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  • La ville passanteDavid Mangin

    Grand Prix de lurbanisme 2008

    NominsFranois Ascher, Nicolas Michelin, Laurent Thry Sous la direction de Ariella Masboungi

    Parenthses

    Fairelavillepassante,telleestladclarationmilitantedeDavidMangin,GrandPrixdelurbanisme2008,quiproposeunavenirdurablenosagglomrationssoumisesnombrededfis:russirlevivreensemble,luttercontrelesdiscriminations,lerchauffementclimatique,ladaptationlararfactiondessourcesdnergie,etsurtoutoffrirduplaisirauxcitadins.

    Architecte,urbaniste,enseignantetchercheur,auteurdunsuccsdelibrairie,LaVillefranchise,DavidManginpossdeuntalentdedessinateurquifaitmerveille.Sarflexionlchelledesgrandsterritoiresdelurbanisationcontemporaineplaidepourunevilledurablequitransformeraitlesproduitsdumarchdelurbanismeenprojetspourunevillepassantequisopposeraitauxlogiquesdenfermement,essentiellementleslogiquesroutiresinstallesquienvahissentlespaceetnosmodesdepenser.

    LesproposdestroisnominsFranoisAscher,socioconomiste,enseignantetchercheur,NicolasMichelin,architecteurbaniste,etLaurentThry,directeurgnraldelaSamoa,socitdamnagementdelamtropoleOuestAtlantiquenousoffrentdesrflexionsfortesetengagespouragirenfaveurdunevillevivante,renouveleetporteusedavenir.

    Collection Grand Prix de lurbanismeMinistre de lcologie, de lnergie, du Dveloppement durable et de lAmnagement du territoire

    Les laurats des Grands Prix de lurbanisme

    1989MichelSteinbach1990JeanFranoisRevert1991JeanDellus1992AntoineGrumbach1993BernardHuet1998ChristianDevillers1999PhilippePaneraietNathanStarkman2000AlexandreChemetoff

    ManueldeSolMorales,Prixspcialdujury2001JeanLouisSubileau2002BrunoFortier2003MichelCorajoud2004ChristiandePortzamparc

    BernardoSecchi,Prixspcialdujury2005BernardReichen

    lvaroSiza,Prixspcialdujury2006FrancisCuillier

    JeanFrbault,Prixspcialdujury2007YvesLion

    La v

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    008

    Parenthses

    9 782863 642085

    ISBN 978-2-86364-208-5 / 16

    La viLLe passanteDaviD Mangin

    granD prix De LurbanisMe 2008

    Ditions parenthses

    LeGrandPrixdelurbanismeestdcernchaqueannesouslehautpatronageduministreenchargedelurbanisme.Ilestattribuparunjuryprsidparledirecteurgnralenchargedelurbanismeauministredelcologie,delnergie,duDveloppementdurableetdelAmnagementduterritoire.Lejuryestcomposdedixquinzepersonnalitsreprsentantlesacteursconcernsparlurbanisme:lus,professionnels,amnageurs,chercheursetpersonnalitsqualifies,dontaumoinsdeuxmembresexerantleuractivitltranger.Le(oules)laurat(s)delanneantrieureest(sont)membre(s)dedroit.Cejuryestrenouvelableannuellementpourunepart,afindassurerlafoiscontinuitetrenouveau.Lejurysappuiesurlesrsultatsduneconsultationpralablemeneauprsdunpaneldeplusdemillecinqcentspersonnalits,reprsentativesdelurbanisme,quiproposentdeslauratspotentiels.AucunepropositionnestavanceparladministrationenchargedelagestionduGrandPrixdelurbanisme.Lestravauxdujurysorganisentautourdesenseignementstirsdelaconsultationnationale.Lejurydbatdaborddescritresdattribution,quisontprcissetrtudischaqueanne.Ladcisiondujuryestensuitepriseenunoudeuxtours:lejuryaboutitrarementunchoixdfinitifdulauratdssapremirerunion;danslecashabituel,ilprocdeunepremireslectiondepersonnalitsquilnomine;ilestalorsdemandchacunedeproduireunebiographiescientifiqueprsentantsonparcoursprofessionnel,sonuvre,sesconvictionsetsespublications.Lejuryeffectuealorslechoixdfinitifdulauratlorsdesaseconderunion,auvudelanalysedesdossiers.Lechoixdujuryestsouverain.RemiseduPrix:leGrandPrixdelurbanismeestremisau(x)laurat(s)parleministreenchargedelurbanisme.Lacrmonieestprcdedundbatautourdu(oudes)laurat(s).Surlesitewww.urbanisme.developpementdurable.gouv.frsontconsultableslesbiographiesdesnominsetdeslauratsainsiquelasynthsedudbatlorsdelacrmonieduGrandPrixdelurbanisme.C

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    direction gnrale

    de lAmnagement

    du Logement et

    de la Nature

  • La ville passanteDavid ManginGrand Prix de lurbanisme 2008

  • La ville passanteDavid ManginGrand Prix de lurbanisme 2008

    Nomins :Franois AscherNicolas MichelinLaurent Thry

    sous la direction de

    Ariella Masboungi

    coordination ditoriale

    Olivia Barbet-Massin

  • Directeur de la publication :Jean-Marc Michel,directeur gnral de lAmnagement,du Logement et de la Nature

    Direction ditoriale :Ariella Masboungi

    Coordination ditoriale :Olivia Barbet-Massin

    Conception graphique :Laurent Ciry, [email protected]

    Relecture :Marianne Fernel

    Impression :Imprimerie Delta Color Nmes

    Tirage : 3000 exemplaires

    Ventes :En librairies, ainsi qu la Directiongnrale de lAmnagement,du Logement et de la Nature (DGALN)

    Reproduction interditesans autorisation pralable

    ditions Parenthses et Directiongnrale de lAmnagement,du Logement et de la Nature (DGALN)ISSN 1280-2654ISBN 978-2-86364-208-5

  • Prface

    Le dveloppement durable est un dfi urbain

    par Jean-Louis BORLOO,

    ministre dtat, ministre de lcologie,

    de lnergie, du Dveloppement durable

    et de lAmnagement du territoire

    David Mangin

    Lurbanisme du possible

    par Ariella MASBOUNGI

    Comprendre pour agir, dessiner en marchant

    par David MANGIN

    La Seura : un trio

    Projets et ralisations

    Les urbanistes face au dveloppement durable

    Dans la foule du Grenelle!, dbat du jury

    par Olivia BARBET-MASSIN

    Certitudes, incertitudes sur la ville durable

    par Ariella MASBOUNGI

    La ville ne doit pas tre durable

    entretien avec Franois ASCHER, par Ariella MASBOUNGI

    Aujourdhui, cest demain

    par David MANGIN

    Faire autrement

    par Nicolas MICHELIN

    Une philosophie de lexistence

    par Laurent THRY

    Le jury du Grand Prix de lurbanisme 2008

    6

    810

    12

    3032

    8082

    86

    90

    99

    104

    114

    122

    Sommaire

  • 6 Grand Prix de lurbanisme 2008

    Je voudrais tout dabord adresser mes sincres flicitations David Mangin, laurat du Grand Prix de lurbanisme 2008, ainsiquaux trois autres nomins, Franois Ascher, Nicolas Michelin etLaurent Thry. Ce prix illustre une nouvelle fois la vitalit et larichesse de lurbanisme franais un moment o les enjeux lisau dveloppement durable impliquent de repenser en profondeurnos politiques damnagement urbain.

    En effet, alors que 50 % de la population mondiale habite enville, comment ne pas voir que le dfi du dveloppement durableest un dfi fondamentalement urbain ? Cest en ville que seconcentrent les principales urgences, non seulement sociales etconomiques, mais aussi cologiques : lutte contre le change-ment climatique, protection de la biodiversit, dfense de laqualit de lair, lutte contre la congestion, matrise des dchets etde la qualit de leau. Mais cest aussi en ville que se concentrenttoutes les solutions : dveloppement des transports en communet des transports doux, matrise de ltalement urbain, gnra-lisation des constructions nergies positives, identification dunnouveau mode de croissance, mise en uvre dun nouveaumodle de mixit sociale et fonctionnelle Pour reprendre uneterminologie chre David Mangin, les urbanistes de ce dbutde XXIe sicle doivent devenir les passeurs entre deux modlesde dveloppement urbain, entre la ville dhier et celle de demain.

    Le dveloppement durableest un dfi urbain

  • Grand Prix de lurbanisme 2008 7

    Le Grenelle Environnement constitue une chance unique dervolutionner lurbanisme franais autour dun grand principe :la mise en place dune politique urbaine intgre, et de quelquesfondamentaux simples : la performance nergtique, la dfensede la biodiversit et des espaces naturels, le dcloisonnement desquartiers, la proximit, lquilibre entre les territoires, le bien-treet la qualit architecturale. Grce la mobilisation des urbanisteset des architectes au sein des groupes de travail et des comitsoprationnels, il y aura bien un avant et un aprs GrenelleEnvironnement en matire durbanisme : constitution dunvaste ple dexcellence sur la ville durable Marne-la-Valle, oenseigne David Mangin, lancement du concours coquartier,mise en uvre de la dmarche co-cits destination des agglo-mrations connaissant une forte croissance dmographique,organisation dun premier appel projets sur le transport urbainrpondant des critres sociaux et environnementaux

    La responsabilit des urbanistes est immense, mais cest la plusbelle qui soit : celle de repenser les projets de villes pour en fairedes projets de vie.

    JEAN-LOUIS BORLOO,

    ministre dtat, ministre de lcologie, de lnergie,du Dveloppement durable et de lAmnagement du territoire

    Prface

    Jean-Louis BORLOO

  • DavidMangin

    Grand Prix de lurbanisme 2008

  • Lurbanismedu possible 10par Ariella Masboungicharge de mission auprs dudirecteur gnral de lAmnagement,du Logement et de la Nature

    Comprendre pour agir,dessiner enmarchant 12par David Mangin

    Le Caire, 2005

  • 10 Grand Prix de lurbanisme 2008

    David Mangin

    Lurbanisme du possible

    D avid Mangin saura-t-il nous guider vers un urbanisme dupossible? Homme de plume sil en est, par le verbe et par lart dudessin, il rsume, en une courte bande dessine, la confrontationentre la tentation du laisser-faire, le monde de lutopie et lart de larealpolitik. Cette politique tenterait dassocier au sens du rel lutopiequi simpose, lheure des dfis du dveloppement durable le sensdu rel intgrant dune part les modes de vie, contre lesquels on nesaurait impunment lutter, et le jeu des acteurs qui fabriquent, sinonconsciemment, du moins srement, la ville contemporaine.

    Pour ce faire, David Mangin consacre la ville territoire la mmenergie que celle dont il a fait preuve, avec Philippe Panerai, dans lelivre Projet urbain, pour comprendre les mcanismes de la ville conso-lide afin de construire un corpus transmissible sur le projet urbain.Ce corpus savant et patient dcortique les modes de production desfigures urbaines afin doffrir un avenir la recomposition des tissushrits de lhistoire.

    Il fait uvre pionnire en affrontant des questions davenir aridestelle celle de lamnagement des grands territoires quil qualifie deville franchise . La ville est franchise double titre : au titre fran-chises des produits urbains qui la jalonnent, et au titre doma-nial des secteurs hrits du Mouvement moderne. Il dmontre quecette ville-l nest pas le fruit du hasard mais de logiques implacablesplus que jamais luvre. Sans jamais nier ces logiques, il propose,par une attitude doptimisme mthodologique fonde sur des rf-rences internationales, des pistes dactions impliquant les acteursconcerns, tant publics que privs, pour construire une ville durablepassante. Durable pourrait tre un mot-valise comme la longtempst celui de projet urbain. Pas pour David Mangin qui nest pashomme de modes et de sduction facile, mais dengagements rsolusde longue haleine. Ces territoires, il a tent de comprendre leurlogique intrinsque avec minutie, rvant de transformer les produitsen projets , dfendant la ville passante et mtisse, contre leslogiques de secteurs et denfermement, et proposant doffrir unhorizon sens cette ville hors la ville oublie des rves durbanisteset des grandes visions urbaines.

    Lurbanismedu rel

    Lurbanismedu fantasme

    Lurbanismedu possible

  • Grand Prix de lurbanisme 2008 11

    Ariella MASBOUNGI

    Lurbanisme du possible

    David Mangin est rfractaire toute catgorisation possible : docteuren urbanisme, titulaire du prix La ville lire dcern par France Cultureet la revue Urbanisme pour son best-seller La Ville franchise ;dessinateur de grand talent ; auteur dexubrants croquis de ville ;crateur dun blog o il improvise, au gr des vnements, prises deposition, dessins et dbats ; laurat, avec Seura, du concours le plusvisible de France, celui du ramnagement du secteur des Halles Paris. Avec lquipe Seura, il a bien des cordes son arc : espacespublics ; nouveaux quartiers grande chelle ; recomposition desvoiries rapides pour leur confrer de lurbanit et en faire des supportsdamnagement, conception de villes nouvelles en Asie Autantdexercices qui dmontrent, chose ncessaire, que la non-spcialisationest lapanage des professionnels de qualit, ports par une culture etun savoir vastes et toujours rinterrrogs, un talent multiple, la capa-cit de dialogue et dintrt pour les sujets des autres, mais surtout lapassion et lengagement militant, faute de quoi toutes les autresqualits seraient lettre morte.

    Ariella Masboungi

  • 12 Grand Prix de lurbanisme 2008

    A rchitecte, urbaniste, architecte urbaniste ou architecte,urbaniste Il y a dj dans le choix des termes un positionnementprofessionnel, une certaine image de soi, mais aussi la peur dtrerduit lune ou lautre facette dun exercice dans un pays et un milieuqui affectionnent ltiquette et le cloisonnement des genres.

    devoir choisir, va donc pour architecte urbaniste dfautdarchitecte gographe.

    Architecte de formation, proche durant mes tudes de Bernard Huetet Philippe Panerai, sans avoir t directement leur lve, puis ayantdbut professionnellement lAUA (o je suis rest trois ans) avecHenri Ciriani, jappartiens cette priode o larchitecture, puisedans le Style international, a cherch se refondre dans de nouveauxsavoirs sur la ville. Exprience europenne partage, qui allait bienttse confronter la pratique en Espagne puis en France. Jai alors tent,avec Philippe Panerai, de stabiliser un corpus transmissible densei-gnement du projet urbain, accessible tout un chacun et qui nourritencore le milieu tudiant et professionnel1. Les techniques de tracs,voiries, dcoupages, construction de lespace public, rgles ddifi-cation y sont nonces. On les retrouve largement dans ce quil estconvenu dappeler souvent, et parfois tort, et avec condescendance,lurbanisme la franaise ou french touch en Asie. Certes, cet urba-nisme a pu sembler ses dbuts conduire une architecture urbainedcorative, pour ceux qui navaient pas compris que le projet urbainest dabord affaire de structures et de tracs pertinents gographi-quement avant de prendre forme. Nous avons rapidement dnonccette drive2. Mais celle-ci a vite t dpasse par larrive des trans-ferts de technologies mondialiss, des nouvelles images et desensembliers. Un urbanisme de produits clefs en main, franchiss,

    Comprendre pour agir,dessiner en marchantDavid Mangin

    [1] Projet urbain,Parenthses, 1999.

    [2] Cf. Larchitectureurbaine danslimpasse, AA, 1995.

  • Grand Prix de lurbanisme 2008 13

    Comprendre pour agir, dessiner en marchant

    David MANGIN

    sest dvelopp, installant la dpendanceautomobile partout, nivelant les sites et igno-rant la gographie, mre de tous les arts. Sion veut lui opposer un urbanisme de projetset de tracs, il nous fallait comprendre lalogique de constitution de cet urbanisme deproduits. Cela a t lobjet de lanalyse quejai dveloppe dans La Ville franchise :formes et structures de la ville contempo-raine 3. Lobjectif a t dlargir lide deprojet urbain celle du projet territorial etdenrichir les savoirs sur les dplacements, lalogistique, le paysage, les cosystmes. Mieuxconnatre les logiques des acteurs actuels estla condition sine qua non pour fabriquer desoutils efficients sur les grands territoires, lo 90 % de lurbanisation contemporaineseffectue. Donner du contenu la questiondu dveloppement durable et des alterna-tives ltalement urbain est ce prix.

    Comprendre pour agir, donc. Agir commeconcepteur avec Seura architectes (o je suisassoci Florence Bougnoux et Jean-MarcFritz) , cest ce que nous faisons depuis 1989en dveloppant les thmes et les mthodesvoqus ici.

    Ensemble, nous avons successivementrecherch lapparente simplicit de lespacepublic et la prennit du mobilier urbain(Paris, Lille, Bordeaux), tent de dnouer lavraie complexit des projets dinfrastructuresen milieu urbain (Marseille A7, Angers RN 23,Les Halles Paris), explor de nouveauxmodles pour les grands territoires (fuseaux Chartres, Anzin, Douai, Montpellier oucits linaires Sihanoukville, Grenoble et,aujourdhui, le triangle de Gonesse), labordes projets de mutation (Brulon-Cteaux Paris, Tarbes, La Roche-sur-Yon) et des propo-sitions de reconversion de btiments-villes (lahalle Sernam Chevaleret Paris, lle Seguin

    DavidMangin est n en 1949. Il entame ses tudesdarchitecture lcole darchitecture de Versailles etles poursuit lcole darchitecture de Paris-Belleville(ex UP 8) o il prsente son diplme en 1976. Il entre lAtelier durbanisme et darchitecture (AUA) etdevient lassistant de Henri Ciriani. De 1981 1983,il milite en faveur de la cration dateliers publicsdarchitecture auprs des collectivits territorialesau sein du collectif Ateliers publics. En 1989, ilrejoint lagence Seura (fonde cette mme annepar Alain Payeur) o il est associ FlorenceBougnoux et Jean-Marc Fritz. La Seura se singula-rise par la diversit des chelles abordes dans sesprojets. Citons : la coordination de la rnovation dusecteur Brulon-Cteaux (1997) et la rnovation dela gare Denfert-Rochereau Paris (1999), celles desprojets de cits-jardins Anzin (2003) et Douai(2007), lamnagement de la place des Buisses Lille (2001), la requalification de lentre Nord deville par lautoroute A7 Marseille (2004), la requali-fication de la RN 23 dans la traverse de lagglom-ration angevine (2005), un projet urbain de dve-loppement de Sihanoukville au Cambodge (2006),des ensembles de logements Zac Montsouris(1995) et Brulon-Cteaux (2007) Paris. Au cours delanne 2008, Seura a rpondu de nombreusesconsultations : laboration du schma directeur dela zone Sachaerbeek Bruxelles, projets damna-gement pour le site du Renard Montpellier, lazone commerciale Nord Strasbourg, le triangle deGonesse au nord de Paris, le quartier Mriadeck Bordeaux. Enfin, David Mangin a t slectionnavec le groupeDescartes pour le concours Le grandpari de lagglomration parisienne.

    Paralllement sa pratique darchitecte urba-niste, David Mangin na jamais cess denseigner.De 1978 2000, il enseigne lcole darchitecturede Versailles o il lance la revue eaV. En 2000, ilrejoint lcole darchitecture, de la ville et des terri-toires Marne-la-Valle o il fait partie de lquipeenseignante du DSA darchitecte urbaniste depuissa cration en 2005. Depuis 1999, il est chargdenseignement lcole nationale des ponts etchausses et professeur invit lcole darchi-tecture de Singapour dans le cadre du Master ofUrban Design.

    Lanne 2004 est pour lui une anne cl, puis-quil a particip et remport face lOMA/RemKoolhaas, MVRDV et Jean Nouvel la consultationinternationale pour le ramnagement du quar-tier des Halles Paris et publi La Ville franchise :formes et structures de la ville contemporaine(d. de La Villette) qui lui a valu le prix La ville lire(dcern par France Culture et la revue Urbanisme)et un succs de librairie.

    Depuis 2007, David Mangin est docteur enurbanisme (Paris XII).

    PARCOURS

    [3] ditions de la Villette, 2004.

  • 14 Grand Prix de lurbanisme 2008

    Boulogne-Billancourt, et la halle Sulzer Mantes universit) autant deralisations, projets en cours ou tudes qui illustrent la diversit deschelles abordes mais qui relvent dunemme attitude : comprendrepour agir.

    En rsum, recherche et production sont donc constamment entre-mles pour faire partager quelques enjeux qui mritent dtre expli-cites et illustres.

    Comprendre pour agir autrementLe diagnostic est la condition de laction. Ainsi se dgagent trois para-mtres lautomobile avec le systme viaire qui laccompagne, lurba-nisme commercial et ltalement urbain rsidentiel qui constituentles moteurs de lurbanisation dans les pays occidentaux depuis lesannes 1960. Bien rods, ces moteurs fonctionnent plein rgime etsexportent dsormais grande chelle dans les priphries des paysmergents. Il nen demeure pas moins quils ont longtemps t lobjetdune incomprhension totale, faute danalyse. Le seul discours dispo-nible relevait encore rcemment dun sous-produit rducteur de lapense koolhaasienne : Cest gnrique, on ne peut rien y faire, cest

    du junkspace. Autre alibi concernant lab-sence de rflexion spatiale sur la priphrie :lide que a va tellement vite, les espacessont tellement grands, quon ne peut pas lescomprendre. Les cartes de lurbanisationcontemporaine elles-mmes narrivent pas suivre lvolution des phnomnes.

    Cest ce sentiment dun manque tho-rique qui ma encourag tenter dnoncer dans La Ville franchise les logiques terri-toriales et conomiques luvre dans cesformes dagglomration planifies pour etpar la voiture, pour et par le fret routier prin-cipalement. Je me suis attach la compr-hension de la nouvelle hirarchie viaire induitepar la voiture et des stratgies des diffrentsacteurs. Jai essay de voir comment agissentles professionnels du gomarketing et lesgomtres qui fabriquent les parcelles. Euxsavent trs concrtement ce qui se passe etexpliquent sans fausse pudeur leur faon defaire, danticiper, de susciter, dimposer cettelogique de la dpendance automobile maxi-male dans les priphries, assujettissant lesterritoires lhgmonie dun modle poly-radiocentrique. Cest ainsi que radiales et

    Vincent Piron, directeur de la stratgieet du dveloppement de Vinci Concessions

    Lide tait de dclencher une rflexion sur lacration dun nouveau quartier touristique Sihanoukville. Dans le contexte du dveloppe-ment galopant du Cambodge, il sagissait deproposer une stratgie de dveloppement harmo-nieux. Javais donc besoin dun urbaniste pourraliser une tude. David Mangin ma t prsentcomme la personne la plus affte pour lexercice.

    En trois jours passs sur le terrain sillonnerles diffrentes zones, son carnet et son crayon la main, il a russi esquisser une vision deSihanoukville avec 2 millions dhabitants. Jai vuslaborer dans sa tte les points forts du site. Il aainsi ralis trs vite une bauche sur papiercalque, puis a finalis un document de grandequalit. David Mangin a choisi de donner unevision aux politiques. Plutt que de concentrer laville nouvelle touristique sur le littoral, il a proposde dvelopper un axe 1 kilomtre de la mer pourdvelopper une ville de la vie quotidienne, orga-nisant ainsi la ville sur deux niveaux. Aujourdhuion est en stand by, jusqu la validation du planpar le gouvernement cambodgien. En attendant,le plan circule partout. Il a dj une grande noto-rit et est accept par les acteurs de la ville auCambodge qui se le sont appropri.

    DONNERUNE VISION AUX POLITIQUES

  • Grand Prix de lurbanisme 2008 15

    rocades de voies rapides ont progressivement sectoris anciennes etnouvelles urbanisations, mnageant de nouvelles centralits et desproduits urbanistiques parcs dactivits, enclaves rsidentielles,domaines touristiques, sites logistiques qui se prsentent de plus enplus sous la forme denvironnements scuriss.

    Le mouvement est profond et radical. Tout le monde y passera,si ce nest dj fait comme le montrent les plans en grilles des villescommerciales de la Sun Belt nord-amricaine ou les damiers des villeschinoises, largement rods, qui voluent vers le mme modle poly-radiocentrique. Lexemple asiatique est probant : les stratgies desgrands distributeurs, la mondialisation des techniques, les transfertsde technologie font que la Chine, plus particulirement, ne veut passauter ltape de la voiture. Les Chinois avaient les vlos, ils nen ontplus ; ils ont rcemment cr un zonage de masse o laccessibilit sefait en voiture, faute dinvestissements suffisants sur les transports encommun, et la classe moyenne, qui compte pour linstant quelquescentaines de millions dhabitants, souhaite de plus en plus accder ce mode de vie.

    Comprendre les processus de cet urbanisme de produits, mondia-lement gnralis, est indispensable pour agir autrement, mesurerlespace de projet qui reste ouvert et faire merger une ville plusvivante et partage, une ville passante.

    Agir pour la ville passante4Jappelle ville passante une ville qui permettrait de ne pas treentirement dpendant de lautomobile pour accder aux services lesplus quotidiens comme aller lcole ou faire les courses et auxtransports en commun; une ville oppose la juxtaposition de grandesenclaves et denvironnements scuriss grce un maillage de voiriessecondaires efficace et continu. Loin dtre un concept passe-partout,partag par tous les acteurs et ais mettre en uvre, la ville passanteest un combat de tous les jours.

    La situation actuelle semble pourtant propice, car se diffuse lesentiment que la dpendance automobile cote cher aux mnages, ltat et aux collectivits locales. Ce sentiment est perceptible dansles discours des lus et, dans la pratique, la crise nergtique et lecot des matires premires acclrent le processus. Mais ce nest paspour autant que la ralit de lamnagement de ces territoireschange. Car, comme le dit Christian Devillers, les logiques sectoriellesrestent puissantes chez les acteurs qui produisent les routes. Quantaux architectes urbanistes, ils sont surtout consults sur les friches dufordisme ou sur les friches rsidentielles que sont devenuescertaines grandes cits dhabitat social. Si, dans le premier cas, lesconditions sont favorables, dans le second, elles sont plus complexesau regard des multiples obstacles auxquels se heurtent les nombreux

    Comprendre pour agir, dessiner en marchant

    David MANGIN

    David Mangin

    exprime un

    militantisme fort.

    Il intervient sur

    la ville avec une

    ide trs prcise

    et motive de ce

    que doit tre la ville

    et surtout de ce

    quelle ne doit pas

    tre, de ce quelle

    ne doit pas devenir.

    Il livre depuis des

    annes une analyse

    fine et originale

    des phnomnes

    urbains.

    Grgoire Allix,journaliste au Monde,

    membre du jury

    Grand Prix de

    lurbanisme 2007

    [4] Cf. Aujourdhui, cestdemain, infra, p. 99.

  • 16 Grand Prix de lurbanisme 2008

    projets qui cherchent dsenclaver ces grandes cits. Ainsi il nestpas vident dobtenir que les habitants de quartiers pavillonnairesmitoyens acceptent quune voie dbouche dans leurs rues pourpermettre aux habitants dun grand ensemble daccder aux arrtsde bus situs sur le boulevard d ct. Le dsenclavement est dau-tant plus dlicat que la circulation de transit est souvent diabolisepour des raisons diverses parmi lesquelles un nofonctionnalismevert qui ne milite pas en faveur de la ville passante. Les doctrinesde dplacements doux et d espaces civiliss sont souvent extr-mement sgrgatives.

    Pour agir en faveur de la ville passante, la profession doit se mobi-liser plus clairement et mener un combat conomiquement, sociale-ment et cologiquement argument, comme le fait, par exemple,constamment Christian de Portzamparc. viter la ville des Zac, siparfaitement acheves soient-elles, impose dinventer, avec lesacteurs de lamnagement, des processus qui permettent de conce-voir des villes plus htrognes. Cela implique de pouvoir densifierles faubourgs et demain la priphrie, quitte laisser parfois ouvertle champ lesthtiquement incorrect mais urbanistiquement juste.Car lhtrognit relle nest pas une nouvelle version du pitto-resque mais lacceptation dacteurs trs diffrents dans le processusconstructif. Or, la densification, le changement dusages en fonctiondes besoins des gens, de leurs changements professionnels ou fami-liaux, sont difficilement accepts par les rgles durbanisme habi-tuelles, souvent copies-colles, conservatoires dune commune

    lautre. La situation en France est, sur ceplan, dsastreuse. Lide de densificationouverte, jusqu intgrer lautoconstruction,commence toutefois tre entendue car,face la faiblesse de loffre foncire actuelle,il y a l un gisement vident de rponse la crise du logement.

    Dessiner en marchant,marcher en dessinantPour La Ville franchise, il a fallu inventer unemthode capablede tmoigner de la rapidit etde ltenduedes phnomnes. La cartographie,linfographie par satellite, la photographie oule cinma ne pouvaient rendre compte euxseuls de ce qui mintressait : la dynamiquedes phnomnes, la structure des territoires.Jai donc progressivement utilis des croquisissus de carnets de voyage alliant des vuesrapides, dessines enmarchant ou en roulant.

    Daniel Delaveau, maire de Rennes,prsident de Rennes Mtropole

    Vritable thoricien et praticien de la ville durable,David Mangin conceptualise les rgles urbainesdans une dmarche transversale.

    Ce voyageur des villes qui pense en dessi-nant nous livre des outils de rflexion sur laralit urbaine contemporaine. Penseur majeur dela ville du XXIe sicle, il donne tout son contenu autriptyque du dveloppement durable en croisantles disciplines.

    La ville daujourdhui a de nombreux dfis relever : le logement, les transports, la solidarit,le vivre ensemble. Cela suppose une politiqueurbaine cohrente dans une cit sans cesse enmouvement. Jadmire le travail de larchitecte urba-niste qui approche le territoire dans sa globalitet donne sens une ville vivante, la ville passante.

    En lui remettant le Grand Prix de lurbanisme2008, le jury a distingu la qualit, la passion etlengagement des travaux de David Mangin,artisan de la ville aux multiples savoirs.

    ARTISAN DE LA VILLE

    Barcelone, 2000

  • Grand Prix de lurbanisme 2008 17

    Les croquis permettent de dcrire de vastesespaces par des ambiances urbaines, despaysages, des silhouettes bties et humaines,quelques lignes dhorizon et de relief. Ce quela photographie ne sait souvent pas saisir, si cenest en suggrant le hors-champ et le chaos.

    Les dbuts de schmatisation des rapportsentre hirarchie des infrastructures, urbani-sations commerciales et tablissements rsi-dentiels sont issus de ces premiers croquis. Ilssaffinent ensuite, par recoupage avec lana-lyse des cartes disponibles et, bien sr, deslectures. Vient alors la mise au point, avecquelques feutres de couleurs, de squencesqui cherchent rendre compte de la dyna-mique entre diffrents phnomnes et deleur ordre dmergence : sdimentation entrerseaux et territoires, typologie de situations,comparaisons mmes chelles Le schmaest rducteur, dit-on souvent, mme si on luireconnat le mrite dexprimer lessentiel (unbon dessin vaut mieux quun long discours).Mais il sagit ici, en ralit, la plupart dutemps, de sries de schmas, qui racontentune histoire, rvlent une dynamique etesquissent des processus davantage que desprojets figs dans leurs formes. Cependant, ilne sagit pas de privilgier un moyen pluttquun autre. Ces schmas sont souvent accom-pagns de dimensions, de commentaires pour construire un regard sur des territoiressouvent plus parcourus que regards.

    Les schmas permettent aussi doffrir unealternative lemprise de limage virtuelle,qui dirige le regard, lencadre et le manipuleparfois, pche par une fausse objectivit,sans pour autant rendre compte des chelles.Car on le sait bien, le projet urbain intressela reprsentation spatiale mais aussi desprocessus tals dans le temps, lintelligencede larticulation entre temps pass, prsentet venir. La fabrication dimages, notam-ment les perspectives partir dimages desynthse virtuelles et non situes, peut figeret entraner des malentendus durables.

    Comprendre pour agir, dessiner en marchant

    David MANGIN

    Olivier Mongin, philosophe, directeur de la revueEsprit, membre du jury Grand Prix de lurbanisme 2008

    Je suis tout dabord frapp par une qualit premirede David Mangin : celle de valoriser, travers sonsouci du dessin, tant lespace proche que les terri-toires aux diffrentes chelles. Quand il parle depenser en dessinant, il sefforce de trouver unealternative lempire de la photographie et desimages virtuelles. Dessiner, cest dj se proccuperavec son corps du site o inscrire un projet, ce donttmoigne La Ville franchise. Alors que le mondemdiatique ne la gure pargn, une deuximequalit de David Mangin est sa volont dtreprsent dans le dbat public. Homme de parole, deterrain et de texte, il invite citoyens et lus rfl-chir sur la ville contemporaine sans se contenterde faire des ajouts (un peu plus despace vert etdespace public). Selon lui, il faut marquer desruptures et renverser la vapeur en fonction de ltat des lieux. Et telle est la troisime qualitde DavidMangin : tre un ralisateur qui pense sesproductions et leur mise en uvre.

    De ses travaux, on peut retenir trois orienta-tions. Tout dabord il souligne fortement que lamobilit est premire (lexprience urbaine nest-ellepas une capacit de mettre en mouvement ?) etplurielle (emploi, habitat, transport). Cela signifieque le respect de la mobilit nest pas une fonctionparmi dautres, mais la matrice du travail archi-tectural et urbain. Ensuite, il prend acte lchelle globale , et non pas seulement hexagonaleou locale, dune tendance lourde de lurbanismecontemporain : celle qui, succdant lurbanismesectoriel et le renforant, correspond aux envi-ronnements scuriss prsents partout et dansdes contextes divers (lemall commercial, le parc deloisirs, la rsidence ferme). Enfin, prenant acteque la connexion est le type despace privilgi parle monde du rseau, il sintresse surtout aux zones problmes, il se concentre l o a fait mal : lesentres et sorties de villes, les friches suburbaines,les sas de transition entre le rural et lurbain, leslotissements, le systme viaire Voil donc unurbanisme qui ne se fait pas plaisir petites doseset prend de front les difficults sans pour autant serduire un travail mdical et rparateur. Bien aucontraire, il suffit de regarder les dessins voqusdemble pour saisir que David Mangin chercheprioritairement renouer avec lespace corporel quiest celui de la ville passante. Non pas faire de la villepassante en petit, ct ou en plus, mais repartir dela ville non passante contemporaine pour renoueravec la mobilit de la ville passante qui est aussicelle de ce voyageur urbain qui pourrait nouveau se perdre dans la ville.

    SE CONCENTRERL O A FAIT MAL

  • Projet urbain(avec Philippe Panerai),Parenthses, 1999.

    Comment la formedune villeslabore-t-elle?Comment untissu se constitue-t-il? partir de quelles

    traces une villepeut-elle se dvelopper?Autant de questionsauxquelles rpondce petit traitdurbanisme vritablemanuel lusage destudiants qui fondesa dmonstrationsur des constats et

    des analyses de la ralit,complts par despropositions. videmmentdidactique, le livremet en videncelinterdpendance deschelles pour encouragerune vision globale.Une bible denseignementdu projet urbain.

    La Ville franchise :formes et structuresde la ville contemporaine,d. de la Villette, 2004.

    L o on pense quela ville finit, et o enfait elle recommence.Ouvert par ces quelquesmots de Pasolini, lelivre dcrit et analyseles formes durbanisationapparues partir desannes 1960, poque laquelle les villestaient urbanises pourlautomobile. cesformes nes des logiquesdun urbanisme desecteur, lauteur opposele principe de la villepassante. Un succscritique et commercial.

    Les Halles : villesintrieures / interior cities,Parenthses, 2008.

    Le livre dcortique lesmcanismes de conceptiondu projet durbanismede la Seura pour le quartier

    des Halles. Il montrequun projet durbanismepart dune histoire, dunlieu, dune fonctionnalit.Celui des Halles estparticulirement complexe,puisque le projet densemblese dcline en plusieurs

    18 Grand Prix de lurbanisme 2008

  • Grand Prix de lurbanisme 2008 19

    lments bibliographiques

    David MANGIN

    thmes : la voiriesouterraine, la voiriede surface, les espacesintrieurs du forum ouplus prcisment les liaisonsverticales entre les espacessouterrains et les espacesde la ville et le jardin.

    Grce une quantitde documentsphotographiques,graphiques et schmatiques,le livre permet decomprendre les fonctionset les enjeux de la villeintrieure que constituent

    Revue eaV(cole darchitecture de Versailles)

    Cre en 1995, eaV est la seulerevue dcole darchitecturefranaise paratre sans flchirchaque anne, grce Anne-Marie Chatelet, vritablecheville ouvrire. Bilingue,la revue diffuse des pointsde vue et des recherches actuels,des textes devenus introuvableset des traductions indites. Ellebnficie dune identit graphiqueforte signe Susanna Shannon.

    les Halles. Il sarticuleen quatre parties : lhistoire,des marchs moyengeux la rnovation de 1971;le site analys commeun monument dinfra-architecture, cest--direun site o simbriquent

    linfrastructure etlarchitecture (1971-1987);le projet de ltudede dfinition (2004)et les tudes quisensuivent (2005-2007).Le work-in-progressde la Seura au complet.

    Articles (slection)Les tracs urbains communs(avec Philippe Panerai),Les Annales de la recherche urbaine,n 32, 1986.

    Une apparente simplicit,espaces publics, Paris Projet,n 30-31, 1993.

    Les trottoirs de Barcelone,LArchitecture daujourdhui (AA),n 360, dcembre 1988.

    La longue marche du projeturbain, eaV, n 1, 1995.

    Larchitecture urbainedans limpasse, LArchitecturedaujourdhui (AA), n 240, 1995.

    Vers la ville mtisse, Parisdes faubourgs (cataloguedexposition, pavillon delArsenal), Picard, 1997.

    Situations de priphries(avec Franois Decoster),Les Cahiers dela recherche architecturale,n 38-39, 1997.

    La priphrie, nouvellefrontire du projet urbain,Le Moniteur, 28 janvier 2000.

    Urbanisme de secteurs,architecture de produits,Annales des pontset chausses, n 93, 2000.

    Les habits verts du fonctionnalisme,Le Moniteur Amnagement, 2002.

    Une ville passanteou des environnements scuriss?,Constructif, janvier 2002.

    La ville durable cest la villequi bouge, La Recherche,n 398, juin 2006.

    Des complex sans complexe Les centres commerciauxdes annes 1960-1970 Singapour(avec Heng Chye Kiang),eaV, n 7, 2001.

    Les flux, larchitecture et la ville,entretien avec ric Charmeset Benjamin Pradel, Flux,n 63-64, janvier-juin 2006;rdit dans Esprit, fvrier 2008.

    crits accessibles en ligne

    Blogunarchitecteentredeuxtours.blogs.nouvelobs.com

    Du projet urbain au projet de territoire : propos des formes contemporainesde lurbanisation, thse sur travauxsous la direction de Thierry Paquot,Paris VIII, 2007. www.seura.fr

    paratre

    De lautoroute la maison,synthse du sminaire Paysages,Infrastructures, Architectures(avec la collaborationde Philippe Renoir),cole darchitecture dela ville et des territoires,Marne-la-Valle, 2003.

  • 20 Grand Prix de lurbanisme 2008

    DM, blog, 10 mars 2008Pas de politique latelier, disait-on, parat-il, lcole des beaux-artsavant 1968. Larchitecture considre comme un art devant, bien entendu,chapper aux malheureuses contraintes de lindustrie et du commerceet a fortiori de la politique (surtout celle de la gauche). Moyennant quoiltudiant en architecture apprenait dans une belle et mme abstractionles ordres grecs le matin et traait les plans de grands ensembleslaprs-midi lagence du mme mandarin.Donc pas de politique latelier, disions-nous.Et pourtant ce lundi matin de premier tour des lections municipales,bien des architectes auront dpouill les rsultats lectoraux pour savoirsi tel ou tel de leurs lu(e)s prfr(e)s va repasser ou tre en ballottage(d)favorable. Les projets seront-ils continus, relancs, freins, acclrs,aprs des agapes lectorales qui ne sont en gnral pas trs propicesaux dcisions.Et, ailleurs, de nouveaux maires constructeurs vont-ils merger et porterdans leur ville mais aussi dans leurs partis politiques des valeurs urbaines(la diversit, la foule, les migrations, les services, la mobilit rsidentiellepar la location, la ville la nuit par exemple, bien souvent absentesdu dbat politique)? On aura promis des coquartiers de faible densitun peu partout, mais cela est-il bien suffisant pour rpondre la double crisedu logement et dun foncier rarfi?La ville nouvelle est-elle un horizon indpassable?Et y aura-t-il des lus pour porter lexigence dlections au suffrage directdlus dagglomration capables politiquement de porter des choixmtropolitains et de sortir du saupoudrage et de ltalement urbain?Ainsi, larchitecte est bien entre les deux tours : droite la tour est droite,de trs grande hauteur, active, comptitive, dominatrice et sre delle-mmeen attendant dtre dpasse par sa voisine (a me rappelle quand jtais petitavoir vu lORTF un architecte de Chicago interview propos de la tourMontparnasse et suggrant que, quand lesthtique dune tour est contestableou conteste, il ny avait qu en construire dautres ct pour noyerle poisson); gauche, la tour est gauche mais solidaire, permet daccueillirplus de logements sociaux, ne dpasse pas les 50 mtres ce qui viteles charges dun IGH, offre tous des vues rasantes sur le velum des centreshistoriques, et un clotre lintrieur pour la vie en communaut; au MoDemla tour nest ni droite ni gauche mais elle est nord-sud, ct pile bureaux,ct face logements; et chez les Verts la tour est couche dans un parc.On le voit, il y a bien des dtours pour faire des tours et ce nest pas nouveau.

    Un architecte entre deux tours

    Page extraite de http://unarchitecteentredeuxtours.blogs.nouvelobs.com/

  • Grand Prix de lurbanisme 2008 21

    Il nous faut donc inventer des modes de reprsentation la foissuggestifs et interactifs. Les schmas dynamiques, les embotementsdchelles et largumentaire pour la ville passante se compltent etse renvoient les uns aux autres. Il sagit dinsister sur les processus afinde ne pas se laisser enfermer entre le tout est dj dessin, donc tout est dj dcid, et le mais vous ne nous montrez rien, doncon nous cache tout : alternative frquente dans laquelle le dbaturbanistique se rduit alors un jeu dquivalences avec une situa-tion existante que lon connat et qui rassure. Et si les rendus tradi-tionnels des projets restent ouverts, cest pour viter quune chartegraphique commode et sduisante, mais parfois lassante et homo-gnisante, efface les diffrences entre les projets.

    Affronter le dbat publicCet objectif dune claire lisibilit de la reprsentation des projets estessentiel la qualit du dialogue partenarial avec les acteurs concernset notamment avec le public.

    Car chacun connat la difficult croissante, en France notamment,de concilier linconciliable entre architecture et urbanisme, auto-nomie disciplinaire et concertation permanente, temps du projet etcalendrier lectoral.

    La pratique de larchitecte urbaniste estencadre le plus souvent par des concourset plus particulirement par des marchsdtudes de dfinition. Cette procdurerelativement rcente a pour objectif dins-taurer, dans une premire phase ouvertedchanges, un dialogue entre les matresdouvrage publics et les architectes. Aprs unrecadrage des travaux des quipes en comp-tition (diagnostics, premires propositions)dans une phase ferme, une dernire tapedoit permettre lamatrise douvrage doprerun choix parmi les solutions proposes, voirede panacher entre tout ou partie dentre ellesen tant libre de confier ou non la ralisation lquipe retenue.

    Le bilan de ces procdures est variable.Elles dbutent en gnral par une incitationde la part du maire la plus grande cra-tivit des crateurs tout en indiquant, enmineur, le souci de ralisme et les exigencesdu calendrier lectoral. On tombe alorsdans ce que les psychanalystes nommentdes injonctions paradoxales . Celles-ci se

    Comprendre pour agir, dessiner en marchant

    David MANGIN

    Jean-Marc Offner, directeur du laboratoireTechniques, Territoires et Socits,cole nationale des ponts et chausses

    Pourquoi nous sommes-nous croiss ? Un mmeintrt pour les rseaux ; un lieu denseigne-ment commun, un campus familier. Une adh-sion partage au projet politique et urbain de laville mtisse et passante : autre faon de parler du transverse , cher au dveloppement durable,qui soppose la raison unique (entre llot et lechaos, lOulipo des faubourgs).

    Loin des discours sducteurs convenus, DavidMangin propose ses visions de lespace, qui saventcapter lattention de tous, y compris dun cher-cheur en sciences sociales ! Car il y a de la matire,des arguments, une mthode David rcolte desinformations originales, teste des interdpen-dances indites, labore des grilles danalysefcondes, pour laborer une pense acre surla ville contemporaine. Ses fameux petits schmassont de vrais outils dintelligibilit des dynamiquesspatiales. Ses croquis de blogueur stimulent larflexion et linventivit. Et lappel la continuitde lespace public reprsente un beau fil rougepour fabriquer le Paris mtropolitain qui nousassocie aujourdhui.

    UNE PENSE ACRESUR LA VILLE CONTEMPORAINE

  • DM, blog, 9 juin 2008.Un certain nombre de mes collgues et moi-mme avons souvent entenducette injonction de la part des organisateurs des concours : Soyez fous,messieurs les architectes, soyez cratifs, lchez-vous! Trs bien. Cette injonctionquelque peu lacanienne nest en gnral pas trs bon signe. Lexpriencemontre en effet quelle se rvle assez rapidement paradoxale et que, peinevous osez sortir dune limite foncire, dun rglement urbanistique (que toutle monde trouve en ralit contraignant et idiot depuis fort longtemps)ou dune esthtique trop ou pas assez la mode, on entendra de la partdes mmes : Mais vous tes fous! Du Soyez fous! initial, on est donc passillico presto au : Mais vous tes fou, vous ny pensez pas! ce compte-l, tout le monde est vite du. Les commanditaires esprenten fait aujourdhui de la crativit des architectes un effet Bilbaocomme celui quont pu susciter, en effet retour sur limage et le tourisme,les investissements de la rgion basque et la fondation Guggenheim pourconstruire luvre de Frank Gehry. Lui-mme est devenu un peu victimede son succs et franchise des uvres dont certaines semblent tre des modlesrduits du muse basque. Mais nous sommes aussi un peu devenuscollectivement victimes de cet effet Bilbao lorsque, quelle que soit la taillede la ville, des programmes ou des moyens dinvestissements, il est fait appel la fameuse crativit, devenue un concept thologique forcment capablede faire des miracles Dception aussi pour les architectes qui connaissentla musique et sont devenus soit mfiants et pratiquent ds lors lautocensure(bonjour leffet retour), soit, partie prenante ou candidats au star system,et prennent alors le risque de faire les pieds aux murs les plus attendussur le thme hroque du a passe ou a casse. Il nest pas sr quelarchitecture, la ville et les deniers publics ou privs soient gagnants un jeu dont les rgles sont maintenant bien ventes.Plus linguistement, il y a surtout un malentendu quil serait bon daider lever propos de la cration des cratifs et des crationnistes. Le premier dentre euxconcerne le terme mme de cratif, issu de la thologie et du marketing(creativity qui a donn les clbres cratifs 99 francs). Il semblaitque Pierre Bourdieu, dans un article intitul Mais qui a cr les crateurs?,lavait dj suspect, proposant de retenir celui dinventif comme plussusceptible de dsigner la part de travail, daccumulation et de bricolage propre linvention, plutt que la cration ex nihilo ou la crativit convenue.Linvention programmatique et formelle, lintrieur de rgles urbanistiquespartages, limpertinence pertinente ou le contre-pied, oui. Ainsi, Barcelone,les ralisations dAntonio Gaud se sont parfaitement acclimates des rglesstrictes du plan en grille de Cerda, que ce soient pour la Casa Balt, immeubleentre deux mitoyens, la Casa Mila, immeuble dangle, ou la Sagrada Familia,monument inachev inscrit sur plusieurs lots de la grille Cerda.Ou, plus proches de nous, les travaux-attitudes des architectes Lacaton & Vassalqui nhsitent pas dplacer la commande initiale avant mme une rponseformelle : par exemple proposer daffecter le budget prvu pourle ramnagement dune place son meilleur entretien, proposer dansun budget quivalent une serre adjacente la maison projete comme une nef amnager ultrieurement, rpondre un concours de btiment universitairepar un btiment identique dj ralis par leurs soins au prtexte qu questionidentique rponse identique En bref, proposer plus despace en dpensantautrement. En dbut de mandat un modeste souhait donc : gurissez-nous,mon Dieu, les uns les autres et les uns des autres du syndrome de Bilbao.

    Le syndrome de Bilbao

    22 Grand Prix de lurbanisme 2008

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  • Grand Prix de lurbanisme 2008 23

    compliquent du fait de lintrusion plus ou moins importante de proc-dures de dmocratie participative gomtrie variable : de la rgle-mentaire enqute publique aux comits de quartier, la palette esttendue.

    cet gard, le cas du projet de la rnovation des Halles, engagdepuis 2004 et dont nous avons la charge, est un exemple la foistrs particulier par sa complexit technique et unique par son poidssymbolique pass et prsent (les Halles centre de Paris en ralitsurtout centre des jeunes de banlieues , Paris centre de la France,et videmment la France centre du monde). Mais il peut aussiservir deffet grossissant pour illustrer les difficults dun exerciceprofessionnel confront au politique et lexercice dmocratique etmdiatique.

    Expliquer notre projet, le dvelopper et le btir dici 2012 nces-site depuis 2004 un engagement constant. Jai choisi depuis le dbutde ne pas rpondre par la polmique la polmique constatant rapi-dement que celle-ci, par ailleurs parfois ignominieuse, tait et demeurele plus souvent fonde sur une grande ignorance du site, de sacomplexit, des procdures de concours, de la commande, de nosrponses et des derniers dveloppements des tudes. La couverturemdiatique, presse professionnelle et grands mdias inclus, ne sint-resse en boucle qu la chronique politique, aux querelles de villagequi elles-mmes ne sintressent quaux usages existants : choix par laville de peu communiquer au-del des professionnels de la concerta-tion, srement ; routine ou paresse de certains critiques et mdiasobnubils par le star system, sans doute5 ; tche impossible, nullement.Car, chaque fois que loccasion ma t donne dexpliquer auprs denombreuses institutions franaises et trangres la construction de cesite dinfra-architecture, notre travail pour le remodeler et de montrerdes maquettes, notre conviction et la raisonlont emport face la mconnaissanceentretenue du sujet ou au conformisme desrseaux dopinions. Donc, quotidiennement,dans lombre ou la lumire, face aux injonc-tions paradoxales, aux alas de la dmo-cratie participative et aux intrts parfoiscontradictoires entre ville, transporteurs etbailleurs, je dfends lespace public6. Car ceprojet rpond, nous semble-t-il, aux chellesmtropolitaine (la gare et ses nouvellesentres sur la ville), urbaine (le nouveaujardin, les espaces publics souterrains et desurface) et architecturale.

    Et ce nest pas si facile : de nombreuxarchitectes, depuis le concours du Syndicat de

    Comprendre pour agir, dessiner en marchant

    David MANGIN

    Yves Contassot,ancien adjoint au maire de Paris (2001-2008)

    Jai rencontr David Mangin loccasion duconcours des Halles. Ce qui ma frapp, demble,cest sa vision de la ville. Avoir une vision, cestessentiel, et finalement rare. Il na pas seulementune approche de lobjet architectural, mais ilcontextualise la problmatique qui lui est donne.Sur quoi je travaille ? Quel sens je donne auprojet? Cest une grande qualit. Aux Halles, il aen outre su tenir compte dintrts contradic-toires, ceux, immdiats, des riverains, et ceux, plusvastes, de tous les usagers du quartier (quelque800000 personnes les jours de pointe). Il a russi conjuguer tout cela en respectant lenvironne-ment paysager. Chapeau!

    CONTEXTUEL

    [5] Cf. Thierry Paquot,Tous derrireKoolhaas,Esprit, 2005.

    [6] Le Monde,14 dcembre 2004.

    La ville =une juxtapositiondenvironnementsscuriss ou

    la ville passante.

  • DM, blog, 30 juin 2008On pense un dessin de Pierre Fournier, pionnier de lcologie antinuclaire :on y voit un petit bourgeois satisfait qui admire une vue magnifique,genre Cvennes. Il sbaudit devant la virginit du site non bti et sinquitede lavenir en oubliant que, juste derrire lui, il vient de construireune caricature de maison individuelle boursoufle dont on peut tre srquelle va gcher le paysage des autres. Et, de l, on se souvientde lapostrophe lance par le grand et regrett professore Bernard Huetau dbut des annes 1970 aux jeunes tudiants en architecture :La vue, cest bourgeois. Dans son esprit marxiste tempr, il voulait fairecomprendre que larchitecture maonne des maisons de paysansou douvriers ne se proccupe pas de la vue depuis lintrieur de la maison :se reposer face la vue, le proltaire nen a pas le temps. Le paysansaura installer sa maison pour se protger du vent, ou des ruissellements.Il saura orienter sa maison et pratiquer des ouvertures en fonctionde ce confort-l. Mais prendre possession dune vue des finscontemplatives nest pas son souci. Si cette interpellation fait toujoursson effet, cest que la vue est devenue une valeur marchande immobilireprimordiale, vidente : la stigmatiser socialement nest pas trspolitiquement correct. Dans les annes 1950, le confort de basesanitaire tait trs loin dtre assur dans le logement. On naccepte plusaujourdhui en milieu urbain neuf les prospects et les fentres sur courde la ville ancienne : cest dailleurs le sens de la recherche de Christiande Portzamparc sur llot ouvert exprimente dans le quartier Massna,au sud de la Grande Bibliothque. Dans le monde de la maison individuelle,la vue est une belle vue sur la campagne ou, dfaut, une mise distance des voisins. Le premier rflexe sera douvrir au maximumplutt que de cadrer des vues prcieuses ou dintgrer les lments de basedimplantation dun btiment pour une meilleure conomie et ergonomie.Ces critres reviennent avec la crise de lnergie. Si lassise au soldes maisons et le dessin de leurs fentres pouvaient sen trouver amliors,peut-tre linterpellation provocante de Bernard Huet aura t salutaire.On aime la Nature parce quelle ne nous juge pas, disait Nietzsche.Une nature intacte ou faonne par lagriculture. Mais, aujourdhui,Pas de paysages sans maisons, disent les Belges propos de leur payssi densment habit. Cest bien toute la difficult : le paysageest devenu presque partout hybride, forcment hybride. Nos dsirsde contemplation /domination du paysage sen trouvent bouleverss,incapables que nous sommes daccepter lhtrognit.Peut-tre parce que lhybride ne se reproduit pas?

    La vue, cest bourgeois

    24 Grand Prix de lurbanisme 2008

    Page extraite de http://unarchitecteentredeuxtours.blogs.nouvelobs.com/

  • Grand Prix de lurbanisme 2008 25

    larchitecture en 1974, ltude de dfinition de 2004 et le concours duCarreau, se sont cass les dents devant la complexit du sujet(sauf lignorer). La diversit des chelles concernes et surtoutlintervention dans un site suroccup ncessitent une ide qui tiennela route, appuye sur un savoir-faire dans tous les domaines : trouverles points dquilibre entre les diffrents flux, crer de nouvelles liai-sons verticales entre surfaces et stations, entre Forum et Bourse,reconvertir des trmies, concevoir un jardin ouvert sur dalle dans unsite aux dimensions plus grandes quun square mais plus petitesquun parc , concevoir le plein et le vide, imaginer des processusdinterventions permettant la continuit de fonctionnement du site,et sans doute faire savoir ces savoir-faire. Pas si facile

    En rsum, pour qui sintresse aux grands projets complexesdurbanisme, il faut considrer quun tel processus et un tel sujetconcernent 800000 usagers par jour. Cela mrite mieux que le trai-tement paresseux, dsabus ou passionnel habituel et la querellepersonnelle. On ne doit pas prendre les architectes en otage, pourreprendre un propos de Paul Chemetov durant la campagne desHalles.

    Penser simultanmentinfrastructures, paysage et architectureLe projet des Halles 7 a illustr, lextrme, une des particularitsimportantes du travail avec Florence Bougnoux et Jean-Marc Fritzdepuis vingt ans, celui des infrastructures. On pourrait distinguer troisgrands sujets dextension du domaine urba-nistique et architectural concernant cettequestion : La reconversion des infrastructures routiresqui doivent faire lobjet de recalibrage, tellesla voie sur berge Angers ou larrive delautoroute A7 Marseille. Dans ces situa-tions, comment dmonter et remonter desautoroutes urbaines devenues insupporta-bles avec la densification ou lintensificationdu trafic. La congestion entre nud de transportset programmes urbains denses (Denfert, lesHalles). Dans ce cas linfrastructure et larchi-tecture sont concevoir de faon extrmementimbrique. LOMA (Office of MetropolitanArchitecture dirig par Rem Koolhaas) sesttrs tt intress ces sujets, depuis le termi-nal de Zeebruges jusqu Euralille. Lobjectiftant dobtenir lemaximumdinterfaces entre

    Comprendre pour agir, dessiner en marchant

    David MANGIN

    Antoine Grumbach, architecte urbaniste,Grand Prix de lurbanisme 1992

    Dans cette gnration qui suit la mienne, peu ontformalis leurs ides, comme la fait David Mangin,avec une exprience en architecture et en urba-nisme. David Mangin a une vraie position intellec-tuelle et mrite pleinement dtre salu au titre duGrand Prix de lurbanisme. La polmique des Hallesle dessert-il ? Ce serait bien injuste car, avec laSeura, il a ralis le projet quil fallait pour ce lieu,un vrai projet urbain et non un projet architec-tural grande chelle. Il propose dy calmer le jeu,de faire fonctionner un urbanisme souterrain, dor-ganiser les contraintes infinies de ce site. Cest toutle contraire dune politique de paillettes recher-ches aujourdhui mauvais escient. Mais DavidMangin ne se rduit pas aux Halles. Il faut rappelerlimportance de son travail urbain masqu par lesHalles. Je ne vois personne dautre que lui dans sagnration qui mrite ce prix.

    LE CONTRAIREDUNE POLITIQUE DE PAILLETTES

    [7] Les Halles : villesintrieures / interiorcities, Parenthses,2008.

    Tokyo, 2005

  • DM, blog, 23 juin 2008On va habiter la campagne pour les enfants, pour le jardin, le grand air :tous propritaires la mer. Mais en ralit, de quel grand air sagit-il?Les maisons de moins de 170 mtres carrs (pour chapper larchitecte),isoles au milieu de la parcelle, sont les fruits de rglements absurdessur lespacement programm entre les gens. cela sajoute lobligationde toits en pente pour sintgrer au paysage. Rsultat : garage,entre, cuisine, sjour, chambre des parents en rez-de-chausse / chambresdes enfants ltage sous la toiture. Celles-ci sont alors claires au mieuxpar des chiens-assis ou par des skydomes. Ceux-ci apportent une lumiretrs homogne permettant chaque matin de dire le temps quil faitmais qui, du point de vue des vues sur la fameuse campagne ou, dfaut,sur les voisins, sont quasi inexistantes. Les lotissements des gomtressont des copis-colls, des grands ensembles plat, des mondes en boucles.Et, en plus, ils noffrent mme pas aux enfants la promesse initialeet un quelconque horizon devant lequel rvasser ou observer.Un comble pour habiter et ronger son frein lge de ladolescence venu!

    Un comble!

    26 Grand Prix de lurbanisme 2008

    tous les systmes, le problme est de rflchir limbrication. Cestce que jappellerai de l infra-architecture. La conception de tracs routiers, dans le cadre des futures urbani-sations, capables dchanger avec larchitecture et avec le paysage. Latche est ardue dans le cas de priphries peu denses o larchitecturedoit exister sans tre ridicule. Certains architectes travaillent sur cettequestion : Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal rflchissent sur desbtiments rsidentiels qui ressemblent des serres, des btimentsquasiment horticoles qui peuvent, moindres frais, avoir des linairestrs simples et une prsence lointaine et durable. Leurs propositionssont une alternative pour aller vers une architecture qui tienne laroute en offrant une prsence relle et lgante lchelle desdplacements et des grands paysages.

    Passer du projet urbain au projet de ville territoireIl faut se demander aujourdhui si les indicateurs et les mthodes desdcennies prcdentes sont encore pertinents et suffisants pour inter-roger les territoires en cours durbanisation. Telle est la questionsous-jacente qui a guid le travail sur La Ville franchise. De nouveauxprocessus bouleversent radicalement la faon de faire la ville : le dsen-gagement de ltat, la dconnexion apparente entre projets de rseaux

    Page extraite de http://unarchitecteentredeuxtours.blogs.nouvelobs.com/

    Argentine, 1999

  • Grand Prix de lurbanisme 2008 27

    et formes durbanisation, les programmes indiffrencis, la crise delarchitecture savante, le dveloppement massif de la proprit et de lacoproprit. Les crispations politiques et sociales favorisent aujourdhuilespacement et les mises distance entre voisins. Autant dobstaclesaux projets mergents de ville territoire durable. En dautres termes,au fil des ans, une question sest instille : en changeant dchelles, dedure et de moyens, comment se redfinit le projet urbain ? Doit-ilchanger de nature et de mthodes? Quelle est la part du spatial, etquelle matrise pouvons-nous et devons-nous en avoir ? Reconnais-sons-le, lide du projet urbain des annes 1980, centre principa-lement sur la question de lespace public et du logement collectif, a tbouscule par les nouveaux moteurs de lurbanisation, notamment lepriv et les nouvelles politiques de dplacement.

    Ces prospectives doivent intresser prioritairement les grandsterritoires, l o la quantit, les produitsstandard peuvent tre recomposs diff-remment dans les territoires en reformulantla question des reprsentations des chelles,des modles et des limites.

    Depuis la publication de La Ville franchise,je tente donc dexplorer ces questions ausein du Club ville-amnagement et du groupeanim par AriellaMasboungi et Laurent Thrysur les grands territoires. Lors des changes,sminaires, visites, jai progressivement tentdlaborer des grilles de lecture sur des ques-tions face auxquelles lus et amnageurssont souvent dsarms. Par ailleurs, le travailsur le Scot de Montpellier (schma de coh-rence territoriale), du fait de son montagepar zooms et dzoomages, mamontrlampleur de la tche pour dcrire les ralitset comprendre les mcanismes : lhybridationentre paysage de lnergie et paysage buco-lique, la redfinition des limites discontinues,les logiques conomiques entre territoiresagricoles actifs ou en dprise, la diversit etlinstabilit des formes dhabitat, les rglesenvironnementales, les dcoupages adminis-tratifs, la nature des sols, les cosystmes, sontautant de nouveaux paramtres dchiffrer.Il reste encore beaucoup faire, notammentdans la description du vide et de lhybrideconsidr comme lurbain sans qualit. Cetravail suppose en particulier une connaissance

    Comprendre pour agir, dessiner en marchant

    David MANGIN

    Jean-Claude Antonini, maire dAngers,prsident dAngers Loire Mtropole

    La ville dAngers est coupe en deux par une auto-route urbaine qui longe la Maine. Javais lintuitionque cette saigne pouvait tre supprime et le dsirde redonner la ville son unit et sa valeur. Javaisdonc besoin danalyses, de rflexions, dimagesproduites par un urbaniste pour avoir lassuranceque cette intuition permettait du ralisable.

    David Mangin a donc travaill sur plusieurshypothses de couture entre les deux rives, entre laville historique et la ville plus contemporaine ; il aexplor tous les possibles urbains pour que les deuxrives retrouvent une qualit despace publicpermettant notamment lapaisement des circula-tions. Il a pris en compte plusieurs chelles : celle dela ville tout entire ; celle de squences architectu-rales de part et dautre de la rivire, etc. Il a donndu contenu ce qui ntait quune ide en crivantles relations intimes entre ces chelles.

    Les travaux de David Mangin ont trouv unemagnifique illustration symbolique : la traversede la Maine ralise en 2007 par un funambule surun fil accroch de part et dautre de la rivire ; lechteau dun ct, le thtre Le Quai, de lautre,inaugur ce jour-l.

    Depuis quelques mois, lautoroute contourneAngers par le nord. Un second contournement parle sud est ltude (pilot par le conseil gnral).Aprs retournement des arrives de lautoroutesur les berges, cette voie pourra se transformer enun vritable boulevard urbain apais et la ville redescendre jusqu la rivire. David Manginnous a donn loccasion dimaginer prsent tousles possibles

    DAVID MANGIN NOUS A DONNLOCCASION DIMAGINERTOUS LES POSSIBLES

  • 28 Grand Prix de lurbanisme 2008

    de lconomie rurale et forestire qui dpasse les notions despacesverts et ouverts ou de nature, auxquelles en sont souvent rduitsplans et projets, mmes les mieux intentionns du monde.

    Lembotement des chellesIl faut considrer que les chelles du dveloppement durable ne sontpas uniquement celles du secteur routier mais au moins : lchelle rgionale, qui correspond davantage aux bassins dhabitatet dconomie, aux dplacements automobiles ou en transports encommun supportables (1h30 par jour en moyenne), aux synergiesentre diffrentes villes et inter-ples, aux cosystmes et aux cono-mies dnergie ; lchelle des secteurs de voies rapides, qui maillent dores et dj laplupart des territoires autour des villes et agglomrations et dont ilfaut effectivement tenir compte ; lchelle de formes urbaines et architecturales, accessibles et visibles(ou non) depuis la route.

    Les modlesLes grands territoires mritent ainsi de nouvelles lectures et de nouvellesmesures du temps et de lespace. Cette dmarche suppose de renou-veler deux notions souvent discutes, voire sujettes polmiques, enmatire durbanisme : les modles de croissance des agglomrationset les limites entre espaces ouverts et urbanisation.

    Quelle que soit la posture adopte, agents du laisser-faire ou poli-tiques volontaires de projets, la notion de modle savre utile pourmobiliser les acteurs vers une plus grande lisibilit des grands terri-toires. Elle est prcieuse si elle est utilise titre explicatif et prospectifet non de manire prescriptive.

    Modles polyradiocentriques, fuseaux, cits linaires, archipel,itinraires, arlequin, permettent notamment dclairer les grandesfamilles dvolutions voire dinterventions.

    Les limitesQuels que soient ces modles de croissance, ils induisent une fabrica-tion de la ville par parties, avec des relations entre espaces ouverts etespaces ferms. Dit plus simplement, la question des limites entre lesuns et les autres est toujours pose : limites foncires, limites admi-nistratives, limites rglementaires existent. Les ignorer cest se refuser considrer une ralit et ses effets induits, comme lurbanisme deplan-masse a superbement voulu ignorer la question du dcoupageparcellaire dans les annes 1950, avec les dboires ultrieurs que lonconnat et que lon na pas fini de rparer.

    De plus, si ltalement urbain, notamment dans les bourgs et lesvillages, profite et profitera de la dprise agricole, la surconsommation

    La croissancedes villes partirde la motorisationgnralise depuisles annes 1960.

  • Grand Prix de lurbanisme 2008 29

    en rseaux, en ressources et en dplacements pose la question duneplus grande densit des formes urbaines de lhabitat. Et celle-ci nepeut tre accepte quavec des contreparties en termes de paysageset dusages. Ces limites doivent donc tre rflchies et projetes.

    Outre les cadres de recherches habituels et les projets labors, cesthmes font partie, mon sens, du travail denseignant auquel je meconsacre depuis 1983, lcole darchitecture de Versailles (dont jait prsident durant quatre ans et fondateur de la revue eaV), puis lcole des ponts et chausses et lcole darchitecture de la ville etdes territoires de Marne-la-Valle. Jai rejoint cette dernire cole afinde pouvoir effectuer des passerelles sous forme de cours, sminaireset projets entre lves architectes et lves ingnieurs. Travaildchanges interdisciplinaires et internationaux que je diversifie dansle cadre dun sminaire Paris Mtropole et dune participation au DSAdarchitecte urbaniste rcemment cr Marne-la-Valle.

    Pour conclureVoil donc quelques repres pour illustrer unitinraire balis dans le temps (1970-2008) :la formation la comprhension des phno-mnes urbains telle quelle a t initie parlcole vnitienne et lcole franaise dans lesannes 1960, les confrontations aux projets etaux ralisations dinfrastructures et despacespublics expriments par lcole barcelo-naise des annes 1980 et, enfin, le dialogueavec lcole nerlandaise dinfra-architecturedes annes 1990. Ces tapes ont jalonn cedernier quart de sicle pour les architecteseuropens qui se sont intresss aux rapportsentre ville et architecture.

    Comprendre pour agir, analyser pourprojeter, enseigner et dbattre, au risque desimplifier pour partager des objectifs jugsessentiels, mobiliser des moyens trs diversau risque de nen possder aucun si ce nestcelui des infrastructures, des formes urbaineset architecturales, voil quelques feuilles deroute qui peuvent illustrer une mthode detravail.

    La recherche patiente , comme disaitLe Corbusier, continue.

    David Mangin

    Comprendre pour agir, dessiner en marchant

    David MANGIN

    Herv Dupont, directeur gnral de ltablissementpublic damnagement de la Plaine de France

    Le plus frappant dans le travail de David Mangin,cest cette lucidit face au dsastre de lorgani-sation urbaine issue des thories du Mouvementmoderne, de Buchanan, et de la logique de spcia-lisation des espaces par les forces conomiques etsociales. Depuis longtemps, il donnait des conf-rences trs pntrantes sur le rle structurant dela voirie dans la cration de la ville comme, parexemple, lcole des ponts et chausses o je luiavais demand dintervenir. Laboutissement de cepatient travail, cest videmment La Ville franchise. mon sens, cest le seul ouvrage qui donne unebase thorique solide pour laprs-Mouvementmoderne. Rien de passiste l-dedans, pas deretour au bon vieux centre historique. Mais unemthode, celle de la ville passante, pour retisserde la ville sur le territoire. Une mthode, et surtoutun savoir-faire. DavidMangin nest pas un terroristeintellectuel assenant des vrits rvles. Cest aucontraire un praticien qui prne lintelligence deslieux, de la gographie, des forces conomiqueset sociales. Cest ce qui rend son enseignementplus difficile mettre en uvre quune thoriesimpliste, mais plus profond, et par l mme plusdurable.

    Je terminerai en remarquant que son projetpour les Halles, si mal compris, tait le seul qui ftun vritable projet urbain, et non un simple objet desduction. Cest sur cette base, solide, que lon peutbtir une architecture qui prenne tout son sens.

    LUCIDIT, MTHODEET SAVOIR-FAIRE

  • 30 Grand Prix de lurbanisme 2008

    Entre ces trois-l, les choses ont lair de bien se passer. Florence Bougnoux, Jean-Marc Fritz

    et David Mangin, codirecteurs de la Seura, forment un triumvirat dapparence tout fait

    harmonieuse : la marque dune rpartition intelligente des comptences et des talents, sans

    doute. Si chacun des triumvirs a son rle jouer Florence Bougnoux, sur les projets de

    grande chelle et les btiments neufs, Jean-Marc Fritz, plus impliqu dans les infrastructures,

    les espaces publics et la reconversion, David Mangin, sur tous les sujets tout en privilgiant

    la relation avec lextrieur via ses activits denseignant et dauteur cest ensemble quils

    font tourner la Seura, la Socit dtudes durbanisme et darchitecture, fonde en 1989

    par larchitecte Alain Payeur (dsormais la retraite), avec Philippe Panerai et Jean Castex

    (partis depuis vers dautres horizons).

    Florence Bougnoux affirme sans dtour que larrive de David Mangin a t trs impor-

    tante dans le dveloppement de la Seura. Il est dterminant en dclencheur daffaires.

    Cest un fin stratge.

    Aujourdhui petite entreprise de vingt-six personnes, la Seura a dmarr ses activits

    par des ralisations de btiments, essentiellement des logements, et quelques projets

    urbains. La progression sest faite lentement, mais assurment, en trois tapes, si lon en

    croit Jean-Marc Fritz. Le premier dclic et donc la premire visibilit de lagence fut

    lamnagement de lespace public du boulevard Richard-Lenoir, Paris (avec Jacqueline Osty);

    le deuxime aprs quelques annes noires, des annes de crise pour le btiment fut la

    reprise des activits avec la concrtisation de plusieurs projets de logements la fin des

    annes 1990; enfin, le troisime dclic fut ltude de dfinition du quartier des Halles Paris

    LA SEURA : UN TRIO

    Ci-dessus :Jean-Marc Fritz,Florence Bougnouxet David Mangin.

    Page ci-contre,de gauche droite :Eurylice Roncen,Clment Lanois,Carole Lanoix,Anne-Sophie Duteil,Sophie Harache,Thrse Paumeau,Philippe Renoir,

    Pierre Duplan,Florence Bougnoux,Claude Halevy,Guillaume Lanvier,Luis Masia Massoni,tienne Famin,Stphane Vedrenne; larrire :Jean-Marc Fritz,

    David Mangin,Mathieu-HSimonpoli,Franck Rigaud,Giovanni Scandola;au premier plan :StphanieDennilou,Vronique Borderan.

  • Grand Prix de lurbanisme 2008 31

    La Seura : un trio

    gagne en 2004. La visibilit de lagence, tout comme ses activits, a alors augment de

    faon substantielle avec, larrire-plan, un dbat mal pos : le projet urbain laurat des

    Halles ayant fait lobjet dune polmique trs vive, privilgiant le dbat architectural sur la

    complexe question urbaine.

    La Seura nest au demeurant pas absente du dbat architectural, comme le confirme la

    nomination au prix SIMI 2008 dans la catgorie immeuble mixte de lhtel dentreprises

    Brulon-Cteaux, rcemment livr. Architecture et urbanisme sont donc les deux axes de

    lactivit de lagence qui en joue la totale complmentarit, tant au niveau des associs

    que des chargs de projet complmentarit de points de vue par des changes perma-

    nents entre les associs, complmentarit de typologies de projet confies aux chargs de

    projet. Nous avons cur de faire en sorte que toutes les personnes de lagence agis-

    sent sur diffrentes typologies le btiment neuf et la reconversion, le projet urbain,

    lespace public, les infrastructures, les grands territoires , chaque typologie nourrissant les

    autres. Ce qui nest pas trs rentable, reconnat Florence Bougnoux, mais trs enrichissant.

    Le but est que chacun dveloppe un potentiel commun, une culture commune. On organise

    des visites de chantiers, des sances de formation interne avec des projections, explique Jean-

    Marc Fritz. Il faut crer une synergie. Chaque opration faisant avancer les notions de

    conception. Cest la condition pour quune agence progresse.

    Au regard de la quantit de projets en cours, notamment, et cest nouveau, ltranger,

    assurment, la Seura poursuit un chemin toujours en interrogations nouvelles et en

    progression. OBM

  • Projetset ralisationsSeura, architectes urbanistesFlorence Bougnoux, Jean-Marc Fritz et David Mangin

  • Grands territoires

    La ville au prilde la monte des eaux

    Infra-architectures

    Espaces publics

    Mutations

    Douai secteur du RaquetTriangle de Gonesse 800 hectares entre Roissy et Le BourgetBruxelles site de Schaerbeek

    Angers quais de la MaineSihanoukville

    Paris 1er les HallesBordeaux MriadeckMarseille autoroute A7-avenue du Gnral-Leclerc

    Lille place des BuissesBordeaux cours du Chapeau-RougePessac centre villeParis 1er jardin des HallesAnzin jardins Valmont

    Tarbes les bassins de lArsenal et les terrains de lAdourStrasbourg zone commerciale nordNouma DoniamboParis 12e secteur Brulon-Cteaux

  • 34 Grand Prix de lurbanisme 2008

    Grands territoires

    Ce projet pourlurbanisationde 200 hectaresdans la plainede Chartres a tent,il y a quinze ans,de raisonner en termesdinfrastructure, depaysage, de phasageet darchitecture.

    Trois fuseaux(orients versla cathdrale deChartres) prfigurentdes projets ultrieurs,notamment celui,en cours, du secteurdu Raquet Douai sur unesurface quivalente.

    La ville polycentrique.

    La ville en fuseaux.

    La ville linaire contemporaine.

    La ville delta.

    Plaine de ChartresConcours, 1995

  • Grand Prix de lurbanisme 2008 35

    Bernard Reichen a largement diffus deux notions :celle de projet territorial et celle dinversion du regarden pensant les agglomrations de lextrieur vers lintrieur.

    La mtropolisation, qui est en ralit la surimposition

    dune trame intervilles de rseaux rapides (autoroutes, TGV,

    hubs aroportuaires et logistiques) des chelles continentales,

    a provoqu lurbain gnralis et de nouvelles hirarchies.

    Les grands territoires ncessitent dtre compris dans

    cette nouvelle couche o les grandes agglomrations doivent

    offrir une lisibilit plus grande. cet gard, lide de faire

    merger des modles prospectifs (polycentrique, en fuseaux,

    linaire, delta) peut tre utile pour structurer les rseaux

    de transports en commun, les ples intermodaux, les cosystmes.

    La prochaine tape est sans doute de penser en creux le rapport

    non construit/construit partir dun tat de la nature

    des natures (eaux, forts, agriculture) o celles-ci,

    au lieu dtre des lments sanctuariss, deviennent les agents

    dynamiques de la transformation des formes et de la localisation

    des fonctions. Cest ce que tentent de faire les experts

    du Grenelle Environnement et le paysagiste Alfred Peter

    dans le cadre de la rponse du groupe Descartes la consultation

    du Grand Paris laquelle nous participons : quelles sont

    les masses critiques de forts utiles et de gestion des fleuves

    pour rpondre laprs-Kyoto (+2C)? Dans ces scnarios

    par objectifs, les grands territoires deviennent dj

    une notion relative o les bassins versants, par exemple,

    surdterminent lvolution des bassins demploi et dhabitat.

  • 36 Grand Prix de lurbanisme 2008

    Douai secteur du Raquet

    Il sagit damnager,au cur dun secteurpriurbain,un nouveau quartierde 12000 habitantset 3500 logementsdont la cohsionest assure par unesrie dquipementspublics de proximit

    Douai

    Parc sportif Parc urbain

    Projet retenu, tude de dfinition, 2005-2006 : projet damnagement dun coquartier

    Plan de situation.

    Parc sportif.

    Parc urbain.

    Parc maracher.

    Parc forestier.

  • Grand Prix de lurbanisme 2008 37

    Grands territoires

    David MANGIN

    Parc maracher Parc forestier

    Sin-le-Noble

    (Seura architectesurbanistes,Florence Bougnoux,Jean-Marc Fritzet David Mangin.Cotraitants :Atelier LD, paysagiste;Solener, BETenvironnemental;Jean-Pierre Traisnel,consultantdveloppement durable;Coup dclat,concepteur lumire;Berim, BET Voirie,Rseauxdivers [VRD].)

    et par lextensiondu tramway. Le projetest un coquartierdont les lmentsconstitutifs la gestionde lnergie,de la ressource eauet les modesde dplacementsdoux participent

    la dfinition delarchitecture venir.Il traduit la volontde privilgierla mixit de paysagesmlant activitstraditionnelles,agriculture etlogements. Adapt cette diversit,

    lhabitat seraconstitu de petitscollectifs, de maisonsde ville en rues.Quatre espacesouverts (parcssportif, urbain,maracher, bois) dfinissant des modesde gestion a minima

    et des limitesdiversifies faceaux paysages sontdisposs en fuseaux.Des parcelles serontlaisses librespour anticipersur les possibilitsultrieuresde densification.

    Vue gnraledamnagement.

  • Douai secteur du Raquet

    38 Grand Prix de lurbanisme 2008

    Le parc maracher.

    Le parc sportif.

  • Grand Prix de lurbanisme 2008 39

    Le canal.

    Grands territoires

    David MANGIN

  • Triangle de Gonesse800 hectares entre Roissy et Le Bourget

    40 Grand Prix de lurbanisme 2008

    tude de dfinition, 2008 : projet damnagement pour un site stratgique lchelle du Grand Paris

    Plan de situation.

    Schma figurantla grande croise des transports en commun.

    Schma figurant les contraintes de hauteur induitespar les cnes de dcollage du Bourget et de Roissy.

    Principes cologiques des superquadras de 280 280 mtres.

  • Le projet partde lhypothsedun rquilibragevolontariste duterritoire en faveurdes transportsen commun pourles employs de Roissyqui, aujourdhui, linverse de ceuxde la Dfense,viennent trsdifficilement surleur lieu de travailen transports encommun. Une lignede tramway est-ouestconstitue la colonnevertbraledu territoire,

    entre Le Bourgetet Roissy-Charles-de-Gaulle, et gnre,de part et dautre,un ruban de villelinaire, sur300 mtres. Une garede liaison, orientenord-sud, entreRER B et D,croise ce tramway.Louverture lurbanisationseffectueprogressivement pardes superquadras de280 mtres de ct,des clotres et desdoubles clotres.Ceux-ci permettent

    de varier les identits,les programmes etles paysages intrieurs,tout en limitantleffet lot dechaleur. Le paysageouvert est constitude ppinires, deserres et de culturede miscanthus(taillis trs courterotation servant la productionde combustible),en complmentde la gothermieet de lnergiesolaire. La gestionde leau seffectue lchelle de llot.

    (Seura architectesurbanistes,Florence Bougnoux,Jean-Marc Fritzet David Mangin.Cotraitants :Composante urbaine,paysagiste; ETC,BET dplacements;YL, BETamnagement;Berim, BET VRD;Agi2D, consultantdveloppement durable.)

    Grand Prix de lurbanisme 2008 41

    Parcde Villepinte

    AutorouteA1

    Plan gnral damnagement.

    Grands territoires

    David MANGIN

    Vers laroportCharles-de-Gaulle

    Vers laroportdu Bourget

  • 42 Grand Prix de lurbanisme 2008

    Triangle de Gonesse 800 hectares entre Roissy et Le Bourget

    Vue gnrale vers Paris, depuis Le Bourget.Simulation des jeux formels et programmatiquesdes superquadras.

  • Particularit dela propositionde Seura : le projetMercator, figurecirculaire visibledu ciel, lieudimplantation

    dun grand quipementrgional ou dunegrande entreprise,affirmant le caractredexception du site.Limage trs fortedu projet permet

    Grand Prix de lurbanisme 2008 43

    Grands territoires

    David MANGIN

    dviter le mitageprogressif de la plainede Gonesse et offreune visibilit lchelledu Grand Paris depuisles voies ariennes,ferres et autoroutires.

  • Bruxelles site de Schaerbeek

    44 Grand Prix de lurbanisme 2008

    Concours, 2008 : tude dimplantation dun grand stade et de mutation dun site ferroviaire

    Plan de situation.

    Schmas durbanisation progressive des lentilles du rseau ferr.La leon de Venise.

    Vue arienne du site.

  • Les lentillesde lancien rseauferr serontprogressivementurbanises selonun processusqui rappelle celuide la formationde Venise.

    (Seura architectesurbanistes,Florence Bougnoux,Jean-Marc Fritzet David Mangin.Cotraitants : Atelier LD,paysagiste; IngropBET VRD;Spire, programmiste.)

    Grand Prix de lurbanisme 2008 45

    la faveur dela rorganisationdu rseau, le schmadirecteur dela zone levier n 11(Schaerbeek) doitorganiser la mutation

    dune empriseferroviaire de200 hectares.Les possibilitsdinsertion dun stadede 70000 placespour une candidature

    belgo-nerlandaise lorganisation dela Coupe du monde2018 ont t tudies,privilgiantlimplantationde ce stade prs

    de la gare deSchaerbeek-voyageurs.Paralllement,il est propos quela ville de fer mutepar agglomrationssuccessives.

    Plan gnral damnagement.

    Scnario dimplantation dun stadeen bordure du canal desservi 90 % par les transports en commun.

    Grands territoires

    David MANGIN

  • 46 Grand Prix de lurbanisme 2008

    Une crue de la Maine Angers.

    Sihanoukville en priode de mousson.

    La ville au prilde la monte des eaux

  • Grand Prix de lurbanisme 2008 47

    L eau, la guerre de leau, le refroidissementdu Gulf Stream, la monte du niveau de la mer,les moussons et les tsunamis dAsie, les cyclones

    des tropiques, la fonte des glaciers la lecture

    des journaux, le catastrophisme parat de mise

    et les dbats franco-franais passablement drisoires.

    Les changements de doctrines concernant les plans

    de protection contre les risques dinondation ont pris

    revers les lus : des quartiers existants ou rputs

    constructibles sont devenus inondables au prisme

    du principe de prcaution de crue bicentenaire

    Les cits lacustres et les villes sur pilotis mergent

    des cartons. Et si, tout simplement, ctait

    une occasion, face aux temps incertains, de promouvoir

    une souplesse plus grande des usages et du nomadisme

    des lots et des pices habites? une opportunit

    vers plus de permabilit des sols et linvention

    de nouveaux terrains artificiels? Le projet de lhpital

    de Venise de Le Corbusier entre mer et ciel

    ne serait-il pas un projet fondateur de strates

    dont chaque niveau correspond un tage de

    ce monde dont la surface ne cesse de trembler?

  • Angers quais de laMaine La RN 23, dans satraverse dAngers, estaujourdhui une autorouteen rive de la Maine quicoupe la ville basse dela ville haute. Le fluxde transit et dchange

    48 Grand Prix de lurbanisme 2008

    Projet en cours : tude de requalification de la RN 23

    en traverse dAngers, 2004-2008

    La place Molire projete [3].

    Vue gnrale damnagement.

    Nouveau quartier Saint-Serge : schmasdu principe de gestion des crues [1].

    1

    2

    3

    4

  • La ville au pril de la monte des eaux

    David MANGIN

    sur la portion urbaineest en passe desamenuiser grce lamise en place par ltatdun contournementautoroutier, lA19. Cestloccasion pour la ville

    dAngers de renouer avecla rivire et dtablir undialogue entre les deuxrives. La requalificationdes berges de la rivire,de la voirie et desespaces publics attenants

    dans la traverse dAngersest, depuis 2006, soumise de nouvelles contraintesapparues suite lvolution du plan deprvention des risquesdinondation (PPRI),

    qui obligent adapterles premires propositionsdu projet en consquence,cest--dire de prvoirun coulement des eauxsur lensemble des bergeset des terrains riverains.

    Grand Prix de lurbanisme 2008 49

    Perspective sur les berges en trois paliers, correspondant aux niveaux des crues [2].

    Perspective sur la place Molire : une grve vers la berge [3].

    Perspective sur la prairie au pied du chteau [4].

    (Seura architectesurbanistes,Florence Bougnoux,Jean-Marc Fritzet David Mangin.Cotraitants :Dici l, paysagiste;Arcadis, BET VRD;ETC, BETdplacements.)

  • Sihanoukville

    50 Grand Prix de lurbanisme 2008

    Projet pour le dveloppement de Sihanoukville, 2006

    Carte des itinraires touristiques ariens au Cambodgeaujourdhui.

    Carte des itinraires ariens touristiques dans lhypothsedu dveloppement de Sihanoukville.

    Amnagement de Singapour par un rseau de villesnouvelles.

    Vue panoramique actuelle de Sihanoukville.

    Amnagement propos pour la pninsule de Sihanoukville.

    Vue projete.

  • Grand Prix de lurbanisme 2008 51

    Perspective sur le boulevard du littoral sur le golfe de Thalande.

    Vue projete : du plateau la plage.

    La ville au pril de la monte des eaux

    David MANGIN

    (Seura architectesurbanistes,Florence Bougnoux,Jean-Marc Fritzet David Mangin.Cotraitants : Desaix,BET hydraulique;G. Stetten.)

    Ce projet pourune ville dun milliondhabitants proposeau gouvernementcambodgienun dveloppementde la ville et dela pninsule surune dure de vingt ans.Lobjectif est de crerune ville capablede fournir des emploislis au port (seul porten eau profondedu Cambodge),aux plateformesindustrielles(raffineries, textiles,conserveries) et autourisme : les plageset les les permettenten effet doffrir auxtouristes dAngkorune alternative en payskhmer aux plagesthalandaises.Mais il faut protgerces territoires dela surconsommationdes ressources en eaupotable, du mitagede la spculation,de la dforestationet de la montedes eaux. Le plandirecteur proposeune chronologie dedveloppement fondesur la constructiondun barrage etla protection des zonesboises, de lagriculturelocale et dela mangrove. Le planpour la plaine littoralevise relier parune cit linairele centre-ville existantet laroport, et fixepar quelques optionsminimales une trameroutire, des densits,des thmatiques etsurtout une gestionhydrologique lchelleurbaine et parcellaire.

  • Sihanoukville

    52 Grand Prix de lurbanisme 2008

    Plan gnral durbanisation de la plaine entre la ville existante et laroport.

    Principe de gestion des eaux (schmatis et en plan) fond sur un rseau spar : des bassins de rtention pour les eauxpluviales et des bassins de lagunage pour les eaux uses.

  • Lpine dorsaledu projet pourla plaine (le strip)ralise une bandeentre les sept collinesde la ville existanteet laroport.

    Elle permet detraverser des ambiancesdiverses : campus, villebalnaire, ville oasisrsidentielle sousle vlum des cocotiers,ville centre active.

    Grand Prix de lurbanisme 2008 53

    La ville balnaire.

    La ville oasis.

    La ville centre.

    La ville campus.

    Les sept collines