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EXEGESE : ORIGENE… LEVI - 1 - E X E G E S E _______________ Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2004 )

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EXEGESE : ORIGENE… LEVI - 1 -

E X E G E S E

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TABLE DES RUBRIQUES

_______________ Page : Rencontres avec Origène 5 Rencontre avec d’autres 25 Rencontre avec Lévi 31

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RENCONTRES AVEC ORIGENE

_______________ En ces jours-là Contre l'écrit de Celse En ces jours-là Liste des œuvres d'Origène Remerciements à Origène

_______________ EN CES JOURS - LA En ces jours-là, il y eut des longues disputations auxquelles Origène participa. Le sujet en avait été annoncé un certain temps auparavant : Contre l'écrit de CELSE intitulé : Discours véritable. Divers chrétiens étaient venus, dont l'évêque du lieu, mais il y avait aussi de "nombreux" juifs, rabbins et disciples, travaillant à l'école juive d'exégèse. Origène n'avait pas désiré les rencontrer pour une quelconque controverse, mais pour connaître leur interprétation de divers points difficiles de l'Ecriture :

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'Pour ma part, dans mes entretiens avec de nombreux juifs renommés pour leur science, je n'en ai entendu aucun qui approuvât l'opinion que le logos fut le fils de Dieu comme l'a dit Celse en l'attribuant au personnage du juif à qui il fait dire : Si vraiment le logos est pour vous Fils de Dieu, nous aussi nous approuvons.'

(Contre Celse II-31) J'ai noté l'écart entre la pensée chrétienne et les résultats juifs; il tient en ce que le logos est, pour nous, Fils Unique du Père alors qu'IL est devenu, pour eux, un homme historiquement Unique qui eut pour Nom : Jésus. Mais, que veulent dire des mots comme : Père ? Et Fils ? Doivent-ils, pour le chrétien, sublimer ce qui auparavant était entendu en chacun de ces mots - le père, le fils - et qui relevait uniquement de l'humain ? Ou peuvent-ils, notamment pour le mot fils, être pris dans un sens plus testamentaire, impliquant l'aboutissement d'une promesse, d'un contrat passé entre Dieu et l'humanité dès la première lettre du mot Commencement (Genèse I-1) ? Car les textes de l'A.T. usent très fréquemment de ben-Israel en disant : fils d'Israël pour dire israélites. Entre ces deux expressions, un très léger ajout : l'idée de l'ancêtre commun pour les fils d'Abraham. 1.- Je note que dans le texte de Saint Marc il y a une expression nouvelle par rapport à l'A.T.. Celui-ci usait souvent de fils d'Israël et voici qu'intervient fils de l'homme (Voir au lexique le mot 'g : anthropos = homme' et voir le chapitre Le Fils de l'Homme). Il y a en première partie neuf emplois et en deuxième partie cinq emplois. Si j'analyse la brillance du chiffre cinq, je vois aussitôt "le Fils de l'Homme assis à la droite de la Puissance et venant avec les nuées du ciel" (XIV-62 : cinquième emploi en deuxième partie). Dans ce verset, l'expression fils de l'homme arrive à son identité : le Fils de l'Homme est Dieu (= égal à Dieu, puisqu'il y a "à sa droite"). Si je prie avec les emplois en première partie, je considère que neuf est égal à cinq plus quatre, avec :

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cinquième emploi : IX-9 la Transfiguration : le Fils de l'homme est le Messie ainsi "qu'ils avaient vu" = l'identité. quatrième emploi : X-45 le fils de l'homme n'est pas venu (pour) être servi, mais (pour) servir = la plénitude du Messie, atteinte par la définition de sa mission. Mon lecteur remarquera aussitôt la cohérence avec les règles habituelles d'exégèse : la signification allégorique des rangs quatre et cinq est respectée et, en plus, l'ensemble des emplois dans tout le texte relève d'une harmonie de cohérence : première partie d'abord cinq d'où IX-9 = 5 puis quatre et X-45 = 4 deuxième partie cinq avec XIV-62 = 5 Le fils de l'homme : en hébreu, je peux dire ben-adam = celui qui est l'alliance de paix lors de la Création. 2.- Dans le texte de Saint Marc, il y a : "Fils de Dieu = uios tou Theou" qui se manifeste trois fois. Trois est l'aboutissement avec le centurion : l'humanité reconnaît que "cet homme (= Jésus) était Fils de Dieu" (XV-39). Celui dont l'apparition dans le texte en (I-9) m'a obligé à poser la question : Qui est cet homme ? est Fils de Dieu. 3.- Le lexique m'informe qu'il n'a pas trouvé la mention de fils d'Israël pourtant si fréquente dans tout l'Ancien Testament. C'est le signe que "est accompli le moment" (I-15) (l'ancienne alliance s'en est allée) et "s'est approché le Règne de Dieu" (I-15). Voici le temps des fils d'Adam, temps d'alliance éternelle par le don, par l'amour.

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En ces jours-là, il y avait au-milieu de la pièce une table et les Livres étaient là : la Bible en caractères hébreux qui est celle des rabbins, et aussi la traduction écrite en grec de Rabbi Aqila... ... 'qui suit servilement la lettre hébraïque et qui est tenue chez les juifs pour avoir traduit le plus excellemment l'Ecriture. C'est surtout à lui qu'on a coutume de recourir quand on ignore la langue des hébreux comme à celui qui a le mieux réussi de tous'.

(Lettre d'Origène à Julius Africanus de Nicopolis, en Palestine) Origène, comme beaucoup d'entre nous, n'avait qu'une connaissance très réduite de l'hébreu. Lorsqu'il voulait savoir ce qu'il y a dans le Livre de la Bible (= l'hébreu), il avait recours aux diverses traductions disponibles de son temps et, d'abord, à la plus stricte et rigoureuse : celle d'Aqila. En ces jours-là, il y eut beaucoup de sujets débattus, analysés, discutés. Celui qui venait de copier mot par mot le texte de Saint Marc a essayé de prendre note des questions exposées et il s'est risqué à donner ses commentaires.

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CONTRE L' ECRIT DE CELSE INTITULE :

DISCOURS VERITABLE 1.- Contre Celse I-2 « Mais il faut encore ajouter : la parole (divine) a sa démonstration propre, plus divine que celle des grecs par la dialectique. Et cette démonstration divine, l'Apôtre la nomme 'démonstration de l'Esprit et de la puissance' (I Cor II-4) : - 'de l'Esprit' par les prophéties capables d'engendrer la foi chez le lecteur, surtout en ce qui concerne le Christ; - 'de la puissance' par les prodigieux miracles dont on peut prouver l'existence par cette raison entre bien d'autres qu'il en subsiste encore des traces chez ceux qui règlent leur vie sur les préceptes de cette parole. » J'ai noté : l'Esprit et la puissance, ce qui donne une dualité proche de 'la prophétie et le témoignage' ou encore 'le voir et l'entendre', ainsi que je l'ai exposé précédemment. En l'homme, il y a toujours une dualité qui agit en nous tiraillant de part et d'autre, de ci de là, entre ce qui vient de l'intelligence et ce qui est notre corps. Cette dualité est 'à l'image' car en Dieu il y a la dualité qui est l'Esprit et la Puissance. 2.- Contre Celse I-4 « ...rien d'étonnant que le même Dieu ait semé dans les âmes de tous les hommes ce qu'il a enseigné par les prophètes et le Sauveur, cela pour que chaque homme soit sans excuse au jugement divin, car il a l'exigence de la Loi inscrite dans son cœur (Romains II-15). La Bible l'insinua, en un passage que les grecs tiennent pour un mythe, en représentant que Dieu a écrit de son propre doigt les commandements et les a donnés à Moïse (Exode XXXI-18). La malice de ceux qui fabriquèrent le veau d'or les brisa (Exode XXXII-19) : ce qui veut dire que le débordement du péché les a submergés.

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Mais Dieu les écrivit une seconde fois et les redonna après que Moïse eut retaillé des tables de pierre (Exode XXXIV-1) comme si la prédication prophétique disposait l'âme, après la première faute, à une seconde écriture de Dieu. » Revenant à la lecture du texte de Saint Marc, je suis frappé d'une progression dans le dire de Jésus. Au début de l'évangile, IL est cet homme, perçu comme un homme mais déjà hors du commun "car il était en les enseignant comme ayant autorité et non pas comme les scribes" (I-22). Peu à peu j'ai découvert que Jésus possède une puissance guérissant des maladies de plus en plus graves, car il y a la progression : I-27 esprit-impur I-31 fièvre I-34 nombreux mal-portants aux maladies variées (la progression tient dans le nombre) I-40 la lèpre (la progression arrive par un contact prohibé : "il le toucha") II-12 la paralysie III-5 la main desséchée. Peu à peu je prends conscience d'une puissance extra-naturelle. Avec les disciples, je vis intensément : VII-35 la guérison du sourd-bègue VIII-25 la guérison de l'aveugle. Ainsi, au-milieu d'eux, je reçois l'entendre et le voir :

"correctement" "distinctement". Puis, je fus à côté de Pierre qui lui dit : VIII-29 "Toi, Tu es le Messie !" et j'ai vu et entendu la Transfiguration. Voilà pourquoi le texte d'Origène m'a saisi. Dieu a écrit de son propre doigt les commandements. Deux fois il les donna à Moïse.

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Et moi, j'ai entendu Dieu (= le Messie) dire Lui-même les commandements (X-19). Et moi, j'ai entendu Dieu (= le Messie dans Son Temple) dire Lui-même le Shema Israel (XII-30) et le Lévitique (XII-31). Et moi, j'ai vu la faute du peuple d'Israël se répéter : X-22 "Celui-ci, s'assombrissant à la parole, s'éloigna attristé"... XII-34 "Personne n'osait plus l'interroger". 3.- Contre Celse I-18 « Je pourrais l'inviter à comparer nos livres respectifs et dire : Allons ! Mon brave ! Apporte les poèmes de Linos, de Musée, d'Orphée, les écrits de Phérécyde et confronte-les avec la loi de Moïse ! ... Et remarque combien la cohorte de tes auteurs s'est bien peu inquiétée de ceux qui liraient sans préparation; c'est pour les seuls gens capables d'interprétation figurée et allégorique, qu'elle a écrit, dis-tu, sa propre philosophie. Moïse, au contraire, a procédé dans ses cinq livres comme un rhéteur de race qui soigne son style et veille à présenter partout le double sens des mots : - à la foule des juifs soumis à ses lois, il ne donne pas d'occasion d'un dommage moral; - à l'élite capable d'une lecture pénétrante, il ne présente pas de texte qui ne soit plein de spéculation pour qui veut chercher son intention profonde (qui lit à fleur de texte, n'éprouve aucun dommage moral ; qui lit en profondeur trouve des idées nouvelles, des éléments de la Révélation). Et les livres de tes sages prophètes, à ce qu'il semble, ne sont même plus conservés : on les eût conservés si le lecteur en avait tiré profit. Mais les écrits de Moïse ont incité un grand nombre de gens, même étrangers à la culture juive, à croire comme le proclament les écrits que le premier auteur des lois données à Moïse, c'est Dieu le Créateur du monde. »

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Sur : "le double sens des mots" : à la foule des juifs : le texte apporte - d'abord - le récit des événements. L'histoire est relatée telle elle s'est déroulée et les faits sont là pour soutenir la mémoire du peuple. à l'élite capable : c'est la découverte du sens 'pneumatique = spirituel' qui est allégorie et / ou mystique. Le Royaume de Dieu s'accomplit dans l'histoire des hommes et, traversant le récit, arrive jusqu'à chacun des lecteurs par sa compréhension du récit, par son vécu du texte, par la fusion qu'il peut réaliser allant jusqu'à l'adhésion totale de son être aux événements. Mon commentaire dépasse, j'en ai conscience, l'écrit d'Origène. A la foule des juifs je dis : il y a l'événement. Origène écrit avec moins d'engagement : il n'y a 'pas d'occasion d'un dommage moral'. En confirmation de ceci, il écrivit (ailleurs) que si l'Ecriture a un sens 'spirituel', elle n'a pas toujours un sens historique (Origène : Commentaires sur Matthieu XIV-5 / XV-1 et 2).

(Voir également au paragraphe suivant, ci-dessous, le texte Contre Celse I-42) Pour moi, il y a toujours un sens concret et relation d'un événement réel survenu dans l'histoire des hommes, car Dieu n'est pas coupé de l'homme. Il est avec les hommes, avec chaque homme, et c'est dans Son Nom la révélation de 'EL' individuel 'vers' chaque homme, étendu à tous les hommes par la désinence du pluriel (en hébreu : 'im' dans Elohim). Au centre : le 'hé' qui apporte l'identité à chacun, à chaque homme, touché et transpercé en son coeur par l'action en-vers lui de EL, à lui l'homme fondu dans la société des hommes (le pluriel 'im'). L'Incarnation n'est pas allégorie pure; elle est concrète, réelle : je la vois, je l'entends. Et, ce que je vois et entends est pour moi l'événement. Sur : "le premier auteur..." Le livre de Saint Marc a été conservé précieusement, avec les mêmes mots écrits dans le même ordonnancement et il m'a incité, moi étranger (au peuple juif), à croire que le premier auteur de ces écrits, c'est Dieu le Créateur du monde.

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4.- Contre Celse I-42 « Avant d'aborder la réponse, il faut dire de presque chaque histoire, fût-elle vraie, que vouloir établir qu'elle a eu lieu et en donner une représentation compréhensive est une chose des plus difficiles et, dans certain cas, impossible (exemple : la guerre de Troie). ...Tout lecteur judicieux de ces histoires qui veut se garder d'erreur à leur propos discernera d'une part ce qui mérite son adhésion et ce qu'il interprétera allégoriquement en recherchant l'intention de ceux qui ont forgé de telles fictions, et d'autre part ce qu'il refusera de croire, comme écrit par complaisance pour certains. Ces remarques préliminaires à toute l'histoire de Jésus rapportée dans l'évangile sont faites non pour inviter les gens vifs d'esprit à une foi simple et irréfléchie, mais dans le dessein d'établir que les lecteurs ont besoin d'un jugement sain et d'un examen approfondi et en quelque sorte d'entrer dans l'intention des écrivains pour trouver dans quel esprit chaque événement est décrit. » Le lecteur qui se laisse guider dans la découverte du texte de Saint Marc sait combien, ensemble, nous découvrons à la fois l'événement tel qu'il arriva dans la vie de Jésus et de ceux autour de lui, et l'allégorie arrivant par Dieu comme enseignement donné aux hommes. Notre foi n'a rien d'irréfléchi et n'est pas bonne volonté, doux penchant doucereux, ni éblouissement, abandon ou simple glissement, mirage ou phantasme allégorisé. Notre lecture est telle qu'un examen approfondi de chaque mot, dans chacune de ses utilisations, avec chacun des mots voisins autour de lui, nous oblige à faire des efforts de mémoire, d'intelligence, de jugement et nous entraîne à pénétrer toujours plus loin le texte. Ensemble, nous apprenons à connaître plus que l'intention de celui qui a écrit car nous le connaissons intimement comme celui à côté duquel nous passons de longs moments à voir et à entendre, à vivre et à prier chaque événement tel il les décrit.

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5.- Contre Celse I-45 « Je me souviens d'avoir un jour, dans une discussion avec des juifs dont on vantait la science, en présence de nombreux juges pour dirimer le débat, employé un argument de ce genre : 'Dites-moi, mes amis : deux personnes sont venues au genre humain, dont on a relaté des prodiges bien au-dessus de la nature humaine, je veux dire Moïse votre-législateur qui a écrit sa propre histoire et Jésus notre maître qui n'a laissé aucun livre (écrit par lui-même) sur lui-même, mais à qui ses disciples rendent témoignage dans les évangiles. Quel arbitraire de croire que Moïse dit la vérité, bien que les égyptiens l'aient accusé d'être un sorcier qui semble avoir fait ses miracles par sorcellerie, mais de ne pas croire Jésus, puisque vous l'accusez ! A tous deux des peuples rendent témoignage; les juifs, à Moïse et les chrétiens, loin de nier la mission prophétique de Moïse, partent de là pour prouver la vérité sur Jésus, acceptent comme vraies les histoires miraculeuses que racontent de lui ses disciples. Si donc vous nous demandez la raison de notre foi en Jésus, donnez d'abord celle de votre foi en Moïse... L'étonnant est que les preuves qui valent pour Jésus dans la loi et les prophètes prouvent aussi que Moïse et les prophètes étaient des prophètes de Dieu. » 1.- Moïse fut l'écrit, et Jésus fut la Parole. Et voici que je me trouve renvoyé au début du texte de Saint Marc : "Et aussitôt l'Esprit le chasse vers le désert. Et il était dans le désert..." (I-12). Qu'est-ce qu'un désert ? L'image venant à mon esprit est celle d'un infini de dunes, vallonnement sans fin en succession constante vers un renouvellement d'elles-mêmes, toujours identiques. D'un doigt il est impossible d'écrire sur le sable car tout s'efface : Dieu écrivait sur la pierre afin que sa loi perdure (Exode XXXI-18). Le désert est un lieu sans limite par l'infini du sable, et sans repère de temps puisque rien n'évolue. La dune qui se déplace sous l'action du vent reste la même dune en un endroit nouveau, identique à l'ancien puisqu'il n'y a aucun repère dans l'espace. Le désert(1) est un lieu vide d'espace et de temps. Jésus est dans le désert et il n'a nul repère. Seul, son Esprit est son propre repère. Mais un repère sans repère humain est l'incohérence alors que un repère avec le repère de l'Esprit-Saint est la Cohérence (divine).

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Le texte de Saint Marc a pris soin de le préciser : I-13 ‘Et il était dans le désert quarante jours, mis-à-l'épreuve sous le Satan.’ Le Satan : le phantasme, l'imagination sans limite, errant sans repère... l'allégorie sans événement ! Celui qui n'a pas le secours du repère de son écrit ne peut se situer. Pour celui qui ne peut se localiser, il y a nulle progression (et nulle régression) possible, mais l'anéantissement de la conscience vers le rêve idolâtre. 2.- Je crois que Jésus est le Messie et qu'il est venu accomplir la parole dite à Moïse. Le Messie est ce même Dieu qui parla à Moïse et revint, dans le Temple de Jérusalem, redire mot pour mot le Shema Israel et le Lévitique, et dire à nouveau la Loi à celui-là du peuple d'Israël.

L'écrit de Saint Marc est l'accomplissement de l'Alliance.

Quoi dire de plus ? ... ... sinon : je crois !

6.- Contre Celse I-48 « ... suivant le terme de l'Ecriture, il existe une sorte de genre, un sens divin, que le bienheureux seul trouve à présent, au dire de Salomon :

'Tu trouveras un sens divin'. (Trad. B.J. : Tu trouveras la connaissance de Dieu = Proverbes II-5.)

Et ce sens comporte des espèces : la vue qui peut fixer les réalités supérieures... l'ouïe percevant des sons dont la réalité n'est pas dans l'air, le goût pour savourer le pain vivant descendu du ciel... l'odorat qui sent ces parfums dont parle Paul qui se dit être ‘pour Dieu la bonne odeur du Christ’ (II Cor II-15), le toucher grâce auquel Jean affirme avoir touché de ses mains 'le Logos de vie' (I Jn I-1).

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Ayant trouvé le sens divin, les bienheureux prophètes regardaient divinement, écoutaient divinement, goûtaient et sentaient de la même façon, pour ainsi dire d'un sens qui n'est pas sensible; et ils touchaient le Logos par la foi... Ainsi... éprouvaient-ils des sensations de même ordre lorsqu'ils mangeaient, comme ils le notèrent, 'le rouleau' d'un livre qui leur était donné (Ezéchiel II-9 / III-3). » Ainsi, bien au-delà du seul entendre, je puis dire que face aux textes de Saint Marc je vois les mots, je vois la parole qui m'est dite et alors je vis le récit intensément, ce qui me fait entendre par les bruits du texte les divers mouvements de chacun. Ici, le mot 'mouvement' a un sens très large car il englobe le physique de chacun des acteurs du texte mais aussi son mouvement spirituel, jugement, intelligence, pensée, engagement et volonté. Ainsi j'ai vu Pilate accueillir Joseph d'Arimathée, mais je sais qu'il a changé lorsque le centurion parla. Le texte est pourtant très court : ‘Et, le connaissant du centurion...’ (XV-45). Pour celui qui vit le texte physiquement, ces quelques mots contiennent toute l'explication de : ‘... il offrit le cadavre à Joseph’ (XV-45). Si le lecteur se tient trop loin, il voit le centurion au garde à vous faire son rapport à Pilate, et rien d'autre. Mais, s'il se glisse aux côtés de Joseph, il entend ce que peut dire cet homme qui, à peine cinq versets auparavant, eut le courage de dire à ‘ceux qui passaient’ (XV-29) et à ‘ceux qui étaient présents’ (XV-35) : XV-39 "Vraiment, cet homme était Fils de Dieu". Le mouvement de chacun est mouvement de moi-même pour être à côté de chacun et éprouver les sensations identiques à celles qu'ils ressentent dans l'événement tel qu'ils le vivent. 7.- Contre Celse II-27 « ... Mais des gens qui ont remanié l'évangile, je n'en connais pas d'autres que les partisans de Marcion, de Valentin et, je crois, de Lucain.

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En convenir ne constitue pas un grief contre notre doctrine, mais contre ceux qui ont osé falsifier les évangiles... Ce n'est pas non plus un grief contre le véritable christianisme que l'existence de ceux qui remanient les évangiles et introduisent des sectes étrangères au sens de l'enseignement de Jésus. » Le passage est très court et j'ai déjà dit comment Origène m'enseigne combien les textes sont vrais et immuables : voir Alexandrie en forme de préface au texte de l'évangile. 8.- Contre Celse III-12 « Dès lors aussi, quand le christianisme prit sa valeur aux yeux des hommes, non seulement du ramassis d'esclaves que croit Celse, mais de nombreux lettrés grecs, inévitablement des sectes se formèrent, nullement du fait des rivalités et de l'esprit de querelle, mais parce que bon nombre de ces lettrés, eux aussi, s'efforçaient de comprendre les mystères du christianisme. Le résultat de leurs interprétations différentes des Ecritures, que tous ensemble croyaient divines, fut la naissance de sectes patronnées par des auteurs que leur admiration pour l'origine de la doctrine n'avait pas empêchés d'être incités à des vues divergentes. » ... ce qui explique à mon lecteur pourquoi je me suis limité jusqu'à Origène, en deçà des deux cent cinquante premières années qui ont suivi l'événement. 9.- Contre Celse III-33 J'ai noté une explication de la raison de croire : « ... la connaissance accompagnée de sagesse et la doctrine raisonnée (logos) que l'on trouve chez ceux qui s'appliquent à dépasser la simple foi et à scruter le sens des Ecritures. »

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10.- Contre Celse II-69 Et aussi : « La simple lettre et le récit de ce qui est arrivé à Jésus ne laissent pas voir la vérité totale. Car, à une lecture plus pénétrante de l'Ecriture, chaque événement se révèle en outre symbole de quelque chose. » 11.- Contre Celse III-21 « Je ne parle point encore d'un examen approfondi de tout le texte des évangiles. Chacun d'eux renferme une doctrine complexe et difficile à pénétrer (Voir Hébreux V-11), non seulement par la foule, mais encore par des gens avisés : par exemple l'explication des paraboles que Jésus raconte à ceux 'de l'extérieur', réservant leur claire signification à ceux qui ont dépassé le stade des enseignements exotériques et s'approchent de lui en particulier ‘dans la maison’ (cfr : Mc IV-11). On sera dans l'admiration en comprenant pourquoi certains sont dits ‘à l'extérieur’ et d'autres ‘dans la maison’. Quelle émotion aussi pour qui est capable de considérer les divers aspects de Jésus, quand il gravit la montagne pour certains discours ou certaines actions ou pour sa transfiguration ou lorsque, en bas, il guérit les malades qui ne peuvent monter là où ses disciples le suivent. » J'ai dit, ailleurs, mon commentaire sur les mots traduits par maison et maison°, ainsi que sur cette montagne devenant, pour le récit de la Transfiguration, une montagne élevée. 12.- Contre Celse IV-49 « C'est en partant des prophéties où sont relatés les faits historiques... qu'on peut se convaincre que même les faits historiques ont été relatés en vue d'une interprétation allégorique. (Les auteurs sacrés) ont écrit de manière que ces faits soient interprétés allégoriquement suivant leur intention principale... Et Asaph (= le psaume LXXVIII a pour titre : 'poème d'Asaph') a montré que les histoires de l'Exode et des Nombres sont des mystères et des paraboles, comme il est écrit dans le livre des Psaumes; car à leur narration il donne cette préface :

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« Ecoutez, ô mon peuple, ma loi : tendez l'oreille aux paroles de ma bouche. J'ouvrirai la bouche en paraboles, j'évoquerai les mystères de l'origine, ce que nous avons entendu et appris et que nos pères ont raconté. »

(Psaume LXXVIII-1 à 3) J'ai écouté avec attention, mais j'ai pris une certaine distance en face de la thèse origénienne. Parfois j'évoque les psaumes. Or je ne le fais pas en cherchant auprès d'eux une référence d'événement ou de doctrine, car pour ceci le Livre de Moïse me dit et les prophètes m'ont proposé. Les psaumes sont des chants (= les louanges) et lorsque mon écrit me porte vers ces moments et lieux où l'âme s'abandonne à la contemplation, alors j'aime reprendre les paroles du psalmiste. J'ai de fréquentes fois chanté les mêmes textes pour les mêmes offices et je n'ai rien ressenti. Puis, un jour, rayon de lumière au travers du vitrail en face de ma stalle ou souvenir séjour de l'esprit au-milieu d'une phrase créée quelques instants auparavant juste avant tierce ou sexte, ou none, ou vêpres, voici que tel verset ‘e manifeste sous une autre° forme’ (Mc XVI-12) à moi qui m'en allais vers la suite du psaume; j'ai alors noté pour annoncer dans mon écrit, réactualisant ainsi la parole d'Asaph. 13.- Contre Celse IV-50 « De plus, si la loi de Moïse ne contenait rien que mettent en lumière les significations symboliques, le prophète ne dirait pas à Dieu dans sa prière : ‘Ote le voile de mes yeux pour que je contemple les merveilles de ta loi’ (Psaume CXIX-18). Mais, en réalité, il savait bien qu'il y a un 'voile' d'ignorance étendu sur le cœur de ceux qui lisent et ne comprennent pas les significations figurées. (II Cor III-13 à 16). » Me voici revenu au "commencement" du texte de Saint Marc. Avant le commencement, déjà tout était et le commencement est déjà à la fin. "Missionnaire devant ta face" (I-2) englobe tous ‘ceux-là... (qui)... proclamèrent partout’ (XVI-20), car celui qui proclame 'ôte le voile' des yeux de tous afin qu'ils contemplent les merveilles de ‘toute la Création’ (XVI-15).

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EN CES JOURS - LA En ces jours-là, je vivais au-milieu de mes frères, du moins est-ce là une excuse pour mon écrit car ces longues disputations sans doute n'ont jamais existé. En les imaginant, je me suis obligé à lire avec attention une des dernières oeuvres d'Origène. Datant vraisemblablement de l'année 248, le Contre Celse situe l'évolution de son auteur. Elle me permet, à moi-même, de faire le point sur mon travail. Il y a plusieurs mois, j'avais déjà lu, mais j'avais simplement recopié quelques passages, sans annoter, sans me situer. Aujourd'hui, j'ai ressenti la nécessité de faire mes commentaires. J'aurais pu arrêter là mon écrit. L'honnêteté m'impose, ici, d'aller chercher ailleurs, dans l'œuvre d'Origène, un passage presque contemporain du Contre Celse, puisque écrit vers 244 / 249. Au paragraphe 7 ci-dessus (Contre Celse II-27), nous avons pris connaissance qu'il existait des gens 'qui ont osé falsifier les évangiles'. Le témoignage est très grave. Origène a repris cette accusation dans son Commentaire sur Matthieu en XV-14 : « Il s'est produit une différence considérable entre les copies, soit par le manque d'attention de certains copistes, soit par la présomption abusive de certains autres pour corriger ce qui est écrit, soit encore parce qu'en corrigeant, ils ont ajouté ou retranché à leur guise. » Pendant longtemps j'ai été terrifié par ce texte. En effet, si dans un texte inspiré un seul mot est faux, c'est la totalité du texte qui peut être suspectée. Dans un désert, quand il y a un point d'eau, ce n'est plus un désert. Quand il y eut l'aleph au commencement qui était l'absence de toute forme et de toute entité, il fut suffisant qu'une parole soit prononcée ‘Yehi ôr !’ ‘pour que la Création arrive’ et la lumière fut : ‘Va-yehi ôr !’. La volonté du Souffle, quoique absence de forme, suffit pour créer (verbe hébreu : bara en Genèse I-1). Ainsi j'ai cherché à découvrir l'incohérence d'un mot, d'un seul mot, à travers tout le texte de Saint Marc. Et je n'ai rien trouvé ! Peut-être certains codex diffèrent-ils légèrement du texte retenu ? Mais le nombre important d'analyses qui se sont présentées sur ma feuille confirme l'Inspiration du texte.

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Si j'ai retenu le passage intercalaire entre les deux versets (XVI-14) et (XVI-15), c'était simplement afin que, ô lecteur ! tu ressentes toi-même une gêne, une inquiétude, un malaise. J'ai disposé ce texte suivant les mêmes règles, respectant la même présentation. Mais tu noteras, lecteur, que (sauf ici) je n'en parle jamais. L'honnêteté m'impose encore d'affirmer - Que le lecteur réalise ! (Mc XIII-14) - que le passage rappelé plus haut a été écrit par Origène dans un des commentaires sur l'évangile de Saint Matthieu. Et je ne connais aucune œuvre attribuable à Origène relative à l'évangile selon Saint Marc. Pourtant, à Alexandrie... (voir l'introduction en tête du texte de l'évangile). Lecteur, tu trouveras ci-dessous la liste connue des oeuvres que l'on réfère à Origène. Tu noteras l'absent. Et tu pourras alors méditer sur le passage ci-dessus (Commentaires sur Matthieu XV-14) en retenant que pour l'Ancien Testament, Origène s'était construit l'Hexaples qui, à lui seul, déjà, justifie sa remarque. LISTE DES OEUVRES D' ORIGENE 1.- Sur l'Ancien Testament Genèse Commentaires Scolies Homélies Exode d° d° Lévitique d° d° Nombres d° d° Deutéronome d° d° (plus :) Sur la Pâque Josué Homélies Juges d° I Samuel d° Isaïe Commentaires Scolies d° Jérémie d° Ezéchiel Commentaires d° Osée d° Petits Prophètes d° Psaumes d° Scolies Homélies Job d°

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Proverbes Commentaires Questions Homélies Cantique Commentaires (deux livres) d° Ecclésiaste Scolies d° Lamentations Commentaires 2.- Sur le Nouveau Testament Saint Matthieu Commentaires Homélies ******* Saint Luc Commentaires Homélies Saint Jean d° Scolies Actes des apôtres Homélies Epître aux Romains Commentaires I° Corinthiens Homélies II° Corinthiens d° Galates Commentaires d° Ephésiens d° Philippiens d° Colossiens d° I° Thessaloniciens d° II° Thessaloniciens d° Homélies Tite d° d° Philémon d° Hébreux d° Homélies 3.- Diverses œuvres Contre Celse Lettres à Alexandre de Jérusalem De la prière Lettres à des amis d'Alexandrie De la Résurrection Lettres à l'empereur Philippe Des natures Lettres à l'impératrice Severa Des principes Lettres à Fabien de Rome Du martyre Dialogue avec Candidus Entretien avec Heraclide

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REMERCIEMENT A ORIGENE En ces jours-là, alors que nous, les élèves de l'école d'exégèse, étions réunis à commenter quelque enseignement, l'un de nous a rédigé le texte suivant : « Lui-même (= Origène) expliquait et interprétait ce qu'il y avait d'obscur et d'énigmatique dans les paroles sacrées, comme c'est souvent le cas. La raison de cette obscurité est multiple : ou bien il plaît à Dieu de converser ainsi avec les hommes afin que le Verbe divin ne pénètre pas nu et sans voile dans une âme indigne, comme le sont la plupart, ou bien tout oracle divin, par nature très clair et très simple, nous apparaît peu clair et même obscur, parce que nous nous sommes éloignés de Dieu et que nous avons désappris de l'entendre à cause du temps et de l'antiquité; je ne puis en décider. En tout cas, il (= Origène) expliquait et éclairait ce qu'il y avait d'énigmatique, car il savait écouter Dieu en toute intelligence. »

(Grégoire le Thaumaturge : Remerciement à Origène XV) Et, pour clore ce chapitre, voici quelques lignes plus loin de ce même livre : « Voici un oracle que l'on trouve dans la sainte Ecriture : ‘Celui qui ferme peut seul ouvrir, et nul autre’ (Cfr en Isaïe XXII-22) : ‘Je mets la clé de la maison de David sur son épaule : s'il ouvre, personne ne fermera et s'il ferme, personne n'ouvrira.’ » Le Verbe divin ouvre ce qui est fermé en éclaircissant les énigmes... C'est pourquoi rien ne nous était secret, rien n'était caché ni inaccessible. Il nous était au contraire possible d'apprendre...'

(même chapitre XV) car :

"Unique... est la clé de la connaissance".

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EXEGESE : ORIGENE… LEVI - 24

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EXEGESE : ORIGENE… LEVI - 25

R E N C O N T R E

A V E C

D ' A U T R E S

_______________ En ces jours-là

_______________ EN CES JOURS - LA En ces jours-là, un des leurs se-leva et dit : ‘Origène explique et éclaire ce qu'il y a d'énigmatique car il sait écouter Dieu en toute intelligence.’

(Grégoire le Thaumaturge) « Mais comment se fait-il que le juif le plus célèbre de tous les temps de l'histoire des hommes, le juif le plus juif de tous, celui qui conduisit l'Occident vers Dieu-Unique, n'ait laissé que des traces éparses, obscures et souvent négatives dans les annales religieuses des juifs ? Sur 15.000 pages d'écrits talmudiques, il en est à peu près seulement 15 où l'on parle de lui; or vous, les chrétiens, vous avez amassé une bibliothèque considérable construite autour de quatre livres que vous avez baptisés avec le mot grec d'évangile.

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EXEGESE : ORIGENE… LEVI - 26

Jésus est un juif respectueux de cette LOI écrite dans le livre de Moïse et dite par la Parole, et il proclame un message du Dieu-Unique. Jésus est très orthodoxe dans la doctrine du judaïsme et ceci est pour moi tellement évident que je pense que toute déviation de vos évangiles n'est qu'une addition postérieure de l'église des gentils. Paul, lui seul, a fait sortir votre église du judaïsme en transformant, dans ses écrits, Jésus en un être mystique. Or vous, par la multiplicité de vos livres, vous dites Jésus en un seul personnage mais vous racontez trois vies différentes et, ensuite, assumant votre incohérence, vous revenez au grec pour clamer : synoptiques ! Nous, juifs, ne croyons pas en votre fils de Dieu. L'un des nôtres, Rabbi Kimcki(2), refuse votre doctrine des deux natures comme contraire à la Bible : - si, comme vous dites, Dieu s'est fait chair, Jésus possédait-il alors l'âme de Dieu ? Si tel est le cas, pourquoi s'est-il écrié que Dieu l'avait abandonné ? - si, en revanche, il possédait une âme humaine, et n'affirmez-vous pas que la divinité l'habitait après sa mort ?, alors la situation de Jésus était au fond celle qui est commune à tous les enfants des hommes. Jamais Jésus ne s'est proclamé le Messie et Matthieu, un de vos évangélistes, a très bien raconté comment cet homme, Jésus, finit par agir comme s'il avait pensé se finir en Messie. Matthieu est un vrai juif, de culture rabbinique, connaissant nos midrashim et ayant étudié les écrits des Prophètes. Il a osé décrire une vie de cet homme : Jésus, en commençant par sa naissance. L'enfant était de famille juive et, comme chacun de nous, il était descendant d'aïeux qui firent l'histoire de notre terre = Erets-Israel. Ses parents lui enseignèrent la Tora si bien qu'il devint un peu comme un scribe des pharisiens, aimant sa terre natale, elle qui fut pour lui dualité par l'habitation en Galilée mais par la naissance en Judée. Jésus priait, au sabbat, dans les synagogues et il lisait très couramment l'hébreu. Tenant les rouleaux, il sut choisir du premier coup d'œil la lexie la mieux adaptée, le jour où il parla devant tous, pendant la leçon d'un sabbat, dans la maison de l'enseignement. Et il ne parlait pas comme les autres, mais il enseignait avec autorité notre religion qui est l'histoire des relations entre Dieu et Son peuple. Pourtant, jamais il ne parlait de l'Egypte, ni de la maison de servitude, palais de pharaon, ni même des romains nos occupants d'alors. Jésus ne s'est pas intéressé à la politique, aux guerres, aux déportations, aux folies des empereurs, aux lâchetés de certains de notre peuple. Nous le lui avons même dit.

‘Nous savons que tu ne te soucies(3) au sujet de personne.’ (XII-14)

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EXEGESE : ORIGENE… LEVI - 27

Jésus restait dans son rêve et les mots de guerre, de séisme, de famine viennent toujours, pour lui, dans un temps du futur (XIII-7 et 8), comme s'il ne voulait voir, du passé, que la douceur de la vie pleine de poésie des bergers avec leurs troupeaux. Quand une foule-nombreuse accourt auprès de lui, il voit seulement un troupeau de moutons ‘qui n'ont pas de pasteur’ (VI-34). C'était un homme non-violent... » Un scribe lui coupa la parole : ‘Non-violent ? Pourtant il commença à chasser "les vendeurs et les acheteurs dans le Temple" (XI-15) et le verbe chasser arrive très souvent par l'expression chasser les démons.’ Mais lui, il répondait : ‘Je sais ! Et les tables renversées, et la façon dont il intervenait contre ceux qui blasphémaient le Temple en transitant avec leurs matériels par la place des Gentils, et le figuier qu'il dessécha : tout cela est dans la même région du texte et le figuier n'est là que pour dire : légendes ! Car : a-t-on jamais vu un figuier obéir à une voix d'homme et s'obliger à être ‘desséché depuis les racines’ (XI-20) ? D'ailleurs, jamais une montagne n'osa se jeter ‘dans la mer’ (XI-23) ; le récit avoue ainsi son propre dépassement dans un monde de légendes, ce que les vôtres appellent aussi : récits imagés ou midrashim ou encore commentaires. Ce Jésus fut simplement un homme, un vrai juif, un juste même, car une constante attirance vers le spirituel fut le fait de sa vie. Il n'eut aucune vie de famille. Déjà, petit garçon, il avait quitté père et mère, profitant d'un voyage à Jérusalem, pour flâner dans les ruelles d'alentour. On le ramena dans le Temple, car c'est l'endroit où tout juif sait rencontrer tout juif. Cela a frappé un médecin païen qui écrivit son livre, après bien d'autres auteurs. Mais les auteurs juifs ne disent rien des siens, de "sa mère et ses frères" sinon pour situer leur éloignement (III-33 et 34). Jésus a vécu comme un homme sans maison, sans parenté, sans patrie (VI-4) et quand l'un des siens lui offre un abri (IX-5), il fait dire que Pierre ne savait pas ce qu'il répondait ! Jésus était un homme et il n'était pas Dieu. Jésus était un juif et non pas un chrétien. Les juifs l'ont refusé car il n'était pas de leur temps.

Et vous, les chrétiens, pourquoi ne le suivez-vous pas ?

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EXEGESE : ORIGENE… LEVI - 28

Vos guerres, vos famines, vos séismes politiques ? Vous ne pensez qu'à vendre, acheter, consommer ? (Voir X-21).’ « Maintenant que dix-neuf siècles ont passé et que le petit groupe des disciples s'est multiplié, qu'ils sont maintenant des centaines de millions et dominent tout l'Occident, où est la demeure de la paix sur la terre ? ... (Il y a partout et toujours) un ciel qui déverse la mort dans les flammes et les bombes, une vieille ville chrétienne en ruines, des chrétiens tuent leurs frères chrétiens. »

(Silver(4)-) Cet homme, Jésus, vient en un temps bien défini puis en un lieu précis : Beth-Lehem, la ville de David (Lc II-4), "l'an quinze du principat de Tibère-empereur" (Lc III-1). Matthieu, un juif comme nous, a raconté la vie de ce juif très pharisien, formé à la doctrine des esséniens, empli de foi, conscient des détresses et des inégalités. Matthieu conclut son livre en offrant à Jésus le 'hic et nunc' de tous les temps : anonymat 'parmi nous et aujourd'hui'. Tout cela par un homme, un juif, un juste en Israël très respectueux de l'esprit de la Tora plutôt que de sa lettre. Au cours des millénaires, les alphabets changent, mais la Loi demeure quand elle est écrite dans la douceur du cœur des hommes.' Alors un des nôtres questionna : ‘Connais-tu les écrits du Nouveau Testament ?’ Et lui, il déclara : ‘L'évangile, cet écrit originairement juif, redevient un livre, et non des moindres, de la littérature juive. Mais il le devient non pas ou pas seulement, parce qu'on y trouve des phrases que nous rencontrons, identiques ou semblables, dans les traditions juives de ce temps. Il ne le devient pas non plus, et encore beaucoup moins, parce qu'à travers la traduction grecque transparaissent sans cesse des mots et des phrases trahissant l'hébreu ou l'araméen...’

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Je lui dis : ‘Oui ! Mais la dualité des langues est constitutive de l'Ancien Testament. Il y a deux langues pour exposer UN texte : l'hébreu ET le grec, mais il n'EST qu' UNE-UNIQUE culture, identiquement sémitique en l'un et l'autre textes. Si l'évangile peut sembler à certains comme une traduction en un mauvais grec d'une source sémitique, c'est que ces gens n'ont pas lu comme un juif, même de Jérusalem, écrivant le nouveau livre de l'Alliance dans la langue d'Alexandrie. Si l'on veut être lu, il faut écrire dans la langue du lecteur. Au temps de Jésus, Dieu parlait(5) toujours l'hébreu, mais en dehors du Temple, quelle(s) langue(s) parlait-on ? Et demain, quelle(s) langue(s) parle-t-on de Tyr jusqu'à Alexandrie, en passant par Chypre et par Athènes ?' 'Sauriez-vous écrire en un grec littéraire si vous deviez respecter toutes les lois du texte, à un, deux, trois... jusque sept ! avec parallélisme et circularité, non pas dans le seul intérieur de la séquence, mais pour les mots à travers tout le texte ?’ Or lui, il poursuivait : « Mais, (en cet évangile) il s'agit d'un livre juif uniquement parce que l'air pur, qui l'emplit et qu'il respire, lui vient de l'Ecriture Sainte, parce que c'est l'esprit juif, et lui seul, qui agit en lui, parce que c'est la foi juive, le savoir juif et l'attente juive, et eux seuls, qui vibrent en lui - un livre juif, donc, parmi les livres juifs. Le judaïsme ne doit pas passer à côté de lui, le méconnaître ou vouloir y renoncer. Là aussi le judaïsme doit comprendre et reconnaître ce qui est sien. »

(L. Baeck(6) ) J'aurais aimé arrêter là mon écrit, mais Pinchas Lapide(7) a eu la délicatesse de terminer le sien par la phrase suivante extraite d'un écrit commun à un rabbin et à un théologien catholique :

« Jésus n'a-t-il pas dit lui-même : 'Le salut vient des juifs'. ? »

(Jean IV-22)." Et moi :

Il est vrai que Saint Marc et les Douze étaient tous des juifs !

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EXEGESE : ORIGENE… LEVI - 31

R E N C O N T R E

A V E C

L E V I

_______________ PREMIERE PARTIE Allégorie de l'Alliance Page : 33 Israël Un bureau-de-publicain Entrée des publicains Retour au bureau-de-publicain Un repas Arrivée des pécheurs Publicains et pécheurs Les pécheurs seuls L' "affaire Matthieu" Scribes et publicains Contre Jérusalem Une définition élargie Les lois du texte Pensée de scribe La Cène Les scribes des pharisiens

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DEUXIEME PARTIE Le (fils) d'Alphée Page : 53 TROISIEME PARTIE Mon rabbin Page : 57 Un certain Jacques Commentaires juifs Le nouveau Temple

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EXEGESE : ORIGENE… LEVI - 33

P R E M I E R E P A R T I E

_______________ ALLEGORIE DE L' ALLIANCE Certains manuscrits de l'évangile selon Saint Marc mentionnent non pas LEVI mais Jacques. J'ai cherché à en savoir plus d'abord sur ce Lévi. J'ai lu, au livre de la Genèse, au sujet des enfants que Jacob eut avec Léa : 'Elle (= Lea) conçut encore, enfanta un fils et dit : cette fois, mon mari me sera lié car je lui ai enfanté trois fils. Aussi appellera-t-ON son nom Lévi.' (Genèse XXIX-34). Ainsi, le nom de Lévi signifie, étymologiquement : accompagnement, alliance. Le troisième fils est donc, parce qu'il est de rang trois, un aboutissement pour Léa : son nom signifie qu'il est le lien devant lier Jacob à Léa. En plus, il y a lieu de remarquer la précision dite par le texte : ON appela l'enfant Lévi; le nom ne lui a pas été donné par sa mère, ainsi qu'elle avait fait pour ses deux premiers garçons. Le nom est donné par ON, c. à d. par le clan tout entier et tous sont liés (= unis) par ce nom qu'ils donnent au troisième enfant. Ainsi ils se reconnaissent liés à Dieu par SA bénédiction qui a rendu féconde l'union de Léa à Jacob. Ne dois-je pas voir dans le nom de Lévi une évocation de l'alliance venant à la suite de l'appel des Quatre qui étaient "le long de la mer" (I-16 et II-13) ? Je sais combien ces Quatre représentent l'humanité (= la plénitude des hommes). "Le long de la mer" rappelle les eaux (en hébreu : ma-ïm) qui sont incluses dans 'les cieux = hébreu : ha-Sha-ma-ïm', ce dernier mot étant le cinquième mot de la Bible en Genèse (I-1). Les quatre premiers disciples choisis symbolisent l'humanité entière, car ils sont quatre : deux couples de frères donc, en culture sémitique, ils sont comme 'un superlatif de pluriel' d'hommes, ce qui en hébreu se dirait : un couple de couples = un pluriel de pluriel d'hommes. L'homme que Jésus choisit, (toujours le long de la mer) afin de compléter le groupe des quatre, porte le nom de 'alliance = Lévi'. Or, les lévites sont prêtres au Temple de Jérusalem. Puis-je alors penser que ce Lévi arrive dans le texte en annonce prophétique d'un futur chef de la nouvelle église du Christ (= église de la Nouvelle Alliance), plus tard à Jérusalem ?

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ISRAEL Tout ce qui est dit au paragraphe ci-dessus... (voir le chapitre sur Eusèbe de Césarée, et penser au rôle de Jacques dans la nouvelle église de Jérusalem ...). Cependant, il y a un peu plus dans le choix délibéré du nom de Lévi. J'ai dit, ailleurs, comment je lisais dans les noms des quatre premiers appelés : Simon et André, Jacques et Jean, des constitutifs spécifiques de l'homme. A eux quatre, ils sont l'humanité par l'Entendre, la Mémoire, le Témoignage, le Rendre-grâce. Dans le nom de Lévi, je lis que son père fut Jacob, c. à d. Israël. Jésus, dès le début de sa vie publique, alla aussitôt "à Capharnaüm... le jour-du-sabbat... dans la synagogue : il enseignait". Jésus agit en juif, puisqu'il enseigne en pleine synagogue, d'autant qu'on l'écoutait avec attention puisque "l'on était saisi de surprise sur son enseignement" (I-21 et 22). Mais, moi qui sais l'identité entre Jésus et Dieu-Incarné, où pourrais-je lire dans ce texte que le Message-Divin arrive par le moyen du peuple d'Israël ? Le texte n'a rien dit de Simon, d'André ou des deux fils de Zébédée. Nous sommes habitués à les savoir juifs, mais il a simplement été signalé qu'ils étaient pêcheurs de poissons, à la mer de Galilée... et les pêcheurs ne sont pas tous des juifs ! Par l'appel de Lévi, il me faut prendre acte : dès cet appel, je sais que cet homme est un juif, et ceci n'avait pas été précisé, même implicitement, pour les quatre premiers. Lévi est ‘assis au bureau-de-publicain. Et il lui dit : 'Suis-moi.' Et, se-levant, il le suivit.’ (II-14). Jésus, un juif assidu à la synagogue, va dire son Message à cinq hommes. Par le chiffre cinq, l'identité arrive. Le cinquième homme est un vrai fils d'Israël (= de Jacob !). UN BUREAU - DE - PUBLICAIN As-tu, ô lecteur, vécu intimement le texte ? "Le long de la mer de Galilée" (I-16) il y avait des gens qui travaillaient : les uns jetaient° (des filets) et d'autres, dans une barque au bord du rivage, arrangeaient leurs filets. Environ une dizaine d'hommes peinaient pour attraper du poisson et ils doivent avoir du mal car, lorsque Jacques et Jean vont s'éloigner, Zébédée et ses salariés restent dans la barque à arranger les filets.

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"Le long de la mer" (II-13), Jésus enseigne la foule. Il y a là, déjà, bien plus que la dizaine de pêcheurs. Et Jésus "chemine" ici encore (II-14) comme tout à l'heure (I-16). Alors que nous sommes à un début du texte, celui-ci tient à t'alerter, lecteur, afin que tu prennes le réflexe d'actionner ta mémoire des choses déjà lues quelques versets auparavant. Il y a donc : "de nouveau" (II-13) dont c'est le deuxième emploi après : "étant entré de nouveau à Capharnaüm" (II-1), créant ainsi une singularité de lieux : I-16 en cheminant le long de la mer I-21 ils pénétrèrent à Capharnaüm II-1 étant entré de nouveau à Capharnaüm II-13 de nouveau le long de la mer en cheminant. Tu vois, lecteur, combien le récit est précis et comme il prend soin de toi, en t'obligeant à la mémoire du texte. Puisque tu as encore à l'esprit le souvenir de ce groupe de pêcheurs actifs à leur travail, voici que tu vas voir un homme, immobile, assis au-bureau-de-publicain... et il s'appelle Lévi. Souviens-toi, ami lecteur : lorsque nous étions en Egypte, chez pharaon, les enfants de Lévi ne travaillaient pas. Jacob leur avait interdit de porter l'arche du Témoignage et les égyptiens, croyant que ces gens étaient sacralisés, acceptaient qu'ils ne travaillent pas comme les autres. Voir aussi : Nombres (VIII-26) et I Chroniques (XXIII-26). Le texte se souvient de l'histoire d'Israël et Lévi n'est pas un travailleur de force : il est assis à son bureau et il perçoit les taxes, encaissant de l'argent de tous ceux qui portent des fardeaux. Bientôt viendra un temps où tu verras Jésus à Jérusalem : ‘il ne laissait personne transporter d'affaire par le Temple’ (XI-16) ; il n'y aura donc plus de bureau-de-publicain et c'est pourquoi ‘il renverse les tables des changeurs...’ (XI-15). ENTREE DES PUBLICAINS 1.- Il y a quelques instants à peine, nous étions dans un bureau-de-publicain, en grec : 'telônion'. Le mot n'existe, dans toute la Bible, que ici et en Mt (IX-9) et Lc (V-27).

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Comme nous savons que ces deux derniers textes (Mt + Lc) furent établis à partir du texte de Saint Marc, nous pouvons conclure que le mot 'telônion' n'apparaît qu'une-unique fois dans l'ensemble de la Bible grâce à Mc (II-14). 2.- Ceux qui travaillent au bureau-de-publicain sont les 'publicains : g : telônes'. Dans l'ensemble de la Bible, ce mot n'est écrit que : a) dans des textes dont l'origine est par Saint Marc ((c. à d. les textes de Saint Marc et les textes de Mt et de Lc pour autant qu'ils soient dérivés de textes correspondants de Mc)) : Mc II-15 = Mt IX-10 = Lc V-29 un emploi un emploi un emploi Mc II-16 = Mt IX-11 = Lc V-30 deux emplois un emploi un emploi b) en outre : dans Saint Luc : III-12 des publicains viennent auprès de Jean-Baptiste afin de se faire baptiser V-27 (la séquence actuellement analysée) Lévi est présenté comme "publicain assis au bureau-de-publicain" VII-29 (même les publicains se sont faits baptiser par Jean-Baptiste (rappel du verset III-12) VII-34 (et vous dites que Jésus est un ami des publicains :) (rappel du verset V-30) XV-1 (les publicains avec les pécheurs s'approchent de Jésus et l'écoutent (rappel du verset V-29) XVIII-10.. un publicain et un pharisien s'en vont prier au Temple (séquence existant uniquement en Lc). c) et, enfin, dans Saint Matthieu : V-46 (réflexion propre à Mt) X-3 Jésus choisit les Douze : ... Matthieu le publicain XI-19 (identique à Lc VII-34) XVIII-17 (réflexion propre à Mt sur le païen et le publicain) XXI-31.. Un homme a deux enfants... (réflexion - 2 fois - sur "les publicains et les prostituées". (séquence existant uniquement en Mt).

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En résumé : Outre les emplois en Mc (II-15 et 16) et ceux similaires en Mt et en Lc, il y a huit emplois en Lc et six emplois en Mt. Il n'y a aucun autre emploi dans le N.T. (et il n'y a aucun emploi dans tout l'A.T.). De tout ceci, en négligeant les parties du texte qui ne sont que des commentaires ou dont l'anonymat (Lc XVIII) n'apporte rien de précis, il faut retenir comme important pour l'analyse : a) Lc V-27 Lévi-le-publicain à comparer avec Mc II-14 Lévi b) Mt X-3 Matthieu-le-publicain à comparer avec Mc III-17 à 19 les Douze c) Mt IX-9 à 13 Matthieu à comparer avec Mc II-13 à 17 Lévi En conclusions : a) l'appel du publicain Mc = Lc = Lévi Mt = Matthieu b) le choix des Douze Mc + Lc = Matthieu Mt = Matthieu-le-publicain. 3.- Avec la même racine grecque, on trouve aussi un-unique mot : 'g : telôneistai' dans la citation suivante : 'Simon choisit des hommes et les envoya auprès du roi Démétrios pour que celui-ci fît une remise d'impôts... Le roi Démétrios lui envoya une réponse... et lui écrivit : ... 'Tout ce que nous avons établi en votre faveur reste établi... Nous vous faisons aussi remise pour les oublis et les manquements commis jusqu'à aujourd'hui... et si quelle qu'autre imposition était perçue à Jérusalem (eis ti allo etelôneito en Ierusalaim) qu'elle ne soit plus perçue (me-keti telôneistô)'.'

(I Maccabées XIII-34 et 38)

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RETOUR AU BUREAU - DE - PUBLICAIN Je reviens vers Lévi, assis au bureau-de-publicain. Il a devant lui un registre qu'il remplit et il fait son travail. Jésus passe à proximité "et il lui dit : 'Suis- moi !'." (II-14). Lévi, un prêtre juif, entend l'appel et prend conscience de son actuelle immobilité dans un bureau, face à un registre grand ouvert devant lui. Il tient à la main la plume pour écrire et il entend en lui la phrase de l'A.T. : 'Si certains d'entre vous sont aptes à être inscrits pour servir dans votre entourage, qu'ils soient inscrits. Et que la paix soit entre nous.'

(I Maccabées XIII-39) Lévi se rappelle : c'est la dernière phrase de la lettre du roi Démétrios adressée à Simon. Lévi regarda longuement le registre, puis il posa la plume "et, se-levant, il le suivit".(II-14). Lorsque Lévi apprit ensuite que le premier de tous les disciples de Jésus avait pour nom SIMON ... à ce moment-là seulement il comprit en son cœur (= l'intelligence) la raison qui lui avait 'soufflé' de se lever. Lui qui établissait les comptes de chacun et calculait le montant des divers avis d'imposition, lui Lévi, considéra la faible valeur de ces actions passées (= le passé du verbe 'être') face à tout ce qui pourrait constituer l'avenir (= le futur du verbe 'faire') et il ré-entendit en lui la seule parole de l' A.T. où interviennent les taxes : 'Nous vous faisons remise pour les oublis et manquements commis jusqu'à aujourd'hui'. Alors Lévi décida d'inviter chez lui ce Jésus car, lui Lévi, il voulait comprendre. UN REPAS Lévi "le suivit. Et il lui arriva d'être-couché dans sa maison." (II-14 et 15). Que le lecteur entende et apprécie le texte. Lévi était assis, il y a quelques instants, à son bureau. Il se-lève et suit Jésus. Le voici couché, dans sa maison. Lévi a table ouverte et nous faisons connaissance avec les invités : "de nombreux publicains et pécheurs étaient-à-table-avec Jésus et ses disciples".

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Il y a deux groupes de personnes : celles du passé récent de Lévi, ceux que professionnellement il devait fréquenter. Ce ne sont pas des pêcheurs de poissons; ce sont des 'taxateurs et des pécheurs', gens du fisc et de la magouille, car aux yeux des juifs d'Israël, ils sont de l'administration, collaborant avec l'occupant romain. Il y a, avec eux, Jésus et ses disciples, ceux du présent récent. Le lecteur remarquera que, dans le texte de Saint Marc, il n'est pas dit que Lévi ait invité tous ces gens chez lui. La musique des mots grecs fait entendre :

en te oikia autou...polloi... tois mathetois autou... polloi... ce qui semble égaliser les deux pronoms autou. Comme tois mathetois autou signifie : les disciples de Lui (= Jésus), on pourrait être tenté de lire : en te oikia autou = la maison de Lui (= Jésus). Le lexique nous informe que 'oikia' désigne un simple immeuble d'habitation ne caractérisant pas la Présence de Dieu. Examinant les détails du texte, on voit que : d'abord : il lui arrive "d'être-couché dans la maison de lui" = à cet instant, Lévi est chez lui, et il est à table. puis : "de nombreux publicains et pécheurs" = entrée de ces gens qui viennent se mettre "à-table-avec...". enfin : " ...-avec Jésus et ses disciples" = qui étaient entrés également chez Lévi. Tu sais, lecteur, combien je respecte le texte de Saint Luc pour son exactitude et la solidité (Lc I-4) de ce qu'il écrit. Or il y a, en Lc (V-29) : Lévi fit un grand festin 'dans la maison = en te oikia autou = dans la maison de lui', Lévi. C'est une des reprises, par Lc, du texte de Mc. Alors tu remarqueras que le mot 'publicains' est toujours au pluriel dans le texte de Saint Marc et si, par trois fois en tout, on le rencontre, c'est toujours accompagné des pécheurs (également un mot au pluriel). ARRIVEE DES PECHEURS Le mot 'g : amartoloi = pécheurs' se trouve de nombreuses fois en N.T. (Mt = 5 + Lc = 10 + divers autres) et en Saint Marc : II-15 polloi telônai kai amartôlos nombreux publicains et pécheurs

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II-16 meta tôn amartôlôn kai telônôn avec les pécheurs et publicains et meta tôn telônôn kai amartôlôn avec les publicains et pécheurs II-17 alla amartôlous mais des pécheurs VIII-38 dans cette génération adultère et pécheresse -------- XIV-41 Le Fils de l'Homme est livré aux mains tôn amartôlôn des pécheurs. J'ai voulu voir dans l' A.T., et j'ai trouvé 'amartôlos'. Je n'ai retenu que les emplois dans la Tora. Il y en a quatre : Genèse XIII-13 Or les gens de Sodome étaient des pécheurs très méchants devant YHVH. Nombres XVI-37 En ces jours-là Corée, ainsi que deux cent cinquante autres hommes des enfants d'Israël, princes de la synagogue, s'élevèrent contre Moïse (Nombres XVI-2)... Moïse dit à Corée : 'Demain matin, le Seigneur fera connaître ceux qui Lui appartiennent et il attachera à Lui les saints' (Nombres XVI-5). Moïse sépara les siens de tous ceux-là : 'Retirez-vous des tentes de ces hommes impies et ne touchez pas ce qui leur appartient de peur que vous ne soyez enveloppés dans leurs péchés.'(Nombres XVI-26). Puis le Seigneur fit que la terre se fendit sous leurs pieds; elle les dévora dans l'enfer, recouverts par la terre, ils périrent (Nombres XVI-32 et 33). Alors le Seigneur parla à Moïse : (Que les lévites) prennent les encensoirs et qu'ils dispersent le feu parce qu'ils ont été sanctifiés par la mort des pécheurs' (Nombres XVI-37 et 38).

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Nombres XXXII-14 La colère de YHVH s'enflamma donc contre Israël et il les fit errer dans le désert pendant quarante ans jusqu'à l'extinction de la génération qui avait fait le mal aux yeux de YHVH. Et voici que vous vous insurgez à la suite de vos pères, engeance d'hommes pécheurs... Deutéronome XXIX-19 et 20 ... afin que le pécheur ne perde pas celui qui n'a pas de péché. Que YHVH ne lui pardonne pas... et YHVH effacera son nom de dessous les cieux. Et YHVH le séparera, pour son malheur, de tous les rameaux d'Israël, suivant toutes les imprécations du contrat (de l'Alliance) écrit dans ce livre de la Tora. (Et les versets 22 et 23 évoquent) les plaies de cette terre et les infirmités dont le Seigneur aura affligé (cette génération) en la brûlant par le soufre et par l'ardeur du sel... à l'exemple de la ruine de Sodome. (= ce qui renvoie au verset ci-dessus présenté dans Genèse XIII !) PUBLICAINS ET PECHEURS Dans le texte de Saint Marc, il y a trois emplois permettant à tous ces gens d'être ensemble. 1.- Dans la maison de Lévi, il y a deux groupes de personnes autour de Lévi : publicains Lévi Jésus et et pécheurs (= un publicain) ses disciples 2.- Puis : les scribes des pharisiens voient il mange avec pécheurs et publicains Le groupe était à gauche, en tant que 'sujet' : ils étaient venus chez Lévi. Le groupe passe à droite et s'inverse : le sujet est 'il' car : "il mange". Qui est désigné par "il" ? Est-ce Jésus, ou Lévi ? Peu m'importe, puisque depuis (II-14) "il le suivit" = Lévi suivit Jésus. Je sais que Lévi s'est fondu en Jésus. Il n'y a plus Lévi et (Jésus + ses disciples). Il y a "il mange" avec pour 'il' : le sens de la globalité = ils mangent. Je vois dans ce 'il(s)' : Jésus et ses disciples (dont Lévi).

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3.- il(s) mange(nt) avec publicains et pécheurs L'ordre revient à celui du début et je lis que le groupe redevient 'sujet', c. à d. maître de son agir. Ils savent ce qu'ils font en mangeant avec Jésus et les siens et ils décident d'assumer toutes les conséquences de leur acte. Or ceci est contenu dans une question posée par les scribes des pharisiens. Ceci signifie : ces scribes voient et prennent conscience que le groupe des "nombreux publicains et pécheurs" a décidé de partager le repas de Jésus avec ses disciples et connaît la puissance de ce geste. LES PECHEURS SEULS 1.- Le récit touche à sa fin avec le verset (II-17) : "Et, ayant entendu, Jésus leur dit : '... Je ne suis pas venu pour appeler des justes, mais des pécheurs'." Il ne reste plus que des pécheurs seuls, les publicains ont disparu : - les pécheurs : Ils font le mal envers Dieu. Les juifs rejettent les pécheurs, car ceux-ci sont ennemis de Dieu : les pécheurs sont condamnés à cause de leur AGIR. - les publicains : Ils perçoivent des taxes au profit des romains. Les juifs rejettent les publicains; car ceux-ci sont alliés aux ennemis d'Israël. Les publicains sont condamnés à cause de leur ETRE. - les publicains : Ils peuvent être : des juifs ou des non-juifs honnêtes ou mal-honnêtes. - les publicains : Ils sont jugés sur le seul critère de leur Etat et ils sont honnis des juifs... 2.- La réponse de Jésus ne prend en compte que les seuls pécheurs, c. à d. ce qui ressort de l'AGIR de l'homme.

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3.- J'éprouve cependant la nécessité d'aller un peu plus loin dans ma lecture du texte car je sais que Dieu 'se-souvient'. J'ai évoqué déjà la 'mémoire de Dieu'. Pour m'expliquer l'absence des publicains en cette fin de séquence, alors que, constamment, ils sont aux côtés des pécheurs dans le récit, les encadrant de leur présence continuelle : à leur gauche, à leur droite, pour moi qui regarde le texte, voici que j'entends la phrase du livre des Maccabées telle le roi Démétrios l'établit : ‘Nous vous faisons aussi remise pour les oublis et les manquements commis jusqu'à aujourd'hui !’. Si les publicains ont fait des erreurs dans l'établissement des relevés d'imposition, que tout soit effacé. Dieu se souvient et il ne vient pas pour vérifier les états du passé. Le Messie est venu appeler (= interpeller) des pécheurs. Compagnon exégète, as-tu bien entendu ? ... DES pécheurs, et il n'y a pas les pécheurs. Souviens-toi et retourne au commencement du texte, auprès de Jean, celui-qui-baptise. Il proclamait ‘un baptême de conversion pour un pardon DE péchés’... et ce n'est pas des péchés (I-4). I-4 eis aphesin amartiôn II-17 alla amartôlous. L' AFFAIRE MATTHIEU L'analyse de cette séquence aboutit ainsi à la prise en compte d'un statut relevant du seul ordre social : l'état de publicain. Celui-ci est un homme pouvant être, ou non, d'origine juive, assis à un bureau-de-publicain. Les scribes des pharisiens situent les publicains avec les pécheurs et disent leur mépris pour ces gens qu'ils mettent au ban de la société :

il est très mal-séant d'être-à-table-avec eux. Saint Marc dit comment Lévi (= un nom vraiment juif !), publicain notoire, répond à l'appel et suit Jésus; puis il y a le repas où sont mêlés pécheurs, disciples, Jésus, publicains ... chez Lévi (= 'dans sa maison = g : en te oikia').

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J'ai regardé les textes de Mt (IX-9 à 13) et de Lc (V-27 à 32) Et voici ce que j'ai vu : 1.- Lors du choix des Douze (Mc III-13 à 17), il n'est pas fait mention de Lévi et le mot publicain n'est pas mentionné. Cependant, il y a "Jacques, le (fils) d'Alphée" (III-18) de même qu'il y eut "Lévi, le (fils) d'Alphée" (II-14). Ce Jacques avait-il le statut de prêtre, c. à d. de lévite ? La réponse se trouve chez Eusèbe de Césarée. Pourquoi Saint Marc ne fait-il pas évocation d'un statut de publicain ? Parce qu'il ne fait pas mention non plus de la profession de poissonnier (ou de pêcheur) et parce que le fait d'être publicain (= donc : ami des romains) n'intervient pas dans les motifs du choix de ces hommes. 2.- Saint Luc raconte la séquence de l'appel de Lévi en faisant de nombreux emprunts dans le texte de Saint Marc. Il précise nettement que Jésus remarqua ‘un publicain nommé Lévi assis au bureau-de-publicain’ (V-27). Puis il ajoute que Lévi donna un grand repas, chez lui, en l'honneur de Jésus (V-29). Le texte de Saint Luc dépasse le texte de Saint Marc par la concision et l'information : quelqu'un, parmi les présents, a donné ces précisions à Saint Luc, mais tout est bien conforme à ce que dit le texte de Saint Marc. Pour le choix des Douze, en ce qui concerne l'affaire 'Lévi c/ Matthieu', Saint Luc suit Saint Marc. L'affaire d'être ou non publicain 'n'intéresse pas' Saint Luc écrit tel que ses lecteurs paraissent être indifférents aux problèmes politiques entre juifs et romains (et ceci confirme l'hypothèse : l'évangile de Saint Luc s'adresse à des non-juifs, dans un pays qui n'est pas la Judée). (Mon lecteur remarquera que il peut être aussi procédé à une lecture différente car, si Saint Luc 'prend grande attention' aux problèmes politiques avec les romains, il doit encore plus faire attention à ne pas laisser transparaître un souci politique dans son écrit, tellement grands seraient les risques encourus...) 3.- Saint Matthieu emprunte une très grande partie de son texte au récit de Saint Marc. Dans l'ensemble (Mt IX-9 à 13), il y a exactement 83 mots grecs, dont 59 se retrouvent aussi en Saint Marc, ce qui représente un coefficient d'emprunt de 71 pour cent (compte n'a pas été tenu de l'incise de dix mots de la première phrase du verset 13 dont le style moral se singularise). La seule variante est alors : IX-9 "appelé Matthieu Mattaion legomenon".

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Au moment du choix des Douze, il y a la mention : X-3 Mattaios o telônes Matthieu le publicain. L'étude de tous ces textes m'a amené à formuler une hypothèse : a) Le texte de Saint Matthieu présente Jésus comme un juif, descendant de David (I-6, puis 16, avec 17, et la continuation de 18, puis la reprise en I-20 avec certificat pour valider Son nom en I-25). Déjà Hérode s'est enquis pour savoir où naîtra le Messie (II-5 à 8), d'où la persécution (II-16 à 18). b) J'ai appris que, par deux fois après la mort de Jésus, des empereurs romains ont lancé une commission rogatoire à l'encontre de tous les descendants de David afin de les saisir puis de les tuer : l'empereur des romains a peur qu'un Messie n'instaure un empire juif en Orient. c) J'ai lu comment Saint Matthieu présente, dans son livre, un homme nommé Jésus, descendant de David (la garantie par la généalogie !), juif parmi les juifs, accomplissant ce qu'écrivirent jadis les prophètes, ainsi qu'il est écrit dans la Bible des juifs. Et le récit de Saint Matthieu a dit ce qu'il advint de Jésus : l'arrestation, les procès, la mort. La preuve qu'il fut bien le Messie : des femmes l'ont revu (XXVIII-9) et les Onze également (XXVIII-16)

(... et il est avec nous jusqu'à l'achèvement tou aiônos...) d) Voici mon hypothèse : la Présence parmi nous ne doit pas être la cause de persécutions continuelles contre les fils d'Israël, car si on veut rechercher tous les descendants de David afin de les tuer, il y aura bientôt un temps où nul juif ne pourra échapper à la mort. Il est urgent de démontrer l'inanité, le vide, la folie de ces persécutions en apportant la preuve que Jésus, un juif fils de David, est venu accomplir ce qui était dans les annonces prophétiques au sujet du Messie. e) Alors : Saint Matthieu établit son texte et donne une information qui n'est pas neutre : un des disciples a MEME collaboré avec les romains. Lorsqu'il choisit les Douze, Jésus n'a pas eu peur (= a eu la délicatesse) de prendre un publicain. La nouvelle église (du Christ) n'est donc pas fondamentalement (= viscérale-ment) opposée à la paix romaine.

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f) Mais, qui traitera-t-on de publicain ? Peut-être que, déjà, avait eu lieu l'assassinat de Jacques (celui qui était prêtre, donc... lévite ?), avant que Saint Matthieu n'ait pu mettre au point son texte ? Et le nom de Matthieu résonne-t-il comme celui d'un juif vivant au pays qui n'est pas la Judée... là-où ils admettaient mal les persécutions de ROME s'acharnant CONTRE JERUSALEM ? g) Je ne puis, avec certitude, juger de l'affaire 'Matthieu' ... J'attends les exposés de l'une ou l'autre des deux parties en cause. Mais je sais que rien ne pourra contredire l'ensemble des constats relatifs au texte de Saint Marc. SCRIBES ET PUBLICAINS 1.- Pour terminer cette exégèse, je désire te soumettre, ami, une ultime hypothèse. Il est, dans le passage analysé du texte de Saint Marc, une expression curieuse et inhabituelle : "les scribes des pharisiens". Tu sais la relation entre les scribes et les livres. Or, que font les publicains sinon d'être "assis au bureau-de-publicain" ? Et que peut-il y avoir, sur un bureau, sinon des papiers, des feuillets, des livres ? Voilà pourquoi je veux te demander : pour tous ces pharisiens, les publicains ne seraient-ils pas comme des adhérents à une nouvelle classe de scribes pour la secte de Jésus ? Car un scribe ou un publicain doit d'abord être un homme ayant fait des études; il doit savoir : déchiffrer, comprendre, lire, analyser, commenter les écritures, et aussi rédiger des rapports. Dans l'histoire de l'Eglise, on parlera d'épîtres. 2.- Revenons aux textes des trois évangiles : Mc II-16 kai oi grammateis tôn pharisaiôn et les scribes des pharisiens Lc V-30 kai oi pharisaioi kai oi grammateis autôn et les pharisiens et les scribes d'eux Mt IX-11 kai oi pharisaioi et les pharisiens.

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Saint Marc écrit délibérément l'expression inattendue : "scribes des pharisiens". Saint Luc n'a pas compris cette structure sociale juive inconnue de lui = "les pharisiens et leurs scribes". Saint Matthieu aimerait mieux ne pas avoir à expliquer à (ses) lecteurs (juifs) s'il s'agit d'un ordre spécial ou d'un groupe non structurel de la hiérarchie propre à Jérusalem. Il supprime les scribes et mêle tout dans l'anonymat des pharisiens. (Le lecteur notera ici, mais sans poursuivre trop loin sa propre analyse, que l'histoire nous a transmis que les pharisiens sont gens de la tradition orale... alors que les scribes sont gens du livre. Il y a donc, apparemment, une certaine non-cohérence entre les deux mots de pharisiens et scribes. Cette 'non-cohérence' sera levée plus tard.) Tout ceci confirme : les scribes des pharisiens ne sont-ils pas les 'intellectuels parmi les pharisiens' ou les 'pharisiens diplômés d'études supérieures' ? Les intellectuels des pharisiens prononcent leur jugement au sujet des intellectuels des disciples de Jésus... CONTRE JERUSALEM Pourquoi le texte de l'évangile de Saint Matthieu écarte-t-il délibérément Lévi (selon Mc) ou encore Levi-le-publicain (selon Lc) ? Ce Lévi ne serait-il pas celui qui est appelé Jacques, (le) d'Alphée ? ... Ce Jacques, frère du Seigneur (Mc VI-3), dont Eusèbe de Césarée relate l'assassinat. Les juifs l'ont précipité depuis le haut du pinacle du Temple et, puisque après sa chute il respirait encore, un foulon (juif) est venu l'achever à coups de son bâton. Il est impossible, pour le texte de Mt, d'évoquer la mémoire de ce Jacques, encore appelé Lévi (selon notre hypothèse). Jacques était grand-prêtre des juifs (Eusèbe) et, s'il est la même personne que Lévi, il aurait exercé la profession de publicain. A priori, rien ne s'oppose à cela, étant donné que tous les grands-prêtres étaient mariés, avaient une famille, ne devaient être présents au Temple qu’à des moments bien précis pour certaines fêtes, donc pouvaient (= devaient) exercer une profession afin de faire vivre les leurs. Une des caractéristiques du métier de taxateur est d'avoir des relations continues pour affaires avec l'administration centrale, c. à d., à l'époque : les romains.

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L'assassinat de Jacques par des juifs, dans le Temple, devait donc être vu, par les gens de Rome, comme un acte terroriste fomenté par la hiérarchie juive à l'encontre d'un membre du personnel de l'administration romaine. J'ai posé l'hypothèse d'une motivation précise assignée à l'écrit de Mt : faire cesser les persécutions de Rome contre les descendants de David. Il serait donc très mal venu, dans ce texte, d'évoquer Jacques (ou Lévi). Parler de lui n'aurait pu qu’exacerber la haine des romains contre le peuple des juifs. Or le texte a besoin d'un publicain(8) (s'il s'en trouve un parmi les Douze), afin de montrer que la nouvelle église de Jésus n'est pas engagée politiquement et surtout qu'elle n'est pas un mouvement politique de libération nationale de la nation d'Israël. Le texte de Mt va donc chercher un autre publicain parmi les Douze et ce sera Matthieu. Je ne sais s'il n'y avait vraiment que deux publicains parmi les Douze. D'ailleurs je suis très poussé à faire dévier le sens du mot publicain par-delà son sens restrictif de taxateur : celui qui établit les cotisations dues au titre des taxes. Personnellement, je penche plutôt pour une définition élargie du mot publicain : celui qui fait des écritures pour l'administration. C'est un homme instruit, qui sait écrire et rédiger un rapport, donc lire et interpréter. Les Actes des apôtres semblent vouloir attirer l'attention du lecteur sur le fait que Pierre et Jean auraient été peu instruits. Cela signifie que, parmi les Dix, il y en a certainement qui diffèrent de ces deux-là, sont donc plus instruits, sinon le texte des Actes aurait dit autrement et se serait cru obligé de nous informer que tous étaient d'un niveau d'études fort limité. Or il ne l'a pas dit ! UNE DEFINITION ELARGIE Du point de vue de l'exégèse, ma remarque ci-dessus est valide. Il faut rappeler qu'un mot grec, pour le texte de Saint Marc, n'a pas rigoureusement le sens que lui donnent nos dictionnaires modernes. Conformément aux règles de l'exégèse juive de l'époque, un mot reçoit tout son sens lors de son premier emploi; il conserve ensuite, dans le texte, le sens ainsi acquis. Ceci est une règle fondamentale de la Tora, vérifiée dans Saint Marc. Revenant à Levi, je note que le mot publicain arrive dans le texte au verset (II-14) : "IL (= Jésus) vit Lévi, le (fils) d'Alphée, assis au bureau-de-publicain (g : katemenon epi to telônion)".

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Puis, il y a aussitôt, par deux fois, toujours avec le pluriel : II-15 de nombreux publicains (g : telônai) et pécheurs étaient-à-table... II-16 il (= Jésus) mange avec les pécheurs et publicains (g : telônon). "Quoi ! Il mange avec les publicains (g : telônon) et pécheurs ?"

Il n'y aura aucun autre emploi. LES LOIS DU TEXTE Le lecteur prêtera attention au respect par les pécheurs et par les publicains des lois du texte : II-15 publicains et pécheurs II-16 pécheurs et publicains II-16 publicains et pécheurs II-17 pécheurs. 1.- J'ai établi le tableau ci-dessus pour provoquer le lecteur : les trois premières lignes présentent un balancement qui est la danse des publicains à l'entour des pécheurs. Il y a trois emplois du couple des deux mots. Quelle en sera la résolution ? Le mot publicain viendra-t-il encadrer par la gauche et par la droite le mot pécheurs ? J'entendrai, plus tard dans le texte, une interrogation de même nature : les publicains ne vont-ils pas dire, en s'adressant au texte : "Donne-nous de nous-asseoir... l'un à droite et l'un à gauche" ? Ainsi parleront Jacques et Jean au verset (X-37) ! L'inattendu du texte vient par l'effacement du mot 'g : telônes = publicains' qui disparaît définitivement du texte; il est remplacé par un mot nouveau :

'g : dicaios = justes' : ouk elton kalesai dicaious alla amartôlous non-pas moi-venu appeler des JUSTES mais des pécheurs.

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Ainsi les publicains (pour les juifs, ce sont de grands pécheurs qui péchent d'un péché social en collaborant avec les romains, ennemis de l'Eternel - Béni soit-IL !) se changent en justes ! Pour qu'il n'y ait aucun doute dans l'esprit du lecteur, le texte n'utilisera plus jamais le mot dicaios au pluriel, car ce mot ne viendra qu'une seule autre fois, mais au singulier, deuxième et dernier emploi, pour s'associer à 'g : agios = saint' : "car Hérode craignait Jean, le sachant homme° juste et saint" (VI-20). 2.- Le mot pécheurs est au centre du tableau ci-dessus et joue un rôle de continuité et de permanence. Il reste dans son pluriel et il vient ainsi quatre fois... de même qu'il est venu quatre fois dans la Tora (voir ci-dessus : L'Arrivée des pécheurs). Le lecteur re-gardera le tableau suivant qui rappelle ces quatre emplois : Genèse XIII SODOME = pécheurs Nombres XVI la mort des pécheurs Nombres XXXII l'extinction (des) pécheurs Deutéronome XIX le pécheur = SODOME. Ainsi, dans la Tora, les pécheurs ont perdu leur pluriel pour aboutir au singulier... car il y a plénitude du sens du mot pécheur lorsqu'on dit le mot (au singulier) : SODOME ! 3.- Le mot pécheurs reste au pluriel dans le texte de Saint Marc et il viendra une ultime fois (= la cinquième) au moment le plus terrible de la Passion : lorsque Jésus prononce ses dernières paroles comme homme libre, dans le domaine de Gethsémani : XIV-41 "Voici ! Le Fils de l'Homme est livré aux mains des pécheurs". Par son cinquième emploi, à Gethsémani, j'apprends que ce sont les pécheurs qui confirment l'identité humaine du Fils (= "le Fils de l'Homme").

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Et je comprends le quatrième emploi, dans la maison de Lévi : Jésus est volontairement venu appeler ceux qui relèvent du mot :

'g : amartôlous = pécheurs'. PENSEE DE SCRIBE Je suis resté longuement chez Lévi. J'étais 'assis' et je 'réfléchissais dans mon cœur'. J'ai imité ainsi le comportement des scribes (voir quelques versets auparavant en II-6), car je voulais saisir ce que pensaient "les scribes des pharisiens" (II-16). Ces gens savent lire les textes et ils ont vu le jeu des publicains dansant autour des pécheurs. Les scribes connaissent l'Ecriture et ils savent la relation entre les 'pécheurs' et les gens de Sodome. Ils vivent aussi les événements présents d'Israël : Jérusalem contre Rome, l'occupation... et le bureau-de-publicain. Eux qui étaient-"assis", il y a quelques instants, "réfléchissant dans leurs cœurs" (II-6), ils ont remarqué que Lévi était également "assis" (II-14). Or "Lévi" est un Nom particulièrement juif, hautement sanctifié par la référence qu'il oblige à la classe des prêtres du Temple. Un prêtre publicain, ce Lévi, et qui plus est "assis", donc sans doute lui aussi 'réfléchissant dans son cœur' ? Lorsque Jésus dit être venu pour appeler... ("des publicains" est absent du texte, il y a :) ... "des justes" ! Les scribes des pharisiens sont étonnés. Mais la fin de la phrase va les heurter violemment : Jésus dit être venu appeler "des pécheurs" c. à d. des gens semblables à ceux de Sodome ! Alors,, pour faire face, les scribes des pharisiens vont essayer d'annihiler cet-te séquence du repas. Il y a eu : "être-couché-(à-table)... étaient-à-table-avec... mange avec... mange-avec...". Il va y avoir aussitôt : "étaient-en-train-de-jeûner... (pourquoi) jeûnent-ils ? ... (les tiens) ne jeûnent pas ! ...". Et Jésus répondra : "jeûner + ne pas jeûner + jeûner", ce qui fera trois em-plois provoquant l'aboutissement; celui-ci- viendra avec les mots vin et outre; il finira avec le rayonnement de la nouveauté : "vin jeune... (et)... outres nouvelles" (II-22). Puis les disciples confirmeront qu'ils ne veulent pas jeûner quand ils sont avec lui car ils commencent "à faire un chemin en égrenant des épis" (II-23) et ce sera l'occasion d'une parabole avec : avoir-faim... (et)... manger les pains (II-25 et 26).

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EXEGESE : ORIGENE… LEVI - 52

LA CENE Déjà tu entrevois, lecteur, comment le texte te dirige vers la grande chambre-haute, là-où tu vivras le repas tel nous le vivons chaque matin, ici, au monastère. Or, il est un autre sentier pour aller à la Cène. Au verset (X-19), j'ai analysé, dans le présent ouvrage, comment Jésus dit le Décalogue et j'ai cité un passage du livre de Daniel. Revenant à cette citation, j'ai remarqué qu'elle se continue en donnant un sens très riche pour notre lecture : ‘... ils les (= les deux vieillards) firent mourir et le sang innocent(9) fut sauvé ce jour-là’ (Daniel : Suzanne 62). Lecteur, reviens un peu en arrière dans le présent chapitre, à la quatrième et dernière apparition du mot pécheur dans la Tora. (Voir l' Arrivée des pécheurs). Tu as lu dans le Deutéronome (XXIX-19) : ‘... afin que le pécheur ne perde pas celui qui n'a pas de péché.’ Alors tu vois et tu entends : le jugement de Dieu déclare toujours la mort pour les pécheurs. Rappelle-toi SODOME ! (Genèse XIII-13), là-où le mot pécheurs apparaît pour la première fois dans la Tora. Il faut empêcher les pécheurs de perdre ceux qui sont restés purs et la mort des deux vieillards sauva, ce jour-là, le sang de l'innocence. Or Jésus n'est ‘pas venu appeler des justes (= ceux du sang innocent), mais des pécheurs’ (II-17). Et c'est pourquoi, lecteur, tu entendras dans la grande chambre-haute : XIV-24 "Ceci est MON SANG de l'Alliance".

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LES SCRIBES DES PHARISIENS Voici que venant-auprès (de moi) l'un des scribes des pharisiens, ayant lu ce que je viens d'écrire, et sachant que j'avais cité la Tora avec exactitude, m'a dit toute sa critique : la citation du livre de Daniel(10) est extraite d'un chapitre, écrit très vraisemblablement en grec, absent du livre primitif de Daniel lequel était, à l'origine, écrit en partie en hébreu et en partie en araméen. L'histoire de Suzanne a été ajoutée pour la Septante, mais les vrais juifs, ceux fidèles à l'hébreu, récusent son authenticité. La chaste Suzanne n'a pas eu le droit d'entrer dans leurs livres canoniques.

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EXEGESE : ORIGENE… LEVI - 53

Mon scribe protestait avec violence. Jamais, dans l'histoire d'Israël, il n'eût été concevable d'utiliser le verbe pseudo-martureo même pour un jugement énoncé au nom de la LOI de Moïse ((= les tables du Sinaï)). Et le scribe m'a dit comment les siens ont réagi lorsque Jésus leur dit n'être venu que pour des sodomites... et non pas pour "des justes". J'ai écrit cette méditation au soir d'un dimanche de juin, au monastère, isolé dans ma solitude. Je voulais donner rendez-vous à mon scribe quelques chapitres de texte plus loin, afin de lui montrer Jésus en Croix, mais le ciel "s'assombrit" (cfr : X-22) et j'entends au-dehors que l'on "crie excessivement" (cfr : XV-14). Un orage est venu; la "ténèbre" est ici sur le monastère entier et le ciel se déchire "du haut jusqu'en bas". Or mon scribe "se-taisait", s'assombrissant à mon écrit. Il s'est éloigné-auprès des autres scribes, afin de LE ((leur)) livrer.

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D E U X I E M E P A R T I E

_______________ LE FILS D' ALPHEE Il faut noter avec précision les deux citations suivantes extraites du texte de Saint Marc : II-14 LEVI le (fils) d' Alphee III-18 JACQUES le (fils) d' Alphee(11) Il faut noter aussi que jamais le texte n'a écrit : ------ JACQUES le (fils) d' Alphee et LEVI(12) son frère.

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EXEGESE : ORIGENE… LEVI - 54

Il faut aussi noter les précisions du texte avec : I-19 Jacques le (fils) de Zébédée et Jean son frère I-29 Jacques (les mêmes que en I-19) et Jean III-17 Jacques le (fils) de Zébédée et Jean le frère de Jacques V-37 Jacques et Jean le frère de Jacques X-35 Jacques et Jean les (fils) de Zébédée X-41 Jacques (les mêmes que en X-35) et Jean ------- XIII-3 Jacques (avec Pierre et André) et Jean XIV-3 Jacques (avec Pierre) et Jean Il faut noter enfin que jamais il n'y a un seul emploi isolé du nom de Jacques, ni de celui de Jean sauf pour le verset (IX-38) : mais Jean dit nous en parlant au pluriel, donc au nom de Boan-Erges. Si, ensuite, on considère l'autre couple de frères, on a les références communes suivantes : I-16 Simon et André le frère de Simon I-29 Simon et André III-18 Simon = Pierre (et Jacques + Jean = Boan-Ergès) et André ------- XIII-3 Pierre (+ Jacques + Jean) et André On notera, pour finir, que jamais il n'y a un seul emploi isolé de André. Evidemment, Pierre eut un rôle différent d'eux tous et les emplois isolés de son nom ne sont pas à prendre en compte. Or, comment expliquer que Lévi et Jacques (le deuxième du nom) soient l'un et l'autre fils d'Alphée... et pas frères ? La seule hypothèse revient à identifier Jacques et Lévi comme étant deux noms pour une seule personne. ((Mais, ici, le lecteur se remémorera que si quelqu'un a simultanément deux noms, dans le texte de Saint Marc, cela informe tout lecteur que ce quelqu'un a simultanément deux sortes de maîtres. Ainsi, Judas-Iskarioth est à la fois disciple de Jésus et disciple des grands-prêtres.)) Le lecteur prêtera attention au disciple qui changea également de nom; il s'appelait Simon (en I-16 - 29 - 30 et 36).

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EXEGESE : ORIGENE… LEVI - 55

Lorsque Jésus 'fait' les Douze, "il imposa un nom à Simon = Pierre" (III-16), ou encore : il destina Simon à un destin particulier dans le groupe des Douze. Jamais plus le nom de Simon ne sera utilisé... même pas en (VIII-33) : Pars derrière moi, Satan ! ... sauf à Gethsémani : "Simon ! Tu dors ?" (XIV-37). Tout ceci m'a suggéré que Lévi était cet homme que nous avons vu "assis au bureau-de-publicain" (II-14). Lorsque Jésus "sortit de nouveau le long de la mer" (II-13), "en cheminant, il vit Lévi" (II-14). "Et il lui dit : 'Suis-moi'." (II-14), ce qui est le deuxième emploi du verbe 'suivre = g : akoloutheo'. Analysons ensemble le comportement de ce verbe, puisqu'il va aboutir immédiatement du fait que Lévi va l'utiliser (pour son troisième emploi) car Lévi "le suivit" (II-14). premier emploi : "Simon et André, le frère de Simon" (I-16) entendent Jésus leur dire : "Venez derrière moi..." (I-17). Aussitôt "ils le suivirent" (I-18). Tu te souviendras, lecteur, que Simon est celui-là qui va s'entendre imposer un nouveau nom au verset (III-16). deuxième appel : "Jacques (fils) de Zébédée et Jean son frère" (I-19) sont appelés, eux aussi. Le texte met en réserve le verbe suivre et utilise une autre formulation : "ils s'éloignèrent derrière lui" (I-20). les deux appels : L'un et l'autre couples de frères ont eu la même réaction : ils se servent du verbe laisser : I-18 Simon et André laissant les filets I-20 Jacques et Jean laissant leur père. deuxième emploi : Jésus s'adresse à "Lévi, le (fils) d'Alphée" (II-14) et lui dit : "Suis-moi !". troisième emploi : "Et il le suivit" (II-14). Je pose la question : QUI est 'il' ? Ceci étant le troisième emploi du verbe 'g : akoloutheo = suivre', je sais qu'une des lois fondamentales de ce texte dit : aboutissement, réalisation, création.

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EXEGESE : ORIGENE… LEVI - 56

Je sais aussi que, par le NOM de Lévi, je peux faire mémoire de Genèse (XXIX-34) : 'Cette fois, mon mari me sera lié (h : yillaveh) car je lui ai enfanté trois fils. Aussi appellera-t-on son nom : LEVI'. Le nom de Lévi renforce la puissance du rang trois et je vois l'aboutissement - la réalisation - la création, par l'abandon du verbe laisser, mais par la continuité du verbe suivre prolongée dans la nouveauté et l'inattendu du verbe se-lever : Lévi change sa vie et, étant immédiatement disponible, "il LE suivit". Il n'a même pas pris le temps de laisser ce que, déjà, il considère comme étant son passé. Par le verbe se-levant (II-14), Lévi néglige de laisser son bureau-de-publicain; le verbe laisser n'est pas venu pour souligner les difficultés professionnelles auxquelles chaque lecteur pense aussitôt : quitter son bureau, abandonner son poste dans l'administration, laisser des livres toujours ouverts avec des comptes inachevés... Le verbe se-lever est vraiment inattendu. Que peut-on lire d'autre en lui ? Le lexique indique comment le verset (II-14) de 'Lévi se-levant' est lié au verset (V-42), là-où la fillette de Jaïre, après avoir éré réveillée, "se-leva, et elle marchait". La jeune-fille représente la Nouvelle Alliance... Or Lévi, qui est prêtre par son nom (il est obligatoirement de la tribu de Lévi) se-lève. Il va donc marcher, lui aussi et son geste l'engage vers la nouvelle alliance : il suit Jésus. Le prêtre de l'ancienne alliance s'appelait Lévi. En "se-levant", il s'engage à marcher dans l'alliance nouvelle et c'est pourquoi nous le retrouverons dans la liste de Douze avec un nom nouveau : "Jacques, le (fils) d'Alphée" (III-18). Lecteur : Vois où nous a menés l'hypothèse nouvelle. Cette exégèse a pris en charge l'ensemble des éléments que nous offre le texte et je te demande de constater la cohérence de l'ensemble. Mais, tu peux refuser et, dans ce cas, il te faut reprendre et expliquer (autrement) chacun des constats présentés. Et SURTOUT il te faut donner le motif pour lequel le texte, au verset (III-18), n'a pas écrit :

(Jacques, le frère de Lévi)

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EXEGESE : ORIGENE… LEVI - 57

T R O I S I E M E P A R T I E

_______________ MON RABBIN Aujourd'hui, mon rabbin est revenu, non pas de façon anonyme, mais avec autre chose que des contes, des récits imagés ou des commentaires nimbés de l'anonymat de leurs auteurs et dont l'origine était, fort souvent, à de nombreux siècles loin de nous. Aujourd'hui, mon rabbin s'appelle Pinchas Lapide, auteur du livre : Fils de Joseph ? (Desclée 1976 – 1979) UN CERTAIN JACQUES Mon rabbin m'a rappelé ce qui, dans le Talmud, est la plus ancienne péricope rabbinique mentionnant Jésus. Il s'agit d'un récit fait par Rabbi Eliezer ben Hyrcanos, dit Eliezer le Grand, à la suite de sa comparution devant un tribunal pour répondre d'une accusation d'hérésie. Eliezer parle avec Rabbi Aqiba et celui-ci dit à Eliezer : 'Maître... peut-être as-tu entendu parler de quelque chose d'hérétique et y as-tu pris plaisir ? Est-ce à cause de cela que tu aurais été arrêté ?' Eliezer répondit : 'Aqiba ! Tu as évoqué en moi un souvenir ! Un jour, je traversais le marché supérieur de Sepphoris et j'y rencontrai l'un des disciples de Jésus le nazarénien, un certain JACQUES du village de Sheshanya. Il m'a dit : 'Il est écrit dans votre Tora : Tu n'apporteras point dans la maison de YHVH-ton-Elohim le salaire d'une prostituée (Deutéronome XXIII-19) (g : en prosoiseis misdôma pornes... eis ton oikon Kuriou tou Theou). Mais : est-ce qu'il est permis d'utiliser cet argent pour construire des lieux d'aisance à l'usage du Grand Prêtre ?' 'Tu as bien parlé, lui dis-je, ne me souvenant plus en ce moment de la Halaka' (= la Règle, qui explicite les commandements de la Tora.)

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EXEGESE : ORIGENE… LEVI - 58

Dès qu'il vit que j'acquiesçais, il ajouta : 'Voilà ce que m'enseigna Jésus de Nazareth : Jésus se référait au prophète Michée (I-7) où il est dit : 'Car elles (= les idoles) ont été amassées avec le salaire de la prostitution et elles redeviendront salaire de la prostitution'.' ('salaire de la prostitution = g : misdômatôn porneias') Jésus ajouta : 'Son origine est l'ordure et sa destination est l'ordure'. Cette interprétation me plut et je (= c'est Eliezer qui parle) fus donc arrêté pour hérésie' (= c. à d. à cause de mes sympathies pour les judéo-chrétiens)... COMMENTAIRES JUIFS Ensuite mon rabbin a tenu à m'exposer les problèmes qui se posent toujours aux juifs. Il m'a dit comment certains des siens ont identifié ce disciple du nom de Jacques avec Jacques, le frère du Seigneur (cfr : Mc VI-3). Et il m'a dit : a) Jésus 'n'a pas peur de réinterpréter une parole de la Tora dans le sens d'un verset des prophètes. Cela est d'ailleurs conforme à l'esprit de son temps'. (= Pour moi, le Messie dit une parole cohérente avec la citation du livre de Moïse; celui-ci étant inspiré, la citation fut reprise, plus tard, par le prophète.) b) 'La parole de Jésus atteste qu'il entretenait des relations avec ‘des publicains et des prostituées’ (Mt XXI-31) qu'il prend en charge et qu'il incite à revenir à la Tora.' (= Pour moi, ceci est en total accord avec ce qui est écrit en Mc (II-15 à 17)... surtout si on se rappelle la relation entre les "pécheurs" et Sodome !) c) 'La parole de Jésus souligne sa manière de parler, proche des réalités de la vie, souvent pleine de verdeur; il s'exprime d'ailleurs en termes énergiques : "inconduites = g : porneia" (Mc VII-21) / "ventre" (Mc VII-19) / et "lieu-d'aisance" (Mc VII-19).'

(= Je note que mon rabbin ne cite que des mots issus du texte de Saint Marc.)

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EXEGESE : ORIGENE… LEVI - 59

d) 'La parole met en évidence ... la vénération que Jésus portait au sanctuaire central du judaïsme, le Temple de Jérusalem. Nous le savons par le récit de la guérison du lépreux auquel Jésus dit : ‘Va ! Montre-toi toi-même au prêtre et apporte au sujet de ta purification ce qu'a prescrit Moïse...’ (Mc I-44).' (= Pour moi, j'ai noté combien Jésus-le-Messie est chez lui dans le Temple et comment Saint Marc parle avec respect du Sanctuaire... auquel j'ai toujours mis un 'S' majuscule.) e) ‘...en Israël, on pensait que l'argent venant du péché souillait une chose même bonne en soi. Des lieux d'aisance à l'usage du Grand Prêtre, situés non à l'intérieur de la ‘maison de YHVH’ (Deutéronome XXIII-19), mais sur un des parvis, représentaient donc une issue utile au plan cultuel, qui permettait d'utiliser, de manière moralement acceptable, le salaire des prostituées.' Mon rabbin ajoute en note que dans Le rouleau du Temple de Qumram, il est dit comment les lieux d'aisance devaient être construits pour les prêtres et les lévites dans l'environnement du Temple.

(J'ai tenu à citer longuement :) 1.- Ainsi est posée la question devant revenir, dans le texte de Saint Marc, par une séquence avec "quelques-uns des pharisiens et des hérodiens" (XII-13), "dans le Temple" (XI-17) : XII-14 Est-il permis de donner l'impôt à César, ou non ? En d'autres termes : l'argent ainsi donné n'est-il pas, de ce seul fait, chargé d'impureté ? Et ne souille-t-il pas, en anticipation, la main de celui qui donne ? 2.- Dans la séquence sur les réflexions les pires (de VII-14 à VII-23), je suis poussé à noter les mots qui évoquent cette idée du dedans et du dehors du Temple (= les lieux-d'aisance au-dehors du Temple !). Je note : VII-15 Il n'est rien (venant)-du-dehors de l'homme qui, pénétrant vers lui peut le souiller mais, (les choses) qui s'en-vont hors de l'homme sont celles qui souillent l'homme VII-17 Et lorsqu'il fut entré vers la maison° VII-18 tout ce qui (vient) -du-dehors en pénétrant vers l'homme NE peut le souiller.

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EXEGESE : ORIGENE… LEVI - 60

Ainsi se constitue une structure remarquable : rien -du-dehors pénétrant peut le souiller et l'inverse : tout ne peut pas et ainsi se réalise un chiasme dont le centre est ‘la maison° (de Dieu)’. Allant au lexique consulter le mot 'maison', le lecteur remarquera que l'emploi (VII-17) mis au centre de ce premier chiasme devient le point de départ d'un nouveau chiasme s'étendant de (VII-17) jusque (IX-28) avec, pour nouveau centre, le verset (VIII-3) : l'arrivée du pain pour tous les hommes. Re-gardant (= prêtant attention à) ces versets, il découvrira : VII-14 de nouveau appelant-auprès (de lui) la foule VIII-1 de nouveau ayant appelé-auprès (de lui) les disciples VII-15 il n'est rien ... s'en-vont hors de l'homme VIII-2 ils n'ont pas de quoi manger VII-17 entré vers la maison° VIII-3 (renvoyés) vers leur maison° VII-19 il purifiait tous les aliments VIII-6 prenant les sept pains et rendant-grâce VII-21/22 (liste des douze) choses qui souillent l'homme VIII-8 (l') excédent des morceaux : sept paniers. Il se remémorera : à la première multiplication des pains, ce n'était pas ‘sept panier’, mais ‘douze corbeilles’. Alors il re-gardera (= prêtera attention à) ces deux séquences des pains avec, au centre, l'affaire des douze souillures, et il verra :

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EXEGESE : ORIGENE… LEVI - 61

A la première multiplication des pains, il n'y a pas : ‘de nouveau’, ni ‘ayant appelé-auprès’. Les disciples ou la foule sont remplacés par ‘on’ : ‘on accourut’ (VI-33). Au lieu de ‘rien’ ou de ‘ils n'ont pas de quoi’, on apprend qu'ils ont de quoi acheter ‘pour eux-mêmes (quelque chose) à manger’ (VI-36). Il n'y a pas ‘vers leur maison°’ car, pour marquer l'absence de la Présence (= la maison° est la Présence de Dieu dans une maison), il y a : ‘vers un lieu désert’ (VI-32), Puis à la place de entrer ‘vers la maison°’ (VII-17 et VIII-3), il y a : ‘s'éloignant-vers les campagnes et les villages à-la-ronde’ (VI-36). Aussi, au lieu de : "il purifiait ainsi tous les aliments(13) (VII-19), alors qu'il ne faisait pas le geste de 'rendre-grâce' (VIII-6), Jésus ‘levant-le-regard vers le ciel, bénit et rompit-en-morceaux les pains’ (VI-41). Le pain est une nourriture donnée par Dieu et le verbe 'bénir' doit être pris au sens d'une adresse à Dieu (= l'homme bénit Dieu qui le bénit : la réciprocité gestuelle). Ce pain-là (VI-41) est (= n'est que) la ‘nourriture’ donnée en Genèse (I-29). Mais cette ‘nourriture’ ne pénétra pas dans le cœur des juifs (= ceux de la lexie (VI-40) qui se sont sentis obligés de justifier de leur fidélité à l'ancienne alliance en s'allongeant) et le verset (VII-19) le dit fort clairement. Pour faire comprendre, le texte sachant déjà qu'il dressera bientôt une liste de douze souillures présente ‘un ensemble de douze corbeilles’ (VI-43) pour lever ‘l'ensemble" (cfr : VIII-20) des "morceaux" (VI-43).

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EXEGESE : ORIGENE… LEVI - 62

LE NOUVEAU TEMPLE Revenant sur la structure telle que présentée ci-dessus, je note que le centre peut encore être vu : s'en-vont hors de l'homme entré vers la maison°. Je lis ceci comme établissant une équivalence (= une relation, une même situation) pour "l'homme" et "la maison°" (de Dieu), et je vois, par anticipation, l'abolition du Temple (= LA maison UNIQUE de Dieu) : Dieu ne résidera plus dans le Saint de Son Temple, au cœur de la Ville de David et il habitera dans tous les coeurs des hommes de toutes les nations.

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EXEGESE : ORIGENE… LEVI - 63

Note 1 : le désert : Page : 14 Le lecteur méditera sur l'idée suivante : Jésus arrive dans le texte, puis sort de l'eau après avoir été baptisé. Aussitôt il est chassé vers le désert par l'Esprit. Or Jésus va se révéler comme étant Dieu-Incarné, venu en homme. Ce Dieu veut ainsi être démarqué de toutes les entités naturelles; il n'est pas un Dieu succédant aux dieux païens qui sont dieux des montagnes, des sources, du vent, de la mer, de la nature... Sa référence est nulle, car elle est le désert, un lieu vide d'espace et de temps. Note 2 : Rabbi Joseph Kimcki : Page : 26 (1105 - 1170) Extrait de Sefer ha-Brith : Livre de l'Alliance. Note 3 : tu ne te soucies : Page : 26 Le lecteur doit se souvenir que cette phrase est dite par "quelques-uns des pharisiens et des hérodiens" qui avaient été envoyés (par les scribes) auprès de Jésus (XII-13 et 14). Ces gens n'ont pas bougé depuis (VIII-11) : voir le chapitre intitulé Beaucoup de juifs immobiles. Ces pharisiens (et hérodiens) ne peuvent pas changer, ils restent tels qu'ils étaient en (VIII-11). Dieu va (ensuite) être-transformé (g : metamorphô = transfiguré) en présence de Pierre, Jacques et Jean (= trois témoins) : Dieu est Dieu-d'Amour. Moi je sais, depuis la Transfiguration, que Dieu se soucie de chacun des hommes. IL est Dieu = EL = (penché) VERS chaque homme et soucieux de chacun. Il est Dieu de mouvements. Or les pharisiens, les hérodiens, les sadducéens et les scribes n'ont cru voir en Jésus qu'une sorte de maître "enseignant le chemin de Dieu en vérité" (XII-14), fort peu préoccupé des souffrances d'Israël (= guerres, déportations, folies des empereurs...), d'où la formulation de ces phrases dites par l'un des leurs. Note 4 SILVER : Page : 28 Cette citation est de Rabbin Silver dans Le juif et Jésus - 1938.

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EXEGESE : ORIGENE… LEVI - 64

Note 5 : parlait : Page : 29 La Bible des hébreux ne reconnaît comme textes sacrés que des textes en hébreu avec, il est vrai, quelques passages en langue chaldéenne. Mon texte dit : "au temps de Jésus", mais pour un juif (orthodoxe) Jésus n'est pas Dieu... tout au plus un juste (h : tzaddiq) et, lorsqu'il est écrit : "au temps de Jésus, Dieu parlait toujours l'hébreu", cela signifie que, en ce temps-là, la Parole de Dieu (= le texte inspiré, la Bible juive) est fondamentalement en hébreu. Pour un chrétien (ou un judéo-chrétien), la phrase serait erronée car Jésus (qui est Dieu-Incarné) parlait, bien évidemment, l'hébreu mais aussi d'autres langues comme l'araméen... Note 6 : Rabbi Leo Baeck : Page : 29 Il fut le dernier Grand Rabbin de la communauté de Berlin et président de l'Union des Rabbins d'Allemagne, jusqu'au moment de la ruine du judaïsme allemand. En 1943, au camp de Theresienstadt. En 1945, libéré par les russes. Mort en l'année 1956. Note 7 : Pinchas Lapide : Page : 29 In : Fils de Joseph - Desclées. Note 8 : un publicain : Page : 48 Si je poursuis l'étude de mon hypothèse, je vois que l'évangile de Saint Matthieu est comme un exposé/plaidoyer afin de démontrer que le Messie attendu par les juifs est déjà venu et qu'on lui a fait ce qui était dans les Ecritures. Si l'administration centrale, à Rome, a connaissance de ce texte, elle saura très vite y lire que Jésus et son groupe ne sont pas fondamentalement opposés aux romains (= les occupants), puisque Jésus a eu la délicatesse d'embaucher avec lui un publicain nommé Matthieu.

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EXEGESE : ORIGENE… LEVI - 65

Or, l'administration romaine a été informée, par ailleurs, qu'un nommé Jacques, tué au cours d'une rixe dans le Temple des juifs, était aussi 'publicain', mais également membre actif du groupe des Douze. Rome saura très bien juger du ton non polémique de l'évangile de (Saint) Matthieu : celui-ci aurait pu écrire que Jacques, aussi, était publicain; or il ne l'a pas fait pour ne pas attiser la haine. Il faut noter surtout que, ce Jacques étant parent de Jésus (VI-3), Rome devrait réviser son jugement à l'encontre des juifs puisque Jésus, le 'fils de David', cet homme qui (devint) le Messie (à ce que disent les juifs et à ce que les romains lisent dans le texte de Saint Matthieu) avait dans sa parenté un publicain et qu'il a choisi au moins deux publicains pour constituer le groupe des Douze. Vraiment ! Rome se doit d'arrêter les persécutions contre 'les fils de David' ! Note 9 : le sang innocent : Page : 52 Sur cette expression, consulter le lexique au mot 'sang'. Note 10 : livre de Daniel : Page : 52 Le lecteur se reportera à la partie de mon texte intitulée : Jésus dit le Décalogue, dans la Lectio divina pour la séquence (X-19). Note 11 : Alphee : Page : 53 Le nom Alphee a les seuls emplois suivants dans le N.T. : Mc II-14 Levin ton tou Alphaiou Mc III-18 Iakôbon ton tou Alphaiou Mt X-63 Iakôbos o tou Alphaiou Lc VI-15 Iakôbon ton tou Alphaiou Ac I-13 Iakôbos Alphaiou, et il n'y a aucun autre emploi ni dans l'A.T., ni ailleurs dans le N.T..

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EXEGESE : ORIGENE… LEVI - 66

Or, mon lecteur sait que le texte de Saint Marc est le premier texte écrit du N.T. et que Mt et Lc, ayant eu entre les mains le texte grec de Mc, s'en sont inspirés et ont construit certaines de leurs séquences en utilisant des séries nombreuses de mots grecs du texte de Mc. Les passages Mt (X-3) et Lc (VI-15) sont directement inspirés de Mc (III-18). Le verset des Actes (I-13) donne la liste de ceux qui, après l'Ascension, demeuraient dans le cénacle, à Jérusalem et continuaient à y prier avec les femmes, avec Marie mère de Jésus et avec ses frères. Ainsi peut-on conclure que le nom Alphee a été introduit par Saint Marc dans deux circonstances précises (II-14 et III-18). Aucun autre auteur d'un écrit canonique du N.T. n'a fait référence à Alphee lors d'autres circonstances. Note 12 : Lévi : Page : 53 Le nom Lévi a les seuls emplois suivants dans le N.T. : Mc II-14 Levin ton tou Alphaiou katemenon epi to telônion Lc V- 27 Levin katemenon epi to telônion Lc V-29 (Levi offre un banquet dans sa maison :) kai epoiese doxen megalen o Levis... Saint Luc reprend l'information notée par Mc (II-14) sur la fonction de publicain mais ne parle pas d'Alphée. En (V-29), Lc dit clairement comment Lévi fut l'organisateur du banquet, ce qui est d'ailleurs contenu (implicitement = par le sens précis des mots) dans le texte de Saint Marc. la seule question restant posée est donc : pourquoi Lc a-t-il omis 'le (fils) d'Alphée' en (V-27) ? Si le lecteur veut comprendre, il prendra l'étude comparative faite dans la présente deuxième partie entre l'appel de Lévi et l'appel de Simon-André et de Jacques-Jean, et il verra que le seul écart de texte vient par le verbe laisser subitement transformé en ‘se-levant’... d'où le renvoi obligé vers la fillette de Jaïre.

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EXEGESE : ORIGENE… LEVI - 67

La construction du texte de Saint Marc offre au lecteur : André le frère de Simon... Jacques (fils) de Zébédée et Jean son frère... Lévi le (fils) d'Alphée... Les trois textes sont de structure semblable... et c'est pourquoi il fallait chercher ailleurs un écart entre eux pour percevoir l'évolution. Ce fut fait par : laissant ... laissant ... se-levant ce qui souligne l'absence : le frère ... son frère ... (qui fut son frère ?). La réponse vient avec :

Joset Jude Simon : à lui seul, il est comme QUATRE !

Saint Luc a bien lu en Mc (II-14) qu'il y avait ton tou Alphaiou... et il n'a pas voulu écrire ainsi... ... d'autant que, en (VI-3), il est encore question de Jacques, avec - en plus- Joset, Jude et Simon. Or, à cet endroit, le texte de Saint Marc ne dit rien au sujet d'Alphée. Ne (voyant) pas ce que 'le (fils) d'Alphée' pouvait apporter au texte, Saint Luc n'a pas recopié... ? Note 13 : tous les aliments : Page : 61 Lors de la première multiplication des pains, Jésus "ayant pris les cinq pains ET les deux poissons, levant-le-regard vers le ciel, IL bénit..." (Mc VI-41). Le mot 'pain' a, ici, le sens hébreu : c'est la 'nourriture'. Jésus prend à la fois les pains et les poissons et, en les bénissant, 'il purifie tous ces aliments'. (Voir : Les multiplications des pains dans le livre intitulé Lecture païenne d'évangile).

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