godin, b., trépanier, m., albert, m. (2000) des organismes sous tension
TRANSCRIPT
-
7/29/2019 Godin, B., Trpanier, M., Albert, M. (2000) Des organismes sous tension
1/27
ruditest un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l'Universit de Montral, l'Universit Laval et l'Universit du Qubec
Montral. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. ruditoffre des services d'dition numrique de documents
scientifiques depuis 1998.
Pour communiquer avec les responsables d'rudit : [email protected]
Article
Benot Godin, Michel Trpanier et Mathieu AlbertSociologie et socits, vol. 32, n 1, 2000, p. 17-42.
Pour citer cet article, utiliser l'information suivante :
URI: http://id.erudit.org/iderudit/001303ar
DOI: 10.7202/001303ar
Note : les rgles d'criture des rfrences bibliographiques peuvent varier selon les diffrents domaines du savoir.
Ce document est protg par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'rudit (y compris la reproduction) est assujettie sa politique
d'utilisation que vous pouvez consulter l'URI http://www.erudit.org/apropos/utilisation.html
Document tlcharg le 8 mars 2013 05:58
Des organismes sous tension : les conseils subventionnaires et la politique scientifique
-
7/29/2019 Godin, B., Trpanier, M., Albert, M. (2000) Des organismes sous tension
2/27
Au sortir de la deuxime guerre mondiale, les gouvernements occidentaux ont
mis sur pied des mcanismes destins financer de faon rgulire la recherche
universitaire. Un de ces mcanismes fut la cration de Conseils subventionnaires. Le
premier Conseil, la National Science Foundation (nsf), a vu le jour aux tats-Unis en1950 et il a inspir plusieurs pays.Au Canada, cest en 1960 quest mis sur pied le Conseil
de recherches mdicales (crm) et en 1978 suit le Conseil de recherches en sciences
naturelles et gnie (crsng) qui prend la relve du Conseil national de recherche duCanada (cnrc). Au Qubec, le Fonds fcac (aujourdhui fcar) voit le jour en 1969, le
Conseil qubcois de la recherche sociale (cqrs) en 1979, et le Fonds de recherche en
sant du Qubec (frsq) en 1981.Les Conseils subventionnaires sont au cur du financement de la recherche
universitaire. Certes, diverses autres sources de financement de la recherche, quelles
soient publiques ou prives, ont toujours exist et ont mme pris une part importante
benot godininrs/ost
3465, rue Durocher
Montral (Qubec), Canada h2x 2c6
Courriel: [email protected]
michel trpanierinrs/cirst
3465, rue Durocher
Montral (Qubec),
Canada h2x 2c6
Courriel: [email protected]
mathieu albertprofessionnel de recherche,
Conseil de la science et de la technologie,
2021, avenue Union, 9e tage,
Montral (Qubec), Canada h3a 2s9
Courriel: [email protected]
17
Des organismessous tension :
les conseils subventionnaires etla politique scientifique*
* Cette recherche a bnfici du financement du Fonds fcar. Les auteurs tiennent galement remercierLiette Fiset qui a particip lanalyse des discours des Conseils de mme que Jean-Pierre Robitaille et les deuxvaluateurs de Sociologie et socits pour leurs commentaires et suggestions.
-
7/29/2019 Godin, B., Trpanier, M., Albert, M. (2000) Des organismes sous tension
3/27
ces dernires annes. Mais ce sont les Conseils subventionnaires qui financent la
majorit de la recherche fondamentale ralise en milieu universitaire.
Les Conseils subventionnaires ont la particularit dtre des organismes situs aucarrefour de deux intrts ou champs : le champ politique et le champ scientifique
(Guston, 2000 ; Guston, 1996 ; van der Meulen, 1998 ; Braun, 1993). Dune part, les
Conseils sont des cratures de ltat qui le Gouvernement dlgue lactivit definancer la recherche.Les gouvernements ont longtemps laiss aux Conseils le soin de
dfinir les orientations destines raliser ce mandat gnral. Mais de plus en plus les
Conseils doivent transposer des demandes nouvelles en provenance du politique auprsde la communaut scientifique.Une partie des augmentations des budgets des Conseils,
par exemple, est de plus en plus lie ces exigences (Gingras, Godin et Trpanier,
1999).Dautre part, et en mme temps quils sont au service du politique, les Conseils
servent la communaut scientifique. Le chercheur est non seulement le bnficiaire
des fonds de recherche des Conseils, mais il est aussi un rouage essentiel de lactivit de
ceux-ci. Ce sont les chercheurs qui, par exemple, sont appels valuer les projets derecherche et participer aux divers comits dorientation des Conseils.
Une telle position intermdiaire,entre le politique et le scientifique, est productrice
de tensions. En effet, les Conseils doivent concilier les attentes des chercheurs aveccelles des politiciens. Comment parviennent-ils harmoniser lautonomie qui
caractrise le champ scientifique avec les demandes socio-conomiques que vhiculent
les politiques scientifiques?La double allgeance des Conseils offre, nous semble-t-il, un cas exemplaire o
observer, sil en est, leffet des nouveaux discours politiques et des nouveaux modes de
production des connaissances. Dans leur livre The New Production of Knowledge (1994),M. Gibbons et al. suggrent que la recherche est actuellement en voie de transformation.
La science serait de plus en plus: 1) produite en de multiples lieux plutt que dans les
universits seules; 2) empreinte de vises dapplication davantage que strictement
acadmique;3) pertinente socialement; 4) interdisciplinaire; 5) intgre aux intrts desacteurs sociaux. Cest ce que les auteurs appellent le mode 2 , en opposition au
mode 1 qui prsidait avant 1945.
Lanalyse de Gibbons et al. recoupe plusieurs caractristiques des politiques scien-tifiques et technologiques actuelles, caractristiques qui jouent un rle dans la dfini-
tion des orientations des Conseils puisquelles sont autant de demandes adresses aux
institutions scientifiques.Sans entrer dans les dtails, soulignons que lenvironnementconomique de la recherche connat depuis une quinzaine dannes des changements
considrables. Les proccupations des politiques gouvernementales se sont toutes tour-
nes depuis une quinzaine dannes vers les mcanismes de linnovation, en cherchant
les moyens de la stimuler. Ainsi ont graduellement vu le jour divers lments constitu-tifs dune politique de linnovation venant remplacer les traditionnelles politiques de
la science ou encore les politiques de la science et de la technologie (Limoges, 1992 ;
Godin et Trpanier, 1995 ; Gingras, Godin et Trpanier, 1999).
18 sociologie et socits vol. xxxii. 1
-
7/29/2019 Godin, B., Trpanier, M., Albert, M. (2000) Des organismes sous tension
4/27
Place au cur des politiques de linnovation, lentreprise a acquis un statut pri-
vilgi. Toutefois, si elle demeure le lieu oblig de la mise en march de linnovation, la
gense de cette dernire fait galement appel dautres acteurs et les politiques insistentdonc sur leur mise en relation. Au nombre de ces acteurs figurent les institutions den-
seignement suprieur et les laboratoires publics. Les gouvernements ont estim quil
convenait l aussi daiguiller les activits vers la finalit de linnovation. Finalement,les politiques de linnovation sont aussi caractrises par laccent mis sur le transfert,
principalement des fins conomiques, des connaissances, des savoir-faire et des tech-
nologies. Compte tenu de ces tendances politiques, comment se traduisent ces deman-des politiques dans les orientations des Conseils subventionnaires? Comment ceux-ci
oprationalisent-ils les nouveaux principes au cur des politiques scientifiques et tech-
nologiques rcentes? Le prsent article cherche rpondre la question en procdant une analyse, dune part, des discours des Conseils et, dautre part, du financement
quils ralisent dans la recherche universitaire.
Nous tudierons, dans un premier temps, les plans stratgiques de seize Conseils
subventionnaires travers le monde dans le but de voir si les discours tels quils appa-raissent dans les noncs dorientations sarticulent aux nouvelles attentes de la poli-
tique scientifique. Nous verrons en effet que les Conseils internalisent, mais lentement,
les caractristiques du mode 2. Dans un deuxime temps,et en nous concentrant surle Canada et le Qubec cette fois,nous analyserons le financement par programme des
organismes subventionnaires. Nous remarquerons ici que les changements se font
encore beaucoup plus lentement: la majorit du financement de la recherche univer-sitaire demeure aujourdhui relativement traditionnel et relve davantage de ce que
Gibbons et al. appellent le mode 1.
les orientations stratgiques des conseils subventionnaires
Les Conseils subventionnaires sont un des mcanismes les plus rpandus pour assurer
le financement de la recherche universitaire et, ce titre, ils jouent un rle central. Il est
par consquent tonnant que les Conseils aient reu si peu dattention de la part desanalystes. Mis part quelques articles, les uns quantitatifs (Caswill, 1998 ; Skoie, 1996),
les autres limits un pays (Kyvki, 1997), les orientations et les pratiques des Conseils
ont t peu tudies.Nous proposons ici un examen systmatique et dtaill des plans stratgiques de
seize Conseils subventionnaires. Lchantillon que nous avons constitu est marqu
par la diversit afin didentifier avec une certaine exhaustivit les diffrentes formesque prennent les orientations et les activits des Conseils. Aussi, les Conseils retenus
couvrent-ils lensemble des grands domaines de lactivit scientifique, cest--dire les
sciences naturelles et le gnie, les sciences biomdicales et les sciences humaines et so-
ciales. Nous nous sommes ainsi assurs de ne pas gnraliser lensemble de lactivitscientifique des orientations qui seraient plutt le fait de disciplines spcifiques. Par
ailleurs, nous avons jug bon de retenir des pays et des Conseils de taille diffrente. Ici
aussi, lchantillon permet de voir si, en fonction des ressources dont ils disposent et de
19Des organismes sous tension
-
7/29/2019 Godin, B., Trpanier, M., Albert, M. (2000) Des organismes sous tension
5/27
la politique scientifique et technologique mise de lavant par le gouvernement, les
orientations et les pratiques diffrent dun Conseil lautre et, dans certains cas, pren-
nent des caractristiques originales. Dentre de jeu, nous avons retenu les Conseilscanadiens dans la mesure o lun dentre nous avait dj amorc lexamen de la struc-
ture du financement accord par ces Conseils, ce qui allait permettre de jauger la dis-
tance ou la proximit entre les discours et les pratiques de financement. Enfin, nousavons retenu les Conseils dont les plans stratgiques taient disponibles en anglais ou
en franais.
Parus entre 1992 et 1998, les plans stratgiques sont lexpression la plus rcente desorientations que les Conseils souhaitent donner leurs activits. En gnral, il sagit de
plans quinquennaux dans lesquels, outre les orientations gnrales, le Conseil prsente
les objectifs plus spcifiques quil entend poursuivre. Les plans stratgiques sont aussiloccasion, pour certains Conseils, dannoncer les nouvelles initiatives, les nouveaux
programmes quils comptent mettre sur pied pour atteindre les objectifs.
Compte tenu de ces caractristiques, nous avons structur lexamen des plans
stratgiques autour des lments suivants :
les dfis et les problmes auxquels le Conseil dsire sattaquer;
la dfinition quil donne de sa mission;
tableau 1
Plans stratgiques retenus
Pour les Etats-Unis
National Science Foundation (nsf)
National Institutes of Health (nih)
Pour le Danemark
Danish Research Council for the Humanities (drcf)
Danish Agricultural and Veterinary Research Council (davrc)
Danish Medical Research Council (dmrc)
Danish Social Science Research Council (dssrc)
Danish Technical Research Council (dtrc)
Danish Natural Science Research Council (dnsrc)
Pour le Canada
Conseil de recherches en sciences humaines (crsh)
Conseil de recherches mdicales (crm)
Conseil de recherches en sciences naturelles et en gnie (crsng)
Pour le Royaume-Uni
Biotechnology and Biological Sciences Research Council (bbsrc)Economic and Social Research Council (esrc)
Medical Research Council (mrc)
Engineering and Physical Sciences Research Council (epsrc)
Pour la Norvge
Research Council of Norway (rcn)
20 sociologie et socits vol. xxxii. 1
-
7/29/2019 Godin, B., Trpanier, M., Albert, M. (2000) Des organismes sous tension
6/27
les objectifs plus spcifiques quil se fixe au cours de la priode vise par le planstratgique et grce auxquels sincarne sa mission ;
les programmes et les activits quil privilgie et qui, au plan de la gestion desressources, permettent datteindre les objectifs retenus.
Pour chacun des lments, nous avons dabord tabli la liste complte des noncs
dorientations contenus dans un plan stratgique. Puisque la formulation dune orien-
tation pouvait varier dun Conseil un autre et mme au sein dun plan stratgiquedonn, nous avons ensuite standardis la dnomination des orientations de faon
pouvoir synthtiser linformation et comparer les plans stratgiques entre eux.
Les catgories retenues apparaissent dans les quatre tableaux synthse prsents enannexe; elles visent permettre la description la plus fidle et la plus exhaustive possible
des orientations privilgies par les Conseils.Pour rduire au minimum les biais et les
erreurs, le classement a fait lobjet dune triangulation dans la mesure o il a t repris
par un deuxime investigateur et que les cas problmatiques ont ensuite t rgls lorsdune discussion impliquant les trois membres de lquipe.
figure 1
Nous prsentons les diffrents lments des plans stratgiques en partant du plus
gnral pour aller vers le plus spcifique:Les quatre tableaux synthses prsents en annexe (tableaux1 4) dressent le portrait
des noncs apparaissant dans les seize plans stratgiques tudis. Le lecteur y trouvera les
exemples concrets sur lesquels sappuie lanalyse prsente dans les pages qui suivent.
Dans lanalyse, il faut porter attention au degr de cohrence que lon peut observerentre les orientations gnrales dun plan stratgique et les programmes et les activits
dans lesquels elles se concrtisent. Par ailleurs, la lecture des plans stratgiques nous a
incit, retenir deux niveaux de comparaison: dune part, il est intressant de comparerentre eux les Conseils ayant des champs dintervention semblables (sant, sciences
naturelles, sciences sociales, etc.) et, dautre part, reprer les ressemblances et les
diffrences entre les pays.Comme on peut sy attendre, des orientations, des objectifs et des programmes
traditionnels cohabitent avec dautres plus nouveaux au sein des plans stratgiques des
Conseils. Par exemple, le soutien la recherche libre axe sur lavancement des
connaissances relve de la tradition tandis que la recherche stratgique dans desthmatiques dcides par les utilisateurs relve de la nouveaut.
Les propositions nouvelles sont autant de rponses apportes par les Conseils
un environnement changeant de mme quaux demandes que leur adressent les
dfis et problmesmissionobjectifs
programmes et activits
21Des organismes sous tension
-
7/29/2019 Godin, B., Trpanier, M., Albert, M. (2000) Des organismes sous tension
7/27
gouvernements. Comme nous le verrons plus en dtail dans lanalyse qui suit, le poids
du nouveau et du traditionnel varie en fonction de llment dont il est question. En
effet,nous observons que cest dans les lments les plus gnraux des plans stratgiquesque la nouveaut occupe le plus de place alors que, plus il sagit des activits concrtes
du Conseil,plus le traditionnel gagne en importance. Plus schmatiquement, on peut
reprsenter cette observation de la faon suivante:
traditionnel nouveau
Dfis et problmes X
Mission X
Objectifs X X
Programmes et activits X
les dfis et problmes
En gnral, le plan stratgique dun Conseil subventionnaire souvre sur une
prsentation des dfis et des problmes auxquels il souhaite sattaquer. ce niveau, le
discours des Conseils est trs nettement plac lenseigne de la nouveaut.Pour prs du tiers des Conseils (six sur seize), le dfi de lutilisation des rsultats de la
recherche fondamentale des fins conomiques occupe une place centrale. Il sagit du dfi
le plus frquemment identifi par les Conseils. Cette orientation est particulirementmarque au Royaume-Uni (trois des quatre Conseils). Parmi les autres dfis identifis par
les Conseils, on observe que deux dentre eux rejoignent cette ide de maximiser les
retombes et lutilisation des connaissances produites pour des fins relatives la protectionde lenvironnement (quatre Conseils) et lamlioration de la qualit de vie (trois Conseils).
Le dfi de la globalisation et de linternationalisation de la recherche figure dans
cinq des seize plans stratgiques. Au Canada, au Danemark et en Norvge, la volont defavoriser la collaboration (quatre Conseils sur cinq) est souvent lie au fait que le Con-
seil retient la globalisation et linternationalisation de la recherche comme un dfi
relever.Cette orientation est spcifique aux petits pays; le Royaume-Uni et les tats-
Unis ne se comportent pas ainsi.Les dfis et problmes auxquels les Conseils souhaitent sattaquer amnent la moiti
dentre eux se questionner sur leur mode de fonctionnement. Huit Conseils soulignent
en consquence leur dsir daccrotre lefficacit de leurs programmes afin doptimiserleurs investissements en recherche.
la mission
Pour les Conseils, la mission est en quelque sorte le but gnral quils poursuivent
travers leurs diverses activits. Mme si les orientations traditionnelles vhicules par
la communaut scientifique y trouvent encore leur place, cest nanmoins ce niveau
que le discours des Conseils nous est apparu le plus marqu par la nouveaut et par lesdesiderata des gouvernements dont ils relvent.
De faon gnrale, le progrs des connaissances et le soutien de la recherche de
haut calibre occupent une place significative dans la dfinition de la mission des Con-
22 sociologie et socits vol. xxxii. 1
-
7/29/2019 Godin, B., Trpanier, M., Albert, M. (2000) Des organismes sous tension
8/27
seils subventionnaires. Ainsi, une majorit de Conseils (dix sur seize), dont la totalit
des Conseils subventionnaires en sciences humaines et sciences sociales, tous pays con-
fondus, retient comme mission le support de la recherche de haut calibre tant fonda-mentale, applique que stratgique. Traditionnellement, la formation la recherche
tait une des dimensions de la mission des Conseils subventionnaires. Or,on constate
quelle a t un peu mise lcart dans les plus rcents plans stratgiques. Cinq Conseilssur seize lont en effet retenue dans la dfinition de leur mission. Cela dit, on observe
que, dans lensemble, la plupart des Conseils ritrent leur adhsion aux dimensions les
plus classiques de leur mission.Au chapitre des nouveauts, on constate que lutilisation des rsultats de la recher-
che occupe maintenant une place considrable. Ainsi, plusieurs Conseils incluent dans
leur mission la prise en compte des besoins des utilisateurs (six Conseils), lutilisationdes rsultats de la recherche dans lconomie, lamlioration de la qualit de vie (cinq
Conseils) et la diffusion des rsultats de recherche dans la collectivit (quatre Conseils).
Ce faisant, les Conseils sloignent dun mode de fonctionnement typique du mode 1
qui consistait soutenir une recherche axe dabord et avant tout sur les besoins de ladiscipline en esprant que la connaissance produite trouve delle-mme son chemin jus-
quaux utilisateurs.La majorit des Conseils dans les domaines des sciences naturelles,
de lingnierie et des biotechnologies se donnent maintenant pour mission de rpondreaux besoins des utilisateurs en transfrant dans lconomie les connaissances et les
rsultats de la recherche.
En somme, les Conseils veulent se faire plus interventionnistes en ce qui a trait la pertinence socio-conomique de la recherche et lutilisation de ses rsultats.Globa-
lement, ils insistent davantage sur cette orientation que sur leur mission plus tradi-
tionnelle davancement des connaissances et de soutien la formation. Ce faisant, ilsdfinissent leurs missions de faon rpondre dune manire relativement adquate aux
demandes qui leur sont adresses par les gouvernements qui souhaitent mieux
mobiliser la science des fins de dveloppement conomique ou social. ce niveau, le
discours des Conseils comprend nombre dlments associs au mode 2.
les objectifs
Les objectifs noncs par les Conseils dans les plans stratgiques sont, rappelons-le,une premire concrtisation de leur mission. Cest aussi sous cette rubrique que les
Conseils spcifient leur objectif gnral grce une srie dobjectifs plus spcifiques et
plus oprationnels. la diffrence des deux lments que nous venons dexaminer, il est difficile ici de
dterminer lequel du traditionnel ou de la nouveaut prvaut. En fait, il serait plus
juste, ici, de parler dquilibre.
Dun ct, les Conseils se donnent des objectifs qui constituent en quelque sorteune consolidation de pratiques plus traditionnelles : meilleure comprhension du mon-
de, avancement des connaissances, garantir la recherche libre et la recherche fonda-
mentale. Dix Conseils ont au moins une de ces orientations comme objectif stratgique.
23Des organismes sous tension
-
7/29/2019 Godin, B., Trpanier, M., Albert, M. (2000) Des organismes sous tension
9/27
Dans le mme ordre dide, huit Conseils poursuivent un objectif damlioration de la
formation et six de soutien la recherche de haut calibre.
De lautre ct, les plans stratgiques des Conseils font une place tout aussi impor-tante des objectifs que lon peut qualifier de nouveaux. Ainsi, comme cest le cas pour
la dfinition de leur mission, les objectifs retenus par les Conseils accordent une place
significative lutilisation des rsultats de la recherche ainsi qu sa pertinence eu gardaux besoins des utilisateurs. Laccroissement de lutilisation et du transfert des con-
naissances dans la collectivit est un objectif trs important ; onze des seize Conseils
lont retenu dans leur liste dobjectifs stratgiques.En lien direct avec cette orientation, on observe que neuf Conseils retiennent
parmi leurs objectifs, le dveloppement dactivits de recherche stratgique1 dans des
thmatiques prioritaires. Qualitativement, cet objectif occupe une place centrale dansle plan stratgique, une place qui dpasse en importance celle accorde aux objectifs
plus traditionnels tels quune meilleure comprhension du monde et lavancement
des connaissances.
Ici, toutefois, il faut veiller ne pas associer de manire trop directe recherchestratgique et nouveaut. En effet, la notion de recherche stratgique fait son ap-
parition au cours des annes 1980. Sa prsence dans les plans stratgiques des annes
1990, si elle indique une certaine nouveaut par rapport aux objectifs davancementdes connaissances et de meilleure comprhension du monde, ne peut certainement
pas tre considre comme une premire.Elle illustre plutt,croyons-nous, lquilibre
entre traditionnel et nouveaut dont nous avons parl plus haut.Par ailleurs, en matire dorganisation de la recherche, laugmentation de la colla-
boration internationale est lobjectif le plus frquent. On le retrouve dans douze des
seize Conseils. Cet objectif transcende les frontires disciplinaires et on le retrouvedans tous les pays. On remarque aussi que la collaboration internationale est plus fr-
quemment mise de lavant que la collaboration lchelle nationale, que lon retrouve
dans sept cas sur seize.
Dautres thmatiques qui, pourtant, trouvent une place dans de nombreux discourssur la recherche universitaire sont peu prsentes dans les objectifs prioritaires des
Conseils. Par exemple, le renforcement des infrastructures de recherche est retenu par
quatre des seize Conseils tudis : la nsf et trois des quatre Conseils du secteurbiomdical. Mme chose concernant linterdisciplinarit (trois Conseils) et les activits
inter conseils, ces dernires tant lapanage presque exclusif des Conseils danois.
Les Conseils accordent de plus en plus dattention lexamen de leurs propresactivits par lentremise de lvaluation et ceci se reflte dans leurs objectifs.Ainsi,dans
la trs grande majorit des plans stratgiques des Conseils, loptimisation de la recherche
et des programmes figure dans la liste des objectifs prioritaires (douze Conseils sur
seize). Tout se passe comme si les changements survenus dans lenvironnement et ledsir daccrotre lutilisation des rsultats de la recherche poussaient les Conseils
revoir leurs activits ainsi que les modalits de leurs interventions. On notera, par
exemple,que quelques Conseils se donnent pour objectif la mise en place dactivits qui
24 sociologie et socits vol. xxxii. 1
-
7/29/2019 Godin, B., Trpanier, M., Albert, M. (2000) Des organismes sous tension
10/27
leur permettront de faire un meilleur suivi de la recherche quils soutiennent et, entres
autres, den mesurer les impacts.
Comme on peut le voir, le nouveau et le traditionnel cohabitent au niveau des ob-jectifs. Dit autrement, les discours des Conseils contiennent, sur ce point, la fois des
lments du mode 1 et des lments du mode 2. On retiendra nanmoins que
les noncs traditionnels prennent dans cette section une importance quils navaientpas dans les deux prcdentes; ce qui tmoigne de laccent mis sur des faons de faire
plus classiques ds lors que les plans stratgiques abordent les dimensions plus
oprationnelles.
les activits et les programmes
Les activits et les programmes prioritaires des Conseils sont en quelque sorte lesmoyens par lesquels est mise en uvre la rflexion stratgique dont nous venons de
prsenter les principaux lments. Comme nous allons maintenant le voir, les
orientations et les faons de faire traditionnelles des Conseils prennent ce niveau une
importance quelles navaient pas dans le discours plus gnral sur la mission et lesobjectifs. Cela dit, il faut se garder de croire que les Conseils nont rien de nouveau
proposer en matire de programmes et dactivits; mais disons plutt qu ce niveau la
balance penche davantage du ct des pratiques classiques.Dentre de jeu, il faut souligner que les Conseils ont concrtis sous forme de
programmes spcifiques limportance quils accordent lutilisation des connaissances.
Les programmes de recherche stratgique sont frquents. un moindre niveau, onobserve galement que les Conseils accordent une place significative aux programmes
de partenariat universit - entreprise.
Limportance accorde la recherche stratgique dans les missions et les objectifsse concrtise via des programmes axs sur des thmatiques (14 Conseils sur 16 ont des
programmes thmatiques). Celles-ci sont nombreuses et varient selon le champ de
responsabilit du Conseil et le pays. Les plus frquentes sont:
t Sciences naturelles et gnie Environnement et dveloppement durable Technologies de linformation
t Sciences sociales Science, technologie et socit
t Sciences biomdicales Gnome et gntique
Sant publique
Comme on peut le voir, ces thmatiques sont, dans la plupart des cas, trs larges et
trs gnrales. Il faut cependant souligner quelles sont dj un peu plus spcifiques quecelles qui figuraient dans les plans stratgiques des annes 1980 o on retrouvait presque
invariablement le trio biotechnologies nouveaux matriaux technologies de
linformation. Dans la liste des thmatiques retenues par les Conseils, on en retrouve
25Des organismes sous tension
-
7/29/2019 Godin, B., Trpanier, M., Albert, M. (2000) Des organismes sous tension
11/27
dailleurs certaines dont le degr de spcificit est relativement lev: nouveaux processus
et nouvelles formes organisationnelles, intgration sociale et exclusion, fonctionnement
du cerveau,inflammation et manipulation immunobiologiques, infrastructures civiles, etc.En matire de recherche stratgique, les Conseils britanniques et danois mettent de
lavant des programmes aux caractristiques originales qui modifient de manire
significative les pratiques des chercheurs. Les Conseils britanniques ont pour stratgiedaffecter 70% de leur budget la recherche stratgique portant sur des thmatiques qui
sont identifies dans le cadre du programme de prvision technologique, programme
auquel participent les utilisateurs de la recherche. Ces derniers participent galementaux comits chargs dvaluer les projets soumis par les chercheurs. En Grande-
Bretagne, le monde extra-acadmique fait dornavant partie de la clientle et des
partenaires des Conseils, en lieu et place des seuls chercheurs universitaires. AuDanemark, qui a aboli toute subvention individuelle, laccent est carrment mis sur
linterdisciplinarit et sur des thmatiques privilgies.
Les programmes universit - entreprise existent dans neuf Conseils sur seize. Ils
sont rcents et,avec les programmes de recherche stratgique, ils constituent le principalmoyen par lequel les Conseils concrtisent leur volont daccrotre lutilisation des
rsultats de la recherche des fins conomiques.Notons, en plus, que ces programmes
sont davantage prsents dans les secteurs des sciences naturelles et du gnie de mmeque dans le secteur biomdical. Le plus souvent, lobjectif daccrotre la collaboration
lchelle nationale prend la forme de programmes de soutien la collaboration
universit - entreprise. Au sein de lchantillon, le Canada, le Danemark et le Royaume-Uni sont les pays qui accordent le plus de place ces programmes.
Au chapitre des nouveauts, lexamen des programmes nous apprend galement
que les Conseils dveloppent des actions concrtes visant soutenir la rechercheinterdisciplinaire. Peu prsente au niveau des objectifs, linterdisciplinarit est lobjet
dun programme spcifique dans huit des seize Conseils de lchantillon. lheure
actuelle, on les retrouve surtout dans les Conseils du secteur biomdical ou dans ceux
ayant un mandat trs large (la nsf et le Conseil de recherche de Norvge).Par ailleurs, lorsquon met en relation les programmes et les objectifs, on constate
que ces derniers ne se matrialisent pas dans des actions concrtes. Dans tous les cas,
il sagit dobjectifs qui sont marqus au sceau de la nouveaut. Ainsi, bien que lesConseils insistent sur le transfert et la diffusion des rsultats de la recherche,on constate
que les programmes ddis spcifiquement ces questions sont rares. En effet, malgr
la grande importance accorde lutilisation des rsultats de la recherche des finsconomiques, seulement deux Conseils (le Conseil danois de recherche mdicale et la
nsf) ont labor, sur ce point, un programme spcifique.
Ici, il faut cependant faire remarquer que plusieurs activits de transfert trouvent
une place dans dautres programmes et souligner loriginalit des stratgies retenues parles Conseils britanniques. Ces derniers mettent de lavant, au sein des programmes de
recherche stratgique et de soutien la formation, des mcanismes qui soutiennent
directement le transfert et lutilisation des rsultats de recherche des fins conomiques:
26 sociologie et socits vol. xxxii. 1
-
7/29/2019 Godin, B., Trpanier, M., Albert, M. (2000) Des organismes sous tension
12/27
permettre aux utilisateurs de soumettre des propositions de recherche, faciliter la
commercialisation des dcouvertes, soutenir financirement les programmes dchange
de personnel entre luniversit et lindustrie.La collaboration internationale est un deuxime exemple de thme qui, prsent
au niveau des objectifs et de la mission,ne figure pas dans le portefeuille de programmes
prsents dans les plans stratgiques. En effet, on observe que les programmes desoutien ddis spcialement ce type dactivits sont peu nombreux et que, dans quatre
cas sur cinq, ils sont le fait de Conseils danois.
loppos, certaines activits relativement dlaisses au niveau des missions etdes objectifs retrouvent une importance certaine dans les programmes et les activits
mises en place par les Conseils. On observe ainsi que les programmes de formation
(neuf Conseils), de financement des quipements (neuf Conseils), de soutien auxcentres de recherche (huit Conseils) existent dans la moiti des Conseils. Ces program-
mes existent depuis longtemps et la plupart des Conseils les maintiennent.
On remarque que, pris en bloc, les programmes plus classiques visant soutenir
lavancement des connaissances sont plus frquents que ceux portant, par exemple,sur le transfert de connaissances (un Conseil) ou encore sur lutilisation et la commer-
cialisation des rsultats de la recherche (un Conseil). Ce constat est dautant plus sur-
prenant que les programmes de ce type semblent mieux adapts aux nouvelles missionset aux nouveaux objectifs des Conseils.
En fait, les programmes destins soutenir lavancement des connaissances
continuent doccuper une place significative dans les plans stratgiques de la majoritdes Conseils. On remarque toutefois que les mcanismes retenus varient considra-
blement.Certains Conseils comme le Conseil de recherches mdicales du Canada (crm)
et le Conseil de biotechnologie et de biologie britannique (bbsrc) optent pour la miseen rseaux des chercheurs et des centres existants alors que dautres, notamment les
Conseils dans les sciences humaines et sociales, privilgient la mise en place de projets
plus long terme de mme que la cration de nouveaux centres de recherche.Peu fr-
quente au niveau de la mission, la formation occupe une place plus significative dansles programmes; neuf Conseils sur seize grent des programmes visant soutenir et
amliorer la formation la recherche. Pour cinq de ces neuf Conseils, la formation ne
fait pas partie de la mission ou des objectifs de lorganisme.Finalement, en ce qui concerne la gestion de leurs activits et programmes, les
Conseils sappuient encore largement sur lvaluation par les pairs et malgr les objectifs
doptimisation et de rorganisation mis de lavant, on constate, par exemple, que seu-lement trois Conseils sur seize procdent une rvision des critres dvaluation qui
sont transmis aux comits chargs dvaluer les projets soumis par les universitaires. Ici
aussi, donc, les missions et les objectifs ne trouvent pas ncessairement une correspon-
dance dans les activits mises en place.Globalement, lexamen des activits et programmes dont il est question dans les
plans stratgiques montre quau niveau oprationnel, le vent de nouveaut qui a for-
tement secou la dfinition des missions ainsi que, un degr moindre, celle des objec-
27Des organismes sous tension
-
7/29/2019 Godin, B., Trpanier, M., Albert, M. (2000) Des organismes sous tension
13/27
tifs, na pas eu un effet aussi considrable sur les activits et les programmes mis en
uvre par les Conseils. En effet, lorsque les Conseils abordent la question des interven-
tions concrtes, les faons de faire traditionnelles trouvent une place importante dansla planification stratgique. Ici, les faons de faire typiques du mode 1 nous semblent
lgrement plus importantes que celles qui sont typiques du mode 2.
une transformation inacheve
dans des organisations sous tension
De lanalyse prcdente, on peut conclure que nous assistons prsentement unchangement progressif et important des priorits nonces par les Conseils. Alors quil ny
a pas encore longtemps, la recherche disciplinaire et la recherche fondamentale
constituaient le cur des interventions et que la recherche stratgique et les besoins de lacollectivit taient relgues la marge, cest aujourdhui le contraire qui simpose dans
les discours. La recherche stratgique est premire dans lordre des priorits. On ritre
certes la mission traditionnelle des Conseils soutien la recherche fondamentale, soutien
la formation mais gnralement sans mettre laccent sur la question.Les besoins de ladiscipline ne sont plus les seuls compter; ceux des utilisateurs doivent maintenant tre
pris en considration. De plus, la notion mme dutilisateur a t transforme. Les
utilisateurs ne sont plus uniquement les pairs; ils incluent les entreprises et la collectiviten gnral et ces dernires occupent dornavant une place significative dans les
orientations stratgiques des Conseils. Tous ces traits sont caractristiques du mode 2.
Toutefois, les interventions de ce type sont encore loin de constituer lecomportement-type des Conseils. Ainsi, mme si les activits et les moyens mis en
uvre font une place de nouveaux programmes adapts aux versions plus rcentes des
missions, il nen demeure pas moins que, dans lensemble, les plans stratgiques sont, ce niveau,marqus par des modes de soutien relativement traditionnels, et ce mme
pour les programmes arrims aux nouvelles missions. Au niveau oprationnel, donc,
les faons de faire du mode 1 sont encore trs importantes.
La place significative que les activits et programmes classiques occupent encorenous indique soit que les Conseils nont pas achev lajustement de leurs rgles gnrales
de conduite aux nouvelles missions et aux nouveaux objectifs quils se sont donns,
soit quils ne le font pas au dtriment des stratgies classiques, soit quils mettent delavant un discours misant sur la nouveaut alors que dans les actions concrtes le
poids des activits traditionnelles reste important.
le financement de la recherche
Dans quelle mesure les orientations que nous venons dobserver dans les discours des
Conseils et qui caractrisent les plans stratgiques prennent-elles forme dans des
financements spcifiques? Pour rpondre la question, nous avons analys la structuredu financement de la recherche chez les Conseils. cette fin, nous avons retenu les six
Conseils canadiens et qubcois. Il sagit du crsng, du crm, et du crsh pour le niveau
fdral, du Fonds fcar, du frsq et du cqrs pour le niveau qubcois.
28 sociologie et socits vol. xxxii. 1
-
7/29/2019 Godin, B., Trpanier, M., Albert, M. (2000) Des organismes sous tension
14/27
Chaque programme et les budgets de recherche correspondants - de chacun des
organismes entre 1983 et 1997 a t class et analys selon deux dimensions.Premire di-
mension: la nature de la recherche finance. On essaiera ici de voir si la recherchefinance est libre ou oriente. Un programme est dit financer la recherche libre sil
nimpose aucune contrainte autre quinterne au champ scientifique au chercheur
relativement aux modalits dobtention de la subvention. La recherche oriente, quant elle, prend trois formes: soit quelle impose des thmatiques de recherche, soit quelle
privilgie certaines disciplines, ou quelle finance des recherches incidence industrielle.
Si la recherche subit des transformations qui vont dans le sens de celles indiques parGibbons et al., la recherche oriente devrait prendre une part de plus en plus importante
dans le financement des Conseils.
La deuxime dimension retenue pour la prsente analyse est relative un aspectimportant des pratiques de recherche. Ici, on cherchera savoir si la recherche est
davantage mene de faon individuelle ou si elle lest plutt en collaboration. Un
programme sera rput financer de la recherche de type individuel sil nimpose aucune
contrainte de collaboration ou de partenariat au chercheur. La recherche en collabora-tion sera considre selon quelle se ralise entre chercheurs ou avec des partenaires
issus de champs autres quuniversitaire. Selon Gibbons et al., une recherche de mode2 devrait privilgier la collaboration.
la recherche libre
Le graphique 1 met en vidence le dveloppement diffrentiel quont connu les budgetsallous la recherche libre et la recherche oriente.En ce qui a trait la recherche libre,
celle-ci a vu crotre ses ressources depuis 1983. La croissance a toutefois t beaucoup
plus importante jusquau dbut des annes 1990 que depuis cette date. Lenveloppebudgtaire alloue la recherche libre par les six Conseils est passe de 223 millions$
(en dollars courants) en 82-83, 454 millions$ en 92-93 soit une croissance de
104 % pour stablir 459 millions$ en 96-97. linverse, le budget destin la
recherche oriente a enregistr, pour sa part, une forte progression dans les annes1980 pour dcliner lgrement par la suite. Les fonds allous la recherche oriente
sont ainsi passs de 68$ 194 millions$ de 82-83 92-93 reprsentant une croissance
de 185% pour tre ramens 174 millions$ en 96-97.Bien que les fonds allous la recherche libre aient t en croissance durant toute
la priode cible, les montants investis en 96-97 demeurent lgrement infrieurs
ceux octroys en 82-83 proportionnellement au budget total de la recherche.Le budgetconsacr la recherche libre en 82-83 reprsentait 77 % de lenveloppe budgtaire alors
quil en reprsente 73 % en 96-97. Pour ce qui est des fonds destins la recherche
oriente, on constate que, bien que ceux-ci aient connu un recul au cours de la seconde
moiti de la priode considre, leur proportion reste lgrement suprieure en 96-97
(27%) ce quelle tait en 82-83 (24 %). Cette proportion est toutefois en dcroissance
par rapport lexercice financier de 92-93 o les montants correspondaient 30% du
budget total.Quel est le type de recherche oriente qui est favoris par les Conseils? Si
29Des organismes sous tension
-
7/29/2019 Godin, B., Trpanier, M., Albert, M. (2000) Des organismes sous tension
15/27
graphique 1
Budgets allous (en dollars courants) la recherche libre et la recherche orientedans les CS canadiens et qubcois en 82-83, 92-93 et 96-97
Source: Observatoire des sciences et des technologies
on examine lvolution des budgets dans trois catgories de recherche oriente
thmatique, disciplinaire, incidence industrielle on note que les financements sont
marqus par dimportantes fluctuations (graphique 2). On doit dabord noter que lesfonds allous la recherche thmatique sont incomparablement plus substantiels que
ceux consacrs la recherche oriente sur des disciplines ainsi qu ceux consacrs la
recherche incidence industrielle. Pour chacune des trois annes cibles, les sommesalloues la recherche thmatique sont suprieures de 44% (82-83), 70% (92-93) et
69% (96-97) celles consacres aux deux autres catgories de recherche runies. Len-
veloppe budgtaire destine la recherche thmatique slve pour chacune de ces troisannes 43 millions$, 171 millions$ et 133 millions$ respectivement; celle destine la
recherche oriente par discipline se chiffre 22 millions$, 4 millions$ et 23 millions;
et celle alloue la recherche incidence industrielle 2 millions$, 48 millions$ et 18
millions$. Contrairement ce quon aurait pu sattendre la lumire des plans strat-giques des Conseils o on insiste beaucoup sur la pertinence conomique de la
recherche et sur lutilisation des rsultats, la croissance de la recherche oriente
incidence industrielle reste relativement modeste.Notons toutefois des diffrences entre les niveaux fdral et qubcois, et entre les
Conseils subventionnaires (voir Annexe, tableau 5). Le financement de la recherche est
davantage orient au niveau qubcois quau niveau fdral. Par exemple, en 1997 95%du financement du frsq et 100% de celui du cqrs sont ddis la recherche oriente.
Quant au niveau fdral, le crsng se distingue des autres Conseils en ce que 34% de ses
budgets de recherche (1997) va la recherche oriente. Le crsh suit avec 30% de ses
fonds rservs ce type de recherche, et le crm avec 13%.On peut certes interprter la prdominance de la recherche thmatique comme un
financement visant favoriser la production de travaux ayant une utilit sociale, et ven-
tuellement conomique, mais on ne peut y voir un appui direct la recherche visant
0
100
200
300
400
500
82-83 92-93 96-97
enmillionsdedollars
recherche libre recherche oriente
30 sociologie et socits vol. xxxii.1
-
7/29/2019 Godin, B., Trpanier, M., Albert, M. (2000) Des organismes sous tension
16/27
graphique 2
Budgets allous (en dollars courants) par les CS canadiens et qubcois la
recherche oriente par thme, par discipline et en vue davoir une incidenceindustrielle en 82-83, 92-93 et 96-97
Source: Observatoire des sciences et des technologies
gnrer des retombes industrielles et /ou conomiques. En ce sens, si laccent plac sur
la recherche oriente caractre thmatique sinscrit dans le renouvellement des prati
ques des Conseils, il nest pas encore plac demble sur lintensification du transfert de
connaissances vers les dcideurs conomiques tel que les plans stratgiques le suggrent.Ainsi, en dpit du fait que les fonds consacrs la recherche oriente aient accapar
une part de plus en plus importante du budget de recherche des Conseils, la recherche
libre demeure toujours nettement dominante. La progression de la recherche orientena pas encore remis en question la prpondrance de la recherche libre. La progressiondes fonds allous la recherche oriente a eu, certes,pour effet de ralentir la croissancedes ressources destines la recherche libre la diminution de la proportion que cesressources reprsentent par rapport au budget global en atteste mais elle ne semblepas lavoir arrte.
la recherche individuelle
Depuis 1983, la croissance des fonds destins aux programmes de subvention de recherche
en collaboration a t deux fois plus importante que celle des fonds consacrs la rechercheindividuelle (graphique 3). Lenveloppe budgtaire pour la recherche en collaboration a en
effet connu une progression de 129% entre 82-83 et 96-97, passant de 73 167 millions$,
alors que les sommes investies dans les programmes de recherche individuelle se sont
accrues de 102%, passant de 216 millions$ en 82-83 437 millions$ en 96-97.La croissance, en valeur absolue, des fonds octroys la recherche en collaboration
ne doit pas faire oublier toutefois que leur importance, en valeur relative, demeure lar-
gement infrieure celle de la recherche individuelle. En effet, alors que la valeur des
0
20
40
60
80
100
120
140
160
180
82-83 92-93 96-97
enmillionsdedollars
oriente par thme oriente par discipl ine incidence industrielle
31Des organismes sous tension
-
7/29/2019 Godin, B., Trpanier, M., Albert, M. (2000) Des organismes sous tension
17/27
graphique 3
Budgets allous (en dollars courants) la recherche individuelle et la recherche en
collaboration dans les CS canadiens et qubcois en 82-83, 92-93 et 96-97
Source: Observatoire des sciences et des technologies
fonds allous la recherche en collaboration oscille autour de 25% de lensemble de
lenveloppe budgtaire alloue la recherche pour les annes considres, la valeur des
fonds consacrs la recherche individuelle se situe environ 75 %. Bien que la part desfonds allous la recherche individuelle par rapport au total de lenveloppe budgtaire
ait flchi lgrement au cours de la priode, ce type de recherche bnficie toujours de
la part la plus substantielle des ressources investies.Encore une fois, des diffrences existent entre les niveaux fdral et qubcois (voir
le tableau 6 en Annexe). La recherche en collaboration est trois fois plus importante, en
termes relatifs, au Qubec quau niveau fdral. En 1997 par exemple, les organismesqubcois rservent 77 % de leurs octrois de recherche la collaboration, contre 23%
au niveau fdral.
Quels sont les modes de collaboration privilgis par les Conseils? Lexamen des
programmes rvle que les exigences de collaboration entre chercheurs universitairesdemeurent plus importantes que celles relatives la collaboration avec des partenaires
socio-conomiques. Ces derniers se voient en 1996-97 considrs dans 50 % des
financements favorisant la collaboration, et ce tant au Qubec quau niveau fdral.En 1983, cette forme de collaboration tait inexistante (Qubec) ou quasi inexistante
4% (Fdral).
En rsum, bien que la recherche en collaboration apparaisse dans les plansstratgiques comme lune des voies de dveloppement privilgies par les Conseils, la
recherche individuelle continue de bnficier, tout comme la recherche libre, des
ressources les plus substantielles.
conclusion
Deux grands constats mergent de lanalyse des plans stratgiques et du financement
des Conseils. Premirement, les discours des Conseils salignent clairement sur les
0
50
100
150
200
250
300
350
400
450
500
82-83 92-93 96-97
enmillionsdedollars
recherche individuelle recherche en collaboration
32 sociologie et socits vol. xxxii.1
-
7/29/2019 Godin, B., Trpanier, M., Albert, M. (2000) Des organismes sous tension
18/27
discours politiques en ce qui concerne les grandes orientations que devrait prendre la
recherche : une recherche plus pertinente, plus prs des utilisateurs, plus interdiscipli-
naire, plus collective. Toutefois, et deuximement, la transformation de ces vux enprogrammes ne sest pas encore concrtise.En effet, la recherche finance demeure en-
core largement une recherche libre et une recherche mene sur une base individuelle.
Pour expliquer cet cart entre, dune part, les discours et, dautre part, les pro-grammes, il faut rappeler la position intermdiaire des Conseils qui sont des organismes
situs la jonction des champs scientifique et politique et dont, pour cette raison, les
orientations de mme que les activits sont marques par les logiques et les intrtsdes deux milieux. Les Conseils intgrent dans leurs orientations et leurs activits les
demandes et les besoins des deux champs. Cela dit, il faut nanmoins garder lesprit
que les deux champs nexercent pas leur influence sur les mmes lments et que,jusqu maintenant, les acteurs du champ politique ne semblent pas avoir t en mesure
de modifier en profondeur les faons de faire des Conseils. Dit autrement, les chercheurs
universitaires continuent dexercer une influence dterminante sur les activits des
Conseils.Est-ce dire que la recherche universitaire demeure semblable celle qui se faisait
il y a cinquante ans ? Notre analyse sest concentre sur les Conseils subventionnaires.
Ceux-ci dtiennent une place centrale dans le systme de financement de la recherche:ils sont au coeur du financement de la recherche fondamentale.Toutefois, les Conseils
reprsentent une partie seulement du financement de la recherche universitaire. On
ne peut donc, sur la base de lanalyse prcdente, prtendre que la recherche uni-versitaire na pas chang. Mais seulement que les Conseils ne sont pas les principaux
catalyseurs de changement.
En effet, une srie de mcanismes divers initis par les gouvernements, plusieursrelativement rcents, influencent aujourdhui de faon particulire la recherche univer-
sitaire (Godin et Trpanier, 1995 ; Gingras, Godin et Trpanier, 1999). Quon pense aux
programmes de subventions directes des ministres, trs anciens ceux-l et qui injectent
des sommes importantes dans la recherche universitaire, ou aux mesures plus rcenteset relatives aux crdits dimpts la r-d qui exigent, de faon gnralise et contrai-
gnante, une contrepartie industrielle ou la participation de partenaires socio-conomi-
ques aux projets de recherche financs. Quon pense, aussi, au financement industrielde la recherche universitaire, dont le niveau a cr considrablement depuis au moins
dix ans et qui oriente une partie de la recherche universitaire. Quon pense, enfin, aux
nouveaux programmes gouvernementaux de financement de la recherche universitaire(la Fondation canadienne de linnovation, Gnome Canada, Valorisation recherche
Qubec, etc.) qui sont grs hors des Conseils et qui financent directement les cher-
cheurs universitaires, ceci avec des exigences quant la prsence et limplication de
partenaires privs et industriels.Ces mcanismes ont probablement des effets autrement plus marquants sur la
recherche que nen ont les Conseils subventionnaires dont nous avons montr que les
programmes ont relativement peu chang depuis les orientations que le lgislateur leur
33Des organismes sous tension
-
7/29/2019 Godin, B., Trpanier, M., Albert, M. (2000) Des organismes sous tension
19/27
a donnes lors de leur cration il y a plus de quarante ans. Il reste voir si, plus long
terme, les nouvelles tendances, certes encore timides auprs des Conseils mais relles,
sacclreront, ne laissant plus la recherche libre que la portion congrue dufinancement.
En attendant, force est de constater que les analyses de Gibbons et al. ne rsistent
pas lempirie, du moins en ce qui concerne le financement de la recherche universi-taire qui transite par les mcanismes traditionnels que sont les Conseils subvention-
naires. Lun dentre nous a dfendu lide que la thse de Gibbons et al. sur la
transformation des savoirs vhiculait davantage des vux politiques quune trans-formation intrinsque de la recherche (Godin, 1998). Lanalyse mene ici ajoute un
lment supplmentaire questionnant la thse des prophtes.
rsum
Les Conseils subventionnaires ont la particularit dtre des organismes situs au carrefour dedeux intrts ou champs: le champ politique et le champ scientifique. Une telle position
intermdiaire est productrice de tensions. En effet, les Conseils doivent concilier l autonomie
qui caractrise le champ scientifique avec les demandes socio-conomiques que vhiculent les
politiques scientifiques.
La double allgeance des Conseils offre un cas exemplaire o observer, sil en est, leffet des
nouveaux discours politiques et des nouveaux modes de production des connaissances. Le
prsent article procde une analyse des discours des Conseils dune part, et du financement
quils ralisent dans la recherche universitaire dautre part. Il est montr que la majorit du
financement demeure encore aujourdhui relativement traditionnel et relve davantage de ce
que Gibbons et al. appellent le mode 1 alors que les discours, eux, salignent directement
sur le mode 2.
summary
Funding councils have the peculiarity of being bodies situated at the meeting point of two interests
or fields: the political field and the scientific field. An intermediate position of this kind produces
tensions. In fact, the councils must reconcile the autonomy which characterises the scienti fic
field with the socio-economic demands which result from science policies.
This double allegiance presents an exemplary case for observing the effect of new political
discourses and new modes of production of knowledge. This paper sets out to analyse the
discourse of Councils on the one hand, and the funding they make available to university research
on the other. It is demonstrated that the majority of funding still remains relatively traditional today
and is more in line with what Gibbonset al.
call mode 1, whereas the various discourses, fortheir part, fall directly into mode 2.
resumen
Los consejos subvencionarios tienen la particularidad de ser organismos situados en la
interseccin de dos intereses o campos: el campo poltico y el campo cientfico. Tal posicin
34 sociologie et socits vol. xxxii.1
-
7/29/2019 Godin, B., Trpanier, M., Albert, M. (2000) Des organismes sous tension
20/27
intermediaria es productora de tensiones. En efecto, los consejos deben conciliar la autonom a
que caracteriza el campo cientfico con las demandas socioeconmicas que vehiculan las polticas
cientficas. La doble relacin de dependencia en la que se encuentran los consejos ofrece un
caso ejemplar para observar el efecto de los nuevos discursos polticos y de los nuevos modos
de produccin de conocimientos. El presente artculo procede a un anlisis, por un lado, de los
discursos de los consejos y, por otro lado, del financiamiento que ellos realizan en el marco de
la investigacin universitaria. Se muestra que la mayor parte del financiamiento contina siendo
todava hoy de tipo tradicional y que corresponde ms bien a lo que Gibbons y al. llaman el
Modo 1, mientras que los discursos corresponden directamente al Modo 2.
bibliographie
Braun, D. (1993), Who Governs Intermediary Agencies? Principal-Agent Relations in Research Policy-
Making,Journal of Public Policy, vol. 13, no 2, p. 135-162.
Caswill, C. (1998), Social Science Policy: Challenges, Interactions, Principals and Agents, Science and
Public Policy,vol.25,no 5, p. 286-296.Gibbons,M., C. Limoges, H. Nowotny, S. Schwartzman, P. Scott et M. Trow (1994), The new production
of knowledge: The dynamics of science and research in contemporary societies, London, Sage.
Gingras,Y., B. Godin et M. Trpanier (1999), La place des universits dans les politiques scientifiques et
technologiques canadiennes et qubcoises, in P. Beaulieu et D.Bertrand (dir.), Ltat qubcois et les
universits. Acteurs et enjeux, Sainte-Foy, Presses de lUniversit du Qubec, p. 69-99.
Godin, B. (1998), Writing Performative History: The New New Atlantis, Social Studies of Science, vol.
28, no 3, p. 465-483.
Godin, B. et M. Trpanier (1995), La politique scientifique et technologique qubcoise: la mise en place
dun nouveau systme national dinnovation, Recherches sociographiques, vol.XXXVI, no 3, p. 445-477.
Guston, D. H. (2000), Between Politics and Science : Assuring the Integrity and Productivity of Research,
Cambridge, Cambridge University Press.
Guston, D. H. (1996), Principal-Agent Theory and the Structure of Science Policy, Science and Public
Policy, vol. 23, no
4, p. 229-240.Kyvki, S. (1997), Funding University Research in the Nordic Countries, Science and Public Policy, vol.
24, no 4, p. 233-244.
Limoges, C. (1992), De la politique des sciences la politique de linnovation: ltat incertain, in
M. Leclerc (dir.), Les enjeux conomiques et politiques de linnovation , Sillery, Presses de lUniversit
du Qubec, p. 61-69.
van der Meulen, B. (1998), Science Policies as Principal-Agent Games: Institutionalization and Path
Dependency in the Relation Between Government and Science, Research Policy, vol. 27, p. 397-414.
Skoie, H. (1996), Basic research : A New Funding Climate? , Science and Public Policy, vol. 23, no 2,
p. 66-75.
sources
Pour le Canada
Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (1996), Le dfi du juste milieu, la stratgie
quinquennale du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, 1996-2000, crsh, dcembre.
Conseil de recherches mdicales du Canada (1992), Investir dans la sant au Canada, plan stratgique du
Conseil de recherches mdicales du Canada.
Conseil de recherches en sciences naturelles et en gnie (1994), Alliances pour le savoir, maximiser
linvestissement en recherche universitaire, crsng, hiver.
35Des organismes sous tension
-
7/29/2019 Godin, B., Trpanier, M., Albert, M. (2000) Des organismes sous tension
21/27
Pour les tats-Unis
National Science Foundation (1995), nsf in a Changing World, the National Science Foudations Strategic
Plan, nsf.
nih Working Group on Priority Setting (1997), Setting Research Priorities at the National Institutes of Health,nih, septembre.
Pour le Royaume-Uni
Biotechnology and Biological Sciences Research Council (1996), Corporate Plan 1996-2000, bbsrc, Polaris
House, avril.
Economic and Social Research Council (1996), Corporate Plan, 1996-2001, esrc, Polaris House.
Medical Research Council (1996), Corporate Plan, 1996-1999, mrc.
Engineering and Physical Sciences Research Council (1998),Action for Foresight, epsrc, mai.
Pour la Norvge
Research Council of Norway (1996), Research for the Future A Strategy for Norwegian Research and the
Research Council of Norway until the Year2000,juillet.
Pour le Danemark
Danish Research Council for the Humanities (1997), The Strategic Research Plan 1998-2002 for the Danish
Research Council for the Humanities Summary, shf.
Danish Agricultural and Veterinary Research Council (1997), The Strategic Plan 1998-2002 of the Danish
Agricultural and Veterinary Research Council Summary, sjvf.
Danish Medical Research Council (1997), The Strategic Plan 1998-2002 of the Danish Medical Research Council
(dmrc) Summary, ssvj.
Danish Social Science Research Council (1997), The Strategic Plan 1998-2002 of the Danish Social Science
Research Council Summary, ssf.
Danish Technical Research Council (1997), The Strategic Plan 1998-2002 of the Danish Technical Research
Council Summary, stvf.
Natural Science Research Council (1997), The Strategic Plan 1998-2002 of the Natural Science ResearchCouncil 2. Summary, snf.
36 sociologie et socits vol. xxxii.1
-
7/29/2019 Godin, B., Trpanier, M., Albert, M. (2000) Des organismes sous tension
22/27
37Annexe
tableau1
Lesdfisetlesp
roblmesdanslesplansstratgiques
desConseilssubventionnaires
USA
Danemark
Danemark
Cana
da
UK
Danemark
Canada
UK
USA
UK
Danemark
Danemark
Canada
Danem
ark
UK
Norvge
NSF
DRCH
DSSRC
CRS
H
ESRC
DMRC
CRM
MRC
NIH
BB
SRC
DAVRC
DNSRC
CRSNG
DTRC
EPSRC
RCN
Humanits
Sc.Soc.
Sc.Soc.
Mdical
Mdical
Bio
tech
Agriculture
Sc.Nat.
Ingnierie
Sc.Ph
ys.
Bio
logie
Ingnierie
Budgetsstagnants
ouenbaisse
X
X
X
X
Protectiond
e
lenvironnem
ent
X
X
X
X
Infrastructures
derecherche
X
X
Globalisatio
n-
internationa
lisation
X
X
X
X
X
Utilisation
conomique
delarecherche
fondamenta
le
X
X
X
X
X
X
Amliorationde
laqualit
de
vie
X
X
X
Nouveauxchercheurs
X
X
Optimiserla
recherche
etlespro
gra
mmes
X
X
X
X
X
X
X
X
Favoriserlacollaboration
X
X
X
X
X
Participation
desfemmes
X
Sensibilisati
ondupublic
X
X
X
volutionra
pide
desbesoins
et
capacit
dy
rpondre
X
X
X
-
7/29/2019 Godin, B., Trpanier, M., Albert, M. (2000) Des organismes sous tension
23/27
38 sociologie et socits vol. xxxii.1
tableau
2
Lesm
iss
ions
dans
lesp
lanss
tra
tg
iques
des
Conse
ilssu
bven
tionna
ires
USA
Danemark
Danemark
Canada
UK
Danemark
Canada
UK
USA
UK
Danemark
Danemark
Canada
Danemark
UK
Norvge
NSF
DRCH
DSSRC
CRSH
ESRC
D
MRC
CRM
MRC
NIH
BBSRC
DAVRC
DNSRC
CRSNG
DTRC
EPSRC
RCN
Humanits
Sc.sociales
Sc.
Soc.
Mdical
Mdical
Biotech
Agriculture
Sc.
Nat.
Ing
nierie
Sc.
Phys.
Biologie
Ing
nierie
Dveloppementdurable
X
Progrsdesconnaissances
X
X
X
X
X
Am
liorerlaqualit
devie
X
X
X
X
X
Supporterlarecherchede
hautcalibre(fondamentale,
appliqu
eetstratgique)
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
Diffusiondesrsultats,
desconnaissances
X
X
X
X
Supporterlinternationalisation
X
X
X
X
Interdisciplinarit
X
Supporterlaformation
X
X
X
X
X
Valoriserladimension
thiquedelarecherche
X
Accro
trelevolume
derecherche
X
X
Rpondreauxbesoinsdes
utilisateursettransfrerdans
lconomielesconnaissances
etlesrsultatsderecherches
X
X
X
X
X
X
-
7/29/2019 Godin, B., Trpanier, M., Albert, M. (2000) Des organismes sous tension
24/27
39Annexe
tableau3
Lesobjec
tifsdanslesplansstratgiquesdesCo
nseilssubventionnaires
USA
DanemarkDanemark
Can
ada
UK
Danemark
Canada
UK
USA
UK
Danemark
Danemark
Canada
Dan
emark
UK
Norvge
NSF
DRCH
DSSRC
CR
SH
ESRC
DMRC
CRM
MRC
NIH
BBSRC
DAVRC
DNSRC
CRSNG
D
TRC
EPSRC
RCN
Humanits
Sc.soc.
Sc.Soc.Mdical
Mdical
B
iotech
Agriculture
Sc.Nat.
Ing
nierie
Sc.Ph
ys.
B
iologie
Ingnierie
activitsf
aisantlobjetde
soutien
Amliorer
laformation
X
X
X
X
X
X
X
X
Encoura
ger
linterdisciplinarit
X
X
X
Dvelopper
larecherche
strat
gique(thmatiques
prioritaires)
X
X
X
X
X
X
X
X
X
Comprhensiondumonde,
avancement
desconnaissances
X
X
X
X
X
Renforceme
ntdes
infrastructuresderecherche
X
X
X
X
Soutenirlar
echerche
dehautcalibre
X
X
X
X
X
X
Garantirlar
echerchelibre,
larecherche
fondamentale
X
X
X
X
X
X
organisat
ionde
la
recherche
Accrotreles
partenariats
nationaux
X
X
X
X
X
X
X
Accrotrelacollaboration
internationa
le
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
impactsde
la
recherche
Accrotrelu
tilisation
desconnaissances
danslacolle
ctivit
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
Assurerladiffusiondes
connaissanc
esetdesrsultats
X
X
X
X
gestiondesprogrammesde
soutien
Optimiserla
recherche
etlespro
gra
mmes
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
Mesurerlim
pactde
larecherche
surlesutilisateurs
X
X
-
7/29/2019 Godin, B., Trpanier, M., Albert, M. (2000) Des organismes sous tension
25/27
40 sociologie et socits vol. xxxii.1
tableau
4
Lesac
tiv
itse
tlesprogrammes
dans
lesp
lanss
tra
tg
iques
des
Conse
ilssu
bven
tionna
ires
US
A
Danemark
Danemark
Canada
UK
Danemark
Canada
UK
USA
UK
Danem
ark
Danemark
Canada
Danemark
UK
Norvge
NS
F
DRCH
DSSRC
CRSH
ESRC
DM
RC
CRM
MRC
NIH
BBSRC
DAV
RC
DNSRC
CRSNG
DTRC
EPSRC
RCN
Humanits
Sc.
Soc.
Sc.
Soc.
Md
ical
Mdical
Biotech
Agricu
lture
Sc.
Nat.
Ing
nierie
Sc.
Phys.
Biologie
Ing
nierie
Amliorerlaformation
X
X
X
X
X
X
X
X
Recherchestratgique
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
Recherche
interdisciplinaire
X
X
X
X
X
X
X
X
Formation
dechercheurs
X
X
X
X
X
X
X
X
X
Dmarragedeprojet
X
X
X
X
Programmesde
partenariat(collaboration)
universit-entreprise
X
X
X
X
X
X
X
X
X
Programmesinterconseils
X
X
X
X
X
X
X
X
Projetsinternationaux
X
X
X
X
X
Installations,
quipementsderecherche
X
X
X
X
X
X
X
X
X
Centresderecherche
X
X
X
X
X
X
X
X
Vulgarisationscientifique
X
X
X
Transfertdes
connaissances
X
Soutienla
commercialisation
X
valuationparlespairs
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
Rvisiondes
critresdvaluation
X
X
X
valuationdela
performance
organisationnelle
X
X
X
X
-
7/29/2019 Godin, B., Trpanier, M., Albert, M. (2000) Des organismes sous tension
26/27
41Annexe
1983 1993 1997
Montant ($) % Montant ($) % Montant ($) %
CRM 89 118 498 100,0% 189 610 000 100,0% 175 000 000 100,0%
Libre 80 407 628 90,2% 153 828 000 81,1% 151 600 000 86,6%
Orient 8 710 870 9,8% 35 782 000 18,9% 23 400 000 13,4%
CRSH 24 618 715 100,0% 49 606 000 100,0% 47 371 000 100,0%
Libre 21 053 641 85,5% 42 393 000 85,5% 33 336 000 70,4%
Orient 3 565 074 14,5% 7 213 000 14,5% 14 035 000 29,6%
CRSNG 143 358 827 100,0% 334 716 062 100,0% 334 757 000 100,0%
Libre 107 267 083 74,8% 198 315 500 59,2% 221 075 000 66,0%
Orient 36 091 744 25,2% 136 400 562 40,8% 113 682 000 34,0%
Sous- totalfdral
257 096 040 100,0% 573 932 062 100,0% 557 128 000 100,0%
Libre 208 728 352 81,2% 394 536 500 68,7% 406 011 000 72,9%
Orient 48 367 688 18,8% 179 395 562 31,3% 151 117 000 27,1%
CQRS 850 595 100,0% 5 089 874 100,0% 7 557 098 100,0%
Libre
Orient 850 595 100,0% 5 089 874 100,0% 7 557 098 100,0%
FCAR 14 424 214 100,0% 31 180 570 100,0% 29 814 931 100,0%
Libre 13 009 734 90,2% 29 366 797 94,2% 28 796 611 96,6%
Orient 1 414 480 9,8% 1 813 773 5,8% 1 018 320 3,4%
FRSQ 18 327 842 100,0% 37 424 382 100,0% 14 619 466 100,0%
Libre 758 916 4,1% 29 679 694 79,3% 735 882 5,0%
Orient 17 568 926 95,9% 7 744 688 20,7% 13 883 584 95,0%Sous- totalprovincial
33 602 651 100,0% 73 694 826 100,0% 51 991 495 100,0%
Libre 13 768 650 41,0% 59 046 491 80,1% 29 532 493 56,8%
Orient 19 834 001 59,0% 14 648 335 19,9% 22 459 002 43,2%
TOTAL des 6organismes
290 698 691 100,0% 647 626 888 100,0% 609 119 495 100,0%
Libre 222 497 002 76,5% 453 582 991 70,0% 435 543 493 71,5%
Orient 68 201 689 23,5% 194 043 897 30,0% 173 576 002 28,5%
Organisme
FDRAL
PROVINCIAL
Source: Observatoire des sciences et des technologies
tableau 5
Type de recherche subventionn par organisme en 1983, 1993, 1997
-
7/29/2019 Godin, B., Trpanier, M., Albert, M. (2000) Des organismes sous tension
27/27
42 sociologie et socits vol. xxxii.1
89 118 498
10 906 376
78 212 122
24 618 715
21 053 641
3 565 074
100,0%
12,2%
87,8%
100,0%
85,5%
14,5%
143 358 827
11 563 482
131 795 345
257 096 040
43 523 499
213 572 541
0
850 595
107 750
742 845
14 424 214
12 759 734
250 000
1 414 480
18 327 842
16 848 828
1 479 014
33 602 651
29 716 312
2 471 859
1 414 480
290 698 691
73 239 811
216 044 400
1 414 480
100,0%
26,2%
73,8%
100,0%
22,0%
76,0%
2,0%
100,0%
14,6%
85,4%
100,0%
19,1%
80,8%
0,2%
100,0%
48,0%
52,0%
100,0%
80,4%
13,8%
5,8%
100,0%
95,9%
4,1%
100,0%
86,0%
11,5%
2,5%
100,0%
26,7%
72,9%
0,4%
100,0%
19,5%
80,5%
100,0%
29,7%
63,8%
6,5%
100,0%
23,6%
76,4%
100,0%
22,8%
76,6%
0,6%
100,0%
51,2%
48,8%
100,0%
81,4%
15,2%
3,4%
100,0%
82,9%
17,1%
100,0%
77,4%
20,6%
2,0%
100,0%
27,5%
71,8%
0,7%
1983 1993 1997
Montant ($) % Montant ($) % Montant ($) %
Organisme
FD
RAL
PROVINCIAL
175 000 000
34 200 000
140 800 000
47 371 000
14 071 000
30 200 000
3 100 000
334 757 000
79 022 000
255 735 000
557 128 000
127 293 000
426 735 000
3 100 000
7 557 098
3 866 582
3 690 516
29 814 931
24 260 438
4 536 173
1 018 320
14 619 466
12 123 081
2 496 385
51 991 495
40 250 101
10 723 074
1 018 320
609 119 495
167 543 101
437 458 074
4 118 320
189 610 000
49 674 000
139 936 000
49 606 000
10 891 000
37 703 000
1 012 000
334 716 062
48 814 956
285 901 106
573 932 062
109 379 956
463 540 106
1 012 000
5 089 874
2 441 214
2 648 660
31 180 570
25 057 984
4 308 813
1 813 773
37 424 382
35 904 570
1 519 812
73 694 826
63 403 768
8 477 285
1 813 773
647 626 888
172 783 724
472 017 391
2 825 773
100,0%
8,1%
91,9%
100,0%
16,9%
83,1%
0,0%
100,0%
12,7%
87,3%
100,0%
88,5%
1,7%
9,8%
100,0%
91,9%
8,1%
100,0%
88,4%
7,4%
4,2%
100,0%
25,2%
74,3%
0,5%
CRM
Collaboration
Individuel
CRSH
Collaboration
Individuel
Non spcifi
CRSNG
Collaboration
Individuel
Sous- totalfdral
Collaboration
Individuel
Non-spcifi
CQRS
Collaboration
Individuel
FCAR
CollaborationIndividuel
Non spcifi
FRSQ
Collaboration
Individuel
Sous- totalprovincial
Collaboration
Individuel
Non spcifi
TOTAL des 6
organismesCollaboration
Individuel
Non spcifi
Source: Observatoire des sciences et des technologies
tableau 6
Type de recherche subventionn par organisme en 1983, 1993, 1997