gregory - l'eschatologie de jean scot
TRANSCRIPT
-
7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot
1/16
;.1/oques lnlernalinnaux du C.N.R.S.
N
561. - JEA:S ScoT
I :RIGE:SE ET
L'HISTOIRE
DE
LA
PHILOSOPHIE
L'ESCHATOLOGIE DE JEAN SCOT
PAR
TULL O GREGORY
En
afTrontant le probleme du
reditus
-
dans
le
domaine duque se pose celui de
Jean
Scot souligne fortement
les
diflicults et l'originalit
i l
manque un systeme doctrinal auquel
se
rfrer
et
les Peres en ont parl sparsim, meme s'ils l'ont fait frequenter mais
de
plus
et
opposes ; dans ces
tions c'est a a ratio d'avancer dans la theoria, en comptant sur l'aide de la grAce divine,
a
travers les
goufTres
profonds
de
l'ocan divin
(
abditis divini oceani
) la
contemplation de la vrit
1
Ce prambule d'rigime
n'est
pas rhtorique :
a l'laboration originale d'une doctrine qui non
onnant une direction et une
fin,
mais qui
se
prsente
mme 'ultime tentative pour reproposer de
fagon
organique les doctrines eschatologiques
- ou refuses - dans la tradition latine
Dans le schma dialectique d'l ;rigene, au reditus correspond, comme on le sait - l 'ana
c i v A u m t ~ ) qui
ab individuis sursum versus incipiens
,
reparcourant les moments
8 L o t L p e - r L K ~
per eosdem gradus, quibus illa descendit, ascendens, cumvolvit
et
a
ravers le processus analytique, l'intelligence
partant
de la
varit sacre
in
altitudinem supernae deificationis reducitur
3
; aux
degrs
analytiques
dibus analyticis)
correspondent les tapes
de
la
theoria lheoriae
gressibus ),
le long
d'un
qui de la
dissimilitudo,
de l'tat de scission et
de
multiplicit ou
se
trouve l'homme
in unitatem creatoris.
l\Ieme si la terminologie d'rigene
se
ressent,
a
travers l'influence du Pseudo-Denys,
tique no-platonicienne
et
proclienne du retour a 'Un, le processus d'unification
ise dessine dans les tapes successives du reditus
ne
se rduit pas chez Scot aune fui te du
, meme lorsqu'il
se
prsente comme un processus anagogique de purification
de simplificaton intellectuelle : le sens vivant
de
l'unit relle du genre humain dont
tout
le
reditus
une
et
une dimension qui dpassent les individus
et
mettent au premier plan le
(1) De divisione nalurae, IV,
2,
P.L. 122,
744
AB.
-
7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot
2/16
378
TULLIO
GREGO lY
probleme du salut de la totalit du genre humain et, avec lui, de la cration ; le
retour
n'est pas une fuite solitaire du monde, mais une croissance
dont
tous participent dans
l'conomie trinitaire in pleniludinem aelalis Chrisli, qui se ralise dans l'histoirc
et
se
consomme avec la
fin
de cclle-cjl.
C'est ainsi que la
lheoria
du
redilus
se prsente comme une eschatologie, se maintenan
toujours dans un quilibre difficile entre une exprience
de
pense dans laquelle la
structure
intelligible
de
la relation des natures sous-tend toute l'interprtation de l'histoire sainte
et ou la recherche des
inlelligibilia
semble parfois
se
placer le long d'une dialectique
ascendante, trop loigne de la lettre pour etre encore une interprtation de l'histoire sainte
et non tout simplement la contemplation d'un monde intelligible intemporel. On sai
comment se place, dans le sens d'une telle dialectique ascendante, la forte influence du
Pseudo-Denys2 : mais justement
il
est significatif que, tandis que dans les Exposiliones
super hierarchiam caeleslem l'accent est mis sur la reduclio comme processus de purification
et
de
simplification intellectuelle - qui, soutenu par l'illumination divine distribue
hirarchiquement, remonte selon
un
processus anagogique
3
, per ea quae sensibus succum
bunt in ea quae intellectu solo considerantur et
per symbola figurata in simplam caelestium
virtutum
excelsitudinem
- dans le livre V du De divisione nalurae au contraire tout le
discours d'rigene sur le
redilus
utilise peu le Pseudo-Denys et beaucoup plus les Peres
sur tout grecs - Origene, Grgoire de Nysse, i\Iaxime le Confesseur - et derriere eux
Ambroise : il en assume non seulement quelques-uns des enseignements fondamentaux
relatifs a la cration de l'homme, a l'incarnation, a la libration finale du mal, mais aussi
les canons d'interprtation spirituelle de l'criture qui permettaient de saisir, dans le jeu
des correspondances typiques, allgoriques, mystiques, le droulement progressif de
l'histoire sainte du dbut a la
fin
des temps. ConformiJ].ent a cette
t radit ion-
qui continue
a
ravers
tout le
) oyen Age la lecture spirituelle ou anagogique de la ralit sensible e
de l'criture
ne se
rsout pas dans une simple
reductio
au cosmos intelligible, mais
apparai
comme la recherche des ralits futures qui orientent toute l'histoire sainte
6
, qui a commenc
avec la dispersion temporelle, en rapport avec la condition
de
l'homme pcheur, et es
destine a
se
terminer quand mundus ille intelligibilis in Christo implebitur
6
Ailagogie
et
eschatologie sont troitement lies, le processus
de
rduction intelligible enveloppe toute
la ralit, le retour a
'Un,
a travers le Christ, s'effectue dans la Jrusalem cleste.
La doctrine de
l'unit
de la
nature
humaine occupe une place centrale dans l'escha
tologie d'rigene, car elle en oriente
et
en conditionne toutes les solutions : ralit
universelle et concrete
7
, la natura humana- humanitas (&v6pwmvov, v 6 p ( i ) 7 t 6 n ~ ) ou plenitudo
(1) cr
Expositiones,
1, 2, P.L. 122, 136 A. Le theme est paulinien,
Eph.,
4, 12-13: ... in aedificationem corporis
Christi donec occurramus omnes in unitatem fidei et agnitionis Filii Dei in virum perfectum in mensuram aetatis
plenitudinis Christi \cf. p. 390
n.
3) :cf. H DE
Lt:BAC, Catholicisme. Les aspects sociauxdu dogme,
Pars 1952', pp. 3 ss
(2) cr. H. DE
Lt:BAC, Exgese mdiuale. Les qua/re
sens
de l crilure,
l, 1, pp. 621
SS.;
M.-D.
CHENU, La
lhlo/ogie au XII siecle, Pars 1957, pp. 133, 186-87.
(3)
Exposiliones,
1, P.L. 122, 132 D : ... per anagogen, hoc est per ascensionem men ts
in
divina mysteria
contemplabimur .. ; cf. col. 135
BC;
1 , 5, col. 172 C.
Sur
la rduction intelligible rignienne, cf. les fines analyses
de
R. ROQUES, Remarques sur la signiflcation de Jean Seo/ rigene,
Roma 1967 (tir
a part de
Divinitas '
XI,
1968
pp. 245-329), pp. 65-66, pp. 69-73 ; el, pour la so urce dionysienne,
L
L"nivers
dionysien. Slruclure hirarchique du monde
seton
le
Pseudo-Denys,
Pars 1954, pp. 107 ss. 117 ss.
4} Expositiones, 1, 3, P L 122, 142 A.
(5; H. DE LUBAC
.op. cit.,
I, 2, p. 6 3 0 ~ 3 1 .
(6) De du. nal.,
\", 38, P.L. 122, IOOi AB.
i)
De
diu
naf.
Y, 31, P.L. 1 ' 2 ~ , 941 D humanitatem ... unam quandnm simplicem, inseparabilemque,
parli
tione in se ipsa carentem .. t; cr. 942 BC : Est igitur hnmanitas simplex quaedam, et in rationibus suis
in
infinitum
multiplex creatura .. illa tola ubique in seipsa es
t. ..
Cf. Grgoire de Xysse,
De hominis opiflcio, xvr
(P.
G.
44, 177 D-
185
D.
; trad.
Jean
Scot, d. CAPPUYNS
(Le De imagine de Grgoire de .Vysse,
dans Recherches de thologie ancienne
et mdivale , XXXII, ~ 0 5 - 2 6 2 , chap. xvn,
pp.
232-236. Cf. T. GREGORY,
Giouanni Scoto Eriugena,
Firenze 1963
-
7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot
3/16
L'ESCHATOLOGIE DE
JEA:-
SCOT
379
(7tAf.?(i).t:x)
humanilalis - a t cre
(prima
condilio) par Die u ad imaginem suam
1
,
in
paradiso ; de l'unit de l'image du Dieu un, elle est tombe dans la multiplicit
a
cause du
pch : a la scission de la nature humaine correspond la cration du corps matriel sexu
et
de tout l'univers sensible
2
; c'est la la
secunda condilio
qui
ex
divisione
naturae
in duplicem
sexum poena praevaricationis superaddita exordium sumpsita
.
La doctrine de la
double
cration de l'homme - avec la distinction de l'tat naturel de l'humanit au paradis et
l'tat de l'homme extra naluram dans le multiple- oriente la perspectivc eschatologique :
si le pch marque une scission radica
le
de l'unit de la
nature
humaine (a simplici natura
ad sexuum divisionem
)'
et
a provoqu la chute de l'ternel a u temporel
6,
de 'incorruptible
a u corruptible,
le
reditus devra avoir comme terme la reconstruction du
plrome
intel
ligible dchir, avec le retour des hommes a l'unit de l humanitas, inler causas primordiales,
in paradiso : processus inverse de celui de la chute, mais qui se droule dans l'histoire,
c'est-a-dire dans les conditions temporelles qui sont la consquence du pch
6
, transitoires
mais ncessaires pour l'homme pcheur qui, dsormais, ne peut remonter a la ralit
intelligible qu'a travers les figures sensibles (criture
et
nature).
Ainsi le redilus semble se prsenter pour l'homme comme le retour nostalgique aune
condition dnique initiale, et
il
serait te si la double cration indiquait deux moments
distincts et successifs. i\Iais la distinction entre une premiere et une seconde cration, entre
un
avant
et un apres
le
pch, n'est lie qu'au caractere limit de notre pense, enferme
dans une dimension temporelle,
et
qui justement pour cela ne
peut
se
rfrer a l'action de
Dieu, intemporelle, sans un avant et un ensuite
7
:
en ralit la naissance de l'homme
in
ordine temporum est ternelle
et
simultane a a premiere cration
8
, et l'humanit dans son
unit
et
son intgrit n'a jamais connu une existence historique (l'histoire - comme
dispersion dans la multiplicit - est consquence du pch), mais a sa
prexistence
intentionnelle dans la pense divine
9
;
l'homme n'a done jamais t in paradiso
nullo
temporali spatio primos homines fuisse in paradiso )
10
, mais s'est tout de suite plac extra
naluram, plong des les origines dans le pch (hominem peccalo nunquam caruisse)
S'il
avait vraiment t au paradis, meme pendant une priode tres breve, il n'aurait pas pu
pcher juste au moment ou il jouissait in conlemplalione aelernae pacis ;
et
le dmon, dja
pp. 20-21, 31-39, 44-46; mais
surtout,
R.
RoQuEs,
Remarques,
cit., p. 58
ss.;
J.
TaouiLLARD,
L unil humaine selon
Jean
Seo
rigene,
dans
L homme
el
son prochain,
Pars 1956, pp. 298-301; B.
STOCK, The philosophical anthropology
of Johannes Scotus Eriugena,
dans Studi medievali ,
VII
(1967', pp. 1-57, en partic. pp. 12 ss.
Pour
Grgoire
de Nysse, cf.
J.
DANILou,
Ptatonisme
el
lhologie mystique, Paris
1944, pp.
57-58; H voN BALTHASAR, Prsence
el
pense. Essai sur la Philosophie retigieuse de
Grgoire
de Nysse,
Pars, 1942, pp. 23, 58-59.
(1) De diu. nal.,
IV, 5,
P.L.
122, 759
AB;
V, 26, col. 922
AC;
V, 31, col. 942 BC; V, 35, col. 953
AB;
957 C.
Cf.
H DE Lt:aAc,
Catholicisme,
pp. 8-9.
2:
Dt diu. nat., 11,
12,
P.L. 12 2,
540 A.
\3.' De diu. nat.,
IV, 17,
P.L.
122, 833 C-834
A.
(4)
De
diu. nal., 11, 12, P.L. 122, 540 A.
Pour
la doctrine de la division des sexes
et
ses sources (Grgoire de Nysse,
De hom. opiflcio,
16 et 17,
P.G.
44, 177 D-192 A;
trad.
Jean Scot, chap.17 et 18, d. Cappuyns, pp. 232-237; Maxime,
Ambigua, P.G.
91, 1308 C-1309 B), el. T.
GREGORY, Giouanni Seo/o Eriugena,
pp.
31 ss.;
R. RoQUES,
Remarques,
pp. 60 ss.; F.
FLOERI,
Le sena de la division des sexes chez Grgoire de Nysse, dans Revue des sciences religieuses '
XXVII
(1953}, pp. 105-111 ;
~ 1 .
Ausi"EAu, dans Grgoire de Nysse,
Trait
de
la uirginil,
Pars 1966, pp. 159-160.
5;
Pour la distinction entre
tempora aeterna
et
lempora saecularia
tempora saecularia simul cum mundo orta
et coorta esse , De div. nat.,
V 17, P L 122,
888
C ,
cf.
~ l .
C R t S T I A ~ r ,
Lo spazio
e
illempo
nell oper_a dell Eriugena, dans
Studi medie,ali ,
XIV
(1973), pp. 39-132, en partic., pp. 116 ss.
(6)
cr. De
di
u.
na
t., 11, 17, P.L. 122, 540 A-C.
;;;
De diu. nat.,
IV,
14, P.L.
122, 808
AB;
cf. R.
RoQUES
:
ii
ne
s'agit
pas
ici de
deux
crations successivcs
ou spares, mais d'une disjonction interne
a
a
nature
humaine
(Remarques,
p. 59).
(8; De diu. nat.,
IV, 12,
P.L.
122, 800 CD; R.
ROQUES, Remarques, pp.
60-61.
(9) Cf. DA:-
-
7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot
4/16
TULL O GREGORY
du p a r a d i ~ (a savoir de la
dignilas angelicae nalurae)
n'aurait pas pu avoir de place
ten ter et vamcre l'homme fait
a
l'image de
Die
u
1
Le paradis n'est done pas un lieu o
u
~ o m m e n c s o ~ ~ x i s t e ~ c e
t ~ m p ~ r e l l e , mais un
tat
idal (et en mme temps
le
reel . est la conditlon meta-historique de la nature humaine dans son intarit
image
Die
u
2
Contre la tradition exgtique prdominante qui affirmait la rbalit
Jean Scot affirme, prudemment i l est vrai, que
ce
que l'cr1ture enseigne sur
l'tat
heureux de l'homme
in
paradiso
se rfre au
h ~ m a i n e si elle
pas pch :
.
Plus, ut arbitror, laus illa vitae hominis in paradiso referenda est ad futuram ejus
~ i t a m ,
si
permaneret, quam ad peractam, quae solummodo inchoaverat, nec unquam steterat. Nam
saltem vel parvo spatio stetisset, necessario ad aliquam perfectionem perveniret
'
La description de la Genese de l'homme in paradiso pose comme praelerilum
ce
qui est
: c'est-a-dir_e qu'elle n'indique pas un tat historique a 'origine du temps, un
pass, ma1s une ralit future dont
le
rcit biblique est une prfiguration et un
L'espr_ance
chrtienne, qui a toujours dcrit les temps messianiques
et
la vie future
les tra1ts du paradis de la Genese
6
,
ne s'enferme pas dans
l'attente d'un
pass perdu,
tend vers un
tat
idal
et
naturel mta-historique
qu
prsent dans la pense divine
de_ f a g o ~
l ~ t e n ~ e dans l'humanit disperse dans la multiplicit
et
la dissemblance,
t qm d01t s e reahser a la fin des
temps';
avec un renversement typique de toute une partie
platomsme des Pres, l'archtype, l'intelligible, n'a pas seulement son existence
les
causes, dans le Verbe, mais se propose, dans l'conomie du salut, comme une ralit
La tension ~ s c h a t o o ~ i q u e est done i n t r i n s ~ q u e a l'existence historique de l'homme et
et
le
cosmos sensible - vers sa
nature
authentique libre
~ tout ce q ~ i appartient la corporit et a la matrialit, a la temporalit et a rhistoire,
du peche, superadd1lum, extra naturam. C'est pourquoi
le
discours de Dieu a 'homme
du p a r ~ ~ i s prend t ? ~ t de suite un sens eschatologique, si l'on est capable de saisir
s p i ~ I t u e l l e ( s p m ~ u a l e s
inlelleclus) des lettres mystiques7.
Ce
n'est pas un hasard
C I ~ q u 1 m ~ h,vre, celm qm est o n s a c r au redilus, s'ouvre.sur les paroles de Dieu aprs
a1t
chasse l homme du parad1s :
N
une ergo ne forte m1ttat manum suam et sumat
et comedat, et vivat in aeternum '
C ~ ne
sont pas, note
Jean,
des paroles de condamnation; au contraire, elles indiquent
red lum nalurae humanae
in
suam anliquitatem
8
L'interprtation tourne autour de la
(1)
De div. nat., IV, 15,
P.L.
122, 811 CD .
. .
(2)
p ~ r a d _ i ~
dans
l'exgcse .rignienne
est
la nature
humaine
dans
son intgralit
spirituelle, cre ad imaginem
.'
Qmsqms dtltgenter praelatt Theologi verba perspexerit (apres une citation de Grgoire de Nysse, De hom.
1 9 - ~ 0 ; P.G. ~ 4 , 197 B-204 A, trad.Jean Scot, chap. 20-21, ed.
Cappuyns,
pp. 240-243), ni aliud, ut opinor,
quam humanam naturam ad imaginem Dei factam paradisi vocabulo figuratae locutionis
a divina
Scriptura
significari (De div. nat., IV, 16,
P.L.
122,822 A); el. ib., col. 829 BC, v: 2, P.L. 122, 863 AB.
dans itd.
JEAUNEAU,
Jean Scot, Homlie sur le prologue
de
Jean, Paris 1969, p. 219, n. 5.
(3) De div. nat., IV, 15,
P.L.
122, 809 B.
(4) Cl. De div. nat., IV, 18, P.L. 122, 833 BC; IV, 20, col. 837 A.
(5) Cl.
J.
D A N l ~ L O u , S a c r a m ~ n l u m futuri. ludes sur
les
origines de la typologie biblique,
Paris
1950, p. 5.
(6)
Cette
doctrme est
_essenttelle chez Grgoire
de
Nysse (De
hom. op.,
16,
P.
G.
44, 185
D;
22, col. 205 BD),
s o ~ eschatologte: el.
Hans
VON BALTHASAR, Prsence
el
pense, pp. 5253, 58-59;
J.
DANILOU, Plalonisme
pp. 58-59, 178-79; A. LuNEAU, L'hisloire du salut chez les Perll8
de
L'glise. La doctrine
des
dgll8
monde, Paris 1964, pp. 164 ss. en partic. 18185.
(7)
De
div. nat., V, 1, P.L. 122, 862 A.
(8)
De
div. nal., V, 1,
P.L.
122, 859 A; 861 A.
-
7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot
5/16
L'ESCHATOLOGIE DE JEA:-i SCOT
381
ne (ne mitlal,
etc. . . . ) qui ne doit pas tre. entendu dans un sens ngatif,
si
l'homme a la suite du pch ne pouvait plus gouter
le lignum vitae,
qui est
le
et
vivre ternellement. En ralit le discours du Seigneur, plein de palhos (quanla
veut justement ouvrir la voie a l'esprance:
Tanquam diceret: Non adeo de interitu hominis dolendum lapsuque ipsius de paradiso lugendum;
Forle ne milla manum suam,
hoc est, suae bonae
in virtutibus
studium extendat, quo possit de fructibus ligni vitae sumere, hoc est, Dei Verbi
donis,
et
comedat escam purae contemplationis, cujus
virtute
vivet in aeternum, nunquam
et unum in illo futurus '
La signification eschatologique du passage de la
Genese
merge, pour rigne, de tout
contexte, qui confirme l'identification du paradis avec la nature humaine, condition dans
uelle l'homme aurai t joui de la
naluralis felicitas ad quam possidendam faclus esl
3
qui est
futura.
La prsence du chrubin comme gardien
paradisum spirilualis nalurae esse : il
n'est pas possible en effet qu'une
d'un
lieu
(localem lerrenumque
alors que
par
rapport a la nature humaine le chrubin signifie la
mullitudo
et
la
fusio sapientiae'
a travers laquelle l'humanit -
aclione
el
scientia purgata,
exercitata
a la possibilit de
redire
in
prislinam felicilatem
6
Exgse
l'interprelalio nominis du chrubin ; mais si quis altius velil conspicere, d'apres
le
Verbe meme
sunt
thesauri scientiae sapientiaeque absconditi, semper sine ulla intermissione
ae obtutibus praesto est, eamque admonet, etpurgat,
et illuminat, donec ad
6
Quelle que soit l'interprtation que l'on
choisisse-
celle lie
a l'inlerprelalio nominis
a
une
allior inlelligenlia
la
signification du
texte
de la
Genese
est identique: l'expulsion
n'est pas une condamnation sans appel, mais exprime la volont de Dieu
de
ad suam perfeclionem
en lui ouvrant l'acces
lignum vitae,
c'est-a-dire a u Christ dont le caractere central dans
tout
le contexte apparait
symbolica nomina
employs ici
par
l'criture
7
.
Ainsi c'est au moment mme oil l'homme, recouvert de
lunicas pelliceas, a
savoir du
8
,
que s'ouvre la voie du reditus
:
ont
une
prophelica virlus,
qua manifestissime reditus humanae naturae
t
9
C'est justement paree
redilus s'accomplit avec le retour in prislinum stalum de la nature humaine, que
destin des individus est
tout
a
fait secondaire chez rigene
et
que les allusions a l'tat
Ames
post morlem
sont tres rares
10
; et
mme si dans l'exposition des moments du
reditus
(1)
De
diu. nal., V, 2, P.L. 122, 862
C.
(2)
De
diu. nat., V, 2, 862 D-863 A.
(3) De diu. nat., V, 2,
P.L.
122, 863 AB.
(4)
De
div. nat., V, 2, P.L. 122, 863 C-864 B; el. PsEuno-DENYS, Cae/. Hier., 7, P. G. 3, 205 B, d. R Roques,
Heil, )l. de Gandillac, Paris 1958, p. 105; el.
JEAN
ScoT, Exposiliones, d. Dondaine ( Archives d'hist. doctr. el
du
J\l.A. ' XVIII, 195051,-pp. 245-302), v, p.
279;
vu,
pp. 28485, 286; el. R.
RoQUES,
L'uniuers dionysien,
139-140.
8.
(5)
De
div. na .,
V,
2,
P.L.
122,864
B;
ct.
JEAUNEAV,
Jean
Scot,
Commenlaire sur l'vangile
de
Jean,
cit. , p. 112,
(6) De div. nal., V, 2, P.L. 122, 864 C.
(7)
De
diu. nal., V, 2, P.L. 122, 865 BC; cf. 864
C.
(8) cr H. Urs VON
BALTHASAR,
Lilurgie cosmique, Paris 1947, pp. 128-129.
(9)
De
diu. nat., V, 1, P.L. 122, 859 D.
-
7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot
6/16
T(.;LLIO GREGORY
premier indiqu
est
celui de la
mort
et de la dissolution du corps matrieP, tout le discours
autour
de la
resurreclio
de
'humana natura
quand, libre du corps corruptible, elle
a
son
tat naturel, in paradiso,
crature entierement spirituelle, une comme l'image
Dieu,
ota
simul
&, dont
le corps chang
-
7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot
7/16
L'ESCH.\TOLOGIE DE JEA:\
SCOT
perspective fondamentale de l'eschatologie d'rigime, suivant une ligne
de
pense qui,
de
Paul
a
Irne,
s'tait
dveloppe
a
travers toute
la
patristique grecque.
Le lien entre christologie et eschatologie fait
de
l'incarnation et de la rsurrection du
Christ la ralisation et la prfiguration des destines
de
l'homme et du cosmos sensible ;
si l'incarnation a rendu le
rediius
possible, la rsurrection
le
ralise dans
totJS
ses moments
1
:
depuis la transformation du corps en esprit (le corps
du
Christ ressuscit est sans sexe
2
,
absqzze illa sensibili el circumscripia forma, lolus ubique
3
)
jusqu'a la grace supreme
de
la
deificalio
dont
le Christ est
maximum el
principale e.remplum
;
en lui non seulement notre
nature est simpli{icala, puisqu'elle dpasse la dissimiliiudo entre le corps et l'ame, mais
deinde superiori ascensu corpus simul et anima in spiritum, spiritus in ipsum Deum :
et hoc
totum
in Christo et per Christum perficietur, qui finis est nostrae naturae et
consummatio
4
C'est justement paree que la rsurrection du Christ est le prototype de la future
rsurrection universelle
5
, que la polmique sur la nature spfrituelle
de
son corps ressuscit
6
est troitement lie a la polmique contre une nste et importante tradition (mullos
magnosque sapienles
7
)
-
a laquelle Augustin lui-meme .n'est pas tranger - d'apres
laquelle les corps ressuscits auraient les caractristiques du corps matriel (conservant la
figure humaine emporelle > et surtout la distinction en sexes qui en est le signe principal),
meme une fois devenus immortels, et, chez les bienheureux, seraient semblables
a
des corps
thrs d'une substance tres subtile
8
L'opposition
de
Scot a cette thse est tres nette : il
s'agit de deliramenta quae vera plus deridet quam astruit ratio, de meme que la thse,
qui lui est troitement lie, de la localisation de l'enfer et du paradis
9
, qui le fait frmir
d'horreur (Dum talia in libris sanctorum Patrum lego, stupefactus haesito, maximoque
horrore concussus
titubo
et qui ne peut se justifier qu'en supposant l'usage d'un langage
destin ades hommes. encore occups par des penses charnelles
10
Nous ne suivrons pas les diffrentes tapes
du
redilus
11
, a ravers lequel (
-
7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot
8/16
Tl:LLIO
GREGORY
transmutantur , jusqu'a
ce
que universalis creatura creatori adunabitur
t erit in ipso et cum ipso unum , de
f a ~ o n
a reparcourir en sens inverse les moments de
chute dans le multiple. Faisons seulement allusion
a
quelques problemes
1
Apres
reditus totius sensibilis creaturae in suas causas, finito mundo
2
, rigene
le
reditus humanae naturae, en insistant sur son lien essentiel avec l'incarnation (tota
Dei
videlicet incarnato
3
} ,
et
fixe
deux moments, dont la distinction est capitale
1
Qui reditus duobus modis consideralur, quorum unus est, qui totius humanae naturae docet
Deum
ascensuri sunt, beatitudinem
et
deificationem. Aliud enim est in
aradisum redire, aliud de ligno vitae comedere '
La rsurrection, ceuvre de la nature
et
en meme temps de la grace, datum et donum
5
,
ropos d'une resurrectio);
celles-ci-
qui ont t sauves en meme temps que l'homme par
Verbe-
ne sont pas
resurrecluras
mais, avec l'homme et dans l'homme, in suas causas
t
rationes reversuras
8
;
Ieur condition sensible, leur faux etre
(falsae rerum imagines,
mbrae, echo)
sera annul, pour revenir a leur ralit vritable
7
, aux causes et aux principes
8
Retour au cosmos intelligible li aux destines des corps
1
Nam
et humana
corpora, quae nunc localiter distenduntur ... in resurrectione futura non erunt,
naturam, quae
locis temporibusque, propriis quoque speciebus, quae ex qualitate
t
quantitate
sumuntur, nescit circumscribi, transituras esse naturalis ratio edocet
t.
La naturalis ratio qu'rigene invoque de plus en plus frquemment en parlant du
edilus
est celle qui est intrinsque a la dialectique qui va
de
l'Un a u multiple
et
du multiple
'Un; et
puisque cette dialectique
n'est
pas un artifice humain, mais constitue la structure
par
Dieu1D,
le processus unitif opr par
c l v i X A u n x ~
-comme disci
reductiva seu reditiva
- n'est pas une simple opration logique mais reflete la
naturalis
est done la
rerum necessitas
~ la reconnaissance
de
la ncessit de la dialectique
in natura rerum ah auctore omnium artium condita
La rigueur de la
ratio
qui soutient tout le discours d'rigene nous amene au probleme
sauvs ut
docet ratio; et
alors :
1) De diu. nal., V, 20,
P L
122, 893
B-D;
cr.
Il,
6, col. 532
AB;
col. 533 A.
2) De diu. nal., V, 36, P L 122, 978 CD, 90i ss.
3)
De diu. nal., V, 36, P L 122, 978 D: cr. col. 912 ss.
4) De
diu.
nal., V, 36, P L 122, 978 D-979 A; ct. Y, 23, col. 911 B; \", 36, col. 1001 B; V, 36, col. 1015 A.
5)
De
diu.
nal., V, 2223, P L 122, 898 D
ss.;
cf. CAPPUY,.S, Jtan
Scol
rigene,
pp.
371373; R. RoQUES,
emarque, pp. 75 ss.
6)
De
diu. nal., V, 25,
P L
122, 913 D.
(7) De diu. nal., V, 25, P L 122, 914 AB.
8)
De diu. nal., V, 23, P L 122, 906 AB.
9)
De diu.
nal.,
V, 23,
P L
122, 914 B.
(10) De diu. nal., IV, 4, P L 122, 749 A; cf. De
dio.
nat.,
1,
25, P.L. 122, 4i2 AB.
(ll)
En
se
rlrant
a
GRGOIRE
DE
NvssE
De
hom. op., 21,
P G
H, 201 B-204 A; trad. Jean
Scot chap.
2\ ,
Cappuyns, pp. 243-244) Scot souligne que la resurrulio corporum est a ipsa rerum necessilale:
Vicesimo itaque
secundo
capitulo
sermonis de
Imagine disputans, quod
resurrectio non
tantum ex
praedicatione
Scripturae, quantum
lpsa rerum
necessitate
speratur (De
diu.
nal., V, 23, P.L. 122, 91i A;.
-
7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot
9/16
L'ESCHATOLOGIE DE
JEAN
SCOT
385
Nonne consequens erit, nul am aeternam mortem m i s e r i ~ e ,
n u l l a ~ i m p i o r ~ m
p ~ e a m remansu
? Quid enim in eis torquebitur, postquam tola natura,
CUJUS
et bom
et
mah
p a r t l c l p ~ s
sunt, non
? Ub1 ergo aestus
m i s s u r ~
es t ... Ubi erit
u p p l i c i _ u ~
sunt impii,
si
nulla pars humanae naturae remanseril, quae aeterno supphc10
a si t
?
'
Si au contraire on dchire la nature humaine en deux parties en affirmant que 'une
a
Dieu
et
l'autre restera dans
les
peines ternelles, qui ne voit pas quanta
2
L'insistance
ratio
comme structure portante de
tout le
discours d'rigene est significative :
si
on
ne partie de la nature humaine
semper in poenis,
cela signifierait que Verbum non
humanam naturam, sed partem ejus sumpsisset
ce
qui reviendrait a nier l'univer
quod absurdum credere ;
et
la
ratio puraque rerum speculalio
de
la nature humaine qui au
Jieu
d'en saisir l'unit (Una,
et multiplicitate partium libera),
aun
assemblage d'individus radicalement difTrents entre eux
3
Comme
on l'a
d1t
efTet
une doctrine que la
ratio
tire d'une donne explicite de l'criture d'apres
a
la ressemblance de Dieu : l'unit divine sert de
a
'unit de l'image, qui n'est pas J'expression symbolique d'une unit abstraite,
et tota per totum in
se _ipsa
est,
~ t
tota in sin_gulis
et
individua est, et orones hmmes, nemme excepto, m ea
sunt 4.
Cette solidarit de tous les hommes dans
le
pch
et
dans
le
salut qui -
se
fondant sur
lettres pauliniennes - oriente la spculation patristique, base ici
comme chez
et
chez l\Iaxime - sur une doctrine mtaphysique prcise (l'unit ontologique de
nature
humaine), impose des solutions cohrentes
:si
la nature humaine
~ s t u n i q u ~ , q.uae
primis
usque ad novissima pervenil
-
comme crit Grgoire
6 -
son destm, a savmr etre
et par le
Christ, est unique. C'est l'unique solution possible impose
la
ratio :
e
Jam
video -
dlt
le disciple - undique
me
capturo, nullamque rationem reperire, qua possim
aut
in
tota, aut
in ali9ua
p_arte
ejus,
tota_m
.m
~ m a t e .
suae
et
redempta et libera est ; ac per hoc rectae rat10cmahoms v1rtute
totam
humanltatem in omnibus eam participantibus l i b e r a n d ~ m , omnibusque
La ratio
parvient a la
m ~ m e
solution en
partant
de la considration de Dieu, cause
et ternelle de toutes les subslantiae
:
ratio quippe evidentissime docet, nil summae
itati vitaeque ac beatitudini ex diametro contrarium perpetuo esse posse
7
L'identifica
et
bien, de meme qu'elle n'admet pas de considrer
le
mal comme quelque
n'est
ternel que
ce
que
(1) De diu. na/., V, 27, P L 122, 921 CD.
(2) De diu. nal., V, 27, P L 122, 92 A.
(3) De div. nal., V, 27, P L 122, 9'l2 .-\.C.
(4)
De
diu.
nal.,
V, 27,
P L
122, 922
AC;
Y,
31, col.
941
D942
A;
cr. V, 31, col. 942
BD.
(5)
De diu. nal.,
V, 27,
P L
122, 923
e; GRGO RE DE NYSSE, De
hom.
opiflcio,
16,
P G
44,
185; trad.
Jean Scot,
17, d. Cappuyns, p. 237.
(6) DediL . nal., V, 27, P L 122, 927 AB.
(7)
De diu. nal.,
V, 27,
P L
122, 924
A;
cr. V, 30, col. 939 B : nihil Deo
coaeternum
est,
aut ex diametro
;
Exposiliones,
vm, P L
122, 204 C :
Ratio
siquidem
non
concedit,
imaginem
Dei in
aeterna turpitudine
-
7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot
10/16
TULLIO
GREGORY
u a cr, que ce que Dieu connait (
divina namque scientia causa est existentium,
natura
rerum fieri
1
et
done
le
mal qui nalt des
peut
l'etre.
La doctrine de l'incarnation fonde sur une conception de la nature humaine comme
et la doctrine de la cration qui fait tout dpendre
d'un
acle de la pense
du
mal : non seulement
in humanitate,
mais
2
La reprise de l'enseignement d'Origime -
diligentis
- est explicite : si Dieu tout entier est en tous, eliam novissimus
3
Cette destruction flnale du mal est pour Scot l'unique solution cohrente avec
tout
systme: s'il
n'tait
pas vrai que toute la cration sera libre du mal et si elle ne revenait
tout
entire
in aelernas causas in quibus subsistit,
adhuc nostra ratiocinatio irrita
ssoluta residebit .Les endroits de l'criture, de la
divina historia,
qui semblent
rfrer a des tourments ternels faits de peines
matrielles\
ne doivent pas etre interprts
: ils indiquent non pas des peines matrielles
et
locales, mais
le tourment
perptuel
ele
la volont el de la conscience corrompue :
unusquisque
intra
luet
5
,
elans l'efiort continu
et
vain,
in sua polluta
de
impie agere
el
neminem laedere
6
Une memc pcrspective enveloppe dmons
et
hommes, c'est-a-dire les natures intellec
par
un acle de libre volont,
sont
sorties du
pristinum statum,
de la
dignilas suae
e condilionis:
mais en ce qui concerne le dmon l'exposition d'rigne est trs breve et
limite
a
affirmer ce qui dcoule ncessairement de l'ide maintes fois avance de la
et de la bont intrinsque ele
toute
nature, et done de sa dignit, ele son impassi
le
pch,
et
destine a demeurer
in aelernum.
Quant
subslanlia daemonum reviendra a son origine ou si elle continuera a refuser la
de la vrit, c'est la
un
probleme qu'rigne n'ose dfinir,
par
dfaut d'une
certaine de l'criture ou des Pres
7
En revanche,
le
discours sur
le redilus
de la
nature
humaine prend une ampleur toute
sur
ce
point rigne
avait
en face de lui une
tradition
on ne
peut
plus riche
et
tradition
tristique grecque - reprsente
surtout
par Origne, Grgoire de Nysse, Maxime -
de salut universel, loigne de reprsentations eschato
charnelles
et matrielles
;
de
l'autre
la tradition latine, inspire
surtout
de
Augustin,
et
plus lie a une interprtation littrale des textes eschatologiques. rigne
cient de
ce
contraste
8
et, meme lorsqu 'il
ten
e de donner des interprtations cherchant
de
la
tradition
la
spculation des grecs se manifeste aussi en face des repr
:11
De div. nal. V 2.7,
P L
122 925
D-926 A
jet
cr T GREGORY io
anni Scolo Eriugena
pp 8 ss.
:2:
De
di u nal., V, 27, P L 122, 927 B ss. ; cf. V, 28, col. 934 D-935 A.
(3.
Cf.
dans
De
diu. nal.,
V, 27,
P.L.
122, 929 A-930 D, la citation d'OaiGE,.E, De
principiis,
III, 6, 25, d.
Koetschau, Leipzig 1913, pp. 282-287 (le thme notissima ... inimica deslruelur mors est de 1 Cor., 15,26; cf. MAXDIF.,
91, 1076 AB).
(4) De diu. nal., V, 29, P L 122,935 CD; pour la position di Trente dans le De praedeslinatione (cap. 19, P L 122,
C438 A:, cf. CAPPUY,.s, Jean Seo rigene, Louvain-Paris 1933, p. 94, 375.
:5: De div. nal., V, 29, P.
L
122, 935 D-936
B;
cf. V, 25, col. 919 AB.
(6;
De div. na .,
V,
29,
P L
122, 937 B ; cr. col. 938 AB.
(7) De
diu. na .,
V,
31, P L 122, 941 AB.
:s; cr. par ex. De diu. na ., V, 8, P L 122, 876 C.
-
7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot
11/16
L'ESCHATOLOGIE DE
JEA:- SCOT
387
l'enfer comme lieu souterrain,
sont
responsables
de
l'ide d'une permanence des ames,
,
employrent le terme
i h ~ n pour
indiquer non pas un lieu mais une peine
lrislilia et la deliciarum privalio ; c'est paree qu'ils taient de profonds
ele
la nature (naluram siquidem rerum
visibilium
el invisibilium diligenter
qu'ils
ont
plac l'enfer non pas dans un lieu, mais:
in libidinosae voluntatis malorum hominum
et
angelorum egestate, rerumque, quas intempc
amaverant, defectu et privatione, ex quibus tristitia nascitur, in qua rationabilium animarum
eti tus si ve in hac vita si
ve
in futura torquentur, egestate quidem non valen tes invenire,
optant fieri, defectu vero et privatione, dum quod illicito perniciosoque amore possidere
eo abuti
non
sinuntur
'
Ainsi,
le
livre V du
De divisione naturae
se prsente, explicitement, comme une reprise
l'eschatologie grecque
et
la dveloppe avec une cohrence et une complexit jamais
tentative de raffirmer la valeur el'une
toute la vision apocalyptique chrtienne, face a une tradition
avait amplement prvalu et avait t
trop
souvent compromise a l'intrieur
l'horizon
troit
de ceux qui carnaliler cogilanl.
Dans son analyse du
reditus humanitalis,
rigne propase a nouveau - comme
tout
son discours - le thme de l'unit de la nature humaine ou protologie
3
:
Proinde quod extra nos non est, nostram naturam dico, duce Deo quaerere debemus .. est
et in rationibus suis in infinitum multiplex creatura .. ubique in
tota
est .. humanitas diffunditur, et tota in omnibus est, et
tota
in singulis, sive boni sint sive
i '
11 est inutile de souligner encare comment tout
moment
crucial de l'histoire sainte se
ce concept de nature humaine, universel concret, objet de la premire cration ad
lment constitutif de la doctrine de l'incarnation, terme a la ralisation duque
tout
l'univers cr. Les objections qu'rigne
met
dans la bouche de son interlocuteur
de
la mconnaissance de l'unit de la
nature
humaine,
d'une
perspective incapable
par
la multiplicit spatio
par
la lettre du texte sacr.
Et
elles naissent galement d'une tradition
salut
universel par le Christ et ou
ait la proccupation de distinguer de fa on radicale les destines des bienheureux de
a
conserver ternellement
un
dualisme de bien et de mal qui
et la vengeance du juge ternel
5
n'examinerons pas d'une maniere analytique ces objections auxquelles rigne
part la rsurrection finale de la nature humaine (neque mali,
resurgent; sola siquielem natura resurget
6
, ramene a son unit et a son
naturel {libera ... penitusque absoluta ab omni peccato
-
7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot
12/16
388
TULLIO GREGORY
les rprouvs, condamns aux tourments de leur conscience inquiete et insatisfaite ; les
premiers ravis dans la contemplation de la vrit et de Dieu a travers les thophanies (les
phanlasiae divinae),
les
seconds plongs dans
les
tnbres d'une ignorance abyssale, en proie
aux songes troubls d'une imagination encore lie au souvenir d'une vie terrestre vicieuse
(phantasiae rerum lemporalium)l.
Mais
ce qui semble surtout intresser rigne, justement paree que cela constitue
l'lment qui caractrise son systeme, c'est l'unit retrouve
du
genre humain,
le
retour aux
dala, aux biens naturels.
In u trisque tamen, justis dico
et
impiis, salva,
et
integra,
et
incontaminata, omnique contraria
passione libera erit
et
semper
erit
humana
natura
: u trisque erit similis corporum spiritualitas ablata
omni animalitate, similis incorruptibilitas
subtracta
omni corruptione, similis
naturae
gloria, quando
aureretur omnis contumelia, similis essentia, similis aeternitas. Haec
sunt
in regeneratione generalia
aturaliaque bona totius humanitatis, omnibusque participantibus eam communia. Haec sunt '
data
Patre
luminum descendentia ', in omnes generaliter dillusa, quorum participatione nemo
subsistit;
nullius malis meritis impediuntur, ne
tur ; nullius bona merita praecedunt, quibus praestentur ; omne meritum praeoccupant ; sola divina
onitatis largiflua plenitudine omnibus per omnia universaliter inexhausta ellusione manant ; in nullo
minuuntur;
aequaliter omnibus insunt,
et
bonis
et
malis
Cette nature dans son intgrit, sans
les
accidenlia superaddila dus au pch, mais
dalum de la bont divine ternel
et
immuable
3
,
constitue la medietas' dont
et les mauvais, exalte ultra omnes naturales virtutes par la grace
l
e Dieu chez les uns, rabaisse chez les a u tres
nfra omnem naturam
6
, punie pour ce
ce
qu'elle est
6
: nature tendue entre deux extrmits opposes
7
,
deformitales
et
des
8
;
une comme la musique qui se compose de tons
et
d'accords diffrents
9
par la grace du Rdempteur - una harmona universitatis j
1
o
La condition difirente de chacun - depuis la simple restauration de la nature qui
l tat de ceux
praemia condigna
prodigus par la bienveillance divine,
et
enfin aux saints
par la grace de la
deificalio
11
-
concourt a constituer la
respublica
c ie l - a-t-on remarqu
12
-
a toujours t congu,
c i t ~ d'ou le lien solide entre les destines
et
les destines sociales de la communaut des croyants c o n ~ ; u e comme
unit relle, unit transpersonnelle , dans laquelle se ralise le vreu du Christ ut sint
(1) De diu. nat., V, 36,
P L
122,977 D-978
B;
cf. V, 31, col. 943 B-949
A;
V, 36, col.
961
A-964 A: col. 977 CD;
37, col. 988 B-989
A;
cr.
Ezposiliones,
vm,
P L 122,204 C-205 A.
Lejugement
dernieraussi sera dansla conscience:
div. nat., V, 38, col. 997 B ; cr. Commenlarius in Evang. Johannis, p. 234. ll:videmment, omnia lormentorum
Scrlptura
posita sunt (V, 36, col.
971
A), puisque l'enfer est justissima damnatio pravae
t illicitae cupiditatis abutentium naturae bono, hoc est liberae
voluntatis
arbitrio ib., col. 971 C .
(2) De diu.
na .,
V, 31, P L 122, 946 AB; cf. col. 944 BC; cf. V, 37,
P.L.
122, 988 A.
(3) De.
div. nal., V, 23,
P L
122, 903 D. .
(4) De diu.
nal.,
V, 32,
P.L.
122, 950 B.
(5) De div. nat., V, 32,
P L
122, 950 A.
(6) De
div. nat.,
V, 35, P L 122, 955 D.
(7)
De
div. nat.,
V, 32,
P L
122, 950
C;
V, 36, col. 972
BD;
V, 36, col. 983 B.
(8) De diu. nal., V, 35, P L 122, 953 AB.
(9)
De
dw. nal., V, 36,
P L
122, 965 C-966
B;
cf. V, 35, col. 954 BC; V, 38, col. 1013 A.
J lO) De div. nal., V, 36, P L 122, 973 A.
'J
(11)
er.
De
diu. nat., V, 36,
P L
122, 978 AB; 983 A.
(12) H.
DE
LuBAC, Calholicisme, pp. 85, 87, 94.
-
7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot
13/16
L ESCHATOLOGIE DE
JF.AN
SCOT
389
1
Cette thmatique
se
retrouve chez Jean Scot toujours lie
de
la nature humaine dont il voit les destines prfigures dans les
{acta
dicta
de l'criture, a travers toute l'histoire sainte, de la cration a la rsurrection
et
la
L on
pourrait dire que chez lui l'exgse typologique- qu'il est
de
l'interprtation spirituelle - est entirement oriente vers la
fin
le retour au paradis qui est dja prfigur dans les paroles de Dieu aprs la
ne
lignum
vitae comederel
indiquaient alors la
voie
du salut,
et ce n est
pas
un
hasard si l'exgse de ces versets
de
la Genese, sur
V,
est rappele juste au moment ou l'exposition e de reditu naturae
touche a sa conclusion.
On peut
en efiet distinguer deux moments dans ce
:
l un
gnral, la totius humanae
naturae
in Christo restauratio qui est
in paradi-
redire, l'autre rserv a ceux qui
atteindront
la batitude et la dification, qui est lignum
:
c'est seulement au terme du
reditus
qu'il est possible, pour ceux qui en
deificatio,
en ralisant
ce
qui
tait
prophetica virlus du discours de Dieu au moment du pch du premier
(
futurum quippe erat
ei
de ligno vitae edere si divinis praeceptis voluisset p re re
2
.
vincenti dabo ei edere de ligno vitae quod est in paradiso
Dei
mei
3
Les figures bibliques qui annoncent
l tat
futur de la nature humaine sont multiples.
ce
sujet la structure e mystique
du temple de Salomon est exemplaire : tous, bons et
et
femmes de toutes nations, in extremas porticus
seuls les pretres
et
les lvites entrent a u contraire dans le portique des pretres
t
celui de Salomon,
et
de la, purifis, dans
le
temple, mais c'est seulement au grand pretre
le sancta sanctorum ou se trouve l'arche sacre, l'altare
avec le propitiatoire et les deux chrubins de garde. On a la
praefiguralum
paradis naturel
tandis qu'il est permis d'entrer a
aux
sanctifis dans le Christ et que ne sont admis dans
sancta sanclorum
que ceux qui font unum
cum ipso [Christo],
qui est le grand pretre,
et
l'arche sacre'.
L'insistance sur le temple unique, la maison unique, la civitas unique o. tous revien
a la
fin
des temps est significativa : la Jrusalem cleste - qui
\isio pacis , seu
- est une
et
c'est la e maison du Seigneur t
5
, dont fera
et anglique, ou tous les hommes, bons et mauvais, mansiones
ou chacun entrera
secundum
suam
analogiam ;
il
n y
a pas deux maisons, deux
8
,
mais une seule
respublica universitatis
7
,
en polmique ouverte
citilales
meme
(1)
Johann., 17,22; cr. H. DE LuaAc, Calholicisme, pp. 87, n. 2, 88-89.
(2) De div. nat., V, 36, P.L. 122, 978 D-979 e ; cr. V, 24, col. 911 B; V, 38, col. 1015 A.
(3) Apoc., 2, 7, cit par JE N ScoT, De div. nal., V, 36, P L 122, 980 CD.
(4) De div. nat., V, 36, P L 122, 981 BC; cr. col. 983 AB.
(5) De diu. nat., V, 36, P:L. 122, 982 B.
(6) De div. nal., V, 36, P L 122, 982
e :
Non enim alib habitat Deus, nisi in humana el angelica natura, quibus
donatur
contemplatio veritatis. Neque has duas naturas ve uti duas do mus debemus accipere, sed unam eandemque
ex
duabus
intelligibilibus materiis
constructam.
De
hac
domo
videtur
Dominus dixisse
:.Joann.
14,
2]
in
domo
; cr. I, 8, col. 448 CD : Quot enim numerus est.electorum, tot erit numerus mansio
quanta ruerit sanctarum animarum multiplicatio, tanta erit dhinarum theophaniarum possessio ; cf. aussi
vn,
P.L. 122, 187 A : , ... Christi videlicet divinitas,
una
et singularis do mus est Patris, et
lamen
in ipsa
mansiones sunt,; pour la ngation des deux royaumes , cr. Exposiliones, vm, 2, P.L. 122, 204 C (cit,
385 n. 7) ; cr. Commentarius in Evang. Johannis, cit., p. 130. Pour la doctrine des thophanies, cf. bibl., p. 391 n. 7.
-
7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot
14/16
TULLIO GREGORY
fin des temps, selon une vision troitement lie a a permanence des conditions de
1
L'unit de la
domus Dei,
de la Jrusalem cleste, est l'unit meme du corps du Christ
mus aulem illa Christus esl )2 a
la construction de laquelle tous sont appels, et qui
sa plnitude
a
la
fin
des temps, quand tous ses membres concourront
in virum
in pleniludinem aelalis Chrisli
3
Le theme de l'unit du corps du Christ, dvelopp
l'apOtre Paul, repris par Irne puis
par
la patristique, est sent dans les termes d'une
1'humanilas
qu'il a
humain
en entier dans son unit ontologique,
et
done, en entier,
Et
de meme
que
dans
le
Christ se ralise l'union de deux natures dans une
totus homo in loto Deo, rationibus
naturae in
semetipsis permanentibus
,
de
meme - si l 'on exclut l 'union
se
ralisera l'union de tous les hommes dans
le
Christ
4
,
de tous les membres
virum perfeclum,
dans l'glise corps du Christ
5
Autour"'de cette vrit centrale - ou est confirme la connexion entre christologie
et
gravite
toute
l'interprtat ion d'une srie
de
textes scripturaires.
Avant tout
lotius humanilalis reditum ad
slalum : 'humanit est le peuple d'Israel
sauv grace au Christ (duce
a
ravers
lamer
Rouge qui indique le
generale baplisma,
in fine mundi perficielur,
tandis que l'arme du Pharaon
(inlelligibitis rex Aegypli,
huius mundi) est dtruite
par
la grace surabondante rpandue
par
le sang
6
De la meme
fa
-
7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot
15/16
L'EoCHATOLOGIE
DE JEA:S oCOT
3\H
nalurali appelitu)
vers sa p r o p r ~ fin -
le
Christ - qu'il illumine toutes de sa
1
: selon la plus ou moins grande participation
a
la lumiere divine - le don de la
tant cependant identique
2
la capad d'approcher l'poux et l'pouse est dilirente;
de meme que
la
hirarchie des hommes sans le pch aurait t dilirente, de meme
le
difYrent (encore une fois ce qui aurait du etre au
3
Tout est prfigur dans les difYrentes destines des
{atuae, dont les lampes )a ratio) restent sans huile, sont lypum de la partie
genre
humain
qui reviendra
ad
...
slalum primorum hominum ante delictum, ad sola
bona;
les cinq vierges prudentes reprsentent au contraire
(symbolum esl)
l'autre
humain sublimandam ultra omnia bona naturalia ad participationem
et
veritatis sequitur
Au sommet du retour, la deificatio: don gratuit de Dieu, elle ralise pleinement la fusion
celui qui pure intelligit t
cum eo. quod intelligilur
5
,
de sorte que l'homme
manens
animam el corpus per naluram, totus factus Deus secundum animam et corpus
gratiam
t
6
On connalt les comparaisons que plus d'une fois rigene utilise tant
pour
de l'adunalio
de
toute la ralit dans les causes et dans Dieu
sans que soit annul le caraetere spcifique des substances - que pour indiquer l'union
de l'homme avec Dieu,
tout
en maintenant
la
distinction radicale entre
le
et
le contempl, garantie par les tophanies, limite infranchissable de la vision
7
Ce
sont
la des corriparaisons, bien souvent tudies, qui convergent toutes dans
quae
creatur nec creat.
C'est avec la reconstitution
de
la famille humaine disperse par le pch dans la maison
pere, que se conclut le redilus et que l'conomie du salut atteint son point final:
le
chemin
semaine mystique
de
la cration, se conclut
l'intelligibile sabalum, ou
se
manifeste et
se
consume
le
destin de
in
suas causas, dans l'unit reconstitue du monde intelligible,
le Christ
8
:
la
toutes les cratures aeterna requie gaudebunt, ineliabilique claritate
et
sabbatizabunt
9
Alors
le
troisieme sacerdoce, celui
de
la Jrusalem cleste,
de
1'
Ancien et du ~ o u v e u Testament dont les mysteres et les
par l'clat de la vrit
10
:
l'conomie des deux testaments,
(1)
De diu. nal.,
V, 38,
P.L.
122, 1011 BC.
(2)
De
diu. na/.,
V,
38, P.L. 122, 1012 AB.
(3) De
diu. nat.,
V, 38,
P.L.
122, 1013 B.
(4) De diu. nat.,
V,
38, P.L. 122, 1014 BC.
(5) De diu. na ., V, 8, P.L. 122, Si6 B.
(6) De diu. nal., V, 8, P.L. 122, 880 A; cf. ~ l . , x n l E , Ambigua, P.G. 91, 1088 C.
(7) De div. na/., l, 10, P.L. 122, 451
B ;
cr.
1
40, col. 483
AC;
I I, 20, col. 683 BC; V, 8, col. 876
B ;
cf.
GILsoN,
11-faxime
rigene, SI. Bernard,
dans
Beitrage G.
Ph. Tb.
,
Supplbd.
liT,
1,
~ l n s l e r T
W.1935, pp.
188-
J.
PPIN, Slilla aquae modica mullo infusa uino. ferrum ignilum, luce perfusus
aer.
L'origine
de
lrois comparaisons
a
la lhologie myslique mdiLale dans
~ l i ; c e l l a n e a Andr
Combes , I, pp. 331-375.
Sur la
doctrine des
J . ~ .
ALoNso,
Teofania y visin
beata
m
Escoto
Erigena, dans
Revista
espaola de teologia '
X
(1950),
361-389; XI (1951), pp. 255-281 ;T. GREGORY, Sote sulla dollrina delle cleofanie in Giovanni Scolo Eriugena, dans
Medievali ,
IV
(1963), pp. 75-91.
(8)
De
diu. na/., V, 38, P.L. 122,
1001
AB :
Reditum
omnium, quae in suas causas reversura
sunt, quando
iste
sensibilis
solvetur, et mundus
ille intetligibilis, qui
super
nos es , in Christo
implebitur
..
(9) De diu. na/., V, 37, P.L. 122, 991 e; cr. RIG:'
-
7/24/2019 Gregory - L'Eschatologie de Jean Scot
16/16
392
TULLID GREGORY
l'histoire sainte, ralise
en
son
point final la
condition
que depuis le
dbut
Dieu
avait
rserve
a l'hornrne, le
paradis
intelligible,
au centre
duque se trouve le Christ,
primus
el
novissimus.
DISCUSSION
B.
STOCK : J'aimerais faire une seule observation sur la eonfrence admirable que vient de faire
:\1. Gregory. JI a correctement soulign le caractere objectif de la
fin
du monde et de l'homme dans le
Periphyseon. Mais, si la fin est une ralit objective et non suppose, il s'ensuit que
le
commencement
des eh oses - l e premier paradis- a aussi un lment de ralit objective et non seulement prfigurative:
d'ou vient la polmique contre Augustin dans
le
livre
IV,
un essai en mme temps de discrditer la
tradition historique et
de
l'assimiler a d'autres
fins.
M.-Th. n'ALVERNY: JI est peut tre exagr
de
dire que la doctrine du Purgatoire et
de
l'Enfer
n'est labore en Occident qu'a une poque tardive. En se dsintressant des dtails qui concernent
le sort des il.mes individuelles spares, rigne s'carte notamment
de
ses compatriotas irlandais. La
eVisio sancti Pauli , traduite trs tot en latn, a eu
un
grand succes en Occident, et il y a une abondante
littrature
de
e
visiones et
de
voyages dans l'autre
monde
qui commence avantl'poque
de
JeanScot.
l\1.
DE GA:- DILLAC
: JI n y a pas dans J'eschatologie rignienne deux royaumes spars, mais
plusieurs
e ciels
ou
chacun se situe secundum analogiam suam. Quelle peut tre la place
des
pcheurs
non entierement repentis, de ceux qui connaissent la morsure des passions, a l'intrieur du corps
du
Christ dans
le
redilus?
P.
DRONKE
: Je crois que le Jien que
M.
Gregory a montr entre l'eschatologie et la doctrine
de
la
cration dans la pense de Jean Scot pourrait illuminer aussi un autre phnomene remarquable
du
haut moyen
Age,
un aspect
de
ses prophties sibyllines. Dans la prophtie dcouverte et publie
par Bernhard Bischo T (dans ses iHillelalterliche Studien t. 1 1 - un pome du vm sicle, si jeme souviens
bien- la Sibylle, avant de donner son vocation de la fin des temps, commence en rcitant 'origine
du
monde: a
fin
de faire la prdiction eschatologique,
elle
doit rappeler ce qui s'est pass in illo tempore;
elle
voit, pour ainsi dire,
les
semences
du
{uturum
dans le
praeteritum
primordial. C'est tout a fait la
mme chose
pour la Sibylle norroise dans la
e
prophtie sibylline (Viilusp) qui date probablement
du
x siecle : sa vision prophtique commence par une cosmogonie. Je ne pense pas qu'on trouve rles
quivalents prcis a cette structure dans
les
Oracula Sibyllina
de
l'antiquit tardive.
G. ScHRUIPF :
Si
e haben stark betont, dall sich e die Eschatologie nicht aufiost in einen Prozell
der individuellen Reinigung und geistigen Einswerdung Unterstreicht nicht Eriugena mit dem
Bild
von der Einzelstimme in einem
Chor
und dem anderen Bild der einen Kerze unter den vielen,
die
den Raum beleuchten, dall sowohl die allgemeine als auch die besondere Auferstehung, obwohl
sie
sich
gleichzeitig ereignet, dennoch vor allem individuelles Geschehen an Personen ist
?
T. GREGORY: 11 d e ~ t i n o delle anime individuali dopo la morte
e
del tutto secondario neii'Eriugena
come
in tutta l'escatologia del cristianesimo primitivo e della patrstica greca ; l'accento batte nel
e Diu. Nat. sui destini della collettivita alla fine dei tempi, su la ricostituzione della unita della natura
umana.
Del
resto nell'escatologia medievale,
fino
almeno al sec.
XII,
sono
i destini della collettivita
a essere in primo piano e resta assai sfumato i l problema dello stato delle anime post mortem; ma certo
la posizione dell'Eriugena
e
del tutto unica nell'alto medioevo e costituisce Jo sviluppo di motivi della
patrstica greca. .
Ho
accennato alla rillessione teologica e alle grandi direttrici della tensione escatologica
fino
al
sec.
XII
;
so bene delle varie visiones e dei eviaggi nell'oltretomba, cari alla tradizione della pieta
popolare, ma anche alle discussioni sullo stato delle anime prima della fine dei tempi, soprattuto nella
tradizione latina.
Senza dubbio l'importanza dell'escatologia eriugeiliana e proprio nell'insistenza sull'unica ciuitas,
che e l'unita stessa del corpo di Cristo ; senza che questo venga a negare la diversita delle mansiones
e l'opposizione - all'intemo dell'unica natura - tra la posizione dei malvagi e quella dei beati,
secundum suam analogiam.
Negli
oracoli sibillini
l'escatologia si presenta
con
caratteri
a Tatto
diversi; nell'Eriugena l'interes
sante
e
che la realta della natura humana in paradiso si presenta
fin
dall'inizio come realta che deve
essere
realizzata alla fine dei tempi.