautement qualifiées présentes dans le pays pour des raisons autres que des études internationales, comme un travail temporaire, des programmes d’échanges, un séjour touristique ou un voyage d’affaires, etc. Cela règle également le problème tenant au fait que le seul mode de recrutement connu par la plupart des employeurs est le recrutement sur le marché du travail national, où ils peuvent s’entretenir directement avec les candidats potentiels.

Pour contrôler le volume des entrées, des restrictions sont nécessaires. Il semble raisonnable par exemple d’appliquer des critères similaires à ceux évoqués ci-dessus pour les étudiants internationaux achevant leurs études. Les demandeurs d’emploi qui trouvent un poste conforme à leurs qualifications devraient obtenir le droit de rester. En général, on pourrait s’attendre à ce que les employeurs accordent leur préférence à un candidat national ayant acquis ses qualifications dans le pays, maîtrisant la langue et ayant une bonne connaissance des pratiques et procédures professionnelles, si bien que l’embauche d’un candidat immigré devrait en principe répondre à un véritable besoin.

Pour la plupart des pays européens, il va devenir véritablement problématique de trouver des candidats ayant de bonnes compétences linguistiques ; il est donc nécessaire de mettre en place des incitations solides afin de constituer un vivier de candidats dotés des compétences linguistiques nécessaires. Les personnes très

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qualifiées devraient être encouragées à suivre des cours de langues dans le pays, avec des débouchés clairs (voir ci-dessous) pour ceux qui atteignent un certain seuil de compétence, qui doit être suffisamment élevé pour les rendre intéressants aux yeux des employeurs. Ces cours de langue devraient être financés par les pouvoirs publics, et les candidats encouragés à apprendre les rudiments de la langue avant leur arrivée afin d’accélérer leur apprentissage une fois sur place.

Les personnes atteignant un excellent niveau de maîtrise pourraient obtenir un droit de séjour permanent sans autre qualification. Pour les personnes avec un niveau de maîtrise inférieur, le séjour pourrait être conditionné à l’obtention d’un emploi dans un délai raisonnable, ne correspondant pas forcément à leur niveau nominal de qualification. Une formation parallèle par des employeurs potentiels pourrait être utile pour préparer les candidats à d’éventuels emplois. Pour les inciter à rester, on pourrait envisager de faciliter l’accès à court terme au statut de résident permanent.

11.13. Conclusion

Le module ad hoc de 2008 sur les immigrés de l’Enquête européenne sur les forces de travail s’est avéré être une source d’informations inestimable sur les migrations de travail. Il a démontré, entre autres, que seule une petite fraction d’immigrés sont effectivement recrutés à l’étranger en tant que migrants de travail ; que les emplois hautement qualifiés sont beaucoup plus nombreux à être pourvus par des immigrés recrutés dans le pays que par des immigrés recrutés à l’étranger, ce qui est vrai pour tous les emplois hautement qualifiés sans exception ; que les immigrés obtenant les résultats les plus favorables sur le marché du travail tendent à rester moins longtemps ; et qu’au bout de cinq ans, la moitié des travailleurs hautement qualifiés n’occupent plus les emplois pour lesquels ils avaient initialement été recrutés.

Ces résultats ont un certain nombre de conséquences en ce qui concerne le recrutement de travailleurs hautement qualifiés. Ils suggèrent, tout d’abord, que les listes de professions en situation de pénurie et les examens du marché du travail ne sont pas forcément des outils très pertinents pour réguler les flux en fonction des besoins, essentiellement parce que les postes hautement qualifiés sont davantage pourvus par des immigrés entrés sur le marché du travail selon d’autres modalités. Il est préférable d’assurer la protection des travailleurs autochtones en garantissant que la rémunération et les conditions de travail des immigrés occupant un premier emploi sont conformes aux normes nationales. Les régimes migratoires actuellement en vigueur dans un certain nombre de pays suggèrent qu’avec l’instauration de telles exigences, la demande d’immigrés hautement qualifiés aura, dans une large mesure, de grandes chances de s’autoréguler.

Pour garantir une meilleure rétention, encourager les immigrés à venir avec leurs familles et inciter les candidats potentiels à apprendre la langue nationale, il faudra mettre en place des incitations beaucoup plus fortes que celles actuellement en vigueur. À cette fin, le droit de séjour permanent à l’entrée semble être une option idéale. Mais il ne faudrait pas l’accorder indifféremment. Les candidats les plus susceptibles de l’obtenir seraient des immigrés recrutés à des postes hautement qualifiés, des étudiants internationaux achevant leurs études dans le pays et possédant une bonne maîtrise de la langue, et des personnes hautement qualifiées ayant acquis une bonne maîtrise de la langue. Plus généralement, la capacité à obtenir un bon emploi et à montrer une excellente maîtrise de la langue devrait être bien mieux récompensée que ce n’est le cas dans la plupart des pays.

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Il semble que la faiblesse des migrations de main-d’œuvre hautement qualifiée dans la plupart des pays européens ait moins à voir avec la faible attractivité de ces pays qu’avec le fait que les employeurs ne recrutent pas beaucoup à l’étranger. En effet, le manque de candidats idoines peut pousser les employeurs à adopter des stratégies autres que le recrutement à l’étranger, surtout s’ils ont peu d’expérience en la matière. Cela peut conduire à une situation dans laquelle le niveau de recrutement peut être sous-optimal sur le plan macroéconomique. Les pouvoirs publics devront favoriser le recrutement des personnes déjà présentes dans le pays pour d’autres raisons, qu’il s’agisse d’études internationales, d’un travail temporaire, de programmes d’échange, voire d’un séjour touristique ou d’un voyage d’affaires.

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Notes

1. Dans certains pays, l’échantillon de l’enquête sur les forces de travail est établi à partir du registre de population, et l’inscription à ce registre est soumise à la détention d’un titre de séjour valide. Dans ces pays, l’échantillon ne contient pas, en principe, d’immigrés en situation irrégulière.

2. Les pays concernés sont l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, Chypre (voir note 3), l’Espagne, la France, la Grèce, l’Irlande, l’Italie, la Lituanie, le Luxembourg, le Portugal, le Royaume-Uni et la Suède.

3. Note de la Turquie : les informations contenues dans le présent document à propos de « Chypre » concernent la partie méridionale de l’île. Il n’existe aucune autorité unique représentant à la fois les Chypriotes turcs et les Chypriotes grecs de l’île. La Turquie reconnaît la République turque de Chypre du Nord (RTCN). Tant qu’une solution durable et équitable n’aura pas été trouvée sous l’égide des Nations unies, la Turquie maintiendra sa position sur la « question chypriote ».

Note de tous les États membres de l’Union européenne qui sont membres de l’OCDE et de la Commission européenne : la République de Chypre est reconnue par tous les membres de l’Organisation des Nations unies, à l’exception de la Turquie. Les informations contenues dans la présente note se rapportent au territoire sous le contrôle effectif du Gouvernement de la République de Chypre.

4. Il existe un certain nombre de différences en ce qui concerne la population prise en compte, en raison desquelles on pourrait s’attendre à des différences plus importantes que celles observées. Les données du module excluent les personnes âgées de moins 15 ans et de plus de 75 ans. En outre, les données de l’enquête sur les forces de travail sont connues pour sous-estimer le nombre d’immigrés arrivés récemment. Enfin, les données relatives aux permis tiennent compte des changements de statut, c’est-à-dire des personnes entrées sur le territoire avec un statut de résident temporaire, comme les étudiants internationaux, et qui ont obtenu par la suite le statut de résident permanent.

5. Si cette mesure était effectuée peu de temps après l’arrivée, les taux d’emploi seraient en principe proches de 100 % ; les mesures effectuées ici rendent compte de la situation professionnelle des personnes totalisant jusqu’à dix années de résidence. De nombreuses personnes ayant déjà un emploi à l’arrivée peuvent avoir perdu ou quitté cet emploi par la suite ; la mesure présentée ici est une moyenne effectuée sur les dix premières années de résidence.

6. Selon l’enquête « Besoins en Main-d’œuvre », 35 % des employeurs choisiraient de former les salariés existants, 61 % de former des personnes recrutées à l’extérieur de l’entreprise et 34 % de reporter l’embauche.

7. Il est frappant de constater l’absence d’inflation significative des salaires ou d’autres signes évidents de pénurie de main-d’œuvre avant l’élargissement de l’UE dans les pays (Irlande et Royaume-Uni) ayant constaté un accroissement significatif des flux d’entrée de travailleurs originaires de l’UE après 2004. Toutefois, de nombreux travailleurs originaires des nouveaux États membres se

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11. LES MIGRATIONS EN EUROPE : VUE D’ENSEMBLE DES RÉSULTATS DU MODULE 2008 – 419

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

sont déployés à travers l’Irlande et le Royaume-Uni et ont été en mesure de trouver un emploi, la plupart au prix d’un déclassement, mais en étant perçus comme une source bienvenue de main-d’œuvre productive. En d’autres termes, les recrutements ont eu lieu parce qu’une offre de main-d’œuvre facilement exploitable est arrivée sur le marché du travail, et que les employeurs ont vu une opportunité d’en tirer profit.

8. Il serait instructif de savoir si les personnes parlant couramment la langue du pays mais arrivant sans emploi réussissent mieux que celles ne parlant pas ou peu la langue. Cela semble très probable.

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420 –11. LES MIGRATIONS EN EUROPE : VUE D’ENSEMBLE DES RÉSULTATS DU MODULE 2008

GÉRER LES MIGRATIONS ÉCONOMIQUES POUR MIEUX RÉPONDRE AUX BESOINS DU MARCHÉ DU TRAVAIL © OCDE/UNION EUROPÉENNE 2014

Références

OCDE (2013), Perspectives des migrations internationales 2013, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/migr_outlook-2013-fr.

OCDE (2012), Untapped Skills: Realising the Potential of Immigrant Students, PISA, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/9789264172470-en.

OCDE (2007), Jobs for Immigrants (Vol. 1): Labour Market Integration in Australia, Denmark, Germany and Sweden, Éditions OCDE, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/9789264033603-en.

Pälermo, L., A. Delgado et E. Kersten (2012), « Strategy for Increased Information Efforts on Labour Immigration from Third Countries: Appendix », Employment Service, Swedish Migration Board and Swedish Institute, Stockholm.

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ORGANISATION DE COOPÉRATIONET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES

L’OCDE est un forum unique en son genre où les gouvernements œuvrent ensemble pour relever les défis

économiques, sociaux et environnementaux liés à la mondialisation. À l’avant-garde des efforts engagés pour

comprendre les évolutions du monde actuel et les préoccupations qu’elles suscitent, l’OCDE aide les

gouvernements à y faire face en menant une réflexion sur des thèmes tels que le gouvernement d’entreprise,

l’économie de l’information et la problématique du vieillissement démographique. L’Organisation offre aux

gouvernements un cadre leur permettant de confronter leurs expériences en matière d’action publique, de

chercher des réponses à des problèmes communs, de recenser les bonnes pratiques et de travailler à la

coordination des politiques nationales et internationales.

Les pays membres de l’OCDE sont : l’Allemagne, l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Canada, le Chili,

la Corée, le Danemark, l’Espagne, l’Estonie, les États-Unis, la Finlande, la France, la Grèce, la Hongrie,

l’Irlande, l’Islande, Israël, l’Italie, le Japon, le Luxembourg, le Mexique, la Norvège, la Nouvelle-Zélande,

les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la République slovaque, la République tchèque, le Royaume-Uni,

la Slovénie, la Suède, la Suisse et la Turquie. L’Union européenne participe aux travaux de l’OCDE.

Les Éditions OCDE assurent une large diffusion aux travaux de l’Organisation. Ces derniers

comprennent les résultats de l’activité de collecte de statistiques, les travaux de recherche menés sur des

questions économiques, sociales et environnementales, ainsi que les conventions, les principes directeurs

et les modèles développés par les pays membres.

ÉDITIONS OCDE, 2, rue André-Pascal, 75775 PARIS CEDEX 16

(81 2014 14 2 P) ISBN 978-92-64-21700-3 – 2014-01

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Veuillez consulter cet ouvrage en ligne : http://dx.doi.org/10.1787/9789264217027-fr.

Cet ouvrage est publié sur OECD iLibrary, la bibliothèque en ligne de l’OCDE, qui regroupe tous les livres, périodiques et bases de données statistiques de l’Organisation. Rendez-vous sur le site www.oecd-ilibrary.org pour plus d’informations.

Gérer les migrations économiques pour mieux répondre aux besoins du marché du travailSommaire

Éditorial : Un défi à relever

Résumé

Chapitre 1. Tendances démographiques, besoins du marché du travail et migrations par François Héran

Chapitre 2. L’évolution démographique et l’avenir de la main-d’œuvre dans l’UE27, dans d’autres pays de l’OCDE et dans certaines grandes économies émergentes par Jason Gagnon

Chapitre 3. Compétences actuelles et futures de la main-d’œuvre : démographie du niveau d’instruction et rôle de l’immigration par Josep Mestres

Chapitre 4. Évolution de la structure des professions et utilisation des compétences des personnes nées dans le pays ou immigrées : analyse démographique par Georges Lemaître

Chapitre 5. Mesure, utilisation et rendement des compétences des immigrés : revue de la littérature par Ana Damas de Matos

Chapitre 6. Les qualifications des immigrés et leur valeur sur le marché du travail : comparaison entre l’Europe et les États-Unis par Ana Damas de Matos et Thomas Liebig

Chapitre 7. La transférabilité internationale du capital humain des immigrés : l’expérience du Canada par Arthur Sweetman

Chapitre 8. Compétences des migrants : utilisation et inadéquation des compétences et performances sur le marché du travail. Une première exploitation des données issues de l’évaluation des compétences des adultes (PIAAC) par Sara Bonfanti et Theodora Xenogiani

Chapitre 9. Les déséquilibres du marché du travail prévus en Europe : défis à relever pour atteindre les objectifs d’Europe 2020 relatifs à l’emploi par l’équipe analyse des compétences du Cedefop, sous la supervision de Pascaline Descy

Chapitre 10. Pénuries de main-d’œuvre : les concepts fondamentaux et leur rôle dans la politique migratoire des États-Unis par Burt S. Barnow

Chapitre 11. Les migrations en Europe : vue d’ensemble des résultats du module 2008 et implications pour les migrations de travail par Georges Lemaître

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81 2014 14 2 P