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É>OUR VIRGItM
On a lu dans un numéro récent do cette Revue (1) quelques
pages de cette critique pénétrante par où M. Louis Roussel se
plaît à multiplier le quandoque bonus... dormital, en l'appli-
quant aux noms les plus célèbres des littératures antiques. Je
ne veux point médire, dans son ensemble, de la rigueur de
son jugement esthétique; on ne se défiera jamais trop de
l'admiration convenue et superficielle des textes anciens; et ce
bonphilologue
voitsouvent juste. L'écueil est ici celui d'une
critique trop étroite, trop intellectuelle, et qui risque de
méconnaître, dans l'appréciation littéraire d'un texte poé-
tique, l'expression sentimentale qui ne s'inquiète pas, et a1 le
droit de ne pas s'inquiéter de la démarche rigoureusement
logique de la pensée. De ce-danger je crois apercevoir quelquetrace dans la note de M. Roussel ; qu'il m'excuse d'être ici son
Zoïle : je ne me le permets que parce que l'opposition à son
jugement me paraît faire question générale,-et de méthode.C'est Virgile qui est celte fois la victime de la critique de
M.i Roussel, avec l'imitation qu'a faite le poète latin, par deux
fois (Geotr/. IV, 472 sqq.; Aen., VI, 305 sqq.) du beau pas-sage de la Nekuia odysséenne qui rassemble, du fond de
l'Erèbe, les ombres des défunts (Od. XI, 36 sqq.). Virgileaurait fait la preuve de son ignorance, et, chose plus-gravepeut-être, il aurait commis une « faute de goût ». Je; ne puis
admettre celle-là, ni reconnaître celle-ci. Les textes sont b'en
(1) HF.G, n° 204 (janvier-mars i93i), p. i et suiv. .1
REG, XLV, 1932, 11» 20<J. \
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EMILE CAHÈM
connus, et reproduits encore dans l'article de M. Roussel ; je tic
crois pas utile de les transcrire à nouveau.Il est très facile de constater que l'ensemble des vv. 38-41 du
passage homérique a été rendu par Virgile de façon bien
inexacte. Mais on aura peine à supposer qu'il ait fait ici
comme un mauvais devoir, et qu'il l'ait fait par ignorance do
médiocre helléniste. Je ne crois pourtant pas, en m'exprimantainsi, forcer beaucoup la£pensée; de M. Roussel, puisque, selon
lui, d'abord, dans les deux groupes 7ioXtkÀ7)-:o'l -zt yépovTe? et
àvSpeç /.. T. À. la distinction des divers âges n'aurait pas été« vue ». M. Roussel nous parle là d'une faute d'élève de qua-trième ; je ne puis croire qu'il admette lui-même que Virgilel'ail pu commettre. Et il est très vrai que ces « vieillards » et les
« guerriers » dos vv. 40-41 ont été « fondus » dans defunctaque
corpora, etc.. Mais, très loin de voir là une marque d'igno-
rance, j'en vois une de l'habileté et du « bon goût » de Virgile.Aussi bien, M. Roussel —
n'y a-t-il pas ici quelque contradiction
dans sa critique?— nous dit lui-même pourquoi les avopE^ àpr.i-
oe^atoî, devaient disparaître du texte virgilien. C'est que « dans
l'enfer que peut concevoir Virgile, la classe des morts à la
guerre n'est plus assez importante pour mériter d'être citée à
part». Peut-être. Cependant la triste période des guerres civiles,
qui fait toujours un arrière-fond à la pensée des poètes
augustéens, n'avait-elle pas, elle aussi, amassé les « victimes
d'Ares. »? Je verrais, plutôt à cette suppression une raison
d'ordre tout littéraire et poétique. Plutôt que pour se rangeral'exactitude de fait, c'est pour produire une certaine impres-sion sentimentale que Virgile s'est ici, volontairement, « privédu détail atroce et pittoresque ». Matrones, époux, enfants,
jeunes filles, jeunes gens sur le bûcher funèbre-, tout est ici
nuancé en tristesse grave et douce; rien d'âpre ni de brutal,et le poète latin n'a pas voulu de la rupture d'impression quise marque au passage des vv. 39-40 du texte grec, raffiné déjà,
plus « vert » cependant, plus fruste que le texte virgilien. Il
n'est.pas. jusqu'à la mention majestueuse, mais estompée, des
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POCh VIRdtLË . ,*}
« héros » — morts peut-être, car rien n'est précisé, dans leur
lit, — héros, qui sait, de la guerre, ou de la cité? —qui nes'accorde au ton de tout l'ensemble. Ne disons pas que le texte
grec «a été peu compris ». Disons que, par les touches les plushabiles, le poète latin Ta infléchi à sa propre sensibilité — et,tout en même temps, à la grandeur calme de l'esprit romain,
qui respire dans toute cette suite de mots « maures alque viri
defunctaque etc.. » M. Roussel nous dit fort bien que le mot
v!i[A®at, « épouses », a été rendu « à la romaine par le digne
maires ». Mais i! ajoute, « moins bien ». Non, mieux, puisque« à la romaine»; je ne pense point que M. Roussel veuille
sacrifier aux autels d'un « beau » littéraire en tous temps et
tous lieux identique à lui-même. Je m'excuse d'être banal :n'est-ce pas Ja grandeur d'un Virgile d'avoir si bien su, parl'usage le plus délicat et le plus varié des nuances^ unir à la
majesté un peu dure el tendue du Romain la tendre sensibilitédu poète? Et ne peut-on voir un frappant exemple d'une telle
réussite dans les trois beaux vers qu'il faut remercier M. Rousseld'avoir replacés devant notre attention?
Il a lui-môme trop le sentiment de la grande poésie pourn'être pas frappé de la noblesse mélancolique du vers quidépeint les êlres jeunes mis sur le bûcher sous les yeux mômesde leurs parents,
Impositiqae rogis juvenes ante ora parentttm.
Mais, lancé dans la voie de la critique, c'est à lui pourtant qu'ilréserve sa flèche la plus acérée. Si, en soi, le vers est beau, il
représente pourtant une erreur du poète latin qui, « s'il a vibréà la lecture de son modèle, rie l'a pas compris ». Qu'est-ce àdire? En nous faisant partager la douleur, non pas des morts,mais, ici, de leurs parents, le poète nous fait sortir d*e l'Hàdès,où se passe cependant la scène, et le vers est « malheureux ».Oui bien ! sur les bords du fleuve infernal on ne saurait voir les
jeunes gens sur le bûcher funèbre; M. Roussel est, contre Vir-gile, un rude logicien qu'il est bien difficile de réfuter ; et je nel'essaierai point. Je confesserai seulement que je suis ainsi fait
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i -EMILE CAHEN
que j'ai grand plaisir, avec ce beau vers, à échanger ma pitié
« infernale», comme dit M. Roussel, contre une pitié « ter-restre » plus sincère, et que? pour moi, le saut d'imagination
qui contraint à passer, d'une démarche un peu bien irrégulièro,des ombres vaines à la réalité cruelle des: parents en pleurs,fait une beauté nouvelle qui renchérit sur le vieux texte.
D'ailleurs je croirais volontiers que le poète latin a voulu, très
discrètement, éveiller dans l'esprit de son lecteur comme Un
souvenir fugitif, à peine marqué, des vers mêmes de la Nekiiia
sur les « hommes d'Ares » dont la dureté lui avait paru peuconvenable à son tableau poétique. Qu'est-ce en effet que ces
« jeunes gens » que leurs tristes parents voient sur le bûcher
funèbre? Virgile ne laisse-t-il pas assez de champ libre à notre
imagination pour que nous puissions voir parmi eux tant de
victimes des luttes sanglantes qu'arrêta seulement la paix
impériale? Qui ne connaît le mot fameux d'Hérodote sur l'hor-
reur de la guerre, qui fait que les pères rendent les honneurs
funèbres aux enfants, non les enfants aux pères? N'est-ce pointune telle cruauté que Virgile a marquée d'un vers inoubliable,
infléchissant, encore, les détails réalistes du texte homériqueà la majesté romaine et à la sensibilité du poète ?
Quant, enfin, à la faute dégoût —-c'est la dernier reproche —
que Virgile aurait commise en associant à l'idée du rassemble-
ment hâtif — ruebal — des ombres celle des jeunes gens allon-
gés —imposili
— sur la couche funèbre, il semble qu'elle
tombe, si tombe la faute prétendue qui oblige notre esprit à sor-tir de l'Hadès. Si un élan de notre imagination réussit l'illo-
gique changement de lieu, l'énonciation imposili, au début du
vers, et qui coupe habilement le dernier terme de l'énuméra-
tion, les juvenes, de tous ceux qui le précèdent, n'a plus, par
là-même, rien qui choque. Le mouvement d'idée et l'expressionsont d!une hardiesse égale et se prêtent un mutuel appui. Qui
accepte l'un, l'autre ne saurait le heurter. Les deux mots sont,
d'ailleurs, assez éloignés l'un de l'autre pour que la discordanceen paraisse, elle aussi, assez « estompée ».
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POUR VIRGILE 5
Je voudrais, ma lance rompue pour Virgile, ne pas terminer
celte cpurte note sans chercher à préciser le sens d'une expres-sion du texte homérique, texte qui donne lieu, de la pari do
M. Roussel, à plus d'une fine et pénétrante observation.
M.Roussel noie avec bien de la justesse un certain air de brume
el de mystère qui donne à tout le passage de la Nekuia une
teinte très particulière. Parmi les traits qui vont dans ce sens
il cite le vsoravfHa BUJAÔVsyouTa'. du v. 39. Il critique à ce sujetla traduction de V. Rérard «... tendres vierges portant au
coeur leur premier deuil.. », étant donné que le mot veortevOviçrend l'idée d'un deuil nouvellement, tout dernièrement éprouvé.Et il remarque fort pertinemment que si « les vierges ont au
coeur une douleur récente, cette douleur n'est pas expliquée pré-cisément. » Mais, à vrai dire, si tel est bien le sens, l'expres-sion n'est pas seulement « estompée » ou mystérieuse, elle
apparaît—
soyons « logiques » à notre tour — inintelligible.
Quel pourrait bien être ce deuil «récent »? On n'en voit qu'un
qui, pour notre sensibilité, pourraitfairc la tristesse desjeunesvierges : celui d'un futur époux; mais nous sommes trop éloi-
gnés ici de toute idée antique. Il faut prendre l'expression,
croyons-nous, d'un autre biais, si l'on ne veut pas admettre
que l'épithète soit « en l 'air ». Le coeur VEOTTEVÔ/,?,c'est celui
pour qui la douleur, en soi, est chose récente, nouvelle; c'est le
coeur de la vierge qui n'a connu d'autre deuil que celui-là,
précisément, de sa mort prématurée, qui la prive des joies de la
vie, et parmi elles des douceurs de l'hymen. L'expression estun peu bien « romantique » ; mais c'est la nuance que M. Rous-sel attribue justement à lout le passage. A une telle expres-sion répondent encore, avec une exactitude qui n'est point litté-rale et scolaire, mais qui va au tond du sentiment, les innup-tae puellae du texte latin. Et encore il nous faut dire, en termi-
nant, que le « premier deuil » de la traduction de V. Bérardserait ainsi, dans sa liberté à l'égard d'une lexicographie rigou-
reuse, plus près que le « deuil récent » de M. Roussel de laYérifé du texte homérique. On peut bien critiquer plus cj'urj
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T-^-j-tt** ;'<'*.
6 ÉMILtO CAHEN
détail de 1' « Odyssée » de. Bérard ; la nuance y est souvent
forcée. En ce jour
où les hellénistesportent
bien aucoeur,
cette
fois, son deuil récent, je me permettrai d'offrir à sa grandemémoire cet essai de justification d'un détail intime dune pagede sa « restitution » homérique (1).
Emile CAUEN.Aix, 20 novembre 1931.
(1) Qu'on nous permette de noter ici mie surprenante constatation. La plusrécente histoire de la littérature grecque publiée en Allemagne, celle de Getîcken,
comporte, pour sa première partie, à côté d'un volume de texte, un volume d'an-notations et de références. Un chapitre en est consacré à YOdyssée, et d'autre
part un exctirsas développé traite de l'histoire de la question homérique jusqu'à
l'époque la plus récente. Au cours de l 'un et de l'autre, les divers systèmes sont
indiqués, et de très nombreux travaux sont mentionnés. Mais le nom de V. Bé-rard n'est même pas cité. Son oeuvre discutable et puissante n'existe pas pour le
lecteur de M. Geil'cken. Ou plutôt ce nom apparaît dans une note (p. 52, n. 1)où, à propos de son livre sur d'Aubignac, V. Bérard est qualifié « einer jener
raclisâchtif/en l'ranzosen im Wellkrier/e ». Il aurait l 'ait preuve de débilité d'esprit,schwiichlich ; entendons sans doute quelque chose comme de la « mesquinerie ».Ne peut-on en toute justice, pour son omission volontaire, renvoyer le compli-ment au savant allemand?
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^Sg**« |ir^/.^,'Vf^l-V..j5j^*;
ÉTUDES" D'HISTOIRE HELLÉNISTIQUE
LA CLAUSE TERRITORIALE DU TRAITÉ D'APAMÉE
(188 AV. J.-C.) (i)'
,'
II
J'ai défendu de mon mieux contre Les critiques de Kalirstcdt
l'interprétation que Viereck, Gardinali et quelques autres ont
donnée de la clause territoriale du traité d'Apâmée. A cette
interprétation s'oppose celle dont Kalirstcdt lui-même est
l'auteur. C'est elle qu'il faut maintenant examiner.
Il n'est tenu compte, dans le système de Kabrsledt, ni de
l'acception particulière où est pris en de nombreux traités le
verbe sxywpsïv ; ni de la siguilicalion convenue et fixe attribuée
à la locution i\ km ~b.os (ou ÈVTÔÇ)TOGTaûpou 'Aa-îa; ni de l'iden-
tité de la région ainsi nommée avec la svro^ "AÀuoçyj&pa., iden-
tité qui explique et justifie la mention de l'Halys dans le texte
du traité; ni de ce qu'a de vraiment décisif l'indication fournie
par le Mitfiridateios d'Appien. II serait, en conséquence, légi-
time d'écarter ce système par la question préalable. Mais la
l'éputation méritée de celui qui l'a conçu m'interdit l'emploi de
cette méthode expéditive. Je me crois tenu, par égard pour
Kalirstcdt, de sou mettre ses hypothèses à une critique fort
attentive.
Kalirstcdt maintient, à un menu détail près, le texte de
T. Livo tel que l'offre la vulgatc. Il n'admet aucun des chen-
il) Voir JOEG,XI.IV (1931), p. 304 rt suiv.
/ '.-...M
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^p^pf^f^ip^^^^f^^1^*
V?i!.-"- *~>* VÎ""'' ^'î
8 MAURICE UOLLEACX
gemenls qu'y oui introduits les derniers critiques. Il se refuse
à remplacer Tanaim par Halyn; il rejette ab inséré par Vier-eck entre et et ea valle ; il n'a garde, enfin, de transporterTauri après iuga [iugum) (1) : car il estime que les mots ea valle
sont Sans relation avec Tanaim, mais inséparables de Tauri.
De la phrase excedito (Antiochus) cet. il résulterait, d'après
lui, que le traité de 188 n'aurait astreint Antiochos qu'à « se
retirer» (abtreten) des parties de l'Asie-Miucure dont il était
jusque-là maître effectif, mais qu'il les lui aurait fait évacuer
dans leur quasi totalité. Au nord-est, à l'est et au sud-est,les territoires perdus par le Grand-Roi auraient été en effet
délimités comme il suit (2) :
1° Au nord-est et à l'est, par les frontières de la Galalie et de
la Cappadoce.— 11° Au sud-est : 1° par le cours supérieur du
Tschakyt-Tschaï (3) jusqu'au point où celte rivière, qui arrose
d'abord l'angle sud-ouest de la Cappadoce, atteint et franchit
le ïauros, soit à 20 kilom. environ à l'est dés Portes-Cili-
ciennes : leTschakyt-Tschaï (dont
nousignorons
le nom
antique) serait le Tanais amnis des manuscrits de T. Live (4) ; — 2D>par la chaîne du Tauros, depuis le point où celle chaîne
est traversée par le Tschakyt-Tschaï jusqu'à celui où en des-
cend, au sud, l'Alata-Tschaï, fleuve de Cilicie ; — 3° entre le
Tauros et la mer, parla vallée de l'Alata-Tschaï et les hauteurs
qui la bordent à l'est : cette vallée, qui débouche dans la mer
à 22 kilom. à l'ouest de Soloi (5), serait identique à Vea vallis
de T. Live.
Il est, certain que, dès qu'on jette les yeux sur la carte, cette
délimitation cause quelque étonnement.
(1) Kahrstedt {Gôtt. Nachr. 1923, 93) écrit, connue Mommsen, Tauri usque ad
iuyum au lieu de iuga • c'est la seule retouche qu'il consente â faire au textetraditionnel.
(2) Kahrstedt, Ici. ibid. 94-96.
(3) Sur le Tschakyt-Tschuï, voir les observations instructives de l'.X. Schafl'cr,Cilicia, 1S (l'etermanna MM. Erg.-hel't 141, 1903); çf, aussi VV. Ilu<je, l'hil,Wockensckr. 1928, col. 1373, et ci-après, p. 24-2ÎJ,
(4) Kahrstedt, (i iit l. Nachr. ibid. i lî i.
(H) Kahrstedt, Id. ibid. 96,
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LE TRAITÉ D'APAMÉB 9
Antiochos, en vertu du traité de 188, doit îxywpswTïjç 'Ao-taçv^?sid xâSe TOÛ
ïaùpoy ny.?-^ (1).Cela
implique—
n?est-il pas vrai? — que désormais la chaîne du Tauros servira, tout au moins
sur une grande longueur, de frontière nord-ouest à son empire :
or, d'après Kahrstedt, elle ne remplirait cet office que sur
quelque 75 kilom. en tout, entre la brèche par où s'échappe le
Tschakyt-Tschaï et les sources de l'Alata-Tschaï. Voilà qui est
singulier. — Par le même traité le Grand-Roi se voit enlever en
Asie-Mineure tous ses territoires « cistauriques », mais, sem-
ble-t-il,ceux-là
seulement (2). Cependant, à en croire Kahr-stedt, il serait en outre dépouillé d'une ample portion de ses ter-
ritoires « transtauriques » : il lui faudrait en effet céder ses
possessions maritimes à l'ouest de l'Alata-Tschaï, c'est-à-dire,
pour ne point parler ici de la Pamphylie (3), toute la Cilicie
Trachée et la bordure occidentale de la Cilicie Plane (4). Ceciencore est fait pour surprendre. — Enfin, du rôle imprévu queKahrstedt fait jouer au Tschakyt-Tschaï, il faudrait, conclure
qu'Antiochos devra évacuer la contrée qui est, à l'ouesl, rive-raine de ce cours d'eau, jusqu'au point où il s'ouvre un passageà travers la chaîne taurique. Cette contrée ressortissait pour la
plus grande partie à la Tyanitide, province cappadocienne. Ensorte que nous apprenons — ce qui est au moins inattendu
—qu'Antiochos était maître, au sud-ouest de la Cappadoce,
d'un morceau de pays enlevé à ce royaume et s'étendanf
jusqu'au-delà dés Portes-Ciliciennes (5).
L'interprétation que nous offre Kahrstedt du texte de T. Liveinspire ainsi, dès le premier moment, des inquiétudes quiparaissent fondées. Mais il faut serrer les choses de plus près.
(t) Pol. XXI, 17, 3, etc. ; HEG, XLIV (1931), p. 310.
(2) C'est ee que prouvesurabondammeiltladiscussion ayant pour objet la Pam'
phylie (ci après, p. 16 suiv.) : celle-ci sera ou ne sera pas séleucide selon qu'elleest transtaùrique ou cistaurique.
(3) Ce qui concerne la Pamphylie sei'a traité à part; voir ci-après, p. 16 suiv.
(4) C'est le fleuve Lamos qui sépare les deux Cilieies : Strab. XIV, 5, 6, p. 671.Entre le
Limos) (à l'ouest) et l'Alata-Tschaï (à l'est) la distance est d'environ10 lcilom. ; cette étendue de pays aurait été perdue par Antiochos en nv^metemps que la Cilicie Trachée.
(5) Kahrstedt, GSU. Naçlir. 1923, 94-9S ; cf. ci-après, p. 28-2tf,
,?.'•/<,
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10 MAURICE H0L.LEAC5Ê
I. — Ce qu'il y a de plus considérable et de plus neuf dans
cetle interprétation, c'est l'abandon qu'Antiochos aurait dû faire
de la moitié environ de la Cilicie. C'est donc la vraisemblance
de ce fait, si important et dont nul avant Kahrstedt n'avait eu
le soupçon, qu'il convient d'abord de contrôler.
Remarque préliminaire. Selon Kahrstedt, dans la phrase et
ca oalle Tauri uxque ad iugum, qua in Lycaoniam vergit, les
mots ca mille Tauri doivent nécessairement désigner : « une
vallée qui part de la chaîne principale du Tauros (là où celle-ci
incline, au nord, du côté de la Lykaonic) et qui se dirige au
sud vers la mer », c'est-à-dire « la vallée d'un de ces cours
d'eau, de faible longueur, qui abondent sur la côte de la Cilicie
occidentale » (1), et, dans le fait, celle de l'Alata-Tschaï (2). Si
tel est vraiment le cas, il faut convenir que ces Irois mois sont
étonnamment riches de sens : ils l'appellent le belmen du
Bourgeois gentilhomme. Mais il se trouvera sans doute des per-sonnes qui hésiteront à y découvrir tant de choses. Et peut-êtrese demanderont-elles aussi pourquoi, s'il s'agit d'une vallée qui
pari du Tauros et s'en éloigne, les mots usquc ad iugum cet.
semblent indiquer justement la direction contraire ; pourquoi,si la vallée en question débouche dans la mer, il n'est past'ait mention de celle-ci, et surtout pourquoi le lleuve qui la
parcourt n'est pas nommément désigné (H).
(1) Kahrstedt, OiM. Nachr. ibid. 93 : « Antiochos soll... ablrelcn das « Tal des
Tauros » bis zum Kamiii und zwar dus Tal, wo der Kamin nach Lykaonienahftillt. Da die Gcbiete nordlich des Tauros
erledigtsind, kann es sich minuit
cin Tal handeln, das vom Tauroskamm nach Siiden zum Meer fùhrt, eincn der
zahlreichen kurzen Kiistenflûsse im westlichen Kilikien... » ; 95-96 : « Antiochos*
soll ein Tal ablreten. d. h. die Grenzc soll auf einem jener kurzen Kammc. anf
der Wasserscheide zweier Kustenflûssc, vom Ilauptkauini zum Meere streichen.
Und zwar zweigt das besagle Tal dort vom Mauplkamni ab, wo dieser (niimlichauf deranderen Seite, nach Norden) nach Lykaonien abfâllt ».
(2) Kahrstedt, Id. ibid. 96 : « Nun gibt es... nur ein cinziges Tal, (las unmiltel-
bar ain Kamin ansetzt und von dem ...l,ykaonischen Tauros scharf hitidurchrasst
bis zum Meer, das des Alata-Tschai... »
'.'!) Cette singularité n'a point échappé à Kahrstedt; il écrit; (Id. ibid. 96,2) :
« Die Frage, ob in dem « ea » valle Tauri der Name des Klusses steht, ist eine
Sache filr sich. [Mais qui croira jamais que le nom d'un lleuve se puisse dissi-muler sous les Jeux letlfes du. mot efi'.'\ Kiilig isl die Annalmif- niclU.dic (ienlitn-
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LE TRAITÉ D'APAMÊE . i{
Mais passons. Kahrstedt attribue à son hypothèse deux
mérites. Al'entendre,
elle est d'abord nécessaire: elle introduit
dans le texte du traité une précision de laquelle on ne saurait
se passer ; de plus, elle supprime une bizarrerie choquante, une
véritable absurdité, qu'implique l'interprétation traditionnelle.
Remettons à tout-à-l'heure (p. J8 suiv.) l'examen du premier
point; commençons par vérifier le second.
Le traité interdit à Antiochos d'expédier aucun vaisseau de
guerre par-delà les bouches du Kalykadnos et le Cap Sarpé-
don (1). Or, si l'on accepte l'opinion courante, la nouvelle fron-
tière de l'Etat séleucide n'aboutit à la mer que fort loin — à
200 kilom. environ — dans l'ouest de ce cap : c'est donc une
côte de 200 kilomètres, la côte presque entière de la Cilicie
Trachée, qui, bien qu'appartenant en droit à Antiochos, se
trouve être inaccessible a sa flotte. Voilà, selon Kahrstedt, quidéfie le sens commun (2). Effectivement, remarque-t-il, « ta
Cilicie occidentale est au second siècle un pays sauvage entre
tous, impraticable, sans routes, réfractaire à toute civilisation.
Des chefs de bandits... y font la loi, dans une pleine indépen-
dance, du haut de leurs châteaux-forts ; entre l'est et l'ouest de
la Cilicie il n'existe par voie déterre aucune communication... »
Si donc le traité, en même temps qu'il maintient à Antiochos
la possession des villes maritimes de la Cilicie Trachée, l'em-
pêche de les atteindre par mer, les conséquences absurdes de
cette contradiction sautent aux yeux. Ces villes échapperontnécessairement à l'autorité du roi, puisqu'il sera hors d'état
mung isl auch so vblliq klar... » Voilà une appréciation qu'on jugera optimiste àl'excès ; sans ôtre bien exigeant, on a le droit de souhaiter poco piit diluce. —
Se. rappeler la question de Mommsen (R. F. II, 529) : « ...dann diesen [denHalys] zwischen den Taurus und das —ja welctiesï — Thaï des Taurus einzu-schieben ist cine Kette von Unvernunfligkeiten etc. » On sait que Moinmsenrésout la difficulté en faisant du Taurus un fleuve («. F. Il, 329-530).
(1) Pol. XXI, 43, 14 (Liv. 38, 38, 9). Pour les difficultés de détail que présentecette clause du traité d'Apamée, voir II. J. Millier dans Weissenborn, éd. de Liv.adl. Cf., en dernier lieu, Tt'iubler,
Imp.Roman. I, 17 et note 4, 78-79; De Sanc-
tis, Stor. de.i l\om. IV, 1, 208, note 149.(2) Kahrstedt, Gotl. Nachv. ibid. 96 : « VVenn die Ivûslenstiidte im rauhen Kili-
kien seleukidisoh bleiben solltep, so v?ar die f'alirtgrenze heller Unsjnn. H
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MAUWCÊ HOLLEAtiX
« d'y mettre des garnisons et d'y lever des troupes; à peine
y pourra-t-il envoyer quelques fonctionnaires et percevoirquelques impôts... » : elles ne seront séleucides que de nom.
La raison veut qu'il y ait eu concordance entre la Valirbijrenzeet la Reichsgrenze (1) et, partant, que la frontière occidentale
dit royaume dû Syrie ait touché la côte au voisinage du Cap
Sarpédon, c'est-à-dire vers l'extrémité orientale de la Cilicie
Trachée : ce qui est précisément le cas, si l'on admet le sys-tème nouvellement imaginé (2).
Certains ont jugé convaincante cette argumentation (3);c'est qu'ils ont la conviction facile. A. Kahrstedt d'autres
répondront que |a contradiction qui le scandalise — la défense
signifiée à Antiochos de faire naviguer ses vaisseaux de ligne
plus loin que le Cap Sarpédon, encore qu'on le reconnaisse
maître de tout le littoral cilicien — a su suffisante explication
dans la crainte persistante du Sénat de voir la marine syrienne
paraître à nouveau dans la Mer Aigée(i), et dans son parti
pris, né du cette crainte,île
l'entenir constamment
éloignée.De même que le gouvernement romain a exigé la réduction de
cette marine à l'effectif minime de 10 katapliractes (S), de
même il confine strictement ce peu qui en reste dans les eaux
orientales : il n'y a rien la que de rationnel. Et quant aux
embarras que celte précaution pouvait entraîner pour le roi
vaincu, dussent-ils même être aussi sérieux que les représente
Kahrstedt, pourquoi les Romains y, auraient-ils eu' égard?
(1) Kahrstedt, Id. ibid. 96-97.
(2) On notera toutefois que la « concordance » ainsi obtenue n'est que très
approximative: car l'Alala-Tschaï se jette dans la mer à plus de 50 kiloni. dans
l'est du Cap Sarpédon.
(3) Cf. W. Wagc,Philol. Wochenschr. 1928, col. 137.') : « Die Angabe bei I,iv. 88,
38, 9, dass Antiochos westwârts nicht ùber den Kalykadnos und das Sarpedon-
ische Vorgebirge mit seinen Schifîen hinausfahren dûrfe, lasst gar keine andere
Grenzziehung zu. »
(4)*Remarquer, dans le traité d'Apamée, la clause (Pol. XXI, 43,4) : p.r, ico'Xep.f,-
T3U 5: 'AVTIO/OV TOÎ? ÈTCÎ TSlï{ VTflQH JJ.T.5ÈXoU KOlTà Tr,V E'JpWZT.V.
(Si)Pol.
XXI, 43,13 : v.ai
(iïivtÉTi iyétiazX'r\'/ ôÉxa
xataspixTuv.
Pour les embarras
que soulève la suite du texte dans Polybe et dans T. I.ive (38, 38, 8), cf. De Sanc-
.\is,,Stor, dei llom- IV, 1, ;J07, note W,
mxt&i .-.. ...
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Lis TKA1TÉ D APAMÉtë 13
A supposer (ce qui n'est pas sûr) qu'ils s'en fussent claire-
ment rendu compte, j'imagine que, loin d'en prendre souci,ils en eussent bien plutôt ressenti quelque satisfaction. L'au-
torité" d'Anfiochos sur la Cilicie Trachée risquait de devenir
illusoire? Celte perspective n'avait rien qui leur pût déplaire.
Lorsqu'il déclare absurdes les conséquences du traité d'Apa-mée interprété comme on fait d'ordinaire, Kahrstedt les jugedu point de vue d'Aniiochos. Peut-être aurait-il eu raison de se
placer à celui du Sénat, c'est-à-dire de l'auteur du traité,
lequel, sûrement, les considérait d'un autre oeil.La difficulté que devait faire disparaître l'hypothèse de Kahr-
stedt n'existe pas ; en revanche, celles que soulève cette
même hypothèse ne sont pas seulement réelles, mais inso-
lubles.
Dans les instructions qu'il remet à ses dix commissaires
envoyés en Asie (1), le Sénat fixe avec une grande précision le
sort des contrées perdues par Antiochos. 11 nomme en premierlieu : la Lykaônie, les deux Phrygies (la Pisidie incluse) (2), la
Mysie, les parties de la Lydie et de llonie non comprises dans
les territoires des cités grecques déclarées libres, la partie de
la Carie située au nord du Méandre — tous pays qui devien-
dront la propriété d'Eumcnes; il mentionne ensuite la Carie pro-
pre, au sud du Méandre, et la Lycie (moins Telmessos réservéeà Eumènes), qui seront adjugées aux Rhodiens. Dans cette énu-mération manquent, on le voit, et la Pamphylie et la Cilicie.
Ne nous occupons ici que de la dernière (3). Comment, dans le
système de Kahrstedt, rendre raison du silence que garde surelle le Sénat? 11 est clair qu'on ne saurait l'expliquer par une
omission involontaire. En conclura-t-on qu'après avoir enlevé
(1) Liv. (ann.) 37, 56, 1-6. Pour l'origine de ce passage, certainement extraitd'un document officiel, voir Mommsen, R. F. Il, S23-S24 (contre NUsen, Krit.UrUers, 200; cf. Niese, Geschichle..., 11, 748, note 5) et De Sanctis, Slor. dei Rom.
IV, l, 223, note 184.(2) Cf. Pol, XXI, 22, 14 (discours des Rhodiens au Sénat), et la remarque deTaubler, Imp. Boni. 1, 70, note^.
(3) Pour la Pamphylie, voir ci-après, p. 16 suiv.
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il MAUIIICE UOLLEAUX
au Grand-lloi la partie oucsL du pays, la Cilicic Trachée, les
patres, résolus à ne la livrer ni à Eumènes ni aux llhodiens,
avaient décidé de lui laisser l'indépendance? Mais, supposé quetelle fût leur volonté (et quelle apparence, vraiment, qu'ilseussent porté tant d'intérêt aux Ciliciens occidentaux?), encore
auraient-ils dû la signifier de façon expliciLe, comme ils firent
lorsqu'il s'agissait des cités helléniques naguère sujettes d'An-
tiochos. S'ils sont muets sur le soit réservé à l'ouest de la Cili-
cie, on n'en découvre qu'un motif : c'est que, contrairement
à ce qu'a pensé Kahrsledt, la côte cilicienne tout entière
demeure, comme devant, clans l'obéissance des Séleucides.
Aussi bien, si Antiochos avait dû abandonner la Cilicie occi-
dentale, il y a tout lieu de penser qu'après 188 elle serait
devenue, comme ce fut le cas pour une partie au moins de la
Pampbylie (1), une province du royaume de Pergame. Et c'est
là en effet ce que, sans le dire en propres termes, paraîtadmettre Kahrstedt (2). Mais, cependant, il n'y a nul indice
qu'aucune partie de la Cilicie ait jamais dépendu d'Eumènes
(1) Voir ci-après, p. 21, et note 2.
(2) Kahi'sledt, GôU. Nadir. 1923, 98 et noie :s, à propos de Séleucie-du-
Kalykadnos, ville de la Cilicie Trachée. — Kahrstedt s'étend longuement (Id.ibid.) sur la célèbre inscription, comprenant de nombreux décrets d'origine variéerendus en l'honneur d'Eudéinos, fils de Nikon, courtisan influent d'Antiochos IV
(et non, comme le dit Kahrstedt, son ministre), qui a été découverte à Séleucie
(Sylloge*, 644-645 ; Jahreshefte, XVIII, 1915, Beiblalt, col. 1G suiv.). 11 s'évertueà établir que la présence de ladite inscription dans cette ville n'implique point
que celle-ci dépendit d'Antiochos. Dans le fait, comme Eudémos était originairede Séleucie, l'hommage dont il est l'objet dans sa patrie est chose toute naturelle
et qu'on peut croire dépourvue de signification politique ; à mon avis, l'ins-
cription ne saurait rien prouver ni pour ni contre le système de Kahrstedt.Mais celui-ci s'abuse gravement lorsqu'il écrit : « ... gerade Seleukeia ehrt seinenberiihml gewordenen Sohn nichl, sondern Argos, Rliodos, Boiolien, Byzanz,Lampsakos, Kalchedon und Kyzikos tun dies. War Seleukeia nicht nur dieIleimat des Ministers [?], sondern ein loyaler Untertan des Antiochos, wiïre das
Schweigen sellsam. » Ce prétendu silence de la viJle de Séleucie, que Kahrstedtaimerait ;ï tourner en argument, est une pure imagination. Il est de toute évi-dence qu'un on plusieurs décrets votés pour Eudémos par ses concitoyens, et
maintenant disparus, accompagnaient ceux des villes étrangères. C'est ce que
note expressément Ad. Wilhelm (Jahresliefle, ibid. col. 19), qui allègue l'exempletout semblable de la « série de décrets » concernant le médecin Asklépiadès de
Pergé (S. B. Wien. Akad. t. 119 (6), 54 suiv.).
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Lit TRAITÉ D'AP^MÉE 15
tiî de ses deux successeurs (1). A l'appui de sa thèse, après
avoir rappelé qu' « Antiochos IV lit le plus énergique elï'ort
pour répandre l'hellénisme dans toutes les parties de ses Etats,
qu'il fonda nombre de villes ou leur rendit la vie..., et qu'en
Ciiicie spécialement, les traces de son activité se retrouvent à
Tarsos, à Adana, à Épiphaneia, à Mopsouhestia, bref, dans
toutes les localités importantes situées à l 'est du pays », Kahr-
stedt (2) insiste sur ce fait qu' « à l'ouesl », au contraire, on n'en
relève aucune, « encore que la Ciiicie occidentale, si elle avait
continué de faire partie de l'empire séleucide, en eût formé une
« marche » particulièrement exposée, où l'établissement de
postes défensifs contre les tribus sauvages des montagnes eût
été une nécessité impérieuse » ; et, bien entendu, ce contraste
lui est une preuve nouvelle que, depuis le traité d'Apamée, le
pays avait cessé d'être soumis aux rois de Syrie (3). Mais, en
(1) D'après M. Uostovlzetf (Cambr. anc. hist. VIII, 591, note 2), c'est à un souve-rain attalide (probablement Eumènes 11), que C. Bradford Welles attribuerait le
fragment tle lettre découvert à Soloi par Ad. Wilhelm et R. Heberdey et publié
par le premier [Deuhsclir. Wien. Akad. XUV, 1896, 43, n. 101). Il convient
d'attendre la démonstrat ion de Welles, l'ondée, paraît-il, « on stilistic grounds ».
Jusqu'à nouvel ordre, je considère la lettre en question comme étant d'origineséleucide ou ptolémaïque, et je Houte, je l'avoue, que des « arguments stylis-
tiques » puissent prévaloir sur les considérations historiques qui m'obligent à
refuser aux rois de Pergame la possession de la côte cil icienne. On observera
d'ailleurs que si la lettre trouvée n Soloi provenait de l'un d'eux, ce n'est passeulement (comme penche à le croire Kahrstedt) la Ciiicie Trachée, mais aussi
une partie de la Ciiicie Wane qui leur aurait appartenu. A quoi l'on peut ajouter
qu'ils n'eussent établi leur autorité sur Soloi qu'en dépit des Rhodicns et du Sénat
(voir ci-après). Cela est-il vraisemblable ?
(2) Kahrstedt, GÔU. Nachr. 1923, 91.
(3) Deux autres arguments produits par Kahrstedt (Id. ibid. 97) méritent à
peine qu'on les discute. — 1" En 189, après l'établissement des accords prélimi-naires, les Rhodicns prient le Sénat de faire en sorte que la ville cilicienne de
Soloi, qui leur est unie par des liens d'antique parenté, devienne une cité libre
(Pol. XXI, 24,10-12). Ceci suggère à Kahrstedt l'observation suivante : si Antiochosa dû renoncer h la Ciiicie Trachée, Soloi se trouve toute voisine de la frontière
nouvelle, et, par suite, ce que demandent les Rhodiens, c'est simplement une« lokale Korrektur »; dans le cas contraire, il faudrait, pour leur donner satis-
faction, que Soloi formât une enclave indépendante en territoire séleucide. Maispourquoi n'elit-on pas en ell'et arrangé les choses de cette dernière façon ? Le
système des « enclaves » était alors en usage : la ville lycienne de Telmessos nedevint-elle pas, en 189, une enclave pergaménienne en territoire rhodien ? Au
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16 MAURICE HOLLËAUX
raisonnant ainsi, il n'a pas pris garde que l'argument négatif
dont il faisait usage était à deux tranchants, et qu'on pouvaitle mieux du monde s'en servir contre lui. Les Atlalides
n'ont point été de médiocres propagateurs de l'hellénisme (1).
L'exemple d'Attaleia de Pamphylie montre, notamment, qu'ilsne négligèrent point de créer des villes dans cette régionméridionale de l'Asie-Mineure que leur attribua la paix de 188.
Parlant, ne serait-ce pas chose étrange, si la Cilicie Trachée
leur était alors échue, qu'ils n'y eussent fait aucune fondation?
Leur cas serait bien plus surprenantque celui d'Antiochos IV :car celui-ci n'ayant régné que douze ans, il se pourrait que le
temps lui eût fait défaut pour imprimer sa marque sur la
Cilicie occidentale, tandis que c'eût été durant plus d'un demi-
siècle, que, maîtres de la contrée, les princes de Pergame se
fussent abstenus de l'helléniser.
Et voici, enfin, la difficulté majeure.On connaît le différend, relaté par Polybe (2), qui, dans l'été
de 188, après qu'eut été conclu et juré à Apamée le traitédéfinitif avec Antiochos 111, après même que les commissaires
du Sénat, eurent procédé à la répartition des territoires conquis,s'éleva brusquement au sujet de la Pamphylie. Encouragé (onn'en saurait douter), peut-être même stylé par Gn. Manlius,
Eumènes prétendit lout-à-coup démontrer qu'Antiochos s'en
devait retirer : d'où véhémentes protestations des envoyés
syriens et grande perplexité des commissaires romains, les-
quels ne sachant que décider, renvoyèrent l'affaire au Sénat.
reste, Kahrstedt ne fait point attention que, dans son zèle à complaire aux
Uhodiens, le Sénat commença par exiger qu'Antiochos « renonçât à toule la
(ïïlicie » (Pol. XXI, 24, 13: Èmtarts rataïiç Kt^ixCa; tx^upeïv tôv 'AVTÎO/OV) : eut-il
tenu ce langage, s'il avait suffi, pour que les Rhodiens eussent cause gagnée,d'une « rectification de front ière »? Cette phrase ne seinble-t-elle pas signifierbien plutôt que la côte entière, à l'ouest de Soloi, était encore en la possession du
Grand-Koi ? — 2" Quant au passage de Strabon (XIV, 5, 6, p. 671), où il est rappelé
que les Romains laissèrent Arctielaos régner sur la Cilicie Trachée, pour^sc dis-
penser de gouverner eux-mêmes une contrée en proie au brigandage, je ne sais
en vérité ce que Kahrstedt y peut découvrir qui confirme sa théorie.(1) Cf. Ernst, Meyer, Die Greiizen..., 151 suiv.
(2) Pol. XXI, 46,11.
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Lfc 'l'RAitÉ D'APAMÉE 1?
Or, si les stipulations territoriales du traité avaient été celles
qu'indique Kalirstedt, il est sûr qu'on devrait renoncer à rienentendre à cet incident. Effectivement, pour qu'ait pu naître
la contestation que rappelle Polybe, il a fallu qu'il y eût
doute possible sur un point, le suivant : aux termes du traité,
la frontière nouvelje de l'empire séleucide passait-elle à l'ouest
(comme c'était la conviction des représentants d'Antiochos), ou
(comme le soutenait Eumènes) à l'est de la Pamphylie? Mais
comment ce doute aurait-il existé, si cet empire avait eu désor-
mais pour limite nord-ouest le cours de l'Alata-Tschaï ? Ducoup, nous l'avons déjà noté (1), le Grand-Roi eût inévitable-
ment perdu tout ce qu'il avait possédé, le long de la côte, à
l'ouest du fleuve —par conséquent, la Pamphylie aussi bien
que les deux contrées qui l'encadraient, Cilicie occidentale,d'une part, et Lycie, de l'autre; et dès lors, toute possibilité
d'équivoque étant exclue, la déclaration d'Eumènes, les protes-
tations des Syriens, l'embarras des légats seraient également
inconcevables. — L'objection a été vue, et très bien, parKahrstedt (2). 11 en a saisi la gravité ; mais, quelque effort
qu'il y ait fait (3), il n'a point réussi à l'affaiblir : c'est qu'eneffet elle est péremptoire.
(1) Ci-dessus, p. 9.
(2) Kahrstedt, G'ûll. Nachr. 1923, 91-98.
(3) Pour s'en débarrasser, après avoir écrit (Id. ibid. 98): « Antiochos sotl
abtreten die Gebiete nôrdlich des Hauptkammes des Tauros und — da ein solcher
nichtObérai I als Grenze vorhanden ist
—das Tal des Alata-Tschai. » So haberlwir interpretiert. Nalilrlich war damil auch besagt, dass die Kilsle westlich des
Alata-Tscliai au/get/eben wevden mussle », Kahrstedt fait cette réserve : « Aber bei
allzu wortlicher Pressung des Satzes Itonnte jemand hineinlesen : nl irdl ich Pam-
phylien ist mieder ein klarer llauptkamm vorhanden, also hat er d ie Grenze zu
bilden. » Mais il semble bien plier ici l'orographie aux besoins de son argumen-tation. La carte (voir notamment VArchuolog. Karle de W. Iluge et E. Fredrich)n indique pas, au nord de la Pamphylie, ce «klarer llauptkamm » dont parleKalirstedt. L'ensemble montagneux désigné par le nom de Tauros n'est point là
moins confus que, par exemple, au nord de la Cilicie occidentale. En fait, trèsrares paraissent être les lieux où le Tauros se présente sous l'aspect d'une chaîne
nettement dessinée. Mais les anciens, simplifiant les choses, n'ont guère prissouci de cette difficulté; ils ont à l'ordinaire admis l 'existence I'.C celle chaînesans avoir égard à l'état réel du terrain. 11 se peut d'ailleurs Irt's Lien que, lorsde l'exécution du traité, on ait, comme, l'indique Appion .(Syr. 38\ jalonné de
ItEG; XLV, 1932, n» 209. ï
m-''-,' n.'ïf**1''.
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iè MAtktCE H0LLEAUX
L'hypothèse de Kahrstedt louchant l'abandon prétendu de la
Cilicie Trachée par Antiochos est donc inacceptable ;.il faut
ajouter que, bien que son auteur l'ait estimée nécessaire, elle
n'a aucune raison d'être.
Comme avant lui Mommsen(l), Kahrsledt pose en axiome (2)
que la délimitation des contrées dites « cistauriques » présen-terait une lacune, s'il n'était fait mention dans le traité « d'une
ligne joignant », à l'ouest, « la chaîne du Tauros au littoral »
sud de l'Asie-Mineure, et coïncidant avec l'une des vallées
fluviales qui, comme celles de l'Alala Tschaï et du Kestros (3),descendent de cette chaîne à la mer. Ceci veut dire que, pas
plus que Mommsen, il ne consent que le Tauros ait été pour ces
contrées aulre chose qu'une limite méridionale (4) : il se refuse
à croire qu'il les ait pu borner au sud-ouest. Mais c'est en quoiil s'abuse à la suite de Mommsen. Les rédacteurs du traité
n'avaient point jugé qu'il fût besoin d'en compléter le texte de
la manière qu'il réclame ; les mots èra.-zôZt (ou èvTÔ?TOÛTaûpou,
cis Taurum), dont ils faisaient emploi, leur paraissaient suffi-samment explicites : ils regardaient en effet, d'accord en cela
avec tout le monde (5), 1' « Asie cislaurique » (au sens restreint
que nous savons) comme limitée par le Tauros, non seulement
au sud, mais au sud-ouest aussi et jusqu'à la mer (6).
bornes («pot) la frontière de l'Asie cislaurique, telle que l'avaient fixée les con-
tractants.
(t) Mommsen,R. F.
II,529.
(2) Kahrstedt, Gôtt. Nachr. 1923, 95, 90.
(3) Cf. Mommsen, R. F. Il, B31.
(4) De là son interprétation constante de cis Taurum montent par « die Gebiete,aile Gebiete nordlich des Tauros (Id. ibid. 94,95)», interprétation qu'on peutsoup-çonner d'être un peu « tendancieuse » et qui n'est pas, comme on va voir, d'une
rigoureuse exactitude. Assurément, Antiochos ne doit renoncer à aucun territoiresitué au sud (encore que Kahrstedt se trouve conduit à l'admettre) ni à l'est de lachaîne du Tauros. Mais pourquoi certains de ceux dont il est chassé ne seraient-ils pas situés à l'ouest de cette chatm? 7 Tel est effectivement le cas.
(5) Comme on le verra plus loin, le différend entre Eumènes et ses contra-dicteurs porta seulement sur le point où le Tauros atteignait la mer. Le fait qu'il
l'atteignait, et bornait donc l'Asie cistaurique à l'ouest, n'était pas mis enquestion.
(6) Cf. les excellentes observations de Titubler, Imp. Roman. I, 16.
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LE l 'RAJTÉ 1) APAMËk 19
C'est ce qui ressort à l'évidence des instructions du Sénat à
ses dix commissaires ; nous les avons interrogées déjà, il s'y'faut reporter encore. —La Lycie, on s'en souvient (1), y figure
parmi les pays dont est dépouillé Antiochos : le Sénat en gra-tifie les Rhodiens (2). Mais, en revanche, on s'en souvient
aussi, il n'y est parlé ni de la Gilicie — ni de ta Pamphylie.Jusqu'après la conclusion, à A pâmée, des accords définitifs,
jusqu'à l'incartade d'Eumènes ci-dessus rappelée, rien n'est
dit du sort qui sera fait à la Pamphylie après la paix. Ce que
signifie ce silence, nous l'avons vu plus haut quand il s'agis-sait de la Cilicie. 11 en faut nécessairement conclure que le
Sénat n'avait point mis la Pamphylie au nombre des terri-
toires conquis sur Antiochos (3) et, parlant, qu'il la considé-
rait comme « transtaurique », au lieu que la Lycie était à ses
yeux « cistaurique » : d'où il suit que, dans son opinion (ou
plutôt dans celle de ses conseillers) (4), la chaîne du Tauros,courant du nord au sud à sa partie extrême, séparait les deux
pays, marquant ainsi jusqu'à la mer la commune frontière del'Asie cistaurique, désormais interdite aux Séleucides, et des
contrées qui leur étaient laissées. C'était là, du reste, une façonde voir qui n'avait rien d'original ; au contraire, comme on l'a
remarqué (S), elle était conforme à une doctrine géographique
que fait connaître Strabon (6) et qui paraît avoir compté beau-
coup d'adhérents. Strabon rapporte (sans d'ailleurs se ranger
(1) Ci-dessus, p. 13.
(2) Liv. (ann.) 37, 56, 5 ; cf. Pol. XXI, 24, 7; 46, 8 (Liv. 38, 39, 13) ; ci-dessus,p. 13.
(3) Cf. Niese, Geschichte..., I l, 760 ; Taubler, Imp. Roman. I, ibid.
(4) Au premier rang de ceux-ci, il semble qu'on puisse sanstémérité placer les
Rhodiens, qui, ayant obtenu desHomains la Lycie, devaient appréhender de voirleur nouvelle province flanquée à l'est d'un voisin aussi ambitieux et remuant
que le roi de Pergame, ce qui, très probablement, aurait été le cas si la Pam-
phylie avait été prise à Antiochos. Il est remarquable que, dans le discours
qu'ils adressent au Sénat, les ambassadeurs rhodiens (Pol. XXI, 22, 14) nenomment pas la Pamphylie parmi les contrées qui peuvent échoir à Eumèues
après leur abandon par Antiochos.(8) Viereck, Klio, IX, 1909, p. 373, avec lequel je m'accorde pleinement.(6)Strab. XIV, 2,1, p. 6al ; 3 , 8, p. 666 : èvteû8sv VOJICÇOUIW ol r.oX'kol TT,V
iptfiv Xanedvetv tôv Taûpov xtV ; cf. XI, 12, 2, p. 521.
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âO. MÀUUiCÉ HÔLLEAUX:
à leur ayis) que, selon nombre de géographes, le jTauroô
commence — ou se termine — à la Hiéra-Akra, le promon-toire qui forme l'angle sud-est de la Lycie, au-dessus et en face
des Iles Chélidoniennes. Qu'on en eût à l'ordinaire jugé comme
ces géographes, la preuve en est que. la Pamphylie n'a point
place dans l'énuraération, reproduite par Strabon, des paysdont se composait l'Asie cistaurique (1). A leur tour, les auteurs
du traité de 188 avaient suivi l'opinion régnante : pour eux
aussi cette rangée de montagnes qui, au sud, aboutit sur la
côte à la Hiéra-Akra et qui se soude au nord au massif pisidien.constituait l'extrémité occidentale de la chaîne taurique, en
sorte que les contrées demeurées au pouvoir d'Antiochos se
trouvaient circonscrites par le Tauros à l'ouest non moins
qu'au nord (2).La limite occidentale, autre que le Tauros, que Kahrstedt
a cru leur devoir tracer, est ainsi superflue et donc imaginaire.Son erreur vient de s'être persuadé que les Romains n'avaient
pu accorder à Antiochos vin traité qui le laissât possesseur d(*la côte d'Asie jusqu'à la Lycie. Après être convenu (3) que « la
chaîne principale du Tauros n'atteint la mer qu'en Lycie » (paroù l'on voit qu'il épouse la doctrine des géographes dont parle
Strabon), Kahrstedt fait cette déclaration catégorique : « Es war
nie die Absicht, dièse Gebiele [?] (4) und Westpamphylien, das
die Rômer schon 189 organisiert hattcn, beim seléukidischen
Recht zu belassen... » (o) Mais ce peu de mots renferment
(1) Strab. XII, 1,3, p. S34, et REG, XL1V (1931), p. 314 et note 2; cf. H, o, 31,
p. 129, et REG,ibid. p. 316.
;2) C'est donc avec loute raison que Vicreck (Klio, IX, iliid.) parle de « dievom
Taurus eiageschlossene Stidlviisle Kleinasicns. »
(3) Kahrstedt, Golt. Nachv. 1923, 9a.
(4) Je ne sais à quoi se rapportent dans cette phrase les mots « dièse Gebiele ».
Est-ce à la Lycie? Il est bien sûr que le Sénat n'a point laissé la Lycie à Antio-
chos : le contraire est dit en termes exprès. Mais il lui a permis de garder font
le littoral à l 'est de la Lycie. et c'est ce que n'a point vu Kahrstedt.
(5) De môme, Ruge, Philol. Woclienschr. 1923, col. 1373 : « Kahrstedt gelit von der
richtigen Ueberlegung aus, dass in dem Vertrag angegeben sein musste, wievveitder Tauros Grenue sein sollte ; demi bis zu seinem Ende in Lykien konnte es
Hialilrlich nicht sein. » On aimerait à savoir ce qui autorise ce « naturlich ».
W«4ft r.-, ...
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LE TRAITÉ D'APAMÉE 21
d'évidentes inexactitudes. Ce n'est point le gouvernement
romain, c'est le seul G-n. Manlius, qui, jaloux de repousserAntiochos plus loin vers l'orient que n'avaient fait les Scipiôns,
jugea bon, dans l'été de 189, d'entrer en rapports avec les villes
grecques de la Pamphylie (I), conclut des accords avec plu-sieurs d'entre elles (situées, non point à l'ouest, comme le croit
Kahrstedt, mais plutôt à l'est du pays) (2), puis, au printempsde 188, fit évacuer aux soldats du Grand-Roi la dernière place
pamphylienne, Pergé, qu'ils occupaient encore (3). Ce qu'on
ne saurait trop remarquer, c'est qu'en ces circonstances Manliusagit de son propre mouvement, sans l'aveu du Sénat (4). Celui-
ci n'avait alors aucune vue sur la Pamphylie, comme en
témoigne assez le fait — non remarqué de Kahrstedt —qu'il
ne l'avait pas nommée dans les instructions remises à ses
légats ; et, sans la soudaine réclamation d'Eumènes, on peutcroire qu'il n'eût jamais songé à s'en occuper (5).
(1) Pol. XXI, 35, 1-2 (les habitants d'Isinda font appel à Manlius contre lesTermessiens). Noter ce qui suit (38, 3) : ... 6 I'VÏÏOÎ... vo[iiax$ ép|i<xïov elvotiTÔ r.p o a7tsitTo>xo; sitoieÏTO T->,Vitopeix/ O'K ë-itl T'fjç na]xou)itaç. Manlius conclut un
traité d'amitié avec les Aspendiens (35,4); il parait traiter aussi avec les autresvilles pamphyliennes, dont les ambassades viennent le trouver (35, 5). Ce sont,
peut-on croire, les envoyés de ces villes, groupées par la suite en confédération,
qui se rendront à Rome en 169 (Liv. (ann.) 44, 14,3) ; cf. De Sanctis, IV, i, 223,note 179. — On notera que lorsque Kahrstedt (Id. ibid.) parle de 1' « organi-sation » de la Pamphylie par les Romains en 189, il semble exagérer singu-lièrement l'importance de ce que fit Manlius.
(2) Cf. Niese, Geschichte..., 111, 62 : « Der Sénat erkannte es (Pamphylien) domliumenes zu, jedoch nicht
ganz,der ostlichste Teil, die Stadte von
Aspendosund
Side wurden fur frei erklart. »
(3) Pol. XXI, 42, 1-5. — L'attitude du gouverneur de Pergé (42, 3 : -iratpj'XaêMvyip è\ itîsTEi -ap' 'AvTirfyou TT,V TLÔXVI XTV) paraît bien indiquer que jusqu'à cemoment (print. 18S) Antiochos n'avait point été invité à se retirer de la Pam-
phylie. Si les Syriens n'y occupent plus qu'une ville, la r aison en est sans doute
que, dans la débâcle qui a suivi Magnesia, leurs troupes ont spontanément faitretruite en niasse vers l'Orient; et si Antiochos consent, sur l'injonction de
Manlius, à évacuer Pergé (42, ;>), c'est qu'à bout de courage, il a maintenantpour système de plier devant toutes les exigences romaines. Ses représentantstiennent au conlraire le langage qui devrait être le sien (XXI, 46, 11).
(4) Voir, à ce propos (encore que ce morceau .annalistique ne doive être con-
sulté qu'avec réserve; cf. Do Sanctis, 1IV, 1, 225, note 182), les reproches vrai-semblables que font à Manlius, par la bouche de deux d'entre eux, les commis-saires du Sénat revenus à Home : Liv. (ann.) 38, 45, 2-7.
(a) Si cette réclamation ne s'était pas produite, les vil les avec lesquelles
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"•V*
22 MAURICE HOLLEAUX
Il est vrai, maintenant, que les patres s'étant prononcés on
faveur d'Eu mènes, leur décision entraîna des conséquencessingulières.
— La frontière nord-ouest des territoires séleucides
cessa d'être celle qu'impliquaient — car, à parler exactement,
on ne saurait dire qu'elles 1' « indiquaient » — les instruc-
tions des commissaires sénatoriaux : elle se déplaça d'environ
100 kilom. vers l'est. Mais, cependant (ce qui ne laisse pas de
paraître d'abord fort paradoxal), elle continua de se confondre
avec la limite sud-ouest de l'Asie cistaurique (1). C'est qu'en
effet il y eut, si l'on peut ainsi parler, déplacement simultanédu Tauros. Au rapport de Polybc (2), Eumènes, voulant expul-ser Anliochos de la Pampliylie, affirma qu'à l'inverse de ce
qu'on avait admis jusque là, elle était, non « Iranstaurique »,
mais « cistaurique ». Entendons par là qu'il situait l'extrémité
occidentale du Tauros, non à l'ouest, comme avaient fait impli-citement les auteursjdu traité et persistaient à faire les plénipo-tentiaires syriens, mais à l'est de la plaine pamphylienne; ou,
en d'autres termes, que, pour lui, cette extrémité du Tauros,au lieu d'être formée par la chaîne qui aboutit sur le littoral à
la Hiéra-Akra, l'était par ces rameaux montagneux, détachés
du massif pisidien, qui inclinent vers la mer en arrière de
Sidé, de Korakésion et de Sélinonle, et vont se terminer au capAnémourion (3). Telle fut la thèse que, finalement, le Sénat
Manlius avait contracté amitié fussent naturellement demeurées libres sous la
protection de Rome; quant au r este du pays, au lieu de passer sous l'autorité
d'Eumcnes, il aurait, comme précédemment, reconnu celle d'Antiochus.
(1) Ceci a été méconnu par Kmst Meyer. Ce qu'il écrit (Die Grenzen..., 146) :
« Bekanntlich entschied der Sénat zu Eurnenes' Gunsten. Hier also war die
Stelle, wo die allgemelne Greuzbestimmung, namlich der ostwestlicl i strei-
chende Tauros, nicht mehr ausreiehte, da er ja noch weiter nach Westen sich
forlselzte, etc. » est erroné.
(2) Pol. XXI, 46, H : icspï ôè -rij; Ilajr.su>.îa;, Eius'vou; |j.èv cîvai odraxovxo; xùtryèitî toiSe TOÛTaûpou, TSV (Se) racp' 'Avnd/ou TipsuësuT'ov èraxEiva /.TX.
(3) Cf. Weissenborn-H. J. Millier, ad Liv. 38, 39, 11; Viereck, Klio, IX, 1909,374-315 ; Tiiubler (Imp. Roman. I, 16-17), dont les observations topographiquessont particulièrement instructives. — I,e principal de ces rameaux est celui qui,
sur la Karle von Kleinasien de R. Kieperf (D. III), court du nord-ouest au sud-est sous le nom de Haidar-Dagli, atteint au Gejik-nagh son point culminant e(,
projette jusqu'à la c6te d'innombrables éperons..
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LE TRAITÉ D'APAMÉE 23
coiisenlit à faire sienne. On serait tenté de n'y voir qu'une
hérésiegéographique, fabriquée
de toutespièces par
le roi de
Pcrgame pour les besoins de sa politique envahissante. Le cas
est pourtant différent. Cette doctrine, si commode à ses des-
seins, selon laquelle le Tauros passait à l'est de la Pamphylie,
d'autres L'avaient professée avant Eumènes. Il semblerait même
qu'elle eûL prévalu à l'époque d'Alexandre. Le fait est que,
dans son Anabase, Arrien rapporte que Néarque fut créé
« satrape de Lycie el du pays contigu à la Lycie (c'est-à-dire
dePamphylie) jusqu'au
Tauros »(i).
Et deux autrespassages
du
môme ouvrage, tirés d'Éralosthènes, semblent indiquer qu'enun temps plus récent le grand géographe se représentait aussi
le Tauros (ou une partie du Tauros) comme formant bar-
rière entre la Pamphylie et la Cilicie (2).Dans ces conditions, l'extrémité maritime du Tauros pou-
vant être « à volonté » placée soit en-deçà, soit au-delà de la
Pamphylie, et la limite sud-ouest de l'Asie cislaurique variant
enconséquence,
le toit manifeste elregrettable
duSénat, quiavait d'abord adopté la première opinion (ainsi qu'en témoignent
ses instructions aux légats envoyés en Asie), fut de n'avoir pas
spécifié dans le texte du traité, en termes excluant toute incer-
titude, qu'à son avis la chaîne taurique ne touchait la mer et
ne prenait fin qu'à l'ouest de la Pamphylie. Mais celte omission —
qui donnerait à croire que la rédaction du traité fut quelque
peu bâclée (3) —-.n'autorisait nullement Kahrstedt à déclarer
(1) Arrian. Anab. 111, 6, 6 (cf. H. Bcrvc, Dus Alexanderreich, I, 236) : ...NéatoyovS* aa-rpa-ÊJÊiv Aima; ïai xf,; È/O;J.SVT,; Auviîa; y/ôpac è'<xxe èTTl xôv TaCpov ti
ô'p o ;.
(2) A.rr. Anal). III, 28, ii : ixaxpov yàp opo; -apaxÉxaxat 6 Kaû/.aao;, ûaxe %xiTÔV Taupov xo opo;, b; 8TIXT,V Ki^txîav xe xat lia |X'juX Éav à-rcetpyÊ,., Qt-rcôxoû
Ka-jxiaou EVIX> AÉVOUTI... ; V, S, 2 : ... xàv Taupov xà opo; àitelpyeiv xty 'Aaîav, àpyo- jisvov (IÈV ir.b MuxiXr,; xoti xaxavxtxpù £â[iou xr,; vT.aou opou;, à-roxepivô ptsvov Ss
XT,V XE Ha a s» Xwv mi K'.Xixwv yf,v IvBsv |jiv w; è; 'ApjiEvîav itap^xeiv...;cf. lad. 2, 2, qui est moins précis.
— Sur les emprunts ici faits à Éralo-
stliènes, voir E. Schwartz, P.-W., au mot Arriamis, col. 1239; F. Jacoby, F. Gr.Hisl. H B, n.
139, p. TO, fragtn.23
(10),et 11
1), p. 51B;A.
G, Koos, dans sonédition des Indien, p. 2, note à la I. 15.
(8) C'est de quoi il y a nnmhre d'autres indices,
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24 MAURICE HOLLEAUX
impossible a priori que les contrées transtauriques laissées
par les Romains à Anliochos s'étendissent vers l'ouest jusqu'auxmontagnes orientales de la Lycie.
II. — L'explication qu'a proposée Kahrstedt de la phrase
et ca valle cet. est à rejeter. Je doute qu'il ait été plus heu-
reux dans sa tentative pour éclaircir celle qui précède : cxcc-
dito (Antiochus) iirbibus cet. cis Tau ru m montem usque ad
Tanaim amnem.
On se rappelle (1) que pourlui le 'Fanais amnis de T. Livc
est la rivière aujourd'hui appelée Tschakyt-Tschaï, laquelle,
coulant du nord-ouest au sud-est, traverse le Tauros un peu à
l'est des Portes-Cilicionnes. Que vaut celte identificalion ?
1° Un motif qui, évidemment, l'a, sinon déterminé, du
moins incliné à l'admettre, c'est qu'il a pensé retrouver dans
le mot Tanais le nom ancien du Tschakyt-Tschaï. « Der Tscha-
kyt-Tschaï, écrit-il (2), entwassert in mehreren Quellllùssen
den Bezirkvon
Tyana,die
Tyanitis.» Par
suite,le nom
quiparaît lui avoir le mieux convenu dans l'antiquité est celui de
« fleuve de la Tyanitide », si bien qu'il est à croire qu'on lisait
dans le texte de Polybe : l'w; toù Tuav.vlSos itoTajAoCi. Supposons
à présent la disparition accidentelle de l'u dans Tuavt/cîSoç ; reste
TavtTÎSo;, qu'un copiste aura le plus aisément du momie trans-
formé en TavaîSo? : telle est l'origine du Tanais donné par les
manuscrits de T. Liva.
Parmalheur,
uncritique, qui, certes,
ne sauraitpasser pourhostile en principe aux vues de Kahrstedt, mais à qui est
familière la géographie de ces régions, W. Ruge, a eu vile l'ait
de mettre à bas ce prestigieux échafaudage de conjectures (3).
(1) Ci-dèssus, p. 8.
[2)Gpll. f lachr. 1923, 93.
[li)PUii. Wochensckr. 1928, col. VST.L — Ruge donne .sa pleine adhésion au sys-
tème de Kahrstedt touchant la Cilicie, ce qui, ;'i vrai dire, ne laisse pas d'être assez
paradoxal.Car il
place, non,comme
Kalirstedl,au
sud,mais au nord du
Tauros,Vea vallis de T. Live (identifiée par lui a colle du Kodja-Tsohaï,. la rivière de.
Kvbistra; voir ci-après, p. 29, note 4). Mais que restc-t- il alors de la dénioastru-
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LE TRAITÉ D'À PÂMÉE 25
Il a fait observer que le Tschakyt-Tschaï n'a pas droit à la qua-
lification de « fleuve de la Tyanitide », qu'en effet la Tyanilide
proprement dite est le bassin ayant pour centre la ville de
Nigdé, et que pas un seul des cours d'eau dont est formé le
Tschakyt-Tschaï n'a sa source dans ce bassin (l). Le fleuve de
la Tyanitide, c'est, non le Tschakyt-Tschaï, mais le Kyzyldja-
Su, qui, au sortir de Nigdé, coule dans la direction sud-ouest
(soit parallèlement au Tauros, en sorte qu'il ne saurait limiter
vers l'est les contrées cistauriques). Ainsi disparaissent à la
fois et le nom de o Tuavi/uSo; uoTapiôç appliqué au Tschakyt-Tschaï et la relation supposée entre TuavmSo;, TavatviSoç, Tavaî-
ooç. La paléographie, dont Kahrstedt se plaisait à alléguer le
témoignage (2) en môme temps que celui de la géographie, ne
lui peut être d'aucun secours.
2° Ce point réglé, puisqu'il vient d'être établi, contrairement
à ce que croyait Kahrstedt, qu'aux termes du traité d'Apaméela Cilicie Trachée et la Pamphylie demeurèrent à Antiochos,
soyons attentifs à ce qui résulte de là. Il en résulte manifeste-ment que ni PAlata-Tschaï, ni aucun cours d'eau parallèle à ce
fleuve n'a jamais formé au sud du Tauros la frontière des terri-
toires syriens, et que, par suite, les mots eavalle ne peuvent
désigner chez T. Live ni, comme le voulait Kahrstedt, la vallée
de l'Alata-Tschaï, ni celle d'un fleuve quelconque coulant du
Tauros à la mer. D'où la nécessité de rapporter ces mots à la
vallée du Tanais amnis (ceci quand bien même on les ratta-
cherait grammaticalement à Tauri : il s'agirait, en ce cas, de la« vallée du Tauros » où coule le Tanais), c'est-à-dire, selon
Kahrstedt, à celle du Tschakyt-Tschaï. Mais, les choses étant
tion de Kahrstedt? En lin de compte, [Juge se trouve réduit à admettre que le
texte de T. Live ne contient aucune indication sur la l imite des territoires séleu-cides en Cilicie. N'est-ce point là l'inconscient aveu qu'une limite de cette sorten'a jamais existé?
(1) Si l'on jette les yeux sur la Karle von Kleinasien de R. Kiepert (C. IV.
Kaisarje), onremarquera
en effetque
les nombreux affluents du Bozunit-Su —
c est le nom du Tschakyt-Tschaï,supérieur— coulent tous vers l'est, le sud et le
sud-est, c'est-à-dire dans une direction opposée à relie de la plaine de Tymift.(2) Giitt, Naçttr. 1923, 93,
S.M-
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^Çff^m^ttpiis-Msamm^
26 MAURICE HOLLEAUX
ainsi, on a lieu de se demander ce que pourua bien signifier
l'ensemble de la phrase : et ea valle Tauri nsque ad iugum,qua in Lycaoniam vergit. Essayons de l'interpréter. « Antiocbos
devra évacuer la vallée du Tschakyl-Tschaï (ou, si l'on veul,
la valle'e du Tauros que parcourt cette rivière) [et tout l'espace
s'étendant] jusqit'aie point où la chaîne [du Tauros] incline vers
laLykaonie. » A quel propos celle dernière indication? et quevient faire ici « le point où la chaîne du Tauros incline vers la
Lykaonic » —point qui n'est distant que de 70 à 80 kilôm.
de la trouée par où le Tschakyl-Tschaï traversele Tauros?
N'est-il pas évident qu'à partir de celte trouée {ea vallis), la
chaîne tau ri que servira, dans la direction de l'ouest, de fron-
tière à l'empiVe séleucide, non seulement jusqu'au point qu'in-
diquerait lo texte de T. Live, mais, d'après ce que nous avons
vu, beaucoup au-delà et jusqu'à l'extrémité occidentale de la
l'amphylie ? Il le faut avouer : si les mots ea valle se rapportentau Tschakyt-Tschaï
— comme on le doit admettre dès qu'on
supposece fleuve
identiqueau 'fanais — la clause du traité
d'Apamée reproduite par T. Live ressemble trop à un non-sens.
Et voilà qui suffit à rendre singulièrement suspecte l'identifi-
cation chère à Kahrstedl.
3° Mais, cependant, voyons ce qui l'a conduit à la regardercomme certaine. Je résume aussi fidèlement que je puis, son
argumentation (I).
Jusqu'en 188 l'empire séleucidc était « cistaurique »— ou,
en d'autrestermes, dépassait
au nord laligne
du Tauros —
non seulement en Asie-Mineure, à l'ouest de la Cappadocc,mais aussi à l'est de celle-ci, celte fois hors de l'Asic-Mineure.
Au-delà de l'IDuphratc (2), l'Arménie, qui était plus qu'à demi
une contrée « cistaurique », c'est-à-dire située au nord du Tau-
ros, dépendait en effet de cet empire (3). Prise à la lettre, la
(1) GfUl, Nadir. 1923, 94-1)5.
(2)Slrab, XI, U, 2.
p.
527.
(:i) Kalirsteilt écrit (lii. ilriil. 04) : « ...sein Keicli (des Anlioclios) iibenrlirilt
noch ein zweites Mal ilen Tauros ; Arménien gehiirte seit 21S m ihjn.,, » Qeçj
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"«.0';.
LE TRAITÉ D'APAMÊK 27
clause : « Antiocho.s se retirera des villes, territoires, etc. qui
sont « en deçà » ou « au nord » (1) du ïauros » aurait doncsignifié que le roi devait évacuer, en même temps que ses pos-sessions cistauriques d'Asie-Mineure, la plus grande partie de
l'Arménie—ce qui, cela va sans dire, n'eût été nullement
conforme aux intentions des contractants. Afin de prévenircette équivoque, afin que le traité eût bien le sens qu'on lui
voulait donner, une précision complémentaire était indispen-sable : il était nécessaire d'indiquer que c'était seulement en
Asie-Mineure qu'Antiochos devrait reculer jusque derrière leTauros, et, à cet effet, de marquer le point à partir duquel la
chaîne du Tauros allait devenir, dans la direction de l'ouest, la
frontière nouvelle de ses Etats. C'est évidemment à cette néces-
sité qu'on a pourvu en insérant dans le texte du traité les mots
usque adTanaim amnem. Le point en question de la chaîne
taurique devait se trouver quelque peu à l'est des Portes-
Cilicicnnes ; il coïncidait, en effet, avec celui où l'ancienne
frontière occidentale des territoires séleucides et de la Cappa-doce rencontrait cette chaîne : or c'est, un peu au-delà des
Portes, que celte frontière qui, partant du lac Tatta, tirait versle sud-est et passait entre Kybistra et Tyana, aboutissait auTauros. L'énigmatique Tanais ne peut dès lors être qu'uncours d'eau qui, un peu à l'est des Portes-Ciliciennes, descendde la chaîne taurique dans la direction du nord, ou la traversedans celle du sud. Il n'existe pas de cours d'eau satisfaisant à
la première condition ; il n'y en a qu'un qui réponde à laseconde : c'est le Tschakyt-Tschaï, dans lequel on reconnaîtradonc le Tanais amnis. La brèche pratiquée par le Tschakyt-ischai ù travers le Tauros va marquer le point extrême où se
termineront, à l'est, les contrées cistauriques enlevées à Antio-cho?.
manque de netteté. L'Arménie était, en droit sinon toujours en fait, un Étatvassal .tes Séleucides depuis le temps de Séleukos Nikator (Beloch, Griech.
(leseh. IV, 2,361) ; en 212 Antiochos III ne fit que rétablir sur elle l 'autorité desa maison.
U) Ou, plus exactement, « au nord et au nord-ouest » ; vojr ci-dessus, p. 18, n. 4,p. 20. '
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Û8 MAURICE HOLLEAUX
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Là-dessus on peut faire deux observations.
Selon Kahrsledt, l'ancienne frontière de l'Asie-Mineureséleucide et de la Cappadoce se serait confondue, à son extré-
mité sud, avec le cours supérieur du Tschakyt-Tschaï ; ou,si l'on préfère, le cours supérieur du Tschakyt-Tschaï ^aurait
formé l'extrémité sud de cette frontière : il tient en effet
pour incontestable que elle-ci n'atteignait le Tàuros qu'à l'est
des Portes-Cilicienues (1). Mais, comme il a été indiqué
déjà (2), rien n'est moins assuré. De fait, il n'y a aucune
preuve (3) que les Portes et la partie de la Tyonilide (4) qui enétait voisine à l'ouest fussent en la possession d'Anliochos HT;et les rapports extrêmement amicaux qu'entretint avec lui le
roi de Cappadoce Ariaralhès IV, son gendre et son allié, la
fidélité que celui-ci lui garda jusqu'après Magnesia (o) rendent
la chose très peu vraisemblable. Il est probable, comme c'est
l'opinion de Kahrstedt et aussi d'Krnst Meyer, que la frontière
de la Lykaonic (territoire séleucide) et de la Cappadoce passait à
Vsî>
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(1) Ernst Meyer [Die Grenzen..., 120 ; cf. 137, 151) soutient la même opinion.(2) Ci-dessus, p. 9.
(3) Ernst Meyer écrit'/)«; Grenzen..., 120, cf. 137) : « ...dièse wichligstc Ver-
bindungsstrasse [par les Portes-Cilicionnes] zwischen Kilikien ntid Klëinasienkann unmoglich in kappadokischem liesitz gewesen sein, solange die Seleukidennooh Hesilz in Klëinasien hatten. Das hraiiehl l.aitm. nock besonders beslitlirjt zu
werUen. » Mais une affirmation, si énergique soil-elle, ne remplace point unedémonstration. Que la région des Portes ait d'abord et longtemps appartenu aux
Séleucides, d'accord. Mais pourquoi ne l'auraient-ils pas dû abandonner au tempsde leur grande détresse,
après
le milieu du ur siècle, quand se forma ets'agran-dit à leurs dépens l'Etat rappadocien (cf. Ernst Meyer, ibid. 137)? — Aussi
bien, la route qui franchit les l'ortes-Cilicicnnes ('lait la principale, niais non
l'unique voie qui faisait communiquer les deux portions occidentales de la
monarchie syrienne : il existait à travers le Tauros d'autres grands passages,notamment la route menant d'ikonion à Séleucie-du-Kalykadnos.
(4) Ne point oublier qu'au témoignage de Strahon (XI, I, 4, p. 334), la Tyanilidetout entière formait une « stratégie » du royaume de Cappadoce.
(îi) Ariarathès IV soutint les Galates, alliés d'Anliochos, contre Gn. Munlius;c'est seulement après leur défaite qu'il traita avec liome : Liv. (Pol.) 37, 40, 10 :
38,2(1,4; Pol. XXI, 41, 4-3. — Remarquons ici qu'étant donné cette amitié quiunissait les deux souverains, il n'est pas douteux qu'Ariarathès, s'U était maître
des Portes, n'accordai à Antiochos toutes les facilités pour y l'aire passer sestroupes chaque fois que besoin était. : ce qui diminuait fort, pour le Séleucide,l'intérêt qu'il pouvait avoir à eu devenir lui-UK'ine possesseur,
I
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LE TRAITÉ D'APAMÉE 29
quelque
dislance à l'est de la ville de Kybistra (1), laquelle se
trouvait sur le chemin des Portes-Ci lieiennes; mais c'est tout.
Il ne suit naturellement point de là que cette frontière se
prolongeât aussi loin vers l'orient que l'ont pensé ces deux
critiques. Elle pouvait fort bien border, en la laissant intacte,
la ïyanitide, joindre le Tauros à l'ouest des Portes, et demeurer
ainsi sensiblemenl en-deçà du haut Tschakyt-Tschaï (2) que,
par suite, les rédacteurs du traité n'auraient eu nul motif de
mentionner. —Admettons pourtant que le tracé de la frontière
fût celui que suppose Kahrstedt. Y avait-il, même en ce cas,
nécessité de nommer le Tschakyl-Tschaï dans le texte du
traité? Non vraiment. On savait que le point où la frontière
rencontrait le Tauros était le même où ce cours d'eau péné-
trait dans la'niontagne : quel besoin de rappeler expressémentce fait connu? Kahrstedt est d'avis — et ceci paraît l'évidence
même — qu'au nord et au nord-est les frontières existantes de
l'Asie-Mineure séleucide indiquaient avec une suffisante netteté
jusqu'où s'étendaient les contrées qu'allait perdre Antiochos (3) :
pourquoi en eût-il été différemment au sud-est? Quoi qu'il
déclare, on conçoit mal quelles précisions nouvelles et utiles
eût apportées ici la mention du Tschakyt-Tschaï et comment
« l'angle sud-ouest de la Gappadoce » s'en fût trouvé « mieux
délimité » (4).
(1) 11 n'y a rien de plus à tirer du passage de Strabon (XII, I, 4, p ., B34-
533; cl\ 2, 7, p. 537) auquel se réfèrent Ernst Meyer {Die Grenzen..., 120) etKahrstedt {Gôtl. Nadir, ibùt. 94). Strabon y laisse seulement voir que Kybistraet ses alentours ne faisaient point à l'origine partie de la Gappadoce.
(2) il est à noter que, dans l 'art.'
Kappadokien de P.-W. (col. 1911), Ruge se
borne à dire qu'au-delà du lac Tatta la frontière de la Lykaohie et de la Cappa-doce courait « au sud-est » jusqu'au Tauros; il n' indique pas qu'el le aboutit à lavallée du Tschakyt-Tschaï ni dépassât les Portes-Ciliciennes.
(3) Gôtt. Nadir. 1923, 93 : « ...weitere Angaben waren ùberflussig, denn dieGrenzen des abzutretenden Gebiets weiter nordlich standen ohnehin fest durchdie bisherige Reichsgrenze. »
(4) ld. ibid,'.—Voir les justes objections faites par lUige à Kahrstedt [Philol.
Wodienschr. 1928, col. 1373-1374). — Quant au système propre à Ruge, j'estimetout à fait superflu d'eu entreprendre la critique. Dans ce système, le Tanaisserait la rivière de Kybistra (Eregli), le Kodja-Tschaï. Mais, pour y accommoderle texte de T. Live, il faut interpréter, ou mieux, paraphraser et commenter ce
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^^ff^i^yf^mf^f^^f^
'!>';
'M-
|}« MAURICE HOLLEiUiL
Mais laissons cola ; allonsà
l'essentiel. L'équivoque pos-sible dont s'est si fort ému Kahrstedt, l'équivoque que, si l'on
n'y avait pris garde, auraient contenue les mots excedito arbi-
bus cet. civ Taurum montent, que les rédacteurs du traité
auraient eu le devoir de prévenir, et qu'ils auraient prévenue
en mentionnant le 7'a?iai.s-Tschakyt-Tscliaï, cotte équivoque est
une pure illusion. Outre qu'en ce temps-là les Romains igno-
raient probablement l'Arménie et, en tout cas, ne s'en sou-
ciaientguère,
ce n'estque par
les théoriciens de lagéographie
qu'elle pouvait être rangée parmi les contrées « cistauri-
ques » (l). L'usage universel voulait, nous l'avons vu (2), quela £VTÔÇ(OUsiri xâos) TO'JTaûoou 'As-ia, au sens consacré du terme,
ne comprît que les pays situés à l'occident de la Cappadoce (3).Or si, dans le langage ordinaire, la dénomination de « cistau-
riqiie » n'était point appliquée à la Cappadoce, a fortiori ne
pouvait-elle l'être aux régions qui lui faisaient suite vers l'est.
Si lesinquieludes.de
Kahrstedt étaientlégitimes,
on'remar-
quera qu'une phrase telle que celle-ci, prise au hasard dans
Polybe (4) : Hskswx.o^... Tiuv9avo'[jiEvoç "Axxa^ov uâa-av Ï)OÏ) vrçv STH.
•uàos xoû Taûoou Sovow:ew.v ùco' aùràv Tteito'.riTQa!. xxX. ne laisserait
pas d'être ambiguë : elle pourrait à la rigueur signifier qu'outre
texte de la façon que voici : n Der Tauros ist Grenze bis zu dem Fluss Tanais,dann aber nicht weiter, die Grenze geht vielmehr dann durch das Gebicrge hin-
dupeh... Die folgenden Worte et ea valle Tauri usque ad iittjitm beziehe ich auf
ebea dièses Tal [du Tanais-Kodja-Tsohaï]. Bis dorthin von der kappadokischen
Grenze an ist der nôrdliche Fuss des Tauros die Grenze gewesen, nun aber gehtdie Grenze in dem Flusstal aufwârts bis z um Kamm... » Faire bon accueil à une
exégèse si compliquée n'est pas à la portée de tout le inonde. Joignons que,comme il a été dit déjà (p. 24, note 3), Ruge, en vertu de son système, est obligéde confesser qu'à partir du point où le Kodja-Tschaï sort du Tauros, on ne
trouve plus dans T. Live aucun renseignement sur le tra de la nouvelle
fjontière nord-est de l'État séleucide.
(1) Voir, par exemple, Strab. 11, G, 31, p. 129 ; XI, 12, 4 s. /'., p. 522 : O-JTM pâvtolvuv TI6S|JUV SVTÔÇ TOO T a 6 p o u TÏ,V Te Mï)8(:cv... •*.x i T+IV 'Ap|i£v£zv; 12, 5
in. et s. /'., p. 522 ; 14, 1, p. 52G, etc.
(2) REG, XLIV (1931), p. 313 suiv.
(3) REG, XLIV (1931), p. 314-315, 317. La chose ressort assez du fait que laÈvtôç TOO Taùpou 'Asta est identique à la cvtôç TOO "XXW; 'Aaia et que l'IIalys limite
la Cappadoce à l'ouest ; REG, ibitl.
[i) Pol. IV, 48, T.
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ï^.^'^f-^y.V;?!,-.:.< *$&/&%
LE TRAITÉ D'APAMÉE Si
les pays dépendants des Séleucide's à l'ouest de l'Asie-Mineure,Attale avait aussi soumis l'Arménie (1) ; mais, à coup sûr, c'est
une ambiguïté dont ni Polybe ni aucun de ses lecteurs ne s'est
jamais avisé, tëu égard aux habitudes établies, placer l'Arménie
« en deçà du Tauros », c'aurait été, pour parler comme Kahr-
sledt (2), « ein barer Unsinn » : et comment eût-on éprouvé le
besoin de se prémunir contre une méprise si absurde quel'idée n'en pouvait venir à personne? Ce n'est certainement
pas pour satisfaire à ce besoin qu'ont été inscrits dans le textedu traité les mots nsque ad Tanaim amnem, lesquels, non
moins certainement, ne désignent pas le Tschakyt-Tschaï.
La doctrine traditionnelle sur la clause territoriale du traité
d'Apamée n'a point eu jusqu'ici et, sans doule, n'aura jamaisd'adversaire plus énergique ni plus ingénieux que Kahrstedt.
On a pu voir, en parcourant ces pages, si à cette doctrine il
y a lieu de préférer celle que Kahrstedt y voudrait substituer,et quelle est, de l'une ou de l'autre, la plus satisfaisante.
J'ose me flatter qu'édifié par la discussion qui précède, le lec-
teur s'en tiendra, d'un esprit rassuré, à la tradition.
Maurice HOLLEAUX.Paris, avril 1931.
(1) Le même reproche d'ambiguïté pourrait êlre adressé, par exemple, à oette
phrase de Strabon (Xlll, 4, 2, p. 624) : xoei ËXa6s (Eumenes) ratpà irâv T«(i.atwv
Sitaaav tty» Oit' 'Avxtôj^a) xt\v tvxè; xoû Taûpou.(2) COU. Naclir. 1923, 9*.
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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE(1)
On souhaiterait que ce Bulletin offrit un tableau complet des tra-
vaux d'archéologie grecque. Ce but n'aura chance d'èire atteint que si
les auteurs veulent bien prendre la peine d'adresser un exemplaire de
leurs publications, LIVBES ou ARTICLES, au directeur de la Bévue, 2,
avenue Sainte-Foy, à Neuilly-sur-Seine. Les LIVRES reçus seront signa-
lés dans le B ulletin et. analysés plus complètement dans les Comptes
rendus bibliographiques.
PlilllOIMQUKS nftl'OI'IU.KK.
Allemagne : Die Aiilike : [Sect. I], 1929, 1930, 1931 ; [Sect. III], 1930.
Arch. Jahrh. Jahrbuch des denlschen architologischen Instituts :
[Sec. I et III] 45 (1930), 3-4; [Sect. II et IV] 45 (1930) et 46
(1931), 1-2 ; [Sect. V] 45 (1930), 3-4 et 46 (1931), 1-2.
Alh. MM. Athenische Milteilungcn : [Sect. I et II] LV (1930) ;
[Sect. III] L1V (1929] et LV (1930), 1-2; [Sect. IV] UV (1929).Forsch. u. Fortsehr. Forschungen und Fortschritte : [Sect. II
et III] 1931.
Gnomon : [Sect. II et III] 1931.
Hermès : [Sect. II] LXV (1930), 3-i.et LXVI (1931).Klio : [Sect. II] XXIV (1930-31), 1-3.
Philologus : [Sect. II] LXXXVI (1931).Rtim. Itilt. Romische Mitleilungen : [Sect. II| XLV (1930), 3-4 et
XLVI (1931), 1-2 ; [Sect. III] XLV (1930) et XLVI (1931), 1-2;
[Sect IV] XLII (1927), XL111 (1928), XLIV (1929), XLV (1930].
Zeilsehrifl fur Numismalik : [Sect. V] 1930, 3-4 et 1931, 1-2.
Amérique : Art and Archaeolot/y : (Sect. I] 1931, janvier-novembre; [Sect. ÏII]XXIX (1929-30) et XXX (1930-31).
AJA. American Journal of Archaeology : [Sect. I] XXXV (1931);
(t) Subventionné par la Confédération des Sociétés scientifiques françaises àl'aide des fonds alloués par le Parlement.
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iilJLLKTlft AkCHËoLoëlQUE 33
jsect. Il] XXXIV (1930), 4 et XXXV (1931): [Sect. III] XXXIV
(1930), 4 ; ISect. IV] XXXIV (.1930), 4 et XXXV (1931), 1-3.Bulletin of the Metropolitan Muséum : [Sect. I, III et V] XXVI
(1931).Memoirs of the Amer. Acad. Rome : [Sect. II] IX (1931V
Metropolitan Studies : [Sect. III] 111 (1930).
Angleterre : Archaeologia : [Sect. I] (1930).
BSA. Annual of the British School at Athens : [Sect. I] 1928-29;
[Sect. II,.III et IV], XXIX (1927-28).
JUS. Journal of Hellenic Studies : [Sect. I] Ll (1931); [Sect. il
et IV] L (1930), 2 et LI (1931), 1 ; [Sect. III] L (1930).JRS. Journal of R oman Studies :
[Sect. I II]XIX
(1929),fin et XX
(1930), 1. . . *
Numismalic Chronicle : [Sect. V] 1930, 4 et 1931, 1-2.
tiumismatic Circulai' : [Sect. V] 1931.
Autriche : Belvédère : [Sect. III] 1930.
Jaliresh. Jahreshefte des ôsterreich. archiiol. Instituts, Wien :
[Sect. I] (1931); [Sect. II et IV] XXVI (1930), 2; [Sect. III]XXV (1929).
Belgique : Musée Belge : [Sect. III| XXXLV (1930).
Espagne : Areh. ISsp. Archivo Espaûol de Arte y Archeologia : [Sect. II]n°s 17-20 (niai-août 1930 à mai-août 1931),
France : Aréthuse : [Sect. I] 1931 ; [Sect. III] 1930; [Sect Vj 1930-1931.
Beaux-Arts-: [Sect. III] 1931.
BCH. Bulletin de Correspondance hellénique : [Sect. I, III IV et
V] L1V (1930) ; [Sect. II] LIV (1930), 2 et LV (1931), 1.
CHAI. Comptes-rendus des séances de l 'Académie des Inscriptionset Belles-Lettres: [Sect.II] 1930, juillet-décembre et 1931, janvier-
juillet; [Sect. III ] 1930, juillet-décembre.Documents : [Sect. III] 1930.
Gaz. B. Arts. Gazette des Beaux-Arts : [Sect. III] 1931.
Journal des Savants : [Sect. III], 1930.
Mélanges d'archéologie et d'histoire de l'École de Borné : [Sect. II,III et IV] XLVHl (1931).
Monuments Piot : [Sect. II] XXX et XXXI'; [Sect. III] XXXI,1930 ; [Sect. IV] XXXI.
Mouseion : [Sect. III] 1930 et 1931.
Revue Archéologique : [Sect. I] 1931 ; [Sect. II] XXXI (1930, I),2, XXXII (1930, II) et XXXIII (1931, 1), 1 ; [Sect. III] 1930, 1-11 et
1931, I ; [Sect. IV] 1930, II et 1931, I.
lieu. Art. Revue de l'Art : [Sect. III] 1931.
BEA. Revue des Études anciennes : [Sect. I, Il et III] XXXIII
(1931); [Sect. IV] XXXII (1930), 4 et XXXIII (1931), 1-3.REG. Revue des Études grecques : [Sect. I, II et III] XL1V (1931) ;
[Sect. IV] XLUI (1930), o et XL1V (1931), 1-4.
Revue Numismatique : [Sect. V] 1931,
kKU, XLV, 1032, ,,» 200. S
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3& J; CHAfeBONNEAui
' ' " 'Sijri'a : [Sect. I] XII (1931); [Sect. II et IV] XI (1930), 3-4 et Xlt
(1931), 1-2 ; [Sect. III1 XI (1930), 4 et XII (1931).
Grèce : ' Arch. Delt. Archaiologikon Deltion : LSect. I] XI (1921-28) et XII
(1929); [SBCt. IV] XI (1927-28).
Arch. Êph. Archaiologikè Éphèméris : [Sect. I et II] 1929 ; [Seçt. IV]
1927-28 et 1929.
Prakt. Praktika tes Archaiologikès Hétaireias : [Sect. I] 1931 ;
[Sect. II] 1929.
Hollande : Bulletin Musée Scheurleer : [Sect. III] 1931.
Mnemosyne : [Sect. II] 1930, 4 et 1931, 1-3.
Italie : Africa Ualiana [Sect. III] 1930, fin.
Annuario délia U. Scuola di Atene : [Sect. II et III] X-X1I (1931).
Bolletlino d'Arle : [Sect. I] 1931 ; [Sect. III] 1929-1930 et 1930-1931;[Sect. IV] 1930-1931 et 1931-1932, 1-3.
Bolletlino Associazione intern. Sludi Mediterranei [Sect. II] 1 (1930-
31), 2-6 et II (1931-32), 1-3.'
Bull. Commiss. arcli. Comun. di Roma : [Sect. III] LVII (1929).
Dedalo : [Sect. I] 1931 ; [Sect. III] XI (1930).
Mon, Ant. Monumenti Antichi : [Sect. III] XXXIV (1931) ; (Sect. IV]
XXXHI, 3 et XXXIV, 1.
Monumenti Insl. : [Sect. III] LUI (1928).
Not. Scav. Notizie degli Scavi : [Sect. II] VI (1930), 4-12 et VII
(1931), 1-3 ; [Sect. III] 1929, fin et 1930 ; [Sect. IV] 1930, 4-12.
Rio. Lit. Rivista-R. Istituto Archeologia e Storia dell' Arte :
[Sect. II] 1 (1929), 1-3 ; [Sect. III] II (1930).
Suisse : Genava : [Sect. III] VIII (1930) ; [Sect. IV] IX (1931).
I. —ËPOQLIR HHKHKLLKNIQim.
CnÊTË. — Keftiu. Pour M. Wainwright, les Keftiu ne sont pas des Cretois
mais des Asiatiques habitant la Gilicie ou quelque région voisine. En effet, il
y a lieu de distinguer, dans les représentations des fresques égyptiennes,
le « Peuple des Iles au milieu de la mer » (fresques d'Useramon et de Sen-
mut) des Keftiu, figurés soit seuls (fresques de Menkheperrésenb et Amenem-
heb) soit avec le peuple des Iles (fresque de Rekhmiré) : tandis que les deux
premières peintures ne montrent, avec des personnages à pagne nettement Cre-
tois,- que des objets minoens, à, une exception près, les trois autres n'offrent
qu'une proportion de 17, 5 0/0 des infimes objets et les Kefliu qui les accom-
pagnent portent un pagne'de forme et de décor non crétois; de plus l'un d'eux,
barbu, est vêtu de façon nettement asiatique. Les importations Cretoises, cons-
tatées en divers points de L'Asie et en Egypte même, expliqueraient suffisamment
la proportion,, assez faible d'ailleurs, d'objets crétois dans les présents des
Keftiu. Les Philistins enfin [Pelelhim de la Bible) sont bien distincts des Crétois
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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 38
(Kerethim) et apparentés aux Kefliu ; leur pays d'origine Kaphtor pourrait bienêtre la
Gappadoce,comme l'indique la version des
Septante (1).Ecriture. — M. M. Dayet signale les relations que l'on peut établir entrele minoen linéaire et le chypriote, d'une part, entre le chypriote et le phé-nicien archaïque d'autre part — relations qui peuvent faire entrevoir l 'ori-
gine crétoise de l'alphabet phénicien (2).Salles hypostyles. — Les Cretois ont emprunté aux Égyptiens l'idée de la
salle hypostyle et l'usage de piliers de section carrée. Mais le plan particulier dela grande salle aux six piliers de Mallia ne reproduit pas celui d'une chapelleégyptienne ; c'est un plan minoen où les murs ont été remplacés par des
rangées de piliers. Ce principe se retrouve dans le mégaron Cretois du M.M. Ilf, composé de deux salles communicantes prenant jour sur deux por-
tiques et dont le prototype serait, au M. M. 1, la grande salle de Mallia, pré-cédée de son antichambre. Les salles à piliers des rez-de-chaussée crétois nenous montrent qu'une partie — la mieux connue, mais la moins intéressantesans doute des constructions hypostyles réalisées par les Crétois ; il fautfaire une place importante aux salles à colonnes de bois des étages des
palais, d'un plan plus varié et plus harmonieux, dont peuvent donner uneidée les restaurations de l'aile Ouest à Cnossos et celle que postule la
disposition des accès et des murs au-dessus des grands magasins de Phaes-tos (3).
Scylla. Le monstre figuré sur une intaille crétoise dont plusieurs empreintes
ont été retrouvées à Cnossos serait non pas la chienne Scylla mais un hippo-potame du Nil (4). '
Le port minoen des Saints-Théodore. Restes d'un établissement maritime à12 km. 500 à l 'est de Candie — le premier de ce genre exploré en Crète —
comportant une grande enceinte rectangulaire servant d'agora avec magasins àl'ouest. Tessons du M. M. III — M. R. I. Le plan sera donné prochainement (5).
La grotte d'Ililhye. Dans la même région côtière, à 9 km. de Candie, M. Mari-nàtos a repris la fouille entreprise autrefois par M. Hadzidakis, de la grottequ'il considère lui aussi, d'après Homère et Strabon, comme la grotte d'Uithye.Il y a recueilli des restes abondants de céramique : poterie néolithique annonçantla technique dite de Vasiliki, vases ou tessons du M.
A.,du M.
M.,du M. R. et
d'époque grecque, lampes romaines etchrétiennes. Des stalactites et stalagmitesparaissent avoir été là l'objet d'un culte. Ver3 l'entrée de la grotte, restes (6)encore mal déterminés de constructions (sanctuaire ?).
Tombeau rond de Krasi Çl). Près du village de Krasi, à quelques kilomètres auSud de Mallia, M. Marinatos a fouillé un tombeau rond, grossièrement construit,
(1) JUS, LI, 1931, p. 1 et suiv.(2) liev. Arch., 1931, p. 29 et suiv.(3) BCH, LIV, 1930, p. 382 et suiv. (J. CharbonneaUx).(4) Arch. Delt., 1927-28, p. 83-54 (Sp. Marinatos).(3) Prakl,, 1931, p. 94-95 (Sp. Marinatos).(6) lbid., p. 95-104.[1) Arch. Dell.) 1929, p. 102-141 et pi. IV,
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se i. CHARBÔNNEAM
de 4 m. 20 de diamètre intérieur, avec porte basse et amorce d'un dromos ; cfi
typede tombeau,
qui apparaîttrès anciennement dans les
Cycladeset, en
Attique (1), parait avoir été importé de ces régions dans la Crète du Nord, d'où
il est passé dans la Crète méridionale (Messara) — ce qui exclut l'hypothèse de
l'origine égypto-libyenne proposée par Evans et Xanthoudidis. Dans cette tombe
qvii a été utilisée longtemps, mobilier assez pauvre, mais caractéristique : série
de poteries allant de la f in du M. A. I au début
^_s^$p)—3?—^. d" M. M. I, notamment des vases du type de
n^Mïfi&> y Pyg 08) quelques poignards de bronze, deux
*--\jljlfs|w' bracelets et un anneau d'argent, un cachet
fâ^\ d'ivoire. L'usage des bijoux d'argent indique
\Mo' <r>^ 'les affini lés avec les Cyclades. En outre, osse-
p§j * / \ V^vr-^ ments d'animaux sacrifiés : hérisson et lièvre
(•J ( ~xl 11»1JilUi^") Ce corPs entier), chèvre, boeuf, porc et chien
V M ^<^^s3a$»ffî^ly (seulement les têtes).
l| . //^^\ V\ Vallée du Carléros. Tombeau minoen récent
1 % -<-^r^îsL -?!>) avcc s'x sarc0Pnages renfermant des vases et
î V ^/^ ^e Petits objets, notamment un peigne d'ivoire
1'
avec des crocodiles sculptés (2).
Mallia. — Bijoux tninoens (3). — Dans un grand bâtiment rectangulaire qui
est pcut-élre le cimetière royal du .M. M. I., M. P. Demargne a trouvé, outre
quelques fragments d'or ornés d'incisions et deux rondelles décorées au re-
(1) Fouil les de M. Mylonas.
(2) Arch, Dell., 1927-28 (Marinatos).
(3) HOU, 1930, p. 404 et suiv.
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BULLETIN AKCHÉOLOG1QCJE 37
poussé, deux bijoux dune qualité exceptionnelle (fig. let 2). L'un est une épin-
gle à la fois « massive et élégante » dont la tête est en forme de fleur à
six pétales ; l'autre est un pendentif formé par deux abeilles très styliséestenant entre leurs pattes un disque décoré au grènetis qui f igure peut-être
un gâteau de miel (forme analogue sur des vases attiques). La technique du
grènetis, qui suppose l'usage de la soudure, apparaît à la même époque
(environ 2000) en Crète, à Hissarlik, en Egypte ; elle paraît avoir été inventée
en Mésopotamie (dagues d'Ur).GUÈÛE. — Tombes du II, M. (i). Plusieurs centaines de tombes du Helladique
moyen ont été, à ce jour, explorées en Grèce. Un bon nombre de celles-ci
sont les tombes à ciste —type dont dérivent les tombes royales de l'acro-
pole de Mycènes ; et cette dérivation implique une continuité raciale entre les
Piémycéniens du II. M. et les Mycéniens. Ou a constaté dans les tombes du
II. M. que des offrandes avaient été déposées sur la tombe ou dans son voisinage
immédiat; deplus,
à côté d'une tombeimportante
deDrachmani,
on a trouvé
un puits sacrificiel rempli de cendres et de matières carbonisées — ce quidonne à penser qu'un culte des morts, analogue à celui qui était célébré sans
doute dans le cercle des tombeaux à Mycènes au II. U., existait en Grèce dès
le II. M. 11 semble donc bien que les envahisseurs du début du 1I« millénaire
constituaient « lavant-garde » des invasions helléniques successives qui ont
recouvert le sol de la Grèce.
GmïCE CENTRALE. — Ettlrésis. Publication définitive du site, par miss H. Gold-
man ; l'essentiel des résultats des fouilles avait été donné, en 1928, dansun rapport provisoire, analysé dans le Bulletin archéologique de 1929. Dé-
Fig. 3. —Type de mégaron du II. M. Maison A d'Rulrésis.
(I) Si/mbolae O.tloen.ies, IX, 1<no (C, \V. Blegen et A. .1. \), Wace), p. 28
(H siliv.
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38 îr CHARBONNEAUX
tails intéressants sur la construction de fours et coffres à provisions en terre
cuite dans les maisons du (I. M. ; sur la mode de couverture — toiture plateau H. A. et au ,11. R., probablement à double pente au moins pour cer-
taines maisons du H. M., la couverture étant faite, d'après les fragments re-
trouvés, de deux couches de terre, séparées par un lit de joncs ou de bran-
chages et portées par un lit de rondins ; sur ta disposition des briques dans
les murs (fig. 3).La céramique indique une parenté étroite avec les Cyclades au 11. A. 1. et
11 et des influences venues de l'Anatolie du Nord au II. A. lit ; c'est d'une
région s'étendant d'Auan en Turkestan (grandes analogies dans la céramique)
à tout le Nord-Ouest de PAsie-Mineure que serait venue l'invasion du début
du H. M., dontla date coïnciderait avec celle du début du M. M. en Crète
(fig. 4).La poterie à décor mat (fig. 5) géométrique aurait des affinités avec celle
de l'Anatolie hittite. Dé même qu'en Béotie (sauf Thèbesj, en Thessalio et en
Phocide, l'influence Cretoise n'aurait interrompu, à Eulrésis, la carrière mo-
notone des trois techniques du H. M. (peinture mate, minyen gris et minycn
jaune) avant la « soudaine efflorescence » du H. R. III, qui correspond d'ailleurs
à une nouvelle organisation politique et religieuse plutôt qu'à une invasion
violente (1).
Attique. — Eleusis. M. Kouroniotis signale la découverte, sur la pentesud-ouest de l'acropole, d'un habitat préhcllcniquc remontant au d.ébut du
Fig. 4. — Rhytou en l 'orme de lauruau. H. A. Kulrosis.
(t) II. Goldman, Eulvesk.
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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 39
H. M. et quelques restes de maisons mycéniennes; en outre, une tombe
remontant au début du H. M. a l ivré un squelette bien conservé (1).
Syrie. Dans les nécropoles de Minet-el-Beida et de Ras Shamra, découverte,
signalée par M. V. A. Schaetf'er, de fragments de vases (décor avec person-
nages) et de figurines féminines mycéniennes (2).
J. GHÀRBONNEAUX.
Fig. fi. — Vase à dûcor mal. géométrique du H. M. Eutrésis.
(1) Art and ArckaeoL, août 1931, p. 13-15.
(2) Syria, XII, 1931, p. 1 et sujv,
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m U. VALLOIS
11. — AllCIUTECTUHB. ToPOUHAl'IMIS (I).
Généralités. — Une nouvelle édition du Guide de Grèce, refondue et révisée
par M. Yves Béquignon, vient de paraître (2). Les chapitres sur l'Épire, la Maeé-
doine, la Thrace etles îles orientales de la tuer Égôe sont entièrement nouveaux.
Bases de colonnes. Samos.
Colonnes de bois et poteaux. Samos, Arkades.
En publiant un chapiteau ionique du milieu du v° siècle qui se trouve devant
la façade Ouestde la Stoa d'Hadrien à Athènes, M. W. Wrede apporte une péné-trante contribution à l'étude des chapiteaux de style attico-ionique (3). M. G. P.
Stevens a déterminé les centres au moyen desquels a été tracée la volute du cha-
piteau du temple d'Athèna de Priene. Ils se trouvent tous sur les diagonales ducarré inscrit dans l'oeil de la volute. Le centre I étant donné — l'auteur ne dit
pas comment — on divise en 16 parties égales sa distance du centre de l 'oeil. En
reportant ces divisions sur toutes les diagonales à partir du centre de l 'oeil pris
po'urO, la position des centres du tracé est fixée aux distances suivantes : 1 = 16,
Il = 15, III = 11, IV = 1» XVI = 1 (4).
Leplus
ancien deschapiteaux
ditséoliques
a été trouvé en Crète, dans la
région d'Arkades, par M. Doro I.evi (fig. 1). Il se compose de deux pièces
Fig. 1. —Chapiteau èolique d'ArkadeK.
(1) Pour les fouilles des deux dernières années voir Y. Béquignon, Chroniquedes fouilles et découver tes archéolor/iques dans l'Orient hellénique (1930), BCH, LIV
(1930), p. 452-528; H. G. Payne, Àrcliaeolocjy in Greece, i9î9-S0, JUS, L (1930),
p. 236-232; (l. Karo, Archiiologische Funde, Griechenland und Dodelcanes (1929-
juin 1931), Arth. Jahr., Anz., 45 (1930), col. 88-167, et 46 (1931), col. 211-308;E. P. B., New items from Attiens, Al A, XXXIV (1930), p. 505-510 et XXXV (1931),
p. 90-93, 194-201, 340-341, 477-479.
(2) Les Guides Bleus, Grèce, Paris, Hachette, 1932 : 1 vol. in-12 de xv'm + 659 p.
avec 41 cartes, 77 plans et 16 illustrations.(3) Ath. mil., LV (1930), p. 191-200, Iteil. LXII-LXIV.
(4) Memoirs of the Amer. Açad. l\ome, IX (1931), p. 135-144 et pi. 10,
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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE M
séparées : 1° la corbeille, dont les feuilles sont serrées au départ dans un tore
autour duquel semble s'enrouler une corde ; 2° un abaque beaucoup plus large,décoré de rosettes géométriques aux écoinçons du soflite et de spirales sur sa
tranche, et qui comprend, au-dessus, une partie plus étroite et sans décor. Les
deux pièces avaient été remployées séparément dans des tombes du vu 0 siècle
d'ailleurs voisines. Un fort tenon carré de 8 à 9 cm. de côté les traversait au
centre, les unissant au fût de la colonne et aussi sans doute à l'objet placé sur
le chapiteau (1). Ce type de scellement, aussi bien que la forme de l'abaque, .
indique que la colonne ne faisait pas partie .d'un édifice, comme on l'a cru, mais
portait un anathèma.
Poursuivant ses é tudes sur les variétés libres du chapiteau corinthien, M. K.
llonczëwski publie des séries de chapiteaux à volutes végétales (2) : cette trans-
formation, dit-il, appartient en propre à l'Italie et à l'Occident, et n'apparaît enOrient que tardivement ; mais il aurait pu citer le chapiteau du monument de
Lysicrate, qui manifeste une tendance analogue. Un couronnement de stèle du
Musée de Syracuse (3), orné de doubles volutes en S opposées, avec palmette d'axe
et demi-palmettes dans les écoinçons, se rapproche du « chapiteau de Mégara-
Hyblaea » dans un style plus archaïque.Allantes. Agrigente.
Quelle est l'origine des triglyphes ? Selon M. R. Demangel, Vitruve a égaré
l'opinion savante en rejetant la théorie des feneslrarum imagines : chez les Préhel-
lènes rô-itïj était un vide ménagé entre deux demi-rondins et plus tard encadré
d'un bâtirectangulaire ;
c'estl'origine
de la f rise àdemi-rosettes (ou palmettes)opposées. Le triglyphe dorique est I'ÔTCTIdivisée en deux par un jambage. Installé
d'abord au Iantemeau du mégaron pour éclairer celui-ci, il a passé à l'enta-
blement du prodoinos puis à celui de la péristasis (4).Geison. Paestum, Agrigente.
Terres-cuites architeclilrales. Corinthe, Samos, Agrigente.Voûtes et encorbellements. Dion, Maltépé (Bulgarie), Égine, Arkades (Crète),
Agrigente.
Coupoles. Pergame.
Sur la date des acrolèves du Varlhénon et l 'histoire de l'acrolère, observationsintéressantes de M. H. Môbius (5) à propos d'une publication récente de M. C.
Praschniker (6).
(1) Annuario d. H. Scuoladi Atene, X-Xll (1931), p. 178, 187, 430-4S2, fig. 198 c,206 et 586 (voir ci-dessous, Crète) ; 0. Karo, Arch. Jahrb., 46 (1931), Anz , col. 301-
302, fig. 38 (photographie du chapiteau restauré, d'après laquelle a été dessinée
notre fig.).
(2) Arch. Jahrb., 46 (1931), Anz., col. 1-102.
(3) Ibid., fig. 83.
(4) BCH, LV (1931), p. 117-163 ; voir aussi ft. Demangel, Sur un vers d'Euri-pide, 11BG, 1931, p. 320-32.'!.
(3) Gnomon, VII (1931), p. 340-548.(6) C. Praschniker, Zvr Geschiclile des A/trolers, Prag, 1929, 58 p. +•, 4 pi.
[Xchriflen des Philos. FakuWU d- deulschen UniversilcU in Prag, S),
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^'*.<JSMW*'^#^4*^
42 R. VALLOIS
Pavements. Naxos, Samos.
Escalier.Agrigente.Technique. Naxos, Samos, Arkades, Agrigente.
Clôtures. Corinthe, Samos.
Étudiant ï'Incantada de Salonique, M. P. Perdrizet en rapproche les « Piliers
de Tulèlei) de Bordeaux et interprète ces colonnades surmontées d'un attiquecomme des clôtures monumentales et décoratives à claire-voie du même genre
.que celles du palais de Spalato (1).Plan polygonal centré. On a reconstitué à Mayence un édifice octogonal à
périslasis construit par la legio I Adjutrix (70-85/6). L'édifice est plus haut que le
portique qui l 'entoure. M. Roden-waldt y reconnaît le type celtique à « plancentral » — on dirait mieux « centré » — qui est connu , par un grand nombre de
sanctuaires : cella carrée, parfois circulaire ou polygonale, avec large péristasis.Il se demande si le Mausolée de Dioclétien et le Tombeau de Théodoric ne sont
pas de la même famille (2).Architecture religieuse. — Temples, sanctuaires. Athènes, liera Akraia,
Dodone, Gorinthe, Olympie, Naxos, Arkades,' Pcrgame, Doura-Europos, Paestum,
Agrigente.Antres sacrés. Olympie, Délos, Agrigente.Autels. Athènes, Dodone, Corinthe, Olympie, Samos, Cyzique, Agrigente.Enkoimèlèrion. Pergame.Trésors. Delphes, Samos.
Propylées. Samos, Pergame.Bases. Delphes, Dodone, Samos.Ex'edres. Dodone.
Bassins. Samos, Agrigente.Architecture funéraire. — A propos du Mausolée et des tombeaux lyciens,
M. OËlmann observe que les monuments funéraires placés sur un pilier ou sur
un socle élevé ne dérivent pas de la maison, mais du grenier. Ces grenierssurélevés existent encore en Lycie et ils sont représentés par un signe du disquede Phaistos. Les tombeaux du Caucase ont la même origine. L'utilisation funé-
raire du grenier ou d'une construction de ce^type est un fait dont on peut citer
plusieurs exemples (3).
Voir aussi Dion, Amphipolis, Maltépé (Bulgarie), Corinthe, Olympie, Éginc,Arkades.
Théâtres, Odéons. — M. E. Fiechter a entrepris la publication d'une série
de monographies de théâtres grecs qu'il a préparées sur le terrain avec la colla-
boration de deux jeunes architectes. Les deux premières, que j'ai lues, sont con-
sacrées aux théâtres d'OropoS, Oiniadai et Néopleùron. Elles se distinguent par
(1) Monuments Piot, XXXI (1931). L'italianisme Incantada, au lieu de Encan-
lada, est-il le fait des Juifs de Salonique ou des Occidentaux qui ont recueilli le
nom, plus exactement de « il signor Paradiso », qui accompagnait Stuart et
Revett ?(2) Arch. Jahrb., 46 (1931), col. 317-318.
(3) Arch. Jahrb., 45 (1930), Anz., col. 240-244,
1'".'JE
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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 43
des relevés plus complets que ceux qui avaient été publiés, par des essais de
restitutions suffisammentobjectifs, par
Tétude de lachronologie
et de l agenèsedes plans (1).
Voir aussi Athènes, Bouthroton, Argos, Pergame,
Architecture militaire. — Dion, Galepsos, Bouthroton, Corinthe, Samos,
Arkades.
Architecture civile. —Portiques (2). Athènes, Corinthe, Naxos, Samos,
Pergame, Doura-Europos, Agrigente.
Agoras, Marchés. Athènes, Corinthe.
Lieux d'assemblée. Athènes.
Gymnases, thermes, bains. Dion, Éphèse.
Rues. Athènes, Dîon, Corinthe, Pergame.
Quais. Samos.
Habitations. — Dîon, Corinthe, Arkades, Doura-Europos, Pouipei, Hercu-
lanum.
Modèle de maison. Samos.
Architecture chrétienne. — M. G. Sotiriou a publié les monuments chrétiens
fouillés par lui à Néa Anchialos (3). La Basilique A forme un bel ensemble
richement décoré, datant du ve siècle ; la Basilique B, un peu plus récente, a été
restaurée au vi* siècle. Suit une i ntéressante étude sur les basiliques paléochré-
tiennes de Grèce (4).*
Voir aussi Bouthroton, Éphèse.
Athènes et Attique. — M. W. Judeich a publié une n ouvelle édition de saTopographie von Athen (5).
M. Broneer a d écouvert des inscriptions rupestres attestant l 'existence d'un
sanctuaire d'Érôs et Aphrodite sur la pente Nord de l'Acropole, à l'Est de
l'Érechtheion (6). A VOdéon de Péricles la fouille de 1929 a montré que le pré-
tendu mur Sud (7) n'était qu'une partie du mur de Valérien. Au delà on a
retrouvé des restes du mur Ouest de l'Odéon ; mais il est mal conservé et on en
ignore la longueur : à l'angle S.-O. du carré il ne subsiste aucun vestige de
construction (8).
(1) E. Fiechter, Das Theater in Oropos ; Die Theater von Oiniadai und Neupleu-ron : Stuttgart, W. Kohlhammer, 1930 et 1931 ;2 fasc. 4* d e 27 p. + 8 pi. et24 p. + 12 pi. On trouvera un C. H. dans le Supplément critique du Bull. Guil-
laume Budé, 1931, p. 74-76. Voir aussi E. Fiechter, Forsch. u. Fortschr., 1931,p. 454-455.
(2) Y compris les portiques des sanctuaires.
(3) Arch. Éph., 1929, p. 1-158 et 4 pi.(4) Ibid., p. 161-254.
(5) W. Judeich, Topographie von Athen. zweite, vollstiindig neubearbeitete
Auflage mit 27 Abbildungen auf 24 Tafeln, 56 Abbildungen im Text und 4 Plânen ;Munchen, C. H. Beck, 1931.
(6) Arch.Jahrb., 46(1931), An-.,
col. 212(G. Karo).(7) REG, 1930, p. 75.
(8) Prakt., 1929, p. 52-57 (P. Kastriôtis). —Cette fois encore (cf. I. l.)\\ y adiscordance entre les dimensions indiquées dans le tejtte et l'échçllç du plan ; le
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:',ftjAi .-?<•-—; iyM^I>p^..^W!^>yj^tt^^
44 fi. VALLOIS
A la t'nyx les recherches conduites par MM. Kourouniôtis et A. Thouison
ont précisé l'histoire assezcompliquée
des constructions(1).Dans la région de VAgora, les fouilles américaines commencées en 1931 ont
mis an jour, à l'Est du Théseion : t° une voie large de 24 m., dirigée du N.-E.
auS.-O., qui doit être le dromos suivi par Pausanias : 2° en bordure de cette voie
à l'Ouest, un portique dorique interrompu par la ligne du chemin de fer, et,
après un édiQce in antis (« Stoa Basileios » de Dôrpl'eld), une série de bâtiments
précédés d'une colonnade ; 3° en face, de l'autre côté du dromos, les restes d'un
autel (2).Voir ci-dessns, chapiteau ionique, acrotètes.
Grèce Moyenne, Thessalie, Macédoine, Thrace, Épire. — Non loin du
sanctuaire iTliera Akraia (Pérachôj'a), l'École anglaise a exhumé au bord de la
mer un curieux temple du début du ve siècle ; la cella divisée en trois parties
rappelle le plan des temples étrusques ou italiques (3).
Oropos, voir ci-dessus théâtres.
A Delplies, M. J. Audint a étudié la « dédicace du Trésor des All ié nienè », plusexactement te base et Vépigraphè des altrothinia de Marathon (4). Il démontre
que la longue pierre dont l'angle S.-E. est retaillé en pan coupé était primiti-vement la dernière de la rangée; néanmoins, avec des lettres plus serrées, la
rédaction de la dédicace ne paraît pas avoir différé notablement de celle quel'on connaît (['AitôX>,ovt Ilu0i]oi au lieu de x[i']i 'AitoM.ov[i]). Cette dernière date
d'un second état, pas antérieur au début du 111es. av. J.-G. Dans le troisième état
(détinilif),elle n'a
pas été modifiée,mais les
pierres ajoutées à la rangée primi-tive faisaient avec celle-ci un angle obtus parallèlement au mur Sud de la ter-
rasse (5).
Oiniadai, et Xéopleitron, voir ci-dessus théâtres.
A propos de la bataille de l'harsale (G) Luoain et Frontin parlent d'une inon-
dation de l'Énipeus. C'est une interprétation erronée de impeditis ripis (César) (7).
texte accorde 65 m. de longueur au mur Nord ; sur le plan je mesure 0 m.OSo,
soit, à raison de 0 in. 036 pour 23 m. (échelle;,2j '" * fe _ 59 ln \| Jndeich
3U
(0. I., p. 3011 évalue cette même dimension a <<hockslens 6*2 m. », tandisqueM.
Béquignon (0. L, p. 60)lui donne 63 m.
40,sans doute
d'après les l'rakl.,1923-26 et 1927 (dimension intérieure !). Il ne sera peut-être pas nécessaire de
réunir un congrès archéologique pour discuter ce troublant problème.
(1) Arch. Jahrb., 46 (1931), Anz., col. 219-221 (G. Karo).
(2) Gnomon, VII (1931), p. 549-552 (!''. J. de Waele).
(3, Arch. Jahrb., 46 (1931), Anz., col. 255 et fig. 26 (G. Karo).
(4) llCll, UV (1930), p. 296-321 et pi. XV-XVI.
(5) On peut se demander si cet angle obtus existait déjà dans l'état 11 comme
M. Audiat le suppose. N'y en aurait-il pas eu plutôt un autre moins apparentau joint qui précède? 11 faut en effet expliquer pourquoi la pierre 6 seule a été
retaillée obliquement sur ce joint, qui, cependant, ne pouvait pas rester ouvert.
Le r ecul à l'extrémité de la pierre 7 ne serait que de 1 cm.; j'ignore si le lit
d'attente de l'assise inférieure l'admet.(0) Cf. RF.I1, 1930, p. 77.
(7) liCU, UV (1930), p. 307-375 (Y. Béquignon),
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BULLETIN ARCHEOLOGIQUE 4S
jVe'a Anchialos, voir ci-dessus basiliques chrétiennes.
Mon. En 1929 M. G. Sôliriadis avail. mis au jour un certain nonibre.de rues
dallées se coupant à angle droit. La principale, qui traverse la ville, est large de
4 m. 40 — 5 m. 60 à l'une de ses extrémités; une rue perpendiculaire et deiur
autres parallèles à la première ont 3 ni. 13, 3m. 30, 2 m . Ces rues-dateraient
du' règne d'Archélaos comme le mur d 'enceinte. Les sondages avaient en outre
révélé des maisons et thermes (?) romains avec mosaïques, enfin un tombeau du
début des temps hellénistiques à.chambre voûtée et -prolhalamos couvert de dalles
et poutres en pierre (façade de petit temple dorique avec triglyphes et fronton ;
peintures sur enduit) ; cet édifice n'a été complètement déblayé qu'en 1930 (1).
Amphipoiis. Sur la rive droite du Strymon M. P. Collart et P. Devambez ont
levé le plan d'un monument funéraire partiellement exhumé qui a pu être décoréde colonnes doriques engagées (2). A côté, restes d'un lion colossal semblable
au lion de Chéronée, mais plus grand (3).
Les mêmes explorateurs donnent des indications topographiques sur la rive
gauche du Strymon et décrivent sommairement les ruines de Galepsos (4).En Bulgarie méridionale, près du village de Mézek, on a découvert sous le
tumulus de Mallépé un tombeau à coupole avec dromos et double vestibule. Le
principe de l'encorbellement a été appliqué partout. Cette construction ne sem-
ble pas antérieure au règne d'Alexandre (£>).
Dodone. Sous le mur Sud de l a basilique où ont été trouvés les bronzes Cara-
panosM. D.
Évangélidisa
dégagél'extrémité
postérieured'un
édificein antis
tourné vers le Sud, dont la largeur excède 9 m. Les murs extérieurs sont bâtis
en appareil isodome, le mur de refend a été refait; on ne sait encore si c'est un
temple de Zeus ; à droite base [ou autel?], à gauche exèdre (6).
Uouthrolon. Jusqu'ici ce que j'ai vu publié de plus ancien est une porte à cor-
beaux de l'enceinte hellénique (7).
Péloponnèse. — Corinthe. Au N. du Temple les fouilles américaines ont
dégagé d'abord un marché romain ; c'était une place rectangulaire bordée àcsloai
à boutiques, au moins sur les côtés Sud et Ouest. L'aile méridionale a 13 bou-
tiques qui ont été encore utilisées à l'époque byzantine ; de la sloa il ne reste
que le pavement en mosaïque.'
L'angle S.-O. du marché romain pénètre dans une stoa hellénique (plus de
(1) ïrakt., 1929, p. 69-82; BCU, LlV (1930), p. 498-SOO (Y. Béquignon).(2) BCU, LV(1931), p. 184-190.
(3) Cette ressemblance et, mieux encore, la forme des crampons et le style du
chapiteau ne permettent guère de chercher la date du monument d'Amphipolisavant le milieu du ive siècle. A rapprocher peut-être, pour les dispositions géné-rales, du monument de Cnide étudié par Newton.
{i)Ibid., p. 171-206, pi. Vil-XL
(S) Arch. Jahrb., 46 (1931), Anz., col. 418-422et 3 fig. dont 1 plan (J. Welkow).(fi) Prakt., 1929, p. 104-109. D'autres édifices ont été découverts en 1930 {BCfl,
1930, p. 493).(1) Illustrat ion du 16 janvier 1932, p. 83 et suiv. (Th. Vaucher) : photographies
du théâtre (analemma avec niches à statues) et du baptistère (cf. REG, 1931,p. 50).
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le K. VALLOtS
92 m. x 6 m.) qui a été détruite en 146 av. J.-G. après deux siècles d'existence.
Elle comprenait un sous-sol avec ligne médiane de piliers (on y a trouvé unecachette de statères d'or de Philippe et d'Alexandre) et un étage principal de
niveau avec la terrasse du Temple. Le long du mur arrière passe une rue quiétait bordée, sur la rive opposée, de hautes dalles (2 m.) masquant peut-être le
sanctuaire A'Athèna Chalinilis. On a retrouvé des restes importants de chéneaux
hellénistiques en terre-cuite qui sont attribués à la stoa (rinceaux' en relief, têtes
de lion baroques). Avant celle-ci deux constructions analogues se sont succédé
sur. le même emplacement, mais avec des alignements plus ou inoins diver-
gents (1).
On a exhumé un aulelsemi-circulaire dans le Péribole d'Apollon et des portions
importantesdu mur
d'enceinte de la vi lle à l 'Ouest et à l 'Est de l'Acrocorinthe (2).M. Th. L. Shear a publié la Villa romaine, avec de magnifiques reproductionsen couleur des mosaïques (3). Il a fouillé 4 tombes à chambre romaines, dont
l'une est ornée de peintures (4).
Argos. M. W. VollgrafT a déblayé le théâtre : la cavea doit dater du ive siècle.
L'orchestra était d'abord circulaire comme à Épidaure; elle a été aménagée eu
naumachie sous l'empire romain; la reconstruction de la scène date du règned'Hadrien (5).
Amyclées. Étude d'un passage de Callisthène ou le « trône d'Apollon « est
nommé (6).
Olympie. M. W. Dôrpfeld expose ce qui suit ;
Le temple primitif d'Hèra (sans péristasis) a été construit après l'invasion
dorienne, lorsque les Èléens sous Oxylos usurpèrent la direction des Jeux anté-
rieurement tenus par les Achêens (Strab., VIII, 357), donc au xie siècle. A ces
jeux prédoriens appartiennent les biges et conducteurs trouvés sous le plus ancien
Ilèraion. Le temple II et le temple III et dernier, qui le remplaça avant son
achèvement, datent tous les deux du ix's. (sic\).La « Grotte de l'Ida » (7) avec son autel de l'Hèraklès crétois a été construite
sur un sanctuaire plus ancien dont l'autel est encore reconnaissable. La « grotte »
a été recouverte au ive siècle, quand on a régularisé la terrasse des Trésors;elle a été remplacée par le Mètrôon, tandis qjie l'on construisait devant elle,
mais à un niveau un peu plus élevé, l'autel, d'abord rond, puis rectangulaire,d'Hèraklès. Le sanctuaire primiti f peut dater du 11° millénaire.
Dans le Pélopion, à 1 m. au-dessous de la couche no-ire où ont été trouvées les
offrandes primitives et géométriques, on a découvert le reste (1/3) d'un cercle
de pierres dressées de chant qui entouraient un tumulus de 30 ni. env., ou
(1) AS A, XXXIV (1930), p. 432-454, et XXXV (1931), p. 394-423 (I<\ J. de Waele).(2) Gnomon, VIl(1931), p. 47-33 (F.-J. de Waele).
(3) C. tt. dans BEA, 1932, 1.
(4) AS A, XXXV (1931), p. 424-441.
(5) Arch. Sahrb.,W (1931), Anz., col. 260-261 (G. Karo).
(6) l'hilologus, 86, p. 419-423 (P. Wolters).
(?) C'çst la cella située entre l'exèdre d'Hérode Atticus et le Trésor de Sicyonesur cette identification voir N. Gardiner, Olympia, p. 220-221.
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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 47
tOO pieds, de diamètre. Ce tumulus est plus récent que les maisons à absides
de la lle moitié du 11°millénaire, mais plus ancien "que les offrandes primitives.C'est le TÙiJ.60; HéXoitoc, autrement dit un cénotaphe élevé dans la 2" moitié du
IIe millénaire, lorsqu'on institua les jeux funéraires qui sont l'origine des Jeux
Olympiques (1).Iles de l'Egée. — A Égine, découverte de tombeaux voûtés du 11es. av. J.-C;
ils sont décorés de peintures imitant les marbres veinés et les brèches (2).Délos. Selon M. O. Rubensohn, YAntre artif iciel du Cynthe serait le Kaêeipsiov
TÔ EÏÇ Kûv9ov(3).
Naxos. Le Temple de Palati (4) a été partout fouillé jusqu'au rocher parM. G. Welter. La fondation mesure 15 m. 14 x 37 m. 42, « dans l'axe » 13 m. 84
±x
3bm.
30±; édiflce à
3nefs
«avec de
2 à 4colonnes
»{?;; l'existence d'une
porte dans le mur Est n'est pas assurée. Le mur de refend antérieurement sup-posé n'a jamais existé. Le temple est inachevé ; le projet de péristasis n'est
attesté que parle travail préparatoire du rocher au Sud.
Dans la ville, près de la Métropole, stoa télragone de 61 m. 90 x 58 m., avec
portiques profonds de 7 m. sur trois côtés (l'un des côtés longs n'a qu'un mur) :travées de 2 m. 50, fondations de granit, colonnes non cannelées (au moins le
tronçon inférieur), avec chevilles carrées au centre des lits; le plan rappellecelui du Delphinion de Milet (S).
Samos. Importante étude ûes conslrnotions archaïques de l'Hèraion par M. E.
Buschor, qui en a reconnu les dispositions principales et les a classées parpériodes (6).
I. Époque géométrique : bassin rectangulaire (0 m. 56 x 0 m. 98) à 80 m. du
temple, au S.-E. ; formé de 4 orthostates de'calcaire : (*= bain primitif d'Hèra 1) ;près du temple, à l'Est, autel (?) et restes de 3 noiiskoi en TT-
IL Fin du vin 0 s. Premier temple, long de 33 m. 50 (hékatompédos) et largeentre murs de S m. 63, avec colonnade axiale de 12 ou 13 colonnes, base de
statue, désaxée légèrement, contre le mur Ouest (1' « Autel 1 » de Schede) et
péristasis dont les probables bases tronconiques [cf. Hèraion' primitif de Délos]devaient porter des colonnes ioniques de bois. Cet édifice se trouve entre le
grand temple actuel et le grand autel AR du plan reproduit REG, 1929, p. 58.
M. Buschor se représente sa toiture d'après le toit en croupe d'un modèle demaison elliptique £en calcaire trouvé dans le « temple de Rhoikos ». La tech-
nique aes murs est tout a tait primitive : petit blocage Doraê ae pièces ae porosbrutes qui sont souvent placées de chant.
III. Immédiatement au Sud, mais suivant la direction N.-O. S.-E. d'un bras-^de rimbrasos rejeté légèrement en arrière, le Portique Sud (fin du vne s. ou
(1) Arch. Jahrb., 45 (1930), Ani., col. 115-120.(2) Arch. Jahrb., 46 (1931), Ani., col. 275-276 (Û. itaro), ûg. 31-35 (plan et
coupes).'
(3) Arch.Jahrb., 46(1931), Ani., col. 375-379,(4) Cf. REG, 1926, p. 121.(5) Arch. Jahrb., 45 (1930), Ans., col. 132-134.(6) Ath. MM., LV (1930), p. 1-99, pi. I et Beil. I-XXVII,
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4& K. VALLOIS
1" moitié du vio s.), de 69 à Kl m. x Ei ni. 90, précédé d'une aire dallée siir
4 m . : e n superstructure les murs sont formés de minces carreaux de calcaire
blanc, irréguliers vers l'intérieur, mais finement rustiques et bien joints au
parement externe (quelques-uns forment boutisses). Sur des stylobates déta-
chés de 0 m. 40 x 0 m. 60 (petit côté de front), deux rangées de 29 poteaux cha-
cune (travée 2 m. 30) ayant en section 0 m. 14 x 0 ni. 19, comme le montrent
les vides laissés dans le revêtement du sol (grand côté de front!). Derrière la
stoa, quai bordant le ruisseau.
Au Sud-Est, grand bassin bâti avec plusieurs assises plates bien jointes, puisdes orthostates de pôros brun : nouveau bain d'liera'!
fig. t. — L'Héraion de Samos, époque de Rhoikos.
Le l' temple d'H'era (début de la période orientalisante) .a été construit au-
dessus des fondations du premier, mais il y a une couche de terre interposée.Murs appareillés, en carreaux de calcaire de 0 m. 20 à 0 m. 12 de hauteur, donjles joints baillent vers l'intérieur et ne sont pas toujours alternés. Au dessus du
niveau de la péristasis les assises sont ravalées. La base de la statue a été
reportée dans l'axe et les colonnes médianes probablement remplacées par des
supports dressés contre les murs. La péristasis s'est élargie de 1 m. 2tt à 2 m. 4M
(poteaux de 0 m. 21 x 0 m. 3b sur bases cylindriques?).
Dallagesur
grilledevant le temple; restes d'un propylon et d'une voie sacrée
dallée, au N.-E.
IV. Époque de Rhoikos (fig. 2). Portique du Nord-Ouesl, long de 60 m., fondé
à l'Ouest sur de puissantes plaques de calcaire, ailleurs sur une couche de gra-
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BULLETIN AiitiiiÉOLOGiQUE 49
vier et de petites plaques. Eu superstructure, le mur Nord a deux parements
identiques : carreaux de calcaire peu hauts, incomplètement dressés au pare-
ment, mais bien joints, avec remplissage d'éclats et cailloux; ce petit appareil
est interrompu à certaines places par des orthostates de pôros. Trochiloi cylin-
driques décorés de S cannelures horizontales séparées par des rainures.
A l'Ouest du temple alignement (N.-O. S.-E.l de bases, hordées extérieurement
d'une digue, qui ont sans doute porté les montants d'une barrière (Cf. HEG,
1929, p. 58, flg. 3, portique STA. et bases IV).
Le Portique Sud démoli est remplacé par ['Édifice Sud, un périptère incom-
plet de 46 m. X 23 m . ±, à deux nefs, sans colonnade antérieure M. Buschor lui
attr ibue des Irochiloi cylindriques (H. 0 m. 20, D. 0 m. 82) et des tambours à
;i2 cannelures.Le temple diptère « de Rhoikos » a été construit en partie sur les a lluvions de
l'ancien bras de l'Imbrasos. L'architecte aurait, asséché le fond des tranchées
avec une sorte de béton de chaux sur lequel il éleva les. murs de fondation épais
de 3-4 m. en plaques de calcaire, jusqu'à une hauteur de 2 m . Le naos mesure
150 coudées (78 m. 60) x 50 coudées (26 m. 20), mais les dimensions en super»
structure sout un peu inférieures. Un rectangle de d'al lés de pôros, interrom-
pant le pavement de stuc calcaire, occupe tout le milieu de la cella ; une partiecentrale limitée par des plaques de chant devait porter la base de la statue. Le
ptéron extérieur, entouré, à 3 m. de distance par deux degrés, était de 10 (0.) et
8 (E ) x 21 colonnes, le nombre total descolonnes,
de 134. Trochiloi ettores,cannelés ou rudentés horizontalement, ont des profils très variés exécutés au
tour. Les tambours présentent 40 cannelures ou sont l isses. Tuiles plates en t.-c.
de 0 m. 12 x 0 m. 81, et couvre-joints dont les faces rampantes sont légèrement
concaves; ces tuiles étaient peintes au vernis noir, mais il a pris un ton rouge
à la cuisson [ne serait-ce pas plutôt l 'oxydation produite par l' incendie?] ; unté-
fixes à palmette de neuf pétales sur volutes (décor en relief tt peint;.
Vautel (36 m. 30 x 16 m. 55) était en pôros. Le pôros a i'lé remplacé par du
marbre à l'époque romaine, mais on a conservé le plan et reproduit plus ou
moins fidèlement l'ornementation archaïque. Les degrés, à Ouest, étaient bornés
par deux avant-corps [Wangenaltar).
V. Le « temple de Rhoikos » fut détruit par un incendie que Pausanias (VII, 5, 4)
impute aux Perses, mais M. Buschor attribue la reconstruction à Polycrate. La
façade étant reportée à 40 m. à l'Ouest, le nouvel édifice serait entré en conflit
avec la Stoa N.-O, si l'on n'avait déplacé l'axe vers le Sud (cf. REG, 1929, p. 88,
fig. 3). Après une interruption, la construction du naos fut complétée dans la
1™ moitié du v« siècle (les bases du pronaos sont en marbre) et l'on éleva les
12 colonnes qui précèdent le pronaos (le fût encore en pôros). C'est seulement
aux nio-ii» s. que les vswitoïoi complétèrent les colonnades des façades; ils éle-
vèrent les rangées voisines des murs latéraux et quelques colonnes externes du
Sud, notamment celle qui est en place. Au temps de Strabôn le temple servait
de dépôt de «îvaxtç. On avait construit à l'Ouest de l 'autel un petit périptère(H 8) pour abriter la s tatue de culte à côté de laquelle on plaçn p'u; tard une
statue colossale d'empereur.L'enceinte de la ville a été étudiée. La porte à encorhi 'leu.çnt située entre les
KEC, XLV, 1932, il" 208. 4
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BO K. VALLOIS
tours 4 et 5 (Atli. Mitl., 1884, pi. Vil) date du vi" siècle comme le rauf polygottU)épais de 5 ni. dans lequel elle s'ouvre (1).
Crète. M. Doro Levi a publié le résultat de ses fouilles ti'Arkades (à l'Ouest
des Monts Lassithi) dans un gros volume dont la majeure partie ne relève pas
de cette section (2). Sur la colline du Prophète Élie il a reconnu une citadelle de
plan trapézoïdal avec tours rondes aux angles, grande citerne sous le mur Sud,
et édifices non identifiés dans l'enceinte : les assises de calcaire sont jointoyées
avec de la terre et de la pierraille (3). Les murs des habitations dispersées sur
les pentes de la colline et ceux d'un édifice (sacré?) à plusieurs compartimentsressemblent à ceux de la forteresse, mais, au lieu d'assises, il n'y a parfois quedes blocs bruts dont les intervalles sont remplis de petits morceaux et de
terre (4).
Dans la Nécropole, à l'Ouest, il faut signaler : 1" des Lombes k inhumation
construites sur plan carré ou rectangulaire avec coupoles à encorbellement -—
les tombes A et B renfermaient les deux pièces remployées séparément d'un
chapiteau éolique (voir Généralités) —; 2° des lombes n en four » ; 3° des lombes
circulaires à coupole. La céramique est géométrique et orientalisante (S).Asie Mineure. Syrie. — Perr/ame. M. L. Robert identifie la salle à b an-
quettes de la terrasse supérieure du Gymnase : c'est Venlcoimètèrion du petit
temple d'Asklèpios voisin (6).
M. Th. Wiegand donne des indications sur les récentes découvertes de VAsklè-
pieion, dans un frais vallon à l'Ouest de la ville basse (voie bordée de portiquessur 1 km.). Outre les deux temples circulaires (7) — à propos desquels M. D.
Krencker décrit l'évolution de l 'édifice à coupole romain (8) — on a reconnu
en avant la place des fêles. Elle est limitée au Sud par une sloa à étage longuede 120 m., qui tourne d'équerre vers le Nord. Au N.-O. de la place, grand
théâtre (on en connaissait déjà 3 à Pergame) avec sièges de marbre à pieds de
lion. Un couloir souterrain voûté va de la rotonde inférieure jusqu'au milieu de
la place, où débouche un escalier. « Ici sourd abondamment l'eau de la fontainemiraculeuse décrite par le rhéteur Aelius Aristide ; le trop-plein s'écoulait parun canal couvert dans le sol du couloir voûté ». Enfin on a découvert des restes
depropylées
dont letympan porte une dédicace de l'historien et philosopheClaudius Charax. Tous ces édifices datent de la deuxième moitié du ;ie s. ap.
J.-C. (9\
Cyzique. Parmi les acquisitions récentes du Musée de Stamboul, M. Arif Mûflt
(1) Arch. Jahrb., 46 (1931), Anz., col. 292 et flg. 36-37 (G.-Karo).(2) Annuario, X-X1I (1931).(.')) P. 32-37 et pi. III.
(4) P. 38-57, 443-452 et pi. 11.
(5) P. 177-313 et pi. IV.
(6) CHAI, 1931, p.60-61
(S. Reinach).(7) Arch. Jahrb., 45 (1930), Anz., col. 191-192; cf. REG, 1931, p. fia.
(8) Ibid., col. 193-196.
(9) Arch. Jahfb., 46 (1931), Anz., col. 308-309.
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™)7^-?^^vy^F^Jss• >w' iSv'g^KteB
BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE èi
signale et reproduit deux pièces à volutes — couronnements d'autels — prove-
nant de Cyzique (1).
Êphèse. lies résultats principaux des fouilles de 1926-1930 ont été résumés par
MM. J. Keil (2) et E. Heisch (3). Dans la dernière campagne on a dégagé le
monument à abside, qui n'est qu'une riche habitation, et, au Sud de l'Odéon, le
temple pseudo-diptère de Domitien.
Magnésie du Méandre ; Aulel d'Avtémis (4) : M. A. von Gerkan a donné un
résumé de sa publication avec plan (S).
Ilalicarnasse, Lycie, voir Architecture funéraire.
Chypre. 11 a paru un Summary of swedish Excavations in Cyprus par M. Einar
Gierstad, avec une Note additionnelle de M. F. A. Schaeffer : un paragraphe est
consacré aupalais
de Vonni(6).
Syrie. Le lieutenant Froment a publié une carte touristique et archéologiquedu Gaza de llârem (à l'Est de l'Oronte) (7) accompagnée d'indications sur les
monuments antiques suivants : base dislyle de Sermada (pi. XLII1) érigée « aux
seigneurs Alexandre et tëérénikianos (ils d'Alexandre » entre 131 et 142 ap. J.-G. ;monument funéraire lêtraslyle ionique de Dané: arc de triomphe de Bab el-
llaoua et autres ruines (pi. XL1V); tombeaux formés de 4 arcs sur piliers et
couverts d'une pyramide (p. 285, (ig. 1, et p. 288) ; bases dislyles de Bénébel et
A'Amoudié (p. 286, pi. XLVU et p. 290). Les monuments funéraires formés de
deux colonnes corinthiennes lisses sont donc représentés par 3 exemplaires au
moins dans ce casa.
Doura-Europos. Indications de M. M. Pillet sur les temples d'Artémis et d'Atar-
{/rilis, complètement dégagés en 1929-30. MM. M. Roslovtzeff et C. Bradford
Welles décrivent sommairement la Maison des archives (plan); portique et
boutiques sur la façade (8).
Grande-Grèce, Sicile, Italie. — Recherches à Laos, colonie de Sybaris (prèsde Uorgo Laino, sur la ligne de Ballipaglia-tieggio), à Sybaris et Thourioi {9).
Paeslum. La pièce d'angle S.-O. de l a corniche de Yhexastyle archaïque (Tem-
ple de Cérès) ayant été récemment exhumée, M. Fr. Krauss a pu la dessiner.
La ligne frontale n'est pas brisée comme Koldewéy le croyait. Pour raccorder
(1) Arch. Jakrb., 46 (1931), Anz., col. 197-198, fig. 16-17. 11omet d'indiquer qu'ellesont été reproduites antérieurement par M. Ch. Picard, REA, XXIX (1927), p..278,«g. 8-9.
(2) Arch. Jahrb., 45 (1930), Anz., col. 448-462. Forsch. u. Forlschr., 1931,p. 63-60.
{S)Jahvesh., XXVI (1930), Beibl., col. 298-312 (plans complétés du Gymnase deVetlius et de la Basilique Saint-Jean, sans l'atrium).
(4) Cf. REG,1931, p. 56.
(5) Forsch. u. Forlschr., 1931, p. 137-138.
(6) Syria, XII (1931), p. 58-66 et pi. XXIV (photographie de la grande cour etde l'escalier). Pour le
plan,cf. REG, 1931,
p.57 et
fig.3.
0) Syria, XI (1930), p. 280-292, pi. XUII-XLVIII.
(8) CRAI, 1930, p. 300-301, et 1931, p. 162 et suiv.
(9) Arch. Jahrb., 45 (1930), Anz., col. 407-408, 410-412 (W. Technau),
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M it. VÀLLOIS
l'horizontale (côté Sud) avec le rampant (côté Ouest), on a gauchi le caisson
angulaire (1).
Sélinonte. Signalons provisoirement une importaute étude de M. E. Gàbrici (2\
Agrigente. M. P. Marconi publie les résultats de ses recherches :
1° Sur la pente orientale de la Rupe Atenea les deux cavernes des divinités
chlhoniennes (3) sont précédées d'une sorte de vestibule barlong (12 m. 32 x
3 m. 02) dont les murs antérieur et postérieur se rapprochent, comme ceux
d'une fausse voûte, jusqu'à n'être plus distants que de 1 m. 29 (4). L'édifice était
cependant couvert de pièces horizontales bordées d'une corniche. Il est divisé
en deux par un mur de refend ; chaque moitié a une, porte avant et une porte
arriére percées au-dessus de la 4« assise, et il paraît y avoir eu à ce niveau un
plancher ou dallage suspendu au-dessus de caves on bassins dans lesquels l'eau
émanée de la caverne courait par un système de rigoles assez compliqué. Desauges alignées devant le mur antérieur la recevaient d'une autre rigole passantsur le mur de refend. Cette construction, en assises inégales de pôros, daterait
du va 0 siècle {?).2° A 50 mètres à l'Est du « Temple d'Hercule », restes des fondations d'un
édifice rectangulaire (31 m. 54 x 10 m. 3b), avec anles vers l'Est, auquel l'auteur
rapporte deux fragments à'anléfixes archaïques (5).3° A 40 m. à l'Ouest du « Temple des Dioscures », autel rectangulaire (3>m.
923 x 5 in. 123) formé d'une assise unique au-dessus de l'euthyntèria; les piècesexternes (II. 0 m. 42) forment un léger rebord autour de la plateforme. A coté,monument circulaire dont le plan a la forme d'une roue : jante à deux
degrés;au niveau du second, moyeu réuni à la jante par 4 pierres figurant les rayons :
diam. extér. 7 in. "32 env. ; diam. interne du moyeu 1 m. 25. Il devait y avoir un
troisième degré et un dallage arrêté au cercle central, où le rocher est creusé.
Les fondations étant insuffisantes pour une superstructure, le monument ne
peut être qu'une eschara. Les objets trouvés avant ou pendant la fouille datent
ces autels du m ilieu du vie siècle et montrent qu'ils étaient consacrés au culte
de Dèmèter (6).
4» L'opisthodome de l'Olympieion s'arrête au dernier pilier après le mur de
refend. Comme on l 'a déjà signalé (1), les atlantes étaient bien entre les demi-
colonnes extérieures, directement sous l'épistyle, mais i l n'y avait pas de socle
ni de pilastre pouvant les porter. M. Marconi pense qu'ils reposaient sur desconsoles pyramidales dont il aurait retrouvé un exemplaire, mais il ne donne
aucune reproduction de celui-ci, ni n'en indique les dimensions. Sous les blocs
(1) Rom. Milt., XLVI (1931), p. 1-8.
(2) Mon. Anl., XXXIII (1930), p. 61-112 : cf. Aruh. Jahrb., 45 (1930), Anz.,col. 424-428 et flg. 50-52 (2 plans).
(3) Cf. REG, 1928, p. 231.
(4) Riv. ht., I (1929), p. 31-52.
(3) Ibid., p. 33-58 (Le plan, fig. 10, aurail pu être complété d'après l'état dernierde la fouille visible
surles
photographies).(6) Ihid., p. 59-68.
(1) REG, 1928, p. 230.
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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 53
éboulés, dans la couche qui recouvre immédiatement le sol antique, il a recueilli
des tuiles en terre-cuite, notamment un kalypler de [aile, qu>, d'après le point
de chiite, ne pourrait provenir que du naos; celui-ci aurait donc été couvert
avant la prise d'Agrigente par les Carthaginois. Les deux premières assises du
mur de fondation Ouest étant encore en place on a pu mesurer la longueur de
l'édifice à ce niveau; elle est de 112 in. 60 ou 112 ni. 70 (Koldewey 113 m. 45).
Le fait que l'on n'a pas /trouvé d'allante devant la travée médiane du côté Sud et
que les deux colonnes s'étaient rapprochées laisse supposer l'existence d'une
porte à cet endroit. D'après le style des at lanles et de quelques autres restes de
sculpture décorative, M. Marconi pense que le temple a été construit entre 480
et 410 (I). .
5° Le Templed'Esculape, complètement débarrassé des constructions modernes,
montre une krèpis convexe dans le plan vertical, une façade in antiset un murOuest décoré de deux demi-colonnes entre deux pilastres. Le dallage est posé sur
des épis. Il y a un escalier dans le mur Nord de la porte.
Le grand édifice au Sud du Temple des Dioscures serait -«n réalité une plate-
forme découverte revêtue de ciment et entourée d'un péristyle. La construction
daterait, au plus tôt, du i i° s. av. J.-C. (2).
l'ompei, irerculanum. 1'' . Noack a examiné les maisons à plusieurs étages en
/errasses élevées sur la pente Sud de Pompei, ïi l 'Ouest du Forum triangulaire ;
curieuse adaptation des dispositions ordinaires île la maison pompéienne aux
conditions topographiques, avec vues sur un beau panorama, comme les con-
temporains de Cicéron le désiraient de leurs, vi llas. Ici particulièrement on peutconsliiler que la vieille ville repose sur la lave; il faut donc abandonner la thèse
de Nis3en suivant laquelle le Forum triangulaire aurait été l'acropole primitive (3).Une étude chronologique de la Maison du chirurgien par M. A. Maiuri visait
ii déterminer l'âge des constructions en calcaire. Il a constaté que Yimpluviumn'existait pas avant l'époque du tuf. Construite avec des matériaux qui provien-nent en grande partie d'édifices plus anciens, analogues aux murs présaniuitésrécemment découverts, la maison date de la 1" période samnite (iv« s.); elle a
d'ailleurs subi plusieurs remaniements (4).M. W. Techuau indique les dispositions de la Villa llem d'après la fouille
récente (fi). Il relève, les caractères dislinct ils de l'architecture- privée à Hercu-
lanum : pans de bois, escaliers en bois, maisons sans impluvium, avec couloirs
et terrasses, etc. (6).
K. VALLOIS.
(1) Mo. ht., [ (1929), p. 185-231.
<2) Ibid., p. 293-324 et pi. I-III.
(3) Arch. Jahrb , 45 (1930), Anz., col. 55S-590 et hors-texte. Résumé dansh'orsch. u. Fortschr., 1931, p. 333-334.
(i)Nol. Scav., VI (1930), p. 381-39?",.
(o) Arch. Jahrb., 45 (1930), An:., col. 392,
(fi) Ibid., col. 387 etsqjv,
' ')M
v#ï
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m CU. l'ICARD
111. — SCULITUHE, STATUAIRE (1).
Généralités. —En 1931 ont été publiées lus planches 73fi à 740 des Venkmue-
ler <//-. u. riim. S/ttilplur (documents signalés à leur place ci-après). Les Antike
Uenkmaeler, l. IV, 5e Ueft, pi. 47-56, ont consacré toute une livraison à une élude,
excellente, de SI. A. C. Bhoniaios, sur les deux Couroi du Sounion (ci-après).
Quelques compléments aux Répertoires de la statuaire de M . S. Keinach ont
continué à paraître dans la Revue archéologique (2); du même savant, la Gazelle
des Beaux-Arts, en février 1931, a publié, connue chaque année, 'l'importantCourrier de l 'art antique (3..
Divers catalogues, ou de Musées, ou de séries do sculptures provenant de
grandes fouilles en cours, sont à mentionner. En Allemagne, M. C. iSlùinel a fait
paraître, — ce qui aurait dû être mentionné ici plus lot, — le t. III du Cataloguedes sculptures antiques de Berlin (v« et iv« s.) (4). Certaines collections privées ont
été inventoriées; M. B. Schweitzer a fait diligemment lé répertoire des collections
de deux châteaux delà Prusse orientale, lîegnuhnen et Waldburg (antiques achetés
en Italie). M. L. Curtius a commencé'la publication détaillée des bronzes de la Col-
lection Goethe à Weimar (5). En Hongrie, M. A. Hekler a inventorié les sculpturesde Budapest (C). Le Musée des Beaux-Arts de la même capitale, inauguré en
1930, contient plus d'un demi-millier de terres-cuilés intéressantes, provenant
en partie de l'ancienne collection P. Arndt (7). En France, la riche collection
Carlos de Beistegui, dont certaines pièces ont commencé à entrer dans nos
Musées nationaux (Bibliothèque Nationale) est signalée comme comprenantde bons antiques (8). En Angleterre, M. F. N. Pryce a fait paraître la suite du
(1) On n'a pas analysé ici les Chroniques de fouilles de l'année (par ex. Areh.
Jahrb., BCU, JUS).
(2) 1930, I, p. 97-121 : cL p. 98, n» 4, le Silène dansant de Volubilis (Maroc) et
la Vénus détachant sa sandale, ibid., p. 108, n° 5: p. 105, n» 3, l'Athéna à lachouette de l 'Odéon de Corinthe (AJA, 1928, p. 46C) ; p. 107, n. 2, l'Artémis
Kphesia de Tripoli = Lamer, llumanislisches Gymnasium, 192S, p. 152 ; p. 108, n. 1,une Aphrodite drapée sur tortue (Tierl. Mus. Berichle, 1929, II, p. 29). Nombrede documents de la Coll. de Lord Melchett, dont le luxueux Catalogue (par M. E.
Strong) est si peu accessible, seront trouvés là, au besoin.
(3) P. 73 sqq.
(4) Slaatliche Mwteen zu Merlin, Kalal. d. anli lten Skulpluren, III, die t/riech.
Skulptiiren des funflen and vierlen Jahrhunderts, 80 p., 88 pi. (1928). Sur lesrécentes réorganisations du Musée de Pcrgame. cf. 11. Nachod, Xeilsc/i. Ilild.
Knn.il, LXIV, 1930-1931, p. 120-127; W. Zschietzsehmann, Formes, IX, 1930,
p. 17 sqq. ; Wertheimer, l 'amassus, nov. 1929, p. 32sqq. ; Th. Wic-gnnil, ISerliner
Museen, 1930, p. 94 sqq.
(5) Riim. MM., XIV, 1930, p. 1-28, pi. 1-XXI1I.
(fi) Die Anlil ten in Budapest, I Abt., Die Skulpluren, 1929.
(7) Mouseioii, 1931, p. 122 sqq. (653 n"'); autres au Musée National ; autres au
Musée G. Uolh. — Sur les t. c. du Musée dos Beaux-Arts, cX aussi Zollan Orozlan,
Mnayar, 1930, p. (!8 sqq. (41 ligures).(8) Sur un Apollon en bronze de type lyeien, provenance Janina, cf. J. (Juiffrey,
Çfaz. D.-Arts, mars 1931, p. 153, flg. If
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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 0?)
Catalogue des sculptures archaïques du British Muséum. (1) On doit à. M. B. Ash-
moie l 'inventaire des marbres d'Ince Blundell Hall (2). De rapides indications ont
été données sur les collections du Musée de Nicosie (Chypre) (3).
Dans la publication des Sculptures de Delphes {Fouilles de Delphes, IV, 3),M. P. De la Coste-Messelière à continué d'étudier avec de pénétrantes remarques
et un soin minutieux les sculptures des temples archaïques (4). Les restes du
temple en tuf du vi° siècle au sanctuaire d'Athéna Pronaia (tympans Nord et Sud)
complètent ce que nous pouvons savoir sur les destinées de la technique du pôros
;i la (in du vic s iècle. Une excellente étude est consacrée aux frontons du grand
temple d'Apollon dit des Alcméonides : notamment au fronton occidental, en
tuf, pour lequel l'auteur aboutit à un reclassement très personnel (char de Zeus
au centre, cf. fig. !' Pour le fronton oriental, l'auteur a repris les études
qu'il avait précédemment amorcées, en concluant de façon fort vraisemblable sur
une attribution àAnténor;
or l'oeuvredelphique
de ce maître athénien mar-
querait une rupture des plus instructives dans les habitudes archaïques des
décorateurs de frontons (par l'adoption de statues passives et frontales au tympan
de l'Est),— En appendice, les débris de grandes sculptures archaïques, recueillies
dans le téménos d'Apollon ou ailleurs, et la tète virile d'Athènes en pierre tendre
(Mus. Nal. n«G4), qui pourrait être rattachée a l'école de Sicyone(?). —M. Franklin
P. Johnson a publié les sculptures de Corinthe trouvées de 1896 à 1923, et dont
le lot s'est, comme Ton sait, beaucoup augmenté depuis lors. Il y a là notam-
ment une figure féminine nue prûhellénique (type cycladique); une centaine
de sculptures (fragments) autres que des portraits (Enyo (?) sur trophées n" 827,
cf. p. 21, n° 11; ci-après, fig. 7; le groupe des portraits officiels trouvés en
1914 15 à la Basilique julienne {AH and archaeol., XIV, 1922, p. 207-209), et
d'autres; les sculptures du Portique aux ligures colossales (iV 217-226); des
sarcophages, des reliefs funéraires, des stèles votives, etc. ; un groupe important,et de valeur rare, est celui des statues drapées pré-byzantines (du iv« s. et plus
tard), n°s 321-332. — M. Carousos prépare à Thébes un Corpus des monuments
funéraires béotiens, qui deviendrait l'annexe du Corpus des reliefs atliques (6).L'ensemble de l'ouvrage de SI. W. Deonna, Dédale ou la slalue de la Grèce
archaïque, est maintenant paru (t. 1 11) (7). C'est le travail le plus complet quenous ayons sur la statuaire grecque primitive, d'un connaisseur bien informé,
(1) Calai, of sculpture, Grceli a. roman Antiquities of the Brilish Muséum,vol. 1, part 11, Cypriote and elruscun, 1931.
(2) A Catalogue of the aucient marbles al Ince ll lundell Hall, Oxford, 1929.
(i) I*. Dikaios. Moitseion, 1931, p. 110 sqq. (pi. XV-XVI, sculpt.).(4) Fouilles de Delphes, IV; 3; Monuments figurés, sculpture; arl archaïque,
Sculptures des temples, 1931.
(5) Corinlh. Hesulls of excavations, IX, Sculpture 1896-19-23; Cambridge, 1931(un c. r. spécial paraîtra ici-mèuie).
(6) Arch. Jnlirh., XLV, 1930, col. 245-6.
(7) I. Origines et, évolution de la slalue archaïque, problèmes techniques et
esthétiques, 1930; 11, Artistes et groupements régionaux, influences subies et
exercées; survivumes et coïncidences, 1931. Cf. notamment, M. Billard, IOE4,1930, p. 270-8 ; un compte-rendu doit paraître au Journ. Savants (Cb,, Picard^
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86 CH. PICARD
dont le livre sur lus Apollons archaïques (1909) n'a pas cessé Je faire autorité.
Au l ieu de donner seulement aujourd'hui le travail parallèle et complémentaire
sur les Corésqu'on
eûtpu
attendre delui,
l'auteur apréféré
examinersynthé-
liqupuu.nl et analytiquement loute la production des artistes antérieurs au
v" siècle. Le premier tome expose en grand détail ce que nous savons de la statue
eu Grèce, et de ses fonctions, de sa genèse, de son évolution, des matières et de
leur technique, du modelé, du rendu du corps humain, atti tudes et gestes, vjte-
ineut et draperies, etc. En ce qui louche aux artistes et groupements régionaux
(second volume), on notera que l'auteur reste très réservé; il ne reconnaît
comme styles caractérisés de l'archaïsme que celui de Milct-Sainos, celui que
l'on pourrait appeler « insulaire » (Archipel), celui de Naxos; ailleurs, le style
attique, le style créto-péloponnésien. Les deux dernières parties du second
volume montrent, avec une information copieuse, les actions et réactions (vers le
dehors) de l'eslliétique grecque, et c omment les principes qu'elle a posés et
imposés, en créant les statues archaïques, ont pu se répandre, ou survivre,
même jusqu'à nous, plus ou moins consciemment, par l'imitation archaïsante.
A côté de ces deux gros livres, si précieux, signalons le « Syllabus » rapide do
M. lî. Doifacq, la scvlpluie grecque, lésnniO de kç< ns d'Université (1).
Quelques éludes de stylistique ou de typologie ont paru : M. G Méaulis a
signalé la tendance de l 'art grec h me lire sur la droite (donc à gauche du spec-
lateur) le dieu ou le héros qui doit sortir vainqueur d'une lutle ou d 'un combat :
le principe(dextèralilé) est appliquédans les frontons d'Egine, àOlyuipie (templede Zeus), au Parlhénon même (tympan Ouest). On le retrouve dans la peinture
des va*es,en
général (2).— M. P.
Devambe?,, reprenant aprèsP.
L. Couchoud,la question de l'interprétation des stèles funéraires alliques (3), montre la com-
ple-xilé du problème, et aboutit à croire que les sculpteurs des monuments
funéraires ont dû surtout chercher « à représenter les morts dans l'Hadès selon
le souvenir que gardaient d'eux les survivants ». M. P. Jaeobstahl a groupé les
représentations relatives à la mise à mort d'Actéon avant et après la cons-
titution de la légende classique (4). M.'W. Deonna s"e.-t intéressé aux typesd'êtres monstrueux à organes communs : triscèles, tétras cèles, rosaces d'animaux,
êtres à deux corps et à une seule tête (y).Sur la conservalion et le nettoyage des bronzes antiques, on trouvera d'utiles
indications dans une note de M. A. T» Cohen de Meisler (6).
(1) 2,: éd. 1929. Les 6 leçons professées a liruxelles de 1895 è 1901 auraient
besoin d'êtro remises, ça et là, au courant des travaux des années dernières. Il est
dit par erreur que je prépare une refonte de ['Histoire de la sculpture grecquede Max. Collignon.
(2)Cfid/, Hjuin 1931.
(3) HCH, L1V, 1930, p. 210-227. On ne croira guère que le personnage de la Stèle
de Lyséas soit, comme il est dit, un prêtre (p. 219).
(4) Alrfaions Torf, Marburger Jahrb. f. Kunstuisseiischa/t, 1930, t. V (23 p.).
(ii) Rev. archéol., 1930, 1, p. 28-13.
(6) Rulletin van de Vereenigwg loi lieiwrdering dev \\e\\nig van de Anliekçlieseliaring, VI, 1, juin 1931, p. 14-22.
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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 57
Epoque archaïque (jusqu'à la fin du vi« siècle).
Crète, Péloponnèse, Grèce continentale (moins VAltique). On ne peut ici que
signaler,dans le dernier volume de la publication de Sir A. Kvans, The palace
of Minos al Cnossos, III, 1931V, ce qui est dit, p. 518 sqq., de la trouvaille si
curieuse, dans le « cloître » à portiques de l'Est, d'une main d'une statue demi
grandeur naturelle (minoenne?) et des boucles de cheveux en bronze d'un
« colosse » (1) partiellement sculpté en matière périssable (bois?) ; ce serait le
premier des xoana, donc le modèle de tous les Daedalica, repris par l'art « arehaï-
sant » des Dédalides (2). A. Semenov conclut à l'existence de statues au temps
d'Homère (3). Il y a d'utiles comparaisons à tirer, pour l'histoire de la statuaire,
des figures peintes sur les vases de la nécropole géométrique, et des autres
trouvailles (surtout céramiques) d'Arkades; riche butin présenté par M. D. Levi
(Annuario, X-XII). Je n'ai pu voir encore l'ouvrage de Kunze, Kretische Bronze-
reliefs (4). M. P. Demargue a étudié la « double déesse » Cretoise, d'après des
(igurines de l'Anavlochos (près Mallia, Crète), en montrant leur rapport avec
certains types du Péloponnèse ; à propos de deux plaquettes de Praisos (Louvre),
il a finement marqué l'évolution de la représentation du sphinx et de celle du
grifl'on, de la Crète à la Grèce. Il souligne la part des influences orientales
dans les recommencements de l'art géométrique (5).
Les récentes fouilles de Corinthe ont livré quelques nouvelles terres-cuites
archaïques, et une tfite en pôros, très primitive, avec bandeau rouge et diadème
(rosaces incrustées) (fi). Une nouvelle étude du coffret de Cypsélos a fourni.à
M. G. Méaulis d'ingénieuses observations, qui n'intéresseAt pas moins (pour
Corinthe) les historiens de la sculpture que ceux de la céramique (7). Les terres-cuites archaïques de Sparte trouvées principalement dahs la région de l'Acropole
(modelé plein) ont été publiées par M. J. M. Woodward (8), M. II. Koch a consacré
une suggestive étude (Apollon u.Apollines) (9) à l'Apollon Tyszkiewicz, maintenant
au Musée de Boston, et qui porte sur ses cuisses, en lettres béotiennes, une
dédicace de Manticlos, dont la cluusule rappelle Odyss., III, v. 58. — Couroi et
Corés, en Grèce, consacraient des Apollons, des Artémis, comme protecteurs et
symboles de la jeunesse. — Dans la 8« tombe de Trenenischte (Lac d'Ochrida),
ouverte, cette fois, par des archéologues serbes, on a trouvé, outre un nouveau
masque d'or, et des formes de sandales d'or (avec gorgones), un magnifiquecratère à volutes de la (in du vp siècle
(fig.I a-b). Il est décore — sur le col,
notamment — d'une frise de cavaliers passants. M. N. Vulic n'accepterait que
(1) Fig. 365, la tête aurait mesuré 0 m. 40.
(2) Cf. la tôte de Mycènes ,en stuc et tatouée que sir A. Evans rapproche, ibid.,P- 529, fig. 364 ; sur le mot colosse, P. Chantraine, Bull. Inst. fs. d'archéologieorientale, 1930, p. 449-452.
(3) Plùl. Wock., 11 mars 1931, p. 327-334.
(4) Sàchsische Forschunqsinstilute in Leipzig, 2 vol. 1931.
(5) BCI1, UV, 1930, p. 195-209.
;<>) N. du temple d'Apollon : (du temple?); cf. i\6jà.-AJA, XXXIII, 1929, p. 529.(7) rtffC
XL1V, 1931, p.241
sqq.(8) BSA, XXIX, 1927-8, p. 75-107 (E.r.cav. Sparla, III).(9) Stuttgart, 1930 (Akadtm, Anlrillsred. Leipzig, 1930),
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88 CH. PICARD
sous réserves la provenance corinthienne indiquée par (B. D. Kilow) (I). Tellen'est pas la tendance de M. K. A. Neugebauer (3), qui, rappelant les rapports rie
Corinthc comme métropole, avec Corcyre, i'Épire (Dodone, Apollonie) et lïllyrie,souligne la ressemblance, avec le décor du cratère de Trebenischte (cavaliers)d'un cavalier de Dodone, montant aussi à cru (bronze. Mus. Athènes); leschevaux ailés des monnaies de Corinlhe (Pégase) ont été répandus ci et là dansla Grèce du Nord; aux ateliers des brotiziers de la grande cité « des deux mers »on rattacherait l'Apollon signé d'F.lymoclédas (De Ridtler,JLouvre, n» 108, pi. 12)une Coureuse d'Athènes (Carapanos, pi. II, 1), le Silène dansant d'Athènes
(Carapanos, pi. X), le Silène tenant une corne, à boire d'Apollonic d'iipire
(Louvre, De lîidder, n° 131,- pi. ta). On eût pu, légitimement, faire état encorede certaines nouvelles trouvailles de la mission d'Albanie (l„ Key), à tort passées
sous silence.
Altiqite. M. A.-C. lihomaios a publié aven un soin perspicace (.'!), les deux
Couroi alliqiies (un torse acéphale) trouvés en 1906 dans le sanctuaire de la
(1) Arch. .lahrb., XI,V, 11)30. Anzeiger, col. 276 sqq. — Sur la nouvelle statuette
d'argile de Musehovilza-Mogila (femme nue, visage archaïque), cf. Arch, Jahrb.,
ibid ,11, p. 281 sqq., lig. 35.
(2) Fnv.tck. ». lùirlschrillr. 1(1 mai 1931, n" 14, p. 193 sqq.
(3) Cf. ci-dessus, p. Ti-i. Il y a trois hases a, h, c, dont une (c) pour une st.alneplus petite ((ig. lii-1"),
HK. I a.
Vase do bronze du Tnîbenisr.lilc.
Fip. I h.
Vase île Trulti'insdiUi. Délai! t!c la frise.
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BULLETIN AHCHÉOLOGIQOE f)9
pointe du Sounion. Cette étude est accompagnée de belles reproductions détail-
lées à grande échelle, signalant les parties refaites et de magnifiques planches
(W. Hege).L'identification avec les Dioscures est dite « certes
possible,niais
nullement nécessaire ». Pour les dates, sont adoptés les récents classements de
E. Buschor (p. 98) ; trois générations d'artistes auraient ainsi travaillé de 630
à 550, la première (Dédalides, frise (?) de Mycènes) (t) n'étant encore pas connue
par ses oeuvres en Attique (il n'est pas question ici de la « nouvelle » Ooré
debout de Berlin). La statue A du Sounion serait des environs de 6)0, le t orse B
d'une ou deux décades à la suite. L'auteur n' incline pas à voir une imitation
égyptienne dans le motif de la jambe gauche portée en avant (p. 103-105). — Au
Cincinnati Art Muséum, une tête d'Hermès du vie s. (?) est signalée comme
exposée depuis peu par prêt (2). — M. P. De la Cqste Messelière est revenu sur
le groupe des « Astragalizontes » de l'Acropole d'AlhèriPS [REG, llullel. 11)31,
p. 70 , et il le localiserait, — conformément aux vues de M. VV. Deonna, plutôt
qu'aux miennes, — dans un fronton de la fin du ive s. ; il n'accepte pas, du moins,
pour des raisons qui semblent valables, la suggestion de cochers écuyers, age-
nouillés derrière des attelages ; Pastragalomancie reste ainsi en cause (S). Une
statue archaïque du dernier quart du vi« s., homme acéphale, drapé, sur un
siège pliant, de très bon travail (traces de polychromie) a été découverte à
Athènes (place de la Liberté) (4).
Orient égyplo-asiatique, lunie ; Archipel. Quelques nouvelles « idoles des
Cyclades » ont été ajoutées aux séries connues (5). M« E.-M. Guest vise, comme
bien d'autres — mais est-ce justement? —, à réduire la part de l'influence
égyptienne sur les statues grecques archaïques (6). — Pour les sculptureschypriotes du Itritish Muséum, cf., ci-dessus, le Catalogue signalé de M. F.-N.
Pryce ; les récents travaux, si fructueux, de la mission E. Gjerstad ont aug-
menté le matériel d'étude (7). Les petits objets provenant des fouilles exécutées
de 1902 A 1914, à Limlos de Rhodes, par Chr. Blincfcenberg et K.-K. Kinch ont
été publiés en détail (8). Le second Rapport provisoire de M. Th. Wiegand
(fouilles des Musées de Berlin), sur les travaux de Samos, est annoncé comme
devant parail.ro clans les Abhandlungen de l 'Académie de Berlin (9). En atten-
dant, M. E. Buschor a donné une longue étude, surtout architecturale, sur les
(1) M. G. Karo parle plutôt d'un fronton [REG, Bulletin, 1931, p. 65).(2) Beaux-Arts, 25 mai 1931, p. 17.
(3) REG, XLIV, 1931, p. 279 sqq.(4) Messager; 28 juin 1931 (Dionysos'.'). Art attique; rien de commun avec les
statues de Branchides!
(3) V. Verhoogen, Bulle t. Mus. Bruxelles, 1930. p. 2.1-26 (on rappelle ici l'exis-
tence d'une ancienne liste de ces idoles dressée par Chr. Blinekenbcrg en 1896).Pour Corinthe, cf. ci dessus.
(6) Ane. lioypl, 1930, p. 45-54 (nombreux rapprochements par figures).(7) Cf. Syria, 1931, p. 58 sqq. (fig. I, à la p. 59) : statue en pierre du type grec
archaïque tardif.)(H) Fouil les de Rhodes, l.intlox, I, Les
petits oh/ets,
1931 (in-4° ; 152 pi.). Je n'ai
pas encore vu ce travail.
(9) Siteber., 21 fév. 1931,
•
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60 CH. PICARD
« frilhe Baulen » édifiés successivement sur le site de l'Héraion (1). Il y publieau passage certains documents de la plastique archaïque (tête rie l ion en « gar-
gouille », avec grenouille posée par dessus). M. G. Uodeuwaldt a fait pour lapremière fois reproduire, eu annexe à son livre sur les fouilles allemandes,
certaines statues samiennes de l'cx-voto de Geneleos (2) (fig. ï). C'est un Apol-
lon archaïque du type du Philésios de Milet (Uidyineion) qui, déformé, a servi
de modèle pour une statuette de bronze arehaïsante, retrouvée dans une maison
de l'ompéi (cf. ci-après, p. 81, et fig. 9).A la suite des importantes découvertes d'Aislan-Tasch —
qui nous oui rendu
plus île cent plaquettes d'ivoire dorées et décorées de scènes religieuses ou
autres — ornements primitifs du lit de llazael, roi de Damas (844-812) (3),
l'attention a été rappelée sur les trouvailles de Nimroud et d'Éplièse. Une sta-
tuette en ivoire du vne s. (ou vi"), provenant d'Éplièse, a été signalée au
R. Ontario Muséum (4). M. 1».-M. Scliuhl a remarque il l'Ashinolean d'Oxford et
publié (fig. 3) de curieux ivoires de Nimroud (mission Layard), restés inédits,
et qui représentent des types intéressants de la déesse au fuseau (S). 11 les rap-
proche justement des documents d'tëphèse. Une étude générale (et superficielle)
sur la sculpture grecque de i'Asie-Mineure a été tracée dans un article tropvisiblement destiné au grand public, niais d'un bon connaisseur (6). Sur les
Vis. i. — Kx-volo du {icncleos.
(1) Athen. MM. LV, 1930, p. 1-99.
(2) iïene deulsche Ausi/rabunuen, 1930, notice do K. Buschor, p. 34 sqq.
(cf. pi. VI : femme à deini-coucliée, couvre de Geneleos : HCU, 1925, p. 475). A
la pi. VU du même ouvrage est reproduite une intéressante statue (acéphale) de
femme debout, inédite aussi, et provenant aussi de l'Héraion.
(3) Fabrication phénicienne : plusieurs plaquettes portent des lettres de
l'alphabet cananéen.
(4) IUille.1. ofllie. Rom. OHftrio Mus., 1930, p. 101-108 (fi fig.).
(5) liev. archéol., 1930, II, p. !18-(i4 (2 pi. et une figure.).
(6) "\V, Millier, Document.*, 1931), p. 341-3,'il. C'est par inadvertance que n'a pas
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UUL.L1STIN AKCHÉOLOUÏQUË «1
bronzes du Louristan à dater <le l'âge du 1er, et dont l'apparition correspond à
la prospéritéde
l'élevage (haras militaires)dans les hautes vallées du
Zagros,pendant les premiers siècles du 1er millénaire, et jusqu'à l'époque achêménide,
MM.. Dussaud et Rostovtzeff ont amorcé des études (I).
M. P. Jacobstahl a étudié dans l 'ensemble les « reliefs méliens » (2). feu Kr.
Noack avait consigné dans un article paru peu avant sa mort quelques obser-
vations sur le mélange du haut-relief et du relief plat, parmi les sculptures du
Trésor de Siphnos, â Delphes, et notamment au fronton de la Dispute du
trépied (3).
Fig. 3. — Ivoires de Nimroud.
été mentionnée dans un précédent Bulletin l'étude de MM. 0. Rubensohn et'
C. Watzinger, sur la Daskalopetm de Chios [Alhen. Mitl., LUI, 1928, p. 109-116,9 fig.). Ce rocher serait en rapport avec le culte de Cybèle (fig. de lions) et son
aménagement remonterait au vie siècle.
(1) Syria, 1930, p. 243-271 (R. Dussaud) ; 1931, p. 48-57 (M. Rostovtzeff); quel-ques pièces sont entrées au Metropolitan Mus. de New-York, Bullet. XXVI, 1931,
P. 48 sqq. (M. S. Dimand).
(2)Die
meliseken Reliefs, 1931 (avec ~l~l pi.) Je n'ai pasvu
cet ouvrage.(3) Cet article a été écrit avant que l'auteur ait eu connaissance de la publica-
tion des Fouilles de Delphes {Sculpture, IV). Fr. Noack annonçait aussi uneftutre étude sur la composition du fronton.
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(i2 eu. l'ICAKti
Grande-Grèce,Occident. La
prétendue canéphorede
Paeslum,à
l'Antiqua^rium de Berlin —, consécration de I'hyllo, fille de Charmylidas à Athéna,comme dîme, — n'est qu'une figure de manche, de miroir : à l'un des trois
temples conservés à Paestum, se rattachait sans doute un culte d'Athéna (1).
M. Nicola Putorti, dans une de ses éludes de YUalia antichissima (2) montre les
rapports de la formule du couple à demi gisant, sur les sarcophages étrusques
(Cervetri, etc.), et sur les terres-cuites de Calabre (Médina, Hipponium), avec
les créations de la sculpture ionienne d'Orient (ci-dessus, Samos, base de Gene-
leos, fig. 2). Ce motif se serait répandu d'Est en Ouest dès la seconde moitié du
vie s. — M. P. Marconi étudiant les têtes de lions employé.es comme gargouilles
de temples en Sicile, montre des d ifférences caractérisées avec les modèles
grecs, et pense que ces ornements architectoniques ont subi la même évolution
artistique que le reste de la sculpture sicilienne (3). L'éphèbe de Sélinonte
(Mus. de Païenne, reeumplélé) a fait l'objet d'une, publication détaillée, due à
M. IV Marconi (4). Les découvertes de M. !•',. Gàbrici à Sélinonte ont prouvé
l'appartenance au petit temple archaïque, très long, à l'Est du temple D, dans
la partie Nord du péribolc de l'Acropole, de la plus ancienne série des métopes
sélinonliennes, antérieures à celles du temple C (Europe sur le_ taureau, sphinx,
assis, Héraclès combattant le taureau et la métope des Lètoïdes reconsti-
tuée) (5). M. P. Marconi recherche dans les terres-cuites et les sculptures sur
pierre de Sélinonte les traces d'un « anticlassicisme », qui donnerait à l'expres-sion des
figuresl'intérêt
primordial.Ce courant
serait surtout marqua, dit-il,au début du v° s., où le réalisme local s'est développé par la combinaison des
éléments indigènes avec l'apport grec extérieur (0). Une tête en terre-cuite,
représentant probablement Perséphone, et de la lin du vie s., est un document
précieux pour qui voudrait vérifier ces mélanges ("). On a trouvé à Agrigente
vingt moules de terres-cuites attestant à nouveau (id. déjà en 1894) l'existence
d'ateliers locaux de coroplatliie (8). Les exemplaires vont de l'époque archaïque
aux temps hellénistiques, montrant surtout, au passage, le mérite des artistes
de la seconde moitié du v« siècle. Une tète de Couros archaïque du Musée de
Catane a été signalée à l'attention (9). Le sanctuaire nurrhagique de Santa Vit-
(1) A.-K. Neugebauer, Arch. Jalirb., XLV, 19110, Anzeig., p. 519 sqq. ; cf. Beiii
ner Museen, SI, 1930, p. 132 sqq.
(2) Mus. Civ. di Heç/r/io (Galabria), depuis 1929 (en cours).
(3) Antike, 1930, p. 119-201.(3 pi.).
(4) L'efebo di Selinunle, Hivisla d. Reale Insl. Venezia, opère (Tarie, I ;cf. Arch. Jahrb., XLIV, 1929, fig. des col. 151-159 (Anzeiger).
(5) Monum. Antichi, 33, 1930, p. 61-112, et VV. Technau, Arch. Jahrb., XLV,
1930, Anzeiger, col. 424 sqq.
(6) Dedalo, XI, 1930, p. 395-412.
(1) Dedalo, ibid., p. 651-662.
(8) Not. scavi, 1930, p. 13-105 (Marconi, Jole-ltovio); cf. les études sur Agri-
gente, p. 192-219, et Dedalo, IX, 1928-9, p. 519 sqq., p. 643 sqq. On a maintenantles éléments d'une étude d'ensemble.
(9) G. Libertini, Il rnuseo liiscari, 1930. Gf. Arch. Jahrb., XLV, 1930, p. 391-2,
Og. 1.
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BULLETIN AHCHÉOLOGIUUË 63
toria di Serri, avec ses curieux ex-voto sardes, a été étudié en détail par
M A. Taramelli (1). M. P. Jacobstahl a montré ce qu'on pouvait tirer pour la
connaissance de la Gallia r/raeca, avant la conquête romaine, des découvertes
laites çà et là déjà, dans lo midi de la France; quelques-unes remontent à
l'époque archaïque (2), tel le sphinx, de bronze de Trinquetaille (Arles), tra-
vail ionien de la fin du vi« s. M. R. Lantier a bien mis en valeur les analogies
que montrent avec les Apollons archaïques grecs, notamment, certains ex-voto
provenant, semble-t-il, du sanctuaire ibérique de Despeûaperros, dans la pro-
vince métallifère de Jaen (Sierra Morena); ces bronzes (orants, guerriers, etc.)
sont du deuxième âge du i'cr, et analogues à ceux du sairetuaire de Castellar de
Santisteban (3).
Époque classique : A. — Ve siècle.
Première moitié : M. E. Langlotz retrouve
rait la manière de Pythagoras de Rhegion
dans le prototype d'où semble dérivée une
statuette de bronze de la collection Warreu
(États-Unis). Elle représente Épiu.é1li< us qui
armé de son marteau, s'apprête à délivrer
Pandora ('.') : version différente du mythe
d'Hésiode, dit-on, mais connue par des vases
des vi°-ve siècles(4).
M. Arnim von (jerckan
établit par de bonnes raisons techniques l'im-
possibilité de voir dans le « Trône de Boston »
(IIEG, 1931, Bulletin, p. 71, n. 5) autre chose
qu'une vulgaire imitation du Trône Ludo.
visi (5). Une stèle de Copenhague (Glypto-
thèque}, brisée par le haut, représente deux« marathonomaques « agenouillés, nus, qui se
couvrent d'un même bouclier. On rapprocheune coupe du « maître de Panaitios », vers
500, et l'on étudie à ce propos les stèles à deux
personnages («). —On a maintenant les repro-ductions attendues du précieux acrolithe de Cirro transporté au musée de
Syracuse (fig. 4) (7). Mlle A. Levi a étudié l'Apollon de Mantoue (Palais) copieromaine en marbre grec d'un prototype argien des environs de 460 av. J.-C.
m
(1) Moniim. Antichi, XXXIV, 1931 (IX).(2) Arch. Jahrb., XLV, 1930, Anzeiger, p. 211 sqq.(3) CRAI, 22 aortt 1930; R. Lantier, Ipele, 1930, p. 38-47 (avec 11 flg. sur 2 pi.).(4) Die Anlike, 1930, p. 1-14, 6 pi. e(5) Oesterr. Jahresh., XXV, 1929, p. 125-172.(6) Arch.
Jahrb., XLIV, 1929, p. 137-140 (pi.); cf. Nonnos, Dionys., XXVIH,AXX, 48 sqq, (où il est plusieurs fois question de guerriers usant d'un même bou-clier, tels Ajax et Teucer, déjà.
(1) Par exemple Arch. Jahrb., XL1V, 1929, Anz., col. 138, fig. 38,
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64 . CH. PICARD
Elle rapproche d'autres répliques (Naples, Rome, Paris), et diverses monnaies (t);
M. L. Gurtius a consacré de bonnes études aux types idéaux de Zeus el d'Hermès,à leur évolution et à leur rendu (2). Dan» la première de ces recherches, après
avoir signalé la rareté des cas où nous avons à la fois des prototypes du I'S., et,
leur copie romaine (il conteste les deux seuls exemples jusqu'ici cilés par M. F,.
Busohor !), l'auteur Tait remarquer les rapports outre le Zeus d'Histiaea (Gap
Artémision) ot la tête de laGlyptothèque N'y-Carlsberg (P. Arndt, Glypt., pi. XIII);
la copie romaine (avec différences) serait un Hermès de la villa Albani à liome
(cf. les Hermès de l'Agora d'Athènes?). Contre Guidi, et déjà selon G. Kougères
(CRAI, 1926, p. 163), M. L. Curtius nie que le Zeus de Gyrène ail été une répliquedu Zeus d'Olympie (3). Il en rapproche un Hermès barbu de Chatsworth, et établit
d'autres rapports avec le Zeus de Dresde, d'où dérivent plus ou moins toute une
série de documents très dispersés : le Zeus de Dresde serait lui-même la copie
d'un original en bronze ayant représenté peut-être, à Olympie, « à côté du colosse
d'ivoire et d'or qu'on ne pouvait copier, le type officiel du maître des dieux »('?)—
M. L. Curtius consacre deux autres notes, l'une au Hoi de la Glyplothèque de
Munich, qu'il vise à replacer à son rang dans l'histoire de l'art de l'époque,
l'autre à la l êle barbue achetée en 1913 par le Metropolitan Muséum de New-
York : à propos de cette oeuvre, il groupe et distingue de nombreux modèles,
permettant de situer par comparaison l'Hermès alcaménien de Pergame (4).
Tandis que M. II. Schrader revient à la question des (rois figures (et demie), si
disentées, du tympan Ouest d'Olympie, statues qui diffèrent des autres, technique
et matière — pour conclure qu'elles sont bien de la même main que le reste dufronton, et attribuables à Alcamène, selon Pausanias (5;. — M. W. H. Schuch-
hardt appelle nettement ces mêmes sculptures des Ersalzfiguren, et les
daterait d'une restauration roiuaine (6). Une tête de marbre féminine, en penté-
lique, de l'ancienne collection Landsdowne est entrée au Metropolitan Muséum de
New-York; ce serait la copie romaine d'une oeuvre grecque de 460-450 (").
M. H. N. Couch a signalé une terre-cuite du début du ve, trouvée au Sud de
l'Italie (Locres), et acquise par le Musée de l'Université de Tlllinois; elle repre-
«enterait Déméter tenant le jeune Triplolème. Mais l'interprétation est assez dou-
teuse (S). Une terre-cuite d'Agrigente, qu'on doit dater de 480 à 4*0, représente-rait assez isolément dans la série (cf. ci-dessus), un produit de l'art
purementuttique, sans contamination (9). M. W. Deonna s'est occupé d'un bronze mila-
nais de la Renaissance italienne au type du Spinario, et a cette occasion, il a
(1) Dedalo, 1929/30, p. 391-615 (21fig.).
(2) Erster Erqanzunrjshefl des Ri)m. Millei lungeu, 1931, avec 22 planches.
(3) Rejeté aussi par M. E. Rizzo, Dedalo, VII, 1926/7, p. 213.
(4) M. L. Gurtius rapporterait à un original en bronze polyclétéen la tête
barbue de Cyrène (Arcésilaos IV, selon L. Pernier; cf. HEG, Bull., 1930, p. 97).
(3) Oeslerr. Jahresh., XXV, 1929, p. 82-108, 12 fig.
(6) Areh. Jahrb.,X\A\ ', 1930, Anzeiger, p. 525-5S6.
(7) Bullet., XXVI, 1931, p. 95 sqq. (G. M. A. Ilichter).
(8) AJA, XXXIV, 1930, p. 344-352, 8 flg.
(9) Joie Bovio Marconi, Rollell. d'arle, 1930-1931, p. 31-38, 10 flg,
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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 6b
retracé l'emploi du motif du Tireur d'épines, dans l'antiquité et dans l'art
moderne.
Deuxième moitié. M. L. Curtius (2) rattache au cycle de l'Apollon de Cassel
(Phidias'?), le petit Zeus en bronze de la collection Goethe à Weimar, dont il
montre les affinités, notamment, avec une statuette de Florence, avec le bronze
Pourtalès de Chantilly, et quelques autres pièces (statuette de marbre de
Païenne, bronze du Mus. des Arts mineurs à Munich): l'auteur, dont on louera ici
la prudence, ne semble pas accepter la restauration de VAnadoumenos récem-
ment proposée par Ameluug (M. Bieber, Arch. Jahrb^ XL1I, 1921, p. 152) (3).
Miss C. K. Jenkins (4) a poursuivi des efforts généreux, mais non toujours con-
vaincants, pour la reconstitution générale de l'oeuvre de Myron ; elle lui attribue
maintenant l'Athéna, dont l'Athéna de la Villa Albani est une copie ": elle repla-
cerait cette création dans un groupe en bronze de trois personnages, où Àthéna,
défendant Diomède, arrêterait l'épée d'Ares. Resterait à retrouver le corps d'Aresdans le Uicius Verus du Vatican, la tête dans des copies du Louvre etduMusée
Torlonia à Roma. Le Diomède (torse) serait la copie en marbre du Palais Valen*
Uni à Rome (5). Miss Jenkins pense que le groupe qu'elle « reconstitue » si plei-
nement devait se trouvera Amisos du Pont, la résidence de Mithridate. Lucullus
l'aurait fait transporter à Rome pour son triomphe (?) — C'est du milieu du ve s.,
et en admettant que l'original (inspirateur de diverses compositions à Orvieto,
Vulci, Populonia) serait peut-être polygnoléen, que M. C. Anti (6) veut dater le
bas-relief du massacre des Niobides, trouvé à Cyrène (autel d'Artémis).
Quelques études ont été consacrées à la question épineuse des Amazones.
M. S.Reinach, optimiste, pense qu'il n'y a plus guère d'incertitude que pour les
types de Phidias et de Phradinon, et que nous tenons ceux de Polyclète et Cré-
silas(7). Il ne rend compte que sous réserves de l'hypothèse de P. Arndt, qui
transformerait (REG, 1931, Bulletin, p. 75) l'Amazone Mattei, en lui accordant
une tète « athlétique -de New-York, dont la coll. Leconfield a la réplique : ce
changement nous écarterait de la création de Phidias, tout en ne nous rappro-chant guère de celle, à jamais inconnue, de Phradmon. — M. S. Reinach consi-
sidère l'Amazone du Capitole apparentée au Blessé défail lant de Bavai, comme
celle de Crésilas, le type Lands"downe (Mus. New-York) nous représentant le
modèle polyclétéen (ressemblance avec le Doryphore). Tel n'est pas, du moins,l'avis de Miss C. K. Jenkins (8). Car elle pense que l'Amazone Lahdsdowne-New-
(1) Genava, 1930.
(2) Riim.MiU., XLV, 1930, p. 1 sqq.(3) Le corps appartiendrait plutôt au Zeus du groupe mj'ronien de Sarnos.
(4) Burlington Magaz., 1930, 1, p. 147-154 (The réinstatement of Myron, suite).(3) Torse utilisé par d'autres au compte de Pythagoras de Rhégion.(6) Africa ital iana, II, 1928-1929, p. 161 sqq.; sur les reliefs de Niobides du
vc s., cf. en général, E. Langlotz, Anli lce, IV, 1928.
0) Gaz. Beaux-Arts, 1931, I, p. 73 sqq. M.-S. Reinach avait déjà résumé la
question dans son Courrier n° 2, de 1886, bonne occasion de vérifier les change-
ments survenus en 45 ans dans l'état d'un problème avchéologiqii".(8) Apollo, 1930, I, p. 302-5 (6 6g.).
UEO, XLV, 1932, n» 209.
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66 CH. PICARD
York serait celle de Oésilas ! — Une tête d'Amazone, du v° s., a été prêtée aiiCincinnati Avt Muséum, où elle est actuellement exposée (1).
Les travaux concernant Phidias et les sculptures du Parthénon ont été parti-culièrement importants. Feu F. Noack avait étudié l'arrangement des plis du
péplos de l'Athéna Parthénos (2), sur le côté, en rapprochant l'Athéna 140 du
Musée de l'Acropole ('E <p. 'Apx.,1887, pi. Vil), les torses de Dresde dont A. Furt-
waengler s'est servi pour sa reconstitution de la Lemnia, etc. Aux plis disposésen losanges superposés, à la manière archaïque, se sont substitués (cf. les pein-
Fig. 5. — Statue du Parthénon, fronton Ouest.
(1) Beaux Arls, 25 mai 1934, p. 11.
(2) Arch.Jahrb.,XLV, 1930, II, p. 198-217.
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BULLETIN AtlCllèOLOGIQUE 67
tures de vases), peu à peu, d'autres arrangements inoins géométriques, plus
vivants. F. No'ack concluait, hélas! en donnant son adhésion, lui aussi, à la
reconstitution de A. Furtwaengler pour la prétendue Lemnia. W. K. Lethaby aconsacré un travail sagace (1) à l'exposé des diverses recherches (ou hypothèses !)
suscitées par le dispositif du fronton Ouest du Parthénon. L'examen détaillé des
sculptures qui nous restent montre le tort de ceux qui ont tant voulu retirer à
Phidias — aidé, sur le tard, on l'admet volontiers, de collaborateurs éprouvésl'exécution de cet ensemble, ou du tympan opposé (Est). Il n'y avait à parler,
comme on a fait, ni de Paeonios, ni d'Alcamène. —Pourtant, M. Fr. Winter, dans
un premier article sur les maîtres des sculptures du Parthénon, cherche encore à
montrer que la décoration sculptée du temple ne peut pas être placée sous l'ins-
piration d'un seul artiste! 11 y aurait à distinguer deux tendances opposées, com-
parables (?) à celles que révèlent les bas-reliefs faits en concurrence, plus tard, pardes artistes italiens comme Ghiberti et Brunelleschi (2). Le fronton Oriest du Par-
thénon va bénéficier d'une intéressante découverte de M. Rhys Garpenter (3). Il
a à Athènes, dans un coin delà cour du Musée de l'Acropole, retrouvé l'originaldu bas du corps de la statue U (fig. 5), qui, apparente sur le croquis de l'anonymede Nointel (1674), avait disparu ensuite, avant le temps du dessin de 1) al ton
(1749) (4). Il s'agit d'une des Erechthéides faisant pendant au Gécropides de
l'autre aile (g.), au fronton de la Dispute. Une copie réduite (au tiers) en avait été
trouvée en 1880, à Eleusis, dans le groupe des sept statuettes qu'on connaît, imi-
tation des figures du tympan de l'Acropole (Mus. Nat., 200-202).Feu Fr. Studniczka avait donné son avis autorisé sur les importants travaux
de Praschnicker (Partkenonstudien, 1928) (8). M. W. Technau (6) a fait connaîtreet localisé les deux morceaux, des métopes et de la frise du sékos du Parthénon,
que feu W. Amelung avait découverts en 1920, dans les magasins du Vatican,et qu'il n'avait pas eu le temps de chercher lui-môme à replacer. Une tête barbueà bouche entrouverte, d'un haut relief (pi. 8-10), viendrait de la métope XVI du
Sud, et serait celle de l 'Erichthonios, qui, à cette place, accablait le géant Asté-
rios, représenté vaincu à ses pieds (dessin de l'anonyme de Nointel, fig. I, p. 83,torse et tête au British Muséum). Un autre fragment du Vatican est à rapporterà la frise du sékos, 11 ne comporte qu'une tête d'un personnage marchant vers l,agauche, et le reste d'un instrument (martelé) porté sur l'épaule. Il s'agit ainsi
d'un des jeunes métèques oxiçr^ôpoi, porteurs du plateau sur lequel on dispo-sait les gâteaux d'offrande des Panathénées (Anonyme de Nointel,t Frise Nord,ûg. 13-15); ce serait le dernier de la file (fig. 15). M. W. Deonna a publié (7) unetête voilée féminine de l'Acropole d'Athènes trouvée en 1860 (fig. 6), et qui pour-
(1) JUS, L, 1930, p. 4-19.
(2) Oslerr. Jahresh.,- XXV, 1929, p. 173-188, 16 fig.(3) Mouseion, 1931, p. 118 sqq., pi. XIX et XX.(4) Septième bloc de la corniche, Kerkis Sud du fronton Ouest; B.Sauer, Athen.
Milt., 1891, p. 69 sqq.(5)
NeueJahrb., 1929,6 cahiers.
(6)flÔm. MM., XLV1.1931, p. 81-89, pi. Vlll-XI. •
(7) Monum. Piot, XXXI, 1931, p. 1 sqq., pi. I,
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OS' Ctt. PICAlîD
rait avoir été aussi Une des métopes du Parthénon sculptées entre 441 et 442. L'au-
teur dit pourquoi il ne pense pas plus spécialement à la métope XXV du Nord,
pour laquelle M'. Praschniker, Parthenonstudien, p. 137, reconstitue une Aphro-dite Voilée ^aujourd'hui acéphale).
M. W. H. Schuchhardt a consacré une grande élude d'ensemble à la reconsti-
tution du travail fait autour du sékos du Parthénon, pour la frise des Panathé-
nées (t). Il pense qu'on avait préparé là quatre-vingt parts de la tâche, — selon un
dispositif d'ensemble (p. 278) — et qu'en aucun cas, on n'a réuni, dans un même
groupe, des représentations de sujet différent. Le groupe d'artistes changeait donc
quand changeait le sujet. — On discernerait vingt-sept parts au Nord, vingt-huit au
Sud ; sur ces longs côtés, les motifs s'associaient en grands ensembles : cavaliers
chars, piétons, etc. Une étude minutieuse des ensembles et des têtes (photogra-
phies IL Ashmole) indiquerait que Phidias a pu être le metteur en oeuvre, les
exécutants, nombreux, placés sous ses ordres, gardant leur liberté pour ledétail (2). MM. Umbdenstpçk et J. Formigé croient — un peu trop — à des lois
mathématiques qui auraient, disent-ils, « présidé à l'orchestration (!) de la frise
des cavaliers des Panathénées » (3;. M. le Commandant Lefebvre des Noëttes a
examiné cette même partie de la frise (cavalcade) d'un autre point de vue, tech-
nique (équitation grecque) (4).
M. H. Schrader pense, peut-être non sans risque, que certaines des sculptures
Fig. (i. — Tète voilfio féminine de l'Acropole d'Atlicnes.
(1) Arch. Jahrh.,X\.V, 1930, p. 218-280.
(2) C'est aussi la conclusion de G. Kodenwaldt, dans l'ouvrage récent sur
VAcropole, 1930, illustré par W. Hege.
(3) Soc, nat. Antiquaires France, 16-23, déc. 1931.
(4) Ibid., 9 déc. 1931.
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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 69
retrouvées au Pirée, sous les eaux, seraient des copies d'oeuvres de Phidias
(plaques encadrées, larges de 1 m. 30, sur 0 m. 90 haut). f.a parenté serait
marquée avec les métopes de la face Sud : lutte hardie d'une Amazone et d'un
fii'ec, qui, la saisissant aux cheveux, l'empêche, semble-t-il, de se précipiter d'un
rocher; ailleurs un jeune Grec, etc.; on aurait là les souvenirs de l'Amàzonoma-
chie du bouclier de la Parthènos (?), connue seulement par diverses copies très
iéduites (I;.— M. W. Technau a repris l 'étude de l'Ephèbe de Poinpei trouvé
en 1925 dans la Via dell'Abbondanza (2). Pour lui (énurnération des différentes
attributions proposées), c'est une oeuvre inspirée d'un original péloponnésien, à
dater de 440-430 ; il rapproche deux statuettes, l'une au Musée d'Athènes, l'autre
à Cologne (Zeus). M. H. Koch a étudié en détail le Pseudo-Theseion avecE. von
Stockar; construction et décor dateraient de 450-440, maison n'y retrouve pas,
disent les observateurs allemands, l'inspiration des maîtres qui ont travaillé auParthénon ; ce que prouvent, outre l'architecture, les sculptures (3). M. R. W. von
ISissing nous a donné la publication première d'une tête grecque que A. Furt-
waengler avait déjà rapprochée des créations du cycle de Phidias; ce serait une
copie alexandrine d'un Ares du v« s. (4). M. J. R. Melida croit du Ve s. un Ascle-
pios trouvé à Ampurias et un Héraclès d'Alcala (?) (5). On rapporte à' un original
en bronze (Strongylion) du v* s., aussi, une Artémis en Amazone trouvée récem-
ment à Corinthe (copie du début du w s. ap. J.-C.) (6). Parmi les sculptures
antiques de Wilanow publiées par M. .1. Starczuk, on mentionne une tête d'Apol-
lon, copie d'un original voisin de Paeonios, et une tête de femme (copie) qui
serait de l'école de Crésilas (?) (7).M. Gh. Picard (8) a tenté de montrer les raisons religieuses qu'il y aurait de
ne plus considérer commedècoratiocs les sculptures du monument des Néréides,
depuis les Néréides mêmes, qui sont là pour la conduite de l'âme du dynaste
enseveli aux Iles bienheureuses, jusqu'aux frises, frontons et acrotères. Un des
frontons, celui de la façade principale, représentait les souverains de l!Hadès
(Cerbère dans l'angle), comme on eût pu s'y attendre sur un temple-tombeau ;
les enlèvements des acrotères (Dioscures et Leucippides ?) ont été placés aux
faites pour la raison qui a fait décorer d'un groupe d'enlèvement, avec Néréides
et génies marins, le temple de Marasa (Locres).M. W. B. Dinsmoor a repris, à la suite de son travail de 1926", la question de
l'arrangement des sculptures du temple de l'Athéna Niké. Il a utilisé les criti-
ques qui avaient été adressées à son premier classement par M. Rhys Càrpenter
(1) h'orsch. u. ForlschriUe, 20juin 1931 (18), p. 249 sqq.; Messager d'Atliènes,28 juin 1931.
(2) Antike, 1930, p. 249-264, 3 pi., H fig.(3) Arcli. Jahrb.,XlAU, 1928, Anzeiger, col. 706-121.
(4) Panthéon, 1930, I, p. 209, 1 fig.(5) Bolet.in., 19.10, p..108-111 (2 pi.).(6) A.IA, XXXI11, 1929, p. 515 sqq. (pi. IX a La p. 516 ; p. 534-535) ; cf.- .f.-J,
de Waele, Panthéon, 1930, II, p. 522-523.(7) Eâs, XXXII, 1929.
(8) Itev. hist. religions, Cll l, 1931, p. 5-28,
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*70 CH. PICARD
(BfiG,B«/t.,XLlV, 193), p. 77-78), et nous présente un dispositif vérifié de quarante-
quatre fragments, sur lesquels 37 lui paraissent, cette fois, dûment localisés
(15 placements antérieurs conservés, 3 des 25 nouveaux de Rhys Carpenter
acceptés, 19 propositions nouvelles) (1). On a proposé de rapporter aux scul-
ptures du Bastion d'Athéna Niké une belle tête de femme voilée, encore inédite,
trouvé* au premier secteur de la zone des fouilles grecques de l'Agora (2).
M. S. Reinach est revenu sur l 'étude du Relief Landsdowne (Athéna pacifique),
examinant à cette occasion le motif de l'Athéna tenant en mains son casque (3).
M. L. D. C[askey] a reproduit sous toutes ses faces un type de la Vénus Genitrix
(= Aphrodite de Naples, dite à tort de Fréjus, au Louvre), qui a été récemment
acquis par le musée de Boston (4) ; i l l'a placée en face de celle du Louvre, dont la
tète, charmante, reste un peu archaïque, mais dont la draperie paraît assez roide
et plus sèche. Le sein droit de la statue de Boston est voilé comme le gauche(Louvre, contra). On ne peutguère parler de Phidias devant ces modèles si altico-
ioniens, qui rappellentTHégéso du Céramique, et font penser plutôt à une tradi-
tion attico-ionienne (Callimaque?). —M. Ch. Karousos daterait des environs de 420
un ex-voto attique qui doit provenir d'Agra ; il a été trouvé en 1923 au quartier
Byron, sud de l'Ilissos (Mus. Nat. 3572). Il y a là une [Démjéter assise, identifiée
par une inscription, avec Goré debout près d'elle. L'auteur pense que des adora-
teurs figuraient dans la partie cassée (5), et que l'ex-voto pourrait provenir du
temple ionique de l'Ilissos (6). Une histoire de la tête (de stèle), célèbre, passée
récemment de la collection Landsdowne au musée de New-York, est retracée
par
Miss G. A. M. Richter (7). M. Fr. Eichler a examiné une tète provenant d'une
stèle funéraire attique de la fin du v° s. (ou début du iveî) trouvée dans la petite
île d'Arbe (en Vénétie, maintenant en Yougoslavie) (8). D'intéressantes terres-
cuites du musée de Nimègue, d'autres de la collection Scheurleer à la Haye (Béo-
tie et Rhodes, types de la seconde moitié du vc s., et du début du ive s.) ont été
signalées (9).
(1) AJA, XXXIV, 1930, p. 281-295. Cf. pour les questions des dates eL des
auteurs, REG, XL1V, 1931, p. 450 sqq. (Ch. Picard).
(2) Messager d'Athènes, 8 juillet 1931.
(3) Gaz. Beaux-Arts, 1931, p. 82 sqq.
(4) Mus. of fine arts, Boston, 1930, p. 82-89, 8 fig.; cf. S. Reinach, Gaz. Beaux-Arts, 1931, p. 89 sqq.
(5) Un moulage de la stèle de Crito et Timarista trouvée en 1930 à Camiros
(Rhodes) est entré dans les collections de l'Institut d'archéologie de la Sorbonne.
Une notice de Die Antike est attendue ; cf. C. Anti, Archeologia d'oltremare,
III, 1930, p. 1054 : milieu du Ve siècle.
(6) Alhen. MM., L1V, 1929, p. 1-5 et pi. I.
(7) Bull. Metrop. Mus. New-Yorh, 1930, p. 218-222, 2 fig.
(8) Oeslerr. Jahresh., XXV, 1929, p. 109-119 pi. 4 fig. (en appendice, considéra-
tions sur le rôle des Vénitiens dans le transfert des antiques : histoire du bas-
relief Chiaramonti qui était dès le xvuc s. dans la Coll. Giustiniani et se rattache
au souvenir de Morosini).(9) Dr H. A. Evelein, Bull, veveen. fier, anl., juin 1929, p. 6-8,10 fig.; F,. W,
Scheurleer, ibid., p. 15-17; déc. p. 9-12, et 1930, p. 13-11,
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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE ,*J..i
En octobre 1931, on a trouvé à Athènes près de la Pnyx, une tête colossale
d'Athèna (casque lisse, uni), dont il a été publié déjà certaines reproductions.
L'oeuvre a été dite aussitôt de la seconde moitié du v« s., mais elle donnerait
plutôt l'impression d'être tout au plus de la période suivante (époque de Cé-
phisodote l'Ancien?), à moins qu'il ne faille y voir une copie romaine du ite s..
Une statue d'Artémis brisée aux jambes a été exhumée pendant les fouilles de
l'Odéon de Périclès. Une b ataille de Grecs et de Barbares est sculptée magni-
fiquement en or sur la garde d'une épée scythe, récemment acquise par le
Metropolitan Muséum de New-York (1).
Époque classique (suite). B. —IV 8 Siècle.
Peu d'études encore, pour ce « moment r> si important, et si insuffisamment
connu,de la
plastique grecque classique.On aurait trouvé une tête
scopasiquecolossale, original grec (?), à Rome, dans les fouilles exécutées entre le Capi-tule et le Tibre (2).
En Angleterre, les discussions déjà rallumées il y a plus d'un lustre autour
de l'Hermès d'Olympie continuent à agiter le monde des érudits. Dans un
meeting tenu pendant l'été 1931 à Burlington House (3). M. S. B. Wace, après
avoir signalé les conséquences de la diffusion des procédés de la slaluaria au
iv« s. (emploi du modèle d'argile, comme à l'époque moderne, même pour la
préparation des statues de marbre) a soutenu que Praxitèle avait dû faire parfois
exception à l'usage de son temps, et, comme les imagiers du vi's., cotnuie Rodin
encore de nos jours, travailler directement, à l'occasion, le marbre : ses meil-
leures oeuvres, le Satyre de la rue des Trépieds, l'Aphrodite de Cnide, auraientété
conçues avec le support nécessaire au marbre, partie intégrante de l'ensemble.
Quant à l'Hermès, on aurait tort de chercher à y voir une copie en marbre exé-
cutée après le ive s. d'après un bronze. M. Wace croit la statue contemporaine de
Praxitèle, mais il y verrait « a marble version made in Praxiteles's studio byhis pupils or stone-cutters after his original clay model. » L'original de l'Her-
mès d'Olympie aurait donc été en argile (?), et préparé ainsi pour être transcrit
soit en bronze, soit en marbre.
C'est à Silanion que l'on veut rapporter la tête de Sappho (?), qui a été
récemment retrouvée à Corinthe dans les fouilles américaines (4). Une note
épigraphique de M. A. Wilhelm (S) a fait reparaître utilement à sa place lenom de Daitôndas, sculpteur thébain, émigré à Sicyone, vers 330; s'il avait
été signalé comme Sicyonien, par Pausanias (VI, 17, 5), c'est qu'il avait changéde patrie.
M. F. Oelmann est revenu sur la question du Mausolée d'Halicarnasse, étu-
diant surtout le type de l'édifice, car il accepte en général la restauration de
(1) BulleL, XXVI, 1931, p. 44 sqq. (G. M. A. Richter).(2) Arcli. Jahrb., Anz., XLV, 1930, col. 365-6, flg. 26 : mais cette tète donne
l'impression de pouvoir être plus tardive qu'on ne dit.
(3) Résumé de presse.(4) F. J. de Waele, Panthéon, 1930, 11, p. S22-523.
(fi) Bull. Académie, Polonaise, 1930, p. 139-145,
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72 CH. PICARD
F. Krischeti {Bonner Juhrb., 128). Il marque les rapports avec le Monument des
Néréides (pyramide ajoutée), et avec le temple fl'Athéna Niké juché sur son
pyrgos ; de plus loin, on doit penser aux monuments archaïques de la Lycie,où l'idée de mettre les morts dans des réceptacles surélevés au-dessus du
niveau terrestre, est déjà si caractéristique (sarcophages, tours funérai-
res) (1).M. J. Charbonneaux a consacré une bonne étude au nouveau torse d'Artémis
chasseresse (tirant l'arc) entré au musée du Louvre (2) : les analogies prin-
cipales sont avec l'Arlémis Torlonia à Rome : un r eflet de l'art pra'xitclien peut
y être cherché (fin du iv° s.). M. G. Jacopi pense que la gracieuse Aphrodite
pudique du Musée, de Rhodes, repêchée près de la Résidence (3), quoique se
rapprochant de l'Aphrodite du Capitale et de la Vénus Medici, serait plus
ancienne; elle prouverait que la Vénus pudique n'est pas dérivée de la Ciii-dienne, mais représente une autre création contemporaine (milieu du i\" s.) (4).
Une tête d'Aphrodite du ive s., trouvée ù Ampurias, a été signalée et étu-
diée (5). L'attention a été rappelée sur l'Aphrodite de Satala (6), célèbre bronze
du British Muséum. M 11" Maria BrickoEf a étudié>le type de l'Aphrodite appa-raissant à rai-corps ou tout entière entre les deux valves d'une coquille. La
plus ancienne des représentations de ce type remonte au début du iv« s.
ou peut-être même jusqu'à la fin du ve s. Le motif ne peut être pourtant
de Phidias, qui avait traité différemment la naissance de la déesse, à Olympie ;on ne saurait conclure plus précisément sur son origine (7). Le dossier com-
pliqué de la Vénus de Milo s'est enrichi d'une notice sur Voutier qui des-
sina le premier la statue (8).
M. J. Sieveking enlèverait à l'art du ivc s., pour y voir une création de l'épo-
que hadrianesque, d'après Polyclète, le Dionysos de la villa de Tibur (Rome,
Thermes), rapporté par Max. Gollignon, à l'art d'Euphranor (9). Il n'y a certes
aucune raison de penser spécialement à Euphranor, qui est pour nous, totale-
ment, un inconnu. Mais il y en a moins encore pour faire bénéficier les artistes
romains du nc s. après notre 6re(!), de la création ('.') d'une rouvre si maniérée,
et tout entière si expressive des tendances du iv« s. Salto morlale.— Pour
(1) Arck. Juhrb., 1930. Je ne connais que par la r écension de la Revue a r- ,
chéologique, l'étude de H. Koch [Winofcelmannsprogr. dédié À feu Sludniczka),où il est proposé de détacher la statue de Mausole retrouvée, du quadrige men-
tionné par Pline, et de lui donner une épée (tenue à la main gauche, comme
l'exigeraient certains plis du vêtement). La statue ainsi reconstituée est compa-rée à l'Alexandre de Magnésie.
'• (2) Monum. Piol, XXXI, 1931, p. 9 sqq. p. II.
(3) Moulage à l'Institut d'art de la Sorbonne, don du gouvernement'italien.
(4) Bolletl. d'arle, 1929-1930, p. 401-409.
(5) J. R. Melida, Bolelin., 1930, p. 108 sqq.
(6) Rayet, Mon. II, pi. 44; G. Rev. archéol., 1930, 1.1, p. 177-178.
(7) Bolletl. d'arle, 1929-1930, p. 563-569.(8) Bull. G. Budé, 1930 (juil let), p. 18-30.
(9) Denkm. Brunn.-Brilclcmam, 1931, 738-739; cf. REL, 1931, p. 3g9 (Ch. Picard).
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BULLEf IN ARCHÉOLOGIQUE 73
M. W. (I. Schuchhardt, l'Ephèbe de Marathon représenterait l 'aboutissement de
deux tendances d'art : praxitélienne et lysippique. L'auteur expose les diverses
interprétations du geste de TEphèbe et conclut qu'il ne faut pas chercher, dans
une oeuvre « faite pour plaire », de sens symbolique ou professionnel (I). L'Bnyo
de Corinthe (fig. 7), assise sur des trophées, a fait penser à une création de la
première rooitiétdu iv« s. ; mais son attitude dérive plutôt des inventions dues
à Lysippe (2).
Deux doubles tiennes de marbre ornés de deux têtes accolées, trouvés à la
Via Appia Nuova, sont entrés au Musée des Thermes ; l'un représente, selon le
type courant, deux divinités, lune masculine, l'autre féminine; niais l'autreporte deux portraits d'hommes, l'un imberbe, l'autre barbu; celui-là ressembleau « Mcnandre » de feu Studniczka, l'autre serait un poète inconnu ; on a pensé'à cause de Ménandre, a Aristophane (3), Pourtant G. Lippold a peut-être raison (dumoins selon M. Werner Technau !) de voir plutôt un Virgile (?) dans le Ménan-
Fig. 7. — L'Enyo d« Corinthe.
(1) Anlike, 1930, p. 332-353, S pi. I, auteur a certainement oublié par inadverttance de dire tout ce qu'il devait à M. G. Uhomaios, dont on voit qu'il tradui-certains passages, presque mot pour mot; il ne le nomme pas, au vrai.
(2) Fr. 1». Johnson, Coriullt, IX {Sculpture); cT. ci-dessus, p. 5S ; n° 821,11, p. 21.
(») K. l'aribeni, Not. Seavi, (929, p. 351-35!). I«î, Poulsen, cf. ci-après, n. \,
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^ST^TTOWri
74 CH. PICARD
dre (1). On peut aussi penser à un Sophocle (intermédiaire entre le type du Latran
et celui d'Albano à Londres), pour la tête barbue (2).
Une très importante contribution à l'iconographie grecque en général estconstituée par les Iconographie studies in the Ny Carlsberg Glyptolhek, parus en
4931, dans le luxueux volume From the Collections of the N. G. Glyptolhek (3).Le premier type étudié est celui d'Anacréon : l'Anacréon de l'Acropole d'Athènes
aurait été groupé avec Xanthippos, dont une statue de la vil la Borghèse nous
rappellerait peut-être le type ; plusieurs musées ont des copies de la tête d'Ana-
créon (une à Copenhague, ne s. apr. J.-C.) : une seconde note concerne divers
portraits de stratèges (Glyptothèque, n°s 438-440) ; sont ensuite examinés certains
portraits de grands philosophes (intéressant Socrate : n" 415 de la Glyptothèque
Ny-Carlsberg ; à noter que M. Fr. Pouisen « regarde comme moderne » (p. 39,n.
2)la célèbre statuette (alexandrine) de Socrate, au British
Muséum); les
por-traits des trois grands auteurs tragiques forment le quatrième chapitre des Eludes,mais à cette occasion sont mis en cause au passage, et finement analysés, divers
types de philosophes, de poêles, d'historiens mêmes (cf. ci-après, les études
iconographiques de M. E. Pfuhl). — M. H. Eisler a consacré une petite note
ingénieuse aux portraits anciens de philosophes cyniques (4). Nous avions, sans
l'avoir su jusqu'ici, trois ou peut-être quatre répliques du type (bossu) du philo-
sophe Cratès de ïhebcs (Rome, New-York, Aix en Provence), et, au Musée des
arts mineurs de Munich, un vrai Uiogène. Un sarcophage de la crypte du Dôme
de Païenne représenterait Cratès donnant sa ûlle en mariage d'essai (?).Le beau bas-relief tarentin en calcaire de Lecce, passe à New-York (REG, Bull,,
1931, p. 83-84) a été signalé à l'attention par M. S. Reinach, qui hésite entre unex-voto théâtral ou une sculpture funéraire : on peut conclure plutôt en ce
dernier sens, et souligner le rapport avec la columna caelata d'Éphèse (Alces-
tis) (5). M. A. Hekler a signalé une stèle attique du milieu du iv° s., récemment
entrée au Musée des Beaux-Arts, de Budapest (6). Miss Ed. H. Dohan a publiétrois monuments funéraires du Musée de Philadelphie, qui sont du même temps
(une stèle, deux vases de marbre sculptés),M.W. Deonna a acquis et étudié de nouveaux moules tarentins du Musée de
Genève (cf. REG, Bull , 1931,,p. 79-80), parmi lesquels un beau torse d'athlète (7).M. Ch. Picard identifie une statuette d'Olynthos, intéressante parce qu'anté-
rieure à la destruction de la ville (348 av. J.-G.), comme celle d'un Galle s'apprê-tant à 1' « ordination » ; il rapproche plusieurs types analogues (inédit d'Odessa),
jalonnant la route de Phrygie à Athènes (8).
(1) Cf. Rom. MM., XXXIII, 1918, 1 sqq. La question est toujours débattue, onle voit. Pourtant la ressemblance, avec le médaillon inscrit de Marbury Hall, du
portrait de Toronto publié en 1926, n'est guère en faveur de l'hypothèse Lippold-,Cf. encore, S. Reinach, Gaz. Beaux-Arts, 1931, p. 92-93 et E. Pfuhl (ci-après),
(2) Arch. Jahrb., XLV, 1930, Anz., col. 378-376.
[S} I, 1931 : cf. p. 1-95. Il en sera fait un compte rendu spécial.(4) Rev. archéol., 1931, I, p. 1-13.
(5)Gaz.
Beaux-Arts,1931,
p.88-89, et
fig. 16, p.80.
(6) Musenmev., V, 1927-1928.
(7) Genaw, VIII, 1930, cf. p, 68.
(8) Rev. hist. relig., Cil, 1930, p. 7-12, pi. I.
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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 7^
Époque hellénistique.
I. Survivances de la tradition classique. M. E. Pfuhl a, dans une étude
pénétrante et documentée (1) sur l'iconographie de l'époque hellénistique, mis au
point l'état de nos fragiles connaissances. L'auteur relève justement combien on
a eu tort de considérer l'art hellénistique comme un bloc, sans assez chercher à
distinguer son évolution, et se3 provinces ; dans l'ensemble, cet « art nouveau »
a eu des aspects assez, différents de ceux de l'art classique. Acceptant en général — mais sans doute trop docilement, en certains cas — la chronologie parfois
si arbitraire de feu G. Krahmer, M. E. Pfuhl étudie surtout les têtes-portraits,
par lesquelles les monnaies fournissent des moyens de comparaison et de datation
précieux. 11 est impossible, faute de place, de résumer ici les suggestions et les
résultats de ce copieux mémoire : signalons quelques-uns des types étudiés : leSeleucus Nicator, de Naples, le Ptolémée-Soter de Copenhague, le l'hilétairos
d'Herculanum (école de Lysippe vers 290, peut-être d'Aristodémos ?). Le prince
hellénistique des Thermes (lre moit ié du ne s.) serait Détnétrios Ier de Syrie (162-
150), et non Alexandre Balas, voire Lucullus (Rhys Carpenter) ; un buste de Naples
représenterait Antiochos II, Antiochos I" 1' nous étant connu aussi à Rome ; nous
aurions un Antiochos III à Paris, un Seleucos IV à Copenhague. L'iconographiedes Ptolémées est habilement reprise en détail (2) : on connaît un Ptolémée II
Philadelphos (Naples, Alexandrie); nous pouvons identifier Ptolémée III
Kvergète ; Arsinoé III, par la tête de Mantoue. Le pseudo « Thespis » d'Hercu-
lanum redeviendrait uneCleopatraThéa,
etc.Quelques études annexes concernent
j'Attale I« de Berlin, le groupe toujours discuté des philosophes, poètes, etc., et
même la Fanciulla d'Anzio, dont le type illustre, paraît-il, les théories de feu
Krahmer. Une tête d'Attale II a été signalée et publiée dans les Neue deulsche
Aiisf/rabungen (3). Le Démosthène entré à la Glyptothèque de Copenhague, consi-déré comme copie romaine du tcr, d'après la statue oeuvre de Polyeuclos, a été
étudié à nouveau (4). Au dossier de la Victoire de Samothraçc, on joindra l'étude
de SI. A. B. Brett, qui examinant les pièces grecques frappées en l'honneur de la
victoire de Salamis de Chypre, en 306 av. J.-C, rapproche aussi les types des
revers de la célèbre Niké (S). M. C. Michalowski a consacré une courte note (6) aux
hermès du gymnase de Délos, dont quarante et un étaient déjà .mentionnés parl'inventaire de Callistratos (156-155 av. J.-C). Il n'en reste plus qu'une demi-
douzaine, types symboliques des dieux protecteurs du gymnase, plutôt que por-
(1) Arch. Jahrb., XLV, 1930, p. 1-61. L'article n'avait pu être dépouillé à tempspour le présent Bulletin.
(2) Ë. Pfuhl met en garde contre certaines « identifications de numismates »(Imhoof Blùmer, Svoronos). 11 y a distinction à faire entre les portraits officiels,flattés, et les autres.
(3) PI. 12 : « Jetzt in Berlin »,(4) Mile L. D0ns> neaux-Avts, janv. 1930, p. 6-7 (élude des différences avec
leDémosthène du Vatican).
(5) Bull, of Ihe MUR. Boston, 1930, p. 71-72.(fi) BCll, LIV, 1930, I, p. 131-146, pi. IV-VH.
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16 CH. P1CAKD
traits d'éphèbes ou de magistrats. M. P. Marconi dale du début de l'époque
hellénistiquele
typedu bélier eu bronze de Païenne dont une
répliqueexiste à
Syracuse (1). M. G. Libertini a signalé les fragments d'une kliné de bronze, de
travail hellénistique ou gréco-romain : on y voit représenté, notamment, l'épisode
homérique d'Ulysse et du Cyclope. De telles oeuvres industrielles auraient été
.fabriquées, nous dit-on, soit dans les ateliers de la côte d'Àsie-Mineure, soit à
Délos, soit à'Parente (2). Le Brooklyn Muséum a acquis un torse d'Aphrodite,
de travail gréco-romain, à dater du i ie ou 1er s. av. J.-C. (3).
M. J. Sieveking a réétudié, dans une notice pénétrante et documentée (4),
l'éphèbe lampadéphore de Naples trouvé à Pompéi en 1900, hors des murs (porte
de Stabies). C'est un enfant plus qu'un adolescent; salué d'abord comme original
de l'école polyclétéenne du ve s., il a été plus justement ensuite considéré
(Beudorf, Petersen, Bizzo) comme un travail du ier s. av. J.-C. Cela est confirmé
par la découverte du nouveau Lampadéphore de la Via dell' Abbondanza, celui-ci
exécuté d'après un original polyclëtéen, et porleur d'une magnifique tête du style
sévère. M. J. Sieveking croit ce dernier type péloponnésien, et nie au passage
tout rapport de la tête avec la tête Palagi de Bologne attribuée par Kurlwaengler
à la Lemnia. II n'accepte pas les propositions faites (5) pour voir dans la léle de
l'Ephèbe de la Via dell' Abbondanza une oeuvre archaïsante du icr siècle, composée
à part, puis rajustée, et à propos de laquelle on parlerait de Pasitélès ; la jonction
de la tête et du corps n'en est pas moins arbitraire; elle dénoncerait à el le seule
'e pastiche dû à la brillante industrie décorative du Ie' s., en Campanie, si
docile auxenseignements
de l'artgrec.M. J.-D. Beazley corrige quelques erreurs de la publication récente de Miss
Hutton, à propos de deux reliefs archaïsants de l 'Ashmolean Mus. d'Oxford (6).
M. G.-E. Mylonas voit une copie de la fin de la République ou du début de.
l'Empire dans une statuette en bronze d'Héraclès d'une collection privée à Chi-
cago (7'j. Sur les reliefs trouvés en mer devant le quai Tzélépi du Pirée, on est
encore réduit à des notices provisoires (8)..
11. Écoles d Asie-Mineure. Pour les études iconographiques de M. E. Pfuhl,
cf. ci-dessus, p. 75. — M. Von Massow a appelé l'attention sur certaines
oeuvres archaïques qui ont fait partie des collections de Pergamc (9). il. Kurt
(1) liollell. (T arle, 1930-31, p. 138-142.
(2) Biv. Ut. arch., II, 1930, p. 91-103 (cf. ci-après, A. Greifenhagen, p. 81.
(3) Brooklyn Mus. Quarlerly, 1930, p. 44-48, 3 fig.
(4) Brunn-Bruckmann's Denkmaelev, pi. 736-737, 1931.
(ô) Schober, Belvédère. 1926, p. 111, G. Lippold, Berl. vhil. Wocli., 1927, p. 1049. •
(6) JUS. 1930, p. 140-141 (cf. Bull. REG, 1931, p. 88;.
(7) Bull, of Ihe Collège art Association, 1930, p. 219-223, !i fig.
(8) Pour les plaques qui reproduisaient des motifs de l'Amazonomachie d'après
le bouclier de la Parthénos (?;, cf. H. Schrader, Forsch. v. Forlschrille, ci-dessus ;
pour l'ensemble,cf.
Messager d'Athènes, 31, XII,30.
(9) Avch. Jakrb., Anzeir/er, XLV, 1930, p. 191 (Communication ù la Socujté
archéol, (Je Berlin : elle sera publiée ;i part),
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. BULLETIN ArtCHÉOLOrilQUE 77
Regling a montré l'intérêt de la monnaie du Cabinet des Médailles, à Paris
(époque de Septime Sévère : 193-211), où est encore représenté le grand Autel de
Pergame (1). M. G. Bendinelli, faisant l'étude d'un groupe de marbre peu remar-
qué jusqu'ici, qui est conservé au Palais royal de Turin, suppose qu'un ensemble
perdu, représentant Hélène et Paris, ou Aphrodite et Ménélas, aurait été le
prototype de certains symplegmata à l'époque hellénistique, puis romaine. Peut-
être pourrait-on le faire remonter à la création célèbre de Nieératos de Pergame
(llygie et Asclépios). Les deux personnages ainsi rapprochés auraient inspiré ;
l'un les Vénus Aibani, de Milo, de Capoue; l'autre le Paris Borghèse et l'Hadrien
du Capitole; l'Hygie de Nieératos serait, en outre, à l'origine du type de la
Victoire de lîrescia (2). M. 0. Brendel a attiré l'attention (3) sur un très beau
buste de marbre de la collection Sharp à Oslo ; il le situerait entre les Aphro-
dite de Cyrène et de Milo. 11 compare le torse de l'Aphrodite du duc de Luynesà la Bibliothèque Nationale, très apparenté : on aurait là diverses copies faites
en A3ie-Mineure, plutôt qu'à Rome, d'un original hellénistique du début du
ue s. av. J.-G. M. J. Sieveking, étudiant à son tour le Fauno colla macchia de
la Glyptothèque de Munich (4), vise à le l 'aire descendre des débuts de l'époque
hellénistique à la période julo-claudiennc. C'est celui que P. Bieukowski rap-
prochait, non sans raisons, du jeune Centaure d'Aristéas et Pappias au Capitole
(école d'Aphrodisias en Carie) (5). M. J. Sieveking croit plutôt à un type de
satyre tardif, par opposition au type hellénistique « ancien » que représente-raient le Faune Batberini et le buste de bronze de Munich (Glyptothèque, 450).
Mais n'y a-t-il pas pu avoir, au début de l'époque hellénistique, des créations
un peu diverses? L'affinité (?) avec le Camillus du Cabinet des bronzes de New-
York ne paraît pas devoir entraîner la datation proposée. — Une tête grecque du
me s., représentant, seuible-l-il, un guerrier galate, et provenant probable-ment d'un sarcophage, est entrée au Musée de Cleveland ; elle est signalée avec
d'autres oeuvres antiques du Musée (dont une autre tête grecque provenant
d'Egypte : ine, IIe s. av. J.-C.) (6). Le rel ief d'Archélaos de Priène a donné lieu,à des
observations (contestables) de M. M. Mayer (7), qui y verrait deux fragments de
date différente, la frise d'Homère étant à part avec quinze figures, comme « mieux
composée». 11 n'accepte'pas la date de 200(8); Archélaos serait d'un demi-
(1) Forsch. u. Forlschri lle, 10, I, 32, p. 17-18.
(2) Bolletino d'arte, 1929-1930, p. 481-499.
(3) Anlike, 1930, p. 41-64, 4 pi. 14 flg.
(4) Denkrnaeler Brunn-fïruekmann. pi. 740 (cf. déjà pi. V, a; Springer-Wolters 12e éd., p. 439 : la pièce était à Paris au temps de Napoléon, puis fut
achetée en 1815 par Louis de Bavière).
(5) Une tête de jeune satyre est étudiée par A. Feigel, dans la Schumacher-
Festschrifl, 1930, p. 280.
(6) R. H., Bull, of Uie Cleveland Mus., 1930, p. 154-135.
(7) Arch. Jahrb., XLIV, 1929, p. 289 sqq.
(8)C'est celle
quemaintient à
juste titre M.E. Pfulil
(ci-dessus, p. 75)dans
ses études sur l' iconographie hellénistique (portrait de Ptolémée] IV Philopator(222-204), représenté en Cronos.
"
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78 c'a. PICARBI
siècle postérieur; pour le haut, on pourrait penser à Hésiode avec les Muses :
l'auteur tente d'expliquer la présence de Zeus, en relation avec Mnéinosyne.
Dans les mêmes Arcli.aeol.-p/iilol. Studien, M. M. Mayer réétudie, à propos du
relief du Latran dit de Ménandre et du rel ief d'Euripide de Constantinople (ci-
dessus, Pr. Poulsen), lès compositions où un poète parait groupé avec une
Muse, et les types de Dionysos « nêo-attiques ». — M. W. Goethert, dans une
bonne dissertat ion sur l'art de la République romaine, abaisserait aussi — mais
à tort — le relief d'Archélaos de Priène à la date de 125 av. J.-C. proposée par
M. Schede {Bôm. Mitl., XXXV, 1920, p. 70 sqq.). Il daterait de l'époque de Sylla>ce qui est plus sûr, la frise de Lagina en Carie (1). M. Magaldi est revenu sur
l'étude des animaux qui sont représentés sur la plinthe du groupe de Naples, dit
du Taureau Parnèse (2). Développant une hypothèse de Finati (1852), il pense
que les fauves et les bêtes furieuses symbolisent là, au-dessous du Supplice deDircé, l'émoi du Cithêron. Tout ce qui paît avec quiétude aurait été au contraire .
ajouté par le copiste romain qui a dû élargir la base pour l'introduction de la
figure d'Antiope (3).
On signale l'apparition des études de M. M.-P. Perdrizet et H. Seyrig (4) sur
Antioche de l'Oronte, Séleucie de Piérie, Hiérapolis-Bambycé (1924-5) ; sont étu-
diées là diverses sculptures décoratives ou funéraires d'Antiocheet de Daphné, le
relief d'un grand-prêtre de lîambycé-IIiérapolis, et d es terres-cuiles au type
d'Atargatis. Sur les couronnes décorées de bustes, en usage dans la Syrie des
géleucides et dont la mode semble née à l'époque hellénistique, L, Robert a
donné, à propos de ledit d'Ériza, d'intéressantes remarques (5).
Une statuette de Tanagra, provenant delîabylone et entrée au British Muséum
serait à classer comme la plus belle et la plus grande figurine d'argile trouvée
jusqu'ici en Mésopotamie (m".-ii" s. av. J. G.) [(>). — Plus loin encore, on ne
peut que signaler ici l a continuité des publications concernant les sculptures
de Fladda en Afghanistan (7).— M. Poucher a finement commenté l'une des pluebelles trouvailles, le « devà aux fleurs » du grand (umulus Sud ; la tête dériverait
d'un moule ancien, dérivé du type hellénistique d'Alexandre, et accommodé à
la mode indigène peu avant 530 après J.-C. (8). — Pour l'étude des influences
hellénistiques sur la sculpture chinoise, on se référera maintenant aux séries
publiées par V. Segalen, G. d e Voisins et J. Lartigue (9).
(1) Zur Kun^ der rbmischen Itepitblik, 1931, p. 29-31.
(2) Ace. di Archeol. di Napoli, 1929;
(3) Le vol..V, 1 de la série Clara lihodos contient une étude de M. Jacopi sur
les sculptures du musée archéologique de Rhodes. . .
(4) Bibl. archéol. et lus t. du service des Antiquités et des Beaux-Arts en Syrie,t. XVIII : Miss, archéol. dans la Syrie du Nord. Je n 'ai pas vu non plus l'article
de M. R. Herzog, concernant « l'inscription d'une statue d'enfant signée Lysippeà Cos », Schumacher-Festsehrift, 1930, p. 207.
(Ei) BCH, L1V, 1930, p. 262 sqq. ; p. 351.
(6) 11. R. Il (ail), The Bril. mus, Quarlerly, V, 1930, p. 19.
(7) J. J. Barthoux, Les fouilles de lladda, III, figures et figurines.(8) Monum. Piot, XXX, 1929, p. 101 sqq. pi. IX.
(9) Miss, archéol. en Chine, 1914-1917, texte t. I. L'art funéraire à l'époque des
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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 79
1JI— Egypte el Gyrénaïque; Afrique carthaginoise ; Grande-Grèce. Reprenantl'étude des bas-reliefs
quidécorent le Tombeau de
Petosiris,M. Cb. Picard a visé
â montrer, contrairement à P. Montet, et à ceux qui ont suivi son interprétation,
que les scènes sculptées' ne peuvent avoir aucun rapport assuré avec l'art persedu temps des Achéménides; les influences grecques ne sent pas douteuses,
par contre, dans la scène du sacrifice funéraire des taureaux et de l'adoration
du naos; le type des vêtements, les scènes des ateliers d'art (1) indiquentaussi une époque macédonienne; enfin, les défilés de porteurs d'offrandes sont
traités avec toute l'exubérance alexandrine ; on a donc bien là, grâce à M. G.
Lefebvre,dont l'interprétation était la plus sage,un témoin précieux de la plastique
gréco-égyptienne, aux environs de 300 av. J.-C. (2).
M. G. Rodenwaldt remarquant qu'il reste une grosse lacune dans nos con-
naissances sur la polychromie de la sculpture grecque pour le temps comprisentre le iv" s., et l'époque romaine impériale, insiste sur la valeur qu'auraient à
ce sujet, les sculptures du tombeau de Petosiris (date ci-dessus acceptée), si, dit-
il, la publication officielle permettait mieux, ajoute-t-il, d'observer les couleurs;
il donne les résultats de quelques observations personnelles, faites sur place, et
certaines autres remarques dues à II. Schàfer (3;. Un Eros ailé en course (putto)
sur un plateau qu'un trépied supporte (bronze) a été publié par J. Staquet : c'est
un lampadédrome (4). M. E. Breccia a consacré le tome II des Monuments de
l'Egypte gréco -romaine (5) à une étude approfondie et critique des terres cuites
gréco-égyptiennes, si vivantes, qui forment la riche collection du Musée d'Alexan-
rie; on glanera dans est ouvrage uste foule d'observations précieuses. Une missionarchéologique italienne à Umm el Breighât (Tebtunis) a fait découvrir le sanctuaire
de Seknebtouni, le dieu-crocodile de l'antique cité, avec, à l'extrémité Sud de la
Voie Sacrée, devant le pylône du temple, une courette-vestibule décorée de reliefs
(scènes de culte d'es divinités locales : fin de l 'époque ptolémaïque, règne de
Ptolémée Neos Dionysos ?) En outre, on a recueilli trois statues d'art ptolé-
maïque : deux de pharaons, et l'une d'un prêtre, témoins de l'art local (6). — M. C. Anti a consigné comme les année3 précédentes, sous le titre Archeologia
d'oltremare, les principales découvertes faites en 1930, sur les chantiers italiens
Han (cf. l'Atlas, t. I-1I). L'Atlas concernant la sculpture bouddhique du i" auix 5 s. eBt en préparation;
(1) Cf. l'étude de K. A. Neugebauer sur l'atelier d'un tourneur grec en Egyptequi serait l'auteur d'une statue de nègre au Louvre, Schumacher-Festschrift,193C, p. 233.
(2) Bull. Inst. français d'archéol. orientale, XXX, 1930, p. 201-227, 2 pi.(Mélanges Loret).
(3) Arch. Jahrb., XLV, 1930, Anz., col. 262-265.
(4) Un nouvel Eros alexandrin, Bull. Soc. archéol. Alexandrie, n* 26, 1931,p. 33 sqq. (de Gaza : i l eut fallu rapprocher celui de Madhia).
(5) Terrecotte flgurate greche e greco-egizie del Mus. di A., 1930.
(6) G. Anti, JEgyplus, XI, n» 3, 1931, p. 389 sqq.; cf. du même, sur l'urba-nisme de Tebtunis, un article paru dans le fascicule III de Architeltura e artidécorative, 1930; et ci-dessous, Archeologia d'ollre mare, p. 1061.
•
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80 Cil. PICAULt
hors la métropole (1). M. G. Guidi a publié un beau portrait trouvé à Cyrène eii
1926, et qu'il considérerait comme celui de Ptolémée II Philadelphe. Cette tête de
marbre grec (fig.-S), haute de 0 m. 29, a été découverte sur la colline N.-O. île
Cyrène, et serait une oeuvre alexandrine idéalisée, donc influencée par les modèles
attiques du ive s. (2).
La mission de Cyrène a exhumé lin très beau buste de Démosthène, bien
conservé (nouvelle dérivation, dit-ou, de la statue de Polyeuctos !), et une
statuette d'Hérakliscos, jadis ornement de fontaine. Une révision des sculptures
des magasins a été laite par M. C. Auti lui même (3) M. A. I.. Pietrogrande
signale ladécouverte, à Cyrène, des
fragments d'un groupe représentant
Aphrodite nue avec Triton et dau-
phin (cf. Antioche sur l'Oronte) ; ceserait un original grec du u s. a v.
J.-O. (4). M. VV. Deonna a publié
une importante recherche sur le
groupe îles trois Grâces nues, dans
l'antiquité (Cyrène), et ses suites
dans l'art moderne (îi).Sur la belle publication consacrée
au Trésor de Tarenle par W. P.
Wiiillcuinier et qui intéresse l'his-
toire de la scuplture non moins que
celle de la glyptique, j'ai donné
ailleurs mon opinion : dans un
compte-rendu détaillé de la Revue
archéologique (6), auquel on voudra
bien se reporter éventuellement.
I .e même savant (7) a hien étudié
diverses sculptures funéraires de
__'Parente, datées de la un du ive s.
Pig. 8. - Plolémée II riiiliHld|.liu. ou du début du m" ; statues et
statuettes (pleureuses, esclaves),
reliefs représentant des thèmes de combats, ou des scènes de la vie d'outre-
tombe, qui ont contribué, avec l'imagerie étrusque, à former la symbolique des
Pig. 8. — Plolémée II riiilnili-lpliu.
(i) III. Campagna 1930; t. XC, 2, des Alli d. Reale Islilulo Venelo, p. 1(149 sqq ;
sur la campagne de 1928, cf. G. Oliviero, Afinca ilaliana, III, 1930, p. 141-229.
(2) Africa ilaliana, I II, 1930, p. 95-106; cr. l'Album paru à l'occasion de l'Expo-sition coloniale : Sculptures antiques de Libye, pi. 18.
(3) Elle lui a permis d'identifier une réplique de l 'Athlète dit de Périnthe (Mus.
Dresde).
(4) Africa ilaliana. II, 192S-9, p. 173-186. Du même, ibid. III, 19.10, p. 104 sqq.,
une étude sur les sarcophages sculptés de la Cyrénaïque.
(5) «eu. archéol. 1930, I, p. 274-332.(fi) Rev. archéol., 1931, I, p. :i56-3fi8.
(7) Aréthuse, 1930, p. 116-127, 15 flg. (pi. XXI-XX111).
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BULLETIN ARCHICOLOGIQUÉ Ol
sarcophages romains. Plus précisément que M. G. Liberlini (ci-dessus, p. 76),
M. A. Greifenhagen (1) attribuerait à un artiste larenlin du me s., la scène odys-
séenne (Polyphonie et Ulysse) de la Kliné de bronze qui a été ci-de»sus signalée. — L'Apollon de Pompei trouvé en 1921 (fig. P) est indubitablement archaisant,
malgré son cerf, malgré même son catogan ; car le mouvement de la jambe
droite est polyclétéen, et la main gauche tient un laurier (2). —Feu G. Krahmer
a proposé de dater de l'époque hellénistique « moyenne », et plus précisémentd'un temps voisin de celui de l'Autel de Pergame, la grande statuette de bronze
du British Muséum (haut. 0 m. 48) qui représente un Hermès nu coiffé du
pétase (Catal. G»-., 1193; Selecl bronzes, pi. 49J. La provenance en est Saponara,dans la Basilicate. On aurait là un original, et non une copie romaine (3).
CH. PICARD.
(1) Rom. MM., XLV, 1930, 3-4, p. 137-1611.
(2) Not. Scavi, 1929, p. 354 sqq. ; cf. pi. 26.
(3)Rom.
Milt., XLVI, 1931, p.130
sqq.
Fig. 9. — L'Apollon de Pompei.
REO, XLV, 1»JÎ, il" 209,
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82 ckÂULES DUGÀS
IV. — CÉRAMIQUE, PEINTURE, MOSAÏQUE.
Ouvrages généraux. — L'ouvrage le plus important est, cette année, le
volume consacré par M. Payne (1) à la céramique corinthienne. 11 renferme une
étude approfondie de la fabrication céramique à Gorinthe depuis la dernière
période protocorinthienne (l'auteur localise dans cette ville le style protocorin-
thiên) : classement des vases, examen des représentations et de l'ornement,
répartition géographique des trouvailles, chronologie des groupes. Un catalogue
réunit, suivant un ordre chronologique et méthodique, 1.S57 exemplaires. Des
chapitres relatifs à la métallurgie, à la sculpture et à la décoration architec-
turale complètent ce tableau de l'industrie corinthienne à l'époque archaïque.Ce volume contient également d'intéressantes observations sur les fabriques
contemporaines, en particulier sur la céramique attique.Les publications en cours se sont régulièrement poursuivies. Du Corpus
vasorum antiquorum (2) ont paru six fascicules : le fascicule 6 du-Biitish Muséum
(par M. Walters), le fascicule 2 du Museo Civico de Bologne (par M. Laurirïsich)le fascicule 4 du Musée National de Copenhague (par MM. Blinkenberg et Friis
Jolianseti ; avec ce fascicule se termine la publication des vases grecs), le fas-
cicule 1 du Museo archeologico de Florence (par M. Levi), le fascicule 2 du
Musée Scheurleer, à La Haye (par M. Scheurleer), et le fascicule 2 de la Biblio-
thèqueNationale
(parMm* Lambrino). M. Albizzati a fait paraître le cinquième
fascicule des Vasi anticki dipinli del Valicano (3) (vases attiques à figures
noires) et M. Langlotz les deux premiers du tome II des Anlike Vasen von der
Akropolis zu Athen (4), tome consacré aux vases à figures rouges.
D'autre part, M. Kobinson, M"e I larcuin et M. Ilifl'e ont publié en deux volumes
un catalogue bien illustré du musée de Toronto (5), et M. Mingazzini le cata-
logue des vases de la Collection Castellani, maintenant conservée au musée de
la Vil la Giulia (6). Dans le Description of the classical collection in Ihe Muséum
of archeology of Leiden (7) de Mlle Brants, le tome II est consacré aux vases
grecs antérieurs au style attique à figures noires.
M. Caskey a commencé, avec la collaboration de M. Beazley, une publication
qui doit comprendre, avec des reproductions à leur grandeur réelle, les vases
attiques du musée de Boston qui paraîtront dignes de cette présentation. Le
premier fascicule contient, avec 30 belles planches, un commentaire développé
(1) Necrocorinthid (Londres, 11. Milford, 1931); 363 p., 53 pi,
(2) Cf. REG, XLIV (1931), p. 90.
(3) Cf. REG, XL11 (1929), p. 82.
(4) Cf. REG, XXXIX (1926), p. 164.
(5) Catalogue of the Greek vases in Ihe Royal Ontario Muséum of arcllaeolog;/,Toronto (Univcrsity of Toronto Press, 1930); 288 p., 108 pi.
(6) Vasi délia Collezione Castellani (Rome, Libreria dello Stato, 1930); 379 p.,100 pi. Ne comprend pas les vases à figures rouges.
(7) La Haye, M. Nyhoff, 1930; 17 p., 20 pi.
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fS* , '• '(* Jf»'->H '.*. ;"IS8W
BULLETIN ARCHEOLOGIQUE 83
des vases reproduits (I). Cet ouvrage paraît être tout à fait indépendant du
catalogue des vases du musée, dont le premier volume, dû à M. Fairbanks (2), a
paru en 1928. / : .
Le livre de M. Jacobsthal sur les rel iefs méliens (3) touche perpétuellement à
l'histoire de la peinture céramique. On aura donc grand profit à le consulter
pour tout ce qui concerne la période à laquelle appartiennent les monuments
étudiés par lui, c'est-à-dire le deuxième et le troisième quarts du v« siècle ; on
y trouvera d'excellentes reproductions de vases de cette époque, inédits ou
insuffisamment publiés.•
Dans son beau volume : II nudo nell' arle. I. Arte antiqua, M. délia Seta a
étudié avec beaucoup de précision, parallèlement à l'évolution de la sculpture,
la représentation de la figure ,nue dans la céramique de la deuxième partiedu
vic et du ve siècle (4) et donné un intéressant aperçu d'ensemble sur la peinture
au v et au iv° (!>). '
En ce qui concerne spécialement là peinture, l'ouvrage, déjà urt peu ancien,
de M. Curlius sur la peinture murale de Pompéi (6) intéresse naturellement
l'histoire de la peinture grecque dont la décoration pompéienne nous conserve
le reflet. — Le fascicule 20 des Den/nnaler der Malerei des Allerlums, de P. Herr-
raann (7), a terminé en 1931 la première série de cette magnifique publication
entreprise en 1904. .
Etudes spéciales.— La collection des Bilder griec/iisclier Vasen (8) s'est
enrichie de deux importants fascicules. L'un, dû à M. Beazley (9) et consacré au
Maître de Berlin, nous offre un tableau complet de l 'oeuvre de ce peintre, telle
que la conçoit l'auteur ; une brève mais très attachante étude esquisse l'évolution
et le caractère de son talent. Dans l'autre, M. Schefold (10) étudie les vases dits
de Kertch ; son travail est' d'autant plus précieux que la céramique du ive siècle
a été jusqu'à présent négligée et que la plupart des documents, conservés an
musée de Leningrad, sont peu accessibles.
Trouvailles et muséographie. — Musée d'Athènes. On signale l'acquisitionde vases divers, en particulier de vases géométriques et d'un fragment de skyphos
à reliefs (11).
(1) Altic vase painlinos in Ihe Muséum of fine arts, Boston (Londres, H. Mil-lord, 1931).
(2) Catalogue of Greek and Elruscan vases in Ihe Muséum of Fine Arts, Boston
(Cambridge, Mass., Harvard University Press); 235 p., 100 pi. Le t. I contient les
vases antérieurs au style à figures noires.
(3) Die melischen Reliefs (Berlin, H. Relier, 1931).
(4) Milan-Rome, Bestetti e Tumminelli , 1930; en particulier p. 120-124, 158-
f!7, 222-224,242-244.
(5) En particulier p. 409-433.
(6) Die Wandmalerei Pompejis (Leipzig, Seemann, 1929) ; 432 p., 226 flg. 12 pi.Cf. aussi Rom. Milt., XLll (1927), p. 1-83, Beil. 1-12 (Wirth). ;
(7) Munich, Bruckmann.(8) Cf. REG, XL1V (1931), p. 90. -
(9) Der Berliner iWate»'-(Berlin, H. Relier, 1930); 22 p., 32 pi.(10) Kertscher Vaseh (Berlin, II. Relier, 1930); 22p., 24 pi.(U) Arch. Deltion, XI (1927-28), Supplément, p. 1-4 (Théophani l's)
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8,4 CHARLES DUGAS
-> Atliqtte. M11* Papaspyridi et M. Kyparissis (1) l 'ont connaître le contenu d'un
tombeau découvert à Athènes dans le terrain des anciennes écurie» royales : denombreux léeythes à figures noires, une pyxis à figures rouges, un aryballe
signé de Dpuris et une oenochoé attribuée au même peintre. Ils signalent queles fouil les ont prouvé que la fabrication des léeythes et des assiettes à figures
noires s'est perpétuée jusque dans la seconde moitié du ve siècle. — Au Céra-
mique trouvaille de fragments de diverses époques(2). — Sous le dallage du temple
d'Apollon Zoster fragment d'oenochoé corinthienne (3).
Oropos. A l'Amphiaraion d'Oropos déblaiement d'une construction qui, d'aprèsla nature des trouvailles, paraît avoir été u n atelier de poterie (4).
Egine. Trouvaille de vases appartenant à toutes les périodes (5).Corinthe. Les recherches poursuivies par l'École américaine dans la nécropole
Nord ont mis au jour un nombre considérable de vases s'échelîSnnant jusqu'auiv* siècle, mais appartenant principalement à l'époque géométrique (G). Des
trouvailles intéressantes ont également été faites dans la région du temple
d'Apollon, ainsi que dans un terrain, situé à quelque distance, où a pu être
localisé le quartier des potiers; on a exhumé là, en effet, des vases, des pla-
quettes, des figurines, qui s'échelonnent du protocorinthien géométrique à la
fin de la fabrication, c'est-à-dire du vme au ive siècle. Dés rebuts de fabrication,
des tessons util isés comme pièces d'essai, des poteries non cuites ou manquées
mettent hors de doute que le Céramique de Corinthe se soit trouvé à cette place.
A noter en particulier un fragment portant l'inscription : Echéklès... a fait,
une plaquette qui représente la lutte d'Héraclès et de l'hydre, de très nombreuxvases miniature (7).
Péraohora. A l'Héraion de Pérachora, dans l'isthme de Corinthe, importante
trouvail le de poteries protocorinthienrtes et corinthiennes, ainsi que de fragments
attiques, béotiens, laconiens, cycladiqueà, rhodiens et étrusques (8).
Argos. Dans la région de l'Héraion, trouvaille de vases géométriques et corin-
thiens (9).
Sparte. Fragments de vases plastiques ou à décor plastique trouvés dans les
fouilles de Sparte (10).
(1) Arch. Dellion, XI (1927-28), p. 91-92. Cf. REG, XL1II (1930), p. H4.
(2) Arch. Anzeiger, 1931, p. 216 (Karo).
(S) Arch. Deltion, XI (1927-28), p. 51-52 (Courouniotis).
(4) Arch. Anzeiger, 1930, p. 102 (Karo) ; JHS, L (1930), p. 237 (Payne).
(5) Arch. Anzeiger, 1930, p. 129; 1931, p. 275-282 (Karo); JHS, L (1930), p. 244
(Payne).
(6) AJA, XXXIV (1930), p. 403-431 (Shear) ; Arch. Anzeiger, 1931, p. 242-2*8
(Karo). Cf. REG, XLIV (1931), p. 91.
(7) AJA, XXXV (1931), p. 1-30, pi. I-Il (Newhall); cf. aussi BCII, LIV (1930),
p. 472-477 (Béquignon) ; Arch. Anzeiger, 1930, p. 108-111; 1931, p. 251^252 (Karo).
(8) JHS, L (1930), p. 239, pi. X (Payne); BCII, LIV (1930), p. 470 (Béquignon);
Arch. Anzeiger, 1931, p. 259 (Karo).(9) Arch. Deltion, XI (1927-28), Supplément, p. 42(Blegen).
-(10) BSA, XXIX, p. 99,101-104 (Woodward).
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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 83
Rhénée. M. Rhomaios (1) étudie les vases découverts par Stavropoulos à
Rhénée, en 1898, et conservés au musée de Myconos. Il rend compte des cir-
constances de la fouille d'après les papiers de l'inventeur et montre que la
chronologie des poteries les plus récentes correspond bien à la date de 425, date
donnée par Thucydide pour la Purification de Délos. Les plus anciennes remon-
teraient aux environs de l'an 800. Celles qui datent de la fin du v« siècle ont été
trouvées dans des tombeaux isolés, en dehors de la grande fosse. L'auteur
précise comment les 2.067 vases de Rhénée se répartissent entre les diverses
catégories céramiques et il publie plusieurs intéressants exemplaires, en particu-lier à figures rouges.
Naxos. A Naxos et dans l' îlot de Palat i. trouvaille de fragments géométriques (2).Crèle. En divers points trouvaille de fragments géométriques et archaïques (3).
Macédoine. A Florina trouvaille de vases divers, s'éclielonnant de la deuxièmepartie du v° siècle à l'époque romaine, en particulier de fragments hellénistiquesà reliefs avec représentation de Vllioupersis (4). — A Micro Karabournou, dans
les environs de Salonique, découverte de quelques beaux vases à figures rougesde la deuxième partie du vc siècle, ainsi que de fragments archaïques naucra-
tites, rhodiens, corinthiens, attiques (5).
Thasos. Découverte de vase3 à figures noires (6).
Lemnos. Découverte de vases « tyrrhéniens », géométriques tardifs, de bucchero,ioniens et attiques à figures noires (7).
Lesbos. A Méthymna importante trouvaille de céramiques de bucchero ; quel-
ques autres fragments de catégories diverses (8).Samos. Publication de la céramique découverte à l'Héraion de Samos. Les
trouvailles comprennent des fragments géométriques, dont la plupart sont
apparentés au style géométrique rhodien et quelques-uns sont les premiers
représentants d'un style géométrique local à figures, des fragments orienta-
lisants dont les uns sont également sous l'influence rhodienne, tandis que d'au-
tres paraissent faire partie d'un groupe samo-éphésien, quelques morceaux pro-
tocorinthiens, corinthiens, de Pikellura et de. bucchero, une grande quantité de
poteries communes appartenant à la période .archaïque, des fragments à figuresnoires ioniens, laconiens, attiques et provenant d'amphores panathénaïques, une
magnifique coupe (très fragmentaire) de style classique, dont l'intérieur repré-
(1) Arch. Dellion, XII (1929), p. 181-223, pi. 9-10.
(2) Arch. Anzeiger, 1930, p. 134-135 (Karo) ; JHS, L (1930), p. 244 (Payne).(3) Arch. Anzeiger, 1930, p. 156, 157, 163, 164, 165 ; 1931, p. 292, 296, 301 (Karo);
JUS, L (1930), p. 251-252 (Payne).(4) BCI1, L1V (1930), p. 300 (Béquignon); Arch. Dellion, XI (1927-28), Supplé-
ment, p. 4 (Théophanidis) ; Arch. Anzeiyer, 1931, p. 273 (Karo).(5) BCFl, LIV (1930), p. 497-498 (Béquignon).(6) ncil, LIV (1930), p. 510 (Béquignon) ; Arch. Anzeiger, 1931, p. 285 (Karo).(7) BCll, LIV (1930), p. 510 (Béquignon) ; Arch. Anzeiger, 1930, p. 139-140;
.1931, p 286 (Karo); JUS, L(1930), p. 247 (Payne).(8) Arch. Dellion, XI (1927-28), Supplément, p. 42 (Lamb); Arch. Anzeiger,
1930, p. 144 (Karo).
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86 CHAULES DU'.AS
sente un. Héraclès sur l'ond blanc, des vases recouverts de vernis noir, souvent
à.décor estampé, appartenant au iv« siècle et à la période hellénistique, de laterra sigillata, des lampes s'étendant du vic siècle à l'époque romaine, des anses
d'amphores avec timbre. Quelques tessons portent des inscriptions peintes ou
incisées (1). — Sur l'emplacement de l'ancienne ville de Samos, poteries de-
diverses époques, surtout hellénistiques (2).Rhodes. Dans les nécropoles dé Camiros, importantes trouvailles do vases
divers (3). D'autre part, acquisition par le musée de deux vases à figures rougeset d'un lécythe à fond blanc (4).
Ephèse. Trouvaille de fragments géométriques (5).
Ithaque. Trouvaille d'un beau cratère corinthien (6).
Bulgarie. Dans des tumuli de la région de Duvanlii (Bulgarie méridionale) ont
été trouvés quelques vases attiques à figures noires, à figures rouges ou simple-
ment vernissés. On remarque en particulier une hydrie du dernier quart duve siècle dont l'épaule est ornée d'une composition représentant une théoxéniedes Dioscures (flg. 1) (~l).
Sicile. Trouvail le d'un lécythe à figures noires dans une tombe de la région
d'Agrigente (8), de coupes vernissées à décor estampé à Marsala (il).
Campanie. A Vitulazio, dans une tombe, trouvaille de vases vernissés, avec
ou sans décor estampé, et de vases peints, qui paraissent appartenir au ive siè-cle (10).
Elrurie. Dans une tombe de la région de Pise trouvaille d'un cratère à figuresrouges du iv« siècle où se voit une scène dionysiaque (11) ; — k Nepi, d'une kélébé
à figures noires'représentant la lutte d'Héraclès et du lion et une scènediony-siaque, ainsi que de quelques fragments d'amphore, également à figures
noires (12) ; -7- à Véies, d'une coupe attique à figures rouges de la deuxièmemoitié du v« siècle (13) ; — à Talamone, d'un fragment de plat de style corin-thien (14) ; — à Tarquinia, de céramiques parmi lesquelles on remarque, à côtéde nombreux produits de fabrique locale (bucchero, vases italo-géométriques),
(1) Ath. MUL, LIV (1929), p. 6-64, pi. 1I-VI (Technau). Cf. aussi BCll, LIV (1930),p. 527 (Béquignon) ; Arch. Anzeiger, 1930, p. 148, 154 (Karo) ; JUS, L (1930),p. 250(Payne).
(2) Arch.Anzeiger,
1930,p. 148; 1931, p.
291-292(Karo).(3) Arch. Anzeiger, 1930, p. 166 ; 1931, p. 302-304 (Karo).
(4) Boll. (Tarte, 1930,31, p. 90-91.
(5) Wien. Jahresh., XXVI, Beiblatt, p. 298 (Reisch).(6) Arch. Anzeiger, 1931, p. 266 (Karo).(7) Arch. Jahrb., XLV (1930), p. 281-322, pi. Vlll-Xl (Filow-Welkow).(8; Not. Scavi, 1930, p. 411-412 (Marconi).
(9) Not. Scavi, 1930, p. 414-415 (Marconi).
(10) Not. Scavi, 1930, p. 549-551 (Mingazzini).(11) Not. Scavi, 1930, p. 513-515 (Modona).(12) Not. Scavi, 1930, p. 522-526 (Stefani).(13) Not. Scavi, 1930, p. 320-321 (Stefani), 344 (fliglioli).
(14) Not. Scavi, 1930, p. 301-302 (Cappelli),
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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE .87
quelques exemplaires corinthiens et altiques à figures noires (1). — Le livre de
M. MesserschmHt (2) contient quelques renseignements rétrospectifs sur les
trouvailles de vases faites dans les nécropoles de Vulci.
Gaule méridionale. Note de VI. Jaeobsthal (3), accompagnée de reproductions,
sur les trouvailles de vases grecs faites à Marseille et dans l'Ouest de la Provence,
ainsi que dans le Languedoc méditerranéen.
Collection Loeb, Les vases de la collection James Loeb, à Hochried, Murnau
(Bavière), ont été publiés par M. Sieveking (4). En dehors d'une pyxis corin-
thienne, d'une coupe et d'un lécythe italiotes, la collection comprend une ving-
taine de vases altiques à ligures noires ou à figures rouges et quelques fragments.
Musée de l'Ermitage. Note sur quelques vases corinthiens et attiques (une
(1) Nol. Scavi, 1930, p. 113-184, pi. V-V1I (Cultrera) ; Mon. ant., XXXIII, p. 417-
418, pi. XXXU (Gargana).
(2) Nelcropolen von Vulci {Avch. Jahrb., XII. Ergânzungsbeft), passim,
(3) Avch. Anzeiger, 1930, p. 211-234.
(4) Bronsen, Terraliotl.cn, Vasen (1er Sammlung Loeb (Munich, 1930), p. 52-63,pi. 38-53,
Fig. t. — llydrie altique. Tliéoxéuie des Dioscures.
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8ti CHARLES DUO AS
hydrie à figures noires, deux amphores à figures rouges) récemment entrés à
l'Ermitage (1).
Collections américaines.En vue de leur publication dans le Corpus M. Smilh(2) aétabli une très utile liste des collections américaines, complétant celle qu'a
utrefois dressée M. Philippart (3).
Ftg. 2. — CraUVe ajuilien. Rapl d'Orilliyie par Bortfc.
(1) Arch. Anzeiqer, 1930, p. 21-36 (Korsunska).f (2) Americ. Councilo: learned societies, Bulletin n<>14 (1930), p. 39-54,
(*) Cf. WG, XL11 (1929), p. 90,
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BOLLETliS AKCHÊOLOG1QCE 89
Musée de Providence. M. Luce (1) publie trois alabastres et un askos apparte-
nant au musée de Providence qui sont de jolis spécimens à figures rouges.
Formes et thèmes. — Aryballe. Très utile étude sur l'aryballe, dont M. Beaz-
ley(2) examine successivement les deux types, le type corinthien et le type atti-
que, en faisant connaître deux nouveaux exemplaires de cette seconde catégorie.
M 11»Haspels (3) complète ce mémoire en expliquant les différentes façons dont
l'aryballe pouvait être suspendu au poignet.
Alhéna tenant un casque. Lécythè de New-York et amphore de Leyde, tous
deux à figures rouges, où se voit Athéua avec son casque à la main (4).
Gorgonéion. M. Marinalos (5) montre que le type du gorgonéion dérive de la
tradition crélo-mycénienue. Le masque terrible, les serpents sont des attribut,
de la gra-nde déesse miiioenric, plus particulièrement de sa forme.chlonienne ; le
geste de f'ersée détournant la tête pour décapiter la Gorgone s'explique égalementpar un rite niinoen.
Apollon el Arlémis. A propos de l'Auguste de Prima porta, reproduction de
deux coupes à figures rouges tardives du musée de Vienne qui représentent
rcspectivement Apollon sur un griffon et Arlémis sur une biche (6).
Dieu de la guerre. Etudiant un aryballe corinthien où se voit une grande tête'
casquée entre deux hommes également casqués, M. Kern (1) y reconnaît la repré-sentation d'une divinité guerrière sortant du sol en présence de deux adorateurs.
Borée el Orithyie. M. Walters (8) étudie un beau cratère apulien, récemment
entré au British .Muséum, qui représente le rapt d'Orithyie par lîorée (flg. 2).
Silène.Remarques
sur lareprésentation
du
type
de Silène âgé, avec barbe el
cheveux blancs (9).
Thésée chez Antiope, citasse d'Alalanle. Noie sur une amphore de Vienne dont
la face principale représente la réception de Thésée chez Antiope. Sur le revers,
par comparaison avec une amphore du musée d'Athènes (10), M. Defner (11) recon-
naît les chasseurs de Calydon réunis autour d'Alalanle.
Bouzygès el, l 'invention du labourage. M. Robinson (12) publie un beau cratère
à ligures rouges de.sa collection représentant Uou/.ygos, inventeur de la charrue,
labourant en présence d'Athéna et de Cécrops.
Mari de Méléagre. Note sut l'amphore de Naplcs représentant la mort de
(1) ^./.-1,XXXV (1931), p. 298-303.
(2) USA, XXIX, p. 193-215, pi. lll-IV.
(3) BSA, XXIX, p. 216-223, pi. IV A.
(4) daz. Beaux-Arts, 1931, 1, p. 81-82 (Reinach).
(5) Arc/,. Epli., 1927-28, p. 13-41. Cf. aussi Gérojaunis, Arch. Epli., 1927-28,
p. 128-176.
(G) llom. MM., XLI1 (1927), p. 209, Beil. 24 (Lôwy).
(7) Ki Hall. Winekelmannsprogr., p. 5-9.
(8) JHS, Ll (1931), p. 86-90, pi. IV.
(9) Feslschrifl fur J. Loeb, p. 103-106 (Weickcrt).
(10) Cf. HEG, XL1(1928), p. 27a.(11) Arch. Eph.., 1927-28, p. 177-181. /
(12) AJA, XXXV (1931), p, 132-160.
m
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90 CHARLES DUGAS
Méléagre. M. Kakndis (1) explique pourquoi le peintre a groupé autour Je cette
scène, à lit re de pères tragiques, les trois figures d'Oineus, de Thésée et de Pelée.
Thyesle. Vases pouvant se rapporter à une tragédie de Tliyesle, probablement
d'Euripide (2).
Iliade. Les représentations de scènes de VIliade, épisodes divers et combats,ont été réunies, classées et étudiées avec beaucoup de soin par M. Bulas (3). 11 a
recherché en particulier quels sont, suivant les époques, les thèmes de prédi-lection.
Influence de l'épopée: M. Zschietzschmann (4) montre que l'introduction des
sujets épiques dans le répertoire attique date des environs de 560, c'est-à-dire
du moment où sont instituées à Athènes les récitations homériques.• le molu. M. Marinatos (S) propose de reconnaître Ulysse tenant la plante
magique dans la figure peinte sur une plaquette du musée de Berlin.
Nudité féminine. Remarques sur les représentations de femmes nues aux vi« etve siècles (6).
Coiffure. Remarques sur la transformation de la coiffure au milieu du
v« siècle. C'est à ce moment qu'à l'arrangement des cheveux en c ouronne de
boucles au-dessus du f ront se substitue la disposition plus simple en mèches
demi-longues tombant autour de la tête (7).
Quadrige. M. I>eonna(8) publie un alabastre corinthien du musée de Genève et,
à propos de ce vase, il étudie la façon dont ont été représentés le quadrige et
son attelage; il distingue les divers types et précise durant quelles périodes
chacun d'eux a été employé de préférence.
Anthesléries. M. Nilsson (9, reconnaît sur une amphore à figures noires de
Munich le mélange rituel du vin, mélange qui se faisait au Limnaion le jour des
Choès, et il revient h ce propos sur les vases qui il lustrent la fête des Anthesté-
ies (10).
Sacrifice du taureau. A propos des représentations de ce sujet sur des bas-
reliefs romains, M. Brendel (11) étudie les représentations, rares dans l'art grec,
du sacrifice du taureau, depuis un alabastre corinthien du musée de Berlin jus-
qu'au tableau de Pausias mentionné par Pline, XXXV, 126 ; il examine en pas-
sant quelques exemples de représentations apparentées, telles que Thésée domp-
tant ou Europe caressant le taureau.
(1) Arch. Eph., 1927-28, p. 206-209.
(2) Festschrift fur ,/. Loeb, p. 16-19 (Bulle).
(3) Us illustrations antiques de VIliade {Eus supplemenla, III, 1929), 144p.
(4) Arch. Jahrb., XLVI (1931), p. 45-60.
(5) Arch. Eph,., 1921-28, p. 201-202.
(6) Rom. MM., XL1V (1929), p. 11-13 (Schweitzcij.
(7) Arch. Jahrb., XLVI (1931), p. 20-23, 25-26 (Matz). CI', aussi Genava. IX
(1931), p. 95 (Deonna).
(8) Genava, IX (1931), p. 125-167.
(9) Sitzunqsber. Bayer. Akad. der Wissensch., l'hilos.-hisl. Abteilung, 1930,
l'asc. 4 (15 p., 1 pi.).
(10) Cf. REG, XLll (1929), p. 91.(il) Rom. mit., XLV (1930), p. 217-226, pi. 80-81.
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BULLETIN AltClIltOLOGIQUtî 91
Acteurs. A propos d'un beau fragment de Wurzbourg où se voit un acteur se
présentant au public à la fin de la pièce, le masque dans une main, une épée
dansl'autre
(fig. 3),M. Bulle
(1)étudie une série de vases du iv° siècle sur les-
quels les figures d'acteurs et d'acrobates ou les simples masques tiennent une
place prépondérante. Il en rapproche le beau tableau sur stuc et une peinture
murale d'Herculanum, au musée de Naples, qui illustrent, eux aussi, la vie des
acteurs.
Mime. D'après Mlle Pinto Golouibi (2) le cratère de Lipari (3) et, les mosaïques
de Diosoouridès de Samos se rapportent à des scènes de mime, genre dans
lequel les acteurs avaient, contrairement à l' idée longtemps reçue, la faculté de
porter un masque.
Fig. 3. —Fragment do Wut'zboui'g. Acteur se présentant au public.
Scènes de la vie privée. Dans une brève esquisse, suivie d'une bibliographie,M. Philippart (4) reconstitue, d'après les vases peints, les principaux aspects de
la vie athénienne.
Mariage. A propos de la coupe d'Euphronios où se voient les noces de Thétiset de Pelée, Mlle Haspels (5) étudie les vases où est représenté le cortège nup-
tial; elle publie une belle loutrophore d'Athènes due au Peintre des baigneuses.
(1) Festschrifl fur J. Loeb, p. 5-37, pi. II.
(2) liendicouti Accad. dei Lineei, 1931, p. 38-53, pi. l-lll.
(3) CI'. ItEG. XLI (1928), p. 2SG et, fig. 19.
(4) UAlhènes des vases peints (exlr. de l'Acropole, 1930); 21 p., 4 pi,(t'>) UCH, UV (1930), p. 431-444, pi. XXUl-XXIV,
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92 CHARLES DL'GAS
Verseur d'huile. Mention Je trois vases de style sévère sur lesquels se trouveune figure d'éphèbe se versant de l'huile dans la main en vue de s 'oindre le
corps (1).Harpe. M. Herbig (2) examine les représentations de la harpe et recherche ce
qu'elles nous apprennent sur ses formes, son emploi et son histoire. La harpese voit presque exclusivement entre les mains des femmes, dans les scènes
d'intérieur; c'est donc un instrument plus intime que la lyre ou la cithare.M. Herbig publie à celte occasion deux beaux cratères nuptiaux de New-York et
d'Athènes dont l 'auteur est le Peintre des baigneuses.
Lyre. L'examen des représentations de la lyre à l'époque géométrique confirme
la tradition relative à Terpandre. A cette époque la lyre a très généralement
quatre cordes; si Terpandre n'a pas inventé l'instrument à sept cordes, il a dû le
faire connaître et en
répandre l'usageen
Grèce,car c'est de son
temps qu'ildevient la règle (3).
Blé. Remarques relatives à la représentation des épis de blé dans la main de
Triptolème sur le skyphos de Hiéran et à l'interprétation des plantes de blé qui
poussent sur un tombeau dans le décor d'un vase apulien (4).
Rayons de miel. Leur représentation sur des vases attiques (îi).Prolome de cheoal. Observations sur le' motif de la tète de cheval apparais-
sant a la fenêtre de l'écurie, motif différent du symbole funéraire de la tête de
cheval dans un cadre (6).
Monstres. Mr Deonna (-7) reproduit un alabastre corinthien, appartenant au
musée de Genève, où se voient des êtres monstrueux à organes communs.
Fenêtre. Représentations de fenêtres sur des vases de l'Italie méridionale (8).Voûte céleste. Remarques sur la représentation de la voûte céleste (9).Périodes géométrique et archaïque. — Style géométrique. M. Roes (10)
consacre un petit volume bien illustré au vieux problème de l'origine du style
géométrique. Après l'historique de la question, il y expose sa propre théorie
d'après laquelle il faut chercher en Asie, plus précisément dans la céramique
protoélamite, l 'origine du style géométrique. L'influence de cette céramique se
serait exercée ci^ Grèce dès le IIe millénaire, et c'est ce qui expliquerait les ana-
logies relevées entre le décor des vases géométriques du I" millénaire et celui
des vases de Phylacopi ou des vases mycéniens tardifs. — D'autre part, M. D[us-
saud] (tl) signaledans le Nord
de la Mésopotamie, à Tell llalaf, la trouvaille de
(1) $9. Berlin. Wincltelmannsprogr., p. 35-36 (Weege),
(2) A th.. MM., L1V (1829), p. 164-193, pi. VIl-Vlll.
(3) Alh. Mitt., LIV (1929), p. 194-200 (Deubner).
(4) Feslschrift fur ./. Loeb, p. 113-114, 123-125 (Wolters).
(5) BCH, LIV (1930), p. 414-415 (Demargne).
(6) nom. Mitt.,XLU (1927), p. 120-126, Beil. 14 (Herbig).
(7) Genava, IX (1931), p. 202. Cf. IOEG, XLIV (1931), p. 98.
(8) RUm. Mitt., XLIV (1929), p. 267-268 (Herbig).
(9) Hom. Mitt., XL1I i l927), p. 127-128 (Herbig).
(10)De
Oorsprony
der neometrisclw Kunst(Harlem, Tjeenk
Willink en Zoon,
1931) ; 148 p., nombreuses fig. ; bref résumé en français.
(11) Syria, Xll (1931), p. 93-94.
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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 93
vases (fin du II* millénaire] qui offrent avec le style géométrique grec des affi-
nités remarquables.
Vaset crétois. M. Payne (1) publie une série de vases trouvés à Cnossos et
appartenant aux périodes protogéométrique, géométrique et orientalisante. Son
étude met particulièrement en lumière deux points : d'abord, l'existence en
Crète d'un véritable style géométrique et son importance ; ensuite, l'influence
prépondérante exercée par la céramique chypriote dans la formation du style
crétois orientalisant. Le groupe le plus curieux est celui des pithoi ovoïdes à
trois pieds et à quatre anses, ornés d'un décor polychrome et appartenant au
début de la période orientalisante (flg. 4). Un des exemplaires les plus
remarquables est le pithos, également à décor polychrome mais monté sur pied
unique, dont le rebord porte une frise de poissons et l'épaule des tiges feuil-
lues surlesquelles
sontposés
des oiseaux(fig.
5). —Dans la Classification de*
(1) BSA, XXIX, p. 224-298, pi. V-XXV.
Fig. *. — Pithos de Cnossos à décor polychrome. Fig. 5. — Pithos de Cnossos.
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H CHAULES DUGAS
céramiques antiques (1) le n° 15 : Céramique de la Crète préhellénique, par
M.'Demargne, résume en un court chapitre les caractéristiques de la poterieCretoise au début de l'époque du fer.
Vase proloaltique. M. Karo (2) publie un intéressant fragment de grand sup-
port protoattique trouvé à Égine ; la représentation principale consiste en une
suite de guerriers dont l'un est désigne du nom de Ménélas (flg. 6).
Coffre de Kypsélos. Nouvelle étude d'ensemble sur le coffre de Kypsélos, en
particulier sur l'ordre dans lequel sont énumerés les sujets de certaines
zones (3).
Coupes à figures noires. A propos d'une coupe conservée à l 'Université al le-
mande de Prague, M. Gotsmich (4) a examiné, sans d'ail leurs connaître son tra-
vail, la série de coupes précédemment étudiées par M. Greifenhagen (Ei). Au licjl
d'en l'aire un groupe entièrement attique, il répartit les exemplaires entre la
fabrique attique et la fabrique corinthienne. Kemarques sur la formation du
type de la coupe à rebord.
Vases béotiens. M. Eichler (6) signale une nouvelle signature (Phithé) incisée
sur un aryballe annulaire du musée de Vienne.
(l)Cf. REG, XLIl (1929), p. 82.
(2) 2(i Hall. Winckelmannspronr., p. 10-14, pi.
(3) REG,XUV (1031), p. 24I-27S (Méaulis). Cf. IlEG, XM (1928), p. 288.(4) Su delà, VI (1930), p. 143-154.
(5) Cf. REG, XUIl (1930), p. 114.
(0) Glotla, XVIII (1930), p. 1-4.
Pip;. G, — Fragment il'un vase protoattique ri'Bginn.
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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 9o
Vases laconiens. Note sur une oenoclié trouvée à Sparte, que l'auteur rapproche,
eu particulier, de la coupe fie Naucratis où se voit la figure dite de la nympheKyréné (1).
Période classique. — Fragments reconstitués. M. Beazley (2) rapproche de
nombreux fragments à figures rouges, appartenant à diverses collections, spé-cialement aux collections Castellani, à Rome, et Campana, à Florence, frag-
ments dans lesquels il reconnaît les mêmes vases,
Amphores panathênaiques. M. Mingazzini (3) essaie de prouver que l'huile don-
née en prix aux vainqueurs des Panathénées n'était pas exclusivement con-
tenue dans les amphores dites « panathênaiques » et, d'autre part, que le com-
merce de ces vases n'était soumis à aucune restriction administrative, mais
qu'ilsétaient librement
fabriquéset vendus.
Euphronios. Deux fragments nouvellement entrés au musée d'Athènes ont
permis à Mlle Haspels (4) une reconstitution plus complète de la coupe d'Euphro-nios représentant les noces de Thétis et de'.Pélée. A ce propos elle groupe autovir
de ce vase une série de coupes à figures rouges, peintes dans le même style « de
parade », dont elle regarde Euphronios comme l'initiateur.
Douris. Mlle Papaspyridi et M. Kyparissis (5) étudient l 'arybâlle signé de Dou-ris qui a été trouvé dans le terrain des anciennes écuries royales (6), et ils retra-
cent à ce propos l'évolution du talent de ce peintre, dont ils partagent lacarrièreen quatre phases.
'
Macron. Joli aryballe, portant le nom d'Hippodamas et représentant des gar-çons s'amusant avec de petits chariots. M.Beazley (7) attr ibue ce vase à Ma-cron et complète la liste qu'il a précédemment donnée des oeuvres de ce peintre.
Vase plastique. M. Marconi (8) étudie des fragments, trouvés à Agrigente et
appartenant à u n vase en forme de mulet portant un canthare. Il propose une
reconstitutiou de cette curieuse poterie, qui est ornée de figures rouges de sty-le sévère (fig. 7).
Cratère des Argonautes. Observations sur le caractère des draperies et des
gestes (9).
Sotadès. Bonne publication du beau rhyton de Sotadès, représentant une Ama-zone à cheval, trouvé a Méroé et appartenant au musée de Boston (10).
Peintres du style libre. Intéressantes notes relatives à des vases du maître del'amphore Chouvalof (flg. 8), du maître d'Achille et du maître des Niobides, vases
(1) BSA, XXIX, p. 108-112 (Tankard). Cf. REG, XL1II (1930), p. t'15-116.
(2)mS, 1.1(1931), p. 39-36. .
(3) Vasi délia collezione Castellani, p. 352-3S4.
(4) DCH, LIV (1930), p. 422-451,. pi. XX-XXIV.
(fi) Ardu Dellion, XI (1927-28), p. 93-110, pi. 4-5.
(6) Cf. REG, XLUI (1930), p.'114 et fig. ).(7) BSA, XXIX, p.187-193, pi. I1I-1V.
(8)Boll.
d'arte, 1931-32, p. 64 70.(9) Biim. Mitt., XLV (1930), p. 4-5, 9 (Gurtius).(10) Festschrifl fûrj. Loeb, p. 81-90, pi. X-XI (Sanbofn). Cf. REG, XXXV11(1924),
P- 223, fig. 11.. ,
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90 CHARLES DUGA.S
se trouvant principalement au musée de l'Ermitage ; reproductions de la plu-
part de ces vases (1).
Peintre des baigneuses. Cf. p. ^2, paragr. Harpe, et p. 91, paragr. Mariage.
Gourion. Le nom de potier inscrit sur deux pyxis à figures rouges de Copen-
hague et de Londres ne doit pas se lire Maurion, mais Gaurion (2).
Lécythes funéraires. M. V. H. Poulsen (3) fait connaître douze lécythes à fond
blanc conservés à la Glyptothèque Ny-Carlsberg ; il étudie soigneusement le style
de chacun d'eux en le replaçant dans l 'oeuvre du maître auquel il l'attribue.
Fig. 7. — Vase plastique d'Agi'igenle. Fig. 8.
Vases du Cabirion. Commentant les représentations caricaturales de thèmes
héroïques qui décorent les vases trouvés au Cabirion de Thèbes, M. La-
palus (4) montre qu'elles se rapportent pour la plupart à la légende de hé-
ros considérés comme des «justes souffrants» et vénérés comme tels dans la re-
ligion cabirique ; elles sont, d'après lui, inspirées de compositions scéniques qui
(l)Rom. mit., XLII (1927), p. 230-240, Beil. 30-33 (Peredolski).
(2) Hermès,LXVl (1931), p. 119-122 (Blinkenberg).(3) Fromthe collections of the Ny Carlsberg Glyptothek, 1931, p. 162-196.
H)Rev. arch., 193$, II, p. 65-88.
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BULLEÏIN ARCHÉOLOGIQUE 97
he devaient pas faire partie des mystères eux-tnémes, mai» qui étaient jouées
à leur occasion par une corporation d'acteurs comiques.
Vases polychromes à fond noir. Dans une intéressante étude sur les vases po-lychromes à fond noir M. Bulle (1)réunit une série de ces poteries qui lui pa-
raissent provenir du môme atelier. Cet atelier est caractérisé par la nature pic-turale du rendu des figures et par la prépondérance des sujets empruntés aux
choses du théâtre. L'auteur le localise à Tarente et montre ses étroites relations
avec la céramique de Gnathia.
Céramique sicilienne. Rapprochant des trois cratères de provenance syracii-saiue autrefois publiés par M. Pace (2) un cratère du musée de Berlin, M.Wuil-
leumier (3) montre l'affinité de ces quatres vases dont il suggère de localiser
la fabrication en Sicile; il examine également leurs rapports avec d'autres
poteries, en particulier avec le cratère de Tirésias et celui de la Dolonie,
tous deux trouvés à Pisticci.
Céramique italiole. Observations sur le sens des scènes dionysiaques et eroti-
ques représentées sur les vases de l'I talie méridionale (4).Période hellénistique.
— Vases de Centuripe. Rapprochements entre le dé-
cor des vases de Centurjpe et les peintures murales de la Farnésine (5).'
Céramique à reliefs. Etudiant les vases à reliefs apuliens dans leurs rapportsavec l'orfèvrerie de Tarente, M. Wuilleumier (6) montre l'influence profondeexercée par celle-ci, à tous points de vue, sur les oeuvres des potiers. Aux pro-ductions apuliennes il rattache la céramique argentée d'Orvieto et de Bolsène,
dont il considère les fabriques comme des filiales des ateliers méridionaux,
subissant, elles aussi, le rayonnement du grand centre tarentin.
Lampes. Lampes ornées de figures en relief (1).— A Gorinthe trouvaille de
deux lampes d'époque romaine (8) . — PuLlication des lampes trouvées par M.
Robinson (9) dans ses fouilles d'Olynthe : ces lampes, au nombre d'une cen-
taine, se répartissent en huit séries et s'échelonnent du début du VIeme au mi-
lieu du 1V° siècle.
Peinture. — Eleusis. M. Wirth (10) signale à Eleusis un fragment de pein-ture murale de l'époque d'Hadrien.
ligine. Peintures du style d'incrustation, ornant les parois de tombeaux (li).
(1) Festschrift far J. l.oeb, p. 8-37, pi. 11.
(2) Cf. REG, XXXVI (1923), p. 449-450; XXXVII (1924), p. 22G.
(3) linv. arch., 1931, 1, p. 234-251.
(4) Wuilleumier, La sculpture funéraire de Tarente (extr. d'Arélhnse, 1930),p. 10.
(5) RSm. MUl., XLIV (1929), p.45-46, pi. 9 (Ippel). '« \.(6) Le trésor de Tarente [collection E. de Rollischild)^ p. 81-118, pl.Xl{r,^6,(7) Arch. Deltion, XI (1927-28), p. 45-47 (Courouniotis) ; Supplément), p. 2, 4
(Théophanidis). /.*
(8) AJA, XXXIV (1930), p. 427-428 ( Shear). ! .'
\ (9) Excavations at Olynlhus, 11, p. 129-145, fig. 297-307. .'
(10) Rom. Milt.,XL1V (1929), p. 158-159, 165, '
(11) Arch. Anzeiaer, 1931, p. 275-276 (Karo). '„. f)\
HEtt, XLV, 1032, n» 209. "
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ÔÔ CHARLES DUGAïi
Corinlhe. Restes de stuc peint de l'époque romaine (1).
Samos. A Tigani trouvaille de stucs peints correspondant aux IIIe et IV'
styles pompéiens (2).
Iliade. Examen des peintures représentant des scènes tirées de Vlliade (3).
Pavrhasios. M. Picard (4) essaie de préciser l'emplacement des peintures qui
ornaient le Dionysion neuf d'Athènes et de prouver qu'elles étaient l'oeuvre de
Parrhasios.
Pausias. Cf. p. 90, paragr. Sacrifice du taureau.
Mosaïque. — Mélhode'de fabrication. Dans un intéressant mémoire M. Ip-
pel (S) étudie la façon dont ont été fabriquées la mosaïque d'Alex,andre et toute
une série d'autres mosaïques pompéiennes ; il montre que cette fabrication se fai-
sait par morceaux dont l'exécution, était confiée à des ouvriers différents et
qui étaient ensuite rapprochés. Cette méthode explique les erreurs et les discor-
dances que l'on constate jusque dans les plus belles de ces oeuvres.Corinlhe. Déblaiement de mosaïques appartenant à la basse époque romaine (6).
Argos. Trouvaille de mosaïques d'époque romaine (7).
Iléraia. Trouvail le d'une mosaïque (8).
Kig. 9. — Mosaïque de Délos.
(1) Arch. Anzeiger, 1931, p. 249-250 (Karo).
(2) Arch. Ameiger, 1931, p. 290-291 (Karo).
(3) K..Bulas, Les illustrations antiques de l'Iliade (Eus supplêmenta, 111,1929),en particulier p. 77-138.
(4) l iev. de Philologie, 1931, p. 209-221.
{S) liôm. Milt.iXLV (1930), p. 80-110, pi. 32.
(fi) AJA, XXXIV (1930), p. 438-439, 448 (de Waele).
O) Arch. Anzeiger, 1931, p. 261 (Karo).
(8) Arch. Anzeiger, 1931, p. 263 (Karo).
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^.' '' ' ii ' ^ :' i *--;. , ^T^F'îf^'^;!'^^^
BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 99
Détos. Fouille d'une maison ornée de plusieurs belles mosaïques dont la plus re-
marquable représente un personnage dionysiaque assis sur une panthère (fig. 9) (1).
Olynthe. Description détail lée des mosaïques trouvées dans les fouilles améri-
caines (2).
Lesbos. Trouvaille de deux mosaïques ; dans l'une, oiseaux et tête de femme,dans l'autre, tritons (3).
Cos. Trouvail le d'une grande mosaïque ornée de motifs géométriques et de
poissons (4).
Céphalonie.Trouvaille d'une mosaïque avec des dauphins, d'époque romaine (a).
Cherchell. Trois mosaïques reproduisant des épisodes de la légende d'Achille;
vraisemblablement d'après des modèles grecs (6).
Charles DUOAS.
V. — NlIMISMATIQHK.
(réw-ralilés. A signaler un nouvel annuaire (7) qui donne la liste des difle»
rentes collections numismatiques, nationales et particulières, de l'heure présente,
mais sans fournir de renseignements sur l'importance de ces collections comme
l'ancien Guide de Gnecchi (R).
Sur le modèle du Corpus Vasorum, la British Academy a entrepris — mutalis.
mulandis — la publication, accompagnée de reproductions photographiques, des
principales collections anglaises de monnaies grecques. Le premier fascicule de
cette publication vient de paraître (9), grandes planches accompagnées d'une
brève description par M. E. S. G. Robinson, du Department of Coins and Medals
au British Muséum. Il comprend la collection du Capt. E. G. Spencer-Churchill,M. G., de Norhvick Parle et la collection Salting, du Victoria and Albert Muséum.
L'ouvrage sera continué par la publication des magnifiques séries de la Grande-
Grèce et de la Sicile appartenant au Dr et à MissLIoyd, à Cambridge.L'avant-dernier fascicule du manuscrit laissé par E. Babelon, vient de paraître
(i.i BCff, LIV (19:(0), p. 511-314 (Réquignon) ; Arch. Anzeiger, 1931, p. 283
(Karo).
(2) Robinson, Exeaoalions al Olynthus, II, p. 25-26,42, 5G-59, 80-88, pi. I, f lg. 99,123, 205. Cf. REG, XLII1 (1930), p. 124.
(3) Arch,. Anzeiger, 1930, p. 144 ; 1931, p. 285 (Karo).(4) Arch. Anzeiger, 1930, p. 167 (Karo).(5) Arch. Anzeiger, 1931, p. 267 (Karo).(6) Met. d'arch. et d'hist., XLVIII (1931), p. 109-123 (Bruhl).(7) Mario Rolla, Annuaire numismatique général, Torino, 1931. ln-8», vi-167 p.(8) K. E. Gnecchi, Guida Numismalica, Milano, Ulrico Hcopli, 4" edizione, 1903.
(9) Sylloge Nummorum graecorum. Vol. I. Part. I. — London, Oxford Univer-
sity Press, ln-fol., ix p.-VIII pi. Tirage limité à 300 exemplaires. Les reproduc-tions sont, presque toutes, excellentes.
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iÔO A. bAVID LE SOFFiEÙR
par les soins de son fils (1). Il t race le tableau de la numismatique des villes dela Macédoine et de la région du Pangée, des rois de Paeonie, des rois et
dynastes de Thrace, enfin d'Abdère, entre les guerres modiques et l'époqued'Alexandre.
L'ancien, mais toujours utile manuel d'A. de Barthélémy vient de faire l'objetd'une réédition (2). M. Salvatore Mirone, d'autre pari, a donné une édition nou-
velle, refondue et augmentée (3), de l'ancien manuel d'Ainhrosoli (4).M. I. G. Milne a écrit (5) un résumé substantiel de l'histoire du monnayage
grec, éclairé d'illustrations très heureusement choisies. C'est un guide qui sera
certainement utile aux étudiants. Un chapitre, relativement important, traite des
moyens d'échange avant la monnaie frappée, mais le rôle de la monnaie dans
l 'histoire de l 'Art a été négligé et la bibliographie est très sommaire.
Cabinet des Médail les et Antiques de Paris, Le Cabinet a reçu en dépôt la trèsremarquable collection de M. Carlos de Beistegui (6) : les pièces grecques, peu
nombreuses, sont toutes des exemplaires rares et dans un état de conservation
exceptionnel. Le catalogue est en préparation.M.Jean Babelon a publié le troisième volume du catalogue de la riche collec-
tion de Luynes ("!), volume qui comprend les monnaies de l 'Asie-Mineure et de
la Phénicie.
British Muséum. Rendant compte des acquisitions récentes du Department of
Coins and Medals dont.il vient d'abandonner la direction pour assumer la direc-
tion générale du Musée, M. G. F. Hill signale (8) un certain nombre de monnaies
de Terina, Tyra, Chersonèse Taurique, Mendé, Néocésarée du Pont, Colophon,
Cnide, Rhodes, Syrie (Démétrius Ier), Perse, Alexandrie (Antinous), Axum (negusElla Gabaz). La collection britannique s'est également accrue d'une série de
monnaies de la Russie méridionale et des côtes du Pont-Euxin (collection Doguel)et d'une série de bronzes d'Athènes, don du Rev. Edgard Rogers, parmi lesquelsun bel exemplaire de la pièce représentant l'Acropole (9).
(1) E. Babelon, Traité des monnaies grecques et romaines... I l' l'artie, Descrip-tion historique, t. IV, fasc. IV, Paris, 1930. ln-4°, p. 673-896 et pi. CCCXXI-CCCXXXV.
(2) A. de Barthélémy,Numismatique
ancienne. Paris, 1929.ln-8°,
480p.,
et un
Atlas.
(3) Salvatore Mirone, Numismatica. — Milan (Manuali Hoepli), 1930. In-12, xi-283 p., fig.
(4) Première édition en 1891.
(5) J. G. Milne, Greek Coinage. — Oxford, 1931. In-8», vi-131 p., XII pi.— l)u
même auteur, Greek Monelary standards (Annali of archaeol. and anthrop., 1930,p. 17-80).
(6) Exposée depuis le 1er décembre 1931.
(7) Catalogue de la collection de Luynes. Monnaies grecques, 111. — Paris, 1930.
in-4% 115 p'. et pi. XC-CXVII.
(8) Greek coins acquired by the Brit ish Muséum In 1929 (Sumiimatic Chronicle,
1930, p. 285-299, pi. XIX-XXI).(9) Voir: Svoronos, Les Monnaies d'Athènes, p). 98, n° 32.
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BULLLTI.N AKCHËOLQCiigUE l'Ô'l
Egalement, parmi les récentes acquisitions du British (I), un statère d'Aptère
eu Crète avec ia signature du graveur Pylhodoros ; au revers, le héros désigné
par la légende I1T0A101KOS est Ptéras, le fondateur de la vil le.
D'autres acquisitions récentes doivent trouver place dans les catalogues, en
préparation, de l'Afrique du Nord et de l'Espagne. La trouvaille de Tarente
est examinée par M. Vlasto (2) et celle du Delta a été décrite antérieurement par
M. Robinson (3), qui prépare également une étude sur le trésor de Makri (mon-naies d'Éphèse et des dynastes de .Carie).
Ashmolean Muséum. La série des tessères de plomb s'est accrue récemment
dans des proportions notables grâce aux acquisitions effectuées en Egypte parM. R . G. Peckitt. M. J. G. Milne, en les commentant (4), apporte quelques recti-
fications à ses études antérieures (5).
Filzwilliam Muséum. M. S. W. Grose publie le troisième volume de la magni-fique collection Me. Glean (Asie-Mineure, Asie centrale Egypte, Afrique) (6).
New-York. Le Metropolitan Muséum a acquis (7) de belles monnaies d'or de la
série des Ptolémées (Plolémée II, Ptolémée III, Arsinoé II au K, etc.).Athènes. La plus importante acquisition du Musée Numismatique est constituée
par l'ensemble des pièces provenant de Gorinthe, signalées plus bas parmi lés
trouvailles, et la collection des petits dépôts recueillis à Olynthe, signalés au
paragraphe Macédoine. Parmi les dons, il convient de citer un choix de monnaiesde la collection Papadimitriou et la collection de 3.450 pièces (argent et bronze
de toutes les régions méditerranéennes) rassemblées par le professeur Chris-
tomanos
(8).Stockholm. M. T. G. Appelgren publie le catalogue de la collection, presque
uniquement composée de.monnaies grecques, du Dr Otto Smith (9), a.u Cabinet
royal de numismatique.
Constantinople. M. Kurt Regling publie et commente le trésor découvert à
Prinkipo, en février 1930 (10) déposé aujourd'hui au Musée des antiques de la
pointe du Serai à Istambul, et qui comprend t60 statères d'électrum de Cyzique,4 statères d'or de Lampsaque, 16 de Panticapée et 27 de Philippe de Macédoine.
(t) The British Muséum Quaterly, vol. V, 1930, n° 2.
(2) Numismatic Chronicle, 1930, p. 107-163.
(3) Numismatic Chronicle, 1930, p. 93-106.
(4) J. G. Milne, Egyplian leaden To/tens {Numismatic Chronicle, 1930, p. 300-
315 et pi. XXII). Du même auteur, Die Mttnzsammlung in Konstantinopel.
Kunstwandeier, 1929, p. 248-251.
(5) Numismatic Chronicle, 1908, p. 287-310 ; Ancient Egypt (1915), p. 107-120-î
etc..
(6) Catalogue of the Me. Clean collection of'greek Coins. Vol. III. —Cambridge,1930. In-4°, 132 pi.
(7) The Metropolitan Muséum of Art, 1931, p. 13, 9g.{S)BCH, 1930, p. 454-455.
(9) Or Otto Smilhs Miinzensammlung im Kgl. Milnzkabinelt. Stockholm, 1931.
I»-8°, 32 p., X pi.(10) Kurt Regling, lier griechische Goldschalz von l'rinkipo. (Zeitschrifl fttr
Numismatik, XLJ Band, 1931, p. 1-46 et pi. I-IV).
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102 DAVID LE SUFFLIÎUH
Trouvail les. M. A. Manchet signale (1) une trouvaille faite en 191.S â Pozzo-
maggiore (Sassari, Sardaigne) de 3.000 monnaies puniques de bronze. C'est en
192S, seulement, qu'une partie de la trouvaille a pu être étudiée (2).A Corinthe, les fouilles de l'Ecole américaine ont mis au jour un trcsor.de
SI statères d'or, en parfait état de conservation, dont 41 sont frappés à l'effigie
de Philippe de Macédoine et 10 à celle d'Alexandre le Grand (3).
M. Ed. Newel commente la trouvaille faite à Kiichiik Kohne (4), ancienne Vcri-
nopolis, au début de 1930 et transmise à S. Exe. Aziz Bey, directeur des Anti-
quités à Ankara. Elle comprend 28 monnaies de la seconde moitié du iv« siècle,4 d'Aminés du Pont, 14 de Sinope de Paphlagonie et 10 de Tarse en Gilicie.
Le même auteur publie quelques -additions à sa précédente étude sur la trou-
vaille du Delta (5), suivies de remarques de M. E. S. ti. Itobinson (6).
Une trouvail le de monnaies phéniciennes, faite le 15 août 1930 à Tall AbuHawwain, près d'Haifa, est signalée dans le bulletin du Gouvernement de Pales-
tine (1).
Importante étude de M. T. J. Arne, de Stockholm, sur les trésors de solidi
récemment» découverts en Gotland, à Etelhem et à Akebiick (8), déposés au
Musée historique de Stockholm (Département des Antiquités nationales). Ces
monnaies qui sont surtout des monnaies byzantines, comme dans la plupart;
des trouvailles faites en cette région (la proportion est généralement de 18
contre 1), proviennent-elles des tributs payés par les empereurs de Byzanceaux
barbares? On sait que, dès 424, Théodose H s'obligeait à payer annuellement
25.200 solidi aux Huns. Il y aurait eu deux voies, l'une orientale, l'autre occiden-
tale, d'importation. L'étude de M. T. J . Arne modifie la statistique des trouvailles
telle qu'elle était établie depuis plusieurs années et les conclusions de S. Bolin (9).
M. Holst publie, de son côté, le résultat de trouvailles faites en Norvège (10).
(1) flewue Numismatique, 1931, p. 103.
(2) A. l'aramelli, Notizie degli Scavi, 6e série, t. VI, 1930, p. 105-110.
(3) Alfred R. Bellinger, Acrocorinth. Excavations in I92ti. V. The Coins. (Corinlh,resulls of excavations cond. by the American School... Vol. III, Part. 1.) —
F. J. de Waele, Ein Goldfund malcedonischer Slatere in Alt-Korinlh [Gnomon, 6,
p. 280). — Y. Béquignon, Chronique des fouilles, dans le BC/7, 1930, p. 476. —
Ch. Picard, l'archéologie américaine en Corinthe, dans VAcropole, I, p. 152 161.(4) Edward Newell, The Kiichiik Kohne Hoard (Numismatic Notes and Mono-
graphs, n° 46). —New-York, 1931. ln-16, 33 p., fig. et IV pi.
(5) E. T. Newel, Additions lo the Delta (Benha El-Asl) lloard. {Numismatic
Clironicle, 1931, p. 66-68).
(6) K. S. G. Robinson, Further Notes on the Delta Hoard (Numismatic Chronicle,
1931, p. 68-71).
(7) The Qaaterly of the Department of Anliquilies in Palestine, published forthe governmenl of Palestine, by Humphrey Milford. — Jérusalem, 1931, n» 1.
(8) T. J. Arne, Deux nouvelles découvertes de solidi en Gotland. — Kobenhavn,1931. ln-4", 28 p. fig. (Extrait des Acla archaeologiea).
(9) Fyndenav romerslta
mynti det
friaGermanien. — Lund, 1926.
(10) II. Holst, Numismatica IV. Three unpublished roman and byzantine siluer
coins, fonnd in Norway. (St/mbolae Osloenses, VIII, 1929, 114 p., 119 fig.),
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BULLETIN ARCHÉOLOGIQUE 103,
Ventes. A signaler trois catalogues de ventes importantes (1\
.Métrologie. Un article de M. E. Nowolny (2) et une note de M. H. T. Wade-
Gery (M).Iconographie. Dans la remarquable étude de M. E. Pt'uhl sur l'iconographie de
l'époque hellénistique (4), on constatera l'importance des ressources qui lui ont
été fournies par les documents monétaires.
Animaux. Au sujet des animaux représentés sur des monnaies antiques, on
consultera l'ouvrage général de Mlie Gisela Richter (5) ainsi que les articles, plus
spéciaux, de M. K. Itegling ^6) sur les animaux à fourrure et de M. O. Bern-
hard (7), sur les animaux d'Afrique. Rendant compte de ce dernier ouvrage,
M. A. Blanchet (8) signale quelques omissions regrettables dans la bibliographie
et indique qu'il est possible de trouver dans les textes anciens, serrés de près,
l'occasion de remarques intéressantes, pour le rhinocéros en particulier, ainsi
qu'il se propose de le démontrer incessamment.
Symboles. M. Pli. Lederer (9) identifie sur des monnaies le symbole d'Aphro-
dite Urania (rosette de points), et M. P. V. C. Baur, des symboles et des statues
d'Hadadet d'Atargatis (10).
Na.rbonna.ise. Etudiant les monnaies delà Narbonnaise à inscriptions ibériques,
M. G. F. Hilt (11) se refuse à reconnaître aucune influence de Massalia sur les
monnaies de cette région.
Espagne. M. Antonio Vives y Escudero, de la Real Academia de la Historia, a
publié, sur les monnaies de la péninsule ibérique un important ouvrage (12). La
première partie, qui, seule relève de cette chronique, comprend quatre grande
divisions : 1» les monnaies gréco-hispaniques (Rhoda, Emporia) ; 2° les monnaiesibériques ; 3° les monnaies hispano-carthagipoises (siculo-carthaginoises, afri-
cano-cartliaginoises, hispano-carthaginoises proprement dites) ; 4» les monnaies
hispano-puniques (Gadès, Ebusus).
(1) Sammlung Morilz Simon. — Francfort, Ad. Cahn, 26 novembre 1930. In-4*
120 p., 40 pi.Teil II des herzoglir.h anhallischen Miinzkahinells. — Francfort, Ad. Cahn>
14 octobre 1931. In-4", 114 p., 46 pi.
Sammlung H. Otto. — Lucerne, Ad. Hess. 1er décembre 1931. In-4°, 54 p., 31 pi.(2) Metrologische Nova (Klio, XXIV, p. 247-294).
(3) Allie gold ratios (Numismalic Chronicle, 1930, p. 333-334).(4) Ernst Pfuhl, IconographiscUe Beilrage zur Stilgeschichle der Hellenistischen
Kunst [Jahrbuch des deulschen Archciologischen Instituts, 1930, p. 1-61 etpl. I-IV).
(5) Animais in Greelc sculpture .. — Oxford, 1930. In-8°, 90 p., 66 pi.(6) l'ehtiere auf antiken Mânzen. — Leipzig, 1930. In-8°, 7 p., t ig.
(7) Ueber Tiere Af'rikas auf griechischen und riimisclien Munzen {SchweizerischeNumismalisclie Rundschau. Band, XXV, 1930, p. 5-36 et pi. I-V).
(8) Revue Numismatique, 1931, p. 106-107.
(9) Zeitschrift fur Numism.alik, 1931, p. 47-54, pi. V.
(10) Zeitschrift jilr Numismatik, 1931, p. 55-66 et pi. VI et VII.
(11) Numismalic Notes and Monographs, n" 44. New-York, 1930. In-16,39 p., VI p).
(12) La Moneda llispdnica.—
Madrid, 1926. ln-4°. Première partie : Introduc-tion, cxcvi p. et fascicule I, 74 p. ; fascicule II, 200 p. ; fascicule |II, 135 p. ;fascicule |V, 148 p. Seconde partie, 173 planches,
"#
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lOi*
A. DAVID LE SUFFLEUK
Grande-Grèce. On trouvera dans le volume de M. P. Larizza(l), non seulement
d'intéressantes remarques sur la numismatique de la Grande-Grèce, mais un
tableau général de lasérie des monnaies italo-grecques. M. A. Sambon (2) retrace
à grands traits l 'évolution de l 'art monétaire dans la même région ainsi qu'en
Sicile. M. S. P. Noe poursuit sa description et son classement du monnayage de
Métaponte (3)1 A signaler également un article de M . i. Liegle (4).
Sicile. Mgr G. de Ciccio (5) publie et commente un certain nombre de pièces
rares ouinéditesde la Sicile. On remarquera le didrachme inédit d'ilimera, avec
la légende TTEA04', représentant le héros Pélops conduisant son char, les
chevaux au pas. On sait qu'un certain nombre de tétradrachmes analogues
commémorent la victoire d'Ergolèles d'Himère aux jeux Olympiques (Pindare,
01. XII) dont Pélops est spécialement révéré comme le restaurateur (6). On
remarquera également un tétradrachme inédit piinico-panormitain, un bronzequasi inconnu d'Aluntium, une litra d'Eryx au type d'Aphrodite à la grue et
l'hémidrachme de Syracuse où se lit nettement la signature EYAI, du grand
artiste Evénète.
Des notes prises au cours de ses visites dans différentes collections, principa-
lement au Musée de Palerme, M. Ettore Gabrici (7) extrait un certain nombre de
renseignements sur des monnaies d'Himère, de Morgantina, d'Eryx, d'IIipana, de
Sélinonte,de Panorme, de Molya, de Gela.d'Halaesa, de Gri inissa (tête ùe femme,
personnification d'Ilomonoia). A noter un didrachme d'Agrigenle avec l'inscrip-
tion 'E!;<i)tsaTo; et un tétradrachme de Gatane avec MUTXSXOÇ.
M. Spahr publie deux monnaies sici liennes inédites (8).
Toutes les variétés connues des médaillons de Syracuse qui portent la signa-
ture d'Evénète ou peuvent lui être attribués (42 coins de droit et 24 coins de
revers), sont étudiées par M. Albert Gallatin (9), accompagnées de reproductions
au double de la grandeur. Comparaisons, avec les têtes, oeuvres de Cimon. Nom-
breuses sont les combinaisons des coins de droit avec divers coins de revers. H
est vraisemblable que, pour ces derniers, on a eu parfois recours ù des graveurs
de second ordre. A signaler encore deux articles, l'un sur le palmier nain des
(1) La Magna Grecia. IHcerche sloriche, archéologie lie el nutnismaliclie dalle
origine alla citladinanza romana... — Koina, 1930. ln-4% xv-303 p., fig.
(2) L'art monétaire antique en Grande-Grèce et en Sicile (L'Acropole, n" 2,p. 81-96).
(3) S. P. Noe, The coinage of Melaponlum (Numismalic Notes and Moiiograplts,no 47). — New-York, 1931. ln-16, 134 p., 21 pi. (Suite du n» 32 do la même
collection).
(4) Der bitlende Tarasknabe (Berl. Mûnzbl. XLV, p. 460-471).
(8) Di alcune monete siceliote rare o inédite. — Londres, 1931. ln-8°, 16 p., fig.
(reprinted from the Numismalie Circulai-, 1931).
(6) Head, Hisloria Numorum, 2" éd., p. 14S.
(7) Notes on Sicilian Numismalic (Numismalic Chronicle, 1931, p. 73-90 et
pi. V-VI).
(8)B»llellino del Circolo Numismatico
Napolelano, 1931, janvier-mars.(9) Syracusan dekadrachms of the Evainetos type. — Cambridge, Harvard Unj-
versity Press, 1930. In-4», «3 p., front, et XII pi,
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bULLIîTIN AIICUEOLOGKIUG 40o
monnaies <ie Camarina (I). l'autre sur la frappe de l'argent à Messuna (2) et un
ouvrage publié par MM. F. Gutmann et W. Scliwacher (3), dont il sera rendu
compte ultérieurement.
Athènes. M. Alfred H. Bellinger (4) inventorie deux dépôts, récemment décou-
verts, de monnaies de bronze d'Athènes, l'un de 288, l'autre de 59 pièces. L'au-
teur passe en revue les différents symboles.
M. J. G. Milne (5)consacre à l'étude, si souvent reprise, de la réforme de Solon
un très important travail.
Sparte. M. Fritz Heichelheiin (6) précise deux dates de l 'histoire de Léotycbidas.
Hlacédoine. M. Alfred Mamroth, auquel on doit déjà une étude du monnayage
d'argent de Persée (7), étudie celui de Philippe V de Macédoine (8).
M. David M. Robinson consacre le tome III de la description des fouilles
d'Olynthe (9) aux monnaies découvertes en 1928. Plusieurs petits trésors, autotal 1187 pièces (83 d'argent et 1102 de bronze, d'origines diverses), parmi
lesquelles une quinzaine de types nouveaux, quelques pièces rares et 16 flans
de bronze non frappés (11))'. L'ensemble est antérieur à la destruction d'Olynthe
par Philippe (348 av. J.-C). La collection a été déposée au Musée National
Numismatique d'A thènos.
.M. Hugo Gaebler (11) a fait connaître un nouvel atelier monétaire, celui de
Stagire, en Chalcidique, auquel il attribue plusieurs séries de pièces. Le point de
départ de sa découverte est u ne monnaie entrée au Cabinet de Berlin en 1930 et
qui porte l'inscription ZTAAI. On connaissait depuis 1867 un exemplaire avec
la légende déformée au sujet duquel M. Perdrizet avait déjà (12) prononcé le nomde Stagire.
(1) A. Voigt, Die Zwergpalme auf den Milnzen von Camarina (B. f. Milnz-
freunde, LXIV, p. 553-554).
(2) Hertha Edith Gielow, Die Silberpràgung von Zankle-Messana, SI5-39S av.Clir. (Milleilunt/en des liayerischen Numismalisehen Gesellschaft, XLV1II, 1930).
(3) Die Tetradrachmen-und Didrachmenpràgung von iiimera, 442-409 v. Clir. — Compte rendu par M. G. Lippold dans Gnomon, VI, 1930, p. 396.
(4) Two hoards of All ie bronze coins. — New-York, 1930. In-16, 14 p., 2 pi.(Numismalic Notes and Monographs, n° 42).
(o) The monelary reform of Solon (Journalof
hellenic Sludies, vol. L,part
IL
1930, p. 179 et suiv.).(6) Zwei historische Dalen im I Jahrzent der Penteltonlaelie (Zeitschiifl fiir
Numismatik, XL, 1930, p. 16-24).(7) Zeitschrift fur Numismatik, 1928, p. 1-28 et pi. I-II.
(8) Zeitschrift ftir Numismatik, 1930, p. 277-303 et pi. V.
(9) David M. Robinson, Excavations al Olynlhus. Pari 111. The coins fourni al
Olynlhus in 19Î8. — Baltimore, 1931. ln-4°, xix-129 p., XXVIII pi. (The John
ttopkins (Jniversily Sludies in Archeology, n" 11).(10) Sur cette question, cf. un article de M. Adrien lilanchet dans le ttullelin
international de Numismatique, t. III, 1904, p. 33-35.
(H) Die Milnzen von Slagira. — Berlin, 1930. I'n-4°, 14 p., 1 pi. (Extrait des
Silzungsberichle der preussischnn Akademie der Wis.iensckaflen, Phil. -hisl-Klasse, 1930, XIX, p. 293-304, pi. V).
(J2) lievue Numismatique, 1903, p. 310-314, pi. XV-
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106 DAVID LE SL'FFLECR
fe.
S'-'4''
'
te
Du même auteur, importante étude sur les monnaies fausses de l a M a-
cédoine (1) où M. Gaebler déploie une remarquable perspicacié ; la biblio-
graphie est particulièrement précieuse. Ce nouveau travail ne rendra sansdoute pas moins de services que ceux de Svorqnos sur les faux de Christodoulos
et de M. Hillsur les coins de Becker.
Thra.ce. La trouvaille de Gatchitza (Bulgarie de l'Est), a été signalée dans la
Revue Numismatique de 1922 (2). M. N. A. Mouchiuoff (3) étudie 70 monnaies pro-
venant de cette même trouvaille, qui, distraites par les inventeurs, ont été
acquises depuis par M. Jean Bouroff, de Sofia. Beaucoup de pièces peu connues
de Dionysopolis, OJPSSOS, Tomis, Marcianopolis, Anchialos, Mesembria.
Panlicapée. M. A. G. Golikov publie ( i) une monnaie d'argent inédite.
Asie-Mineure. Dans une conférence reproduite, avec de nombreuses illustra-
tions, par les Archaologischer Anzeiger [S], M. CI. Bosh, étudiant lesmonnaies
de l'Asie-Mineure sous l'empire romain, identifie de nombreuses images cul-
tuelles figurées sur les monnaies (Victoire — Mère des Dieux — Attis — Mithra,
Sabazios, etc.).
Cappadoce. M. A. Syndenhaui poursuit (6) son étude du monnayage de
Césarée (1).
Arménie. M. A. G. Golikov publie (S) une monnaie (chalque de bronze), con-
nue seulement jusqu'ici à deux ou trois exemplaires (9), celle-ci dans un état
de conservation exceptionnel, d'Aristobule, roi de Ghalcis, fait roi de la Petite
Arménie par Néron, en 54, et de sa femme Salomé, fille d'Hérodiade.
Rois de Syrie. Quelques monnaies de b ronze sont publiées dans le British
Muséum Quarlerly (10).
Partîtes. Dans ses Seleucid-Parlhian sludies (11), M. W. W. Tarn a l'occasion
d'étudier des monnaies parthes (pièces avec légendes, KATAZTPATEIA»
MAPTIANH» etc.), et conteste l'existence d'Artaban II, successeur de Mithri-
date II (12),
Notes de M. R. H. Swift (13) sur les drachmes parthes.
(1) Hugo Gaebler, Falscluuigen Makedonisclier Milnzen. — Berlin, 1931. In-4",
23 p., 3 pi. (Extrait des Sitzungsberichte der preussischen Akademie der Wissen-
schafte.n, Phil.-hist. Klasse, 1931).
(2) P, 58-72 et 119-172 ; pi. Mil.(3) Revue Numismatique, 1931, p. 8a-9ii, fig., et pi. 111.
(4) Revue Numismatique, 1931, p. 6-8, fig.
(a) Arch. Anz. [Beiblall zum Jahrbuch der deulsc/ien archaologischen Instituts),
1931, p. 422-4S5, fig.
(6) Numismatic Circulai ', 1931, p. 101 et suiv. fig.
(7) Cf. le Bulletin précédent.
(8) Renue Numismatique, 1931, p. 8-10, fig.
(9) Cf. article de Th. Bein&ch, dans la REA de 1914.
(10) Vol. VI, n» t .
(11) Londres, 1930, 33 p. (Extrait des Pvoceedings of the, British Academy,
vol. XVI).
(12) Cf. note do M. A. Blanchet dans la Revue Numismatique, 1931, p. 2ii8,
(13) Numismatisl, février 1931,
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BULLETIN AliCIJÊOLOGiyUË 107
Le colonel Allotte de La Fuyo publie (l) une monnaie de bronze de Phraatc II,
provenant des fouilles de Suse (campagne de 1927-1928). Le type du revers, iné-
dit, ajoute au panthéon des Parlhes une divinité nouvelle, divinité féminine
grecque (Artémis ?). La pièce fait partie d'un monnayage arsacide hellénistique,
inauguré par Mithridate I"1
qui, « comme suite de l'alliance de sa fille Uodogune
avec le Séleucide Uéiuétrius II, s'intitule sur ses monnaies OIAEAAHNOZ
et y fait figurer Héraclès et Zeus ».
Egypte. M. Walther Giesecke (2) complète, à l'aide de travaux récents et d'une
consciencieuse étude personnelle, l 'ouvrage de Svoronos dont il rectifie souvent
les classements. Sur le rapport de l'or à l'argent, l'article de Théodore Rei_
nach (3) paraît n'avoir pas été connu de l 'auteur en temps utile.
Observations de M. II. Ilolst (4) sur quelques monnaies ptoléinaïques de la
collection de l'Université d'Oslo.
Notes de M. G. F. Hill (S) sur les monnaies d'Alexandrie et des Ptolémées
trouvées en Angleterre.
Empire byzantin. La maison Gustav Fock, de Leipzig, reproduit, par procédé
photomécanique, la classique Description générale des monnaies byzantines dé
i. Sabatier, toujours utile à consulter, comme l'ouvrage de Cohen sur les mon-
naies de l'empire romain, également reproduit dans ces derniers temps parlesmêmes procédés.
M. Hugh Goodacre réédite (6), en deux fascicules, ses articles du Numismatic
Circulai- (7) qui forment un manuel pratique pour l'étude du monnayage byzan-tin. Indique la valeur marchande.
Remarques de M. N. Baut'r (8) sur la numismatique duvu« siècle.
A propos d'un mémoire de M. Martroye (9) sur la monnaie d'or et les paie-ments dans les caisses publiques à l'époque conatantinienne, M. A. Dieudonné(lO)
expose d'intéressantes hypothèses sur les recouvrements d'impôts, en monnaies
et en lingots, jusque sous Justinien.
Poids. Groupant, avec ceux de l 'ancien fonds du Cabinet de France, les poidsdu Bas-Empire et byzantins provenant des legs Schluiuberger et Froehner, le
(1) llevue Numismatique, 1931, p. 1-3, fig.
(2) Das Ptolemaergeld ; eine Entwickhtngsgescliichte des ugyplisehen Miinzwe-sens un ter Beriicksiclitigung der Verhallnisse von Kyrcne.
-Leipzig-Berlin, in-4°,
v-98 p.. 4 pi.(3) fifc'G, t. XL1, 1928, p. 121.
(4) Hymbolae 6sloenses,t. VI, 1928, p. 69-76 (en anglais).(5) Numismatic Chronicle, 1930, p. 335-338.
(6) A Handbook of the Coinage of Ihe byzantine Empire, l'art I. Areadius to
Uonlius ; l'art II. Anastasius lo Michael VI. — Londres, 1928-1931. ln-8», 57 p.,et 241 p., fig.
(7) 1928-1931.
(8) Frankfurliir Milnizeilung, mars 1931.
(9) Société des Antiquaires de France. Mémoires et Disserla/iotis, 8e série, t. VII,1928.
(10) Hevue Numismatique, I93J, p. 101-103,
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108 ' A. DAVID LE SUFFLKUR
même auteur (1) montre que la collection nationale possède désormais toute
l'échelle pondérale depuis la livre de 12 onces, 72 sous (327 gr. 45, poids théo-
rique), jusqu'au 1/144" de livre, douzième d'once, 1/2 sou (2 gr. 77, poids théo-
rique). Donne seulement les poids avec notation en langue grecque.
VI. — GLYPTIQUE. ORFKVHKKIE. VEHREBIE.
Cabinet des Médailles à Paris. Le Département des Médailles et Antiques de la
Bibliothèque Nationale a publié (2) un guide du visiteur à l'exposition permanente
des pierres gravées où les principaux camées et intailles de l a collection sontassez heureusement reproduits, accompagnés de notices souvent développées.
Metropolitan Muséum of Art à New-York. Mlle Gisela Richter publie et com-
mente dans le bulletin du musée (3) une calcédoine de beau style, représentant
un archer, le genou en terre, qui provient de la collection Southesk. Le même
auteur signale également l 'acquisition par le même musée de bijoux étrusques,
et M . J.-J. Rorimer celle de bijoux byzantins.
Musée de l'Ermitage à Leningrad. Etudiant, après tant d'autres, le bracelet du
roi de Kul-Oba, M. A. Manzewitsch (4) lui assigne, comme date, en On de compte
la plus vraisemblable, le second quart du v" siècle.
Musée de l 'Université à Ti/lis. Publiant un camée antique, enchâssé dans une
icône géorgienne, M. Amiranachvili (5) le rapproche d'une figure de l'intérieur
de la tasse Farnèse, interprétée par Furtwaeugler (6) comme « Euthénie, déesse
de la pluie et de l'inondation, amie ou épouse du Nil, dont l'effigie, sur les mon-
naies, s'assimile à celle d'isis ». OEuvre alexandrine du milieu du m* siècle, le
camée de Tiflis s'insère dans une série de monuments de la glyptique antique
indiqués dans l'article, notamment la Bérénice I et l'Arsinoé 11 de la collection
Tyskievicz et la Philistis (?) de la collection Story Maskelyne.
La bosselle de bouclier d'Herpaly. Etude de M. Nandor Fettich (7) sur un umbo
'listorié. L'art.scythico-sarmatique a déjà fourni des objets analogues dont, au
surplus, ou retrouve les modèles dans l 'art ionien.
Collection Edmond de Rothschild. Le beau volume consacré par M. P. Wuilleu-niier au « Trésor de Tarente » (S) a été analysé par M. Ch. Picard (9).
(1) Revue Numismatique, 1931, p. 11-22 et pi. 1 et II.
(2) Bibliothèque Nationale... Les Pierres gravées. Guide du visiteur. Paris, 1930.
ln-12, xi-135 p.,32 pi.
(3) 1931, p. 267-268, Qg. 256.
(4) Archàologischer Anzeiger, 1931, I, p. 106-116, hg.
(5) Rev. arc'h., 1931, I, p. 41-46, pi. I e t 11.
(6) Anlike Gemmen, t. II, p. 255 et pi. LX.
(7) Ar.la archaeologica. — Copenhague, 1, 1930, p. 221-262, flg. et 10 pi.(8) Paris, 1930. In-fol., xn-l46 p., 16 pi.
(9) RA, 193, 1, p. 356. On ne peut, ici, que renvoyer à cette excellente analyse,
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bULLEfiN ARCHÉOLOGIQUE 109-
Calice d'Anlioche. Le P. de Jerphanion (1) apparente le célèbre momunent de
la collection Kouchakji à des oeuvres byzantines du vi" s., et M. S. Reinaeh remet
au point (2) quelques articles inspirés par un souci excessif de publicité.
Fouilles. Le beau bijou minoen découvert à Mallia et publié par M. Demar-
gne (3) a été déjà décrit dans la première partie du présent bulletin.
Les fouilles de l'École américaine à Gorinthe ont mis au jour un collier d'or,
déposé au Musée National d'Athènes, reproduit, avec un bref commentaire dans
les Archâologischer Anzeiger (4) et signalé également par M. Y. Béquignon (5)(collier « qui const itue sans contredit l'un des plus beaux bijoux de l'orfèvrerie
grecque ».
Les fouilles de Dura-Europos ont livré un certain nombre de bijoux, anneaux,
fibule, bracelets et pendants d'oreilles d'argent (G).
M. J. Welkow, de Sofia, a entretenu la Société archéologique de Berlin de latrouvaille funéraire de Maltepe (1) où se remarque, entre autres choses, un inté-
ressant pectoral d'argent.
Dans la région de Duvanlii à 23 km. au nord de Plvodiv (Bulgarie méridionale\
nùletuinulus de Kukuva-Mogila avait éfé précédemment exploré (8) par les soins
de l'Institut archéologique bulgare, deux autres fouilles ont été, en 1929 et 1930,
exécutées dans le tumulus de Baschova-Mogila et dans celui de Muschovitza-
Mogila. Un rapport provisoire sur ces fouilles a été publié par MM. Bogdan Filow
et Ivan Welkow (9), conservateur des Antiques au Musée National de Sofia. Les
deux tombes, l'une d'un homme, l'autre d'une femme, ont livré quelques chefs-
d'oeuvre de l'orfèvreriegrecque
datant de la fin du vr* au début du ivsiècle,
et
des objets de travail indigène. L'ensemble n'est pas sans présenter des analogies
nombreuses avec les r iches tombes du Bosphore Cimmérien. Parmi les monu-
ments exhumés à, Muschovitza-Mogila, signalons un pectoral d'or estampé,
des fibules et joyaux d'or à chaînettes, des colliers, anneaux et pendants d'oreilles
d'or, des coupes d'argent, des miroirs, terres-cuites, verreries, de menus objets
d'or, d'ivoire, d'agate, etc.. Le tumulus de Baschova-Mogila a livré un pectorald'or estampé, représentant un lion, de style thraco-scythique, des vases d'argent,des objets de bronze, etc.. La pièce capitale est une coupe à omphalos, en
(1) Dans son
ouvrage,La voix des monuments,
Paris,1930. ln-40, 330
p., f ig.et
63 pi.
(2) Dans la liev. arch., 1931, 1, p. 305.
(8) BCH, 1930, p. 404-421, pi. XVIII et XIX.
(4) 1930, p. 108.
(5) BCH, 1930, p. 476.
(6) The Excavations al Dura-Europos conducted by Yale Universily and ihe
Vrench Academy of I. and L. Preliminary Report of Second Season of Work,october 19ïS-april 1929,edited by P. V. C. Bauer, ,..and M. I. Roslovlzeff'... —
Londres, 1931. In-4", xix-225 p.,LUI pi.(7) Archàologischer Anzeiger, 1931, p. 418-422, fig.(8) Sur ces fouilles, voir le Bulletin de l'Institut archéologique bulgare, t. III,
1925, p. Ul-130 et t. IV, 1926-1927, p. 27-60.(9) Jahrbucli der deutschen archiiologischen Instituts, 1930, p. 281-322 et
pl. VI1I-XI.
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w.V: wê ,o.
iiO A. DAVID LE éUFtiiËUK
argent, avec anses, représentant une course de chars d'un style très voisin du
Parthénonclingénieusement rapprochée,
dans le commentairequi
en estdonné,
de l'amphore de Pélopsà Arezzo. Cette coupe porte, gravée, l'inscription AAAA"
AEME, nom du chef thrace enseveli et non pas de l'artiste.(1). Un vase et un
rhyton d'argent terminé par une tête de cheval, une remarquable coupe éga-
lement d'argent, où se trouve gravée une Sélénè à cheval, portent la même
inscription.
Généralités. A signaler deux articles, l'un de M. Th. Wolf (2) et l 'autre de
M. R. Zahn (3).
M. A. Atfôldi a présenté un très intéressant groupement de documents dans
la conférence faite par lui, le 12 mai 1931, à la Société archéologique, de Berlin et
dont on trouvera un résumé dans les Archàologisc/ier Anzeiger (4).
Art byzantin. On trouvera dans le catalogue (5) de la magnifique exposilion
d'art byzantin qui a eu lieu à Paris, du 28 mai au 9 juillet 1931, une liste, avec
indications forcément réduites, des 7.800 objets exposés, parmi lesquels quelques-
uns des chefs-d'oeuvre de la glyptique et de l'orfèvrerie byzantines (camée d'Ilo-
norins et Marie, camée de Nicéphore Botoniate, calice d'Antioche, etc.).
A propos du camée d'Honorius et Marie, publié pour la première fois par
M. Salomon Reinaeh. dans la Gazelle des Beaux-Arts de 1926, le même auteur
cite (6) quelques lignes d'Eug. Miintz dans VAlhénaeum du 13 février 1892, rela-
tives à son origine ci à la date de son transfert en l'rance.
Ambre. A signaler un travail de M. Crivelli ("!) sur l 'ambre et l 'electrum chez
les anciens.Verrerie. Il convient de citer avec éloge le savant ouvrage de Mlle M. L.
Trowbridge (8), étude sur le verre dans l'antiquité, d'après les sources écrites
exclusivement (9).A. DAVID I.E SI.WI.KUR.
(d) Voir : llev. arcli., 1931, 1, p, 321. s
(2) Gold und Goldschmuclc im Allerlum (Welt und Wissen, XVIII, p. 178-186).
(3) Hellenislischer Goldsch.mii.sck {Antike De?iltmuler, p. 69-80 et pi. 42).
(4) 1931, p. 394-418, flg.
(5) Exposition d'art byzantin. — Paris, 1931, in-8#, 187 p. et 23 pi.
(6)Ret>. arch., 1931, 1, p. 331.
\"l) Hisloria, II, p. 634-665.
(8) l'hilological Sludies in Ancienl Glass (Univ. of Illinois Studies in Languageand littérature, XIII, 3-4). — Urbana, 1930. ln-8», 206 p.
(9) 0. II. par M. A. Blanchet dans le Journal des Savants, 1930, p. 180.
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rT^^-^^^*^^3&W
REMARQUES SUR L'EMPLOI DES FORMULES
DANS LE PREMIER CHANT DE L'ILIADE
i
M. Milman Parry (1) a montré que le style homérique esi
constitué de formules métriques définies situées à des placesfixes du vers. Chacune exprime une nolion essentielle et peutêtre
répétéeun nombre indéfini de fois. Il
existe,chez
Homère,des séries de formules contenant les mêmes parties du discours
et ayant une même valeur métrique. Pour indiquer qu'un
personnage répond à un autre, les aèdes disposent d'un certain
nombre de groupes métriques.
/ TcoXtiTÀ»?Sïoç 'OSuorcûçl 7to8apxïï<; Stoç 'AytÀXeûç
|8' YijAsîSsx'STOITOC1 fJowm? irÔTVia "rlpyj
! rep'/jvwç i.itTC?a NÉTTwpV 9sà yXoaixwiuç 'AÔïivï|
Pour toute une série de vers, par exemple, le nom propre crée,avec l'aide de quelque mot épithétique, une formule qui rem-
plit exactement la portion du vers comprise entre la césure
féminine et la fin. Le choix d'une épithète qui qualifie un per-
sonnage dépend donc de la structure métrique du nom propreet de sa place dans le vers. Qu'il suffise de renvoyer à l'étude
(1) Voir Milman Parry, l.'épithète traditionnelle dans Homère,, — Les formuleset lamétrique d'Homère. Paris, Les Belles-Lettres, 1928.
KBG, XLV, 1932, n« 210-211. !)
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^*£WF~îf^^^«^fïfA^
122 PIERRE CHAiNTllAINE
systématique de M. Milman Parry qui, pour le cas particulière-
ment favorable du groupe nom-épilhôte, offre une analyse com-plète et rigoureuse des formules. La doctrine de M. Milman
Parry peut paraître un peu rigide; il a insiste sur ce que la
phraséologie homérique comporte de traditionnel et même de
mécanique. Il n'est pas sans intérêt, par un procès inverse et
complémentaire, de considérer les formules, non plus détachées
de leur contexte, mais à l'intérieur d'un passage donné. On
observe vile la souplesse du système et sa variété. Une telle
étude conduit à mieuxcomprendre
lesprocédés
dustyle
homé-
rique.— Nous ferons notre enquête sur le chant A de VIliade.
Le matériel peut être aisément rassemblé à l'aide de la Concor-
dance de Prendergast, des éditions Christ et Van Leeuwen qui
indiquent les vers répétés.On remarque d'abord un premier type de formules : celles
qui s'élendentsur un vers entier ou sur un groupe de vers. Ces
vers répétés ont mis à l'épreuve la sagacité des homérisanls,
et cela dèsl'antiquité. Lorsque
des vers d'unpassage
sont
repris dans un autre où ils semblent moins bien convenir,
Aristarque les alhétise volontiers. Aujourd'hui un vers répété
a souvent été suspecté ou condamné : des condamnations qui
ont été proposées, toutes ne sont pas absurdes. Mais le texte
homérique étant formulaire, la répétition d'un vers ne consti-
tue pas, à elle seule, une preuve décisive de son inauthenticité.
Il faut se demander en outre s'il convient dans un passage
donné, et comment il est attesté.
Soit le vers A 26o 07)aia x' Alfcior^ ÎTUSJXSXOViftavitoiTi.
Le fait qu'on le retrouve chez le Pseudo-Hésiode, Bouclier,
182, n'entraîne pas nécessairement qu'il doive être considéré ici
'reLcomme une addition tardive. Mais il est omis par la majeure
partie de la tradition, en particulier par le Venelus A, par le
papyrus Rylands 43, par le papyrus Oxyrhynchus S37 et par
le papyrus Columbia Inv. 472 ; on notera qu'il est donné par
deux cilateurs, Dion Chrysostome, LV1I, 1 et Pausanias, X, 29,
10. On peut suspecter le vers d'être une interpolation tardive.
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L'EMPLOI DES FORMULES DANS LL- PREMIER CHANT DK L'ILIADB 123
De même 'le vers 464 a tntXàyyva 5' àp àjjiiîÊ'lpavTeî uTteîpeyov
'H.paia-oi.0 ne convient pas dans le contexte où il est inséré. Ilreproduit le vers B 426 qui, lui, se trouve à sa place dans un
passage qui décrit également et dans des termes semblables un
sacrifice. D'autre part A 464 a manque dans les meilleurgmanuscrits et dans trois papyrus. C'est une insertion tardive
dépourvue d'aulorité.
Signalons enfin Invariante offerte par le papyrus Vilelli pourles vers 484-486, qui reproduit presque exactement les vers
505-507 de l'Hymne à Apollon (voir surtout sur ce passageBolling, External Evidence.., 63-65). Ici encore nous avons
affaire à une altéralion sans autorité qui provient d'une édition
vulgaire.Tous les autres vers répétés remontent très haut et doivent
être considérés comme probablement authentiques, c'est-à-dire
antérieurs en tout cas à la recension dite de Pisistrate.
Certains vers répétés sont constitués de formules d'un type
particulièrement banal. Par exemple, l'auteur de YIliade, pour
indiquer qu'un personnage prend la parole, dispose de vers
vidés de toute valeur expressive et qui jouent dans le dévelop-
pement le rôle de simples chevilles. Ils se retrouvent dans
YIliade h un nombre indéfini d'exemplaires. •
A 58 = ï 85 etc. TOWI 8' àvi.s"râ|JL£voç p.£~éecvj TtôSa.; wxù;
'AyiXAeti;.A 68 = 101 etc. •?, TOI S y' <5; eiitùv xat' âp SÇÊTOiol<ti S'
àviarr/j.A 73 = 233 etc. S awi su oepovéwv àyop^aaio v.iX [AeTsevnev.A 84 = 215 etc. TOV ô1 aTtopt.st.eofji.evocTîooTsVr, TOSK; ùxù;
'AyiUeti;A 121 = S 181 TÔv-ruxeiëst'l'itfi-a Ttob'àpx-riç8ïo;'Ay^iXXeû;.
(Cf. encore 148, 172, 201, 206, 285, 361, 511).
Des formules d'un typé différent énoncent le nom et le titred'un personnage.
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^,,^^ff~ff'y>- .fi^ffWris-'^ëif' ' ^^ï^^'^^'^ï^^ 'ï^Wt- •<"^^ï'"ï"r:'&>»-c<."':M^ -.»v?.:«-wT?5W^*:-t!'
124 PIEItllti CHANTRAINË
A 102 = H 322 etc. -ripa); 'ATpeiôviç sùpù xpstwv 'Ayapi£|Avov.
A 538 = 556 àpyupôireÇa QÉTIÎ Ouyàx^p aAîo'.o yépovTOç.D'autres vers répétés, de types divers, comportent un carac-
tère aussi banal :
A 193 = A 411 etc. eioç o Taû6' wpp.ouve xonrà. tppeva'xoà xatà
OUJJLOV.
ou encore :
A 297 = A 39 etc. aXAo Se TOI. èpéco TÙ S' èvl copeal [ïà~AAeo
Ces formules banales sont les plus faciles à repérer immé-diatement; elles constituent comme les chevilles visibles du
récit et en font ressortir la charpente. Elles n'expriment que
des idées simples : ce sont les plus facilement interchangea-
bles et elles n'appellent pas une étude approfondie.
Un autre procédé typique du style homérique consiste, lorsquel'on rapporte dans une conversation des événements déjàracontés ou les paroles d'un tiers, à reprendre purement et
simplement les vers déjà employés en y introduisant, s'il le
faut, une légère modification.
Soit les vers 13-16 XUTÔJJI.SVÔ;TE Oûyazpa tpépwv T' àicspeiït,' àitoiv,*
TTéjJLj/.aT'e^cov ÏV yepffî sxv|ëôXoi> 'ATtôXXwvoç.
Il se retrouvent textuellement v. 372-375 lorsqu'Achille
raconte à sa mère les événements survenus dans le camp desAchéens. De même 22-25 sont répétés en 376-379. Par un pro-
cédé comparable 195-196 sont repris, avec une très légère
modification d'ailleurs nécessaire, en 208-209 dans les paroles
adressées par Athéné à Achille. — Thélis, en s'adressant à
Zeus, reprend en partie les propres termes de son fils 507 =
356.
La répétition des mêmes formules est largement utilisée à
l'intérieur du chant. En 37-38 Chrysès invoque Apollon ayantde maudire les Achéens :
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L'EMPLOI DES FOltMULBS DANS LE PKEMIER CHANT DE L'iLIADE 125
KXûQî a£u àpyupôto?' o; Xpiia-Yjv à.u.<oi.6é6fly.on.ç
KiXXàv xe ÇaOéviV, TsvéSo'.o xs loei àvà(77î!.^
Ea 451-452 le prêtre répète les deux mômes vers, lorsqu'il va
demander à Apollon d'écarter la peste dos Achéens. Une légère
modification de l'orme (changement de personne, passage de
l'expression affirmative à l'expression négative etc.) n'empêche
pas le rappel de rester sensible. En A 65 Achille Redemande ce
qui a causé la colère d'Apollon :
si xap ô y' £Ùya>~kr\q smu.iy.vsTO.1. 7)5' èy.a-ôtJiëv|Ç
En A 93 la réponse négative de Calchas est calquée sur laquestion posée par Achille:
oïl TOCOo y' eù- uXïjç STUjASfjioeeTat, ouo' £xaxô|Jt.ë7K
Il arrive aussi que, l'allusion au passage précédent restant
partout sensible, des modifications profondes soient introduites
dans le groupe de vers. Le cadre formulaire peut alors se briser.
— En A 141-144, Agamemnon ordonne de renvoyer Chryséis
à son père :
141 vûv S' àye v/ja [AêXawav spiiT<jojj.ev si; aXa 8ïav cf. 6 34 TT348
è; S' èpéxaç £7UT/|5é? àyêipou-sv, s; o' éjtaT.ô[Jiër,v cf. n 349 A 309
Geïojxev, av S' aiir^v Xpuanr|i.3a xaXÀiTcàp^ov
^TO[Jiev. Eîç 8é TIÇ àp%oî àv/>p j3ouX7)(pôpoçSTXU>.
Les vers 308-311 décrivent le départ de l'ambassade, dans
des termes bien différents, qui rappellent pourtant A 141-444 :
308 'AxpsîSviç S' a.py. v/Ja 9OY|VaXaSs 7tpoépuT<jev,
sç S' spéxaç È'y.p'.vEvÈEIXOTIV, e; 8' éxaxô[jië7]v
pvîere 6Ê<J>àvà ôè Xpuw/iiSa xaXXiTcàpipovSITSV àywv
• èv o' àp^_oç e6rj ITOXÛJAYITIÇ'OSUTUEÙ;.
Le vers 308 rappelle seulement 141 (on notera que «pospuo-a-ev
comporte un digamma, tandis qu'en 141 spô<r<rofjLevn'en a pas) ;
309 présente assez exactement la structure de 142 ; en 310 le
début du vers diffère de 143 ; mais le mouvement reste le
même et les deux hémistiches finaux sont identiques; enfin
311, pour le mouvement, rappelle 144, mais dans le détail les
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126 PIEI'.RE CHANTKAINE
deux vers diffèrent. Le vers 311 se termine par la formule
fréquente TÏO/Û^T1.; 'OSUJTSÛ?; le mot àpyoç, qui est essentiel,
se trouve dans les deux vers au trochée troisième.
Ces répétitions à l'intérieur d'un même chant mises à part,le texte est tissé de formules qui se retrouvent un peu partoutdans Y Iliade et dans Y Odyssée. Pour décrire un repas, un
sacrifice, etc., des groupes de vers formulaires sont utilisés en
des passages divers de YIliade. Un exemple suffit à donnerune idée du procédé. Soit les vers A 438-466 :
458 aù-àp ÈTCÎÎ p' îu^avTO xal o'j\oyJj-:a; TrpoëiXovro
auspUTXv p.sv TrpeÔTa.xal scriaÇav xal sôsipav
jj.Y,pO'j; ?' sÇiTajjiov xa-râ Tî xvîarç èxaXu'iiav
SinTuya noi^?av?£;, sn' ayTàiv S' wjAoQixyiTavxxîs o' èrcl «yiÇ/;; 6 yipaiv, £-1 o' a£f)oita oivov
Xsl6s • véo'. os ïtap' aù-èv eyov itEp.TtûêoXa ^soeâv.
Aù~àp ÎTÎSI xa?à [ATip' èxàvVxal <j7rXàyyv' STtàcavTO
U.;.<7T'JXX&VT' àpa xàXXa xal àjU-'f' oëeXowiv STU'.pav,
WTtT/i<xàv T» TrîotoesaSswç, EQ'jaaVTOTî TtàvTa.
Le passage est constitué avec des éléments dont aucun ne
lui est propre, mais qui sont impliqués dans des assemblagesdivers de Ylliade et de Y Odyssée :
458-461 = B 121-421; — d'autre part 458 se lit en y 447; —
458 a et 459 b constituent un seul vers en a 359 :
aùxàp STCEIp' eôijavTO | xal STCpa^av xal soeipav
460-461 = jt 360-361.
D'autre part 460 6-465 = y 457 6-462 ; —en môme temps
464 469 — B 427-432 ; dans ce long développement 464-465
=[x 364-365 ; et avec une légère variante 465 se trouve en
? 75 :
E'JTJ TS jUOTllXXsV
TS Xalà[A»' oêîAO'.TW STO19SV
Enfin le couple 465-466 = \ 430-431 ; — 466 --= B 318 0 624.
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L'EMPLOI DES FORMULES DANS LE PREMIER CHANT DE L'ILIADE 127
L'expérience pourrait être poursuivie sur les vers suivants.
Mais il apparaît déjà que pour décrire un sacrifice, par exem-
ple, l'auteur du poème dispose d'un certain nombre de for-
mules, disposées en chaque passage suivant des combinaisons
différentes, qui se chevauchent les unes les autres sans être
jamais identiques. Même pour un motif aussi banal que cette
description de sacrifice, on observe un jeu de formules tradi-
tionnelles, non une répétition mécanique.
Hors du cas particulièrement favorable de cette description,le chant A offre un nombre très grand de formules tradition-
nelles. Elles présentent une grande souplesse : c'est que l'unité
avec laquelle opère le poète n'est pas le vers, mais l'hémistiche
déterminé par une des coupes usuelles de l'hexamètre dacty-
liquc : césures penthémimère, ou trochée troisième, hephthé-
mimère, coupe bucolique.Voici des exemples de ces diverses combinaisons :
Coupa penthémimère : A 25 kWa. xaxwç a»Ui | xoa-epèv S*
Le second hémistiche, à partir de la coupe penthémimère se
retrouve en A 326 et en II 199.
Trochée troisième : A 36 'ATIOW.WV. àvaxT'. | rôv ï|ûxo|j.oc TSXE
Ar)T(J>.
L'hémistiche qui suit la césure du troisième trochée se
retrouve en ï 413 À. 318 ; le premier élément n'est attesté tel
quel en aucun autre passage.
Hephthémimère : A 33 MÇ s'aa-.' 188s IKV 8' 6 yspwv | xal s<tei-
Le vers se lit également en 0 571 ; 33 a jusqu'à la césure
hephthémimère répond à ft 689 :
wç sisxï' s'SSeKTEV8' 6 vépwv | xr^cuxa S' àvlanr)-
Quant au groupe final, il ne se retrouve exactement nulle
part ; mais on relève des formules comparables, à un délail
près :
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128 PIERRE CHANTRA1NË
A 273 = o 177 TîsiQovTÔxs jjuiQw (à la césure hepthémi-
mère); —et encore A 565 = A 412 k^S» ô' ÈTT'.TOÏ'IQSO[AÛ9<II(à la
césure du trochée troisième). On aperçoit la souplesse du pro-
cédé-
Coupe bucolique : A 570 wy^o-av 8' àvà Swp.a Aw; 9eol | Oùpa-
vtcovsç.
La première partie se retrouve en 0 101 :
w y 9 Y)<7a v 3' àvà 3 M u.a A i à ç & £ o î "r\ Se vs Aaffffe
D'autre part le groupe Oeoi Oùpavtwvïç constitue à la coupe
hephthémimère une fin de vers formulaire, voir P 195, ii 612.
Enfin Oùpavîove; se trouve seul en U 547, et le génitif Oùpavtw-vwv en E 373, E 898, * 275, <!' 509. Le vers A 33 se compose
d'éléments variables qui s'articulent à la césure hephthémi-
mère et à la coupe bucolique.
Signalons encore la structure de A 176.
lyOtixo; 8é [W. so-ffi | SwTpsoeécov âao-ù^wv
Le second hémistiche se retrouve en plusieurs autres pas-
sages :
B 98 uyôiax' àxoÛTeiKv oè S lo'ïp e » é w v ^afflX^wvB 196 9utjiôç 8s j/iyaç èa-xi Sioxpetséwv patxiAvîwv etc.
La première partie se lit en E 890 où il s'agit de dieux :
s*y£81 TT o Î 8 s
jjioî SJÎI Oewv ot "0).ULH.TCOV s'y OUT'.V.
Cette ressemblance entraîne la correspondance E 891 =
A 177.où?', vâp XO'. sp'.ç xe CS'IÀYI TO&EJJIOV xe p.àyai xs
Le vers convient moins bien en A 177 qu'en E 891. Il a étéathétisé en cette place par Arislarque.
Mais, nous l'avons déjà entrevu, pour s'adapter à des con-
textes différents, les formules peuvent se modifier plus ou moins
profondément. Il va de soi, par exemple, que le poète choisit
des formes grammaticales équivalentes suivant les nécessités
métriques,
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L'EMPLOI DES FORMULESDANS LE PREMIER CHANT DE L'ILIADE 129
A 36 'AïrôXXam àvaxTi ~èv /JUXOJAOÇ xéxe Ay^ù
Mais T il 3 àXXà Oewv «ptoroç Bv r\ ù xo [JLoç T é xe AY; T W.
D'autres modifications concernent le sens même de la for-mule. Passage d'une personne à une autre :
A 28 jJi'/î v û ~o t où y pa tapnri c-x' Trrpoy xal <rré[Jt.|jia9eolo
Le premier hémistiche, adapté, se lit on A 866 :
[* 7\ v û TOt ou ypaUjiWT'.v, ocot ôeol e'w' £V 'OXûpntw
La soconde moitié de A 566 est impliquée dans un autre con-
texte en E 877, 0 451.
Autre exemple, dans deux vers qui se répondent en deuxpassages du chant :
A 137 et Se xe jjtr, Scous-tv, eyw 8é xev auxoç eXcopiat
En A 324, lorsqu'Agamemnon donne ses ordres aux hérauts,on lit :
€t Se xe [/T) Sw^atv, ey.ù SE xev aùtè^ é'Àw[j.at
Avec l'alternance entre le mode indicatif et le subjonctif :
A 559 Ttpv/ja-etç oXéetç Se noXéa; eut V7)uaîv 'Avatwv
Le subjonctif en B 4 :
Tt|i.7}<TifloXèVfl Se rcoXéa; sitl v/juslv 'Ayjxtûv
De même l'imparfait et l'impératif, avec un préverbe diffé-
rent.'En A 407 Achille demande à sa mère d'aller trouver
Zcus :TWV vuv jjttv [xv/îo-ao-a -ncf.pé Ce o xal Xaëè yoùvuv
En A 500 Thétis va trouver Zeus :
xat pa TtàpotO' auToto xaOlÇeto xal Xàëe yoôvwv
La première partie du vers, jusqu'à la ponctuation buco-
lique se lit en A 360, lorsque Thétis console son fils :
xat parcàpoiG' aùiroto xaGéÇexo oàxpu ^êovTOç
Enfin en A 557 Héra reproche à Zeus son entrevue avec
Thétis :
7jepî/| yàp dot ye TtapéÇe-ro xatXàêe yoûvwv
L'adjectif fjeptri se trouve volontiers en tête du vers, cf. A497.
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130 P1EIIRK CHANTItAINE
Le changement d'une particule ou d'une préposition peut
égalementmodifier
profondémentle sens d'une formule. Nous
avons déjà signalé p. 125 comment A 93 répond exactement à
A 6§. Le procédé permet d'adapter un vers à un contexte tout
différent :
A 339 ^poç ~£ Gîôiv itaxàpciiv Ttpô^ TS 9V7,TC5Vàv9p<ôraov
En t, 521 le vers présente une structure rigoureusement com-
parable :ouïe 9s<ôv uaxàowv ours QVT.TWVàv9ac!)Tcuv
Il faut surtout étudier certains ensembles complexes où le
jeu des formules se montre dans toute sa liberté :
Pour dire qu'un ou plusieurs personnages marchent le long
de la mer, Homère dispose de plusieurs expressions qui se l'ont
écho :
A 34 fif, 3' àxéwv itxpà 9r.va noXu'JAow-6oi.o 9aAdf7<r/|;
En I 182 le vers est transposé au duel : .
zù> OÊ p7.Tr,v Ttapà 9wa •ÏÎOAU»XO'IT6OU>GaXàïST);
La fin de vers 7ioA'jsAo£<rêoi,o OxXaTjri; est traditionnelle (v. H
209, Z 347, N 798, v 85. Des groupements qui rappellent de
très près A 34 se lisent en deux passages :
v 220 ép7tiiÇ«v ira oà Oïva iro Xu coXoia-êo *.o QaXào,a,ïiç
M1" 59 Il7|AsîSïiç 8' ÎTÏI 6ivl îtoXuoeAoiffSio QaXàTaïi<;
En T40 le mouvement est comparable à celui de A 34, mais,
bien que certains détails concordent, les formules sont autre-
ment disposées :
A'jTap o j3vj Ttapà 9wa 8aXàT<77|ç 8ïo; 'AyiXXsûç
avec une variante ...uapà 8ïva ïioSipxr.ç Sïo; 'Ayj.XXsû?. Le groupe
initial {3T>8' de A 34 est fréquent, cf. A 44 etc.
A 59-60 'ATOSWYI VJV au.|jL£ TtâÀàv TiXay^JîVTa; oio
à<l àïiovOTT7)<rît,v, si,' xsv Oàvaxév ye <pôvo<.u.sv
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L'EMPLOI DES FORMULES DANS LE PREMIER CHANT DE L'ILIADE 131
Kn v 3-6 de Y Odyssée le passage est adapté à un contexte
différent :
...û>i/so£»s;, T(î> a-1 ouTiîcàXiv TÎ X ayyOI v xa y' oîto
ai à.Tz o voffTV] 5 E I v, si xal uàXa itoXXà TtsïtovQaç
Dans ce cas il est possible que le texte de VOdyssée ait été
inspiré de celui de Y Iliade. Noter le y' qui évite l'hiatus au
dernier vers.*
En A 44 le départ d'Apollon est a insi décrit :
[3ïi oï xax' OjXûunoio y.apY;vwv ywôiAgvo; x?lp
La combinaison évoque un vers plusieurs fois attesté pourdécrire le départ d'une déesse :
R 167 = à 74, H 19, X 187, Q 121 ; a 102, u 488 ^ SE V.V.~
OùÀû [ATÏO (.0 xapY)wov àiÇaT».
C'est h partir de la ponctuation bucolique que le vers passe-
partoul a été modifié. Mais les deux derniers pieds font égale-
ment écho à des fins de vers connues. Le mot x-îjo (voir les
exemples dans Prendergasl) se trouve très volontiers à la finale.
Citons seulement H 428 ...àyvjp-voi. xfàlo. Quant à la place de
y;o>6[/.svo; inséré dans le dernier dactyle, voir S 260 ywôjxsvo; uep.Le vers A 44 est ainsi constitué d'éléments formulaires plus
ou moins fixés et d'importance variable qui s'articulent après
le quatrième pied.
Soit le vers A 76 ~ol yàp Èywv Èpîu>, <rî>3è o-ûvOso xat ixot. oj/oar-
<XOV.
Il se retrouve avec des variations insignifiantes dans la pre-mière partie et avec un second hémistiche différent, mais quifait toujours écho à A 76 :
A 233 àÀX' ex 70'. spsw, xai sul [/iyav opxov o;aoû|i.a!.u 229 70'jvïxà 10'. spêw, xal ITÏI [jiyav opxov à|j.oij[Jt.a>.
vLe second hémistiche de ces deux vers constitue lui-môme
une formule :
I 132 xoiipvi Bpwrjoç, xa l ÏTÎI IJLÉvav oxpo v OULOÛ j^a i,
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132 PIEKRB CHANTRAINE
D'au Ire part avec une seconde partie différente, mais qui rap-
pelle d'une autre façon A 76 :
Z 334 .= * 129 xoijvexâ xsa èpéw, uù Se <rjv6eo xai p.eu àxouaov
o 318 -— u> 265 èx yàp -rot. spsw, <rù 8s aûvQeo xoû aeu âxouirov
7t 259 , TOI yàp eywv spéw, au oè o-ûvfko xai U.EU àxouaov
On note les variantes du début du vers (jz 259 = A 233) ;
d'aulres types comparables s'observent encore en A 204, 212,B 257 etc.. On remarque surtout que la lin de A 76 répond à
deux séries de formules; l'une où le verbe OU.VUJA.1.se trouve
impliqué; l'autre
plus proche parla l'orme et
parle mouve-
ment substitue âxou<rov à OIAOTO-OV. — A confronter ces quelquesvers qui présentent chacun une combinaison de formules d'ail-
leurs interchangeables et qui s'évoquent l'une l'autre, on aper-
çoit à plein la souplesse du procédé.
A 164 Tp(!>(ov ÈxTvIpTwa' èù vaiojJtevov uToXUQp&v.
Le vers se retrouve à un détail près en B 133 :
'iXtou sx7tépToa Èù vaiô|Aevov 7txoXU9povet en N 380 :
'iXtau èxTOpu^ç su vaiôpievov •rcroXUOpov.
Le mouvement restant le même, d'autres passages com-
portent une modification de la forme verbale et du participe.
A 33 = ©288 'iXîou sÇaXaTtàÇoa, è oxTtjJievov TïToXîeOpo v
•!>433 IXiou
èxTtÉp
ara vxeç euxTÎjxevov
TETOXte.6pov
Enfin avec un verbe de sens différent et une construction
différente :
I 402 "iXiov sxxflo-ôai. eu v ouô[jt.Evo v itToXîeôpov
Dans ce dernier passage "iXwv est le sujet d'sxrriaSai..
Les variantes que l'on observe en ces quelques passages
reposent sur le jeu des formes verbales différentes èxuépo-ou,
èxuîpTavTEç etc., èxxyia-Qai., È^aXaitàÇat. Selon la structure métrique
de ces formes verbales, le poète emploie l'épithète èù va'.ô[A.evov
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L'EMPLOI DES FORMULES DANS LE PKESIIER CHANT DE L'iLlADE 133
ou èuxTÎfxsvov. L'unilé de toutes ces formules est marquée par
la structure du vers et l'emploi aux derniers pieds du vieuxmot épique ircoAUBpov. On notera que le vers A 144 est le seul
à avoir Tpûwv (« des Troyens, de la région troyenne ») pour
'iXtou ou "iXiov.
A 302 et o' âye JJUYJVTtelpricm ïva "p»d»w<7t.xal ol'os.
Le second hémistiche se lit tel quel en W 610
Suxra) èjjwjv itsp èoGuav ïva yvûuii x y. I oïos
Quant au premier, il se trouve sous une forme un peu diffé
rente en ® 1 8 :
si S' âye Tcsi.pvîa-aa,9e8eol ïva EÏSSTÊ 7càvxeç
A 386 Y|xlu.7i<7ev éXwv yàp s^et, yspa? aù-rôç àrcoiipaç.
Le vers est également attesté en A 306 et B 240 dans le dis-cours de Thersite.
En 1111 Nestor reproche à Agamemnon sa conduite en ces
termes :
Yinfjiïiattç• IXwv fkp ê^eiç yèpaLÇàÀV é-rt xoù vûv
Le changement de personne est banal ; le groupe final a été
modifié pour introduire une amorce au vers suivant. — Quant
aux deux derniers pieds de A 356, auto? à^oûpaç, le groupe
répond à T 89 aùràç aTOriûpwv. On notera d'ailleurs que le parti-
cipe àranipaç est toujours en fin de vers.
Il est probable que I 111 a élé inspiré par A 356.
Soit encore les vers A 497-499 :
7|eplr, S' àvéëvj [xéyav Oùpavôv OûXup.n6v te
r,upsv S' eùpôoTra KpovloYjV àxep YJJJIEVOVàXXwv
àxpOTaT^ xoputf^ TtoXuSsipaSoç OùXûjj.raHO
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134 PIEU LIE CHANTRAINE
Les éléments sont complexes. L'adjectif 7,spwi se trouve en
tête du vers 497 comme clans lous les autres passages (A 557,r 7, i 52) ; — 497 b rappelle E 750 ^ 0 394 :
Trjç èitiTéToairaci aéyaç Ou pavé; OuXu untôç TE
498 est composé de deux hémistiches qui se trouvent chacun
séparément en d'aulrcs passages, Pour 498 a on comparera0 152 :
EUOOV ô' suoùo x:a K o ov i S71v àvà Faovâoto âxou
et Q 98 EUOOV 3' eùpûo-a K p ov iôht\ v itsol S' àXXoi aTiav-reç
498 A se retrouve en K 753 :
e'jpov oè Kpovicova 9ewv aie p vj [/.ev o v àXXwv.
Enfin 499 = E 754, © 3.
Un groupe métrique peut être impliqué dans deux contextes
où l 'ordre des mots et le mouvement différent :
A 536 6-537 . oùU juv "HpnT|Yvo£ïi<7ev on ol auj/.MpiTaraTO pouXà;
Il faut rapprocher e 7T-78 : oùoé jxiv àv:r|V
,'Ôyvoîï)<T£ v tooûaot KaXiJ'iw o~.a Qeàwv
Dans la formule odysséenne un adverbe se trouve à la place /du nominatif "Hpvi et le sujet du verbe emplit tout le dernier
hémistiche. — Quant à 537 b, l'expression s'en retrouve en A
540 = 8 462 b Oeûv <ro[Aopàa,3,aTO/ jïiouXâ;.
A 549 OV Ot Y.' £Y(i)V àïtaV£u()î 9îWV ÈQéXlûtU VO/JTa'..
« la pensée que je voudrais concevoir à l'écart de tous les
dieux ». La modification de deux mots adapte la formule à un
contexte essentiellement différent.
0 10 ôv Se x' svwv à-rtàv£u9s Oswv èôÉXovra VO^ÎM
Ici ov a OetTivpour complément : « celui des dieux que je ver-rai à l'écart vouloir porter secours etc. »
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L'EMPLOI DES FORMULES DANS LE PUESIIEIt CHANT DE L'iLlADE 135
Une formule comparable se retrouve aveu le même mouve-
ment en B 391 :ov oè x' sywv aTîivîuQe wày/j; sOi^ovTa VO^TO)
Enfin en 0 348 un groupe un peu différent :
ov 8' âv èywv àicâvêuOs VEÛV STÉowôt. vo'/jfffa)
Dans tous ces passages le mouvement reste le même, com-
mandé par les mots ov... ÎVMV àTcàvsuQj. Mais la lin de vers, avec
des formes verbales différentes,comporte
des constructions et
des significations différentes.
En A 149 Achille interpelle Agamemnon :
"Q p.oi àvato£'lr|V È-ïïUiptivs y.epoa),£6cppov
La première partie se trouve impliquée dans un passage d'un
mouvement différent où Achille rappelle devant les envoyés
ses griefs contre Agamemnon :
I 371 v. Tivà itou Aavawv eu ï'kTifzax y.tzv.Tr^zw
aUv ivat'.3ety|V ÈTtietuiÉvo; ' oùo' av ë[j(.oi.ys....
Quant à l'épithèle xspoaAeôoepov qui occupe les deux derniers
pieds, elle se retrouve à la même place en A 339.
Tous ces groupes de formules sont caractérisés par le main-
tien en certaines places du vers de mots essentiels, les autres
se modifiant suivant les nécessités du contexte. On observe
pourtant quelques rares exemples .où la formule se trouve
pour ainsi dire décalée.
A 591 pï'Ls Ttoûô^ TîTaywv àra> (3Y)ÀOÛÔÎIXTCTÎO'.O
fin 0 23 le poète a besoin d'un itératif, ce qui altère tout le
système :
pi-nxao-xov Tsraywv àitô (ï/|Ào'J, ôcop' av ?>«|Tai
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136 PIERRE CHANTRAlNË
Quant au groupe à™ [iï|Xoû Oes-rea-Coto en A 591, on notera
que (ko-TOcûù'.o forme volontiers les deux derniers pieds d'un
vers, cf. B 457 ^aXxoû (jsa-Ttîarîoto, etc..
De même on lit en À 11/12.
ouvExa TÔVXpô<T7|v TiTLfJLairevàpyjTfipa
'ATOSÎSYIÇ• 6 yàp YJXOSQoàç STCIv^aç 'Ayatwv
En A 371, dans le récit d'Achille à sa mère, pour introduirele groupe 372-373 = 13-16, le poète a ainsi adapté le vers :
Les deux pieds initiaux supprimés sont remplacés à la finale
par un groupe métrique équivalent constitué par l'épithète
•^aXxoytTwvwv, qui se trouve ainsi attesté un très grand nombre
de fois dans les deux derniers pieds comme qualificatif
d"AXaiwv (cf. B 47, 163, 187, etc.).
Dans quelques cas limites, un groupe féminin, par exemple,
peut évoquer le groupe masculin correspondant, mais les deux
formules sont assez différentes.
A 577 |*7iTp'. 8'êyw itapàfV)fu xat, auffl Tcep voeoûffip.
Comparer le féminin en W 305
fjiuOsvr' etç àya9à eppovéwv voéovtt xal a.l)xû>.
Deux formules nettement différenciées au masculin et au
féminin se répondent pourtant l'une à l'autre.
Nous avons choisi dans le chant A un certain nombre
d'exemples significatifs. On y aperçoit d'abord comme le style
homérique est essentiellement formulaire. L'unité de la phrasen'est pas le mot, mais la formule métrique qui occupe une
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^.^^Wf^^^^'^MS^^^''^^^^"^ '-^fWs. .«v*.^ '..f^ff^v/^^^^^^^'?98»*^
L'EMPLOI DES FORMULES DANS LE PREMIERCHANT DE L'ILUDE 137
place déterminée dans le vers et qui peut être répétée un
nombre indéfini de fois. L'examen du texte
homérique apportedonc une confirmation à la doctrine systématiquement expo-
sée dans la thèse de M. Mihnan Parry (1). Même, là où l'exis-
tence d'une véritable formule ne peut se démontrer, la struc-
ture du vers est de type formulaire. Le second hémistiche
d'A 2 ...p.upt' 'Ayaiotç àXys' IG-^xe rappelle le schème de B 272...
jAUpî' 'OSuo-o-eù; èo-QXà ëopye. D'autre part la finale âXye' I8ï)xe se
retrouve en X 422. Ces cas extrêmes mis à part, il apparaît que
lepoète dispose
d'un trésor immense d'expressions formu-
laires dans lequel il puise pour fabriquer son vers. Ces for-
mules traditionnelles remontent à la plus haute antiquité (2).
Elles constituent le fond le plus ancien de la diction épique.
C'est dans les formules que se trouvent impliquées les vieilles
épithètcs dont nous ne pouvons pas déterminer le sens, ce
sens échappant peut-être déjà aux contemporains de l'épopée
homérique : àxpuyé-roto 17 fois en parlant de la mer, une fois
enparlant
de l'éther ;àXtpyirràwv, cinq
fois en parlant des
hommes (3), etc.. Du point de vue grammatical, il est frap-
pant que ces formules présentent souvent un caractère
archaïque : inversement tous les passages du chant A où le
digamma ne peut pas être restitué sans une altération assez
grave du texte traditionnel ne sont pas constitués au moyen
de formules de type connu (voir A 19, 106, 203, 438, 555, 576);
le vers i4l vùv o'àys vrja fjiXaivav spûarTOii-sv et? aXa Sîav, où la
formeèpiitio-oiAev
necomporte pas
ledigamma
attendu,rappelledes vers odysséens 0 34, n 348.
Pour archaïques que soient ces formules elles constituent
des sortes de schèmes qui sont modifiés suivant les nécessités
(1) On trouvera une analyse complète des premiers vers de l'Iliade et de
l'Odyssée dans l'article de M. Mihnan Parry (Harvard Sludies, 40 [1930], 118-121).(2) On a souvent insisté avec raison sur le t'ait que nos poèmes homériques
sont l'aboutissement d'une longue tradition poétique; voir en dernier l ieu G.
Glotz, Les poèmes homériques avant Homère, CltAI, oct. 1931.
(3) Voir Miloian Parry, The Homeric Gloss, a Stu'dij in Word-Sense (Trans. ofthe Am. Philol. Ass., 49 [1928], p. 233).
REG, XLV, 1932, n» 210-211. 10
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"«;-'^^;^"^U?S^S^f!ra?^^W^*;^^f,f>*'^ 4.mr^H^tffx^t"1^ 'X y&#a YfwwB,?:»,-».»; «strew^^fi^FÇ.y^y
138 P1ERUE CHANTRAINE
du contexte. La substitution d'un mot à l'autre peut transfor-
mercomplètement
le sens et le mouvement d'un vers. D'autre
part les formules sont de longueur variable et peuvent s'articu-
ler en des places diverses du vers. A l'intérieur de groupes
comparables des épithètes ou des verbes de valeur métriquedifférente peuvent alterner. On reconnaîtra avec M. Milman
Parry le caractère traditionnel et formulaire de la diction
épique; mais il faut étudier les formules dans la trame du dis-
cours ou du récit; on constate combien elles sont souples et
ductiles, aptes à
s'adapter
à tous les contextes. Il arrive même
que la formule présente des variantes sans quelles soient
rigoureusement exigées par la métrique ou par le contexte
Soit A 3 izQXkkç £' i^>9'lp.ouç Aic^àtç "At,3t. upoLatj/EvLe vers se retrouve, avec une légère variante en A 55 :
A 53'
xaxà S' yJ/ôQev Y|xev èépiraç
(H[/,<m [AuSaXéaç si; oàQépoçotivex' è'^eXÀevitoXXàç l<f6i[j.ouç xsïiaXàç "A181 7cpoiài{/£t,v
En A 3 Auyàç s'oppose à avToù; du vers 6. En A 55 le versest impliqué dans un développement qui vise à être pitto-
resque et haut en couleur : l'image des têtes que le fils de
Cronos médite de jeter chez Hadès s'accorde avec celle des
gouttes de rosée sanglante qu'il envoie du haut de l'élher. —
La diction formulaire a été adaptée aux nécessités du style.
II
C'est à dessein que nous avons étudié les formules en elles-
mêmes sans nous demander si tel passage n'était pas inspiré de4
tel autre. Il est certain que les aèdes disposaient d'un fonds
très riche d'expressions toutes faites, quelques-unes remontant
à la plus lointaine antiquité, et que, la plupart du temps, il est
vain de chercher à reconnaître dans quelle partie des poèmeselles ont d'abord été
employées; leur histoire est si complexe,
leur origine si lointaine que le plus probable est qu'elles exis-
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« ri-'4W!j î"'«^'*H' ^-;r ' ^i*vr¥'^'V4 4w*iw fi^
LEMPLOl DES FOKMULES DANS LK PREMIBK CHANT DE L'iLIADE 139
taicnt depuis longtemps quand ont été composées VUiade et
VOdyssée : sur ce point on donnera volontiers raison à M. Mil-
man Parry.Dans certains cas particuliers, si un groupe se trouve par
exemple dans deux passages de VIliade et dans ces deux-là seu-
lement, on peut se demander si les deux textes n'ont pas étémis en rapport et même si l'un n'est pas inspiré de l'autre.
Si d'autre part des éléments qu'on a l'habitude de lire dans
['Odyssée se trouvent introduits dans un développement de
VUiade et dans celui-là seulement, l'indication peut aussi
aider à l'analyse du poème. Nous ignorons, il est vrai, les épo-
pées qui ont pu précéder VUiade et VOdyssée ; nous ignoronscomment s'est constituée la masse formulaire! de la poésie
épique. Aussi, en cette matière, ne peut-on que proposer des
vraisemblances sans donner de preuve décisive. Le fait quedeux -formules ne sont attestées qu'en deux passages des
poèmes homériques peut être produit par le hasard. Pourtant,à relever ce qui apparaît caractéristique, on a chance d'éclairer
la composition des poèmes.Le chant A qui nous occupe constitue un des éléments les
plus archaïques des épopées homériques. Les vers répétés dans
d'autres chants, s'ils ne sont pas fabriqués avec des formules
banales et s'ils signifient quelque chose, peuvent parfois prou-ver qu'un passage a été inspiré du chant A, et rien dé plus.On doit donc laisser échapper à peu près complètement les
répétitions qui se rapportent à VOdyssée (voir p. 148 et suiv.
des exceptions et des cas particuliers). Ces répétitions peuvent
comporter un enseignement pour l'histoire de VOdyssée. Pour
celle de VUiade, elles ne nous apprennent rien. A l'intérieur
de VUiade elle-même, il n'est pas sans intérêt de signaler les
répétitions les plus typiques. Dans la majeure partie des cas,elles n'éclairent pas le chant A lui-même.
Notons d'abord quelques vers isolés. Le vers A 3 semble
avoir été repris et adapté en À 55. Nous avons montré plus
haut (p. 138) comment cette adaptation illustre la souplessedu style homérique.
''-;'f'- "iV' w
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140 PIERUE CHANTIIAIMO
Cilons encore A 131 = ï ISS (dans la scène de réconcilia-
lion entre Achille et Agamemnou) :
|j.ri ô1OUTW;, àyaOôç rep Èwv, OSOÎÛ.SX' 'AyiXXsii
A 254 = H 124 (toujours dans la bouche de Nestor) :
(ô TOTtoi r, [xsya IÏSVOO; 'Ayxdôy. yoJ.otv Uàvst
A 499 = E 754, © 3 (le passage de (-) est certainement
assez tardif) :
àxao-usraji xopu»^ TvoXuSetpaoo; OùXûjAraao
A 586, légèrement modifié, est repris avec le même mouve-
ment en E 382 :
i£"Xa9i, [A'/y^ep èpi, xal àvà<yy£0 xïiôoj/évri irep
Et surtout le groupe A 176-177 :
lyOïT-o; Ss j/ot èirori otoTpetoÉwv [îacuX'/Jiùvalel yàp ~0'. è'ptç ~£ oeîXvj TTOXE^OLT.S f^y* 1 TS
Cf. E 890-891 :
ê^QvrïOi; os pioi Ènm (tewv oï "OXu[/.itov ïyouai
alel yao ~0'. sp'.ç TS îpîX'fj uôXeu.0'1 TS [jiàyai TELe second vers du groupe était alhélisé en A 177 par Aris-
tarque : « l'amour de la guerre et des combats ne doit pas
être reproché à un héros ».
On observe un certain nombre de reprises du chant A dans
le chant Q qui est tardif.
A 12-13 : -'-'V- ô yàp TJXÔEGoà? sitl vïja; 'Ayaiûv
XuTOp.sv6; T£ ôûyaxpai tpipwv T' «reps lut' arco'.va
Il s'agit du prêtre qui vient offrir une rançon pour sa fille.
Cf. Q 501-802 où Pi'iam va demander à Achille le corps de son
fils : _wv^ -ou vûv eïvev' Ixàvco vyjaî 'Ayatwv
XUTOW.£VO;uapà <TS~.Ocpépov x' aTcspelot' ànotva
L'antériorité de A n'apparaît pas douteuse.
A 33 = Q 571 ô; soeat', #SSst.<T£vS' 6 yspwv xal ÈTOIOETOpûOw
Le vers se rapporte en A au prêtre, en Q à Priam.
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L'EMPLOI DES FORMULES DANS LE,PHEMIER CHANT DE L1LIADE 141
•A 57 repris presque littéralement en Q 790 :
oï 8' sjtel ouv 7)y«p9sv ojAYiyEpsÉçx' ÈyévovxoMais Q 790 risque d'être une insertion ; le vers est omis par
un papyrus et par les meilleurs manuscrits (en particulier A
etT).
Les rapports que A présente avec d'autres chants comportent
parfois un intérêt pour l'étude de la s tructure du poème. Les
reprises du chant A dans le chant B sont nettes etsignifica"tives. On aperçoit comment B développe la situation exposée
en A. Noter en particulier les vers répétés dans l'épisode de
Thersite :
A 232 = B 242 7j yàp x' 'AtpetSyj vùv ucrroiTa Xwê/ja-aw
A 356 = 507 = B 240 r|TtjJi7io,£v IXwv yàp Eysi yépatç aùfôç
àitoupâç]Le vers A 277 p.ï]Te ait Qrfei.Z-i\ ÔÎ'X' èpiÇé[*svai (3îmXTJi
se trouveadopté
en B 247lorsqu'Ulysse réplique
aThersite;
w%eo fi^o' sQeA7
oïo; spiÇéjjLeva-'. pao-iAsûmA 91 8; vûv TtoXXov àpwio? 'Ayoutôv eûyexai eïvai
est adapté en B 82 :
vûv 3' ïosv 8ç [xÉy' apirroç 'Avauùv euyeTai sïvat
Le vers dans les deux passages s'applique à Agamemnon.En A 558-559 Héra reproche à Zeus d'avoir promis de ven-
ger Achille :
. . i w; AyiAïia
Tijjnrïffeiç oXéeiç 8è TOiXsaç ÉVi v/jualv 'Ayaiwv
En B 4-5 le poêle nous montre Zeus réfléchissant à son
dessein :
OK 'Ay'.Xrja
TIUVÎTIJI oXÉirri SE îroXÉa; sw. VY^UTIV'Aya'.ûv
La reprise souligne'la continuité du développement.
En A 428 Thélis quitte son fils :&î àoa (suvïj-arxer' à«'e6v)«xo, -ôv 8' È'XIIÏ* au*)'.
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142 PIEKRE CHANTKA1NE
En B 35 Oneiros quitte Agamemnon :
&c, apa {pwvTjaaç à.7iî&r\<rs.zo,TOVSe Xin au6t (1).
On ne s'étonnera pas non plus que le neuvième chant, qui
appartient peut-être à un groupe un peu postérieur, rappelleet répète un certain nombre de vers du chant A, l'ambassade
se trouvant en rapport étroit avec la scène du Conseil.
Le vers A 149 par lequel Achille interpelle Agamemnon :
b> jAOl àvOtlOS'/^V S7Î'.EI|JISVS X£p8«XeÔ»pOV
est rappelé en l 172, également dans un discours d'Achille :
aisv avai8s''ï|v sro.siuivos. Où xsv suotys
De même, pour caractériser le rapt dont Achille a été vic-
time, le vers A 356 = A 507 — B 240 :
T|TÎIXY;!TEV• sXùv yàp sy.si yspa; aùxô; iitoupà^
est repris et adapté en 1 111
T|TÎuY|Ta<; • sÀwv yàp ê/eiç yépaç' ctXk' êxi xal vûv....
En A 328 les hérauts dépêchés par Agamemnon arrivent au
camp des Myrmidons :
Mupu.'.oôvwy o' ÏTCÎ TS x.A'.T'lai; xal vï^aç '.xéo-9r,v
En I 185 le vers se retrouve; il s'agit de l'ambassade (Ajaxet Ulysse; on sait que le personnage de Phénix pose un pro-
blème) qui se rend auprès d'Achille.
11 apparaît enfin que dans l'entrevue de Thétis et de son fils
(A 348-430) se trouvent des vers qui ont été utilisés dans
(1) Noter la différence d'orthographe 6' ÈÀ;it' et ôè Vit'. En B le scholiaste
indique la forme sans augment comme aristarc.héenne; c'est aussi la leçon duVenetus. En A 428 tonte la tradition donne la l'orme il augment. Nous respectonsce flottement sans nous faire d'illusions sur l'autorité de nos manuscrits en cette
matière. Pour qui se représente ce que devaient porter les premiers manuscritsd'Homère, il n'y a pas de variante, mais deux interprétations de la graphie,
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L'EMPLOI DES FORMULES DANS LE PKEMIEK CHANTDE L'ILIADE 143
(les scènes parallèles, dans la Patroclie en n et clans le chant
de la fabrication des armes en S, ces deux chants ayant été
agrégés au poème postérieurement à A.
Soit les vers A 357-358 :
ôç toàto Sàxpu yébiv, TOÙ O' sxXue iro-ma [A^T/ip
T|fAÉVYisv [iévÔeinv aXoç Tcapà Traxpl ysporct....
En S 35-36 Achille apprend la mort de Patrocle :
ffjAEpSaAéov 8' ôlipi.(o^£v' axouo-s 3s TcÔTV(.ap.'o~'^ip
7)utiv/i sv ÔsvQsinv àXôç uapà ita-rpl yspov:1..
Dans les vers A 362-364, Thétis demande à son fils de luiconfier ses peines :
xsxvov xî xXoûeti;; xî Se TS cpoévaç "xçxo TCSV8OÇ;
s^aûSa, ari xsùQs vôco, "va eiSojASV ajjLtpw.
Tr|V Se (3apù arevàycov TipotréV/) rcoSaç wxù; 'AviÀXsiiç...
A 362-363 = S 73-74 ; — A 364 = S 78 dans une entrevue
entre Thétis et son fils. Signalons en outre que A 363 se trouve
en I I19 dans ungroupe
de vers adresséspar
Achille à Patrocle.
Enfin en A 411-412 Achille demande à sa mère qu'Agamem-
non soit confondu :
yvwifl S' 'ATpe'18ï)î eùpù xpeîcov 'AY«|Aé[xvwv
Î\V àtriv, o T àpwrov 'Ay^atûv ooSèv exwe
En n 273-274 Patrocle emploie les deux mêmes vers en
s'adressant aux soldats Myrmidons.
Pour les vers A 453-455 qui se retrouvent dans la Patroclie,
voir plus loin p. 147 sq. l'étude de l'ambassade à Chrysé.
Ces répétitions ne sont pas toujours très significatives ; mais
les coïncidences avec des groupements un peu importants ou
caractéristiques de B, de I, dé n, de S soulignent la cohérence
de l'Iliade et montrent comment en composant les dévelop-
pements
ultérieurs du poème on a
toujours
eu le
premierchant présent à l'esprit.
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-h ** ''^C^V^f.^'--,,. .&,&.*$,>:.': ..^.'Xrfe^V^^^^^.^f-'^^'A'.A,.^'^
144 PIEHRE CHANTRAINE
Si l'on observe le premier chant en lui-même, on relève de
nombreux rappels d'un passage à l'autre. Nous avons déjà
remarqué (cf. p. 12i) que c'est un procédé courant du style
épique que de reprendre les mêmes expressions pour raconter
des événements qui ont déjà été décrite une première fois. Le
chant A offre de nombreux exemples de pareilles répétitions.Le vers 93 reprend sous forme négalive ce qui est présenté sous
forme interrogative au vers 65.
En 195-196 on nous dit qu'Héra envoie Athéna auprèsd'Achille. Les deux vers sont repris et adaptés en 208-209 lors-
qu'Athèria apparaît à Achille :
oùpavoOev•
7tpà Ss pi' T|xe bsà ÀSUXWÀÎVO;"Hp7|àuiïiw ôuwç Ouiuo oevAiouo'x xyiooinév/i TE
En 137 Agamemnon menace de reprendre de force sa partd'honneur à quelque Achéen ; le vers est repris et adapté en
324 dans une réplique où Agamemnon menace le seul Achille.
En 141-144 Agamemnon ordonne de mettre un bateau à la mer
et de ramenerChrysèis
à sonpère.
A la fin duConseil,
au
moment où l'ambassade cingle vers Ghrysé, se trouve en 308-
.311 un groupe très modifié, mais qui fait pourtant écho à 141-
144. Ainsi se trouve marquée la continuité du développement.
Le chant A est composé de divers éléments que les philo-
logues du xixe siècle ont cherché à dissocier, mais dont l'union
(sauf pour un d'entre eux, voir p. 147) est si intime qu'on a
le droit de les considérer comme « primitifs » (voir Wila-
mowitz, Die Mas und H orner, 245-259). Le Conseil et ses con-
séquences occupent le début du chant jusqu'au vers 345. —
Achille supplie sa mère de lui venir en aide, 346-430. — Thétis
demande à Zeus de venger son fils outragé, 488-530. — Dis-
pute sur l'Olympe, dont Wilamovvitz a marqué le parallélismeavec la querelle entre Agamemnon et Achille sur la terre
531-611. — L'ambassade qui reconduit Chrysèis à Chrysé en
!,,-,:ii,if.,.r£i» ..-JS^:i..
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L EMPLOI DES F011MULES DANS LE PKEMIER CHANT DE L ILIADE 145
431-487 doit être considérée à part et nous l'étudierons plus
loin.Du point de vue formel qui nous concerne ici, de nom-
breux rappels accusent la cohérence de ces différentes scènes.
Lorsqu'Acliille rapporte à sa mère sa querelle avec Agamem-
non, il reprend des séries de vers employés dans la première
partie du chant : 372-375 = 13-16; — 376 379 = 22-25. —
Dans les Ai-*i. Thctis répèle à son lour les expressions dont
son fils s'est servi 507 = 356. — En montrant la déesse qui
s'approche de Zeus pour le supplier, le poète use des mêmestermes qu'employait Achille :
A 500 xaû pa nâpoiB' aÙToïoxa9sÇs70 xal ).àëî yoûvcovCf. A 407 TWVvûv [MV [/.VYÎTaTXïtapsÇso xal Àâ6s yoôvcov
La scène de la dispute sur l'Olympe utilise encore cet élé-
ment :
A 557 Y|eoÎ7|yàp TOI :l\ ye rcape'Çe-oxal Xâês voûvwv
Aucun «lesgroupes que
nous citons ne se retrouve ailleurs
dans YIliade; ils doivent donc, dans une certaine mesure, être
considérés comme caractéristiques.Pour la répétition de 37-40 en 451-454 voir plus loin,
p. 150. .
Parfois une tournure particulière, impliquée dans des con-
textes différents, doit peut-ôlre être considérée comme propre à
la phraséologie du premier chant. Il convient, sur ce point, de
nepas
se montrertrop
affirmatif.Signalons pourtant quelquesexemples :
A 28 a (Agamemnon s'adresse au prêtre) [AÏ) VU TOI où
%?™n ]Cf. A 566 a (Héphaistos parle à liera) JAT)vu TOI. où ypaûr-
[AWTI...JA 518 a (Zeus répond àThétis) f\ 8Y| Xo'/fia epvaA 573 a (Héphaistos s'adresse à sa mère) i\ h'r\ Xo'lyta spya
Ces correspondances peuvent, il est vrai, ne rien signifier ets'expliquer par le fait que le poète a pris deux fois les mêmes
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§«f!?';-^ ''* *>^: ^' "*': fPff^^W^lP^^ .»»|*»^
146 PIERRE CHANTRA1NE
expressions dans la niasse des formules traditionnelles. Mais
ces groupes ne se lisent pas ailleurs dans VIliade ui dansYOdyssée ; ce n'est peut-être pas par hasard qu'elles se trouvent
attestées plusieurs fois à l'intérieur du chant A. La théorie des
formules tend à dépouiller chaque expression de toute indivi-
dualité en les rapportant toutes à une tradition lointaine quinous échappe. Pourtant des tournures plus ou moins particu-lières ne se trouvent employées que dans une partie déterminée
du poème ; on se demandera donc si elle ne caractérisent pas
l'originalité stylistiqued'un
passage. Dans l'ensemble du pre-mier chant (pour l'épisode de l'ambassade à Chrysé voir plusloin p. 148 sq.) le style présente une unité qui mérite d'être
notée.
Nous avons constaté que l'étude des formules de YIliade
reprises par YOdyssée ou. par les poèmes cycliques n'enseignerien pour l'étude de YIliade. Mais si par hasard l'antériorité
de Ylliade a pu être mise en doute, il se pose des questions.Le second hémistiche du vers 5 ...Aièç 8' IteXeie-ro pouXiô se
retrouve dans YOdyssée en X 297 et est donné comme apparte-nant aux Chants Cypriens (Fragm. 1). Il est à peu près cer-
tain que le groupe constitue une incise « la volonté de Zeus
s'accomplissait « et que èij ou se rattache à ôtetSe : tous les évé-
nements sont commandés par la volonté de Zeus (cf. T 270,
274 etc.). Aristophane el Aristarque faisaient dépendre si; ou du
groupe AwS" S' è-zeke'u-zo [3ouX-/)et voyaient dans la phrase une
allusion à la promesse faite par Zeus à ïhétis à la fin du chant
de venger Achille. C'est qu'ils cherchaient avant tout à écarter
l'interprétation desNeÙTepo'. qui voulaient rapprocher le passagedu fragment 1 des Chants Cypriens. Nous apprenons, en effet,
parles scholies AD au vers 5 du premier chant que dans ce
poème « Zeus a résolu d'alléger des humains la terre nourri-
cière en excitant la grande discorde de la guerre iliaque afin de
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L'EMPLOI DES FORMULES DANS LE PKEMIER CHANT DE L'ILIADE 147
réduire le poids des mortels », et les scholies citent le pre-
mier fragmentdes
Chants Cypriensoù nous lisons le vers :
'7,poeç xteivovio Aïoç S' ÈTEXEUTO fio\j~kr\.
L'interprétation des Newxepoi rejetée par Aristarque est
dépourvue de toute autorité (voir sur toute la question Seve-
ryns, Le cycle épique dans l'École d'Aristarque-, p. 246). On a
cherché à relier les Chants Cypriens à Ylliade par une expli-cation forcée du vers 5. Bien que notre introduction de Ylliade
ne remonte peut-être pas à une antiquité aussi haute que les
autres parties du chant A et que les commentateurs nous aientlivré d'autres préambules du poème (voir Wilamowitz, op. /.,
p. 246 et Bolling, External Evidence, p. 57), nul doute quel'auteur des premiers vers de Ylliade ait ignoré la légende
rapportée dans les Chants Cypriens. Le rapprochement doit
pourtant être signalé parce qu'il concerne une controverse
dont nous percevons l'écho dans les scholies.
Le vers /. 297, d'ailleurs suspect, se trouve dans une partie
récente de la NÉxuia et n'enseigne rien.
Les problèmes que soulève l'épisode de l'ambassade à Chrysé
(A 430-487) entraînent de plus graves conséquences. Si l'emploide la diction formulaire dans les poèmes homériques ne nous
apprend généralement pas grand chose sur leur composition,
l'accumulation dans un passage- donné de formules dont l'ori-gine peut aisément se définir, mérite un examen attentif. Les
vers 430-487 du premier chant ont été étudiés de près et athé-
tisés depuis longtemps par un grand nombre de critiques (voir
YAnhang de l'édition Ameis-Hentze-Cauer, l'édition Leaf,
pp. 1 et 2, Wilamowitz, op. L, p. 2fJ7). On verra en particulier
chez Wilamowitz comment les vers 488-492, qui montrent
Achille retiré près de ses vaisseaux, doivent être attribués au
fond le plus ancien du poème et non à l'épisode de l'ambassadeà Chrysé, comme on l'a fait quelquefois.
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-, îjfe* ; ^^P%>:;«: ;.:.; *. *,.«, i«_f ?;,;4j4#.4;V 9fc ... *&.:&. ..£, *$%„*»?.
148 PIERRE CHANTKAINE
Le ton de ce développement, qui dépeint minutieusement le
voyage de l'ambassade et le sacrifice à Apollon, diffère essentiel-lement de celui du chant A dans ses autres parties. Ces tableaux
de la vie familière évoquent certains passages de YOdysséeet même des Hymnes. Il ne paraît guère douteux que l'épisodea été introduit assez tardivement par un rhapsode (mais il est
en tout cas antérieur à YHymne délien à Apollon, cf. Wila-
mowilz, p. 257). Cette addition présentait l'avantage de remplir
l'espace de temps qui sépare l'entrevue do Thétis et d'Achille
et la scène des AUai; peut-être l'arrangement plaisait-il aussiparce qu'il modernisait le poème et l'accommodait au goût du
jour. _ Du point de vue formel qui nous occupe l'épisode dû voyage
à Chrysé est caractérisé par un nombre considérable de vers
répétés qui se retrouvent un peu partout dans YIliade et surtout
dans YOdyssée. Si, dans les autres parties du premier chant, le
fait qu'un vers ou une formule se trouve employé dans YOdyssée
est sans portée pour l'étude de Ylliade, en revanche dans cedéveloppement, dont le style est senti comme très différent de
chant A en général, il importe de recueillir tous les éléments
formulaires qui ont pu servir à le constituer et qui nous per-mettent de le dater au moins relativement.
Voici un tableau de ces répétitions : 432 = TI324; — 435-
437 = o 497-499 ; — 436 cf. i 137 ; — 437 cf. 1150, 547, ji 6 ; ->-
441 cf. A 585; — 446 = W 627, 797 cf. W 565, o 130 ; — 446 a
= 6406,
o120;
— 451-452 = A37-38;
— 453 cf. n 236;
—
454-455 = n 237-238 ; — 457 == A 43; — 458-461 = B 421-
424 ; — 458 = y 447 ; — 458 a = ^ 359 a ; — 457 b =[* 359 b ;
— 460-461 = [* 360-361 ; — 460 A-465 = y 457 £-462 ; — 464-
469 = B 427-432 ; — 464-465 = p. 364-365 ; — 465 cf. \ 75 ; —
465-466 = \ 430-431 ; — 466-468 = H 318-320 ; — 466 = Û
624 ; — 467 cf. TC478; — 468-469 = V 56-57, n 479-*80 ; —
468 = A 602, s 425 ; — 469 = H 323, I 92, etc. ; — 470 cf.
I175,
a 148 etc.;
— 471 = I176, y
340etc.;
— 473 cf. X 391; — 475 = i 168, 538 etc. ; — 476 cf. pi 32 ; — 477 - Q 788,. p 1,
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L'EMPLOI DESFOKMULES DANS LE PREMIER CHANT DE L'ILIADB 149
Y 404 ctc;-— 480, cf. i 77, K 506, j*. 402; — 481 cf. p 427 ; —
482483 = p 428-429 ; — 485 = - 323 cf. n 359.
L'accumulation des équivalences est saisissante. Les groupesse répondent d'un passage à l'autre, mais ils ne sont jamais
découpés suivant les limites identiques et se chevauchent les
uns les autres. Le fragment du sacrifice étudié p. 126 nous a
montré comment les divers éléments s'articulent.
Il importe davantage de reconnaître ce que l'analyse du stylenous apprend sur l'origine de l'épisode. Le fait que le dévelop-
pement soit purement formulaire constitue déjà un indice.
Aucune partie du premier chant n'est, comme celle-ci, consti-tuée d'une combinaison des formules les plus banales. Sur les
57 vers que compte l'épisode, on en relève 14 seulement quine se retrouvent pas, agencés de même façon, dans VIliade ou
dans Y Odyssée : ce qui n'exclut pas que même ceux-là soient
composés avec des éléments traditionnels. — Soit le vers A 469
aÙTÔtp ènel IÏO'TIO; y.xl SS^TÛO; èÇ è'pov éVro. C'est un vers formule .
généralement employé après la description d'un repas. Le vers,
s'il est isolé, n'enseigne rien. Ici, parce qu'il est impliqué dansune combinaison de vers formulaires, il caractérise, entre
plusieurs autres, la banalité du passage.Ces formules peuvent présenter un aspect archaïque. Des
vers comme 469, avec l'abstrait rare EOKITÔ;, la forme toujours
moyenne de l'aoriste SVTO, peuvent remonter à une haute anti-
quité.— En 459, dans un vers qui se retrouve en B 422 et dont
le premier hémistiche répond à celui de JA 458, on lit dans la
description d'un sacrifice la forme archaïque aùépuaav. Mais lefait qu'on reconnaisse des éléments archaïques n'empêche pas
que leur combinaison puisse être relativement tardive.
Il n'est pas sans intérêt, d'autre part, de rechercher l'originedes vers répétés. La plupart (cf. 458-461, 467-469, 470-471
etc.), sont dénués do tout caractère propre; ils sont répétés un
assez grand nombre de fois dans des parties quelconques des
poèmes homériques. Le vers 469 est typique à cet égard. Dans
quelques cas l'origine du vers ou de la formule peut nous aiderà comprendre la composition de l'épisode.
_. ,..,i. ;/.J'S~.%»uV^'A"^^'î>ti^"%»'^*'-'
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150 PlËKKB CtiANTRAlNË
Les vers qui se retrouvent dans d'autres parties de YIliade ne
nous apprennent généralement pas grand chose. D'abord les
vers qui se lisent dans le premier chant. A 457 = 43 estbanal :
w; ecsax' eùyôpievot; xoù o' È'xAue «Sotêoç 'ATCÔXXOV
L'invocation à Apollon en 451-452 reprend les vers 37-38 :
xXùGî pisu àçYupoio!;' oç Xpû<77|v à(Ad>tëÉ6r|XaçKtXXav TÊ ÇaOéyjv TevÉSoto xs tôt àvà<y<7Eiç
Notons encore que le vers 441 :
naxpl cpîXcj)èv
yép<r' sxtôsi, xai juv Ttpoa-és.vrusrappelle assez exactement le vers 585 où Héphaistos offre une
coupe à sa mère, mais il n'y a rien à tirer de là.
D'autres groupes se retrouvent, non dans le premier chant,mais dans d'autres parties du poème. Les vers 453-455 :
Cf. Il 236 ïijxèv 07i KOX' Èpïo rotpoç xXûe; eùSjapiévoto= IT 237 Ti[/.r'|3-aç [j.èv è(uÉ, [*éya 8' îtyao Xaôv 'Ayouwv= II 238 7)8' é'xt xal vûv uoi xo§' siuxpTjrivGv séXSwp
coïncident exactement avec les vers n 236-238 où Achille
s'adresse au Zeus de Dodone. En II le vers 237 a été suspecté
par les anciens sous le prétexte qu'il convient moins bien en
celte place que dans la prière de Chrysès à Apollon. Aristo-
phane et Aristarquc l'athétisent; Zénodote l'omet (voir les
données dans G. M. Bolling, External Evidence, pp. 164-165).
Quoi qu'il en soit de ce vers que Wilatnowitz défend par de
bonnes raisons (Ilias, p. 119), il n'est guère douteux que la
Patroclie soit antérieure à notre épisode.Certaines formules attestées dans notre texte ne se retrouvent
que dans des parties récentes de VIliade : 446 =W 624, 797,
cf. W 565. — On notera aussi les rapports avec le chant Û. Pour
indiquer le lever du soleil le poète se sert en 477 d'un vers quine se retrouve qu'en Q 788 et dans Y Odyssée :
Y)U.o<;ô" ï)pt,yévei* cpàvïj poSoSàxtuXoç Hwç...
Le trait frappant est que la
plupart^desformules
appartien-nent au fond de YOdyssée. Le style du passage est odysséen.
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L'EMPLOI DES FORMULES DANS LE PKEMIER CHANT DE L'iLlADE • 151
Cette particularité se traduit dans un grand nombre de corres-
pondances avec VOdyssée : 432 = « 324 ; — 435-437 = o 497 -
499 ; — 436 cf. i 137 ; — 458 = y 447 ; — 458 a-459 6 = j* 359 ; — 460-461 = pi 360-361 ; — 460 6-465 = y 457 6-462; — 464-
465 = n 364-365 ; — 465 cf. { 75 ; — 465-466 = Ç 430-431 ; —
467 cf. u 478 ; — 475 = i 168, 558 etc. ; — 476 cf. [* 32 ; —
479 a = p 420, o 292 ; — 480 cf. i 77, x 506, y. 402 ; — 480 b =
S 783, 8 54 ; — 481 cf. p 427; — 482-483 = p 428-429 ; —
485 — iz 325 cf. n 359.
Le grand nombre de ces répétitions est significatif. Elle con-
cernent quelques thèmes définis souvent traités dans l'Odyssée.Arrivée d'un vaisseau :
A 432 = TZ324 aï S' OTË SYI Amsvo; •rcoAuêÉvGeoçèv-oç WOVTO
A 435-437 = o 497-499 xapTcaXijAwç, TÏ)V Û' SIC opp.ov irpoépea-o-av
ex S' euvàç sÇaAov xaxà Ss -repup.VÏ] tria è'8r|<3-av
èx Se xal auTol È'êcavovitapà pyiypÀvt 6aXàa,ffY)ç
Les vers 497 et 498 ont été suspectés par V. Bérard.
Départ d'un vaisseau :
480 cf. t. 77 etc: oï 8' larôv «r^navc', àvà Se iccîa Xeûx' èra-ratra-av
Et surtout :
A 481 cf. 3 427 èv S' aveuoç irpïiorsv piuov LSTTÎOV• àptoi Se xùjxaA 482 = p 428 irreîpiji «opoeiipeov fJiiyaA' wt- e v^ôç ù>ua?iç
A 482 = p 429. v} 8' !8eev xatà xûp.a Sianp^a-aous-a xéleuÔov
Noter que P 429 est suspecté par V. Bérard (cf. son Intro-
tion, II, pp. 434 et suivantes).Dans la» description du sacrifice en 458-469, on relève entre
autres des correspondances avec trois passages différents de
Y Odyssée 458 = y 447 ; 460 6-465 = y 447-452 ; — 458 a-459 b
=[* 359 ; 460-461 = j* 360-361 ;.— 467 cf. * 478; 468-469 =
n 479-480 (mais le groupe est banal ; il se retrouve en W 56-57
et les vers sont attestés séparément çà et là dans VIliade et
dans YOdyssée).
Parmi les répétitions de vers isolés nous avons déjà cité
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152 P1EHRE CHAKTRAINB
A 477, qui sjc trouve en ii 788, mais qui appartient à la phraséo-
logie odys«éenne. De même pour indiquer le coucher du soleil
le vers 475 :
r,]xo; S' Y|£Àt.o; v.cfzéov xoti ST^I xvsoea^ T|XQe...
ne se lit, hors de ce passage, que dans VOdyssée.
Il est, en outre, parfois possible de constater que l'arrange-ment du morceau n'est pas très cohérent.
Soit les vers 472-474 :
472 o\ Se 7tav7)|/ipt<H U.6XTOJIBSOViXàjxovro
473 xaXôv às'loovTîç itaujova xoûpot. 'A-^a'.wv
474 jxéXnovxe; Ixâepyov" 6 Se cppévaTspjiei' àxoûwv
Le vers 474 est athélisé par Aristarque parce que uéXTrew ne
signifie généralement pas « chanter » chez Homère (l'actif ne
se trouve qu'ici) et parce que le vers répète en partie 472 ; enfin
la construction des deux participes «eiSovreç et JAÉXTCOVTE;estgauche. Or le vers 473 est pris à X 391. Le peu d'aisance du
style trahit l'arrangement, sans que nous puissions bien en
expliquer le détail. Dans le papyrus 99 d'Allen, c'est, semble-
t-il, le vers 473 qui est obélisé.
Dans la description du sacrifice et du banquet (451-473), qui
est bourrée de vers répétés, on a noté que le vers 471 (= I 176,
y 340, » 272) place la libation après que l'on a fini de boire,
ce qui ne se trouve pas ailleurs dans VIliade.Enfin un indice
plus net se présente en 462-463 = y 459-460.
Kaïe ô' ÈTÙa-yiijpç 6 ye'pwv, STÏLS' al'6ona olvov
Xeïês • véoi Se nap' aurtS è'yov TtsjjnïwêoXa '/$?'*'••
En y 400 le mot vsoi désigne les fils de Nestor qui participent
au sacrifice. Ici l 'indication surprend davantage. Le vers y 460
se trouve impliqué dans un groupe que l'aède qui a composé
l'épisode de Chrysé a repris : mais il ne convient qu'à peu près.
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:^.$®-,i.£'7!;ïy.^ÇKJ.:f-~---f^:?ff>lW^
L'EMPLOI DBS FORMULES bANS LE PREMIGH CHANT DE L'iLIADE 153
Nous n'étudierons pas les rapports assez étroits qui unissent
l'épisode de Chrysé à l'Hymne à Apollon : 434 = Hym. Ap.504 ; — 437 = Hym. Ap. 505; — 485 cf. Hym. Ap. 488 ; —
486 = Hym. Ap. 507. Pour une variante ancienne qui rappellede très près un passage de l'Hymne voir aussi p. 123. Ces
correspondances n'enseignent rien sur la composition de notre
épisode. C'est VHymne à Apollon qui est inspiré de Ylliade
(voir Wilamowilz, op. L, p. 256), ce qui reporte l'introduction
du développement dans le premier chant à une assez haute
antiquité.
On le voit, les vers répétés dans un chant de Ylliade ne
doivent pas être considérés pêle-mêle, sans une discrimination
préalable.Il faut tenir compte du fait que la diction est formulaire. La
présence de deux formules comparables ou superposables endeux passages différents de Ylliade et de YOdyssée ne nous
apprend pas grand chose, même si on ne le trouve pas ailleurs
dans les deux poèmes. Ce peut être le fait du hasard que Le
poète n'ait employé que deux fois une formule très ancienne,bien antérieure à Ylliade et à YOdyssée et qui appartient au
fonds traditionnel de la phraséologie épique : sur ce pointcomme sur quelques autres il apparaît que Ylliade et YOdysséesont l'aboutissement d'une longue histoire.
Pourtant parmi tant de vers répétés certains ressortent quisont caractéristiques. La cohérence du style dans un dévelop-pement donné en accuse l'unité. Certains rappels et même
certains tics, pour ainsi dire, dans l'expression, peuvent être
typiques. Ils doivent être étudiés en liaison avec ce que nous
savons par ailleurs de la composition du chant : ces traits
apportent à l'analyse littéraire une confirmation qui n'est pas
négligeable.REG. XLV, 1932, ti» 210-211. fl
...,.-.-,.v,•v, ï;,M„..ll^_„••. ,«,-,. . • . . •'
. <:. ....-..'ÀrlMW.
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I5i PlKKKIi CHA.NTUAI.NE
D'autre part, l'épisode de l'ambassade à (Ihrysé comporte une
structure singulière : l'étude des formules et des vers répétés
montre que le passage est surlout constitué avec des éléments
odysséens plus ou moins adroitement combinés. Même un
groupe comme celui de A 469 aù-ràp srcsl TTOTIO;xal Èo-r.Tuo^ slj
Ipov E'VTOprend une signification lorsqu'il se trouve impliquédans un développement caractérisé par la banalité des éléments
qui le composent.
Un éditeur qui veut tenir compte des vers répétés peutchoisir entre deux partis. S'il veut fournir les moyens d'étudier
le style du poème et ses formules souples et variées, il doit
donner tous les vers répétés, même s'ils sont modifiés et com-
binés suivant des scbèmes divers. On trouve les indications
nécessaires à une telle étude dans l'édition Van Leeuwen et
dans la Concordance de Prendergast. Mais pour montrer com-
ment le poème a été composé et par l'élude du style justifier et
confirmer l'analyse littéraire du poème, ce sont les groupestypiques que l'on signalera : dans une édition de lecture cou-
rante il sera utile de proposer un choix subjectif et délibéré-
ment tendancieux.
Pierre CHANTIIWNE.
ÏS=ÎB3Kty ZZ*3:til:ï*-.~!
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LES CHARITES
Depuis la publication de l'excellente monographie de SamuelEitrem, en 1902 (1), on n'ignore plus le rôle important joué
par les dieux jumeaux dans la religion de la Grèce antique. Le
pavant norvégien comprit, dans sa liste des jumeaux divins
helléniques, les Charités d'Orchomène, sans pourtant trouver,
semblet-il, beaucoup d'adhérents. Mais ce qui (it surtout tort
à sa thèse c'est qu'elle parut trop tôt, c'est-à-dire avant la
découverte du dioscurisme par M. Rendel Harris, en 1906 (2).
Que le culte des Charités soit un des plus primitifs qu'onconnaisse, môme en Grèce, si riche en survivances de ce genre,on ne saurait le mettre en doute après le célèbre passage de
Pausanias, qui avait vu, près d'Orchomène, les trois pierressacrées qui auraient été recueilles par Etéocle au moment
môme où elles venaient de tomber du ciel (3). Ce sont donc
trois fétiches {su oenia verbo) de pierre, appartenant à la
même catégorie que la pierre sacrée de la Ka'aba de la Mecque
et la pierre de Beth-El.Discutons d'abord le nombre des Charités. Il y a une déesse
appelée Charis et qui est tantôt la femme d'Hadès, tantôt celle
d'IIéphaistos, probablement une divinité chthonienne. En
Laconie et dans l'Argolide on connaît deux Charités, nombre
(1) S. Eitreui, Die gollUchen ZwUlmge bei den Griechen, Christiania, 1902
(Videnskabsselskabels Skrifter II, hislorisk-filos. XI).
(2) Uendel Harris, The Cuit of the Heavenly Twins, Cambridge, 1906.
(3) Descr. Gr., IX, 38, 1 ; cp. Frazer, Pausanias' Description of Greece, Londres,1898, V, 113 ss.
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156 'ALEXANDRE HAEGGfiRTY KHAPPE
qui est peut-être originel aussi dans le culte athénien (1).Mais en général elles paraissent au nombre de trois (2). Il est
possible, comme le voulait Miss Harrison (3), que la plupartdes triades de femmes divines connues des Hellènes soient
issues de dyades, bien qu'il soit impossible de le prouver.Leur nom commun, XàpiTs;, est sans doute de beaucoup
antérieur aux noms individuels qu'elles portent et qui varient
d'ailleurs suivant-les localités (4). Pour le nom de Xàpt-rs;, on
est d'accord qu'il y a lieu de le mettre en relation avec le mot
yàpiç, « grâce », c'est-à-dire « source de joie » (5), d'où il
faudrait conclure que les trois (ou, deux) Charités sont desdivinités comparables aux « Hulden » germaniques (6). Quoi
qu'il en soit, on ne saurait douter que les rapports entre Charis
et les Charités soient à peu près les mêmes que ceux qu'ilfaut supposer entre la moira et les Moires, le ivt/rd anglo-saxon et les trois weird sisters, c'est-à-dire les INornes, etc.
Pour l'étymologie du nom de Xàpixeç, il est certain qu'il ya connexité entre ce mot et les mots grecs tels que y_aîp£iv,
%àpiç, etc., mots qui sont eux-mêmes dérivés de la racineindo-européenne ghar, « splendeur », d'où sont dérivés des
mots d'une acception très diverse comme le sanscrit gharma,« chaleur », hari, « vert », harit, « rouge », le latin flavus, le
grec ^Awpô?, le slave zlato, « vert », etc. (7). Comme on le voit,
il s'agit d'un groupe de mots désignant des phénomènes
optiques, surtout des couleurs. Or, l'école comparatiste du
siècle passé n'hésitait pas à dériver le nom des Charités direc-
tement de cette racine indo-européenne (8), et Max Mùller en
(i) K.-O. Mûller, Orchomenos und die Minyer, Breslau, 1844, p. 177; H. Use-
ner, Gôtternamen, Bonn, 1896, p. 131.
(2) Escher, dans Pauly-Wissowa, R.E., VI, 21S1 s.
(S) Jane E. Harrison, Prolegamena to the Study of Greek Religion, Cambridge
1908, p. 286 ss.; Harris, op. cit., p. 142.
(4) Escher, R.-E., VI, 2152.
(5) S.-V. Cerquand, Revue archéologique, 1S62, II, 328.
(6) Escher, R.-E., VI, 2150.
(7) F. Max Millier, Selecled Essaya on Language, Mylhology and Religion^
Londres, 1881, 1, 66.'(8) Zeitschrifl f. vgl. Sprachforschung, X, 96 s,
l&fv""at3KSW»*W
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*$>-.-- -jï-ï-^^sgïaî'fjjj^^
LES CHAKITES 157
particulier identifiait les Chantes avec les Haritas, les cavales
du soleil dans les documents védiques (1). Cette théorie estmaintenant regardée comme inadmissible ou, plutôt, on necroit plus les faits linguistiques suffisants pour établir une
pareille équation mythologique, puisque rien ne nous empêchede supposer un développement indépendant, sur une base
identique, en Grèce et dans l'Inde (2).Ce scepticisme n'est pas partagé par tous les savants qui
s'occupent du problème de la mythologie indo-européenne (3).
Il convient en effet de faire les observations que voici. Sil'équation linguistique ne suffit pas à établir l'identité desCharités grecques et des Haritas védiques, il faut, avant decondamner la théorie de Max Miiller, examiner ces liguresdivines d'un peu plus près, afin de leur trouver, si cela se peut,des ressemblances qui ne sauraient être fortuites et dont il est
impossible de dire qu'elles découlent, d'une façon naturelle,d'une conception primitive qui correspondrait ainsi à la racine
primitive signalée par l'école comparatiste. On s'attendrait queMax Millier eût cherché à signaler de telles ressemblancesafin d'appuyer par ce genre d'accords sa théorie purement lin-
guistique. Or, il n'en est rien, et après un examen trop rapideil en arrive à ce résultat décourageant (4^) : « Que le y<t?vz grecait jamais subi la métamorphose du harit sanscrit, qu'il ait
jamais donné aux Grecs l'idée d'Un cheval, il est impossiblede le prouver. Les mythes grecs et sanscrits, comme les mots
grecset
sanscrits,sont des coordonnés
et non pas des subor-donnés... »
Ailleurs il dit (5) :« Dans d'autres passages (védiques) les Haritas revêtent une
(1) Op. cit., I, 439 ; Lectures on the Science oj Language, II (New-York, 1865),
p. 399 ss.
(2) Esctier, R.-E., 2150.
(3) Usener, op. et loc. cit. ; Eitrem, op. cit., p. 14; H. Ilirt, Die Indogermanen,Strasbourg, 1905-7, ÎI, 485. Je ne saurais accepter les constructions du regretté
l.eopold v. Schroeder, Arische Keligion, II (Leipzig), 1916, p. 516,(4) Lectures, 11, 400 s.
(5) Selecte4 Essuys, 1, 439,
ÏE-'^*^tKK-TOv ?(stf^ 4s'i .>ifsr;À-iVï '(^vvi'^î '-''v *r<?vi 4!^^ ^
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1T>8 ALEXANDRE 1IA1CG0ERTY KRAPPE
forme plus humaine... elles paraissent en Haritas aux belles
ailes.Après
cela il estpresque superflu
de direque
nous avons
affaire nu prototype des Charités grecques ».
Un des disciples de Max Millier, SirG.-W. Cox, alla plus loin
encore quand il se prononça ainsi (1) : « Les cavales du soleil
sont appelées Harilas, qui sont les prototypes des Charités
grecques ».
Peu de folkloristes croiront suffisant, pour prouver une
identité de celte nature, le fait qu'on appelle les Haritas
« soeurs » etqu'elles
sont ailées ! Pour établir une thèse
pareille, il faudra des preuves bien autrement convaincantes.
Avant tout, dans un examen vraiment objectif du problème, il
ne faut pas négliger les différences, chose très importante cl à
laquelle l'école compuralisle n'a pensé que beaucoup trop rare-
ment.
Les Haritas sont les cavales alleiées au char du soleil
(Sûrya). La conception d'un chiir solaire tiré par des chevaux
fougueux est commune, on le sait, aux Indiens, aux Grecs et
aux Scandinaves. Elle est d'ailleurs telletrient simpliste qu'il
n'y a pas la moindre raison de mettre en doute son existence
parmi un peuple relativement primitif, tel que celui qui a
donné naissance aux tribus de langue indo-européenne. Le
nom aussi des Haritas se comprend parfaitement : elles sont
appelées d'après leur couleur rouge, qui est celle du soleil,surtout du soleil levant et du couchant. Généralement elles
sont au nombre de sept (2). On se rappelle que le char d'Uélios
est attelé de quatre chevaux, ce qui non seulement est plus
probable, mais encore plus « aryen ». C'est que le nombre septdans le Véda est certainement secondaire, dû à des influences
sémitiques. Aussi est-il impossible de faire fond sur le nombre
sept des Haritas, mais il faut admettre — ce qui d'ailleurs
(1) Taies of Ihe Gods and He.roe.i, p. 61; voir Max Millier, Lectures, II, 401,note.
(2) Max Millier, Srlecled Essays, I, 439; A-A. Maolonnell, Vedic Mylholony,Strasbourg, 1S'J7, p. Ut,
*
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LES CHARITES 159
n'est nullement nouveau ni surprenant — que les nombres
mythiques
sont trop sujets à des variations capricieuses, sou-
vent secondaires et arbitraires, pour qu'on puisse en conclure
grand chose.
Ce qui est bien autrement important, ce sont les relations des
Haritas avec le soleil. Y a-t-il des rapports semblables entre les
Charités et Hélios? Je crois qu'il faut répondre affirmative-
ment à cette question. Suivant une tradition très ancienne les
Charités sont les filles d'Hélios et Aigle (1). Dans d'autres
textes elles sont les filles d'Ëurynome, épithète de l'Aurore (2).IL y a donc eu, à une époque reculée, des rapports de parentéentre le dieu solaire grec et les Charités. Il est sans doute bon
de noter aussi que dans le Véda (3) on appelle les Haritas les
tilles du char du soleil, c'est-à-dire de Sûrya lui-même.
Les limitas sont-elles jumelles ? Si loti s'en tenait au nom-
bre donné dans les documents védiques, il faudrait répondre
négativement à cette question : une jument ne met pas bas
sept poulains à la fois. Cependant, comme le nombre septest certainement secondaire et qu'il s'agit d'une jument divine
(puisque les poulains sont divins), il convient d'y regarder de
plus près. Or, ce n'est certes pas par un simple nccidcnl que la
mère des Açvins, Saranyû, est. une jument (4). Qui plus est,
Vivasvat, le soleil, revêt la forme d'un étalon pour engendrerles deux Açvins, dont le nom, un duel, veut dire « poulains »
tout simplement (S). Souvent aussi le soleil est lui-même un
coursier (6). De sorte qu'on peut postuler, pour l'Inde védique,les conceptions mythiques que voici :
1° Le soleil peut revêtir la forme d'un étalon ;
(1) AntiKiaque, fraym. 100 Iv ; Pausanias, Descr. Gr., IX, ;!5, 5; Cornut. ïheol.,
15; Hesych. s. v. AÏJ-XT,;.
(2) Cerquand, op. cit., p. 327.
(3) Riqveda, 1,50, 9.
(1) Max Millier, Lectures, II, 500 s.; H. Oldi'iiherg, Die Beliyion des Veda,
Berlin, 1894, p. 13.
(5) Max Millier, Lectures, II, 501.(G) Ibid., p. 508.
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160 ALEXANDRE HAEGGERTY KRAPPE
2° Le soleil est censé être le père des jumeaux célestes
(Açvins), dont le nom même veut dire « chevaux » ;3° La mère des jumeaux célestes est une jument.
Cela rend probable que les Haritas, qui sont expressément
appelées « filles du Soleil » et, qui sont des cavales attelées au
char de Sûrya, sont des cavales jumelles.
Regardons maintenant la mythologie hellénique. Là aussi
1° Le soleil peut revêtir la forme d'un cheval, d'un étalon,
comme le prouve le nom et le personnage mythe de Leucippe ;
2° Le soleil est censé être lepère
des jumeaux (femelles)
célestes, c'est-à-dire des Leucippides (1) ;
3° Si nous n'avons pas d'exemple, en Grèce, d'une jument
mère des Dioscures helléniques, par contre, les jumeaux
célestes revêtent souvent une forme chevaline; Amphion et
Zéthos, les jumeaux Ihébains, sont nommés ÀEL/XOTTWXW(2) ; il en
était de même, pendant la période archaïque, des Horéades (3);
les Leuctrides étaient des juments (4); Tyndare, avant de
devenir un roimythique,
semble avoir été un étalon(5),
etc.
,- Il y a donc un parallélisme frappant entre l'Inde et la Grèce,
à cela près que jamais les Charités ne paraissent sous forme
de jument*. Kn même temps, il faut admettre que, si l'on réus-
sissait à élablir leur caractère dioscurique, il en résulterait,
sinon la certitude, du moins la 1res grande probabilité de leur
caractère chevalin à l'époque préhistorique. Aux arguments de
Samuel lï il rein et qu'il n'y a pas lieu de répéter ici ajoutons
les faits suivants. A Mantinée, Aglaia, une des Charités, est la
mère des jumeaux Acrisios et Proetos (6). Elles sont le plus, (6) Voii-K. Maass, dans Giilt. f/el. Anz., 1890, p. :t")3.
(1) Eitreni, p. 15.
(2) Euripide, liera. Fur., 30 ; l'hoen. 606.
(3) Salomcm Kcinach, Cultes, Mythes et Religions, V, 41 s.
(4) lbid., V, 38 ss.
(5) lbid., 135 s. Sur la (orme chevaline des jumeaux célestes voir aussi Rendel
Harria, The Dioxcuri in tke Christian Legends, Londres, 1903, p. 3, 12, 52, Si, 59,
63; Cuit, p. 6", 74; Tawney-Penzer, The Océan ofStory, Londres, 1924-28, III,
257 ; H. Gûntert, lier arische Wellkôni;/ und Heiland, Halle, 1923, p. 259, 261,269, 272, et ma Mythologie Universelle, Paris, 1930, p. 68 ss,
e
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f-^AJ. fj;^::^'f^-t^.'^p^.i> "v-,!\ ,ti..n^-.:'f..^ ->v>:*"-^* >B *•?>!..V^vM^lï'^^^^'^lf^^^l^B^^^
LES CHARITES 161
souvent des divinités de la fertilité, comme l'indiquent des
détails de leur culte et leurs noms individuels : Auxésia, Da-mia, Thallo, Carpo, Hégémoné (1), etc. A Sparte (2) et pro-bablement aussi à Argos (3) elles parlagent un temple avec les
Diqscures. Elles aident les femmes en mal d'enfant (i). Elles
sont préposées à l'amour des sexes; de là leurs rapportsétroits avec Aphrodite (5). Elles donnent la fécondité aux nou-
veaux mariés; c'est pourquoi on appelait une certaine herbe
aphrodisiaque oeil des Charités (6). Elles donnent la santé,
semblables en cela aux Açvins védiques, dont le nom de Nâsatyâne signifie que cette fonction (7), et aux boni medici païens et
chrétiens (les Dioscures Spartiates, les saints Côme et Damien,
etc.) (8) ; de là leurs rapports avec Asclépios (9). Si en plusieursendroits elles se trouvent en la compagnie d'Apollon et d'Ar-
témis, il faut supposer avec Miss Harrison qu'elles y sont les
divinités originelles, les premières venues, et qu'elles ont cédé
la place d'honneur aux Olympiens nouveaux venus, Apollon et
sa soeur, eux aussi enfants jumeaux (10). Enfin, ajoutons lesnoms individuels des Charités laconiennes, Cléla et Phaenna,« la Brillante » et « l'Eclatante », noms qu'il faut mettre dans
la longue liste de noms semblables et qui désignent tous des
jumeaux ou des jumelles (11).Mais, nous dira-t-on, tout cela n'explique pas comment de
cavales solaires les Charités seraient devenues des divinités
préposées aux forces vitales du sol, des vû^tpai TiapDsvoi &pa.i
àypauXios; sùjjievweç, comme dit M. Ulrich von Wilamowitz-
(1) Escher, fi.-E., VI, 2152 s. .'
(2) Pausaniîis, Descr. Gr., 111, 14, 6.
(3) Pindare, Nem , X, 38.'
(4) Usener, op. cil.., p. 131. Sur cette fonction des jumeaux divins, voir ma
Mythologie Universelle, p. 97.
(5) Escher, R.-të., VI, 2162.
(6) Pline, Histoire Naturelle, XIU, 142
(7) Mythologie Universelle, p. 63.
(8) Ibid.
(9)'Escher, H.-E., VI, 2163.(10) Harrison, Proleqomena, p. 291; Marris, Cuit, p. 142,
(11) Mythologie Universelle, p. 93 s,
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162 ALEXANDRE tIAEGfiEliTY KliAPPE
MoellendorlT (1) en citant Pindare (2), c'est-à-dire des déesses
chlhoniennes (3). Il faut donc chercher à élucider celle tran-sition, sans doute inattendue. Je crois que la solution du pro-blème est facile à trouver. C'est le caractère des jumeaux (et des
jumelles) comme dieux ou démons de la fertilité végétale,animale et humaine, qui a d'abord mis les cavales jumellesdu soleil en relation avec la fertilité du sol, et ce sont ces der-
nières fonctions, si importantes pour l 'agriculture, qui ont fini
par obscurcir la nature originelle des Charités. Ajoutons quele
cheval lui aussi est un animal de 'la fertilité, et qui joue unrôle considérable dans maint riluel agraire, ainsi qu'il a clé
signalé, il y a plus d'un demi siècle, par Wilhelm Mannhardt(4).Un mot encore. Les doctrines et les théories de l'école
« aryenne » et comparaliste, dont Max Mûller était le chef,
sont à l'heure actuelle à peu près oubliées, sort qui n'esL pastout à fait immérité. Mais le temps est venu, je pense, où, sans
s'arrêter aux nombreuses absurdités de celte école, il y a lieu
d'examiner de nouveau lesfaits,
engénéral
d'ordrelinguistique,
qui ont fourni leur base à ces théories, afin d'en vérifier la
porlée, de, les trier, pour ainsi dire, et d'utiliser ce qui en reste
de solide. C'est une réparation et une justice dues à la
mémoire du grand savant d'Oxford. Je serai bien surpris si
les savants modernes, mythologues et historiens des religions,
n'y Irouvaient pas leur compte.
Alexandre HAKGGËIITY KRAPPJÏ.
Boston,Massachusetts.
(1) U. v. Wilaii iowitz-MoellendorlT, l' indaros, Berl in, 1922, p. 132.
(2) 01., VII, H.
(3) Cerquand, op. ci/., p. 331 s.
(4) Mylfwlogische Forxclninyeii, Strasbourg, 1884, index, s. v. Pferd.
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NOTES CRITIQUES
SUR LE « DE ANIMA » D'ARISTOTE
i. A, 2, 404 a 1.
à-s'lpwv vào OVTWV <Tyr,p.àTwv zai àTÔfAwv Ta o-cpaipos'.o'ri irûp xal
'i/u-yviv ASYS'., ..otov sv T(7> àspi Ta xaAoûiieva ;ûa-p.aTa, a cpaîveTai sv
irai; Sw. TWV Quo'.àeov àx-rltnv, wv Trçv piv 7cav<j7tsp[j.iav r/Jç 6'Xr;j; tpûo-àto;
crrov/sla ),Év£'. •omoico; SI xal Asûxntîto;
• TOUTIOV ûe Ta arseaipostovi
'iuy/jV, o'.à TÔ ^àXisT* o'.à itav~ô; ouvaiOat ouxâûvsiv TOÙ; TOIOÛTOU;
p'JTjAOÙî,XtX.
La plupart des critiques sont d'accord pour affirmer la diffi-
culté d'interprétation de cetle phrase en sa lexlure grammati-
cale actuelle. 11 est impossible, dit RODIER (Aristote, Traité de
l'Âme, t. II, p. 44), « de trouver un sens clair à la comparai-
son a. 3. otov sv TW àép'.... S. Xéysi, et de savoir surtout à quoielle s'applique ». Les solutions proposées par les anciens com-
mentateurs, Philopon (67, 21), Simplicius (28, 31), Sophonias
(10, 37), Thémistius (16, 12) sont ambiguës ou esquivent le
problème. De plus, l'antécédent de wv n'est pas facile à
déterminer; ijÛTuaira convient quant à la place, mais non quant
au sens; il est impossible en effet que Démocrite ail fait du
mélange universel de vulgaires (xaÀoûu,eva) poussières, les élé-
ments constitutifs de la Nature; si l'on fait de ~v. ffjpaipoeiSyj
l'antécédent de wv, on se heurte à des textes explicites d'Aris-
tote lui-même, attribuant à Démocrite l'opinion que les atomesen général (T'/^IAOÎT*), et non pas seulement les atomes sphé-
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164 MARCEL DE COHT1Î
riqucs, sont les cléments qui composent l'univers (cf. De Caelo,
T, 4, 303 a 13 ; Phys., I\ 4, 203 a 21). Enfin, ôpoluç SE xal Aeû-XITOIOÇ,qui semble une incise, vient rompre la continuité de la
phrase en un endroit insolite, où, au surplus, on n'attend nul-
lement la répétition de xà a-ampoeio-rj. Quelles que soient les
négligences et la condensation, elliptique à l'excès, constatées
dans le style d'Aristote, elles ne suffisent pas, croit-on, pour
expliquer ce passage. En conséquence de cet état de choses
déjà signalé par Zeller. MADVIG (Adversaria critica, t. 1,
p. 470), supposant que la rédaction primitive du passage liti-gieux a été profondément altérée au cours de la transmission
manuscrite, propose un remaniement considérable du texte.
DIELS (Fragni. des Vorsokr., p. 363, 18) estime que l'ensemble
du passage, depuis a 2, ik o-eouposioy), jusqu'à a 4, àx7l<nv, est
une interpolation, sous prétexte que la comparaison de l'âme
avec les Çiia-jjunra qui suit l'endroit incriminé : a 17, soeao-avy</pT'.veç aù-rûv <|>u'/,^v e^vat ~* ^v TV *^Pl Çûa-jjwtTa, aurait été utilisée
icipar
unglossaleur
soucieux d'éclairerpar
uneimage
rà
ffioaipoeiori. Il est certain que lesémendalions proposées, comme
le remarquent Rodier à propos de Madvig, et HICKS {Aristotle,De Anima, p. 213) à propos de Diels, allègent considérablement
le texte. Nous croyons cependant qu'il est possible de conser-
ver le texte intégral des mss. (qu'ont lu d'ailleurs les plusanciens commentateurs), avec un minimum de frais et sans
recourir à ces hypothèses extrêmes.
En effet, il est trèspossible que
lacomparaison
olov... àxxwuv
soit une citation de Démocrite qii'Aristote ri a pas achevée, soit
parce que le texte en était connu de ses auditeurs, soit parce
que, le de Anima tel que nous le possédons actuellement étant
un ensemble de notes prises par les auditeurs du Slagirite à
ses cours, le passage en question a été omis à cause de sa lon-
gueur. Aux conférences qu'il consacrait à la recension des
opinions des anciens philosophes sur l'âme, Aristote devait
vraisemblablement lire des extraits de leurs écrits. Ces extraits,
pour une raison ou pour une autre, nous ont été la plupart du
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NOTES CRITIQUES SUR LR « DE ANIMA » D'ARISTOTK 1655
temps transmis fortement abrégés. Nous en avons des exem-
ples : au livre F du de Anima, Aristote accuse les anciens
d'avoir confondu l'acte d'intelligence (xô oepovew) el l'acte de
sensation (xè aùrSàveorOai); comme preuves à l'appui, il cite
Empédocle : « itpà; uapeèv yàp [AT|TIÇ àlçexat àvGpcÔTtotat » xal sv
aAÀOl.ç « oâsv aroeÎTtv.ouel /ai xô oepoveïv àXXoTa roxow-xaxoa », ainsi
qu'Homère : « xoîoç yàp vôoç so-xlv » (3, 427 a 23 sq.) ; or, la
première citation, à moins de donner à Tipoç «apeôv un sens par-ticulier —
lequel ne peut se tirer que d'un contexte —, non
plus que la seconde, n'impliquent l'assimilation reprochée; le
oOev de la seconde, d ailleurs, exprimant simplement la conclu-
sion que l'esprit des hommes leur présente sans cesse une suite
changeante de pensées, doit se rattacher à un contexte qui
avait le sens qu'Aristote incrimine. La même remarque vaut
a fortiori pour le très bref fragment de VOdyssée (XVIII,
136 sq.) qu'il allègue. Parfois même la citation attendue, au
lieu d'être abrégée ou amorcée, est complètement passée sous
silence dans le texte que nous possédons ; tout se passe comme
si Aristote avait lu, au cours de son exposé, un passage d'un
auteur qui n'a pas été recueilli par la tradition manuscrite ;
ainsi en est-il, croyons-nous, de De An., B, 4, 415 b 26 sq. :
ouSèv yàp »6ÎVEI oùo" aiiijexou tcuaixw? UIY) Tpeiçôpevov, xpéctîxoa S'
ouQèv â |r/i xoivwveï Çwïjç. 'EpLTïeSoxÂfjç o' où y.aXwç £ÏpT|Xe xotïxo,
TtpotJtiOelç TYIV au^Tjartv ffUfAëatveiv toïç CÇUTOÏÇxàx<o jxèv <xupp!.£ou[*i-
voiç Stà xè yriv oi)xa> cpÉpso-Qat.xaxà «>û<nv, où itpooTiBelç, selon toute
évidence, implique une citation antérieure d'Empédocle que
nous n'avons pas.
L'hypothèse que nous suggérons éclaire manifestement
toutes les difficultés du passage mentionné : en son texte, pré-
sumé partiellement cité par Aristote, le Stagirite nous dit que
dans l'infinité des atomes qui composent l'univers, ceux qui
présentent une forme sphérique constituent, selon Démocrite,
le feu el l'âme. Suit alors, à partir d'olov et continuée au-delà
d'àxxwiv, une citation du philosophe atomiste, vraisemblable-
ment destinée à montrer l'exactitude de l'assertion : àiseîowv
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166 MARCEL DE COKTE
yàp ovxwv T'/Y,[j.àT(ov xal àxôjjiwv, et à la fin de laquelle se trouve
1antécédent de wv. 'Oaoîo);
oè xalXsùwTinoz n'est plus une« parenlhetieul sentence » interrompant la suite des idées, et
le Si qu'on y découvre répond adéquatement au psv de ô'9sv
Arjaoxî'.To; usv TIJO XI xal 9îpaov cpy)<j'.vaùxTiv slvat, qui pi'écèdeimmédiatement notre passage et auquel Hicks ne trouve, pourle contrè-balancer, qu'un 3é situé 17 lignes plus loin en a 16.
Enfin, la répétition xoûxwv OS xà aoea'.posiBïj 4"J77iv n'est plus
choquante et même doit être exigée après une assez longue
citation, afin de renouer le cours des idées.
2. A, 3, 407 a 10 sq.
TÎW; Y*? ^ xal ^°'^<Jtl- jJ.iye6os ûv ; TxoxEpov éxwoGv jjioplw xwv
auxoû ; JAOOIWS' v^xc xa-.à [^ÉveOoç y\ xaxà <ixi.~fy.rtv, £'. oïl xal xoùxo
u.ôpwv siTtsw. £'. jjiiv ouv xaxa a-xi.yut.Yiv, auxai S' ôtTO'.poi, OYJXOVWÇ
oOSsuoxs S'.éijîmv si Ss xaxà uiysOoç, —oXXaxiç r, àneipàxi; VOYÎTE1
xô oe'j-6. coalvsxat. Se xal araec svSsvoasvov. si S' Ixavèv 8tvsw orwoûvi * * A. i ti
XWV [AOplwV, xl §£~. X'JX/.W JtWSwBat Y; Xal o)»WÇ JAIYËSO?Î7ÊW ; el
o'àvayxalûv voYJOEat.x<j) SX(j> xtixXw Qtyôvxa, xi;. èrciv ï) xol; [AopLo'.ç
Tel est le texte que nous offre l'édition Biehl-Apelt. L'édition
Ti'endelenburg-Belger donne : nwç vàp 3Y) xal vo^a-ei [jiéye8o;wv Tïotspov xaOôXou Y] éxwoûv xwv [Aopîtov xwv aOxoû ; xx/.., Rodier
préfère-: raô; yào SYJxal vorî<m [Asyn9oç wv ; îtôx£pov xa9' SÀov r]
ôxwoûv xwv piopîwv xwv aùxoù; Torstrik avait déjà le même texte,
mais insérait fkywv entre xaO' 6'Xov et -/}. Hicks simplifie : icw?
vào SY)VOYJTÏ',[ji.iy£9o; wv ; Tiétepov ôxwoùv j/,opiw xwv aixoù,' Forster
revient à l'ancienne leçon de Bekker et de certains mss. : IÏWÇ
vào 3YJ xal voYJTSt.piveÔo; wv éxwovv xwv p.opiwv xwv aûxoîi;
Que faire devant pareille diversité? Les mss. CUWXy (par
C, nous désignons le Parisinns Coislinianus 386 du xi° siècle,
dont T j— Valicanus 2S6 — du xive siècle n'est qu'une copie,
ainsi que l'a montré Forster) portent simplement éxwoûv xwv
|i.opî<dv sans uoxspov, V a sv ôxwoGv xwv [j.op''wv sans raixspov, E
portait primitivement TOjxepov ôxwoCv [j.opîw, mais une main ulté-
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NOTES CHITIQUE8 SUlt LE « DE ANIMA » D'ARI&TOTE 167
ricurc a exponclué xô-zspov, inséré TWV après ôtcpoùv, et aclscrit
un v à côté deJJWSÛI). Simplicius (42, ÎJ8)
etSophonins (21, 7)ont lu : TO5TSOOVxa(T SÀov r, sv Ô7<j>oCivTÙV [Aopiwv et la velus ta
translatio a traduit par : magnitudo cum ait, ulrum universali-
té)', an qualibet paflium nii ipsius. On comprend que les édi-
teurs aient été embarrasses de choisir.
Essayons de reconstituer le texte de la question à l'aide du
texte de la réponse. §i l'esprit est une grandeur, comme le
veut le l'imée, dit Aristole, les parties de cette grandeur seront,ou bien des
grandeurs elles-mêmes,ou bien des
points;Aris-
tote examine les difficultés que comportent ces deux interpréta-tions. Puis il ajoute : si 8' Ixavôv Qiysïv OTWOGIVTWV JAOOÎWV,ce quiveut dire : si l'on rejette le dilemme précédente! si l'on affirme
qu'il suffit à la pensée qu'elle atteigne l'objet par l'une quel-
conque de ses parties, qu'il s'agisse d'une grandeur ou qu'il
s'agisse d'un poinl, une nouvelle espèce de difficulté surgit;
si, pour y échapper, on affirme la nécessité où est la penséed'atteindre son
objet parla totalité de son
cercle,on est acculé
à des impossibilités grandissantes. La réponse faite parÀrisloteconsiste donc à réduire quatre fois à l'absurde l'hypothèse pla-
tonicienne, en partant de l'équation posée par le Timée : VÔYJTIÇ — xûx),o;ou [AéyeOoç, et en considérant cette [AéyeOoçsoit comme
tout, soit comme divisée en parties qui, à leur tour, sont soit
des |j.£y!9/|, soit des fmyjjweî. On voit donc nettement que le
texte de la question devait être :.ra5; yàp GT\ xal voy]«t péyjQo;wv ;
itÔTspovxx6' S).ov
(mieux que xaOoXou, par analogieavec w-k
jjiiyefta; et xa?à «rriyp.r,v) v) ÔTMOÛV.TWV jxopicov TÛV aùvoJ; (mieux
que aû-ou, puisque le pronom se rapporte à jjuysOo;) jxopîwv o'
7iTot •/.y.-k [ASYSÔOÇr, xaxà ariya^v etc.. Il faut lire ici pioptwv avec
la totalité des mss.. et non i/opîto comme l'a proposé SUSEMIHL
(Jenaer Literaturzeitung, IV, 1877, p. 708). Mopîtov reprend en
effet la première dichotomie tracée par Aristole : « Est-ce
selon sa totalité ou selon l'une quelconque de ses parties? De
quelles parties? De
parties envisagéessoit comme
grandeurs,soit comme points. »
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168 MAItCEL DE CORTË
Gomme l'avait déjà vu Trendelenburg, la paraphrase de
Thémistius (Tleinze, 21, 4, Spengel, 38, 1.0) suppose le texle quenous avons reconstitué. Or, Thémistius vivait au ive siècle, et
est un des plus anciens témoins que nous ayons de la tradition
manuscrite du De Anima. La chute de nÔTspov xaft' oXov a été
probablement causée par l'éloignement de la réponse que lui
réservait Aristote, qui répond aux questions dans l'ordre inverse
de celui où elles ont été posées.
3. A, 4, 407 b 27 sq.
Koù àXXri SE TIÇ oôça TtapaoéSoToa nepl <J/uyf)ç, 7u9avr| p^èvTtoXXoïç
ouSEjAiâç -?IXTOVT«T>vXeyoj/ivwv, Xôyouç S' wmisp _sù6iivaç SsSw/.u'ïa
xal TOÎÇ sv xoivtj) vivo[Ji£voi.ç Xôyoïç. àp(aovîav yâp Ttva aùt^v (i. <?.
J/uyjjv) Xsyouîrt.•
(texte de l'édition Biehl-Apelt).
Le texte des mss. est catégorique : tous portent le pluriel
Xôyouç (V, au lieu de Xôyouç, a Xôyotç). Or, l'expression XôyovSiSôvat. est seule employée en grec, d'après BERNAYS (Die Dia-
loge des Aristoteles, p. 15) et Torstrik, dans le sens juridique de
« rendre compte », formalité que devaient remplir les magis-trats athéniens à la sortie de leurs fonctions. D'autre part, l'ex-
pression eùôûva; StSovai ajoute à l'idée générale de « rendre
compte » un sens péjoratif : elle désigne le châtiment qui
atteint le magistrat dont la gestion a été insuffisante. Les cri-
tiques ont élevé deux espèces d'objections contre le texte tradi-
tionnel : les uns, tels Bernays, Haccker et Bonilz, estimant
que Xoyouç est une glose incompatible avec la tournure habi-
tuelle qu'on attendrait, proposent de supprimer Xôyou? 8' et delire simplement : iïxntep eù&tivaç 8s SsSwxuïa; les autres, con-
vaincus que la correction de Xôyouç en Xôyov laisse subsister
une certaine contradiction avec eùOiiva;, adoptent la solution de
Bergk (Hermès, XVIII, 518) : Xôyov 8' ûoitep xat eùBûvaç SsSwxtna,
(ou de Susemihl, Burs. Jahresb.,XXXlV, p. 27) : Xôyov oè xal
«'Witep sù8ûvaç SeSwxuïa. Toutes ces corrections offensant le texte
traditionnel et la vetusla translatif) (rationibus tamen tamquam
poenis castigata algue damnata) soiit dépourvues de valeur. 11
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NOTES CRITIQUÉS SUR LE « t>E ANIMA » D'ARISTOTË 169
suffit de dépouiller l'expression Xoyooç oioôvai du sens technique
qu'onveut à toute force lui
attribuer, pour dissiper l'équivoque.Aoyou; 3'ioôvai signifie simplement ici « donner des raisons » (cf.
6'pxov Swôvai ou vvcî>|jiv|v SiSôvai.) et l'orme jeu de mots avec ÀôyovSiSôvai qui vient immédi€atement à l'esprit lorsqu'on lit wo-uspsùOuva?. On trouve un exemple analogue de jeu de mots en r,
3, 428 a 12-15 : sueve' ouos Xéyojjusv, orav svspywpiev àxpiëwç Ttepî.zb ai<r9yiTÔv, Sri oeaivsrai TOÛTO7|f*ïv âv8pcoTco?, àXXà p.âXXov ôrav [/."/)
èvapywç aia-9avûjji.s9a, où Aristote joue à la fois sur tcavra<Tia
(dontil
s'agiten ce
passage)et
tpalveroa,ainsi
quesur
svepywjAevet svapyôç. Aussi, l'explication que tente Rodier est-elle contra-
dictoire ; il maintient à Xôyouç oiSôw.i son sens juridique, puis,
pressentant la solution, il conclut en termes alambiqués :
« Notre passage pourrait donc signifier que les explicationsfournies par la théorie en question n'étaient que des expédients
qui n'ont pas suffi à la justifier, ou, plutôt encore, que l'obliga-tion où e lle a été de fournir ses raisons et de soutenir la dis-
cussion, a été,pour
cettedoctrine,
comme lapeine
de sa
fausseté. »
Quant à l'interprétation de xat TOÏÇ èv xoivt^ yivo[Aévoiç X6yoi<;où la majorité des critiques voient, à la suite de Simplicius
(53, 1), une allusion au Phédon de Platon ou à VEudème, dia-
logue de jeunesse d'Arislote, qu'ils compliquent d'une assimi-
lation aux fameux è£u>TEpixoi X&yoi, elle présente la même
simplicité : il suffit de prendre cette expression en son sens
de « discussion » ou de « conférencepublique
». Les joutes
oratoires, où la faconde dialectique se déployait à l'aise, étaient
très populaires au ive siècle, à Athènes (cf. HICKS, p. 265). Kal a
ici un sens intensif et antithétique, ainsi que le souligne Thé-
mistius (H., 24, 14 ; Sp., 44, 4) : SeSwxuïa ûè-eùôûvaç xoà S%I\ÏO.<T-
[J.ÉV7)xat Èv roï^ xoivoïç Xoyoïç xai èv TOÏÇ iSioiç. Si xod a ce sens,
point n'est besoin de supposer avec Torstrik la chute de xat èv
TOÏÇ ioioi; dans nos mss.
Notrephrase signifie
donc clairement :à la fois dans desconférences publiques et dans des débats privés, la théorie de
UEO, XLV, 1932, n- -210-211. 12
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170 MAKCEL DE CORTE
l'àme-harmonie a fourni des raisons qui ont ressemblé à une
vérification de comptes.
4. A, 4, 408 a 27 sq.
ei S' ÈTTVV STïpov î\ d'U'/'ô ~*iî [**•$£<•>*, TÎ O/J TTOTE ap.a TÛ «rapxlEÏVOU avatpsÏTa!. xal TW •TOÏÇà/J.o'.; p-opCoi; TOÙ Ç<j>ou; itoôç'Sè TOJTO'.;,
sïîcsp py) EXOOTTOV-ÏWV [AOOÎWV <J'l''//lv £%£l> £1, F^ soriv '/) ^'/''i *
Aoyo; T^Ç [X'içsw;, -ri sortv O (fOèipsxai T^Ç J'O^Î ànoXstîtoûoTii;;
(texte de Biehl-Apelt).
Perplexa suntquae sequuntur, dit Tiendelenburg de ce pas-
sage. Afin d'y introduire un peu de lumière, replaçons-le dansson contexte immédiat. Poursuivant sa réfutation de la théorie
de l'âme-harmonie, Aristote écrit (a 5) : « Nous usons du mot
harmonie selon deux considérations différentes : 1°) au sens le
plus naturel, nous disons que l'harmonie existe comme syn-thèse de grandeurs, dans les êtres doués de mouvement et de
position, lorsque leur concordance est telle qu'aucune grandeur
analogue ne peut s'y ajouter [harmonie spatiale ou géomé-
trique], 2°) en un sens dérivé, comme proportion des élémentsd'un mélange [harmonie numérique ou arithmétique]. Ni dans
l'un ni dans l'autre sens, l'âme ne peut raisonnablement ôtre
envisagée comme une harmonie. Toutefois, c'est surtout l'opi-nion qui fait de l 'âme une combinaison des parties du corps,
qui tombe singulièrement sous les coups de la critique. En
effet, multiples sont les combinaisons de parties, et de modalités
fort diverses. De quelles parties du corps, et selon quelle ma-
nière, faut-il donc se représenter l'intellect comme une combi-naison? Que dire de l'âme sensitive ou de l'âme appétitive? Il
est pareillement absurde de regarder l'âme comme la proportiondu mélange, puisque la même proportion n'est pas applicableau mélange des éléments qui constitue la chair et à celui quiconstitue l'os. Celte théorie aura donc pour résultat de poserl'existence d'une multiplicité d'âmes réparties en chaque corps,s'il est vrai que chaque partie du corps provient d'un mélange
d'éléments et que la proportion de ce mélange est unejiarmonie,
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NOTES CRITIQUES SDR LÉ « DE ANIMA » DAKISTOTE 171
c'est-à-dire une âme ». Aristote examine ensuite le cas d'Empé-
doclé dont la doctrine se rattache naturellement à celle qui pré-
cède, puisqu'il y tentait de déterminer la proportion des élé-ments constitutifs des os et de la chair(cf. De Part. Anim., A, 1,
642 a 18 sq. où les mêmes termes apparaissent : Xoyov, OO-TOÛV,
(TTO'.^eUov, Àôyov rrjç [xî^ew;, crâsç, [/.opîwv). L'argumentation qui
commence ici (a 18) ne forme donc pas une parenthèse, comme
le veut Philopon (151, 5 : Taû-ra ouv èv TïapsxëaTS'.. S'-TICOV),et, à sa
suite, tous les commentateurs. Aristote se doit donc « de récla-
mer à Empédocle également des explications sur ce point »
(onMar/ïssu o av ti; TOÙTOys xal rcao' 'Ë[/.u£3oxXéou?), parce qu'il nes'est pas exprimé à ce sujet avec la précision souhaitable, ainsi
que l'indiquent les questions que lui pose ensuite Aristote. En
cet endroit, Aristote a dû lire un texte explicite d'Empédocle qui
a servi de base à sa discussion (cf. notre § 1) ; les critiques s'em-
barrassent en effet extrêmement de trouver la signilication pré-cise du pronom aù-rwv dans la phrase qui suit : SXOOTTOVyàpaùxwv Xôytjj T'.vî oi^riv elvai (a 19) ; Hicks, par exemple : « Com-
paring «àv-ra [jièv SX TWV aroiysîwv |Aejmy[jiévti>v (a 17) and :t\ [ASIÇIÇxaô' FJVuàpÇ xal xaf)' -^v oirroûv (a 15), we conclude that the mea-
ningof aù-rwv is those bodily parts called by A. o^oLo^epri ». Il
est évident non seulement que Hicks échafaude ses raisons
sur des subtilités, mais encore qu'il se conlredit, puisque, pla-
çant tout le passage en question entre parenthèses, il le séparede ce qui le précède. 11 est préférable, croyons-nous, de ne pasaccuser perpétuellement Aristote de négligence et d'incorrec-
tion, et de supposer que' aùrwv se rapporte à. un mot contenu
dans le texte d'Empédocle qu'Aristote a lu en cet endroit et
qui devait vraisemblablement être, ainsi que l'a vu Hicks,
« les parties du corps humain ». Empédocle prétendant que
chacune des parties du corps est conslituée par une proportion
d'éléments, Aristote lui pose les questions suivantes :.1° « la
proportion dont il s'agit est-elle donc identique à l'âme ou bien
l'âme naît-elle dans les membres comme une chose qui en
serait distincte? » (Il faut lire ici [ASAE^'.V avec CSUV, Philo-
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472 MAhCEL t»E CÔlltË
pon, Sophonias, une main ultérieure de E, et la vetusta trans-
latio, et non [jtipeanv avec EWy, puisqu'il est question ici
d'une théorie physiologique). 2° « L'Amitié », qui, dans le
système d'Empédocle, ordonne la combinaison des éléments,« est-elle la cause d'un mélange quelconque ou simplement du
mélange proportionné? » 3° « L'Amitié est-elle la proportionelle-même ou quelque chose d'autre, étranger à la propor-tion? ». Tels sont les points obscurs de la théorie d'Empédocleet sur lesquels Aristote lui demande des éclaircissements.
Aristote sait que la notion de causalité chez Empédocle,
malgré le concept d'Amitié qu'il fait intervenir, repose surune négation de la causalité authentique (cf. De Gen. et COÏT.,
B, 6, 333 b 9). Il ne reprend donc plus les deux dernières
difficultés qu'il a soulevées. Une analyse plus approfondie de
la théorie de l'Amitié déborde d'ailleurs le problème qu'il poseet qui est celui de Pâme-harmonie. Il reprend donc la premièredifficulté en la poussant plus à fond. La doctrine d'Empédocleétant indéterminée, et son affirmation que les diverses parties
du corps sont le résultat d'un mélange harmonique se prêtantà diverses interprétations psychologiques, doit-on dire, oui ou
non, en liaison avec la théorie de l'àme-harmonie, que ce
mélange constitue l'âme ? Dans le premier cas, la doctrine
tombe sous le coup de la réfutation générale précédente.Dans le second, il reste que, selon Empédocle, il existe une
pluralité de "proportions harmoniques et de mélanges parti-culiers propres aux diverses parties du corps, et donc, si nous
interprétons celte allégation dans le sens d'une théorie del'âme-harmonie, une pluralité d'âmes. Dès lors, pourquoi ces
âmes multiples disparaissent-elles en même temps et pourquoil'essence de la chair et celle des autres parties du corps ont-
elles une mort simultanée?
Tel est le sens de la première phrase de notre texte : « Si
l'âme diffère du mélange, pourquoi, à vrai dire, l'essence de
la chair et celle des autres parties de l'être vivant s'évanouis-
sent-elles d'une façon simultanée?». De sa première question :
'»*5îltos**A«'toJw;-i;i... -' •
.... - .- - , -' - i"-—' J33ÏÏKÏffii«!MK.V£
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NOTES CRITIQUES SUR LE « DK ANIMA » D'ARISTOTE 173
itôxepov OL»V 6 Xôyoç ËÏT'.V Ï| Auyr, vj JASXXOV sTspôv TI oyTa èyyiveTa!.
TOIÇ p-éXeo-iv; Aristolo n'a pas retenu le premier membre inter-
rogatif parce qu'il en avait déjà fait la réfutation. Il reprenddonc TJ aôiXXov eispôv TI outra èyyîvexai T(KÇ{ASÀETIV; sous la forme
el 8'èariv sTepov -r\ 'buyj\ TT,; pÂÇe»?. Celte interprétation, la seule
claire et la seule consistante de toutes celles qu'on a proposées,
appuyée d'ailleurs sur l'autorité d'Alexandre d'Aphrodise qui
proposait de ce texte doux interprétations dont la première a
servi d'amorce à la nôtre, exige évidemment qu'on lise 10 o-apxl
eïvai et TÔ T<HÇâXXoiç jji.opiotç TOG"Çûou au lieu de tû crapxl slvt/.'.et tù TOÏÇàXXoiç [AopîoLî xoû Çtpou. Si on examine attentivement
le ms. E, on peut remarquer que le ™ qu'il porte n'est pas
primitif, mais que le xo qu'il avait d'abord a été changé pos-térieurement en - rw : la forme contournée de l'w el l'accent
aigu subsistant sous l'accent circonflexe l'indiquent suffisant
ment. La lecture-6 a aussi pour elle le ms. V, les corrections
de CUW et Alexandre, selon Philopon (151, 32). La lecture TM :
« Qu'est-ce donc ce qui disparaît en même temps que l'essencede la chair et celle des autres parties de l'être vivant? » donne,
il est vrai, un sens satisfaisant à la proposition principale,mais ce sens ne s'accorde nullement avec celui de la proposition
hypothétique : et 8'sa-ùv s'-epov î\ Au-^vi f/jç uûc|ea>;.
Ensuite (irpè? Se TOUTOU;),Arislote, reprenant une seconde fois
le second membre do sa première question : û J/ÏJ semv 71 àu'/i,6 Xôyoç Tf\ç pi^etùç (qui a exactement le même sens que el S' ècmv
STSOOVh 4I(JX"'' ^ P^w?) envisage la doctrine d'.Empédocle sousune autre face et montre que, là aussi, elle s'avère insuffisante.
Dans la première phrase, il avait supposé, avons-nous vu,
qu'à la pluralité de mélanges harmoniques constituant les
diverses parties du corps répondait une pluralité d'âmes ; dans
cette seconde phrase au contraire, il pose l'hypothèse inverse :
« à supposer », dit-il, « qu'il soit faux de dire que chacune des
parties du corps ait une âme » (swrep u.y\ sxaafov TWV [Jioplwv
AU'/YJV lysi), quoique chacune (sxacrrov), en stricte interpréta-tion conforme à la pure doctrine d'Empédocle, soit le résultat
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174 MARCEL DE CORTE
d'un XôyK et que AtJyoç soit synonyme de \uyf\, « si l'âme n'est
pas la proportion du mélange, quelle est la nature de ce qui
périt -lorsque l'âme se relire?»; peut-on encore l'appeler un
mélange proportionné? Somme toute, dans la première phrase,
Aristoto supposant que les AÔyot des diverses parties du corpssont des tyu%xî, se demande en vertu de quelle mystérieuseconnexion ils disparaissent au moment do la mort ; dans la
seconde, supposant qu'ils ne sont pas des 'iu/aî, il se demande
s'ils constituent vraiment des /.ôyoï. 11 est impossible qu'ils le
soient, pense-t-il, parce qu'on ne peut affecter du nom de Aoyo;qui implique un équilibre vital, un organisme que la mort a
terrassé.
En résumé, depuis a 18 jusqu'à a 29, le raisonnement d'Aris-
tote tourne sur trois gonds, lout ce qui concerne l'Amitié mis
à part et ne constituant que des dillicullés subsidiaires : 1°) /)
[*âX).ov- [xsXscri.v 2°) et O'.STTIV- [uÇetoç 3°) et, {*/;- JJLIÇSWÇ,qui présen-tent la difficulté centrale, toujours la même du système d'Em-
pédocle, sous trois aspects différents, le premier, sous un aspectgénéral, les deux autres sous des aspects particuliers, mais
toujours dans le même sens. On voit dès lors combien il est
vain de vouloir supprimer pî devant é'xaw-ov avec SUSEMIHL
[OEconomica, p. 84) et GIIAIGNI/I: [lissai sur la psychologie d'Aris-
tole, p. 247, n. 2) : cetle correction procède d'une méconnais-
sance totale du progrès de l'argumentation d'Arislote. Quant à
la variante knotencoùar^ (SYW) ou iKOÀmoiia^ç (E première
main. CUy), elle ne présente pas d'importance réelle. Peut êtreà™XetTto!iff7}<; est-il préférable.
5. A, 4, 408 b 5 sq.
et yào xal oc. màî.wïa "6 XoTretTÔat r, yatpetv 't\ ûtavoeta-Qat xw^Tet;
tW>.xal éxarrov xtvetsfiat TO'JTWV,~b ci xivsw-Oai STTIV 6T;ÔTY^ AuyYJ;;,
oïov TÔ opviÇecf):*'.. •/) oeoêêwôat iô rr,v xaçotav wol xtvevrSat, 70 Se
O'.avostTÔa1. T| 70 TOGTOl'a-w; /| stsoôv u, TOUTCOVos <rjpiëalvet Ta JJISV
xa?à oeopcr.vTivràv xtvoupivwv, T« 3$ xaT* àXXotwatv (irota 3è xal irûç,
STEOÔ; Ei77'. ).Ôvo;) y,TA,
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^>y-'f^W^^'^r:^^^^^.W^We^^^^^^^^^^iW'^, *"»'*l''Vr.ij-ff WSLV-!F?î•>.iW«',eV.- * -sa- :
NOTES CRITIQUES SUR LE « DE ANIMA » D'AKISTOTE 173
« On pourrait avec plus de vraisemblance soulever la ques-
tion du mouvement de l'âme », nous dit Aristote dans le texte
précédant celui que nous citons, « en attirant l'attention sur
les faits suivants : nous disons couramment que l'âme est triste
ou joyeuse, audacieuse ou craintive, et aussi qu'elle s'irrite et
sent et pense. Or, tous ces étals passent pour être des mouve-
menlSysi bien qu'on pourrait croire que l'âme est mue. Mais
cette déduction ne s'impose pas ». « En effet », réplique Aris-
tote qui commence ici sa réfutation, « admettons dans la
mesure la plus large possible que les actes de douleur, de
joie ou de pensée soient des mouvements, que leur nature soit
d'être mus et que ces mouvements aient l'âme pour cause »,
queconclurede pareille supposition ? « Supposons, par exemple,
que les actes de colère ou de crainte » soient des mouvements;
comme ce mouvement n'est pas suspendu dans le vide, il faut
qu'il ait un substrat et s'effectue par l'intermédiaire d'un
organe, le coeur; les actes de colère et de crainte se déclanche-
ront « par l'intermédiaire d'une agitation spéciale du coeur » :
TW T/|V xapûiav wSl xwew-Qou. Il faut lire TW avec les mss. SUWy,une main ultérieure de E et, de X et do C, ainsi que la vetusta
translatio [in eo quod cor quodammodo mooetur), parce que TO
(EVX) signifierait que les actes de colère ou de crainte sont des
mouvements du coeur : ils ne pourraient donc plus être des
mouvements de l'âme, comme l'implique l'hypothèse. Quand
Rodier, àla suite de BONITZ (Arist. Stud., II, p. 22), nous dit que« l'opinion exposée
par
Aristote est, non pas que la colère est
accompagnée d'un mouvement, mai* qu'elle est ce mouvement
même » et qu' « il faut lire par suite TO TYIV xapStav au lieu de
Ttji TV)V xapSlav », il énonce à coup sûr une chose juste, mais
ces deux éminents exégètes oublient que la colère sera, en
l'occurrence, un mouvement du coeur, et non plus de l'âme, ce
qui placerait, au sein même de la théorie qu'expose Aristote
pour la réfuter, une contradiction interne. 11 faut pareillement
lire avec tous les mss. : -b oï 8tavosï.s6a'.r, TOWGTOV,et non, comme
le proposent Bonily, et les commentateurs qui l'ont suivi, corri-
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176 MARCEL DE CORTE
ger en TJxô xoûxo (de ce poinl de vue, la correction de ïorstrik :
•rçxô) xoùxo serait plus vraisemblable). En effet, Aristote, conti-
nuant sa supposition dit : « Supposons que l'acte de pensée soit
analogue », c'est-à-dire qu'il soit, comme la colère, produit parl'intermédiaire d'un organe. Saint Thomas d'Aquin a bien saisi
le sens de ce passage [In Ar> libr. de An. Gomm., I. I, lect. X*
n. 148) : « Aristotele's vero omniâ ista concedit. lpse enim sup-
ponit quod htijusmodi operaliones fiant per determinatd organa,etiam iiUelligerc. »
Et Aristote de conclure : de toute cette hypothèse* il résulte
simplement que les actes en question « nonsunt animât; tantum
motus, sed conjuncti ». BéÀxwv yàp !™^ jr/) yiysiv XTJV<W/r,v è/eeïv
•?i [AavOàvew vj Suavoew^ai, àXXà xôv àvQpwrcov xrj A^'/CÀ (D 13-15).Prétendre que tous ces actes sont des mouvements do l'âme
équivaudrait, en l'hypothèse, à dire que les actes de tisser ou
de bâtir sont, au même titre, des mouvements de l'âme.
6. A, 4, 408 b 24.
• Kai xo voe'ïv omt\ xal xè Osupeïv uaoaîvsxai àXXou xivô? ê<r<i> ®8eioo- jjtivoi», aùxô Ss à-rexOèçèav.v.
Certains critiques suspectent le mot sVw dont ils ne saisissent
pas la valeur. STEINHAKT [Symb. crit., p. 4) et Bonitz (p. 24,n. 1) proposent de corriger le texte de tous les mss. et de tous
les commentateurs, l'un en svcj>, l'autre en êÇw, parce que seule
la destruction d'un organe distinct de l'intellect ou d'un organedans lequel l'intellect réside, peut altérer la puissance spiri-
tuelle. Il y aurait, peusous-nous, une objection bien plus forteà faire au texte traditionnel è'o-w : c'est que l'intellect na pas
d'organe, étant ywpwxôç, àitaSr^, kpiyrfi, aux termes mômes du
livre F qui nous dit en outre : rt zav ô'pyoti/ôv x*. ewi, ôWrep x<j>
aLo-07)xi.xâ)• vùv 3' oùOév ètrxiv (4, 429 a 26). Mais toutes ces objec-
tions disparaissent, si l'on considère attentivement le texte. Il
est clair en effet que l'o-w ne peut signifier ici qu' « à l'intérieur
du corps humaiu » (cf. ZELLEK, Philos, d. Gr., II, 2, p. 570, n. 1)
et qu'il modifie le sens de oOEipopivoy. Mais alors, comment
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NOTES CRITIQUES SUR LE « DE ANIMA » D'AKISTOTE 177
Aristote peut-il affirmer de la part de l'intellect une dépendance
qu'ilniera
plusloin .avec force? En d'autres
termes, commentl'intellect peutnl être affecté par la destruction d'un organe
interne (êo-w), alors que, faculté purement immatérielle, il ne
possède pas d'organe? Faut-il donc en revenir aux corrections
de Steinhart et de Bonitz ou simplement dire, avec Saint
Thomas d'Aquin (n. 165) : Supponendo loquitur Aristotelés ? (1).
Remarquons en premier lieu qu'en stricte doctrine aristoté-
licienne, il existe une subordination extrinsèque et accidentelle
de l'intellect vis-à-vis de la sensation et ducorps qui
en est
l'agent : OUSSTOTSvosfï âvsu cpavràffi^aToç T, Auy-/, (r, 7, 431 a 16).Il n'est donc pas besoin d'imaginer ici qu'èo-w désigne un
Ttveuuimxov <7wp.a, substrat immédiat de J/yy txal 3uvà[jiê!.i;, comme
le l'ait Philopon (164, H, sq.). NEUHAEUSER (Aristoteles' Lehre
von dem sinnlichen Erkenntnissvermoyen und séinen Organen,
p. 12) a vu juste sur ce point, en soulignant qu'il s'agissait des
aw-Orir/ipia où se développent les images. Mais Aristote a précisésa
penséed'une
façon remarquable: il ne dit
pas6
voûç fjuxpeù-vexaç âXÀou xivài £<rw oeQeipojisvouj mais "o voelv Svj xal TO (kopew,c'est-à-dire que l'intellect, selon lui, est dans la dépendance du
corps, non quant à sa substance, mais quanta son exercice. To' voeiv xal TO ôecopeïv signifie littéralement l'exercice de la pensée
et de la connaissance. « En soi d'ailleurs », ajoute-t-il, « ces
fonctions ne sont pas atteintes » : otù-zbSe àïtaGéç ECTTIV.Dès qu'il
parle de l'intellect lui-même, l'expression change : o Se vouç ÏSTOK
QeioxepôvT>.xai
àrcaQsçESTIV
(b 29). Cette opposition deTÔ vostv
etde 6 voûç, si suggestive, illumine toute son argumentation. Il
faut donc estimer qu'Aristote pose, dès ce passage, les fonde-
ments de la doctrine qu'il construira au livre T; les circonlo-
cutions dubitatives dont il entoure son exposé (woç, a 9, a 13,
(1) L'explication de S. Thomas suit de près celle de Thémistius, du moinsdans son sens général : vûv yio àTtopouvTL vtaL aàxôç fJÔfÀXov -r\ StScéaitovxi irpoaéoixsv(30, 37, éd. [IEINZE). Sur la dépendance étroite de S. Thomas vis â vis de Thé-mistius dans
son commentaire, nous nous permettons de renvoyer â notrearticle : Thémistius et S. Thomas d'Aquin qui paraîtra dans les Archives d'His-toire doctrinale et littéraire du Moyen-Aye de 1932.
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178 MAKCEL DE COKTE
a 20, a 29) ne proviennent pas d'une indécision de sa pensée
sur ce point capital, mais de précautions oratoires nécessairesdans la solution rapide des apories qu'il soulève au livre A,
et qui ne seront résolues que dans la dense et elliptique lumière
de sa propre théorie du voû;.
7. A, S, 409 a 31 sq.
Sojxêa'.vsi os, xaOàTtss SOTOJJLSV,x-fl JJLEVTaCxô Aéyeiv TOTÇ(ràifjiâ xi
IsTCTOjxEps; aùxyjv TtôsOTt, x$ 8', ôjrap A/jaoxp'.Toç xivevr8oâ CCÏJT'.V
ÙTÏÔTY]? 'iuyrii;, ïoiov xo àxoTtov.
ïorslrik, dans une note que Hicks qualifie d'admirable, estime
qu'l'3'.ov est incompréhensible; Rodier semble approuver son
avis. Voici les raisons qu'il avance : 1°) Hoc... apparet vero
minime esse proprium Xenocralis, sed cum Democrilo commune :
id quod eliam ipse statim initio dixerat a 32 : xr, 8'û«rep
A7)[Aoxpi?o; xwswQai ©-/jo-tv Ouô TTJÇ'J^y^U 2°) jure igïtitr damnavi-
musaxoTÎOV i//i/rf ïoiov xô âxoirov, natum ex déficiente ulvidebalvr
post TÇ
8É fa32) infinilivo
:
qui
tamen facile andilur :
xç
oè
(Xéy.eiv XWS'ÏTOXI) toTitso A. xiveî^Qaî »7i<nv UTO XTJ; <tuyïî;. Torslrik
aurait pu ajouter que Sophonias (31, 6) ne semble pas avoir
lu le mot qu'il condamne et qui manque d'autre part dans le
ms. S. Le raisonnement de Torstrik et les approbations de'
Rodier et de Hicks procèdent cependant du fait très simple
qu'ils n'ont pas compris le sens précis de ïSiov. L'expressionïSiov xô àxouov ne signifie pas que la difficulté est particulière à
Xénocrate ; il est trop évident que la difficulté, loin de lui être
particulière, lui est commune avec Démocrite : «Trop l'indique
nettement. "locov signifie uniquement ici spécial par opposition
à générai. Démocrite tombe dans des difficultés d'ordre généralen prétendant que le mouvement est causé par l'âme; Xéno-
crate spécialise ces difficultés en restreignant la proposition
de Démocrite à l'âme-nombre.
8. A, S, 410 a 27 sq.
TtoÀAàç o' (bios'lou; xal ouTyeoeta; syovxoç xoû Àéyeiv, xaflârap 'fii/Ttç-
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NOTES CRITIQUES SUR LE « DE ANIMA » D'ARISTOTE 479
SoxXviç, <o? ro^î 3-coijiaTiXQv; sroiysîoi* sxa*ra yvcoptÇeTai, xou 7tpo<; TÔ
op.ot.ov, [Aaptype!! TO vûv ),ê-^9sv.
Ce passage présente deux difficultés capitales que la critiquen'a pas encore résolues :
1° xal -pô; TÔ ÔJAOIOVque nous donnent tous les mss. et la
vetusta translalio (et ad simile) est. considéré comme inintelli-
gible. Torstrik propose la conjecture : xal -M 6JAO£<J)~ô ôpotov
qu'il emprunte aux commentaires de Philopon (180, 20, 26) et
de Sophonias (34, 5). Rodier fait de TTOO; un adverbe et de TÔ
OJJLO'.OVune espèce d'accusatif interne dépendant de jUapTupeï.Mais, outre que son interprétation donne à la phrase une étrange
allure, Rodier ne s'est pas aperçu que ttpôç fait alors double
emploi avec x«L De plus, ainsi que le remarque Ilicks. chaquefois qu'Arislote use de «pô; comme adverbe, il'y joint en (cf. A,
3, 407 b 3 : xal TTOOTST'.CSSVXTÔV; Top., I, 4, 166 a 35). « Even
then xal after Ihe genilive absolute présents an insuperable
difficully. » D'autre part, le texte traditionnel se comprend par-
faitement sans la correction de Torstrik. laquelle ne fait qu'am-
plifier le sens littéral de xal itpèç TO oao'.ov. Il est impossible en
effet de séparer xal^pôçTÔ OJJ.O'.OVde -p^pCÇera!. pour le rattacher
à jjiapT'jpev. Dans les trois arguments qui précèdent celui-ci et
qu il dirige contre la théorie d'Empédocle, Aristole, loin de
dissocier l'idée de arrov/slov de celle de OJJUHOV,l'en rapprocheintimement : « Il nous reste à examiner pourquoi on fait entrer
les éléments dans la composition de l'âme. On doit le faire,
nous assure-t-on, afin que l'âme puisse sentir chaque chose eten prendre connaissance. Mais cette doctrine conduit infail-
liblement à de nombreuses impossibilités. On pose, en effet,
que le semblable est connu par le semblable, ce qui impliqueraitque l'âme s'identifie avec les objets qu'elle connaît » (409 b
23-28). « Point d'avantage donc à ce que les éléments se trou-
vent dans l'âme, si leurs proportions et leur mode de synthèsene s'y trouvent à leur tour. Car chacun prendra connaissance
de son semblable, mais rien ne sera capable de connaître l'os
QM l'homme, à moins que ces objets ne soient, eux aussi, pré'
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180 MARCEL DE COIITE
sents à l'âme. L'impossibilité d'un tel fait n'a pas besoin d'être
soulignée : qui oserait se demander si la pierre ou l'homme setrouvent dans l'âme? » (410 a 7-11). Le texte qui suit immé-
diatement le passage que nous interprétons est plus expliciteencore : « En effet, les parties du corps des êtres vivants quisont uniquement formées de terre, savoir les os, les tendons,
les poils, n'éprouvent, semble-t-il, aucune sensation; ils ne
sentent donc pas non plus les éléments qui leur sont semblables
(WCT' où5è Twv6|i.ottov). Et pourtant il conviendrait en l'occurrence
qu'ilsen aient la
perception»
(410a 30-410 b
2).Kal
itpôçtô
ôjjuHov doit donc faire partie du génitif absolu et être réuni â
TOTÇCTO)(JWITWMKÇo--ot.y_£'lou. "Exaorane signifie pas « chaque chose »,
mais « chaque élément » ; on a dès lors le sens suivant :
« chaque élément est connu par les éléments corporels et en
relation avec son semblable », ou encore « en vertu de la relation
de similitude qu'ils ont entre eux v. Il est certain que pour cette
traduction de upô; on n'a pas le droit d'invoquer 416 b 10 : 8><rze.
x.a.\ r, (j>u^'/>,upôç sjjuluy^ov. Torstrik a raison de dire à ce
propos
:
alia enim ejus loci ratio. Mais un autre passage du i)e Anima
contient un sens équivalent de «pô; ; le voici : /.al sVu -zb vioea-Oai
xai XuTOW-Qa 1. ~° evepyeïv ^ aw-87)Tix^ pt.ea-6v/|Tt. upô; TO àyaOov y)
xaxôv, -$ ToiaÙTa (r, 7, 431 a 10-12). « Eprouver du plaisir ou
de la douleur, c'est agir par l'intermédiaire de la faculté sen-
sible prise comme moyen terme, et en relation avec un objetbon ou mauvais, considéré précisément sous cet aspect. » Si xal
•npoç TO 6'fjLOLOvest séparé de TOÏÇa-MfAaTixcKi; trrot^etoiç, c'est pourêtre mis en relief, car c'est précisément sur l'idée qu'il suggère
que va porter la réfutation d'Aristote : si chaque élément cor-
porel est normalement poussé à connaître son semblable, si,
quand il est mis en reltion avec son semblable, la connaissance
se produit d'une façon automatique, pour quelle raison les
parties du corps humain, telles que les os, les tendons, les
poils, qui sont uniquement composés oVnn des éléments : la terre
(àîclwi; yr|ç), sont-ils apparemment dépourvus de sensation el
de connaissance? Si la relation « cognoscitive » (comme disent
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NOTES CRITIQUES SUR LE « DE ANIMA » D'AMSTÔTE 181
les scolastiques) du semblable au semblable était constante,
les parties en question auraient dû être douées de sensibilité.
Or, en fait elles ne le sont pas. Dès lors, la proposition d'Em-
pédoclc : yair, jjiiv yàp yatav ô^wTcajjisv, à laquelle Aristote 'fait
sans doute ici allusion (cf. A, 2, 40 b 413) est fausse.
2°) uocoTupsï TO vûv Xey9év.
Philopon (180, 23) interprète : xo yàp vûv XeyOév <pïi<nv àvxl TOÛ
TÔ Asyôïio-ôusvov. Simplicius (70, 8) fait de môme. On trouve
une expression parallèle dans De Part. An., A, 1, 639 b 6 : xb
vûv pyiO/jToiAevov. Le ms. T porte d'autre part Xsyjîï oijievov éga-lement adopté par des corrections de UVyX et que Sophonias
(34, 6) semble avoir lu. L'interprétation de Philopon et de Sim-
plicius n'est guère cependant soutenable. Comme le souligne
Torstiik, xô Xe^ôév affecté de vûv, ne peut signifier xo Xeyjjyi-
<ré[A£vov, « quamvis id velint interprètes Graeci. » Pour que xo
vûv Aeyôév marque le futur immédiat, il faudrait au surplus quexal -tpôç xô OJJLOIOVfût rattaché à [xapTupeï et que xal eût un sens
adverbial. Or, nous venons de voii- l'impossibililé de cet expé-dient. Enfin, quoi qu'en dise Belger, il est faux que l'argument
qui suit immédiatement puisse être une des [xapxupîai. qu'Aris^tote décrit dans sa Rhétorique (A, 15, 1375 a 22 sq.). On cher-
cherait en vain entre eux une ombre d'analogie. Tô vûv XeyÔévdoit donc signifier : « Ce qui vient d'être dit». Or, « ce qui vient
d'être dit » ne peut être, dans l'état actuel de notre texte, queles trois preuves précédentes de l'inanité de la théorie empédo-
cléenne; Ô'TOCyàp è<mv XTX. qui suit devient en ce cas incom-
préhensible.
Ce passage est-il donc irrémédiablement corrompu ? Il sem-
ble qu'il y ait là une lacune, ainsi que l'a pressenti Torstrik :
« Lacuna in fuit, quant maie suppleverunt additis [/.apTupel xô
vûv XeyOèv, quasi praecederet ra>XXà<;-S' àitopfaç eyeiv TO Xsy£t.v, non
I^OVTO; TOÛ Xéyeiv. » Mais il est possible de déterminer cette
lacune sans considérer [AapxupEÏ TÔ VÛVXeyÔév comme une inteiv
polation, en
supposant queitoXXàç 8'
adoptas
xxX. était
précédéd'une lecture d'un texte dEmpédocle dont le contenu se rappor-
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182 MAKCEL DE COUTE
tait à l'idée exprimée en ce quatrième argument. Ce texte
devait être celui qu'Aristote a déjà cilé en A, 3, 404 b 13 :
vctlr. uèv vào vô.v ônûnauîy, DOOL-ZIS' uowp.
a'.Oépi o1 a'.Qspa oïav, cVràtp Trupl itûp àlo7iXov,
o"ropyvi 3s ffropy/jv, VÊIXO; oé ts vsîxsï Xuyow.
Àristote se livre ici à une sorle de parodie d'une condamna-
tion judiciaire d'Kmpédocle, et TÔ VÛV Xsyjjsv a le sens qu'a
l'expression, si fréquente'chez Démoslhène, Xsys j/ot. TÔ ^«picri/a
(cf. aussi PLATON, Theaet., 143 c, àXXà, uaT, Xxêè TO pi6Xtov xal
Xsye).Si nous admettons la vraisemblance de cette lacune
(etnous avons vu plus haut que ces lectures de textes philoso-
phiques manquant dans nos mss. étaient assez fréquentes),
tVayàco sTTiv K-ÎA. devient pleinement intelligible. Inversement,on peut dire que l'explication de la présence de yàp exige une
lecture antécédente d'un texte d'Empédocle. Thémislius (Sp. 61,
27) semble d'ailleurs avoir eu sous les yeux ce texte que nous
possédons, ou du moins.en avoir imaginé la présence : ÔatijxaxrôsSe 'KJAÏCSXOXX^Î, yoûiri fJtlv yàp yaïav OTcwua[A£v Xéytov, oùy ôptôv oè
ott xal Èv TOÏS TOÛ Çtljou [xoptoiç osa y^ç à7tXû>;, olov OTTÔ"V£Ùp«
xptye;, -aûz* xùv àXXcov àvawfiïiTÔxaTa, xatTOl 7tpo3"/ÏXE xwv yoiiv
ô|/o(<ov Taùxa a'wôàvearfixt. Notre phrase signifie donc : « ce qui
vient d'être lu en rend témoignage. »
9. A, S, 411 b24sqq.
àXX' oùôèv TIXTOVèv éxaTgpw wv jxopU)v SïtavT' èvuTtâpyet TO tiôpia
Xïi? tlnjyjfj;, xal 6u.oev.oelc etalv àXXvp.at; xal iftl 6'Xip, àÀAvJXwv uev
ci; où '^topwrà ô'vxa, xf,ç S' O'AVJ; X''» •"*» StatpsTriç oûa-r,*;. Tousles mss. à l'exception de W portent ôjAosweï; ew-lv àXXv)Xai.<;.
Thémistius (H. 38, 12, Sp. 69, 9) et Sophonias semblent avoir
lu le texte de W : opiosiSf, EITIV àXXï)Xoiç (nous ne pensons pas
avec Trendelenburg et Hicks que le scribe de Ë, après avoir
écrit ojioeiSfiïî, a corrigé ensuite en 6[AO£t.8^; un examen attentif
du ms. prouve que la correction est due à une main étrangère).
Rodier adopte le texte de W ; mais son opinion nous paraît
difficilement soutenable. Reportons-nous, en effet, au contexte.
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HOTES CRITIQUES SUR LE « DE ANIMA » D'ARISTOTE 183
« L'expérience nous révèle », dit Aristote, « qu'après avoir été
divisées les plantes continuent à vivre. Elle constate aussi le
fait chez certains insectes. Tout se passe comme si l'âme des
segments était spécifiquement, quoique non numériquement,la même, puisque chaque segment reste doué de sensibilité, et
capable de changer de place pendant un certain temps. La
rapidité avec laquelle ils meurent n'a rien de surprenant, car
ils manquent d'organes propres à conserver leur nature dans
l'existence. Néanmoins, en chacun des segments se trouve
intégralement contenu l'ensemble des parties de l'âme » (a 19-
25). Les éditeurs partisans du texte époiiSsIiî àXX7J).ou;, le seul
plausible à nos yeux, n'ont pas vu combien l'ensemble du
contexte exigeait cette leçon. En premier lieu, on remarquera
que de zà. pépia -zf^ <J/uyjî;ç il est facile de tirer un sujet : ai
t|<t>y«i, c'est-à-dire plus précisément, ai '}uy«i oîkw; pîpepwpivai;le complément T7J oXfl, c'est-à-dire T^ OX-ÇAv/jf,, sollicite d'ail-
leurs la pensée dans ce sens. En second lieu, le contexte w;
T7|V a'jTïiv s'yovca tyw/7\*' '«•» stSsi (a 20), indique, sans ambiguïté,
qu'il s'agit de ^t>yai ai aùtal ^«ô eïSst ou de <!>uyai oposiSsï^. Enfin,on ne saisit pas pourquoi Aristote aurait appliqué l'a règle
grammaticale TO Çwa "psysi avec Ta pépia T^Ç d^X'?^ comme
sujet de sTCunàpysi, sans l'appliquer à la même expression sujet
de e'wîv. Concédons toutefois que oposiÔT) e'wîv à/X/)Xo'.; a un
sens équivalent, mais ce neutre n'est aucunement exigé, ni
par la grammaire, ni par la suite des idées. Sa présence dans
quelques mss. s'explique d'ailleurs aisément par celle de ?à
pépia. Aussi, lorsqu'un remarquable philologue comme ïorstriks'élève contre cette lecture en disant : « ipsae animac eiusdem
generis sunt, non animae partes vel facilitâtes : nom xô opsxTixév
opinor ex alio génère est ac -zb aïs9r|Tixév et cetera simili modo »,
il prouve simplement combien il était dépourvu d'esprit phi-
losophique. Aristote aurait pu écrire : 6poei3-?i àXXiîXoi^ en
faisant de -rà pépia sr^ tyv'/îis ((lu' se traduit non pas : « les
parties de l'âme », mais : « les portions de l'âme ainsi divisée »)
le sujet au sens dislributif de slo-tv. Bien que la grammaire et le
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184 ftlAtlCBL DE CÔRTË
contexte ne défendent pas celle lecture, on ne peut prétendre
qu'elle manquede
signification.La phrase, telle que nous l'entendons, se traduit donc :
« Néanmoins, en chacun des segments se trouve intégralementcontenu l'ensemble des parties de l'âme, et les âmes ainsi multi-
pliées sont spécifiquement identiques entre elles et à l'âme du
tout primitif. Ces constatations impliquent que les parties de
l'âme sont inséparables les unes des autres [répondant à oùSlv
—<k)yr|ç], mais que l'âme prise en son ensemble est divisible
[répondant à o[/.oe'.Se~.ç —
o^]. »
10. B, 1, 412 a!6sq.
ËTCI S' £<7Ttcroira xaî TOIOVOITOÛTO,Çw/)v yàp è'yov, oùx oevz<;t\ <zh
, o-wjxa Auyô (texte de Rodier).
Les mss. se divisent profondément sur le texte qu'ils nous
transmettent de cette courte phrase. K portait primitivementèitel Se, qui a été changé dans la suite en STOWTJ(Fôrster suppose
l'inverse, mais il n'a vu E que sur reproduction photographique.
Une étude attentive de E nous a fait constater l'exactitude de
nôtre lecture). SLVWXP, Philopon et Sophonias ont aussi
STOI 8S. E2Cy Thémistius ont èiret§7J. EC portent xai o-tôpia TOMJVSE,
y xal (TW[JL*-roiovôt, U VWX <TWJJ.!Xxal w.ovol TOÛTO.SUW omettent
TÔ que possèdent ECVXPy. Vu^/j se lit dans EGP, tandis qu'on
remarque r\ A^yô dans SUVWXy. Enfin, la velusta translalio
suppose : èïtel 8è <7<3j/.àÈcrt, ToiovSe, Çcorjv yàp eyov, oux «v zvt\ -h
fftôfjia [•/)] •J'uy/i, puisqu'elle traduit : Quoniam autem corpus est
laie, nempe vitûm habens, non ulique erit corpus anima.
Replaçons à nouveau le passage dans son contexte. Aristole
vient de rappeler la triple signification du mot substance :
matière, forme et composé de matière et de l'orme. « Or la
matière correspond à la puissance et la forme à l'acte. Ce der-
nier terme revêt à son tour deux significations : la science
serait un exemple de la première, et l'exercice de la science,
de la seconde. D'autre part, l 'opinion commune considère
surtout comme substances les corps, et particulièrement les
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NOTES CRITIQUES SUR LE « DE ANIMA » D'ARISTOTE 188
corps naturels. Mais, parmi les corps naturels, les uns pos-
sèdent la vie, lès autres ne la possèdent pas, et par vie nous
entendons le pouvoir de se nourrir de ses propres moyens, joint
à une croissance et à un dépérissement issus de soi. Dès lors,
tout corps naturel qui a reçu la vie en partage doit être une
substance, au sens de substance composée » (a 6-46).
La variante èmel Se, ÈTCSLSTÎ n'a guère d'importance, ni au
point de vue du sens, ni au point de vue paléographique, Svj
étant souvent, en ce dernier cas, confondu avec Se. 'Enet Se
semble toutefois préférable, si l'on veut souligner l'enchaî-
nement des idées et leur progression vers la conclusion de
a 49 : otvayxoùov àpa. Celte progression montre également que
le texte xal «rwjAa xo'.ovoî est le seul acceptable. Puis donc que
les corps naturels sont éminemment substances et que tout
corps doué de vie est un corps naturel, il résulte nécessaire-
ment de là qu'un corps doué de vie est une substance. Cette
substance ne peut être pure matière, puisque la matière comme
telle est indéterminée (8 xa<)' a.û-b [ASVoùx è'<m triSe TI, a 7); elle
ne peut être pure forme, puisque corporelle implique évidem-
ment matérialité. Reste donc qu'elle soit considérée wç <xuvÔ£Trç.
Or, un corps doué de vie implique deux choses : un corps et
une détermination intrinsèque, savoir le fait de posséder la vie.
11 est donc impossible de confondre le corps et l'âme, car l'âme
et la vie sont des termes synonymes (ÇWÏI tyu%'f\ è*ri, dit exacte-
ment Philopon, 218, 6). Le texte de y : ÈTOIS' so-cî.xai râpa TOIOVSÎ
traduit fidèlement le raisonnement d'Aristote; « puisqu'il s'agit
là, en outre, d'un corps pourvu d'une détermination bien
nette, savoir le fait de posséder la vie, le corps et l'âme ne
peuvent se confondre ». Loin que xoû soit incompréhensible,
comme le veut Rodier, c'est sur lui que repose toute l'argu-
mentation : il définit, en effet, la ligne de partage entre le ata^a.
pur et simple, et le o-wj^a ÇWYJVÈ'^OV (cf. a 1 3 : TWV 8S cpuffixûv TO
pèv lyti Çwviv, rot S' oùx syji). Par suite aussi, xotovSî, plus
insistant que TowvSe, et qui supporte également l'idée prin-
cipale, doit être le texte authentique dont xal a-wpt xai toiovSi
UEO, XLV, 1932, n" 210-211. 13
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186. MARCEL DE C0RTE
TOÛTOn'est qu'une amplification redondante. Enfin, il est pro-bable que la leçon y\ ùvyfi ajoute une nuance subtile, mais
nécessaire à la pensée d'Aristote. De ce qui précède il résulte,en effet, que non seulement le corps est distinct de l'àme, mais
que l'âme est distincte du corps. Or, cette double distinction
est parfaitement exprimée par l'amphibologie qui naît de
l'absence de différenciation grammaticale du sujet et du pré-dicat. A supposer même que le sujet de dv\ soit nettement -zb
<rw|j.a, ainsi que semble l'indiquer la phrase suivante : où yàpèarTi -rtôv xa6' imoxeijjiivou xô croira, la leçon r, <buy^ sera encore
requise du fait qu'Aristote adjoint l'article à l'attribut lorsqu'ilveut insister sur ce dernier (cf. A, 4, 408 a 20 : TO-rspov oùv 6
Xôyo<; è<rùv r\ Au^-/}, et B, 4, 415 b 12 : TOyap afoiov TOÛeîvm 7tâ»iy
?i oùarîa). Or, il est incontestable que l'accent porte sur TI AU^Y)dans la proposition principale, de même qu'il porte sur xai et
TOWVS'1dans la subordonnée.
Telles sont les raisons qui militent en faveur du texte
transmis par le ms. y. Inutile de dire que les conjectures de
INNÉS (Classical Review, 16, p. 462) et de Forster, qui fontviolence à la pensée ici exprimée par Aristote, sont entière-
ment fallacieuses.
11. B, 2, 413 e 28 sqq.
où yàp àvw fjtèv aù^exat, xàtco S' ou, àXX' 6[/.oi<oç ITZ' ajjLtpw xal
nàvtifi £XTps<B£Tat TE xal ÇYJ Bù. féXou?, é'w; av 8ùv7|Tai XajAëàvEiv
xpoipviv (texte de Rodier).
Les mss. EGW ont : TOCVTYJIô'<ra àel Tpé<pe7ai TÊ xat; SUX :TiàvTYi sxTpéoeexaî r$ xaî ; Vy : ïcàvxoa-e xal xpéoexai xaî ; la vetusta
translatio : et in omnes partes continue aluntur et vivunt quons-
que possunt accipere alimentum.
« Nous posons donc comme point de départ de notre recher-
che », dit Aristote, « que c'est par la vie que l'animé se distinguede l'inanimé. Or, puisque le terme vie possède divers sens, il
suffit qu'un sujet réalise un seul de ces sens pour qu'on affirme
de lui qu'il est vivant; nous citons comme exemples : l'intellect,
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NOTES CRITIQUES SUR LE « DE ANIMA » D'ARISTOTE 187
la sensation, le mouvement et le repos dans l'espace, ou encore,
le mouvement de nutrition, do dépérissement et de croissance.
C'est pourquoi l'opinion commune ne manque pas d'attribuer à
tous les végétaux la vie. L'observation montre, en effet, l'exis-
tence en eux d'une faculté ou d'un principe spécial dont dépen-dent leur croissance et leur dépérissement selon des directions
opposées. Car leur croissance ne s'accomplit pas seulement
vers le haut et non vers le bas, mais également dans ces deux
directions... » (a 20-29). 'ExTpé'-peTat. semble plus précis que
TpécpeTai
: le terme s'emploie en parlant de végétaux (cf. HÉRO-
DOTE, I, 193 : TO Ix-rpéoeov TT|V pîÇav et XÉNOPHON, Oecon., XVII,
10). La préposition sx- marquerait soit l'achèvement de leur
développement, soit plutôt le point de départ de leur dévelop-
pement, ainsi que le suggère le rapprochement avec r, 12,
434 b 1 : raôç yàp 9ps<jjsToa; TOÏÇ [AEV yàp [/.OVÎJAOIÇuuàpy^si TO
é'Ôsv TC<pôxao-!.v. La leçon TtàvTr.t. o<xa àel xpscpe-roâ Te xat de ECW
impliquerait d'autre part qu'Aristote, ainsi que le remarque
Trendelenburg, « plantis relictis, ad cetera animantia vayatur ».
Or, la liaison de Stô xal Ta oeuo^eva uàvxa Soxà Çrjv de a 25
avec a 32 : oeavepov S' ènl TWV CBUOJASVWVmontre suffisamment
qu'Aristote, loin de déserter son examen de la vie végétale
pour passer aux Çûa (jwvtfAa auxquels Sara fait allusion, n'a pas
quitté ce domaine. Quand il passe à ces Çûa [xôvtu.a quelques
lignes plus loin, il précise qu'on les appelle des animaux
et qu'on ne dit pas simplement d'eux qu'ils vivent : xal yàpTa
p.?) xivoûfAEva piYJS'
aÀXàTTOVTa TOTIOV,e^ovra
8' aur6Y)<n,v Çwa
Xéyouev xal où ÇTJV piôvov (413 b 2-4). Ce Çvjv JA.6VO>répond cer-
tainement au xal î^j de a 30 dont le sujet ne peut être, dès
lors, que Ta oeuoj^eva et non un problématique 07a. Par consé-
quent, entre TO&VT7)t,et TOZVTOCE,le choix n'est pas douteux : seul
TtàvToo-s peut expliquer l'origine de TOXVTT)Iôa-a. Il ne sert à rien
de dire avec Hicks que ce mot est un araci; chez Aristote ; stârjo-iç,
employé en A, 1, 402 a 1, ne l'est pas moins. 11 nous reste à
expliquerâet et TÉ. Le
premiera été lu
par
la velus tatranslatio,
qui le rend exactement par continue. Il paraît exigé par le sens
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188 MARCEL DE COR^E
général de l'argumentation, car le critère de la vie n'est pas
seulement l'accroissement spatial (qui serait non une auçï|(riçvitale, mais une upéts-Beo-u;matérielle), mais encore l'accroisse-
ment temporel et la continuité dans la durée. La lecture de àeî
est intimement liée à celle de xs. Or, it est requis par le sens ;Torstrik dit excellement : « Te non potest omitli. Aristoteles hoc
dicit : nulritur, et propterea quod nutritur vivit. » Son absence
de la vetusta translatif) ne doit pas étonner : Guillaume de
Moerbeke ne traduit jamais ni xe ni ye- Les mss. qui omettent
xe fontpreuve
de bon sens en omettantégalement àeî,
car en
ce cas 3ià xéXouç porte à la fois sur [èxjxpscpsxai et sur Çrj ; mais
inversement, la présence de xe —qui semble bien nécessaire —
requiert du même coup celle de àeî. Remarquons que le
chiasme : àeî [éx]xpé<oexai -cexaî ï^ Stà xéÀou; ajoute une certaine
élégance à l'expression, d'autant plus qu'il contre-balance un
chiasme précédent : où yàp àvw... xàxw 8' ou. Or Aristote,comme on le sait, use souvent de cette figure.
Récapitulons: la lecture la
plus probable,au double
pointde
vue logique'et littéraire, est la suivante : Ttàvxoo-e àsî [èx]xpé<pe-xai xe xaî Ç^. Si l'on veut remarquer que les mss. qui ont àsî
n'ont pas èxxpécpexai et inversement, il ne paraît pas douteux
que le i de àeî et le x de èx- ne proviennent d'une seule et
même lettre illisible dans l'archétype et diversement interpré-tée (ce défaut dans l'archétype est également suggéré par la
double leçon roxvToo-e et TOXVT/IIosa) par EGW qui donnent àsî,
SUX : èx- et V : xaî. La leçon àsî exclut donc celle de
exxpi-'ferai.Le texte doit être reconstitué comme suit : èikV ÔJAOÎWÇSV
àji.(»w, xaî TcavTÔffeàeî xpé<psxaî xe xaî ÇQ . . ., et traduit : « Car
leur croissance ne s'accomplit pas seulement vers le haut et
non vers le bas, mais également dans ces deux directions. Ils
se développent aussi progressivement de tous côtés et con-
tinuent de vivre aussi longtemps qu'ils sont capables de sai-
sir leur nourriture. »
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NOTES CRITIQUES SUR LE « DE ANIMA » D'ARISTOTE"
189
12 B, 4, 416 b 25 sq.
ÎTTSISe àrco toùteXou;
anavraTcoos-ayopeÛEiv Sîxaiov, téAoç Se xo
vevv^ffai olov auto, eïvj av ir, «pût-/} 'l1*'//! yevv^tLxôv olov aùti •
serti 8è § xpéspêi Sittôv, oxrTtep xal c|>xuêepvôi xal 7) y_eip xat, xb 7t7)SA-
Xtov, to j/iv xivovv xal xivoû|j.evov, ta 8ê XIVOÙV aôvov (texte de
Fôrster).
Kivoûv JJLÔVOVest le texte de la majorité des mss. Seuls E et S
s'en écartent, le premier, en donnant XIVOÛJXEVOVOÙ se remarqueune faute d'accent, le second, en combinant les deux leçons :
xivoiipiÊvov fxovov. Ces leçons s'opposant trop manifestement,il est nécessaire, croyons-nous, de déterminer le sens précis de
la comparaison familière qu'Aristote traduit ensuite en termes
physiques abstraits. Remarquons tout d'abord que la solution
doit commencer par la recherche du sujet de èVn. : or, les
mss. présentent également en cet endroit une grande; diver-
gence : GWy ont tpÉcpet, ESUXP ont tpétpexeii. Ces deux leçonssont cependant équivalentes au point de vue du sens : § tpé-
<peisignifie « ce par quoi l'âme fondamentale (/) itpûtYi <J/u%*5)nourrit » ; $ xpéyexai, « ce par quoi l'être se nourrit ». La pre-mière a pour elle xô j*èv tpéoeov soxlv T| Ttp&xrj tyvyy de b 21 et
la proximité de TI itpci>Trç^uyv) comme sujet de ewi Sv, lequel
précède immédiatement l'expression litigieuse; la seconde, #Se Tpécpexeu,TI xpocpui de b 22. Pour éviter toutefois l'inconvé-
nient de placer èitei Se — olov aùtô entre parenthèses, il con-
vient d'adopter la lecture t]>xpsoeet.D'autre part, l'expression cji
xpéfpei avec, comme sujet sous-entendu, T,TïpwtT) ij/oy^, précise etprolonge excellemment l'idée précédente. « Mais comme il est
bon de dénommer chaque chose d'après sa fin, et qu'en l'occur-
rence cette fin est la reproduction de l'espèce », vient de dire
Aristote, « on dira que. l'âme fondamentale est aussi l'âme
capable d'accomplir la fonction de reproduction spécifique ».
Or, il est clair que l'idée de fin évoque immédiatement celle de
Yinstrument dont l'âme use pour réaliser cette fin, conformé-
ment à la double distinction de la cause finale au sens de ta ouet de la cause finale au sens de ta $ (cf. 418. b 2). TGt -rpéosi
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190 MARCEL DE CORTE
répoïid ainsi à tp xuSepvâ qui lui est parallèle. Cet instrument,
ajoute le Stagirite, est double, de même qu'est double l'instru-
ment dont use le pilote pour gouverner le navire; l'un est la
main, l'autre est le gouvernail. Il semble à première vue quexô u.èv xivoûv xod xivoû|xevov ne peut expliquer que TO 7W|oàÀi.ov ;
seul en effet, le gouvernail peut à la fois mouvoir et être mu :
il meut le navire, mais il est mu par la main. Or, la main ne
peut être alors que xivoûv JAÔVOV.Mais leçon TÔ J*1V XIVOÛV xoù
xt.voii[j.evov, ixè 8è xivoû(Aevov, s'accorde sans peine avec la com-
paraison, à condition d'en renverser les termes : la main peutêtre considérée comme un moteur intrinsèquement mu, et le
gouvernail comme pur mobile soumis à la pression de la
main ; TÔ JASVXIVOÛVxal XIVOÛJASVOVdésignerait la chaleur vitale
dont Aristote parle quelques lignes plus loin (b 29) et qui
pénètre l'aliment, tout en étant elle-même dirigée par l'âme
nutritive, et TÔ Se- x>.voûpvov, l'aliment soumis à son influx.
Celte interprétation nous semble préférable à celle qui fait de
TO [*èv x'.voûv xoù xivo'jpvov, l'aliment, et de TÔxivoûv JJWVOV,la cha-
leur vitale, pour deux raisons que les partisans de la première
interprétation (qui se bornent à suivre simplement l'un ou
l'autre des commentateurs anciens) n'ont pas mises en relief.
D'abord, la chaleur vitale ne peut être dite xivoûv JJWVOV,unique-
ment motrice. En effet, Aristote nous dit textuellement : « Cer-
tains, cependant, sont convaincus que la nature du feu est sim-
plement cause de la n utrition si de l'accroissement, parce que
l'observation des corps et des éléments indique qu'il est le seul
à se nourrir et à s'accroître. Dès lors, on pourrait s'imaginer
que le feu est la cause opérante de ces fonctions, tant chez les
plantes que chez les animaux. Mais, s'il est, en un sens, cause
adjuvante de ces phénomènes, il n'en est nullement la cause
absolue, ce râle étant plutôt dévolu à l 'âme. En effet, le feu
croît à l'infini aussi longtemps qu'il trouve du combustible,
tandis que les organismes naturels sont tous limités et pro-
portionnés quant à leur taille et à leur croissance. Or, pareille
détermination est l'oeuvre de l'âme et non du feu ; elje découle
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NOTES CRITIQUES SUR LE « DE ANIMA » D'ÀRISTOTE 191
plus de la forme intelligible que de la matière » (416 a 9-18).Un autre texte d'Aristote montre sans contestation
possibleque la leçon de S, XIVOÛJJISVOVJJIÔVOV,est la meilleure et que cette
expression désigne l'aliment : « L'aliment subit une modifica-
tion spéciale de la part de l'alimenté, sans quon observe le phé-nomène réciproque » (416 a 34-36 : àÀX' où xoûxo unô r/jç Tpocp^ç).
13. B, 5, 417 a 12 sq.
Sv^xô; av Xsyotxo xal r\ at.a,QY|<nç,Y) |/.èv wç Suv.àpiei, T| Se wç svep-
yeia . ôpoîtoç 8s xal xà aw-S/ixôv, xô XS Sûvap.et. 8v xal xô svepyêîa.
Tel est le texte que nous offrent la plupart des éditions
modernes. 11 s'oppose à la tradition manuscrite, prise en sa
totalité, qui nous donne xô awrOàveo-ôai. Thémistius, Simpliciuset Philopon ont lu également xô aicrôàvso-Qat. et la vêtus ta trans-
latio a : et senlire. Rodier, avec Trendelenburg, considère que« cette phrase, telle que la donnent les manuscrits, ne fait que
répéter inutilement ce qui précède » (a 9 : STOIO^.-. 12. èvep-
yoùv), et adopte la correction xô al«rQY|TévqueTorstrik,approuvépar Brentano, prétend tirer des owsoolai xal XÛTEIÇ d'Alexandre '
d'Aphrodise (141, 80) : Xoiêwv Se xô Sc^wç XsysaQat. xô aiTâiveuSai
(xal yàtp SûvajAei xal svepyeûj), È'Xaësv xô XÏ)Ç aîcrSvJa'eu;, r/|V [j.èvelvai Suvàpsi, xv|V Se svepysia, opoîwç Se xal zb ataflrixôv. 11 y voit
en outre « une très ancienne glose marginale, ajoutée par un
lecteur soucieux d'indiquer l'apodose qui manque à a 7 : ôiô
xaôaroÉp — xxX., et introduite à lort, non sans avoir subi des
altérations, à la
place qu'elle occupe». On sait comment
pro-cèdent la majorité des éditeurs pour qui la philologie est l'art
de corriger les textes (tel n'était pas le cas de Rodier, mais ce
grand travailleur était trop asservi à ses prédécesseurs) : ils
font intervenir corrections et gloses. Nous voudrions montrer
brièvement que la phrase incriminée ne doit pas être corrigéeni exclue du texte comme inauthentique, parce que la leçonxô ata-QàvsaGat. est intelligible et s'implique dans la suite des
idées, comme un élément normal deprogression.
BARCO[Aris-
fotele, deiï anima veqetativa e sensitiva, 1881, p. 43, n, 1), par
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192 MARCEL DE CORTE
six raisons que Rodier ne trouve pas péremptoires, s'y était déjà
appliqué. Son raisonnement servira au nôtre de
point
de
départ.La raison principale de Barco, et qu'on tenterait vainement de
réfuter, est que STOISY)oè TO aia-Qàveo-QauXeyoj/ev 8t,%wç (~ô ts yàp
Sûvajm axoùov xal spwv àxoûstv xal ôpâv /.éyojjiev, xâv tùyjù xaôeû-
Sov, xal TÔ T,OTI èvspyoùv) n'explique 10 «w-Qàveijôai Siywç que parun exemple qui l'ébauche, et que l'expression doit donc être
précisée. Ajoutons qu'on attend qu'elle le soit en formule :
lorsqu'Aristote trace sa distinction célèbre entre une chose en
acte et une chose en puissance, il le fait habituellement sous
l'orme stéréotypée; nous en avons déjà un exemple ici : r\ aw--
fhjmç T| [ASV<î><;Suvàjjtet, T\ 8S WÇsvepysîa ; Siywç yàp À.£yo[/ivr|<; TTI<;
alcr9ïj«cûi; xal 7oû. aîff97)T«û (si le -0 <xi<rfyr\-ï6vde ïorstrik était
vrai, on aurait sûrement ici un xaSâirep eûtb|i.ev ou eïpir|Tai), TWV
JJISVxatà 8ûva|juv, TWV 8s xat' èvîpyeiav (426 a 23) ; aw-Q-zio-iç [ASV
yàp -rçTot.Savait; ?) îvépysia (428 a 6). De plus, ce qui est déduit
de sueiOTi 8è T6 ataQàvea-f)*'. Xéyo;a.ev 8t%w;, ce n'est pas la division
dichotomique de h aW^mç, c'est la similitude de division
dichotomique de T\ aw-8ï|<Ti<;et de TO ala-SâvecrÔat.. L'objection de
Hicks s'avère ainsi sans valeur : « This is a strange pièce ol'
carelessness The double meaning of aÎTQvjT!.; has just been
inferréd From the double meaning oF awrââv£*8a!.. Now appa-
reritly the double meaning of ala9xv£<x9at. is adduced as similar
to that of avTÔ^Ti;. » Il faut donc mettre une virgule et non un
point après 't\ 8è w; èvepysîa. Enfin, on oublie trop souvent que
le style d'Aristote est un style parlé, où les répétitions pures
ou apparentes, quand elles sont prononcées sur un autre ton,
perdent leur aspect de répétition pour devenir à la suite de
cette nuance un autre élément dans le rapport logique des
idées. On saisit facilement ce qui s'est passé : après STCEISTI8s TÔ
a'.TÏàvEaOat, iiyjùz, on attendrait TO JASVSuvàjm, TO 8È èvspysla,mais l'exemple explicatif TO TS yàp est venu interrompre le
déroulement de la pensée et a rejeté TO uiv Suvàuei, TÔ8S ivso-
ysta à la fin,
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NOTES CRITIQUES SUH LE « DE ANIMA » D'ARrSTOTE 193
14. B, 5, 417 bl2sq.
TÔ §' ex Suvàuei ovxoç piavQâvov xal Xap-ëàvov èm<mi5{jiY|v UTO TOÛsvTËXevettf'ovToç xal SiSaaxa/axoû YJTOIouSè nào^siv yaxéov, wcrnep
EÏOYITOU,Ï) Sûo TpÔTtouç etvat, àXXo'.cixjsw;.
Los mots wuitsp eïpYiTa-.,que portent les mss. EGVWy P, sont
absents de SUX. Thémistius, Philopon et Alexandre ne semblent
pas les avoir connus. D'autre part, les éditeurs modernes pro-
posent de supprimer ce renvoi sous prétexte « qu'il n'a pasencore été question de la nature du passage de la puissance
pure à l'habitude ». Nous estimons que les éditeurs ont entenduw<jTOpeïpiriTat d'une façon trop matérielle et que le texte de la
majorité des mss. doit être intégralement maintenu. Traduisons
dans ce but le passage qui précède : « Il s'agit... de donner une
définition précise de la puissance et de l 'acte : en effet, nous
venons simplement d'en faire usage, sans plus. Le terme
savant, par exemple, peut s'employer au sens où nous dirions
de l'homme qu'il est savant parce que l'homme est compté
parmi les êtres qui savent et possèdent la connaissance; il peuts'employer aussi au sens où nous appelons désormais savant
l'homme qui est instruit dans la science grammaticale. Or,,l'un et l'autre sont capables de science, mais de façon diffé-
rente : le premier, parce que le genre dont il fait partie l'y dis-
pose matériellement, le second, parce qu'il suffit d'un acte de
sa volonté pour le rendre apte à exercer immédiatement sa
science, pourvu qu'aucun obstacle extérieur ne s'y oppose.
D'autre part, celui qui exerce en ce moment sa science estsavant en acte et connaît, au sens propre du mot, cet A qu'il a
sous les yeux. Les premiers sont donc tous deux savants en
puissance, mais l'un ne deviendra savant en acte qu'aprèsmodification causée en lui par l'étude et de fréquents passagesde l'ignorance à l'état contraire, l'autre le deviendra d'une
façon différente, en passant de la possession, non exercée
encore, de la sensation ou de la grammaire, à leur exercice
actuel. Le mot pâtir a aussi plus d'un sens: tantôt il désigneune espèce de destruction provoquée par un contraire, tantôt
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194 MARCEL DE CORTE
il signifie plutôt la conservation de l'être en puissance parl'être en acte dont la ressemblance avec lui est du même ordre
que la relation de l 'acte à la puissance. C'est en effet parce
qu'on possède la science qu'on parvient à l'exercer : or, ce pas-
sage de la puissance seconde à l 'acte n'est pas un phénomène
d'altération, puisque le progrès s'effectue de la science à la
science elle-même et à son acte; tout au plus constitue-t-il une
altération improprement dite. C'est donc une erreur d'affirmer
que le savant qui pense subit une altération à chacune de ses
pensées. Il en est de même de l'architecte chaque fois qu'il
bâtit. Concluons que le passage de la puissance à l'acte qui
s'accomplit en un être intelligent et pensant ne peut recevoir
le nom d'enseignement ; seule une autre appellation lui con-
vient. Quant à l'être qui, délaissant l'état de pure virtualité,
s'instruit et reçoit la science du savant qui la possède en acte et
est capable d'enseigner, ou bien on doit admettre qu'il n'en pâtit
pas plus que le précédent, ôrasp e?pT,xai, ou bien encore dire
qu'il existe deux sortes d'altération : l'une qui consiste en un
changement vers un état négatif, l'autre vers une perfection
positive conforme à la nature du sujet » (417 a 2t-b 16).
Si l'on entend matériellement l'expression wo-nep eîpvyra'.comme une détermination antérieure des conditions du passagede la puissance pure à l'acte, il est clair que ces mots ne peuvent
s'appliquer qu'à l'ensemble de la phrase et qu'il est impos-sible de leur trouver un passage correspondant, mais en réalité,
ils n'éçlaircissent qu'une partie de la phrase : « ou bien on
doit admettre qu'il n'en pâtit pas plus que le précédent » (TÎTOIoùSè Tzâ.vyie,w oeatsov, b 13-14), et, au sein de cette phrase, que
le seul mot oï>Ss. Traduisons donc : « ou bien on doit admettre
qu'il n'en pâtit pas plus que le précédent, comme il a été dit
(de celui-ci) » ou « comme on vient de le dire de celui-ci »
quelques lignes plus haut, en b 5-6 : Gewpoûv yàp yîyvs-ra!. TO
svov TTJVÈUUTTTÎ[/.Y|V,orap r\ oux è'a"uv a/.Xou>0<x9a'..
Marcel DE CORTE,
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NOTE SUR PARTHÉNIOS
« SOUFFRANCES AMOUREUSES », 27
Dans le chapitre XXVII de ses « Souffrances amoureuses »
Parthénios nous communique une histoire qu'il a puisée dans
un poème écrit par Myro (1), poétesse du ive-iue siècle av. J.-C,
et intitulé 'Apat. Il s'agit d'une dame corinthienne du nom
d'Alcinoé qui était fille de Polybe et femme d'Amphilochos,fils de Dryas. Par une mauvaise action elle s'attira la colère
d'Athéné, qui la frappa en lui inspirant un fol amour pour leSamien Xanthe. La déesse avait entendu les imprécations (2)de l'ouvrière Nicandra, laquelle, au bout d'un an de travail dans
la maison d'Alcinoé, avait été chassée et privée d'une partie de
son salaire. Le châtiment ne se fit pas attendre. Alcinoé quittasa patrie pour suivre Xanthe. Sur mer elle fut saisie de repen-tir et se précipita dans les flots, malgré les tendres promessesde son bien-aimé.
(1) W. v. Christ, Geschickte der griechischen Litleratur, 6. Aurl., t. 2, 4, 1.
Miinchen, 1920, p. 147. — Myro est la forme correcte du nom.
(2) Comme il n'est question dans notre texte ni du rite complet de l'impréca-tion ni des formules qui l'accompagnaient, il nous est permis de conclure queles longues imprécations lancées par Nicandra étaient purement verbales. —
Voir : A. Bouché-Leclercq, ap. Dareniberg-Saglio, Dictionnaire des Antiquités,s. v. Devolio, t. II, p. i, p. 113 sqq. — R. Wûnsch, Defixionum labellae alticae,1G III, 3 supplem., 1897, praef. p. H sqq. — Aug. Audollent, Defixionum labellae,Lutetiae Parisiorutu, 1904, p. L sqq. — Kuhnert, ap. Pauly-Wissowa, RE, s. v.
Defixio, IV, 2, pï 2374 sqq. — Ziebarth, ibid., s. v. Fluch, VI, 2, p. 2771 sqq. —
C. Zipfel, Quatenus Ovidius in Ibide Callimachum aliasque fontes irnprirnis défi-,xiones secutussit,, Diss., Lipsiae, ^910, p. 13, nota 2.
iwif'«1,1 ^»vsW»ïllfc'*i,W''!'''*
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196 A. DOVATOUR
Elle nous est fort bien connue, cette histoire de la temme
qui oublie son devoir de fille, d'épouse et de mère pour se jeter
éperdument dans une aventure amoureuse dont il ne résulte
que des malheurs pour elle et pour ses proches. Outre les
exemples souvent cités d'Hélène, d'Ariane, de Pasiphaé, de
Phèdre, de Médée (1) et celui de Tarpeia et ses analogues (2),faisons encore mention de ceux qui se trouvent chez Parthénios
dans les chapitres 14, 18, 23, 25, 35'.
L'amour est le domaine d'Aphrodite. C'est elle qui dans
sa colère envoie au coupable l'amour néfaste — OUTOÇxorcà pjw
'AffoSÎT/i; dç Ipwra àcotxojjievoç x^ç àSsX<priç(Parthen. 5,2) ;
(talSpa xapSlav xorceîxeTO
spwxt, SetvcjSTOÏÇèjjioïç (3ouXeû|Aavi
(Eurip. Hippol. 27 sq.,—
paroles d'Aphrodite).
Aussi sommes-nous bien étonnés de la voir remplacée par
Athèna, qui a conservé de tout temps son caractère de déesse
chaste par excellence et étrangère à l'amour :
Tcânv S' epra f*é[jur))>evsuare»àvou Ku9epew)ç.Tpwuàç S' oô SU^OITOUueTuOew (ppivaç où§' àTOxrîiffoa '
xoupviv T' alyt.ôyot.0 A-tôç, yÀauxoiTtiS' 'AOÏ^VYIV•
où yàp oi S8EV spya •KoXvypÙTOv 'AcppoSÎTrçç...
(Hymn. Homer. Aphrod., 6 sqq.).
S'il est permis aux amoureux de jurer par la chevelure
d'Alhéna, c'est que les dieux n'attachent aucune importance à
un pareil serment :
Gratia magna Iovi : vetuit pater ipse valere,Iurasset cupide quidquit ineptus amor :
Perque suas impune sinit Dictynna sagittas
Adfirmes, crines perque Minerva suos
(Tibulle, I, 4, 23 sqq.),
(1) On en cite quelques autres encore. Voir L. Preller, Grieehische Mythologie,Bd. I, 4. Aufl., bearb. v. C. Robert, Berlin, 1894, p. 312 sqq. — Koscher. Aus-
fBhrliches Lexicon der griechischen und romischen Mythologie, s. v. Aphrodite,
Bd. 1, Leipzig, 1884-1886, p. 400.(2) A. H. Krappe, Pie Sage von der Tarpeja (Rhein, Mus., N. F. Bd. 78, 1929,
pp. 249-267),
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\*f>,..*- ** -'..^l- ;5'->f A^-^-^^'^:'V:'£7i^'^-v^.^ M%^^®^^*^ Éf#^$X"
. ^ ifPV-"' v'iH^ If'- *" f*%'
tiOfE SDR PÀRTHÉN10S « SOUFFRANCES AMOUREUSES », 21 iÔ 1?
Le rôle d'Athéna dans le récit de Parthénios ne s'explique
pourtant pas par une simple confusion dans les manuscrits,car en éliminant son nom pour lui substituer celui d'Aphroditenous ne ferions que tomber dans une nouvelle absurdité. Quoi
de plus naturel qu'une ouvrière s'adressant pour la défense de
ses intérêts professionnels à Athéna, protectrice des artisans et
particulièrement des femmes (4)? Une prière à Aphrodite dans
les mêmes circonstances ne saurait trouver une explication
plausible. Chacune des deux déesses est étroitement liée à
l'un des deux éléments dont se compose notre histoire et n'enpeut être séparée sans inconvénient. Le sujet de l'épouse infi-
dèle— qui n'est à peu près qu'une variante du rapt d'Hélène —
n'ayant rien de commun avec celui de l'ouvrière outragée, nous
sommes tenus de les considérer comme deux éléments hétéro-
gènes— l'un aristocratique (Alcinoé, fille d'un tel et femme
d"un tel), l'autre populaire (Nicandra tout court). Ces éléments
mal ajustés l'un à l'autre forment un ensemble où l'élément
populaire prédomine — n'est-ce pas Athéna qui, au bout ducompte, a triomphé de sa rivale? S'il en est ainsi, nous parve-nons à découvrir sans difficulté le milieu social qui a créé la
légende telle qu'elle se reflétait dans le poème de Myro. L'évé-
nement qui a causé la colère d'Aphrodite, selon le récit origi-
naire, remontant probablement à l'époque héroïque (2) et des-
tiné à un auditoire aristocratique, est tombé en oubli dans un
milieu capable de prendre à coeur les malheurs d'une pauvre
ouvrière. Ce sont les artisans et les ouvriers de la grande villeindustrielle de Corinthe (3), où se passe l'action du récit..
L'analyse du chapitre XXVII des « Souffrances amoureuses »
(1) Preller, o. c, I, pp. 201-209. — Roscher, o. c, I, p. 681. — 0. Gruppe, tirie-chische Mythologie und Religionsgeechichte, Bd. II, Mùnehen, 1986, p. 1215 sq.
(2) Le nom d'Alcinoé est phéacien — Gruppe, o. c, I, p. 628, note 3 — et serattache par conséquent à la tradition héroïque.
(3) Nicandra semble avoir été tisserande ou fllandière (cf. yurt, yzpvrpa dansl'Iliade, XII, 433). Les deux métiers jouissaient — on le sait — de la protection
d'Athéna. Sur le travail des femmes libres en journée dans les ateliers de familleà Corinthe, et spécialement dans l'industrie textile, voir G. Glotz, Le travail dansla Grèce ancienne, Paris, 1920, p. 318.
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198 A. DOVATOUR
nous fournit ainsi un curieux exemple d'un sujet de la vieille
tradition aristocratique transplanté sur un nouveau terrain
social et ayant pris une nouvelle forme sous l'influence des
nouvelles conditions. C'est sous cette forme —malgré son
incohérence — que le sujet a été adopté par la poésie alèxan-
drine.
A. DOVATOUR.
Leningrad.
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UN LIVKE D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE(1)
Je salue avec plaisir cet ouvrage sur les fluctuations écono-miques de la période comprise entre Alexandre et Auguste.C'est incontestablement le meilleur travail et le plus com-
préhensif qui ait été écrit d'après la méthode que j'ai préco-nisée depuis 1913, année où j'ai montré dans le Journal des
Savants tout le parti que l'histoire peut tirer des prix consignésdans les comptes des hiéropes déliens.
La partie la plus neuve de ce travail est celle où Heichelheima étudié
les variations monétaires qui se sont produites dansle monde méditerranéen et surtout en Egypte.,Autant que j'en
puis juger, l'auteur y déploie toutes les qualités de l'économiste
doublé du numismate. Il connaît le sujet à fond et présente des
conclusions qu'on pourra discuter sur certains points, mais
qui, dans l'ensemble, resteront inattaquables. Suivant l'exemplede Th. Reinach (Rev. des Et. gr., t. XLI, 1928, p. 121 ss.), il
fait une large part à l'agio dans l 'évaluation du rapport entre
lesmonnaies d'or, d'argent et de cuivre. Il arrive ainsi, par descalculs ingénieux et sûrs, à déterminer les variations des rap-
ports entre les trois métaux (voir les trois tabtaaux des p. 24,26 et 28). Compte tenu de l'agio, le rapport commercial de l'or
à l'argent, après avoir baissé au ive siècle jusqu'au tempsd'Alexandre, remonte à peu. près au niveau fixé par le système
(1) l'r. Heichelheim, Wirtschaflliche Schwankiingen der Zeil von Alexander bis
Auguslus (Beitrur/e zur Erforschung der wirlschafllicken Wechsellagen, Auf-schwuni}, Krise, Slockunç/ lirsgg. von Arthur Spiethoiï, Het't 3). Jena, 1930,in-8», 142 p.. et 2 pi.
KEO, XL.V, 1932, n° 212. 17
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WSWM*?Mâ!W,\: jfp?
2i2 (lUSTAVË GLOTg
monétaire de Darios, à 1 : 13. A partir de 258/7, on constate,
toujoursen tenant
comptede 1
agio, quele
rapport légalde
l'argent au cuivre est d'environ 1,60. Enfin de 230 à 190, puisà différents moments du ne et du ier siècle, les événements
politiques déterminent les Ptolémées à des altérations de mon-
naie qui provoquent de véritables catastrophes dans le régime
économique. En 198, de 119 à 117, la pièce d'argent n'a plus
que la moitié ou n'a même pas la moitié de sa valeur légale.
Quant au rapport de l'argent au cuivre, au lieu de 1 : 60, il
monte en 160 à 1:5121/2,
et il oscille enmoyenne,
au ne siècle,entre 1 : 400 et 1 : 500.
Mais la partie la plus considérable de l'ouvrage est consacrée
aux prix de certaines marchandises et des immeubles, au fret,aux salaires, au coût de la vie et au taux de l'intérêt. La docu-
mentation ici est très riche ; elle provient surtout de Délos et
de l'Egypte, mais aussi d'Uruk en Babylonie, d'Avroman dans
le Kurdistan, d'Italie et de Sicile. De plus, les publications anté-
rieures ont été consultées avec soin. On jugera seulement
regrettable que le deuxième volume des Inscriptions de Délos
paru en 1929 n'ait pu être utilisé dans un ouvrage paru en 1930
qu'à partir de la p. 81 et que la masse de renseignements qu'ilrenferme ne figure guère, et bien partiellement, que sur la liste
des p. 128-134, De là certaines contradictions entre les com-
mentaires donnés dans le corps de l'ouvrage et les chiffres des
tableaux : par exemple, le prix minimum de l'huile en 179
n'est pas de 15 drachmes 1/2 le métrète, comme il est dit à la
p. 53, mais de 16 dr., et le prix le plus bas que les inscriptionsde Délos mentionnent pour cette denrée n'est pas de 12 dr.
(ib., n. 1), mais de 11 dr. (n° 440, 1. 22). 11 suffit cependant,
pour apprécier l'importante contribution que Heichelheim
apporte à l'histoire économique de l'antiquité, d'examiner de
près les quinze tableaux et les deux planches de courbes quirésument sa consciencieuse étude. Il en résulte bien, ainsi que
je l'avais indiqué quand on ignorait encore un bon nombre des
inscriptions détiennes postérieures à 250, qu'il y a eu dans les
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l:fo LIVRE D'MISTOIHEÉCONOMIQUE 243
pays de lu Méditerranée orientale une baisse continue depuis le
dernier quart du ive siècle jusqu'à la moitié du 111eet qu'à par-
tir de 250-246 les prix se fixent el ont une tendance à remon-ter. Toutes mes fiches sur les prix mentionnés dans les papyrusconfirment les résultats fournis par les comptes de Délos et, en
général, les conclusions de Heiclielheim.
Cela dit, étant bien entendu que dans l'ensemble nous
sommes d'accord, je voudrais toutefois lui présenter quelquesobservations.
11est horriblement difficile, en ce genre de travail, d'éviter
les lapsus et les erreurs de détail. J'en ai relevé un assez grandnombre dans le travail de Heichelheim.
Au tableau de' la p. 28, je signale une omission : pour l'an
112, il faut joindre aux deux rapports de l'argent au cuivre con-
signés dans le papyrus de Tebtunis 112, à savoir 1 : 475 et
1 : 487 1/2, un troisième donné par le papyrus Reinach 9 et quiest de 1 : 423. Sur le tableau des loyers payés à Délos par les
locataires des domaines sacrés (p. 116), j'ai bien des réserves à
faire. Cinq domaines, Acra Délos, Episthéneia, Kérameion,Phytalia et Sôsimacheia, ne sont pas affermés avant 290;Limnè ne l'est pas avant 250. Le nombre des domaines à
considérer est donc en 314-302 (n° 315) de 15, et non de 16 :
Episthéneia n'en est pas, et les arrérages dus pour cette terre
(et qui sont de 200 dr., non de 210, comme il est dit p. 135) se
réfèrent à une période antérieure, si bien que le lotal des loyersest de 11.577 dr. En 305-303 (n° 144), comme Soloè et Rham-'
noi ne ligurent pas sur la liste des loyers acquittés, c'est pour13 domaines, et non pour 20, qu'il a été perçu, non pas14,300 dr.,mais 14,339, total indiqué à la 1. 17. Je ne suis pasabsolument d'accord avec Heichelheim sur le montant des
loyers payés dans les périodes 279-270 et 269-260; mais il
s'agit en l'occurrence de différences insignifiantes : j'obtiens11.930 dr. 1 ob. 2/12 et 12.769 dr. 1 ob. 1/4 +. Dans la
période 249-240, la location de Limnè porte le nombre des
domaines affermés à 21, et non 20. Pour la période 259-250,
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244 GUSTAVE GLOTZ
le total des loyers, d'après le n" 287, est de 11.537 dr.
1 ob. 1/2 2/12. Pour la période 179-170, il est de 6.980 dr. 1 ob.,
comme le dit l'inscription n° 442, A, 1. 152. Si, au lieu d'exa-miner le montant total des loyers, on examine de près les
loyers de chaque domaine, on a encore quelques critiques à
faire. Là aussi on regrette de petites inexactitudes. Les plus
graves sont celles qui semblent à première vue avoir le moins
d'importance, celles où sont négligées certaines fractions
d'obole, particulièrement les chalques ; car l'indication de ces
fractions est tout à-fait instructive. Non seulement elle nous
renseigne admirablement sur une scrupuleuse tenue deslivres ; mais, comme l'ancien locataire pouvait rembailler sans
adjudication en payant pour la nouvelle période un dixième en
sus, elle nous fait voir avec quelle minutie était, calculé ce
dixième et nous permet de déterminer avec certitude des
périodes où le rembaillement était fréquent et d'autres où il
était rare, ce qui certes n'est pas indifférent pour l'histoire éco-
nomique et sociale.
J'arrive auprix
des denrées. Et d'abord à celui des céréales.
En 224-222, en thargélion (n6
338, Àa, 1. 35), il faut ajouter le
prix de 4 dr. pour la farine d'orge (2 dr. pour un demi-
médimne). En 190-180 (n° 440, A, 1. 69), nous trouvons pourle blé, non pas 10, mais M dr. Pour le blé envoyé par Massi-
nissa en 179 (n° 442, A, 1. 101 ss.), Heichelheim commet
d'abord un péché véniel, puis une erreur grossière : la premièrevente s'est faite au prix de 3 dr., non pas à peu près, mais
exactement;
la seconde s'est faite, nonpas
auprix
inconcevable
d'environ 2 dr., mais à 4 dr. 1 ob., une obole de plus que ne
le disent les hiéropes (àvà TÉsse^aç). En 169 (n° 461, B b, 1. 51),les 15 dr. 3ob., payées pour l'orge ne peuvent d'aucune façon
donner un prix de 4 dr. 3 ob. ; il faut admettre trois médimnes
à 5 dr. 1 ob.
En ce qui concerne l'huile, je ne vois que quelques inexacti-
tudes légères. Il faut 15 dr. en bouphonion 246 (n°290, 1. 95 s.);
et en 172 ou 170(n° 459,
1.30)
ceprix
de 15 dr. est douteux.
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UN LIVRE D'HISTOIHE ÉCONOMIQUE 245
— Pour le bois, il y a plus à reprendre. En 221-222 (n° 338,'
A a), le prix au talent est de 1 dr. 1 ob. 1/2 au mois d'hiéros
(1. 22), et, au mois d'apatourion (l. 49), la seule chose certaine
c'est qu'il est supérieur à 1 dr. Pour 190-180 (n° 440, A), il n'ya rien à tirer de la 1. 24 ; mais il fallait mentionner le prix de1 dr. 1 ob. 1/2 à la 1. 45. En 273 (n° 456, B, 1. 12), une hausse
extraordinaire et qui méritait l'attention amène le prix à 2 dr.
1 ob. 1/4 (et non 2 dr. 2 ob.). Les prix de 172 ou 170 (n0
460,
v, I. 10, 13) ne sont pas relevés par Heichelheim ; ils peuvent
être fixés, d'après ceux de 173 et de 169, à 1 dr. 4 ob.et 4 ob. 1/2;mais celui de 169 (n° 461, kb, 1. 13) n'est pas sûrement de
1 dr. 2 ob.
Il est un autre reproche que je ne puis m'empêcher d'adres^-
ser à Heichelheim. Dans les limites étroites où il a dû se ren-
fermer, faute de place, il ne pouvait évidemment tout dire.
Pourtant, il ne lui eût pas été difficile d'ajouter quelques listes
de prix à celles qu'il présente. Tel qu'il est, son choix ne laisse
pas de paraître quelque peu arbitraire. Se contenter de dire(p. 51) que le blé vaut à peu près le double de l'orge, c'est aller
un peu vite en besogne. Quand il s'agit de l'Egypte (p. 69 ss.),il ne se borne pas, il est vrai, à admettre ce rapport tradition-
nel ; il montre que de 1 : 2 il a passé à 3 : 5. On d'ésirerait savoir
pourquoi, en 179, le blé de Massinissa a été vendu, à Délos, 3
et, s'il fallait en croire l'auteur, 2 dr. le médimne, pourquoi on
trouve peu auparavant un rapport de 4 : 11 et dès l'année sui-
vante (178) un rapport de 4 et même de 3,75 : 10. Pour le vin,l'objection est plus grave encore. On se trouve en face d'un
tableau spécial, réservé à l'Egypte, et d'une étude rapide,mais bien conduite, sur les variations de prix qu'il indique
(p. 111-112, 69-70). Or, cette étude ne signifie pas grand chose
par elle-même, parce qu'en Egypte le vin est importé et qu'auxfrais de transport, qui sont relativement médiocres, s'ajoutele bénéfice du monopole royal, qui est énorme. Il eût donc été
d'un grand intérêt, pour un historien qui insiste à bon droit surl'existence d'un marché méditerranéen à l'époque, de compa-
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246 GUSTAVE GLOTZ
rer les prix de l'Egypte à ceux de Délos. En ce qui concerne
le bétail, le tableau XIV ne nous renseigne que sur les prixdu porc, de la truie pleine et du boeuf. Ce n'esl vraiment pasassez. Il était utile de signaler que les prix du bétail démentent
souvent la règle de la baisse précipitée, suivie vers 250-246
d'une hausse régulière. Nous voyons, en effet, que le verrat est
payé à Délos 16 dr. en 274, 250 et 246, puis 15 dr. entre 190 et
180, 18 dr. en 178, 16 dr. vers 175 et 10 dr. en 169. Pas un
mot, non plus, sur les races ovine et caprine, qui prédominent
pourtant dans l'économie rurale de la Grèce et de l'Orient. Cettelacune est d'autant plus déplorable qu'il y avait lieu à des com-
paraisons suggestives entre Délos, Cos, Priène, Erylhrées et
même Olbia. Heichelheim sait-il, par exemple, que la brebis
adulte de sacrifice est pendant plus d'un siècle et demi d'un
prix constant dans la mer Egée et le Pont-Euxin? Elle coûte à
Délos26 dr. vers 301, une drachme seulement de moins en 279
et 250, 25 dr. également à Olbia vers la fin du iue siècle, 24 et
25 dr. à Erythrées au milieu du n". Sait-il que le bélier vaut16 dr. en 274 et seulement 12 en 189? Il ne faut jamais se
donner l'air d'esquiver les difficultés par le silence, ni établir
une loi sans rendre compte des exceptions.Mais ce qu'on voudrait encore, c'est être informé sur la valeur
relative des denrées naturelles et des produits industriels. Sur
ce point capital, l'ouvrage de Heichelheim est malheureusement
muet ou presque. Il se borne à reproduire les indications que
j'avais données jadis sur le prix du papyrus, en admettant àson tour que ce prix est fortement grossi par l'adminislration
égyptienne des monopoles; il ignore, d'ailleurs, le travail où
j'ai fourni mes preuves et où j'ai joint aux renseignements pro-venant de Délos ceux que nous ont conservés les papyrus
(Annales a"hist. écon. et soc, t. I, 1929, p. 1 ss. = Bull, de la
Soc.arch. d'Alexandrie, n° 25, 1930, p. 83 ss.). Il eût fallu
relever les prix de quelques produits au moins, fabriqués sur
place ou importés. Ainsi, nous avons des données précieusessur le cours du plomb. Il vaut 2 dr. le talent en 329/8 dans le
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UN LIVRE D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE 247
pays de production, en Attique. A Délos, dans la période de
baissegénérale,
une hausserégulière
enporte
leprix
à 4 dr.
en 298, à S dr. vers 297 et en 279, à 6 dr . en 274, à 7 dr. et
7 dr. 3 ob. en 269 ; après quoi, le prix de 7 dr. se maintient
en 250 et jusqu'en 179, pour s'abaisser dans l'intervalle à 6 dr.
en 246 et 240. On aimerait aussi être instruit des prix du fer
ouvré, dont la chute est énorme dans la période de baisse. Il
est vrai que les recherches en pareille matière sont ardues,
parce que le poids des objets ne nous est pas donné par les
sources etqu'on n'obtient, par conséquent,
de résultatsque pardes recoupements et des calculs compliqués. Mais cette diffi-
culté n'existe pas pour d'autres produits fabriqués. Les tuiles,
par exemple, nous permettent (toujours à Délos) de faire le
départ entre le bénéfice du fabricant et celui du revendeur.
Elles s'achètent par paires, c'est-à-dire que ce sont des tuiles
plates avec leurs couvre-joints. La paire coûte, à pied d'oeu-
vre, environ 1 dr. 2 ob. 1/2 vers 305, 1 dr. en 282, 1 dr.
1/2ob. en
279,1 dr. 1 ob.
3/4en 274. Voilà donc une
pre-mière période d'une trentaine d'années où le prix, contrairement à ce qu'on attendrait, n'a pas baissé. Tout à coup il
baisse, au contraire, quand on s'attendrait à la hausse.
D'abord, il varie de 4 ob. à 5 ob. 1/2 .(4-5 ob. en 269 et en
250, 4 ob. en 246, 5-5 1/2 ob. en 207) : c'est dans cet inter-
valle, au début, qu'il est d'une drachme à Cos, pose comprise(Hérondas, Mimiambes, III, 45). Puis, une chute brusquel'abaisse dès 208 à 3
ob.,à 2 ob.
1/2entre 190 et 180. De
pareils avilissements à une époque d« renchérissement ne
comportent qu'une explication : entre 274 et 269, les couches
d'argile qui ont donné son nom au domaine du Kérameion
durent être mises en exploitation, et les hiéropes n'eurent plusà payer de tribut aux intermédiaires.
Si les produits industriels sont complètement passés sous
silence, la question des salaires est encore très négligée. Lestableaux IX etX
(p. 123-125) nesont
pas suffisants, surtout lesecond, consacré à Délos, Il donne, en tout et pour tout, huit
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248 GUSTAVE GLOTZ
exemples do salaire à la journée Un examen de la paye aux
•pièces eût cependant fourni d'innombrables renseignementssur la situation des classes laborieuses durant ce long espacede cent cinquante ans. Je n'en veux pour preuve —
puisque jeviens de parler des tuiles —
que le prix de leur pose. Il nous
l'ait assister à une cbule effarante. Vers 303, il s'élève à 2 ob. d/2
par paire : c'est un chiffre altesté cinq fois. On ne le revoi t plus.Le prix du même travail n'est plus que d'environ 3/4 d'ob. dès
301; il tombe môme à'2/3 d'ob. en 2?>0, pour revenir à 3/4d'ob. en 208.
Une dernière observation. Si les variations de prix, consi-dérées en gros, démontrent l'existence d'un marché universel
au temps des monarchies hellénistiques, il en est cependant, et
en grand nombre, qui semblent contredire cette thèse. Chacune
de ces exceptions veut une étude particulière. Elles tiennent
généralement à des raisons de politique financière ou douanière,et c'est là le grand intérêt de pareilles recherches. .J'ai essayémoi-même, en 1916, dans celte Revue, de montrer comme les
prix de la poix à Délos sont en relations étroites avec l'histoirede la Macédoine, le lieu de production. Heichelheim, tout en
admettant mes conclusions, fait certaines réserves, dont je ne
vois pas très nettement la portée. Il est certain, en tout cas, quele prix le plus élevé de cette marchandise, 40 dr. le métrète, a
été atteint en 279, pendant l'invasion de la Macédoine par les
Celtes, et le plus bas, 9 dr., en 179, au temps où Philippe V
et Persée faisaient leur cour au dieu de Délos. J'ajoute aujour-
d'hui que l'année où les hiéropes mentionnent le prix le plusfort qu'ils aient jamais payé pour le bois — 2 dr. 1 ob., au
lieu de 1 dr. 3 ob., prix des années précédentes et suivantes —
est l'année où Persée emploie toutes les ressources de son
royaume à ces préparatifs de guerre qu'Eumênes ira dénoncer
à Rome. Il y aurait également à faire toute une série d'inves-
tigations sur les effets économiques des monopoles égyptiens,tels que celui du papyrus, et les tributs qu'ils imposaient,
non pas seulement aux sujets des Ptolémées, mais à tous les
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UN LIVRE D'HISTOIKE ÉCONOMIQUE 249
Grecs. En un mot, chaque fois que les prix ne concordent pas
d'un paysà
l'autre, déduction faite des frais de transport etdu bénéfice de l'intermédiaire, on peut se demander si l'ano-
malie a une cause d'ordre politique.Nous ne sommes donc qu'au début des études qui doivent,
par la confrontation des renseignements fournis par les ins-
criplions et les papyrus, renouveler l'histoire économique de
l'antiquité. Toute une génération de travailleurs y devra colla-
borer. C'est bien pourquoi j'ai pu, sans me sentir coupable de
contradiction,hautement louer
l'ouvragede Heichelheim et
ysignaler force lacunes et maintes affirmations contestables. Et
c'est aussi pourquoi il serait profondément injuste de ma partde terminer ces pages, où la critique a pris forcément la plusgrande part, sans dire que c'est l'éloge qui la méritait.
Gustave GLOTZ.
^"J^'f^S^'ïV:
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UN MANUSCRIT RECONSTITUÉ
L'MIBROSIANUSC. 262 Inf. (902)
Nombreux sont les manuscrits de nos bibliothèques qui, au
cours des âges, ont subi des restaurations ou des remaniements
dus à des scribes postérieurs. Certains réparateurs de manus-
crits se sont fait une réputation dans cet art, tel Giovanni Ono-
rio, plus connu sous le nom de Jean d 'Otrante, qui fut atta-
ché à laBibliothèque
vaticane de 1335 à 1555. Ily
a moins de
cent ans, Minoïde Minas pratiquait encore la réparation des
manuscrits.
Nous voudrions, par un exemple caractéristique, quoique
portant sur un manuscrit tardif et de médiocre intérêt, mon-
trer le mécanisme d'une de ces restitutions. Il s'agit d'un ma-
nuscrit qui a été par deux fois l'objet d'un pareil travail,
YAmbrosianus graecus C. VOS inf., que nous appellerons pluscommodément Ambrosianus 902,
d'aprèsle numéro du cata-
logue. Ce volume est un recueil de traités de divers stratégistes
grecs ou byzantins.Conservé aujourd'hui à la Bibliothèque ambrosienne, où
grâce à l'obligeance de Mgr G. Galbiati nous avons pu l'étudier
en détail, le manuscrit 902 a été décrit avec soin par E. Martini
et D. Bassi, les savants auteurs du catalogue des manuscrits
grecs de la bibliothèque (1). Ces deux philologues ont bien
(1) Catalogus codd. graecorum bibl. Atnbrosianae, Mediolani, t. II, 1906,p. 1009, n° 902.
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ff ipj f-'pin-wi'&'y
VU MANUSCKIT RECONSTITUÉ 251
reconnu dans notre volume la main des trois copistes, mais
ils ont indiqué de façon inexacte l'ordre dans lequel ces diffé-rentes mains s'étaient succédé ; qui plus est, faute sans doute
de connaître suffisamment l'histoire de ces textes (et peut-onleur en faire grief?), ils n'ont pas pénétré le mécanisme de la
refonte et n'ont même pas indiqué que nous avions affaire à
un manuscrit reconstitué.
Nous ne reproduirons pas ici le processus complexe de nos
recherches : suivons une marche inverse et essayons, en sup-
posant le problème résolu, de décrire l'état primitif du volumeet de retracer ses fortunes successives.
LÏAmbrosianus 902 a été copié par un scribe de médiocre
notoriété, le Cretois Manuel More; le manuscrit n'est pas si-
gné, pas plus que ne le sont vingt-deux autres manuscrits du
môme copiste conservés a l'Ambrosienne : si notre Grecn'avait pris la peine de mettre son nom à la fin d'un vingt-
quatrième volu-me, YAmbrosianus 908, nous n'aurions jamaissu à qui attribuer tout ce loi de copies. Les folios de notre
manuscrit ont 328 millimètres de hauteur sur 230 millimètres
de largeur; chaque page, pourvue de larges marges, comporte29 lignes d'écriture très soignée, sinon très élégante. Le pa-
pier, pour la partie primitive écrite par Manuel More, est
d'assez belle qualité; le filigrane présente une couronne sur-montée d'une étoile, type qui est fréquent dans le papier d'ori-
gine italienne vers le milieu du xvie siècle.
Le modèle qui a servi à Manuel More est aujourd'hui con-servé à la Bibliothèque vaticane. Ce manuscrit, le Vaticanns 219,à la date qui nous intéresse, était la propriété d'un savant grec,copiste à ses heures, le comte Georges Corinthios, alors réfugiéen Italie; l'appartenance nous est attestée par une note qu'on
lit au folio 421 verso dudit volume; le manuscrit devait peude temps après passer à la Bibliothèque vaticane. De son côté,
fâftf*
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252 ALPHONSE DAIN
le Vaticanus 219 était la copie d'un codex qui se trouve au-
jourd'hui perdu, mais qui, selon toute vraisemblance, était leTaurinensis gr. LX, brûlé lois de l'incendie de la bibliothèqueuniversitaire de Turin, en 1904. Ce manuscrit, à son tour, était
la copie d'un'parchemin remontaut à la première moitié du
xie siècle, un des archétypes les plus importants de la col-
lection des stratégistes, le Scorialensis V-III-ll, un des joyauxdes bibliothèques nationales d'Espagne. On sait que ce pré-cieux manuscrit, qui avait appartenu au xve siècle au savant
pérugin Francesco Matarazzo, est maintenant mutilé : les troispremiers quaternions ont complètement disparu, et les cahiers
4 à 16 constituent aujourd'hui le Neapolitanus III-C-26 (284)de la Bibliothèque nationale de Naples. Le Taurinensis ne fut
copié qu'après cette mutilatjon.Telle est la généalogie de \Ambrosianus 902, copie au
troisième degré du Scorialensis T-III-11. Voici quel était à l'o-
rigine le contenu de notre volume; le manuscrit dans sou
premierétat ne
comportait pasde
pagination.
Athénée : De Machinis.
[mutilation à l'intérieur].Biton : De constructione machinarum.
Héron : Chirobalistra.
Héron : Belopoea.
Apollodore : Excerpta de machinis.
Anonyme : Helepolis.
Philon : Belopoeae liber quarlus.
[mutilation au début].Philon : Belopoeae liber quintus.
Anonyme : Apparatus bellicus.
[paragraphe final omis].
Anonyme : De obsidione toleranda.
Anonyme : Parecbolae
[insertion après le chapitre I de la dernière
partie du traité de Léon].
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UN MANUSCIUT BECONSTITUÉ 233
Anonyme : Strategicae monitiones.
Table factice comportant la liste des chapitres des deux
traités suivant immédiatement.Léon le Sage : Tacticac Constitutiones
[lacune à partir de XVII, § 127J.
Anonyme : De re militari.
Pseudo-Nicéphore Phocas : De velitatione bellica.
Nous ne nous attarderons pas à montrer comment YAmbro-sianus 902 reproduit les leçons du texte du Vaticanus 219. Re-
levons seulement les particularités importantes que présentaitle texte sorti des mains de Manuel More et sur lesquelles la
simple lecture de notre table attire l'attention.Dès le premier traité, celui d'Athénée le Mécanicien, une
lacune, atteignant le cinquième environ de l'ouvrage, faisait
disparaître avec le texte une bonne partie des ligures qui l'il-lustraient. Cette lacune remontait à l'archétype perdu de tousles manuscrits de ce texte existant alors en Occident; la partie
qui manque et qui, chose curieuse, pouvait être connue parla traduction de Vitruvc, ne se trouve en effet que dans le Pa-risinus suppl. gr. 607, apporté à Paris seulement en 1843, et
parmi des fragments conservés à Vienne dans le Vindobonen-sis philosoph. et philolog. gr. 120.
Plus grave, parce qu'elle faisait perdre avec le début del'oeuvre le titre même de l'ouvrage, était la lacune relevée audébut du livre IV de la Bélopée de Philon. Cette lacune re-
monte au plus ancien manuscrit de notre famille : on voitencore en effet dans le Scorialensis Ï*-II1-11, entre les folios
actuels 48 et 49, la trace de deux feuillets enlevés. Il s'en-suit que dans la descendance nombreuse de. cet archétype, et
par conséquent dans notre Ambrosianus, on passe sans solu-tion apparente de continuité de la fin du traité sur l'Hélépoleau milieu de la dernière phrase du chapitre Hdu traité dePhilon. Cependant, comme toute la traduction manuscrite porte
un explicil mentionnant la lin du livre IV de la Bélopée,
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â&4 ALPHONSE: DÂlfc
on ne pouvait manquer d'apercevoir que le titre et le début
de l'ouvrage manquaient.
Plus manifeste encore (1) était l'accident survenu plus loinet qui affectait à lu fois le texte des Parecbolae et celui des
Constitutions tactiques de l'empereur Léon le Sage, que notre
tradition présente ici sous la forme de la troisième recension.C'est encore à un archétype aujourd'hui disparu que remonte
ce malheur. Rappelons que la branche qui nous intéresse
de la tradition des stratégistes est depuis la Renaissance re-
présentée par trois manuscrits de la première partie du
xie siècle, le Scoriale?uis V-IH-il dont nous parlions plushaut (à compléter par le Neapolitanus 287), le tiarberviianus
gr. 276 (à compléter avec le Parisinus gr. 2442) et le Vati-
canus 1164. Dans l'archétype commun de ces trois volumes,
qui, en raison de la date de certains traités, ne peut guèreêtre antérieur aux dernières années du xe siècle, le texte des
Constitutions tactiques de Léon avait subi une mutilation grave :
dans le dernier quart de celte longue compilation, plusieurs
cahiers du codex avaient disparu, d'où résultait une lacunequi s'étend de la constitution XVIII, § 127, à la constitution
XX, § 185 inclus (d'après la numérotation de l'édition de
J. Meursius) (2). Gomment faire le raccord après cette grandelacune? Comme la dernière phrase conservée de la constitution
(1) Et pourtant, si nous ne nous abusons, il n'y eut pour signaler avant nous
le déplacement dont nous allons parler que Camille de Venise, que nous retrou-
rerons à la fin de cet article, et Zaccagnius, qui fut bibl iothécaire à la Vaticane
de 1698 à 1712, et mit une note à ce sujet dans le Barberinianus 277, folio 106r;encore n'est-il pas sûr que ce d ernier ait parfaitement compris ce qui s'était
passé. Ni l'un ni l'autre, en tout cas, ne pouvait savoir que l'erreur signalée re-
montait à un archétype aussi ancien. — Le philologue italien qui fit exécuter le
manuscrit de Bàle AN - 1114, appartenant à la même tradition, vit bien la lacune
du texte de Léon ; aussi emprunta-t-il le texte des Constitutions lactiques à une
autre recension. Mais il ne s'était pas aperçu qu'un long morceau des Constitu-
tions tactiques était inséré dans les Parecbolae.
(2) Tant que ne sera pas achevée l'utile publication entreprise par M. R. Vari, on
sera obligé de citer les dernières Constitutions lactiques de Léon d'après la
détestable édition de Jean Meursius, donnée à Lcyde en 1612. Laissons à l'édi-
teur la responsabilité de sa numérotation des constitutions.
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t»N MÀNUSCK1T RECONSTITUÉ 2&5
XVIII commençait par ya-f\ suivi d'un infinitif et que la pre-mière de la partie conservée de la constitution XX compor-
tait une ptirase avec Seï et un infinitif, il suffit d'un simplexal pour réunir XVIII, 127 à XX, -186. Mais on ne pouvait
manquer de voir que tout le texte qui suivait n'avait aucun
rapport avec le titre de la constitution XVIII. Dès le paragra-
phe 187 commençait, avec les mots Yi&çivpy. yv7|<nou (rTpaTT)yoG,un long développement sur les qualités du bon général. Quel-
qu'un imagina alors de rattacher toute cotte queue à une par-tie antérieure du volume, en un endroit des Parecbolae où il
s'agissait aussi des qualités du bon général. De sorte que nouslisons maintenant dans tous les manuscrits de cette tradition,à la suite du chapitre I des Parecbolae, la fin des Constitutions
tactiques de Léon, à partir de XX, § 187; après la doxologie
qui termine cette insérende et l'àayiv final, le texte des Parec-
bolae se poursuit avec le Chapitre II, sans qu'un signe exté-
rieur mette en garde le lecteur.
Cette nouvelle altération devait par la force des choses en
entraîner une autre ; les Constitutions lactiques n'ayant plus defin, et le traité anonyme De re militari (1) qui les suivait n'ayant
pas de titre, il était fatal que les deux textes se confondissent.
C'est ce dont nous avons la preuve dans la table qu'un copisted'un des archétypes disparus rédigea en tête du traité de Léon,à un moment où les Constitutions de cet empereur avaient déjàété mutilées ; sans entrer dans la description complexe de la
manière dont le copiste s'y prit pour rédiger cette table, signa-
lons simplement que les 32 chapitres du traité De re militarideviennent les chapitres de la constitution XVIII qui était
mutilée, tant il est vrai que les fautes appellent les fautes et
que les erreurs s'aggravent souvent au l ieu de se corriger.Si l'on veut à ces erreurs essentielles et remontant aux
archétypes anciens ou non ajouter celles qui sont dues aux
scribes de la Renaissance, signalons, en nous bornant à deux
(1) Cetraité a été édité naguère par II. Vari, Incerli scriptoris saeculi X. Liberde re militari, Leipzig, Teubner, 1901.
i^.&£;"r^îSftï*-?-' 3SÊ.
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286 ALPHONSE DAIN
particularités, que le copiste du Taurinensis gr'. LX, dès la
première phrase de VApparatus bellicus, omit dans une éoumé-
ration les mots /) vôpLOv, tandis que de son côlé le scribe duVaticanus 219 oubliait de transcrire le dernier paragraphe de ce
même traité.
Héritier d'une tradition déjà fortement altérée, quand Manuel
More copia sur le Vaticanus 219 notre Ambrosianus 902, il se
borna à reproduire l'état de son modèle, ajoutant ses bévues
personnelles, mots mal lus, éléments de phrases passés, etc. ;les omissions sont particulièrement fréquentes.
L'histoire que nous venons de tracer des altérations anté-
rieures à la copie de Manuel More nous était indispensable
pour bien comprendre le mécanisme des arrangements quenous allons étudier. Il va de soi que le philologue qui tenta le
premier de remédier à ces malheurs ne possédait que des
moyens d'information bien plus limités que les nôtres. Sonprojet, au reste, tendait seulement à combler les lacunes du
texle.
Il eut recours pour cela à un copiste dont nous ignoronsmalheureusement le nom, mais dont la main se reconnaît dans
un autre manuscrit, YAmbrosianus 905, autre recueil de stra-
tégisles. Pour la commodité de l'expression, nous appelleronsce scribe copiste X. Le papier dont use ce dernier est de médio-
crequalité,
lefiligrane,
un animalchargé
d'unécusson dans,un cercle surmonté d'une étoile, désigne un papier d'origine
italienne dont la fabrication doit se situer vers le troisième
quart du xvie siècle. Il y a 30 lignes à la page, et non plus 29.
Notre copiste X borna sa tâche à réparer le texte des Consti-
tutions tactiques de Léon ; c'était du reste le seul traité com-
mun aux deux volumes que présentait l'exemplaire que, nous
le verrons, utilisa notre scribe. Nous remarquons d'abord, dans
lespremières constitutions, qu'il ajoute
des bouts dephrase
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UN MANUSCRIT KECONSTITUÉ 257
qui manquaient, qu'il refait des titres, etc. Dans la constitu-
tion XII, il comble une lacune qui s'étendait du milieu du § 65
à l'avaut-dernière ligne du § 73 ; l'addition est faite en marge,en petite écriture serrée, partie sur le folio 197v, partie sur le
folio 498p (numérotation actuelle des folios). Il ajoute encore
une portion de texte qui avait été omise dans- la conslitution
XVII, à savoir depuis la dernière ligne du § 43 jusqu'au milieu
du § 54 ; l'addition est faite en marge des folios 229v et 230r,
avec un signe d'appel. Addition de nouveau dans la constitu-
tion XVIII, où les paragraphes disparus, 113 à 116, sont
reportés dans la marge du folio 244\ Au milieu du recto du folio 24o (XVIII, § 127) se trouvait le
pointoù nous avons signalé le raccord factice fait avec le § 186
de la constitution XX, court passage suivi immédiatement du
traité anonyme De re militari. Pour combler une aussi grande
lacune, il fallait recourir à des feuillets nouveaux, dont la
réunion devait constituer plusieurs cahiers ; c'est donc sur des
feuilles nouvelles que le copiste écrivit d'une seule venue la fin
des Constitutions tactiques, suivie de l'Epilogue. Il en profitapour ajouter le traité naval de Léon, les Naumachiques, quine figurait pas dans l'Ambrosianus 902, ni dans ses ancêtres.
Ce traité, au reste, dans une partie de la tradition est inséré
dans les Constitutions tactiques, et est coté comme constitu-
tion XIX dans l'édition de Meursius.
On peut se demander si l'on fit après ce travail une reliure
du manuscrit ; c'est peu probable, car il eut été nécessaire
d'établir des signes d'appel pour la partie nouvellement inséréeet qui se raccordait au milieu d'une page; or nous ne voyonsrien de tel. Signalons que la dernière des pages blanches quisuivent l'ultime traité du volume, le De velitatione bellica,
porte des traces de fatigue qui indiquent à n'en pas douter quele manuscrit resta un certain temps sans reliure. Ce trait, jointà l'absence de toute pagination ancienne, nous laisserait croire
que le manuscrit n'avait reçu de reliure, ni quand il fut écrit
par Manuel More, ni quand il fut complété par le copiste X.HEU, XI,V, 1932, il" 212. 18
WÉ^Sw*
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288 ALPHONSE DAIN
C'est ce qui expliquerait qu'il ait encore des marges si larges.
Quelle était la source à laquelle notre scribe avait empruntétous ces
suppléments?Rien n'est
plusfacile à déterminer. Le
simple examen de la disposition extérieure des différentes par-ties de l'addition nous met sur la voie. Des trois recensions des
Constitutions tactiques, la dernière, celle à laquelle appartientnotre Ambrosianus 902, doit être rejetée, vu que dans tous les
exemplaires, même les plus anciens, elle présente la lacune
qu'il fallait précisément compléter, et du reste ne comporte pas
pas le texte des Naumachiques. La première recension, la
recensionoriginale,
dontl'archétype
est le Laurentiamis, LV-4,
doit elle aussi être exclue : outre que le texte de nos diverses
additions est différent, cet état primitif place VÉpilogue immé-
diatement après la constitution XV11I et fait des oeuvres dis-
tinctes des Naumachiques d'abord, puis de ce qu'on appellemaintenant la constitution XX. Reste la recension intermédiaire,
qui présente d'abord la constitution XX, puis {'Épilogue, puisles Naumachiques. C'est l'ordre que nous constatons dans l'ad-
dition du copiste X, et de plus le texte de l'addition concorde
avec le texte de cette recension. Cet état des Constitutions tac-
tiques de Léon est donné par le seul Ambrosianus B 119 sup.
(139), manuscrit du début du x i" siècle, sinon de la fin du xe.
Ce volume était alors la propriété d'un philologue italien quenous n'hésitons pas à classer parmi les grands humanistes,
encore que son nom n'ait pas la notoriété qu'il mérite, Jean-
Vincent Pinelli.
Au reste, le philologue qui commanda le travail au copiste X
était selon toute vraisemblance ce même Pinelli, qui, disons-le
tout de suile, était aussi possesseur de notre Ambrosianus 902.
Originaire de Naples, mais installé à Padoue, notre humaniste
fut en relation avec tous les savants italiens de la dernière
moitié du xvr 3 siècle et s'était formé une très riche bibliothèque
qui contenait, entre autres manuscrits, plusieurs recueils de
stratégistes, ouvrages auxquels il semble s'être personnelle-ment intéressé. Dans notre Ambrosianus 902, comme dans ses
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UN MANUSCKIT RECONSTITUÉ 259
autres manuscrits de tactiques, on voit en marge de nombreuses
corrections et conjectures qui semblent être de sa main ; il
correspondait à ce sujet avec Fabio Orsini, autre érudit réputé.Si Orsini, dans sa collection de manuscrits anciens, possédait
le Neapolitanus 284 dont nous avons parlé plus haut, Pinelli
pouvait avoir autant et plus de fierté de son Ambrosianus 139.
Mais on sait que l'ambition des philologues de la Renaissance
était de posséder, outre des parchemins anciens el précieux, des
copies plus luxueuses, exécutées sur beau papier de grand for-
mat, des textes qui les intéressaient. Pinelli, qui s'était fait
une collection des divers traités de tactique, voulut en pos-séder les plus importants en deux beaux volumes modernes.
L'un est XAmbrosianus 905 dont on a déjà parlé, copie des
textes que Pinelli possédait chez lui, du moins pour la majeure
partie du volume, écrite précisément par notre copiste X.
L'autre est notre Ambrosianus 902, copie des textes contenus
dans le Vaticanus 219, complétée par le même copiste X. Tout
vient d'ailleurs confirmer cette hypothèse qui met Pinelli à
l'origine de ce travail de réfection, ne serait-ce que cette cons-tatation que le papier et le.filigrane sont les mêmes pour les
parties dues à la main du copiste X dans chaque volume, le
nombre de lignes de part et d 'autre étant de 30 à la page.
Ajoutons un fait non moins singulier : YAmbrosianus 902 et
VAmbrosianus 905 ont été l'un et l'autre l'objet d'un travail de
révision de la part d'un scribe attaché à la bibliothèque de
Pinelli, Camille de Venise ; mais ceci est une autre affaire.
A l'Ambrosienne, il n'y a pas moins de soixante-quinzemanuscrits écrits en totalité ou en partie par le scribe fécond
et ingénieux connu sous le nom de Camille de Venise, manus-
crits du reste ayant tous appartenu à Pinelli. Nous ne savons
rien de la vie de ce Camille et tout ce qu'on peut inférer de sa
production manuscrite, c'est qu'il fut au service du savant
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260 ALPHONSE DA1N
padouan dans le dernier tiers du xvie siècle; la Bibliothèquenationale de Paris possède de lui un manuscrit daté de 1562,
le Parisinus gr. 2445.Toujours est-il que c'est lui qui fit subir au volume une nou-
velle transformation. 11 s'agissait d'introduire d'une manière
commode les cahiers écrits par le copiste X, cahiers qui venaient
s'insérer au beau milieu d'une page. Pinelli et Camille ne
furent pas non plus sans s'apercevoir que, pour une partie du
moins, les cahiers dus au copiste X faisaient double emploiavec la partie indûment insérée dans les Parecbolae, encore
que les deux textes n'appartinssent pas à la même recension.Nos gens, qui n'étaient pas sots, virent aussi qu'on avait abusi-
vement introduit dans le texte de Léon le traité De re militari.
De plus, le copiste X n'ayant à sa disposition que YAmbrosia-
nus 139, n'avait pu compléter dans YAmbrosianus 132 que les
textes de Léon ; il y avait d'autres lacunes. Il fallait une refonte
entière.
Suivant une méthode vraiment critique, le scribe de Pinelli
songea à contrôler sur un autre texte les arrangements qu'il seproposait de faire. A plusieurs reprises, Camille nous indiquesa source, lorsqu'en tête de ses additions il met ex codice Vati-
cano, « d'après un manuscrit du Vatican ». Il n'y avait et il n'y
a encore aucun Vaticanus comportant tous les textes auxquels
furent faits les différents emprunts ; force est donc d'admettre
que notre copiste eut recours successivement à plusieurs Vati-
cani,ce qui du reste ne peut faire difficulté. Les manuscrits en
question portent les numéros 1164, 220 et 219. Le Vaticanus220 est la copie fidèle, exécutée en 1548 par Emmanuel Greco,
du Vaticanus 1164, archétype du xie siècle, qui avait appartenu
à Colocci avant d'entrer au Vatican et dont nous avons parlé.Camille se servit-il du 1164 ou du 220 ? C'est un point qu'il est
difficile de déterminer de façon sûre, le texte étant le même
dans les deux modèles, du moins pour les parties copiées par
notre scribe. Le catalogue de l'Ambrosienne voit dans le Vati-
canus 1164 la source des additions. Nous pencherions plutôt
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UN MANUSCRIT RECONSTITUÉ 261
pour le Vaticanus 220 : notre expérience nous a montré que
pour ces travaux les copistes préfèrent toujours les copies ré-
centes, plus faciles à lire et apparemment moins altérées ; d'ail-
leurs, quand ils se servent pour leurs travaux de manuscrits
anciens et qu'ils en font la mention, ils ne manquent pas d'in-
diquer que l'original était très ancien, codex antiquissimus ; ce
n'est pas le cas ici. Un doute peut toutefois subsister. Ce quiest sûr de toute façon, c'est que nos deux manuscrits n'ont puêtre la source des dernières additions, accompagnées pourtant,elles aussi, de la mention ex cod. Vat.; force est donc de recou-
rir au troisième manuscrit, le Vaticanus 219. On objectera quece codex est précisément le modèle de ï' Ambrosianus 902 quel'on voulait corriger ; nous voulons bien croire que Camille de
Venise était assez averti pour ne pas se méprendre, mais il faut
savoir qu'entre temps le Vaticanus 219 avait reçu une addition
importante, celle des Naumachiques de Léon, ajoutées de
seconde main.
Il reste à faire connaître dans le détail le travail de Camille
de Venise. Aucun des manuscrits du Vatican, ni même d'Ita-
lie, ne pouvait permettre de combler la lacune relevée dans le
traité d'Athénée, au début du volume; il ne saurait donc être
ici question de ce point. En revanche, au folio 43r de notre
Ambrosianus, ligne 7, le texte de la Bélopée de Philon com-
mençait ex abrupto au milieu de la dernière phrase du cha-
pitre II, trait relevé dans toute la tradition issue du Scorialen-
sis. Toute la
partieomise est ajoutée par notre scribe, en
• écriture serrée répartie dans les quatre marges du feuillet ; un
signe d'appel marque l'endroit où doit se faire l'insertion : le
tout est précédé de la mention ex codice Vaticano.
On ne voit pas très bien la portée d'une note mise un peu
plus loin par Camille de Venise, au folio 78r. A cet endroit,
ligne 7, après une table assez longue, commençait YApparatus
beliicus, compilation byzantine faite notamment avec des mor-
ceauximportants
des Gestes de Julius Africanus; unpréambuleprécède le. premier chapitre. Dans la marge droite de ce préam-
vféi\r$r.mT»fff^':VvJ„,ii»iSsii
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262 ALPHONSE DAIN
bule, notre scribe trace une sorte d'accolade accompagnée de
ces mots : Versus linea comprehensi sic sunt in codice Va no.
On ne devine pas bien la raison qu'avait le scribe d'incriminer
ce passage ; sans doute dès le premier mot, tous nos manuscrits
quels qu'ils soient portent xaxàXoyov au lieu xa-rà Aoyov ; un peude réflexion eût montré l'erreur à Camille et lui eût fait voir
en outre qu'il manquaitdans VAmbrosianus 902 les mots r\ vouov
qu'il aurait pu relever dans le Valicanus 220, s'il eût été plusattentif. En revanche, à la fin même de VApparatus bellicus,au folio H0r resté blanc en grande parlie, notre scribe ajoutale dernier paragraphe de ce traité, qu'il pouvait lire dans le
Valicanus 220, et qu'avait omis le copiste du Vaticanus 219,lacune qui se retrouvait fatalement dans la nombreuse lignéede ce manuscrit, y compris notre Ambrosianus.
Parvenu au texte des Parecbolae, Camille de Venise devait
se heurter à une difficulté d'une autre importance. On se sou-
vient qu'à la suite du premier chapitre de ce traité se trouvait
insérée toute la dernière parlie des Constitutions tactiques de
Léon. Dans VAmbrosianus 902, les Parecbolae commençaientau folio 128 verso, après trois lignes de texte appartenantencore au traité anonyme De obsidione toleranda\ l'insertion
de Léon commençait au folio suivant, après la ligne 2. Notre
Camille détacha donc, pour les reporter plus loin, tous lesfeuil-
lets qui portaient la suite des Constitutions, mais ce faisant il
enlevait, avec le dernier folio contenant l'insertion du texte de
Léon, la partie du chapitre II des Parecbolae qui élait écrite sur
la même page. Le scribe imagina alors d'insérer une feuille in-tercalaire sur laquelle il transcrivit le chapitre I des Parecbolae
et les trois paragraphes et demi du chapitre II qui avaient dis-
paru ; ce folio nouveau, l'actuel 129, fut fixé sur un onglet; le
texte n'avait pas été assez long pour remplir le recto et le verso
du feuillet, si bien qu'au verso un espace équivalent à huit
lignes reste sans écriture. Bien entendu, notre copiste avait eu
soin de faire disparaître la partie du chapitre I qui se trouvait
sur le verso du folio 128 ; à cet effet il avait collé sur cette page
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US MANUSCK1T RECONSTITUÉ 263
une grande feuille de papier qui la recouvrait entièrement à
l'exclusion des trois lignes du haut.
Jusqu'à la fin des Strategicae monitiones, il n'y avait plusrien à changer au texte qu'avait écrit Manuel More. Mais avec
le folio 150v on abordait une autre difficulté. Le lecteur ren-
contrait alors la table factice où l'on avait réuni la liste des
chapitres d'une partie des Constitutions tactiques de Léon et de
ceux du traité anonyme De re militari ; cette table occupait le
verso du folio 150, le recto et le verso d'un feuillet suivant, quenous compterons comme 150 bis, puis quelques lignes du folio
151r, le reste du recto étant laissé en blanc, puisque le texte
même des Constitutions tactiques de Léon ne commençait qu'auverso. Pour remédier à cet étal ,de choses, Camille de Venise
eut de nouveau recours à ses ciseaux et à son pot de colle; il
fit sauter en entier le feuillet 150 bis, colla une feuille sur le
verso du folio 150, puis une autre sur la partie écrite du recto
du folio 151. Sur ces feuilles collées, il transcrivit une nouvelle
table des constitutions ; la f in de celte table est en haut du
folio 151 : on lit en haut de ce feuillet la mention de la consti-
tution XVIII, des Naumachiques, de la constitution XX, puisde YEpilogue.
Poursuivant son travail de revision, Camille de Venise
s'appliqua à relire attentivement le texte des Constitutions
tactiques, travail que le copiste X avait déjà fait, mais, avec
beaucoup de négligence et à l'aide d'un texte qui présentaitune autre recension. On voit notre scribe remettre çà et là en
marge les mots et les phrases passées, faire quelques correc-
tions essentielles, etc. Sans doute, dans la constitution XII, il
ne put suppléer les paragraphes 6 et 7 qui manquaient dans
tous les témoins de la tradition qu'il utilisait. Mais dans la
constitution XVIII il rencontrait (au folio 244v) une addition
due au copiste X ; ce dernier, usant d'une recension différente,
n'avait pas fait exactement la suture : Camille fait précéderl'addition du
copiste
X des mots
^pwv-ai.
os
xap^o'.;qui per-
mettent une reprise exacte du texte.
<,"tffi 'yltfS;:!FmWittVI09^ViifM
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264. ALPHONSE DAIN
îC'est dans celte même constitution XVIII que s'était produite
la lacune signalée, qui avait été cause du déplacement de la findu" traité. On se rappelle que le copiste X avait comblé cette
lacune; les cahiers qu'il avait alors écrits commençaient au
point de suture où, après la chute d'une partie du texte, s'était
fait le, raccord des parties subsistantes, exactement après le
sixième mot du § 127 de la constitution XVIII. Mais sur le
folio écrit primitivement par Manuel More, le point de suture
en question se trouvait au milieu du folio qui comptait alors
pour 245.En
conséquence, et suivant sa méthode, Camille fitsauter ce folio 245 et inséra à cet endroit les folios écrits parle copiste X. Mais tout le texte de la constitution XVIII qui se
trouvait dans le haut de la partie primitive arrachée avait
disparu; notre scribe répara celle perte en écrivant en margedu folio 244* le texte manquant, soit a partir du milieu du § 124
jusqu'au sixième mot du § 127. On pouvait suivre désormais
la lin des constitutions dans le texte écrit par le copiste X et
lire tour à tour la fin de la constitutionXVIII,
la constitu-
tion XX, YEpilogue et les Naumachiques (constitution XIX
de l'édition de Meursius).Toutefois une nouvelle difficulté se présentait à partir du
§ 187 de la constitution XX. On avait pour la fin du traité de
Léon, outre le texte du copiste X. les feuilles écrites primitive*ment par Manuel More et qui, insérées indûment dans les
Parecôolae, venaient d'être détachées par Camille de Venise.
Ce dernier ne futpas
sanss'apercevoir que
ces deux textes
présentaient des recensions différentes et, poussé par l'espritde logique, il crut bon de mettre à sa place la tradition qu'iltrouvait la meilleure, soit celle qu'avait copiée Manuel More.
C'était malheureusement se créer une double difficulté pourraccorder le commencement et la fin du passage qu'on se pro-
posait de substituer à l'autre.
L'insertion devait se faire au milieu du rectô- du folio qui
comptait alors
pour
265. D'autre
part,
les feuillets
que
le scribe
se proposait d'intercaler débutaient par deux lignes qui, on s'en
m>,-
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'TSSWf'wS; ïï^iil^^^^ïo^.sw;^;^. -.S}* M $ .XS%;,. -f îic^^?^^i^Slif:.%,, î$ >;J
UN MANUSCRIT RECONSTITUÉ 265
souvient, appartenaient encore aux Parecbolae. En conséquence,
après avoir collé une bande sur les deux lignes en question,Camille inséra à la suite du folio 264 ses nouveaux cahiers,
dont la première feuille devenait le folio 265. Mais du fait
même on avait perdu tout ce qui, dans le haut du folio 265 pri-
mitif, appartenait à la constitution XVIII, soit depuis le milieu
du § 184, jusqu'à la fin du § 186. Suivant son habitude, notre
scribe rétablit ce texte en le transcrivant, partie dans la marge
inférieure du folio 264v, partie au folio 265r, sur la bande de
papier collée qui recouvrait les deux lignes des Parecbolae. Onpouvait ensuite lire jusqu'au bout les Constitutions tactiquesdans les cahiers écrits par More et enfin mis à leur bonne place.
Quant aux pages du copiste X qui tombèrent au cours de cette
opération, nous ne les avons encore retrouvées dans aucun-de
ces manuscrits de mélanges où l'on recueillait les chutes de ce
genre ; au reste, ce sont les seules pages qui aient chu dans
l'opération complexe que nous décrivons (1).
Le copiste X avait cru bon, en suivant le plan de l'Ambro-sianus du xie siècle, de joindre les Naumachiques de Léon à
l'addition qu'il faisait aux constitutions militaires du même
empereur. Camille de Venise j ugeait util e de conserver ce texte ;
mais, conformément à une opinion justifiée par l'état de toute
une partie de la tradition manuscrite, il estimait que les
Naumachiques faisaient partie des Constitutions tactiques.En raison de cette opinion, il ne pouvait garder les Nauma*
chiques à la place où les avait laissées le copiste X, aprèsVEpilogue des constitutions. Dans la table que Camille de
Venise avait dressée plus haut des Constitutions tactiques, les
Naumachiques figuraient à l'avant-dernier rang ; dans le texte
même, notre copiste opta au contraire pour le dernier rang,
juste avant VEpilogue : les ratures qu'on voit sur le manuscrit
témoignent encore des hésitations du scribe à ce sujet. Inser-
(1) Pour être entièrement exact, disons que les quatre dernières lignes du textedes Naumachiques dû au copiste X ont ensuite disparu à la suite de la réfection
qùè nous décrirons plus loin/
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&ï3~st&m&siai£tà£&£&8&£i3&-M3_ »
266 ALPHONSE DAIM
tion dans une insertion, il s'agissait cette fois d'introduire des
feuilles écrites par le copiste X au milieu des feuillets copiéspar Manuel More, eux-mêmes intercalés dans une addition due
au copiste X. Quoi qu'il en soit, comme on pouvait le craindre,le texte des Naumachiques écrit par le copiste X commençaitau cours d'une page, au recto d'un folio; il se trouvait que la
constitution XX, écrite par Manuel More, se terminait elle
aussi au reclo d'un folio, à peu près à la même hauteur. L'in-
sertion devait se faire après le folio 268 ; à cet endroit on était
arrivé au début du § 221 et dernier de la constitution XX ; enconséquence, la douzaine de lignes qu'avait fait perdre la sub-
stitution des feuillets fut reportée sur une feuille de papier quel'on colla en haut du recto du nouveau folio 269. Pour une fois,la solution de ce problème n'entraînait pas de conséquence pourla suite, car les quelques lignes du texte qui étaient ainsi obli-
térées par le papillon de notre scribe, en l'espèce la fin de
YEpilogue, faisaient double emploi avec le texte de Manuel
More et constituaient la fin de cette portion du texte due aucopiste X que Camille laissait tomber.
Les Naumachiques une fois insérées à cette place, Camille de
Venise crut 'de son devoir d'en faire la revision sur une des
recensions qu'il avait à sa disposition. Ni le Vaticanus 1164, ni
sa copie, le Vaticanus 220, ne contenaient ce traité. D'autre
part, .c'est en vain que Camille eût cherché ce texte dans le
Vaticanus 219, si ce dernier s'était encore présenté dans son
état primitif; par bonheur, entre temps, une seconde main,que nous n'avons pas encore pu identifier, avait inséré à la fin
du volume, avant les feuilles de garde anciennes, une copiedes Naumachiques qui constitue actuellement les folios 410 à
421 de ce manuscrit. A l'aide de ce texte, Camille fit sa revi-
sion avec beaucoup de soin, combla notamment les lacunes,
indiquant à deux reprises sa source, ex cod. Vat. (§ 24 et
§66).
Il restait maintenant l'autre partie du problème : il fallaitraccorder la fin des Naumachiques avec le début de YEpilogue.
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'"iï>4 .to.«X ÏMifMjJ«ï&?zW<: ^;«îW!1jte.»M#ÏÉ«à>«L*:iMM*M«^S
UN MANUSCRIT KECONSTITUÉ 267
Le cas se présentait après le'folio 276. Au bas du verso de ce
folio, il ne manquait plus que quatre lignes pour que fussentachevées les Naumachiques. D'autre part, le dessein de Camille
de Venise était de placer à la suite de ce traité les feuilles de
l'Epilogue provenant de la copie primitive de Manuel More.
Comme nous l'avons indiqué un peu plus haut, il y avait dans
celle copie, avant YEpilogue, une dizaine de lignes appartenantau dernier paragraphe de la constitution XX. Ces dix lignesfurent recouvertes d'un morceau de papier sur lequel Camille
transcrivit les quatre lignes qui constituaient la fin des Nauma-
chiques. Ainsi transformé, le nouveau feuillet devint le folio 277,
et la lecture de YEpilogue pouvait se poursuivre sans encombre
jusqu'au milieu du folio 282v, endroit où le texle de Léon pre-nait fin avec la doxologie et le mot àjiïjv. Toutefois le passagene s'achevait pas sur ces mots : la copie primitive due.à Manuel
More présentait immédiatement après et sans transition le cha-
pitre II des Parecbolae : trois paragraphes et demi de ce texle
occupaient ce bas de la page. Pour les faire disparaître, Camillen'avait qu'à les oblitérer par une feuille de papier collée ; c'est
ce qu'il fit, mais sans prendre assez exactement ses mesures,de sorte que la feuille de papier, trop grande, recouvrit le
dernier mot de la doxologie et l'àix^v final : petit malheur, facile
à réparer : notre scribe reporta sur le papillon les mots indû-
ment recouverts. Le bas de la page demeure vide.
Il restait, avant d'arriver à la fin du volume, deux ouvrages,
l'anonyme De re militari, puis le traité De velitatione bellica,mis sous le nom de Nicéphore Phocas. Ces deux oeuvres, dont
la première ne paraissait pas avoir de conclusion et dont la
seconde était mutilée, étaient suivies chacune de plusieursfolios laissés en blanc, si bien que, comme notre Ambrosianus
se trouvait dépecé et qu'il n'y avait pas de numérotation de
pages ni de cahiers, Camille de Venise ne reconnut pas l'ordre
primitif et plaça à la fin le traité qui était suivi du plus grand
nombre de pages, dans l'espèce le De re militari. S'il eût fait
plus attention, il eût évité cette méprise et remarqué que
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S ^s^;i-»*PS. |,t^V"?j5"t":'ti ^"^Bs^^F-S^^
268 ALPHONSE DA1N
le dernier des folios blancs qui Suivaient le De velitatione bel-
lica était particulièrement fatigué, indice certain que c'étaitlui qui terminait le volume avant sa reliure. Peut-être peut-ondonner une explication plus précise de cette interversion. Le
traité De velitatione bellica, commençant au folio 283r, s'arrê-
tait au folio 313r en bas (1), sur un mot inachevé, ^apaaxeu/;La chute des dernières lignes du texte se trouve dans une
dizaine de manuscrits et est imputable au copiste du Vati-
canus 219. Or nous voyons que dans notre Ambrosianus une
main qui n'est pas, semble-t-il, celle de Camille de Venise,mais qui paraît lui être antérieure (2), avait ajouté au bas de
la page les quelques lignes qui manquaient et qui compor-taient la doxologie finale ; comme il restait peu de place au
bas de la page, le copiste en question abrégea la formule tradi-
tionnelle de la doxologie. Comme le De velitatione bellica avait
désormais sa formule finale, tandis que le De re militari pou-vait passer pour inachevé, on pourrait voir là une raison nou-
velle du déplacement des traités opéré par notre reviseur.Venait enfin le traité anonyme De re militari. Camille de
Venise imagina de faire précéder le texte même d'une table
reproduisant le l ibellé assez long de chacun des chapitres de
cet opuscule. Cette table, on s'en souvient peut-être, avait été
incorporée dans le rava!; artificiel qui avait englobé la liste des
Constitutions lactiques de Léon et les chapitres de notre ano-
nyme. L'ancien folio 150 bis qui portait cette suite de chapitres
fut transporté ici et devintle
folio 315,mais
les quinze pre-
(1) Tout le traité porte en marge de nombreuses variantes mises de seconde
main. Signalons une autre particularité : Manuel More avait copié deux fois desuite la même page (le folio 3061 et le folio 30T qui lui fait vis-à-vis ont le même
contenu) ; le Copiste barra d'une grande croix oblique le folio 306". Les diver-
gences que l'on rencontre entre les leçons des deux pages sont particulièrementinstructives.
(2) 11;se pourrait à la rigueur que ce fût Camille de Venise qui ait fait cette
addition, mais, vu la différence des écritures, à une date qui ne peut corres-
pondre à l'époque des travaux de ce scribe au Vatican. Cet emprunt, en effet,ne
pouvaitêtre fait'à aucun de nos autres Valicani où cette fin
manque;il
fallait recourir, pour combler ce texte, aux rameaux les plus anciens issus duScorialensis r-IÏL-11, par exemple au Parisinus 2435, qui était alors en Italie.
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VU MANUSCRIT RECONSTITUÉ 269
mières lignes du reclo de ce feuillet appartenaient encore à la
table des Constitutionslactiques.
Suivant sonusage,
notre
scribe colla un morceau de papier sur ces quinze lignes ; mais
cette fois, il fut bien embarrassé quand il voulut garnir cette
partie laissée en blanc : il ne connaissait même pas le titre du
nouveau traité. Il ne sut faire mieux que de dessiner en rougeun bandeau historié qui orna le haut du feuillet; il restait au-
dessous la place pour un titre qui, par la force des choses, ne
devait jamais être ajouté. La table, commencée au milieu du
recto de 31S, sepoursuivait
sur le verso; au bas de cettepageil manquait encore quatre chapitres pour que la liste fût com-
plète. D'autre part, la page 316'', en vertu de ce que nous avons
expliqué plus haut, présentait avant le début du traité De re
militari quelques lignes qui correspondaient au § 124 de la
constitution XVIII et au § 180 de la constitution XX. Il restait
à notre Camille à coller un nouveau papillon sur le haut de la
page et à reporter sur ce papillon les quatre chapitres qui
manquaientencore à la table du traité. On
pouvaitenfin aller
sans encombre jusqu'au bout du volume, le texte s'achevant au
recto du folio 237. Le verso de ce feuillet et les trois folios sui-
vants, qu'on avait sans doute réservés pour une addition éven-
tuelle à notre traité, devaient demeurer blancs jusqu'à nos
jours.
Quand tout le travail que nous venons de décrire fut achevé,le manuscrit reçut une numérotation par cahiers et par folios.
Cettenumérotation, postérieure
auxremaniements,
est celle
que nous utilisons encore aujourd'hui. Le volume fut alors
pourvu d'une reliure en pleine peau qui, semble-t-il, est celle
qui le recouvre encore aujourd'hui. Mais, sous l'effet du tempset des vers, les plats de la reliure sont détériorés et le dos se
décolle en partie. *
C.'était maintenant des aventures d'un autre genre qu'allait
connaître notre Am.brosianus. Quand Pinelli mourut en 1601,sa bibliothèque dut être transportée de Padoue, sa cité d'adop-
..„.,.. ir.„-^éàM
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'^îX'r-^i^-tf-*'-'^;^^^^^
270 i ALPHONSE DA1N
lion, à Naples, sa ville natale. On décida de faire le voyage par
mer, pour diminuer les frais; la bibliothèque fut répartie en130 caisses dont 14 contenaient des manuscrits. Les Turcs
attaquèrent le vaisseau de transport et, déçus du médiocre
intérêt que présentait la capturé, jetèrent une partie des caisses
à la mer. Celles qui échappèrent au désastre furent alors rame-
nées à terre et en 1608 ou 1609 le cardinal Fédéric Borromée
en fit l'acquisition pour la bibliothèque qu'il fondait. Dans
cette paisible Bibliothèque ambrosienne, dont un chroniqueur
ancien fait l'éloge en disant qu'on poussait la complaisance jus-qu'à donner des sièges au public, du papier, des plumes et de
l'encre pour prendre des notes, YAmbrosianics 902 connut
enfin une existence plus calme. Il ne semble pas qu'on l'ait
jamais beaucoup consulté.
Alphonse DAIS.
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DICTIONNAIRES ANTIQUES
DANS L'OEUVRE D'ORIGENE
On trouve chez Origène plusieurs fragments de travaux an-
ciens de lexicographie. Gomme la plupart d'entre eux ne sont
reproduits que dans son oeuvre, c'est une source qui ne saurait
être négligée. Ces citations de dictionnaire ne sont pas seule-ment des documents pour l'histoire de la sémantique grecque.Elles
donnent aussi une idée de l'état où se trouvaient les tra-ditions des écoles philosophiques à l'aube du néoplatonisme.En outre, elles apportent quelques données très précises audébat si souvent résolu à l'aide d'idées générales — et très
générales —, sur la manière dont la théologie alexandrine a
consulté les philosophes et les écrivains de l'hellénisme.A. Harnack avait signalé quelques-uns de ces textes dans l'in-
ventaire qu'il avait fait des Commentaires et Homélies réé-
dités par l'Académie de Prusse, Der KirchengeschichtlicheErtrag der exegetischen Arbeiten des Origenes (II ïeil), V Grie-
chische Historié und Philosophie; Texte und Vntersuchungen 42,4, 1919, p. 94 et sq. Nous donnons ici les principaux textes,en y ajoutant d'autres définitions, dont quelques-unes n'ont
pas encore été étudiées.Au sujet des travaux de lexicographie, l'opinion d'Origène
est exactement celle que Clément avait exprimée dans les Stro-
mates. Il est utile d'apporter à l'étude des mots la précision(àxptêsia) dont les linguistes grecs ont donné l'exemple. Ils ont
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272 RENÉ CADÏOU
créé une véritable science, en coordonnant des idées distinguéesavec soin (TY^V'EXXY)VI.XY|VTWV
<77|jjt.at,vo|jiivcov icocpàcxoïç xà xotaûxa
SiapOpoùmv àxpîêsiav), Com, in Joli. XX, 20, éd. Preuschen
p. 355, l. 18. Il faut apprendre de ces savants (oî ropi xà ovop.axa
Sswot) à discerner les divers sens des vocables amphibologiques
(SwupsïffQai xàç TC àjjwpiëôXouî towvàç), ou des homonymes (xàç xe
ojxwvtijjiwç èxcpepo[jisvaç), Stromates I, 9, éd. Staehlin, p. 29,1. 27. Le Christ lui-même a su devenir sophiste pour réfuter le
démon, en dissipant l'ambiguïté qui se cachait dans les
paroles du Tentateur. Et Ton voudrait le présenter, lui quifut pris à son piège, comme l'inventeur de la philosophie et
de la dialectique! Ibid. Cf. P. Camelot, Les idées de Clément
(VAlexandrie sur l'utilisation des sciences et de la littérature
profane [Recherches de science religieuse, Février 1931).Pourtant les études des théologiens alexandrins ne doivent
pas être placées dans la tradition de l'hellénisme. Elles restent en
dehors de la mode littéraire qui favorisait alors la diffusion des
lexiques. Le goût du purisme attique contribuait à encourager
ce genre de travaux. Ils avaient pour but principal d'être un
art de l'expression (xà; rapixxàç xaiixaç xwv XÉÎ-SMV xéyvaç),Stromates I, 8, p. 26, 1. 15. Ils aidaient à choisir les
mots classiques (àjxoel xrçv Siàxpiaav xwv ovopLàxwv), à les com-
biner et à les entrelacer avec harmonie (xv)v isoiàv xwv Xéi-swv
TÛVOEITIVXË xal itepm)vOXY)v). Clément et Origène sont étrangers et
même hostiles à ce souci littéraire. Le mot d'hellénisme, qui
désigne alors l'école des puristes, éveille en eux l'idée d'un art
futile et menteur (txavôvvàp 8-/) xoûxo b.'Koh^D.^^v.v xoùç itoXXotiî).
Us ne s'y sont pas exercés, ils ne font même pas attention au
vocabulaire (elç XYJVyXtôïcrav) ni à l'arrangement de la phrase
(xr|v tppàcriv «yuvBeïvai.), Stromates II, I, 1, p. 114, 1. 7 sq. Ce sont
des jeux bons pour ceux qui vont à la chasse des petits mots,
et rivalisent dans la confection du bibelot .(XeijeiStwv Oïipàxopeç,
Ç/lXwxal xeyvuSpiwv), Stromates I, 3, p. 14, 1. 24. Contre ce
mauvais métier de babillage (•/&trxupiiiXoç auxvi xaxoxs^via, Stro-
mates I, 8, p. 26, 1. 21), ils ont certainement plus qu'un
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^ssfsssaiwïjp ._ ,, : .j sîCTi-5;;*!jîïr=T;7A c; .-..>/.-;,;A, ,S-;I .;;.-. i >] fït*ï":y-"f!h,"~ Z>#U"< 'Z^«»i'^'-£^;-g$;?-*^ex&*?^ff:^0^\..'-$.^>Viï' ,:
DICTIONNAIRES ANTIQUES DANS l/OEUVRE D'ORIGÊNE 273
parli-pris d'esthètes. Gel hellénisme du style ela.it le symbole
de loutes les résistiinces anti-chrétiennes. Le nom d'un Lucienou celui d'un Celse explique facilement les invectives plato-niciennes de nos théologiens contre ce qu'ils appellent la
sophistique. Clément invoquait la vérité el le sérieux de la
philosophie. Mais une autre inspiration excitait, sa verve :
« Le Seigneur sait les pensées des hommes, qu'elles sont vaines »,Ps. 93, H. On raillait dans l'autre camp la rudesse de la Bible
et des mythes barbares. Laissons aux atticistes « leurs instru-
ments de fer battus par le marteau et aiguisés sur la pierre »,dit enfin Origèue en proclamant le principe d'une esthétique
nouvelle, celle qui prend vie alors que l'autre se meurt : « Celte
parole de Dieu, c'est un morceau du Rocher qui s'est détaché
de la montagne sans la main de l'homme », Hom. V, 16 in lib.
Jesu Nave, éd. Baehrens, 7, p. 459 I. 24 et sq. Le romantisme
biblique était né. Comment ne pas songer à Chateaubriand?
« Ne dirait-on pas que tout est grand et simple dans Moïse,
comme cette création du monde, et celle innocence deshommes primitifs qu'il nous peint?» (Génie du Christianisme
m, i).Le procès n'est point dirigé contre l'art, mais contre le pres-
tige d'une tradition littéraire qui s'oppose au christianisme.
On ne choisira donc pas les mots, ce qui veut dire qu'onne les choisira pas comme les atticistes, dans leurs diction-
naires. Voilà ce qu'on refuse, et rien d'autre, quand on rejette
le style hellénique. Les lexiques seront pour les Alexandrinschrétiens des instruments de dialectique plutôt que de rhéto-
rique ou de grammaire. Origène se servira surtout des dic-
tionnaires philosophiques.Ils sont le plus souvent l'oeuvre de" Stoïciens. Mais l'école
d'Arislote a aussi ses lexiques. Ils liennent. une place plus
importante qu'on ne serait tenté de le croire dans le vocabu-
laire de ceux qu'on a appelés les platoniciens chrétiens. On
trouve chez Origène toutes sortes d'emprunts à l'hellénisme :des souvenirs d'enfance, les mots d'Homère, appris par coeur
UEO. XI.V. 1»3 2. H» 21 ï. \»
i Tip/nî; .'.i;. ;
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274 KENÉ CADIOU
à l'école de grammaire, parfois l'influence d'une oeuvre mé-
ditée, du Phèdre ou de la République, qu'il a commentée quandil suivait les cours de philosophie platonicienne, mais souvent
aussi une érudition de dictionnaire. Elle lui fournit ses défi-
nitions, le matériel de sa théologie, ce qu'il appelle les pre-miers éléments de la vérité, ik tJTOi^etwaxà xr.ç àX-rç(kîa; [Corn,in Joh. XIII, éd. Preuschen, p. 231, 1. 4), en reprenant une
expression de son maître Clément.
Il utilisait (sir>.Xsysd)a'.) des lexiques philosophiques de
l'époque alexandrine. Les Stoïciens avaient attaché une grandeimportance à la précision des termes, et à la dérivation des
mots, en partant de l'étymologie, ou « sens authentique ».
C'est un de leurs ouvrages qu'Origène consultait d'ordinaire,
le lexique d'Hérophile, Emploi stoïcien des mots, qui n'était
pas seulement un glossaire, mais rassemblait des sens nom-
breux empruntés à plusieurs auteurs. Les traces de néo-plalo-nisme qu'on y remarque ne permettent pas d'en placer la com-
position avant le ne siècle. Le témoignage d'Origène semble leseul qui nous soit parvenu au sujet de ce lexicographe. Cf.
Pauly-Wissowa, Real-Encyclopédie, art. Herophilos (von
Arnim).
£*. ô£ TÛV 'HSOBÎÀO'J Ttsp'. STo'ùcrj; ovotjiàT(i)v ypy'ixîw^ : « TsXoç S'
eivx'. Aivous». xx~/)y6rr][/.a, ou £vsx*v ib. Xoutà 7rp7.TT0p.ev, aÙTÔ oè
ouosvôç IvîXîv • TÔ OSa-'jÇuyo'jv TO'JTtp, xxO&ngp r, £'Joa'.jJ.ovla
xw
E'jôfciuiQVEW, a-xoTîôv • ô Sri SV/XT6V £7-'. tùv atpeTwv ». Selectci in
Psalm., I, Patrol. Giseca, XII, 1053.
Du même auteur, Origène cite les définitions suivantes :
6eô;.
oe/jïlv ouv ô aù~o; 'Hpôîp'.Xo; : Ôsôv JASV ysv.xwiaTa XÉyoufft,
twov àOa'vorcov, Xoyuôv, xa9ô Ttàara Xovixvj 'W/''! OsôçèaT'.v (définition
stoïcienne)
•âXXw; Se •
Çwov àQâva?ov, Xoyixôv,xaô' ayTÔ 07
w;Tàç sv Tjfjûv TCspis'yrojJisva^ <j<u'/à; r1^ £'-V!X'' ^wJï, àuaXXaysîa-a^ SS'TWV
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DICTIONNAIRES ANTIQUES DANS t,'(EUVRE D'ORIGÈNE 275
O-OJJUXTWVè'o-eo-Qai(définition platonicienne), Kax' àXXov Se xpôrcov,
(kôv XÉys<xQa'.Çwov àflâvaTOV, Xoytxèv, aitouSalov • MOTS itâarav àareîav
Au^ôv 9sèv uitàp'^eiv, xâv ev àvOpoTtcp TOpti'^xat. (définition stoï-
cienne)• aXXwç Se XéysaÔat, QEOVTO xaô' auTÔ ov Çûov àOâvaTov,
crrcouSalov • wç Ta? sv àvOpwiîO'.; uopoï; Ttepte^ojjiÉvaç ^o^àc? t*^
îmàp^eiv Ôeotiç. Rai eti àXXw; Xéyotm 6sôv. Çwov àQàvaTov, OTTOU-
Saïbv, e%ov Ttvà èicirraT'lav èv TW xôa-jjK]) xaTà TY;V 8ioixvi<nv, ôv Tpô-TTOVo T)X'.OÎ xal YI o-sXïîvïj (néo-pythagorisme et culte astral).
"AXXwç Se Xéyei (teèv TOV TtpwTov ëioucr)Ti,xôv TTOÛxôsjtiou. 'Eitl TOUTI
Se Oeov Xéyoum • Çwov àtpâapTov xal àyévvr;Tov, xal itpwTOV pafftXéa,
•?,v 'Éyst. *^ùpav 6 a-û[xuaç XÔTJJIOÇ(néo-platonisme). Selccta in
Psalm., P. G., XII, 1053.
Cette définition, où Dieu est appelé le premier et le roi appar-tient au système de Numenius, qui a enseigné au cours de la
seconde partie du u° siècle : tov Sa TOWTOV [8SOÇ] (I) àpyôv eivai
Êpywv tru [ATCXVTWVxal (3at«Xéa (Thcdinga, De Numenio, vg. frag-ment XXVII,
p.60 ; cf. Eusèbe,
Praepar. Evang.,P. G., XXI,
892).
On trouve dans le Traité de la Prière, une série de défini-
tions qui présentent exactement les mêmes caractères. Les
notions prises dans les écoles les plus différentes sont rassem-
blées et résumées très brièvement. L'auteur ne nomme jamaisles philosophes (cpàTxouTi, vofûÇouiu, Àiyouui), et il n'exprimeaucun jugement au sujet de leur doctrine. Les dernières opi-
nions sont celles dePosidonius,
desnéo-pythagoriciens,
et
peut-être des premiers néo-platoniciens.
En présence de ces ressemblances dans le vocabulaire, la
méthode, et l'ordre suivi, il est difficile de ne pas attribuer cet
article au même auteur que le précédent, à Hérophile. Nous
aurions donc conservé dans l'oeuvre d'Origène trois fragments
textuels de ce lexicographe. Peut-être Origène a-t-il introduit
çà et là quelques compléments, empruntés à d'autres lectures,
ou à sapropre philosophie.
(1) [Seoç] del. ego ut glossam.
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276 KENÉ CADIOO
ouffia.
7| ULEVXO'.XUpiWÇ OUTia XOIÇ [J.SV TCpG7iy0Up.SV7lV X7|V XCOV aT«p.axwv
UTCÔTTomv slvai vàcrxouTi vEvôfMa-xa'. xaxà xà à.3-w[j.axa, xô eïvai
^Eëalwç r^ovxa xal ouxe Tcpo<xQ7)X7)V •y^wpoûvxa oûxe àa>aîpe<x!.v Ttàa--
•yxivxa, ... xolç Ss ÈTOXXOXOU97,X'.X7IVaùx7)V elvai VO[AÎ^OUO'I,, iTpo7|YOi>f/i-
VT|V oè TTJV xwv Twpiàxwv•
6'poi aùxTÎ; ouxoî ewiv (opinion de Zenon;
cf. Stobée, Ed. Phi/s. XIV)• ouata sarlv T] TtpwxT) xwv ô'vxwv UÀT),
xal Èij -r\<;xa ovxa, f] xdiv a-w[/.àxwv SXv), xal è| r,; xà a-wjxaxa, TJ xwv
ovo|/.aÇofxévwv, xal è!j 7Jç xà ôvoutaÇôpîva, -/) xo Tepwxov itTcoa-xaxov
aTcoiov 7i xà Tcpolico'.s'xàjji.evov xotç oua-i TJ xô Tcàtraç Ss^ôfjievov xàç uexa-
6oXàç xe xal •àXXo'.côaet.ç, aùxô SE àvaXXotwxov xaxa xèv Sùov Xoyov,
7] xo uitopivov Ttârav àXXo[w<nv xal (u.£xaêoXy)v... Kaxà xoûxouç Se r\
ouirla èuxlv aTto'.ôî XE xal àff%T|p.àx(.aTOç xaxà xôv tSiov Xoyov àXX'
oùSè {jiyeOoç owïOTerayj/ivov sy^ouo-a, 7tàoTp SE êyxeixai. ranôx^xt. xaÔà-
uep sxoi.[jiôv xi^wplov.. (opinion de Posidonius, cf. Diels, Doxo-
graphi 458,8) ... Si' oXwv xe [AExaSX^x^v xal ôY 6'Xwv Siaipetïiv
Xéyoumv elvat, xal uâa-xv où<ûav a-uy^EW-Oat. SiivasOai, TJVW|J(.ÉV7|V
[xévxot (opinion de Thaïes et de Pythagore d'après Aetii Placita,
Diels 307b, 5 sq.). llepl EU^Ç, 27, 8, Koetschau, p. 367,
1. 13 sq.
Plusieurs de ces définitions sont assez proches des Placita
d'Aetius, Diels, p. 291, p. 307 et p. 308, comme l'a indiquéP. Koetschau dans son édition. Cependant la rédaction reste
assez différente. Au contraire, elles s'apparentent tout à fait à
Stobée, Eclogae, Diels, p. 457, 25 sq., comme le montre la
comparaison de plusieurs passages :
Origène
p. 36.8, 1. 2.
OUT'la Èa-xlv 7| 7CÛWX7| xwv ô'v-
XWV OXT|...
Stobée
Diels, p. 457, 1. 25.
ZTJVWVO;;. Oùffîav oè Eivat XÏ|V
xwv o'vxwv Ttàvxwv 7ipc!>xr|V SXTJV,
xaôx7|V ôè itâirav atS'.ov xal oîixE
ÎTXEÎW ywo[/.Év7|V oùSè ÈXàxxw...
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DICTIONNAIItES ANTIQUES DANS L OEUVRE D OlllGÈNK 277
p. 368,1. 8.
7| TO Trpoiiïi'.a-Tâii.svov TOIÇ OUT(.V,
7j TO Ttào-aç Ssyôjjiîvov xà; t/£Toeëo-
Xâç xe xal àXXotcôcreiç, ...
p. 368, I. 8.
xaxà xoûxouç oè T, -oùtxia ssxlv
àwHÔ? xs xal àay^yj uiâxi,ïrttoç xaxà
xôv ïSiov Xôvov àXX' ouSè (jiyeOo;
àTroxexayuivov é'youTa, rcào-fl Sa
è'vxeixai. TtO'.6x7|T(. xaBàitso l'xoiuôv
xi ywplov.
|). 458, I. 24.
XpuTwnou Exwïxoù. TWV xaxi
TïOLOxr^a uïOTiuÉvuv TCOWXTIV
UXYJV•
TOÛXTJV SE aïoiov, OUTE
aûÇTjTiv oùte [ASUOTIV O-roj/ivou-
irav, 6iaipe<7iv Ss xal ffûvyuo'iv
STu5eyoj/.sv7iv...
p. 458, 1. 8.
"Ecpyi<re SI 6 rio<rîi.8wv*.oi; xr,v
xwv 6'Xwv ou<nav xal Î5XÏ)V ârawv
xal ap.op»ov elvai, xa.0' ocrov oùSèv
7.7n>xsxa.y[/ivov l'S'.ov è'^si T^vjjiiaouSs TCO'.6xY)Ta xa6' aiiT^v
• àei S'
sv x'.vt ay4[AaT'. xal Ttoiéx7|X'.
eïva'....
Cette comparaison témoigne de l'existence d'un recueil
exploité diversement dans les deux séries de fragments. Elle
permet aussi d'identifier les auteurs des définitions citées parle compilateur de l'article oùo-ia.
Quant à la dernière opinion, « matière et qualités », 1. 11-19,ici encore, elle est la plus vuisine de l'époque où vivait Origène.Elle ressemble tout à fait à celle que professait Numenius au
sujet de la matière, totalement indéterminée comme un cou-
rant aveugle, et, si on la considère en elle-même, multiplicitéet changement indéfini, que vient organiser l'action immanente
du second Dieu. Cf. Thedinga, De Numenio, frag. XVII, p. 52,etPraepar. Evang., P. G., XXI, 1345.
Origène a exposé plusieurs fois ce système des origines, quiréservait à la Providence la production des qualités et mainte-
nait l'existence indépendante d'une matière incréée. On le
trouve dans le Commentaire de la Genèse, dans le Traite' des
Principes, et dans cette définition du Traité de la Prière. Ces
textes s'éclairent beaucoup lorsqu'on les rapproche, et leur
importance s'en trouve accrue. Car ils montrent l'état de la
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278 KENÉ CADIOU
doctrine créationniste au temps cTOrigène, telle que la pro-fessaient tous les philosophes qui croyaient à la Providence et
au Verbe organisateur. Leur théorie servira de point de départau théologien. C'est en la critiquant qu'il démontrera parl'absurde la création ex nihilo et la préexistence des Idées
dans la Sagesse incréée.
In Gen., P. G. XII, 48.
rÇt<. yào AOYOJ xi.; KO\6-
CYjTaç xocrà Tîàvia; TOÙ; Ilpo-
votav elffàvov-aç, TÛ M'W
Xsxat,, eU SiaxÔTULTiT'-v TO'J
TtaVTOs U»iffTT,T'., T7j à'-SOlTCj)
auTOÛ SuvâjAE'. xai tjo<pîa...
« Tous ceux qui font
intervenir la Providence
affirment que les qualités
n'existent pas d'une exis-tence propre, et que
[Dieu], comme il le
veut, les fait subsister
par son Verbe, pour l'or-
ganisation de l'univers,en vertu de la puissanceindicible qui réside dans
la Sagesse divine... (1) ».
Ils pi àpywvl<M. Koctschau,
p. HO, l.âetsq.
quae materia
propria ratione
extra has esse
invenitur quas
supra diximus
qualitates . . .
Haec tamen
materia, quam-
vis, ut supra dixi-mus, secundum
suam propiamrationem sine
qualitatibus sit,
nunquam tamen
subsistere sine
qualitatibus in-
venitur. .. reci-piens in se qua-
lilates, quas ipsevoluisset impo-nere.
ITspl eù^YJç
Kd. Koetschau,
p. 368,1.12etsq.
oCtSé VIVOÎ vas
TOÛTWV xatà xov
ïo'.OV XoYOV U.ÎTÎ-
ys'.v csowl xriv oO-
<rlav, àsl Se T'.VOÇ
auTwv àywp'.TTOv
eïvai... ô yàp CTJ-
vàiv atiTÎj TÔVOÇzal
oC oXuy xîywpv
y.w; it(ir<iç TE noiô-
T7,TOS xal twv repl
auTf|V a^T'.o; âv
<sîïi^> (2)oly.ovo-
jiAtoV ...
(1) Cf. Contra Celsum 111, 41 : TO:; ÛÏTO'KV/VÏJVWV ^eyoïiévoi? itepi ifi; cû i8t<i>
Aoyio xnotoy 3).T,C;. Zn Joli, XIII, 61, l'rcuschrn, p. 29S, I. 18 : wjirsp jxéveiv <païtTÔ û)uxov o!. itEpl Taûta 6È'.VO(.
(2) <e"ïi> add. ego : <?;> llenlley, Delanie.
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DICTIONNAIRES ANTIQUES DANS L'(EUVRE D'OIIIGÈNE 279
Ainsi apparaît un dernier caractère de cette doxographie. La
série dos définitions citées dans le Traité de la Prière suit à peu
près l'ordre historique, en résumant tour à tour Platon, puisun groupe opposé que forment les Stoïciens Zenon et Chrysippe,
puis leâ nouvelles écoles, Posidonius et les néo-pythagoriciens
qui ont immédiatement précédé Origène. L'ordre suivi était le
môme dans la définition du mot (kôç.
Parfois au contraire les définitions se présentent isolément,et portent la marque d'une seule école. Quelques-unes sont
propres à la doctrine stoïcienne, ancienne ou récente.
£TC'.Qll|MX.
i~iHvyJ.z sorrlv ôpeÇiç àAoyo; YIVO[JLIV/I v.y-b. opjATjv WXeovàÇoitTxv
irapà Àôyov, xa9' V]v cpiXo£(ooû[ji.£v, M; àyaOoû àpEyôfjiEvo!. TTJ.; JAETGU
y.ù àSiasopou Çw/iç, .../.«Ta TÔ T/JÇ àaapx'.aç |3oÛÂ7)|ji.a, TIO'.OÛOYIÇ
r,p.â^ SXTS'IVEO-9%1(î)ç swl àyaBôv <^£T:1> itôiv TÔ Oa' YIJAÛV SIÏI.Q'JU.OU-
IAÎVOV • savras-'la vào àvaOo'j 71sTcOy/ix yivîTa*.. Coin, in Rom.,NW,
8. Cramer, Catena IV, p. 90; Ramsbotham, 7%e Journal of
Theol. Stad., 14, 4913, p. 10 sq.
TtapàSoija.
*E<rTi T'.và 36yp.aTa ïcap' "EAXYIO'!. xxAoûaeva itaoàooÇa, T(J> xax'
VO^VYIÇàwoSsiÇsw;. Cow?. in Joh., Il, 10, Preuschen, p. 72, 1. 29.
C'est probablement aussi à un lexique stoïcien qu'appartientla définition de la liberté humaine que l'on retrouve en termes
presque identiques chez Philon, Clément, et chez Origène, auTraité des Principes et au Traité de la Prière.
D'autres définitions proviennent d'un lexique d'Aristote,ou s'en inspirent.
... "EXXïive; -rcoAÂà csaut <77|[/.aivô[Ji£va sïvai àra» TYÎÎ àpy f^ Ttpoffïi-
yopîa? ...T, piv yàp -zi; ti; p.ETaêàsEwç ...È'aT'. oï àp'//| xal r; wç yEvé-
TÎW^ ...TOÎTOV 0£ TO £$ ou, oïov xô È!j ûiïOxs'.[/ivïiî ûÀr,ç ...itpè; Toû-otç
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280 RENÉ CAD10U
àpy/| xal TO xa9' -<o> (I), o»v xaxà TÔEISO; s<mv ipy*i xoti coç
uaO-/îa-îo);, xa9' ô Ta arov^evà «7.7.57 àp^rf' EMI ypa[Au.aT'.xrjç s<m
SE àpyj/) x/A wç irpà^ewç, sv -g TtpàÇs1. STTÎ T>.TÉXOÇ j/,e-à TYJVàpy/|V.Co?n. m /oA., I, 16, éd. Preuschen, p. 20 et sq.
Cet article lexicographique suit à peu près la division aris-
totélicienne des causes : 1) cause efficiente ; 2) cause maté-
rielle ; 3) cause formelle ; 4) cause finale. La dernière défini-
tion est rappelée dans Com. in Joh. XIII, 37, àpy^v Se Xsywou TY)VTcapaêaX)iO|jiiv/|V sSjouTta àXXà TTJVàvTiSiaareXXojjiivviv TéXei...
éd. Preuschen, p. 262, I. 3S. C'est le sens d'origine et de com-
mencement qui domine dans le litre du traité ïlepl àpywv. Cf.
Redepenning,lGn'yene,y, I, p. 394, 398.
aj+apTÎa (peccatum).
Sciendum tamen est, quod et caeleri eruditi [= 8eivo(] viri
utuntur hac definitione, ut naluram vel causam peccati in eo
ponant, si aut addatur aliquid virtntibus, aut minuatur. .Verbi
grulia, juslitia virtus est : et si quis minus aliquid facit quam
justitia patitur, sine, dubio injuslus est. Si quis vero sub specie
jusliliae crga vindictas nimius liât, et soevius agitct ultiones,
in crudelitatom ex juslitia devolutusest ...Similiter et liberlas,
si intra temporanliam suam sit, virtus est; si minus habeat,
timidilas : si amplius, temeritas nominatur. Pari modo et pru-
denlia si in sua mensura sit, virtus est; si minus habeat,
imprudentia ; si plus quam oportet, malilia appellatur (Tra-
duction de Rufin). Com. in Rom., IX, 2, P. G., XIV, 1209,
1210.
Les exemples sont traités librement d'après VEthique à Nico-
maque, II, 7, 1107 B.
TgXo?.
'Ex JJLSVtwv 'ApiTTOtlÀou; : « TIAO^ SO-TIVOU e'vsxev ta aXXa, aiixô
Se U.7|O"EVÔ;É'v£X£V») •?,ouTw^• « O'J é'vsx£v ta àXXa, aùxô 81 oùx aÙTWV
(1) xa6' <8> Wendland, Wilainowhz, Preuschen add. na6' otov ». x. X. mss.
ùç irpiJsw; (cf. supra, 1. 2) : w; it icpsil-euiçVenet. 43, Preuschen,
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DICTIONNAIRES ANTIQUES DANS I.'OEUVHE D'ORIGÈNE 281
é'vexa » <î ouTto^ « ôY ou Ta aXX» T'.Ç TtîàTTE'., aura 3s û'.à [AY)8ÈV
àXXo ». Selecta in Psalm., I, P. G., XII, 1053.
Certaines définitions paraissent tirées directement ou indi-
rectement des lexiques de rhétorique, peut-être de ceux de la
deuxième sophistique. Car elles portent aussi la marque de la
psychologie post-aristotélicienne, et même stoïcienne. Quel-
ques-unes distinguent des mots voisins ou synonymes, à la
manière des ovopi.affTt.xa.
fio{ïkr\<Tiç et £7u9upla.
...STCEI 3è xaxà Taç 8siaç ypaoeàç -r\ ÈTuQujjtia'Twv piirwv è<mv, oux
e'.Sinai; T/,V 'EXXTIVWTIV TMV cr7)[ji.at.vojJiivtov irapà wï? Ta TOiaÛTa Siap-Oooûmv àxploe'.av, WOT' av TO JJLIVàareïov BQUXY)TIV ovopiàirai, Ï)V
oplÇovTai suAoyov ôpeijjiv, TO SE cpaûXov suiOuf/iav, v)v oea<nv ewai
àXoyov ops iv r] cnpoSpàv opei-w. G'o?ft. m Joh. XX, 20 Preus-
chen, p. 355, I. 17 sqq.
6u[i.6<; et ôpY"'î-
Aiatpépst Ss Qupiôi; opy/Jç, <S; s>aa-'.xal oi uspl Ta ôvô|Jt.aTa Sewoi, T<ji
Ou[AÔv [ASVEÏvai opvYiv àvaOuj/.iofjiiv'/iv xal s-i Èxxaiou.Év/jv, opy/jv 8è
ôpeÇtv àvTiti[jt.a)pTÎ<TS(oi;. OIOVEI ouv aTEXsaTEpoç f/jç ôpyïi; èar.v 6 6up.ô;
xal Y)SYITtpôç TÔ.àTïoTÉÀscrpiàTI SOTIVT| ôpY7!• Selecta in Psalm., II, 5,
P. G. XII, 1105. Cf. •/>opyo itpoiT,/iYopîa... ffY)[*awei TI itpoaipETixôv,
•/)v wpio-avxô T'.vsç ô'peij'.v àvT'.TijjKopvîaaffOai. TOÙ; 7|StxY|xlvai Soxoôv-
Taç... Av|Ao~.Se xal àitpoaîpeTOv, 8 xaXoûa-l TIVSÇTtpOTcâOeiav Yivojjtiwiv.Se/ec/a m /Wm., IV, 5, P. G., XII, 1141.
Voici quelques définitions sans caractère particulier :
àvaxscoaAatcocni;.
àvaxecpaXaîaxnç ei'p7|Tat. gui twv TpaTteÇiTUÙiv xal TWV TtapauXïi-Ji(i)v uu|jn|<yitpi.^o[xÉv(i)v XOYWV xal sic sv xscpàXaiov a-uvaYOfjisva»86<T£WV xai. àvaXwjxàTwv $ Xrî<j/E«v. Cramer, Catena VI, p. 114.
(âamXsô?.
xupîco;... ^ao^Xsùç o a.pyew STCWTOJJISVOÇàvuratiSùvMç. P. G. XII,1H2.
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282 RENÉ CAD [OU
ooiÇovTsu, v.-/%<. oo£a.v xôv à-irô TCÔV TOXXWV srca'.vov. Com. inJoh., XXXII, P. G., XIV, 813, Preuschen, p. 471, 1. 14.
6[j.wvu|jia.
ôuwvufA* os ETT'.V, uv ovo;/.x JAOVOVxoivôv, o 3è xxxà ?oûvou.a T?,;
oùariaç Xôyo; sTêpo?. Hom. in Jerem., XX, 1, Klostermann,
p. 177.
TO xrj; iruiJi'-fMV'.aç ovoaa xxTTSxai em TWV xaxx (JLOUTIXYJVSV
cpcovaî; àpaoviûv. In Lucam fragmenta, LXXIV, Max Rauer,
p.269.
Té/VY|
ayTYi os îT7iv e£i; [AÎT* ioôXou Xoyou ïto'/^Tix^. Cum. l'/i JoA.,
Preuschen, frag. 1, p. 483, 1. 3. Celte définition appartenait à
l'origine à un recueil de XéÇsiç ou de yXwao-ou pindariques, cf.
Olymp. VII, 53: Aaévxi Sè'xal erooeîa pis'.Çwv àSoXo? xeXéOei. Ori-
gène l'a peut-être trouvée dans un lexique général.
ÛTtsoêoXv).
UTCîpëoXvî s-rov, w; xal "EXX/|ve; topîcravxo, Xôyoç sfjupàïew;svsxa tmepaîpwv x/|V àX^Ôetav. Cramer, Catena V, p. 249.
Il y avait en outre dans la bibliothèque d'Origène, au
moment de ses premiers travaux, un dictionnaire où les mots
étaient rangés par familles, selon la dérivation. On y considé-
rait le nom (rcponriyopîa) comme l'élément primitif et fonda-
mental de la sémantique (îtpoufflîaraa-Qa!.). Les autres mois (XOCTTI-
yôp-/i|jia) en dérivaient (èmylvEa-Gou). C'est ainsi que a>pôv/|<n; était
suivi de oepovew, awopoTiJvr) de o-uoepovsïv. Ce répertoire était ana-
logue à celui de Julius Pollux :
<ï>aal 8è oï; è|/iX-/ia,s xvjç twv crY]j/.ouvopi.svci>vs^îxàa-EW^, sv xoïç
xûïtoi; xo~.i È'-^ouo-'.cruÇuyîav Tcpoo-riyoo'.wv xal #axY)yopYjU.àxwv, itpoLi-
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MM- '-JSf-'t .1 <<,**^ '•:: *'-,-:%*->!^«r- «Sfr :"t -
DICTIONNAIRES ANTIQUES DANS L'OEUVRE D'OBIGÈNE 283
CBwraaÔa'. -rà T'jyyavovTa TWV 7tpoa7iYopt.wv, xal êut,YW£3-9a.i.rà xa77)-
yopvi[/.aTa Tcapà rà; Trpoo-riyopia^ (Tome III in Gm., P. G., XII,88).
Il est clair qu'aucun souci de purisme altique n'a pu inspirerla composition d'un dictionnaire de ce genre. On lui demande
seulement d'indiquer avec exactitude le sens (<r/ijjia!.vo[jiivMv) et
l'emploi syntaxique (TWK X«T# TOVÀoytxôv TOTIOVTpavou(jtiv<ûv) qui
éclairent une expression rencontrée dans une étude de morale,
de physique ou de théologie. Comme son maître, Origène veutv
éviter les erreurs où tombe par ignorance celui qui ne remar-
que pas les homonymes et les ambiguités. Mais il connaît aussi
la difficulté d'autres figures : l'extension du sens, ou au con-
traire le retourà la valeur propre d'une expression (xupioXsijia), et
la distinction de deux sens appartenant au même mot (SuxaroXïi).Bien que certains exégètes aient des préventions contre cette
érudition, elle lui paraît indispensable pour l'étude de l'Écri-
ture. Même une mauvaise ponctuation peut égarer le théolo-
gien {Ibid., P. G., XII, 89).
Pour se représenter le travail de vocabulaire dont l'oeuvre
d'Origène est le témoin, il ne faudrait passe limiter aux lexiques
helléniques. On devrait tenir compte aussi des concordances de
la Bible qui lui permettaient de comparer les divers contextes
dans lesquels un même mot se trouvait placé (o-uvàYsiv), et des
dictionnaires de langues étrangères, en particulier de YOno-
masticon hébraïque, dont il faisait usage. Il y avait même à
Alexandrie un lexique qui ouvrait aux Hellènes la langue mys-
térieuse des hiéroglyphes, les signes par lesquels Thot-Her-
mès avait fixé sur la pierre la puissance magique de ses mots,
pour les seuls initiés. C'était l'oeuvre de Chérémon, gardien
du Serapeum (ier siècle). Il semble que Clément l'a consulté
(cf. Deiber, Clément d'Alexandrie et l'Egypte, Mémoires de
VInstitut du. Caire, t. X, 1904, p. 72 et sq.).
Jamais peut-être la lexicographie ne fut plus en honneur que
dans cette ville d'Alexandrie où l'esprit encyclopédique régnait
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284 KENÉ CAD10U
depuis plusieurs siècles, et auprès de ces maîtres qui s'inspi-raient à la fois de la littérature
grecqueet de la
sagessebar-
barbare. Ils joignaient au culte de la parole divine l'idée, très
répandue parmi les Anciens, que les mystères de la science se
cachaient dans les mots plus que dans les phrases.« C'est seulement par des observations et des recherches de
ce genre, disait Origène à ses disciples, que vous obtiendrez
bientôt les vérifications qui seront le fruit de vos peines selon la
bénédiction dont parle le Psalmiste « Tu mangeras les labeurs de
tes mains » (Ps. 127, 2) : imo JAÔVWV TO>V TO'.OÛTWV TOxpaTyipyja-sovxal S^ETOTEWV xàç [3a<ràvou; (1) E'jpïja-eiç xa-cà ppa-^ù, TOU; xapitoùçtûv TOÎVWV, Tf,v sv J/aXjjioîç eùXoyîav Xéyouaav
• « Taùç xapTOÙ; xwv
KÔVWV a-ou tfàyso-ai, » Cow. inJoh., XIII, 63, Preuschen, p. 296,
1. H sq.
René CADIOU. ,,,
NOTE
Au cours d'une recherche au sujet des philosophies connues d'Origène
j'ai demandé la photocopie d'un fragment de manuscrit auquel renvoie
Thedinga, dans son mémoire intitulé De Numenio philosopho platonico,
Bonn, 1875, p. 27 : « Numenii liber nondum editus irepî UXTJÇexstat in
bibliothecae Escorialensis cod. ms. <i>II, 11, n. 203, fol. 291 r-fol. 313 v. »
Miller mentionne ce manuscrit dans son Catalogue des manuscrits grecs de
la Bibliothèque de l'Escurial (Paris, 1848), p. 158 et 159. Le fragment qui
porte le nom de Numénius est au début de la partie g. Il est suivi immé-
diatement par un traité de Plotin, Enn. III, 7, IIXIOTLVOOitepî altovo; xalypdvoo. Le manuscrit, de 500 feuillets, appartenait à la bibliothèque de
Fr. Patrizi.
En attendant une recension plus complète, il importe dès maintenant
d'avertir les philologues que l'indication de Miller est inexacte, en ce quiconcerne l'auteur du fragment. Il est tiré de Plotin, Enn. III, 6, rcepî TÏJ«àTta6sia<; TÔJVàcrwjJiâTtov, à partir du chapitre 6 (ligne 2 de l'édition E. Bré-
hier), è-rcei Ss xoti, et va jusqu'à la fin du traité. Le nom de Plotin a été
barré par une seconde main, qui a écrit au-dessus NOU;JIÏ]VÎOU.Je dois
(1) xiç [îasdivou; ipsa. : -i\ jiaisoivoç Wenclland, taîç [Sasaivoiç,Preuschen,
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WGTIONNAiKES ANÎlQUES DANS L'<EUVRE D'ORIGÈNE 28D
à la compétence de M. Dain, directeur d'études à l'Ecole des Hautes-
Études,d'avoir obtenu
quelquesindications au
sujetde ce
fragmentnon
recensé. 11 l'a examiné lui-même à la Bibliothèque de l'Escurial. Le fili-
grane, qui représente un pot, indique une période qui s'élend aux envi-
rons de 1568, et un travail exécuté dans la région parisienne (cf. Briquet,
Les filigranes, p. 62!>, n? 12.807). L'écriture est selon toute vraisemblance
de Paleocappa. Ce fragment, Enn III, 6, ch. 6-19, présente des variantes
de mots, dont quelques-unes sont nouvelles par rapport aux éditions
modernes du texte de Plotin, et non sans intérêt. Elles seront données
ultérieurement, en même temps qu'on essaiera de déterminer la parenté
de ce texte avec certaines parties de la tradition déjà étudiée.
R. C.Mai 1932.
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LE TESTAMENT DU ROI DE CYEÈNE
Parmi les documents épigraphiques exhumés en ces dernières
années l'un des plus notables est le testament royal que les
Italiens ont découvert à Cyrène en 1929. Ce texte a déjà été
publié deux fois, d'abord par G. Oliverio avec un très amplecommentaire (1), puis par G. de Sanctis, qui, en quelques pages,a montré l'intérêt du nouveau document (2). Je crois pourtant
qu'il y a lieu de revenir sur un point: le testament, inopéranten fait puisque les héritiers n'ont pas eu à en réclamer l'exé-
ctition, me paraît avoir eu une efficacité limitée, mais certaine,
que je voudrais mettre en lumière.
Il ne sera pas inutile d'en reproduire le texte : l'acte ne com-
porte pas de clauses de style qui intéresseraient un juriste ;
mais les termes mêmes dans lesquels il est rédigé en manifes-
tent la signification.
"Exou; TtïvxcxawsxaTOU, |i.7jvè; Awiou •
à.vcLHTl'. tûy/ji• xàôs S'.iâîxo jîasiXsù;
xal ftxaùJ.aariS K AsoTîàxpa.;, 0ÎWV
'Eiti.cpa.vwv, 6 vscôxspo;• wv y.al xà àvTiypa.Ba
(1) Documenli antiehi deW Africa Ualiana, Vol. I : Cirenaica, fasc. 1 : La stèle
di Tolemeos neoteros, Re di Cirene (Bergamo, 1932).(2) Riv. di filol., 1932, p. 59-67.
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287LE TESTAMENT DO KOI DE CVRENE
si; 'P<à[A7|v Içaiïéo'TaXxat. Eli\ jj.év [AOI
pisxà T^;"ùv 9swv
s'jaevsîa; (/.e-TsXOeîvxaxaijîw; TCJÇ iruTT/iT«[Xîvou; STCI[/£
xïiv avÔT'.ov èitiêouXTjv xal 7ïpoeXo(ULévou;
10 jjirrj [AOVOVxr|; (JaaaXsla;, àXXà xal
xoù ^v a-repyisraî (*e. 'Eàv oé XÏ. <ru|j(.§a'lvr|t.
xwv xax' avOpwTtov -pôxspov Yj o'.aoôyouç .
à.TtoX'.TCîw xrj; jîay.Xsîaç, xaxaXsÎTtM
'Pùiinaioi; Xï)y xa'lrçitouffàv uo'. [ixT'.Xslav
45 ol; arc'
apyyjçx/jv xs oeiXiav xal
xr/)va-'jjj.f/.aylav yv7)<rîw; cruvxs-r/jOïîxa
•
TOÎ; 6' auxoï; 7iapaxaxaxt9îu.ai. xà Ttpâyu.axa
ffuvxvipsîv sveuy&usvo; xaxà xs xûv Ôewv
jràvxwv xal xrj; sauxwv suSo^iaç, sàv x'.ve;
20 STtiwTiv r, xaï;-rtoXeop'.v r, xv. yiopat, ^OY|BEÏV
xaxà XYJV cpiXlav xal arimuaylav X7|V
icpô; àXXvjXou; 7,[AÎV ysvo{Jiiv7)v xal xô
Slxa'.ov itavxl T6ÎVS'..
Màpxupa; 8s xouxwv 7toioyu.at. Aiaxsxôv
25 KOITOXWX'.OV xal xoù; MîyâXou; €>soù;
xal xôv "HX'.ov xal xôv àpyvjyéxyjv 'AraXXwva
uap' du xal xà itspl xoûxwv àv.spwxa'. ypàjjipiaxa.
Tûy/ji xf,i, àyaOrji.
Le Ptolémée qui a fait graver ce testament est un souverain
fort décrié (1). Frère cadet du roi Ptolémée VI Philométor,
proclamé roi lui-môme en 170, quand son frère était prisonnierd'Antiochos Epiphane, il avait partagé le pouvoir avec lui
jusqu'en 164, puis, à la faveur d'une émeute populaire qui avait
contraint Philométor à la fuite, il avait régné seul; mais dès
l'année suivante Ptolémée Philométor, appuyé par les Romains,
(1) Cf. Bouché-Leclercq, Histoire des Lagides, t. Il, p. 27 et suiv.; E. Bevan, A
hislory of Etfypl under the l'ioleinaic Dynasly, p. 306 et suiv. Il succéda à son
frère Philométor en 145 et est connu sous le nom de Ptolémée Vil Evergète IIet sous le surnom de Physkôn, l'Enflé.
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'fP Sftff fÏTÏPv, *V&ï - .- .:•,|»'' '^<?%'K S>Ë?;=-'V5" :
288 t»lERRÈ ROUSSEL,
recouvrait le trône et abandonnait à son frère la Cyrénaïque.
Ptolémée le jeune y régnait en 135, au moment où il institueles Romains ses héritiers (1).
Il n'a précisé aucunement les limites ni l'élendue du terri-toire qu'il leur lègue. Ou sait que, mal satisfait de son lot, ilavait en 162 réclamé Cypre et que les Romains, par calcul ou
parce que certains intérêts privés étaient enjeu, avaient favoriséses prétentions (2). Ce fut le début d'une longue période de
négociations et d'hostilités, que nous connaissons imparfaite-ment
;dans la mesure où les
fragments conservés de Polybe etde Diodorc nous permettent d'en juger, les Romains y font
singulière figure. Feu soucieux sans doute de s'engager à fonddans cette affaire, ils échouent, devant la résistance courtoise,mais tenace de Pliilométor, à faire triompher leur volonté (3).En. 135, Ptolémée le jeune, à qui l'on paraît avoir laissé carteblanche après l'échec des premières tractations (4), n'avait pasréussi à s'emparer de Cypre. Il n'empêche qu'en léguant « r/iv
xaÔ/ixouo-àv fAot j3a<n).Etav », il est en droitd'y comprendre Cypre,ou du moins ses héritiers, qui lui en ont reconnu la posses-
sion, pourront revendiquer l'île pour eux-mêmes.
Il faut prendre garde aux circonstances qui précédèrentimmédiatement la rédaction du testament et qui sont relatées
sur la stèle. Ptolémée le jeune venait d'être victime d'un
attentat et n'avait pas encore réussi à tirer vengeance des
auteurs de la conspiration. Or Polybe nous rapportait déjà
qu'au début de 134, il s'était présenté devant le Sénat, avait
montré les cicatrices des blessures qu'il avait reçues et avait
(1) La date correspondant au mois Lôios de la 15e année de Ptolémée vscàxepoîparaît être juin 155.
(2) Pol.,XXXI,10, t et suiv. (Ed. Buttner-Wobst).(3) Ibid., 18, 1 et suiv.
(4) Ibid,, 20, 6. Ce passage nous montre en 161 Ptolémée le jeune tout entierattaché à ses préparatifs militaires pour la conquête de Cypre. Mais nous nesavons rien de ce qui se passa par la suite (voir ci-dessous). Nous constatons
qu'en 154 le Sénat lui prête assistance pour une tentative éventuelle contre
Cypre.
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LE TESTAMENT DU ROI DE CYRÉNG 289
accusé ouvertement Philométor d'avoir été l'instigateur du
crime (1). Le Sénat, le crut sur parole; mais Polybe a fait à
Philométor une toile réputation d'humanité que les historiens
modernes se sont empressés de le disculper. On veut que, vis-
à-vis de son frère, sa bonlé l'ait même privé de sens politique
ERRATUM
Page 288, note 1, 1. 2, au l ieu de : juin, lire : Mars.
(1) Pol., XXXIII, 11, 1 et suiv.
(2) Op. laud.,p. 288 : If Philométor had removed hinï, he tnight hâve lost hia
own soûl, bulhe would probably hâve gained more tranquil possession of the
world l'or himself and for the house of Ptolemy D.
(3) C'est ce qu'inclinait à croire Bouché-Leclerq, op. lauil., 11, p. 41-42 ; cf.
P. Jouguet, Impérialisme macédonien, p. 29b.
(4) Pol., XXXIX, 7, 5.
(5) /Aid.., XXXI, 10, 4.
U\-M, XI.V, t 'J3:, il- il!'
-20
..~M
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288 t>lERRI5 ROUSSEL
recouvrait le trône et abandonnait à son frère la Cyrénaïque.
Ptoléméele jeune y régnait en ISS, au moment où il institueles Romains ses héritiers (1).
Il n'a précisé aucunement les limites ni l'étendue du terri-*"''" nn'il loin- Ifip-nft ()n sait aue. mal satisfait de son lot, il
(1) La date correspondant au mois Lôios de la 15e année de Ptolémée veûrspoîparait être juin 155.
(2) Pol.,XXXl,10, t et suiv. (Ed. Buttner-Wobst).(3) Ibid., 18, 1 et suiv.
(4) Ibid., 20, 6. Ce passage nous montre en 161 Ptoléraée le jeune tout entierattaché à ses préparatifs militaires pour laconquête de Cypre. Mais nous nesavons rien de ce qui se passa par la suite (voir ci-dessous). Nous constatons
qu'en 154 le Sénat lui prête assistance pour une tentative éventuelle contre
Cypre.
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LE TESTAMENT DU UOI DE CYRÈNE 289
accusé ouvertement Philométor d'avoir clé l'instigateur du
crime (1). Le Sénat le crut sur parole; mais Polybe a fait à
Philométor une telle réputation d'Iiumanité que les historiens
modernes se sont empresses do le disculper. On veut que, vis-
à-vis de son frère, sa bonté l'ait même privé de sens politiqueet, avec un parfait machiavélisme, E. Bevan lui reproche de
n'avoir point supprimé un gêneur dont les prétentions affaiblis-
saient la monarchie lagide (2). Le document de Cyrène nous
atteste au moins que le complot dénoncé par Ptolémée le
jeune devant le Sénat n'a pas été purement inventé par lui (3).
Tl nous engage aussi à formuler quelques réserves au sujet de
cette histoire de frères ennemis, présentée comme le conte du
bon Fridolin et du méchant Thierry.Selon Polybe, en deux occasions Philométor aurait pu pro-
céder à la suppression que recommande E. Bevan. À Alexan-
drie, en 163, Ptolémée le jeune, ayant régné seul pendant un
an, avait soulevé une haine telle que la populace alexandrine
était prête à le massacrer. Philométor rentrant dans la capi-
tale, aurait montré alors* toute la grandeur de son âme : 8ô£otîÈXTCSOTEIVàitô-f 7Jç àp^ç OTÎÔTiSeXoeoû TO [AEVTOWTOVEV 'AXel;a.v3peiqiXaëwv xa-r' auToû xaipôv 6|/.oXoyoti[ji.£vov àj/.v/imxàxyiTG,v è7ïotï|T£ (4).
Polybe oublie qu'il y avait là des ambassadeurs romains et
qu'en un autre passage, il leur prête une déclaration selon
laquelle ils auraient en cette occurrence sauvé la vie à
Ptolémée le jeune et déterminé son frère à lui céder la Cyré-
naïque : Siôrt. xal TÏ|V Kupyjvriv 6 vetôispoç xai, -tô iTveû[i.a Si' auxoùç
f/oi (5). La magnanimité de Philométor peut, à tout le moins,avoir été soutenue par les avertissements de. ces conseillers.
(1) Pol., XXXIll, 11, 1 et sniv.
(2) Op. laud., p. 288 : I f Philométor had remôved hiin', he might hâve tost hia
own soûl, bulhe would probably hâve gainod more tranquil possession of the
world l'or himself and for the house of Ptolemy ».
(3) C'est ce qu'inclinait à croire Bouché-Leclerq, op. laud., Il, p. 41-42; cf.
P. Jouguet, Impérialisme macédonien, p. 295.
(4) Pol., XXXIX, 7, 5.
(5) /êid..,XXXI, 10,4.
HH(i, XI.V, 193:, H- îll'
-J0
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290 PIEBliE KOUSSEL
En Cypre, Philométor n'est pas moins cornélien. Ecoutons
Polybe, pour notre édification : ut-cxà ok xaû-a TtàXw èraSouXeûa-aç
T^ KÛTtptj) xûpioç yêv6[X£V0î sv Aavt/jQto TOÛ uw^a-roî' ajxa xal TÎ\Ç
fyvyyiî aùtoCi, -COCTOÛTOVaTtsT^e -où xoÀàÇeiv w£ lyôpov ans xal
Swpeà; TtpoixéOriXÊ uapà xàç Tcpôxepov ûîtap^oûaaç ai»T<3 xarà crwlbjxaç
xal TT|V QuyaTÉpa §waet,v ÔTtsa-^eto (1).
On a voulu parfois dater ce siège de Lapéthos de 158 (2);
mais, bien que Ptolémée le jeune ait rassemblé des merce-
naires déjà en 162, qu'il ait peut-être fait en 158 une première
tentative sur Cypre, l'épisode rapporté par Polybe ne se rap-
porte pas à cette hypothétique campagne. En effet, Diodore,
qui relate les mêmes événements, indique expressément que le
conflit entre les deux frères prit tin à cette occasion : xal -rà xatà
TOÙ; ;3ait,Xeti; elç TÏOXXYJVàAXoTpwfcTjTa xal xivoûvouç à.Tri\kii\.<Tp.é-/QV$
itpoayôsvTa •rcapaôo^ou xal cBiXavôowirou cnA/aiireco; STU^E (3). II. est
invraisemblable que Diodore ait écrit cette conclusion, si, moins
de quatre ans après, un des frères accusait l'autre de tentative
d'assassinat, obtenait du Sénat cinq navires et le concours des
alliés de Rome en Orient pour s'emparer par force de Cypre (4).
Or, si le siège de Lapéthos et le beau geste de Philométor se
doivent placer en 154 ou peu après celle date, on est bien obligéde reconnaître maintenant que la conduite du frère aîné s'ex-
plique sans qu'on lui attribue un excès de vertu. Dans l'attitude
miséricordieuse de Philométor, Diodore avait déjà fait quelque
part à la crainte des Romains : £7caveXéaf)a'. [*èv aù-ôv oùx ST6X|I.7|-
<TÎV, aua JJLSVSia r/|V yp7)<rrÔ77|Ta xal otà TO r/jç oeÔTetoç (ruy^eveç,
S[Aa Se xal Stà xôv arà 'Pw^aiwv tpôëov (5). Mais, comme Philo-
(1) Ibid., XXXIX, 7,6.
(2) CI". Niese, Gesch. Griech. Malted. Staalen, III, p. 211.
(3) Diod., XXXI, 33.
(4) C'est la conclusion qu'avait déjà formulée M. Holleaux, Arch. of Papyrus-
forsch., VI (1913), p. il, note 3, en indiquant, ibid., note 2, les opinions précé-demment émises. E. Bcvan, op. laud., p. 301 et P. V. M. Benecke, dans la Cam-
bridge Ancient Hislory, t. V1U, p. £84, placent sans discussion le siège de Lapé-thos vers 154 ; de même G. Oliverio, loc. laud., p. 62-63.
(5) Comme l'a remarqué M. Holleaux, loc. laud., p. 16, « celte crainte des
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ITOî!t f> ! 5 lg8SSSS 1 iS§ ; ^ F W5Ç!»PpTÇ. ^^ |? .W?J£7KTf i**i^
LE TESTAMENT DU ROI DE CÏRÈNE 291
métor, dans la question de Cypre, avait tenu tête aux Romains,
on avaitpu penser que,
vis-à-vis de son frère, la craintemitigée
qu'il avait pu avoir des alliés un peu hésitants de Ptolémée le
jeune n'avait pas été un élément essentiel de sa détermination.
La question se pose différemment, maintenant que la fortune
des fouilles nous a reudu le testament de 155.
En vertu de cet acte, qui était exposé dans le sanctuaire
d'Apollon et dont uoe copie avait été envoyée à Rome, derrière
le cadavre de Ptolémée le joune, exécuté pour raison d'Etat,
auraientsurgi
des héritiers redoutables. Rome, qui n'avait agi
qu'avec mollesse lant qu'il s'agissait seulement des droits d'un
protégé, eût été disposée sans doute à revendiquer âprement
l'héritage qui lui serait échu. Du moins, on le pouvait craindre.
C'était, pour l'Egypte, la perte définitive de la Cyrénaïque et
aussi de Cypre que le Sénat avait rattaché à l'apanage du cadet.
Philométor prit le parti le plus sage ; par des concessions
extrêmes, il chercha à se réconcilier avec son frère et à pré-
parer
le retour de la Cyrénaïque à la couronne en lui faisant
épouser sa fille (1). Je consens qu'il ait été débonnaire, puisque
Polybe veut qu'il n'ait mis à mort aucun des personnages de
la cour ni même aucun Alexandrin (2). Mais s'il avait pu
oublier ses principes d'humanité pour châtier un frère rebelle,
le testament de Ptolémée le jeune ne pouvait que le détourner
de cette pensée.Ce testament est un acte de calcul; c'est ce qui en fait le
principal intérêt puisqu'il devint bientôt caduc. Pour Ptolémée
le jeune, il ne s'agit pas seulement, comme l'a écrit G. de
Sanctis (3), d'attacher plus solidement les Romains à sa cause,
mais encore de se proléger contre des conspiralions où il
croyait apercevoir, à tort ou à raison, la main de son frère, en
Romains est avouée d'une manière naïve » dans le décret des auxil iaires crétois
de Ptolémée Philométor (Dittenberger, Or. gr. inscr., n. 116, et texte meilleur,Arch. l'ap.-forsck., VI, p. 10, B).
(1) Le mariage n'eut d'ailleurs pas lieu; cl'. Bevan, op. laud., p. 301.
(2) Pol., XXXIX, 7, 4.(3) Loc. laud., p. 67.
, . i......_.TcÀ-.^ip
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a^t^^iu^^f^^ •^0S%!£&0®£à&
292 PIERRE ROUSSEL
enlevant par avance à l'instigateur supposé le bénéfice de son
forfait. L'efficacité de l'acte dépassa même les prévisions du
prudent souverain : dans la lutte ouverte, il lui assura l'immu-
nité, contraignant Philométor à épargner un captif qui, parun étrange paradoxe, était moins dangereux vivant que mort.
Pierre ROUSSEL.Athènes, mai 1932.
Dans un article récent (Sitzber. Berl. Akad., Phil.-hist. Masse, 1932,
p. 317-336), M. U. Wilcken a reconnu lui aussi que le testament de Pto-lémée le jeune avait déterminé la conduite de Philométor vis-à-vis de son
frère lors de l'expédition en Gypre (cf. p. 334). Mais, comme il estime
qu'un testament, par sa nature même, doit demeurer mystique, et qu'en
conséquence, notre stèle n'aurait élé gravée, on ne sait par qui ni pour
quoi, que longtemps après la mort du testateur, il doit admettre que« Philométor a eu connaissance en quelque manière du testament secret
de son frère ».
Or, l'acte que nous possédons me parait au contraire, dans sa forme
même, avoir été destiné à une publicité immédiate. I.e rappel du motif
qui décide Ptolémée à tester, l'invocation aux dieux, en font une sortede déclaration solennelle. C'est pourquoi je me rallie volontiers aux con-
clusions que vient d'exposer E. Bickermann {Gnomon, 1932, p. 424-430) ".
il distingue du testament proprement dit, que nous n'aurions pas, l'extrait
officiel du testament que la stèle nous aurait conservé.. Cette solution
lève les difficultés d'ordre juridique, soulevées par U. Wilcken, et les
pages qui précédent peuvent montrer pourquoi Ptolémée le jeune a fait
afficher cet extrait.
Je signale aussi l'ingénieuse interprétation que M. Bickermann donne
des 1. 17 et suiv. .• toîç S' aùrtoïçTrapaxataxt6e(ji.ai
taitpaY(JiaT;a
xx\.;
elles
indiqueraient que les Romains doivent respecter en Cyrénaique la forme
du gouvernement et protéger l'indépendance du pays. Ainsi encore tom-
berait une objection d'U. Wilcken selon qui la publication du testament
aurait risqué de provoquer un soulèvement contre le souverain.
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jj!^S£,5àà^^
REMARQUES SUR L'EXPRESSION DU COMPARATIF
DANS LES PARLERS MODERNES DE NAXOS (1)
Le terme «comparatif», tel que je l'entends ici, s'appliquenon seulement à l'adjectif proprement dit, mais encore à
l'adverbe et au superlatif « relatif », qui n'est en réalité qu'un
comparatif. Je m'attacherai essenliellement à l'expression de la
« supériorité », laissant de côté celle de 1' « infériorité » et de
1' « égalité ».
Le grec commun connaît actuellement deux formations du
comparatif dans les adjectifs (2) : l'une synthétique (type : jjitxpô-
xepoç, JtaXïÏTepoç), l'autre analytique (type : «ta xaxoç, ittè xaXoç,ma IÇincvoç, Tïto XOVTO?,oîi Tttô — le fait est bien connu —
pro-vient de l'ancien TTXÉOV>UXSO> *UXSÔ]> 7ÏXW> mb). La première
(1) Cet article provient d'observations que j'ai faites à Naxos au cours de l'été
1930; je me suis particulièrement servi des notes que j'avais recueillies en étu-
diant le parler d'une femme habitant le port de Naxos, à l'ouest de l'île, et celuide deux paysannes du village d'Apiranthos, situé dans la partie.montagneuse àl'est. Les résultats obtenus dans les deux localités sont identiques au sujet de la
question qui nous intéresse ici, alors que, sur d'autres points, il existe des diffé-rences notables entre les deux groupes de parlers. Il demeure entendu que ces
remarques sont limitées aux seuls parlers étudiés ; il est possible qu'elles s'ap-pliquent à l'ensemble des parlers de Naxos, mais je n'oserais pour l'instant tirerde conclusion générale. Elles m'ont paru cependant suffisantes pour pouvoir être
présentées dès maintenant. —Je tiens à remercier très vivement M. Andriotis dela complaisanceavec laquelle il a bien voulu me fournir certains renseignementsqui m'ont permis, sur quelques points, de compléter mon étude avant une nou-velle enquête sur place.
(2) Cf. L. Roussel, Grammaire descriptive du roméique littéraire, Pari*, 1922,p. «5-6, §359.
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291 ARDUE MIBAMHEL
est en grec moderne une survivance du comparatif ancien en
-6Tepo;/-<J)TEpo; (la distinclioa est aujourd'hui purement gra-phique) ; elle ne se renconlre que dans un nombre relativement
pelit d'adjectifs. La seconde formation est au contraire posté-
rieure, mais plus courante; elle est possible môme en concur-
rence avec la première (à côté de xaXïi-repoç, xovri-repo;, jjuyaXv)-
Tcpoî, les formes ma xaXèç, mb xov-cè;;. ÏÏW {levâXo; sont correctes^.
Il peut même arriver que, là où les deux types coexistent, il yait fusion et que, par pléonasme, l'on dise mô xa/orJTepoç.
Quant au
superlatifrelatif, il ne diffère du
simple comparatifque par l'addition d'un article (6 xaXvî-Epoç, 6 TUO xaXô;). Le
comparatif adverbial se rend par le neutre singulier ou pluriel
de l'adjectif au comparatif (xaXr,T£px, -rz'.bxaXà, Tispa-oTepo) quandl'adverbe esl tiré d'un adjectif, sinon par Ttw devant l'adverbe
(«w xà-co)). Enfin, le complément du comparatif et du superlatif
s'exprime par la préposition àitô suivie de l'accusatif, quelque-fois par napà (dans des cas dont il est inutile ici d'exposerLe détail).
Cette expression de la comparaison n'est pas panhellénique,mais varie selon les régions. Les parlers de Naxos que j'ai étu-
diés présentent sur ce point des particularités qu'il n'est peut-être pas sans intérêt de mentionner.
I
Sans doute rencontre-t-on dans ces parlers les formes com-munes de comparatif que je viens de rappeler (mô [xeyâlo?,
7ttô.[xtxpôç, iriô -spavo;, [MxpÔTspo?, [Asya/vï^Têpoç pour les adjectifs,
et it'.ô TTOXÙ, Tt'.ÔTepo, xaX/îirspa pour les adverbes); elles sont
naturellement dues à l'extension de la xotvv) moderne.
A côté, se rencontrent des formes locales dans les cas sui-
vants :
i" Comparatif de l'adjectif.
L'adjectif ne subit aucune modification, et c'est seulement
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REMARQUES SUR L'EXPRESSION DU COMPARATIF 295
l'addition d'un complément à l'accusatif introduit par la prépo-
sition ànô qui marque la comparaison. Voici quelques exemplespris à la conversation courante : a.ùir\ (slvai) xaXr, àuô creva « elle
est meilleure que toi » (grec commun : aù~/] (eïvai) xaXïj-epïi ou
Ttià xaXf, ou mh xaX^Tepri àmb «va), eïvai [AEyàXoç àitô uéva « il est
plus grand que moi » (gr. com. : eïvai ma pteyâXos ou pzyaXfoe-
poç àirô jxÉva)'
69TÔç (eïvai) [xeyâXoç àiro oiva néde ^pôv.a TOXiôxepo« il est plus grand (âgé) que toi de cinq ans au moins » (gr.com. : aùxàç eïvai [i.eyaX-/JTepoç àrco creva TCÉVTS-^pôvia tô XiyÔTepo) ;
ètpTY)eïvai
p.wp'àrcô uéva « elle est
plus petite (jeune) quemoi »
(gr. com. : ai>TY| eïvai TEIÔuixpvi àitô piÉva) ; parfois même le
complément précède l'adjectif : à™ xàv àSepcoô eïvai uixpo? « il
est plus petit que son frère » (gr. com. : eïvai me uixpèç ou
uixpôtepoç àrà TÔV àSepcpô). Le verbe « être » peut ne pas être
exprimé, et l'on a pareillement dans une phrase sans copule :
(aÙTvi) àrai fjiéva ueyâXYj « elle est plus grande que moi » (gr.com. : (aù-r?)) eïvai uiô ueyâXY| ou ueyaX'/ÎTêpv) àrcô uéva.
Cetusage
se rencontre surtout avec lesadjectifs exprimantdes idées de grandeur, hauteur, bonté, ou les idées contraires
(fuxpoç, usyàXoç, AÏJXO;, xaXèç, xaxè;). Avec d'autres adjectifs,
le comparatif est généralement formé à l'aide de itiô, ne diffé-
rant donc pas de l'usage de la langue commune.
2° Comparatif de l'adverbe.
J'ai relevé dans les parlers de Naxos deux manières de tra-
duirele
comparatifadverbial.
A côté de Ttiô uoXù, luôrepo (aussi itXiôxepo), notes dans : nié
TtoXù àra> xpeï; oxâôe?, icXioxepo àirô Sue itpàjAata « plus de trois
oques, plus de deux choses », on rencontre une tournure com-
parable à celle qui vient d'être signalée pour l'adjectif et con-
sistant en l'ellipse demô; ainsi : TOXÙ àrcô xpeïç ôxâSe; Xeîêyexai« il manque plus de trois oques » (gr. commun : Xeîuei iriè
TtoXù àmb , ou nspffdxepo à™....). Cette tournure semble ne se
rencontrer que pour l'expressionde la
quantité.Eu outre, pour d'aulres notions adverbiales, notamment le
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21)6 ÀNDKÉ MIRAMBEL
lieu, ilexisteune tournure dont on nu rencontre pas l'équiva-lent pour l'adjectif, et qui consiste à répéter l'adverbe; là, par
exemple, où la langue commune dit : mo xàTw, xotTÛ-rspa, les
parlors en question emploient : xàiu XIXTW, ce qui ne signifie
pas, comme en langue commune « tout à fait bas, très bas »,
mais « plus bas » (en général, le comparatif et le superlatif dit
« absolu » sont mal distingués l'un de l'autre à Naxos) (1),ainsi : TtpÉTm xorew xâxto àît' TÔ OTCÎTIva itàç « il faut que tu ailles
plus bas que la maison » ; cette répétition de l'adverbe répond
peut-être au besoin de distinguer le comparatif proprement dit
— qui, s'il s'exprimait tout comme celui de l'adjectif, seraitxàxw àw> « plus bas que » —
(de même que jjLsyàXoç «TW signifie« plus grand que », cf. TTOXÙino)
— de la locution prépositivexàxw àïu> signifiant « au-dessous de » et panhellénique.
3° Superlatif relatif de l'adjectif.
Le superlatif relatif connaît à Naxos des modes d'expressionassez variés ; tous cependant ont un trait commun : ils compor-tent toujours une négation
a) D'abord, le superlatif relatif peut se construire exactement
comme un comparatif ordinaire, mais avec une négation, au
lieu qu'en langue commune c'est l'article qui marque la diffé-
rence et « détermine » le comparatif, 6 TUÔ [AsyàXoç s'opposantà TCIÔ[AeyàXoç; on dit à Naxos : tpeXXôç o.n aù-vô Sèv elvai « il est
le plus fou de tous », m. à m. : « il n'y en a pas (un) de plusfou que lui » (gr. com. : «ÙTOÎ swat 6 TUÔtpsXXôç o.n ô'Xooç) ; on
retrouve ainsi le comparatif ordinaire dans xpsXXoç &K aùxô
(gr. com. : mô TpeXXô; i«' aù-ro) ; l'idée superlative est marquée
par la négation Ssv et le verbe elvat. Très souvent âXXoç accom-
pagne l'adjectif : àXXoç TOEXXOÇan' aÙTÔ SÈV eïvc/i. Il faut noter
une autre différence entre la construction usitée à Naxos et
celle du grec commun : ici, l'adjectif se rapporte à l'individu
(1) Nous verrons plus basque la langue commune à son tour distingue mal la
notion du « très u de celle du « trop ».
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REMARQUES SUR L'EXPHESSION DU COMPARATIF 297
dont on veut marquer la supériorité sur les autres (elvat
(aùtôç) ô 7CLÔxpeXXoç); à Naxos, l'adjectif se rapporte à un indé-
terminé, et l'individu au prolit duquel se t'ait la comparaison
est désigné par un complément (aie* auto) ; le verbe elvat a un
sens assez général et vague « il y a, il existe » (Sèv elvat'iuè xpeX-
Xôç àXXo; ou xavet;), alors qu'en langue commune il ne se rap-
porte qu'à l'individu sujet de la phrase (aùxô; elvat....). On peutà Naxos mettre également le complément avant l'adjectif et
dire : âm' aùfo xpeXXôç Sèv elvat (1).
b) L'idée du superlatif relatif peut encore se rendre autre-
ment : on n'exprime pas d'adjectif qualificatif, mais on s e sert
de l'indéterminé àXXoç avec une négation et de la conjonction
comparative o-àv. Cette construction suppose évidemment que,dans la phrase précédente, il a été fait allusion à la qualité à
propos de laquelle s'établit la comparaison; par exemple :
(aùxô xô TtatSt elvat xaXo), cràv aùxô âXXoi; Sèv elvat « cet enfant est
le meilleur de tous », m. à m. : « (pour telle raison que l'on
indique, cet enfant est bon), il n'y en a pas de meilleur que
lui », ou plutôt « il n'y en a pas un autre comme lui »; Sèv elvat
XXXÏÏ xorcéXXa uàv ècpT7|, [*S<J' orô y_wpto, xat ar/) yvwa-ïi xat or/)
bpoxoTr?i xat ara aXXa « c'est la meilleure jeune fille du vil-
lage... » (gr. com. : aùx-rç elvat Y; xaXijxef/i...). "AXXo; peut d'ail-
leurs être employé, non seulement comme pronom, mais
comme adjectif indéfini ; c'est avec cette valeur que je l'ai ren-
contré dans une chanson d'Apiranthos (2) :
(1) On peut aussi rencontrer SÀXOÎ uàv 4- l'adjectif précédé de irio, comme danscette chanson :
c»i(j.asîa 8è <roû Sivu,
'Anô asva ôèv cW àX).o?Tciè Tpavàç xal iu5 [jieyàXoç.
Le sens des deux derniers vers est « tu es le plus grand menteur de la terre (il
n'y a pas de plus grand menteur que toi) ».
(2) Je transcris la prononciation du parler; on remarquera : 1 " l a disparitiondu v implosif («à dô ga^à = <ràv xèv KO<Y||JIÔ),2» la contraction du t atone en hia-tus après voyelle (g«no, x»|xô(<) = Kat)p6, xxr]|jiè{) et avant voyelle (fiovaÇSi; =
HOvaÇiâ;), 3° la vélarisat ion du X devant la voyelle o (#fo? = àXXoç), 4° la forme?vai de 3e personne du singulier du verbe « être », pour elvai.
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298 ANDHÉ MIKAMBEL
au. dô ga[J.& TÎ)Z [Aovaijâç âlo; xa.[iô(ç) Sèv l'vat .
soit en transcription commune : ,crocv TÔV xa(/i)[j.ô T/JÇ JJ.OVX£I.!X<; aX'ko^, xavifAÔç Sèv elvot'.
a il n'y,a pas de plus grand chagrin que le chagrin de la soli-
tude », m. à m. : « il n'y a pas d'autre chagrin comparable à
celui de la solitude », c'est-à-dire « le chagrin de la solitude
est le plus grand de tous » (1). Ce tour n'est d'ailleurs pas rare
dans les chansons populaires, et de diverses régions; il apparaît
plutôt comme une formule expressive, tendant à mieux faire
ressortir encore la comparaison et relevant plus du style que dela syntaxe proprement dite ; l'usage en est ensuite passé dans le
parler courant. Dans le dernier exemple cité, il est à remarquer
que rien n'indique de manière précise la qualité sur laquelle
porte la comparaison ; l'adjectif n'est pas exprimé (il faut sous-
entendre [jiEyàXo;) ; le. cas se rencontre là où le qualificatif est
facile à suppléer, quand, par exemple, il est question de l'idée
générale de grandeur ou de beauté (2).
(1) Autres exemples tirés de chansons :
Sèv eJSave xi u.c£6ta \i.ou wpotïa aà g" ètrs'va
(Sèv sîSavs TJ u.dreia u.ou <!>païa iiv *' èaévat <ctu es la plus belle que j'aie jamais vue »),
ad (H) 8tXT, cou lu.opoeià OTÔ gduu.0 Sèv eîSa àXKt\
(ffàv t*i 8'.*A> sou ô[Aop-j>ià atovxôajjLO Sèv eîSa àXXr; « je n'ai jamais vu au monde
de beauté plus grande que la tienne ») ; on remarquera que ma est absent de
toutes ces comparaisons.
(2) On peut dire qu'en ce cas, abstract ion faite de la négation, c'est à un com-
paratif d' « égalité » que l'on a affaire, comme l'indique l'emploi de sàv: seule, la
négation introduit l 'idée de « supériorité ». Le comparatif d'« égalité » proprement
dit (autant que..., aussi [grand] que...) qui, en langue commune, se rend parTÔOO... oso..., n'est guère en usage à Naxos ; sans insister, je me bornerai à
indiquer qu'on le traduit de préférence par sàv, ïsaux, ou par des périphrases —
tournures d'ailleurs possibles également en langue commune. Voici trois exem-
ples relevés dans des chansons :
ïoat [iè priSa spaivodai ta S'JO[iïoulà sou
« tes deux joues sont aussi belles que dés roses » m. à m. : « paraissent comme
des roses » (= oextvovTii TÔSO ôp.op-j)£i; oso...),
âv s' àcixY|<je xavsvaç atô gdffu-o sàvèu-éva
« si jamais quelqu'un au monde t'a aimée autant que moi » (= xôio a' àyâir^o-eo's' Èyw),
o x' è'TtaO'6 PETÔxpiTOç ËitotBa (Y)" Y"* "évi
« j'ai souffert pour toi autant qu'Erotucritos », m. à m. : « ce qu'Erotocritos a
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REMARQUES SUR L'EXPRESSION DU COMPARATIF 299
c) Le tour Sèv ëïvat àXXoç aàv peut être renforcé par sva; et
devient Sèv eïvai àXXo? é'vaç aàv, ainsi dans : oèv elv' âXÀo; l'vaçyopsuTr,; aTtàvu OTÏ) Naijà a-àv STIVK « tu es le meilleur danseur
de Naxos », m. à m. : « il n'y a pas un autre danseur comme
toi... » (gr. com. : eWi 6 xaXyî"i;£pOi;..f).
d) Le superlatif relatif s'exprime enfin par Seûxepoç, qui rem-
place àXXoç, dans une tournure comparable à la précédente :
8sv (EIVXI) 8-ûrepo; a-àv, ainsi : Ssv sys.<. xocl Ssûxspo bxiSi TTÏJ gaXo-
yvw[j«.'la [Aéa' TTO "^wpiô a-àv STOLITO,[xàn p.v) do ittiTei, « c'est le
meilleur garçon du village.. . » (gr. com. : xoûxo eïvai TÔ xaÀr,-•repo...). Asû—po;, plus expressif que àW»<K, même que àXÀoç ren-
forcé par fvxç, est venu renouveler ainsi la tournure.
4° Superlatif relatif de l'adverbe.
Je n'ai rencontré, pour l'adverbe, aucune expression particu-lière du superlatif relatif. Il y a là une notion que les parlers de
Naxos ne rendent vraisemblablement pas nettement ; c'est, en
pareil cas, le comparatif de l'adverbe (cf. plus haut, 2°) qui ysupplée. Ainsi xàxw xâxw peut signifier non seulement « plusbas », comme on l'a vu, mais aussi « le plus bas, plus bas queles autres ». Plus exactement, il y a confusion ici entre le
superlatif relatif « le plus bas (de tous) » et le superlatif absolu,« tout à fait bas, très bas », confusion que la langue commune
ne commet pas, mais qui, dans les parlers de Naxos, peut se
concevoir si l 'on admet, d'une part, que l'expression de la
comparaison y est d'une manière générale moins nette qu'engrec commun, d'autre part, que le grec ne connaît guère le
comparatif « d'infériorité» (1) (comme le français moins que)
souffert, je l'ai souffert pour toi » (= TOTOCërcaOx ô'aa à PETÔxpnro;). Voici enfinune phrase de conversation ; ou ëSuaes tai xoitéW.e; 8à(j.oû -tô Stàtm; Ijjiva « tu medonneras autant qu'aux jeunes filles » (m. à m. : « ce que tu as donné aux jeunesfilles tu me le donneras » (= xoso 6à (JLOÛôwsa; '6<soxai atiç xoxéXXeç). Dans unechanson de Mykonos, K. Dieterich [Spvaclie und VolItsUberlieferunyen der siidli-chen Sporaden, Vienne, 1908, p. 355) a relevé jadis :
£v iyanci^^ àXko via, Sèv eïvou oàv TÏ' l|J.év« (== aàv x' Èjjiéva).(1) Cf. L. Roussel, op. cit., p. 119, § Îi69.
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300 ANDHÉ MIKAMBEL
et que le tour négatif o-àv... Sèv... (cf. 3°) ne traduit qu'im-
parfaitement les diverses notionscomparatives.
Avec l'ad-
verbe, un type de phrase tel que : *aàv omo Sèv elvat |/.axp'.à,« c'est lui qui est le plus loin de tous, les autres sont moins
loin que lui » (analogue au type de phrase avec l'adjectifétudié précédemment) semble, d'après les observations que
j'ai pu faire, très peu, sinon nullement en usage.
Les modes d'expression de la comparaison qui viennent
d'être mentionnés, présentent tous deux traits notables :
1° le comparatif n'est lié à aucune forme spéciale de l'adjectifou de l'adverbe, qui conservent la forme du positif ;
2° la comparaison n'est marquée que par le complément qui
s'adjoint à Padjectif au positif; c'est donc par un procédé syn-
taxique, plutôt que morphologique, que les parlers de Naxos
expriment la comparaison; l'adjectif demeure invariable (duseul point de vue, bien entendu, de la comparaison, abstrac-
tion faite du genre, du nombre et de la flexion) ; quand
l'adjectif est employé seul, soit à l'état « absolu », il est aupositif; quand, au contraire, il est employé avec un com-
plément, soit à l'état « construit », il est au comparatif.Telles sont les observations auxquelles donne lieu l'expres-
sion de la comparaison dans les parlers modernes de Naxos.
II
Quelle interprétation peut-on donner de ces faits ? Il reste à
en déterminer la place dans l'évolution générale du grec, et le
rapport avec la langue commune : représentent-ils un état plus
avancé, ou un stade antérieur ?
C'est un fait connu dans l'histoire des langues que l'ex-
pression du comparatif est rarement une chose bien déter-
minée ; à tout moment, elle a besoin d'être renforcée ou renou-
velée.
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REMAKQUES SUK 1,'EXPRESSION DU COMPARATIF 301
Le grec ancien déjà avait connu deux types de comparatif,
l'un en -twv, l'autre en -Tepo;. Le type en-iwv n'est
pasabsent
du grec biblique (1), qui atteste sXào-o-wv (Jn., II, 10), p-'lÇwv (Jn.,
V, 36), ydpuv (Mt., XXVII, 64), etc. Mais ces formes ont été
senties comme de moins en moins expressives, et c'est le type
en -xepoç qui les a supplantées ; c'est ainsi que l'on voit appa-
raître et se répandre des formes telles que alo^pôtepoç (Gen.,
XLI, 19), àyaOcÔTepo; (Jug., XI, 28), ou des formes refaites à
l'aide du suffixe -TSOO; sur d'anciens comparatifs eu -iwv dans
lesquelsce suffixe avait totalement
perdusa valeur comme
[AEiÇÔTepoî (Jn., III, 4), èXay^TTO-repoç (Eph., III, 8), formes fré-
quentes dans les papyrus (2). Ce renforcement du comparatif
rappelle le type néo-grec signalé plus haut TUOxaÀ^Tepoç, mè
xovTOtepoç, mb (asya)^T.spo^, TUO ^eipô-repoç (3), et enfin raô-epo
« davantage » refait sur 7tXsov> mb à l'aide du suffixe -tspo sur
le modèle de TOpsotEpo ; il prouve que le suffixe --rspo lui-même
a été souvent senti comme peu expressif et insuffisant pour
rendre lecomparatif.
Legrec biblique appartient
à une
époqueoù la langue renouvelle l'expression d'un grand nombre de
notions; la comparaison (4) est de celles-là. Il y a effort, d'une
part, pour régulariser les formes et répandre un même type
(nous l'avons vu plus haut), d'autre part, pour renforcer par
des procédés morphologiques l'expression même du comparatif
(nous venons de le voir également).On a en outre remarqué (5) que les Évangiles n'offrent pas
de forme decomparatif pour
les
adjectifs àyaÔé;
el xaAoç ; c'est
ainsi qu'on trouve chez Marc (IX, 42) : xaXov sarîv cre xu).Xôv
(1) Cf. F. M. Abel, Grammaire du grec biblique, Paris, 1927, p. 49.
(2) Abel (id.) cite jMiÇÔTepoç et les formes byzantines xpsiTtoTepoç, (j.eiÇovdTspo<;,
itXeiô'CEpoi;, êXa/tïTÔTepoç.
(3) On a même ici un double renforcement : d'abord -tepoç ajouté à JCElP°" quiest lui-même un vieux comparat if, puis itiô ; le comparatif est ainsi exprimétrois fois dans cette forme.
(4) Cf. H. Pernot, Études sur la langue des Évangiles, Paris, 1921, p. 76.
(5) Ibidem. A cet égard, il est intéressant de noter que c'est surtout avec des
adjectifs exprimant les mêmes idées que les parlers de Naxos n'attestent pas deforme spéciale du comparatif (cf. ci-dessus, 1"), p. 295).
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302 ANDUÉ MlItAMBEL
EvreXOeîv &U ~':v Çwvjv 7) Ta; §uo ^elpotç è'yovTaç àiteXQeïv £*.; Trçv
yéswav (1), chez Luc (XVII,-2) et. chez Mathieu (XVIII, 6):xaXôv ITTIV -^ (cf. aussi LXX, Tobio, XII, 8 : àyaOôv... •»)...).
On constate donc, d'après ces faits, que l'effort pour unifier les
formes du comparatif dans les adjectifs se heurte à l'affaiblis-
sement des types de comparatif synthétiques (à suffixe) en grec,
puisqu'un positif eu arrive à servir de comparatif.
On assiste alors à un renouvellement de l'expression de la
comparaison quise fait d'une double manière
(2):
1° renouvellement du terme qui introduit la comparaison \
2" renouvelletnent de l'expression même de l'adjectif.
1° Sauf devant les noms de nombre (3), depuis l 'époque clas-
sique c'est la particule r\ qui introduit la comparaison. A côté
de vi, qui s'est affaibli, puis a finalement disparu (4), on voit
dès le grée biblique apparaître les prépositions Ttapa, ôrâp, ou
àîtô (5) : [Jiyaç xtipio; rcapà Tiàvxa; TOÙ; OÎOÙ; (Exode, XVIII, 41),
àjjiapTwXoi rcapà TCXVTOÎ TOVÇ raXtXaîouç (Luc, XIII, 2), àya96; è-yw
um 6-rcsp Séxa TÉxva (1, Rois, 1, 8), zu.Tzzwi\ àrcô TOÛ SspjAaTOç (Lev.,
(1) Ibidem, p. 74, et Abel, op. cil., p. 151.
(2) Cf. aussi K. Dielerirh, Untersuchungen zur Geschickle der grieehiselien
Sprache, Leipzig, 1898, p. 181; A. Jannaris, An Historical Greek Grammar,
Londres, 1897, p. 148 9, §§ 509-515.
(3) Cf. Abel, op. cil., p. 150; il en est de mfme encore en grec biblique: fysav8' itXsîou; TESTEpa'xovTa (Actes, XXI11, 13) ; mais Luc (IX, 13) dit: où* eïoiv TIJUVKXEÎOV T,
àpxoiTCBVTZ.
(4) Ibid., p. 151, Remarque; peut-être sentait-on la confusion avec in «ou
bien »; sans doute aussi, l'adjectif étant devenu impuissant à indiquer par sa
forme la comparaison, ?, semblait trop faible.
(5) Ibid. Si l'on replace cet emploi de Î-KO au mil ieu des autres faits touchant
la comparaison en grec, on se rend compte qu'il ne s'agit vraisemblablement pasd'un « hébraïsme » ; tout au plus a-t-on affaire à un « grêco-hébraïsme », selon
l'expression de H. Pernot [op. cit., p. 13), c'est-à-dire à un fait de langue commun
au grec et à-l'hébreu, aune coïncidence entre les deux langues, sans qu'il y ait
eu action de l'une sur l'autre ; au surplus il est bien improbable que l'influence
de l'hébreu ait pu se faire sentir sur des parlers comme ceux de l'Asie Mineure
et de Naxos ; la rencontre, à ce point de vue, entre deux parlers si différents,
l'usage généralisé de àno en grec, en ce sens, montrent bien qu'il y a là plutôtune évolution propre de la langue.
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KEMARQUES SUU L'JSXPHESSION DO COMPAKAT1F 303
XIII, 3), Ottsp signifiant « au-dessus de », «apà « en comparai-
son de » et ànô « enpartant
de »; plus
tard, lapréposition
knô
s'est développée particulièrement : son emploi après le positif
est ce que nous avons, non seulement à Naxos, mais en plu-
sieurs points de la grécité, notamment à Imbros et dans
certains parlers d'Asie-Mineure (I) ; le fait, on le voit, n'est
nullement localisé. Mais il faut remarquer que, même là
où (comme dans la langue commune et ailleurs) l'expression
de la comparaison n'a pas paru suffisamment expressive ainsi,
c'estcependant
àitô
qui
a été
généralisépour introduire le
second terme de la comparaison, même quand la langue main-
tenait d'anciens types de comparatifs (xa).7ÎTepo? àuô, /stpô-repoî
ànô, etc.) ; il y a là quelque chose de panhellénique, donc un
fait linguistique important.
2° L'addition à l'adjectif d'un suiiixô marquant la comparai-
son a, nous l'avons vu, semblé insuffisante, puisque le suflixe
n'a plus été senti comme nécessaire dans certains cas. Déjà,
dès le grec classique (2), le comparatif même pouvait êtrerenforcé par des adverbes, des conjontions ou des prépositions,
piâXXov, STI, ixoXû, Ttapà, Grap (3) : itEpiTTOTÉpws (JiâXXov (II Cor.,
VII, 13; cf. aussi Marc, VII, 36), ™XX« piàXXov (Phil.,1, 23) (4),
[xr,8èv nXéov raipà TO Si.aT£TXY}AêvGv(Luc, III, 13), tojjiwTspoî urèp
ïtôwav [Aà-^a'.pav (Hébr., IV, 12), fmÇoa-t, [ASTpo'.çicapà Ta sûaraôjjt.a
(Hébr., IX, 23). Quand l'adjectif était dépourvu même de toute
forme de comparatif, c'est aussi p.5XXov qui indiquait la compa-
(1) Cf. Dawkins, Modem Greek in Asia Minor, Cambridge, 1916, §§ 169 et 305.:
XOUTOàicô xsïvo péya eîv*i, elvat tyv\Kb iitô [leva ; cf. H. Pernot, id., p. 75.
(2) Cf. Abel, ibid., p. 150-151 ; A. Jannaris, op. laud. 1897, p. 148 9, §§ 509-515
et p. 316-7, §§ 1187-8; on voit ainsi combien l'expression de la comparaison a
toujours eu besoin d'être renforcée en grec, et, en même temps, combien les
procédés qui ont servi ont souvent été les mêmes, au cours de lhistoire du grec.
(3) ÊTt (Hébr., VU, 15); TO>.Ù (II Cor., VIII, 22) ; itoXù exprime ainsi non seule-
ment l'idée superlative, mais renforce l 'idée comparative également. Que l'on
pense au grec moderne itoîpa itoXù, qui est, selon les cas, tantôt un superlatifrenforcé (« extrêmement »), tantôt un comparatif explétif (« trop »).
(4) Cet emploi de [AÎVXOV avec un comparatif a son équivalent dans le grecmoderne itià xaX-rtTEfo;, comme on l'a vu plus haut (p. 294).
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304 ANDHÉ MIRAMBEL
raison : [Aootâpiov [AâXXov (Act., XX, 35). Dans la langue com-
mune,c'est l'adverbe TCXSOV
(1) quis'est
développédevant l'ad-
jectif au positif : TIXÉOVxaXôç (àitô), wXéov xaxô; (àrcô), etc. ; parune évolution phonétique,
—que j'ai rappelée brièvement plus
liaut —, TIXSOVs'est réduit à mo, d'où les comparatifs réguliers :
Ttio xaXôç oHtô, TZCOxaxôç ouw, etc. Dans certains paliers néo-grecs,
notamment en Macédoine (2), en Thrace, en Epire (3), et en
Asie Mineure (4), l'adjectif est précédé de àx6[A.a « encore », avec
valeur de comparatif : ocxofjwt xaxôç àità, àxô[/.a È^uuvoç à-rco, ou
bien do àXXo; : sïvoa xi àXXo; TcXoûmoç an' sxstvo (5), au lieu du
grec commun : eïvxi mo TCXOUTI.OÇait' èxeïvo « il est plus riche
que lui », ce qui rappelle un peu les faits de Naxos que je citais
plus haut (tràv aùxè «XXo? oèv sîvai). On a pensé au bilinguisme
pour expliquer certains de ces faits (6) ; les faits de Naxos, en
tous cas, ne se laissent pas interpréter de cette façon ; là encore,
il n'est pas impossible que des langues différentes recourent
quelquefois, pour l'expression de certaines notions, à des pro-
cédés identiques, sans pour cela s'être influencées.
(1) J'ai même rencontré dans une chanson de Naxos itXéov renforçant l'idée
comparative et tenant lieu d'un véritable adjectif (= iis^aX^TEpoî) :
rcXéov àrc' SXXo Ipatrir, IXitlSa vi (i^v ëj(ei<;
« que tu n'aies pas plus d'espoir qu'un autre amoureux » ; la langue commune
aurait dit plus volontiers : va |AV ï/etç |xeYaX-fycêpY|(ou TOpadtepri) sVrctSa 4it' 3X\ov
spatrcT,. D'ailleurs itXéov n'est pas à Naxos spécialisé dans l'expression de la
comparaison ; ainsi, dans une autre chanson, on trouve :
...*ai ii).£OV oirou piè [j.iaâ<; va a' àito^atpSTf|<rM
« ...et (pour) te dire adieu, puisque désormais tu me hais », où TTXÉOVn'im-plique aucune idée comparative ; cf. une chanson de Kos, où ce mot a le même
emploi (K. Dieterich, op. cil., p. 390) :
dfç xi. xôxe TZXU'.Ô(= ôtç xi TÔTE itià).
(2) Cf. H. Pernot, ibid., p. 75 ; Psaltes, epaxixi, Athènes, 190», p. 61.
(3) En particulier dans le parler des Saracatsans, mais dans certains cas seu-
lement (cf. C. Hoëg, Le parler des Saracatsans, Paris, 1922-1926, in-8°, t. 1, p. 231).
(4) Cf. Dawkins, op. c iL, p. 48 et sq., § 21.
(5) Cf. en français familier : « I l est autrement fort (que lui) (= bien plus
fort) ».
(6) Cf. H. Pernot, op. cit., p. 75.
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REMARQUES SDK L'EXPRESSION DU COMPARATIF 30a
On voit donc le double effort accompli par le grec pour renou-
veler l'expression du comparatif; selon que l'on considère le
terme de la comparaison, ou la qualité sur laquelle elle porte,deux systèmes sont demeurés plus ou moins indépendants l'un
de l'aulre dans les divers parlers, mais ils se sont croisés et
tondus en un seul dans l'usagé commun, où se trouve l'expres-sion la plus complète de la comparaison (1). La langue com-
mune atteste ainsi sur ce point une évolution plus avancée
que les parlers de Naxos, puisqu'elle connaît non seulement
l'emploi de àro>, mais celui de «iô. Les parlers de Naxos en
question représentent donc un slade où le grec s'est débar-rassé déjà de ses formes anciennes de comparatif, mais où,
pour y suppléer, il se borne à renouveler les mots qui intro-
duisent les ternies de la comparaison, sans modifier l'adjectif (2) :
le cas est net pour les comparatifs du type [^àXo; kno. Les
autres formes de type Sèv... ^.eyc/Xoc,cràv, àXXoç (svaç) ôèv eïvoa...,
etc., apparaissent comme des renforcements expressifs de l'idée
comparative, venus s'ajoutera un type senti déjà comme trop
débile — jusqu'au moment où s'est répandu le type communTtiô jAgyaXôç anô, qui n'est pas parvenu à supplanler les autres,
car les formes locales sont bien conservées. Il faut remarquer
(1) Réserve- faite toutefois pour la notion du « trop » qui n'est pas nettement
exprimée et est parfois rendue de manière équivoque ; cf. plus haut, p. 303,note sur itip* itoXù (comparer aussi : (;iè xô) icapaitivw qui traduit égalementcette notion).
(2) Dans tout ce qui précède, je n'ai considéré que le cas, pour l'adjectif ou
l'adverbe, où le comparatif est pourvu d'un complément. Toutefois, s'il s'agit
d'exprimer l'idée comparative sans complément (type : il le fait davantage, il estplus grand, etc.), les parlers de Naxos recourent au suffixe -xepo beaucoup plus
qu'à iuo : rapïôxepo, iriôxepo, p.ei,aXr|Xepo<;, ^'l^ôtepoç, yXuxôxEpoî; ainsi, j'ai relevé
dans un conte populaire Xéet xo nefyJaX^xepo 8ep(o axè Xa(7)o « la bète la plus
grande dit au l ièvre... », et : 6X01 <po6Y|6T,xave, àXX' TOpmao'xîpo 6 'Apâit-riç « tous
eurent peur, mais le Nègre encore plus ». Il est possible également que l'on
redouble le positif : icoXi itoXù, xoéxu xâxw (cf. ci-dessus, 2°, p. 5), <|srjXo{ <|/T;XOÇ,
jjieyâXoi; pLeyâXoi;, etc., la distinction se faisant mal, comme je l'ai signalé plus
haut, entre « comparatif » et « superlatif absolu ». Ainsi, dans un conte de Kos,K. Dieterich [ibid., p. 492) a relevé : ô [nxpàî [uxpô<; è/otxflexo (= 6 [Xtupôtepoî) ;dans un autre conte, il a noté un comparatif et un pesitif côte k côte (p. 301) :
6upeï<to, xijeïvo xo
(Jouvd,xo itxmo
1)^X0,
xà
(léya; (= xô
Oêwpsïc,ëxeïvo xô
(3ouvd,xà 7ti6 tyT^à, xô [TTIÔ] (xeyàXo;).
RE6, XLV, 1H32, n> 41i 21
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306 ANDUÉ M1RAMBEL
cependant que l'usage n'ea paraît pas indifférent, mais semble
dépendre de la notion traduite par l'adjectif ou l'adverbe : c'est
surtout dans l'expression des notions simples, générales, queles tournures locales sont restées.
Des faits exposés, il résulte que, non seulement à JNaxos,mais dans d'autres parlers néo-grecs aussi bien qu'en langue
commune, la comparaison cesse d'être sentie comme le propre
de radverbe ou de l'adjectif : elle ne tient pas à une forme spé-ciale qu'ils revêtent — (la langue ne fait pas toujours effort
pour conserver ou créer un type distinct du positif)— et elle
se traduit, par des procédés qui leur sont extérieurs. Par là se
marque, sur ce point comme sur d'autres, l'évolution du grecvers une expression plus analytique des notions gram-maticales.
Il faut noter aussi, conséquence de la précédente remarque,
que la comparaison peut se rendre de manières assez diffé-rentes dans une même langue, soit au cours de son histoire,
soit à une même époque en des points divers du domaine où
elle est parlée — et cela malgré le nombre relativement borné
des procédés qui l'expriment —. En nous reporlant à ce qui a
été dit, nous voyons que les parlers de Naxos ont à leur dispo-sition les types de comparatif suivants (1) :
1° KaA'/^epo;, x»Xir)?epa2° XXAO; xaXès, xalà xaXà
3° xaXô* O.TÏO
4° xaAa x.aXà ttTtô
5" TtXéov auô (ahko)6° osv (eïvat) ...xaXôç ïàv
(1) J'ai classé ces formes d'après leur degré plus ou moins grand d'analyse,d'après la complexité et le nombre des éléments qu'elles renferment — non
d'après leur fréquence d'emploi qui est variable, comme on a pu voir par ce quiprécède, et sur laquelle je ne reviens pas.
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REMARQUES SUR ^EXPRESSION DU COMPARATIF 307
7° Sèv (elvai) ...àXXoç cràv
8° OÈV ...àXXoç e'vaç cràv
9° oèv (eivai) oYJTspo? ...cràv
10° ajoutons en dernier lieu les types communs :
xaX7JTeooç àità, xaXï)Tspa àrcô, Sev (elvat.) àXXo; TÎ'.Ô ...àjtô (et je ne
dis rien des formes du comparatif d'égalité : xaXôç cràv, xaXôç
ï<ra W.S, avec la périphrase de type : èxelvo TTOÙSîven; è<rû, xô SLvw
èyà).
Cette variété traduit sans doute une certaine richesse d'ex-
pression, mais aussi une incertitude, puisque ces parlers n'ont
pas réussi à adopter un type unique et fixe.
Malgré leur diversité, enfin, les modes d'expression de la
comparaison ne recouvrent pas toujours exactement les mêmes
notions d'un parler à l'autre : ainsi que nous l'avons vu, les
parlers de Naxos ont la possibilité de distinguer, autrement
que par la présence ou l'absence d'un complément, le compa-
ratif employé seul du comparatif ;iccompagné d'un second
terme (xaXïjTêpoç et xaXèç àrcô), ce que ne peut faire la langue
commune («LÔ xaXôç et itiô x*Xo; àitô) ; en revanche, ils distin-
guent mal « comparatif » et « superlatif »; ils ne répondent
pas non plus à une nuance sémantique très précise entre les
expressions « négative » et « positive » du comparatif (« pas
autant que » ou « moins que » et « plus que ») ; enfin, les
notions d' « égalité » et de « supériorité » dans le comparatif
se rejoignent souvent dans ces parlers, puisque c'est seulement
à la présence ou à l'absence d'une négation que tient la diffé-
rence ; mais aussi l'égalité proprement dite peut s'exprimertout autrement. Il faut donc voir là le reflet d'une certaine
confusion dans les notions comparatives, et la preuve que la
comparaison n'est pas simple à rendre.
André MIRAMBEL.
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ART ET FOLK LORË
DANS LES MPMAKEYTPIAI DE THEOGRITE (1-63)
Le début des <I>aQ[/.axsu?pi.at.est une scène de sorcellerie. En
voici une traduction :
« Voyons, le laurier. Fais passer, Thestylis. Maintenant,le philtre. Mets à la coupe la bandelette de fine laine rouge.Je veux, puisqu'il me fait de la peine, jeter un sort à
l'homme que j'aime. Voilà douze jours que le misérable ne5 vient plus, | n'a daigné savoir si l'on est morte ou vivante,
ni n'a frappé à ma porte, le vilain! C'est sans doute
qu'ailleurs Eros a emporté son coeur volage, et Aphroditeaussi. J'irai à la palestre de Timagète demain, pour lui
10 reprocher ce qu'il me fait. | Mais maintenant je vais sacri-
fier pour lui jeter un sort. Toi, Séléné, sois bien brillante,
car c'est à toi que va s'adresser mon chant, paisible génie,
ainsi qu'à Hécate souterraine, celle dont les chiens ont
peur, quand elle s'avance au milieu des tertres funéraires
et du sang noir. Salut, Hécate redoutable ; assiste-nous
15 jusqu'à la tin, | fais que ces sortilèges ne soient pas infé-
rieurs à ceux de Circé, de Médée, de la blonde Périmède.
Ianx, attire cet homme vers ma demeure !
La farine d'abord est consumée par le feu. Allons, sau-
poudre donc, Thestylis ! Malheureuse,,où ton esprit slest-il
20 envolé? | Est-ce que je ne suis plus pour toi aussi, mieé-KEG, XLV, 1932, n» 213. 25
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362 LOUIS ROUSSEL
rable, qu'un objet de risée? Répands, et dis en même
temps : « Ce sont les os de Delphis que je répands. » Iunx,
etc. Deiphis m'a fait souffrir. Alors, moi, à l'intention deDelphis, je mets à brûler le laurier. Il pétille fort en s'allu-
25 niant; | il a brûlé d'un seul coup, je n'en vois même pasles cendres. Puisse de même la chair de Delphis tomber
en poudre dans les flammes. Iunx, etc. Comme je fais
fondre ce morceau de cire avec l'agrément de la divinité,30 ainsi fonde sur le champ d'amour Delphis de Myndos. | Et,
comme tourne ce rhombus de cuivre, puisse, poussé par
Aphrodite, Delphis tourner autour de notre porte! Iunx,etc. Maintenant, je vais sacrifier le son. Et toi, Artémis,
qui pourrais faire mouvoir, jusqu'à l'acier de l'Dadès et
35 toute chose inébranlable... | Thestyiis, les chiens nous
l'annoncent en hurlant par la ville, la déesse est aux carre-
fours. Fais au plus tôt retentir le cuivre. Iunx, etc. Vois
comme la mer se tait, et se taisent aussi les airs ; mais la
40 douleur ne se lait point au fond de ma poitrine. | Pour lui,
tout entière je brûle, pour lui qui, de moi, malheureuse, afait, non une épouse, mais une femme mauvaise, une fille
perdue. Iunx, etc. Je fais les trois libations, et trois fois,déesse vénérable, je dis : « Que ce soit une femme qui soit
45 couchée auprès de lui, que ce soit un homme, | puissel'oubli en être aussi profond chez lui qu'autrefois chez
Thésée, dit-ou, lorsque, à Dia, il oublia Ariadneaux belles
boucles ». Iunx, etc. L'hippomane est une plante qui
pousse en Arcadie, el par quoi toutes les jeunes cavales50 sont folles,dans les montagnes, toutes les rapides juments.
| Puissé-je voir de même Delphis, puisse-t-il passer ce seuil,
pareil à un fou, au sortir de la grasse palestre ! Iunx, etc.
Delphis a perdu cette frange de sa tunique. Je l'effiloche
55 et la dépose dans la flamme sauvage. | Hélas ! cruel Eros,
pourquoi, attaché à ma chair comme une sangsue des
marais, en as-lu bu tout entier le sang noir? Iunx, etc. Je
pilerai un lézard, et je lui porterai demain un funeste breu-
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ART ET FOLK LOBE DANS LES *APMAKE1TTPIAI DE THEOCRITE 363
vage. Thesthylis, prends maintenant ces herbes magiques,60 va en exprimer le sue, | en en frottant le dessus du seuil de
sa porte, pendant qu'il fait nuit encore, et dis en outre, encrachant : « Ce sont les os de Delphis que je vide de suc. »
Dans l'introduction, d'ailleurs si vivante, Simaitha dit à
Thestylis bien des choses qui sont uniquement à l'adresse du
lecteur (4, 10, etc.), mais la cérémonie magique est annoncée
dès le premier vers, et nous savons presque tout de suite à
l'intention de qui elle est faite, et par qui.
C'était une excellente idée que de nous faire assister à unescène de sorcellerie. D'abord, le recours au surnaturel est bien
le fait d'une amante désespérée; ensuite, une pareille scène
peut piquer la curiosité et donner un frisson d'horreur. Pour se
renseigner sur la magie, Théocrite n'avait qu'à regarder autour
de lui : elle florissait dans presque toutes les classes de la
société grecque, comme aujourd'hui. Mais il était tenu de
composer une cérémonie magique. La liberté de l'art permettait
d'en omettre tel moment, d'y ajouter tel détail peu orthodoxe,de l'interrompre, malgré le rituel, par une plainte passionnée.Il convenait cependant que la cérémonie se tînt. Simaitha, quis'est résolue à la faire, qui doit avoir foi dans son efficacité, et
qui a l'habitude des pratiques magiques (V. 91), a certainement
mis toutes les chances de son côté, par une exacte préparation.Ici nous prenons Théocrite en défaut : il a eu le tort de
mêler indiscrètement des sortilèges qui ne vont pas ensemble.
Il afait, pour rassembler ses documents, une sorte d'effort
scientifique, mais sa science d'Alexandrin ressortit trop à celle
du brocanteur.
Le vice le plus flagrant est le mélange de la magie blanche
et de la magie noire. Que veut Simaitha? Ramener son amant :
qu'il revienne, affolé d'amour (50). Donc, elle fait fondre un
morceau de cire (Non une poupée, qui ne pourrait servir qu'àun maléfice) afin que Delphis"fonde d'amour (28), et tourner
unrhombus,
afinqu'il
vienne tourner autour de sa maison(31).
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.'§ - .£IpSv;,, J" ia^if8^- ^v^^fjS^piSS^^ ÇîpS» (3*g
364 LOUIS KOUSSEL
Ici comme là, il y a un geste rituel, et une formulette dont le
terme essentiel constitue un jeu
de mots[fondre, tourner).
Si
l'opération réussit, Delphis reviendra plus amoureux que
jamais. Il ne se sera rien passé de tragique. C'est blanche
magie.Mais ailleurs, c'est magie noire. Il s'agit de nuire à la per-
sonne physique de Delphis, de consumer ses os (21), ou de les
vider de leur suc vital (62), de brûler sa chair (26). Qu'un de
ces envoûtements réussisse, et Delphis mourra. C'est bien sa
mort que veut Simaitha, quand elle parle d'une boisson funeste
(58) qu'elle lui portera (sans dire comment elle pourra bien la
lui faire prendre !). Entre ces maléfices et les xa.ra.Sea-jji.otde tout
à l'heure, il y a totale incompatibilité. Dira-t-on' que Simaitha
hésite entre l'amour et la soif de la vengeance? Non : elle est
décidée à n'user d'abord que des enchantements (v. 159). Le
poète est coupable, et non son personnage.Les sortilèges employés ici sont du reste assez monotones :
les herbes (59), le rhombus (30) sont très bons, mais le feu
joue un trop grand rôle (18, 24, 28, 54), alors qu'il y tant
d'espèces d'envoûtement possibles! De cette monotonie, si elle
était voulue et rigidement observée, il y aurait à tirer un effet
de prélogisme sauvage ; mais le poète est à cent lieues d'y avoir
pensé. La vérité, c'est qu'il s'est insuffisamment renseigné. Le
sacrifice du son et de la frange de tunique l'ont si bien embar-
rassé, que, dans l'un et l'autre passage, il feint que Simaitha
s'interrompt tout-à-coup (35, 55). Interruption adroite, mais
pas assez pour dissimuler une impuissance. La boisson meur-
trière, qui n'est pas encore préparée au vers 58, n'est donc
pas la même chose que le philtre du vers 1. Ce philtre est men-
tionné pour ne servir ensuite à rien.
Enfin, la scène de magie renferme des parties qui n'ont rien
de magique. Simaitha souhaite que Delphis oublie son nouvel
amour, comme Thésée oublia Ariadne (45). Ce voeu emplit un
couplet strictement parallèle à ceux qui sont magiques, et n'est
pourtant qu'un simple souhait, que nul geste rituel, nulle
%j:-,
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rm^wm^MS, ^:VSïf|§ll?SI
ART ET FOLK LORE DANS LES fAPMAKEl'TPrâl DETHEOCRITE 365•
formulette n'accompagne. Et il est gâté par un rappel mytho-
logique, aussi froid que celui (15) de Circé, Médée et Palamède.
Théocrite parle dans ces passages, non la sincère et doulou-
reuse Simaitha. Le passage qui a trait à l'hippomane (48)encourt un reproche analogue. Simaitha ne dispose pas d'un
fragment d'hippomane, au moyen duquel elle ferait un sorti-
lège. Elle se contente d'appuyer un souhait pur et simple sur
une comparaison claudicante : de même que les cavales sont
rendues folles par l'hippomane, de même puisse Delphis reve-
nir affolé. Affolé par quoi? Il manque l'essentiel d'un des
termes de comparaison. Et le début du couplet : « L'hippo-mane est une plante qui;.. », à une allure pédantesquement
professorale.On ne trouve pas dans le passage l'horreur sacrée qu'on eût
espérée. Par exemple, l'auteuc n'a rien tiré de l'approche d'Hé^
cate. En supprimant le àvà utrôXiv (36), en remplaçant xpiéSoiç
parxptéSc)) (36), on aurait obtenu ce sens : « La déesse est dans
le carrefour voisin », et, sentant la présence réelle, on aurait
pu frémir, adventante dea.La cérémonie magique n'a fourni au contraire qu'un décor
curieux, amusant, comme le bric à-brac hétéroclite qui entoure,
dans un opéra, quelque vieil alchimiste, Etonnamment carac-
téristique de la poésie alexandrine, ce passage nous la révèle
(et c'est un de ses moins heureux aspects), brillante, légère,
superficielle, peu solide... en somme petite.
Louis ROUSSEL.
"4
*i'f
ii
i
c-iîBife&î
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UNE FORME ÉTOLIEME A DELPHES
Vers la fin du troisième et le début du second siècle avant
notre ère, dans la Grèce du nord, de Dodone à Delphes (Thes-salie, Phtiotide et Locride orientale exceptées), c'est-à-dire sur
le domaine et à l'époque où s'exerce l'influence politique de la
ligue étolienne, apparaît sporadiquement dans les textes épi-
graphiques, sans consistance ni cohérence, un datif singulier
thématique en -01. Il est tentant de mettre en rapport le fait
linguistique et le fait politique (cf. Bull. Soc. Ling., XXX, I,
pp. 73-75). C'est cette hypolhèse que l'on se propose de confron-
ter, ici avec les données du parler le mieux connu de la Grèce
du nord, celui de Delphes.A partir du moment où les inscriptions delphiques distin-
guent Ci de O (début du iv° siècle), le datif singulier thématique
y est en -01. En 195 apparaît le datif en -01, dont les exempless'échelonnent sur tout le second siècle — uniquement dans des
actes d'affranchissement. Au premier siècle, on n'en trouve plus
que trois ou quatre exemples isolés (dans des affranchissements :
GDI, $146 (i) et $321 (2); exceptionnellement dans une proxé-
(1) Ce texte (publié pour la première fois BCH, V, p. 45) est daté par Baunack
(d'après ceux qui l'entourent) de la seconde moitié du second siècle. Mais Pomtow
(Inscr. Delph. 1086; cf. Riisr.ii, Gramm., p. 69, note 1) en fait descendre la date
jusqu'en 74/57.
(2) Cet acte, du milieu du premier siècle (951 de Lebas, et CIG. 1109 b) four-mille de fautes; il est, par surcroît, extrêmement mutilé. Ce qui subsiste de la
ligne 11 apparaît comme suit (d'après Baunack) : ....] AOVAlZMOIBAlBEIONIIA
PEXONTOEQIOnOlTANflNANO | [... L'éditeur interprèle : ...licl ic«Ta]Sou>.is[i[(w)]t,P[(')]6[(a)jlov T.a.pzymi[(u>)] T[(W)] [(8SÛ)]I xàv wvàv 8|[Teetc... Quelle que soitl'in-
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UNE FORME ÉTOMENNE A DELPHES 367-
nie : BCH, XXIII, p. 572) (1); et les affranchissements, du
milieu du premier siècle avant au milieu du second siècle
après notre ère, n'en présentent plus un seul.
Du second siècle avant notre ère, les actes d'affranchisse-
ment déjà publiés sont assez nombreux pour qu'une statistiquede ceux qui présentent -01 soit significative. Il y sera tenu
compte, d'une part, de ceux qu'a réunis Baunack {GDI, 1684
à 2500) ; d'autre part, de ceux publiés à ce jour au tome III
(Epigraphie) des Foui/les de Delphes (quarante dans le fasc. I,le plus ancien datant de ISO environ; soixante-deux dans le
fasc. //,1e plus ancien de 136 ; soixante-quinze dans les numéros / à 178 du fasc. III (2), les pluB anciens de 162 environ ; cinqseulement dans le fasc. IV, et dont aucun ne remonle au second
siècle) (3). L'acte le plus ancien où apparaisse -01 date de
mars-avril 193. En dix-huit ans, sur 13i actes, la seconde prê-trise en présenle S où apparaît -01, soit près de 4 0/0 ; en dix
ans, sur 80 actes, la troisième prêtrise en présente 3, soit prèsde 4 0/0 ; en treize fins, sur 145 actes, la quatrième prêtrise en
présente 15, soit près de 11 0/0 ; en quatre ans, sur 58 actes, lacinquième prêtrise en présente 1, soit moins de 2 0/0; en
dix ans, sur 118 actes, la sixième prêtrise en présente 2, soit
moins de 2 0/0 ; en trente-neuf ans, presque jusqu'à la fin du
siècle, sur 140 à 150 actes, les prêtrises sept à dix en présentent
10, soit près de 7 0/0. La fréquence de la forme-01 est donc
particulièrement grande pendant le second quart du second
siècle. Des trois années de la première prêtrise on ne possède
correction du texte, et bien qu'il faille, dans cette même ligrne, corriger O e n i l
à la finale de l'impératif, rien ne prouve qu'on doive corriger [xaT»]Sou),tir|ioï,et [(9e)]oî.
(1) Proxénie pour un Acarnanien ; archontat d'Aiax[8:«; II (vers 84) ; pierre déta-
chée, à l'Est du temple ; copie Couve-Fournier. On y lit : xiï>i ôeot (1. 6), mais
partout ailleurs : -fil (10 exemples).
(2) Je dois à l'obligeance de M. Bourguet d'avoir pu lire, en épreuves, cette
partie de la publication de M. Daux.
(3) 11 n'a pas été tenu compte des actes publiés au tome XXII du HCH, destinés
qu'ils sont à reprendre leur place au tome III des Fouilles, à mesure de la publi-cation. Le seul de ces actes où se trouve un d atif en -01 y est d'ailleurs déjà
publié (fasc. I, S68\.
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^^^.^m;'<w^m-^^. .^?¥^'%5%^^ y
368 „ MJCHJEL LEJEUNE
décorum®..,4i&atf*tGDI, 2049, 2072, 2116, 2117); on y litSjôutèménl -$l ; mais on n'en saurait conclure que la forme-01
ne se trouverait pas pour cette période dans la même propor-tion; qu,e: durant les deux prêtrises suivantes. Enfin-01 n'appa-
raisgantque dans des actes d'affranchissement, et ce genre de
textes taisant défaut pour le troisième siècle, on ne peut affir-
mer'que -Ql n'est pas plus ancien à Delphes que notre exemplele plus ancien, daté de 198.
, Il n'est donc pas possible, faute de documents convenables,de préciser le moment où s'introduit -01 à Delphes; en tout
cas, les deux premiers exemples qu'on en a (195 et 192) appar-tiennent encore à la période élolienne, et sont datés des secondes
stratégies d' 'AXlSjavSpoç et de Aajj.6xpt.Toc respectivement; parti-culièrement abondants aux alentours des années 169 à 164, les
exemples s'espacent ensuite dans la seconde moitié du siècle,
pour disparaître dans la première moitié du siècle suivant :
L'action linguistique est décalée dans le temps par rapport à
l'action politique. La forme étolienne -OIS du datif pluriel des
thèmes consonantiques apparaît à Delphes dès la première moi-tié du troisième siècle; elle y est encore vivante deux siècles
plus tard. Le datif singulier thématique en -01 a été éliminé
bien plus vite par la langue commune.
C'est qu'aussi bien, socialement, les deux formes ne soht passur le même plan. La forme -OIS se trouve à Delphes dans
toute espèce de textes. La forme -01 ne s'y trouve que dans des
affranchissements, et de toute évidence comme un vulgarisme ;
sur l'ensemble du domaine où, à la même époque, la répandl'influence étolienne, les documents les plus relevés où elle
apparaisse sont des décrets de proxénie; la langue politique et
diplomatique l'ignore. C'est la répartition même que présententles textes proprement étoliens ; la plupart de ceux que nous
avons étant de caractère politique, on comprend qu'il ne soit
pas dès l'abord apparu que l'extension de -01 pût s'expliquer
par l'influence élolienne.
Si l'on considère le groupe des parlers dits du nord-ouest
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UNE FOIIME ETOLIENNE A DELPHES 369
(éléen, acarnanien, épirote, étolien, locrien, phocidien), on
y observe, aux deux extrémités du domaine, en Elide d'une
part, autour du sanctuaire d'Olympie, et d'autre part en Pho-
cide, autour du sanctuaire de Delphes, deux attitudes linguis-
tiques opposées ; l'éléen conserve jalousement ce qui le singu-
larise, et se défend contre l'influence des grandes langues de
civilisation ; le delphique s'ouvre de bonne heure à cette
influence, et se pénètre de xoivvi. Or les langues de civilisation
dorienne et ionienne-attique ne connaissent, l'une et l'autre,
que le d atif en -ûl. On peut donc se représenter les choses
comme suit : le datif en -01 serait propre aux parlers du
nord-ouest, à date ancienne ; conservé par l'éléen, il aurait été
à Delphes éliminé très tôt par la forme commune : le dia-
lecte est suspect d'influences étrangères à dater du moment où
y est adoptée la graphie ionienne ; or, c'est à partir de ce
moment seulement que nous pouvons distinguer -QI et 01; si
nous n'y lisons alors que -ÛI, c'est que la forme et la graphieioniennes ont pu pénétrer ensemble. Dans les parlers intermé-
diaires, tardivement connus, comme ceux d'Acarnanie etd'Etolie, l'influence des langues de civilisation aurait introduit
-QI sans faire disparaître -01 ; les deux formes coexistantes se
seraient réparties socialement, entre la langue officielle et la
langue vulgaire. On comprend dès lors que parmi les deux ou
.trois traits dialectaux par lesquels cherche à se caractériser la
langue de la Ligue Etolienne, n'ait pas figuré le datif en -01,
qui, barbare pour le commun des Grecs, était vulgaire en éto-
lien même, et qui par surcroît n'était pas propre aux seuls dia-lectes du nord-ouest.
C'est une répartition analogue que .laisse entrevoir, au
second siècle, l'épigraphie delphique. Aucun indice ne permetde penser que, si le datif en -01 a pu appartenir anciennement
au phocidien, il ait survécu à Delphes d'une manière quel-
conque entre le quatrième et le second siècle. C'est donc
l'influence etolienne qui l'y introduit (ou l'y réintroduit). Le
fait est significatif. Il enseigne que cette influence, loin de
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370 MICHEL LEJEUNE
n'avoir été à Delphes que celle d'une langue de chancellerie,s'est exercée
profondément,et aussi bien sur la
languevul-
gaire. Le datif en -01 est à Delphes un étolisme de l'a langue
populaire, de la langue parlée.
Cependant, à Delphes, la tradition de l'écrit est très forte; et
c'est celle du datif en -01. Elle reprendra assez vite le dessus, de
façon complète, après l'effondrement de la puissance éto-
lienne; au temps même de cette puissance, elle ne laisse qu'àpeine apparaître l'autre forme : dans des affranchissements
seulement, on l'a vu; au moment le plus favorable, dans unacte sur neuf; et, dans trois cas seulement, au total, sur trente-
six, d'une manière cohérente au long des quelques lignes que
comportent ces documents. Considérons, en regard, une cité
locrienne comme Naupacte, demeurée étolienne beaucoup pluslongtemps que Delphes, mais où jamais non plus la languecommune n'a eu sur le parler local l'emprise qu'elle a exercée
autour du sanctuaire pythique. On possède, de la région de
Naupacte, un certain nombre d'affranchissements du second
siècle, provenant des sanctuaires du àiévuio; de Naupacte, de
1' 'Ao-xXa7u6ç de Naupacte, de r'AsxXaTuô.; de Kpouvsi (sur le ter-
ritoire de Bouttos, à deux lieues au nord-est de Naupacte) ;trente-six actes provenant de ce dernier sanctuaire ont été
réunis et étudiés par Nachmanson (AM XXXII, pp. 1-70) :
trente-trois fournissent des exemples du datif singulier théma-
tique; vingt-et-un, soit près des deux tiers, ne présentent que-01 ; huit autres présentent tout ensemble -01 et-ÛI ; quatre
seulement ne présentent que -ÛI. La proportion des étolismes
y est bien plus grande qu'à Delphes, où, à la même époque, sur
près de sept cents actes, trente-trois seulement présentent -01
à côté de -121, et trois, sans plus, -01 seul; encore sur ces trois
derniers en est-il deux pour lesquels les vendeurs sont origi-naires des villes locriennes d'Amphissa et de Chaleion.
Voici, classés chronologiquement, les actes delphiques qui
présentent le datif en -01 (les numéros de 1723 à 2305 ren-
voient aux GDI; les numéros inférieurs, précédés d'un chiffre
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UNE FOKME ÉTOLIENNE A DELPHES 371
romain, aux fascicules correspondants du tome III des Fouilles;
l'indication de laprêtrise
suit la date ; vient ensuite, le cas
échéant, celle de la patrie du vendeur s'il n'est pas Delphien) :
1 [W59) mars-avril 195 (II) Chaleion (Locride).2 {1969) dc"c 193-janv. 192 (II) Daulis (Phoçide).3 {1970) avril-mai 489 (II) Amphissa (Locride).4 (1965) août-sept. 189 (II) Amphissa (Locride).5 (2003) janv-févr. 181 (II).6 (/020)juin-juill. 179(111).
7 {1909) i&nv.-févv. 177(111).8 {1787) oct-nov. 174 (III) Phanolée (Phocide).9 (1742) déc. 170-janv. 169 (IV).
10 {1761) avril-mai 169 (IV) Tilhorrha? (1) (Phocide).11 {1762) févr.-mars 168 (IV).12 {1763) (2) févr-mars 168 (IV) Tilhorrha (Phocide).13 (/704)juin-juill. 168 (IV).14 {1723) nov.-déc. 168 (IV).15
(1794)déc.
168-janv.167
(IV).16 (1780) juin-juill. 167 (IV).17 (17M) déc. 167-janv. 166 (IV) Chaleion (Locride).18 (1729) mai-juin 166 (IV) Chaleion (Locride).19 (1744) janv.-févr. 165 (IV).20 (1805) sept.-oct. 165 (IV).21 (1884) (3) déc. 165-janv. 164 (IV).
(1) La patrie des vendeurs n'est pas indiquée; mais, si le garant est delphien,
les témoins privés sont de Tithorrha. Le garant 'OpÉsTaç Eû/apiSa sera d'ailleursdix mois plus tard témoin pour 3evw de Tithorrha, dans notre texte 12.
(2) Le texte (WF. 98) porte (1. 5) : jxaipTupot toi îapeï(?) toO 'AitdMwvos. Bien
qu'à la ligne suivante se trouve aussi une omission de lettre dans le nom de
l'archonte 'AvSp(ô)vixoç, il n'est pas exclu que le lapsus soit en partie imputableà l 'idée d'un datif toï totpsî avec la m ême forme de l'article que 1. 1 dans xoï'AicôXXwvi. Cf. en revanche notre texte 22 (GDI. 188$ = WF. 220).
(3) Le texte (WF. 219) porte (1. 4) : ût ôvo(xa, mais (apparat de Baunack)- :« man kônnte auch ot lesen ». Cette dernière leçon semble préférable, d'une
part à cause de la fréquence de ot Ô'VOJAJC(du même archontat, nos deux textes 20
(180S = WF. U0) et 22 (1885 = WF. 220) le présentent); — d'autre part à causede formes dialectales telles
que [£]apsï<;, vaxopoç,etc.
fréquentes,on le
verra,dans les textes où est attesté le datif en -01.
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'/^^l^^^^f^t^S^lSf^Sfl!^!!*1^!^^^^'^^:
372 MICHEL LEJEUNE
22 (1885) déc. 165-janv. 164 (IV).23 {III54) janv.-févr. 158 (IV) Oenoé (Locride).24 (1908) déc. 154-janv. 153 (V) Oeanthée (Locride).25 (2019) avril-mai vers 151 (VI) Physcos (Locride).26 (9269) août-sept. vers 150 (VI).27 (2225) (1) févr.-mars vers 139 (VIII).28 (2298) (2) juin-juill. vers 13S (IX).29 (2159) (3) mars-avril vers 130 (IX).
30 (2302) (4) mai-juin vers 125 (IX).31 (/ 568) janv.-févr. vers 124 (IX).32 (II244) juin-juill. vers 123 (IX).33 (2305) août-sept. vers 120 (IX) (Étolie (5) ?)34 (2284) sept.-oct. vers 119 (IX).35 (III 131) mai-juin vers 109 (X).36 (2086) (6) févr.-mars vers 108 (X).
De ces textes, trois seulement ne connaissent que -OI. Ce
sont : sous la seconde prêtrise, l'acte 4 (vendeuse, garant, et
témoins privés d'Amphissa), où on lit : TOÏ 'AuoXXom TOI IIuQîot.,ol ovofjia, val 6e<H, èip' oï?e; — sous la troisième prêtrise, l'acte 7
(vendeur, garant et témoins de Delphes), où on lit : TOI 'ATOJX-
Xwvi TOI Uuôioi, oï ovojAa, TO"Ï 6SOÏ, ©eotppào-TX»1.,IxaTÉpot ; — sous
la quatrième prêtrise, l'acte 17 (vendeur de Chaleion, garant
(1) Le texte (CB. 58) porte (I. 30) : TpôiiMi <5i xa adzol 8éXwvu. Mais Pomtow
(Inscr. Delph. 968) et Riisch (Gramm. p. 67, note 3) lisent: rpÔTtoi <5t xa.
(2) Le texte (Lebas 928) porte (1. 13) : twi 6ewi (comme 1. 9). Mais RûachGramm. p. 232, note 2) lit, 1. 14 (1. 13 de Lebas) : toï 6eoï.
(3) Le texte (CB. 68) porte (1. 17) : Tpôitun o(X) xa OëXuvxt. Le lapsus s'expliquepar les formules du type : (itoisovTeç) S xa OÉXWVTI — et plutôt en partant de (xpd-
Ttdi) oî xa que de (xpdmoi) fit xa. Cf. d'ailleurs notre texte 20, 1. 12 : ot xa 8éXï|i
Tp^TOll.
(4) Le texte (Lebas 940) porte (1. 10) : lut xaxa8ooXi(j[i.ôH. Mais Pomtow (Inscr.
Delph. 101S) et Riisch (Gramm. p. 59, note 2) lisent, comme les premiers éditeurs
(CIG. 1699) : èizi xaTa5ouXia|xoï.
*(5) L'acte est daté d'abord de l'archontat delphique de KaXXixpdxïK, puis de la
stratégie étolienne de Soxupoç, stratège pour la seconde fois. La vendeuse KXea-
péta doit être étolienne.
(6) Le texte (WF. 4SI) porte, 1. 9 : lui xataSouXicriiûl, 1. 11 : toi 6sût. Mais
Pomtow (Inscr. Delph. 2086) cité par Riisch (Gramm. p. 113, note 1) lit : H\ xata8ouXi(i|xoï et : TÛI 6SOÏ.
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UftE tfOKME ÉTOLIKNNÈ A DELt>HÈS 373
et témoins de Delphes), où on lit : toï 'AiroXXtovi. T[OÏ njuGîol,oX ovojjia, TOÏ 6eoï, Mt.y.xtiXo'.. Les trente-trois autres textes, poul-
ie datif-locatif-instrumental, présentent concurremment et
indifféremment les formes -.01 et -QI; la première y a la môme
valeur exactement que la seconde et le plus souvent, du reste,
apparaît dans des emplois de datif proprement dit, du type :
àitéSoxo TOI 'AïtéXXcovi., ou : crûpia àvopeïov ol OVOIAOC6 Seïva. Pas de
répartition syntaxique, par conséquent, entre datif, instru-
menta] et locatif. Pas de répartition morphologique non plus,on va le voir, entre pronom (relatif), article et nom.
Cinq de nos testes seulement opposent le pronom à l'articleet au nom ; encore ne concordent-ils pas : 1 (ES' OX), 5 (ÈV OXTE),19 (oX ovojAa) et 25 (ol xa 9éÀ7|i TpÔTtwt), ont -01 pour le pronom,-01 pour l'article et le nom ; 24 a la répartition inverse (ôï
ôvopta, mais : TOÏ 'AitiXXcovi TOÏ ETuQwt). Dans treize textes, le pro-nom se présente sous l'une des deux formes entre lesquelleshésitent le nom et l'article : sous la forme -ÔI dans 2 (-rpôitot. ol
xa GéXïii, en face de TOÏ 'AitiXcovi T«5I IluQîwt)- et dans 16 (è<p
OÏTS, en face de TOÏ 'ATOJXXMVI TWI IIuS'lwi); sous la forme -QIdans 3 (sep' <OTS, en face de TOÏ 'AnôXXcovt, TÛI EluOiwi), dans 8
(sep' (SITE, en face de TOÏ 'ATOXXMV. TWI IluOîot), dans 10 (sep' ôi-rc,en face de TOÏ 'ATOXWV. TWI IIUGUH), dans 12 (!»' CTUTS^,en face
de TOÏ 'ArajXXtovt. TW DU6(WI), dans 13" (sV «SITE, en face de TOÏ
'AnoXwvi TÔH IIuOCwi), dans 15 (sV <E, en face de TOÏ Iludîoi,et de Twt. Ôswt), dans 27 (sV *5IT'E, et Tponoi dn xa aÙTol BEXWVTI,en face de twi [ludion), dans 28 ([«]»' «Sus, en face de TOI
6EÙK, et de TOX 9EOÏ), dans 30 (sep' COTE, en face de TWI IluOito,et de ÈTÙ xaTaâouXtT|xoï), dans 32 (ES' (SITE, en face de T<Ô[I]'ATOXXMVI. TWI [njuôwi), dans 36 (fit ôvofj.a, et sV (SITE, en face
de TÔH nuQfon, et de TWI 9EOÏ). Dans huit autres textes où nom
et article ne présentent que -QI, le pronom hésite entre -01 et
-QI : dans 11 (oï ovojxa, mais les' «LITS), dans 20 (ol ôvo|jia, mais
sep' ÔITÊ), dans 21 (ol ovofAa, mais sep' <IUTS), dans 26 (Tpônwt oï
OÉXOI, mais soe' OTOH ÈXEu9épav sljxev), dans 29 (ôi ovop.a, et èV
«StTs,mais
Tpôjuot. o(ï)xa
DéXtovu),dans 31
(sep' OXTS, mais&i
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374 MICHEL LEJEUNE
ovofAa), dans 34 (01 ôvop.a, mais è»' CÏHTE),et dans 35 (Swutai,
-/} oï xa SwTiaç [6jé[Xï|], mais Su ôvoua, et è<p' ui/re). Dans
trois tcxles enfin le nom/et l'article aussi bien que le pronom
présentent l'une et l'autre (orme; dans 14 (TOÔTTOI.OÏ xa QéXw-
mv, mais wv ovojxa, en face de toi ITuOtot., et de TWI Seûi), dans 18
(oï ovojjia, mais èoe' uns, en face de TOÏ 'A«6XX<im TWI [IU<KWI),et dans 22 (oï [ojvopa, mais Ècp' <5i-s, en face de TOÏ EIUQCCOLet
de TÔH 9ewi).
De concordance entre le pronom et l'article par opposition au
nom, pas davantage. En 27, 30, 32, 36, il est vrai, pronom et
article ont le datif en -ÛI, et la forme -01 n'apparaît que dans le
nom; mais elle n'y apparaît pas de façon constante; on lit dans
27 : TpoTtoi mais nuOîw., (kôu (deux fois), et xaTao*ouXwu.ô5>.;dans 30 : xaTaoouXiTp.oï, mais IluQiw, et 8Î<5 (deux fois); dans
32 : IlufKoi, mais 6ewt (trois fois), et xaTaSouXtaj/iSi.; dans 36 :
xaTaoouXw[A.oî, et 6eoï, mais [IuÔiw.. Ailleurs pronom et arlicle
admettent l'une et l'autre forme (14, 18, 20), ou bien l'article
une seule, le pronom l'une et l'autre (U, 20, 21, 26,29, 31, 34,
35), ou l'inverse (2, 3, 8, 10, 12, 13, 15, 16, 28),ou bien môme»on l'a vu, pronom et article s'opposent (1, 5, 19, 24, 25).
Même incohérence en ce qui concerne respectivement le nom
et l'article. En dehors des cas où l'un et l'autre présentent -OI
(4, 7, 17, 24) ou -QI (1, 5, 11, 19, 20, 21, 25, 26, 29,.31, 34, 35),
une répartition cohérente n'apparaît qu'une fois, dans notre
texte 23 (mur polygonal, janv.-fév. 158, vendeuse et garants
locriens) ; on y lit : T[«I 'AJTSÔXXUVITWI lluOîot, et TÔK ôeoï. On
trouve bien faussi dans 8 : TWI riuQîot, et TWI. Qeoï, mais TOÏ'ATTOXXWVI(aussi n'est-il pas sûr que dans 23 il faille restituer
Et**]'.) ; dans 32 : TWI 'ATOXXWV. TWI IluOîot,, mais TWI Oeût, (à trois
reprises), et èm xaTaSouXitr^w'.; dans 36 : TW1. (isoï, et STÙ x«Ta-
8ouXiff[Aoï, mais aussi TWI 'ÂTcôXXwvt. TW1. UvHlw:. La répartitioninverse apparaît également, mais n'est cohérente nulle part ;
on lit en 22 : TOÏ 'ATOJXXOVI TOÏ Ili»9iw!., mais aussi TWI 'ATUÔXXWVI;
en 9 : TOÏ IluÔtwt., mais TWI 'ATOXXWVI; en 33 : TOÏ Iluôiwi, mais
TWI 'ATCÔXXUVI, et TWI Gewi. Ailleurs, à l'intérieur d'un texte,
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UNE FOKME ÉTOLIENKE A DELPHES 375
s'opposent groupe à groupe : en 14 TOÏ .'ATCÔXXWVI TOÏ IluUoi
d'une part, twt fkwt, de l'autre; en 28 TWI 'ATOXXWVI TWI IIUOÎIOI,
et TOI Qswt, d'une part, TOÏ 9EOÏ de l'autre. Enfin dans huit textesla seule forme en -01 est celle de l'article qui précède le nom
du.dieu :.TOÏ 'ATOXWVI (2, 10), TOÏ 'AuôXXwvt (3, 6, 12, 13, 16, 18).Cette dernière confontration du nom et de l'article est parti-
culièrement instructive; on y aperçoit nettement, en effet, les
deux façons dont la forme vulgaire s'introduit dans nos textes.
Ou bien dans la rédaction d'un même acte se juxtaposent des
expressions des deux types : TWI OetTu et : TOÏ 6SOÏ; langue tradi-
tionnelle et langue vulgaire s'opposent formule à formule ; etd'après la proportion des formules de l'un et l'autre type, il
apparaît que. la forme commune ou que la forme étolienne,
selon les cas, est due à une inadvertance ; ainsi dans notre
texte 14, on lit : TOÏ 'AitoXXom TOÏ riuôiot, 'AitoXXoSûpo'. (trois fois),àXXoi (deux fois) et -pô-Koi ot, mais &'. ô'vo(ua, et TWI 8EWI; inver-
sement, dans notre texte 35 par exemple, on lit : TW>. 'ATTOXXCDVI
ton DuQifaH, «rtôpu* àvSpeïov S)'. 6v[o]f/.* Swcia;, sep' wvrs èXsuQsoov
eluevSuTiav, [TtapsyôvjTw
TWI 9sw'. Tavwvâv,
mais Sfaxrîai7)
oï xa
Swo-Uç [9]s[X-o].— Ou bien entre les deux formes coexistantes
s'établit une sorte de modus vivendi d'où résultent des répar-
titions secondaires, artificielles, du type TOÏ Geûn (9, 22, 33), ou
du type Twt!koï(8, 23, 32, 36).
Or il est un dialecte, l'arcadien, qui, au dalif-locatif-instru-
mcnlal, présente concurremment les formes en-01 et en-01 dès
l'époque où l'écriture permet de les distinguer. On peut envi-
sager deux principes d'explication. D'une part, celui de deux
formes héritées par le dialecte, devenues très tôt équivalentes,
et entre lesquelles, jusqu'à l'époque historique, l'hésitation n'au-
rait pas été résolue, tandis que, de part et d 'autre du domaine
arcadien, l'éléen faisait choix de -01, le dorien de -01. D'autre
part, celui d'une forme étrangère (selon toute vraisemblance -01)
en concurrence avec la forme locale (selon toute vraisemblance
-01), si l'on admet que l'influence des langues communes sur
l'arcadien, manifeste au troisième siècle (proxénies d'Orcho-
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'''S4MK Tïçmj-/'" îî??sn^s«R^pf»js6ç^^E'îS«5rast!»??«sa*ips»é^,i«^gî"8^3»: 8r*»'<f^^araç*;} ï%j&*k *~v* -v?J'-!f«'?!w
376 MICHEL LEJEUNE
mène), se soit exercée dès la (in du cinquième. Les faits, en tout
cas, se présentent comme suit. A Tégée, au quatrième siècle,
-01 domine : dans la loi lustrale (1G Va 4), pas de datif en -ÛI ;dans la loi des travaux publics (ibid., 6'), un seul exemple
(irpo^évtji; 1. 76); dans le règlement politique de 324 (BCH,
XXXVIII, p. 101 sq.), deux exemples de TWI contre dix de TOI,un de aùtôt contre un de OCOTOÏ,les noms ne présentant que -01.
A Orchomène, d'autre part, au quatrième siècle, la synoeciede 352 (1G V2 343) ne nous fournit qu'un nom (8eoî, 1. A 24) ;mais le bornage de 369 {BCH, XXXIX, pp. 53 sq.) présente
une répartition constante de -01 et de -QI respectivement entrele nom et l'article ; ainsi aux 11. 4-7 : àitù TOI ôpîot. rôt rcôç ton
M£X«[ATtoSéoi TÔH... xowoî, et aux 11. 12 et 16-17, par deux fois :
Iv tôt xpop.itoi; il y a de plus, pour le démonstratif, un exemplede x(i)'.vi et quinze de xwivu ; pour les noms, un de ffup.êoXûc-ïpot,trois de j3ou<xol!. On a voulu accorder à cette répartition une
assez grande portée, et pour le parler d'Orchomène, et pourl'ensemble du dialecte arcadien, et même, avec quelques
réserves, pour le groupe dialectal arcado-cypriote (la graphie
cypriote étant ambiguë). Or peut-être à Orchomène même n'est-
elle qu'accidentelle. Nos affranchissements delphiques ensei-
gnent que lorsque, dans un parler, il y a, quelle qu'en soit la
raison, hésitation entre deux formes équivalentes, il peut se
dessiner dés répartitions, variables selon les lieux, les tempset les lapicides. Il est donc imprudent de tirer de ce seul texte
orchoménien dé 369 des conclusions qui le dépassent. D'autant
qu'on possède un texte arcardien plus archaïque (il distingueii de 0, mais pas encore H de E), l'affranchissement du mont
Gotiie (IG V* 4W)-, du dernier quart du cinquième siècle ; et
que ce texte, parfaitement incohérent, se termine par les datifs :
[TJsMt'oXX&m TOI Bas-îfTJai xal TOI Ilavl [T]WI Sivdevu [x]al zkaxi]xt.
TÔUKoTiXéoi xal TS fop9a<na.L'autre aspect de l'incohérence linguistique dans nos actes
delphiques consiste dans la juxtaposition de formules homo-
gènes appartenant les unes au type vulgaire, les autres au type
i^â^fc^
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UNE FORME ÉTOLlENNE A DELPHES 37?
traditionnel. Or le datif étolien apparaît plus volontiers dans
certaines formules que dans d'autres. Il y a ainsi dans nostextes seize exemples de xo~. 'ATWXCOVI. ou xol 'ATroXXom contre
dix-neuf de TÙI''ATOXXMVI ou TÛI 'ATOXMVI (ces seize exemples
appartenant tous d'ailleurs aux prêtrises II à V) ; en revanche,
il n'y a que six exemples de toï IIU8MH (appartenant aux prê-trises II à V), trois de x£>i riuIKoi, trois de xol tluQUoi, contre
vingt-deux de TWI riuQûoi, TW nuôiou, ou TWI EIUQÎW ; et seule-
ment quatre exemples de xol 9eo~.(dont trois des prêtrises II à
V)et trois de twi
Oeoï,contre
vingt-septde tût.
8ewi,TW
8SÙH,ou TW 6sw. De même, en ce qui concerne le relatif, contre six
exemples de &i ovojxa, il y en a neuf de oï ovopi*. (dont huit
appartenant aux prêtrises II à V) ; et certainement nos textes
en présenteraient bien davantage, s'il s'y agissait partout d'es-
claves mâles; en revanche quatre exemples seulement de l<p'oïx£ (dont trois appartiennent aux prêtrises lia V) contre dix
huit de hf' <5we et sep' &xe.
Ces faits vont à l'encontre del'explication phonétique
commu-
nément admise du datif vulgaire en -01 (abrègement de la
diphtongue par généralisation du traitement intérieur, à partir
de groupes étroitement unis dans la parole, par exemple : arti-
cle -f- nom). Car c'est ofoe qui devrait être particulièrement
fréquent, non oï devant ovopia ; c'est xol devant 9eâ>>.ou 9eoï,
devant IluQiwt ou IIutHot,, plutôt que devant 'AnéXXwvi. ou 'Aito-
Xwvi.
II apparaît d'autre part une différence entre la première
moitié (prêtrises II à V) et la seconde moitié du siècle, dans la
façon dont se répartissent les étolismes. La formule xol 'ArcôX-
Xwvi ou xol 'ATO)X<OV(.est une de celles qui présentent le plussouvent le d atif en -01 ; or elle se rencontre dans nos textes
deux fois sur trois jusqu'au texte 24, mais ne se trouve plus
après. De même, à une exception près (14), la formule ol ovojjwtest constante jusqu'au texte 22 ; à partir de 24, à une exception
près également (34), on ne trouve plus que &i ovojxa. Entre le
milieu du second et le milieu du premier siècle, nos étolismes
«KO, XLV, 11)32, n» 213. 2C
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378 MICHEL LEJEUNE
ressemblent de moins en moins à des formules de la langue
parlée introduites dans les textes, et ils ressemblentde
plusen
plus à des fautes.
D'autres remarques mènent aux mêmes conclusions. Sans
doute la langue des acles delphiques est-elle extraordinaire-
ment composite (et c'est pourquoi seule vaut la méthode statis-
tique qu'on a lente d'appliquer ici) ; sans doute, par exemple,
dans notre texte 14 où l'on trouve dix datifs étoliens en -01,
lit-on la forme tout ionienne-attique QéXwo-iv(alors que partoutailleurs se lit la forme « occidentale »
OÉXWVTI).Il n'en reste
pas moins que l'emploi'de -01 apparaît le plus souvent parallè-lement à celui de formes dialectales « occidentales », — mais
seulement dans la première partie du siècle-— (et ceci rejointla remarque précédente). Ainsi le nom du prêtre est lapeû;dix fois sur dix-sept dans nos textes 1 à 19, mais, à une exception
près (33), n'apparaît plus ensuite que sous la forme Upeùç ; le
nom du néocore est vaxôpoç en 19, veuxôpoç de 27 à 34. A la for-
mule « occidentale »[/.àpTupoi
roitapeïç
de nos textes 3, 8, 9,
10, 11, 12, 13, s'opposent dans les textes postérieurs les for-
mules (JtàpTUpoi ot toipeïç (19), [JiâpTupoi toi Upetç (32), (AapTupoi,et tepel; (15, 16, 22, 28, 30, 33), [/.àpiupeç TOI lepeïç (25, 26)*, [/.àp-
Tupeç ot Upetç (14, 17, 18,20). Sur les onze exemples du datif
'ATOXWVI relevés par Rusch dans les dix affranchissements :
GDI. 1761, 1764, 1802, 1891, 1969, 9090, 2030, 2051, 2059,
2019, cinq se trouvent dans nos textes 1, 2, 10 et 13, etquatre
y sont précédés de xoï; notre texte 2 oppose à la forme com-
mune TÙI 'AiréÀÀùm (une fois) la forme locale TOÏ 'ATTOXCOVI(deux
fois).Cet ordre de remarques confirme et complète ce qui est
apparu précédemment. Non seulement les exemples du datif
étolien sont relativement plus nombreux autour des années
170 à 160, mais on a lieu de croire qu'ils y répondent plusexactement à la langue parlée; dans la seconde moitié du siècle,
ils perdent en signification aussi bien qu'en fréquence. Sans
doute la proportion est-elle infime des trois douzaines de textes
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'>?T-7<rvy'^'^ï^'i'^jï^v^^'^ssprg»^
UNE FOHME ÉTOLIENNE A DELPHES 379
où ils apparaissent aux quelque sept cents actes de la même
époqueet à combien d'autres documents; mais cela même a
un sens. Et nos trente-six actes, datés avec précision, sont
assez semblables par leur formulaire, assez riches de variété
dans le détail, pour nous permettre de suivre pendant un siècle
la survie et la disparition d'une forme étolienne populaire à
Delphes.Michel LEJEUNE.
^^.»v-w;--;;^&T*W^vr6>>?#^fâw?mffl%lffî .. „|t{Ét;,
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I..'
LA DESCRIPTION ARTISTIQUE CHEZ LUCIEN
Cette élude est tirée d'un mémoire, « Lucien de Samosate, archéo-
logue et critique d'art », écrit en 1926, en vue du diplôme d'études
supérieures, par un élève de VEcole Normale Supérieure, M. André
Le Morvan, qui fut emporté par un mal foudroyant avant d'avoir pusubir Vexamen, M. G. Fougères, qui en avait proposé le sujet, necachait pas son estime pour un travail où se révèlent une étendue de
recherches, une finesse et une sûreté de jugement peu commîmes. En
offrant ces pages aux lecteurs de la Revue, nous avons voulu, nous
aussi, rendre hommage à la mémoire du jeune archéologue qui donnaitdéjà tant de promesses (TV. D. L. R).
L'étude directe des descriptions révèle tout d'abord chez
Lucien l'absence de véritable esprit scientifique.La composition des tableaux n'a presque pas attiré son atten-
tion. Dans les « Noces d'Alexandre » du peintre Aétion (1) il
se contente d'une indication très générale sur l'appartementoù se passe la scène ; il ne précise pas de quel côté se trouvait
le roi, et laisse sur la disposition des principaux groupes une
liberté presque complète à l'imagination du lecteur. La compo-sition antithétique des « Centaures » de Zeuxis (2) est plus net-
tement indiquée; les plans horizontaux et verticaux sont défi-
nis avec clarté : au premier plan et en bas, la centauresse, au
deuxième plan et en haut, le centaure. Le lien psychologique
(1) Aétion, 4 sq.(2) Zeuxis, 3 sq,
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LA DESCRIPTION ARTISTIQUE CHEZ LUCIEN 381
qui donne à la composition sa forte unité est mis en relief parles détails mêmes sur lesquels l'auteur insiste. Mais rien ne,
rappelle ici un exposé systématique. La « Calomnie »;d'Apelle (1) est décrite avec un souci plus grand d'exactitude ;<nous savons qu'à droite se trouvait l'homme aux grandes
oreilles, prêt à accueillir le mensonge, et que de l'autre côté un
double groupe, logiquement ordonné, lui faisait face : la
Calomnie, escortée de tous les défauts qui forment ses soutiens
habituels, et suivie du Remords. L'idée que nous avons démette;
composition dyssymétiïque et dramatique est donc nette. Mais
lorsque Persée délivre Andromède (2), nous avons toute lati-;tude pour le placer dans la composition à l'endroit de notre
choix : nous savons seulement qu'Andromède assiste à la lutte
du haut d'un rocher. Du « Meurtre d'Egisthe » (3), nous ne
connaissons aucune disposition précise, mais seulement les
actions et les groupes principaux : Oreste tuant Égisthe, Cly-temnestre étendue, les esclaves affolés qui s'enfuient : com-
ment tout cela s'ordonne-t-il ? Presque rien dans Lucien ne
permet de le supposer, et encore est-ce là, de toute la galeriedu Ilepl owtou, la composition la mieux indiquée. Lorsqu'il
s'agit des oeuvres imaginaires et oratoires, comme le « Séjourde Ploutos » (4), la composition est indiquée avec plus de
vigueur : une colline .surmontée d'un portique occupe l'en-
semble du tableau ; du premier plan part un "chemin qui monte
vers le sommet; au seuil, qui détermine un second plan, se
tient l'Espérance pour accueillir les nouveaux arrivants; au'
troisièmeplan,
à l'intérieur dupalais,
est Ploutos. Mais des
éléments essentiels restent vagues. La place de la porte par où
sortira, déçu et dépouillé, le sot admirateur de Ploutos, celle
du Remords qui l'accompagne restent imprécises. Ainsi, même
quand Lucien possède une liberté complète pour créer une
(1) Calom., 5.
(2) De domo, 22.
(3) De domo, 23.
(4) De mercede conductis, 42.
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382 AKDHÉ LE M0KVAN
composition, qui, voulant ôlre démonstrative, gagnerait à être
nette, logique, géométrique, il ne fait aucun effort pour assi-
gner à chaque détail une place rigoureuse. Intellectuellement,il n'a donc pas le sens de la composition artistique ; on ne peutaffirmer qu'il en ait été affectivement aussi dépourvu. Ses des-
criptions, à qui les lit sans idée préconçue, ne paraissent pasfloues ou désordonnées, bien au contraire. C'est que, presque
constamment, il rachète l'insuffisance de précision spatiale parune mise en relief vigoureusement et heureusement graduéedes groupes et des objets principaux; il sollicite vivement
l'imagination du lecteur, qui crée instantanément, sans pou-voir sur le champ douter de la vérité, du sens scientifique de ce
qu'il se représente : la composition s'ordonne d'après la force
des impressions.Les rapports de grandeur, en peinture, ne nous* sont pas
plus accessibles grâce à Lucien que la composition : ni dans le
« Ploutos », ni dans les « Noces d'Alexandre », pas davantagedans la « Calomnie » d'Apelle, dans aucune des peintures de la
galerie, il ne tente de renseigner son auditoire sur ce point.Une seule exception importante : dans le « Zeuxis » (1) il
signale en le soulignant l'heureux rapport des parties au tout:
r/|v TÛV [jiepwv itpp; TO oXov ÎTÔXY)Taxal àpjjioviav. Mais il traduit
là une impression plutôt qu'il ne précise un rapport; il en est
toujours ainsi dans ses nombreuses allusions aux proportionsdes statues, en particulier à celles du Doryphore de Polyclète.On chercherait de même en vain chez Lucien de nombreuses
données sur le dessin. S'il insiste sur cette partie de l'art, c'estpour exprimer un jugement : il signale (2) la pureté du des-
sin de la tête de l'Aphrodite de Cnide (~ô Euypa^piov). En pein-
ture, le « Zeuxis » possède la seule allusion au dessin que
nous ayons pu relever : Lucien vante chez l'artiste (3) l'art de
àicoTswat. T»; ypa.\Lpk<; èç TO eùOôiaTov. Cette expression est obs-
(Ǥ6.
(2) Imagines,6.
(3) Zeuxis, 5.
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LA DESCRIPTION ARTISTIQUE CHEZ LUCIEN 383
cure, si on la traduit mot à mot « tendre les lignes de la façonla plus directe », et semble faire allusion à une certaine
sobriété. Mais eù9û; a aussi bien le sens de « correct »que de« droil » et w; ypajx[i.à<; signifie le « dessin ». La vraie traduc-
tion semble donc être « conformant le dessin à la correction la
plus précise » : la formule est très générale. La couleur a
été moins rarement mentionnée par Lucien : sans doute on
serait déçu si l'on voulait en découvrir dans les « Noces
d'Alexandre, dans 1' « Héraclès Celte », dans l'un quelconquedes tableaux de la Galerie; Lucien n'en a pas eu le souci cons-
tant. Mais il nous indique que la Cenlauresse est étendue sur
un gazon florissant ÈTÙ 7X6711;eùOaXoû; (1), ce qui, indirecte-
ment, fixe le coloris; il loue l'heureuse utilisation des cou-
leurs et de leurs mélanges, TÛV 7pwp.àx(ov àxpt.67JT7iv xpâo-iv (2),et le jeu des ombres provoque son admiration. Après ses
épreuves, l'homme qui a eu la faiblesse de croire en Plou-
los est « jaune pâle » : «à^pô; (3). La « Cassandre » de Polyg-note (4) est remarquable pour la rougeur délicate de ses joues.Le Remords qui suit la « Calomnie » (5) est revêtu de noir,
|jieXavsi|juov. Toutes ces remarques réunies ne permettent pas,loin de là, de voir dans Lucien un critique coloriste : il ne l'est
que par exception.Ainsi ce premier coup d'oeil sur les descriplions de notre
auteur confirme l'insuffisance d'éducation technique que nous
avons cru devoir lui attribuer en étudiant sa biographie : ni la
composition, ni les proportions, ni le dessin, ni la couleur
n'ont été pour lui l'objet de recherches allentives, ni même
l'occasion d'allusions fréquentes.C'est au contraire avec le plus grand soin qu'il note les
détails relatifs à l'expression. Il est moraliste, et c'est toujoursl'âme qu'il cherche à atteindre, en interprétant les traits du
(1) Zeuxis, 4.
(2) /rf., S.'
(3) Derrière, cond., 42.
(4) Dans la Lesché de Delphes, Imag., 7.
(5) Caium., 5.
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384 ANDRÉ LE MOKVAN
visage et les attitudes. Dans les « Noces d'Alexandre », Roxane
a un maintien réservé exprimant une craintive pudeur. Les
épisodes ajoutés au sujet principal, Amours jouant entre euxou portant les armes du héros, « ne sont pas des ornements
superflus » ; ils traduisent au contraire les inclinations guer-rières d'Alexandre et montrent que son amour ne lui a pointfait perdre le goût'des combats. Le « Centaure » de Zeuxis est
admirable par la force avec laquelle est rendue sensible la
férocité du monstre nourri dans les montagnes, malgré tout ce
que son regard a de riant. Les petits, qui tettent leur mère,
unissent déjà à la délicatesse du jeune âge l'air farouche
propre à leur nature, et en regardant le lionceau à la dérobée,révèlent la curiosité naturelle à des enfants. Lorsqu'Apelleréalisa sa « Calomnie », il était sur le coup d'un violent ressen-
timent et se proposait autant de stigmatiser la lâcheté dont il
avait failli être victime que de réaliser une oeuvre d'art désin-
téressée : l'objet lui-même se prêtait exceptionnellement aux
tendances expressionistes de Lucien, et presque tous les traits
prennent dans sa description une valeur morale. Dès le début
il met en relief le geste symbolisant la crédulité de celui quise prépare à accueillir la Calomnie ; il décrit le visage de celle-
ci par les seutimenls qu'il exprime : elle est violemment agi-tée et transportée de colère et de rage. Le jeune homme qu'elletraîne lève les mains au ciel : c'est qu'il veut invoquer les
dieux. La sombre tristesse de l'Envie, l'hypocrisie de la trahi-
son, la douleur honteuse du remords sont, après les précédentes
données, essentielles pour Lucien, qui précise les détails pitto-
resques seulement en fonction des traits moraux. Persée atta-
quant le monstre révèle son audace amoureuse, et dans le
regard qu'Andromède jette sur le drame, on lit une délicate
pudeur. Le regard sombre de Médée (1) exprime sa jalousieen même temps que sa criminelle résolution, et cette âme pos-sédée par la passion fait contraste avec l'innocence pleine de
(1) De domo, 31,
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"^^'"'"'.'^'SVWk'-.^^^WMh
LA DESCRIPTION ARTISTIQUE CHEZ LUCIEN 385
tranquillité que manifestent par leur attitude les deux enfants.
La « Sosandra » de Galamis est signalée pour son expressionde pudique réserve et pour la noblesse dont son discret sourire
est empreint (4).Par cette importance qu'il accorde à l'expression, Lucien
continue une tradition très ancienne. Socrate déjà demande à
.l'artiste de faire du visage le miroir de l'âme. Aristote croyait
pouvoir mettre Polygnote au-dessus de Zeuxis, parce que le
premier était un bon peintre des moeurs et que la peinture du
second ne possédaitpas
celtequalité
(2). Pline l'Ancien même,
malgré sa sécheresse habituelle, se laisse aller parfois à des
détails sur la valeur expressive des oeuvres (3). Il est alors
quelquefois d'une burlesque virtuosité dans l'interprétation
expressioniste : il lisait environ une douzaine de passions sur
le visage du Peuple athénien peint par Parrhasios (4). Le
mérite de Lucien ici n'est donc pas la nouveauté, mais résulte
de la mesure avec laquelle il a interprété les oeuvres ; il évite
toute subtilité vaine, faisant ressortir des traitstoujoursimportants; il les indique avec sobriété et néglige les occasions
de faciles développements.Attentif aux états d'âme, Lucien n'en excelle pas moins à
camper dans leur attitude les personnages principaux ; parfoisc'est grâce à une complète précision de détail : nous connais-sons l'attitude générale de la centauresse couchée et aussi le
geste particulier de chacun de ses membres. D'autres fois, c'est
grâceà la vivacité de son
style.On s'en rendra
compte parla
description du « Zeuxis », qui est sans doute le chef-d'oeuvre
de Lucien critique d'art, le seul où il révèle à la fois des qua-lités de technicien, d'homme de goût, de psychologue. On
pourrait objecter que, à cause de son caractère un peu excep-
(t) lrnag., 6.
(2) '0 pièv Y<ip noXiiyvuxo? dyoi66<; •fiBoypot'fOi;, -f) Se ZEÙÇIÔOÇ YP0"?1*! oûSsv iyji }$(>$.
(Poet., 6).
(3) Plin., XXXV, 63 (Pénélope de Zeuxis); XXXV, 90 (Femme mourante
d'Aristide) ; XXXV, 106 (Philiscos de Protogène).
(4) Plin., XXXV, 60.
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386 ANDRÉ LE MORVAN
tionnel, ce texte n'est pas un bon exemple; rien n'est moins
vrai, car sa valeur résulte non de qualités absentes dans les
autres textes, mais de l'union, en un seul passage, de méritesdisséminés isolément et à des degrés divers dans les autres des-
criptions. Les « Centaures » sont comme un raccourci de la
critique d'art de Lucien.
Littérairement, cette description est ordonnée avec une par-faite habileté. Après quelques renseignements sur le sort du
tableau, Lucien campe immédiatement, sanspréambule inutile,les deux groupes principaux, en précisant avec vigueur les
attitudes des personnages. Au lieu d'indiquer tous les détails
qu'il a remarqués, il en réserve un grand nombre, et, inter-
rompant sa description, fait des réflexions critiques qu'il justifieensuite avec les traits non mentionnés au début. 11 évite ainsi
les répétitions auxquelles il aurait été contraint s'il avait rejetésa critique à la fin. Il assure la progression continue de l'intérêt,en donnant aux derniers détails décrits le double caractère de
documents et d'arguments. Ayant réussi à unir intimement,sans qu'elles se nuisent, la critique et la description, il confère
à l'ensemble une unité pleine de vie, capable d'expliquer en
partie la force de l'impression qui en résulte.
La clarté de son style permet à l'imagination de concevoir les
objets sans effort. L'attitude de la centauresse, fort compliquéeen réalité, et qui aurait pu facilement donner lieu à des expli-cations longues ou confuses, est exprimée avec une aisance
parfaite, en quelques phrases courtes et limpides. La vigueur
pittoresque des épithètes — par exemple de celles qui caracté-
risent le centaure — s'unit à la rapidité vivante de l'exposé.Les détails s'accumulent, enchâssés dans des formules variées
qui évitent complètement la monotonie d'une énumération. La
discrétion avec laquelle sonî indiqués en passant les mérites
techniques de l'artiste est pleine de légèreté. De tout cela résulte
une page haute en relief et harmonieusement fondue. Par des-
dessus tout seremarque
cequi
estpeut-être
ici laqualité
mai-
tresse de Lucien, une complète simplicité : la sérénité du ton,
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LA DESCRIPTION ARTISTIQUE CHEZ LUCIEN 387
où l'admiration perce pourtant, l'absence d'effets oratoires fontune vive impression de sincérité et autorisent à penser que les
centaures sont vraiment un « compte-rendu fidèle et parlant ».N'est-ce point ià ce qu'on doit tout d'abord exiger du critiqued'art, même moderne?
Malgré leur précision moins grande, les « Noces d'Alexandre »
méritent une mention spéciale; on y retrouve les mêmes
qualités générales que dans le tableau précédent, mais ellesmettent plus vivement en relief la merveilleuse délicatesse deLucien. Le moment choisi par l'artiste rendait très difficile à
garder « la mesure entre la solennité un peu froide du tableaud'histoire et la familiarité piquante d'un tableau de genre (1)».Le joli de certains détails pouvait inciter le critique à des
remarques qui eussent enlevé sa noblesse à l'oeuvre. L'intensité
de la scène devait être nettement indiquée, mais sans aucune
exagération capable de faire oublier qu'on avait affaire à des
souverains. Lucien, malgré ses années passées au service de la
rhétorique, a triomphé de toutes ces difficultés avec un tact
irréprochable : aucun détail ne peut compromettre l'équilibredu double sentiment que devait inspirer l'oeuvre.
Les descriptions de Lucien, à première vue, ne révèlent donc
pas des qualités exceptionnelles de perception : nous avons vu,
par exemple, que les indications de couleur y sont rares. Maiscette insuffisance doit être expliquée par une réserve volontaireet non par une pauvreté de sensibilité : bien des textes permet-tent de mesurer ce que furent, en réalité, sa finesse et sa facilité à
s'émouvoir. Le plus significatif, malgré des traces de rhétorique,est peut-être la célèbre description du paon (2). Il ne s'agit plusd'une oeuvre d'art perdue, mais d'une réalité à la portée de
tous; on peut en tirer des conclusions certaines sur Lucien.« Au début du printemps, on voit le paon se promener dans
une prairie, au moment où les fleurs épanouies sont non seule-
ment plus agréables, mais — passez-moi celte expression — plus
(1) M. Croiset, Essai sur la vie et les oeuvres de Lucien, ch; IX, p. 282.(2) Dedomo, 11.
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388 ANDRÉ LE MORVAN
fleuries, quand leurs couleurs sont plus vives et plus pures. Il
ouvre ses ailes, les déploie au soleil, élève sa queue magnifique,
en forme un cercle dont il s'environne, fait admirer les fleursdont il est lui-même embelli, et le printemps qui règne en ses
plumes semble défier la prairie de montrer rien de plus splen-dide. Il se tourne en tous sens, va et vient, et manifeste orgueil-leusement sa beauté. Sa beauté devient plus merveilleuseencore à mesure que ses couleurs se modifient aux rayons du
soleil, et que les nuances les plus riches se succèdent insensible-ment. C'est ce qui a lieu surtout pour les cercles qui sont à
l'extrémité de ses plumes, et dont chacun semble formé descouleurs de l'arc-en-ciel. L'un avait tout à l'heure l'éclat du
bronze, un léger mouvement le fait paraître tout en or; unautre était bleu d'azur aux rayons du soleil; à l'ombre il devientvert. Ainsi les reflets du plumage suivent les variations de lalumière. »
On a rapproché (4) cette page de celle de Buffonsur le même
sujet : plus éblouissante, la peinture de l'écrivain moderne
est pourtant loin d'écraser celle de Lucien ; c'est que celle-cirévèle une attention perspicace et juste, une sensibilité péné-trante et souple, capable de saisir les tons en eux-mêmes, puisdans le jeu multiple de leur relation et de leurs transformations
successives. La délicatesse des détails, la précision de certaines
observations (« les cercles qui sont à l'extrémité des plumes »),la force de l'admiration latente sous les indications objectives,
permettent de conclure à la haute valeur de la perception
visuelle chez Lucien, Il était d'ailleurs immédiatement sensibleà toutes les harmonies, et saisissait intuitivement les heureuses
proportions d'un édifice architectural (2) comme les caractères
propres aux différents modes de la musique ancienne.« Tu m'as appris l'art de jouer de la flûte avec justesse, d'en
tirer par un souffle léger des sons mélodieux, de placer mes
doigts avec précision, de les lever, de les abaisser avec vitesse
(i) M. Croiset, op. cit., p. 271.(2) Cf. Hippias.
«''
'ma
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LA DESCRIPTION ARTISTIQUE CHEZ LUCIEN 389
et toujours à propos : enfin, si je vais en mesure, si mes sons
s'accordent parfaitement avec le chant du choeur, si je conserve
à chaque harmonie le caractère qui lui est propre, l'enthou-
siasme au mode phrygien, le bachique au lydien, la gravité
majestueuse au dorien, les grâces à l'ionien, c'est à tes leçons
que j'en suis redevable (1). »
Critique littéraire par l'importance qu'il accorde a l'expres-sion, Lucien possède pourtant en réalité le don nécessaire au
véritable critique d'art : celui de sentir la beauté des lignes,des formes, des couleurs, des sons, en eux-mêmes, et non en
fonction seulement de ce qu'ils signifient : c'est ce qui lui per-met d'éviter la mauvaise critique déclamatoire;, l'artiste chez
lui a su, quand il le fallait, imposer silence à l'écrivain. Le dia-
logue des Portraits illustre parfaitement les dons de sensibilité
de notre auteur. L'entreprise était audacieuse de dépeindre la
beauté d'une femme à l'aide d'éléments disparates empruntésaux plus grands artistes. Le choix des détails précis impliquaitla libération de la sensibilité à l'égard de l'esprit et des juge-ments généraux tout, faits; il fallait atteindre le concret, le
particulier. Il était nécessaire de ne choisir que des détails capa-bles de s'unir et de s'harmoniser; et l'auteur devait encore
donner à son exposé un tour vif, suggérant d'un mot, le plus
souvent, le mérite spécial de chaque détail. Lucien a triomphéde tous ces obstacles : maîtrisant ses sentiments, évitant les
développements intellectuels, c'est une description exclusive-
ment sensible qu'il nous donne, où flotte pourtant, çà et là,une discrète émotion.
« De l'Aphrodite de Cnide, elle ne prendra que ta tète : nous
n'avons pas besoin du corps, car il est nu. Que la chevelure et
le front, et la ligne si pure des sourcils restent ce que Praxitèleles a faits. Conservons surtout ces yeux humides, brillants de
grâce et de sérénité. Les pommettes des joues, la partie anté-
rieure du visage, c'est l'Aphrodite dans les jardins, oeuvre
(1) Harmonide, I.
MS-SHSSS
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'$?J!5^I35S?*Ï5,SÎ?,!'^5^^ "—Tr '•ir;»^»w~r?.-
390 ANDRÉ LE MORVAN
d'Alcamène, qui nous les fournira; empruntons lui aussi les
mains, l'élégante attache des poignets, et la souplesse des doigtsfinement amincis à l'extrémité. Le contour général du visage,la délicatesse des joues, l'harmonieuse proportion du nez, nous
les demanderons à la statue des Lemniens, par Phidias. C'est
le même sculpteur qui nous donnera l'harmonie de la bouche
et le cou ; nous les prendrons à son Amazone. La Sosandra de
Calamis embellira notre image d'une dignité modeste et d'un
sourire noble et discret ; ce sera d'elle encore qu'elle tiendra la
grâce harmonieuse et décente dans l'art de se draper (1). »On pourrait aisément vérifier que dans presque toutes ses
allusions détaillées à l'art, Lucien a été aussi heureux que dans
cette page. Quels que soient les mérites de ses grandes des-
criptions, il est peut-être encore plus remarquable par la
netteté et la vivacité de ses détails descriptifs, dues à un goûtet à des dons organiques exceptionnels.
Les descriptions de Lucien montrent qu'il n'a pas eu plus
que les autres auteurs la notion nette d'une critique d'art auto-nome ; il la rattache toujours à un ensemble différent, discours,discussion philosophique, etc. Mais ce qui le distingue, c'est
qu'une fois la description engagée, elle devient vraiment libre ;il s'y consacre tout entier, sans arrière-pensée; il en jouit, non
plus en littérateur mais eïi vrai critique. Faisant une grande
place à l'expression, il évite sans doute l'accumulation de détails
techniques et de précisions très minutieuses, mais il faut voir
là le résultat à la fois de son tact et du manque de volonté systé-
matique et scientifique ; ses descriptions sont spontanées; elles
viennent s'insérer dans sa pensée avec une aisance et un natu-
rel parfaits. Malgré tous les mérites de la forme, alerte, vive et
claire, que Lucien a donnée à ses descriptions, la sincérité et
la force de ses impressions sensibles constituent l'explication
principale de sa puissance d'évocation dans les allusions à l'art.
André LE MORVAN.(1) Imag., 4.
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DE LA BONNE FOI DANS LA DÉVOTION ANTIQUE
Dans un récent article de la Revue biblique (1) : Foi ou for-mule dans le culte d'Isis?, le P. Festugière a dépensé beaucoupde science et d'ingéniosité pour retrouver la significationexacte de l'une des sentences que contient la fameuse litanie
isiaquedu Pap. Oxyrh. 1380 (2). On lit en effet à la 1. 152 :
ôpwa'. us (se. Isidem) ol xatà -zbmar-rèv £nwaXoû(u.EVOLLe subtil
critique a 1res bien vu que le verbe principal ôpwm ai fait
allusion à l'épiphanie de la déesse : secourable aux mortels,elle se manifeste à eux dans les songes et vient leur porterassistance. 11 est d'accord aussi avec les premiers éditeurs,
pour donner à èiuxaXoû[ji.Evoi la seule signilication qui con-'
vienne (3) : ceux qui invoquent la déesse, qui lui adressent une
prière (ÈTuxXï|3-t; ou àvàxXvja-i; (4)). Mais il lui a paru que les
mots xareàTÔ TUTTÔVavaient été jusqu'à lui (5) mal entendus, et
après avoir, avec une minutie peut-être excessive, décomposé
l'expression et pesé la valeur de chaque terme, il aboutit à la
conclusion que la phrase doit être traduite : « [tu es vue par]ceux gui t'invoquent de la vraie manière, c'est-à-dire, selon ton
(1) Rev. BibL, 1932, p. 2S7-261.
(2) Oxyrh, Pap., XI, p. 190-220 (règne de Trajan ou d'Hadrien).
(3) L'acception du mot est trop usuelle pour qu'on puisse songer à entendre
par là « les prêtres d'Isis » (Festugière, loc. cit., p. 259).
(4) On comparera les l itanies des prêtres égyptiens, dans l'îlot de Philae,
auprès du tombeau d'Osiris : Diod., 1, 22, 5 : 6pï)vâv àva>ta'Xou|j.évou<; xà xSv BsSv
ôvôfjia'ca.
(5) 11 ne cite que la traduction de Grenfell-Hunt, Oxyrh. Pap., IX, p. 202: thosevyho invoke thee faithfully. On ajoutera celle de Lafaye, Rev. Phil., 1916, p. 69
ceux qui t'invoquent avec sincérité.
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P «rftw v^^^fRfe-'AW^^
392 FERNAND CHAPOUTHIER
vrai nom ». Je doute — si pénétrante que soit l'analyse — que
beaucoup d'adeptes se rallient à cette opinion.On avouera en effet que, s'il arrive à morôv d'avoir dans la
langue des Ecritures le sens de àX-7)6iv6v, l'idée qu'éveille le
plus fréquemment ce mot ou ceux de la même famille (rcurtwç,
TÙo-xiç)n'est point l'idée de vérité, mais l'idée de confiance (1).*0 Tuoréç, c'est celui entre les mains de qui l'on peut se remettre
sans inquiétude, celui qui ne cherche point à duper, qui ap-
porte, dans ses relations avec autrui, des qualités de franchise
et de bonne foi ; tô THOTÔV,c'est la marque de confiance, letémoignage que l'on ne peut récuser. Aussi la rcîartî apparaît-elle comme l'une des qualités essentielles de la toïklix (2). Dans
les siècles qui précèdent immédiatement notre ère, à une
époque où se multiplient non seulement les relations entre
individus divers, mais entre États, la tpùia devient une pré-cieuse vertu. La phraséologie un peu verbeuse des décrets
hellénistiques fait une place importante à la itirciç en même
temps qu'à la toCkiet, à l'eûvoia, à la toi./«av9p(oiûa, pour caracté-riser, en un temps de pactes mutuels, ces dispositions de
sincérité, de fidélité à la parole, d'absence de ruse ou de
« finasserie » (3), souhaitables entre particuliers comme entre
pays.Ces heureuses qualités sont aussi requises dans les relations
des humains avec les dieux; l'eûvowt, la TUTTI? ne définissent
pas seulement, la «piXfotterrestre; elles caractérisent l'eùoiëeta.
Etre bien disposé à l'égard d'un peuple consiste aussi à aller
(1) Cette remarque ne concerne pas seulement la langue attique, mais la langue
épigraphique de l'époque hellénistique.
(2) Sur la confiance dans l'amitié individuelle, cf. Dugas, L'amilié antique, p.
342; sur la confiance entre États, cf. la formule €V xlaxei xai oeiXca, par ex. Syll a,
615, 1. 20 : TtàXw oiaav èv TEÏ 'POJKILOJV oeiXta xal iristet. Sur l'imprécision du terme
oeiXia, cf. Holleaux, Rome, la Grèce et les monarchies hellénistiques, index, s. v.
amicitia.
(3) L'adjectif Ttwtd; est volontiers rapproché de SSoXo.; : Syll. 3, 71, 1.10 : è'crcai
raercà xaï dtëoXa «ai â-KKi ibcavcot xà ait' 'AflTjvaiwv 'PT,yîvotç. Dans l'inscription de
Philadelphie dont je parlerai plus loin, Syll.'*, 985,1. 16, ceuxqui entrent dans le
sanctuaire doivent jurer, SdXov [*Ti9sva p-r\?e dv8pï \ir,[xs yuvaiKi S£8O]T6?.
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DE LA BONNE FOt DANS LA DÉVOTION ANTIQUE 393
faire ses dévotions au dieu qu'il révère (1). Les mêmes hommes
qui apportentde la bonne foi dans la
gestion
des choses
humaines, sauront accomplir avec dévotion le service divin (2);
en l'un et l'autre domaine, ils manifestent TÔ TOSTOV.
Le terme abstrait, à la place du concret mcmç, ne me sem-
ble avoir rien de choquant; il s'accorde bien aux prétentions
d'idéologie un peu vague qui sont de mode à cette époque. Ce
n'est pas en vainque pendant plusieurs siècles historiens et
philosophes se sont employés à étudier les causes des actions
humaines, à retrouver sous les faits occasionnels les mobiles
généraux. On dira TÔ TCWTÔV,comme Thucydide (3) disait TÔ
TOTTÔVTÏJÇ ixoÀiTsîaç en parlant de la bonne foi dans la vie pu-
blique des Lacédémoniens, comme Aristote (4) disait TÔ TUO--
T£iiêiv, parlant de la confiance entre amis; comme Plutarque (3)dit : 'te «piXifitucèv xaî <pt,Xé<rropYovpour définir l'instinct d'aimer.
Agir xaTot TÔ TIWTÔV, c'est agir en conformité avec ce sentiment
de bonne foi qui est en nous. J'ai peine, malgré les fines re-
marques
du P.
Festugière,
à nepas
considérer la locution com-
me une simple périphrase, de sens identique à l'adverbe TUO-TWÇ.
Les dévots en question prient comme il convient à des eùo-e-
Setç, c-à-d. avec sincérité.
Une phrase de VÉloge d'Hélène (6) par Isocrate mérite d'être
rapprochée de la phrase du papyrus. Désireux d'ex*alter la toute-
puissance de la beauté, l'orateur regarde comme un don de la
divine Hélène l'immortalité de son époux Ménélas et de ses
frères les Dioscures. C'est à elleque
les dieux jumeaux
doi-
vent leur vertu de dieux sauveurs (7); grâce au privilège qu'ils
(1) CX. des expressions comme: Syll. 3, 381, 1. 10 : TT\V TOU itaxpôc; TOO éauToy raptTÔ tspov xai Ar,)iiou; eiSvotav. Les fidèles qui pénètrent dans une chapelle privée à
Philadelphie doivent : SÙVOEÏVXÔH OISUOItwtSs, Syll. 3, 985, 1. 24.
(2) Dém., 3e Olynth., 26 : Ta jj.èv 'E>,)aivixà TUTTISÇ, Ta Se rcpàç TOÙÇOeoùç eûce6ô;6ioixeïv.
(3) Thuc, I, 68, 1.
(4) Arist., Mov. Nicom., VIII, 4, 3.
(5) Plut., Vie de l'ériclès, 1.
(6) Elog. Helen.,61.
Mathieu et Brémond [Isocrale, I, éd. Budé) placent lacomposition du discours entre 390 et 380.
(7) Cette même faveur, attribuée par les orateurs a Hélène, est attribuée sur
KEU, XI .V, I9S2, il" 21 :i. 27 .
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394 FERNAND CHAPOUTH1ER
tiennent d'elle, ils accourent dans la tempête et se manifestent
aux pilotes en émoi. Et voici comment s'exprime Isocrate :
OUTWÎ aicro^ Taç x'.jjiàç èvxpveliç s'Swxïv ws-9' âpojjiévou; OTCOTWV SV
T^ QaXàTrr, x'.vSuveûovxwv <r<j)Çet.v,oïtiveç av aitToùî sùa-sëâ); xaxaxa-
XéffwvTa'.. 2?//e leur donna des honneurs à ce point manifestes
que, vus par les marins en péril, ils sauvent ceux gui pieu-
sement les invoquent. Il y a, de 4'un à l'autre texte, une cor-
respondance parfaite./Opw[ji£vou; fait pendant à opwtn; dans le
verbe xaxaxa^étxwvxai on reconnaît le ÈTctxaXoûiJievot.du papyrus ;
xa-rà TÔ TUCTÔVprécise à souhait l'eÙTÊëwi; du discours attique.
La meilleure illustration de la maxime du papyrus se trou-
ve au xie livre de YAne d'or d'Apulée. Le P. Festugière Fabien
vu (1), mais sans s'apercevoir que ce texte, capital pour l'étude
du culte isiaque, fournit la meilleure arme contre l'interpréta-
tion qu'il propose. Lucius, gémissant depuis longtemps sous la
forme d'un âne, aspire à la métamorphose. Il invoque la déesse,
elle apparaît et lui révèle son vrai nom : regina Tsis (2). Le
P. Festugière veut y reconnaître le mot de passe nécessaire à
l'invocation, correspondant au xupi* rl<xiç que fournit le papyrus.Mais qui ne voit que pour que l'argumentation fût probante, ce
mot magique devrait se rencontrer non point dans la réponse de
la déesse, mais dans l'invocation du fidèle? Or dans l'èitîxAY|<nç
désespérée q«e Lucius lance à la déesse (3), je cherche en vain
le verum nomen. 11 n'y est pas (4)r Lucius ne le connaît pas.
Et pourtant la prière n'a-t-elle point été efficace? L'omission
du mot soi-disant essentiel a-t-elle empêché la déesse libératrice
de surgir des ondes, sa tunique lumineuse et constellée d'exha-
le papyrus à Isis, loc. cil.., I. 235 : a[6] AioixoOp[ou? <T]<I>[TTV]p[o"0 ÈitoÎT.aaî; cf. Per-
drizet, Terres cuiles de la collection Fouquel, p. 99. Des monnaies d'Alexandrie
de l'époque de Trajan offrent l'image d'Isis Pharia entro les Dioscures, Poole,
Calai, of greek Coins Brit. Mus., Alexandria, p. 54.
(1) Loc. cit., p. 251 n. 2 et p. 260.
(2) Apulée, Met-., XI, 5, 2.
(a) Apulée, loc. cit., 2, 1-7.
(4) Dans l'expression regina Isis on ne peut nier que le mot essentiel ne soit
le second; l'expression dont se sert Lucius : regina cceli est infiniment plus
vague.
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DE LA BONNE FOI DANS LA DÉVOTION ANTIQUE 398
1er des parfums d'Arabie, et, sur le sol, ses pieds divins de se
poser? Ne devons-nous point ranger Lucius au nombre de ceux
oï xa-îi xô miTTÔv£TCi/.aXo5v~ai?C'est bien la meilleure preuve que,
pour trouver accès auprès de la déesse, point n'est besoin
d'avoir connaissance d'une formule.
Je marquerai en terminant combien la phrase du papyrus,
interprétée comme j'ai fait, témoigne de sentiments opposés à
ceux qu'on a pensé y apercevoir. Je ne méconnais pas l'impor-tance de la magie dans la religion antique; je sais le pouvoir
que les Grecs attachaient au nom ; je n'ignore pas que, dans
bien des mystères, une part de l'enseignement consistait à
révéler le nom de la divinité (1). Mais ce n'est pas ici de cela
qu'il s'agit. Ne déprécions pas injustement la dévotion grecque ;
elle a dépassé le stade primitif de la pure sorcellerie ; elle sait
se proléger contre les incantations du verbe. Chez ce peuplede gens industrieux et trop habiles, que l'atavisme incline
aisément aux roueries du TO>Mp.ïiTiç'OSUTTSÛÇ,humains et dieux
ont trop longtemps souffert de l'esprit de ruse. Prométhée tend
un piège à Zeus et le frustre de sa part de victimes, Minos subs-
titue un autre taureau à celui que lui demandait Poséidon ; la
mythologie est pleine de ces épisodes de duperie. On veut
maintenant, dieux comme humains, se prémunir contre l'abus
des maléfices; il faudra de la bonne foi dans le respect des
pactes. Les dieux n'apparaîtront plus sous la force des simples
formules; une autre chose est nécessaire à la prière ; ce qu'une
inscription de Philadelphie appelle l'àyaÔï; Stàvoia : l'intention,droite (2). Pour apporter leur secours aux mortels en peine,les immortels exigent d'eux, non point encore l'adhésion à un
(1) C'est le cas, en particulier, dans les mystères de Samothrace : Strabon, X,c. 473 : Ta ôvo)Jia'ïa aùiûv È<TTI (xuiTuiâ; Denys Halic, Ant. Rom., 1, 68 : xaTa-
axeuatuai TÔV AipSxvov èvtaûBa (à Samothrace) t'îv 8EWV TOÛTWV tspôv. 3ppf|Tou<; TOÏÇ
àXkO'.i itoioûvT» xà? ÏSiaç OÛTWV ôvo[Jia<Tias.
(2) Syll.i, 985 (i« siècle av. J.-C), I. 50 sqq. : fai; (se. : "AySitmc;) 4Ta6àç] Sia-
voûç TCO;£ÎTO>àvSpâoi xat yuwx\.\h. Cf. encore dans une loi sacrée de Lindos, Ziehen,
Lerjes sacr., 11, 1, p. 364, n° 148, 1 . 5 : (f,vùy.t\v xaôapoûç et le commentaire. On
comparera, dans la « chronique », du Sarapieion A, à Délos : Roussel, Culteségyptiens, p. 72, 1. 33-34 : ÈTBXoïatv 8è oaÙTopeç aièv sjieaOe | àv8pi»iv oï ttatà iteivTa
vdon 8<na cppovsouaiv.
ït]^p^wî
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396 FEUNAND CHAPOUTHIEH
corps de doctrine, la foi (1), mais non plus seulement l'unique
connaissance d'un rituel. Ils demandent, ce que réclament lesamis : la sincérité du coeur. C'est une notion qui me paraîtremonter aux siècles de l'alticisme (2). Elle n'est pointchrétienne; elle n'est point magique ; elle est païenne. Elle
appartient à une religion qui se préoccupe moins d'assurer le
bonheur dans l'au-delà que les bonnes relations dans la vie sur
terre (3). Elle caractérise un peuple qui voit les dieux comme des
hommes et qui, même dans le culte divin, a souci d'humanité (4).
A la question : foi ou formule? posée parle P. Festugièreen tète de son article, nous répondrons : ni foi, ni formule;bonne foi.
Fernand CHAPOUTHIEK.Bordeaux, mai 1932.
(1) C'est dire que je ne partage pas non plus le point de vue, également
extrême, de Reitzenstein, Die hellenistischen Mysterienreligionem 3, p. 234-236,
qui voudrait reconnaître dans la TtCo-nç hellénistique « eine dem Glauben ânhliche.
reliyiôse Kraft », et s'autorise du texte du papyrus.
(2) Mais el le est surtout développée à l'époque hellénistique. L'un des buts — sinon le but essentiel — des cultes à mystères sera de développer ces qualités
morales, cf. Diod., V, 49, 6 (à propos des mystères de Samothrace) : y(vsoGa( tpaai%aX tùatëtaxipous *al Swaiotépoui; xai xatà itâv ps^xiovaç éauTwv TOÙÇ TÛV jjujoTiripttov
xoivwWiaavTai;. Aussi n'est-il point douteux que la prière des gens initiés n'ait été
considérée comme plus efficace; Di.idore le marque bien, lac. cit., Staëeâoiycoii i\ TOOXWVTtôv OEWVèiuï><ivst.a xai 7cap<S<Soi;0<;iv TOC?xivSùvoii; j3of|9aa TOÏ<; éiuica>,effa|iévoi?tûv p.utfiivziav. Les fiOoTai sont en effet, comme l'indiquent les nombreuses pla-
quettes votives de Samothrace, les eûss6eï? par excellence. Dans la traversée des
Argonautes, Orphée invoque les dieux parce qu'il est seul initié, Diod., IV, 43,1.
Mais, si l'initiation act ive la prière, ce serait une erreur de la croire indispensa-ble ; l'exemple de Lucius le prouve bien; l'initiation suit a lors le service rendu au
lieu de le précéder.
(3) On se souviendra des justes observations de Zielinski dans La relit/ion de la
Grèce antique, p. 92.
(4) C'est ainsi que la <fu>.av8pu7tta du Zeus de Panamara consistait moins à
donner d'heureuses espérances d'outre-tombe qu'à convier les fidèles à des ban-
quets pleins d'allégresse, cf. Roussel, BCH, 1927, p. 134 sqq. — Je n'ai pas voulu
aborder, à propos de la courte phrase du papyrus, le problème que nous posenttous les hymnes ou litanies isiaques (cf. Roussel, REG, 1929, p. 155 sqq.) : est-
ce un trait grec? est-ce unirait égyptien du culte d'Isis ? On voit que je suis
enclin à y reconnaître une marque de la pensée grecque, mais le sentiment
exprimé est trop banal et ma connaissance des cultes égyptiens trop imparfaite,
pour que je puisse affirmer qu'on ne trouverait rien de semblable dans les cultesde la vallée du Nil.
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TABLE DES MATIERES
PAUTIE ADMINISTRATIVE ET ACTES DE L'ASSOCIATIONPageB.
Statuts de l'Association i
La médaille de l'Association iv
Membres fondateurs de l'Association v
Souscriptions exceptionnelles pour les Monuments grecs et l'illustration
de la Revue. vt
Membres fondateurs pour les Monuments grecs et l'illustration de la
Revue vu
Anciens président» de l'Association vm
Bureau, Comité, Commissions . x
Membres donateurs décédés xiListe générale des membres au Ie' juin 1932. ; xvm
Périodiques échangés avec la Revue xxxvi
Prix décernés dans les concours de l'Association (1868-1931) ... xxxvm
Actes de l'Association XLVI
Assemblée générale du i juin 1932 LVII
Allocution de M. A. DESHOUSSEAUX, président . LVII
Rapport présenté au n om de la Commission des prix par M. H. Ch.
PUECH, secrétaire général LXVI
Rapport du trésorier xc
PARTIE LITTÉRAIRE
CADIOU (René). Dictionnaires antiques dans l'oeuvre ri'Origène 271
CAHEN (Emile). Pour Virgile 1
CHAKTRAINE (Pierre). Remarques sur l'emploi des formules dans le pre-mier chant de l'Iliade 121
CHAPOUTHIER (Fernaud). De la bonne foi dans la dévotion antique 391
ÇORTE (Marcel de). Notes critiques sur le « De Anima » d'Aristote 163
DAIN (Alphonse). Un manuscrit reconstitué. L'Ambrosiàrius C 262
Inf. (902). 250DOVATOUB (A.) Notes sur Parthénios « Souffrances amoureuses », 27— 195
' 'kmM
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476 TABLÉ DES MATIÈRES
GLOTZ (Gustave). Un livre d'histoire économique 241
HOLLEAUX (Maurice). Études d'histoire hellénistique. La clause territo-
riale du traité d'Apamée (ISS av. J.-C.).. 7KHAPPE (Alexander Haeggerty). Les Charités 15o
LKJEUNE (Michel). Une forme étolienne à Delphes : 366
LE MOUVAN (André). La description artistique chez Lucien 380
MIRAMBEL (André). Remarques sur l'expression du comparatif dans les
parlers modernes de Naxos 293
ROBERT (Louis). Épigraphica 199
ROUSSEL (Louis). Art et folk-lore dans les <t>ap [j.axeuTp (ai de
Théocrite 301
ROUSSEL (Pierre). Le testament du roi de Cyrène 286
CHRONIQUE
CHARBONNEAUX (J.), VALI.OIS (R.), PICARD (Ch.),' DUOAS (Ch.), DAVID LE
SUFFLEUU. Bulletin archéologique 32
RODSSEI, (Pierre). Bulletin épigrapkique 204
COLLART (Paul). Bulletin papyrologique 397
TABLE DES COMPTES-RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES
Mschylus.
The Agamemnon, par J. C LAWSON (A. Puech) 4S3
ALLEN (J. T.). Three emendalions (V. Coulon) 308
Anthologie grecque. Première partie. Anthologie palatine, tome III,
livre VI, par Pierre WALTZ (L. Méridier) 438
ARISTOTE. Physique (V-VIII), tome second, par H. CARTKRON
(E. Bréhier) 442
Basilio Magno (S.). Discorso ai giovani sulla letlura dei classici par
A. NARDI (A. P.) 430
BAVNES (N. H.). Conslantine the Grent and the Christian Church
(A. d'Alès) 450
BEKVE (H.). Griechische Geschichte, I. Von den Anfângen bis Perikles
(P. Cloché) 329BIELMEIER (P. A.). Die Neuplalonische Phaidrosinterprelalion, il ir Wer-
degang und ihre Eigenart (L. Robin) 116
BILL (Cl. P.). Tracking the Grecks (A. P.) 118
BOKNER (R. J.)-SMITH (G.). The administration of justice from Homer
to Aristotle{G. Glotz) 339
BRÉHIER (E.). Histoire de la philosophie, Tome 1, VAntiquilé et le
Moyen Age; 111, Moyen Age et Renaissance (H. Ch. Puech) 461
Bulletin of the Metropolitan Muséum of Art, vol. XXV ; vol. XXVI
(Ch. Picard) 114, 344
CAHEN (E.). Callimaque et son oeuvre poétique.—
Les Hymnes de Calli-mague, commentaire explicatif et critique (A. Puech) 310
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TABLE DES MATIÈRES 477
Cambridge ancient Hislory, vol. of plates III, par C. T. SELTMANN
(P. Cloché) 331
Cataloguscodicum astrologorwm graecorum. Codieum Parlsinorum
partent primam descripsit F. CUMONT (H. Gh. Puech) 462
Catalogue of Latin and vernacular alchemical Manuscripts in Great
Britain and lreland dating from before the XVI Ceniury, par SIN-
GER (D. W.), ANDERSON(A.), ADDIS (B.) (H. Gh. Puech) 465
CATAUDFXLA (Q.). Drammi cristiani greci. — Poesia cristiàna antica
(A. P.) 443
COONASSO (L.). Letture e terni greci per i Licei (A. P.) 431
COLLOMP (P.). La critique des textes (A. Puech) •. 429
COLOMBI (M. P.). Rappresentazioni figurale del mimo (Gh. Dugas) 432
COMAN (J.). Vidée de la Némésis chez Eschyle (A. P.) 442
Commentaires de Pappus et d e Tkéon d'Alexandrie sur VAlmageste.Tome l. Pappus d'Alexandrie, Commentaire sur les livres S et C de
VAlmageste par A. RO^E (A. Rivaud) 422
Corinth, vol. III, part. I. Acrocorinlh. excavations in I9ÎB, par C. W.
BLEGEN, STILLWELL, O. BRONEER, A. R. BELLIMGER 314
— vol. V. The Roman villa, par Th. L. SHKAR (Ch. Picard) 313
— vol. VIII, \"> partie : Greelc inscriptions par B. D. MERITT (S. de
Ricci) ;. 441
— vol. VIII, 2e partie : Latin inscriptions, par A. B. WEST (Gh. Picard). 434
— vol. IX, Sculpture, par Fr. P. JOHNSON (Ch. Picard) 343
CONTENAU (C.) et CHAPOT(V.).
L'artantique
: Orient-Grèce-Rome
(Ch. Picard) 4B5
Corpus vasorum antiquorum, fasc. 5, par H. B. WALTERS et E. J. FOHS-
DYKE ; fasc. 6 par II. B. WALTERS (11. Vallois) 338
COTTAS (V.). Le théâtre à Byzance. — L'influence du drame « Christos
Paschon » sur l 'art chrétien d'Orient (J. E.) 425
DELAGE (E). La géographie dans les Argonautiques d'Apollonios de
Rhodes. — Biographie d'Apollonios de Rhodes (A. Puech) 319
DELATTE (A.). Anecdota Atheniensia. Tome I. Textes grecs inédits rela-
tifs à l'histoire des religions (H. Gh. Puech) 4S9
DELCOURT (M.). Euripide et les événements de 431-424 (L. Méridier). ... 322
DÉMÉTRUIS CYDONÈS. Correspondance, par G. CAMMEI.LI (E. Renauld) . 238Demosthenis orationes, III, par W. RENNIE (A. P.) 429
DERENNE (E.). Les procès d'impiété intentés aux philosophes à Athènes au
ve et au iv« siècles avant J.-C. (P. Cloché) 329
Diarium Martini Crusii 1598-1599 par W. GOEZ et E. CONRAD (A. P.) 430
DIESENDRUCK (Z.). Slruktur und Charakler des platonischen Phaidros
(L. Robin) 115
EDGAR (C C). Zenon papyri in the University of Michigan Collection
(P. Collart) 351
Études sur l'histoire et s ur l'art de Byzance. Mélanges Charles Diehl
(R. Guilland) 315EURIPIDE. Iphigénie à Aulis, par A. WILLEM (L. M.) 119
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i-W
4Î8 TABTE DES MATIÈRES
Excavations at Dura Europos par P. V. C. BAUH et M. P. ROSTOVTZEFF
(Ch. Picard).............. 333
FALCO (V. de). L'epigramma atlribuito a Pisandro (A. P.) 431
Eestschriftfih* James Loeb (Ch. Picard) 413
FONTOYNONT (V.) Vocabulaire grec commenté et sur textes (L. M.) 355
Genava, IX (Ch. Dugas) 432
GERBTINGER (H.). Mitteilungen aus der l'apyrussammlung der National-
bibl iothek in Wien (P. Collart) 449
GRADENWITZ (0,), BILABEL (Fr.), PFEIFFER (E.), LAUBR (A.). HeidelbergerKontrdrindex der griechischen Papyrusurkunden (P. Collart) 354
r.pann.aTix*ri. TOit'Oi xat *avôveç tf|î xoivûç Ô(JLIXOU |J.ÉVT|;
NeoeAXT,vi*f,« (H. Pernot) 438
GRAMDE (C. del). Archiloco.—
Espressione musicale dei poeli greci(A. Puëeh) '. 119, 446
Guides bleus : Grèce, par Y. BÉQUIGNON (Ch. Dugas) 444
HENRY (P.). Les églises de la Moldaoie du nord, des origines à la fin du
xvr 5 siècle. Architecture et peinture (J. E.) 327
Hesperia, vol. I, 1932 (Ch. Picard)... 4SI
HOBY (G. W. P.). The use of the optative mood in the Works of SI. Gre-
gory of Kyssa {L. Méridier) 234
Homer. lliada, càtit primer (A. P.).'..:...... 325
Homeri Iliàs, par Th. W. ALLEN (L. Méridier) 435
HOWALD (E'.).' Die griechische Tragbdie (L. Méridier) 311
HUMBERT (J.'). La disparition du datif en grec {du i" au xe siècle) (M. Le-
jeune) '..;.. ........ 237
— Polycratès. L'accusation de Socrale et le Gorgias (H. Ch. Puech) .... 463
lu.lG (L.). Zùr Formdér Pihdarischen Erzaehlung. Inlerpretalionen
und Untersuchungen (A. Puech) r 452
.TARDÉ (A.). Athènes ancienne (Ch. Picard).. 335
JOHNSON (A. Ch.) et U'OLSBN (H. B. van). Papyri in the Princeton Univer-
sity Collections (P. Collart).... ' 353
KIKAUKA (P.). Mètres de la poésie grecque monodigue (A. Piiech) 440
KOCH [H.). Apollon unda Ap'ollïries » (Ch. Picard). 318
KYRIAKIOÈS'(S. P.). Spqixtxà taÇetSia (Ch. Picard) 319MARTIN (J.)l Symposion, die Gëschichte ëiner li lerarischen Form (A. P.).. 346
Massimo C'on'fessorè' (S.)'. La Mislagogia e allri sçritti, par R. CANTA-
REI-LA (R. Guillarid) 348
MATAKIEWICZ (H.). De Hercùlis ad inferos descensu (A. Puech) 453
MEUNIER (M.). Sàppfio, Ahaeréon et Anacréontiques (A. Pùeeh) 447
MILLET (G.). Monuments de l 'Athôs. I. Les Peintures (S. der N'ersessian). 320
Monumenld Asiaè Hinàris antiqua, vol. 111 : Denkmàler aus dent Rauhen
Kilikien, par J. KEII. et Ad. WII.HELM (P. Roussel) '.;.. 424
MULLER (V.). FrilhePlastïk ïn Griechènlarid und'Vorderasien[i. Char-
bonneaux) „'. 111MUNNO (G.)'.'Lëvia, Stùdi et profili su là letleralùra greca e làtina(L.
'"Ttféridiér):.'.:.'.'.'.".. :./.' .' .' .;.' ...' ' ..". '....' ....- 436
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v.*..^,.,^ -^^^msw^.-^; > ,ppr/4^ j^&t^j£$/%ù%$j?tâ#4s
TABLE DES MATIÈRES 479
Ml)RPHY.(Sister M. G.). Si. Basii und Monasticism (A. P.) .. 119
MURRAY (G.), BAILEY (C.), BAHBER (E. A.), HIOH'AH (T. F.), BOWRA (C, M.),
The Oxford Book of Greek Verse (L. Méridier).. 233
O'NBII.L (J. G.). Ancienl Corinth. Part. I. From the earliest times lo >tOi
B. C. (Ch. Picard) 312
OVIKK (Dr. B. J. H.). Philosophische ErkUlrung der plalonischen Dialoge
Meno und Hippias Minor (E. Bréhier) , 347
PARRY (M.). Studies in the epic technique of oral verse-making. Homer
and Hpmeric Style (A. P.) '. — 326
PHII.IPPART (II.). Iconographie des Bacchantes d'Euripide (Ch. Picard)... 316
PICARD (Ch.). La vie privée dans la Grèce classique (L. Méridier) 3S6
PLATON. OEuvres complètes. Touie XIII, 2e partie; 3" partie, par J. SOUILHÉ
(L. Méridier) 234, 236PLATON. OEuvres complètes. Tome V, llc partie, par L. MÉRIDIER (A.
Puerii).... , 431
PLATON. Ausgewàhlte Schriften. IV. Protagoras, par Dr. W. NESTLÉ
(L. Méridier) , , ,..,... 327
PI.OTIN. Ennéades, V, par E. BRÉHIER (A. Rivaud).. 426
POUTIS (N. G.). 'EAÀT,VIXT, Bt6XioYpaoe(« (H. Pernot) 4SI
Pollucis Onomasticon, par E. BETHE (A. Puech) 428
Prolegomenon Sylloge, par H. RARE (A. P.) 430
BADET (G.). Alexandre le Grand (R. Cohen) 427
RKINACII (S.). Amallhée. Mélanges d'archéologie et d'histoire (Ch. Picard). 332
RICHTER (G. M. A.). Animais in Greek Scidplure (Ch. Picard) 341
RITTER (Dr. C;). Die Kerngedanken der platonischen Philosophie (E.
Bréhier) 347
RODENWALDT (Dr. G.). Neue deulsche Ausgrabungen (Ch. Picard) 336
ROHDE (E.). Psyché, éd. française par A. REYMON» (H. Ch. Puech) 460
liomano il Melode. Inn, par G. CAMMELLI (R: "Guiltand) 348
ROSE (H. J.). Modem methods in classical mythology (Ch. Picard) 317
SCHABMER (R.). 'EiUTffi |AÏ| et TC£VÏ|. Élude sur les notions de connais-
sance el d'art d'Homère à Platon (A. Rivaud) 323
SCHWAHN (W.). Das Burgerrechl der sympolilischen Bundestaaten bel
den Griechen (P. Cloché)...', , 331Séria Rudbergiana, éd. H. Holst et H. Morland (A. P.) 439
SILVA (A. da). A religiao grega (A. P.) '.' 326
SMITH (H. R. W.). The origin of Chalcidian ware (Ch. Dugas) 448
SPHEY (J.). Literarische Slûcke und Verwandtes (P. Collart) 354
STAEHLK (K.). Die Zahlenmystik bei Philon von Alexandreia (E. Bréhier). 442
Studi Bizantini e Neoellenici, vol. II I (R. Guilland) 433
Suidae Lexicon (Pars II, A-6), par A. ADLER (A. Puech) 428
Symbolae Osloenses, fasc. X (A. P.) 452
TANNEHY (P.). Mémoires scientifiques, IX. Philologie, par J.-L. HEIBERQ
(P.-M. Schuhl) 338
TARN (W. W.). Seleucid-Parthian Studies (P. Cloché)...,....,,...................., __ 332
TEODORETO. Terapia dei morbi pagani, par N. FESTA (R. Guilland) 348
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480 TABLE DES MATIÈRES
THIEL (J. H). Anliplwns erste Tétralogie (L. Gernet) 437
TRAMOHTANO (R.). La lel/era di Aristea a Filocrate (A. Puech) 428VAOANAY (L.). L'Évangile de Pierre (A. Pucch) 239
VAILLANT (A.). Le « De aulexusio » d e Méthode d'Olympe, version slave
et texte grec édités et traduits en français (A. Puech) 324
VIEILLEFOND (J. R.). Jules Africain. Fragments des Cestes provenant de
la Collection des Tacticiens grecs (A. Pucch) 446
WEIZSAECKER (A.). Unlersi/chungen iiber Plularchs biographische Technik
(A. Puech) 345
WESTERJIANN (W. L.), et KEYES (C. W.). Tax lists and transporlation
rescripts from Tlieadelphia (P. Collart) 444
WIFSTBAND (A.). 'Eixdta. Emendalionen und Interpretalionen zu grie-chischen Prozaikern der Kaiserzeit. I. Dion und Josephus (A. P.) 345
WOOLLEY (G. L.). Les Sumériens (P. Cloché) 328
XENOPHON. Anabasis, par C. MODE (A. Puech) 342
XENOPHON. Anabase, par P. MASQUEUAY (A. Puech) 342
Yale classical Studies, vol. I l (A. P.) 344
ZORBLL (Pr.). Lexicon Novi Testamenli (A. d'Alès) 424
Bon à tirer donné le 30 décembre 1932.
Le rédacteur en chef, Louis MÉRMIIER.
LE PUY-EN-VELAY. IMl'RIMEllIE C< LA HAUTE-LOIRE ».
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illilJ^S^^ -
TABLE DES MATIÈRES
PARTIE LITTERAIRE
Pages.
Emile CAIJEN. — Pour Virgile 1
Maurice HOLLEAUX. — Études d'histoire hellénistique. La
clause territoriale du traité d'Apamée (188 av. J.-C).. 7
CHRONIQUE
J. CUARBONNEAUX, R. VALLOIS, Ch, PICARD, Charles DUGAS,
DAVID LE SUFFLEUR. — Bulletin archéologique 32
BIBLIOGRAPHIE
«Comptes rendus bibliographiques 111
Le Comité de l'Association pour l'encouragement des éludes grecques
se réunit le premier jeudi non férié de chaque mois, excepté enaoût, septembre et octobre. Tous les membres de l'Association
peuvent assister aux .séances avec voix consultative.
La Bibliothèque de l'Association (Sorbonne, salle des conférences de
grec), est ouverte le mardi de 4 h. 1/2 à 5 h. 1/2, et le samedi de
2 h. à 4 h.
La lievue des fîludes grecques est publiée quatre fois par an
(rédacteurs en chef : MM. Louis MÉMDIKR et Pierre ROUSSEL).
Prix d'abonnement : Paris *. > 60 »
Départements 60 »
Etranger 78 »
Un numéro séparé 20 »
l.e Puy-en-Volay. — Imprimerie La Huute~Loirt
7/29/2019 Revue Des Etudes Grecques 45, 1932
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TABLE DES MATIERES
PAR TIE ADMINIS TRA TIVEPages.Statuts de l'Association i
La médaille de l'Association ivMembres fondateurs de l''Association v
Souscriptions exceptionnelles pour les Monuments grecs etl'illustration de la Revue . vi
Membres fondateurs pour les Monuments grecs et l'illustrationde la Revue . vu
Anciens présidents de l'Association vinBureau, Comité, Commissions xMembres donateurs décédés xiListe générale des membres au 1" juin 1932 xvm
Périodiques échangés avec la Revue xxxvtPrix décernés dans les concours de l'Association xxxvmActes de l'Association ._ XLVIAssemblée générale du 9 juin 1932 , LVH
Allocution de M. À. DESROUSSEAUX,président LVTI
Rapport présenté au nom de la Commission des prixpar M. H.-Ch. PUECU, secrétaire général LXVI
Rapport du trésorier xc
PARTIE LITTÉRAIRE
Pierre CUANTRAINE. — Remarques sur l'emploi des formules
dans le premier chant de l'Iliade 121Alexandre Haeggerty KRAPPE. — Les Charités 155Marcel DE CORTE. — Notes critiques sur le « De Anima »
d'Aristote 163A. DOVATOUR. — Notes sur Parthénios « Souffrances amou-
reuses », 27. 195Louis ROBERT. — Epigraphica , 199P. ROUSSEL. — Bulletin épigraphlque 204Comptes rendus bibliographiques 233
Le Comité de l'Association pour l'encouragement des études grecques
se réunit le premier jeudi non férié de chaque mois, excepté enaoût, septembre et octobre. Tous les membres de l'Associationpeuvent assister aux séances avec voix consultative.
La Bibliothèque de l'Association (Sorbonne, salle des conférences degrec), est. ouverte le mardi de 4 h. 1/2 à 5 h. 1/2, et le samedi de2 h . à 4 h .
La Revue des Eludes grecques est publiée quatre fois p:ir an(rédacteurs en chef : MM. Louis MÉRIDIEN et Pierre ROUSSEL).Prix d'abonnement : Paris fiO »
Déparlements 60 »
Etranger 75 »
Un numéro séparé 20 »
Le Puy-en-Velav. — Imprimerie La Ifaute-Loiri
7/29/2019 Revue Des Etudes Grecques 45, 1932
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