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Plus performant, plus propre, plus riche en emplois... Un autre modèle énergétique est possible ! -- Le gratuit d'Europe Écologie Les Verts sur la transition énergétique I Automne 2013TRANSCRIPT
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De toutes
les sources
d'énergie,
la chaleur
humaine
est la moins
coûteuse...
[Anonyme]
Le nucléaire est une énergie de l'avenir qui appartient au passé.[Amory Lovins]
Tant d'énergie est dépensée pour que tout soit bien immobile. [Bernard Werber]
L'homme a voulu
vivre en société, mais
aussi depuis qu'elle
existe, l'homme
emploie une bonne
part de son énergie
à lutter contre elle.
[Georges Simenon]
La science peut mener
à la découverte de
l'énergie atomique
mais elle ne peut pas
nous préserver d'une
catastrophe nucléaire.
[Vaclav Havel]
On manque de sous
pour la recherche
contre le cancer.
Heureusement
qu'on en a pour
les centralesnucléaires. [Pierre Perret]
Le temps
du monde fini
commence.
[Paul Valéry]
troisièmerévolUtionindUstrielleAllons-y ! p. 3
Gaz de schisteLe mirageaméricain p. 4
mobilité doUceSauvons la villede la voiture p. 5
eUroPeInsécuritéénergétique p. 7
allemaGnePar ici la sortiedu nucléaire…sans CO2 ! p. 7
nUcléaireInterview
du polytechnicienBernard Laponche
sur le risqued’accident en France
p. 6
L'homme a perdu la capacité de prévoir et d'anticiper. Il finira par détruire
la terre.[Albert Schweitzer]
Les cathédrales, les pyramides, la Joconde sont àtous les hommes.Pourquoi en serait-ilautrement avec la nourriture et le pétrole ?[Albert Jacquard]
Plus performant, plus propre, plus riche en emplois…
Un autre modèle énergétique est possible !
Le gratuit d'Europe Écologie Les Verts sur la transition énergétique I Automne 2013
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2 écolonews Automne 2013
----------------------------------Les émissions de gaz àeffet de serre baissentdans le monde ?FAux : elles ont doublédepuis 1990. La températuresur le globe a augmenté de0,7 °C depuis le début du XXe
siècle. Selon les dernièresprojections scientifiques, auXXIe siècle, cette hausse pour-rait atteindre plus de 6 °C sirien ne change.----------------------------------La France fait plus d’effortsque l’Allemagne pour ré-duire ses émissions de gazà effet de serre.FAux : entre 1990 et 2009,la diminution des émissionsde tous les gaz à effet deserre a atteint 26,3 % en Al-lemagne, contre 7,7 % pourla France. L’Allemagne partde plus loin (11 tonnes deCO2/personne, contre 8,3 enFrance en 2009), mais ellefait plus d’efforts.
----------------------------------La France est championneeuropéenne du dévelop-pement des énergiesrenou velables.FAux : la part d’énergierenou velable dans la consom-mation totale a augmenté de25 % en France entre 2004 et2011. Sur la même période,la croissance pour l’ensemblede l’Union européenne étaitde 64 %. Certains pays ontfait beaucoup mieux, commel’Allemagne : +150 %. Concer-nant l’atteinte des objectifsfixés en 2020, la France est le4e plus mauvais élève parmiles 27 Etats de l’Union euro-péenne.----------------------------------La production de pétroleest à peu près stabiliséedepuis 2005.vrAI : alors que le nom-bre de consommateursaugmen te, la productionmondiale reste autour de
90 millions de barils/jour.Même l’Agence interna-tionale de l’Energie a dé-claré que le monde avaitatteint son maximum deproduc tion en 2006 etqu’elle n’augmentera plusjamais.----------------------------------Le nucléaire, ce n’est que17 % de l’énergie consom-mée en France.vrAI : le nucléaire, c'est78 % de l'électricité consom-mée en France mais seule-ment 17 % de l'énergie finaleconsommée. Attention à laconfusion, la différence esténorme !----------------------------------Les énergies renouvela-bles, c’est 6 fois plus d’em-plois que le nucléaire.vrAI : pour produire 1 GWhd’électricité, il faut 0,6 em-ploi avec du nucléaire enFrance et 3,6 avec des éner-gies renouvelables en Al-
lemagne. Outre-Rhin, lesénergies renou velablesélectriques représentent370 000 emplois directs etindirects, alors qu’en France,le nucléaire n’emploie que270 000 personnes.----------------------------------
La TransiTion énErgéTiqUE vrAI Ou FAux ?
énergies
Pourquoi sommes-nous contraints à repenser nos modes de productions énergétiques ? Allons-nous devoir renoncer au confort ? Les ressources en gaz sont-elles inépuisables ? Des questions, des réponses...
EuropEécologiE lEs VErts Etsa transition ...
La transition énergétique, ce n’estpas si compliqué.Europe écologie Les Verts propose un livret qui expliquede façon synthétiquede quoi il s’agit, etquels sont les objectifsde cette transition. Unrecueil qui fourmilled’infos pratiques, d’explications, de propositions.[http://bit.ly/EELV_TE]
ni fossilesni nUcléaireni effet de serre
LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUENI FOSSILES I NI NUCLÉAIRE I NI EFFET DE SERRESOBRIÉTÉ I EFFICACITÉ I RENOUVELABLES
à lire
3Automne 2013 écolonews
késako ?L’ÉCONOMIECIRCULAIREExtraire-fabriquer-jeter :sToP ! Face à la croissancedémographique, à l’urbanisation et à lahausse croissante d’objetsfinis, l’économie circulairepropose de rompre avecun modèle incompatibleavec des ressources plusrares, plus chères. L’idée ?réparer les produits ou les réinjecter, une foistransformés, recyclés,dans l’économie. objectif : zéro déchet.
L’énergie nous per-
met de nous dépla-cer, de nous chauffer,de produire des biensde consommation,
mais leur utilisation recèle denombreux coûts cachés. Lesénergies fossiles (pétrole, gaz,houille) sont peu chères maisleur renchérissement est iné-luctable. Mais la société payeles conséquences environne-mentales de leur utilisation,de leur extraction à leur com-bustion : pollution de l’air, del’eau, du sol, maladies respi-ratoires, changement clima-tique, etc. Le nucléaire pose,lui, le problème de la gestionimpossible des déchets ra-dioactifs et du ris que d’un ac-cident.
u Innovationet compétitivitéIl y a urgence à changer notremodèle énergétique pourcesser notre dépendance àl’uranium, au pétrole et augaz, tous importés de pays instables et faisant peser surl’humanité des risques injus-tifiables. Le développementlégitime des pays pauvresrend la crise énergétique iné-
vitable. Nous devons réduirenotre dépendance en créantun nouveau modèle indus-triel. En investissant massive-ment dans la rénovation ther-mique des bâtiments, nouspourrons créer des écono-mies pour l’ensemble desménages français et créer descentaines de milliers d’em-plois dans le bâtiment. Nousdevons aussi créer une filièreindustrielle des énergies re-
nouvelables, de la fabricationd’un panneau solaire madein France à son installation,les emplois générés serontnombreux. Investir dans cesdomaines aujourd’hui sera unfacteur d’innovation et decompétitivité, permettra lacréation des emplois de de-main tout en rendant laFrance moins vulnérable à lacrise énergétique qui se pro-file. Qu’est-ce qu’on attend ?
L a commune de Montdi-dier – petite ville de 6 500âmes dans la Somme –
est en passe d’atteindre desobjectifs qui pouvaient pa-raître irréalistes il y a quelquesannées face au lobby d’EDF :
énerGie de Proximité
à MontdidiEr…
troisième révolUtion indUstrielle
allons-y !Sans énergie, notre économie ne pourra fonctionner.
lEs transitionsprofEssionnEllEs...au cœur des changements économiques structurels, la transition va générerun fort redéploiementde la main-d’œuvre àl’intérieur des grandssecteurs économiquestraditionnels (transport, productiond’électricité, agriculture,cons truc tion…), et permettre le dévelop-pement de nouveauxsecteurs com me celuides énergies renouvelables.
Cette transformationtechnologique et sociale laisse penserque les besoins enqualifications devraient eux aussiévoluer. Pour que ces qualifications correspondent à cesnouveaux emplois,sans ralentir l’expansion des activités vertes ni aggraver le chômage,les politiques doiventaider aux ajustementsstructurels qu’exige la transition versl’économie verte tout en maîtrisantles coûts sociaux qui pourraient en résulter.
transition énergétique
emPloi
son indépendance énergé-tique ! Comme quoi la dé-centralisation, ça marche !Montdidier a d’abord décidéde reprendre en régie muni-cipale le service public del’eau, puis la cantine, pour en-fin créer une régie commu-nale de l’électricité.
uPas plus d’impôts12 millions d’euros d’investis-sements dans le solaire et l’éo-lien, qui assurent aujourd’hui50 % de la production d’élec-tricité de la commune… letout sans augmentation desimpôts. Chapeau !
Objectifs : être autonomeen 2015 et fournisseur net d’électricité en 2020.
énerGiesrenoUvelables
sobriété efficacité
énerGétiqUe
eelv.fr
LA TRANSITIONÉNERGÉTIQUE,C’EST CRÉER490 000 EMPLOISNON DÉLOCALISABLES !
Illustration
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transition énergétique
4 écolonews Automne 2013
Gaz de schiste
lE MiragE aMéricain
La France recèlerait degrandes quantités degaz de schiste. On di-sait que la Pologne enavait encore plus et
pourtant les investisseursfuient le pays : le jackpot étaitun mirage. Mais les consé-quences désastreuses de lafracturation hydraulique n’ontrien d’une illusion.
uNi icini ailleursÉpuisement des ressourcesen eau, pollution des nappesphréatiques, des sols et del’air, séismes, fuites de mé-thane… sont autant de ris -ques auxquels nous ne pou-vons soumettre les Françaiset l’environnement. Et puis la« révolution américaine desgaz de schiste » n’est sponta-
nément pas transposable enFrance, nous ne bénéficionspas des mêmes grands es-paces ni d’un réseau de ga-zoducs opérationnel. Notre
pays vit avant tout de la qua-lité de son terroir, dont lesbénéfices économiques sontdurables alors qu’une res-source fossile est épuisable.
Sortons des énergies dupassé, entamons aujourd’huila troisième révolution indus-trielle en développant lesénergies de demain.
E n ces temps de crise éco-nomique, il est plus quejamais nécessaire d’investir
intelligemment dans des tech-nologies d’avenir qui ferontbaisser notre facture énergé-tique. Or, les chiffres sont sansappel : avec l’envolée du prixdu nouvel EPR de Flamanville,
qui a quasiment triplé, l’argu-ment de l’électricité nucléairepeu chère tombe à l’eau : l’éo-lien terrestre est désormaisplus rentable que le nucléaire !Les énergies renouvelables,dont le coût ne cesse de baisser,sont donc désormais une bon -ne opportunité économique !
Prix dU kWh électriqUe
lE lEurrE
GasPillaGeconcours dE sobriété...Ma famille consommemoins que la tienne !s’engager pour le climat en réduisant sa consommationd’énergie, c’est l’enjeude ce drôle deconcours. Des foyersse regroupent pourreprésenter leur village ou leur quartieret relever ce défi : réduire de 8 % leurconsommation d’énergie par rapportà l’année précédente.[www. familles-a-energie-positive.fr].
Gaz, huile ou pétrole de schiste, ces hydrocarburesrocheuses sont une chimère dramatique pour l’environnement… et notre santé !
énerGies renoUvelables
un gisEMEnt d’EMplois locaux
Les projets d’énergies renouvelables reposent sur de nombreuses PME locales : elles sont essentiellesdans la création et l’exploitation de ces projets. L’efficacité énergétique, notamment avec larénovation des bâtiments, est également sourced’activité économique locale et d’emplois. C’estpourquoi la transition énergétique est une des solutions concrètes au chômage.
Deux études officielles publiées en juin 2013confirment cette analyse. La première, réalisée par le Cired-Cnrs estime que le scénario négaWatt créerait632 000 emplois en 2030. La seconde, réalisée parl’oFCE, estime que le gain en emplois serait de 825 000en 2050 avec le scénario de transition énergétique de l’ademe. Ces deux études prennent en compte la réduction d’emplois dans certains secteurs (énergiesfossiles et nucléaire, automobile…), mais les gains en emplois sont bien supérieurs aux pertes.
Aux états-unis, c’est un nouveau puits de forage toutes les huit minutes, un puits tous les kilomètres, 70 000 puits par an jusqu’en 2020 pour essayer d’avoir un prix du gaz compétitif !
Les énergies renouvelables sont compétitives. Pour réduireses factures, mieux vaut limiter sa consommation.
énerGiesrenoUvelables sobriété efficacité énerGétiqUe
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350 euros/MWh300 euros/MWh250 euros/MWh200 euros/MWh150 euros/MWh100 euros/MWh50 euros/MWh– euros/MWh Actuel
2020
Nucléai
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PRODUCTION D’ÉLECTRICITÉ À PARTIR DE DIFFÉRENTES SOURCES
5Automne 2013 écolonews
Il y a eu quatre transitions
énergétiques depuis le dé-but de l’histoire humaine.Chacune a consisté à trou-ver une nouvelle énergie
permettant d’aller plus vite,plus loin, plus souvent, touten travaillant moins pour pro-duire autant. Parions que lacinquième transition se feraau profit de l’énergie humaineutilisée de manière optimisée,pour aller vite, partout et sansrisquer notre vie régulière-ment. Une première bonneraison à cette transition : lerapport entre énergie consom-mée et distance parcourueest le meilleur lorsqu’on utiliseun vélo, la marche ayant aussiun bon rapport. Ensuite, parcequ’il nous faudra bien nous
rendre à l’évidence : nous nepouvons continuer à dévorer80 kilomètres tous les jourspour aller au travail, ni les 10kilomètres hebdomadairespour remplir le coffre de notretank urbain des courses dontnous jetterons 30 %. C’est tropénergivore et trop cher.
uDes distancesplus courtesQue faire, alors ? Tout d’abord,arrêter la fuite en avant quiconsiste à ajouter des lignesde transports en commun auxroutes et autoroutes maillantdéjà notre pays. Ensuite, en ré-fléchissant à un urbanisme etun aménagement du territoirequi rendent possible les dis-tances courtes dans de bonnes
conditions : par exemple, unemeilleure information, facile àcomprendre, pour les trans-ports en commun, des pistescyclables et cheminement pié-tonniers partout, des livraisonsdans les bourgs et villages. Lespistes sont nombreuses. Il suffitde bien vouloir changer noshabitudes. Qui ne datent quedes années 1960 !
financer la transition
diEsEl Et fiscalité
ACtuELLEmEnt, l’Étatsubventionne de trèsnombreuses sources de
pollution – comme le diesel ! –et consacre chaque annéequatre fois plus de ressourcesau soutien des énergies fos-siles qu’à la lutte contre lechangement climatique ! Cesmilliards d’euros doivent êtreréorientés d’urgence dans la
transition énergétique pourun modèle réellement sou-tenable. Il s’agit en particulierde développer de nouveauxmoyens de transport quisoient moins émetteurs degaz à effet de serre plutôtque de maintenir sous perfu-sion de subventions et deniches fiscales un modèlevoué à l’échec.
mobilité doUce
sauVons la VillE dE la VoiturEIl faut imaginer les déplacements de demain en fonction des défisécologiques majeurs présents et à venir. un changement des habitudeset la mise en œuvre d’autres politiques d’urbanisme s’imposent.
voitUres électriqUesla quEstionUne voiture électrique, c’estau mieux 25 kWh/100 km.Cette électricité peut êtreproduite à partir du gaz :c’est l’équivalent Co2 d’unevoiture qui consomme 3 litres/100 km. on améliorela qualité de l’air, mais entermes de Co2, on ne gagnepresque rien. on doit trouverune solution de mobilité quine consomme pas plus quel’équivalent de 1 litre/100 km/ passager. C’est le cas du train,du métro et de voitures avec4 personnes à bord. Et demain, ce sera celui desvoitures avec 3 personnes à bord, qu’elles soient électriques ou thermique-hybrides. La question n’estpas « électrique » ou « essence ». Elle est « toutseul » ou « partagée ».
transports
Un chiffre
20-30 Milliards d’Eurospar anC’est le coût sanitaire pourl’assurance-maladie lié aux40 000 décès prématurés cau-sés par les particules finesdu diesel utilisé dans les voi-tures !
Les transports sont la deuxième source de consommation énergétique en France.
rePenser les déPlacements
et l’Urbanisme
Avec 60 % de son parc automobile, notre paysest champion d’Europe du diesel... belle performance !
rédaction :Europe Écologie Les Verts
6 bis rue du Chaudron, 75010 ParisTél. : 01 53 19 53 19 - http://eelv.fr
Comité de rédaction :Géraldine Boÿer, Ludovic Bu,
Olivier Carles, Nicolas Dietenbeck, David Drui, Lionel Guérin,
Nathalie Laville, Tom Magenta et Jean-Philippe Magnen
Dessins :Jean-Luc Ruault et Red
Un grand bravo-merciaux membres
de la Commission énergie d’[email protected] - http://energie.eelv.fr
grâce auxquels ce numéro a pu voir le jour…
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6 écolonews Automne 2013
nucléaire
Quels sont les risquesd’accident nucléaireidentifiés en France ?En cas de perte totale de re-froidissement d’un réacteur(c’est ce qui s’est passé à ThreeMile Island en 1979 et à Fu-kushima en 2011 sur des réac-teurs à eau du même typeque les 58 réacteurs en fonc-tionnement des centralesfrançaises ), la fusion du cœurpourrait provoquer des ex-
plosions détruisant partiel-lement l’enceinte de confi-nement et projetant des ma-tières radioactives dans l’en-vironnement. Le corium (quiest une masse du combustiblefondu) pourrait percer la cuvedu réacteur puis le radier (quiconstitue la base de l’enceintede confinement), comme àFukushima. Plusieurs acci-dents précurseurs, en France(notamment au Blayais, en1999) et à l’étranger (à Fors-mark, en Suède, en 2006)ont illustré la vulnérabilitédes réacteurs.L’ensemble des industries ducombustible nucléaire, de lamine aux déchets, et surtoutdu fait du retraitement (àLa Hague) et de la productiondu plutonium et du combus-tible MOX, ainsi que les trans-ports et le stockage des ma-tières radioactives (combus-tibles irradiés, produits duretraitement et du déman-tèlement) constituent desactivités et des lieux à hautrisque, notamment en cas
d’agressions extérieures, na-turelles, militaires ou terro-ristes.
Le vieillissement descentrales constitue-t-ilun risque grandissant ?Les réacteurs en fonctionne-ment en France, conçus audébut des années 1970, ontété prévus pour trente anssans que soit pris en comptedans leur conception l’accidentgrave. Même avec un maxi-mum de précautions, lesrisques s’accroissent évidem-ment avec l’âge. Le premierélément d’un réacteur nu-cléaire, qui ne peut pas êtrechangé, c’est la cuve, dont larupture éventuelle est consi-dérée comme impossible. Or,l’acier des cuves, bombardéespar les neutrons, présente envérité un risque de dégrada-tion. L’enceinte de confinement
en béton n’étant pas non plusremplaçable, il faut s’assurerque le taux de fuite de ma-tières radioactives ne dépassepas un certain seuil. Par ail-leurs, il y a des kilomètres detuyaux et de fils électriquesqui ne sont pas remplacés… L’industrie nucléaire dit quechaque accident est l’occasionde procéder à des modificationsde façon à améliorer la sûreté.Combien faudra-t-il d’accidentspour arriver à la conclusionqu’il vaut mieux arrêter lesréacteurs ? Supposons que l’ac-cident majeur survienne : cesont des populations entièrestouchées par la radioactivité,une région condamnée pourplusieurs siècles par la conta-mination radioactive et uncoût que l’IRSN (Institut de ra-dioprotection et de sûreté nu-cléaire) estime entre 500…et 5 000 milliards d’euros.
DEUx qUEsTions à BErnArD LAPOnChE
Les industries du nucléaire constituent des activités et des lieux à haut risque.[
sUr les risqUes d’accident des centrales nUcléaires françaises
fUkUshimasituation souscontrôlE ?...Le pire est-il à venir ?à Fukushima, la situationest toujours hors decontrôle et les fuitesd'eau radioactivecontinuent. Ledémantèlement de lacentrale est pourtant undéfi urgent : en cas denouveau séisme majeur,les bâtiments risquent des'effondrer en relâchantbien plus de radioactivitéque l'accident ne l'avaitdéjà fait.
Bernard Laponche est polytechnicien, physicien nucléaire, expert international
sur les politiques de maîtrise
de l’énergie, membre de
l’association Global Chance.
danGereUx et coûteUx
F in mars, à l’aube, par uneaction commando tou-chant cinq centrales nu-
cléaires françaises, les militantsde Greenpeace ont mis en lu-mière l’urgence de fermer nonseulement Fessenheim, mais
également les centrales duBlayais, de Bugey, Gravelineset Tricastin ! Voir le très com-plet rapport de l’ONG sur cescentrales : [http:// energie-cli-mat. greenpeace.fr/action-fer-mez-les].
cinq danGereUses centrales
fErMEz-lEs !
un immense message sur la centrale de Fessenheim (Alsace). Le message ? “Pourquoi seulement moi ?“.
iterhors dE prix Et aléatoirEavec un budget triplé de 6 à17 milliards d'euros en 10ans, iTEr (projet deréacteur expérimentalinternational à fusionthermonucléaire, à Cadarache, en Provence)plombera longtemps lesbudgets de la recherche etdu développement. Trèsofficiellement, l’objectifd’iTEr est de tenter demaintenir une réaction defusion nucléaire pendant…400 secondes ! Tous lesarguments sont ici :[http://www.stop-iter.org].
Photo N
icolas
Chauveau / Greenpeace
Photo D
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7Automne 2013 écolonews
Alors que la facture
de pétrole de l’Unioneuropéenne vient dedépasser les 500 mil-liards d’euros en 2012,
il apparaît clairement queseule une transition énergé-tique ambitieuse permettrade faire face au double défiécologique et économique.
uUne politiquevolontaristeÉcologique, puisque l’Unionse doit d’être exemplaire pourconclure un accord interna-tional fort sur le climat à laconférence internationale de2015 ; économique, parce quela transition énergétique peutêtre le levier d’une relanceéconomique durable en Eu-
rope, en réduisant la facturedes énergies fossiles impor-tées au profit d’investisse-ments locaux dans les éner-gies renouvelables décentra-lisées et l’efficacité énergé-tique. Plutôt que de se lancerdans l’aventure douteuse dudéveloppement des gaz deschiste aux bénéfices écono-
miques incertains mais auxdommages environnemen-taux définitifs, la transitioneuropéenne doit passer parla définition d’une politiqueénergie-climat volontariste àl’horizon 2030, seule voie pourconcilier ses objectifs envi-ronnementaux, sociaux etéconomiques.
l’u. E. au sEcours du cliMat...Le climat continue dese détraquer et lespays du monde entiern’arrivent pas à s’accorder. Malgrél’échec de Copenhagueen 2009, les négociations internationales sepoursuivent. L’Unionjoue un rôle clefd’intermédiaire entreles états-Unis et laChine. Prochaineéchéance en 2015, à Paris. notre dépendance aux énergies fossilesalourdit notre factureénergétique et affaiblit le développe-ment des énergies renouvelables.
international
eUroPe
insécuritéénErgétiquEà court comme à long terme, nous nous trouvons en réalité dans un contexte européen de moindresécurité d’approvisionnement énergétique.
climat
allemaGne-nUcléaire
par ici la sortiE… sans co2 !
L’ Allemagne s’est engagéedans une transition éner-gétique ambitieuse de-
puis le début des années 2000.Outre la sortie du nucléaireen 2022, celle-ci comportetrois objectifs : la réductiondes émissions de gaz à effetde serre de 80 à 95 % d’ici2050 ; une division par deuxde la consommation d’énergieprimaire ; et un fort dévelop-pement des énergies renou-velables dans tous les secteurs.
u400 000 emploiscréésPrès de 400 000 emplois ontété créés dans les énergies re-nouvelables, qui sont en passede devenir la première sourcede production d’électricité. Laconsommation électrique a puêtre réduite de l’équivalent de
la production de trois réacteursnucléaires par an depuis 2008.L’Allemagne a pu fermer huitréacteurs au lendemain de lacatastrophe de Fukushima touten maintenant des objectifs climatiques plus ambitieux quela France. En misant fortementsur l’investissement participatif,cette transition est égalementdevenue le vecteur d’une réappropriation citoyen ne del’énergie : plus de 50 % des
cooPérativedEs citoyEnsprEnnEnt l’initiatiVE En Forêt-noire, la communeallemande de schönen(2 500 habitants) produitson électricité grâce à unecoopérative citoyenne :Elektrizitätswerke schönau(EWs). La démarche est unsuccès : d’un million de kWhfournis à 1 700 clients en1998, EWs est passé à 400millions de kWh pour plusde 100 000 particuliers etentreprises, dont la célèbrechocolaterie ritter ! Cettedémarche initiée dans lesannées 90 prouve qu’unmodèle de productiond’électricité décentralisé etefficace, ça marche bien…
capacités de production d’éner-gie renouvelable sont ainsicontrôlées par des citoyens.
uEt les autres ?L’Allemagne ne fait pas figurede cavalier seul : à l’instar del’Italie, de la Belgique, de laSuisse et de l’Autriche, ils sontnombreux à avoir compris quele nucléaire n’était pas com-patible avec un modèle éner-gétique durable et sûr.
noUs insPirer de nos voisins,
constrUire avec nos voisins
Sortir du nucléaire tout en réduisant ses émissions de dioxyde de carbone, c’est le choix de l’Allemagne.
La sécurité énergétique est une composante centrale de la politique de l’énergie.
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Dessin Jean-Luc R
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PlUs Performant, PlUs ProPre, PlUs riche en emPlois
Un aUtre modèle énerGétiqUe est Possible !