du developpement rural outils de …pdf.wri.org/tools_uganda_french.pdf · cations de méthodes...

35
FRANK R. TURYATUNGA UN DOSSIER DE DÉBAT DE L’INSTITUTE DES RESSOURCES MONDIALES WRI OUTILS DE PLANIFICATION DU DEVELOPPEMENT RURAL DECENTRALISE Combinant les Techniques de Diagnostic Conjoint ou Participatif et les Systèmes d'Information Géographique en Ouganda World Resources Institute Nyantonzi Parish

Upload: phamnga

Post on 11-Sep-2018

214 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

FRANK R. TURYATUNGA

U N D O S S I E R D E D É B A T D E L ’ I N S T I T U T E D E S R E S S O U R C E S M O N D I A L E S W R I

OUTILS DE PLANIFICATION DU DEVELOPPEMENT RURALDECENTRALISECombinant les Techniques de DiagnosticConjoint ou Participatif et les Systèmesd'Information Géographique en Ouganda

World

Resources

Institute

Nyantonzi Parish

World

Resources

Institute

10 G Street, NESuite 800Washington, DC 20002www.wri.org

WILL WE NEED A NEW BAR CODE??

FRANK R. TURYATUNGA

U n d o s s i e r d e d é b a t d e l ’ I n s t i t u t d e s R e s s o u r c e s M o n d i a l e s W R I

OUTILS DE PLANIFICATION DU DEVELOPPEMENT RURAL DECENTRALISECombinant les Techniques de Diagnostic Conjoint ou Participatif

et les Systèmes d’Information Géographique en Ouganda

World

Resources

Institute

w a s h i n g t o n , d c

Cette étude a été réalisée grâce au soutien financier du Groupe de Travail pour l’Information en Afrique -

Information Working Group for Africa - de l’USAID/WRI

KAREN HOLMESÉDITEUR

HYACINTH BILLINGSDIRECTEUR DE PUBLICATION

MAGGIE POWELLMISE EN PAGE

JANET NACKONEYHABILLAGE ARTISTIQUE

BENJAMIN GUIGMATRADUCTION FRANÇAISE

ANDRÉ BASSOLÉREVUE DE LA VERSION FRANÇAISE

FAO/19299/R. FAIDUTTIPHOTO

Chaque rapport de l’Institut des Ressources Mondiales - WorldResources Institute, WRI - équivaut à une analyse d’actualité et autraitement scientifique rigoureux d’un sujet de préoccupation d’intérêtpublic. WRI assume la responsabilité du choix des sujets et garantit laliberté d’investigation aux auteurs et chercheurs engagés dans cesétudes. Il sollicite également et prend en compte les conseils degroupes consultatifs et de panels d’experts chargés de la revue critiquescientifique et littéraire de ses rapports. Toutefois, sauf mentionexpresse, toute interprétation et découverte contenues dans les publica-tions de WRI sont celles des leurs auteurs.

Copyright 2004 World Resources Institute - Tous droits réservésISBN 1-56973-583-2

Imprimé aux États-Unis d’Amérique sur papier recyclé à 30%. La couver-ture de la publication est faite à hauteur de 10% de papier recyclé. Tous lestextes sont imprimés avec des encres à base de soja.

Contenu

PRÉFACE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .iv

RÉSUMÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .v

INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1

CONTEXTE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2Décentralisation et planification du développement rural en OugandaOutils d’appui à la gestion participative du développement rural

Diagnostic conjoint ou participatif Systèmes d’Information GéographiqueProblématique couverte par Étude

MÉTHODES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7Représentation cartographique des ressources communautaires.Validation de la précision de la représentation cartographique

RÉSULTATS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .10Comment les cartes ont été utilisées

DISCUSSION DES RESULTATS DE L’ÉTUDE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .12Création des bases de données communautairesImpact potentiel de la précision de la représentation cartographique sur les considérations d’équitéExtension de l’utilisation des SIG en AfriqueOpportunités Futures d’utilisation d’outils géomatiques en Ouganda

CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .16

NOTES FINALES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .18

BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .19

CARTES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .201. Carte des ressources de la commune de Nyantonzi, telle que dressée par les Membres

de la communauté uniquement en application du Diagnostic conjoint ou participatif2. Commune de Nyantonzi - limites officielles de la Commune3. Commune de Nyantonzi - carte des limites administratives comportant des éléments

planimétriques générés à partir du SIG (courbes de niveau, routes)4. Carte des ressources de la commune de Nyantonzi, dressée par la communauté sur la

base des limites générées à l’aide du SIG, montrant les routes et les courbes de niveau5. Commune de Nyantonzi, carte des ressources communautaires à partir du GPS

(Système de Positionnement Global)6. Comparaison de la carte des ressources communautaires produite par la communauté

et de celle produite par le GPS (Système de Positionnement Global)

iv OUTILS DE PLANIFICATION DU DÉVELOPPEMENT RURAL DÉCENTRALISÉ

La technologie de l’information s’installe rapidementen Afrique, même au niveau local. Pendant que lessystèmes d’Information Géographique (SIG) sont util-isés essentiellement au niveau national pour la car-tographie des ressources et l’évaluation des conditionssociales, économiques et environnementales, desoccasions d’application de ces systèmes sophistiquésdans les processus de planification participativedécentralisée au bénéfice des villages et des commu-nautés rurales se manifestent de plus en plus. Surtoutlorsqu’ils sont appuyés par des applications de la tech-nologie moderne de l’information, ces processuss’avèrent prometteurs en fin de compte en matière deresponsabilisation des communautés pour en fairedes partenaires à part entière dans la planification dudéveloppement et la gestion des ressources naturelles,sources de leurs moyens d’existence.

Dans ce document du World Resources Institute des-tiné à susciter le débat, Frank Turyatunga, un forestieret expert géographe d’origine Ougandaise présente lesrésultats de son étude relative à l’utilisation de la tech-nologie SIG en combinaison avec une techniqueMARP connue sous le nom de Diagnostic conjoint ouparticipatif pour aider les villageois d’une commu-nauté Ougandaise à évaluer leurs ressourcesnaturelles et prendre des décisions mieux éclairéespour leur gestion. Cet exemple ne représente qu’unpremier pas vers une véritable intégration duDiagnostic conjoint ou participatif et du SIG auniveau communautaire - une initiative qui ne sera àson terme que lorsque les communautés aurontacquis une capacité technique suffisante à assurer l’u-tilisation de l’information géospatiale en vue de plani-fier et de gérer leurs ressources.

Cependant, M. Turyatunga, a démontré à travers unesérie d’expériences simples que les SIG peuvent êtreutilisés de concert avec le Diagnostic conjoint ou par-ticipatif pour conduire effectivement et de manièreefficiente la communauté dans un processus struc-turé de planification du développement.

Cette étude a été sponsorisée par le Groupe de Travailpour l’Information en Afrique - Information WorkingGroup for Africa (IWG-A) - une activité conjointe del’Agence des États-Unis pour le DéveloppementInternational (USAID) et l’Institut des RessourcesMondiales - World Resources Institute, WRI.Plusieurs personnes ont apporté des contributionsinestimables au projet. Nous voudrions remercierPaul Bartel, Conseiller principal au Bureau del’USAID chargé de la croissance économique, de l’ Agriculture et du Commerce pour l’intérêt mani-festé et le soutien apporté à ce projet. Les membresdu Groupe de Travail, Bob Winterbottom, LeifChristofferson et André Bassolé ont apporté une con-tribution importante portant sur la critique du plan del’étude et de ses premiers résultats. Jesse Ribot, SusanMinnermeyer, David Jhirad et Norbert Henninger,tous de WRI ont passé en revue la version initiale dece rapport et formulé des commentaires constructifs.Karen Holmes en a été le rédacteur en chef et l’édi-teur. Maggie Powell s’est chargée du design etHyacinth Billings a supervisé le processus de publica-tion.

La mouture finale de ce rapport a été assurée par sonauteur qui en assume la responsabilité.

—Dan TunstallDirecteur Du Programme “Information”

World Resources Institute

Préface

vOUTILS DE PLANIFICATION DU DÉVELOPPEMENT RURAL DÉCENTRALISÉ

Beaucoup de pays en développement se sont engagésdans un processus de décentralisation de la prise dedécision en matière publique, avec souvent la gestiondes ressources naturelles comme secteur clé dedéveloppement des réformes y relatives.

Dans un contexte de décentralisation croissante duprocessus de prise de décision, la demande en appli-cations de méthodes participatives de gestion et d’ex-ploitation des ressources naturelles prend de l’ampleur.

En vue d’observer de manière approfondie la produc-tion, l’utilisation et l’ impact de l’information environ-nementale sur la prise de décision participative auniveau local, le Groupe de Travail pour l’Informationen Afrique (IWG-A) sponsorisé par l’Agence desEtats-Unis pour le Développement International(USAID) et l’Institut des Ressources Mondiales -World Resources Institute (WRI) a ordonné une étudesur une expérience de prise de décision participativeau niveau local en Ouganda. L’objectif de cette étudeétait de tester et d’évaluer si deux techniques de col-lecte d’information: l’une relativement avancée (leSystème d’Information Géographique ou SIG) etl’autre déjà utilisée couramment au niveau villageois(Diagnostic conjoint ou participatif ) pouvaient êtrecombinées pour aider les organisations locales à éla-borer de meilleurs programmes de développementrural et conduire à de meilleures décisions en matièrede gestion de leurs ressources. Cette étude se fondesur le concept que les processus de décentralisationpourraient être enrichis par une application crois-sante de méthodes participatives de gestion et d’ex-ploitation des ressources naturelles. Toutefois, pouratteindre cet objectif les communautés devront sefamiliariser avec la collecte de l’information environ-nementale et l’utilisation d’outils d’aide à la prise dedécision basés sur l’information, qui, jusque là, ontété habituellement exploités à un niveau de prise dedécision plus élevé au sein de l’Administration ou pasdu tout.

Cette étude a été menée conjointement avec uneopération pilote de planification de développementrural conduite dans la commune de Nyantonzi, dis-trict de Masindi en Ouganda, en fin 2001. En vue dece premier pas vers une planification effective dudéveloppement aux niveau local, les acteurs impliquésdans l’opération pilote ont entrepris de confectionnerdes cartes montrant les limites de leur commune etleurs principales ressources. Cela s’est fait en 3étapes.

Au cours de la première étape, les membres de lacommunauté ont pu représenter sur une carte lesressources de la commune (telles que les pointsd’eau, les routes, les marchés, les écoles, etc.) en uti-lisant l’approche du Diagnostic conjoint ou partici-patif et simplement à partir d’une feuille de papiervierge (voir carte 1). Au cours de la deuxième étape, lamême opération a été reprise en partant cette fois-cid’une carte issue du SIG, mais réduite aux limitescommunales. Toutefois, cette carte n’a pas permisd’offrir une information suffisante à la localisationgraphique des ressources communautaires de basepar les acteurs (voir carte 2). A la troisième étape, lesparticipants à l’opération pilote sont partis d’une carteissue du SIG avec des attributs préétablis (tels que lescours d’eau, les routes et les courbes de niveau) pourreprésenter avec plus d’exactitude que lors des étapesprécédentes les ressources communautaires, et mêmedes ressources supplémentaires (telles que des pointsd’eau supplémentaires et la localisation des guéris-seurs traditionnels) qui n’étaient pas mentionnéesaux étapes précédentes. La précision de ces cartes aété par la suite validée à partir d’un levé de points auGPS.

Les cartes élaborées dans le cadre de cette opérationpilote de planification communautaire ont servi deguide à la préparation du schéma directeur dedéveloppement de la commune de Nyantonzi et d’in-trant vers l’établissement d’un Plan d’Action

Résumé

vi OUTILS DE PLANIFICATION DU DÉVELOPPEMENT RURAL DÉCENTRALISÉ

Environnemental de la commune pour l’année fiscale2002-2003. Les opérations pilotes de planification etles cartes communautaires ont été déterminantesdans la mise en évidence d’opportunités pour des pro-jets de conservation et ont suscité l’engagement de lacommune dans les activités pilotes externalisées deconservation des plantes médicinales, de même quedans la protection des populations de chimpanzésrencontrées dans ses forêts.

La communauté de Nyantonzi a exprimé son désir deconserver ses cartes afin de suivre les changementsdans l’état des ressources environnementales de lacommune et du même coup, évaluer à quel point ceschangements affectent leurs moyens d’existence.Malheureusement, la communauté n’était pas àmesure de conserver les informations sous formenumérique ou d’assurer la maintenance des bases dedonnées à référence spatiale. Nyantonzi est une com-mune rurale sans accès à l’électricité ni aux moyensde télécommunication, et actuellement sans capaciténi infrastructure pour la gestion d’une telle informa-tion au niveau communal.

Ainsi les cartes d’inventaire des ressources dresséespar la communauté ont été stockées sous formeanalogique au siège de la commune de Nyantonzi.Les données sous forme numérique ont été commu-niquées à l’unité de planification et le bureau dusecteur environnemental du district qui, eux, ont unecapacité rudimentaire de gestion de telles données.

Les résultas de cette étude montrent que:

❚ L’information environnementale générée locale-ment peut être utilisée au renforcement de la prisede décision à ce niveau local. Les bases de donnéescommunautaires créées dans le cadre de laprésente étude s’avèrent utiles à la planificationparticipative du développement rural.

❚ Les données de Diagnostic conjoint ou participatifpeuvent être collectées, traitées et intégrées dansun environnement SIG permettant ainsi demeilleures analyses de telles données, une dissémi-nation et une utilisation accrues dans un processusde planification communautaire.

❚ Il demeure incertain l’hypothèse selon laquelle l’in-tégration du Diagnostic conjoint ou participatif etdu SIG peut accroître la possibilité d’incorporerl’information générée localement dans les prises dedécision au niveaux national et régional. Bien quel’étude suggère qu’une telle intégration est possibleau niveau communal, des techniques de communi-cation et des approches sociologiques similairesdoivent être adoptées aux échelons supérieurs duprocessus de planification.

L’étude suggère les actions diverses ci-après à menerpar les divers acteurs en vue d’atteindre le potentielde l’intégration des approches de Diagnostic conjointou participatif et de SIG dans la planification partici-pative communautaire en Ouganda et partout ailleurs,en Afrique:

❚ Les décideurs politiques en Ouganda devraientappuyer un prolongement de l’expérimentation enmatière de planification communautaire cherchantà allier technologie de l’information numériquemoderne et enquêtes sociologiques participatives.

❚ Les décideurs politiques du secteur privé devraientpromouvoir l’accès à l’énergie électrique et auxmoyens de télécommunication au bénéfice descommunautés rurales en vue d’atteindre le poten-tiel des technologies de l’information pour la plani-fication du développement.

❚ Les chercheurs et les professionnels du SIG enOuganda devraient montrer des résultats supplé-mentaires relatifs aux exigences pour une intégra-tion réussie du SIG et des autres technologies del’information avec les méthodes participatives deplanification du développement local. Des étudessupplémentaires similaires sont nécessaires pourétendre ces expériences et apporter plus de lumièreà la visibilité des meilleures pratiques.

❚ D’autres gouvernements africains, avec l’assistancede la communauté internationale devraient pro-mouvoir l’expérimentation des technologies mo-dernes de information et de la communicationdans le domaine de la planification participative dudéveloppement. Des études similaires sont néces-saires dans d’autres pays Africains en vue de mon-trer si les approches utilisées en Ouganda sontapplicables ailleurs.

viiOUTILS DE PLANIFICATION DU DÉVELOPPEMENT RURAL DÉCENTRALISÉ

❚ Le secteur privé devrait coopérer avec les gouverne-ments africains pour fournir les prestations requi-ses en matière de technologie de l’informationnécessaires au soutien de la planification participa-tive du développement local. Il existe un marchépotentiellement important de services information-nels au bénéfice d’une variété d’utilisateurs au seindes communautés africaines à un prix abordable.

❚ Les communautés devraient travailler de concertavec les organisations non gouvernementales et lesgouvernements afin de savoir mieux utiliser cesoutils de planification et de profiter des synergiespour l’atteinte de leurs objectifs de développement.

viii OUTILS DE PLANIFICATION DU DÉVELOPPEMENT RURAL DÉCENTRALISÉ

1Outi ls de planif icat ion du développement rural décentral isé

Beaucoup de pays en développement, notammentceux d’Afrique expérimentent à l’heure actuelle ungenre de réforme visant la décentralisation du proces-sus de prise de décision en matière publique. Dans lecadre d’une réforme de décentralisation, un transfertde pouvoir est opéré du gouvernement central versles institutions et acteurs de rang inférieur dans lahiérarchie politique et/ou administrative. Le bien-fondé de la décentralisation c’est que les réformes yrelatives contribuent à accroître l’efficacité et l’équitédans les activités de développement. De par la pro-ximité des populations au service desquelles ellesoeuvrent, les institutions locales démocratiques sontplus à même d’accéder à de meilleures informationssur les conditions locales et à une meilleure com-préhension des besoins et aspirations à ce niveau, etd’être plus facilement tenues responsables de leursactions par les populations locales.

Pour plusieurs raisons, la gestion des ressourcesnaturelles convient tout particulièrement à la décen-tralisation et à l’exercice du contrôle démocratiquelocal (Kamowitz et Ribot 2002).

❚ Contrairement aux secteurs de l’éducation et de lasanté, les ressources naturelles constituent aussibien une source directe de richesse qu’une ciblepour l’investissement. Ainsi, les ressourcesnaturelles peuvent aider à financer à la fois ledéveloppement et la gouvernance locale.

❚ Du fait que la plupart des individus dans les zonesrurales des pays en développement tirent leursmoyens d’existence des ressources naturelles, lagouvernance locale démocratique exige une contri-bution des populations aux décisions relatives àl’exploitation et la gestion de ces ressourcesnaturelles.

❚ Une gestion efficiente des diverses ressourcesnaturelles soumises à des utilisations multiples,exige des connaissances spécifiques du milieu etun dispositif de communication adéquat. Le con-trôle d’accès aux ressources naturelles engendre

souvent des revendications qui se recoupent et desconflits qui doivent être réglés localement.

Au moins, 60 pays en développement ont entreprisde décentraliser certains aspects de la gestion desressources naturelles.

Dans un contexte de décentralisation croissante duprocessus de prise de décision, la demande en appli-cations de méthodes participatives de gestion et d’ex-ploitation des ressources naturelles prend de l’am-pleur. En vue d’observer de manière approfondie laproduction, l’utilisation et l’impact de l’informationenvironnementale sur la prise de décision participa-tive au niveau local, le Groupe de Travail pourl’Information en Afrique (IWG-A) sponsorisé parl’Agence des États-Unis pour le développement inter-national (USAID) et l’Institut des Ressources Mondi-ales - World Resources Institute (WRI) a ordonné uneétude sur une expérience de prise de décision partici-pative au niveau local en Ouganda.

L’objectif de cette étude était de tester et d’évaluer sideux techniques de collecte d’information: l’une rela-tivement avancée (le Système d’InformationGéographique ou SIG) et l’autre déjà utilisée couram-ment au niveau villageois (Diagnostic conjoint ouparticipatif ) peuvent être combinées pour aider lesorganisations locales à élaborer de meilleurs pro-grammes de développement rural et conduire à demeilleures décisions en matière de gestion de leursressources. Toutefois, pour atteindre cet objectif lescommunautés devront se familiariser avec la collectede l’information environnementale et l’utilisationd’outils d’aide à la prise de décision basés sur l’infor-mation, qui, jusque là, ont été habituellementexploités à un niveau de prise de décision plus élevéau sein de l’Administration ou pas du tout. Cetteétude n’a pas la prétention d’être une revue critiquedu SIG et de son applicabilité en tant qu’outil deplanification décentralisée en Afrique, ni de montrerle niveau d’utilisation ou l’effectivité d’utilisationpotentielle du SIG dans le futur pour les besoins deplanification communautaire. De même, une évalua-tion des barrières liées à l’adoption de cette technolo-

Introduction

2 Outi ls de planif icat ion du développement rural décentral isé

gie dans un environnement villageois dépasse lecadre de cette étude.

Contexte

DECENTRALISATION ET PLANIFICATION DU DEVELOPPEMENTRURAL EN OUGANDADepuis 1993, l’Ouganda a entrepris de déléguer unegrande partie de ce qui fut pendant longtemps lesprérogatives du gouvernement central en terme defonctions et de responsabilités à des institutionslocales, essentiellement aux districts et autres pou-voirs locaux de rang inférieur. La loi de 1997 relativeaux collectivités locales en Ouganda reconnaît un rôleaux collectivités locales à tous les échelons du proces-sus de prise de décision, accorde de nouvelles respon-sabilités et de nouveaux pouvoirs aux collectivitéslocales et établit de nouvelles relations entre lesautorités locales et le gouvernement central. La loidéfinit un des objectifs de la décentralisation commeétant la dévolution du pouvoir aux populations à tra-vers le développement participatif, l’assurance “de laparticipation démocratique et de l’exercice du con-trôle sur la prise de décision par les personnes con-cernées.”

La section 36 (3) des statuts stipule que les Conseilsde district (qui constituent le niveau de planificationimmédiatement en-dessous du niveau central, et quise chiffrent à 56 Conseils) doivent prendre les dispo-sitions pour soumettre à l’Organe national de planifi-cation “des plans de développement étendus et inté-grés” prenant en compte les plans des collectivitéslocales de l’échelon inférieur (à savoir les “counties1”et “sub-counties” comptant respectivement 159 et 153unités). A leur tour, ces collecti-vités locales sontchargées de produire leurs plans en y incorporant lesplans des organes de conseils de niveau inférieurdont 5 225 communes et quelques 44 400 villages(Voir Figure I relative aux niveaux de planification enOuganda).

Ainsi, la politique actuelle de décentralisation enOuganda fait la promotion d’approches participativesau niveau communautaire en appui à la gestiondémocratique des affaires publiques. La décentralisa-tion procure une assise politico-sociale permettantaux communautés locales d’être partie prenante auxdécisions les concernant et affectant leurs conditionsde vie en mettant en place des autorités locales élues.Les méthodes participatives peuvent accroître lacapacité de ces autorités à s’identifier à leur électoratet à répondre à ses besoins ainsi qu’à ses aspirations.Dans la mesure où la plupart de ces communautésvivent en milieu rural et pratiquent l’agriculture, avecune tendance vers une dépendance très prononcéevis-à-vis des ressources naturelles, les collectivitéslocales peuvent accroître leur efficacité en les impli-quant dans la collecte participative des données et lesprises de décisions relatives à la gestion de cesressources naturelles.

Cependant le manque de capacité de réponse auxbesoins d’une planification trop complexe a été unobstacle à la mise en oeuvre de la décentralisationselon la vision de la loi de 1997 relative aux collecti-vités locales (Gouvernement de l’Ouganda 1997).Souvent, le nombre de couches et d’étapes est tron-qué et la planification commence, non pas au plusbas niveau (village) mais à un niveau supérieur (telque celui de “sub-county”). Il en résulte le fait que lescommunautés locales sont exclues, leur capacité à lagestion participative n’est pas développée, et leurpotentiel pour la gouvernance décentralisée en vuedu renforcement de la pertinence, l’efficacité,l’adéquation, la redevabilité et la transparence de laprise de décision n’est pas effectif.

En Ouganda, on s’accorde à dire que la décentralisa-tion a besoin d’être approfondie afin de pouvoiratteindre le bas de l’échelle (communes et villages) etde renforcer l’impact de ces communautés sur la pro-motion de conditions de vie décentes et durables etde réduire la pauvreté. La loi de 1997 sur lesCollectivités locales et d’autres lois en Ouganda stipu-

1 Ce terme et son associé “sub-county” correspondant respectivement aux troisième et quatrième niveaux de planification n’a pas été traduit, par manqued’appellation équivalente consensuelle dans l’organisation administrative des pays francophones.

3Outi ls de planif icat ion du développement rural décentral isé

lent que le pouvoir décentralisé de niveau supérieur àla commune, a le devoir de guider celui des autoritéslocales de rang inférieur et leurs conseils dans laplanification du développement rural et en dernierlieu, dans la mise en oeuvre des plans qui endécoulent. Le ministère, en charge des collectivitéslocales a aussi relevé le manque de capacité dans lesrapports produits par sa Division d’Inspection(UNDP/GOU CCF 2003). Des forums divers, orga-nisés aussi bien par les autorités locales que le gou-vernement central ont à plusieurs reprises préconiséle renforcement des unités de planification au niveauinférieur.

Le gouvernement Ougandais répondra à ce besoincroissant de soutien aux pratiques de planificationparticipative en instituant le Participatory DevelopmentManagement Program (PDM) - Programme partici-patif de Gestion du développement. Le PDM con-stitue une approche par “panneaux préfabriqués” à lagestion décentralisée du développement, qui respons-abilise les communautés locales (villages) en matièred’élaboration et de mise en œuvre de leurs propresplans de développement. Les plans de développementvillageois sont incorporés aux plans communaux; lesplans de développement communaux sont à leur tourincorporés aux plans de développement des “sub-counties” et ces derniers sont intégrés dans les plansde développement des districts. A chaque niveau,l’auto prise en charge, l’esprit d’ouverture, l’implica-tion élargie, la transparence et la redevabilité sont desconsidérations capitales.

L’un des principaux acquis du PDM est l’ouverture decentres publics d’accès à l’information intégrée (tele-centers) au niveau district ou au niveau “sub-county”lorsque les infrastructures de communication sontdisponibles en nombre suffisant. Ces centres sontappelés à être connectés à l’échelon de planificationinférieur et visent à informer le public sur tous lesaspects vitaux d’une réelle gestion participative dudéveloppement rural en ce lieu.

OUTILS D’APPUI A LA GESTION PARTICIPATIVE DU DEVE-LOPPEMENT RURALLa prise de décision participative dépend énormé-ment de la recherche du consensus. Toutefoisl’aboutissement à un consensus requiert l’identifica-tion de processus participatifs réalisables, de mêmeque l’accumulation de données et d’informations enappui auxdits processus de planification tout au longdes diverses étapes allant de l’identification des prob-lèmes, leur analyse et la définition de prioritésjusqu’à l’identification des solutions, leur mise enapplication, et le suivi évaluation.

Diagnostic conjoint ou participatifDes méthodes variées peuvent être utilisées pourbâtir une base d’informations pour la planification dudéveloppement en milieu rural. En Ouganda, lesméthodes les plus communément utilisées furent la“Rapid Rural Appraisal” (RRA) Évaluation RuraleRapide et plus récemment la “Participatory RuralAppraisal” ou Diagnostic conjoint ou participatif.L’utilisation des approches participatives pour la col-lecte d’information - consistant à travailler avec lesbénéficiaires pour la compilation des données, del’information et de la connaissance - contribue àprésenter les plans qui en résultent (et les fairepercevoir) comme étant valides et répondant auxbesoins de la communauté.

Le Diagnostic conjoint ou participatif est uneapproche à la planification du développement quiimplique une sérieuse prise en compte des points devue de tous les membres de la communauté con-cernés et qui nécessite un consensus sur les pro-grammes de développement communautaires. Cetteapproche se fonde sur deux hypothèses: (1)L’information détenue par les communautés localeset leurs connaissances sont pertinentes pour la plani-fication du développement, mais elles ont besoind’être organisées et rendues accessibles; (2) Lesressources villageoises peuvent servir de base pour ledéveloppement économique à condition d’être mobi-lisées en tant que ressources naturelles susceptiblesd’être exploitées.

4 Outi ls de planif icat ion du développement rural décentral isé

Le Diagnostic conjoint ou participatif a été dévelop-pée en tirant leçon des faiblesses relevées dans l’Éval-uation rurale rapide et dans les approches baraza audéveloppement. Datant des années 1970, l’évaluationrurale rapide était l’une des toutes premièresapproches communautaires à la planification partici-pative appliquée en Ouganda. Bien que cetteapproche ait permis le libre échange d’informationentre les populations rurales et les chercheurs endéveloppement mieux que par le passé, l’évaluationrurale rapide fut et demeure un exercice attrayantdans lequel les étrangers se rassemblent, analysent etutilisent l’information pour procurer aux commu-nautés des “solutions” d’origine externe. Baraza estun mot Swahili qui signifie à peu près un forumd’experts (ou en terme villageois, d’aînés).Traditionnellement parlant, les barazas ont été lesforums les plus répandus pour la planification com-munautaire; toutefois, de telles rencontres ont sou-vent été dominées par des groupes d’influence ausein de la communauté et ont tendance à produiredes programmes qui manquent d’assise populaire.

En réponse aux déficiences des approches Évaluationrurale rapide et baraza, le Diagnostic conjoint ou par-ticipatif en diffère de plusieurs points de vue capi-taux.

❚ Le Diagnostic conjoint ou participatif n’est pas for-cément accéléré; sa préoccupation majeure est laresponsabilisation, le partage d’expérience et deconnaissance en vue de créer des consensus etgénérer des engagements.

❚ Le Diagnostic conjoint ou participatif n’extorquepas des données et de l’information à la commu-nauté; Il se concentre plutôt sur l’organisation desdonnées de manière à ce que les groupes commu-nautaires puissent les gérer, les analyser, les con-trôler, les suivre, les retrouver et les utiliser.

❚ Le Diagnostic conjoint ou participatif conduit spé-cialement à un plan de développement communau-taire. Il commence par l’identification des problèmeset des opportunités et se poursuit à travers desétapes variées, dont le filtrage, la définition desbuts, le développement des indicateurs de per-

formance, le développement d’un plan de mise enoeuvre et l’identification des ressources nécessairesà l’appui de la mise en œuvre. La méthodologie duDiagnostic conjoint ou participatif a été largementutilisée en Ouganda, spécialement pour la planifi-cation des actions en environnement au niveau“sub-county” et au niveau des districts (Voir figureI).

L’approche Diagnostic conjoint ou participatif utiliseune variété de méthodes pratiques afin de créer desdonnées de base pour la planification et en assurer laqualité et l’actualité. Le processus a été conçu demanière à responsabiliser la communauté et procureraux acteurs - jeunes et vieux, hommes et femmes -un sens élevé de reconnaissance et d’implication. LeDiagnostic conjoint ou participatif implique le rôled’acteur dans la présentation des problèmes et l’ex-ploration des solutions possibles, y compris le ren-versement de rôles - dans lequel un Groupe Aanalyse et présente le rôle d’un autre Groupe B etvice versa - afin de minimiser les critiques liées à lasous-information. Il applique également la techniquede triangulation et de contrôle par recoupement desdonnées afin de garantir une base solide et appro-priée pour les évaluations et les décisions en matièrede développement. Une autre caractéristique propreau Diagnostic conjoint ou participatif est l’utilisationd’équipes multidisciplinaires qui, lorsqu’elles sontconvenablement coordonnées, assurent l’intégrationd’intérêts sectoriels variés. En responsabilisant lesacteurs et en aiguisant leur sens critique, leDiagnostic conjoint ou participatif encourage un sensaigu du droit de propriété sur les produits et l’ex-ploitation du don de jugement des acteurs tout aulong du processus.

La planification du développement la plus efficaceexige souvent l’ouverture à de nouvelles idées et denouvelles approches. Le Diagnostic conjoint ou par-ticipatif rend aussi bien les experts que les bénéfici-aires du développement capables d’assumer de nou-veaux rôles assez différents de ceux auxquels ilsétaient habitués, suscitant ainsi chez les acteurs desattitudes de recevabilité vis-à-vis des idées nouvelles.

5Outi ls de planif icat ion du développement rural décentral isé

Les Systèmes d’Information GéographiqueLes Systèmes d’Information Géographique (SIG)constituent un autre outil d’information utilisé enappui à la planification du développement rural. Denombreux éléments vitaux pour le développement-tels que les ressources naturelles, les phénomènes etprocessus environnementaux et les institutionshumaines sociales et économiques - sont spatiale-ment discernables. En clair, ils se rattachent à unespace géographique bien déterminé. La planificationdu développement nécessite la collecte d’informa-tions qui se rattachent à des emplacements géo-graphiques particuliers.

La technologie du SIG offre aux planificateurs lacapacité d’enregistrer analyser et restituer car-tographiquement des informations sur la base ducritère de la localization. Le SIG est défini par le“Environmental Systems Research Institute (ESRI)”comme “un système informatique capable de con-server et d’utiliser les données décrivant les espacesdonnés de la surface de la terre” (SIE –Afrique 2001).Trois fonctions principales caractérisent le SIG: lacapacité de stocker des données, d’opérer des analy-ses à l’aide de ces données, et de présenter ces don-nées dans leurs emplacements géographiques. Lescomposantes de ce système qui leur permettent de

remplir ces fonctions sont constituées d’une carte,d’une base de données, et d’un module de pro-gramme.

L’Ouganda a investi dans la production d’une base dedonnées nationale à référence spatiale avec le1/50.000 comme échelle de référence qui comportedes informations spatiales sous forme numériquesrelatives à des éléments tels que les limites administra-tives (jusqu’au niveau communal), l’infrastructureroutière et ferroviaire, les cours d’eau et les lacs, l’u-tilisation du sol et le couvert végétal et le relief(courbes de niveau). L’exploitation la plus courante dela base de données à référence spatiale de l’Ouganda,en tant qu’outil d’aide à la prise de décision se situedans le domaine des applications en matière de poli-tiques au haut niveau de la sphère gouvernementaleplutôt que dans celui des opérations de planificationparticipative au niveau des communautés rurales.Cependant, au fur et à mesure que progresse ladécentralisation de la prise de décision et de la plani-fication du développement, les processus de collecte,d’analyse et d’exploitation d’informations spatiale-ment discernables s’installent à plusieurs niveaux:depuis le niveau des ménages, celui des collectivitéslocales et des autorités de gestion des bassins ver-sants jusqu’à l’échelon national et sous-régional.

Problématique couverte par l’étudeDu fait que le Diagnostic conjoint ou participatif et leSIG constituent des outils d’appui à la prise de déci-sion, utilisés dans la planification du développementrural (bien que souvent appliqués à des niveaux deplanification différents) il est logique de penser queles deux peuvent se combiner en vue de renforcer lesfonctions liées à l’information dans la planificationcommunautaire. Cette étude a été initiée pour exa-miner si ces deux techniques de collecte d’informa-tion peuvent être combinées en vue d’aider les organ-isations locales à élaborer de meilleurs programmesde développement rural et conduire à de meilleuresdécisions. Elle aborde plusieurs problèmes perti-nents:

FIGURE 1: NIVEAU DE PLANIFICATION EN OUGANDA

Planification

NATIONAL

DISTRICT

“SUB-COUNTY”

COMMUNAL

VILLAGES/COMMUNAUTÉS

Gouvernement central

Collectivité locale

Collectivité locale

Conseil de rang inférieur

Conseil de rang inférieur

Feedback/Ressources

6 Outi ls de planif icat ion du développement rural décentral isé

a) Les information générées localement à travers desprocessus participatifs peuvent-elles être utiliséespour renforcer la prise de décision au niveau local?

b) Les données de Diagnostic conjoint ou participatifpeuvent-elles être collectées, organisées et inté-grées à un environnement SIG afin d’en faciliterl’analyse, le partage et l’utilisation?

Le Diagnostic conjoint ou participatif est un jeu d’outils qui facili-tent les processus de constitution de jeux de données et d’analysede problèmes. Il fait la promotion d’une formule propre à unapprentissage rapide et progressif de manière instantanée ettonique. L’approche du Diagnostic conjoint ou participatif s’identi-fie aux vertus fondamentales de la bonne gouvernance, dont lapossibilité laissée aux communautés de décider de manière con-sciente et en toute indépendance, et de choisir, adapter et innoversur des méthodes visant leur bien-être propre. Le Diagnostic con-joint ou participatif met en valeur ces vertus en donnant à chaquemembre de la communauté la capacité de représenter, élaborer,modéliser, hiérarchiser, classifier, quantifier, évaluer, analyser,démontrer, identifier et définir des priorités par sélection, planifieret agir. C’est en cela que résident les fondements de la libérationet de l’exercice du pouvoir par la communauté.

Les adeptes du Diagnostic conjoint ou participatif lui reconnaissentdes atouts remarquables en tant qu’outil de planification(Chambers 2002, 1997 et 1994, Cooke et Kothari 2001): il

● engendre l’appropriation des activités de développement par lespopulations locales.

● renforce le pouvoir des autorités locales et les institutions com-munautaires quand elles se reconnaissent les unes les autrescomme des partenaires interdépendants dans le processus dedéveloppement.

● établit une relation, catalyse et facilite la cohésion sociale enaidant les participants à observer, écouter et apprendre d’unprocessus auquel ils peuvent facilement s’identifier.

● développe et renforce la dynamique de groupe entre partiesprenantes par la conciliation d’opinions diverses.

● donne le pouvoir aux populations de mettre des priorités dans laliste de leurs problèmes de développement et de formuler unestratégie appropriée pour mener de manière efficace les acti-vités programmées.

● reconnaît les questions “genre” et rapproche toutes les partiesprenantes, renforçant ainsi les engagements et la durabilité dela cause du développement.

Le Diagnostic conjoint ou participatif a été exploité dans de multi-ples et diverses applications dont:

● Les évaluations des besoins

● Les études de faisabilité

● L’identification de priorités pour les activités de développement

● La mise en œuvre des activités de développement là où lebesoin de collecter de nouvelles informations se manifeste

● Le suivi et l’évaluation des activités de développement

● La facilitation du cycle d’apprentissage expérimental (élément bénéficiant du moins d’attention dans la gestion du développement)

Bien que le Diagnostic conjoint ou participatif soit actuellementvanté comme outil de planification participatif le plus appropriépour le développement rural, il comporte tout de même, en tant queprocessus quelques inconvénients:

● Il peut générer des attentes au niveau local au-delà du réali-sable financièrement parlant si le processus n’est pas bienmené.

● Le processus de définition des priorités peut envenimer les con-flits internes au sein de la communauté, spécialement lorsqueces priorités ne sont pas clairement identifiées.

● Les politiciens locaux peuvent ne pas beaucoup apprécier descommunautés qui affichent un degré élevé d’indépendance,bien que le Diagnostic conjoint ou participatif puisse égalementêtre appliqué au raffermissement de l’autorité du pouvoir localet la démocratie locale.

● Les facilitateurs externes peuvent ne pas abonder dans le sensdes besoins locaux exprimés et leur ordre de priorité.

Encadré 1Le Diagnostic conjoint ou participatif: Forces, Faiblesses et Domaines D’application

7Outi ls de planif icat ion du développement rural décentral isé

c) L’intégration du Diagnostic conjoint ou participatifet du SIG peut-elle accroître notre capacité d’incor-porer les informations générées localement à laprise de décision aux niveaux national et local(sub-national)?

L’hypothèse qui sous-tend cette étude est que les don-nées de Diagnostic conjoint ou participatif peuventêtre incorporées à un environnement SIG avec pourfinalité de parvenir à des données de meilleure qual-ité, et à une gestion améliorée de l’information, etd’aboutir à des programmes de développement et àdes décisions mieux éclairés.

Les méthodes

REPRESENTATION CARTOGRAPHIQUE DES RESSOURCESCOMMUNAUTAIRESUne opération de planification de développementrural utilisant les méthode Diagnostic conjoint ouparticipatif a été organisée pour la commune deNyantonzi du District de Masindi en Ouganda, encollaboration avec le Projet de Protection del’Environnement et de Développement Économique –“Environment Protection and Economic Development(EPED)”. Le projet EPED était déjà présent dans lazone, aidant les communautés dans l’élaboration desprogrammes de développement communal et desplans d’action environnementaux. Le projet EPEDoffrait une occasion unique d’introduire des outils de

Le Diagnostic Rural Rapide (RRA) constitue l’une des toutes pre-mières initiatives en matière d’efforts de planification participativeau niveau communautaire datant des années 1970 (Chambers1983). Elle est née de l’ exigence perpétuelle de l’effort et de la frus-tration ayant sanctionné le travail des chercheurs utilisant des ques-tionnaires et des statistiques en vue d’expliquer les comportementshumains en matière de développement. Son adoption a affranchi lesplanificateurs du développement, les chercheurs et les gestion-naires du manque de flexibilité lié à l’utilisation exclusive desenquêtes formelles, qui ne conduisaient ni au type ni à la qualitéd’information requise.

Le RRA a conduit les chercheurs et les professionnels du développe-ment à se frotter aux populations rurales, créant ainsi une situationfavorable à un libre échange d’informations entre les membres dela communauté locale et les personnes extérieures à cette commu-nauté (les chercheurs et les professionnels du développementétaient habituellement des personnes extérieures à ladite commu-nauté). Mieux, le processus du DRR a permis aux chercheursextérieurs de rencontrer les femmes et les enfants négligés par lesenquêtes formelles. Le DRR a offert un forum aux femmes et auxenfants leur permettant de contribuer au processus de planificationde développement, même lorsque l’éducation, l’alphabétisationet/ou le statut social de leader d’opinion leur faisaient défaut.

Là où il est encore appliqué, le DRR présente plusieurs atouts:

● Il offre un processus d’apprentissage en continu, flexible, illus-tratif, interactif et inventif.

● Il permet la nécessaire inversion des rôles, l’acquisition de con-naissances au contact des populations rurales et avec elles,l’émergence et l’utilisation de critères et de perception à mêmed’offrir une appréciation de la connaissance technique indigène.

● Il encourage les chercheurs sur le terrain à ne pas rechercherplus d’information qu’il n’en faut, et à ne pas mesurer ce quin’est pas appelé à l’être. Il réduit aussi les risques de simula-tions inappropriées à cause des informations de première main.

● Il permet la collecte d’informations en utilisant différentesméthodes, sources et disciplines, provenant d’une gamme d’in-formateurs de plusieurs endroits.

En dépit de ces avantages le DRR est demeuré un exercice d’extrac-tion, porté vers l’externalisation, dans lequel la connaissance desgroupes communautaires semble présenter un intérêt pour le seulusage externe à la communauté. Le processus continue de perdre deson influence.

Encadré 2LE DIAGNOSTIC RURAL RAPIDE

8 Outi ls de planif icat ion du développement rural décentral isé

planification alternatifs parallèlement à ceux qui exis-tent dans un contexte où les résultats seraient d’unbénéfice immédiat et pratique pour la communauté.

Les membres de l’équipe chargée de l’étude- com-posée d’un chercheur principal, un expert enDiagnostic conjoint ou participatif, un expert SIG,tous Ougandais- ont passé quatre jours avec lesmembres de la communauté pour préparer l’opéra-tion qui a duré six jours.

L’équipe a informé la communauté du lieu et de ladate de tenue de l’opération et a tenu à s’assurer queles représentants de la communauté étaient bien con-scients qu’ils étaient bel et bien attendus à cette ren-contre et invités à y participer activement. De même,au cours de cette phase préparatoire, l’équipe a briefélonguement un animateur qui devait être un résidentdu district et bien parler les langues locales, etrecruté sur la base de son expérience des méthodesdu Diagnostic conjoint ou participatif et de ses con-naissances de la cartographie. En vue de se préparerpour l’opération, l’équipe chargée de l’étude et l’ani-mateur, ont entrepris une répétition pas à pas, avecun accent particulier sur les techniques visant àguider les membres de la communauté tout au longdu processus de planification, sans pour autant leurdresser les plans.

L’opération de planification s’est déroulée entre Aoûtet décembre 2001. Le nombre de participants était de113 personnes dont 45 hommes, 36 femmes et 32jeunes (des deux sexes). Leur âge se situait entre 13 et65 ans. La plupart des participants avaient bénéficiéd’une éducation scolaire de niveau primaire, avecmoins de 10% d’illettrés. Parmi les participants lesplus instruits, on pouvait citer les enseignants du pri-maire, les travailleurs annexes, les leaders civiques etchefs religieux et un petit nombre de leaders poli-tiques locaux.

En tant que première étape, le but de cette opérationétait clairement exposé aux participants dans lalangue locale par l’animateur. On était généralementd’accord que, afin d’établir un plan pour undéveloppement rural efficace, il était nécessaire de

représenter correctement sur une carte toutes lesressources importantes et stratégiques de la com-mune. Les participants se sont alors évertués àdessiner une carte représentant les limites de leurscommunes et les principales ressources. Pour attein-dre les objectifs de cette opération, un certain nom-bre de processus ont été suivis afin de déceler lesfaiblesses et les forces des méthodes en relation avecla capacité et l’aptitude de la communauté.

L’opération de planification a été menée en 3 étapes.Le même groupe (autant que possible) a pris part àtoutes les 3 étapes. Chaque étape de l’opération aduré 2 jours, débutant aux environs de 11 h du matin(les paysans avaient besoin d’entretenir leurs champsd’abord) et prenant fin vers 17 h.

ETAPE 1: Representation Cartographique desRessources Communautaires parL’Approche Diagnostic Conjoint ouParticipatif

La communauté a oeuvré collectivement en vue dereprésenter sous forme cartographique ses ressourcessans l’aide d’une carte déjà existante. Pour toutmatériel, elle ne disposait que d’une feuille blancheet de marqueurs. Le processus a commencé pour lesmembres de la communauté par la représentationsur une grande feuille blanche des limites commu-nales, les traits caractéristiques du terrain et lesressources stratégiques clés, telles que perçues parles populations. Il s’est poursuivi par la représenta-tion des fleuves, des points d’eau pour l’usage domes-tique, les écoles, les églises, les boutiques demédecine traditionnelles, les marchés de denrées, lecouvert végétal et autres ressources au sein de lacommune.

ETAPE 2: Representation Cartographique desRessources Communautaires, par uneCarte des Limites Administratives. ÀPartir du SIG

Le document de départ était une carte vierge maisprécise issue du SIG et comportant les limites com-munales de Nyantonzi. Les membres de la commu-nauté ont été invités à dessiner sur ce support les élé-

9Outi ls de planif icat ion du développement rural décentral isé

ments caractéristiques du paysage et les ressources.Cette étape avait pour but de mesurer à quel degré ladisponibilité d’une carte des limites aiderait les mem-bres de la communauté à se représenter visuellementl’étendue de la commune et à localiser de manièreplus précise et exhaustive les éléments pla-nimétriques caractéristiques et les ressources. (leséléments caractéristiques issus de l’étape I ont été ànouveau dessinés dans ce polygone)

ETAPE 3: Representation Cartographique desRessoures Communautaires à Partir duSIG et Comportant Déjà des ElementsPlanimetriques Facilitant le Reperage

A cette étape, la communauté a débuté son travail surune carte de la commune montrant les limites decelle-ci, les courbes de niveau et les routes princi-pales. Les membres de la commune ont été invités ày dessiner les éléments planimétriques caractéris-tiques et les ressources comme aux étapes 1 et 2.

A l’issue de plusieurs discussions et grâce à larecherche du consensus, les membres de la com-mune de Nyantonzi ont pu produire les 3 cartes desressources naturelles. Ils y ajoutèrent les voies car-rossables et les sentiers. Toutes les trois cartes ontensuite été numérisées afin d’en permettre unemeilleure évaluation et de mieux les comparer enutilisant le logiciel Arc-Info.

VALIDATION DE LA PRECISION DE L’EXERCICE DE REPRE-SENTATION CARTOGRAPHIQUEAfin d’évaluer la précision planimétrique des élé-ments dessinés par les populations, certains ont étélevés sur le terrain et reportés sur la carte grâce auGPS différentiel. Ces éléments levés comprenaientdes détails accessibles à pied ou à l’aide de véhiculestout terrain, telles que les routes, les points d’eau, lesmarchés de denrées, les boutiques de médecine tradi-tionnelle, les églises et les écoles. Un récepteur GPSdifférentiel Omnistar DGPS utilisant des signaux dif-férentiels diffusés à partir des satellites en temps réelavec une précision de l’ordre du mètre a été utilisé.

Afin de représenter les routes sur la carte, uneantenne GPS a été dressée sur un véhicule tout ter-rain. Un récepteur en mode dynamique installé dansla cabine a été réglé afin d’ enregistrer un point tousles 5 mètres (dans deux systèmes de projection dif-férents, c’est-à-dire WGS 84 et MTU) au fur et àmesure que la voiture progresse le long des routes.Pour les détails ponctuels tels que les puits et les bou-tiques de médecine traditionnelle, des enre-gistrements ont été effectués et ajoutés au fichierGPS.

Ce dernier a été plus tard transféré sur un ordinateur.Les enregistrements effectués ont été convertis en“shapefile” (un format de fichier utilisé par ArcViewGIS) puis édités par la suite et nettoyés en vue deleur incorporation aux cartes de Nyantonzi.

Encadré 3 Le Baraza

Mot swahili signifiant “forum d’experts” ou “réseau de person-nes cultivées” dans certaines zones, Baraza peut aussi désignerune rencontre d’individus dont l’objectif est d’atteindre un butprédéterminé. En Ouganda, le baraza est habituellement leforum le plus populaire dédié à la planification. Les membresde la communauté se rassemblent en un lieu et à une heuredonnée et entreprennent de développer des plans pour leurcadre. Bien que cette méthode réunisse les membres de la com-munauté pour une cause commune et n’ait pas besoin de lafacilitation externe, elle comporte un certain nombre de problèmes.

D’abord, les groupes influents de la communauté ont tendanceà vouloir dominer ces rencontres. Cela débarrasse souventl’opération de toute objectivité et complique le problème d’ap-propriation du résultat de la planification du développement. Ilpeut s’avérer difficile de déterminer si les plans de développe-ment sont réellement appropriés par la communauté ou sont enfait le reflet des besoins des groupes influents. Cette méthodegénéralement manque de participation populaire au sens véri-table du terme et peut affaiblir le pouvoir local tout comme leDiagnostic Rural Rapide. En fin de compte, la redevabilité sedégrade au cours de la mise en oeuvre de ces plans, parce quela participation populaire est marginalisée et la propriété desplans contesté.

10 Outi ls de planif icat ion du développement rural décentral isé

RÉSULTATSLes résultats de cette opération ont montré que lesmembres de la communauté étaient à la fois capablesde dresser et de lire des cartes. Bien que certains par-ticipants n’aient jamais utilisé une carte auparavant,en tant que groupe ils étaient capables d’identifier lesressources clés sur le territoire de leur commune etd’utiliser des repères pour localiser ces ressources.

❚ L’étape 1 a été une opération relativement facile aucours de laquelle les participants ont été capablesde démarrer avec seulement une feuille de papiervierge et de cartographier les ressources clés de lacommune qu’ils observent au quotidien (cf carte I).Les ressources représentées comprennent lespoints d’eau, les routes et les pistes carrossables,les centres de commerce, les écoles, les églises, lesmosquées, les centres de santé, la localisation deguérisseurs traditionnels et des points de vente desmédicaments traditionnels, les marchés de den-rées, le couvert végétal, et autres.

On a pu constater immédiatement que toutes lesinformations présentées étaient justes ou qu’ellesvisaient l’obtention d’une information exacte. Cetteétape de l’opération a montré une forte cohésioncommunautaire et une dynamique de groupe posi-tive. Cependant les participants ont éprouvé desdifficultés à tracer les limites de la commune.

❚ La précision dans la mise à l’échelle était difficile àatteindre, tout comme la précision dans la localisa-tion exacte des détails planimétriques. A titre d’e-xemple, bien que les membres de la communautéconnussent dans le détail les limites de leur com-mune, ils ne purent les positionner sur la carte. Laplupart des routes qu’ils ont tracées avaient uneallure droite, alors qu’en réalité elles ne le sont pas.Le concept général du cadre limite de la carte (laperception visuelle de la dimension spatiale desobjets en termes de localisation et de taille) a con-stitué un véritable défit aux participants.

❚ Les participants ont eu tendance à représenter tropde détails, encombrant les cartes et les rendant dif-ficiles à lire. Par exemple, les principaux centrescommerciaux étaient placés trop proches les unsdes autres, résultant en un fouillis au fur et à

mesure que d’autres détails étaient ajoutés à lacarte. Le manque de consensus sur la localisationprécise de certaines ressources communautairess’est traduit quelquefois par une multiplication desreprésentations.

❚ Les membres de la communauté ont eu des diffi-cultés à représenter les caractéristiques clés du ter-rain telles que le relief.

❚ Les membres de la communauté ont mis untemps relativement long à parvenir à un consen-sus. Le consensus est capital parce qu’un groupecomme celui-ci ne peut progresser tant qu’il n’ y apas d’accord sur les points essentiels.

❚ La précision des distances entres élémentsreprésentés sur la carte par les membres de lacommunauté était souvent controversée et a sus-cité beaucoup de discussions au sein de l’audience.Représenter les ressources situées en hauteur s’estrévélé être un des aspects les plus délicats del’opération pour les participants. La représentationde l’étendue des montagnes a été souvent exagéréeet leur localisation a varié un certain nombre defois.

Malgré ces difficultés, les membres de la commu-nauté ont pu représenter cartographiquement lesressources clés de la commune et bien travailler avecles cartes qu’ils ont eux-mêmes dressées.

❚ L’étape 2 a été plus difficile pour les participantsque l’étape 1. La carte vierge issue du SIG n’a pasfourni aux membres de la communauté assezd’indices leur permettant de placer sur ladite carteles ressources essentielles de la communauté (cfcarte 2). Quoique les limites du polygone (limitescommunales) fussent précises, la carte ne compor-tait aucun point de repère en dehors de la direc-tion de la boussole. Ceci a rendu la tâche de locali-sation des ressources de la commune assez durepour certains membres de la communauté.

Pour bon nombre d’entre eux, c’était pour la pre-mière fois qu’ils voyaient la carte de leur com-mune. A cause du manque de points de repère, lesmembres de la communauté ont hésité à localiserles ressources dans l’espace restreint des limites

11Outi ls de planif icat ion du développement rural décentral isé

vides. Certains se sont même demandés si laforme de leur commune était telle que représentéesur la carte vierge. Cette confusion a affecté lacohésion du groupe et le progrès vers un consen-sus. Les membres de la communauté ont eu lesentiment que le polygone vierge les enfermaitdans une sorte de consensus artificiel, inhibantleur potentiel participatif et désarmant certainsspécialement ceux qui ne savent pas se servir de laboussole. Ces derniers se rétractèrent et devinrentsuspicieux vis-à-vis du processus, faisant des com-mentaires sur le fait que ceux qui n’ont pas été àl’école et n’ont pas appris à lire les cartes étaientdélibérément exclus du processus de planification.

De plus le polygone vierge n’a pas fourni suffisam-ment d’indices, même aux “experts en cartographiedu village” pour les guider dans la localisation detoutes les ressources requises de la communauté surla carte. Les participants étaient à s’interroger sur laprécision de leur produit; leurs commentaires lais-saient voir qu’ils se sentaient incapables de défendrela carte si on le leur demandait et partant, hésitaientà en assumer la paternité.

A la fin de cette étape, les participants ont eu le senti-ment qu’il était plus facile et plus payant de dresserleur propre carte de ressources, même imprécise,sans l’aide des limites générées par le SIG.

❚ Dans l’étape 3, les participants ont utilisé une carteissue du SIG et comportant des élémentsfavorisant le repérage tels que les fleuves, lesroutes et les courbes de niveaux (cf carte 3).D’emblée, les éléments de repérage et les détailsphysiques représentés sur la carte issue du SIGont aidé les membres de la communauté à s’orien-ter, et ils ont trouvé la carte précise et conviviale.La représentation des routes, fleuves et coursd’eau, et courbes de niveau mettant en évidenceles collines et autres élévations a apporté desrepères fort utiles. Ces repères semblent égale-ment contribuer à surmonter certaines difficultésrencontrées au cours des étapes antérieures del’opération telles que la tendance des participants àexagérer les détails et à encombrer la carte.

Curieusement, les membres de la communauté onttrouvé les limites de la commune d’une certaine uti-lité dans cette version de la carte, à cause du faitqu’elles pouvaient maintenant être reliées à d’autresdétails. Il leur était plus facile, par exemple, de com-mencer à positionner les ressources sur la carte àpartir du point d’entrée d’une route menant d’unecommune voisine dans la leur, et en continuant lelong de cet itinéraire. Les participants ont facilementlocalisé les ressources de la communauté et les ontsituées de manière plus précise sur la carte au coursde cette étape (cf carte 4). En outre, les participantsont ajouté des ressources non représentées lors desétapes précédentes, dont un supplément de pointsd’eau et de lieux où exercent les guérisseurs tradition-nels.

Les discussions qui ont suivi l’opération de cartogra-phie ont révélé le sentiment des participants quipensent que la maîtrise par la communauté desnotions élémentaires de lecture de carte pouvait con-stituer un important atout pour la planification et lagestion de l’information. Il est intéressant de noterqu’ils ont apprécié le fait que leur commune puisseêtre cartographiée et donc connue.

Les efforts investis dans la validation de la précisiondes cartes dressées par les membres de la commu-nauté ont montré que la position des éléments carac-téristiques dessinés par les participants à partir de lacarte issue du SIG comportant des détails favorisantle repérage concordait précisément avec celle desdétails restitués au GPS, (cf cartes 5 et 6). Cecidémontre que, non seulement les membres de lacommunauté savent lire les cartes, mais égalementqu’ils sont capables de positionner aisément desdétails avec suffisamment de précision s’il leur estoctroyé des cartes de limites comportant des détailsadéquats permettant de les guider dans le tracé desressources clés de la communauté.

COMMENT LES CARTES ONT–ELLES ETÉ UTILISÉES?Les cartes établies au cours de cette opération deplanification communautaire ont été utilisées commeguide pour la préparation du Plan de développement

12 Outi ls de planif icat ion du développement rural décentral isé

de la commune de Nyantonzi et celle d’un Pland’Action Communal pour l’Environnement pour l’an-née fiscale 2002-2003. Les cartes ont également étéutilisées pour constituer une base de données deréférence pour la planification communautaire dontl’utilité se prolonge dans le futur.

Dans un cadre idéal, une étude de cas comme celle-ciferait la comparaison entre les plans de développe-ment préparés par la commune de Nyantonzi et ceuxdes communes similaires dans une tentative d’ob-server les différences entre les méthodes dont cesplans sont issus, et en vue d’évaluer jusqu’à quelpoint ces différences pourraient être attribuées à laparticipation des villageois à l’opération d’établisse-ment de cartes communautaires. Malheureusementles informations relatives à de telles différences surles résultats de la planification du développemententre Nyantonzi et d’autres communes similaires n’é-taient pas disponibles pour cette étude.

Il est cependant connu que ces récentes opérationsde planification ont permis de mettre en relief desopportunités de projets de conservation visant lesressources aussi bien animales que végétales de lacommune de Nyantonzi. Cette opération de planifica-tion a eu pour effet direct l’implication actuelle de lacommune dans des activités pilotes de conservationex situ de plantes medicinales et de protection depopulations de chimpanzés vivant dans ses forêts.Certains propriétaires terriens sont assistés individu-ellement par des Organisation NonGouvernementales (ONG) dans l’élaboration de docu-ments de projets relatifs au commerce du carbone.

La communauté de Nyantonzi a exprimé le besoin deconserver ses cartes afin de pouvoir suivre leschangements à venir dans l’état des ressources envi-ronnementales de la commune, et évaluer commentde tels changements affectent ses moyens d’exis-tence. Malheureusement, la communauté n’était pasà même de conserver les informations sous formenumérique ou de maintenir à jour la base de don-nées à référence spatiale. Nyantonzi est une vraiecommune rurale, sans accès à l’électricité ou auxmoyens de télécommunications, et présentement,

sans capacité ou infrastructure pour la gestion de cetype d’information au niveau de la commune. Ainsi,les cartes d’inventaire de ressources dressées par lacommunauté ont été conservées sous formeanalogique au siège de la commune de Nyantonzi.Les informations numériques ont été partagées avecl’Unité de Planification du District et le Bureau del’Environnement du District, qui disposent d’unecapacité rudimentaire de gestion de telles données.

DISCUSSION DES RESULTATS DE L’ÉTUDE

CREER DES BASES DE DONNEES COMMUNAUTAIRESBien que les méthodes de Diagnostic conjoint ou participatif aient été utilisées dans la planification dudéveloppement rural depuis un certain temps déjà enOuganda, des données et informations continuent defaire défaut au niveau communautaire. Les informa-tions collectées au cours de chaque cycle de planifica-tion sont perdues et pour les cycles suivants l’on doitrepartir à zéro avec les activités de collecte des don-nées de base. Parce que les communautés n’ont pasété jusque-là capables de conserver les informationsconcernant leurs ressources stratégiques clés, destechnocrates “extérieurs” à la Communauté ont définicomment l’analyse devrait être menée, laissant lescommunautés locales dans un rôle relativement pas-sif (Bakebwa 2001). Cette dynamique a limité lacapacité des bénéficiaires visés par le développementrural à générer des informations sur les tendances, etde cette façon les a privés du bénéfice d’un importantrecul, élément essentiel en matière de planificationpour l’avenir.

L’accès de la communauté aux inventaires completsdes ressources doit faciliter l’analyse participative etconduire à une meilleure planification. Si les inven-taires sont conservés sous forme de cartes par lacommunauté rurale, les activités de planification àvenir nécessiteront uniquement de légers investisse-ments pour mettre à jour les informations selon lesbesoins. Une base de données communautaire crééesuivant une méthodologie participative telle que celleappliquée dans cette étude de cas doit être main-tenue, rendant la planification plus facile et moins

13Outi ls de planif icat ion du développement rural décentral isé

exigeante en temps. La création des bases de donnéescommunautaires peut déclencher un processus quisoutient la planification à tous les niveaux.

Il convient de souligner que cette opération de plani-fication à été limitée à la communauté de Nyantonzi,avec l’établissement des cartes limité à leur seulecommune. Malheureusement, la communauté n’aaucune autorité sur les ressources au-delà de ses li-mites et ne peut donc planifier leur utilisation. Deplus, beaucoup parmi les importantes ressourcesnaturelles, telles que la forêt, les fleuves, les lacs, etles zones humides tombent sous l’autorité du pouvoircentral.

IMPACT POTENTIEL D’UNE CARTOGRAPHIE PRECISE SUR LESCONSIDERATIONS D’ÉQUITÉUne cartographie précise des ressources communau-taires peut soutenir la planification du développe-ment rural de plusieurs manières, étant donnéqu‘elle permet de gagner du temps et d’assurer uneré-utilisation des bases de données. L’étude deNyantonzi a également montré l’impact potentiel dela cartographie des ressources sur les solutions auxproblèmes d’équité dans le domaine du développe-ment rural.

Sous l’actuel régime de gouvernement décentraliséen Ouganda, de petites entités administratives tellesque les communes commencent à bénéficier deressources financières destinées à assister les com-munautés locales dans la mise en œuvre de leursPlan de Développement Communal. Ces plansdoivent clairement refléter les besoins des commu-nautés, en accord avec les priorités globales de niveaudistrict et de niveau national. La priorité majeure dedéveloppement en Ouganda est l’éradication de lapauvreté; les activités de développement s’inscrivantdans le cadre de cet objectif suprême comprennentles soins de santé primaire, l’eau potable, l’éducationprimaire pour tous, la modernisation de l’agriculture,pour ne citer que quelques unes.

Cependant, décider de l’emplacement de l’activité dedéveloppement au sein de la commune est toujours

sujet à controverse. Les leaders politiques élus onttendance habituellement à “tirer” l’objet dedéveloppement le plus près possible de leurs propresvillages. Le fait de cartographier de manière préciseles équipements sociaux existants et d’identifier leszones apparaissant comme mal desservies, aide lacommunauté à décider collectivement de l’endroit oùles ressources doivent être investies. De cettemanière, la communauté est capable de résoudre laquestion de répartition équitable sans trop de débatcar la carte dressée de manière précise relate les faitset empêche l’exploitation des opportunités par desleaders politiques égoïstes. Selon les membres de lacommunauté, la capacité de gagner les débats surl’équité est la plus importante contribution de la car-tographie par le SIG au processus de planification dudéveloppement rural.

Une cartographie précise des ressources naturellespourrait également aider les communautés à négoci-er plus efficacement avec les gestionnaires deressources. Par exemple les communautés riverainesdes forêts peuvent bénéficier de la priorité dans leprocessus d’octroi de concessions relatives à la forêt.Disposer d’ informations exhaustives et précises surla localisation et l’étendue de telles ressources accroî-trait la capacité des communautés à préciser leursrevendications sur les concessions disponibles.

Des cartes de ressources communautaires dresséesavec précision constituent de bonnes bases deréférence avec lesquelles des comparaisons peuventêtre faites dans le futur. La communauté deNyantonzi a exprimé le besoin de conserver ses cartesde ressources afin de pouvoir suivre les changementsà venir et évaluer comment ceux-ci affectent sesmoyens d’existence. Conserver les cartes pour fairedes comparaisons à l’avenir deviendra plus impor-tant, étant donné que la pratique de protection del’environnement commence à émerger au sein de cescommunautés.

Les communautés qui s’apprêtent à approcher despartenaires au développement sont actuellement con-scientes du fait qu’elles doivent préparer des argu-ments convaincants en vue d’obtenir le soutien

14 Outi ls de planif icat ion du développement rural décentral isé

qu’elles désirent. Le SIG peut aider à apporter ladémonstration de la véracité des critères de sélectionde certaines zones bénéficiaires des actions dedéveloppement prioritaire. Les communes disposantde programmes de développement solides attirentplus de financement, en particulier celui des organi-sations non gouvernementales (ONG) et des organi-sations communautaires de base (OCB). Le recoursau SIG pour la production des cartes communau-taires va également:

❚ Offrir d’excellentes opportunités pour la mise àjour des plans. Actuellement celle-ci intervient surune base annuelle au début de l’année fiscale, aumoment où les communautés au sein de la com-mune sont appelées à produire de nouveaux plansde développement.

❚ Renforcer l’appropriation, la redevabilité, le suiviparticipatif, et la dynamique sociale. Avec la pro-duction de cartes communautaires, chaque mem-bre de la communauté est impliqué dans la prisede décision sur une base équitable, chose impossi-ble du temps où les plans étaient dressés par lesservices de l’État au nom des communautés.

❚ Faciliter la participation, du fait que moins detemps est consacré à la discussion au profit de larecherche du consensus et de l’analyse. Ceci se voitclairement lorsque les membres de la commu-nauté se rassemblent pour une session plénière ets’accordent rapidement sur le choix des priorités.(Auparavant, les participants sont regroupés ensessions par sexe et par âge, puis invités à présen-ter leurs rapports au cours d’ une session plénière.Cette approche donne l’occasion à chacun d’ap-porter sa contribution). L’élaboration récente d’unPlan Communal d’Action pour l’Environnementpar la commune de Nyantonzi illustre bien le faitque les membres de cette communauté sontactuellement à l’aise avec cette méthode dans leprocessus de planification du développement.

EXTENSION DE L’UTILISATION DU SIG EN AFRIQUECette étude de cas relative à l’intégration du SIG etdu Diagnostic conjoint ou participatif dans le cadrede la planification du développement rural a été ren-

due possible à cause de l’investissement consenti parl’Ouganda dans le développement d’une base de don-nées nationale à référence spatiale (base de donnéesSIG). Le développement de cette base de données acoûté bien plus de 600.000 $US au pays au débutdes années 1990.

Quoique développée à l’origine pour aider à l’identifi-cation des zones où la biomasse est fortementsoumise au stress et guider l’investissement publicdans le domaine de la reforestation, la base de don-nées SIG de l’Ouganda est polyvalente et souple, et aété depuis longtemps exploitée dans une gamme va-riée d’applications. Celles-ci comprennent la cartogra-phie de la biodiversité, le zonage de l’aptitude dessols, la délimitation des circonscriptions pour lerecensement national, la planification pour la gestiondes aires protégées, la distribution des problèmes pri-oritaires dans les Plans d’Action pourl’Environnement au niveau District, la cartographiedes problèmes sanitaires (paludisme, VIH/SIDA,onchocercose), la gestion des zones humides, et lagestion des forêts et des zones boisées.

Une recherche approfondie sur les utilisations decette base de données contribuera à accroître sarentabilité et assurer sa durabilité, qui à son tour,aidera à assurer un service continu aux différentescatégories d’utilisateurs SIG. Investir dans une tellebase de données pour les besoins de la seule planifi-cation du développement rural est une question dis-cutable quant à sa justification. Toutefois, avec l’utili-sation du SIG en progression en Afrique, et l’intérêtrécent suscité par une information spatiale à jour etprécise, les pays s’attèlent à investir dans de tels sys-tèmes et bases de données.

Les approches SIG ont des avantages évidents enmatière d’applications cartographiques pour la plani-fication du développement rural. Les photos aéri-ennes sont très coûteuses aussi bien pour les applica-tions au niveau national que local, et ne sont pasfacilement accessibles aux communautés locales.Bien que l’utilisation du SIG nécessite la mise enplace d’une capacité locale en matière de gestion del’information, ce développement de capacité peut

15Outi ls de planif icat ion du développement rural décentral isé

prendre la forme d’une approche pratique, avec unanimateur au départ, dès que les investissementsnécessaires ont été faits au niveau national. En fin decompte, les membres de la communauté ayant béné-ficié de la formation seront chargés du développe-ment des capacités au niveau local.Malheureusement, la formation locale est de nosjours un investissement de basse priorité qui, deplus, manque de continuité.

OCCASIONS POUR L’UTILISATION DES OUTILS A BASE DE SIGDANS L’AVENIR EN OUGANDALes opportunités pour l’utilisation d’outils SIG enOuganda sont nombreuses et en progression. Ellesgravitent autour des besoins des collectivités localeset des municipalités relatifs à la mise sur pied deplans de développement solides qui renseignent surune participation à grande échelle et l’utilisationd’une information précise et à jour, en vue d’attirerdes flux financiers en provenance du gouvernementcentral.

Par exemple le Fonds d’Action contre la Pauvreté -Poverty Action Funds (PAF) ne sera débloqué auprofit des niveaux de planification inférieurs que sices entités disposent de plans solides, d’un systèmede comptabilité et d’un mécanisme de suivi-évalua-tion. Le champs d’application de ce fonds comprend:

❚ La construction de lots de classes

❚ Les activités de santé publique telles que l’éduca-tion pour la santé, la vaccination, la santé mater-nelle, les activités de VIH/SIDA, le contrôle dupaludisme, et l’assainissement de l’environnement

❚ L’entretien des hôpitaux

❚ Les services d’extension agricole

❚ L’entretien des routes rurales

❚ Le développement de l’hydraulique rurale

❚ L’éducation primaire pour tous

❚ Le développement des capacités et du capital

❚ Les subventions de compensation (pour couvrir lesdéficits de certaines activités à la charge des collec-tivités locales ou des municipalités sur leursressources propres)

❚ Les fonds des bailleurs pour des activités diverses

Cependant, les programmes clés qui bénéficierontdes avantages de la dimension spatiale pour la plani-fication du développement rural (et de ce fait sont éli-gibles pour l’aide octroyée par le gouvernement cen-tral) se composent de:

a. Les Plans d’Action pour l’Éradication de laPauvreté. Ici, la cartographie de la pauvreté, et lareprésentation spatiale de la localisation et de l’é-tendue des interventions en faveur de la réductionde la pauvreté constituent des exigences impor-tantes.

b. Santé. Les aspects susceptibles d’être représentéscartographiquement comprennent la couverturevaccinale, les centres de santé maternelle, les cen-tres de dépistages du VIH/SIDA et d’accompagne-ment des malades, et la distribution des pointsd’eau potable.

c. Programme de Modernisation de l’Agriculture –Programme for the Modernization of Agriculture(PMA). Des informations pertinentes relatives à ladistribution des cultures sont requises, de mêmeque la localisation des centres de fourniture desintrants, la couverture des services d’extension, etles infrastructures de marketing (telles que les cen-tres d’achat, les routes, l’emplacement desmarchés publics etc.).

d. Education Primaire pour tous - Universal PrimaryEducation (UPE). Étant l’un des programmes lesplus importants du gouvernement, l’UPE a besoind’information sur la distribution des écoles etd’une indication sur le nombre d’enfants en âgescolaire fréquentant l’école.

e. Programme de Développement des CollectivitésLocales - Local Government Development Program(LGDP). Le LGDP est un cadre national pour ladévolution du budget de développement, y comprisl’appui financiers des bailleurs de fonds, aux col-

16 Outi ls de planif icat ion du développement rural décentral isé

lectivités locales. Les fonds alloués dans le cadredu LGDP financent le développement des capa-cités et le développement du capital à tous lesniveaux.

CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONSLe SIG et les autres technologies de l’informationmodernes sont de plus en plus appliqués à la planifi-cation et à la prise de décision à tous les niveaux del’autorité en Ouganda. Ces expériences, en sus desrésultats de la présente étude viennent également ali-menter les conclusions et les recommandations sui-vantes.

CONCLUSIONS En ce qui concerne les questions posées au début decette étude, nous pouvons conclure que:

1. Oui, les informations localement produites à l’is-sue de processus participatifs peuvent servir aurenforcement de la prise de décision au niveaulocal. Les bases de données communautaires pro-duites dans le cadre de la présente étude de cas parl’utilisation intégrée des approches Diagnostic conjoint ou participatif et SIG s’avèrent utiles pour la planification participative du développe-ment rural. Les participants de la communauté ontpu produire des cartes précises des ressourcescommunautaires de base, utiliser ces cartes dans laplanification du développement, et attirer avec suc-cès des fonds pour le financement de nouvellesinitiatives de développement communautaire. Lesrésultats de cette étude de cas montrent que l’ex-tension de l’utilisation intégrée du Diagnostic con-joint ou participatif et des SIG, à d’autres com-munautés familiarisées avec les méthodes de pla-nification participative est susceptible de générerdes avantages similaires.

En outre, combiner les approches Diagnostic conjoint ou participatif et SIG pourrait avoir desimpacts positifs importants sur l’équité et l’effica-cité de la planification du développement rural:L’utilisation intégrée de ces deux outils répond àun souci majeur auquel sont confrontées les com-

munautés africaines dans le cadre de la planifica-tion du développement rural: le manque d’unesérie temporelle de données fiables et d’informa-tions. Les résultats de cette étude de cas montrentque l’accès de la communauté à des cartes deressources précises issues du SIG peut promou-voir une équité élevée en orientant les actions dedéveloppement vers les zones de la communautéayant les besoins les plus pressants plutôt que verscelles qui jouissent de la faveur des politiciens. Laconservation des bases de données et des cartesdevrait également accroître l’efficacité et réduire lescoûts à plusieurs niveaux de planification dif-férents, en éliminant le besoin de collecter à nou-veau les mêmes données au début de chaque cyclede planification.

2. Oui, les données du Diagnostic conjoint ou participatif peuvent être collectées, organisées etintégrées dans un environnement SIG pourfaciliter l’analyse, la communication et l’utilisation.Les expériences documentées dans cette étude decas sur l’Ouganda démontrent qu’il est possible decombiner les deux approches afin que la science del’information spatiale numérisée se conjugue avecles enquêtes sociales populaires. L’étude de casdécrit une approche qui a été utilisée avec succèspour introduire la confection de cartes par desexperts externes sans pour autant jeter la confu-sion dans l’esprit des participants, contredisantainsi les critiques que l’on entend souvent, à savoirque les enquêtes sociales participatives se résu-ment en “des étrangers qui apportent la confusionau sein des communautés locales, sans aucunrésultat utile à la fin du processus”. Les outils deDiagnostic conjoint ou participatif et de SIG peu-vent œuvrer ensemble au développement de sys-tèmes d’information et à l’établissement de liensplus étroits entre la discipline de gestion de l’infor-mation et l’objectif social visé par une telle infor-mation.

3. Est-ce que l’intégration du Diagnostic conjoint ouparticipatif et du SIG peut accroître notre capacitéà incorporer les informations générées localementdans la prise de décision aux niveaux national etrégional, reste une question non élucidée dans le

17Outi ls de planif icat ion du développement rural décentral isé

cadre de la présente étude. La jouissance des avan-tages de la décentralisation requiert l’intégrationdes méthodes participatives et les technologiesmodernes de l’information à tous les niveaux de lahiérarchie de planification. Si l’étude de Nyantonzisuggère que l’intégration du Diagnostic conjointou participatif et du SIG au niveau communal estpossible, une telle intégration ne signifiera pasgrand-chose, à moins que des pratiques sociales etdes techniques d’informations similaires ne soientégalement appliquées aux niveaux supérieurs de lahiérarchie de planification. Pour que la planifica-tion intégrée du village à la nation soit un succès,les informations devront être générées et partagéesverticalement le long de l’échelle hiérarchique deplanification.

Une prise de conscience accrue est nécessaire dansles pays Africains à propos des avantages poten-tiels qu’offre l’intégration des approchesDiagnostic conjoint ou participatif et SIG dans lecadre de la planification locale du développement.Le défit qui leur reste à relever est de rechercherparmi les avantages liés à un investissement dansle développement de bases de données à référencespatiale (bases de données SIG) à grande échelleceux qui se prêtent à une adoption relativementfacile par les communautés locales. Cela impliqued’abord et avant tout qu’on comprenne que lesavantages proviennent du fait de planifier en étantbien informé, grâce à des données collectées,exploitées et appropriées par ceux et celles à quileurs services sont destinés.

RECOMMANDATIONSLes résultats de cette étude de cas suggèrent desactions variées à diverses entités pour jouir du poten-tiel de l’intégration des approches Diagnostic conjointou participatif et SIG, afin d’améliorer la planificationparticipative du développement communautaire enOuganda et à travers l’Afrique.

1. Les décideurs politiques en Ouganda devraientapporter leur appui pour une expérimentation sup-plémentaire avec des opérations de planificationcommunautaire qui cherchent à combiner la tech-

nologie de l’information numérique moderne avecles enquêtes sociales participatives. De tels effortsseront anticipés sur la base d’un appui continu dugouvernement Ougandais au développement et àla maintenance de bases de données fondamen-tales à référence spatiale, y compris des cartes àl’échelle appropriée du couvert végétal, des routes,de la population, etc. Les autorités régionales etlocales de l’Ouganda devraient continuer d’ouvrirdes centres d’information, de préférence dotésd’une capacité d’exploitation des SIG en vued’aider à la collecte, au traitement, au stockage, à larécupération, à l’analyse et à la diffusion de l’infor-mation.

2. Les chercheurs et les professionnels du SIG enOuganda devraient générer et fournir des preuveset une expérience supplémentaires concernant lesexigences d’une intégration réussie des SIG etautres technologies de l’information et de la com-munication avec les méthodes participatives deplanification du développement local. En particu-lier, d’autres études de cas semblables à celle-cisont nécessaires en vue d’élargir le champ d’ex-périences et jeter un éclairage sur les meilleurespratiques.

3. D’autres gouvernements africains, avec l’aide de lacommunauté internationale, devraient faire la pro-motion de l’expérimentation des technologiesmodernes de l’information et de la communicationdans la planification participative du développe-ment. Des études de cas comme celle-ci sontsouhaitées dans d’autres pays africains pour mon-trer si les approches utilisées dans cette étude decas de l’Ouganda peuvent être appliquées ailleurs.

4. Le secteur privé devrait coopérer avec les gouverne-ments des pays africains en vue de fournir la tech-nologie requise et les services en matière d’infor-mation nécessaires à la planification participativedu développement local. Un marché potentielle-ment important de services en matière d’informa-tion existe au profit d’utilisateurs divers au seindes communautés africaines à un prix abordable.Le secteur privé partage avec le gouvernement laresponsabilité et l’opportunité de réduire la frac-

18 Outi ls de planif icat ion du développement rural décentral isé

ture technologique entre zones urbaines et ruralesen Afrique.

5. Les communautés devraient travailler de concertavec les ONGs et les gouvernements pour enapprendre davantage sur l’utilisation de ces outilsde planification et pour tirer profit de la plusgrande synergie en vue de l’atteinte de leurs objec-tifs de développement. Ils entendent profiter desmeilleurs outils disponibles en vue de choisir lesmeilleures options disponibles pour le développe-ment local durable aussi bien que pour identifieret comprendre comment les tendances de plusgrande envergure en matière de développement etd’environnement influencent les décisions prisesau niveau communautaire.

NOTES FINALES1 – Ribot 2001

2 – Agarwal 2001, tel que cité dans Ribot 2002.

3 – Parmi ces barrières on compte: le manque d’électricité dans de nom-breuses communautés Ougandaises pour alimenter les ordinateurs néces-saires à l’utilisation des technologies SIG; le coût élevé des logiciels et dumatériel informatique, spécialement en référence aux revenus locaux; leniveau d’éducation relativement bas des résidents dans plusieurs com-munautés; le manque de familiarité avec l’informatique, la géographie etla cartographie; le besoin d’impliquer les experts extérieurs à la commu-nauté pour guider le développement des bases de données SIG; et lanécessité de conserver les données numériques sur un site éloigné,lessoustrayant à une disponibilité permanente pour les besoins de la com-munauté.

4 – Le projet EPED était un projet financé par l’USAID dans les districts deMasindi et de Nakasongola en Ouganda. Son but principal était d’inté-grer protection environnementale et développement économique au niveaurural. Il a été opérationnel dans ces zones entre 1996 et 2002.

5 – Bakebwa 2001

6 – Bakebwa 2001

19Outi ls de planif icat ion du développement rural décentral isé

BIBLIOGRAPHIE Bakebwa, Milton 2001- “Participatory Planning for Local Governance in

Uganda”. Document présenté à l’atelier de la collectivité locale du districtde Masindi sur la Décentralisation – Masindi, Ouganda 12-14 Décembre2001.

Chambers, Robert. 2002 - Ateliers participatifs: un ouvrage de 21 groupesd’idées et d’activités - Londres: EarthScan. 1997 – Whose Reality Counts? Colchester. UK: Intermediate TechnologyDevelopment Group Publishing.1994 “Participatory Rural Appraisal (PRA): Challenges, Potential andParadigm.” World Development 22(10): 1437–1454.1983 – Rural Development: Putting the Last First. Harlow, U.K.:Longmans.

Cooke, Bill and Uma Kothari, Eds. 2001. Participation: The New Tyranny?London: Zed Books.

EIS-AFRICA. 2002. Environmental Information Systems Development in Sub-Saharan Africa: Approaches, Lessons and Challenges. Pretoria, SouthAfrica.

Government of Uganda. 1997. The Local Governments Act, 1997. ActsSupplement Number 1. 24 March 1997. Entebbe, Uganda.

Kamowitz, David and Jesse C. Ribot. 2002. “ Services and Infrastructure ver-sus Natural Resources Management: Building a Base for DemocraticDecentralization.” Paper prepared for the World Resources Institute’sWorkshop on Decentralization and the Environment. Bellagio, Italy.February 18–22, 2002.

Ribot, Jesse C. 2002. Democratic Decentralization of Natural Resources:Institutionalizing Popular Participation. Washington D.C.: World ResourcesInstitute.

United Nations Development Program/Government of the Republic of Uganda.2001. Second Country Cooperation Framework 2001 – 2005. UNDP:Kampala, Uganda.

20 Outi ls de planif icat ion du développement rural décentral isé

RESSOURCES DESSINÉES SANS GUIDE

Centre médical

Église

Moulin à grain

Mosquée

Magasin

École

Centre de commerce

Point d'eau

Agriculture

Forêt

Colline

Zone humide

Route principale

Route secondaire

Fleuve

Limites officielles

Limites dessinées

Carte 1CARTE DES RESSOURCES DE LA COMMUNE DE NYANTONZI, TELLE QUE DRESSÉE PAR LES MEMBRES DE LA COMMUNAUTÉ, SUIVANTL’APPROCHE DU DIAGNOSTIC CONJOINT OU PARTICIPATIF UNIQUEMENT

Carte dessinée par les participants au cours de l’étape I de l’opération pilote de cartographie des ressources de la commune de Nyantonzi, en uti-lisant uniquement la technique du Diagnostic conjoint ou participatif. Une feuille de papier vierge a été remise aux villageois sur laquelle il leur aété demandé de positionner leurs ressources communales, de même que les limites de leur commune. Le médaillon (en haut et à droite du cadrede la carte) montre les limites officielles de la paroisse (en noir), en comparaison des limites dessinées par les villageois (en gris).

21Outi ls de planif icat ion du développement rural décentral isé

Carte 2COMMUNE DE NYANTONZI, CARTE DES LIMITES OFFICIELLES DE LA COMMUNE

Carte des limites officielles de la commune de Nyantonzi utilisée au cours de l’Étape 2 de l’opération pilote de cartographie des ressources com-munautaires. Les villageois ont éprouvé beaucoup de difficultés à voir dans ces limites celles du territoire sur lequel ils vivent. En l’absence detout point de repère en dehors de la direction de la boussole, les villageois ont rencontré beaucoup de difficultés dans le positionnement précisdes ressources communales telles que les fleuves, les points d’eau, les écoles, les églises, les marchés etc.

22 Outi ls de planif icat ion du développement rural décentral isé

Kilomètres

District de Masindi

Commune de Nvantonzi

OUGANDA

Courbes de niveau

Routes principales

Limites communales

DÉTAILS PLANIMÉTRIQUES

DE REPÉRAGE

Carte 3COMMUNE DE NYANTONZI, CARTE DES LIMITES COMPORTANT DES DÉTAILS DE REPERAGE ISSUS DU SIG (Courbes de Niveau et Routes)

Carte des limites officielles de la commune de Nyantonzi, comportant des détails planimétriques facilitant le repérage, tels que les courbes deniveau et les routes. Ces détails ont été utilisés au cours de l’Étape 3 de l’opération pilote de cartographie des ressources communautaires.

23Outi ls de planif icat ion du développement rural décentral isé

Carte 4CARTE DES RESSOURCES DE LA COMMUNE DE NYANTONZI, TELLES QUE DESSINÉES PAR LA COMMUNAUTÉ A L'AIDE D'UNFOND DE CARTE ISSU DU SIG ET MONTRANT LES LIMITES COMMUNALES, LES ROUTES ET LES COURBES DE NIVEAU

Carte dressée par la communauté au cours de l’étape 3 de l’opération pilote de cartographie des ressources de la commune de Nyantonzi en util-isant la carte 3 comme guide. La présence des courbes de niveau et des routes sur cette carte issue du SIG a aidé les participants à faire le lienentre les limites communales et les détails physiques. Les villageois ont repéré d’emblée les ressources communautaires et ont reporté leurs posi-tions avec plus de précision que dans les étapes précédentes de l’opération pilote. Ils ont également ajouté des ressources non représentées aucours des étapes antérieures de l’opération, notamment, des points d’eau supplémentaires et les emplacements des guérisseurs traditionnels.

24 Outi ls de planif icat ion du développement rural décentral isé

Carte 5COMMUNE DE NYANTONZI, CARTE DES RESSOURCES DRESSÉES A L’AIDE D’UN GPS

Carte montrant les ressources communautaires telles que positionnées à l’aide d’un GPS. Cette carte a été dressée en vue d’évaluer la précisionplanimétrique des détails dessinés par les villageois. Les données relatives à certains éléments cartographiés d’accès facile et enregistrées auGPS ont été transférées dans la base de données SIG. Toutefois, beaucoup d’éléments identifiés par les villageois se sont révélés d’accès difficile,et de ce fait, n’ont pas été pris en compte.

25Outi ls de planif icat ion du développement rural décentral isé

Carte 6COMMUNE DE NYANTONZI, COMPARAISON DES RESSOURCES COMMUNAUTAIRES TELLES QUE CARTOGRAPHIÉES PAR LACOMMUNAUTÉ D’UNE PART ET RESTITUÉES PAR GPS D’AUTRE PART

Carte comparative de la position des ressources telles que dessinées par la communauté d’une part, et restituées par levé GPS d’autre part. Lerésultat de cette comparaisons montre que les membres de la communauté peuvent localiser les détails avec une précision satisfaisante s’ils dis-posent de cartes des limites comportant des repères adéquats pour guider au positionnement des ressources communautaires de base.

FRANK R. TURYATUNGA

U N D O S S I E R D E D É B A T D E L ’ I N S T I T U T E D E S R E S S O U R C E S M O N D I A L E S W R I

OUTILS DE PLANIFICATION DU DEVELOPPEMENT RURALDECENTRALISECombinant les Techniques de DiagnosticConjoint ou Participatif et les Systèmesd'Information Géographique en Ouganda

Wor ld

Resources

Inst i tu te

Nyantonzi Parish

World

Resources

Institute

10 G Street, NESuite 800Washington, DC 20002www.wri.org