Paris s’amuse: entre vice et plaisir.
Peu avant les années 1900, Paris connaît une période de libération des mœurs qui correspond
à la fin du Second Empire et à l’arrivée de la 3ème République en 1870. Cette époque marquera
l’apparition de nouveaux lieux de divertissement comme les cabarets, les music-halls et autres
lieux publics où le plaisir devient le maître mot.
Cependant avant la création de ces lieux populaires, régnait déjà à Paris un monde de
débauche et de vice, à travers les bordels, les maisons closes et autres communautés privées.
Les grands auteurs de l’époque, Baudelaire parmi tant d’autres, connaissent bien cette face
cachée de la capitale du goût et du luxe. D’ailleurs il n’est pas sans savoir que le poète français
vécut dès son jeune âge avec la syphilis, maladie vénérienne qu’il avait attrapé suite à des
aventures peu communes.
Petite histoire de la prostitution:
La prostitution est connue comme « le plus vieux métier du monde », son apparition remonte
à l’antiquité, à Athènes dans les thermes mais aussi lors des repas il n’était pas rare de croiser
des scènes de ce genre. Plus tard, les monarques faisaient souvent appel à des femmes de
mœurs légers et autres courtisanes. Nous n’oublierons pas de citer les maîtresses et
concubines des rois de France. Cependant, Paris connaît un « âge d’or » de la prostitution sous
le Second Empire. La prostitution devient alors une activité de haut vol, due au changement
des mœurs de la haute société de l’époque.
Il faut alors différencier plusieurs catégories de femmes qui se lancent dans la profession :
En haut de l’échelle se trouvent les « cocottes » ou « demi-mondaines ». Il s’agit des
actrices des cabarets et music-halls. À partir du Second Empire, ce sont ces femmes qui
deviendront le centre d’attention de la vie mondaine. On citera surtout la « Païva »,
une russe arrivée à Paris en 1836.
Ensuite on retrouve les « filles soumises » ou autres « filles à carte » des maisons de
tolérance (ensuite appelées maisons closes) et qui travaillent en chambre.
Enfin la prostitution de bas étage est celle de la rue, « du trottoir » et elle est d’ailleurs
la plus répandue. Il s’agit de filles de la campagne qui arrivant à Paris ou dans les
grandes villes sans argent se retrouvent dans la rue. À Paris, cette prostitution est alors
très courante et se concentre dans les quartiers de la Bourse et du Palais Royal.
Document 1 : Charles Baudelaire, « Le Crépuscule du Soir », « Les Tableaux Parisiens »,
Les Fleurs du Mal, 1861.
Document 2 : Charles Baudelaire, « Le Jeu », « Les Tableaux Parisiens », Les Fleurs du
Mal, 1861.
Document 3 : Emile Zola, Nana, Les Rougon-Macquart III, 1880.
Document 4 : Serge Lama, Les petites femmes de Pigalle, 1973.
Document 5 : Emile Zola, L’Assommoir, 1876.
Document 6 : Toulouse-Lautrec, Tableaux variés (source : internet).
Document 7 : Photos des « cocottes » de Paris (source : internet).
Document 8 : Maxime du Camp, Paris, ses organes, ses fonctions et sa vie jusqu’en
1870, chapitre 17 « La prostitution », 1869.
Le document 1 est un extrait du poème XCV de la section des « Tableaux Parisiens » du
recueil Les Fleurs du Mal de Baudelaire. Le poème annonce le passage de la nuit et de ses
vices. Il se compose de quatre strophes d’alexandrins et de rimes suivies, alternant entre
rimes féminines et masculines. Le poème amorce le thème de la prostitution que l’on
retrouve dans le poème Le Jeu.
Le Crépuscule du soir
Voici le soir charmant, ami du criminel;
II vient comme un complice, à pas de loup; le ciel
Se ferme lentement comme une grande alcôve,
Et l'homme impatient se change en bête fauve1.
Ô soir, aimable soir, désiré par celui
Dont les bras, sans mentir, peuvent dire: Aujourd'hui
Nous avons travaillé! — C'est le soir qui soulage
Les esprits que dévore une douleur sauvage,
Le savant obstiné dont le front s'alourdit,
Et l'ouvrier courbé qui regagne son lit.
Cependant des démons malsains2 dans l'atmosphère
S'éveillent lourdement, comme des gens d'affaire,
Et cognent en volant les volets et l'auvent3.
À travers les lueurs que tourmente le vent
La Prostitution s'allume dans les rues;
Comme une fourmilière4 elle ouvre ses issues;
Partout elle se fraye5 un occulte chemin,
Ainsi que l'ennemi qui tente un coup de main;
Elle remue au sein de la cité de fange6
Comme un ver qui dérobe à l'Homme ce qu'il mange.
On entend çà et là les cuisines siffler,
Les théâtres glapir7, les orchestres ronfler;
Les tables d'hôte, dont le jeu fait les délices,
S'emplissent de catins8 et d'escrocs, leurs complices,
Et les voleurs, qui n'ont ni trêve9 ni merci,
Vont bientôt commencer leur travail, eux aussi,
Et forcer doucement les portes et les caisses
Pour vivre quelques jours et vêtir leurs maîtresses. […]
Notes (définitions tirées du Petit Robert) 1. Bête sauvage.
2. Qui relève une perversité intellectuelle ou morale.
3. Petit toit aménagé au-dessus d’une fenêtre ou d’une porte pour protéger de la pluie ou du soleil.
4. Lieu où s’agitent un grand nombre de personnes. Colonie de fourmis.
5. Ouvrir une voie en piétinant et/ou en repoussant des obstacles. Se créer un chemin parmi la foule.
6. Boue épaisse. Condition sociale inférieure.
7. Pousser un cri bref et aigu.
8. Femme de mauvaises fréquentations. Terme pour qualifier une prostituée.
9. Cessation des hostilités, arrêt des combats pendant un temps déterminé.
Répondez aux questions suivantes :
1) Quelle activité est ici présentée par l’auteur ? (mots en gras) Citez plusieurs termes qui
appuient votre réponse.
2) Relevez les termes péjoratifs qui sont reliés à cette activité.
3) Comment Baudelaire décrit-il cette activité ?
Le document 2 le poème XCVI de la section des « Tableaux Parisiens » du recueil Les Fleurs
du Mal de Baudelaire. Il s’agit du poème suivant « Le Crépuscule du Soir » où l’on retrouve le
thème de la prostitution, ici comme thème central. Le poème se compose de six quatrains
d’alexandrins. Les rimes sont alternées et mélangent rimes masculines et féminines. L’auteur
décrit un salon de jeu dans lequel il se trouve et le dépeint comme un antre du Mal.
Le Jeu
Dans des fauteuils fanés1 des courtisanes vieilles,
Pâles, le sourcil peint, l'œil câlin et fatal,
Minaudant2, et faisant de leurs maigres oreilles
Tomber un cliquetis3 de pierre et de métal;
Autour des verts tapis des visages sans lèvre,
Des lèvres sans couleur, des mâchoires sans dent,
Et des doigts convulsés d'une infernale fièvre,
Fouillant la poche vide ou le sein palpitant;
Sous de sales plafonds un rang de pâles lustres
Et d'énormes quinquets4 projetant leurs lueurs
Sur des fronts ténébreux de poètes illustres
Qui viennent gaspiller leurs sanglantes sueurs;
Voilà le noir tableau qu'en un rêve nocturne
Je vis se dérouler sous mon œil clairvoyant5.
Moi-même, dans un coin de l'antre taciturne6,
Je me vis accoudé, froid, muet, enviant,
Enviant de ces gens la passion tenace,
De ces vieilles putains la funèbre gaieté,
Et tous gaillardement7 trafiquant à ma face,
L'un de son vieil honneur, l'autre de sa beauté!
Et mon cœur s'effraya d'envier maint pauvre homme
Courant avec ferveur à l'abîme béant8,
Et qui, soûl9 de son sang, préférerait en somme
La douleur à la mort et l'enfer au néant!
Notes (définitions tirées du Petit Robert) 1. Qui a perdu sa fraîcheur, son éclat.
2. Prendre des pauses, ajouter des manières pour séduire.
3. Bruits métalliques.
4. Lampe à double courant d’air et à réservoir supérieur (très commune dans les opéras).
5. Qui discerne, ne se laisse pas abuser.
6. Qui parle peu, silencieux.
7. D’une manière décidée, sans donner signes de faiblesse.
8. Largement, profondément ouvert.
9. Saoul (forme ancienne).
Complétez le tableau suivant :
Champ lexical de la beauté Champ lexical du dégoût
Répondez aux questions suivantes :
1) Comment Baudelaire dépeint-il l’atmosphère du salon de jeu ?
2) Le thème principal du poème est la prostitution, retrouve-t-on la même idée ici
comme dans Le Crépuscule du Soir ?
3) Quelle serait ici la catégorie de femmes présentes dans le salon de jeu, selon la petite
histoire de la prostitution présentée précédemment ?
Le document 3 est un extrait de Nana de la collection des Rougon-Macquart d’Émile Zola. Nana, figure féminine à la fois vulgaire et séductrice, incarne une époque de plaisir et de relâchement des mœurs. La femme légère comme personnage récurrent de la littérature de cette époque.
On frappait les trois coups, des ouvreuses1 s’entêtaient
2 à rendre les vêtements,
chargées de pelisses3 et de paletots
4, au milieu du monde qui rentrait. La claque
5
applaudit le décor, une grotte du mont Etna, creusée dans une mine d’argent, et dont les
flancs6 avaient l’éclat des écus neufs ; au fond, la forge de Vulcain mettait un coucher
d’astre. Diane, dès la seconde scène, s’entendait avec le dieu, qui devait feindre7 un
voyage pour laisser la place libre à Vénus et à Mars. Puis, à peine Diane se trouvait-elle
seule, que Vénus arrivait. Un frisson remua la salle. Nana était nue. Elle était nue avec
une tranquille audace, certaine de la toute-puissance de sa chair. Une simple gaze8
l’enveloppait ; ses épaules rondes, sa gorge d’amazone dont les pointes roses se tenaient
levées et rigides comme des lances, ses larges hanches qui roulaient dans un
balancement voluptueux, ses cuisses de blonde grasse, tout son corps se devinait, se
voyait sous le tissu léger, d’une blancheur d’écume. C’était Vénus naissant des flots,
n’ayant pour voile que ses cheveux. Et, lorsque Nana levait les bras, on apercevait, aux
feux de la rampe, les poils d’or de ses aisselles. Il n’y eut pas d’applaudissements.
Personne ne riait plus, les faces des hommes, sérieuses, se tendaient, avec le nez aminci,
la bouche irritée et sans salive. Un vent semblait avoir passé, très doux, chargé d’une
sourde menace. Tout d’un coup, dans la bonne enfant, la femme se dressait, inquiétante,
apportant le coup de folie de son sexe, ouvrant l’inconnu du désir. Nana souriait
toujours, mais d’un sourire aigu de mangeuse d’hommes.
Notes (définitions tirées du Petit Robert) 1. Personne chargée d’ouvrir et de garder une loge au théâtre.
2. S’obstiner à faire quelque chose.
3. Grand manteau, pardessus d’homme fourré, porté surtout avec une tenue de soirée.
4. Vêtement d’homme, qui se boutonne sur le devant, souvent court et porté au-dessus d’autres vêtements.
5. Le public.
6. Parties latérales symétriques d’un lieu, objet.
7. Faire semblant.
8. Tissu très fin et très léger, de coton ou de soie, à l’aspect presque transparent.
Répondez au QCM suivant :
1) Qui est le personnage principal ?
A. Nana
B. Vénus
C. Diane
2) Que fait-elle ?
A. Elle danse
B. Elle joue sur scène
C. Elle pose pour un photographe
3) Comment est-elle physiquement ?
A. Elle est mince
B. Elle est très grosse
C. Elle est voluptueuse
4) Comment réagissent les hommes ?
A. Ils deviennent sérieux
B. Ils s’ennuient
C. Ils sont indignés
Répondez aux questions suivantes :
1) Dans quel lieu peut-se trouver le personnage principal ? Pourquoi ?
2) Selon la description qui est faite par l’auteur, à quelle catégorie de femmes, présentée
dans la petite histoire de la prostitution, le personnage principal appartient-il ?
Le document 4 est la chanson Les petites femmes de Pigalle de Serge Lama, grand chanteur
de la chanson française. Cette chanson, de l’album Je suis malade, sorti en 1973, recevra un
Oscar de la Chanson Française.
Les petites femmes de Pigalle
Un voyou m’a volé la _____________ de ma vie
Il m’a déshonoré me disent mes amis
Mais je m’en fous pas mal aujourd’hui
Mais je m’en fous pas mal car depuis
Chaque nuit
Je m’en vais voir les petites femmes de Pigalle
Toutes les nuits j’effeuille les _______________________
Je mets mes mains partout, je suis comme un bambin
Je m’aperçois qu’en amour je n’y _________________ rien
Je m’en vais voir les petites femmes de Pigalle
J’étais ____________ et je deviens cigale
Et je suis content, je suis content, je suis content
Je suis content, je suis cocu1 mais content.
Un voyou s’est vautré2 dans mon lit ____________
Il m’a couvert de boue, d’opprobre3 et de ___________
Mais je m’en fous pas mal aujourd’hui
Mais je m’en fous pas mal car depuis
Grâce à lui
Je m’en vais voir les petites femmes de Pigalle
Tous les maquereaux4 du coin me rincent la dalle5
Je m’aperçois qu’en amour je ne valais pas un sou
Mais grâce à leurs petits ___________ je vais apprendre tout
Je m’en vais voir les petites femmes de Pigalle
Tous les ______________ m’appellent l’Amiral
Et je suis content, je suis content, je suis content
Je suis content, je suis cocu mais content.
Je m’en vais voir les petites femmes de Pigalle
Dans toutes les ___________ j’attends des filles de salle
Je fais tous les endroits que l’église ___________
Même qu’un soir par hasard j’y ai retrouvé ma femme
Je m’en vais voir les petites femmes de Pigalle
C’est mon ____________ , ma drogue, mon gardénal6
Et je suis content, je suis content, je suis content
Je suis content, je suis cocu mais content.
(Il s’en va voir les petites femmes de Pigalle
Dans toutes les gares il attend des filles de salle
Il fait tous les endroits que l’église condamne
Même qu’un soir _____________________ il y a retrouvé sa femme
Il s’en va voir les petites femmes de Pigalle
C’est son péché, sa___________ , son gardénal
Il est content, il est content, il est content,
Il est content, il est cocu mais content.)
Notes (définitions tirées du Petit Robert)
1. Personne qui se fait tromper par son partenaire.
2. Se coucher, s’étaler, s’étendre.
3. Déshonneur extrême et publique infligé à quelqu’un.
4. Homme qui débauche et qui prostitue les femmes et qui reçoit d’elles l’argent qu’elles tirent de la
prostitution.
5. Réaliser une illusion, tromper.
6. Sédatif général et hypnotique.
Complétez les espaces en blanc de la chanson.
Répondez aux affirmations suivantes par VRAI ou FAUX :
1) Le personnage principal est un homme. VRAI FAUX
2) Sa femme l’aime énormément. VRAI FAUX
3) Il est très affecté par sa situation. VRAI FAUX
4) Il va partir en voyage. VRAI FAUX
5) Il est très catholique. VRAI FAUX
Expliquez le sens des phrases suivantes avec vos propres mots.
-« je m’en fous pas mal » :
-« je suis comme un bambin » :
-« J’étais fourmi et je deviens cigale » :
-« je ne valais pas un sou » :
-« j’attends des filles de salle » :
Qui sont en réalité ces « femmes de Pigalle » ? Quel est donc le thème de la chanson ?
Le document 5 est un extrait de l’Assommoir d’Émile Zola. Il raconte ici comment Gervaise a
failli se résoudre à se prostituer suite à sa situation malheureuse.
« C’était l’instant d’avoir du cœur et de se montrer gentille, si elle ne voulait pas crever au
milieu de l’allégresse1 générale. […] Elle ralentit encore le pas, regarda autour d’elle […]. Et sur
ce large trottoir sombre et désert, où venaient mourir les gaietés des chaussées voisines, des
femmes, debout, attendaient. Elles restaient de longs moments immobiles, patientes, raidies
comme des petits platanes2 maigres ; puis, lentement, elles se mouvaient, traînaient leurs
savates3 sur le sol glacé, faisaient dix pas et s’arrêtaient de nouveau, collées à la terre […].
Longtemps elle piétina, ignorante de l’heure et du chemin. Autour d’elle, les femmes muettes
et noires, sous les arbres, voyageaient, enfermaient leur marche dans le va-et-vient régulier
des bêtes de cage. Elles sortaient de l’ombre, avec une lenteur vague d’apparitions ; elles
passaient dans le coup de lumière d’un bec de gaz4, où le masque blafard5 nettement
surgissait ; et elles se noyaient de nouveau, reprises par l’ombre, balançant le rai6 de leur blanc
jupon, retrouvant le charme frissonnant des ténèbres du trottoir. Des hommes se laissaient
arrêter, causaient7 pour la blague, repartaient en rigolant. D’autres, effacés, s’éloignaient, à dix
pas derrière une femme. »
Notes (définitions tirées du Petit Robert) 1. Démonstration vive, bruyante et collective de la joie.
2. Arbre des régions tempérées à l’allure majestueuse qui borde souvent les routes.
3. Chaussure, pantoufle usée.
4. Partie d’une lampe à gaz où a lieu la combustion, lampe à gaz, réverbère.
5. Pâle, sans éclat, souvent désagréable à la vue.
6. Faisceau de lumière, rayon.
7. Entamer une conversation, parler.
Répondez aux questions suivantes :
1) Quelle est l’atmosphère générale du texte ?
2) Comment pouvez-vous relier ce texte au poème Le Jeu de Baudelaire ? Quels sont les
aspects de la prostitution que nous retrouvons ici ?
3) Quelle catégorie de femmes (selon la petite histoire de la prostitution) est ici
présentée ?
Le document 6 est un ensemble de tableaux de Toulouse-Lautrec représentant le monde la
prostitution. Henri de Toulouse-Lautrec est un des peintres les plus représentatifs de la Belle
Époque. Originaire du Sud, il vivra cependant dans le quartier parisien de Montmartre où il
fera la connaissance du milieu des cabarets et autres lieux de rencontres.
Répondez aux questions suivantes :
1) Quelles sont les différentes situations représentées ici ?
2) À quelle période artistique appartiennent ces tableaux ?
3) Que pensez-vous de l’utilisation des différentes couleurs ? Quelle atmosphère s’en
dégage ?
Salon rue des Moulins
Révision générale. Madame Poupoule.
Femme et sa toilette.
Le document 7 est un ensemble de photos des « cocottes » de l’époque.
La Païva, jeune artiste russe
célèbre courtisane et « demi-
mondaine ». Maîtresse du
pianiste Hertz, puis du Duc de
Guiche et du Duc de Grammont.
Cora Pearl, pseudonyme
d’Éliza Emma Crouch,
anglaise, l’une des
courtisanes de Louis-
Napoloéon Bonaparte mais
aussi la maîtresse d’Achille
Murat, du Prince d’Orange et
du même Napoléon III.
Céleste Mogador,
célèbre danseuse qui
deviendra la comtesse
de Chabrillan suite à son
succès.
Répondez aux questions suivantes :
1) En faisant plus de recherches sur internet, découvrez l’occupation et la réputation de
chacune de ces femmes. 2) Qu’avaient-elles en commun ? Qu’ont-elles obtenu ? 3) Pouvez-vous citer d’autres « cocottes » du Paris du XIXème ? Si oui, lesquelles ? (faites
une petite présentation de chacune)
Le document 8 est un extrait de Maxime du Camp, Paris, ses organes, ses fonctions et sa vie
jusqu’en 1870, chapitre 17 « La prostitution ». Il s’agit d’un récit historique de l’écrivain
français du début du XIXème siècle, très ami de Gustave Flaubert et membre de l’Académie
Française.
« La plupart arrivent de la province, de la campagne. Elles ont entendu dire qu’à Paris on
gagnait de l’argent ; elles ont l’exemple de celle-ci et de celle-là qui est revenue au village avec
un petit magot ; elles sont parties vertueuses peut-être, à coup sûr sans idée préconçue de la
corruption. Elles sont entrées comme filles de cuisine, comme bonnes à tout faire dans quelque
ménage parcimonieux : les amies les ont entraînées ; elles ont été au bal, elles y ont fait une
connaissance ; tout a mal tourné, les maîtres l’ont su, elle a été chassée, sans certificat, sans
ressources : elle a lutté quelque temps, a vécu de hasards ; elle a honte et n’ose plus retourner
au pays ; à bout de courage et de résolution, elle ferme les yeux et met le pied sur la pente
qu’on ne remonte pas. »
Activités type Bachibac :
1) Expliquez le sens des expressions suivantes en utilisant vos propres mots :
- « un petit magot »
- « ménage parcimonieux »
- « vivre de hasards »
- « retourner au pays »
2) De quoi parle l’auteur quand il dit « la pente qu’on ne remonte pas » ?
3) Quelle catégorie de femmes (selon la petite histoire de la prostitution) est ici
présentée ?
4) Pensez-vous que cette situation était courante à l’époque ? Pouvez-vous citer d’autres
exemples ?
5) La prostitution semble à l’époque une issue de la pauvreté, une occasion de
s’approcher de la capitale et de son « beau monde ». Pensez-vous qu’il en était ainsi ?
Argumentation : Choisissez l’un des sujets proposés et argumentez votre réflexion à l’aide de
vos connaissances et du corpus présenté ici. (250 mots environ)
Sujet A : Le critère de beauté de l’époque est-il le même que maintenant ? Montrez en quoi a-
t-il changé et quel impact il exerce sur notre société.
Sujet B : La prostitution semble à l’époque une activité des plus communes. L’est-elle toujours
de notre époque ? Si oui, sous quelles formes ? Pour aller plus loin :
L’Apollonide de Bertrand Bonello, 2011.
http://www.youtube.com/watch?v=uO3LgQkDCWE
Maison Close, Canal + de Jacques Ouaniche, 2010.
http://www.youtube.com/watch?v=MlngFdqVImQ&list=PLFB1F7A64B72FD742
Correction :
Document 1 :
Répondez aux questions suivantes :
1) Quelle activité est ici présentée par l’auteur ? (mots en gras) Citez plusieurs termes qui
appuient votre réponse.
Il s’agit de la prostitution. « La Prostitution s'allume dans les rues », « S'emplissent de catins »
2) Relevez les termes péjoratifs qui sont reliés à cette activité.
Termes péjoratifs : « démons malsains » « Comme une fourmilière » « Partout elle se fraye un
occulte chemin » « Ainsi que l'ennemi » « Elle remue au sein de la cité de fange ».
3) Comment Baudelaire décrit-il cette activité ?
Baudelaire décrit cette activité de manière péjorative, comme une activité malsaine, du monde
de la nuit et de l’Enfer (démon). Les catins comme les voleurs sont des représentants du vice et
viennent dérober aux honnêtes travailleurs jusqu’à leur ultime possession.
Document 2 :
Complétez le tableau suivant :
Champ lexical de la beauté Champ lexical du dégoût le sourcil peint Minaudant Des lèvres pierre et de métal le sein palpitant l'autre de sa beauté
fauteuils fanés des courtisanes vieilles Pâles leurs maigres oreilles des visages sans lèvre des mâchoires sans dent des doigts convulsés leurs sanglantes sueurs
Répondez aux questions suivantes :
1) Comment Baudelaire dépeint-il l’atmosphère du salon de jeu ?
Les termes utilisés « l'antre taciturne » « l'abîme béant » « sales plafonds » décrivent le salon
de jeu comme un lieu dégoûtant, peu recommandable.
2) Le thème principal du poème est la prostitution, retrouve-t-on la même idée ici
comme dans Le Crépuscule du Soir ?
Ici, l’idée annoncée est plus celle de l’état des prostituées, des plus déplorables, plutôt que
l’activité en elle-même. L’auteur n’apporte pas ici de jugement sur l’activité mais nous donne
une description des lieux de prostitution ainsi que des prostituées, les deux très négatives.
3) Quelle serait ici la catégorie de femmes présentes dans le salon de jeu, selon la petite
histoire de la prostitution présentée précédemment ?
Il s’agit de « filles soumises » ou de « filles à la carte » que l’on retrouve dans les maisons
closes. (deuxième catégorie)
Document 3 :
Répondez au QCM suivant :
1) Qui est le personnage principal ?
A. Nana
B. Vénus
C. Diane
2) Que fait-elle ?
A. Elle danse
B. Elle joue sur scène
C. Elle pose pour un photographe
3) Comment est-elle physiquement ?
A. Elle est mince
B. Elle est très grosse
C. Elle est voluptueuse
4) Comment réagissent les hommes ?
A. Ils deviennent sérieux
B. Ils s’ennuient
C. Ils sont indignés
Répondez aux questions suivantes :
1) Dans quel lieu peut-se trouver le personnage principal ? Pourquoi ?
Nana se trouve certainement dans un cabaret. A l’époque la plupart des représentations se
faisaient dans les cabarets et autres salles de spectacle, de plus il ne semble pas s’agir d’une
œuvre de théâtre littéraire d’où l’exclusion du théâtre ou de l’opéra.
2) Selon la description qui est faite par l’auteur, à quelle catégorie de femmes, présentée
dans la petite histoire de la prostitution, le personnage principal appartient-il ?
Il s’agit d’une « cocotte », une actrice de cabaret qui a beaucoup de succès et qui par sa beauté
peut prétendre à devenir femme de mondain.
Document 4 :
Complétez les espaces en blanc de la chanson.
Les petites femmes de Pigalle
Un voyou m’a volé la femme de ma vie
Il m’a déshonoré me disent mes amis
Mais je m’en fous pas mal aujourd’hui
Mais je m’en fous pas mal car depuis
Chaque nuit
Je m’en vais voir les petites femmes de Pigalle
Toutes les nuits j’effeuille les fleurs du mal
Je mets mes mains partout, je suis comme un bambin
Je m’aperçois qu’en amour je n’y connaissais rien
Je m’en vais voir les petites femmes de Pigalle
J’étais fourmi et je deviens cigale
Et je suis content, je suis content, je suis content
Je suis content, je suis cocu mais content.
Un voyou s’est vautré dans mon lit conjugal
Il m’a couvert de boue, d’opprobre et de scandale
Mais je m’en fous pas mal aujourd’hui
Mais je m’en fous pas mal car depuis
Grâce à lui
Je m’en vais voir les petites femmes de Pigalle
Tous les maquereaux du coin me rincent la dalle
Je m’aperçois qu’en amour je ne valais pas un sou
Mais grâce à leurs petits cours je vais apprendre tout
Je m’en vais voir les petites femmes de Pigalle
Tous les marins m’appellent l’Amiral
Et je suis content, je suis content, je suis content
Je suis content, je suis cocu mais content.
Je m’en vais voir les petites femmes de Pigalle
Dans toutes les gares j’attends des filles de salle
Je fais tous les endroits que l’église condamne
Même qu’un soir par hasard j’y ai retrouvé ma femme
Je m’en vais voir les petites femmes de Pigalle
C’est mon péché, ma drogue, mon gardénal
Et je suis content, je suis content, je suis content
Je suis content, je suis cocu mais content.
(Il s’en va voir les petites femmes de Pigalle
Dans toutes les gares il attend des filles de salle
Il fait tous les endroits que l’église condamne
Même qu’un soir par hasard il y a retrouvé sa femme
Il s’en va voir les petites femmes de Pigalle
C’est son péché, sa drogue, son gardénal
Il est content, il est content, il est content,
Il est content, il est cocu mais content.)
Répondez aux affirmations suivantes par VRAI ou FAUX :
1) Le personnage principal est un homme. VRAI FAUX
2) Sa femme l’aime énormément. VRAI FAUX
3) Il est très affecté par sa situation. VRAI FAUX
4) Il va partir en voyage. VRAI FAUX
5) Il est très catholique. VRAI FAUX
Expliquez le sens des phrases suivantes avec vos propres mots.
-« je m’en fous pas mal » : je m’en moque, je n’en n’ai rien à faire, ça m’est égal
-« je suis comme un bambin » : je suis comme un gamin, un enfant
-« J’étais fourmi et je deviens cigale » : je faisais attention et je prévoyais maintenant ça m’est
égal et je fais ce qu’il me plaît (référence à la fable de la Fontaine « La Cigale et la Fourmi »)
-« je ne valais pas un sou » : je ne valais rien
-« j’attends des filles de salle » : j’attends des prostituées
Qui sont en réalité ces « femmes de Pigalle » ? Quel est donc le thème de la chanson ?
Il s’agit des prostituées que l’on peut trouver près la Place Pigalle. Le thème est donc celui de
la prostitution.
Document 5 : Répondez aux questions suivantes :
1) Quelle est l’atmosphère générale du texte ?
On ressent un certain mal-être, la protagoniste ne sait pas quoi faire, elle semble perdue.
2) Comment pouvez-vous relier ce texte au poème « Le Jeu » de Baudelaire ? Quels sont
les aspects de la prostitution que nous retrouvons ici ?
Aspects : -l’aspect des prostituées, -l’ambiance terne du milieu de la prostitution, -la
description péjorative de l’activité…
3) Quelle catégorie de femmes (selon la petite histoire de la prostitution) est ici
présentée ?
Il s’agit de la prostitution de bas-étage et la plus répandue, la prostitution de rue, du
« trottoir ».
Document 6 : Répondez aux questions suivantes :
1) Quelles sont les différentes situations représentées ici ?
Les différentes situations : -la discussion des prostituées dans les maisons closes, les salons, -la
toilette, -la visite médicale obligatoire à partir de 1802.
2) À quelle période artistique appartiennent ces tableaux ?
Il s’agit de tableaux impressionnistes.
3) Que pensez-vous de l’utilisation des différentes couleurs ? Quelle atmosphère s’en
dégage ?
L’utilisation des couleurs vives, du jaune et de l’orange, donne une impression de vulgarité et
d’énergie, surtout dans les deux premiers tableaux. Les deux derniers sont plus tranquilles
avec l’utilisation de couleur pâle et surtout du bleu qui donne une impression d’innocence.
Document 7 : Répondez aux questions suivantes :
1) En faisant plus de recherches sur internet, découvrez l’occupation et la réputation de
chacune de ces femmes.
Sites et liens dans la partie « Sites et sources » du blog.
2) Qu’avaient-elles en commun ? Qu’ont-elles obtenu ?
Elles étaient toutes actrices ou danseuses dans des cabarets et sont devenues des femmes
nobles ou « demi-mondaines » en épousant des hommes nobles ou en devenant la maîtresse
de plusieurs hommes de la haute société.
3) Pouvez-vous citer d’autres « cocottes » du Paris du XIXème ? Si oui, lesquelles ? (faites
une petite présentation de chacune)
On peut citer : - Liane de Pougy, - Emilienne d’Alençon, - Carolina Otero ou - Cléo de Mérode.
(Plus d’informations sur wikipédia)
Document 8 :
Activités type Bachibac :
1) Expliquez le sens des expressions suivantes en utilisant vos propres mots :
- « un petit magot » = une petite somme d’argent
- « ménage parcimonieux » = un couple économe, qui ne dépense pas beaucoup
- « vivre de hasards » = vivre de ce qui peut arriver, des moments vécus
- « retourner au pays » = retourner au village, chez les parents
2) De quoi parle l’auteur quand il dit « la pente qu’on ne remonte pas » ?
Il parle de la prostitution.
3) Quelle catégorie de femmes (selon la petite histoire de la prostitution) est ici
présentée ?
Il s’agit des « femmes à la carte » ou des femmes de la rue, la prostitution de « trottoir ».
4) Pensez-vous que cette situation était courante à l’époque ? Pouvez-vous citer d’autres
exemples ?
Opinion personnelle.
Idées : -les jeunes filles qui devaient se prostituer pour survivre (Cosette, Les misérables de
V.Hugo…), -les jeunes filles dont les parents sont morts et qui se retrouvent sans papiers et
sans domicile fixe (Maison Close sur canal +, le film l’Apollonide de Bertrand Bonello…)
5) La prostitution semble à l’époque une issue de la pauvreté, une occasion de
s’approcher de la capitale et de son « beau monde ». Pensez-vous qu’il en était ainsi ?
Opinion personnelle.
Idées : -les jeunes filles qui se prostituent ne sortent jamais des maisons closes (Maison Close
sur canal +, le film l’Apollonide de Bertrand Bonello), - rares sont les jeunes femmes qui
arrivent à devenir « cocottes » et à obtenir une situation, -les femmes qui se prostituent ne
connaissent pas le « beau monde », elles ne gagnent pas d’argent mais survivent (matons),
nombreuses sont celles qui meurent d’une maladie sexuellement transmissible (Baudelaire,
biographie)…
Argumentation : Choisissez l’un des sujets proposés et argumentez votre réflexion à l’aide de
vos connaissances et du corpus présenté ici. (250 mots environ)
Sujet A : Le critère de beauté de l’époque est-il le même que maintenant ? Montrez en quoi a-
t-il changé et quel impact il exerce sur notre société.
I. Le canon de beauté de l’époque
-le culte du beau, des teints blancs (Antiquité reprise par les romantiques)
-la présence des formes, de la volupté (Nana, les « cocottes », les peintures et sculptures de
l’époque…)
-les signes de bonne santé, de féminité et de maternité (les femmes ont des courbes et cela est
normal)
II. Le culte du beau et du mince
-le culte du beau toujours mais des peaux bronzées (problème de la protection solaire qui
apparaît…)
-le culte du mince (les mannequins sur les défilés, problèmes d’anorexie et de boulimie,
l’image que renvoient les magazines aux jeunes filles…)
-le culte de l’image (la population actuelle est très dépendante des médias et de l’image
qu’elle nous renvoie de nous, beaucoup de gens ont des problèmes psychologiques par
rapport à l’image qu’ils ont d’eux et à cause du jugement des autres…)
Sujet B : La prostitution semble à l’époque une activité des plus communes. L’est-elle toujours
de notre époque ? Si oui, sous quelles formes ?
I. La prostitution illégale
-il existe toujours de nos jours une prostitution illégale, celle de la rue, du « trottoir » (grandes
villes d’Europe et nombreuses villes des pays en voie de développement…)
-il y a une prostitution qui n’est pas reconnue comme telle mais qui concerne les filles des pays
de l’Est (Russie, Pologne, Roumanie…) qui viennent en France pour travailler comme danseuse
et qui se retrouvent dans le milieu de la prostitution (réseaux très organisés)
-les réseaux de prostitution organisés que l’on retrouve à plusieurs niveaux (dans la rue, pour
les particuliers, dans des maisons closes…)
II. La prostitution légale
-il s’agit des types de prostitution que l’on ne qualifie de prostitution mais qui le sont, par
exemple les « escorts-girls » nouvelles courtisanes de l’époque et autres « cocottes » (le cas
Zahia avec les footballeurs français…)
-la prostitution sur internet où l’on peut facilement acheter les services d’une jeune fille (par
caméras interposées ou de manière physique)
-les maisons closes, clubs et autres « bordels » qui sont restés légaux comme autrefois et de
plus sont très accessibles