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histoire de la musique

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    Sommaire Prparer votre venue lOpra 3 ACTON Rsum 4 Synopsis 5 Marc-Antoine Charpentier 6 Jean-Baptiste Lully 7 Marin Marais 8 La musique baroque 9 Les instruments baroques 11 Guide dcoute 13 Vocabulaire 21

    ACTON LOPRA DE LILLE Distribution 23 Note dintention du metteur en scne 24 Costumes 25 Repres biographiques 26 ANNEXE La voix lopra 28 Qui fait quoi lopra ? 29 LOpra de Lille, un lieu, une histoire 30

    Contacts Service des relations avec les publics : Agathe Givry / Magali Gaudubois 03 62 72 19 13 [email protected]

    OPERA DE LILLE 2, rue des Bons-Enfants BP 133 59001 Lille cedex

    Dossier ralis avec la collaboration de Sbastien Bouvier, enseignant missionn lOpra de Lille et Romain Pangaud du Concert dAstre Janvier 2013

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    Prparer votre venue Ce dossier vous aidera prparer votre venue avec les lves. Lquipe de lOpra de Lille est votre disposition pour toute information complmentaire et pour vous aider dans votre approche pdagogique. Si le temps vous manque, nous vous conseillons, prioritairement, de : - lire la fiche rsum et le synopsis dtaill, - faire une coute des extraits reprsentatifs de lopra (guide dcoute). Si vous souhaitez aller plus loin, un dvd pdagogique peut vous tre envoy sur demande. Les lves pourront dcouvrir lOpra de Lille grce une visite virtuelle, les diffrents spectacles prsents ainsi que des extraits musicaux et vido. Enfin, pour guider les premires venues lOpra, un document est disponible sur notre site internet :http://www.opera-lille.fr/fr/venir-a-l-opera/1ere-fois-a-l-opera/ Recommandations Le spectacle dbute lheure prcise etles portes sont fermes ds le dbut du spectacle, il est donc impratif darriver au moins 30 minutes lavance. Il est demand aux enseignants de veiller ce que les lves demeurent silencieux afin de ne gner ni les chanteurs ni les spectateurs. Il est interdit de manger et de boire dans la salle, de prendre des photos ou denregistrer. Les tlphones portables doivent tre teints. Toute sortie de la salle sera dfinitive. Nous rappelons aux enseignants et accompagnateurs que les lves demeurent sous leur entire responsabilit pendant toute leur prsence lOpra et nous vous remercions de bien vouloir faire preuve dautorit si ncessaire. Tmoignages Lquipe de lOpra souhaite vivement que les lves puissent rendre compte de leur venue et de leurs impressions travers toute forme de tmoignages (crits, dessins, photographies, productions musicales). Nhsitez pas nous les faire parvenir.

    Dure totale du spectacle : 1h10 sans entracte Opra chant et surtitr en franais.

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    Rsum Construit en deux parties, le spectacle rassemble Acton, pastorale ou opra de chasse compos par Marc-Antoine Charpentier et un extrait de la tragdie lyrique Isis, compose par Jean-Baptiste Lully, voquant la lgende de Pan et Syrinx. Louverture dune autre tragdie lyrique de Lully, Psych et un extrait de la Deuxime suite des Pices en trio de Marais Marais compltent le programme. - Jean-Baptiste Lully (1632-1687), Ouverture de Psych (tragdie en musique cre par L'Acadmie Royale de Musique en 1678) suivie de lHistoire de Pan & Syrinx extraite dIsis (tragdie en musique cre par L'Acadmie Royale de Musique en 1677 sur un livret de Philippe Quinault Acte III, scnes 4 6) - (Intermde) : Marin Marais (1656-1728), Plainte extraite de la Deuxime suite des Pices en trio (1692) - Marc-Antoine Charpentier (1643-1704), Acton (compos vers 1684) Cette production a t cre lOpra de Dijon le 1er fvrier 2013, dirige par Emmanuelle Ham et Atsushi Saka, mise en scne par Damien Caille-Perret et avec les jeunes solistes et lorchestre du Concert dAstre. ACTEON Acton haute-contre Samuel Boden Diane dessus Lucy Page Arthuze haut----dessus Elodie Kimmel Daphn dessus Ccile Dalmon Hyal bas-dessus Eugnie Lefebvre Junon bas-dessus Anna Wall Premier chasseur taille Jean-Christophe Henry Deuxime chasseur basse Christophe Sam EXTRAIT DISIS Syrinx haut-dessus Elodie Kimmel Pan basse Jean-Michel Ankaoua Mercure haute-contre Erwin Aros Argus basse Christophe Sam Premier berger hautes-contre Christophe Baska & Jean-Christophe Clair Deuxime berger tailles Jean-Christophe Henry & Erwin Aros Lorchestre est compos de : 3 violons I, 3 violons II, 2 altos, 1 viole de gambe*, 1 basse de violon*, 1 contrebasse, 2 fltes, 2 hautbois, 1 basson, percussions, 1 luth*, clavecin et orgue * * continuo

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    Synopsis Acton Cet opra relate en six scnes lhistoire du chasseur Acton et de sa rencontre impromptue avec la desse Diane au bain. De colre, celle-ci se vengera en transformant Acton en cerf, qui se retrouvera poursuivi et dvor par ses propres chiens. Pan & Syrinx Cet extrait de lopra Isis de Lully voque les amours contraries du dieu des Bergers Pan, poursuivant de ses ardeurs la belle nymphe Syrinx qui ne partageait pas son inclination. Alors quil tait sur le point de lattraper, celle-ci se mtamorphosa en roseau. Le vent faisant chanter les roseaux, Pan en cueillit quelques-uns, les attacha ensemble et baptisa ce nouvel instrument (la flte de pan ) du nom de Syrinx. _ Inspires des Mtamorphoses dOvide, ces deux lgendes voquent galement le thme de la chasse. On retrouve aussi dans chacune des uvres qui composent le spectacle une forme musicale trs prsente lpoque baroque : la Plainte. Cest la raison pour laquelle nous avons choisi de construire le guide dcoute de ce dossier autour de ces trois thmes :

    - Le thme de la mtamorphose - Le thme de la plainte - Le thme de la chasse

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    Marc-Antoine Charpentier (1643-1704)

    Marc-Antoine Charpentier nat Paris en 1643 o il passe son enfance et son adolescence. 20 ans, il se rend en Italie, Rome et tudie auprs du compositeur Giacomo Carissimi. Marqu par le style italien et sa musique sacre, il sera le seul en France aborder l'oratorio. De retour Paris vers 1670, il sinstalle chez Marie de Lorraine, petite fille du duc de Guise, qui entretient un ensemble de musiciens et de chanteurs. Charpentier y compose et chante en voix de haute-contre. En 1672, Molire, fch avec Lully, demande Charpentier de remplacer ce dernier pour assurer la partie musicale de ses comdies-ballets. C'est ainsi que Charpentier compose la musique des entractes de Circ et d'Andromde, ainsi que des scnes chantes dans Le Mariage forc, puis Le Malade imaginaire (1673). Malheureusement Molire meurt la

    quatrime reprsentation, ce qui met fin leur collaboration. Charpentier continue cependant travailler pour la Troupe du roi (Comdie Franaise). Il compose alors des musiques de scne pour Thomas et Pierre Corneille. Au cours des annes 1680, Charpentier compose des uvres sacres pour des couvents de religieuses de Paris (Messe, Magnificat, Leons des Tnbres, Les neuf rpons pour le mercredi saint (1680)... Il commence alors composer pour la Cour, notamment au service du Dauphin. Il composera ainsi Les Plaisirs de Versailles en hommage la Cour de Louis XIV. la mort de Mademoiselle de Guise en 1688, Charpentier est employ par les Jsuites dans leurs tablissements parisiens. Il devient matre de musique du collge Louis-le-Grand, puis de l'glise Saint-Louis. Durant cette priode, il compose son unique tragdie en musique Mde, qui sera cre en 1693 lAcadmie royale. Le monopole de Lully sur la musique lyrique, qui tiendra jusqu la mort de ce dernier en 1687, amne Charpentier sessayer aux divertissements et aux pastorales. Ces courtes formes, vocales et scniques, sont de vritables opras de poche. Acton est lune des uvres quil compose cette priode, et dont il interprta probablement lui-mme le rle-titre en 1684. Le livret, anonyme, est tir des Mtamorphoses dOvide. En 1698, Charpentier est nomm matre de musique des enfants de la Sainte-Chapelle du Palais. Il meurt en 1704 en laissant une uvre monumentale (cinq cents pices) parmi lesquels des chefs-duvre de la musique religieuse mais aussi des musiques pour la scne : comdies, tragdies, opras. Sa musique tire sa substance d'un mlange des styles franais et italien, auxquels elle emprunte de nombreux lments. Marc-Antoine Charpentier fut presque compltement oubli jusqu'en 1953, lorsqu'il fut rvl par son Te Deum, dont l'ouverture orchestrale servit d'indicatif l'Eurovision. http://www.charpentier.culture.fr

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    Jean-Baptiste Lully (1632-1687)

    Jean-Baptiste Lully est n en 1632 Florence en Italie dans une famille de meuniers. Quoiquissu dun milieu modeste, il est trs tt au fait de la musique. Vers 1645, il est remarqu par Roger de Lorraine, duc de Guise, et est plac la cour un an plus tard chez Mademoiselle de Montpensier (nice du duc et cousine de Louis XIV) en tant que garon de chambre. Il part ensuite au service de Louis XIV en 1653. Dabord baladin, il acquiert rapidement une double rputation de violoniste et de compositeur. En 1660, il compose les entres de ballets pour Serse, un opra de Francesco Cavali donn Paris. la mort de Mazarin, l'anne suivante, il obtient la

    nationalit franaise et est nomm Surintendant et compositeur de la chambre. Il compose alors des ballets ainsi que les intermdes danss qui ponctuent les tragdies en collaboration avec J. de Bensrade. Cest pour lui le dbut dune priode faste durant laquelle, grce la faveur royale dont il fait lobjet et une fortune bien gre, il peut se consacrer entirement la musique et llaboration de lopra franais. Pour cela il part de diffrents lments existants : ballet de cour, pastorale, divertissement, et comdie-ballet. Il dbute ainsi, en 1664, une srie de 13 comdies-ballets avec Molire (La Princesse dlide ; Le Mariage forc, 1664 ; L'Amour mdecin, 1665 ; Georges Dandin, 1668 ; Monsieur de Pourceaugnac, 1669 ; LeBourgeois gentilhomme, 1670 ; Psych, 1671). Leur fructueuse collaboration, parfois tendue notamment sur les questions de la mise en musique de la langue franaise, s'achve en 1671. La rupture est consomme quand Lully reprend, en 1672, le privilge (l'Acadmie royale de musique) du roi, aprs que R. Cambert et P. Perrin aient chou dans le projet de crer un thtre d'opra Paris. Il est alors assur du monopole de la cration lyrique dans tout le royaume. Lully semploie crer un nouveau style d'opra inspir par les divertissements de la cour et du thtre classique franais. Sa premire tragdie lyrique, Cadmus et Hermione, est cre le 27 avril 1673 sur un livret de Philippe Quinault (1635-1388). Il signe dailleurs avec ce dernier un contrat qui les amne produire une uvre lyrique par an. Dautres uvres suivront : Alceste, Thse, Atys, Isis, Bellrophon (avec Thomas Corneille et Fontenelle), Proserpine, le Triomphe de l'Amour (apparition des premires ballerines), Perse ( la machinerie remarquable), Phaton, Amadis, Roland, Armide, Acis et Galate (avec Campistron) jalonnent la priode qui s'tend de 1673 1687. g de 55 ans, Lully meurt le 22 mars 1687 dune gangrne gnralise, contract suite un coup de canne malencontreux quil sest donn sur le pied en frappant la mesure lors des rptitions du Te Deum, uvre quil devait faire jouer pour la gurison du roi.

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    Marin Marais (1656-1728)

    Joueur de basse de viole la cour, compositeur et pdagogue qui haussa le jeu de la viole en soliste son niveau le plus idiomatique et le plus raffin, Marais occupa les charges les plus leves de la musique de la Chambre et fut chaleureusement trait par le roi. Jeune homme, Marais attira latention de Lully, sous lautorit duquel il servit lAcadmie comme apprenti et chef dorchestre avant de produire quatre de ses propres tragdies lyriques. Interprte impeccable et excessif, Marais possdait une parfaite connaissance de son instrument. Il composa plus de cinq cents pices de viole quil nota avec une prcision doigt, coups darchet et ornementation compris laquelle durent se mesurer tous les joueurs de viole de lpoque. Le personnage de Marin Marais a t rendu clbre par le film Tous les

    Matins du Monde dAlain Corneau, interprt par Grard et Guillaume Depardieu.

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    La musique baroque Succdant la Renaissance et prcdant le Classicisme, le baroque couvre une grande priode dans lhistoire de la musique, stendant du dbut du XVIIme sicle au milieu du XVIIIme sicle, de faon plus ou moins uniforme selon les pays considrs. Le motbaroque serait n du mot portugais barroco qui dsigne des perles de forme irrgulire. Ce terme est dabord utilis dans lart et larchitecture avant dtre appliqu la musique. Le mouvement baroque se caractrise par lexaltation des sentiments, les effets de contrastes, la prolifration et la dformation des volumes et des formes, le got pour lillusion, lexubrance des ornements Lre de la musique baroque dbute, conventionnellement, en Italie avec lOrfeo, opra de Claudio Monteverdi (1567-1643) vritable crateur du genre opra et se termine avec les contemporains de Johann Sebastian Bach et Georg Friedrich Haendel. Bien des uvres de lpoque baroque sont tombes dans loubli la fin du XVIIIme sicle pour ntre redcouvertes quau milieu du XXme sicle. Au cours de la priode baroque, la musique instrumentale smancipe : elle ne se contente plus de son rle daccompagnement des polyphonies vocales, mais fait ressortir ses propres possibilits techniques et expressives. Cest aussi un moment important pour llaboration de la thorie musicale : la gamme tempre et les modes majeur et mineur apparaissent, posant ainsi les bases de lharmonie classique. Les principaux ples de la musique baroque sont lItalie, lAllemagne et la France dont les styles sont fortement opposs malgr des influences rciproques. La musique baroque est marque par un style fleuri et une grande expressivit. Elle se caractrise notamment par limportance du contrepoint puis par une harmonie qui senrichit progressivement, par limportance donne aux ornementset par la technique de la basse continue.Lavnement de la basse continue (galement appele continuo) partie instrumentale confie la basse et soutenant les parties suprieures est une nouvelle manire de concevoir lcriture sonore.

    En projetant la mlodie hors de larchitecture polyphonique, la basse continue a permis lpanouissement des genres vocaux (opra, oratorio et cantate). La basse continue tait excute par un instrument grave monodique (violoncelle, viole de gambe ou basson) jouant la ligne de basse note par le compositeur, et un instrument polyphonique (clavecin, orgue, luth...) ralisant le chiffrage daccords not au-dessus de la basse, donc improvisant un accompagnement harmonique. La basse obstine, procd dcriture musicale galement trs apprci pendant la priode baroque, place la partie de basse un motif ou un chant constamment rpt pendant toute la dure du morceau et sur lequel les parties suprieures ralisent des variations.

    La naissance de lopra concide avec cette mise en avant de la ligne mlodique et du texte. On parle de bel canto baroque. Les recherches furent alors nombreuses, aboutissant par exemple lacration du rcitatif soumis aux lois du discours parl. Au service dune criture nouvelle, se dveloppent les voix tout fait particulires des castratsdont la virtuosit inoue provoque ladmiration travers toute lEurope. En effet, cette poque, la supriorit est donne aux voix aigus. Les sopranos et castrats sedisputent alors les rles titres et la hauteur du chant est le reflet du rang social. Ainsi est-il courantdentendre un castrat chanter le rle dune princesse et dattribuer un rle de prince unesoprano. La mise en avant du texte correspond sans doute une volont dexprimer avec forcelunivers despassions des personnages : les hros juxtaposent les thmes de la vie et de la mort, delamour, de la jalousie et de la vengeance avec une intensit jusque-l ingale.

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    Lalternance entre le rcitatif et laria participe de cette esthtique du contraste et permet auxchanteurs de briller dans la reprise de laria (le da capo) en proposant une variante trs orne etvirtuose. Lorchestrebaroque bnficie dun effectif centr dune part sur la basse ralise par uninstrumentpolyphonique (orgue ou clavecin par exemple), souligne par un instrumentmonodique (viole de gambe, basson par exemple) et dautre part sur la mlodie.Gnralement, lorchestre est compos dune vingtaine dinstruments.Les cordes en constituent la base, les hautbois et les fltes vont par paire tandis que les cuivres nesy rencontrent que lorsque leur timbre est ncessaire laction. Les instruments sont toujours choisis avec prcision afin de renforcer le caractre de laria ou du rcitatif accompagn. De nombreuses tudes mettent aujourdhui en valeur la vritable richesse de la musique baroque et posent entre autres la question du diapason (dont la hauteur a oscill tout au long de la priode), la question du tempo, de lornementation, et de la ralisation de la basse continue. En ce sens, cette musique permet une interprtation sans cesse renouvele, aboutissement dune recherche partage entre les musiciens.

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    Les instruments baroques Lre baroque fut galement une priode de rvolution pour tous les instruments de musique : certains dentre eux firent leur apparition, dautres se modifirent au point den tre totalement renouvels. Sur le plan de lcriture musicale, un langage spcifique, ddi chaque instrument, fait son apparition. Quelques instruments sont spcifiquement lis cette poque baroque o ils atteignirent leur apoge avant dtre, pour certains, totalement abandonns pour tre redcouverts au XXme sicle : la flte bec, le clavecin, le luth, le thorbe, lorgue, les violes Abraham Bosse, Les Plaisirs de la Musique, c. 1637 Le clavecin est linstrument de musique baroque par excellence. Il fait partie de la famille des instruments sautereaux avec l'pinette, le virginal... Cet instrument cordespinces et clavier tait linstrument du continuo mais galement un instrument soliste. Il comporte un ou deux claviers, exceptionnellement trois. Les cordes du clavecin sont fines et en mtal. Elles sont mises en vibration par le moyen de petites pices, appeles sautereaux. Chaque sautereau est arm d'un bec ou plectre qui pince la corde la manire d'un joueur de luth lorsque le claveciniste enfonce la touche correspondante. Le son mis est amplifi par la table dharmonie et le rsonateur de l'instrument. Contrairement une croyance commune, le clavecin nest pas lanctre du piano. En effet leurs mcanismes et principes de construction sont trs diffrents, le piano tant un instrument cordes frappes. Le grand clavecin mesure environ deux mtres cinquante de long sur un mtre de large. Son tendue couvre environ cinq octaves (le piano moderne en comporte plus de sept). Le clavecin fut considr au milieu du XIXme sicle comme un instrument du pass. Sa remise l'honneur au tout dbut du XXme sicle s'inscrit dans le mouvement gnral de redcouverte de la musique ancienne. Mais d'un point de vue musical, la musique de piano s'inscrit dans la ligne de celle du clavecin : Haydn, Mozart et bien d'autres ont compos pour le clavecin avant de passer insensiblement au piano-forte. La viole de gambe ou viole est un instrument de musique cordes et frettes jou l'aide d'un archet. Le terme italien viola da gamba le distingue de la viola da braccio par la diffrence de la tenue de l'instrument (la basse de viole est tenue entre les jambes, d'o son nom, et l'archet est galement tenu de faon diffrente). De facture similaire celle du violoncelle (bois pour la caisse et le manche, cordes en boyau), la viole comporte 6 cordes parfois 5 ou 7. La viole peut tre considre comme un luth archet. Aux XVIe et XVIIe, le terme de viole dsigne toute une famille qui comporte 7 tailles.

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    Le terme violone vient de litalien et signifie grande viole . Historiquement, il ne dsigne rien de plus quun instrument grave cordes frottes , qui peut tre trois, quatre, cinq ou six cordes accordes rgulirement ou irrgulirement en tierce, quarte ou quinte, en 8 ou en 16 (soit la mme octave que le violoncelle ou que la contrebasse) et ressembler un gros violon ou une grande viole.

    Lethorbe est un instrument cordes pinces, sorte de grand luth, cr en Italie fin du XVIme sicle. Le thorbe tait utilis la fois pour la basse continue et comme instrument soliste. Il servait aussi pour laccompagnement du chant.

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    Guide dcoute Pour ce guide dcoute, les enregistrements suivants ont t choisis : - Isis de Lully, direction Hugo Reyneavec La Simphonie du Marais, Accord/Universal, 2005. - Actonde Charpentier, direction William Christie avec Les Arts Florissants, Harmonia Mundi, 1982. - Psych de Lully,direction Paul ODette et Stephen Stubbs, Boston Early Music Festival Orchestra and Chorus, cpo, 2008. - Pices en trio de Marais, direction Philippe Pierlot avec leRicercar Consort, Ricercar, 1998.

    LE THME DE LA MTAMORPHOSE Marc-Antoine Charpentier, Acton - Scne 4 (rcitatif d'Acton) CD plage 12 Acton vient d'apercevoir Diane et ses nymphes dans le bain. Attir par leur beaut, il sapproche. Sa curiosit lui sera fatale ; le malheureux est surpris et Diane profre sa vengeance : "Trop indiscret chasseur, quelle est ton insolence ! Crois-tu de ton forfait dguiser la noirceur Aux yeux de ma divine essence ? Que cette eau que ma main fait rejaillir sur toi Apprenne tes pareils s'attaquer moi !" Ainsi, dans la quatrime scne, Acton se trouve-t-il de nouveau seul, abandonn son triste sort : ACTON Mon cur autre fois intrpide, Quelle peur te saisit ? Que vois-je en ce miroir liquide ? Mon visage se ride, Un poil affreux me sert d'habit, Je n'ai presque plus rien de ma forme premire, Ma parole n'est plus qu'une confuse voix. Ah ! Dans l'tat ou je me vois, Dieux qui m'avez form du noble sang des Rois, Pour m'pargner la honte tez moi la lumire. L'criture de ce rcitatif, par ses nombreux silences, son rythme hach, et son insistance sur certains mots (criture mlodie dans l'aigu), met en avant l'effroi et le dsespoir du chasseur :

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    La mtamorphose s'opre progressivement, altrant subtilement le discours musical (modulations, lignes descendantes), l'aspect physique puis la voix mme d'Acton. Lorchestre prend alors le relais dans une longue plainte qui se substitue la voix du personnage. Avec les lves : - Prcisez les notions d'air et de rcitatif. - Effectuez une lecture du texte et imaginez votre propre rcitatif. - Imaginez la mise en scne de cet extrait. Vous pouvez avoir recours ce stade la technique du morphing. Dans Isis de Lully, la transformation de Syrinx se fait d'une toute autre manire, comparez ces deux mtamorphoses. (Pour Syrinx, il s'agit en fait dune double mtamorphose, la transformation de la nymphe en roseau, suivie dune deuxime transformation puisque les roseaux deviennent une flte entre les mains de Pan). Il est possible d'effectuer des rapprochements avec d'autres uvres qui font rfrence au thme de la mtamorphose : - La Mtamorphose, opra de Michael Levinas d'aprs la Mtamorphose de Kafka. - Metamorphosis de Philip Glass dont les parties 3 et 4 ont t composes la demande de deux thtres qui souhaitaient mettre en scne l'uvre de Kafka.

    LE THME DE LA PLAINTE Aux XVIIe et XVIIIe sicles, la plainte est une pice expressive, vocale, instrumentale ou les deux, souvent en mineur, qui peut tre intgre dans un air de cour ou un air srieux, un ballet de cour, une leon de tnbres, un tombeau, un opra, une suite instrumentale. Marin Marais, 2me suite des pices en trio, Plainte CD1 plage 8 Les pices en trio pour les fltes, violon et dessus de viole ont t composes par Marin Marais en 1692. Ecrite apparemment trois voix, l'interprtation de la musique baroque permet de raliser la partie de basse continue de diffrentes manires (un instrument polyphonique doubl d'un instrument monodique par exemple) mme si le compositeur prconise le dessus de viole de gambe. La Plainte, qui fait partie de la deuxime suite, est crite en sol mineur. Le timbre doux des fltes et de la viole de gambe confre un caractre recueilli l'ensemble.

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    Du point de vue de l'criture instrumentale l'expression plaintive est cre notamment par les mouvements chromatiques descendants que l'on peut remarquer la premire partie de dessus :

    La pice volue dans une mesure quatre temps et un tempo assez lent. L'criture rythmique est particulirement inventive, privilgiant les rythmes points en homorythmie comme dans l'exemple ci-dessus. Par ailleurs, les nombreux retards jouent un rle trs important dans l'expression retenue qui constitue le caractre de cette plainte :

    Jean-Baptiste Lully, Isis, Plainte du Dieu Pan CD2 plage 16 (fin) & 17 Parmi une troupe de bergers, de satyres et de sylvains, Pan presse Syrinx de l'aimer. Apeure, la nymphe se jette dans le lac et se trouve mtamorphose en roseau. La perte d'Isis inspire au Dieu Pan une longue plainte : Syrinx Dieux, protecteurs de l'innocence, Naades, Nymphes des eaux. J'implore ici votre assistance. (Elle se jette dans les eaux.) Pan O vous exposez-vous ? Quels prodiges nouveaux La nymphe est change en roseaux. _____________________ Plainte du Dieu Pan Hlas! hlas! Quel bruit! Qu'entends-je ! Ah ! Quelle voix nouvelle ! La Nymphe tche encor d'exprimer ses regrets. Que son murmure est doux ! que sa plainte a d'attraits. Ne cessons point de nous plaindre avec elle.

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    (Pan donne des roseaux aux bergers, aux satyres et aux sylvains qui en forment un concert de fltes). Pan Les yeux qui m'ont charm Ne verront plus le jour Etait-ce ainsi, cruel amour, Qu'il fallait te venger d'une beaut rebelle N'aurait-il pas suffi de t'en rendre vainqueur Et de voir dans les fers son insensible cur, Brler avec le mien d'une ardeur ternelle ? Que tout ressente mes tourments. (Deux bergers se joignent Pan). Deux bergers Ranimons les restes charmants D'une Nymphe qui fut si belle. Elle rpond encore nos gmissements. Ne cessons point de nous plaindre avec elle. Dans cet extrait, issu de l'acte III d'Isis de Jean-Baptiste Lully, l'air dbute par une lente descente mlodique qui soutient les soupirs de Pan. Les intervalles de demi-ton prsents tous les niveaux (basse, mlodie vocale, mlodie de la flte) tmoignent de la douleur du personnage :

    On remarquera la prsence des deux fltes et de leur criture systmatique en tierces parallles qui symbolisent la voix de la nymphe change en roseau, voix qui intervient en rponse la plainte de Pan. Avec les lves : - Effectuez une recherche propos de la lgende de Pan et de Syrinx. Relisez ce propos LesMtamorphoses d'Ovide, Livre I, vers 698. ---- En histoire des arts, il est possible de comparer cet extrait musical avec cette sculpture de Gilles-Lambert Godecharle (1751-1835) :

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    Marc-Antoine Charpentier, Acton - pastorale en musique, scne 4, Plainte CD plage 13 Cet extrait intervient juste aprs la transformation d'Acton en cerf. C'est une plainte instrumentale qui entre en rsonance avec les dernires paroles du chasseur. Ecrite pour les cordes uniquement, dans une tonalit de do mineur, une mesure trois temps, et un tempo lent, elle possde un caractre mouvant renforc par les nombreux silences qui maillent la partition et les dissonances particulirement prsentes dans les dernires mesures :

    Avec les lves : En histoire des arts, on pourra effectuer un parallle entre cette pice instrumentale et le tableau de Francesco Albane : Acton mtamorphos en cerf (1617) ou encore Diane et Acton du Cavalier d'Arpin (1603). Il est possible d'couter d'autres plaintes en comparaison : - Henry Purcell, The Plaint : O let me weep, pour voix et continuo. - Jean-Baptiste Lully, Les Amours dguiss : Ah, Rinaldo, e dovesei ? - Louis de Caix d'Herlevoix, Plainte pour viole de gambe. - Jacques Gallot, L'Amant malheureuxpour luth. - Robert de Vise, La Plainte ou Tombeau de Mesdemoiselles de Vise, pour thorbe.

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    LE THME DE LA CHASSE Marc-Antoine Charpentier, Acton La musique d'Acton fait videmment une large place au thme de la chasse. Celui-ci s'exprime notamment travers les interventions instrumentales et chantes (duo et chur de chasseurs) qui ponctuent la partition : Ouverture &Bruit de chasse (Piste 1) Scne 1 Chur de chasseurs (piste 2) Scne 1 Air d'Acton Scne 2 Deux chasseurs (piste 4) Scne 2 Air de Diane Scne 2 Duo de Daphn et Hyal Scne 2 Air d'Arthuze et chur des nymphes Scne 3 Rcitatif et air d'Acton Scne 3 Duo de Diane et Acton Scne 3 Chur des nymphes Scne 4 Rcitatif d'Acton Scne 4 Plainte Scne 5 Chur de chasseurs (piste 14) Scne 6 Air de Junon et Chur de chasseurs (piste 15) Scne 6 Chur de chasseurs (piste 16) Pour exemple, les bruits de chasse aprs l'ouverture proposent des entres en imitation reprenant dans leur tempo, leur rythme (noire, deux croches, noire, noire), et leur motif mlodique (saut de quarte) les caractristiques des appels de chasse :

    la suite de ces sonneries, le chur des chasseurs propose des paroles simples, de nombreuses fois rptes au cours de la scne. La mise en musique du texte est syllabique et la partie de basse suit une progression sous forme de marche figurant l'avance rapide des chasseurs "Allons, marchons, courons, htons nos pas" :

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    Avec les lves : - Imaginez la mise en scne de ce passage, les dcors, les costumes, etc. - De quelle manire l'criture musicale traduit-elle la chasse ? Jean-Baptiste Lully, Isis - scne 6, Chur des nymphes courons la chasse CD2 plage 16 Des Bergers et Sylvains viennent offrir des prsents et des fleurs Syrinx, et tchent de la convaincre de cder l'amour plutt qu' la chasse. Pan lui propose de l'pouser. Syrinx refuse de s'engager et convie les Nymphes la chasse. La chasse n'est qu'un prtexte permettant Syrinx de s'chapper ; cette fuite est symbolise par les motifs de doubles-croches et leurs entres successives sur "Courons".

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    En alternance avec les interventions du chur, une "symphonie" propose une srie d'arpges voquant les sonneries de cuivres typiques de la chasse. Avec les lves : Il est possible d'effectuer des comparaisons avec d'autres uvres qui font rfrence au thme de la chasse : - Symphonie n73 en r majeur de Joseph Haydn, IVme mouvement. - La symphonie en r majeur "La Chasse" de Franois-Joseph Gossec. - Quatuor no 17, en si bmol majeur, KV 458, "La chasse" de W. A. Mozart, dernier mouvement. - Et dans le domaine de l'opra, on coutera le chur des chasseurs (Jgerchor) issu de l'opra Der Freischtz de Carl Maria von Weber. - Pour aller plus loin, on pourra consulter ce site qui voque la musique de chasse Versailles sous Louis XIV avec un exemple de partition : http://www.bibliotheques.versailles.fr/Statique/pages/exposition-virtuelle/chap03-p01-02.htm

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    Vocabulaire Acton : Jeune chasseur de la mythologie grecque, il surprend un jour Diane alors quelle prend son bain. Furieuse, la desse le change en cerf. Il meurt alors dchiquet par ses propres chiens de chasse.

    Arthuze : Nymphe des eaux, suivante du cortge de Diane. Dans une autre partie du mythe, elle est mtamorphose en fontaine pour chapper aux ardeurs du dieu Alphe.

    Argus : Gardien aux cent yeux, queMercure endort dans Isisen lui racontant lhistoire de Pan & Syrinx.

    Basse continue :Partie de basse instrumentale confie un instrument polyphonique (orgue, clavecin, luth, guitare) renforc par un autre instrument (viole de gambe, violoncelle, basson), dans les uvres allant de la fin du XVIme sicle au milieu du XVIIIme sicle. Appele galement continuo, elle est en gnral chiffre.

    Daphn : Nymphe dune trs grande beaut, dvoue Diane. Elle finit elle aussi mtamorphose, en laurier, chappant ainsi au dieu Apollon qui voulait lpouser.

    Diane : Desse de la chasse. Dans lhistoire dActon, cest elle qui, surprise nue au bain par le jeune chasseur, le transforme en cerf.

    Gavotte en rondeau : Danse dorigine populaire trs en vogue la cour lpoque de Charpentier et Lully. Elle est de rythme binaire et de tempo plutt vif, et est danse en couples.

    Hyal : Nymphe de la suite de Diane, qui remplissait leau du bain quand Acton aperut la desse.

    Homorythmie :On emploie ce terme pour dsigner les moments dune uvre musicale dans lesquels tous les musiciens jouent en mme temps le mme rythme.

    Junon : Desse du mariage, pouse de Jupiter, le roi des dieux. Dans la mythologie, Jupiter est connu pour ses nombreuses infidlits et Junon pour sa grande jalousie. On apprend la fin dActon que cest elle qui a tendu un pige au chasseur pour se venger Jupiter.

    Menuet :Danse traditionnelle devenue au XVIIme sicle une danse de cour, puis une danse stylise au XVIIImeintgre une uvre musicale. Le menuet est le mouvement de divertissement au sein d'une symphonie ou dune sonate. partir de la fin du XVIIIme, il est remplac par le scherzo. Lemploi du menuet aux XIXme et XXme sicles est surtout fait pour souligner un archasme. Lavnement officiel du menuet remonte Lully, qui le mit la mode la cour de France, si bien quil devint rapidement la danse la plus pratique, rejetant dans lombre toutes celles qui lavaient prcd.

    Mercure :Dieu des messagers. Il est connu aussi pour sa grande intelligence et sa ruse. Dans lopra Isis, cest lui qui raconte lhistoire de Pan & Syrinx afin dendormir le gardien Argus. Il est aussi le pre de Pan.

    Nymphe : Jeune desse consacre la nature dans les mythologies grecque et latine.

    Ouverture :Pice instrumentale servant dintroduction un opra. Ds le XVIIme sicle, on distingue deux types douverture : louverture la franaise (lent, vif) et louverture litalienne (vif, lent, vif).

    Pastorale :La pastorale peut dsigner un genre prcurseur de lopra, divers genres instrumentaux ( partir du XVIIme sicle) ou tre une simple indication de caractre place au dbut dune partition, indiquant selon le cas un caractre champtre ou une allusion la Nativit.

    Pan :Divinit de la nature, fils de Mercure, il est souvent reprsent dans la mythologie sous la forme dun satyre (avec des pattes de bouc, un torse dhomme, et une tte cornue). Cest lui qui, tentant de sduire la nymphe Syrinx, la contraint se mtamorphoser en roseaux.

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    Plainte : Aux XVIIme et XVIIIme sicles, la plainte est une pice expressive, vocale, instrumentale ou les deux, souvent en mineur, qui peut tre intgre dans un air de cour ou un air srieux, un ballet de cour, une leon de tnbres, un tombeau, un opra, une suite instrumentale.

    Satyres et sylvains : Divinits des forts dans les mythologies grecque et latine.

    Syrinx : Nymphe aime de Pan. Fuyant ses attentions, elle se transforme en roseaux. Pan, coupant ces roseaux, et les collant ensemble, faonna la premire flte de Pan .

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    Acton lOpra de Lille

    Direction musicale Atsushi Saka Mise en scne Damien Caille-Perret Scnographie & costumes Cline Perrigon Lumires Jrmie Papin Maquillage Mathilde Benmoussa Collaboration artistique la mise en scne Yves Lenoir Assistanat aux costumes Peggy Sturm Avec

    Samuel Boden Lucy Page Elodie Kimmel Ccile Dalmon Eugnie Lefebvre Acton Diane Arthuze / Syrinx Daphn Hyal

    Anna Wall Jean-Michel Ankaoua Erwin Aros Christophe Sam Junon Pan Mercure Argus

    _ Le Concert dAstre, direction Emmanuelle Ham

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    Note dintention du metteur en scne L'empire de l'Amour n'est pas moins agit Que l'empire de l'onde Ne cherchons point d'autre flicit Qu'un doux loisir dans une paix profonde S'il est quelque bien au monde C'est la libert. Libert, libert ! Syrinx, dans Isis de Lully

    Ainsi puissent prir les mortels odieux Dont l'insolence extrme Blessera dsormais les Dieux, La puissance suprme. Junon, dans Acton de Charpentier

    Syrinx et Pan dans Isis de Lully Avant dentrer dans lunivers dActon, nous proposerons un extrait d'Isis de Lully qui peut saborder comme un conte indpendant du reste de lhistoire. Avec des thmes trs similaires Acton, il raconte lhistoire de la nymphe Syrinx qui dclare lAmour une guerre immortelle . Lorsquelle subit les avances offensives de Pan, elle prfre mourir que lui cder. En appelant aux Dieux, protecteurs de l'innocence, aux Nayades, aux Nymphes des eaux, elle se jette leau et se mtamorphose en roseau. Elle laisse Pan, aveugle sa propre responsabilit, pleurer sa mort. Cette histoire est comme un cho en miroir inverse dActon. Ici, cest le dieu qui cherche profaner une nymphe. Nous restons dans la thmatiques des rapports homme / femme dont les mythes nous rappellent lternelle complexit. La libert qui soppose lAmour comme prison. Comme dans Acton, il sagit dun viol mais il est ici moins mtaphorique. Nous allons construire des images comme support lcoute de luvre, sans dvoiler lunivers, ni tout fait le langage, qui sera le ntre pour Acton. Elles seront constitues de collages potiques, dombres mouvantes et fantasmatiques. Et majoritairement en noir sur blanc. Nous y mlerons lapparition de tableaux vivants qui mettront en scne les chanteurs. Je souhaite, par cette proposition narrative et esthtique diffrente dActon, mettre en relief et lune et lautre histoire. Acton de Charpentier LActon de Charpentier commence dans lenthousiasme joyeux des guerriers avant la bataille marchant vers la victoire. Mais cette joyeuse marche champtre est un trompe lil. Et luvre finira dans la rage de la rvolte. Cette fois, la rvolte des hommes contre la rage des dieux. Il y a chez Ovide une dimension quasi picturale dcrire ces chasseurs avanant dans cette montagne dtrempe du sang des btes quils massacrent sans relche depuis des jours. Un sang rouge quand il est frais, brun quand il sche, et finalement noir quand il se mlange la boue. Je veux partir de cette impression apocalyptique et presque nocturne pour mettre en valeur dans luvre sa dimension mythologique brasse de pulsions sauvages et barbares, laube des temps, dans lobscurit, les forts profondes, une humanit encore incertaine dchire entre lanimal et le divin. En partant du noir dune nuit dclipse, je souhaite renforcer cette violence quil y a profaner le sanctuaire phmre, verdoyant, lumineux, paradisiaque de Diane et ses nymphes ; comme une toile dans la nuit menace dtre absorbe par un trou noir. Parce que ce que nous raconte le mythe dActon, cest la transgression dun homme qui rencontre le divin, et dpasse les limites de sa condition. Il fait lexprience du privilge dune vision extraordinaire. Mais le corps nu des dieux est insoutenable lil humain. Grce des tulles, des chssis, des ombres, je veux crer un univers potique et irrel inspirant la grce et leffroi. On y verra les arbres en ngatif, les racines noires mouvantes, et la source clatante anims dun souffle, les lments eux-mmes prenant part la chasse puis linconcevable sentence. Le monde des nymphes sera celui de la transparence, de la lumire, de la couleur et la lgret. Celui des chasseurs sera celui de la brutalit, de lpaisseur, de corps englus dans la lourdeur de leurs armes et de leurs chiens voraces.

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    Costumes

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    Repres biographiques

    Atsushi Sakai, direction musicale N Nagoya en 1975, Atsushi Sakai tudie le violoncelle avec Harvey Shapiro et obtient un premier prix l'unanimit, premier nomm avec le Prix Jean Brizard au Conservatoire National Suprieur de Musique de Paris dans la classe de Philippe Muller. Passionn trs tt par le violoncelle historique et la viole de gambe, il reoit paralllement l'enseignement de Christophe Coin en cycle suprieur et de perfectionnement dans le mme tablissement. On le retrouve au sein densembles comme Les Talens Lyriques et l'Ensemble

    Baroque de Limoges avec lesquels il ralise un grand nombre de concerts et enregistrements. Cofondateur et violoncelle solo du Concert d'Astre (dir. Emmanuelle Ham), il se produit dans les grandes salles europennes comme le Concertgebouw Amsterdam, le Konzerthaus Vienne, le Thtre des Champs-lyses Paris, le Barbican Centre Londres Il consacre galement beaucoup de son temps la musique de chambre et au rcital o il joue aux cts de Christophe Rousset, Vincent Dumestre mais aussi Alain Plans et le Quatuor Bartk, accueilli sur les scnes les plus prestigieuses (Thtre du Chtelet, Cit de la Musique, Thtre des Bouffes du Nord, Auditorium du Louvre, Queen Elizabeth Hall Londres, Teatro della Pergola Florence, Capella della Piet dei Turchini Naples, Opra de Lausanne, Chteau Sanssouci Potsdam) Il se produit comme soliste avec de nombreux orchestres notamment avec le Prager Kammerphilharmonie et avec le Berliner Symphoniker la Philharmonie Saal sous la direction de Jess Lopez-Cobos. Encourag vivement par Diego Masson, Atsushi Sakai dcide de se consacrer galement la direction dorchestre. Cest ainsi que depuis 2004, il collabore chaque anne avec l'Orchestre Franais des Jeunes. Il travaille en tant que chef assistant avec la Camerata Salzburg, l'Orchestre Symphonique de Madrid et Le Concert d'Astre. Avec l'ensemble Le Cercle de l'Harmonie, il est invit diriger plusieurs projets dans des salles prestigieuses notamment les Tafelmusik de Telemann au Festival de Deauville et L'Amant Jaloux de Grtry l'Opra-Comique Paris. Au cours de la saison 2012-13, il dirige l'Opra de Lille, Acton un opra de Charpentier avec Le Concert d'Astre.

    Le Concert dAstre, ensemble en rsidence lOpra de Lille Ensemble instrumental et vocal ddi la musique baroque et dirig par Emmanuelle Ham, Le Concert dAstre est aujourdhui un des fleurons de ce rpertoire en Europe et dans le monde. Fond en 2000 par Emmanuelle Ham, qui runit autour delle des instrumentistes accomplis partageant un temprament et une vision stylistique la fois expressive et naturelle, Le Concert dAstre connat un rapide succs. En 2003, il reoit la Victoire de la Musique Classique rcompensant le meilleur ensemble de lanne et, en 2008, il est nomm Alte Musik Ensemble de lanne aux Echo Deutscher Musikpreis en Allemagne. LEnsemble, trs dynamique, se produit activement dans toute la France lOpra de Dijon, lOpra National du Rhin, au Thtre de Caen, lOpra de Bordeaux, au Thtre du Chtelet, au Thtre des Champs-lyses tout comme ltranger dans

    les hauts lieux de la musique classique - au Concertgebouw dAmsterdam, au Barbican Centre de Londres, au Lincoln Center de New York, au Konzerthaus de Vienne, au Festival de Postdam, au Festival de Salzbourg En effet, ds 2003, Le Concert dAstre sassure une importante diffusion internationale par le biais des tournes avec un rpertoire vari, notamment Theodora de Hndel en 2006, en France, en Angleterre, en Italie et en Espagne ; Dixit Dominus de Hndel et Magnificat de Bach Paris, London, Rome et Madrid en 2007 ; une tourne avec des cantates de Hndel en novembre 2008 en Allemagne et dans les pays du Benelux, dont un concert la Philharmonie de Berlin ; Messiah de Hndel en Europe en 2009 ; La Cration de Haydn en 2011 ; Il Combattimento di Tancredi e Clorinda de Monteverdi en aot 2012 au Festival de Turku en Finlande. Le 19 dcembre 2011, Le Concert dAstre a prsent, loccasion de son dixime anniversaire, un concert au Thtre des Champs-Elyses Paris avec la participation des plus grands artistes lyriques comme Natalie Dessay,

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    Topi Lehtipuu, Sandrine Piau, Anne Sofie Von Otter, Rolando Villazn, concert caritatif en faveur de la recherche contre le cancer. Le Concert dAstre sillustre galement dans de nombreuses productions scniques des uvres de Hndel (Tamerlano en 2004, Giulio Cesare Lille en 2007 et lOpra Garnier en 2011, Orlando en 2010, Agrippina en 2011), Monteverdi (Orfeo en 2005, Lincoronazione di Poppea en 2012), Rameau (Les Borades en 2005, Dardanus en 2009, Hippolyte et Aricie au Capitole de Toulouse en 2009 et lOpra de Paris en 2012), Bach (Passion selon St Jean en 2007), Lully (Thse en 2008), Mozart (Le Nozze di Figaro en 2008) et Purcell ([After] The Fairy Queen en 2009), en collaboration avec des metteurs en scne de renom tels David McVicar, Robert Wilson, Jean-Franois Sivadier, Laurent Pelly et Ivan Alexandre. La saison 2012-2013 sera marque par une nouvelle production de Mde de Charpentier (mise en scne Pierre Audi) au Thtre des Champs-Elyses et lOpra de Lille, Acton de Charpentier lOpra de Dijon puis lOpra de Lille, dbut 2013, puis la reprise de Giulio Cesare de Hndel dans la mise en scne de Laurent Pelly lOpra Garnier en mai-juin 2013. Au programme galement, une srie de concerts autour des Vpres de la Vierge de Monteverdi. Pour son label Virgin Classics, Le Concert dAstre enregistre Les Duos arcadiens, Aci, Galatea e Polifemo (Baroque Vocal Winner Gramophone Awards), Il Delirio amoroso et Il Trionfo del Tempo e del Disinganno de Hndel, Dido and Aeneas de Purcell, LOrfeo, Il Combattimento di Tancredi e Clorinda de Monteverdi, Carestini / The Story of a Castrato avec Philippe Jaroussky, le Dixit Dominus de Hndel et le Magnificat de Bach ainsi que la Messe en ut mineur de Mozart, sous la direction de Louis Langre. Sont parus lautomne 2008 un disque de Cantates de Bach avec Natalie Dessay et un autre de Lamenti de Monteverdi, Cesti, Landi, etc., rcompens meilleur enregistrement aux Victoires de la Musique Classique 2009 et, fin 2009, La Resurrezione de Hndel. En janvier 2011, est paru Cleopatra (un enregistrement dairs extraits de lopra Giulio Cesare) avec Natalie Dessay. Le disque Une fte baroque !, enregistr lors du concert du dixime anniversaire de l'ensemble au Thtre des Champs-Elyses, est paru dbut 2012, et toujours chez Virgin Classics vient de paratre en DVD Giulio Cesare de Hndel capt lOpra de Paris. Abondamment rcompenss, ces enregistrements sont loccasion de rencontres intenses avec les plus grands chanteurs actuels.

    Mcnat Musical Socit Gnrale est le mcne principal du Concert dAstre. En rsidence lOpra de Lille, Le Concert dAstre bnficie de l'aide au conventionnement du Ministre de la culture et de la communication - DRAC Nord-Pas de Calais et du soutien de la Ville de Lille. www.leconcertdastree.fr

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    La voix lopra Chaque voix est unique, la classification vocale est donc artificielle. On a cependant prouv le besoin de dfinir les voix en prenant compte diffrents facteurs : ltendue dans laquelle elle peut se mouvoir (sa tessiture), son timbre, sa puissance, le type de rpertoire abord (le baryton Verdi par exemple). lopra, chaque voix correspond un type de personnage. La classification des voix : On distingue gnralement trois types de voix pour les femmes et trois pour les hommes : + grave + aigu femme Contralto Mezzo-Soprano Soprano homme Basse Baryton Tnor Contre-tnor/Haute-contre La soprano est la voix fminine la plus leve, la basse est la voix masculine la plus grave.

    Dans le baroque franais, la dnomination des voix est diffrente : de la plus aigu la plus grave on trouvera gnralement les voix de dessus (quivalent la voix de soprano aujourdhui), bas-dessus (mezzo-soprano), haute-contre (contre-tnor), taille (tnor), basse-taille (baryton), basse (basse). BAROQUE MODERNE Clefs

    utilises BAROQUE MODERNE Clefs

    utilises Dessus Soprano Sol 2 Taille Tnor Ut4 Bas-dessus Mezzo soprano Ut1 Basse-taille Baryton Fa3 Haute contre Haute contre Ut3 Basse Basse Fa4

    La tessiture est ltendue ordinaire des notes quune voix peut couvrir sans difficult. Le timbre de la voix : Cest la couleur de la voix, ce qui permet de lidentifier. Ce timbre est li aux harmoniques mises par le chanteur, qui sont lis sa morphologie et sa technique : le corps agit comme une caisse de rsonance et les rsonateurs peuvent tre modifis lors de lmission du son. Le chur : Cest un ensemble de chanteurs qui interviennent certains moments dans un opra. Un chur mixte est gnralement form de soprani, d'alti, de tnors et de basses. La puissance de la voix : Elle dfinit le maximum dintensit quatteint la voix dans ses extrmes : - voix dopra : 120 dB - voix dopra-comique 100 110 dB - voix doprette : 90 100 dB - voix ordinaire : au-dessous de 80 dB(voix des chanteurs de varit ou de comdie musicale)

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    Qui fait quoi lopra ?

    Associez le mtier la description de son travail et, en vous rfrant lquipe artistique de cette production, mettez des noms en dessous de chaque mtier.

    Le compositeur Il/Elle crit lhistoire, les textes qui seront chants dans lopra.

    Le costumier Il/Elle est responsable de ce qui se passe sur scne. Il/Elle conoit, avec son quipe, la

    scnographie et dirige le jeu des chanteurs (les

    mouvements).

    Le musicien

    Il/Elle interprte un personnage de lopra.

    Le chanteur

    Il/Elle invente la musique daprs un thme ou une histoire (le livret) et crit la

    partition.

    Le librettiste

    Il/Elle cre les dcors du spectacle.

    Le metteur en scne Il/Elle dessine et conoit les costumes.

    Le scnographe (dcorateur)

    Il/Elle joue dun instrument, interprte la musique du compositeur. Il/Elle fait

    partie de lorchestre.

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    LOpra de Lille, un lieu, une histoire

    HISTORIQUE Aprs lincendie, en 1903, de lancien thtre construit en 1788 au cur de la ville, la municipalit lance en 1907 un concours pour la construction dun nouvel difice. Le rglement met alors laccent sur la prvention de lincendie et recommande notamment de porter attention la largeur et la commodit des dgagements et des escaliers tous les tages. Le projet laurat de larchitecte Louis-Marie Cordonnier (1854-1940) a respect cette consigne qui permet au btiment de bnficier aujourdhui de volumes exceptionnellement vastes dans tous ses espaces publics (zones daccueil, foyer, dambulatoires,). Le gros-uvre du chantier sest achev en 1914, mais les travaux de finition nont pu tre mens leur terme cause de la guerre. Les Allemands ont dailleurs trs vite investi le lieu quils ont meubl et quip avec les siges et le matriel dun autre thtre lillois, Le Sbastopol. En prs de quatre annes doccupation, une centaine de spectacles et de concerts y ont t prsents en faisant la part belle Wagner, Mozart, Strauss, Beethoven. Aprs cette occupation germanique et une priode de remise en tat, le Grand Thtre comme on lappelait lpoque a pu donner sa premire franaise en 1923. En 1998, la Ville de Lille se trouve dans lobligation de fermer lopra pour des raisons de scurit. Un chantier de rnovation est men par les architectes Patrice Neirinck et Pierre Louis Carlier de 2000 2003. LOpra de Lille a ouvert nouveaux ses portes au public en dcembre 2003 loccasion de Lille 2004 Capitale europenne de la culture. LA FAADE

    Prcde dun vaste perron et dune vole de marches en pierre de Soignies, la faade est un symbole de lidentit lilloise. De composition noclassique, elle fait preuve dclectisme en termes dlments architectoniques et dcoratifs. Elle adopte le parti de composition du Palais Garnier, mais avec une morphologie gnrale diffrente. En pierre calcaire, trs lumineuse, cette faade dploie trois strates architecturales (traves), qui correspondent trois styles de parements. Le premier tage, tage noble, est rythm par trois larges baies cintres, conues pour inonder de lumire le grand foyer. Ces baies participent pleinement lallure noclassique et llgance de ldifice. Louis-Marie Cordonnier fournit lintgralit des plans et dessins ncessaires lornementation de la faade. Il accorda la ralisation (et non la conception) du motif du fronton, illustrant la

    Glorification des Arts, un artiste de la rgion lilloise : Hippolyte-Jules Lefebvre. Se dtachant de la rigueur gnrale du btiment, le groupe sculpt sarticule autour dApollon, le Dieu des Oracles, des Arts et de la Lumire. Neufs muses laccompagnent, runissant ainsi autour de lallgorie du vent Zphir, la posie, la musique, la comdie, la tragdie et dautres arts lyriques ou scientifiques. Les deux reliefs allgoriques de ltage noble (dessins de Cordonnier l encore), se rpondent. gauche, du sculpteur Alphonse-Amde Cordonnier, une jeune femme tenant une lyre, reprsente La Musique. Des bambins jouent du tambourin et de laguitare. droite, le sculpteur Hector Lemaire, a symbolis La Tragdie. Les putti reprsentent des masques de thtre et lallgorie fminine, dramatique et anime, brandit une pe, environne de serpents et dclairs.

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    LE HALL DHONNEUR Lentre est rythme par les marches descalier du perron depuis la place du thtre et seffectue par trois sas largement dimensionns. Le visiteur pntre dans le vestibule qui lui offre immdiatement une vue sur lescalier dhonneur menant au parterre et aux galeries des tages.Introduction progressive au lyrisme du lieu, le vestibule met en scne deux statues ralises en stuc de pierre. droite, LIdylle , de Jules Dechin, et en cho, La Posie du sculpteur Charles Caby. LES GRANDS ESCALIERS Avec un programme damnagement et de dcoration trs riche, les escaliers instaurent un dtachement volontaire avec lenvironnement urbain et le lexique architectural encore rserv au vestibule. Propices une reprsentation sociale (dfil des classes sociales du dbut du XXe sicle par exemple), les grands escaliers sont une cellule valeur indicative, qui annonce le faste du lieu.Afin daugmenter la capacit daccueil de la salle, Cordonnier a privilgi une vole axiale droite, puis deux montes symtriques divergentes. Une vote caissons remarquables, dinspiration renaissance italienne, repose sur une srie de colonnes en marbre cipolin. Larchitecte chargea le sculpteur-stucateur Andr Laoust du dcor des baies qui surplombent les escaliers et ferment lespace entre le grand foyer et les galeries. Louis Allard est quant lui auteur, daprs les esquisses de Cordonnier, des deux vases monumentaux (pltre peint et dor), disposs sur les paliers darrive (et initialement prvus pour le grand foyer). LE GRAND FOYER Le grand foyer a t voulu par Louis-Marie Cordonnier comme un vritable vaisseau, qui sallonge sur toute la faade de lOpra. Lespace, trs lgant, fait preuve de dimensions exceptionnelles, au regard de celles rencontres dans dautres lieux thtraux. Les volumes intrieurs, particulirement vastes, sont le cadre dune effervescence et de la dambulation du public lors des entractes, et continue merveiller le public par sa richesse ornementale. Lespace est clair par cinq grandes baies dont trois jumeles du ct de la place. Le dcor du plafond et les deux tableaux ovales reprsentant La Musique et La Danse sont luvre du peintre Georges Picard. En parallle, les quatre grands groupes sculpts ont t raliss par Georges-Armand Vrez, et forment un ensemble cohrent avec le programme dornementation, qui dveloppe le thme des arts. Chaque mercredi 18h, des concerts dune heure sont organiss dans le Foyer. Rcitals, musique de chambre, musique du monde au tarif de 8 et 5 . LA GRANDE SALLE

    Si les plans aquarells de Cordonnier privilgiaient la couleur bleue, la volont de reproduire une salle litalienne (un des derniers exemples construits en France) a fait opter lensemble des acteurs du chantierde lpoque pour le rouge et or, plus conventionnel. La salle est couverte dune coupole. Elle comprend six loges davant scne, une fosse dorchestre, un large parterre et quatre balcons (quatre galeries). Le dcor est particulirement abondant. Les

    coinons comportent plusieurs groupes sculpts : La Danse, la Musique, la Tragdie et la Comdie.

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    De part et dautre des loges davant-scne, quatre cariatides portent les galeries suprieures. Elles reprsentent les quatre saisons. Un groupe sculpt, au thme similaire de celui de la faade, est ddi la Glorification des Arts, et affiche sa devise en latin : Ad alta per artes . Huit mdaillons peints alternent avec des figures mythologiques (phbes sculpts). Cest Edgar Boutry qui ralisa lensemble de ce dcor sculpt tandis que Georges Dilly et Victor Lhomme furent chargs conjointement de la ralisation des huit mdaillons de la coupole. Ces peintures maroufles (toile de lin applique aux pltres) ne prsentent quun camaeu de brun avec quelques rehauts de bleu. Les travaux de rnovation et la construction de nouveaux espaces (2000 2003) En mai 1998, la Ville de Lille se trouve dans lobligation de fermer lOpra et de mettre un terme la saison en cours. Cette fermeture est provoque par lanalyse des dispositifs de scurit du btiment qui se rvlent tre dfectueux ; une mise en conformit de ldifice face au feu apparat alors ncessaire, tant au niveau de la scne que de la salle et de larchitecture alvolaire qui lentoure. Les acteurs du chantier dfinissent alors trois objectifs majeurs pour les travaux de modernisation et de mise en conformit de lOpra de Lille. Le premier est daboutir, en respectant videmment ldifice, une mise aux normes satisfaisante et rpondant aux rglementations existantes, en particulier dans le domaine de la scurit des personnes. Le deuxime vise amliorer les conditions daccueil des productions lyriques, chorgraphiques et des concerts dans le cadre dun thtre litalienne tout en prservant luvre de Louis-Marie Cordonnier dont la configuration, les contraintes et lhistoire induisent une organisation spatiale classique. Il sagit enfin de valoriser lOpra de Lille comme lieu de production et daccueil de grands spectacles lyriques et chorgraphiques en mtropole lilloise, en France et en Europe. Les travaux de rnovation mens par les architectes Patrice Neirinck et Pierre-Louis Carlier ont t loccasion de construire, au dernier tage du btiment, une nouvelle salle de rptition. Le toit de lOpra a t surlev pour offrir un grand volume cet espace de travail qui est galement accessible au public. Cette salle dont les dimensions sont environ de 15x14 mtres peut en effet accueillir 100 personnes loccasion de rptitions publiques ou de prsentations de spectacles et de concerts. > visite virtuelle de lOpra accessible sur le site de lOpra : http://www.opera-lille.fr/fr/l-opera-de-lille/visite-virtuelle/

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    LOpra, un lieu, un btiment et un vocabulaire

    Le hall dhonneur = lentre principale Les grands escaliers mnent les spectateurs la salle La grande salle = salle dans laquelle se passe le spectacle Le grand foyer = espace dans lequel les spectateurs se retrouvent aprs le spectacle et lentracte Les coulisses = zone dans laquelle les artistes se prparent (se maquillent, mettent leurs costumes, se concentrent) Les studios de rptition = lieu dans lequel les artistes rptent, travaillent, schauffent avant le spectacle La rgie = cabine rserve aux techniciens qui rglent la lumire, le son diffuss sur la scne Ct salle (Dans la grande salle, il y a dun ct, les spectateurs) : - Les fauteuils des spectateurs sont rpartis sur le parterre (ou Orchestre) et les 4 galeries (ou balcons), 1138 places au total - La quatrime galerie sappelle le Paradis (parce que la plus proche du ciel) ou encore le Poulailler (zone rserve historiquement au peuple qui tait perch et caquetait comme des poules) - Les loges (celles du Parterre tant appel aussi baignoires) - La loge retardataire (situe en fond de Parterre) - La rgie (situe en 2megalerie) Ct scne (De lautre ct, les artistes) : - La fosse dorchestre (espace rserv aux musiciens pendant les opras, en dessous de la scne ; seul le chef dorchestre voit la scne et il dirige les chanteurs) - Lavant-scne ou proscenium (partie de la scne la plus proche du public) - La scne ou le plateau (lieu dans lequel les artistes jouent, chantent et dansent) (le lointain - lavant-scne ou face / Jardin - Cour) - Les coulisses - Le rideau de fer et le rideau de scne sparent la scne et la salle. Le rideau de fer sert de coupe feu.