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Du même auteur

Dans la série des « Saints chrétiens et Prophètes musulmans » : Saint Georges, Prophète en Islam, al-Khodr, I ABM-éditions, France, 1er semestre 2008

Marie dans le coran et l’Islam, Mariam, II Dame du palmier et du désert,

ABM-éditions, France, 2010

Saint Jean Baptiste, Prophète en Islam, Yahyâ, III ABM-éditions, France, 2012

Dans la série des « Symboles dans la Franc-maçonnerie » : Le Symbolisme des nombres dans la franc-maçonnerie, I

ABM- éditions, France, 2e semestre 2008

La Liturgie des couleurs dans la franc-maçonnerie, II ABM- éditions, France, 2e semestre 2009

Dans la série des « Symboles, mythes et caractères » : L’Âne, symboles, mythes et caractères, I

Mon Petit Éditeur, Paris, 2013

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Jean Sadaka

LE SERPENT

Symboles, mythes et caractères

Mon Petit Éditeur

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Retrouvez notre catalogue sur le site de Mon Petit Éditeur :

http://www.monpetitediteur.com Ce texte publié par Mon Petit Éditeur est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur.

Mon Petit Éditeur 14, rue des Volontaires 75015 PARIS – France

IDDN.FR.010.0119924.000.R.P.2014.030.31500

Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication par Mon Petit Éditeur en 2014

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À Mark, mon fils aîné, tout en lui souhaitant de mener sa vie, selon le message du Seigneur : « Sage comme un serpent

et simple comme une colombe » (Matthieu 10 : 16) afin d’éviter dans sa route les êtres orientés vers le mal.

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« Il suffit de connaître le mythe pour comprendre la vie ».

Van der Leeuw, L’Homme primitif et la religion, p. 120.

« Ce n’est pas le serpent à deux langues qui est la créature la plus dangereuse mais l’homme à deux langues ».

Citation attribuée à un philosophe grec.

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Introduction. Le serpent, pourquoi ?

Au commencement était le serpent. C’est du moins ce que croient les aborigènes pour lesquels le serpent est à l’origine de la vie sur terre. Il est, indubitablement, de tous les animaux, celui dont la symbolique est la plus riche et la plus intéressante. Il n’y a pas d’animal qui ait frappé davantage l’imagination des peuples et des civilisations. Toutes les cultures, mythologies et religions lui font une place de choix en bien ou en mal. Il est présent dans la majorité des récits des anciennes civilisations et mythologies, ainsi que dans les religions contemporaines. Il est un symbole universel dont la présence est palpable dans une vaste majorité de rites, de mythes et de cultures aux quatre coins du monde.

Cet animal possède une double nature. D’une part il élève l’esprit vers le monde spirituel en développant la connaissance, d’autre part il stimule les instincts des profondeurs en dévelop-pant la sexualité. Sa nature ambiguë lui confère la capacité de faire mourir comme de guérir. C’est un animal paradoxal.

Dans les mythologies et les religions, le serpent endosse un symbolisme à la fois positif et négatif, protecteur et destructeur, lumière et obscurité, bien et mal. Son venin peut tuer et il avale des créatures beaucoup plus grosses que lui, mais ça ne le ratta-che ni à la résurrection ni à la guérison.

Par son étonnante morphologie et sa façon unique de se dé-placer, le serpent a toujours suscité fascination et répugnance. Cet animal ambivalent est doté d’un symbolisme puissant et

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complexe, malgré son attitude bien souvent placide. Par consé-quent, son symbolisme extrêmement riche est rattaché à la dualité, à la fertilité, à la force de vie primordiale et à la création.

Cet animal possède un caractère très ambigu qui se mani-feste le mieux dans son double rôle de donateur de vie et de messager de mort tout en dévoilant sa véritable essence symbo-lique. L’apparente opposition met en lumière la dimension complémentaire de ces deux dimensions. Son fondement se trouve dans sa proximité avec la terre, dans son habileté à muer et à se fabriquer une nouvelle peau, mais aussi dans la frayeur que provoquent ses morsures mortelles. Diurne aussi bien que nocturne, il est le lien entre les deux pôles de l’existence, entre le ciel et la terre, entre la vie et la mort.

Craint, haï, révéré, le serpent est probablement l’un des ani-maux les plus récurrents dans la symbolique mythologique et religieuse à travers les âges, de l’Antiquité à nos jours. Souvent incompris, il révèle dans l’étude des cosmogonies toute la ri-chesse de sa nature, et fascinera encore pour longtemps les générations futures.

Le serpent est souvent considéré comme un animal familier respecté, un symbole de divinité, voire un artefact puissant. Mais dans bien d’autres mythes, remontant pour certains à l’aube de la civilisation, le serpent est un animal nuisible, statut qu’il partage avec d’autres mal-aimés de la tradition judéo-chrétienne, tel le loup ou encore le corbeau.

Dans la Bible, le serpent est absolument le premier animal identifié. C’est lui qui pousse Ève à mordre dans le fruit défen-du et, ainsi à transgresser la Loi de Dieu le Père, puis à faire l’amour avec Adam. Le serpent représente l’instinct qui pousse à connaître. Il symbolise l’éveil et la curiosité. Il est également lié à l’instinct sexuel. Dans cette scène, le serpent corrompt Ève en la persuadant de goûter au fruit défendu maudit par Dieu, ce qui lui vaut de devenir une créature démoniaque. En revanche

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dans le Bouddhisme, le roi des serpents a offert l’hospitalité à Bouddha, d’où une image plus positive de l’animal.

Loin de cette image maléfique qu’on tente de lui attribuer, le serpent incarne aussi l’immortalité et la renaissance, l’infini, et les forces sous-jacentes menant à la création de la vie. Ses chan-gements de peau font de lui l’emblème des métamorphoses, tandis que son pouvoir de décrire un cercle parfait et, s’il lui plaît, de se mordre la queue, fait penser à la continuité de l’univers, au perpétuel changement dans l’unité du devenir. Il exprime l’infini à l’égal du signe de l’infini.

Le serpent est enfin l’attribut de divinités, de prêtres ou de prêtresses. Il est un esprit protecteur, un esprit gardien et revêt de multiples aspects. On le retrouve dans la statuaire, comme protecteur du pharaon sous la forme de l’uraeus, un cobra fe-melle porté sur le front, mais aussi comme compagnon du bouddha ; le dieu hindou Chiva bénéficie de la puissance du serpent enroulé autour de la corde de son arc, et l’animal est associé au culte du dieu.

Les pages qui se suivent proposent d’étudier, d’une manière générale autant que possible, les principaux points dans la vie de cet animal, ainsi que les symboles, mythes et caractères. Dans ce contexte, le serpent constituerait le support d’une réflexion plus globale dans le domaine des religions et mythologies compa-rées.

Cette étude des symboles et mythes dans les religions vise à prouver l’unité de l’expérience spirituelle de l’Homme à travers les siècles et les lieux, démontrant ainsi que toute religion et ou système mythologique n’est qu’une petite pièce coloriée dans une mosaïque impressionnante, comblée de parties indépendan-tes de près, unifiées de loin, dans un système qui procure un sens à chaque part, et en tire les conséquences.

Il me reste à souhaiter aux lecteurs la joie de découvrir le symbolisme riche, diversifié et impressionnant ainsi que les my-thes tirés des différentes cultures de cet animal dont le caractère

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a fasciné l’imagination humaine, s’agissant toutefois d’une dé-couverte tout à fait originale à plusieurs niveaux.

Je tiens enfin à remercier infiniment tous ceux qui ont eu la gentillesse de relire ce texte, notamment Maha Sadaka, mon épouse.

Jean Sadaka 8 décembre 2014

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I Le serpent dans les symboles

Symbole de création

Le serpent apparaît comme créateur dans diverses mytholo-gies, chez les Dogons du Mali, par exemple, ou chez les Massim de Papouasie, où il protégea le feu civilisateur des déluges de Goga, déesse de la pluie.

En Australie, dans la vision des aborigènes, le Serpent Arc-en-ciel est connu comme l’un des plus puissants êtres ances-traux de l’Australie aborigène. Il est associé aux actes de création. Les images les plus anciennes de ce Serpent Arc-en-ciel dateraient de 6 000 ans : Les Aborigènes d’Australie, qui nomment la cosmogonie le « Temps du Rêve », décrivent un serpent primordial issu de l’eau qui, par ses ondulations, façon-na la terre, ses reliefs, les plaines et les montagnes, et les premières créatures, ancêtres et êtres qu’ils vénèrent.

En Égypte, Atoum, dieu-serpent, est le premier à avoir émergé des eaux primordiales et engendré le monde. Le Livre des Morts lui fait dire : « Je suis ce qui demeure… Le monde retour-nera au Chaos, à l’indifférencié, je me transformerai alors en serpent qu’aucun homme ne connaît, qu’aucun dieu ne voit » !

La sagesse indienne décrit de manière symbolique comment, au début d’une création, le seigneur Narayana flotte sur les va-gues de la mer de lait infinie avec sa femme, la nature, qui représente le mélange de l’esprit et de la matière. Narayana se repose sur le serpent enroulé, nommé Ananta (l’infini) ou Adi-

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sesha (Adi : l’origine, Sécha : le constant). Le grand serpent est la formule de la création entière – d’un côté comme potentiel, la spirale enroulée, de l’autre côté comme la totalité de toutes les formes de l’univers se déployant dans le temps.

En Inde également, il y a des populations qui croient que la terre repose sur les cornes d’un serpent naga sous la garde du Gourou dont le seul rôle est d’empêcher le naga de se débarras-ser de son fardeau puisqu’il agite constamment sa tête gigantesque. Le serpent enserre de ses anneaux la base de l’axe du monde. Il est porteur du monde, il en assure la stabilité, ex-primant ainsi la puissance.

Les Brahmanes ont obtenu leur cosmogonie, leur science et leurs arts en assimilant la culture des fameux Nagas Mayas, ap-pelés par la suite Danavas. Les Nagas et les Brahmanes ont utilisé le symbole sacré du serpent à plumes, emblème indiscu-table des Mexicains et des Mayas.

En Chine, un mythe de création fait intervenir le serpent Nü Gua, descendu du ciel sur la terre, et qui créa les humains à par-tir de la boue.

Au Cambodge, le serpent naga symbolise les forces de la terre et des eaux indissociables en ce pays ; « il est à l’origine du Cambodge », dit le mythe, et reste le génie titulaire du Pays.

En Afrique noire, le dieu d’Eau des Dogons, le Nommo, sorte de serpent-anguille, est à la base de la création dans cette partie d’Afrique de l’Ouest ; Dan, au Bénin, est une très an-cienne divinité présente au sein du culte vaudou et invoquée en période de sécheresse. Cette puissance du serpent est apparue à la création de l’univers et en assure le soutien. Dans le vaudou haïtien qui lui voue un culte, son nom est Damballah Wedo, esprit de la connaissance et de la fertilité.

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Symbole de destruction Selon les aborigènes d’Australie, le monde, au début, était

stérile. Aucun être vivant, végétal ou animal n’existait. Le dieu Baiame décida un jour de créer la vie, mais désirait qu’une moi-tié des êtres vivent dans l’eau et l’autre sur la terre ferme. Le Serpent Arc-en-ciel s’opposa à sa volonté, voulant que tous les êtres vivent dans l’eau. Pour être sûr que sa volonté soit faite, il fit déchaîner sur terre un immense et puissant déluge noyant toutes les terres.

Toutefois, perçu comme une force du mal et des ténèbres, une divinité chthonienne, le serpent est également destructeur. Il peut alors constituer une menace à l’ordre du monde, un être à combattre.

En Égypte, nous trouvons Apophis, le serpent maléfique contre lequel combat le dieu solaire Rê.

En Grèce, c’est Akhelóös, le fleuve grec, qui se mue en ser-pent face à Héraclès, ou encore Typhon, le serpent géant à cent têtes, que Zeus doit affronter pour établir l’ordre dans l’univers et asseoir son pouvoir. C’est aussi cette facette sombre qu’illustre le combat de Persée contre le serpent-dragon marin envoyé par Poséidon, combat dont le prix est le salut de la belle Andromède, attachée sur un rocher et devant être offerte en victime expiatoire au dieu marin.

Symbole chtonien (de la terre) Avant tout, le serpent est un symbole de la terre. C’est un

concept universellement répandu, à toute époque, au point qu’on le retrouve même dans les régions dépourvues de ser-pents, tels les pays scandinaves.

Le serpent est un animal rampant qui reste en contact avec la terre et s’identifie plus ou moins avec elle : sa couleur même le fait ressembler à certaines racines ou aux branches d’arbre où il s’enroule parfois. Il semble donc participer à la vie ralentie de la

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terre ou à l’existence du végétal. Ses ondulations, produisant la sensation des vagues, l’ont désigné pour symboliser tous les phénomènes ondulatoires et la Substance-Mère ou le Mana des Mélanésiens ou encore la lumière astrale.

Le serpent, pénétrant dans les entrailles de la terre, lui arra-che ses secrets et devient chez certains peuples de l’Orient un symbole de connaissance. Ce symbolisme s’explique aisément, le serpent, dépourvu de pattes, le corps tout entier collé au sol, s’abritant sous terre, est considéré assez universellement comme le symbole de la terre-mère. La terre, qui donne naissance aux sources, qui est capable de se couvrir de forêts, de verdir et fleurir périodiquement, surtout de nourrir aux yeux des Anciens une science et des secrets.

Dans les zones hautement volcaniques, comme chez les Mexicains précolombiens, le serpent est censé hanter les vol-cans, et sa signification s’étend sans doute à ces phénomènes naturels. En ondulant sous terre, le serpent représenterait les rivières souterraines.

Son allure prudente, silencieuse, le don qu’il a de fasciner sa proie grâce à ses paupières transparentes, sa langue longue et fourchue, organe tactile et gustatif, sont portés à l’actif de ses pouvoirs mystérieux. Il n’est pas jusqu’à son venin, par lequel il paralyse ses victimes, qui ne soit considéré comme une marque de supériorité.

Enfin, l’allongement de son corps, qui a entraîné d’importants changements de structure, – c’est ainsi que le ser-pent n’a qu’un poumon, un ovaire ou un testicule –, fait qu’on le voit moins sous la forme d’un animal aux contours bien dé-terminés que sous celle d’un végétal, d’un arbre qui peut s’allonger presque indéfiniment. On le comparerait plutôt à une ligne qu’à une surface. La lettre S et le chiffre 6, symbole de la Terre, peuvent être considérés comme des hiéroglyphes inspirés de la forme stylisée du serpent.

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Pour toutes ces raisons, le serpent, considéré comme déte-nant les pouvoirs mystérieux de la terre avec laquelle il reste en contact, animal hivernant et généralement ovipare, fascinateur et charmeur, est devenu l’emblème de la sagesse et de la science infuse.

Symbole de sagesse et de connaissance Le serpent est, indubitablement, le symbole ésotérique de la

sagesse et de la connaissance occulte. Depuis les temps les plus anciens, le serpent est mis en relation avec les dieux de la sa-gesse dans les diverses civilisations.

Le serpent est un symbole de sagesse en vertu de nombreu-ses associations cosmiques ancestrales. Sa capacité à glisser silencieusement dans l’obscurité et la fixité de son regard con-tribuent aussi à son image énigmatique. Dans l’ancienne Égypte, le cobra représente l’autorité aussi bien divine que royale. Le peuple Maori assimile le serpent à la sagesse de la Terre, tandis que dans d’autres cultures il joue le rôle d’intermédiaire discret et rusé entre le ciel, la terre et le monde souterrain.

Symbole de la connaissance, en tant que messager de la Terre, le serpent apporte aux hommes la clef des mystères natu-rels, la connaissance, et donc la sagesse, et devient le symbole des sciences.

Le serpent est le symbole sacré de Thot et de tous les dieux saints tels qu’Hermès, Sérapis, Bouddha, Quetzalcóatl, Tlaloc, Dante, Zoroastre, Bochica, et autres…

En Égypte, il n’est pas superflu de rappeler que les Ophites, les sages gnostiques d’Égypte de la Fraternité du Serpent, ado-raient une couleuvre vivante dans leurs cérémonies comme emblème de la sagesse, de la divine Sophia.

En Grèce, le mot grec Sophia (sagesse) est presque l’anagramme du mot Ophis (serpent).

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En Hébreu, le serpent se nomme Nachash qui signifie airain, symbole féminin de la sagesse, de la matrice où est donnée la vie.

Les cosmogonies représentent fréquemment le chaos primi-tif sous l’aspect d’un abîme sur lequel se meut un serpent.

En Inde, les Nagas, moitié hommes, moitié serpents, passent pour des ancêtres.

Dans le bouddhisme ésotérique, les Nagas sont des hommes authentiques, parfaits et autoréalisés en vertu de leurs connais-sances occultes. Et ils sont protecteurs de la loi du Bouddha, parce qu’ils interprètent correctement ses doctrines métaphysi-ques.

L’Upanishad contient un traité sur la science des serpents, ou ce qui revient au même, sur la science de la connaissance occulte.

En Asie, assimilé au dragon, le serpent symbolise tout à la fois le pouvoir et la sagesse.

Dans le christianisme, Jésus Christ a conseillé à ses disciples d’être aussi sages que le serpent : « Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents (sages) comme les serpents, et simples ou innocents comme les colom-bes » (Matthieu 10 : 16).

Être sage comme des serpents, selon la théologie chrétienne, suppose de voir à travers les mensonges et les manipulations qui infectent ou polluent chaque chose de la vie sur cette terre. Être prudent pour ne pas être entraîné dans la spirale descen-dante créée sur cette terre par les êtres orientés vers le mal.

En atteignant la conscience du Christ, un pratiquant spirituel réaliste devient par la force des choses un sage comme un ser-pent (Yang = Polarité masculine = La Sagesse du Père). À ce moment-là, il peut remplir la deuxième partie du commande-ment de Jésus, c’est-à-dire être innocent comme des colombes (YIN = Polarité féminine = La simplicité de la Mère), et s’élever au-dessus de l’esprit charnel des cinq sens.

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Symbole de fertilité Le serpent est un emblème de fertilité et un symbole phalli-

que. Il est associé à la terre mère et dans certaines religions de l’Océanie, à la grossesse. Ailleurs, c’est un faiseur de pluie qui incarnait une force vitale en harmonie avec les mystères de la terre. Selon la mythologie hindoue, Vishnou aurait reposé sur le serpent qui flottait au-dessus de l’océan cosmique. En tant que faiseur de pluie, tel le serpent Arc-en-ciel de la mythologie des aborigènes d’Australie, il représente la fertilité et les ressources abondantes de la terre.

Le serpent est relié aux divinités proche-orientales du monde souterrain : la déesse de l’amour et de la fertilité assyrienne, Ish-tar, ou Qadesh en Palestine. Des statuettes du XIIe siècle avant J.-C. les représentent avec une forte connotation sexuelle. Or, l’une d’entre elles avait la hanche entourée par un serpent. Ce lien avec une figurine du culte de la fertilité représente la vie qui vient de la terre et qui est donnée par la déesse.

Partout, il est symbole de fécondité : les peuples de la côte guinéenne lui vouent un culte tant en période de sécheresse que lors d’inondations.

À Sumer, et en particulier à Lagash, une divinité de la végéta-tion, dieu serpent nommé Ningishzida, incarne l’Arbre de vie.

Dans certaines tribus amérindiennes, des serpents sont utili-sés pour remédier à la stérilité des femmes. Divinité des nuages, de la pluie, des eaux, le serpent est, dans les religions anciennes, invoqué pour apporter la fertilité. Il est le génie du sol.

Symbole d’immortalité et de renaissance Le symbolisme du serpent est d’une polyvalence troublante,

mais tous les symboles convergent vers une même idée cen-trale : il est immortel parce qu’il se régénère, donc c’est une force qui distribue fécondité, science et même immortalité.

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L’ouroboros C’est un serpent incurvé qui se mord la queue jusqu’à former

un cercle complet et tient l’extrémité de sa queue dans sa bou-che symbolisant l’autofécondation et l’éternel recom-mencement, et symbolisant également un cycle d’évolution refermé sur lui-même. Son nom dérive de cette particularité : en effet en grec oura signifie « queue » et boros veut dire « dévo-rant » d’où « qui dévore sa queue » ; quelques auteurs se sont servis du mot grec Ouroboros ou du terme gréco-latin ourovorax. La forme circulaire de l’ouroboros a donné lieu à une autre in-terprétation : l’union du monde terrestre figuré par le serpent, et du monde céleste figuré par le cercle.

Cette figuration circulaire de l’Ouroboros laisse donc entre-voir l’union des mondes chthoniens figurés par le serpent et du monde céleste figuré par certaines représentations dans un cer-cle, moitié noir, moitié blanc. Il signifierait ainsi l’union des deux principes opposés, le bien et le mal, le jour et la nuit, le Yang et le Yin et toutes les valeurs dont ces opposés sont les associées.

En dessinant une forme circulaire, le serpent, qui se mord la queue, rompt avec une évolution linéaire, et marque un chan-gement tel qu’il semble émerger à un niveau d’être supérieur, le niveau de l’être céleste ou spiritualisé. C’est l’image du cercle, première roue, promoteur de la durée, créant le temps et repré-senté sous la forme de la chaîne torsadée des heures, de même, c’est le support possible du zodiaque.

En entourant la création d’un cercle continu, il empêche sa désintégration, c’est alors l’Ouroboros, circonférence signifiant la manifestation de la résorption cyclique et suggérant le centre et par là, l’idée de Dieu.

L’ouroboros est aussi symbole d’union sexuelle en lui-même : Auto-fécondateur permanent dans une dialectique ma-térielle de la vie et de la mort, de la vie qui sort de la mort et de la mort qui sort de la vie.

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C’est aussi le symbole solsticial, avec l’arrivée du printemps, la montée de la vie, de la végétation, du renouvellement cycli-que. Il s’élève dans le ciel d’équinoxe du printemps pour disparaître dans l’abîme à l’équinoxe d’automne.

En association avec Vishnu et Chiva, le serpent symbolise aux Indes le développement de la résorption cyclique. Il est gardien du nadir.

Il transcende ainsi le niveau de l’animalité, pour avancer dans le sens de la plus fondamentale pulsion de vie ; mais cette inter-prétation ascendante ne repose que sur la symbolique du cercle. Au contraire, le serpent qui se mord la queue, qui ne cesse de tourner sur lui-même, s’enferme dans son propre cycle, la roue des existences comme condamné à ne jamais échapper à son cycle pour s’élever à un niveau supérieur, le cercle indéfini des renaissances. Parfois, l’ouroboros symbolise « la fin des temps ».

Il correspond aussi aux idées de vestige des créations passées et de germe des créations futures, de développement et de ré-sorption cyclique, de longévité, de multitude indénombrable, d’abondance, de fécondité, d’immensité, de totalité, de stabilité absolue et de mouvement ondulatoire sans fin…

Autrement dit, depuis un temps immémorial et chez tous les peuples de la terre, le serpent, en plus des symboles terrestre et aquatique, incarne la notion même de l’infini et de l’éternité. À tel point que la représentation simplifiée (lové sur lui-même se mordant la queue) du serpent indien Ananta (qui signifie littéra-lement qui n’a pas de fin), a même inspiré l’ouroboros, le propre symbole de l’infini en mathématiques.

Cette notion d’éternel recommencement est représentée chez les Égyptiens par Apophis qui, chaque nuit, combat Rê, avale la barque solaire et la recrache lorsque l’aube paraît. Pour l’affronter, Rê se transforme lui-même en serpent, prenant la forme d’Atoum Rê.

Les anciens Grecs empruntèrent cet emblème aux Égyptiens lesquels, selon le témoignage d’Olympiodore et de Plutarque, le

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reliaient aux manifestations sidérales, et ils lui avaient conféré diverses significations métaphysiques qui semblent considéra-blement s’être amplifiées dans le cours des siècles.

Ensuite, les Romains l’adoptèrent ainsi que diverses sectes chrétiennes et hérétiques, les Gnostiques, les Ophites, sans tou-tefois lui donner une signification claire. Pendant le haut Moyen Âge les alchimistes, les hermétistes et ensuite les héraldistes religieux et nobiliaires l’utilisèrent également.

L’Ouroboros, figure du serpent avalant sa propre queue, est une forme ancestrale de la « roue de la vie », le cycle de la vie et de la mort régissant l’existence de tout être humain.

Chez les Aztèques, Quetzalcóatl, ou « Serpent à plumes », était un dieu de la mort, mais aussi de la renaissance.

Le Scarabée Le scarabée est le symbole cyclique du soleil, il était en

même temps un symbole de résurrection. Il est l’image du soleil qui renaît de lui-même, Dieu qui revient.

Dans la peinture égyptienne, le scarabée porte la boule énorme du soleil entre ses pattes : comme le dieu solaire revient des ombres de la nuit. Le scarabée est censé renaître de sa pro-pre décomposition ; mais il roule, aussi, une boule de feu dans laquelle il a déposé sa semence.

En Égypte, le scarabée symbolise le cycle solaire du jour et de la nuit. Dans l’écriture égyptienne, la figure du scarabée aux pattes tendues correspond au verbe "kheper", qui signifie quel-que chose comme : tenir à l’existence en prenant une forme donnée.

Les scarabées furent aussi portés, en Égypte, comme des amulettes efficaces car l’insecte cachait en lui le principe de l’éternel retour. On l’a trouvé sur des momies dotées d’ailes de faucon déployées, comme sur le sarcophage de Toutankhamon. Les scarabées servaient de talismans qui protégeaient et repré-