facebook, pourquoi ça marche ? d'un campus américain au monde entier

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Pourquoi Facebook rencontre-t-il un tel succès ? Comment un service à la base destiné seulement à des étudiants américains est-il devenu seulement en quelques années l’un des services qui fait le plus parler de lui ? Qu'est-ce qui fait sa force par rapport aux autres réseaux sociaux génériques ou spécifiques ?

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I. Qu’est-ce que Facebook ? Page 3 - son histoire - à quoi ça sert - sa cible II. Le succès des réseaux sociaux Page 4 - l’explosion des réseaux sociaux - la motivation sociale comme explication du succès des réseaux sociaux - les explications psychologiques et sociales du succès des réseaux sociaux - le réseau social plutôt que la télévision III. Les clés de la réussite de Facebook Page 5 - les internautes y passent du temps ! - le déballage de la vie privée et le contrôle de l’image que l’on donne de nous - Facebook, le réseau des réseaux - l’adaptation de Facebook aux marchés locaux IV. Le modèle économique de Facebook Page 7 - la double espérance de l'essor parallèle du nombre de ses utilisateurs et de ses recettes publicitaires - la culture de la gratuité sur Facebook - le développement viral - l’utilisation de Facebook par les marques V. Facebook en pleine mutation… vers une nouvelle stratégie ? Page 8 ANNEXES Page 10

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Depuis sa création, Facebook connaît un succès phénoménal. Créé en février 2004 sur le campus d'Harvard par Mark Zuckerberg, un étudiant américain de vingt ans, le réseau communautaire Facebook (qui signifie trombinoscope en anglais), s'est répandu en l'espace de quelques mois comme une traînée de poudre dans les écoles de commerce et les lycées européens. En 2008, son fondateur est devenu, à 23 ans, le plus jeune milliardaire en dollars de la planète. Avec 130 millions d’utilisateurs dans le monde, plus de 4 millions en France et 200 000 nouveaux inscrits par jour, Facebook est devenu un véritable phénomène de société et les médias traditionnels en parlent de plus en plus. Ce n’est plus un secret pour personne, Facebook est bel et bien le réseau social de nos jours par excellence et fait parti des services web apparus ces dernières années qui connait un des succès les plus importants : en à peine deux ans, Facebook, qui pèse aujourd’hui 15 milliards de dollars, est le site qui a révolutionné la façon de communiquer, comme le téléphone portable ou les mails en leur temps.

Réseau utilisé aussi bien par des adolescents que par des professionnels de n’importe quel milieu, Facebook se développe aujourd'hui à une vitesse hallucinante, à tel point que son fondateur est parfois comparé à Steve Jobs, le co-fondateur d’Apple.

Pourquoi Facebook rencontre-t-il un tel succès ? Comment un service à la base destiné seulement à des étudiants américains est-il devenu seulement en quelques années l’un des services qui fait le plus parler de lui ? Qu'est-ce qui fait sa force par rapport aux autres réseaux sociaux génériques ou spécifiques ?

Nous apporterons des réponses à ces questions à travers ce dossier qui aura pour but de répondre à une question simple : Facebook, pourquoi ça marche ?

I. Qu’est-ce que Facebook ? L’histoire de Facebook

Facebook est un réseau social lancé le 4 février 2004, d'abord réservé aux membres des universités américaines, il est devenu public en septembre 2006. Facebook s’est d’abord développé auprès d’une communauté majoritairement composée d’étudiants et d’universitaires. Cette première étape lui permis de s’essayer à une forme de beta-test et de valider la pertinence du modèle. Dans un second temps, Facebook a été lancé auprès du grand public. Passé devant MySpace en septembre 2008, c'est aujourd’hui le réseau social à la mode totalisant plus de 130 millions de membres actifs pour une croissance de 270% sur l'année 2007.

A quoi sert Facebook ?

A l’origine, Facebook était un site permettant de retrouver ses amis de l’université et de partager des photos avec eux. Aujourd’hui il s’agit d’un site permettant à quiconque de disposer gratuitement d’un petit espace sur internet, le principal but étant de retrouver ses amis sur internet, puis tisser des liens avec tous ses amis ainsi qu’avec ses connaissances. Les utilisateurs établissent donc un réseau autour d’eux afin de rester en contact avec leurs amis et leurs connaissances. Vous pouvez créer votre profil, ajouter des photos, avoir des amis, poster des commentaires, ajouter à votre profil vos dernières musiques écoutées… les possibilités sont immenses ! Facebook permet aussi constituer des groupes par centres d'intérêts, partager aisément du contenu avec ses amis mais aussi aussi de rester en contact avec d'anciens amis ou tisser un réseau de relations pour le travail. Facebook diffère également par le statut privé des profils, vous pouvez rechercher un contact mais vous ne verrez son profil qu'en faisant parti d'un groupe en commun ou en étant amis. Facebook accentue donc l'interaction entre utilisateurs en affichant un flux des dernières actions et un rapport journalier.

La cible de Facebook

Facebook vise principalement les jeunes entre 20 et 30 ans, plutôt diplômés, issus de grandes écoles et parlant anglais (85% d’étudiants), ainsi que les cadres.

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II. Le succès des réseaux sociaux

Afin de pouvoir comprendre le succès de Facebook, il faut avant tout s’intéresser à ce qui a fait le succès des réseaux sociaux en général. A la base du succès des « réseaux sociaux » qui sont en passe de devenir le principal vecteur de croissance du web (après les moteurs de recherche) se trouve l'engouement des adolescents et « post-ados » (15-24 ans) pour ces sites fédérateurs qui permettent de se regrouper par affinités. Une forme de résurgence de compagnonnage virtuel. Mais le succès de Facebook s’est propagé à certains milieux professionnels où la « cool attitude » est de rigueur (high-tech, publicité...) et où la limite d'âge théorique ne tient plus. Aujourd’hui, chacun d'entre nous a au moins reçu une fois un e-mail d'un ami nous invitant à intégrer tel ou tel réseau, qu'il soit généraliste, professionnel ou spécifique à un thème.

L’explosion des réseaux sociaux

Le design de la visibilité : un essai de typologie du web 2.0 - Dominique Cardon, sociologue au Laboratoire des usages d’Orange

Friendster fut le premier réseau social de l'après bulle Internet de 2001. Le but était de se construire un réseau à partir d'un cercle d'amis. Aujourd'hui, les réseaux sociaux sont innombrables et de tout genre. Parmi les plus célèbres, on peut bien sûr citer Facebook, MySpace, Orkut (le réseau social créé par Google et qui est totalement méconnu en Europe) et parmi les plus farfelus Dogster ou Catstser qui sont des réseaux sociaux pour chiens et chats ! En juin 2008, 580 millions d'internautes dans le monde ont visité des sites sociaux.

La motivation sociale comme explication du succès des réseaux sociaux

Les réseaux sociaux répondent à une motivation bien plus partagée que celle de la recherche de connaissances (motivation originelle des internautes), à savoir la motivation « sociale ». Ces réseaux nous donnent l’illusion de satisfaire nos besoins en tant qu’animal social, membre de la tribu humaine. Nos chances de survie sont quasiment nulles sans les autres. Il est donc crucial de construire des liens avec d’autres humains, de les entretenir pour assurer leur pérennité. Cela est encore plus vrai dans nos sociétés occidentales où les liens sociaux sont d’autant plus importants qu’ils viennent compenser d’autres types de liens qui se sont désintégrés ou fragilisés. Le lien familial n’a plus autant de sens aujourd’hui. Les différentes générations ne cohabitent plus sur un même territoire et le lien conjugal s’est fragilisé avec l’augmentation des divorces. Le lien social professionnel s’est également fragilisé. Les rémunérations, la reconnaissance, la promotion font que tout est de plus en plus individualisé et les rapports de force dominent par rapport aux liens sociaux. Le phénomène d’urbanisation a lui aussi engendré des frustrations au plan des liens sociaux. Les individus sont en manque de liens dans les régions qui se sont vidées ou qui ne parviennent qu’à fixer les plus âgés. Dans les villes, la promiscuité imposée freine notre appétit social. La proximité nous rappelle que nous évoluons dans une bulle virtuelle, qui représente notre espace personnel. Seules les personnes faisant partie de notre intimité ont le droit d’évoluer autour de nous, les autres doivent respecter notre bulle. Le fait que des « étrangers » violent cette bulle personnelle (par le biais de regards dans le métro ou les magasins par exemple), est vécu comme une véritable agression.

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Toutes les conditions sont aujourd’hui réunies pour générer des véritables frustrations en termes de liens sociaux. C’est dans ce contexte que sont apparus les réseaux sociaux sur le web, qui offrent la possibilité et tout au moins l’espoir de renforcer, réanimer des liens et d’en créer de nouveaux.

Les explications psychologiques et sociales du succès des réseaux sociaux

Les motivations ou les raisons qui poussent les internautes à créer leur profil sur des réseaux sociaux sont nombreuses même si, globalement, chacun considère les réseaux sociaux sur Internet comme un moyen de retrouver des amis, de s'en faire de nouveaux ou de partager sur des sujets divers. D'un point de vue psychologique et social, on peut distinguer 10 raisons principales qui permettent d'aller plus loin que ces motivations apparentes :

- renforcer le lien avec ses amis, sa famille, des collègues. On peut réanimer un vieux contact, retrouver un copain de classe, un ancien collègue, voire un amant perdu de vue, sans la crainte de perdre la face si l’autre choisit de ne pas répondre car on pourra mettre cela sur le compte d’un problème technique ! - se faire des amis réels : la rencontre commence virtuellement mais peu avoir pour but d'aboutir à une rencontre dans le monde physique. - élargir son réseau pour se sentir populaire. La télé-réalité s'étend au web et pousse les gens à vouloir être populaire que ce soit localement ou nationalement pour les plus chanceux d'entre eux. Certaines personnes ou artistes sont devenus mondialement célèbres grâce à MySpace. - revendiquer socialement son appartenance et ses préférences : sur MySpace, on parle de ses artistes, de ses produits préférés ... - "Dites moi qui vous avez comme amis et je vous dirai qui vous êtes" : on pourrait parfois résumer les réseaux sociaux à cet aspect quantitatif / qualitatif de son réseau. - plus son réseau est grand est plus il s'agrandit. - faire comme tout le monde : « Quoi, tu n'es pas inscrit sur XXXXX.com ou sur YYYY.net » Avant il fallait porter telle ou telle marque pour être dans le coup, maintenant il faut appartenir à telle ou telle communauté. - développer son réseau professionnel : c’est surtout pour des raisons professionnelles que l’on peut rentrer en contact avec des personnes inconnues. Linkedin ou Viadeo sont des réseaux sociaux plus anciens fondés sur cette promesse du développement des liens sociaux professionnels, ils ont réussi à se développer mais sans atteindre le succès de Facebook - parler de ce que l'on aime c'est aussi exister socialement. Les réseaux sociaux de passionnés permettent de partager entre connaisseurs le goût pour tel ou tel sport, activité… - « keep in touch » : les réseaux sociaux sont l'un des moyens de rester facilement en contact avec des personnes que l'on ne côtoie peut être plus (anciens collègues, camarades de classe ...) mais qui font partie de son réseau.

Le réseau social plutôt que la télévision

Selon le rapport « Never Ending Friending », sur le développement des réseaux sociaux (avril 2007), les 14-29 ans (les premiers utilisateurs des réseaux sociaux), préfèrent consulter leur plateforme de réseau social plutôt que de regarder la télévision ou passer un coup de téléphone s'ils ont 15 minutes de temps à perdre.

Source : Rapport « Never Ending Friending », Avril 2007

III. Les clés de la réussite de Facebook Les internautes y passent du temps !

Alors que les internautes se lassent généralement de certains sites, ce n’est pas le cas pour Facebook où ils viennent de plus en plus souvent et y passent de plus en plus de temps. Une des clés de la réussite de Facebook est donc que les internautes y passent du temps. Comment Facebook a-t-il fait pour inciter les gens à rester sur le site ?

Gâce à la simplicité d’utilisation du site : Facebook a crée un site pratique, simple à utiliser et surtout simple à enrichir. La simplicité d’utilisation repose d’une part sur le fait que chaque membre dispose d’une page personnelle, au design épuré, comprenant des informations individuelles et des photos, ainsi qu’une liste d’amis, de groupes d’utilisateurs réunis par centres d’intérêts… En deux clics, vous pouvez envoyer à tous vos amis une invitation pour rejoindre votre réseau. Du coup, l’utilisateur fait la course aux amis. Tout cela fait de Facebook un réseau vivant et structuré. D’autre part, Facebook est utilisé par un grand nombre de personnes de tout âge, celles-ci n’ayant pas tous le même niveau en informatique mais arrivant tout de même à utiliser Facebook car l’interface du site est très simple d’utilisation ne nécessitant ainsi aucun temps d’adaptation.

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Grâce à un site chaleureux et convivial : à l’occasion de son lancement auprès du grand public, le site a bénéficié d’une refonte graphique, ergonomique, claire et fonctionnelle lui permettant de se différencier de MySpace en jouant la carte du minimalisme, de la sobriété tout en restant chaleureux et convivial.

Grâce à la diversité des contenus sur Facebook : Facebook propose un service utile consistant à suivre ses amis, rester informé quant à leurs activités et ce instantanément, où que l'on se trouve. Le site a également facilité les échanges de messages, photos, vidéos, petits gadgets ou encore des cadeaux virtuels (c’est pratique, cela prend moins de temps et surtout cela coûte moins cher que d’envoyer un vrai cadeaux !) Enfin, Facebook concentre de nombreuses applications en tout genre et donc une diversité de contenus.

Grâce à l’incessante course aux amis : il y a une tendance à faire la course aux amis. Pourquoi ? C’est un paramètre mis en avant sur le site et l’un des plus visibles. Le concept de base de Facebook, c’est le réseau d’amis. « Cela peut expliquer que des membres cherchent ainsi à se distinguer. Ils se sentent alors exister et pensent peut-être être plus importants » explique Sami Coll, chercheur au département de sociologie et doctorant à l'Université de Genève.

Grâce à l’innovation et la personnalisation : la success story de Facebook ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui si le site n’avait pas joué la carte de l’innovation car les concepteurs de Facebook ont su faire évoluer l'outil en le faisant répondre aux différents besoins des utilisateurs tout en conservant les fonctionnalités initiales. L'outil ayant fortement évolué au cours du temps, la grande force des concepteurs de Facebook est de savoir à quel moment et de quelle manière le produit doit être adapté. Le site a également joué la carte des technologies web 2.0 telles que la personnalisation de l’interface et la possibilité de développer ses propres widgets.

Grâce à l’ouverture de Facebook aux développeurs tiers : très tôt, Facebook s’est ouvert aux développeurs tiers pour qu’ils puissent créer des applications sur le site. N’importe quel site peut donc intégrer ses fonctionnalités directement depuis Facebook. Cela donne donc énormément de possibilités à chacun des utilisateurs. Des milliers de modules existent, des applications, vidéos à celle de musique en passant par celles de voyages ou de dessin. C'est une des forces de Facebook par rapport à ses concurrents puisque de nombreuses entreprises du web ont développé leur application (Lastfm, Flickr, YouTube et même Google). ll y a aujourd’hui tellement de petits jeux, quizzs et tests en tout genre que l’on peut passer des heures à tous les faire.

Le déballage de la vie privée et le contrôle de l’image que l’on donne de nous

On constate aujourd’hui un véritable phénomène de déballage de la vie privée : faire parler de soi, vouloir capter le regard intéressé d'autrui, en faisant connaître les aspects les plus personnels de sa vie privée. Facebook est avant toutes choses un gigantesque boulevard au sein duquel chaque utilisateur tient sa propre boutique où est présentée ses opinions politiques, ses goûts musicaux, en passant par ses photos de vacances ou ses films préférés. Vous connaîtrez tout du propriétaire des lieux, pour peu que celui-ci daigne vous laisser entrer. Pour Sami Coll, chercheur au département de sociologie et doctorant à l'Université de Genève, cette envie de se mettre ainsi en scène s’explique par le fait que « les gens souffrent peut être inconsciemment de l’anonymat dans la vraie vie. En apparaissant sur Facebook, ils ont l’impression de se libérer de cet anonymat, vécu peut-être comme une forme de censure. » Ce déballage de la vie privée est symptomatique d’une société qui se veut transparente. Toujours selon Sami Coll « nous sommes constamment incités à mettre au jour un pan toujours de plus en plus large de notre sphère privée. La vague actuelle du succès de Facebook est la vague de tendance : la presse grand public annonce régulièrement que tout le monde est sur Facebook alors beaucoup finissent par se sentir exclus s'ils ne s'y inscrivent pas. Cela suit une tendance, plutôt qu'un besoin. Nous ne sommes plus au stade du besoin, l'inscription à Facebook est devenue une tendance, une mode, à laquelle une image de dynamisme est associée. Si vous n'êtes pas sur Facebook, vous êtes has been. Il y a donc une pression sociale de son entourage. »

La grande force de Facebook réside dans le fait que ce déballage est tout entier concentré vers un seul et unique objectif : composer un environnement propice aux relations que l'on nouera avec les autres membres du site, lesquels constitueront notre futur réseau de connaissances.

L’avantage de Facebook sur ses concurrents est la possibilité donnée aux utilisateurs de maîtriser parfaitement le contexte de leurs interactions sociales. En ce sens, tisser des liens via Facebook paraît bien plus sûr et efficace qu'en d'autres lieux. L’utilisateur lambda compose entre autres sa liste d'amis, qu'il peut choisir avec soin, donne des informations sur lui-même qui lui permettent de contrôler quasiment parfaitement l'image qu'il donne de lui-même, et cela bien mieux que par l'intermédiaire de messageries instantanées qui ont un caractère spontané.

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Facebook, le réseau des réseaux

Selon Cédric Deniaud (responsable de projet Grands Comptes au sein de Feedback 2.0, une plateforme dédiée au dialogue sur Internet entre une marque et ses publics cibles), Facebook est potentiellement le réseau des réseaux dans le sens où il joue le rôle de hub de médias sociaux existants. A l’heure actuelle, Facebook a une longueur d’avance sur la plupart de ses concurrents car il regroupe ce qui se fait de mieux sur les autres « outils sociaux ».

Comme MySpace, il permet facilement de se créer une page personnelle Comme Copains d’avant et Viadeo, il joue le rôle d’entremetteur et découvreur d’amis actuels et passés Comme Meetic, il permet de faire de nouvelles rencontres Comme DailyMotion, YouTube ou FlickR, il permet de partager ses vidéos ou ses photos avec ses amis. Facebook est la première plateforme de stockage de photos (près de 10 milliards) Comme Twitter, il permet d’être en contact instantané avec la vie de son entourage (mini-feed) Comme MSN Messenger, il permet de communiquer en messagerie instantanée avec ses amis Comme Friendfeed, il propose des outils de filtre des mini-feed de ses amis afin de mieux filtrer l’information Comme un blog, il permet de communiquer sur ses envies, ses goûts, ses idées via les applications ou les groupes permettant l’enrichissement de son profil Facebook Comme un site e-commerce, il permet de trouver des idées d’achat : recommandation d’amis, applications e-commerce de marques.

L’adaptation de Facebook aux marchés locaux

Facebook a touché les fruits de ses efforts d'internationalisation. Le lancement des versions en langues espagnole, allemande et française début 2008 a été un succès. Sa fréquentation en Europe a ainsi progressé de 303 %, à 35,3 millions de visiteurs et se rapproche de l'audience américaine. Après ces quelques langues, d'autres ont été introduites sur le site ou sont en cours d'introduction (principalement des langues très répandues, mais également des langues régionales comme le basque ou le catalan). La version hispanophone du site a permit une augmentation du trafic en Amérique latine de 1 055 % ! Le Chili, le Venezuela, l'Argentine et la Colombie affichent ainsi les plus fortes progressions du nombre de membres entre entre 246% et 2197 %, selon une étude du blog Inside Facebook. La Colombie et le Chili sont ainsi les cinquième et sixième plus grandes communautés de membres, hors États-Unis, de Facebook.

IV. Le modèle économique de Facebook

La double espérance de l'essor parallèle du nombre de ses utilisateurs et de ses recettes publicitaires

Le modèle économique de Facebook est simple : on consolide d'abord l'audience, et on « monétise » après à travers la publicité. La valorisation de Facebook est donc basée sur la double espérance de l'essor parallèle du nombre de ses utilisateurs et de ses recettes publicitaires. Compte tenu de son profil très « aspirationnel », avec une forte audience de départ dans les universités élitistes et les écoles de commerce du type HEC ou Essec, Facebook est devenu un phénomène de mode particulièrement prisé dans des milieux à fort pouvoir d'achat. Selon Henri de Bodinat (Arthur D. Little), « Facebook est un peu vis-à-vis de MySpace ce que Prada est par rapport à Zara » dans la mode. Le premier qui arrive à conquérir une telle communauté aurait déjà gagné. C'est pourquoi le potentiel de croissance de Facebook serait sans commune mesure avec celui d'un Dailymotion, pâle copie du site de partage de vidéo YouTube. Le seul risque serait le « syndrome Starbucks », où les premiers aficionados se sentent trahis par une banalisation du concept.

Par ailleurs, suite à l’engouement suscité par Facebook, Microsoft a acheté en octobre 2007,1,7% de Facebook pour la somme de 240 millions de dollars, valorisant la société à hauteur d'environ 15 milliards de dollars. Avec environ 60 millions de fiches à cette date cela représente une valorisation d'environ 250 dollars par fiche, et a permis à Microsoft de devenir l'unique fournisseur de publicités de Facebook.

La culture de la gratuité sur Facebook

Facebook est avant tout un service gratuit qui sert améliorer le quotidien des utilisateurs. Si Facebook avait été payant, cela n’aurait pas marché et le succès n’aurait certainement pas été le même.

Le développement viral

La page d’accueil est constituée par votre flux d’actualité présent sur votre profil. Quand vous utilisez une application, celle-ci peut inscrire ce que vous faites sur votre flux d’actualité. Maintenant imaginez que vous ayez 100 amis qui lisent votre flux, cela fait 100 personnes ayant entendu parler de l’application, ces personnes auront envi de participer avec vous. De même, lorsque vous envoyez une invitation à quelqu’un qui n’a pas de compte Facebook, il reçoit un mail lui expliquant que vous lui avez envoyez une invitation et que vous aimeriez bien qu’il s’inscrive. Le développement viral est également une des forces de Facebook.

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L’utilisation de Facebook par les marques

Les réseaux sociaux, et en particulier Facebook, représentent un formidable moyen que les marques peuvent dorénavant utiliser pour communiquer et fédérer une communauté. Facebook à la aussi tout compris, vendant des pubs à des entreprises visible ainsi sur tous les réseaux. D’après Cédric Deniaud, cela permet de développer une visibilité énorme. Bien sûr cela est très difficile à contrôler, vous ne pouvez pas viser tel ou tel type de personne, vous visez un réseau (France, USA, etc…). Mais c’est un bon moyen de commencer une activité sans débourser trop d’argent.

L'utilisation de Facebook par rapport à MySpace par exemple est plus intéressante car les possibilités de dispositif sont plus nombreuses. Là, où sur MySpace, la marque peut créer une page aux couleurs de sa marque, FaceBook via les applications et les groupes permet d'aller plus loin.

Facebook est aujourd’hui le réseau social avec le taux de croissance, de loin, le plus important

Facebook en chiffres (source : www.facebook.com/press) - 130 millions d’utilisateurs actifs (qui y vont au moins une fois par mois) - le 4e site le plus visité au monde - le site de relations sociales le plus utilisé au monde - une société qui pèse 15 milliards de dollars - plus de la moitié y vont tous les jours et y passent en moyenne 20 minutes par jour - plus de 52 000 applications développées - c'est le premier site de partage de photos (30 millions de photos téléchargées par jour). Il fait deux fois plus de trafic que les trois leaders réunis (Photobucket, Yahoo! Photos, Webshots) - il y a trois fois plus de personnes invitées à des événements sur Facebook que sur le leader Evite.com

Les avantages pour les marques que représente Facebook - toucher une cible particulière qui passent beaucoup de temps sur cette plateforme - développer à moindre coût une communauté autour de sa marque - créer du viral dans le relais de ses nouveautés, promotions, opérations marketing - adapter sa communication aux modes de consommations des médias.

V. Facebook en pleine mutation… vers une nouvelle stratégie ?

Facebook a lancé cet été la nouvelle version de son interface. Désormais les informations sont plus clairement catégorisées sur les produits et la mise en avant du mini-feed se retrouve ainsi renforcée. Quelle stratégie se cache derrière cette modification ?

Facebook a connu depuis quelques mois une croissance exponentielle. Les usages des utilisateurs changent rapidement et l'émergence et le succès de nouveaux services comme Twitter ou Friendfeed témoignent que de nouveaux outils de dialogue ou de possibilités de suivre ses amis évoluent. Par exemple, aujourd'hui le filtre de l'information prend de plus en plus d’importance et Facebook a, il y a quelques semaines, adapté son mini-feed à des choses que l'on retrouve déjà sur de nombreux autres services (MyBlogLog, Friendfeed...).

Facebook a également compris que de plus en plus le social graph aura une importance considérable et qu'il est nécessaire de le maîtriser. Certains n'hésitent donc pas à parler de « feedization » de Facebook... Notons également l'influence que Friendfeed joue sur Facebook qui s'en inspire de plus en plus.

Les nouvelles données le prouvent : les applications sont de moins en moins utilisées, ce qui n’est pas une mauvaise chose pour Facebook, car malgré que ces applications aient fait une part du succès de Facebook, le site est critiqué sur cet aspect trop « fun et inutile » (pas rapport à d'autres réseaux sociaux comme LinkedIn par exemple).

Facebook mise donc beaucoup sur sa « feedization » pour pérenniser son succès, garder un service « up-to-date » par rapport aux nouveaux usages d'Internet et pour assurer la monétisation de son immense trafic.

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Aujourd’hui Facebook dispose de sérieux atouts pour valoriser son audience, et selon les spécialistes, la plateforme a un avenir très prometteur. Mais afin de tirer partie de son énorme potentiel, la société devra réussir par la suite, à développer un marketing plus segmenté qu’elle ne le fait actuellement.

Facebook vise d’ici trois ans les 200 millions d’utilisateurs. Etant tous connectés entre eux, cela représente donc une véritable aubaine pour les annonceurs, car la plateforme a le potentiel le plus important au monde : le bouche à oreille, autant dire le marketing le plus efficace !

Depuis son expansion mondiale, une guerre des trois (Microsoft, Google, Yahoo) existe afin d’acquérir une part de Facebook. Google et Yahoo, qui aujourd’hui maîtrisent le marché de la publicité sur Internet, souhaitent accroître encore un peu plus leur main mise sur la publicité. Pour Microsoft, se faire doubler par ses deux principaux concurrents pourrait s’avérer être dangereux. En effet, si ils contrôlent Facebook, Microsoft sera alors dans une position très délicate au moment d’établir son prochain plan de communication…

Malgré cela, depuis sa création, Facebook fait l'objet d'une controverse concernant le respect de la vie privée des utilisateurs. Le site utilise en effet les informations personnelles des utilisateurs afin d'introduire des publicités adaptées à leur profil sur leurs pages, puis vend ces informations livrées par ses utilisateurs à des entreprises privées (comme il l’ait indiqué dans la charte concernant la vie privée). Ces données touchent donc à la sphère privée des utilisateurs mais elles sont données sur une base volontaire. Il devient donc ensuite très difficile pour eux de garder le contrôle des informations les concernant.

Il nous semble donc judicieux de nous poser ces deux questions : Facebook ne va t’il pas trop loin en se servant de ses utilisateurs ? Et surtout, la publicité n’aura-t-elle pas raison de Facebook ?

Sources Rapport « Never Ending Friending » - Avril 2007 http://storage.canalblog.com/79/29/201884/16443286.pdf

Comment les marques utilisent Facebook ? - 15 octobre 2007 Cédric Deniaud http://cdeniaud.canalblog.com/archives/2007/10/15/6532053.html

Le design de la visibilité : un essai de typologie du web 2.0 - 2 février 2008 Dominique Cardon, sociologue au Laboratoire des usages d’Orange www.internetactu.net/2008/02/01/le-design-de-la-visibilite-un-essai-de-typologie-du-web-20

Facebook, pourquoi ça marche ? - 16 septembre 2008 Interview de Sami Coll, chercheur au département de sociologie et doctorant à l'Université de Genève, paru dans le 20 minutes Suisse www.20min.ch/ro/news/romandie/story/20144861

Comment expliquer le succès de Facebook ? - 20 octobre 2008 Cédric Deniaud www.mediassociaux.com/2008/10/20/comment-expliquer-le-succes-de-facebook

« Planète Facebook » - 4 décembre 2008 France 2 – Envoyé Spécial

Statistiques et données sur Facebook www.facebook.com/press/info.php?statistics www.facebook.com/press/info.php?factsheet

Médiamétrie - Nielsen//NetRatings (mai 2008) et comScore

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ANNEXES

Annnexe 1 : évolution des réseaux sociaux entre 2007 et 2008

Source : Médiamétrie – Nielsen//NetRatings (mai 2008) et comScore

Annnexe 2 : évolution du nombre d’utilisateurs de Facebook entre mai 2007 et novembre 2008

Source : Médiamétrie – Nielsen//NetRatings (mai 2008) et comScore

Position  Réseau social Nombre  

de visiteurs unique 

Taux de couverture  (en %) 

Evolution depuis 2007  (en %) 

1  Skyrock  6 988 000  24.87  + 34 

2  Copainsdavant.linternaute.com  6 273 000  22.33  + 55 

3  Windows live space  4 035 000  14.36  + 34 

4  Myspace.com  3 143 000  11.19  + 45 

5  Facebook  3 072 000  10.93  + 2080 

7  Trombi.com  2 069 000  7.36  + 68 

9  Flickr  1 121 000  3.99  + 68 

13  Hi5  583 000  2.08  ‐ 28 

14  Netlog  515 000  1.83  ‐ 27 

17  Lexode.com  296 000  1.06  ‐ 22 

  Mai 2007  Mai 2008  Novembre 2008 

Nbre utilisateurs dans le monde  24 000 000  75 000 000  130 000 000 

Nbre utilisateurs en France  106 000  3 072 000  4 000 000