INSTITUT DE FORMATION EN MASSO KINESITHERAPIE
- BERCK-sur-MER -
PRISE EN CHARGE MASSO KINESITHERAPIQUE
D’UN PATIENT CERVICALGIQUE ET
LOMBOSCIATALGIQUE CHRONIQUE
The physiotherapy taking care of a patient affected by a chronical cervicodynia and lumbago-sciatica
Etude d’un cas clinique effectuée dans le service du Docteur Arnold au centre de Médecine Physique et de Réadaptation de Salins-les-Bains
Période du stage : du 3 septembre au 12 octobre 2007
Encadrement Médical : Docteur Vacelet
Encadrement Masso Kinésithérapique : Mr Petitnicolas (cadre de santé) Mr Pasian
Elodie VINCENT D.E. Session 2008
SOMMAIRE RESUME
I. BILAN ET DIAGNOSTIC KINESITHERAPIQUE……………………………… ……………..……p 1
I.1 BILAN DU 6/09/07…………………………………………………………………………..………p 1
I.1.1 Dossier médical et interrogatoire de Mr A.................................................................................p 1
I.1.2 Projet de Mr A..…………………………………………………………………….………….p 1
I.1.3 Principes et précautions……………………………………………………………….……….p 1
I.1.4 Bilan algique…………………………………………………………………….……………..p 2
I.1.5 Bilan morphostatique……………………………………………………………….………….p 2
I.1.6 Bilan palpatoire…………………………………………………………………………….…..p 2
I.1.7 Bilan cutané trophique vasculaire……………………………………………………………...p 3
I.1.8 Bilan articulaire………………………………………………………………………………..p 3
I.1.9 Bilan musculaire……………………………………………………………………...………..p 3
I.1.10 Bilan neurologique…………………………………………………………………………....p 4
I.1.11 Bilan fonctionnel……………………………………………………………………………..p 4
I.1.12 Profil psychologique………………………………………………………………………….p 4
I.2 DIAGNOSTIC KINESITHERAPIQUE……………………………………………………………..p 4
I.3 OBJECTIFS THERAPEUTIQUES……………………………...…………………………………..p 5
II. TRAITEMENT KINESITHERAPIQUE…………………………………………………… ………...p 5
II.1 REDUIRE LES DOULEURS ET LES SIGNES D’ACCOMPAGNEMENT……………………...p 5
II.1.1 Massage décontracturant du dos……………………………………………............................p 5
II.1.2 Les pompages……………………………………………………………………...………….p 5
II.1.3 Technique du tenu relâché…………………………………………………………………….p 6
II.1.4 Dépressomassage……………...……………………………………………...……………….p 6
II.2 RETABLIR LES FONCTIONS DEFICITAIRES…………………..................................................p 7
II.2.1 Prise en charge rééducative en groupe………………………………………………………..p 7
II.2.2 Prise en charge rééducative individuelle………………………………….............................p 10
II.3 EXPLIQUER ET DEDRAMATISER LES DOULEURS ET LES HANDICAPS……..…………p 11
II.4 RETABLIR DES ACTIVITES DE LOISIRS……………………...……………………………...p 11
II.5 METTRE EN PLACE DES MESURES PREVENTIVES SECONDAIRES……………………..p 12
II.5.1 Le transfert monobloc associé à la ventilation abdominale inversée………………………..p 12
II.5.2 Le verrouillage lombaire…………………………………………………………………….p 12
II.5.3 Conseils d’économie rachidienne…………………………………........................................p 12
II.5.4 Apprendre à se relaxer…………………………………………………...…………………..p 13
III. DISCUSSION…………………………………………………………………………………………. p 13
IV. CONCLUSION……………………………………………………………………………………….. p 17
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
RESUME
Mr A. est admis au centre de Médecine Physique et de Réadaptation de Salins-les-Bains, le 4/09/07,
pour une prise en charge pluridisciplinaire de lombosciatalgies associées à des cervicalgies, le tout
évoluant dans un contexte de chronicité. Durant 6 semaines, Mr A. est intégré, avec 4 patients
lombalgiques chroniques, dans un programme de remise en condition physique.
Le bilan initial de Mr A. met en évidence un syndrome de déconditionnement associant une
diminution de la mobilité rachidienne, une hypoextensibilité de la chaîne postérieure et un déficit de
force et d’endurance des muscles rachidiens et sous pelviens. Tout ceci entraîne d’importantes
répercussions sur la marche et sur la vie quotidienne et socioprofessionnelle de Mr A., sans
profession depuis 2000.
Notre dominante thérapeutique, semblable à toute l’équipe soignante, est basée sur le
reconditionnement global, l’apprentissage d’exercices d’autorééducation et d’une nouvelle hygiène
de vie. La journée de Mr A. est divisée entre activités communes (marche, gymnastique, piscine,
ergothérapie, kinésithérapie) et séances individuelles de masso-kinésithérapie consacrées aux
cervicalgies.
Les objectifs des séances de kinésithérapie de groupe sont :
- apprendre les transferts avec la ventilation abdominale inversée
- améliorer la mobilité rachidienne et sous pelvienne, gagner en extensibilité
- renforcer les muscles rachidiens et sous pelviens
- intégrer des exercices d’auto-rééducation d’étirement et de renforcement musculaire afin
que les patients entretiennent à long terme leur condition physique.
La prise en charge individuelle de Mr A. comporte :
- des massages et des dépressomassages du dos, des manœuvres de pompages lombaires et
cervicaux, du tenu relâché sur le piriforme et l’ilio-psoas à visée antalgique
- un travail de la mobilité cervicale grâce à la reprogrammation oculo-cervico-cinétique et
par l’apprentissage d’auto-étirements cervicaux
- un entretien de la force et une amélioration de la proprioception des muscles du cou par
utilisation des destabilisations rythmiques.
Au terme des 6 semaines, Mr A. montre une nette évolution de ses états physique et psychologique,
avec une diminution importante des douleurs, une amélioration de la mobilité rachidienne, une
meilleure résistance aux efforts, la marche étant plus physiologique. Cependant, la sciatique à
moindre intensité est toujours présente.
Mots clés : autorééducation - cervicalgie – douleur chronique - kinésithérapie – lombalgie
Key-words : self-posture – cervicodynia – chronical pain – physiotherapy – lower back pain
I. BILAN ET DIAGNOSTIC KINESITHERAPIQUE
I.1 BILAN DU 6/09/07
I.1.1 Dossier médical et interrogatoire de Mr A.
Mr A., âgé de 52 ans, souffre de cervicalgies et de lombosciatalgies (annexe 1). Célibataire sans
enfant, il vit avec son père dans un appartement au premier étage sans ascenseur. Il est droitier et
assume seul les tâches ménagères.
Mr A. a été soudeur sur des chantiers. Il a présenté des sciatiques à répétition et des cervicalgies,
calmées par des traitements antalgiques. En 2000, la recrudescence des rachialgies et l’opération
d’une épicondylite (seul antécédent chirurgical) l’ont contraint d’arrêter de travailler. D’octobre
2000 à février 2002, il a effectué des formations pour travailleur handicapé qui n’ont pas abouti.
Depuis, il touche le Revenu Minimum d’Insertion et a cessé toutes activités de loisirs (pêche et
promenade dans la nature).
Les examens radiologiques montrent des lésions dégénératives au niveau L5-S1 et de C4 à C7
(annexe 2). A ce jour, Mr A. ne porte pas de contentions de type : ceinture lombaire, minerve. Les
séances antalgiques de kinésithérapie libérale ne l’ont pas soulagé.
La prescription médicale impose une prise en charge pluridisciplinaire en groupe pour
reconditionnement global ainsi qu’un traitement masso-kinésithérapique individuel (30min par jour)
associés à un traitement médicamenteux comprenant Bi Profénid (anti-inflammatoire), Topalgic à
libération prolongée (antalgique) et Ogast (protecteur gastrique).
I.1.2 Projet de Mr A.
Mr A. souhaite une atténuation des douleurs cervicales et lombaires de 50% et retrouver une
autonomie dans les activités de la vie quotidienne. Il n’évoque pas la possibilité de reclassement
professionnel.
I.1.3 Principes et précautions
- Respecter la douleur et ne pas être irritable. Le traitement comportera des moments de
détente.
- Eviter les nombreux changements de positions lors du bilan initial.
- Etre vigilant face à tous problèmes discaux, neurologiques et cardio-vasculaires.
- S’assurer de la motivation du patient.
- Veiller à ce que le patient ait bien compris les conseils d’hygiène de vie pour prévenir les
récidives.
figure 1 : vue de dos
I.1.4 Bilan algique
Mr A. souffre de douleurs chroniques dans les régions cervicale et lombaire évaluées à 7,5/10 sur
l’Echelle Visuelle Analogique (EVA) lors du bilan.
Au niveau cervical, Mr A. nous décrit une sensation de tension permanente, de lourdeur englobant
la nuque jusqu’aux épaules.
Au niveau lombaire, Mr A. se plaint de douleur en barre complétée de sensations de brûlures de
topographie radiculaire L5-S1 gauche (annexe 3). Le dérouillage matinal est d’environ un ¼
d’heure. La chaleur, les changements de positions et le repos sont des facteurs minorants (EVA
5/10). Les longs trajets en voiture, les efforts physiques sont des facteurs majorants la douleur.
L’autoquestionnaire de Dallas (annexe 4) nous indique que la douleur a d’énormes répercussions
dans la vie de Mr A.
I.1.5 Bilan morphostatique
Taille : 1,72m Poids : 78kg
Pas de différence de longueur des MI.
Observation dans le plan frontal :
- de face : à gauche, élévation d’épaule et angle
thoraco-brachial diminué
- de dos : le cou nous apparaît effacé (figure 1)
Observation dans le plan sagittal :
- l’axe sagittal traguien n’existe pas (figure 2)
La mesure des flèches nous indique une antéprojection de la
tête ainsi qu’une diminution de la courbure lombaire.
I.1.6 Bilan palpatoire
Par la technique du palper rouler, nous mettons en évidence des adhérences et des cellulalgies sur
les régions dorsale haute et lombaire. Des contractures importantes siègent sur les muscles cervico-
scapulaires (prédominance sur les trapèzes) et sur les paravertébraux essentiellement lombaires. La
palpation du piriforme gauche est douloureuse et son étirement reproduit la sciatalgie de
topographie L5/S1. Les psoas sont toniques et douloureux à la palpation abdominale. Rien n’est à
signaler lors de l’examen palpatoire des processus épineux, des épines iliaques, des sacro-iliaques et
des ligaments ilio-lombaires.
figure 2 : profil
gauche
I.1.7 Bilan cutané trophique vasculaire
Pas de signes de phlébite.
I.1.8 Bilan articulaire
Au niveau cervical [1], le test de Klein (extension haute et rotation en décubitus dorsal) qui nous
permet de diagnostiquer une insuffisance vertébro-basilaire est négatif.
Mr A. présente une diminution globale de la mobilité (annexe 5) due à la douleur modérée en fin
d’amplitude. Le patient décrit des « craquements » et des « pétillements » lors du mouvement de
circumduction du cou. L’antéposition, la rétroposition et l’autograndissement sont bien effectués.
Le test de pression axiale est douloureux en extension haute ce qui peut indiquer une inflammation
des processus articulaires postérieurs.
Au niveau du complexe de l’épaule, la mobilité passive des scapulas est diminuée. La rotation
latérale active d’épaule déclenche des douleurs dans la nuque et la rotation médiale est limitée
(main aux lombaires).
Après mesure de la variation d’ampliation thoracique en inspiration et en expiration forcées, nous
notons une diminution de la mobilité thoracique au niveau xiphoïdien (mesure +3cm ; la norme est
comprise entre +5 à 7cm).
Au niveau dorsolombaire, toutes les amplitudes sont limitées par la douleur et la raideur dans un
second temps (annexe 5).
Au niveau lombaire, le test de Schöber [2] donne un résultat à 10+3 ce qui nous indique une légère
diminution de la dynamique lombaire (annexe 5). La manœuvre de congruence articulaire à gauche
(extension/inclinaison homolatérale/rotation controlatérale) déclenche une douleur à gauche au
niveau des processus articulaires postérieurs L5/S1.
Au niveau des MI, les amplitudes sont fonctionnelles.
I.1.9 Bilan musculaire(annexe 6)
Force musculaire :
Déficit musculaire des abdominaux [3] et des muscles sous pelviens à gauche.
Les spinaux [3] et les muscles cervicaux (antérieurs et postérieurs) n’ont pu être testé en raison de la
douleur.
Pas de déficit musculaire aux membres supérieurs (MS).
Extensibilité : hypoextensibilité plus marquée à gauche qu’à droite sur l’ensemble des muscles sous
pelviens.
I.1.10 Bilan neurologique
La manœuvre de Lasègue [4] est positive à gauche dès 60° de flexion de hanche, genou en
extension. Le test de Léri [5] provoque à droite et à gauche une douleur lombaire en pointe mais
absence de cruralgie (annexe 7). Une hypoesthésie tactile est présente à gauche sur les territoires
L5/S1. Les sensibilités, profonde et thermique, et les réflexes ostéo-tendineux sont normaux. La
marche sur les talons et sur la pointe des pieds sont possibles mais déclenchent la douleur dans le
MI gauche. L’accroupissement est difficile en raison de la douleur et du déficit musculaire.
I.1.11 Bilan fonctionnel
L’équilibre bipodal est bon. L’équilibre unipodal droit et gauche est instable, yeux fermés.
La marche est lente (20 pas pour 10m), figée et raide sans dissociation des ceintures. Les demi-tours
s’effectuent « en bloc » sans mouvements dissociés du rachis cervical. Sur terrain plat, les douleurs
lombaires obligent Mr A. à s’arrêter après 20min. La montée et la descente des escaliers se font à
l’aide de la rampe.
Dans les activités de vie quotidienne, Mr A. évoque des difficultés pour l’habillage (T-shirt,
pantalon). Il n’utilise ni les gestes d’économie rachidienne, ni le transfert monobloc. L’Echelle
d’Incapacité Fonctionnelle pour l’Evaluation des Lombalgies (EIFEL) (annexe 8) nous donne un
score de 21/24.
I.1.12 Profil psychologique
Mr A. se dit angoissé et fatigué par cette situation de douleurs chroniques. Il n’a pas de perspectives
d’avenir professionnel. Par contre, il est motivé et participe à toutes les activités qui lui sont
proposées.
I.2 DIAGNOSTIC KINESITHERAPIQUE
Depuis le 4/09/07, Mr A., 52 ans, participe au programme de remise en condition physique afin
d’améliorer son état chronique de cervicalgies et de lombosciatalgies. Ses douleurs permanentes ont
engendré un syndrome de déconditionnement. En effet, Mr A. présente les anomalies de structures
suivantes : diminution globale de la mobilité cervicale et lombaire, un déficit de force et
d’endurance des muscles rachidiens et sous-pelviens, une flexibilité sous pelvienne limitée et des
contractures importantes. Il en résulte une boiterie à la marche, un équilibre unipodal instable et des
difficultés à l’habillage. La répercussion sur sa vie socioprofessionnelle est importante puisqu’il ne
travaille plus et n’a plus d’activités de loisirs. Notre dominante thérapeutique sera basée sur le
reconditionnement global, sur l’apprentissage d’une nouvelle hygiène de vie et d’auto-rééducation
[6].
I.3 OBJECTIFS THERAPEUTIQUES
A court terme, pour lutter contre le syndrome de déconditionnement, nos objectifs de traitement
sont :
- Réduire les douleurs et les signes d’accompagnement
- Rétablir les fonctions déficitaires
- Expliquer, dédramatiser les douleurs et les handicaps
- Rétablir des activités de loisirs
- Mettre en place des mesures de préventions secondaires
II. TRAITEMENT KINESITHERAPIQUE
II.1 REDUIRE LES DOULEURS ET LES SIGNES D’ACCOMPAGNE MENT
Pour que le patient puisse être acteur de sa rééducation, il faut dans un premier temps le soulager en
levant les tensions musculaires et en diminuant les cellulalgies. Les moyens antalgiques mis en
place font partis de la prise en charge individuelle du patient.
II.1.1 Massage décontracturant du dos
Ce massage est effectué en décubitus ventral (DV), décubitus latéral (DL) ou assis sur une chaise de
massage, selon les possibilités du patient et est basé sur des manœuvres superficielles (effleurages),
pour la prise de contact, et profondes (pétrissages, malaxages, masser rouler, frictions) ciblés sur les
muscles contracturés.
II.1.2 Les pompages(annexe 9)
La séance débute toujours par un pompage global pour relâcher les tensions à distance et mettre en
confiance le patient [7].
Installation : décubitus dorsal (DD), coussin sous les genoux, bras le long du corps. Thérapeute
assis à la tête du patient, avant-bras sur la table, les deux mains englobant l’occiput, les pouces sur
les tempes et les doigts sur la ligne occipitale supérieure. Le
pompage est effectué par une mise en tension douce et
symétrique des deux mains.
Les pompages suivants seront réalisés bilatéralement.
Au niveau cervical : l’installation décrite ci-dessus est la
même pour tous les pompages cervicaux. figure 3 : pompage du trapèze
supérieur
figure 4 : appareil de dépressomassage
Pompage du trapèze supérieur : la main homolatérale au trapèze à traiter supporte la base du crâne
et l’autre main croise et vient en appui sur l’épaule homolatérale (figure 3). La tension est obtenue
par l’écartement des deux mains.
Les pompages des sterno-cléido-mastoïdiens et du semi-épineux sont décrits en annexe 9.
Au niveau lombo-pelvien : Pompage lombaire : patient en DV, coussin sous les épines iliaques
antéro-supérieures pour limiter la lordose. Le kinésithérapeute est debout, la main caudale placée
sur la partie dorsale haute, les doigts en direction céphalique et la main crâniale en appui sur le
sacrum, les doigts dirigés vers les pieds. La tension est obtenue par la pulsion des deux mains.
II.1.3 Technique du tenu relâché
Technique d’étirement activo-passif ayant pour but de lever les tensions musculaires. Nous
réalisons le tenu relâché sur le piriforme et le psoas.
Piriforme : patient en DD, MI en flexion/adduction/rotation médiale de hanche, flexion de genou,
pied posé sur le genou controlatéral (position d’allongement maximal du piriforme). Debout du côté
opposé, nous appliquons, face latérale du genou homolatéral, une résistance à la
flexion/abduction/rotation latérale de hanche. Mr A. réalise une contraction isométrique du
piriforme pendant 6s, suivi de 6s de relâchement musculaire (muscle en inhibition relative).
Ensuite, nous étirons lentement le muscle dans l’amplitude maximale permise par notre patient.
Nous recommençons l’exercice depuis la position atteinte.
II.1.4 Dépressomassage (annexe 10)
Nous effectuons au préalable un palper rouler sur la zone à traiter.
Le dépressomassage [8] est réalisé au minimum 2 fois par semaine
(figure 4).
Pour la région cervico-scapulaire : patient en DV
1. Dépressomassage pulsé sur les muscles contracturés (trapèzes,
paravertébraux) avec des manœuvres en étoile
2. Dépressomassage continu sur toute la région cervico-scapulaire
par des manœuvres linéaires et rapides pour générer une sidération
musculaire
3. Dépressodrainage lymphatique sur les ganglions sus
claviculaire, axillaire.
Sur le même principe, le dépressomassage est effectué sur la région lombaire (annexe 11).
II.2 RETABLIR LES FONCTIONS DEFICITAIRES
II.2.1 Prise en charge rééducative en groupe (annexe 11)
A. Prendre conscience des mobilités rachidienne et pelvienne [9]
1. Mobilité rachidienne : tout d’abord, nous travaillons dans le plan frontal ; après 2 semaines,
nous effectuons les inclinaisons et les rotations du tronc en
deçà du seuil douloureux.
Installation : position quadrupédique, ressentir la mobilité du
rachis en creusant (« dos de chien ») et en arrondissant (« dos
de chat » le dos (figure 5).
Progression : même exercice en dynamique et de manière
fluide : débuter depuis la position de prière mahométane,
remonter en creusant le dos et en inspirant profondément puis
enrouler en grande cyphose tout en soufflant lentement par la
bouche.
Les inclinaisons sont effectuées debout, bâton tenu à l’horizontale à bout de bras. Mr A. ne peut pas
le placer sur ses épaules car cette position augmente ses douleurs cervico-scapulaires.
Les rotations sont travaillées en fente avant pour ne pas entraîner le bassin.
Progression : assis sur ballon de Klein. Veiller à ne pas entraîner le bassin.
2. Mobilité pelvienne :
Installation : DD, antéversion/rétroversion en associant la ventilation. Lors de l’inspiration, le
ventre se gonfle et le bassin bascule en avant. Inversement lors de l’expiration.
Progression : assis sur plan stable puis instable (ballon de Klein, disque gonflable), mouvements
d’antéversion/rétroversion/latéroversion/circumduction du bassin.
3. Mobilité fémorale :
Installation : DD, circumduction de hanche, sans entraîner la région lombaire.
Progression : debout face à l’espalier, mains à hauteur des épaules sur les barreaux, appui unipodal.
Cet exercice n’est pas simple pour Mr A. qui éprouve des difficultés à dissocier les mouvements du
bassin, de la hanche et du rachis.
Pour intégrer la dissociation du complexe lombo/pelvi/fémoral, le ponté en bipodal puis en unipodal
est un bon exercice.
figure 5 : le dos du chat
B. Apprentissage des étirements analytiques et globaux
L’étirement est réalisé sur le temps expiratoire pour permettre le relâchement des structures.
Quelques exemples d’étirements analytiques [10] :
1. Quadriceps : DV, attraper avec les deux mains la cheville et ramener le pied en direction de
la fesse pour fléchir le genou au maximum en gardant l’extension de hanche. Possibilité de réaliser
ce même étirement en DL ou debout, toute la difficulté étant de ne pas exagérer la lordose ; par
conséquent, ne pas oublier de serrer les fesses et de rentrer le ventre durant l’exercice.
2. Masses sacro lombaire : en DD, regrouper les deux MI sur l’abdomen et maintenir la
position en les ceinturant avec les bras. Cet exercice ouvre la région lombaire et permet de soulager
les douleurs de Mr A.
Nous étirons aussi : psoas, adducteurs, ischio-jambiers, pelvi-trochantériens, triceps suraux.
Quelques exemples d’étirements globaux de la chaîne
postérieure :
1. Décubitus ventral sur le cylindre : en plus de
l’étirement de la chaîne postérieure, la cyphose globale
permet d’entraîner une décompression lombaire (figure 6).
2. Décubitus dorsal : bras tendus dans le
prolongement du corps, mains en supination, ramener les deux MI à la verticale, pieds en flexion
dorsale, genoux en extension tout en s’autograndissant.
Progression : augmenter l’angle d’abduction des MS. Même exercice assis.
C. Apprentissage d’exercices de renforcements musculaires
Spinaux :
1. Les spinaux profonds : essentiellement les transversaires épineux (courts et longs rotateurs,
courts et longs multifides). Nous les renforçons dès la première semaine par des contractions en
« bouffée » (succession contraction/décontraction) lors de l’allongement axial actif [11,12]. Ils
stabilisent l’étage vertébral.
Installation : assis, dos droit, mains sur les cuisses, pieds à plats au sol et s’autograndir. Les épaules
sont abaissées, le menton est rentré, le ventre serré. Nous pouvons stimuler cet autograndissement
en plaçant un poids sur la tête. L’expiration durant la contraction est indispensable.
Progression : utiliser un bâton à la verticale ou assis sur plan instable ou position quadrupédie ou
debout en fentes.
figure 6 : étirement de la chaîne postérieure en cyphose globale
2. Les spinaux superficiels : muscles endurants que nous travaillons à la 4è semaine. [12]
Installation : DV, bras le long du corps, décoller la
tête et les épaules pendant une 10s (figure 7) sur le
temps expiratoire.
Progression : MS en chandelier ou des battements
lents et réguliers des MI ou encore nous associons
l’élévation d’un MS et du MI opposé.
La dernière semaine, nous augmentons la durée de maintien des exercices pour se rapprocher du test
de Sorensen (annexe 11). Mr A. supporte moyennement cet exercice qui accentue ses cervicalgies.
Il a appris à doser son effort en fonction de ses ressentis.
Abdominaux : Durant les premières semaines, ils sont travaillés en statique afin d’éviter la
sollicitation du rachis. Nous commençons le travail dynamique à la 3è semaine (annexe 11). Les
exercices s’effectuent sur le temps expiratoire pour solliciter au maximum la contraction
abdominale.
1. Les grands droits :
Installation : DD, MI fléchis à 90° sur un tabouret ou un ballon de Klein, décoller les pieds tout en
rentrant le ventre. 10s de travail, 10s de repos. Effectuer 3 séries de 10 répétitions.
Exercice dynamique : même installation en décollant la tête et les épaules.
2. Les obliques :
Installation : DD, fléchir un MI et résister à cette flexion avec la main controlatérale tout en serrant
le ventre en soufflant. 10s de contraction, 10 s de repos. Effectuer 3 séries de 10 répétitions.
Exercice dynamique : MI fléchis, pieds à plat sur le plan, bras tendus et mains croisées, décoller la
tête et les épaules en alternant une élévation oblique droite puis gauche. Nous veillons à ce que cet
exercice soit réalisé sans à-coups et sans mobilité du rachis lombaire qui reste plaqué contre le plan.
3. Le transverse : important à renforcer car il a un rôle essentiel dans le maintien lombaire.
Installation : quadrupédie, rentrer le ventre 10 fois lors de l’expiration tout en gardant le rachis en
rectitude puis relâcher la position 30s. Le transverse travaille ainsi contre résistance des viscères.
En progression de ces différents exercices, augmenter le nombre de séries et l’intensité des
contractions.
Muscles sous pelviens:
1. En décharge : renforcement analytique des muscles antigravifiques (pédalage, ponté…)
figure 7 : exercice de renforcement des spinaux superficiels
2. En charge : à partir de la 3è semaine (annexe 11) :
Squats : face à l’espalier, s’accroupir en gardant le dos droit puis
remonter. 3 Séries de 5 puis de 10 répétitions en fonction du
ressenti. En progression, finir le relevé en passant sur la pointe des
pieds. Cet exercice est fonctionnel et idéal pour améliorer
l’endurance et la force des MI.
Progression : « Squats servant » : se placer en fente avant, bâton à
l’horizontale à bout de bras, fléchir le genou arrière tout en gardant
le dos droit et remonter. 3 séries de 5 répétitions puis les augmenter
(figure 8).
La chaise de Killy: maintenir la position 30s puis relâcher.
D. Travail de la cinétique de marche et correction
Nous vérifions la répartition équilibrée du poids du corps avec deux pèses-personne.
Pour stimuler la dissociation des ceintures, nous installons les patients assis sur un ballon de Klein
et en réalisant de petits bonds, nous leur demandons de relâcher les MS et d’entraîner la giration de
la ceinture scapulaire. Ensuite, nous retravaillons la régularité et le déroulement du pas.
II.2.2 Prise en charge individuelle
A. Apprentissage des auto-étirements cervicaux
Le temps d’étirement est équivalent au temps de repos (environ 10s) et
se réalise sur l’expiration [1,10].
Etirement des extenseurs : placer les mains derrière la tête, rapprocher
les coudes vers l’avant et accompagner doucement la tête en flexion
(figure 9).
Etirement des scalènes et sterno-cléido-mastoïdiens : incliner la tête à
l’aide de la main homolatérale, abaisser l’épaule controlatérale en
gardant le MS le long du corps.
Etirement du trapèze supérieur : placer la main controlatérale du muscle
à étirer sur l’épaule homolatérale qui est abaissée comme
précédemment. Réaliser une inclinaison controlatérale et une rotation homolatérale.
Durant le séjour, Mr A. a pris l’habitude d’effectuer ces auto-étirements quotidiennement, au réveil
par exemple pour diminuer la durée du dérouillage matinal. Nous vérifions qu’ils les effectuent
correctement à chaque séance individuelle [13].
figure 9 : auto-étirement des extenseurs du cou
figure 8 : « squats servant »
B. Reprogrammation oculo-cervico-cinétique
Nous cherchons à retrouver la liaison fonctionnelle entre la mobilité des globes oculaires et du cou.
Cette reprogrammation s’effectue en 3 étapes [1, 13] :
1. DD, Mr A. fixe un point au plafond alors que nous lui mobilisons le cou dans différentes
directions. Nous sollicitons ainsi la musculature extrinsèque des globes oculaires sans faire
participer les muscles cervicaux.
2. Le patient est assis et suit, à l’aide d’une lorgnette, les contours de formes géométriques
dessinées sur le mur face à lui. Nous sollicitons ici uniquement la musculature cervicale.
3. Nous faisons appel au couplage oculo-cervical en demandant à Mr A. de suivre, tout au long
de divers mouvements, le doigt du praticien.
C. Renforcement des muscles cervicaux
Buts : travailler la force et l’endurance des muscles cervicaux, augmenter la stabilité du cou.
Installation : patient assis, mains sur les genoux, en position d’allongement axial actif. Il doit
maintenir la position pendant que le thérapeute applique des destabilisations rythmiques manuelles
sur le crâne dans différentes directions.
Progression : fermer les yeux ou augmenter la fréquence des poussées déséquilibrantes.
II.3 EXPLIQUER ET DEDRAMATISER LES DOULEURS ET LES HANDICAPS
Le jour d’arrivée des patients lombalgiques, une réunion a lieu avec toute l’équipe soignante pour
leur exposer les objectifs de la prise en charge pluridisciplinaire et les activités dont ils bénéficient
durant 6 semaines. L’accent est mis sur l’importance de leur motivation et de leur participation dans
toutes les activités proposées. Le but de ce séjour n’est pas de faire disparaître les douleurs
chroniques mais de leur donner les outils nécessaires pour améliorer leur qualité de vie tout en
réapprenant à bouger, à connaître leur corps et ses limites.
Durant les séances de kinésithérapie, des notions d’anatomie et de biomécanique du rachis sont
données pour qu’ils visualisent la cause de leur douleur.
II.4 RETABLIR DES ACTIVITES DE LOISIRS
Tout au long du séjour, les patients pratiquent diverses activités telles que la marche (1h par jour),
nage et détente en piscine (1h en fin de journée), gymnastique, cuisine avec l’ergothérapeute (1 fois
toutes les 2 semaines) afin de leur redonner l’envie de bouger et d’effectuer des tâches qu’ils
n’osaient plus réaliser. Les 6 semaines au côté de 5 « douloureux chroniques » ont stimulé Mr A.
L’excellente cohésion de groupe leur a permis à tous de progresser sans se démotiver.
Après 2 semaines, le visage de Mr A. était plus détendu et sa démarche était plus fluide.
II.5 METTRE EN PLACE DES MESURES PREVENTIVES SECONDAIRES
II.5.1 Le transfert monobloc associé à la ventilation abdominale inversée [14]
Le transfert monobloc permet de verrouiller le rachis lombaire afin d’effectuer les passages couché
assis et assis couché. Notre patient est en DD, genoux fléchis. Il réalise une apnée inspiratoire tout
en rentrant le ventre. Il bascule ensuite en bloc tête/épaule/tronc/genoux en décubitus latéral. Il sort
les pieds du lit et pousse en même temps avec ses MS pour se redresser. Arrivée en position assise,
il expire et relâche les abdominaux (annexe 12). Le principe est le même pour le transfert assis
couché.
II.5.2 Le verrouillage lombaire
But : protéger le rachis dorso-lombaire en contractant le caisson abdominal dans une position de
lordose physiologique, utiliser la pince ouvrante décompressive de l’étage vertébral (annexe 13).
L’allongement axial actif (AAA) diminue les courbures rachidiennes vers les courbures
physiologiques [15].
Installation : assis mains sur les genoux, rentrer le menton et le ventre
(figure 10), nous stimulons l’autograndissement en plaçant la main sur le
vertex du patient. De plus, nous prenons le temps d’expliquer avec le
squelette le fonctionnement de l’étage vertébral (action des spinaux
profonds, levier inter-appui). (annexe 13)
Progression : automatiser ce mouvement d’érection rachidienne en position
quadrupédie, debout, assis sur ballon de Klein. Enfin, l’exercice est réalisé
lors de mouvements dynamiques en simulant un port de charge par
exemple. Tout ceci pour conditionner Mr A. à ce contrôle lombaire lors des
activités quotidiennes. Ceci est travaillé plus intensément en ergothérapie.
II.5.3 Conseils d’économie rachidienne
Nous donnons au groupe « dos », en fin de séjour, un livret reprenant les exercices d’auto-
étirements et de renforcements musculaires vus ensemble.
Les gestes d’économie rachidienne sont basés sur 2 aspects :
- Gestuel : éviter les mouvements répétés, ne pas porter de charges lourdes sur de longues
distances, se servir de ses MI, utiliser des bras de leviers courts tout en gardant le dos droit, garder
le parallélisme des ceintures lors des transferts, etc…
- Postural : proscrire le travail statique, apprendre à fractionner et à diversifier les tâches,
alterner les points d’appuis, etc…
figure 10 : AAA en position assise
Les séances d’ergothérapie ont permis au groupe « dos » de pratiquer tout cela dans des situations
concrètes (cuisine, repassage, monter et descendre d’une voiture, port de charge). Mr A. a acheté un
back-friend (dossier ergonomique et transportable qui permet une station assise alliant confort et
protection du rachis lombaire).
II.5.4 Apprendre à se relaxer
Il est important que Mr A. s’accorde des moments de détente dans la journée. Nous savons que les
douleurs chroniques et les contractures, en particulier chez le cervicalgique, sont exacerbées par le
stress. Nous lui conseillons de s’allonger sur le dos, un coussin triangulaire sous les genoux, un petit
coussin sous la nuque (si nécessaire) et de se concentrer sur sa ventilation, yeux fermés.
L’inspiration se fait par le nez et l’expiration par la bouche. Elle doit être lente, profonde et
apaisante. L’idéal est de s’isoler dans une pièce calme pendant ¼ d’heure.
III. DISCUSSION
SYNTHESE DES ARTICLES
Article 1 : FRANSOO P. – Importance du renforcement des fléchisseurs de nuque [16]
Les cervicalgiques chroniques présentent un déconditionnement musculaire des fléchisseurs de
nuque. Diverses études ont montré que les muscles profonds, garants de la stabilité du rachis,
perdent en proprioception, en force et en contrôle moteur et que les muscles superficiels, permettant
les mouvements, sont plus fatigables. Ce déficit musculaire occasionne l’attitude typique de la tête
en protraction et n’améliore ni les douleurs ni l’incapacité.
Un bilan qualitatif, comportant le test de flexion crânio-cervicale et l’observation du recrutement
musculaire, évalue la participation et la force des fléchisseurs profonds dans le maintien de la
posture. L’endurance des fléchisseurs du cou, faisant partie du bilan quantitatif, est chronométrée.
La rééducation du cervicalgique non-spécifique doit prendre en compte le déficit des fléchisseurs
par rapport aux extenseurs mais aussi la différence d’action entre les muscles profonds et les
muscles superficiels. L’autograndissement axial actif, l’utilisation des chaînes d’irradiation, le
travail isométrique, réalisés quotidiennement pendant 6 semaines, permettent d’améliorer le
contrôle moteur, la force et l’endurance des fléchisseurs de nuque. L’éducation du patient à l’auto
traitement est importante. La prise en charge étant globale, d’autres techniques peuvent venir
compléter ce réentraînement.
Article 2 : MOISAN G – Programme de reconditionnement fonctionnel du rachis, Adaptation
du programme RFR : méthodologie et résultats [17]
Le programme de Restauration Fonctionnelle du Rachis (RFR) est une méthode de rééducation
globale de la lombalgie chronique dont le but principal est la reprise du travail pour le patient. Ce
principe de reconditionnement peut être utilisé en cabinet libéral ce qui réduit les coûts induits par
cette pathologie. Un bilan complet, évaluant les déficiences, les activités de loisirs et le contexte
professionnel du patient, met en évidence le syndrome de déconditionnement. Les résultats sont
répertoriés régulièrement sur une feuille de synthèse bilan diagnostic kinésithérapique en lien avec
le service médical. Les objectifs de ce programme RFR, à travers une prise en charge intensive et
dynamique en groupe, est d’augmenter la force, l’endurance et l’extensibilité des muscles du tronc
et des membres, de prévenir les récidives par l’éducation des gestes d’économie rachidienne et par
des adaptations ergonomiques. Il est nécessaire de posséder un plateau technique composé de
machines de renforcement musculaire, de cardio-training, de matériel de manutention et
d’ergonomie. Pour bénéficier de cette réadaptation, un contrat doit être instauré entre l’équipe
soignante et le patient dans lequel ce dernier s’engage à reprendre sa profession après les 12
semaines de prise en charge. Cette méthode a montré de bons résultats sur les déficits ainsi que sur
la reprise d’activités.
Article 3 : MOREL-FATIO M. et MARQUE E. - Douleur chronique et rééducation [18]
La douleur chronique entraîne des perturbations physiques, psychologiques, comportementales et
par conséquent sociales. Un bilan bien mené est nécessaire afin d’orienter le thérapeute vers un
traitement curatif et/ou palliatif. L’interrogatoire nous informe sur la nature (nociceptive,
neuropathique, psychogène) et sur le type (chronique ou aiguë) de cette douleur. Des
autoquestionnaires mettent en évidence l’incapacité. Dans le cas d’un patient douloureux chronique,
la rééducation a pour but de développer ses capacités adaptatives face à la douleur afin d’augmenter
le potentiel fonctionnel. L’article expose les principes de la thérapie cognitivo-comportementale
qui, selon les auteurs, nécessite d’être intégrée dans les MPR. Le douloureux chronique est angoissé
à l’idée d’effectuer certains mouvements qui, selon lui, peuvent exacerber la douleur. Il faut le
rassurer, dédramatiser la situation pour l’impliquer activement dans la réadaptation. Nous devons
confronter progressivement le patient à ses phobies. Il apprend à verbaliser un problème qui
l’handicape particulièrement. La perception subjective de la douleur doit être modifiée afin de
réamorcer une réadaptation. Le patient et le thérapeute établissent des objectifs croissants à
atteindre en fonction des incapacités fonctionnelles. Par la répétition du geste et l’analyse du
résultat, le patient change de comportement : l’anxiété et la peur du mouvement s’atténuent.
La thérapie aboutit à l’automatisation de l’ajustement des activités de vie quotidienne en fonction de
la douleur. L’éducation, le reconditionnement physique, le soutien psychologique, la
pharmacothérapie, l’ergonomie sont des moyens également mis en œuvre dans la thérapie
cognitivo-comportementale.
REFLEXION PERSONNELLE
Durant les 6 semaines au centre de MPR, la prise en charge de la cervicalgie et de la
lombosciatalgie chronique de Mr A. a été pluridisciplinaire et globale. Il a fallu faire prendre
conscience à Mr A. qu’il est possible d’avoir une vie socioprofessionnelle malgré des douleurs
chroniques.
La cervicalgie a été traitée durant les séances individuelles. Suite au bilan morphostatique de Mr A.,
nous avons remarqué une antéprojection de la tête. D’après l’article 1, cette attitude en protraction
est typique du cervicalgique chronique et est liée au déconditionnement musculaire des fléchisseurs
de la nuque. L’auteur insiste sur l’importance du renforcement analytique de ces muscles afin de
retrouver un contrôle proprioceptif, une force et une endurance musculaire satisfaisante dans le but
de prévenir les récidives. En ce qui nous concerne, nous avons eu une autre démarche
thérapeutique. La progression de Mr A. aurait-elle été meilleure avec le reconditionnement
spécifique des fléchisseurs de la nuque ? Certainement mais Mr A. combine 2 pathologies qu’il
nous faut rééduquer. Faisant parti d’un groupe de lombalgiques, les séances individuelles de Mr A.,
contrairement aux autres patients, ont été consacrées à ses cervicalgies. Toute la difficulté de la
prise en charge a été d’allier les 2 pathologies dans notre rééducation. Notre but principal a été
d’augmenter les capacités d’adaptations aux douleurs cervicales et lombaires afin d’augmenter le
potentiel fonctionnel de Mr A. Par conséquent, nous avons privilégié les techniques de levée de
tensions musculaires afin de diminuer les douleurs et de retrouver la mobilité pour pouvoir
reprogrammer la coordination oculo-cervicale. Tout ceci dans un but fonctionnel. Quand les
douleurs ont été plus supportables, nous avons renforcé en co-contraction les muscles antérieurs et
postérieurs du cou à partir de destabilisations rythmiques et de résistances manuelles au niveau de la
tête. Mr A. utilise aujourd’hui son cou fonctionnellement et a intégré les conseils d’hygiène de vie
dans le but de maintenir les acquis et prévenir les récidives.
En parallèle de cette rééducation cervicale et dans les mêmes buts, Mr A. a bénéficié d’un
reconditionnement lombopelvifémoral. La prise en charge du « groupe dos » n’entre pas dans le
programme RFR, définit dans l’article 2. Mr A. n’a pas les caractéristiques requises pour intégrer
cette restauration fonctionnelle. En effet, il n’a plus d’emploi depuis 7 ans et à son arrivée, il était
extrêmement douloureux et anxieux du fait de sa double pathologie qui le contraignait énormément
dans tous les domaines. Il a fallu doucement lui faire prendre conscience que le mouvement est
bénéfique pour lui et qu’il n’est pas directement responsable des douleurs. Hors, ce programme
RFR est intensif, énergique et peut être un peu « agressif » aux premiers abords pour un patient
comme Mr A. Cela peut paraître angoissant pour un patient douloureux chronique de réaliser des
exercices de renforcement des muscles du tronc sur une machine isotonique ou un banc lombaire.
Lors du bilan d’entrée, nous n’avons pas pu réaliser le test de Sorensen-Biering en raison de la
douleur. Le programme RFR a pour but final la reprise du travail. Hors, Mr A. voulait, avant tout,
voir diminuer les douleurs pour reprendre, dans un premier temps, ses activités de vie quotidienne
plus facilement. C’est pourquoi, la notion de « remise en condition physique » nous semble plus
adaptée pour définir la prise en charge effectuée avec notre patient malgré le fait que plusieurs
points de la rééducation sont en accord avec le programme RFR (atténuer les douleurs par le
mouvement, l’importance du renforcement et de l’extensibilité musculaire, les gestes d’économie
rachidienne, la prise en charge en groupe, etc…). Il est à noter tout de même que nous n’avons pas
utilisé de machines pour les renforcements musculaires. Mr A. a réalisé tous les exercices actifs,
seul, ce qui lui a permis de mettre l’accent sur l’apprentissage de l’ajustement des mouvements en
fonction de son ressenti. La rééducation du lombalgique chronique est à aborder spécifiquement
suivant le sujet car chaque patient vit la douleur différemment avec plus ou moins d’anxiété. Voilà
pourquoi le bilan initial et l’interrogatoire, comme l’indique l’article 3, sont extrêmement
importants afin de cibler immédiatement les objectifs principaux à atteindre. En effet, les douleurs
chroniques ont eu un impact non négligeable, chez Mr A., du point de vue physique, psychologique
et socioprofessionnel. Notre prise en charge ne rentre pas dans la démarche thérapeutique cognitivo-
comportementale [19] malgré le fait que nous ayons un objectif commun qui est d’augmenter les
capacités d’adaptation à la douleur afin d’améliorer le potentiel fonctionnel de notre patient. Nous
avons réalisé un bilan semblable que celui décrit dans l’article 3 mais dans notre rééducation, nous
ne sommes pas passés par une étape de désensibilisation de la situation incapacitante pour plusieurs
raisons. Nous avons souhaité réinsérer Mr A. dans la vie active, en lui donnant les capacités
physiques d’adapter ses activités en fonction des douleurs ; ceci grâce à l’apprentissage de l’auto
rééducation et d’une nouvelle hygiène de vie basée sur le mouvement. Le patient doit apprendre à
se connaître et à reconnaître les situations à risque. La prise en charge en groupe a été bénéfique aux
lombalgiques chroniques. Les patients ont échangé leurs difficultés au quotidien. C’est rassurant de
pouvoir confier ses angoisses et ses douleurs à des personnes qui vivent la même chose. La
cohésion de groupe leur a permis de se motiver et de s’impliquer totalement dans la rééducation. A
la suite des 6 semaines de reconditionnement physique, Mr A. s’est senti mieux dans son corps et
dans sa tête. Ayant intégré les gestes d’économie rachidienne, il a pu reprendre seul des activités
auparavant évitées. Pour utiliser la thérapie cognitivo-comportementale efficacement, il est
nécessaire d’avoir une équipe pluridisciplinaire formée à cette pratique [19].
A travers ce mémoire, nous avons voulu montrer la complexité de la rééducation d’un patient
douloureux chronique. Nous avons dû allier les 2 pathologies, cervicalgie et lombosciatalgie, dans 2
prises en charge différentes. Il a fallu adapter nos exercices de groupe en fonction des cervicalgies
et de la sciatique.
IV. CONCLUSION
Mr A., souffrant de cervicalgie et de lombosciatalgie chroniques, est entré au centre de Médecine
Physique et de Réadaptation de Salins-les-bains, le 4/09/07, pour une remise en condition physique.
La prise en charge a été globale, pluridisciplinaire et s’est déroulée sur 6 semaines.
Au bilan final du 9/10/07, nous avons noté une nette évolution des capacités physiques de Mr A.
Les douleurs se sont atténuées. L’échelle de Dallas ne met quasiment plus de répercussion de la
douleur sur le moral et la sociabilité. Au niveau cutané comme au niveau musculaire, nous avons
gagné en souplesse. Les amplitudes rachidiennes sont fonctionnelles. L’endurance des abdominaux
et des spinaux s’est améliorée mais peut encore augmenter à l’aide d’un entraînement régulier. Par
contre, la sciatique est encore présente à moindre intensité.
Pour prévenir les récidives, il est important que Mr A. maintienne ses acquis et instaure une
nouvelle hygiène de vie intégrant les gestes d’économie rachidienne et le verrouillage lombaire.
Pour anticiper cela, nous lui avons donné un livret reprenant des exercices de renforcements et
d’étirements musculaires lombo-pelviens vus durant le séjour. Nous lui avons également fourni les
photos prises pour la réalisation de ce mémoire pour qu’il visualise les auto-étirements cervicaux.
Au terme des 6 semaines, Mr A. nous confie que ses objectifs personnels ont été largement atteints.
Il a fait d’énormes progrès que nous n’avions pas envisagés lors de son arrivée. Notre patient est
parti du centre avec de nouveaux projets. Aujourd’hui, il est pris en charge par la COTOREP et a
déménagé dans un nouvel appartement plus adapté où il s’occupe toujours de son père.
BIBLIOGRAPHIE
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laboratoires Pfizer, 1, 1984, 189.
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[4] http://www.medix.free.fr/cours/loco_c_032.php
[5] http://www.lombalgie.fr/comprendre/nature_prise/doul_manoeuvre.htm
[6] Conférence de consensus : Prise en charge kinésithérapique du lombalgique. Texte court. Paris,
1998.
http://pagesperso-orange.fr/ucaformec/formations2003/lombalgies2003/lombalc.pdf
[7] BIENFAIT M. Fascias et pompages. Paris, Spek, 1ère édition, 1995, 143.
[8] Manuel fournit avec l’appareil de dépressomassage.
http://www.wipo.int/pctdb/en/wo.jsp?wo=2001006977&IA=wo20010069772DISPLAY=DESC
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[10] WAYMEL T, CHOQUE J. Etirement et renforcement musculaire. Amphora, 2002. 56, 59, 94,
95, 99, 105, 107, 121, 122,132, 133, 135, 139, 140, 164.
[11] SOHIER R. La kinésithérapie analytique de la lombalgie. La Louvière Belgique, kiné-sciences,
1999, 25, 26, 27
[12] GROSS M. De la pince ouvrante de Sohier aux recherches actuelles, Les rythmes biologiques
mécanogènes de l’étage vertébral. KS. 2001, n°410, 29-33.
[13] Masso-kinésithérapie dans les cervicalgies communes et dans le cadre du « coup du lapin ».
Recommandations professionnelles ANAES, mai 2003.
http://www.has-sante.fr/portail/display.jsp?id=c_272262
[14] CHOPLIN A, SULTANA R, RUBINO T, BALLADUR D. Respiration abdominale inversée :
intérêt dans les lombalgies, sciatiques et rachialgies et dans les manutentions de charges. KS, 2006,
n°472, 7-12.
[15] RIBEYROLLES C, CHATRENET Y, KERKOUR K, VIEL E. Entraînement en redressement
axial chez les lombalgiques chroniques. Kinesither Rev. 2006, 50, 35-41.
[16] FRANSOO P. Importance du renforcement des fléchisseurs de nuque. Kinesither Rev.
2007, 72, 42-48.
[17] MOISAN G. Programme de reconditionnement fonctionnel du rachis, adaptation du
programme RFR (programme de Restauration Fonctionnelle du Rachis) : méthodologie et
résultats. KS. 2007, n°481, 57-62.
[18] MOREL-FATIO M, DE MARQUE E. Douleur et rééducation. KS. 2004, n°447, 17-24.
[19] CORBRION-CARLI S et Coll. Approche cognitivo-comportementale : vers une nouvelle prise
en charge de la douleur chronique dans le domaine de la rééducation fonctionnelle. KS. 2006, n°
472, 39-49.
ANNEXES
ANNEXE 1 : Lettre du médecin prescripteur
ANNEXE 2 : Compte rendu radiologique
ANNEXE 3 : Topographie de la douleur
ANNEXE 4 : Autoquestionnaire de DALLAS
ANNEXE 5 : Bilan articulaire
ANNEXE 6 : Bilan musculaire
ANNEXE 7 : Bilan neurologique
ANNEXE 8 : Autoquestionnaire EIFEL
ANNEXE 9 : Les pompages
ANNEXE 10 : Dépressomassage
ANNEXE 11 : Prise en charge rééducative du « groupe dos »
ANNEXE 12 : La respiration abdominale inversée
ANNEXE 13 : Mécanisme de pince ouvrante de l’étage vertébral
ANNEXE 1 : LETTRE DU MEDECIN PRESCRIPTEUR du 17/07/07
ANNEXE 2 : COMPTE RENDU RADIOLOGIQUE
Monsieur A.
Né le 11/11/1954
figure 11 : Radiographie cervicale profil gauche
ANNEXE 3 : TOPOGRAPHIE DE LA DOULEUR
Bilan du 6/09/07
EVA = 7,5/10
- Tension permanente dans la région cervicale
- Douleur médiane en barre en lombaire
- Brûlures sur le trajet L5-S1 du nerf sciatique gauche
Bilan du 9/10/07
EVA = 3/10
- Sciatalgie toujours présente surtout au niveau de la jambe et du pied gauche
Mr A. garde une sensation de lourdeur dans la région cervicale qu’il ne juge pas intéressant de noter sur le schéma.
ANNEXE 4 : AUTOQUESTIONNAIRE DE DALLAS
Monsieur A. né le 11/11/1954 Bilan initial le 3/09/07 Bilan final le 9/10/07
ANNEXE 5 : BILAN ARTICULAIRE
Bilan articulaire cervical
Mesures centimétriques
INCLINAISON ROTATION FLEXION EXTENSION
DROITE GAUCHE DROITE GAUCHE
06/09/07 5 cm 16 cm 11 cm 13 cm 15 cm 13 cm 09/10/07 2 cm 21 cm 10 cm 10 cm 11 cm 11 cm
La flexion et l'extension sont mesurées par la distance menton-fourchette sternale.
L'inclinaison est mesurée par la distance tragus de l'oreille-bord externe de l'acromion homolatéral.
La rotation est mesurée par la distance menton-acromion homolatéral.
Etoile de Maigne
Bilan articulaire dorso-lombaire
Mesures centimétriques
INCLINAISON ROTATION FLEXION EXTENSION
DROITE GAUCHE DROITE GAUCHE
06/09/07 41 cm 14 cm 59 cm 65 cm 63 cm 66 cm 09/10/07 25 cm 23 cm 56 cm 59 cm 62 cm 65 cm
La flexion est mesurée par la distance doigts-sol.
L'extension est mesurée par la distance manubrium-mur.
L'inclinaison est mesurée debout, dos contre le mur, par la distance doigts-sol.
La rotation est mesurée par la distance acromion-épine iliaque antéro-supérieure controlatérale.
Douleur : X faible XX modérée XXX sévère
Raideur : / faible // modérée
/// sévère
FLEXION
INCLINAISON
ROTATION
EXTENSION
DROITE GAUCHE
Etoile de Maigne
Bilan articulaire lombaire
Test de Schöber : Il permet de quantifier à l’aide d’un mètre ruban l’amplitude de la flexion
lombaire. Patient debout, bras le long du corps. Tracer, à l’aide d’un crayon dermographique, un
trait à hauteur de L5 et un second 10 cm au-dessus. Le patient enroule le tronc à partir d’une flexion
cervicale. Mesurer l’augmentation de distance entre les deux repères. [2]
06/09/07 10 + 3 cm test de Schöber
09/10/07 10 + 5 cm
Norme : 10 + 4 à 6 cm
EXTENSION
FLEXION
INCLINAISON
ROTATION
Douleur : X faible XX modérée XXX sévère
Raideur : / faible // modérée /// sévère
GAUCHE DROITE
Normes [3] : - 3min pour homme sain
- 1min 30s pour homme lombalgique
ANNEXE 6 : BILAN MUSCULAIRE
Force musculaire
Test de Shirado Ito [3] :
Test de Sorensen (adapté à Mr A.) :
Coussin sous les épines iliaques antéro-supérieures, MI
et bassin maintenus fermement par le thérapeute.
Membres inférieurs : La force musculaire des MI a été évaluée par analogie au testing musculaire
de Daniels & Worthingam.
MOYEN FESSIER ILIO-PSOAS QUADRICEPS ISCHIO-JAMBIERS TRICEPS SURAL
DROITE GAUCHE DROITE GAUCHE DROITE GAUCHE DROITE GAUCHE DROITE GAUCHE
06/09/07 4+ 3 5 4 4+ 4 5 4 5 4
09/10/07 5 4+ 5 5 5 5 5 5 5 5
Test de la chaise de Killy : évaluation de l’endurance des muscles des MI.
Nous ne nous référons pas à une norme mais nous notons l’évolution de Mr A entre
le bilan initial et final.
06/09/07 20s 09/10/07 45s
Extensibilité
ANGLE POPLITEDISTANCE
TALON FESSE TRICEPS SURAL
DROITE GAUCHE DROITE GAUCHE DROITE GAUCHE
06/09/07 - 30° - 60° 10 cm 29 cm 15° 10°
09/10/07 - 30° - 40° 3 cm 13 cm 15° 15°
6/09/07 25s 09/10/07 65s
20/09/07 20s 09/10/07 90s
Normes : - 182s pour homme sain
- 107s pour homme lombalgique
ANNEXE 7 : BILAN NEUROLOGIQUE
Manoeuvre de Lasègue : Patient en DD, les deux MI en extension. Prise sous la cheville, le
thérapeute soulève le MI à tester. Il cesse le mouvement dès apparition de la douleur de type
radiculaire du nerf sciatique et relève, à l’aide d’un goniomètre, l’amplitude atteinte de flexion de
hanche, genou tendu.
Au-dessus de 70° de flexion de hanche, nous testons l’extensibilité des ischio-jambiers.
Manœuvre de Léri : Patient en DV, hanche en extension, bassin fixé par la main céphalique du
thérapeute. La main caudale entraîne, par une prise en berceau au niveau de la cuisse, la hanche en
extension et le genou à 90° de flexion.
Si douleur inguinale : possibilité que le patient souffre d’une cruralgie
Si douleur lombaire : possibilité d’inflammation d’une articulaire postérieure
GAUCHE DROITE
06/09/07 60° négatif Lasègue
09/10/07 60° négatif
06/09/07 douleur lombaire
douleur lombaire Léri
09/10/07 négatif négatif
ANNEXE 8 : AUTOQUESTIONNAIRE EIFEL
Echelle d’Incapacité Fonctionnelle pour l’Evaluation des Lombalgies Nous aimerions connaître les répercussions de votre douleur lombaire sur votre capacité à effectuer les activités de la vie quotidienne. Si vous êtes cloué au lit par votre douleur lombaire, cochez cette case et arrêtez-vous là. En revanche, si vous pouvez vous lever et rester debout au moins quelques instants, répondez au questionnaire qui suit. Une liste de phrases vous est proposée. Ces phrases décrivent certaines difficultés à effectuer une activité physique quotidienne directement en rapport avec votre douleur lombaire. Lisez ces phrases une par une avec attention en ayant bien à l'esprit l'état dans lequel vous êtes aujourd'hui à cause de votre douleur lombaire. Quand vous lirez une phrase qui correspond bien à une difficulté qui vous affecte aujourd'hui, cochez-la. Souvenez-vous bien de ne pas cocher uniquement les phrases qui s'appliquent à vous-même aujourd'hui. Score sur 24, comptez un point par case cochée. Incapacité maximale si 24 points.
Monsieur A né le 11/11/1954 Bilan initial le 3/09/07 Bilan final le 9/10/07
ANNEXE 9 : LES POMPAGES
Les pompages [7] font partis de techniques de thérapie manuelle utilisées en masso-kinésithérapie.
Selon la modalité d’exécution, nous aurons un effet :
- Circulatoire par libération des stases.
- Articulaire en rétablissant l’équilibre hydrique du cartilage grâce aux successions de
décoaptations.
- Musculaire par traitement des contractures et des rétractions.
Les pompages se réalisent en trois temps : (protocole dans un but musculaire)
1. Mise en tension :
Il s’agit du temps de la mise en place d’une tension lente, régulière et progressive. Le thérapeute
doit apprécier l’élasticité des tissus sans la dépasser pour ne pas provoquer de réactions de défense.
« On prend ce qui vient, ce que le fascia nous donne ».
2. Maintien de la tension : le patient doit être impérativement relâché avec une ventilation lente
et profonde pour ne pas s’opposer à la tension qui dure quelques secondes.
3. Temps de retour : il est lent pour ne pas déclencher le réflexe contractile du muscle.
Au niveau cervical :
Pompage du semi-épineux : La première commissure du thérapeute s’applique sur la ligne
occipitale supérieure et l’index de l’autre main est en appui sur l’apophyse épineuse de la première
vertèbre dorsale. La tension est obtenue par la traction de la main céphalique.
Pompage du sterno-cléido-mastoïdien : la tête du patient est en rotation controlatérale pour placer le
muscle dans l’axe du sternum. Le praticien effectue une prise occipitale avec la main homolatérale
au côté à traiter et une prise sternale. La tension est obtenue par une pression vers le bas de la main
sternale accompagnant l’expiration du patient. Au début de la prise en charge, la rotation cervicale
de Mr A. était insuffisante pour réaliser correctement ce pompage.
ANNEXE 10 : DEPRESSOMASSAGE
Il s’agit d’un massage basé sur la dépresso-technologie c’est-à-dire une aspiration directe des tissus.
Composition du matériel : (figure 12)
- un corps M1 pouvant recevoir 3 têtes à billes. Les billes
permettent de renforcer l’action mécanique et
d’augmenter le confort de travail.
- Un corps M2 recevant des buses pour un travail de
finition.
Les différentes phases d’action [8] :
1. action pulsée réflexe f = 0,7Hz. Il s’agit d’une phase de préparation des tissus sur un mode
alternatif où nous utilisons plutôt les têtes superficielles.
2. massage, défibrosage sur un mode continu à puissance complète. C’est la phase de traitement en
elle-même puisque nous utilisons les têtes profondes sur un mode continu pour mobilier les tissus
les uns aux autres ainsi que la lymphe.
+ Une action vibrante sur un mode pulsé pour un effet défibrosant.
3. stimulation ganglionnaire initiale proximo-distale, sur un mode alternatif f = 0,7Hz avec la tête
superficielle.
4. action de résorption sur un mode continu à puissance réduite, drainage par tiers.
5. stimulation ganglionnaire finale disto-proximale, sur un mode pulsé à f = 0,7Hz
Toutefois, il ne faut pas oublier l’approche palpatoire préalable basée sur la technique du palper
rouler. De plus, avant d’effectuer le dépressomassage ou le dépressodrainage, un test de tolérance
cutanée est à réaliser visant à déterminer l’intensité maximale à utiliser pour le patient.
Indications : Rhumatologie, Traumatologie, Phlébologie, Neurologie, Dermatologie, Esthétique…
Contre-indications : inflammation, infection, phlébites, cancer, grossesse, fragilité capillaire…
Le protocole de dépressomassage sur la région lombaire :
1. Dépressomassage pulsé sur les paravertébraux, carré des lombes, piriforme, piliers du
diaphragme par des manœuvres en étoile
2. Dépressomassage continu sur toute la zone lombaire par des manœuvres linéaires et
circulaires
3. Dépressodrainage lymphatique sur les ganglions inguinaux.
figure 12 : Corps M1 et M2 Têtes et buses
ANNEXE 11 : PRISE EN CHARGE REEDUCATIVE DU « GROUPE DOS »
Objectifs de la 1ère semaine :
- Apprendre le transfert monobloc avec utilisation de la ventilation abdominale inversée
- Apprendre à se détendre et à respirer
- Expliquer les mouvements du rachis et du bassin ainsi que la pince ouvrante de Sohier
- Prendre conscience de son corps, de la mobilité de chaque segment et de ses capacités
- Débuter le travail musculaire doux : renforcement et étirements
A chaque nouvelle semaine, revoir et intensifier les notions vues la semaine précédente.
Objectifs de la 2è semaine :
- Améliorer la mobilité rachidienne et pelvienne ; dissocier le complexe lombo-pelvi-fémoral
- Stimuler les abdominaux, les spinaux profonds et les muscles sous pelviens
Objectifs de la 3è semaine
- Démarrer le travail musculaire des MI en charge
- Travailler l’automatisation de la pince ouvrante de Sohier
Objectifs de la 4è semaine :
- Démarrer le renforcement musculaire des spinaux superficiels
- Poursuivre l’automatisation de l’économie rachidienne lors des gestes quotidiens
- Améliorer la sensibilisation des capacités pré algiques de chacun, apprendre à faire et à
s’arrêter à temps afin d’éviter l’épisode douloureux du lendemain
Objectifs de la 5è semaine :
- Débuter le travail de la cinétique de marche et la corriger
- Démarrer le travail d’autorééducation
Objectifs de la 6è semaine :
- Poursuivre l’apprentissage des exercices d’auto-rééducation répertoriés dans le livret
« Entretenez votre dos » remis aux patients
- Rappeler les transferts monoblocs, le 1er lever, la pince ouvrante décompressive de Sohier,
les règles d’économie rachidienne
- Réaliser un bilan individuel et collectif de fin de prise en charge
ANNEXE 12 : LA RESPIRATION ABDOMINALE INVERSEE
La respiration abdominale inversée [14] consiste à effectuer des efforts en apnée inspiratoire
(diaphragme en position basse) tout en contractant la sangle abdominale. Cette ventilation permet
d’améliorer l’efficacité du caisson abdominal en augmentant les pressions intra-abdominale et intra-
thoracique, afin de protéger la colonne vertébrale lors d’activités dangereuses pour le rachis
(exemple : port de charge, transferts, …).
Cette nouvelle ventilation doit être apprise et automatisée par le patient dès les premières séances
afin qu’il l’utilise systématiquement lors de chaque activité sollicitant le rachis.
Le caisson abdominal est composé du diaphragme, des paravertébraux lombaires, des abdominaux
(obliques, grands droits et transverse) et des muscles du plancher périnéal (schéma 1). Leur co-
contraction, lors d’un port de charge, resserre l’abdomen autour de la colonne vertébrale pour la
rigidifier et diminuer les contraintes.
schéma 1 : caisson abdominal
ANNEXE 13 : MECANISME DE PINCE OUVRANTE DE L’ETAGE VERTEBRAL
(R. SOHIER)
L’étage vertébral (schéma 2), biomécaniquement, est un
trépied : appui antérieur sur le disque intervertébral (DIV)
et 2 appuis postérieurs au niveau des facettes articulaires
postérieures.
Le système de la pince ouvrante, qui fonctionne en chaîne fermée, a pour but de diminuer les
contraintes gravitationnelles constantes exercées sur le DIV.
Au niveau lombaire, par la contraction courte en
« bouffée » non maintenue des spinaux profonds [11,12],
les appuis facettaires sont assurés.
L’étage vertébral se place alors en extension ce qui dégage
le DIV vers l’avant (schéma 3).
Il s’agit de la position de lordose physiologique.
Il est important d’enseigner aux lombalgiques chroniques l’utilisation de ce système en prévention
d’une dégradation du DIV. C’est pourquoi nous travaillons le verrouillage lombaire dans cette
position de lordose physiologique afin de protéger et de diminuer les contraintes infligées au DIV
lors d’un port de charge, par exemple.
schéma 2 : l’étage vertébral
schéma 3 : la contraction des spinaux profonds décomprime l’avant du DIV