RecheRcheAgRonomiqueSuiSSe
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Production animale Pâture tournante en estivage ovin: effets sur la végétation Page 216
Environnement Comparaison de sols reconstitués et formés naturellement Page 232
Production végétale La rouille jaune menace-t-elle la culture du blé en Suisse? Page 244
Berner FachhochschuleHaute école spécialisée bernoiseSchweizerische Hochschulefür Landwirtschaft SHLHaute école suisse d’agronomie HESA
SommaireJuin 2010 | Numéro 6
215 Editorial
Production animale
216 Pâture tournante en estivage ovin:effets sur la végétationMarco Meisser et Catherine Chatelain
Production animale
222 Ingestion de fourrage et évolution du poids de vaches allaitantes suitées Marc Boessinger, Jacques Emmenegger,
André Chassot et Isabelle Morel
Production animale
228 Agents conservateurs d’ensilage: résultats des tests de 2009Ueli Wyss
Environnement
232 Comparaison de sols reconstitués et formés naturellementMatthias Stettler, Christoph Stettler,
et Beat Huber-Eicher
Economie agricole
238 L’agriculture biologique, mal acceptée en grandes culturesAli Ferjani, Albert Zimmermann et
Linda Reissig
Production végétale
244 La rouille jaune menace-t-elle la culture du blé en Suisse? Fabio Mascher, Michel Habersaat et
Stefan Kellenberger
252 Portrait
253 Actualités
255 Manifestations
Le mouton Nez noir du Valais est estivé pendant la belle saison. ACW a expérimenté un système de pâture tournante sur un alpage du Haut-Valais, avec un troupeau mêlant cette race rustique à des moutons Blanc des Alpes. (Photo: Hélène Tobler, ACW)
ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.
EditeurAgroscope
Partenairesb Agroscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil
ACW; Agroscope Liebefeld-Posieux ALP et Haras national suisse HNS; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART)
b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berneb Haute école suisse d’agronomie HESA, Zollikofenb Centrales de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,
Department of agricultural and foodscience
Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]
Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: [email protected]
Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Eliane Rohrer (ACW), Gerhard Mangold (ALP et HNS), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HESA), Philippe Droz (AGRIDEA), Jörg Beck (ETH Zürich)
AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris(étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–** Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch ou
AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]
Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch
ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse
© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.
Editorial
215
Chère lectrice, cher lecteur
L’économie alpestre est confrontée à une situation difficile: le cheptel estivé
diminue, les coûts de production sur l’alpage sont élevés, le travail y est
pénible, le personnel qualifié fait souvent défaut et les contraintes légales se
renforcent. Ces conditions se répercutent sur l’exploitation des alpages, on
assiste aujourd’hui toujours plus à une polarisation. L’intensité d’exploita-
tion augmente sur les meilleures surfaces, avec parfois des signes de surex-
ploitation. A l’inverse, les exploitations de petite taille, mal accessibles et/ou
situées en zone de forte pente sont menacées d’abandon. Il n’est pas rare de
voir le bétail laitier remplacé par des génisses, des vaches allaitantes ou
même des moutons.
Face à tous ces défis, il est urgent de développer de nouveaux outils pour
exploiter les alpages. Une étude d’Agroscope, présentée dans ce numéro en
page 216, visait à évaluer la faisabilité du pâturage tournant en estivage
ovin. Cette forme de conduite, très avantageuse sur le plan de l’entretien et
de la valorisation de la ressource pastorale, permet de moduler l’intensité de
pâture sur les différentes zones de végétation de l’alpage: plus forte dans les
zones inférieures, soumises à la reforestation, et plus faible dans la partie
supérieure où la flore est très sensible. Cette pression différenciée est favo-
rable au maintien de la diversité botanique. Reste un paradoxe: la gestion
«extensive» de grands espaces (charge plus faible ou bovins remplacés par
des ovins) implique souvent un surcroît de travail et davantage de matériel.
Les aides publiques, si elles permettent de couvrir une bonne partie des
coûts supplémentaires, restent souvent insuffisantes.
L’avenir des zones agricoles de montagne soulève de nombreuses ques-
tions plus globales qui sont abordées dans trois programmes de recherche:
Agrimontana, AlpFUTUR et Mountland. Le premier de ces programmes
porte sur le rôle de l’agriculture de montagne, en lien avec le développe-
ment durable de ces régions. Le second a pour but d’identifier les perspec-
tives d’exploitation des alpages pour les 10 à 40 prochaines années. Enfin,
Mountland s’attache, entre autres, à évaluer l’impact du réchauffement
climatique sur les systèmes d’exploitation.
A l’avenir, les regroupements d’alpage, l’extensification d’une partie
d’entre eux et l’abandon de la production laitière au profit de la viande vont
s’accentuer. Loin de baisser, les enjeux agronomiques, écologiques, sociaux
et «touristiques» des alpages vont encore prendre de l’ampleur. Cette
évo lution renforcera la nécessité d’une concertation entre tous les acteurs.
Les défis sont importants, pour une cause qui mérite largement d’être
défendue.
Quel avenir pour les alpages?
Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 215, 2010
Marco Meisser,Agroscope Changins-Wädenswil ACW
216 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 216–221, 2010
beaucoup moins pour la détention des moutons. Le
matériel actuel a pourtant beaucoup progressé, de
sorte qu’il est aujourd’hui possible de mettre en place
des clôtures électriques de haute puissance même sur
des terrains difficiles.
Dans un essai conduit entre 2000 et 2002, Troxler et
Chatelain (2006) ont montré les possibilités et les limites
de la pâture tournante stricte avec création de parcs à
l’aide de clôtures électriques. Dans cet article, nous pré-
sentons les effets de ce système de pâture sur la végéta-
tion d’un alpage. Des analyses botaniques ont été réali-
sées en 2002 puis en 2009 sur 36 placettes, afin d’évaluer
le pâturage tournant en estivage ovin sous l’angle de la
diversité botanique.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
L’alpage de Niven est un estivage à moutons situé dans
la région de Loèche-les-Bains (VS). Il se trouve à cheval
sur les communes d’Erschmatt et de Bratsch, entre 1950
et 2700 m d’altitude. Ses pentes sont principalement
exposées au sud. Le sol est formé par des roches calcaires
et siliceuses. A l’origine, Niven était un estivage mixte
avec des génisses, des jeunes chevaux et des moutons.
Depuis plus de dix ans, ce sont environ 1000 moutons et
quelques chevaux qui sont estivés. Les ovins sont essen-
tiellement de race Blanc des Alpes (purs ou croisés) et
Nez noir du Valais.
La pâture est pratiquée en système tournant depuis
l’année 2000. Les trois premières années (2000 à 2002),
les parcs étaient au nombre de cinq. Au cours de cette
phase de test, les clôtures ont parfois été déplacées pour
équilibrer la surface des parcs ou permettre l’accès des
animaux à des points d’eau. Ce n’est qu’à partir de 2003
que le nombre de parcs et leur configuration sont deve-
nus définitifs (fig. 1). L’estivage débute généralement
vers le 20 juin pour se terminer autour du 15 – 20 sep-
tembre. La partie inférieure – quatre parcs clôturés – est
utilisée les 50 premiers jours et la partie supérieure – non
clôturée – est pâturée de début août à mi-septembre.
Avant l’année 2000, il n’y avait pas de gardiennage per-
manent et les moutons étaient libres de parcourir toutes
les zones de l’alpage pendant les 90 jours d’estivage.
Marco Meisser et Catherine Chatelain, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon
Renseignements: Marco Meisser, e-mail: [email protected], tél. +41 22 363 47 42
P r o d u c t i o n a n i m a l e
Pâture tournante en estivage ovin: effets sur la végétation
I n t r o d u c t i o n
Le cheptel ovin suisse compte 450 000 têtes (OFS, 2009)
dont la moitié environ est estivée. Sur la grande majo-
rité des alpages, les moutons pâturent librement. Cette
gestion en libre pâture s’accompagne souvent d’une uti-
lisation très inégale de la ressource pastorale. Les zones
inférieures, souvent situées en forêt, sont sous-pâturées,
tandis que les zones sensibles à l’étage alpin sont fré-
quemment sur-pâturées.
Depuis 2003, la Confédération encourage le gar-
diennage permanent et le pâturage tournant au moyen
de contributions d’estivage différenciées. Si la pâture
tournante avec clôtures permanentes est un système
relativement répandu pour la garde des bovins, il l’est
Environ la moitié du chaptel ovin suisse est estivé.
217
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 216–221, 2010
Le pâturage des ovins dans les zones
sensibles est délicat. Si la pâture est mal
conduite, le couvert végétal se dégrade et
la diversité floristique diminue. Dans ce
contexte, il est souhaitable de développer
de nouvelles techniques de gestion des
troupeaux. L’étude menée par ACW avait
pour but d’évaluer la pâture tournante en
estivage ovin sous l’angle de la diversité
végétale. Des analyses botaniques ont été
réalisées en 2002 puis en 2009 sur 36 pla-
cettes à l’aide de la méthode de Braun-
Blanquet. Au cours des sept ans de suivi,
les principaux indicateurs (nombre d’espèces,
indices de Shannon et d’équitabilité) sont
restés stables ou ont évolué favorablement.
La végétation, en termes de composition
botanique ou de recouvrement, n’a évolué
que très faiblement pendant cette période.
Ces résultats suggèrent que le système tour-
nant, lorsqu’il est bien conduit, permet de
maintenir la diversité botanique. Les résul-
tats doivent cependant être considérés avec
prudence du fait de la durée limitée du suivi.
Une partie du troupeau était parfois ramenée dans la
partie basse de l’alpage pour y pâturer certaines zones.
Des relevés botaniques ont été réalisés en 2002 et en
2009 sur 36 placettes réparties dans les quatre parcs de
façon à couvrir les différents types de végétation. Les
observations ont été effectuées peu avant l’arrivée des
animaux. En 2002, les coordonnées géographiques des
placettes ont été déterminées à l’aide d’un GPS. Deux
plots métalliques ont en outre été placés dans le sol pour
marquer avec précision l’emplacement des placettes. En
2009, un détecteur de métal a été utilisé pour retrouver
les bornes métalliques. Les relevés, réalisés par la même
personne en 2002 et 2009, ont été effectués sur des car-
rés de 25 m² en général, en utilisant la méthode de
Braun-Blanquet (1964). La nomenclature utilisée est
celle de Flora Helvetica, de Lauber et Wagner (2000).
Analyses statistiques
Les analyses botaniques ont été mises en valeur d’après
deux critères, la liste des espèces (présence-absence) et
leur taux de recouvrement (recouvrement moyen calculé
à partir du coefficient d’abondance-dominance). Les
indices de Shannon (H) et d’équitabilité (evenness) ont été
calculés à partir des valeurs de recouvrement. L’indice de
Shannon sert à caractériser la diversité floristique d’un
milieu; dépendant de la richesse spécifique et de la struc-
ture de dominance, il se calcule selon la formule suivante:
H = – [pi·log2pi], où pi est l’abondance relative de l’espèce
i. L’équitabilité reflète la structure de dominance; cet indi-
cateur n’est pas corrélé avec la richesse spécifique: E = H /
log2q, où q est le nombre d’espèces. Les valeurs écolo-
giques moyennes de chaque placette ont également été
calculées en pondérant les valeurs indicatrices de chaque
espèce (Landolt 1977) par leur recouvrement. Enfin, une
analyse factorielle des correspondances (AfC) a permis de
mettre en évidence les gradients de végétation.
Le diagnostic phytosociologique (établissement d’une
typologie de la végétation) a été effectué à l’aide d’ana-
lyses multivariées et de techniques de groupement. Dans
la grande majorité des cas, les groupements présents sont
des mosaïques qui s’apparentent aux alliances Nardion et
Seslerion. Pour simplifier, nous avons utilisé les appella-
tions suivantes: Nardion pour les groupements caractéri-
sés par la présence d’espèces acidophiles typiques de la
nardaie (Arnica montana, Campanula barbata, etc.) sans
exclure la présence de taches d’espèces calcicoles du Sesle-
rion; Elynion pour Elynion-Seslerion; Caricion curvulae
pour la forme appauvrie du Nardion-Seslerion avec ten-
dance vers le C. curvulae; Poion alpinae pour la forme
enrichie et très pâturée du Nardion et Junipero-Laricetum
(mélèzein) pour les végétations herbacées sous un couvert
de mélèzes.
Pâture tournante en estivage ovin: effets sur la végétation | Production animale
000000000 250250250250250250250250250 500500500500500500500500500
metresmetresmetresmetresmetresmetresmetresmetresmetres
2
4
1
3
Emplacement des parcs dès 2003Limite de l'alpage (sans clôture)Clôtures électriques
Placettes de suivi de végétation
AFS_06_10_Meissner_Fig_1.pdf 1 28.05.10 11:49
Figure 1 | Emplacement des clôtures à partir de 2003. Les 36 placettes qui ont fait l’objet du suivi de végétation sont indiquées par un point rouge. Les informations concernant la surface des parcs et la répartition des placettes sont données aux tableaux 1 et 2. La partie supérieure, non clôturée, se situe au nord des quatre parcs.
218 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 216–221, 2010
(Nardus stricta) et buissons, a été estimée à près de 30 %.
La pression de pâture a été sensiblement plus élevée
dans les deux parcs inférieurs que dans les parcs 3 et 4.
Dans la partie supérieure et non clôturée de l’alpage,
l’intensité de pâture était nettement plus basse que
dans la partie inférieure (12 UGB∙jours / ha versus
53 UGB∙jours/ha), en relation avec la faible offre en
herbe (2 à 3 dt MS/ha épuré). La limite entre les deux
parties correspond plus ou moins à la transition entre les
étages subalpin et alpin.
Le taux d’utilisation du fourrage permet de porter
une appréciation sur le degré d’exploitation de la res-
source pastorale. Il est obtenu en divisant la consomma-
tion théorique du troupeau par l’offre en herbe. D’après
nos estimations, le taux d’utilisation moyen du fourrage
des parcs 1 à 4 s’est élevé à 90 % (données non présen-
tées). Ce taux est élevé mais reste acceptable si l’on
considère que la végétation non consommable (surtout
le nard raide) n’est pas considérée dans le calcul.
Relevés botaniquesAu total, 197 espèces végétales ont été recensées sur les
36 placettes. Un peu plus de trois quarts des placettes
présentent un bilan «positif» ou «stable»; cela signifie
que les nouvelles observations (présence d’une espèce
sur une placette en 2009 mais pas en 2002) ont été au
moins aussi nombreuses que les observations non renou-
velées (absence en 2009 mais présence en 2002). Les
espèces au bilan largement positif sont, sans surprise,
des espèces ubiquistes (Anthoxanthum odoratum et
Agrostis capillaris). La stratégie de reproduction, par
exemple la viviparité ou la multiplication par les rhizomes,
explique probablement aussi la propagation plus impor-
tante de certaines espèces. C’est le cas de Poa alpina et
d’A. odoratum.
Sur les 197 espèces répertoriées, douze n’ont été
observées qu’en 2009. Ce sont pour la plupart des
espèces de pleine lumière (Kernera saxitalis, Erigeron
uniflorus, Cardamine resedifolia, Coeloglossum viride,
Dactylorhiza maculata). A l’inverse, deux espèces n’ont
plus été observées en 2009 sur les placettes, il s’agit de
Laserpitium halleri et de Pulsatilla alpina ssp. apiifolia.
En termes de nombre d’observations et de recouvre-
ment, les espèces qui ont le plus progressé sont Thymus
serpyllum agg., Trifolium pratense, Cerastium arvense
ssp. strictum et Agrostis capillaris. A l’inverse, celles qui
ont le plus régressé sont Plantago atrata et Polygonum
viviparum.
Indices de biodiversité
Le nombre d’espèces sur les placettes était en moyenne
de 34 en 2002 et de 36 en 2009. Au cours des sept ans de
R é s u l t a t s
Intensité de pâture, offre en herbe et taux d’utilisation
Le tableau 1 montre l’évolution des effectifs animaux de
2002 à 2008 ainsi que la pression de pâture par ha de
surface épurée (surface totale moins surface de pierriers
et de forêt dense). Les effectifs ovins sont restés relative-
ment stables entre 2002 et 2008. L’intensité de pâture
moyenne dans la partie clôturée était de 53 UGB∙jours/
ha épuré, pour une offre en fourrage estimée entre 8 et
11 dt MS/ha de surface épurée. Dans cette partie, la pro-
portion de végétation non consommable, nard raide
Production animale | Pâture tournante en estivage ovin: effets sur la végétation
Figure 2 | Analyse factorielle des correspondances (AfC) avec les relevés effectués en 2002 et 2009 sur l’alpage de Niven (n = 72). Les symboles représentent les différents types de végétation. Les deux axes expliquent 17,8 % de la variance totale. Les points cen-troïdes des différents types de végétation, des parcs et des années apparaissent sur le plan (projection passive).Les placettes sont désignées par l’année du relevé (A = 2002 / B = 2009) et par un numéro (de 1 à 36). Pour des raisons de lisibilité, seules les étiquettes de quelques placettes sont indiquées.
219Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 216–221, 2010
Valeurs de Landolt
Globalement, les changements de végétation entre
2002 et 2009 sont toutefois restés (très) limités. L’analyse
factorielle des correspondances (fig. 2) montre que la
variable «année» n’explique qu’une part infime de la
variation entre relevés: les points centroïdes 2002 et
2009 sont restés très proches l’un de l’autre. La projec-
tion passive des valeurs de Landolt confirme que le
gazon des crêtes ventées est le groupement avec les
valeurs de pH, de lumière et de continentalité les plus
élevées (données non présentées). A l’inverse, le
mélèzein et le Poion possèdent des valeurs de subs-
tances nutritives et de températures généralement plus
élevées que les autres groupements. Le tableau 3
montre les valeurs écologiques moyennes dans les parcs
1 à 4. On constate en particulier une augmentation des
valeurs de température dans les parcs inférieurs (1 et 2).
A l’échelle de l’alpage, le test par appariement (2002–
2009) révèle que la valeur de température a significati-
vement augmenté (p = 0,04). Les autres valeurs écolo-
giques ne présentent pas d’écart statistiquement
significatif.
Pâture tournante en estivage ovin: effets sur la végétation | Production animale
suivi, la richesse spécifique a augmenté sur 27 des 36 pla-
cettes. Le test t par appariement montre que les diffé-
rences entre 2002 et 2009 sont hautement significatives
(p < 0,01). Les parcs 2 et 4 sont ceux dont le nombre d’es-
pèces a le plus augmenté (tabl. 2). L’indice moyen de
Shannon (H) n’a que peu évolué, passant de 3,2 en 2002
à 3,3 en 2009. C’est surtout dans les parcs du bas (1 et 2),
situés à la limite supérieure de la forêt, que l’augmenta-
tion des indices de Shannon et d’équitabilité est la plus
manifeste. C’est aussi dans ces deux parcs que le change-
ment d’exploitation a été le plus marqué. Avant 2000,
ces parcs étaient peu parcourus; depuis 2000, avec l’ins-
tallation des clôtures, l’intensité de pâture y est plus
forte. Ces changements ont amélioré les conditions de
lumière près du sol et probablement favorisé les plantes
de pelouses pâturées. En considérant les changements
sous l’angle phytosociologique, on constate que l’aug-
mentation des indices s’observe surtout pour le pâtu-
rage maigre acide (nardaie) et le mélèzein. Ces deux
groupements sont favorisés par la pâture, contraire-
ment au gazon des crêtes ventées (Elynion) qui y est très
sensible.
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 moyenne
EffectifsBrebis 612 615 629 651 673 637 541 623Agneaux 519 465 395 295 451 399 247 396Chevaux 0 7 8 6 7 10 9 7
Durée d’estivage 82 91 92 92 86 92 92 90
Intensité de pâture1
Parc 1 (11 ha) 133 65 73 59 76 63 67 77Parc 2 (20 ha) 77 70 88 64 88 78 69 76Parc 3 (25 ha) 56 54 44 63 57 55 50 54Parc 4 (47 ha) 45 28 38 46 36 38 30 37Parcs 1 – 42 (102 ha) 63 46 53 55 55 52 47 53Haut3 (344 ha) 8 16 14 12 14 14 10 12
1 Les coefficients ugB utilisés pour le calcul sont de respectivement 0,13, 0,06 et 0,80 pour les brebis, les agneaux et les chevaux. 2 moyenne pondérée par la surface des parcs 1 à 4. 3 Partie non clôturée au-dessus de 2350 m d’altitude. Les valeurs indiquées entre parenthèses sont des surfaces épurées.
Tableau 1 | Effectifs des animaux, durée d’estivage (j) et intensité de pâture (UGB∙j/ha épuré) sur l’alpage de Niven entre 2002 et 2008
Parc Placettes (n)
Nombre d’espèces Indice de Shannon Indice d’équitabilité
2002 2009 Ecart 2002 2009 Ecart 2002 2009 Ecart
1 3 32 31 –1 % 3,0 3,3 8 % 0,61 0,66 9 %
2 8 36 39 11 % 3,2 3,5 10 % 0,62 0,66 7 %
3 9 37 38 4 % 3,2 3,3 3 % 0,62 0,63 2 %
4 16 32 35 11 % 3,3 3,3 1 % 0,66 0,66 –2 %
Moyenne1 34 36 4 % 3,2 3,3 7% 0,64 0,65 1 %
Tableau 2 | Richesse en espèces végétales, indices de Shannon et d’équitabilité; moyenne par parc
1 moyenne arithmétique des 36 placettes.
220 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 216–221, 2010
C o n c l u s i o n s
L’introduction de la pâture tournante en 2000 a entraîné
des changements en ce qui concerne l’intensité de
pâture sur l’alpage:
•• La pression est logiquement devenue plus forte dans
les deux parcs inférieurs. En effet, avant 2000, cette
zone était soumise en certains endroits à la recoloni-
sation forestière.
•• Dans la partie supérieure de l’alpage, le nouveau sys-
tème de pâture a au contraire contribué à limiter la
pression. Cette zone abrite de nombreuses plantes
très sensibles à l’action répétée du broutage.
•• Le passage du libre parcours à la pâture tournante a
eu un effet plutôt favorable sur la végétation: au
cours des sept ans de suivi, les principaux indicateurs
(nombre d’espèces, indices de Shannon et d’équitabi-
lité) sont restés stables ou ont évolué favorablement.
•• A Niven, dans la partie clôturée de l’alpage, une inten-
sité de pâture moyenne de 75 UGB∙jours/ha s’est révé-
lée adéquate pour maintenir la diversité floristique
dans la zone située entre 1950 et 2100 m d’altitude.
Dans la zone comprise entre 2100 et 2350 m, une in-
tensité de pâture de 35 à 50 UGB∙jours/ha semble
adaptée.
•• Les valeurs indicatrices de Landolt montrent une aug-
mentation des valeurs de température, particulière-
ment dans les deux parcs inférieurs (1950–2100 m), ce
qui pourrait s’expliquer par le développement d’es-
pèces favorisées par la pâture, sans exclure une in-
fluence du réchauffement climatique. Une augmenta-
tion conjointe des valeurs de substances nutritives n’a
pas été constatée.
•• La portée de ces différents résultats doit cependant
être relativisée par la courte durée du suivi. n
Le réchauffement climatique, particulièrement sensible
dans les régions de montagne, est un facteur d’expan-
sion et de colonisation de nouvelles espèces de plantes
herbacées. Ce phénomène est bien documenté à l’étage
alpin, spécialement près des sommets (Vittoz et al.
2009a). A l’étage subalpin, les changements de végéta-
tion semblent plus lents qu’à l’étage alpin: la couverture
des plantes herbacées y est plus dense et l’apparition de
nouvelles espèces pourrait être limitée par la concur-
rence des espèces en place. Vittoz et al. (2009b) indi-
quent que, dans cette zone, les changements de gestion
ont généralement plus d’effet sur la végétation que les
changements climatiques. A Niven, c’est dans les parcs
inférieurs que les pratiques d’exploitation ont le plus
changé. Le passage d’un état de sous-exploitation à une
pression de pâture d’environ 75 UGB∙jours/ha a proba-
blement favorisé des espèces relativement tolérantes à
la pâture. Parmi elles, on trouve entre autres des plantes
de moyenne altitude (Agrostis capillaris, Hieracium lac-
tucella, Trisetum flavescens), ce qui tend à indiquer que
le facteur «température» a également joué un rôle dans
cette évolution. Les changements de végétation obser-
vés au cours des 7 ans restent malgré tout limités et ne
permettent pas de tirer des conclusions définitives
quant à l’effet respectif des deux facteurs précités.
Production animale | Pâture tournante en estivage ovin: effets sur la végétation
Humidité pH Subst. nutritives Lumière Température
2002 2009 2002 2009 2002 2009 2002 2009 2002 2009
Parc 1 2,92 2,87 2,83 2,82 3,04 2,93 3,90 3,81 2,36 2,58
Parc 2 2,73 2,68 2,57 2,64 2,48 2,54 3,92 3,92 2,28 2,35
Parc 3 2,60 2,59 2,92 2,90 2,25 2,24 4,13 4,10 2,00 2,02
Parc 4 2,56 2,56 2,68 2,64 2,21 2,20 4,10 4,08 1,85 1,86
Alpage 2,64 2,62 2,73 2,72 2,35 2,34 4,05 4,03 2,03 2,07
P1 0,21 0,67 0,80 0,22 0,04
Tableau 3 | Valeurs de Landolt, moyennes par parc
Le nombre de placettes par parc est indiqué dans le tableau 2. 1Test de t pour échantillons appariés (2002–2009) sur l’ensemble des 36 placettes.
221Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 216–221, 2010
Pâture tournante en estivage ovin: effets sur la végétation | Production animale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Rotational grazing with sheep on a
high altitude pasture: impact on the
vegetation
The use of high altitude pastures with
sheep is delicate. A bad management
is a threat to the vegetation and the
diversity of the flora diminishes. The
goal of the study was to assess the
effect of a strict pasture rotation on
the diversity of vegetation. Botanical
analyses have been carried out in 2002
and 2009 on 36 plots by means of the
Braun-Blanquet method. During this
period, the main indicators (number
of species, indexes of Shannon and
evenness) remained stable or evolved
positively. The vegetation, in terms of
botanical composition and abundance,
did not undergo any important
changes. The results suggest that the
rotation pasture, if well managed,
enables at maintaining the diversity
of the vegetation. However, due to the
short span of time of the survey, the
results have to be interpreted with
care.
Key words: alpine vegetation, sheep,
rotational grazing, botanical composi-
tion, species diversity.
Pascolo a rotazione durante l’alpeggio
di ovini: effetti sulla vegetazione
Il pascolo ovino nelle zone sensibili è
delicato. Se il pascolo è mal condotto,
la copertura vegetale si degrada e la
diversità floristica diminuisce. In
questo contesto è auspicabile
sviluppare delle nuove tecniche di
gestione dei greggi. Lo studio,
condotto da ACW, aveva l’obiettivo
di valutare la rotazione del pascolo
durante l’alpeggio degli ovini dal
punto di vista della diversità vegetale.
Negli anni 2002 e 2009 sono state
realizzate delle analisi botaniche su
36 aree utilizzando il metodo di Braun-
Blanquet. Nel corso dei sette anni di
monitoraggio, i principali indicatori
(numero delle specie, indice di
Shannon e di equivalenza) sono
rimasti stabili o sono evoluti favorevol-
mente. Durante questo periodo la
vegetazione, in termini di composi-
zione botanica o di copertura, è evo-
luta solo molto leggermente. Questi
risultati suggeriscono che il sistema a
rotazione, se è ben condotto, permette
di mantenere la diversità botanica.
I risultati devono comunque essere
considerati con prudenza visto la
durata limitata del monitoraggio.
Bibliographie b Braun-Blanquet J., 1964. Pflanzensoziologie. Grundzüge der Vegetations-kunde. Springer Verlag, Wien, 865 p.
b Landolt E., 1977. Ökologische Zeigerwerte zur Schweizer Flora. Veröffent-lichungen des Geobotanischen Institutes der Eidg. Techn. Hochschule, Stiftung Rübel, Zürich, 208 p.
b Lauber K. & Wagner G., 2000. Flora Helvetica, flore illustrée de Suisse. Haupt Verlag, Bern, Stuttgart, Wien, 1616 p.
b Office fédéral de la statistique (OFS), 2009. Agriculture suisse, statistique de poche 2008. Edité par l’OFS, 35 p.
b Troxler J. & Chatelain C., 2006. Pâture tournante avec des moutons à hau-te altitude. Revue suisse Agric. 38 (2), 53–61.
b Vittoz P., Dussex N., Wassef J. & Guisan A., 2009a. Diaspore traits discri-minate good from weak colonisers on high-elevation summits. Basic and Applied Ecology 10, 508–515.
b Vittoz P., Randin C. F., Dutoit A., Bonnet F. & Hegg O., 2009b. Low impact of climate change on subalpine grasslands in the Swiss Northern Alps. Global Change Biology 15, 209–220.
222 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 222–227, 2010
P r o d u c t i o n a n i m a l e
allaitante et du veau pris séparément pour les nom-
breuses races présentes en Suisse. Ce manque d’informa-
tions tient d’une part à la difficulté d’obtenir des don-
nées séparées de la vache allaitante et du veau et d’autre
part à leurs besoins qui sont presque entièrement cou-
verts par le fourrage de base. Ce dernier fait provient de
la production laitière modeste et de la consommation
de fourrage peu importante des vaches allaitantes, liées
aux caractéristiques génétiques des races à viande. L’in-
gestion de fourrage des vaches allaitantes a donc jusqu’à
présent été estimée de manière globale en se basant sur
I n t r o d u c t i o n
Il existe beaucoup de données de base qui permettent
d’estimer la consommation de fourrage de la façon la
plus fiable possible dans l’ingestion des vaches laitières.
S’agissant des vaches allaitantes et de leurs veaux, il
n’existe en Suisse que peu de données de base sur leur
consommation. Par intérêt et pour leurs besoins, la vul-
garisation, l’enseignement et la pratique souhaiteraient
disposer de davantage de connaissances sur ce thème. Il
existe surtout peu de données d’ingestion de la vache
Ingestion de fourrage et évolution du poids de vaches allaitantes suitéesMarc Boessinger1,2, Jacques Emmenegger2, André Chassot3, et Isabelle Morel3
1AGRIDEA, Tierhaltung & Lebensmittelqualität, 8315 Lindau2ETH Zürich, Institut für Pflanzen-, Tier- und Agrarökosystemwissenschaften IPAS , 8092 Zürich3Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, 1725 Posieux
Renseignements: Marc Boessinger, e-mail: [email protected], tél. +41 52 354 97 68
Les nombreuses races de vaches allaitantes présentes en Suisse ont des niveaux d’ingestion et de performance parfois très différents.
Phot
o: M
arc
Boes
sing
er, A
GR
IDEA
223Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 222–227, 2010
Ingestion de fourrage et évolution du poids de vaches allaitantes suitées | Production animale
Les données d’un essai de quatre ans du
projet «Typo» d’Agroscope ALP ont été éva-
luées dans le cadre d’un travail de bachelor
à l’EPF de Zurich. Elles concernent l’ingestion
de fourrage et l’évolution du poids vif de
vaches allaitantes de race Angus, Limousin,
Hérens et d’un croisement Limousin x Red
Holstein (F1) et ont été recueillies pendant
l’affouragement hivernal. Avec une ingestion
de fourrage supérieure à 14 kg de matière
sèche (MS) par jour, la consommation de
fourrage des animaux Angus et des croise-
ments F1 dépasse les recommandations
suisses actuelles. Chez les vaches allaitantes
de race Limousin, on observe au contraire
une consommation de fourrage de 10 %
inférieure à celles des autres races. C’est au
troisième mois de lactation que la consom-
mation est maximale. Une mobilisation
d’énergie de 4 à 10 MJ NEL par jour est aussi
constatée chez les vaches allaitantes lors des
deux premiers mois de lactation. Suivant les
nouvelles données de base françaises d’esti-
mation de consommation et en combinaison
avec les données du projet «Typo», une for-
mule d’estimation de la consommation de
fourrage pour les races suisses de vaches
allaitantes a été élaborée dans ce même tra-
vail. Les modèles d’estimation de consomma-
tion ont été testés par la suite dans une
exploitation agricole; une différence de 4 %
au maximum a été observée entre les
consommations estimées et mesurées. Un
modèle d’estimation simple, prenant en
compte la race, le poids vif de la vache allai-
tante, la teneur en énergie de la ration et une
correction pour la gestation, le mois de lacta-
tion et le nombre de lactations, est proposé
pour une utilisation plus générale.
Rés
um
é
le modèle des vaches laitières légères et celle des veaux
de vaches allaitantes sur les données pour le jeune bétail
d’engraissement avec une déduction de 10 %.
Les différents labels, comme Natura-Beef, exigent
que les veaux soient mis sur le marché avec une bonne
conformation juste après leur sevrage. Cela nécessite un
gain quotidien plus de 1000 g, ce qui exige une produc-
tion laitière suffisante de la vache allaitante, ainsi qu’un
excellent fourrage et un affouragement complémen-
taire adapté pour le veau. Le contrôle et l’estimation
spécifique de la consommation de fourrage de la vache
allaitante et du veau servent à assurer que la vache
puisse produire le lait nécessaire à la croissance du veau
et que le veau atteigne réellement les buts de croissance
fixés en fonction de sa capacité d’ingestion de fourrage.
Ces connaissances spécifiques permettent aussi, avec
l’aide d’un outil de planification d’alimentation adapté,
d’utiliser de manière optimale les fourrages de l’exploi-
tation ou, en cas de besoin, de les compléter avec du
fourrage acheté.
Un travail de bachelor entrepris à l’EPF de Zurich,
(Emmenegger 2009) consistait à analyser les données
expérimentales de plusieurs années sur l’évolution du
poids et de l’ingestion de fourrage de la vache allaitante
et de son veau pour différentes races. Pour cette expé-
rience, des troupeaux de vaches allaitantes du projet
«Typo» de la Station de recherche Agroscope Liebefeld-
Posieux (ALP) ont été utilisés. Des formules d’estimation
de l’ingestion de fourrage pour les vaches allaitantes de
races suisses, applicables à la pratique, ont été élaborées
sur la base de ces données et des modèles français de
l’INRA. Les modèles d’estimation d’ingestion élaborés
ont par la suite été validés et appliqués sur une exploita-
tion agricole.
Connaître la consommation de fourrage des vaches allaitantes et des veaux est utile à la pratique et à la vulgarisation pour planifier l’affourragement et établir un bilan précis des éléments nutritifs.
Pho
to: I
sabe
lle M
orel
, ALP
224 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 222–227, 2010
Production animale | Ingestion de fourrage et évolution du poids de vaches allaitantes suitées
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Evolution du poids vif des vaches allaitantes
L’évolution du poids vif des vaches allaitantes au cours
des 18 semaines de lactation est illustrée dans la figure 1.
Elle donne des informations sur la mobilisation de l’éner-
gie dans la phase de départ, où la perte de poids des
deux premiers mois se situe entre 10 et 25 kg selon la
race. Ceci correspond à une mobilisation d’énergie à
base de graisse corporelle de 4 à 10 MJ NEL par jour.
Cette mobilisation est normale pour des vaches allai-
tantes et n’a pas causé de problème, de type cétose par
exemple, pendant l’essai.
Pendant les premiers mois de lactation, l’estimation
hebdomadaire du BCS était la plupart du temps corrélée
avec l’évolution du poids des vaches allaitantes, bien
que des différences de niveau assez grandes apparais-
sent selon les races. Ces différences s’expliquent pour les
vaches allaitantes F1 par le fait que ce sont des vaches à
viande atypiques: lourdes, de grand format et pas très
charnues. Leur BCS est par conséquent plus faible. Chez
les vaches d’Hérens, c’est leur petit format qui conduit
également à une valeur BCS plus faible.
Poids vif et accroissement journalier des veaux
L’évolution du poids vif des veaux est représentée à la
figure 2. Les veaux Angus, Limousin et F1 se sont déve-
loppés de manière similaire, bien que les veaux F1 profi-
tent apparemment de la plus grande production laitière
de leur mère, due à la génétique de celle-ci. Pendant la
même période, l’accroissement des veaux de la race
d’Hérens est resté très inférieur à celui des autres races.
Les gains quotidiens de poids, illustrés à la figure 3, mon-
trent une légère dépression entre le deuxième et le troi-
sième mois. La raison n’est pas connue, mais pendant
cette période, le nombre de diarrhées était plus élevé,
ce qui laisse supposer une incidence accrue d’infections.
M é t h o d e
L’essai a eu lieu entre 2004 et 2008 à la Station de recherche
Agroscope ALP, à Posieux, avec en moyenne 10 vaches
allaitantes de chacune des races Angus (An), Limousin (Li),
Hérens (Hr) et des vaches F1 (Limousin x Red Holstein; Li x
RH). Les vaches ont vêlé de novembre à janvier. Pendant la
lactation, soit du début de la lactation en période hiver-
nale jusqu’à la sortie au pâturage à partir de la 18e semaine
de lactation, les vaches ont reçu une ration à base de foin
et d’ensilage d’herbe, aux teneurs et proportions iden-
tiques, qui a été remplacée pendant la période de tarisse-
ment par du foin écologique. En plus du lait de leur mère,
les veaux ont reçu un foin de très bonne qualité dans leur
box.
La quantité de fourrage ingérée par les vaches a été
relevée individuellement dans le temps de manière élec-
tronique. Les données concernant l’ingestion des veaux
ont été notées par groupe. Les vaches ont été pesées
toutes les semaines et les veaux deux fois par mois. En plus,
la note d’état corporel (BCS = Body Condition Score) des
vaches a été estimée chaque semaine. Sur les 4 ans d’expé-
rimentation, les troupeaux ne comptaient pas toujours le
même nombre d’individus. C’est pourquoi les données
ont été groupées par race et analysées en fonction de la
semaine de lactation (semaine 1 – 18).Les relevés de la pratique ont été réalisés dans l’ex-
ploitation de l’École d’agriculture de Strickhof-Wülflin-
gen pendant l’hiver 2008/2009 et ont porté sur l’inges-
tion de fourrage solide, l’évolution du poids des vaches
allaitantes des races Charolais et Simmental (avec res-
pectivement 10 et 18 animaux) et l’évolution du poids
des veaux (27 veaux).
Les données de base françaises pour l’estimation de
l’ingestion des vaches allaitantes et des veaux (INRA,
2007) ont servi de base à l’élaboration d’une formule d’es-
timation de l’ingestion des vaches allaitantes de races
suisses.
30
50
70
90
110
130
150
170
190
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18Semaine de lactation
Lebendgewicht [kg]
AnF1HrLiPo
ids
vif (
kg)
Figure 2 | Évolution de poids vif des veaux selon la race (An: Angus, Hr: Hérens, Li: Limousin, F1: Li x RH).
400
450
500
550
600
650
700
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18Semaine de lactation
Lebendgewicht [kg]
AnF1HrLiPo
ds v
if (k
g)
Figure 1 | Évolution du poids vif des vaches allaitantes selon la race (An: Angus, Hr: Hérens, Li: Limousin, F1: Li x RH).
225Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 222–227, 2010
Ingestion de fourrage et évolution du poids de vaches allaitantes suitées | Production animale
on remarque que les vaches de la race d’Hérens man-
gent presque autant que les Angus et les F1, tandis que
la plus faible consommation de fourrage des vaches
Limousin s’accentue encore (fig. 5).
L’influence du nombre de lactations sur la consom-
mation de fourrage des vaches allaitantes est bien
visible. Les primipares sont encore dans une phase de
croissance et ingèrent moins de fourrage du fait de leur
poids corporel plus faible (fig. 6).
Ingestion de fourrage des veaux
Dans le projet «Typo», l’ingestion individuelle de four-
rage des veaux de vache allaitante n’a pas pu être mesu-
rée, car ils étaient détenus en groupe. D’autre part, ils
n’avaient pas accès aux crèches des vaches allaitantes.
Les quantités de fourrages consommées dans leur box
étaient faibles, très variables, et les restes de fourrage
relativement élevés par rapport aux quantités distri-
buées. Une évaluation séparée de l’ingestion des veaux
n’a pas pu être faite en raison du manque de précision
des données.
Estimation de l’ingestion de fourrage
Les modèles existants d’estimation d’ingestion de four-
rage des vaches allaitantes tels que celui de l’INRA (Aga-
Par la suite, les veaux ont évolué à nouveau normale-
ment, à l’exception des veaux de la race d’Hérens dont le
gain quotidien a diminué à partir de la 15e semaine.
Ingestion de fourrage des vaches allaitantes
Dans les premiers mois de lactation, l’évolution de l’in-
gestion des vaches allaitantes est semblable pour toutes
les races. Dès le vêlage, les vaches consomment entre 8 et
11 kg MS par jour. Comme pour les vaches laitières, l’in-
gestion maximale de fourrage semble être atteinte au
troisième mois de lactation avec 11 à 14 kg MS. Pour
toutes les races, l’ingestion maximale de fourrage dépasse
d’environ 4,5 kg MS (An: 4,7 kg; F1: 4,7 kg; Li: 4,8 kg; Hr:
4,2 kg) celle de la première semaine de lactation.
Les vaches des races Hérens et Limousin consomment
moins que les Angus et les F1. Pour les premières, cette
différence s’explique par leur plus petit format et leur
poids plus léger. Chez les vaches Limousin, cet aspect
reste inexpliqué, mais il est connu des Français qui indi-
quent dans leurs recommandations d’affouragement
(INRA, 2007) qu’une réduction de 8 à 10 % de la consom-
mation des Limousin par rapport aux vaches de même
format est normale.En analysant la consommation de fourrage des races
de vaches allaitantes en fonction du poids métabolique,
400500600700800900
1000110012001300
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18Semaine de lactation
Tageszuwachs [g/Tag]
AnF1HrLi
Gai
n qu
otit
ien
(g/jo
ur)
Figure 3 | Gain quotidien journalier des veaux selon la race (An: Angus, Hr: Hérens, Li: Limousin, F1: Li x RH).
6789
101112131415
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18Semaine de lactation
Futterverzehr [kg TS/Tag]
AnF1HrLi
Inge
stio
n (k
g M
S/jo
ur)
Figure 4 | Ingestion de fourrage selon la race (An: Angus, Hr: Hérens, Li: Limousin, F1: Li x RH).
0.070.080.080.090.090.100.100.110.110.120.12
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18Semaine de lactation
Futterverzehr [kg/kg
metabolisches K_rpergewicht]
AnF1HrLi
Inge
stio
n (K
g M
S/kg
poi
dsm
_tab
oliq
ue)
Figure 5 | Ingestion de fourrage des vaches allaitantes par kilo de poids métabolique (An: Angus, Hr: Hérens, Li: Limousin, F1: Li x RH).
56789
101112131415
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18
Futterverzehr K_he
[kg TS/Tag]
An primip F1 primip
Semaine de lactation0 2 4 6 8 10 12 14 16 18
Inge
stio
n va
ches
(kg
MS/
jour
)
Hr primipLi primipAn multipF1 multipHr multipLi multip
Figure 6 | Ingestion de fourrage des vaches allaitantes selon le nombre de lactations et la race (An: Angus, Hr: Hérens, Li: Limousin, F1: Li x RH; primip: primipare, multip: multipare).
226 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 222–227, 2010
Production animale | Ingestion de fourrage et évolution du poids de vaches allaitantes suitées
C o n c l u s i o n s
•• Les évaluations précédentes montrent que les fac-
teurs suivants exercent une influence sur l’estimation
de la consommation de fourrage et doivent être pon-
dérés de manière spécifique dans le modèle d’une for-
mule de consommation pour les vaches allaitantes: la
race, le poids vif, la production laitière, le stade de
lactation, le nombre de lactations et éventuellement
le BCS (Body Condition Score).
•• Ces facteurs ont déjà été pris en compte dans les bases
de calcul françaises (INRA 2007) pour l’estimation de
la consommation des vaches allaitantes. Dans les éva-
luations du travail de bachelor, le BCS ne semble pas
avoir d’effet. C’est pourquoi il n’a pas été intégré dans
la formule d’estimation proposée.
•• De plus, les quantités ingérées et l’évolution du poids
des vaches allaitantes et des veaux mesurés au cours
de l’essai d’ALP ne correspondent pas dans tous les cas
aux résultats français pour les mêmes races.
•• Il s’avère donc nécessaire d’effectuer de nouveaux re-
levés avec les nombreuses autres races de vaches allai-
tantes suisses pour évaluer et valider les modèles éla-
borés jusqu’à aujourd’hui.
•• A cet effet, d’autres études comparatives de races de
vaches allaitantes sont actuellement en cours à ALP. n
briel et Hour 2007) ou du plan d’affouragement électro-
nique d’AGRIDEA (2009), élaborés à partir des
propositions françaises et adapté aux races suisses de
vaches allaitantes, ont l’inconvénient de comporter de
nombreux paramètres, constamment à adapter et géné-
ralement difficiles à estimer, comme par exemple le BCS
et la production laitière de la vache allaitante. Le modèle
linéaire élaboré au cours du travail de bachelor repose
principalement sur des données expérimentales et se
base sur des facteurs faciles à estimer ou connus comme
le poids vif, la semaine de lactation, le nombre de lacta-
tions, l’énergie de la ration et la race de la vache allai-
tante. Plusieurs formules d’estimation de la consomma-
tion de fourrage des vaches allaitantes avec différents
niveaux de complexité ont été élaborées à partir de ces
données. Après avoir comparé les calculs de la formule
théorique avec les relevés de consommation sur l’exploi-
tation de Strickhof-Wülflingen avec des vaches allai-
tantes Simmental et Charolais, le modèle suivant est
proposé pour la vulgarisation, la formation et la pra-
tique.
Estimation de la consommation de la vache allaitante
Consommation totale de MS (kg MSCtot)
kg MSCtot = Irace + 1,4 x NELration + 0,0147 x PVvache allaitante – 4,1
Indices des races:
Angus: 0,7, Limousin: 0,2; Hérens: 0,0; Simmental: 0,7;
Charolais: 0,4; Vaches-F1 (Li x RH): 1,2
Corrections:
•• gestation: -4,3 kg MS
•• 1er mois de lactation: -1,3 kg MS
•• vaches primipares: -0,3 kg MS
227Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 222–227, 2010
Ingestion de fourrage et évolution du poids de vaches allaitantes suitées | Production animale
Ria
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Sum
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y
Feed consumption and live weight per-
formance of suckler cows with calves
As part of a bachelor thesis at the ETH
Zurich, data of a four-year experiment of
Agroscope ALP Project «Typo» were evalu-
ated. From suckler cows of the breeds
Angus, Limousin, Eringer and the cross-
bred type Limousin x Red Holstein, feed
intake and live weight performance were
measured during winter feeding periods.
With feed intake of over 14 kg DM in
Angus and the crossbred cows, the total
food consumption is higher than in latest
Swiss feed recommendations for suckler
cows. In Limousin cows a significantly
lower feed intake of 10 % was observed,
compared to the other breeds. The maxi-
mum feed intake of suckler cows takes
place around the third month of lactation.
Energy mobilization of about 4 to 10 MJ
NEL per day is to be expected in cows
within the first two months of lactation.
As a further part of the thesis, a formula
was derived for estimating the food con-
sumption of Swiss suckler beef breeds,
based on recent French formula-bases
combined with data from the project
"Typo". The model assumptions used to
estimate consumption were tested in on-
farm research and the differences
between estimated and actual weight of
feed consumption didn’t exceed 4 %. For
further application, a simplified estimation
model is proposed including breed and
live weight of the suckling cow, energy
content of the feed ration and modifica-
tions due to pregnancy, month of lactation
and lactation number.
Key words: suckler beef, forage intake,
weight performance, estimation model.
Assunzione di foraggio e sviluppo del
peso di vacche nutrici con vitelli
Nell’ambito di un lavoro di Bachelor
all’ETH di Zurigo sono stati analizzati dati
di una ricerca quadriennale del progetto
«Typo» condotta da Agroscope ALP.
Durante il foraggiamento invernale sono
stati raccolti dati sulla consumazione del
foraggio e dello sviluppo del peso vivo
delle razze vacche nutrici Angus, Limousin,
Eringer e del incrocio del tipo Limousin x
Red Holstein. Con un’assimilazione del
foraggio di più di 14 kg di materia secca
negli animali delle razze Angus e incroci
F1, la consumazione di foraggio è più alta
che nelle esistenti raccomandazioni di
foraggiamento svizzere. Nelle vacche
nutrici della razza Limousin è osservata
una consumazione ridotta di circa del 10 %
in confronto alle altre razze. Il consumo
massimo di foraggio per vacche nutrici si
situa intorno al terzo mese di lattazione.
E’ da prevedere una mobilizzazione ener-
getica tra 4 e 10 MJ NEL per giorno per le
vacche nutrici nei primi due mesi di latta-
zione. All’interno del lavoro di Bachelor si
sono combinati i nuovi dati di base fran-
cesi, sulla stima del consumo di foraggio,
con quelli emersi dal progetto «Typo» così
da poter dedurre una formula per la stima
del consumo di foraggio per le vacche
nutrici delle razze svizzere. Il modello di
stima del consumo é stato testato in
un’azienda; la differenza tra quantità
stima e pesata era al massimo del 4 %.
Per l’uso futuro si propone un modello
semplificato a dipendenza di razza e peso
vivo delle vacche nutrici, del contenuto
energetico della razione foraggiera e una
correzione per gestazione, mese di latta-
zione e numero di lattazioni.
Bibliographie b Agabriel J. & Hour D., 2007. Tables INRA, Alimentation des bovins, ovins et caprins. Besoins des animaux – Valeurs des aliments. Alimentation des vaches allaitantes; Edition Quae c/o INRA, 78026 Versailles Cedex, 57 – 77.
b AGRIDEA, 2007. PAFF 7.4, application Excel pour la planification de L'affouragement des ruminants.
b ALP, 2010. Apports alimentaires recommandés et tables de la valeur nut-ritive des aliments pour les ruminants. Edition en ligne. Editeur: Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Posieux. Accès: http://www.alp.admin.ch/documentation.
b Emmenegger J., 2009. Futteraufnahme und Lebendgewichtsentwicklung von Mutterkühen und Mutterkuhkälbern unterschiedlicher Rassen im Lebensabschnitt Geburt bis zum Absetzen. Bachelorarbeit des Instituts für Pflanzen-, Tier- und Agrarökosystemwissenschaften IPAS, ETHZ, 2009, 415 p.
228 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 228–231, 2010
P r o d u c t i o n a n i m a l e
Désiler une quantité de fourrage suffisante est primordial pour contrer les post-fermentations.
I n t r o d u c t i o n
Lors de la distribution des ensilages dans les exploitations
agricoles, les post-fermentations au moment du désilage
représentent un problème majeur dans les ensilages
d’herbe et de maïs. Ce sont en général les ensilages de
bonne qualité qui sont concernés, c’est-à-dire ceux qui sont
riches en sucres résiduels et en acide lactique et pauvres en
acide acétique. Les post-fermentations sont favorisées par
un mauvais compactage de l’ensilage et des quantités de
prélèvements trop faibles lors de l’affouragement. L’utilisa-
tion ciblée d’un agent conservateur d’ensilage permet de
maîtriser le problème des post-fermentations. A cet effet, il
est nécessaire de pouvoir disposer d’agents conservateurs
d’ensilage efficaces (fig. 1). Dans cet essai, l’efficacité de
l’agent conservateur d’ensilage Silostar Protect a été testée,
ce produit étant supposé prévenir les post-fermentations
des ensilages d’herbe préfanée.
M é t h o d e
L’essai a été réalisé avec de l’herbe de prairies tempo-
raires riches en graminées, en particulier en ray-grass,
issue du premier et du deuxième cycle. Le fourrage a été
préfané à 40 % de MS, haché à une longueur de 1 à 2 cm
et ensilé dans des silos de laboratoire d’une contenance
de 1,5 litre. L’objet du test était un agent conservateur
d’ensilage, le Silostar Protect, déjà utilisé au cours de
l’année dernière pour les ensilages de maïs (Wyss 2009).
Cet agent conservateur chimique contient du benzoate
de sodium, du formate de calcium et du sorbate de po-
tassium. Parallèlement, un contrôle négatif sans additifs
et un contrôle positif avec du Luprosil, contenant de
l’acide propionique, ont été considérés dans l’essai
comme variantes de comparaison. Les variantes et do-
sages des agents conservateurs d’ensilage utilisés figu-
rent dans le tableau 1. La durée d’ensilage s’est élevée à
Ueli Wyss, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, 1725 Posieux
Renseignements: Ueli Wyss, e-mail: [email protected], tél. +41 26 407 72 14
Agents conservateurs d’ensilage : résultats des tests de 2009
Phot
o: U
. Wys
s, A
LP
229Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 228–231, 2010
Rés
um
é
L’efficacité de l’agent conservateur
d’ensilage Silostar Protect, supposé
améliorer la stabilité aérobie des ensilages
d’herbe préfanée, a été testée. Les fourrages
expérimentaux utilisés pour le test pro-
venaient d’un mélange riche en graminées
récolté au premier et au deuxième cycle. Les
fourrages ont été préfanés et ensilés dans
des silos de laboratoire à une teneur en
matière sèche (MS) de 40 %. En plus de la
variante testée avec le produit Silostar
Protect, une variante sans agent conser-
vateur (contrôle négatif) et une variante
avec Luprosil (contrôle positif) ont servi de
témoin. La durée d’ensilage était de 56 jours.
Sept jours avant l’ouverture des silos, les
ensilages ont été exposés à un stress aérobie.
Tous les ensilages ont présenté une bonne
qualité de fermentation et ont atteint des
points DLG (Deutsche Landwirtschafts-
Gesellschaft) élevés. Aucun ensilage du pre-
mier cycle ne s’est échauffé. Autant le
contrôle positif (Luprosil) que l’agent conser-
vateur testé Silostar Protect ont permis
d’améliorer la stabilité aérobie des ensilages
du deuxième cycle, par rapport à la variante
sans agent conservateur.
Agents conservateurs d’ensilage: résultats des tests de 2009 | Production animale
56 jours. Les silos ont été stockés à une température de
20 °C. Une semaine avant le désilage, les ensilages ont
été soumis à un stress aérobie pendant 24 heures, en
retirant les bouchons en caoutchouc supérieurs et infé-
rieurs des silos de laboratoire.
Au cours de l’essai, les nutriments du fourrage ont
été analysés lors de l’ensilage et du désilage. En outre,
un silo de laboratoire par variante a été ouvert après
trois jours déjà afin de déterminer la valeur du pH. Dans
les ensilages, la qualité fermentaire a été déterminée
dans trois échantillons par variante au moyen de la
valeur de pH, des acides de fermentation, des teneurs en
éthanol et en ammoniac. Les pertes en gaz fermentaires
ont également été calculées. Pour évaluer globalement
la qualité de l’ensilage, les points DLG (Deutsche Land-
wirtschafts-Gesellschaft) ont été calculés (DLG 2006).
Paramètre important, la stabilité aérobie a été par
ailleurs déterminée dans les échantillons d’ensilage en
mesurant et en enregistrant la température toutes les
trente minutes. Ces mesures ont été effectuées pendant
onze jours pour le fourrage du premier cycle et dix jours
pour celui du deuxième. Les ensilages ont été qualifiés
de stables du point de vue aérobie aussi longtemps que
la température dans l’ensilage ne dépassait pas la tem-
pérature ambiante de plus de 1 °C.
Figure 1 | Le meilleur agent conservateur ne peut améliorer les ensilages provenant de silos non hermétiques ou de balles percées.
Traitement 1er cycle 2e cycle
Sans conservateur – –
Luprosil 600 g 600 g
Silostar Protect 300 g 300 g
Tableau 1 | Variantes et dosages de l'agent conservateur d'ensilage(dosage par 100 kg de fourrage frais)
Paramètre 1er cycle 2e cycle
Teneur MS (%) 38,5 38,8
Cendres (g / kg MS) 82 100
Matière azotée (g / kg MS) 158 188
Cellulose brute (g / kg MS) 188 207
Sucres (g / kg MS) 174 123
Pouvoir tampon (g / kg MS) 69 68
Nitrates (g / kg MS) 0,1 0,7
Coefficient de fermentation 59 53
NEL (MJ / kg MS) 6,3 6,5
PAIE (g / kg MS) 104 110
PAIN (g / kg MS) 105 125
Tableau 2 | Teneurs en matière sèche et en nutriments du fourrage à la mise en silo
neL: énergie nette pour la production laitière. PAie: protéines absorbables dans l'intestin, synthétisées à partir de l'énergie disponible. PAin: protéines absorbables dans l'intestin, synthétisées à partir de la matière azotée dégradée.
230 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 228–231, 2010
Production animale | Agents conservateurs d’ensilage: résultats des tests de 2009
R é s u l t a t s
Teneurs du fourrage vert
Les teneurs et d’autres caractéristiques du fourrage
avant l’ensilage figurent dans le tableau 2. La teneur en
MS s’élevait à respectivement 38,5 et 38,8 % dans le four-
rage vert du premier et du deuxième cycle. Les teneurs
en matière azotée et en cellulose brute, de même que de
la teneur en NEL, montrent qu’il s’agissait d’un jeune
fourrage. Les teneurs en sucre étaient plus élevées dans
la première coupe que dans la deuxième. Avec respecti-
vement 174 et 123 g de sucre par kg de MS, le fourrage
vert en contenait suffisamment dans les deux coupes
pour la fermentation lactique. Les teneurs en nitrate
étaient basses dans les deux coupes. Sur la base des coef-
ficients de fermentation de respectivement 59 et 53, ce
fourrage a été qualifié de facile à ensiler.
Teneurs des ensilages
Les teneurs des ensilages figurent dans le tableau 3.
Comparé au fourrage vert, les ensilages diffèrent en
particulier au niveau de la teneur en sucre. Ce dernier
a été plus ou moins fortement dégradé au cours du
processus de fermentation. C’est dans le contrôle po-
sitif que la dégradation du sucre a été la plus faible.
Celle-ci a aussi eu des effets sur les autres teneurs, qui
ont augmenté. La teneur en NEL des ensilages était de
0,1 à 0,2 MJ/kg MS en dessous de celle du fourrage
vert.
Paramètres de fermentation des ensilages
Durant les premiers jours après l’ensilage, dans tous les
traitements, la baisse du pH était peu marquée (tabl. 4).
Après 56 jours d’entreposage, le pH a atteint des valeurs
entre 4,3 et 4,6.
Paramètre1er cycle 2e cycle
sans conservateur
Luprosil Silostar Protectsans
conservateurLuprosil Silostar Protect
Teneur MS (%) 36,7 36,9 36,8 37,3 37,5 37,7
Cendres (g / kg MS) 90 89 94 101 101 107
Matière azotée (g / kg MS) 167 165 167 195 194 194
Cellulose brute (g / kg MS) 208 207 206 216 215 215
Sucre (g / kg MS) 76 131 93 57 99 72
NEL (MJ / kg MS) 6,2 6,2 6,2 6,4 6,4 6,3
PAIE (g / kg MS) 83 83 83 85 85 85
PAIN (g / kg MS) 105 104 105 123 122 122
Tableau 3 | Teneurs en nutriments des ensilages d'herbe
Paramètre
1er cycle 2e cycle
sans conservateur
Luprosil Silostar Protectsans
conservateurLuprosil Silostar Protect
pH jour 3 5,1 5,3 5,2 5,4 5,3 5,6
pH 4,3 4,4 4,4 4,4 4,6 4,5
Acide lactique (g / kg MS) 88 71 82 93 52 80
Acide acétique (g / kg MS) 20 12 18 10 6 8
Acide butyrique (g / kg MS) 2 1 2 1 1 1
Acide propionique (g / kg MS) 0 19 0 0 19 0
Ethanol (g / kg MS) 7 2 5 4 1 3
AGV/A.tot. (%) 20 31 19 11 32 10
N-NH3/N-tot. (%) 3,2 2,5 3,1 4,8 3,0 4,7
Pertes gazeuses (%) 3,5 2,0 3,0 2,2 1,1 1,8
Points DLG 100 100 100 100 96 100
Stabilité aérobie (Heures) 264* 264* 264* 150 240* 240*Diff. max. de température
(°C) 0,0 0,1 0,0 7,5 0,3 0,3
pH après test stabilité aérobie 4,4 4,4 4,4 7,4 4,6 4,5
AgV/A. tot.: proportion d'acides gras volatils par rapport au total des acides. n-nh3/n-tot.: proportion d'azote ammoniacal par rapport à l'azote total. * Les tests de post-fermentations ont été interrompus après 264 ou 240 heures.
Tableau 4 | Paramètres fermentaires et stabilité aérobie des ensilages d'herbe
231Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 228–231, 2010
Agents conservateurs d’ensilage: résultats des tests de 2009 | Production animale
Dans tous les ensilages, la fermentation lactique s’est avé-
rée dominante. Dans le contrôle positif, les teneurs en
acide lactique, en acide acétique et en éthanol ont été
légèrement plus faibles que dans les deux autres variantes.
L’acide butyrique n’était présent que sous forme de trace.
Toutes les valeurs ont été inférieures à 5 g/kg de MS, ce qui
représente le seuil pour désigner les bons ensilages.
La dégradation des protéines, exprimée en propor-
tion d’azote ammoniacal par rapport à l’azote total, est
restée faible dans toutes les variantes, ce qui prouve une
bonne qualité de fermentation. Le contrôle positif a enre-
gistré dans les deux ensilages (premier et deuxième cycle)
les plus faibles pertes en gaz fermentaires. Dans l’ensilage
traité au Silostar Protect, les pertes en gaz fermentaires
ont également été inférieures à celles de la variante sans
additif. Selon l’échelle DLG, tous les ensilages ont enregis-
tré entre 96 et 100 points, ce qui correspond à une très
bonne qualité.
Stabilité aérobie
En dépit des teneurs en sucre des ensilages plus élevées au
premier cycle qu’au deuxième, aucun échauffement n’a
été constaté dans aucune variante pendant les onze jours
de relevés et les valeurs de pH n’ont pas augmenté depuis
le jour 0.
En revanche, l’ensilage non traité du deuxième cycle
s’est échauffé et le pH a fortement augmenté. Ainsi, le
Luprosil (contrôle positif) et l’agent conservateur d’en-
silage testé, en empêchant l’échauffement, se sont révé-
lés très efficaces. Les valeurs pH ne se sont pas modifiées
dans ces deux variantes.
C o n c l u s i o n s
•• La qualité fermentaire s’est révélée très bonne dans
tous les ensilages.
•• L’agent conservateur Silostar Protect a aussi amélioré
la stabilité aérobie des ensilages d' herbe préfanés lors
du désilage. n
Ria
ssu
nto
Coadiuvanti per l'insilamento: risultati dei test
del 2009
È stata testata l'efficacia del coadiuvante per
l'insil amento Silostar Protect per il miglioramento
della stabilità aerobica in insilati d'erba appassita.
A tal fine è stata usata una miscela ricca di
graminacee, ottenuta dal primo e dal secondo
taglio, appassita fino a ridurne il tenore in
sostanza secca (SS) al 40 per cento e insilata nei
silo sperimentali. Il test prevedeva tre varianti:
una in cui veniva usato il prodotto Silostar Pro-
tect, una in cui non venivano impiegati additivi e
una, utilizzata per il controllo positivo, in cui
all'insilato veniva aggiunto il prodotto Luprosil.
L'insilamento ha durato 56 giorni.
Tutti gli insilati hanno dimostrato una buona qua-
lità fermentativa, ottenendo un elevato punteg-
gio DLG. Nessuno degli insilati del primo taglio si
è surriscaldato. Negli insilati di erba del secondo
taglio si è constatato un miglioramento della sta-
bilità aerobica sia nella variante utilizzata per il
controllo positivo sia in quella in cui è stato
testato il coadiuvante Silostar Protect rispetto alla
variante che non prevedeva l'uso di coadiuvanti
per l'insilamento.
Sum
mar
y
Silage additives: Test results 2009
The efficacy of the silage additive Silostar
Protect in improving the aerobic stability of
wilted grass silages was investigated. Forage of
a mixture containing mainly grasses from the
first and second cuts was pre-wilted to 40 %
DM and ensiled in laboratory scale silos.
Besides the variant with Silostar Protect, a vari-
ant without additive and another with propi-
onic acid (positive control) were investigated.
The storage period lasted for 56 days. Seven
days before the silos were opened, they under-
went an air-stress. All silages showed a good
fermentation quality and therefore high DLG
points.
The silages of the first cut did not heat up. In
contrast to the variant without additive, both
positive control and Silostar Protect variant did
improve the aerobic stability of the silages of
the second cut.
Key words: aerobic stability, fermen tation
quality, grass silage, silage additive.
Bibliographie b DLG 2006. Grobfutterbewertung. Teil B – DLG-Schlüssel zur Be-urteilung der Gärqualität von Grünfuttersilagen auf Basis der chemischen Untersuchung. DLG-Information (2), 2006.
b Wyss U., 2009. Siliermittel und aerobe Stabilität: Testergebnisse 2008. Agrarforschung 16 (8), 320 – 329.
232 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 232–237, 2010
Matthias Stettler1,2, Christoph Stettler1 et Beat Huber-Eicher2
1Institut Géotechnique SA, 3007 Berne2Haute école suisse d'agriculture HESA, 3052 Zollikofen
Renseignements: Matthias Stettler, e-mail: [email protected], tél. +41 78 622 12 89
Comparaison de sols reconstitués et formés naturellement
E n v i r o n n e m e n t
des pistes d’accès ou des excavations de chantier a exigé
des mesures de protection du sol pendant la période de
construction (décapage et entreposage du sol), lors de la
reconstitution et au moment de la restitution aux exploi-
tants (remise en culture, exploitation consécutive).
Les effets à plus long terme de ces mesures de protec-
tion prescrites par l’Ordonnance sur les atteintes portées
au sol (Anonyme 1998) sont encore peu connus (Kauf-
mann et al. 2009). Après les travaux de reconstitution, les
sols ne sont que faiblement structurés et peu stables.
I n t r o d u c t i o n
Cette étude a été réalisée dans le cadre de la supervision
pédologique de la construction du nouveau tronçon fer-
roviaire Mattstetten (BE)-Rothrist (AG). Une grande par-
tie du tronçon, construit entre 1995 et 2004, comprend
des tranchées étroites et des tunnels pour satisfaire aux
exigences de la protection du paysage et la conservation
des sols agricoles. L’utilisation temporaire de surfaces
agricoles pour des zones d’installation, d’entreposage,
Reconstitution du sol: déversement de la terre superficielle sur le sous-sol préalablement préparé.
Phot
o: M
atth
ias
Stet
tler
, 200
5
233Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 232–237, 2010
Rés
um
é
Comparaison de sols reconstitués et formés naturellement | Environnement
Rail 2000 entre Mattstetten et Rothrist a été
l'un des premiers grand chantiers où les
directives de protection du sol, établies il y a
une dizaine d'années, ont été rigoureuse-
ment suivies dans les phases de planification,
de réalisation et de remise en culture, sous la
surveillance de spécialistes de la protection
du sol. Le but de l'étude présentée ici était
d'apprécier l'efficacité de ces efforts au
moyen de mesures simples couvrant le plus
de surface possible. La résistance du sol a été
mesurée avec un pénétromètre sur des sur-
faces reconstituées après la remise en culture
ainsi que des surfaces à sol naturel. L'étude a
porté sur deux sites (Wanzwil et Hersiwil) et
deux types d'utilisation (prairie artificielle et
culture de céréales), en tenant compte de
l'humidité du sol. Les résultats montrent
qu'après sept années de remise en culture,
les sols reconstitués ne diffèrent pas des sols
naturels avoisinants en ce qui concerne la
résistance à la pénétration. Les mesures de
protection ont donc empêché une compac-
tion du sol. Les sols reconstitués présen-
taient même une résistance à la pénétration
légèrement plus faible au niveau de la
semelle de labour (25 – 35 cm). Cet avantage
devrait être maintenu par des techniques
culturales sans labour ou l'utilisation d'une
charrue on-land.
Il leur faut plusieurs années pour retrouver une certaine
stabilité à travers une restructuration. Avant cela, les sols
reconstitués sont très sensibles aux contraintes méca-
niques (Schäffer et al. 2007; Kaufmann et al. 2009).
L’étude présentée ici avait pour but d’établir si les sols
reconstitués sous surveillance pédologique présen-
taient, à la fin de la période de remise en culture, une
plus grande résistance à la pénétration que des sols
naturels.
M é t h o d e
Sites d’étude
Le long de la ligne CFF, deux sites reconstitués ainsi
que les parcelles avoisinantes, non touchées par les
travaux de construction, ont été échantillonnés:
•• Wanzwil: décharge de matériaux excavés, surface re-
constituée d’environ 20 ha. Type de sol naturel: sol
brun relativement épais, nature du sol: limon sableux.
Pierrosité faible dans la couche supérieure (moins de
5 % de pierres), augmentant en profondeur (5 – 20 %
de pierres).
•• Hersiwil: tranchée couverte, surface reconstituée
d’environ 15 ha. Types de sol naturel: sol brun épais et
sol brun gleyifié d’épaisseur moyenne, nature du sol: li-
mon. Pierrosité très faible (moins de 5 % de pierres).
Les sites ont été aménagés par des entreprises diffé-
rentes avec des systèmes de drainage distincts. Les tra-
vaux de reconstitution ont été réalisés sur les deux
sites selon les directives (Anonyme 2000; Anonyme
2001; Häusler et Salm 2001). Au moyen de tensiomètres1,
on a vérifié que le sol soit suffisamment ressuyé. La
procédure de reconstitution était identique dans les
deux sites (fig. 1): le matériel d’excavation a été stabi-
lisé par du calcaire et compacté pour obtenir un rem-
blai nivelé portant. Ce remblai a été entaillé à une
profondeur de 40 cm avec un bulldozer juste avant de
mettre en place le sol. Le sous-sol et la couche supé-
rieure ont ensuite été déposés par bandes avec des
excavatrices hydrauliques. Quatre semaines se sont
écoulées avant le passage des tracteurs sur les surfaces
fraîchement reconstituées pour permettre au sol de se
tasser naturellement.
Pour la remise en culture, les CFF ont établi des
règles culturales spécifiques en collaboration avec les
spécialistes de la protection du sol. Ces règles faisaient
partie des contrats avec les exploitants (Anonyme 2002).
Pendant les trois premières années, les surfaces fraî-
chement reconverties ont dû être ensemencées avec
des mélanges à base de luzerne et utilisées comme
prairies pour la production de foin ou d’ensilage. Après
ce délai, les grandes cultures (sauf les sarclées) et la
1Appareil de mesure de la force de succion du sol.
Figure 1 | Reconstitution des sols agricoles sur la décharge de la sortie de tunnel à Schacht près de Wanzwil: A = sol supérieur; B = sous-sol; C = remblai nivelé avec des rigoles de drainage (flèche).
Phot
o: M
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ttle
r, 2
005
234 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 232–237, 2010
pâture ont été à nouveau permises. Les surfaces sont
cultivées maintenant depuis huit ans et seront bientôt
restituées à leurs propriétaires pour une exploitation
normale.
Essai au pénétromètre
Sur chaque site, deux parcelles de cultures arables sem-
blables (céréales d’hiver) ont été choisies, aussi voisines
que possible, une sur le sol reconstitué et l’autre sur un
sol formé naturellement servant de témoin. Deux par-
celles de prairies artificielles ont été choisies de la même
manière. Les observations ont donc porté sur quatre
paires de parcelles, soit huit au total (tabl. 1; fig. 2 pour
le site de Wanzwil).
La distance moyenne entre les paires de parcelles
était d’environ 120 m (mesuré entre les centres des par-
celles). Toutes les reconstitutions ont été effectuées en
2002. La distinction entre prairies et champs permet de
tenir compte de l’effet du labour, qui réduit la densité
apparente du sol dans les couches supérieures. Les prai-
ries artificielles n’avaient pas été labourées depuis au
moins un an, tandis que les parcelles cultivées l’avaient
été environ six mois avant les mesures.
Deux paramètres du sol ont été mesurés: la résis-
tance à la pénétration (RP) et l’humidité, exprimée par la
teneur en eau volumétrique (θ). La résistance à la péné-
tration peut être interprétée comme une mesure du
degré de compaction, et donc de la résistance à l’enraci-
nement. La pointe du pénétromètre peut en effet être
assimilée à une racine qui doit frayer son chemin dans le
sol. Les mesures ont servi à calculer le cone index (CI), un
indice standardisé formé par la moyenne des résistances
en Mégapascal (MPa) mesurées à 1, 15, 30 et 45 cm de
profondeur.
Les mesures ont été effectuées avec un Penetrolog-
ger type 06.15.SA de la firme Eijkelkamp (fig. 3). Cet
appareil permet de mesurer jusqu’à 80 cm de profon-
deur en poussant manuellement la pointe de sondage
dans le sol. Il est en outre muni d’une sonde d’humidité
du sol (sonde TDR), qui détermine la valeur θ par résis-
tance électrique dans les 10 cm supérieurs du sol. Les
résultats enregistrés sont ensuite transférés sur un ordi-
nateur.
Les huit parcelles d’essai étaient subdivisées en huit
parties. Pour obtenir des mesures précises, sept pénétra-
tions ont été effectuées par partie (au total 7 × 8 × 8 =
448 mesures), à partir desquelles le CI moyen par par-
celle a été calculé.
Périodes de mesure et analyse statistique
L’humidité du sol θ influence fortement les mesures de
résistance à la pénétration (Dexter et al. 2007; Kauf-
mann et al. 2009). Pour assurer des conditions de sol
comparables, il était prévu d’effectuer les mesures au
printemps 2009 dans un laps de temps aussi court que
possible et en sol bien humide (capacité au champ). Ces
conditions étaient remplies pour les mesures de Wanz-
wil, le 6 avril 2009. Par la suite, une période de séche-
resse prolongée a empêché d’avoir les mêmes conditions
d’humidité pour les mesures d’Hersiwil. Celles-ci ont
finalement été effectuées le 13 mai 2009 après quelques
précipitations. Même ainsi, la valeur θ était encore bien
Environnement | Comparaison de sols reconstitués et formés naturellement
Figure 2 | Ancienne décharge Schacht près de Wanzwil avec le périmètre de reconstitution encadré en bleu et les quatre parcelles d'étude encadrées en rouge (K-A = sol arable témoin; K-KW = prairie artificielle témoin; R-A = sol arable reconstitué; R-KW = prairie arti-ficielle reconstituée). Au bas de l'image apparaît la nouvelle ligne de train.
Site Type de culture Etat du sol CI (MPa)
Wanzwil
Céréales reconstitué 1,29
témoin 1,35
Prairie artificiellereconstitué 1,57
témoin 1,79
Hersiwil
Céréalesreconstitué 2,29
témoin 2,58
Prairie artificiellereconstitué 2,69
témoin 2,51
Tableau 1 | Plan de l'essai avec 8 combinaisons de traitements (2 sites * 2 types de culture * 2 âges de sol) et valeurs moyennes du cone index (CI).
Périmètre deremise en culture
N
Pho
to: G
oogl
e Ea
rth,
Avr
il 20
07
235Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 232–237, 2010
Hersiwil s’explique par les θ différents: à Hersiwil, les sols
plus secs ont davantage résisté à la pénétration (fig. 4).
Les types de culture (prairie ou céréales) ne se sont pas
non plus significativement différenciés entre eux,
contrairement aux prévisions: on pensait que le CI serait
plus élevé dans les prairies à cause du travail du sol moins
important, de la charge en machines plus élevée lors des
récoltes, de l’enracinement plus dense et de l’évapora-
tion plus importante, qui réduisent l’humidité du sol θ.
Qualité physique du sol
La qualification physique du sol, basée sur la comparai-
son avec des normes et valeurs de référence, n’est pos-
sible qu’avec des mesures effectuées en sol humide.
Les considérations suivantes ne sont donc valables que
pour le site de Wanzwil.
Les CI des sols arables de Wanzwil, avec des valeurs
de 1,35 MPa (témoin) et 1,29 MPa (reconstitué), étaient
nettement inférieurs au seuil de 1,5 MPa donné par
Locher et De Bakker (1990) comme limite supérieure de
résistance n’entravant pas l’enracinement. Les prairies
artificielles avaient un CI légèrement supérieur, soit
1,79 MPa (témoin) et 1,57 MPa (reconstitué). Cependant,
les profils de résistance montrent que les différences
entre champs et prairies existent systématiquement
dans toutes les couches du sol. Ceci suggère une diffé-
rence due à des caractères de sol tels que la texture, la
pierrosité ou l’humidité.
La résistance à la pénétration (RP) de la couche supé-
rieure du sol de Wanzwil (jusqu’à une profondeur d’en-
viron 30 cm) était inférieure à la valeur de précaution de
2 MPa proposée par Horn et al. (2009). Dans le sous-sol
(30 à 80 cm de profondeur), la RP était légèrement supé-
rieure (2 à 3 MPa), et les valeurs des parcelles témoin
dépassaient systématiquement d’environ 0,5 MPa celles
des parcelles reconverties. Cette différence peut s’expli-
quer par la semelle de labour et la pierrosité. Les par-
celles témoin montraient une augmentation prononcée
de la RP à une profondeur de 25 – 40 cm, qui ne s’obser-
vait pas dans les parcelles reconverties. Cette différence
est un résultat très satisfaisant qui montre l’efficacité
des efforts fournis pour une remise en culture soigneuse.
Dans les parcelles témoin, une pierrosité plus élevée en
profondeur (dès environ 50 cm) a rendu difficile le
maniement du Penetrologger, conduisant à une variabi-
lité accrue des résultats.
Les résultats de Hersiwil montrent la problématique
de mesures effectuées au-dessous de la capacité au
champ: la RP diminue avec la profondeur dans le sous-
sol, probablement à cause d’une augmentation de l’hu-
midité en profondeur. Néanmoins, on note une semelle
de labour dans la parcelle témoin des champs labourés.
inférieure à la capacité au champ, mais il était impos-
sible de repousser davantage à cause du développement
des cultures. Les mesures de Wanzwil et Hersiwil ne peu-
vent donc pas être directement comparées.
L’analyse statistique est basée sur les CI moyens de
chaque parcelle (tabl. 1). Pour les quatre paires de par-
celles (du même site et mode d’exploitation), les CI
moyens ont été comparées entre le sol reconstitué et le
sol témoin développé naturellement à l’aide du Wil-
coxon signed-rank test.
R é s u l t a t s
Pas de différence entre les sols témoin et reconstitués
L’analyse statistique n’a pas démontré de différence
significative entre le CI moyen des sols témoin (CI = 2,06
MPa) et reconstitués (CI = 1,96 MPa; n = 4, W = 3, p > 0,05).
La différence considérable entre les sites de Wanzwil et
Comparaison de sols reconstitués et formés naturellement | Environnement
Figure 3 | Penetrologger de la firme Eijkelkamp Agrisearch Equip-ment, Giesbeek (NL), avec une sonde d'humidité reliée par câble. La plaque à la surface du sol sert de référence pour la profondeur des mesures.
Phot
o: E
. Ste
ttle
r, 2
009
236 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 232–237, 2010
Bibliographie b Anonyme, 1998. Ordonnance du 1er juillet 1998 sur les atteintes portées aux sols (OSol). Conseil fédéral suisse.
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b Schäffer B., Attinger W. & Schulin R., 2007. Compaction of restored soil by heavy agricultural machinery – Soil physical and mechanical aspects. Soil and Tillage Research 93, 28-43.
Mesures de protection du sol efficaces
Nos résultats montrent que la densité des sols étudiés
n’a pas augmenté de manière indésirable sous l’impact
du décapage, de l’entreposage, de la reconstitution et
de la remise en culture. Les sols reconstitués tendent à
présenter une résistance à la pénétration plus faible au
niveau de la semelle de labour (25 – 35 cm). Cette amélio-
ration de la qualité physique devrait être maintenue par
des techniques culturales sans labour ou l’utilisation de
charrues on-land.
Les directives pour la protection du sol, introduites il
y a 10 ans, ainsi que les règles établies par les CFF pour la
remise en culture semblent avoir permis d’éviter une
compaction du sol dans ce cas. Des recherches complé-
mentaires permettront d’étudier comment le système de
pores se développe dans les sols reconstitués et si la
continuité des pores (connections entre les cavités) se
rétablira au point d’atteindre le niveau de sols naturels. n
Environnement | Comparaison de sols reconstitués et formés naturellement
Figure 4 | Résistances moyennes à la pénétration par type de sol et de culture pour les deux sites (K-A = sol arable témoin; K-KW = prairie artificielle témoin; R-A = sol arable reconstitué; R-KW = prairie artificielle reconstituée).
Wanzwil
-80
-70
-60
-50
-40
-30
-20
-10
00 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5
MPa
Bodentiefe (cm)
K-A
K-KW
R-A
R-KW
Hersiwil0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5
MPa
Prof
onde
ur (c
m)
237
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Confronto tra terreni ricoltivati e
terreni a crescita naturale
La nuova tratta ferroviaria Mattstet-
ten-Rothrist, costruita nell’ambito del
progetto Ferrovia 2000, é stato uno dei
primi grandi cantieri nel quale le diret-
tive sulla protezione del suolo, stabi-
lite una decina d’anni fa, sono state
rigorosamente applicate, durante la
fase di pianificazione, realizzazione e
assestamento, dagli specialisti della
sorveglianza del suolo.
L’obiettivo del presente studio era di
esaminare gli effetti a medio lungo
termine risultanti da questo notevole
sforzo, utilizzando semplici parametri
che possano essere applicati su vaste
superfici.
Nelle analisi del suolo, tramite pene-
trometro dinamico, è stata misurata e
messa a confronto la resistenza di
penetrazione dei suoli rinaturalizzati
tramite sistema di ricoltivazione con
quelli a crescita naturale. Lo studio è
stato eseguito in due località (Wanzwil
e Hersiwil), su due tipi di terreni
coltivati (prato artificiale e cereali)
considerando l’umidità del suolo.
I risultati dimostrano che dopo sette
anni, per quel che concerne la resi-
stenza alla penetrazione, i terreni
ricoltivati non si differenziano dai
suoli a crescita naturale.
Grazie alle misure di protezione si è
dunque impedito una compattazione
del suolo.
Inoltre si nota che i suoli ricoltivati
presentano una resistenza legger-
mente inferiore alla penetrazione
nella profondità di aratura (25–35 cm).
Questo vantaggio qualitativo
dovrebbe venir conservato rinun-
ciando alla lavorazione del terreno
con aratri oppure tramite l’aratura
semiportante.
Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 232–237, 2010
Comparison between restored and
naturally developed soils
The new Mattstetten-Rothrist rail
line builded in the frame of «Railway
2000»was one of the first large-scale
construction projects to strictly
im plement soil protection regulations
introduced about 10 years ago. Super-
vised by a pedological consultation
team, this was realised from the plan-
ning of the project to subsequent soil
management. The objective of this
study was to examine the mid- to
long-term effects of these efforts
using easy-to-apply parameters, and
covering as wide an area as possible.
Using a penetrometer, penetration
resistance of both restored areas and
neighbouring, naturally developed
soils were measured and compared in
a field study at the end of the sub-
sequent management. Two locations
(Wanzwil and Hersiwil) and two types
of soil cultivation (ley and field) as
well as volumetric soil water content
were taken into consideration. The
results demonstrate that after seven
years of subsequent management,
restored soils show no difference
from naturally produced ones with
regard to penetration resistance. Thus,
by applying extensive soil protection
measures, it was possible to avoid
soil compaction. Particularly noticeable
fact was that the restored soils in the
plow pan strata (25 – 35 cm) showed
somewhat lower penetration
resistance. This qualitative advantage
should be maintained through plow-
less tillage or through the use of
On-land-Plow systems.
Key words: soil restoration, soil com-
paction, penetration resistance, plow
pan, plowless tillage.
Comparaison de sols reconstitués et formés naturellement | Environnement
238 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 238–243, 2010
E c o n o m i e a g r i c o l e
agriculteurs PER des régions de grandes cultures de pas-
ser à la production biologique ont été identifiés. La per-
tinence des obstacles cités a été confrontée aux réponses
d’exploitations déjà passées à l’agriculture biologique.
Les résultats visent à montrer quelles sont les mesures
ciblées qui peuvent contribuer à mieux répondre à la
demande croissante de produits bio de culture indigène
en production végétale.
I n t r o d u c t i o n
Près de dix pour cent, soit 6000 agriculteurs suisses,
gèrent leur exploitation selon les directives de l’agricul-
ture biologique. Ce taux est nettement moins élevé dans
les exploitations de grandes cultures (en 2007: 0,44 %,
soit 17 exploitations). Sur la base d’une enquête réalisée
dans toute la Suisse, les facteurs qui découragent les
L’agriculture biologique, mal acceptée en grandes culturesAli Ferjani, Albert Zimmermann et Linda Reissig, Station de recherche Agroscope
Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen
Renseignements: Ali Ferjani, e-mail: [email protected], tél. +41 52 368
Bildlegende
De nombreuses exploitations de grandes cultures sont réticentes à se convertir à l’agriculture biologique par crainte des adventices et des ravageurs.
Phot
o: A
RT
239Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 238–243, 2010
Rés
um
é
L’agriculture biologique a connu un essor
important en Suisse, notamment de 1990 à
2005. Elle a fait sa place aussi bien auprès
des producteurs que des consommateurs.
Toutefois, les exploitations biologiques sont
nettement sous-représentées dans les
régions de grandes cultures. Cette situation
est sans doute due aux exigences imposées
aux exploitations qui se convertissent,
généralement plus strictes que dans les
zones herbagères. Une enquête a été
réalisée auprès de 600 exploitations de
grandes cultures biologiques et PER afin de
connaître les raisons qui empêchent les
agriculteurs de se convertir. Leurs principales
craintes concernent la pression des mau-
vaises herbes et la charge de travail plus
élevée qui en découle, la rentabilité insuffi-
sante due aux suppléments trop limités sur
les prix des produits, les problèmes de
fumure et les directives trop sévères et trop
changeantes. Les résultats de l’enquête
auprès des exploitations de grandes cultures
biologiques montrent que ces craintes ne
sont qu’en partie justifiées. Dans ce contexte,
une stimulation des échanges entre voisins
devrait permettre de favoriser l’extension de
l’agriculture biologique.
L’agriculture biologique, mal acceptée en grandes cultures | Economie agricole
M é t h o d e
En 2009, une enquête empirique a été effectuée auprès
de quelque 3400 exploitations bio et PER. Des question-
naires leur ont été envoyés afin de connaître leur avis sur
la production biologique. Pour les groupes qui comp-
taient un petit nombre d’exploitations, notamment en
grandes cultures et les exploitations en phase de conver-
sion (conversion de PER à bio et vice-versa), la taille de
l’échantillon a été étendue; les exploitations ont ensuite
été sélectionnées au hasard dans ces strates. 1177 agri-
culteurs ont participé à l’enquête anonyme. Les per-
sonnes interrogées pouvaient évaluer les arguments
proposés pour et contre l’agriculture biologique sur une
échelle à quatre degrés: pas important, assez peu impor-
tant, partiellement important et très important. Plu-
sieurs d’entre eux ont décrit leur point de vue en ajou-
tant des commentaires, ce qui s’est révélé très utile pour
mieux comprendre la problématique.
Des 612 exploitations de grandes cultures contactées,
220 ont participé aux relevés et rendu des question-
naires dûment remplis, soit un taux de réponse de 36 %.
106 de ces exploitations étaient sans bétail, dont sept
biologiques seulement. Pour pouvoir évaluer les don-
nées statistiquement, 60 exploitations biologiques sup-
plémentaires ont été intégrées à l’analyse, dont les
terres ouvertes occupaient plus de 50 % de leur surface
agricole utile (SAU), même si la classification officielle
comme exploitation de grandes cultures suppose un
pourcentage supérieur à 70 %.
Exploitations de grandes cultures biologiques
4%
21%
30%
22%
37%
27%
39%
36%
39%
45%
54%
63%
45%
61%
10%
27%
19%
31%
24%
42%
31%
34%
33%
31%
25%
27%
45%
30%
3%
6%
25%
20%
19%
31%
20%
21%
10%
15%
26%
31%
31%
30%
28%
29%
33%
29%
30%
34%
33%
30%
20%
35%
31%
34%
34%
17%
0% 20% 40% 60% 80% 100% 120% 140% 160% 180%
Valeur aux yeux des collègues agriculteurs
Valeur aux yeux de la famille
Adaptation à la vente directe
Valeur aux yeux de la société
Bien-être des animaux
Augmentation des paiements directs perçus
Possibilité d’améliorer son revenu
Image positive de l’agriculture biologique
Défi à relever
Adéquation au concept de l’exploitation
Augmentation de la demande de produits bio
Pollution moins importante de l’environnement
Prix plus élevés des produits
Réduction de la charge de produits chimiques dans les denrées alimentaires
Très importantPartiellement important
Exploitations de grandes cultures PER
Très importantPartiellement important
Figure 1 | Arguments en faveur de la production biologique pour les exploitants en grandes cultures bio et PER.
240 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 238–243, 2010
Economie agricole | L’agriculture biologique, mal acceptée en grandes cultures
a: «Convaincus PER» (51 exploitations; dont 1 conven-
tionnelle, 50 PER)
Les agriculteurs appartenant à ce groupe veulent avant
tout maximiser leurs rendements. Ils considèrent que le
mode d’exploitation PER est respectueux de l’environ-
nement et ne croient pas que l’agriculture biologique
offre des avantages pour l’homme ou l’environnement
ou que les denrées alimentaires biologiques sont plus
saines. En outre, ils expriment d’importants doutes
quant à l’intérêt et la faisabilité de la production biolo-
gique à grande échelle.
b: «Optimisateurs» (92 exploitations; dont 2 conven-
tionnelles, 89 PER, 1 bio)
Les agriculteurs appartenant à ce groupe accordent une
importance particulière à une production respectueuse
de l’environnement. Toutefois, ils ne veulent pas se sou-
mettre à des contrôles et à des directives strictes. Pour
eux, le passage à la production biologique représente
une possibilité d’améliorer le revenu de l’exploitation.
Toutefois, par manque de formation sur le mode de pro-
duction biologique, à cause des risques plus élevés liés à
la technique culturale, à cause de l’organisation de la
distribution jugée insuffisante ou de l’insécurité par
rapport aux prix et aux paiements directs à l’avenir dans
la production biologique, ces exploitations renoncent
généralement à se convertir.
c: «Convaincus bio» (67 exploitations; dont 1 PER, 66 Bio)
Le mode de production biologique est une préoccupa-
tion majeure pour les agriculteurs de ce groupe. Leur
choix repose cependant beaucoup moins sur des
concepts abstraits, comme la «durabilité», que sur des
R é s u l t a t s
Avantages de la conversion pour les exploitations de
grandes cultures
Les agriculteurs ont évalué différents avantages de la
production biologique (fig. 1). Pour les exploitations PER
comme pour les exploitations bio, les aspects environne-
mentaux jouent un grand rôle. Pour près de 90 % respec-
tivement 60 % des exploitations, ils représentent au moins
un argument partiellement important en faveur de la
production biologique. L’argument «Prix plus élevé des
produits bio» a été jugé presque aussi important. En outre,
pour les exploitations bio, l’image positive de l’agriculture
biologique, les paiements directs et l’adéquation au
concept de l’exploitation sont particulièrement impor-
tants. La reconnaissance sociale, particulièrement de la
part des collègues agriculteurs, apparaît comme moins
décisive pour la conversion à la production biologique.
Analyse cluster
Une analyse cluster a été réalisée à partir des arguments
en faveur de l’agriculture biologique afin de différencier
les groupes les plus homogènes possibles d’agriculteurs
au niveau de leur opinion et leur motivation par rapport
à ce mode de production. 70 exploitations PER n’ont pas
été incluses dans cette analyse car elles n’avaient pas
évalué tous les arguments. Par conséquent, le groupe
réunissait 210 exploitations au total. Une analyse facto-
rielle a permis de classer les arguments parfois corrélés
en trois facteurs: «Environnement», «Image» et «Moti-
vation économique». Ces facteurs ont servi de variables
dans l’analyse de classification hiérarchique qui a con-
duit à former trois groupes d’exploitations de grandes
cultures.
34%
25%
24%
55%
39%
60%
33%
46%
50%
52%
54%
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67%
73%
77%
83%
39%
51%
55%
53%
69%
65%
75%
76%
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Distribution insuffisammentorganisée
Droit de livraison incertain
Nécessité d’investissementsélevés
Paiements directs trop bas
Incertitude sur la demande futureen produits bio
Evolution incertaine despaiements directs
Revenu difficile à amélioreravec la production bio
Les prix des produits ne couvrent pas les coûts supplémentaires
«Convaincus PER»«Optimisateurs»«Convaincus bio»
Figure 2 | Obstacles économiques à la conversion.
241Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 238–243, 2010
L’agriculture biologique, mal acceptée en grandes cultures | Economie agricole
blèmes de distribution sont évoqués davantage par les
exploitants «optimisateurs» que par les exploitants
«convaincus PER». En outre, les «optimisateurs» sont
relativement préoccupés par les prix et les paiements
directs. Les agriculteurs biologiques se rapprochent de
l’évaluation des exploitations PER en ce qui concerne
l’incertitude sur le montant et l’évolution des paiements
directs.
Obstacles liés à la technique de production
L’évaluation de certains arguments de technique de pro-
duction s’avère clairement opposée à la production bio-
logique. Près de 95 % des exploitations PER craignent les
problèmes de mauvaises herbes (fig. 3). Pour 76 % des
exploitations bio également, cet argument s’oppose à
l’agriculture biologique, ce qui prouve que la lutte
contre les adventices pose un vrai problème en produc-
tion biologique. La pression des maladies et des rava-
geurs ainsi que la charge de travail plus élevée représen-
tent des inconvénients significatifs de l’agriculture
biologique pour 94 % des exploitants «convaincus PER».
Ces pourcentages sont légèrement plus bas chez les
«optimisateurs». Parmi les autres arguments considérés
comme significatifs par une grande partie des exploi-
tants, on peut citer le manque d’éléments fertilisants et
les pertes de rendement. Pour les «optimisateurs»
notamment, la qualité environnementale en hausse
avec les PER s’oppose à une conversion, tandis que ce
point n’incite pratiquement pas les exploitations bio à
changer de mode de production.
Obstacles sociaux, personnels et administratifsLe contexte social et la situation personnelle influencent
aussi la conversion à l’agriculture biologique. Selon Lam-
pkin et Padel (1994, p. 244 et suiv.), il faut non seulement
expériences directes, qu’il s’agisse de la réticence à
employer des produits phytosanitaires chimiques de
synthèse, de la santé de la famille, de la recherche de la
proximité de la nature ou de la conviction que seul le
mode de production biologique peut conserver des sols
sains et fertiles. Souvent, ces chefs d’exploitation sont
également engagés dans la vente directe.
Obstacles à la conversion des exploitations de grandes
cultures
Outre une modification complète de l’exploitation, la
conversion au mode de production biologique exige
une approche entièrement différente de l’agriculture
(Rolker 2000). En plus des raisons économiques et de
technique de production, des arguments administratifs,
sociaux et personnels peuvent également s’opposer à la
production biologique (Padel 2001). Ces arguments ont
été évalués pour les trois groupes d’exploitations diffé-
rents. Dans chaque cas, on a présenté la part des exploi-
tations pour laquelle l’argument est partiellement
important ou très important dans la décision de ne pas
se convertir à l’agriculture biologique.
Obstacles économiques
La majorité des agriculteurs PER sont d’avis que l’agricul-
ture biologique n’apporte pratiquement aucun avan-
tage économique. Trois quarts d’entre eux ne croient
pas que leur revenu pourrait s’améliorer avec la produc-
tion biologique, tandis que seul un tiers des exploitants
bio a fait une telle expérience (fig. 2). 68 % des agricul-
teurs PER doutent de pouvoir écouler les produits biolo-
giques sur le marché à l’avenir, près de la moitié craint
d’autres inconvénients économiques, comme des inves-
tissements onéreux, la disparition des droits de livraison
ou l’organisation insuffisante de la distribution. Ces pro-
18%
34%
48%
19%
51%
63%
76%
36%
68%
71%
79%
83%
88%
95%
39%
71%
80%
73%
94%
94%
96%
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Part de surfaces écologiquesdifficile à respecter
Pertes de rendements tropimportantes
Problème d’approvisionnementen éléments fertilisants
Qualité environnementale amélioréeavec les PER également
Pression des maladies/desravageurs
Charge de travail trop élevée
Pression des mauvaises herbes
«Convaincus PER»«Optimisateurs»«Convaincus bio»
Figure 3 | Obstacles liés à la technique de production.
242 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 238–243, 2010
Economie agricole | L’agriculture biologique, mal acceptée en grandes cultures
prendre en considération les aspects comme le conflit des
générations, le manque d’information ou une image
peut-être négative de l’agriculture biologique, mais aussi
la constellation actuelle de l’exploitation et sa perception
des risques. Un tiers des exploitations déclarent que
l’image négative de l’agriculture biologique constitue un
obstacle à la conversion (fig. 4). Parallèlement, plus de la
moitié de ces exploitations soulignent l’image positive de
l’agriculture biologique (cf. fig. 1). La même exploitation
adhère même parfois aux deux arguments, par exemple
lorsque l’exploitant a une opinion personnelle positive
de l’agriculture bio, mais que ses collègues en ont une
image négative. Pour 55 % des «optimisateurs», le niveau
de connaissances personnelles sur l’agriculture biolo-
gique constitue un obstacle à la conversion. L’impression
que les directives sont trop sévères ou qu’elles changent
trop souvent, ainsi que les charges administratives consti-
tuent des arguments encore plus importants. Beaucoup
d’exploitations biologiques considèrent ces points
comme gênants.
C o n c l u s i o n s
L’enquête auprès des exploitations de grandes cultures
PER montre que la crainte des inconvénients liés à la tech-
nique de production, notamment les problèmes d’adven-
tices, constitue le plus gros handicap à une conversion au
mode de production biologique. L’opinion selon laquelle
l’agriculture biologique ne serait pas rentable est égale-
ment très répandue, suivie de près par l’argument invo-
quant des directives trop sévères. Le nombre d’exploita-
tions PER interrogées qui envisagent une conversion
actuellement est relativement faible (seulement 3 %, soit
6 exploitations). De nombreux producteurs ne sont pas
prêts à abandonner leur mode d’exploitation habituel
pour prendre le risque d’une conversion. Pour lutter
contre l’impact négatif de ce risque, il serait sans doute
particulièrement utile que les agriculteurs biologiques
qui réussissent déjà dans la région dans des conditions
similaires soient prêts à soutenir les nouveaux venus en
cas de problèmes et à répondre à leurs questions. En effet,
les agriculteurs accordent davantage de crédit à ce qu’ils
peuvent voir et expérimenter qu’à ce que leur rapportent
des vulgarisateurs ou des tiers qu’ils ne connaissent pas
(Szerencsits et al. 2009). Les résultats de l’enquête per-
mettent de recommander les mesures suivantes afin
d’augmenter la part d’exploitations biologiques parmi les
exploitations de grandes cultures:
•• Soutien des exploitations biologiques existantes et
utilisation des exploitations prospères comme exemple
pour inciter la conversion.
•• Garantie à long terme des paiements directs
biologiques. n
4%
15%
36%
24%
28%
60%
48%
67%
48%
29%
34%
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59%
71%
72%
75%
35%
33%
51%
61%
43%
57%
69%
63%
61%
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Je refuse la productionbiologique par principe
Image négative de l’agriculturebiologique
Je n’aime pas être surveillé
Ne s’intègre pas au conceptpersonnel d’exploitation
Connaissances personnelles surla production bio insuffisantes
Contrôles bio trop chers
Administration trop lourde
Directives trop changeantes
Directives trop sévères
«Convaincus PER»«Optimisateurs»«Convaincus bio»
Figure 4 | Obstacles sociaux, personnels et administratifs.
243
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 238–243, 2010
L’agriculture biologique, mal acceptée en grandes cultures | Economie agricole
Organic Agriculture: Why so Few
Farms Convert
Organic farming recorded significant
growth in Switzerland, especially
between 1990 and 2005, and won the
support of both farmers and consum-
ers. Despite this, organic farms are
noticeably underrepresented in the
arable farm regions; this situation is
certainly due to the usually greater
demands placed on farm conversion in
these regions than in grassland. A sur-
vey of around 600 organic and PEP
arable farms was conducted to de-
termine which factors deter farmers
from converting. The greatest fears
expressed were the weeds pressure
and the increased work needed for
their control, the insufficient profi-
tability resulting from toolow sur-
charges on product prices, problems
in nutrient supply and the too strict
or too frequently changing guidelines.
The results of the organic arable farm
survey show that these fears are only
partially justified. Increasing neigh-
bourly exchanges should therefore
promote the expansion of organic
farming.
Key words: arable farms, organic,
conversion factors, cluster analysis.
Agricoltura biologica: mal accettata in
campicoltura
L'agricoltura biologica ha conosciuto
un importante rilancio in Svizzera
soprattutto tra il 1990 e il 2005, con-
quistando una notevole valenza sia
presso i produttori, che i consumatori.
Nelle regioni dedite alla campicoltura,
le aziende biologiche sono nettamente
sottorappresentate e ciò è riconduci-
bile alle esigenze imposte alle aziende
che vi si convertono, esigenze più
rigorose rispetto a quelle imposte alle
zone foraggicole. Attraverso un son-
daggio rivolto a 600 aziende dedite
alla campicoltura che seguono i prin-
cipi dell'agricoltura biologica e della
PER, si è tentato d'individuare i motivi
per cui gli agricoltori sono piuttosto
restii a convertire la propria azienda.Le
maggiori reticenze concernono la
pressione di malerbe e il conseguente
aumento del carico di lavoro, l'insuffi-
ciente redditività dovuta a supple-
menti troppo limitati sui prezzi dei
prodotti, i problemi di concimazione e
le direttive troppo severe, nonché le
loro frequenti modifiche. I risultati del
sondaggio mostrano che i timori sono
fondati soltanto in parte. Pertanto si
devono incentivare maggiormente, e
in modo efficace, gli scambi tra agric-
oltori per favore l’estensione dell'agri-
coltura biologica.
Bibliographie b Lampkin N. H. & Padel S., 1994. Economics of Organic Farming. An International Perspective. CAB International, Wallingford, Angleterre.
b Padel S., 2001. Conversion to Organic Farming: A Typical Example of the Diffusion of an Innovation? Sociologia Ruralis 41 (1), 10 – 61.
b Rolker P., 2000. Öko-Obstbau in der Zukunft – Chancen und Risiken. In: Zander K. & Waibel H. (Ed.). Ökologischer Gartenbau. Arbeitsberichte zur Ökonomie im Gartenbau, 83, Ökonomisches Kolloquium Wintersemester 1999/2000, Hannover, 37 – 46.
b Szerencsits M., Ruppert J., Dahlmann C. & Hess J., 2009. Entwicklung von Strategien zur Ausdehnung des Ökologischen Landbaus in Luxem-burg. 10. Wissenschaftstagung Ökologischer Landbau, Zurich, 11 – 13 février 2009.
244 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 244–251, 2010
Fabio Mascher, Michel Habersaat et Stefan Kellenberger, Station de recherche Agroscope
Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon
Renseignements: Fabio Mascher, e-mail: [email protected], tél. +41 22 363 47 33
La rouille jaune menace-t-elle la culture du blé en Suisse ?
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
répandue sur tout le territoire suisse. La survenue et la
propagation de l'épidémie ont probablement été
déclenchées par des conditions climatiques propices
(Chen 2005) et par l'apparition d'une nouvelle souche du
pathogène portant la virulence Yr17, encore inconnue
en Suisse jusqu'à cette date-là (résultats non publiés).
L’agent causal de la rouille jaune est le champignon Puc-
cinia striiformis fsp. tritici. Il colonise les feuilles, avec des
pustules jaunes en forme de stries le long des nervures.
Lorsqu'elles sont mûres, les pustules éclatent pour
I n t r o d u c t i o n
Parmi les maladies du blé présentes sur le territoire hel-
vétique, la rouille jaune n’apparaît que très rarement.
Toutefois, lors d’épidémies, la maladie peut provoquer
des pertes de rendement très importantes (Kobel 1961).
La dernière épidémie de rouille jaune en Suisse a eu lieu
entre 2000 et 2002 et n’a concerné qu'un petit nombre
de variétés, en particulier le blé biscuitier Arbola et le
triticale Prader (Michel 2001). L'épidémie s'est très vite
Figure 1 | Feuilles de blé fortement infectées par la rouille jaune, produisant une grande quantité d’urédospores.
Pho
to: A
CW
245Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 244–251, 2010
Rés
um
é
La rouille jaune menace-t-elle la culture du blé en Suisse? | Production végétale
En 2008, deux foyers de rouille jaune ont été
découverts sur du blé d’automne dans des
essais variétaux conduits en Argovie et Thur-
govie. Après isolation et purification, le
spectre de virulence des souches a été
déterminé sur des variétés différentielles.
Deux types de virulence, Yr4 et Yr32,
jusqu’ici absents du territoire suisse, ont été
mis en évidence. Ceux-ci ont déjà été
r épertoriés dans le nord de l’Europe au
cours des années 90; leur migration vers le
sud a été enregistrée en 2007 en France et
en 2008 en Suisse, par le biais de ce travail.
Les tests de résistance en serre avec ces
nouvelles souches ont révélé que les variétés
de blé cultivées en Suisse ont une bonne
résistance contre ces nouvelles virulences.
La présence annoncée de souches munies
d’autres gènes de virulence en Europe exige
de poursuivre la surveillance des pathogènes
mise en place par Agroscope, les service de
protection des végétaux des cantons, l’EPF
de Zurich, Getreidezüchtung Peter Kunz et
par l’interprofession.
libérer un grand nombre de spores jaunes dorées (fig. 1).
Cette infection engendre une réduction importante de
la surface foliaire utile et une perte d'assimilats dues au
parasite, conduisant à des pertes de rendement très sen-
sibles (Sharma et al. 1985).
La diversification du champignon en races physio-
logiques, primordiale pour assurer son succès en tant
que parasite, lui permet de contourner les gènes de
résistance laborieusement introduits par les sélection-
neurs (Fossati et Brabant 2003; Johnson 1992). Chaque
race physiologique est généralement définie par les
gènes de résistance qu'elle est capable de contourner.
La référence expérimentale des gènes de résistance est
constituée par des lignées différentielles de blé et d’es-
pèces apparentées (McIntosh et al. 1995). Selon la théo-
rie de la relation «gène pour gène», l'hérédité de la
résistance de l'hôte et la capacité du parasite à infecter
l'hôte se basent sur des paires de gènes complémen-
taires (Manners 1988). Dans le cas de la plante hôte, on
parle de «gène de résistance» (R), alors que pour le para-
site, on parle de gène d’«avirulence» (Avr). En pratique,
cela signifie qu'une plante qui exprime un certain gène
R est résistante envers un pathogène exprimant le gène
Avr, qui lui permet de reconnaître le pathogène. Ainsi,
une mutation ou l’absence d’un gène Avr permet au
pathogène de contourner la résistance de la plante. Les
lignées différentielles portent donc un ou plusieurs
gènes R connus. En Europe, les races de rouille jaune
sont classées sur la base de sets européen et mondial de
variétés différentielles de blé utilisant un codage binaire
(Johnson et al. 1972).
En 2008, trois foyers de rouille jaune ont été décou-
verts en Suisse dans les tests d'homologation de varié-
tés d’Agroscope à Ellighausen (TG), dans les parcelles
de démonstration de Fenaco à Birr (AG) et à Changins
(VD). Les variétés touchées à Ellighausen étaient les
blés Papageno et Cambrena. Le présent travail vise,
dans un premier temps, à comparer le spectre des viru-
lences présentes dans les nouvelles souches avec celui
des souches déjà établies. Dans un deuxième temps, la
résistance des variétés cultivées ou en voie d’inscrip-
tion au catalogue national est examinée.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Isolats fongiques, stockage et production d’inoculum
La nature et l’origine des isolats de rouille jaune utilisés
dans ce travail sont décrites dans le tableau 1. Les isolats
Nom Année isolation Lieu d'origine sur variété
Ps 1688 2008 Birr AG inconnu
Ps 1689 2008 Ellighausen TG Cambrena
Ps 1690 2008 Ellighausen TG Papageno
Ps 1691 2008 Changins VD Fiorina
Ps 771 2001 Lindau ZH Prader (triticale)
Ps 773 2001 Changins VD Prader (triticale)
Ps 823 2001 Goumoëns VD inconnu
Ps 824 2001 Grenchen SO inconnu
Ps 866 2001 Lindau ZH Prader (triticale)
Ps 868 2001 Changins VD Prader (triticale)
Ps 869 2001 Goumoëns VD inconnu
Ps 870 2001 Grenchen SO inconnu
Ps 110 avant 1999 inconnu inconnu
Ps 111 avant 1999 inconnu inconnu
Tableau 1 | Nom et origine des souches de rouille jaune utilisées dans ce travail
246 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 244–251, 2010
Production végétale | La rouille jaune menace-t-elle la culture du blé en Suisse?
Pour infecter les plantes, 12 mg de spores sont mélan-
gées dans 0,2 ml de pétrole liquide (Pétrol spécial
185/240 °C, Districhimie SA, Ecublens, Suisse) et appli-
quées uniformément sur les feuilles à l’aide d’un tube
capillaire 20 µl (IntraMARK, Blauband 97861, Wertheim,
Allemagne) placé devant un jet d’air comprimé.
Après infection, les plantes sont placées en serre à
18 °C et 100 % d’humidité, avec un régime lumineux
naturel pendant 24 h pour favoriser le processus d’infec-
tion. Ensuite, les plantes sont maintenues à 18 °C, 60 %
d’humidité et à un régime lumineux de 14/24 h. Pour
récolter les spores, les feuilles sont légèrement secouées
à l’aide d’une baguette en plastique ce qui permet aux
spores de se déposer sur une feuille d’aluminium placée
sous les plantes. Les spores sont immédiatement tami-
sées à travers un filtre à thé en nylon, pour enlever les
impuretés, avant d'être utilisées pour infecter les plantes
ou lyophilisées et conservées à -80 °C.
Analyse des virulences des souches
Les virulences présentes dans les souches de rouille
jaune ont été déterminées à l’aide des lignées différen-
tielles présentées dans le tableau 2. Les tests sont ré alisés
sur des plaques de plastique (HerkuPlast-Kubern GmbH,
Ering am Inn, Allemagne) pourvues de 42 alvéoles de
2 × 2 cm et 3 cm de profondeur. Les puits sont remplis
avec le terreau décrit ci-dessus. Ce dernier a été légère-
ment tassé dans les puits avec un bâton, pour obtenir
une dépression de 0,7 cm de diamètre et autant de pro-
fondeur. Cinq graines sont placées dans cette dépres-
sion, puis recouvertes d'une couche de terreau. Après 14
jours, les plantules sont infectées avec la rouille jaune,
selon le protocole décrit précédemment.
sont stockés comme urédospores lyophylisées dans des
microtubes Eppendorf (Eppendorf SA, Hambourg, Alle-
magne) à -80 °C.
Parasite biotrophe obligatoire, la rouille jaune ne
pousse que sur des plantes vivantes. Pour la multiplica-
tion, un mélange des variétés de blé Coker et Eridano
(SPS Bologna), dépourvus de résistance à la rouille jaune,
ou les variétés Papageno et Cambrena pour les nou-
velles souches, sont cultivés dans des pots de plastique
de 8 cm de diamètre, remplis de terreau (Typical substrat
4, Brill, Zug, Suisse) passé au tamis de 0,4 cm.
Lignée Gène(s)
Chinese 166 Yr 1
Kalyansona Yr 2
Bon fermier Yr 3
Vilmorin 23 Yr3
Triticum spelta album Yr 5
Reichersberg 42 Yr 7
Compair Yr 8
Riebesel 47 – 51 Yr 9
Kavkaz/4*Federation Yr 9
G 25 Yr15
VPM 1 Yr17
Audace Yr17
Prader Yr17
Carstens V Yr32, CV1, CV2, CV3
Heines Kolben Yr2, Yr6
Heines Peko Yr2, Yr6
Sonalika Yr2, YrA
Lely Yr2, Yr7
Clement Yr2, Yr9
Heines VII Yr2, Yr11, Yr25, HV
Spaldings Prolific Yr2, Yr11, SP
Hobbit Yr 3a+4a+14
Maris Huntsman Yr 3a+4a+13
Nord Desprez Yr3a, Yr4a, ND
Hybrid 46 Yr3b, Yr4b
Donata Yr7, Yr9
Lee Yr7, Yr22, Yr23
Moro A Yr10, Moro
Anza A Yr A
Suwon 92/Omar Yr S/O
Stubes Dickkopf SD
Fiorina témoin résistant
Eridano témoin sensible
Tableau 2 | Lignées différentielles et leurs gènes de résistance
Désignation Etat de résistance Symptômes
0 Immunité Aucun urédia visible
; Très résistant Taches nécrotiques
,N RésistantTaches nécrotiques sans sporulation
1 RésistantTaches nécrotiques avec peu de sporulation
2 Modérement résistantSporulation modérée avec chloroses et nécroses
3 Modérement sensible Sporulation avec chlorose
4 SensibleSporulation abondante sans chlorose
Tableau 3 | Système de notation PBI (Plant Breeding Institute) des tests différentiels et des tests de résistance en serre, permettant de classer le type de résistance de la plante vis-à-vis du pathogène
247Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 244–251, 2010
La rouille jaune menace-t-elle la culture du blé en Suisse? | Production végétale
L’évolution de la maladie a été notée à l’aide du système
PBI (McIntosh et al.,1995) décrit dans le tableau 3, qui
permet de qualifier le type d’interaction entre la plante
et le champignon.
Tests de résistance en serre et en plein champ
Pour pouvoir examiner les conséquences des nouvelles
souches de rouille jaune sur la culture de blé en Suisse,
les variétés inscrites au catalogue national ainsi que les
variétés et lignées en voie d’inscription ont été testées
en serre. Des essais complémentaires en plein champ ont
été effectués avec les souches déjà présentes en Suisse.
Le nom et la description des blés soumis à ces tests figu-
rent dans le tableau 4.
Pour les tests en serre, le même dispositif expérimen-
tal a été utilisé que pour les tests des virulences. De
manière analogue, les plantules de 2 semaines ont été
inoculées et le développement de l’infection a été noté
avec le système PBI.
Les tests en plein air se sont déroulés sur le domaine
d’ACW à Changins de 2007 à 2009. Les variétés candi-
dates ont été semées en automne, en lignes de 1 m de
long, avec le semoir de précision SeedMatic (Hege Mas-
chinen, Eging am See, Allemagne).
A la reprise de la végétation au printemps, les plantes
ont été infectées avec des spores de rouille jaune, pro-
duites comme décrit plus haut et mélangées à partir de
8 souches isolées en Suisse pendant les 15 dernières
années et contenant toutes les virulences connues. La
notation de la sévérité de l’infection, de 1 (pas d’infec-
tion) à 9 (feuilles complètement couvertes de pustules),
est décrite dans le tableau 5.
Mise en place et analyses statistiquesLes tests variétaux en serre ont été effectués avec 3 répé-
titions indépendantes et complètement randomisées. Les
tests ont été répétés 2 fois, à distance d’une semaine. Les
notes jusqu’à 2 indiquent la résistance de la plante tandis
que les notes 3 et 4 confirment que l’infection s'est déve-
loppée. Pour déterminer si une variété est résistante ou
sensible, les données ont subi un test chi-carré.
Les tests au champ ont été effectués avec 3 répétitions
indépendantes et complètement randomisées. Les tests
ont été répétés 3 fois pendant 3 années consécutives. Les
données obtenues ont été analysées séparément pour
chaque année. En l'absence d'une distribution normale
des résidus, le test non-paramétrique de Wilcoxon a été
utilisé. Les différences de réaction entre les variétés ont
été relevées avec le test de comparaisons multiples Fisher
LSD. Toutes les différences ont été retenues significatives
à P < 0,02. Les analyses statistiques ont été réalisées avec
le logiciel NCSS 97 (NCSS, Kaysville, Utah, Etats-Unis).
Variété Obtenteur/Mainteneur Pays d'origine
Année d'inscription
ARINA Agroscope/DSP Suisse 1981
AROLLA Agroscope/DSP Suisse 2003
CAMBRENA Agroscope/DSP Suisse 2008
CAMEDO Agroscope/DSP Suisse 2007
CH CLARO Agroscope/DSP Suisse 2007
COMBIN Agroscope/DSP Suisse 2007
FIORINA Agroscope/DSP Suisse 2001
FOREL Agroscope/DSP Suisse 2007
LEVIS Agroscope/DSP Suisse 2004
MAYEN Agroscope/DSP Suisse 2007
MOLINERA Agroscope/DSP Suisse en voie d'inscription
MURETTO Agroscope/DSP Suisse 2007
MUVERAN Agroscope/DSP Suisse 2004
NARA Agroscope/DSP Suisse 2007
ORZIVAL Agroscope/DSP Suisse en voie d'inscription
RUNAL Agroscope/DSP Suisse 1995
SCALETTA Agroscope/DSP Suisse 2005
SEGOR Agroscope/DSP Suisse 2003
SERTORI Agroscope/DSP Suisse 2008
SIALA Agroscope/DSP Suisse 2005
SURETTA Agroscope/DSP Suisse 2008
TIRONE Agroscope/DSP Suisse 2002
TITLIS Agroscope/DSP Suisse 1996
ZINAL Agroscope/DSP Suisse 2003
AKRATOS Dr. Hermann Strube Allemagne 2004
AZZURO Limagrain Verneuil Holding Grande Bretagne 2006
BOCKRIS Dr. Hermann Strube Allemagne 2007
CAPHORN Ets Florimond Desprez Grande Bretagne 2001
EPHOROS Dr. Hermann Strube Allemagne 2004
GALAXIE R 2n France 1991
HERMANN Limagrain GmbH Allemagne 2004
LUDWIG Probstdorfer Saatzucht Ges.m.b.H. & Co KG Autriche 1997
MANHATTAN Limagrain GmbH Allemagne 2002
MULAN Nordsaat Saatzuchtgesellschaft mbH Allemagne 2005
PAPAGENO Saatzucht Engelen Büchling OHG Allemagne 2007
POTENZIAL Deutsche Saatveredlung Lippstadt-Bremen GmbH Allemagne 2006
RAINER Saatzucht Donau Ges.m.b.H. & CoKG Autriche 2007
RUSTIC SA Momont Hennette et Fil France 2005
TAPIDOR Serasem France 2002
TOMMI Nordsaat Saatzuchtgesellschaft mb Allemagne 2002
WINNETOU Saatzucht Firlbeck GmbH & Co KG Allemagne 2002
Eridano Società produttori sementi Bologna spa Italie 1989
Cocker Coker's Pedigreed Seed Co. (Syngenta Seeds) USA < 1980
111.13726 Agroscope Suisse pas inscrit
Tableau 4 | Variétés testées de blé inscrites ou en voie d’inscrip-tion dans le catalogue national suisse. Eridano, Cocker et 111.13726 sont des variétés témoins permettant de contrôler le bon déroule-ment de l’infection
248
Production végétale | La rouille jaune menace-t-elle la culture du blé en Suisse?
Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 244–251, 2010
R é s u l t a t s
Analyse des virulences des souches
Les résultats sont représentés de deux façons pour res-
pecter la nomenclature conventionelle pour les rouilles
du blé. D’un côté, le set mondial et le set européen de
lignées différentielles ont été utilisés (tabl. 6) afin de
décrire le spectre de virulence de chaque souche en
détail, en se basant sur la combinaison de virulences
usuellement absentes ou particulièrement discrimi-
nantes pour les souches de rouille jaune. A chaque
souche est ainsi attribuée une formule de virulence
(Johnson et al. 1972). Les résultats montrent que chaque
souche est caractérisée par un spectre de virulences qui
lui est propre. De plus, seules les souches isolées en
2008 portent la virulence Yr32, capable de contourner
la résistance du différentiel Carstens V.
De l’autre côté, les souches de rouille jaune sont éga-
lement décrites selon la méthode simplifiée de
Hovmøller (2001), qui se base sur les virulences arrivées
récemment, en particulier Yr6, Yr9 et Yr17 (tabl. 7).
Cette dernière est absente dans les sets mondial et
européen. Le tableau 6 montre les virulences ainsi que
la fréquence des souches isolées pendant les 13 der-
nières années en Suisse. La virulence Yr9, apparue en
Europe au cours des année 1990, est présente dans
Note % de feuille infecté Symptômes
1 0,0 % Aucun urédia sur la feuille
2 2,5 % Traces d'urédia sur la feuille
3 10,0 % 10 % de la feuille couverts d'urédia
4 25,0 % 25 % de la feuille couverts d'urédia
5 50,0 % Moitié de la feuille couverte d'urédia
6 75,0 %Trois quarts de la feuille couverts
d'urédia
7 90,0 % 10 % de feuille sans urédia
8 97,5 %Quelques traces vertes visibles
de la feuille
9 100,0 % Feuille totalement couverte d'urédia
Tableau 5 | Notation de la sévérité de l’infection dans les tests de résistance au champ. La note 1 correspond à l’absence d’infection, la note 9 correspond à une complète invasion de la feuille par les pustules du champignon
2008 2008 2008 2008 2001 2001 2001 2001 2001 2001 2001 2001 <1999 1969
Différentiels mondiaux Gènes Coeff. 1688 1689 1690 1691 771 773 823 824 866 868 869 870 110 111 race
Probus
Chinese 166 Yr1 2 1 1 0 0 0 1 0 0 0 1 0 0 1 1
Lee Yr7, Yr22, Yr23
4 0 0 0 1 1 0 1 1 1 1 1 1 0 0
Heines Kolben Yr2, Yr6 8 0 0 0 1 1 1 1 1 1 1 1 1 0 0Vilmorin Yr3 16 1 1 1 0 0 1 0 0 0 1 0 0 1 1Moro Yr10,
Moro32 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
Strubes Dickkopf
SD 64 0 1 1 0 0 1 0 0 0 1 1 0 1 1 1
Suwon x Omar Yr S/O 128 1 1 1 0 1 1 0 1 1 1 1 0 1 1Clement Yr2, Yr9 256 1 1 0 1 0 1 1 1 1 0 1 1 1 1Triticum spelta Yr5 512 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Différentiels européensHybrid 46 Yr3b, Yr4b 2 1 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0Reichersberg 42
Yr7 4 0 0 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 0 0 0
Heines Peko Yr2, Yr6 8 0 0 0 1 1 1 1 1 1 0 1 1 0 0Nord Desprez Yr3a, Yr4a,
ND16 1 1 1 0 0 1 0 0 0 0 0 0 1 1
Compair Yr8 32 0 0 0 0 1 0 1 1 1 1 1 1 1 1Carstens V Yr32, CV1,
CV2, CV364 1 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
Spaldings Prolific
Yr2, Yr11, SP
128 1 1 1 0 0 1 0 0 0 1 0 0 1 1 1
Heines VII Yr2, Yr11, Yr25, HV
256 0 1 0 1 1 1 1 1 0 1 1 0 1 1 0
Formule de virulence 402E82 466E82 208E86 268E12 140E44 474E28 268E44 396E44 396E44 222E36 460E44 268E44 466E48 466E48 64E0
Tableau 6 | Représentation des virulences de rouille jaune présentes, basée sur les sets mondial et européen. La virulence Yr32, jusqu’ici absente en Suisse, est mise en évidence
249
presque toutes les souches, tout comme la virulence
Yr17, dans les souches depuis 2001. Les souches isolées
en 2008 présentent de plus les virulences Yr4 et Yr32.
Tests de résistance en serre et en plein champ
La résistance des variétés de blé inscrites ou en voie
d’inscription dans le catalogue national vis-à-vis des
nouvelles souches de rouille jaune a été examinée par
des tests en serre. Les résultats présentés dans le tableau
8A montrent que les nouvelles souches de rouille jaune
peuvent contourner la résistance seulement chez cer-
taines variétés de blé, ces dernières étant pourtant déjà
sensibles aux souches présentes en Suisse.
La sensibilité des mêmes variétés de blé soumises
aux tests en plein champ entre 2007 et 2009 est repré-
sentée dans le tableau 8B. Ces tests sont réalisés par
infections artificielles avec les souches isolées avant
2008. Les variétés Arina, Runal et Papageno sont les
plus sensibles, lors de chaque année de test. Il est impor-
tant de noter l’augmentation subite du niveau d’infec-
tion des variétés Forel, Orzival et Bockris entre 2007 et
2009. Le tableau montre également une légère
augmentation de la sensibilité d’autres variétés telles
que Combin, Molinera, Mulan, Muveran, Rustic et
Zinal. Ces augmentations ne sont toutefois pas statis-
tiquement significatives.
D i s c u s s i o n
Les souches de rouille jaune isolées en 2008 en Thurgo-
vie et en Argovie présentent effectivement les viru-
lences Yr4 et Yr32, encore non répertoriées sur le terri-
toire suisse. La souche isolée à Changins ne présente que
les virulences déjà connues précédemment. Ce constat
se base sur l’analyse de tous les isolats obtenus à partir
de foyers importants ces 20 dernières années. La souche
«Probus», décrite à la fin des années 1960, était égale-
ment dépourvue de cette virulence (Corbaz 1966). La
virulence Yr32, présente au Danemark et en Allemagne
depuis les années 1990, a été répertoriée en France en
2007 (Hovmøller 2001; Eurowheat 2010). Les souches
portant cette virulence ont migré lentement, contras-
tant nettement avec la virulence Yr17, qui s’est répandue
rapidement dans toute l’Europe au début des années
2000. Les nouvelles souches se distinguent également
par leur capacité à pousser à des températures légère-
ment supérieures et par une plus faible agressivité par
rapport aux autres souches étudiées dans ce travail
(résultats non présentés). Il est donc concevable que
l’avancée des souches ait été ralentie par leur moindre
compétitivité physiologique et par le manque de plantes
hôtes compatibles.
La rouille jaune menace-t-elle la culture du blé en Suisse? | Production végétale
Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 244–251, 2010
Dernièrement, plusieurs souches de rouille jaune ont
été découvertes au Danemark, aux Etats-Unis et en
Australie (Milus et al. 2009). Toutes ces souches ont en
commun la présence de nouvelles virulences, une
agressivité élevée et la capacité d’infecter à des tempé-
ratures supérieures à 18 °C. Elles constituent donc un
certain risque pour la production. Les variétés de blé
cultivées en Suisse présentent pourtant une bonne
résistance contre la rouille jaune et même les variétés
très sensibles ne sont pratiquement pas affectées, vrai-
semblablement en raison de conditions climatiques
peu propices à l’infection.
Pour préserver la production de blé nationale de la
rouille jaune, Agroscope entretient depuis plusieurs
années le réseau de monitoring des pathogènes du blé
et du triticale (Agroscope Changins-Wädenswil 2010),
avec des partenaires dans les cantons, l’ETH Zurich,
Getreidezüchtung Peter Kunz et l’interprofession, de
même qu'un réseau de tests variétaux. Ces tests,
implantés dans les régions de production de céréales
les plus importantes de Suisse, permettent de capturer
les pathogènes, qui sont aussitôt examinés par Agros-
cope Changins-Wädenswil. n
Fréquence Yr1 Yr2 Yr4 Yr6 Yr9 Yr17 Yr32
<1999 3/5 1 9
<1999 2/5 1 6 9
2001 1/19 1 9
2001 6/19 2 6 9 17
2001 9/19 2 6 9 17
2001 2/19 6 9 17
2001 1/19 6 9 17
2009 1/4 1 2 4 6 9 17 32
2009 1/4 1 2 4 9 17 32
2009 1/4 4 6 17 32
2009 1/4 2 6 9 17 32
Tableau 7 | Représentation des virulences et distribution de patho-types de rouille jaune selon la méthode simplifiée de Hovmøller (2001). L'apparition de la virulence Yr17 au début du siècle et l’arrivée des virulences Yr4 et Yr32 est ainsi documentée
250 Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 244–251, 2010
Production végétale | La rouille jaune menace-t-elle la culture du blé en Suisse?
Variété
(A) Tests en serre (B) Tests au champ16
88
1689
1690
1691
866
111
2007 2008 2009
ARINA 9,4 6,9 29,6
AROLLA 0,0
CAMBRENA 0,0 0,0 0,0
CAMEDO 0,6 0,0 0,0
CH CLARO 0,0 0,7 0,0
COMBIN 0,0 0,0 5,6
FIORINA 0,0 0,0 1,9
FOREL 1,9 0,7 13,0
LEVIS 0,0 0,0 0,0
MAYEN 0,0 0,0
MOLINERA 0,0 0,0 9,3
MURETTO 1,9
MUVERAN 0,0 0,0 7,4
NARA 0,0 0,0
ORZIVAL 0,0 1,4 20,4
RUNAL 5,7 8,9 16,7
SCALETTA 0,0
SEGOR 8,2 20,4
SERTORI 0,0 0,0 16,7
SIALA 0,0 0,0 0,0
SURETTA 0,0 0,0 0,0
TIRONE 57,4
TITLIS 0,0 0,0 1,9
ZINAL 0,6 0,0 11,1
AKRATOS
AZZURO 0,0 1,9
BOCKRIS 0,0 6,9 25,9
CAPHORN 0,0 0,0 0,0
EPHOROS
GALAXIE 51,9
HERMANN
LUDWIG 25,9
MANHATTAN 0,0
MULAN 0,0 9,3
PAPAGENO 7,6 11,6 29,6
POTENZIAL 0,0 0,0
RAINER 0,0 0,0 0,0
RUSTIC 1,9 9,3
TAPIDOR 0,0 5,6
TOMMI 1,9
WINNETOU 24,1
ERIDANO 27,1 26,0 77,8
COCKER 23,3 24,7 72,2
111.13726 0,0 0,0 0,0
Tableau 8 | Sensibilité des variétés de blé du catalogue national et de variétés en voie d’inscription. (A) Interaction avec les souches isolées; (B) Résultats des tests de résistance en plein champ avec un mélange de souches
Réaction entre hôte et pathogène:
résistance
sensibilité
intermédiaire
pas de données
251
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 244–251, 2010
La rouille jaune menace-t-elle la culture du blé en Suisse? | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Is yellow rust a danger for Swiss wheat
production?
In 2008, yellow rust of wheat was
observed in two experimental sites in
the cantons of Thurgau and Aargau.
After isolation and purification, the
virulence spectrum was determined
based on wheat differentials. By this,
both virulences Yr4 and Yr32 were
identified for the first time in Switzer-
land. These virulences have already
been described in the 90s in the North
of Europe and their migration towards
South was detected in 2007 in France
and in 2008 in Switzerland, as related
in the present work. Infection tests in
greenhouses with these new strains
showed that today’s wheat varieties
present a satisfactory resistance
against the new virulences. The
reporting of other virulences occurring
in Europe emphasizes the importance
to carry on with the pathogens moni-
toring organized by Agroscope, can-
tonal phytosanitary offices and the
cereal branch.
Key words: yellow rust, Puccinia strii-
formis, virulences, emerging disease,
wheat, triticale.
La ruggine gialla è una minaccia per le
colture svizzere di frumento?
Nel 2008 due focolai di ruggine gialla
sono stati scoperti nelle prove varietali
di frumento autunnale, condotte nei
cantoni Turgovia e Argovia. Dopo il
loro isolamento e purificazione, lo
spettro di virulenze è stato determi-
nato su variétà differenziali. Due tipi di
virulenza, Yr4 e Yr32, finora assenti sul
territorio svizzero, sono stati eviden-
ziati. La migrazione di questi due tipi
di virulenza, già catalogati negli anni
novanta nel nord dell’Europa, è stata
registrata nel 2007 in Francia e nel
2008 in Svizzera, grazie a questo
lavoro. Le prove di resistenza in serra
con questi nuovi ceppi hanno rivelato
che le attuali varietà di frumento colti-
vate in Svizzera hanno una buona resi-
stenza contro queste nuove virulenze.
In Europa l’annuncio della presenza di
ceppi con altri geni di virulenza esige
di proseguire il monitoraggio dei pato-
geni mediante il protocollo messo a
punto da Agroscope, dai servizi di pro-
tezione vegetale cantonali, dall’ETH di
Zurigo, dalla Getreidezüchtung Peter
Kunz e dall’interprofessione.
Bibliographie b Agroscope Changins-Wädenswil, 2010. Monitorage des virulences. Virulences des rouilles brune, jaune et oïdium du blé 2009. Accès: http://www.agroscope.admin.ch/amelioration-des-plantes/00717/01219/index.html?lang=fr [22.03.10].
b Chen X. M., 2005. Epidemiology and control of stripe rust (Puccinia strii-formis f.sp. tritici) on wheat. Canadian Journal Plant Pathology 27, 314 – 337.
b Corbaz R., 1966. Notes sur la rouille jaune du froment en Suisse romande (Puccinia glumarum (Schmidt) Eriksson et Henning). Phytopathologische Zeitschrift 56, 40 – 53.
b Eurowheat, 2010. Yellow rust, pathotypes and frequencies. Accès: http://www.eurowheat.org [22.03.2010].
b Fossati D. & Brabant C., 2003. La sélection du blé en Suisse. Le program-me des stations fédérales. Revue suisse Agric. 35 (4), 169 – 180.
b Hovmøller M. S., 2001. Disease severity and pathotype dynamics of Puccinia striiformis f.sp. tritici in Denmark. Plant Pathology 50, 181 – 189.
b Johnson R., 1992. Past, present and future opportunities in breeding for disease resistance, with examples from wheat. Euphytica 63, 3 – 22.
b Johnson R., Stubbs R. W., Fuchs E. & Chamberlain N. H., 1972. Nomencla-ture for physiologic races of Puccinia striiformis infecting wheat. Transac-tions of the British Myocological Society 58, 475 – 480.
b Kobel F., 1961. Die Gelbrostepidemie 1961. Mitteilungen für die schwei-zerische Landwirtschaft 9 (7), 109 – 112
b Manners J. G., 1988. Puccinia striiformis, yellow rust (stripe rust) of cere-als and grasses. Advances in Plant Pathology 6, 373 – 387.
b McIntosh R. A., Wellings C. R. & Park R. F., 1995. Wheat rusts: an Atlas of Resistance Genes. Dordrecht. The Netherlands. Kluwer Academic Publis-hers.
b Michel V., 2001. La rouille jaune ... et alors?. Revue suisse Agric. 33 (4), 107 – 107.
b Milus E. A., Kristensen K. & Hovmøller M. S., 2009. Evidence for increa-sed aggressiveness in a recent widespread strain of Puccinia striiformis f.sp. tritici causing stripe rust of wheat. Phytopathology 99, 89 – 94.
b Sharma Y. R., Kang M. S. & Aujla S. S., 1985. Influence of yellow rust on yield and its components in wheat. Journal of Research (Punjab Agricul-tural University) 22, 425 – 430.
252
Legendes
P o r t r a i t
Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 252, 2010
Les trichogrammes, les coccinelles et les typhlodromes
attaquent les ravageurs; les lombrics, les collemboles et
certains micro-organismes améliorent la fertilité des sols.
«Protéger les auxiliaires est l’une des tâches du groupe
d’écotoxicologie», explique, épanouie, cette Tessinoise
de trente-huit ans, soulignant que, si certains organismes
ont bien été étudiés auparavant, c’est seulement depuis
le début de ce millénaire que l’on pratique l’analyse glo-
bale des risques. «Nous ne nous intéressons pas qu’aux
auxiliaires; les poissons, les organismes de l'eau et du sol,
les oiseaux et les mammifères sont également inclus dans
ces évaluations».
Nature ou musique? Un choix difficile…
C’est ainsi qu’est né le groupe d’écotoxicologie, initale-
ment domicilié à la Station de recherche Agroscope
Reckenholz-Tänikon ART et dont le siège est aujourd’hui
à Agroscope Changins-Wädenswil ACW. Ce groupe
rédige des expertises dans le cadre de l’homologation
nationale des produits phytosanitaires. Michela Gandolfi
en fait partie depuis 2002. Cependant, sa voie n’a pas tou-
jours été toute tracée: dans sa jeunesse, il a fallu choisir
entre la musique et les sciences naturelles: elle a fini par
opter pour des études de biologie à l’Université de Zurich.
La musique est toutefois restée une passion qui prend
beaucoup de place dans sa vie.
Dans son travail de diplôme, Michela Gandolfi a étu-
dié l’effet de la structure des lisières sur la biodiversité
des auxiliaires, pour affiner ensuite ses connaissances en
participant à des projets menés à l’Institut fédéral de
recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) et à
l’Université de Bâle. La thèse qu’elle a défendue à l’EPFZ,
consacrée à l’utilisation d’un trichogramme parasite
dans la lutte contre le carpocarpse des pommes, a fina-
lement été son tremplin vers l’écotoxicologie.
Aujourd’hui, l’écotoxicologie est largement acceptée
«Au début, l’enjeu était d’obtenir que l’écotoxicologie
soit un critère incontournable dans le processus d’homo-
logation des produits phytosanitaires; c‘est aujourd’hui
chose faite», se réjouit Michela Gandolfi, et de citer avec
enthousiasme deux points forts de ces dernières années:
«Premièrement, le groupe d’écotoxicologie participe au
projet de réévaluation des matières actives de l’Union
européenne. Les meetings d’experts sont pour nous très
instructifs, parce qu’ils nous aident à revoir notre appré-
ciation des anciens principes actifs utilisés en Suisse, ce
qui constitue le deuxième point fort de nos récents tra-
vaux. C’est très important, car autrefois, contrairement à
aujourd’hui, les effets des produits sur l’environnement
n’étaient pas pris en compte dans l’homologation».
Pour Michela Gandolfi, l’évaluation de l’exposition
de divers organismes aux produits phytosanitaires n’est
pas une mince affaire. «Les concentrations dans les eaux,
en bordure des champs, dans le sol et sur les cultures
mêmes doivent être calculées en fonction de la culture,
de la période de l’année, de la quantité et des propriétés
du principe actif pour évaluer les doses ingérées par les
oiseaux ou les vertébrés». La conclusion de ces investiga-
tions est l’évaluation du risque. Michela Gandolfi trouve
ce travail captivant. Pour elle, «les produits phytosani-
taires sont nécessaires, mais ils doivent être sélectifs et
nuire le moins possible à l’environnement.»
Carole Enz, Agroscope Changins-Wädenswil ACW
Michela Gandolfi se bat pour des produits phytosanitaires écologiques
253
A c t u a l i t é s
Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 253–255, 2010
N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s
Nouvel ouvrage de référence pour la culture des plantes aromatiques et médicinales
La culture de plantes aromatiques et médicinales en Suisse
est un marché de niche. Cependant, on observe actuelle-
ment que les plantes aromatiques issues des Bonnes Pra-
tiques de Production sont très demandées! Les nouvelles
fiches «plantes aromatiques et médicinales» fournissent
ces connaissances techniques indispensables.
Beaucoup de petites exploitations produisent actuel-
lement des plantes aromatiques et médicinales en tant
qu’activité économique subsidiaire, que ce soit pour la
vente directe d’infusions ou comme matière première
pour la transformation commerciale. Mais il apparaît
que de plus en plus d’exploitations s’agrandissent et se
spécialisent, misant pleinement sur la culture et la com-
mercialisation des plantes aromatiques et médicinales.
Ces tâches sont en constante évolution et nécessitent un
savoir-faire et des connaissances bien particulières. C'est
précisément le concept des fiches techniques d’AGRIDEA.
Actualisation par abonnement
Les fiches techniques Plantes Aromatiques et Médicinales
sont rédigées conjointement entre AGRIDEA, Agroscope
Changins-Wädenswil ACW, Ricola, Plantamont et d'autres
partenaires. Les informations les plus importantes sont
regroupées en huit chapitres où sont décrits les canaux de
distribution possibles, les exigences de production et de
qualité ainsi qu'un choix des plantes les plus importantes.
De nombreuses illustrations agrémentent ce classeur qui
est constitué d’environ 150 pages et dont la mise à jour
régulière des fiches signalétiques fonctionne par abonne-
ment.
Support technique par un groupe de travail permanent
Le classeur de fiches techniques existe en français et en
allemand. Il combine les connaissances actuelles issues
de la pratique, du conseil ainsi que celles de la recherche,
en constituant une base idéale pour la culture de Plantes
Aromatiques et Médicinales, réunissant plaisir et com-
préhension. Le soutien professionnel et le développe-
ment du document sont assurés par le groupe de travail
des Plantes Aromatiques Suisses / Schweizerischen Begleit-
gruppe Kräuter. Les commandes et autres réservations
sont disponibles chez AGRIDEA, Av. des Jordils 1,
1000 Lausanne 6, tél. 021 619 44 70, fax 021 617 02 61.
Prix du classeur : Fr. 60.– (sans frais de port), prix de l’abon-
nement annuel : selon quantité actualisée.
254
Actualités
C o m m u n i q u é s d e p r e s s e
www.agroscope.ch
11.05.2010 / ACW Patrimoine génétique du feu bactérien décryptéLe plan de construction génétique de l'agent provoquant
le feu bactérien, Erwinia amylovora, la maladie des fruits la
plus célèbre au monde, vient d'être décrypté. Cette percée
des scientifiques de la Station de recherche Agroscope
Changins-Wädenswil ACW stimule la recherche contre le
feu bactérien du monde entier. Les chercheurs d'ACW ont
d'ores et déjà trouvé des gènes, qui pourraient influencer
la survie de la bactérie et son effet pathogène, la virulence.
Il est éventuellement possible que la découverte de points
faibles puisse contribuer au développement de nouvelles
stratégies de lutte contre le feu bactérien et permettre la
culture de variétés de fruits à pépins qui tolèrent cette
maladie.
10.05.2010 / ACW Néophytes envahissantes - des invitées indésirablesLes Nations Unies ont déclaré l'année 2010 comme étant
celle de la biodiversité. Pourtant, la diversité biologique
essuie chaque année des pertes considérables. La proliféra-
tion des plantes exotiques, aussi nommées néophytes enva-
hissantes, en est une des raisons. Ces dernières refoulent la
faune et la flore indigènes. C'est pourquoi la Station de
recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW se consacre
à la recherche sur les néophytes envahissantes, afin d'éviter
leur prolifération au préjudice de la biodiversité.
Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 253–255, 2010
Principales variétés de vigne cultivées en Suisse
Cet ouvrage, de 130 pages en couleur et enrichi de nom-
breuses photographies exclusives, présente la descrip-
tion de 57 cépages cultivés en Suisse selon les standards
de description internationaux de l’OIV. Des tableaux
récapitulatifs des caractéristiques des cépages blancs et
rouges ainsi qu’une introduction à la sélection clonale
pratiquée en Suisse viennent compléter ce catalogue
unique en son genre.
Eco
le d
’ing
énie
urs
de
Ch
ang
ins
Auteurs
Philippe Dupraz EIC et Jean-Laurent Spring ACW
Photographes
Giorgio Skory et David Quattrocchi
CÉpagesPrincipales variétés de vigne cultivées en Suisse
CÉpages
Pr
inci
pal
es v
arié
tés
de
vig
ne
cult
ivée
s en
Su
isse
Cépages Le livre est accompagné d’un glossaire ampélographique,
facilitant la compréhension du vocabulaire de descrip-
tion. Le glossaire de 12 pages reprend 30 descripteurs de
l’OIV, largement illustrés de photographies claires et
précises. Son papier laminé et robuste permet de l’em-
porter sur le terrain.
Le livre Cépage et son Glossaire sont des publications
essentielles pour les professionnels du monde viticole
ainsi que pour tous les amateurs passionnés par la vigne
et le vin. Fruit d’une collaboration entre l’Ecole d’ingé-
nieurs de Changins et la Station de recherche Agroscope
Changins-Wädenswil ACW, ce livre est édité par l’AMTRA,
CP 1006, 1260 Nyon.
Les prix sont indiqués en Francs suisses, frais de port en sus
0 à 9 exemplaires Dès 10 exemplaires
Livre Cépages & Glossaire CHF 57.– * CHF 50.–*
Glossaire seul CHF 10.–** CHF 8.–**
* Prix de vente pour les écoles : CHF 45.– pour le livre et le
glossaire et ** CHF 6.– pour le glossaire seul.
Le livre CEPAGES et son GLOSSAIRE sont disponibles en
3 langues: français, allemand et italien.
Commande à adresser à :
Cathy Platiau, Agroscope
Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 1
Tél. +41 22 363 41 51 oder Fax +41 22 363 41 55
E-Mail : [email protected]
255
Actualités
M a n i f e s t a t i o n sL i e n s I n t e r n e t
Juin 2010
16.06. – 17.06.2010Tänikoner AgrartechniktageAgroscope Reckenholz-Tänikon ART Tänikon, Ettenhausen
18.06. – 20.06.2010Portes ouvertes 2010Agroscope Changins-Wädenswil ACWChangins, Nyon
Août 2010
12.08. – 12.08.2010 AGFF-FutterbautagungAGFF, Landwirtschaftliches Zentrum SG, ARTNeu St. Johann (SG)
13.08.2010Journée Info Plantes aromatiques et médicinales (PAM)Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Centre de recherche Conthey Chez Fam. Theiler, Hergiswil bei Willisau
14.08.2010Güttingertagung 2010Agroscope Changins-Wädenswil ACW und BBZ Arenenberg Versuchsbetrieb Güttingen, Güttingen TG
Septembre 2010
08.09.2010AGFF-FutterbautagungAGFF, Inforama, ARTFlugplatz Meiringen, Unterbach (BE)
16.09.2010Agrarökonomie InformationstagungAgroscope Reckenholz-Tänikon ART Tänikon, Ettenhausen
28.09.2010Journée d'information ALP 2010Agroscope Liebefeld-Posieux ALP + Agridea LausannePosieux
Recherche Agronomique Suisse 1 (6): 253–255, 2010
Juillet – août 2010 / Numéro 7 – 8
•• Systèmes d’antennes RFID fixes pour l’identification des
porcs, F. Burose et al. ART et Université de Hohenheim
•• Utilisation des micro-ondes pour lutter contre le rumex,
R. Latsch et J. Sauter ART
•• Test de 29 nouvelles variétés de ray-grass d’Italie,
D. Suter et al. ART et ACW
•• Rétrospective phénologique de l’année 2009,
C. Defila Meteoschweiz
•• La lutte contre l’ambrosie ne concerne pas que
l’agriculture, Ch. Bohren ACW
•• Liste recommandée des variétés de céréales pour la
récolte 2011
D a n s l e p r o c h a i n n u m é r o
L'examen du comportement au champ des nombreuses variétés de céréales proposées à la pra-tique est un des gros mandats officiels confiés à Agroscope. La «Liste recommandée des variétés de céréales» met à jour chaque année les données sur les cultivars les mieux adaptés à nos conditions de culture.
Projet intégré AlpFUTUR
www.alpfutur.ch
L'objectif prioritaire du projet intégré AlpFUTUR est d'ouvrir
des perspectives pour l'exploitation des zones d'estivage
suisses à court et moyen terme (10 à 40 ans).
Les alpages ou les pâturages d'estivage sont un élément
majeur du paysage cultural suisse. Ils marquent une grande
partie des Alpes, des Préalpes et du Jura.
Dans l'espace alpin et dans le Jura, les zones d'estivage
représentent env. 500 000 ha ou 1/8 de la surface de la Suisse
(à titre de comparaison: la surface agricole utile actuelle
représente un million d'hectares). Ces zones se caractérisent
par une biodiversité élevée et par un paysage typique.
De nouveaux relevés montrent que que l'agriculture
suisse a de plus en plus tendance à cesser d'exploiter certaines
parties des pâturages d'estivage. Cette situation est due au
fait que l'agriculture (de montagne) a un intérêt économique
de plus en plus faible à conduire les animaux à l'alpage.
Informations: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen
Ag
rosc
op
e