fadden bubi be pial - numero 1

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Les films sur la maladie du sommeil ou le nagana ne sont pas si fréquents, et ceux qui ont été tournés au Cameroun encore plus rares. Nos lecteurs les plus âgés se souviennent peut-être de NAGANA, film d’Hervé BROMBER- GER tourné en 1956, a v e c Barbara LAAGE, Gil DELA- MARE et le grand Raymond SOUPLEX (les 5 dernières minutes à la télévision et le célèbre : Bon Dieu, mais c’est bien sur !). Dans ce film d’aventures suranné, l’ac- tion se situait en 1920 : Charlier, un aven- turier, organise une expédition au Cameroun. Il convainc Maurice Leblond, qui vient de sortir de prison, à le seconder dans cette aventure. Si le but officiel de ce voyage est la lutte contre la maladie du sommeil, Charlier cherche en fait à s’ap- proprier l'or des indigènes. Il trouve un mécène en la personne de mademoiselle de Largillière, qui les accompagne dans cette expédition. Sa secrétaire, Geneviève, découvre les véritables inten- tions de Charlier.Tous les ingrédients d’un film d’aventures à l’ancienne … C’est donc plus de cinquante ans après, qu’Ulrich Koehler se lance à son tour dans l’aventure. Pour avoir vécu longtemps au Cameroun et en R.D. Congo (son père a été médecin à l’hôpital allemand de Sakbayémé), il a une petite connaissance de la maladie du sommeil. Mais il ne veut pas commettre d’impair, aussi demande t’il conseil à l’OCEAC pour la partie tech- nique du scénario ainsi que la participa- tion d’équipes du Programme national de lutte contre la trypanosomiase et de l’OCEAC pour que les scènes de prospec- tion, tournées sur les bords de la Sanagha, soient les plus réalistes possi- bles. Sur une trame apparemment simple, son film, Die schlafkrankheit, est une réussite : Ebbo et Vera Velten vivent depuis près de 20 ans dans divers pays d’Afrique. Ebbo dirige un programme consacré à la maladie du sommeil. Son travail l’occupe à plein temps. Vera, par contre, se sent de plus en plus mal à l’aise dans la com- munauté des expatriés de Yaoundé. Elle souffre d’être séparée de sa fille Helen, 14 ans, qui fréquente un inter- nat en Allemagne. Ebbo doit renoncer à sa vie en Afrique s’il ne veut pas perdre la femme qu’il aime. Mais il redoute chaque jour davantage le retour dans un pays qui lui est maintenant étranger… Il s’agit donc d’un thème bien d’actualité et les acteurs Pierre Bokma, Jean- Cristophe Folly, Hippolyte Girardot (bien connu en France), Sava Lolov et Jenny Schily l’ont interprété avec brio. Au festival du film de Berlin en 2011, Ulrich obtient l’Ours d’argent du meilleur réalisateur, récompense rare pour un troisième film et une jeune carrière. Fils de feu HASSAN et de AIE DADDA, HAMA- DAMA Hassan est né vers 1951 dans la vallée de Mayo Dankali près de LOMPTA, village situé dans l’Arrondissement de Galim-Tignère Département de Faro et Deo Région de l’Adamaoua. Dixième né d’une famille polyga- mique de vingt et un enfant, HAMADAMA Hassan fut inscris à l’école Protestante de Lompta en 1961 après un brillant passage à l’école Coranique. En 1961, date de la création de l’école Rurale de Lompta par le Gouvernement, le jeune HAMADAMA Hassan ou encore appelé génie a dont été transféré dans l’école Gouvernementale ou il étudia pen- dant trois ans. C’est ainsi qu’en 1963, il quitta l’école Rurale de Lompta pour entrer à l’école Principale de Tignère. Seul candidat de l’Arrondissement de Tignère à l’époque à réus- sir au concours d’entrée en sixième en 1966, le génie obtint également son CEPE la même année. Félicités par le Sous-préfet et le Lamido, acclamés par les habitants du village, le brillant élève regagna Ngaoundéré ou il com- mença la sixième au Collège d’Enseignement General (CEG). Après quatre années d’études, il obtint le BEPC. A la rentrée scolaire 1970- 1971, le jeune HAMADAMA Hassan fut inscris au Lycée du Nord à Garoua ou il décrocha suc- cessivement le Probatoire en 1972 et le Baccalauréat série « D ». Bachelier de son état, il décida donc de chercher un emploi. Heureusement, cette initiative fut contrecarrée par un ainé en l’occurrence le Docteur HAMAD- JODA Adjoudji, chef secteur centre de l’Elevage dans l’Adamaoua à l’époque qui le conseilla et l’aida à obtenir une bourse d’Etudes Vétérinaires à l’Ecole Inter Etat des Sciences et Médecines Vétérinaires (EISMV) de Dakar au Sénégal ou il étudia de 1973 jusqu'à 1981, l’année à laquelle il obtint le Doctorat en Médecine Vétérinaire. De retour au bercail, le jeune Docteur Vétérinaire entra dans la Fonction Publique Camerounaise exactement le 02 Aout 1982 et fut affecté dans les services centraux du Ministère de l’Elevage des Pêches et des Industries Animales (MINEPIA) le 10 Aout 1982.Il fut alors le premier Cadre Mbororo de la République du Cameroun. Assidu au travail, très respectueux de la hiérar- chie, intelligent et serein, Dr HAMADAMA Hassan fut remarqué aussitôt par ses supé- rieurs hiérarchiques qui l’envoyèrent à l’Ecole Vétérinaire d’Alfort en France pour une spécialisation en Biochimie Vétérinaire. Apres trois brillantes années d’études, il décrocha alors un Diplôme de Maitre Es Sciences Vétérinaire en Chimie et en Physique Biologique et Médicale ainsi qu’un Diplôme de Spécialisation en Biochimie Vétérinaire en 1985. C’est ainsi que le jeune Vétérinaire bio- chimiste fut affecté au Laboratoire National Vétérinaire (LANAVET) de Bocklé à Garoua en qualité de Chef de Département de Biochimie le 13 Mai 1985. Après le LANAVET, il fut encore affecté à la Direction des Services Vétérinaires (DSV) du MINEPIA et prit service le 1er juillet 1993. Peu de temps après, il fut nommé Spécialiste Santé Animale du Comité d’Eradication des Glossines dans l’Adamaoua le 1er novembre 1994 ou il bénéficia des Spécialisations en lutte antiglossine au CIR- DES de Bobo Dioulasso au Burkina Faso du 16 Juin au 31 Juillet 1995 et en Contrôle de Vaccins à Budapest en Hongrie. Dès le 24 Aout 1998, il devint Chef de la Mission Spéciale d’Eradication des Glossines (MSEG) poste qu’il occupa jusqu'à son départ à la retraite en Novembre 2008. • Dr HAMADAMA Hassan occupa aussi plu- sieurs fonctions Politiques et Associatives à savoir : • Personnalité ressource du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) pour l’Arrondissement de Galim-Tignère • Président de la Commission Communale de Campagne Electorale de Galim-Tignère depuis 1992 • Président de la Commission Communale de Renouvellement des Organes de Bases de Tignère et de Mayo Baléo en 1992, en 1997 et en 2007 Président de la Commission Départementale de Reconstitution du Sommier Politique dans le Faro et Deo en 2007 • Président National de Mbororo Social and Cultural Development Association (MBOS- CUDA) de 1992 a 2007 • Président du Conseil des Sages de MBOS- CUDA • Prince Héritier de Lompta Marié, polygame et père de douze enfants, le Vétérinaire Biochimiste Dr HAMA- DAMA Hassan décéda le 26 Juin 2010 à Lompta dans l’Arrondissement de Galim- Tignère des suites de maladie. Que Dieu la terre de nos ancêtres lui soit légère. Par : Dr L. BANIPE, M. ABDOUL WAHABI et S. ABAH UN FILM SUR LA MALADIE DU SOMMEIL AU CAMEROUN PRIMÉ À BERLIN ! Hommage au Docteur HAMADAMA Hassan

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Fadden Bubi Be Pial - Numero 1 Le magazine d’information sur la lutte contre les trypanosomoses et leurs vecteurs

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Page 1: Fadden Bubi Be Pial - Numero 1

Les films sur la maladie du sommeil ou lenagana ne sont pas si fréquents, et ceuxqui ont été tournés au Cameroun encoreplus rares.Nos lecteurs les plus âgés se souviennent

peut-être deN A G A N A ,film d’HervéBROMBER-GER tournéen 1956,a v e cB a r b a r aLAAGE, GilD E L A -MARE et leg r a n dR a y m o n dSOUPLEX

(les 5 dernières minutes à la télévision etle célèbre : Bon Dieu, mais c’est bien sur!). Dans ce film d’aventures suranné, l’ac-tion se situait en 1920 : Charlier, un aven-turier, organise une expédition auCameroun. Il convainc Maurice Leblond,qui vient de sortir de prison, à le seconderdans cette aventure. Si le but officiel de cevoyage est la lutte contre la maladie dusommeil, Charlier cherche en fait à s’ap-

proprier l'or des indigènes. Il trouve unmécène en la personne de mademoisellede Largillière, qui les accompagne danscette expédition. Sa secrétaire,Geneviève, découvre les véritables inten-tions de Charlier.Tous les ingrédients d’unfilm d’aventures à l’ancienne …C’est donc plus de cinquante ans après,qu’Ulrich Koehler se lance à son tour dansl’aventure. Pour avoir vécu longtemps auCameroun et en R.D. Congo (son père aété médecin à l’hôpital allemand deSakbayémé), il a une petite connaissancede la maladie du sommeil. Mais il ne veutpas commettre d’impair, aussi demandet’il conseil à l’OCEAC pour la partie tech-nique du scénario ainsi que la participa-tion d’équipes du Programme national delutte contre la trypanosomiase et del’OCEAC pour que les scènes de prospec-tion, tournées sur les bords de la Sanagha, soient les plus réalistes possi-bles. Sur une trame apparemment simple, sonfilm, Die schlafkrankheit, est une réussite: Ebbo et Vera Velten vivent depuis prèsde 20 ans dans divers pays d’Afrique.Ebbo dirige un programme consacré à lamaladie du sommeil. Son travail l’occupe

à plein temps. Vera, par contre, se sent deplus en plusmal à l’aisedans la com-munauté desexpatriés deYaoundé. Ellesouffre d’êtreséparée de sa

fille Helen, 14 ans, qui fréquente un inter-nat en Allemagne. Ebbo doit renoncer à sa vie en Afrique s’ilne veut pas perdre la femme qu’il aime.Mais il redoute chaque jour davantage leretour dans un pays qui lui est maintenantétranger…Il s’agit donc d’un thème bien d’actualitéet les acteurs Pierre Bokma, Jean-Cristophe Folly, Hippolyte Girardot (bienconnu en France), Sava Lolov et JennySchily l’ont interprété avec brio. Au festivaldu film de Berlin en 2011, Ulrich obtientl’Ours d’argent du meilleur réalisateur,récompense rare pour un troisième film etune jeune carrière.

Fils de feu HASSAN et de AIE DADDA, HAMA-DAMA Hassan est né vers 1951 dans la valléede Mayo Dankali près de LOMPTA, villagesitué dans l’Arrondissement de Galim-TignèreDépartement de Faro et Deo Région del’Adamaoua. Dixième né d’une famille polyga-mique de vingt et un enfant, HAMADAMAHassan fut inscris à l’école Protestante deLompta en 1961 après un brillant passage àl’école Coranique. En 1961, date de la créationde l’école Rurale de Lompta par leGouvernement, le jeune HAMADAMA Hassanou encore appelé génie a dont été transférédans l’école Gouvernementale ou il étudia pen-dant trois ans. C’est ainsi qu’en 1963, il quittal’école Rurale de Lompta pour entrer à l’écolePrincipale de Tignère. Seul candidat del’Arrondissement de Tignère à l’époque à réus-sir au concours d’entrée en sixième en 1966, legénie obtint également son CEPE la mêmeannée. Félicités par le Sous-préfet et leLamido, acclamés par les habitants du village,le brillant élève regagna Ngaoundéré ou il com-mença la sixième au Collège d’EnseignementGeneral (CEG). Après quatre années d’études,il obtint le BEPC. A la rentrée scolaire 1970-1971, le jeune HAMADAMA Hassan fut inscrisau Lycée du Nord à Garoua ou il décrocha suc-cessivement le Probatoire en 1972 et leBaccalauréat série « D ». Bachelier de son état,il décida donc de chercher un emploi.Heureusement, cette initiative fut contrecarréepar un ainé en l’occurrence le Docteur HAMAD-JODA Adjoudji, chef secteur centre del’Elevage dans l’Adamaoua à l’époque qui leconseilla et l’aida à obtenir une boursed’Etudes Vétérinaires à l’Ecole Inter Etat desSciences et Médecines Vétérinaires (EISMV)de Dakar au Sénégal ou il étudia de 1973jusqu'à 1981, l’année à laquelle il obtint leDoctorat en Médecine Vétérinaire.De retour au bercail, le jeune Docteur

Vétérinaire entra dans la Fonction PubliqueCamerounaise exactement le 02 Aout 1982 etfut affecté dans les services centraux duMinistère de l’Elevage des Pêches et desIndustries Animales (MINEPIA) le 10 Aout1982.Il fut alors le premier Cadre Mbororo de laRépublique du Cameroun.Assidu au travail, très respectueux de la hiérar-chie, intelligent et serein, Dr HAMADAMAHassan fut remarqué aussitôt par ses supé-rieurs hiérarchiques qui l’envoyèrent à l’EcoleVétérinaire d’Alfort en France pour unespécialisation en Biochimie Vétérinaire.Apres trois brillantes années d’études,il décrocha alors un Diplôme de MaitreEs Sciences Vétérinaire en Chimie eten Physique Biologique et Médicaleainsi qu’un Diplôme de Spécialisationen Biochimie Vétérinaire en 1985.C’est ainsi que le jeune Vétérinaire bio-chimiste fut affecté au LaboratoireNational Vétérinaire (LANAVET) deBocklé à Garoua en qualité de Chef deDépartement de Biochimie le 13 Mai1985. Après le LANAVET, il fut encoreaffecté à la Direction des ServicesVétérinaires (DSV) du MINEPIA et pritservice le 1er juillet 1993. Peu de tempsaprès, il fut nommé Spécialiste SantéAnimale du Comité d’Eradication desGlossines dans l’Adamaoua le 1ernovembre 1994 ou il bénéficia desSpécialisations en lutte antiglossine au CIR-DES de Bobo Dioulasso au Burkina Faso du 16Juin au 31 Juillet 1995 et en Contrôle deVaccins à Budapest en Hongrie. Dès le 24 Aout1998, il devint Chef de la Mission Spécialed’Eradication des Glossines (MSEG) poste qu’iloccupa jusqu'à son départ à la retraite enNovembre 2008.• Dr HAMADAMA Hassan occupa aussi plu-sieurs fonctions Politiques et Associatives à

savoir :• Personnalité ressource du RassemblementDémocratique du Peuple Camerounais (RDPC)pour l’Arrondissement de Galim-Tignère• Président de la Commission Communale deCampagne Electorale de Galim-Tignère depuis1992• Président de la Commission Communale deRenouvellement des Organes de Bases deTignère et de Mayo Baléo en 1992, en 1997 eten 2007

• Président de laC o m m i s s i o nDépartementale deReconstitution duSommier Politique dansle Faro et Deo en 2007• Président National deMbororo Social andCultural DevelopmentAssociation (MBOS-CUDA) de 1992 a 2007 • Président du Conseildes Sages de MBOS-CUDA• Prince Héritier deLompta

Marié, polygame etpère de douze enfants,le VétérinaireBiochimiste Dr HAMA-

DAMA Hassan décéda le 26 Juin 2010 àLompta dans l’Arrondissement de Galim-Tignère des suites de maladie. Que Dieu la terre de nos ancêtres lui soitlégère.

Par : Dr L. BANIPE, M. ABDOUL WAHABI

et S. ABAH

UN FILM SUR LA MALADIE DU SOMMEIL AU CAMEROUN PRIMÉ À BERLIN !

Hommage au Docteur HAMADAMA Hassan

Page 2: Fadden Bubi Be Pial - Numero 1

02 Magazine d’information sur la lutte contre les trypanosomes et leurs vecteurs Magazine d’information sur la lutte contre les trypanosomes et leurs vecteurs

L’Association pour la Promotion de la Luttecontre les Trypanosomoses et les Tsé-Tsés(APLTT) consciente du déficit d’information surles activités de lutte contre les trypanosomoses etleurs vecteurs a mis sur pied “FADDEN BUBIBE PIAL” terme Peuhl signifiant : “Eradiquonsla mouche et la trypanosomiase”. FADDEN BUBI BE PIAL magazine semestrielse propose de compiler toutes les informations

relatives aux activités de lutte contre les trypanosomoses et leurs vec-teurs. C’est donc un outil au service de tous. Les chercheurs, les éle-veurs, les organismes, les gouvernements et autres acteurs y trouverontun plateau d’échanges d’expérience. C’est dire cher(e) lecteur (rice) que vos articles, informations générales,suggestions sont les bienvenues. Pour sa première apparition, FADDEN BUBI BE PIAL vous livre lesinformations sur :les réunions de concertations, les bilans des activités de contrôle et de lutte contre les maladies et leursvecteurs, les activités de renforcement de capacités visant à outiller lesdifférents acteurs concernés. Espérant que tout ceci vous édifiera, nous vous souhaitons bonne lec-ture.

Dr Louis Banipe,

Rédacteur en Chef

Equipe de la Rédaction:

Directeur de Publication: Dr Louis BANIPERédacteur en Chef: Dr Francis LOUISRédacteur en Chef-Adjoint : M. Vincent EBO’O EYENGAResponsable Traduction: Dr. Ali HalimatouMaquette et mise en forme: Dr. Jean Marc FEUSSOMResponsable Administratif etFinancier : Mlle Lisette KOHAGNEResponsable de Publicité: M. SOULEYMANOUImpression: BETA Print: 22 22 54 77E-mail: [email protected]

Fadden Bubi Be Pial est un magazinesemestr ie l le de l ’ Associat ion pour la

Promotion de la Lutte contre lesTrypanosomoses e t les Tsé-Ts é s

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Tél . : (237) 99 98 45 2797 91 44 02 - 77 35 41 15

Email: faddenbubibepial@gmail .com

UNE REUNIONIMPORTANTE ADOUALA, LES 7 ET 8MARS 2011En 2001, les Chefs d’Etats et deGouvernements Africains ont décidéde « bouter la maladie du sommeilhors d’Afrique »,c’est-à-dire en pra-tique de ramenerl’incidence de lamaladie en dessousd’un nouveau caspar an pour 10000 habitantsexposés au risque.Tous les program-mes nationaux delutte contre la maladie (PNLTHA) ontredoublé d’efforts, avec l’appui d’or-ganisations internationales (OMS,UA/PATTEC, OCEAC), d’organisa-tions non gouvernementales (MSF,

Caritas, etc.) et de partenaires institu-tionnels (coopération espagnole, coo-pération belge, etc.). Et les résultatsont été excellents : plus de 3 millionsde personnes ont été examinées cha-que année et le nombre annuel denouveaux cas a été divisé par un fac-teur 3. Mais ce n’est pas encore suffi-sant. Aujourd’hui, les résultats stag-

nent et il estévident qu’àmoins de 5 ansdu pointd’achèvementdes objectifsdu millénairepour le déve-loppement, lamaladie dusommeil ne

pourra pas être éliminée d’Afriquecentrale si on reste sur la même straté-gie de lutte.C’est sur ce constat que les expertsdes huit pays de la CEEAC concernés

par la maladie du sommeil se sontréunis à Douala à l’initiative del’OCEAC, sous la présidence de SonExcellence Alim HAYATOU,Secrétaire d’Etat à la Santé Publiquedu Cameroun, pour tenter de donnerun nouvel essor à la lutte contre cefléau qui sévit en Afrique depuis troplongtemps.Pendant deux jours denses, les expertsde l’Angola, du Cameroun, du Congo,du Gabon, de la Guinée Equatoriale,de la République Centrafricaine, de laRépublique Démocratique du Congoet du Tchad, avec ceux de la CEEAC,de l’OCEAC, de la CEBEVIRHA, dela MSEG et de fAIRMED, ont plan-ché sur cette difficile question du ren-forcement de la lutte contre la maladiedu sommeil, à une époque où la mala-die est confrontée à un triple désinté-rêt, des équipes de lutte sur le terrain,des populations et des gouverne-ments.

En 2010, on dénombre au Cameroun cinq foyersactifs répartis ainsi qu’il suit : Mamfé et Fontem dansla Région du Sud-Ouest, Campo et Bipindi dans laRégion du Sud et Doumé dans la Région de l’Est. De50 malades en 1998, on est passé à moins de 20 nou-veaux cas en 2010 pour une population à risque esti-mée à environ 70 000 habitants, soit une prévalenceobservée de 0,07%. Cette situation encourageantenécessite toutefois d’être renforcée, car on est encorebien loin du seuil d’élimination de la maladie tel queformulé par l’OMS (prévalence égale à 0,01%), soitun malade par an pour 10 000 personnes examinées.

L’évolution de la maladie dans le foyer de Campo oùle nombre de malades a quasiment doublé en l’espaced’une année (6 malades en 2008 ; 16 malades en2009) témoigne de l’intérêt du renforcement des acti-vités de lutte dans les foyers.

Aucune activité de lutte antivectorielle n’est effectivesur le terrain, en raison de l’insuffisance de moyensfinanciers.

Des cas d’échecs thérapeutiques après traitement sontrarement notifiés, mais on observe de plus en plus des

malades sérologiquement négatifs (CATT sang totalnégatif) mais parasitologiquement positifs (palpationet ponction ganglionnaire positifs), notamment dansle foyer de Campo.

A moins de cinq ans du point d’achèvement desobjectifs du millénaire pour le développement, lamaladie du sommeil au Cameroun est sous contrôle.Cependant, de nombreux efforts restent à faire pourune élimination effective (prévalence < 0,01%) de lamaladie sur le terrain.

Vincent EBO’O EYENGA

Secrétaire Permanent du PNLTHA

Direction de la Lutte contre la Maladie

Ministère de la Santé Publique

Editorial: Enfin un magazine spécialement dédié à la lute contre les trypanoso-moses et leurs vecteurs

07

Les officiels inaugurant les débats

Page 3: Fadden Bubi Be Pial - Numero 1

06 Magazine d’information sur la lutte contre les trypanosomes et leurs vecteurs

De leurs discussions, ilressort que la lutte doits’articuler autour de cinqaxes stratégiques : le ren-forcement du dépistage actif et le traitement avec lesnouveaux protocoles des malades diagnostiqués ; lalutte antivectorielle (LAV) ciblée aux lieux probablesde contamination dans les foyers résiduels ; le déve-loppement d’une véritable recherche opérationnelle ;la mise en place effective d’un réseau efficient dedépistage passif ; le renforcement des capacités par laformation des personnels de santé. Il est absolumentessentiel qu’aucun de ces cinq axes stratégiques nesoit négligé, alors qu’au-jourd’hui seul le dépistage actifest privilégié.

Il est également évident qu’ilfaut arrêter de lutter chacundans son pays. Il faut unir lesforces (et les faiblesses) et,comme le disait si bien JohnKabbayo de la PATTEC, il fautdéclarer la guerre à la maladie.

Pour cela, il faut raisonner en guerriers, établirun véritable plan de bataille et avancer en batail-lons serrés. L’atteinte de l’objectif de l’élimina-tion de la maladie du sommeil en tant que pro-

blème de santé publique ne sera possible que par unesynergie des actions de lutte dans les pays et entre lespays, dans le cadre de la CEEAC.

Les experts ont convenu de se retrouver en juin àYaoundé, dans le cadre des « Deuxièmes JournéesNationales de Lutte contre les Trypanosomoses etleurs Vecteurs » pour faire le point sur les avancées dece nouveau plan de bataille et finaliser un projetimportant de lutte contre les trypanosomoses dans les

foyers transfrontaliers d’Afriquecentrale. Car tout le monde le sait,la glossine ne connaît pas de fron-tières et seule une approche multi-latérale de la lutte permettra decontenir ce fléau.

Francis J. LOUIS

[email protected]

L’endémie sommeilleuse ou maladie du sommeilencore appeléeTrypanosomiaseH u m a i n eA f r i c a i n e(THA) sévit auC a m e r o u ndepuis le 17èmesiècle. Des casont été signalés àBipindi dans laRégion du Suden 1896(Zenker). En1901, l’Allemand Von Stein décrit le premier foyer àAtok, à l’Est-Cameroun, sur l’axe Ayos - Abong-Mbang. En 1902, Ziemann signale des cas à Douala.Toutes les régions (excepté celles de l’Adamaoua etdu Nord-Ouest), ont été fortement touchées, maisc’est surtout dans la région de l’Est Cameroun que laprévalence de la maladie a atteint des proportionsconsidérables, provoquant la mort de milliersd’individus.

De nombreux efforts de lutte ont été déployéscontre cette endémie, d’abord dans la périodecoloniale de 1884 à 1916 par les Allemands, etde 1916 à 1959 par les Français ; puis au len-demain des indépendances, de 1960 à 1980,par l’Etat du Cameroun.

Au terme de cette période d’intenses activités, lamaladie s’est focalisée dans quelques foyers résiduelsdans les régions du Sud (Campo) et du Sud-Ouest(Mamfé et Fontem).

Estimant le mal vaincu, et surtout en raison de la criseéconomique et de l’apparition de nouveaux axes prio-ritaires de santé publique (sida, paludisme,tuberculose, onchocercose etc.), leGouvernement camerounais a arrêté lefinancement de la lutte contre la THA en1989 ; les activités de prise en charge descas et de lutte antivectorielle ont à cet effetété suspendues.

En 1995, grâce à l’alerte de l’OMS sur unenette recrudescence de l’endémie dans laplupart des pays d’Afrique subsahariennedont le Cameroun, le Ministère de la SantéPublique met en place une structure decoordination centrale avec pour objectif la lutte et la

surveillance de la maladie du sommeil dans lesfoyers résiduels.

Faute de moyens financiers, les activités decette structure dénommée « ProgrammeNational de lutte contre la TrypanosomiaseHumaine Africaine (PNLTHA) » ne com-menceront réellement que trois années plustard, grâce aux projets de recherche del’Organisation de Coordination pour la luttecontre les Endémies en Afrique Centrale(OCEAC).

Ces activités débuteront par une analyse dela situation épidémiologique sur le terrain

au terme de laquelle 100 malades cumulés ont étédiagnostiqués dans 4 foyers actifs après deux années(1998 et 1999) de prospections actives. Le « réveil »de l’endémie sommeilleuse était ainsi confirmé auCameroun. La maladie sévissait dans les foyers deCampo et de Bipindi dans la Région du Sud, et lesfoyers de Mamfé et de Fontem dans la Région duSud-Ouest.

En 2000, laréémergence dufoyer de Douméest égalementnotifiée avec 4malades diag-

nostiqués. Six années plus tard, une alerte est lancéedans la localité de Mbandjock à la suite du diagnosticd’un cas autochtone parasitologiquement confirmé.L’absence de nouveaux malades dans cette mêmelocalité, malgré la persistance des prospections demasse et l’existence des indices épidémiologiques etentomologiques, tend à confirmer l’isolement de cecas observé.

En 2007, une autrealerte est lancée àEséka, mais contrai-rement àMbandjock, aucunindice épidémiologi-que et entomologi-que n’est observésur le terrain.

03Magazine d’information sur la lutte contre les trypanosomes et leurs vecteurs

LA TRYPANOSOMIASE HUMAINE AFRICAINE AU CAMEROUN EN 2010 :BILAN DE TREIZE ANNEES DE LUTTE

En 2010, on dénombre auCameroun 05 foyers actifs de try-panosomiase Humaine Africaine

Botter la maladie du sommeilhors de l’AfriqueChefs d’Etat et de

Gouvernements Africains

La photo de famille

L’équipe PNLTHA au cours d’une campagne de dépistage actif

Situation épidémiologique de la TrypanosomiaseHumaine Africaine en 2010

Page 4: Fadden Bubi Be Pial - Numero 1

04 Magazine d’information sur la lutte contre les trypanosomes et leurs vecteurs 05Magazine d’information sur la lutte contre les trypanosomes et leurs vecteurs

En 1956, M. Didier, responsable de l’Elevage dansl’Adamaoua exprimaitsa préoccupation parrapport aux trypanoso-moses qui prenaient uneampleur au point où ilfaudrait s’y attardersérieusement. C’est fortde cette évolution alar-mante qu’en 1974, laMission Spécialed’Eradication desGlossines (MSEG) a étécréée. A sa création, laMSEG a bénéficié desappuis des organisations telles que la BanqueMondiale et la Coopération Allemande (GTZ), qui luiont permis, à coût de milliards, d’assainir plus de 5millions d’hectares de pâturages.

Compte tenu des difficultés financières dues à la criseéconomique qui n’a épargné aucun secteur d’activi-tés, cette structure s’est limitée, depuis 1994, à la pré-servation des pâturages assainis ; à essayer d’engagner de nouvelles à travers les méthodes de luttealternatives qui consistent au traitement des animauxau départ et retour des transhumances ; au déploie-ment des dispositifs attractifs.

Conformément aux tex-tes portant création et organisa-tion de la MSEG, la structures’est donnée d’autres défis,celui de couvrir le territoirenational avec l’entrée en scènede nouveaux acteurs désireux de mener des activitéspastorales,

C’est fort de ce constat que les cadres de la MissionSpéciale d’Eradication des Glossines se sont réunis le28 février 2011 à Ngaoundéré, sous la présidence duDocteur BANIPE Louis, Responsable de cet orga-nisme, pour essayer de donner un nouvel essor aux

activités de lutte anti vectorielle, dans le but d’encou-rager le public à la pratiquedes activités d’élevage.

Après avoir fait le bilan desactivités de l’année 2010, lesparticipants venus des deuxDivisions Tsétsé (Adamaouaet Nord Extrême- Nord) ontplanché sur la difficile ques-tion de couverture du terri-toire national au moment oùles moyens financiers fai-saient défaut. A ce sujet, leChef de Mission a invité ses

collaborateurs à être imaginatifs pour proposer desaxes d’intervention pour plus d’efficacité.

Des discussions, il ressort que les interventionsdevraient se mener sur plusieurs fronts :

- la transformation des fronts actifs de lutte en sec-tions opérationnelles

- la formation et/ou recyclage du personnel de laMSEG

- l’acquisition et la mise à disposition des moyens detravail adéquats (motos, matériels de laboratoire,matériels de protection…)

- la conduite des prospectionsentomologiques sur tout le ter-ritoire national aux fins de laproduction des cartes de répar-tition, par saison, des vecteursdes trypanosomoses auCameroun.

Au terme de cette rencontre, les cadres de la MSEGse sont donnés rendez- vous à la mi juillet 2011 pourévaluer la mise en oeuvre des recommandations./-

Louis BANIPE

louis .banipe@mseg .cm

Du 1er au 04 mai 2011, se sont déroulées àNgaoundéré, Mbé, Gamba et Wakwa, des formationsdes cadres de la Mission Spécialed’Eradication des Glossines (MSEG). Encontinuité avec celles de l’année précé-dente, les présentes sont venues pourd’avantage renforcer les capacités desacteurs appelés à travailler au sein de laMSEG.

En effet, il ne serait pas superflu de rap-peler qu’en ses moments de grandes acti-vités, la MSEG déployait annuellementplus de six cents personnels avec au moins 60 perma-nents.

Avec la crise économique qui a frappé le Camerounen 1994, les activités ont connu un certain ralentisse-ment. Ainsi, au fil des ans, il y a eu des départs à laretraite etdes décès.

En 2008,grâce auvaste mou-vement decontractualisation des personnels temporaires, laMSEG a enregistré 09 agents qui malheureusementsont sans qualification. Toutefois en 2010, ce person-nel a eu droit à une formation sommaire devant leurpermettre d’être aptes à exécuter certaines missions.

Aujourd’hui grâce au dernier recrutement à laFonction Publique, la MSEG a reçu des cadres inter-médiaires (infirmiers vétérinaireset techniciens d’élevage). Aussiétait-il indiqué de les outillerpour les tâches qui seront désor-mais les leurs.

Les présentes formations ontporté sur :

• La prospection entomologique

• La parasitologie

• La cartographie

S’agissant de la prospection entomologique, cemodule s’est déroulé en deux phases :

Une phase théorique qui a consisté à :

• Présenter les outils de prospection entomologique. Il

s’agit des pièges, des attrape- mouche…

• Présenter la clé d’identification des mouches

• Préciser le rôle des différentsvecteurs

Une phase pratique qui s’estdéroulée dans le parc nationalde la Bénoué et qui a consisté àapprendre aux participants :

• l’implantation des pièges etla lecture des pièges

• la récolte et la conservation descaptures

Pour ce qui est de la parasitologie, les participants onteu droit à deux phases.

La phase pratique qui s’est déroulée à Mbé aconsisté à:

• apprendre à diagnostiquer les trypanosomoses surun animal vivant

• prélever du sang, le conserver, et l’envoyer aulaboratoire

• examiner au microscope des trypanosomes et déter-miner le degré d’infestation des animaux

La phase théorique a permis aux participants dereconnaitre les différents trypanosomes des animaux,en l’occurrence des bovins.

Pour ce qui est de la cartographie, les partici-pants ont reçu deux phases de formation.

• La théorie qui a consisté à se familiariser avecle GPS et comment faire le reportage en incluantles coordonnées géographiques et

• la pratique qui a permis aux candidats de serendre sur le terrain pour faire des relevés descoordonnées GPS.

Le souhait exprimé par les responsables de lastructure et les apprenants serait d’intensifier ce

genre de formations, en abordant d’autres aspects.

Louis BANIPE

louis .banipe@mseg .cm

- 8ème réunion des coordonnateurs nationaux de la PATTEC à Bobo Dioulasso (Burkina Faso) du 02au 04 juin 2011.

- Atelier de finalisation et de validation du projet PATTEC de la Guinée Equatoriale, du 17 au 24 Juin2011.

- 31ème réunion du Conseil Scientifique International pour la Recherche et la Lutte contre lesTrypanosomoses (CSIRLT) se tiendra à Bamako en septembre 2011.

REUNION DE CONCERTATION ANNUELLE DES CADRES DE LA MISSION SPE-CIALE D’ERADICATION DES GLOSSINES (MSEG) 28 FEVRIER 2011

SEMINAIRE DE FORMATION DES CADRES DE LA MISSION SPECIALE D’ERADI-CATION DES GLOSSINES (MSEG). NGAOUNDERE, DU 1er AU 04 MARS 2011

AGENDA

... un nouvel essor aux activités de lutteanti vectorielle, dans le but d’encourager

les acteurs à la pratique des activitésd’élevage.

« La MSEG déployait annuelle-ment plus de six cents personnelsavec au moins 60 permanents. »

Une vue Partielle de l’assistance

Formation pratique en prospection endomologique (Parc National de la Bénoué)

Pose des pièges pour prospectionentomologique (Bafia)